1 1931, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Les Éléments de la grandeur humaine, par Rudolf Kassner (octobre 1931)
1 au pouvoir d’incarner sa vérité, le mal du siècle c’est l’impuissance. La proie de désirs divergents qui prennent rarement as
2 lut, et dont la composante réelle tend vers zéro, c’est d’une philosophie de l’existence personnelle qu’avant tout nous avons
3 aard nous en propose le type le plus efficace. Et c’est ainsi par une nécessité organique — nous sommes nécessiteux — que son
4 e péché ne devient réalité que pour le converti ; c’est donc la conversion qui figure l’acte par excellence du chrétien, hors
5 à l’impuissance. (Si Kassner exprime un tourment, c’est en tant que la réalité humaine, non sa pensée privée, est tourmentée.
6 rofesser une chose mais d’être la chose. Le rare, c’est que chez Kassner comme chez Kierkegaard, cette présence s’accommode d
7 ur ironie, ce qui rapproche Kassner et son maître c’est leur vision tragique du péché. Le Lépreux, journal apocryphe de l’emp
2 1931, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Sarah, par Jean Cassou (novembre 1931)
8 ques et de frissons anarchiques. Le thème commun, c’est sans doute l’atrocité de la « vie normale », ou si l’on préfère, l’am
9 e reproche, car ce qui lui importe, comme à nous, c’est précisément le sentiment d’absurdité qui se dégage de pareils faits l
10 les. Ce qui gêne pourtant, en plusieurs endroits, c’est un certain tour désinvolte, le coup de pouce voltairien, l’élégance t
11 olue et naïve où gît leur profonde raison d’être. C’est pourquoi les meilleurs contes du volume sont ceux dont la lenteur nou
3 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Les Signes parmi nous, par C. F. Ramuz (janvier 1932)
12 acceptation profonde d’aujourd’hui. Aujourd’hui, c’est le titre du journal grâce auquel chaque semaine ou presque, il repren
13 ée et par elle tout un pays et son peuple ; car «  c’est ici le pays de la solidité, parce que c’est le pays des ressemblances
14 car « c’est ici le pays de la solidité, parce que c’est le pays des ressemblances. Regarde, tout y tient ensemble fortement,
15 nt confondu ces notions.) Le communisme ramuzien, c’est celui qu’établissent la mort, la peur, la maladie. Et la joie, ce poi
16 ain aspect usuel de la chose pour toute la chose. C’est pourquoi il s’attarde à décrire le concret d’une façon concrète : ain
17 s par trop détaillés. Mais l’important, je pense, c’est qu’une page de Ramuz — même pas très réussie, et il y en a qui ont un
18 qui ont un air raté, un air pastiche de Ramuz —, c’est qu’une seule page de ce livre lue avec cette lenteur qu’elle impose,
19 la limite : car la plus grande crise imaginable, c’est l’arrêt absolu, suprême : le Jugement dernier. Le sens de l’actuelle
20 ns quel esprit Ramuz les pose, et que précisément c’est l’esprit de ces Signes. Aussi serait-il bien insuffisant de dire d’un
21 se, qu’elle en revêt une actualité accidentelle : c’est en quelque sorte le contraire qui est vrai ; c’est notre temps qui re
22 ’est en quelque sorte le contraire qui est vrai ; c’est notre temps qui revêt une actualité7 et une réalité véritables du fai
23 s son œuvre, comme le mystique dans sa prière. Et c’est pourquoi le poète, Ramuz, l’homme qui vit concrètement les grands myt
24  observer ». 5. De tout bel canto, peut-on dire. C’est le ton de la musique de Stravinsky, du Sacre et des Noces. Le ton de
25 enser devient fauteur de crise. Informer le réel, c’est en quelque sorte le mettre en état de crise ; et il n’y a de réalité
4 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Le silence de Goethe (mars 1932)
26 et la Magie latente ; et s’ils ne le voient pas, c’est que précisément cette défense a réussi. Par contre ils veulent bien v
27 ces deux hommes avant tout comme des écrivains ? C’est par la chose écrite, par la lettre justement qu’ils s’opposent le plu
28 à leur équation d’existence, pourrait-on dire. Or c’est , chez l’un comme chez l’autre, une révolution profonde de l’esprit do
29 dans notre esprit l’étonnement du premier regard, c’est la similitude de forme, c’est-dire la similitude essentielle, hors du
30 vre sa forme véritable. Et si, comme chez Goethe, c’est une forme mystique, celle du terrible « Meurs et deviens ! », et s’il
31 ! », et s’il l’assume en connaissance de cause, —  c’est un événement qui ne peut normalement se traduire que par une qualité
32 l n’y a pas une révolte, il y a un péril conjuré. C’est contre ce qu’il nommera désormais son Daimon, contre « l’oppression d
33 ramène à l’aspect concret de notre condition. Et c’est seulement en passant par une application matérielle que la magie, se
34 la magie domptée ; conçue sous de tels auspices, c’est tout naturellement que la littérature prendra plus tard chez Goethe l
35 nd. Car un tel silence n’est pas absence de mots. C’est encore chez Goethe une activité réelle, et même à double effet. Qu’y
36 hirait mieux que la retenue même de l’expression. C’est pourquoi je l’éprouve plus vivement dans certains passages des Affini
37 ord la voix intérieure, la renie même bruyamment. C’est là le fait d’une âme qui se refuse encore à la souffrance et la crie
38 , c’est-à-dire le réel désir d’être « utile », et c’est le juste point : les Affinités. D’ailleurs, l’alternance des trois ét
39 et dans la profondeur, des conceptions s’opèrent. C’est ainsi que la magie reniée extérieurement au profit d’une expression «
40 noncement ; même si la passion l’occupe un temps, c’est l’action, la Tätigkeit — le grand mot goethéen — qui triomphera désor
41 e d’assigner à l’homme actif 8, l’on découvre que c’est la magie encore qui n’a cessé de l’entraver : Könnt ich Magie von me
42 in, Da wärs der Mühe wert, ein Mensch zu sein.9 C’est tout le drame secret de l’œuvre qui s’avoue dans ce cri : chaque fois
43 ette agonie symbolique de toute son existence, et c’est leur chœur qui chante une dernière fois la loi, au moment où il reçoi
44 és symboliques l’accueillent dans leur harmonie : c’est la « grande Magie » que Faust enfin rejoint dans la pleine possession
45 u’au mythe. La donnée initiale est bien la même : c’est l’attrait d’une vision qui transcende la vie médiocre. Rimbaud s’y la
46 z tôt que nous sommes à l’Occident. » L’Occident, c’est l’Esprit incarné. L’incarnation entraîne des « conditions ». C’est la
47 carné. L’incarnation entraîne des « conditions ». C’est la vision du travail humain, inexorable et dégoûtant, mais comment éc
48 à chercher et la réalité rugueuse à étreindre. » C’est le cri même de Faust. « Il faut être absolument moderne. » Travailler
49 particulier. Ce renoncement à un Orient de mythe, c’est cela même qui constitue l’Occident spirituel. C’est le refus de la ma
50 est cela même qui constitue l’Occident spirituel. C’est le refus de la magie qui fonde notre éthique, et ce dilemme est peut-
51 e suite d’actes. Dilemme, en son fond, religieux. C’est une forme dialectique, « agonique », de la vie de l’âme, une forme cr
52 nsion et la diversité de ses aspects le prouvent. C’est l’opposition du savoir et du pouvoir, de la connaissance et de la sou
53 , dans un mouvement que sa violence rend unique : c’est qu’ils reviennent tous deux de loin, d’un long abandon à l’erreur. Go
54 ur. Goethe n’a pas connu de tels déchirements. Et c’est lui qui méritera la phrase de la Saison : « Pas de partis de salut vi
55 visible à tout autre, l’accompagne sans trêve, et c’est d’elle qu’il tire ses forces, toujours renouvelées. Mais il y faut un
56 orte d’instinct, libérant l’attention consciente. C’est ainsi que le voyant audacieux qui écrivit les chœurs mystiques du Sec
57 s dans l’aventure rimbaldienne. Mais chez Goethe, c’est la longueur du temps qui les dénoncera. Et cette fameuse sérénité de
58 é sur la composition d’Iphigénie ou des Ballades, c’est que l’art est pour lui la tentation la plus aiguë de jouer avec les m
59 l’on soit apte à s’agréger ce qui est supérieur. C’est pourquoi l’on fait bien, dans la vie ordinaire, de garder ces choses-
60 ience spirituelle, où il se livre tout entier. Et c’est là sa pureté, mais c’est aussi ce qui l’accule en fin de compte à l’é
61 se livre tout entier. Et c’est là sa pureté, mais c’est aussi ce qui l’accule en fin de compte à l’évasion. La rage avec laqu
62 ermettrait de placer Goethe au-dessus de Rimbaud. C’est la pureté démesurée de Rimbaud qui nous juge, et la grandeur humaine
63 action redevient notre seul critère de cohérence. C’est dire que nous demandons aux œuvres que nous aimons de témoigner d’une
5 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Querelles de famille, par Georges Duhamel (mai 1932)
64 , par Georges Duhamel (mai 1932)e L’ambiguïté, c’est du paradoxe détendu ; ou si l’on veut, c’est une contradiction intéri
65 ïté, c’est du paradoxe détendu ; ou si l’on veut, c’est une contradiction intérieure dont les deux termes, faute d’être assum
66 e que le désir d’être entendu du grand public, et c’est pourquoi l’on ne voudrait pas reprocher à M. Duhamel d’avoir adopté p
67 er que l’instrument révèle son insuffisance quand c’est un virtuose qui se mêle d’en jouer. Mais sans doute le but serait-il
68 de fantaisie qui enflammerait notre indignation. C’est que l’expression traditionnelle de la mauvaise humeur gauloise, hérit
69 xpressément dans une hargne tempérée de badinage. C’est à la fois trop et trop peu. Car, ou bien M. Duhamel critique l’abus d
70 ordre de grandeur du grief qu’il fait à ce temps. C’est ce qu’en vain l’on cherche au cours de cette suite de messages adress
71 page 16). 17. « Si je cherche querelle au monde, c’est que, jusqu’à nouvel ordre, je lui fais encore confiance ». Ainsi se t
6 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Ce chien, ton serviteur, par Rudyard Kipling (juillet 1932)
72 et que personne s’occupe ». Dès la seconde page, c’est à pousser des cris de joie. Les enfants comprendront-ils ? Dans la me
7 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Éloge de l’imprudence, par Marcel Jouhandeau (septembre 1932)
73 . Et sa vertu est choix. L’absolu d’un Nietzsche, c’est le Grand Midi ; et sa vertu : dépassement. Jouhandeau à son tour se p
74 ogie de l’un équivaut presque à celle de l’autre. C’est là qu’éclate la violence des contraires. Pour tous ceux qui ont l’aud
75 avec une violence égale à celle de la tentation — c’est la même violence — dans chaque situation existentielle. En sorte qu’i
76 i de Nietzsche, celui présentement de Jouhandeau, c’est de transcender la morale et ses canons donnés d’avance. L’audace du «
77 paraîtront plus abstraits qu’ils ne le méritent. C’est qu’ils supposent l’existence d’un bien et d’un mal concrets dont les
78 partiennent au règne de la loi (de la morale). Et c’est la foi qui en libère, non pas cette « générosité » malgré tout équivo
8 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Alexandre, par Klaus Mann (septembre 1932)
79 a conquis le monde. Le défaut de ce point de vue, c’est qu’il n’étonnera personne, alors qu’Alexandre est tout de même un phé
9 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Cahier de revendications [Présentation] (décembre 1932)
80 pour définir un front unique, fût-il provisoire. C’est dans cette vue qu’ont été réunies — rapidement car tout nous presse —
10 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). À prendre ou à tuer (décembre 1932)
81 ient des gens dangereux et avides. Et maintenant, c’est vous qui glissez dans l’angoisse. Vous et vos maîtres. Bientôt vous c
82 r une « utopie » partiellement traduite en faits. C’est même, à voir les choses de près, leur unique argument contre les révo
83 atérielle, temporaire, et d’ailleurs discutable ? C’est l’homme qui se révolte en nous contre le marxiste. Vous n’y ferez rie
84 ous prétexte qu’il faut se hâter, et qu’en Russie c’est en train de marcher. Nous jouerons tout sur une révolution vraie. Les
85 e et vital. Il n’y a pas de troisième terme, — ou c’est la mort19. Mais la coefficience de deux termes vrais, et assumés comm
86 ence de deux termes vrais, et assumés comme tels, c’est la personne. L’opposition de Proudhon et de Marx, sur le terrain écon
87 nent entièrement le devenir révolutionnaire. Mais c’est de la mythomanie ; les « Forces économiques », dont ils parlent avec
88 ue nier cette valeur « décisive » de la personne, c’est désarmer la révolution. Mais il y a plus. Si la personne est véritabl
89 cée comme antirévolutionnaire20. Le matérialisme, c’est l’opium de la révolution. 3e — La conception personnaliste est seule
90 ondes de la France. Cette révolte de la personne, c’est la révolte jacobine, c’est la révolte de 89, dans ce qu’elle garde de
91 évolte de la personne, c’est la révolte jacobine, c’est la révolte de 89, dans ce qu’elle garde de valable et de dynamique ;
92 ans ce qu’elle garde de valable et de dynamique ; c’est dès à présent le ressort de la nouvelle Révolution française. La volo
93 , ce n’est pas une classe que nous devons sauver, c’est l’homme menacé dans son intégrité. Sauver l’homme, ce n’est pas sauve
94 les hommes de ce temps n’aiment pas répondre, car c’est une question personnelle. Une mise en question réelle. Je la cherche.
95 crois, de L’Ordre nouveau, de Combat ou d’Esprit) c’est une violence spirituelle qui existe déjà au-delà des bouleversements
96 nous que notre volonté de sacrifice, de pauvreté. C’est dangereux, c’est grave de penser juste. La vérité ne peut exister par
97 lonté de sacrifice, de pauvreté. C’est dangereux, c’est grave de penser juste. La vérité ne peut exister parmi nous que sous
11 1933, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Pétrarque, par Charles-Albert Cingria (avril 1933)
98 e qu’elle aborde au cours de ses démonstrations : c’est dire qu’elle se meut en pleine poésie. D’où sa valeur « actuelle » et
99 étail ce que l’on vient de louer dans l’ensemble. C’est la même précision savoureuse dans le rendu de l’esprit d’un texte, ma
12 1933, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Une main, par C. F. Ramuz (juin 1933)
100 Qu’on ait pris Ramuz pour un « régionaliste », c’est une de ces méprises qui peuvent servir à déterminer le niveau d’une c
101 ses ont de nouveau leur sens. Ramuz parle de lui, c’est la première fois. Et c’est à peine de lui. Dix petites pages émouvant
102 s. Ramuz parle de lui, c’est la première fois. Et c’est à peine de lui. Dix petites pages émouvantes, d’une confidence encore
103 n de conscience. S’il s’interroge, dans Une Main, c’est plutôt un examen de son corps. Examen forcé d’ailleurs, interrogation
104 itation d’un esprit dépourvu de prises sensibles. C’est un état d’âme qui caractérise assez bien le monde moderne, le monde d
105 rd’hui : la démoralisation. Démoraliser un homme, c’est le priver de son pouvoir créateur. C’est le priver de sa main, — ou a
106 n homme, c’est le priver de son pouvoir créateur. C’est le priver de sa main, — ou asservir cette main. Est-ce que ma main n’
13 1933, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Saint-Évremond ou L’humaniste impur, par Albert-Marie Schmidt (octobre 1933)
107 irement dans les cadres d’une dogmatique morale : c’est plutôt qu’il suit Saint-Évremond de trop près dans les méandres de so
108 t elles constituent probablement l’unique remède. C’est comme la genèse individuelle et religieuse de ce fait trop actuel, qu
14 1934, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Taille de l’homme, par C. F. Ramuz (avril 1934)
109 s une telle œuvre. Le sujet de Taille de l’Homme, c’est en effet l’opposition cosmique du monde marxiste et du monde chrétien
110 ais ce qu’il décrit avec une véritable puissance, c’est l’aboutissement du marxisme : l’isolement cosmique de l’homme. Quoi q
111 d’être calculables ont très probablement raison : c’est une constatation de décès spirituel, à peine anticipée peut-être. Mai
112 »29, mais ce n’est plus qu’un conformisme d’État. C’est , à peu près, l’ukase en moins, ce qui s’est passé chez les bourgeois,
113 u sujet du mot « esprit ».) Le vrai matérialiste, c’est Ramuz. Parce qu’il aime les choses et déteste les mécaniques interpos
114 l’homme et le suppose en même temps », écrit-il. C’est lorsqu’il définit ainsi la foi qu’on hésite à le suivre, — et que peu
115 ps le sauve dans ses limites, ici et maintenant ? C’est là le sens de l’Incarnation, en même temps que de la véritable transc
116 en même temps que de la véritable transcendance. C’est là le point de la rupture avec tout humanisme imaginable (l’homme sau
15 1934, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Le Procès, par Franz Kafka (mai 1934)
117 imantes pour qu’il puisse songer même à résister. C’est ainsi une suspension du jugement qui est tout le drame du Procès. Con
118 ciation, de toute prise de parti, — de tout acte. C’est ce qu’on pourrait appeler la vision métaphysique. Tous les efforts de
119 le Christ. « Nul ne vient au Père que par moi ». C’est par le Fils que Dieu devient pour nous le Père ; mais alors, l’acquit
120 homme de marcher, d’échapper à l’« arrêt » ; mais c’est aussi par cette foi, et parce qu’elle nous permet de faire un pas et
16 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Ni gauche ni droite (août 1935)
121 es faits : voilà bien le désordre où nous vivons. C’est une anarchie sémantique. On me fait observer que l’opposition n’est p
122 ort ? — Certes, il a tort disent les gauches ; et c’est à cause de la mystique. Et Staline, disent les droites, a tort : car
123 , — qui sont la guerre et l’étatisme totalitaire. C’est très simple. Trop simple, sans doute ? q. Rougemont Denis de, « Ni
17 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Paracelse, par Frédéric Gundolf (septembre 1935)
124 té ». Rajeunir son corps et son âme par l’ordure, c’est un des thèmes favoris de notre temps. Mais combien, parmi nous, se so
125 e de faits. J’en viens au petit livre de Gundolf. C’est l’œuvre synthétique d’un philosophe des formes culturelles, plutôt qu
126 de Paracelse n’est pas une superstition de devin, c’est une science de la guérison fondée sur le principe hippocratique des s
127 l’époque qui nous offre de si grandes chances. Et c’est une ère favorable qui s’ouvre, celle où l’esprit se remet à chercher
18 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Recherches philosophiques (septembre 1935)
128 e celle de « réaliser » la philosophie. Réaliser, c’est s’engager dans l’aventure politique ou religieuse. Au grand Hegel qui
129 de la médiation. Mais ce qui me paraît important, c’est que Löwith dégage puissamment l’origine philosophique du conflit qui
130 me constitutive de l’humain, certains pensent que c’est aujourd’hui l’attitude personnaliste. Les pages qu’Alexandre Marc con
131 Daumal sur les Limites du langage philosophique. C’est une recherche des conditions d’activité de l’imagerie philosophique,
132 ident dans la restauration d’un langage efficace. C’est dire l’intérêt, au sens fort, de l’apport des poètes à la philosophie
19 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Lawrence et Brett par Dorothy Brett ; Matinées mexicaines suivi de Pansies (poèmes), par D. H. Lawrence (octobre 1935)
133 plaisir le plus vif que réserve ce genre d’écrit, c’est de nous laisser lire dans le jeu d’un être humain : rien ne flatte mi
134 tout en restant d’une exacte pudeur. Mais enfin, c’est tout de même pour Lawrence qu’on lit ces dames. Pour quel Lawrence ?
135 ’une journée de Lawrence dans son ranch mexicain ( c’est à Lawrence que Brett dit « vous » tout le long du livre) : Jour de l
136 ony. Vous répondez avec force et chaleur : « Oui, c’est vrai, on ne devrait pas les lui dire » et vous soupirez profondément.
137 ins, vous frottez les vieilles planches pourries. C’est cette vision de vous ainsi qui m’a fait peindre ces planchers, des an
138 e page, et qu’on retrouve dans toutes les autres, c’est la mauvaise humeur des Lawrence, leur humeur rageuse, faut-il dire, c
139 ractéristique générale des hommes d’aujourd’hui : c’est qu’ils croient au bonheur et à l’argent, les deux choses les plus irr
140 Car le prochain selon la définition évangélique, c’est justement celui qui « exige » de l’aide et auquel on vient en aide. A
141 rence à la recherche de sa communauté solaire !34 C’est son meilleur prétexte à fuir les hommes. Mais après tout, qui donc vi
142 t tout d’un coup les pousse par-derrière, et rit. C’est un long enfant maigre au regard narquois et inquiet, et qui s’est mis
143 x en soi la religion solaire que prêche Lawrence. C’est un rêve de compensation. C’est l’expression de son impuissance à réso
144 e prêche Lawrence. C’est un rêve de compensation. C’est l’expression de son impuissance à résoudre ce que j’appellerais le « 
20 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Les Mystiques allemands du xiiie au xixe siècle, par Jean Chuzeville (octobre 1935)
145 e siècle, par Jean Chuzeville (octobre 1935)u C’est une entreprise incertaine que celle d’offrir à la curiosité moderne l
146 re optique actuelle doit fatalement les déformer. C’est qu’elle est généralement conditionnée par notre romantisme littéraire
147 limitation de l’homme au temporel. La foi réelle, c’est la puissance active de l’Éternel dans ce temps. Cette définition cond
148 . 35. Ce que je pardonne moins à M. Chuzeville, c’est d’écrire que Paracelse « était de nature comédienne, et savait à l’oc
21 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). « Le plus beau pays du monde » (octobre 1935)
149 elqu’un qui est bien content, dans cette affaire, c’est le journaliste allemand qui la raconte, et qui ne manque pas de félic
150 dirait une « histoire idiote ». Tout y est faux. C’est incroyable à quel point cela ressemble à la plupart des entretiens d’
151 ou d’homme de droite. D’abord « impérialisme » : c’est sans nul doute « nationalisme » que voulait dire l’inspecteur (à moin
152 les régimes fascistes). « Orgueil patriotique » — c’est de nouveau nationaliste qu’il faudrait. Précisons, cela en vaut la pe
153 . Le nationalisme existe parce qu’on l’enseigne ; c’est une mystique, un idéal abstrait, un orgueil. Il existe dans la mesure
154 te dans la mesure où on l’exalte. Le patriotisme, c’est le contraire : il existe dans la seule mesure où il va de soi ; il fa
155 courante, qui est celle du libéral rationaliste, c’est de croire que la proposition « l’Angleterre est le plus beau pays du
156 pays du monde » comporte un sens rationnel ; que c’est un jugement qui conclut d’une comparaison. Mais en réalité, lorsque l
157 ce pays plus de beauté que dans tel et tel autre. C’est tout au contraire exprimer un refus pur et simple de comparer. C’est
158 aire exprimer un refus pur et simple de comparer. C’est affirmer une préférence inconditionnelle. C’est reconnaître et accept
159 . C’est affirmer une préférence inconditionnelle. C’est reconnaître et accepter le fait concret d’un attachement qui ne compo
160 ionalisation mensongère du sentiment patriotique. C’est l’intervention abusive de la raison comparative dans le domaine de l’
161 e-ci : « Chaque pays est le plus beau du monde ». C’est la formule fédéraliste. — Inutile d’ajouter que le salut temporel de
22 1936, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Dictature de la liberté, par Robert Aron (mars 1936)
162 liberté pour assurer l’ordre et le pain du corps ( c’est le principe !). La liberté condamne la dictature, mais dès qu’elle la
163 anarchie. La solution de ce conflit est évidente, c’est peut-être pourquoi bien peu l’ont vue jusqu’à présent : elle « crève
164 ve les yeux ». Il faut organiser la liberté. Mais c’est encore là une ellipse ; l’on dira qu’une liberté organisée n’en est p
165 Ceci admis, et comment ne point l’admettre — mais c’est admettre la révolution — se posent toutes les questions « pratiques »
23 1936, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Kierkegaard en France (juin 1936)
166 effrayante lucidité, l’universalité de cet état, c’est aussi que pour lui, le désespoir est le péché, la seule maladie vraim
167 e romantisme et l’anarchie, etc. La subjectivité, c’est le fait de devenir le sujet de la vérité, et non pas seulement son ad
168 iaste. On dirait, dans le langage d’aujourd’hui : c’est le fait de réaliser la vérité que l’on connaît ; ou encore, de la pre
169 ourir pour la vérité », étant lui-même la vérité. C’est pourquoi l’acte de foi, qui saisit dans ce temps l’éternel paradoxe d
170 » Oui, cette question est gênante et sérieuse, et c’est pourquoi il fallait la poser. Et c’est aussi pourquoi je la retourne
171 rieuse, et c’est pourquoi il fallait la poser. Et c’est aussi pourquoi je la retourne à son auteur. Mais peut-on y répondre p
24 1936, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). L’Art poétique ou Qu’il faut penser avec les mains (décembre 1936)
172 bénéfice du maladroit, s’il est aimable. Ou bien c’est l’ornement de nos loisirs. Mais Claudel dit : l’art poétique est art
173 ques rayons d’in-octavos. Mais Claudel : « Vivre, c’est connaître », « Se connaître, c’est faire naître avec soi »… Il ne s’a
174 del : « Vivre, c’est connaître », « Se connaître, c’est faire naître avec soi »… Il ne s’agit évidemment, ici et là, ni de la
175 ngue d’un poète aux divers jargons de son temps : c’est que l’une est une langue « avertie », posant un perpétuel avertisseme
176 vient presque indéfinissable (plus rien n’avance, c’est un sur-place exaspérant, tous les moteurs sont débrayés) ce sens part
177 de se faire copieusement houspiller. Et pourtant, c’est lui seul qui détient la méthode efficace pour en sortir. Mais quitton
178 ute la création vers son achèvement intelligible, c’est là vraiment « poétiser », collaborer à l’ouvrage de Dieu, et recréer
179 ’ouvrage de Dieu, et recréer la catholicité. Mais c’est aussi, dans le monde d’aujourd’hui, se condamner à n’être pas compris
180 ne connaît pas de lois mais seulement des formes. C’est un monde en recréation perpétuelle, et tout s’y tient parce que chaqu
181 sition de l’image, le mot qui profère son sens. » C’est un univers du discours, où les objets qui « veulent dire » s’assemble
182 inel. Rompre le lien de l’homme avec son origine, c’est rompre aussi sa communion avec la fin universelle. Alors l’homme se c
183 e et s’abstrait du mouvement de la Création. « Et c’est pourquoi une fin lui fut en effet donnée » — qui est sa mort. Mais l’
184 la charité cosmique du chrétien (identiquement), c’est alors d’embrasser d’un seul geste, de réunir, de relancer vers sa vra
185 cines matérielles aux dérivés les plus exsangues, c’est rénover l’action cosmique de la parole. Comment cela ? « Le mot appel
186 les formes selon l’intention qu’elles expriment, c’est proprement penser avec les mains. ⁂ Au sixième jour de sa Semaine, Du
187 au lieu d’une formule faite, d’un terme abstrait. C’est le style du livre de Job. aa. Rougemont Denis de, « [Compte rendu]
25 1937, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Une idée de Law (janvier 1937)
188 Une idée de Law (janvier 1937)ab C’est dans les Œuvres de Law qu’on trouve cette remarque hardie : La victoi
189 France une armée qui coûte 100 millions par an ; c’est 2 milliards pour vingt ans. Nous n’avons pas plus de cinq ans de guer
190 Un Anglais estimait un homme 480 livres sterling. C’est la plus forte évaluation, et ils ne sont pas tous aussi chers, comme
191 lculs, l’on voit qu’en vérité, ce qui nous ruine, c’est bien l’honneur — le budget de l’honneur — et non pas je ne sais quels
26 1937, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). De la propriété capitaliste à la propriété humaine et Manifeste au service du personnalisme, par Emmanuel Mounier (février 1937)
192 procher aux précédents ouvrages de l’auteur. Mais c’est la méthode qui doit retenir ici : il s’agissait pour Mounier de fonde
193 les communistes placent l’homme ». Et enfin que «  c’est à l’Esprit que le parti communiste français fait confiance pour l’aid
27 1937, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). N’habitez pas les villes (Extrait d’un Journal) (juillet 1937)
194 océan maussade et les pauvres rivages du détroit, c’est fort apparemment que je n’avais rien de mieux à faire. J’étais chômeu
195 core faut-il savoir comment on y peut « vivre » ? C’est à cette question judicieuse que j’ai voulu répondre.   Début de novem
196 aire de mon domaine. Je ne suis pas propriétaire, c’est entendu. Je ne possède légalement que des valises, de quoi me vêtir,
197 ême avoir l’usage éventuel de quelque chose. Mais c’est user en fait de cette chose-là. C’est donc un acte et pas du tout un
198 chose. Mais c’est user en fait de cette chose-là. C’est donc un acte et pas du tout un droit. Et ce n’est pas une sécurité, n
199 her de se délivrer coûte que coûte.) Mon domaine, c’est ce que j’ai sous la main. Voici d’abord la table que je me suis fabri
200 its précis qui me paraîtront frappants ici ou là, c’est une sorte de contrôle amusant et utile — pour plus tard — et c’est un
201 e contrôle amusant et utile — pour plus tard — et c’est une bonne discipline de l’esprit que la description objective. Me voi
202 re et solitaire — trois grands mots ! et pourtant c’est bien cela — tout au bout d’un pays dénué de ressources, pratiquement
203 croire actuel, dans la littérature ou les idées. C’est cela qui paie, et qui m’ennuie. Après quoi, je pourrai travailler. Au
204 e. Après quoi, je pourrai travailler. Aujourd’hui c’est le jour du repos. J’ai trouvé au fond d’une armoire, derrière une pil
205 aloir les palmes à son auteur. Le second bouquin, c’est l’œuvre d’un vieux médecin tout plein de verve et de gaillarde érudit
206 e qui en dit long sur l’âme de ce peuple discret. C’est l’impression que je veux retenir pour le moment des gens d’ici. Elle
207 anifeste l’intention de rester ici tout l’hiver ? C’est plutôt en été qu’on vient chez nous, me fait-elle prudemment observer
208 r d’être vu par l’une, entrant chez l’autre. Mais c’est prudent, on me l’a dit. Car elles ne baisseront pas leurs prix pour g
209 ce une lettre ? — Non. Est-ce un imprimé ? — Non. C’est tapé à la machine. — Est-ce qu’il n’y a rien d’écrit à la main ? Si,
210 à ma table, j’entends grincer la porte du jardin. C’est la femme de Pédenaud qui brandit un papier. J’accours : elle me tend
211 e de télégramme, mais ce n’est pas un télégramme, c’est une notification officielle d’avoir à verser sans délai la somme de f
212 une lettre. Il faut donc que je m’exécute, sinon c’est lui qui sera forcé « d’y aller de sa poche ». Me voilà courant à l’au
213 lle, je ne l’ai même jamais été aussi absolument. C’est peut-être à cause du bonheur de notre vie. Trouver son rythme naturel
214 ent quelque chose. Quand je vais chez les Renaud, c’est tout le contraire. Ils m’expliquent en détail ce qu’ils font, et je p
215 é concrète dont je ne souffre pas dans ma vanité, c’est entendu, mais bien dans mon désir de sympathie humaine, d’échange dir
216 que je viens de nommer. Ils ne se doutent pas que c’est de cela précisément qu’un écrivain peut faire sa « spécialité ». Et r
217 ? Essayer de confronter la culture et la réalité, c’est peut-être prouver qu’on ignore l’une et l’autre ? Ou témoigner d’une
218 ument vain : il y a eu quelques conversions. Mais c’est tout juste si elles ont compensé les abandons ou les départs. (Les pr
219 chômeur intellectuel peut encore travailler — et c’est cela qui le différencie profondément d’un chômeur industriel, par exe
220 faut pas se mettre en colère au mois de janvier. C’est une saison abstraite, on n’atteint presque rien. Le soleil froid à tr
221 aque par désir famélique de créer du nouveau. Car c’est une consolation aussi que d’avoir à faire face à quelque catastrophe
222 s nous sauver de cette tentation du désespoir, et c’est l’humilité. Si je ne suis pas important, le monde s’agrandit. Je puis
223 elles du monde. Ainsi je me renouvelle lentement. C’est un moyen de sortir de l’impasse : non pas en changeant ses données, m
224 prend cette chose nouvelle que nous savions déjà, c’est vrai, quand nous étions adolescents, chose nouvelle au goût du souven
225 i agit dans l’attente. Il attend des révélations. C’est évident ! Ses actions les plus pures sont des appels et des incantati
226 des heures ce coin réduit de terre caillouteuse, c’est pour un printemps qui viendra. C’est pour gagner ma vie, dit une rais
227 aillouteuse, c’est pour un printemps qui viendra. C’est pour gagner ma vie, dit une raison borgne ; c’est aussi pour gagner m
228 C’est pour gagner ma vie, dit une raison borgne ; c’est aussi pour gagner ma mort, je le sais bien. Toute notre attente imagi
229 trahissent. Si le travail moderne est dégradant, c’est qu’on a limité ses gestes à l’immédiat, et borné son attente au salai
230 Recette pour vivre de peu. La première condition c’est de gagner peu. (J’ai écrit cela, je me le rappelle, peu de temps aprè
231 age est restée blanche. Et toute réflexion faite, c’est bien ainsi, et très complet.)   10 avril Je n’ai pas encore parlé de
232 raiment que cela se tient. Il me semble aussi que c’est concret. Je me dis que cette impression et celle de tout à l’heure s’
233 né de Paris », mais au centre de mon domaine ; et c’est Paris qui est loin maintenant, peu vraisemblable ; et non plus moi. P
234 ux profondeurs rougeâtres et doucement mouvantes. C’est là que nous commençons la pêche. Il faut se planter au centre du bass
235 que nos rapports avec les hommes. Mais attention. C’est uniquement s’il y a dans l’homme une vocation surnaturelle, la missio
236 t pas fait pour durer : la vie étale nous ennuie, c’est ce qui naît et ce qui meurt qui nous émeut. Cette nuit, avant d’aller
237 prend, l’œil fixe, son travail invisible de mère. C’est beau. C’est fascinant. C’est grave et mystérieux, pacifiant comme la
238 fixe, son travail invisible de mère. C’est beau. C’est fascinant. C’est grave et mystérieux, pacifiant comme la démonstratio
239 l invisible de mère. C’est beau. C’est fascinant. C’est grave et mystérieux, pacifiant comme la démonstration d’une absolue s
240 une fondation littéraire. Il faut d’abord signer, c’est recommandé. Ensuite, il faut comprendre : c’est une lettre et un chèq
241 , c’est recommandé. Ensuite, il faut comprendre : c’est une lettre et un chèque. C’est un prix. Un prix dont je connaissais t
242 faut comprendre : c’est une lettre et un chèque. C’est un prix. Un prix dont je connaissais tout juste le nom. Que je n’aura
243 tre eux. Sur le moment, ce qui m’a le plus frappé c’est que je m’étais fâché hier soir, et que la Providence, évidemment, se
244 ais combien de temps, je n’ai pas de montre, mais c’est très long. Aucun bruit de voix dans la salle de la caisse. Le client
245 fait passer à côté tout à l’heure. « Vous savez, c’est la coutume, ici ils n’aiment pas qu’il y ait d’autres personnes dans
246 nd ils payent ou quand ils touchent de l’argent ! C’est qu’ils sont très spéciaux les gens d’ici ! Moi je n’y viens qu’une fo
247 mmence à les connaître. Je pourrais vous en dire. C’est partout différent, pour l’argent. Si vous prenez N. par exemple (la v
248 . Ils ne se posent pas de questions gênantes. Or, c’est mon métier d’en poser… Il vaut mieux partir quand on en est là. Quand
249 e sans fièvre et que je flâne sans vague à l’âme. C’est quelque chose. Je ne dis pas que c’est le bonheur, je n’ai jamais trè
250 e à l’âme. C’est quelque chose. Je ne dis pas que c’est le bonheur, je n’ai jamais très bien compris ce mot, que tant de gens
251 oucement amoureux de ma vie, et je crois bien que c’est un penchant qu’elle agrée. Non point qu’elle me paye en retour de sur
252 se posséder plutôt qu’à se fuir dans les hasards. C’est sans doute un effet de la trentaine qui approche : je n’espère plus,
253 ’agit seulement d’assurer la prise de cette main. C’est l’affaire d’une patience, ou d’une impatience dominée, — et sans dout
28 1937, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Gösta Berling, par Selma Lagerlöf (novembre 1937)
254 se confond avec la Charité. Imaginer, à ce degré, c’est déjà presque pardonner au monde. C’est le placer sous la lumière fant
255 ce degré, c’est déjà presque pardonner au monde. C’est le placer sous la lumière fantastique de la Promesse, au point où tou
256 façon « les riches alternances de la vie ». Mais c’est aussi au peuple entier qu’ils ont appris sa gloire quotidienne. Rien
257 s Cavaliers. Ce n’est pas du réalisme socialiste, c’est la réalité sociale plus toutes les autres. Et l’amour d’une femme pou
29 1937, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Au dossier d’une vieille querelle (novembre 1937)
258 grand besoin. Que cela n’aille pas sans risques, c’est l’évidence. Mais il s’agit de savoir ce que l’on révère, de la vérité
259 nnel (que ce soit dans le monde ou dans l’esprit) c’est que la raison s’est bel et bien risquée et se risque encore dans le c
30 1938, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Le Monastère noir, par Aladár Kuncz (janvier 1938)
260 civil. Qu’il ne s’y mêle aucune trace de hargne, c’est un miracle qui défie l’époque. M. de Lacretelle, dans sa préface, déc
261 , on ne sait pourquoi, « par représailles ». Puis c’est le départ brusqué « pour X… ». Ni raisons ni points de repère : c’est
262 qué « pour X… ». Ni raisons ni points de repère : c’est la guerre. C’est un mot sacré. C’est quelque chose qui se passe très
263 Ni raisons ni points de repère : c’est la guerre. C’est un mot sacré. C’est quelque chose qui se passe très loin, partout, et
264 de repère : c’est la guerre. C’est un mot sacré. C’est quelque chose qui se passe très loin, partout, et qui doit être réel
265 ndent à faire du moindre d’entre nous un prévenu. C’est le cauchemar du xxe siècle. Le triomphe de l’État sur l’homme. D’ail
31 1938, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Victoire à Waterloo, par Robert Aron (février 1938)
266 urs prédominent, facteurs moraux et psychiques. » C’est donc devant sa destinée, et non pas devant Blücher, ce hasard, que l’
267 uvert la vie concrète d’un pays et des êtres dont c’est la patrie. Il a conçu les premiers doutes humains sur la réalité de s
268 e cette méditation personnaliste. Car après tout, c’est une histoire, un des meilleurs romans de l’année, et qui se fait lire
32 1938, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Une révolution refoulée (juillet 1938)
269 n type d’explication qui me paraît bien tentant : c’est le mécanisme du « refoulement » d’où procèdent les « actes manqués ».
270 it un espoir que les accords Matignon trompèrent. C’est tout ce que l’Histoire retiendra. Ce fait initial a déterminé la cour
271 ns se l’avouer. Voilà pourquoi personne ne bouge. C’est effrayant, cette immobilité devant le péril. La dictature fascine les
272 plexe fasciste, avoué sous le nom d’antifascisme, c’est normal. On n’arrête pas une révolution lorsqu’elle est nécessaire, et
273 pas une révolution lorsqu’elle est nécessaire, et c’est le cas. Mais il arrive qu’on la dénature en la refoulant trop longtem
33 1938, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Alice au pays des merveilles, par Lewis Carroll (août 1938)
274 ment réfutée par un formalisme délirant. Le pire, c’est que la plupart des discussions pèchent par l’absence d’un élément de
34 1938, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Page d’histoire (novembre 1938)
275 et sur le système qu’elles pratiquaient en fait. C’est ainsi que l’Allemagne exigea l’autonomie des Sudètes au nom du droit
276 par le « bon droit » des exigences allemandes. Et c’est pourquoi, lorsqu’en septembre 1938, l’Allemagne appuya sa revendicati
277 aux, dont la seule Suisse figurait le microcosme. C’est dans cette perspective historique que les événements ultérieurs (colo
35 1939, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Propos sur la religion, par Alain (avril 1939)
278 se ramène, me semble-t-il, à ceci : la religion, c’est la pratique moyenne du catholicisme français. Il s’agit moins de la d
279 prit comme celui d’Alain retient du catholicisme, c’est donc exactement ce que Kierkegaard, par exemple, rejette au nom de sa
36 1939, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Don Juan (juillet 1939)
280 d seigneur n’oublie jamais son rang. Son naturel, c’est le mépris ; rien n’est plus loin de la nature. Voyez comme il se sert
281 aient pas, il les inventerait pour les violer. Et c’est cela qui nous fait pressentir la nature spirituelle de son secret, si
282 à tout prix, quel qu’il soit ? Celui qui cherche, c’est qu’il n’a pas ; mais peut-être aussi qu’il n’est pas ? Celui qui a, v
283 ait l’homme qui ne peut pas aimer, parce qu’aimer c’est d’abord choisir, et pour choisir il faudrait être, et il n’est pas. M
284 , cet équilibre étant d’ailleurs bon ou mauvais.) C’est que le désir de nouveauté et de changement perpétuel, dès que l’espri
285 ce au siècle. Et l’adversaire qu’il s’est choisi, c’est l’esprit de lourdeur, notre poids naturel, notre faculté naturelle de
286 emi vigilant de l’instinct : car s’il le glorifie c’est par esprit de polémique, c’est qu’il veut forcer la nature autrement
287 r s’il le glorifie c’est par esprit de polémique, c’est qu’il veut forcer la nature autrement qu’on ne l’a fait jusqu’à lui.
288 le Dieu moral est réfuté ». Que va dire l’Autre ? C’est , dans la vie du Don Juan des vérités, l’heure de l’invitation au Comm
289 la nuit désertique des hauteurs. Une aube vient. C’est encore l’aube de la terre. Personne n’a parlé. Dieu est mort ! De cha
290 âtir un système qu’il réfute, dénonce et détruit, c’est pour la joie du viol intellectuel. Comme Don Juan l’image de la Mère,
291 i cède, toute l’impudeur et la lourdeur du monde. C’est au point de fureur dionysiaque où la joie de détruire devient douleur
292 ement à cette minute, à cet instant ! L’Éternité, c’est le retour des temps ; et non pas la victoire sur le temps… Mais dans
293 emps, disait-il, Dieu est mort. Si Dieu est mort, c’est donc qu’il a vécu ? Dieu revivra éternellement ! Ainsi Nietzsche devi
294 Don Juan, tricheur, aime sans amour. S’il gagne, c’est en violant la vérité des êtres. Nietzsche pose des valeurs qui détrui
295 lus tricher). Voici peut-être la clé du mystère : c’est qu’en respectant toutes les règles, nous ne pourrons jamais que perdr
37 1939, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). La Poésie scientifique en France au xvie siècle, par Albert-Marie Schmidt (septembre 1939)
296 es qualités requises du pur et simple philologue. C’est une vision du monde, et des rapports du monde à l’homme, qu’il s’agit
297 dans le jeu des symboles et des correspondances. C’est l’ambition que refoulera trop aisément notre âge classique, et que re
298 vers ». Voilà de la belle érudition qui signifie. C’est une manière de poésie que bien peu savent allier à tant de science.
38 1940, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Au sujet du Journal d’André Gide (janvier 1940)
299 dés, rythme, idées ou lyrisme —, mais bien plutôt c’est la complexité secrètement significative de l’ensemble. Pour qualifier
300 Et cependant, « donner de soi une idée fausse », c’est bien ce que devait éviter Gide, plus jalousement qu’aucun autre. Est-
301 ntifs aux défauts réguliers de tout autoportrait. C’est nous donner le moyen d’y porter nos retouches. ⁂ Parfois, le secret d
302 d’une vérité indirecte, et parfois même négative. C’est moins la vie vécue qui s’y traduit, que le désir de compenser ou de p
303 rer dans l’église], ce n’est pas la libre pensée, c’est l’Évangile. » Mais n’y a-t-il pas, à l’origine de ce refus de toute é
304 nts. Tout ce que je me sens le droit de dire ici, c’est que la Réforme a rejeté les prétentions du pape de Rome non par dégoû
305 « idées » en soi, et de l’information méthodique. C’est par là que je sens le mieux la distance qui sépare de la sienne ma gé
306 dre de l’éthique, que dans celui de l’esthétique. C’est le maître-artisan de la langue, plus que l’immoraliste, qui nous impo
39 1940, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Hommage à C. F. Ramuz (mai 1940)
307 essant dans un recueil de mélanges ou d’hommages, c’est en général le sommaire : cette fois encore. Voici le noyau des premie
308 e approfondi rejoint l’universel par les racines. C’est , comme ils disent, de la vraie « culture ». Il faut mettre hors de pa
309 illé et simplifié, cet œil halluciné par le réel, c’est tout l’art de Ramuz exposé. Ici, tout le mystère se mue en forme et e
40 1951, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Un complot de protestants (novembre 1951)
310 nds mal) : « Vous cherchez un studio ? » — « Oui, c’est exactement ce qu’il me faut. » Il a l’air étonné, puis amusé. Et, sou
311 amusé. Et, soudain, en se levant : « Eh bien ! si c’est ainsi, allons le voir de ce pas, voulez-vous ? » Alors, seulement, je
312  Tout cela s’est arrangé si soudainement, dit-il, c’est inquiétant. Cela me ferait presque croire à la Providence !… Mais dit
313 dre. Finalement, Gide en riant : « On va dire que c’est un complot de protestants ! » Le mot ne manque pas de pertinence. Tou
314 te puisse avoir un sens. Le protestant, pour lui, c’est l’opposant. (Comme on le croit généralement en France.) Les gênes féc
315 me libéral de la fin du xixe siècle ? » — « Oui, c’est assez cela, la position du pasteur Roberty, que j’aimais bien. » Vite
316 r un seul de ces entretiens, j’ai pris des notes. C’est celui du 20 juin. J’avais eu l’impression ce jour-là que Gide passait
317 ant plus pur que rien de charnel ne s’y mêlait. «  C’est ainsi que je me suis complètement blousé », répète-t-il en accentuant
318 . Ce qui l’a souvent frappé chez bien des femmes, c’est leur manière « de s’offusquer du désir de l’homme ». Plusieurs, marié
319 ses propos.) Et, subitement, après un silence : «  C’est ainsi que j’ai commis, à cette époque — je parle de mon premier séjou
320 dernière réponse : « L’originalité du Bipède. » ( C’est ainsi qu’on l’appelait dans ce groupe.) Gide s’éclaircit la voix pour
321 aigne. (Je ne nie pas un instant son lyrisme.) Et c’est ainsi qu’il réussit à remplacer le tragique par la perplexité. Tout c
322 ’évolution de Gide. Ce qui l’a vraiment torturé, c’est l’éthique, non le religieux ; la justice et non le salut ; ce que l’o
323 fatales et collectives interprétées par un Parti. C’est pourquoi le problème religieux, tel qu’il se pose au monde christiani
324 es, n’a cessé d’occuper sa pensée. Et j’ignore si c’est mal ou bien : je constate simplement le phénomène. Je ne tiens pas la
325 séance, et ne sont pas de l’ordre des mérites. Et c’est pourquoi il est écrit : « Ne jugez pas ! » J’avoue que je comprends m
326 notre parti, et qu’il n’est pas le premier venu. C’est usurper la place du Juge, ou mêler vanités et salut. Si Gide a refusé
327 salut. Si Gide a refusé totalement quelque chose, c’est justement le totalitarisme, qui est l’esprit de parti logiquement dév
41 1957, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). La découverte du temps ou l’aventure occidentale (mars 1957)
328 x toutes dernières nouvelles — qui dira mieux ? —  c’est au moins six-cent-mille qu’il conviendrait d’admettre. Centupler brus
329 est victoire sur le temps comme sur la mort. Mais c’est bien à partir de là que les hommes touchés par le message évangélique
330 mythes du temps cyclique et de l’éternel retour, c’est parce que l’homme a peur du temps. Voilà le fait fondamental. Car le
331 elle prend un sens exemplaire dans le Mythe, mais c’est le temps lui-même qui perd sa réalité, puisqu’il n’apporte plus d’abs
332 e », ou plus familièrement « Plus ça change, plus c’est la même chose. ») L’irruption dans ce monde des religions antiques du
333 u, la nouveauté totale, proprement impensable. Et c’est bien dans ces termes que saint Paul la présente. Que Dieu se soit man
334 thifier le Christ en niant sa parfaite humanité : c’est l’intention commune à toutes les hérésies gnostiques, manichéennes ou
335 e l’idée d’un temps vidé de rythmes et de mythes, c’est la croyance à la Fin imminente : encore « un peu de temps » et le Chr
336 ns le sens du risque, mais dans celui des normes. C’est une vision réduite et limitée de l’Histoire qui lui permet de rendre
337 ent noyés que personne n’a le souci de les dater. C’est un mouvement exactement contraire qui s’est produit dans l’Occident m
338 « car nous ne savons ni le jour ni l’heure ». Et c’est pourquoi le progrès de la vision historique, loin de séculariser le c
339 ours de la réalité, où ce qu’il y a de plus réel, c’est le cours même. Et comme ce mouvement pur « doit » être dépourvu d’ori
340 homme, il n’est donc plus question de demander si c’est « vrai ». C’est « dans le sens de l’Histoire », ou ce n’est rien qui
341 donc plus question de demander si c’est « vrai ». C’est « dans le sens de l’Histoire », ou ce n’est rien qui vaille… Suis-je
342 intelligentsia comme dans les masses modernes, et c’est sur lui que les dictatures totalitaires fondent leur pouvoir. Le droi
343 le distinguer. Je ne suis plus responsable, mais c’est l’Évolution, et je n’ai plus d’autre choix que de m’en dire l’agent.
344 e ses propres martyrs fut la semence de l’Église, c’est le sang des « païens », le sang des autres, qui cimente l’édifice de
345 tre angoisse devant le temps. Anticiper l’avenir, c’est tenter de se convaincre que le temps ne va pas apporter la négation d
346 oi-même et du sens de ma vie. Anticiper l’avenir, c’est le dernier refus de l’aventure du temps — la fuite dans l’utopie. Uto
347 ers chrétiens, mais elle en reste tributaire — et c’est pourquoi l’Orient ne produit pas d’utopies. Concevoir une utopie et a
348 elle, massacrer pour hâter sa venue bienfaisante, c’est projeter notre angoisse en avant, pour tenter d’asservir l’imprévu. B
42 1961, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). La personne, l’ange et l’absolu, ou le dialogue Occident-Orient (avril 1961)
349 s le Tiers Monde, ce n’est pas ce dont il vivait, c’est ce qui manquait à nos élites, ou qu’elles ne savaient plus trouver da
350 s l’individu naturel. Pour Descartes, le vrai moi c’est « l’âme », mais il s’agit d’une âme tout intellectuelle, dont « la na
351 Christ en Dieu » jusqu’à l’avènement de l’Amour ? C’est l’Ange, répond l’Iran des spirituels, l’Iran du mazdéisme et des myst
352 e d’âmes une sollicitude et tendresse spéciales ; c’est lui qui les initie à la connaissance, les protège, les guide, les déf
353 es défend, les réconforte, les fait triompher, et c’est cet être qu’ils appelaient Nature parfaite. » C’est le vrai moi, c’es
354 est cet être qu’ils appelaient Nature parfaite. » C’est le vrai moi, c’est l’Ange. « Il ne s’agit plus du simple messager tra
355 appelaient Nature parfaite. » C’est le vrai moi, c’est l’Ange. « Il ne s’agit plus du simple messager transmettant les ordre
356 e sous laquelle Dieu se révèle à soi-même en lui. C’est la “part allotie” à chaque Spirituel, son individualité absolue, le N
357 de la troisième nuit qui suit la mort terrestre : c’est la rencontre de l’âme avec son moi céleste à l’entrée du pont Chinvat
358 erre a maltraité son moi, au lieu de la Fravarti, c’est une apparition monstrueuse et défigurée qui reflète son état déchu. L
359 s s’il est une croyance qu’ils ont tous en commun c’est la croyance à la métempsycose, à la transmigration des âmes. Or elle
360 dre, les croyances populaires de leurs contrées ; c’est bien plutôt à notre idée de la personne qu’ils opposent leur idée du
361 disent les autres. Non, répondent les advaïtins : c’est Brahma ou ce n’est rien. Et tu n’es rien. Et de leur côté les bouddhi
362 ation, peut-il y avoir une réincarnation ? — Oui, c’est possible. » Voici l’explication : « Le Roi dit : Nagasena, y a-t-il q
363 u Vide. Leur satori est le contraire du samadhi : c’est un éveil instantané. Éveil de quoi ? De la vision-en-soi, du Cela qui
364 Dieu, la Vérité ; ce que zen demande au disciple, c’est de voir sa propre Physionomie. » Or comme le disait le sixième Patria
365 croyait. Si nous souhaitons préciser leur nature, c’est dans les notions de l’amour traduisant ces trois conceptions, que nou
366 er moteur non seulement de l’homme mais du monde, c’est son action qui configure l’idée du moi que nous nous faisons, et cett
367 tome traduit certaines propriétés de l’énergie. «  C’est l’amour dominant qui fait l’homme… L’homme est absolument tel qu’est
368 uel et se laisse transformer, réorienter par lui. C’est le vrai moi qui aime, qui est l’agent de l’amour. Ce vrai moi seul pe
369 ul il discerne en l’autre le même amour. « Aimer, c’est soutenir, deviner, porter le meilleur de ce qu’on aime », disait Alai
370 n singulière. Aimer le prochain dans sa personne, c’est discerner sa singularité, sa vocation, même virtuelle, la soutenir et
371 Dieu nous a aimés le premier. » Pour le chrétien, c’est parce que Dieu, qui est Amour, est un Dieu personnel, dans sa tri-uni
372 eux qu’il aime. » Se sacrifier pour l’autre aimé, c’est d’abord sacrifier son moi à son vrai moi, — l’ordonner à sa vocation.
373 oi à son vrai moi, — l’ordonner à sa vocation. Ou c’est encore se sacrifier tel que l’on est, à soi-même tel qu’on va le deve
374 à soi-même tel qu’on va le devenir par l’esprit. C’est rejoindre la forme immortelle de son être au travers d’une « mort à s
375 omme signe et symbole de la « prison » du moi. Et c’est que l’âme avait rêvé d’une métamorphose angélique, quand l’esprit lui
376 citation, par le défi perpétuel aux attachements. C’est la liberté négative revendiquée par Don Juan contre les conventions d
377 is, et pour cause. Si je les fais intervenir ici, c’est à titre d’évocation d’une dimension virtuelle, intemporelle, et donc
378 ir en elle l’objet de sa propre connaissance.75 » C’est donc en Dieu que tout amour peut reconnaître la personne de l’autre e
379 re aimé, par l’efficace de son amour préfigurant. C’est précisément là que s’origine la plus haute fonction de l’amour humain
380 uprême et au degré le plus éminent, le Prochain ; c’est donc d’après lui que s’établissent toutes les distinctions relatives
381 chez deux personnes un bien absolument identique… C’est l’amour qui fait le prochain, et chacun est le prochain selon la qual
382 , dont Iseut ne serait que l’image sensible, — et c’est pourquoi j’ai osé dire que Tristan n’aimait pas Iseut — cette passion
383 de la forêt du Morois en viennent à découvrir que c’est leur passion même qui exige leur séparation, parce que « leur engagem
384 parfait est celui dont l’objet n’est pas limité. C’est cet amour qui est l’amour pur, l’amour de l’amour même, l’amour de l’
385 plaisir érotique, est vénéré par les yogis, « car c’est lui seul, lorsqu’il est satisfait, qui peut libérer l’esprit du désir
386 oie, son « svadharma », sa religion particulière. C’est pourquoi nos contradictions restent si farouchement liées au dogme, t
387 définitions. Mais je retrouve ici mon expérience. C’est seulement à partir de là que nos questions deviennent capables de rép
388 i, touche à sa fin ?) Je disais que l’amour vrai, c’est discerner dans l’autre — pour l’avoir reconnu tout d’abord en soi-mêm
389 Non, ce serait là trop dire, et pas assez. Aimer, c’est aider l’autre à se situer de telle manière que la lumière se voie en
390 ser, mais transmuter, transfigurer ! Aimer mieux, c’est apprendre à discerner la raison d’être — donc d’être unique — de l’au
391 ce que jamais on ne verra deux fois ! » — Aimer, c’est vouloir l’immortel, non l’éphémère, lequel n’a rien en soi qui mérite
392 r et les structures de l’énergie universelle. Car c’est au secret des personnes que nous tentons d’écouter la Personne, mais
393 nnes que nous tentons d’écouter la Personne, mais c’est dans la matière que nous cherchons le Soi. La création tout entière,
394 ue d’un soufi : « Le paradis du gnostique fidèle, c’est son corps même, et l’enfer de l’homme sans foi ni connaissance c’est
395 e, et l’enfer de l’homme sans foi ni connaissance c’est également son corps même. » (Cit. par H. Corbin, Terre céleste, p. 16
396 Jérusalem et sa doctrine céleste, § 86 à 89. 81. C’est à peu près ce que Freud nomme « narcissisme », et qui n’est tel qu’au
397 et de rigueur l’Est et l’Ouest. Lire aussi, mais c’est beaucoup moins tendre pour les deux, c’est même féroce, le chef-d’œuv
398 , mais c’est beaucoup moins tendre pour les deux, c’est même féroce, le chef-d’œuvre d’Henri Michaux, Un Barbare en Asie. Lir