1 1931, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Les Éléments de la grandeur humaine, par Rudolf Kassner (octobre 1931)
1 ôt incomplet et coupable. Il est donc possible de dire que le péché est la mesure du démesuré, et que pour le chrétien il n’
2 certaine clarté dispense le lecteur. On pourrait dire aussi que l’indiscret est celui qui se préoccupe de défendre plutôt q
3 et parfois tourne en sournoise malice. On ne peut dire précisément de Kassner qu’il réfute ses adversaires — Freud en partic
2 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Les Signes parmi nous, par C. F. Ramuz (janvier 1932)
4 . Ce n’est pas un art d’après le peuple4, mais on dirait presque : d’avant. Il n’est pas jusqu’à son Antiquité qui ne coïncide
5 fficace des choses les plus simples. Mais il faut dire maintenant l’actualité tout à fait singulière d’un tel livre. Il y a
6 e ces Signes. Aussi serait-il bien insuffisant de dire d’une telle œuvre, datée de 1919 et reparue en un temps de crise, qu’
7 tend « observer ». 5. De tout bel canto, peut-on dire . C’est le ton de la musique de Stravinsky, du Sacre et des Noces. Le
3 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Le silence de Goethe (mars 1932)
8 Le silence de Goethe (mars 1932)d « L’homme, dit Goethe, ne reconnaît et n’apprécie que ce qu’il est lui-même en état
9 es vies, à leur équation d’existence, pourrait-on dire . Or c’est, chez l’un comme chez l’autre, une révolution profonde de l
10 quelques essais d’alchimie. Coquetteries, a-t-on dit , — mais il n’est point de sentiments intermédiaires qui ne conduisent
11 rmes d’existence que la Nature se voit pour ainsi dire contrainte d’assigner à l’homme actif 8, l’on découvre que c’est la m
12 ement dès lors est fatal. « Moi ! moi qui me suis dit mage ou ange, dispensé de toute morale, je suis rendu au sol, avec un
13 e passage fameux de la Saison : « moi qui me suis dit mage ou ange… » rappelle étrangement ces vers du Premier Faust que l’
14 ère, et les yeux, entre cette bouche et ce front, disent d’un sobre et méditant regard le mot suprême de la Saison, ce cri sou
15 redevient notre seul critère de cohérence. C’est dire que nous demandons aux œuvres que nous aimons de témoigner d’une cert
4 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Querelles de famille, par Georges Duhamel (mai 1932)
16 . “De la musique avant toute chose…” Oh ! vous ne diriez plus cela, Verlaine ! » (page 16). 17. « Si je cherche querelle au m
5 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Éloge de l’imprudence, par Marcel Jouhandeau (septembre 1932)
17 aire. Une simple question de vocabulaire comme on dit , — lorsqu’on se soucie peu de savoir ce qu’on dit. g. Rougemont De
18 dit, — lorsqu’on se soucie peu de savoir ce qu’on dit . g. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Marcel Jouhandeau, Éloge
6 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). À prendre ou à tuer (décembre 1932)
19 sont proches. Nous ne sommes plus les seuls à le dire . Beaucoup de capitalistes l’ont si bien compris qu’on peut les voir d
20 ns22. Proposition antirévolutionnaire, il faut le dire , et niée par les faits dont elle se réclame implicitement, Lénine réu
21 ons de membres sévèrement contrôlés. « Mais, nous dit -on, les constructions d’un Lénine n’étaient pas songes, elles s’appuy
22 nt, l’enjeu de la révolution nouvelle. Ici, je ne dirai plus nous, mais je. À la question « Prenez-vous au sérieux vos idées,
23 il n’est de pardon que pour celui qui agit. On me dira sans doute que je me perds dans ma mystique ? Allez, vous ne vous ret
7 1933, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Pétrarque, par Charles-Albert Cingria (avril 1933)
24 lle aborde au cours de ses démonstrations : c’est dire qu’elle se meut en pleine poésie. D’où sa valeur « actuelle » et mult
8 1934, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Taille de l’homme, par C. F. Ramuz (avril 1934)
25 sme : l’isolement cosmique de l’homme. Quoi qu’il dise , d’ailleurs, il dit plus que ses arguments. On peut aller jusqu’à sou
26 mique de l’homme. Quoi qu’il dise, d’ailleurs, il dit plus que ses arguments. On peut aller jusqu’à soutenir que s’il défen
27 qui croient aux fatalités de l’Histoire, il faut dire simplement qu’elles sont vraies pour eux-mêmes et pour tous ceux de l
28  Précédence, et non pas primauté du matériel ! », disait l’un d’eux. Qu’est-ce que le matériel peut bien précéder ? D’où nous
9 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Ni gauche ni droite (août 1935)
29 on se voit sommé de choisir entre un front qui se dit « national » et un front qui se dit « populaire ». Faudrait-il en déd
30 front qui se dit « national » et un front qui se dit « populaire ». Faudrait-il en déduire que le peuple et la nation s’op
31 lors La Rocque n’a pas tort ? — Certes, il a tort disent les gauches ; et c’est à cause de la mystique. Et Staline, disent les
32 es ; et c’est à cause de la mystique. Et Staline, disent les droites, a tort : car nous voulons une armée forte, mais non pas
10 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Paracelse, par Frédéric Gundolf (septembre 1935)
33 tôt si l’on veut qu’il l’ait été, au sens où l’on dirait qu’Einstein, interprète du cosmos, est un mage, il ne fut pas un magi
34 te accablante pour l’expression des choses jamais dites  ». Paracelse a vu plus de choses qu’il ne pouvait en exprimer. Son de
35 s que par le nom de leur remède. « Il ne faut pas dire que tel état est colérique, tel autre mélancolique, mais que ceci est
36 nature unique de la maladie, ouvrage dont on peut dire qu’il marque une date dans l’histoire de la connaissance du monde par
37 ura jamais assez combien il est anthropomorphe », dit Goethe. Il faudrait dire aussi, à la suite de Paracelse : l’homme ne
38 il est anthropomorphe », dit Goethe. Il faudrait dire aussi, à la suite de Paracelse : l’homme ne saura jamais assez à quel
39 30. « La monumentale grossièreté luthérienne », dit Gundolf. 31. Gundolf écrit : « Il ne s’intéressait pas seulement aux
11 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Recherches philosophiques (septembre 1935)
40 x deux sens du mot achèvement. À partir de Hegel, dit -il, le philosophe n’aura plus d’autre possibilité que celle de « réal
41 extérieure et intérieure, de l’homme ». Et je ne dis pas que le parallèle Marx-Kierkegaard n’ait entraîné l’auteur à déshu
42 irituel décisif. La seule doctrine, ou pour mieux dire , la seule attitude de pensée qui tienne compte de cette crise essenti
43 dans la restauration d’un langage efficace. C’est dire l’intérêt, au sens fort, de l’apport des poètes à la philosophie et à
12 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Lawrence et Brett par Dorothy Brett ; Matinées mexicaines suivi de Pansies (poèmes), par D. H. Lawrence (octobre 1935)
44 ns son ranch mexicain (c’est à Lawrence que Brett dit « vous » tout le long du livre) : Jour de lessive ; à nouveau Frieda
45 s, et moi taper à la machine. À déjeuner, vous me dites que Clarence avait eu une conversation avec Tony au cours de laquelle
46 de toute expression. Vous êtes très peiné, et je dis , moi, qu’on ne devrait pas raconter de pareilles histoires à Tony. Vo
47 ur : « Oui, c’est vrai, on ne devrait pas les lui dire  » et vous soupirez profondément. Vous ne vous sentez pas bien, aussi
48 humeur des Lawrence, leur humeur rageuse, faut-il dire , coupée d’accès de malice saugrenue. Les Pansies confirment d’ailleur
49 ue. Les Pansies confirment d’ailleurs ce que nous disent Brett et les autres de cet état d’irritation perpétuelle où vivait La
50 nte et exigeante personnalité. » L’homme moderne, dit Keyserling, n’a pas de prochains ; il n’a que des voisins inévitables
13 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Les Mystiques allemands du xiiie au xixe siècle, par Jean Chuzeville (octobre 1935)
51 relève d’un nationalisme de manuels, pour ne pas dire , avec E. R. Curtius, d’une « propagande de guerre » qu’on aimait à cr
14 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). « Le plus beau pays du monde » (octobre 1935)
52  » (octobre 1935)w Toujours ces mots. Quand je dis qu’ils ont perdu leur sens, il faut ajouter aussitôt qu’on a le tort
53 mmunes. (Gazette de Francfort, du 31 juillet). On dirait une « histoire idiote ». Tout y est faux. C’est incroyable à quel poi
54 voilà les hitlériens qui trouvent très bon qu’on dise que l’Angleterre est le plus beau pays du monde ? Cela du moins ne ma
55 ’aime mon pays. L’amour exclut toute comparaison. Dire que tel pays « est le plus beau du monde », ce n’est pas dire qu’aprè
56 pays « est le plus beau du monde », ce n’est pas dire qu’après enquête on aboutit à cette conclusion : il y a dans ce pays
57 même il le rend absurde. Il le « mystifie ». Qui dit discours dit raison ; qui dit raison suppose comparaison, et rien n’e
58 end absurde. Il le « mystifie ». Qui dit discours dit raison ; qui dit raison suppose comparaison, et rien n’est plus absur
59 e « mystifie ». Qui dit discours dit raison ; qui dit raison suppose comparaison, et rien n’est plus absurde que de compare
15 1936, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Dictature de la liberté, par Robert Aron (mars 1936)
60 )y « J’aime les titres mystérieux ou pétard », disait Baudelaire. Celui d’Aron unit ces deux vertus, par une sorte d’ellips
61 liberté. Mais c’est encore là une ellipse ; l’on dira qu’une liberté organisée n’en est plus une. Expliquons-nous ; il faut
62 ils prétendent nous en tirer en parant, comme ils disent , au plus pressé, c’est-à-dire en organisant l’État, l’économie et les
63 n qui d’ailleurs n’exclut pas une éloquence qu’on dirait jacobine si un humour très personnel ne venait sans cesse la rabattre
16 1936, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Kierkegaard en France (juin 1936)
64 ue des traductions, encore qu’il y ait beaucoup à dire sur ce point, mais bien l’ordre ou plutôt la succession désordonnée d
65 rsonne peut-être n’a si jalousement pris souci de dire au bon moment ses vérités inactuelles. De là le rythme singulier de s
66 nt de « métaphysicien du néant », ils oublient de dire que le néant, dont ils lui prêtent ainsi le goût, est justement celui
67 foi chrétienne — « chose inquiète, inquiétante », disait Luther — il a voulu poser honnêtement la question tragique et réelle
68 hes de l’orage, ainsi, flairant le danger », il a dit  : Je n’ai pas la foi, — certains pensent qu’au fond, il n’a jamais pu
69 non pas seulement son admirateur enthousiaste. On dirait , dans le langage d’aujourd’hui : c’est le fait de réaliser la vérité
17 1936, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). L’Art poétique ou Qu’il faut penser avec les mains (décembre 1936)
70 ien c’est l’ornement de nos loisirs. Mais Claudel dit  : l’art poétique est art de faire. Un gémissement célèbre, chez les c
71 s, combien accepteraient l’inquisition ? Qu’on ne dise pas que la philosophie d’un grand poète importe moins que son humanit
72 Cratyle qu’il donne dans l’Art poétique (p. 172) dit exactement le contraire. 41. On pourrait en tirer d’autres suites :
18 1937, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). De la propriété capitaliste à la propriété humaine et Manifeste au service du personnalisme, par Emmanuel Mounier (février 1937)
73 s mauvaises raisons des capitalistes, ou comme il dit  : « libérer de la dialectique des propriétaires les valeurs de propri
74 e de Mounier peut y contribuer largement. Faut-il dire que tout usager de la culture, si apolitique qu’il se veuille, se tro
75 rtaines traditions catholiques. Ainsi « le riche, dit Bossuet, n’est toléré dans l’Église que pour servir le pauvre ». Et s
19 1937, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). N’habitez pas les villes (Extrait d’un Journal) (juillet 1937)
76 e et la petite enveloppe à la main. Tant d’autres disent  : allons-nous-en, et restent faute d’imagination. Et pourtant il suff
77 rtir : la France a des milliers de maisons vides. Dites autour de vous que vous en cherchez une, et vous en trouverez pour ri
78 ue façade d’une manière subtile et précise qui en dit long sur l’âme de ce peuple discret. C’est l’impression que je veux r
79 trant chez l’autre. Mais c’est prudent, on me l’a dit . Car elles ne baisseront pas leurs prix pour garder un client, elles
80 rien ? « On ne meurt pas de faim dans nos pays », dit -on, et je crois bien que je l’ai dit quelquefois. Mais il y a aussi d
81 nos pays », dit-on, et je crois bien que je l’ai dit quelquefois. Mais il y a aussi des exceptions, des cas sans précédent
82 uché par le gâtisme, mais agréablement si je puis dire . Cela met un peu de fantaisie dans ses souvenirs, trop souvent racont
83 bsurdité, et si énorme que personne ne pense à la dire … Peut-être, dans un siècle ou deux, se demandera-t-on comment nous av
84 rtage de bibles de porte en porte. On ne peut pas dire que tout ce travail épuisant dans l’inertie soit resté absolument vai
85 printemps qui viendra. C’est pour gagner ma vie, dit une raison borgne ; c’est aussi pour gagner ma mort, je le sais bien.
86 yer de les rendre telles qu’elles puissent, je ne dis pas être comprises, mais au moins, en pensée, confrontées sans un rid
87 ient. Il me semble aussi que c’est concret. Je me dis que cette impression et celle de tout à l’heure s’excluent en fait. M
88 . Je suis dans le faux et tout y est correct : je dis que la thèse que je défends est vraie !… Il y aurait de quoi s’arrête
89 moi, toute machinale et tout obscure.   24 mai On dirait que l’homme n’est pas fait pour durer : la vie étale nous ennuie, c’e
90 je commence à les connaître. Je pourrais vous en dire . C’est partout différent, pour l’argent. Si vous prenez N. par exempl
91 ne sans vague à l’âme. C’est quelque chose. Je ne dis pas que c’est le bonheur, je n’ai jamais très bien compris ce mot, qu
92 je ne sais quelle embuscade du destin, comme qui dirait au coin d’un bois. Je crois que le réel est à portée de la main, et n
20 1937, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Au dossier d’une vieille querelle (novembre 1937)
93 es affaires de la République. Si on y agit bien — disait -il — on offensera les dieux ; donc on ne s’en doit point mêler. » Mai
21 1938, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Le Monastère noir, par Aladár Kuncz (janvier 1938)
94 ’est pas seulement celle du prisonnier proprement dit , mais, peu ou prou, de chaque individu soumis aux lois d’une collecti
22 1938, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Victoire à Waterloo, par Robert Aron (février 1938)
95 bert Aron (février 1938)ak « Soudain joyeux il dit  : Grouchy ! — C’était Grouchy. » Et Waterloo fut une victoire. Mais N
96  Le grand étonnement que peut provoquer ce livre, dit la préface, est que pour transformer une défaite en victoire et une a
97 se d’Aron. 50. Jean-Paul rapporte un rêve où il disait à Napoléon : « Je ne suis jamais plus intelligent qu’au lit, quand je
23 1938, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Alice au pays des merveilles, par Lewis Carroll (août 1938)
98 un mathématicien —, et d’Alice en particulier. On dit à l’enfant : mange ta soupe et tu deviendras grand. Donc il peut exis
24 1938, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Page d’histoire (novembre 1938)
99 lu. Seul, le Premier ministre anglais sut voir et dire qu’il y avait là un fait nouveau, le signe d’une volonté d’hégémonie.
25 1939, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Propos sur la religion, par Alain (avril 1939)
100 nu. « La vraie religion est le culte des morts », dit -il après Auguste Comte. Je le pense aussi. (Voyez le racisme.) Mais p
101 sa foi : tout ce qui n’est que sociologie. (Je ne dis pas que ce soit négligeable.) Pour situer la sagesse d’Alain, qu’on s
102 sager. Le sérieux même du christianisme.51 Alain dit quelque part n’avoir jamais connu de « vrai croyant » qui ne vive « s
103 faisait les demandes et les réponses. 51. On me dira que mon point de vue est partiel, dogmatique, confessionnel, etc. Bie
26 1939, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Don Juan (juillet 1939)
104 ’envie de nier des règles que personne n’ose plus dire inviolables ! Qui donc se ferait tuer pour une vertu dont on ne sait
105 n Fils. Déjà « le Dieu moral est réfuté ». Que va dire l’Autre ? C’est, dans la vie du Don Juan des vérités, l’heure de l’in
106 pas la victoire sur le temps… Mais dans le temps, disait -il, Dieu est mort. Si Dieu est mort, c’est donc qu’il a vécu ? Dieu r
107 rlais de ces choses à une amie : « J’ai connu, me dit -elle, un homme marié avec lequel ayant été coquette en vain, il me di
108 rié avec lequel ayant été coquette en vain, il me dit en me quittant : “Je vous ajoute à ma liste des mille e tre”. » C’éta
27 1939, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). La Poésie scientifique en France au xvie siècle, par Albert-Marie Schmidt (septembre 1939)
109 rtir de Hamann et de Herder. La création entière, disait Hamann, est « un discours adressé à la créature au moyen de la créatu
28 1940, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Au sujet du Journal d’André Gide (janvier 1940)
110 livre de lui-même53 —, il se peut qu’elles soient dites dans Les Cahiers d’André Walter, et surtout dans La Porte étroite, ce
111 seul journal. « Les choses les plus importantes à dire sont celles que souvent je n’ai pas cru devoir dire — parce qu’elles
112 t ses journées, comment ne serait-on pas tenté de dire surtout ce qui a frappé, ce qui est bizarre, ce qui fait exception ju
113 trer en jeu de bonté naturelle ou de sociabilité, disons mieux : d’amabilité ; ou mieux encore : du désir de paraître aimable.
114 se développa au siècle dernier. « Je l’ai souvent dit à Claudel : Ce qui me retient [d’entrer dans l’église], ce n’est pas
115 s protestants. Tout ce que je me sens le droit de dire ici, c’est que la Réforme a rejeté les prétentions du pape de Rome no
29 1940, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Hommage à C. F. Ramuz (mai 1940)
116 s — n’oubliez pas le ladin des Grisons — viennent dire au dessert leur couplet. Ce complexe de mystique paysanne, de goût de
117 int l’universel par les racines. C’est, comme ils disent , de la vraie « culture ». Il faut mettre hors de pair, dans ce recuei
118 ologie. « N’allez pas chercher derrière la forme, disait Goethe, elle est elle-même enseignement. » as. Rougemont Denis de,
30 1951, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Un complot de protestants (novembre 1951)
119 ermain. Les autos passent tout près. Je l’entends dire , dans le bruit : « Où habitez-vous maintenant ? » Je crie que je l’ig
120  cela ne va plus » pour un appartement promis. Il dit encore (mais vraiment j’entends mal) : « Vous cherchez un studio ? »
121 us ? » Alors, seulement, je comprends qu’il avait dit  : « J’ai un studio… » Le lendemain matin, très tôt, nous arrivons che
122 lises. « Tout cela s’est arrangé si soudainement, dit -il, c’est inquiétant. Cela me ferait presque croire à la Providence !
123 me ferait presque croire à la Providence !… Mais dites -moi, Rougemont, quand on saura que vous habitez ici, qu’est-ce qu’on
124 on saura que vous habitez ici, qu’est-ce qu’on va dire  ?… » Et il répète, à travers ses dents serrées : « Qu’est-ce qu’on va
125 travers ses dents serrées : « Qu’est-ce qu’on va dire  ?… » avec un sourire inquisiteur. Je me garde de répondre. Finalement
126 de répondre. Finalement, Gide en riant : « On va dire que c’est un complot de protestants ! » Le mot ne manque pas de perti
127 re ne songe-t-il qu’à la morale ? « En somme, lui dis -je, vous vous en tenez au protestantisme libéral de la fin du xixe s
128 ue Gide passait la prudence dans l’aveu, qu’il me disait ce qu’il ne pouvait dire, et n’a peut-être jamais répété. La conversa
129 dans l’aveu, qu’il me disait ce qu’il ne pouvait dire , et n’a peut-être jamais répété. La conversation s’engage sur L’Amou
130 ose de morbide. “Cela recommence tout le temps !” disaient -elles ». Il hoche la tête, trouve cela très curieux, n’est-ce pas ? —
131 remment contradictoires avec ce qu’il vient de me dire  : « J’ai trop longtemps gardé cette illusion que la femme n’avait pas
132 cela ! Il ne faut jamais croire ce qu’elles nous disent . » Il a pris une expression angoissée et crispée. « Je vous parle trè
133 ui concerne intimement sa femme — « le seul être, dit -il, que j’ai vraiment aimé » — tous ces passages ont été coupés. On l
134 s ; et chez les autres résolu, croient-ils. Je ne dis pas qu’il torturait Gide, hors quelques crises dont nous avons les té
135 tandis qu’il eût admis la sainteté sans foi. Que dis -je ? Il l’a souhaitée expressément. Mais comment définir un saint qui
136 e s’il en refusait les dimensions profondes. J’ai dit qu’il se méfiait d’une certaine « profondeur » qui mesure parfois la
137 de s’arrêter à la logique exotérique d’un texte, disons à son seul sens éthique. Penchant bien protestant, ou simplement ranç
138 de lui, et n’est pas explicable sans lui. (Je ne dis pas qu’elle soit chrétienne pour autant.) Gide était individualiste.
139 honnêtes. « Le Seigneur seul connaît les siens », dit l’Écriture : si l’on est chrétien, qu’on croie cela, laissant aux inc
140 croyant demain, ne sera-t-il pas celui qui osera dire  : « Je ne crois pas ! » quand l’État contre l’homme invoquera les Néc
141 n’est de lumière sans ombre. Et je n’entends pas dire que Gide fut un croyant, mais il reste un douteur exemplaire. at.
31 1957, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). La découverte du temps ou l’aventure occidentale (mars 1957)
142 t-mille ans. Aux toutes dernières nouvelles — qui dira mieux ? — c’est au moins six-cent-mille qu’il conviendrait d’admettre
143 te planète ? Si un démographe génial pouvait nous dire demain que la réponse est « de l’ordre de trois-cents-milliards », no
144 ore ce mouvement de la sagesse mythique, quand il dit pour se rassurer que « l’histoire se répète », ou plus familièrement
145 ion introduit dans le monde par l’Évangile. (J’ai dit plus haut que le Moyen Âge fut la période « orientale » de l’Europe.)
146 e un « jour de Brahma » dans le cosmos actuel. Je dis « cosmos actuel », car de nombreux savants nous parlent déjà d’un mou
147 ecours ? « Au monde comme n’étant pas du monde », disait saint Paul. Mais l’Histoire absolue veut que l’homme tout entier soit
148 tte Histoire dans le « sens » de laquelle on nous dit qu’il faut « être » de toute nécessité, sous peine de n’être pas. Cel
149 lution, et je n’ai plus d’autre choix que de m’en dire l’agent. Cet abandon de l’être entier à la Maya, sans plus rêver la d
32 1961, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). La personne, l’ange et l’absolu, ou le dialogue Occident-Orient (avril 1961)
150 intellectuels et spirituels ? Presque rien, sinon dire l’essentiel, qui n’agira guère sur l’histoire dans son devenir immédi
151 une femme d’une beauté resplendissante et qui lui dit  : — Je suis toi-même ! Mais si l’homme sur la Terre a maltraité son m
152 ous apprendre le moyen de ne pas renaître », nous dit une moderne interprète du bouddhisme tibétain66. À l’autre extrémité
153 fier d’avance le jiva — sans s’ordonner d’avance, dirions -nous, aux exigences du vrai moi, qui est notre répondant céleste. Et
154 , ou du Brahma. Qu’est-ce que l’âme ? Une monade, disent les uns. Un reflet du Brahma, disent les autres. Non, répondent les a
155 Une monade, disent les uns. Un reflet du Brahma, disent les autres. Non, répondent les advaïtins : c’est Brahma ou ce n’est r
156 ddhistes (mais le tao chinois et le shinto nippon disent à peu près les mêmes phrases) : « Nagasena, existe-t-il un être qui t
157 c’est possible. » Voici l’explication : « Le Roi dit  : Nagasena, y a-t-il quelqu’un qui ne reprenne point l’individualité
158 ndividualité, mais non un être pur. — Ô Nagasena, dis -moi s’il existe rien de semblable à l’âme ? — Il n’y a rien de sembla
159 cherchent l’extase. Quant aux bouddhistes zen, on dirait qu’ils s’en tiennent à la stase pure et simple : faire face au fait,
160 la vision. Tout l’Orient exagère ses formules. Il dit cent-mille-millions pour dire beaucoup ; absolue négation, pour dire
161 ère ses formules. Il dit cent-mille-millions pour dire beaucoup ; absolue négation, pour dire qu’il faut se méfier, et immor
162 lions pour dire beaucoup ; absolue négation, pour dire qu’il faut se méfier, et immortalité pour dire longévité. Notre hygiè
163 ur dire qu’il faut se méfier, et immortalité pour dire longévité. Notre hygiène, augmentant de cinquante ans la durée moyenn
164 ’est de voir sa propre Physionomie. » Or comme le disait le sixième Patriarche de la secte (638-713) : « Ne pense pas au bien
165 , s’il est bon, ou son enfer, s’il est mauvais », dit Swedenborg dans La Nouvelle Jérusalem. Et dans De Coelo, il ajoute :
166 venir un monstre.) Pour aimer, il faut être deux, dit la sagesse des nations. Et cela vaut d’abord pour l’amour de soi-même
167 , deviner, porter le meilleur de ce qu’on aime », disait Alain. Or le meilleur de l’autre — comme de soi — est sa vocation sin
168 relations s’empoisonnent. La plupart des névroses dites « sexuelles » ont leur genèse dans cette discorde permanente, dans ce
169 i de l’agrément de l’Aimé. « Et telle est hélas ! dit Ibn Arabi, la manière dont la plupart des gens d’aujourd’hui comprenn
170 ncilier l’amour naturel (ou physique, comme on le dit improprement) avec l’amour spirituel ? Qui aime en nous, et pour qui 
171 ue l’image sensible, — et c’est pourquoi j’ai osé dire que Tristan n’aimait pas Iseut — cette passion n’est-elle pas mieux v
172 r séparation, parce que « leur engagement — comme dira Novalis — n’était pas pris pour cette vie », mais pour l’autre ? S’il
173 n’est ni ceci ni cela, mais qui est l’Immensité, disent les hindous, et qui est le Vide, disent les bouddhistes. Du même coup
174 mmensité, disent les hindous, et qui est le Vide, disent les bouddhistes. Du même coup se trouvent évacués les problèmes de l’
175 a d’accès que dans la pensée des sots », comme le dit un texte tibétain, la notion de Toi ne vaut pas mieux. « La morale bo
176 -passion, et même l’amour matrimonial. Mais on me dira que l’Asie n’est pas toute spirituelle, et que la vie ne s’en tient p
177 ns à quel point Kierkegaard voyait juste quand il disait que le christianisme, en condamnant la sensualité au nom de l’esprit,
178 e infinie bibliographie rameutée à l’appui de mes dires , cette notation plaisante dans un roman moderne, dont l’auteur se tro
179 ui seul importe. « Surmonte le mal par le bien », dit le Bouddha. « Que ceux qui me calomnient, me nuisent, me raillent, et
180 autres, obtiennent l’illumination spirituelle », dit Shantideva. Et Suzuki, qui enseigna le zen à toutes les Amériques dég
181 cident, et de plus en plus à l’Europe, va jusqu’à dire que la méthode bouddhiste « consiste à transformer Éros en Agapè »90.
182 ? Et qui, précisément, ici, touche à sa fin ?) Je disais que l’amour vrai, c’est discerner dans l’autre — pour l’avoir reconnu
183 ière de l’amour créateur ? Non, ce serait là trop dire , et pas assez. Aimer, c’est aider l’autre à se situer de telle manièr
184 ima projetée ? Tous les psychanalystes nous l’ont dit  : l’erreur sur la personne de l’être aimé est la source des pires con
185 permanence et t’exerces aux « vues justes » comme disait le Bouddha, — qui était l’un des nôtres, un Indien — si tu vois bien
186 ssenti par l’amour seul, et qui est elle-même. Tu dis le Soi, ce n’est personne. — Il n’y a personne. Personne ne peut aime
187 ue ton « Dieu » dans ses créatures, puisqu’il est dit de Lui qu’il est amour. — Mais Dieu pour nous est une Personne, et no