1
t de l’intérieur. Il ne peut jamais sortir de son
moi
sans trahison et chaque manifestation de son essence intime ressemble
2
is le mérite original et important d’un tel livre
me
paraît résider avant tout dans l’ordre des faits qu’il met en jeu, da
3
bonhomie d’autant plus touchante qu’elle figure,
je
pense, pour l’auteur, une sorte de consolation un peu forcée que le c
4
eux-mêmes si peu de questions, ou de si minimes.
Je
lis un article récent de Ramuz (sur le Travail), qui débute ainsi « P
5
ce qu’on y est forcé. Pourquoi y est-on forcé ? »
Je
vois que cet article en vient à formuler le dilemme sociologie-métaph
6
i se trouve être le dilemme urgent de l’heure. Et
je
m’inquiète ; non pas de ces questions ni de la prise de parti (antima
7
e trouve être le dilemme urgent de l’heure. Et je
m’
inquiète ; non pas de ces questions ni de la prise de parti (antimarxi
8
hez Ramuz, mais bien au contraire de ceci : qu’il
me
semble entendre pour la première fois la voix d’un de nos aînés, inte
9
n face des questions d’une accablante simplicité.
Me
tromperais-je ? Ai-je mal su lire tant de brillants essais sur le mon
10
stions d’une accablante simplicité. Me tromperais-
je
? Ai-je mal su lire tant de brillants essais sur le monde actuel et f
11
’une accablante simplicité. Me tromperais-je ? Ai-
je
mal su lire tant de brillants essais sur le monde actuel et futur ? E
12
ntique que d’avoir cru distinguer dans ces œuvres
je
ne sais quelle complaisance qui les faisait éviter d’instinct tout po
13
ue peu de repos de son adolescence à sa mort. »3
Je
cherche : je ne trouve aucun écrivain plus naturellement libéré de l’
14
os de son adolescence à sa mort. »3 Je cherche :
je
ne trouve aucun écrivain plus naturellement libéré de l’idéologie bou
15
grandeur de ce peuple ramuzien, qui se meut dans
je
ne sais quelle lourdeur « originale » et unanime, en communion avec l
16
e collectif, être sans racines, mythe cérébral. «
Je
ne distingue l’être qu’aux racines de l’élémentaire », écrivait-il da
17
ertaines œuvres récentes des écrivains de l’URSS,
je
ne les retrouve que chez Ramuz. Mais purifiés de toute brutalité, de
18
et de la révolte ; et ce trait profond de son art
m’
en convainc : le sens de la vénération, qui est aussi celui de la lent
19
e, l’absence de toute complaisance à soi. Certes,
j’
en vois les défauts, le poncif ; ces détails par trop détaillés. Mais
20
ces détails par trop détaillés. Mais l’important,
je
pense, c’est qu’une page de Ramuz — même pas très réussie, et il y en
21
vue littéraire, la confrontation serait absurde,
j’
en conviens. Mais notre optique n’est-elle point faussée par un état d
22
fait de cet ordre puisse être tenu pour crucial,
je
veux croire qu’on ne le contestera pas. Mais ce qu’on voudrait dire m
23
es réactions profondes de l’âme devant son destin
m’
autorise à cette confrontation et me persuade de son intérêt humain. E
24
nt son destin m’autorise à cette confrontation et
me
persuade de son intérêt humain. Et si tout cela reste absurde aux yeu
25
iginalité » dans l’ordre — au mieux — esthétique,
je
ne m’en étonnerai point. Il s’agit simplement, ici, de rendre plus co
26
ité » dans l’ordre — au mieux — esthétique, je ne
m’
en étonnerai point. Il s’agit simplement, ici, de rendre plus concrète
27
totalement divergentes, une attitude humaine qui
me
paraît commune. Que Goethe ait pratiqué « le devis des choses grandes
28
, avec une sombre joie : « Sort misérable, qui ne
me
permet rien que d’extrême ». Jacob Boehme, Paracelse, Swedenborg, lec
29
e la retenue même de l’expression. C’est pourquoi
je
l’éprouve plus vivement dans certains passages des Affinités élective
30
es laisse l’esprit de Faust béant sur le vide : «
Moi
qui me suis cru plus grand que le Chérubin… qui pensais en créant pou
31
e l’esprit de Faust béant sur le vide : « Moi qui
me
suis cru plus grand que le Chérubin… qui pensais en créant pouvoir jo
32
is en créant pouvoir jouir de la vie des dieux et
m’
y égaler… combien je dois expier tout cela ! » Faust se reprend au seu
33
jouir de la vie des dieux et m’y égaler… combien
je
dois expier tout cela ! » Faust se reprend au seuil de la mort. Mais
34
ci que l’hallucination le gagne et le submerge. «
Je
devins un opéra fabuleux. » Il a brûlé les étapes de l’initiation. Ma
35
e déchaîne pas de telles puissances impunément. «
Ma
santé fut menacée. La terreur venait… J’étais mûr pour le trépas… » A
36
ément. « Ma santé fut menacée. La terreur venait…
J’
étais mûr pour le trépas… » Alors paraît le doute, entraînant la consc
37
lors paraît le doute, entraînant la conscience. «
Je
vois que mes malaises viennent de ne m’être pas figuré assez tôt que
38
le doute, entraînant la conscience. « Je vois que
mes
malaises viennent de ne m’être pas figuré assez tôt que nous sommes à
39
cience. « Je vois que mes malaises viennent de ne
m’
être pas figuré assez tôt que nous sommes à l’Occident. » L’Occident,
40
st tombée, faisant place à une stupeur désolée. «
Je
ne sais plus parler. » Le renoncement dès lors est fatal. « Moi ! moi
41
us parler. » Le renoncement dès lors est fatal. «
Moi
! moi qui me suis dit mage ou ange, dispensé de toute morale, je suis
42
ler. » Le renoncement dès lors est fatal. « Moi !
moi
qui me suis dit mage ou ange, dispensé de toute morale, je suis rendu
43
e renoncement dès lors est fatal. « Moi ! moi qui
me
suis dit mage ou ange, dispensé de toute morale, je suis rendu au sol
44
suis dit mage ou ange, dispensé de toute morale,
je
suis rendu au sol, avec un devoir à chercher et la réalité rugueuse à
45
s banalités dont il gratifie le pauvre Eckermann.
Je
ne puis voir dans ces façons que la distraction souveraine d’une âme
46
t l’Italie. Et le passage fameux de la Saison : «
moi
qui me suis dit mage ou ange… » rappelle étrangement ces vers du Prem
47
ie. Et le passage fameux de la Saison : « moi qui
me
suis dit mage ou ange… » rappelle étrangement ces vers du Premier Fau
48
rs du Premier Faust que l’on citait plus haut : «
Moi
qui me suis cru plus grand que le Chérubin. » « Point de cantiques :
49
emier Faust que l’on citait plus haut : « Moi qui
me
suis cru plus grand que le Chérubin. » « Point de cantiques : tenir l
50
e que le signe en devient visible sur ses traits.
Je
ne me lasse pas de méditer ce visage dont Klauer modela l’effigie pas
51
le signe en devient visible sur ses traits. Je ne
me
lasse pas de méditer ce visage dont Klauer modela l’effigie passionné
52
’un théâtre ou l’administration du Grand-Duché. «
J’
ai toujours considéré mon activité extérieure et ma production comme p
53
tration du Grand-Duché. « J’ai toujours considéré
mon
activité extérieure et ma production comme purement symboliques, et,
54
’ai toujours considéré mon activité extérieure et
ma
production comme purement symboliques, et, au fond, il m’est assez in
55
ction comme purement symboliques, et, au fond, il
m’
est assez indifférent d’avoir fait des pots ou des assiettes »10. Si t
56
théenne aussi. Mais gardons-nous de tirer de ceci
je
ne sais quel critère de « jugement » qui permettrait de placer Goethe
57
n proie au Carnaval et à l’angoisse, ce n’est pas
moi
qui pose la question : elle m’assiège. Le dernier carnaval, peut-être
58
sse, ce n’est pas moi qui pose la question : elle
m’
assiège. Le dernier carnaval, peut-être, pour cette bourgeoisie dont j
59
carnaval, peut-être, pour cette bourgeoisie dont
je
viens d’admirer les trésors patinés dans la haute demeure familiale d
60
éclats d’un fanatisme à vrai dire splendide. (Qui
me
guérira de la honte de n’être pas Rimbaud ?) Plus que jamais, il faud
61
rsations avec Eckermann, 4 février 1829. 9. Si
je
pouvais écarter la magie de mon chemin Oublier tout à fait les formul
62
ier 1829. 9. Si je pouvais écarter la magie de
mon
chemin Oublier tout à fait les formules d’enchaînement Si j’étais dev
63
ublier tout à fait les formules d’enchaînement Si
j’
étais devant toi, ô nature un homme solitaire, Sans doute vaudrait-il
64
lgaires qui « rendraient » mieux sous la rubrique
Mon
film 16. En d’autres passages, d’une expression plus serrée, M. Duham
65
morceau de bravoure, la page sur « les bruits de
mon
village » qui servira de modèle aux écoliers futurs. Mais lorsqu’il s
66
s « grandes brutes mécaniques », sa verve — qu’il
me
pardonne l’image technique — n’embraye pas, et paraît forcée. Ses lab
67
riez plus cela, Verlaine ! » (page 16). 17. « Si
je
cherche querelle au monde, c’est que, jusqu’à nouvel ordre, je lui fa
68
erelle au monde, c’est que, jusqu’à nouvel ordre,
je
lui fais encore confiance ». Ainsi se termine ce livre amer, sans qu’
69
ours plus folle dans le bien comme dans le mal. «
Je
mettrais volontiers dans le même sac honnêtes et malhonnêtes gens, ma
70
us des tâches d’homme. Henri Lefebvre l’a montré,
je
n’ajouterai rien à sa déclaration si simple. La révolution est une né
71
alistes. Mais où sont les motifs de notre choix ?
J’
en indiquerai trois. 1° — La seule révolution qui nous importe concern
72
doctrine, est de leur part une duperie manifeste.
Je
les entends menacer le bourgeois : mais je ne vois pas en quoi la tyr
73
feste. Je les entends menacer le bourgeois : mais
je
ne vois pas en quoi la tyrannie du matériel qu’ils prônent est meille
74
eilleure pour les hommes que le présent désordre.
Je
ne vois pas qu’ils connaissent l’homme mieux que nous. Je ne les vois
75
is pas qu’ils connaissent l’homme mieux que nous.
Je
ne les vois pas plus forts. Je vois bien l’accumulation de leurs grie
76
me mieux que nous. Je ne les vois pas plus forts.
Je
vois bien l’accumulation de leurs griefs, — dont beaucoup sont les nô
77
up sont les nôtres, mais nous en avons davantage.
Je
vois clairement que leurs buts provoquent le refus, pour les mêmes ra
78
ondement, l’enjeu de la révolution nouvelle. Ici,
je
ne dirai plus nous, mais je. À la question « Prenez-vous au sérieux v
79
lution nouvelle. Ici, je ne dirai plus nous, mais
je
. À la question « Prenez-vous au sérieux vos idées, y croyez-vous ? »,
80
uestion personnelle. Une mise en question réelle.
Je
la cherche. Ce qu’il faut pour légitimer un système d’idées en elles
81
n elles-mêmes justes et opportunes (comme celles,
je
le crois, de L’Ordre nouveau, de Combat ou d’Esprit) c’est une violen
82
te de foi, une pureté terrible et humble. Loin de
moi
la pensée que par des arguments nous pourrons triompher d’autre chose
83
e. Il faut savoir entendre ce mutisme formidable.
Je
crois que seule la foi peut en donner jusqu’au bout le courage. Je pa
84
e la foi peut en donner jusqu’au bout le courage.
Je
parle de la foi chrétienne où je veux être, de ce suprême « choix » q
85
bout le courage. Je parle de la foi chrétienne où
je
veux être, de ce suprême « choix » qui ne vient pas de moi, mais qui
86
être, de ce suprême « choix » qui ne vient pas de
moi
, mais qui soudain me choisit, me saisit. Je parle de cette seule chos
87
choix » qui ne vient pas de moi, mais qui soudain
me
choisit, me saisit. Je parle de cette seule chose au monde qui n’ait
88
ne vient pas de moi, mais qui soudain me choisit,
me
saisit. Je parle de cette seule chose au monde qui n’ait pas besoin d
89
s de moi, mais qui soudain me choisit, me saisit.
Je
parle de cette seule chose au monde qui n’ait pas besoin d’arguments
90
les du monde ; de cette seule chose pour laquelle
j’
accepte de me faire tuer, parce que ce ne serait pas crever bassement
91
; de cette seule chose pour laquelle j’accepte de
me
faire tuer, parce que ce ne serait pas crever bassement dans la haine
92
a haine, mais ce serait un acte enfin dans lequel
je
posséderais toute ma vie, d’un seul coup éclatant. Je n’ai pas à sauv
93
it un acte enfin dans lequel je posséderais toute
ma
vie, d’un seul coup éclatant. Je n’ai pas à sauver quoi que ce soit d
94
osséderais toute ma vie, d’un seul coup éclatant.
Je
n’ai pas à sauver quoi que ce soit de la terre, mais seulement à rece
95
Or il n’est de pardon que pour celui qui agit. On
me
dira sans doute que je me perds dans ma mystique ? Allez, vous ne vou
96
ue pour celui qui agit. On me dira sans doute que
je
me perds dans ma mystique ? Allez, vous ne vous retrouvez que trop bi
97
pour celui qui agit. On me dira sans doute que je
me
perds dans ma mystique ? Allez, vous ne vous retrouvez que trop bien
98
agit. On me dira sans doute que je me perds dans
ma
mystique ? Allez, vous ne vous retrouvez que trop bien dans les vôtre
99
ique, alors ils émettent on ne sait quelle sauce.
Je
ne veux pas être de ceux-ci ». Charles-Albert Cingria est donc de ceu
100
d’intéressant. Donc Cingria défend une thèse : «
Je
m’appliquerai à désassocier et à mettre en face de lui-même le poète
101
intéressant. Donc Cingria défend une thèse : « Je
m’
appliquerai à désassocier et à mettre en face de lui-même le poète lyr
102
d’une confidence encore contrainte : « Ah ! comme
je
suis mal fait pour ma part, si j’ose ainsi parler de moi, mais je ne
103
: « Ah ! comme je suis mal fait pour ma part, si
j’
ose ainsi parler de moi, mais je ne parle pas de moi, ou je ne parle p
104
s mal fait pour ma part, si j’ose ainsi parler de
moi
, mais je ne parle pas de moi, ou je ne parle pas que de moi, parce qu
105
pour ma part, si j’ose ainsi parler de moi, mais
je
ne parle pas de moi, ou je ne parle pas que de moi, parce que nous so
106
’ose ainsi parler de moi, mais je ne parle pas de
moi
, ou je ne parle pas que de moi, parce que nous sommes tous mal faits.
107
si parler de moi, mais je ne parle pas de moi, ou
je
ne parle pas que de moi, parce que nous sommes tous mal faits. » On n
108
je ne parle pas de moi, ou je ne parle pas que de
moi
, parce que nous sommes tous mal faits. » On n’attendait pas de Ramuz
109
de sa main, — ou asservir cette main. Est-ce que
ma
main n’a pas sa vocation ? Est-ce qu’elle n’a rien de mieux à faire q
110
peut-être venu de penser avec ses mains. 26. «
J’
aime que les choses vous résistent et vous contredisent, comme par exe
111
ingénie à allumer dans une cheminée qui tire mal.
J’
aime les choses qui sont à leur façon, tandis que je suis à la mienne.
112
aime les choses qui sont à leur façon, tandis que
je
suis à la mienne. » l. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] C. F. R
113
e à sa fantaisie, la plus joyeusement érudite que
je
connaisse. Tel qu’il est, ce petit volume nous offre un jeu serré et
114
roidir les sympathies trop spontanées. Il faudra,
je
crois, passer outre. Dans ce déchaînement d’orgueil humain, de scient
115
ère énergie quand on les traite de matérialistes.
Je
crains que ce soit, chez la plupart d’entre eux, un réflexe de bourge
116
Le Procès, par Franz Kafka (mai 1934)p
Je
ne sais pas si le Procès est le chef-d’œuvre de Kafka, mais il est di
117
aît pas le Christ. « Nul ne vient au Père que par
moi
». C’est par le Fils que Dieu devient pour nous le Père ; mais alors,
118
Père ; mais alors, l’acquittement est possible. «
Je
suis le chemin » — mais alors l’acte aussi est possible. Ainsi, la fo
119
où nous vivons. C’est une anarchie sémantique. On
me
fait observer que l’opposition n’est pas entre le peuple et la nation
120
« populaire », c’est-à-dire entre les adjectifs.
Je
traduis : l’opposition n’est pas dans les faits, mais dans les mystiq
121
ues. Que valent ces mystiques détachées du réel ?
Je
vois à gauche la peur de Chiappe, et à droite, la peur de la gauche.
122
ur de Chiappe, et à droite, la peur de la gauche.
Je
vois à droite une tentation fasciste, trop faible encore pour oser s’
123
re la droite, et M. Litvinoff derrière la gauche.
Je
leur devine quelques intérêts convergents, du côté d’Hitler par exemp
124
comme à droite, de nommer les vrais adversaires. (
Je
ne vois que Chamson qui ait dénoncé l’équivoque dont vit la droite, q
125
bord rendre aux mots-clés un sens commun. Mais il
me
semble qu’on a fait tout autre chose, au Palais de la Mutualité. Il m
126
t tout autre chose, au Palais de la Mutualité. Il
me
semble qu’on s’est entendu pour « cultiver » des équivoques verbales
127
les esprits plus curieux de preuves que de faits.
J’
en viens au petit livre de Gundolf. C’est l’œuvre synthétique d’un phi
128
re Galien et tous vos scribouillards (Scribenten)
je
les dissoudrai dans de l’Alkali !… » Il propose dans le même passage
129
recueil annuel n’a jamais mieux mérité son titre.
Je
veux dire que la part de la dialectique professionnelle, professorale
130
nnelle, professorale, la tractation correcte et à
mon
sens parfaitement vaine de problèmes qui n’empêchent personne de dorm
131
avoir pris au sérieux le risque philosophique. Et
je
ne pense pas trahir leur tendance en insistant ici exclusivement sur
132
ieuse, extérieure et intérieure, de l’homme ». Et
je
ne dis pas que le parallèle Marx-Kierkegaard n’ait entraîné l’auteur
133
doctrine hégélienne de la médiation. Mais ce qui
me
paraît important, c’est que Löwith dégage puissamment l’origine philo
134
e, un sens du concret de l’esprit qui enchante en
moi
le disciple de Kierkegaard. Il apparaît de plus en plus nettement que
135
mériteraient beaucoup plus qu’une simple mention.
J’
aurais aimé analyser aussi les trois pages où Jean Wahl résume tout le
136
ractéristique d’un certain renouveau du réalisme.
Je
me bornerai à signaler pour finir les pages très curieuses de P. Klos
137
téristique d’un certain renouveau du réalisme. Je
me
bornerai à signaler pour finir les pages très curieuses de P. Klossow
138
awrence qu’on lit ces dames. Pour quel Lawrence ?
Je
me demande si le souvenir de son œuvre est pour beaucoup dans l’intér
139
ence qu’on lit ces dames. Pour quel Lawrence ? Je
me
demande si le souvenir de son œuvre est pour beaucoup dans l’intérêt
140
de son œuvre est pour beaucoup dans l’intérêt que
je
prends aux chroniques minutieuses de sa vie33. A-t-on remarqué l’extr
141
ue vous emplissez sans relâche de l’eau du puits.
J’
apporte, moi aussi, quelques seaux. Puis vous partez écrire dans les b
142
lissez sans relâche de l’eau du puits. J’apporte,
moi
aussi, quelques seaux. Puis vous partez écrire dans les bois, et moi
143
seaux. Puis vous partez écrire dans les bois, et
moi
taper à la machine. À déjeuner, vous me dites que Clarence avait eu u
144
bois, et moi taper à la machine. À déjeuner, vous
me
dites que Clarence avait eu une conversation avec Tony au cours de la
145
elà de toute expression. Vous êtes très peiné, et
je
dis, moi, qu’on ne devrait pas raconter de pareilles histoires à Tony
146
oute expression. Vous êtes très peiné, et je dis,
moi
, qu’on ne devrait pas raconter de pareilles histoires à Tony. Vous ré
147
es pourries. C’est cette vision de vous ainsi qui
m’
a fait peindre ces planchers, des années plus tard, pour que vous n’ay
148
t d’irritation perpétuelle où vivait Lawrence : «
Je
suis épuisé — Par l’effort que je fais pour aimer les gens — sans y p
149
it Lawrence : « Je suis épuisé — Par l’effort que
je
fais pour aimer les gens — sans y parvenir. » Ou encore : « Oh ! ne m
150
s gens — sans y parvenir. » Ou encore : « Oh ! ne
me
donnez pas votre confiance — Pour me charger du poids de votre vie, d
151
: « Oh ! ne me donnez pas votre confiance — Pour
me
charger du poids de votre vie, de vos affaires ; — Ne me fourrez pas
152
ger du poids de votre vie, de vos affaires ; — Ne
me
fourrez pas dans vos soucis. » La mauvaise humeur est sans doute la c
153
leur donner. « Soyez ! Ah ! Soyez un soleil pour
moi
— Et non une lassante et exigeante personnalité. » L’homme moderne, d
154
ec Eckermann, pour le Journal de Byron, etc. 34.
Je
n’arrive pas à prendre au sérieux en soi la religion solaire que prêc
155
l’expression de son impuissance à résoudre ce que
j’
appellerais le « problème des gens », qui est moins grandiose et beauc
156
e même décisif en ces matières, l’alternative que
je
viens d’indiquer ne se pose plus. Car la foi n’est pas davantage une
157
in de dangereuses merveilles. Le choix des textes
me
paraît des plus heureux, la traduction ferme et coulante. La plupart
158
rs cette erreur de classification35. Par exemple,
je
m’explique mal l’omission de Hamann qui eût avantageusement remplacé
159
cette erreur de classification35. Par exemple, je
m’
explique mal l’omission de Hamann qui eût avantageusement remplacé la
160
sidéré comme une sécularisation du mysticisme. Il
m’
a semblé que cette perspective spirituelle était la seule que dégageât
161
ystiques et de la mentalité moderne. 35. Ce que
je
pardonne moins à M. Chuzeville, c’est d’écrire que Paracelse « était
162
cher. – L’érudition considérable de M. Chuzeville
me
paraît parfois hasardeuse. Les travaux de Jean Baruzi lui sont inconn
163
nde » (octobre 1935)w Toujours ces mots. Quand
je
dis qu’ils ont perdu leur sens, il faut ajouter aussitôt qu’on a le t
164
s beau pays du monde, elle veut dire simplement :
j’
aime mon pays. L’amour exclut toute comparaison. Dire que tel pays « e
165
pays du monde, elle veut dire simplement : j’aime
mon
pays. L’amour exclut toute comparaison. Dire que tel pays « est le pl
166
tudes théologiques ou simplement logiques ». S’il
m’
est permis de faire ici un peu de théologie et un peu de logique, je d
167
ire ici un peu de théologie et un peu de logique,
je
demanderai à M. Benda : 1° si les « docteurs » nationalistes qu’il at
168
esprit ; 2° au cas où ils l’auraient fait, ce que
j’
ignore car je les pratique peu : s’il y a lieu de reprendre à son comp
169
u cas où ils l’auraient fait, ce que j’ignore car
je
les pratique peu : s’il y a lieu de reprendre à son compte cette erre
170
ient, préfèrent appeler révolution. Ces questions
me
paraissent capitales. Et je ne vois pas comment il serait possible d’
171
lution. Ces questions me paraissent capitales. Et
je
ne vois pas comment il serait possible d’y échapper. Depuis huit ans
172
de la liberté, par Robert Aron (mars 1936)y «
J’
aime les titres mystérieux ou pétard », disait Baudelaire. Celui d’Aro
173
, préface de Malraux à son dernier ouvrage, etc.)
J’
ai quelques raisons de m’en réjouir. L’Ordre nouveau en a tiré, le pre
174
n dernier ouvrage, etc.) J’ai quelques raisons de
m’
en réjouir. L’Ordre nouveau en a tiré, le premier, des conclusions pra
175
rd’hui Kierkegaard est cité par tout le monde. On
m’
assure qu’il a même un public passionné. Mais si l’on juge de la façon
176
, pour prévenir certains malentendus inévitables.
Je
ne vise pas ici la langue des traductions, encore qu’il y ait beaucou
177
a traduites. Kierkegaard donne l’exemple unique,
je
crois bien, d’un auteur qui attache autant d’importance à l’opportuni
178
n donne, de toute espèce de sens réel, — par quoi
j’
entends d’orientation intime, de fidélité essentielle, en un mot, de f
179
a suite ait fait voir l’énormité de cette erreur.
Je
crains bien que ce n’ait été qu’au profit d’une erreur plus subtile.
180
l’orage, ainsi, flairant le danger », il a dit :
Je
n’ai pas la foi, — certains pensent qu’au fond, il n’a jamais pu croi
181
ns l’Évangile n’est-elle pas justement ce cri : «
Je
crois, Seigneur, viens au secours de mon incrédulité ». L’on eût évit
182
e cri : « Je crois, Seigneur, viens au secours de
mon
incrédulité ». L’on eût évité ce grabuge en traduisant dès le début q
183
tribuera certainement. Les graves malentendus que
je
signalais ont valu à l’auteur du Traité du désespoir un « succès » do
184
ent pas dans cette vision centrale et unitive. Il
me
semble que les neuf discours traduits par M. Paul Tisseau en revienne
185
oi ? Mais alors il n’y a pas de vrai sérieux dans
ma
vie, tant qu’il n’y a pas eu cet acte de foi, ce renversement du dése
186
appréhension si totale du réel que notre langue,
je
le crains, n’arrivera pas à la restituer sans bizarreries. Ceci suffi
187
P.-S. Cette chronique était déjà imprimée, quand
j’
ai lu dans les Cahiers du Sud une étude de Benjamin Fondane qui s’en p
188
Jean Wahl, par Mme R. Bespaloff, et par moi-même.
Je
ne trouve pas cette violence déplacée, ni l’injustice qui l’accompagn
189
é que ne serait l’affectation d’impartialité ; et
je
suis loin de trouver vaine la question que pose Fondane : « Ils suive
190
quoi il fallait la poser. Et c’est aussi pourquoi
je
la retourne à son auteur. Mais peut-on y répondre par des mots ? Plus
191
ayant pour objet de « préparer à la Communion »,
je
ne vois pour ma part qu’un seul moyen de s’engager de toute sa person
192
qui domine de son poids les écritures du siècle,
je
retiendrai d’abord deux mots : « poétique » dans le titre ; et « conn
193
oins que son humanité, que son lyrisme, ou que ce
je
ne sais quoi de bouleversant, obscurément, qui saisit l’auditeur le p
194
ment rétablir le contact ? Claudel n’écrira pas :
je
vais vous expliquer cela clairement, mais : « Tel est le mystère qu’i
195
l’échec de Rickett ne comportent pas de morale :
je
veux le croire pour la morale. Mais ils permettent d’entrevoir l’une
196
n l’honneur — le budget de l’honneur — et non pas
je
ne sais quels scandales… ab. Rougemont Denis de, « Une idée de Law
197
e et tyrannique à un mode spirituel, donc humain.
Je
sais gré à Mounier d’avoir, chemin faisant, démontré que la propriété
198
s et partis, de La Rocque à Vaillant-Couturier ! (
Je
ne sais pourquoi, d’ailleurs, ils s’obstinent à lui accoler un adject
199
essé dans un pareil débat ? Cela va de soi. 44.
Je
pense que Mounier ne se dissimule pas le caractère « théorique » des
200
de l’autre devient dans ce cas bien commun.) Mais
je
ne sache pas qu’on ait jamais songé à des théories de ce genre pour e
201
de commerce des couvents anglais.) — Pendant que
j’
y suis, une autre remarque : Mounier exagère l’importance économique d
202
villes (Extrait d’un Journal) (juillet 1937)ae
Je
revois, je revis si bien la traversée, cette étrange coupure qu’elle
203
rait d’un Journal) (juillet 1937)ae Je revois,
je
revis si bien la traversée, cette étrange coupure qu’elle a faite dan
204
ersée, cette étrange coupure qu’elle a faite dans
ma
vie, entre les derniers jours passés à Paris non sans fièvre, et cett
205
une liberté naïve et nue, pauvre et joyeuse. Mais
je
vois bien qu’il me faut expliquer pourquoi nous venions dans cette îl
206
t nue, pauvre et joyeuse. Mais je vois bien qu’il
me
faut expliquer pourquoi nous venions dans cette île à la saison où il
207
mbre, sur les grands quais de ce port atlantique,
j’
en étais à considérer d’un œil brûlé par l’insomnie les flots de l’océ
208
es rivages du détroit, c’est fort apparemment que
je
n’avais rien de mieux à faire. J’étais chômeur depuis trois mois. On
209
apparemment que je n’avais rien de mieux à faire.
J’
étais chômeur depuis trois mois. On m’offrait un abri quelque part, un
210
ux à faire. J’étais chômeur depuis trois mois. On
m’
offrait un abri quelque part, une maison vide pendant l’hiver, une occ
211
sion de solitude désirée en secret dès longtemps.
Je
voudrais bien n’avoir pas l’air trop romantique : mes dernières année
212
voudrais bien n’avoir pas l’air trop romantique :
mes
dernières années de Paris m’avaient appris que cette ville, au moins
213
r trop romantique : mes dernières années de Paris
m’
avaient appris que cette ville, au moins pour la jeunesse sans argent,
214
« vivre » ? C’est à cette question judicieuse que
j’
ai voulu répondre. Début de novembre Je commencerai par l’inventaire
215
euse que j’ai voulu répondre. Début de novembre
Je
commencerai par l’inventaire de mon domaine. Je ne suis pas propriéta
216
ut de novembre Je commencerai par l’inventaire de
mon
domaine. Je ne suis pas propriétaire, c’est entendu. Je ne possède lé
217
e Je commencerai par l’inventaire de mon domaine.
Je
ne suis pas propriétaire, c’est entendu. Je ne possède légalement que
218
aine. Je ne suis pas propriétaire, c’est entendu.
Je
ne possède légalement que des valises, de quoi me vêtir, et quelques
219
Je ne possède légalement que des valises, de quoi
me
vêtir, et quelques livres. Mais aussi, je ne puis vivre nulle part sa
220
de quoi me vêtir, et quelques livres. Mais aussi,
je
ne puis vivre nulle part sans me créer des possessions, appelant ains
221
res. Mais aussi, je ne puis vivre nulle part sans
me
créer des possessions, appelant ainsi toute chose que je sais mettre
222
r des possessions, appelant ainsi toute chose que
je
sais mettre en œuvre à ma façon, et peu capable de comprendre que l’o
223
t ainsi toute chose que je sais mettre en œuvre à
ma
façon, et peu capable de comprendre que l’on veuille « avoir » autrem
224
le, seront miens selon la puissance avec laquelle
j’
en saurai faire usage, pour une fin qui leur est étrangère, et qui me
225
sage, pour une fin qui leur est étrangère, et qui
me
commandera de les quitter le jour qu’ils y mettront obstacle. (Pour l
226
! Une chose n’est mienne que pour un temps, et si
je
change, elle me devient impropre. Je n’hérite pas même de moi ! Ou al
227
t mienne que pour un temps, et si je change, elle
me
devient impropre. Je n’hérite pas même de moi ! Ou alors, l’héritage
228
temps, et si je change, elle me devient impropre.
Je
n’hérite pas même de moi ! Ou alors, l’héritage est cela dont on ne p
229
elle me devient impropre. Je n’hérite pas même de
moi
! Ou alors, l’héritage est cela dont on ne peut pas se délivrer à tem
230
t il faut tâcher de se délivrer coûte que coûte.)
Mon
domaine, c’est ce que j’ai sous la main. Voici d’abord la table que j
231
ivrer coûte que coûte.) Mon domaine, c’est ce que
j’
ai sous la main. Voici d’abord la table que je me suis fabriquée : j’a
232
que j’ai sous la main. Voici d’abord la table que
je
me suis fabriquée : j’ai trouvé dans le chai deux tréteaux et deux pl
233
j’ai sous la main. Voici d’abord la table que je
me
suis fabriquée : j’ai trouvé dans le chai deux tréteaux et deux planc
234
Voici d’abord la table que je me suis fabriquée :
j’
ai trouvé dans le chai deux tréteaux et deux planches bien rabotées ;
235
ai deux tréteaux et deux planches bien rabotées ;
j’
ai dressé cela devant la fenêtre ouverte sur les verdures encore vivac
236
sur les verdures encore vivaces du jardin. Quand
je
lève le nez, je vois la cour de terre battue à l’ombre de ses deux ti
237
s encore vivaces du jardin. Quand je lève le nez,
je
vois la cour de terre battue à l’ombre de ses deux tilleuls, la marge
238
toit sert de plafond. Très peu de meubles, comme
j’
aime. Des murs blanchis ou teintés de bleu clair, des planchers rudes.
239
r. 10 novembre Ce journal n’aura rien d’intime.
J’
ai à gagner ma vie, non pas à la regarder. Toutefois, noter les faits
240
re Ce journal n’aura rien d’intime. J’ai à gagner
ma
vie, non pas à la regarder. Toutefois, noter les faits précis qui me
241
a regarder. Toutefois, noter les faits précis qui
me
paraîtront frappants ici ou là, c’est une sorte de contrôle amusant e
242
cipline de l’esprit que la description objective.
Me
voici pris dans une expérience forcée de vie pauvre, libre et solitai
243
pays dénué de ressources, pratiquement analogue,
j’
imagine, à un poste colonial aux limites du désert. Curiosité, comme a
244
ail dans le silence à peu près absolu. Mais aussi
j’
ai l’impression nette d’utiliser la fin de l’élan intellectuel qui me
245
ette d’utiliser la fin de l’élan intellectuel qui
me
soutenait à Paris. Ces deux derniers jours déjà, j’arrivais mal à pre
246
soutenait à Paris. Ces deux derniers jours déjà,
j’
arrivais mal à prendre au sérieux l’actualité de ce que j’écrivais. Il
247
is mal à prendre au sérieux l’actualité de ce que
j’
écrivais. Il faut avouer qu’il s’agissait, dans ces articles, de ce qu
248
érature ou les idées. C’est cela qui paie, et qui
m’
ennuie. Après quoi, je pourrai travailler. Aujourd’hui c’est le jour d
249
C’est cela qui paie, et qui m’ennuie. Après quoi,
je
pourrai travailler. Aujourd’hui c’est le jour du repos. J’ai trouvé a
250
i travailler. Aujourd’hui c’est le jour du repos.
J’
ai trouvé au fond d’une armoire, derrière une pile d’assiettes, deux v
251
n peu partout pour sauver « l’esprit » d’un pays.
J’
ai passé tout l’après-midi dessus. — Cela commence par une chronique h
252
hacun d’eux. Voilà l’espèce d’hommes français que
je
voudrais croire la plus authentique. 19 novembre Premiers contacts
253
ons et le clocher. Il est seul au-dessus du pays.
Je
voudrais le dessiner dans le style romantique, avec tous ses détails
254
’âme de ce peuple discret. C’est l’impression que
je
veux retenir pour le moment des gens d’ici. Elle corrige la mauvaise
255
s gens d’ici. Elle corrige la mauvaise humeur que
m’
a donnée notre épicière. Car il faut bien, hélas, commencer par l’épic
256
outteuse. Elle a des douleurs dans les jambes, et
m’
en parle d’abord, pour me mettre en confiance. Je sens bien qu’elle ve
257
eurs dans les jambes, et m’en parle d’abord, pour
me
mettre en confiance. Je sens bien qu’elle veut me faire causer avant
258
m’en parle d’abord, pour me mettre en confiance.
Je
sens bien qu’elle veut me faire causer avant de fixer le prix du chou
259
me mettre en confiance. Je sens bien qu’elle veut
me
faire causer avant de fixer le prix du chou-fleur, des enveloppes jau
260
jaunes, du peloton de ficelle et du kilo de riz.
Mes
vêtements, citadins mais râpés, ne la renseignent pas clairement. Et
261
iver ? C’est plutôt en été qu’on vient chez nous,
me
fait-elle prudemment observer. — Je le sais bien, madame Aujard, mais
262
nt chez nous, me fait-elle prudemment observer. —
Je
le sais bien, madame Aujard, mais je ne viens pas pour mes vacances !
263
observer. — Je le sais bien, madame Aujard, mais
je
ne viens pas pour mes vacances ! J’ai du travail à faire chez moi, de
264
is bien, madame Aujard, mais je ne viens pas pour
mes
vacances ! J’ai du travail à faire chez moi, des tas de choses à écri
265
Aujard, mais je ne viens pas pour mes vacances !
J’
ai du travail à faire chez moi, des tas de choses à écrire… Elle n’ose
266
pour mes vacances ! J’ai du travail à faire chez
moi
, des tas de choses à écrire… Elle n’ose pas m’en demander davantage.
267
z moi, des tas de choses à écrire… Elle n’ose pas
m’
en demander davantage. Et moi, je recule devant l’entreprise de lui ex
268
crire… Elle n’ose pas m’en demander davantage. Et
moi
, je recule devant l’entreprise de lui expliquer la nature de mon trav
269
… Elle n’ose pas m’en demander davantage. Et moi,
je
recule devant l’entreprise de lui expliquer la nature de mon travail.
270
devant l’entreprise de lui expliquer la nature de
mon
travail. « Écrire », qu’est-ce que cela signifie ? Écrire pour les jo
271
mais il n’y en a pas tant à raconter sur ce pays.
Je
l’ai laissée en plein mystère. Elle a dû en parler longuement avec le
272
endaient en silence, le nez sur leurs sabots, que
je
sois sorti. La mère Aujard n’a pas toujours ce qu’on voudrait. En hiv
273
une, entrant chez l’autre. Mais c’est prudent, on
me
l’a dit. Car elles ne baisseront pas leurs prix pour garder un client
274
. Derrière la grille, le long visage de Pédenaud.
J’
ai l’impression que je lui gâte la vie. Trois fois la semaine au moins
275
le long visage de Pédenaud. J’ai l’impression que
je
lui gâte la vie. Trois fois la semaine au moins, il me voit venir ave
276
i gâte la vie. Trois fois la semaine au moins, il
me
voit venir avec une grande enveloppe contenant un manuscrit. « Est-ce
277
son calcul sur un bout de papier, et conclut que
j’
ai à payer 72 francs pour un envoi, ce jour-là, d’une centaine de feui
278
ine de feuilles. Il en paraît lui-même consterné.
J’
affirme avec vivacité que ça ne peut pas aller. Il faut tout recommenc
279
cs soixante-quinze. Dans l’après-midi, tandis que
j’
écris à ma table, j’entends grincer la porte du jardin. C’est la femme
280
e-quinze. Dans l’après-midi, tandis que j’écris à
ma
table, j’entends grincer la porte du jardin. C’est la femme de Pédena
281
Dans l’après-midi, tandis que j’écris à ma table,
j’
entends grincer la porte du jardin. C’est la femme de Pédenaud qui bra
282
C’est la femme de Pédenaud qui brandit un papier.
J’
accours : elle me tend une formule de télégramme, mais ce n’est pas un
283
Pédenaud qui brandit un papier. J’accours : elle
me
tend une formule de télégramme, mais ce n’est pas un télégramme, c’es
284
t s’affranchit comme une lettre. Il faut donc que
je
m’exécute, sinon c’est lui qui sera forcé « d’y aller de sa poche ».
285
’affranchit comme une lettre. Il faut donc que je
m’
exécute, sinon c’est lui qui sera forcé « d’y aller de sa poche ». Me
286
est lui qui sera forcé « d’y aller de sa poche ».
Me
voilà courant à l’autobus pour arrêter le courrier. L’autobus vient d
287
eptibilités, et finalement ne rien payer de plus.
Je
cause un peu, pour me faire pardonner. Pédenaud est mutilé de guerre.
288
ment ne rien payer de plus. Je cause un peu, pour
me
faire pardonner. Pédenaud est mutilé de guerre. Il boite. On lui a do
289
urdes et les vendent aux baigneurs. Bien entendu,
je
n’arrive pas à savoir combien ce petit commerce lui rapporte, « ça dé
290
un sentiment de liberté, de gratuité aventureuse.
Mon
sort ne dépend plus de ce que je puis faire ou imaginer : libération.
291
té aventureuse. Mon sort ne dépend plus de ce que
je
puis faire ou imaginer : libération. Il faut qu’il arrive quelque cho
292
ne meurt pas de faim dans nos pays », dit-on, et
je
crois bien que je l’ai dit quelquefois. Mais il y a aussi des excepti
293
aim dans nos pays », dit-on, et je crois bien que
je
l’ai dit quelquefois. Mais il y a aussi des exceptions, des cas sans
294
rsonnelles de ne pas appeler au secours. Pourtant
je
suis bien tranquille, je ne l’ai même jamais été aussi absolument. C’
295
ler au secours. Pourtant je suis bien tranquille,
je
ne l’ai même jamais été aussi absolument. C’est peut-être à cause du
296
r se mêler aux « autres », à l’étranger… Tout ici
me
ramène à moi seul. J’ai beau faire, je ne parviens pas à partager ave
297
ux « autres », à l’étranger… Tout ici me ramène à
moi
seul. J’ai beau faire, je ne parviens pas à partager avec les hommes
298
s », à l’étranger… Tout ici me ramène à moi seul.
J’
ai beau faire, je ne parviens pas à partager avec les hommes de ce vil
299
… Tout ici me ramène à moi seul. J’ai beau faire,
je
ne parviens pas à partager avec les hommes de ce village ce qui est e
300
de ce village ce qui est essentiel et solide dans
ma
vie. Le simple fait que je ne puis pas les persuader que je travaille
301
sentiel et solide dans ma vie. Le simple fait que
je
ne puis pas les persuader que je travaille vraiment en écrivant, cela
302
simple fait que je ne puis pas les persuader que
je
travaille vraiment en écrivant, cela met entre nous une barrière sent
303
e sentimentale, une gêne constamment sensible. Et
je
n’ai nulle envie d’en prendre mon parti. Dans ce qu’ils ont pu entrev
304
ent sensible. Et je n’ai nulle envie d’en prendre
mon
parti. Dans ce qu’ils ont pu entrevoir de mon activité, une seule cho
305
dre mon parti. Dans ce qu’ils ont pu entrevoir de
mon
activité, une seule chose les a frappés : ma machine à écrire. La mèr
306
de mon activité, une seule chose les a frappés :
ma
machine à écrire. La mère Renaud, qui est une vieille amie des propri
307
n, est venue plusieurs fois nous voir. Hier, elle
m’
a demandé avec toutes sortes de précautions oratoires embrouillées si
308
si son fils pourrait venir aussi voir la machine.
Je
crois bien que sans cette machine, je n’arriverais jamais à leur prou
309
la machine. Je crois bien que sans cette machine,
je
n’arriverais jamais à leur prouver que je fais réellement quelque cho
310
achine, je n’arriverais jamais à leur prouver que
je
fais réellement quelque chose. Quand je vais chez les Renaud, c’est t
311
ouver que je fais réellement quelque chose. Quand
je
vais chez les Renaud, c’est tout le contraire. Ils m’expliquent en dé
312
ais chez les Renaud, c’est tout le contraire. Ils
m’
expliquent en détail ce qu’ils font, et je puis le comprendre et l’adm
313
re. Ils m’expliquent en détail ce qu’ils font, et
je
puis le comprendre et l’admirer. Ils ont ainsi sur moi une sorte de s
314
uis le comprendre et l’admirer. Ils ont ainsi sur
moi
une sorte de supériorité concrète dont je ne souffre pas dans ma vani
315
si sur moi une sorte de supériorité concrète dont
je
ne souffre pas dans ma vanité, c’est entendu, mais bien dans mon dési
316
supériorité concrète dont je ne souffre pas dans
ma
vanité, c’est entendu, mais bien dans mon désir de sympathie humaine,
317
pas dans ma vanité, c’est entendu, mais bien dans
mon
désir de sympathie humaine, d’échange direct sur pied d’égalité. Le p
318
déjà touché par le gâtisme, mais agréablement si
je
puis dire. Cela met un peu de fantaisie dans ses souvenirs, trop souv
319
quatre-vingts mètres, bel ouvrage dont le détail
m’
intéresse. Le fils compose des cartes postales illustrées avec des bou
320
ustrées avec des bouts de timbres-poste découpés.
Je
m’attarde à causer dans leur cuisine, qui est leur habitation ordinai
321
rées avec des bouts de timbres-poste découpés. Je
m’
attarde à causer dans leur cuisine, qui est leur habitation ordinaire.
322
igoureuse qui règnent ici avec tant d’aisance, ai-
je
le droit de les considérer comme les symboles visibles de l’univers i
323
’univers intérieur de ces gens ? 5 décembre Ils
me
parlent de ce qui les intéresse, et je m’y intéresse avec eux. Mais j
324
cembre Ils me parlent de ce qui les intéresse, et
je
m’y intéresse avec eux. Mais je ne puis ou ne sais pas encore leur pa
325
bre Ils me parlent de ce qui les intéresse, et je
m’
y intéresse avec eux. Mais je ne puis ou ne sais pas encore leur parle
326
les intéresse, et je m’y intéresse avec eux. Mais
je
ne puis ou ne sais pas encore leur parler de ce qui moi, m’intéresse
327
puis ou ne sais pas encore leur parler de ce qui
moi
, m’intéresse : je sens trop bien qu’ils n’en sont pas curieux. De quo
328
ou ne sais pas encore leur parler de ce qui moi,
m’
intéresse : je sens trop bien qu’ils n’en sont pas curieux. De quoi do
329
s encore leur parler de ce qui moi, m’intéresse :
je
sens trop bien qu’ils n’en sont pas curieux. De quoi donc me parlent-
330
p bien qu’ils n’en sont pas curieux. De quoi donc
me
parlent-ils ? Du temps, et j’aime cela comme tout le monde ; de leur
331
rieux. De quoi donc me parlent-ils ? Du temps, et
j’
aime cela comme tout le monde ; de leur travail aux champs ou à la côt
332
nde ; de leur travail aux champs ou à la côte, et
je
les écoute avec toute l’attention d’un apprenti ; de leurs souvenirs,
333
ants, parfois comiques, toujours révélateurs pour
moi
d’un monde non pas absolument nouveau, mais nouvellement intéressant.
334
ntéressant. Et quand nous sommes en confiance, si
j’
essaie d’amener l’entretien sur leurs lectures, les journaux qu’ils ac
335
à raconter des anecdotes subitement sans intérêt.
Je
ne sens pas qu’ils se méfient de moi. Simplement, ils n’ont jamais fo
336
sans intérêt. Je ne sens pas qu’ils se méfient de
moi
. Simplement, ils n’ont jamais formé de phrases, dans leur tête, à pro
337
ur tête, à propos de ces choses-là. Non seulement
je
ne sens pas qu’ils se méfient de moi en tant qu’intellectuel ou « spé
338
Non seulement je ne sens pas qu’ils se méfient de
moi
en tant qu’intellectuel ou « spécialiste », mais encore je devine qu’
339
t qu’intellectuel ou « spécialiste », mais encore
je
devine qu’ils n’estiment pas que je puisse avoir une opinion plus ave
340
, mais encore je devine qu’ils n’estiment pas que
je
puisse avoir une opinion plus avertie que la leur sur les sujets que
341
inion plus avertie que la leur sur les sujets que
je
viens de nommer. Ils ne se doutent pas que c’est de cela précisément
342
nerait davantage que d’apprendre un beau jour que
je
m’intéresse à leurs « idées », à leur situation, à leurs problèmes, —
343
ait davantage que d’apprendre un beau jour que je
m’
intéresse à leurs « idées », à leur situation, à leurs problèmes, — et
344
», à leur situation, à leurs problèmes, — et que
j’
en fais parfois la matière même de mon travail. J’ai quelque peine à e
345
es, — et que j’en fais parfois la matière même de
mon
travail. J’ai quelque peine à exprimer ceci, — qui n’est précisément
346
j’en fais parfois la matière même de mon travail.
J’
ai quelque peine à exprimer ceci, — qui n’est précisément qu’un sentim
347
qui n’est précisément qu’un sentiment de gêne en
moi
. Sentiment qu’il y a là quelque absurdité, et si énorme que personne
348
rester si parfaitement aveugles ? Ou bien est-ce
ma
gêne qui est absurde ? Essayer de confronter la culture et la réalité
349
moigner d’une naïveté impardonnable ? — Pourtant,
je
ne suis pas prêt à me donner tort, c’est-à-dire à donner raison au bo
350
impardonnable ? — Pourtant, je ne suis pas prêt à
me
donner tort, c’est-à-dire à donner raison au bon sens de l’époque pré
351
tres habitent trop loin, ou sont indifférents. Il
me
raconte les efforts qu’il a faits, pendant six ans, pour entrer en co
352
plé : cela suffit pour qu’on maintienne le poste…
J’
essaie de me représenter l’existence quotidienne de cet homme aux pris
353
uffit pour qu’on maintienne le poste… J’essaie de
me
représenter l’existence quotidienne de cet homme aux prises avec la s
354
lus, il est seul à croire qu’il doit le faire. Il
m’
a décrit son existence sans amertume. Il ne se plaint que de son isole
355
T…) Ce séjour, par ailleurs plein d’agrément, ne
m’
a permis de faire jusqu’ici qu’une seule expérience précise et utile :
356
le expérience précise et utile : celle du loisir.
Je
m’aperçois que je ne savais plus, ou ne pouvais plus, « perdre » une
357
expérience précise et utile : celle du loisir. Je
m’
aperçois que je ne savais plus, ou ne pouvais plus, « perdre » une soi
358
ise et utile : celle du loisir. Je m’aperçois que
je
ne savais plus, ou ne pouvais plus, « perdre » une soirée, depuis six
359
plus, « perdre » une soirée, depuis six mois que
je
n’ai plus de travail fixe. Quand je m’arrêtais d’écrire, par fatigue,
360
six mois que je n’ai plus de travail fixe. Quand
je
m’arrêtais d’écrire, par fatigue, je ne me sentais pas la bonne consc
361
x mois que je n’ai plus de travail fixe. Quand je
m’
arrêtais d’écrire, par fatigue, je ne me sentais pas la bonne conscien
362
fixe. Quand je m’arrêtais d’écrire, par fatigue,
je
ne me sentais pas la bonne conscience de l’employé qui a fait sa jour
363
Quand je m’arrêtais d’écrire, par fatigue, je ne
me
sentais pas la bonne conscience de l’employé qui a fait sa journée et
364
maintenant à autre chose. Une sorte d’impatience
me
tarabustait encore, me ramenait sans cesse aux mêmes préoccupations.
365
se. Une sorte d’impatience me tarabustait encore,
me
ramenait sans cesse aux mêmes préoccupations. Ce n’était pas cette va
366
urent soit le travail, soit la fortune, soit dans
mon
cas particulier, l’amitié. Un chômeur intellectuel peut encore travai
367
r ! La colère y jaillit sans rencontrer personne.
J’
ai à craindre qu’elle ne m’attaque par désir famélique de créer du nou
368
s rencontrer personne. J’ai à craindre qu’elle ne
m’
attaque par désir famélique de créer du nouveau. Car c’est une consola
369
use raison d’abandonner cette partie mal engagée,
ma
vie, et de se retrouver neuf, enfantin, ou tout simplement jeune deva
370
e tentation du désespoir, et c’est l’humilité. Si
je
ne suis pas important, le monde s’agrandit. Je puis encore aimer des
371
Si je ne suis pas important, le monde s’agrandit.
Je
puis encore aimer des paysages qui ne sont pas mon état d’âme, mais u
372
Je puis encore aimer des paysages qui ne sont pas
mon
état d’âme, mais une parole à déchiffrer. L’humilité m’apporte des no
373
t d’âme, mais une parole à déchiffrer. L’humilité
m’
apporte des nouvelles du monde. Ainsi je me renouvelle lentement. C’es
374
’humilité m’apporte des nouvelles du monde. Ainsi
je
me renouvelle lentement. C’est un moyen de sortir de l’impasse : non
375
milité m’apporte des nouvelles du monde. Ainsi je
me
renouvelle lentement. C’est un moyen de sortir de l’impasse : non pas
376
Autrement, comment supporter leur petitesse ? Si
je
gratte pendant des heures ce coin réduit de terre caillouteuse, c’est
377
pour un printemps qui viendra. C’est pour gagner
ma
vie, dit une raison borgne ; c’est aussi pour gagner ma mort, je le s
378
, dit une raison borgne ; c’est aussi pour gagner
ma
mort, je le sais bien. Toute notre attente imagine l’avenir — et l’im
379
raison borgne ; c’est aussi pour gagner ma mort,
je
le sais bien. Toute notre attente imagine l’avenir — et l’imagine néc
380
peu. La première condition c’est de gagner peu. (
J’
ai écrit cela, je me le rappelle, peu de temps après notre arrivée, au
381
condition c’est de gagner peu. (J’ai écrit cela,
je
me le rappelle, peu de temps après notre arrivée, au haut d’une page
382
ndition c’est de gagner peu. (J’ai écrit cela, je
me
le rappelle, peu de temps après notre arrivée, au haut d’une page que
383
temps après notre arrivée, au haut d’une page que
je
retrouve dans une pile de notes. La page est restée blanche. Et toute
384
e, c’est bien ainsi, et très complet.) 10 avril
Je
n’ai pas encore parlé de la poule, la triste et digne poule noire qui
385
pondu. Et ce matin de nouveau. De très gros œufs,
me
semble-t-il. (Où va se loger la vanité !) 14 avril La culture et l
386
14 avril La culture et les gens. Souvent, quand
je
me tire du livre que j’écris — sur la crise de la cultureaf — pour ca
387
avril La culture et les gens. Souvent, quand je
me
tire du livre que j’écris — sur la crise de la cultureaf — pour cause
388
les gens. Souvent, quand je me tire du livre que
j’
écris — sur la crise de la cultureaf — pour causer avec la laitière ou
389
ière ou la factrice, ou le postier, ou un Renaud,
j’
éprouve une brève angoisse : quel rapport entre cet homme à qui je par
390
ève angoisse : quel rapport entre cet homme à qui
je
parle, et le mot « homme » dans ce que j’écris ? Non seulement ceux d
391
e à qui je parle, et le mot « homme » dans ce que
j’
écris ? Non seulement ceux d’ici ne comprendraient rien à ce que je fa
392
lement ceux d’ici ne comprendraient rien à ce que
je
fais, et ce serait assez normal : il y a l’obstacle du vocabulaire, d
393
e comprendraient pas même de quoi il s’agit quand
je
parle d’eux précisément, et des problèmes qui intéressent leur existe
394
et des problèmes qui intéressent leur existence.
J’
aurais beau leur expliquer chaque terme. Ils n’y reconnaîtraient rien
395
, cela ne peut accrocher à rien dans cet être que
j’
ai devant moi, avec ses rides, sa barbe et sa casquette, et qui contin
396
ut accrocher à rien dans cet être que j’ai devant
moi
, avec ses rides, sa barbe et sa casquette, et qui continue à me parle
397
ides, sa barbe et sa casquette, et qui continue à
me
parler de la pêche, de son filet qui a été emporté hier, etc. Quel se
398
mais eu de contact, ni jamais de commune mesure ?
Je
reviens à mes pages, bien décidé à les refaire de fond en comble, à s
399
ntact, ni jamais de commune mesure ? Je reviens à
mes
pages, bien décidé à les refaire de fond en comble, à simplifier, à c
400
à essayer de les rendre telles qu’elles puissent,
je
ne dis pas être comprises, mais au moins, en pensée, confrontées sans
401
at : après une demi-heure de relecture attentive,
j’
ai rajouté quelques virgules, précisé quelques termes trop vagues, bar
402
cinq lignes et mis une note au bas de la page. Il
me
semble vraiment que cela se tient. Il me semble aussi que c’est concr
403
page. Il me semble vraiment que cela se tient. Il
me
semble aussi que c’est concret. Je me dis que cette impression et cel
404
a se tient. Il me semble aussi que c’est concret.
Je
me dis que cette impression et celle de tout à l’heure s’excluent en
405
e tient. Il me semble aussi que c’est concret. Je
me
dis que cette impression et celle de tout à l’heure s’excluent en fai
406
celle de tout à l’heure s’excluent en fait. Mais
je
n’arrive plus du tout à retrouver ce sentiment d’absurdité que provoq
407
rouver ce sentiment d’absurdité que provoquait en
moi
, précisément, la présence physique d’un homme, confrontée avec les id
408
hysique d’un homme, confrontée avec les idées que
j’
avais en tête. Il y a probablement une fatalité interne dans notre cul
409
s la réalité. À la fin on obtient l’absurdité que
j’
éprouvais, mais aussi l’impossibilité de la sentir avec quelque vivaci
410
sauf par éclairs, dans la rue, par exemple. Déjà
je
ne puis en retrouver le souvenir autrement que par un effort de réfle
411
enir autrement que par un effort de réflexion qui
me
laisse assez froid. La culture m’a repris. Je suis dans le faux et to
412
e réflexion qui me laisse assez froid. La culture
m’
a repris. Je suis dans le faux et tout y est correct : je dis que la t
413
qui me laisse assez froid. La culture m’a repris.
Je
suis dans le faux et tout y est correct : je dis que la thèse que je
414
ris. Je suis dans le faux et tout y est correct :
je
dis que la thèse que je défends est vraie !… Il y aurait de quoi s’ar
415
x et tout y est correct : je dis que la thèse que
je
défends est vraie !… Il y aurait de quoi s’arrêter de penser, si l’on
416
onnée des êtres et des choses, où nous vivons ? «
Je
pense, donc j’en suis ». Et je ne suis guère, si je n’en suis pas. Et
417
et des choses, où nous vivons ? « Je pense, donc
j’
en suis ». Et je ne suis guère, si je n’en suis pas. Et je ne pense bi
418
où nous vivons ? « Je pense, donc j’en suis ». Et
je
ne suis guère, si je n’en suis pas. Et je ne pense bien, valablement,
419
pense, donc j’en suis ». Et je ne suis guère, si
je
n’en suis pas. Et je ne pense bien, valablement, en vérité, que si je
420
s ». Et je ne suis guère, si je n’en suis pas. Et
je
ne pense bien, valablement, en vérité, que si je me sens et me connai
421
je ne pense bien, valablement, en vérité, que si
je
me sens et me connais participant de ce monde « mal compassé ». 16
422
ne pense bien, valablement, en vérité, que si je
me
sens et me connais participant de ce monde « mal compassé ». 16 avr
423
ien, valablement, en vérité, que si je me sens et
me
connais participant de ce monde « mal compassé ». 16 avril La poule
424
La poule noire couve depuis hier ses treize œufs.
J’
ai semé des salades, planté des choux, enfoncé une à une des graines d
425
les ongles terreux ; toujours ce goût d’enfance…
Je
ne me sens plus « éloigné de Paris », mais au centre de mon domaine ;
426
ngles terreux ; toujours ce goût d’enfance… Je ne
me
sens plus « éloigné de Paris », mais au centre de mon domaine ; et c’
427
sens plus « éloigné de Paris », mais au centre de
mon
domaine ; et c’est Paris qui est loin maintenant, peu vraisemblable ;
428
loin maintenant, peu vraisemblable ; et non plus
moi
. Premières roses au soleil, le long des murs du chai. Nous déjeunons
429
te rose d’une fourmi ailée qui danse au-dessus de
mon
verre de vin blanc. Mai La mer est d’un vert bleu crayeux, très fro
430
es se recroquevillent, rougissent, se durcissent.
Je
ne puis voir cela sans honte et sans révolte. Sensiblerie évidemment,
431
e évidemment, mais qu’est-ce que cela veut dire ?
Je
parlais de « l’attente ardente » des créatures, songeant au passage o
432
r avec) que l’homme éprouve pour ses victimes : «
Je
regrette vraiment beaucoup, mais il faut que je vous mange. Dure néce
433
« Je regrette vraiment beaucoup, mais il faut que
je
vous mange. Dure nécessité, et croyez que cela me fend le cœur ! » Vo
434
je vous mange. Dure nécessité, et croyez que cela
me
fend le cœur ! » Voilà la dernière trace de la conscience cosmique en
435
histoires, ne fait pas de sentiment. Et pourtant,
ma
sensiblerie n’est hypocrite que parce qu’elle reste pratiquement insu
436
leurs maladroitement, avec le tigre et le requin.
J’
allais conclure : nos rapports avec la nature ne sont guère plus satis
437
la mission de restaurer l’harmonie primitive, que
mon
scrupule se justifie : il apparaît alors comme le dernier écho, le de
438
tice cosmique blessée. Comme une prière muette en
moi
, toute machinale et tout obscure. 24 mai On dirait que l’homme n’es
439
i meurt qui nous émeut. Cette nuit, avant d’aller
me
coucher, j’ai été voir au poulailler. (Nous attendions depuis deux jo
440
nous émeut. Cette nuit, avant d’aller me coucher,
j’
ai été voir au poulailler. (Nous attendions depuis deux jours l’éclosi
441
ndions depuis deux jours l’éclosion des œufs.) Il
me
semble qu’il se passe des choses au fond du réduit obscur. La poule g
442
réduit obscur. La poule grogne furieusement quand
je
passe la tête. Je vais chercher une bougie, je réveille ma femme. Nou
443
poule grogne furieusement quand je passe la tête.
Je
vais chercher une bougie, je réveille ma femme. Nous essayons de soul
444
nd je passe la tête. Je vais chercher une bougie,
je
réveille ma femme. Nous essayons de soulever par les ailes la poule q
445
la tête. Je vais chercher une bougie, je réveille
ma
femme. Nous essayons de soulever par les ailes la poule qui fait un c
446
ufs. On entend le toc-toc des becs à l’intérieur.
Je
repose la lourde poule avec précaution, craignant qu’elle n’écrase se
447
sans argent pendant quelques semaines encore. Il
me
reste environ 300 francs. Mais de nouveau plus rien à espérer avant l
448
mps en fait de « rentrées ». 14 juin Hier soir,
j’
avais fait une dernière revue de nos possibilités de subsister pendant
449
pas freiner mais peser à fond sur l’accélérateur.
Je
suis allé à A. acheter des cigarettes. Et nous allions nous mettre à
450
lettre et un chèque. C’est un prix. Un prix dont
je
connaissais tout juste le nom. Que je n’aurais jamais eu l’idée de so
451
n prix dont je connaissais tout juste le nom. Que
je
n’aurais jamais eu l’idée de solliciter. Et qui m’est octroyé pour un
452
e n’aurais jamais eu l’idée de solliciter. Et qui
m’
est octroyé pour un petit livre paru sans bruit il y a plus de dix-hui
453
moins certains d’entre eux. Sur le moment, ce qui
m’
a le plus frappé c’est que je m’étais fâché hier soir, et que la Provi
454
ur le moment, ce qui m’a le plus frappé c’est que
je
m’étais fâché hier soir, et que la Providence, évidemment, se payait
455
le moment, ce qui m’a le plus frappé c’est que je
m’
étais fâché hier soir, et que la Providence, évidemment, se payait ma
456
soir, et que la Providence, évidemment, se payait
ma
tête. Ensuite j’ai calculé que cela nous permettait de passer l’été i
457
rovidence, évidemment, se payait ma tête. Ensuite
j’
ai calculé que cela nous permettait de passer l’été ici sans inquiétud
458
ailleurs, sans ennui. Cela probablement parce que
j’
étais à bout de ressources, ne bougeais plus ni pied ni patte et n’écr
459
s ni pied ni patte et n’écrivais plus à personne.
Je
crois à la valeur d’appel de l’absence, ou plutôt du retrait. (Il ne
460
’un jour par semaine. Ce n’est qu’aujourd’hui que
j’
ai pu aller y négocier mon chèque. J’arrive devant la porte où il est
461
n’est qu’aujourd’hui que j’ai pu aller y négocier
mon
chèque. J’arrive devant la porte où il est écrit : Caisse. Je frappe
462
ourd’hui que j’ai pu aller y négocier mon chèque.
J’
arrive devant la porte où il est écrit : Caisse. Je frappe et entre. U
463
’arrive devant la porte où il est écrit : Caisse.
Je
frappe et entre. Un homme penché vers le guichet parle au gérant. Le
464
penché vers le guichet parle au gérant. Le gérant
me
fait un signe, et comme je ne comprends pas, il passe sa portette et
465
e au gérant. Le gérant me fait un signe, et comme
je
ne comprends pas, il passe sa portette et vient me prier à voix basse
466
e ne comprends pas, il passe sa portette et vient
me
prier à voix basse d’aller attendre dans la pièce voisine. J’attends
467
oix basse d’aller attendre dans la pièce voisine.
J’
attends je ne sais combien de temps, je n’ai pas de montre, mais c’est
468
d’aller attendre dans la pièce voisine. J’attends
je
ne sais combien de temps, je n’ai pas de montre, mais c’est très long
469
e voisine. J’attends je ne sais combien de temps,
je
n’ai pas de montre, mais c’est très long. Aucun bruit de voix dans la
470
ut être le motif de cette audience privée ? Enfin
j’
entends qu’on sort, et le gérant vient me chercher. Notre affaire régl
471
? Enfin j’entends qu’on sort, et le gérant vient
me
chercher. Notre affaire réglée, il croit devoir s’excuser de m’avoir
472
otre affaire réglée, il croit devoir s’excuser de
m’
avoir fait passer à côté tout à l’heure. « Vous savez, c’est la coutum
473
C’est qu’ils sont très spéciaux les gens d’ici !
Moi
je n’y viens qu’une fois par semaine, mais je commence à les connaîtr
474
st qu’ils sont très spéciaux les gens d’ici ! Moi
je
n’y viens qu’une fois par semaine, mais je commence à les connaître.
475
! Moi je n’y viens qu’une fois par semaine, mais
je
commence à les connaître. Je pourrais vous en dire. C’est partout dif
476
is par semaine, mais je commence à les connaître.
Je
pourrais vous en dire. C’est partout différent, pour l’argent. Si vou
477
on a dû faire cette salle d’attente… » Autant que
j’
en puis juger d’après les propos du gérant, ce n’est pas seulement la
478
che au commerce de l’argent. 20 juin Les gens.
Je
feuillette ce journal : voici des semaines qu’il n’y est à peu près p
479
à peu près plus question des « gens ». En somme,
je
ne m’intéresse plus guère à leurs affaires. J’ai pris mon parti de ce
480
près plus question des « gens ». En somme, je ne
m’
intéresse plus guère à leurs affaires. J’ai pris mon parti de cet équi
481
e, je ne m’intéresse plus guère à leurs affaires.
J’
ai pris mon parti de cet équilibre indifférent et cordial qui a fini p
482
’intéresse plus guère à leurs affaires. J’ai pris
mon
parti de cet équilibre indifférent et cordial qui a fini par s’établi
483
oujours pareilles. Grande différence entre eux et
moi
: ils sont adaptés à leur conduite et à leur milieu, comme les animau
484
ne se posent pas de questions gênantes. Or, c’est
mon
métier d’en poser… Il vaut mieux partir quand on en est là. Quand on
485
y a de l’argent dans un tiroir. Cela signifie que
j’
ai cessé d’être chômeur. Le départ est fixé au 10. Il va falloir vendr
486
… 10 juillet Tout est bouclé, ficelé, cloué. Il
me
reste à peu près deux heures, avant le départ, pour faire un peu de s
487
n précise de cet état qu’ils rêvent et craignent.
J’
ai pensé plus d’une fois qu’il pourrait être utile de décrire ma petit
488
s d’une fois qu’il pourrait être utile de décrire
ma
petite expérience d’intellectuel en chômage ; qu’il pourrait être uti
489
esser de vivre son plein. Voici un an bientôt que
j’
ai quitté Paris. Voici un an que je dors bien, que je travaille sans f
490
an bientôt que j’ai quitté Paris. Voici un an que
je
dors bien, que je travaille sans fièvre et que je flâne sans vague à
491
i quitté Paris. Voici un an que je dors bien, que
je
travaille sans fièvre et que je flâne sans vague à l’âme. C’est quelq
492
je dors bien, que je travaille sans fièvre et que
je
flâne sans vague à l’âme. C’est quelque chose. Je ne dis pas que c’es
493
je flâne sans vague à l’âme. C’est quelque chose.
Je
ne dis pas que c’est le bonheur, je n’ai jamais très bien compris ce
494
uelque chose. Je ne dis pas que c’est le bonheur,
je
n’ai jamais très bien compris ce mot, que tant de gens invoquent avec
495
que tant de gens invoquent avec un accent triste.
Je
suis devenu tout doucement amoureux de ma vie, et je crois bien que c
496
triste. Je suis devenu tout doucement amoureux de
ma
vie, et je crois bien que c’est un penchant qu’elle agrée. Non point
497
suis devenu tout doucement amoureux de ma vie, et
je
crois bien que c’est un penchant qu’elle agrée. Non point qu’elle me
498
’est un penchant qu’elle agrée. Non point qu’elle
me
paye en retour de surprises multipliées : peu d’aventures dans l’exis
499
ans doute un effet de la trentaine qui approche :
je
n’espère plus, comme à vingt ans, rencontrer le « réel » ou la « vrai
500
, rencontrer le « réel » ou la « vraie vie » dans
je
ne sais quelle embuscade du destin, comme qui dirait au coin d’un boi
501
de du destin, comme qui dirait au coin d’un bois.
Je
crois que le réel est à portée de la main, et n’est que là. Alors il
502
sans doute qu’une certaine pauvreté pouvait seule
m’
y forcer utilement. ae. Rougemont Denis de, « N’habitez pas les vil
503
geux de contenter les hommes en offensant Dieu ».
J’
en conclus qu’il est bon d’engager la raison dans la vie : non point p
504
e virulence particulière, mais au moins déclarée.
Je
veux parler du mythe de l’arrestation, de la psychose créée dans le m
505
pour des « raisons » collectives et obscures. Il
me
paraît que le livre de Kuncz tire son tragique le plus secret du fait
506
uvés ». La thèse peut se discuter. L’illustration
m’
en paraît convaincante. « Le grand étonnement que peut provoquer ce li
507
Or ce cri qui lui donne la victoire le condamne.
Je
simplifie encore la thèse : Napoléon gagne Waterloo parce qu’il retro
508
» et non pas à hauteur d’idéologies. Peut-être ai-
je
trop insisté sur l’actualité politique de cette méditation personnali
509
Paul rapporte un rêve où il disait à Napoléon : «
Je
ne suis jamais plus intelligent qu’au lit, quand je rêve de vous, car
510
ne suis jamais plus intelligent qu’au lit, quand
je
rêve de vous, car alors je dois vous créer moi-même vous et vos idées
511
igent qu’au lit, quand je rêve de vous, car alors
je
dois vous créer moi-même vous et vos idées. » ak. Rougemont Denis d
512
ychanalyse nous propose un type d’explication qui
me
paraît bien tentant : c’est le mécanisme du « refoulement » d’où proc
513
ra les conclusions logiques. Sera-t-il Français ?
Je
voudrais me tromper, croire au miracle. Je préfère opposer un pessimi
514
usions logiques. Sera-t-il Français ? Je voudrais
me
tromper, croire au miracle. Je préfère opposer un pessimisme actif à
515
çais ? Je voudrais me tromper, croire au miracle.
Je
préfère opposer un pessimisme actif à tant d’espérances bernées. al
516
a version française du conte ; celle de René Bour
me
paraît scrupuleuse, encore que déparée ici ou là par des préciosités
517
ur n’a pas varié durant ce temps. Elle se ramène,
me
semble-t-il, à ceci : la religion, c’est la pratique moyenne du catho
518
de preuves en matière de « croyance », débat dont
je
ne trouve pas trace dans les évangiles, s’il est vrai qu’il encombre
519
t de la théologie, surtout catholique. Tout cela,
je
le crains, relève d’un malentendu, courant sur le sens du mot « foi »
520
n malentendu, courant sur le sens du mot « foi ».
Je
voudrais au moins l’indiquer. Un chrétien sait que sa foi n’est null
521
le culte des morts », dit-il après Auguste Comte.
Je
le pense aussi. (Voyez le racisme.) Mais pour le chrétien, « la foi e
522
om de sa foi : tout ce qui n’est que sociologie. (
Je
ne dis pas que ce soit négligeable.) Pour situer la sagesse d’Alain,
523
ui faisait les demandes et les réponses. 51. On
me
dira que mon point de vue est partiel, dogmatique, confessionnel, etc
524
es demandes et les réponses. 51. On me dira que
mon
point de vue est partiel, dogmatique, confessionnel, etc. Bien sûr. J
525
artiel, dogmatique, confessionnel, etc. Bien sûr.
Je
le donne pour tel. Il faut des repères pour juger. La critique modern
526
el… S’il le trouvait, ce « type » de femme rêvé !
J’
imagine cette métamorphose. On le voit interrompre sa course, changer
527
dernier — d’où l’idée du Retour éternel. ⁂ Comme
je
parlais de ces choses à une amie : « J’ai connu, me dit-elle, un homm
528
. ⁂ Comme je parlais de ces choses à une amie : «
J’
ai connu, me dit-elle, un homme marié avec lequel ayant été coquette e
529
parlais de ces choses à une amie : « J’ai connu,
me
dit-elle, un homme marié avec lequel ayant été coquette en vain, il m
530
marié avec lequel ayant été coquette en vain, il
me
dit en me quittant : “Je vous ajoute à ma liste des mille e tre”. » C
531
c lequel ayant été coquette en vain, il me dit en
me
quittant : “Je vous ajoute à ma liste des mille e tre”. » C’étaient l
532
été coquette en vain, il me dit en me quittant : “
Je
vous ajoute à ma liste des mille e tre”. » C’étaient les femmes qu’il
533
ain, il me dit en me quittant : “Je vous ajoute à
ma
liste des mille e tre”. » C’étaient les femmes qu’il n’avait pas eues
534
our en extraire un matériel encore utilisable. Il
me
semble d’ailleurs que ce travail apporte plus d’incitations aux créat
535
mble. Pour qualifier cette harmonie involontaire,
je
ne puis évoquer que l’exemple de Goethe, dont ce n’est pas telle œuvr
536
dont ce n’est pas telle œuvre ou telle action que
j’
aime, mais bien le paysage vital, avec ses temps voilés et ses soleils
537
n qu’il est toujours trop facilement intéressant.
Je
ne le conçois, comme œuvre d’art, que limité au récit d’une crise, et
538
note lui-même dès 1924 : « Si plus tard on publie
mon
journal, je crains qu’il ne donne de moi une idée assez fausse. Je ne
539
dès 1924 : « Si plus tard on publie mon journal,
je
crains qu’il ne donne de moi une idée assez fausse. Je ne l’ai point
540
n publie mon journal, je crains qu’il ne donne de
moi
une idée assez fausse. Je ne l’ai point tenu durant les longues pério
541
ains qu’il ne donne de moi une idée assez fausse.
Je
ne l’ai point tenu durant les longues périodes d’équilibre, de santé,
542
; mais bien durant ces périodes de dépression où
j’
avais besoin de lui pour me ressaisir, et où je me montre dolent, geig
543
iodes de dépression où j’avais besoin de lui pour
me
ressaisir, et où je me montre dolent, geignant, pitoyable. » « Si plu
544
où j’avais besoin de lui pour me ressaisir, et où
je
me montre dolent, geignant, pitoyable. » « Si plus tard on publie mon
545
j’avais besoin de lui pour me ressaisir, et où je
me
montre dolent, geignant, pitoyable. » « Si plus tard on publie mon jo
546
, geignant, pitoyable. » « Si plus tard on publie
mon
journal… » Voilà qu’il y pourvoit lui-même. Et cependant, « donner de
547
el pourrait encore passer pour une pose raffinée.
J’
imaginerais plutôt que Gide est fasciné par l’obstacle qu’il veut évit
548
s plus importantes à dire sont celles que souvent
je
n’ai pas cru devoir dire — parce qu’elles me paraissaient trop éviden
549
vent je n’ai pas cru devoir dire — parce qu’elles
me
paraissaient trop évidentes. » Si sincère qu’on se veuille en relatan
550
Gide lui-même, à ce jeu, ne s’est pas épargné : «
Je
ne suis qu’un petit garçon qui s’amuse — doublé d’un pasteur protesta
551
ci qui va fort loin dans la critique du genre : «
Je
ne pense pas qu’il y ait grand profit à tirer de ces examens de consc
552
parfaire ce qui n’a pas été vécu, ou mal vécu. («
J’
avais besoin de lui pour me ressaisir ».) La vie réelle n’y figure sou
553
vécu, ou mal vécu. (« J’avais besoin de lui pour
me
ressaisir ».) La vie réelle n’y figure souvent qu’à la manière dont e
554
tique datée du 5 janvier 1902.) ⁂ Mais voici qu’à
mon
tour je succombe au désir de marquer les seules différences, oubliant
555
ée du 5 janvier 1902.) ⁂ Mais voici qu’à mon tour
je
succombe au désir de marquer les seules différences, oubliant ce qui
556
Goethe encore se voulait peintre (mais Gide est,
je
crois, plus doué). On l’y découvre enfin, et cela me paraît nouveau,
557
crois, plus doué). On l’y découvre enfin, et cela
me
paraît nouveau, constamment occupé de problèmes religieux. Mais d’une
558
» de Gide est chrétien dans ses déterminations ?
Je
crois qu’on s’est trop laissé prendre à sa perpétuelle polémique cont
559
s de Gide sur la Réforme. (Il la confond souvent,
me
semble-t-il, avec l’image courante et fausse d’un Calvin inhumain, pr
560
onversion, ou de la conversion trop « facile ». «
Je
ne suis ni protestant ni catholique, je suis chrétien tout simplement
561
cile ». « Je ne suis ni protestant ni catholique,
je
suis chrétien tout simplement. » Position caractéristique du protesta
562
béral tel qu’il se développa au siècle dernier. «
Je
l’ai souvent dit à Claudel : Ce qui me retient [d’entrer dans l’églis
563
dernier. « Je l’ai souvent dit à Claudel : Ce qui
me
retient [d’entrer dans l’église], ce n’est pas la libre pensée, c’est
564
qu’individualiste, ou même rationaliste ? Certes,
je
m’en voudrais de critiquer une exigence d’honnêteté qui rappelle si f
565
individualiste, ou même rationaliste ? Certes, je
m’
en voudrais de critiquer une exigence d’honnêteté qui rappelle si fort
566
n sentiment… » Kierkegaard, lui aussi, répétait :
je
ne suis pas chrétien. Mais c’était par désir de sauver une conception
567
e protestante — écrit Gide —, ces mots n’ont pour
moi
aucun sens. Je ne reconnais point d’autorité, et si j’en reconnaissai
568
écrit Gide —, ces mots n’ont pour moi aucun sens.
Je
ne reconnais point d’autorité, et si j’en reconnaissais une, ce serai
569
cun sens. Je ne reconnais point d’autorité, et si
j’
en reconnaissais une, ce serait celle de l’Église » (donc de Rome). Al
570
t, et même chez certains protestants. Tout ce que
je
me sens le droit de dire ici, c’est que la Réforme a rejeté les préte
571
et même chez certains protestants. Tout ce que je
me
sens le droit de dire ici, c’est que la Réforme a rejeté les prétenti
572
nfiniment complexes (tel le communisme, naguère),
je
pense qu’on le peut expliquer par une certaine défiance d’artiste à l
573
et de l’information méthodique. C’est par là que
je
sens le mieux la distance qui sépare de la sienne ma génération litté
574
sens le mieux la distance qui sépare de la sienne
ma
génération littéraire. Notre culture est beaucoup plus philosophique
575
. Notre culture est beaucoup plus philosophique —
je
simplifie — que littéraire. Non point par préférence, loin de là. Mai
576
nous courons tous plus ou moins. À cet égard, il
m’
apparaît que la leçon de Gide, pour ceux de mon âge, est moins urgente
577
il m’apparaît que la leçon de Gide, pour ceux de
mon
âge, est moins urgente dans l’ordre de l’éthique, que dans celui de l
578
virement dans les générations qui nous suivront :
je
prévois le jour où nos cadets nous opposeront l’exemple du probe adve
579
in 39 où dans le hall de la rue Sébastien-Bottin,
j’
étais en train de téléphoner quand je le vois descendre l’escalier. Je
580
tien-Bottin, j’étais en train de téléphoner quand
je
le vois descendre l’escalier. Je parle en le suivant d’un œil. Il s’a
581
téléphoner quand je le vois descendre l’escalier.
Je
parle en le suivant d’un œil. Il s’arrête, il paraît attendre. Je pos
582
uivant d’un œil. Il s’arrête, il paraît attendre.
Je
pose le récepteur et nous sortons. Nous voici sur un banc du boulevar
583
evard Saint-Germain. Les autos passent tout près.
Je
l’entends dire, dans le bruit : « Où habitez-vous maintenant ? » Je c
584
dans le bruit : « Où habitez-vous maintenant ? »
Je
crie que je l’ignore, devant quitter demain la maison de Charles Du B
585
it : « Où habitez-vous maintenant ? » Je crie que
je
l’ignore, devant quitter demain la maison de Charles Du Bos qui rentr
586
aison de Charles Du Bos qui rentre d’Amérique, et
je
viens d’apprendre au téléphone que « cela ne va plus » pour un appart
587
appartement promis. Il dit encore (mais vraiment
j’
entends mal) : « Vous cherchez un studio ? » — « Oui, c’est exactement
588
un studio ? » — « Oui, c’est exactement ce qu’il
me
faut. » Il a l’air étonné, puis amusé. Et, soudain, en se levant : «
589
voir de ce pas, voulez-vous ? » Alors, seulement,
je
comprends qu’il avait dit : « J’ai un studio… » Le lendemain matin, t
590
lors, seulement, je comprends qu’il avait dit : «
J’
ai un studio… » Le lendemain matin, très tôt, nous arrivons chez lui,
591
endemain matin, très tôt, nous arrivons chez lui,
ma
femme et moi. Le studio est vaste et plaisant, agrémenté d’un escalie
592
in, très tôt, nous arrivons chez lui, ma femme et
moi
. Le studio est vaste et plaisant, agrémenté d’un escalier conduisant
593
é si soudainement, dit-il, c’est inquiétant. Cela
me
ferait presque croire à la Providence !… Mais dites-moi, Rougemont, q
594
rait presque croire à la Providence !… Mais dites-
moi
, Rougemont, quand on saura que vous habitez ici, qu’est-ce qu’on va d
595
e qu’on va dire ?… » avec un sourire inquisiteur.
Je
me garde de répondre. Finalement, Gide en riant : « On va dire que c’
596
u’on va dire ?… » avec un sourire inquisiteur. Je
me
garde de répondre. Finalement, Gide en riant : « On va dire que c’est
597
n s’annonçant par un profond « Allô ! Allô ! » et
me
demandera de passer chez lui pour quelques instants. Et, chaque fois,
598
e théologiques, comme si c’était précisément pour
m’
en parler qu’il m’offrait l’hospitalité. Saint Paul reste sa bête noir
599
mme si c’était précisément pour m’en parler qu’il
m’
offrait l’hospitalité. Saint Paul reste sa bête noire. Et l’idée même
600
e songe-t-il qu’à la morale ? « En somme, lui dis-
je
, vous vous en tenez au protestantisme libéral de la fin du xixe sièc
601
t assez cela, la position du pasteur Roberty, que
j’
aimais bien. » Vite lassé par les débats d’idées, il semble répugner à
602
nsée qui par le style d’abord ne l’ait séduit. Il
me
parle souvent des Variations de Bossuet, avec une vive admiration, ma
603
s de sa recherche. Sur un seul de ces entretiens,
j’
ai pris des notes. C’est celui du 20 juin. J’avais eu l’impression ce
604
ens, j’ai pris des notes. C’est celui du 20 juin.
J’
avais eu l’impression ce jour-là que Gide passait la prudence dans l’a
605
à que Gide passait la prudence dans l’aveu, qu’il
me
disait ce qu’il ne pouvait dire, et n’a peut-être jamais répété. La c
606
Occident , qu’il est en train de lire, et dont il
me
déclare, à ma profonde surprise, qu’il y trouve une explication des «
607
il est en train de lire, et dont il me déclare, à
ma
profonde surprise, qu’il y trouve une explication des « erreurs de sa
608
rien de charnel ne s’y mêlait. « C’est ainsi que
je
me suis complètement blousé », répète-t-il en accentuant, circonflexa
609
en de charnel ne s’y mêlait. « C’est ainsi que je
me
suis complètement blousé », répète-t-il en accentuant, circonflexant
610
pparemment contradictoires avec ce qu’il vient de
me
dire : « J’ai trop longtemps gardé cette illusion que la femme n’avai
611
ontradictoires avec ce qu’il vient de me dire : «
J’
ai trop longtemps gardé cette illusion que la femme n’avait pas besoin
612
oin du commerce physique, autant que nous. Hélas,
je
ne voyais pas clair. On se trompe ainsi, et les conséquences. J’ai ét
613
s clair. On se trompe ainsi, et les conséquences.
J’
ai été assez bête pour croire cela ! Il ne faut jamais croire ce qu’el
614
Il a pris une expression angoissée et crispée. «
Je
vous parle très sincèrement, je vous parle de choses qui ont joué un
615
sée et crispée. « Je vous parle très sincèrement,
je
vous parle de choses qui ont joué un rôle très grave dans ma vie. » (
616
le de choses qui ont joué un rôle très grave dans
ma
vie. » (Frappé par le ton de confession, par le ton « c’était mal » d
617
subitement, après un silence : « C’est ainsi que
j’
ai commis, à cette époque — je parle de mon premier séjour en Afrique,
618
: « C’est ainsi que j’ai commis, à cette époque —
je
parle de mon premier séjour en Afrique, — une terrible erreur d’aigui
619
nsi que j’ai commis, à cette époque — je parle de
mon
premier séjour en Afrique, — une terrible erreur d’aiguillage ! » Pui
620
er point à se contraindre. Les jours suivants, il
me
donne à lire, par paquets, les épreuves de son Journal en cours d’imp
621
son Journal en cours d’impression, et sur lequel
je
vais écrire un article pour la NRF. Il insiste comme il sait insister
622
intimement sa femme — « le seul être, dit-il, que
j’
ai vraiment aimé » — tous ces passages ont été coupés. On les lira plu
623
ns deux cahiers gris d’écolier. Un soir, il vient
m’
avertir qu’il compte s’absenter pour huit jours. Mais son studio me re
624
ompte s’absenter pour huit jours. Mais son studio
me
restera ouvert ; que j’y vienne prendre tous les livres dont je pourr
625
it jours. Mais son studio me restera ouvert ; que
j’
y vienne prendre tous les livres dont je pourrais avoir besoin… Dès le
626
ert ; que j’y vienne prendre tous les livres dont
je
pourrais avoir besoin… Dès le lendemain, j’y pénètre, bien sûr. Des h
627
dont je pourrais avoir besoin… Dès le lendemain,
j’
y pénètre, bien sûr. Des housses couvrent les meubles, une sorte de vi
628
bien en évidence, un fort cahier gris d’écolier.
J’
ai lu les premières lignes, pour vérifier, et j’ai vite refermé la cou
629
. J’ai lu les premières lignes, pour vérifier, et
j’
ai vite refermé la couverture. Pudeur, ou répugnance à donner dans le
630
piège ? Les deux sans doute. Combien de fois l’ai-
je
revu après la guerre ? Souvent, en somme, et dans les lieux les plus
631
u », près de Lausanne, à Neuchâtel, à Berne. Mais
je
n’ai plus souvenir d’aucune conversation qui mérite d’être rapportée,
632
’aucune conversation qui mérite d’être rapportée,
j’
entends : qui modifie le moins du monde l’image que l’on connaît de lu
633
ndant un déjeuner, il s’enquit avec insistance de
mon
opinion sur Strindberg, et je lui fis une réponse assez vague, m’éton
634
avec insistance de mon opinion sur Strindberg, et
je
lui fis une réponse assez vague, m’étonnant surtout de la question. H
635
trindberg, et je lui fis une réponse assez vague,
m’
étonnant surtout de la question. Huit jours plus tard, il recevait le
636
apiers. Jeu de télépathie, plutôt que de hasard.)
J’
avais écrit, dernière question : « Qu’est-ce que le style ? » Catherin
637
a des bouts-rimés. Il y excellait. ⁂ Peu d’hommes
m’
ont donné l’impression que le problème religieux existait dans leur vi
638
les uns ; et chez les autres résolu, croient-ils.
Je
ne dis pas qu’il torturait Gide, hors quelques crises dont nous avons
639
utres jugent profond. Son défaut de sens poétique
me
paraît presque inégalé depuis Montaigne. (Je ne nie pas un instant so
640
ique me paraît presque inégalé depuis Montaigne. (
Je
ne nie pas un instant son lyrisme.) Et c’est ainsi qu’il réussit à re
641
e mystère. Réduisait-il la religion à la morale ?
Je
pense plutôt que la morale était le lieu de son vrai drame, et qu’il
642
n l’accueil du mystère, ni l’adhésion à un credo.
J’
en donne la preuve : avoir la foi sans être saint lui paraissait la tr
643
dis qu’il eût admis la sainteté sans foi. Que dis-
je
? Il l’a souhaitée expressément. Mais comment définir un saint qui ne
644
, même s’il en refusait les dimensions profondes.
J’
ai dit qu’il se méfiait d’une certaine « profondeur » qui mesure parfo
645
une sobriété stricte. Ses connaissances bibliques
me
stupéfiaient. L’usage qu’il en faisait me semblait décevant. Là où Cl
646
bliques me stupéfiaient. L’usage qu’il en faisait
me
semblait décevant. Là où Claudel prend son élan pour caramboler des s
647
s hors de lui, et n’est pas explicable sans lui. (
Je
ne dis pas qu’elle soit chrétienne pour autant.) Gide était individua
648
ire des mythes, n’a cessé d’occuper sa pensée. Et
j’
ignore si c’est mal ou bien : je constate simplement le phénomène. Je
649
per sa pensée. Et j’ignore si c’est mal ou bien :
je
constate simplement le phénomène. Je ne tiens pas la foi pour une ver
650
al ou bien : je constate simplement le phénomène.
Je
ne tiens pas la foi pour une vertu plus que l’absence de foi pour une
651
c’est pourquoi il est écrit : « Ne jugez pas ! »
J’
avoue que je comprends mal, ou plutôt que je réprouve, ces discussions
652
uoi il est écrit : « Ne jugez pas ! » J’avoue que
je
comprends mal, ou plutôt que je réprouve, ces discussions sur la croy
653
s ! » J’avoue que je comprends mal, ou plutôt que
je
réprouve, ces discussions sur la croyance ou non d’un homme connu, mu
654
demain, ne sera-t-il pas celui qui osera dire : «
Je
ne crois pas ! » quand l’État contre l’homme invoquera les Nécessités
655
doute, plus qu’il n’est de lumière sans ombre. Et
je
n’entends pas dire que Gide fut un croyant, mais il reste un douteur
656
par la nature même des péripéties de l’Aventure,
je
détache ici le moment de l’exploration du temps, mère de l’Histoire.
657
dans la vue que le Moyen Âge, loin de représenter
je
ne sais quel « âge d’or du christianisme » — comme on l’a ressassé de
658
volution introduit dans le monde par l’Évangile. (
J’
ai dit plus haut que le Moyen Âge fut la période « orientale » de l’Eu
659
sque un « jour de Brahma » dans le cosmos actuel.
Je
dis « cosmos actuel », car de nombreux savants nous parlent déjà d’un
660
e suite de conséquences qui jouent en fait — mais
je
ne pense pas en droit — contre l’idée occidentale de l’homme. L’impor
661
e l’Histoire », ou ce n’est rien qui vaille… Suis-
je
dans l’Histoire ? Es-tu dans l’Histoire ? Sont-ils dans l’Histoire ?
662
profondément typique de l’Occident au xxe siècle
me
semble incontestable en tant que diagnostic. Mais comment la situer d
663
ve plus » et démissionne. Que l’Histoire décide à
ma
place, de toute façon je n’y puis rien. Que le dictateur ou le Parti
664
Que l’Histoire décide à ma place, de toute façon
je
n’y puis rien. Que le dictateur ou le Parti décrètent le vrai sens de
665
e dictateur ou le Parti décrètent le vrai sens de
ma
vie, de toute façon je ne pourrais plus le distinguer. Je ne suis plu
666
décrètent le vrai sens de ma vie, de toute façon
je
ne pourrais plus le distinguer. Je ne suis plus responsable, mais c’e
667
de toute façon je ne pourrais plus le distinguer.
Je
ne suis plus responsable, mais c’est l’Évolution, et je n’ai plus d’a
668
suis plus responsable, mais c’est l’Évolution, et
je
n’ai plus d’autre choix que de m’en dire l’agent. Cet abandon de l’êt
669
l’Évolution, et je n’ai plus d’autre choix que de
m’
en dire l’agent. Cet abandon de l’être entier à la Maya, sans plus rêv
670
rme du monde, sans espoir de salut individuel58 —
je
pressens qu’ils trahissent un dépit amoureux au moins autant qu’un fl
671
rs, un sadisme. Dans cette abjecte humiliation du
moi
, l’orgueil fou trouve un alibi. L’Évolution fatale est en réalité cel
672
le temps ne va pas apporter la négation de ce que
je
suis, de ce que j’attends, de mes croyances ou de mon incroyance, ou
673
apporter la négation de ce que je suis, de ce que
j’
attends, de mes croyances ou de mon incroyance, ou même de ces raisons
674
gation de ce que je suis, de ce que j’attends, de
mes
croyances ou de mon incroyance, ou même de ces raisons de désespérer
675
suis, de ce que j’attends, de mes croyances ou de
mon
incroyance, ou même de ces raisons de désespérer auxquelles je tiens
676
, ou même de ces raisons de désespérer auxquelles
je
tiens contre le monde et contre Dieu — la négation de moi-même et du
677
ntre Dieu — la négation de moi-même et du sens de
ma
vie. Anticiper l’avenir, c’est le dernier refus de l’aventure du temp
678
usque, saura-t-il en tirer une liberté nouvelle ?
Je
céderais à la tentation que j’ai décrite si j’essayais d’anticiper su
679
liberté nouvelle ? Je céderais à la tentation que
j’
ai décrite si j’essayais d’anticiper sur nos lendemains, et ceux-ci ne
680
? Je céderais à la tentation que j’ai décrite si
j’
essayais d’anticiper sur nos lendemains, et ceux-ci ne seront point ma
681
sa définition. S’il est vrai que l’Orient nie le
moi
, qui est une valeur centrale pour l’Occident, il doit en résulter d’i
682
mais dans quelle mesure est-ce vrai ? Quel est le
moi
qui s’affirme d’une part et quel est le moi qu’on nie de l’autre ? Es
683
st le moi qui s’affirme d’une part et quel est le
moi
qu’on nie de l’autre ? Est-ce bien le même ? La Personne Le chr
684
ù la définition de la personne humaine ou du vrai
moi
, reprise et précisée par toutes les grandes époques de la théologie e
685
exemplaire de l’espèce. Pour saint Paul, le vrai
moi
est l’homme nouveau, « appelé » par un Dieu personnel, donc créé par
686
dans l’individu naturel. Pour Descartes, le vrai
moi
c’est « l’âme », mais il s’agit d’une âme tout intellectuelle, dont «
687
ntièrement distincte du corps. Avec Kant, le vrai
moi
, nouménal, s’oppose au moi phénoménal, et reprend le nom de personne.
688
ps. Avec Kant, le vrai moi, nouménal, s’oppose au
moi
phénoménal, et reprend le nom de personne. Chez Renouvier, la personn
689
rd’hui, dont on a pu penser « qu’elle n’aborde le
moi
que pour le disjoindre60 », il me semble plutôt qu’elle élague le vra
690
le n’aborde le moi que pour le disjoindre60 », il
me
semble plutôt qu’elle élague le vrai moi, qu’elle en disjoint ce qui
691
e60 », il me semble plutôt qu’elle élague le vrai
moi
, qu’elle en disjoint ce qui appartient en propre au collectif (l’inco
692
oir d’intégration de l’être. Loin de dissocier le
moi
, les recherches psychologiques du xxe siècle nomment et dénoncent le
693
s » l’opposition paulinienne des « deux hommes en
moi
» : le naturel tyrannisant (et tyrannisé par la Loi) et le spirituel
694
euse conscience de soi — reste que la croyance au
moi
distinct et le recours à la « valeur absolue de la personne » sont à
695
l’atteste enfin notre notion de l’amour, — à quoi
j’
entends venir plus loin. L’ange Quelle est cette part de la pers
696
l’Ange pour nos psychologues ? Une projection du
moi
individuel ou collectif. Pour les sages de l’Iran, il est ce moi. Bar
697
ou collectif. Pour les sages de l’Iran, il est ce
moi
. Barakat, juif passé à l’islam, écrit en 1165 : « … pour chaque âme i
698
u’ils appelaient Nature parfaite. » C’est le vrai
moi
, c’est l’Ange. « Il ne s’agit plus du simple messager transmettant le
699
terrestre : c’est la rencontre de l’âme avec son
moi
céleste à l’entrée du pont Chinvat. Dans un paysage nimbé de la Lumiè
700
son entrée, se dresse devant l’âme sa Dâenâ, son
moi
céleste, jeune femme d’une beauté resplendissante et qui lui dit : —
701
e d’une beauté resplendissante et qui lui dit : —
Je
suis toi-même ! Mais si l’homme sur la Terre a maltraité son moi, au
702
me ! Mais si l’homme sur la Terre a maltraité son
moi
, au lieu de la Fravarti, c’est une apparition monstrueuse et défiguré
703
son état déchu. La « rencontre aurorale » avec le
moi
céleste figure donc une pesée des âmes. Le mazdéisme, comme plus tard
704
? Toute réalité dernière est personnelle. Le vrai
moi
est ailleurs, mais son drame ici-bas. L’absolu, ou la négation du
705
son drame ici-bas. L’absolu, ou la négation du
moi
Les peuples des régions que l’Europe nomme Asie diffèrent bien plu
706
e impliquer comme allant de soi la croyance en un
moi
reconnaissable au travers de ses vies successives. Car si le moi n’ex
707
ble au travers de ses vies successives. Car si le
moi
n’existe pas, qu’est-ce qui transmigre64 ? Mais ce moi, cet ego, cett
708
’existe pas, qu’est-ce qui transmigre64 ? Mais ce
moi
, cet ego, cette entité distincte, voilà précisément ce que les doctri
709
e de la personne qu’ils opposent leur idée du non-
moi
. Le vrai malentendu se serait-il instauré entre eux et nous ? Entre c
710
ensent que nous croyons lorsque nous affirmons le
moi
réel, et cela que nous pensons qu’ils croient en le niant ? Nous avan
711
ntaires aux Vedas, il apparaît que la négation du
moi
porte d’abord contre le moi « phénoménal », c’est-à-dire contre l’hom
712
ît que la négation du moi porte d’abord contre le
moi
« phénoménal », c’est-à-dire contre l’homme naturel, exemplaire anima
713
ui est la condition de leur accession à leur vrai
moi
spirituel, celui qui doit ressusciter en corps glorieux. Védantistes,
714
sées sont souffrantes Toutes les choses sont sans
moi
.68) Si D. T. Suzuki peut écrire après cela : « On le voit, l’expérie
715
ner d’avance, dirions-nous, aux exigences du vrai
moi
, qui est notre répondant céleste. Et faut-il qu’il existe et qu’il so
716
e. Et faut-il qu’il existe et qu’il soit fort, ce
moi
qu’on répute illusoire, pour qu’un des buts majeurs des méthodes spir
717
idualité, mais non un être pur. — Ô Nagasena, dis-
moi
s’il existe rien de semblable à l’âme ? — Il n’y a rien de semblable
718
ui n’est pas personnel et se joue à travers notre
moi
. Ainsi tout l’Orient des doctrines, — et en même temps l’Orient des p
719
valeur religieuse signifie l’absolue négation du
moi
», ajoute trois pages plus loin « Nous devenons vraies personnes dans
720
même Chang Chen-Chi qui cite ce koan : Parfois,
j’
arrache la personne mais sauve l’objet. Parfois j’arrache l’objet, mai
721
j’arrache la personne mais sauve l’objet. Parfois
j’
arrache l’objet, mais sauve la personne. Parfois, j’arrache en même te
722
arrache l’objet, mais sauve la personne. Parfois,
j’
arrache en même temps l’objet et la personne. Parfois, je n’arrache ni
723
he en même temps l’objet et la personne. Parfois,
je
n’arrache ni l’objet ni la personne. Le même commente : « Supprimer
724
de ce siècle, il semblerait que les négations du
moi
selon les écoles orientales correspondent simplement aux névroses de
725
« dysfonctionnelles » qui menacent l’intégrité du
moi
et qui nient ou détruisent la personne… Mais l’Oriental sourit et nou
726
u monde, c’est son action qui configure l’idée du
moi
que nous nous faisons, et cette idée du moi révèle l’amour, comme la
727
ée du moi que nous nous faisons, et cette idée du
moi
révèle l’amour, comme la structure de l’atome traduit certaines propr
728
la forme des rapports qu’elles imaginent entre le
moi
naturel et le vrai moi, c’est-à-dire selon les langages, entre les ph
729
u’elles imaginent entre le moi naturel et le vrai
moi
, c’est-à-dire selon les langages, entre les phénomènes et le noumène,
730
réexistants ; ni tout à fait des « deux hommes en
moi
» dont la lutte fait gémir saint Paul ; mais, préalablement à tout ju
731
tension permanente entre l’individu et le « vrai
moi
». (L’individu n’est pas le mal en soi : il ne devient mauvais que da
732
-à-dire se refuse à l’amour. Et de même le « vrai
moi
» n’est pas le bien en soi, car il peut devenir un monstre.) Pour aim
733
st le rapport positif entre l’individu et le vrai
moi
. Le second commandement qui résume toute la Loi et les Prophètes : «
734
prochain comme toi-même », suppose évidemment un
moi
duel, au sein duquel l’amour s’instaure d’une manière telle que s’aim
735
-même, l’homme naturel s’ouvre à l’action du vrai
moi
spirituel et se laisse transformer, réorienter par lui. C’est le vrai
736
se transformer, réorienter par lui. C’est le vrai
moi
qui aime, qui est l’agent de l’amour. Ce vrai moi seul peut aimer le
737
moi qui aime, qui est l’agent de l’amour. Ce vrai
moi
seul peut aimer le prochain, parce que seul il discerne en l’autre le
738
t donné les trois religions abrahamiques, le vrai
moi
est toujours suscité par l’Amour même : « Dieu nous a aimés le premie
739
er pour l’autre aimé, c’est d’abord sacrifier son
moi
à son vrai moi, — l’ordonner à sa vocation. Ou c’est encore se sacrif
740
aimé, c’est d’abord sacrifier son moi à son vrai
moi
, — l’ordonner à sa vocation. Ou c’est encore se sacrifier tel que l’o
741
» transfigurante. Ce modèle de l’amour et du vrai
moi
instaure le normal, le sublime, et la problématique de l’Occident chr
742
ance ascétique, avec une complaisance croissante.
Je
sais bien que la haine est l’envers de l’amour, mais comment l’amour
743
it cesse de la diriger dans son élan vers le vrai
moi
? Elle voulait l’ange. Il lui reste la nostalgie d’une fuite hors du
744
ge. Il lui reste la nostalgie d’une fuite hors du
moi
naturel. Désormais le vieil homme est jugé : n’ayant pu l’entraîner a
745
ps, vu comme signe et symbole de la « prison » du
moi
. Et c’est que l’âme avait rêvé d’une métamorphose angélique, quand l’
746
esprit lui demandait seulement d’ordonner tout le
moi
terrestre et temporel à la vocation de l’amour. Mais celui qui se hai
747
vil » et une âme qui se veut ange —, non le vrai
moi
dans son autonomie. Si le corps lui paraît désirable, il sera parfois
748
r confondre avec les exigences de la mort au faux-
moi
, l’instinct de mort… Contre cet ascétisme non-transfigurant, Nietzsch
749
Kierkegaard. Tout amour véritable procède du vrai
moi
et se dirige vers le vrai moi de l’autre. Mais il peut arriver qu’il
750
ble procède du vrai moi et se dirige vers le vrai
moi
de l’autre. Mais il peut arriver qu’il s’arrête en chemin, que son él
751
mais de la mystique des soufis, et pour cause. Si
je
les fais intervenir ici, c’est à titre d’évocation d’une dimension vi
752
ciel » des archétypes : ainsi la dualité ego-vrai
moi
y devient celle de l’âme et de son ange. Pour situer dans son vrai cl
753
e soi-même », — comme étant née du même amour qui
m’
a créé. « (Dieu) est celui qui dans chaque être aimé se manifeste au r
754
e, la structure des relations entre Dieu, le vrai
moi
et le prochain, reste exactement comparable, comme le sont les trois
755
serait que l’image sensible, — et c’est pourquoi
j’
ai osé dire que Tristan n’aimait pas Iseut — cette passion n’est-elle
756
rtis du mazdéisme, les figures angéliques du vrai
moi
dans le mysticisme soufi et même la « rencontre aurorale » de l’âme e
757
t du bouddhisme. S’il est vrai que « la notion de
Moi
n’a d’accès que dans la pensée des sots », comme le dit un texte tibé
758
e : l’Asie métaphysique ne connaît pas l’amour, —
j’
entends l’amour de Dieu, de soi et du prochain, l’amour-passion, et mê
759
our-passion, et même l’amour matrimonial. Mais on
me
dira que l’Asie n’est pas toute spirituelle, et que la vie ne s’en ti
760
uvera peu d’exemples convaincants — pour ma part,
je
n’en connais point — de ce que nous baptisons amour-passion, et l’on
761
u’une infinie bibliographie rameutée à l’appui de
mes
dires, cette notation plaisante dans un roman moderne, dont l’auteur
762
l’auteur se trouve être un brahmane orthodoxe : «
J’
avais vécu en Europe, j’avais épousé une Européenne : apparemment, cel
763
un brahmane orthodoxe : « J’avais vécu en Europe,
j’
avais épousé une Européenne : apparemment, cela me donnait l’invraisem
764
j’avais épousé une Européenne : apparemment, cela
me
donnait l’invraisemblable privilège de comprendre les choses de l’amo
765
érique sérieusement éperdus de sagesse asiatique,
me
paraît appeler deux remarques, à vrai dire d’inégale importance, et q
766
répétées du contraire (comme la non-existence du
moi
). Illustrons cela. L’idée de vocation personnelle accomplie aux dépen
767
toi-même ne diffèrent que par les attachements du
moi
phénoménal, tandis qu’ils participent du même Soi véritable, qui seul
768
mal par le bien », dit le Bouddha. « Que ceux qui
me
calomnient, me nuisent, me raillent, et tous les autres, obtiennent l
769
», dit le Bouddha. « Que ceux qui me calomnient,
me
nuisent, me raillent, et tous les autres, obtiennent l’illumination s
770
ouddha. « Que ceux qui me calomnient, me nuisent,
me
raillent, et tous les autres, obtiennent l’illumination spirituelle »
771
histe « consiste à transformer Éros en Agapè »90.
Je
répète que tout cela n’est pas contradictoire, dans une philosophie s
772
i est en elle.91 En présence d’une telle phrase,
j’
éprouve d’abord ceci : le sentiment d’une immédiate et vive reconnaiss
773
e d’un savoir de l’amour qu’il vit. N’importe qui
m’
avertira que le Soi de l’Inde n’est pas le vrai Dieu des chrétiens, qu
774
i est personnel. On connaît les définitions. Mais
je
retrouve ici mon expérience. C’est seulement à partir de là que nos q
775
On connaît les définitions. Mais je retrouve ici
mon
expérience. C’est seulement à partir de là que nos questions devienne
776
écrire tout un livre. (Mais si c’était celui que
je
suis en train d’écrire ? Et qui, précisément, ici, touche à sa fin ?)
777
re ? Et qui, précisément, ici, touche à sa fin ?)
Je
disais que l’amour vrai, c’est discerner dans l’autre — pour l’avoir
778
’avoir reconnu tout d’abord en soi-même — le vrai
moi
, sujet de l’amour, et l’aider à prendre conscience de ce qu’il est ou
779
ère se voie en lui, mais qu’en même temps le vrai
moi
de l’amant s’y découvre, autrement éclairé, et par là subtilement cha
780
our mutuel. L’expérience est la même, ou du moins
je
la sens telle. Mais la lumière ? Est-ce le Nom qu’on lui donne qui di
781
re, à son corps ou à son esprit — ou encore à son
moi
total non reconnu, non respecté dans son autonomie. Ici, le brahmane
782
rreurs que tu craignais sont illusoires. Comme le
moi
. — La vue juste distingue et juge, mais ne peut pas nier le trouble.
783
t juge, mais ne peut pas nier le trouble. Dans ce
moi
peu ou point différencié que la vie nous offre, avec son programme gé
784
monde ne doit pas être refusé mais dissous.92 —
Je
veux voir l’autre en sa réalité, qui est unique. J’aime en elle à la
785
veux voir l’autre en sa réalité, qui est unique.
J’
aime en elle à la fois ce que je vois et ce qui fait que je la vois un
786
, qui est unique. J’aime en elle à la fois ce que
je
vois et ce qui fait que je la vois unique : ce vrai moi pressenti par
787
elle à la fois ce que je vois et ce qui fait que
je
la vois unique : ce vrai moi pressenti par l’amour seul, et qui est e
788
is et ce qui fait que je la vois unique : ce vrai
moi
pressenti par l’amour seul, et qui est elle-même. Tu dis le Soi, ce n
789
ne vois pas la femme que tu crois aimer. — Quand
je
saurai aimer le Soi en elle, je ne serai plus moi, elle ne sera plus
790
is aimer. — Quand je saurai aimer le Soi en elle,
je
ne serai plus moi, elle ne sera plus elle, et les dieux mêmes me serv
791
je saurai aimer le Soi en elle, je ne serai plus
moi
, elle ne sera plus elle, et les dieux mêmes me serviront. Tout et
792
s moi, elle ne sera plus elle, et les dieux mêmes
me
serviront. Tout et tous L’Orient voudrait exténuer, « émacier l
793
octrines d’extinction n’ont pas tué l’illusion du
moi
; au contraire, ce moi sans valeur est en train de faire valoir ses r
794
’ont pas tué l’illusion du moi ; au contraire, ce
moi
sans valeur est en train de faire valoir ses revendications, par plus
795
e assez proche de C. G. Jung. Mais si Ch. Baudoin
me
paraît un peu trop pessimiste, de son propre point de vue, D. T. Suzu
796
occidentale. Cherchant à guérir les « maladies du
moi
», elle le confirme comme entité et le renforce, loin de l’éliminer.
797
: « Faust se plaignait d’avoir deux âmes en lui.
J’
ai en moi une foule d’âmes turbulentes. Et tout se passe comme dans un
798
st se plaignait d’avoir deux âmes en lui. J’ai en
moi
une foule d’âmes turbulentes. Et tout se passe comme dans une républi
799
comme dans une république. » À regarder ainsi le
moi
, on le perd assurément et par méthode. Car il est forme dominante et
800
9. Raja Rao, Le Serpent et la Corde, 1959, p. 28.
Je
ne saurais trop inciter mes lecteurs à lire ce beau roman autobiograp
801
la Corde, 1959, p. 28. Je ne saurais trop inciter
mes
lecteurs à lire ce beau roman autobiographique : la fraîcheur poétiqu
802
qui baigne l’œuvre, situe dans la réalité ce que
je
n’entends ici que formuler. Je ne connais rien dans la littérature qu
803
la réalité ce que je n’entends ici que formuler.
Je
ne connais rien dans la littérature qui confronte avec plus de tendre
804
n Asie. Lire enfin de Rudolf Kassner, Le Livre de
ma
Vie. Puis aller en Inde et sentir l’innombrable, le « corps magique »
805
uzuki, Mysticism : Christian and Buddhist, p. 73.
Je
crains que l’auteur ne vienne ici à la rencontre des catégories de L