1
e l’ignorera plus longtemps. Quant à l’Allemagne,
elle
s’est depuis plusieurs années déjà pénétrée de cette philosophie, ain
2
un Karl Barth, génial disciple du Danois, et dont
il
est grand temps qu’on nous traduise quelques essais théologiques. L’œ
3
ntiel — mais non de moindre profondeur, manifeste
elle
aussi l’emprise de l’« Existenzphilosophie » et son extrême conséquen
4
ensée paraît réfractaire à toute description, car
elle
opère sur des mythes concrets plutôt que sur des formules explicites.
5
homme antique peut atteindre la grandeur parce qu’
il
possède la mesure au sein d’un tout fini : famille, dieux, nature. Il
6
au sein d’un tout fini : famille, dieux, nature.
Il
ne se recherche pas soi-même, il vise à la plénitude élémentaire, déf
7
, dieux, nature. Il ne se recherche pas soi-même,
il
vise à la plénitude élémentaire, définie par la loi, par son astre. L
8
it être surpassé, vit dans la démesure, et lorsqu’
il
« veut prendre mesure de lui-même, il se sent aussitôt incomplet et c
9
, et lorsqu’il « veut prendre mesure de lui-même,
il
se sent aussitôt incomplet et coupable. Il est donc possible de dire
10
-même, il se sent aussitôt incomplet et coupable.
Il
est donc possible de dire que le péché est la mesure du démesuré, et
11
st la mesure du démesuré, et que pour le chrétien
il
n’est pas d’autre grandeur ». Ainsi le chrétien existe en tant que le
12
re l’acte par excellence du chrétien, hors duquel
il
n’est pour lui ni mesure, ni grandeur, ni forme, mais seulement chimè
13
’homme moderne, l’homme sans mesure naturelle : s’
il
ne retrouve pas de loi interne et de tension par le péché, il n’est p
14
ve pas de loi interne et de tension par le péché,
il
n’est plus qu’un être sans destinée, un « indiscret ». « Sa substance
15
distrait, et sa distraction vient de l’intérieur.
Il
ne peut jamais sortir de son moi sans trahison et chaque manifestatio
16
porte aucune atteinte à la perspicacité parce qu’
il
est vraiment souverain. Peut-être faut-il reconnaître à ce seul philo
17
arce qu’il est vraiment souverain. Peut-être faut-
il
reconnaître à ce seul philosophe le privilège d’avoir parlé sans comp
18
its nouveaux et vrais, dans un certain style. Car
il
n’est point de vérité sans forme. Quelques pages étranges et puissant
19
illustrent ce réalisme de la forme, hors de quoi
il
n’est qu’indiscrétion, et qui livre la clef de la pensée de Kassner,
20
Kassner, comme aussi de son apparente obscurité1.
Il
faut savoir être secret pour penser avec autorité. Il faut savoir tai
21
aut savoir être secret pour penser avec autorité.
Il
faut savoir taire ce qui permettrait aux indiscrets de comprendre int
22
comprendre intellectuellement sans « réaliser ».
Il
faut que les pensées créées ne soient concevables qu’en elles-mêmes e
23
me qui s’avisa de défendre la religion mériterait-
il
d’être appelé Judas numéro deux. Car il ne s’agit pas de professer un
24
ériterait-il d’être appelé Judas numéro deux. Car
il
ne s’agit pas de professer une chose mais d’être la chose. Le rare, c
25
s ne tirent pas d’eux-mêmes toutes les paroles qu’
ils
profèrent ; ils les reçoivent des prophètes ; s’il n’y avait pas de p
26
d’eux-mêmes toutes les paroles qu’ils profèrent ;
ils
les reçoivent des prophètes ; s’il n’y avait pas de prophètes, les ba
27
s profèrent ; ils les reçoivent des prophètes ; s’
il
n’y avait pas de prophètes, les bavards seraient peut-être des créatu
28
malice. On ne peut dire précisément de Kassner qu’
il
réfute ses adversaires — Freud en particulier, dans Christ et l’âme d
29
tôt qu’à force d’approfondir leur domaine propre,
il
les mine et les ruine intérieurement ; ou encore les dissout dans une
30
connaissons le modèle immortel, le Livre de Job.
Il
serait curieux d’en suivre la filiation, jusqu’au Soulier de Satin de
31
les problèmes dans nos catégories psychologiques.
Il
prend tout par des biais qui nous sont peu familiers. Et puis enfin,
32
impuissance à susciter dans le monde l’amour dont
il
aurait besoin, qu’il imagine et dont il meurt. Car la vie est une esp
33
r dans le monde l’amour dont il aurait besoin, qu’
il
imagine et dont il meurt. Car la vie est une espèce de marâtre et n’a
34
mour dont il aurait besoin, qu’il imagine et dont
il
meurt. Car la vie est une espèce de marâtre et n’a que faire de nos t
35
eur » consiste à ne pas se rendre compte de ce qu’
ils
vivent. Dans quelques-uns des plus significatifs de ces récits (Dieu
36
ui comporte en soi quelque chose de déconcertant.
Il
semble bien que Jean Cassou trouve ici sa forme la plus personnelle e
37
coup de pouce voltairien, l’élégance trop rapide.
Il
n’est pas bon qu’un conteur laisse voir la moindre ironie vis-à-vis d
38
moindre ironie vis-à-vis de ses personnages ; car
il
risque de les priver par là de cette autorité mystique, absolue et na
39
raît résider avant tout dans l’ordre des faits qu’
il
met en jeu, dans la problématique qu’il parvient à susciter au cours
40
faits qu’il met en jeu, dans la problématique qu’
il
parvient à susciter au cours de ces brèves imaginations, avec une bon
41
ons, avec une bonhomie d’autant plus touchante qu’
elle
figure, je pense, pour l’auteur, une sorte de consolation un peu forc
42
es parmi nous, par C. F. Ramuz (janvier 1932)c
Il
est remarquable que ceux dont la fonction serait d’exprimer notre civ
43
ait d’exprimer notre civilisation, en un temps où
elle
se trouve brutalement mise en question, posent eux-mêmes si peu de qu
44
estions ni de la prise de parti (antimarxiste) qu’
elles
déterminent chez Ramuz, mais bien au contraire de ceci : qu’il me sem
45
t chez Ramuz, mais bien au contraire de ceci : qu’
il
me semble entendre pour la première fois la voix d’un de nos aînés, i
46
té jeté au sein d’une nature hostile, de sorte qu’
il
lui faut sans cesse s’efforcer, ne connaissant que peu de repos de so
47
u journal grâce auquel chaque semaine ou presque,
il
reprend le dialogue avec son public et l’époque, de ce ton viril et s
48
, ni victime ni juge d’une bourgeoisie à laquelle
il
échappe entièrement et de toute façon, n’étant pas même révolutionnai
49
ne sont pas révolutionnaires.) Et ce n’est pas qu’
il
ait jamais craint de tirer sur ces racines, fortement : mais il a vu
50
craint de tirer sur ces racines, fortement : mais
il
a vu qu’elles tenaient bon, qu’elles tenaient trop de terre embrassée
51
irer sur ces racines, fortement : mais il a vu qu’
elles
tenaient bon, qu’elles tenaient trop de terre embrassée et par elle t
52
ortement : mais il a vu qu’elles tenaient bon, qu’
elles
tenaient trop de terre embrassée et par elle tout un pays et son peup
53
qu’elles tenaient trop de terre embrassée et par
elle
tout un pays et son peuple ; car « c’est ici le pays de la solidité,
54
descend pas au peuple, on devrait dire plutôt qu’
il
y remonte. Son art vient de plus bas, des origines, des éléments créa
55
des origines, des éléments créateurs de sa race.
Il
a cette même lenteur imposée par la nature, ce même besoin de précisi
56
rès le peuple4, mais on dirait presque : d’avant.
Il
n’est pas jusqu’à son Antiquité qui ne coïncide avec celle du pays de
57
t vivante. Ainsi tous parlent un même langage, qu’
ils
l’inscrivent sur le papier ou dans la terre. Un tel sens de la commun
58
’unanimisme de Ramuz. Mais comment Ramuz croirait-
il
à l’être collectif, être sans racines, mythe cérébral. « Je ne distin
59
’être qu’aux racines de l’élémentaire », écrivait-
il
dans ses Six Cahiers. Parlons plutôt de son « communisme », nullement
60
mière des Écritures. La Fin des Temps est proche,
il
faut en témoigner. À tous il tend la Parole « morte aux pages », mais
61
es Temps est proche, il faut en témoigner. À tous
il
tend la Parole « morte aux pages », mais voici que de toutes parts le
62
andit. De partout l’orage s’amasse. Vers le soir,
il
éclate tragiquement. Est-ce la fin ? Grande heure de terreur et de pr
63
prière. Puis, « la page du ciel a été tournée »,
ils
se relèvent : « Il paraît bien qu’on n’est pas morts ! » Le monde ren
64
page du ciel a été tournée », ils se relèvent : «
Il
paraît bien qu’on n’est pas morts ! » Le monde renaît dans une soirée
65
nant par la une unité de style tellement têtue qu’
elle
évoque peu à peu on ne sait quelle puissance naturelle, dans sa fasci
66
ression par exemple n’est jamais pour Ramuz ce qu’
elle
fut pour d’autres : un moyen de créer du mystère en brouillant les pl
67
l de la chose pour toute la chose. C’est pourquoi
il
s’attarde à décrire le concret d’une façon concrète : ainsi, le manie
68
op arrêté à l’insolite du style chez Ramuz. Ce qu’
il
a d’insolite, ce n’est pas tant sa forme que les vertus qu’elle suppo
69
ite, ce n’est pas tant sa forme que les vertus qu’
elle
suppose : la sobriété, la solidité, le manque d’ironie, la bonhomie s
70
qu’une page de Ramuz — même pas très réussie, et
il
y en a qui ont un air raté, un air pastiche de Ramuz —, c’est qu’une
71
seule page de ce livre lue avec cette lenteur qu’
elle
impose, nous replace dans la vision grande et efficace des choses les
72
nde et efficace des choses les plus simples. Mais
il
faut dire maintenant l’actualité tout à fait singulière d’un tel livr
73
sément c’est l’esprit de ces Signes. Aussi serait-
il
bien insuffisant de dire d’une telle œuvre, datée de 1919 et reparue
74
datée de 1919 et reparue en un temps de crise, qu’
elle
en revêt une actualité accidentelle : c’est en quelque sorte le contr
75
le compte de la bourgeoisie que sur le peuple qu’
elle
prétend « observer ». 5. De tout bel canto, peut-on dire. C’est le t
76
des Noces. Le ton de la création du monde. 6. S’
il
est vrai, comme l’a montré M. Spaïer, que toute pensée est judicatoir
77
en quelque sorte le mettre en état de crise ; et
il
n’y a de réalité que par et dans la crise… 7. On pourrait soutenir q
78
dit Goethe, ne reconnaît et n’apprécie que ce qu’
il
est lui-même en état de faire. » Telle est la cause du malentendu que
79
r propre rationalisme, sans tension ni grandeur :
ils
ne savent pas voir dans la sagesse faustienne qu’elle est surtout une
80
ne savent pas voir dans la sagesse faustienne qu’
elle
est surtout une défense contre le Démon révolté et la Magie latente ;
81
ontre le Démon révolté et la Magie latente ; et s’
ils
ne le voient pas, c’est que précisément cette défense a réussi. Par c
82
ue précisément cette défense a réussi. Par contre
ils
veulent bien voir la révolte chez ceux-là qui la crient, et la magie
83
ns la domination des mystères. Ainsi se réclament-
ils
de Rimbaud. Peut-être la confrontation du Sage et du Fou — d’un fou q
84
ou qui reste notre intime tentation — permettra-t-
elle
, par la vivacité même du paradoxe, une prise de conscience plus juste
85
». Ces deux expériences seraient antithétiques si
elles
étaient superposables, ce qui n’est pas même le cas. De ce point de v
86
absurde, j’en conviens. Mais notre optique n’est-
elle
point faussée par un état d’esprit qui voudrait que l’on considère ce
87
t par la chose écrite, par la lettre justement qu’
ils
s’opposent le plus. Pourtant Rimbaud ne fut jamais un écrivain, ni ne
88
t se soucia de l’être dans la mesure seulement où
il
portait en tous les domaines de son activité une application volontai
89
qui doit conditionner notre vision. Non point qu’
il
soit un seul instant négligeable, s’agissant de deux êtres que l’on c
90
its d’abord. Mais, pour en tenir un juste compte,
il
s’agit de le subordonner au problème personnel de ces vies, à leur éq
91
e qu’on les abstrait de toute la littérature dont
elles
enveloppèrent leurs manifestations, — à quoi l’on ne s’est point priv
92
’est point privé d’ajouter quelques tomes depuis.
Il
convient de marquer toutefois qu’une pareille assimilation eût exaspé
93
u mieux — esthétique, je ne m’en étonnerai point.
Il
s’agit simplement, ici, de rendre plus concrète, grâce au recoupement
94
sais d’alchimie. Coquetteries, a-t-on dit, — mais
il
n’est point de sentiments intermédiaires qui ne conduisent réellement
95
e, celle du terrible « Meurs et deviens ! », et s’
il
l’assume en connaissance de cause, — c’est un événement qui ne peut n
96
par une qualité nouvelle de silence. Encore faut-
il
que le destin favorise concrètement cette assomption intérieure. Par
97
assomption intérieure. Par quel « hasard » l’a-t-
il
provoquée chez Goethe ? Il est un fait de sa jeunesse dont on ne saur
98
quel « hasard » l’a-t-il provoquée chez Goethe ?
Il
est un fait de sa jeunesse dont on ne saurait exagérer l’importance à
99
e précédèrent de très peu une grave maladie, dont
il
ne fut sauvé que par l’intervention d’un médecin « alchimiste ». Rete
100
ons ceci : au seuil de l’initiation, chez Goethe,
il
n’y a pas une révolte, il y a un péril conjuré. C’est contre ce qu’il
101
olte, il y a un péril conjuré. C’est contre ce qu’
il
nommera désormais son Daimon, contre « l’oppression despotique des él
102
qui gouvernent trop puissamment dans son âme » qu’
il
appelle les arts d’une magie maîtrisée, c’est-à-dire incarnée. La que
103
ts et contraignants. De là le sérieux avec lequel
il
accepte les conditions de l’initiation : et d’abord la plus difficile
104
irituel, de la connaissance ésotérique dans ce qu’
elle
peut avoir de purement « étrange » ont à peine enfiévré le jeune Goet
105
s ce moment le choix de Goethe a trouvé sa forme.
Il
lui faudra maintenant le renouveler perpétuellement durant toute sa v
106
activité réelle, et même à double effet. Qu’y a-t-
il
de plus agissant, dans une œuvre marquée du signe de la maturité, que
107
niale ne parviendrait pas seule à le sauvegarder.
Il
y faudra le dressage de la souffrance. L’excès verbal de Werther couv
108
ur exactement, et à tel point autobiographique qu’
il
put songer à incorporer le plan de certains actes à Vérité et Poésie.
109
se de l’instant. Et lorsque, épuisé mais pacifié,
il
va quitter son corps aveugle pour d’autres formes d’existence que la
110
ue la catégorie sacrée de l’humain, comprenons qu’
il
y va de tout. Mais les anges enfin élèvent Faust au-dessus de cette a
111
qui chante une dernière fois la loi, au moment où
il
reçoit la grâce de lui échapper : « Wer immer strebend sich bemüht, —
112
l’irruption de cette « magie » est si violente qu’
elle
a certainement angoissé l’enfant : n’est-ce point pour se défendre qu
113
ssé l’enfant : n’est-ce point pour se défendre qu’
il
parle si fort, qu’il vante ses pouvoirs avec une étrange exagération
114
ce point pour se défendre qu’il parle si fort, qu’
il
vante ses pouvoirs avec une étrange exagération ? Et voici que l’hall
115
et le submerge. « Je devins un opéra fabuleux. »
Il
a brûlé les étapes de l’initiation. Mais on ne déchaîne pas de telles
116
euse à étreindre. » C’est le cri même de Faust. «
Il
faut être absolument moderne. » Travailler. Se donner à l’instant, à
117
rne est peu fait pour comprendre cela, de même qu’
il
est peu fait pour la grandeur et la pureté, et pour des paroles comme
118
n de toi ». Mais Rimbaud est d’une autre trempe :
il
a déjà prouvé en écrivant les Illuminations qu’il peut renoncer viole
119
il a déjà prouvé en écrivant les Illuminations qu’
il
peut renoncer violemment à tout un monde faux pour en créer un autre.
120
ons combiné tout cela avec de la littérature. Car
il
n’est pas donné à beaucoup d’hommes de devenir un mythe à force de pu
121
baud est notre mythe occidental : mythe faustien.
Il
a vécu tragiquement la tentation orientale, l’a condamnée, l’a dépass
122
portant qui se pose à l’esprit occidental, dès qu’
il
atteint les régions de haute tension où la seule « orientation » qu’i
123
s de haute tension où la seule « orientation » qu’
il
adopte suffit à déterminer une suite d’actes. Dilemme, en son fond, r
124
mouvement que sa violence rend unique : c’est qu’
ils
reviennent tous deux de loin, d’un long abandon à l’erreur. Goethe n’
125
ers instants de son accession au monde spirituel,
il
s’est mis en état de défense et de lenteur. Il avance ainsi pas à pas
126
l, il s’est mis en état de défense et de lenteur.
Il
avance ainsi pas à pas, l’âme tendue dans une puissante circonspectio
127
llures compassées, des solennelles banalités dont
il
gratifie le pauvre Eckermann. Je ne puis voir dans ces façons que la
128
à tout autre, l’accompagne sans trêve, et c’est d’
elle
qu’il tire ses forces, toujours renouvelées. Mais il y faut une prude
129
utre, l’accompagne sans trêve, et c’est d’elle qu’
il
tire ses forces, toujours renouvelées. Mais il y faut une prudence pe
130
qu’il tire ses forces, toujours renouvelées. Mais
il
y faut une prudence peu commune, et même tellement soutenue qu’elle i
131
udence peu commune, et même tellement soutenue qu’
elle
informe peu à peu une sorte d’instinct, libérant l’attention conscien
132
ance avec un tel pathétique, mais quel écho n’eût-
il
pas éveillé dans l’âme du jeune ministre de 32 ans, adonné vers ce te
133
atrice comporte pour Rimbaud le silence, alors qu’
elle
propose à Goethe, comme un exercice de choix, l’écriture, — cela n’a
134
ature de Goethe est un des moyens de silence dont
il
dispose. Ni plus ni moins que l’étude des sciences naturelles, la rég
135
oduction comme purement symboliques, et, au fond,
il
m’est assez indifférent d’avoir fait des pots ou des assiettes »10. S
136
it des pots ou des assiettes »10. Si tout de même
il
a peiné sur la composition d’Iphigénie ou des Ballades, c’est que l’a
137
, qu’on ne saurait ici taxer de vulgarité, puisqu’
il
concerne les fins les plus hautes de l’existence terrestre. « Un fait
138
re. « Un fait de notre vie ne vaut pas en tant qu’
il
est vrai, mais en tant qu’il signifie quelque chose… Il est bien rare
139
vaut pas en tant qu’il est vrai, mais en tant qu’
il
signifie quelque chose… Il est bien rare que l’on soit apte à s’agrég
140
vrai, mais en tant qu’il signifie quelque chose…
Il
est bien rare que l’on soit apte à s’agréger ce qui est supérieur. C’
141
-là pour soi et de n’en découvrir que juste ce qu’
il
faut pour qu’elles puissent être de quelque avantage aux autres11… L’
142
de n’en découvrir que juste ce qu’il faut pour qu’
elles
puissent être de quelque avantage aux autres11… L’homme n’est pas né
143
ci la source de l’étrange refus de Goethe, dès qu’
il
s’agit de faire état des causes premières, des fins dernières, en tan
144
ant que telles. De là ce rationalisme agressif qu’
il
oppose aux dévots : « S’occuper d’idées relatives à l’immortalité, po
145
ons proférer les plus hautes maximes qu’autant qu’
elles
sont utiles pour le bien du monde. Les autres, nous devons les garder
146
e. Les autres, nous devons les garder pour nous ;
elles
seront toujours là pour diffuser leur éclat sur tout ce que nous fero
147
: les Illuminations naissent d’une telle rupture.
Elles
sont le champ même15 où Rimbaud se livre à l’expérience spirituelle,
148
ù Rimbaud se livre à l’expérience spirituelle, où
il
se livre tout entier. Et c’est là sa pureté, mais c’est aussi ce qui
149
fin de compte à l’évasion. La rage avec laquelle
il
se rabat sur le travail « à mains », rage de revanche, par son excès
150
même est encore une évasion hors du réel. En cela
il
est romantique, comme tous ceux que leur violence et leur faiblesse p
151
s conditions de vivre. Mais notre époque voudra-t-
elle
encore de ces évasions ? Elle les reproche au christianisme, avec moi
152
tre époque voudra-t-elle encore de ces évasions ?
Elle
les reproche au christianisme, avec moins de raison d’ailleurs (puisq
153
rnitas non est tempus sine fine, sed nunc stans).
Elle
veut cette vie-ci. Et tout le reste, qu’elle soit marxiste ou nietzsc
154
ns). Elle veut cette vie-ci. Et tout le reste, qu’
elle
soit marxiste ou nietzschéenne, elle l’appelle « l’arrière-monde » et
155
le reste, qu’elle soit marxiste ou nietzschéenne,
elle
l’appelle « l’arrière-monde » et le rejette, en ceci plus chrétienne,
156
peut juger que plus bas que lui. C’est-à-dire qu’
il
n’en a pas le droit. Certes, il est d’autres recours, d’autres points
157
. C’est-à-dire qu’il n’en a pas le droit. Certes,
il
est d’autres recours, d’autres points de vision qu’humains. La révéla
158
révélation chrétienne déborde notre condition, si
elle
la comble par ailleurs. Ce critère du salut, cette transcendance, en
159
iserait à des jugements de valeurs humaines. Mais
il
faudrait mettre en balance une longue fidélité peut-être orgueilleuse
160
é, puis renié avec la même violence, — celle dont
il
est écrit qu’elle force les portes du Royaume des Cieux. Il reste que
161
ec la même violence, — celle dont il est écrit qu’
elle
force les portes du Royaume des Cieux. Il reste que les temps nous pr
162
it qu’elle force les portes du Royaume des Cieux.
Il
reste que les temps nous pressent de toutes parts au choix, jusque da
163
angoisse, ce n’est pas moi qui pose la question :
elle
m’assiège. Le dernier carnaval, peut-être, pour cette bourgeoisie don
164
a honte de n’être pas Rimbaud ?) Plus que jamais,
il
faudrait s’appliquer à distinguer dans ce vertige la réelle puissance
165
st-à-dire : à l’actualisation de notre réalité. «
Il
faut être absolument moderne ». 8. Conversations avec Eckermann, 4
166
ô nature un homme solitaire, Sans doute vaudrait-
il
alors la peine d’être un homme. 10. Conversations avec Eckermann,
167
re assumés sur le plan commun de la conscience où
ils
s’exalteraient en s’opposant franchement, tirent à hue et à dia et en
168
ues de la vie moderne, illustre avec un talent qu’
il
n’est plus temps de discuter, une position morale exemplairement ambi
169
électorales, journalistiques ou philanthropiques.
Il
faut avouer que l’instrument révèle son insuffisance quand c’est un v
170
se mêle d’en jouer. Mais sans doute le but serait-
il
atteint si M. Duhamel, visiblement gêné, ne coupait lui-même ses effe
171
otes ironiques, destinées peut-être à indiquer qu’
il
n’est pas dupe, qu’il n’est pas si furieux que ça, que la littérature
172
ées peut-être à indiquer qu’il n’est pas dupe, qu’
il
n’est pas si furieux que ça, que la littérature enfin garde ses droit
173
ervira de modèle aux écoliers futurs. Mais lorsqu’
il
stigmatise les méfaits des « grandes brutes mécaniques », sa verve —
174
des « grandes brutes mécaniques », sa verve — qu’
il
me pardonne l’image technique — n’embraye pas, et paraît forcée. Ses
175
cière et qui porte sur le thème général du livre.
Il
est inquiétant de voir un esprit de cette qualité, et qui certes veut
176
de dégoût est véritablement profonde, mais alors
elle
implique la condamnation d’une conception du monde à la fois libérale
177
matérialiste qui permet et favorise tout ce dont
il
s’indigne, conception à laquelle, par ailleurs, M. Duhamel semble for
178
dérivatif, assure son conformisme foncier ? Faut-
il
y voir une sorte de sublimation à rebours du sens de la révolte ? On
179
t en droit d’exiger d’un critique de son temps qu’
il
déclare ce qu’il attend de l’homme. Après quoi seulement l’on disting
180
er d’un critique de son temps qu’il déclare ce qu’
il
attend de l’homme. Après quoi seulement l’on distinguerait l’ordre de
181
’on distinguerait l’ordre de grandeur du grief qu’
il
fait à ce temps. C’est ce qu’en vain l’on cherche au cours de cette s
182
ousser des cris de joie. Les enfants comprendront-
ils
? Dans la mesure seulement où le plan de dépoétisation de leur monde
183
1932)g Si dans tous les écrits de notre temps
il
est question de bien, de mal, de vice et de vertu, de péché même, par
184
nt cultive l’anarchie nominaliste la plus grave :
il
ne sait ou n’ose plus définir et assumer son bien ni son mal, — et sa
185
r et assumer son bien ni son mal, — et sans cesse
il
en parle, car la Société vit sous le règne des jugements. Mais d’autr
186
de « dialectique » formelle du bien et du mal qu’
il
publie en marge de son œuvre romanesque. Un Kierkegaard critique ses
187
udace de se maintenir dans une telle dialectique,
il
n’existe pas un choix préalable à la tentation, un choix universel et
188
dans chaque situation existentielle. En sorte qu’
il
n’est pas de préférence définitive, c’est-à-dire facile, accordée au
189
otiv de l’œuvre entière de Jouhandeau. Et soudain
il
nous apparaît que cette œuvre est une illustration, non dépourvue de
190
loge de l’imprudence paraîtront plus abstraits qu’
ils
ne le méritent. C’est qu’ils supposent l’existence d’un bien et d’un
191
nt plus abstraits qu’ils ne le méritent. C’est qu’
ils
supposent l’existence d’un bien et d’un mal concrets dont les Binche
192
ence incarnèrent ailleurs toutes les complexités.
Il
s’agit, on le sait, du bien et du mal selon l’Église. Mais l’émouvant
193
ouvante et ironique dialectique de Jouhandeau est-
elle
très catholique, ou même très chrétienne ? La dialectique paulinienne
194
le désir et la nécessité du Mal absolu ; sur quoi
il
reste béant. Mais la réalité de la foi est inverse. Elle fait voir le
195
ste béant. Mais la réalité de la foi est inverse.
Elle
fait voir le mal comme donnée immédiate ; puis le bien ; puis le péch
196
le monde. Le défaut de ce point de vue, c’est qu’
il
n’étonnera personne, alors qu’Alexandre est tout de même un phénomène
197
ndications [Présentation] (décembre 1932)i Est-
il
possible de définir une cause commune de la jeunesse française, une c
198
rançaise, une communauté d’attitude essentielle ?
Il
semble que la solidarité du péril crée en nous une unité que n’ont su
199
fois, la doctrine marxiste, en dehors de laquelle
il
s’est constitué, forme l’un de ses points de repère principaux. Il se
200
é, forme l’un de ses points de repère principaux.
Il
se peut qu’il y trouve quelques appuis occasionnels ; et certains de
201
de ses points de repère principaux. Il se peut qu’
il
y trouve quelques appuis occasionnels ; et certains de leurs objectif
202
i les intellectuels, et si violemment accentué qu’
il
peut paraître suffisant pour définir un front unique, fût-il provisoi
203
aître suffisant pour définir un front unique, fût-
il
provisoire. C’est dans cette vue qu’ont été réunies — rapidement car
204
ble, et dans toute l’urgence du terme : actuelle.
Il
y va de la qualité même de notre vie ; de notre choix. Il y va de cet
205
de la qualité même de notre vie ; de notre choix.
Il
y va de cette qualité même d’impossible qui seule rend la vie possibl
206
evant les solutions qu’on nous propose d’urgence,
il
est clair que toute impartialité serait hypocrisie, refus. Qu’on trou
207
s précédent. Ce n’est plus de conflits d’idées qu’
il
s’agit, ni même de conflits d’intérêts. Mais pour nous, entrés dans l
208
sous le coup d’une menace de faillite planétaire,
il
ne peut s’agir de rien d’autre que de ceci : s’entendre sur le meille
209
ds, de muets et d’aveugles, mais pas si sourds qu’
ils
ne s’irritent de nos cris. Il est vrai que certains, au lendemain de
210
s pas si sourds qu’ils ne s’irritent de nos cris.
Il
est vrai que certains, au lendemain de la guerre, ont trop souvent cr
211
agir ?… — Paralysie. — Le salut qu’on lui offre,
il
faudrait qu’elle le paie du prix de l’âme même. On nous donne à chois
212
lysie. — Le salut qu’on lui offre, il faudrait qu’
elle
le paie du prix de l’âme même. On nous donne à choisir entre un régim
213
, — et d’autre part une espérance, une utopie, qu’
il
nous est impossible d’accepter avec le « bon cœur » que préconise Phi
214
ntre une bourgeoisie déchue et un marxisme faux ?
Il
reste à faire la révolution. Ni à gauche, ni à droite, il n’y a rien
215
à faire la révolution. Ni à gauche, ni à droite,
il
n’y a rien pour nous. Nous nous plaçons à l’origine de quelque chose
216
rez rien. Et nous ne trahirons pas l’homme tel qu’
il
est, sous prétexte qu’il faut se hâter, et qu’en Russie c’est en trai
217
irons pas l’homme tel qu’il est, sous prétexte qu’
il
faut se hâter, et qu’en Russie c’est en train de marcher. Nous jouero
218
t Lefebvre, la seule « chance » des capitalistes.
Il
en est une moins coûteuse à risquer et qui consisterait à se laisser
219
c Marx, à la réalité d’une dialectique ternaire ;
ils
placent leur espoir dans l’avènement de synthèses successives, achemi
220
olution mécanique du conflit nécessaire et vital.
Il
n’y a pas de troisième terme, — ou c’est la mort19. Mais la coefficie
221
ierkegaard et de Hegel dans le domaine religieux.
Elle
traduira demain l’opposition des nations collectivistes et des patrie
222
cerne l’homme, exprime ses données élémentaires :
elle
n’est qu’une projection du conflit de la personne. Les marxistes nous
223
e mêler des notions « morales » — ainsi désignent-
ils
la notion de personne ! — aux forces politiques et historiques qui se
224
la mythomanie ; les « Forces économiques », dont
ils
parlent avec tremblement, n’existent pas. Elles font partie de ces cr
225
ont ils parlent avec tremblement, n’existent pas.
Elles
font partie de ces créations pseudo-mystiques qui pullulent dans un m
226
d’ailleurs la conception historique que l’on ait,
il
faut pourtant reconnaître que la personne est un facteur « décisif »,
227
git pas dans le vide, mais contre quelque chose :
elle
se fera contre ces faits. Elle sera « acte ». 2e — Le matérialisme dé
228
re quelque chose : elle se fera contre ces faits.
Elle
sera « acte ». 2e — Le matérialisme décrit un monde tel qu’on ne voit
229
parfois proches de celles d’Esprit ou de Combat,
il
réduit l’aventure humaine à un déroulement indéfini de changements, j
230
vre sur ce terrain. Suivons-les donc sur le leur.
Ils
opposent à nos « rêveries » l’action. Qu’appellent-ils l’action ? Est
231
pposent à nos « rêveries » l’action. Qu’appellent-
ils
l’action ? Est-ce un opportunisme purement tactique, d’allure élector
232
quelques-uns22. Proposition antirévolutionnaire,
il
faut le dire, et niée par les faits dont elle se réclame implicitemen
233
aire, il faut le dire, et niée par les faits dont
elle
se réclame implicitement, Lénine réussit une révolution d’intellectue
234
rier 1917, les bolchévistes sont 200. En octobre,
ils
s’emparent du pouvoir sur toutes les Russies. En 1932 le parti compte
235
s constructions d’un Lénine n’étaient pas songes,
elles
s’appuyaient sur le mouvement de l’histoire ». Nous avons affaire ici
236
de moins qu’un acte de foi. Un tel mysticisme a-t-
il
en France la moindre chance de succès ? Où est sa tradition vivante e
237
nçais reste le plus souvent verbale, électorale ;
elle
n’est pas dans leur doctrine constructive. Elle se fonde sur des appa
238
; elle n’est pas dans leur doctrine constructive.
Elle
se fonde sur des apparences, voire sur des faits actuels, mais insuff
239
olte jacobine, c’est la révolte de 89, dans ce qu’
elle
garde de valable et de dynamique ; c’est dès à présent le ressort de
240
je ne vois pas en quoi la tyrannie du matériel qu’
ils
prônent est meilleure pour les hommes que le présent désordre. Je ne
241
hommes que le présent désordre. Je ne vois pas qu’
ils
connaissent l’homme mieux que nous. Je ne les vois pas plus forts. Je
242
nt le refus, pour les mêmes raisons, aggravées23.
Ils
jouent sur une révolte des hommes contre le capitalisme : mais cette
243
e révolte va se tourner contre eux. On va voir qu’
ils
font la même chose, c’est-à-dire qu’ils font pire que ceux qu’ils att
244
a voir qu’ils font la même chose, c’est-à-dire qu’
ils
font pire que ceux qu’ils attaquent. Cela commence à se savoir. Ils p
245
chose, c’est-à-dire qu’ils font pire que ceux qu’
ils
attaquent. Cela commence à se savoir. Ils promettent du pain, et croi
246
ceux qu’ils attaquent. Cela commence à se savoir.
Ils
promettent du pain, et croient ainsi triompher à la fois des bourgeoi
247
té humaine de nos doctrines antibourgeoises. Mais
ils
ne donnent pas de pain. Ceux qui ne promettent que du pain, finalemen
248
é qui seule peut garantir son être. — Encore faut-
il
que les conditions matérielles permettent à ce suprême et quotidien d
249
ne mise en question réelle. Je la cherche. Ce qu’
il
faut pour légitimer un système d’idées en elles-mêmes justes et oppor
250
e les hommes éprouvent dans le fond de leur être.
Il
faut derrière ces idées une masse volontaire, une pesante contrainte
251
s que sous la forme d’une accusation personnelle.
Il
faut savoir entendre ce mutisme formidable. Je crois que seule la foi
252
la terre, mais seulement à recevoir le pardon. Or
il
n’est de pardon que pour celui qui agit. On me dira sans doute que je
253
ans les vôtres ! Déjà les hommes le pressentent :
il
n’y a rien d’autre à attendre que cette force surhumaine d’entrer dan
254
vrai conflit nécessité-liberté dans la mesure où
elle
existe en sol et dans sa durée propre, comme un 3e terme, en réalité,
255
itiative privée-plan. 20. La seule révolution qu’
elle
légitimerait, en bonne logique, serait une révolution contre la const
256
s prévues par Marx pour qu’une révolution éclate.
Il
ne se passe rien. Parce qu’on manque de chefs. Parce qu’il n’y a plus
257
passe rien. Parce qu’on manque de chefs. Parce qu’
il
n’y a plus de « personnes ». 23. Le succès du communisme serait-il «
258
personnes ». 23. Le succès du communisme serait-
il
« de nous rendre la vie de caserne acceptable » ? (Roland de Pury, da
259
l’ironie, le scepticisme, le pompiérisme, — mais
ils
savent que cela est antipathique, alors ils émettent on ne sait quell
260
mais ils savent que cela est antipathique, alors
ils
émettent on ne sait quelle sauce. Je ne veux pas être de ceux-ci ». C
261
udition, quitte à passer pour macaronique — comme
elles
le sont toutes, d’ailleurs, mais ridiculement quand elles ne l’avouen
262
sont toutes, d’ailleurs, mais ridiculement quand
elles
ne l’avouent pas — se veut constamment significative. La publication
263
ens contemporains dont le succès consiste, lorsqu’
ils
citent des textes, à donner l’impression que ces textes n’ont, en som
264
u’un texte est intéressant dans la mesure même où
il
est dépourvu de pittoresque, c’est-à-dire, dans ce cas, de traits hum
265
écerner le titre de « monument critique ». Tel qu’
il
est, un petit chef-d’œuvre d’humanisme poétique. Car l’« érudition »
266
ria reste si constamment précise et malicieuse qu’
elle
atteint à coup sûr le particulier de tout ce qu’elle aborde au cours
267
e atteint à coup sûr le particulier de tout ce qu’
elle
aborde au cours de ses démonstrations : c’est dire qu’elle se meut en
268
de au cours de ses démonstrations : c’est dire qu’
elle
se meut en pleine poésie. D’où sa valeur « actuelle » et multiple, se
269
lques touches un peu bourrues, un peu précieuses,
il
jette l’esprit du lecteur dans le vif d’un sujet, et loin d’exploiter
270
empêche de respirer, et qu’alors, reniant sa fin,
elle
ne sert plus que d’aliment à un dogmatisme populaire farouche, et se
271
auteur d’Adam et Ève qu’une sorte de folkloriste,
il
faudra considérer l’auteur de Phèdre comme un archéologue, auteur de
272
ine propre de Ramuz qui est l’élémentaire. Jamais
il
ne fut mieux lui-même. Il y fallait un cas très simple, un de ces cas
273
t l’élémentaire. Jamais il ne fut mieux lui-même.
Il
y fallait un cas très simple, un de ces cas où le mot « concret » dev
274
tes ; puis l’esprit qui se met à douter, parce qu’
il
n’a plus d’application, l’esprit qui prend peur. La guérison naîtra d
275
attendait pas de Ramuz un examen de conscience. S’
il
s’interroge, dans Une Main, c’est plutôt un examen de son corps. Exam
276
elle. Par le choix même du prétexte de cet écrit,
il
nous donne ce genre de pensées pour ce qu’elles ont toujours été à se
277
rit, il nous donne ce genre de pensées pour ce qu’
elles
ont toujours été à ses yeux : le fait d’un défaut de présence au mond
278
sir les choses. Là réside la cause de la peur, qu’
il
avoue, et qui n’est sans doute que la méditation d’un esprit dépourvu
279
st-ce que ma main n’a pas sa vocation ? Est-ce qu’
elle
n’a rien de mieux à faire que de se lever avec cent-mille autres, de
280
mpur, par Albert-Marie Schmidt (octobre 1933)m
Il
est plaisant de voir un jeune auteur obtenir de nos jours un effet de
281
pompe. Tel est le premier succès de cet ouvrage.
Il
en révèle peut-être aussi certain défaut : Albert-Marie Schmidt domin
282
stamment et trop aisément son sujet. Non point qu’
il
le maintienne arbitrairement dans les cadres d’une dogmatique morale
283
cadres d’une dogmatique morale : c’est plutôt qu’
il
suit Saint-Évremond de trop près dans les méandres de son éthique. Ce
284
op près dans les méandres de son éthique. Certes,
il
en fait valoir ainsi toutes les nuances, avec un art égal à son modèl
285
un art égal à son modèle. On voudrait pourtant qu’
il
lui donne parfois libre carrière, qu’il ne le garde point sans cesse
286
urtant qu’il lui donne parfois libre carrière, qu’
il
ne le garde point sans cesse à portée d’un coup de patte qu’il s’aban
287
e point sans cesse à portée d’un coup de patte qu’
il
s’abandonne lui-même à sa fantaisie, la plus joyeusement érudite que
288
plus joyeusement érudite que je connaisse. Tel qu’
il
est, ce petit volume nous offre un jeu serré et subtil, et dont le sp
289
isse point imposer par la « réussite classique ».
Il
place Saint-Évremond, théoricien spirituel et serein de la sagesse du
290
n voudrait poser sous cette forme : la vérité est-
elle
en déca ou au-delà du désespoir, dans les mesures humaines ou dans la
291
ns les mesures humaines ou dans la folie divine ?
Il
semble bien que Saint-Évremond ait jusqu’au bout refusé de choisir. I
292
int-Évremond ait jusqu’au bout refusé de choisir.
Il
croit pouvoir entretenir avec Dieu des rapports de politesse. Cela po
293
pose ses idées sur la société. On y verra comment
il
se peut faire que les tyrannies sociales, mondaines ou politiques, tr
294
ur perfection même, une anarchie spirituelle dont
elles
constituent probablement l’unique remède. C’est comme la genèse indiv
295
faits vrais dont l’intention morale est évidente,
il
est doublement édifiant. Ceux qui ont aimé le Chemin de la Vie retrou
296
e parti pris de bonne humeur héroïque. Tout ce qu’
il
faut pour entraîner l’adolescence avide de servir une grande cause et
297
ire de bonne souche, part pour la Construction où
il
ne tarde pas à se distinguer par diverses actions d’éclat. Il devient
298
pas à se distinguer par diverses actions d’éclat.
Il
devient brigadier de choc. Grave et rieur, chaste, ignorant, avide de
299
bourgeois : taré donc, intellectuel, ratiocineur,
il
n’arrive pas, malgré ses plus loyaux efforts, à se passionner pour le
300
nte Irina, qui choisira bien entendu Kolka dès qu’
elle
aura compris que l’autre « n’est pas né quand il aurait fallu ». L’Hi
301
lle aura compris que l’autre « n’est pas né quand
il
aurait fallu ». L’Histoire a de ces exigences. On conseille à Volodia
302
On conseille à Volodia de se brûler la cervelle.
Il
se pend. Ce résumé fait le plus grand tort à l’ouvrage. Il est cepend
303
d. Ce résumé fait le plus grand tort à l’ouvrage.
Il
est cependant exact. Mais les faits, même en Russie, ne sont rien san
304
e une masse de documents qui parlent d’eux-mêmes.
Ils
parlent peut-être plus qu’ils ne devraient. Ils nous montrent une jeu
305
arlent d’eux-mêmes. Ils parlent peut-être plus qu’
ils
ne devraient. Ils nous montrent une jeunesse russe assez peu marxiste
306
. Ils parlent peut-être plus qu’ils ne devraient.
Ils
nous montrent une jeunesse russe assez peu marxiste, mais encore moin
307
es komsomols a ceci de spécifiquement ennuyeux qu’
il
ne crée pas en eux le moindre refoulement. Ce qui suppose une remarqu
308
ent le même rôle que la race chez les hitlériens.
Il
n’y a pas plus de conversion possible au prolétariat qu’au germanisme
309
de quoi refroidir les sympathies trop spontanées.
Il
faudra, je crois, passer outre. Dans ce déchaînement d’orgueil humain
310
une réponse, et qui est d’autant plus tragique qu’
ils
ne savent plus le formuler. À nous de les y aider ; et de comprendre
311
essai de Ramuz, mais de tous le moins ramuzien :
il
s’agit cette fois d’idées, et même d’idées générales, ce qui est asse
312
ont pas, dans leur foi, les marxistes. Mais ce qu’
il
décrit avec une véritable puissance, c’est l’aboutissement du marxism
313
rxisme : l’isolement cosmique de l’homme. Quoi qu’
il
dise, d’ailleurs, il dit plus que ses arguments. On peut aller jusqu’
314
cosmique de l’homme. Quoi qu’il dise, d’ailleurs,
il
dit plus que ses arguments. On peut aller jusqu’à soutenir que s’il d
315
s arguments. On peut aller jusqu’à soutenir que s’
il
défendait le marxisme, il n’en resterait pas moins, par le fait de so
316
jusqu’à soutenir que s’il défendait le marxisme,
il
n’en resterait pas moins, par le fait de son être même, une protestat
317
cet essai : Ramuz est présent à ce monde, — eux,
ils
essaient de le recomposer au sein de leur absence insurmontable. Ramu
318
e personne, peut se passer d’avoir raison, puisqu’
il
a pour lui la Nature27. C’est quand il parle d’elle qu’il est grand,
319
on, puisqu’il a pour lui la Nature27. C’est quand
il
parle d’elle qu’il est grand, qu’il donne et manifeste sa mesure, qu’
320
il a pour lui la Nature27. C’est quand il parle d’
elle
qu’il est grand, qu’il donne et manifeste sa mesure, qu’il apparaît v
321
r lui la Nature27. C’est quand il parle d’elle qu’
il
est grand, qu’il donne et manifeste sa mesure, qu’il apparaît véritab
322
. C’est quand il parle d’elle qu’il est grand, qu’
il
donne et manifeste sa mesure, qu’il apparaît véritablement qualifié.
323
est grand, qu’il donne et manifeste sa mesure, qu’
il
apparaît véritablement qualifié. La mode est au marxisme et au mépris
324
a propre mort. Mais Ramuz n’est pas un bourgeois.
Il
peut attendre : son attente est présence, et porte en soi sa justific
325
. À ceux qui croient aux fatalités de l’Histoire,
il
faut dire simplement qu’elles sont vraies pour eux-mêmes et pour tous
326
talités de l’Histoire, il faut dire simplement qu’
elles
sont vraies pour eux-mêmes et pour tous ceux de leur espèce. On ne ca
327
écès spirituel, à peine anticipée peut-être. Mais
ils
se trompent tout à fait quand ils se croient matérialistes28. Ils dét
328
peut-être. Mais ils se trompent tout à fait quand
ils
se croient matérialistes28. Ils détestent la matière comme seuls les
329
tout à fait quand ils se croient matérialistes28.
Ils
détestent la matière comme seuls les spiritualistes bourgeois savaien
330
t ».) Le vrai matérialiste, c’est Ramuz. Parce qu’
il
aime les choses et déteste les mécaniques interposées entre l’homme e
331
tre l’homme et les choses. Aussi bien n’éprouve-t-
il
pas le besoin de s’affirmer matérialiste. La position de Ramuz paraît
332
esprit bourgeois-capitaliste. Tous deux savent qu’
il
faut être pour Dieu ou contre Dieu. La bourgeoisie a choisi dès longt
333
ore parler qu’en homme. Est-ce possible ? Et peut-
il
y croire ? Il a bien vu le choix, mais l’a-t-il fait ? Il veut un mon
334
en homme. Est-ce possible ? Et peut-il y croire ?
Il
a bien vu le choix, mais l’a-t-il fait ? Il veut un monde à la taille
335
t-il y croire ? Il a bien vu le choix, mais l’a-t-
il
fait ? Il veut un monde à la taille de l’homme. Il sait aussi que la
336
ire ? Il a bien vu le choix, mais l’a-t-il fait ?
Il
veut un monde à la taille de l’homme. Il sait aussi que la mesure de
337
l fait ? Il veut un monde à la taille de l’homme.
Il
sait aussi que la mesure de cette taille est dans une foi, dans « que
338
asse l’homme et le suppose en même temps », écrit-
il
. C’est lorsqu’il définit ainsi la foi qu’on hésite à le suivre, — et
339
e suppose en même temps », écrit-il. C’est lorsqu’
il
définit ainsi la foi qu’on hésite à le suivre, — et que peut-être il
340
foi qu’on hésite à le suivre, — et que peut-être
il
sert mal sa pensée. Car cette définition ne vaut, précisément, que po
341
ire dans l’immanence. La foi chrétienne dépasse-t-
elle
vraiment l’homme ? N’est-elle pas bien plutôt ce qui le juge et en mê
342
hrétienne dépasse-t-elle vraiment l’homme ? N’est-
elle
pas bien plutôt ce qui le juge et en même temps le sauve dans ses lim
343
s si le Procès est le chef-d’œuvre de Kafka, mais
il
est difficile d’imaginer un livre plus profond. On a même l’impressio
344
première fois un livre absolument profond. Non qu’
il
prétende percer les apparences du monde pour s’enfoncer dans un ésoté
345
our s’enfoncer dans un ésotérisme, au contraire :
il
se borne à décrire ces apparences avec une minutie qui suffit à dénon
346
dénoncer leur absurdité réelle, en même temps qu’
il
se refuse à toute interprétation, c’est-à-dire à toutes les conventio
347
deux inspecteurs. Ces messieurs lui apprennent qu’
il
est inculpé, mais ils ne savent pas de quoi et n’ont pas qualité pour
348
messieurs lui apprennent qu’il est inculpé, mais
ils
ne savent pas de quoi et n’ont pas qualité pour le savoir. Puis, on l
349
tue dans des conditions trop déprimantes pour qu’
il
puisse songer même à résister. C’est ainsi une suspension du jugement
350
me du Procès. Constatation de la réalité telle qu’
elle
est, et en même temps, au moment où la révolte point, constatation de
351
u », mais la misère de l’homme livré à un Dieu qu’
il
ne connaît pas, parce qu’il ne connaît pas le Christ. « Nul ne vient
352
me livré à un Dieu qu’il ne connaît pas, parce qu’
il
ne connaît pas le Christ. « Nul ne vient au Père que par moi ». C’est
353
t » ; mais c’est aussi par cette foi, et parce qu’
elle
nous permet de faire un pas et « d’en sortir » que nous connaissons n
354
» et un front qui se dit « populaire ». Faudrait-
il
en déduire que le peuple et la nation s’opposent ? Les mots l’indique
355
mple. Staline veut une armée française puissante,
il
approuve la loi de deux ans. « Staline a raison », affirme l’affiche
356
e ; mais alors La Rocque n’a pas tort ? — Certes,
il
a tort disent les gauches ; et c’est à cause de la mystique. Et Stali
357
u au nom de la liberté populaire ! Flatus vocis !
Il
n’y a qu’une seule manière de tirer à la mitrailleuse et de se faire
358
ait dénoncé l’équivoque dont vit la droite, quand
elle
se proclame « nationale » tout en restant capitaliste.) Défendre la c
359
d’abord rendre aux mots-clés un sens commun. Mais
il
me semble qu’on a fait tout autre chose, au Palais de la Mutualité. I
360
fait tout autre chose, au Palais de la Mutualité.
Il
me semble qu’on s’est entendu pour « cultiver » des équivoques verbal
361
rront aboutir à une doctrine constructive tant qu’
elles
s’efforceront de dénaturer les grands mots d’ordre populaires, au nom
362
lse ne fut pas un mage, ou plutôt si l’on veut qu’
il
l’ait été, au sens où l’on dirait qu’Einstein, interprète du cosmos,
363
t qu’Einstein, interprète du cosmos, est un mage,
il
ne fut pas un magicien. Il erra toute sa vie, d’auberges en universit
364
u cosmos, est un mage, il ne fut pas un magicien.
Il
erra toute sa vie, d’auberges en universités, suivi d’une troupe de d
365
isciples turbulents, à la recherche de secrets qu’
il
voulait rendre manifestes à tous, et qu’il exprimait, comme Luther, d
366
ets qu’il voulait rendre manifestes à tous, et qu’
il
exprimait, comme Luther, dans un allemand populaire et grossier30. Il
367
Luther, dans un allemand populaire et grossier30.
Il
faut se méfier de la gloire qu’on lui a faite. On nous rapporte par e
368
xemple que « déjà vieux et ne voulant pas mourir,
il
s’adressa au diable qui lui conseilla de se faire enterrer pour une a
369
iter ensuite sous la forme d’un beau jeune homme.
Il
se fit tailler en morceaux et enterrer par son fidèle serviteur. Mais
370
! L’auteur de l’anecdote était bon prophète, mais
il
n’a rien compris à Paracelse. Théophraste Paracelse Bombaste de Hohen
371
t pas un énergumène, mais un savant complet comme
il
faut espérer que nous en reverrons bientôt, un savant qui voulait har
372
gie. Un grand souci paraît dans toute son œuvre :
il
veut être clair, et utile. Clair ne signifie pas rationaliste, comme
373
à le rejeter du côté des mystiques, où cependant
il
n’a que faire, avec son goût de l’expérience et de l’application conc
374
te. Mais justement cette fringale d’expérience qu’
il
promena par toute l’Europe, et peut-être même chez les Turcs, le rend
375
urnis : d’un attirail de concepts à tout faire31.
Il
faut voir comme il se débat avec son latin de cuisine, son grec allég
376
il de concepts à tout faire31. Il faut voir comme
il
se débat avec son latin de cuisine, son grec allégorique et son allem
377
jamais dites ». Paracelse a vu plus de choses qu’
il
ne pouvait en exprimer. Son destin fut l’inverse du nôtre. La techniq
378
— d’expression, qui lui paraît peu scientifique.
Il
s’en tire au moyen d’allégories, et transforme sa maladresse en instr
379
mer les maladies que par le nom de leur remède. «
Il
ne faut pas dire que tel état est colérique, tel autre mélancolique,
380
le remède. Pour connaître et guérir une maladie,
il
ne suffit pas de voir l’homme seul ; il faut considérer sa relation a
381
maladie, il ne suffit pas de voir l’homme seul ;
il
faut considérer sa relation avec le monde, dont il n’est qu’un membre
382
l faut considérer sa relation avec le monde, dont
il
n’est qu’un membre, un reflet. So oben wie unten. L’astrologie de Par
383
près une sombre époque cérébrale et matérialiste.
Il
s’opposait32 aux médecins galénistes qui voyaient l’homme sous l’aspe
384
qui voyaient l’homme sous l’aspect d’un concept.
Il
se fût opposé aussi aux médecins de la Renaissance, à Léonard, à Card
385
nique de la maladie, ouvrage dont on peut dire qu’
il
marque une date dans l’histoire de la connaissance du monde par le co
386
le monde. « L’homme ne saura jamais assez combien
il
est anthropomorphe », dit Goethe. Il faudrait dire aussi, à la suite
387
ssez combien il est anthropomorphe », dit Goethe.
Il
faudrait dire aussi, à la suite de Paracelse : l’homme ne saura jamai
388
else : l’homme ne saura jamais assez à quel point
il
est « cosmomorphe ». Le retour à Paracelse auquel nous assistons est
389
considéré comme un miroir du ciel entier. Certes,
elle
n’est pas seulement cruelle et folle, l’époque qui nous offre de si g
390
’homme, et quelle est sa mesure dans l’univers qu’
il
a cru concevoir ! 30. « La monumentale grossièreté luthérienne », d
391
uthérienne », dit Gundolf. 31. Gundolf écrit : «
Il
ne s’intéressait pas seulement aux différents minerais. Avec sa visio
392
nts minerais. Avec sa vision nouvelle des choses,
il
étudia aussi les effets des métaux et des vapeurs sur les ouvriers, o
393
embarras qui eût été le sien si l’on eût exigé qu’
il
nommât l’activité qu’il découvrait. Qui ne sait, de nos jours, parler
394
sien si l’on eût exigé qu’il nommât l’activité qu’
il
découvrait. Qui ne sait, de nos jours, parler d’« hygiène professionn
395
ribenten) je les dissoudrai dans de l’Alkali !… »
Il
propose dans le même passage de les brûler au four, de les baptiser d
396
sur trois des écrits les moins « orthodoxes » qu’
ils
ont accueillis cette année. La belle étude de Karl Löwith sur Hegel,
397
ux sens du mot achèvement. À partir de Hegel, dit-
il
, le philosophe n’aura plus d’autre possibilité que celle de « réalise
398
de commune des intellectuels révolutionnaires, qu’
ils
soient humanistes ou chrétiens, marxistes ou personnalistes. Désormai
399
ilosophie cessera d’être une simple description :
elle
va devenir action transformatrice, et productrice. L’esprit pur s’éva
400
e dans l’attaque d’un problème entre tous urgent.
Il
se pourrait d’ailleurs que l’apparence brutale des thèses personnalis
401
t qui enchante en moi le disciple de Kierkegaard.
Il
apparaît de plus en plus nettement que les prolégomènes à toute actio
402
ages très curieuses de P. Klossowski sur Sade, où
il
est démontré par des voies imprévues, comment la négation de Dieu ent
403
se longuement et gagne en somme notre complicité.
Elle
a l’humour discret, sensible, qui convient à la confession d’un senti
404
ant que les diatribes intéressées de Mabel Dodge.
Il
parvient à ne rien cacher tout en restant d’une exacte pudeur. Mais e
405
u une conversation avec Tony au cours de laquelle
il
lui avait déclaré que vous aviez l’intention de « détruire » Mabel, c
406
se humeur des Lawrence, leur humeur rageuse, faut-
il
dire, coupée d’accès de malice saugrenue. Les Pansies confirment d’ai
407
ique générale des hommes d’aujourd’hui : c’est qu’
ils
croient au bonheur et à l’argent, les deux choses les plus irritantes
408
s naturels, plus rayonnants, plus « solaires » qu’
ils
ne sont. En somme, bien qu’il prêche tout le temps, il attend des aut
409
us « solaires » qu’ils ne sont. En somme, bien qu’
il
prêche tout le temps, il attend des autres beaucoup plus qu’il n’est
410
sont. En somme, bien qu’il prêche tout le temps,
il
attend des autres beaucoup plus qu’il n’est disposé à leur donner. «
411
t le temps, il attend des autres beaucoup plus qu’
il
n’est disposé à leur donner. « Soyez ! Ah ! Soyez un soleil pour moi
412
e moderne, dit Keyserling, n’a pas de prochains ;
il
n’a que des voisins inévitables. Voilà Lawrence, l’homme sans prochai
413
de l’aide et auquel on vient en aide. Autrement,
il
serait deux fois insupportable : comme voisin toujours insuffisant, e
414
ais après tout, qui donc vint à son aide, à lui ?
Il
n’avait que la nature, les bêtes, les choses. Envers elles, il est pl
415
vait que la nature, les bêtes, les choses. Envers
elles
, il est plein d’une espèce de charité patiente et ingénieuse. D’où so
416
e la nature, les bêtes, les choses. Envers elles,
il
est plein d’une espèce de charité patiente et ingénieuse. D’où son am
417
re dans les bois. » On allait oublier l’écrivain.
Il
est là, adossé à un pin, avec sa chemise bleue, ses culottes de velou
418
onde des lettres » et se composent un prestige !)
Il
invente ses histoires, secrètement animées par « les battements du cœ
419
r « les battements du cœur sauvage de l’Espace »,
il
s’amuse, il s’effraie de ses personnages, il les hait furieusement, i
420
ements du cœur sauvage de l’Espace », il s’amuse,
il
s’effraie de ses personnages, il les hait furieusement, il les approc
421
e », il s’amuse, il s’effraie de ses personnages,
il
les hait furieusement, il les approche avec méfiance et tout d’un cou
422
aie de ses personnages, il les hait furieusement,
il
les approche avec méfiance et tout d’un coup les pousse par-derrière,
423
e actuelle doit fatalement les déformer. C’est qu’
elle
est généralement conditionnée par notre romantisme littéraire en même
424
qui fera sans doute le succès de ce volume, vaut-
elle
mieux que l’étroitesse positiviste, qui réduira tout cela au jeu des
425
son principe ». La question est alors de savoir s’
il
existe une mystique vraiment chrétienne, une mystique qui ne soit pas
426
’élèvent sans cesse les Prophètes et les Apôtres.
Il
faut reconnaître que les pages les plus « belles » — du point de vue
427
dévote. Ceci marqué, qui est plus qu’une réserve,
il
convient de remercier M. Chuzeville de nous avoir ouvert par son anth
428
figurer dans un choix de « mystiques », alors qu’
il
est le premier défenseur de l’expériencev. Mais la beauté des textes
429
ues modernes. Mais sans doute M. Chuzeville s’est-
il
laissé guider dans son choix par un préjugé historique que le « Mage
430
germaniques obsède décidément nos universitaires.
Elle
relève d’un nationalisme de manuels, pour ne pas dire, avec E. R. Cur
431
aître Eckhart, et surtout à son cher Tauler, dont
il
cite constamment les sermons. M. Chuzeville serait sans doute mieux i
432
. M. Chuzeville serait sans doute mieux inspiré s’
il
développait certaines indications fécondes de sa préface et nous donn
433
considéré comme une sécularisation du mysticisme.
Il
m’a semblé que cette perspective spirituelle était la seule que dégag
434
ophraste Paracelse Bombaste de Hohenheim, ce dont
il
n’eut jamais l’idée de se cacher. – L’érudition considérable de M. Ch
435
de A. Koyré sur Franck et Weigel. Quant à Luther,
il
le juge d’après un résumé, confectionné par Gonzague Truc, du pamphle
436
obre 1935)w Toujours ces mots. Quand je dis qu’
ils
ont perdu leur sens, il faut ajouter aussitôt qu’on a le tort de leur
437
es mots. Quand je dis qu’ils ont perdu leur sens,
il
faut ajouter aussitôt qu’on a le tort de leur en accorder bien davant
438
n a le tort de leur en accorder bien davantage qu’
ils
n’en gardent et que ceux qui les prononcent n’en conçoivent. Pour vou
439
ous le prouver, voici une anecdote d’Angleterre :
elle
doit donc être vraie. Une petite fille aux cheveux carotte, nommée Al
440
au pays du monde. » Un inspecteur passait par là.
Il
lit le devoir. Tonnerre et foudres de ce pacifiste, qui n’hésite pas
441
lisme » que voulait dire l’inspecteur (à moins qu’
il
n’ait une conception conquérante de la beauté ?). « Démodé » : on se
442
ande dans quel pays. « Pacifiste » ? Aujourd’hui,
il
n’y a plus que les pacifistes pour oser réclamer ouvertement la guerr
443
patriotique » — c’est de nouveau nationaliste qu’
il
faudrait. Précisons, cela en vaut la peine. Le nationalisme existe pa
444
’est une mystique, un idéal abstrait, un orgueil.
Il
existe dans la mesure où on l’exalte. Le patriotisme, c’est le contra
445
on l’exalte. Le patriotisme, c’est le contraire :
il
existe dans la seule mesure où il va de soi ; il faut qu’il reste un
446
le contraire : il existe dans la seule mesure où
il
va de soi ; il faut qu’il reste un lien obscur, informulé, un fait se
447
il existe dans la seule mesure où il va de soi ;
il
faut qu’il reste un lien obscur, informulé, un fait sentimental et te
448
dans la seule mesure où il va de soi ; il faut qu’
il
reste un lien obscur, informulé, un fait sentimental et tellurique, u
449
que l’Angleterre est le plus beau pays du monde,
elle
veut dire simplement : j’aime mon pays. L’amour exclut toute comparai
450
du fait patriotique et tente de le rationaliser :
il
en fait un objet de discours. Par là même il le rend absurde. Il le «
451
er : il en fait un objet de discours. Par là même
il
le rend absurde. Il le « mystifie ». Qui dit discours dit raison ; qu
452
bjet de discours. Par là même il le rend absurde.
Il
le « mystifie ». Qui dit discours dit raison ; qui dit raison suppose
453
incarné est celle qui honore l’esprit en tant qu’
il
veut porter l’empreinte de certains intérêts terrestres, et le mépris
454
ins intérêts terrestres, et le méprise en tant qu’
il
cherche à s’affranchir de ce genre de pression pour s’exercer en tout
455
re de pression pour s’exercer en toute liberté. »
Il
écrit un peu plus loin qu’il déplore la disparition « des grandes dis
456
en toute liberté. » Il écrit un peu plus loin qu’
il
déplore la disparition « des grandes disciplines intellectuelles, sin
457
s études théologiques ou simplement logiques ». S’
il
m’est permis de faire ici un peu de théologie et un peu de logique, j
458
. Benda : 1° si les « docteurs » nationalistes qu’
il
attaque ont jamais prétendu que leur politique fût une « incarnation
459
ût une « incarnation » de l’esprit ; 2° au cas où
ils
l’auraient fait, ce que j’ignore car je les pratique peu : s’il y a l
460
antichrétiens, plus pénétrés de christianisme qu’
ils
ne le croient, préfèrent appeler révolution. Ces questions me paraiss
461
e paraissent capitales. Et je ne vois pas comment
il
serait possible d’y échapper. Depuis huit ans que sa Trahison des Cle
462
e. Mais alors son dernier article est trop clair.
Il
n’y manque plus qu’une épigraphe, qui conviendrait d’ailleurs à tous
463
t à certains égards, du contenu de la doctrine qu’
il
défend. Dictature et liberté, le monde moderne se débat tragiquement
464
!). La liberté condamne la dictature, mais dès qu’
elle
la supprime pratiquement, elle perd tout point d’appui, son élan meur
465
ature, mais dès qu’elle la supprime pratiquement,
elle
perd tout point d’appui, son élan meurt en anarchie. La solution de c
466
tre pourquoi bien peu l’ont vue jusqu’à présent :
elle
« crève les yeux ». Il faut organiser la liberté. Mais c’est encore l
467
nt vue jusqu’à présent : elle « crève les yeux ».
Il
faut organiser la liberté. Mais c’est encore là une ellipse ; l’on di
468
té organisée n’en est plus une. Expliquons-nous ;
il
faut organiser le matériel — la dictature36 seule y parvient — mais a
469
liberté, et à seule fin de la laisser s’épanouir.
Il
faut soumettre la dictature à la liberté, il faut une dictature pour
470
uir. Il faut soumettre la dictature à la liberté,
il
faut une dictature pour la liberté — une dictature de la liberté. Ce
471
celles qui passionnent les hommes d’action et qu’
ils
estiment purement techniques parce qu’ils en ignorent les fins. Cette
472
n et qu’ils estiment purement techniques parce qu’
ils
en ignorent les fins. Cette erreur des fameux techniciens nous vaut l
473
ctuelles. Considérant le désordre où nous sommes,
ils
prétendent nous en tirer en parant, comme ils disent, au plus pressé,
474
es, ils prétendent nous en tirer en parant, comme
ils
disent, au plus pressé, c’est-à-dire en organisant l’État, l’économie
475
difficulté de le résumer à l’usage d’un public qu’
il
faut sans cesse prévenir contre les pires malentendus, l’on jugera mi
476
sous la forme concrète d’une série de tensions qu’
il
s’agit d’orienter et de rendre fécondes : solutions nécessaires et so
477
rance a les mêmes dates que la crise : 1930-1935.
Il
a fallu bien près d’un siècle, il a fallu surtout le double truchemen
478
se : 1930-1935. Il a fallu bien près d’un siècle,
il
a fallu surtout le double truchement de Heidegger et de Karl Barth po
479
egaard est cité par tout le monde. On m’assure qu’
il
a même un public passionné. Mais si l’on juge de la façon dont il est
480
lic passionné. Mais si l’on juge de la façon dont
il
est lu par la façon dont il est trop souvent cité, l’on pensera qu’il
481
juge de la façon dont il est lu par la façon dont
il
est trop souvent cité, l’on pensera qu’il eût mieux valu montrer plus
482
on dont il est trop souvent cité, l’on pensera qu’
il
eût mieux valu montrer plus de prudence à le répandre. Et pourtant il
483
ntrer plus de prudence à le répandre. Et pourtant
il
fallait qu’il fût traduit : c’était une des nécessités de notre état
484
prudence à le répandre. Et pourtant il fallait qu’
il
fût traduit : c’était une des nécessités de notre état spirituel. Seu
485
es nécessités de notre état spirituel. Seulement,
il
eût fallu le traduire autrement, pour prévenir certains malentendus i
486
ers termes d’une dialectique au cours de laquelle
ils
devaient être radicalement niés, on a incité le lecteur, non prévenu
487
désespoir considéré comme un des beaux-arts. Or s’
il
est vrai que Kierkegaard s’est occupé à décrire les formes déclarées
488
que revêt le désespoir fondamental du pécheur ; s’
il
est vrai qu’il a su montrer, avec une effrayante lucidité, l’universa
489
sespoir fondamental du pécheur ; s’il est vrai qu’
il
a su montrer, avec une effrayante lucidité, l’universalité de cet éta
490
qui le qualifient de « métaphysicien du néant »,
ils
oublient de dire que le néant, dont ils lui prêtent ainsi le goût, es
491
néant », ils oublient de dire que le néant, dont
ils
lui prêtent ainsi le goût, est justement celui que Kierkegaard dénonc
492
i que Kierkegaard dénonce au cœur des systèmes qu’
ils
lui opposent. 3. Parce que Kierkegaard s’est déchaîné contre les égli
493
ndre le christianisme « à bon marché » ; parce qu’
il
en appelle d’un christianisme théorique à un christianisme existentie
494
« chose inquiète, inquiétante », disait Luther —
il
a voulu poser honnêtement la question tragique et réelle du doute ins
495
pproches de l’orage, ainsi, flairant le danger »,
il
a dit : Je n’ai pas la foi, — certains pensent qu’au fond, il n’a jam
496
e n’ai pas la foi, — certains pensent qu’au fond,
il
n’a jamais pu croire. Et pourtant, la définition même de la foi dans
497
a définition même de la foi dans l’Évangile n’est-
elle
pas justement ce cri : « Je crois, Seigneur, viens au secours de mon
498
ue Kierkegaard publia sous son vrai nom, parce qu’
il
y exprimait directement son message décisif. Bien entendu, le « succè
499
i apparaîtraient encore plus fortes de nos jours.
Il
se peut qu’il se fût réjoui de la maldonne. Que voulait donc Kierkega
500
nt encore plus fortes de nos jours. Il se peut qu’
il
se fût réjoui de la maldonne. Que voulait donc Kierkegaard ? Peut-êtr
501
yre — la preuve irréfutable de sa foi. (Encore qu’
il
s’en défende avec vigueur mais son action même témoigne contre l’humi
502
out ses erreurs, ses plaisirs, ses fièvres, ce qu’
elle
voudrait réellement si elle pouvait disposer d’elle-même. Ainsi bien
503
s, ses fièvres, ce qu’elle voudrait réellement si
elle
pouvait disposer d’elle-même. Ainsi bien informé, fais-toi alors le p
504
d’une éloquence chaude et entraînante. Pour cela,
il
te faut de la force et du talent. Qu’arrive-t-il ? Tout simplement ce
505
il te faut de la force et du talent. Qu’arrive-t-
il
? Tout simplement ceci : l’époque s’engoue de tes discours et tu devi
506
son favori. Tu es alors au début de ton supplice.
Il
s’agit maintenant de changer de direction ; tu restes animé de la mêm
507
rsqu’au cours des années qui préparèrent sa mort,
il
« changea de direction » et révéla le sens dernier de toute son œuvre
508
n » et révéla le sens dernier de toute son œuvre.
Il
est juste que ce destin se répète aujourd’hui parmi nous. Et la publi
509
’auteur du Traité du désespoir un « succès » dont
il
est peut-être temps de tirer certaines conclusions propres à « repous
510
ondent pas dans cette vision centrale et unitive.
Il
me semble que les neuf discours traduits par M. Paul Tisseau en revie
511
rité n’est encore qu’une grandiose ironie tant qu’
elle
n’est pas actualisée dans l’acte de foi. Il n’y eut jamais de sérieux
512
qu’elle n’est pas actualisée dans l’acte de foi.
Il
n’y eut jamais de sérieux absolu39 que dans la vie et dans la mort du
513
mythe, ou encore un saut dans le vide ? Et alors
il
n’y aurait nulle part de vrai sérieux ? Peut-être aussi cet acte exis
514
vrai sérieux ? Peut-être aussi cet acte existe-t-
il
, peut-être que l’illic et tuc de cette Mort et de cette Résurrection
515
ns une vie, le hic et nunc de la foi ? Mais alors
il
n’y a pas de vrai sérieux dans ma vie, tant qu’il n’y a pas eu cet ac
516
il n’y a pas de vrai sérieux dans ma vie, tant qu’
il
n’y a pas eu cet acte de foi, ce renversement du désespoir qui s’igno
517
lectique dont le plus étrange, sans doute, est qu’
elle
embrasse avec une familiarité poignante les problèmes de la vie banal
518
de trouver vaine la question que pose Fondane : «
Ils
suivent Kierkegaard du regard — mais où en sont-ils de leur propre dé
519
s suivent Kierkegaard du regard — mais où en sont-
ils
de leur propre démarche ? » Oui, cette question est gênante et sérieu
520
estion est gênante et sérieuse, et c’est pourquoi
il
fallait la poser. Et c’est aussi pourquoi je la retourne à son auteur
521
L’Art poétique ou Qu’
il
faut penser avec les mains (décembre 1936)aa De l’Art poétique de
522
constance atténuante, au bénéfice du maladroit, s’
il
est aimable. Ou bien c’est l’ornement de nos loisirs. Mais Claudel di
523
», « Se connaître, c’est faire naître avec soi »…
Il
ne s’agit évidemment, ici et là, ni de la même poésie ni de la même c
524
ens qu’indiquent les étymologies. C’est-à-dire qu’
il
choisit de choisir, car l’étymologie est trop loin d’être une science
525
ibéré, quand ce n’est pas un profond calembour. «
Il
est permis à chacun de se servir de tel son qu’il lui plaît pour expr
526
Il est permis à chacun de se servir de tel son qu’
il
lui plaît pour exprimer ses idées, pourvu qu’il en avertisse. » Cette
527
u’il lui plaît pour exprimer ses idées, pourvu qu’
il
en avertisse. » Cette phrase de la Logique de Port-Royal, dont Claude
528
rase de la Logique de Port-Royal, dont Claudel, s’
il
est réaliste, doit récuser la principale40, peut néanmoins servir à p
529
aire. Connaître, de cognoscere, sera : co-naître.
Il
faut savoir ce que parler veut dire. (D’où l’on vient, où l’on va : t
530
es de circuler. Claudel se donne un règlement, et
il
observe les signaux. Les autres (voyez leurs journaux) se sont jetés
531
naux) se sont jetés dans un énorme embouteillage,
il
n’y a plus qu’à se laisser pousser dans le sens incertain de la masse
532
n de la masse. Or ce sens, tellement incertain qu’
il
en devient presque indéfinissable (plus rien n’avance, c’est un sur-p
533
courant ». Dans cette affaire, celui qui sait où
il
va risque encore d’augmenter l’embarras, et de se faire copieusement
534
sortir. Mais quittons là cette métaphore avant qu’
elle
n’aille aussi s’embouteiller41. Ou encore essayons de la traduire. L
535
i le contact immédiat entre le nom et la chose qu’
il
exprime, entre le verbe et l’acte qu’il commande43, entre le parler e
536
chose qu’il exprime, entre le verbe et l’acte qu’
il
commande43, entre le parler et le faire, — entre la pensée et la main
537
, justement, sa volonté de catholicité ! ⁂ Non qu’
il
soit « méconnu », bien sûr. Mais parmi tant d’admirateurs, combien co
538
ient parce que chaque être y agit pour tout ce qu’
il
n’est pas. « Tout cherche partout sa fin, complément ou efférence, sa
539
homme), seul discours proprement cohérent, puisqu’
il
ne tire ses règles et sa nécessité que de la fin totale qu’il glorifi
540
es règles et sa nécessité que de la fin totale qu’
il
glorifie. Ce n’est pas notre monde tel qu’il est, mais notre monde te
541
e qu’il glorifie. Ce n’est pas notre monde tel qu’
il
est, mais notre monde tel qu’il est sauvé, relié solidement par la Pr
542
otre monde tel qu’il est, mais notre monde tel qu’
il
est sauvé, relié solidement par la Promesse et remis en marche vers e
543
olidement par la Promesse et remis en marche vers
elle
, — le monde de la poésie. Diviser, séparer, isoler, faire scission, c
544
rselle. Alors l’homme se complaît dans une fin qu’
il
fait sienne, c’est-à-dire qu’il s’isole et s’abstrait du mouvement de
545
t dans une fin qu’il fait sienne, c’est-à-dire qu’
il
s’isole et s’abstrait du mouvement de la Création. « Et c’est pourquo
546
Dieu, parce que ce n’est pas de son propre gré qu’
elle
a été assujettie à vanité » (Rom. 8, 19-20). Ne fût-ce que par son st
547
ce que par son style, et l’intention, partout, qu’
il
manifeste avec puissance, Claudel répond à la proposition universelle
548
’on parle alors de procédé, si l’on y tient, mais
il
faut en comprendre l’office. Traiter chaque mot selon la chose qu’il
549
re l’office. Traiter chaque mot selon la chose qu’
il
re-présente tout d’abord, rendre un corps et refaire des racines maté
550
mis « en communication avec la source continue qu’
il
contient en lui dans son être : son geste n’est plus que la traductio
551
, en dehors des circonstances et causes secondes,
il
formule l’ensemble des conditions permanentes dont la réunion donne à
552
droit de devenir présente à l’esprit, par lequel
il
la conçoit dans son cœur, et répète l’ordre qui l’a créée, s’appelle
553
ne ». L’homme est « le sceau de l’authenticité ».
Il
est, par son action recréatrice, une étymologie vivante de tout ce qu
554
out ce qui est. Et maintenant, pour se connaître,
il
lui suffit d’agir sa vocation. Dans l’acte conscient de la fin qui l’
555
n. Dans l’acte conscient de la fin qui l’englobe,
il
n’y a plus de distinction du matériel et du spirituel. L’homme « se c
556
es mains, à la facilité plus ou moindre grande qu’
il
éprouve à se servir des instruments dont il a la propriété ». Et son
557
de qu’il éprouve à se servir des instruments dont
il
a la propriété ». Et son corps lui est comme « un document où il suit
558
té ». Et son corps lui est comme « un document où
il
suit les œuvres de l’esprit qui le remue ». Penser dans le train de l
559
sans cesse toutes les formes selon l’intention qu’
elles
expriment, c’est proprement penser avec les mains. ⁂ Au sixième jour
560
rnité ! 40. En effet, la citation du Cratyle qu’
il
donne dans l’Art poétique (p. 172) dit exactement le contraire. 41.
561
41. On pourrait en tirer d’autres suites : faut-
il
attendre que les flics s’en mêlent, et viennent « mettre au pas » le
562
r cela clairement, mais : « Tel est le mystère qu’
il
s’agit présentement de reporter sur le papier de l’encre la plus noir
563
t Denis de, « [Compte rendu] L’Art poétique ou Qu’
il
faut penser avec les mains », La Nouvelle Revue française, Paris, déc
564
de 1 milliard au moins. Voilà donc 3 milliards qu’
il
nous en coûte pour guerroyer cinq ans. Quel en est le résultat ? car
565
et dangereux, d’une armée permanente, ne vaudrait-
il
pas mieux en épargner les frais et acheter l’armée ennemie, lorsque l
566
vres sterling. C’est la plus forte évaluation, et
ils
ne sont pas tous aussi chers, comme on sait mais enfin, il y aurait e
567
t sans doute à une opération fort analogue lorsqu’
il
tenta d’acheter le sol que le Duce se préparait à conquérir : c’était
568
e morale : je veux le croire pour la morale. Mais
ils
permettent d’entrevoir l’une des raisons de notre anarchie économique
569
s d’une passion contraire, qui est l’honneur. Car
il
est clair que l’honneur seul — ou du moins ce qu’il nous en reste, et
570
est clair que l’honneur seul — ou du moins ce qu’
il
nous en reste, et ce n’est qu’une caricature — retient les gouvernant
571
eur. Mais c’est la méthode qui doit retenir ici :
il
s’agissait pour Mounier de fonder la théorie personnaliste de l’avoir
572
les mauvaises raisons des capitalistes, ou comme
il
dit : « libérer de la dialectique des propriétaires les valeurs de pr
573
dhon)44. En bref, le sens du livre est celui-ci :
il
s’agit de passer d’un mode de propriété abstrait et anonyme à un mode
574
e sa lecture pour tous les possédants chrétiens —
elle
ne revêt sa signification totale que dans l’ensemble de la constructi
575
et qu’on nous reprochait non sans aigreur, quand
il
ne faisait pas sourire les réalistes, le voilà repris et galvaudé dep
576
ant-Couturier ! (Je ne sais pourquoi, d’ailleurs,
ils
s’obstinent à lui accoler un adjectif pléonastique : « personne humai
577
… À nous maintenant de rendre aux mots leur sens.
Il
n’y a que cela de sérieux dans la politique moderne. Et le Manifeste
578
este de Mounier peut y contribuer largement. Faut-
il
dire que tout usager de la culture, si apolitique qu’il se veuille, s
579
e que tout usager de la culture, si apolitique qu’
il
se veuille, se trouve intéressé dans un pareil débat ? Cela va de soi
580
le caractère « théorique » des justifications qu’
il
va demander à certaines traditions catholiques. Ainsi « le riche, dit
581
aumône au nécessiteux avec l’argent d’un autre, s’
il
ne peut le faire du sien ». (Car cet argent de l’autre devient dans c
582
is si bien la traversée, cette étrange coupure qu’
elle
a faite dans ma vie, entre les derniers jours passés à Paris non sans
583
e et nue, pauvre et joyeuse. Mais je vois bien qu’
il
me faut expliquer pourquoi nous venions dans cette île à la saison où
584
urquoi nous venions dans cette île à la saison où
il
convient plutôt de la quitter quand on le peut. Si par cette aube de
585
des concierges, des lieux-sombres-et-populeux où
il
faut pénétrer l’âme basse et la petite enveloppe à la main. Tant d’au
586
s-en, et restent faute d’imagination. Et pourtant
il
suffit de bien peu pour partir : la France a des milliers de maisons
587
uverez pour rien, ou pas grand-chose. Encore faut-
il
savoir comment on y peut « vivre » ? C’est à cette question judicieus
588
e, et qui me commandera de les quitter le jour qu’
ils
y mettront obstacle. (Pour les bourgeois, l’idée de propriété est lié
589
iée à l’idée d’héritage. Par quelle folie pensent-
ils
pouvoir « hériter » des biens de leurs pères ? Il faut tout ignorer d
590
ls pouvoir « hériter » des biens de leurs pères ?
Il
faut tout ignorer de la vraie possession ! Une chose n’est mienne que
591
n’est mienne que pour un temps, et si je change,
elle
me devient impropre. Je n’hérite pas même de moi ! Ou alors, l’hérita
592
t comme ce qui est incommode ou impropre, et dont
il
faut tâcher de se délivrer coûte que coûte.) Mon domaine, c’est ce qu
593
tuation est d’ailleurs excellente pour l’instant.
Il
nous reste encore de quoi vivre pendant six semaines environ, si du m
594
ndre au sérieux l’actualité de ce que j’écrivais.
Il
faut avouer qu’il s’agissait, dans ces articles, de ce que les gens c
595
actualité de ce que j’écrivais. Il faut avouer qu’
il
s’agissait, dans ces articles, de ce que les gens croient être actuel
596
e. L’un est l’œuvre d’un archiviste du continent.
Il
affecte une douce ironie sorbonnarde pour les petits événements qui s
597
t cela… La science réclame de petits faits vrais.
Elle
tend aussi, il faut l’avouer, à ne tenir pour vrai que ce qui est pet
598
e réclame de petits faits vrais. Elle tend aussi,
il
faut l’avouer, à ne tenir pour vrai que ce qui est petit. Laissons do
599
t plein de verve et de gaillarde érudition, comme
il
s’en trouve un peu partout pour sauver « l’esprit » d’un pays. J’ai p
600
au à vapeur de Sadi Carnot — monument au point où
il
toucha terre — en passant par les drakkars norvégiens, les flottes an
601
de héroïque sous Richelieu. Depuis lors, semble-t-
il
, les villages se dépeuplent, les traditions se perdent et les champs
602
rs de leurs chefs ont été consignés par miracle :
ils
ne le cèdent en rien pour l’ampleur de leurs vues sur le monde, à l’é
603
her se font une guerre acharnée dans ces pages et
ils
l’emportent tour à tour, jusqu’à la synthèse finale d’une envolée tou
604
ligence, ou d’ironie… Pour de tels hommes, certes
il
n’est pas deux France ! Ou plutôt elles se mêlent dans un combat indi
605
mmes, certes il n’est pas deux France ! Ou plutôt
elles
se mêlent dans un combat indivisible et nécessaire au cœur de chacun
606
ueux, exemplaire dans sa symétrie architecturale.
Il
domine toutes les maisons et le clocher. Il est seul au-dessus du pay
607
rale. Il domine toutes les maisons et le clocher.
Il
est seul au-dessus du pays. Je voudrais le dessiner dans le style rom
608
ue je veux retenir pour le moment des gens d’ici.
Elle
corrige la mauvaise humeur que m’a donnée notre épicière. Car il faut
609
auvaise humeur que m’a donnée notre épicière. Car
il
faut bien, hélas, commencer par l’épicière, quand on aborde le villag
610
l’on va vivre. Celle-ci est énorme et goutteuse.
Elle
a des douleurs dans les jambes, et m’en parle d’abord, pour me mettre
611
ord, pour me mettre en confiance. Je sens bien qu’
elle
veut me faire causer avant de fixer le prix du chou-fleur, des envelo
612
’est plutôt en été qu’on vient chez nous, me fait-
elle
prudemment observer. — Je le sais bien, madame Aujard, mais je ne vie
613
ail à faire chez moi, des tas de choses à écrire…
Elle
n’ose pas m’en demander davantage. Et moi, je recule devant l’entrepr
614
ifie ? Écrire pour les journaux, sans doute, mais
il
n’y en a pas tant à raconter sur ce pays. Je l’ai laissée en plein my
615
er sur ce pays. Je l’ai laissée en plein mystère.
Elle
a dû en parler longuement avec les clients qui attendaient en silence
616
jard n’a pas toujours ce qu’on voudrait. En hiver
elle
fait peu de réserves de produits alimentaires, les habitants n’acheta
617
de la mercerie, des lainages et des épices. Alors
il
faut aller de l’autre côté de la place, chez Mélie. Ce n’est pas simp
618
z l’autre. Mais c’est prudent, on me l’a dit. Car
elles
ne baisseront pas leurs prix pour garder un client, elles les augment
619
baisseront pas leurs prix pour garder un client,
elles
les augmenteront bien plutôt pour le punir d’avoir été en face. Sans
620
lui gâte la vie. Trois fois la semaine au moins,
il
me voit venir avec une grande enveloppe contenant un manuscrit. « Est
621
imé ? — Non. C’est tapé à la machine. — Est-ce qu’
il
n’y a rien d’écrit à la main ? Si, il y a des corrections écrites à l
622
un envoi, ce jour-là, d’une centaine de feuilles.
Il
en paraît lui-même consterné. J’affirme avec vivacité que ça ne peut
623
J’affirme avec vivacité que ça ne peut pas aller.
Il
faut tout recommencer. Finalement l’on décide d’envoyer le manuscrit
624
me de Pédenaud qui brandit un papier. J’accours :
elle
me tend une formule de télégramme, mais ce n’est pas un télégramme, c
625
mé qu’un manuscrit s’affranchit comme une lettre.
Il
faut donc que je m’exécute, sinon c’est lui qui sera forcé « d’y alle
626
r arrêter le courrier. L’autobus vient de partir.
Il
faut téléphoner au chef-lieu, faire rouvrir au passage le sac postal,
627
e faire pardonner. Pédenaud est mutilé de guerre.
Il
boite. On lui a donné cette recette auxiliaire à titre de dédommageme
628
mptant tout ». Sa femme fait des lessives. En été
ils
pêchent des palourdes et les vendent aux baigneurs. Bien entendu, je
629
de ce que je puis faire ou imaginer : libération.
Il
faut qu’il arrive quelque chose. Et s’il n’arrive rien ? « On ne meur
630
e puis faire ou imaginer : libération. Il faut qu’
il
arrive quelque chose. Et s’il n’arrive rien ? « On ne meurt pas de fa
631
ération. Il faut qu’il arrive quelque chose. Et s’
il
n’arrive rien ? « On ne meurt pas de faim dans nos pays », dit-on, et
632
’idéalisme dont les modernes doivent se guérir, s’
ils
veulent enfin devenir « actuels » ? Est-ce que ce n’est pas aussi la
633
nous souffrons tous ? Pourquoi les hommes vivent-
ils
sur des îles ? Quand nous sortons pour une promenade et que nous mesu
634
Cette liberté insulaire est une liberté négative.
Elle
nous met à l’abri du monde et nous ramène tous physiquement à nos lim
635
ent à nos limites. Mais l’homme est ainsi fait qu’
il
désire sans cesse se risquer au-delà de ce qu’il peut, et franchir au
636
’il désire sans cesse se risquer au-delà de ce qu’
il
peut, et franchir au moins en pensée les bornes de ses possessions po
637
ai nulle envie d’en prendre mon parti. Dans ce qu’
ils
ont pu entrevoir de mon activité, une seule chose les a frappés : ma
638
maison, est venue plusieurs fois nous voir. Hier,
elle
m’a demandé avec toutes sortes de précautions oratoires embrouillées
639
je vais chez les Renaud, c’est tout le contraire.
Ils
m’expliquent en détail ce qu’ils font, et je puis le comprendre et l’
640
ut le contraire. Ils m’expliquent en détail ce qu’
ils
font, et je puis le comprendre et l’admirer. Ils ont ainsi sur moi un
641
’ils font, et je puis le comprendre et l’admirer.
Ils
ont ainsi sur moi une sorte de supériorité concrète dont je ne souffr
642
(« Quand nous étions devant Tamatave, en 1886. »)
Il
s’occupe maintenant à fabriquer un filet de quatre-vingts mètres, bel
643
de l’univers intérieur de ces gens ? 5 décembre
Ils
me parlent de ce qui les intéresse, et je m’y intéresse avec eux. Mai
644
de ce qui moi, m’intéresse : je sens trop bien qu’
ils
n’en sont pas curieux. De quoi donc me parlent-ils ? Du temps, et j’a
645
ls n’en sont pas curieux. De quoi donc me parlent-
ils
? Du temps, et j’aime cela comme tout le monde ; de leur travail aux
646
r l’entretien sur leurs lectures, les journaux qu’
ils
achètent, la politique, ou la religion qu’ils suivent, ils se taisent
647
qu’ils achètent, la politique, ou la religion qu’
ils
suivent, ils se taisent bien vite, ou se remettent à raconter des ane
648
ent, la politique, ou la religion qu’ils suivent,
ils
se taisent bien vite, ou se remettent à raconter des anecdotes subite
649
cdotes subitement sans intérêt. Je ne sens pas qu’
ils
se méfient de moi. Simplement, ils n’ont jamais formé de phrases, dan
650
ne sens pas qu’ils se méfient de moi. Simplement,
ils
n’ont jamais formé de phrases, dans leur tête, à propos de ces choses
651
de ces choses-là. Non seulement je ne sens pas qu’
ils
se méfient de moi en tant qu’intellectuel ou « spécialiste », mais en
652
tuel ou « spécialiste », mais encore je devine qu’
ils
n’estiment pas que je puisse avoir une opinion plus avertie que la le
653
ue la leur sur les sujets que je viens de nommer.
Ils
ne se doutent pas que c’est de cela précisément qu’un écrivain peut f
654
à donner raison au bon sens de l’époque présente.
Il
a trop souvent fait ses preuves. 15 décembre Déjeuné, après le cult
655
décembre Déjeuné, après le culte, chez M. Palut.
Il
n’est pas pasteur en titre, mais seulement « évangéliste » au service
656
ela se trouve, des remplacements d’institutrices.
Ils
ont déjà deux garçons, et ils ont trouvé le moyen de recueillir encor
657
ts d’institutrices. Ils ont déjà deux garçons, et
ils
ont trouvé le moyen de recueillir encore une vieille Bretonne sans re
658
rd’hui qu’une centaine de paroissiens disséminés.
Il
en vient une dizaine au culte. Les autres habitent trop loin, ou sont
659
autres habitent trop loin, ou sont indifférents.
Il
me raconte les efforts qu’il a faits, pendant six ans, pour entrer en
660
u sont indifférents. Il me raconte les efforts qu’
il
a faits, pendant six ans, pour entrer en contact avec la population.
661
eu quelques conversions. Mais c’est tout juste si
elles
ont compensé les abandons ou les départs. (Les protestants qui sont s
662
ce tranquille et obstinée de ceux auprès desquels
il
devrait exercer sa mission. Ils ne veulent pas même l’écouter, et tou
663
ux auprès desquels il devrait exercer sa mission.
Ils
ne veulent pas même l’écouter, et toute sa raison d’être est cependan
664
te sa raison d’être est cependant de leur parler.
Il
n’a rien d’autre à faire, et il ne peut pas le faire. Et de plus, il
665
t de leur parler. Il n’a rien d’autre à faire, et
il
ne peut pas le faire. Et de plus, il est seul à croire qu’il doit le
666
à faire, et il ne peut pas le faire. Et de plus,
il
est seul à croire qu’il doit le faire. Il m’a décrit son existence sa
667
pas le faire. Et de plus, il est seul à croire qu’
il
doit le faire. Il m’a décrit son existence sans amertume. Il ne se pl
668
e plus, il est seul à croire qu’il doit le faire.
Il
m’a décrit son existence sans amertume. Il ne se plaint que de son is
669
faire. Il m’a décrit son existence sans amertume.
Il
ne se plaint que de son isolement intellectuel. Il trouve normal de v
670
l ne se plaint que de son isolement intellectuel.
Il
trouve normal de vivre une vie humainement absurde. Non qu’il n’en di
671
rmal de vivre une vie humainement absurde. Non qu’
il
n’en distingue pas l’absurdité, mais simplement il sait pourquoi il l
672
l n’en distingue pas l’absurdité, mais simplement
il
sait pourquoi il la subit. Fils d’un petit hôtelier breton d’origine
673
pas l’absurdité, mais simplement il sait pourquoi
il
la subit. Fils d’un petit hôtelier breton d’origine catholique, il s’
674
d’un petit hôtelier breton d’origine catholique,
il
s’est converti à l’âge de vingt ans et depuis lors il n’a jamais song
675
’est converti à l’âge de vingt ans et depuis lors
il
n’a jamais songé qu’il pût faire autre chose qu’annoncer l’Évangile.
676
e vingt ans et depuis lors il n’a jamais songé qu’
il
pût faire autre chose qu’annoncer l’Évangile. Qu’importe qu’il n’y ai
677
autre chose qu’annoncer l’Évangile. Qu’importe qu’
il
n’y ait « à vues humaines » aucun espoir de se faire entendre, si le
678
la cessation du travail pour un repos nécessaire.
Il
se définit psychologiquement non par rapport au travail, mais par rap
679
ément d’un chômeur industriel, par exemple — mais
il
ne connaît plus de vrais loisirs. 23 janvier (écrit sur la dune) Il
680
e vrais loisirs. 23 janvier (écrit sur la dune)
Il
ne faut pas se mettre en colère au mois de janvier. C’est une saison
681
llit sans rencontrer personne. J’ai à craindre qu’
elle
ne m’attaque par désir famélique de créer du nouveau. Car c’est une c
682
t ses données, mais soi-même. 28 février Gens.
Il
est très impressionnant de se demander en face de ces hommes, à quelq
683
ace de ces hommes, à quelques mètres d’eux, quand
ils
travaillent sur leur parcelle, ce que signifient les méthodes product
684
es vies ? 3 avril La solitude est une jeunesse.
Elle
nous apprend cette chose nouvelle que nous savions déjà, c’est vrai,
685
on ne sait quoi. Condition véritable de l’homme :
il
est celui qui agit dans l’attente. Il attend des révélations. C’est é
686
e l’homme : il est celui qui agit dans l’attente.
Il
attend des révélations. C’est évident ! Ses actions les plus pures so
687
es incantations : leur sens est toujours au-delà.
Elles
ne sont que symboles, invites angoissées ou séductions tentées dans l
688
rolongent, et leur grandeur est dans l’attente qu’
ils
trahissent. Si le travail moderne est dégradant, c’est qu’on a limité
689
e poule noire qui habite seule au bout du jardin.
Elle
y est pourtant depuis notre arrivée, héritée du propriétaire. Nous l’
690
re mangée, sinon pour faire encore quelques œufs.
Elle
paraissait inguérissablement neurasthénique. Et voilà qu’hier, elle a
691
guérissablement neurasthénique. Et voilà qu’hier,
elle
a pondu. Et ce matin de nouveau. De très gros œufs, me semble-t-il. (
692
matin de nouveau. De très gros œufs, me semble-t-
il
. (Où va se loger la vanité !) 14 avril La culture et les gens. Sou
693
e certaine technique des idées, etc., mais encore
ils
ne comprendraient pas même de quoi il s’agit quand je parle d’eux pré
694
ais encore ils ne comprendraient pas même de quoi
il
s’agit quand je parle d’eux précisément, et des problèmes qui intéres
695
tence. J’aurais beau leur expliquer chaque terme.
Ils
n’y reconnaîtraient rien de ce qui les « soucie », amuse, occupe, ou
696
té emporté hier, etc. Quel sens concret cela peut-
il
avoir de parler de la « scission » entre cet homme et la culture ? N’
697
cission » entre cet homme et la culture ? N’y a-t-
il
pas là deux mondes qui n’ont jamais eu de contact, ni jamais de commu
698
à concrétiser, à essayer de les rendre telles qu’
elles
puissent, je ne dis pas être comprises, mais au moins, en pensée, con
699
sant avec la réalité des choses et des êtres dont
elles
utilisent le concept… Eh bien, voilà le résultat : après une demi-heu
700
ré cinq lignes et mis une note au bas de la page.
Il
me semble vraiment que cela se tient. Il me semble aussi que c’est co
701
la page. Il me semble vraiment que cela se tient.
Il
me semble aussi que c’est concret. Je me dis que cette impression et
702
blement une fatalité interne dans notre culture :
elle
s’enchante, se critique, se légitime elle-même. Elle a ses lois, qui
703
e s’enchante, se critique, se légitime elle-même.
Elle
a ses lois, qui se suffisent. Les concepts alors se combinent selon d
704
nités ou répulsions que les faits ou les êtres qu’
ils
sont censés représenter n’ont pas dans la réalité. À la fin on obtien
705
ait. Le principe de toute culture véritable n’est-
il
pas cette commune mesure, sinon de raisons formulables, du moins… d’a
706
es, du moins… d’angoisse, ou de vision finale, qu’
il
s’agit de maintenir par un constant effort entre nos belles séries de
707
mouvantes. C’est là que nous commençons la pêche.
Il
faut se planter au centre du bassin, et fouiller et racler sous les b
708
se de transparent, ou de rosé, ou de verdâtre, qu’
il
faut attraper comme une mouche et qui vous saute encore dans la main
709
les — une ou deux sautent hors de la casserole —,
elles
se recroquevillent, rougissent, se durcissent. Je ne puis voir cela s
710
victimes : « Je regrette vraiment beaucoup, mais
il
faut que je vous mange. Dure nécessité, et croyez que cela me fend le
711
ience de notre royauté nécessaire et réparatrice.
Il
est probable que le tigre en train de déchiqueter une jeune gazelle n
712
tant, ma sensiblerie n’est hypocrite que parce qu’
elle
reste pratiquement insuffisante. Elle est plus juste, et plus digne d
713
ue parce qu’elle reste pratiquement insuffisante.
Elle
est plus juste, et plus digne de l’homme que ces vertus de carnassier
714
armonie primitive, que mon scrupule se justifie :
il
apparaît alors comme le dernier écho, le dernier reproche, la dernièr
715
ttendions depuis deux jours l’éclosion des œufs.)
Il
me semble qu’il se passe des choses au fond du réduit obscur. La poul
716
deux jours l’éclosion des œufs.) Il me semble qu’
il
se passe des choses au fond du réduit obscur. La poule grogne furieus
717
les ailes la poule qui fait un caquet déchirant :
elle
serre entre ses pattes un œuf à demi ouvert d’où sort un long cou mai
718
ose la lourde poule avec précaution, craignant qu’
elle
n’écrase ses petits : elle arrange tout sous elle : pattes, œufs, pou
719
écaution, craignant qu’elle n’écrase ses petits :
elle
arrange tout sous elle : pattes, œufs, poulets, en quelques mouvement
720
elle n’écrase ses petits : elle arrange tout sous
elle
: pattes, œufs, poulets, en quelques mouvements, ramène deux œufs sou
721
y a sur toute la terre de ces moments de pureté.
Il
faut penser à eux quand on juge « le monde »… Nous mangeons les premi
722
du jardin : salades et radis. Pour les carottes,
il
faut encore attendre, et les choux n’ont que quelques feuilles. Mais
723
ter sans argent pendant quelques semaines encore.
Il
me reste environ 300 francs. Mais de nouveau plus rien à espérer avan
724
ter le tournant emportée par la force centrifuge,
il
ne faut pas freiner mais peser à fond sur l’accélérateur. Je suis all
725
e l’étranger. En-tête d’une fondation littéraire.
Il
faut d’abord signer, c’est recommandé. Ensuite, il faut comprendre :
726
l faut d’abord signer, c’est recommandé. Ensuite,
il
faut comprendre : c’est une lettre et un chèque. C’est un prix. Un pr
727
leur d’appel de l’absence, ou plutôt du retrait. (
Il
ne faut pas que ce soit une feinte, bien entendu, cela ferait tout ra
728
ne feinte, bien entendu, cela ferait tout rater ;
il
faut un véritable non-espoir). Équivalent, pour la façon de traiter l
729
négocier mon chèque. J’arrive devant la porte où
il
est écrit : Caisse. Je frappe et entre. Un homme penché vers le guich
730
t me fait un signe, et comme je ne comprends pas,
il
passe sa portette et vient me prier à voix basse d’aller attendre dan
731
de voix dans la salle de la caisse. Le client est-
il
sorti ? Quel peut être le motif de cette audience privée ? Enfin j’en
732
e gérant vient me chercher. Notre affaire réglée,
il
croit devoir s’excuser de m’avoir fait passer à côté tout à l’heure.
733
ut à l’heure. « Vous savez, c’est la coutume, ici
ils
n’aiment pas qu’il y ait d’autres personnes dans la salle quand ils p
734
u’il y ait d’autres personnes dans la salle quand
ils
payent ou quand ils touchent de l’argent ! C’est qu’ils sont très spé
735
personnes dans la salle quand ils payent ou quand
ils
touchent de l’argent ! C’est qu’ils sont très spéciaux les gens d’ici
736
yent ou quand ils touchent de l’argent ! C’est qu’
ils
sont très spéciaux les gens d’ici ! Moi je n’y viens qu’une fois par
737
par exemple (la ville prochaine sur le continent)
ils
n’auraient pas idée de ça, au contraire, ils sont tout fiers de venir
738
ent) ils n’auraient pas idée de ça, au contraire,
ils
sont tout fiers de venir à la banque. Ici, on a dû faire cette salle
739
crainte, après tout légitime, qu’on sache combien
ils
ont « mis de côté », qui peut expliquer le comportement des gens d’ic
740
ui peut expliquer le comportement des gens d’ici.
Il
faut admettre que pour eux, une pudeur, ou une honte tout à fait part
741
Je feuillette ce journal : voici des semaines qu’
il
n’y est à peu près plus question des « gens ». En somme, je ne m’inté
742
cordial qui a fini par s’établir entre nous : et
il
ne reste que l’ennui de nos conversations toujours pareilles. Grande
743
s pareilles. Grande différence entre eux et moi :
ils
sont adaptés à leur conduite et à leur milieu, comme les animaux. Ils
744
eur conduite et à leur milieu, comme les animaux.
Ils
ne se posent pas de questions gênantes. Or, c’est mon métier d’en pos
745
stions gênantes. Or, c’est mon métier d’en poser…
Il
vaut mieux partir quand on en est là. Quand on en est à ne plus voir
746
oir le prochain, la situation n’est plus humaine,
elle
ne pose plus de questions utiles. 2 juillet La sécheresse a été la
747
s, la terre se craquèle, ou devient poussiéreuse.
Il
n’y a plus que quelques roses aux pétales fatigués. — Et nous, nous n
748
i cessé d’être chômeur. Le départ est fixé au 10.
Il
va falloir vendre la poule noire et les poulets encore trop jeunes po
749
nes… 10 juillet Tout est bouclé, ficelé, cloué.
Il
me reste à peu près deux heures, avant le départ, pour faire un peu d
750
pourtant devant le saut. Peut-être leur suffirait-
il
, pour oser, d’une vision précise de cet état qu’ils rêvent et craigne
751
l, pour oser, d’une vision précise de cet état qu’
ils
rêvent et craignent. J’ai pensé plus d’une fois qu’il pourrait être u
752
êvent et craignent. J’ai pensé plus d’une fois qu’
il
pourrait être utile de décrire ma petite expérience d’intellectuel en
753
petite expérience d’intellectuel en chômage ; qu’
il
pourrait être utile de montrer qu’on peut sortir des villes où se fon
754
ma vie, et je crois bien que c’est un penchant qu’
elle
agrée. Non point qu’elle me paye en retour de surprises multipliées :
755
que c’est un penchant qu’elle agrée. Non point qu’
elle
me paye en retour de surprises multipliées : peu d’aventures dans l’e
756
l est à portée de la main, et n’est que là. Alors
il
s’agit seulement d’assurer la prise de cette main. C’est l’affaire d’
757
ue française, Paris, juillet 1937, p. 63-87. af.
Il
s’agit de Penser avec les mains .
758
e épique de la littérature moderne. Kipling mort,
il
ne reste que Selma Lagerlöf pour nous raconter des histoires, des his
759
s histoires que l’on croit intégralement parce qu’
elles
nous sont données pour ce qu’elles sont, des fables. Nos romanciers,
760
ement parce qu’elles nous sont données pour ce qu’
elles
sont, des fables. Nos romanciers, terrorisés par une sadique « défens
761
n même temps que l’exceptionnel. Pour faire vrai,
ils
imitent la vie. Mais la vie est toujours ailleurs, en train de s’inve
762
ours ailleurs, en train de s’inventer différente.
Elle
n’aime que celui qui se moque d’elle et qui n’en fait qu’à ses façons
763
différente. Elle n’aime que celui qui se moque d’
elle
et qui n’en fait qu’à ses façons. Elle aime les grands rhétoriciens d
764
se moque d’elle et qui n’en fait qu’à ses façons.
Elle
aime les grands rhétoriciens de l’imagination fabulatrice. Elle se pr
765
grands rhétoriciens de l’imagination fabulatrice.
Elle
se précipite avec fougue dans leurs pièges les plus évidents. Elle ad
766
avec fougue dans leurs pièges les plus évidents.
Elle
adore se laisser attraper dans les figures qu’une Lagerlöf s’amuse à
767
de la vie ». Mais c’est aussi au peuple entier qu’
ils
ont appris sa gloire quotidienne. Rien de plus profondément moderne q
768
ovembre 1937)ah Un clerc écrivait récemment qu’
il
faut se garder d’engager la raison dans une aventure — la vie — « où
769
gager la raison dans une aventure — la vie — « où
elle
ne peut qu’être outragée » (car la vie est irrationnelle). D’autres c
770
, conséquents, ne manqueront pas d’en conclure qu’
ils
n’ont pas à se mêler aux luttes sociales et politiques où leur raison
771
itiques où leur raison a tout à perdre mais que s’
ils
s’y trouvent mêlés, comme il arrive parfois aux plus prudents, ils fe
772
à perdre mais que s’ils s’y trouvent mêlés, comme
il
arrive parfois aux plus prudents, ils feront bien de s’y comporter se
773
mêlés, comme il arrive parfois aux plus prudents,
ils
feront bien de s’y comporter selon les usages du forum, et de crier a
774
ires de la République. Si on y agit bien — disait-
il
— on offensera les dieux ; donc on ne s’en doit point mêler. » Mais A
775
à propos du premier dilemme — ou sophisme — « qu’
il
n’est point fâcheux d’offenser les hommes, quand on ne le peut éviter
776
en offensant Dieu ». Et au sujet du second : « qu’
il
n’est pas avantageux de contenter les hommes en offensant Dieu ». J’e
777
r les hommes en offensant Dieu ». J’en conclus qu’
il
est bon d’engager la raison dans la vie : non point pour qu’elle y re
778
engager la raison dans la vie : non point pour qu’
elle
y reçoive des outrages, mais pour qu’elle-même en fasse subir de salu
779
n’aille pas sans risques, c’est l’évidence. Mais
il
s’agit de savoir ce que l’on révère, de la vérité ou de la sécurité.
780
risquée et se risque encore dans le chaos, et qu’
elle
a su y prévaloir sur quelques points. On ne voit pas bien pourquoi il
781
sur quelques points. On ne voit pas bien pourquoi
il
faudrait s’arrêter. Et même, à faire le petit rentier du rationnel, o
782
la forteresse de Noirmoutier, puis à l’île d’Yeu.
Il
ne sera libéré qu’après cinq ans de captivité, durant lesquels il sub
783
é qu’après cinq ans de captivité, durant lesquels
il
subira les manifestations, inépuisables d’imprévu, du patriotisme de
784
cul de bassefosse par le jeu de l’état civil. Qu’
il
ne s’y mêle aucune trace de hargne, c’est un miracle qui défie l’époq
785
telle, dans sa préface, déclare fort justement qu’
il
s’acquitte d’une dette en présentant cette œuvre au public français.
786
rté pour des « raisons » collectives et obscures.
Il
me paraît que le livre de Kuncz tire son tragique le plus secret du f
787
Kuncz tire son tragique le plus secret du fait qu’
il
symbolise, illustre et concrétise une condition qui n’est pas seuleme
788
n de précis, ni l’enjeu ni les causes véritables.
Il
ne reste que l’obscure certitude, angoissante, que cette guerre « se
789
e justice inaccessible, d’une faute indéterminée.
Il
faut sans doute attribuer au Procès une signification théologique. Ma
790
e rien voir de tout cela dans le livre de Kuncz :
il
nous apporte un document bien assez émouvant comme tel. Et la preuve,
791
Robert Aron (février 1938)ak « Soudain joyeux
il
dit : Grouchy ! — C’était Grouchy. » Et Waterloo fut une victoire. Ma
792
ce que nous propose Robert Aron50. Il a pensé qu’
il
valait mieux tirer de faits fictifs des conséquences vraies, que de t
793
t une abdication forcée en abdication volontaire,
il
ait fallu si peu changer et si peu imaginer. Il faut vraiment que dan
794
, il ait fallu si peu changer et si peu imaginer.
Il
faut vraiment que dans l’histoire des hommes les faits interviennent
795
s interviennent moins qu’on ne croit communément.
Il
faut vraiment que d’autres facteurs prédominent, facteurs moraux et p
796
rète d’un pays et des êtres dont c’est la patrie.
Il
a conçu les premiers doutes humains sur la réalité de son empire, sur
797
nes, au moment où le sort de la bataille vacille,
il
a retrouvé soudain le cri de la Révolution : Vive la Nation ! Or ce c
798
ncore la thèse : Napoléon gagne Waterloo parce qu’
il
retrouve le « personnalisme » mais cela même dénonce son pouvoir, pré
799
fut trois fois plébiscité !) Devant les Chambres,
il
s’écriera : « Prenez conscience, Messieurs, que depuis vingt années n
800
qui « perd le sentiment », celui d’une société qu’
il
faut bâtir « à hauteur d’homme » et non pas à hauteur d’idéologies. P
801
thèse d’Aron. 50. Jean-Paul rapporte un rêve où
il
disait à Napoléon : « Je ne suis jamais plus intelligent qu’au lit, q
802
Une révolution refoulée (juillet 1938)al Est-
il
possible d’indiquer une raison simple de l’échec du Front populaire ?
803
actes manqués ». S’il y a eu « expérience Blum »,
elle
a consisté à empêcher la révolution. Juin 1936 était un espoir que le
804
t initial a déterminé la courbe de l’expérience :
il
s’agissait d’affirmer une mystique, mais de ne faire que les réformes
805
hit, c’est-à-dire quand chacun veut avoir plus qu’
il
ne peut et ne sait faire, seule une révolution est capable de faire a
806
a d’autres plans, et Ce soir a d’autres vertus. S’
il
se fait une révolution, elle sera donc improvisée, donc sanglante, do
807
r a d’autres vertus. S’il se fait une révolution,
elle
sera donc improvisée, donc sanglante, donc destinée à se figer dans l
808
est normal. On n’arrête pas une révolution lorsqu’
elle
est nécessaire, et c’est le cas. Mais il arrive qu’on la dénature en
809
lorsqu’elle est nécessaire, et c’est le cas. Mais
il
arrive qu’on la dénature en la refoulant trop longtemps. Elle cherche
810
qu’on la dénature en la refoulant trop longtemps.
Elle
cherche alors d’autres voies, et les trouve. Encore un peu de mystiqu
811
teur venu tirera les conclusions logiques. Sera-t-
il
Français ? Je voudrais me tromper, croire au miracle. Je préfère oppo
812
thématique que de la raison avertie, donc impure.
Elle
opère en toute liberté sur un nombre restreint de données qu’elle con
813
ute liberté sur un nombre restreint de données qu’
elle
considère dans l’absolu, et elle en tire des déductions exactes, qui
814
nt de données qu’elle considère dans l’absolu, et
elle
en tire des déductions exactes, qui se trouvent par là même contredir
815
ant : mange ta soupe et tu deviendras grand. Donc
il
peut exister des aliments qui produiraient l’effet inverse ? Et l’ima
816
ment accélérer ces deux effets. Qu’en résultera-t-
il
? Le rêve logique qu’est le conte de Carroll nous apparaît alors comm
817
ente chaque fois un monde nouveau, et chaque fois
elle
se sent plus forte ou plus faible que les règles sociales admises. Su
818
quand Alice est plus grande, et vexatoires quand
elle
est plus petite. Dans les deux cas, elles lui deviennent problématiqu
819
es quand elle est plus petite. Dans les deux cas,
elles
lui deviennent problématiques. D’où les discussions qu’elle engage av
820
eviennent problématiques. D’où les discussions qu’
elle
engage avec les animaux parlants, créatures curieusement acharnées à
821
ion sur le temps, au cours du « Thé loufoque » où
il
est toujours cinq heures, annonce une psychologie post-einsteinienne,
822
mps vécu de Minkowski. « Cette façon d’ergoter qu’
ils
ont tous ! », gémit Alice, constamment réfutée par un formalisme déli
823
ble, etc.). Et pourtant, ce n’est que d’un jeu qu’
il
s’agit. Alice en garde la conscience secrète — comme dans le rêve — e
824
du paradoxe politique que nous venons de définir.
Ils
eurent l’habileté de baser leurs revendications, à la fois sur l’un d
825
aties prétendaient défendre, et sur le système qu’
elles
pratiquaient en fait. C’est ainsi que l’Allemagne exigea l’autonomie
826
e ». 3. Quelle fut la réponse des démocraties ? —
Il
était fatal, dans ces conditions, que les démocraties se laissassent
827
erchtesgaden). 4. Pourquoi le conflit s’aggrava-t-
il
subitement ? — Le litige était réglé en principe. Mais alors (entrevu
828
otalitaire : l’impérialisme religieux, ou sacral.
Il
exigea d’entrer en armes et sur le champ dans les territoires sudètes
829
que n’eût pas compté à ses yeux. La religion dont
il
était le fondateur voulait le sacrifice sanglant (ou son symbole), le
830
ce purement « rituelle ». Les uns remarquaient qu’
il
n’y avait guère de différence entre Berchtesgaden et Godesberg. Les a
831
r comprit que son heure n’était pas encore venue.
Il
se vit contraint d’accepter la réunion à Munich d’une « Diète » de go
832
les nations qui l’avaient remportée comme malgré
elles
et en dépit de leurs intérêts nationalistes. En proie à des luttes in
833
ralistes et maladroitement autarchiques, auxquels
ils
empruntaient leurs vieux systèmes mais pour les appliquer avec rigueu
834
non déclarée), pour surprenants et monstrueux qu’
ils
soient apparus en leur temps, trouvent leur explication la moins dout
835
sition de l’auteur n’a pas varié durant ce temps.
Elle
se ramène, me semble-t-il, à ceci : la religion, c’est la pratique mo
836
arié durant ce temps. Elle se ramène, me semble-t-
il
, à ceci : la religion, c’est la pratique moyenne du catholicisme fran
837
est la pratique moyenne du catholicisme français.
Il
s’agit moins de la dénigrer que de la « réaliser » en la débarrassant
838
aration ouvre et ferme le recueil (p. 23 et 286).
Elle
le situe dans les cadres de la République radicale. Ainsi le catholic
839
rprété par Alain, serait une sagesse éternelle qu’
il
s’agirait de remettre à jour, c’est-à-dire de laïciser. Point d’antic
840
salut, le drame de la révolte et de l’amour. Mais
elle
spécule volontiers sur les avantages et inconvénients des « preuves »
841
dont je ne trouve pas trace dans les évangiles, s’
il
est vrai qu’il encombre une bonne part de la théologie, surtout catho
842
ve pas trace dans les évangiles, s’il est vrai qu’
il
encombre une bonne part de la théologie, surtout catholique. Tout cel
843
tat de révolte active de la créature (même lorsqu’
il
se déguise en bonne volonté souriante). La foi, au sens biblique, s’o
844
« La vraie religion est le culte des morts », dit-
il
après Auguste Comte. Je le pense aussi. (Voyez le racisme.) Mais pour
845
ant » qui ne vive « selon la peur ». Serait-ce qu’
il
n’a jamais rencontré que des hommes « religieux », non des chrétiens
846
tholicisme français, en tant que, vidé de la foi,
il
demeure une « religion » ? Qu’il poursuive donc son enquête, si toute
847
vidé de la foi, il demeure une « religion » ? Qu’
il
poursuive donc son enquête, si toutefois il ne tient pas à avoir rais
848
? Qu’il poursuive donc son enquête, si toutefois
il
ne tient pas à avoir raison comme Napoléon, qui faisait les demandes
849
nfessionnel, etc. Bien sûr. Je le donne pour tel.
Il
faut des repères pour juger. La critique moderne l’oublie un peu, ani
850
Don Juan (juillet 1939)ap Lorsqu’
il
paraît brillant d’or et de soie, dressé sur ses ergots de grand ténor
851
ose une société encombrée de règles précises dont
elle
rêve moins de se délivrer que d’abuser. Dans le vertige de l’anarchie
852
er que d’abuser. Dans le vertige de l’anarchie où
il
se plaît, ce grand seigneur n’oublie jamais son rang. Son naturel, c’
853
; rien n’est plus loin de la nature. Voyez comme
il
se sert des femmes : incapable de les posséder, il les viole d’abord
854
l se sert des femmes : incapable de les posséder,
il
les viole d’abord moralement pour s’imposer à l’animal, et aussitôt p
855
si c’était le fait du crime et non le plaisir qu’
il
cherchait. Polémiste perpétuel, il se trouve entièrement déterminé pa
856
le plaisir qu’il cherchait. Polémiste perpétuel,
il
se trouve entièrement déterminé par le bon et le juste — contre eux.
857
e eux. Si les lois de la morale n’existaient pas,
il
les inventerait pour les violer. Et c’est cela qui nous fait pressent
858
tard, renouveler ce défi mortel. Mais quoi ? Faut-
il
aller si haut ? La recherche « toute naturelle » de l’intensité du dé
859
toute naturelle » de l’intensité du désir ne peut-
elle
expliquer à elle seule cette inconstance forcenée ? Alors Don Juan se
860
de l’intensité du désir ne peut-elle expliquer à
elle
seule cette inconstance forcenée ? Alors Don Juan serait l’homme de l
861
ents que Don Juan fuit à peine atteints. Faudra-t-
il
se résoudre à soumettre le cas aux docteurs indiscrets de l’école vie
862
indiscrets de l’école viennoise ? Le beau sujet !
Ils
ne l’ont pas manqué. Pour eux aussi, Don Juan serait le contraire de
863
on Juan serait le contraire de ce que l’on croit,
il
souffrirait d’une anxiété secrète déjà voisine de l’impuissance. Et i
864
anxiété secrète déjà voisine de l’impuissance. Et
il
est vrai que celui qui cède à cet attrait superficiel que presque tou
865
qu’il y a d’unique dans un être. Pourquoi ne peut-
il
désirer que la nouveauté dans la femme ? Et pourquoi désire-t-on du n
866
-t-on du nouveau, du nouveau à tout prix, quel qu’
il
soit ? Celui qui cherche, c’est qu’il n’a pas ; mais peut-être aussi
867
ix, quel qu’il soit ? Celui qui cherche, c’est qu’
il
n’a pas ; mais peut-être aussi qu’il n’est pas ? Celui qui a, vit de
868
he, c’est qu’il n’a pas ; mais peut-être aussi qu’
il
n’est pas ? Celui qui a, vit de sa possession et ne l’abandonne pas p
869
l’abandonne pas pour l’incertain, — entendez : s’
il
possède vraiment. Don Juan serait l’homme qui ne peut pas aimer, parc
870
e qu’aimer c’est d’abord choisir, et pour choisir
il
faudrait être, et il n’est pas. Mais le contraire n’est pas moins vra
871
ord choisir, et pour choisir il faudrait être, et
il
n’est pas. Mais le contraire n’est pas moins vraisemblable : Don Juan
872
ressemblance, toujours déçu par la réalité dès qu’
il
l’approche, et déjà s’élançant vers d’autres apparences, de plus en p
873
apparences, de plus en plus angoissé et cruel… S’
il
le trouvait, ce « type » de femme rêvé ! J’imagine cette métamorphose
874
tion d’amour, se muer en l’image de Tristan. Mais
il
ne trouvera pas. Il est Don Juan parce qu’on sait qu’il ne peut trouv
875
r en l’image de Tristan. Mais il ne trouvera pas.
Il
est Don Juan parce qu’on sait qu’il ne peut trouver, soit impuissance
876
trouvera pas. Il est Don Juan parce qu’on sait qu’
il
ne peut trouver, soit impuissance à se fixer, soit impuissance à se d
877
passion n’est pas toujours liée au sexe. Et même
il
faut se demander si la sensualité, précisément, ne serait pas le doma
878
ductive. Certes Don Juan est un tricheur, et même
il
ne vit que de cela. (La banque de pharaon était la source unique des
879
rce unique des revenus de Casanova : symbole dont
il
nous donne maintes fois la clé.) Mais une tricherie constante est moi
880
cesse d’être une habileté vulgaire et profitable.
Elle
peut devenir l’acte héroïque d’une loyauté sans scrupules, toutefois
881
s, toutefois ressentie comme un crime, du fait qu’
elle
institue un ordre neuf par le décret de sa rigueur. ⁂ Nietzsche s’est
882
e s’est dressé face au siècle. Et l’adversaire qu’
il
s’est choisi, c’est l’esprit de lourdeur, notre poids naturel, notre
883
oraliste un ennemi vigilant de l’instinct : car s’
il
le glorifie c’est par esprit de polémique, c’est qu’il veut forcer la
884
glorifie c’est par esprit de polémique, c’est qu’
il
veut forcer la nature autrement qu’on ne l’a fait jusqu’à lui. Polémi
885
nt déterminé par le bon et le juste — contre eux.
Il
va de défi en défi, excité puis exaspéré par le silence ou les lâchet
886
Les idées se retournent au caprice de l’esprit :
il
n’y a plus de vérité qui tienne. Les hommes se rendent ou tombent dan
887
première séduction d’une hypothèse scientifique.
Il
n’y a plus de foi qui affirme et qui maintienne en vertu de l’absurde
888
plus quelle est la fin ? Et toutes ces vérités qu’
ils
respectaient, voyez comme elles ont vite cédé ! Il faudra donc s’en p
889
utes ces vérités qu’ils respectaient, voyez comme
elles
ont vite cédé ! Il faudra donc s’en prendre à Dieu et à son Fils. Déj
890
s respectaient, voyez comme elles ont vite cédé !
Il
faudra donc s’en prendre à Dieu et à son Fils. Déjà « le Dieu moral e
891
e de l’invitation au Commandeur. Or Dieu se tait.
Il
ne relève pas le défi. Nietzsche attend dans la nuit désertique des h
892
ès la première possession. Pourquoi s’attarderait-
il
? Elles n’étaient excitantes pour l’esprit que par la fausse vertu qu
893
première possession. Pourquoi s’attarderait-il ?
Elles
n’étaient excitantes pour l’esprit que par la fausse vertu qu’on leur
894
fausse vertu qu’on leur prêtait. Mais aussitôt qu’
elles
ont trahi leur commune vulgarité, le triomphe perd toute saveur. Il f
895
commune vulgarité, le triomphe perd toute saveur.
Il
faut détruire maintenant les valeurs neuves qu’on avait inventées pou
896
leurs neuves qu’on avait inventées pour la lutte.
Il
faut rejeter avec dégoût ce que l’on désirait de toute sa fougue ; et
897
ictions » ! Ce n’est pas pour bâtir un système qu’
il
réfute, dénonce et détruit, c’est pour la joie du viol intellectuel.
898
à tout jamais, digne enfin de sa vraie passion !
Il
traque sans relâche tout ce qui bouge, tout ce qui s’arrête, tout ce
899
— fulgurations toujours décevantes : ce n’est pas
elle
qu’il vient de posséder… Ô haine de leurs vérités faibles ! La Vérité
900
ations toujours décevantes : ce n’est pas elle qu’
il
vient de posséder… Ô haine de leurs vérités faibles ! La Vérité est m
901
vérités faibles ! La Vérité est morte ! Revivra-t-
elle
? Car si ce Dieu est mort à tout jamais, il n’y a plus d’amour possi
902
-t-elle ? Car si ce Dieu est mort à tout jamais,
il
n’y a plus d’amour possible. Il faut inventer un amour qui permette a
903
rt à tout jamais, il n’y a plus d’amour possible.
Il
faut inventer un amour qui permette au moins de haïr tout ce qui pass
904
victoire sur le temps… Mais dans le temps, disait-
il
, Dieu est mort. Si Dieu est mort, c’est donc qu’il a vécu ? Dieu revi
905
l, Dieu est mort. Si Dieu est mort, c’est donc qu’
il
a vécu ? Dieu revivra éternellement ! Ainsi Nietzsche devient le Tris
906
Ainsi Nietzsche devient le Tristan d’un Destin qu’
il
ne peut posséder que par l’amour éternellement lointain. ⁂ Don Juan,
907
ointain. ⁂ Don Juan, tricheur, aime sans amour. S’
il
gagne, c’est en violant la vérité des êtres. Nietzsche pose des valeu
908
par ces règles et dans la mesure où l’on sent qu’
elles
les violent. Pour peu qu’il les impose, elles perdent leur sens, puis
909
re où l’on sent qu’elles les violent. Pour peu qu’
il
les impose, elles perdent leur sens, puisque le système qui les mesur
910
qu’elles les violent. Pour peu qu’il les impose,
elles
perdent leur sens, puisque le système qui les mesurait n’existe plus.
911
ien et le mal, par-delà toutes les règles du jeu,
il
faut qu’une passion se révèle ; ou la mort, ou la vie éternelle. Il f
912
sion se révèle ; ou la mort, ou la vie éternelle.
Il
faut donc que Don Juan disparaisse (car Don Juan ne gagnait qu’en tri
913
sse (car Don Juan ne gagnait qu’en trichant, et s’
il
n’y a plus de règles, on ne peut plus tricher). Voici peut-être la cl
914
s de ces choses à une amie : « J’ai connu, me dit-
elle
, un homme marié avec lequel ayant été coquette en vain, il me dit en
915
mme marié avec lequel ayant été coquette en vain,
il
me dit en me quittant : “Je vous ajoute à ma liste des mille e tre”.
916
liste des mille e tre”. » C’étaient les femmes qu’
il
n’avait pas eues, par fidélité à la sienne. Où est la tricherie ? Dan
917
uthentiques que ceux que nous pensions connaître.
Ils
n’ont pas été restaurés par les auteurs de manuels, ni patinés par no
918
platine d’une suprême élégance, la plus discrète,
il
a fallu brûler le mobilier, les souvenirs de famille datant du Moyen
919
de significations magiques. Ensuite, au xviiie ,
il
n’est resté que la nudité du décor. La discipline est devenue lésiner
920
du monde, et des rapports du monde à l’homme, qu’
il
s’agit de concevoir à nouveau, si l’on veut entrer dans ces rythmes,
921
resque enfoui sous des amas d’abstruse érudition.
Il
fallait être Schmidt pour découvrir dans ce grenier de notre poésie t
922
t pour en extraire un matériel encore utilisable.
Il
me semble d’ailleurs que ce travail apporte plus d’incitations aux cr
923
avail apporte plus d’incitations aux créateurs qu’
il
ne comble les amateurs de beaux poèmes oubliés. Toutes ces tentatives
924
des incitations très fécondes. Encore y faudrait-
il
une passion de culture que les facilités de l’après-guerre ont passab
925
ns celui de tel surréaliste. Mais notre monde est-
il
encore formulable en noms et en rythmes ? La science moderne ne tend-
926
n noms et en rythmes ? La science moderne ne tend-
elle
point à nous le rendre proprement inimaginable ? N’a-t-elle pas disso
927
à nous le rendre proprement inimaginable ? N’a-t-
elle
pas dissocié Nombre et Verbe au point de rendre puérile à nos yeux l’
928
sujet du Journal d’André Gide (janvier 1940)ar
Il
ne serait guère honnête, et moins encore adroit, de ne point avouer l
929
jugement. Gide a tant répété : Ne jugez pas ! qu’
il
a fini par se rendre lui-même littéralement « inestimable ». Comment
930
t à le fixer dans l’une ou l’autre des figures qu’
il
nous révèle au cours de ce Journal ; mais le malaise du critique comm
931
tique commence au-delà de ce premier piège évité.
Il
naît de la difficulté à découvrir l’intime hiérarchie qui trahirait l
932
side la cause des plus étranges contradictions qu’
il
subit ou qu’il entretient. (Jusqu’à masquer parfois de vraies fenêtre
933
es plus étranges contradictions qu’il subit ou qu’
il
entretient. (Jusqu’à masquer parfois de vraies fenêtres par excessive
934
êt que l’on prend à lire le Journal d’André Gide.
Il
est probable que, du seul point de vue de l’art, cet intérêt demeure
935
e va chercher derrière les formes et au-dessous d’
elles
, dans le tout venant de confidences fragmentaires, une vérité que les
936
es concertées avouaient peut-être beaucoup mieux.
Il
est probable aussi que le journal est un genre littéraire inférieur,
937
genre littéraire inférieur, pour cette raison qu’
il
est toujours trop facilement intéressant. Je ne le conçois, comme œuv
938
Si plus tard on publie mon journal, je crains qu’
il
ne donne de moi une idée assez fausse. Je ne l’ai point tenu durant l
939
« Si plus tard on publie mon journal… » Voilà qu’
il
y pourvoit lui-même. Et cependant, « donner de soi une idée fausse »,
940
’aucun autre. Est-ce vraiment pour le diminuer qu’
il
anticipe sur ce risque ? Ou pour déconcerter ses juges, qu’il leur re
941
sur ce risque ? Ou pour déconcerter ses juges, qu’
il
leur rend par avance toutes ses armes ? Mais ce serait un mauvais cal
942
ais plutôt que Gide est fasciné par l’obstacle qu’
il
veut éviter. Son horreur du malentendu l’entraîne à livrer au public
943
ements tout faits n’est plus seulement émouvant :
il
revêt la valeur d’une expérience cruciale sur les limites de la sincé
944
par altérer le naturel ; mais par son excès même,
elle
nous rend attentifs aux défauts réguliers de tout autoportrait. C’est
945
fois, le secret d’une vie s’épuise dans l’œuvre ;
il
ne reste pour le journal que les plus sèches notations (Byron, Stendh
946
de a marqué qu’une grave lacune mutile l’image qu’
il
nous y livre de lui-même53 —, il se peut qu’elles soient dites dans L
947
utile l’image qu’il nous y livre de lui-même53 —,
il
se peut qu’elles soient dites dans Les Cahiers d’André Walter, et sur
948
qu’il nous y livre de lui-même53 —, il se peut qu’
elles
soient dites dans Les Cahiers d’André Walter, et surtout dans La Port
949
ue souvent je n’ai pas cru devoir dire — parce qu’
elles
me paraissaient trop évidentes. » Si sincère qu’on se veuille en rela
950
e d’une formule, d’une épigramme sur tel ami dont
il
semble inutile de répéter chaque fois qu’on l’aime ? Ainsi l’on se pe
951
arder, on ne vit plus. Le regard, ici, crée ce qu’
il
cherche… » Or, en écrivant cela, Gide n’a-t-il point cédé à la tentat
952
qu’il cherche… » Or, en écrivant cela, Gide n’a-t-
il
point cédé à la tentation qu’il décrit ? Cercle vicieux de la sincéri
953
cela, Gide n’a-t-il point cédé à la tentation qu’
il
décrit ? Cercle vicieux de la sincérité. Ou bien l’on est banal pour
954
cipline plus grande encore que celle de l’œuvre :
il
faudrait s’imposer un rythme égal et sans lacunes, une relation autom
955
ie réelle n’y figure souvent qu’à la manière dont
elle
figure dans les rêves. Compensations, ratures, reprises d’actes manqu
956
Compensations, ratures, reprises d’actes manqués…
Il
s’agirait de savoir si la vraie vie est dans ce qu’on fait, ou dans c
957
upé de problèmes religieux. Mais d’une manière qu’
il
importerait de spécifier. ⁂ A-t-on remarqué jusqu’à quel point l’« an
958
le polémique contre les convertis-convertisseurs.
Il
faudrait voir que pour lui, le problème proprement religieux s’est po
959
e véracité « advienne que pourra ». Du moralisme,
il
a gardé sans doute une propension fondamentale à préférer à la lettre
960
ire et qualifie nos actions quotidiennes, fussent-
elles
non conformistes. Mais toute morale a bientôt fait de se muer à son t
961
rfois certains jugements de Gide sur la Réforme. (
Il
la confond souvent, me semble-t-il, avec l’image courante et fausse d
962
r la Réforme. (Il la confond souvent, me semble-t-
il
, avec l’image courante et fausse d’un Calvin inhumain, presque manich
963
ise sur le Saint-Esprit autant que sur le doute. (
Il
cite ce mot d’un catholique à un pasteur : « Vous, vous croyez, mais
964
caractéristique du protestantisme libéral tel qu’
il
se développa au siècle dernier. « Je l’ai souvent dit à Claudel : Ce
965
la libre pensée, c’est l’Évangile. » Mais n’y a-t-
il
pas, à l’origine de ce refus de toute église (tant reformée que catho
966
fort Kierkegaard. Gide répugne à paraître plus qu’
il
n’est, à affirmer plus qu’il ne croit. Il se décrit « forcé de s’asse
967
e à paraître plus qu’il n’est, à affirmer plus qu’
il
ne croit. Il se décrit « forcé de s’asseoir au culte de famille. Sa g
968
plus qu’il n’est, à affirmer plus qu’il ne croit.
Il
se décrit « forcé de s’asseoir au culte de famille. Sa gêne. L’horreu
969
sir de sauver une conception pure de la foi, dont
il
ne s’estimait pas digne, et qu’il confessait par là même. Gide paraît
970
de la foi, dont il ne s’estimait pas digne, et qu’
il
confessait par là même. Gide paraît surtout attentif à sa nature comp
971
oins les circonscrire dans un domaine privilégié.
Ils
nous contraignent parfois davantage qu’ils ne servent nos goûts natur
972
légié. Ils nous contraignent parfois davantage qu’
ils
ne servent nos goûts naturels, d’où le danger de didactisme que nous
973
que nous courons tous plus ou moins. À cet égard,
il
m’apparaît que la leçon de Gide, pour ceux de mon âge, est moins urge
974
ut-être, mais somme toute, assez gidienne encore.
Elle
n’exclut aucun revirement dans les générations qui nous suivront : je
975
n parle avec lui, ou qu’on écrit à son propos, qu’
il
faut se forcer pour n’abandonner point les positions auxquelles on ti
976
rejoint l’universel par les racines. C’est, comme
ils
disent, de la vraie « culture ». Il faut mettre hors de pair, dans ce
977
C’est, comme ils disent, de la vraie « culture ».
Il
faut mettre hors de pair, dans ce recueil, le Petit Ramusianum harmon
978
nt d’anniversaire. Quant au « message » du poète,
il
s’exprime surtout dans deux portraits photographiques de Germaine Mar
979
ez pas chercher derrière la forme, disait Goethe,
elle
est elle-même enseignement. » as. Rougemont Denis de, « [Compte re
980
ndre l’escalier. Je parle en le suivant d’un œil.
Il
s’arrête, il paraît attendre. Je pose le récepteur et nous sortons. N
981
er. Je parle en le suivant d’un œil. Il s’arrête,
il
paraît attendre. Je pose le récepteur et nous sortons. Nous voici sur
982
e « cela ne va plus » pour un appartement promis.
Il
dit encore (mais vraiment j’entends mal) : « Vous cherchez un studio
983
hez un studio ? » — « Oui, c’est exactement ce qu’
il
me faut. » Il a l’air étonné, puis amusé. Et, soudain, en se levant :
984
? » — « Oui, c’est exactement ce qu’il me faut. »
Il
a l’air étonné, puis amusé. Et, soudain, en se levant : « Eh bien ! s
985
voulez-vous ? » Alors, seulement, je comprends qu’
il
avait dit : « J’ai un studio… » Le lendemain matin, très tôt, nous ar
986
porte capitonnée qui donne sur la bibliothèque où
il
travaille, Gide apparaît en robe de chambre grise, le corps un peu ta
987
ain barrée d’un sourire mince et pourtant amical.
Il
fait très chaud. De ses poches, il tire deux bouteilles de bière et n
988
urtant amical. Il fait très chaud. De ses poches,
il
tire deux bouteilles de bière et nous les offre. Au milieu du studio
989
s. « Tout cela s’est arrangé si soudainement, dit-
il
, c’est inquiétant. Cela me ferait presque croire à la Providence !… M
990
vous habitez ici, qu’est-ce qu’on va dire ?… » Et
il
répète, à travers ses dents serrées : « Qu’est-ce qu’on va dire ?… »
991
de pertinence. Tous les matins, vers onze heures,
il
viendra entrouvrir la porte capitonnée, en s’annonçant par un profond
992
chez lui pour quelques instants. Et, chaque fois,
il
orientera la conversation vers des sujets religieux ou même théologiq
993
comme si c’était précisément pour m’en parler qu’
il
m’offrait l’hospitalité. Saint Paul reste sa bête noire. Et l’idée mê
994
reste sa bête noire. Et l’idée même d’orthodoxie.
Il
nie vivement que le terme d’orthodoxie protestante puisse avoir un se
995
it généralement en France.) Les gênes fécondes qu’
il
demandait jadis qu’on rende à l’art, la « critique dogmatique » des g
996
n passe à l’ordre spirituel. Peut-être ne songe-t-
il
qu’à la morale ? « En somme, lui dis-je, vous vous en tenez au protes
997
aimais bien. » Vite lassé par les débats d’idées,
il
semble répugner à toute pensée qui par le style d’abord ne l’ait sédu
998
pensée qui par le style d’abord ne l’ait séduit.
Il
me parle souvent des Variations de Bossuet, avec une vive admiration,
999
vive admiration, mais se refuse à Kierkegaard, qu’
il
juge « trop long ». Marquant ainsi bien franchement ses limites, et l
1000
r-là que Gide passait la prudence dans l’aveu, qu’
il
me disait ce qu’il ne pouvait dire, et n’a peut-être jamais répété. L
1001
it la prudence dans l’aveu, qu’il me disait ce qu’
il
ne pouvait dire, et n’a peut-être jamais répété. La conversation s’en
1002
ersation s’engage sur L’Amour et l’Occident , qu’
il
est en train de lire, et dont il me déclare, à ma profonde surprise,
1003
l’Occident , qu’il est en train de lire, et dont
il
me déclare, à ma profonde surprise, qu’il y trouve une explication de
1004
et dont il me déclare, à ma profonde surprise, qu’
il
y trouve une explication des « erreurs de sa vie de jeune homme ». En
1005
ltueuses, coupées de silences et de reniflements,
il
se met à parler sur « le drame de sa vie ». Jeune homme épris et puri
1006
drame de sa vie ». Jeune homme épris et puritain,
il
a voulu disjoindre l’amour et le plaisir. Il croyait que « l’amour hé
1007
ain, il a voulu disjoindre l’amour et le plaisir.
Il
croyait que « l’amour hétérosexuel » était d’autant plus pur que rien
1008
si que je me suis complètement blousé », répète-t-
il
en accentuant, circonflexant le dernier mot. Ce qui l’a souvent frapp
1009
’homme ». Plusieurs, mariées, lui ont confié « qu’
elles
tenaient la libido de leur mari pour quelque chose de morbide. “Cela
1010
rbide. “Cela recommence tout le temps !” disaient-
elles
». Il hoche la tête, trouve cela très curieux, n’est-ce pas ? — un éc
1011
ela recommence tout le temps !” disaient-elles ».
Il
hoche la tête, trouve cela très curieux, n’est-ce pas ? — un éclair d
1012
as ? — un éclair de malice au coin de l’œil. Puis
il
a quelques phrases obscures, apparemment contradictoires avec ce qu’i
1013
obscures, apparemment contradictoires avec ce qu’
il
vient de me dire : « J’ai trop longtemps gardé cette illusion que la
1014
séquences. J’ai été assez bête pour croire cela !
Il
ne faut jamais croire ce qu’elles nous disent. » Il a pris une expres
1015
pour croire cela ! Il ne faut jamais croire ce qu’
elles
nous disent. » Il a pris une expression angoissée et crispée. « Je vo
1016
ne faut jamais croire ce qu’elles nous disent. »
Il
a pris une expression angoissée et crispée. « Je vous parle très sinc
1017
ique, — une terrible erreur d’aiguillage ! » Puis
il
tousse, se plaint de fumer trop, et de n’arriver point à se contraind
1018
river point à se contraindre. Les jours suivants,
il
me donne à lire, par paquets, les épreuves de son Journal en cours d’
1019
sur lequel je vais écrire un article pour la NRF.
Il
insiste comme il sait insister sur les suppressions qu’il y a faites.
1020
s écrire un article pour la NRF. Il insiste comme
il
sait insister sur les suppressions qu’il y a faites. Tout ce qui conc
1021
oncerne intimement sa femme — « le seul être, dit-
il
, que j’ai vraiment aimé » — tous ces passages ont été coupés. On les
1022
s passages ont été coupés. On les lira plus tard.
Il
les a recopiés dans deux cahiers gris d’écolier. Un soir, il vient m’
1023
copiés dans deux cahiers gris d’écolier. Un soir,
il
vient m’avertir qu’il compte s’absenter pour huit jours. Mais son stu
1024
rs gris d’écolier. Un soir, il vient m’avertir qu’
il
compte s’absenter pour huit jours. Mais son studio me restera ouvert
1025
rases, Littré. Et quelquefois, littérature. (Mais
il
s’en détachait visiblement, n’admirant plus, avec quelque ferveur, qu
1026
t plus, avec quelque ferveur, que les ouvrages qu’
il
se sentait le plus incapable d’écrire : ceux d’un Marcel Aymé, d’un S
1027
ymé, d’un Simenon.) À Berne, pendant un déjeuner,
il
s’enquit avec insistance de mon opinion sur Strindberg, et je lui fis
1028
ant surtout de la question. Huit jours plus tard,
il
recevait le prix Nobel. Chez Richard Heyd, un soir, à Neuchâtel, l’on
1029
enait bien personnel, et proposa des bouts-rimés.
Il
y excellait. ⁂ Peu d’hommes m’ont donné l’impression que le problème
1030
chez les uns ; et chez les autres résolu, croient-
ils
. Je ne dis pas qu’il torturait Gide, hors quelques crises dont nous a
1031
les autres résolu, croient-ils. Je ne dis pas qu’
il
torturait Gide, hors quelques crises dont nous avons les témoignages,
1032
ques crises dont nous avons les témoignages, mais
il
restait, pour lui, problème. Gide avait peu d’instinct religieux, et
1033
ux, et moins encore de goût pour la métaphysique.
Il
préférait ce qu’il jugeait important à ce que d’autres jugent profond
1034
de goût pour la métaphysique. Il préférait ce qu’
il
jugeait important à ce que d’autres jugent profond. Son défaut de sen
1035
ie pas un instant son lyrisme.) Et c’est ainsi qu’
il
réussit à remplacer le tragique par la perplexité. Tout cela peut écl
1036
polémique inlassable contre l’orthodoxie telle qu’
il
l’imaginait et dans laquelle il voyait (par erreur) la sanction d’une
1037
thodoxie telle qu’il l’imaginait et dans laquelle
il
voyait (par erreur) la sanction d’une certaine éthique ; la conversio
1038
s données biographiques ne font point une nature.
Elles
expliquent simplement l’insistance du problème aux stades les plus va
1039
on la connaissance pure, ni le mystère. Réduisait-
il
la religion à la morale ? Je pense plutôt que la morale était le lieu
1040
la morale était le lieu de son vrai drame, et qu’
il
ne pouvait approcher la religion que dans ce drame. Ainsi, devenir ou
1041
saint lui paraissait la tricherie même, tandis qu’
il
eût admis la sainteté sans foi. Que dis-je ? Il l’a souhaitée express
1042
u’il eût admis la sainteté sans foi. Que dis-je ?
Il
l’a souhaitée expressément. Mais comment définir un saint qui ne croi
1043
ni hindou, sans mystique, ni mystère ? Ne serait-
il
pas un homme tout à fait plat, réduit à quelques partis pris éthiques
1044
it, le reliait, au monde du christianisme, même s’
il
en refusait les dimensions profondes. J’ai dit qu’il se méfiait d’une
1045
en refusait les dimensions profondes. J’ai dit qu’
il
se méfiait d’une certaine « profondeur » qui mesure parfois la distan
1046
antisme. Gide recherchait plutôt la rectitude, qu’
il
tenait pour la vérité. Il lui arrivait ainsi de s’arrêter à la logiqu
1047
plutôt la rectitude, qu’il tenait pour la vérité.
Il
lui arrivait ainsi de s’arrêter à la logique exotérique d’un texte, d
1048
nnaissances bibliques me stupéfiaient. L’usage qu’
il
en faisait me semblait décevant. Là où Claudel prend son élan pour ca
1049
our l’Évangile, et cela jusque dans les années où
il
doutait de l’existence de Dieu. Mais il croyait à l’homme individuel,
1050
années où il doutait de l’existence de Dieu. Mais
il
croyait à l’homme individuel, et cette croyance est née de la synthès
1051
croyance est née de la synthèse du christianisme.
Elle
n’existe pas hors de lui, et n’est pas explicable sans lui. (Je ne di
1052
n’est pas explicable sans lui. (Je ne dis pas qu’
elle
soit chrétienne pour autant.) Gide était individualiste. Savons-nous
1053
rti. C’est pourquoi le problème religieux, tel qu’
il
se pose au monde christianisé, et à lui seul, libéré de l’empire des
1054
ont pas de l’ordre des mérites. Et c’est pourquoi
il
est écrit : « Ne jugez pas ! » J’avoue que je comprends mal, ou plutô
1055
s et prolongées après sa mort, dans notre siècle.
Elles
ne sont ni chrétiennes ni simplement honnêtes. « Le Seigneur seul con
1056
qu’un de plus vient renforcer notre parti, et qu’
il
n’est pas le premier venu. C’est usurper la place du Juge, ou mêler v
1057
ns la religion. Le vrai croyant demain, ne sera-t-
il
pas celui qui osera dire : « Je ne crois pas ! » quand l’État contre
1058
l’homme invoquera les Nécessités de l’Histoire ?
Il
n’est pas de vraie foi sans vrai doute, plus qu’il n’est de lumière s
1059
l n’est pas de vraie foi sans vrai doute, plus qu’
il
n’est de lumière sans ombre. Et je n’entends pas dire que Gide fut un
1060
n’entends pas dire que Gide fut un croyant, mais
il
reste un douteur exemplaire. at. Rougemont Denis de, « Un complot
1061
identale (mars 1957)au Pourquoi l’Europe a-t-
elle
créé les sciences physiques, conçu l’Histoire et découvert la Terre ?
1062
ns ont trouvé mieux peut-être, mais pas cela. Est-
il
possible d’attribuer aux « inventions » les plus typiques de l’Occide
1063
Dieu, c’est-à-dire depuis la création de l’homme,
il
ne s’est écoulé que six ou huit-mille ans. » Cuvier partage ces vues,
1064
i dira mieux ? — c’est au moins six-cent-mille qu’
il
conviendrait d’admettre. Centupler brusquement l’âge de l’humanité pe
1065
l’Histoire est caractéristique de l’Occident, et
il
y tourne même à l’obsession si l’on en juge par notre siècle, tandis
1066
ssion si l’on en juge par notre siècle, tandis qu’
il
a toujours manqué aux Orientaux avant qu’ils aient subi notre influen
1067
is qu’il a toujours manqué aux Orientaux avant qu’
ils
aient subi notre influence55. Toute réflexion sur l’Aventure occident
1068
rique au sens exact qu’en vertu de son unicité. S’
il
pouvait se répéter, revenir comme les saisons, il n’appartiendrait pa
1069
il pouvait se répéter, revenir comme les saisons,
il
n’appartiendrait pas à l’Histoire, mais au Mythe. De même l’individu
1070
l’unicité que lui confère sa vocation, autrement
il
est vu comme une répétition, grain de poussière isolé d’un univers ab
1071
corps magique sans fin. Combien d’individus sont-
ils
donc nés et morts depuis qu’il y a des hommes sur cette planète ? Si
1072
viendrait notre malaise ? Comment ne pas voir qu’
il
serait intimement lié, chez ceux qui l’éprouveraient, au sens de la p
1073
s, et presque toutes décrivent un temps cyclique.
Elles
croient aussi à la métempsycose, à l’astrologie et aux castes. Tout c
1074
solument toute espèce de doctrine de l’Histoire :
il
annonce la Résurrection, qui est victoire sur le temps comme sur la m
1075
ouvert le temps irréversible de l’Histoire, et qu’
ils
ont osé l’accepter. La prédication paulinienne, avec son insistance e
1076
Confessions. 3. Du Mythe à l’Histoire Mais
il
reste à mieux voir comment l’homme, délivré des « religions » par la
1077
den, âge d’or, enfance — vécus ou imaginaires. Et
il
est lié à la menace toujours instante des catastrophes imprévisibles
1078
et de leur injustice d’autant plus scandaleuse qu’
elle
apparaît « sans précédent », vraiment nouvelle, et donc dénuée de sen
1079
a d’autre recours que d’attribuer un sens à ce qu’
il
subit sans l’avoir « mérité ». Au scandale des souffrances et de la m
1080
ité ». Au scandale des souffrances et de la mort,
il
ne répondra point par une révolte vaine, pure démence à ses yeux de G
1081
est plus la souffrance qui est vaine, dès lors qu’
elle
prend un sens exemplaire dans le Mythe, mais c’est le temps lui-même
1082
est le temps lui-même qui perd sa réalité, puisqu’
il
n’apporte plus d’absolue nouveauté, ni par conséquent de scandale. (L
1083
de scandale. (L’homme d’aujourd’hui, qui croit qu’
il
ne croit plus à rien, mime encore ce mouvement de la sagesse mythique
1084
encore ce mouvement de la sagesse mythique, quand
il
dit pour se rassurer que « l’histoire se répète », ou plus familièrem
1085
otections de l’âme contre le temps de l’Histoire.
Il
s’agit d’un vrai fait, non plus d’un avatar ni de l’épiphanie d’un ar
1086
ire à la grâce de Dieu, mais aussi à la liberté ;
il
devient responsable de son temps sur la Terre. Ce serait intolérable
1087
et d’inventer contre le temps d’autres défenses.
Il
essaiera d’abord de mythifier le Christ en niant sa parfaite humanité
1088
e la végétation ou des étoiles. Et peut-être faut-
il
rattacher à cette même tendance naturelle la propension croissante du
1089
ise s’installe, et les Barbares se convertissent.
Il
va falloir trouver les moyens de penser cette durée non prévue, désor
1090
intervient dans la seconde par des actes libres,
elle
n’y détermine pas une loi d’évolution. Le Moyen Âge ira beaucoup plus
1091
e jusqu’aux abords de la Renaissance. Et dès lors
elle
ira se précisant, mais dans le même cadre indiscuté (d’où les excès q
1092
scuté (d’où les excès qu’on signalait plus haut).
Elle
ne sera vraiment bouleversée qu’à la fin du xixe siècle. Relevons ic
1093
e la Passion unique : « sous Ponce Pilate », mais
il
se tait sur celle du Jugement dernier, « car nous ne savons ni le jou
1094
ignent, s’y conforme de plus en plus, à mesure qu’
il
s’éloigne du mythe. Il n’en reste pas moins que l’extension soudaine
1095
plus en plus, à mesure qu’il s’éloigne du mythe.
Il
n’en reste pas moins que l’extension soudaine des dimensions de l’His
1096
n soudaine des dimensions de l’Histoire, telle qu’
elle
vient de se produire au xxe siècle, provoque une crise profonde de l
1097
n coup (dans l’espace d’une quarantaine d’années)
il
se révèle que notre humanité n’a pas derrière elle six-mille ans, mai
1098
il se révèle que notre humanité n’a pas derrière
elle
six-mille ans, mais probablement six-cent-mille. Et que la Terre, ave
1099
de la vérité que celle du Moyen Âge « chrétien ».
Il
en résulte une suite de conséquences qui jouent en fait — mais je ne
1100
, grandit d’autant qu’à cette échelle multipliée,
elles
demeurent seules visibles et concevables. L’individu, en revanche, di
1101
porains, prend la place de la Providence, bien qu’
elle
n’en revête ni la justice ni la bonté. Bossuet, dans l’Abrégé de l’Hi
1102
maîtresse de la vie humaine et de la politique ».
Il
s’agit de préparer le Dauphin, son élève, à sa future tâche de roi. C
1103
Mais l’Histoire aujourd’hui n’est plus un conte,
elle
se distingue absolument de son récit. Elle ne concerne plus le passé,
1104
conte, elle se distingue absolument de son récit.
Elle
ne concerne plus le passé, ni ses « leçons », qu’on pourrait aussi bi
1105
es « leçons », qu’on pourrait aussi bien ignorer.
Elle
est tout autre chose : le devenir présent. Elle est plus vraie que no
1106
. Elle est tout autre chose : le devenir présent.
Elle
est plus vraie que nous, qui ne faisons que l’habiter pour un atome d
1107
ue l’habiter pour un atome de temps insignifiant.
Elle
est devenue le cours de la réalité, où ce qu’il y a de plus réel, c’e
1108
de l’action d’un pays ou de l’option d’un homme,
il
n’est donc plus question de demander si c’est « vrai ». C’est « dans
1109
je dans l’Histoire ? Es-tu dans l’Histoire ? Sont-
ils
dans l’Histoire ? ainsi conjugue une bonne partie de l’intelligentsia
1110
’intelligentsia occidentale du xxe siècle. Comme
il
est clair qu’on ne peut pas « être » dans l’Histoire rédigée par les
1111
l’Histoire rédigée par les historiens, on voit qu’
il
s’agit d’autre chose : non de mémoire mais d’attitude actuelle, et no
1112
on la distinguer encore du temps lui-même ? N’est-
elle
pas simplement une manière de le penser qui le ferme à toute transcen
1113
ue l’homme tout entier soit uniquement du monde :
elle
le coupe de l’esprit. Ce faisant, elle nie la personne, car la person
1114
du monde : elle le coupe de l’esprit. Ce faisant,
elle
nie la personne, car la personne se fonde dans ce qui juge le temps,
1115
n personnelle. Rien d’étonnant si l’homme, dès qu’
il
croit cette Histoire, se découvre impuissant devant elle et en elle :
1116
oit cette Histoire, se découvre impuissant devant
elle
et en elle : rien n’est plus répandu que ce sentiment anxieux dans l’
1117
istoire, se découvre impuissant devant elle et en
elle
: rien n’est plus répandu que ce sentiment anxieux dans l’intelligent
1118
r dans l’ensemble de l’Aventure occidentale ? Est-
elle
le signe annonciateur d’une fin lugubre, ou seulement d’une crise de
1119
fatalisme. Comment l’Histoire et la personne ont-
elles
pu devenir exclusives l’une de l’autre, alors qu’elles sont nées en m
1120
pu devenir exclusives l’une de l’autre, alors qu’
elles
sont nées en même temps d’un même acte libérateur ? Mais, d’abord, es
1121
ps d’un même acte libérateur ? Mais, d’abord, est-
il
sûr que la croyance moderne à l’Histoire comme devenir tout-puissant
1122
chrétienne devant le temps ? Notre époque aurait-
elle
simplement l’esprit « plus historique » que toutes les précédentes ?
1123
historique » que toutes les précédentes ? Oui, s’
il
s’agit du goût de connaître le passé, plus répandu que jamais dans le
1124
au passé dans un livre. Mais la réponse est non s’
il
s’agit de cette Histoire dans le « sens » de laquelle on nous dit qu’
1125
toire dans le « sens » de laquelle on nous dit qu’
il
faut « être » de toute nécessité, sous peine de n’être pas. Celle-ci
1126
ait certaine et serait bonne. Mais encore fallait-
il
croire à l’Apocalypse. D’ici là, nul soutien que la foi. À ce risque
1127
l’espace ni le temps, et, lorsque au xxe siècle
ils
se dilatent soudain au-delà de tout ce que notre esprit peut se figur
1128
e du temps se manifeste alors par la manière dont
il
décide d’identifier au devenir l’être et la vérité elle-même. Solutio
1129
, etc., échappent à ses prises et l’enserrent — «
il
ne se retrouve plus » et démissionne. Que l’Histoire décide à ma plac
1130
ans espoir de salut individuel58 — je pressens qu’
ils
trahissent un dépit amoureux au moins autant qu’un fléchissement réel
1131
: mais on ne croit plus, on n’ose plus croire qu’
elle
puisse répondre, c’est-à-dire être responsable. Derrière ce masochism
1132
on voudrait imposer. Les communistes affirment qu’
ils
sont les instruments du sens inévitable de l’Histoire, légitimant la
1133
es par Karl Marx n’ont jamais prévu rien de tel ;
elles
permettent simplement au Dictateur d’accréditer son utopie. Si le san
1134
usqu’à l’hypothéquer sur des millions de crimes ?
Elle
vient de notre angoisse devant le temps. Anticiper l’avenir, c’est te
1135
s chez les totalitaires : ce sont les mêmes, mais
ils
s’en félicitent. Et les unes comme les autres, redoutées ou voulues,
1136
e de l’historicité initiée par le christianisme :
il
suffit que la foi faiblisse, ou que le défi du temps paraisse insurmo
1137
table. L’utopie est recul devant le temps ouvert,
elle
refuse d’affronter cette situation béante qui fut celle des premiers
1138
béante qui fut celle des premiers chrétiens, mais
elle
en reste tributaire — et c’est pourquoi l’Orient ne produit pas d’uto
1139
s d’utopies. Concevoir une utopie et agir d’après
elle
, massacrer pour hâter sa venue bienfaisante, c’est projeter notre ang
1140
e. L’Occident, succombant au Devenir déifié, va-t-
il
se mettre hors d’état de faire l’Histoire ? Ou, surmontant le vertige
1141
ongé sa science par une mutation brusque, saura-t-
il
en tirer une liberté nouvelle ? Je céderais à la tentation que j’ai d
1142
— est la terreur de tous les « Moyen Âge ». Quand
elle
survient, quand on se voit contraint d’innover pour sauver sa peau ou
1143
ume, et l’on prétend « renouveler la tradition ».
Il
suffit qu’une charte, une coutume, un usage ait vingt-cinq ou trente
1144
u’on l’invoque sous le nom de « tradition ». 58.
Il
faut alors, de toute nécessité, que le succès temporel prenne la plac
1145
le succès temporel prenne la place du salut et qu’
il
tienne lieu de but suprême. Succès individuel ou collectif d’ailleurs
1146
s cadres rassurants ; d’autant plus rassurants qu’
ils
sont rigides, mais de là vient précisément leur malfaisance. au. Ro
1147
passion dans le Tiers Monde, ce n’est pas ce dont
il
vivait, c’est ce qui manquait à nos élites, ou qu’elles ne savaient p
1148
vivait, c’est ce qui manquait à nos élites, ou qu’
elles
ne savaient plus trouver dans notre foi. Ce que le tiers-monde nous e
1149
me temps que leur misère, qui en était la rançon.
Ils
adoptent nos formes sociales, nos procédés de gouvernement et nos tec
1150
re et désormais inévitable, pour si mal engagé qu’
il
soit, porte sur l’homme et sa définition. S’il est vrai que l’Orient
1151
qu’il soit, porte sur l’homme et sa définition. S’
il
est vrai que l’Orient nie le moi, qui est une valeur centrale pour l’
1152
moi, qui est une valeur centrale pour l’Occident,
il
doit en résulter d’infinies conséquences dans tous les domaines du ré
1153
un Dieu personnel, donc créé par une vocation, et
il
ne tombe pas sous le sens comme le « vieil homme », puisque sa vie «
1154
e de personne, forgé par la doctrine trinitaire ;
il
s’appliquera de mieux en mieux à l’homme nouveau, à l’ens sibi suscit
1155
Pour Descartes, le vrai moi c’est « l’âme », mais
il
s’agit d’une âme tout intellectuelle, dont « la nature n’est que de p
1156
a science d’aujourd’hui, dont on a pu penser « qu’
elle
n’aborde le moi que pour le disjoindre60 », il me semble plutôt qu’el
1157
’elle n’aborde le moi que pour le disjoindre60 »,
il
me semble plutôt qu’elle élague le vrai moi, qu’elle en disjoint ce q
1158
ue pour le disjoindre60 », il me semble plutôt qu’
elle
élague le vrai moi, qu’elle en disjoint ce qui appartient en propre a
1159
l me semble plutôt qu’elle élague le vrai moi, qu’
elle
en disjoint ce qui appartient en propre au collectif (l’inconscient,
1160
rannisé par la Loi) et le spirituel libérateur. S’
il
est vrai que le langage courant confond sans l’ombre d’un scrupule la
1161
s l’ombre d’un scrupule la personne et tout ce qu’
elle
n’est pas — l’individu, la persona, la « forte individualité », l’âme
1162
e la personne dès maintenant libérée du monde, où
elle
vit encore en exil, mais « héritière du Royaume », dès maintenant « p
1163
ndividuel ou collectif. Pour les sages de l’Iran,
il
est ce moi. Barakat, juif passé à l’islam, écrit en 1165 : « … pour c
1164
onforte, les fait triompher, et c’est cet être qu’
ils
appelaient Nature parfaite. » C’est le vrai moi, c’est l’Ange. « Il n
1165
re parfaite. » C’est le vrai moi, c’est l’Ange. «
Il
ne s’agit plus du simple messager transmettant les ordres, ni de l’id
1166
la forme sous laquelle Dieu le connaît, parce qu’
elle
est la forme sous laquelle Dieu se révèle à soi-même en lui. C’est la
1167
lus entre eux que les peuples de l’Europe, mais s’
il
est une croyance qu’ils ont tous en commun c’est la croyance à la mét
1168
euples de l’Europe, mais s’il est une croyance qu’
ils
ont tous en commun c’est la croyance à la métempsycose, à la transmig
1169
la métempsycose, à la transmigration des âmes. Or
elle
nous semble à première vue impliquer comme allant de soi la croyance
1170
c’est bien plutôt à notre idée de la personne qu’
ils
opposent leur idée du non-moi. Le vrai malentendu se serait-il instau
1171
eur idée du non-moi. Le vrai malentendu se serait-
il
instauré entre eux et nous ? Entre cela qu’ils pensent que nous croyo
1172
ait-il instauré entre eux et nous ? Entre cela qu’
ils
pensent que nous croyons lorsque nous affirmons le moi réel, et cela
1173
ffirmons le moi réel, et cela que nous pensons qu’
ils
croient en le niant ? Nous avancerons peut-être un peu en cherchant à
1174
connues. Dès les premiers commentaires aux Vedas,
il
apparaît que la négation du moi porte d’abord contre le moi « phénomé
1175
et les premiers écrits canoniques du bouddhisme :
il
faut éteindre le désir individuel, cause de l’erreur, des souffrances
1176
ière entre l’âme et la Réalité. On peut penser qu’
il
s’agit bien ici de la même « mort au monde et à soi-même » que le Chr
1177
e mais « obscurcie » par son union avec le corps.
Elle
doit tendre à se libérer du phénomène individuel au lieu que l’âme ch
1178
sfigurer, — d’où la « résurrection de la chair ».
Il
en va de même pour le bouddhisme originel. Qu’est-ce que l’homme ? Un
1179
ent de la philosophie bouddhiste », comprenons qu’
il
s’agit pour lui d’une expérience rigoureusement spirituelle. En somme
1180
rai moi, qui est notre répondant céleste. Et faut-
il
qu’il existe et qu’il soit fort, ce moi qu’on répute illusoire, pour
1181
i, qui est notre répondant céleste. Et faut-il qu’
il
existe et qu’il soit fort, ce moi qu’on répute illusoire, pour qu’un
1182
répondant céleste. Et faut-il qu’il existe et qu’
il
soit fort, ce moi qu’on répute illusoire, pour qu’un des buts majeurs
1183
eu près les mêmes phrases) : « Nagasena, existe-t-
il
un être qui transmigre de ce corps dans un autre ? — Non, il n’y en a
1184
qui transmigre de ce corps dans un autre ? — Non,
il
n’y en a point. — S’il n’y a pas de transmigration, peut-il y avoir u
1185
rps dans un autre ? — Non, il n’y en a point. — S’
il
n’y a pas de transmigration, peut-il y avoir une réincarnation ? — Ou
1186
ci l’explication : « Le Roi dit : Nagasena, y a-t-
il
quelqu’un qui ne reprenne point l’individualité après la mort ? Naga
1187
té, mais non un être pur. — Ô Nagasena, dis-moi s’
il
existe rien de semblable à l’âme ? — Il n’y a rien de semblable à l’â
1188
dis-moi s’il existe rien de semblable à l’âme ? —
Il
n’y a rien de semblable à l’âme.70 » Un texte zen chinois surenchérit
1189
e.70 » Un texte zen chinois surenchérit : « Y a-t-
il
un enseignement à donner au peuple ? — Oui. Lequel ? — Il n’y a ni es
1190
seignement à donner au peuple ? — Oui. Lequel ? —
Il
n’y a ni esprit, ni Bouddha, ni aucune chose qui existe. » (Mais on n
1191
l’extase. Quant aux bouddhistes zen, on dirait qu’
ils
s’en tiennent à la stase pure et simple : faire face au fait, signe d
1192
er la vision. Tout l’Orient exagère ses formules.
Il
dit cent-mille-millions pour dire beaucoup ; absolue négation, pour d
1193
ur dire beaucoup ; absolue négation, pour dire qu’
il
faut se méfier, et immortalité pour dire longévité. Notre hygiène, au
1194
tinctions s’expliquent de la même manière. » Puis
il
ajoute : « Si le disciple est exceptionnellement doué, le maître ne t
1195
me — et certainement le mazdéisme et les soufis :
il
s’agit d’une seule quête de l’esprit, dont le Graal, ou l’Ange, est :
1196
ogie plus ou moins « scientifique » de ce siècle,
il
semblerait que les négations du moi selon les écoles orientales corre
1197
ment aux névroses de la psychanalyse freudienne :
elles
seraient autant de « rationalisations » des attitudes « dysfonctionne
1198
de sa vie : selon (cet amour) se fait son ciel, s’
il
est bon, ou son enfer, s’il est mauvais », dit Swedenborg dans La Nou
1199
) se fait son ciel, s’il est bon, ou son enfer, s’
il
est mauvais », dit Swedenborg dans La Nouvelle Jérusalem. Et dans De
1200
org dans La Nouvelle Jérusalem. Et dans De Coelo,
il
ajoute : « Le corps de chaque esprit et de chaque ange est la forme d
1201
subtile mais précise par la forme des rapports qu’
elles
imaginent entre le moi naturel et le vrai moi, c’est-à-dire selon les
1202
l’homme ni l’amour ne seraient même concevables.
Il
ne s’agit ici ni du dualisme trop facilement nommé manichéen, opposan
1203
Paul ; mais, préalablement à tout jugement moral,
il
s’agit de la reconnaissance d’une bipolarité, d’une tension permanent
1204
vrai moi ». (L’individu n’est pas le mal en soi :
il
ne devient mauvais que dans la seule mesure où il se referme sur soi,
1205
il ne devient mauvais que dans la seule mesure où
il
se referme sur soi, c’est-à-dire se refuse à l’amour. Et de même le «
1206
ême le « vrai moi » n’est pas le bien en soi, car
il
peut devenir un monstre.) Pour aimer, il faut être deux, dit la sages
1207
soi, car il peut devenir un monstre.) Pour aimer,
il
faut être deux, dit la sagesse des nations. Et cela vaut d’abord pour
1208
i moi seul peut aimer le prochain, parce que seul
il
discerne en l’autre le même amour. « Aimer, c’est soutenir, deviner,
1209
lus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’
il
aime. » Se sacrifier pour l’autre aimé, c’est d’abord sacrifier son m
1210
lime, et la problématique de l’Occident chrétien.
Il
conditionne aussi les déviations de l’amour et les formes particulièr
1211
universelles, mais ici spécifiées à tel point qu’
il
devient parfois impossible d’en reconnaître ailleurs les homologues.
1212
ais comment l’amour fasciné par le désir de ce qu’
il
aime peut-il haïr vraiment ce qu’il lui sacrifie ? Le masochisme n’es
1213
’amour fasciné par le désir de ce qu’il aime peut-
il
haïr vraiment ce qu’il lui sacrifie ? Le masochisme n’est-il pas le m
1214
ésir de ce qu’il aime peut-il haïr vraiment ce qu’
il
lui sacrifie ? Le masochisme n’est-il pas le moment de retombement de
1215
iment ce qu’il lui sacrifie ? Le masochisme n’est-
il
pas le moment de retombement de l’âme frustrée, quand l’esprit qui l’
1216
se de la diriger dans son élan vers le vrai moi ?
Elle
voulait l’ange. Il lui reste la nostalgie d’une fuite hors du moi nat
1217
son élan vers le vrai moi ? Elle voulait l’ange.
Il
lui reste la nostalgie d’une fuite hors du moi naturel. Désormais le
1218
ieil homme est jugé : n’ayant pu l’entraîner avec
elle
vers son bien et l’animer de son amour, l’âme l’accuse de volonté mau
1219
n amour, l’âme l’accuse de volonté mauvaise. Mais
elle
sait bien qu’ils ont partie liée, et qu’elle mourra si elle le tue. E
1220
ccuse de volonté mauvaise. Mais elle sait bien qu’
ils
ont partie liée, et qu’elle mourra si elle le tue. Elle se contente a
1221
Mais elle sait bien qu’ils ont partie liée, et qu’
elle
mourra si elle le tue. Elle se contente alors de le maudire, de le tr
1222
bien qu’ils ont partie liée, et qu’elle mourra si
elle
le tue. Elle se contente alors de le maudire, de le traiter en « corp
1223
nt partie liée, et qu’elle mourra si elle le tue.
Elle
se contente alors de le maudire, de le traiter en « corps de mort »,
1224
de cette manière ne peut pas aimer le prochain :
il
ne peut voir en lui que son semblable — un corps « vil » et une âme q
1225
son autonomie. Si le corps lui paraît désirable,
il
sera parfois tenté d’attribuer ce mouvement, né de l’instinct, à la r
1226
tée jusqu’à la mystique de l’ascèse autopunitive,
elle
finit par confondre avec les exigences de la mort au faux-moi, l’inst
1227
nsfigurant, Nietzsche n’écrit pas sans raison : «
Il
faut craindre celui qui se hait lui-même, car nous serons les victime
1228
oi et se dirige vers le vrai moi de l’autre. Mais
il
peut arriver qu’il s’arrête en chemin, que son élan vers la personne
1229
s le vrai moi de l’autre. Mais il peut arriver qu’
il
s’arrête en chemin, que son élan vers la personne singulière retombe
1230
individuel, du générique. Capté par l’instinct qu’
il
excite au-delà des exigences naturelles, il ira fatalement s’épuiser
1231
ct qu’il excite au-delà des exigences naturelles,
il
ira fatalement s’épuiser dans l’illusoire multiplicité des « aventure
1232
contre les conventions de la morale commune — qu’
il
est déjà trop « spirituel » pour respecter — mais aussi contre le res
1233
ntre le respect du mystère exigeant de l’Autre qu’
il
n’est pas assez « spirituel » pour aimer. (Mais s’il l’était assez, i
1234
n’est pas assez « spirituel » pour aimer. (Mais s’
il
l’était assez, il retrouverait aussi la justification de certaines co
1235
spirituel » pour aimer. (Mais s’il l’était assez,
il
retrouverait aussi la justification de certaines conventions, protége
1236
ui ne sont pas un ordre.) L’école iranienne
Il
n’existe plus de communauté humaine, d’unité de civilisation qui s’in
1237
gine en Dieu, qui l’a créée afin d’être connu par
elle
et de « devenir en elle l’objet de sa propre connaissance.75 » C’est
1238
éée afin d’être connu par elle et de « devenir en
elle
l’objet de sa propre connaissance.75 » C’est donc en Dieu que tout am
1239
aimé se manifeste au regard de chaque amant… car
il
est impossible d’aimer un être sans se représenter en lui la divinité
1240
l’amour divin du Créateur pour sa créature, et d’
elle
pour Lui ; l’amour spirituel « dont le siège est en la créature toujo
1241
en la créature toujours à la quête de l’être dont
elle
découvre en elle l’Image, ou dont elle se découvre comme étant l’Imag
1242
ujours à la quête de l’être dont elle découvre en
elle
l’Image, ou dont elle se découvre comme étant l’Image » ; enfin l’amo
1243
’être dont elle découvre en elle l’Image, ou dont
elle
se découvre comme étant l’Image » ; enfin l’amour naturel, qui recher
1244
. Quant à l’amour-passion (ici, non romantique !)
il
se situe au point où le regard de l’âme reconnaît soudain dans l’Aimé
1245
. L’Aimé n’est plus alors un simple objet — comme
il
est pour l’amour naturel, possessif — mais une virtualité divine que
1246
e virtualité divine que l’amant « imagine » (dont
il
devine l’Image) et qu’il tend à faire exister dans l’être aimé, par l
1247
’amant « imagine » (dont il devine l’Image) et qu’
il
tend à faire exister dans l’être aimé, par l’efficace de son amour pr
1248
la fonction théophanique de l’Ange (ainsi en a-t-
il
été des Figures féminines célébrées par les Fedeli d’amore, compagnon
1249
edeli d’amore, compagnons de Dante ; ainsi en a-t-
il
été de celle qui apparut à Ibn Arabi, à la Mekke, comme figure de la
1250
que chacun est le prochain en proportion de ce qu’
il
a quelque chose du Seigneur en lui ; or, comme nul ne reçoit de la mê
1251
la même manière le bien qui procède du Seigneur,
il
s’ensuit que l’un n’est pas le prochain de la même manière que l’autr
1252
pas le prochain de la même manière que l’autre… ;
il
n’y a jamais chez deux personnes un bien absolument identique… C’est
1253
inale de tout amour ! Peut-être aussi nous fera-t-
elle
entrevoir comment le mythe de Tristan — en dépit du pseudo-bouddhisme
1254
Tristan n’aimait pas Iseut — cette passion n’est-
elle
pas mieux vue si l’on évoque les Fravartis du mazdéisme, les figures
1255
pas pris pour cette vie », mais pour l’autre ? S’
il
est une « erreur de Tristan », motivant le malheur essentiel de sa pa
1256
o tout transitoire et le Soi tout impersonnel : «
Il
n’est qu’un Soi pour tous les êtres.82 » L’individualité qui est là,
1257
moins, pris au sérieux.) L’amour même est évacué.
Il
n’est plus que l’attrait des sexes agissant fatalement sur des millia
1258
et défaits selon le cours des astres et le Karma.
Il
ne peut être, pour l’esprit, qu’indifférent. (Quoique la morale socia
1259
les spirituels du védantisme et du bouddhisme. S’
il
est vrai que « la notion de Moi n’a d’accès que dans la pensée des so
1260
uses de l’Asie n’ont jamais été révolutionnaires.
Elles
n’ont jamais prétendu transformer l’ensemble des réalités humaines :
1261
même morales. D’une part (en tant que religions),
elles
expriment ces réalités, elles les fixent et elles les consacrent (par
1262
ant que religions), elles expriment ces réalités,
elles
les fixent et elles les consacrent (par les idoles et les yantras — s
1263
elles expriment ces réalités, elles les fixent et
elles
les consacrent (par les idoles et les yantras — signes magiques et in
1264
du monde) ; d’autre part, en tant que doctrines,
elles
proposent aux spirituels les moyens de s’en évader en dérangeant le m
1265
prennent à partie, un à un, tout individu tel qu’
il
est, décidées à le transformer en vérité85. Elles provoquent d’innomb
1266
qu’il est, décidées à le transformer en vérité85.
Elles
provoquent d’innombrables réactions. Il est par suite inévitable que
1267
ité85. Elles provoquent d’innombrables réactions.
Il
est par suite inévitable que l’existence réelle, en Occident, ressemb
1268
ue le cosmos tout entier en termes de sexualité :
il
pose le désir à la base de tout. Nous ne désirons des choses que dans
1269
Nous ne désirons des choses que dans la mesure où
elles
nous procurent une jouissance. La divinité n’est un objet d’amour que
1270
. La divinité n’est un objet d’amour que parce qu’
elle
représente une volupté sans mélange… Le désir du luxurieux pour la fe
1271
du luxurieux pour la femme n’existe que parce qu’
il
voit en elle la forme de son plaisir, la source de sa jouissance. Dan
1272
ux pour la femme n’existe que parce qu’il voit en
elle
la forme de son plaisir, la source de sa jouissance. Dans la joie de
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énéré par les yogis, « car c’est lui seul, lorsqu’
il
est satisfait, qui peut libérer l’esprit du désir… Ce n’est pas le pl
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ésir. Le sage accepte les plaisirs sensuels quand
ils
viennent, mais avec un cœur détaché. Il n’est pas victime du désir.88
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ls quand ils viennent, mais avec un cœur détaché.
Il
n’est pas victime du désir.88 » Ce « détachement » tout accueillant,
1276
drons à quel point Kierkegaard voyait juste quand
il
disait que le christianisme, en condamnant la sensualité au nom de l’
1277
alité. Où nous verrions contradiction, antinomie,
ils
ne montent pas sur leurs grands chevaux théologiques, mais chacun sui
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tandis que leurs divergences ne s’opposent pas. S’
il
arrive que certaines de leurs croyances semblent bien se confondre av
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rsonne ou du prochain) on n’en saurait déduire qu’
elles
excluent leur contraire, ou que l’on s’était mépris sur le vrai sens
1280
rême. (III, 19) Notre propre devoir, si humble qu’
il
soit, vaut mieux que le devoir parfaitement accompli d’un autre. Le d
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de sans avoir réalisé son propre monde intérieur.
Elle
reste invécue, comme les Vedas non récités, ou toute action non accom
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par les attachements du moi phénoménal, tandis qu’
ils
participent du même Soi véritable, qui seul importe. « Surmonte le ma
1283
’inconséquence logique ? Mais notre science n’a-t-
elle
pas inventé plusieurs logiques, aussi valables l’une que l’autre ? El
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eurs logiques, aussi valables l’une que l’autre ?
Elles
ne se contredisent pas plus que les énoncés spirituels correspondant
1285
oint à la femme, mais en vérité au Soi qui est en
elle
.91 En présence d’une telle phrase, j’éprouve d’abord ceci : le senti
1286
qui s’est mis en quête d’un savoir de l’amour qu’
il
vit. N’importe qui m’avertira que le Soi de l’Inde n’est pas le vrai
1287
l’amour, et l’aider à prendre conscience de ce qu’
il
est ou peut devenir. N’est-ce pas l’aider à réfléchir la lumière de l
1288
e, mais selon le regard que nous portons sur lui,
il
en jaillit un monde ou l’autre : l’Occidental ou l’Oriental. Tous les
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Eux sont tellement en garde contre l’illusion, qu’
ils
l’ont mise en facteur commun dans tout ce qui existe ; (à tel point q
1290
t pour eux l’équivalent de notre péché originel).
Ils
en ont fait autant pour les névroses qui s’attaquent à nos « agrégats
1291
s — d’une gigantesque schizophrénie du Soi. (Mais
il
sera finalement résorbé, tout s’arrangera.) Ils en ont fait autant po
1292
is il sera finalement résorbé, tout s’arrangera.)
Ils
en ont fait autant pour les personnes, potentialisées dans une seule
1293
lus grand le risque. Ce que nous croyons aimer en
elle
, est-ce elle-même ou l’image de notre ange ? Ce que nous avons cru vo
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age de notre ange ? Ce que nous avons cru voir en
elle
, et que nous déifions peut-être à ses dépens, est-ce notre anima proj
1295
ne intervient : — Si tu cherches le Soi à travers
elle
, si tu as compris l’impermanence et t’exerces aux « vues justes » com
1296
a vue juste imagine — au sens fort — la personne.
Il
ne faut pas jeter la vie avec l’erreur, mais aimer mieux. Non pas éte
1297
ons Shiva, la femme est dissoute et le monde avec
elle
. Car le monde ne doit pas être refusé mais dissous.92 — Je veux voir
1298
l’autre en sa réalité, qui est unique. J’aime en
elle
à la fois ce que je vois et ce qui fait que je la vois unique : ce vr
1299
st elle-même. Tu dis le Soi, ce n’est personne. —
Il
n’y a personne. Personne ne peut aimer, sauf l’égoïste. Il y a l’amou
1300
aimer que ton « Dieu » dans ses créatures, puisqu’
il
est dit de Lui qu’il est amour. — Mais Dieu pour nous est une Personn
1301
» dans ses créatures, puisqu’il est dit de Lui qu’
il
est amour. — Mais Dieu pour nous est une Personne, et nous crée comme
1302
tu crois aimer. — Quand je saurai aimer le Soi en
elle
, je ne serai plus moi, elle ne sera plus elle, et les dieux mêmes me
1303
aurai aimer le Soi en elle, je ne serai plus moi,
elle
ne sera plus elle, et les dieux mêmes me serviront. Tout et tous
1304
en elle, je ne serai plus moi, elle ne sera plus
elle
, et les dieux mêmes me serviront. Tout et tous L’Orient voudrai
1305
ualité finalement illusoire puisqu’un jour — dont
ils
savent la date — la vie, le cosmos et les dieux seront résorbés dans
1306
pleine de mystères, des apparences actuelles, qu’
elle
s’évertue en conséquence à scruter et à modifier. Elle parie sur la v
1307
s’évertue en conséquence à scruter et à modifier.
Elle
parie sur la vie et contre l’entropie94. Elle ne sait plus d’où lui v
1308
er. Elle parie sur la vie et contre l’entropie94.
Elle
ne sait plus d’où lui vient cette passion qui a produit la technique
1309
el de l’aventure échappe à la majorité de ceux qu’
elle
entraîne. Et il est vrai qu’on ne saurait guère le concevoir sans une
1310
chappe à la majorité de ceux qu’elle entraîne. Et
il
est vrai qu’on ne saurait guère le concevoir sans une vision de sa fi
1311
nsensées. Si les saints de l’Occident ont raison,
ils
seront seuls à être là pour le savoir. La doctrine qui peut devenir v
1312
nce malheureuse des origines et des fins de ce qu’
ils
croient, bien qu’ils en vivent plus ou moins bien, et même qu’ils meu
1313
rigines et des fins de ce qu’ils croient, bien qu’
ils
en vivent plus ou moins bien, et même qu’ils meurent parfois pour leu
1314
n qu’ils en vivent plus ou moins bien, et même qu’
ils
meurent parfois pour leurs croyances. Nous voyons ce que l’Orient es
1315
rètes, mais à se transformer lui-même, en tant qu’
il
participe au mystère du créé. Il a choisi cette voie, qu’il aille jus
1316
même, en tant qu’il participe au mystère du créé.
Il
a choisi cette voie, qu’il aille jusqu’au bout ! Pour lui la Réalité
1317
pe au mystère du créé. Il a choisi cette voie, qu’
il
aille jusqu’au bout ! Pour lui la Réalité est dans l’individuel, et l
1318
. Suzuki passe la mesure dans l’autre sens lorsqu’
il
écrit avec une évidente satisfaction : « La psychologie moderne, en f
1319
istian and Bouddhist, p. 39.) La psychologie dont
il
parle est occidentale. Cherchant à guérir les « maladies du moi », el
1320
tale. Cherchant à guérir les « maladies du moi »,
elle
le confirme comme entité et le renforce, loin de l’éliminer. 61. Hen
1321
conise une action ; ses collègues l’approuvent et
il
est décidé qu’il sera fait suivant ce qu’il a proposé. D’autres fois,
1322
; ses collègues l’approuvent et il est décidé qu’
il
sera fait suivant ce qu’il a proposé. D’autres fois, plusieurs membre
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nt et il est décidé qu’il sera fait suivant ce qu’
il
a proposé. D’autres fois, plusieurs membres de l’assemblée se lèvent
1324
ulières. On en vient à se battre entre collègues.
Il
advient aussi que certains membres de l’assemblée la quittent d’eux-m
1325
le moi, on le perd assurément et par méthode. Car
il
est forme dominante et gouvernante. Si on tentait de l’observer à l’a
1326
mais alors, d’où viendrait cet amour, à qui irait-
il
? La passion de Tristan est la preuve de l’âme, s’il en fut jamais.
1327
? La passion de Tristan est la preuve de l’âme, s’
il
en fut jamais. 82. Katha upanishad. 83. Alexandra David-Neel, Le Bo
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égories de L’Amour et l’Occident un peu plus qu’
il
ne serait souhaitable, de son propre point de vue. 91. On pourra ret
1329
rd de Chardin, La Route de l’Ouest (inédit). 94.
Il
serait peut-être fécond d’interpréter le principe de Carnot-Clausius