1
se mesure au pouvoir d’incarner sa vérité, le mal
du
siècle c’est l’impuissance. La proie de désirs divergents qui prennen
2
fait à la pensée d’un Karl Barth, génial disciple
du
Danois, et dont il est grand temps qu’on nous traduise quelques essai
3
iginale. Kassner reprend un des thèmes essentiels
du
préromantisme allemand, l’opposition de l’antique et du moderne, non
4
romantisme allemand, l’opposition de l’antique et
du
moderne, non du point de vue littéraire comme on le fit en France, ma
5
and, l’opposition de l’antique et du moderne, non
du
point de vue littéraire comme on le fit en France, mais du point de v
6
de vue littéraire comme on le fit en France, mais
du
point de vue des valeurs vitales (problème que notre xviie siècle se
7
donc possible de dire que le péché est la mesure
du
démesuré, et que pour le chrétien il n’est pas d’autre grandeur ». Ai
8
nc la conversion qui figure l’acte par excellence
du
chrétien, hors duquel il n’est pour lui ni mesure, ni grandeur, ni fo
9
n outrage, voire à une impudeur. » À l’opposition
du
Beau objectif et de l’Intéressant sentimental qui pour Schiller et su
10
t pour Schlegel symbolisait celle de l’antique et
du
moderne, Kassner répondrait aujourd’hui par l’opposition de la grande
11
l’indiscret nous vaut une description inégalable
du
mal du siècle. Ici le mépris ne porte aucune atteinte à la perspicaci
12
scret nous vaut une description inégalable du mal
du
siècle. Ici le mépris ne porte aucune atteinte à la perspicacité parc
13
ne ironie qui chez d’autres serait plutôt le fait
du
détachement. Une ironie à l’intérieur des choses, qui les fouille et
14
les purifie, une ironie née de la rigueur et non
du
scepticisme2. Le dialogue de Laurence Sterne et du recteur Krooks sur
15
u scepticisme2. Le dialogue de Laurence Sterne et
du
recteur Krooks sur Judas et la Parole est à cet égard d’une saveur pa
16
Kassner et son maître c’est leur vision tragique
du
péché. Le Lépreux, journal apocryphe de l’empereur Alexandre Ier de R
17
e, n’est qu’une suite de méditations sur le thème
du
tout-ou-rien moral qui caractérise Kierkegaard. L’on y trouvera moins
18
ires — Freud en particulier, dans Christ et l’âme
du
monde — mais bien plutôt qu’à force d’approfondir leur domaine propre
19
in de Claudel : ce serait une sorte de généalogie
du
réalisme poétique. 1. Obscurité : Kassner ne pose pas les problèmes
20
e la vision, c’est-à-dire l’appréhension poétique
du
monde. Rien n’est plus étranger au nominalisme qui envahit la critiqu
21
inalisme qui envahit la critique sous l’influence
du
journal. 2. Ici encore, on ne peut opposer ce concept d’ironie qu’à
22
un tour qui ferait penser aux conteurs de la fin
du
xviiie ; des sujets dans le goût allemand, tels sont les éléments qu
23
a « vie normale », ou si l’on préfère, l’amertume
du
cœur humain découvrant son impuissance à susciter dans le monde l’amo
24
aison d’être. C’est pourquoi les meilleurs contes
du
volume sont ceux dont la lenteur nous retient. Ainsi Sarah, Monsieur
25
gie bourgeoise, que Ramuz. Sa conception tragique
du
sort de l’homme suffirait à l’attester. Mais plus sûrement encore son
26
ofonde d’aujourd’hui. Aujourd’hui, c’est le titre
du
journal grâce auquel chaque semaine ou presque, il reprend le dialogu
27
me, en communion avec les éléments, avec l’effroi
du
monde. On a, non sans comique, loué « cet artiste raffiné » d’avoir s
28
jusqu’à son Antiquité qui ne coïncide avec celle
du
pays de Vaud : non pas la grecque, qui est scolaire — pour eux — mais
29
lectuels mal guéris. Certes Ramuz attend beaucoup
du
peuple russe, de « cette immense et secrète réserve d’innocence » d’o
30
de heure de terreur et de prière. Puis, « la page
du
ciel a été tournée », ils se relèvent : « Il paraît bien qu’on n’est
31
ramuziens, juxtapositions brutales, interférences
du
récit, surimpressions, changements de temps au cours d’une phrase, so
32
ce qu’elle fut pour d’autres : un moyen de créer
du
mystère en brouillant les plans ; mais un moyen de rendre plus totale
33
e à la Bourget. On s’est trop arrêté à l’insolite
du
style chez Ramuz. Ce qu’il a d’insolite, ce n’est pas tant sa forme q
34
tuels — sujets d’étonnement perpétuel — et la Fin
du
Monde est l’un d’eux. Un vrai mythe, c’est-à-dire un événement perpét
35
ui revêt une actualité7 et une réalité véritables
du
fait de la crise. Mais cet affleurement mystérieux de la forme mythiq
36
n dire. C’est le ton de la musique de Stravinsky,
du
Sacre et des Noces. Le ton de la création du monde. 6. S’il est vrai
37
sky, du Sacre et des Noces. Le ton de la création
du
monde. 6. S’il est vrai, comme l’a montré M. Spaïer, que toute pensé
38
t lui-même en état de faire. » Telle est la cause
du
malentendu que soulèvera toujours à nouveau l’exemple de cette vie. C
39
lament-ils de Rimbaud. Peut-être la confrontation
du
Sage et du Fou — d’un fou qui reste notre intime tentation — permettr
40
de Rimbaud. Peut-être la confrontation du Sage et
du
Fou — d’un fou qui reste notre intime tentation — permettra-t-elle, p
41
entation — permettra-t-elle, par la vivacité même
du
paradoxe, une prise de conscience plus juste et plus efficace des pui
42
cesse de provoquer dans notre esprit l’étonnement
du
premier regard, c’est la similitude de forme, c’est-dire la similitud
43
forme, c’est-dire la similitude essentielle, hors
du
temps, qui paraît dans ces deux expériences, à mesure qu’on les abstr
44
ter les biographes. On a souvent rappelé l’amitié
du
jeune bourgeois de Francfort et de la sage et très fervente Mlle de K
45
omme chez Goethe, c’est une forme mystique, celle
du
terrible « Meurs et deviens ! », et s’il l’assume en connaissance de
46
cile, le silence. Ainsi, les premières séductions
du
dépaysement spirituel, de la connaissance ésotérique dans ce qu’elle
47
e enfiévré le jeune Goethe, que déjà la faiblesse
du
corps le ramène à l’aspect concret de notre condition. Et c’est seule
48
y a-t-il de plus agissant, dans une œuvre marquée
du
signe de la maturité, que cette présence rayonnante dont on devine ch
49
te platitude, mais translucide, que dans le Conte
du
Serpent Vert, trop visiblement ésotérique. Équilibre si périlleux que
50
énergies nouvelles. Le silence mûrit à la faveur
du
secret, et dans la profondeur, des conceptions s’opèrent. C’est ainsi
51
sormais. Mais une action qui par avance désespère
du
seul succès qui pour Faust serait réel : la possession bienheureuse d
52
la pleine possession de ses forces et l’assurance
du
regard. L’âme, purifiée de sa « vieille dépouille » par l’effort aveu
53
tion entraîne des « conditions ». C’est la vision
du
travail humain, inexorable et dégoûtant, mais comment échapper ? L’ha
54
té de ses aspects le prouvent. C’est l’opposition
du
savoir et du pouvoir, de la connaissance et de la souffrance, de la s
55
ects le prouvent. C’est l’opposition du savoir et
du
pouvoir, de la connaissance et de la souffrance, de la spéculation et
56
voyant audacieux qui écrivit les chœurs mystiques
du
Second Faust peut aussi faire figure de sage officiel parmi les phili
57
plus son rêve profond. Et le cérémonieux silence
du
ministre renouvelle le vieux mythe germanique de la « Tarnkappe », du
58
le le vieux mythe germanique de la « Tarnkappe »,
du
manteau qui rend invisible. ⁂ Cette similitude de forme dans le cours
59
que l’on croirait tirée de quelque journal intime
du
Goethe des années ascétiques, à Weimar avant l’Italie. Et le passage
60
dit mage ou ange… » rappelle étrangement ces vers
du
Premier Faust que l’on citait plus haut : « Moi qui me suis cru plus
61
ité rugueuse à étreindre ». Certes, les sentences
du
vieil Olympien de la légende ont peu de consonance avec un tel pathét
62
e, mais quel écho n’eût-il pas éveillé dans l’âme
du
jeune ministre de 32 ans, adonné vers ce temps au plus dur effort d’o
63
regard le mot suprême de la Saison, ce cri sourd
du
plus lucide héroïsme : « Et allons ! » Goethe seul est allé jusqu’à l
64
rimbaldienne. Mais chez Goethe, c’est la longueur
du
temps qui les dénoncera. Et cette fameuse sérénité de sa vieillesse,
65
eut-être, que le triomphe de l’élément libérateur
du
désespoir. La longue peine de celui « qui toujours s’est efforcé » a
66
relles, la régie d’un théâtre ou l’administration
du
Grand-Duché. « J’ai toujours considéré mon activité extérieure et ma
67
ximes qu’autant qu’elles sont utiles pour le bien
du
monde. Les autres, nous devons les garder pour nous ; elles seront to
68
ur et tendu des pages les plus égales et sereines
du
Faust. Mais, qu’à ce tempérament démoniaque l’on enlève la force plus
69
émoniaque l’on enlève la force plus grande encore
du
caractère, et voici la confession éruptive : les Illuminations naisse
70
e, par son excès même est encore une évasion hors
du
réel. En cela il est romantique, comme tous ceux que leur violence et
71
romantique (Nietzsche plus chrétien que son idée
du
christianisme). Plus goethéenne aussi. Mais gardons-nous de tirer de
72
ition, si elle la comble par ailleurs. Ce critère
du
salut, cette transcendance, en bonne dialectique autoriserait à des j
73
celle dont il est écrit qu’elle force les portes
du
Royaume des Cieux. Il reste que les temps nous pressent de toutes par
74
Georges Duhamel (mai 1932)e L’ambiguïté, c’est
du
paradoxe détendu ; ou si l’on veut, c’est une contradiction intérieur
75
Rien de plus légitime que le désir d’être entendu
du
grand public, et c’est pourquoi l’on ne voudrait pas reprocher à M. D
76
(Message aux Princes des Prêtres) sont dépourvues
du
minimum de cynisme et de fantaisie qui enflammerait notre indignation
77
ivoque foncière et qui porte sur le thème général
du
livre. Il est inquiétant de voir un esprit de cette qualité, et qui c
78
rs elle implique la condamnation d’une conception
du
monde à la fois libérale et inconsciemment matérialiste qui permet et
79
gnes de ce nom ? Serait-ce que la mauvaise humeur
du
bourgeois dérangé agissant comme dérivatif, assure son conformisme fo
80
Faut-il y voir une sorte de sublimation à rebours
du
sens de la révolte ? On serait en droit d’exiger d’un critique de son
81
seulement l’on distinguerait l’ordre de grandeur
du
grief qu’il fait à ce temps. C’est ce qu’en vain l’on cherche au cour
82
x Princes des Prêtres, à MM. les Députés, au chef
du
gouvernement. L’on s’étonne que M. Duhamel n’ait joint à son recueil
83
ujet de pastiche facile : décrire l’état d’esprit
du
Français moyen qui brandit son parapluie sous le nez de l’agent, inve
84
r, par Rudyard Kipling (juillet 1932)f Traduit
du
chien par Kipling, et adapté, voire recréé par Jacques Valette dans u
85
nts. Mais d’autre part, peut-on parler réellement
du
mal, quand presque plus personne n’y croit avec sérieux, ni à l’enfer
86
ur indiquer à la fois l’importance et les limites
du
petit livre si justement paradoxal de Jouhandeau, — de cette espèce d
87
au, — de cette espèce de « dialectique » formelle
du
bien et du mal qu’il publie en marge de son œuvre romanesque. Un Kier
88
tte espèce de « dialectique » formelle du bien et
du
mal qu’il publie en marge de son œuvre romanesque. Un Kierkegaard cri
89
eau à son tour se place dans ces marches extrêmes
du
bien et du mal où l’apologie de l’un équivaut presque à celle de l’au
90
our se place dans ces marches extrêmes du bien et
du
mal où l’apologie de l’un équivaut presque à celle de l’autre. C’est
91
la morale et ses canons donnés d’avance. L’audace
du
« choix » ou du « dépassement », cette vertu qui « supprime la morale
92
canons donnés d’avance. L’audace du « choix » ou
du
« dépassement », cette vertu qui « supprime la morale », Jouhandeau l
93
une illustration, non dépourvue de complaisance,
du
« pecca fortiter » de Luther. Pour qui n’aurait pas lu d’autres ouvra
94
rs toutes les complexités. Il s’agit, on le sait,
du
bien et du mal selon l’Église. Mais l’émouvante et ironique dialectiq
95
es complexités. Il s’agit, on le sait, du bien et
du
mal selon l’Église. Mais l’émouvante et ironique dialectique de Jouha
96
nte et qui enveloppe tout ensemble les catégories
du
bien et du mal : le péché. Le contraire d’un péché, c’est-à-dire ce q
97
enveloppe tout ensemble les catégories du bien et
du
mal : le péché. Le contraire d’un péché, c’est-à-dire ce qui le suppr
98
le Bien ; d’où naissent le désir et la nécessité
du
Mal absolu ; sur quoi il reste béant. Mais la réalité de la foi est i
99
ns l’œil qui sait voir le péché au sein du mal et
du
bien à la fois. « Mal » ou « péché » — le débat se ramène sur cette p
100
nn (septembre 1932)h Ce n’est pas pour l’amour
du
laurier, mais pour l’amour de son ami Clitus, poète abstrait à la mod
101
mmbô plus que Laforgue d’ailleurs, avec, en plus,
du
sentimentalisme. La préface de Cocteau joue sur les thèmes, inépuisab
102
ace de Cocteau joue sur les thèmes, inépuisables,
du
profil de plâtre, des boules de neige et du « dialecte du cœur ». h
103
bles, du profil de plâtre, des boules de neige et
du
« dialecte du cœur ». h. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Klau
104
l de plâtre, des boules de neige et du « dialecte
du
cœur ». h. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Klaus Mann, Alexan
105
ttitude essentielle ? Il semble que la solidarité
du
péril crée en nous une unité que n’ont su faire ni maîtres ni doctrin
106
groupes un véritable acte de présence à la misère
du
siècle, assez nouveau parmi les intellectuels, et si violemment accen
107
onfortable, inadmissible, et dans toute l’urgence
du
terme : actuelle. Il y va de la qualité même de notre vie ; de notre
108
évolution est une nécessité au sens le plus banal
du
terme, et aussi à son sens de « misère qui appelle ». Nous ne sommes
109
alut qu’on lui offre, il faudrait qu’elle le paie
du
prix de l’âme même. On nous donne à choisir entre un régime bourgeois
110
tons de toute la force de notre âme : la primauté
du
matériel. Comment penser — si « penser » est inséparable d’une action
111
qui récitent Marx : une « utopie » sans doute, —
du
moins vraie celle-là. Les témoignages qu’on a pu lire plus haut déf
112
l’espèce vers un équilibre final, morne réplique
du
millénium chrétien. Les autres, avec Proudhon, refusent toute synthès
113
refusent toute synthèse, toute solution mécanique
du
conflit nécessaire et vital. Il n’y a pas de troisième terme, — ou c’
114
nnées élémentaires : elle n’est qu’une projection
du
conflit de la personne. Les marxistes nous accusent de mêler des noti
115
onne est un facteur « décisif », sinon suffisant,
du
processus révolutionnaire, et que nier cette valeur « décisive » de l
116
arxistes. Abdication de la pensée entre les mains
du
prolétaire qui, justement, avait besoin d’être conduit par la pensée
117
bolchévistes sont 200. En octobre, ils s’emparent
du
pouvoir sur toutes les Russies. En 1932 le parti compte deux millions
118
urgeois : mais je ne vois pas en quoi la tyrannie
du
matériel qu’ils prônent est meilleure pour les hommes que le présent
119
aquent. Cela commence à se savoir. Ils promettent
du
pain, et croient ainsi triompher à la fois des bourgeois, et de la vé
120
e donnent pas de pain. Ceux qui ne promettent que
du
pain, finalement n’en donnent jamais. Nous avons en commun avec eux c
121
er des entreprises, des nations, les intérêts (?)
du
monde. Sylveire demande : que signifie « sauver le monde » ? Rien. Au
122
signifie « sauver le monde » ? Rien. Au sens fort
du
mot, le « salut » n’est pas à débattre sur le plan de l’humanité, mai
123
autre chose que d’arguments. À l’effort admirable
du
peuple russe retrouvant la grandeur des luttes élémentaires, n’aurion
124
’ait pas besoin d’arguments pour juger les idoles
du
monde ; de cette seule chose pour laquelle j’accepte de me faire tuer
125
rgit, s’affirme. 19. Toute solution systématique
du
vrai conflit nécessité-liberté dans la mesure où elle existe en sol e
126
ée » par la crise américaine en particulier. 21.
du
Criterion. 22. Exemple frappant de l’Allemagne : voici un pays enfin
127
qu’il n’y a plus de « personnes ». 23. Le succès
du
communisme serait-il « de nous rendre la vie de caserne acceptable »
128
excite) et admirer en même temps le restaurateur
du
cicéronianisme dans tout ce que l’officialité moderne en représente —
129
ple, ses incidences fréquentes dans les problèmes
du
temps et de tous les temps : la musique occidentale, les méfaits de C
130
s de Cicéron, le commerce des vins dans la vallée
du
Rhône, la marche en montagne, le romantisme, le nationalisme, l’europ
131
eu bourrues, un peu précieuses, il jette l’esprit
du
lecteur dans le vif d’un sujet, et loin d’exploiter l’avantage de cet
132
ôt de l’enthousiasme dominé, l’opulente diversité
du
monde. La qualité des traductions du latin, du bas latin et de l’ital
133
te diversité du monde. La qualité des traductions
du
latin, du bas latin et de l’italien dont ce livre est abondamment orn
134
té du monde. La qualité des traductions du latin,
du
bas latin et de l’italien dont ce livre est abondamment orné permettr
135
historiques. Que cherche Ramuz ? Une connaissance
du
particulier qui introduise à celle de l’élémentaire ; qui soit donc l
136
aire ; qui soit donc le contraire de la recherche
du
pittoresque. Aucune de ses œuvres mieux qu’Une Main n’en convaincra.
137
rs, interrogation accidentelle. Par le choix même
du
prétexte de cet écrit, il nous donne ce genre de pensées pour ce qu’e
138
ond, théoricien spirituel et serein de la sagesse
du
grand siècle, sous le coup de la question capitale qu’on voudrait pos
139
tte forme : la vérité est-elle en déca ou au-delà
du
désespoir, dans les mesures humaines ou dans la folie divine ? Il sem
140
de politesse. Cela pourrait bien être la formule
du
désordre intérieur maximum. Rien ne le dissimule mieux que le demi-so
141
nson de Roland, fair-play, Baden-Powell, religion
du
travail. On a l’air d’ironiser, mais lisez donc : vous serez pris, vo
142
de l’Homme, c’est en effet l’opposition cosmique
du
monde marxiste et du monde chrétien. Ramuz fait au communisme certain
143
effet l’opposition cosmique du monde marxiste et
du
monde chrétien. Ramuz fait au communisme certains reproches que d’aut
144
ec une véritable puissance, c’est l’aboutissement
du
marxisme : l’isolement cosmique de l’homme. Quoi qu’il dise, d’ailleu
145
mécanistes et les dialecticiens. On parle encore
du
« diamat »29, mais ce n’est plus qu’un conformisme d’État. C’est, à p
146
, ce qui s’est passé chez les bourgeois, au sujet
du
mot « esprit ».) Le vrai matérialiste, c’est Ramuz. Parce qu’il aime
147
ôt que d’homme. « Précédence, et non pas primauté
du
matériel ! », disait l’un d’eux. Qu’est-ce que le matériel peut bien
148
profond. Non qu’il prétende percer les apparences
du
monde pour s’enfoncer dans un ésotérisme, au contraire : il se borne
149
la liberté. Toute l’histoire sera celle, non pas
du
procès, qui n’a jamais lieu, mais des préliminaires, des démarches qu
150
s personne d’ailleurs n’a pu y parvenir. À la fin
du
cauchemar, on le tue dans des conditions trop déprimantes pour qu’il
151
onger même à résister. C’est ainsi une suspension
du
jugement qui est tout le drame du Procès. Constatation de la réalité
152
une suspension du jugement qui est tout le drame
du
Procès. Constatation de la réalité telle qu’elle est, et en même temp
153
les mystiques. Que valent ces mystiques détachées
du
réel ? Je vois à gauche la peur de Chiappe, et à droite, la peur de l
154
ble encore pour oser s’avouer ; à gauche une peur
du
fascisme assez forte déjà pour que la masse accepte l’idée d’une dict
155
he. Je leur devine quelques intérêts convergents,
du
côté d’Hitler par exemple. Staline veut une armée française puissante
156
é, au sens où l’on dirait qu’Einstein, interprète
du
cosmos, est un mage, il ne fut pas un magicien. Il erra toute sa vie,
157
er pour une année, coupé en petits morceaux, dans
du
crottin de cheval, et de faire subir à son corps toute la gamme des c
158
siens. Aussi a-t-on souvent tendance à le rejeter
du
côté des mystiques, où cependant il n’a que faire, avec son goût de l
159
ne pouvait en exprimer. Son destin fut l’inverse
du
nôtre. La technique nous masque le vrai, nous sommes en pleine scolas
160
Ce langage en effet renvoie à l’origine cosmique
du
mal, où se trouve aussi le remède. Pour connaître et guérir une malad
161
u’on retrouve à la base de l’homéopathie moderne,
du
traitement par la vaccination, et même de la psychanalyse. Paracelse
162
ns de la dissection dont descend toute la science
du
xixe , et qui nous ont conduits à considérer notre corps comme une es
163
arque une date dans l’histoire de la connaissance
du
monde par le corps, ou si l’on veut, du corps par le monde. « L’homme
164
naissance du monde par le corps, ou si l’on veut,
du
corps par le monde. « L’homme ne saura jamais assez combien il est an
165
manisme mais à l’homme, considéré comme un miroir
du
ciel entier. Certes, elle n’est pas seulement cruelle et folle, l’épo
166
vement de la philosophie classique, aux deux sens
du
mot achèvement. À partir de Hegel, dit-il, le philosophe n’aura plus
167
ui philosophe « au dimanche de la vie » au-dessus
du
« banc de sable de cette vie temporelle », Löwith oppose Marx et Kier
168
Löwith dégage puissamment l’origine philosophique
du
conflit qui domine le monde présent. L’effondrement de l’idéalisme hé
169
prit pur s’évanouit. L’âge qui s’ouvre sera celui
du
spirituel décisif. La seule doctrine, ou pour mieux dire, la seule at
170
en de lire l’essai de René Daumal sur les Limites
du
langage philosophique. C’est une recherche des conditions d’activité
171
ue, conduite avec un bon sens socratique, un sens
du
concret de l’esprit qui enchante en moi le disciple de Kierkegaard. I
172
tique de la joie, les esquisses phénoménologiques
du
Dr Minkowski, les approximations un peu hésitantes — est-ce un reproc
173
iori, bien caractéristique d’un certain renouveau
du
réalisme. Je me bornerai à signaler pour finir les pages très curieus
174
comment la négation de Dieu entraîne la négation
du
prochain, dans un esprit voué à la plus torturante logique. s. Rou
175
icaine qu’on y voit trop, et passionnants à cause
du
sujet, même maltraité. Miss Brett raconte la même période et n’irrite
176
moyennes et des exceptions, de la statistique et
du
pittoresque. Mais où trouver la description des journées, des occupat
177
baquets que vous emplissez sans relâche de l’eau
du
puits. J’apporte, moi aussi, quelques seaux. Puis vous partez écrire
178
reintés que jamais. Puis Poppy se cabre au-dessus
du
dos de Bessie et nous la perdons presque. Enfin nos montures sont sel
179
e me donnez pas votre confiance — Pour me charger
du
poids de votre vie, de vos affaires ; — Ne me fourrez pas dans vos so
180
t à l’argent, les deux choses les plus irritantes
du
monde. (Un sous-produit et un moyen pris pour fins.) Mais justement L
181
t, fidèle et pur. Notez aussi cette petite phrase
du
récit de Brett : « Puis vous partez écrire dans les bois. » On allait
182
stoires, secrètement animées par « les battements
du
cœur sauvage de l’Espace », il s’amuse, il s’effraie de ses personnag
183
Les Mystiques allemands
du
xiiie au xixe siècle, par Jean Chuzeville (octobre 1935)u C’est
184
s estimons alors les mystiques selon les critères
du
lyrisme moderne, qui ne préjugent pas nécessairement l’intellection d
185
ui ne préjugent pas nécessairement l’intellection
du
contenu, et encore moins de sa vérité. Il y a donc de l’équivoque dan
186
s possibles : ces deux-là dominent notre siècle.)
Du
point de vue strictement théologique, qui est tout de même décisif en
187
t reconnaître que les pages les plus « belles » —
du
point de vue de l’art — de cette anthologie, sont souvent les plus hé
188
ues que M. Chuzeville nous présente sont inconnus
du
public français, Novalis et Ruysbroeck mis à part ; et beaucoup sont
189
son choix par un préjugé historique que le « Mage
du
Nord » eût trop évidemment déconcerté. Ce préjugé consiste à rendre L
190
lle a eu le tort de vouloir y réduire l’évolution
du
mysticisme allemand, qui justement lui inflige le démenti le plus for
191
ent sortis un certain nationalisme et la doctrine
du
jeune Marx, on ne voit pas du tout le passage de Luther à Boehme, ce
192
isme et la doctrine du jeune Marx, on ne voit pas
du
tout le passage de Luther à Boehme, ce défenseur du libre arbitre per
193
tout le passage de Luther à Boehme, ce défenseur
du
libre arbitre persécuté par les pasteurs. Et d’autre part, on sait qu
194
sme romantique considéré comme une sécularisation
du
mysticisme. Il m’a semblé que cette perspective spirituelle était la
195
’est pas un pseudonyme, mais un des trois prénoms
du
médecin, qui se nommait, « en réalité », Théophraste Paracelse Bombas
196
’après un résumé, confectionné par Gonzague Truc,
du
pamphlet de Maritain, lequel s’appuie sur le P. Denifle… Que de garan
197
e rendu] Jean Chuzeville, Les Mystiques allemands
du
XIIIe au XIXe siècle », La Nouvelle Revue française, Paris, octobre
198
« Le plus beau pays
du
monde » (octobre 1935)w Toujours ces mots. Quand je dis qu’ils ont
199
d’anglais : « L’Angleterre est le plus beau pays
du
monde. » Un inspecteur passait par là. Il lit le devoir. Tonnerre et
200
» de l’instituteur d’Alice, tenu pour responsable
du
cliché. On blâme cet instituteur. Qui va se plaindre à son député. Le
201
r la Chambre des communes. (Gazette de Francfort,
du
31 juillet). On dirait une « histoire idiote ». Tout y est faux. C’es
202
tiens d’aujourd’hui sur la politique, à l’article
du
Temps, à un cerveau d’homme de gauche ou d’homme de droite. D’abord «
203
qu’on dise que l’Angleterre est le plus beau pays
du
monde ? Cela du moins ne manque pas de logique, malgré la première ap
204
’Angleterre est le plus beau pays du monde ? Cela
du
moins ne manque pas de logique, malgré la première apparence. L’erreu
205
mière apparence. L’erreur courante, qui est celle
du
libéral rationaliste, c’est de croire que la proposition « l’Angleter
206
proposition « l’Angleterre est le plus beau pays
du
monde » comporte un sens rationnel ; que c’est un jugement qui conclu
207
lice écrit que l’Angleterre est le plus beau pays
du
monde, elle veut dire simplement : j’aime mon pays. L’amour exclut to
208
comparaison. Dire que tel pays « est le plus beau
du
monde », ce n’est pas dire qu’après enquête on aboutit à cette conclu
209
ix délibéré. Par malheur, l’enseignement s’empare
du
fait patriotique et tente de le rationaliser : il en fait un objet de
210
st rien d’autre qu’une rationalisation mensongère
du
sentiment patriotique. C’est l’intervention abusive de la raison comp
211
e domaine de l’incomparable. Si l’on tient compte
du
fait patriotique naturel, la seule formule « internationale » qui res
212
ble est celle-ci : « Chaque pays est le plus beau
du
monde ». C’est la formule fédéraliste. — Inutile d’ajouter que le sal
213
s. w. Rougemont Denis de, « “Le plus beau pays
du
monde” », La Nouvelle Revue française, Paris, octobre 1935, p. 633-63
214
, par une sorte d’ellipse tout à fait révélatrice
du
mouvement de sa pensée, et à certains égards, du contenu de la doctri
215
du mouvement de sa pensée, et à certains égards,
du
contenu de la doctrine qu’il défend. Dictature et liberté, le monde m
216
re tue la liberté pour assurer l’ordre et le pain
du
corps (c’est le principe !). La liberté condamne la dictature, mais d
217
e de la liberté. Ce serait le plus beau « titre »
du
siècle. Ceci admis, et comment ne point l’admettre — mais c’est admet
218
a retrouvera jamais au terme ; et la rigueur même
du
calcul s’opposera à son intrusion. Comme le prouve toute l’histoire m
219
e, par exemple). Mais si l’on considère l’ampleur
du
dessein de L’Ordre nouveau, et la difficulté de le résumer à l’usage
220
remier, des conclusions pratiques dans le domaine
du
travail. Et sa première expérience de service civil, organisée l’été
221
ement efficace dans la polémique : voir les pages
du
dernier chapitre sur le colonel de la Rocque, « cet en avant qui ne s
222
endus. 1. Parce qu’on a publié d’abord le Journal
du
séducteur, fragment d’un gros ouvrage intitulé De deux choses l’une,
223
nu, à tenir Kierkegaard pour une espèce d’esthète
du
paradoxe moral, pour un immoraliste avant la lettre nietzschéenne. Ad
224
duit la Maladie à la mort sous le titre de Traité
du
désespoir, Kierkegaard a passé bientôt pour le coryphée du désespoir
225
oir, Kierkegaard a passé bientôt pour le coryphée
du
désespoir considéré comme un des beaux-arts. Or s’il est vrai que Kie
226
s ou déguisées que revêt le désespoir fondamental
du
pécheur ; s’il est vrai qu’il a su montrer, avec une effrayante lucid
227
Quant à ceux qui le qualifient de « métaphysicien
du
néant », ils oublient de dire que le néant, dont ils lui prêtent ains
228
poser honnêtement la question tragique et réelle
du
doute inséparable de la foi ; parce que, « comme un oiseau s’envole a
229
entraînante. Pour cela, il te faut de la force et
du
talent. Qu’arrive-t-il ? Tout simplement ceci : l’époque s’engoue de
230
malentendus que je signalais ont valu à l’auteur
du
Traité du désespoir un « succès » dont il est peut-être temps de tire
231
us que je signalais ont valu à l’auteur du Traité
du
désespoir un « succès » dont il est peut-être temps de tirer certaine
232
urs édifiants » et d’essais religieux : La Pureté
du
cœur, Le Droit de mourir pour la vérité, Pour un examen de conscience
233
-en-Pareds », dans une petite ferme, tout au fond
du
bocage vendéen, pays de secrets obstinés, de voies retorses. Si ces o
234
elque chemin, ce ne peut être qu’à contre-courant
du
snobisme qui naît autour de leur auteur. ⁂ Le centre de Kierkegaard e
235
met à le réaliser. Tel est le sujet de la Pureté
du
cœur. La plupart des écrits proprement religieux de Kierkegaard dével
236
reviennent tous à la même question, qui est celle
du
sérieux dernier, de la prise au sérieux de la vérité. Du point de vue
237
eux dernier, de la prise au sérieux de la vérité.
Du
point de vue du sérieux humain, l’éternité doit apparaître comme une
238
la prise au sérieux de la vérité. Du point de vue
du
sérieux humain, l’éternité doit apparaître comme une espèce d’ironie
239
paraître comme une espèce d’ironie cruelle ; mais
du
point de vue de l’éternité, le sérieux humain apparaît affecté d’un h
240
sérieux absolu39 que dans la vie et dans la mort
du
Christ, homme et Dieu, car lui seul eut vraiment « le droit de mourir
241
temps l’éternel paradoxe de la vie et de la mort
du
Christ, jette sur tous nos sérieux, poses et amusettes, une ironie, o
242
’il n’y a pas eu cet acte de foi, ce renversement
du
désespoir qui s’ignore en certitude combattante — et combattue. Le s
243
— et combattue. Le sérieux de l’ironie, l’ironie
du
sérieux, voilà les pôles d’une dialectique dont le plus étrange, sans
244
sur le silence de la femme, par exemple, à la fin
du
Miroir de la Parole) une appréhension si totale du réel que notre lan
245
u Miroir de la Parole) une appréhension si totale
du
réel que notre langue, je le crains, n’arrivera pas à la restituer sa
246
ait déjà imprimée, quand j’ai lu dans les Cahiers
du
Sud une étude de Benjamin Fondane qui s’en prend avec énergie aux int
247
tion que pose Fondane : « Ils suivent Kierkegaard
du
regard — mais où en sont-ils de leur propre démarche ? » Oui, cette q
248
de Claudel, qui domine de son poids les écritures
du
siècle, je retiendrai d’abord deux mots : « poétique » dans le titre
249
poète » une circonstance atténuante, au bénéfice
du
maladroit, s’il est aimable. Ou bien c’est l’ornement de nos loisirs.
250
te, la plus active, la plus proche de la chose et
du
geste. Poésie, de poiein, ce sera : faire. Connaître, de cognoscere,
251
traites qu’on le peut. Opération inverse de celle
du
poète : on s’arrête à l’acception neutre, la moins active, la plus an
252
artes le diviseur, ne connaît pas de localisation
du
spirituel, ne connaît pas de lois mais seulement des formes. C’est un
253
, le mot qui profère son sens. » C’est un univers
du
discours, où les objets qui « veulent dire » s’assemblent en proposit
254
sienne, c’est-à-dire qu’il s’isole et s’abstrait
du
mouvement de la Création. « Et c’est pourquoi une fin lui fut en effe
255
en effet donnée » — qui est sa mort. Mais l’œuvre
du
poète, la vocation de l’homme, la charité cosmique du chrétien (ident
256
oète, la vocation de l’homme, la charité cosmique
du
chrétien (identiquement), c’est alors d’embrasser d’un seul geste, de
257
plus que la traduction, dans l’univers matériel,
du
sanglot de l’origine ». En même temps que la chose qui le provoque, l
258
s’appelle la parole. » Nous voici donc « chargés
du
rôle d’origine ». L’homme est « le sceau de l’authenticité ». Il est,
259
a fin qui l’englobe, il n’y a plus de distinction
du
matériel et du spirituel. L’homme « se connaît donc à son pas et à l’
260
lobe, il n’y a plus de distinction du matériel et
du
spirituel. L’homme « se connaît donc à son pas et à l’extension de se
261
avec les mains. ⁂ Au sixième jour de sa Semaine,
Du
Bartas parlant de ses mains les appelle, assez curieusement, d’abord
262
u de toute éternité ! 40. En effet, la citation
du
Cratyle qu’il donne dans l’Art poétique (p. 172) dit exactement le co
263
ormule faite, d’un terme abstrait. C’est le style
du
livre de Job. aa. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] L’Art poéti
264
car le succès définitif est incertain. Avec bien
du
bonheur, on peut espérer de détruire 150 000 ennemis par le feu, le f
265
herbe sous les pieds » à la guerre. Mais le geste
du
capitaliste, qui eût été la plus belle farce de l’Histoire, a soulevé
266
honneur. Car il est clair que l’honneur seul — ou
du
moins ce qu’il nous en reste, et ce n’est qu’une caricature — retient
267
ivre jusqu’au bout, et sans scrupules, la logique
du
capitalisme. Or, ce système étant de ceux qui ne se peuvent soutenir
268
te à la propriété humaine et Manifeste au service
du
personnalisme, par Emmanuel Mounier (février 1937)ac Des quatre es
269
arti bien plutôt de Proudhon)44. En bref, le sens
du
livre est celui-ci : il s’agit de passer d’un mode de propriété abstr
270
e ce mouvement. Le lecteur qui se souvient encore
du
Cahier de revendications, publié ici même en 1932, ne manquera pas de
271
nt le prochain demi-siècle. Parler de la primauté
du
spirituel et de l’humain, c’était fasciste ! Mais voici que quatre an
272
ue quatre ans plus tard, le porte-parole officiel
du
parti communiste français publie une sorte de discours-programme inti
273
soudre les problèmes de la paix, de la liberté et
du
pain des hommes »ad. À vrai dire, nous n’espérions pas un triomphe si
274
x avec l’argent d’un autre, s’il ne peut le faire
du
sien ». (Car cet argent de l’autre devient dans ce cas bien commun.)
275
st qu’un facteur secondaire, et très peu décisif,
du
capitalisme. 45. Le Précis publié par L’Ordre nouveau dans son numér
276
te à la propriété humaine et Manifeste au service
du
personnalisme », La Nouvelle Revue française, Paris, février 1937, p
277
flots de l’océan maussade et les pauvres rivages
du
détroit, c’est fort apparemment que je n’avais rien de mieux à faire.
278
fait de cette chose-là. C’est donc un acte et pas
du
tout un droit. Et ce n’est pas une sécurité, ni rien qui dure au-delà
279
a fenêtre ouverte sur les verdures encore vivaces
du
jardin. Quand je lève le nez, je vois la cour de terre battue à l’omb
280
attue à l’ombre de ses deux tilleuls, la margelle
du
puits à gauche, où repose une vieille chatte, le chai à droite. Au-de
281
droite. Au-delà de la cour, les planches incultes
du
potager, de chaque côté d’une allée bordée de rosiers. L’allée abouti
282
logue, j’imagine, à un poste colonial aux limites
du
désert. Curiosité, comme au début d’un film. La situation est d’aille
283
re de quoi vivre pendant six semaines environ, si
du
moins nos calculs sont justes : 900 francs, un bon toit, et le temps
284
francs, un bon toit, et le temps de voir venir.
Du
10 au 17 novembre Pour parer au plus pressé, écrit et envoyé six arti
285
je pourrai travailler. Aujourd’hui c’est le jour
du
repos. J’ai trouvé au fond d’une armoire, derrière une pile d’assiett
286
et son dialecte. L’un est l’œuvre d’un archiviste
du
continent. Il affecte une douce ironie sorbonnarde pour les petits év
287
petits événements qui se déroulèrent dans ce coin
du
pays, et surtout pour les légendes, locales, qui ont fortement exagér
288
description de la faune et de la flore de l’île,
du
régime des marées, des courants et des vents. Merveilleux livre en vé
289
les maisons et le clocher. Il est seul au-dessus
du
pays. Je voudrais le dessiner dans le style romantique, avec tous ses
290
s et toute son opulence, frisé comme une perruque
du
grand siècle. De trois côtés de la place généralement vide, les maiso
291
’elle veut me faire causer avant de fixer le prix
du
chou-fleur, des enveloppes jaunes, du peloton de ficelle et du kilo d
292
xer le prix du chou-fleur, des enveloppes jaunes,
du
peloton de ficelle et du kilo de riz. Mes vêtements, citadins mais râ
293
, des enveloppes jaunes, du peloton de ficelle et
du
kilo de riz. Mes vêtements, citadins mais râpés, ne la renseignent pa
294
rd, mais je ne viens pas pour mes vacances ! J’ai
du
travail à faire chez moi, des tas de choses à écrire… Elle n’ose pas
295
ue j’écris à ma table, j’entends grincer la porte
du
jardin. C’est la femme de Pédenaud qui brandit un papier. J’accours :
296
ça dépend des années ». 1er décembre Dépenses
du
premier mois dans l’île : ménage, manger et boire, 480 francs ; (en g
297
de bonnes ou de mauvaises volontés lointaines, et
du
hasard, éveille par résonnance un sentiment de liberté, de gratuité a
298
ais été aussi absolument. C’est peut-être à cause
du
bonheur de notre vie. Trouver son rythme naturel, et les moyens de s’
299
est une liberté négative. Elle nous met à l’abri
du
monde et nous ramène tous physiquement à nos limites. Mais l’homme es
300
n sont pas curieux. De quoi donc me parlent-ils ?
Du
temps, et j’aime cela comme tout le monde ; de leur travail aux champ
301
tite ville se remplit de baigneurs et l’auditoire
du
temple est décuplé : cela suffit pour qu’on maintienne le poste… J’es
302
qu’une seule expérience précise et utile : celle
du
loisir. Je m’aperçois que je ne savais plus, ou ne pouvais plus, « pe
303
imat. Le loisir n’est pas simplement la cessation
du
travail pour un repos nécessaire. Il se définit psychologiquement non
304
ns la lumière au ras des landes. Lucidité stérile
du
bel hiver ! La colère y jaillit sans rencontrer personne. J’ai à crai
305
qu’elle ne m’attaque par désir famélique de créer
du
nouveau. Car c’est une consolation aussi que d’avoir à faire face à q
306
e vertu peut alors nous sauver de cette tentation
du
désespoir, et c’est l’humilité. Si je ne suis pas important, le monde
307
à déchiffrer. L’humilité m’apporte des nouvelles
du
monde. Ainsi je me renouvelle lentement. C’est un moyen de sortir de
308
lénaire dans cette faible activité humaine au ras
du
sol, sous ce grand soleil… Au nom de quelle « vérité » brutaliser et
309
d nous étions adolescents, chose nouvelle au goût
du
souvenir, que trop de téléphones à la ville, d’heures de bureau, d’im
310
Elle y est pourtant depuis notre arrivée, héritée
du
propriétaire. Nous l’avons nourrie sans espoir pendant des mois, la c
311
La culture et les gens. Souvent, quand je me tire
du
livre que j’écris — sur la crise de la cultureaf — pour causer avec l
312
is, et ce serait assez normal : il y a l’obstacle
du
vocabulaire, d’une certaine technique des idées, etc., mais encore il
313
l’heure s’excluent en fait. Mais je n’arrive plus
du
tout à retrouver ce sentiment d’absurdité que provoquait en moi, préc
314
tte commune mesure, sinon de raisons formulables,
du
moins… d’angoisse, ou de vision finale, qu’il s’agit de maintenir par
315
moi. Premières roses au soleil, le long des murs
du
chai. Nous déjeunons sous les tilleuls. Il y a un grand bonheur dans
316
elques mètres de la mer qui affleure le tranchant
du
plateau, la rivière s’élargit en bassins clairs aux profondeurs rouge
317
commençons la pêche. Il faut se planter au centre
du
bassin, et fouiller et racler sous les bords, dans le sable et les pa
318
le et les paquets d’algues, avec le cercle rigide
du
filet, puis retirer vivement la treille et l’égoutter. On ramène un p
319
.) Il me semble qu’il se passe des choses au fond
du
réduit obscur. La poule grogne furieusement quand je passe la tête. J
320
« le monde »… Nous mangeons les premiers légumes
du
jardin : salades et radis. Pour les carottes, il faut encore attendre
321
produit de nos pêches, les bons de pain, le reste
du
tonneau de vin blanc, nous pourrions subsister sans argent pendant qu
322
Articles, zéro. Traductions, zéro. Les chapitres
du
livre en train, non détachables. Un essai philosophique sur la person
323
y a plus de dix-huit mois. Les hommes sont bons,
du
moins certains d’entre eux. Sur le moment, ce qui m’a le plus frappé
324
crois à la valeur d’appel de l’absence, ou plutôt
du
retrait. (Il ne faut pas que ce soit une feinte, bien entendu, cela f
325
… » Autant que j’en puis juger d’après les propos
du
gérant, ce n’est pas seulement la crainte, après tout légitime, qu’on
326
é nouveau, avec l’ardeur et les curiosités naïves
du
débutant, cela suppose beaucoup moins de courage que bien des jeunes
327
la « vraie vie » dans je ne sais quelle embuscade
du
destin, comme qui dirait au coin d’un bois. Je crois que le réel est
328
qui régnèrent d’un Noël à l’autre sur la province
du
Warmland, s’étant juré de ne rien accomplir d’utile ni de raisonnable
329
moelleux, caractères magnifiques, tout cela digne
du
chef-d’œuvre épique de la littérature moderne. Kipling mort, il ne re
330
ux » — au sens baroque, impertinent et emphatique
du
mot — dans la virtuosité et les malices de ce génie de la fable nordi
331
ls, libérant les vertus et les vices des entraves
du
respect humain, nous jette dans le grand jeu du péché et de la grâce,
332
s du respect humain, nous jette dans le grand jeu
du
péché et de la grâce, et se confond avec la Charité. Imaginer, à ce d
333
ers, « appelés à faire vivre la joie dans le pays
du
fer, à l’époque du fer » nous ont appris à leur façon « les riches al
334
ire vivre la joie dans le pays du fer, à l’époque
du
fer » nous ont appris à leur façon « les riches alternances de la vie
335
ts, dans les exploits des Cavaliers. Ce n’est pas
du
réalisme socialiste, c’est la réalité sociale plus toutes les autres.
336
jugés classiques et les problématiques nécessités
du
commerce le plus mal compris. 48. Descriptions, rétrospections, coup
337
ils feront bien de s’y comporter selon les usages
du
forum, et de crier avec les loups. « Préservant » ainsi la raison, au
338
e peut éviter qu’en offensant Dieu ». Et au sujet
du
second : « qu’il n’est pas avantageux de contenter les hommes en offe
339
ison bien débile, qui n’oserait s’exercer que sur
du
rationnel tout fait. S’il y a quelque part du rationnel (que ce soit
340
sur du rationnel tout fait. S’il y a quelque part
du
rationnel (que ce soit dans le monde ou dans l’esprit) c’est que la r
341
rait s’arrêter. Et même, à faire le petit rentier
du
rationnel, on court le risque le plus onéreux : celui de laisser perd
342
ubira les manifestations, inépuisables d’imprévu,
du
patriotisme de l’arrière. Et voici le journal de cet intellectuel jet
343
ticulière, mais au moins déclarée. Je veux parler
du
mythe de l’arrestation, de la psychose créée dans le monde actuel par
344
e livre de Kuncz tire son tragique le plus secret
du
fait qu’il symbolise, illustre et concrétise une condition qui n’est
345
étise une condition qui n’est pas seulement celle
du
prisonnier proprement dit, mais, peu ou prou, de chaque individu soum
346
r au Procès de Kafka, la plus géniale description
du
mythe de l’arrestationaj. On se rappelle que c’était l’histoire d’un
347
ltiplient dans notre siècle49, et tendent à faire
du
moindre d’entre nous un prévenu. C’est le cauchemar du xxe siècle. L
348
indre d’entre nous un prévenu. C’est le cauchemar
du
xxe siècle. Le triomphe de l’État sur l’homme. D’ailleurs on peut au
349
t au sens allemand : une « imagination » profonde
du
destin de Napoléon, voilà ce que nous propose Robert Aron50. Il a pen
350
perdue que Bonaparte cherche à se recréer, celui
du
schizophrène qui « perd le sentiment », celui d’une société qu’il fau
351
t des limites de sa grandeur, un sens de l’humour
du
destin, une vraie poésie de l’Histoire, libératrice et excitante pour
352
possible d’indiquer une raison simple de l’échec
du
Front populaire ? La psychanalyse nous propose un type d’explication
353
n qui me paraît bien tentant : c’est le mécanisme
du
« refoulement » d’où procèdent les « actes manqués ». S’il y a eu « e
354
bien que l’autre triche. D’où cet affaiblissement
du
sens civique tellement frappant dans la France actuelle. (Au moins da
355
si l’Autriche fascinée s’est jetée dans la gueule
du
dragon, après avoir trompé et désarmé la résistance prolétarienne. On
356
giques. La logique enfantine est bien plus proche
du
raisonnement mathématique que de la raison avertie, donc impure. Elle
357
e Vienne. Et la discussion sur le temps, au cours
du
« Thé loufoque » où il est toujours cinq heures, annonce une psycholo
358
oir qui a gagné, quand une des règles principales
du
jeu est omise ou inobservée. (Ainsi la partie de croquet, la discussi
359
i se poserait le problème de la version française
du
conte ; celle de René Bour me paraît scrupuleuse, encore que déparée
360
ités, leur imposant un régime centraliste inspiré
du
modèle français. 2. Sur quoi se basaient les revendications hitlérien
361
es revendications hitlériennes ? — Les dictateurs
du
Centre européen furent les premiers à s’apercevoir du paradoxe politi
362
entre européen furent les premiers à s’apercevoir
du
paradoxe politique que nous venons de définir. Ils eurent l’habileté
363
s accords de Munich ? — Cette victoire symbolique
du
principe fédératif ne fut pas exploitée par les nations qui l’avaient
364
, à ceci : la religion, c’est la pratique moyenne
du
catholicisme français. Il s’agit moins de la dénigrer que de la « réa
365
e « l’obligation de croire ne digère pas beaucoup
du
devoir de penser » (commencez par croire, vous finirez par penser)… C
366
in ne peut pas tenir compte des données concrètes
du
christianisme : le péché, le salut, le drame de la révolte et de l’am
367
ains, relève d’un malentendu, courant sur le sens
du
mot « foi ». Je voudrais au moins l’indiquer. Un chrétien sait que s
368
tien sait que sa foi n’est nullement le contraire
du
doute intellectuel, mais le contraire du péché, lequel n’est nullemen
369
ontraire du doute intellectuel, mais le contraire
du
péché, lequel n’est nullement une erreur morale, mais un état de révo
370
es ». Ce qu’un esprit comme celui d’Alain retient
du
catholicisme, c’est donc exactement ce que Kierkegaard, par exemple,
371
s « hors de propos » d’envisager. Le sérieux même
du
christianisme.51 Alain dit quelque part n’avoir jamais connu de « vr
372
s ou les empreintes psychologiques et historiques
du
catholicisme français, en tant que, vidé de la foi, il demeure une «
373
on est tenté de ne voir en lui que le feu naturel
du
désir, — une espèce d’animalité véhémente, et comme innocente… Mais j
374
ien produit de pareil. Vous sentez bien qu’il y a
du
démoniaque dans son cas, une sorte de polémique anxieuse, de méchance
375
itôt prises les rejette, comme si c’était le fait
du
crime et non le plaisir qu’il cherchait. Polémiste perpétuel, il se t
376
? La recherche « toute naturelle » de l’intensité
du
désir ne peut-elle expliquer à elle seule cette inconstance forcenée
377
e vieux Casanova. Mais déjà ce n’est plus l’homme
du
plaisir qui parle ainsi. La volupté du vrai sensuel commence au-delà
378
us l’homme du plaisir qui parle ainsi. La volupté
du
vrai sensuel commence au-delà de ces moments que Don Juan fuit à pein
379
nouveauté dans la femme ? Et pourquoi désire-t-on
du
nouveau, du nouveau à tout prix, quel qu’il soit ? Celui qui cherche,
380
ns la femme ? Et pourquoi désire-t-on du nouveau,
du
nouveau à tout prix, quel qu’il soit ? Celui qui cherche, c’est qu’il
381
onnaît le système, entièrement relatif aux règles
du
jeu. Imaginons un don juanisme plus secret, une table de pharaon où l
382
ns scrupules, toutefois ressentie comme un crime,
du
fait qu’elle institue un ordre neuf par le décret de sa rigueur. ⁂ Ni
383
éfuté ». Que va dire l’Autre ? C’est, dans la vie
du
Don Juan des vérités, l’heure de l’invitation au Commandeur. Or Dieu
384
il réfute, dénonce et détruit, c’est pour la joie
du
viol intellectuel. Comme Don Juan l’image de la Mère, Nietzsche pours
385
tout ce qui cède, toute l’impudeur et la lourdeur
du
monde. C’est au point de fureur dionysiaque où la joie de détruire de
386
Nietzsche a rencontré soudain la fascinante idée
du
Retour éternel. Devant le roc de Sils-Maria on le voit interrompre sa
387
elà le bien et le mal, par-delà toutes les règles
du
jeu, il faut qu’une passion se révèle ; ou la mort, ou la vie éternel
388
on ne peut plus tricher). Voici peut-être la clé
du
mystère : c’est qu’en respectant toutes les règles, nous ne pourrons
389
èglement final, le Jugement dernier — d’où l’idée
du
Retour éternel. ⁂ Comme je parlais de ces choses à une amie : « J’ai
390
s précieuses, Peletier du Mans versifiant l’Éloge
du
Nombre Un, Du Chesne, calviniste paracelsien et physiologue pansexual
391
Peletier du Mans versifiant l’Éloge du Nombre Un,
Du
Chesne, calviniste paracelsien et physiologue pansexualiste, Béroalde
392
ges, bariolés et quasi monstrueux que nous ramène
du
fond du xvie siècle le coup de filet très savamment prémédité de M.
393
iolés et quasi monstrueux que nous ramène du fond
du
xvie siècle le coup de filet très savamment prémédité de M. Albert-M
394
ûler le mobilier, les souvenirs de famille datant
du
Moyen Âge, un tas d’objets inutiles et bizarres, chargés de significa
395
Ensuite, au xviiie , il n’est resté que la nudité
du
décor. La discipline est devenue lésinerie. Comment louer assez les m
396
recréatrice bien différente des qualités requises
du
pur et simple philologue. C’est une vision du monde, et des rapports
397
ses du pur et simple philologue. C’est une vision
du
monde, et des rapports du monde à l’homme, qu’il s’agit de concevoir
398
logue. C’est une vision du monde, et des rapports
du
monde à l’homme, qu’il s’agit de concevoir à nouveau, si l’on veut en
399
es figures puis des solides géométriques à partir
du
point originel. Mais qui oserait encore envisager l’ambition d’un Gui
400
s par une double croyance dans le pouvoir magique
du
langage, et dans la liberté infinie de l’homme, capable de refaire av
401
le cosmos à l’état adamique, d’effacer les traces
du
péché, de retrouver les noms réels et les « signatures » primitives d
402
role traverse tous les climats, jusqu’aux confins
du
monde, et l’on perçoit sa voix dans chaque dialecte ». Nous l’avons p
403
ui « considéraient l’huître comme un condensateur
du
fluide vital circulant par l’univers ». Voilà de la belle érudition q
404
Au sujet
du
Journal d’André Gide (janvier 1940)ar Il ne serait guère honnête,
405
s révèle au cours de ce Journal ; mais le malaise
du
critique commence au-delà de ce premier piège évité. Il naît de la di
406
ire le Journal d’André Gide. Il est probable que,
du
seul point de vue de l’art, cet intérêt demeure impur : l’indiscrétio
407
phique. Mais ici se pose le problème de la vérité
du
portrait, Gide note lui-même dès 1924 : « Si plus tard on publie mon
408
iné par l’obstacle qu’il veut éviter. Son horreur
du
malentendu l’entraîne à livrer au public treize cents pages d’explica
409
le sur les limites de la sincérité en général, et
du
journal intime en particulier. La passion d’être complètement vrai fi
410
d’abuser. Voici qui va fort loin dans la critique
du
genre : « Je ne pense pas qu’il y ait grand profit à tirer de ces exa
411
é, disons mieux : d’amabilité ; ou mieux encore :
du
désir de paraître aimable. Mais à trop se regarder, on ne vit plus. L
412
actions. (Voir là-dessus la note dramatique datée
du
5 janvier 1902.) ⁂ Mais voici qu’à mon tour je succombe au désir de m
413
ère comme hérétiques : libre examen et moralisme.
Du
libre examen, Gide conserve son exigence de vérité et de véracité « a
414
de vérité et de véracité « advienne que pourra ».
Du
moralisme, il a gardé sans doute une propension fondamentale à préfér
415
ne propension fondamentale à préférer à la lettre
du
dogme l’esprit qui inspire et qualifie nos actions quotidiennes, fuss
416
ontre certaines altérations, les plus fréquentes,
du
christianisme : le mépris de la nature, et d’autre part, le recours à
417
utes les adjonctions « humaines — trop humaines »
du
moralisme néo-protestant et du dogmatisme romain. D’où son horreur co
418
— trop humaines » du moralisme néo-protestant et
du
dogmatisme romain. D’où son horreur congénitale des tours de passe-pa
419
a conversion devient pour lui le problème négatif
du
refus de la fausse conversion, ou de la conversion trop « facile ». «
420
étien tout simplement. » Position caractéristique
du
protestantisme libéral tel qu’il se développa au siècle dernier. « Je
421
s’asseoir au culte de famille. Sa gêne. L’horreur
du
geste qui puisse dépasser son sentiment… » Kierkegaard, lui aussi, ré
422
ci, c’est que la Réforme a rejeté les prétentions
du
pape de Rome non par dégoût de l’autorité en soi, mais au contraire p
423
le orthodoxie libératrice. ⁂ Si, malgré son génie
du
scrupule, Gide s’expose parfois au reproche de prendre position non s
424
ous importe, et qui nous intéresse au double sens
du
mot. Conclusion provisoire, paradoxale peut-être, mais somme toute, a
425
s le jour où nos cadets nous opposeront l’exemple
du
probe adversaire des orthodoxies orgueilleuses, « André Gide à n’en p
426
ide à n’en plus finir » ! 53. Cf. p. 1331, note
du
26 janvier 1930. 54. Besoin si contagieux, lorsqu’on parle avec lui,
427
r. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Au sujet
du
Journal d’André Gide », La Nouvelle Revue française, Paris, janvier 1
428
y : l’humour de l’authentique, si caractéristique
du
cercle ramuzien, s’y traduit en mirlitons acidulés et en mélodies sav
429
e compliment d’anniversaire. Quant au « message »
du
poète, il s’exprime surtout dans deux portraits photographiques de Ge
430
récepteur et nous sortons. Nous voici sur un banc
du
boulevard Saint-Germain. Les autos passent tout près. Je l’entends di
431
vous en tenez au protestantisme libéral de la fin
du
xixe siècle ? » — « Oui, c’est assez cela, la position du pasteur Ro
432
siècle ? » — « Oui, c’est assez cela, la position
du
pasteur Roberty, que j’aimais bien. » Vite lassé par les débats d’idé
433
ces entretiens, j’ai pris des notes. C’est celui
du
20 juin. J’avais eu l’impression ce jour-là que Gide passait la prude
434
n des femmes, c’est leur manière « de s’offusquer
du
désir de l’homme ». Plusieurs, mariées, lui ont confié « qu’elles ten
435
dé cette illusion que la femme n’avait pas besoin
du
commerce physique, autant que nous. Hélas, je ne voyais pas clair. On
436
’être rapportée, j’entends : qui modifie le moins
du
monde l’image que l’on connaît de lui. Nous parlions style, tournures
437
fille, lut sa dernière réponse : « L’originalité
du
Bipède. » (C’est ainsi qu’on l’appelait dans ce groupe.) Gide s’éclai
438
nature. Elles expliquent simplement l’insistance
du
problème aux stades les plus variés de l’évolution de Gide. Ce qui l
439
signifier pour lui que la sainteté, non l’accueil
du
mystère, ni l’adhésion à un credo. J’en donne la preuve : avoir la fo
440
ntense affectivité le liait, le reliait, au monde
du
christianisme, même s’il en refusait les dimensions profondes. J’ai d
441
ividuel, et cette croyance est née de la synthèse
du
christianisme. Elle n’existe pas hors de lui, et n’est pas explicable
442
ue au sens des religions traditionnelles, au sens
du
mythe, des astres et de l’ordre cosmique, ou bien encore au sens de l
443
n’est pas le premier venu. C’est usurper la place
du
Juge, ou mêler vanités et salut. Si Gide a refusé totalement quelque
444
La découverte
du
temps ou l’aventure occidentale (mars 1957)au Pourquoi l’Europe
445
mme on l’a cru de l’unité de nos nations à partir
du
xixe siècle. L’Europe est une longue aventure, et l’esprit d’aventur
446
hysiques et naturelles, qui est la reconnaissance
du
corps, de la matière, et de la forme du monde en tant que réalités. (
447
naissance du corps, de la matière, et de la forme
du
monde en tant que réalités. (L’Orient les tient pour illusoires.) Ôte
448
enture, je détache ici le moment de l’exploration
du
temps, mère de l’Histoire. 1. L’Occident découvre le Temps De la
449
e Temps De la Genèse mosaïque jusqu’aux débuts
du
siècle dernier, les Occidentaux n’ont presque pas varié quant à la da
450
éé en 4004 avant J.-C., le 23 octobre, à 9 heures
du
matin. Les professeurs d’Oxford tenaient pour le 23 mars, même heure
451
ntérêt pour peu que l’on considère les dimensions
du
temps décrites par les anciennes cosmologies de l’Orient. Pour l’Inde
452
t se terminer dans 426 941 ans par la destruction
du
monde et sa reconstruction, qui sera l’œuvre de Kalki, dernier avatar
453
cultures et civilisations que nous avons exhumées
du
passé de la Terre ou qui survivent dans notre siècle ont enseigné des
454
ivent dans notre siècle ont enseigné des théories
du
temps, et presque toutes décrivent un temps cyclique. Elles croient a
455
relie, tout cela est « religion » au sens premier
du
terme56 — et ne laisse aucune place à l’Histoire, ni davantage à la p
456
par de libres actions dans l’existence terrestre
du
peuple élu : dès lors, celle-ci ne dépendait plus des astres ni d’un
457
une suite d’événements révélateurs. L’incarnation
du
Christ vint accomplir cette vocation unique du peuple d’Israël. Et, c
458
on du Christ vint accomplir cette vocation unique
du
peuple d’Israël. Et, certes, l’Évangile ignore absolument toute espèc
459
ui brise la croyance unanime aux retours éternels
du
temps cyclique. Dans le prolongement du temps dramatique des Prophète
460
éternels du temps cyclique. Dans le prolongement
du
temps dramatique des Prophètes s’ouvre alors le temps du salut : temp
461
s dramatique des Prophètes s’ouvre alors le temps
du
salut : temps de l’attente active, de l’espérance patiente et de la f
462
rance patiente et de la foi dans un retour unique
du
Christ glorieux. Et, dans ce temps nouveau, le rôle de chaque personn
463
de la tradition sacrée, comme aussi des caprices
du
hasard insensé, comme enfin de la roue du karma et du vertige de la m
464
aprices du hasard insensé, comme enfin de la roue
du
karma et du vertige de la métempsycose, qui réduisaient toute vie dan
465
asard insensé, comme enfin de la roue du karma et
du
vertige de la métempsycose, qui réduisaient toute vie dans le temps e
466
l’Illusion. Ainsi l’Histoire, conscience nouvelle
du
temps des hommes, est née de la même rupture des grands rythmes cosmi
467
iographie de sa personne : les Confessions. 3.
Du
Mythe à l’Histoire Mais il reste à mieux voir comment l’homme, dél
468
eligions traditionnelles ont développé des mythes
du
temps cyclique et de l’éternel retour, c’est parce que l’homme a peur
469
l’éternel retour, c’est parce que l’homme a peur
du
temps. Voilà le fait fondamental. Car le temps est lié à la mort comm
470
ccordent à ceux de l’âme. Ainsi le rêve universel
du
temps cyclique et du retour sans fin de toutes les situations dévalor
471
âme. Ainsi le rêve universel du temps cyclique et
du
retour sans fin de toutes les situations dévalorise le temps vécu de
472
L’irruption dans ce monde des religions antiques
du
message de l’Incarnation figure donc le Scandale absolu, la nouveauté
473
r ni de l’épiphanie d’un archétype. Cette rupture
du
Cercle cosmique livre l’homme à l’imprévisible, c’est-à-dire à la grâ
474
artient que par la chair (étant au monde mais non
du
monde) et qu’un terme est promis à l’Histoire, encore que nul n’en sa
475
our ni l’heure ». Seule donc la négation réalisée
du
temps permet d’assumer le temps dans sa réalité. Sans la Résurrection
476
nscendant, non plus au Mythe, contre la dictature
du
temps, n’est effectif que pour celui qui croit « que Dieu peut tout à
477
vec Kepler les astronomes. La conception linéaire
du
temps et du progrès continu de l’Histoire n’est guère soutenue que pa
478
es astronomes. La conception linéaire du temps et
du
progrès continu de l’Histoire n’est guère soutenue que par un Joachim
479
ar des représentations archétypiques et mythiques
du
cours des choses humaines ressenti comme semblable à celui des saison
480
même tendance naturelle la propension croissante
du
Moyen Âge à substituer la tradition, l’allégorie mystique et la légen
481
e, loin de représenter je ne sais quel « âge d’or
du
christianisme » — comme on l’a ressassé depuis les romantiques — fut
482
Âge ira beaucoup plus loin, non pas dans le sens
du
risque, mais dans celui des normes. C’est une vision réduite et limit
483
rmet de rendre un rythme à sa durée. L’apparition
du
Christ ne marque plus pour lui le commencement du temps de la Fin, ma
484
du Christ ne marque plus pour lui le commencement
du
temps de la Fin, mais le « milieu des temps », symbole archétypique.
485
t). Elle ne sera vraiment bouleversée qu’à la fin
du
xixe siècle. Relevons ici que la chronologie vertigineuse des hindou
486
gineuse des hindous ne s’appliquait qu’aux cycles
du
cosmos : les événements de l’Histoire s’y trouvent tellement noyés qu
487
« sous Ponce Pilate », mais il se tait sur celle
du
Jugement dernier, « car nous ne savons ni le jour ni l’heure ». Et c’
488
onforme de plus en plus, à mesure qu’il s’éloigne
du
mythe. Il n’en reste pas moins que l’extension soudaine des dimension
489
araît alors moins éloignée de la vérité que celle
du
Moyen Âge « chrétien ». Il en résulte une suite de conséquences qui j
490
une bonne partie de l’intelligentsia occidentale
du
xxe siècle. Comme il est clair qu’on ne peut pas « être » dans l’His
491
bsolutisée, qui n’est plus connaissance des actes
du
passé, mais flux irrésistible entraînant à la fois ceux qui lui cèden
492
qui lui résistent — peut-on la distinguer encore
du
temps lui-même ? N’est-elle pas simplement une manière de le penser q
493
penser qui le ferme à toute transcendance, et qui
du
même coup nous enferme et nous interdit tout recours ? « Au monde com
494
erdit tout recours ? « Au monde comme n’étant pas
du
monde », disait saint Paul. Mais l’Histoire absolue veut que l’homme
495
olue veut que l’homme tout entier soit uniquement
du
monde : elle le coupe de l’esprit. Ce faisant, elle nie la personne,
496
et le renouvelle. Et, si l’on rêve un monde coupé
du
transcendant, on évacue du même mouvement désespéré toute justificati
497
on rêve un monde coupé du transcendant, on évacue
du
même mouvement désespéré toute justification de l’action personnelle.
498
ue la règle — d’où les martyrs des premiers temps
du
christianisme. Si, au contraire, le « sens » appartient à l’Histoire,
499
» appartient à l’Histoire, et l’Histoire au César
du
moment, la police politique du César détient seule le vrai sens de no
500
’Histoire au César du moment, la police politique
du
César détient seule le vrai sens de nos vies. Nul scrupule de conscie
501
ute pénible, mais normale. 5. Le refus moderne
du
temps Cette description rapide d’une attitude nouvelle et d’un éta
502
e » que toutes les précédentes ? Oui, s’il s’agit
du
goût de connaître le passé, plus répandu que jamais dans le grand pub
503
r, les revues et la presse nous parlent de Sumer,
du
paléolithique, des Mayas ou du vase de Vix, les mémoires font fureur,
504
parlent de Sumer, du paléolithique, des Mayas ou
du
vase de Vix, les mémoires font fureur, les biographies s’arrachent, e
505
re pas. Celle-ci marque un recul devant le risque
du
temps. La conscience de l’Histoire est née de l’acceptation d’un temp
506
se. D’ici là, nul soutien que la foi. À ce risque
du
temps, le Moyen Âge résiste par un retour aux conceptions cycliques e
507
liques et par une nette limitation des dimensions
du
passé et de l’avenir : cette espèce de congélation du temps a pour ef
508
assé et de l’avenir : cette espèce de congélation
du
temps a pour effet d’éliminer le devenir. Mais la Renaissance et les
509
e au vertige. Sa dernière résistance à l’angoisse
du
temps se manifeste alors par la manière dont il décide d’identifier a
510
e entier à la Maya, sans plus rêver la délivrance
du
nirvana, cet enlisement dans la forme du monde, sans espoir de salut
511
livrance du nirvana, cet enlisement dans la forme
du
monde, sans espoir de salut individuel58 — je pressens qu’ils trahiss
512
amoureux au moins autant qu’un fléchissement réel
du
sens de la personne et de la liberté. Ce n’est pas qu’on n’aime plus
513
jours, un sadisme. Dans cette abjecte humiliation
du
moi, l’orgueil fou trouve un alibi. L’Évolution fatale est en réalité
514
communistes affirment qu’ils sont les instruments
du
sens inévitable de l’Histoire, légitimant la mort de millions de koul
515
monde et contre Dieu — la négation de moi-même et
du
sens de ma vie. Anticiper l’avenir, c’est le dernier refus de l’avent
516
er l’avenir, c’est le dernier refus de l’aventure
du
temps — la fuite dans l’utopie. Utopies pessimistes, dans les démocra
517
craties : Orwell prévoit l’instauration prochaine
du
contrôle des pensées par le Pouvoir. Utopies optimistes chez les tota
518
: il suffit que la foi faiblisse, ou que le défi
du
temps paraisse insurmontable. L’utopie est recul devant le temps ouve
519
projette nos désirs en arrière, mais les « leçons
du
passé » ont rarement justifié d’autres délits que ceux de la routine.
520
tine. L’Histoire-devenir, qui est une conjuration
du
temps, exige des sacrifices sanglants bien plus massifs que n’en rêvè
521
ifs que n’en rêvèrent jamais les prêtres emplumés
du
grand dieu Huitzilopochtli. 6. Dilemme La crise de notre sens d
522
opochtli. 6. Dilemme La crise de notre sens
du
temps pose un dilemme. L’Occident, succombant au Devenir déifié, va-t
523
ménagent d’avance une signification aux surprises
du
temps qui vient à nous. Et ces options n’agiront point par la violenc
524
Anglais, sir William Jones : la Société asiatique
du
Bengale. Et ce n’est guère que depuis la fin du xixe siècle qu’une s
525
e du Bengale. Et ce n’est guère que depuis la fin
du
xixe siècle qu’une science historique s’est constituée en Inde. 56.
526
nécessité, que le succès temporel prenne la place
du
salut et qu’il tienne lieu de but suprême. Succès individuel ou colle
527
isance. au. Rougemont Denis de, « La découverte
du
temps ou l’aventure occidentale », La Nouvelle Revue française, Paris
528
coup plus de chrétiens japonais que de sectateurs
du
Dr Suzuki en Amérique.) L’Occident découvre la sagesse hindoue, grâce
529
ues-uns de ceux qui la feront demain. L’essentiel
du
dialogue nécessaire et désormais inévitable, pour si mal engagé qu’il
530
er d’infinies conséquences dans tous les domaines
du
réel, du spirituel au politique ; mais dans quelle mesure est-ce vrai
531
nies conséquences dans tous les domaines du réel,
du
spirituel au politique ; mais dans quelle mesure est-ce vrai ? Quel e
532
ées. D’où la définition de la personne humaine ou
du
vrai moi, reprise et précisée par toutes les grandes époques de la th
533
« nouvelle » est à la fois dans le monde et hors
du
monde, à la fois manifestée par son amour (Agapè) et « cachée avec le
534
puis dans le thomisme, on peut suivre l’évolution
du
concept et du terme de personne, forgé par la doctrine trinitaire ; i
535
homisme, on peut suivre l’évolution du concept et
du
terme de personne, forgé par la doctrine trinitaire ; il s’appliquera
536
ue de penser » et qui reste entièrement distincte
du
corps. Avec Kant, le vrai moi, nouménal, s’oppose au moi phénoménal,
537
iberté que n’aura jamais l’individu, simple objet
du
déterminisme universel. Et quant à la science d’aujourd’hui, dont on
538
e dissocier le moi, les recherches psychologiques
du
xxe siècle nomment et dénoncent les forces qui tendent à le dissocie
539
ns à l’anonyme, la condamnation par nos critiques
du
style impersonnel ou de la banalité, la dénonciation de l’on par nos
540
cette part de la personne dès maintenant libérée
du
monde, où elle vit encore en exil, mais « héritière du Royaume », dès
541
nde, où elle vit encore en exil, mais « héritière
du
Royaume », dès maintenant « portant l’image céleste », « glorifiée »,
542
’est l’Ange, répond l’Iran des spirituels, l’Iran
du
mazdéisme et des mystiques soufis, proche de l’Inde mais enté sur le
543
ait l’Ange pour nos psychologues ? Une projection
du
moi individuel ou collectif. Pour les sages de l’Iran, il est ce moi.
544
st le vrai moi, c’est l’Ange. « Il ne s’agit plus
du
simple messager transmettant les ordres, ni de l’idée courante de l’A
545
apparaissent ainsi comme la contrepartie visible
du
monde invisible, mais premier, des archétypes. L’événement majeur, la
546
archétypes. L’événement majeur, la scène capitale
du
drame de la personne ainsi constituée se produit à l’aube de la trois
547
encontre de l’âme avec son moi céleste à l’entrée
du
pont Chinvat. Dans un paysage nimbé de la Lumière-de-Gloire restituan
548
croissent les plantes d’immortalité », au centre
du
monde spirituel (qui est le monde réel des Archétypes), le pont Chinv
549
is son drame ici-bas. L’absolu, ou la négation
du
moi Les peuples des régions que l’Europe nomme Asie diffèrent bien
550
tre idée de la personne qu’ils opposent leur idée
du
non-moi. Le vrai malentendu se serait-il instauré entre eux et nous ?
551
mmentaires aux Vedas, il apparaît que la négation
du
moi porte d’abord contre le moi « phénoménal », c’est-à-dire contre l
552
les upanishads, et les premiers écrits canoniques
du
bouddhisme : il faut éteindre le désir individuel, cause de l’erreur,
553
nion avec le corps. Elle doit tendre à se libérer
du
phénomène individuel au lieu que l’âme chrétienne doit le transfigure
554
e pas renaître », nous dit une moderne interprète
du
bouddhisme tibétain66. À l’autre extrémité géographique (et parfois s
555
e extrémité géographique (et parfois spirituelle)
du
continent, un interprète du zen fait écho : « La négation de l’Atman
556
parfois spirituelle) du continent, un interprète
du
zen fait écho : « La négation de l’Atman énoncée par les premiers bou
557
l’expérience illuminante.67 » Ou dans le sanscrit
du
Bouddha : Sabbe sankhara anicca Sabbe sankhara dukkha Sabbe dhamma
558
s’ordonner d’avance, dirions-nous, aux exigences
du
vrai moi, qui est notre répondant céleste. Et faut-il qu’il existe et
559
chacun se confond avec le Soi de l’Immensité, ou
du
Brahma. Qu’est-ce que l’âme ? Une monade, disent les uns. Un reflet d
560
que l’âme ? Une monade, disent les uns. Un reflet
du
Brahma, disent les autres. Non, répondent les advaïtins : c’est Brahm
561
amadhi, qui est l’absorption totale dans l’Absolu
du
Soi : le grand sommeil, lentement atteint, et qu’on peut appeler l’en
562
stase pure et simple : faire face au fait, signe
du
Tout, et donc du Vide. Leur satori est le contraire du samadhi : c’es
563
mple : faire face au fait, signe du Tout, et donc
du
Vide. Leur satori est le contraire du samadhi : c’est un éveil instan
564
ut, et donc du Vide. Leur satori est le contraire
du
samadhi : c’est un éveil instantané. Éveil de quoi ? De la vision-en-
565
instantané. Éveil de quoi ? De la vision-en-soi,
du
Cela qui n’est pas personnel et se joue à travers notre moi. Ainsi to
566
La valeur religieuse signifie l’absolue négation
du
moi », ajoute trois pages plus loin « Nous devenons vraies personnes
567
nfin ceci : « Ainsi que Bodhidharma (le fondateur
du
zen) l’a déclaré, zen ne se soucie pas de disserter sur des notions a
568
e » de ce siècle, il semblerait que les négations
du
moi selon les écoles orientales correspondent simplement aux névroses
569
es « dysfonctionnelles » qui menacent l’intégrité
du
moi et qui nient ou détruisent la personne… Mais l’Oriental sourit et
570
t le premier moteur non seulement de l’homme mais
du
monde, c’est son action qui configure l’idée du moi que nous nous fai
571
s du monde, c’est son action qui configure l’idée
du
moi que nous nous faisons, et cette idée du moi révèle l’amour, comme
572
’idée du moi que nous nous faisons, et cette idée
du
moi révèle l’amour, comme la structure de l’atome traduit certaines p
573
ne seraient même concevables. Il ne s’agit ici ni
du
dualisme trop facilement nommé manichéen, opposant le Bien et le Mal
574
ur l’amour de soi-même, sans lequel point d’amour
du
prochain. Tous les moralistes du monde s’accordent avec les spirituel
575
el point d’amour du prochain. Tous les moralistes
du
monde s’accordent avec les spirituels dans leur condamnation de l’égo
576
r de soi-même, l’homme naturel s’ouvre à l’action
du
vrai moi spirituel et se laisse transformer, réorienter par lui. C’es
577
e sacrifice personnel, et si le sacrifice diffère
du
suicide — la nature de l’amour véritable l’explique seule. « Personne
578
oi-même » transfigurante. Ce modèle de l’amour et
du
vrai moi instaure le normal, le sublime, et la problématique de l’Occ
579
’ange. Il lui reste la nostalgie d’une fuite hors
du
moi naturel. Désormais le vieil homme est jugé : n’ayant pu l’entraîn
580
corps, vu comme signe et symbole de la « prison »
du
moi. Et c’est que l’âme avait rêvé d’une métamorphose angélique, quan
581
bien vu Kierkegaard. Tout amour véritable procède
du
vrai moi et se dirige vers le vrai moi de l’autre. Mais il peut arriv
582
sonne singulière retombe au plan de l’individuel,
du
générique. Capté par l’instinct qu’il excite au-delà des exigences na
583
l » pour respecter — mais aussi contre le respect
du
mystère exigeant de l’Autre qu’il n’est pas assez « spirituel » pour
584
té humaine, d’unité de civilisation qui s’inspire
du
mazdéisme de Zarathoustra ; et nulle ne s’inspira jamais de la mystiq
585
isme essentiel de ces doctrines, citons ce verset
du
Coran (24-41) qui pose comme une clef musicale : « Chaque être connaî
586
et l’aimer « comme soi-même », — comme étant née
du
même amour qui m’a créé. « (Dieu) est celui qui dans chaque être aimé
587
Ibn Arabi distingue trois amours : l’amour divin
du
Créateur pour sa créature, et d’elle pour Lui ; l’amour spirituel « d
588
econnaît soudain dans l’Aimé cette Forme sensible
du
divin, cette théophanie que l’âme peut aimer dans toutes les dimensio
589
imé.78 On reconnaît ici les « notes » de l’amour
du
prochain selon Kierkegaard79, mais aussi selon Swedenborg : Comme tou
590
aussi selon Swedenborg : Comme tout bien procède
du
Seigneur, le Seigneur est, dans le sens suprême et au degré le plus é
591
rochain en proportion de ce qu’il a quelque chose
du
Seigneur en lui ; or, comme nul ne reçoit de la même manière le bien
592
ne reçoit de la même manière le bien qui procède
du
Seigneur, il s’ensuit que l’un n’est pas le prochain de la même maniè
593
qui distingue la transparence (parfois trompeuse)
du
latin de l’ingénieur-philosophe Swedenborg et la poésie dense de l’Ar
594
ation créatrice » des soufis, comme l’angélologie
du
mazdéisme, nous fait voir combien plus vivement l’unité première et f
595
nt emprunté par Wagner à Schopenhauer — participe
du
climat spirituel « iranien » et trouve en lui ses origines archétypal
596
ouve en lui ses origines archétypales. La passion
du
héros, que l’on peut interpréter (dans la légende primitive et l’opér
597
t-elle pas mieux vue si l’on évoque les Fravartis
du
mazdéisme, les figures angéliques du vrai moi dans le mysticisme souf
598
es Fravartis du mazdéisme, les figures angéliques
du
vrai moi dans le mysticisme soufi et même la « rencontre aurorale » d
599
siré l’amour de l’Ange que les amants de la forêt
du
Morois en viennent à découvrir que c’est leur passion même qui exige
600
ce serait alors dans le mode de la transposition
du
« ciel » en Terre, et de l’Ange en la femme, que l’on pourrait en pre
601
dous, et qui est le Vide, disent les bouddhistes.
Du
même coup se trouvent évacués les problèmes de l’amour de soi-même et
602
s de l’amour de soi-même et de l’amour de Dieu et
du
prochain : faute de protagonistes bien réels, ces problèmes ne saurai
603
oix. Écarte le prochain ! ajoutent les spirituels
du
védantisme et du bouddhisme. S’il est vrai que « la notion de Moi n’a
604
ochain ! ajoutent les spirituels du védantisme et
du
bouddhisme. S’il est vrai que « la notion de Moi n’a d’accès que dans
605
s l’amour, — j’entends l’amour de Dieu, de soi et
du
prochain, l’amour-passion, et même l’amour matrimonial. Mais on me di
606
que l’Orient réel soit plus conforme aux sermons
du
Bouddha que l’Europe au Sermon sur la Montagne. On aura tort. Car les
607
des castes et la condamnation de toute curiosité
du
monde) ; d’autre part, en tant que doctrines, elles proposent aux spi
608
lle représente une volupté sans mélange… Le désir
du
luxurieux pour la femme n’existe que parce qu’il voit en elle la form
609
nce. Dans la joie de la possession, la souffrance
du
désir est pour un instant apaisée… et l’homme perçoit dans le plaisir
610
Toute jouissance, tout plaisir est une expérience
du
divin… Mais l’amour parfait est celui dont l’objet n’est pas limité.
611
l’Être-de-volupté transcendant.86 Kâma, le dieu
du
plaisir érotique, est vénéré par les yogis, « car c’est lui seul, lor
612
orsqu’il est satisfait, qui peut libérer l’esprit
du
désir… Ce n’est pas le plaisir mais le désir qui lie l’homme et qui e
613
our dans l’espoir d’une jouissance est la victime
du
désir. Le sage accepte les plaisirs sensuels quand ils viennent, mais
614
, mais avec un cœur détaché. Il n’est pas victime
du
désir.88 » Ce « détachement » tout accueillant, cette approbation du
615
détachement » tout accueillant, cette approbation
du
plaisir comme expérience du divin, comparons-les aux diatribes d’un s
616
nt, cette approbation du plaisir comme expérience
du
divin, comparons-les aux diatribes d’un saint Paul annonçant la « col
617
saint Paul annonçant la « colère de Dieu, révélée
du
Ciel » contre les « impudiques » et les « infâmes », contre tous ceux
618
ahabharata, les copieux commentaires sur le culte
du
phallus, aux traités des Pères de l’Église sur l’ascèse et sur la cha
619
assion et l’amour mystique, l’érotisme et l’amour
du
prochain, sont des problèmes occidentaux, posés à tous par les rigueu
620
tes de plaisir, ou d’immortalité par la rétention
du
semen, sont liées en Asie à la piété, tandis que nos coutumes viennen
621
ne se veut « scientifique ». À cause de la nature
du
christianisme et de la nature de l’hindouisme ou du bouddhisme, la vi
622
christianisme et de la nature de l’hindouisme ou
du
bouddhisme, la vie réelle de l’Occident est en conflit avec la foi, t
623
firmer, par exemple, la réalité de la personne ou
du
prochain) on n’en saurait déduire qu’elles excluent leur contraire, o
624
s sur le vrai sens de leurs affirmations répétées
du
contraire (comme la non-existence du moi). Illustrons cela. L’idée de
625
ons répétées du contraire (comme la non-existence
du
moi). Illustrons cela. L’idée de vocation personnelle accomplie aux d
626
mplie. (Brihad-âranyaka Up.) La notion de l’amour
du
prochain, et l’injonction évangélique d’aimer aussi son ennemi ne son
627
que d’aimer aussi son ennemi ne sont pas absentes
du
bouddhisme car l’ennemi et toi-même ne diffèrent que par les attachem
628
et toi-même ne diffèrent que par les attachements
du
moi phénoménal, tandis qu’ils participent du même Soi véritable, qui
629
ents du moi phénoménal, tandis qu’ils participent
du
même Soi véritable, qui seul importe. « Surmonte le mal par le bien »
630
vant : amour mutuel. L’expérience est la même, ou
du
moins je la sens telle. Mais la lumière ? Est-ce le Nom qu’on lui don
631
i donne qui diffère, — ou quoi d’autre ? Le point
du
dialogue est ici. Un point seulement, sans étendue, mais selon le reg
632
lon leurs sages — d’une gigantesque schizophrénie
du
Soi. (Mais il sera finalement résorbé, tout s’arrangera.) Ils en ont
633
noyé dans le Tout. Mais le Tout est le contraire
du
drame. Tous les risques d’erreur sont liés à notre amour ; et plus l’
634
varié dans leur croyance à la dualité de l’Un et
du
Multiple, dualité finalement illusoire puisqu’un jour — dont ils save
635
transposition sur les plans poétique et religieux
du
Second principe de la thermodynamique. L’autre moitié de l’humanité c
636
nt décrit cette fin. Dès lors, au duel de l’Un et
du
Multiple est substitué le drame de l’Un et des Uniques : — à l’anéant
637
ui dormira dans un sommeil sans rêves — leur idée
du
bonheur — entre deux Créations totalement insensées. Si les saints de
638
s doctrines d’extinction n’ont pas tué l’illusion
du
moi ; au contraire, ce moi sans valeur est en train de faire valoir s
639
ieu ». (Romains 8). Et saint Justin, l’œcuménique
du
iie siècle, ose parler d’un salut de la Matière. À force de l’étrein
640
sa vie secrète, comme l’alchimiste, cette matière
du
cosmos en expansion, de l’atome élusif, des corps vivants, l’homme d’
641
rmer lui-même, en tant qu’il participe au mystère
du
créé. Il a choisi cette voie, qu’il aille jusqu’au bout ! Pour lui la
642
, 1940, p. 22. Cet ouvrage est le meilleur exposé
du
personnalisme moderne, par un psychanalyste assez proche de C. G. Jun
643
st occidentale. Cherchant à guérir les « maladies
du
moi », elle le confirme comme entité et le renforce, loin de l’élimin
644
es). 66. Cf. Alexandra David-Neel, Le Bouddhisme
du
Bouddha, 1960, p. 51-59. 67. D. T. Suzuki, Mysticism Christian and
645
rapprocher de cette vue d’un soufi : « Le paradis
du
gnostique fidèle, c’est son corps même, et l’enfer de l’homme sans fo
646
anishad. 83. Alexandra David-Neel, Le Bouddhisme
du
Bouddha, p. 45. 84. Chang Chen-Chi, The Practice of zen. 85. Tout