1 1931, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Les Éléments de la grandeur humaine, par Rudolf Kassner (octobre 1931)
1 qu’avant tout nous avons besoin. Kierkegaard nous en propose le type le plus efficace. Et c’est ainsi par une nécessité or
2 e — nous sommes nécessiteux — que son œuvre entre en action parmi les forces spirituelles qui orientent l’Europe d’aujourd
3 nées déjà pénétrée de cette philosophie, ainsi qu’ en témoigne l’accueil fait à la pensée d’un Karl Barth, génial disciple
4 e, non du point de vue littéraire comme on le fit en France, mais du point de vue des valeurs vitales (problème que notre
5 dolf Kassner donne la sensation à peu près unique en ce temps d’une pensée autoritaire. Entendons que pour lui, penser n’e
6 t que les pensées créées ne soient concevables qu’ en elles-mêmes et comme à l’état sauvage, non par une explication qui le
7 qui sans cesse frôle l’humour, et parfois tourne en sournoise malice. On ne peut dire précisément de Kassner qu’il réfute
8 le immortel, le Livre de Job. Il serait curieux d’ en suivre la filiation, jusqu’au Soulier de Satin de Claudel : ce serait
2 1931, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Sarah, par Jean Cassou (novembre 1931)
9 ible avec les « conditions » de la vie que mort s’ en suit. Sarah est donc un recueil de contes romantiques, cas tout à fa
10 complicités sentimentales. Ce qui gêne pourtant, en plusieurs endroits, c’est un certain tour désinvolte, le coup de pouc
11 sider avant tout dans l’ordre des faits qu’il met en jeu, dans la problématique qu’il parvient à susciter au cours de ces
3 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Les Signes parmi nous, par C. F. Ramuz (janvier 1932)
12 la fonction serait d’exprimer notre civilisation, en un temps où elle se trouve brutalement mise en question, posent eux-m
13 urquoi y est-on forcé ? » Je vois que cet article en vient à formuler le dilemme sociologie-métaphysique ou si l’on veut m
14 pendant où la métaphysique se posera ou sera niée en termes concrets, en termes de nourriture par exemple, non plus en ter
15 ts, en termes de nourriture par exemple, non plus en termes curieux ou convenables. Nous rechercherons désormais ceux qui
16 ne sais quelle lourdeur « originale » et unanime, en communion avec les éléments, avec l’effroi du monde. On a, non sans c
17 mais originel et spirituel. (La révolution russe en tournant au marxisme, a provisoirement confondu ces notions.) Le comm
18 ux Origines, car la Fin et le Commencement « sont en ressemblance et voisinage ». Ce regard rajeuni, ces gestes rudimentai
19 un jour sortira le peuple-poète, « le peuple tous en un ». Mais son œuvre est bien au-delà de l’ère machiniste que travers
20 de la révolte ; et ce trait profond de son art m’ en convainc : le sens de la vénération, qui est aussi celui de la lenteu
21 Signes parmi nous, par sa simplicité même, le met en valeur mieux que tout autre récit de Ramuz. Voici Caille, le colporte
22 s Écritures. La Fin des Temps est proche, il faut en témoigner. À tous il tend la Parole « morte aux pages », mais voici q
23 fut pour d’autres : un moyen de créer du mystère en brouillant les plans ; mais un moyen de rendre plus totale la vision.
24 l’absence de toute complaisance à soi. Certes, j’ en vois les défauts, le poncif ; ces détails par trop détaillés. Mais l’
25 ne page de Ramuz — même pas très réussie, et il y en a qui ont un air raté, un air pastiche de Ramuz —, c’est qu’une seule
26 ui reçoit la vie comme un moule reçoit la matière en fusion et la réalise soudain — la fait chose — en lui donnant une for
27 en fusion et la réalise soudain — la fait chose — en lui donnant une forme ; l’actualise — la fait acte — en l’arrêtant da
28 donnant une forme ; l’actualise — la fait acte — en l’arrêtant dans cette forme et lui donnant une date. Les périodes qui
29 dire d’une telle œuvre, datée de 1919 et reparue en un temps de crise, qu’elle en revêt une actualité accidentelle : c’es
30 de 1919 et reparue en un temps de crise, qu’elle en revêt une actualité accidentelle : c’est en quelque sorte le contrair
31 urement mystérieux de la forme mythique, le poète en tout temps a le pouvoir de le susciter dans son œuvre, comme le mysti
32 s réalise dans sa vision, cet homme sera toujours en puissance d’aujourd’hui, enraciné profondément dans une permanente ac
33 d’après le peuple. Cette terne vision des choses en apprend plus sur le compte de la bourgeoisie que sur le peuple qu’ell
34 nformer le réel, c’est en quelque sorte le mettre en état de crise ; et il n’y a de réalité que par et dans la crise… 7.
4 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Le silence de Goethe (mars 1932)
35 reconnaît et n’apprécie que ce qu’il est lui-même en état de faire. » Telle est la cause du malentendu que soulèvera toujo
36 ue littéraire, la confrontation serait absurde, j’ en conviens. Mais notre optique n’est-elle point faussée par un état d’e
37 de l’être dans la mesure seulement où il portait en tous les domaines de son activité une application volontaire et soute
38 l’on connaît par leurs écrits d’abord. Mais, pour en tenir un juste compte, il s’agit de le subordonner au problème person
39 que dans leur commune grandeur. Seule la croyance en une analogie universelle des réactions profondes de l’âme devant son
40 é » dans l’ordre — au mieux — esthétique, je ne m’ en étonnerai point. Il s’agit simplement, ici, de rendre plus concrète,
41 des et secrètes » comme parle Jérôme Cardan, l’on en trouve dans toutes ses œuvres assez de signes irrévocables pour n’avo
42 arnée. La question se pose pour lui, dès l’abord, en termes matériels, urgents et contraignants. De là le sérieux avec leq
43 s l’équilibre humain. Incident décisif qui figure en raccourci tout le drame dialectique de sa vie. Mais cette maladie, et
44 oint le renoncement à la magie spéculative n’est, en fait, qu’un accomplissement, le plus difficile et le seul humainement
45 ectique de la magie, Goethe lui-même l’a stylisée en symboles concrets dans le Faust, œuvre longue comme sa vie de créateu
46 suis cru plus grand que le Chérubin… qui pensais en créant pouvoir jouir de la vie des dieux et m’y égaler… combien je do
47 patience sans cesse remise en question, la Saison en enfer est le drame d’une pureté avide, et son destin se joue d’un cou
48 Rimbaud est d’une autre trempe : il a déjà prouvé en écrivant les Illuminations qu’il peut renoncer violemment à tout un m
49 eut renoncer violemment à tout un monde faux pour en créer un autre. Sa vie en Afrique est un second renoncement. Nous aur
50 tout un monde faux pour en créer un autre. Sa vie en Afrique est un second renoncement. Nous aurions combiné tout cela ave
51 e suffit à déterminer une suite d’actes. Dilemme, en son fond, religieux. C’est une forme dialectique, « agonique », de la
52 st-à-dire une de ces contradictions essentielles, en signe de croix, qui sont la marque même de la réalité dans une consci
53 de son accession au monde spirituel, il s’est mis en état de défense et de lenteur. Il avance ainsi pas à pas, l’âme tendu
54 pliement et de refus, si douloureuse que le signe en devient visible sur ses traits. Je ne me lasse pas de méditer ce visa
55 dinaire, de garder ces choses-là pour soi et de n’ en découvrir que juste ce qu’il faut pour qu’elles puissent être de quel
56 ous les jours travailler, combattre, agir, laisse en paix le monde futur et se contente d’être actif et utile en celui-ci 
57 monde futur et se contente d’être actif et utile en celui-ci »13. À quoi nous saurons opposer cette confession mémorable 
58 douce lumière d’un soleil caché14. » Écrire, tout en se taisant. Et ceux-là seuls entendront ce silence, qui auront su per
59 n excès même est encore une évasion hors du réel. En cela il est romantique, comme tous ceux que leur violence et leur fai
60 elle l’appelle « l’arrière-monde » et le rejette, en ceci plus chrétienne, plus tragique que l’époque romantique (Nietzsch
61 juger que plus bas que lui. C’est-à-dire qu’il n’ en a pas le droit. Certes, il est d’autres recours, d’autres points de v
62 lleurs. Ce critère du salut, cette transcendance, en bonne dialectique autoriserait à des jugements de valeurs humaines. M
63 ents de valeurs humaines. Mais il faudrait mettre en balance une longue fidélité peut-être orgueilleuse, puisque Goethe te
64 pirituelle, d’une sorte de coefficient d’utilité. En ce jour de février 1932, dans ce Francfort en proie au Carnaval et à
65 d’une logique statique et cartésienne nous porte en des régions nouvelles de l’esprit où l’action redevient notre seul cr
5 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Querelles de famille, par Georges Duhamel (mai 1932)
66 lan commun de la conscience où ils s’exalteraient en s’opposant franchement, tirent à hue et à dia et engendrent une grand
67 hue et à dia et engendrent une grande confusion. En ce sens, le dernier livre de M. Duhamel, consacré à la critique des a
68 torique de l’indignation dont les figures servent en France indifféremment à des fins électorales, journalistiques ou phil
69 nsuffisance quand c’est un virtuose qui se mêle d’ en jouer. Mais sans doute le but serait-il atteint si M. Duhamel, visibl
70 visiblement gêné, ne coupait lui-même ses effets en terminant la plupart de ses traits sur quelques notes ironiques, dest
71  rendraient » mieux sous la rubrique Mon film 16. En d’autres passages, d’une expression plus serrée, M. Duhamel cherche c
72 ation à rebours du sens de la révolte ? On serait en droit d’exiger d’un critique de son temps qu’il déclare ce qu’il atte
6 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Éloge de l’imprudence, par Marcel Jouhandeau (septembre 1932)
73 t assumer son bien ni son mal, — et sans cesse il en parle, car la Société vit sous le règne des jugements. Mais d’autre p
74 que. Un Kierkegaard critique ses mesures morales, en donne la référence : ce Dieu terrible. Et sa vertu est choix. L’absol
75 gne de la loi (de la morale). Et c’est la foi qui en libère, non pas cette « générosité » malgré tout équivoque. La foi ré
7 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Alexandre, par Klaus Mann (septembre 1932)
76 rise Salammbô plus que Laforgue d’ailleurs, avec, en plus, du sentimentalisme. La préface de Cocteau joue sur les thèmes,
8 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Cahier de revendications [Présentation] (décembre 1932)
77 ielle ? Il semble que la solidarité du péril crée en nous une unité que n’ont su faire ni maîtres ni doctrines, unité de r
9 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). À prendre ou à tuer (décembre 1932)
78 s’entendre sur le meilleur ou sur le seul moyen d’ en réchapper, — l’imposer. Ce n’est plus pour quelque « idéal » que nous
79 des hommes. Il y a deux camps : ceux qui veulent en sortir, — et ceux qui voudraient bien continuer, ayant certains intér
80 matérialiste, l’autre personnaliste ; la première en voie de réalisation en URSS, la seconde encore mal dégagée de sa péri
81 ersonnaliste ; la première en voie de réalisation en URSS, la seconde encore mal dégagée de sa période de gestation doctri
82 tabler sur une « utopie » partiellement traduite en faits. C’est même, à voir les choses de près, leur unique argument co
83 illeurs discutable ? C’est l’homme qui se révolte en nous contre le marxiste. Vous n’y ferez rien. Et nous ne trahirons pa
84 ’il est, sous prétexte qu’il faut se hâter, et qu’ en Russie c’est en train de marcher. Nous jouerons tout sur une révoluti
85 si bien compris qu’on peut les voir déjà préparer en sous-main des terrains d’entente avec l’URSS. Nous ne pensons pas que
86 efebvre, la seule « chance » des capitalistes. Il en est une moins coûteuse à risquer et qui consisterait à se laisser con
87 istes. Mais où sont les motifs de notre choix ? J’ en indiquerai trois. 1° — La seule révolution qui nous importe concerne
88 te à peine en tant que classe, d’ailleurs brimée. En février 1917, les bolchévistes sont 200. En octobre, ils s’emparent d
89 imée. En février 1917, les bolchévistes sont 200. En octobre, ils s’emparent du pouvoir sur toutes les Russies. En 1932 le
90 ils s’emparent du pouvoir sur toutes les Russies. En 1932 le parti compte deux millions de membres sévèrement contrôlés. «
91 moins qu’un acte de foi. Un tel mysticisme a-t-il en France la moindre chance de succès ? Où est sa tradition vivante en c
92 re chance de succès ? Où est sa tradition vivante en ce pays ? La violence des communistes français reste le plus souvent
93 affirmée par les politiciens marxistes, mais niée en sous-main par leur doctrine, est de leur part une duperie manifeste.
94 ntends menacer le bourgeois : mais je ne vois pas en quoi la tyrannie du matériel qu’ils prônent est meilleure pour les ho
95 riefs, — dont beaucoup sont les nôtres, mais nous en avons davantage. Je vois clairement que leurs buts provoquent le refu
96 Ceux qui ne promettent que du pain, finalement n’ en donnent jamais. Nous avons en commun avec eux certains mots d’ordre i
97 pain, finalement n’en donnent jamais. Nous avons en commun avec eux certains mots d’ordre immédiats : lutte contre le cap
98 ns, un point d’application : la personne. Tel est en dernière analyse, le fondement, l’enjeu de la révolution nouvelle. Ic
99 Ce qu’il faut pour légitimer un système d’idées en elles-mêmes justes et opportunes (comme celles, je le crois, de L’Ord
100 utisme formidable. Je crois que seule la foi peut en donner jusqu’au bout le courage. Je parle de la foi chrétienne où je
101 s les révolutions — après les avoir faites. 18. En Allemagne, un groupe en croissance rapide, le Gegner, s’efforce de cr
102 s les avoir faites. 18. En Allemagne, un groupe en croissance rapide, le Gegner, s’efforce de créer une unité révolution
103 é révolutionnaire au-dessus des partis existants. En Angleterre (New Europe Group de A. R. Orage ; New English Weekly), en
104 urope Group de A. R. Orage ; New English Weekly), en Belgique (plusieurs journaux), en Suisse (Éveil, Présence), en Espagn
105 nglish Weekly), en Belgique (plusieurs journaux), en Suisse (Éveil, Présence), en Espagne, en Hollande, en Irlande et dans
106 plusieurs journaux), en Suisse (Éveil, Présence), en Espagne, en Hollande, en Irlande et dans les pays latins de l’Amériqu
107 urnaux), en Suisse (Éveil, Présence), en Espagne, en Hollande, en Irlande et dans les pays latins de l’Amérique, cette « t
108 uisse (Éveil, Présence), en Espagne, en Hollande, en Irlande et dans les pays latins de l’Amérique, cette « troisième forc
109 t nécessité-liberté dans la mesure où elle existe en sol et dans sa durée propre, comme un 3e terme, en réalité, supprime
110 n. 20. La seule révolution qu’elle légitimerait, en bonne logique, serait une révolution contre la construction entrepris
10 1933, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Pétrarque, par Charles-Albert Cingria (avril 1933)
111 ronianisme dans tout ce que l’officialité moderne en représente — l’éloquence, l’érudition, les grands sentiments, la mora
112 tzsche —, une pétulance idéologique qui s’exprime en notes, digressions et plaisanteries jamais dépourvues d’ailleurs d’un
113 z ce petit volume de deux-cents pages qui, délayé en six-cents, se verrait décerner le titre de « monument critique ». Tel
114 merce des vins dans la vallée du Rhône, la marche en montagne, le romantisme, le nationalisme, l’européanisme et la révolu
115 malgré ses velléités de fantaisie assez relâchée. En quelques touches un peu bourrues, un peu précieuses, il jette l’espri
11 1933, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Une main, par C. F. Ramuz (juin 1933)
116 oresque. Aucune de ses œuvres mieux qu’Une Main n’ en convaincra. On y sent, plus directe qu’ailleurs, sa pensée ; on y voi
12 1933, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Saint-Évremond ou L’humaniste impur, par Albert-Marie Schmidt (octobre 1933)
117 mpe. Tel est le premier succès de cet ouvrage. Il en révèle peut-être aussi certain défaut : Albert-Marie Schmidt domine t
118 près dans les méandres de son éthique. Certes, il en fait valoir ainsi toutes les nuances, avec un art égal à son modèle.
119 dont le spectacle n’est pas vain. M. Schmidt ne s’ en laisse point imposer par la « réussite classique ». Il place Saint-Év
120 drait poser sous cette forme : la vérité est-elle en déca ou au-delà du désespoir, dans les mesures humaines ou dans la fo
13 1933, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Le Deuxième Jour de la Création, par Ilya Ehrenbourg (décembre 1933)
121 eurs et autres surréalistes, empêcheurs de danser en rond. Voici l’histoire en bref, — non pas l’intrigue ! tout cela est
122 s, empêcheurs de danser en rond. Voici l’histoire en bref, — non pas l’intrigue ! tout cela est propre. Le jeune Kolka, pr
123 age. Il est cependant exact. Mais les faits, même en Russie, ne sont rien sans la mystique. La force et le charme de ce ro
124 ceci de spécifiquement ennuyeux qu’il ne crée pas en eux le moindre refoulement. Ce qui suppose une remarquable absence d’
14 1934, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Taille de l’homme, par C. F. Ramuz (avril 1934)
125 u’à soutenir que s’il défendait le marxisme, il n’ en resterait pas moins, par le fait de son être même, une protestation c
126 ions, chez les philosophes de Moscou, ont abouti, en 1932, à des définitions tellement abstruses de cette fameuse « matièr
127 ut se fonde, que Staline s’est vu contraint, pour en finir, de fixer la saine doctrine par un ukase condamnant à la fois l
128 un conformisme d’État. C’est, à peu près, l’ukase en moins, ce qui s’est passé chez les bourgeois, au sujet du mot « espri
129 isme est l’aveu de son choix. Mais Berdiaev parle en chrétien, et Ramuz ne veut encore parler qu’en homme. Est-ce possible
130 le en chrétien, et Ramuz ne veut encore parler qu’ en homme. Est-ce possible ? Et peut-il y croire ? Il a bien vu le choix,
131 alors ce « matériel » ? 29. Abréviation usuelle en URSS pour « matérialisme dialectique ». o. Rougemont Denis de, « [C
15 1934, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Le Procès, par Franz Kafka (mai 1934)
132 ner un livre plus profond. On a même l’impression en le lisant, de lire pour la première fois un livre absolument profond.
133 t qui sont de mèche avec la justice, ces prévenus en liberté, cette complicité générale, tout cela, ce n’est pas la « misè
134 parce qu’elle nous permet de faire un pas et « d’ en sortir » que nous connaissons notre état, que nous mesurons le réel,
16 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Ni gauche ni droite (août 1935)
135 et un front qui se dit « populaire ». Faudrait-il en déduire que le peuple et la nation s’opposent ? Les mots l’indiquerai
136 droite, quand elle se proclame « nationale » tout en restant capitaliste.) Défendre la culture, ce serait d’abord rendre a
137 nt le fait des ligues que de proclamer la liberté en préparant la dictature. Jamais on n’a plus mal menti, jamais avec plu
17 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Paracelse, par Frédéric Gundolf (septembre 1935)
138 pas un magicien. Il erra toute sa vie, d’auberges en universités, suivi d’une troupe de disciples turbulents, à la recherc
139 seilla de se faire enterrer pour une année, coupé en petits morceaux, dans du crottin de cheval, et de faire subir à son c
140 la forme d’un beau jeune homme. Il se fit tailler en morceaux et enterrer par son fidèle serviteur. Mais celui-ci, impatie
141 jours trop tôt. Paracelse y gisait, métamorphosé en bel adolescent, le crâne seul n’avait pas tout à fait repoussé. Un pe
142 ste Paracelse Bombaste de Hohenheim, qui était né en Suisse allemande, n’était pas un énergumène, mais un savant complet c
143 un savant complet comme il faut espérer que nous en reverrons bientôt, un savant qui voulait harmoniser sa petite spécial
144 s esprits plus curieux de preuves que de faits. J’ en viens au petit livre de Gundolf. C’est l’œuvre synthétique d’un philo
145 ». Paracelse a vu plus de choses qu’il ne pouvait en exprimer. Son destin fut l’inverse du nôtre. La technique nous masque
146 expression, qui lui paraît peu scientifique. Il s’ en tire au moyen d’allégories, et transforme sa maladresse en instrument
147 u moyen d’allégories, et transforme sa maladresse en instrument de découvertes. Alors que notre étiologie se borne la plup
148 ntable. Ainsi le grand docteur « macrocosmique », en appliquant l’astrologie, redécouvrit pour les générations futures « l
18 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Recherches philosophiques (septembre 1935)
149 sophique. Et je ne pense pas trahir leur tendance en insistant ici exclusivement sur trois des écrits les moins « orthodox
150 ation historique de grande envergure. Löwith voit en Hegel l’achèvement de la philosophie classique, aux deux sens du mot
151 ique, un sens du concret de l’esprit qui enchante en moi le disciple de Kierkegaard. Il apparaît de plus en plus nettement
19 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Lawrence et Brett par Dorothy Brett ; Matinées mexicaines suivi de Pansies (poèmes), par D. H. Lawrence (octobre 1935)
152 de Mabel Dodge. Il parvient à ne rien cacher tout en restant d’une exacte pudeur. Mais enfin, c’est tout de même pour Lawr
153 celui qui « exige » de l’aide et auquel on vient en aide. Autrement, il serait deux fois insupportable : comme voisin tou
20 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Les Mystiques allemands du xiiie au xixe siècle, par Jean Chuzeville (octobre 1935)
154 ctement théologique, qui est tout de même décisif en ces matières, l’alternative que je viens d’indiquer ne se pose plus.
155 es limites charnelles et temporelles, à s’oublier en Dieu, son principe ». La question est alors de savoir s’il existe une
21 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). « Le plus beau pays du monde » (octobre 1935)
156 il faut ajouter aussitôt qu’on a le tort de leur en accorder bien davantage qu’ils n’en gardent et que ceux qui les prono
157 tort de leur en accorder bien davantage qu’ils n’ en gardent et que ceux qui les prononcent n’en conçoivent. Pour vous le
158 ils n’en gardent et que ceux qui les prononcent n’ en conçoivent. Pour vous le prouver, voici une anecdote d’Angleterre : e
159 veau nationaliste qu’il faudrait. Précisons, cela en vaut la peine. Le nationalisme existe parce qu’on l’enseigne ; c’est
160 ue la digestion, si vous voulez. L’idée même de s’ en vanter indique un trouble. — Enfin, voilà les hitlériens qui trouvent
161 fait patriotique et tente de le rationaliser : il en fait un objet de discours. Par là même il le rend absurde. Il le « my
22 1936, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Sur l’esprit incarné (février 1936)
162 affranchir de ce genre de pression pour s’exercer en toute liberté. » Il écrit un peu plus loin qu’il déplore la dispariti
163 ndre à son compte cette erreur de vocabulaire, ou en langage théologique, ce blasphème ; 3° si l’incarnation de l’Esprit,
164 Barabbas — opposition qui se résout pratiquement en unanimité contre le Christ, contre l’esprit incarné en Personne ; 5° 
165 animité contre le Christ, contre l’esprit incarné en Personne ; 5° si le clerc qui s’en lave les mains ne risque pas de fa
166 esprit incarné en Personne ; 5° si le clerc qui s’ en lave les mains ne risque pas de faire le jeu des clercs qui crient av
23 1936, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Dictature de la liberté, par Robert Aron (mars 1936)
167 ent, elle perd tout point d’appui, son élan meurt en anarchie. La solution de ce conflit est évidente, c’est peut-être pou
168 ne ellipse ; l’on dira qu’une liberté organisée n’ en est plus une. Expliquons-nous ; il faut organiser le matériel — la di
169 qu’ils estiment purement techniques parce qu’ils en ignorent les fins. Cette erreur des fameux techniciens nous vaut les
170 t le désordre où nous sommes, ils prétendent nous en tirer en parant, comme ils disent, au plus pressé, c’est-à-dire en or
171 rdre où nous sommes, ils prétendent nous en tirer en parant, comme ils disent, au plus pressé, c’est-à-dire en organisant
172 t, comme ils disent, au plus pressé, c’est-à-dire en organisant l’État, l’économie et les rapports sociaux selon les néces
173 ystiques étrangères. Oui, mais on ne se défend qu’ en attaquant. Sachons gré à ce livre de poser enfin les questions que la
174 dernier ouvrage, etc.) J’ai quelques raisons de m’ en réjouir. L’Ordre nouveau en a tiré, le premier, des conclusions prati
175 quelques raisons de m’en réjouir. L’Ordre nouveau en a tiré, le premier, des conclusions pratiques dans le domaine du trav
176 rnier chapitre sur le colonel de la Rocque, « cet en avant qui ne sait pas où aller ». y. Rougemont Denis de, « [Compte
24 1936, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Kierkegaard en France (juin 1936)
177 Kierkegaard en France (juin 1936)z L’introduction de Kierkegaard en France a les
178 nce (juin 1936)z L’introduction de Kierkegaard en France a les mêmes dates que la crise : 1930-1935. Il a fallu bien pr
179 e œuvre entièrement commandée par son terme, tout en taisant ou niant ce terme, cela revient littéralement à priver l’œuvr
180 ent à priver l’œuvre, et ces fragments qu’on nous en donne, de toute espèce de sens réel, — par quoi j’entends d’orientati
181 ds d’orientation intime, de fidélité essentielle, en un mot, de finalité. D’où résultent nécessairement un certain nombre
182 e le christianisme « à bon marché » ; parce qu’il en appelle d’un christianisme théorique à un christianisme existentiel —
183 s de mon incrédulité ». L’on eût évité ce grabuge en traduisant dès le début quelques-uns des ouvrages que Kierkegaard pub
184 la preuve irréfutable de sa foi. (Encore qu’il s’ en défende avec vigueur mais son action même témoigne contre l’humilité
185 ue les neuf discours traduits par M. Paul Tisseau en reviennent tous à la même question, qui est celle du sérieux dernier,
186 rer le sérieux et le pathétique purement humains, en les poussant à la limite où se révèle leur impuissance ; puis à montr
187 de foi, ce renversement du désespoir qui s’ignore en certitude combattante — et combattue. Le sérieux de l’ironie, l’iron
188 ahiers du Sud une étude de Benjamin Fondane qui s’ en prend avec énergie aux interprétations de Kierkegaard proposées en Fr
189 rgie aux interprétations de Kierkegaard proposées en France par Jean Wahl, par Mme R. Bespaloff, et par moi-même. Je ne tr
190 e : « Ils suivent Kierkegaard du regard — mais où en sont-ils de leur propre démarche ? » Oui, cette question est gênante
191 . » p. 26. z. Rougemont Denis de, « Kierkegaard en France », La Nouvelle Revue française, Paris, juin 1936, p. 971-976.
25 1936, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). L’Art poétique ou Qu’il faut penser avec les mains (décembre 1936)
192 l lui plaît pour exprimer ses idées, pourvu qu’il en avertisse. » Cette phrase de la Logique de Port-Royal, dont Claudel,
193 audel montre partout son parti pris, qui est de s’ en tenir aux origines, et à cette origine, entre plusieurs probables, qu
194 e la masse. Or ce sens, tellement incertain qu’il en devient presque indéfinissable (plus rien n’avance, c’est un sur-plac
195 urs sont débrayés) ce sens partout évanouissant n’ en est pas moins le sens « commun » — voire même, par antiphrase, le sen
196 est lui seul qui détient la méthode efficace pour en sortir. Mais quittons là cette métaphore avant qu’elle n’aille aussi
197 poétique ? De cet ouvrage très sévère, et sublime en tant de passages, combien accepteraient l’inquisition ? Qu’on ne dise
198 de lois mais seulement des formes. C’est un monde en recréation perpétuelle, et tout s’y tient parce que chaque être y agi
199 , où les objets qui « veulent dire » s’assemblent en propositions (à l’homme), seul discours proprement cohérent, puisqu’i
200 sauvé, relié solidement par la Promesse et remis en marche vers elle, — le monde de la poésie. Diviser, séparer, isoler,
201 e alors de procédé, si l’on y tient, mais il faut en comprendre l’office. Traiter chaque mot selon la chose qu’il re-prése
202 parole. Comment cela ? « Le mot appelle, provoque en nous l’état de co-naissance qui répond à la présence sensible des cho
203 d’actes concertés. Ainsi l’homme se trouve mis «  en communication avec la source continue qu’il contient en lui dans son
204 munication avec la source continue qu’il contient en lui dans son être : son geste n’est plus que la traduction, dans l’un
205 72) dit exactement le contraire. 41. On pourrait en tirer d’autres suites : faut-il attendre que les flics s’en mêlent, e
206 ’autres suites : faut-il attendre que les flics s’ en mêlent, et viennent « mettre au pas » le langage — ou saurons-nous à
26 1937, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Une idée de Law (janvier 1937)
207 jours à celui qui a le dernier écu. On entretient en France une armée qui coûte 100 millions par an ; c’est 2 milliards po
208 liard au moins. Voilà donc 3 milliards qu’il nous en coûte pour guerroyer cinq ans. Quel en est le résultat ? car le succè
209 qu’il nous en coûte pour guerroyer cinq ans. Quel en est le résultat ? car le succès définitif est incertain. Avec bien du
210 d’une armée permanente, ne vaudrait-il pas mieux en épargner les frais et acheter l’armée ennemie, lorsque l’occasion s’e
211 et acheter l’armée ennemie, lorsque l’occasion s’ en présenterait. Un Anglais estimait un homme 480 livres sterling. C’est
212 it mais enfin, il y aurait encore moitié à gagner en finance et tout en population, car, pour son argent, on aurait un hom
213 aurait encore moitié à gagner en finance et tout en population, car, pour son argent, on aurait un homme nouveau, au lieu
214 ir que l’honneur seul — ou du moins ce qu’il nous en reste, et ce n’est qu’une caricature — retient les gouvernants de sui
27 1937, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). De la propriété capitaliste à la propriété humaine et Manifeste au service du personnalisme, par Emmanuel Mounier (février 1937)
215 u (lequel était parti bien plutôt de Proudhon)44. En bref, le sens du livre est celui-ci : il s’agit de passer d’un mode d
216 core du Cahier de revendications, publié ici même en 1932, ne manquera pas de faire des rapprochements fort instructifs. C
217 un adjectif pléonastique : « personne humaine ».) En 1932, les marxistes prononçaient ici même — contre les « petits perso
218 ar L’Ordre nouveau dans son numéro d’octobre 1936 en comble d’ailleurs quelques-unes. 46. Par Paul Vaillant-Couturier, Pa
28 1937, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). N’habitez pas les villes (Extrait d’un Journal) (juillet 1937)
219 re, sur les grands quais de ce port atlantique, j’ en étais à considérer d’un œil brûlé par l’insomnie les flots de l’océan
220 pendant l’hiver, une occasion de solitude désirée en secret dès longtemps. Je voudrais bien n’avoir pas l’air trop romanti
221 ppe à la main. Tant d’autres disent : allons-nous- en , et restent faute d’imagination. Et pourtant il suffit de bien peu po
222 s de maisons vides. Dites autour de vous que vous en cherchez une, et vous en trouverez pour rien, ou pas grand-chose. Enc
223 autour de vous que vous en cherchez une, et vous en trouverez pour rien, ou pas grand-chose. Encore faut-il savoir commen
224 ’usage éventuel de quelque chose. Mais c’est user en fait de cette chose-là. C’est donc un acte et pas du tout un droit. E
225 sécurité, ni rien qui dure au-delà du temps qu’on en jouit. Cette maisonnette, ce jardin et cette île, seront miens selon
226 , seront miens selon la puissance avec laquelle j’ en saurai faire usage, pour une fin qui leur est étrangère, et qui me co
227 in de verve et de gaillarde érudition, comme il s’ en trouve un peu partout pour sauver « l’esprit » d’un pays. J’ai passé
228 ont été consignés par miracle : ils ne le cèdent en rien pour l’ampleur de leurs vues sur le monde, à l’éloquence des con
229 a place généralement vide, les maisons s’alignent en ordre modeste, peintes en tons clairs et simples, blanc, jaune ou ver
230 les maisons s’alignent en ordre modeste, peintes en tons clairs et simples, blanc, jaune ou vert. La couleur des volets s
231 haque façade d’une manière subtile et précise qui en dit long sur l’âme de ce peuple discret. C’est l’impression que je ve
232 tteuse. Elle a des douleurs dans les jambes, et m’ en parle d’abord, pour me mettre en confiance. Je sens bien qu’elle veut
233 les jambes, et m’en parle d’abord, pour me mettre en confiance. Je sens bien qu’elle veut me faire causer avant de fixer l
234 tention de rester ici tout l’hiver ? C’est plutôt en été qu’on vient chez nous, me fait-elle prudemment observer. — Je le
235 moi, des tas de choses à écrire… Elle n’ose pas m’ en demander davantage. Et moi, je recule devant l’entreprise de lui expl
236 Écrire pour les journaux, sans doute, mais il n’y en a pas tant à raconter sur ce pays. Je l’ai laissée en plein mystère.
237 pays. Je l’ai laissée en plein mystère. Elle a dû en parler longuement avec les clients qui attendaient en silence, le nez
238 arler longuement avec les clients qui attendaient en silence, le nez sur leurs sabots, que je sois sorti. La mère Aujard n
239 a mère Aujard n’a pas toujours ce qu’on voudrait. En hiver elle fait peu de réserves de produits alimentaires, les habitan
240 envoi, ce jour-là, d’une centaine de feuilles. Il en paraît lui-même consterné. J’affirme avec vivacité que ça ne peut pas
241 envoi de ce matin. En effet, Pédenaud qui a voulu en avoir le cœur net, a pris des instructions par téléphone au chef-lieu
242 de dédommagement. Salaire : 280 francs par mois «  en comptant tout ». Sa femme fait des lessives. En été ils pêchent des p
243 « en comptant tout ». Sa femme fait des lessives. En été ils pêchent des palourdes et les vendent aux baigneurs. Bien ente
244 ilà le but de toute morale car le « bien penser » en dépend.   2 décembre Questions. — Est-ce donc si « naturel » de vivr
245 hostiles, nous souffrons de ne pouvoir prolonger en pensée notre marche jusqu’au pays voisin. Cette liberté insulaire est
246 er au-delà de ce qu’il peut, et franchir au moins en pensée les bornes de ses possessions pour aller se mêler aux « autres
247 puis pas les persuader que je travaille vraiment en écrivant, cela met entre nous une barrière sentimentale, une gêne con
248 ne constamment sensible. Et je n’ai nulle envie d’ en prendre mon parti. Dans ce qu’ils ont pu entrevoir de mon activité, u
249 Renaud, c’est tout le contraire. Ils m’expliquent en détail ce qu’ils font, et je puis le comprendre et l’admirer. Ils ont
250 t racontés. (« Quand nous étions devant Tamatave, en 1886. ») Il s’occupe maintenant à fabriquer un filet de quatre-vingts
251 qui moi, m’intéresse : je sens trop bien qu’ils n’ en sont pas curieux. De quoi donc me parlent-ils ? Du temps, et j’aime c
252 is nouvellement intéressant. Et quand nous sommes en confiance, si j’essaie d’amener l’entretien sur leurs lectures, les j
253 , à leur situation, à leurs problèmes, — et que j’ en fais parfois la matière même de mon travail. J’ai quelque peine à exp
254 , — qui n’est précisément qu’un sentiment de gêne en moi. Sentiment qu’il y a là quelque absurdité, et si énorme que perso
255 rès le culte, chez M. Palut. Il n’est pas pasteur en titre, mais seulement « évangéliste » au service d’une œuvre missionn
256 hui qu’une centaine de paroissiens disséminés. Il en vient une dizaine au culte. Les autres habitent trop loin, ou sont in
257 forts qu’il a faits, pendant six ans, pour entrer en contact avec la population. Conférences, visites, colportage de bible
258 nférences, visites, colportage de bibles de porte en porte. On ne peut pas dire que tout ce travail épuisant dans l’inerti
259 patrient volontiers, ou vont habiter les villes.) En été, la petite ville se remplit de baigneurs et l’auditoire du temple
260 de vivre une vie humainement absurde. Non qu’il n’ en distingue pas l’absurdité, mais simplement il sait pourquoi il la sub
261 vier (écrit sur la dune) Il ne faut pas se mettre en colère au mois de janvier. C’est une saison abstraite, on n’atteint p
262 . C’est un moyen de sortir de l’impasse : non pas en changeant ses données, mais soi-même.   28 février Gens. Il est très
263 nisation, c’est-à-dire résolution des dissonances en un accord qui comble toute attente.)   7 avril Recette pour vivre de
264 ns à mes pages, bien décidé à les refaire de fond en comble, à simplifier, à concrétiser, à essayer de les rendre telles q
265 ent, je ne dis pas être comprises, mais au moins, en pensée, confrontées sans un ridicule angoissant avec la réalité des c
266 impression et celle de tout à l’heure s’excluent en fait. Mais je n’arrive plus du tout à retrouver ce sentiment d’absurd
267 retrouver ce sentiment d’absurdité que provoquait en moi, précisément, la présence physique d’un homme, confrontée avec le
268 d’un homme, confrontée avec les idées que j’avais en tête. Il y a probablement une fatalité interne dans notre culture : e
269 clairs, dans la rue, par exemple. Déjà je ne puis en retrouver le souvenir autrement que par un effort de réflexion qui me
270 t des choses, où nous vivons ? « Je pense, donc j’ en suis ». Et je ne suis guère, si je n’en suis pas. Et je ne pense bien
271 e, donc j’en suis ». Et je ne suis guère, si je n’ en suis pas. Et je ne pense bien, valablement, en vérité, que si je me s
272 ure le tranchant du plateau, la rivière s’élargit en bassins clairs aux profondeurs rougeâtres et doucement mouvantes. C’e
273 arech, un ou deux crabes tout terreux, et parfois en se penchant sur la treille, on voit bondir d’un bord à l’autre quelqu
274 grenat. — On cuit les crevettes toutes vivantes, en les jetant dans de l’eau qui bout. Après des soubresauts terribles —
275 Voilà la dernière trace de la conscience cosmique en nous, de la conscience de notre royauté nécessaire et réparatrice. Il
276 justice cosmique blessée. Comme une prière muette en moi, toute machinale et tout obscure.   24 mai On dirait que l’homme
277 e arrange tout sous elle : pattes, œufs, poulets, en quelques mouvements, ramène deux œufs sous son aile, fait sortir une
278 is de nouveau plus rien à espérer avant longtemps en fait de « rentrées ».   14 juin Hier soir, j’avais fait une dernière
279 , zéro. Traductions, zéro. Les chapitres du livre en train, non détachables. Un essai philosophique sur la personne : dest
280 ais je commence à les connaître. Je pourrais vous en dire. C’est partout différent, pour l’argent. Si vous prenez N. par e
281 a dû faire cette salle d’attente… » Autant que j’ en puis juger d’après les propos du gérant, ce n’est pas seulement la cr
282 pas de questions gênantes. Or, c’est mon métier d’ en poser… Il vaut mieux partir quand on en est là. Quand on en est à ne
283 métier d’en poser… Il vaut mieux partir quand on en est là. Quand on en est à ne plus voir le prochain, la situation n’es
284 Il vaut mieux partir quand on en est là. Quand on en est à ne plus voir le prochain, la situation n’est plus humaine, elle
285 le de décrire ma petite expérience d’intellectuel en chômage ; qu’il pourrait être utile de montrer qu’on peut sortir des
29 1937, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Gösta Berling, par Selma Lagerlöf (novembre 1937)
286 oire, traduite tout entière pour la première fois en France47. Six-cents belles pages aux vastes marges, papier moelleux,
287 lle n’aime que celui qui se moque d’elle et qui n’ en fait qu’à ses façons. Elle aime les grands rhétoriciens de l’imaginat
288 femme pour son peuple, au lieu de ces vantardises en service commandé d’oudarnikis plus ou moins décorés. Selma Lagerlöf e
289 uissent des mêmes droits politiques. » 47. On n’ en connaissait jusqu’ici qu’une adaptation abrégée, selon la coutume dét
30 1937, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Au dossier d’une vieille querelle (novembre 1937)
290 D’autres clercs, conséquents, ne manqueront pas d’ en conclure qu’ils n’ont pas à se mêler aux luttes sociales et politique
291 disait-il — on offensera les dieux ; donc on ne s’ en doit point mêler. » Mais Aristote témoigne qu’on lui répondit : « Si
292 vraie justice, on contentera les dieux. Donc on s’ en doit mêler. » La Logique observe à propos du premier dilemme — ou sop
293 ffenser les hommes, quand on ne le peut éviter qu’ en offensant Dieu ». Et au sujet du second : « qu’il n’est pas avantageu
294 u’il n’est pas avantageux de contenter les hommes en offensant Dieu ». J’en conclus qu’il est bon d’engager la raison dans
295 ux de contenter les hommes en offensant Dieu ». J’ en conclus qu’il est bon d’engager la raison dans la vie : non point pou
296 le y reçoive des outrages, mais pour qu’elle-même en fasse subir de salutaires à une vie qui en a grand besoin. Que cela n
297 e-même en fasse subir de salutaires à une vie qui en a grand besoin. Que cela n’aille pas sans risques, c’est l’évidence.
31 1938, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Le Monastère noir, par Aladár Kuncz (janvier 1938)
298 d’ouvrages français, ami de la France, séjournant en France, Aladár Kuncz, sujet hongrois, se voit arrêté à Paris dès les
299 clare fort justement qu’il s’acquitte d’une dette en présentant cette œuvre au public français. Vous en ferez tous autant
300 n présentant cette œuvre au public français. Vous en ferez tous autant en lisant ce livre, en le faisant lire. Et vous fer
301 vre au public français. Vous en ferez tous autant en lisant ce livre, en le faisant lire. Et vous ferez quelque chose cont
302 is. Vous en ferez tous autant en lisant ce livre, en le faisant lire. Et vous ferez quelque chose contre la guerre, ne fût
303 ès loin, partout, et qui doit être réel puisqu’on en souffre, mais dont on ne sait rien de précis, ni l’enjeu ni les cause
304 ine et épuration au sein des partis, arrestations en masse de suspects, procès de tendance faits à ceux mêmes qui se taise
305 , Paris, janvier 1938, p. 145-146. aj. Rougemont en a rendu compte dans le numéro de mai 1934 de la NRF : «  Le Procès, p
32 1938, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Victoire à Waterloo, par Robert Aron (février 1938)
306 erloo, et nous démontre que l’équation Napoléon n’ en doit pas moins avoir pour second membre l’abdication. Il y a sans dou
307 és ». La thèse peut se discuter. L’illustration m’ en paraît convaincante. « Le grand étonnement que peut provoquer ce livr
308 la préface, est que pour transformer une défaite en victoire et une abdication forcée en abdication volontaire, il ait fa
309 une défaite en victoire et une abdication forcée en abdication volontaire, il ait fallu si peu changer et si peu imaginer
33 1938, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Une révolution refoulée (juillet 1938)
310 résister, les voilà qui d’elles-mêmes se mettent en rang, lèvent le poing, acclament des caporaux. Ainsi l’Autriche fasci
311 et c’est le cas. Mais il arrive qu’on la dénature en la refoulant trop longtemps. Elle cherche alors d’autres voies, et le
34 1938, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Alice au pays des merveilles, par Lewis Carroll (août 1938)
312 que le conte est par essence un récit cocasse et en quelque manière libérateur, on conçoit que les meilleurs sujets de co
313 que de la raison avertie, donc impure. Elle opère en toute liberté sur un nombre restreint de données qu’elle considère da
314 données qu’elle considère dans l’absolu, et elle en tire des déductions exactes, qui se trouvent par là même contredire l
315 ation peut aisément accélérer ces deux effets. Qu’ en résultera-t-il ? Le rêve logique qu’est le conte de Carroll nous appa
316 urtant, ce n’est que d’un jeu qu’il s’agit. Alice en garde la conscience secrète — comme dans le rêve — et peut s’en libér
317 nscience secrète — comme dans le rêve — et peut s’ en libérer dès que l’absurdité devient intolérable ou menaçante. D’aille
35 1938, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Page d’histoire (novembre 1938)
318 n manuel futur : Leçon sur la crise des minorités en 1938. 1. Caractérisez l’état politique de l’Europe en 1938. — Les dém
319 938. 1. Caractérisez l’état politique de l’Europe en 1938. — Les démocraties de l’Ouest avaient fondé leur paix sur deux p
320 défendre, et sur le système qu’elles pratiquaient en fait. C’est ainsi que l’Allemagne exigea l’autonomie des Sudètes au n
321 s exigences allemandes. Et c’est pourquoi, lorsqu’ en septembre 1938, l’Allemagne appuya sa revendication de menaces milita
322 aggrava-t-il subitement ? — Le litige était réglé en principe. Mais alors (entrevue de Godesberg), Hitler démasqua l’aspec
323 rialisme religieux, ou sacral. Il exigea d’entrer en armes et sur le champ dans les territoires sudètes. Une cession purem
324 erg. Les autres pensaient que l’exigence d’entrer en armes était une « querelle d’Allemands », une rodomontade gratuite, p
325 e d’Allemands », une rodomontade gratuite, puisqu’ en principe tout était résolu. Seul, le Premier ministre anglais sut voi
326 signe d’une volonté d’hégémonie. C’était traduire en termes classiques la réalité pressentie de la nouvelle religion total
327 r surprenants et monstrueux qu’ils soient apparus en leur temps, trouvent leur explication la moins douteuse. an. Rouge
36 1939, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Propos sur la religion, par Alain (avril 1939)
328 ’agit moins de la dénigrer que de la « réaliser » en la débarrassant de ses « croyances fantastiques » et de sa « méthode
329 active de la créature (même lorsqu’il se déguise en bonne volonté souriante). La foi, au sens biblique, s’oppose expressé
37 1939, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Don Juan (juillet 1939)
330 ergots de grand ténor, l’on est tenté de ne voir en lui que le feu naturel du désir, — une espèce d’animalité véhémente,
331 première fois par la révélation d’amour, se muer en l’image de Tristan. Mais il ne trouvera pas. Il est Don Juan parce qu
332 atiable l’excite, devient une menace pour la vie. En dérivant cette passion vers le plaisir, la société se trouve lui ména
333 les faiblesses subites d’un honnête homme. On est en garde, et l’on connaît le système, entièrement relatif aux règles du
334 ar le bon et le juste — contre eux. Il va de défi en défi, excité puis exaspéré par le silence ou les lâchetés de l’advers
335 oyez comme elles ont vite cédé ! Il faudra donc s’ en prendre à Dieu et à son Fils. Déjà « le Dieu moral est réfuté ». Que
336 uan, tricheur, aime sans amour. S’il gagne, c’est en violant la vérité des êtres. Nietzsche pose des valeurs qui détruisen
337 Don Juan disparaisse (car Don Juan ne gagnait qu’ en trichant, et s’il n’y a plus de règles, on ne peut plus tricher). Voi
338 er). Voici peut-être la clé du mystère : c’est qu’ en respectant toutes les règles, nous ne pourrons jamais que perdre. Alo
339 avec lequel ayant été coquette en vain, il me dit en me quittant : “Je vous ajoute à ma liste des mille e tre”. » C’étaien
38 1939, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). La Poésie scientifique en France au xvie siècle, par Albert-Marie Schmidt (septembre 1939)
340 La Poésie scientifique en France au xvie siècle, par Albert-Marie Schmidt (septembre 1939)aq
341 correspondances théologiques, et finalement pour en extraire un matériel encore utilisable. Il me semble d’ailleurs que c
342 de les parfaire par le Verbe et, finalement, de s’ en rendre maîtres. Tous sont soutenus par une double croyance dans le po
343 aliste. Mais notre monde est-il encore formulable en noms et en rythmes ? La science moderne ne tend-elle point à nous le
344 s notre monde est-il encore formulable en noms et en rythmes ? La science moderne ne tend-elle point à nous le rendre prop
345 ndu] Albert-Marie Schmidt, La Poésie scientifique en France au XVIe siècle  », La Nouvelle Revue française, Paris, septemb
39 1940, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Au sujet du Journal d’André Gide (janvier 1940)
346 ent trop évidentes. » Si sincère qu’on se veuille en relatant ses journées, comment ne serait-on pas tenté de dire surtout
347 , de peur de se surfaire, tout ce qui peut entrer en jeu de bonté naturelle ou de sociabilité, disons mieux : d’amabilité 
348 lus. Le regard, ici, crée ce qu’il cherche… » Or, en écrivant cela, Gide n’a-t-il point cédé à la tentation qu’il décrit ?
349 toute morale a bientôt fait de se muer à son tour en dogme, et la morale protestante succombe à ce danger plus qu’aucune a
350 dividualiste, ou même rationaliste ? Certes, je m’ en voudrais de critiquer une exigence d’honnêteté qui rappelle si fort K
351 ient confesser. Alors seulement pourrait se poser en termes nets le problème de l’église visible, de l’obéissance à une or
352 n sens. Je ne reconnais point d’autorité, et si j’ en reconnaissais une, ce serait celle de l’Église » (donc de Rome). Allo
353 sme est d’ailleurs une erreur des plus courantes, en France surtout, et même chez certains protestants. Tout ce que je me
354 e des orthodoxies orgueilleuses, « André Gide à n’ en plus finir » ! 53. Cf. p. 1331, note du 26 janvier 1930. 54. Besoi
40 1940, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Hommage à C. F. Ramuz (mai 1940)
355 i caractéristique du cercle ramuzien, s’y traduit en mirlitons acidulés et en mélodies savamment bêtifiantes de compliment
356 le ramuzien, s’y traduit en mirlitons acidulés et en mélodies savamment bêtifiantes de compliment d’anniversaire. Quant au
357 ’art de Ramuz exposé. Ici, tout le mystère se mue en forme et en physionomie lisible. Enfin, l’on est au-delà de la psycho
358 z exposé. Ici, tout le mystère se mue en forme et en physionomie lisible. Enfin, l’on est au-delà de la psychologie. « N’a
41 1951, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Un complot de protestants (novembre 1951)
359 r quand je le vois descendre l’escalier. Je parle en le suivant d’un œil. Il s’arrête, il paraît attendre. Je pose le réce
360 ut. » Il a l’air étonné, puis amusé. Et, soudain, en se levant : « Eh bien ! si c’est ainsi, allons le voir de ce pas, vou
361 ur la bibliothèque où il travaille, Gide apparaît en robe de chambre grise, le corps un peu tassé et de large carrure, sa
362 apèze. Gide s’y appuie des deux mains, se balance en regardant nos valises. « Tout cela s’est arrangé si soudainement, dit
363 siteur. Je me garde de répondre. Finalement, Gide en riant : « On va dire que c’est un complot de protestants ! » Le mot n
364 eures, il viendra entrouvrir la porte capitonnée, en s’annonçant par un profond « Allô ! Allô ! » et me demandera de passe
365 théologiques, comme si c’était précisément pour m’ en parler qu’il m’offrait l’hospitalité. Saint Paul reste sa bête noire.
366 c’est l’opposant. (Comme on le croit généralement en France.) Les gênes fécondes qu’il demandait jadis qu’on rende à l’art
367 u’à la morale ? « En somme, lui dis-je, vous vous en tenez au protestantisme libéral de la fin du xixe siècle ? » — « Oui
368 ication des « erreurs de sa vie de jeune homme ». En phrases lentes et difficultueuses, coupées de silences et de reniflem
369 que je me suis complètement blousé », répète-t-il en accentuant, circonflexant le dernier mot. Ce qui l’a souvent frappé c
370 , à cette époque — je parle de mon premier séjour en Afrique, — une terrible erreur d’aiguillage ! » Puis il tousse, se pl
371 à lire, par paquets, les épreuves de son Journal en cours d’impression, et sur lequel je vais écrire un article pour la N
372 e vieux drap son grand bureau. Sur l’étoffe, bien en évidence, un fort cahier gris d’écolier. J’ai lu les premières lignes
373 , Littré. Et quelquefois, littérature. (Mais il s’ en détachait visiblement, n’admirant plus, avec quelque ferveur, que les
374 l’accueil du mystère, ni l’adhésion à un credo. J’ en donne la preuve : avoir la foi sans être saint lui paraissait la tric
375 le reliait, au monde du christianisme, même s’il en refusait les dimensions profondes. J’ai dit qu’il se méfiait d’une ce
376 issances bibliques me stupéfiaient. L’usage qu’il en faisait me semblait décevant. Là où Claudel prend son élan pour caram
377 vices, dans un milieu donné, tout le monde reste en droit de juger au nom des normes établies. Mais la foi, le salut pers
42 1957, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). La découverte du temps ou l’aventure occidentale (mars 1957)
378 crut pouvoir la préciser : l’homme avait été créé en 4004 avant J.-C., le 23 octobre, à 9 heures du matin. Les professeurs
379 notre humanité : chaque Jour de Brahma se divise en mille éons de quatre-millions-trois-cent-vingt-mille ans chacun, et c
380 ingt-mille ans chacun, et chaque éon se subdivise en quatre âges de durées décroissantes. Nous vivons aujourd’hui dans le
381 sera l’œuvre de Kalki, dernier avatar de Vishnu. En regard des ordres de grandeur, si prodigieusement différents, attribu
382 cident, et il y tourne même à l’obsession si l’on en juge par notre siècle, tandis qu’il a toujours manqué aux Orientaux a
383 er, toute théorie de l’Histoire qui négligerait d’ en rendre compte ou s’en révélerait incapable apparaîtrait inadéquate à
384 ’Histoire qui négligerait d’en rendre compte ou s’ en révélerait incapable apparaîtrait inadéquate à son sujet. On verra mi
385 est « de l’ordre de trois-cents-milliards », nous en serions moins étourdis que gênés. Mais d’où viendrait notre malaise ?
386 mense des religions, transformant le réel insensé en un poème de morts et de résurrections dominées par des rythmes et par
387 n terme est promis à l’Histoire, encore que nul n’ en sache « le jour ni l’heure ». Seule donc la négation réalisée du temp
388 enses. Il essaiera d’abord de mythifier le Christ en niant sa parfaite humanité : c’est l’intention commune à toutes les h
389 ux faits dont seules les Écritures, fort peu lues en ce temps, attestent l’historicité57. Tout ceci nous confirme dans la
390 ais indéniable. Saint Augustin résout le paradoxe en un dualisme à peine voilé : il y a l’Histoire de Dieu et celle des ho
391 en plus, à mesure qu’il s’éloigne du mythe. Il n’ en reste pas moins que l’extension soudaine des dimensions de l’Histoire
392 la vérité que celle du Moyen Âge « chrétien ». Il en résulte une suite de conséquences qui jouent en fait — mais je ne pen
393 l en résulte une suite de conséquences qui jouent en fait — mais je ne pense pas en droit — contre l’idée occidentale de l
394 quences qui jouent en fait — mais je ne pense pas en droit — contre l’idée occidentale de l’homme. L’importance apparente
395 , prend la place de la Providence, bien qu’elle n’ en revête ni la justice ni la bonté. Bossuet, dans l’Abrégé de l’Histoir
396 seulement l’épouser, et l’on ne peut le penser qu’ en s’y abandonnant. Ce qui se place dans le sens de l’Histoire en reçoit
397 nnant. Ce qui se place dans le sens de l’Histoire en reçoit l’attribut d’exister. Ce qui résiste au sens est « mystificati
398 e Histoire, se découvre impuissant devant elle et en elle : rien n’est plus répandu que ce sentiment anxieux dans l’intell
399 le défi trop lourd. Dans un cosmos qui se calcule en centaines de millions d’années-lumière, dans cette durée qui va vers
400 Évolution, et je n’ai plus d’autre choix que de m’ en dire l’agent. Cet abandon de l’être entier à la Maya, sans plus rêver
401 rt de millions de koulaks qui vivaient par hasard en travers. Mais les « lois » révélées par Karl Marx n’ont jamais prévu
402 les totalitaires : ce sont les mêmes, mais ils s’ en félicitent. Et les unes comme les autres, redoutées ou voulues, ne se
403 e qui fut celle des premiers chrétiens, mais elle en reste tributaire — et c’est pourquoi l’Orient ne produit pas d’utopie
404 venue bienfaisante, c’est projeter notre angoisse en avant, pour tenter d’asservir l’imprévu. Bien souvent la recherche hi
405 des sacrifices sanglants bien plus massifs que n’ en rêvèrent jamais les prêtres emplumés du grand dieu Huitzilopochtli.
406 é sa science par une mutation brusque, saura-t-il en tirer une liberté nouvelle ? Je céderais à la tentation que j’ai décr
407 temps au nom d’un sens qui ne peut s’originer qu’ en la personne. Bref, la question n’est pas de deviner l’Histoire, mais
408 ion. 55. La première société d’histoire connue en Orient fut fondée au xixe siècle par un Anglais, sir William Jones :
409 siècle qu’une science historique s’est constituée en Inde. 56. Religio, de religare, lier ensemble. 57. La nouveauté —
410 r sauver sa peau ou pour vaincre, on s’empresse d’ en appeler à la coutume, et l’on prétend « renouveler la tradition ». Il
43 1961, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). La personne, l’ange et l’absolu, ou le dialogue Occident-Orient (avril 1961)
411 chrétiens japonais que de sectateurs du Dr Suzuki en Amérique.) L’Occident découvre la sagesse hindoue, grâce aux présenta
412 e aux présentations quelque peu christianisées qu’ en donnent les successeurs de Râmakrishna ; mais déjà l’intelligentsia d
413 ets spirituels en même temps que leur misère, qui en était la rançon. Ils adoptent nos formes sociales, nos procédés de go
414 iques, mais non pas les tensions spirituelles qui en étaient le moteur secret. Ce qui était pour nous résultantes d’innomb
415 est une valeur centrale pour l’Occident, il doit en résulter d’infinies conséquences dans tous les domaines du réel, du s
416 Personne Le christianisme a formé l’Occident, en formant, dès les premiers conciles, ses modèles de pensée en tension 
417 dès les premiers conciles, ses modèles de pensée en tension : Incarnation, personnes divines à la fois distinctes et reli
418 par son amour (Agapè) et « cachée avec le Christ en Dieu ». (Colossiens, 3, 3.) Dès les Pères grecs et le latin Boèce, à
419 la doctrine trinitaire ; il s’appliquera de mieux en mieux à l’homme nouveau, à l’ens sibi suscité par l’esprit dans l’ind
420 semble plutôt qu’elle élague le vrai moi, qu’elle en disjoint ce qui appartient en propre au collectif (l’inconscient, le
421 e vrai moi, qu’elle en disjoint ce qui appartient en propre au collectif (l’inconscient, le surmoi, les archétypes) ou au
422 ives » l’opposition paulinienne des « deux hommes en moi » : le naturel tyrannisant (et tyrannisé par la Loi) et le spirit
423 solue de la personne » sont à peu près universels en Occident. Comme l’attestent tant de notions considérées comme allant
424 s maintenant libérée du monde, où elle vit encore en exil, mais « héritière du Royaume », dès maintenant « portant l’image
425 vec le Christ », bien que « cachée avec le Christ en Dieu » jusqu’à l’avènement de l’Amour ? C’est l’Ange, répond l’Iran d
426 est ce moi. Barakat, juif passé à l’islam, écrit en 1165 : « … pour chaque âme individuelle, ou peut-être pour plusieurs
427 la forme sous laquelle Dieu se révèle à soi-même en lui. C’est la “part allotie” à chaque Spirituel, son individualité ab
428 son individualité absolue, le Nom divin, investi en lui.61 » Ainsi donc, et selon les admirables commentaires qu’Henry Co
429 initiante de l’être renouvelé qui demeure cachée en Dieu selon le christianisme, mais encore, et d’une manière plus préci
430 si » (c’est-à-dire choisi de combattre pour venir en aide à Ohrmazd) et qui sont à la fois les archétypes célestes des êtr
431 urope, mais s’il est une croyance qu’ils ont tous en commun c’est la croyance à la métempsycose, à la transmigration des â
432 ère vue impliquer comme allant de soi la croyance en un moi reconnaissable au travers de ses vies successives. Car si le m
433 écisément ce que les doctrines de l’Inde, ou nées en Inde comme le bouddhisme, dénoncent depuis des millénaires comme l’il
434 religion des uns et la métaphysique des autres ? En fait, on ne voit pas les Sages de l’Asie dénoncer sans relâche, comme
435 moi réel, et cela que nous pensons qu’ils croient en le niant ? Nous avancerons peut-être un peu en cherchant à nous repré
436 nt en le niant ? Nous avancerons peut-être un peu en cherchant à nous représenter contre quoi se dirigeaient leurs négatio
437 ur vrai moi spirituel, celui qui doit ressusciter en corps glorieux. Védantistes, vishnouites et shivaïtes, en Inde, admet
438 glorieux. Védantistes, vishnouites et shivaïtes, en Inde, admettent une âme individuelle mais « obscurcie » par son union
439 gurer, — d’où la « résurrection de la chair ». Il en va de même pour le bouddhisme originel. Qu’est-ce que l’homme ? Un en
440 nsmigre de ce corps dans un autre ? — Non, il n’y en a point. — S’il n’y a pas de transmigration, peut-il y avoir une réin
441 is on ne donne jamais au peuple cette leçon. On s’ en garde !) Les spirituels hindous cherchent le samadhi, qui est l’absor
442 se. Quant aux bouddhistes zen, on dirait qu’ils s’ en tiennent à la stase pure et simple : faire face au fait, signe du Tou
443 en même temps l’Orient des peuples et sa croyance en la transmigration… Mais voici le moment d’ajuster la vision. Tout l’O
444 s préexistants ; ni tout à fait des « deux hommes en moi » dont la lutte fait gémir saint Paul ; mais, préalablement à tou
445 eut aimer le prochain, parce que seul il discerne en l’autre le même amour. « Aimer, c’est soutenir, deviner, porter le me
446 l’amour et les formes particulières que prennent en Occident certaines tendances morbides peut-être universelles, mais ic
447 es à tel point qu’il devient parfois impossible d’ en reconnaître ailleurs les homologues. En voici deux exemples extrêmes.
448 ossible d’en reconnaître ailleurs les homologues. En voici deux exemples extrêmes. Le masochisme religieux, ou haine de s
449 le se contente alors de le maudire, de le traiter en « corps de mort », et leurs relations s’empoisonnent. La plupart des
450 e ne peut pas aimer le prochain : il ne peut voir en lui que son semblable — un corps « vil » et une âme qui se veut ange
451 i de l’autre. Mais il peut arriver qu’il s’arrête en chemin, que son élan vers la personne singulière retombe au plan de l
452 nce impersonnelle par excellence, et s’épuise à s’ en libérer par le changement de l’excitation, par le défi perpétuel aux
453 on qui lui est propre. » Toute personne s’origine en Dieu, qui l’a créée afin d’être connu par elle et de « devenir en ell
454 créée afin d’être connu par elle et de « devenir en elle l’objet de sa propre connaissance.75 » C’est donc en Dieu que to
455 l’objet de sa propre connaissance.75 » C’est donc en Dieu que tout amour peut reconnaître la personne de l’autre et l’aime
456 st impossible d’aimer un être sans se représenter en lui la divinité. Un être n’aime en réalité personne d’autre que son c
457 pour Lui ; l’amour spirituel « dont le siège est en la créature toujours à la quête de l’être dont elle découvre en elle
458 toujours à la quête de l’être dont elle découvre en elle l’Image, ou dont elle se découvre comme étant l’Image » ; enfin
459 t improprement) avec l’amour spirituel ? Qui aime en nous, et pour qui ? « Ibn Arabi observe que les plus parfaits amants
460 la transfiguration de la figure aimée terrestre, en l’adossant à une lumière qui en fasse éclore toutes les virtualités s
461 aimée terrestre, en l’adossant à une lumière qui en fasse éclore toutes les virtualités surhumaines, jusqu’à l’investir d
462 stir de la fonction théophanique de l’Ange (ainsi en a-t-il été des Figures féminines célébrées par les Fedeli d’amore, co
463 r les Fedeli d’amore, compagnons de Dante ; ainsi en a-t-il été de celle qui apparut à Ibn Arabi, à la Mekke, comme figure
464 divine). L’analyse d’Ibn Arabi ne cesse de gagner en profondeur : que l’amant tende à contempler l’être aimé, à s’unir en
465 l’amant tende à contempler l’être aimé, à s’unir en lui, à en perpétuer la présence, son amour tend toujours à faire exis
466 ende à contempler l’être aimé, à s’unir en lui, à en perpétuer la présence, son amour tend toujours à faire exister quelqu
467 prochain, c’est-à-dire que chacun est le prochain en proportion de ce qu’il a quelque chose du Seigneur en lui ; or, comme
468 roportion de ce qu’il a quelque chose du Seigneur en lui ; or, comme nul ne reçoit de la même manière le bien qui procède
469 rticipe du climat spirituel « iranien » et trouve en lui ses origines archétypales. La passion du héros, que l’on peut int
470 ur de l’Ange que les amants de la forêt du Morois en viennent à découvrir que c’est leur passion même qui exige leur sépar
471 lors dans le mode de la transposition du « ciel » en Terre, et de l’Ange en la femme, que l’on pourrait en pressentir l’ul
472 transposition du « ciel » en Terre, et de l’Ange en la femme, que l’on pourrait en pressentir l’ultime secret. (Ici, donc
473 erre, et de l’Ange en la femme, que l’on pourrait en pressentir l’ultime secret. (Ici, donc, toute morale commune ou ratio
474 une sorte d’hygiène spirituelle, tend à détruire, en nous, les causes de souffrance pour autrui.83 » « On ne peut comprend
475 i n’a pas d’amour n’a pas de douleur. » Si l’on s’ en tient aux textes, la cause est entendue : l’Asie métaphysique ne conn
476 e n’est pas toute spirituelle, et que la vie ne s’ en tient pas aux textes. On ajoutera peut-être qu’on ne voit pas de rais
477 s, elles proposent aux spirituels les moyens de s’ en évader en dérangeant le moins de choses possible. Les religions abrah
478 roposent aux spirituels les moyens de s’en évader en dérangeant le moins de choses possible. Les religions abrahamiques, a
479 individu tel qu’il est, décidées à le transformer en vérité85. Elles provoquent d’innombrables réactions. Il est par suite
480 est par suite inévitable que l’existence réelle, en Occident, ressemble moins à la doctrine que ce n’était le cas, jusqu’
481 octrine que ce n’était le cas, jusqu’à nos jours, en Asie. Prenons l’exemple de l’érotisme. Le shivaïsme explique le cosmo
482 rieux pour la femme n’existe que parce qu’il voit en elle la forme de son plaisir, la source de sa jouissance. Dans la joi
483 oyait juste quand il disait que le christianisme, en condamnant la sensualité au nom de l’esprit, l’a posée comme réalité
484 peu d’exemples convaincants — pour ma part, je n’ en connais point — de ce que nous baptisons amour-passion, et l’on sait
485 immortalité par la rétention du semen, sont liées en Asie à la piété, tandis que nos coutumes viennent d’un vieux fond paï
486 ou du bouddhisme, la vie réelle de l’Occident est en conflit avec la foi, tandis que la vie réelle de l’Asie est en symbio
487 ec la foi, tandis que la vie réelle de l’Asie est en symbiose avec ses religions. Et si la symétrie de ces formules inquiè
488 rouve être un brahmane orthodoxe : « J’avais vécu en Europe, j’avais épousé une Européenne : apparemment, cela me donnait
489 t = non-moi-personne, qui a peut-être moins cours en Orient que dans certains milieux d’Europe et d’Amérique sérieusement
490 e, la réalité de la personne ou du prochain) on n’ en saurait déduire qu’elles excluent leur contraire, ou que l’on s’était
491 ché et accomplis l’action qui est ton devoir, car en accomplissant l’action sans attachement, l’homme obtient le but suprê
492 méthode bouddhiste « consiste à transformer Éros en Agapè »90. Je répète que tout cela n’est pas contradictoire, dans une
493 n point à la femme, mais en vérité au Soi qui est en elle.91 En présence d’une telle phrase, j’éprouve d’abord ceci : le
494 st immédiatement reconnue par celui qui s’est mis en quête d’un savoir de l’amour qu’il vit. N’importe qui m’avertira que
495 dans l’autre — pour l’avoir reconnu tout d’abord en soi-même — le vrai moi, sujet de l’amour, et l’aider à prendre consci
496 se situer de telle manière que la lumière se voie en lui, mais qu’en même temps le vrai moi de l’amant s’y découvre, autre
497 mais selon le regard que nous portons sur lui, il en jaillit un monde ou l’autre : l’Occidental ou l’Oriental. Tous les ri
498 s ou l’abêtissement spirituel. Eux sont tellement en garde contre l’illusion, qu’ils l’ont mise en facteur commun dans tou
499 ent en garde contre l’illusion, qu’ils l’ont mise en facteur commun dans tout ce qui existe ; (à tel point que le seul fai
500 ur eux l’équivalent de notre péché originel). Ils en ont fait autant pour les névroses qui s’attaquent à nos « agrégats »
501 l sera finalement résorbé, tout s’arrangera.) Ils en ont fait autant pour les personnes, potentialisées dans une seule Per
502 , plus grand le risque. Ce que nous croyons aimer en elle, est-ce elle-même ou l’image de notre ange ? Ce que nous avons c
503 ’image de notre ange ? Ce que nous avons cru voir en elle, et que nous déifions peut-être à ses dépens, est-ce notre anima
504 ous arrivons à connaître le monde et à l’anéantir en l’absorbant. Mais que nous devenions Shiva, la femme est dissoute et
505 re refusé mais dissous.92 — Je veux voir l’autre en sa réalité, qui est unique. J’aime en elle à la fois ce que je vois e
506 oir l’autre en sa réalité, qui est unique. J’aime en elle à la fois ce que je vois et ce qui fait que je la vois unique :
507 ue tu crois aimer. — Quand je saurai aimer le Soi en elle, je ne serai plus moi, elle ne sera plus elle, et les dieux même
508 office et fait leur temps, il y aura le Soi seul en tout. À la consommation des temps, répond saint Paul, « Dieu sera tou
509 on des temps, répond saint Paul, « Dieu sera tout en tous ». Depuis six millénaires, les sages de l’Asie n’ont pas varié d
510 ères, des apparences actuelles, qu’elle s’évertue en conséquence à scruter et à modifier. Elle parie sur la vie et contre
511 de saint Paul au début de notre ère, « Dieu tout en tous », d’un seul trait fulgurant décrit cette fin. Dès lors, au duel
512 nes et des fins de ce qu’ils croient, bien qu’ils en vivent plus ou moins bien, et même qu’ils meurent parfois pour leurs
513 rète, comme l’alchimiste, cette matière du cosmos en expansion, de l’atome élusif, des corps vivants, l’homme d’Occident n
514 évidente satisfaction : « La psychologie moderne, en fait, a éliminé l’ego comme entité. » (Mysticism : Christian and Boud
515 es propositions sur des raisons particulières. On en vient à se battre entre collègues. Il advient aussi que certains memb
516 veaux venus s’introduisent dans l’assemblée, soit en s’y glissant doucement, soit en enfonçant les portes. On remarque enc
517 l’assemblée, soit en s’y glissant doucement, soit en enfonçant les portes. On remarque encore que certains membres de l’as
518 de l’éternité. » Nous connaissons assez bien cela en Occident. Bismarck écrit : « Faust se plaignait d’avoir deux âmes en
519 ck écrit : « Faust se plaignait d’avoir deux âmes en lui. J’ai en moi une foule d’âmes turbulentes. Et tout se passe comme
520 Faust se plaignait d’avoir deux âmes en lui. J’ai en moi une foule d’âmes turbulentes. Et tout se passe comme dans une rép
521 a passion de Tristan est la preuve de l’âme, s’il en fut jamais. 82. Katha upanishad. 83. Alexandra David-Neel, Le Boudd
522 roce, le chef-d’œuvre d’Henri Michaux, Un Barbare en Asie. Lire enfin de Rudolf Kassner, Le Livre de ma Vie. Puis aller en
523 de Rudolf Kassner, Le Livre de ma Vie. Puis aller en Inde et sentir l’innombrable, le « corps magique ». 90. D. T. Suzuk