1 Les Éléments de la grandeur humaine, par Rudolf Kassner (octobre 1931)a Si l’exist

2 sner (octobre 1931)a Si l’existence — le degré d’ être — se mesure au pouvoir d’incarner sa vérité, le mal du siècle c’e

3 xistence — le degré d’être — se mesure au pouvoir d’ incarner sa vérité, le mal du siècle c’est l’impuissance. La proie de

4 é, le mal du siècle c’est l’impuissance. La proie de désirs divergents qui prennent rarement assez de violence pour nous d

5 de désirs divergents qui prennent rarement assez de violence pour nous déchirer jusqu’au salut, et dont la composante rée

6 t dont la composante réelle tend vers zéro, c’est d’ une philosophie de l’existence personnelle qu’avant tout nous avons be

7 te réelle tend vers zéro, c’est d’une philosophie de l’existence personnelle qu’avant tout nous avons besoin. Kierkegaard

8 mi les forces spirituelles qui orientent l’Europe d’ aujourd’hui. La France ne l’ignorera plus longtemps. Quant à l’Allemag

9 elle s’est depuis plusieurs années déjà pénétrée de cette philosophie, ainsi qu’en témoigne l’accueil fait à la pensée d’

10 , ainsi qu’en témoigne l’accueil fait à la pensée d’ un Karl Barth, génial disciple du Danois, et dont il est grand temps q

11 us traduise quelques essais théologiques. L’œuvre de Rudolf Kassner, de moindre envergure — à cause de sa rareté et de son

12 s essais théologiques. L’œuvre de Rudolf Kassner, de moindre envergure — à cause de sa rareté et de son aristocratisme ess

13 r, de moindre envergure — à cause de sa rareté et de son aristocratisme essentiel — mais non de moindre profondeur, manife

14 eté et de son aristocratisme essentiel — mais non de moindre profondeur, manifeste elle aussi l’emprise de l’« Existenzphi

15 oindre profondeur, manifeste elle aussi l’emprise de l’« Existenzphilosophie » et son extrême conséquence. Dans la mesure

16 Dans la mesure même où Kassner se montre disciple de Kierkegaard, sa pensée paraît réfractaire à toute description, car el

17 définis que par leurs rapports mutuels et tirent de cette interdépendance leur valeur originale. Kassner reprend un des t

18 ssentiels du préromantisme allemand, l’opposition de l’antique et du moderne, non du point de vue littéraire comme on le f

19 tales (problème que notre xviie siècle se devait de ne pas poser). L’homme antique peut atteindre la grandeur parce qu’il

20 s la démesure, et lorsqu’il « veut prendre mesure de lui-même, il se sent aussitôt incomplet et coupable. Il est donc poss

21 sitôt incomplet et coupable. Il est donc possible de dire que le péché est la mesure du démesuré, et que pour le chrétien

22 du démesuré, et que pour le chrétien il n’est pas d’ autre grandeur ». Ainsi le chrétien existe en tant que le péché crée u

23 omme sans mesure naturelle : s’il ne retrouve pas de loi interne et de tension par le péché, il n’est plus qu’un être sans

24 aturelle : s’il ne retrouve pas de loi interne et de tension par le péché, il n’est plus qu’un être sans destinée, un « in

25 st crevassée et divisée. Son œuvre souvent pleine de charme mais sans forme et sans but, peut bien nous stimuler, mais ne

26 on vient de l’intérieur. Il ne peut jamais sortir de son moi sans trahison et chaque manifestation de son essence intime r

27 de son moi sans trahison et chaque manifestation de son essence intime ressemble par quelque côté à un outrage, voire à u

28 ne impudeur. » À l’opposition du Beau objectif et de l’Intéressant sentimental qui pour Schiller et surtout pour Schlegel

29 hiller et surtout pour Schlegel symbolisait celle de l’antique et du moderne, Kassner répondrait aujourd’hui par l’opposit

30 , Kassner répondrait aujourd’hui par l’opposition de la grandeur mesurée et de l’indiscrétion journalistique. La férocité

31 rd’hui par l’opposition de la grandeur mesurée et de l’indiscrétion journalistique. La férocité réfléchie qui préside à so

32 . La férocité réfléchie qui préside à son analyse de l’indiscret nous vaut une description inégalable du mal du siècle. Ic

33 -il reconnaître à ce seul philosophe le privilège d’ avoir parlé sans complicité de ce qui nous détruit : Rudolf Kassner do

34 osophe le privilège d’avoir parlé sans complicité de ce qui nous détruit : Rudolf Kassner donne la sensation à peu près un

35 donne la sensation à peu près unique en ce temps d’ une pensée autoritaire. Entendons que pour lui, penser n’est pas se dé

36 plus s’ingénier sur des idées et des combinaisons d’ idées mais créer de tout son être spirituel des faits nouveaux et vrai

37 des idées et des combinaisons d’idées mais créer de tout son être spirituel des faits nouveaux et vrais, dans un certain

38 vrais, dans un certain style. Car il n’est point de vérité sans forme. Quelques pages étranges et puissantes sur les chim

39 ues pages étranges et puissantes sur les chimères de Notre-Dame illustrent ce réalisme de la forme, hors de quoi il n’est

40 les chimères de Notre-Dame illustrent ce réalisme de la forme, hors de quoi il n’est qu’indiscrétion, et qui livre la clef

41 oi il n’est qu’indiscrétion, et qui livre la clef de la pensée de Kassner, comme aussi de son apparente obscurité1. Il fau

42 u’indiscrétion, et qui livre la clef de la pensée de Kassner, comme aussi de son apparente obscurité1. Il faut savoir être

43 ivre la clef de la pensée de Kassner, comme aussi de son apparente obscurité1. Il faut savoir être secret pour penser avec

44 ut savoir taire ce qui permettrait aux indiscrets de comprendre intellectuellement sans « réaliser ». Il faut que les pens

45 Une pensée neuve ne saurait être comprise à moins d’ être recréée dans sa forme — ce dont certaine clarté dispense le lecte

46 aussi que l’indiscret est celui qui se préoccupe de défendre plutôt que d’illustrer. Ainsi selon Kierkegaard, le premier

47 est celui qui se préoccupe de défendre plutôt que d’ illustrer. Ainsi selon Kierkegaard, le premier homme qui s’avisa de dé

48 i selon Kierkegaard, le premier homme qui s’avisa de défendre la religion mériterait-il d’être appelé Judas numéro deux. C

49 qui s’avisa de défendre la religion mériterait-il d’ être appelé Judas numéro deux. Car il ne s’agit pas de professer une c

50 re appelé Judas numéro deux. Car il ne s’agit pas de professer une chose mais d’être la chose. Le rare, c’est que chez Kas

51 Car il ne s’agit pas de professer une chose mais d’ être la chose. Le rare, c’est que chez Kassner comme chez Kierkegaard,

52 omme chez Kierkegaard, cette présence s’accommode d’ une ironie qui chez d’autres serait plutôt le fait du détachement. Une

53 s, qui les fouille et les purifie, une ironie née de la rigueur et non du scepticisme2. Le dialogue de Laurence Sterne et

54 de la rigueur et non du scepticisme2. Le dialogue de Laurence Sterne et du recteur Krooks sur Judas et la Parole est à cet

55 eur Krooks sur Judas et la Parole est à cet égard d’ une saveur particulièrement riche et complexe. (« … les bavards ne tir

56 riche et complexe. (« … les bavards ne tirent pas d’ eux-mêmes toutes les paroles qu’ils profèrent ; ils les reçoivent des

57 les reçoivent des prophètes ; s’il n’y avait pas de prophètes, les bavards seraient peut-être des créatures très silencie

58 filantes. ») Mais plus encore que leur conception de l’« existence » et que leur ironie, ce qui rapproche Kassner et son m

59 tragique du péché. Le Lépreux, journal apocryphe de l’empereur Alexandre Ier de Russie, n’est qu’une suite de méditations

60 ereur Alexandre Ier de Russie, n’est qu’une suite de méditations sur le thème du tout-ou-rien moral qui caractérise Kierke

61 ui caractérise Kierkegaard. L’on y trouvera moins de paradoxe et plus de délectation peut-être, une acuité lente de la réf

62 egaard. L’on y trouvera moins de paradoxe et plus de délectation peut-être, une acuité lente de la réflexion, un alliage p

63 t plus de délectation peut-être, une acuité lente de la réflexion, un alliage précieux de hauteur, de rigueur et de pitié

64 acuité lente de la réflexion, un alliage précieux de hauteur, de rigueur et de pitié humaine, une retenue presque solennel

65 de la réflexion, un alliage précieux de hauteur, de rigueur et de pitié humaine, une retenue presque solennelle mais qui

66 on, un alliage précieux de hauteur, de rigueur et de pitié humaine, une retenue presque solennelle mais qui sans cesse frô

67 en sournoise malice. On ne peut dire précisément de Kassner qu’il réfute ses adversaires — Freud en particulier, dans Chr

68 t et l’âme du monde — mais bien plutôt qu’à force d’ approfondir leur domaine propre, il les mine et les ruine intérieureme

69 le est la forme des dialogues où culmine son art. De ces dialogues, où chaque interlocuteur, tour à tour, atteint à l’expr

70 à tour, atteint à l’expression la plus virulente de sa vérité — si bien que la conclusion ne peut être qu’implicite et fo

71 conclusion ne peut être qu’implicite et fonction d’ une hiérarchie de valeurs, non de la seule exactitude des pensées —, n

72 ut être qu’implicite et fonction d’une hiérarchie de valeurs, non de la seule exactitude des pensées —, nous connaissons l

73 cite et fonction d’une hiérarchie de valeurs, non de la seule exactitude des pensées —, nous connaissons le modèle immorte

74 —, nous connaissons le modèle immortel, le Livre de Job. Il serait curieux d’en suivre la filiation, jusqu’au Soulier de

75 dèle immortel, le Livre de Job. Il serait curieux d’ en suivre la filiation, jusqu’au Soulier de Satin de Claudel : ce sera

76 urieux d’en suivre la filiation, jusqu’au Soulier de Satin de Claudel : ce serait une sorte de généalogie du réalisme poét

77 en suivre la filiation, jusqu’au Soulier de Satin de Claudel : ce serait une sorte de généalogie du réalisme poétique. 1

78 Soulier de Satin de Claudel : ce serait une sorte de généalogie du réalisme poétique. 1. Obscurité : Kassner ne pose pas

79 al. 2. Ici encore, on ne peut opposer ce concept d’ ironie qu’à celui que formulèrent les romantiques allemands. Rien de c

80 i que formulèrent les romantiques allemands. Rien de commun avec un Renan, un France. a. Rougemont Denis de, « [Compte r

81 un avec un Renan, un France. a. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] Rudolf Kassner, Les Éléments de la grandeur humaine

82 de, « [Compte rendu] Rudolf Kassner, Les Éléments de la grandeur humaine  », La Nouvelle Revue française, Paris, octobre 1

83 par Jean Cassou (novembre 1931)b Quelque chose d’ espagnol dans la démarche ; un tour qui ferait penser aux conteurs de

84 démarche ; un tour qui ferait penser aux conteurs de la fin du xviiie  ; des sujets dans le goût allemand, tels sont les é

85 éments qui composent non sans paradoxe ce recueil de « motifs » romantiques et de frissons anarchiques. Le thème commun, c

86 paradoxe ce recueil de « motifs » romantiques et de frissons anarchiques. Le thème commun, c’est sans doute l’atrocité de

87 ues. Le thème commun, c’est sans doute l’atrocité de la « vie normale », ou si l’on préfère, l’amertume du cœur humain déc

88 agine et dont il meurt. Car la vie est une espèce de marâtre et n’a que faire de nos tendresses. Les sujets de Jean Cassou

89 la vie est une espèce de marâtre et n’a que faire de nos tendresses. Les sujets de Jean Cassou sont très particuliers — ju

90 re et n’a que faire de nos tendresses. Les sujets de Jean Cassou sont très particuliers — jusqu’à l’arbitraire parfois —,

91 rte, comme à nous, c’est précisément le sentiment d’ absurdité qui se dégage de pareils faits lorsque l’esprit s’y attache

92 récisément le sentiment d’absurdité qui se dégage de pareils faits lorsque l’esprit s’y attache et que l’amour ou la pitié

93 le « bonheur » consiste à ne pas se rendre compte de ce qu’ils vivent. Dans quelques-uns des plus significatifs de ces réc

94 vivent. Dans quelques-uns des plus significatifs de ces récits (Dieu et le sommeil, Les Fins dernières) l’on assiste à un

95 ns dernières) l’on assiste à un réveil, explosion de révolte ou de joie, tellement incompatible avec les « conditions » de

96 l’on assiste à un réveil, explosion de révolte ou de joie, tellement incompatible avec les « conditions » de la vie que mo

97 e, tellement incompatible avec les « conditions » de la vie que mort s’en suit. Sarah est donc un recueil de contes roman

98 ie que mort s’en suit. Sarah est donc un recueil de contes romantiques, cas tout à fait rare dans la littérature français

99 e française, et qui comporte en soi quelque chose de déconcertant. Il semble bien que Jean Cassou trouve ici sa forme la p

100 . Son espagnolisme et son germanisme révèlent ici d’ heureuses complicités sentimentales. Ce qui gêne pourtant, en plusieur

101 droits, c’est un certain tour désinvolte, le coup de pouce voltairien, l’élégance trop rapide. Il n’est pas bon qu’un cont

102 onie vis-à-vis de ses personnages ; car il risque de les priver par là de cette autorité mystique, absolue et naïve où gît

103 personnages ; car il risque de les priver par là de cette autorité mystique, absolue et naïve où gît leur profonde raison

104 que, absolue et naïve où gît leur profonde raison d’ être. C’est pourquoi les meilleurs contes du volume sont ceux dont la

105 arah, Monsieur Hoog, qui atteignent à une qualité d’ émotion vraiment pure et insistante. Mais le mérite original et import

106 insistante. Mais le mérite original et important d’ un tel livre me paraît résider avant tout dans l’ordre des faits qu’il

107 urs de ces brèves imaginations, avec une bonhomie d’ autant plus touchante qu’elle figure, je pense, pour l’auteur, une sor

108 u’elle figure, je pense, pour l’auteur, une sorte de consolation un peu forcée que le cœur s’accorde en dépit de tout, tan

109 s que le monde lui propose. b. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] Jean Cassou, Sarah  », La Nouvelle Revue française,

110 est remarquable que ceux dont la fonction serait d’ exprimer notre civilisation, en un temps où elle se trouve brutalement

111 uestion, posent eux-mêmes si peu de questions, ou de si minimes. Je lis un article récent de Ramuz (sur le Travail), qui d

112 tions, ou de si minimes. Je lis un article récent de Ramuz (sur le Travail), qui débute ainsi « Pourquoi est-ce qu’on trav

113 ristianisme, qui se trouve être le dilemme urgent de l’heure. Et je m’inquiète ; non pas de ces questions ni de la prise d

114 mme urgent de l’heure. Et je m’inquiète ; non pas de ces questions ni de la prise de parti (antimarxiste) qu’elles détermi

115 e. Et je m’inquiète ; non pas de ces questions ni de la prise de parti (antimarxiste) qu’elles déterminent chez Ramuz, mai

116 nquiète ; non pas de ces questions ni de la prise de parti (antimarxiste) qu’elles déterminent chez Ramuz, mais bien au co

117 me semble entendre pour la première fois la voix d’ un de nos aînés, interrogeant notre destin, lui poser en face des ques

118 emble entendre pour la première fois la voix d’un de nos aînés, interrogeant notre destin, lui poser en face des questions

119 ant notre destin, lui poser en face des questions d’ une accablante simplicité. Me tromperais-je ? Ai-je mal su lire tant d

120 ais sur le monde actuel et futur ? Est-ce le fait d’ une disposition trop romantique que d’avoir cru distinguer dans ces œu

121 -ce le fait d’une disposition trop romantique que d’ avoir cru distinguer dans ces œuvres je ne sais quelle complaisance qu

122 e sais quelle complaisance qui les faisait éviter d’ instinct tout point de vue pratiquement bouleversant ? D’autre part, n

123 uleversant ? D’autre part, n’est-ce point le fait d’ un certain manque de tact intellectuel que de poser des questions si r

124 part, n’est-ce point le fait d’un certain manque de tact intellectuel que de poser des questions si rudimentaires, si peu

125 fait d’un certain manque de tact intellectuel que de poser des questions si rudimentaires, si peu élaborées, des questions

126 mporte qui pourrait poser et qui ne peuvent tirer de nous rien d’exquis ni d’original, mais au contraire nous plongent dan

127 urrait poser et qui ne peuvent tirer de nous rien d’ exquis ni d’original, mais au contraire nous plongent dans l’humiliati

128 et qui ne peuvent tirer de nous rien d’exquis ni d’ original, mais au contraire nous plongent dans l’humiliation, dans l’e

129 cesse s’efforcer, ne connaissant que peu de repos de son adolescence à sa mort. »3 Je cherche : je ne trouve aucun écriva

130 e trouve aucun écrivain plus naturellement libéré de l’idéologie bourgeoise, que Ramuz. Sa conception tragique du sort de

131 geoise, que Ramuz. Sa conception tragique du sort de l’homme suffirait à l’attester. Mais plus sûrement encore son accepta

132 ais plus sûrement encore son acceptation profonde d’ aujourd’hui. Aujourd’hui, c’est le titre du journal grâce auquel chaqu

133 reprend le dialogue avec son public et l’époque, de ce ton viril et simple qui est à lui, nullement irrité (comme un Bloy

134 jacobin (comme les marxistes), ni victime ni juge d’ une bourgeoisie à laquelle il échappe entièrement et de toute façon, n

135 bourgeoisie à laquelle il échappe entièrement et de toute façon, n’étant pas même révolutionnaire, parce que trop radical

136 s l’élémentaire ; élaborant son œuvre à un niveau d’ où bourgeoisie et révolution apparaissent comme des localisations de s

137 t révolution apparaissent comme des localisations de surfaces et temporaires. (Les animaux et les arbres ne sont pas révol

138 nnaires.) Et ce n’est pas qu’il ait jamais craint de tirer sur ces racines, fortement : mais il a vu qu’elles tenaient bon

139 vu qu’elles tenaient bon, qu’elles tenaient trop de terre embrassée et par elle tout un pays et son peuple ; car « c’est

140 t un pays et son peuple ; car « c’est ici le pays de la solidité, parce que c’est le pays des ressemblances. Regarde, tout

141 y tient ensemble fortement, comme dans le tableau d’ un grand peintre ». Ah ! la grandeur de ce peuple ramuzien, qui se meu

142 le tableau d’un grand peintre ». Ah ! la grandeur de ce peuple ramuzien, qui se meut dans je ne sais quelle lourdeur « ori

143 a, non sans comique, loué « cet artiste raffiné » d’ avoir su « se ravaler au niveau des simples. » Non, Ramuz ne descend p

144 de plus bas, des origines, des éléments créateurs de sa race. Il a cette même lenteur imposée par la nature, ce même besoi

145 ême lenteur imposée par la nature, ce même besoin de précision utile. Ce n’est pas un art d’après le peuple4, mais on dira

146 art d’après le peuple4, mais on dirait presque : d’ avant. Il n’est pas jusqu’à son Antiquité qui ne coïncide avec celle d

147 son Antiquité qui ne coïncide avec celle du pays de Vaud : non pas la grecque, qui est scolaire — pour eux — mais la bibl

148 ivent sur le papier ou dans la terre. Un tel sens de la communauté put induire certains à parler de l’unanimisme de Ramuz.

149 ns de la communauté put induire certains à parler de l’unanimisme de Ramuz. Mais comment Ramuz croirait-il à l’être collec

150 uté put induire certains à parler de l’unanimisme de Ramuz. Mais comment Ramuz croirait-il à l’être collectif, être sans r

151 cérébral. « Je ne distingue l’être qu’aux racines de l’élémentaire », écrivait-il dans ses Six Cahiers. Parlons plutôt de

152 écrivait-il dans ses Six Cahiers. Parlons plutôt de son « communisme », nullement collectiviste d’ailleurs, mais originel

153 joie, ce point commun, « ce point qui est au-delà de la vie ». Le communisme qui règne au jugement dernier et qui régnait

154 rd rajeuni, ces gestes rudimentaires, cette odeur de bois fraîchement coupé que dégagent certaines œuvres récentes des écr

155 dégagent certaines œuvres récentes des écrivains de l’URSS, je ne les retrouve que chez Ramuz. Mais purifiés de toute bru

156 je ne les retrouve que chez Ramuz. Mais purifiés de toute brutalité, de ces traits forcenés, de ces ricanements d’intelle

157 que chez Ramuz. Mais purifiés de toute brutalité, de ces traits forcenés, de ces ricanements d’intellectuels mal guéris. C

158 ifiés de toute brutalité, de ces traits forcenés, de ces ricanements d’intellectuels mal guéris. Certes Ramuz attend beauc

159 alité, de ces traits forcenés, de ces ricanements d’ intellectuels mal guéris. Certes Ramuz attend beaucoup du peuple russe

160 is. Certes Ramuz attend beaucoup du peuple russe, de « cette immense et secrète réserve d’innocence » d’où peut-être un jo

161 uple russe, de « cette immense et secrète réserve d’ innocence » d’où peut-être un jour sortira le peuple-poète, « le peupl

162 « cette immense et secrète réserve d’innocence » d’ où peut-être un jour sortira le peuple-poète, « le peuple tous en un »

163 ple tous en un ». Mais son œuvre est bien au-delà de l’ère machiniste que traverse l’URSS, au-delà de l’insolence et de la

164 de l’ère machiniste que traverse l’URSS, au-delà de l’insolence et de la révolte ; et ce trait profond de son art m’en co

165 te que traverse l’URSS, au-delà de l’insolence et de la révolte ; et ce trait profond de son art m’en convainc : le sens d

166 ’insolence et de la révolte ; et ce trait profond de son art m’en convainc : le sens de la vénération, qui est aussi celui

167 trait profond de son art m’en convainc : le sens de la vénération, qui est aussi celui de la lenteur des choses. Cet art,

168 c : le sens de la vénération, qui est aussi celui de la lenteur des choses. Cet art, le sujet des Signes parmi nous, par s

169 même, le met en valeur mieux que tout autre récit de Ramuz. Voici Caille, le colporteur biblique, qui s’avance dès le mati

170 pays, et offre à tous la Parole, « ayant l’aspect d’ une brochure à couverture bleue », où les événements actuels — cela se

171 où les événements actuels — cela se passe un jour d’ été de 1918 — sont expliqués à la lumière des Écritures. La Fin des Te

172 événements actuels — cela se passe un jour d’été de 1918 — sont expliqués à la lumière des Écritures. La Fin des Temps es

173 la journée, et l’angoisse autour de lui grandit. De partout l’orage s’amasse. Vers le soir, il éclate tragiquement. Est-c

174 éclate tragiquement. Est-ce la fin ? Grande heure de terreur et de prière. Puis, « la page du ciel a été tournée », ils se

175 ement. Est-ce la fin ? Grande heure de terreur et de prière. Puis, « la page du ciel a été tournée », ils se relèvent : « 

176 Le monde renaît dans une soirée pure et le baiser d’ un couple heureux. Rarement la forme authentique de Ramuz atteignit un

177 ’un couple heureux. Rarement la forme authentique de Ramuz atteignit une autorité comparable à celle qui éclate dans cet o

178 end les choses à l’état naissant, rugueux, décapé de toute rhétorique5 et de toute explication intellectuelle, atteignant

179 naissant, rugueux, décapé de toute rhétorique5 et de toute explication intellectuelle, atteignant par la une unité de styl

180 ation intellectuelle, atteignant par la une unité de style tellement têtue qu’elle évoque peu à peu on ne sait quelle puis

181 resque, ni dans l’ingéniosité, ni dans l’harmonie de sons, mais bien dans la pesée. Tous les procédés ramuziens, juxtaposi

182 terférences du récit, surimpressions, changements de temps au cours d’une phrase, sont ici largement mis en œuvre mais tou

183 it, surimpressions, changements de temps au cours d’ une phrase, sont ici largement mis en œuvre mais toujours avec une pro

184 our Ramuz ce qu’elle fut pour d’autres : un moyen de créer du mystère en brouillant les plans ; mais un moyen de rendre pl

185 u mystère en brouillant les plans ; mais un moyen de rendre plus totale la vision. Tout, par ailleurs, indique chez Ramuz

186 Tout, par ailleurs, indique chez Ramuz la volonté de ne pas faire prendre une chose pour une autre, ni certain aspect usue

187 une chose pour une autre, ni certain aspect usuel de la chose pour toute la chose. C’est pourquoi il s’attarde à décrire l

188 C’est pourquoi il s’attarde à décrire le concret d’ une façon concrète : ainsi, le maniement d’un outil. D’où le reproche

189 oncret d’une façon concrète : ainsi, le maniement d’ un outil. D’où le reproche de puérilité que lui adressent ceux qui, pa

190 façon concrète : ainsi, le maniement d’un outil. D’ où le reproche de puérilité que lui adressent ceux qui, par exemple, n

191 ainsi, le maniement d’un outil. D’où le reproche de puérilité que lui adressent ceux qui, par exemple, n’hésitent pas à p

192 rêté à l’insolite du style chez Ramuz. Ce qu’il a d’ insolite, ce n’est pas tant sa forme que les vertus qu’elle suppose :

193 lle suppose : la sobriété, la solidité, le manque d’ ironie, la bonhomie sérieuse, l’absence de toute complaisance à soi. C

194 manque d’ironie, la bonhomie sérieuse, l’absence de toute complaisance à soi. Certes, j’en vois les défauts, le poncif ;

195 és. Mais l’important, je pense, c’est qu’une page de Ramuz — même pas très réussie, et il y en a qui ont un air raté, un a

196 et il y en a qui ont un air raté, un air pastiche de Ramuz —, c’est qu’une seule page de ce livre lue avec cette lenteur q

197 air pastiche de Ramuz —, c’est qu’une seule page de ce livre lue avec cette lenteur qu’elle impose, nous replace dans la

198 ire maintenant l’actualité tout à fait singulière d’ un tel livre. Il y a des sujets éternels, ou mieux, perpétuels — sujet

199 es sujets éternels, ou mieux, perpétuels — sujets d’ étonnement perpétuel — et la Fin du Monde est l’un d’eux. Un vrai myth

200 tonnement perpétuel — et la Fin du Monde est l’un d’ eux. Un vrai mythe, c’est-à-dire un événement perpétuellement possible

201 arquent » dans l’Histoire sont celles où la forme d’ un mythe affleure, s’incarne et devient visible. Ce sont les périodes

202 ’incarne et devient visible. Ce sont les périodes de crise. Or toute crise est un jugement6, — un « arrêt dans une forme »

203 êt absolu, suprême : le Jugement dernier. Le sens de l’actuelle crise apparaît ainsi manifeste : un jugement sur tous les

204 Ramuz les pose, et que précisément c’est l’esprit de ces Signes. Aussi serait-il bien insuffisant de dire d’une telle œuvr

205 t de ces Signes. Aussi serait-il bien insuffisant de dire d’une telle œuvre, datée de 1919 et reparue en un temps de crise

206 Signes. Aussi serait-il bien insuffisant de dire d’ une telle œuvre, datée de 1919 et reparue en un temps de crise, qu’ell

207 bien insuffisant de dire d’une telle œuvre, datée de 1919 et reparue en un temps de crise, qu’elle en revêt une actualité

208 telle œuvre, datée de 1919 et reparue en un temps de crise, qu’elle en revêt une actualité accidentelle : c’est en quelque

209 une actualité7 et une réalité véritables du fait de la crise. Mais cet affleurement mystérieux de la forme mythique, le p

210 ait de la crise. Mais cet affleurement mystérieux de la forme mythique, le poète en tout temps a le pouvoir de le susciter

211 rme mythique, le poète en tout temps a le pouvoir de le susciter dans son œuvre, comme le mystique dans sa prière. Et c’es

212 s sa vision, cet homme sera toujours en puissance d’ aujourd’hui, enraciné profondément dans une permanente actualité. 3.

213 e vision des choses en apprend plus sur le compte de la bourgeoisie que sur le peuple qu’elle prétend « observer ». 5. De

214 e sur le peuple qu’elle prétend « observer ». 5. De tout bel canto, peut-on dire. C’est le ton de la musique de Stravinsk

215 5. De tout bel canto, peut-on dire. C’est le ton de la musique de Stravinsky, du Sacre et des Noces. Le ton de la créatio

216 l canto, peut-on dire. C’est le ton de la musique de Stravinsky, du Sacre et des Noces. Le ton de la création du monde. 6

217 ique de Stravinsky, du Sacre et des Noces. Le ton de la création du monde. 6. S’il est vrai, comme l’a montré M. Spaïer,

218 r, que toute pensée est judicatoire, le fait même de penser devient fauteur de crise. Informer le réel, c’est en quelque s

219 dicatoire, le fait même de penser devient fauteur de crise. Informer le réel, c’est en quelque sorte le mettre en état de

220 le réel, c’est en quelque sorte le mettre en état de crise ; et il n’y a de réalité que par et dans la crise… 7. On pourr

221 ue sorte le mettre en état de crise ; et il n’y a de réalité que par et dans la crise… 7. On pourrait soutenir que l’époq

222 1900-1910 fut « inactuelle » pour la grande masse de ceux qui la vécurent. c. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] C. F.

223 sse de ceux qui la vécurent. c. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] C. F. Ramuz, Les Signes parmi nous  », La Nouvelle

224 Le silence de Goethe (mars 1932)d « L’homme, dit Goethe, ne reconnaît et n’appré

225 t et n’apprécie que ce qu’il est lui-même en état de faire. » Telle est la cause du malentendu que soulèvera toujours à no

226 ntendu que soulèvera toujours à nouveau l’exemple de cette vie. Ceux qui traitent Goethe de bourgeois ne prouvent rien de

227 l’exemple de cette vie. Ceux qui traitent Goethe de bourgeois ne prouvent rien de plus que leur propre rationalisme, sans

228 a domination des mystères. Ainsi se réclament-ils de Rimbaud. Peut-être la confrontation du Sage et du Fou — d’un fou qui

229 d. Peut-être la confrontation du Sage et du Fou — d’ un fou qui reste notre intime tentation — permettra-t-elle, par la viv

230 e tait. Goethe, initié dans sa jeunesse, commence d’ écrire vers ce temps, mais, la fièvre tombée, poursuivra durant toute

231 ient superposables, ce qui n’est pas même le cas. De ce point de vue littéraire, la confrontation serait absurde, j’en con

232 imbaud ne fut jamais un écrivain, ni ne se soucia de l’être. Et Goethe ne fut qu’entre autres choses un écrivain, et se so

233 qu’entre autres choses un écrivain, et se soucia de l’être dans la mesure seulement où il portait en tous les domaines de

234 sure seulement où il portait en tous les domaines de son activité une application volontaire et soutenue. Ce n’est donc pa

235 t soutenue. Ce n’est donc pas l’aspect littéraire de leur expérience qui doit conditionner notre vision. Non point qu’il s

236 u’il soit un seul instant négligeable, s’agissant de deux êtres que l’on connaît par leurs écrits d’abord. Mais, pour en t

237 d. Mais, pour en tenir un juste compte, il s’agit de le subordonner au problème personnel de ces vies, à leur équation d’e

238 il s’agit de le subordonner au problème personnel de ces vies, à leur équation d’existence, pourrait-on dire. Or c’est, ch

239 u problème personnel de ces vies, à leur équation d’ existence, pourrait-on dire. Or c’est, chez l’un comme chez l’autre, u

240 l’un comme chez l’autre, une révolution profonde de l’esprit dont procèdent à la fois le refus de la magie et le goût pas

241 nde de l’esprit dont procèdent à la fois le refus de la magie et le goût passionné de l’effort immédiat. Qu’un fait de cet

242 la fois le refus de la magie et le goût passionné de l’effort immédiat. Qu’un fait de cet ordre puisse être tenu pour cruc

243 e goût passionné de l’effort immédiat. Qu’un fait de cet ordre puisse être tenu pour crucial, je veux croire qu’on ne le c

244 e qu’on voudrait dire maintenant, ce qui ne cesse de provoquer dans notre esprit l’étonnement du premier regard, c’est la

245 étonnement du premier regard, c’est la similitude de forme, c’est-dire la similitude essentielle, hors du temps, qui paraî

246 ces deux expériences, à mesure qu’on les abstrait de toute la littérature dont elles enveloppèrent leurs manifestations, —

247 anifestations, — à quoi l’on ne s’est point privé d’ ajouter quelques tomes depuis. Il convient de marquer toutefois qu’une

248 rivé d’ajouter quelques tomes depuis. Il convient de marquer toutefois qu’une pareille assimilation eût exaspéré Goethe au

249 une analogie universelle des réactions profondes de l’âme devant son destin m’autorise à cette confrontation et me persua

250 n m’autorise à cette confrontation et me persuade de son intérêt humain. Et si tout cela reste absurde aux yeux de ceux po

251 m’en étonnerai point. Il s’agit simplement, ici, de rendre plus concrète, grâce au recoupement de deux vies qui l’ont réa

252 ci, de rendre plus concrète, grâce au recoupement de deux vies qui l’ont réalisée selon des voies totalement divergentes,

253 rdan, l’on en trouve dans toutes ses œuvres assez de signes irrévocables pour n’avoir plus besoin de solliciter les biogra

254 z de signes irrévocables pour n’avoir plus besoin de solliciter les biographes. On a souvent rappelé l’amitié du jeune bou

255 On a souvent rappelé l’amitié du jeune bourgeois de Francfort et de la sage et très fervente Mlle de Klettenberg. Mais bi

256 ppelé l’amitié du jeune bourgeois de Francfort et de la sage et très fervente Mlle de Klettenberg. Mais bien plus que dans

257 une spiritualité facilement épurée, le mysticisme de celui qui, tout enfant, édifiait un autel à la Nature, trouvait son a

258 ose-croix, et qui le porta même à quelques essais d’ alchimie. Coquetteries, a-t-on dit, — mais il n’est point de sentiment

259 . Coquetteries, a-t-on dit, — mais il n’est point de sentiments intermédiaires qui ne conduisent réellement vers une pléni

260 nt vers une plénitude, pour un esprit comme celui de Goethe. « On a peur que son feu ne le consume », écrit un de ses amis

261 « On a peur que son feu ne le consume », écrit un de ses amis, vers ce temps. « Goethe vit sur un perpétuel pied de guerre

262 vers ce temps. « Goethe vit sur un perpétuel pied de guerre et de révolte psychique ». Et lui-même gémit, avec une sombre

263 . « Goethe vit sur un perpétuel pied de guerre et de révolte psychique ». Et lui-même gémit, avec une sombre joie : « Sort

264 oie : « Sort misérable, qui ne me permet rien que d’ extrême ». Jacob Boehme, Paracelse, Swedenborg, lectures de son adoles

265  ». Jacob Boehme, Paracelse, Swedenborg, lectures de son adolescence, figurent bel et bien dans son évolution une de ces c

266 ence, figurent bel et bien dans son évolution une de ces crises où l’être spirituel découvre sa forme véritable. Et si, co

267 malement se traduire que par une qualité nouvelle de silence. Encore faut-il que le destin favorise concrètement cette ass

268 » l’a-t-il provoquée chez Goethe ? Il est un fait de sa jeunesse dont on ne saurait exagérer l’importance à la fois histor

269 historique et symbolique : les premiers contacts de Goethe avec le mysticisme précédèrent de très peu une grave maladie,

270 contacts de Goethe avec le mysticisme précédèrent de très peu une grave maladie, dont il ne fut sauvé que par l’interventi

271 adie, dont il ne fut sauvé que par l’intervention d’ un médecin « alchimiste ». Retenons ceci : au seuil de l’initiation, c

272 médecin « alchimiste ». Retenons ceci : au seuil de l’initiation, chez Goethe, il n’y a pas une révolte, il y a un péril

273 puissamment dans son âme » qu’il appelle les arts d’ une magie maîtrisée, c’est-à-dire incarnée. La question se pose pour l

274 d, en termes matériels, urgents et contraignants. De là le sérieux avec lequel il accepte les conditions de l’initiation :

275 le sérieux avec lequel il accepte les conditions de l’initiation : et d’abord la plus difficile, le silence. Ainsi, les p

276 es premières séductions du dépaysement spirituel, de la connaissance ésotérique dans ce qu’elle peut avoir de purement « é

277 onnaissance ésotérique dans ce qu’elle peut avoir de purement « étrange » ont à peine enfiévré le jeune Goethe, que déjà l

278 a faiblesse du corps le ramène à l’aspect concret de notre condition. Et c’est seulement en passant par une application ma

279 qui figure en raccourci tout le drame dialectique de sa vie. Mais cette maladie, et la convalescence, ont éveillé dans son

280 les premières tentations créatrices. À l’origine de son œuvre, voici donc le fait de la magie domptée ; conçue sous de te

281 ces. À l’origine de son œuvre, voici donc le fait de la magie domptée ; conçue sous de tels auspices, c’est tout naturelle

282 ci donc le fait de la magie domptée ; conçue sous de tels auspices, c’est tout naturellement que la littérature prendra pl

283 ittérature prendra plus tard chez Goethe l’allure d’ une discipline de l’âme. Un exercice, une activité organique à objecti

284 a plus tard chez Goethe l’allure d’une discipline de l’âme. Un exercice, une activité organique à objectifs limités et con

285 Un instrument et un style. Dès ce moment le choix de Goethe a trouvé sa forme. Il lui faudra maintenant le renouveler perp

286 ment fécond. Car un tel silence n’est pas absence de mots. C’est encore chez Goethe une activité réelle, et même à double

287 de plus agissant, dans une œuvre marquée du signe de la maturité, que cette présence rayonnante dont on devine chaque phra

288 is rien ne la trahirait mieux que la retenue même de l’expression. C’est pourquoi je l’éprouve plus vivement dans certains

289 t dans certains passages des Affinités électives, d’ une apparente platitude, mais translucide, que dans le Conte du Serpen

290 s seule à le sauvegarder. Il y faudra le dressage de la souffrance. L’excès verbal de Werther couvre d’abord la voix intér

291 udra le dressage de la souffrance. L’excès verbal de Werther couvre d’abord la voix intérieure, la renie même bruyamment.

292 ieure, la renie même bruyamment. C’est là le fait d’ une âme qui se refuse encore à la souffrance et la crie sur la place.

293 a souffrance et la crie sur la place. Un peu plus de souffrance, plus intimement ancrée, et voici l’autre danger : la déle

294 e, l’obscurité glaciale des Mystères. Un peu plus d’ humilité, c’est-à-dire le réel désir d’être « utile », et c’est le jus

295 n peu plus d’humilité, c’est-à-dire le réel désir d’ être « utile », et c’est le juste point : les Affinités. D’ailleurs, l

296 ’alternance des trois états, visible tout au long de l’œuvre, prouve que la question se pose sans cesse à nouveau et que s

297 revient, l’agonie se poursuit. Seulement l’effort d’ équilibre crée des énergies nouvelles. Le silence mûrit à la faveur du

298 insi que la magie reniée extérieurement au profit d’ une expression « utile », renaît comme libérée intérieurement au « jou

299 âme parvient à cette « connaissance », à cet acte de fécondation spirituelle par où l’homme pénètre dans la réalité mystiq

300 peut se produire que dans le plus profond silence de l’esprit, dans la région où seul accède celui qui sait préserver sa p

301 ent pur, mais aussi l’être sombre dans le mystère de la fureur ». Cette complexe dialectique de la magie, Goethe lui-même

302 ystère de la fureur ». Cette complexe dialectique de la magie, Goethe lui-même l’a stylisée en symboles concrets dans le F

303 concrets dans le Faust, œuvre longue comme sa vie de créateur exactement, et à tel point autobiographique qu’il put songer

304 iographique qu’il put songer à incorporer le plan de certains actes à Vérité et Poésie. Le drame s’ouvre sur un réveil : l

305 cice sans frein des arts occultes laisse l’esprit de Faust béant sur le vide : « Moi qui me suis cru plus grand que le Ché

306 le Chérubin… qui pensais en créant pouvoir jouir de la vie des dieux et m’y égaler… combien je dois expier tout cela ! »

307 is expier tout cela ! » Faust se reprend au seuil de la mort. Mais la vie ne lui sera plus qu’un profond renoncement ; mêm

308 ur Faust serait réel : la possession bienheureuse de l’instant. Et lorsque, épuisé mais pacifié, il va quitter son corps a

309 va quitter son corps aveugle pour d’autres formes d’ existence que la Nature se voit pour ainsi dire contrainte d’assigner

310 que la Nature se voit pour ainsi dire contrainte d’ assigner à l’homme actif 8, l’on découvre que c’est la magie encore qu

311 découvre que c’est la magie encore qui n’a cessé de l’entraver : Könnt ich Magie von meinem Pfad entfernen Die Zaüberspr

312 ein Mensch zu sein.9 C’est tout le drame secret de l’œuvre qui s’avoue dans ce cri : chaque fois que Goethe invoque la c

313 haque fois que Goethe invoque la catégorie sacrée de l’humain, comprenons qu’il y va de tout. Mais les anges enfin élèvent

314 tégorie sacrée de l’humain, comprenons qu’il y va de tout. Mais les anges enfin élèvent Faust au-dessus de cette agonie sy

315 out. Mais les anges enfin élèvent Faust au-dessus de cette agonie symbolique de toute son existence, et c’est leur chœur q

316 lèvent Faust au-dessus de cette agonie symbolique de toute son existence, et c’est leur chœur qui chante une dernière fois

317 ière fois la loi, au moment où il reçoit la grâce de lui échapper : « Wer immer strebend sich bemüht, — Den können wir erl

318 que Faust enfin rejoint dans la pleine possession de ses forces et l’assurance du regard. L’âme, purifiée de sa « vieille

319 forces et l’assurance du regard. L’âme, purifiée de sa « vieille dépouille » par l’effort aveuglant de la vie, pénètre da

320 e sa « vieille dépouille » par l’effort aveuglant de la vie, pénètre dans le Nouveau Jour et contemple l’Indescriptible. S

321 contemple l’Indescriptible. Si Faust est le drame d’ une formidable patience sans cesse remise en question, la Saison en en

322 mise en question, la Saison en enfer est le drame d’ une pureté avide, et son destin se joue d’un coup. La grandeur de Goet

323 e drame d’une pureté avide, et son destin se joue d’ un coup. La grandeur de Goethe est d’avoir su vieillir, celle de Rimba

324 ide, et son destin se joue d’un coup. La grandeur de Goethe est d’avoir su vieillir, celle de Rimbaud de s’y être refusé.

325 stin se joue d’un coup. La grandeur de Goethe est d’ avoir su vieillir, celle de Rimbaud de s’y être refusé. Transportez la

326 grandeur de Goethe est d’avoir su vieillir, celle de Rimbaud de s’y être refusé. Transportez la dialectique faustienne dan

327 Goethe est d’avoir su vieillir, celle de Rimbaud de s’y être refusé. Transportez la dialectique faustienne dans la vie d’

328 Transportez la dialectique faustienne dans la vie d’ un être jeune et libre encore de toute contrainte sociale, culturelle,

329 ienne dans la vie d’un être jeune et libre encore de toute contrainte sociale, culturelle, voire physiologique ; le dessin

330 onnée initiale est bien la même : c’est l’attrait d’ une vision qui transcende la vie médiocre. Rimbaud s’y lance avec l’em

331 ie médiocre. Rimbaud s’y lance avec l’emportement d’ une révolte qui traduit d’abord un excès féroce de vitalité plutôt qu’

332 d’une révolte qui traduit d’abord un excès féroce de vitalité plutôt qu’une souffrance matérielle, — et va d’un mouvement

333 lité plutôt qu’une souffrance matérielle, — et va d’ un mouvement rigoureusement logique jusqu’au système de sa folie. Mais

334 mouvement rigoureusement logique jusqu’au système de sa folie. Mais l’irruption de cette « magie » est si violente qu’elle

335 ue jusqu’au système de sa folie. Mais l’irruption de cette « magie » est si violente qu’elle a certainement angoissé l’enf

336 devins un opéra fabuleux. » Il a brûlé les étapes de l’initiation. Mais on ne déchaîne pas de telles puissances impunément

337 s étapes de l’initiation. Mais on ne déchaîne pas de telles puissances impunément. « Ma santé fut menacée. La terreur vena

338  Moi ! moi qui me suis dit mage ou ange, dispensé de toute morale, je suis rendu au sol, avec un devoir à chercher et la r

339 réalité rugueuse à étreindre. » C’est le cri même de Faust. « Il faut être absolument moderne. » Travailler. Se donner à l

340 r obsédé par ce travail. Ainsi cette vie est bien d’ un seul tenant ; une seule et unique expérience la remplit : l’envahis

341 et unique expérience la remplit : l’envahissement de la magie aboutissant au renoncement et à l’action. Le second Rimbaud

342 he-le et jette-le loin de toi ». Mais Rimbaud est d’ une autre trempe : il a déjà prouvé en écrivant les Illuminations qu’i

343 renoncement. Nous aurions combiné tout cela avec de la littérature. Car il n’est pas donné à beaucoup d’hommes de devenir

344 la littérature. Car il n’est pas donné à beaucoup d’ hommes de devenir un mythe à force de pureté dans la réalisation de le

345 ature. Car il n’est pas donné à beaucoup d’hommes de devenir un mythe à force de pureté dans la réalisation de leur destin

346 ir un mythe à force de pureté dans la réalisation de leur destin. Rimbaud est notre mythe occidental : mythe faustien. Il

347 nt comme Goethe les conditions réelles et données de son effort particulier. Ce renoncement à un Orient de mythe, c’est ce

348 on effort particulier. Ce renoncement à un Orient de mythe, c’est cela même qui constitue l’Occident spirituel. C’est le r

349 ui constitue l’Occident spirituel. C’est le refus de la magie qui fonde notre éthique, et ce dilemme est peut-être le plus

350 ’esprit occidental, dès qu’il atteint les régions de haute tension où la seule « orientation » qu’il adopte suffit à déter

351 tion » qu’il adopte suffit à déterminer une suite d’ actes. Dilemme, en son fond, religieux. C’est une forme dialectique, «

352 gieux. C’est une forme dialectique, « agonique », de la vie de l’âme, une forme cruciale, c’est-à-dire une de ces contradi

353 st une forme dialectique, « agonique », de la vie de l’âme, une forme cruciale, c’est-à-dire une de ces contradictions ess

354 ie de l’âme, une forme cruciale, c’est-à-dire une de ces contradictions essentielles, en signe de croix, qui sont la marqu

355 elles, en signe de croix, qui sont la marque même de la réalité dans une conscience occidentale. Supprimez l’un des termes

356 e mythe dialectique soit profondément constitutif de notre être, l’extension et la diversité de ses aspects le prouvent. C

357 itutif de notre être, l’extension et la diversité de ses aspects le prouvent. C’est l’opposition du savoir et du pouvoir,

358 vent. C’est l’opposition du savoir et du pouvoir, de la connaissance et de la souffrance, de la spéculation et de l’existe

359 on du savoir et du pouvoir, de la connaissance et de la souffrance, de la spéculation et de l’existence, de l’au-delà myst

360 pouvoir, de la connaissance et de la souffrance, de la spéculation et de l’existence, de l’au-delà mystique et de l’imméd

361 issance et de la souffrance, de la spéculation et de l’existence, de l’au-delà mystique et de l’immédiat éthique. Et quels

362 souffrance, de la spéculation et de l’existence, de l’au-delà mystique et de l’immédiat éthique. Et quels sont les plus g

363 ation et de l’existence, de l’au-delà mystique et de l’immédiat éthique. Et quels sont les plus grands Occidentaux ? Ceux

364 ise instinctive qui ressemble à la chute soudaine de l’ivresse devant le mortel danger qui se lève à un pas. Tous deux réa

365 deux réalisent le renoncement, le deuxième temps de cette dialectique, dans un mouvement que sa violence rend unique : c’

366 e rend unique : c’est qu’ils reviennent tous deux de loin, d’un long abandon à l’erreur. Goethe n’a pas connu de tels déch

367 ique : c’est qu’ils reviennent tous deux de loin, d’ un long abandon à l’erreur. Goethe n’a pas connu de tels déchirements.

368 ’un long abandon à l’erreur. Goethe n’a pas connu de tels déchirements. Et c’est lui qui méritera la phrase de la Saison :

369 déchirements. Et c’est lui qui méritera la phrase de la Saison : « Pas de partis de salut violents. » Dès les premiers ins

370 t lui qui méritera la phrase de la Saison : « Pas de partis de salut violents. » Dès les premiers instants de son accessio

371 méritera la phrase de la Saison : « Pas de partis de salut violents. » Dès les premiers instants de son accession au monde

372 is de salut violents. » Dès les premiers instants de son accession au monde spirituel, il s’est mis en état de défense et

373 ccession au monde spirituel, il s’est mis en état de défense et de lenteur. Il avance ainsi pas à pas, l’âme tendue dans u

374 nde spirituel, il s’est mis en état de défense et de lenteur. Il avance ainsi pas à pas, l’âme tendue dans une puissante c

375 s jamais s’abandonner aux bienheureuses violences de l’orage, au repos de la démesure. On rit de ses allures compassées, d

376 aux bienheureuses violences de l’orage, au repos de la démesure. On rit de ses allures compassées, des solennelles banali

377 ences de l’orage, au repos de la démesure. On rit de ses allures compassées, des solennelles banalités dont il gratifie le

378 oir dans ces façons que la distraction souveraine d’ une âme tout occupée à dompter ses dieux. Une haute menace, invisible

379 e à tout autre, l’accompagne sans trêve, et c’est d’ elle qu’il tire ses forces, toujours renouvelées. Mais il y faut une p

380 ment soutenue qu’elle informe peu à peu une sorte d’ instinct, libérant l’attention consciente. C’est ainsi que le voyant a

381 mystiques du Second Faust peut aussi faire figure de sage officiel parmi les philistins. Le somnambule est désormais proté

382 Le somnambule est désormais protégé par une cotte d’ invisible silence. Vous pouvez lui parler sans le troubler : les mots

383 du ministre renouvelle le vieux mythe germanique de la « Tarnkappe », du manteau qui rend invisible. ⁂ Cette similitude d

384 du manteau qui rend invisible. ⁂ Cette similitude de forme dans le cours de la magie chez Goethe et chez Rimbaud, et d’aut

385 isible. ⁂ Cette similitude de forme dans le cours de la magie chez Goethe et chez Rimbaud, et d’autre part le contraste ab

386 ons littéraires. « Bon esprit, prends garde ! Pas de partis de salut violents. Exerce-toi ». Objurgation que l’on croirait

387 aires. « Bon esprit, prends garde ! Pas de partis de salut violents. Exerce-toi ». Objurgation que l’on croirait tirée de

388 Exerce-toi ». Objurgation que l’on croirait tirée de quelque journal intime du Goethe des années ascétiques, à Weimar avan

389 es, à Weimar avant l’Italie. Et le passage fameux de la Saison : « moi qui me suis dit mage ou ange… » rappelle étrangemen

390 me suis cru plus grand que le Chérubin. » « Point de cantiques : tenir le pas gagné… la réalité rugueuse à étreindre ». Ce

391 eindre ». Certes, les sentences du vieil Olympien de la légende ont peu de consonance avec un tel pathétique, mais quel éc

392 n’eût-il pas éveillé dans l’âme du jeune ministre de 32 ans, adonné vers ce temps au plus dur effort d’organisation de son

393 e 32 ans, adonné vers ce temps au plus dur effort d’ organisation de son silence intérieur. Période de repliement et de ref

394 é vers ce temps au plus dur effort d’organisation de son silence intérieur. Période de repliement et de refus, si douloure

395 d’organisation de son silence intérieur. Période de repliement et de refus, si douloureuse que le signe en devient visibl

396 e son silence intérieur. Période de repliement et de refus, si douloureuse que le signe en devient visible sur ses traits.

397 evient visible sur ses traits. Je ne me lasse pas de méditer ce visage dont Klauer modela l’effigie passionnément triste e

398 he aux lèvres serrées, l’inférieure creusée comme d’ un sanglot retenu, et relâchée aux commissures, — tristesse et volupté

399 ommissures, — tristesse et volupté. Mais le front d’ une plénitude royale s’avance fortement contre la lumière, et les yeux

400 les yeux, entre cette bouche et ce front, disent d’ un sobre et méditant regard le mot suprême de la Saison, ce cri sourd

401 sent d’un sobre et méditant regard le mot suprême de la Saison, ce cri sourd du plus lucide héroïsme : « Et allons ! » Goe

402 . Il y a dans tout désespoir à la fois l’angoisse de la catastrophe et la secrète, l’inavouable joie de la libération. Imp

403 e la catastrophe et la secrète, l’inavouable joie de la libération. Impossible d’isoler ces deux composantes dans l’aventu

404 e, l’inavouable joie de la libération. Impossible d’ isoler ces deux composantes dans l’aventure rimbaldienne. Mais chez Go

405 emps qui les dénoncera. Et cette fameuse sérénité de sa vieillesse, ce n’est rien d’autre, peut-être, que le triomphe de l

406 fameuse sérénité de sa vieillesse, ce n’est rien d’ autre, peut-être, que le triomphe de l’élément libérateur du désespoir

407 ce n’est rien d’autre, peut-être, que le triomphe de l’élément libérateur du désespoir. La longue peine de celui « qui tou

408 ’élément libérateur du désespoir. La longue peine de celui « qui toujours s’est efforcé » a purifié le corps, et l’âme est

409 le corps, et l’âme est prête à recevoir « l’amour d’ en haut ». Car telle est le yoga occidental, dont le Second Faust rest

410 alors qu’elle propose à Goethe, comme un exercice de choix, l’écriture, — cela n’a rien que de logique, et résulte de la d

411 xercice de choix, l’écriture, — cela n’a rien que de logique, et résulte de la définition même d’un tel yoga. Tout savoir

412 iture, — cela n’a rien que de logique, et résulte de la définition même d’un tel yoga. Tout savoir doit être confirmé par

413 que de logique, et résulte de la définition même d’ un tel yoga. Tout savoir doit être confirmé par un faire, qui le tait

414 qui le tait et l’exprime à la fois. Le « faire » de Rimbaud ne peut être la littérature, puisque écrire signifie pour lui

415 peut considérer sans paradoxe que la littérature de Goethe est un des moyens de silence dont il dispose. Ni plus ni moins

416 xe que la littérature de Goethe est un des moyens de silence dont il dispose. Ni plus ni moins que l’étude des sciences na

417 ins que l’étude des sciences naturelles, la régie d’ un théâtre ou l’administration du Grand-Duché. « J’ai toujours considé

418 boliques, et, au fond, il m’est assez indifférent d’ avoir fait des pots ou des assiettes »10. Si tout de même il a peiné s

419 10. Si tout de même il a peiné sur la composition d’ Iphigénie ou des Ballades, c’est que l’art est pour lui la tentation l

420 que l’art est pour lui la tentation la plus aiguë de jouer avec les mystères, et par là même l’occasion de réaliser sans c

421 ouer avec les mystères, et par là même l’occasion de réaliser sans cesse à nouveau l’exigence dernière de la magie : son r

422 réaliser sans cesse à nouveau l’exigence dernière de la magie : son reniement au profit de l’action. Insistons sur ce term

423 ce dernière de la magie : son reniement au profit de l’action. Insistons sur ce terme de profit, qu’on ne saurait ici taxe

424 ent au profit de l’action. Insistons sur ce terme de profit, qu’on ne saurait ici taxer de vulgarité, puisqu’il concerne l

425 ur ce terme de profit, qu’on ne saurait ici taxer de vulgarité, puisqu’il concerne les fins les plus hautes de l’existence

426 rité, puisqu’il concerne les fins les plus hautes de l’existence terrestre. « Un fait de notre vie ne vaut pas en tant qu’

427 s plus hautes de l’existence terrestre. « Un fait de notre vie ne vaut pas en tant qu’il est vrai, mais en tant qu’il sign

428 t pourquoi l’on fait bien, dans la vie ordinaire, de garder ces choses-là pour soi et de n’en découvrir que juste ce qu’il

429 ie ordinaire, de garder ces choses-là pour soi et de n’en découvrir que juste ce qu’il faut pour qu’elles puissent être de

430 e juste ce qu’il faut pour qu’elles puissent être de quelque avantage aux autres11… L’homme n’est pas né pour résoudre le

431 1… L’homme n’est pas né pour résoudre le problème de l’univers, mais bien pour rechercher où tend ce problème, et ensuite

432 oblème, et ensuite se maintenir entre les limites de l’intelligible »12. L’on découvre ici la source de l’étrange refus de

433 e l’intelligible »12. L’on découvre ici la source de l’étrange refus de Goethe, dès qu’il s’agit de faire état des causes

434 2. L’on découvre ici la source de l’étrange refus de Goethe, dès qu’il s’agit de faire état des causes premières, des fins

435 ce de l’étrange refus de Goethe, dès qu’il s’agit de faire état des causes premières, des fins dernières, en tant que tell

436 remières, des fins dernières, en tant que telles. De là ce rationalisme agressif qu’il oppose aux dévots : « S’occuper d’i

437 me agressif qu’il oppose aux dévots : « S’occuper d’ idées relatives à l’immortalité, poursuivit Goethe, cela convient aux

438 e. Mais un homme supérieur, qui a déjà conscience d’ être quelque chose ici-bas, et qui par conséquent doit tous les jours

439 gir, laisse en paix le monde futur et se contente d’ être actif et utile en celui-ci »13. À quoi nous saurons opposer cette

440 r tout ce que nous ferons, comme la douce lumière d’ un soleil caché14. » Écrire, tout en se taisant. Et ceux-là seuls ente

441 confession éruptive : les Illuminations naissent d’ une telle rupture. Elles sont le champ même15 où Rimbaud se livre à l’

442 elle il se rabat sur le travail « à mains », rage de revanche, par son excès même est encore une évasion hors du réel. En

443 nce et leur faiblesse précipitent vers des portes de sortie souvent illusoires, vers un « au-delà » des conditions de vivr

444 nt illusoires, vers un « au-delà » des conditions de vivre. Mais notre époque voudra-t-elle encore de ces évasions ? Elle

445 de vivre. Mais notre époque voudra-t-elle encore de ces évasions ? Elle les reproche au christianisme, avec moins de rais

446  ? Elle les reproche au christianisme, avec moins de raison d’ailleurs (puisque le christianisme affirme que l’éternité es

447 anisme). Plus goethéenne aussi. Mais gardons-nous de tirer de ceci je ne sais quel critère de « jugement » qui permettrait

448 Plus goethéenne aussi. Mais gardons-nous de tirer de ceci je ne sais quel critère de « jugement » qui permettrait de place

449 ons-nous de tirer de ceci je ne sais quel critère de « jugement » qui permettrait de placer Goethe au-dessus de Rimbaud. C

450 sais quel critère de « jugement » qui permettrait de placer Goethe au-dessus de Rimbaud. C’est la pureté démesurée de Rimb

451 ment » qui permettrait de placer Goethe au-dessus de Rimbaud. C’est la pureté démesurée de Rimbaud qui nous juge, et la gr

452 e au-dessus de Rimbaud. C’est la pureté démesurée de Rimbaud qui nous juge, et la grandeur humaine de Goethe. Et qui voudr

453 de Rimbaud qui nous juge, et la grandeur humaine de Goethe. Et qui voudrait les opposer ? Que signifierait un choix dont

454 Certes, il est d’autres recours, d’autres points de vision qu’humains. La révélation chrétienne déborde notre condition,

455 en bonne dialectique autoriserait à des jugements de valeurs humaines. Mais il faudrait mettre en balance une longue fidél

456 choix, jusque dans nos admirations, nous pressent d’ affecter toute chose, même spirituelle, d’une sorte de coefficient d’u

457 ressent d’affecter toute chose, même spirituelle, d’ une sorte de coefficient d’utilité. En ce jour de février 1932, dans c

458 fecter toute chose, même spirituelle, d’une sorte de coefficient d’utilité. En ce jour de février 1932, dans ce Francfort

459 ose, même spirituelle, d’une sorte de coefficient d’ utilité. En ce jour de février 1932, dans ce Francfort en proie au Car

460 d’une sorte de coefficient d’utilité. En ce jour de février 1932, dans ce Francfort en proie au Carnaval et à l’angoisse,

461 , peut-être, pour cette bourgeoisie dont je viens d’ admirer les trésors patinés dans la haute demeure familiale des Goethe

462 e des Goethe. Aujourd’hui… Un immense glissement de la réalité hors des cadres d’une logique statique et cartésienne nous

463 immense glissement de la réalité hors des cadres d’ une logique statique et cartésienne nous porte en des régions nouvelle

464 t cartésienne nous porte en des régions nouvelles de l’esprit où l’action redevient notre seul critère de cohérence. C’est

465 l’esprit où l’action redevient notre seul critère de cohérence. C’est dire que nous demandons aux œuvres que nous aimons d

466 ire que nous demandons aux œuvres que nous aimons de témoigner d’une certaine force de révolte. Notre premier mouvement no

467 demandons aux œuvres que nous aimons de témoigner d’ une certaine force de révolte. Notre premier mouvement nous porterait

468 que nous aimons de témoigner d’une certaine force de révolte. Notre premier mouvement nous porterait vers Rimbaud, nous dé

469 ment nous porterait vers Rimbaud, nous détournant de Goethe. Mais prenons garde de tomber dans un conformisme à rebours, v

470 ud, nous détournant de Goethe. Mais prenons garde de tomber dans un conformisme à rebours, victimes de valeurs sentimental

471 de tomber dans un conformisme à rebours, victimes de valeurs sentimentales héritées des temps révolus, prenons garde de no

472 entales héritées des temps révolus, prenons garde de nous laisser convaincre par les seuls éclats d’un fanatisme à vrai di

473 e de nous laisser convaincre par les seuls éclats d’ un fanatisme à vrai dire splendide. (Qui me guérira de la honte de n’ê

474 fanatisme à vrai dire splendide. (Qui me guérira de la honte de n’être pas Rimbaud ?) Plus que jamais, il faudrait s’appl

475 vrai dire splendide. (Qui me guérira de la honte de n’être pas Rimbaud ?) Plus que jamais, il faudrait s’appliquer à dist

476 à distinguer dans ce vertige la réelle puissance d’ une voix volontairement assourdie. Le silence de Goethe n’est pas moin

477 e d’une voix volontairement assourdie. Le silence de Goethe n’est pas moins dangereux, pour qui sait l’entendre, que l’imp

478 reux, pour qui sait l’entendre, que l’imprécation de Rimbaud : et tous deux nous contraignent aux tâches immédiates, c’est

479 ches immédiates, c’est-à-dire : à l’actualisation de notre réalité. « Il faut être absolument moderne ». 8. Conversatio

480 évrier 1829. 9. Si je pouvais écarter la magie de mon chemin Oublier tout à fait les formules d’enchaînement Si j’étais

481 ie de mon chemin Oublier tout à fait les formules d’ enchaînement Si j’étais devant toi, ô nature un homme solitaire, Sans

482 solitaire, Sans doute vaudrait-il alors la peine d’ être un homme. 10. Conversations avec Eckermann, 2 mai 1824. 11.

483 15. Et non plus symbolique. d. Rougemont Denis de , « Le silence de Goethe », La Nouvelle Revue française, Paris, mars 1

484 symbolique. d. Rougemont Denis de, « Le silence de Goethe », La Nouvelle Revue française, Paris, mars 1932, p. 480-494.

485 Querelles de famille, par Georges Duhamel (mai 1932)e L’ambiguïté, c’est du par

486 tradiction intérieure dont les deux termes, faute d’ être assumés sur le plan commun de la conscience où ils s’exalteraient

487 x termes, faute d’être assumés sur le plan commun de la conscience où ils s’exalteraient en s’opposant franchement, tirent

488 ne grande confusion. En ce sens, le dernier livre de M. Duhamel, consacré à la critique des aspects orduriers et bassement

489 que des aspects orduriers et bassement mécaniques de la vie moderne, illustre avec un talent qu’il n’est plus temps de dis

490 e, illustre avec un talent qu’il n’est plus temps de discuter, une position morale exemplairement ambiguë. Rien de plus lé

491 ement ambiguë. Rien de plus légitime que le désir d’ être entendu du grand public, et c’est pourquoi l’on ne voudrait pas r

492 rquoi l’on ne voudrait pas reprocher à M. Duhamel d’ avoir adopté pour cette fois un style conventionnel, ou plus exactemen

493 onnel, ou plus exactement une certaine rhétorique de l’indignation dont les figures servent en France indifféremment à des

494 insuffisance quand c’est un virtuose qui se mêle d’ en jouer. Mais sans doute le but serait-il atteint si M. Duhamel, visi

495 ne gêne grandissante que l’on poursuit la lecture de ces pages où maints paragraphes apportent entre deux tours repris des

496 ntre deux tours repris des meilleurs auteurs, une de ces approximations vulgaires qui « rendraient » mieux sous la rubriqu

497 us la rubrique Mon film 16. En d’autres passages, d’ une expression plus serrée, M. Duhamel cherche ce qu’on appelait jadis

498 uhamel cherche ce qu’on appelait jadis le morceau de bravoure, la page sur « les bruits de mon village » qui servira de mo

499 le morceau de bravoure, la page sur « les bruits de mon village » qui servira de modèle aux écoliers futurs. Mais lorsqu’

500 age sur « les bruits de mon village » qui servira de modèle aux écoliers futurs. Mais lorsqu’il stigmatise les méfaits des

501 x Princes des Prêtres) sont dépourvues du minimum de cynisme et de fantaisie qui enflammerait notre indignation. C’est que

502 Prêtres) sont dépourvues du minimum de cynisme et de fantaisie qui enflammerait notre indignation. C’est que l’expression

503 ndignation. C’est que l’expression traditionnelle de la mauvaise humeur gauloise, héritage d’un classicisme nettement pess

504 ionnelle de la mauvaise humeur gauloise, héritage d’ un classicisme nettement pessimiste, s’accorde mal avec l’impénitente

505 foi dans le genre humain que M. Duhamel ne cesse d’ entretenir17. Ce malaise dans l’expression traduit d’ailleurs une équi

506 sur le thème général du livre. Il est inquiétant de voir un esprit de cette qualité, et qui certes veut être honnête, se

507 ral du livre. Il est inquiétant de voir un esprit de cette qualité, et qui certes veut être honnête, se complaire expressé

508 e complaire expressément dans une hargne tempérée de badinage. C’est à la fois trop et trop peu. Car, ou bien M. Duhamel c

509 mécaniques, ce qui revient à faire le vain procès de la bêtise humaine. Ou bien sa réaction de dégoût est véritablement pr

510 procès de la bêtise humaine. Ou bien sa réaction de dégoût est véritablement profonde, mais alors elle implique la condam

511 rofonde, mais alors elle implique la condamnation d’ une conception du monde à la fois libérale et inconsciemment matériali

512 quoi récriminer sur quelques aspects superficiels d’ une civilisation dont on refuserait de dénoncer les principes ou plutô

513 uperficiels d’une civilisation dont on refuserait de dénoncer les principes ou plutôt la carence de principes directeurs d

514 it de dénoncer les principes ou plutôt la carence de principes directeurs dignes de ce nom ? Serait-ce que la mauvaise hum

515 plutôt la carence de principes directeurs dignes de ce nom ? Serait-ce que la mauvaise humeur du bourgeois dérangé agissa

516 on conformisme foncier ? Faut-il y voir une sorte de sublimation à rebours du sens de la révolte ? On serait en droit d’ex

517 y voir une sorte de sublimation à rebours du sens de la révolte ? On serait en droit d’exiger d’un critique de son temps q

518 ebours du sens de la révolte ? On serait en droit d’ exiger d’un critique de son temps qu’il déclare ce qu’il attend de l’h

519 sens de la révolte ? On serait en droit d’exiger d’ un critique de son temps qu’il déclare ce qu’il attend de l’homme. Apr

520 volte ? On serait en droit d’exiger d’un critique de son temps qu’il déclare ce qu’il attend de l’homme. Après quoi seulem

521 itique de son temps qu’il déclare ce qu’il attend de l’homme. Après quoi seulement l’on distinguerait l’ordre de grandeur

522 . Après quoi seulement l’on distinguerait l’ordre de grandeur du grief qu’il fait à ce temps. C’est ce qu’en vain l’on che

523 e qu’en vain l’on cherche au cours de cette suite de messages adressés aux Princes des Prêtres, à MM. les Députés, au chef

524 el n’ait joint à son recueil une épître au préfet de Police sur les Embarras de Paris. Sujet de pastiche facile : décrire

525 l une épître au préfet de Police sur les Embarras de Paris. Sujet de pastiche facile : décrire l’état d’esprit du Français

526 préfet de Police sur les Embarras de Paris. Sujet de pastiche facile : décrire l’état d’esprit du Français moyen qui brand

527 nçais moyen qui brandit son parapluie sous le nez de l’agent, invective les automobilistes, déclame au beau milieu de la c

528 s, le casque aux cheveux, tête farcie, oui farcie de musique, de musique, de musique, de cette abrutissante musique, parfo

529 aux cheveux, tête farcie, oui farcie de musique, de musique, de musique, de cette abrutissante musique, parfois coupée, D

530 , tête farcie, oui farcie de musique, de musique, de musique, de cette abrutissante musique, parfois coupée, Dieu merci, d

531 e, oui farcie de musique, de musique, de musique, de cette abrutissante musique, parfois coupée, Dieu merci, d’un monologu

532 abrutissante musique, parfois coupée, Dieu merci, d’ un monologue financier ou de hoquets publicitaires. “De la musique ava

533 s coupée, Dieu merci, d’un monologue financier ou de hoquets publicitaires. “De la musique avant toute chose…” Oh ! vous n

534 monologue financier ou de hoquets publicitaires. “ De la musique avant toute chose…” Oh ! vous ne diriez plus cela, Verlain

535 reil optimisme — sinon sur la crainte instinctive de choquer un public, qui ne supporte que la mesure, par l’affirmation d

536 qui ne supporte que la mesure, par l’affirmation de prévisions horribles, et cependant conformes à la nature des choses.

537 rmes à la nature des choses. e. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] Georges Duhamel, Querelles de famille  », La Nouvel

538 s de, « [Compte rendu] Georges Duhamel, Querelles de famille  », La Nouvelle Revue française, Paris, mai 1932, p. 913-915.

539 lite et touchante, ni petit nègre, ni bêtifiante, d’ une grande force d’expression concrète. Le petit chien Botte raconte s

540 ni petit nègre, ni bêtifiante, d’une grande force d’ expression concrète. Le petit chien Botte raconte ses journées, « des

541  ». Dès la seconde page, c’est à pousser des cris de joie. Les enfants comprendront-ils ? Dans la mesure seulement où le p

542 endront-ils ? Dans la mesure seulement où le plan de dépoétisation de leur monde confié aux manuels primaires, rate. Lire

543 s la mesure seulement où le plan de dépoétisation de leur monde confié aux manuels primaires, rate. Lire à petites doses.

544 l’état sauvage — la vraie. f. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] Rudyard Kipling, Ce chien, ton serviteur  », La Nou

545 Éloge de l’imprudence, par Marcel Jouhandeau (septembre 1932)g Si dans tous

546 deau (septembre 1932)g Si dans tous les écrits de notre temps il est question de bien, de mal, de vice et de vertu, de

547 ns tous les écrits de notre temps il est question de bien, de mal, de vice et de vertu, de péché même, parfois, quels sont

548 es écrits de notre temps il est question de bien, de mal, de vice et de vertu, de péché même, parfois, quels sont les écri

549 s de notre temps il est question de bien, de mal, de vice et de vertu, de péché même, parfois, quels sont les écrivains ca

550 temps il est question de bien, de mal, de vice et de vertu, de péché même, parfois, quels sont les écrivains capables de d

551 st question de bien, de mal, de vice et de vertu, de péché même, parfois, quels sont les écrivains capables de déclarer le

552 même, parfois, quels sont les écrivains capables de déclarer leurs références, leurs poids et leurs mesures, enfin leur c

553 les limites du petit livre si justement paradoxal de Jouhandeau, — de cette espèce de « dialectique » formelle du bien et

554 tit livre si justement paradoxal de Jouhandeau, —  de cette espèce de « dialectique » formelle du bien et du mal qu’il publ

555 tement paradoxal de Jouhandeau, — de cette espèce de « dialectique » formelle du bien et du mal qu’il publie en marge de s

556 ce Dieu terrible. Et sa vertu est choix. L’absolu d’ un Nietzsche, c’est le Grand Midi ; et sa vertu : dépassement. Jouhand

557 marches extrêmes du bien et du mal où l’apologie de l’un équivaut presque à celle de l’autre. C’est là qu’éclate la viole

558 al où l’apologie de l’un équivaut presque à celle de l’autre. C’est là qu’éclate la violence des contraires. Pour tous ceu

559 e des contraires. Pour tous ceux qui ont l’audace de se maintenir dans une telle dialectique, il n’existe pas un choix pré

560 ix qui s’imposent avec une violence égale à celle de la tentation — c’est la même violence — dans chaque situation existen

561 situation existentielle. En sorte qu’il n’est pas de préférence définitive, c’est-à-dire facile, accordée au Bien par exem

562 au Bien par exemple, mais que dans chaque instant de l’existence le mal et le bien conservent toutes leurs chances d’être

563 le mal et le bien conservent toutes leurs chances d’ être préférés, et toutes leurs tentations. En sorte que l’apologie de

564 toutes leurs tentations. En sorte que l’apologie de l’un évoque la grandeur de l’autre, et peut-être le secret désir de l

565 n sorte que l’apologie de l’un évoque la grandeur de l’autre, et peut-être le secret désir de l’éveiller à la conscience.

566 grandeur de l’autre, et peut-être le secret désir de l’éveiller à la conscience. Le but de ce débat, celui de Kierkegaard,

567 ecret désir de l’éveiller à la conscience. Le but de ce débat, celui de Kierkegaard, celui de Nietzsche, celui présentemen

568 eiller à la conscience. Le but de ce débat, celui de Kierkegaard, celui de Nietzsche, celui présentement de Jouhandeau, c’

569 . Le but de ce débat, celui de Kierkegaard, celui de Nietzsche, celui présentement de Jouhandeau, c’est de transcender la

570 erkegaard, celui de Nietzsche, celui présentement de Jouhandeau, c’est de transcender la morale et ses canons donnés d’ava

571 ietzsche, celui présentement de Jouhandeau, c’est de transcender la morale et ses canons donnés d’avance. L’audace du « ch

572 est de transcender la morale et ses canons donnés d’ avance. L’audace du « choix » ou du « dépassement », cette vertu qui «

573 e avec une âme joyeuse. » Voilà bien le leitmotiv de l’œuvre entière de Jouhandeau. Et soudain il nous apparaît que cette

574 use. » Voilà bien le leitmotiv de l’œuvre entière de Jouhandeau. Et soudain il nous apparaît que cette œuvre est une illus

575 e cette œuvre est une illustration, non dépourvue de complaisance, du « pecca fortiter » de Luther. Pour qui n’aurait pas

576 dépourvue de complaisance, du « pecca fortiter » de Luther. Pour qui n’aurait pas lu d’autres ouvrages de Jouhandeau, les

577 uther. Pour qui n’aurait pas lu d’autres ouvrages de Jouhandeau, les aphorismes qui composent l’Éloge de l’imprudence para

578 Jouhandeau, les aphorismes qui composent l’Éloge de l’imprudence paraîtront plus abstraits qu’ils ne le méritent. C’est q

579 e le méritent. C’est qu’ils supposent l’existence d’ un bien et d’un mal concrets dont les Binche ou M. Godeau ou plus réce

580 . C’est qu’ils supposent l’existence d’un bien et d’ un mal concrets dont les Binche ou M. Godeau ou plus récemment les hér

581 s Binche ou M. Godeau ou plus récemment les héros de l’Amateur d’imprudence incarnèrent ailleurs toutes les complexités. I

582 . Godeau ou plus récemment les héros de l’Amateur d’ imprudence incarnèrent ailleurs toutes les complexités. Il s’agit, on

583 ’Église. Mais l’émouvante et ironique dialectique de Jouhandeau est-elle très catholique, ou même très chrétienne ? La dia

584 ne postule que bien et mal appartiennent au règne de la loi (de la morale). Et c’est la foi qui en libère, non pas cette «

585 que bien et mal appartiennent au règne de la loi ( de la morale). Et c’est la foi qui en libère, non pas cette « générosité

586 gories du bien et du mal : le péché. Le contraire d’ un péché, c’est-à-dire ce qui le supprime, ce n’est pas une vertu, mai

587 ertu, mais le pardon. La vertu comme le vice naît de la loi et s’y réfère. Mais le péché naît où meurt la foi, et meurt là

588 , Jouhandeau oppose le mal ; à celui-ci le Bien ; d’ où naissent le désir et la nécessité du Mal absolu ; sur quoi il reste

589 absolu ; sur quoi il reste béant. Mais la réalité de la foi est inverse. Elle fait voir le mal comme donnée immédiate ; pu

590 le débat se ramène sur cette page, à une question de vocabulaire. Une simple question de vocabulaire comme on dit, — lorsq

591 une question de vocabulaire. Une simple question de vocabulaire comme on dit, — lorsqu’on se soucie peu de savoir ce qu’o

592 peu de savoir ce qu’on dit. g. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] Marcel Jouhandeau, Éloge de l’imprudence  », La Nou

593 nis de, « [Compte rendu] Marcel Jouhandeau, Éloge de l’imprudence  », La Nouvelle Revue française, Paris, septembre 1932,

594 st pas pour l’amour du laurier, mais pour l’amour de son ami Clitus, poète abstrait à la mode de 1920, qu’Alexandre a conq

595 amour de son ami Clitus, poète abstrait à la mode de 1920, qu’Alexandre a conquis le monde. Le défaut de ce point de vue,

596 1920, qu’Alexandre a conquis le monde. Le défaut de ce point de vue, c’est qu’il n’étonnera personne, alors qu’Alexandre

597 e histoire avec beaucoup de grâces et des pointes d’ ironie anachroniques. Cela frise Salammbô plus que Laforgue d’ailleurs

598 rs, avec, en plus, du sentimentalisme. La préface de Cocteau joue sur les thèmes, inépuisables, du profil de plâtre, des b

599 teau joue sur les thèmes, inépuisables, du profil de plâtre, des boules de neige et du « dialecte du cœur ». h. Rougemo

600 es, inépuisables, du profil de plâtre, des boules de neige et du « dialecte du cœur ». h. Rougemont Denis de, « [Compte

601 et du « dialecte du cœur ». h. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] Klaus Mann, Alexandre  », La Nouvelle Revue françai

602 Cahier de revendications [Présentation] (décembre 1932)i Est-il possible de

603 Présentation] (décembre 1932)i Est-il possible de définir une cause commune de la jeunesse française, une communauté d’

604 i Est-il possible de définir une cause commune de la jeunesse française, une communauté d’attitude essentielle ? Il sem

605 commune de la jeunesse française, une communauté d’ attitude essentielle ? Il semble que la solidarité du péril crée en no

606 que n’ont su faire ni maîtres ni doctrines, unité de refus devant la consternante misère d’une époque où tout ce qu’un hom

607 nes, unité de refus devant la consternante misère d’ une époque où tout ce qu’un homme peut aimer et vouloir se trouve coup

608 qu’un homme peut aimer et vouloir se trouve coupé de son origine vivante, flétri, dénaturé, inverti, saboté. Des groupes t

609 prit, Plans, Réaction, par leur volonté proclamée de rupture, et plus encore par leurs revendications constructives, révèl

610 t-être, dans leur diversité, les premières lignes de force d’une nouvelle révolution française. Leur anticapitalisme n’est

611 ans leur diversité, les premières lignes de force d’ une nouvelle révolution française. Leur anticapitalisme n’est pas celu

612 n française. Leur anticapitalisme n’est pas celui de la Troisième Internationale. Toutefois, la doctrine marxiste, en deho

613 dehors de laquelle il s’est constitué, forme l’un de ses points de repère principaux. Il se peut qu’il y trouve quelques a

614 elle il s’est constitué, forme l’un de ses points de repère principaux. Il se peut qu’il y trouve quelques appuis occasion

615 trouve quelques appuis occasionnels ; et certains de leurs objectifs respectifs sont communs… Déjà s’affirme dans l’attitu

616 tifs sont communs… Déjà s’affirme dans l’attitude de tous ces groupes un véritable acte de présence à la misère du siècle,

617 l’attitude de tous ces groupes un véritable acte de présence à la misère du siècle, assez nouveau parmi les intellectuels

618 larations que l’on va lire. i. Rougemont Denis de , « Cahier de revendications », La Nouvelle Revue française, Paris, dé

619 l’on va lire. i. Rougemont Denis de, « Cahier de revendications », La Nouvelle Revue française, Paris, décembre 1932,

620 e ou à tuer (décembre 1932)j Nous avons choisi de vivre — telle est notre révolution — dans un monde qui nous préparait

621 e les « risques-vie », livrée aux basses rigueurs d’ un cadre policier. Que vivre soit un choix, une partialité violente, v

622 dans toute l’urgence du terme : actuelle. Il y va de la qualité même de notre vie ; de notre choix. Il y va de cette quali

623 e du terme : actuelle. Il y va de la qualité même de notre vie ; de notre choix. Il y va de cette qualité même d’impossibl

624 tuelle. Il y va de la qualité même de notre vie ; de notre choix. Il y va de cette qualité même d’impossible qui seule ren

625 alité même de notre vie ; de notre choix. Il y va de cette qualité même d’impossible qui seule rend la vie possible, c’est

626 e ; de notre choix. Il y va de cette qualité même d’ impossible qui seule rend la vie possible, c’est-à-dire grande. Devant

627 e grande. Devant les solutions qu’on nous propose d’ urgence, il est clair que toute impartialité serait hypocrisie, refus.

628 ypocrisie, refus. Qu’on trouve donc ici une prise de parti.   Nous sommes une génération comblée. Comblée de chances de gr

629 ti.   Nous sommes une génération comblée. Comblée de chances de grandeur, et comblée de risques mortels. Pour la jeunesse

630 sommes une génération comblée. Comblée de chances de grandeur, et comblée de risques mortels. Pour la jeunesse de 1932, le

631 mblée. Comblée de chances de grandeur, et comblée de risques mortels. Pour la jeunesse de 1932, le conflit de vivre, le pa

632 , et comblée de risques mortels. Pour la jeunesse de 1932, le conflit de vivre, le paradoxe fondamental de toute « existen

633 ues mortels. Pour la jeunesse de 1932, le conflit de vivre, le paradoxe fondamental de toute « existence » se concrétise d

634 932, le conflit de vivre, le paradoxe fondamental de toute « existence » se concrétise dans une « nécessité » révolutionna

635 dont l’ampleur est sans précédent. Ce n’est plus de conflits d’idées qu’il s’agit, ni même de conflits d’intérêts. Mais p

636 eur est sans précédent. Ce n’est plus de conflits d’ idées qu’il s’agit, ni même de conflits d’intérêts. Mais pour nous, en

637 st plus de conflits d’idées qu’il s’agit, ni même de conflits d’intérêts. Mais pour nous, entrés dans la vie sous le coup

638 onflits d’idées qu’il s’agit, ni même de conflits d’ intérêts. Mais pour nous, entrés dans la vie sous le coup d’une menace

639 . Mais pour nous, entrés dans la vie sous le coup d’ une menace de faillite planétaire, il ne peut s’agir de rien d’autre q

640 ous, entrés dans la vie sous le coup d’une menace de faillite planétaire, il ne peut s’agir de rien d’autre que de ceci :

641 menace de faillite planétaire, il ne peut s’agir de rien d’autre que de ceci : s’entendre sur le meilleur ou sur le seul

642 de faillite planétaire, il ne peut s’agir de rien d’ autre que de ceci : s’entendre sur le meilleur ou sur le seul moyen d’

643 planétaire, il ne peut s’agir de rien d’autre que de ceci : s’entendre sur le meilleur ou sur le seul moyen d’en réchapper

644 : s’entendre sur le meilleur ou sur le seul moyen d’ en réchapper, — l’imposer. Ce n’est plus pour quelque « idéal » que no

645 durer, puisque ça dure depuis si longtemps. Masse de sourds, de muets et d’aveugles, mais pas si sourds qu’ils ne s’irrite

646 que ça dure depuis si longtemps. Masse de sourds, de muets et d’aveugles, mais pas si sourds qu’ils ne s’irritent de nos c

647 depuis si longtemps. Masse de sourds, de muets et d’ aveugles, mais pas si sourds qu’ils ne s’irritent de nos cris. Il est

648 aveugles, mais pas si sourds qu’ils ne s’irritent de nos cris. Il est vrai que certains, au lendemain de la guerre, ont tr

649 nos cris. Il est vrai que certains, au lendemain de la guerre, ont trop souvent crié au loup, par goût des atmosphères tr

650 ues. Littérature et mauvais caractère. Il y avait de quoi vous fâcher, braves gens, vous n’aviez après tout rien de mieux

651 fâcher, braves gens, vous n’aviez après tout rien de mieux à faire. Et vous pensiez que la révolution, c’était une bande d

652 vous pensiez que la révolution, c’était une bande de méchants garçons. Puis vous avez pensé que c’étaient des gens dangere

653 vos maîtres. Bientôt vous chercherez des équipes de sauvetage.   Ici paraît le communisme, comme une constatation de la f

654 Ici paraît le communisme, comme une constatation de la faillite, une liquidation à un taux sous-humain. Voici le Plan, pr

655 cette « raison » déjà qui se trouvait à l’origine de tout le mal ?   Telles sont les composantes de notre situation. Nous

656 ne de tout le mal ?   Telles sont les composantes de notre situation. Nous sommes là : n’y pouvant plus tenir longtemps ;

657 ouvant plus tenir longtemps ; ne pouvant accepter de nous battre pour un « ordre » et des « idéaux » criminels. Il y a la

658 est plus un état d’esprit, ni un refus des tâches d’ homme. Henri Lefebvre l’a montré, je n’ajouterai rien à sa déclaration

659 sens le plus banal du terme, et aussi à son sens de « misère qui appelle ». Nous ne sommes pas des « bourgeois-dégoûtés »

660 on lui offre, il faudrait qu’elle le paie du prix de l’âme même. On nous donne à choisir entre un régime bourgeois odieux,

661 espérance, une utopie, qu’il nous est impossible d’ accepter avec le « bon cœur » que préconise Philippe Lamour, parce que

662 s qu’une réalisation épurée, tyrannique et privée de toute résistance interne, de cela justement que dans le désordre régn

663 tyrannique et privée de toute résistance interne, de cela justement que dans le désordre régnant, nous détestons de toute

664 ment que dans le désordre régnant, nous détestons de toute la force de notre âme : la primauté du matériel. Comment penser

665 ésordre régnant, nous détestons de toute la force de notre âme : la primauté du matériel. Comment penser — si « penser » e

666 l. Comment penser — si « penser » est inséparable d’ une action — entre une bourgeoisie déchue et un marxisme faux ? Il res

667 y a rien pour nous. Nous nous plaçons à l’origine de quelque chose d’autre, dont la réalité échappe encore à ceux qui réci

668 s. Nous nous plaçons à l’origine de quelque chose d’ autre, dont la réalité échappe encore à ceux qui récitent Marx : une «

669 iste, l’autre personnaliste ; la première en voie de réalisation en URSS, la seconde encore mal dégagée de sa période de g

670 éalisation en URSS, la seconde encore mal dégagée de sa période de gestation doctrinale. Tout le monde sait ce que signifi

671 URSS, la seconde encore mal dégagée de sa période de gestation doctrinale. Tout le monde sait ce que signifie politiquemen

672 à la lutte des classes, ce pragmatisme, cet acte de foi optimiste dans le cours « dialectique » de l’Histoire, qui caract

673 te de foi optimiste dans le cours « dialectique » de l’Histoire, qui caractérisent la position marxiste. Par contre, les b

674 es bases doctrinales exposées ici par des membres d’ Esprit, de Combat, de L’Ordre nouveau ou de Réaction, pour n’être pas

675 octrinales exposées ici par des membres d’Esprit, de Combat, de L’Ordre nouveau ou de Réaction, pour n’être pas entièremen

676 exposées ici par des membres d’Esprit, de Combat, de L’Ordre nouveau ou de Réaction, pour n’être pas entièrement originale

677 embres d’Esprit, de Combat, de L’Ordre nouveau ou de Réaction, pour n’être pas entièrement originales18, ne peuvent manque

678 pas entièrement originales18, ne peuvent manquer de déconcerter tous ceux qui n’imaginent de choix possible qu’entre un c

679 manquer de déconcerter tous ceux qui n’imaginent de choix possible qu’entre un capitalisme plus ou moins fascistisé, et l

680 isé). Les marxistes détiennent l’avantage certain de tabler sur une « utopie » partiellement traduite en faits. C’est même

681 traduite en faits. C’est même, à voir les choses de près, leur unique argument contre les révolutionnaires non marxistes.

682 les voir déjà préparer en sous-main des terrains d’ entente avec l’URSS. Nous ne pensons pas que la guerre soit, comme l’é

683 e en vain quelle idéologie les empêcherait encore de répondre aux invites de ces parents naguère inavouables, mais qui sou

684 ie les empêcherait encore de répondre aux invites de ces parents naguère inavouables, mais qui soudain font mine de « réus

685 s naguère inavouables, mais qui soudain font mine de « réussir ». N’est-ce donc plus, comme le marque Th. Maulnier, qu’un

686 plus, comme le marque Th. Maulnier, qu’un conflit d’ intérêts ? Et d’intérêts qui ne sont pas les nôtres, qui ne sont pas l

687 arque Th. Maulnier, qu’un conflit d’intérêts ? Et d’ intérêts qui ne sont pas les nôtres, qui ne sont pas les intérêts réel

688 as les nôtres, qui ne sont pas les intérêts réels d’ un être aux prises avec la condition humaine ? Ni pour le mensonge d’h

689 s avec la condition humaine ? Ni pour le mensonge d’ hier, ni pour celui de demain nous ne verserons notre sang. Il y a une

690 maine ? Ni pour le mensonge d’hier, ni pour celui de demain nous ne verserons notre sang. Il y a une vérité qui domine et

691 plement. Les uns croient, avec Marx, à la réalité d’ une dialectique ternaire ; ils placent leur espoir dans l’avènement de

692 rnaire ; ils placent leur espoir dans l’avènement de synthèses successives, acheminant l’espèce vers un équilibre final, m

693 ique du conflit nécessaire et vital. Il n’y a pas de troisième terme, — ou c’est la mort19. Mais la coefficience de deux t

694 terme, — ou c’est la mort19. Mais la coefficience de deux termes vrais, et assumés comme tels, c’est la personne. L’opposi

695 sumés comme tels, c’est la personne. L’opposition de Proudhon et de Marx, sur le terrain économique, traduit exactement l’

696 s, c’est la personne. L’opposition de Proudhon et de Marx, sur le terrain économique, traduit exactement l’opposition de K

697 rrain économique, traduit exactement l’opposition de Kierkegaard et de Hegel dans le domaine religieux. Elle traduira dema

698 traduit exactement l’opposition de Kierkegaard et de Hegel dans le domaine religieux. Elle traduira demain l’opposition de

699 s patries personnalistes. Mais où sont les motifs de notre choix ? J’en indiquerai trois. 1° — La seule révolution qui nou

700 ntaires : elle n’est qu’une projection du conflit de la personne. Les marxistes nous accusent de mêler des notions « moral

701 nflit de la personne. Les marxistes nous accusent de mêler des notions « morales » — ainsi désignent-ils la notion de pers

702 tions « morales » — ainsi désignent-ils la notion de personne ! — aux forces politiques et historiques qui selon eux déter

703 ntièrement le devenir révolutionnaire. Mais c’est de la mythomanie ; les « Forces économiques », dont ils parlent avec tre

704 ec tremblement, n’existent pas. Elles font partie de ces créations pseudo-mystiques qui pullulent dans un monde athée. Que

705 utionnaire, et que nier cette valeur « décisive » de la personne, c’est désarmer la révolution. Mais il y a plus. Si la pe

706 i la personne est véritablement l’élément décisif de la réalité humaine, toute révolution est vaine qui se fonde sur des f

707 se agir sur les faits autrement que par une suite de coups de force, d’actes créateurs, — révolutionnant le déterminisme r

708 ur les faits autrement que par une suite de coups de force, d’actes créateurs, — révolutionnant le déterminisme rigoureux

709 ts autrement que par une suite de coups de force, d’ actes créateurs, — révolutionnant le déterminisme rigoureux de la mati

710 teurs, — révolutionnant le déterminisme rigoureux de la matière abandonnée à elle-même ? La dialectique historique à trois

711 mps est une arbitraire projection dans les choses d’ un mécanisme de « l’intelligence-outil ». Théorie dont le fatalisme in

712 itraire projection dans les choses d’un mécanisme de « l’intelligence-outil ». Théorie dont le fatalisme interne reparaît

713 révolutionnaire20. Le matérialisme, c’est l’opium de la révolution. 3e — La conception personnaliste est seule capable d’é

714 e — La conception personnaliste est seule capable d’ édifier un monde culturel, économique et social qu’anime un risque per

715 ticle21 où s’exprimaient des vues parfois proches de celles d’Esprit ou de Combat, il réduit l’aventure humaine à un dérou

716 s’exprimaient des vues parfois proches de celles d’ Esprit ou de Combat, il réduit l’aventure humaine à un déroulement ind

717 nt des vues parfois proches de celles d’Esprit ou de Combat, il réduit l’aventure humaine à un déroulement indéfini de cha

718 duit l’aventure humaine à un déroulement indéfini de changements, justiciables tout au plus de la statistique. ⁂ Mais les

719 ndéfini de changements, justiciables tout au plus de la statistique. ⁂ Mais les marxistes répugnent à nous suivre sur ce t

720 ction ? Est-ce un opportunisme purement tactique, d’ allure électorale ? « Toutes les tentatives qui ne se fondent pas sur

721 s sur la classe révolutionnaire ne comportent pas de points d’application », écrit Nizan. Voilà bien la suprême « évasion 

722 lasse révolutionnaire ne comportent pas de points d’ application », écrit Nizan. Voilà bien la suprême « évasion » de nos i

723 », écrit Nizan. Voilà bien la suprême « évasion » de nos intellectuels, même marxistes. Abdication de la pensée entre les

724 de nos intellectuels, même marxistes. Abdication de la pensée entre les mains du prolétaire qui, justement, avait besoin

725 mains du prolétaire qui, justement, avait besoin d’ être conduit par la pensée de quelques-uns22. Proposition antirévoluti

726 tement, avait besoin d’être conduit par la pensée de quelques-uns22. Proposition antirévolutionnaire, il faut le dire, et

727 lame implicitement, Lénine réussit une révolution d’ intellectuels dans un pays qui compte à cette époque moins de 3 millio

728 uels dans un pays qui compte à cette époque moins de 3 millions d’ouvriers sur une population de 160 millions, et où la bo

729 ays qui compte à cette époque moins de 3 millions d’ ouvriers sur une population de 160 millions, et où la bourgeoisie exis

730 moins de 3 millions d’ouvriers sur une population de 160 millions, et où la bourgeoisie existe à peine en tant que classe,

731 es Russies. En 1932 le parti compte deux millions de membres sévèrement contrôlés. « Mais, nous dit-on, les constructions

732 contrôlés. « Mais, nous dit-on, les constructions d’ un Lénine n’étaient pas songes, elles s’appuyaient sur le mouvement de

733 t pas songes, elles s’appuyaient sur le mouvement de l’histoire ». Nous avons affaire ici à un véritable mysticisme de la

734 Nous avons affaire ici à un véritable mysticisme de la réussite, à un fatalisme, à un pragmatisme historique dont le fond

735 rique dont le fondement matérialiste n’exige rien de moins qu’un acte de foi. Un tel mysticisme a-t-il en France la moindr

736 ent matérialiste n’exige rien de moins qu’un acte de foi. Un tel mysticisme a-t-il en France la moindre chance de succès ?

737 tel mysticisme a-t-il en France la moindre chance de succès ? Où est sa tradition vivante en ce pays ? La violence des com

738 ns la ligne des forces révolutionnaires profondes de la France. Cette révolte de la personne, c’est la révolte jacobine, c

739 utionnaires profondes de la France. Cette révolte de la personne, c’est la révolte jacobine, c’est la révolte de 89, dans

740 onne, c’est la révolte jacobine, c’est la révolte de 89, dans ce qu’elle garde de valable et de dynamique ; c’est dès à pr

741 ne, c’est la révolte de 89, dans ce qu’elle garde de valable et de dynamique ; c’est dès à présent le ressort de la nouvel

742 évolte de 89, dans ce qu’elle garde de valable et de dynamique ; c’est dès à présent le ressort de la nouvelle Révolution

743 et de dynamique ; c’est dès à présent le ressort de la nouvelle Révolution française. La volonté, la possibilité de ruptu

744 Révolution française. La volonté, la possibilité de rupture, affirmée par les politiciens marxistes, mais niée en sous-ma

745 es, mais niée en sous-main par leur doctrine, est de leur part une duperie manifeste. Je les entends menacer le bourgeois 

746 vois pas plus forts. Je vois bien l’accumulation de leurs griefs, — dont beaucoup sont les nôtres, mais nous en avons dav

747 oient ainsi triompher à la fois des bourgeois, et de la vérité humaine de nos doctrines antibourgeoises. Mais ils ne donne

748 à la fois des bourgeois, et de la vérité humaine de nos doctrines antibourgeoises. Mais ils ne donnent pas de pain. Ceux

749 octrines antibourgeoises. Mais ils ne donnent pas de pain. Ceux qui ne promettent que du pain, finalement n’en donnent jam

750 olitiques (nationalisme, SDN, etc.), condamnation de l’individu, de la « pensée » bourgeoise (la pensée sans douleur !), d

751 onalisme, SDN, etc.), condamnation de l’individu, de la « pensée » bourgeoise (la pensée sans douleur !), des méthodes pol

752 abli. Mais nous allons plus loin dans la critique de ce désordre : jusqu’à ce point où le marxisme, révélant sa vraie natu

753 sa vraie nature, apparaît comme un cas privilégié de la folie capitaliste-matérialiste. Non, ce n’est pas une classe que n

754 ot, le « salut » n’est pas à débattre sur le plan de l’humanité, mais entre l’homme, entre tel homme et la Réalité qui seu

755 ielles permettent à ce suprême et quotidien débat d’ avoir un sens, un point d’application : la personne. Tel est en derniè

756 rême et quotidien débat d’avoir un sens, un point d’ application : la personne. Tel est en dernière analyse, le fondement,

757 el est en dernière analyse, le fondement, l’enjeu de la révolution nouvelle. Ici, je ne dirai plus nous, mais je. À la que

758 sérieux vos idées, y croyez-vous ? », les hommes de ce temps n’aiment pas répondre, car c’est une question personnelle. U

759 cherche. Ce qu’il faut pour légitimer un système d’ idées en elles-mêmes justes et opportunes (comme celles, je le crois,

760 justes et opportunes (comme celles, je le crois, de L’Ordre nouveau, de Combat ou d’Esprit) c’est une violence spirituell

761 s (comme celles, je le crois, de L’Ordre nouveau, de Combat ou d’Esprit) c’est une violence spirituelle qui existe déjà au

762 es, je le crois, de L’Ordre nouveau, de Combat ou d’ Esprit) c’est une violence spirituelle qui existe déjà au-delà des bou

763 seule chose que les hommes éprouvent dans le fond de leur être. Il faut derrière ces idées une masse volontaire, une pesan

764 dées une masse volontaire, une pesante contrainte de foi, une pureté terrible et humble. Loin de moi la pensée que par des

765 sée que par des arguments nous pourrons triompher d’ autre chose que d’arguments. À l’effort admirable du peuple russe retr

766 guments nous pourrons triompher d’autre chose que d’ arguments. À l’effort admirable du peuple russe retrouvant la grandeur

767 tique « Tu te trompes » ? Les hommes n’entendront de nous que notre volonté de sacrifice, de pauvreté. C’est dangereux, c’

768 Les hommes n’entendront de nous que notre volonté de sacrifice, de pauvreté. C’est dangereux, c’est grave de penser juste.

769 ntendront de nous que notre volonté de sacrifice, de pauvreté. C’est dangereux, c’est grave de penser juste. La vérité ne

770 rifice, de pauvreté. C’est dangereux, c’est grave de penser juste. La vérité ne peut exister parmi nous que sous la forme

771 rité ne peut exister parmi nous que sous la forme d’ une accusation personnelle. Il faut savoir entendre ce mutisme formida

772 peut en donner jusqu’au bout le courage. Je parle de la foi chrétienne où je veux être, de ce suprême « choix » qui ne vie

773 e. Je parle de la foi chrétienne où je veux être, de ce suprême « choix » qui ne vient pas de moi, mais qui soudain me cho

774 mais qui soudain me choisit, me saisit. Je parle de cette seule chose au monde qui n’ait pas besoin d’arguments pour juge

775 e cette seule chose au monde qui n’ait pas besoin d’ arguments pour juger les idoles du monde ; de cette seule chose pour l

776 soin d’arguments pour juger les idoles du monde ; de cette seule chose pour laquelle j’accepte de me faire tuer, parce que

777 de ; de cette seule chose pour laquelle j’accepte de me faire tuer, parce que ce ne serait pas crever bassement dans la ha

778 p éclatant. Je n’ai pas à sauver quoi que ce soit de la terre, mais seulement à recevoir le pardon. Or il n’est de pardon

779 mais seulement à recevoir le pardon. Or il n’est de pardon que pour celui qui agit. On me dira sans doute que je me perds

780  ! Déjà les hommes le pressentent : il n’y a rien d’ autre à attendre que cette force surhumaine d’entrer dans l’Ordre de l

781 ien d’autre à attendre que cette force surhumaine d’ entrer dans l’Ordre de la Pauvreté, qui vaincra toutes les révolutions

782 que cette force surhumaine d’entrer dans l’Ordre de la Pauvreté, qui vaincra toutes les révolutions — après les avoir fai

783 groupe en croissance rapide, le Gegner, s’efforce de créer une unité révolutionnaire au-dessus des partis existants. En An

784 , en Hollande, en Irlande et dans les pays latins de l’Amérique, cette « troisième force », anticapitaliste et non marxist

785 tre la construction entreprise par le capitalisme d’ État soviétique, contre la mystique productiviste déjà « niée » par la

786 iculier. 21. du Criterion. 22. Exemple frappant de l’Allemagne : voici un pays enfin qui réunit toutes les conditions th

787 n éclate. Il ne se passe rien. Parce qu’on manque de chefs. Parce qu’il n’y a plus de « personnes ». 23. Le succès du com

788 rce qu’on manque de chefs. Parce qu’il n’y a plus de « personnes ». 23. Le succès du communisme serait-il « de nous rendr

789 onnes ». 23. Le succès du communisme serait-il «  de nous rendre la vie de caserne acceptable » ? (Roland de Pury, dans H

790 s du communisme serait-il « de nous rendre la vie de caserne acceptable » ? (Roland de Pury, dans Hic et Nunc , Paris, n°

791 Hic et Nunc , Paris, n° 1). j. Rougemont Denis de , « À prendre ou à tuer », La Nouvelle Revue française, Paris, décembr

792 tent on ne sait quelle sauce. Je ne veux pas être de ceux-ci ». Charles-Albert Cingria est donc de ceux dont l’érudition,

793 tre de ceux-ci ». Charles-Albert Cingria est donc de ceux dont l’érudition, quitte à passer pour macaronique — comme elles

794 se veut constamment significative. La publication de cet étonnant petit livre sur Pétrarque, venant après celle d’une Civi

795 ant petit livre sur Pétrarque, venant après celle d’ une Civilisation de Saint-Gall non moins remarquable, le met aux antip

796 Pétrarque, venant après celle d’une Civilisation de Saint-Gall non moins remarquable, le met aux antipodes de ces histori

797 -Gall non moins remarquable, le met aux antipodes de ces historiens contemporains dont le succès consiste, lorsqu’ils cite

798 ntéressant dans la mesure même où il est dépourvu de pittoresque, c’est-à-dire, dans ce cas, de traits humains révélateurs

799 pourvu de pittoresque, c’est-à-dire, dans ce cas, de traits humains révélateurs, ce qui est tout de même aller un peu loin

800 loin, puisque ainsi l’on supprime la notion même d’ intéressant. Donc Cingria défend une thèse : « Je m’appliquerai à désa

801 core à une école provençale qui est, à l’origine, de propulsion musicale, donc romane-syrienne puisque le plain-chant est

802 t est roman-syrien — et le poète fabriqué à coups de platras à la manière antique ». Vous avez le ton. Ajoutez-y le plus e

803 z le ton. Ajoutez-y le plus excitant foisonnement de citations — poètes, chroniqueurs, musicographes, Notker, Dante, Nietz

804 ons et plaisanteries jamais dépourvues d’ailleurs d’ une certaine onction épiscopale, d’une certaine politesse pompeuse qui

805 ues d’ailleurs d’une certaine onction épiscopale, d’ une certaine politesse pompeuse qui est la forme particulière de son i

806 politesse pompeuse qui est la forme particulière de son ironie24 et vous aurez ce petit volume de deux-cents pages qui, d

807 ère de son ironie24 et vous aurez ce petit volume de deux-cents pages qui, délayé en six-cents, se verrait décerner le tit

808 délayé en six-cents, se verrait décerner le titre de « monument critique ». Tel qu’il est, un petit chef-d’œuvre d’humanis

809 critique ». Tel qu’il est, un petit chef-d’œuvre d’ humanisme poétique. Car l’« érudition » de Cingria reste si constammen

810 d’œuvre d’humanisme poétique. Car l’« érudition » de Cingria reste si constamment précise et malicieuse qu’elle atteint à

811 icieuse qu’elle atteint à coup sûr le particulier de tout ce qu’elle aborde au cours de ses démonstrations : c’est dire qu

812 ns : c’est dire qu’elle se meut en pleine poésie. D’ où sa valeur « actuelle » et multiple, ses incidences fréquentes dans

813 idences fréquentes dans les problèmes du temps et de tous les temps : la musique occidentale, les méfaits de Cicéron, le c

814 s les temps : la musique occidentale, les méfaits de Cicéron, le commerce des vins dans la vallée du Rhône, la marche en m

815 le nationalisme artificiel mais régnant qui fait de la chose publique la chose désavantageuse 25, quelques pages brillant

816 fortes qui rejoignent curieusement les doctrines de L’Ordre nouveau). Un style doucement retors, dont les moindres anicro

817 la sans effort, manifestant plutôt cette vivacité d’ invention dont « l’écriture moderne » reste tristement dépourvue malgr

818 » reste tristement dépourvue malgré ses velléités de fantaisie assez relâchée. En quelques touches un peu bourrues, un peu

819 cieuses, il jette l’esprit du lecteur dans le vif d’ un sujet, et loin d’exploiter l’avantage de cette surprise, place auss

820 esprit du lecteur dans le vif d’un sujet, et loin d’ exploiter l’avantage de cette surprise, place aussitôt une citation, o

821 le vif d’un sujet, et loin d’exploiter l’avantage de cette surprise, place aussitôt une citation, oublie d’avoir raison, e

822 tte surprise, place aussitôt une citation, oublie d’ avoir raison, et nous laisse admirer cette prose de la Renaissance où

823 ’avoir raison, et nous laisse admirer cette prose de la Renaissance où palpite, sous une sérénité qui est plutôt de l’enth

824 ance où palpite, sous une sérénité qui est plutôt de l’enthousiasme dominé, l’opulente diversité du monde. La qualité des

825 qualité des traductions du latin, du bas latin et de l’italien dont ce livre est abondamment orné permettra de goûter dans

826 lien dont ce livre est abondamment orné permettra de goûter dans le détail ce que l’on vient de louer dans l’ensemble. C’e

827 C’est la même précision savoureuse dans le rendu de l’esprit d’un texte, mais cela toujours grâce à des inventions poétiq

828 me précision savoureuse dans le rendu de l’esprit d’ un texte, mais cela toujours grâce à des inventions poétiques jouant s

829 t « signé ». 24. Et qui d’ailleurs n’exclut pas de petites férocités soudaines, raffinées, ni le bavardage, ni une espèc

830 daines, raffinées, ni le bavardage, ni une espèce d’ indignation morale aux sursauts fréquents. 25. « Mais cela (les patri

831 uts fréquents. 25. « Mais cela (les patriotismes de l’Europe diverse et une) était homogène et souple, vivant, sans faux

832 t souple, vivant, sans faux arrêt, sans cet arrêt d’ illusoire devenu réel que font les actuels nationalismes, ayant pour e

833 ieu d’être avantageuse, la chose publique empêche de communiquer, empêche de vivre, empêche de respirer, et qu’alors, reni

834 la chose publique empêche de communiquer, empêche de vivre, empêche de respirer, et qu’alors, reniant sa fin, elle ne sert

835 empêche de communiquer, empêche de vivre, empêche de respirer, et qu’alors, reniant sa fin, elle ne sert plus que d’alimen

836 t qu’alors, reniant sa fin, elle ne sert plus que d’ aliment à un dogmatisme populaire farouche, et se définit comme désava

837 init comme désavantageuse ». k. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] Charles-Albert Cingria, Pétrarque  », La Nouvelle R

838 it pris Ramuz pour un « régionaliste », c’est une de ces méprises qui peuvent servir à déterminer le niveau d’une certaine

839 éprises qui peuvent servir à déterminer le niveau d’ une certaine presse. Si l’on ne voit dans l’auteur d’Adam et Ève qu’un

840 ne certaine presse. Si l’on ne voit dans l’auteur d’ Adam et Ève qu’une sorte de folkloriste, il faudra considérer l’auteur

841 ne voit dans l’auteur d’Adam et Ève qu’une sorte de folkloriste, il faudra considérer l’auteur de Phèdre comme un archéol

842 rte de folkloriste, il faudra considérer l’auteur de Phèdre comme un archéologue, auteur de drames historiques. Que cherch

843 r l’auteur de Phèdre comme un archéologue, auteur de drames historiques. Que cherche Ramuz ? Une connaissance du particuli

844 onnaissance du particulier qui introduise à celle de l’élémentaire ; qui soit donc le contraire de la recherche du pittore

845 lle de l’élémentaire ; qui soit donc le contraire de la recherche du pittoresque. Aucune de ses œuvres mieux qu’Une Main n

846 contraire de la recherche du pittoresque. Aucune de ses œuvres mieux qu’Une Main n’en convaincra. On y sent, plus directe

847 , plus directe qu’ailleurs, sa pensée ; on y voit de tout près, dans l’intimité d’une chambre, comment sa pensée marche, i

848 pensée ; on y voit de tout près, dans l’intimité d’ une chambre, comment sa pensée marche, insiste, souffre. Et cela ne se

849 souffre. Et cela ne se passe plus dans le canton de Vaud, mais dans le domaine propre de Ramuz qui est l’élémentaire. Jam

850 ns le canton de Vaud, mais dans le domaine propre de Ramuz qui est l’élémentaire. Jamais il ne fut mieux lui-même. Il y fa

851 eux lui-même. Il y fallait un cas très simple, un de ces cas où le mot « concret » devient presque synonyme de matériel. U

852 as où le mot « concret » devient presque synonyme de matériel. Un bras cassé (le gauche) ; l’humiliation de la chute, l’an

853 tériel. Un bras cassé (le gauche) ; l’humiliation de la chute, l’angoisse d’être diminué, les difficultés qu’on découvre,

854 e gauche) ; l’humiliation de la chute, l’angoisse d’ être diminué, les difficultés qu’on découvre, déconcertantes ; puis l’

855 ’esprit qui se met à douter, parce qu’il n’a plus d’ application, l’esprit qui prend peur. La guérison naîtra d’une résista

856 tion, l’esprit qui prend peur. La guérison naîtra d’ une résistance retrouvée26. Et Ramuz, apaisé, regarde tomber la neige 

857 les choses ont de nouveau leur sens. Ramuz parle de lui, c’est la première fois. Et c’est à peine de lui. Dix petites pag

858 est à peine de lui. Dix petites pages émouvantes, d’ une confidence encore contrainte : « Ah ! comme je suis mal fait pour

859 suis mal fait pour ma part, si j’ose ainsi parler de moi, mais je ne parle pas de moi, ou je ne parle pas que de moi, parc

860 i j’ose ainsi parler de moi, mais je ne parle pas de moi, ou je ne parle pas que de moi, parce que nous sommes tous mal fa

861 is je ne parle pas de moi, ou je ne parle pas que de moi, parce que nous sommes tous mal faits. » On n’attendait pas de Ra

862 nous sommes tous mal faits. » On n’attendait pas de Ramuz un examen de conscience. S’il s’interroge, dans Une Main, c’est

863 al faits. » On n’attendait pas de Ramuz un examen de conscience. S’il s’interroge, dans Une Main, c’est plutôt un examen d

864 ’interroge, dans Une Main, c’est plutôt un examen de son corps. Examen forcé d’ailleurs, interrogation accidentelle. Par l

865 ation accidentelle. Par le choix même du prétexte de cet écrit, il nous donne ce genre de pensées pour ce qu’elles ont tou

866 du prétexte de cet écrit, il nous donne ce genre de pensées pour ce qu’elles ont toujours été à ses yeux : le fait d’un d

867 ce qu’elles ont toujours été à ses yeux : le fait d’ un défaut de présence au monde, d’une impuissance à saisir les choses.

868 ont toujours été à ses yeux : le fait d’un défaut de présence au monde, d’une impuissance à saisir les choses. Là réside l

869 yeux : le fait d’un défaut de présence au monde, d’ une impuissance à saisir les choses. Là réside la cause de la peur, qu

870 puissance à saisir les choses. Là réside la cause de la peur, qu’il avoue, et qui n’est sans doute que la méditation d’un

871 avoue, et qui n’est sans doute que la méditation d’ un esprit dépourvu de prises sensibles. C’est un état d’âme qui caract

872 sans doute que la méditation d’un esprit dépourvu de prises sensibles. C’est un état d’âme qui caractérise assez bien le m

873 s présents à eux-mêmes, hommes sans pesée, hommes de peu de poids, facilement entraînés. Une Main nous donne ainsi l’anal

874 Une Main nous donne ainsi l’analyse élémentaire d’ un des phénomènes les plus importants d’aujourd’hui : la démoralisatio

875 émentaire d’un des phénomènes les plus importants d’ aujourd’hui : la démoralisation. Démoraliser un homme, c’est le priver

876 ralisation. Démoraliser un homme, c’est le priver de son pouvoir créateur. C’est le priver de sa main, — ou asservir cette

877 e priver de son pouvoir créateur. C’est le priver de sa main, — ou asservir cette main. Est-ce que ma main n’a pas sa voca

878 ain n’a pas sa vocation ? Est-ce qu’elle n’a rien de mieux à faire que de se lever avec cent-mille autres, de faire le poi

879 on ? Est-ce qu’elle n’a rien de mieux à faire que de se lever avec cent-mille autres, de faire le poing avec cent-mille au

880 x à faire que de se lever avec cent-mille autres, de faire le poing avec cent-mille autres ? Cent-mille mains saluent le t

881 comme par exemple une maison trop grande, un feu de bois vert qu’on s’ingénie à allumer dans une cheminée qui tire mal. J

882 s que je suis à la mienne. » l. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] C. F. Ramuz, Une main  », La Nouvelle Revue françai

883 -Marie Schmidt (octobre 1933)m Il est plaisant de voir un jeune auteur obtenir de nos jours un effet de surprise par l’

884 Il est plaisant de voir un jeune auteur obtenir de nos jours un effet de surprise par l’emploi d’un style poli, nombreux

885 oir un jeune auteur obtenir de nos jours un effet de surprise par l’emploi d’un style poli, nombreux, toujours plein d’onc

886 ir de nos jours un effet de surprise par l’emploi d’ un style poli, nombreux, toujours plein d’onction, parfois même de pom

887 ’emploi d’un style poli, nombreux, toujours plein d’ onction, parfois même de pompe. Tel est le premier succès de cet ouvra

888 nombreux, toujours plein d’onction, parfois même de pompe. Tel est le premier succès de cet ouvrage. Il en révèle peut-êt

889 parfois même de pompe. Tel est le premier succès de cet ouvrage. Il en révèle peut-être aussi certain défaut : Albert-Mar

890 u’il le maintienne arbitrairement dans les cadres d’ une dogmatique morale : c’est plutôt qu’il suit Saint-Évremond de trop

891 e morale : c’est plutôt qu’il suit Saint-Évremond de trop près dans les méandres de son éthique. Certes, il en fait valoir

892 uit Saint-Évremond de trop près dans les méandres de son éthique. Certes, il en fait valoir ainsi toutes les nuances, avec

893 ière, qu’il ne le garde point sans cesse à portée d’ un coup de patte qu’il s’abandonne lui-même à sa fantaisie, la plus jo

894 l ne le garde point sans cesse à portée d’un coup de patte qu’il s’abandonne lui-même à sa fantaisie, la plus joyeusement

895 ce Saint-Évremond, théoricien spirituel et serein de la sagesse du grand siècle, sous le coup de la question capitale qu’o

896 erein de la sagesse du grand siècle, sous le coup de la question capitale qu’on voudrait poser sous cette forme : la vérit

897 bien que Saint-Évremond ait jusqu’au bout refusé de choisir. Il croit pouvoir entretenir avec Dieu des rapports de polite

898 l croit pouvoir entretenir avec Dieu des rapports de politesse. Cela pourrait bien être la formule du désordre intérieur m

899 m. Rien ne le dissimule mieux que le demi-sourire d’ une raison éclairée et mondaine. La nouveauté de l’essai d’Albert-Mar

900 d’une raison éclairée et mondaine. La nouveauté de l’essai d’Albert-Marie Schmidt est d’avoir su déceler la corruption s

901 on éclairée et mondaine. La nouveauté de l’essai d’ Albert-Marie Schmidt est d’avoir su déceler la corruption secrète de c

902 a nouveauté de l’essai d’Albert-Marie Schmidt est d’ avoir su déceler la corruption secrète de cet art trop parfait, « qui

903 midt est d’avoir su déceler la corruption secrète de cet art trop parfait, « qui supprime les plus angoissants problèmes,

904 blèmes, à force de les éclaircir », et l’impureté d’ un humanisme que l’on croyait tempéré et limpide, mais que l’on voit «

905 échauffer, se brouiller » aux premières instances d’ un choix radical et véritablement ordonnateur. Le chapitre le plus rem

906 ment ordonnateur. Le chapitre le plus remarquable de cette brève et dense biographie intellectuelle, le plus juste aussi p

907 C’est comme la genèse individuelle et religieuse de ce fait trop actuel, qu’Albert-Marie Schmidt nous restitue au cours d

908 Marie Schmidt nous restitue au cours de son essai de critique exemplaire. m. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Alber

909 sai de critique exemplaire. m. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] Albert-Marie Schmidt, Saint-Évremond ou L’humaniste

910 Le Deuxième Jour de la Création, par Ilya Ehrenbourg (décembre 1933)n Ce titre curieus

911 gne le plan quinquennal. Voici donc le roman type de l’Édification socialiste. Bourré de petits faits vrais dont l’intenti

912 le roman type de l’Édification socialiste. Bourré de petits faits vrais dont l’intention morale est évidente, il est doubl

913 doublement édifiant. Ceux qui ont aimé le Chemin de la Vie retrouveront ici l’atmosphère salubre, la naïveté puissante de

914 nt ici l’atmosphère salubre, la naïveté puissante de ce film, et le même parti pris de bonne humeur héroïque. Tout ce qu’i

915 ïveté puissante de ce film, et le même parti pris de bonne humeur héroïque. Tout ce qu’il faut pour entraîner l’adolescenc

916 ce qu’il faut pour entraîner l’adolescence avide de servir une grande cause et de se sacrifier pour le bonheur collectif.

917 l’adolescence avide de servir une grande cause et de se sacrifier pour le bonheur collectif. Chanson de Roland, fair-play,

918 e se sacrifier pour le bonheur collectif. Chanson de Roland, fair-play, Baden-Powell, religion du travail. On a l’air d’ir

919 ay, Baden-Powell, religion du travail. On a l’air d’ ironiser, mais lisez donc : vous serez pris, vous donnerez tort au tra

920 re aux anarchistes, koulaks, admirateurs attardés de Dostoïevski, petites « personnalités », rouspéteurs et autres surréal

921 », rouspéteurs et autres surréalistes, empêcheurs de danser en rond. Voici l’histoire en bref, — non pas l’intrigue ! tout

922 tout cela est propre. Le jeune Kolka, prolétaire de bonne souche, part pour la Construction où il ne tarde pas à se disti

923 ne tarde pas à se distinguer par diverses actions d’ éclat. Il devient brigadier de choc. Grave et rieur, chaste, ignorant,

924 ar diverses actions d’éclat. Il devient brigadier de choc. Grave et rieur, chaste, ignorant, avide de « culture ». Volodia

925 de choc. Grave et rieur, chaste, ignorant, avide de « culture ». Volodia, lui, est fils de bourgeois : taré donc, intelle

926 ant, avide de « culture ». Volodia, lui, est fils de bourgeois : taré donc, intellectuel, ratiocineur, il n’arrive pas, ma

927 loyaux efforts, à se passionner pour le problème de la fonte, qui est le problème dominant dans cette région de la Sibéri

928 e, qui est le problème dominant dans cette région de la Sibérie. Entre eux, une jeune et touchante Irina, qui choisira bie

929 ’est pas né quand il aurait fallu ». L’Histoire a de ces exigences. On conseille à Volodia de se brûler la cervelle. Il se

930 stoire a de ces exigences. On conseille à Volodia de se brûler la cervelle. Il se pend. Ce résumé fait le plus grand tort

931 sont rien sans la mystique. La force et le charme de ce roman sont ceux mêmes d’une jeunesse fruste, innocente jusque dans

932 La force et le charme de ce roman sont ceux mêmes d’ une jeunesse fruste, innocente jusque dans ses cruautés ; tout jugemen

933 ’auteur. Ehrenbourg a utilisé pêle-mêle une masse de documents qui parlent d’eux-mêmes. Ils parlent peut-être plus qu’ils

934 lisé pêle-mêle une masse de documents qui parlent d’ eux-mêmes. Ils parlent peut-être plus qu’ils ne devraient. Ils nous mo

935 conformiste. Le puritanisme des komsomols a ceci de spécifiquement ennuyeux qu’il ne crée pas en eux le moindre refouleme

936 foulement. Ce qui suppose une remarquable absence d’ imagination. Le prochain plan y pourvoira peut-être. Tout cela est en

937 ue la race chez les hitlériens. Il n’y a pas plus de conversion possible au prolétariat qu’au germanisme. Voilà de quoi re

938 n possible au prolétariat qu’au germanisme. Voilà de quoi refroidir les sympathies trop spontanées. Il faudra, je crois, p

939 dra, je crois, passer outre. Dans ce déchaînement d’ orgueil humain, de scientisme primaire, dans cette frénésie de bonne h

940 ser outre. Dans ce déchaînement d’orgueil humain, de scientisme primaire, dans cette frénésie de bonne humeur, il y a une

941 main, de scientisme primaire, dans cette frénésie de bonne humeur, il y a une question. Non pas un doute, mais quelque cho

942 is quelque chose qui veut une réponse, et qui est d’ autant plus tragique qu’ils ne savent plus le formuler. À nous de les

943 ragique qu’ils ne savent plus le formuler. À nous de les y aider ; et de comprendre que seule cette question-là rétablit l

944 vent plus le formuler. À nous de les y aider ; et de comprendre que seule cette question-là rétablit la communion humaine.

945 ablit la communion humaine. n. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] Ilya Ehrenbourg, Le Deuxième Jour de la Création  »

946  [Compte rendu] Ilya Ehrenbourg, Le Deuxième Jour de la Création  », La Nouvelle Revue française, Paris, décembre 1933, p.

947 Taille de l’homme, par C. F. Ramuz (avril 1934)o Après Une Main, confession

948 l 1934)o Après Une Main, confession réticente, d’ une discrétion presque farouche, et dans la même lignée que Le Grand P

949 s la même lignée que Le Grand Printemps et Raison d’ Être, voici encore un essai de Ramuz, mais de tous le moins ramuzien :

950 Printemps et Raison d’Être, voici encore un essai de Ramuz, mais de tous le moins ramuzien : il s’agit cette fois d’idées,

951 ison d’Être, voici encore un essai de Ramuz, mais de tous le moins ramuzien : il s’agit cette fois d’idées, et même d’idée

952 de tous le moins ramuzien : il s’agit cette fois d’ idées, et même d’idées générales, ce qui est assez paradoxal dans une

953 ramuzien : il s’agit cette fois d’idées, et même d’ idées générales, ce qui est assez paradoxal dans une telle œuvre. Le s

954 st assez paradoxal dans une telle œuvre. Le sujet de Taille de l’Homme, c’est en effet l’opposition cosmique du monde marx

955 aradoxal dans une telle œuvre. Le sujet de Taille de l’Homme, c’est en effet l’opposition cosmique du monde marxiste et du

956 proches que d’autres ont déjà formulés, avec plus de mordant et plus de précision, et qui d’ailleurs n’ébranleront pas, da

957 s ont déjà formulés, avec plus de mordant et plus de précision, et qui d’ailleurs n’ébranleront pas, dans leur foi, les ma

958 ’aboutissement du marxisme : l’isolement cosmique de l’homme. Quoi qu’il dise, d’ailleurs, il dit plus que ses arguments.

959 arxisme, il n’en resterait pas moins, par le fait de son être même, une protestation contre le matérialisme dialectique. Q

960 dialectique. Quand on possède, comme lui, le sens de la solitude et le sens de la communauté — indissolubles —, on est une

961 ède, comme lui, le sens de la solitude et le sens de la communauté — indissolubles —, on est une objection vivante à tout

962 la vie des choses et des êtres, on n’a pas besoin d’ arguments pour faire sentir l’absurdité des « lois » qui, pour certain

963 Ramuz est présent à ce monde, — eux, ils essaient de le recomposer au sein de leur absence insurmontable. Ramuz, mieux que

964 ntable. Ramuz, mieux que personne, peut se passer d’ avoir raison, puisqu’il a pour lui la Nature27. C’est quand il parle d

965 u’il a pour lui la Nature27. C’est quand il parle d’ elle qu’il est grand, qu’il donne et manifeste sa mesure, qu’il appara

966 nt qualifié. La mode est au marxisme et au mépris de la Nature ? Mode bourgeoise, tyrannie décadente, tout occupée à calcu

967 a justification. À ceux qui croient aux fatalités de l’Histoire, il faut dire simplement qu’elles sont vraies pour eux-mêm

968 lles sont vraies pour eux-mêmes et pour tous ceux de leur espèce. On ne calcule pas avec la vie, mais avec des quantités m

969 is avec des quantités mortes. Ceux qui se vantent d’ être calculables ont très probablement raison : c’est une constatation

970 très probablement raison : c’est une constatation de décès spirituel, à peine anticipée peut-être. Mais ils se trompent to

971 ualistes bourgeois savaient la détester. (Dix ans de discussions, chez les philosophes de Moscou, ont abouti, en 1932, à d

972 er. (Dix ans de discussions, chez les philosophes de Moscou, ont abouti, en 1932, à des définitions tellement abstruses de

973 i, en 1932, à des définitions tellement abstruses de cette fameuse « matière » sur laquelle tout se fonde, que Staline s’e

974 e, que Staline s’est vu contraint, pour en finir, de fixer la saine doctrine par un ukase condamnant à la fois les mécanis

975  diamat »29, mais ce n’est plus qu’un conformisme d’ État. C’est, à peu près, l’ukase en moins, ce qui s’est passé chez les

976 s choses. Aussi bien n’éprouve-t-il pas le besoin de s’affirmer matérialiste. La position de Ramuz paraît assez voisine de

977 le besoin de s’affirmer matérialiste. La position de Ramuz paraît assez voisine de celle de Berdiaev. Tous deux considèren

978 aliste. La position de Ramuz paraît assez voisine de celle de Berdiaev. Tous deux considèrent le marxisme comme l’aboutiss

979 a position de Ramuz paraît assez voisine de celle de Berdiaev. Tous deux considèrent le marxisme comme l’aboutissement log

980 idèrent le marxisme comme l’aboutissement logique de l’esprit bourgeois-capitaliste. Tous deux savent qu’il faut être pour

981 ment athée sans le savoir. Le marxisme est l’aveu de son choix. Mais Berdiaev parle en chrétien, et Ramuz ne veut encore p

982 mais l’a-t-il fait ? Il veut un monde à la taille de l’homme. Il sait aussi que la mesure de cette taille est dans une foi

983 la taille de l’homme. Il sait aussi que la mesure de cette taille est dans une foi, dans « quelque chose qui dépasse l’hom

984 ses limites, ici et maintenant ? C’est là le sens de l’Incarnation, en même temps que de la véritable transcendance. C’est

985 st là le sens de l’Incarnation, en même temps que de la véritable transcendance. C’est là le point de la rupture avec tout

986 de la véritable transcendance. C’est là le point de la rupture avec tout humanisme imaginable (l’homme sauvé par son prog

987 homme sauvé par son progrès). 27. Pas la Nature de Rousseau, – la Nature des choses. 28. Certains écrivains marxistes f

988 tent avec la dernière énergie quand on les traite de matérialistes. Je crains que ce soit, chez la plupart d’entre eux, un

989 ce soit, chez la plupart d’entre eux, un réflexe de bourgeois plutôt que d’homme. « Précédence, et non pas primauté du ma

990 t d’entre eux, un réflexe de bourgeois plutôt que d’ homme. « Précédence, et non pas primauté du matériel ! », disait l’un

991 et non pas primauté du matériel ! », disait l’un d’ eux. Qu’est-ce que le matériel peut bien précéder ? D’où nous viendrai

992 x. Qu’est-ce que le matériel peut bien précéder ? D’ où nous viendrait alors ce « matériel » ? 29. Abréviation usuelle en

993  matérialisme dialectique ». o. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] C. F. Ramuz, Taille de l’homme  », La Nouvelle Revu

994 nt Denis de, « [Compte rendu] C. F. Ramuz, Taille de l’homme  », La Nouvelle Revue française, Paris, avril 1934, p. 709-71

995 Je ne sais pas si le Procès est le chef-d’œuvre de Kafka, mais il est difficile d’imaginer un livre plus profond. On a m

996 t le chef-d’œuvre de Kafka, mais il est difficile d’ imaginer un livre plus profond. On a même l’impression en le lisant, d

997 lus profond. On a même l’impression en le lisant, de lire pour la première fois un livre absolument profond. Non qu’il pré

998 hommes pour étouffer le scandale. Josef K… fondé de pouvoir dans une banque, se voit arrêté un beau matin par deux inspec

999 rennent qu’il est inculpé, mais ils ne savent pas de quoi et n’ont pas qualité pour le savoir. Puis, on le rend à la liber

1000 minaires, des démarches que tente l’accusé auprès d’ une justice insaisissable, infiniment pédante, corrompue et capricieus

1001 ent qui est tout le drame du Procès. Constatation de la réalité telle qu’elle est, et en même temps, au moment où la révol

1002 emps, au moment où la révolte point, constatation de la vanité absolue de toute appréciation, de toute prise de parti, — d

1003 révolte point, constatation de la vanité absolue de toute appréciation, de toute prise de parti, — de tout acte. C’est ce

1004 ation de la vanité absolue de toute appréciation, de toute prise de parti, — de tout acte. C’est ce qu’on pourrait appeler

1005 ité absolue de toute appréciation, de toute prise de parti, — de tout acte. C’est ce qu’on pourrait appeler la vision méta

1006 de toute appréciation, de toute prise de parti, —  de tout acte. C’est ce qu’on pourrait appeler la vision métaphysique. To

1007 pur hasard si la théologie chrétienne rend compte de presque toutes les situations de ce livre ? Cette Loi qui nous condam

1008 enne rend compte de presque toutes les situations de ce livre ? Cette Loi qui nous condamne quoi que nous fassions, ce Jug

1009 vocats qui parlent comme des prêtres, et qui sont de mèche avec la justice, ces prévenus en liberté, cette complicité géné

1010 ité générale, tout cela, ce n’est pas la « misère de l’homme sans Dieu », mais la misère de l’homme livré à un Dieu qu’il

1011 a « misère de l’homme sans Dieu », mais la misère de l’homme livré à un Dieu qu’il ne connaît pas, parce qu’il ne connaît

1012 st la seule possibilité qui soit donnée à l’homme de marcher, d’échapper à l’« arrêt » ; mais c’est aussi par cette foi, e

1013 possibilité qui soit donnée à l’homme de marcher, d’ échapper à l’« arrêt » ; mais c’est aussi par cette foi, et parce qu’e

1014 aussi par cette foi, et parce qu’elle nous permet de faire un pas et « d’en sortir » que nous connaissons notre état, que

1015 et parce qu’elle nous permet de faire un pas et «  d’ en sortir » que nous connaissons notre état, que nous mesurons le réel

1016 que nous pouvons l’avouer. p. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] Franz Kafka, Le Procès  », La Nouvelle Revue frança

1017 Kellermann à Valmy entraîne ses troupes au cri de « Vive la Nation ! » nation et peuple se confondaient alors dans la m

1018 et peuple se confondaient alors dans la mystique de la révolution. Aujourd’hui l’on se voit sommé de choisir entre un fro

1019 de la révolution. Aujourd’hui l’on se voit sommé de choisir entre un front qui se dit « national » et un front qui se dit

1020 ques détachées du réel ? Je vois à gauche la peur de Chiappe, et à droite, la peur de la gauche. Je vois à droite une tent

1021 à gauche la peur de Chiappe, et à droite, la peur de la gauche. Je vois à droite une tentation fasciste, trop faible encor

1022 assez forte déjà pour que la masse accepte l’idée d’ une dictature… « antifasciste ». Tout cela se joue sur des mots, et ce

1023 mots ne traduisent que des religions vagues, nées de la peur, et comme telles meurtrières. Les faits, ce sont M. de Wendel

1024 eur devine quelques intérêts convergents, du côté d’ Hitler par exemple. Staline veut une armée française puissante, il app

1025 une armée française puissante, il approuve la loi de deux ans. « Staline a raison », affirme l’affiche communiste ; mais a

1026 re ! Flatus vocis ! Il n’y a qu’une seule manière de tirer à la mitrailleuse et de se faire casser la figure. On peut regr

1027 u’une seule manière de tirer à la mitrailleuse et de se faire casser la figure. On peut regretter que le Congrès pour la d

1028 it rien tenté pour débrouiller un peu le complexe de mots adultérés qui encombre la vie politique et qui empêche, à gauche

1029 olitique et qui empêche, à gauche comme à droite, de nommer les vrais adversaires. (Je ne vois que Chamson qui ait dénoncé

1030 e semble qu’on a fait tout autre chose, au Palais de la Mutualité. Il me semble qu’on s’est entendu pour « cultiver » des

1031  : c’était jusqu’à présent le fait des ligues que de proclamer la liberté en préparant la dictature. Jamais on n’a plus ma

1032 e. Jamais on n’a plus mal menti, jamais avec plus d’ enthousiasme. Ni la gauche ni la droite ne pourront aboutir à une doct

1033 doctrine constructive tant qu’elles s’efforceront de dénaturer les grands mots d’ordre populaires, au nom de mystiques san

1034 . Trop simple, sans doute ? q. Rougemont Denis de , « Ni gauche ni droite », La Nouvelle Revue française, Paris, août 19

1035 il ne fut pas un magicien. Il erra toute sa vie, d’ auberges en universités, suivi d’une troupe de disciples turbulents, à

1036 ra toute sa vie, d’auberges en universités, suivi d’ une troupe de disciples turbulents, à la recherche de secrets qu’il vo

1037 ie, d’auberges en universités, suivi d’une troupe de disciples turbulents, à la recherche de secrets qu’il voulait rendre

1038 ne troupe de disciples turbulents, à la recherche de secrets qu’il voulait rendre manifestes à tous, et qu’il exprimait, c

1039 lemand populaire et grossier30. Il faut se méfier de la gloire qu’on lui a faite. On nous rapporte par exemple que « déjà

1040 mourir, il s’adressa au diable qui lui conseilla de se faire enterrer pour une année, coupé en petits morceaux, dans du c

1041 année, coupé en petits morceaux, dans du crottin de cheval, et de faire subir à son corps toute la gamme des combinaisons

1042 en petits morceaux, dans du crottin de cheval, et de faire subir à son corps toute la gamme des combinaisons alchimiques a

1043 imiques afin de ressusciter ensuite sous la forme d’ un beau jeune homme. Il se fit tailler en morceaux et enterrer par son

1044 âne seul n’avait pas tout à fait repoussé. Un peu d’ air pénétra dans le cerveau et Paracelse dut mourir avant d’avoir ress

1045 tra dans le cerveau et Paracelse dut mourir avant d’ avoir ressuscité ». Rajeunir son corps et son âme par l’ordure, c’est

1046 son âme par l’ordure, c’est un des thèmes favoris de notre temps. Mais combien, parmi nous, se sont fait déterrer deux jou

1047 sont fait déterrer deux jours trop tôt ! L’auteur de l’anecdote était bon prophète, mais il n’a rien compris à Paracelse.

1048 pas rationaliste, comme le veut le langage confus de ceux qui se croient cartésiens. Aussi a-t-on souvent tendance à le re

1049 ues, où cependant il n’a que faire, avec son goût de l’expérience et de l’application concrète. Mais justement cette fring

1050 l n’a que faire, avec son goût de l’expérience et de l’application concrète. Mais justement cette fringale d’expérience qu

1051 plication concrète. Mais justement cette fringale d’ expérience qu’il promena par toute l’Europe, et peut-être même chez le

1052 ouvait y suffire. Ce grand esprit qui savait voir de grandioses correspondances dans le détail bizarre de notre microcosme

1053 grandioses correspondances dans le détail bizarre de notre microcosme, manquait de la seule chose dont nous soyons abondam

1054 s le détail bizarre de notre microcosme, manquait de la seule chose dont nous soyons abondamment fournis : d’un attirail d

1055 eule chose dont nous soyons abondamment fournis : d’ un attirail de concepts à tout faire31. Il faut voir comme il se débat

1056 t nous soyons abondamment fournis : d’un attirail de concepts à tout faire31. Il faut voir comme il se débat avec son lati

1057 31. Il faut voir comme il se débat avec son latin de cuisine, son grec allégorique et son allemand mal accordé pour fabriq

1058 ur ne saurait satisfaire les esprits plus curieux de preuves que de faits. J’en viens au petit livre de Gundolf. C’est l’œ

1059 atisfaire les esprits plus curieux de preuves que de faits. J’en viens au petit livre de Gundolf. C’est l’œuvre synthétiqu

1060 e preuves que de faits. J’en viens au petit livre de Gundolf. C’est l’œuvre synthétique d’un philosophe des formes culture

1061 petit livre de Gundolf. C’est l’œuvre synthétique d’ un philosophe des formes culturelles, plutôt que d’un historien de la

1062 ’un philosophe des formes culturelles, plutôt que d’ un historien de la science. Les historiens font la grimace, mais les l

1063 des formes culturelles, plutôt que d’un historien de la science. Les historiens font la grimace, mais les lettrés et les m

1064 font la grimace, mais les lettrés et les médecins de la jeune école seront comblés. Gundolf décrit l’œuvre de Paracelse co

1065 eune école seront comblés. Gundolf décrit l’œuvre de Paracelse comme un drame de l’expression, une tragédie de la terminol

1066 undolf décrit l’œuvre de Paracelse comme un drame de l’expression, une tragédie de la terminologie, une « lutte accablante

1067 else comme un drame de l’expression, une tragédie de la terminologie, une « lutte accablante pour l’expression des choses

1068 on des choses jamais dites ». Paracelse a vu plus de choses qu’il ne pouvait en exprimer. Son destin fut l’inverse du nôtr

1069 pleine scolastique (au sens vulgaire). Ce défaut de mots propres aurait dû le contraindre à l’invention de métaphores. Ma

1070 ts propres aurait dû le contraindre à l’invention de métaphores. Mais Paracelse justement se méfie de ce mode — de cette m

1071 de métaphores. Mais Paracelse justement se méfie de ce mode — de cette mode — d’expression, qui lui paraît peu scientifiq

1072 s. Mais Paracelse justement se méfie de ce mode — de cette mode — d’expression, qui lui paraît peu scientifique. Il s’en t

1073 e justement se méfie de ce mode — de cette mode — d’ expression, qui lui paraît peu scientifique. Il s’en tire au moyen d’a

1074 ui paraît peu scientifique. Il s’en tire au moyen d’ allégories, et transforme sa maladresse en instrument de découvertes.

1075 gories, et transforme sa maladresse en instrument de découvertes. Alors que notre étiologie se borne la plupart du temps à

1076 acelse ne veut nommer les maladies que par le nom de leur remède. « Il ne faut pas dire que tel état est colérique, tel au

1077 connaître et guérir une maladie, il ne suffit pas de voir l’homme seul ; il faut considérer sa relation avec le monde, don

1078 embre, un reflet. So oben wie unten. L’astrologie de Paracelse n’est pas une superstition de devin, c’est une science de l

1079 strologie de Paracelse n’est pas une superstition de devin, c’est une science de la guérison fondée sur le principe hippoc

1080 pas une superstition de devin, c’est une science de la guérison fondée sur le principe hippocratique des similia similibu

1081 ilia similibus, principe qu’on retrouve à la base de l’homéopathie moderne, du traitement par la vaccination, et même de l

1082 oderne, du traitement par la vaccination, et même de la psychanalyse. Paracelse s’était formé de l’homme une conception sp

1083 même de la psychanalyse. Paracelse s’était formé de l’homme une conception spirituelle et organique (théologique-astrolog

1084 ins galénistes qui voyaient l’homme sous l’aspect d’ un concept. Il se fût opposé aussi aux médecins de la Renaissance, à L

1085 d’un concept. Il se fût opposé aussi aux médecins de la Renaissance, à Léonard, à Cardan, à Vésale, aux techniciens de la

1086 e, à Léonard, à Cardan, à Vésale, aux techniciens de la dissection dont descend toute la science du xixe , et qui nous ont

1087 onduits à considérer notre corps comme une espèce de moteur démontable. Ainsi le grand docteur « macrocosmique », en appli

1088 ur les générations futures « l’horizon primordial de la médecine », comme l’écrit le Dr Allendy dans l’Essai sur la guéris

1089 ns l’Essai sur la guérison, ouvrage tout imprégné de l’esprit vitaliste de Paracelse, brève synthèse des idées les plus ne

1090 ison, ouvrage tout imprégné de l’esprit vitaliste de Paracelse, brève synthèse des idées les plus neuves, qui sont aussi l

1091 ont aussi les plus antiques, sur la nature unique de la maladie, ouvrage dont on peut dire qu’il marque une date dans l’hi

1092 n peut dire qu’il marque une date dans l’histoire de la connaissance du monde par le corps, ou si l’on veut, du corps par

1093 auquel nous assistons est un des signes marquants de ce temps-ci. Le symbole d’une révolution astronomique de la culture o

1094 n des signes marquants de ce temps-ci. Le symbole d’ une révolution astronomique de la culture occidentale. Peut-être avons

1095 emps-ci. Le symbole d’une révolution astronomique de la culture occidentale. Peut-être avons-nous passé l’âge de l’inhumai

1096 ure occidentale. Peut-être avons-nous passé l’âge de l’inhumaine, de la blasphématoire mécanisation de la vie. Peut-être a

1097 Peut-être avons-nous passé l’âge de l’inhumaine, de la blasphématoire mécanisation de la vie. Peut-être avons-nous passé

1098 de l’inhumaine, de la blasphématoire mécanisation de la vie. Peut-être avons-nous passé l’âge des rationalismes trop court

1099 s-nous passé l’âge des rationalismes trop courts, de la mythologie féroce des ismes, de Marx et des capitalistes, des ador

1100 s trop courts, de la mythologie féroce des ismes, de Marx et des capitalistes, des adorateurs de la mort, triomphe des chi

1101 smes, de Marx et des capitalistes, des adorateurs de la mort, triomphe des chiffres et des laboratoires. Peut-être allons-

1102 ulement cruelle et folle, l’époque qui nous offre de si grandes chances. Et c’est une ère favorable qui s’ouvre, celle où

1103 s sur les ouvriers, observa la démarche, le genre de vie et l’aspect des mineurs et conçut ainsi, le premier, l’importance

1104 mineurs et conçut ainsi, le premier, l’importance de l’hygiène professionnelle ». Voilà qui l’honore en tant qu’homme. Mai

1105 nommât l’activité qu’il découvrait. Qui ne sait, de nos jours, parler d’« hygiène professionnelle » ? 32. Euphémisme rés

1106 ’il découvrait. Qui ne sait, de nos jours, parler d’ « hygiène professionnelle » ? 32. Euphémisme résumant des chapitres e

1107  ? 32. Euphémisme résumant des chapitres entiers d’ effroyables et puériles injures. « Votre Esculape, votre Avicenne et v

1108 cribouillards (Scribenten) je les dissoudrai dans de l’Alkali !… » Il propose dans le même passage de les brûler au four,

1109 de l’Alkali !… » Il propose dans le même passage de les brûler au four, de les baptiser d’ordures, eux et leur parenté, d

1110 opose dans le même passage de les brûler au four, de les baptiser d’ordures, eux et leur parenté, de les jeter dans le lac

1111 me passage de les brûler au four, de les baptiser d’ ordures, eux et leur parenté, de les jeter dans le lac de Schwyz, etc.

1112 , de les baptiser d’ordures, eux et leur parenté, de les jeter dans le lac de Schwyz, etc., « et ce sera pour la vertu, qu

1113 es, eux et leur parenté, de les jeter dans le lac de Schwyz, etc., « et ce sera pour la vertu, quarte colonne de la médeci

1114 etc., « et ce sera pour la vertu, quarte colonne de la médecine, un grand spectacle ! » (Liber Paragranum). r. Rougemon

1115 acle ! » (Liber Paragranum). r. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] Frédéric Gundolf, Paracelse  », La Nouvelle Revue f

1116 mieux mérité son titre. Je veux dire que la part de la dialectique professionnelle, professorale, la tractation correcte

1117 ctation correcte et à mon sens parfaitement vaine de problèmes qui n’empêchent personne de dormir, diminue nettement dans

1118 ement vaine de problèmes qui n’empêchent personne de dormir, diminue nettement dans ce tome IV au profit de la recherche v

1119 rmir, diminue nettement dans ce tome IV au profit de la recherche véritable, des imprudences passionnées, des « essais » o

1120 saurait assez louer les directeurs des Recherches d’ avoir pris au sérieux le risque philosophique. Et je ne pense pas trah

1121 qu’ils ont accueillis cette année. La belle étude de Karl Löwith sur Hegel, Marx et Kierkegaard fournit à l’orientation ac

1122 à l’orientation actuelle des Recherches une sorte de justification historique de grande envergure. Löwith voit en Hegel l’

1123 Recherches une sorte de justification historique de grande envergure. Löwith voit en Hegel l’achèvement de la philosophie

1124 ande envergure. Löwith voit en Hegel l’achèvement de la philosophie classique, aux deux sens du mot achèvement. À partir d

1125 artir de Hegel, dit-il, le philosophe n’aura plus d’ autre possibilité que celle de « réaliser » la philosophie. Réaliser,

1126 losophe n’aura plus d’autre possibilité que celle de « réaliser » la philosophie. Réaliser, c’est s’engager dans l’aventur

1127 euse. Au grand Hegel qui philosophe « au dimanche de la vie » au-dessus du « banc de sable de cette vie temporelle », Löwi

1128 phe « au dimanche de la vie » au-dessus du « banc de sable de cette vie temporelle », Löwith oppose Marx et Kierkegaard qu

1129 dimanche de la vie » au-dessus du « banc de sable de cette vie temporelle », Löwith oppose Marx et Kierkegaard qui pensent

1130 la banalité soucieuse, extérieure et intérieure, de l’homme ». Et je ne dis pas que le parallèle Marx-Kierkegaard n’ait e

1131 r à l’excès Kierkegaard, et à forcer l’opposition de Marx à la doctrine hégélienne de la médiation. Mais ce qui me paraît

1132 cer l’opposition de Marx à la doctrine hégélienne de la médiation. Mais ce qui me paraît important, c’est que Löwith dégag

1133 nflit qui domine le monde présent. L’effondrement de l’idéalisme hégélien sous la pression des réalités humaines élémentai

1134 personnalistes. Désormais, la philosophie cessera d’ être une simple description : elle va devenir action transformatrice,

1135 e doctrine, ou pour mieux dire, la seule attitude de pensée qui tienne compte de cette crise essentielle révélée par l’éch

1136 re, la seule attitude de pensée qui tienne compte de cette crise essentielle révélée par l’échec des synthèses hégéliennes

1137 chec des synthèses hégéliennes comme constitutive de l’humain, certains pensent que c’est aujourd’hui l’attitude personnal

1138 s pages qu’Alexandre Marc consacre à la situation de la personne dans le temps paraîtront par endroits un peu sommaires, m

1139 endroits un peu sommaires, mais ce défaut procède de la vigueur joyeuse dont l’auteur fait preuve dans l’attaque d’un prob

1140 joyeuse dont l’auteur fait preuve dans l’attaque d’ un problème entre tous urgent. Il se pourrait d’ailleurs que l’apparen

1141 s thèses personnalistes soit le fait, provisoire, de toute philosophie naissante qui prétend restituer aux mots leur pouvo

1142 tiquement bouleversant. À cet égard, on fera bien de lire l’essai de René Daumal sur les Limites du langage philosophique.

1143 ersant. À cet égard, on fera bien de lire l’essai de René Daumal sur les Limites du langage philosophique. C’est une reche

1144 philosophique. C’est une recherche des conditions d’ activité de l’imagerie philosophique, conduite avec un bon sens socrat

1145 ue. C’est une recherche des conditions d’activité de l’imagerie philosophique, conduite avec un bon sens socratique, un se

1146 e avec un bon sens socratique, un sens du concret de l’esprit qui enchante en moi le disciple de Kierkegaard. Il apparaît

1147 ncret de l’esprit qui enchante en moi le disciple de Kierkegaard. Il apparaît de plus en plus nettement que les prolégomèn

1148 toute action réelle résident dans la restauration d’ un langage efficace. C’est dire l’intérêt, au sens fort, de l’apport d

1149 age efficace. C’est dire l’intérêt, au sens fort, de l’apport des poètes à la philosophie et à l’éthique. Les études de E.

1150 oètes à la philosophie et à l’éthique. Les études de E. Weil sur l’histoire, de M. Souriau sur la mystique de la joie, les

1151 l’éthique. Les études de E. Weil sur l’histoire, de M. Souriau sur la mystique de la joie, les esquisses phénoménologique

1152 eil sur l’histoire, de M. Souriau sur la mystique de la joie, les esquisses phénoménologiques du Dr Minkowski, les approxi

1153 ations un peu hésitantes — est-ce un reproche ? —  de G. Marcel sur l’acte et la personne, mériteraient beaucoup plus qu’un

1154 résume tout le vertige ontologique, et l’article de G. Stern sur l’a posteriori, bien caractéristique d’un certain renouv

1155 G. Stern sur l’a posteriori, bien caractéristique d’ un certain renouveau du réalisme. Je me bornerai à signaler pour finir

1156 ai à signaler pour finir les pages très curieuses de P. Klossowski sur Sade, où il est démontré par des voies imprévues, c

1157 ntré par des voies imprévues, comment la négation de Dieu entraîne la négation du prochain, dans un esprit voué à la plus

1158 la plus torturante logique. s. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] Recherches philosophiques  », La Nouvelle Revue fra

1159 ett par Dorothy Brett ; Matinées mexicaines suivi de Pansies (poèmes), par D. H. Lawrence (octobre 1935)t Les souvenirs

1160 r D. H. Lawrence (octobre 1935)t Les souvenirs de Mabel Dodge sur Lawrence à Taos sont irritants à cause de cette Améri

1161 r discret, sensible, qui convient à la confession d’ un sentiment ni partagé ni rebuté, et résigné dès le début à cet état.

1162 état. Le plaisir le plus vif que réserve ce genre d’ écrit, c’est de nous laisser lire dans le jeu d’un être humain : rien

1163 r le plus vif que réserve ce genre d’écrit, c’est de nous laisser lire dans le jeu d’un être humain : rien ne flatte mieux

1164 e d’écrit, c’est de nous laisser lire dans le jeu d’ un être humain : rien ne flatte mieux notre désir d’ubiquité. À cet ég

1165 un être humain : rien ne flatte mieux notre désir d’ ubiquité. À cet égard, le livre de Dorothy Brett est beaucoup plus sat

1166 eux notre désir d’ubiquité. À cet égard, le livre de Dorothy Brett est beaucoup plus satisfaisant que les diatribes intére

1167 p plus satisfaisant que les diatribes intéressées de Mabel Dodge. Il parvient à ne rien cacher tout en restant d’une exact

1168 dge. Il parvient à ne rien cacher tout en restant d’ une exacte pudeur. Mais enfin, c’est tout de même pour Lawrence qu’on

1169 Pour quel Lawrence ? Je me demande si le souvenir de son œuvre est pour beaucoup dans l’intérêt que je prends aux chroniqu

1170 ’intérêt que je prends aux chroniques minutieuses de sa vie33. A-t-on remarqué l’extrême rareté des documents accessibles

1171 e rareté des documents accessibles sur la manière de vivre de nos contemporains ? Nous avons des reportages et des biograp

1172 des documents accessibles sur la manière de vivre de nos contemporains ? Nous avons des reportages et des biographies, c’e

1173 ies, c’est-à-dire des moyennes et des exceptions, de la statistique et du pittoresque. Mais où trouver la description des

1174 ption des journées, des occupations, des manières de réagir d’un homme réel aux prises avec son métier, ses voisins, sa fe

1175 journées, des occupations, des manières de réagir d’ un homme réel aux prises avec son métier, ses voisins, sa femme, son a

1176 , ses voisins, sa femme, son argent ou son manque d’ argent ; avec des ustensiles, une scie, un cheval ; avec les sentiment

1177 Voici alors, entre cent autres, cette description d’ une journée de Lawrence dans son ranch mexicain (c’est à Lawrence que

1178 ntre cent autres, cette description d’une journée de Lawrence dans son ranch mexicain (c’est à Lawrence que Brett dit « vo

1179 Brett dit « vous » tout le long du livre) : Jour de lessive ; à nouveau Frieda barbote avec plaisir dans ses baquets que

1180 dans ses baquets que vous emplissez sans relâche de l’eau du puits. J’apporte, moi aussi, quelques seaux. Puis vous parte

1181 e il lui avait déclaré que vous aviez l’intention de « détruire » Mabel, ce qui bouleverse Tony et vous bouleverse au-delà

1182 ce qui bouleverse Tony et vous bouleverse au-delà de toute expression. Vous êtes très peiné, et je dis, moi, qu’on ne devr

1183 né, et je dis, moi, qu’on ne devrait pas raconter de pareilles histoires à Tony. Vous répondez avec force et chaleur : « O

1184 le déjeuner vous vous mettez à frotter le parquet de la cuisine à genoux ; à l’aide d’une petite brosse à mains, vous frot

1185 tter le parquet de la cuisine à genoux ; à l’aide d’ une petite brosse à mains, vous frottez les vieilles planches pourries

1186 es vieilles planches pourries. C’est cette vision de vous ainsi qui m’a fait peindre ces planchers, des années plus tard,

1187 les chevaux qui se cachent tout au bout du champ de pommes de terre, là-bas près de la barrière sud. Finalement, nous les

1188 que jamais. Puis Poppy se cabre au-dessus du dos de Bessie et nous la perdons presque. Enfin nos montures sont sellées et

1189 wrence, leur humeur rageuse, faut-il dire, coupée d’ accès de malice saugrenue. Les Pansies confirment d’ailleurs ce que no

1190 leur humeur rageuse, faut-il dire, coupée d’accès de malice saugrenue. Les Pansies confirment d’ailleurs ce que nous disen

1191 d’ailleurs ce que nous disent Brett et les autres de cet état d’irritation perpétuelle où vivait Lawrence : « Je suis épui

1192 e que nous disent Brett et les autres de cet état d’ irritation perpétuelle où vivait Lawrence : « Je suis épuisé — Par l’e

1193 ez pas votre confiance — Pour me charger du poids de votre vie, de vos affaires ; — Ne me fourrez pas dans vos soucis. » L

1194 onfiance — Pour me charger du poids de votre vie, de vos affaires ; — Ne me fourrez pas dans vos soucis. » La mauvaise hum

1195 sans doute la caractéristique générale des hommes d’ aujourd’hui : c’est qu’ils croient au bonheur et à l’argent, les deux

1196 ni à l’autre. Sa susceptibilité vient sans doute de son infériorité physique. Mais non moins de son obstination absurde e

1197 doute de son infériorité physique. Mais non moins de son obstination absurde et touchante à vouloir « les gens » plus viva

1198 alité. » L’homme moderne, dit Keyserling, n’a pas de prochains ; il n’a que des voisins inévitables. Voilà Lawrence, l’hom

1199 évangélique, c’est justement celui qui « exige » de l’aide et auquel on vient en aide. Autrement, il serait deux fois ins

1200 veut pas entendre. Pauvre Lawrence à la recherche de sa communauté solaire !34 C’est son meilleur prétexte à fuir les homm

1201 les bêtes, les choses. Envers elles, il est plein d’ une espèce de charité patiente et ingénieuse. D’où son amour des trava

1202 s choses. Envers elles, il est plein d’une espèce de charité patiente et ingénieuse. D’où son amour des travaux manuels. C

1203 n d’une espèce de charité patiente et ingénieuse. D’ où son amour des travaux manuels. Comme tout cela est rafraîchissant,

1204 et pur. Notez aussi cette petite phrase du récit de Brett : « Puis vous partez écrire dans les bois. » On allait oublier

1205 ssé à un pin, avec sa chemise bleue, ses culottes de velours blanc, et son grand chapeau de paille pointu, en train d’écri

1206 s culottes de velours blanc, et son grand chapeau de paille pointu, en train d’écrire sur ses genoux. (Pendant que les aut

1207 ment animées par « les battements du cœur sauvage de l’Espace », il s’amuse, il s’effraie de ses personnages, il les hait

1208 r sauvage de l’Espace », il s’amuse, il s’effraie de ses personnages, il les hait furieusement, il les approche avec méfia

1209 rieusement, il les approche avec méfiance et tout d’ un coup les pousse par-derrière, et rit. C’est un long enfant maigre a

1210 t qui s’est mis une barbe rousse pour avoir l’air d’ un faune. 33. Même question pour les Conversations avec Eckermann, p

1211 les Conversations avec Eckermann, pour le Journal de Byron, etc. 34. Je n’arrive pas à prendre au sérieux en soi la relig

1212 ligion solaire que prêche Lawrence. C’est un rêve de compensation. C’est l’expression de son impuissance à résoudre ce que

1213 C’est un rêve de compensation. C’est l’expression de son impuissance à résoudre ce que j’appellerais le « problème des gen

1214 et beaucoup plus encombrant… t. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] Dorothy Brett, Lawrence et Brett ; D. H. Lawrence,

1215 Brett ; D. H. Lawrence, Matinées mexicaines suivi de Pansies  », La Nouvelle Revue française, Paris, octobre 1935, p. 596-

1216 35)u C’est une entreprise incertaine que celle d’ offrir à la curiosité moderne les témoignages écrits de la mystique mé

1217 rir à la curiosité moderne les témoignages écrits de la mystique médiévale ou renaissante. Notre optique actuelle doit fat

1218 otre scepticisme religieux. Une telle disposition d’ esprit nous incite à séparer ce qui était lié chez les mystiques : la

1219 r ce qui était lié chez les mystiques : la vision de foi et les symboles concrets qui essaient de l’envelopper pour la tra

1220 sion de foi et les symboles concrets qui essaient de l’envelopper pour la transmettre. Nous estimons alors les mystiques s

1221 rement l’intellection du contenu, et encore moins de sa vérité. Il y a donc de l’équivoque dans notre admiration (ou notre

1222 ontenu, et encore moins de sa vérité. Il y a donc de l’équivoque dans notre admiration (ou notre déception) devant les tém

1223 t les témoignages qu’on nous propose. Un peu plus d’ exigence philosophique conduirait certainement la plupart d’entre nous

1224 prétendu traduire, ce qui reviendrait à les taxer de mythomanie. La ferveur littéraire indiscrète, qui fera sans doute le

1225 téraire indiscrète, qui fera sans doute le succès de ce volume, vaut-elle mieux que l’étroitesse positiviste, qui réduira

1226 cela au jeu des complexes freudiens ? Tout dépend de ce que l’on attend de l’homme et de son esprit : la puissance de trom

1227 xes freudiens ? Tout dépend de ce que l’on attend de l’homme et de son esprit : la puissance de tromper (art inclus) pour

1228 ? Tout dépend de ce que l’on attend de l’homme et de son esprit : la puissance de tromper (art inclus) pour jouir, ou la p

1229 attend de l’homme et de son esprit : la puissance de tromper (art inclus) pour jouir, ou la puissance de fixer le vrai par

1230 tromper (art inclus) pour jouir, ou la puissance de fixer le vrai par convention ou décret scientifique, pour agir. (Il y

1231 cisif en ces matières, l’alternative que je viens d’ indiquer ne se pose plus. Car la foi n’est pas davantage une évasion h

1232 ge une évasion hors de ce monde qu’une limitation de l’homme au temporel. La foi réelle, c’est la puissance active de l’Ét

1233 emporel. La foi réelle, c’est la puissance active de l’Éternel dans ce temps. Cette définition condamne tout mysticisme qu

1234 er en Dieu, son principe ». La question est alors de savoir s’il existe une mystique vraiment chrétienne, une mystique qui

1235 ne soit pas cette « transgression » et cet oubli de nos limites, contre lesquels s’élèvent sans cesse les Prophètes et le

1236 e les pages les plus « belles » — du point de vue de l’art — de cette anthologie, sont souvent les plus hérétiques, celles

1237 les plus « belles » — du point de vue de l’art — de cette anthologie, sont souvent les plus hérétiques, celles aussi où l

1238 es aussi où l’hybris spirituelle se pare le mieux d’ humilité dévote. Ceci marqué, qui est plus qu’une réserve, il convient

1239 marqué, qui est plus qu’une réserve, il convient de remercier M. Chuzeville de nous avoir ouvert par son anthologie tout

1240 e réserve, il convient de remercier M. Chuzeville de nous avoir ouvert par son anthologie tout un monde spirituel et poéti

1241 hologie tout un monde spirituel et poétique plein de dangereuses merveilles. Le choix des textes me paraît des plus heureu

1242 valis et Ruysbroeck mis à part ; et beaucoup sont de grands poètes, des philosophes terriblement concrets : Maître Eckhart

1243 ostique. Pour Paracelse, on s’étonnera sans doute de le voir figurer dans un choix de « mystiques », alors qu’il est le pr

1244 nnera sans doute de le voir figurer dans un choix de « mystiques », alors qu’il est le premier défenseur de l’expériencev.

1245 mystiques », alors qu’il est le premier défenseur de l’expériencev. Mais la beauté des textes cités fait pardonner bien vo

1246 cités fait pardonner bien volontiers cette erreur de classification35. Par exemple, je m’explique mal l’omission de Hamann

1247 tion35. Par exemple, je m’explique mal l’omission de Hamann qui eût avantageusement remplacé la visionnaire Catherine Emme

1248 merich, et qui mérite au moins autant que Novalis de figurer parmi les grands mystiques modernes. Mais sans doute M. Chuze

1249 . Ce préjugé consiste à rendre Luther responsable d’ une scission dans la culture et la spiritualité allemandes, scission a

1250 té allemandes, scission aboutissant par une série d’ actions et de réactions dialectiques « au romantisme, au révolutionnar

1251 , scission aboutissant par une série d’actions et de réactions dialectiques « au romantisme, au révolutionnarisme et à l’a

1252 obsède décidément nos universitaires. Elle relève d’ un nationalisme de manuels, pour ne pas dire, avec E. R. Curtius, d’un

1253 nos universitaires. Elle relève d’un nationalisme de manuels, pour ne pas dire, avec E. R. Curtius, d’une « propagande de

1254 de manuels, pour ne pas dire, avec E. R. Curtius, d’ une « propagande de guerre » qu’on aimait à croire périmée. M. Chuzevi

1255 pas dire, avec E. R. Curtius, d’une « propagande de guerre » qu’on aimait à croire périmée. M. Chuzeville a eu le tort de

1256 mait à croire périmée. M. Chuzeville a eu le tort de vouloir y réduire l’évolution du mysticisme allemand, qui justement l

1257 formel. Car si l’on voit à la rigueur le passage de la dialectique de Boehme à la philosophie de Fichte et de Hegel, d’où

1258 on voit à la rigueur le passage de la dialectique de Boehme à la philosophie de Fichte et de Hegel, d’où sont effectivemen

1259 sage de la dialectique de Boehme à la philosophie de Fichte et de Hegel, d’où sont effectivement sortis un certain nationa

1260 alectique de Boehme à la philosophie de Fichte et de Hegel, d’où sont effectivement sortis un certain nationalisme et la d

1261 de Boehme à la philosophie de Fichte et de Hegel, d’ où sont effectivement sortis un certain nationalisme et la doctrine du

1262 du jeune Marx, on ne voit pas du tout le passage de Luther à Boehme, ce défenseur du libre arbitre persécuté par les past

1263 é s’il développait certaines indications fécondes de sa préface et nous donnait une bonne étude sur le lyrisme romantique

1264 sans équivoque la confrontation des mystiques et de la mentalité moderne. 35. Ce que je pardonne moins à M. Chuzeville,

1265 . Ce que je pardonne moins à M. Chuzeville, c’est d’ écrire que Paracelse « était de nature comédienne, et savait à l’occas

1266 Chuzeville, c’est d’écrire que Paracelse « était de nature comédienne, et savait à l’occasion dissimuler, comme l’indique

1267 ccasion dissimuler, comme l’indique le choix même d’ un pseudonyme. L’alchimiste médecin Paracelse, en réalité, se nommait

1268 aste de Hohenheim, ce dont il n’eut jamais l’idée de se cacher. – L’érudition considérable de M. Chuzeville me paraît parf

1269 s l’idée de se cacher. – L’érudition considérable de M. Chuzeville me paraît parfois hasardeuse. Les travaux de Jean Baruz

1270 zeville me paraît parfois hasardeuse. Les travaux de Jean Baruzi lui sont inconnus ; de même que les études de A. Koyré su

1271 Baruzi lui sont inconnus ; de même que les études de A. Koyré sur Franck et Weigel. Quant à Luther, il le juge d’après un

1272 sumé, confectionné par Gonzague Truc, du pamphlet de Maritain, lequel s’appuie sur le P. Denifle… Que de garanties accumul

1273 Maritain, lequel s’appuie sur le P. Denifle… Que de garanties accumulées ! u. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Jean

1274 ue de garanties accumulées ! u. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] Jean Chuzeville, Les Mystiques allemands du XIIIe a

1275 sur le Paracelse de Frédéric Gundolf, dans la NRF de septembre 1935.

1276 ur sens, il faut ajouter aussitôt qu’on a le tort de leur en accorder bien davantage qu’ils n’en gardent et que ceux qui l

1277 çoivent. Pour vous le prouver, voici une anecdote d’ Angleterre : elle doit donc être vraie. Une petite fille aux cheveux c

1278 carotte, nommée Alice, écrit ceci dans son devoir d’ anglais : « L’Angleterre est le plus beau pays du monde. » Un inspecte

1279 ait par là. Il lit le devoir. Tonnerre et foudres de ce pacifiste, qui n’hésite pas à dénoncer « l’impérialisme démodé » d

1280 n’hésite pas à dénoncer « l’impérialisme démodé » de l’instituteur d’Alice, tenu pour responsable du cliché. On blâme cet

1281 noncer « l’impérialisme démodé » de l’instituteur d’ Alice, tenu pour responsable du cliché. On blâme cet instituteur. Qui

1282 ste allemand qui la raconte, et qui ne manque pas de féliciter la Chambre des communes. (Gazette de Francfort, du 31 juill

1283 as de féliciter la Chambre des communes. (Gazette de Francfort, du 31 juillet). On dirait une « histoire idiote ». Tout y

1284 point cela ressemble à la plupart des entretiens d’ aujourd’hui sur la politique, à l’article du Temps, à un cerveau d’hom

1285 la politique, à l’article du Temps, à un cerveau d’ homme de gauche ou d’homme de droite. D’abord « impérialisme » : c’est

1286 tique, à l’article du Temps, à un cerveau d’homme de gauche ou d’homme de droite. D’abord « impérialisme » : c’est sans nu

1287 ticle du Temps, à un cerveau d’homme de gauche ou d’ homme de droite. D’abord « impérialisme » : c’est sans nul doute « nat

1288 Temps, à un cerveau d’homme de gauche ou d’homme de droite. D’abord « impérialisme » : c’est sans nul doute « nationalism

1289 r (à moins qu’il n’ait une conception conquérante de la beauté ?). « Démodé » : on se demande dans quel pays. « Pacifiste 

1290 é, un fait sentimental et tellurique, un ensemble de goûts et d’habitudes qui ne comporte ni orgueil ni modestie, ni aucun

1291 entimental et tellurique, un ensemble de goûts et d’ habitudes qui ne comporte ni orgueil ni modestie, ni aucune espèce de

1292 comporte ni orgueil ni modestie, ni aucune espèce de valeurs morales, de même que la digestion, si vous voulez. L’idée mêm

1293 ême que la digestion, si vous voulez. L’idée même de s’en vanter indique un trouble. — Enfin, voilà les hitlériens qui tro

1294 beau pays du monde ? Cela du moins ne manque pas de logique, malgré la première apparence. L’erreur courante, qui est cel

1295 nte, qui est celle du libéral rationaliste, c’est de croire que la proposition « l’Angleterre est le plus beau pays du mon

1296 ens rationnel ; que c’est un jugement qui conclut d’ une comparaison. Mais en réalité, lorsque la petite Alice écrit que l’

1297 tit à cette conclusion : il y a dans ce pays plus de beauté que dans tel et tel autre. C’est tout au contraire exprimer un

1298 tout au contraire exprimer un refus pur et simple de comparer. C’est affirmer une préférence inconditionnelle. C’est recon

1299 le. C’est reconnaître et accepter le fait concret d’ un attachement qui ne comporte pas de choix délibéré. Par malheur, l’e

1300 fait concret d’un attachement qui ne comporte pas de choix délibéré. Par malheur, l’enseignement s’empare du fait patrioti

1301 nseignement s’empare du fait patriotique et tente de le rationaliser : il en fait un objet de discours. Par là même il le

1302 et tente de le rationaliser : il en fait un objet de discours. Par là même il le rend absurde. Il le « mystifie ». Qui dit

1303 ppose comparaison, et rien n’est plus absurde que de comparer un pays à un autre, un amour à un autre, car où est l’étalon

1304 èle idéal ? Le malfaisant nationalisme n’est rien d’ autre qu’une rationalisation mensongère du sentiment patriotique. C’es

1305 ntiment patriotique. C’est l’intervention abusive de la raison comparative dans le domaine de l’incomparable. Si l’on tien

1306 abusive de la raison comparative dans le domaine de l’incomparable. Si l’on tient compte du fait patriotique naturel, la

1307 monde ». C’est la formule fédéraliste. — Inutile d’ ajouter que le salut temporel de l’Europe dépend de sa faculté d’opére

1308 aliste. — Inutile d’ajouter que le salut temporel de l’Europe dépend de sa faculté d’opérer de telles distinctions. w.

1309 ’ajouter que le salut temporel de l’Europe dépend de sa faculté d’opérer de telles distinctions. w. Rougemont Denis de,

1310 e salut temporel de l’Europe dépend de sa faculté d’ opérer de telles distinctions. w. Rougemont Denis de, « “Le plus be

1311 emporel de l’Europe dépend de sa faculté d’opérer de telles distinctions. w. Rougemont Denis de, « “Le plus beau pays d

1312 rer de telles distinctions. w. Rougemont Denis de , « “Le plus beau pays du monde” », La Nouvelle Revue française, Paris

1313 er 1936)x M. Julien Benda écrit dans le numéro de janvier de la NRF la phrase suivante : « La religion de l’esprit inca

1314 M. Julien Benda écrit dans le numéro de janvier de la NRF la phrase suivante : « La religion de l’esprit incarné est cel

1315 vier de la NRF la phrase suivante : « La religion de l’esprit incarné est celle qui honore l’esprit en tant qu’il veut por

1316 re l’esprit en tant qu’il veut porter l’empreinte de certains intérêts terrestres, et le méprise en tant qu’il cherche à s

1317 t le méprise en tant qu’il cherche à s’affranchir de ce genre de pression pour s’exercer en toute liberté. » Il écrit un p

1318 en tant qu’il cherche à s’affranchir de ce genre de pression pour s’exercer en toute liberté. » Il écrit un peu plus loin

1319 iques ou simplement logiques ». S’il m’est permis de faire ici un peu de théologie et un peu de logique, je demanderai à M

1320 étendu que leur politique fût une « incarnation » de l’esprit ; 2° au cas où ils l’auraient fait, ce que j’ignore car je l

1321 j’ignore car je les pratique peu : s’il y a lieu de reprendre à son compte cette erreur de vocabulaire, ou en langage thé

1322 l y a lieu de reprendre à son compte cette erreur de vocabulaire, ou en langage théologique, ce blasphème ; 3° si l’incarn

1323 e théologique, ce blasphème ; 3° si l’incarnation de l’Esprit, c’est-à-dire Jésus-Christ, fils de Dieu, a jamais « porté l

1324 tion de l’Esprit, c’est-à-dire Jésus-Christ, fils de Dieu, a jamais « porté l’empreinte de certains intérêts terrestres »,

1325 hrist, fils de Dieu, a jamais « porté l’empreinte de certains intérêts terrestres », et conséquemment, si l’on a le droit

1326 errestres », et conséquemment, si l’on a le droit d’ opposer esprit pur à esprit incarné dans des termes tels qu’esprit inc

1327 s termes tels qu’esprit incarné devienne synonyme de trahison intéressée ; 4° si M. Benda conçoit que l’opposition esprit

1328 évoque précisément pour un chrétien l’opposition de Pilate et des docteurs nationalistes juifs qui criaient avec la popul

1329 si le clerc qui s’en lave les mains ne risque pas de faire le jeu des clercs qui crient avec les loups, et de trahir de la

1330 e le jeu des clercs qui crient avec les loups, et de trahir de la sorte doublement, étant admis toutefois que la mission d

1331 es clercs qui crient avec les loups, et de trahir de la sorte doublement, étant admis toutefois que la mission de l’esprit

1332 doublement, étant admis toutefois que la mission de l’esprit est d’entrer dans le monde, non point pour s’y soumettre, ma

1333 nt admis toutefois que la mission de l’esprit est d’ entrer dans le monde, non point pour s’y soumettre, mais pour le trans

1334 Évangile et la théologie résument par le seul mot de Rédemption, et que certains antichrétiens, plus pénétrés de christian

1335 ion, et que certains antichrétiens, plus pénétrés de christianisme qu’ils ne le croient, préfèrent appeler révolution. Ces

1336 les. Et je ne vois pas comment il serait possible d’ y échapper. Depuis huit ans que sa Trahison des Clercs est apparue, M.

1337 usement suivi sur ce point par ses contradicteurs de droite. Mais alors son dernier article est trop clair. Il n’y manque

1338 res : ut evacuata sit crux. x. Rougemont Denis de , « Sur l’esprit incarné », La Nouvelle Revue française, Paris, févrie

1339 Dictature de la liberté, par Robert Aron (mars 1936)y « J’aime les titres mysté

1340 mystérieux ou pétard », disait Baudelaire. Celui d’ Aron unit ces deux vertus, par une sorte d’ellipse tout à fait révélat

1341 Celui d’Aron unit ces deux vertus, par une sorte d’ ellipse tout à fait révélatrice du mouvement de sa pensée, et à certai

1342 te d’ellipse tout à fait révélatrice du mouvement de sa pensée, et à certains égards, du contenu de la doctrine qu’il défe

1343 nt de sa pensée, et à certains égards, du contenu de la doctrine qu’il défend. Dictature et liberté, le monde moderne se d

1344 le la supprime pratiquement, elle perd tout point d’ appui, son élan meurt en anarchie. La solution de ce conflit est évide

1345 d’appui, son élan meurt en anarchie. La solution de ce conflit est évidente, c’est peut-être pourquoi bien peu l’ont vue

1346 la dictature36 seule y parvient — mais au profit de la liberté, et à seule fin de la laisser s’épanouir. Il faut soumettr

1347 nt — mais au profit de la liberté, et à seule fin de la laisser s’épanouir. Il faut soumettre la dictature à la liberté, i

1348 aut une dictature pour la liberté — une dictature de la liberté. Ce serait le plus beau « titre » du siècle. Ceci admis, e

1349 « pratiques » ; celles qui passionnent les hommes d’ action et qu’ils estiment purement techniques parce qu’ils en ignorent

1350 omie et les rapports sociaux selon les nécessités de l’heure, à leurs yeux « matérielles d’abord ». Cette vue des plus cou

1351 ès le début à une volonté perspicace et fanatique de libération, ne tardent pas à se retourner contre les hommes, et à bri

1352 personne. Si la personne n’est pas déjà au début d’ un calcul pratique, on ne la retrouvera jamais au terme ; et la rigueu

1353 les sont les bases — algébrisées — des recherches de L’Ordre nouveau. Robert Aron les a décrites avec une sobre et nerveus

1354 qui tranche sur le verbiage technico-humanitaire de tous nos fabricants de « plans d’urgence ». Précision qui d’ailleurs

1355 biage technico-humanitaire de tous nos fabricants de « plans d’urgence ». Précision qui d’ailleurs n’exclut pas une éloque

1356 ico-humanitaire de tous nos fabricants de « plans d’ urgence ». Précision qui d’ailleurs n’exclut pas une éloquence qu’on d

1357 rabattre au concret. On peut reprocher à l’auteur d’ avoir passé trop rapidement sur certaines questions dernières (le sens

1358 ur certaines questions dernières (le sens dernier de la liberté humaine, par exemple). Mais si l’on considère l’ampleur du

1359 ple). Mais si l’on considère l’ampleur du dessein de L’Ordre nouveau, et la difficulté de le résumer à l’usage d’un public

1360 r du dessein de L’Ordre nouveau, et la difficulté de le résumer à l’usage d’un public qu’il faut sans cesse prévenir contr

1361 nouveau, et la difficulté de le résumer à l’usage d’ un public qu’il faut sans cesse prévenir contre les pires malentendus,

1362 r contre les pires malentendus, l’on jugera mieux de la qualité de tension et de décision spirituelle que supposait un tel

1363 ires malentendus, l’on jugera mieux de la qualité de tension et de décision spirituelle que supposait un tel ouvrage. M. T

1364 us, l’on jugera mieux de la qualité de tension et de décision spirituelle que supposait un tel ouvrage. M. Thibaudet récla

1365 se défend qu’en attaquant. Sachons gré à ce livre de poser enfin les questions que la France se doit de résoudre pour l’Eu

1366 e poser enfin les questions que la France se doit de résoudre pour l’Europe, et de les poser sous la forme concrète d’une

1367 e la France se doit de résoudre pour l’Europe, et de les poser sous la forme concrète d’une série de tensions qu’il s’agit

1368 l’Europe, et de les poser sous la forme concrète d’ une série de tensions qu’il s’agit d’orienter et de rendre fécondes :

1369 t de les poser sous la forme concrète d’une série de tensions qu’il s’agit d’orienter et de rendre fécondes : solutions né

1370 rme concrète d’une série de tensions qu’il s’agit d’ orienter et de rendre fécondes : solutions nécessaires et solutions d’

1371 ’une série de tensions qu’il s’agit d’orienter et de rendre fécondes : solutions nécessaires et solutions d’urgence ; cout

1372 dre fécondes : solutions nécessaires et solutions d’ urgence ; coutume et loi abstraite ; création et automatisme ; libéral

1373 tes les autres, est en train de devenir une sorte de pont aux ânes de nos philosophies politiques (Berdiaev, Maritain, Dan

1374 st en train de devenir une sorte de pont aux ânes de nos philosophies politiques (Berdiaev, Maritain, Dandieu, Mounier, pr

1375 es (Berdiaev, Maritain, Dandieu, Mounier, préface de Malraux à son dernier ouvrage, etc.) J’ai quelques raisons de m’en ré

1376 son dernier ouvrage, etc.) J’ai quelques raisons de m’en réjouir. L’Ordre nouveau en a tiré, le premier, des conclusions

1377 le domaine du travail. Et sa première expérience de service civil, organisée l’été dernier, a fait voir que les ouvriers

1378 riers savent apprécier les conséquences concrètes d’ une distinction que bien des clercs estimaient « trop philosophique ».

1379 rop philosophique ». 36. Entendue au sens large de discipline rigoureuse des activités automatiques, ou « indifférenciée

1380 renciées », et non pas au sens purement politique de tyrannie exercée par un seul homme dans tous les domaines. 37. Parti

1381 qui ne sait pas où aller ». y. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] Robert Aron, Dictature de la liberté  », La Nouvell

1382 Denis de, « [Compte rendu] Robert Aron, Dictature de la liberté  », La Nouvelle Revue française, Paris, mars 1936, p. 435-

1383 rkegaard en France (juin 1936)z L’introduction de Kierkegaard en France a les mêmes dates que la crise : 1930-1935. Il

1384 es que la crise : 1930-1935. Il a fallu bien près d’ un siècle, il a fallu surtout le double truchement de Heidegger et de

1385 n siècle, il a fallu surtout le double truchement de Heidegger et de Karl Barth pour imposer à l’attention de quelques-uns

1386 allu surtout le double truchement de Heidegger et de Karl Barth pour imposer à l’attention de quelques-uns l’œuvre d’un éc

1387 egger et de Karl Barth pour imposer à l’attention de quelques-uns l’œuvre d’un écrivain dont, cependant, la puissance de c

1388 our imposer à l’attention de quelques-uns l’œuvre d’ un écrivain dont, cependant, la puissance de choc et d’interrogation n

1389 œuvre d’un écrivain dont, cependant, la puissance de choc et d’interrogation ne saurait être comparée qu’à celle de Pascal

1390 écrivain dont, cependant, la puissance de choc et d’ interrogation ne saurait être comparée qu’à celle de Pascal, de Dostoï

1391 interrogation ne saurait être comparée qu’à celle de Pascal, de Dostoïevski et de Nietzsche. Aujourd’hui Kierkegaard est c

1392 on ne saurait être comparée qu’à celle de Pascal, de Dostoïevski et de Nietzsche. Aujourd’hui Kierkegaard est cité par tou

1393 comparée qu’à celle de Pascal, de Dostoïevski et de Nietzsche. Aujourd’hui Kierkegaard est cité par tout le monde. On m’a

1394 ’il a même un public passionné. Mais si l’on juge de la façon dont il est lu par la façon dont il est trop souvent cité, l

1395 é, l’on pensera qu’il eût mieux valu montrer plus de prudence à le répandre. Et pourtant il fallait qu’il fût traduit : c’

1396 it qu’il fût traduit : c’était une des nécessités de notre état spirituel. Seulement, il eût fallu le traduire autrement,

1397 ierkegaard donne l’exemple unique, je crois bien, d’ un auteur qui attache autant d’importance à l’opportunité spirituelle

1398 ue, je crois bien, d’un auteur qui attache autant d’ importance à l’opportunité spirituelle de ses œuvres qu’à leur contenu

1399 e autant d’importance à l’opportunité spirituelle de ses œuvres qu’à leur contenu intrinsèque. Personne peut-être n’a si j

1400 Personne peut-être n’a si jalousement pris souci de dire au bon moment ses vérités inactuelles. De là le rythme singulier

1401 ci de dire au bon moment ses vérités inactuelles. De là le rythme singulier de sa production ; de là ses nombreux masques

1402 es vérités inactuelles. De là le rythme singulier de sa production ; de là ses nombreux masques et pseudonymes, de là auss

1403 les. De là le rythme singulier de sa production ; de là ses nombreux masques et pseudonymes, de là aussi l’impétuosité san

1404 tion ; de là ses nombreux masques et pseudonymes, de là aussi l’impétuosité sans scrupules de ses dernières « attaques con

1405 donymes, de là aussi l’impétuosité sans scrupules de ses dernières « attaques contre la chrétienté établie ». Toute une ca

1406 ontre la chrétienté établie ». Toute une carrière de poète et de philosophe « à orientation religieuse » avait en effet pr

1407 étienté établie ». Toute une carrière de poète et de philosophe « à orientation religieuse » avait en effet préparé le cli

1408 ait en effet préparé le climat et la juste portée de ces attaques, avec une patience ironique, mais aussi dans la crainte

1409 que, mais aussi dans la crainte et le tremblement d’ une foi sans cesse combattue, d’une vraie foi. Publier maintenant, au

1410 et le tremblement d’une foi sans cesse combattue, d’ une vraie foi. Publier maintenant, au hasard, des fragments de cette œ

1411 foi. Publier maintenant, au hasard, des fragments de cette œuvre entièrement commandée par son terme, tout en taisant ou n

1412 er l’œuvre, et ces fragments qu’on nous en donne, de toute espèce de sens réel, — par quoi j’entends d’orientation intime,

1413 es fragments qu’on nous en donne, de toute espèce de sens réel, — par quoi j’entends d’orientation intime, de fidélité ess

1414 e toute espèce de sens réel, — par quoi j’entends d’ orientation intime, de fidélité essentielle, en un mot, de finalité. D

1415 réel, — par quoi j’entends d’orientation intime, de fidélité essentielle, en un mot, de finalité. D’où résultent nécessai

1416 ation intime, de fidélité essentielle, en un mot, de finalité. D’où résultent nécessairement un certain nombre de malenten

1417 de fidélité essentielle, en un mot, de finalité. D’ où résultent nécessairement un certain nombre de malentendus. 1. Parce

1418 . D’où résultent nécessairement un certain nombre de malentendus. 1. Parce qu’on a publié d’abord le Journal du séducteur,

1419 publié d’abord le Journal du séducteur, fragment d’ un gros ouvrage intitulé De deux choses l’une, puis In vino veritas, f

1420 du séducteur, fragment d’un gros ouvrage intitulé De deux choses l’une, puis In vino veritas, fragment des Stades sur le c

1421 n vino veritas, fragment des Stades sur le chemin de la vie, et cela, sans déclarer avec toute l’instance que requérait un

1422 e ces fragments n’étaient que les premiers termes d’ une dialectique au cours de laquelle ils devaient être radicalement ni

1423 mal prévenu, à tenir Kierkegaard pour une espèce d’ esthète du paradoxe moral, pour un immoraliste avant la lettre nietzsc

1424 . Admettons que la suite ait fait voir l’énormité de cette erreur. Je crains bien que ce n’ait été qu’au profit d’une erre

1425 eur. Je crains bien que ce n’ait été qu’au profit d’ une erreur plus subtile. 2. Parce qu’on a traduit la Maladie à la mort

1426 u’on a traduit la Maladie à la mort sous le titre de Traité du désespoir, Kierkegaard a passé bientôt pour le coryphée du

1427 rer, avec une effrayante lucidité, l’universalité de cet état, c’est aussi que pour lui, le désespoir est le péché, la seu

1428 peut nous guérir. Quant à ceux qui le qualifient de « métaphysicien du néant », ils oublient de dire que le néant, dont i

1429 fient de « métaphysicien du néant », ils oublient de dire que le néant, dont ils lui prêtent ainsi le goût, est justement

1430 déchaîné contre les églises établies, les évêques de la cour, et la religion bourgeoise qui veut prendre le christianisme

1431 ianisme « à bon marché » ; parce qu’il en appelle d’ un christianisme théorique à un christianisme existentiel — ce qui est

1432 anisme existentiel — ce qui est le mouvement même de la Réforme — on a voulu le présenter comme une espèce de nihiliste an

1433 éforme — on a voulu le présenter comme une espèce de nihiliste antichrétien. Parce qu’en présence de l’écœurante facilité

1434 rante facilité avec laquelle tant de phraseurs ou de braves gens se réclament de la foi chrétienne — « chose inquiète, inq

1435 tant de phraseurs ou de braves gens se réclament de la foi chrétienne — « chose inquiète, inquiétante », disait Luther —

1436 question tragique et réelle du doute inséparable de la foi ; parce que, « comme un oiseau s’envole anxieux aux approches

1437 « comme un oiseau s’envole anxieux aux approches de l’orage, ainsi, flairant le danger », il a dit : Je n’ai pas la foi,

1438 jamais pu croire. Et pourtant, la définition même de la foi dans l’Évangile n’est-elle pas justement ce cri : « Je crois,

1439 t ce cri : « Je crois, Seigneur, viens au secours de mon incrédulité ». L’on eût évité ce grabuge en traduisant dès le déb

1440 son message décisif. Bien entendu, le « succès » de prestige eût été beaucoup plus restreint. Les raisons qui poussèrent

1441 t trompeurs lui apparaîtraient encore plus fortes de nos jours. Il se peut qu’il se fût réjoui de la maldonne. Que voulait

1442 rtes de nos jours. Il se peut qu’il se fût réjoui de la maldonne. Que voulait donc Kierkegaard ? Peut-être, à la limite, l

1443 , à la limite, le martyre — la preuve irréfutable de sa foi. (Encore qu’il s’en défende avec vigueur mais son action même

1444 r mais son action même témoigne contre l’humilité de son retrait.) La question qui se posait dès lors était celle-ci : « C

1445 lus grande mollesse spirituelle » l’amère passion de faire mourir un témoin de la vérité ? Si tu veux ce résultat… apprend

1446 uelle » l’amère passion de faire mourir un témoin de la vérité ? Si tu veux ce résultat… apprends d’abord à bien connaître

1447 elle voudrait réellement si elle pouvait disposer d’ elle-même. Ainsi bien informé, fais-toi alors le porte-parole des idée

1448 passions qui sont dans l’air, avec l’enthousiasme d’ une éloquence chaude et entraînante. Pour cela, il te faut de la force

1449 ence chaude et entraînante. Pour cela, il te faut de la force et du talent. Qu’arrive-t-il ? Tout simplement ceci : l’époq

1450 e-t-il ? Tout simplement ceci : l’époque s’engoue de tes discours et tu deviens son favori. Tu es alors au début de ton su

1451 rs et tu deviens son favori. Tu es alors au début de ton supplice. Il s’agit maintenant de changer de direction ; tu reste

1452 rs au début de ton supplice. Il s’agit maintenant de changer de direction ; tu restes animé de la même décision, mais tu t

1453 de ton supplice. Il s’agit maintenant de changer de direction ; tu restes animé de la même décision, mais tu te rends aus

1454 ntenant de changer de direction ; tu restes animé de la même décision, mais tu te rends aussi rebutant que tu as été attir

1455 des années qui préparèrent sa mort, il « changea de direction » et révéla le sens dernier de toute son œuvre. Il est just

1456  changea de direction » et révéla le sens dernier de toute son œuvre. Il est juste que ce destin se répète aujourd’hui par

1457 sespoir un « succès » dont il est peut-être temps de tirer certaines conclusions propres à « repousser l’admiration ». Rie

1458 ont M. Tisseau a publié ces quatre petits volumes de « discours édifiants » et d’essais religieux : La Pureté du cœur, Le

1459 uatre petits volumes de « discours édifiants » et d’ essais religieux : La Pureté du cœur, Le Droit de mourir pour la vérit

1460 d’essais religieux : La Pureté du cœur, Le Droit de mourir pour la vérité, Pour un examen de conscience, Le Souverain sac

1461 Le Droit de mourir pour la vérité, Pour un examen de conscience, Le Souverain sacrificateur. On les trouvera « chez le tra

1462 etite ferme, tout au fond du bocage vendéen, pays de secrets obstinés, de voies retorses. Si ces ouvrages font néanmoins q

1463 fond du bocage vendéen, pays de secrets obstinés, de voies retorses. Si ces ouvrages font néanmoins quelque chemin, ce ne

1464 bisme qui naît autour de leur auteur. ⁂ Le centre de Kierkegaard est dans cette phrase : « La subjectivité est la vérité. 

1465 t l’anarchie, etc. La subjectivité, c’est le fait de devenir le sujet de la vérité, et non pas seulement son admirateur en

1466 a subjectivité, c’est le fait de devenir le sujet de la vérité, et non pas seulement son admirateur enthousiaste. On dirai

1467 mirateur enthousiaste. On dirait, dans le langage d’ aujourd’hui : c’est le fait de réaliser la vérité que l’on connaît ; o

1468 it, dans le langage d’aujourd’hui : c’est le fait de réaliser la vérité que l’on connaît ; ou encore, de la prendre au sér

1469 réaliser la vérité que l’on connaît ; ou encore, de la prendre au sérieux et de la vouloir uniquement. Mais on ne peut vo

1470 connaît ; ou encore, de la prendre au sérieux et de la vouloir uniquement. Mais on ne peut vouloir d’une manière totale e

1471 de la vouloir uniquement. Mais on ne peut vouloir d’ une manière totale et unique que ce qui est vrai. Car tout ce qui n’es

1472 volonté qu’on met à le réaliser. Tel est le sujet de la Pureté du cœur. La plupart des écrits proprement religieux de Kier

1473 cœur. La plupart des écrits proprement religieux de Kierkegaard développent ce thème et l’illustrent de la façon la plus

1474 Kierkegaard développent ce thème et l’illustrent de la façon la plus familière et directe, tandis que ses écrits littérai

1475 ophiques ont pour dessein, plus ou moins déguisé, de pousser à l’absurde les attitudes de vie ou de pensée qui ne se fonde

1476 ins déguisé, de pousser à l’absurde les attitudes de vie ou de pensée qui ne se fondent pas dans cette vision centrale et

1477 é, de pousser à l’absurde les attitudes de vie ou de pensée qui ne se fondent pas dans cette vision centrale et unitive. I

1478 même question, qui est celle du sérieux dernier, de la prise au sérieux de la vérité. Du point de vue du sérieux humain,

1479 celle du sérieux dernier, de la prise au sérieux de la vérité. Du point de vue du sérieux humain, l’éternité doit apparaî

1480 main, l’éternité doit apparaître comme une espèce d’ ironie cruelle ; mais du point de vue de l’éternité, le sérieux humain

1481 ne espèce d’ironie cruelle ; mais du point de vue de l’éternité, le sérieux humain apparaît affecté d’un humour désespéré.

1482 de l’éternité, le sérieux humain apparaît affecté d’ un humour désespéré. La dialectique de Kierkegaard consiste alors à dé

1483 aît affecté d’un humour désespéré. La dialectique de Kierkegaard consiste alors à déconsidérer le sérieux et le pathétique

1484 nie tant qu’elle n’est pas actualisée dans l’acte de foi. Il n’y eut jamais de sérieux absolu39 que dans la vie et dans la

1485 actualisée dans l’acte de foi. Il n’y eut jamais de sérieux absolu39 que dans la vie et dans la mort du Christ, homme et

1486 mme et Dieu, car lui seul eut vraiment « le droit de mourir pour la vérité », étant lui-même la vérité. C’est pourquoi l’a

1487 , étant lui-même la vérité. C’est pourquoi l’acte de foi, qui saisit dans ce temps l’éternel paradoxe de la vie et de la m

1488 foi, qui saisit dans ce temps l’éternel paradoxe de la vie et de la mort du Christ, jette sur tous nos sérieux, poses et

1489 sit dans ce temps l’éternel paradoxe de la vie et de la mort du Christ, jette sur tous nos sérieux, poses et amusettes, un

1490 ettes, une ironie, ou ce qui est pire, un soupçon d’ insondable ironie. Un soupçon : car peut-être, l’acte de foi n’existe

1491 ndable ironie. Un soupçon : car peut-être, l’acte de foi n’existe pas ? Peut-être n’est-ce qu’une figure de rhétorique pie

1492 i n’existe pas ? Peut-être n’est-ce qu’une figure de rhétorique pieuse, une illusion, un mythe, ou encore un saut dans le

1493 dans le vide ? Et alors il n’y aurait nulle part de vrai sérieux ? Peut-être aussi cet acte existe-t-il, peut-être que l’

1494 et acte existe-t-il, peut-être que l’illic et tuc de cette Mort et de cette Résurrection peut devenir quelque part, dans u

1495 il, peut-être que l’illic et tuc de cette Mort et de cette Résurrection peut devenir quelque part, dans une vie, le hic et

1496 evenir quelque part, dans une vie, le hic et nunc de la foi ? Mais alors il n’y a pas de vrai sérieux dans ma vie, tant qu

1497 e hic et nunc de la foi ? Mais alors il n’y a pas de vrai sérieux dans ma vie, tant qu’il n’y a pas eu cet acte de foi, ce

1498 eux dans ma vie, tant qu’il n’y a pas eu cet acte de foi, ce renversement du désespoir qui s’ignore en certitude combattan

1499 certitude combattante — et combattue. Le sérieux de l’ironie, l’ironie du sérieux, voilà les pôles d’une dialectique dont

1500 de l’ironie, l’ironie du sérieux, voilà les pôles d’ une dialectique dont le plus étrange, sans doute, est qu’elle embrasse

1501 asse avec une familiarité poignante les problèmes de la vie banale. Il y a dans ce passage perpétuel de l’abstrait au conc

1502 e la vie banale. Il y a dans ce passage perpétuel de l’abstrait au concret, ou plutôt dans cette mêlée shakespearienne de

1503 ncret, ou plutôt dans cette mêlée shakespearienne de logique impitoyable et de bon sens populaire, d’anecdotes, de boutade

1504 e mêlée shakespearienne de logique impitoyable et de bon sens populaire, d’anecdotes, de boutades et d’échappées romantiqu

1505 de logique impitoyable et de bon sens populaire, d’ anecdotes, de boutades et d’échappées romantiques (sur le silence de l

1506 mpitoyable et de bon sens populaire, d’anecdotes, de boutades et d’échappées romantiques (sur le silence de la femme, par

1507 e bon sens populaire, d’anecdotes, de boutades et d’ échappées romantiques (sur le silence de la femme, par exemple, à la f

1508 utades et d’échappées romantiques (sur le silence de la femme, par exemple, à la fin du Miroir de la Parole) une appréhens

1509 ence de la femme, par exemple, à la fin du Miroir de la Parole) une appréhension si totale du réel que notre langue, je le

1510 le lecteur des meilleures traductions françaises de Kierkegaard.   P.-S. Cette chronique était déjà imprimée, quand j’ai

1511 , quand j’ai lu dans les Cahiers du Sud une étude de Benjamin Fondane qui s’en prend avec énergie aux interprétations de K

1512 e qui s’en prend avec énergie aux interprétations de Kierkegaard proposées en France par Jean Wahl, par Mme R. Bespaloff,

1513 éreuse pour la vérité que ne serait l’affectation d’ impartialité ; et je suis loin de trouver vaine la question que pose F

1514 ivent Kierkegaard du regard — mais où en sont-ils de leur propre démarche ? » Oui, cette question est gênante et sérieuse,

1515 Plusieurs des Discours religieux ayant pour objet de « préparer à la Communion », je ne vois pour ma part qu’un seul moyen

1516 union », je ne vois pour ma part qu’un seul moyen de s’engager de toute sa personne à la suite de Kierkegaard… Tout le res

1517 e vois pour ma part qu’un seul moyen de s’engager de toute sa personne à la suite de Kierkegaard… Tout le reste est littér

1518 ublier autre chose que ce reste ? 38. Le droit de mourir pour la vérité, p. 57. Ou encore : « La supériorité véritable

1519 ériorité véritable produit elle-même la provision de force qui cause sa perte. » Ibid., p. 53. 39. Dans sa belle préface

1520 id., p. 53. 39. Dans sa belle préface au Concept d’ Angoisse (trad. Tisseau, chez Alcan) Jean Wahl écrit de même : « Remar

1521 e la personne, tout le reste peut devenir l’objet de notre jeu. » p. 26. z. Rougemont Denis de, « Kierkegaard en France 

1522 objet de notre jeu. » p. 26. z. Rougemont Denis de , « Kierkegaard en France », La Nouvelle Revue française, Paris, juin

1523 l faut penser avec les mains (décembre 1936)aa De l’Art poétique de Claudel, qui domine de son poids les écritures du s

1524 les mains (décembre 1936)aa De l’Art poétique de Claudel, qui domine de son poids les écritures du siècle, je retiendr

1525 36)aa De l’Art poétique de Claudel, qui domine de son poids les écritures du siècle, je retiendrai d’abord deux mots :

1526 à chaque page. La rumeur quotidienne tend à faire de « poète » une circonstance atténuante, au bénéfice du maladroit, s’il

1527 droit, s’il est aimable. Ou bien c’est l’ornement de nos loisirs. Mais Claudel dit : l’art poétique est art de faire. Un g

1528 oisirs. Mais Claudel dit : l’art poétique est art de faire. Un gémissement célèbre, chez les clercs, déplore l’antipathie

1529 e, chez les clercs, déplore l’antipathie tragique de la connaissance et de la Vie. Ceci tuerait cela. Et de cette dialecti

1530 plore l’antipathie tragique de la connaissance et de la Vie. Ceci tuerait cela. Et de cette dialectique, on a tiré quelque

1531 connaissance et de la Vie. Ceci tuerait cela. Et de cette dialectique, on a tiré quelques rayons d’in-octavos. Mais Claud

1532 t de cette dialectique, on a tiré quelques rayons d’ in-octavos. Mais Claudel : « Vivre, c’est connaître », « Se connaître,

1533 vec soi »… Il ne s’agit évidemment, ici et là, ni de la même poésie ni de la même connaissance. Claudel choisit, contre le

1534 it évidemment, ici et là, ni de la même poésie ni de la même connaissance. Claudel choisit, contre le sens banal, le sens

1535 quent les étymologies. C’est-à-dire qu’il choisit de choisir, car l’étymologie est trop loin d’être une science pour que l

1536 hoisit de choisir, car l’étymologie est trop loin d’ être une science pour que l’adoption même d’une « origine » soit autre

1537 loin d’être une science pour que l’adoption même d’ une « origine » soit autre chose qu’un choix délibéré, quand ce n’est

1538 as un profond calembour. « Il est permis à chacun de se servir de tel son qu’il lui plaît pour exprimer ses idées, pourvu

1539 calembour. « Il est permis à chacun de se servir de tel son qu’il lui plaît pour exprimer ses idées, pourvu qu’il en aver

1540 idées, pourvu qu’il en avertisse. » Cette phrase de la Logique de Port-Royal, dont Claudel, s’il est réaliste, doit récus

1541 qu’il en avertisse. » Cette phrase de la Logique de Port-Royal, dont Claudel, s’il est réaliste, doit récuser la principa

1542 anmoins servir à préciser ce qui oppose la langue d’ un poète aux divers jargons de son temps : c’est que l’une est une lan

1543 ui oppose la langue d’un poète aux divers jargons de son temps : c’est que l’une est une langue « avertie », posant un per

1544 tissement, tandis que les autres ont plutôt l’air de résulter d’une série d’oublis d’avertir, d’une série de contravention

1545 andis que les autres ont plutôt l’air de résulter d’ une série d’oublis d’avertir, d’une série de contraventions dans l’imp

1546 s autres ont plutôt l’air de résulter d’une série d’ oublis d’avertir, d’une série de contraventions dans l’impunité généra

1547 ont plutôt l’air de résulter d’une série d’oublis d’ avertir, d’une série de contraventions dans l’impunité générale. Claud

1548 l’air de résulter d’une série d’oublis d’avertir, d’ une série de contraventions dans l’impunité générale. Claudel montre p

1549 ulter d’une série d’oublis d’avertir, d’une série de contraventions dans l’impunité générale. Claudel montre partout son p

1550 e. Claudel montre partout son parti pris, qui est de s’en tenir aux origines, et à cette origine, entre plusieurs probable

1551 , la plus proche de la chose et du geste. Poésie, de poiein, ce sera : faire. Connaître, de cognoscere, sera : co-naître.

1552 e. Poésie, de poiein, ce sera : faire. Connaître, de cognoscere, sera : co-naître. Il faut savoir ce que parler veut dire.

1553 -naître. Il faut savoir ce que parler veut dire. ( D’ où l’on vient, où l’on va : tel est le sens.) Car le langage, parmi d’

1554 le langage, parmi d’autres fonctions, a celle-là de permettre à nos pensées de circuler. Claudel se donne un règlement, e

1555 fonctions, a celle-là de permettre à nos pensées de circuler. Claudel se donne un règlement, et il observe les signaux. L

1556 us qu’à se laisser pousser dans le sens incertain de la masse. Or ce sens, tellement incertain qu’il en devient presque in

1557 te affaire, celui qui sait où il va risque encore d’ augmenter l’embarras, et de se faire copieusement houspiller. Et pourt

1558 où il va risque encore d’augmenter l’embarras, et de se faire copieusement houspiller. Et pourtant, c’est lui seul qui dét

1559 ’aille aussi s’embouteiller41. Ou encore essayons de la traduire. Les modes, l’usage, l’usure des mots aggravés par la pr

1560 i à vrai dire, et dans le fait, ruinent les bases de la communauté. On convient de s’entendre sur des malentendus42. À ce

1561 , ruinent les bases de la communauté. On convient de s’entendre sur des malentendus42. À ce prix, l’on nourrit une paix sa

1562 racines. (Alors que toute communauté réelle naît d’ une entente passionnée sur le sens de certains maîtres-mots : esprit,

1563 réelle naît d’une entente passionnée sur le sens de certains maîtres-mots : esprit, nation, révolution, salut…) Et, comme

1564 es et abstraites qu’on le peut. Opération inverse de celle du poète : on s’arrête à l’acception neutre, la moins active, l

1565 ntre la pensée et la main. Cependant que l’effort d’ un Claudel, restituant à chaque mot son sens le plus poignant, par là

1566 ble au très grand nombre. Rendre au mot sa valeur d’ appel, appeler sans cesse à grands cris l’univers (cette « version à l

1567 sion à l’unité »), la plénitude, le rassemblement de tous les êtres, le branle-bas de toute la création vers son achèvemen

1568 le rassemblement de tous les êtres, le branle-bas de toute la création vers son achèvement intelligible, c’est là vraiment

1569 là vraiment « poétiser », collaborer à l’ouvrage de Dieu, et recréer la catholicité. Mais c’est aussi, dans le monde d’au

1570 r la catholicité. Mais c’est aussi, dans le monde d’ aujourd’hui, se condamner à n’être pas compris. Paradoxe d’un génie ca

1571 ’hui, se condamner à n’être pas compris. Paradoxe d’ un génie catholique, isolé de la foule des hommes, par ce qui manifest

1572 as compris. Paradoxe d’un génie catholique, isolé de la foule des hommes, par ce qui manifeste, justement, sa volonté de c

1573 mmes, par ce qui manifeste, justement, sa volonté de catholicité ! ⁂ Non qu’il soit « méconnu », bien sûr. Mais parmi tant

1574 qu’il soit « méconnu », bien sûr. Mais parmi tant d’ admirateurs, combien co-naissent à la raison de ses beautés, énoncée d