1 1931, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Les Éléments de la grandeur humaine, par Rudolf Kassner (octobre 1931)
1 se mesure au pouvoir d’incarner sa vérité, le mal du siècle c’est l’impuissance. La proie de désirs divergents qui prennen
2 fait à la pensée d’un Karl Barth, génial disciple du Danois, et dont il est grand temps qu’on nous traduise quelques essai
3 iginale. Kassner reprend un des thèmes essentiels du préromantisme allemand, l’opposition de l’antique et du moderne, non
4 romantisme allemand, l’opposition de l’antique et du moderne, non du point de vue littéraire comme on le fit en France, ma
5 and, l’opposition de l’antique et du moderne, non du point de vue littéraire comme on le fit en France, mais du point de v
6 de vue littéraire comme on le fit en France, mais du point de vue des valeurs vitales (problème que notre xviie siècle se
7 donc possible de dire que le péché est la mesure du démesuré, et que pour le chrétien il n’est pas d’autre grandeur ». Ai
8 nc la conversion qui figure l’acte par excellence du chrétien, hors duquel il n’est pour lui ni mesure, ni grandeur, ni fo
9 n outrage, voire à une impudeur. » À l’opposition du Beau objectif et de l’Intéressant sentimental qui pour Schiller et su
10 t pour Schlegel symbolisait celle de l’antique et du moderne, Kassner répondrait aujourd’hui par l’opposition de la grande
11 l’indiscret nous vaut une description inégalable du mal du siècle. Ici le mépris ne porte aucune atteinte à la perspicaci
12 scret nous vaut une description inégalable du mal du siècle. Ici le mépris ne porte aucune atteinte à la perspicacité parc
13 ne ironie qui chez d’autres serait plutôt le fait du détachement. Une ironie à l’intérieur des choses, qui les fouille et
14 les purifie, une ironie née de la rigueur et non du scepticisme2. Le dialogue de Laurence Sterne et du recteur Krooks sur
15 u scepticisme2. Le dialogue de Laurence Sterne et du recteur Krooks sur Judas et la Parole est à cet égard d’une saveur pa
16 Kassner et son maître c’est leur vision tragique du péché. Le Lépreux, journal apocryphe de l’empereur Alexandre Ier de R
17 e, n’est qu’une suite de méditations sur le thème du tout-ou-rien moral qui caractérise Kierkegaard. L’on y trouvera moins
18 ires — Freud en particulier, dans Christ et l’âme du monde — mais bien plutôt qu’à force d’approfondir leur domaine propre
19 in de Claudel : ce serait une sorte de généalogie du réalisme poétique. 1. Obscurité : Kassner ne pose pas les problèmes
20 e la vision, c’est-à-dire l’appréhension poétique du monde. Rien n’est plus étranger au nominalisme qui envahit la critiqu
21 inalisme qui envahit la critique sous l’influence du journal. 2. Ici encore, on ne peut opposer ce concept d’ironie qu’à
2 1931, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Sarah, par Jean Cassou (novembre 1931)
22 un tour qui ferait penser aux conteurs de la fin du xviiie  ; des sujets dans le goût allemand, tels sont les éléments qu
23 a « vie normale », ou si l’on préfère, l’amertume du cœur humain découvrant son impuissance à susciter dans le monde l’amo
24 aison d’être. C’est pourquoi les meilleurs contes du volume sont ceux dont la lenteur nous retient. Ainsi Sarah, Monsieur
3 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Les Signes parmi nous, par C. F. Ramuz (janvier 1932)
25 gie bourgeoise, que Ramuz. Sa conception tragique du sort de l’homme suffirait à l’attester. Mais plus sûrement encore son
26 ofonde d’aujourd’hui. Aujourd’hui, c’est le titre du journal grâce auquel chaque semaine ou presque, il reprend le dialogu
27 me, en communion avec les éléments, avec l’effroi du monde. On a, non sans comique, loué « cet artiste raffiné » d’avoir s
28 jusqu’à son Antiquité qui ne coïncide avec celle du pays de Vaud : non pas la grecque, qui est scolaire — pour eux — mais
29 lectuels mal guéris. Certes Ramuz attend beaucoup du peuple russe, de « cette immense et secrète réserve d’innocence » d’o
30 de heure de terreur et de prière. Puis, « la page du ciel a été tournée », ils se relèvent : « Il paraît bien qu’on n’est
31 ramuziens, juxtapositions brutales, interférences du récit, surimpressions, changements de temps au cours d’une phrase, so
32 ce qu’elle fut pour d’autres : un moyen de créer du mystère en brouillant les plans ; mais un moyen de rendre plus totale
33 e à la Bourget. On s’est trop arrêté à l’insolite du style chez Ramuz. Ce qu’il a d’insolite, ce n’est pas tant sa forme q
34 tuels — sujets d’étonnement perpétuel — et la Fin du Monde est l’un d’eux. Un vrai mythe, c’est-à-dire un événement perpét
35 ui revêt une actualité7 et une réalité véritables du fait de la crise. Mais cet affleurement mystérieux de la forme mythiq
36 n dire. C’est le ton de la musique de Stravinsky, du Sacre et des Noces. Le ton de la création du monde. 6. S’il est vrai
37 sky, du Sacre et des Noces. Le ton de la création du monde. 6. S’il est vrai, comme l’a montré M. Spaïer, que toute pensé
4 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Le silence de Goethe (mars 1932)
38 t lui-même en état de faire. » Telle est la cause du malentendu que soulèvera toujours à nouveau l’exemple de cette vie. C
39 lament-ils de Rimbaud. Peut-être la confrontation du Sage et du Fou — d’un fou qui reste notre intime tentation — permettr
40 de Rimbaud. Peut-être la confrontation du Sage et du Fou — d’un fou qui reste notre intime tentation — permettra-t-elle, p
41 entation — permettra-t-elle, par la vivacité même du paradoxe, une prise de conscience plus juste et plus efficace des pui
42 cesse de provoquer dans notre esprit l’étonnement du premier regard, c’est la similitude de forme, c’est-dire la similitud
43 forme, c’est-dire la similitude essentielle, hors du temps, qui paraît dans ces deux expériences, à mesure qu’on les abstr
44 ter les biographes. On a souvent rappelé l’amitié du jeune bourgeois de Francfort et de la sage et très fervente Mlle de K
45 omme chez Goethe, c’est une forme mystique, celle du terrible « Meurs et deviens ! », et s’il l’assume en connaissance de
46 cile, le silence. Ainsi, les premières séductions du dépaysement spirituel, de la connaissance ésotérique dans ce qu’elle
47 e enfiévré le jeune Goethe, que déjà la faiblesse du corps le ramène à l’aspect concret de notre condition. Et c’est seule
48 y a-t-il de plus agissant, dans une œuvre marquée du signe de la maturité, que cette présence rayonnante dont on devine ch
49 te platitude, mais translucide, que dans le Conte du Serpent Vert, trop visiblement ésotérique. Équilibre si périlleux que
50 énergies nouvelles. Le silence mûrit à la faveur du secret, et dans la profondeur, des conceptions s’opèrent. C’est ainsi
51 sormais. Mais une action qui par avance désespère du seul succès qui pour Faust serait réel : la possession bienheureuse d
52 la pleine possession de ses forces et l’assurance du regard. L’âme, purifiée de sa « vieille dépouille » par l’effort aveu
53 tion entraîne des « conditions ». C’est la vision du travail humain, inexorable et dégoûtant, mais comment échapper ? L’ha
54 té de ses aspects le prouvent. C’est l’opposition du savoir et du pouvoir, de la connaissance et de la souffrance, de la s
55 ects le prouvent. C’est l’opposition du savoir et du pouvoir, de la connaissance et de la souffrance, de la spéculation et
56 voyant audacieux qui écrivit les chœurs mystiques du Second Faust peut aussi faire figure de sage officiel parmi les phili
57 plus son rêve profond. Et le cérémonieux silence du ministre renouvelle le vieux mythe germanique de la « Tarnkappe », du
58 le le vieux mythe germanique de la « Tarnkappe », du manteau qui rend invisible. ⁂ Cette similitude de forme dans le cours
59 que l’on croirait tirée de quelque journal intime du Goethe des années ascétiques, à Weimar avant l’Italie. Et le passage
60 dit mage ou ange… » rappelle étrangement ces vers du Premier Faust que l’on citait plus haut : « Moi qui me suis cru plus
61 ité rugueuse à étreindre ». Certes, les sentences du vieil Olympien de la légende ont peu de consonance avec un tel pathét
62 e, mais quel écho n’eût-il pas éveillé dans l’âme du jeune ministre de 32 ans, adonné vers ce temps au plus dur effort d’o
63 regard le mot suprême de la Saison, ce cri sourd du plus lucide héroïsme : « Et allons ! » Goethe seul est allé jusqu’à l
64 rimbaldienne. Mais chez Goethe, c’est la longueur du temps qui les dénoncera. Et cette fameuse sérénité de sa vieillesse,
65 eut-être, que le triomphe de l’élément libérateur du désespoir. La longue peine de celui « qui toujours s’est efforcé » a
66 relles, la régie d’un théâtre ou l’administration du Grand-Duché. « J’ai toujours considéré mon activité extérieure et ma
67 ximes qu’autant qu’elles sont utiles pour le bien du monde. Les autres, nous devons les garder pour nous ; elles seront to
68 ur et tendu des pages les plus égales et sereines du Faust. Mais, qu’à ce tempérament démoniaque l’on enlève la force plus
69 émoniaque l’on enlève la force plus grande encore du caractère, et voici la confession éruptive : les Illuminations naisse
70 e, par son excès même est encore une évasion hors du réel. En cela il est romantique, comme tous ceux que leur violence et
71 romantique (Nietzsche plus chrétien que son idée du christianisme). Plus goethéenne aussi. Mais gardons-nous de tirer de
72 ition, si elle la comble par ailleurs. Ce critère du salut, cette transcendance, en bonne dialectique autoriserait à des j
73  celle dont il est écrit qu’elle force les portes du Royaume des Cieux. Il reste que les temps nous pressent de toutes par
5 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Querelles de famille, par Georges Duhamel (mai 1932)
74 Georges Duhamel (mai 1932)e L’ambiguïté, c’est du paradoxe détendu ; ou si l’on veut, c’est une contradiction intérieur
75 Rien de plus légitime que le désir d’être entendu du grand public, et c’est pourquoi l’on ne voudrait pas reprocher à M. D
76 (Message aux Princes des Prêtres) sont dépourvues du minimum de cynisme et de fantaisie qui enflammerait notre indignation
77 ivoque foncière et qui porte sur le thème général du livre. Il est inquiétant de voir un esprit de cette qualité, et qui c
78 rs elle implique la condamnation d’une conception du monde à la fois libérale et inconsciemment matérialiste qui permet et
79 gnes de ce nom ? Serait-ce que la mauvaise humeur du bourgeois dérangé agissant comme dérivatif, assure son conformisme fo
80 Faut-il y voir une sorte de sublimation à rebours du sens de la révolte ? On serait en droit d’exiger d’un critique de son
81 seulement l’on distinguerait l’ordre de grandeur du grief qu’il fait à ce temps. C’est ce qu’en vain l’on cherche au cour
82 x Princes des Prêtres, à MM. les Députés, au chef du gouvernement. L’on s’étonne que M. Duhamel n’ait joint à son recueil
83 ujet de pastiche facile : décrire l’état d’esprit du Français moyen qui brandit son parapluie sous le nez de l’agent, inve
6 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Ce chien, ton serviteur, par Rudyard Kipling (juillet 1932)
84 r, par Rudyard Kipling (juillet 1932)f Traduit du chien par Kipling, et adapté, voire recréé par Jacques Valette dans u
7 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Éloge de l’imprudence, par Marcel Jouhandeau (septembre 1932)
85 nts. Mais d’autre part, peut-on parler réellement du mal, quand presque plus personne n’y croit avec sérieux, ni à l’enfer
86 ur indiquer à la fois l’importance et les limites du petit livre si justement paradoxal de Jouhandeau, — de cette espèce d
87 au, — de cette espèce de « dialectique » formelle du bien et du mal qu’il publie en marge de son œuvre romanesque. Un Kier
88 tte espèce de « dialectique » formelle du bien et du mal qu’il publie en marge de son œuvre romanesque. Un Kierkegaard cri
89 eau à son tour se place dans ces marches extrêmes du bien et du mal où l’apologie de l’un équivaut presque à celle de l’au
90 our se place dans ces marches extrêmes du bien et du mal où l’apologie de l’un équivaut presque à celle de l’autre. C’est
91 la morale et ses canons donnés d’avance. L’audace du « choix » ou du « dépassement », cette vertu qui « supprime la morale
92 canons donnés d’avance. L’audace du « choix » ou du « dépassement », cette vertu qui « supprime la morale », Jouhandeau l
93 une illustration, non dépourvue de complaisance, du « pecca fortiter » de Luther. Pour qui n’aurait pas lu d’autres ouvra
94 rs toutes les complexités. Il s’agit, on le sait, du bien et du mal selon l’Église. Mais l’émouvante et ironique dialectiq
95 es complexités. Il s’agit, on le sait, du bien et du mal selon l’Église. Mais l’émouvante et ironique dialectique de Jouha
96 nte et qui enveloppe tout ensemble les catégories du bien et du mal : le péché. Le contraire d’un péché, c’est-à-dire ce q
97 enveloppe tout ensemble les catégories du bien et du mal : le péché. Le contraire d’un péché, c’est-à-dire ce qui le suppr
98 le Bien ; d’où naissent le désir et la nécessité du Mal absolu ; sur quoi il reste béant. Mais la réalité de la foi est i
99 ns l’œil qui sait voir le péché au sein du mal et du bien à la fois. « Mal » ou « péché » — le débat se ramène sur cette p
8 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Alexandre, par Klaus Mann (septembre 1932)
100 nn (septembre 1932)h Ce n’est pas pour l’amour du laurier, mais pour l’amour de son ami Clitus, poète abstrait à la mod
101 mmbô plus que Laforgue d’ailleurs, avec, en plus, du sentimentalisme. La préface de Cocteau joue sur les thèmes, inépuisab
102 ace de Cocteau joue sur les thèmes, inépuisables, du profil de plâtre, des boules de neige et du « dialecte du cœur ». h
103 bles, du profil de plâtre, des boules de neige et du « dialecte du cœur ». h. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Klau
104 l de plâtre, des boules de neige et du « dialecte du cœur ». h. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Klaus Mann, Alexan
9 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Cahier de revendications [Présentation] (décembre 1932)
105 ttitude essentielle ? Il semble que la solidarité du péril crée en nous une unité que n’ont su faire ni maîtres ni doctrin
106 groupes un véritable acte de présence à la misère du siècle, assez nouveau parmi les intellectuels, et si violemment accen
10 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). À prendre ou à tuer (décembre 1932)
107 onfortable, inadmissible, et dans toute l’urgence du terme : actuelle. Il y va de la qualité même de notre vie ; de notre
108 évolution est une nécessité au sens le plus banal du terme, et aussi à son sens de « misère qui appelle ». Nous ne sommes
109 alut qu’on lui offre, il faudrait qu’elle le paie du prix de l’âme même. On nous donne à choisir entre un régime bourgeois
110 tons de toute la force de notre âme : la primauté du matériel. Comment penser — si « penser » est inséparable d’une action
111 qui récitent Marx : une « utopie » sans doute, —  du moins vraie celle-là.   Les témoignages qu’on a pu lire plus haut déf
112 l’espèce vers un équilibre final, morne réplique du millénium chrétien. Les autres, avec Proudhon, refusent toute synthès
113 refusent toute synthèse, toute solution mécanique du conflit nécessaire et vital. Il n’y a pas de troisième terme, — ou c’
114 nnées élémentaires : elle n’est qu’une projection du conflit de la personne. Les marxistes nous accusent de mêler des noti
115 onne est un facteur « décisif », sinon suffisant, du processus révolutionnaire, et que nier cette valeur « décisive » de l
116 arxistes. Abdication de la pensée entre les mains du prolétaire qui, justement, avait besoin d’être conduit par la pensée
117 bolchévistes sont 200. En octobre, ils s’emparent du pouvoir sur toutes les Russies. En 1932 le parti compte deux millions
118 urgeois : mais je ne vois pas en quoi la tyrannie du matériel qu’ils prônent est meilleure pour les hommes que le présent
119 aquent. Cela commence à se savoir. Ils promettent du pain, et croient ainsi triompher à la fois des bourgeois, et de la vé
120 e donnent pas de pain. Ceux qui ne promettent que du pain, finalement n’en donnent jamais. Nous avons en commun avec eux c
121 er des entreprises, des nations, les intérêts (?) du monde. Sylveire demande : que signifie « sauver le monde » ? Rien. Au
122 signifie « sauver le monde » ? Rien. Au sens fort du mot, le « salut » n’est pas à débattre sur le plan de l’humanité, mai
123 autre chose que d’arguments. À l’effort admirable du peuple russe retrouvant la grandeur des luttes élémentaires, n’aurion
124 ’ait pas besoin d’arguments pour juger les idoles du monde ; de cette seule chose pour laquelle j’accepte de me faire tuer
125 rgit, s’affirme. 19. Toute solution systématique du vrai conflit nécessité-liberté dans la mesure où elle existe en sol e
126 ée » par la crise américaine en particulier. 21. du Criterion. 22. Exemple frappant de l’Allemagne : voici un pays enfin
127 qu’il n’y a plus de « personnes ». 23. Le succès du communisme serait-il « de nous rendre la vie de caserne acceptable » 
11 1933, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Pétrarque, par Charles-Albert Cingria (avril 1933)
128 excite) et admirer en même temps le restaurateur du cicéronianisme dans tout ce que l’officialité moderne en représente —
129 ple, ses incidences fréquentes dans les problèmes du temps et de tous les temps : la musique occidentale, les méfaits de C
130 s de Cicéron, le commerce des vins dans la vallée du Rhône, la marche en montagne, le romantisme, le nationalisme, l’europ
131 eu bourrues, un peu précieuses, il jette l’esprit du lecteur dans le vif d’un sujet, et loin d’exploiter l’avantage de cet
132 ôt de l’enthousiasme dominé, l’opulente diversité du monde. La qualité des traductions du latin, du bas latin et de l’ital
133 te diversité du monde. La qualité des traductions du latin, du bas latin et de l’italien dont ce livre est abondamment orn
134 té du monde. La qualité des traductions du latin, du bas latin et de l’italien dont ce livre est abondamment orné permettr
12 1933, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Une main, par C. F. Ramuz (juin 1933)
135 historiques. Que cherche Ramuz ? Une connaissance du particulier qui introduise à celle de l’élémentaire ; qui soit donc l
136 aire ; qui soit donc le contraire de la recherche du pittoresque. Aucune de ses œuvres mieux qu’Une Main n’en convaincra.
137 rs, interrogation accidentelle. Par le choix même du prétexte de cet écrit, il nous donne ce genre de pensées pour ce qu’e
13 1933, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Saint-Évremond ou L’humaniste impur, par Albert-Marie Schmidt (octobre 1933)
138 ond, théoricien spirituel et serein de la sagesse du grand siècle, sous le coup de la question capitale qu’on voudrait pos
139 tte forme : la vérité est-elle en déca ou au-delà du désespoir, dans les mesures humaines ou dans la folie divine ? Il sem
140 de politesse. Cela pourrait bien être la formule du désordre intérieur maximum. Rien ne le dissimule mieux que le demi-so
14 1933, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Le Deuxième Jour de la Création, par Ilya Ehrenbourg (décembre 1933)
141 nson de Roland, fair-play, Baden-Powell, religion du travail. On a l’air d’ironiser, mais lisez donc : vous serez pris, vo
15 1934, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Taille de l’homme, par C. F. Ramuz (avril 1934)
142 de l’Homme, c’est en effet l’opposition cosmique du monde marxiste et du monde chrétien. Ramuz fait au communisme certain
143 effet l’opposition cosmique du monde marxiste et du monde chrétien. Ramuz fait au communisme certains reproches que d’aut
144 ec une véritable puissance, c’est l’aboutissement du marxisme : l’isolement cosmique de l’homme. Quoi qu’il dise, d’ailleu
145 mécanistes et les dialecticiens. On parle encore du « diamat »29, mais ce n’est plus qu’un conformisme d’État. C’est, à p
146 , ce qui s’est passé chez les bourgeois, au sujet du mot « esprit ».) Le vrai matérialiste, c’est Ramuz. Parce qu’il aime
147 ôt que d’homme. « Précédence, et non pas primauté du matériel ! », disait l’un d’eux. Qu’est-ce que le matériel peut bien
16 1934, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Le Procès, par Franz Kafka (mai 1934)
148 profond. Non qu’il prétende percer les apparences du monde pour s’enfoncer dans un ésotérisme, au contraire : il se borne
149 la liberté. Toute l’histoire sera celle, non pas du procès, qui n’a jamais lieu, mais des préliminaires, des démarches qu
150 s personne d’ailleurs n’a pu y parvenir. À la fin du cauchemar, on le tue dans des conditions trop déprimantes pour qu’il
151 onger même à résister. C’est ainsi une suspension du jugement qui est tout le drame du Procès. Constatation de la réalité
152 une suspension du jugement qui est tout le drame du Procès. Constatation de la réalité telle qu’elle est, et en même temp
17 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Ni gauche ni droite (août 1935)
153 les mystiques. Que valent ces mystiques détachées du réel ? Je vois à gauche la peur de Chiappe, et à droite, la peur de l
154 ble encore pour oser s’avouer ; à gauche une peur du fascisme assez forte déjà pour que la masse accepte l’idée d’une dict
155 he. Je leur devine quelques intérêts convergents, du côté d’Hitler par exemple. Staline veut une armée française puissante
18 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Paracelse, par Frédéric Gundolf (septembre 1935)
156 é, au sens où l’on dirait qu’Einstein, interprète du cosmos, est un mage, il ne fut pas un magicien. Il erra toute sa vie,
157 er pour une année, coupé en petits morceaux, dans du crottin de cheval, et de faire subir à son corps toute la gamme des c
158 siens. Aussi a-t-on souvent tendance à le rejeter du côté des mystiques, où cependant il n’a que faire, avec son goût de l
159 ne pouvait en exprimer. Son destin fut l’inverse du nôtre. La technique nous masque le vrai, nous sommes en pleine scolas
160 Ce langage en effet renvoie à l’origine cosmique du mal, où se trouve aussi le remède. Pour connaître et guérir une malad
161 u’on retrouve à la base de l’homéopathie moderne, du traitement par la vaccination, et même de la psychanalyse. Paracelse
162 ns de la dissection dont descend toute la science du xixe , et qui nous ont conduits à considérer notre corps comme une es
163 arque une date dans l’histoire de la connaissance du monde par le corps, ou si l’on veut, du corps par le monde. « L’homme
164 naissance du monde par le corps, ou si l’on veut, du corps par le monde. « L’homme ne saura jamais assez combien il est an
165 manisme mais à l’homme, considéré comme un miroir du ciel entier. Certes, elle n’est pas seulement cruelle et folle, l’épo
19 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Recherches philosophiques (septembre 1935)
166 vement de la philosophie classique, aux deux sens du mot achèvement. À partir de Hegel, dit-il, le philosophe n’aura plus
167 ui philosophe « au dimanche de la vie » au-dessus du « banc de sable de cette vie temporelle », Löwith oppose Marx et Kier
168 Löwith dégage puissamment l’origine philosophique du conflit qui domine le monde présent. L’effondrement de l’idéalisme hé
169 prit pur s’évanouit. L’âge qui s’ouvre sera celui du spirituel décisif. La seule doctrine, ou pour mieux dire, la seule at
170 en de lire l’essai de René Daumal sur les Limites du langage philosophique. C’est une recherche des conditions d’activité
171 ue, conduite avec un bon sens socratique, un sens du concret de l’esprit qui enchante en moi le disciple de Kierkegaard. I
172 tique de la joie, les esquisses phénoménologiques du Dr Minkowski, les approximations un peu hésitantes — est-ce un reproc
173 iori, bien caractéristique d’un certain renouveau du réalisme. Je me bornerai à signaler pour finir les pages très curieus
174 comment la négation de Dieu entraîne la négation du prochain, dans un esprit voué à la plus torturante logique. s. Rou
20 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Lawrence et Brett par Dorothy Brett ; Matinées mexicaines suivi de Pansies (poèmes), par D. H. Lawrence (octobre 1935)
175 icaine qu’on y voit trop, et passionnants à cause du sujet, même maltraité. Miss Brett raconte la même période et n’irrite
176 moyennes et des exceptions, de la statistique et du pittoresque. Mais où trouver la description des journées, des occupat
177 baquets que vous emplissez sans relâche de l’eau du puits. J’apporte, moi aussi, quelques seaux. Puis vous partez écrire
178 reintés que jamais. Puis Poppy se cabre au-dessus du dos de Bessie et nous la perdons presque. Enfin nos montures sont sel
179 e me donnez pas votre confiance — Pour me charger du poids de votre vie, de vos affaires ; — Ne me fourrez pas dans vos so
180 t à l’argent, les deux choses les plus irritantes du monde. (Un sous-produit et un moyen pris pour fins.) Mais justement L
181 t, fidèle et pur. Notez aussi cette petite phrase du récit de Brett : « Puis vous partez écrire dans les bois. » On allait
182 stoires, secrètement animées par « les battements du cœur sauvage de l’Espace », il s’amuse, il s’effraie de ses personnag
21 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Les Mystiques allemands du xiiie au xixe siècle, par Jean Chuzeville (octobre 1935)
183 Les Mystiques allemands du xiiie au xixe siècle, par Jean Chuzeville (octobre 1935)u C’est
184 s estimons alors les mystiques selon les critères du lyrisme moderne, qui ne préjugent pas nécessairement l’intellection d
185 ui ne préjugent pas nécessairement l’intellection du contenu, et encore moins de sa vérité. Il y a donc de l’équivoque dan
186 s possibles : ces deux-là dominent notre siècle.) Du point de vue strictement théologique, qui est tout de même décisif en
187 t reconnaître que les pages les plus « belles » — du point de vue de l’art — de cette anthologie, sont souvent les plus hé
188 ues que M. Chuzeville nous présente sont inconnus du public français, Novalis et Ruysbroeck mis à part ; et beaucoup sont
189 son choix par un préjugé historique que le « Mage du Nord » eût trop évidemment déconcerté. Ce préjugé consiste à rendre L
190 lle a eu le tort de vouloir y réduire l’évolution du mysticisme allemand, qui justement lui inflige le démenti le plus for
191 ent sortis un certain nationalisme et la doctrine du jeune Marx, on ne voit pas du tout le passage de Luther à Boehme, ce
192 isme et la doctrine du jeune Marx, on ne voit pas du tout le passage de Luther à Boehme, ce défenseur du libre arbitre per
193 tout le passage de Luther à Boehme, ce défenseur du libre arbitre persécuté par les pasteurs. Et d’autre part, on sait qu
194 sme romantique considéré comme une sécularisation du mysticisme. Il m’a semblé que cette perspective spirituelle était la
195 ’est pas un pseudonyme, mais un des trois prénoms du médecin, qui se nommait, « en réalité », Théophraste Paracelse Bombas
196 ’après un résumé, confectionné par Gonzague Truc, du pamphlet de Maritain, lequel s’appuie sur le P. Denifle… Que de garan
197 e rendu] Jean Chuzeville, Les Mystiques allemands du XIIIe au XIXe siècle  », La Nouvelle Revue française, Paris, octobre
22 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). « Le plus beau pays du monde » (octobre 1935)
198 « Le plus beau pays du monde » (octobre 1935)w Toujours ces mots. Quand je dis qu’ils ont
199 d’anglais : « L’Angleterre est le plus beau pays du monde. » Un inspecteur passait par là. Il lit le devoir. Tonnerre et
200 » de l’instituteur d’Alice, tenu pour responsable du cliché. On blâme cet instituteur. Qui va se plaindre à son député. Le
201 r la Chambre des communes. (Gazette de Francfort, du 31 juillet). On dirait une « histoire idiote ». Tout y est faux. C’es
202 tiens d’aujourd’hui sur la politique, à l’article du Temps, à un cerveau d’homme de gauche ou d’homme de droite. D’abord «
203 qu’on dise que l’Angleterre est le plus beau pays du monde ? Cela du moins ne manque pas de logique, malgré la première ap
204 ’Angleterre est le plus beau pays du monde ? Cela du moins ne manque pas de logique, malgré la première apparence. L’erreu
205 mière apparence. L’erreur courante, qui est celle du libéral rationaliste, c’est de croire que la proposition « l’Angleter
206 proposition « l’Angleterre est le plus beau pays du monde » comporte un sens rationnel ; que c’est un jugement qui conclu
207 lice écrit que l’Angleterre est le plus beau pays du monde, elle veut dire simplement : j’aime mon pays. L’amour exclut to
208 comparaison. Dire que tel pays « est le plus beau du monde », ce n’est pas dire qu’après enquête on aboutit à cette conclu
209 ix délibéré. Par malheur, l’enseignement s’empare du fait patriotique et tente de le rationaliser : il en fait un objet de
210 st rien d’autre qu’une rationalisation mensongère du sentiment patriotique. C’est l’intervention abusive de la raison comp
211 e domaine de l’incomparable. Si l’on tient compte du fait patriotique naturel, la seule formule « internationale » qui res
212 ble est celle-ci : « Chaque pays est le plus beau du monde ». C’est la formule fédéraliste. — Inutile d’ajouter que le sal
213 s. w. Rougemont Denis de, « “Le plus beau pays du monde” », La Nouvelle Revue française, Paris, octobre 1935, p. 633-63
23 1936, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Dictature de la liberté, par Robert Aron (mars 1936)
214 , par une sorte d’ellipse tout à fait révélatrice du mouvement de sa pensée, et à certains égards, du contenu de la doctri
215 du mouvement de sa pensée, et à certains égards, du contenu de la doctrine qu’il défend. Dictature et liberté, le monde m
216 re tue la liberté pour assurer l’ordre et le pain du corps (c’est le principe !). La liberté condamne la dictature, mais d
217 e de la liberté. Ce serait le plus beau « titre » du siècle. Ceci admis, et comment ne point l’admettre — mais c’est admet
218 a retrouvera jamais au terme ; et la rigueur même du calcul s’opposera à son intrusion. Comme le prouve toute l’histoire m
219 e, par exemple). Mais si l’on considère l’ampleur du dessein de L’Ordre nouveau, et la difficulté de le résumer à l’usage
220 remier, des conclusions pratiques dans le domaine du travail. Et sa première expérience de service civil, organisée l’été
221 ement efficace dans la polémique : voir les pages du dernier chapitre sur le colonel de la Rocque, « cet en avant qui ne s
24 1936, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Kierkegaard en France (juin 1936)
222 endus. 1. Parce qu’on a publié d’abord le Journal du séducteur, fragment d’un gros ouvrage intitulé De deux choses l’une,
223 nu, à tenir Kierkegaard pour une espèce d’esthète du paradoxe moral, pour un immoraliste avant la lettre nietzschéenne. Ad
224 duit la Maladie à la mort sous le titre de Traité du désespoir, Kierkegaard a passé bientôt pour le coryphée du désespoir
225 oir, Kierkegaard a passé bientôt pour le coryphée du désespoir considéré comme un des beaux-arts. Or s’il est vrai que Kie
226 s ou déguisées que revêt le désespoir fondamental du pécheur ; s’il est vrai qu’il a su montrer, avec une effrayante lucid
227 Quant à ceux qui le qualifient de « métaphysicien du néant », ils oublient de dire que le néant, dont ils lui prêtent ains
228 poser honnêtement la question tragique et réelle du doute inséparable de la foi ; parce que, « comme un oiseau s’envole a
229 entraînante. Pour cela, il te faut de la force et du talent. Qu’arrive-t-il ? Tout simplement ceci : l’époque s’engoue de
230 malentendus que je signalais ont valu à l’auteur du Traité du désespoir un « succès » dont il est peut-être temps de tire
231 us que je signalais ont valu à l’auteur du Traité du désespoir un « succès » dont il est peut-être temps de tirer certaine
232 urs édifiants » et d’essais religieux : La Pureté du cœur, Le Droit de mourir pour la vérité, Pour un examen de conscience
233 -en-Pareds », dans une petite ferme, tout au fond du bocage vendéen, pays de secrets obstinés, de voies retorses. Si ces o
234 elque chemin, ce ne peut être qu’à contre-courant du snobisme qui naît autour de leur auteur. ⁂ Le centre de Kierkegaard e
235 met à le réaliser. Tel est le sujet de la Pureté du cœur. La plupart des écrits proprement religieux de Kierkegaard dével
236 reviennent tous à la même question, qui est celle du sérieux dernier, de la prise au sérieux de la vérité. Du point de vue
237 eux dernier, de la prise au sérieux de la vérité. Du point de vue du sérieux humain, l’éternité doit apparaître comme une
238 la prise au sérieux de la vérité. Du point de vue du sérieux humain, l’éternité doit apparaître comme une espèce d’ironie
239 paraître comme une espèce d’ironie cruelle ; mais du point de vue de l’éternité, le sérieux humain apparaît affecté d’un h
240 sérieux absolu39 que dans la vie et dans la mort du Christ, homme et Dieu, car lui seul eut vraiment « le droit de mourir
241 temps l’éternel paradoxe de la vie et de la mort du Christ, jette sur tous nos sérieux, poses et amusettes, une ironie, o
242 ’il n’y a pas eu cet acte de foi, ce renversement du désespoir qui s’ignore en certitude combattante — et combattue. Le s
243 — et combattue. Le sérieux de l’ironie, l’ironie du sérieux, voilà les pôles d’une dialectique dont le plus étrange, sans
244 sur le silence de la femme, par exemple, à la fin du Miroir de la Parole) une appréhension si totale du réel que notre lan
245 u Miroir de la Parole) une appréhension si totale du réel que notre langue, je le crains, n’arrivera pas à la restituer sa
246 ait déjà imprimée, quand j’ai lu dans les Cahiers du Sud une étude de Benjamin Fondane qui s’en prend avec énergie aux int
247 tion que pose Fondane : « Ils suivent Kierkegaard du regard — mais où en sont-ils de leur propre démarche ? » Oui, cette q
25 1936, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). L’Art poétique ou Qu’il faut penser avec les mains (décembre 1936)
248 de Claudel, qui domine de son poids les écritures du siècle, je retiendrai d’abord deux mots : « poétique » dans le titre 
249  poète » une circonstance atténuante, au bénéfice du maladroit, s’il est aimable. Ou bien c’est l’ornement de nos loisirs.
250 te, la plus active, la plus proche de la chose et du geste. Poésie, de poiein, ce sera : faire. Connaître, de cognoscere,
251 traites qu’on le peut. Opération inverse de celle du poète : on s’arrête à l’acception neutre, la moins active, la plus an
252 artes le diviseur, ne connaît pas de localisation du spirituel, ne connaît pas de lois mais seulement des formes. C’est un
253 , le mot qui profère son sens. » C’est un univers du discours, où les objets qui « veulent dire » s’assemblent en proposit
254 sienne, c’est-à-dire qu’il s’isole et s’abstrait du mouvement de la Création. « Et c’est pourquoi une fin lui fut en effe
255 en effet donnée » — qui est sa mort. Mais l’œuvre du poète, la vocation de l’homme, la charité cosmique du chrétien (ident
256 oète, la vocation de l’homme, la charité cosmique du chrétien (identiquement), c’est alors d’embrasser d’un seul geste, de
257 plus que la traduction, dans l’univers matériel, du sanglot de l’origine ». En même temps que la chose qui le provoque, l
258 s’appelle la parole. » Nous voici donc « chargés du rôle d’origine ». L’homme est « le sceau de l’authenticité ». Il est,
259 a fin qui l’englobe, il n’y a plus de distinction du matériel et du spirituel. L’homme « se connaît donc à son pas et à l’
260 lobe, il n’y a plus de distinction du matériel et du spirituel. L’homme « se connaît donc à son pas et à l’extension de se
261 avec les mains. ⁂ Au sixième jour de sa Semaine, Du Bartas parlant de ses mains les appelle, assez curieusement, d’abord 
262 u de toute éternité ! 40. En effet, la citation du Cratyle qu’il donne dans l’Art poétique (p. 172) dit exactement le co
263 ormule faite, d’un terme abstrait. C’est le style du livre de Job. aa. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] L’Art poéti
26 1937, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Une idée de Law (janvier 1937)
264 car le succès définitif est incertain. Avec bien du bonheur, on peut espérer de détruire 150 000 ennemis par le feu, le f
265 herbe sous les pieds » à la guerre. Mais le geste du capitaliste, qui eût été la plus belle farce de l’Histoire, a soulevé
266 honneur. Car il est clair que l’honneur seul — ou du moins ce qu’il nous en reste, et ce n’est qu’une caricature — retient
267 ivre jusqu’au bout, et sans scrupules, la logique du capitalisme. Or, ce système étant de ceux qui ne se peuvent soutenir
27 1937, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). De la propriété capitaliste à la propriété humaine et Manifeste au service du personnalisme, par Emmanuel Mounier (février 1937)
268 te à la propriété humaine et Manifeste au service du personnalisme, par Emmanuel Mounier (février 1937)ac Des quatre es
269 arti bien plutôt de Proudhon)44. En bref, le sens du livre est celui-ci : il s’agit de passer d’un mode de propriété abstr
270 e ce mouvement. Le lecteur qui se souvient encore du Cahier de revendications, publié ici même en 1932, ne manquera pas de
271 nt le prochain demi-siècle. Parler de la primauté du spirituel et de l’humain, c’était fasciste ! Mais voici que quatre an
272 ue quatre ans plus tard, le porte-parole officiel du parti communiste français publie une sorte de discours-programme inti
273 soudre les problèmes de la paix, de la liberté et du pain des hommes »ad. À vrai dire, nous n’espérions pas un triomphe si
274 x avec l’argent d’un autre, s’il ne peut le faire du sien ». (Car cet argent de l’autre devient dans ce cas bien commun.)
275 st qu’un facteur secondaire, et très peu décisif, du capitalisme. 45. Le Précis publié par L’Ordre nouveau dans son numér
276 te à la propriété humaine et Manifeste au service du personnalisme  », La Nouvelle Revue française, Paris, février 1937, p
28 1937, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). N’habitez pas les villes (Extrait d’un Journal) (juillet 1937)
277 flots de l’océan maussade et les pauvres rivages du détroit, c’est fort apparemment que je n’avais rien de mieux à faire.
278 fait de cette chose-là. C’est donc un acte et pas du tout un droit. Et ce n’est pas une sécurité, ni rien qui dure au-delà
279 a fenêtre ouverte sur les verdures encore vivaces du jardin. Quand je lève le nez, je vois la cour de terre battue à l’omb
280 attue à l’ombre de ses deux tilleuls, la margelle du puits à gauche, où repose une vieille chatte, le chai à droite. Au-de
281 droite. Au-delà de la cour, les planches incultes du potager, de chaque côté d’une allée bordée de rosiers. L’allée abouti
282 logue, j’imagine, à un poste colonial aux limites du désert. Curiosité, comme au début d’un film. La situation est d’aille
283 re de quoi vivre pendant six semaines environ, si du moins nos calculs sont justes : 900 francs, un bon toit, et le temps
284 francs, un bon toit, et le temps de voir venir.   Du 10 au 17 novembre Pour parer au plus pressé, écrit et envoyé six arti
285 je pourrai travailler. Aujourd’hui c’est le jour du repos. J’ai trouvé au fond d’une armoire, derrière une pile d’assiett
286 et son dialecte. L’un est l’œuvre d’un archiviste du continent. Il affecte une douce ironie sorbonnarde pour les petits év
287 petits événements qui se déroulèrent dans ce coin du pays, et surtout pour les légendes, locales, qui ont fortement exagér
288 description de la faune et de la flore de l’île, du régime des marées, des courants et des vents. Merveilleux livre en vé
289 les maisons et le clocher. Il est seul au-dessus du pays. Je voudrais le dessiner dans le style romantique, avec tous ses
290 s et toute son opulence, frisé comme une perruque du grand siècle. De trois côtés de la place généralement vide, les maiso
291 ’elle veut me faire causer avant de fixer le prix du chou-fleur, des enveloppes jaunes, du peloton de ficelle et du kilo d
292 xer le prix du chou-fleur, des enveloppes jaunes, du peloton de ficelle et du kilo de riz. Mes vêtements, citadins mais râ
293 , des enveloppes jaunes, du peloton de ficelle et du kilo de riz. Mes vêtements, citadins mais râpés, ne la renseignent pa
294 rd, mais je ne viens pas pour mes vacances ! J’ai du travail à faire chez moi, des tas de choses à écrire… Elle n’ose pas
295 ue j’écris à ma table, j’entends grincer la porte du jardin. C’est la femme de Pédenaud qui brandit un papier. J’accours :
296  ça dépend des années ».   1er décembre Dépenses du premier mois dans l’île : ménage, manger et boire, 480 francs ; (en g
297 de bonnes ou de mauvaises volontés lointaines, et du hasard, éveille par résonnance un sentiment de liberté, de gratuité a
298 ais été aussi absolument. C’est peut-être à cause du bonheur de notre vie. Trouver son rythme naturel, et les moyens de s’
299 est une liberté négative. Elle nous met à l’abri du monde et nous ramène tous physiquement à nos limites. Mais l’homme es
300 n sont pas curieux. De quoi donc me parlent-ils ? Du temps, et j’aime cela comme tout le monde ; de leur travail aux champ
301 tite ville se remplit de baigneurs et l’auditoire du temple est décuplé : cela suffit pour qu’on maintienne le poste… J’es
302 qu’une seule expérience précise et utile : celle du loisir. Je m’aperçois que je ne savais plus, ou ne pouvais plus, « pe
303 imat. Le loisir n’est pas simplement la cessation du travail pour un repos nécessaire. Il se définit psychologiquement non
304 ns la lumière au ras des landes. Lucidité stérile du bel hiver ! La colère y jaillit sans rencontrer personne. J’ai à crai
305 qu’elle ne m’attaque par désir famélique de créer du nouveau. Car c’est une consolation aussi que d’avoir à faire face à q
306 e vertu peut alors nous sauver de cette tentation du désespoir, et c’est l’humilité. Si je ne suis pas important, le monde
307 à déchiffrer. L’humilité m’apporte des nouvelles du monde. Ainsi je me renouvelle lentement. C’est un moyen de sortir de
308 lénaire dans cette faible activité humaine au ras du sol, sous ce grand soleil… Au nom de quelle « vérité » brutaliser et
309 d nous étions adolescents, chose nouvelle au goût du souvenir, que trop de téléphones à la ville, d’heures de bureau, d’im
310 Elle y est pourtant depuis notre arrivée, héritée du propriétaire. Nous l’avons nourrie sans espoir pendant des mois, la c
311 La culture et les gens. Souvent, quand je me tire du livre que j’écris — sur la crise de la cultureaf — pour causer avec l
312 is, et ce serait assez normal : il y a l’obstacle du vocabulaire, d’une certaine technique des idées, etc., mais encore il
313 l’heure s’excluent en fait. Mais je n’arrive plus du tout à retrouver ce sentiment d’absurdité que provoquait en moi, préc
314 tte commune mesure, sinon de raisons formulables, du moins… d’angoisse, ou de vision finale, qu’il s’agit de maintenir par
315 moi. Premières roses au soleil, le long des murs du chai. Nous déjeunons sous les tilleuls. Il y a un grand bonheur dans
316 elques mètres de la mer qui affleure le tranchant du plateau, la rivière s’élargit en bassins clairs aux profondeurs rouge
317 commençons la pêche. Il faut se planter au centre du bassin, et fouiller et racler sous les bords, dans le sable et les pa
318 le et les paquets d’algues, avec le cercle rigide du filet, puis retirer vivement la treille et l’égoutter. On ramène un p
319 .) Il me semble qu’il se passe des choses au fond du réduit obscur. La poule grogne furieusement quand je passe la tête. J
320 « le monde »… Nous mangeons les premiers légumes du jardin : salades et radis. Pour les carottes, il faut encore attendre
321 produit de nos pêches, les bons de pain, le reste du tonneau de vin blanc, nous pourrions subsister sans argent pendant qu
322 Articles, zéro. Traductions, zéro. Les chapitres du livre en train, non détachables. Un essai philosophique sur la person
323 y a plus de dix-huit mois. Les hommes sont bons, du moins certains d’entre eux. Sur le moment, ce qui m’a le plus frappé
324 crois à la valeur d’appel de l’absence, ou plutôt du retrait. (Il ne faut pas que ce soit une feinte, bien entendu, cela f
325 … » Autant que j’en puis juger d’après les propos du gérant, ce n’est pas seulement la crainte, après tout légitime, qu’on
326 é nouveau, avec l’ardeur et les curiosités naïves du débutant, cela suppose beaucoup moins de courage que bien des jeunes
327 la « vraie vie » dans je ne sais quelle embuscade du destin, comme qui dirait au coin d’un bois. Je crois que le réel est
29 1937, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Gösta Berling, par Selma Lagerlöf (novembre 1937)
328 qui régnèrent d’un Noël à l’autre sur la province du Warmland, s’étant juré de ne rien accomplir d’utile ni de raisonnable
329 moelleux, caractères magnifiques, tout cela digne du chef-d’œuvre épique de la littérature moderne. Kipling mort, il ne re
330 ux » — au sens baroque, impertinent et emphatique du mot — dans la virtuosité et les malices de ce génie de la fable nordi
331 ls, libérant les vertus et les vices des entraves du respect humain, nous jette dans le grand jeu du péché et de la grâce,
332 s du respect humain, nous jette dans le grand jeu du péché et de la grâce, et se confond avec la Charité. Imaginer, à ce d
333 ers, « appelés à faire vivre la joie dans le pays du fer, à l’époque du fer » nous ont appris à leur façon « les riches al
334 ire vivre la joie dans le pays du fer, à l’époque du fer » nous ont appris à leur façon « les riches alternances de la vie
335 ts, dans les exploits des Cavaliers. Ce n’est pas du réalisme socialiste, c’est la réalité sociale plus toutes les autres.
336 jugés classiques et les problématiques nécessités du commerce le plus mal compris. 48. Descriptions, rétrospections, coup
30 1937, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Au dossier d’une vieille querelle (novembre 1937)
337 ils feront bien de s’y comporter selon les usages du forum, et de crier avec les loups. « Préservant » ainsi la raison, au
338 e peut éviter qu’en offensant Dieu ». Et au sujet du second : « qu’il n’est pas avantageux de contenter les hommes en offe
339 ison bien débile, qui n’oserait s’exercer que sur du rationnel tout fait. S’il y a quelque part du rationnel (que ce soit
340 sur du rationnel tout fait. S’il y a quelque part du rationnel (que ce soit dans le monde ou dans l’esprit) c’est que la r
341 rait s’arrêter. Et même, à faire le petit rentier du rationnel, on court le risque le plus onéreux : celui de laisser perd
31 1938, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Le Monastère noir, par Aladár Kuncz (janvier 1938)
342 ubira les manifestations, inépuisables d’imprévu, du patriotisme de l’arrière. Et voici le journal de cet intellectuel jet
343 ticulière, mais au moins déclarée. Je veux parler du mythe de l’arrestation, de la psychose créée dans le monde actuel par
344 e livre de Kuncz tire son tragique le plus secret du fait qu’il symbolise, illustre et concrétise une condition qui n’est
345 étise une condition qui n’est pas seulement celle du prisonnier proprement dit, mais, peu ou prou, de chaque individu soum
346 r au Procès de Kafka, la plus géniale description du mythe de l’arrestationaj. On se rappelle que c’était l’histoire d’un
347 ltiplient dans notre siècle49, et tendent à faire du moindre d’entre nous un prévenu. C’est le cauchemar du xxe siècle. L
348 indre d’entre nous un prévenu. C’est le cauchemar du xxe siècle. Le triomphe de l’État sur l’homme. D’ailleurs on peut au
32 1938, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Victoire à Waterloo, par Robert Aron (février 1938)
349 t au sens allemand : une « imagination » profonde du destin de Napoléon, voilà ce que nous propose Robert Aron50. Il a pen
350 perdue que Bonaparte cherche à se recréer, celui du schizophrène qui « perd le sentiment », celui d’une société qu’il fau
351 t des limites de sa grandeur, un sens de l’humour du destin, une vraie poésie de l’Histoire, libératrice et excitante pour
33 1938, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Une révolution refoulée (juillet 1938)
352 possible d’indiquer une raison simple de l’échec du Front populaire ? La psychanalyse nous propose un type d’explication
353 n qui me paraît bien tentant : c’est le mécanisme du « refoulement » d’où procèdent les « actes manqués ». S’il y a eu « e
354 bien que l’autre triche. D’où cet affaiblissement du sens civique tellement frappant dans la France actuelle. (Au moins da
355 si l’Autriche fascinée s’est jetée dans la gueule du dragon, après avoir trompé et désarmé la résistance prolétarienne. On
34 1938, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Alice au pays des merveilles, par Lewis Carroll (août 1938)
356 giques. La logique enfantine est bien plus proche du raisonnement mathématique que de la raison avertie, donc impure. Elle
357 e Vienne. Et la discussion sur le temps, au cours du « Thé loufoque » où il est toujours cinq heures, annonce une psycholo
358 oir qui a gagné, quand une des règles principales du jeu est omise ou inobservée. (Ainsi la partie de croquet, la discussi
359 i se poserait le problème de la version française du conte ; celle de René Bour me paraît scrupuleuse, encore que déparée
35 1938, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Page d’histoire (novembre 1938)
360 ités, leur imposant un régime centraliste inspiré du modèle français. 2. Sur quoi se basaient les revendications hitlérien
361 es revendications hitlériennes ? — Les dictateurs du Centre européen furent les premiers à s’apercevoir du paradoxe politi
362 entre européen furent les premiers à s’apercevoir du paradoxe politique que nous venons de définir. Ils eurent l’habileté
363 s accords de Munich ? — Cette victoire symbolique du principe fédératif ne fut pas exploitée par les nations qui l’avaient
36 1939, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Propos sur la religion, par Alain (avril 1939)
364 , à ceci : la religion, c’est la pratique moyenne du catholicisme français. Il s’agit moins de la dénigrer que de la « réa
365 e « l’obligation de croire ne digère pas beaucoup du devoir de penser » (commencez par croire, vous finirez par penser)… C
366 in ne peut pas tenir compte des données concrètes du christianisme : le péché, le salut, le drame de la révolte et de l’am
367 ains, relève d’un malentendu, courant sur le sens du mot « foi ». Je voudrais au moins l’indiquer. Un chrétien sait que s
368 tien sait que sa foi n’est nullement le contraire du doute intellectuel, mais le contraire du péché, lequel n’est nullemen
369 ontraire du doute intellectuel, mais le contraire du péché, lequel n’est nullement une erreur morale, mais un état de révo
370 es ». Ce qu’un esprit comme celui d’Alain retient du catholicisme, c’est donc exactement ce que Kierkegaard, par exemple,
371 s « hors de propos » d’envisager. Le sérieux même du christianisme.51 Alain dit quelque part n’avoir jamais connu de « vr
372 s ou les empreintes psychologiques et historiques du catholicisme français, en tant que, vidé de la foi, il demeure une « 
37 1939, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Don Juan (juillet 1939)
373 on est tenté de ne voir en lui que le feu naturel du désir, — une espèce d’animalité véhémente, et comme innocente… Mais j
374 ien produit de pareil. Vous sentez bien qu’il y a du démoniaque dans son cas, une sorte de polémique anxieuse, de méchance
375 itôt prises les rejette, comme si c’était le fait du crime et non le plaisir qu’il cherchait. Polémiste perpétuel, il se t
376 ? La recherche « toute naturelle » de l’intensité du désir ne peut-elle expliquer à elle seule cette inconstance forcenée 
377 e vieux Casanova. Mais déjà ce n’est plus l’homme du plaisir qui parle ainsi. La volupté du vrai sensuel commence au-delà
378 us l’homme du plaisir qui parle ainsi. La volupté du vrai sensuel commence au-delà de ces moments que Don Juan fuit à pein
379 nouveauté dans la femme ? Et pourquoi désire-t-on du nouveau, du nouveau à tout prix, quel qu’il soit ? Celui qui cherche,
380 ns la femme ? Et pourquoi désire-t-on du nouveau, du nouveau à tout prix, quel qu’il soit ? Celui qui cherche, c’est qu’il
381 onnaît le système, entièrement relatif aux règles du jeu. Imaginons un don juanisme plus secret, une table de pharaon où l
382 ns scrupules, toutefois ressentie comme un crime, du fait qu’elle institue un ordre neuf par le décret de sa rigueur. ⁂ Ni
383 éfuté ». Que va dire l’Autre ? C’est, dans la vie du Don Juan des vérités, l’heure de l’invitation au Commandeur. Or Dieu
384 il réfute, dénonce et détruit, c’est pour la joie du viol intellectuel. Comme Don Juan l’image de la Mère, Nietzsche pours
385 tout ce qui cède, toute l’impudeur et la lourdeur du monde. C’est au point de fureur dionysiaque où la joie de détruire de
386 Nietzsche a rencontré soudain la fascinante idée du Retour éternel. Devant le roc de Sils-Maria on le voit interrompre sa
387 elà le bien et le mal, par-delà toutes les règles du jeu, il faut qu’une passion se révèle ; ou la mort, ou la vie éternel
388 on ne peut plus tricher). Voici peut-être la clé du mystère : c’est qu’en respectant toutes les règles, nous ne pourrons
389 èglement final, le Jugement dernier — d’où l’idée du Retour éternel. ⁂ Comme je parlais de ces choses à une amie : « J’ai
38 1939, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). La Poésie scientifique en France au xvie siècle, par Albert-Marie Schmidt (septembre 1939)
390 s précieuses, Peletier du Mans versifiant l’Éloge du Nombre Un, Du Chesne, calviniste paracelsien et physiologue pansexual
391 Peletier du Mans versifiant l’Éloge du Nombre Un, Du Chesne, calviniste paracelsien et physiologue pansexualiste, Béroalde
392 ges, bariolés et quasi monstrueux que nous ramène du fond du xvie siècle le coup de filet très savamment prémédité de M.
393 iolés et quasi monstrueux que nous ramène du fond du xvie siècle le coup de filet très savamment prémédité de M. Albert-M
394 ûler le mobilier, les souvenirs de famille datant du Moyen Âge, un tas d’objets inutiles et bizarres, chargés de significa
395 Ensuite, au xviiie , il n’est resté que la nudité du décor. La discipline est devenue lésinerie. Comment louer assez les m
396 recréatrice bien différente des qualités requises du pur et simple philologue. C’est une vision du monde, et des rapports
397 ses du pur et simple philologue. C’est une vision du monde, et des rapports du monde à l’homme, qu’il s’agit de concevoir
398 logue. C’est une vision du monde, et des rapports du monde à l’homme, qu’il s’agit de concevoir à nouveau, si l’on veut en
399 es figures puis des solides géométriques à partir du point originel. Mais qui oserait encore envisager l’ambition d’un Gui
400 s par une double croyance dans le pouvoir magique du langage, et dans la liberté infinie de l’homme, capable de refaire av
401 le cosmos à l’état adamique, d’effacer les traces du péché, de retrouver les noms réels et les « signatures » primitives d
402 role traverse tous les climats, jusqu’aux confins du monde, et l’on perçoit sa voix dans chaque dialecte ». Nous l’avons p
403 ui « considéraient l’huître comme un condensateur du fluide vital circulant par l’univers ». Voilà de la belle érudition q
39 1940, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Au sujet du Journal d’André Gide (janvier 1940)
404 Au sujet du Journal d’André Gide (janvier 1940)ar Il ne serait guère honnête,
405 s révèle au cours de ce Journal ; mais le malaise du critique commence au-delà de ce premier piège évité. Il naît de la di
406 ire le Journal d’André Gide. Il est probable que, du seul point de vue de l’art, cet intérêt demeure impur : l’indiscrétio
407 phique. Mais ici se pose le problème de la vérité du portrait, Gide note lui-même dès 1924 : « Si plus tard on publie mon
408 iné par l’obstacle qu’il veut éviter. Son horreur du malentendu l’entraîne à livrer au public treize cents pages d’explica
409 le sur les limites de la sincérité en général, et du journal intime en particulier. La passion d’être complètement vrai fi
410 d’abuser. Voici qui va fort loin dans la critique du genre : « Je ne pense pas qu’il y ait grand profit à tirer de ces exa
411 é, disons mieux : d’amabilité ; ou mieux encore : du désir de paraître aimable. Mais à trop se regarder, on ne vit plus. L
412 actions. (Voir là-dessus la note dramatique datée du 5 janvier 1902.) ⁂ Mais voici qu’à mon tour je succombe au désir de m
413 ère comme hérétiques : libre examen et moralisme. Du libre examen, Gide conserve son exigence de vérité et de véracité « a
414 de vérité et de véracité « advienne que pourra ». Du moralisme, il a gardé sans doute une propension fondamentale à préfér
415 ne propension fondamentale à préférer à la lettre du dogme l’esprit qui inspire et qualifie nos actions quotidiennes, fuss
416 ontre certaines altérations, les plus fréquentes, du christianisme : le mépris de la nature, et d’autre part, le recours à
417 utes les adjonctions « humaines — trop humaines » du moralisme néo-protestant et du dogmatisme romain. D’où son horreur co
418 — trop humaines » du moralisme néo-protestant et du dogmatisme romain. D’où son horreur congénitale des tours de passe-pa
419 a conversion devient pour lui le problème négatif du refus de la fausse conversion, ou de la conversion trop « facile ». «
420 étien tout simplement. » Position caractéristique du protestantisme libéral tel qu’il se développa au siècle dernier. « Je
421 s’asseoir au culte de famille. Sa gêne. L’horreur du geste qui puisse dépasser son sentiment… » Kierkegaard, lui aussi, ré
422 ci, c’est que la Réforme a rejeté les prétentions du pape de Rome non par dégoût de l’autorité en soi, mais au contraire p
423 le orthodoxie libératrice. ⁂ Si, malgré son génie du scrupule, Gide s’expose parfois au reproche de prendre position non s
424 ous importe, et qui nous intéresse au double sens du mot. Conclusion provisoire, paradoxale peut-être, mais somme toute, a
425 s le jour où nos cadets nous opposeront l’exemple du probe adversaire des orthodoxies orgueilleuses, « André Gide à n’en p
426 ide à n’en plus finir » ! 53. Cf. p. 1331, note du 26 janvier 1930. 54. Besoin si contagieux, lorsqu’on parle avec lui,
427 r. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Au sujet du Journal d’André Gide », La Nouvelle Revue française, Paris, janvier 1
40 1940, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Hommage à C. F. Ramuz (mai 1940)
428 y : l’humour de l’authentique, si caractéristique du cercle ramuzien, s’y traduit en mirlitons acidulés et en mélodies sav
429 e compliment d’anniversaire. Quant au « message » du poète, il s’exprime surtout dans deux portraits photographiques de Ge
41 1951, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Un complot de protestants (novembre 1951)
430 récepteur et nous sortons. Nous voici sur un banc du boulevard Saint-Germain. Les autos passent tout près. Je l’entends di
431 vous en tenez au protestantisme libéral de la fin du xixe siècle ? » — « Oui, c’est assez cela, la position du pasteur Ro
432 siècle ? » — « Oui, c’est assez cela, la position du pasteur Roberty, que j’aimais bien. » Vite lassé par les débats d’idé
433 ces entretiens, j’ai pris des notes. C’est celui du 20 juin. J’avais eu l’impression ce jour-là que Gide passait la prude
434 n des femmes, c’est leur manière « de s’offusquer du désir de l’homme ». Plusieurs, mariées, lui ont confié « qu’elles ten
435 dé cette illusion que la femme n’avait pas besoin du commerce physique, autant que nous. Hélas, je ne voyais pas clair. On
436 ’être rapportée, j’entends : qui modifie le moins du monde l’image que l’on connaît de lui. Nous parlions style, tournures
437 fille, lut sa dernière réponse : « L’originalité du Bipède. » (C’est ainsi qu’on l’appelait dans ce groupe.) Gide s’éclai
438 nature. Elles expliquent simplement l’insistance du problème aux stades les plus variés de l’évolution de Gide. Ce qui l
439 signifier pour lui que la sainteté, non l’accueil du mystère, ni l’adhésion à un credo. J’en donne la preuve : avoir la fo
440 ntense affectivité le liait, le reliait, au monde du christianisme, même s’il en refusait les dimensions profondes. J’ai d
441 ividuel, et cette croyance est née de la synthèse du christianisme. Elle n’existe pas hors de lui, et n’est pas explicable
442 ue au sens des religions traditionnelles, au sens du mythe, des astres et de l’ordre cosmique, ou bien encore au sens de l
443 n’est pas le premier venu. C’est usurper la place du Juge, ou mêler vanités et salut. Si Gide a refusé totalement quelque
42 1957, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). La découverte du temps ou l’aventure occidentale (mars 1957)
444 La découverte du temps ou l’aventure occidentale (mars 1957)au Pourquoi l’Europe
445 mme on l’a cru de l’unité de nos nations à partir du xixe siècle. L’Europe est une longue aventure, et l’esprit d’aventur
446 hysiques et naturelles, qui est la reconnaissance du corps, de la matière, et de la forme du monde en tant que réalités. (
447 naissance du corps, de la matière, et de la forme du monde en tant que réalités. (L’Orient les tient pour illusoires.) Ôte
448 enture, je détache ici le moment de l’exploration du temps, mère de l’Histoire. 1. L’Occident découvre le Temps De la
449 e Temps De la Genèse mosaïque jusqu’aux débuts du siècle dernier, les Occidentaux n’ont presque pas varié quant à la da
450 éé en 4004 avant J.-C., le 23 octobre, à 9 heures du matin. Les professeurs d’Oxford tenaient pour le 23 mars, même heure
451 ntérêt pour peu que l’on considère les dimensions du temps décrites par les anciennes cosmologies de l’Orient. Pour l’Inde
452 t se terminer dans 426 941 ans par la destruction du monde et sa reconstruction, qui sera l’œuvre de Kalki, dernier avatar
453 cultures et civilisations que nous avons exhumées du passé de la Terre ou qui survivent dans notre siècle ont enseigné des
454 ivent dans notre siècle ont enseigné des théories du temps, et presque toutes décrivent un temps cyclique. Elles croient a
455 relie, tout cela est « religion » au sens premier du terme56 — et ne laisse aucune place à l’Histoire, ni davantage à la p
456 par de libres actions dans l’existence terrestre du peuple élu : dès lors, celle-ci ne dépendait plus des astres ni d’un
457 une suite d’événements révélateurs. L’incarnation du Christ vint accomplir cette vocation unique du peuple d’Israël. Et, c
458 on du Christ vint accomplir cette vocation unique du peuple d’Israël. Et, certes, l’Évangile ignore absolument toute espèc
459 ui brise la croyance unanime aux retours éternels du temps cyclique. Dans le prolongement du temps dramatique des Prophète
460 éternels du temps cyclique. Dans le prolongement du temps dramatique des Prophètes s’ouvre alors le temps du salut : temp
461 s dramatique des Prophètes s’ouvre alors le temps du salut : temps de l’attente active, de l’espérance patiente et de la f
462 rance patiente et de la foi dans un retour unique du Christ glorieux. Et, dans ce temps nouveau, le rôle de chaque personn
463 de la tradition sacrée, comme aussi des caprices du hasard insensé, comme enfin de la roue du karma et du vertige de la m
464 aprices du hasard insensé, comme enfin de la roue du karma et du vertige de la métempsycose, qui réduisaient toute vie dan
465 asard insensé, comme enfin de la roue du karma et du vertige de la métempsycose, qui réduisaient toute vie dans le temps e
466 l’Illusion. Ainsi l’Histoire, conscience nouvelle du temps des hommes, est née de la même rupture des grands rythmes cosmi
467 iographie de sa personne : les Confessions. 3. Du Mythe à l’Histoire Mais il reste à mieux voir comment l’homme, dél
468 eligions traditionnelles ont développé des mythes du temps cyclique et de l’éternel retour, c’est parce que l’homme a peur
469 l’éternel retour, c’est parce que l’homme a peur du temps. Voilà le fait fondamental. Car le temps est lié à la mort comm
470 ccordent à ceux de l’âme. Ainsi le rêve universel du temps cyclique et du retour sans fin de toutes les situations dévalor
471 âme. Ainsi le rêve universel du temps cyclique et du retour sans fin de toutes les situations dévalorise le temps vécu de
472 L’irruption dans ce monde des religions antiques du message de l’Incarnation figure donc le Scandale absolu, la nouveauté
473 r ni de l’épiphanie d’un archétype. Cette rupture du Cercle cosmique livre l’homme à l’imprévisible, c’est-à-dire à la grâ
474 artient que par la chair (étant au monde mais non du monde) et qu’un terme est promis à l’Histoire, encore que nul n’en sa
475 our ni l’heure ». Seule donc la négation réalisée du temps permet d’assumer le temps dans sa réalité. Sans la Résurrection
476 nscendant, non plus au Mythe, contre la dictature du temps, n’est effectif que pour celui qui croit « que Dieu peut tout à
477 vec Kepler les astronomes. La conception linéaire du temps et du progrès continu de l’Histoire n’est guère soutenue que pa
478 es astronomes. La conception linéaire du temps et du progrès continu de l’Histoire n’est guère soutenue que par un Joachim
479 ar des représentations archétypiques et mythiques du cours des choses humaines ressenti comme semblable à celui des saison
480 même tendance naturelle la propension croissante du Moyen Âge à substituer la tradition, l’allégorie mystique et la légen
481 e, loin de représenter je ne sais quel « âge d’or du christianisme » — comme on l’a ressassé depuis les romantiques — fut
482 Âge ira beaucoup plus loin, non pas dans le sens du risque, mais dans celui des normes. C’est une vision réduite et limit
483 rmet de rendre un rythme à sa durée. L’apparition du Christ ne marque plus pour lui le commencement du temps de la Fin, ma
484 du Christ ne marque plus pour lui le commencement du temps de la Fin, mais le « milieu des temps », symbole archétypique.
485 t). Elle ne sera vraiment bouleversée qu’à la fin du xixe siècle. Relevons ici que la chronologie vertigineuse des hindou
486 gineuse des hindous ne s’appliquait qu’aux cycles du cosmos : les événements de l’Histoire s’y trouvent tellement noyés qu
487 « sous Ponce Pilate », mais il se tait sur celle du Jugement dernier, « car nous ne savons ni le jour ni l’heure ». Et c’
488 onforme de plus en plus, à mesure qu’il s’éloigne du mythe. Il n’en reste pas moins que l’extension soudaine des dimension
489 araît alors moins éloignée de la vérité que celle du Moyen Âge « chrétien ». Il en résulte une suite de conséquences qui j
490 une bonne partie de l’intelligentsia occidentale du xxe siècle. Comme il est clair qu’on ne peut pas « être » dans l’His
491 bsolutisée, qui n’est plus connaissance des actes du passé, mais flux irrésistible entraînant à la fois ceux qui lui cèden
492 qui lui résistent — peut-on la distinguer encore du temps lui-même ? N’est-elle pas simplement une manière de le penser q
493 penser qui le ferme à toute transcendance, et qui du même coup nous enferme et nous interdit tout recours ? « Au monde com
494 erdit tout recours ? « Au monde comme n’étant pas du monde », disait saint Paul. Mais l’Histoire absolue veut que l’homme
495 olue veut que l’homme tout entier soit uniquement du monde : elle le coupe de l’esprit. Ce faisant, elle nie la personne,
496 et le renouvelle. Et, si l’on rêve un monde coupé du transcendant, on évacue du même mouvement désespéré toute justificati
497 on rêve un monde coupé du transcendant, on évacue du même mouvement désespéré toute justification de l’action personnelle.
498 ue la règle — d’où les martyrs des premiers temps du christianisme. Si, au contraire, le « sens » appartient à l’Histoire,
499 » appartient à l’Histoire, et l’Histoire au César du moment, la police politique du César détient seule le vrai sens de no
500 ’Histoire au César du moment, la police politique du César détient seule le vrai sens de nos vies. Nul scrupule de conscie
501 ute pénible, mais normale. 5. Le refus moderne du temps Cette description rapide d’une attitude nouvelle et d’un éta
502 e » que toutes les précédentes ? Oui, s’il s’agit du goût de connaître le passé, plus répandu que jamais dans le grand pub
503 r, les revues et la presse nous parlent de Sumer, du paléolithique, des Mayas ou du vase de Vix, les mémoires font fureur,
504 parlent de Sumer, du paléolithique, des Mayas ou du vase de Vix, les mémoires font fureur, les biographies s’arrachent, e
505 re pas. Celle-ci marque un recul devant le risque du temps. La conscience de l’Histoire est née de l’acceptation d’un temp
506 se. D’ici là, nul soutien que la foi. À ce risque du temps, le Moyen Âge résiste par un retour aux conceptions cycliques e
507 liques et par une nette limitation des dimensions du passé et de l’avenir : cette espèce de congélation du temps a pour ef
508 assé et de l’avenir : cette espèce de congélation du temps a pour effet d’éliminer le devenir. Mais la Renaissance et les
509 e au vertige. Sa dernière résistance à l’angoisse du temps se manifeste alors par la manière dont il décide d’identifier a
510 e entier à la Maya, sans plus rêver la délivrance du nirvana, cet enlisement dans la forme du monde, sans espoir de salut
511 livrance du nirvana, cet enlisement dans la forme du monde, sans espoir de salut individuel58 — je pressens qu’ils trahiss
512 amoureux au moins autant qu’un fléchissement réel du sens de la personne et de la liberté. Ce n’est pas qu’on n’aime plus
513 jours, un sadisme. Dans cette abjecte humiliation du moi, l’orgueil fou trouve un alibi. L’Évolution fatale est en réalité
514 communistes affirment qu’ils sont les instruments du sens inévitable de l’Histoire, légitimant la mort de millions de koul
515 monde et contre Dieu — la négation de moi-même et du sens de ma vie. Anticiper l’avenir, c’est le dernier refus de l’avent
516 er l’avenir, c’est le dernier refus de l’aventure du temps — la fuite dans l’utopie. Utopies pessimistes, dans les démocra
517 craties : Orwell prévoit l’instauration prochaine du contrôle des pensées par le Pouvoir. Utopies optimistes chez les tota
518  : il suffit que la foi faiblisse, ou que le défi du temps paraisse insurmontable. L’utopie est recul devant le temps ouve
519 projette nos désirs en arrière, mais les « leçons du passé » ont rarement justifié d’autres délits que ceux de la routine.
520 tine. L’Histoire-devenir, qui est une conjuration du temps, exige des sacrifices sanglants bien plus massifs que n’en rêvè
521 ifs que n’en rêvèrent jamais les prêtres emplumés du grand dieu Huitzilopochtli. 6. Dilemme La crise de notre sens d
522 opochtli. 6. Dilemme La crise de notre sens du temps pose un dilemme. L’Occident, succombant au Devenir déifié, va-t
523 ménagent d’avance une signification aux surprises du temps qui vient à nous. Et ces options n’agiront point par la violenc
524 Anglais, sir William Jones : la Société asiatique du Bengale. Et ce n’est guère que depuis la fin du xixe siècle qu’une s
525 e du Bengale. Et ce n’est guère que depuis la fin du xixe siècle qu’une science historique s’est constituée en Inde. 56.
526 nécessité, que le succès temporel prenne la place du salut et qu’il tienne lieu de but suprême. Succès individuel ou colle
527 isance. au. Rougemont Denis de, « La découverte du temps ou l’aventure occidentale », La Nouvelle Revue française, Paris
43 1961, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). La personne, l’ange et l’absolu, ou le dialogue Occident-Orient (avril 1961)
528 coup plus de chrétiens japonais que de sectateurs du Dr Suzuki en Amérique.) L’Occident découvre la sagesse hindoue, grâce
529 ues-uns de ceux qui la feront demain. L’essentiel du dialogue nécessaire et désormais inévitable, pour si mal engagé qu’il
530 er d’infinies conséquences dans tous les domaines du réel, du spirituel au politique ; mais dans quelle mesure est-ce vrai
531 nies conséquences dans tous les domaines du réel, du spirituel au politique ; mais dans quelle mesure est-ce vrai ? Quel e
532 ées. D’où la définition de la personne humaine ou du vrai moi, reprise et précisée par toutes les grandes époques de la th
533 « nouvelle » est à la fois dans le monde et hors du monde, à la fois manifestée par son amour (Agapè) et « cachée avec le
534 puis dans le thomisme, on peut suivre l’évolution du concept et du terme de personne, forgé par la doctrine trinitaire ; i
535 homisme, on peut suivre l’évolution du concept et du terme de personne, forgé par la doctrine trinitaire ; il s’appliquera
536 ue de penser » et qui reste entièrement distincte du corps. Avec Kant, le vrai moi, nouménal, s’oppose au moi phénoménal,
537 iberté que n’aura jamais l’individu, simple objet du déterminisme universel. Et quant à la science d’aujourd’hui, dont on
538 e dissocier le moi, les recherches psychologiques du xxe siècle nomment et dénoncent les forces qui tendent à le dissocie
539 ns à l’anonyme, la condamnation par nos critiques du style impersonnel ou de la banalité, la dénonciation de l’on par nos
540 cette part de la personne dès maintenant libérée du monde, où elle vit encore en exil, mais « héritière du Royaume », dès
541 nde, où elle vit encore en exil, mais « héritière du Royaume », dès maintenant « portant l’image céleste », « glorifiée »,
542 ’est l’Ange, répond l’Iran des spirituels, l’Iran du mazdéisme et des mystiques soufis, proche de l’Inde mais enté sur le
543 ait l’Ange pour nos psychologues ? Une projection du moi individuel ou collectif. Pour les sages de l’Iran, il est ce moi.
544 st le vrai moi, c’est l’Ange. « Il ne s’agit plus du simple messager transmettant les ordres, ni de l’idée courante de l’A
545 apparaissent ainsi comme la contrepartie visible du monde invisible, mais premier, des archétypes. L’événement majeur, la
546 archétypes. L’événement majeur, la scène capitale du drame de la personne ainsi constituée se produit à l’aube de la trois
547 encontre de l’âme avec son moi céleste à l’entrée du pont Chinvat. Dans un paysage nimbé de la Lumière-de-Gloire restituan
548 croissent les plantes d’immortalité », au centre du monde spirituel (qui est le monde réel des Archétypes), le pont Chinv
549 is son drame ici-bas. L’absolu, ou la négation du moi Les peuples des régions que l’Europe nomme Asie diffèrent bien
550 tre idée de la personne qu’ils opposent leur idée du non-moi. Le vrai malentendu se serait-il instauré entre eux et nous ?
551 mmentaires aux Vedas, il apparaît que la négation du moi porte d’abord contre le moi « phénoménal », c’est-à-dire contre l
552 les upanishads, et les premiers écrits canoniques du bouddhisme : il faut éteindre le désir individuel, cause de l’erreur,
553 nion avec le corps. Elle doit tendre à se libérer du phénomène individuel au lieu que l’âme chrétienne doit le transfigure
554 e pas renaître », nous dit une moderne interprète du bouddhisme tibétain66. À l’autre extrémité géographique (et parfois s
555 e extrémité géographique (et parfois spirituelle) du continent, un interprète du zen fait écho : « La négation de l’Atman
556 parfois spirituelle) du continent, un interprète du zen fait écho : « La négation de l’Atman énoncée par les premiers bou
557 l’expérience illuminante.67 » Ou dans le sanscrit du Bouddha : Sabbe sankhara anicca Sabbe sankhara dukkha Sabbe dhamma
558 s’ordonner d’avance, dirions-nous, aux exigences du vrai moi, qui est notre répondant céleste. Et faut-il qu’il existe et
559 chacun se confond avec le Soi de l’Immensité, ou du Brahma. Qu’est-ce que l’âme ? Une monade, disent les uns. Un reflet d
560 que l’âme ? Une monade, disent les uns. Un reflet du Brahma, disent les autres. Non, répondent les advaïtins : c’est Brahm
561 amadhi, qui est l’absorption totale dans l’Absolu du Soi : le grand sommeil, lentement atteint, et qu’on peut appeler l’en
562 stase pure et simple : faire face au fait, signe du Tout, et donc du Vide. Leur satori est le contraire du samadhi : c’es
563 mple : faire face au fait, signe du Tout, et donc du Vide. Leur satori est le contraire du samadhi : c’est un éveil instan
564 ut, et donc du Vide. Leur satori est le contraire du samadhi : c’est un éveil instantané. Éveil de quoi ? De la vision-en-
565 instantané. Éveil de quoi ? De la vision-en-soi, du Cela qui n’est pas personnel et se joue à travers notre moi. Ainsi to
566  La valeur religieuse signifie l’absolue négation du moi », ajoute trois pages plus loin « Nous devenons vraies personnes
567 nfin ceci : « Ainsi que Bodhidharma (le fondateur du zen) l’a déclaré, zen ne se soucie pas de disserter sur des notions a
568 e » de ce siècle, il semblerait que les négations du moi selon les écoles orientales correspondent simplement aux névroses
569 es « dysfonctionnelles » qui menacent l’intégrité du moi et qui nient ou détruisent la personne… Mais l’Oriental sourit et
570 t le premier moteur non seulement de l’homme mais du monde, c’est son action qui configure l’idée du moi que nous nous fai
571 s du monde, c’est son action qui configure l’idée du moi que nous nous faisons, et cette idée du moi révèle l’amour, comme
572 ’idée du moi que nous nous faisons, et cette idée du moi révèle l’amour, comme la structure de l’atome traduit certaines p
573 ne seraient même concevables. Il ne s’agit ici ni du dualisme trop facilement nommé manichéen, opposant le Bien et le Mal
574 ur l’amour de soi-même, sans lequel point d’amour du prochain. Tous les moralistes du monde s’accordent avec les spirituel
575 el point d’amour du prochain. Tous les moralistes du monde s’accordent avec les spirituels dans leur condamnation de l’égo
576 r de soi-même, l’homme naturel s’ouvre à l’action du vrai moi spirituel et se laisse transformer, réorienter par lui. C’es
577 e sacrifice personnel, et si le sacrifice diffère du suicide — la nature de l’amour véritable l’explique seule. « Personne
578 oi-même » transfigurante. Ce modèle de l’amour et du vrai moi instaure le normal, le sublime, et la problématique de l’Occ
579 ’ange. Il lui reste la nostalgie d’une fuite hors du moi naturel. Désormais le vieil homme est jugé : n’ayant pu l’entraîn
580 corps, vu comme signe et symbole de la « prison » du moi. Et c’est que l’âme avait rêvé d’une métamorphose angélique, quan
581 bien vu Kierkegaard. Tout amour véritable procède du vrai moi et se dirige vers le vrai moi de l’autre. Mais il peut arriv
582 sonne singulière retombe au plan de l’individuel, du générique. Capté par l’instinct qu’il excite au-delà des exigences na
583 l » pour respecter — mais aussi contre le respect du mystère exigeant de l’Autre qu’il n’est pas assez « spirituel » pour
584 té humaine, d’unité de civilisation qui s’inspire du mazdéisme de Zarathoustra ; et nulle ne s’inspira jamais de la mystiq
585 isme essentiel de ces doctrines, citons ce verset du Coran (24-41) qui pose comme une clef musicale : « Chaque être connaî
586 et l’aimer « comme soi-même », — comme étant née du même amour qui m’a créé. « (Dieu) est celui qui dans chaque être aimé
587 Ibn Arabi distingue trois amours : l’amour divin du Créateur pour sa créature, et d’elle pour Lui ; l’amour spirituel « d
588 econnaît soudain dans l’Aimé cette Forme sensible du divin, cette théophanie que l’âme peut aimer dans toutes les dimensio
589 imé.78 On reconnaît ici les « notes » de l’amour du prochain selon Kierkegaard79, mais aussi selon Swedenborg : Comme tou
590 aussi selon Swedenborg : Comme tout bien procède du Seigneur, le Seigneur est, dans le sens suprême et au degré le plus é
591 rochain en proportion de ce qu’il a quelque chose du Seigneur en lui ; or, comme nul ne reçoit de la même manière le bien
592 ne reçoit de la même manière le bien qui procède du Seigneur, il s’ensuit que l’un n’est pas le prochain de la même maniè
593 qui distingue la transparence (parfois trompeuse) du latin de l’ingénieur-philosophe Swedenborg et la poésie dense de l’Ar
594 ation créatrice » des soufis, comme l’angélologie du mazdéisme, nous fait voir combien plus vivement l’unité première et f
595 nt emprunté par Wagner à Schopenhauer — participe du climat spirituel « iranien » et trouve en lui ses origines archétypal
596 ouve en lui ses origines archétypales. La passion du héros, que l’on peut interpréter (dans la légende primitive et l’opér
597 t-elle pas mieux vue si l’on évoque les Fravartis du mazdéisme, les figures angéliques du vrai moi dans le mysticisme souf
598 es Fravartis du mazdéisme, les figures angéliques du vrai moi dans le mysticisme soufi et même la « rencontre aurorale » d
599 siré l’amour de l’Ange que les amants de la forêt du Morois en viennent à découvrir que c’est leur passion même qui exige
600 ce serait alors dans le mode de la transposition du « ciel » en Terre, et de l’Ange en la femme, que l’on pourrait en pre
601 dous, et qui est le Vide, disent les bouddhistes. Du même coup se trouvent évacués les problèmes de l’amour de soi-même et
602 s de l’amour de soi-même et de l’amour de Dieu et du prochain : faute de protagonistes bien réels, ces problèmes ne saurai
603 oix. Écarte le prochain ! ajoutent les spirituels du védantisme et du bouddhisme. S’il est vrai que « la notion de Moi n’a
604 ochain ! ajoutent les spirituels du védantisme et du bouddhisme. S’il est vrai que « la notion de Moi n’a d’accès que dans
605 s l’amour, — j’entends l’amour de Dieu, de soi et du prochain, l’amour-passion, et même l’amour matrimonial. Mais on me di
606 que l’Orient réel soit plus conforme aux sermons du Bouddha que l’Europe au Sermon sur la Montagne. On aura tort. Car les
607 des castes et la condamnation de toute curiosité du monde) ; d’autre part, en tant que doctrines, elles proposent aux spi
608 lle représente une volupté sans mélange… Le désir du luxurieux pour la femme n’existe que parce qu’il voit en elle la form
609 nce. Dans la joie de la possession, la souffrance du désir est pour un instant apaisée… et l’homme perçoit dans le plaisir
610 Toute jouissance, tout plaisir est une expérience du divin… Mais l’amour parfait est celui dont l’objet n’est pas limité.
611 l’Être-de-volupté transcendant.86 Kâma, le dieu du plaisir érotique, est vénéré par les yogis, « car c’est lui seul, lor
612 orsqu’il est satisfait, qui peut libérer l’esprit du désir… Ce n’est pas le plaisir mais le désir qui lie l’homme et qui e
613 our dans l’espoir d’une jouissance est la victime du désir. Le sage accepte les plaisirs sensuels quand ils viennent, mais
614 , mais avec un cœur détaché. Il n’est pas victime du désir.88 » Ce « détachement » tout accueillant, cette approbation du
615 détachement » tout accueillant, cette approbation du plaisir comme expérience du divin, comparons-les aux diatribes d’un s
616 nt, cette approbation du plaisir comme expérience du divin, comparons-les aux diatribes d’un saint Paul annonçant la « col
617 saint Paul annonçant la « colère de Dieu, révélée du Ciel » contre les « impudiques » et les « infâmes », contre tous ceux
618 ahabharata, les copieux commentaires sur le culte du phallus, aux traités des Pères de l’Église sur l’ascèse et sur la cha
619 assion et l’amour mystique, l’érotisme et l’amour du prochain, sont des problèmes occidentaux, posés à tous par les rigueu
620 tes de plaisir, ou d’immortalité par la rétention du semen, sont liées en Asie à la piété, tandis que nos coutumes viennen
621 ne se veut « scientifique ». À cause de la nature du christianisme et de la nature de l’hindouisme ou du bouddhisme, la vi
622 christianisme et de la nature de l’hindouisme ou du bouddhisme, la vie réelle de l’Occident est en conflit avec la foi, t
623 firmer, par exemple, la réalité de la personne ou du prochain) on n’en saurait déduire qu’elles excluent leur contraire, o
624 s sur le vrai sens de leurs affirmations répétées du contraire (comme la non-existence du moi). Illustrons cela. L’idée de
625 ons répétées du contraire (comme la non-existence du moi). Illustrons cela. L’idée de vocation personnelle accomplie aux d
626 mplie. (Brihad-âranyaka Up.) La notion de l’amour du prochain, et l’injonction évangélique d’aimer aussi son ennemi ne son
627 que d’aimer aussi son ennemi ne sont pas absentes du bouddhisme car l’ennemi et toi-même ne diffèrent que par les attachem
628 et toi-même ne diffèrent que par les attachements du moi phénoménal, tandis qu’ils participent du même Soi véritable, qui
629 ents du moi phénoménal, tandis qu’ils participent du même Soi véritable, qui seul importe. « Surmonte le mal par le bien »
630 vant : amour mutuel. L’expérience est la même, ou du moins je la sens telle. Mais la lumière ? Est-ce le Nom qu’on lui don
631 i donne qui diffère, — ou quoi d’autre ? Le point du dialogue est ici. Un point seulement, sans étendue, mais selon le reg
632 lon leurs sages — d’une gigantesque schizophrénie du Soi. (Mais il sera finalement résorbé, tout s’arrangera.) Ils en ont
633 noyé dans le Tout. Mais le Tout est le contraire du drame. Tous les risques d’erreur sont liés à notre amour ; et plus l’
634 varié dans leur croyance à la dualité de l’Un et du Multiple, dualité finalement illusoire puisqu’un jour — dont ils save
635 transposition sur les plans poétique et religieux du Second principe de la thermodynamique. L’autre moitié de l’humanité c
636 nt décrit cette fin. Dès lors, au duel de l’Un et du Multiple est substitué le drame de l’Un et des Uniques : — à l’anéant
637 ui dormira dans un sommeil sans rêves — leur idée du bonheur — entre deux Créations totalement insensées. Si les saints de
638 s doctrines d’extinction n’ont pas tué l’illusion du moi ; au contraire, ce moi sans valeur est en train de faire valoir s
639 ieu ». (Romains 8). Et saint Justin, l’œcuménique du iie siècle, ose parler d’un salut de la Matière. À force de l’étrein
640 sa vie secrète, comme l’alchimiste, cette matière du cosmos en expansion, de l’atome élusif, des corps vivants, l’homme d’
641 rmer lui-même, en tant qu’il participe au mystère du créé. Il a choisi cette voie, qu’il aille jusqu’au bout ! Pour lui la
642 , 1940, p. 22. Cet ouvrage est le meilleur exposé du personnalisme moderne, par un psychanalyste assez proche de C. G. Jun
643 st occidentale. Cherchant à guérir les « maladies du moi », elle le confirme comme entité et le renforce, loin de l’élimin
644 es). 66. Cf. Alexandra David-Neel, Le Bouddhisme du Bouddha, 1960, p. 51-59. 67. D. T. Suzuki, Mysticism Christian and
645 rapprocher de cette vue d’un soufi : « Le paradis du gnostique fidèle, c’est son corps même, et l’enfer de l’homme sans fo
646 anishad. 83. Alexandra David-Neel, Le Bouddhisme du Bouddha, p. 45. 84. Chang Chen-Chi, The Practice of zen. 85. Tout