1 1931, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Les Éléments de la grandeur humaine, par Rudolf Kassner (octobre 1931)
1 Les Éléments de la grandeur humaine, par Rudolf Kassner (octobre 1931)a
2 Les Éléments de la grandeur humaine, par Rudolf Kassner (octobre 1931)a Si l’existenc
3 humaine, par Rudolf Kassner (octobre 1931)a Si l’ existence — le degré d’être — se mesure au pouvoir d’incarner sa vérit
4 udolf Kassner (octobre 1931)a Si l’existence — le degré d’être — se mesure au pouvoir d’incarner sa vérité, le mal du s
5 être — se mesure au pouvoir d’incarner sa vérité, le mal du siècle c’est l’impuissance. La proie de désirs divergents qui
6 voir d’incarner sa vérité, le mal du siècle c’est l’ impuissance. La proie de désirs divergents qui prennent rarement assez
7 sa vérité, le mal du siècle c’est l’impuissance. La proie de désirs divergents qui prennent rarement assez de violence po
8 olence pour nous déchirer jusqu’au salut, et dont la composante réelle tend vers zéro, c’est d’une philosophie de l’existe
9 réelle tend vers zéro, c’est d’une philosophie de l’ existence personnelle qu’avant tout nous avons besoin. Kierkegaard nou
10 ut nous avons besoin. Kierkegaard nous en propose le type le plus efficace. Et c’est ainsi par une nécessité organique — n
11 avons besoin. Kierkegaard nous en propose le type le plus efficace. Et c’est ainsi par une nécessité organique — nous somm
12 nécessiteux — que son œuvre entre en action parmi les forces spirituelles qui orientent l’Europe d’aujourd’hui. La France n
13 ction parmi les forces spirituelles qui orientent l’ Europe d’aujourd’hui. La France ne l’ignorera plus longtemps. Quant à
14 pirituelles qui orientent l’Europe d’aujourd’hui. La France ne l’ignorera plus longtemps. Quant à l’Allemagne, elle s’est
15 ui orientent l’Europe d’aujourd’hui. La France ne l’ ignorera plus longtemps. Quant à l’Allemagne, elle s’est depuis plusie
16 . La France ne l’ignorera plus longtemps. Quant à l’ Allemagne, elle s’est depuis plusieurs années déjà pénétrée de cette p
17 nétrée de cette philosophie, ainsi qu’en témoigne l’ accueil fait à la pensée d’un Karl Barth, génial disciple du Danois, e
18 hilosophie, ainsi qu’en témoigne l’accueil fait à la pensée d’un Karl Barth, génial disciple du Danois, et dont il est gra
19 qu’on nous traduise quelques essais théologiques. L’ œuvre de Rudolf Kassner, de moindre envergure — à cause de sa rareté e
20 s non de moindre profondeur, manifeste elle aussi l’ emprise de l’« Existenzphilosophie » et son extrême conséquence. Dans
21 dre profondeur, manifeste elle aussi l’emprise de l’ « Existenzphilosophie » et son extrême conséquence. Dans la mesure mêm
22 enzphilosophie » et son extrême conséquence. Dans la mesure même où Kassner se montre disciple de Kierkegaard, sa pensée p
23 sur des formules explicites. Même dans son essai le plus discursif, relativement, celui qui donne son titre au recueil, l
24 lativement, celui qui donne son titre au recueil, les mots-clés : mesure, forme, grandeur, ne sont guère définis que par le
25 des thèmes essentiels du préromantisme allemand, l’ opposition de l’antique et du moderne, non du point de vue littéraire
26 ntiels du préromantisme allemand, l’opposition de l’ antique et du moderne, non du point de vue littéraire comme on le fit
27 moderne, non du point de vue littéraire comme on le fit en France, mais du point de vue des valeurs vitales (problème que
28 e notre xviie siècle se devait de ne pas poser). L’ homme antique peut atteindre la grandeur parce qu’il possède la mesure
29 de ne pas poser). L’homme antique peut atteindre la grandeur parce qu’il possède la mesure au sein d’un tout fini : famil
30 ue peut atteindre la grandeur parce qu’il possède la mesure au sein d’un tout fini : famille, dieux, nature. Il ne se rech
31 ature. Il ne se recherche pas soi-même, il vise à la plénitude élémentaire, définie par la loi, par son astre. L’homme chr
32 , il vise à la plénitude élémentaire, définie par la loi, par son astre. L’homme chrétien au contraire, l’homme qui doit ê
33 e élémentaire, définie par la loi, par son astre. L’ homme chrétien au contraire, l’homme qui doit être surpassé, vit dans
34 oi, par son astre. L’homme chrétien au contraire, l’ homme qui doit être surpassé, vit dans la démesure, et lorsqu’il « veu
35 ntraire, l’homme qui doit être surpassé, vit dans la démesure, et lorsqu’il « veut prendre mesure de lui-même, il se sent
36 let et coupable. Il est donc possible de dire que le péché est la mesure du démesuré, et que pour le chrétien il n’est pas
37 le. Il est donc possible de dire que le péché est la mesure du démesuré, et que pour le chrétien il n’est pas d’autre gran
38 e le péché est la mesure du démesuré, et que pour le chrétien il n’est pas d’autre grandeur ». Ainsi le chrétien existe en
39 e chrétien il n’est pas d’autre grandeur ». Ainsi le chrétien existe en tant que le péché crée une tension entre lui et Di
40 grandeur ». Ainsi le chrétien existe en tant que le péché crée une tension entre lui et Dieu. Mais le péché ne devient ré
41 le péché crée une tension entre lui et Dieu. Mais le péché ne devient réalité que pour le converti ; c’est donc la convers
42 t Dieu. Mais le péché ne devient réalité que pour le converti ; c’est donc la conversion qui figure l’acte par excellence
43 devient réalité que pour le converti ; c’est donc la conversion qui figure l’acte par excellence du chrétien, hors duquel
44 le converti ; c’est donc la conversion qui figure l’ acte par excellence du chrétien, hors duquel il n’est pour lui ni mesu
45 orme, mais seulement chimères et incohérence. Que l’ on considère en effet l’homme moderne, l’homme sans mesure naturelle :
46 mères et incohérence. Que l’on considère en effet l’ homme moderne, l’homme sans mesure naturelle : s’il ne retrouve pas de
47 nce. Que l’on considère en effet l’homme moderne, l’ homme sans mesure naturelle : s’il ne retrouve pas de loi interne et d
48 ne retrouve pas de loi interne et de tension par le péché, il n’est plus qu’un être sans destinée, un « indiscret ». « Sa
49 ndiscret est distrait, et sa distraction vient de l’ intérieur. Il ne peut jamais sortir de son moi sans trahison et chaque
50 lque côté à un outrage, voire à une impudeur. » À l’ opposition du Beau objectif et de l’Intéressant sentimental qui pour S
51 impudeur. » À l’opposition du Beau objectif et de l’ Intéressant sentimental qui pour Schiller et surtout pour Schlegel sym
52 ler et surtout pour Schlegel symbolisait celle de l’ antique et du moderne, Kassner répondrait aujourd’hui par l’opposition
53 et du moderne, Kassner répondrait aujourd’hui par l’ opposition de la grandeur mesurée et de l’indiscrétion journalistique.
54 assner répondrait aujourd’hui par l’opposition de la grandeur mesurée et de l’indiscrétion journalistique. La férocité réf
55 hui par l’opposition de la grandeur mesurée et de l’ indiscrétion journalistique. La férocité réfléchie qui préside à son a
56 deur mesurée et de l’indiscrétion journalistique. La férocité réfléchie qui préside à son analyse de l’indiscret nous vaut
57 a férocité réfléchie qui préside à son analyse de l’ indiscret nous vaut une description inégalable du mal du siècle. Ici l
58 une description inégalable du mal du siècle. Ici le mépris ne porte aucune atteinte à la perspicacité parce qu’il est vra
59 siècle. Ici le mépris ne porte aucune atteinte à la perspicacité parce qu’il est vraiment souverain. Peut-être faut-il re
60 eut-être faut-il reconnaître à ce seul philosophe le privilège d’avoir parlé sans complicité de ce qui nous détruit : Rudo
61 ité de ce qui nous détruit : Rudolf Kassner donne la sensation à peu près unique en ce temps d’une pensée autoritaire. Ent
62 rlementarisme intérieur qui nous mène lentement à l’ impuissance. (Si Kassner exprime un tourment, c’est en tant que la réa
63 Si Kassner exprime un tourment, c’est en tant que la réalité humaine, non sa pensée privée, est tourmentée.) Penser n’est
64 s mais créer de tout son être spirituel des faits nouveaux et vrais, dans un certain style. Car il n’est point de vérité sans fo
65 forme. Quelques pages étranges et puissantes sur les chimères de Notre-Dame illustrent ce réalisme de la forme, hors de qu
66 chimères de Notre-Dame illustrent ce réalisme de la forme, hors de quoi il n’est qu’indiscrétion, et qui livre la clef de
67 rs de quoi il n’est qu’indiscrétion, et qui livre la clef de la pensée de Kassner, comme aussi de son apparente obscurité1
68 il n’est qu’indiscrétion, et qui livre la clef de la pensée de Kassner, comme aussi de son apparente obscurité1. Il faut s
69 intellectuellement sans « réaliser ». Il faut que les pensées créées ne soient concevables qu’en elles-mêmes et comme à l’é
70 e soient concevables qu’en elles-mêmes et comme à l’ état sauvage, non par une explication qui les réduise et qui les domes
71 mme à l’état sauvage, non par une explication qui les réduise et qui les domestique. Une pensée neuve ne saurait être compr
72 e, non par une explication qui les réduise et qui les domestique. Une pensée neuve ne saurait être comprise à moins d’être
73 dans sa forme — ce dont certaine clarté dispense le lecteur. On pourrait dire aussi que l’indiscret est celui qui se préo
74 é dispense le lecteur. On pourrait dire aussi que l’ indiscret est celui qui se préoccupe de défendre plutôt que d’illustre
75 kegaard, le premier homme qui s’avisa de défendre la religion mériterait-il d’être appelé Judas numéro deux. Car il ne s’a
76 ne s’agit pas de professer une chose mais d’être la chose. Le rare, c’est que chez Kassner comme chez Kierkegaard, cette
77 pas de professer une chose mais d’être la chose. Le rare, c’est que chez Kassner comme chez Kierkegaard, cette présence s
78 mode d’une ironie qui chez d’autres serait plutôt le fait du détachement. Une ironie à l’intérieur des choses, qui les fou
79 erait plutôt le fait du détachement. Une ironie à l’ intérieur des choses, qui les fouille et les purifie, une ironie née d
80 chement. Une ironie à l’intérieur des choses, qui les fouille et les purifie, une ironie née de la rigueur et non du scepti
81 onie à l’intérieur des choses, qui les fouille et les purifie, une ironie née de la rigueur et non du scepticisme2. Le dial
82 qui les fouille et les purifie, une ironie née de la rigueur et non du scepticisme2. Le dialogue de Laurence Sterne et du
83 ironie née de la rigueur et non du scepticisme2. Le dialogue de Laurence Sterne et du recteur Krooks sur Judas et la Paro
84 Laurence Sterne et du recteur Krooks sur Judas et la Parole est à cet égard d’une saveur particulièrement riche et complex
85 e saveur particulièrement riche et complexe. (« … les bavards ne tirent pas d’eux-mêmes toutes les paroles qu’ils profèrent
86 (« … les bavards ne tirent pas d’eux-mêmes toutes les paroles qu’ils profèrent ; ils les reçoivent des prophètes ; s’il n’y
87 x-mêmes toutes les paroles qu’ils profèrent ; ils les reçoivent des prophètes ; s’il n’y avait pas de prophètes, les bavard
88 des prophètes ; s’il n’y avait pas de prophètes, les bavards seraient peut-être des créatures très silencieuses, comme les
89 peut-être des créatures très silencieuses, comme les belettes ou les étoiles filantes. ») Mais plus encore que leur concep
90 réatures très silencieuses, comme les belettes ou les étoiles filantes. ») Mais plus encore que leur conception de l’« exis
91 antes. ») Mais plus encore que leur conception de l’ « existence » et que leur ironie, ce qui rapproche Kassner et son maît
92 t son maître c’est leur vision tragique du péché. Le Lépreux, journal apocryphe de l’empereur Alexandre Ier de Russie, n’e
93 agique du péché. Le Lépreux, journal apocryphe de l’ empereur Alexandre Ier de Russie, n’est qu’une suite de méditations su
94 de Russie, n’est qu’une suite de méditations sur le thème du tout-ou-rien moral qui caractérise Kierkegaard. L’on y trouv
95 u tout-ou-rien moral qui caractérise Kierkegaard. L’ on y trouvera moins de paradoxe et plus de délectation peut-être, une
96 lus de délectation peut-être, une acuité lente de la réflexion, un alliage précieux de hauteur, de rigueur et de pitié hum
97 enue presque solennelle mais qui sans cesse frôle l’ humour, et parfois tourne en sournoise malice. On ne peut dire précisé
98 dversaires — Freud en particulier, dans Christ et l’ âme du monde — mais bien plutôt qu’à force d’approfondir leur domaine
99 qu’à force d’approfondir leur domaine propre, il les mine et les ruine intérieurement ; ou encore les dissout dans une réa
100 d’approfondir leur domaine propre, il les mine et les ruine intérieurement ; ou encore les dissout dans une réalité plus ab
101 les mine et les ruine intérieurement ; ou encore les dissout dans une réalité plus absolue. Telle est la forme des dialogu
102 dissout dans une réalité plus absolue. Telle est la forme des dialogues où culmine son art. De ces dialogues, où chaque i
103 , où chaque interlocuteur, tour à tour, atteint à l’ expression la plus virulente de sa vérité — si bien que la conclusion
104 nterlocuteur, tour à tour, atteint à l’expression la plus virulente de sa vérité — si bien que la conclusion ne peut être
105 sion la plus virulente de sa vérité — si bien que la conclusion ne peut être qu’implicite et fonction d’une hiérarchie de
106 e et fonction d’une hiérarchie de valeurs, non de la seule exactitude des pensées —, nous connaissons le modèle immortel,
107 seule exactitude des pensées —, nous connaissons le modèle immortel, le Livre de Job. Il serait curieux d’en suivre la fi
108 s pensées —, nous connaissons le modèle immortel, le Livre de Job. Il serait curieux d’en suivre la filiation, jusqu’au So
109 l, le Livre de Job. Il serait curieux d’en suivre la filiation, jusqu’au Soulier de Satin de Claudel : ce serait une sorte
110 me poétique. 1. Obscurité : Kassner ne pose pas les problèmes dans nos catégories psychologiques. Il prend tout par des b
111 Et puis enfin, voilà une philosophie qui postule la vision, c’est-à-dire l’appréhension poétique du monde. Rien n’est plu
112 e philosophie qui postule la vision, c’est-à-dire l’ appréhension poétique du monde. Rien n’est plus étranger au nominalism
113 en n’est plus étranger au nominalisme qui envahit la critique sous l’influence du journal. 2. Ici encore, on ne peut oppo
114 anger au nominalisme qui envahit la critique sous l’ influence du journal. 2. Ici encore, on ne peut opposer ce concept d’
115 er ce concept d’ironie qu’à celui que formulèrent les romantiques allemands. Rien de commun avec un Renan, un France. a.
116 gemont Denis de, « [Compte rendu] Rudolf Kassner, Les Éléments de la grandeur humaine  », La Nouvelle Revue française, Pari
117 « [Compte rendu] Rudolf Kassner, Les Éléments de la grandeur humaine  », La Nouvelle Revue française, Paris, octobre 1931
118 Kassner, Les Éléments de la grandeur humaine  », La Nouvelle Revue française, Paris, octobre 1931, p. 640‑643.
2 1931, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Sarah, par Jean Cassou (novembre 1931)
119 (novembre 1931)b Quelque chose d’espagnol dans la démarche ; un tour qui ferait penser aux conteurs de la fin du xviiie
120 arche ; un tour qui ferait penser aux conteurs de la fin du xviiie  ; des sujets dans le goût allemand, tels sont les élém
121 x conteurs de la fin du xviiie  ; des sujets dans le goût allemand, tels sont les éléments qui composent non sans paradoxe
122 ie  ; des sujets dans le goût allemand, tels sont les éléments qui composent non sans paradoxe ce recueil de « motifs » rom
123  motifs » romantiques et de frissons anarchiques. Le thème commun, c’est sans doute l’atrocité de la « vie normale », ou s
124 ns anarchiques. Le thème commun, c’est sans doute l’ atrocité de la « vie normale », ou si l’on préfère, l’amertume du cœur
125 . Le thème commun, c’est sans doute l’atrocité de la « vie normale », ou si l’on préfère, l’amertume du cœur humain découv
126 ans doute l’atrocité de la « vie normale », ou si l’ on préfère, l’amertume du cœur humain découvrant son impuissance à sus
127 rocité de la « vie normale », ou si l’on préfère, l’ amertume du cœur humain découvrant son impuissance à susciter dans le
128 humain découvrant son impuissance à susciter dans le monde l’amour dont il aurait besoin, qu’il imagine et dont il meurt.
129 couvrant son impuissance à susciter dans le monde l’ amour dont il aurait besoin, qu’il imagine et dont il meurt. Car la vi
130 urait besoin, qu’il imagine et dont il meurt. Car la vie est une espèce de marâtre et n’a que faire de nos tendresses. Les
131 ce de marâtre et n’a que faire de nos tendresses. Les sujets de Jean Cassou sont très particuliers — jusqu’à l’arbitraire p
132 s de Jean Cassou sont très particuliers — jusqu’à l’ arbitraire parfois —, ce dont on hésite à lui faire reproche, car ce q
133 qui lui importe, comme à nous, c’est précisément le sentiment d’absurdité qui se dégage de pareils faits lorsque l’esprit
134 ’absurdité qui se dégage de pareils faits lorsque l’ esprit s’y attache et que l’amour ou la pitié essaient sur eux leurs f
135 pareils faits lorsque l’esprit s’y attache et que l’ amour ou la pitié essaient sur eux leurs forces. Le monde est habité p
136 ts lorsque l’esprit s’y attache et que l’amour ou la pitié essaient sur eux leurs forces. Le monde est habité par des être
137 ’amour ou la pitié essaient sur eux leurs forces. Le monde est habité par des êtres dont le « bonheur » consiste à ne pas
138 rs forces. Le monde est habité par des êtres dont le « bonheur » consiste à ne pas se rendre compte de ce qu’ils vivent. D
139 uns des plus significatifs de ces récits (Dieu et le sommeil, Les Fins dernières) l’on assiste à un réveil, explosion de r
140 significatifs de ces récits (Dieu et le sommeil, Les Fins dernières) l’on assiste à un réveil, explosion de révolte ou de
141 s récits (Dieu et le sommeil, Les Fins dernières) l’ on assiste à un réveil, explosion de révolte ou de joie, tellement inc
142 e révolte ou de joie, tellement incompatible avec les « conditions » de la vie que mort s’en suit. Sarah est donc un recue
143 tellement incompatible avec les « conditions » de la vie que mort s’en suit. Sarah est donc un recueil de contes romantiq
144 de contes romantiques, cas tout à fait rare dans la littérature française, et qui comporte en soi quelque chose de déconc
145 l semble bien que Jean Cassou trouve ici sa forme la plus personnelle et persuasive. Son espagnolisme et son germanisme ré
146 ieurs endroits, c’est un certain tour désinvolte, le coup de pouce voltairien, l’élégance trop rapide. Il n’est pas bon qu
147 ain tour désinvolte, le coup de pouce voltairien, l’ élégance trop rapide. Il n’est pas bon qu’un conteur laisse voir la mo
148 apide. Il n’est pas bon qu’un conteur laisse voir la moindre ironie vis-à-vis de ses personnages ; car il risque de les pr
149 e vis-à-vis de ses personnages ; car il risque de les priver par là de cette autorité mystique, absolue et naïve où gît leu
150 ù gît leur profonde raison d’être. C’est pourquoi les meilleurs contes du volume sont ceux dont la lenteur nous retient. Ai
151 uoi les meilleurs contes du volume sont ceux dont la lenteur nous retient. Ainsi Sarah, Monsieur Hoog, qui atteignent à un
152 alité d’émotion vraiment pure et insistante. Mais le mérite original et important d’un tel livre me paraît résider avant t
153 d’un tel livre me paraît résider avant tout dans l’ ordre des faits qu’il met en jeu, dans la problématique qu’il parvient
154 ’un tel livre me paraît résider avant tout dans l’ ordre des faits qu’il met en jeu, dans la problématique qu’il parvient à su
155 out dans l’ordre des faits qu’il met en jeu, dans la problématique qu’il parvient à susciter au cours de ces brèves imagin
156 ant plus touchante qu’elle figure, je pense, pour l’ auteur, une sorte de consolation un peu forcée que le cœur s’accorde e
157 uteur, une sorte de consolation un peu forcée que le cœur s’accorde en dépit de tout, tandis que l’esprit demeure évasif e
158 ue le cœur s’accorde en dépit de tout, tandis que l’ esprit demeure évasif et lucide devant les conditions que le monde lui
159 ndis que l’esprit demeure évasif et lucide devant les conditions que le monde lui propose. b. Rougemont Denis de, « [Com
160 emeure évasif et lucide devant les conditions que le monde lui propose. b. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Jean Ca
161 Denis de, « [Compte rendu] Jean Cassou, Sarah  », La Nouvelle Revue française, Paris, novembre 1931, p. 804-805.
3 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Les Signes parmi nous, par C. F. Ramuz (janvier 1932)
162 Les Signes parmi nous, par C. F. Ramuz (janvier 1932)c Il est remarqua
163 anvier 1932)c Il est remarquable que ceux dont la fonction serait d’exprimer notre civilisation, en un temps où elle se
164 i minimes. Je lis un article récent de Ramuz (sur le Travail), qui débute ainsi « Pourquoi est-ce qu’on travaille ? parce
165 é ? » Je vois que cet article en vient à formuler le dilemme sociologie-métaphysique ou si l’on veut marxisme-christianism
166 formuler le dilemme sociologie-métaphysique ou si l’ on veut marxisme-christianisme, qui se trouve être le dilemme urgent d
167 n veut marxisme-christianisme, qui se trouve être le dilemme urgent de l’heure. Et je m’inquiète ; non pas de ces question
168 tianisme, qui se trouve être le dilemme urgent de l’ heure. Et je m’inquiète ; non pas de ces questions ni de la prise de p
169 Et je m’inquiète ; non pas de ces questions ni de la prise de parti (antimarxiste) qu’elles déterminent chez Ramuz, mais b
170  : qu’il me semble entendre pour la première fois la voix d’un de nos aînés, interrogeant notre destin, lui poser en face
171  ? Ai-je mal su lire tant de brillants essais sur le monde actuel et futur ? Est-ce le fait d’une disposition trop romanti
172 ants essais sur le monde actuel et futur ? Est-ce le fait d’une disposition trop romantique que d’avoir cru distinguer dan
173 ans ces œuvres je ne sais quelle complaisance qui les faisait éviter d’instinct tout point de vue pratiquement bouleversant
174 ement bouleversant ? D’autre part, n’est-ce point le fait d’un certain manque de tact intellectuel que de poser des questi
175 d’original, mais au contraire nous plongent dans l’ humiliation, dans l’effroi ou dans la violence ? Le temps vient cepend
176 contraire nous plongent dans l’humiliation, dans l’ effroi ou dans la violence ? Le temps vient cependant où la métaphysiq
177 longent dans l’humiliation, dans l’effroi ou dans la violence ? Le temps vient cependant où la métaphysique se posera ou s
178 ’humiliation, dans l’effroi ou dans la violence ? Le temps vient cependant où la métaphysique se posera ou sera niée en te
179 ou dans la violence ? Le temps vient cependant où la métaphysique se posera ou sera niée en termes concrets, en termes de
180 sormais ceux qui savent dévisager notre condition la plus nue. « Alors on voit paraître le grand, c’est-à-dire on voit par
181 e condition la plus nue. « Alors on voit paraître le grand, c’est-à-dire on voit paraître l’homme dans sa grandeur, c’est-
182 paraître le grand, c’est-à-dire on voit paraître l’ homme dans sa grandeur, c’est-à-dire dans l’élémentaire : un être qui
183 aître l’homme dans sa grandeur, c’est-à-dire dans l’ élémentaire : un être qui est nu, qui a froid, qui a faim, qui a été j
184 rouve aucun écrivain plus naturellement libéré de l’ idéologie bourgeoise, que Ramuz. Sa conception tragique du sort de l’h
185 ise, que Ramuz. Sa conception tragique du sort de l’ homme suffirait à l’attester. Mais plus sûrement encore son acceptatio
186 onception tragique du sort de l’homme suffirait à l’ attester. Mais plus sûrement encore son acceptation profonde d’aujourd
187 tation profonde d’aujourd’hui. Aujourd’hui, c’est le titre du journal grâce auquel chaque semaine ou presque, il reprend l
188 râce auquel chaque semaine ou presque, il reprend le dialogue avec son public et l’époque, de ce ton viril et simple qui e
189 resque, il reprend le dialogue avec son public et l’ époque, de ce ton viril et simple qui est à lui, nullement irrité (com
190 un Bloy), nullement moralisant ou jacobin (comme les marxistes), ni victime ni juge d’une bourgeoisie à laquelle il échapp
191 naire, parce que trop radical, trop enraciné dans l’ élémentaire ; élaborant son œuvre à un niveau d’où bourgeoisie et révo
192 me des localisations de surfaces et temporaires. ( Les animaux et les arbres ne sont pas révolutionnaires.) Et ce n’est pas
193 tions de surfaces et temporaires. (Les animaux et les arbres ne sont pas révolutionnaires.) Et ce n’est pas qu’il ait jamai
194 elle tout un pays et son peuple ; car « c’est ici le pays de la solidité, parce que c’est le pays des ressemblances. Regar
195 n pays et son peuple ; car « c’est ici le pays de la solidité, parce que c’est le pays des ressemblances. Regarde, tout y
196 c’est ici le pays de la solidité, parce que c’est le pays des ressemblances. Regarde, tout y tient ensemble fortement, com
197 arde, tout y tient ensemble fortement, comme dans le tableau d’un grand peintre ». Ah ! la grandeur de ce peuple ramuzien,
198 comme dans le tableau d’un grand peintre ». Ah ! la grandeur de ce peuple ramuzien, qui se meut dans je ne sais quelle lo
199 rdeur « originale » et unanime, en communion avec les éléments, avec l’effroi du monde. On a, non sans comique, loué « cet
200 et unanime, en communion avec les éléments, avec l’ effroi du monde. On a, non sans comique, loué « cet artiste raffiné »
201 s de sa race. Il a cette même lenteur imposée par la nature, ce même besoin de précision utile. Ce n’est pas un art d’aprè
202 n de précision utile. Ce n’est pas un art d’après le peuple4, mais on dirait presque : d’avant. Il n’est pas jusqu’à son A
203 ne coïncide avec celle du pays de Vaud : non pas la grecque, qui est scolaire — pour eux — mais la biblique, qui est viva
204 as la grecque, qui est scolaire — pour eux — mais la biblique, qui est vivante. Ainsi tous parlent un même langage, qu’ils
205 vante. Ainsi tous parlent un même langage, qu’ils l’ inscrivent sur le papier ou dans la terre. Un tel sens de la communaut
206 parlent un même langage, qu’ils l’inscrivent sur le papier ou dans la terre. Un tel sens de la communauté put induire cer
207 angage, qu’ils l’inscrivent sur le papier ou dans la terre. Un tel sens de la communauté put induire certains à parler de
208 nt sur le papier ou dans la terre. Un tel sens de la communauté put induire certains à parler de l’unanimisme de Ramuz. Ma
209 de la communauté put induire certains à parler de l’ unanimisme de Ramuz. Mais comment Ramuz croirait-il à l’être collectif
210 imisme de Ramuz. Mais comment Ramuz croirait-il à l’ être collectif, être sans racines, mythe cérébral. « Je ne distingue l
211 e sans racines, mythe cérébral. « Je ne distingue l’ être qu’aux racines de l’élémentaire », écrivait-il dans ses Six Cahie
212 ébral. « Je ne distingue l’être qu’aux racines de l’ élémentaire », écrivait-il dans ses Six Cahiers. Parlons plutôt de son
213 ctiviste d’ailleurs, mais originel et spirituel. ( La révolution russe en tournant au marxisme, a provisoirement confondu c
214 marxisme, a provisoirement confondu ces notions.) Le communisme ramuzien, c’est celui qu’établissent la mort, la peur, la
215 e communisme ramuzien, c’est celui qu’établissent la mort, la peur, la maladie. Et la joie, ce point commun, « ce point qu
216 sme ramuzien, c’est celui qu’établissent la mort, la peur, la maladie. Et la joie, ce point commun, « ce point qui est au-
217 ien, c’est celui qu’établissent la mort, la peur, la maladie. Et la joie, ce point commun, « ce point qui est au-delà de l
218 i qu’établissent la mort, la peur, la maladie. Et la joie, ce point commun, « ce point qui est au-delà de la vie ». Le com
219 e, ce point commun, « ce point qui est au-delà de la vie ». Le communisme qui règne au jugement dernier et qui régnait aux
220 t commun, « ce point qui est au-delà de la vie ». Le communisme qui règne au jugement dernier et qui régnait aux Origines,
221 jugement dernier et qui régnait aux Origines, car la Fin et le Commencement « sont en ressemblance et voisinage ». Ce rega
222 ernier et qui régnait aux Origines, car la Fin et le Commencement « sont en ressemblance et voisinage ». Ce regard rajeuni
223 gagent certaines œuvres récentes des écrivains de l’ URSS, je ne les retrouve que chez Ramuz. Mais purifiés de toute brutal
224 es œuvres récentes des écrivains de l’URSS, je ne les retrouve que chez Ramuz. Mais purifiés de toute brutalité, de ces tra
225 erve d’innocence » d’où peut-être un jour sortira le peuple-poète, « le peuple tous en un ». Mais son œuvre est bien au-de
226 d’où peut-être un jour sortira le peuple-poète, «  le peuple tous en un ». Mais son œuvre est bien au-delà de l’ère machini
227 tous en un ». Mais son œuvre est bien au-delà de l’ ère machiniste que traverse l’URSS, au-delà de l’insolence et de la ré
228 est bien au-delà de l’ère machiniste que traverse l’ URSS, au-delà de l’insolence et de la révolte ; et ce trait profond de
229 l’ère machiniste que traverse l’URSS, au-delà de l’ insolence et de la révolte ; et ce trait profond de son art m’en conva
230 que traverse l’URSS, au-delà de l’insolence et de la révolte ; et ce trait profond de son art m’en convainc : le sens de l
231  ; et ce trait profond de son art m’en convainc : le sens de la vénération, qui est aussi celui de la lenteur des choses.
232 ait profond de son art m’en convainc : le sens de la vénération, qui est aussi celui de la lenteur des choses. Cet art, le
233 le sens de la vénération, qui est aussi celui de la lenteur des choses. Cet art, le sujet des Signes parmi nous, par sa s
234 st aussi celui de la lenteur des choses. Cet art, le sujet des Signes parmi nous, par sa simplicité même, le met en valeur
235 et des Signes parmi nous, par sa simplicité même, le met en valeur mieux que tout autre récit de Ramuz. Voici Caille, le c
236 ieux que tout autre récit de Ramuz. Voici Caille, le colporteur biblique, qui s’avance dès le matin à travers le pays, et
237 Caille, le colporteur biblique, qui s’avance dès le matin à travers le pays, et offre à tous la Parole, « ayant l’aspect
238 eur biblique, qui s’avance dès le matin à travers le pays, et offre à tous la Parole, « ayant l’aspect d’une brochure à co
239 e dès le matin à travers le pays, et offre à tous la Parole, « ayant l’aspect d’une brochure à couverture bleue », où les
240 avers le pays, et offre à tous la Parole, « ayant l’ aspect d’une brochure à couverture bleue », où les événements actuels
241 l’aspect d’une brochure à couverture bleue », où les événements actuels — cela se passe un jour d’été de 1918 — sont expli
242 1918 — sont expliqués à la lumière des Écritures. La Fin des Temps est proche, il faut en témoigner. À tous il tend la Par
243 est proche, il faut en témoigner. À tous il tend la Parole « morte aux pages », mais voici que de toutes parts les Signes
244 morte aux pages », mais voici que de toutes parts les Signes paraissent sur la terre, les maladies, la famine, la révolte,
245 ici que de toutes parts les Signes paraissent sur la terre, les maladies, la famine, la révolte, la guerre et la mortalité
246 toutes parts les Signes paraissent sur la terre, les maladies, la famine, la révolte, la guerre et la mortalité. Caille s’
247 les Signes paraissent sur la terre, les maladies, la famine, la révolte, la guerre et la mortalité. Caille s’avance dans l
248 paraissent sur la terre, les maladies, la famine, la révolte, la guerre et la mortalité. Caille s’avance dans la journée,
249 ur la terre, les maladies, la famine, la révolte, la guerre et la mortalité. Caille s’avance dans la journée, et l’angoiss
250 les maladies, la famine, la révolte, la guerre et la mortalité. Caille s’avance dans la journée, et l’angoisse autour de l
251 , la guerre et la mortalité. Caille s’avance dans la journée, et l’angoisse autour de lui grandit. De partout l’orage s’am
252 la mortalité. Caille s’avance dans la journée, et l’ angoisse autour de lui grandit. De partout l’orage s’amasse. Vers le s
253 , et l’angoisse autour de lui grandit. De partout l’ orage s’amasse. Vers le soir, il éclate tragiquement. Est-ce la fin ?
254 de lui grandit. De partout l’orage s’amasse. Vers le soir, il éclate tragiquement. Est-ce la fin ? Grande heure de terreur
255 sse. Vers le soir, il éclate tragiquement. Est-ce la fin ? Grande heure de terreur et de prière. Puis, « la page du ciel a
256 n ? Grande heure de terreur et de prière. Puis, «  la page du ciel a été tournée », ils se relèvent : « Il paraît bien qu’o
257 vent : « Il paraît bien qu’on n’est pas morts ! » Le monde renaît dans une soirée pure et le baiser d’un couple heureux. R
258 morts ! » Le monde renaît dans une soirée pure et le baiser d’un couple heureux. Rarement la forme authentique de Ramuz at
259 e pure et le baiser d’un couple heureux. Rarement la forme authentique de Ramuz atteignit une autorité comparable à celle
260 tièrement créé, entièrement « autorisé ». Art, on le sait, avant tout visuel, qui rend les choses à l’état naissant, rugue
261 é ». Art, on le sait, avant tout visuel, qui rend les choses à l’état naissant, rugueux, décapé de toute rhétorique5 et de
262 le sait, avant tout visuel, qui rend les choses à l’ état naissant, rugueux, décapé de toute rhétorique5 et de toute explic
263 toute explication intellectuelle, atteignant par la une unité de style tellement têtue qu’elle évoque peu à peu on ne sai
264 ns sa fascinante et grandiose monotonie. Art dont la mesure ne doit pas être cherchée dans le pittoresque, ni dans l’ingén
265 Art dont la mesure ne doit pas être cherchée dans le pittoresque, ni dans l’ingéniosité, ni dans l’harmonie de sons, mais
266 it pas être cherchée dans le pittoresque, ni dans l’ ingéniosité, ni dans l’harmonie de sons, mais bien dans la pesée. Tous
267 ns le pittoresque, ni dans l’ingéniosité, ni dans l’ harmonie de sons, mais bien dans la pesée. Tous les procédés ramuziens
268 osité, ni dans l’harmonie de sons, mais bien dans la pesée. Tous les procédés ramuziens, juxtapositions brutales, interfér
269 l’harmonie de sons, mais bien dans la pesée. Tous les procédés ramuziens, juxtapositions brutales, interférences du récit,
270 œuvre mais toujours avec une probité singulière. La surimpression par exemple n’est jamais pour Ramuz ce qu’elle fut pour
271 tres : un moyen de créer du mystère en brouillant les plans ; mais un moyen de rendre plus totale la vision. Tout, par aill
272 t les plans ; mais un moyen de rendre plus totale la vision. Tout, par ailleurs, indique chez Ramuz la volonté de ne pas f
273 la vision. Tout, par ailleurs, indique chez Ramuz la volonté de ne pas faire prendre une chose pour une autre, ni certain
274 chose pour une autre, ni certain aspect usuel de la chose pour toute la chose. C’est pourquoi il s’attarde à décrire le c
275 e, ni certain aspect usuel de la chose pour toute la chose. C’est pourquoi il s’attarde à décrire le concret d’une façon c
276 e la chose. C’est pourquoi il s’attarde à décrire le concret d’une façon concrète : ainsi, le maniement d’un outil. D’où l
277 décrire le concret d’une façon concrète : ainsi, le maniement d’un outil. D’où le reproche de puérilité que lui adressent
278 n concrète : ainsi, le maniement d’un outil. D’où le reproche de puérilité que lui adressent ceux qui, par exemple, n’hési
279 as à prendre au sérieux une intrigue romanesque à la Bourget. On s’est trop arrêté à l’insolite du style chez Ramuz. Ce qu
280 e romanesque à la Bourget. On s’est trop arrêté à l’ insolite du style chez Ramuz. Ce qu’il a d’insolite, ce n’est pas tant
281 u’il a d’insolite, ce n’est pas tant sa forme que les vertus qu’elle suppose : la sobriété, la solidité, le manque d’ironie
282 as tant sa forme que les vertus qu’elle suppose : la sobriété, la solidité, le manque d’ironie, la bonhomie sérieuse, l’ab
283 rme que les vertus qu’elle suppose : la sobriété, la solidité, le manque d’ironie, la bonhomie sérieuse, l’absence de tout
284 ertus qu’elle suppose : la sobriété, la solidité, le manque d’ironie, la bonhomie sérieuse, l’absence de toute complaisanc
285 e : la sobriété, la solidité, le manque d’ironie, la bonhomie sérieuse, l’absence de toute complaisance à soi. Certes, j’e
286 lidité, le manque d’ironie, la bonhomie sérieuse, l’ absence de toute complaisance à soi. Certes, j’en vois les défauts, le
287 ce de toute complaisance à soi. Certes, j’en vois les défauts, le poncif ; ces détails par trop détaillés. Mais l’important
288 omplaisance à soi. Certes, j’en vois les défauts, le poncif ; ces détails par trop détaillés. Mais l’important, je pense,
289 le poncif ; ces détails par trop détaillés. Mais l’ important, je pense, c’est qu’une page de Ramuz — même pas très réussi
290 c cette lenteur qu’elle impose, nous replace dans la vision grande et efficace des choses les plus simples. Mais il faut d
291 lace dans la vision grande et efficace des choses les plus simples. Mais il faut dire maintenant l’actualité tout à fait si
292 es les plus simples. Mais il faut dire maintenant l’ actualité tout à fait singulière d’un tel livre. Il y a des sujets éte
293 , perpétuels — sujets d’étonnement perpétuel — et la Fin du Monde est l’un d’eux. Un vrai mythe, c’est-à-dire un événement
294 un événement perpétuellement possible, qui reçoit la vie comme un moule reçoit la matière en fusion et la réalise soudain
295 possible, qui reçoit la vie comme un moule reçoit la matière en fusion et la réalise soudain — la fait chose — en lui donn
296 vie comme un moule reçoit la matière en fusion et la réalise soudain — la fait chose — en lui donnant une forme ; l’actual
297 çoit la matière en fusion et la réalise soudain — la fait chose — en lui donnant une forme ; l’actualise — la fait acte —
298 dain — la fait chose — en lui donnant une forme ; l’ actualise — la fait acte — en l’arrêtant dans cette forme et lui donna
299 chose — en lui donnant une forme ; l’actualise — la fait acte — en l’arrêtant dans cette forme et lui donnant une date. L
300 nnant une forme ; l’actualise — la fait acte — en l’ arrêtant dans cette forme et lui donnant une date. Les périodes qui « 
301 rrêtant dans cette forme et lui donnant une date. Les périodes qui « marquent » dans l’Histoire sont celles où la forme d’u
302 nant une date. Les périodes qui « marquent » dans l’ Histoire sont celles où la forme d’un mythe affleure, s’incarne et dev
303 s qui « marquent » dans l’Histoire sont celles où la forme d’un mythe affleure, s’incarne et devient visible. Ce sont les
304 e affleure, s’incarne et devient visible. Ce sont les périodes de crise. Or toute crise est un jugement6, — un « arrêt dans
305 , — un « arrêt dans une forme ». Cela se voit par l’ étymologie. Aussi, par le passage à la limite : car la plus grande cri
306 orme ». Cela se voit par l’étymologie. Aussi, par le passage à la limite : car la plus grande crise imaginable, c’est l’ar
307 se voit par l’étymologie. Aussi, par le passage à la limite : car la plus grande crise imaginable, c’est l’arrêt absolu, s
308 ymologie. Aussi, par le passage à la limite : car la plus grande crise imaginable, c’est l’arrêt absolu, suprême : le Juge
309 mite : car la plus grande crise imaginable, c’est l’ arrêt absolu, suprême : le Jugement dernier. Le sens de l’actuelle cri
310 crise imaginable, c’est l’arrêt absolu, suprême : le Jugement dernier. Le sens de l’actuelle crise apparaît ainsi manifest
311 st l’arrêt absolu, suprême : le Jugement dernier. Le sens de l’actuelle crise apparaît ainsi manifeste : un jugement sur t
312 absolu, suprême : le Jugement dernier. Le sens de l’ actuelle crise apparaît ainsi manifeste : un jugement sur tous les pla
313 e apparaît ainsi manifeste : un jugement sur tous les plans, financier, commercial, éthique et spirituel. Que les échanges
314 financier, commercial, éthique et spirituel. Que les échanges se ralentissent ou cessent : aussitôt perce l’interrogation
315 anges se ralentissent ou cessent : aussitôt perce l’ interrogation que la réussite couvrait. Où va notre or, en réalité ? (
316 t ou cessent : aussitôt perce l’interrogation que la réussite couvrait. Où va notre or, en réalité ? (Dans quelle directio
317 n principale.) Où tend notre action centuplée par les machines ? Où tendent nos métaphysiques et nos philosophies mal embra
318 e voit-on mieux maintenant dans quel esprit Ramuz les pose, et que précisément c’est l’esprit de ces Signes. Aussi serait-i
319 l esprit Ramuz les pose, et que précisément c’est l’ esprit de ces Signes. Aussi serait-il bien insuffisant de dire d’une t
320 e actualité accidentelle : c’est en quelque sorte le contraire qui est vrai ; c’est notre temps qui revêt une actualité7 e
321 e actualité7 et une réalité véritables du fait de la crise. Mais cet affleurement mystérieux de la forme mythique, le poèt
322 de la crise. Mais cet affleurement mystérieux de la forme mythique, le poète en tout temps a le pouvoir de le susciter da
323 cet affleurement mystérieux de la forme mythique, le poète en tout temps a le pouvoir de le susciter dans son œuvre, comme
324 ux de la forme mythique, le poète en tout temps a le pouvoir de le susciter dans son œuvre, comme le mystique dans sa priè
325 mythique, le poète en tout temps a le pouvoir de le susciter dans son œuvre, comme le mystique dans sa prière. Et c’est p
326 a le pouvoir de le susciter dans son œuvre, comme le mystique dans sa prière. Et c’est pourquoi le poète, Ramuz, l’homme q
327 mme le mystique dans sa prière. Et c’est pourquoi le poète, Ramuz, l’homme qui vit concrètement les grands mythes et les r
328 ans sa prière. Et c’est pourquoi le poète, Ramuz, l’ homme qui vit concrètement les grands mythes et les réalise dans sa vi
329 uoi le poète, Ramuz, l’homme qui vit concrètement les grands mythes et les réalise dans sa vision, cet homme sera toujours
330 l’homme qui vit concrètement les grands mythes et les réalise dans sa vision, cet homme sera toujours en puissance d’aujour
331 Travail », dans Aujourd’hui, 29 octobre 1931. 4. Le populisme est d’après le peuple. Cette terne vision des choses en app
332 ui, 29 octobre 1931. 4. Le populisme est d’après le peuple. Cette terne vision des choses en apprend plus sur le compte d
333 Cette terne vision des choses en apprend plus sur le compte de la bourgeoisie que sur le peuple qu’elle prétend « observer
334 ision des choses en apprend plus sur le compte de la bourgeoisie que sur le peuple qu’elle prétend « observer ». 5. De to
335 rend plus sur le compte de la bourgeoisie que sur le peuple qu’elle prétend « observer ». 5. De tout bel canto, peut-on d
336 ver ». 5. De tout bel canto, peut-on dire. C’est le ton de la musique de Stravinsky, du Sacre et des Noces. Le ton de la
337 De tout bel canto, peut-on dire. C’est le ton de la musique de Stravinsky, du Sacre et des Noces. Le ton de la création d
338 la musique de Stravinsky, du Sacre et des Noces. Le ton de la création du monde. 6. S’il est vrai, comme l’a montré M. S
339 e de Stravinsky, du Sacre et des Noces. Le ton de la création du monde. 6. S’il est vrai, comme l’a montré M. Spaïer, que
340 de la création du monde. 6. S’il est vrai, comme l’ a montré M. Spaïer, que toute pensée est judicatoire, le fait même de
341 ntré M. Spaïer, que toute pensée est judicatoire, le fait même de penser devient fauteur de crise. Informer le réel, c’est
342 même de penser devient fauteur de crise. Informer le réel, c’est en quelque sorte le mettre en état de crise ; et il n’y a
343 e crise. Informer le réel, c’est en quelque sorte le mettre en état de crise ; et il n’y a de réalité que par et dans la c
344 de crise ; et il n’y a de réalité que par et dans la crise… 7. On pourrait soutenir que l’époque 1900-1910 fut « inactuel
345 ar et dans la crise… 7. On pourrait soutenir que l’ époque 1900-1910 fut « inactuelle » pour la grande masse de ceux qui l
346 ir que l’époque 1900-1910 fut « inactuelle » pour la grande masse de ceux qui la vécurent. c. Rougemont Denis de, « [Com
347 t « inactuelle » pour la grande masse de ceux qui la vécurent. c. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] C. F. Ramuz, Les
348 Rougemont Denis de, « [Compte rendu] C. F. Ramuz, Les Signes parmi nous  », La Nouvelle Revue française, Paris, janvier 193
349 pte rendu] C. F. Ramuz, Les Signes parmi nous  », La Nouvelle Revue française, Paris, janvier 1932, p. 144-149.
4 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Le silence de Goethe (mars 1932)
350 Le silence de Goethe (mars 1932)d « L’homme, dit Goethe, ne reconnaît
351 Le silence de Goethe (mars 1932)d «  L’ homme, dit Goethe, ne reconnaît et n’apprécie que ce qu’il est lui-mêm
352 qu’il est lui-même en état de faire. » Telle est la cause du malentendu que soulèvera toujours à nouveau l’exemple de cet
353 se du malentendu que soulèvera toujours à nouveau l’ exemple de cette vie. Ceux qui traitent Goethe de bourgeois ne prouven
354 tension ni grandeur : ils ne savent pas voir dans la sagesse faustienne qu’elle est surtout une défense contre le Démon ré
355 faustienne qu’elle est surtout une défense contre le Démon révolté et la Magie latente ; et s’ils ne le voient pas, c’est
356 st surtout une défense contre le Démon révolté et la Magie latente ; et s’ils ne le voient pas, c’est que précisément cett
357 e Démon révolté et la Magie latente ; et s’ils ne le voient pas, c’est que précisément cette défense a réussi. Par contre
358 éfense a réussi. Par contre ils veulent bien voir la révolte chez ceux-là qui la crient, et la magie chez ceux qui vaticin
359 ils veulent bien voir la révolte chez ceux-là qui la crient, et la magie chez ceux qui vaticinent, ayant été moins loin qu
360 en voir la révolte chez ceux-là qui la crient, et la magie chez ceux qui vaticinent, ayant été moins loin que Goethe dans
361 vaticinent, ayant été moins loin que Goethe dans la domination des mystères. Ainsi se réclament-ils de Rimbaud. Peut-être
362 res. Ainsi se réclament-ils de Rimbaud. Peut-être la confrontation du Sage et du Fou — d’un fou qui reste notre intime ten
363 te notre intime tentation — permettra-t-elle, par la vivacité même du paradoxe, une prise de conscience plus juste et plus
364 fant écrit des poèmes « magiques » puis renonce à la magie, et se tait. Goethe, initié dans sa jeunesse, commence d’écrire
365 jeunesse, commence d’écrire vers ce temps, mais, la fièvre tombée, poursuivra durant toute sa vie une « activité littérai
366 lles étaient superposables, ce qui n’est pas même le cas. De ce point de vue littéraire, la confrontation serait absurde,
367 t pas même le cas. De ce point de vue littéraire, la confrontation serait absurde, j’en conviens. Mais notre optique n’est
368 int faussée par un état d’esprit qui voudrait que l’ on considère ces deux hommes avant tout comme des écrivains ? C’est pa
369 hommes avant tout comme des écrivains ? C’est par la chose écrite, par la lettre justement qu’ils s’opposent le plus. Pour
370 me des écrivains ? C’est par la chose écrite, par la lettre justement qu’ils s’opposent le plus. Pourtant Rimbaud ne fut j
371 écrite, par la lettre justement qu’ils s’opposent le plus. Pourtant Rimbaud ne fut jamais un écrivain, ni ne se soucia de
372 aud ne fut jamais un écrivain, ni ne se soucia de l’ être. Et Goethe ne fut qu’entre autres choses un écrivain, et se souci
373 ’entre autres choses un écrivain, et se soucia de l’ être dans la mesure seulement où il portait en tous les domaines de so
374 s choses un écrivain, et se soucia de l’être dans la mesure seulement où il portait en tous les domaines de son activité u
375 re dans la mesure seulement où il portait en tous les domaines de son activité une application volontaire et soutenue. Ce n
376 ication volontaire et soutenue. Ce n’est donc pas l’ aspect littéraire de leur expérience qui doit conditionner notre visio
377 instant négligeable, s’agissant de deux êtres que l’ on connaît par leurs écrits d’abord. Mais, pour en tenir un juste comp
378 Mais, pour en tenir un juste compte, il s’agit de le subordonner au problème personnel de ces vies, à leur équation d’exis
379 un comme chez l’autre, une révolution profonde de l’ esprit dont procèdent à la fois le refus de la magie et le goût passio
380 ion profonde de l’esprit dont procèdent à la fois le refus de la magie et le goût passionné de l’effort immédiat. Qu’un fa
381 de l’esprit dont procèdent à la fois le refus de la magie et le goût passionné de l’effort immédiat. Qu’un fait de cet or
382 dont procèdent à la fois le refus de la magie et le goût passionné de l’effort immédiat. Qu’un fait de cet ordre puisse ê
383 fois le refus de la magie et le goût passionné de l’ effort immédiat. Qu’un fait de cet ordre puisse être tenu pour crucial
384 passionné de l’effort immédiat. Qu’un fait de cet ordre puisse être tenu pour crucial, je veux croire qu’on ne le contestera
385 e être tenu pour crucial, je veux croire qu’on ne le contestera pas. Mais ce qu’on voudrait dire maintenant, ce qui ne ces
386 t, ce qui ne cesse de provoquer dans notre esprit l’ étonnement du premier regard, c’est la similitude de forme, c’est-dire
387 otre esprit l’étonnement du premier regard, c’est la similitude de forme, c’est-dire la similitude essentielle, hors du te
388 regard, c’est la similitude de forme, c’est-dire la similitude essentielle, hors du temps, qui paraît dans ces deux expér
389 paraît dans ces deux expériences, à mesure qu’on les abstrait de toute la littérature dont elles enveloppèrent leurs manif
390 expériences, à mesure qu’on les abstrait de toute la littérature dont elles enveloppèrent leurs manifestations, — à quoi l
391 lles enveloppèrent leurs manifestations, — à quoi l’ on ne s’est point privé d’ajouter quelques tomes depuis. Il convient d
392 l bien plus que dans leur commune grandeur. Seule la croyance en une analogie universelle des réactions profondes de l’âme
393 e analogie universelle des réactions profondes de l’ âme devant son destin m’autorise à cette confrontation et me persuade
394 ur qui seule compte certaine « originalité » dans l’ ordre — au mieux — esthétique, je ne m’en étonnerai point. Il s’agit s
395 qui seule compte certaine « originalité » dans l’ ordre — au mieux — esthétique, je ne m’en étonnerai point. Il s’agit simple
396 s concrète, grâce au recoupement de deux vies qui l’ ont réalisée selon des voies totalement divergentes, une attitude huma
397 qui me paraît commune. Que Goethe ait pratiqué «  le devis des choses grandes et secrètes » comme parle Jérôme Cardan, l’o
398 grandes et secrètes » comme parle Jérôme Cardan, l’ on en trouve dans toutes ses œuvres assez de signes irrévocables pour
399 révocables pour n’avoir plus besoin de solliciter les biographes. On a souvent rappelé l’amitié du jeune bourgeois de Franc
400 e solliciter les biographes. On a souvent rappelé l’ amitié du jeune bourgeois de Francfort et de la sage et très fervente
401 lé l’amitié du jeune bourgeois de Francfort et de la sage et très fervente Mlle de Klettenberg. Mais bien plus que dans un
402 plus que dans une spiritualité facilement épurée, le mysticisme de celui qui, tout enfant, édifiait un autel à la Nature,
403 me de celui qui, tout enfant, édifiait un autel à la Nature, trouvait son aliment dans une méditation, renouvelée des rose
404 une méditation, renouvelée des rose-croix, et qui le porta même à quelques essais d’alchimie. Coquetteries, a-t-on dit, — 
405 comme celui de Goethe. « On a peur que son feu ne le consume », écrit un de ses amis, vers ce temps. « Goethe vit sur un p
406 l et bien dans son évolution une de ces crises où l’ être spirituel découvre sa forme véritable. Et si, comme chez Goethe,
407 celle du terrible « Meurs et deviens ! », et s’il l’ assume en connaissance de cause, — c’est un événement qui ne peut norm
408 e qualité nouvelle de silence. Encore faut-il que le destin favorise concrètement cette assomption intérieure. Par quel « 
409 cette assomption intérieure. Par quel « hasard » l’ a-t-il provoquée chez Goethe ? Il est un fait de sa jeunesse dont on n
410 n fait de sa jeunesse dont on ne saurait exagérer l’ importance à la fois historique et symbolique : les premiers contacts
411 symbolique : les premiers contacts de Goethe avec le mysticisme précédèrent de très peu une grave maladie, dont il ne fut
412 u une grave maladie, dont il ne fut sauvé que par l’ intervention d’un médecin « alchimiste ». Retenons ceci : au seuil de
413 decin « alchimiste ». Retenons ceci : au seuil de l’ initiation, chez Goethe, il n’y a pas une révolte, il y a un péril con
414 e ce qu’il nommera désormais son Daimon, contre «  l’ oppression despotique des éléments inquiétants qui gouvernent trop pui
415 ent trop puissamment dans son âme » qu’il appelle les arts d’une magie maîtrisée, c’est-à-dire incarnée. La question se pos
416 rts d’une magie maîtrisée, c’est-à-dire incarnée. La question se pose pour lui, dès l’abord, en termes matériels, urgents
417 -dire incarnée. La question se pose pour lui, dès l’ abord, en termes matériels, urgents et contraignants. De là le sérieux
418 termes matériels, urgents et contraignants. De là le sérieux avec lequel il accepte les conditions de l’initiation : et d’
419 aignants. De là le sérieux avec lequel il accepte les conditions de l’initiation : et d’abord la plus difficile, le silence
420 sérieux avec lequel il accepte les conditions de l’ initiation : et d’abord la plus difficile, le silence. Ainsi, les prem
421 cepte les conditions de l’initiation : et d’abord la plus difficile, le silence. Ainsi, les premières séductions du dépays
422 s de l’initiation : et d’abord la plus difficile, le silence. Ainsi, les premières séductions du dépaysement spirituel, de
423 premières séductions du dépaysement spirituel, de la connaissance ésotérique dans ce qu’elle peut avoir de purement « étra
424 voir de purement « étrange » ont à peine enfiévré le jeune Goethe, que déjà la faiblesse du corps le ramène à l’aspect con
425  » ont à peine enfiévré le jeune Goethe, que déjà la faiblesse du corps le ramène à l’aspect concret de notre condition. E
426 é le jeune Goethe, que déjà la faiblesse du corps le ramène à l’aspect concret de notre condition. Et c’est seulement en p
427 oethe, que déjà la faiblesse du corps le ramène à l’ aspect concret de notre condition. Et c’est seulement en passant par u
428 ent en passant par une application matérielle que la magie, se reniant en tant que spéculation extra-terrestre, peut s’int
429 spéculation extra-terrestre, peut s’intégrer dans l’ équilibre humain. Incident décisif qui figure en raccourci tout le dra
430 in. Incident décisif qui figure en raccourci tout le drame dialectique de sa vie. Mais cette maladie, et la convalescence,
431 ame dialectique de sa vie. Mais cette maladie, et la convalescence, ont éveillé dans son esprit les premières tentations c
432 son esprit les premières tentations créatrices. À l’ origine de son œuvre, voici donc le fait de la magie domptée ; conçue
433 créatrices. À l’origine de son œuvre, voici donc le fait de la magie domptée ; conçue sous de tels auspices, c’est tout n
434 . À l’origine de son œuvre, voici donc le fait de la magie domptée ; conçue sous de tels auspices, c’est tout naturellemen
435 us de tels auspices, c’est tout naturellement que la littérature prendra plus tard chez Goethe l’allure d’une discipline d
436 que la littérature prendra plus tard chez Goethe l’ allure d’une discipline de l’âme. Un exercice, une activité organique
437 lus tard chez Goethe l’allure d’une discipline de l’ âme. Un exercice, une activité organique à objectifs limités et concrè
438 ulative. Un instrument et un style. Dès ce moment le choix de Goethe a trouvé sa forme. Il lui faudra maintenant le renouv
439 oethe a trouvé sa forme. Il lui faudra maintenant le renouveler perpétuellement durant toute sa vie. Et comprendre, éprouv
440 ant toute sa vie. Et comprendre, éprouver jusqu’à la souffrance — qui est la « substance » — à quel point le renoncement à
441 prendre, éprouver jusqu’à la souffrance — qui est la « substance » — à quel point le renoncement à la magie spéculative n’
442 ffrance — qui est la « substance » — à quel point le renoncement à la magie spéculative n’est, en fait, qu’un accomplissem
443 la « substance » — à quel point le renoncement à la magie spéculative n’est, en fait, qu’un accomplissement, le plus diff
444 péculative n’est, en fait, qu’un accomplissement, le plus difficile et le seul humainement fécond. Car un tel silence n’es
445 fait, qu’un accomplissement, le plus difficile et le seul humainement fécond. Car un tel silence n’est pas absence de mots
446 plus agissant, dans une œuvre marquée du signe de la maturité, que cette présence rayonnante dont on devine chaque phrase
447 on devine chaque phrase sous-tendue. Mais rien ne la trahirait mieux que la retenue même de l’expression. C’est pourquoi j
448 sous-tendue. Mais rien ne la trahirait mieux que la retenue même de l’expression. C’est pourquoi je l’éprouve plus viveme
449 rien ne la trahirait mieux que la retenue même de l’ expression. C’est pourquoi je l’éprouve plus vivement dans certains pa
450 a retenue même de l’expression. C’est pourquoi je l’ éprouve plus vivement dans certains passages des Affinités électives,
451 e apparente platitude, mais translucide, que dans le Conte du Serpent Vert, trop visiblement ésotérique. Équilibre si péri
452 isiblement ésotérique. Équilibre si périlleux que la longue patience géniale ne parviendrait pas seule à le sauvegarder. I
453 ngue patience géniale ne parviendrait pas seule à le sauvegarder. Il y faudra le dressage de la souffrance. L’excès verbal
454 viendrait pas seule à le sauvegarder. Il y faudra le dressage de la souffrance. L’excès verbal de Werther couvre d’abord l
455 eule à le sauvegarder. Il y faudra le dressage de la souffrance. L’excès verbal de Werther couvre d’abord la voix intérieu
456 garder. Il y faudra le dressage de la souffrance. L’ excès verbal de Werther couvre d’abord la voix intérieure, la renie mê
457 ffrance. L’excès verbal de Werther couvre d’abord la voix intérieure, la renie même bruyamment. C’est là le fait d’une âme
458 bal de Werther couvre d’abord la voix intérieure, la renie même bruyamment. C’est là le fait d’une âme qui se refuse encor
459 ix intérieure, la renie même bruyamment. C’est là le fait d’une âme qui se refuse encore à la souffrance et la crie sur la
460 C’est là le fait d’une âme qui se refuse encore à la souffrance et la crie sur la place. Un peu plus de souffrance, plus i
461 d’une âme qui se refuse encore à la souffrance et la crie sur la place. Un peu plus de souffrance, plus intimement ancrée,
462 i se refuse encore à la souffrance et la crie sur la place. Un peu plus de souffrance, plus intimement ancrée, et voici l’
463 plus intimement ancrée, et voici l’autre danger : la délectation ascétique, l’obscurité glaciale des Mystères. Un peu plus
464 voici l’autre danger : la délectation ascétique, l’ obscurité glaciale des Mystères. Un peu plus d’humilité, c’est-à-dire
465 es Mystères. Un peu plus d’humilité, c’est-à-dire le réel désir d’être « utile », et c’est le juste point : les Affinités.
466 t-à-dire le réel désir d’être « utile », et c’est le juste point : les Affinités. D’ailleurs, l’alternance des trois états
467 désir d’être « utile », et c’est le juste point : les Affinités. D’ailleurs, l’alternance des trois états, visible tout au
468 c’est le juste point : les Affinités. D’ailleurs, l’ alternance des trois états, visible tout au long de l’œuvre, prouve qu
469 ternance des trois états, visible tout au long de l’ œuvre, prouve que la question se pose sans cesse à nouveau et que sous
470 tats, visible tout au long de l’œuvre, prouve que la question se pose sans cesse à nouveau et que sous l’apparence de plus
471 question se pose sans cesse à nouveau et que sous l’ apparence de plus en plus sereine, la tentation revient, l’agonie se p
472 et que sous l’apparence de plus en plus sereine, la tentation revient, l’agonie se poursuit. Seulement l’effort d’équilib
473 ce de plus en plus sereine, la tentation revient, l’ agonie se poursuit. Seulement l’effort d’équilibre crée des énergies n
474 entation revient, l’agonie se poursuit. Seulement l’ effort d’équilibre crée des énergies nouvelles. Le silence mûrit à la
475 Seulement l’effort d’équilibre crée des énergies nouvelles . Le silence mûrit à la faveur du secret, et dans la profondeur, des c
476 l’effort d’équilibre crée des énergies nouvelles. Le silence mûrit à la faveur du secret, et dans la profondeur, des conce
477 e crée des énergies nouvelles. Le silence mûrit à la faveur du secret, et dans la profondeur, des conceptions s’opèrent. C
478 . Le silence mûrit à la faveur du secret, et dans la profondeur, des conceptions s’opèrent. C’est ainsi que la magie renié
479 ndeur, des conceptions s’opèrent. C’est ainsi que la magie reniée extérieurement au profit d’une expression « utile », ren
480  », renaît comme libérée intérieurement au « jour nouveau  ». L’âme parvient à cette « connaissance », à cet acte de fécondation
481 comme libérée intérieurement au « jour nouveau ». L’ âme parvient à cette « connaissance », à cet acte de fécondation spiri
482 e », à cet acte de fécondation spirituelle par où l’ homme pénètre dans la réalité mystique. Et cet acte ne peut se produir
483 condation spirituelle par où l’homme pénètre dans la réalité mystique. Et cet acte ne peut se produire que dans le plus pr
484 ystique. Et cet acte ne peut se produire que dans le plus profond silence de l’esprit, dans la région où seul accède celui
485 t se produire que dans le plus profond silence de l’ esprit, dans la région où seul accède celui qui sait préserver sa pass
486 ue dans le plus profond silence de l’esprit, dans la région où seul accède celui qui sait préserver sa passion au sein d’u
487 éfonds dont parle Jacob Boehme, et qui « contient l’ élément pur, mais aussi l’être sombre dans le mystère de la fureur ».
488 ehme, et qui « contient l’élément pur, mais aussi l’ être sombre dans le mystère de la fureur ». Cette complexe dialectique
489 ient l’élément pur, mais aussi l’être sombre dans le mystère de la fureur ». Cette complexe dialectique de la magie, Goeth
490 pur, mais aussi l’être sombre dans le mystère de la fureur ». Cette complexe dialectique de la magie, Goethe lui-même l’a
491 ère de la fureur ». Cette complexe dialectique de la magie, Goethe lui-même l’a stylisée en symboles concrets dans le Faus
492 complexe dialectique de la magie, Goethe lui-même l’ a stylisée en symboles concrets dans le Faust, œuvre longue comme sa v
493 e lui-même l’a stylisée en symboles concrets dans le Faust, œuvre longue comme sa vie de créateur exactement, et à tel poi
494 nt autobiographique qu’il put songer à incorporer le plan de certains actes à Vérité et Poésie. Le drame s’ouvre sur un ré
495 rer le plan de certains actes à Vérité et Poésie. Le drame s’ouvre sur un réveil : l’exercice sans frein des arts occultes
496 érité et Poésie. Le drame s’ouvre sur un réveil : l’ exercice sans frein des arts occultes laisse l’esprit de Faust béant s
497  : l’exercice sans frein des arts occultes laisse l’ esprit de Faust béant sur le vide : « Moi qui me suis cru plus grand q
498 arts occultes laisse l’esprit de Faust béant sur le vide : « Moi qui me suis cru plus grand que le Chérubin… qui pensais
499 ur le vide : « Moi qui me suis cru plus grand que le Chérubin… qui pensais en créant pouvoir jouir de la vie des dieux et
500 Chérubin… qui pensais en créant pouvoir jouir de la vie des dieux et m’y égaler… combien je dois expier tout cela ! » Fau
501 expier tout cela ! » Faust se reprend au seuil de la mort. Mais la vie ne lui sera plus qu’un profond renoncement ; même s
502 la ! » Faust se reprend au seuil de la mort. Mais la vie ne lui sera plus qu’un profond renoncement ; même si la passion l
503 lui sera plus qu’un profond renoncement ; même si la passion l’occupe un temps, c’est l’action, la Tätigkeit — le grand mo
504 us qu’un profond renoncement ; même si la passion l’ occupe un temps, c’est l’action, la Tätigkeit — le grand mot goethéen
505 ent ; même si la passion l’occupe un temps, c’est l’ action, la Tätigkeit — le grand mot goethéen — qui triomphera désormai
506 si la passion l’occupe un temps, c’est l’action, la Tätigkeit — le grand mot goethéen — qui triomphera désormais. Mais un
507 l’occupe un temps, c’est l’action, la Tätigkeit — le grand mot goethéen — qui triomphera désormais. Mais une action qui pa
508 spère du seul succès qui pour Faust serait réel : la possession bienheureuse de l’instant. Et lorsque, épuisé mais pacifié
509 Faust serait réel : la possession bienheureuse de l’ instant. Et lorsque, épuisé mais pacifié, il va quitter son corps aveu
510 orps aveugle pour d’autres formes d’existence que la Nature se voit pour ainsi dire contrainte d’assigner à l’homme actif
511 e se voit pour ainsi dire contrainte d’assigner à l’ homme actif 8, l’on découvre que c’est la magie encore qui n’a cessé d
512 nsi dire contrainte d’assigner à l’homme actif 8, l’ on découvre que c’est la magie encore qui n’a cessé de l’entraver : K
513 signer à l’homme actif 8, l’on découvre que c’est la magie encore qui n’a cessé de l’entraver : Könnt ich Magie von meine
514 couvre que c’est la magie encore qui n’a cessé de l’ entraver : Könnt ich Magie von meinem Pfad entfernen Die Zaübersprüch
515 der Mühe wert, ein Mensch zu sein.9 C’est tout le drame secret de l’œuvre qui s’avoue dans ce cri : chaque fois que Goe
516 Mensch zu sein.9 C’est tout le drame secret de l’ œuvre qui s’avoue dans ce cri : chaque fois que Goethe invoque la caté
517 voue dans ce cri : chaque fois que Goethe invoque la catégorie sacrée de l’humain, comprenons qu’il y va de tout. Mais les
518 ue fois que Goethe invoque la catégorie sacrée de l’ humain, comprenons qu’il y va de tout. Mais les anges enfin élèvent Fa
519 de l’humain, comprenons qu’il y va de tout. Mais les anges enfin élèvent Faust au-dessus de cette agonie symbolique de tou
520 et c’est leur chœur qui chante une dernière fois la loi, au moment où il reçoit la grâce de lui échapper : « Wer immer st
521 une dernière fois la loi, au moment où il reçoit la grâce de lui échapper : « Wer immer strebend sich bemüht, — Den könne
522 strebend sich bemüht, — Den können wir erlösen ». Les grandes entités symboliques l’accueillent dans leur harmonie : c’est
523 en wir erlösen ». Les grandes entités symboliques l’ accueillent dans leur harmonie : c’est la « grande Magie » que Faust e
524 boliques l’accueillent dans leur harmonie : c’est la « grande Magie » que Faust enfin rejoint dans la pleine possession de
525 la « grande Magie » que Faust enfin rejoint dans la pleine possession de ses forces et l’assurance du regard. L’âme, puri
526 ejoint dans la pleine possession de ses forces et l’ assurance du regard. L’âme, purifiée de sa « vieille dépouille » par l
527 ossession de ses forces et l’assurance du regard. L’ âme, purifiée de sa « vieille dépouille » par l’effort aveuglant de la
528 . L’âme, purifiée de sa « vieille dépouille » par l’ effort aveuglant de la vie, pénètre dans le Nouveau Jour et contemple
529 a « vieille dépouille » par l’effort aveuglant de la vie, pénètre dans le Nouveau Jour et contemple l’Indescriptible. Si F
530  » par l’effort aveuglant de la vie, pénètre dans le Nouveau Jour et contemple l’Indescriptible. Si Faust est le drame d’u
531 par l’effort aveuglant de la vie, pénètre dans le Nouveau Jour et contemple l’Indescriptible. Si Faust est le drame d’une formi
532 la vie, pénètre dans le Nouveau Jour et contemple l’ Indescriptible. Si Faust est le drame d’une formidable patience sans c
533 Jour et contemple l’Indescriptible. Si Faust est le drame d’une formidable patience sans cesse remise en question, la Sai
534 ormidable patience sans cesse remise en question, la Saison en enfer est le drame d’une pureté avide, et son destin se jou
535 cesse remise en question, la Saison en enfer est le drame d’une pureté avide, et son destin se joue d’un coup. La grandeu
536 ne pureté avide, et son destin se joue d’un coup.  La grandeur de Goethe est d’avoir su vieillir, celle de Rimbaud de s’y ê
537 celle de Rimbaud de s’y être refusé. Transportez la dialectique faustienne dans la vie d’un être jeune et libre encore de
538 efusé. Transportez la dialectique faustienne dans la vie d’un être jeune et libre encore de toute contrainte sociale, cult
539 rainte sociale, culturelle, voire physiologique ; le dessin se simplifiera jusqu’au schème unique, le rythme se précipiter
540 le dessin se simplifiera jusqu’au schème unique, le rythme se précipitera jusqu’à l’explosion, l’histoire se purifiera ju
541 u schème unique, le rythme se précipitera jusqu’à l’ explosion, l’histoire se purifiera jusqu’au mythe. La donnée initiale
542 ue, le rythme se précipitera jusqu’à l’explosion, l’ histoire se purifiera jusqu’au mythe. La donnée initiale est bien la m
543 xplosion, l’histoire se purifiera jusqu’au mythe. La donnée initiale est bien la même : c’est l’attrait d’une vision qui t
544 fiera jusqu’au mythe. La donnée initiale est bien la même : c’est l’attrait d’une vision qui transcende la vie médiocre. R
545 ythe. La donnée initiale est bien la même : c’est l’ attrait d’une vision qui transcende la vie médiocre. Rimbaud s’y lance
546 ême : c’est l’attrait d’une vision qui transcende la vie médiocre. Rimbaud s’y lance avec l’emportement d’une révolte qui
547 ranscende la vie médiocre. Rimbaud s’y lance avec l’ emportement d’une révolte qui traduit d’abord un excès féroce de vital
548 sement logique jusqu’au système de sa folie. Mais l’ irruption de cette « magie » est si violente qu’elle a certainement an
549 » est si violente qu’elle a certainement angoissé l’ enfant : n’est-ce point pour se défendre qu’il parle si fort, qu’il va
550 voirs avec une étrange exagération ? Et voici que l’ hallucination le gagne et le submerge. « Je devins un opéra fabuleux. 
551 trange exagération ? Et voici que l’hallucination le gagne et le submerge. « Je devins un opéra fabuleux. » Il a brûlé les
552 ration ? Et voici que l’hallucination le gagne et le submerge. « Je devins un opéra fabuleux. » Il a brûlé les étapes de l
553 erge. « Je devins un opéra fabuleux. » Il a brûlé les étapes de l’initiation. Mais on ne déchaîne pas de telles puissances
554 ins un opéra fabuleux. » Il a brûlé les étapes de l’ initiation. Mais on ne déchaîne pas de telles puissances impunément. «
555 es puissances impunément. « Ma santé fut menacée. La terreur venait… J’étais mûr pour le trépas… » Alors paraît le doute,
556 fut menacée. La terreur venait… J’étais mûr pour le trépas… » Alors paraît le doute, entraînant la conscience. « Je vois
557 enait… J’étais mûr pour le trépas… » Alors paraît le doute, entraînant la conscience. « Je vois que mes malaises viennent
558 ur le trépas… » Alors paraît le doute, entraînant la conscience. « Je vois que mes malaises viennent de ne m’être pas figu
559 ne m’être pas figuré assez tôt que nous sommes à l’ Occident. » L’Occident, c’est l’Esprit incarné. L’incarnation entraîne
560 figuré assez tôt que nous sommes à l’Occident. » L’ Occident, c’est l’Esprit incarné. L’incarnation entraîne des « conditi
561 que nous sommes à l’Occident. » L’Occident, c’est l’ Esprit incarné. L’incarnation entraîne des « conditions ». C’est la vi
562 l’Occident. » L’Occident, c’est l’Esprit incarné. L’ incarnation entraîne des « conditions ». C’est la vision du travail hu
563 L’incarnation entraîne des « conditions ». C’est la vision du travail humain, inexorable et dégoûtant, mais comment échap
564 inexorable et dégoûtant, mais comment échapper ? L’ hallucination est tombée, faisant place à une stupeur désolée. « Je ne
565 une stupeur désolée. « Je ne sais plus parler. » Le renoncement dès lors est fatal. « Moi ! moi qui me suis dit mage ou a
566 e suis rendu au sol, avec un devoir à chercher et la réalité rugueuse à étreindre. » C’est le cri même de Faust. « Il faut
567 rcher et la réalité rugueuse à étreindre. » C’est le cri même de Faust. « Il faut être absolument moderne. » Travailler. S
568 d’un seul tenant ; une seule et unique expérience la remplit : l’envahissement de la magie aboutissant au renoncement et à
569 ant ; une seule et unique expérience la remplit : l’ envahissement de la magie aboutissant au renoncement et à l’action. Le
570 unique expérience la remplit : l’envahissement de la magie aboutissant au renoncement et à l’action. Le second Rimbaud est
571 ement de la magie aboutissant au renoncement et à l’ action. Le second Rimbaud est vraiment le même que le premier, dans un
572 ent et à l’action. Le second Rimbaud est vraiment le même que le premier, dans une phase plus « réalisée ». L’homme modern
573 que le premier, dans une phase plus « réalisée ». L’ homme moderne est peu fait pour comprendre cela, de même qu’il est peu
574 comprendre cela, de même qu’il est peu fait pour la grandeur et la pureté, et pour des paroles comme « Si ton œil te fait
575 a, de même qu’il est peu fait pour la grandeur et la pureté, et pour des paroles comme « Si ton œil te fait tomber dans le
576 es paroles comme « Si ton œil te fait tomber dans le péché, arrache-le et jette-le loin de toi ». Mais Rimbaud est d’une a
577  Si ton œil te fait tomber dans le péché, arrache- le et jette-le loin de toi ». Mais Rimbaud est d’une autre trempe : il a
578 te fait tomber dans le péché, arrache-le et jette- le loin de toi ». Mais Rimbaud est d’une autre trempe : il a déjà prouvé
579 d’une autre trempe : il a déjà prouvé en écrivant les Illuminations qu’il peut renoncer violemment à tout un monde faux pou
580 noncement. Nous aurions combiné tout cela avec de la littérature. Car il n’est pas donné à beaucoup d’hommes de devenir un
581 hommes de devenir un mythe à force de pureté dans la réalisation de leur destin. Rimbaud est notre mythe occidental : myth
582 cidental : mythe faustien. Il a vécu tragiquement la tentation orientale, l’a condamnée, l’a dépassée, acceptant comme Goe
583 n. Il a vécu tragiquement la tentation orientale, l’ a condamnée, l’a dépassée, acceptant comme Goethe les conditions réell
584 agiquement la tentation orientale, l’a condamnée, l’ a dépassée, acceptant comme Goethe les conditions réelles et données d
585 a condamnée, l’a dépassée, acceptant comme Goethe les conditions réelles et données de son effort particulier. Ce renonceme
586 un Orient de mythe, c’est cela même qui constitue l’ Occident spirituel. C’est le refus de la magie qui fonde notre éthique
587 la même qui constitue l’Occident spirituel. C’est le refus de la magie qui fonde notre éthique, et ce dilemme est peut-êtr
588 constitue l’Occident spirituel. C’est le refus de la magie qui fonde notre éthique, et ce dilemme est peut-être le plus im
589 fonde notre éthique, et ce dilemme est peut-être le plus important qui se pose à l’esprit occidental, dès qu’il atteint l
590 mme est peut-être le plus important qui se pose à l’ esprit occidental, dès qu’il atteint les régions de haute tension où l
591 se pose à l’esprit occidental, dès qu’il atteint les régions de haute tension où la seule « orientation » qu’il adopte suf
592 dès qu’il atteint les régions de haute tension où la seule « orientation » qu’il adopte suffit à déterminer une suite d’ac
593 ux. C’est une forme dialectique, « agonique », de la vie de l’âme, une forme cruciale, c’est-à-dire une de ces contradicti
594 une forme dialectique, « agonique », de la vie de l’ âme, une forme cruciale, c’est-à-dire une de ces contradictions essent
595 ictions essentielles, en signe de croix, qui sont la marque même de la réalité dans une conscience occidentale. Supprimez
596 es, en signe de croix, qui sont la marque même de la réalité dans une conscience occidentale. Supprimez l’un des termes, e
597 cience occidentale. Supprimez l’un des termes, et la vie se détend, le tragique s’évanouit. Que ce mythe dialectique soit
598 . Supprimez l’un des termes, et la vie se détend, le tragique s’évanouit. Que ce mythe dialectique soit profondément const
599 ique soit profondément constitutif de notre être, l’ extension et la diversité de ses aspects le prouvent. C’est l’oppositi
600 ndément constitutif de notre être, l’extension et la diversité de ses aspects le prouvent. C’est l’opposition du savoir et
601 être, l’extension et la diversité de ses aspects le prouvent. C’est l’opposition du savoir et du pouvoir, de la connaissa
602 et la diversité de ses aspects le prouvent. C’est l’ opposition du savoir et du pouvoir, de la connaissance et de la souffr
603 t. C’est l’opposition du savoir et du pouvoir, de la connaissance et de la souffrance, de la spéculation et de l’existence
604 du savoir et du pouvoir, de la connaissance et de la souffrance, de la spéculation et de l’existence, de l’au-delà mystiqu
605 uvoir, de la connaissance et de la souffrance, de la spéculation et de l’existence, de l’au-delà mystique et de l’immédiat
606 ance et de la souffrance, de la spéculation et de l’ existence, de l’au-delà mystique et de l’immédiat éthique. Et quels so
607 uffrance, de la spéculation et de l’existence, de l’ au-delà mystique et de l’immédiat éthique. Et quels sont les plus gran
608 on et de l’existence, de l’au-delà mystique et de l’ immédiat éthique. Et quels sont les plus grands Occidentaux ? Ceux qui
609 mystique et de l’immédiat éthique. Et quels sont les plus grands Occidentaux ? Ceux qui ont incarné le choix le plus audac
610 es plus grands Occidentaux ? Ceux qui ont incarné le choix le plus audacieux. Pascal choisit une fois pour toutes, dans un
611 rands Occidentaux ? Ceux qui ont incarné le choix le plus audacieux. Pascal choisit une fois pour toutes, dans une crise l
612 hoisit dans une crise instinctive qui ressemble à la chute soudaine de l’ivresse devant le mortel danger qui se lève à un
613 instinctive qui ressemble à la chute soudaine de l’ ivresse devant le mortel danger qui se lève à un pas. Tous deux réalis
614 ressemble à la chute soudaine de l’ivresse devant le mortel danger qui se lève à un pas. Tous deux réalisent le renoncemen
615 danger qui se lève à un pas. Tous deux réalisent le renoncement, le deuxième temps de cette dialectique, dans un mouvemen
616 reviennent tous deux de loin, d’un long abandon à l’ erreur. Goethe n’a pas connu de tels déchirements. Et c’est lui qui mé
617 u de tels déchirements. Et c’est lui qui méritera la phrase de la Saison : « Pas de partis de salut violents. » Dès les pr
618 hirements. Et c’est lui qui méritera la phrase de la Saison : « Pas de partis de salut violents. » Dès les premiers instan
619 défense et de lenteur. Il avance ainsi pas à pas, l’ âme tendue dans une puissante circonspection, pendant soixante ans, sa
620 amais s’abandonner aux bienheureuses violences de l’ orage, au repos de la démesure. On rit de ses allures compassées, des
621 x bienheureuses violences de l’orage, au repos de la démesure. On rit de ses allures compassées, des solennelles banalités
622 ssées, des solennelles banalités dont il gratifie le pauvre Eckermann. Je ne puis voir dans ces façons que la distraction
623 re Eckermann. Je ne puis voir dans ces façons que la distraction souveraine d’une âme tout occupée à dompter ses dieux. Un
624 dieux. Une haute menace, invisible à tout autre, l’ accompagne sans trêve, et c’est d’elle qu’il tire ses forces, toujours
625 informe peu à peu une sorte d’instinct, libérant l’ attention consciente. C’est ainsi que le voyant audacieux qui écrivit
626 libérant l’attention consciente. C’est ainsi que le voyant audacieux qui écrivit les chœurs mystiques du Second Faust peu
627 . C’est ainsi que le voyant audacieux qui écrivit les chœurs mystiques du Second Faust peut aussi faire figure de sage offi
628 st peut aussi faire figure de sage officiel parmi les philistins. Le somnambule est désormais protégé par une cotte d’invis
629 ire figure de sage officiel parmi les philistins. Le somnambule est désormais protégé par une cotte d’invisible silence. V
630 d’invisible silence. Vous pouvez lui parler sans le troubler : les mots n’atteignent plus son rêve profond. Et le cérémon
631 ilence. Vous pouvez lui parler sans le troubler : les mots n’atteignent plus son rêve profond. Et le cérémonieux silence du
632 : les mots n’atteignent plus son rêve profond. Et le cérémonieux silence du ministre renouvelle le vieux mythe germanique
633 Et le cérémonieux silence du ministre renouvelle le vieux mythe germanique de la « Tarnkappe », du manteau qui rend invis
634 ministre renouvelle le vieux mythe germanique de la « Tarnkappe », du manteau qui rend invisible. ⁂ Cette similitude de f
635 rend invisible. ⁂ Cette similitude de forme dans le cours de la magie chez Goethe et chez Rimbaud, et d’autre part le con
636 ble. ⁂ Cette similitude de forme dans le cours de la magie chez Goethe et chez Rimbaud, et d’autre part le contraste absol
637 agie chez Goethe et chez Rimbaud, et d’autre part le contraste absolu des rythmes, vont se traduire dans la similitude des
638 ntraste absolu des rythmes, vont se traduire dans la similitude des conclusions éthiques et dans la divergence des réalisa
639 ns la similitude des conclusions éthiques et dans la divergence des réalisations littéraires. « Bon esprit, prends garde !
640 de salut violents. Exerce-toi ». Objurgation que l’ on croirait tirée de quelque journal intime du Goethe des années ascét
641 e du Goethe des années ascétiques, à Weimar avant l’ Italie. Et le passage fameux de la Saison : « moi qui me suis dit mage
642 es années ascétiques, à Weimar avant l’Italie. Et le passage fameux de la Saison : « moi qui me suis dit mage ou ange… » r
643 à Weimar avant l’Italie. Et le passage fameux de la Saison : « moi qui me suis dit mage ou ange… » rappelle étrangement c
644 appelle étrangement ces vers du Premier Faust que l’ on citait plus haut : « Moi qui me suis cru plus grand que le Chérubin
645 plus haut : « Moi qui me suis cru plus grand que le Chérubin. » « Point de cantiques : tenir le pas gagné… la réalité rug
646 d que le Chérubin. » « Point de cantiques : tenir le pas gagné… la réalité rugueuse à étreindre ». Certes, les sentences d
647 bin. » « Point de cantiques : tenir le pas gagné… la réalité rugueuse à étreindre ». Certes, les sentences du vieil Olympi
648 gagné… la réalité rugueuse à étreindre ». Certes, les sentences du vieil Olympien de la légende ont peu de consonance avec
649 dre ». Certes, les sentences du vieil Olympien de la légende ont peu de consonance avec un tel pathétique, mais quel écho
650 hétique, mais quel écho n’eût-il pas éveillé dans l’ âme du jeune ministre de 32 ans, adonné vers ce temps au plus dur effo
651 ode de repliement et de refus, si douloureuse que le signe en devient visible sur ses traits. Je ne me lasse pas de médite
652 lasse pas de méditer ce visage dont Klauer modela l’ effigie passionnément triste et dominatrice. Large bouche aux lèvres s
653 et dominatrice. Large bouche aux lèvres serrées, l’ inférieure creusée comme d’un sanglot retenu, et relâchée aux commissu
654 hée aux commissures, — tristesse et volupté. Mais le front d’une plénitude royale s’avance fortement contre la lumière, et
655 d’une plénitude royale s’avance fortement contre la lumière, et les yeux, entre cette bouche et ce front, disent d’un sob
656 e royale s’avance fortement contre la lumière, et les yeux, entre cette bouche et ce front, disent d’un sobre et méditant r
657 et ce front, disent d’un sobre et méditant regard le mot suprême de la Saison, ce cri sourd du plus lucide héroïsme : « Et
658 t d’un sobre et méditant regard le mot suprême de la Saison, ce cri sourd du plus lucide héroïsme : « Et allons ! » Goethe
659 me : « Et allons ! » Goethe seul est allé jusqu’à la délivrance consciente. Il y a dans tout désespoir à la fois l’angoiss
660 consciente. Il y a dans tout désespoir à la fois l’ angoisse de la catastrophe et la secrète, l’inavouable joie de la libé
661 l y a dans tout désespoir à la fois l’angoisse de la catastrophe et la secrète, l’inavouable joie de la libération. Imposs
662 sespoir à la fois l’angoisse de la catastrophe et la secrète, l’inavouable joie de la libération. Impossible d’isoler ces
663 fois l’angoisse de la catastrophe et la secrète, l’ inavouable joie de la libération. Impossible d’isoler ces deux composa
664 a catastrophe et la secrète, l’inavouable joie de la libération. Impossible d’isoler ces deux composantes dans l’aventure
665 on. Impossible d’isoler ces deux composantes dans l’ aventure rimbaldienne. Mais chez Goethe, c’est la longueur du temps qu
666 l’aventure rimbaldienne. Mais chez Goethe, c’est la longueur du temps qui les dénoncera. Et cette fameuse sérénité de sa
667 Mais chez Goethe, c’est la longueur du temps qui les dénoncera. Et cette fameuse sérénité de sa vieillesse, ce n’est rien
668 vieillesse, ce n’est rien d’autre, peut-être, que le triomphe de l’élément libérateur du désespoir. La longue peine de cel
669 n’est rien d’autre, peut-être, que le triomphe de l’ élément libérateur du désespoir. La longue peine de celui « qui toujou
670 le triomphe de l’élément libérateur du désespoir. La longue peine de celui « qui toujours s’est efforcé » a purifié le cor
671 de celui « qui toujours s’est efforcé » a purifié le corps, et l’âme est prête à recevoir « l’amour d’en haut ». Car telle
672 i toujours s’est efforcé » a purifié le corps, et l’ âme est prête à recevoir « l’amour d’en haut ». Car telle est le yoga
673 purifié le corps, et l’âme est prête à recevoir «  l’ amour d’en haut ». Car telle est le yoga occidental, dont le Second Fa
674 e à recevoir « l’amour d’en haut ». Car telle est le yoga occidental, dont le Second Faust restera comme le livre sacré. Q
675 ga occidental, dont le Second Faust restera comme le livre sacré. Que cette discipline libératrice comporte pour Rimbaud l
676 ette discipline libératrice comporte pour Rimbaud le silence, alors qu’elle propose à Goethe, comme un exercice de choix,
677 lle propose à Goethe, comme un exercice de choix, l’ écriture, — cela n’a rien que de logique, et résulte de la définition
678 re, — cela n’a rien que de logique, et résulte de la définition même d’un tel yoga. Tout savoir doit être confirmé par un
679 Tout savoir doit être confirmé par un faire, qui le tait et l’exprime à la fois. Le « faire » de Rimbaud ne peut être la
680 r doit être confirmé par un faire, qui le tait et l’ exprime à la fois. Le « faire » de Rimbaud ne peut être la littérature
681 par un faire, qui le tait et l’exprime à la fois. Le « faire » de Rimbaud ne peut être la littérature, puisque écrire sign
682 e à la fois. Le « faire » de Rimbaud ne peut être la littérature, puisque écrire signifie pour lui révéler, parler, crier,
683 gnifie pour lui révéler, parler, crier, miraculer le réel. Au contraire l’on peut considérer sans paradoxe que la littérat
684 r, parler, crier, miraculer le réel. Au contraire l’ on peut considérer sans paradoxe que la littérature de Goethe est un d
685 contraire l’on peut considérer sans paradoxe que la littérature de Goethe est un des moyens de silence dont il dispose. N
686 de silence dont il dispose. Ni plus ni moins que l’ étude des sciences naturelles, la régie d’un théâtre ou l’administrati
687 lus ni moins que l’étude des sciences naturelles, la régie d’un théâtre ou l’administration du Grand-Duché. « J’ai toujour
688 des sciences naturelles, la régie d’un théâtre ou l’ administration du Grand-Duché. « J’ai toujours considéré mon activité
689 des assiettes »10. Si tout de même il a peiné sur la composition d’Iphigénie ou des Ballades, c’est que l’art est pour lui
690 omposition d’Iphigénie ou des Ballades, c’est que l’ art est pour lui la tentation la plus aiguë de jouer avec les mystères
691 nie ou des Ballades, c’est que l’art est pour lui la tentation la plus aiguë de jouer avec les mystères, et par là même l’
692 llades, c’est que l’art est pour lui la tentation la plus aiguë de jouer avec les mystères, et par là même l’occasion de r
693 pour lui la tentation la plus aiguë de jouer avec les mystères, et par là même l’occasion de réaliser sans cesse à nouveau
694 aiguë de jouer avec les mystères, et par là même l’ occasion de réaliser sans cesse à nouveau l’exigence dernière de la ma
695 même l’occasion de réaliser sans cesse à nouveau l’ exigence dernière de la magie : son reniement au profit de l’action. I
696 liser sans cesse à nouveau l’exigence dernière de la magie : son reniement au profit de l’action. Insistons sur ce terme d
697 dernière de la magie : son reniement au profit de l’ action. Insistons sur ce terme de profit, qu’on ne saurait ici taxer d
698 aurait ici taxer de vulgarité, puisqu’il concerne les fins les plus hautes de l’existence terrestre. « Un fait de notre vie
699 i taxer de vulgarité, puisqu’il concerne les fins les plus hautes de l’existence terrestre. « Un fait de notre vie ne vaut
700 é, puisqu’il concerne les fins les plus hautes de l’ existence terrestre. « Un fait de notre vie ne vaut pas en tant qu’il
701 u’il signifie quelque chose… Il est bien rare que l’ on soit apte à s’agréger ce qui est supérieur. C’est pourquoi l’on fai
702 à s’agréger ce qui est supérieur. C’est pourquoi l’ on fait bien, dans la vie ordinaire, de garder ces choses-là pour soi
703 st supérieur. C’est pourquoi l’on fait bien, dans la vie ordinaire, de garder ces choses-là pour soi et de n’en découvrir
704 s puissent être de quelque avantage aux autres11… L’ homme n’est pas né pour résoudre le problème de l’univers, mais bien p
705 aux autres11… L’homme n’est pas né pour résoudre le problème de l’univers, mais bien pour rechercher où tend ce problème,
706 L’homme n’est pas né pour résoudre le problème de l’ univers, mais bien pour rechercher où tend ce problème, et ensuite se
707 ù tend ce problème, et ensuite se maintenir entre les limites de l’intelligible »12. L’on découvre ici la source de l’étran
708 ème, et ensuite se maintenir entre les limites de l’ intelligible »12. L’on découvre ici la source de l’étrange refus de Go
709 aintenir entre les limites de l’intelligible »12. L’ on découvre ici la source de l’étrange refus de Goethe, dès qu’il s’ag
710 limites de l’intelligible »12. L’on découvre ici la source de l’étrange refus de Goethe, dès qu’il s’agit de faire état d
711 ’intelligible »12. L’on découvre ici la source de l’ étrange refus de Goethe, dès qu’il s’agit de faire état des causes pre
712 pose aux dévots : « S’occuper d’idées relatives à l’ immortalité, poursuivit Goethe, cela convient aux gens du monde et sur
713 ue chose ici-bas, et qui par conséquent doit tous les jours travailler, combattre, agir, laisse en paix le monde futur et s
714 jours travailler, combattre, agir, laisse en paix le monde futur et se contente d’être actif et utile en celui-ci »13. À q
715 confession mémorable : « Nous ne devons proférer les plus hautes maximes qu’autant qu’elles sont utiles pour le bien du mo
716 autes maximes qu’autant qu’elles sont utiles pour le bien du monde. Les autres, nous devons les garder pour nous ; elles s
717 utant qu’elles sont utiles pour le bien du monde. Les autres, nous devons les garder pour nous ; elles seront toujours là p
718 es pour le bien du monde. Les autres, nous devons les garder pour nous ; elles seront toujours là pour diffuser leur éclat
719 ser leur éclat sur tout ce que nous ferons, comme la douce lumière d’un soleil caché14. » Écrire, tout en se taisant. Et c
720 ls entendront ce silence, qui auront su percevoir l’ accent dominateur et tendu des pages les plus égales et sereines du Fa
721 percevoir l’accent dominateur et tendu des pages les plus égales et sereines du Faust. Mais, qu’à ce tempérament démoniaqu
722 es du Faust. Mais, qu’à ce tempérament démoniaque l’ on enlève la force plus grande encore du caractère, et voici la confes
723 Mais, qu’à ce tempérament démoniaque l’on enlève la force plus grande encore du caractère, et voici la confession éruptiv
724 a force plus grande encore du caractère, et voici la confession éruptive : les Illuminations naissent d’une telle rupture.
725 e du caractère, et voici la confession éruptive : les Illuminations naissent d’une telle rupture. Elles sont le champ même1
726 inations naissent d’une telle rupture. Elles sont le champ même15 où Rimbaud se livre à l’expérience spirituelle, où il se
727 Elles sont le champ même15 où Rimbaud se livre à l’ expérience spirituelle, où il se livre tout entier. Et c’est là sa pur
728 r. Et c’est là sa pureté, mais c’est aussi ce qui l’ accule en fin de compte à l’évasion. La rage avec laquelle il se rabat
729 is c’est aussi ce qui l’accule en fin de compte à l’ évasion. La rage avec laquelle il se rabat sur le travail « à mains »,
730 ssi ce qui l’accule en fin de compte à l’évasion. La rage avec laquelle il se rabat sur le travail « à mains », rage de re
731 l’évasion. La rage avec laquelle il se rabat sur le travail « à mains », rage de revanche, par son excès même est encore
732 poque voudra-t-elle encore de ces évasions ? Elle les reproche au christianisme, avec moins de raison d’ailleurs (puisque l
733 ianisme, avec moins de raison d’ailleurs (puisque le christianisme affirme que l’éternité est dans l’instant : Aeternitas
734 d’ailleurs (puisque le christianisme affirme que l’ éternité est dans l’instant : Aeternitas non est tempus sine fine, sed
735 le christianisme affirme que l’éternité est dans l’ instant : Aeternitas non est tempus sine fine, sed nunc stans). Elle v
736 sed nunc stans). Elle veut cette vie-ci. Et tout le reste, qu’elle soit marxiste ou nietzschéenne, elle l’appelle « l’arr
737 ste, qu’elle soit marxiste ou nietzschéenne, elle l’ appelle « l’arrière-monde » et le rejette, en ceci plus chrétienne, pl
738 soit marxiste ou nietzschéenne, elle l’appelle «  l’ arrière-monde » et le rejette, en ceci plus chrétienne, plus tragique
739 tzschéenne, elle l’appelle « l’arrière-monde » et le rejette, en ceci plus chrétienne, plus tragique que l’époque romantiq
740 jette, en ceci plus chrétienne, plus tragique que l’ époque romantique (Nietzsche plus chrétien que son idée du christianis
741 rait de placer Goethe au-dessus de Rimbaud. C’est la pureté démesurée de Rimbaud qui nous juge, et la grandeur humaine de
742 la pureté démesurée de Rimbaud qui nous juge, et la grandeur humaine de Goethe. Et qui voudrait les opposer ? Que signifi
743 et la grandeur humaine de Goethe. Et qui voudrait les opposer ? Que signifierait un choix dont l’opération resterait pureme
744 rait les opposer ? Que signifierait un choix dont l’ opération resterait purement imaginaire et vaniteuse pour nous, tant q
745 cette grandeur ne tenteront pas nos âmes jusqu’à la mort ? L’homme ne peut juger que plus bas que lui. C’est-à-dire qu’il
746 ndeur ne tenteront pas nos âmes jusqu’à la mort ? L’ homme ne peut juger que plus bas que lui. C’est-à-dire qu’il n’en a pa
747 e plus bas que lui. C’est-à-dire qu’il n’en a pas le droit. Certes, il est d’autres recours, d’autres points de vision qu’
748 es recours, d’autres points de vision qu’humains. La révélation chrétienne déborde notre condition, si elle la comble par
749 ation chrétienne déborde notre condition, si elle la comble par ailleurs. Ce critère du salut, cette transcendance, en bon
750 tenait ses faiblesses pour des erreurs, non pour le péché, et d’autre part un orgueil assumé, puis renié avec la même vio
751 t d’autre part un orgueil assumé, puis renié avec la même violence, — celle dont il est écrit qu’elle force les portes du
752 violence, — celle dont il est écrit qu’elle force les portes du Royaume des Cieux. Il reste que les temps nous pressent de
753 rce les portes du Royaume des Cieux. Il reste que les temps nous pressent de toutes parts au choix, jusque dans nos admirat
754 1932, dans ce Francfort en proie au Carnaval et à l’ angoisse, ce n’est pas moi qui pose la question : elle m’assiège. Le d
755 e, pour cette bourgeoisie dont je viens d’admirer les trésors patinés dans la haute demeure familiale des Goethe. Aujourd’h
756 dont je viens d’admirer les trésors patinés dans la haute demeure familiale des Goethe. Aujourd’hui… Un immense glisseme
757 es Goethe. Aujourd’hui… Un immense glissement de la réalité hors des cadres d’une logique statique et cartésienne nous po
758 statique et cartésienne nous porte en des régions nouvelles de l’esprit où l’action redevient notre seul critère de cohérence. C’
759 artésienne nous porte en des régions nouvelles de l’ esprit où l’action redevient notre seul critère de cohérence. C’est di
760 ous porte en des régions nouvelles de l’esprit où l’ action redevient notre seul critère de cohérence. C’est dire que nous
761 lus, prenons garde de nous laisser convaincre par les seuls éclats d’un fanatisme à vrai dire splendide. (Qui me guérira de
762 natisme à vrai dire splendide. (Qui me guérira de la honte de n’être pas Rimbaud ?) Plus que jamais, il faudrait s’appliqu
763 faudrait s’appliquer à distinguer dans ce vertige la réelle puissance d’une voix volontairement assourdie. Le silence de G
764 le puissance d’une voix volontairement assourdie. Le silence de Goethe n’est pas moins dangereux, pour qui sait l’entendre
765 e Goethe n’est pas moins dangereux, pour qui sait l’ entendre, que l’imprécation de Rimbaud : et tous deux nous contraignen
766 as moins dangereux, pour qui sait l’entendre, que l’ imprécation de Rimbaud : et tous deux nous contraignent aux tâches imm
767 traignent aux tâches immédiates, c’est-à-dire : à l’ actualisation de notre réalité. « Il faut être absolument moderne ».
768 mann, 4 février 1829. 9. Si je pouvais écarter la magie de mon chemin Oublier tout à fait les formules d’enchaînement S
769 carter la magie de mon chemin Oublier tout à fait les formules d’enchaînement Si j’étais devant toi, ô nature un homme soli
770 un homme solitaire, Sans doute vaudrait-il alors la peine d’être un homme. 10. Conversations avec Eckermann, 2 mai 18
771 t non plus symbolique. d. Rougemont Denis de, «  Le silence de Goethe », La Nouvelle Revue française, Paris, mars 1932, p
772 d. Rougemont Denis de, « Le silence de Goethe », La Nouvelle Revue française, Paris, mars 1932, p. 480-494.
5 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Querelles de famille, par Georges Duhamel (mai 1932)
773 es de famille, par Georges Duhamel (mai 1932)e L’ ambiguïté, c’est du paradoxe détendu ; ou si l’on veut, c’est une cont
774 L’ambiguïté, c’est du paradoxe détendu ; ou si l’ on veut, c’est une contradiction intérieure dont les deux termes, faut
775 ’on veut, c’est une contradiction intérieure dont les deux termes, faute d’être assumés sur le plan commun de la conscience
776 ermes, faute d’être assumés sur le plan commun de la conscience où ils s’exalteraient en s’opposant franchement, tirent à
777 sens, le dernier livre de M. Duhamel, consacré à la critique des aspects orduriers et bassement mécaniques de la vie mode
778 des aspects orduriers et bassement mécaniques de la vie moderne, illustre avec un talent qu’il n’est plus temps de discut
779 exemplairement ambiguë. Rien de plus légitime que le désir d’être entendu du grand public, et c’est pourquoi l’on ne voudr
780 d’être entendu du grand public, et c’est pourquoi l’ on ne voudrait pas reprocher à M. Duhamel d’avoir adopté pour cette fo
781 el, ou plus exactement une certaine rhétorique de l’ indignation dont les figures servent en France indifféremment à des fi
782 ent une certaine rhétorique de l’indignation dont les figures servent en France indifféremment à des fins électorales, jour
783 listiques ou philanthropiques. Il faut avouer que l’ instrument révèle son insuffisance quand c’est un virtuose qui se mêle
784 virtuose qui se mêle d’en jouer. Mais sans doute le but serait-il atteint si M. Duhamel, visiblement gêné, ne coupait lui
785 pas dupe, qu’il n’est pas si furieux que ça, que la littérature enfin garde ses droits. Aussi n’est-ce point sans une gên
786 ssi n’est-ce point sans une gêne grandissante que l’ on poursuit la lecture de ces pages où maints paragraphes apportent en
787 oint sans une gêne grandissante que l’on poursuit la lecture de ces pages où maints paragraphes apportent entre deux tours
788 ximations vulgaires qui « rendraient » mieux sous la rubrique Mon film 16. En d’autres passages, d’une expression plus ser
789 errée, M. Duhamel cherche ce qu’on appelait jadis le morceau de bravoure, la page sur « les bruits de mon village » qui se
790 e ce qu’on appelait jadis le morceau de bravoure, la page sur « les bruits de mon village » qui servira de modèle aux écol
791 elait jadis le morceau de bravoure, la page sur «  les bruits de mon village » qui servira de modèle aux écoliers futurs. Ma
792 le aux écoliers futurs. Mais lorsqu’il stigmatise les méfaits des « grandes brutes mécaniques », sa verve — qu’il me pardon
793 brutes mécaniques », sa verve — qu’il me pardonne l’ image technique — n’embraye pas, et paraît forcée. Ses laborieuses exa
794 sie qui enflammerait notre indignation. C’est que l’ expression traditionnelle de la mauvaise humeur gauloise, héritage d’u
795 gnation. C’est que l’expression traditionnelle de la mauvaise humeur gauloise, héritage d’un classicisme nettement pessimi
796 ssicisme nettement pessimiste, s’accorde mal avec l’ impénitente foi dans le genre humain que M. Duhamel ne cesse d’entrete
797 imiste, s’accorde mal avec l’impénitente foi dans le genre humain que M. Duhamel ne cesse d’entretenir17. Ce malaise dans
798 Duhamel ne cesse d’entretenir17. Ce malaise dans l’ expression traduit d’ailleurs une équivoque foncière et qui porte sur
799 ’ailleurs une équivoque foncière et qui porte sur le thème général du livre. Il est inquiétant de voir un esprit de cette
800 rop et trop peu. Car, ou bien M. Duhamel critique l’ abus des mécaniques, ce qui revient à faire le vain procès de la bêtis
801 que l’abus des mécaniques, ce qui revient à faire le vain procès de la bêtise humaine. Ou bien sa réaction de dégoût est v
802 aniques, ce qui revient à faire le vain procès de la bêtise humaine. Ou bien sa réaction de dégoût est véritablement profo
803 véritablement profonde, mais alors elle implique la condamnation d’une conception du monde à la fois libérale et inconsci
804 d’une civilisation dont on refuserait de dénoncer les principes ou plutôt la carence de principes directeurs dignes de ce n
805 on refuserait de dénoncer les principes ou plutôt la carence de principes directeurs dignes de ce nom ? Serait-ce que la m
806 cipes directeurs dignes de ce nom ? Serait-ce que la mauvaise humeur du bourgeois dérangé agissant comme dérivatif, assure
807 oir une sorte de sublimation à rebours du sens de la révolte ? On serait en droit d’exiger d’un critique de son temps qu’i
808 que de son temps qu’il déclare ce qu’il attend de l’ homme. Après quoi seulement l’on distinguerait l’ordre de grandeur du
809 ce qu’il attend de l’homme. Après quoi seulement l’ on distinguerait l’ordre de grandeur du grief qu’il fait à ce temps. C
810 l’homme. Après quoi seulement l’on distinguerait l’ ordre de grandeur du grief qu’il fait à ce temps. C’est ce qu’en vain
811 ’homme. Après quoi seulement l’on distinguerait l’ ordre de grandeur du grief qu’il fait à ce temps. C’est ce qu’en vain l’on
812 grief qu’il fait à ce temps. C’est ce qu’en vain l’ on cherche au cours de cette suite de messages adressés aux Princes de
813 messages adressés aux Princes des Prêtres, à MM. les Députés, au chef du gouvernement. L’on s’étonne que M. Duhamel n’ait
814 tres, à MM. les Députés, au chef du gouvernement. L’ on s’étonne que M. Duhamel n’ait joint à son recueil une épître au pré
815 à son recueil une épître au préfet de Police sur les Embarras de Paris. Sujet de pastiche facile : décrire l’état d’esprit
816 rras de Paris. Sujet de pastiche facile : décrire l’ état d’esprit du Français moyen qui brandit son parapluie sous le nez
817 du Français moyen qui brandit son parapluie sous le nez de l’agent, invective les automobilistes, déclame au beau milieu
818 is moyen qui brandit son parapluie sous le nez de l’ agent, invective les automobilistes, déclame au beau milieu de la chau
819 t son parapluie sous le nez de l’agent, invective les automobilistes, déclame au beau milieu de la chaussée des tirades gén
820 ive les automobilistes, déclame au beau milieu de la chaussée des tirades généreusement libertaires, enraye la circulation
821 sée des tirades généreusement libertaires, enraye la circulation, « mais traverse dans les clous ». 16. « La ménagère au
822 ires, enraye la circulation, « mais traverse dans les clous ». 16. « La ménagère aux mains cuites qui raccommode ses chau
823 lation, « mais traverse dans les clous ». 16. «  La ménagère aux mains cuites qui raccommode ses chaussures, le casque au
824 e aux mains cuites qui raccommode ses chaussures, le casque aux cheveux, tête farcie, oui farcie de musique, de musique, d
825 ologue financier ou de hoquets publicitaires. “De la musique avant toute chose…” Oh ! vous ne diriez plus cela, Verlaine !
826 rche querelle au monde, c’est que, jusqu’à nouvel ordre , je lui fais encore confiance ». Ainsi se termine ce livre amer, sans
827 nsi se termine ce livre amer, sans qu’à vrai dire l’ on distingue sur quoi s’appuie pareil optimisme — sinon sur la crainte
828 ue sur quoi s’appuie pareil optimisme — sinon sur la crainte instinctive de choquer un public, qui ne supporte que la mesu
829 inctive de choquer un public, qui ne supporte que la mesure, par l’affirmation de prévisions horribles, et cependant confo
830 uer un public, qui ne supporte que la mesure, par l’ affirmation de prévisions horribles, et cependant conformes à la natur
831 de prévisions horribles, et cependant conformes à la nature des choses. e. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Georges
832 rendu] Georges Duhamel, Querelles de famille  », La Nouvelle Revue française, Paris, mai 1932, p. 913-915.
6 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Ce chien, ton serviteur, par Rudyard Kipling (juillet 1932)
833 fiante, d’une grande force d’expression concrète. Le petit chien Botte raconte ses journées, « des choses et des choses co
834 a seconde page, c’est à pousser des cris de joie. Les enfants comprendront-ils ? Dans la mesure seulement où le plan de dép
835 cris de joie. Les enfants comprendront-ils ? Dans la mesure seulement où le plan de dépoétisation de leur monde confié aux
836 ts comprendront-ils ? Dans la mesure seulement où le plan de dépoétisation de leur monde confié aux manuels primaires, rat
837 nuels primaires, rate. Lire à petites doses. Vers la fin, qui est émouvante, décider que ceux qui n’aimeront pas sont ferm
838 x qui n’aimeront pas sont fermés à toute poésie à l’ état sauvage — la vraie. f. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Ru
839 pas sont fermés à toute poésie à l’état sauvage — la vraie. f. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Rudyard Kipling, Ce
840 ndu] Rudyard Kipling, Ce chien, ton serviteur  », La Nouvelle Revue française, Paris, juillet 1932, p. 149.
7 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Éloge de l’imprudence, par Marcel Jouhandeau (septembre 1932)
841 Éloge de l’ imprudence, par Marcel Jouhandeau (septembre 1932)g Si dans tous le
842 rcel Jouhandeau (septembre 1932)g Si dans tous les écrits de notre temps il est question de bien, de mal, de vice et de
843 e et de vertu, de péché même, parfois, quels sont les écrivains capables de déclarer leurs références, leurs poids et leurs
844 leurs poids et leurs mesures, enfin leur choix ? L’ Occident cultive l’anarchie nominaliste la plus grave : il ne sait ou
845 rs mesures, enfin leur choix ? L’Occident cultive l’ anarchie nominaliste la plus grave : il ne sait ou n’ose plus définir
846 choix ? L’Occident cultive l’anarchie nominaliste la plus grave : il ne sait ou n’ose plus définir et assumer son bien ni
847 bien ni son mal, — et sans cesse il en parle, car la Société vit sous le règne des jugements. Mais d’autre part, peut-on p
848 t sans cesse il en parle, car la Société vit sous le règne des jugements. Mais d’autre part, peut-on parler réellement du
849 resque plus personne n’y croit avec sérieux, ni à l’ enfer ? Quand personne ne déclare un Bien si haut qu’on se fasse tuer
850 tuer pour ce Bien ? Ceci pour indiquer à la fois l’ importance et les limites du petit livre si justement paradoxal de Jou
851 en ? Ceci pour indiquer à la fois l’importance et les limites du petit livre si justement paradoxal de Jouhandeau, — de cet
852 ierkegaard critique ses mesures morales, en donne la référence : ce Dieu terrible. Et sa vertu est choix. L’absolu d’un Ni
853 érence : ce Dieu terrible. Et sa vertu est choix. L’ absolu d’un Nietzsche, c’est le Grand Midi ; et sa vertu : dépassement
854 a vertu est choix. L’absolu d’un Nietzsche, c’est le Grand Midi ; et sa vertu : dépassement. Jouhandeau à son tour se plac
855 ce dans ces marches extrêmes du bien et du mal où l’ apologie de l’un équivaut presque à celle de l’autre. C’est là qu’écla
856 ut presque à celle de l’autre. C’est là qu’éclate la violence des contraires. Pour tous ceux qui ont l’audace de se mainte
857 a violence des contraires. Pour tous ceux qui ont l’ audace de se maintenir dans une telle dialectique, il n’existe pas un
858 dialectique, il n’existe pas un choix préalable à la tentation, un choix universel et abstrait, mais des choix qui s’impos
859 qui s’imposent avec une violence égale à celle de la tentation — c’est la même violence — dans chaque situation existentie
860 ne violence égale à celle de la tentation — c’est la même violence — dans chaque situation existentielle. En sorte qu’il n
861 Bien par exemple, mais que dans chaque instant de l’ existence le mal et le bien conservent toutes leurs chances d’être pré
862 mple, mais que dans chaque instant de l’existence le mal et le bien conservent toutes leurs chances d’être préférés, et to
863 que dans chaque instant de l’existence le mal et le bien conservent toutes leurs chances d’être préférés, et toutes leurs
864 référés, et toutes leurs tentations. En sorte que l’ apologie de l’un évoque la grandeur de l’autre, et peut-être le secret
865 entations. En sorte que l’apologie de l’un évoque la grandeur de l’autre, et peut-être le secret désir de l’éveiller à la
866 l’un évoque la grandeur de l’autre, et peut-être le secret désir de l’éveiller à la conscience. Le but de ce débat, celui
867 ndeur de l’autre, et peut-être le secret désir de l’ éveiller à la conscience. Le but de ce débat, celui de Kierkegaard, ce
868 tre, et peut-être le secret désir de l’éveiller à la conscience. Le but de ce débat, celui de Kierkegaard, celui de Nietzs
869 re le secret désir de l’éveiller à la conscience. Le but de ce débat, celui de Kierkegaard, celui de Nietzsche, celui prés
870 présentement de Jouhandeau, c’est de transcender la morale et ses canons donnés d’avance. L’audace du « choix » ou du « d
871 nscender la morale et ses canons donnés d’avance. L’ audace du « choix » ou du « dépassement », cette vertu qui « supprime
872 ou du « dépassement », cette vertu qui « supprime la morale », Jouhandeau l’appelle imprudence ou générosité. Et ces mots
873 ette vertu qui « supprime la morale », Jouhandeau l’ appelle imprudence ou générosité. Et ces mots ne désignent pas autre c
874 intensité ou une pureté toujours plus folle dans le bien comme dans le mal. « Je mettrais volontiers dans le même sac hon
875 ureté toujours plus folle dans le bien comme dans le mal. « Je mettrais volontiers dans le même sac honnêtes et malhonnête
876 comme dans le mal. « Je mettrais volontiers dans le même sac honnêtes et malhonnêtes gens, mais non pas le généreux avec
877 me sac honnêtes et malhonnêtes gens, mais non pas le généreux avec le pleutre, une âme triste avec une âme joyeuse. » Voil
878 t malhonnêtes gens, mais non pas le généreux avec le pleutre, une âme triste avec une âme joyeuse. » Voilà bien le leitmot
879 une âme triste avec une âme joyeuse. » Voilà bien le leitmotiv de l’œuvre entière de Jouhandeau. Et soudain il nous appara
880 vec une âme joyeuse. » Voilà bien le leitmotiv de l’ œuvre entière de Jouhandeau. Et soudain il nous apparaît que cette œuv
881 n’aurait pas lu d’autres ouvrages de Jouhandeau, les aphorismes qui composent l’Éloge de l’imprudence paraîtront plus abst
882 rages de Jouhandeau, les aphorismes qui composent l’ Éloge de l’imprudence paraîtront plus abstraits qu’ils ne le méritent.
883 uhandeau, les aphorismes qui composent l’Éloge de l’ imprudence paraîtront plus abstraits qu’ils ne le méritent. C’est qu’i
884 l’imprudence paraîtront plus abstraits qu’ils ne le méritent. C’est qu’ils supposent l’existence d’un bien et d’un mal co
885 its qu’ils ne le méritent. C’est qu’ils supposent l’ existence d’un bien et d’un mal concrets dont les Binche ou M. Godeau
886 t l’existence d’un bien et d’un mal concrets dont les Binche ou M. Godeau ou plus récemment les héros de l’Amateur d’imprud
887 ts dont les Binche ou M. Godeau ou plus récemment les héros de l’Amateur d’imprudence incarnèrent ailleurs toutes les compl
888 inche ou M. Godeau ou plus récemment les héros de l’ Amateur d’imprudence incarnèrent ailleurs toutes les complexités. Il s
889 ’Amateur d’imprudence incarnèrent ailleurs toutes les complexités. Il s’agit, on le sait, du bien et du mal selon l’Église.
890 nt ailleurs toutes les complexités. Il s’agit, on le sait, du bien et du mal selon l’Église. Mais l’émouvante et ironique
891 s. Il s’agit, on le sait, du bien et du mal selon l’ Église. Mais l’émouvante et ironique dialectique de Jouhandeau est-ell
892 n le sait, du bien et du mal selon l’Église. Mais l’ émouvante et ironique dialectique de Jouhandeau est-elle très catholiq
893 t-elle très catholique, ou même très chrétienne ? La dialectique paulinienne postule que bien et mal appartiennent au règn
894 postule que bien et mal appartiennent au règne de la loi (de la morale). Et c’est la foi qui en libère, non pas cette « gé
895 bien et mal appartiennent au règne de la loi (de la morale). Et c’est la foi qui en libère, non pas cette « générosité »
896 nnent au règne de la loi (de la morale). Et c’est la foi qui en libère, non pas cette « générosité » malgré tout équivoque
897 n pas cette « générosité » malgré tout équivoque. La foi révèle une réalité essentiellement différente et qui enveloppe to
898 llement différente et qui enveloppe tout ensemble les catégories du bien et du mal : le péché. Le contraire d’un péché, c’e
899 tout ensemble les catégories du bien et du mal : le péché. Le contraire d’un péché, c’est-à-dire ce qui le supprime, ce n
900 mble les catégories du bien et du mal : le péché. Le contraire d’un péché, c’est-à-dire ce qui le supprime, ce n’est pas u
901 ché. Le contraire d’un péché, c’est-à-dire ce qui le supprime, ce n’est pas une vertu, mais le pardon. La vertu comme le v
902 ce qui le supprime, ce n’est pas une vertu, mais le pardon. La vertu comme le vice naît de la loi et s’y réfère. Mais le
903 supprime, ce n’est pas une vertu, mais le pardon. La vertu comme le vice naît de la loi et s’y réfère. Mais le péché naît
904 est pas une vertu, mais le pardon. La vertu comme le vice naît de la loi et s’y réfère. Mais le péché naît où meurt la foi
905 u, mais le pardon. La vertu comme le vice naît de la loi et s’y réfère. Mais le péché naît où meurt la foi, et meurt là où
906 comme le vice naît de la loi et s’y réfère. Mais le péché naît où meurt la foi, et meurt là où vit la foi. Au bien vulgai
907 la loi et s’y réfère. Mais le péché naît où meurt la foi, et meurt là où vit la foi. Au bien vulgaire des moralistes, Jouh
908 le péché naît où meurt la foi, et meurt là où vit la foi. Au bien vulgaire des moralistes, Jouhandeau oppose le mal ; à ce
909 u bien vulgaire des moralistes, Jouhandeau oppose le mal ; à celui-ci le Bien ; d’où naissent le désir et la nécessité du
910 moralistes, Jouhandeau oppose le mal ; à celui-ci le Bien ; d’où naissent le désir et la nécessité du Mal absolu ; sur quo
911 ppose le mal ; à celui-ci le Bien ; d’où naissent le désir et la nécessité du Mal absolu ; sur quoi il reste béant. Mais l
912  ; à celui-ci le Bien ; d’où naissent le désir et la nécessité du Mal absolu ; sur quoi il reste béant. Mais la réalité de
913 ité du Mal absolu ; sur quoi il reste béant. Mais la réalité de la foi est inverse. Elle fait voir le mal comme donnée imm
914 olu ; sur quoi il reste béant. Mais la réalité de la foi est inverse. Elle fait voir le mal comme donnée immédiate ; puis
915 la réalité de la foi est inverse. Elle fait voir le mal comme donnée immédiate ; puis le bien ; puis le péché et le pardo
916 le fait voir le mal comme donnée immédiate ; puis le bien ; puis le péché et le pardon. Et la grâce est déjà dans l’œil qu
917 mal comme donnée immédiate ; puis le bien ; puis le péché et le pardon. Et la grâce est déjà dans l’œil qui sait voir le
918 onnée immédiate ; puis le bien ; puis le péché et le pardon. Et la grâce est déjà dans l’œil qui sait voir le péché au sei
919 e ; puis le bien ; puis le péché et le pardon. Et la grâce est déjà dans l’œil qui sait voir le péché au sein du mal et du
920 le péché et le pardon. Et la grâce est déjà dans l’ œil qui sait voir le péché au sein du mal et du bien à la fois. « Mal 
921 on. Et la grâce est déjà dans l’œil qui sait voir le péché au sein du mal et du bien à la fois. « Mal » ou « péché » — le
922 mal et du bien à la fois. « Mal » ou « péché » — le débat se ramène sur cette page, à une question de vocabulaire. Une si
923 de, « [Compte rendu] Marcel Jouhandeau, Éloge de l’ imprudence  », La Nouvelle Revue française, Paris, septembre 1932, p. 
924 ndu] Marcel Jouhandeau, Éloge de l’imprudence  », La Nouvelle Revue française, Paris, septembre 1932, p. 442-444.
8 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Alexandre, par Klaus Mann (septembre 1932)
925 Klaus Mann (septembre 1932)h Ce n’est pas pour l’ amour du laurier, mais pour l’amour de son ami Clitus, poète abstrait
926 Ce n’est pas pour l’amour du laurier, mais pour l’ amour de son ami Clitus, poète abstrait à la mode de 1920, qu’Alexandr
927 pour l’amour de son ami Clitus, poète abstrait à la mode de 1920, qu’Alexandre a conquis le monde. Le défaut de ce point
928 bstrait à la mode de 1920, qu’Alexandre a conquis le monde. Le défaut de ce point de vue, c’est qu’il n’étonnera personne,
929 la mode de 1920, qu’Alexandre a conquis le monde. Le défaut de ce point de vue, c’est qu’il n’étonnera personne, alors qu’
930 ue d’ailleurs, avec, en plus, du sentimentalisme. La préface de Cocteau joue sur les thèmes, inépuisables, du profil de pl
931 u sentimentalisme. La préface de Cocteau joue sur les thèmes, inépuisables, du profil de plâtre, des boules de neige et du
932 is de, « [Compte rendu] Klaus Mann, Alexandre  », La Nouvelle Revue française, Paris, septembre 1932, p. 477.
9 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Cahier de revendications [Présentation] (décembre 1932)
933 Est-il possible de définir une cause commune de la jeunesse française, une communauté d’attitude essentielle ? Il semble
934 communauté d’attitude essentielle ? Il semble que la solidarité du péril crée en nous une unité que n’ont su faire ni maît
935 re ni maîtres ni doctrines, unité de refus devant la consternante misère d’une époque où tout ce qu’un homme peut aimer et
936 celui de la Troisième Internationale. Toutefois, la doctrine marxiste, en dehors de laquelle il s’est constitué, forme l’
937 tifs respectifs sont communs… Déjà s’affirme dans l’ attitude de tous ces groupes un véritable acte de présence à la misère
938 tous ces groupes un véritable acte de présence à la misère du siècle, assez nouveau parmi les intellectuels, et si violem
939 ble acte de présence à la misère du siècle, assez nouveau parmi les intellectuels, et si violemment accentué qu’il peut paraîtr
940 ésence à la misère du siècle, assez nouveau parmi les intellectuels, et si violemment accentué qu’il peut paraître suffisan
941 t été réunies — rapidement car tout nous presse — les déclarations que l’on va lire. i. Rougemont Denis de, « Cahier de
942 ement car tout nous presse — les déclarations que l’ on va lire. i. Rougemont Denis de, « Cahier de revendications », La
943 Rougemont Denis de, « Cahier de revendications », La Nouvelle Revue française, Paris, décembre 1932, p. 801.
10 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). À prendre ou à tuer (décembre 1932)
944 chose, dans une société organisée (et mal) contre les « risques-vie », livrée aux basses rigueurs d’un cadre policier. Que
945 op facilement admettre autour de nous. Voilà bien l’ exigence que nous voulons rendre inconfortable, inadmissible, et dans
946 rendre inconfortable, inadmissible, et dans toute l’ urgence du terme : actuelle. Il y va de la qualité même de notre vie ;
947 s toute l’urgence du terme : actuelle. Il y va de la qualité même de notre vie ; de notre choix. Il y va de cette qualité
948 de cette qualité même d’impossible qui seule rend la vie possible, c’est-à-dire grande. Devant les solutions qu’on nous pr
949 rend la vie possible, c’est-à-dire grande. Devant les solutions qu’on nous propose d’urgence, il est clair que toute impart
950 de grandeur, et comblée de risques mortels. Pour la jeunesse de 1932, le conflit de vivre, le paradoxe fondamental de tou
951 lée de risques mortels. Pour la jeunesse de 1932, le conflit de vivre, le paradoxe fondamental de toute « existence » se c
952 s. Pour la jeunesse de 1932, le conflit de vivre, le paradoxe fondamental de toute « existence » se concrétise dans une « 
953 étise dans une « nécessité » révolutionnaire dont l’ ampleur est sans précédent. Ce n’est plus de conflits d’idées qu’il s’
954 conflits d’intérêts. Mais pour nous, entrés dans la vie sous le coup d’une menace de faillite planétaire, il ne peut s’ag
955 intérêts. Mais pour nous, entrés dans la vie sous le coup d’une menace de faillite planétaire, il ne peut s’agir de rien d
956 agir de rien d’autre que de ceci : s’entendre sur le meilleur ou sur le seul moyen d’en réchapper, — l’imposer. Ce n’est p
957 e que de ceci : s’entendre sur le meilleur ou sur le seul moyen d’en réchapper, — l’imposer. Ce n’est plus pour quelque « 
958 e meilleur ou sur le seul moyen d’en réchapper, —  l’ imposer. Ce n’est plus pour quelque « idéal » que nous avons à lutter
959 ue nous avons à lutter hic et nunc, mais pour que les hommes vivent et demeurent des hommes. Il y a deux camps : ceux qui
960 ient bien continuer, ayant certains intérêts dans l’ affaire. Entre eux, la masse des braves gens persuadés qu’après tout ç
961 yant certains intérêts dans l’affaire. Entre eux, la masse des braves gens persuadés qu’après tout ça va se remettre, ça v
962 s cris. Il est vrai que certains, au lendemain de la guerre, ont trop souvent crié au loup, par goût des atmosphères tragi
963 s tout rien de mieux à faire. Et vous pensiez que la révolution, c’était une bande de méchants garçons. Puis vous avez pen
964 vides. Et maintenant, c’est vous qui glissez dans l’ angoisse. Vous et vos maîtres. Bientôt vous chercherez des équipes de
965 chercherez des équipes de sauvetage.   Ici paraît le communisme, comme une constatation de la faillite, une liquidation à
966 i paraît le communisme, comme une constatation de la faillite, une liquidation à un taux sous-humain. Voici le Plan, prêt
967 ite, une liquidation à un taux sous-humain. Voici le Plan, prêt à reprendre l’entreprise sur des bases plus rationnelles.
968 taux sous-humain. Voici le Plan, prêt à reprendre l’ entreprise sur des bases plus rationnelles. Mais si c’était cette « ra
969 i c’était cette « raison » déjà qui se trouvait à l’ origine de tout le mal ?   Telles sont les composantes de notre situat
970 raison » déjà qui se trouvait à l’origine de tout le mal ?   Telles sont les composantes de notre situation. Nous sommes l
971 ouvait à l’origine de tout le mal ?   Telles sont les composantes de notre situation. Nous sommes là : n’y pouvant plus ten
972 ps ; ne pouvant accepter de nous battre pour un «  ordre  » et des « idéaux » criminels. Il y a la guerre proche. La ferons-nou
973 un « ordre » et des « idéaux » criminels. Il y a la guerre proche. La ferons-nous ? pour qui ? Il y a la misère présente 
974 es « idéaux » criminels. Il y a la guerre proche. La ferons-nous ? pour qui ? Il y a la misère présente : pourquoi la supp
975 guerre proche. La ferons-nous ? pour qui ? Il y a la misère présente : pourquoi la supporterons-nous ? La révolution, ce n
976 ? pour qui ? Il y a la misère présente : pourquoi la supporterons-nous ? La révolution, ce n’est plus un état d’esprit, ni
977 misère présente : pourquoi la supporterons-nous ? La révolution, ce n’est plus un état d’esprit, ni un refus des tâches d’
978 t, ni un refus des tâches d’homme. Henri Lefebvre l’ a montré, je n’ajouterai rien à sa déclaration si simple. La révolutio
979 , je n’ajouterai rien à sa déclaration si simple. La révolution est une nécessité au sens le plus banal du terme, et aussi
980 i simple. La révolution est une nécessité au sens le plus banal du terme, et aussi à son sens de « misère qui appelle ». N
981 autrui », mais des hommes menacés, qui dévisagent la menace et contre-attaquent. Et alors, toute une jeunesse va se dresse
982 ser ? Va prendre parti, et agir ?… — Paralysie. —  Le salut qu’on lui offre, il faudrait qu’elle le paie du prix de l’âme m
983 . — Le salut qu’on lui offre, il faudrait qu’elle le paie du prix de l’âme même. On nous donne à choisir entre un régime b
984 lui offre, il faudrait qu’elle le paie du prix de l’ âme même. On nous donne à choisir entre un régime bourgeois odieux, ra
985 utopie, qu’il nous est impossible d’accepter avec le « bon cœur » que préconise Philippe Lamour, parce que nous n’y voyons
986 te résistance interne, de cela justement que dans le désordre régnant, nous détestons de toute la force de notre âme : la
987 dans le désordre régnant, nous détestons de toute la force de notre âme : la primauté du matériel. Comment penser — si « p
988 , nous détestons de toute la force de notre âme : la primauté du matériel. Comment penser — si « penser » est inséparable
989 sie déchue et un marxisme faux ? Il reste à faire la révolution. Ni à gauche, ni à droite, il n’y a rien pour nous. Nous n
990 ite, il n’y a rien pour nous. Nous nous plaçons à l’ origine de quelque chose d’autre, dont la réalité échappe encore à ceu
991 laçons à l’origine de quelque chose d’autre, dont la réalité échappe encore à ceux qui récitent Marx : une « utopie » sans
992 utopie » sans doute, — du moins vraie celle-là.   Les témoignages qu’on a pu lire plus haut définissent deux positions révo
993 Tout le monde sait ce que signifie politiquement le vieil appel à la lutte des classes, ce pragmatisme, cet acte de foi o
994 it ce que signifie politiquement le vieil appel à la lutte des classes, ce pragmatisme, cet acte de foi optimiste dans le
995 s, ce pragmatisme, cet acte de foi optimiste dans le cours « dialectique » de l’Histoire, qui caractérisent la position ma
996 de foi optimiste dans le cours « dialectique » de l’ Histoire, qui caractérisent la position marxiste. Par contre, les base
997 « dialectique » de l’Histoire, qui caractérisent la position marxiste. Par contre, les bases doctrinales exposées ici par
998 i caractérisent la position marxiste. Par contre, les bases doctrinales exposées ici par des membres d’Esprit, de Combat, d
999 entre un capitalisme plus ou moins fascistisé, et le communisme (plus ou moins fordisé). Les marxistes détiennent l’avanta
1000 istisé, et le communisme (plus ou moins fordisé). Les marxistes détiennent l’avantage certain de tabler sur une « utopie »
1001 (plus ou moins fordisé). Les marxistes détiennent l’ avantage certain de tabler sur une « utopie » partiellement traduite e
1002 rtiellement traduite en faits. C’est même, à voir les choses de près, leur unique argument contre les révolutionnaires non
1003 r les choses de près, leur unique argument contre les révolutionnaires non marxistes. Mais comment nous laisser convaincre
1004 lle, temporaire, et d’ailleurs discutable ? C’est l’ homme qui se révolte en nous contre le marxiste. Vous n’y ferez rien.
1005 ble ? C’est l’homme qui se révolte en nous contre le marxiste. Vous n’y ferez rien. Et nous ne trahirons pas l’homme tel q
1006 te. Vous n’y ferez rien. Et nous ne trahirons pas l’ homme tel qu’il est, sous prétexte qu’il faut se hâter, et qu’en Russi
1007 her. Nous jouerons tout sur une révolution vraie. Les catastrophes sont proches. Nous ne sommes plus les seuls à le dire. B
1008 es catastrophes sont proches. Nous ne sommes plus les seuls à le dire. Beaucoup de capitalistes l’ont si bien compris qu’on
1009 hes sont proches. Nous ne sommes plus les seuls à le dire. Beaucoup de capitalistes l’ont si bien compris qu’on peut les v
1010 lus les seuls à le dire. Beaucoup de capitalistes l’ ont si bien compris qu’on peut les voir déjà préparer en sous-main des
1011 de capitalistes l’ont si bien compris qu’on peut les voir déjà préparer en sous-main des terrains d’entente avec l’URSS. N
1012 préparer en sous-main des terrains d’entente avec l’ URSS. Nous ne pensons pas que la guerre soit, comme l’écrit Lefebvre,
1013 ns d’entente avec l’URSS. Nous ne pensons pas que la guerre soit, comme l’écrit Lefebvre, la seule « chance » des capitali
1014 SS. Nous ne pensons pas que la guerre soit, comme l’ écrit Lefebvre, la seule « chance » des capitalistes. Il en est une mo
1015 s pas que la guerre soit, comme l’écrit Lefebvre, la seule « chance » des capitalistes. Il en est une moins coûteuse à ris
1016 et qui consisterait à se laisser convaincre… Tout les y pousse, et l’on se demande en vain quelle idéologie les empêcherait
1017 it à se laisser convaincre… Tout les y pousse, et l’ on se demande en vain quelle idéologie les empêcherait encore de répon
1018 usse, et l’on se demande en vain quelle idéologie les empêcherait encore de répondre aux invites de ces parents naguère ina
1019 nt mine de « réussir ». N’est-ce donc plus, comme le marque Th. Maulnier, qu’un conflit d’intérêts ? Et d’intérêts qui ne
1020 érêts qui ne sont pas les nôtres, qui ne sont pas les intérêts réels d’un être aux prises avec la condition humaine ? Ni po
1021 pas les intérêts réels d’un être aux prises avec la condition humaine ? Ni pour le mensonge d’hier, ni pour celui de dema
1022 re aux prises avec la condition humaine ? Ni pour le mensonge d’hier, ni pour celui de demain nous ne verserons notre sang
1023 ne vérité qui domine et condamne tout cela. Entre le communisme et la révolution personnaliste, l’opposition doctrinale pe
1024 ine et condamne tout cela. Entre le communisme et la révolution personnaliste, l’opposition doctrinale peut se définir sim
1025 tre le communisme et la révolution personnaliste, l’ opposition doctrinale peut se définir simplement. Les uns croient, ave
1026 opposition doctrinale peut se définir simplement. Les uns croient, avec Marx, à la réalité d’une dialectique ternaire ; ils
1027 définir simplement. Les uns croient, avec Marx, à la réalité d’une dialectique ternaire ; ils placent leur espoir dans l’a
1028 alectique ternaire ; ils placent leur espoir dans l’ avènement de synthèses successives, acheminant l’espèce vers un équili
1029 l’avènement de synthèses successives, acheminant l’ espèce vers un équilibre final, morne réplique du millénium chrétien.
1030 ibre final, morne réplique du millénium chrétien. Les autres, avec Proudhon, refusent toute synthèse, toute solution mécani
1031 ital. Il n’y a pas de troisième terme, — ou c’est la mort19. Mais la coefficience de deux termes vrais, et assumés comme t
1032 as de troisième terme, — ou c’est la mort19. Mais la coefficience de deux termes vrais, et assumés comme tels, c’est la pe
1033 e deux termes vrais, et assumés comme tels, c’est la personne. L’opposition de Proudhon et de Marx, sur le terrain économi
1034 vrais, et assumés comme tels, c’est la personne. L’ opposition de Proudhon et de Marx, sur le terrain économique, traduit
1035 ersonne. L’opposition de Proudhon et de Marx, sur le terrain économique, traduit exactement l’opposition de Kierkegaard et
1036 rx, sur le terrain économique, traduit exactement l’ opposition de Kierkegaard et de Hegel dans le domaine religieux. Elle
1037 ment l’opposition de Kierkegaard et de Hegel dans le domaine religieux. Elle traduira demain l’opposition des nations coll
1038 l dans le domaine religieux. Elle traduira demain l’ opposition des nations collectivistes et des patries personnalistes. M
1039 istes et des patries personnalistes. Mais où sont les motifs de notre choix ? J’en indiquerai trois. 1° — La seule révoluti
1040 tifs de notre choix ? J’en indiquerai trois. 1° — La seule révolution qui nous importe concerne l’homme, exprime ses donné
1041 ° — La seule révolution qui nous importe concerne l’ homme, exprime ses données élémentaires : elle n’est qu’une projection
1042 ires : elle n’est qu’une projection du conflit de la personne. Les marxistes nous accusent de mêler des notions « morales 
1043 ’est qu’une projection du conflit de la personne. Les marxistes nous accusent de mêler des notions « morales » — ainsi dési
1044 ler des notions « morales » — ainsi désignent-ils la notion de personne ! — aux forces politiques et historiques qui selon
1045 historiques qui selon eux déterminent entièrement le devenir révolutionnaire. Mais c’est de la mythomanie ; les « Forces é
1046 èrement le devenir révolutionnaire. Mais c’est de la mythomanie ; les « Forces économiques », dont ils parlent avec trembl
1047 ir révolutionnaire. Mais c’est de la mythomanie ; les « Forces économiques », dont ils parlent avec tremblement, n’existent
1048 t dans un monde athée. Quelle que soit d’ailleurs la conception historique que l’on ait, il faut pourtant reconnaître que
1049 que soit d’ailleurs la conception historique que l’ on ait, il faut pourtant reconnaître que la personne est un facteur « 
1050 ue que l’on ait, il faut pourtant reconnaître que la personne est un facteur « décisif », sinon suffisant, du processus ré
1051 onnaire, et que nier cette valeur « décisive » de la personne, c’est désarmer la révolution. Mais il y a plus. Si la perso
1052 aleur « décisive » de la personne, c’est désarmer la révolution. Mais il y a plus. Si la personne est véritablement l’élém
1053 ’est désarmer la révolution. Mais il y a plus. Si la personne est véritablement l’élément décisif de la réalité humaine, t
1054 ais il y a plus. Si la personne est véritablement l’ élément décisif de la réalité humaine, toute révolution est vaine qui
1055 a personne est véritablement l’élément décisif de la réalité humaine, toute révolution est vaine qui se fonde sur des fait
1056 est vaine qui se fonde sur des faits mortels pour la personne, même si « ces faits sont les faits » comme on voudrait nous
1057 ortels pour la personne, même si « ces faits sont les faits » comme on voudrait nous le faire croire. Une révolution n’agit
1058 ces faits sont les faits » comme on voudrait nous le faire croire. Une révolution n’agit pas dans le vide, mais contre que
1059 s le faire croire. Une révolution n’agit pas dans le vide, mais contre quelque chose : elle se fera contre ces faits. Elle
1060 e fera contre ces faits. Elle sera « acte ». 2e — Le matérialisme décrit un monde tel qu’on ne voit pas où l’acte peut s’y
1061 rialisme décrit un monde tel qu’on ne voit pas où l’ acte peut s’y insérer. Comment croire que l’esprit puisse agir sur les
1062 as où l’acte peut s’y insérer. Comment croire que l’ esprit puisse agir sur les faits autrement que par une suite de coups
1063 érer. Comment croire que l’esprit puisse agir sur les faits autrement que par une suite de coups de force, d’actes créateur
1064 ups de force, d’actes créateurs, — révolutionnant le déterminisme rigoureux de la matière abandonnée à elle-même ? La dial
1065 rs, — révolutionnant le déterminisme rigoureux de la matière abandonnée à elle-même ? La dialectique historique à trois te
1066 rigoureux de la matière abandonnée à elle-même ? La dialectique historique à trois temps est une arbitraire projection da
1067 à trois temps est une arbitraire projection dans les choses d’un mécanisme de « l’intelligence-outil ». Théorie dont le fa
1068 re projection dans les choses d’un mécanisme de «  l’ intelligence-outil ». Théorie dont le fatalisme interne reparaît sans
1069 canisme de « l’intelligence-outil ». Théorie dont le fatalisme interne reparaît sans cesse dans les propos des marxistes l
1070 ont le fatalisme interne reparaît sans cesse dans les propos des marxistes les plus émancipés, les moins « mécanistes » ; t
1071 reparaît sans cesse dans les propos des marxistes les plus émancipés, les moins « mécanistes » ; théorie qui ôte à l’acte t
1072 dans les propos des marxistes les plus émancipés, les moins « mécanistes » ; théorie qui ôte à l’acte toute efficacité créa
1073 pés, les moins « mécanistes » ; théorie qui ôte à l’ acte toute efficacité créatrice et par là même doit être dénoncée comm
1074 e doit être dénoncée comme antirévolutionnaire20. Le matérialisme, c’est l’opium de la révolution. 3e — La conception pers
1075 mme antirévolutionnaire20. Le matérialisme, c’est l’ opium de la révolution. 3e — La conception personnaliste est seule cap
1076 olutionnaire20. Le matérialisme, c’est l’opium de la révolution. 3e — La conception personnaliste est seule capable d’édif
1077 atérialisme, c’est l’opium de la révolution. 3e — La conception personnaliste est seule capable d’édifier un monde culture
1078 t social qu’anime un risque permanent, essentiel. L’ état marxiste idéal ne laisse subsister que les risques accidentels. E
1079 el. L’état marxiste idéal ne laisse subsister que les risques accidentels. Et comme le marquait récemment T. S. Eliot, dans
1080 e subsister que les risques accidentels. Et comme le marquait récemment T. S. Eliot, dans un article21 où s’exprimaient de
1081 roches de celles d’Esprit ou de Combat, il réduit l’ aventure humaine à un déroulement indéfini de changements, justiciable
1082 fini de changements, justiciables tout au plus de la statistique. ⁂ Mais les marxistes répugnent à nous suivre sur ce terr
1083 sticiables tout au plus de la statistique. ⁂ Mais les marxistes répugnent à nous suivre sur ce terrain. Suivons-les donc su
1084 s répugnent à nous suivre sur ce terrain. Suivons- les donc sur le leur. Ils opposent à nos « rêveries » l’action. Qu’appell
1085 nous suivre sur ce terrain. Suivons-les donc sur le leur. Ils opposent à nos « rêveries » l’action. Qu’appellent-ils l’ac
1086 donc sur le leur. Ils opposent à nos « rêveries » l’ action. Qu’appellent-ils l’action ? Est-ce un opportunisme purement ta
1087 ent à nos « rêveries » l’action. Qu’appellent-ils l’ action ? Est-ce un opportunisme purement tactique, d’allure électorale
1088 purement tactique, d’allure électorale ? « Toutes les tentatives qui ne se fondent pas sur la classe révolutionnaire ne com
1089 « Toutes les tentatives qui ne se fondent pas sur la classe révolutionnaire ne comportent pas de points d’application », é
1090 e points d’application », écrit Nizan. Voilà bien la suprême « évasion » de nos intellectuels, même marxistes. Abdication
1091 nos intellectuels, même marxistes. Abdication de la pensée entre les mains du prolétaire qui, justement, avait besoin d’ê
1092 ls, même marxistes. Abdication de la pensée entre les mains du prolétaire qui, justement, avait besoin d’être conduit par l
1093 e qui, justement, avait besoin d’être conduit par la pensée de quelques-uns22. Proposition antirévolutionnaire, il faut le
1094 s-uns22. Proposition antirévolutionnaire, il faut le dire, et niée par les faits dont elle se réclame implicitement, Lénin
1095 antirévolutionnaire, il faut le dire, et niée par les faits dont elle se réclame implicitement, Lénine réussit une révoluti
1096 uvriers sur une population de 160 millions, et où la bourgeoisie existe à peine en tant que classe, d’ailleurs brimée. En
1097 t que classe, d’ailleurs brimée. En février 1917, les bolchévistes sont 200. En octobre, ils s’emparent du pouvoir sur tout
1098 En octobre, ils s’emparent du pouvoir sur toutes les Russies. En 1932 le parti compte deux millions de membres sévèrement
1099 parent du pouvoir sur toutes les Russies. En 1932 le parti compte deux millions de membres sévèrement contrôlés. « Mais, n
1100 embres sévèrement contrôlés. « Mais, nous dit-on, les constructions d’un Lénine n’étaient pas songes, elles s’appuyaient su
1101 nine n’étaient pas songes, elles s’appuyaient sur le mouvement de l’histoire ». Nous avons affaire ici à un véritable myst
1102 as songes, elles s’appuyaient sur le mouvement de l’ histoire ». Nous avons affaire ici à un véritable mysticisme de la réu
1103 us avons affaire ici à un véritable mysticisme de la réussite, à un fatalisme, à un pragmatisme historique dont le fondeme
1104 à un fatalisme, à un pragmatisme historique dont le fondement matérialiste n’exige rien de moins qu’un acte de foi. Un te
1105 n acte de foi. Un tel mysticisme a-t-il en France la moindre chance de succès ? Où est sa tradition vivante en ce pays ? L
1106 succès ? Où est sa tradition vivante en ce pays ? La violence des communistes français reste le plus souvent verbale, élec
1107 pays ? La violence des communistes français reste le plus souvent verbale, électorale ; elle n’est pas dans leur doctrine
1108 des faits actuels, mais insuffisamment analysés. Les faits, demain, seront pour nous. L’Ordre nouveau, Combat, Esprit, tra
1109 L’Ordre nouveau, Combat, Esprit, travaillent dans la ligne des forces révolutionnaires profondes de la France. Cette révol
1110 la ligne des forces révolutionnaires profondes de la France. Cette révolte de la personne, c’est la révolte jacobine, c’es
1111 onnaires profondes de la France. Cette révolte de la personne, c’est la révolte jacobine, c’est la révolte de 89, dans ce
1112 de la France. Cette révolte de la personne, c’est la révolte jacobine, c’est la révolte de 89, dans ce qu’elle garde de va
1113 de la personne, c’est la révolte jacobine, c’est la révolte de 89, dans ce qu’elle garde de valable et de dynamique ; c’e
1114 de valable et de dynamique ; c’est dès à présent le ressort de la nouvelle Révolution française. La volonté, la possibili
1115 de dynamique ; c’est dès à présent le ressort de la nouvelle Révolution française. La volonté, la possibilité de rupture,
1116 t le ressort de la nouvelle Révolution française. La volonté, la possibilité de rupture, affirmée par les politiciens marx
1117 de la nouvelle Révolution française. La volonté, la possibilité de rupture, affirmée par les politiciens marxistes, mais
1118 volonté, la possibilité de rupture, affirmée par les politiciens marxistes, mais niée en sous-main par leur doctrine, est
1119 trine, est de leur part une duperie manifeste. Je les entends menacer le bourgeois : mais je ne vois pas en quoi la tyranni
1120 art une duperie manifeste. Je les entends menacer le bourgeois : mais je ne vois pas en quoi la tyrannie du matériel qu’il
1121 enacer le bourgeois : mais je ne vois pas en quoi la tyrannie du matériel qu’ils prônent est meilleure pour les hommes que
1122 nie du matériel qu’ils prônent est meilleure pour les hommes que le présent désordre. Je ne vois pas qu’ils connaissent l’h
1123 qu’ils prônent est meilleure pour les hommes que le présent désordre. Je ne vois pas qu’ils connaissent l’homme mieux que
1124 ésent désordre. Je ne vois pas qu’ils connaissent l’ homme mieux que nous. Je ne les vois pas plus forts. Je vois bien l’ac
1125 qu’ils connaissent l’homme mieux que nous. Je ne les vois pas plus forts. Je vois bien l’accumulation de leurs griefs, — d
1126 nous. Je ne les vois pas plus forts. Je vois bien l’ accumulation de leurs griefs, — dont beaucoup sont les nôtres, mais no
1127 age. Je vois clairement que leurs buts provoquent le refus, pour les mêmes raisons, aggravées23. Ils jouent sur une révolt
1128 airement que leurs buts provoquent le refus, pour les mêmes raisons, aggravées23. Ils jouent sur une révolte des hommes con
1129 s23. Ils jouent sur une révolte des hommes contre le capitalisme : mais cette révolte va se tourner contre eux. On va voir
1130 va se tourner contre eux. On va voir qu’ils font la même chose, c’est-à-dire qu’ils font pire que ceux qu’ils attaquent.
1131 nt ainsi triompher à la fois des bourgeois, et de la vérité humaine de nos doctrines antibourgeoises. Mais ils ne donnent
1132 ux certains mots d’ordre immédiats : lutte contre le capitalisme, le fascisme, leurs mystiques et leurs créations politiqu
1133 d’ordre immédiats : lutte contre le capitalisme, le fascisme, leurs mystiques et leurs créations politiques (nationalisme
1134 tiques (nationalisme, SDN, etc.), condamnation de l’ individu, de la « pensée » bourgeoise (la pensée sans douleur !), des
1135 lisme, SDN, etc.), condamnation de l’individu, de la « pensée » bourgeoise (la pensée sans douleur !), des méthodes polici
1136 ation de l’individu, de la « pensée » bourgeoise ( la pensée sans douleur !), des méthodes policières grâce auxquelles se m
1137 méthodes policières grâce auxquelles se maintient le désordre établi. Mais nous allons plus loin dans la critique de ce dé
1138 désordre établi. Mais nous allons plus loin dans la critique de ce désordre : jusqu’à ce point où le marxisme, révélant s
1139 la critique de ce désordre : jusqu’à ce point où le marxisme, révélant sa vraie nature, apparaît comme un cas privilégié
1140 vraie nature, apparaît comme un cas privilégié de la folie capitaliste-matérialiste. Non, ce n’est pas une classe que nous
1141 ’est pas une classe que nous devons sauver, c’est l’ homme menacé dans son intégrité. Sauver l’homme, ce n’est pas sauver d
1142 , c’est l’homme menacé dans son intégrité. Sauver l’ homme, ce n’est pas sauver des consommateurs. Ce n’est pas sauver des
1143 Ce n’est pas sauver des entreprises, des nations, les intérêts (?) du monde. Sylveire demande : que signifie « sauver le mo
1144 u monde. Sylveire demande : que signifie « sauver le monde » ? Rien. Au sens fort du mot, le « salut » n’est pas à débattr
1145 « sauver le monde » ? Rien. Au sens fort du mot, le « salut » n’est pas à débattre sur le plan de l’humanité, mais entre
1146 le « salut » n’est pas à débattre sur le plan de l’ humanité, mais entre l’homme, entre tel homme et la Réalité qui seule
1147 à débattre sur le plan de l’humanité, mais entre l’ homme, entre tel homme et la Réalité qui seule peut garantir son être.
1148 ’humanité, mais entre l’homme, entre tel homme et la Réalité qui seule peut garantir son être. — Encore faut-il que les co
1149 eule peut garantir son être. — Encore faut-il que les conditions matérielles permettent à ce suprême et quotidien débat d’a
1150 n débat d’avoir un sens, un point d’application : la personne. Tel est en dernière analyse, le fondement, l’enjeu de la ré
1151 ation : la personne. Tel est en dernière analyse, le fondement, l’enjeu de la révolution nouvelle. Ici, je ne dirai plus n
1152 sonne. Tel est en dernière analyse, le fondement, l’ enjeu de la révolution nouvelle. Ici, je ne dirai plus nous, mais je.
1153 est en dernière analyse, le fondement, l’enjeu de la révolution nouvelle. Ici, je ne dirai plus nous, mais je. À la questi
1154 nouvelle. Ici, je ne dirai plus nous, mais je. À la question « Prenez-vous au sérieux vos idées, y croyez-vous ? », les h
1155 nez-vous au sérieux vos idées, y croyez-vous ? », les hommes de ce temps n’aiment pas répondre, car c’est une question pers
1156 tion personnelle. Une mise en question réelle. Je la cherche. Ce qu’il faut pour légitimer un système d’idées en elles-mê
1157 lles-mêmes justes et opportunes (comme celles, je le crois, de L’Ordre nouveau, de Combat ou d’Esprit) c’est une violence
1158 une substance, une exigence impossible et qui est la seule chose que les hommes éprouvent dans le fond de leur être. Il fa
1159 exigence impossible et qui est la seule chose que les hommes éprouvent dans le fond de leur être. Il faut derrière ces idée
1160 est la seule chose que les hommes éprouvent dans le fond de leur être. Il faut derrière ces idées une masse volontaire, u
1161 e foi, une pureté terrible et humble. Loin de moi la pensée que par des arguments nous pourrons triompher d’autre chose qu
1162 urrons triompher d’autre chose que d’arguments. À l’ effort admirable du peuple russe retrouvant la grandeur des luttes élé
1163 . À l’effort admirable du peuple russe retrouvant la grandeur des luttes élémentaires, n’aurions-nous à répondre qu’un dog
1164 s à répondre qu’un dogmatique « Tu te trompes » ? Les hommes n’entendront de nous que notre volonté de sacrifice, de pauvre
1165 té. C’est dangereux, c’est grave de penser juste. La vérité ne peut exister parmi nous que sous la forme d’une accusation
1166 te. La vérité ne peut exister parmi nous que sous la forme d’une accusation personnelle. Il faut savoir entendre ce mutism
1167 ntendre ce mutisme formidable. Je crois que seule la foi peut en donner jusqu’au bout le courage. Je parle de la foi chrét
1168 ois que seule la foi peut en donner jusqu’au bout le courage. Je parle de la foi chrétienne où je veux être, de ce suprême
1169 t en donner jusqu’au bout le courage. Je parle de la foi chrétienne où je veux être, de ce suprême « choix » qui ne vient
1170 monde qui n’ait pas besoin d’arguments pour juger les idoles du monde ; de cette seule chose pour laquelle j’accepte de me
1171 parce que ce ne serait pas crever bassement dans la haine, mais ce serait un acte enfin dans lequel je posséderais toute
1172 clatant. Je n’ai pas à sauver quoi que ce soit de la terre, mais seulement à recevoir le pardon. Or il n’est de pardon que
1173 ue ce soit de la terre, mais seulement à recevoir le pardon. Or il n’est de pardon que pour celui qui agit. On me dira san
1174 us retrouvez que trop bien dans les vôtres ! Déjà les hommes le pressentent : il n’y a rien d’autre à attendre que cette fo
1175 z que trop bien dans les vôtres ! Déjà les hommes le pressentent : il n’y a rien d’autre à attendre que cette force surhum
1176 attendre que cette force surhumaine d’entrer dans l’ Ordre de la Pauvreté, qui vaincra toutes les révolutions — après les a
1177 tendre que cette force surhumaine d’entrer dans l’ Ordre de la Pauvreté, qui vaincra toutes les révolutions — après les avoir
1178 e cette force surhumaine d’entrer dans l’Ordre de la Pauvreté, qui vaincra toutes les révolutions — après les avoir faites
1179 r dans l’Ordre de la Pauvreté, qui vaincra toutes les révolutions — après les avoir faites. 18. En Allemagne, un groupe e
1180 vreté, qui vaincra toutes les révolutions — après les avoir faites. 18. En Allemagne, un groupe en croissance rapide, le
1181 18. En Allemagne, un groupe en croissance rapide, le Gegner, s’efforce de créer une unité révolutionnaire au-dessus des pa
1182 nce), en Espagne, en Hollande, en Irlande et dans les pays latins de l’Amérique, cette « troisième force », anticapitaliste
1183 n Hollande, en Irlande et dans les pays latins de l’ Amérique, cette « troisième force », anticapitaliste et non marxiste s
1184 stématique du vrai conflit nécessité-liberté dans la mesure où elle existe en sol et dans sa durée propre, comme un 3e ter
1185 e-nation culturelle, initiative privée-plan. 20. La seule révolution qu’elle légitimerait, en bonne logique, serait une r
1186 t, en bonne logique, serait une révolution contre la construction entreprise par le capitalisme d’État soviétique, contre
1187 révolution contre la construction entreprise par le capitalisme d’État soviétique, contre la mystique productiviste déjà
1188 rise par le capitalisme d’État soviétique, contre la mystique productiviste déjà « niée » par la crise américaine en parti
1189 ontre la mystique productiviste déjà « niée » par la crise américaine en particulier. 21. du Criterion. 22. Exemple frap
1190 lier. 21. du Criterion. 22. Exemple frappant de l’ Allemagne : voici un pays enfin qui réunit toutes les conditions théor
1191 Allemagne : voici un pays enfin qui réunit toutes les conditions théoriques prévues par Marx pour qu’une révolution éclate.
1192 fs. Parce qu’il n’y a plus de « personnes ». 23. Le succès du communisme serait-il « de nous rendre la vie de caserne acc
1193 e succès du communisme serait-il « de nous rendre la vie de caserne acceptable » ? (Roland de Pury, dans Hic et Nunc , Pa
1194 j. Rougemont Denis de, « À prendre ou à tuer », La Nouvelle Revue française, Paris, décembre 1932, p. 838-845.
11 1933, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Pétrarque, par Charles-Albert Cingria (avril 1933)
1195 ue, par Charles-Albert Cingria (avril 1933)k «  Les modernes qui écrivent des livres sur Pétrarque voudraient pouvoir fai
1196 udraient pouvoir faire une part au Moyen Âge (qui les excite) et admirer en même temps le restaurateur du cicéronianisme da
1197 yen Âge (qui les excite) et admirer en même temps le restaurateur du cicéronianisme dans tout ce que l’officialité moderne
1198 e restaurateur du cicéronianisme dans tout ce que l’ officialité moderne en représente — l’éloquence, l’érudition, les gran
1199 tout ce que l’officialité moderne en représente — l’ éloquence, l’érudition, les grands sentiments, la morale en soi (pas l
1200 ’officialité moderne en représente — l’éloquence, l’ érudition, les grands sentiments, la morale en soi (pas la morale en v
1201 moderne en représente — l’éloquence, l’érudition, les grands sentiments, la morale en soi (pas la morale en vertu d’un dogm
1202 l’éloquence, l’érudition, les grands sentiments, la morale en soi (pas la morale en vertu d’un dogme), le nationalisme, l
1203 ion, les grands sentiments, la morale en soi (pas la morale en vertu d’un dogme), le nationalisme, l’ironie, le scepticism
1204 orale en soi (pas la morale en vertu d’un dogme), le nationalisme, l’ironie, le scepticisme, le pompiérisme, — mais ils sa
1205 la morale en vertu d’un dogme), le nationalisme, l’ ironie, le scepticisme, le pompiérisme, — mais ils savent que cela est
1206 en vertu d’un dogme), le nationalisme, l’ironie, le scepticisme, le pompiérisme, — mais ils savent que cela est antipathi
1207 ogme), le nationalisme, l’ironie, le scepticisme, le pompiérisme, — mais ils savent que cela est antipathique, alors ils é
1208 i ». Charles-Albert Cingria est donc de ceux dont l’ érudition, quitte à passer pour macaronique — comme elles le sont tout
1209 n, quitte à passer pour macaronique — comme elles le sont toutes, d’ailleurs, mais ridiculement quand elles ne l’avouent p
1210 tes, d’ailleurs, mais ridiculement quand elles ne l’ avouent pas — se veut constamment significative. La publication de cet
1211 ’avouent pas — se veut constamment significative. La publication de cet étonnant petit livre sur Pétrarque, venant après c
1212 Civilisation de Saint-Gall non moins remarquable, le met aux antipodes de ces historiens contemporains dont le succès cons
1213 ux antipodes de ces historiens contemporains dont le succès consiste, lorsqu’ils citent des textes, à donner l’impression
1214 nt, en somme, aucun sens relativement à celui qui les cite, car alors où serait l’Impartialité ? Ces gens-là voudraient bie
1215 ivement à celui qui les cite, car alors où serait l’ Impartialité ? Ces gens-là voudraient bien nous faire croire qu’un tex
1216 ous faire croire qu’un texte est intéressant dans la mesure même où il est dépourvu de pittoresque, c’est-à-dire, dans ce
1217 est tout de même aller un peu loin, puisque ainsi l’ on supprime la notion même d’intéressant. Donc Cingria défend une thès
1218 me aller un peu loin, puisque ainsi l’on supprime la notion même d’intéressant. Donc Cingria défend une thèse : « Je m’app
1219 rai à désassocier et à mettre en face de lui-même le poète lyrique — rattaché encore à une école provençale qui est, à l’o
1220 rattaché encore à une école provençale qui est, à l’ origine, de propulsion musicale, donc romane-syrienne puisque le plain
1221 propulsion musicale, donc romane-syrienne puisque le plain-chant est roman-syrien — et le poète fabriqué à coups de platra
1222 enne puisque le plain-chant est roman-syrien — et le poète fabriqué à coups de platras à la manière antique ». Vous avez l
1223 yrien — et le poète fabriqué à coups de platras à la manière antique ». Vous avez le ton. Ajoutez-y le plus excitant foiso
1224 oups de platras à la manière antique ». Vous avez le ton. Ajoutez-y le plus excitant foisonnement de citations — poètes, c
1225 la manière antique ». Vous avez le ton. Ajoutez-y le plus excitant foisonnement de citations — poètes, chroniqueurs, music
1226 copale, d’une certaine politesse pompeuse qui est la forme particulière de son ironie24 et vous aurez ce petit volume de d
1227 ges qui, délayé en six-cents, se verrait décerner le titre de « monument critique ». Tel qu’il est, un petit chef-d’œuvre
1228 , un petit chef-d’œuvre d’humanisme poétique. Car l’ « érudition » de Cingria reste si constamment précise et malicieuse qu
1229 précise et malicieuse qu’elle atteint à coup sûr le particulier de tout ce qu’elle aborde au cours de ses démonstrations 
1230 lle » et multiple, ses incidences fréquentes dans les problèmes du temps et de tous les temps : la musique occidentale, les
1231 fréquentes dans les problèmes du temps et de tous les temps : la musique occidentale, les méfaits de Cicéron, le commerce d
1232 ans les problèmes du temps et de tous les temps : la musique occidentale, les méfaits de Cicéron, le commerce des vins dan
1233 ps et de tous les temps : la musique occidentale, les méfaits de Cicéron, le commerce des vins dans la vallée du Rhône, la
1234 : la musique occidentale, les méfaits de Cicéron, le commerce des vins dans la vallée du Rhône, la marche en montagne, le
1235 les méfaits de Cicéron, le commerce des vins dans la vallée du Rhône, la marche en montagne, le romantisme, le nationalism
1236 on, le commerce des vins dans la vallée du Rhône, la marche en montagne, le romantisme, le nationalisme, l’européanisme et
1237 s dans la vallée du Rhône, la marche en montagne, le romantisme, le nationalisme, l’européanisme et la révolution. (Sur la
1238 e du Rhône, la marche en montagne, le romantisme, le nationalisme, l’européanisme et la révolution. (Sur la confusion mode
1239 rche en montagne, le romantisme, le nationalisme, l’ européanisme et la révolution. (Sur la confusion moderne entre le patr
1240 le romantisme, le nationalisme, l’européanisme et la révolution. (Sur la confusion moderne entre le patriotisme « chose mo
1241 tionalisme, l’européanisme et la révolution. (Sur la confusion moderne entre le patriotisme « chose motivée et avantageuse
1242 et la révolution. (Sur la confusion moderne entre le patriotisme « chose motivée et avantageuse », et le nationalisme arti
1243 patriotisme « chose motivée et avantageuse », et le nationalisme artificiel mais régnant qui fait de la chose publique la
1244 nationalisme artificiel mais régnant qui fait de la chose publique la chose désavantageuse 25, quelques pages brillantes
1245 ficiel mais régnant qui fait de la chose publique la chose désavantageuse 25, quelques pages brillantes et fortes qui rejo
1246 brillantes et fortes qui rejoignent curieusement les doctrines de L’Ordre nouveau). Un style doucement retors, dont les mo
1247 L’Ordre nouveau). Un style doucement retors, dont les moindres anicroches sont calculées jusqu’à restituer le naturel — tou
1248 ndres anicroches sont calculées jusqu’à restituer le naturel — tout cela sans effort, manifestant plutôt cette vivacité d’
1249 ifestant plutôt cette vivacité d’invention dont «  l’ écriture moderne » reste tristement dépourvue malgré ses velléités de
1250 ches un peu bourrues, un peu précieuses, il jette l’ esprit du lecteur dans le vif d’un sujet, et loin d’exploiter l’avanta
1251 peu précieuses, il jette l’esprit du lecteur dans le vif d’un sujet, et loin d’exploiter l’avantage de cette surprise, pla
1252 cteur dans le vif d’un sujet, et loin d’exploiter l’ avantage de cette surprise, place aussitôt une citation, oublie d’avoi
1253 oir raison, et nous laisse admirer cette prose de la Renaissance où palpite, sous une sérénité qui est plutôt de l’enthous
1254 e où palpite, sous une sérénité qui est plutôt de l’ enthousiasme dominé, l’opulente diversité du monde. La qualité des tra
1255 sérénité qui est plutôt de l’enthousiasme dominé, l’ opulente diversité du monde. La qualité des traductions du latin, du b
1256 thousiasme dominé, l’opulente diversité du monde. La qualité des traductions du latin, du bas latin et de l’italien dont c
1257 lité des traductions du latin, du bas latin et de l’ italien dont ce livre est abondamment orné permettra de goûter dans le
1258 vre est abondamment orné permettra de goûter dans le détail ce que l’on vient de louer dans l’ensemble. C’est la même préc
1259 nt orné permettra de goûter dans le détail ce que l’ on vient de louer dans l’ensemble. C’est la même précision savoureuse
1260 er dans le détail ce que l’on vient de louer dans l’ ensemble. C’est la même précision savoureuse dans le rendu de l’esprit
1261 ce que l’on vient de louer dans l’ensemble. C’est la même précision savoureuse dans le rendu de l’esprit d’un texte, mais
1262 ensemble. C’est la même précision savoureuse dans le rendu de l’esprit d’un texte, mais cela toujours grâce à des inventio
1263 est la même précision savoureuse dans le rendu de l’ esprit d’un texte, mais cela toujours grâce à des inventions poétiques
1264 jours grâce à des inventions poétiques jouant sur la lettre même, c’est-à-dire sur ce qu’il y a de plus significatif dans
1265 pas de petites férocités soudaines, raffinées, ni le bavardage, ni une espèce d’indignation morale aux sursauts fréquents.
1266 morale aux sursauts fréquents. 25. « Mais cela ( les patriotismes de l’Europe diverse et une) était homogène et souple, vi
1267 fréquents. 25. « Mais cela (les patriotismes de l’ Europe diverse et une) était homogène et souple, vivant, sans faux arr
1268 , sans cet arrêt d’illusoire devenu réel que font les actuels nationalismes, ayant pour effet qu’au lieu d’être avantageuse
1269 , ayant pour effet qu’au lieu d’être avantageuse, la chose publique empêche de communiquer, empêche de vivre, empêche de r
1270 mpte rendu] Charles-Albert Cingria, Pétrarque  », La Nouvelle Revue française, Paris, avril 1933, p. 676-678.
12 1933, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Une main, par C. F. Ramuz (juin 1933)
1271 e de ces méprises qui peuvent servir à déterminer le niveau d’une certaine presse. Si l’on ne voit dans l’auteur d’Adam et
1272 à déterminer le niveau d’une certaine presse. Si l’ on ne voit dans l’auteur d’Adam et Ève qu’une sorte de folkloriste, il
1273 iveau d’une certaine presse. Si l’on ne voit dans l’ auteur d’Adam et Ève qu’une sorte de folkloriste, il faudra considérer
1274 qu’une sorte de folkloriste, il faudra considérer l’ auteur de Phèdre comme un archéologue, auteur de drames historiques. Q
1275 aissance du particulier qui introduise à celle de l’ élémentaire ; qui soit donc le contraire de la recherche du pittoresqu
1276 troduise à celle de l’élémentaire ; qui soit donc le contraire de la recherche du pittoresque. Aucune de ses œuvres mieux
1277 de l’élémentaire ; qui soit donc le contraire de la recherche du pittoresque. Aucune de ses œuvres mieux qu’Une Main n’en
1278 illeurs, sa pensée ; on y voit de tout près, dans l’ intimité d’une chambre, comment sa pensée marche, insiste, souffre. Et
1279 , insiste, souffre. Et cela ne se passe plus dans le canton de Vaud, mais dans le domaine propre de Ramuz qui est l’élémen
1280 e se passe plus dans le canton de Vaud, mais dans le domaine propre de Ramuz qui est l’élémentaire. Jamais il ne fut mieux
1281 aud, mais dans le domaine propre de Ramuz qui est l’ élémentaire. Jamais il ne fut mieux lui-même. Il y fallait un cas très
1282 Il y fallait un cas très simple, un de ces cas où le mot « concret » devient presque synonyme de matériel. Un bras cassé (
1283 ient presque synonyme de matériel. Un bras cassé ( le gauche) ; l’humiliation de la chute, l’angoisse d’être diminué, les d
1284 synonyme de matériel. Un bras cassé (le gauche) ; l’ humiliation de la chute, l’angoisse d’être diminué, les difficultés qu
1285 iel. Un bras cassé (le gauche) ; l’humiliation de la chute, l’angoisse d’être diminué, les difficultés qu’on découvre, déc
1286 as cassé (le gauche) ; l’humiliation de la chute, l’ angoisse d’être diminué, les difficultés qu’on découvre, déconcertante
1287 miliation de la chute, l’angoisse d’être diminué, les difficultés qu’on découvre, déconcertantes ; puis l’esprit qui se met
1288 difficultés qu’on découvre, déconcertantes ; puis l’ esprit qui se met à douter, parce qu’il n’a plus d’application, l’espr
1289 met à douter, parce qu’il n’a plus d’application, l’ esprit qui prend peur. La guérison naîtra d’une résistance retrouvée26
1290 n’a plus d’application, l’esprit qui prend peur. La guérison naîtra d’une résistance retrouvée26. Et Ramuz, apaisé, regar
1291 nce retrouvée26. Et Ramuz, apaisé, regarde tomber la neige : les choses ont de nouveau leur sens. Ramuz parle de lui, c’es
1292 ée26. Et Ramuz, apaisé, regarde tomber la neige : les choses ont de nouveau leur sens. Ramuz parle de lui, c’est la premièr
1293 forcé d’ailleurs, interrogation accidentelle. Par le choix même du prétexte de cet écrit, il nous donne ce genre de pensée
1294 es pour ce qu’elles ont toujours été à ses yeux : le fait d’un défaut de présence au monde, d’une impuissance à saisir les
1295 de présence au monde, d’une impuissance à saisir les choses. Là réside la cause de la peur, qu’il avoue, et qui n’est sans
1296 d’une impuissance à saisir les choses. Là réside la cause de la peur, qu’il avoue, et qui n’est sans doute que la méditat
1297 ssance à saisir les choses. Là réside la cause de la peur, qu’il avoue, et qui n’est sans doute que la méditation d’un esp
1298 la peur, qu’il avoue, et qui n’est sans doute que la méditation d’un esprit dépourvu de prises sensibles. C’est un état d’
1299 s. C’est un état d’âme qui caractérise assez bien le monde moderne, le monde des hommes sans responsabilité et sans résist
1300 ’âme qui caractérise assez bien le monde moderne, le monde des hommes sans responsabilité et sans résistance propre, le mo
1301 es sans responsabilité et sans résistance propre, le monde des hommes qui ne sont plus présents à eux-mêmes, hommes sans p
1302 facilement entraînés. Une Main nous donne ainsi l’ analyse élémentaire d’un des phénomènes les plus importants d’aujourd’
1303 e ainsi l’analyse élémentaire d’un des phénomènes les plus importants d’aujourd’hui : la démoralisation. Démoraliser un hom
1304 es phénomènes les plus importants d’aujourd’hui : la démoralisation. Démoraliser un homme, c’est le priver de son pouvoir
1305  : la démoralisation. Démoraliser un homme, c’est le priver de son pouvoir créateur. C’est le priver de sa main, — ou asse
1306 e, c’est le priver de son pouvoir créateur. C’est le priver de sa main, — ou asservir cette main. Est-ce que ma main n’a p
1307 que de se lever avec cent-mille autres, de faire le poing avec cent-mille autres ? Cent-mille mains saluent le tyran, une
1308 avec cent-mille autres ? Cent-mille mains saluent le tyran, une main crée. Le temps est peut-être venu de penser avec ses
1309 Cent-mille mains saluent le tyran, une main crée. Le temps est peut-être venu de penser avec ses mains. 26. « J’aime que
1310 venu de penser avec ses mains. 26. « J’aime que les choses vous résistent et vous contredisent, comme par exemple une mai
1311 à allumer dans une cheminée qui tire mal. J’aime les choses qui sont à leur façon, tandis que je suis à la mienne. » l.
1312 is de, « [Compte rendu] C. F. Ramuz, Une main  », La Nouvelle Revue française, Paris, juin 1933, p. 1001-1002.
13 1933, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Saint-Évremond ou L’humaniste impur, par Albert-Marie Schmidt (octobre 1933)
1313 Saint-Évremond ou L’ humaniste impur, par Albert-Marie Schmidt (octobre 1933)m Il est pl
1314 eur obtenir de nos jours un effet de surprise par l’ emploi d’un style poli, nombreux, toujours plein d’onction, parfois mê
1315 mment et trop aisément son sujet. Non point qu’il le maintienne arbitrairement dans les cadres d’une dogmatique morale : c
1316 Non point qu’il le maintienne arbitrairement dans les cadres d’une dogmatique morale : c’est plutôt qu’il suit Saint-Évremo
1317 lutôt qu’il suit Saint-Évremond de trop près dans les méandres de son éthique. Certes, il en fait valoir ainsi toutes les n
1318 n éthique. Certes, il en fait valoir ainsi toutes les nuances, avec un art égal à son modèle. On voudrait pourtant qu’il lu
1319 qu’il lui donne parfois libre carrière, qu’il ne le garde point sans cesse à portée d’un coup de patte qu’il s’abandonne
1320 patte qu’il s’abandonne lui-même à sa fantaisie, la plus joyeusement érudite que je connaisse. Tel qu’il est, ce petit vo
1321 volume nous offre un jeu serré et subtil, et dont le spectacle n’est pas vain. M. Schmidt ne s’en laisse point imposer par
1322 vain. M. Schmidt ne s’en laisse point imposer par la « réussite classique ». Il place Saint-Évremond, théoricien spirituel
1323 Saint-Évremond, théoricien spirituel et serein de la sagesse du grand siècle, sous le coup de la question capitale qu’on v
1324 uel et serein de la sagesse du grand siècle, sous le coup de la question capitale qu’on voudrait poser sous cette forme :
1325 in de la sagesse du grand siècle, sous le coup de la question capitale qu’on voudrait poser sous cette forme : la vérité e
1326 capitale qu’on voudrait poser sous cette forme : la vérité est-elle en déca ou au-delà du désespoir, dans les mesures hum
1327 té est-elle en déca ou au-delà du désespoir, dans les mesures humaines ou dans la folie divine ? Il semble bien que Saint-É
1328 à du désespoir, dans les mesures humaines ou dans la folie divine ? Il semble bien que Saint-Évremond ait jusqu’au bout re
1329 es rapports de politesse. Cela pourrait bien être la formule du désordre intérieur maximum. Rien ne le dissimule mieux que
1330 la formule du désordre intérieur maximum. Rien ne le dissimule mieux que le demi-sourire d’une raison éclairée et mondaine
1331 intérieur maximum. Rien ne le dissimule mieux que le demi-sourire d’une raison éclairée et mondaine. La nouveauté de l’es
1332 demi-sourire d’une raison éclairée et mondaine. La nouveauté de l’essai d’Albert-Marie Schmidt est d’avoir su déceler la
1333 une raison éclairée et mondaine. La nouveauté de l’ essai d’Albert-Marie Schmidt est d’avoir su déceler la corruption secr
1334 sai d’Albert-Marie Schmidt est d’avoir su déceler la corruption secrète de cet art trop parfait, « qui supprime les plus a
1335 n secrète de cet art trop parfait, « qui supprime les plus angoissants problèmes, à force de les éclaircir », et l’impureté
1336 pprime les plus angoissants problèmes, à force de les éclaircir », et l’impureté d’un humanisme que l’on croyait tempéré et
1337 issants problèmes, à force de les éclaircir », et l’ impureté d’un humanisme que l’on croyait tempéré et limpide, mais que
1338 les éclaircir », et l’impureté d’un humanisme que l’ on croyait tempéré et limpide, mais que l’on voit « s’échauffer, se br
1339 sme que l’on croyait tempéré et limpide, mais que l’ on voit « s’échauffer, se brouiller » aux premières instances d’un cho
1340 d’un choix radical et véritablement ordonnateur. Le chapitre le plus remarquable de cette brève et dense biographie intel
1341 radical et véritablement ordonnateur. Le chapitre le plus remarquable de cette brève et dense biographie intellectuelle, l
1342 e cette brève et dense biographie intellectuelle, le plus juste aussi pour Saint-Évremond, expose ses idées sur la société
1343 e aussi pour Saint-Évremond, expose ses idées sur la société. On y verra comment il se peut faire que les tyrannies social
1344 société. On y verra comment il se peut faire que les tyrannies sociales, mondaines ou politiques, trahissent par leur raff
1345 e spirituelle dont elles constituent probablement l’ unique remède. C’est comme la genèse individuelle et religieuse de ce
1346 tituent probablement l’unique remède. C’est comme la genèse individuelle et religieuse de ce fait trop actuel, qu’Albert-M
1347 te rendu] Albert-Marie Schmidt, Saint-Évremond ou L’ humaniste impur  », La Nouvelle Revue française, Paris, octobre 1933,
1348 Schmidt, Saint-Évremond ou L’humaniste impur  », La Nouvelle Revue française, Paris, octobre 1933, p. 621-622.
14 1933, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Le Deuxième Jour de la Création, par Ilya Ehrenbourg (décembre 1933)
1349 Le Deuxième Jour de la Création, par Ilya Ehrenbourg (décembre 1933)n Ce titre curieuseme
1350 1933)n Ce titre curieusement biblique désigne le plan quinquennal. Voici donc le roman type de l’Édification socialist
1351 biblique désigne le plan quinquennal. Voici donc le roman type de l’Édification socialiste. Bourré de petits faits vrais
1352 le plan quinquennal. Voici donc le roman type de l’ Édification socialiste. Bourré de petits faits vrais dont l’intention
1353 ion socialiste. Bourré de petits faits vrais dont l’ intention morale est évidente, il est doublement édifiant. Ceux qui on
1354 te, il est doublement édifiant. Ceux qui ont aimé le Chemin de la Vie retrouveront ici l’atmosphère salubre, la naïveté pu
1355 ublement édifiant. Ceux qui ont aimé le Chemin de la Vie retrouveront ici l’atmosphère salubre, la naïveté puissante de ce
1356 qui ont aimé le Chemin de la Vie retrouveront ici l’ atmosphère salubre, la naïveté puissante de ce film, et le même parti
1357 de la Vie retrouveront ici l’atmosphère salubre, la naïveté puissante de ce film, et le même parti pris de bonne humeur h
1358 hère salubre, la naïveté puissante de ce film, et le même parti pris de bonne humeur héroïque. Tout ce qu’il faut pour ent
1359 umeur héroïque. Tout ce qu’il faut pour entraîner l’ adolescence avide de servir une grande cause et de se sacrifier pour l
1360 e servir une grande cause et de se sacrifier pour le bonheur collectif. Chanson de Roland, fair-play, Baden-Powell, religi
1361 surréalistes, empêcheurs de danser en rond. Voici l’ histoire en bref, — non pas l’intrigue ! tout cela est propre. Le jeun
1362 nser en rond. Voici l’histoire en bref, — non pas l’ intrigue ! tout cela est propre. Le jeune Kolka, prolétaire de bonne s
1363 ref, — non pas l’intrigue ! tout cela est propre. Le jeune Kolka, prolétaire de bonne souche, part pour la Construction où
1364 eune Kolka, prolétaire de bonne souche, part pour la Construction où il ne tarde pas à se distinguer par diverses actions
1365 gré ses plus loyaux efforts, à se passionner pour le problème de la fonte, qui est le problème dominant dans cette région
1366 yaux efforts, à se passionner pour le problème de la fonte, qui est le problème dominant dans cette région de la Sibérie.
1367 passionner pour le problème de la fonte, qui est le problème dominant dans cette région de la Sibérie. Entre eux, une jeu
1368 qui est le problème dominant dans cette région de la Sibérie. Entre eux, une jeune et touchante Irina, qui choisira bien e
1369 e l’autre « n’est pas né quand il aurait fallu ». L’ Histoire a de ces exigences. On conseille à Volodia de se brûler la ce
1370 es exigences. On conseille à Volodia de se brûler la cervelle. Il se pend. Ce résumé fait le plus grand tort à l’ouvrage.
1371 se brûler la cervelle. Il se pend. Ce résumé fait le plus grand tort à l’ouvrage. Il est cependant exact. Mais les faits,
1372 . Il se pend. Ce résumé fait le plus grand tort à l’ ouvrage. Il est cependant exact. Mais les faits, même en Russie, ne so
1373 nd tort à l’ouvrage. Il est cependant exact. Mais les faits, même en Russie, ne sont rien sans la mystique. La force et le
1374 Mais les faits, même en Russie, ne sont rien sans la mystique. La force et le charme de ce roman sont ceux mêmes d’une jeu
1375 s, même en Russie, ne sont rien sans la mystique. La force et le charme de ce roman sont ceux mêmes d’une jeunesse fruste,
1376 ussie, ne sont rien sans la mystique. La force et le charme de ce roman sont ceux mêmes d’une jeunesse fruste, innocente j
1377 s cruautés ; tout jugement serait ici mesquin, on l’ accordera volontiers à l’auteur. Ehrenbourg a utilisé pêle-mêle une ma
1378 t serait ici mesquin, on l’accordera volontiers à l’ auteur. Ehrenbourg a utilisé pêle-mêle une masse de documents qui parl
1379 rutale, sentimentale, formidablement conformiste. Le puritanisme des komsomols a ceci de spécifiquement ennuyeux qu’il ne
1380 spécifiquement ennuyeux qu’il ne crée pas en eux le moindre refoulement. Ce qui suppose une remarquable absence d’imagina
1381 ui suppose une remarquable absence d’imagination. Le prochain plan y pourvoira peut-être. Tout cela est en pleine métamorp
1382 ivre montre, par vingt exemples irréfutables, que la classe joue chez les jeunes russes exactement le même rôle que la rac
1383 gt exemples irréfutables, que la classe joue chez les jeunes russes exactement le même rôle que la race chez les hitlériens
1384 la classe joue chez les jeunes russes exactement le même rôle que la race chez les hitlériens. Il n’y a pas plus de conve
1385 hez les jeunes russes exactement le même rôle que la race chez les hitlériens. Il n’y a pas plus de conversion possible au
1386 s russes exactement le même rôle que la race chez les hitlériens. Il n’y a pas plus de conversion possible au prolétariat q
1387 étariat qu’au germanisme. Voilà de quoi refroidir les sympathies trop spontanées. Il faudra, je crois, passer outre. Dans c
1388 est d’autant plus tragique qu’ils ne savent plus le formuler. À nous de les y aider ; et de comprendre que seule cette qu
1389 ique qu’ils ne savent plus le formuler. À nous de les y aider ; et de comprendre que seule cette question-là rétablit la co
1390 e comprendre que seule cette question-là rétablit la communion humaine. n. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Ilya Eh
1391 ompte rendu] Ilya Ehrenbourg, Le Deuxième Jour de la Création  », La Nouvelle Revue française, Paris, décembre 1933, p. 92
1392 a Ehrenbourg, Le Deuxième Jour de la Création  », La Nouvelle Revue française, Paris, décembre 1933, p. 927-929.
15 1934, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Taille de l’homme, par C. F. Ramuz (avril 1934)
1393 Taille de l’ homme, par C. F. Ramuz (avril 1934)o Après Une Main, confession rét
1394 cente, d’une discrétion presque farouche, et dans la même lignée que Le Grand Printemps et Raison d’Être, voici encore un
1395 tion presque farouche, et dans la même lignée que Le Grand Printemps et Raison d’Être, voici encore un essai de Ramuz, mai
1396 tre, voici encore un essai de Ramuz, mais de tous le moins ramuzien : il s’agit cette fois d’idées, et même d’idées généra
1397 ce qui est assez paradoxal dans une telle œuvre. Le sujet de Taille de l’Homme, c’est en effet l’opposition cosmique du m
1398 doxal dans une telle œuvre. Le sujet de Taille de l’ Homme, c’est en effet l’opposition cosmique du monde marxiste et du mo
1399 re. Le sujet de Taille de l’Homme, c’est en effet l’ opposition cosmique du monde marxiste et du monde chrétien. Ramuz fait
1400 qui d’ailleurs n’ébranleront pas, dans leur foi, les marxistes. Mais ce qu’il décrit avec une véritable puissance, c’est l
1401 qu’il décrit avec une véritable puissance, c’est l’ aboutissement du marxisme : l’isolement cosmique de l’homme. Quoi qu’i
1402 le puissance, c’est l’aboutissement du marxisme : l’ isolement cosmique de l’homme. Quoi qu’il dise, d’ailleurs, il dit plu
1403 outissement du marxisme : l’isolement cosmique de l’ homme. Quoi qu’il dise, d’ailleurs, il dit plus que ses arguments. On
1404 On peut aller jusqu’à soutenir que s’il défendait le marxisme, il n’en resterait pas moins, par le fait de son être même,
1405 ait le marxisme, il n’en resterait pas moins, par le fait de son être même, une protestation contre le matérialisme dialec
1406 le fait de son être même, une protestation contre le matérialisme dialectique. Quand on possède, comme lui, le sens de la
1407 ialisme dialectique. Quand on possède, comme lui, le sens de la solitude et le sens de la communauté — indissolubles —, on
1408 lectique. Quand on possède, comme lui, le sens de la solitude et le sens de la communauté — indissolubles —, on est une ob
1409 on possède, comme lui, le sens de la solitude et le sens de la communauté — indissolubles —, on est une objection vivante
1410 , comme lui, le sens de la solitude et le sens de la communauté — indissolubles —, on est une objection vivante à tout ind
1411 out « isme ». Quand on est à ce point possédé par la vie des choses et des êtres, on n’a pas besoin d’arguments pour faire
1412 , on n’a pas besoin d’arguments pour faire sentir l’ absurdité des « lois » qui, pour certains intellectuels, figurent la r
1413 lois » qui, pour certains intellectuels, figurent la réalité. Une œuvre comme Adam et Ève nous le fait voir tout aussi bie
1414 rent la réalité. Une œuvre comme Adam et Ève nous le fait voir tout aussi bien que cet essai : Ramuz est présent à ce mond
1415 uz est présent à ce monde, — eux, ils essaient de le recomposer au sein de leur absence insurmontable. Ramuz, mieux que pe
1416 ut se passer d’avoir raison, puisqu’il a pour lui la Nature27. C’est quand il parle d’elle qu’il est grand, qu’il donne et
1417 sa mesure, qu’il apparaît véritablement qualifié. La mode est au marxisme et au mépris de la Nature ? Mode bourgeoise, tyr
1418 qualifié. La mode est au marxisme et au mépris de la Nature ? Mode bourgeoise, tyrannie décadente, tout occupée à calculer
1419 ustification. À ceux qui croient aux fatalités de l’ Histoire, il faut dire simplement qu’elles sont vraies pour eux-mêmes
1420 tous ceux de leur espèce. On ne calcule pas avec la vie, mais avec des quantités mortes. Ceux qui se vantent d’être calcu
1421 and ils se croient matérialistes28. Ils détestent la matière comme seuls les spiritualistes bourgeois savaient la détester
1422 rialistes28. Ils détestent la matière comme seuls les spiritualistes bourgeois savaient la détester. (Dix ans de discussion
1423 comme seuls les spiritualistes bourgeois savaient la détester. (Dix ans de discussions, chez les philosophes de Moscou, on
1424 vaient la détester. (Dix ans de discussions, chez les philosophes de Moscou, ont abouti, en 1932, à des définitions telleme
1425 aline s’est vu contraint, pour en finir, de fixer la saine doctrine par un ukase condamnant à la fois les mécanistes et le
1426 saine doctrine par un ukase condamnant à la fois les mécanistes et les dialecticiens. On parle encore du « diamat »29, mai
1427 r un ukase condamnant à la fois les mécanistes et les dialecticiens. On parle encore du « diamat »29, mais ce n’est plus qu
1428 plus qu’un conformisme d’État. C’est, à peu près, l’ ukase en moins, ce qui s’est passé chez les bourgeois, au sujet du mot
1429 u près, l’ukase en moins, ce qui s’est passé chez les bourgeois, au sujet du mot « esprit ».) Le vrai matérialiste, c’est R
1430 chez les bourgeois, au sujet du mot « esprit ».) Le vrai matérialiste, c’est Ramuz. Parce qu’il aime les choses et détest
1431 vrai matérialiste, c’est Ramuz. Parce qu’il aime les choses et déteste les mécaniques interposées entre l’homme et les cho
1432 est Ramuz. Parce qu’il aime les choses et déteste les mécaniques interposées entre l’homme et les choses. Aussi bien n’épro
1433 hoses et déteste les mécaniques interposées entre l’ homme et les choses. Aussi bien n’éprouve-t-il pas le besoin de s’affi
1434 teste les mécaniques interposées entre l’homme et les choses. Aussi bien n’éprouve-t-il pas le besoin de s’affirmer matéria
1435 omme et les choses. Aussi bien n’éprouve-t-il pas le besoin de s’affirmer matérialiste. La position de Ramuz paraît assez
1436 ve-t-il pas le besoin de s’affirmer matérialiste. La position de Ramuz paraît assez voisine de celle de Berdiaev. Tous deu
1437 isine de celle de Berdiaev. Tous deux considèrent le marxisme comme l’aboutissement logique de l’esprit bourgeois-capitali
1438 Berdiaev. Tous deux considèrent le marxisme comme l’ aboutissement logique de l’esprit bourgeois-capitaliste. Tous deux sav
1439 rent le marxisme comme l’aboutissement logique de l’ esprit bourgeois-capitaliste. Tous deux savent qu’il faut être pour Di
1440 savent qu’il faut être pour Dieu ou contre Dieu. La bourgeoisie a choisi dès longtemps, pratiquement athée sans le savoir
1441 e a choisi dès longtemps, pratiquement athée sans le savoir. Le marxisme est l’aveu de son choix. Mais Berdiaev parle en c
1442 dès longtemps, pratiquement athée sans le savoir. Le marxisme est l’aveu de son choix. Mais Berdiaev parle en chrétien, et
1443 ratiquement athée sans le savoir. Le marxisme est l’ aveu de son choix. Mais Berdiaev parle en chrétien, et Ramuz ne veut e
1444 -ce possible ? Et peut-il y croire ? Il a bien vu le choix, mais l’a-t-il fait ? Il veut un monde à la taille de l’homme.
1445 Et peut-il y croire ? Il a bien vu le choix, mais l’ a-t-il fait ? Il veut un monde à la taille de l’homme. Il sait aussi q
1446 le choix, mais l’a-t-il fait ? Il veut un monde à la taille de l’homme. Il sait aussi que la mesure de cette taille est da
1447 s l’a-t-il fait ? Il veut un monde à la taille de l’ homme. Il sait aussi que la mesure de cette taille est dans une foi, d
1448 n monde à la taille de l’homme. Il sait aussi que la mesure de cette taille est dans une foi, dans « quelque chose qui dép
1449 st dans une foi, dans « quelque chose qui dépasse l’ homme et le suppose en même temps », écrit-il. C’est lorsqu’il définit
1450 foi, dans « quelque chose qui dépasse l’homme et le suppose en même temps », écrit-il. C’est lorsqu’il définit ainsi la f
1451 temps », écrit-il. C’est lorsqu’il définit ainsi la foi qu’on hésite à le suivre, — et que peut-être il sert mal sa pensé
1452 est lorsqu’il définit ainsi la foi qu’on hésite à le suivre, — et que peut-être il sert mal sa pensée. Car cette définitio
1453 r cette définition ne vaut, précisément, que pour la foi marxiste-dialectique. Le « dépassement » peut aussi bien se faire
1454 récisément, que pour la foi marxiste-dialectique. Le « dépassement » peut aussi bien se faire dans l’immanence. La foi chr
1455 Le « dépassement » peut aussi bien se faire dans l’ immanence. La foi chrétienne dépasse-t-elle vraiment l’homme ? N’est-e
1456 ment » peut aussi bien se faire dans l’immanence. La foi chrétienne dépasse-t-elle vraiment l’homme ? N’est-elle pas bien
1457 anence. La foi chrétienne dépasse-t-elle vraiment l’ homme ? N’est-elle pas bien plutôt ce qui le juge et en même temps le
1458 iment l’homme ? N’est-elle pas bien plutôt ce qui le juge et en même temps le sauve dans ses limites, ici et maintenant ?
1459 e pas bien plutôt ce qui le juge et en même temps le sauve dans ses limites, ici et maintenant ? C’est là le sens de l’Inc
1460 ve dans ses limites, ici et maintenant ? C’est là le sens de l’Incarnation, en même temps que de la véritable transcendanc
1461 limites, ici et maintenant ? C’est là le sens de l’ Incarnation, en même temps que de la véritable transcendance. C’est là
1462 là le sens de l’Incarnation, en même temps que de la véritable transcendance. C’est là le point de la rupture avec tout hu
1463 temps que de la véritable transcendance. C’est là le point de la rupture avec tout humanisme imaginable (l’homme sauvé par
1464 la véritable transcendance. C’est là le point de la rupture avec tout humanisme imaginable (l’homme sauvé par son progrès
1465 int de la rupture avec tout humanisme imaginable ( l’ homme sauvé par son progrès). 27. Pas la Nature de Rousseau, – la Na
1466 inable (l’homme sauvé par son progrès). 27. Pas la Nature de Rousseau, – la Nature des choses. 28. Certains écrivains m
1467 son progrès). 27. Pas la Nature de Rousseau, –  la Nature des choses. 28. Certains écrivains marxistes français protest
1468 çais protestent avec la dernière énergie quand on les traite de matérialistes. Je crains que ce soit, chez la plupart d’ent
1469 du matériel ! », disait l’un d’eux. Qu’est-ce que le matériel peut bien précéder ? D’où nous viendrait alors ce « matériel
1470 Denis de, « [Compte rendu] C. F. Ramuz, Taille de l’ homme  », La Nouvelle Revue française, Paris, avril 1934, p. 709-711.
1471 [Compte rendu] C. F. Ramuz, Taille de l’homme  », La Nouvelle Revue française, Paris, avril 1934, p. 709-711.
16 1934, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Le Procès, par Franz Kafka (mai 1934)
1472 Le Procès, par Franz Kafka (mai 1934)p Je ne sais pas si le Procès es
1473 par Franz Kafka (mai 1934)p Je ne sais pas si le Procès est le chef-d’œuvre de Kafka, mais il est difficile d’imaginer
1474 ka (mai 1934)p Je ne sais pas si le Procès est le chef-d’œuvre de Kafka, mais il est difficile d’imaginer un livre plus
1475 icile d’imaginer un livre plus profond. On a même l’ impression en le lisant, de lire pour la première fois un livre absolu
1476 un livre plus profond. On a même l’impression en le lisant, de lire pour la première fois un livre absolument profond. No
1477 vre absolument profond. Non qu’il prétende percer les apparences du monde pour s’enfoncer dans un ésotérisme, au contraire 
1478 use à toute interprétation, c’est-à-dire à toutes les conventions inventées par les hommes pour étouffer le scandale. Josef
1479 est-à-dire à toutes les conventions inventées par les hommes pour étouffer le scandale. Josef K… fondé de pouvoir dans une
1480 onventions inventées par les hommes pour étouffer le scandale. Josef K… fondé de pouvoir dans une banque, se voit arrêté u
1481 s ne savent pas de quoi et n’ont pas qualité pour le savoir. Puis, on le rend à la liberté. Toute l’histoire sera celle, n
1482 uoi et n’ont pas qualité pour le savoir. Puis, on le rend à la liberté. Toute l’histoire sera celle, non pas du procès, qu
1483 nt pas qualité pour le savoir. Puis, on le rend à la liberté. Toute l’histoire sera celle, non pas du procès, qui n’a jama
1484 r le savoir. Puis, on le rend à la liberté. Toute l’ histoire sera celle, non pas du procès, qui n’a jamais lieu, mais des
1485 , mais des préliminaires, des démarches que tente l’ accusé auprès d’une justice insaisissable, infiniment pédante, corromp
1486 nfiniment pédante, corrompue et capricieuse, dont les bureaux sont installés dans des faubourgs ignobles ou des greniers. J
1487 ignobles ou des greniers. Jamais K… ne parvient à l’ instance suprême ; jamais personne d’ailleurs n’a pu y parvenir. À la
1488 ; jamais personne d’ailleurs n’a pu y parvenir. À la fin du cauchemar, on le tue dans des conditions trop déprimantes pour
1489 eurs n’a pu y parvenir. À la fin du cauchemar, on le tue dans des conditions trop déprimantes pour qu’il puisse songer mêm
1490 est ainsi une suspension du jugement qui est tout le drame du Procès. Constatation de la réalité telle qu’elle est, et en
1491 qui est tout le drame du Procès. Constatation de la réalité telle qu’elle est, et en même temps, au moment où la révolte
1492 telle qu’elle est, et en même temps, au moment où la révolte point, constatation de la vanité absolue de toute appréciatio
1493 s, au moment où la révolte point, constatation de la vanité absolue de toute appréciation, de toute prise de parti, — de t
1494 , — de tout acte. C’est ce qu’on pourrait appeler la vision métaphysique. Tous les efforts des hommes — y compris les phil
1495 ’on pourrait appeler la vision métaphysique. Tous les efforts des hommes — y compris les philosophes — consistent peut-être
1496 physique. Tous les efforts des hommes — y compris les philosophes — consistent peut-être à échapper à cette vision, qui est
1497 tent peut-être à échapper à cette vision, qui est l’ angoisse même. Est-ce pur hasard si la théologie chrétienne rend compt
1498 on, qui est l’angoisse même. Est-ce pur hasard si la théologie chrétienne rend compte de presque toutes les situations de
1499 héologie chrétienne rend compte de presque toutes les situations de ce livre ? Cette Loi qui nous condamne quoi que nous fa
1500 lent comme des prêtres, et qui sont de mèche avec la justice, ces prévenus en liberté, cette complicité générale, tout cel
1501 ette complicité générale, tout cela, ce n’est pas la « misère de l’homme sans Dieu », mais la misère de l’homme livré à un
1502 générale, tout cela, ce n’est pas la « misère de l’ homme sans Dieu », mais la misère de l’homme livré à un Dieu qu’il ne
1503 ’est pas la « misère de l’homme sans Dieu », mais la misère de l’homme livré à un Dieu qu’il ne connaît pas, parce qu’il n
1504  misère de l’homme sans Dieu », mais la misère de l’ homme livré à un Dieu qu’il ne connaît pas, parce qu’il ne connaît pas
1505 qu’il ne connaît pas, parce qu’il ne connaît pas le Christ. « Nul ne vient au Père que par moi ». C’est par le Fils que D
1506 . « Nul ne vient au Père que par moi ». C’est par le Fils que Dieu devient pour nous le Père ; mais alors, l’acquittement
1507 i ». C’est par le Fils que Dieu devient pour nous le Père ; mais alors, l’acquittement est possible. « Je suis le chemin »
1508 que Dieu devient pour nous le Père ; mais alors, l’ acquittement est possible. « Je suis le chemin » — mais alors l’acte a
1509 ais alors, l’acquittement est possible. « Je suis le chemin » — mais alors l’acte aussi est possible. Ainsi, la foi au Chr
1510 est possible. « Je suis le chemin » — mais alors l’ acte aussi est possible. Ainsi, la foi au Christ est la seule possibil
1511  » — mais alors l’acte aussi est possible. Ainsi, la foi au Christ est la seule possibilité qui soit donnée à l’homme de m
1512 e aussi est possible. Ainsi, la foi au Christ est la seule possibilité qui soit donnée à l’homme de marcher, d’échapper à
1513 Christ est la seule possibilité qui soit donnée à l’ homme de marcher, d’échapper à l’« arrêt » ; mais c’est aussi par cett
1514 ui soit donnée à l’homme de marcher, d’échapper à l’ « arrêt » ; mais c’est aussi par cette foi, et parce qu’elle nous perm
1515 ue nous connaissons notre état, que nous mesurons le réel, et que nous pouvons l’avouer. p. Rougemont Denis de, « [Comp
1516 t, que nous mesurons le réel, et que nous pouvons l’ avouer. p. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Franz Kafka, Le Pro
1517 Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Franz Kafka, Le Procès  », La Nouvelle Revue française, Paris, mai 1934, p. 868-869.
1518 s de, « [Compte rendu] Franz Kafka, Le Procès  », La Nouvelle Revue française, Paris, mai 1934, p. 868-869.
17 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Ni gauche ni droite (août 1935)
1519 ann à Valmy entraîne ses troupes au cri de « Vive la Nation ! » nation et peuple se confondaient alors dans la mystique de
1520 n ! » nation et peuple se confondaient alors dans la mystique de la révolution. Aujourd’hui l’on se voit sommé de choisir
1521 peuple se confondaient alors dans la mystique de la révolution. Aujourd’hui l’on se voit sommé de choisir entre un front
1522 rs dans la mystique de la révolution. Aujourd’hui l’ on se voit sommé de choisir entre un front qui se dit « national » et
1523 se dit « populaire ». Faudrait-il en déduire que le peuple et la nation s’opposent ? Les mots l’indiqueraient, non les fa
1524 ulaire ». Faudrait-il en déduire que le peuple et la nation s’opposent ? Les mots l’indiqueraient, non les faits : voilà b
1525 n déduire que le peuple et la nation s’opposent ? Les mots l’indiqueraient, non les faits : voilà bien le désordre où nous
1526 que le peuple et la nation s’opposent ? Les mots l’ indiqueraient, non les faits : voilà bien le désordre où nous vivons.
1527 nation s’opposent ? Les mots l’indiqueraient, non les faits : voilà bien le désordre où nous vivons. C’est une anarchie sém
1528 mots l’indiqueraient, non les faits : voilà bien le désordre où nous vivons. C’est une anarchie sémantique. On me fait ob
1529 une anarchie sémantique. On me fait observer que l’ opposition n’est pas entre le peuple et la nation — entre les noms — m
1530 me fait observer que l’opposition n’est pas entre le peuple et la nation — entre les noms — mais entre « national » et « p
1531 ver que l’opposition n’est pas entre le peuple et la nation — entre les noms — mais entre « national » et « populaire », c
1532 on n’est pas entre le peuple et la nation — entre les noms — mais entre « national » et « populaire », c’est-à-dire entre l
1533 « national » et « populaire », c’est-à-dire entre les adjectifs. Je traduis : l’opposition n’est pas dans les faits, mais d
1534 », c’est-à-dire entre les adjectifs. Je traduis : l’ opposition n’est pas dans les faits, mais dans les mystiques. Que vale
1535 jectifs. Je traduis : l’opposition n’est pas dans les faits, mais dans les mystiques. Que valent ces mystiques détachées du
1536 l’opposition n’est pas dans les faits, mais dans les mystiques. Que valent ces mystiques détachées du réel ? Je vois à gau
1537 es mystiques détachées du réel ? Je vois à gauche la peur de Chiappe, et à droite, la peur de la gauche. Je vois à droite
1538 Je vois à gauche la peur de Chiappe, et à droite, la peur de la gauche. Je vois à droite une tentation fasciste, trop faib
1539 auche la peur de Chiappe, et à droite, la peur de la gauche. Je vois à droite une tentation fasciste, trop faible encore p
1540 he une peur du fascisme assez forte déjà pour que la masse accepte l’idée d’une dictature… « antifasciste ». Tout cela se
1541 scisme assez forte déjà pour que la masse accepte l’ idée d’une dictature… « antifasciste ». Tout cela se joue sur des mots
1542 s ne traduisent que des religions vagues, nées de la peur, et comme telles meurtrières. Les faits, ce sont M. de Wendel de
1543 es, nées de la peur, et comme telles meurtrières. Les faits, ce sont M. de Wendel derrière la droite, et M. Litvinoff derri
1544 trières. Les faits, ce sont M. de Wendel derrière la droite, et M. Litvinoff derrière la gauche. Je leur devine quelques i
1545 ndel derrière la droite, et M. Litvinoff derrière la gauche. Je leur devine quelques intérêts convergents, du côté d’Hitle
1546 e veut une armée française puissante, il approuve la loi de deux ans. « Staline a raison », affirme l’affiche communiste ;
1547 la loi de deux ans. « Staline a raison », affirme l’ affiche communiste ; mais alors La Rocque n’a pas tort ? — Certes, il
1548 ison », affirme l’affiche communiste ; mais alors La Rocque n’a pas tort ? — Certes, il a tort disent les gauches ; et c’e
1549 Rocque n’a pas tort ? — Certes, il a tort disent les gauches ; et c’est à cause de la mystique. Et Staline, disent les dro
1550 l a tort disent les gauches ; et c’est à cause de la mystique. Et Staline, disent les droites, a tort : car nous voulons u
1551 c’est à cause de la mystique. Et Staline, disent les droites, a tort : car nous voulons une armée forte, mais non pas en v
1552 , mais non pas en vertu d’un conseil bolcheviste. La question se ramène à ceci : si tout le monde était mis d’accord par u
1553 ression hitlérienne, irait-on se battre au nom de la liberté nationale ou au nom de la liberté populaire ! Flatus vocis !
1554 attre au nom de la liberté nationale ou au nom de la liberté populaire ! Flatus vocis ! Il n’y a qu’une seule manière de t
1555 vocis ! Il n’y a qu’une seule manière de tirer à la mitrailleuse et de se faire casser la figure. On peut regretter que l
1556 de tirer à la mitrailleuse et de se faire casser la figure. On peut regretter que le Congrès pour la défense de la cultur
1557 se faire casser la figure. On peut regretter que le Congrès pour la défense de la culture n’ait rien tenté pour débrouill
1558 la figure. On peut regretter que le Congrès pour la défense de la culture n’ait rien tenté pour débrouiller un peu le com
1559 peut regretter que le Congrès pour la défense de la culture n’ait rien tenté pour débrouiller un peu le complexe de mots
1560 culture n’ait rien tenté pour débrouiller un peu le complexe de mots adultérés qui encombre la vie politique et qui empêc
1561 un peu le complexe de mots adultérés qui encombre la vie politique et qui empêche, à gauche comme à droite, de nommer les
1562 t qui empêche, à gauche comme à droite, de nommer les vrais adversaires. (Je ne vois que Chamson qui ait dénoncé l’équivoqu
1563 ersaires. (Je ne vois que Chamson qui ait dénoncé l’ équivoque dont vit la droite, quand elle se proclame « nationale » tou
1564 que Chamson qui ait dénoncé l’équivoque dont vit la droite, quand elle se proclame « nationale » tout en restant capitali
1565 ationale » tout en restant capitaliste.) Défendre la culture, ce serait d’abord rendre aux mots-clés un sens commun. Mais
1566 emble qu’on a fait tout autre chose, au Palais de la Mutualité. Il me semble qu’on s’est entendu pour « cultiver » des équ
1567 tiver » des équivoques verbales assez grossières. L’ équivoque sur le mot liberté par exemple : c’était jusqu’à présent le
1568 voques verbales assez grossières. L’équivoque sur le mot liberté par exemple : c’était jusqu’à présent le fait des ligues
1569 mot liberté par exemple : c’était jusqu’à présent le fait des ligues que de proclamer la liberté en préparant la dictature
1570 squ’à présent le fait des ligues que de proclamer la liberté en préparant la dictature. Jamais on n’a plus mal menti, jama
1571 s ligues que de proclamer la liberté en préparant la dictature. Jamais on n’a plus mal menti, jamais avec plus d’enthousia
1572 us mal menti, jamais avec plus d’enthousiasme. Ni la gauche ni la droite ne pourront aboutir à une doctrine constructive t
1573 jamais avec plus d’enthousiasme. Ni la gauche ni la droite ne pourront aboutir à une doctrine constructive tant qu’elles
1574 tructive tant qu’elles s’efforceront de dénaturer les grands mots d’ordre populaires, au nom de mystiques sans puissance co
1575 laires, au nom de mystiques sans puissance contre les menaces réelles, — qui sont la guerre et l’étatisme totalitaire. C’es
1576 puissance contre les menaces réelles, — qui sont la guerre et l’étatisme totalitaire. C’est très simple. Trop simple, san
1577 ntre les menaces réelles, — qui sont la guerre et l’ étatisme totalitaire. C’est très simple. Trop simple, sans doute ? q
1578 q. Rougemont Denis de, « Ni gauche ni droite », La Nouvelle Revue française, Paris, août 1935, p. 305-306.
18 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Paracelse, par Frédéric Gundolf (septembre 1935)
1579 5)r Paracelse ne fut pas un mage, ou plutôt si l’ on veut qu’il l’ait été, au sens où l’on dirait qu’Einstein, interprèt
1580 ne fut pas un mage, ou plutôt si l’on veut qu’il l’ ait été, au sens où l’on dirait qu’Einstein, interprète du cosmos, est
1581 u plutôt si l’on veut qu’il l’ait été, au sens où l’ on dirait qu’Einstein, interprète du cosmos, est un mage, il ne fut pa
1582 és, suivi d’une troupe de disciples turbulents, à la recherche de secrets qu’il voulait rendre manifestes à tous, et qu’il
1583 and populaire et grossier30. Il faut se méfier de la gloire qu’on lui a faite. On nous rapporte par exemple que « déjà vie
1584 in de cheval, et de faire subir à son corps toute la gamme des combinaisons alchimiques afin de ressusciter ensuite sous l
1585 sons alchimiques afin de ressusciter ensuite sous la forme d’un beau jeune homme. Il se fit tailler en morceaux et enterre
1586 idèle serviteur. Mais celui-ci, impatient, ouvrit la tombe deux jours trop tôt. Paracelse y gisait, métamorphosé en bel ad
1587 racelse y gisait, métamorphosé en bel adolescent, le crâne seul n’avait pas tout à fait repoussé. Un peu d’air pénétra dan
1588 s tout à fait repoussé. Un peu d’air pénétra dans le cerveau et Paracelse dut mourir avant d’avoir ressuscité ». Rajeunir
1589 r ressuscité ». Rajeunir son corps et son âme par l’ ordure, c’est un des thèmes favoris de notre temps. Mais combien, parm
1590 nous, se sont fait déterrer deux jours trop tôt ! L’ auteur de l’anecdote était bon prophète, mais il n’a rien compris à Pa
1591 t fait déterrer deux jours trop tôt ! L’auteur de l’ anecdote était bon prophète, mais il n’a rien compris à Paracelse. Thé
1592 qui voulait harmoniser sa petite spécialité avec les sciences fondamentales qui doivent donner le ton à toutes les autres,
1593 vec les sciences fondamentales qui doivent donner le ton à toutes les autres, et qui sont, comme nul ne l’ignore ou ne pou
1594 fondamentales qui doivent donner le ton à toutes les autres, et qui sont, comme nul ne l’ignore ou ne pourra l’ignorer lon
1595 on à toutes les autres, et qui sont, comme nul ne l’ ignore ou ne pourra l’ignorer longtemps, l’astrologie et la théologie.
1596 , et qui sont, comme nul ne l’ignore ou ne pourra l’ ignorer longtemps, l’astrologie et la théologie. Un grand souci paraît
1597 nul ne l’ignore ou ne pourra l’ignorer longtemps, l’ astrologie et la théologie. Un grand souci paraît dans toute son œuvre
1598 ou ne pourra l’ignorer longtemps, l’astrologie et la théologie. Un grand souci paraît dans toute son œuvre : il veut être
1599 utile. Clair ne signifie pas rationaliste, comme le veut le langage confus de ceux qui se croient cartésiens. Aussi a-t-o
1600 Clair ne signifie pas rationaliste, comme le veut le langage confus de ceux qui se croient cartésiens. Aussi a-t-on souven
1601 oient cartésiens. Aussi a-t-on souvent tendance à le rejeter du côté des mystiques, où cependant il n’a que faire, avec so
1602 , où cependant il n’a que faire, avec son goût de l’ expérience et de l’application concrète. Mais justement cette fringale
1603 ’a que faire, avec son goût de l’expérience et de l’ application concrète. Mais justement cette fringale d’expérience qu’il
1604 tte fringale d’expérience qu’il promena par toute l’ Europe, et peut-être même chez les Turcs, le rendit attentif à tant de
1605 romena par toute l’Europe, et peut-être même chez les Turcs, le rendit attentif à tant de phénomènes que son vocabulaire ne
1606 toute l’Europe, et peut-être même chez les Turcs, le rendit attentif à tant de phénomènes que son vocabulaire ne pouvait y
1607 ui savait voir de grandioses correspondances dans le détail bizarre de notre microcosme, manquait de la seule chose dont n
1608 e détail bizarre de notre microcosme, manquait de la seule chose dont nous soyons abondamment fournis : d’un attirail de c
1609 quer ce petit nègre médical et philosophique dont la saveur ne saurait satisfaire les esprits plus curieux de preuves que
1610 hilosophique dont la saveur ne saurait satisfaire les esprits plus curieux de preuves que de faits. J’en viens au petit liv
1611 aits. J’en viens au petit livre de Gundolf. C’est l’ œuvre synthétique d’un philosophe des formes culturelles, plutôt que d
1612 formes culturelles, plutôt que d’un historien de la science. Les historiens font la grimace, mais les lettrés et les méde
1613 urelles, plutôt que d’un historien de la science. Les historiens font la grimace, mais les lettrés et les médecins de la je
1614 d’un historien de la science. Les historiens font la grimace, mais les lettrés et les médecins de la jeune école seront co
1615 la science. Les historiens font la grimace, mais les lettrés et les médecins de la jeune école seront comblés. Gundolf déc
1616 s historiens font la grimace, mais les lettrés et les médecins de la jeune école seront comblés. Gundolf décrit l’œuvre de
1617 t la grimace, mais les lettrés et les médecins de la jeune école seront comblés. Gundolf décrit l’œuvre de Paracelse comme
1618 de la jeune école seront comblés. Gundolf décrit l’ œuvre de Paracelse comme un drame de l’expression, une tragédie de la
1619 olf décrit l’œuvre de Paracelse comme un drame de l’ expression, une tragédie de la terminologie, une « lutte accablante po
1620 e comme un drame de l’expression, une tragédie de la terminologie, une « lutte accablante pour l’expression des choses jam
1621 e de la terminologie, une « lutte accablante pour l’ expression des choses jamais dites ». Paracelse a vu plus de choses qu
1622 oses qu’il ne pouvait en exprimer. Son destin fut l’ inverse du nôtre. La technique nous masque le vrai, nous sommes en ple
1623 t en exprimer. Son destin fut l’inverse du nôtre. La technique nous masque le vrai, nous sommes en pleine scolastique (au
1624 fut l’inverse du nôtre. La technique nous masque le vrai, nous sommes en pleine scolastique (au sens vulgaire). Ce défaut
1625 ns vulgaire). Ce défaut de mots propres aurait dû le contraindre à l’invention de métaphores. Mais Paracelse justement se
1626 défaut de mots propres aurait dû le contraindre à l’ invention de métaphores. Mais Paracelse justement se méfie de ce mode
1627 ait sur chaque symptôme, Paracelse ne veut nommer les maladies que par le nom de leur remède. « Il ne faut pas dire que tel
1628 me, Paracelse ne veut nommer les maladies que par le nom de leur remède. « Il ne faut pas dire que tel état est colérique,
1629 utre saturnienne. » Ce langage en effet renvoie à l’ origine cosmique du mal, où se trouve aussi le remède. Pour connaître
1630 e à l’origine cosmique du mal, où se trouve aussi le remède. Pour connaître et guérir une maladie, il ne suffit pas de voi
1631 e et guérir une maladie, il ne suffit pas de voir l’ homme seul ; il faut considérer sa relation avec le monde, dont il n’e
1632 ’homme seul ; il faut considérer sa relation avec le monde, dont il n’est qu’un membre, un reflet. So oben wie unten. L’as
1633 n’est qu’un membre, un reflet. So oben wie unten. L’ astrologie de Paracelse n’est pas une superstition de devin, c’est une
1634 s une superstition de devin, c’est une science de la guérison fondée sur le principe hippocratique des similia similibus,
1635 evin, c’est une science de la guérison fondée sur le principe hippocratique des similia similibus, principe qu’on retrouve
1636 des similia similibus, principe qu’on retrouve à la base de l’homéopathie moderne, du traitement par la vaccination, et m
1637 a similibus, principe qu’on retrouve à la base de l’ homéopathie moderne, du traitement par la vaccination, et même de la p
1638 base de l’homéopathie moderne, du traitement par la vaccination, et même de la psychanalyse. Paracelse s’était formé de l
1639 rne, du traitement par la vaccination, et même de la psychanalyse. Paracelse s’était formé de l’homme une conception spiri
1640 me de la psychanalyse. Paracelse s’était formé de l’ homme une conception spirituelle et organique (théologique-astrologiqu
1641 s’opposait32 aux médecins galénistes qui voyaient l’ homme sous l’aspect d’un concept. Il se fût opposé aussi aux médecins
1642 aux médecins galénistes qui voyaient l’homme sous l’ aspect d’un concept. Il se fût opposé aussi aux médecins de la Renaiss
1643 n concept. Il se fût opposé aussi aux médecins de la Renaissance, à Léonard, à Cardan, à Vésale, aux techniciens de la dis
1644 à Léonard, à Cardan, à Vésale, aux techniciens de la dissection dont descend toute la science du xixe , et qui nous ont co
1645 x techniciens de la dissection dont descend toute la science du xixe , et qui nous ont conduits à considérer notre corps c
1646 orps comme une espèce de moteur démontable. Ainsi le grand docteur « macrocosmique », en appliquant l’astrologie, redécouv
1647 le grand docteur « macrocosmique », en appliquant l’ astrologie, redécouvrit pour les générations futures « l’horizon primo
1648 e », en appliquant l’astrologie, redécouvrit pour les générations futures « l’horizon primordial de la médecine », comme l’
1649 logie, redécouvrit pour les générations futures «  l’ horizon primordial de la médecine », comme l’écrit le Dr Allendy dans
1650 les générations futures « l’horizon primordial de la médecine », comme l’écrit le Dr Allendy dans l’Essai sur la guérison,
1651 es « l’horizon primordial de la médecine », comme l’ écrit le Dr Allendy dans l’Essai sur la guérison, ouvrage tout imprégn
1652 orizon primordial de la médecine », comme l’écrit le Dr Allendy dans l’Essai sur la guérison, ouvrage tout imprégné de l’e
1653 e la médecine », comme l’écrit le Dr Allendy dans l’ Essai sur la guérison, ouvrage tout imprégné de l’esprit vitaliste de
1654 e », comme l’écrit le Dr Allendy dans l’Essai sur la guérison, ouvrage tout imprégné de l’esprit vitaliste de Paracelse, b
1655 l’Essai sur la guérison, ouvrage tout imprégné de l’ esprit vitaliste de Paracelse, brève synthèse des idées les plus neuve
1656 vitaliste de Paracelse, brève synthèse des idées les plus neuves, qui sont aussi les plus antiques, sur la nature unique d
1657 ynthèse des idées les plus neuves, qui sont aussi les plus antiques, sur la nature unique de la maladie, ouvrage dont on pe
1658 lus neuves, qui sont aussi les plus antiques, sur la nature unique de la maladie, ouvrage dont on peut dire qu’il marque u
1659 aussi les plus antiques, sur la nature unique de la maladie, ouvrage dont on peut dire qu’il marque une date dans l’histo
1660 rage dont on peut dire qu’il marque une date dans l’ histoire de la connaissance du monde par le corps, ou si l’on veut, du
1661 eut dire qu’il marque une date dans l’histoire de la connaissance du monde par le corps, ou si l’on veut, du corps par le
1662 e dans l’histoire de la connaissance du monde par le corps, ou si l’on veut, du corps par le monde. « L’homme ne saura jam
1663 e de la connaissance du monde par le corps, ou si l’ on veut, du corps par le monde. « L’homme ne saura jamais assez combie
1664 monde par le corps, ou si l’on veut, du corps par le monde. « L’homme ne saura jamais assez combien il est anthropomorphe 
1665 corps, ou si l’on veut, du corps par le monde. «  L’ homme ne saura jamais assez combien il est anthropomorphe », dit Goeth
1666 Il faudrait dire aussi, à la suite de Paracelse : l’ homme ne saura jamais assez à quel point il est « cosmomorphe ». Le re
1667 jamais assez à quel point il est « cosmomorphe ». Le retour à Paracelse auquel nous assistons est un des signes marquants
1668 stons est un des signes marquants de ce temps-ci. Le symbole d’une révolution astronomique de la culture occidentale. Peut
1669 s-ci. Le symbole d’une révolution astronomique de la culture occidentale. Peut-être avons-nous passé l’âge de l’inhumaine,
1670 a culture occidentale. Peut-être avons-nous passé l’ âge de l’inhumaine, de la blasphématoire mécanisation de la vie. Peut-
1671 occidentale. Peut-être avons-nous passé l’âge de l’ inhumaine, de la blasphématoire mécanisation de la vie. Peut-être avon
1672 ut-être avons-nous passé l’âge de l’inhumaine, de la blasphématoire mécanisation de la vie. Peut-être avons-nous passé l’â
1673 l’inhumaine, de la blasphématoire mécanisation de la vie. Peut-être avons-nous passé l’âge des rationalismes trop courts,
1674 écanisation de la vie. Peut-être avons-nous passé l’ âge des rationalismes trop courts, de la mythologie féroce des ismes,
1675 ous passé l’âge des rationalismes trop courts, de la mythologie féroce des ismes, de Marx et des capitalistes, des adorate
1676 s, de Marx et des capitalistes, des adorateurs de la mort, triomphe des chiffres et des laboratoires. Peut-être allons-nou
1677 ratoires. Peut-être allons-nous revenir non pas à l’ humanisme mais à l’homme, considéré comme un miroir du ciel entier. Ce
1678 allons-nous revenir non pas à l’humanisme mais à l’ homme, considéré comme un miroir du ciel entier. Certes, elle n’est pa
1679 ertes, elle n’est pas seulement cruelle et folle, l’ époque qui nous offre de si grandes chances. Et c’est une ère favorabl
1680 Et c’est une ère favorable qui s’ouvre, celle où l’ esprit se remet à chercher ce qu’est l’homme, et quelle est sa mesure
1681 , celle où l’esprit se remet à chercher ce qu’est l’ homme, et quelle est sa mesure dans l’univers qu’il a cru concevoir !
1682 r ce qu’est l’homme, et quelle est sa mesure dans l’ univers qu’il a cru concevoir ! 30. « La monumentale grossièreté lut
1683 re dans l’univers qu’il a cru concevoir ! 30. «  La monumentale grossièreté luthérienne », dit Gundolf. 31. Gundolf écri
1684 ec sa vision nouvelle des choses, il étudia aussi les effets des métaux et des vapeurs sur les ouvriers, observa la démarch
1685 ia aussi les effets des métaux et des vapeurs sur les ouvriers, observa la démarche, le genre de vie et l’aspect des mineur
1686 s métaux et des vapeurs sur les ouvriers, observa la démarche, le genre de vie et l’aspect des mineurs et conçut ainsi, le
1687 es vapeurs sur les ouvriers, observa la démarche, le genre de vie et l’aspect des mineurs et conçut ainsi, le premier, l’i
1688 ouvriers, observa la démarche, le genre de vie et l’ aspect des mineurs et conçut ainsi, le premier, l’importance de l’hygi
1689 l’aspect des mineurs et conçut ainsi, le premier, l’ importance de l’hygiène professionnelle ». Voilà qui l’honore en tant
1690 eurs et conçut ainsi, le premier, l’importance de l’ hygiène professionnelle ». Voilà qui l’honore en tant qu’homme. Mais o
1691 ortance de l’hygiène professionnelle ». Voilà qui l’ honore en tant qu’homme. Mais on se représente aisément l’embarras qui
1692 en tant qu’homme. Mais on se représente aisément l’ embarras qui eût été le sien si l’on eût exigé qu’il nommât l’activité
1693 ésente aisément l’embarras qui eût été le sien si l’ on eût exigé qu’il nommât l’activité qu’il découvrait. Qui ne sait, de
1694 ui eût été le sien si l’on eût exigé qu’il nommât l’ activité qu’il découvrait. Qui ne sait, de nos jours, parler d’« hygiè
1695 Galien et tous vos scribouillards (Scribenten) je les dissoudrai dans de l’Alkali !… » Il propose dans le même passage de l
1696 bouillards (Scribenten) je les dissoudrai dans de l’ Alkali !… » Il propose dans le même passage de les brûler au four, de
1697 dissoudrai dans de l’Alkali !… » Il propose dans le même passage de les brûler au four, de les baptiser d’ordures, eux et
1698 l’Alkali !… » Il propose dans le même passage de les brûler au four, de les baptiser d’ordures, eux et leur parenté, de le
1699 se dans le même passage de les brûler au four, de les baptiser d’ordures, eux et leur parenté, de les jeter dans le lac de
1700 e les baptiser d’ordures, eux et leur parenté, de les jeter dans le lac de Schwyz, etc., « et ce sera pour la vertu, quarte
1701 d’ordures, eux et leur parenté, de les jeter dans le lac de Schwyz, etc., « et ce sera pour la vertu, quarte colonne de la
1702 er dans le lac de Schwyz, etc., « et ce sera pour la vertu, quarte colonne de la médecine, un grand spectacle ! » (Liber P
1703 c., « et ce sera pour la vertu, quarte colonne de la médecine, un grand spectacle ! » (Liber Paragranum). r. Rougemont D
1704 « [Compte rendu] Frédéric Gundolf, Paracelse  », La Nouvelle Revue française, Paris, septembre 1935, p. 445-448.
19 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Recherches philosophiques (septembre 1935)
1705 a jamais mieux mérité son titre. Je veux dire que la part de la dialectique professionnelle, professorale, la tractation c
1706 eux mérité son titre. Je veux dire que la part de la dialectique professionnelle, professorale, la tractation correcte et
1707 de la dialectique professionnelle, professorale, la tractation correcte et à mon sens parfaitement vaine de problèmes qui
1708 r, diminue nettement dans ce tome IV au profit de la recherche véritable, des imprudences passionnées, des « essais » ou d
1709 cher et non ratiociner. On ne saurait assez louer les directeurs des Recherches d’avoir pris au sérieux le risque philosoph
1710 directeurs des Recherches d’avoir pris au sérieux le risque philosophique. Et je ne pense pas trahir leur tendance en insi
1711 insistant ici exclusivement sur trois des écrits les moins « orthodoxes » qu’ils ont accueillis cette année. La belle étud
1712 « orthodoxes » qu’ils ont accueillis cette année. La belle étude de Karl Löwith sur Hegel, Marx et Kierkegaard fournit à l
1713 l Löwith sur Hegel, Marx et Kierkegaard fournit à l’ orientation actuelle des Recherches une sorte de justification histori
1714 torique de grande envergure. Löwith voit en Hegel l’ achèvement de la philosophie classique, aux deux sens du mot achèvemen
1715 e envergure. Löwith voit en Hegel l’achèvement de la philosophie classique, aux deux sens du mot achèvement. À partir de H
1716 ens du mot achèvement. À partir de Hegel, dit-il, le philosophe n’aura plus d’autre possibilité que celle de « réaliser »
1717 lus d’autre possibilité que celle de « réaliser » la philosophie. Réaliser, c’est s’engager dans l’aventure politique ou r
1718  » la philosophie. Réaliser, c’est s’engager dans l’ aventure politique ou religieuse. Au grand Hegel qui philosophe « au d
1719 e. Au grand Hegel qui philosophe « au dimanche de la vie » au-dessus du « banc de sable de cette vie temporelle », Löwith
1720 Löwith oppose Marx et Kierkegaard qui pensent « à la banalité soucieuse, extérieure et intérieure, de l’homme ». Et je ne
1721 banalité soucieuse, extérieure et intérieure, de l’ homme ». Et je ne dis pas que le parallèle Marx-Kierkegaard n’ait entr
1722 et intérieure, de l’homme ». Et je ne dis pas que le parallèle Marx-Kierkegaard n’ait entraîné l’auteur à déshumaniser à l
1723 que le parallèle Marx-Kierkegaard n’ait entraîné l’ auteur à déshumaniser à l’excès Kierkegaard, et à forcer l’opposition
1724 rkegaard n’ait entraîné l’auteur à déshumaniser à l’ excès Kierkegaard, et à forcer l’opposition de Marx à la doctrine hégé
1725 à déshumaniser à l’excès Kierkegaard, et à forcer l’ opposition de Marx à la doctrine hégélienne de la médiation. Mais ce q
1726 s Kierkegaard, et à forcer l’opposition de Marx à la doctrine hégélienne de la médiation. Mais ce qui me paraît important,
1727 l’opposition de Marx à la doctrine hégélienne de la médiation. Mais ce qui me paraît important, c’est que Löwith dégage p
1728 ît important, c’est que Löwith dégage puissamment l’ origine philosophique du conflit qui domine le monde présent. L’effond
1729 ent l’origine philosophique du conflit qui domine le monde présent. L’effondrement de l’idéalisme hégélien sous la pressio
1730 osophique du conflit qui domine le monde présent. L’ effondrement de l’idéalisme hégélien sous la pression des réalités hum
1731 it qui domine le monde présent. L’effondrement de l’ idéalisme hégélien sous la pression des réalités humaines élémentaires
1732 sent. L’effondrement de l’idéalisme hégélien sous la pression des réalités humaines élémentaires, voilà le fait historique
1733 ression des réalités humaines élémentaires, voilà le fait historique capital sur lequel se fonde l’attitude commune des in
1734 là le fait historique capital sur lequel se fonde l’ attitude commune des intellectuels révolutionnaires, qu’ils soient hum
1735 hrétiens, marxistes ou personnalistes. Désormais, la philosophie cessera d’être une simple description : elle va devenir a
1736 a devenir action transformatrice, et productrice. L’ esprit pur s’évanouit. L’âge qui s’ouvre sera celui du spirituel décis
1737 matrice, et productrice. L’esprit pur s’évanouit. L’ âge qui s’ouvre sera celui du spirituel décisif. La seule doctrine, ou
1738 ’âge qui s’ouvre sera celui du spirituel décisif. La seule doctrine, ou pour mieux dire, la seule attitude de pensée qui t
1739 l décisif. La seule doctrine, ou pour mieux dire, la seule attitude de pensée qui tienne compte de cette crise essentielle
1740 nne compte de cette crise essentielle révélée par l’ échec des synthèses hégéliennes comme constitutive de l’humain, certai
1741 c des synthèses hégéliennes comme constitutive de l’ humain, certains pensent que c’est aujourd’hui l’attitude personnalist
1742 l’humain, certains pensent que c’est aujourd’hui l’ attitude personnaliste. Les pages qu’Alexandre Marc consacre à la situ
1743 t que c’est aujourd’hui l’attitude personnaliste. Les pages qu’Alexandre Marc consacre à la situation de la personne dans l
1744 onnaliste. Les pages qu’Alexandre Marc consacre à la situation de la personne dans le temps paraîtront par endroits un peu
1745 ages qu’Alexandre Marc consacre à la situation de la personne dans le temps paraîtront par endroits un peu sommaires, mais
1746 Marc consacre à la situation de la personne dans le temps paraîtront par endroits un peu sommaires, mais ce défaut procèd
1747 roits un peu sommaires, mais ce défaut procède de la vigueur joyeuse dont l’auteur fait preuve dans l’attaque d’un problèm
1748 mais ce défaut procède de la vigueur joyeuse dont l’ auteur fait preuve dans l’attaque d’un problème entre tous urgent. Il
1749 la vigueur joyeuse dont l’auteur fait preuve dans l’ attaque d’un problème entre tous urgent. Il se pourrait d’ailleurs que
1750 entre tous urgent. Il se pourrait d’ailleurs que l’ apparence brutale des thèses personnalistes soit le fait, provisoire,
1751 ’apparence brutale des thèses personnalistes soit le fait, provisoire, de toute philosophie naissante qui prétend restitue
1752 t bouleversant. À cet égard, on fera bien de lire l’ essai de René Daumal sur les Limites du langage philosophique. C’est u
1753 , on fera bien de lire l’essai de René Daumal sur les Limites du langage philosophique. C’est une recherche des conditions
1754 C’est une recherche des conditions d’activité de l’ imagerie philosophique, conduite avec un bon sens socratique, un sens
1755 vec un bon sens socratique, un sens du concret de l’ esprit qui enchante en moi le disciple de Kierkegaard. Il apparaît de
1756 n sens du concret de l’esprit qui enchante en moi le disciple de Kierkegaard. Il apparaît de plus en plus nettement que le
1757 egaard. Il apparaît de plus en plus nettement que les prolégomènes à toute action réelle résident dans la restauration d’un
1758 prolégomènes à toute action réelle résident dans la restauration d’un langage efficace. C’est dire l’intérêt, au sens for
1759 la restauration d’un langage efficace. C’est dire l’ intérêt, au sens fort, de l’apport des poètes à la philosophie et à l’
1760 efficace. C’est dire l’intérêt, au sens fort, de l’ apport des poètes à la philosophie et à l’éthique. Les études de E. We
1761 l’intérêt, au sens fort, de l’apport des poètes à la philosophie et à l’éthique. Les études de E. Weil sur l’histoire, de
1762 ort, de l’apport des poètes à la philosophie et à l’ éthique. Les études de E. Weil sur l’histoire, de M. Souriau sur la my
1763 pport des poètes à la philosophie et à l’éthique. Les études de E. Weil sur l’histoire, de M. Souriau sur la mystique de la
1764 osophie et à l’éthique. Les études de E. Weil sur l’ histoire, de M. Souriau sur la mystique de la joie, les esquisses phén
1765 udes de E. Weil sur l’histoire, de M. Souriau sur la mystique de la joie, les esquisses phénoménologiques du Dr Minkowski,
1766 sur l’histoire, de M. Souriau sur la mystique de la joie, les esquisses phénoménologiques du Dr Minkowski, les approximat
1767 stoire, de M. Souriau sur la mystique de la joie, les esquisses phénoménologiques du Dr Minkowski, les approximations un pe
1768 les esquisses phénoménologiques du Dr Minkowski, les approximations un peu hésitantes — est-ce un reproche ? — de G. Marce
1769 itantes — est-ce un reproche ? — de G. Marcel sur l’ acte et la personne, mériteraient beaucoup plus qu’une simple mention.
1770 est-ce un reproche ? — de G. Marcel sur l’acte et la personne, mériteraient beaucoup plus qu’une simple mention. J’aurais
1771 ’une simple mention. J’aurais aimé analyser aussi les trois pages où Jean Wahl résume tout le vertige ontologique, et l’art
1772 er aussi les trois pages où Jean Wahl résume tout le vertige ontologique, et l’article de G. Stern sur l’a posteriori, bie
1773 Jean Wahl résume tout le vertige ontologique, et l’ article de G. Stern sur l’a posteriori, bien caractéristique d’un cert
1774 vertige ontologique, et l’article de G. Stern sur l’ a posteriori, bien caractéristique d’un certain renouveau du réalisme.
1775 du réalisme. Je me bornerai à signaler pour finir les pages très curieuses de P. Klossowski sur Sade, où il est démontré pa
1776 il est démontré par des voies imprévues, comment la négation de Dieu entraîne la négation du prochain, dans un esprit vou
1777 s imprévues, comment la négation de Dieu entraîne la négation du prochain, dans un esprit voué à la plus torturante logiqu
1778 ne la négation du prochain, dans un esprit voué à la plus torturante logique. s. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] R
1779 e, « [Compte rendu] Recherches philosophiques  », La Nouvelle Revue française, Paris, septembre 1935, p. 460-462.
20 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Lawrence et Brett par Dorothy Brett ; Matinées mexicaines suivi de Pansies (poèmes), par D. H. Lawrence (octobre 1935)
1780 s (poèmes), par D. H. Lawrence (octobre 1935)t Les souvenirs de Mabel Dodge sur Lawrence à Taos sont irritants à cause d
1781 ause du sujet, même maltraité. Miss Brett raconte la même période et n’irrite pas, ne passionne pas non plus, mais nous in
1782 uement et gagne en somme notre complicité. Elle a l’ humour discret, sensible, qui convient à la confession d’un sentiment
1783 Elle a l’humour discret, sensible, qui convient à la confession d’un sentiment ni partagé ni rebuté, et résigné dès le déb
1784 un sentiment ni partagé ni rebuté, et résigné dès le début à cet état. Le plaisir le plus vif que réserve ce genre d’écrit
1785 gé ni rebuté, et résigné dès le début à cet état. Le plaisir le plus vif que réserve ce genre d’écrit, c’est de nous laiss
1786 é, et résigné dès le début à cet état. Le plaisir le plus vif que réserve ce genre d’écrit, c’est de nous laisser lire dan
1787 ce genre d’écrit, c’est de nous laisser lire dans le jeu d’un être humain : rien ne flatte mieux notre désir d’ubiquité. À
1788 flatte mieux notre désir d’ubiquité. À cet égard, le livre de Dorothy Brett est beaucoup plus satisfaisant que les diatrib
1789 Dorothy Brett est beaucoup plus satisfaisant que les diatribes intéressées de Mabel Dodge. Il parvient à ne rien cacher to
1790 ces dames. Pour quel Lawrence ? Je me demande si le souvenir de son œuvre est pour beaucoup dans l’intérêt que je prends
1791 i le souvenir de son œuvre est pour beaucoup dans l’ intérêt que je prends aux chroniques minutieuses de sa vie33. A-t-on r
1792 roniques minutieuses de sa vie33. A-t-on remarqué l’ extrême rareté des documents accessibles sur la manière de vivre de no
1793 ué l’extrême rareté des documents accessibles sur la manière de vivre de nos contemporains ? Nous avons des reportages et
1794 , c’est-à-dire des moyennes et des exceptions, de la statistique et du pittoresque. Mais où trouver la description des jou
1795 la statistique et du pittoresque. Mais où trouver la description des journées, des occupations, des manières de réagir d’u
1796 ; avec des ustensiles, une scie, un cheval ; avec les sentiments et les idées des autres, et leurs histoires ; avec le trai
1797 les, une scie, un cheval ; avec les sentiments et les idées des autres, et leurs histoires ; avec le train banal des embête
1798 t les idées des autres, et leurs histoires ; avec le train banal des embêtements et des petites chances ? — Voici alors, e
1799 ns ses baquets que vous emplissez sans relâche de l’ eau du puits. J’apporte, moi aussi, quelques seaux. Puis vous partez é
1800 ssi, quelques seaux. Puis vous partez écrire dans les bois, et moi taper à la machine. À déjeuner, vous me dites que Claren
1801 vous partez écrire dans les bois, et moi taper à la machine. À déjeuner, vous me dites que Clarence avait eu une conversa
1802 s de laquelle il lui avait déclaré que vous aviez l’ intention de « détruire » Mabel, ce qui bouleverse Tony et vous boulev
1803 et chaleur : « Oui, c’est vrai, on ne devrait pas les lui dire » et vous soupirez profondément. Vous ne vous sentez pas bie
1804 dément. Vous ne vous sentez pas bien, aussi après le déjeuner vous vous mettez à frotter le parquet de la cuisine à genoux
1805 ussi après le déjeuner vous vous mettez à frotter le parquet de la cuisine à genoux ; à l’aide d’une petite brosse à mains
1806 déjeuner vous vous mettez à frotter le parquet de la cuisine à genoux ; à l’aide d’une petite brosse à mains, vous frottez
1807 z à frotter le parquet de la cuisine à genoux ; à l’ aide d’une petite brosse à mains, vous frottez les vieilles planches p
1808 l’aide d’une petite brosse à mains, vous frottez les vieilles planches pourries. C’est cette vision de vous ainsi qui m’a
1809 ées plus tard, pour que vous n’ayez plus jamais à les frotter. Après le plancher vous brossez tout ce qui vous tombe sous l
1810 que vous n’ayez plus jamais à les frotter. Après le plancher vous brossez tout ce qui vous tombe sous la main et vous lav
1811 plancher vous brossez tout ce qui vous tombe sous la main et vous lavez des choses toute la journée. À cinq heures nous al
1812 tombe sous la main et vous lavez des choses toute la journée. À cinq heures nous allons chercher les chevaux qui se cachen
1813 te la journée. À cinq heures nous allons chercher les chevaux qui se cachent tout au bout du champ de pommes de terre, là-b
1814 bout du champ de pommes de terre, là-bas près de la barrière sud. Finalement, nous les pourchassons dans le corral, mais
1815 là-bas près de la barrière sud. Finalement, nous les pourchassons dans le corral, mais nous sommes plus éreintés que jamai
1816 rière sud. Finalement, nous les pourchassons dans le corral, mais nous sommes plus éreintés que jamais. Puis Poppy se cabr
1817 Poppy se cabre au-dessus du dos de Bessie et nous la perdons presque. Enfin nos montures sont sellées et nous partons cher
1818 os montures sont sellées et nous partons chercher le lait, mais vous êtes blême et fatigué. Un trait qui manque par hasar
1819 rd dans cette page, et qu’on retrouve dans toutes les autres, c’est la mauvaise humeur des Lawrence, leur humeur rageuse, f
1820 , et qu’on retrouve dans toutes les autres, c’est la mauvaise humeur des Lawrence, leur humeur rageuse, faut-il dire, coup
1821 faut-il dire, coupée d’accès de malice saugrenue. Les Pansies confirment d’ailleurs ce que nous disent Brett et les autres
1822 confirment d’ailleurs ce que nous disent Brett et les autres de cet état d’irritation perpétuelle où vivait Lawrence : « Je
1823 uelle où vivait Lawrence : « Je suis épuisé — Par l’ effort que je fais pour aimer les gens — sans y parvenir. » Ou encore 
1824 suis épuisé — Par l’effort que je fais pour aimer les gens — sans y parvenir. » Ou encore : « Oh ! ne me donnez pas votre c
1825 affaires ; — Ne me fourrez pas dans vos soucis. » La mauvaise humeur est sans doute la caractéristique générale des hommes
1826 s vos soucis. » La mauvaise humeur est sans doute la caractéristique générale des hommes d’aujourd’hui : c’est qu’ils croi
1827 ujourd’hui : c’est qu’ils croient au bonheur et à l’ argent, les deux choses les plus irritantes du monde. (Un sous-produit
1828  : c’est qu’ils croient au bonheur et à l’argent, les deux choses les plus irritantes du monde. (Un sous-produit et un moye
1829 croient au bonheur et à l’argent, les deux choses les plus irritantes du monde. (Un sous-produit et un moyen pris pour fins
1830 son obstination absurde et touchante à vouloir «  les gens » plus vivants, plus naturels, plus rayonnants, plus « solaires 
1831 qu’ils ne sont. En somme, bien qu’il prêche tout le temps, il attend des autres beaucoup plus qu’il n’est disposé à leur
1832 Et non une lassante et exigeante personnalité. » L’ homme moderne, dit Keyserling, n’a pas de prochains ; il n’a que des v
1833 n’a que des voisins inévitables. Voilà Lawrence, l’ homme sans prochain. Car le prochain selon la définition évangélique,
1834 ables. Voilà Lawrence, l’homme sans prochain. Car le prochain selon la définition évangélique, c’est justement celui qui «
1835 nce, l’homme sans prochain. Car le prochain selon la définition évangélique, c’est justement celui qui « exige » de l’aide
1836 angélique, c’est justement celui qui « exige » de l’ aide et auquel on vient en aide. Autrement, il serait deux fois insupp
1837 che qu’on ne veut pas entendre. Pauvre Lawrence à la recherche de sa communauté solaire !34 C’est son meilleur prétexte à
1838 té solaire !34 C’est son meilleur prétexte à fuir les hommes. Mais après tout, qui donc vint à son aide, à lui ? Il n’avait
1839 qui donc vint à son aide, à lui ? Il n’avait que la nature, les bêtes, les choses. Envers elles, il est plein d’une espèc
1840 int à son aide, à lui ? Il n’avait que la nature, les bêtes, les choses. Envers elles, il est plein d’une espèce de charité
1841 ide, à lui ? Il n’avait que la nature, les bêtes, les choses. Envers elles, il est plein d’une espèce de charité patiente e
1842 u récit de Brett : « Puis vous partez écrire dans les bois. » On allait oublier l’écrivain. Il est là, adossé à un pin, ave
1843 partez écrire dans les bois. » On allait oublier l’ écrivain. Il est là, adossé à un pin, avec sa chemise bleue, ses culot
1844 u, en train d’écrire sur ses genoux. (Pendant que les autres font une carrière dans le « monde des lettres » et se composen
1845 x. (Pendant que les autres font une carrière dans le « monde des lettres » et se composent un prestige !) Il invente ses h
1846 invente ses histoires, secrètement animées par «  les battements du cœur sauvage de l’Espace », il s’amuse, il s’effraie de
1847 t animées par « les battements du cœur sauvage de l’ Espace », il s’amuse, il s’effraie de ses personnages, il les hait fur
1848 , il s’amuse, il s’effraie de ses personnages, il les hait furieusement, il les approche avec méfiance et tout d’un coup le
1849 de ses personnages, il les hait furieusement, il les approche avec méfiance et tout d’un coup les pousse par-derrière, et
1850 , il les approche avec méfiance et tout d’un coup les pousse par-derrière, et rit. C’est un long enfant maigre au regard na
1851 avoir l’air d’un faune. 33. Même question pour les Conversations avec Eckermann, pour le Journal de Byron, etc. 34. Je
1852 stion pour les Conversations avec Eckermann, pour le Journal de Byron, etc. 34. Je n’arrive pas à prendre au sérieux en s
1853 34. Je n’arrive pas à prendre au sérieux en soi la religion solaire que prêche Lawrence. C’est un rêve de compensation.
1854 he Lawrence. C’est un rêve de compensation. C’est l’ expression de son impuissance à résoudre ce que j’appellerais le « pro
1855 e son impuissance à résoudre ce que j’appellerais le « problème des gens », qui est moins grandiose et beaucoup plus encom
1856 awrence, Matinées mexicaines suivi de Pansies  », La Nouvelle Revue française, Paris, octobre 1935, p. 596-599.
21 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Les Mystiques allemands du xiiie au xixe siècle, par Jean Chuzeville (octobre 1935)
1857 Les Mystiques allemands du xiiie au xixe siècle, par Jean Chuzeville (o
1858 st une entreprise incertaine que celle d’offrir à la curiosité moderne les témoignages écrits de la mystique médiévale ou
1859 ertaine que celle d’offrir à la curiosité moderne les témoignages écrits de la mystique médiévale ou renaissante. Notre opt
1860 à la curiosité moderne les témoignages écrits de la mystique médiévale ou renaissante. Notre optique actuelle doit fatale
1861 naissante. Notre optique actuelle doit fatalement les déformer. C’est qu’elle est généralement conditionnée par notre roman
1862 sprit nous incite à séparer ce qui était lié chez les mystiques : la vision de foi et les symboles concrets qui essaient de
1863 e à séparer ce qui était lié chez les mystiques : la vision de foi et les symboles concrets qui essaient de l’envelopper p
1864 tait lié chez les mystiques : la vision de foi et les symboles concrets qui essaient de l’envelopper pour la transmettre. N
1865 n de foi et les symboles concrets qui essaient de l’ envelopper pour la transmettre. Nous estimons alors les mystiques selo
1866 mboles concrets qui essaient de l’envelopper pour la transmettre. Nous estimons alors les mystiques selon les critères du
1867 velopper pour la transmettre. Nous estimons alors les mystiques selon les critères du lyrisme moderne, qui ne préjugent pas
1868 nsmettre. Nous estimons alors les mystiques selon les critères du lyrisme moderne, qui ne préjugent pas nécessairement l’in
1869 isme moderne, qui ne préjugent pas nécessairement l’ intellection du contenu, et encore moins de sa vérité. Il y a donc de
1870 enu, et encore moins de sa vérité. Il y a donc de l’ équivoque dans notre admiration (ou notre déception) devant les témoig
1871 dans notre admiration (ou notre déception) devant les témoignages qu’on nous propose. Un peu plus d’exigence philosophique
1872 it certainement la plupart d’entre nous à récuser la Vérité que les mystiques ont prétendu traduire, ce qui reviendrait à
1873 t la plupart d’entre nous à récuser la Vérité que les mystiques ont prétendu traduire, ce qui reviendrait à les taxer de my
1874 iques ont prétendu traduire, ce qui reviendrait à les taxer de mythomanie. La ferveur littéraire indiscrète, qui fera sans
1875 re, ce qui reviendrait à les taxer de mythomanie. La ferveur littéraire indiscrète, qui fera sans doute le succès de ce vo
1876 erveur littéraire indiscrète, qui fera sans doute le succès de ce volume, vaut-elle mieux que l’étroitesse positiviste, qu
1877 doute le succès de ce volume, vaut-elle mieux que l’ étroitesse positiviste, qui réduira tout cela au jeu des complexes fre
1878 u des complexes freudiens ? Tout dépend de ce que l’ on attend de l’homme et de son esprit : la puissance de tromper (art i
1879 freudiens ? Tout dépend de ce que l’on attend de l’ homme et de son esprit : la puissance de tromper (art inclus) pour jou
1880 ce que l’on attend de l’homme et de son esprit : la puissance de tromper (art inclus) pour jouir, ou la puissance de fixe
1881 puissance de tromper (art inclus) pour jouir, ou la puissance de fixer le vrai par convention ou décret scientifique, pou
1882 (art inclus) pour jouir, ou la puissance de fixer le vrai par convention ou décret scientifique, pour agir. (Il y a d’autr
1883 ue, qui est tout de même décisif en ces matières, l’ alternative que je viens d’indiquer ne se pose plus. Car la foi n’est
1884 tive que je viens d’indiquer ne se pose plus. Car la foi n’est pas davantage une évasion hors de ce monde qu’une limitatio
1885 une évasion hors de ce monde qu’une limitation de l’ homme au temporel. La foi réelle, c’est la puissance active de l’Étern
1886 e monde qu’une limitation de l’homme au temporel. La foi réelle, c’est la puissance active de l’Éternel dans ce temps. Cet
1887 tion de l’homme au temporel. La foi réelle, c’est la puissance active de l’Éternel dans ce temps. Cette définition condamn
1888 orel. La foi réelle, c’est la puissance active de l’ Éternel dans ce temps. Cette définition condamne tout mysticisme qui n
1889 ion condamne tout mysticisme qui ne serait, comme le veut M. Chuzeville, que la « recherche des moyens par lesquels l’âme
1890 e qui ne serait, comme le veut M. Chuzeville, que la « recherche des moyens par lesquels l’âme arrive à transgresser ses l
1891 ville, que la « recherche des moyens par lesquels l’ âme arrive à transgresser ses limites charnelles et temporelles, à s’o
1892 temporelles, à s’oublier en Dieu, son principe ». La question est alors de savoir s’il existe une mystique vraiment chréti
1893 nos limites, contre lesquels s’élèvent sans cesse les Prophètes et les Apôtres. Il faut reconnaître que les pages les plus
1894 re lesquels s’élèvent sans cesse les Prophètes et les Apôtres. Il faut reconnaître que les pages les plus « belles » — du p
1895 Prophètes et les Apôtres. Il faut reconnaître que les pages les plus « belles » — du point de vue de l’art — de cette antho
1896 et les Apôtres. Il faut reconnaître que les pages les plus « belles » — du point de vue de l’art — de cette anthologie, son
1897 es pages les plus « belles » — du point de vue de l’ art — de cette anthologie, sont souvent les plus hérétiques, celles au
1898 vue de l’art — de cette anthologie, sont souvent les plus hérétiques, celles aussi où l’hybris spirituelle se pare le mieu
1899 sont souvent les plus hérétiques, celles aussi où l’ hybris spirituelle se pare le mieux d’humilité dévote. Ceci marqué, qu
1900 ues, celles aussi où l’hybris spirituelle se pare le mieux d’humilité dévote. Ceci marqué, qui est plus qu’une réserve, il
1901 tuel et poétique plein de dangereuses merveilles. Le choix des textes me paraît des plus heureux, la traduction ferme et c
1902 . Le choix des textes me paraît des plus heureux, la traduction ferme et coulante. La plupart des mystiques que M. Chuzevi
1903 Suso, Tauler, Franck et Weigel, et surtout Boehme le gnostique. Pour Paracelse, on s’étonnera sans doute de le voir figure
1904 ique. Pour Paracelse, on s’étonnera sans doute de le voir figurer dans un choix de « mystiques », alors qu’il est le premi
1905 tiques », alors qu’il est le premier défenseur de l’ expériencev. Mais la beauté des textes cités fait pardonner bien volon
1906 l est le premier défenseur de l’expériencev. Mais la beauté des textes cités fait pardonner bien volontiers cette erreur d
1907 classification35. Par exemple, je m’explique mal l’ omission de Hamann qui eût avantageusement remplacé la visionnaire Cat
1908 ission de Hamann qui eût avantageusement remplacé la visionnaire Catherine Emmerich, et qui mérite au moins autant que Nov
1909 rite au moins autant que Novalis de figurer parmi les grands mystiques modernes. Mais sans doute M. Chuzeville s’est-il lai
1910 ider dans son choix par un préjugé historique que le « Mage du Nord » eût trop évidemment déconcerté. Ce préjugé consiste
1911 e à rendre Luther responsable d’une scission dans la culture et la spiritualité allemandes, scission aboutissant par une s
1912 her responsable d’une scission dans la culture et la spiritualité allemandes, scission aboutissant par une série d’actions
1913 tiques « au romantisme, au révolutionnarisme et à l’ anarchie » (selon M. Truc), à quoi M. Chuzeville ajoute pour sa part l
1914 . Truc), à quoi M. Chuzeville ajoute pour sa part l’ étatisme absolu, le nationalisme, « l’individualisme effréné », le rac
1915 Chuzeville ajoute pour sa part l’étatisme absolu, le nationalisme, « l’individualisme effréné », le racisme et le marxisme
1916 our sa part l’étatisme absolu, le nationalisme, «  l’ individualisme effréné », le racisme et le marxisme. Voilà pourquoi le
1917 u, le nationalisme, « l’individualisme effréné », le racisme et le marxisme. Voilà pourquoi le peuple allemand est un peup
1918 isme, « l’individualisme effréné », le racisme et le marxisme. Voilà pourquoi le peuple allemand est un peuple empoisonné
1919 réné », le racisme et le marxisme. Voilà pourquoi le peuple allemand est un peuple empoisonné (p. 19). Cette généalogie de
1920 qu’on aimait à croire périmée. M. Chuzeville a eu le tort de vouloir y réduire l’évolution du mysticisme allemand, qui jus
1921 . M. Chuzeville a eu le tort de vouloir y réduire l’ évolution du mysticisme allemand, qui justement lui inflige le démenti
1922 du mysticisme allemand, qui justement lui inflige le démenti le plus formel. Car si l’on voit à la rigueur le passage de l
1923 me allemand, qui justement lui inflige le démenti le plus formel. Car si l’on voit à la rigueur le passage de la dialectiq
1924 ent lui inflige le démenti le plus formel. Car si l’ on voit à la rigueur le passage de la dialectique de Boehme à la philo
1925 ige le démenti le plus formel. Car si l’on voit à la rigueur le passage de la dialectique de Boehme à la philosophie de Fi
1926 nti le plus formel. Car si l’on voit à la rigueur le passage de la dialectique de Boehme à la philosophie de Fichte et de
1927 rmel. Car si l’on voit à la rigueur le passage de la dialectique de Boehme à la philosophie de Fichte et de Hegel, d’où so
1928 rigueur le passage de la dialectique de Boehme à la philosophie de Fichte et de Hegel, d’où sont effectivement sortis un
1929 t effectivement sortis un certain nationalisme et la doctrine du jeune Marx, on ne voit pas du tout le passage de Luther à
1930 la doctrine du jeune Marx, on ne voit pas du tout le passage de Luther à Boehme, ce défenseur du libre arbitre persécuté p
1931 ehme, ce défenseur du libre arbitre persécuté par les pasteurs. Et d’autre part, on sait quels liens unissent Luther à Maît
1932 rtout à son cher Tauler, dont il cite constamment les sermons. M. Chuzeville serait sans doute mieux inspiré s’il développa
1933 de sa préface et nous donnait une bonne étude sur le lyrisme romantique considéré comme une sécularisation du mysticisme.
1934 ’a semblé que cette perspective spirituelle était la seule que dégageât sans équivoque la confrontation des mystiques et d
1935 tuelle était la seule que dégageât sans équivoque la confrontation des mystiques et de la mentalité moderne. 35. Ce que
1936 ns équivoque la confrontation des mystiques et de la mentalité moderne. 35. Ce que je pardonne moins à M. Chuzeville, c’
1937 racelse « était de nature comédienne, et savait à l’ occasion dissimuler, comme l’indique le choix même d’un pseudonyme. L’
1938 édienne, et savait à l’occasion dissimuler, comme l’ indique le choix même d’un pseudonyme. L’alchimiste médecin Paracelse,
1939 t savait à l’occasion dissimuler, comme l’indique le choix même d’un pseudonyme. L’alchimiste médecin Paracelse, en réalit
1940 r, comme l’indique le choix même d’un pseudonyme. L’ alchimiste médecin Paracelse, en réalité, se nommait Theophilus Bombas
1941 se Bombaste de Hohenheim, ce dont il n’eut jamais l’ idée de se cacher. – L’érudition considérable de M. Chuzeville me para
1942 m, ce dont il n’eut jamais l’idée de se cacher. –  L’ érudition considérable de M. Chuzeville me paraît parfois hasardeuse.
1943 le de M. Chuzeville me paraît parfois hasardeuse. Les travaux de Jean Baruzi lui sont inconnus ; de même que les études de
1944 ux de Jean Baruzi lui sont inconnus ; de même que les études de A. Koyré sur Franck et Weigel. Quant à Luther, il le juge d
1945 A. Koyré sur Franck et Weigel. Quant à Luther, il le juge d’après un résumé, confectionné par Gonzague Truc, du pamphlet d
1946 ruc, du pamphlet de Maritain, lequel s’appuie sur le P. Denifle… Que de garanties accumulées ! u. Rougemont Denis de, « 
1947 emont Denis de, « [Compte rendu] Jean Chuzeville, Les Mystiques allemands du XIIIe au XIXe siècle  », La Nouvelle Revue fra
1948 s Mystiques allemands du XIIIe au XIXe siècle  », La Nouvelle Revue française, Paris, octobre 1935, p. 599-601. v. Voir l
1949 nçaise, Paris, octobre 1935, p. 599-601. v. Voir la note de Rougemont sur le Paracelse de Frédéric Gundolf, dans la NRF d
1950 35, p. 599-601. v. Voir la note de Rougemont sur le Paracelse de Frédéric Gundolf, dans la NRF de septembre 1935.
1951 gemont sur le Paracelse de Frédéric Gundolf, dans la NRF de septembre 1935.
22 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). « Le plus beau pays du monde » (octobre 1935)
1952 «  Le plus beau pays du monde » (octobre 1935)w Toujours ces mots. Quand
1953 perdu leur sens, il faut ajouter aussitôt qu’on a le tort de leur en accorder bien davantage qu’ils n’en gardent et que ce
1954 ien davantage qu’ils n’en gardent et que ceux qui les prononcent n’en conçoivent. Pour vous le prouver, voici une anecdote
1955 eux qui les prononcent n’en conçoivent. Pour vous le prouver, voici une anecdote d’Angleterre : elle doit donc être vraie.
1956 e Alice, écrit ceci dans son devoir d’anglais : «  L’ Angleterre est le plus beau pays du monde. » Un inspecteur passait par
1957 ci dans son devoir d’anglais : « L’Angleterre est le plus beau pays du monde. » Un inspecteur passait par là. Il lit le de
1958 du monde. » Un inspecteur passait par là. Il lit le devoir. Tonnerre et foudres de ce pacifiste, qui n’hésite pas à dénon
1959 es de ce pacifiste, qui n’hésite pas à dénoncer «  l’ impérialisme démodé » de l’instituteur d’Alice, tenu pour responsable
1960 ésite pas à dénoncer « l’impérialisme démodé » de l’ instituteur d’Alice, tenu pour responsable du cliché. On blâme cet ins
1961 ui va se plaindre à son député. Lequel interpelle les communes. Qui à leur tour infligent un blâme à l’inspecteur ; car si
1962 es communes. Qui à leur tour infligent un blâme à l’ inspecteur ; car si l’École se met à « décourager l’orgueil patriotiqu
1963 r tour infligent un blâme à l’inspecteur ; car si l’ École se met à « décourager l’orgueil patriotique », où allons-nous ?
1964 inspecteur ; car si l’École se met à « décourager l’ orgueil patriotique », où allons-nous ? Quelqu’un qui est bien content
1965 n qui est bien content, dans cette affaire, c’est le journaliste allemand qui la raconte, et qui ne manque pas de félicite
1966 cette affaire, c’est le journaliste allemand qui la raconte, et qui ne manque pas de féliciter la Chambre des communes. (
1967 qui la raconte, et qui ne manque pas de féliciter la Chambre des communes. (Gazette de Francfort, du 31 juillet). On dirai
1968 ble à la plupart des entretiens d’aujourd’hui sur la politique, à l’article du Temps, à un cerveau d’homme de gauche ou d’
1969 des entretiens d’aujourd’hui sur la politique, à l’ article du Temps, à un cerveau d’homme de gauche ou d’homme de droite.
1970 sans nul doute « nationalisme » que voulait dire l’ inspecteur (à moins qu’il n’ait une conception conquérante de la beaut
1971 à moins qu’il n’ait une conception conquérante de la beauté ?). « Démodé » : on se demande dans quel pays. « Pacifiste » ?
1972 s. « Pacifiste » ? Aujourd’hui, il n’y a plus que les pacifistes pour oser réclamer ouvertement la guerre (contre les régim
1973 que les pacifistes pour oser réclamer ouvertement la guerre (contre les régimes fascistes). « Orgueil patriotique » — c’es
1974 pour oser réclamer ouvertement la guerre (contre les régimes fascistes). « Orgueil patriotique » — c’est de nouveau nation
1975 ionaliste qu’il faudrait. Précisons, cela en vaut la peine. Le nationalisme existe parce qu’on l’enseigne ; c’est une myst
1976 qu’il faudrait. Précisons, cela en vaut la peine. Le nationalisme existe parce qu’on l’enseigne ; c’est une mystique, un i
1977 vaut la peine. Le nationalisme existe parce qu’on l’ enseigne ; c’est une mystique, un idéal abstrait, un orgueil. Il exist
1978 ue, un idéal abstrait, un orgueil. Il existe dans la mesure où on l’exalte. Le patriotisme, c’est le contraire : il existe
1979 trait, un orgueil. Il existe dans la mesure où on l’ exalte. Le patriotisme, c’est le contraire : il existe dans la seule m
1980 orgueil. Il existe dans la mesure où on l’exalte. Le patriotisme, c’est le contraire : il existe dans la seule mesure où i
1981 s la mesure où on l’exalte. Le patriotisme, c’est le contraire : il existe dans la seule mesure où il va de soi ; il faut
1982 patriotisme, c’est le contraire : il existe dans la seule mesure où il va de soi ; il faut qu’il reste un lien obscur, in
1983 ni aucune espèce de valeurs morales, de même que la digestion, si vous voulez. L’idée même de s’en vanter indique un trou
1984 orales, de même que la digestion, si vous voulez. L’ idée même de s’en vanter indique un trouble. — Enfin, voilà les hitlér
1985 de s’en vanter indique un trouble. — Enfin, voilà les hitlériens qui trouvent très bon qu’on dise que l’Angleterre est le p
1986 s hitlériens qui trouvent très bon qu’on dise que l’ Angleterre est le plus beau pays du monde ? Cela du moins ne manque pa
1987 trouvent très bon qu’on dise que l’Angleterre est le plus beau pays du monde ? Cela du moins ne manque pas de logique, mal
1988 que pas de logique, malgré la première apparence. L’ erreur courante, qui est celle du libéral rationaliste, c’est de croir
1989 elle du libéral rationaliste, c’est de croire que la proposition « l’Angleterre est le plus beau pays du monde » comporte
1990 ationaliste, c’est de croire que la proposition «  l’ Angleterre est le plus beau pays du monde » comporte un sens rationnel
1991 t de croire que la proposition « l’Angleterre est le plus beau pays du monde » comporte un sens rationnel ; que c’est un j
1992 nclut d’une comparaison. Mais en réalité, lorsque la petite Alice écrit que l’Angleterre est le plus beau pays du monde, e
1993 ais en réalité, lorsque la petite Alice écrit que l’ Angleterre est le plus beau pays du monde, elle veut dire simplement :
1994 orsque la petite Alice écrit que l’Angleterre est le plus beau pays du monde, elle veut dire simplement : j’aime mon pays.
1995 nde, elle veut dire simplement : j’aime mon pays. L’ amour exclut toute comparaison. Dire que tel pays « est le plus beau d
1996 exclut toute comparaison. Dire que tel pays « est le plus beau du monde », ce n’est pas dire qu’après enquête on aboutit à
1997 e inconditionnelle. C’est reconnaître et accepter le fait concret d’un attachement qui ne comporte pas de choix délibéré.
1998 i ne comporte pas de choix délibéré. Par malheur, l’ enseignement s’empare du fait patriotique et tente de le rationaliser 
1999 ignement s’empare du fait patriotique et tente de le rationaliser : il en fait un objet de discours. Par là même il le ren
2000 : il en fait un objet de discours. Par là même il le rend absurde. Il le « mystifie ». Qui dit discours dit raison ; qui d
2001 t de discours. Par là même il le rend absurde. Il le « mystifie ». Qui dit discours dit raison ; qui dit raison suppose co
2002 pays à un autre, un amour à un autre, car où est l’ étalon, où est la mesure commune, et qui connaît le modèle idéal ? Le
2003 un amour à un autre, car où est l’étalon, où est la mesure commune, et qui connaît le modèle idéal ? Le malfaisant nation
2004 ’étalon, où est la mesure commune, et qui connaît le modèle idéal ? Le malfaisant nationalisme n’est rien d’autre qu’une r
2005 mesure commune, et qui connaît le modèle idéal ? Le malfaisant nationalisme n’est rien d’autre qu’une rationalisation men
2006 sation mensongère du sentiment patriotique. C’est l’ intervention abusive de la raison comparative dans le domaine de l’inc
2007 ment patriotique. C’est l’intervention abusive de la raison comparative dans le domaine de l’incomparable. Si l’on tient c
2008 ntervention abusive de la raison comparative dans le domaine de l’incomparable. Si l’on tient compte du fait patriotique n
2009 usive de la raison comparative dans le domaine de l’ incomparable. Si l’on tient compte du fait patriotique naturel, la seu
2010 comparative dans le domaine de l’incomparable. Si l’ on tient compte du fait patriotique naturel, la seule formule « intern
2011 Si l’on tient compte du fait patriotique naturel, la seule formule « internationale » qui reste possible est celle-ci : « 
2012 i reste possible est celle-ci : « Chaque pays est le plus beau du monde ». C’est la formule fédéraliste. — Inutile d’ajout
2013 « Chaque pays est le plus beau du monde ». C’est la formule fédéraliste. — Inutile d’ajouter que le salut temporel de l’E
2014 t la formule fédéraliste. — Inutile d’ajouter que le salut temporel de l’Europe dépend de sa faculté d’opérer de telles di
2015 ste. — Inutile d’ajouter que le salut temporel de l’ Europe dépend de sa faculté d’opérer de telles distinctions. w. Rou
2016 telles distinctions. w. Rougemont Denis de, « “ Le plus beau pays du monde” », La Nouvelle Revue française, Paris, octob
2017 emont Denis de, « “Le plus beau pays du monde” », La Nouvelle Revue française, Paris, octobre 1935, p. 633-634.
23 1936, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Sur l’esprit incarné (février 1936)
2018 Sur l’ esprit incarné (février 1936)x M. Julien Benda écrit dans le numéro
2019 rné (février 1936)x M. Julien Benda écrit dans le numéro de janvier de la NRF la phrase suivante : « La religion de l’e
2020 . Julien Benda écrit dans le numéro de janvier de la NRF la phrase suivante : « La religion de l’esprit incarné est celle
2021 n Benda écrit dans le numéro de janvier de la NRF la phrase suivante : « La religion de l’esprit incarné est celle qui hon
2022 uméro de janvier de la NRF la phrase suivante : «  La religion de l’esprit incarné est celle qui honore l’esprit en tant qu
2023 r de la NRF la phrase suivante : « La religion de l’ esprit incarné est celle qui honore l’esprit en tant qu’il veut porter
2024 religion de l’esprit incarné est celle qui honore l’ esprit en tant qu’il veut porter l’empreinte de certains intérêts terr
2025 lle qui honore l’esprit en tant qu’il veut porter l’ empreinte de certains intérêts terrestres, et le méprise en tant qu’il
2026 r l’empreinte de certains intérêts terrestres, et le méprise en tant qu’il cherche à s’affranchir de ce genre de pression
2027 iberté. » Il écrit un peu plus loin qu’il déplore la disparition « des grandes disciplines intellectuelles, singulièrement
2028 peu de logique, je demanderai à M. Benda : 1° si les « docteurs » nationalistes qu’il attaque ont jamais prétendu que leur
2029 ndu que leur politique fût une « incarnation » de l’ esprit ; 2° au cas où ils l’auraient fait, ce que j’ignore car je les
2030 ne « incarnation » de l’esprit ; 2° au cas où ils l’ auraient fait, ce que j’ignore car je les pratique peu : s’il y a lieu
2031 as où ils l’auraient fait, ce que j’ignore car je les pratique peu : s’il y a lieu de reprendre à son compte cette erreur d
2032 , ou en langage théologique, ce blasphème ; 3° si l’ incarnation de l’Esprit, c’est-à-dire Jésus-Christ, fils de Dieu, a ja
2033 héologique, ce blasphème ; 3° si l’incarnation de l’ Esprit, c’est-à-dire Jésus-Christ, fils de Dieu, a jamais « porté l’em
2034 dire Jésus-Christ, fils de Dieu, a jamais « porté l’ empreinte de certains intérêts terrestres », et conséquemment, si l’on
2035 tains intérêts terrestres », et conséquemment, si l’ on a le droit d’opposer esprit pur à esprit incarné dans des termes te
2036 ntérêts terrestres », et conséquemment, si l’on a le droit d’opposer esprit pur à esprit incarné dans des termes tels qu’e
2037 trahison intéressée ; 4° si M. Benda conçoit que l’ opposition esprit pur contre esprit asservi (aux intérêts politiques)
2038 s politiques) évoque précisément pour un chrétien l’ opposition de Pilate et des docteurs nationalistes juifs qui criaient
2039 es docteurs nationalistes juifs qui criaient avec la populace : Crucifie ! et relâche Barabbas — opposition qui se résout
2040 on qui se résout pratiquement en unanimité contre le Christ, contre l’esprit incarné en Personne ; 5° si le clerc qui s’en
2041 ratiquement en unanimité contre le Christ, contre l’ esprit incarné en Personne ; 5° si le clerc qui s’en lave les mains ne
2042 rist, contre l’esprit incarné en Personne ; 5° si le clerc qui s’en lave les mains ne risque pas de faire le jeu des clerc
2043 ncarné en Personne ; 5° si le clerc qui s’en lave les mains ne risque pas de faire le jeu des clercs qui crient avec les lo
2044 rc qui s’en lave les mains ne risque pas de faire le jeu des clercs qui crient avec les loups, et de trahir de la sorte do
2045 ue pas de faire le jeu des clercs qui crient avec les loups, et de trahir de la sorte doublement, étant admis toutefois que
2046 clercs qui crient avec les loups, et de trahir de la sorte doublement, étant admis toutefois que la mission de l’esprit es
2047 de la sorte doublement, étant admis toutefois que la mission de l’esprit est d’entrer dans le monde, non point pour s’y so
2048 ublement, étant admis toutefois que la mission de l’ esprit est d’entrer dans le monde, non point pour s’y soumettre, mais
2049 fois que la mission de l’esprit est d’entrer dans le monde, non point pour s’y soumettre, mais pour le transformer en véri
2050 le monde, non point pour s’y soumettre, mais pour le transformer en vérité. Mission que l’Évangile et la théologie résumen
2051 , mais pour le transformer en vérité. Mission que l’ Évangile et la théologie résument par le seul mot de Rédemption, et qu
2052 transformer en vérité. Mission que l’Évangile et la théologie résument par le seul mot de Rédemption, et que certains ant
2053 ssion que l’Évangile et la théologie résument par le seul mot de Rédemption, et que certains antichrétiens, plus pénétrés
2054 rétiens, plus pénétrés de christianisme qu’ils ne le croient, préfèrent appeler révolution. Ces questions me paraissent ca
2055 vacuata sit crux. x. Rougemont Denis de, « Sur l’ esprit incarné », La Nouvelle Revue française, Paris, février 1936, p.
2056 x. Rougemont Denis de, « Sur l’esprit incarné », La Nouvelle Revue française, Paris, février 1936, p. 304-305.
24 1936, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Dictature de la liberté, par Robert Aron (mars 1936)
2057 Dictature de la liberté, par Robert Aron (mars 1936)y « J’aime les titres mystérie
2058 liberté, par Robert Aron (mars 1936)y « J’aime les titres mystérieux ou pétard », disait Baudelaire. Celui d’Aron unit c
2059 de sa pensée, et à certains égards, du contenu de la doctrine qu’il défend. Dictature et liberté, le monde moderne se déba
2060 e la doctrine qu’il défend. Dictature et liberté, le monde moderne se débat tragiquement entre ces deux nécessités dont la
2061 érielle, et la seconde notre mission spirituelle. La dictature tue la liberté pour assurer l’ordre et le pain du corps (c’
2062 conde notre mission spirituelle. La dictature tue la liberté pour assurer l’ordre et le pain du corps (c’est le principe !
2063 ituelle. La dictature tue la liberté pour assurer l’ ordre et le pain du corps (c’est le principe !). La liberté condamne l
2064 uelle. La dictature tue la liberté pour assurer l’ ordre et le pain du corps (c’est le principe !). La liberté condamne la dic
2065 dictature tue la liberté pour assurer l’ordre et le pain du corps (c’est le principe !). La liberté condamne la dictature
2066 é pour assurer l’ordre et le pain du corps (c’est le principe !). La liberté condamne la dictature, mais dès qu’elle la su
2067 ’ordre et le pain du corps (c’est le principe !). La liberté condamne la dictature, mais dès qu’elle la supprime pratiquem
2068 corps (c’est le principe !). La liberté condamne la dictature, mais dès qu’elle la supprime pratiquement, elle perd tout
2069 a liberté condamne la dictature, mais dès qu’elle la supprime pratiquement, elle perd tout point d’appui, son élan meurt e
2070 d tout point d’appui, son élan meurt en anarchie. La solution de ce conflit est évidente, c’est peut-être pourquoi bien pe
2071 t est évidente, c’est peut-être pourquoi bien peu l’ ont vue jusqu’à présent : elle « crève les yeux ». Il faut organiser l
2072 bien peu l’ont vue jusqu’à présent : elle « crève les yeux ». Il faut organiser la liberté. Mais c’est encore là une ellips
2073 sent : elle « crève les yeux ». Il faut organiser la liberté. Mais c’est encore là une ellipse ; l’on dira qu’une liberté
2074 er la liberté. Mais c’est encore là une ellipse ; l’ on dira qu’une liberté organisée n’en est plus une. Expliquons-nous ;
2075 est plus une. Expliquons-nous ; il faut organiser le matériel — la dictature36 seule y parvient — mais au profit de la lib
2076 Expliquons-nous ; il faut organiser le matériel — la dictature36 seule y parvient — mais au profit de la liberté, et à seu
2077 dictature36 seule y parvient — mais au profit de la liberté, et à seule fin de la laisser s’épanouir. Il faut soumettre l
2078 — mais au profit de la liberté, et à seule fin de la laisser s’épanouir. Il faut soumettre la dictature à la liberté, il f
2079 e fin de la laisser s’épanouir. Il faut soumettre la dictature à la liberté, il faut une dictature pour la liberté — une d
2080 sser s’épanouir. Il faut soumettre la dictature à la liberté, il faut une dictature pour la liberté — une dictature de la
2081 ictature à la liberté, il faut une dictature pour la liberté — une dictature de la liberté. Ce serait le plus beau « titre
2082 une dictature pour la liberté — une dictature de la liberté. Ce serait le plus beau « titre » du siècle. Ceci admis, et c
2083 liberté — une dictature de la liberté. Ce serait le plus beau « titre » du siècle. Ceci admis, et comment ne point l’adme
2084 itre » du siècle. Ceci admis, et comment ne point l’ admettre — mais c’est admettre la révolution — se posent toutes les qu
2085 comment ne point l’admettre — mais c’est admettre la révolution — se posent toutes les questions « pratiques » ; celles qu
2086 s c’est admettre la révolution — se posent toutes les questions « pratiques » ; celles qui passionnent les hommes d’action
2087 questions « pratiques » ; celles qui passionnent les hommes d’action et qu’ils estiment purement techniques parce qu’ils e
2088 ment purement techniques parce qu’ils en ignorent les fins. Cette erreur des fameux techniciens nous vaut les tyrannies act
2089 ns. Cette erreur des fameux techniciens nous vaut les tyrannies actuelles. Considérant le désordre où nous sommes, ils prét
2090 ns nous vaut les tyrannies actuelles. Considérant le désordre où nous sommes, ils prétendent nous en tirer en parant, comm
2091 isent, au plus pressé, c’est-à-dire en organisant l’ État, l’économie et les rapports sociaux selon les nécessités de l’heu
2092 u plus pressé, c’est-à-dire en organisant l’État, l’ économie et les rapports sociaux selon les nécessités de l’heure, à le
2093 c’est-à-dire en organisant l’État, l’économie et les rapports sociaux selon les nécessités de l’heure, à leurs yeux « maté
2094 l’État, l’économie et les rapports sociaux selon les nécessités de l’heure, à leurs yeux « matérielles d’abord ». Cette vu
2095 e et les rapports sociaux selon les nécessités de l’ heure, à leurs yeux « matérielles d’abord ». Cette vue des plus couran
2096 es, lesquelles, pour n’avoir pas été soumises dès le début à une volonté perspicace et fanatique de libération, ne tardent
2097 libération, ne tardent pas à se retourner contre les hommes, et à brimer nécessairement leurs vocations, leurs libertés ré
2098 ations, leurs libertés réelles, leur personne. Si la personne n’est pas déjà au début d’un calcul pratique, on ne la retro
2099 est pas déjà au début d’un calcul pratique, on ne la retrouvera jamais au terme ; et la rigueur même du calcul s’opposera
2100 ratique, on ne la retrouvera jamais au terme ; et la rigueur même du calcul s’opposera à son intrusion. Comme le prouve to
2101 même du calcul s’opposera à son intrusion. Comme le prouve toute l’histoire moderne, qui est celle des révolutions étrang
2102 s’opposera à son intrusion. Comme le prouve toute l’ histoire moderne, qui est celle des révolutions étranglées par l’État
2103 rne, qui est celle des révolutions étranglées par l’ État et sa police. Telles sont les bases — algébrisées — des recherche
2104 s étranglées par l’État et sa police. Telles sont les bases — algébrisées — des recherches de L’Ordre nouveau. Robert Aron
2105 — des recherches de L’Ordre nouveau. Robert Aron les a décrites avec une sobre et nerveuse précision37 qui tranche sur le
2106 une sobre et nerveuse précision37 qui tranche sur le verbiage technico-humanitaire de tous nos fabricants de « plans d’urg
2107 si un humour très personnel ne venait sans cesse la rabattre au concret. On peut reprocher à l’auteur d’avoir passé trop
2108 cesse la rabattre au concret. On peut reprocher à l’ auteur d’avoir passé trop rapidement sur certaines questions dernières
2109 rop rapidement sur certaines questions dernières ( le sens dernier de la liberté humaine, par exemple). Mais si l’on consid
2110 certaines questions dernières (le sens dernier de la liberté humaine, par exemple). Mais si l’on considère l’ampleur du de
2111 nier de la liberté humaine, par exemple). Mais si l’ on considère l’ampleur du dessein de L’Ordre nouveau, et la difficulté
2112 rté humaine, par exemple). Mais si l’on considère l’ ampleur du dessein de L’Ordre nouveau, et la difficulté de le résumer
2113 idère l’ampleur du dessein de L’Ordre nouveau, et la difficulté de le résumer à l’usage d’un public qu’il faut sans cesse
2114 u dessein de L’Ordre nouveau, et la difficulté de le résumer à l’usage d’un public qu’il faut sans cesse prévenir contre l
2115 L’Ordre nouveau, et la difficulté de le résumer à l’ usage d’un public qu’il faut sans cesse prévenir contre les pires male
2116 d’un public qu’il faut sans cesse prévenir contre les pires malentendus, l’on jugera mieux de la qualité de tension et de d
2117 sans cesse prévenir contre les pires malentendus, l’ on jugera mieux de la qualité de tension et de décision spirituelle qu
2118 ontre les pires malentendus, l’on jugera mieux de la qualité de tension et de décision spirituelle que supposait un tel ou
2119 lamait ici même une critique qui « contingentât » l’ importation des mystiques étrangères. Oui, mais on ne se défend qu’en
2120 attaquant. Sachons gré à ce livre de poser enfin les questions que la France se doit de résoudre pour l’Europe, et de les
2121 s gré à ce livre de poser enfin les questions que la France se doit de résoudre pour l’Europe, et de les poser sous la for
2122 questions que la France se doit de résoudre pour l’ Europe, et de les poser sous la forme concrète d’une série de tensions
2123 a France se doit de résoudre pour l’Europe, et de les poser sous la forme concrète d’une série de tensions qu’il s’agit d’o
2124 t de résoudre pour l’Europe, et de les poser sous la forme concrète d’une série de tensions qu’il s’agit d’orienter et de
2125 rnière « tension », à laquelle se ramènent toutes les autres, est en train de devenir une sorte de pont aux ânes de nos phi
2126 tiré, le premier, des conclusions pratiques dans le domaine du travail. Et sa première expérience de service civil, organ
2127 a première expérience de service civil, organisée l’ été dernier, a fait voir que les ouvriers savent apprécier les conséqu
2128 e civil, organisée l’été dernier, a fait voir que les ouvriers savent apprécier les conséquences concrètes d’une distinctio
2129 er, a fait voir que les ouvriers savent apprécier les conséquences concrètes d’une distinction que bien des clercs estimaie
2130 e de tyrannie exercée par un seul homme dans tous les domaines. 37. Particulièrement efficace dans la polémique : voir les
2131 les domaines. 37. Particulièrement efficace dans la polémique : voir les pages du dernier chapitre sur le colonel de la R
2132 articulièrement efficace dans la polémique : voir les pages du dernier chapitre sur le colonel de la Rocque, « cet en avant
2133 olémique : voir les pages du dernier chapitre sur le colonel de la Rocque, « cet en avant qui ne sait pas où aller ». y.
2134 is de, « [Compte rendu] Robert Aron, Dictature de la liberté  », La Nouvelle Revue française, Paris, mars 1936, p. 435-437
2135 e rendu] Robert Aron, Dictature de la liberté  », La Nouvelle Revue française, Paris, mars 1936, p. 435-437.
25 1936, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Kierkegaard en France (juin 1936)
2136 Kierkegaard en France (juin 1936)z L’ introduction de Kierkegaard en France a les mêmes dates que la crise :
2137 36)z L’introduction de Kierkegaard en France a les mêmes dates que la crise : 1930-1935. Il a fallu bien près d’un siècl
2138 on de Kierkegaard en France a les mêmes dates que la crise : 1930-1935. Il a fallu bien près d’un siècle, il a fallu surto
2139 a fallu bien près d’un siècle, il a fallu surtout le double truchement de Heidegger et de Karl Barth pour imposer à l’atte
2140 ment de Heidegger et de Karl Barth pour imposer à l’ attention de quelques-uns l’œuvre d’un écrivain dont, cependant, la pu
2141 Barth pour imposer à l’attention de quelques-uns l’ œuvre d’un écrivain dont, cependant, la puissance de choc et d’interro
2142 elques-uns l’œuvre d’un écrivain dont, cependant, la puissance de choc et d’interrogation ne saurait être comparée qu’à ce
2143 ’assure qu’il a même un public passionné. Mais si l’ on juge de la façon dont il est lu par la façon dont il est trop souve
2144 a même un public passionné. Mais si l’on juge de la façon dont il est lu par la façon dont il est trop souvent cité, l’on
2145 Mais si l’on juge de la façon dont il est lu par la façon dont il est trop souvent cité, l’on pensera qu’il eût mieux val
2146 st lu par la façon dont il est trop souvent cité, l’ on pensera qu’il eût mieux valu montrer plus de prudence à le répandre
2147 a qu’il eût mieux valu montrer plus de prudence à le répandre. Et pourtant il fallait qu’il fût traduit : c’était une des
2148 de notre état spirituel. Seulement, il eût fallu le traduire autrement, pour prévenir certains malentendus inévitables. J
2149 tains malentendus inévitables. Je ne vise pas ici la langue des traductions, encore qu’il y ait beaucoup à dire sur ce poi
2150 ’il y ait beaucoup à dire sur ce point, mais bien l’ ordre ou plutôt la succession désordonnée des œuvres qu’on nous a trad
2151 l y ait beaucoup à dire sur ce point, mais bien l’ ordre ou plutôt la succession désordonnée des œuvres qu’on nous a traduites
2152 à dire sur ce point, mais bien l’ordre ou plutôt la succession désordonnée des œuvres qu’on nous a traduites. Kierkegaard
2153 œuvres qu’on nous a traduites. Kierkegaard donne l’ exemple unique, je crois bien, d’un auteur qui attache autant d’import
2154 en, d’un auteur qui attache autant d’importance à l’ opportunité spirituelle de ses œuvres qu’à leur contenu intrinsèque. P
2155 dire au bon moment ses vérités inactuelles. De là le rythme singulier de sa production ; de là ses nombreux masques et pse
2156 ses nombreux masques et pseudonymes, de là aussi l’ impétuosité sans scrupules de ses dernières « attaques contre la chrét
2157 sans scrupules de ses dernières « attaques contre la chrétienté établie ». Toute une carrière de poète et de philosophe « 
2158 à orientation religieuse » avait en effet préparé le climat et la juste portée de ces attaques, avec une patience ironique
2159 religieuse » avait en effet préparé le climat et la juste portée de ces attaques, avec une patience ironique, mais aussi
2160 ques, avec une patience ironique, mais aussi dans la crainte et le tremblement d’une foi sans cesse combattue, d’une vraie
2161 patience ironique, mais aussi dans la crainte et le tremblement d’une foi sans cesse combattue, d’une vraie foi. Publier
2162 ant ce terme, cela revient littéralement à priver l’ œuvre, et ces fragments qu’on nous en donne, de toute espèce de sens r
2163 e de malentendus. 1. Parce qu’on a publié d’abord le Journal du séducteur, fragment d’un gros ouvrage intitulé De deux cho
2164 ne, puis In vino veritas, fragment des Stades sur le chemin de la vie, et cela, sans déclarer avec toute l’instance que re
2165 ino veritas, fragment des Stades sur le chemin de la vie, et cela, sans déclarer avec toute l’instance que requérait une o
2166 emin de la vie, et cela, sans déclarer avec toute l’ instance que requérait une opération aussi risquée, que ces fragments
2167 ils devaient être radicalement niés, on a incité le lecteur, non prévenu ou mal prévenu, à tenir Kierkegaard pour une esp
2168 hète du paradoxe moral, pour un immoraliste avant la lettre nietzschéenne. Admettons que la suite ait fait voir l’énormité
2169 iste avant la lettre nietzschéenne. Admettons que la suite ait fait voir l’énormité de cette erreur. Je crains bien que ce
2170 etzschéenne. Admettons que la suite ait fait voir l’ énormité de cette erreur. Je crains bien que ce n’ait été qu’au profit
2171 une erreur plus subtile. 2. Parce qu’on a traduit la Maladie à la mort sous le titre de Traité du désespoir, Kierkegaard a
2172 us subtile. 2. Parce qu’on a traduit la Maladie à la mort sous le titre de Traité du désespoir, Kierkegaard a passé bientô
2173 . Parce qu’on a traduit la Maladie à la mort sous le titre de Traité du désespoir, Kierkegaard a passé bientôt pour le cor
2174 té du désespoir, Kierkegaard a passé bientôt pour le coryphée du désespoir considéré comme un des beaux-arts. Or s’il est
2175 l est vrai que Kierkegaard s’est occupé à décrire les formes déclarées ou déguisées que revêt le désespoir fondamental du p
2176 crire les formes déclarées ou déguisées que revêt le désespoir fondamental du pécheur ; s’il est vrai qu’il a su montrer,
2177 qu’il a su montrer, avec une effrayante lucidité, l’ universalité de cet état, c’est aussi que pour lui, le désespoir est l
2178 iversalité de cet état, c’est aussi que pour lui, le désespoir est le péché, la seule maladie vraiment mortelle, dont la f
2179 état, c’est aussi que pour lui, le désespoir est le péché, la seule maladie vraiment mortelle, dont la foi seule, non la
2180 st aussi que pour lui, le désespoir est le péché, la seule maladie vraiment mortelle, dont la foi seule, non la vertu, peu
2181 e péché, la seule maladie vraiment mortelle, dont la foi seule, non la vertu, peut nous guérir. Quant à ceux qui le qualif
2182 maladie vraiment mortelle, dont la foi seule, non la vertu, peut nous guérir. Quant à ceux qui le qualifient de « métaphys
2183 non la vertu, peut nous guérir. Quant à ceux qui le qualifient de « métaphysicien du néant », ils oublient de dire que le
2184 étaphysicien du néant », ils oublient de dire que le néant, dont ils lui prêtent ainsi le goût, est justement celui que Ki
2185 de dire que le néant, dont ils lui prêtent ainsi le goût, est justement celui que Kierkegaard dénonce au cœur des système
2186 t. 3. Parce que Kierkegaard s’est déchaîné contre les églises établies, les évêques de la cour, et la religion bourgeoise q
2187 gaard s’est déchaîné contre les églises établies, les évêques de la cour, et la religion bourgeoise qui veut prendre le chr
2188 haîné contre les églises établies, les évêques de la cour, et la religion bourgeoise qui veut prendre le christianisme « à
2189 les églises établies, les évêques de la cour, et la religion bourgeoise qui veut prendre le christianisme « à bon marché 
2190 cour, et la religion bourgeoise qui veut prendre le christianisme « à bon marché » ; parce qu’il en appelle d’un christia
2191 rique à un christianisme existentiel — ce qui est le mouvement même de la Réforme — on a voulu le présenter comme une espè
2192 sme existentiel — ce qui est le mouvement même de la Réforme — on a voulu le présenter comme une espèce de nihiliste antic
2193 est le mouvement même de la Réforme — on a voulu le présenter comme une espèce de nihiliste antichrétien. Parce qu’en pré
2194 e nihiliste antichrétien. Parce qu’en présence de l’ écœurante facilité avec laquelle tant de phraseurs ou de braves gens s
2195 nt de phraseurs ou de braves gens se réclament de la foi chrétienne — « chose inquiète, inquiétante », disait Luther — il
2196 e », disait Luther — il a voulu poser honnêtement la question tragique et réelle du doute inséparable de la foi ; parce qu
2197 estion tragique et réelle du doute inséparable de la foi ; parce que, « comme un oiseau s’envole anxieux aux approches de
2198 comme un oiseau s’envole anxieux aux approches de l’ orage, ainsi, flairant le danger », il a dit : Je n’ai pas la foi, — c
2199 anxieux aux approches de l’orage, ainsi, flairant le danger », il a dit : Je n’ai pas la foi, — certains pensent qu’au fon
2200 nsi, flairant le danger », il a dit : Je n’ai pas la foi, — certains pensent qu’au fond, il n’a jamais pu croire. Et pourt
2201 qu’au fond, il n’a jamais pu croire. Et pourtant, la définition même de la foi dans l’Évangile n’est-elle pas justement ce
2202 ais pu croire. Et pourtant, la définition même de la foi dans l’Évangile n’est-elle pas justement ce cri : « Je crois, Sei
2203 e. Et pourtant, la définition même de la foi dans l’ Évangile n’est-elle pas justement ce cri : « Je crois, Seigneur, viens
2204 Seigneur, viens au secours de mon incrédulité ». L’ on eût évité ce grabuge en traduisant dès le début quelques-uns des ou
2205 té ». L’on eût évité ce grabuge en traduisant dès le début quelques-uns des ouvrages que Kierkegaard publia sous son vrai
2206 it directement son message décisif. Bien entendu, le « succès » de prestige eût été beaucoup plus restreint. Les raisons q
2207 ès » de prestige eût été beaucoup plus restreint. Les raisons qui poussèrent Kierkegaard à publier ses premières œuvres sou
2208 s de nos jours. Il se peut qu’il se fût réjoui de la maldonne. Que voulait donc Kierkegaard ? Peut-être, à la limite, le m
2209 onne. Que voulait donc Kierkegaard ? Peut-être, à la limite, le martyre — la preuve irréfutable de sa foi. (Encore qu’il s
2210 oulait donc Kierkegaard ? Peut-être, à la limite, le martyre — la preuve irréfutable de sa foi. (Encore qu’il s’en défende
2211 ierkegaard ? Peut-être, à la limite, le martyre — la preuve irréfutable de sa foi. (Encore qu’il s’en défende avec vigueur
2212 avec vigueur mais son action même témoigne contre l’ humilité de son retrait.) La question qui se posait dès lors était cel
2213 même témoigne contre l’humilité de son retrait.) La question qui se posait dès lors était celle-ci : « Comment donner à u
2214 e-ci : « Comment donner à une époque plongée dans la plus grande mollesse spirituelle » l’amère passion de faire mourir un
2215 longée dans la plus grande mollesse spirituelle » l’ amère passion de faire mourir un témoin de la vérité ? Si tu veux ce r
2216 le » l’amère passion de faire mourir un témoin de la vérité ? Si tu veux ce résultat… apprends d’abord à bien connaître ta
2217 r d’elle-même. Ainsi bien informé, fais-toi alors le porte-parole des idées, des passions qui sont dans l’air, avec l’enth
2218 orte-parole des idées, des passions qui sont dans l’ air, avec l’enthousiasme d’une éloquence chaude et entraînante. Pour c
2219 des idées, des passions qui sont dans l’air, avec l’ enthousiasme d’une éloquence chaude et entraînante. Pour cela, il te f
2220 e chaude et entraînante. Pour cela, il te faut de la force et du talent. Qu’arrive-t-il ? Tout simplement ceci : l’époque
2221 u talent. Qu’arrive-t-il ? Tout simplement ceci : l’ époque s’engoue de tes discours et tu deviens son favori. Tu es alors
2222 nant de changer de direction ; tu restes animé de la même décision, mais tu te rends aussi rebutant que tu as été attirant
2223 ner et bientôt s’enflammer contre toi.38 Tel fut le sort que choisit Kierkegaard, lorsqu’au cours des années qui préparèr
2224 nt sa mort, il « changea de direction » et révéla le sens dernier de toute son œuvre. Il est juste que ce destin se répète
2225 ue ce destin se répète aujourd’hui parmi nous. Et la publication des écrits religieux entreprise par M. Paul Tisseau y con
2226 e par M. Paul Tisseau y contribuera certainement. Les graves malentendus que je signalais ont valu à l’auteur du Traité du
2227 es graves malentendus que je signalais ont valu à l’ auteur du Traité du désespoir un « succès » dont il est peut-être temp
2228 tirer certaines conclusions propres à « repousser l’ admiration ». Rien n’est plus conforme au style kierkegaardien que la
2229 n n’est plus conforme au style kierkegaardien que la manière dont M. Tisseau a publié ces quatre petits volumes de « disco
2230 de « discours édifiants » et d’essais religieux : La Pureté du cœur, Le Droit de mourir pour la vérité, Pour un examen de
2231 ants » et d’essais religieux : La Pureté du cœur, Le Droit de mourir pour la vérité, Pour un examen de conscience, Le Souv
2232 ieux : La Pureté du cœur, Le Droit de mourir pour la vérité, Pour un examen de conscience, Le Souverain sacrificateur. On
2233 rir pour la vérité, Pour un examen de conscience, Le Souverain sacrificateur. On les trouvera « chez le traducteur, à Bazo
2234 men de conscience, Le Souverain sacrificateur. On les trouvera « chez le traducteur, à Bazoges-en-Pareds », dans une petite
2235 e Souverain sacrificateur. On les trouvera « chez le traducteur, à Bazoges-en-Pareds », dans une petite ferme, tout au fon
2236 ant du snobisme qui naît autour de leur auteur. ⁂ Le centre de Kierkegaard est dans cette phrase : « La subjectivité est l
2237 e centre de Kierkegaard est dans cette phrase : «  La subjectivité est la vérité. » La subjectivité, ce n’est pas le subjec
2238 ard est dans cette phrase : « La subjectivité est la vérité. » La subjectivité, ce n’est pas le subjectivisme, ce n’est pa
2239 cette phrase : « La subjectivité est la vérité. » La subjectivité, ce n’est pas le subjectivisme, ce n’est pas le vague, l
2240 té est la vérité. » La subjectivité, ce n’est pas le subjectivisme, ce n’est pas le vague, le sentiment incontrôlé, le rom
2241 vité, ce n’est pas le subjectivisme, ce n’est pas le vague, le sentiment incontrôlé, le romantisme et l’anarchie, etc. La
2242 ’est pas le subjectivisme, ce n’est pas le vague, le sentiment incontrôlé, le romantisme et l’anarchie, etc. La subjectivi
2243 , ce n’est pas le vague, le sentiment incontrôlé, le romantisme et l’anarchie, etc. La subjectivité, c’est le fait de deve
2244 vague, le sentiment incontrôlé, le romantisme et l’ anarchie, etc. La subjectivité, c’est le fait de devenir le sujet de l
2245 ent incontrôlé, le romantisme et l’anarchie, etc. La subjectivité, c’est le fait de devenir le sujet de la vérité, et non
2246 ntisme et l’anarchie, etc. La subjectivité, c’est le fait de devenir le sujet de la vérité, et non pas seulement son admir
2247 e, etc. La subjectivité, c’est le fait de devenir le sujet de la vérité, et non pas seulement son admirateur enthousiaste.
2248 ubjectivité, c’est le fait de devenir le sujet de la vérité, et non pas seulement son admirateur enthousiaste. On dirait,
2249 ment son admirateur enthousiaste. On dirait, dans le langage d’aujourd’hui : c’est le fait de réaliser la vérité que l’on
2250 On dirait, dans le langage d’aujourd’hui : c’est le fait de réaliser la vérité que l’on connaît ; ou encore, de la prendr
2251 langage d’aujourd’hui : c’est le fait de réaliser la vérité que l’on connaît ; ou encore, de la prendre au sérieux et de l
2252 urd’hui : c’est le fait de réaliser la vérité que l’ on connaît ; ou encore, de la prendre au sérieux et de la vouloir uniq
2253 aliser la vérité que l’on connaît ; ou encore, de la prendre au sérieux et de la vouloir uniquement. Mais on ne peut voulo
2254 nnaît ; ou encore, de la prendre au sérieux et de la vouloir uniquement. Mais on ne peut vouloir d’une manière totale et u
2255 t pas vrai comporte en soi une division et divise la volonté qu’on met à le réaliser. Tel est le sujet de la Pureté du cœu
2256 soi une division et divise la volonté qu’on met à le réaliser. Tel est le sujet de la Pureté du cœur. La plupart des écrit
2257 ivise la volonté qu’on met à le réaliser. Tel est le sujet de la Pureté du cœur. La plupart des écrits proprement religieu
2258 onté qu’on met à le réaliser. Tel est le sujet de la Pureté du cœur. La plupart des écrits proprement religieux de Kierkeg
2259 religieux de Kierkegaard développent ce thème et l’ illustrent de la façon la plus familière et directe, tandis que ses éc
2260 erkegaard développent ce thème et l’illustrent de la façon la plus familière et directe, tandis que ses écrits littéraires
2261 développent ce thème et l’illustrent de la façon la plus familière et directe, tandis que ses écrits littéraires ou philo
2262 pour dessein, plus ou moins déguisé, de pousser à l’ absurde les attitudes de vie ou de pensée qui ne se fondent pas dans c
2263 in, plus ou moins déguisé, de pousser à l’absurde les attitudes de vie ou de pensée qui ne se fondent pas dans cette vision
2264 ette vision centrale et unitive. Il me semble que les neuf discours traduits par M. Paul Tisseau en reviennent tous à la mê
2265 traduits par M. Paul Tisseau en reviennent tous à la même question, qui est celle du sérieux dernier, de la prise au série
2266 me question, qui est celle du sérieux dernier, de la prise au sérieux de la vérité. Du point de vue du sérieux humain, l’é
2267 lle du sérieux dernier, de la prise au sérieux de la vérité. Du point de vue du sérieux humain, l’éternité doit apparaître
2268 de la vérité. Du point de vue du sérieux humain, l’ éternité doit apparaître comme une espèce d’ironie cruelle ; mais du p
2269 espèce d’ironie cruelle ; mais du point de vue de l’ éternité, le sérieux humain apparaît affecté d’un humour désespéré. La
2270 nie cruelle ; mais du point de vue de l’éternité, le sérieux humain apparaît affecté d’un humour désespéré. La dialectique
2271 ux humain apparaît affecté d’un humour désespéré. La dialectique de Kierkegaard consiste alors à déconsidérer le sérieux e
2272 ique de Kierkegaard consiste alors à déconsidérer le sérieux et le pathétique purement humains, en les poussant à la limit
2273 gaard consiste alors à déconsidérer le sérieux et le pathétique purement humains, en les poussant à la limite où se révèle
2274 le sérieux et le pathétique purement humains, en les poussant à la limite où se révèle leur impuissance ; puis à montrer q
2275 le pathétique purement humains, en les poussant à la limite où se révèle leur impuissance ; puis à montrer que l’éternelle
2276 ù se révèle leur impuissance ; puis à montrer que l’ éternelle vérité n’est encore qu’une grandiose ironie tant qu’elle n’e
2277 ose ironie tant qu’elle n’est pas actualisée dans l’ acte de foi. Il n’y eut jamais de sérieux absolu39 que dans la vie et
2278 i. Il n’y eut jamais de sérieux absolu39 que dans la vie et dans la mort du Christ, homme et Dieu, car lui seul eut vraime
2279 amais de sérieux absolu39 que dans la vie et dans la mort du Christ, homme et Dieu, car lui seul eut vraiment « le droit d
2280 hrist, homme et Dieu, car lui seul eut vraiment «  le droit de mourir pour la vérité », étant lui-même la vérité. C’est pou
2281 r lui seul eut vraiment « le droit de mourir pour la vérité », étant lui-même la vérité. C’est pourquoi l’acte de foi, qui
2282 droit de mourir pour la vérité », étant lui-même la vérité. C’est pourquoi l’acte de foi, qui saisit dans ce temps l’éter
2283 érité », étant lui-même la vérité. C’est pourquoi l’ acte de foi, qui saisit dans ce temps l’éternel paradoxe de la vie et
2284 pourquoi l’acte de foi, qui saisit dans ce temps l’ éternel paradoxe de la vie et de la mort du Christ, jette sur tous nos
2285 i, qui saisit dans ce temps l’éternel paradoxe de la vie et de la mort du Christ, jette sur tous nos sérieux, poses et amu
2286 dans ce temps l’éternel paradoxe de la vie et de la mort du Christ, jette sur tous nos sérieux, poses et amusettes, une i
2287 d’insondable ironie. Un soupçon : car peut-être, l’ acte de foi n’existe pas ? Peut-être n’est-ce qu’une figure de rhétori
2288 e, une illusion, un mythe, ou encore un saut dans le vide ? Et alors il n’y aurait nulle part de vrai sérieux ? Peut-être
2289 ut-être aussi cet acte existe-t-il, peut-être que l’ illic et tuc de cette Mort et de cette Résurrection peut devenir quelq
2290 rrection peut devenir quelque part, dans une vie, le hic et nunc de la foi ? Mais alors il n’y a pas de vrai sérieux dans
2291 nir quelque part, dans une vie, le hic et nunc de la foi ? Mais alors il n’y a pas de vrai sérieux dans ma vie, tant qu’il
2292 ’ignore en certitude combattante — et combattue. Le sérieux de l’ironie, l’ironie du sérieux, voilà les pôles d’une diale
2293 titude combattante — et combattue. Le sérieux de l’ ironie, l’ironie du sérieux, voilà les pôles d’une dialectique dont le
2294 battante — et combattue. Le sérieux de l’ironie, l’ ironie du sérieux, voilà les pôles d’une dialectique dont le plus étra
2295 e sérieux de l’ironie, l’ironie du sérieux, voilà les pôles d’une dialectique dont le plus étrange, sans doute, est qu’elle
2296 u sérieux, voilà les pôles d’une dialectique dont le plus étrange, sans doute, est qu’elle embrasse avec une familiarité p
2297 t qu’elle embrasse avec une familiarité poignante les problèmes de la vie banale. Il y a dans ce passage perpétuel de l’abs
2298 e avec une familiarité poignante les problèmes de la vie banale. Il y a dans ce passage perpétuel de l’abstrait au concret
2299 a vie banale. Il y a dans ce passage perpétuel de l’ abstrait au concret, ou plutôt dans cette mêlée shakespearienne de log
2300 otes, de boutades et d’échappées romantiques (sur le silence de la femme, par exemple, à la fin du Miroir de la Parole) un
2301 des et d’échappées romantiques (sur le silence de la femme, par exemple, à la fin du Miroir de la Parole) une appréhension
2302 iques (sur le silence de la femme, par exemple, à la fin du Miroir de la Parole) une appréhension si totale du réel que no
2303 e de la femme, par exemple, à la fin du Miroir de la Parole) une appréhension si totale du réel que notre langue, je le cr
2304 préhension si totale du réel que notre langue, je le crains, n’arrivera pas à la restituer sans bizarreries. Ceci suffit s
2305 que notre langue, je le crains, n’arrivera pas à la restituer sans bizarreries. Ceci suffit sans doute à excuser les obsc
2306 ans bizarreries. Ceci suffit sans doute à excuser les obscurités, les gaucheries qui arrêtent parfois le lecteur des meille
2307 Ceci suffit sans doute à excuser les obscurités, les gaucheries qui arrêtent parfois le lecteur des meilleures traductions
2308 s obscurités, les gaucheries qui arrêtent parfois le lecteur des meilleures traductions françaises de Kierkegaard.   P.-S.
2309 chronique était déjà imprimée, quand j’ai lu dans les Cahiers du Sud une étude de Benjamin Fondane qui s’en prend avec éner
2310 ême. Je ne trouve pas cette violence déplacée, ni l’ injustice qui l’accompagne plus onéreuse pour la vérité que ne serait
2311 e pas cette violence déplacée, ni l’injustice qui l’ accompagne plus onéreuse pour la vérité que ne serait l’affectation d’
2312 i l’injustice qui l’accompagne plus onéreuse pour la vérité que ne serait l’affectation d’impartialité ; et je suis loin d
2313 mpagne plus onéreuse pour la vérité que ne serait l’ affectation d’impartialité ; et je suis loin de trouver vaine la quest
2314 d’impartialité ; et je suis loin de trouver vaine la question que pose Fondane : « Ils suivent Kierkegaard du regard — mai
2315 gênante et sérieuse, et c’est pourquoi il fallait la poser. Et c’est aussi pourquoi je la retourne à son auteur. Mais peut
2316 i il fallait la poser. Et c’est aussi pourquoi je la retourne à son auteur. Mais peut-on y répondre par des mots ? Plusieu
2317 scours religieux ayant pour objet de « préparer à la Communion », je ne vois pour ma part qu’un seul moyen de s’engager de
2318 toute sa personne à la suite de Kierkegaard… Tout le reste est littérature, « littérature kierkegaardienne » évidemment, «
2319 peut-on publier autre chose que ce reste ? 38. Le droit de mourir pour la vérité, p. 57. Ou encore : « La supériorité v
2320 ose que ce reste ? 38. Le droit de mourir pour la vérité, p. 57. Ou encore : « La supériorité véritable produit elle-mê
2321 it de mourir pour la vérité, p. 57. Ou encore : «  La supériorité véritable produit elle-même la provision de force qui cau
2322 re : « La supériorité véritable produit elle-même la provision de force qui cause sa perte. » Ibid., p. 53. 39. Dans sa b
2323 arquons que nous ne devons prendre au sérieux que le sérieux, que la personne, tout le reste peut devenir l’objet de notre
2324 ne devons prendre au sérieux que le sérieux, que la personne, tout le reste peut devenir l’objet de notre jeu. » p. 26.
2325 au sérieux que le sérieux, que la personne, tout le reste peut devenir l’objet de notre jeu. » p. 26. z. Rougemont Deni
2326 ieux, que la personne, tout le reste peut devenir l’ objet de notre jeu. » p. 26. z. Rougemont Denis de, « Kierkegaard en
2327 . Rougemont Denis de, « Kierkegaard en France », La Nouvelle Revue française, Paris, juin 1936, p. 971-976.
26 1936, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). L’Art poétique ou Qu’il faut penser avec les mains (décembre 1936)
2328 L’ Art poétique ou Qu’il faut penser avec les mains (décembre 1936)aa
2329 aut penser avec les mains (décembre 1936)aa De l’ Art poétique de Claudel, qui domine de son poids les écritures du sièc
2330 ’Art poétique de Claudel, qui domine de son poids les écritures du siècle, je retiendrai d’abord deux mots : « poétique » d
2331 retiendrai d’abord deux mots : « poétique » dans le titre ; et « connaissance », qui s’inscrit à chaque page. La rumeur q
2332 et « connaissance », qui s’inscrit à chaque page. La rumeur quotidienne tend à faire de « poète » une circonstance atténua
2333 ice du maladroit, s’il est aimable. Ou bien c’est l’ ornement de nos loisirs. Mais Claudel dit : l’art poétique est art de
2334 est l’ornement de nos loisirs. Mais Claudel dit : l’ art poétique est art de faire. Un gémissement célèbre, chez les clercs
2335 ue est art de faire. Un gémissement célèbre, chez les clercs, déplore l’antipathie tragique de la connaissance et de la Vie
2336 Un gémissement célèbre, chez les clercs, déplore l’ antipathie tragique de la connaissance et de la Vie. Ceci tuerait cela
2337 chez les clercs, déplore l’antipathie tragique de la connaissance et de la Vie. Ceci tuerait cela. Et de cette dialectique
2338 re l’antipathie tragique de la connaissance et de la Vie. Ceci tuerait cela. Et de cette dialectique, on a tiré quelques r
2339 soi »… Il ne s’agit évidemment, ici et là, ni de la même poésie ni de la même connaissance. Claudel choisit, contre le se
2340 évidemment, ici et là, ni de la même poésie ni de la même connaissance. Claudel choisit, contre le sens banal, le sens qu’
2341 de la même connaissance. Claudel choisit, contre le sens banal, le sens qu’indiquent les étymologies. C’est-à-dire qu’il
2342 naissance. Claudel choisit, contre le sens banal, le sens qu’indiquent les étymologies. C’est-à-dire qu’il choisit de choi
2343 oisit, contre le sens banal, le sens qu’indiquent les étymologies. C’est-à-dire qu’il choisit de choisir, car l’étymologie
2344 ogies. C’est-à-dire qu’il choisit de choisir, car l’ étymologie est trop loin d’être une science pour que l’adoption même d
2345 mologie est trop loin d’être une science pour que l’ adoption même d’une « origine » soit autre chose qu’un choix délibéré,
2346 ées, pourvu qu’il en avertisse. » Cette phrase de la Logique de Port-Royal, dont Claudel, s’il est réaliste, doit récuser
2347 al, dont Claudel, s’il est réaliste, doit récuser la principale40, peut néanmoins servir à préciser ce qui oppose la langu
2348 0, peut néanmoins servir à préciser ce qui oppose la langue d’un poète aux divers jargons de son temps : c’est que l’une e
2349  », posant un perpétuel avertissement, tandis que les autres ont plutôt l’air de résulter d’une série d’oublis d’avertir, d
2350 l avertissement, tandis que les autres ont plutôt l’ air de résulter d’une série d’oublis d’avertir, d’une série de contrav
2351 lis d’avertir, d’une série de contraventions dans l’ impunité générale. Claudel montre partout son parti pris, qui est de s
2352 rigine, entre plusieurs probables, qui lui paraît la plus concrète, la plus active, la plus proche de la chose et du geste
2353 ieurs probables, qui lui paraît la plus concrète, la plus active, la plus proche de la chose et du geste. Poésie, de poiei
2354 qui lui paraît la plus concrète, la plus active, la plus proche de la chose et du geste. Poésie, de poiein, ce sera : fai
2355 plus concrète, la plus active, la plus proche de la chose et du geste. Poésie, de poiein, ce sera : faire. Connaître, de
2356 re. Il faut savoir ce que parler veut dire. (D’où l’ on vient, où l’on va : tel est le sens.) Car le langage, parmi d’autre
2357 oir ce que parler veut dire. (D’où l’on vient, où l’ on va : tel est le sens.) Car le langage, parmi d’autres fonctions, a
2358 veut dire. (D’où l’on vient, où l’on va : tel est le sens.) Car le langage, parmi d’autres fonctions, a celle-là de permet
2359 où l’on vient, où l’on va : tel est le sens.) Car le langage, parmi d’autres fonctions, a celle-là de permettre à nos pens
2360 ler. Claudel se donne un règlement, et il observe les signaux. Les autres (voyez leurs journaux) se sont jetés dans un énor
2361 se donne un règlement, et il observe les signaux. Les autres (voyez leurs journaux) se sont jetés dans un énorme embouteill
2362 llage, il n’y a plus qu’à se laisser pousser dans le sens incertain de la masse. Or ce sens, tellement incertain qu’il en
2363 qu’à se laisser pousser dans le sens incertain de la masse. Or ce sens, tellement incertain qu’il en devient presque indéf
2364 ien n’avance, c’est un sur-place exaspérant, tous les moteurs sont débrayés) ce sens partout évanouissant n’en est pas moin
2365 ) ce sens partout évanouissant n’en est pas moins le sens « commun » — voire même, par antiphrase, le sens « courant ». Da
2366 le sens « commun » — voire même, par antiphrase, le sens « courant ». Dans cette affaire, celui qui sait où il va risque
2367 celui qui sait où il va risque encore d’augmenter l’ embarras, et de se faire copieusement houspiller. Et pourtant, c’est l
2368 uspiller. Et pourtant, c’est lui seul qui détient la méthode efficace pour en sortir. Mais quittons là cette métaphore ava
2369 lle aussi s’embouteiller41. Ou encore essayons de la traduire. Les modes, l’usage, l’usure des mots aggravés par la press
2370 bouteiller41. Ou encore essayons de la traduire. Les modes, l’usage, l’usure des mots aggravés par la presse et par la pol
2371 1. Ou encore essayons de la traduire. Les modes, l’ usage, l’usure des mots aggravés par la presse et par la politique, on
2372 ore essayons de la traduire. Les modes, l’usage, l’ usure des mots aggravés par la presse et par la politique, ont peu à p
2373 Les modes, l’usage, l’usure des mots aggravés par la presse et par la politique, ont peu à peu fait passer pour communes d
2374 e, l’usure des mots aggravés par la presse et par la politique, ont peu à peu fait passer pour communes des significations
2375 munes des significations qui à vrai dire, et dans le fait, ruinent les bases de la communauté. On convient de s’entendre s
2376 cations qui à vrai dire, et dans le fait, ruinent les bases de la communauté. On convient de s’entendre sur des malentendus
2377 vrai dire, et dans le fait, ruinent les bases de la communauté. On convient de s’entendre sur des malentendus42. À ce pri
2378 t de s’entendre sur des malentendus42. À ce prix, l’ on nourrit une paix sans racines. (Alors que toute communauté réelle n
2379 mmunauté réelle naît d’une entente passionnée sur le sens de certains maîtres-mots : esprit, nation, révolution, salut…) E
2380 comme pour protéger ces conventions précaires, on les rend aussi vagues et abstraites qu’on le peut. Opération inverse de c
2381 res, on les rend aussi vagues et abstraites qu’on le peut. Opération inverse de celle du poète : on s’arrête à l’acception
2382 ération inverse de celle du poète : on s’arrête à l’ acception neutre, la moins active, la plus anecdotique — rompant ainsi
2383 elle du poète : on s’arrête à l’acception neutre, la moins active, la plus anecdotique — rompant ainsi le contact immédiat
2384 n s’arrête à l’acception neutre, la moins active, la plus anecdotique — rompant ainsi le contact immédiat entre le nom et
2385 moins active, la plus anecdotique — rompant ainsi le contact immédiat entre le nom et la chose qu’il exprime, entre le ver
2386 dotique — rompant ainsi le contact immédiat entre le nom et la chose qu’il exprime, entre le verbe et l’acte qu’il command
2387 rompant ainsi le contact immédiat entre le nom et la chose qu’il exprime, entre le verbe et l’acte qu’il commande43, entre
2388 iat entre le nom et la chose qu’il exprime, entre le verbe et l’acte qu’il commande43, entre le parler et le faire, — entr
2389 nom et la chose qu’il exprime, entre le verbe et l’ acte qu’il commande43, entre le parler et le faire, — entre la pensée
2390 entre le verbe et l’acte qu’il commande43, entre le parler et le faire, — entre la pensée et la main. Cependant que l’eff
2391 be et l’acte qu’il commande43, entre le parler et le faire, — entre la pensée et la main. Cependant que l’effort d’un Clau
2392 commande43, entre le parler et le faire, — entre la pensée et la main. Cependant que l’effort d’un Claudel, restituant à
2393 entre le parler et le faire, — entre la pensée et la main. Cependant que l’effort d’un Claudel, restituant à chaque mot so
2394 aire, — entre la pensée et la main. Cependant que l’ effort d’un Claudel, restituant à chaque mot son sens le plus poignant
2395 rt d’un Claudel, restituant à chaque mot son sens le plus poignant, par là même le plus apte à ranimer une communion vivan
2396 chaque mot son sens le plus poignant, par là même le plus apte à ranimer une communion vivante entre les hommes, se trouve
2397 e plus apte à ranimer une communion vivante entre les hommes, se trouve produire exactement l’effet contraire : son succès
2398 e entre les hommes, se trouve produire exactement l’ effet contraire : son succès même va s’inscrire dans une œuvre incommu
2399 valeur d’appel, appeler sans cesse à grands cris l’ univers (cette « version à l’unité »), la plénitude, le rassemblement
2400 cesse à grands cris l’univers (cette « version à l’ unité »), la plénitude, le rassemblement de tous les êtres, le branle-
2401 nds cris l’univers (cette « version à l’unité »), la plénitude, le rassemblement de tous les êtres, le branle-bas de toute
2402 vers (cette « version à l’unité »), la plénitude, le rassemblement de tous les êtres, le branle-bas de toute la création v
2403 ’unité »), la plénitude, le rassemblement de tous les êtres, le branle-bas de toute la création vers son achèvement intelli
2404 la plénitude, le rassemblement de tous les êtres, le branle-bas de toute la création vers son achèvement intelligible, c’e
2405 blement de tous les êtres, le branle-bas de toute la création vers son achèvement intelligible, c’est là vraiment « poétis
2406 ble, c’est là vraiment « poétiser », collaborer à l’ ouvrage de Dieu, et recréer la catholicité. Mais c’est aussi, dans le
2407 ser », collaborer à l’ouvrage de Dieu, et recréer la catholicité. Mais c’est aussi, dans le monde d’aujourd’hui, se condam
2408 et recréer la catholicité. Mais c’est aussi, dans le monde d’aujourd’hui, se condamner à n’être pas compris. Paradoxe d’un
2409 compris. Paradoxe d’un génie catholique, isolé de la foule des hommes, par ce qui manifeste, justement, sa volonté de cath
2410 s parmi tant d’admirateurs, combien co-naissent à la raison de ses beautés, énoncée dans l’Art poétique ? De cet ouvrage t
2411 naissent à la raison de ses beautés, énoncée dans l’ Art poétique ? De cet ouvrage très sévère, et sublime en tant de passa
2412 ublime en tant de passages, combien accepteraient l’ inquisition ? Qu’on ne dise pas que la philosophie d’un grand poète im
2413 cepteraient l’inquisition ? Qu’on ne dise pas que la philosophie d’un grand poète importe moins que son humanité, que son
2414 ais quoi de bouleversant, obscurément, qui saisit l’ auditeur le plus profane de Tête d’Or ou de l’Annonce. Ce serait aggra
2415 bouleversant, obscurément, qui saisit l’auditeur le plus profane de Tête d’Or ou de l’Annonce. Ce serait aggraver d’une s
2416 sit l’auditeur le plus profane de Tête d’Or ou de l’ Annonce. Ce serait aggraver d’une sottise cette Séparation, notre péch
2417 te Séparation, notre péché, contre laquelle toute l’ œuvre de Claudel se soulève à l’appel de la Joie. Le monde qu’interprè
2418 re laquelle toute l’œuvre de Claudel se soulève à l’ appel de la Joie. Le monde qu’interprète l’Art poétique ne connaît pas
2419 toute l’œuvre de Claudel se soulève à l’appel de la Joie. Le monde qu’interprète l’Art poétique ne connaît pas Descartes
2420 œuvre de Claudel se soulève à l’appel de la Joie. Le monde qu’interprète l’Art poétique ne connaît pas Descartes le divise
2421 lève à l’appel de la Joie. Le monde qu’interprète l’ Art poétique ne connaît pas Descartes le diviseur, ne connaît pas de l
2422 nterprète l’Art poétique ne connaît pas Descartes le diviseur, ne connaît pas de localisation du spirituel, ne connaît pas
2423 out sa fin, complément ou efférence, sa part dans la composition de l’image, le mot qui profère son sens. » C’est un unive
2424 ment ou efférence, sa part dans la composition de l’ image, le mot qui profère son sens. » C’est un univers du discours, où
2425 fférence, sa part dans la composition de l’image, le mot qui profère son sens. » C’est un univers du discours, où les obje
2426 fère son sens. » C’est un univers du discours, où les objets qui « veulent dire » s’assemblent en propositions (à l’homme),
2427 « veulent dire » s’assemblent en propositions (à l’ homme), seul discours proprement cohérent, puisqu’il ne tire ses règle
2428 isqu’il ne tire ses règles et sa nécessité que de la fin totale qu’il glorifie. Ce n’est pas notre monde tel qu’il est, ma
2429 e monde tel qu’il est sauvé, relié solidement par la Promesse et remis en marche vers elle, — le monde de la poésie. Divis
2430 t par la Promesse et remis en marche vers elle, —  le monde de la poésie. Diviser, séparer, isoler, faire scission, ce n’es
2431 messe et remis en marche vers elle, — le monde de la poésie. Diviser, séparer, isoler, faire scission, ce n’est pas seulem
2432 t cartésien ; et Descartes n’a fait que constater les effets antipoétiques d’un relâchement originel. Rompre le lien de l’h
2433 s antipoétiques d’un relâchement originel. Rompre le lien de l’homme avec son origine, c’est rompre aussi sa communion ave
2434 ques d’un relâchement originel. Rompre le lien de l’ homme avec son origine, c’est rompre aussi sa communion avec la fin un
2435 son origine, c’est rompre aussi sa communion avec la fin universelle. Alors l’homme se complaît dans une fin qu’il fait si
2436 aussi sa communion avec la fin universelle. Alors l’ homme se complaît dans une fin qu’il fait sienne, c’est-à-dire qu’il s
2437 -dire qu’il s’isole et s’abstrait du mouvement de la Création. « Et c’est pourquoi une fin lui fut en effet donnée » — qui
2438 lui fut en effet donnée » — qui est sa mort. Mais l’ œuvre du poète, la vocation de l’homme, la charité cosmique du chrétie
2439 onnée » — qui est sa mort. Mais l’œuvre du poète, la vocation de l’homme, la charité cosmique du chrétien (identiquement),
2440 st sa mort. Mais l’œuvre du poète, la vocation de l’ homme, la charité cosmique du chrétien (identiquement), c’est alors d’
2441 t. Mais l’œuvre du poète, la vocation de l’homme, la charité cosmique du chrétien (identiquement), c’est alors d’embrasser
2442 qu’une durée mauvaise a disjoint et altéré. « Car l’ attente ardente de la création attend la révélation des enfants de Die
2443 a disjoint et altéré. « Car l’attente ardente de la création attend la révélation des enfants de Dieu, parce que ce n’est
2444 ré. « Car l’attente ardente de la création attend la révélation des enfants de Dieu, parce que ce n’est pas de son propre
2445 (Rom. 8, 19-20). Ne fût-ce que par son style, et l’ intention, partout, qu’il manifeste avec puissance, Claudel répond à l
2446 qu’il manifeste avec puissance, Claudel répond à la proposition universelle. Qu’on parle alors de procédé, si l’on y tien
2447 ion universelle. Qu’on parle alors de procédé, si l’ on y tient, mais il faut en comprendre l’office. Traiter chaque mot se
2448 cédé, si l’on y tient, mais il faut en comprendre l’ office. Traiter chaque mot selon la chose qu’il re-présente tout d’abo
2449 en comprendre l’office. Traiter chaque mot selon la chose qu’il re-présente tout d’abord, rendre un corps et refaire des
2450 ps et refaire des racines matérielles aux dérivés les plus exsangues, c’est rénover l’action cosmique de la parole. Comment
2451 les aux dérivés les plus exsangues, c’est rénover l’ action cosmique de la parole. Comment cela ? « Le mot appelle, provoqu
2452 lus exsangues, c’est rénover l’action cosmique de la parole. Comment cela ? « Le mot appelle, provoque en nous l’état de c
2453 l’action cosmique de la parole. Comment cela ? «  Le mot appelle, provoque en nous l’état de co-naissance qui répond à la
2454 Comment cela ? « Le mot appelle, provoque en nous l’ état de co-naissance qui répond à la présence sensible des choses même
2455 voque en nous l’état de co-naissance qui répond à la présence sensible des choses mêmes. » Le nom, qui désigne la chose, a
2456 répond à la présence sensible des choses mêmes. » Le nom, qui désigne la chose, appelle un geste de l’homme pour cette cho
2457 sensible des choses mêmes. » Le nom, qui désigne la chose, appelle un geste de l’homme pour cette chose. Le verbe, désign
2458 Le nom, qui désigne la chose, appelle un geste de l’ homme pour cette chose. Le verbe, désignant ce geste, appelle une phra
2459 se, appelle un geste de l’homme pour cette chose. Le verbe, désignant ce geste, appelle une phrase, un rythme d’actes conc
2460 le une phrase, un rythme d’actes concertés. Ainsi l’ homme se trouve mis « en communication avec la source continue qu’il c
2461 nsi l’homme se trouve mis « en communication avec la source continue qu’il contient en lui dans son être : son geste n’est
2462 t en lui dans son être : son geste n’est plus que la traduction, dans l’univers matériel, du sanglot de l’origine ». En mê
2463 re : son geste n’est plus que la traduction, dans l’ univers matériel, du sanglot de l’origine ». En même temps que la chos
2464 raduction, dans l’univers matériel, du sanglot de l’ origine ». En même temps que la chose qui le provoque, le verbe exprim
2465 iel, du sanglot de l’origine ». En même temps que la chose qui le provoque, le verbe exprime ainsi la vocation de l’homme
2466 ot de l’origine ». En même temps que la chose qui le provoque, le verbe exprime ainsi la vocation de l’homme qui le profèr
2467 ne ». En même temps que la chose qui le provoque, le verbe exprime ainsi la vocation de l’homme qui le profère. « L’acte p
2468 la chose qui le provoque, le verbe exprime ainsi la vocation de l’homme qui le profère. « L’acte par lequel l’homme attes
2469 e provoque, le verbe exprime ainsi la vocation de l’ homme qui le profère. « L’acte par lequel l’homme atteste la permanenc
2470 le verbe exprime ainsi la vocation de l’homme qui le profère. « L’acte par lequel l’homme atteste la permanence des choses
2471 me ainsi la vocation de l’homme qui le profère. «  L’ acte par lequel l’homme atteste la permanence des choses, par lequel,
2472 on de l’homme qui le profère. « L’acte par lequel l’ homme atteste la permanence des choses, par lequel, en dehors du temps
2473 i le profère. « L’acte par lequel l’homme atteste la permanence des choses, par lequel, en dehors du temps, en dehors des
2474 des circonstances et causes secondes, il formule l’ ensemble des conditions permanentes dont la réunion donne à chaque cho
2475 ormule l’ensemble des conditions permanentes dont la réunion donne à chaque chose son droit de devenir présente à l’esprit
2476 ne à chaque chose son droit de devenir présente à l’ esprit, par lequel il la conçoit dans son cœur, et répète l’ordre qui
2477 oit de devenir présente à l’esprit, par lequel il la conçoit dans son cœur, et répète l’ordre qui l’a créée, s’appelle la
2478 par lequel il la conçoit dans son cœur, et répète l’ ordre qui l’a créée, s’appelle la parole. » Nous voici donc « chargés
2479 r lequel il la conçoit dans son cœur, et répète l’ ordre qui l’a créée, s’appelle la parole. » Nous voici donc « chargés du rô
2480 l la conçoit dans son cœur, et répète l’ordre qui l’ a créée, s’appelle la parole. » Nous voici donc « chargés du rôle d’or
2481 cœur, et répète l’ordre qui l’a créée, s’appelle la parole. » Nous voici donc « chargés du rôle d’origine ». L’homme est
2482  » Nous voici donc « chargés du rôle d’origine ». L’ homme est « le sceau de l’authenticité ». Il est, par son action recré
2483 donc « chargés du rôle d’origine ». L’homme est «  le sceau de l’authenticité ». Il est, par son action recréatrice, une ét
2484 és du rôle d’origine ». L’homme est « le sceau de l’ authenticité ». Il est, par son action recréatrice, une étymologie viv
2485 connaître, il lui suffit d’agir sa vocation. Dans l’ acte conscient de la fin qui l’englobe, il n’y a plus de distinction d
2486 ffit d’agir sa vocation. Dans l’acte conscient de la fin qui l’englobe, il n’y a plus de distinction du matériel et du spi
2487 sa vocation. Dans l’acte conscient de la fin qui l’ englobe, il n’y a plus de distinction du matériel et du spirituel. L’h
2488 plus de distinction du matériel et du spirituel. L’ homme « se connaît donc à son pas et à l’extension de ses mains, à la
2489 irituel. L’homme « se connaît donc à son pas et à l’ extension de ses mains, à la facilité plus ou moindre grande qu’il épr
2490 t donc à son pas et à l’extension de ses mains, à la facilité plus ou moindre grande qu’il éprouve à se servir des instrum
2491 ’il éprouve à se servir des instruments dont il a la propriété ». Et son corps lui est comme « un document où il suit les
2492 son corps lui est comme « un document où il suit les œuvres de l’esprit qui le remue ». Penser dans le train de la créatio
2493 est comme « un document où il suit les œuvres de l’ esprit qui le remue ». Penser dans le train de la création, reformer s
2494 un document où il suit les œuvres de l’esprit qui le remue ». Penser dans le train de la création, reformer sans cesse tou
2495 es œuvres de l’esprit qui le remue ». Penser dans le train de la création, reformer sans cesse toutes les formes selon l’i
2496 l’esprit qui le remue ». Penser dans le train de la création, reformer sans cesse toutes les formes selon l’intention qu’
2497 train de la création, reformer sans cesse toutes les formes selon l’intention qu’elles expriment, c’est proprement penser
2498 tion, reformer sans cesse toutes les formes selon l’ intention qu’elles expriment, c’est proprement penser avec les mains.
2499 our de sa Semaine, Du Bartas parlant de ses mains les appelle, assez curieusement, d’abord : « Singes de l’Éternel » et aus
2500 ppelle, assez curieusement, d’abord : « Singes de l’ Éternel » et aussitôt… « Ministres de l’esprit ». Ô singerie géniale e
2501 Singes de l’Éternel » et aussitôt… « Ministres de l’ esprit ». Ô singerie géniale et ministère manifeste ! Art poétique, ar
2502 inistère manifeste ! Art poétique, art de refaire le monde — tel que Dieu l’a connu de toute éternité ! 40. En effet, la
2503 poétique, art de refaire le monde — tel que Dieu l’ a connu de toute éternité ! 40. En effet, la citation du Cratyle qu’
2504 ieu l’a connu de toute éternité ! 40. En effet, la citation du Cratyle qu’il donne dans l’Art poétique (p. 172) dit exac
2505 En effet, la citation du Cratyle qu’il donne dans l’ Art poétique (p. 172) dit exactement le contraire. 41. On pourrait en
2506 donne dans l’Art poétique (p. 172) dit exactement le contraire. 41. On pourrait en tirer d’autres suites : faut-il attend
2507 t en tirer d’autres suites : faut-il attendre que les flics s’en mêlent, et viennent « mettre au pas » le langage — ou saur
2508 flics s’en mêlent, et viennent « mettre au pas » le langage — ou saurons-nous à temps nous débrouiller et nous entendre l
2509 sprit sans nulle définition, sans déclarer ce que le mot sous-entend, et qui se révélerait le plus souvent absurdement con
2510 r ce que le mot sous-entend, et qui se révélerait le plus souvent absurdement contradictoire. 43. Connaître commande naî
2511 out porte à conséquence, tout appelle, et d’abord la parole ! Mais l’usure des mots les édente, notre langage est débrayé.
2512 quence, tout appelle, et d’abord la parole ! Mais l’ usure des mots les édente, notre langage est débrayé. Comment rétablir
2513 lle, et d’abord la parole ! Mais l’usure des mots les édente, notre langage est débrayé. Comment rétablir le contact ? Clau
2514 ente, notre langage est débrayé. Comment rétablir le contact ? Claudel n’écrira pas : je vais vous expliquer cela claireme
2515 vous expliquer cela clairement, mais : « Tel est le mystère qu’il s’agit présentement de reporter sur le papier de l’encr
2516 mystère qu’il s’agit présentement de reporter sur le papier de l’encre la plus noire. » Au lieu de : Réfléchissons, analys
2517 s’agit présentement de reporter sur le papier de l’ encre la plus noire. » Au lieu de : Réfléchissons, analysons : « Rumin
2518 présentement de reporter sur le papier de l’encre la plus noire. » Au lieu de : Réfléchissons, analysons : « Ruminons la b
2519 u lieu de : Réfléchissons, analysons : « Ruminons la bouchée intelligible. » Toujours une chose-image, au lieu d’une formu
2520 u d’une formule faite, d’un terme abstrait. C’est le style du livre de Job. aa. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] L’
2521 Job. aa. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] L’ Art poétique ou Qu’il faut penser avec les mains », La Nouvelle Revue
2522 t poétique ou Qu’il faut penser avec les mains », La Nouvelle Revue française, Paris, décembre 1936, p. 992-997.
27 1937, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Une idée de Law (janvier 1937)
2523 Une idée de Law (janvier 1937)ab C’est dans les Œuvres de Law qu’on trouve cette remarque hardie : La victoire appart
2524 uvres de Law qu’on trouve cette remarque hardie : La victoire appartient toujours à celui qui a le dernier écu. On entreti
2525 ous en coûte pour guerroyer cinq ans. Quel en est le résultat ? car le succès définitif est incertain. Avec bien du bonheu
2526 guerroyer cinq ans. Quel en est le résultat ? car le succès définitif est incertain. Avec bien du bonheur, on peut espérer
2527 , on peut espérer de détruire 150 000 ennemis par le feu, le fer, l’eau, la faim, les fatigues, les maladies. Ainsi, la de
2528 t espérer de détruire 150 000 ennemis par le feu, le fer, l’eau, la faim, les fatigues, les maladies. Ainsi, la destructio
2529 r de détruire 150 000 ennemis par le feu, le fer, l’ eau, la faim, les fatigues, les maladies. Ainsi, la destruction direct
2530 truire 150 000 ennemis par le feu, le fer, l’eau, la faim, les fatigues, les maladies. Ainsi, la destruction directe ou in
2531 0 000 ennemis par le feu, le fer, l’eau, la faim, les fatigues, les maladies. Ainsi, la destruction directe ou indirecte d’
2532 par le feu, le fer, l’eau, la faim, les fatigues, les maladies. Ainsi, la destruction directe ou indirecte d’un soldat alle
2533 ’eau, la faim, les fatigues, les maladies. Ainsi, la destruction directe ou indirecte d’un soldat allemand nous coûte 20 0
2534 t allemand nous coûte 20 000 livres, sans compter la perte sur notre population, qui n’est réparée qu’au bout de vingt-cin
2535 permanente, ne vaudrait-il pas mieux en épargner les frais et acheter l’armée ennemie, lorsque l’occasion s’en présenterai
2536 ait-il pas mieux en épargner les frais et acheter l’ armée ennemie, lorsque l’occasion s’en présenterait. Un Anglais estima
2537 ner les frais et acheter l’armée ennemie, lorsque l’ occasion s’en présenterait. Un Anglais estimait un homme 480 livres st
2538 lais estimait un homme 480 livres sterling. C’est la plus forte évaluation, et ils ne sont pas tous aussi chers, comme on
2539 ulation, car, pour son argent, on aurait un homme nouveau , au lieu que, dans le système actuel, on perd celui qu’on avait, sans
2540 nt, on aurait un homme nouveau, au lieu que, dans le système actuel, on perd celui qu’on avait, sans profiter de celui qu’
2541 opération fort analogue lorsqu’il tenta d’acheter le sol que le Duce se préparait à conquérir : c’était là proprement « co
2542 ort analogue lorsqu’il tenta d’acheter le sol que le Duce se préparait à conquérir : c’était là proprement « couper l’herb
2543 rait à conquérir : c’était là proprement « couper l’ herbe sous les pieds » à la guerre. Mais le geste du capitaliste, qui
2544 rir : c’était là proprement « couper l’herbe sous les pieds » à la guerre. Mais le geste du capitaliste, qui eût été la plu
2545 là proprement « couper l’herbe sous les pieds » à la guerre. Mais le geste du capitaliste, qui eût été la plus belle farce
2546 couper l’herbe sous les pieds » à la guerre. Mais le geste du capitaliste, qui eût été la plus belle farce de l’Histoire,
2547 guerre. Mais le geste du capitaliste, qui eût été la plus belle farce de l’Histoire, a soulevé d’universelles protestation
2548 u capitaliste, qui eût été la plus belle farce de l’ Histoire, a soulevé d’universelles protestations. L’échec de Law et l’
2549 Histoire, a soulevé d’universelles protestations. L’ échec de Law et l’échec de Rickett ne comportent pas de morale : je ve
2550 é d’universelles protestations. L’échec de Law et l’ échec de Rickett ne comportent pas de morale : je veux le croire pour
2551 de Rickett ne comportent pas de morale : je veux le croire pour la morale. Mais ils permettent d’entrevoir l’une des rais
2552 comportent pas de morale : je veux le croire pour la morale. Mais ils permettent d’entrevoir l’une des raisons de notre an
2553 r l’une des raisons de notre anarchie économique. Le capitalisme ne serait peut-être pas un trop mauvais système si ses en
2554 rsées par celles d’une passion contraire, qui est l’ honneur. Car il est clair que l’honneur seul — ou du moins ce qu’il no
2555 ontraire, qui est l’honneur. Car il est clair que l’ honneur seul — ou du moins ce qu’il nous en reste, et ce n’est qu’une
2556 en reste, et ce n’est qu’une caricature — retient les gouvernants de suivre jusqu’au bout, et sans scrupules, la logique du
2557 nants de suivre jusqu’au bout, et sans scrupules, la logique du capitalisme. Or, ce système étant de ceux qui ne se peuven
2558 i rien d’arbitraire ou d’humain ne vient déranger les calculs, l’on voit qu’en vérité, ce qui nous ruine, c’est bien l’honn
2559 traire ou d’humain ne vient déranger les calculs, l’ on voit qu’en vérité, ce qui nous ruine, c’est bien l’honneur — le bud
2560 voit qu’en vérité, ce qui nous ruine, c’est bien l’ honneur — le budget de l’honneur — et non pas je ne sais quels scandal
2561 vérité, ce qui nous ruine, c’est bien l’honneur — le budget de l’honneur — et non pas je ne sais quels scandales… ab. R
2562 i nous ruine, c’est bien l’honneur — le budget de l’ honneur — et non pas je ne sais quels scandales… ab. Rougemont Deni
2563 … ab. Rougemont Denis de, « Une idée de Law », La Nouvelle Revue française, Paris, janvier 1937, p. 149-150.
28 1937, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). De la propriété capitaliste à la propriété humaine et Manifeste au service du personnalisme, par Emmanuel Mounier (février 1937)
2564 De la propriété capitaliste à la propriété humaine et Manifeste au service
2565 De la propriété capitaliste à la propriété humaine et Manifeste au service du personnalisme, par Emman
2566 ssais publiés jusqu’ici par Mounier, ce traité de la propriété est sans doute le mieux venu, le plus précis et situé. On a
2567 Mounier, ce traité de la propriété est sans doute le mieux venu, le plus précis et situé. On aimera la mobilité, le glisse
2568 ité de la propriété est sans doute le mieux venu, le plus précis et situé. On aimera la mobilité, le glissement varié de c
2569 le mieux venu, le plus précis et situé. On aimera la mobilité, le glissement varié de ce style, l’agilité précise de ses c
2570 , le plus précis et situé. On aimera la mobilité, le glissement varié de ce style, l’agilité précise de ses coupes, qualit
2571 era la mobilité, le glissement varié de ce style, l’ agilité précise de ses coupes, qualités nées, comme par décantation, d
2572 s qu’on a pu reprocher aux précédents ouvrages de l’ auteur. Mais c’est la méthode qui doit retenir ici : il s’agissait pou
2573 r aux précédents ouvrages de l’auteur. Mais c’est la méthode qui doit retenir ici : il s’agissait pour Mounier de fonder l
2574 etenir ici : il s’agissait pour Mounier de fonder la théorie personnaliste de l’avoir sur les doctrines catholiques les pl
2575 our Mounier de fonder la théorie personnaliste de l’ avoir sur les doctrines catholiques les plus solides à cet égard, cell
2576 de fonder la théorie personnaliste de l’avoir sur les doctrines catholiques les plus solides à cet égard, celles de Thomas
2577 nnaliste de l’avoir sur les doctrines catholiques les plus solides à cet égard, celles de Thomas d’Aquin et de Cajetan. On
2578 ’utopie, mais au contraire on actualise, et enfin l’ on prend au sérieux les admirables précisions thomistes que les siècle
2579 aire on actualise, et enfin l’on prend au sérieux les admirables précisions thomistes que les siècles jésuites avaient obnu
2580 u sérieux les admirables précisions thomistes que les siècles jésuites avaient obnubilées, et que la grande majorité des ca
2581 e les siècles jésuites avaient obnubilées, et que la grande majorité des catholiques d’aujourd’hui ignore avec persévéranc
2582 ore avec persévérance. À vrai dire, nul mieux que l’ Aquinate ne pouvait servir et autoriser le dessein de Mounier : défend
2583 eux que l’Aquinate ne pouvait servir et autoriser le dessein de Mounier : défendre la propriété contre les mauvaises raiso
2584 vir et autoriser le dessein de Mounier : défendre la propriété contre les mauvaises raisons des capitalistes, ou comme il
2585 dessein de Mounier : défendre la propriété contre les mauvaises raisons des capitalistes, ou comme il dit : « libérer de la
2586 des capitalistes, ou comme il dit : « libérer de la dialectique des propriétaires les valeurs de propriété personnelle ».
2587 t : « libérer de la dialectique des propriétaires les valeurs de propriété personnelle ». La plupart des distinctions que f
2588 nnelle ». La plupart des distinctions que formule la Somme — usage commun et gestion personnelle des biens, nécessaire vit
2589 d’une utilité et d’une efficacité éclatantes dans l’ embrouillamini politico-sentimental où nous ont plongés les doctrines
2590 illamini politico-sentimental où nous ont plongés les doctrines et les ressentiments secrétés par le capitalisme. Mounier p
2591 -sentimental où nous ont plongés les doctrines et les ressentiments secrétés par le capitalisme. Mounier part d’une phénomé
2592 s les doctrines et les ressentiments secrétés par le capitalisme. Mounier part d’une phénoménologie de la possession — pre
2593 capitalisme. Mounier part d’une phénoménologie de la possession — presque trop brillante par endroits —, s’engage dans un
2594 joint avec un naturel qui est succès de ce livre, les positions constructives d’Esprit, et même de L’Ordre nouveau (lequel
2595 était parti bien plutôt de Proudhon)44. En bref, le sens du livre est celui-ci : il s’agit de passer d’un mode de proprié
2596 é à Mounier d’avoir, chemin faisant, démontré que la propriété n’est pas un instinct permanent, mais au contraire un besoi
2597 nstinct permanent, mais au contraire un besoin de l’ esprit — le nécessaire vital une fois assuré. Ce qui suffit à renverse
2598 manent, mais au contraire un besoin de l’esprit — le nécessaire vital une fois assuré. Ce qui suffit à renverser l’argumen
2599 vital une fois assuré. Ce qui suffit à renverser l’ argument des propriétaires, trop souvent et hypocritement opposé à cer
2600 opposé à certain communisme — celui que redoutent les bourgeois, qui n’est pas celui de Staline… Mais si vigoureuse que soi
2601 cette analyse — et si utile sa lecture pour tous les possédants chrétiens — elle ne revêt sa signification totale que dans
2602 — elle ne revêt sa signification totale que dans l’ ensemble de la construction personnaliste. Le récent Manifeste de Moun
2603 êt sa signification totale que dans l’ensemble de la construction personnaliste. Le récent Manifeste de Mounier permettra
2604 dans l’ensemble de la construction personnaliste. Le récent Manifeste de Mounier permettra de prendre une mesure rapide de
2605 ussi des lacunes provisoires45 — de ce mouvement. Le lecteur qui se souvient encore du Cahier de revendications, publié ic
2606 Ce terme de personne, que nous jetions alors dans le débat politique et culturel, et qu’on nous reprochait non sans aigreu
2607 non sans aigreur, quand il ne faisait pas sourire les réalistes, le voilà repris et galvaudé depuis deux ans par toutes les
2608 r, quand il ne faisait pas sourire les réalistes, le voilà repris et galvaudé depuis deux ans par toutes les ligues et par
2609 ilà repris et galvaudé depuis deux ans par toutes les ligues et partis, de La Rocque à Vaillant-Couturier ! (Je ne sais pou
2610 if pléonastique : « personne humaine ».) En 1932, les marxistes prononçaient ici même — contre les « petits personnalistes 
2611 932, les marxistes prononçaient ici même — contre les « petits personnalistes » — que les problèmes de l’homme, et de l’esp
2612 même — contre les « petits personnalistes » — que les problèmes de l’homme, et de l’esprit, ne se poseraient plus durant le
2613 « petits personnalistes » — que les problèmes de l’ homme, et de l’esprit, ne se poseraient plus durant le prochain demi-s
2614 nnalistes » — que les problèmes de l’homme, et de l’ esprit, ne se poseraient plus durant le prochain demi-siècle. Parler d
2615 mme, et de l’esprit, ne se poseraient plus durant le prochain demi-siècle. Parler de la primauté du spirituel et de l’huma
2616 nt plus durant le prochain demi-siècle. Parler de la primauté du spirituel et de l’humain, c’était fasciste ! Mais voici q
2617 -siècle. Parler de la primauté du spirituel et de l’ humain, c’était fasciste ! Mais voici que quatre ans plus tard, le por
2618 t fasciste ! Mais voici que quatre ans plus tard, le porte-parole officiel du parti communiste français publie une sorte d
2619 orte de discours-programme intitulé Au service de l’ Esprit 46. Et l’on y lit que les fascistes sont les pires adversaires
2620 -programme intitulé Au service de l’Esprit 46. Et l’ on y lit que les fascistes sont les pires adversaires « de la personne
2621 tulé Au service de l’Esprit 46. Et l’on y lit que les fascistes sont les pires adversaires « de la personne humaine, cette
2622 l’Esprit 46. Et l’on y lit que les fascistes sont les pires adversaires « de la personne humaine, cette grande force spirit
2623 que les fascistes sont les pires adversaires « de la personne humaine, cette grande force spirituelle ». Et aussi « qu’au-
2624 e spirituelle ». Et aussi « qu’au-dessus de tout, les communistes placent l’homme ». Et enfin que « c’est à l’Esprit que le
2625 i « qu’au-dessus de tout, les communistes placent l’ homme ». Et enfin que « c’est à l’Esprit que le parti communiste franç
2626 unistes placent l’homme ». Et enfin que « c’est à l’ Esprit que le parti communiste français fait confiance pour l’aider à
2627 nt l’homme ». Et enfin que « c’est à l’Esprit que le parti communiste français fait confiance pour l’aider à résoudre les
2628 le parti communiste français fait confiance pour l’ aider à résoudre les problèmes de la paix, de la liberté et du pain de
2629 e français fait confiance pour l’aider à résoudre les problèmes de la paix, de la liberté et du pain des hommes »ad. À vrai
2630 onfiance pour l’aider à résoudre les problèmes de la paix, de la liberté et du pain des hommes »ad. À vrai dire, nous n’es
2631 r l’aider à résoudre les problèmes de la paix, de la liberté et du pain des hommes »ad. À vrai dire, nous n’espérions pas
2632 mots leur sens. Il n’y a que cela de sérieux dans la politique moderne. Et le Manifeste de Mounier peut y contribuer large
2633 que cela de sérieux dans la politique moderne. Et le Manifeste de Mounier peut y contribuer largement. Faut-il dire que to
2634 ribuer largement. Faut-il dire que tout usager de la culture, si apolitique qu’il se veuille, se trouve intéressé dans un
2635 i. 44. Je pense que Mounier ne se dissimule pas le caractère « théorique » des justifications qu’il va demander à certai
2636 ander à certaines traditions catholiques. Ainsi «  le riche, dit Bossuet, n’est toléré dans l’Église que pour servir le pau
2637 Ainsi « le riche, dit Bossuet, n’est toléré dans l’ Église que pour servir le pauvre ». Et selon saint Thomas, « n’importe
2638 ssuet, n’est toléré dans l’Église que pour servir le pauvre ». Et selon saint Thomas, « n’importe qui peut donner l’aumône
2639 t selon saint Thomas, « n’importe qui peut donner l’ aumône au nécessiteux avec l’argent d’un autre, s’il ne peut le faire
2640 orte qui peut donner l’aumône au nécessiteux avec l’ argent d’un autre, s’il ne peut le faire du sien ». (Car cet argent de
2641 écessiteux avec l’argent d’un autre, s’il ne peut le faire du sien ». (Car cet argent de l’autre devient dans ce cas bien
2642 ais songé à des théories de ce genre pour excuser la sécularisation des biens conventuels — biens dans lesquels Labriola p
2643 tuels — biens dans lesquels Labriola pouvait voir l’ origine de l’accumulation capitaliste. (Centres de commerce des couven
2644 dans lesquels Labriola pouvait voir l’origine de l’ accumulation capitaliste. (Centres de commerce des couvents anglais.)
2645 ue j’y suis, une autre remarque : Mounier exagère l’ importance économique de l’usure, suivant l’erreur fréquente des écriv
2646 rque : Mounier exagère l’importance économique de l’ usure, suivant l’erreur fréquente des écrivains catholiques. Marx a bi
2647 agère l’importance économique de l’usure, suivant l’ erreur fréquente des écrivains catholiques. Marx a bien montré que l’u
2648 des écrivains catholiques. Marx a bien montré que l’ usure n’est qu’un facteur secondaire, et très peu décisif, du capitali
2649 ndaire, et très peu décisif, du capitalisme. 45. Le Précis publié par L’Ordre nouveau dans son numéro d’octobre 1936 en c
2650 t Denis de, « [Compte rendu] Emmanuel Mounier, De la propriété capitaliste à la propriété humaine et Manifeste au service
2651 ] Emmanuel Mounier, De la propriété capitaliste à la propriété humaine et Manifeste au service du personnalisme  », La Nou
2652 aine et Manifeste au service du personnalisme  », La Nouvelle Revue française, Paris, février 1937, p. 294-296. ad. Ce te
2653 er est plus amplement commenté par Rougemont dans le numéro d’Esprit de février 1937 : « Paul Vaillant-Couturier : Au serv
2654 1937 : « Paul Vaillant-Couturier : Au service de l’ Esprit  ».
29 1937, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). N’habitez pas les villes (Extrait d’un Journal) (juillet 1937)
2655 N’habitez pas les villes (Extrait d’un Journal) (juillet 1937)ae Je revois, je revis
2656 ) (juillet 1937)ae Je revois, je revis si bien la traversée, cette étrange coupure qu’elle a faite dans ma vie, entre l
2657 trange coupure qu’elle a faite dans ma vie, entre les derniers jours passés à Paris non sans fièvre, et cette arrivée au so
2658 expliquer pourquoi nous venions dans cette île à la saison où il convient plutôt de la quitter quand on le peut. Si par c
2659 ns cette île à la saison où il convient plutôt de la quitter quand on le peut. Si par cette aube de novembre, sur les gran
2660 ison où il convient plutôt de la quitter quand on le peut. Si par cette aube de novembre, sur les grands quais de ce port
2661 nd on le peut. Si par cette aube de novembre, sur les grands quais de ce port atlantique, j’en étais à considérer d’un œil
2662 tique, j’en étais à considérer d’un œil brûlé par l’ insomnie les flots de l’océan maussade et les pauvres rivages du détro
2663 étais à considérer d’un œil brûlé par l’insomnie les flots de l’océan maussade et les pauvres rivages du détroit, c’est fo
2664 idérer d’un œil brûlé par l’insomnie les flots de l’ océan maussade et les pauvres rivages du détroit, c’est fort apparemme
2665 é par l’insomnie les flots de l’océan maussade et les pauvres rivages du détroit, c’est fort apparemment que je n’avais rie
2666 ait un abri quelque part, une maison vide pendant l’ hiver, une occasion de solitude désirée en secret dès longtemps. Je vo
2667 ecret dès longtemps. Je voudrais bien n’avoir pas l’ air trop romantique : mes dernières années de Paris m’avaient appris q
2668 s m’avaient appris que cette ville, au moins pour la jeunesse sans argent, est la ville des gérants ignobles et des concie
2669 ville, au moins pour la jeunesse sans argent, est la ville des gérants ignobles et des concierges, des lieux-sombres-et-po
2670 des lieux-sombres-et-populeux où il faut pénétrer l’ âme basse et la petite enveloppe à la main. Tant d’autres disent : all
2671 es-et-populeux où il faut pénétrer l’âme basse et la petite enveloppe à la main. Tant d’autres disent : allons-nous-en, et
2672 aut pénétrer l’âme basse et la petite enveloppe à la main. Tant d’autres disent : allons-nous-en, et restent faute d’imagi
2673 . Et pourtant il suffit de bien peu pour partir : la France a des milliers de maisons vides. Dites autour de vous que vous
2674 répondre.   Début de novembre Je commencerai par l’ inventaire de mon domaine. Je ne suis pas propriétaire, c’est entendu.
2675 uvre à ma façon, et peu capable de comprendre que l’ on veuille « avoir » autrement. Posséder, ce n’est pas avoir. Ce n’est
2676 éder, ce n’est pas avoir. Ce n’est pas même avoir l’ usage éventuel de quelque chose. Mais c’est user en fait de cette chos
2677 nette, ce jardin et cette île, seront miens selon la puissance avec laquelle j’en saurai faire usage, pour une fin qui leu
2678 n qui leur est étrangère, et qui me commandera de les quitter le jour qu’ils y mettront obstacle. (Pour les bourgeois, l’id
2679 st étrangère, et qui me commandera de les quitter le jour qu’ils y mettront obstacle. (Pour les bourgeois, l’idée de propr
2680 quitter le jour qu’ils y mettront obstacle. (Pour les bourgeois, l’idée de propriété est liée à l’idée d’héritage. Par quel
2681 qu’ils y mettront obstacle. (Pour les bourgeois, l’ idée de propriété est liée à l’idée d’héritage. Par quelle folie pense
2682 our les bourgeois, l’idée de propriété est liée à l’ idée d’héritage. Par quelle folie pensent-ils pouvoir « hériter » des
2683 es biens de leurs pères ? Il faut tout ignorer de la vraie possession ! Une chose n’est mienne que pour un temps, et si je
2684 impropre. Je n’hérite pas même de moi ! Ou alors, l’ héritage est cela dont on ne peut pas se délivrer à temps, et devrait
2685 e que coûte.) Mon domaine, c’est ce que j’ai sous la main. Voici d’abord la table que je me suis fabriquée : j’ai trouvé d
2686 ne, c’est ce que j’ai sous la main. Voici d’abord la table que je me suis fabriquée : j’ai trouvé dans le chai deux trétea
2687 table que je me suis fabriquée : j’ai trouvé dans le chai deux tréteaux et deux planches bien rabotées ; j’ai dressé cela
2688 planches bien rabotées ; j’ai dressé cela devant la fenêtre ouverte sur les verdures encore vivaces du jardin. Quand je l
2689  ; j’ai dressé cela devant la fenêtre ouverte sur les verdures encore vivaces du jardin. Quand je lève le nez, je vois la c
2690 verdures encore vivaces du jardin. Quand je lève le nez, je vois la cour de terre battue à l’ombre de ses deux tilleuls,
2691 vivaces du jardin. Quand je lève le nez, je vois la cour de terre battue à l’ombre de ses deux tilleuls, la margelle du p
2692 r de terre battue à l’ombre de ses deux tilleuls, la margelle du puits à gauche, où repose une vieille chatte, le chai à d
2693 du puits à gauche, où repose une vieille chatte, le chai à droite. Au-delà de la cour, les planches incultes du potager,
2694 une vieille chatte, le chai à droite. Au-delà de la cour, les planches incultes du potager, de chaque côté d’une allée bo
2695 lle chatte, le chai à droite. Au-delà de la cour, les planches incultes du potager, de chaque côté d’une allée bordée de ro
2696 er, de chaque côté d’une allée bordée de rosiers. L’ allée aboutit à une porte de bois à deux battants, à demi cachée par d
2697 sent de tous côtés ce jardin de curé, qui a juste la largeur de la maison. On ne voit rien que le ciel au-delà, un ciel la
2698 ôtés ce jardin de curé, qui a juste la largeur de la maison. On ne voit rien que le ciel au-delà, un ciel lavé, tissé d’oi
2699 uste la largeur de la maison. On ne voit rien que le ciel au-delà, un ciel lavé, tissé d’oiseaux, et parfois traversé par
2700 oiseaux, et parfois traversé par un nuage rapide. La maison compte deux chambres au rez-de-chaussée, séparées de la cuisin
2701 pte deux chambres au rez-de-chaussée, séparées de la cuisine par un couloir dallé. À l’étage, où l’on parvient par un peti
2702 e, séparées de la cuisine par un couloir dallé. À l’ étage, où l’on parvient par un petit escalier qui prend au fond de la
2703 de la cuisine par un couloir dallé. À l’étage, où l’ on parvient par un petit escalier qui prend au fond de la cuisine, deu
2704 rvient par un petit escalier qui prend au fond de la cuisine, deux autres chambres assez vastes et presque vides, auxquell
2705 hambres assez vastes et presque vides, auxquelles le toit sert de plafond. Très peu de meubles, comme j’aime. Des murs bla
2706 et gai, oui vraiment plus gai qu’ascétique. Dans le chai, à la porte un peu trop basse, règne une pénétrante odeur de lau
2707 i vraiment plus gai qu’ascétique. Dans le chai, à la porte un peu trop basse, règne une pénétrante odeur de laurier.   10
2708 ra rien d’intime. J’ai à gagner ma vie, non pas à la regarder. Toutefois, noter les faits précis qui me paraîtront frappan
2709 r ma vie, non pas à la regarder. Toutefois, noter les faits précis qui me paraîtront frappants ici ou là, c’est une sorte d
2710 pour plus tard — et c’est une bonne discipline de l’ esprit que la description objective. Me voici pris dans une expérience
2711 d — et c’est une bonne discipline de l’esprit que la description objective. Me voici pris dans une expérience forcée de vi
2712 s du désert. Curiosité, comme au début d’un film. La situation est d’ailleurs excellente pour l’instant. Il nous reste enc
2713 film. La situation est d’ailleurs excellente pour l’ instant. Il nous reste encore de quoi vivre pendant six semaines envir
2714 calculs sont justes : 900 francs, un bon toit, et le temps de voir venir.   Du 10 au 17 novembre Pour parer au plus pressé
2715 ires et journaux. Grande facilité de travail dans le silence à peu près absolu. Mais aussi j’ai l’impression nette d’utili
2716 ans le silence à peu près absolu. Mais aussi j’ai l’ impression nette d’utiliser la fin de l’élan intellectuel qui me soute
2717 lu. Mais aussi j’ai l’impression nette d’utiliser la fin de l’élan intellectuel qui me soutenait à Paris. Ces deux dernier
2718 ussi j’ai l’impression nette d’utiliser la fin de l’ élan intellectuel qui me soutenait à Paris. Ces deux derniers jours dé
2719 s jours déjà, j’arrivais mal à prendre au sérieux l’ actualité de ce que j’écrivais. Il faut avouer qu’il s’agissait, dans
2720 er qu’il s’agissait, dans ces articles, de ce que les gens croient être actuel, ou sont censés croire actuel, dans la litté
2721 t être actuel, ou sont censés croire actuel, dans la littérature ou les idées. C’est cela qui paie, et qui m’ennuie. Après
2722 sont censés croire actuel, dans la littérature ou les idées. C’est cela qui paie, et qui m’ennuie. Après quoi, je pourrai t
2723 ès quoi, je pourrai travailler. Aujourd’hui c’est le jour du repos. J’ai trouvé au fond d’une armoire, derrière une pile d
2724 , derrière une pile d’assiettes, deux volumes sur l’ histoire de l’île, ses coutumes, et son dialecte. L’un est l’œuvre d’u
2725 pile d’assiettes, deux volumes sur l’histoire de l’ île, ses coutumes, et son dialecte. L’un est l’œuvre d’un archiviste d
2726 de l’île, ses coutumes, et son dialecte. L’un est l’ œuvre d’un archiviste du continent. Il affecte une douce ironie sorbon
2727 ent. Il affecte une douce ironie sorbonnarde pour les petits événements qui se déroulèrent dans ce coin du pays, et surtout
2728 déroulèrent dans ce coin du pays, et surtout pour les légendes, locales, qui ont fortement exagéré et embelli tout cela… La
2729 , qui ont fortement exagéré et embelli tout cela… La science réclame de petits faits vrais. Elle tend aussi, il faut l’avo
2730 e de petits faits vrais. Elle tend aussi, il faut l’ avouer, à ne tenir pour vrai que ce qui est petit. Laissons donc de cô
2731 ons donc de côté ce petit travail qui a dû valoir les palmes à son auteur. Le second bouquin, c’est l’œuvre d’un vieux méde
2732 les palmes à son auteur. Le second bouquin, c’est l’ œuvre d’un vieux médecin tout plein de verve et de gaillarde érudition
2733 comme il s’en trouve un peu partout pour sauver «  l’ esprit » d’un pays. J’ai passé tout l’après-midi dessus. — Cela commen
2734 ur sauver « l’esprit » d’un pays. J’ai passé tout l’ après-midi dessus. — Cela commence par une chronique historique dont l
2735 — Cela commence par une chronique historique dont l’ essentiel est naturellement l’énumération des débarquements qui ont ho
2736 que historique dont l’essentiel est naturellement l’ énumération des débarquements qui ont honoré l’île, des premières galè
2737 nt l’énumération des débarquements qui ont honoré l’ île, des premières galères romaines jusqu’au bateau à vapeur de Sadi C
2738 ment au point où il toucha terre — en passant par les drakkars norvégiens, les flottes anglaises des guerres de religion et
2739 a terre — en passant par les drakkars norvégiens, les flottes anglaises des guerres de religion et les expéditions de saumo
2740 les flottes anglaises des guerres de religion et les expéditions de saumoniers. Une période héroïque sous Richelieu. Depui
2741 éroïque sous Richelieu. Depuis lors, semble-t-il, les villages se dépeuplent, les traditions se perdent et les champs tombe
2742 is lors, semble-t-il, les villages se dépeuplent, les traditions se perdent et les champs tombent en friche. La Révolution
2743 lages se dépeuplent, les traditions se perdent et les champs tombent en friche. La Révolution seule a ranimé l’ardeur des h
2744 tions se perdent et les champs tombent en friche. La Révolution seule a ranimé l’ardeur des habitants, pour la plupart jac
2745 s tombent en friche. La Révolution seule a ranimé l’ ardeur des habitants, pour la plupart jacobins. Plusieurs des discours
2746 eurs chefs ont été consignés par miracle : ils ne le cèdent en rien pour l’ampleur de leurs vues sur le monde, à l’éloquen
2747 ignés par miracle : ils ne le cèdent en rien pour l’ ampleur de leurs vues sur le monde, à l’éloquence des conventionnels…
2748 e cèdent en rien pour l’ampleur de leurs vues sur le monde, à l’éloquence des conventionnels… On trouve encore dans ce liv
2749 rien pour l’ampleur de leurs vues sur le monde, à l’ éloquence des conventionnels… On trouve encore dans ce livre des anecd
2750 laire. D’intéressantes précisions budgétaires sur les institutions de bienfaisance fondées par le docteur lui-même ou tout
2751 sur les institutions de bienfaisance fondées par le docteur lui-même ou tout au moins à son instigation. Enfin, et cela n
2752 ra des plus utiles, une minutieuse description de la faune et de la flore de l’île, du régime des marées, des courants et
2753 les, une minutieuse description de la faune et de la flore de l’île, du régime des marées, des courants et des vents. Merv
2754 utieuse description de la faune et de la flore de l’ île, du régime des marées, des courants et des vents. Merveilleux livr
2755 ts et des vents. Merveilleux livre en vérité ! Et la merveilleuse bibliothèque que celle qui rassemblerait tous les ouvrag
2756 use bibliothèque que celle qui rassemblerait tous les ouvrages analogues que, dans chaque sous-préfecture, un vieux docteur
2757 ce hétéroclite de praticien et de collectionneur. L’ esprit fort et l’esprit de clocher se font une guerre acharnée dans ce
2758 praticien et de collectionneur. L’esprit fort et l’ esprit de clocher se font une guerre acharnée dans ces pages et ils l’
2759 se font une guerre acharnée dans ces pages et ils l’ emportent tour à tour, jusqu’à la synthèse finale d’une envolée tout à
2760 ces pages et ils l’emportent tour à tour, jusqu’à la synthèse finale d’une envolée tout à la fois patriotique, républicain
2761 la fois patriotique, républicaine, et tolérante. La droite, la gauche, et une certaine espèce d’intelligence, ou d’ironie
2762 triotique, républicaine, et tolérante. La droite, la gauche, et une certaine espèce d’intelligence, ou d’ironie… Pour de t
2763 ible et nécessaire au cœur de chacun d’eux. Voilà l’ espèce d’hommes français que je voudrais croire la plus authentique.  
2764 l’espèce d’hommes français que je voudrais croire la plus authentique.   19 novembre Premiers contacts avec les gens. — L
2765 uthentique.   19 novembre Premiers contacts avec les gens. — Le village se termine au bout de notre jardin. Passée la port
2766   19 novembre Premiers contacts avec les gens. — Le village se termine au bout de notre jardin. Passée la porte, on enfil
2767 illage se termine au bout de notre jardin. Passée la porte, on enfile une petite rue toute blanche qui contourne la panse
2768 enfile une petite rue toute blanche qui contourne la panse de l’église et aboutit à la place principale. Au milieu de cett
2769 etite rue toute blanche qui contourne la panse de l’ église et aboutit à la place principale. Au milieu de cette place, qui
2770 e qui contourne la panse de l’église et aboutit à la place principale. Au milieu de cette place, qui est un vaste rectangl
2771 place, qui est un vaste rectangle de terre jaune, les habitants plantèrent à la Révolution un arbre de la Liberté. Cet orme
2772 tangle de terre jaune, les habitants plantèrent à la Révolution un arbre de la Liberté. Cet orme est devenu gigantesque, m
2773 habitants plantèrent à la Révolution un arbre de la Liberté. Cet orme est devenu gigantesque, majestueux, exemplaire dans
2774 dans sa symétrie architecturale. Il domine toutes les maisons et le clocher. Il est seul au-dessus du pays. Je voudrais le
2775 e architecturale. Il domine toutes les maisons et le clocher. Il est seul au-dessus du pays. Je voudrais le dessiner dans
2776 ocher. Il est seul au-dessus du pays. Je voudrais le dessiner dans le style romantique, avec tous ses détails et toute son
2777 l au-dessus du pays. Je voudrais le dessiner dans le style romantique, avec tous ses détails et toute son opulence, frisé
2778 e une perruque du grand siècle. De trois côtés de la place généralement vide, les maisons s’alignent en ordre modeste, pei
2779 le. De trois côtés de la place généralement vide, les maisons s’alignent en ordre modeste, peintes en tons clairs et simple
2780 lace généralement vide, les maisons s’alignent en ordre modeste, peintes en tons clairs et simples, blanc, jaune ou vert. La
2781 en tons clairs et simples, blanc, jaune ou vert. La couleur des volets s’harmonise avec chaque façade d’une manière subti
2782 ne manière subtile et précise qui en dit long sur l’ âme de ce peuple discret. C’est l’impression que je veux retenir pour
2783 en dit long sur l’âme de ce peuple discret. C’est l’ impression que je veux retenir pour le moment des gens d’ici. Elle cor
2784 cret. C’est l’impression que je veux retenir pour le moment des gens d’ici. Elle corrige la mauvaise humeur que m’a donnée
2785 tenir pour le moment des gens d’ici. Elle corrige la mauvaise humeur que m’a donnée notre épicière. Car il faut bien, héla
2786 épicière. Car il faut bien, hélas, commencer par l’ épicière, quand on aborde le village où l’on va vivre. Celle-ci est én
2787 hélas, commencer par l’épicière, quand on aborde le village où l’on va vivre. Celle-ci est énorme et goutteuse. Elle a de
2788 cer par l’épicière, quand on aborde le village où l’ on va vivre. Celle-ci est énorme et goutteuse. Elle a des douleurs dan
2789 est énorme et goutteuse. Elle a des douleurs dans les jambes, et m’en parle d’abord, pour me mettre en confiance. Je sens b
2790 bien qu’elle veut me faire causer avant de fixer le prix du chou-fleur, des enveloppes jaunes, du peloton de ficelle et d
2791 lo de riz. Mes vêtements, citadins mais râpés, ne la renseignent pas clairement. Et que penser d’un « Parisien » qui manif
2792 nt. Et que penser d’un « Parisien » qui manifeste l’ intention de rester ici tout l’hiver ? C’est plutôt en été qu’on vient
2793 en » qui manifeste l’intention de rester ici tout l’ hiver ? C’est plutôt en été qu’on vient chez nous, me fait-elle prudem
2794 chez nous, me fait-elle prudemment observer. — Je le sais bien, madame Aujard, mais je ne viens pas pour mes vacances ! J’
2795 m’en demander davantage. Et moi, je recule devant l’ entreprise de lui expliquer la nature de mon travail. « Écrire », qu’e
2796 i, je recule devant l’entreprise de lui expliquer la nature de mon travail. « Écrire », qu’est-ce que cela signifie ? Écri
2797 rire », qu’est-ce que cela signifie ? Écrire pour les journaux, sans doute, mais il n’y en a pas tant à raconter sur ce pay
2798 s il n’y en a pas tant à raconter sur ce pays. Je l’ ai laissée en plein mystère. Elle a dû en parler longuement avec les c
2799 lein mystère. Elle a dû en parler longuement avec les clients qui attendaient en silence, le nez sur leurs sabots, que je s
2800 ment avec les clients qui attendaient en silence, le nez sur leurs sabots, que je sois sorti. La mère Aujard n’a pas toujo
2801 ence, le nez sur leurs sabots, que je sois sorti. La mère Aujard n’a pas toujours ce qu’on voudrait. En hiver elle fait pe
2802 le fait peu de réserves de produits alimentaires, les habitants n’achetant guère autre chose que de la mercerie, des lainag
2803 les habitants n’achetant guère autre chose que de la mercerie, des lainages et des épices. Alors il faut aller de l’autre
2804 es épices. Alors il faut aller de l’autre côté de la place, chez Mélie. Ce n’est pas simple d’éviter d’être vu par l’une,
2805 , entrant chez l’autre. Mais c’est prudent, on me l’ a dit. Car elles ne baisseront pas leurs prix pour garder un client, e
2806 eront pas leurs prix pour garder un client, elles les augmenteront bien plutôt pour le punir d’avoir été en face. Sans comp
2807 n client, elles les augmenteront bien plutôt pour le punir d’avoir été en face. Sans compter qu’on n’aime pas être accueil
2808 Sans compter qu’on n’aime pas être accueilli par la réprobation sournoise d’une épicière.   20 novembre Le bureau de post
2809 probation sournoise d’une épicière.   20 novembre Le bureau de poste. Trois mètres sur trois, et une grille épaisse au mil
2810 trois, et une grille épaisse au milieu. Derrière la grille, le long visage de Pédenaud. J’ai l’impression que je lui gâte
2811 une grille épaisse au milieu. Derrière la grille, le long visage de Pédenaud. J’ai l’impression que je lui gâte la vie. Tr
2812 rière la grille, le long visage de Pédenaud. J’ai l’ impression que je lui gâte la vie. Trois fois la semaine au moins, il
2813 ge de Pédenaud. J’ai l’impression que je lui gâte la vie. Trois fois la semaine au moins, il me voit venir avec une grande
2814 i l’impression que je lui gâte la vie. Trois fois la semaine au moins, il me voit venir avec une grande enveloppe contenan
2815  ? — Non. Est-ce un imprimé ? — Non. C’est tapé à la machine. — Est-ce qu’il n’y a rien d’écrit à la main ? Si, il y a des
2816 à la machine. — Est-ce qu’il n’y a rien d’écrit à la main ? Si, il y a des corrections écrites à la main. » Pédenaud relit
2817 à la main ? Si, il y a des corrections écrites à la main. » Pédenaud relit pour la énième fois son tarif, fait son calcul
2818 rections écrites à la main. » Pédenaud relit pour la énième fois son tarif, fait son calcul sur un bout de papier, et conc
2819 t pas aller. Il faut tout recommencer. Finalement l’ on décide d’envoyer le manuscrit comme échantillon sans valeur. Port :
2820 out recommencer. Finalement l’on décide d’envoyer le manuscrit comme échantillon sans valeur. Port : quatre francs soixant
2821 aleur. Port : quatre francs soixante-quinze. Dans l’ après-midi, tandis que j’écris à ma table, j’entends grincer la porte
2822 tandis que j’écris à ma table, j’entends grincer la porte du jardin. C’est la femme de Pédenaud qui brandit un papier. J’
2823 able, j’entends grincer la porte du jardin. C’est la femme de Pédenaud qui brandit un papier. J’accours : elle me tend une
2824 tification officielle d’avoir à verser sans délai la somme de francs 67,25, restant due sur l’envoi de ce matin. En effet,
2825 s délai la somme de francs 67,25, restant due sur l’ envoi de ce matin. En effet, Pédenaud qui a voulu en avoir le cœur net
2826 ce matin. En effet, Pédenaud qui a voulu en avoir le cœur net, a pris des instructions par téléphone au chef-lieu. Son sup
2827 rcé « d’y aller de sa poche ». Me voilà courant à l’ autobus pour arrêter le courrier. L’autobus vient de partir. Il faut t
2828 oche ». Me voilà courant à l’autobus pour arrêter le courrier. L’autobus vient de partir. Il faut téléphoner au chef-lieu,
2829 ilà courant à l’autobus pour arrêter le courrier. L’ autobus vient de partir. Il faut téléphoner au chef-lieu, faire rouvri
2830 téléphoner au chef-lieu, faire rouvrir au passage le sac postal, discuter passionnément, trouver une formule d’apaisement
2831 rouver une formule d’apaisement qui ménage toutes les susceptibilités, et finalement ne rien payer de plus. Je cause un peu
2832 des lessives. En été ils pêchent des palourdes et les vendent aux baigneurs. Bien entendu, je n’arrive pas à savoir combien
2833  ».   1er décembre Dépenses du premier mois dans l’ île : ménage, manger et boire, 480 francs ; (en général tout est plus
2834 liées dans une revue. Reste : environ 200 francs. Le sentiment de dépendre entièrement de bonnes ou de mauvaises volontés
2835 dans nos pays », dit-on, et je crois bien que je l’ ai dit quelquefois. Mais il y a aussi des exceptions, des cas sans pré
2836 secours. Pourtant je suis bien tranquille, je ne l’ ai même jamais été aussi absolument. C’est peut-être à cause du bonheu
2837 heur de notre vie. Trouver son rythme naturel, et les moyens de s’y réduire, voilà le but de toute morale car le « bien pen
2838 thme naturel, et les moyens de s’y réduire, voilà le but de toute morale car le « bien penser » en dépend.   2 décembre Q
2839 de s’y réduire, voilà le but de toute morale car le « bien penser » en dépend.   2 décembre Questions. — Est-ce donc si
2840 si « naturel » de vivre sur une île ? Est-ce que l’ insularité (géographique et morale) n’est pas une espèce de vice ? Est
2841 pas une espèce de vice ? Est-ce que ce n’est pas la racine de tout l’idéalisme dont les modernes doivent se guérir, s’ils
2842 vice ? Est-ce que ce n’est pas la racine de tout l’ idéalisme dont les modernes doivent se guérir, s’ils veulent enfin dev
2843 e ce n’est pas la racine de tout l’idéalisme dont les modernes doivent se guérir, s’ils veulent enfin devenir « actuels » ?
2844 venir « actuels » ? Est-ce que ce n’est pas aussi la racine de cet esprit d’abstraction égoïste dont nous souffrons tous ?
2845 ction égoïste dont nous souffrons tous ? Pourquoi les hommes vivent-ils sur des îles ? Quand nous sortons pour une promenad
2846 ons pour une promenade et que nous mesurons toute l’ étroitesse de notre domaine, la mer partout à dix minutes et ces maréc
2847 ous mesurons toute l’étroitesse de notre domaine, la mer partout à dix minutes et ces marécages hostiles, nous souffrons d
2848 sulaire est une liberté négative. Elle nous met à l’ abri du monde et nous ramène tous physiquement à nos limites. Mais l’h
2849 nous ramène tous physiquement à nos limites. Mais l’ homme est ainsi fait qu’il désire sans cesse se risquer au-delà de ce
2850 de ce qu’il peut, et franchir au moins en pensée les bornes de ses possessions pour aller se mêler aux « autres », à l’étr
2851 possessions pour aller se mêler aux « autres », à l’ étranger… Tout ici me ramène à moi seul. J’ai beau faire, je ne parvie
2852 ai beau faire, je ne parviens pas à partager avec les hommes de ce village ce qui est essentiel et solide dans ma vie. Le s
2853 llage ce qui est essentiel et solide dans ma vie. Le simple fait que je ne puis pas les persuader que je travaille vraimen
2854 de dans ma vie. Le simple fait que je ne puis pas les persuader que je travaille vraiment en écrivant, cela met entre nous
2855 ont pu entrevoir de mon activité, une seule chose les a frappés : ma machine à écrire. La mère Renaud, qui est une vieille
2856 seule chose les a frappés : ma machine à écrire. La mère Renaud, qui est une vieille amie des propriétaires de notre mais
2857 mbrouillées si son fils pourrait venir aussi voir la machine. Je crois bien que sans cette machine, je n’arriverais jamais
2858 fais réellement quelque chose. Quand je vais chez les Renaud, c’est tout le contraire. Ils m’expliquent en détail ce qu’ils
2859 chose. Quand je vais chez les Renaud, c’est tout le contraire. Ils m’expliquent en détail ce qu’ils font, et je puis le c
2860 m’expliquent en détail ce qu’ils font, et je puis le comprendre et l’admirer. Ils ont ainsi sur moi une sorte de supériori
2861 étail ce qu’ils font, et je puis le comprendre et l’ admirer. Ils ont ainsi sur moi une sorte de supériorité concrète dont
2862 hie humaine, d’échange direct sur pied d’égalité. Le père Renaud est un ancien marin, barbu, jovial, déjà touché par le gâ
2863 t un ancien marin, barbu, jovial, déjà touché par le gâtisme, mais agréablement si je puis dire. Cela met un peu de fantai
2864 n filet de quatre-vingts mètres, bel ouvrage dont le détail m’intéresse. Le fils compose des cartes postales illustrées av
2865 s mètres, bel ouvrage dont le détail m’intéresse. Le fils compose des cartes postales illustrées avec des bouts de timbres
2866 ourde table au centre, une autre plus petite vers la fenêtre, sur laquelle travaille le père Renaud. Le sol est de terre b
2867 us petite vers la fenêtre, sur laquelle travaille le père Renaud. Le sol est de terre battue recouverte d’une fine couche
2868 a fenêtre, sur laquelle travaille le père Renaud. Le sol est de terre battue recouverte d’une fine couche de sable. Sur le
2869 battue recouverte d’une fine couche de sable. Sur les murs blanchis, quelques petites gravures anciennes, encadrées de noir
2870 vieil arbre généalogique aux couleurs pâlies. Cet ordre gai, cette propreté rigoureuse qui règnent ici avec tant d’aisance, a
2871 ureuse qui règnent ici avec tant d’aisance, ai-je le droit de les considérer comme les symboles visibles de l’univers inté
2872 ègnent ici avec tant d’aisance, ai-je le droit de les considérer comme les symboles visibles de l’univers intérieur de ces
2873 d’aisance, ai-je le droit de les considérer comme les symboles visibles de l’univers intérieur de ces gens ?   5 décembre I
2874 de les considérer comme les symboles visibles de l’ univers intérieur de ces gens ?   5 décembre Ils me parlent de ce qui
2875 ces gens ?   5 décembre Ils me parlent de ce qui les intéresse, et je m’y intéresse avec eux. Mais je ne puis ou ne sais p
2876 e tout le monde ; de leur travail aux champs ou à la côte, et je les écoute avec toute l’attention d’un apprenti ; de leur
2877  ; de leur travail aux champs ou à la côte, et je les écoute avec toute l’attention d’un apprenti ; de leurs souvenirs, par
2878 champs ou à la côte, et je les écoute avec toute l’ attention d’un apprenti ; de leurs souvenirs, parfois touchants, parfo
2879 évélateurs pour moi d’un monde non pas absolument nouveau , mais nouvellement intéressant. Et quand nous sommes en confiance, si
2880 nd nous sommes en confiance, si j’essaie d’amener l’ entretien sur leurs lectures, les journaux qu’ils achètent, la politiq
2881 j’essaie d’amener l’entretien sur leurs lectures, les journaux qu’ils achètent, la politique, ou la religion qu’ils suivent
2882 sur leurs lectures, les journaux qu’ils achètent, la politique, ou la religion qu’ils suivent, ils se taisent bien vite, o
2883 s, les journaux qu’ils achètent, la politique, ou la religion qu’ils suivent, ils se taisent bien vite, ou se remettent à
2884 que je puisse avoir une opinion plus avertie que la leur sur les sujets que je viens de nommer. Ils ne se doutent pas que
2885 se avoir une opinion plus avertie que la leur sur les sujets que je viens de nommer. Ils ne se doutent pas que c’est de cel
2886 écrivain peut faire sa « spécialité ». Et rien ne les étonnerait davantage que d’apprendre un beau jour que je m’intéresse
2887 on, à leurs problèmes, — et que j’en fais parfois la matière même de mon travail. J’ai quelque peine à exprimer ceci, — qu
2888 e absurdité, et si énorme que personne ne pense à la dire… Peut-être, dans un siècle ou deux, se demandera-t-on comment no
2889 e ma gêne qui est absurde ? Essayer de confronter la culture et la réalité, c’est peut-être prouver qu’on ignore l’une et
2890 est absurde ? Essayer de confronter la culture et la réalité, c’est peut-être prouver qu’on ignore l’une et l’autre ? Ou t
2891 tort, c’est-à-dire à donner raison au bon sens de l’ époque présente. Il a trop souvent fait ses preuves.   15 décembre Déj
2892 nt fait ses preuves.   15 décembre Déjeuné, après le culte, chez M. Palut. Il n’est pas pasteur en titre, mais seulement «
2893 vangéliste » au service d’une œuvre missionnaire. Les évangélistes étant moins bien payés que les pasteurs, dont le traitem
2894 aire. Les évangélistes étant moins bien payés que les pasteurs, dont le traitement de base est de 10 000 francs, Mme Palut
2895 tes étant moins bien payés que les pasteurs, dont le traitement de base est de 10 000 francs, Mme Palut est obligée de fai
2896 ces. Ils ont déjà deux garçons, et ils ont trouvé le moyen de recueillir encore une vieille Bretonne sans ressources, qui
2897 eille Bretonne sans ressources, qui aide un peu à la cuisine et casse beaucoup d’assiettes. Dans cette île, qui fut presqu
2898 ens disséminés. Il en vient une dizaine au culte. Les autres habitent trop loin, ou sont indifférents. Il me raconte les ef
2899 nt trop loin, ou sont indifférents. Il me raconte les efforts qu’il a faits, pendant six ans, pour entrer en contact avec l
2900 its, pendant six ans, pour entrer en contact avec la population. Conférences, visites, colportage de bibles de porte en po
2901 e peut pas dire que tout ce travail épuisant dans l’ inertie soit resté absolument vain : il y a eu quelques conversions. M
2902 ions. Mais c’est tout juste si elles ont compensé les abandons ou les départs. (Les protestants qui sont souvent l’élément
2903 tout juste si elles ont compensé les abandons ou les départs. (Les protestants qui sont souvent l’élément le plus actif de
2904 elles ont compensé les abandons ou les départs. ( Les protestants qui sont souvent l’élément le plus actif de la population
2905 ou les départs. (Les protestants qui sont souvent l’ élément le plus actif de la population s’expatrient volontiers, ou von
2906 arts. (Les protestants qui sont souvent l’élément le plus actif de la population s’expatrient volontiers, ou vont habiter
2907 tants qui sont souvent l’élément le plus actif de la population s’expatrient volontiers, ou vont habiter les villes.) En é
2908 pulation s’expatrient volontiers, ou vont habiter les villes.) En été, la petite ville se remplit de baigneurs et l’auditoi
2909 volontiers, ou vont habiter les villes.) En été, la petite ville se remplit de baigneurs et l’auditoire du temple est déc
2910 n été, la petite ville se remplit de baigneurs et l’ auditoire du temple est décuplé : cela suffit pour qu’on maintienne le
2911 e est décuplé : cela suffit pour qu’on maintienne le poste… J’essaie de me représenter l’existence quotidienne de cet homm
2912 n maintienne le poste… J’essaie de me représenter l’ existence quotidienne de cet homme aux prises avec la solitude la plus
2913 xistence quotidienne de cet homme aux prises avec la solitude la plus désespérante, celle que lui crée l’indifférence tran
2914 tidienne de cet homme aux prises avec la solitude la plus désespérante, celle que lui crée l’indifférence tranquille et ob
2915 solitude la plus désespérante, celle que lui crée l’ indifférence tranquille et obstinée de ceux auprès desquels il devrait
2916 vrait exercer sa mission. Ils ne veulent pas même l’ écouter, et toute sa raison d’être est cependant de leur parler. Il n’
2917 r. Il n’a rien d’autre à faire, et il ne peut pas le faire. Et de plus, il est seul à croire qu’il doit le faire. Il m’a d
2918 aire. Et de plus, il est seul à croire qu’il doit le faire. Il m’a décrit son existence sans amertume. Il ne se plaint que
2919 humainement absurde. Non qu’il n’en distingue pas l’ absurdité, mais simplement il sait pourquoi il la subit. Fils d’un pet
2920 l’absurdité, mais simplement il sait pourquoi il la subit. Fils d’un petit hôtelier breton d’origine catholique, il s’est
2921 breton d’origine catholique, il s’est converti à l’ âge de vingt ans et depuis lors il n’a jamais songé qu’il pût faire au
2922 ais songé qu’il pût faire autre chose qu’annoncer l’ Évangile. Qu’importe qu’il n’y ait « à vues humaines » aucun espoir de
2923 humaines » aucun espoir de se faire entendre, si le seul espoir vrai réside dans la foi, qui ordonne de parler quand même
2924 aire entendre, si le seul espoir vrai réside dans la foi, qui ordonne de parler quand même ?   Janvier (à T…) Ce séjour, p
2925 êtais d’écrire, par fatigue, je ne me sentais pas la bonne conscience de l’employé qui a fait sa journée et qui pense main
2926 igue, je ne me sentais pas la bonne conscience de l’ employé qui a fait sa journée et qui pense maintenant à autre chose. U
2927 s préoccupations. Ce n’était pas cette vacance où les idées et sentiments changent de climat. Le loisir n’est pas simplemen
2928 ce où les idées et sentiments changent de climat. Le loisir n’est pas simplement la cessation du travail pour un repos néc
2929 hangent de climat. Le loisir n’est pas simplement la cessation du travail pour un repos nécessaire. Il se définit psycholo
2930 nt non par rapport au travail, mais par rapport à la sécurité matérielle qu’assurent soit le travail, soit la fortune, soi
2931 rapport à la sécurité matérielle qu’assurent soit le travail, soit la fortune, soit dans mon cas particulier, l’amitié. Un
2932 rité matérielle qu’assurent soit le travail, soit la fortune, soit dans mon cas particulier, l’amitié. Un chômeur intellec
2933 , soit la fortune, soit dans mon cas particulier, l’ amitié. Un chômeur intellectuel peut encore travailler — et c’est cela
2934 ectuel peut encore travailler — et c’est cela qui le différencie profondément d’un chômeur industriel, par exemple — mais
2935 ît plus de vrais loisirs.   23 janvier (écrit sur la dune) Il ne faut pas se mettre en colère au mois de janvier. C’est un
2936 une saison abstraite, on n’atteint presque rien. Le soleil froid à travers une brume lointaine agrandit les regards sans
2937 leil froid à travers une brume lointaine agrandit les regards sans nourrir la vision. Pas de mouches dans la lumière au ras
2938 brume lointaine agrandit les regards sans nourrir la vision. Pas de mouches dans la lumière au ras des landes. Lucidité st
2939 gards sans nourrir la vision. Pas de mouches dans la lumière au ras des landes. Lucidité stérile du bel hiver ! La colère
2940 u ras des landes. Lucidité stérile du bel hiver ! La colère y jaillit sans rencontrer personne. J’ai à craindre qu’elle ne
2941 elle ne m’attaque par désir famélique de créer du nouveau . Car c’est une consolation aussi que d’avoir à faire face à quelque c
2942 sauver de cette tentation du désespoir, et c’est l’ humilité. Si je ne suis pas important, le monde s’agrandit. Je puis en
2943 et c’est l’humilité. Si je ne suis pas important, le monde s’agrandit. Je puis encore aimer des paysages qui ne sont pas m
2944 pas mon état d’âme, mais une parole à déchiffrer. L’ humilité m’apporte des nouvelles du monde. Ainsi je me renouvelle lent
2945 une parole à déchiffrer. L’humilité m’apporte des nouvelles du monde. Ainsi je me renouvelle lentement. C’est un moyen de sortir
2946 renouvelle lentement. C’est un moyen de sortir de l’ impasse : non pas en changeant ses données, mais soi-même.   28 févrie
2947 travaillent sur leur parcelle, ce que signifient les méthodes productivistes et la démesure collective d’un plan quinquenn
2948 ce que signifient les méthodes productivistes et la démesure collective d’un plan quinquennal. Le silence de la lande et
2949 et la démesure collective d’un plan quinquennal. Le silence de la lande et des marais, la rumeur de la côte, les petits c
2950 e collective d’un plan quinquennal. Le silence de la lande et des marais, la rumeur de la côte, les petits chocs irrégulie
2951 uinquennal. Le silence de la lande et des marais, la rumeur de la côte, les petits chocs irréguliers des pioches et des bo
2952 e silence de la lande et des marais, la rumeur de la côte, les petits chocs irréguliers des pioches et des bouelles, tout
2953 de la lande et des marais, la rumeur de la côte, les petits chocs irréguliers des pioches et des bouelles, tout ce qu’il y
2954 à grand fracas de moteurs et de règlements de fer les rythmes de cette île et de ces vies ?   3 avril La solitude est une j
2955 s rythmes de cette île et de ces vies ?   3 avril La solitude est une jeunesse. Elle nous apprend cette chose nouvelle que
2956 lle au goût du souvenir, que trop de téléphones à la ville, d’heures de bureau, d’impitoyables rendez-vous, d’indifférence
2957 s ; cette chose toujours neuve et nouvelle qu’est l’ attente d’on ne sait quoi. Condition véritable de l’homme : il est cel
2958 attente d’on ne sait quoi. Condition véritable de l’ homme : il est celui qui agit dans l’attente. Il attend des révélation
2959 véritable de l’homme : il est celui qui agit dans l’ attente. Il attend des révélations. C’est évident ! Ses actions les pl
2960 tend des révélations. C’est évident ! Ses actions les plus pures sont des appels et des incantations : leur sens est toujou
2961 es, invites angoissées ou séductions tentées dans l’ inconnu. Autrement, comment supporter leur petitesse ? Si je gratte pe
2962 ison borgne ; c’est aussi pour gagner ma mort, je le sais bien. Toute notre attente imagine l’avenir — et l’imagine nécess
2963 ort, je le sais bien. Toute notre attente imagine l’ avenir — et l’imagine nécessairement sur fond de mort. (La jeunesse qu
2964 s bien. Toute notre attente imagine l’avenir — et l’ imagine nécessairement sur fond de mort. (La jeunesse qui est l’âge de
2965 — et l’imagine nécessairement sur fond de mort. ( La jeunesse qui est l’âge de l’attente la plus ardente de la vie est aus
2966 ssairement sur fond de mort. (La jeunesse qui est l’ âge de l’attente la plus ardente de la vie est aussi l’âge le plus fam
2967 t sur fond de mort. (La jeunesse qui est l’âge de l’ attente la plus ardente de la vie est aussi l’âge le plus familier ave
2968 de mort. (La jeunesse qui est l’âge de l’attente la plus ardente de la vie est aussi l’âge le plus familier avec la mort.
2969 sse qui est l’âge de l’attente la plus ardente de la vie est aussi l’âge le plus familier avec la mort.) Ainsi nos gestes
2970 de l’attente la plus ardente de la vie est aussi l’ âge le plus familier avec la mort.) Ainsi nos gestes se prolongent, et
2971 attente la plus ardente de la vie est aussi l’âge le plus familier avec la mort.) Ainsi nos gestes se prolongent, et leur
2972 e de la vie est aussi l’âge le plus familier avec la mort.) Ainsi nos gestes se prolongent, et leur grandeur est dans l’at
2973 s gestes se prolongent, et leur grandeur est dans l’ attente qu’ils trahissent. Si le travail moderne est dégradant, c’est
2974 grandeur est dans l’attente qu’ils trahissent. Si le travail moderne est dégradant, c’est qu’on a limité ses gestes à l’im
2975 est dégradant, c’est qu’on a limité ses gestes à l’ immédiat, et borné son attente au salaire. Or toute vie est absurde et
2976 t violemment inacceptable, qui ne s’ouvre pas sur l’ attente d’une révélation à venir, et d’une « consolation » finale. (Co
2977 nsolation » finale. (Consolation signifiant selon l’ étymologie : unification, harmonisation, c’est-à-dire résolution des d
2978 tion c’est de gagner peu. (J’ai écrit cela, je me le rappelle, peu de temps après notre arrivée, au haut d’une page que je
2979 ’une page que je retrouve dans une pile de notes. La page est restée blanche. Et toute réflexion faite, c’est bien ainsi,
2980 complet.)   10 avril Je n’ai pas encore parlé de la poule, la triste et digne poule noire qui habite seule au bout du jar
2981   10 avril Je n’ai pas encore parlé de la poule, la triste et digne poule noire qui habite seule au bout du jardin. Elle
2982 puis notre arrivée, héritée du propriétaire. Nous l’ avons nourrie sans espoir pendant des mois, la croyant trop vieille po
2983 ous l’avons nourrie sans espoir pendant des mois, la croyant trop vieille pour être mangée, sinon pour faire encore quelqu
2984 e très gros œufs, me semble-t-il. (Où va se loger la vanité !)   14 avril La culture et les gens. Souvent, quand je me ti
2985 le-t-il. (Où va se loger la vanité !)   14 avril La culture et les gens. Souvent, quand je me tire du livre que j’écris —
2986 a se loger la vanité !)   14 avril La culture et les gens. Souvent, quand je me tire du livre que j’écris — sur la crise d
2987 vent, quand je me tire du livre que j’écris — sur la crise de la cultureaf — pour causer avec la laitière ou la factrice,
2988 je me tire du livre que j’écris — sur la crise de la cultureaf — pour causer avec la laitière ou la factrice, ou le postie
2989 — sur la crise de la cultureaf — pour causer avec la laitière ou la factrice, ou le postier, ou un Renaud, j’éprouve une b
2990 de la cultureaf — pour causer avec la laitière ou la factrice, ou le postier, ou un Renaud, j’éprouve une brève angoisse :
2991 — pour causer avec la laitière ou la factrice, ou le postier, ou un Renaud, j’éprouve une brève angoisse : quel rapport en
2992 : quel rapport entre cet homme à qui je parle, et le mot « homme » dans ce que j’écris ? Non seulement ceux d’ici ne compr
2993 e que je fais, et ce serait assez normal : il y a l’ obstacle du vocabulaire, d’une certaine technique des idées, etc., mai
2994 que terme. Ils n’y reconnaîtraient rien de ce qui les « soucie », amuse, occupe, ou intéresse. Vraiment non, ce chapitre su
2995 pe, ou intéresse. Vraiment non, ce chapitre sur «  l’ origine rationaliste de la scission entre la culture et le peuple », c
2996 non, ce chapitre sur « l’origine rationaliste de la scission entre la culture et le peuple », cela ne peut accrocher à ri
2997 sur « l’origine rationaliste de la scission entre la culture et le peuple », cela ne peut accrocher à rien dans cet être q
2998 e rationaliste de la scission entre la culture et le peuple », cela ne peut accrocher à rien dans cet être que j’ai devant
2999 e et sa casquette, et qui continue à me parler de la pêche, de son filet qui a été emporté hier, etc. Quel sens concret ce
3000 Quel sens concret cela peut-il avoir de parler de la « scission » entre cet homme et la culture ? N’y a-t-il pas là deux m
3001 r de parler de la « scission » entre cet homme et la culture ? N’y a-t-il pas là deux mondes qui n’ont jamais eu de contac
3002 ne mesure ? Je reviens à mes pages, bien décidé à les refaire de fond en comble, à simplifier, à concrétiser, à essayer de
3003 comble, à simplifier, à concrétiser, à essayer de les rendre telles qu’elles puissent, je ne dis pas être comprises, mais a
3004 sée, confrontées sans un ridicule angoissant avec la réalité des choses et des êtres dont elles utilisent le concept… Eh b
3005 lité des choses et des êtres dont elles utilisent le concept… Eh bien, voilà le résultat : après une demi-heure de relectu
3006 s dont elles utilisent le concept… Eh bien, voilà le résultat : après une demi-heure de relecture attentive, j’ai rajouté
3007 gues, barré cinq lignes et mis une note au bas de la page. Il me semble vraiment que cela se tient. Il me semble aussi que
3008 Je me dis que cette impression et celle de tout à l’ heure s’excluent en fait. Mais je n’arrive plus du tout à retrouver ce
3009 t d’absurdité que provoquait en moi, précisément, la présence physique d’un homme, confrontée avec les idées que j’avais e
3010 la présence physique d’un homme, confrontée avec les idées que j’avais en tête. Il y a probablement une fatalité interne d
3011 ime elle-même. Elle a ses lois, qui se suffisent. Les concepts alors se combinent selon des affinités ou répulsions que les
3012 e combinent selon des affinités ou répulsions que les faits ou les êtres qu’ils sont censés représenter n’ont pas dans la r
3013 elon des affinités ou répulsions que les faits ou les êtres qu’ils sont censés représenter n’ont pas dans la réalité. À la
3014 res qu’ils sont censés représenter n’ont pas dans la réalité. À la fin on obtient l’absurdité que j’éprouvais, mais aussi
3015 t censés représenter n’ont pas dans la réalité. À la fin on obtient l’absurdité que j’éprouvais, mais aussi l’impossibilit
3016 er n’ont pas dans la réalité. À la fin on obtient l’ absurdité que j’éprouvais, mais aussi l’impossibilité de la sentir ave
3017 n obtient l’absurdité que j’éprouvais, mais aussi l’ impossibilité de la sentir avec quelque vivacité, sauf par éclairs, da
3018 té que j’éprouvais, mais aussi l’impossibilité de la sentir avec quelque vivacité, sauf par éclairs, dans la rue, par exem
3019 tir avec quelque vivacité, sauf par éclairs, dans la rue, par exemple. Déjà je ne puis en retrouver le souvenir autrement
3020 la rue, par exemple. Déjà je ne puis en retrouver le souvenir autrement que par un effort de réflexion qui me laisse assez
3021 un effort de réflexion qui me laisse assez froid. La culture m’a repris. Je suis dans le faux et tout y est correct : je d
3022 assez froid. La culture m’a repris. Je suis dans le faux et tout y est correct : je dis que la thèse que je défends est v
3023 s dans le faux et tout y est correct : je dis que la thèse que je défends est vraie !… Il y aurait de quoi s’arrêter de pe
3024 ie !… Il y aurait de quoi s’arrêter de penser, si l’ on pouvait. Le principe de toute culture véritable n’est-il pas cette
3025 ait de quoi s’arrêter de penser, si l’on pouvait. Le principe de toute culture véritable n’est-il pas cette commune mesure
3026 tant effort entre nos belles séries de pensées et la diversité désordonnée des êtres et des choses, où nous vivons ? « Je
3027 ticipant de ce monde « mal compassé ».   16 avril La poule noire couve depuis hier ses treize œufs. J’ai semé des salades,
3028 une des graines de haricots dans un sillon tiré à la ficelle. Plaisir d’avoir les doigts et les ongles terreux ; toujours
3029 dans un sillon tiré à la ficelle. Plaisir d’avoir les doigts et les ongles terreux ; toujours ce goût d’enfance… Je ne me s
3030 tiré à la ficelle. Plaisir d’avoir les doigts et les ongles terreux ; toujours ce goût d’enfance… Je ne me sens plus « élo
3031 il, le long des murs du chai. Nous déjeunons sous les tilleuls. Il y a un grand bonheur dans la lumière qui baigne le jardi
3032 s sous les tilleuls. Il y a un grand bonheur dans la lumière qui baigne le jardin fleuri, éclate sur la façade de la maiso
3033 l y a un grand bonheur dans la lumière qui baigne le jardin fleuri, éclate sur la façade de la maison, plus claire que le
3034 a lumière qui baigne le jardin fleuri, éclate sur la façade de la maison, plus claire que le ciel vide, et illumine la gou
3035 baigne le jardin fleuri, éclate sur la façade de la maison, plus claire que le ciel vide, et illumine la goutte rose d’un
3036 clate sur la façade de la maison, plus claire que le ciel vide, et illumine la goutte rose d’une fourmi ailée qui danse au
3037 maison, plus claire que le ciel vide, et illumine la goutte rose d’une fourmi ailée qui danse au-dessus de mon verre de vi
3038 danse au-dessus de mon verre de vin blanc.   Mai La mer est d’un vert bleu crayeux, très froide encore. On ne peut guère
3039 mper quelques instants, et se coucher ensuite sur la dune, au vent doux. Villages blancs au-dessus des lagunes. Une odeur
3040 amps et des vignes sablonneuses.   21 mai Pendant les jours de grande marée, entre deux flux, d’immenses plateaux rocheux,
3041 pourpres, jaunes et noirs se révèlent au-delà de la plage, nouveau pays tout grouillant de merveilles, d’eaux ruisselante
3042 jaunes et noirs se révèlent au-delà de la plage, nouveau pays tout grouillant de merveilles, d’eaux ruisselantes et de vies mo
3043 lumière de midi. Armés de treilles à long manche, les jambes nues, nous courons sur les roches tapissées d’algues sombres d
3044 à long manche, les jambes nues, nous courons sur les roches tapissées d’algues sombres dont le crépitement sous nos pas fa
3045 ns sur les roches tapissées d’algues sombres dont le crépitement sous nos pas fait fuir et choir de tous côtés de petits c
3046 étueuses parcourent ce territoire compliqué. Nous les suivons, dans l’eau jusqu’aux genoux, les jambes caressées de courant
3047 t ce territoire compliqué. Nous les suivons, dans l’ eau jusqu’aux genoux, les jambes caressées de courants froids, de cour
3048 é. Nous les suivons, dans l’eau jusqu’aux genoux, les jambes caressées de courants froids, de courants tièdes, de poissons,
3049 s, de crabiots et de laines. À quelques mètres de la mer qui affleure le tranchant du plateau, la rivière s’élargit en bas
3050 laines. À quelques mètres de la mer qui affleure le tranchant du plateau, la rivière s’élargit en bassins clairs aux prof
3051 s de la mer qui affleure le tranchant du plateau, la rivière s’élargit en bassins clairs aux profondeurs rougeâtres et dou
3052 doucement mouvantes. C’est là que nous commençons la pêche. Il faut se planter au centre du bassin, et fouiller et racler
3053 r au centre du bassin, et fouiller et racler sous les bords, dans le sable et les paquets d’algues, avec le cercle rigide d
3054 assin, et fouiller et racler sous les bords, dans le sable et les paquets d’algues, avec le cercle rigide du filet, puis r
3055 uiller et racler sous les bords, dans le sable et les paquets d’algues, avec le cercle rigide du filet, puis retirer viveme
3056 ords, dans le sable et les paquets d’algues, avec le cercle rigide du filet, puis retirer vivement la treille et l’égoutte
3057 le cercle rigide du filet, puis retirer vivement la treille et l’égoutter. On ramène un paquet de varech, un ou deux crab
3058 ide du filet, puis retirer vivement la treille et l’ égoutter. On ramène un paquet de varech, un ou deux crabes tout terreu
3059 rabes tout terreux, et parfois en se penchant sur la treille, on voit bondir d’un bord à l’autre quelque chose de transpar
3060 er comme une mouche et qui vous saute encore dans la main et vous gratte la paume de ses antennes, de ses écailles et de s
3061 qui vous saute encore dans la main et vous gratte la paume de ses antennes, de ses écailles et de ses pattes. On fourre ce
3062 es écailles et de ses pattes. On fourre cela dans le sachet que l’on porte attaché à la ceinture et qui se remplit de tres
3063 de ses pattes. On fourre cela dans le sachet que l’ on porte attaché à la ceinture et qui se remplit de tressaillements. N
3064 urre cela dans le sachet que l’on porte attaché à la ceinture et qui se remplit de tressaillements. Nous ne gardons que le
3065 e remplit de tressaillements. Nous ne gardons que les plus belles crevettes, grosses comme le doigt, d’un rose sombre, aux
3066 dons que les plus belles crevettes, grosses comme le doigt, d’un rose sombre, aux longues antennes grenat. — On cuit les c
3067 se sombre, aux longues antennes grenat. — On cuit les crevettes toutes vivantes, en les jetant dans de l’eau qui bout. Aprè
3068 enat. — On cuit les crevettes toutes vivantes, en les jetant dans de l’eau qui bout. Après des soubresauts terribles — une
3069 crevettes toutes vivantes, en les jetant dans de l’ eau qui bout. Après des soubresauts terribles — une ou deux sautent ho
3070 ubresauts terribles — une ou deux sautent hors de la casserole —, elles se recroquevillent, rougissent, se durcissent. Je
3071 is qu’est-ce que cela veut dire ? Je parlais de «  l’ attente ardente » des créatures, songeant au passage où l’Apôtre nous
3072 e ardente » des créatures, songeant au passage où l’ Apôtre nous fait entendre ce soupir de toute la Création vers la révél
3073 où l’Apôtre nous fait entendre ce soupir de toute la Création vers la révélation des « enfants de lumière », et la restaur
3074 fait entendre ce soupir de toute la Création vers la révélation des « enfants de lumière », et la restauration de l’ordre
3075 vers la révélation des « enfants de lumière », et la restauration de l’ordre originel. Et voilà pratiquement la réponse de
3076 des « enfants de lumière », et la restauration de l’ ordre originel. Et voilà pratiquement la réponse de l’homme : pillage,
3077 s « enfants de lumière », et la restauration de l’ ordre originel. Et voilà pratiquement la réponse de l’homme : pillage, ruse
3078 ration de l’ordre originel. Et voilà pratiquement la réponse de l’homme : pillage, ruses, destruction, dévoration, le tout
3079 dre originel. Et voilà pratiquement la réponse de l’ homme : pillage, ruses, destruction, dévoration, le tout accompagné de
3080 ’homme : pillage, ruses, destruction, dévoration, le tout accompagné de sentiments « humains », admiration, répulsion, pit
3081 à une certaine « sympathie » (souffrir avec) que l’ homme éprouve pour ses victimes : « Je regrette vraiment beaucoup, mai
3082 mange. Dure nécessité, et croyez que cela me fend le cœur ! » Voilà la dernière trace de la conscience cosmique en nous, d
3083 la me fend le cœur ! » Voilà la dernière trace de la conscience cosmique en nous, de la conscience de notre royauté nécess
3084 nière trace de la conscience cosmique en nous, de la conscience de notre royauté nécessaire et réparatrice. Il est probabl
3085 té nécessaire et réparatrice. Il est probable que le tigre en train de déchiqueter une jeune gazelle ne fait pas tant d’hi
3086 suffisante. Elle est plus juste, et plus digne de l’ homme que ces vertus de carnassiers que nous partageons, d’ailleurs ma
3087 nous partageons, d’ailleurs maladroitement, avec le tigre et le requin. J’allais conclure : nos rapports avec la nature n
3088 eons, d’ailleurs maladroitement, avec le tigre et le requin. J’allais conclure : nos rapports avec la nature ne sont guère
3089 le requin. J’allais conclure : nos rapports avec la nature ne sont guère plus satisfaisants que nos rapports avec les hom
3090 nt guère plus satisfaisants que nos rapports avec les hommes. Mais attention. C’est uniquement s’il y a dans l’homme une vo
3091 s. Mais attention. C’est uniquement s’il y a dans l’ homme une vocation surnaturelle, la mission de restaurer l’harmonie pr
3092 s’il y a dans l’homme une vocation surnaturelle, la mission de restaurer l’harmonie primitive, que mon scrupule se justif
3093 ne vocation surnaturelle, la mission de restaurer l’ harmonie primitive, que mon scrupule se justifie : il apparaît alors c
3094 écho, le dernier reproche, la dernière plainte de la justice cosmique blessée. Comme une prière muette en moi, toute machi
3095 machinale et tout obscure.   24 mai On dirait que l’ homme n’est pas fait pour durer : la vie étale nous ennuie, c’est ce q
3096 On dirait que l’homme n’est pas fait pour durer : la vie étale nous ennuie, c’est ce qui naît et ce qui meurt qui nous éme
3097 au poulailler. (Nous attendions depuis deux jours l’ éclosion des œufs.) Il me semble qu’il se passe des choses au fond du
3098 ’il se passe des choses au fond du réduit obscur. La poule grogne furieusement quand je passe la tête. Je vais chercher un
3099 scur. La poule grogne furieusement quand je passe la tête. Je vais chercher une bougie, je réveille ma femme. Nous essayon
3100 réveille ma femme. Nous essayons de soulever par les ailes la poule qui fait un caquet déchirant : elle serre entre ses pa
3101 ma femme. Nous essayons de soulever par les ailes la poule qui fait un caquet déchirant : elle serre entre ses pattes un œ
3102 ché, palpite au milieu des autres œufs. On entend le toc-toc des becs à l’intérieur. Je repose la lourde poule avec précau
3103 des autres œufs. On entend le toc-toc des becs à l’ intérieur. Je repose la lourde poule avec précaution, craignant qu’ell
3104 tend le toc-toc des becs à l’intérieur. Je repose la lourde poule avec précaution, craignant qu’elle n’écrase ses petits :
3105 son aile, fait sortir une coque vide, et reprend, l’ œil fixe, son travail invisible de mère. C’est beau. C’est fascinant.
3106 inant. C’est grave et mystérieux, pacifiant comme la démonstration d’une absolue sagesse à l’œuvre dans cette vie. Il y a
3107 nt comme la démonstration d’une absolue sagesse à l’ œuvre dans cette vie. Il y a sur toute la terre de ces moments de pure
3108 agesse à l’œuvre dans cette vie. Il y a sur toute la terre de ces moments de pureté. Il faut penser à eux quand on juge « 
3109 s de pureté. Il faut penser à eux quand on juge «  le monde »… Nous mangeons les premiers légumes du jardin : salades et ra
3110 emiers légumes du jardin : salades et radis. Pour les carottes, il faut encore attendre, et les choux n’ont que quelques fe
3111 s. Pour les carottes, il faut encore attendre, et les choux n’ont que quelques feuilles. Mais avec le produit de nos pêches
3112 les choux n’ont que quelques feuilles. Mais avec le produit de nos pêches, les bons de pain, le reste du tonneau de vin b
3113 ues feuilles. Mais avec le produit de nos pêches, les bons de pain, le reste du tonneau de vin blanc, nous pourrions subsis
3114 avec le produit de nos pêches, les bons de pain, le reste du tonneau de vin blanc, nous pourrions subsister sans argent p
3115 re revue de nos possibilités de subsister pendant les semaines qui viennent. Articles, zéro. Traductions, zéro. Les chapitr
3116 qui viennent. Articles, zéro. Traductions, zéro. Les chapitres du livre en train, non détachables. Un essai philosophique
3117 rain, non détachables. Un essai philosophique sur la personne : destiné à une revue non payante. Autres ressources : néant
3118 décidé de réagir. Quand une auto risque de rater le tournant emportée par la force centrifuge, il ne faut pas freiner mai
3119 une auto risque de rater le tournant emportée par la force centrifuge, il ne faut pas freiner mais peser à fond sur l’accé
3120 uge, il ne faut pas freiner mais peser à fond sur l’ accélérateur. Je suis allé à A. acheter des cigarettes. Et nous allion
3121 . Et nous allions nous mettre à table pour manger le canard des grandes occasions, quand la chose est arrivée. Apportée pa
3122 our manger le canard des grandes occasions, quand la chose est arrivée. Apportée par la factrice. Une grosse enveloppe cac
3123 casions, quand la chose est arrivée. Apportée par la factrice. Une grosse enveloppe cachetée, venant de l’étranger. En-têt
3124 actrice. Une grosse enveloppe cachetée, venant de l’ étranger. En-tête d’une fondation littéraire. Il faut d’abord signer,
3125 t un prix. Un prix dont je connaissais tout juste le nom. Que je n’aurais jamais eu l’idée de solliciter. Et qui m’est oct
3126 sais tout juste le nom. Que je n’aurais jamais eu l’ idée de solliciter. Et qui m’est octroyé pour un petit livre paru sans
3127 vre paru sans bruit il y a plus de dix-huit mois. Les hommes sont bons, du moins certains d’entre eux. Sur le moment, ce qu
3128 mes sont bons, du moins certains d’entre eux. Sur le moment, ce qui m’a le plus frappé c’est que je m’étais fâché hier soi
3129 s certains d’entre eux. Sur le moment, ce qui m’a le plus frappé c’est que je m’étais fâché hier soir, et que la Providenc
3130 appé c’est que je m’étais fâché hier soir, et que la Providence, évidemment, se payait ma tête. Ensuite j’ai calculé que c
3131 e j’ai calculé que cela nous permettait de passer l’ été ici sans inquiétude. Ou encore, de le passer ailleurs, sans ennui.
3132 e passer l’été ici sans inquiétude. Ou encore, de le passer ailleurs, sans ennui. Cela probablement parce que j’étais à bo
3133 i patte et n’écrivais plus à personne. Je crois à la valeur d’appel de l’absence, ou plutôt du retrait. (Il ne faut pas qu
3134 plus à personne. Je crois à la valeur d’appel de l’ absence, ou plutôt du retrait. (Il ne faut pas que ce soit une feinte,
3135 l faut un véritable non-espoir). Équivalent, pour la façon de traiter la vie, de la médecine des homéopathes.   16 juin La
3136 non-espoir). Équivalent, pour la façon de traiter la vie, de la médecine des homéopathes.   16 juin La banque d’A. n’est o
3137 . Équivalent, pour la façon de traiter la vie, de la médecine des homéopathes.   16 juin La banque d’A. n’est ouverte qu’u
3138 la vie, de la médecine des homéopathes.   16 juin La banque d’A. n’est ouverte qu’un jour par semaine. Ce n’est qu’aujourd
3139 i pu aller y négocier mon chèque. J’arrive devant la porte où il est écrit : Caisse. Je frappe et entre. Un homme penché v
3140 Caisse. Je frappe et entre. Un homme penché vers le guichet parle au gérant. Le gérant me fait un signe, et comme je ne c
3141 Un homme penché vers le guichet parle au gérant. Le gérant me fait un signe, et comme je ne comprends pas, il passe sa po
3142 vient me prier à voix basse d’aller attendre dans la pièce voisine. J’attends je ne sais combien de temps, je n’ai pas de
3143 e, mais c’est très long. Aucun bruit de voix dans la salle de la caisse. Le client est-il sorti ? Quel peut être le motif
3144 t très long. Aucun bruit de voix dans la salle de la caisse. Le client est-il sorti ? Quel peut être le motif de cette aud
3145 . Aucun bruit de voix dans la salle de la caisse. Le client est-il sorti ? Quel peut être le motif de cette audience privé
3146 a caisse. Le client est-il sorti ? Quel peut être le motif de cette audience privée ? Enfin j’entends qu’on sort, et le gé
3147 audience privée ? Enfin j’entends qu’on sort, et le gérant vient me chercher. Notre affaire réglée, il croit devoir s’exc
3148 ir s’excuser de m’avoir fait passer à côté tout à l’ heure. « Vous savez, c’est la coutume, ici ils n’aiment pas qu’il y ai
3149 passer à côté tout à l’heure. « Vous savez, c’est la coutume, ici ils n’aiment pas qu’il y ait d’autres personnes dans la
3150 n’aiment pas qu’il y ait d’autres personnes dans la salle quand ils payent ou quand ils touchent de l’argent ! C’est qu’i
3151 a salle quand ils payent ou quand ils touchent de l’ argent ! C’est qu’ils sont très spéciaux les gens d’ici ! Moi je n’y v
3152 ent de l’argent ! C’est qu’ils sont très spéciaux les gens d’ici ! Moi je n’y viens qu’une fois par semaine, mais je commen
3153 viens qu’une fois par semaine, mais je commence à les connaître. Je pourrais vous en dire. C’est partout différent, pour l’
3154 rrais vous en dire. C’est partout différent, pour l’ argent. Si vous prenez N. par exemple (la ville prochaine sur le conti
3155 nt, pour l’argent. Si vous prenez N. par exemple ( la ville prochaine sur le continent) ils n’auraient pas idée de ça, au c
3156 ous prenez N. par exemple (la ville prochaine sur le continent) ils n’auraient pas idée de ça, au contraire, ils sont tout
3157 ça, au contraire, ils sont tout fiers de venir à la banque. Ici, on a dû faire cette salle d’attente… » Autant que j’en p
3158 e d’attente… » Autant que j’en puis juger d’après les propos du gérant, ce n’est pas seulement la crainte, après tout légit
3159 près les propos du gérant, ce n’est pas seulement la crainte, après tout légitime, qu’on sache combien ils ont « mis de cô
3160 mbien ils ont « mis de côté », qui peut expliquer le comportement des gens d’ici. Il faut admettre que pour eux, une pudeu
3161 tout à fait particulière s’attache au commerce de l’ argent.   20 juin Les gens. Je feuillette ce journal : voici des sema
3162 ère s’attache au commerce de l’argent.   20 juin Les gens. Je feuillette ce journal : voici des semaines qu’il n’y est à p
3163 ini par s’établir entre nous : et il ne reste que l’ ennui de nos conversations toujours pareilles. Grande différence entre
3164 t adaptés à leur conduite et à leur milieu, comme les animaux. Ils ne se posent pas de questions gênantes. Or, c’est mon mé
3165 uand on en est là. Quand on en est à ne plus voir le prochain, la situation n’est plus humaine, elle ne pose plus de quest
3166 t là. Quand on en est à ne plus voir le prochain, la situation n’est plus humaine, elle ne pose plus de questions utiles.
3167 lle ne pose plus de questions utiles.   2 juillet La sécheresse a été la plus forte : malgré nos arrosages, les salades et
3168 questions utiles.   2 juillet La sécheresse a été la plus forte : malgré nos arrosages, les salades et les choux sont brûl
3169 resse a été la plus forte : malgré nos arrosages, les salades et les choux sont brûlés, la terre se craquèle, ou devient po
3170 plus forte : malgré nos arrosages, les salades et les choux sont brûlés, la terre se craquèle, ou devient poussiéreuse. Il
3171 arrosages, les salades et les choux sont brûlés, la terre se craquèle, ou devient poussiéreuse. Il n’y a plus que quelque
3172 ux pétales fatigués. — Et nous, nous n’avons plus la même patience, depuis qu’il y a de l’argent dans un tiroir. Cela sign
3173 ’avons plus la même patience, depuis qu’il y a de l’ argent dans un tiroir. Cela signifie que j’ai cessé d’être chômeur. Le
3174 oir. Cela signifie que j’ai cessé d’être chômeur. Le départ est fixé au 10. Il va falloir vendre la poule noire et les pou
3175 r. Le départ est fixé au 10. Il va falloir vendre la poule noire et les poulets encore trop jeunes pour être mangés. Régle
3176 ixé au 10. Il va falloir vendre la poule noire et les poulets encore trop jeunes pour être mangés. Régler vingt petites cho
3177 cloué. Il me reste à peu près deux heures, avant le départ, pour faire un peu de sentiment sur l’île, et le bilan de l’an
3178 ant le départ, pour faire un peu de sentiment sur l’ île, et le bilan de l’année écoulée. Bilan. S’installer dans la pauvr
3179 art, pour faire un peu de sentiment sur l’île, et le bilan de l’année écoulée. Bilan. S’installer dans la pauvreté comme
3180 ire un peu de sentiment sur l’île, et le bilan de l’ année écoulée. Bilan. S’installer dans la pauvreté comme dans un cham
3181 ilan de l’année écoulée. Bilan. S’installer dans la pauvreté comme dans un champ d’activité nouveau, avec l’ardeur et les
3182 r dans la pauvreté comme dans un champ d’activité nouveau , avec l’ardeur et les curiosités naïves du débutant, cela suppose bea
3183 reté comme dans un champ d’activité nouveau, avec l’ ardeur et les curiosités naïves du débutant, cela suppose beaucoup moi
3184 ans un champ d’activité nouveau, avec l’ardeur et les curiosités naïves du débutant, cela suppose beaucoup moins de courage
3185 moins de courage que bien des jeunes bourgeois ne l’ imaginent : ceux qui voudraient « partir », se « libérer » et qui recu
3186 », se « libérer » et qui reculent pourtant devant le saut. Peut-être leur suffirait-il, pour oser, d’une vision précise de
3187 e montrer qu’on peut sortir des villes où se font les « carrières » sans sortir de la vie véritable ; et qu’on peut vivre d
3188 illes où se font les « carrières » sans sortir de la vie véritable ; et qu’on peut vivre de très peu sans cesser de vivre
3189 ravaille sans fièvre et que je flâne sans vague à l’ âme. C’est quelque chose. Je ne dis pas que c’est le bonheur, je n’ai
3190 âme. C’est quelque chose. Je ne dis pas que c’est le bonheur, je n’ai jamais très bien compris ce mot, que tant de gens in
3191 r de surprises multipliées : peu d’aventures dans l’ existence d’un homme qui cherche à se posséder plutôt qu’à se fuir dan
3192 ui cherche à se posséder plutôt qu’à se fuir dans les hasards. C’est sans doute un effet de la trentaine qui approche : je
3193 ir dans les hasards. C’est sans doute un effet de la trentaine qui approche : je n’espère plus, comme à vingt ans, rencont
3194 : je n’espère plus, comme à vingt ans, rencontrer le « réel » ou la « vraie vie » dans je ne sais quelle embuscade du dest
3195 lus, comme à vingt ans, rencontrer le « réel » ou la « vraie vie » dans je ne sais quelle embuscade du destin, comme qui d
3196 comme qui dirait au coin d’un bois. Je crois que le réel est à portée de la main, et n’est que là. Alors il s’agit seulem
3197 n d’un bois. Je crois que le réel est à portée de la main, et n’est que là. Alors il s’agit seulement d’assurer la prise d
3198 n’est que là. Alors il s’agit seulement d’assurer la prise de cette main. C’est l’affaire d’une patience, ou d’une impatie
3199 seulement d’assurer la prise de cette main. C’est l’ affaire d’une patience, ou d’une impatience dominée, — et sans doute q
3200 ement. ae. Rougemont Denis de, « N’habitez pas les villes (Extrait d’un journal) », La Nouvelle Revue française, Paris,
3201 ’habitez pas les villes (Extrait d’un journal) », La Nouvelle Revue française, Paris, juillet 1937, p. 63-87. af. Il s’ag
30 1937, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Gösta Berling, par Selma Lagerlöf (novembre 1937)
3202 Berling, par Selma Lagerlöf (novembre 1937)ag Le monde entier connaît la geste de cette communauté de sans-foyers, d’â
3203 rlöf (novembre 1937)ag Le monde entier connaît la geste de cette communauté de sans-foyers, d’âmes sauvages et musicien
3204 é de sans-foyers, d’âmes sauvages et musiciennes, les douze « Cavaliers » d’Ekeby, qui régnèrent d’un Noël à l’autre sur la
3205  » d’Ekeby, qui régnèrent d’un Noël à l’autre sur la province du Warmland, s’étant juré de ne rien accomplir d’utile ni de
3206 e rien accomplir d’utile ni de raisonnable. Voici l’ histoire, traduite tout entière pour la première fois en France47. Six
3207 fiques, tout cela digne du chef-d’œuvre épique de la littérature moderne. Kipling mort, il ne reste que Selma Lagerlöf pou
3208 alices et de profondes audaces. Des histoires que l’ on croit intégralement parce qu’elles nous sont données pour ce qu’ell
3209 e « défense d’inventer », s’épuisent à rechercher le vraisemblable, en même temps que l’exceptionnel. Pour faire vrai, ils
3210 à rechercher le vraisemblable, en même temps que l’ exceptionnel. Pour faire vrai, ils imitent la vie. Mais la vie est tou
3211 que l’exceptionnel. Pour faire vrai, ils imitent la vie. Mais la vie est toujours ailleurs, en train de s’inventer différ
3212 ionnel. Pour faire vrai, ils imitent la vie. Mais la vie est toujours ailleurs, en train de s’inventer différente. Elle n’
3213 ’elle et qui n’en fait qu’à ses façons. Elle aime les grands rhétoriciens de l’imagination fabulatrice. Elle se précipite a
3214 ses façons. Elle aime les grands rhétoriciens de l’ imagination fabulatrice. Elle se précipite avec fougue dans leurs pièg
3215 . Elle se précipite avec fougue dans leurs pièges les plus évidents. Elle adore se laisser attraper dans les figures qu’une
3216 lus évidents. Elle adore se laisser attraper dans les figures qu’une Lagerlöf s’amuse à rajeunir tour à tour : une au moins
3217 r : une au moins par chapitre48, et à chaque fois le coup est bon. Vous partez en pleine convention romantique, populaire
3218 mantique, populaire carte postale. Mais voici que la vie s’y prend, fait sauter le cadre, envahit tout à grands bonds émou
3219 ale. Mais voici que la vie s’y prend, fait sauter le cadre, envahit tout à grands bonds émouvants, et l’auteur s’esquive p
3220 cadre, envahit tout à grands bonds émouvants, et l’ auteur s’esquive prestement avec une bonne espièglerie, pour vous lais
3221 baroque, impertinent et emphatique du mot — dans la virtuosité et les malices de ce génie de la fable nordique. Lagerlöf
3222 nent et emphatique du mot — dans la virtuosité et les malices de ce génie de la fable nordique. Lagerlöf ou la gloire de co
3223 dans la virtuosité et les malices de ce génie de la fable nordique. Lagerlöf ou la gloire de conter ! Jusqu’au moment où
3224 ces de ce génie de la fable nordique. Lagerlöf ou la gloire de conter ! Jusqu’au moment où l’imagination, ranimant les gra
3225 erlöf ou la gloire de conter ! Jusqu’au moment où l’ imagination, ranimant les grands rythmes naturels, libérant les vertus
3226 nter ! Jusqu’au moment où l’imagination, ranimant les grands rythmes naturels, libérant les vertus et les vices des entrave
3227 n, ranimant les grands rythmes naturels, libérant les vertus et les vices des entraves du respect humain, nous jette dans l
3228 s grands rythmes naturels, libérant les vertus et les vices des entraves du respect humain, nous jette dans le grand jeu du
3229 s des entraves du respect humain, nous jette dans le grand jeu du péché et de la grâce, et se confond avec la Charité. Ima
3230 main, nous jette dans le grand jeu du péché et de la grâce, et se confond avec la Charité. Imaginer, à ce degré, c’est déj
3231 d jeu du péché et de la grâce, et se confond avec la Charité. Imaginer, à ce degré, c’est déjà presque pardonner au monde.
3232 gré, c’est déjà presque pardonner au monde. C’est le placer sous la lumière fantastique de la Promesse, au point où tout s
3233 presque pardonner au monde. C’est le placer sous la lumière fantastique de la Promesse, au point où tout se renverse, où
3234 e. C’est le placer sous la lumière fantastique de la Promesse, au point où tout se renverse, où le ciel s’ouvre sur le châ
3235 de la Promesse, au point où tout se renverse, où le ciel s’ouvre sur le châtiment, où le démon découvre que son œuvre a l
3236 point où tout se renverse, où le ciel s’ouvre sur le châtiment, où le démon découvre que son œuvre a libéré les hommes de
3237 renverse, où le ciel s’ouvre sur le châtiment, où le démon découvre que son œuvre a libéré les hommes de leur bonheur, et
3238 ment, où le démon découvre que son œuvre a libéré les hommes de leur bonheur, et la vie de l’obsession de vivre. Cette anné
3239 son œuvre a libéré les hommes de leur bonheur, et la vie de l’obsession de vivre. Cette année folle, inaugurée par un trai
3240 a libéré les hommes de leur bonheur, et la vie de l’ obsession de vivre. Cette année folle, inaugurée par un traité avec le
3241 . Cette année folle, inaugurée par un traité avec le diable, vient mourir dans la nuit de Noël au rythme familier des mart
3242 e par un traité avec le diable, vient mourir dans la nuit de Noël au rythme familier des marteaux de la forge rebâtie. Les
3243 a nuit de Noël au rythme familier des marteaux de la forge rebâtie. Les Cavaliers, « appelés à faire vivre la joie dans le
3244 rythme familier des marteaux de la forge rebâtie. Les Cavaliers, « appelés à faire vivre la joie dans le pays du fer, à l’é
3245 e rebâtie. Les Cavaliers, « appelés à faire vivre la joie dans le pays du fer, à l’époque du fer » nous ont appris à leur
3246 s Cavaliers, « appelés à faire vivre la joie dans le pays du fer, à l’époque du fer » nous ont appris à leur façon « les r
3247 elés à faire vivre la joie dans le pays du fer, à l’ époque du fer » nous ont appris à leur façon « les riches alternances
3248 l’époque du fer » nous ont appris à leur façon «  les riches alternances de la vie ». Mais c’est aussi au peuple entier qu’
3249 t appris à leur façon « les riches alternances de la vie ». Mais c’est aussi au peuple entier qu’ils ont appris sa gloire
3250 romances et ses idylles d’une pureté dramatique. Les forges, les charrois de minerai, le trafic des chalands, l’économie a
3251 ses idylles d’une pureté dramatique. Les forges, les charrois de minerai, le trafic des chalands, l’économie agraire, tout
3252 dramatique. Les forges, les charrois de minerai, le trafic des chalands, l’économie agraire, tout cela ne joue pas un moi
3253 les charrois de minerai, le trafic des chalands, l’ économie agraire, tout cela ne joue pas un moindre rôle que la nature,
3254 graire, tout cela ne joue pas un moindre rôle que la nature, les ours et les trolls des forêts, dans les exploits des Cava
3255 t cela ne joue pas un moindre rôle que la nature, les ours et les trolls des forêts, dans les exploits des Cavaliers. Ce n’
3256 ue pas un moindre rôle que la nature, les ours et les trolls des forêts, dans les exploits des Cavaliers. Ce n’est pas du r
3257 a nature, les ours et les trolls des forêts, dans les exploits des Cavaliers. Ce n’est pas du réalisme socialiste, c’est la
3258 liers. Ce n’est pas du réalisme socialiste, c’est la réalité sociale plus toutes les autres. Et l’amour d’une femme pour s
3259 socialiste, c’est la réalité sociale plus toutes les autres. Et l’amour d’une femme pour son peuple, au lieu de ces vantar
3260 est la réalité sociale plus toutes les autres. Et l’ amour d’une femme pour son peuple, au lieu de ces vantardises en servi
3261 arnikis plus ou moins décorés. Selma Lagerlöf est la seule femme de la littérature européenne dont le génie ait eu la forc
3262 ins décorés. Selma Lagerlöf est la seule femme de la littérature européenne dont le génie ait eu la force de recréer un pa
3263 la seule femme de la littérature européenne dont le génie ait eu la force de recréer un pays tout entier, avec ses classe
3264 de la littérature européenne dont le génie ait eu la force de recréer un pays tout entier, avec ses classes et ses institu
3265 histoire, sa morale et sa foi. On peut penser que l’ inscription qu’on lit au Pavillon de la Suède éclaire à sa façon les a
3266 penser que l’inscription qu’on lit au Pavillon de la Suède éclaire à sa façon les arrière-plans de ce miracle : « Il y a m
3267 on lit au Pavillon de la Suède éclaire à sa façon les arrière-plans de ce miracle : « Il y a mille ans que le peuple suédoi
3268 ière-plans de ce miracle : « Il y a mille ans que le peuple suédois est son propre maître. Tous les Suédois, hommes et fem
3269 que le peuple suédois est son propre maître. Tous les Suédois, hommes et femmes, jouissent des mêmes droits politiques. »
3270 issait jusqu’ici qu’une adaptation abrégée, selon la coutume détestable qu’appuient nos préjugés classiques et les problém
3271 détestable qu’appuient nos préjugés classiques et les problématiques nécessités du commerce le plus mal compris. 48. Descr
3272 ques et les problématiques nécessités du commerce le plus mal compris. 48. Descriptions, rétrospections, coups de théâtre
3273 s, coïncidences, catastrophes naturelles, et tous les emplois de la fable suédoise : trolls, sorcières, belles jeunes fille
3274 , catastrophes naturelles, et tous les emplois de la fable suédoise : trolls, sorcières, belles jeunes filles courtisées p
3275  [Compte rendu] Selma Lagerlöf, Gösta Berling  », La Nouvelle Revue française, Paris, novembre 1937, p. 857-859.
31 1937, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Au dossier d’une vieille querelle (novembre 1937)
3276 écrivait récemment qu’il faut se garder d’engager la raison dans une aventure — la vie — « où elle ne peut qu’être outragé
3277 se garder d’engager la raison dans une aventure — la vie — « où elle ne peut qu’être outragée » (car la vie est irrationne
3278 a vie — « où elle ne peut qu’être outragée » (car la vie est irrationnelle). D’autres clercs, conséquents, ne manqueront p
3279 prudents, ils feront bien de s’y comporter selon les usages du forum, et de crier avec les loups. « Préservant » ainsi la
3280 orter selon les usages du forum, et de crier avec les loups. « Préservant » ainsi la raison, autant que leur sécurité. On t
3281 et de crier avec les loups. « Préservant » ainsi la raison, autant que leur sécurité. On trouve dans la Logique de Port-R
3282 raison, autant que leur sécurité. On trouve dans la Logique de Port-Royal, un dilemme assez comparable, « par lequel un a
3283 it qu’on ne se devait point mêler des affaires de la République. Si on y agit bien — disait-il — on offensera les dieux ;
3284 que. Si on y agit bien — disait-il — on offensera les dieux ; donc on ne s’en doit point mêler. » Mais Aristote témoigne qu
3285 e qu’on lui répondit : « Si on s’y gouverne selon les règles corrompues des hommes, on contentera les hommes. Si on y garde
3286 n les règles corrompues des hommes, on contentera les hommes. Si on y garde la vraie justice, on contentera les dieux. Donc
3287 s hommes, on contentera les hommes. Si on y garde la vraie justice, on contentera les dieux. Donc on s’en doit mêler. » La
3288 es. Si on y garde la vraie justice, on contentera les dieux. Donc on s’en doit mêler. » La Logique observe à propos du prem
3289 contentera les dieux. Donc on s’en doit mêler. » La Logique observe à propos du premier dilemme — ou sophisme — « qu’il n
3290 sophisme — « qu’il n’est point fâcheux d’offenser les hommes, quand on ne le peut éviter qu’en offensant Dieu ». Et au suje
3291 point fâcheux d’offenser les hommes, quand on ne le peut éviter qu’en offensant Dieu ». Et au sujet du second : « qu’il n
3292 econd : « qu’il n’est pas avantageux de contenter les hommes en offensant Dieu ». J’en conclus qu’il est bon d’engager la r
3293 sant Dieu ». J’en conclus qu’il est bon d’engager la raison dans la vie : non point pour qu’elle y reçoive des outrages, m
3294 en conclus qu’il est bon d’engager la raison dans la vie : non point pour qu’elle y reçoive des outrages, mais pour qu’ell
3295 besoin. Que cela n’aille pas sans risques, c’est l’ évidence. Mais il s’agit de savoir ce que l’on révère, de la vérité ou
3296 c’est l’évidence. Mais il s’agit de savoir ce que l’ on révère, de la vérité ou de la sécurité. Ce serait une raison bien d
3297 . Mais il s’agit de savoir ce que l’on révère, de la vérité ou de la sécurité. Ce serait une raison bien débile, qui n’ose
3298 de savoir ce que l’on révère, de la vérité ou de la sécurité. Ce serait une raison bien débile, qui n’oserait s’exercer q
3299 l y a quelque part du rationnel (que ce soit dans le monde ou dans l’esprit) c’est que la raison s’est bel et bien risquée
3300 t du rationnel (que ce soit dans le monde ou dans l’ esprit) c’est que la raison s’est bel et bien risquée et se risque enc
3301 ce soit dans le monde ou dans l’esprit) c’est que la raison s’est bel et bien risquée et se risque encore dans le chaos, e
3302 ’est bel et bien risquée et se risque encore dans le chaos, et qu’elle a su y prévaloir sur quelques points. On ne voit pa
3303 pourquoi il faudrait s’arrêter. Et même, à faire le petit rentier du rationnel, on court le risque le plus onéreux : celu
3304 , à faire le petit rentier du rationnel, on court le risque le plus onéreux : celui de laisser perdre le peu qui fut gagné
3305 le petit rentier du rationnel, on court le risque le plus onéreux : celui de laisser perdre le peu qui fut gagné par d’aut
3306 risque le plus onéreux : celui de laisser perdre le peu qui fut gagné par d’autres, et dont on vit. ah. Rougemont Deni
3307 Denis de, « Au dossier d’une vieille querelle », La Nouvelle Revue française, Paris, novembre 1937, p. 873-874.
32 1938, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Le Monastère noir, par Aladár Kuncz (janvier 1938)
3308 Le Monastère noir, par Aladár Kuncz (janvier 1938)ai Professeur, écri
3309 écrivain, traducteur d’ouvrages français, ami de la France, séjournant en France, Aladár Kuncz, sujet hongrois, se voit a
3310 se voit arrêté à Paris dès les premiers jours de la guerre. On l’envoie dans un camp à Perpignan. De là au « monastère no
3311 é à Paris dès les premiers jours de la guerre. On l’ envoie dans un camp à Perpignan. De là au « monastère noir », la forte
3312 un camp à Perpignan. De là au « monastère noir », la forteresse de Noirmoutier, puis à l’île d’Yeu. Il ne sera libéré qu’a
3313 tère noir », la forteresse de Noirmoutier, puis à l’ île d’Yeu. Il ne sera libéré qu’après cinq ans de captivité, durant le
3314 cinq ans de captivité, durant lesquels il subira les manifestations, inépuisables d’imprévu, du patriotisme de l’arrière.
3315 ations, inépuisables d’imprévu, du patriotisme de l’ arrière. Et voici le journal de cet intellectuel jeté dans un cul de b
3316 d’imprévu, du patriotisme de l’arrière. Et voici le journal de cet intellectuel jeté dans un cul de bassefosse par le jeu
3317 t intellectuel jeté dans un cul de bassefosse par le jeu de l’état civil. Qu’il ne s’y mêle aucune trace de hargne, c’est
3318 tuel jeté dans un cul de bassefosse par le jeu de l’ état civil. Qu’il ne s’y mêle aucune trace de hargne, c’est un miracle
3319 ucune trace de hargne, c’est un miracle qui défie l’ époque. M. de Lacretelle, dans sa préface, déclare fort justement qu’i
3320 Vous en ferez tous autant en lisant ce livre, en le faisant lire. Et vous ferez quelque chose contre la guerre, ne fût-ce
3321 faisant lire. Et vous ferez quelque chose contre la guerre, ne fût-ce que de la connaître mieux. Peut-être même prendrez-
3322 quelque chose contre la guerre, ne fût-ce que de la connaître mieux. Peut-être même prendrez-vous conscience d’une menace
3323 rale encore, qui concerne chacun de nous, et dont l’ internement de guerre n’est qu’une conséquence entre mille, d’une viru
3324 ais au moins déclarée. Je veux parler du mythe de l’ arrestation, de la psychose créée dans le monde actuel par ce phénomèn
3325 rée. Je veux parler du mythe de l’arrestation, de la psychose créée dans le monde actuel par ce phénomène multiforme, insa
3326 mythe de l’arrestation, de la psychose créée dans le monde actuel par ce phénomène multiforme, insaisissable et saisissant
3327 isons » collectives et obscures. Il me paraît que le livre de Kuncz tire son tragique le plus secret du fait qu’il symboli
3328 me paraît que le livre de Kuncz tire son tragique le plus secret du fait qu’il symbolise, illustre et concrétise une condi
3329 soumis aux lois d’une collectivité délirante. Sur la foi d’affiches officielles promettant aux internés une libération rap
3330 ut placés pour leur faire part de son état : mais les lettres n’arrivent jamais, ou demeurent sans réponse. Le courrier qu’
3331 res n’arrivent jamais, ou demeurent sans réponse. Le courrier qu’on lui adresse est retenu par les intendants, les paquets
3332 nse. Le courrier qu’on lui adresse est retenu par les intendants, les paquets vidés. Le régime disciplinaire est aggravé de
3333 qu’on lui adresse est retenu par les intendants, les paquets vidés. Le régime disciplinaire est aggravé de temps à autre,
3334 est retenu par les intendants, les paquets vidés. Le régime disciplinaire est aggravé de temps à autre, on ne sait pourquo
3335 e sait pourquoi, « par représailles ». Puis c’est le départ brusqué « pour X… ». Ni raisons ni points de repère : c’est la
3336 pour X… ». Ni raisons ni points de repère : c’est la guerre. C’est un mot sacré. C’est quelque chose qui se passe très loi
3337 souffre, mais dont on ne sait rien de précis, ni l’ enjeu ni les causes véritables. Il ne reste que l’obscure certitude, a
3338 ais dont on ne sait rien de précis, ni l’enjeu ni les causes véritables. Il ne reste que l’obscure certitude, angoissante,
3339 l’enjeu ni les causes véritables. Il ne reste que l’ obscure certitude, angoissante, que cette guerre « se fait toute seule
3340 elle. Comment ne point songer au Procès de Kafka, la plus géniale description du mythe de l’arrestationaj. On se rappelle
3341 de Kafka, la plus géniale description du mythe de l’ arrestationaj. On se rappelle que c’était l’histoire d’un homme qui se
3342 he de l’arrestationaj. On se rappelle que c’était l’ histoire d’un homme qui se voit inculpé, par une justice inaccessible,
3343 une signification théologique. Mais ce n’est pas la seule possible. Il y a aussi dans ce livre une parabole de l’homme tr
3344 sible. Il y a aussi dans ce livre une parabole de l’ homme traqué par les tyrannies anonymes qui se multiplient dans notre
3345 dans ce livre une parabole de l’homme traqué par les tyrannies anonymes qui se multiplient dans notre siècle49, et tendent
3346 à faire du moindre d’entre nous un prévenu. C’est le cauchemar du xxe siècle. Le triomphe de l’État sur l’homme. D’ailleu
3347 us un prévenu. C’est le cauchemar du xxe siècle. Le triomphe de l’État sur l’homme. D’ailleurs on peut aussi ne rien voir
3348 C’est le cauchemar du xxe siècle. Le triomphe de l’ État sur l’homme. D’ailleurs on peut aussi ne rien voir de tout cela d
3349 uchemar du xxe siècle. Le triomphe de l’État sur l’ homme. D’ailleurs on peut aussi ne rien voir de tout cela dans le livr
3350 eurs on peut aussi ne rien voir de tout cela dans le livre de Kuncz : il nous apporte un document bien assez émouvant comm
3351 rte un document bien assez émouvant comme tel. Et la preuve, une fois de plus, que l’homme moderne ne se connaît jamais mi
3352 nt comme tel. Et la preuve, une fois de plus, que l’ homme moderne ne se connaît jamais mieux qu’à la faveur de circonstanc
3353 e l’homme moderne ne se connaît jamais mieux qu’à la faveur de circonstances brutales, qui le rabattent à l’élémentaire.
3354 eux qu’à la faveur de circonstances brutales, qui le rabattent à l’élémentaire. 49. Police d’État, polices privées, doua
3355 eur de circonstances brutales, qui le rabattent à l’ élémentaire. 49. Police d’État, polices privées, douaniers, passepor
3356 ougemont Denis de, « [Compte rendu] Aladár Kuncz, Le Monastère noir  », La Nouvelle Revue française, Paris, janvier 1938,
3357 Compte rendu] Aladár Kuncz, Le Monastère noir  », La Nouvelle Revue française, Paris, janvier 1938, p. 145-146. aj. Rouge
3358 p. 145-146. aj. Rougemont en a rendu compte dans le numéro de mai 1934 de la NRF : «  Le Procès, par Franz Kafka, traduit
3359 t en a rendu compte dans le numéro de mai 1934 de la NRF : «  Le Procès, par Franz Kafka, traduit par A. Vialatte (Gallima
3360 compte dans le numéro de mai 1934 de la NRF : «  Le Procès, par Franz Kafka, traduit par A. Vialatte (Gallimard) ».
33 1938, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Victoire à Waterloo, par Robert Aron (février 1938)
3361 qua et termina ses jours à Sainte-Hélène. Tel est le sujet. En somme, mettant un signe plus là où l’Histoire met un signe
3362 t le sujet. En somme, mettant un signe plus là où l’ Histoire met un signe moins, l’auteur annule le facteur Waterloo, et n
3363 n signe plus là où l’Histoire met un signe moins, l’ auteur annule le facteur Waterloo, et nous démontre que l’équation Nap
3364 où l’Histoire met un signe moins, l’auteur annule le facteur Waterloo, et nous démontre que l’équation Napoléon n’en doit
3365 annule le facteur Waterloo, et nous démontre que l’ équation Napoléon n’en doit pas moins avoir pour second membre l’abdic
3366 léon n’en doit pas moins avoir pour second membre l’ abdication. Il y a sans doute une théorie de l’Histoire à l’origine de
3367 re l’abdication. Il y a sans doute une théorie de l’ Histoire à l’origine de cet ouvrage d’une passionnante ambiguïté, et q
3368 on. Il y a sans doute une théorie de l’Histoire à l’ origine de cet ouvrage d’une passionnante ambiguïté, et qui se donne l
3369 age d’une passionnante ambiguïté, et qui se donne l’ air d’une « fantaisie ». Prenons ce mot au sens allemand : une « imagi
3370 in des conséquences fausses de faits « prouvés ». La thèse peut se discuter. L’illustration m’en paraît convaincante. « Le
3371 de faits « prouvés ». La thèse peut se discuter. L’ illustration m’en paraît convaincante. « Le grand étonnement que peut
3372 cuter. L’illustration m’en paraît convaincante. «  Le grand étonnement que peut provoquer ce livre, dit la préface, est que
3373 grand étonnement que peut provoquer ce livre, dit la préface, est que pour transformer une défaite en victoire et une abdi
3374 ger et si peu imaginer. Il faut vraiment que dans l’ histoire des hommes les faits interviennent moins qu’on ne croit commu
3375 . Il faut vraiment que dans l’histoire des hommes les faits interviennent moins qu’on ne croit communément. Il faut vraimen
3376 stinée, et non pas devant Blücher, ce hasard, que l’ empereur devait succomber. Mais pourquoi cette victoire à Waterloo ? P
3377 oo ? Parce qu’au cours des journées qui précèdent la bataille, Napoléon a découvert la vie concrète d’un pays et des êtres
3378 s qui précèdent la bataille, Napoléon a découvert la vie concrète d’un pays et des êtres dont c’est la patrie. Il a conçu
3379 la vie concrète d’un pays et des êtres dont c’est la patrie. Il a conçu les premiers doutes humains sur la réalité de son
3380 atrie. Il a conçu les premiers doutes humains sur la réalité de son empire, sur son pouvoir abstrait et sa démesure géomét
3381 étrique. Et revenant à ses origines, au moment où le sort de la bataille vacille, il a retrouvé soudain le cri de la Révol
3382 revenant à ses origines, au moment où le sort de la bataille vacille, il a retrouvé soudain le cri de la Révolution : Viv
3383 ort de la bataille vacille, il a retrouvé soudain le cri de la Révolution : Vive la Nation ! Or ce cri qui lui donne la vi
3384 bataille vacille, il a retrouvé soudain le cri de la Révolution : Vive la Nation ! Or ce cri qui lui donne la victoire le
3385 a retrouvé soudain le cri de la Révolution : Vive la Nation ! Or ce cri qui lui donne la victoire le condamne. Je simplifi
3386 lution : Vive la Nation ! Or ce cri qui lui donne la victoire le condamne. Je simplifie encore la thèse : Napoléon gagne W
3387 e la Nation ! Or ce cri qui lui donne la victoire le condamne. Je simplifie encore la thèse : Napoléon gagne Waterloo parc
3388 onne la victoire le condamne. Je simplifie encore la thèse : Napoléon gagne Waterloo parce qu’il retrouve le « personnalis
3389 se : Napoléon gagne Waterloo parce qu’il retrouve le « personnalisme » mais cela même dénonce son pouvoir, préfiguration d
3390 s. (Lui aussi fut trois fois plébiscité !) Devant les Chambres, il s’écriera : « Prenez conscience, Messieurs, que depuis v
3391 pas été capables de fédérer nos communes. » Voilà l’ épigraphe de l’ouvrage, qui par ailleurs compose bien d’autres thèmes 
3392 s de fédérer nos communes. » Voilà l’épigraphe de l’ ouvrage, qui par ailleurs compose bien d’autres thèmes : celui des île
3393 e bien d’autres thèmes : celui des îles, celui de la patrie perdue que Bonaparte cherche à se recréer, celui du schizophrè
3394 he à se recréer, celui du schizophrène qui « perd le sentiment », celui d’une société qu’il faut bâtir « à hauteur d’homme
3395 ur d’idéologies. Peut-être ai-je trop insisté sur l’ actualité politique de cette méditation personnaliste. Car après tout,
3396 t, c’est une histoire, un des meilleurs romans de l’ année, et qui se fait lire avec le plus constant plaisir, d’autant que
3397 leurs romans de l’année, et qui se fait lire avec le plus constant plaisir, d’autant que l’on pouvait redouter l’agacement
3398 lire avec le plus constant plaisir, d’autant que l’ on pouvait redouter l’agacement de la facilité, le même que donne la l
3399 stant plaisir, d’autant que l’on pouvait redouter l’ agacement de la facilité, le même que donne la lecture de romans d’ant
3400 d’autant que l’on pouvait redouter l’agacement de la facilité, le même que donne la lecture de romans d’anticipation. Il y
3401 l’on pouvait redouter l’agacement de la facilité, le même que donne la lecture de romans d’anticipation. Il y a bien plus
3402 ter l’agacement de la facilité, le même que donne la lecture de romans d’anticipation. Il y a bien plus que de l’ingéniosi
3403 de romans d’anticipation. Il y a bien plus que de l’ ingéniosité dans ce livre : un sens de l’homme et des limites de sa gr
3404 s que de l’ingéniosité dans ce livre : un sens de l’ homme et des limites de sa grandeur, un sens de l’humour du destin, un
3405 l’homme et des limites de sa grandeur, un sens de l’ humour du destin, une vraie poésie de l’Histoire, libératrice et excit
3406 n sens de l’humour du destin, une vraie poésie de l’ Histoire, libératrice et excitante pour l’esprit. À peine l’a-t-on fin
3407 ésie de l’Histoire, libératrice et excitante pour l’ esprit. À peine l’a-t-on fini qu’on se jette sur Sorel, sur Madelin et
3408 , libératrice et excitante pour l’esprit. À peine l’ a-t-on fini qu’on se jette sur Sorel, sur Madelin et sur Aubry, pour l
3409 Aubry, pour leur arracher des aveux à l’appui de la thèse d’Aron. 50. Jean-Paul rapporte un rêve où il disait à Napoléo
3410 ompte rendu] Robert Aron, Victoire à Waterloo  », La Nouvelle Revue française, Paris, février 1938, p. 313-314.
34 1938, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Une révolution refoulée (juillet 1938)
3411 Est-il possible d’indiquer une raison simple de l’ échec du Front populaire ? La psychanalyse nous propose un type d’expl
3412 une raison simple de l’échec du Front populaire ? La psychanalyse nous propose un type d’explication qui me paraît bien te
3413 d’explication qui me paraît bien tentant : c’est le mécanisme du « refoulement » d’où procèdent les « actes manqués ». S’
3414 st le mécanisme du « refoulement » d’où procèdent les « actes manqués ». S’il y a eu « expérience Blum », elle a consisté à
3415 u « expérience Blum », elle a consisté à empêcher la révolution. Juin 1936 était un espoir que les accords Matignon trompè
3416 cher la révolution. Juin 1936 était un espoir que les accords Matignon trompèrent. C’est tout ce que l’Histoire retiendra.
3417 es accords Matignon trompèrent. C’est tout ce que l’ Histoire retiendra. Ce fait initial a déterminé la courbe de l’expérie
3418 l’Histoire retiendra. Ce fait initial a déterminé la courbe de l’expérience : il s’agissait d’affirmer une mystique, mais
3419 tiendra. Ce fait initial a déterminé la courbe de l’ expérience : il s’agissait d’affirmer une mystique, mais de ne faire q
3420 ait d’affirmer une mystique, mais de ne faire que les réformes qu’imposait la pression des « masses ». Dans une telle situa
3421 ue, mais de ne faire que les réformes qu’imposait la pression des « masses ». Dans une telle situation historique, les réf
3422 « masses ». Dans une telle situation historique, les réformes vont toujours à l’encontre des buts allégués. Chacun sent tr
3423 lissement du sens civique tellement frappant dans la France actuelle. (Au moins dans celle qui se manifeste.) Et les réfor
3424 uelle. (Au moins dans celle qui se manifeste.) Et les réformes obtenues apparaissent comme les résultantes de deux lâchetés
3425 ste.) Et les réformes obtenues apparaissent comme les résultantes de deux lâchetés, non de deux volontés. Or, quand le sens
3426 de deux lâchetés, non de deux volontés. Or, quand le sens civique fléchit, c’est-à-dire quand chacun veut avoir plus qu’il
3427 e de faire aboutir des réformes. Mais personne ne la prépare. M. Staline a d’autres plans, et Ce soir a d’autres vertus. S
3428 ée, donc sanglante, donc destinée à se figer dans le rictus d’une dictature. Tout le monde le sent, tout le monde le crain
3429 ger dans le rictus d’une dictature. Tout le monde le sent, tout le monde le craint — et le désire sans se l’avouer. Voilà
3430 e dictature. Tout le monde le sent, tout le monde le craint — et le désire sans se l’avouer. Voilà pourquoi personne ne bo
3431 ut le monde le sent, tout le monde le craint — et le désire sans se l’avouer. Voilà pourquoi personne ne bouge. C’est effr
3432 t, tout le monde le craint — et le désire sans se l’ avouer. Voilà pourquoi personne ne bouge. C’est effrayant, cette immob
3433 e bouge. C’est effrayant, cette immobilité devant le péril. La dictature fascine les masses, et les élites. Sous prétexte
3434 ’est effrayant, cette immobilité devant le péril. La dictature fascine les masses, et les élites. Sous prétexte de lui rés
3435 immobilité devant le péril. La dictature fascine les masses, et les élites. Sous prétexte de lui résister, les voilà qui d
3436 ant le péril. La dictature fascine les masses, et les élites. Sous prétexte de lui résister, les voilà qui d’elles-mêmes se
3437 es, et les élites. Sous prétexte de lui résister, les voilà qui d’elles-mêmes se mettent en rang, lèvent le poing, acclamen
3438 oilà qui d’elles-mêmes se mettent en rang, lèvent le poing, acclament des caporaux. Ainsi l’Autriche fascinée s’est jetée
3439 g, lèvent le poing, acclament des caporaux. Ainsi l’ Autriche fascinée s’est jetée dans la gueule du dragon, après avoir tr
3440 oraux. Ainsi l’Autriche fascinée s’est jetée dans la gueule du dragon, après avoir trompé et désarmé la résistance proléta
3441 a gueule du dragon, après avoir trompé et désarmé la résistance prolétarienne. On a refoulé dès sa naissance la révolution
3442 ance prolétarienne. On a refoulé dès sa naissance la révolution de 36. D’où le « complexe » qui s’est noué. Complexe fasci
3443 efoulé dès sa naissance la révolution de 36. D’où le « complexe » qui s’est noué. Complexe fasciste, avoué sous le nom d’a
3444 e » qui s’est noué. Complexe fasciste, avoué sous le nom d’antifascisme, c’est normal. On n’arrête pas une révolution lors
3445 e révolution lorsqu’elle est nécessaire, et c’est le cas. Mais il arrive qu’on la dénature en la refoulant trop longtemps.
3446 nécessaire, et c’est le cas. Mais il arrive qu’on la dénature en la refoulant trop longtemps. Elle cherche alors d’autres
3447 c’est le cas. Mais il arrive qu’on la dénature en la refoulant trop longtemps. Elle cherche alors d’autres voies, et les t
3448 longtemps. Elle cherche alors d’autres voies, et les trouve. Encore un peu de mystique Front populaire, encore quelques ré
3449 à contre-fins, quelques crises gouvernementales, la livre à 600, le chômage ; — et le premier dictateur venu tirera les c
3450 quelques crises gouvernementales, la livre à 600, le chômage ; — et le premier dictateur venu tirera les conclusions logiq
3451 e chômage ; — et le premier dictateur venu tirera les conclusions logiques. Sera-t-il Français ? Je voudrais me tromper, cr
3452 Rougemont Denis de, « Une révolution refoulée », La Nouvelle Revue française, Paris, juillet 1938, p. 158-159.
35 1938, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Alice au pays des merveilles, par Lewis Carroll (août 1938)
3453 merveilles, par Lewis Carroll (août 1938)am Si l’ on songe que le conte est par essence un récit cocasse et en quelque m
3454 Lewis Carroll (août 1938)am Si l’on songe que le conte est par essence un récit cocasse et en quelque manière libérate
3455 et en quelque manière libérateur, on conçoit que les meilleurs sujets de contes sont les plus abstraitement logiques. La l
3456 n conçoit que les meilleurs sujets de contes sont les plus abstraitement logiques. La logique enfantine est bien plus proch
3457 s de contes sont les plus abstraitement logiques. La logique enfantine est bien plus proche du raisonnement mathématique q
3458 n plus proche du raisonnement mathématique que de la raison avertie, donc impure. Elle opère en toute liberté sur un nombr
3459 ombre restreint de données qu’elle considère dans l’ absolu, et elle en tire des déductions exactes, qui se trouvent par là
3460 s exactes, qui se trouvent par là même contredire l’ expérience vécue et les règles sociales. D’où le cocasse et le sentime
3461 vent par là même contredire l’expérience vécue et les règles sociales. D’où le cocasse et le sentiment de libération. En ou
3462 e l’expérience vécue et les règles sociales. D’où le cocasse et le sentiment de libération. En outre, quoi de plus importa
3463 vécue et les règles sociales. D’où le cocasse et le sentiment de libération. En outre, quoi de plus important pour un enf
3464 outre, quoi de plus important pour un enfant que la comparaison des grandeurs — « plus grand que » et « plus petit que »
3465 rand que » et « plus petit que » —, qui est aussi le fondement de toute mathématique. Ces remarques peuvent nous orienter
3466 hématicien —, et d’Alice en particulier. On dit à l’ enfant : mange ta soupe et tu deviendras grand. Donc il peut exister d
3467 onc il peut exister des aliments qui produiraient l’ effet inverse ? Et l’imagination peut aisément accélérer ces deux effe
3468 es aliments qui produiraient l’effet inverse ? Et l’ imagination peut aisément accélérer ces deux effets. Qu’en résultera-t
3469 accélérer ces deux effets. Qu’en résultera-t-il ? Le rêve logique qu’est le conte de Carroll nous apparaît alors comme une
3470 ts. Qu’en résultera-t-il ? Le rêve logique qu’est le conte de Carroll nous apparaît alors comme une série de variations su
3471 apparaît alors comme une série de variations sur le thème de la relativité dans l’espace et le temps. Tantôt géante et ta
3472 ors comme une série de variations sur le thème de la relativité dans l’espace et le temps. Tantôt géante et tantôt naine,
3473 de variations sur le thème de la relativité dans l’ espace et le temps. Tantôt géante et tantôt naine, Alice expérimente c
3474 ns sur le thème de la relativité dans l’espace et le temps. Tantôt géante et tantôt naine, Alice expérimente chaque fois u
3475 tôt naine, Alice expérimente chaque fois un monde nouveau , et chaque fois elle se sent plus forte ou plus faible que les règles
3476 e fois elle se sent plus forte ou plus faible que les règles sociales admises. Supposées « justes » pour le niveau « normal
3477 ègles sociales admises. Supposées « justes » pour le niveau « normal », ces règles paraissent absurdes quand Alice est plu
3478 e, et vexatoires quand elle est plus petite. Dans les deux cas, elles lui deviennent problématiques. D’où les discussions q
3479 ux cas, elles lui deviennent problématiques. D’où les discussions qu’elle engage avec les animaux parlants, créatures curie
3480 atiques. D’où les discussions qu’elle engage avec les animaux parlants, créatures curieusement acharnées à lui opposer une
3481 rnées à lui opposer une logique qui, n’étant plus le fait des grandes personnes — « ce qui va de soi » — apparaît tantôt r
3482 » — apparaît tantôt ridicule, tantôt tyrannique à l’ excès. Ce Lièvre de Mars, ce Loir et ce Chapelier fou, on croirait une
3483 u, on croirait une préfiguration des logiciens de l’ école de Vienne. Et la discussion sur le temps, au cours du « Thé louf
3484 figuration des logiciens de l’école de Vienne. Et la discussion sur le temps, au cours du « Thé loufoque » où il est toujo
3485 iciens de l’école de Vienne. Et la discussion sur le temps, au cours du « Thé loufoque » où il est toujours cinq heures, a
3486 , constamment réfutée par un formalisme délirant. Le pire, c’est que la plupart des discussions pèchent par l’absence d’un
3487 c’est que la plupart des discussions pèchent par l’ absence d’un élément de commune mesure : d’où l’impression d’entrave,
3488 r l’absence d’un élément de commune mesure : d’où l’ impression d’entrave, de cauchemar. Impossible de savoir qui a gagné,
3489 rincipales du jeu est omise ou inobservée. (Ainsi la partie de croquet, la discussion avec le bourreau qui refuse de décap
3490 omise ou inobservée. (Ainsi la partie de croquet, la discussion avec le bourreau qui refuse de décapiter un chat dont la t
3491 . (Ainsi la partie de croquet, la discussion avec le bourreau qui refuse de décapiter un chat dont la tête seule est visib
3492 le bourreau qui refuse de décapiter un chat dont la tête seule est visible, etc.). Et pourtant, ce n’est que d’un jeu qu’
3493 e n’est que d’un jeu qu’il s’agit. Alice en garde la conscience secrète — comme dans le rêve — et peut s’en libérer dès qu
3494 Alice en garde la conscience secrète — comme dans le rêve — et peut s’en libérer dès que l’absurdité devient intolérable o
3495 comme dans le rêve — et peut s’en libérer dès que l’ absurdité devient intolérable ou menaçante. D’ailleurs, on pourrait pr
3496 n pourrait proposer une explication parallèle par le langage, autre problème fondamental pour un enfant. Les deux hypothès
3497 ngage, autre problème fondamental pour un enfant. Les deux hypothèses rendent compte de la plupart des « gags » dont se com
3498 compte de la plupart des « gags » dont se compose le récit. Et parfois les pièges logiques ont une double détente par cale
3499 des « gags » dont se compose le récit. Et parfois les pièges logiques ont une double détente par calembour. Tout cela est a
3500 calembour. Tout cela est assez bien symbolisé par la déclaration de la Tortue à Tête de Veau, qui croit que les quatre opé
3501 la est assez bien symbolisé par la déclaration de la Tortue à Tête de Veau, qui croit que les quatre opérations arithmétiq
3502 ration de la Tortue à Tête de Veau, qui croit que les quatre opérations arithmétiques sont l’Ambition, la Distraction, la L
3503 roit que les quatre opérations arithmétiques sont l’ Ambition, la Distraction, la Laidification et la Dérision. Mais ici se
3504 quatre opérations arithmétiques sont l’Ambition, la Distraction, la Laidification et la Dérision. Mais ici se poserait le
3505 ns arithmétiques sont l’Ambition, la Distraction, la Laidification et la Dérision. Mais ici se poserait le problème de la
3506 t l’Ambition, la Distraction, la Laidification et la Dérision. Mais ici se poserait le problème de la version française du
3507 aidification et la Dérision. Mais ici se poserait le problème de la version française du conte ; celle de René Bour me par
3508 la Dérision. Mais ici se poserait le problème de la version française du conte ; celle de René Bour me paraît scrupuleuse
3509 arée ici ou là par des préciosités indéfendables. Les dessins sont d’une meilleure plume. am. Rougemont Denis de, « [Com
3510 ] Lewis Carroll, Alice au pays des merveilles  », La Nouvelle Revue française, Paris, août 1938, p. 328-329.
36 1938, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Page d’histoire (novembre 1938)
3511 novembre 1938)an D’un manuel futur : Leçon sur la crise des minorités en 1938. 1. Caractérisez l’état politique de l’Eu
3512 r la crise des minorités en 1938. 1. Caractérisez l’ état politique de l’Europe en 1938. — Les démocraties de l’Ouest avaie
3513 ités en 1938. 1. Caractérisez l’état politique de l’ Europe en 1938. — Les démocraties de l’Ouest avaient fondé leur paix s
3514 actérisez l’état politique de l’Europe en 1938. —  Les démocraties de l’Ouest avaient fondé leur paix sur deux principes : d
3515 litique de l’Europe en 1938. — Les démocraties de l’ Ouest avaient fondé leur paix sur deux principes : droit des peuples à
3516 nternational. Au nom du premier principe fut créé l’ État tchèque, au nom du second, la SDN. Mais le jacobinisme des démocr
3517 incipe fut créé l’État tchèque, au nom du second, la SDN. Mais le jacobinisme des démocraties (centralisation rigide, conf
3518 éé l’État tchèque, au nom du second, la SDN. Mais le jacobinisme des démocraties (centralisation rigide, confusion de l’Ét
3519 démocraties (centralisation rigide, confusion de l’ État et de la Nation) s’opposait dans le fait à toute application honn
3520 (centralisation rigide, confusion de l’État et de la Nation) s’opposait dans le fait à toute application honnête des deux
3521 fusion de l’État et de la Nation) s’opposait dans le fait à toute application honnête des deux principes. D’une part la SD
3522 pplication honnête des deux principes. D’une part la SDN ne fut pas une fédération, aucun des États constituants n’ayant r
3523 noncé à aucune de ses prérogatives au bénéfice de la Société ; d’autre part l’État tchèque opprima ses propres minorités,
3524 ogatives au bénéfice de la Société ; d’autre part l’ État tchèque opprima ses propres minorités, leur imposant un régime ce
3525 spiré du modèle français. 2. Sur quoi se basaient les revendications hitlériennes ? — Les dictateurs du Centre européen fur
3526 i se basaient les revendications hitlériennes ? —  Les dictateurs du Centre européen furent les premiers à s’apercevoir du p
3527 politique que nous venons de définir. Ils eurent l’ habileté de baser leurs revendications, à la fois sur l’un des princip
3528 endications, à la fois sur l’un des principes que les démocraties prétendaient défendre, et sur le système qu’elles pratiqu
3529 que les démocraties prétendaient défendre, et sur le système qu’elles pratiquaient en fait. C’est ainsi que l’Allemagne ex
3530 me qu’elles pratiquaient en fait. C’est ainsi que l’ Allemagne exigea l’autonomie des Sudètes au nom du droit de libre disp
3531 aient en fait. C’est ainsi que l’Allemagne exigea l’ autonomie des Sudètes au nom du droit de libre disposition des peuples
3532 ition des peuples, puis leur annexion au nom de «  l’ unité nationale ». 3. Quelle fut la réponse des démocraties ? — Il éta
3533 on au nom de « l’unité nationale ». 3. Quelle fut la réponse des démocraties ? — Il était fatal, dans ces conditions, que
3534 ties ? — Il était fatal, dans ces conditions, que les démocraties se laissassent convaincre par le « bon droit » des exigen
3535 que les démocraties se laissassent convaincre par le « bon droit » des exigences allemandes. Et c’est pourquoi, lorsqu’en
3536 des. Et c’est pourquoi, lorsqu’en septembre 1938, l’ Allemagne appuya sa revendication de menaces militaires, les démocrati
3537 ne appuya sa revendication de menaces militaires, les démocraties cédèrent (entrevue de Berchtesgaden). 4. Pourquoi le conf
3538 cédèrent (entrevue de Berchtesgaden). 4. Pourquoi le conflit s’aggrava-t-il subitement ? — Le litige était réglé en princi
3539 Pourquoi le conflit s’aggrava-t-il subitement ? —  Le litige était réglé en principe. Mais alors (entrevue de Godesberg), H
3540 is alors (entrevue de Godesberg), Hitler démasqua l’ aspect original (et non plus jacobin) de la dictature totalitaire : l’
3541 masqua l’aspect original (et non plus jacobin) de la dictature totalitaire : l’impérialisme religieux, ou sacral. Il exige
3542 t non plus jacobin) de la dictature totalitaire : l’ impérialisme religieux, ou sacral. Il exigea d’entrer en armes et sur
3543 ux, ou sacral. Il exigea d’entrer en armes et sur le champ dans les territoires sudètes. Une cession purement diplomatique
3544 Il exigea d’entrer en armes et sur le champ dans les territoires sudètes. Une cession purement diplomatique n’eût pas comp
3545 urement diplomatique n’eût pas compté à ses yeux. La religion dont il était le fondateur voulait le sacrifice sanglant (ou
3546 pas compté à ses yeux. La religion dont il était le fondateur voulait le sacrifice sanglant (ou son symbole), le viol de
3547 x. La religion dont il était le fondateur voulait le sacrifice sanglant (ou son symbole), le viol de la victime, la « libé
3548 r voulait le sacrifice sanglant (ou son symbole), le viol de la victime, la « libération » violente de la proie désirée (g
3549 e sacrifice sanglant (ou son symbole), le viol de la victime, la « libération » violente de la proie désirée (guerre limit
3550 sanglant (ou son symbole), le viol de la victime, la « libération » violente de la proie désirée (guerre limitée). 5. Quel
3551 viol de la victime, la « libération » violente de la proie désirée (guerre limitée). 5. Quelle fut la réaction de l’Europe
3552 la proie désirée (guerre limitée). 5. Quelle fut la réaction de l’Europe ? — L’opinion démocratique apparut désorientée p
3553 ée (guerre limitée). 5. Quelle fut la réaction de l’ Europe ? — L’opinion démocratique apparut désorientée par cette exigen
3554 mitée). 5. Quelle fut la réaction de l’Europe ? —  L’ opinion démocratique apparut désorientée par cette exigence purement «
3555 rientée par cette exigence purement « rituelle ». Les uns remarquaient qu’il n’y avait guère de différence entre Berchtesga
3556 e de différence entre Berchtesgaden et Godesberg. Les autres pensaient que l’exigence d’entrer en armes était une « querell
3557 chtesgaden et Godesberg. Les autres pensaient que l’ exigence d’entrer en armes était une « querelle d’Allemands », une rod
3558 anglais sut voir et dire qu’il y avait là un fait nouveau , le signe d’une volonté d’hégémonie. C’était traduire en termes class
3559 ut voir et dire qu’il y avait là un fait nouveau, le signe d’une volonté d’hégémonie. C’était traduire en termes classique
3560 ’hégémonie. C’était traduire en termes classiques la réalité pressentie de la nouvelle religion totalitaire. D’ailleurs, l
3561 ire en termes classiques la réalité pressentie de la nouvelle religion totalitaire. D’ailleurs, les réactions des masses n
3562 de la nouvelle religion totalitaire. D’ailleurs, les réactions des masses ne tardèrent pas à démontrer que Chamberlain ava
3563 ne des tendances fondamentales et instinctives de l’ Occident : la résistance à toute hégémonie, au nom d’un idéal latent d
3564 ces fondamentales et instinctives de l’Occident : la résistance à toute hégémonie, au nom d’un idéal latent de fédération
3565 pied d’égalité. Une vague de fond s’éleva contre la prétention allemande, que l’on sentait, obscurément, ruineuse pour l’
3566 fond s’éleva contre la prétention allemande, que l’ on sentait, obscurément, ruineuse pour l’avenir confédéral de l’Europe
3567 nde, que l’on sentait, obscurément, ruineuse pour l’ avenir confédéral de l’Europe. Hitler comprit que son heure n’était pa
3568 obscurément, ruineuse pour l’avenir confédéral de l’ Europe. Hitler comprit que son heure n’était pas encore venue. Il se v
3569 pas encore venue. Il se vit contraint d’accepter la réunion à Munich d’une « Diète » de gouvernements égaux, qui régla le
3570 d’une « Diète » de gouvernements égaux, qui régla le problème à l’avantage matériel de l’Allemagne, mais sur une base d’ar
3571 » de gouvernements égaux, qui régla le problème à l’ avantage matériel de l’Allemagne, mais sur une base d’arbitrage intern
3572 x, qui régla le problème à l’avantage matériel de l’ Allemagne, mais sur une base d’arbitrage international préfigurant ain
3573 exclusif de toute hégémonie. 6. À qui profitèrent les accords de Munich ? — Cette victoire symbolique du principe fédératif
3574 ue du principe fédératif ne fut pas exploitée par les nations qui l’avaient remportée comme malgré elles et en dépit de leu
3575 édératif ne fut pas exploitée par les nations qui l’ avaient remportée comme malgré elles et en dépit de leurs intérêts nat
3576 . En proie à des luttes intestines sans grandeur, les démocraties de l’Ouest ne surent tirer d’un événement aussi considéra
3577 ttes intestines sans grandeur, les démocraties de l’ Ouest ne surent tirer d’un événement aussi considérable que des conclu
3578 aient à faire état des pertes matérielles subies. Le bénéfice moral, incalculable, fut perdu. 7. Conclusion. — La voie éta
3579 moral, incalculable, fut perdu. 7. Conclusion. —  La voie était dès lors ouverte aux ambitions totalitaires, les dictateur
3580 tait dès lors ouverte aux ambitions totalitaires, les dictateurs ne trouvant plus devant eux que des États demeurés central
3581 s ils empruntaient leurs vieux systèmes mais pour les appliquer avec rigueur. Personne ne sut opposer au Führer l’idéal qui
3582 r avec rigueur. Personne ne sut opposer au Führer l’ idéal qui avait fait jusqu’alors la force et l’équilibre dynamique de
3583 oser au Führer l’idéal qui avait fait jusqu’alors la force et l’équilibre dynamique de l’Occident : l’utopie agissante d’u
3584 er l’idéal qui avait fait jusqu’alors la force et l’ équilibre dynamique de l’Occident : l’utopie agissante d’une fédératio
3585 jusqu’alors la force et l’équilibre dynamique de l’ Occident : l’utopie agissante d’une fédération des égaux, dont la seul
3586 la force et l’équilibre dynamique de l’Occident : l’ utopie agissante d’une fédération des égaux, dont la seule Suisse figu
3587 utopie agissante d’une fédération des égaux, dont la seule Suisse figurait le microcosme. C’est dans cette perspective his
3588 dération des égaux, dont la seule Suisse figurait le microcosme. C’est dans cette perspective historique que les événement
3589 osme. C’est dans cette perspective historique que les événements ultérieurs (colonisation intra-européenne, état de guerre
3590 apparus en leur temps, trouvent leur explication la moins douteuse. an. Rougemont Denis de, « Page d’histoire », La No
3591 . an. Rougemont Denis de, « Page d’histoire », La Nouvelle Revue française, Paris, novembre 1938, p. 866-867.
37 1939, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Propos sur la religion, par Alain (avril 1939)
3592 Propos sur la religion, par Alain (avril 1939)ao Ces « propos » s’égrènent de 19
3593 Ces « propos » s’égrènent de 1908 à 1935, mais la position de l’auteur n’a pas varié durant ce temps. Elle se ramène, m
3594  » s’égrènent de 1908 à 1935, mais la position de l’ auteur n’a pas varié durant ce temps. Elle se ramène, me semble-t-il,
3595 e temps. Elle se ramène, me semble-t-il, à ceci : la religion, c’est la pratique moyenne du catholicisme français. Il s’ag
3596 mène, me semble-t-il, à ceci : la religion, c’est la pratique moyenne du catholicisme français. Il s’agit moins de la déni
3597 enne du catholicisme français. Il s’agit moins de la dénigrer que de la « réaliser » en la débarrassant de ses « croyances
3598 e français. Il s’agit moins de la dénigrer que de la « réaliser » en la débarrassant de ses « croyances fantastiques » et
3599 it moins de la dénigrer que de la « réaliser » en la débarrassant de ses « croyances fantastiques » et de sa « méthode arr
3600 » et de sa « méthode arriérée », qui est celle de l’ autorité (p. 72). La « vraie foi », vous la trouverez donc aujourd’hui
3601 arriérée », qui est celle de l’autorité (p. 72). La « vraie foi », vous la trouverez donc aujourd’hui chez l’instituteur
3602 lle de l’autorité (p. 72). La « vraie foi », vous la trouverez donc aujourd’hui chez l’instituteur laïque. Cette déclarati
3603 ie foi », vous la trouverez donc aujourd’hui chez l’ instituteur laïque. Cette déclaration ouvre et ferme le recueil (p. 23
3604 tituteur laïque. Cette déclaration ouvre et ferme le recueil (p. 23 et 286). Elle le situe dans les cadres de la Républiqu
3605 on ouvre et ferme le recueil (p. 23 et 286). Elle le situe dans les cadres de la République radicale. Ainsi le catholicism
3606 rme le recueil (p. 23 et 286). Elle le situe dans les cadres de la République radicale. Ainsi le catholicisme, interprété p
3607 (p. 23 et 286). Elle le situe dans les cadres de la République radicale. Ainsi le catholicisme, interprété par Alain, ser
3608 dans les cadres de la République radicale. Ainsi le catholicisme, interprété par Alain, serait une sagesse éternelle qu’i
3609 laïciser. Point d’anticléricalisme, car « devant le regard positif, toute religion finit par être vraie », et même « l’ob
3610 toute religion finit par être vraie », et même «  l’ obligation de croire ne digère pas beaucoup du devoir de penser » (com
3611 r compte des données concrètes du christianisme : le péché, le salut, le drame de la révolte et de l’amour. Mais elle spéc
3612 es données concrètes du christianisme : le péché, le salut, le drame de la révolte et de l’amour. Mais elle spécule volont
3613 concrètes du christianisme : le péché, le salut, le drame de la révolte et de l’amour. Mais elle spécule volontiers sur l
3614 u christianisme : le péché, le salut, le drame de la révolte et de l’amour. Mais elle spécule volontiers sur les avantages
3615 le péché, le salut, le drame de la révolte et de l’ amour. Mais elle spécule volontiers sur les avantages et inconvénients
3616 e et de l’amour. Mais elle spécule volontiers sur les avantages et inconvénients des « preuves » ou de l’absence de preuves
3617 avantages et inconvénients des « preuves » ou de l’ absence de preuves en matière de « croyance », débat dont je ne trouve
3618 royance », débat dont je ne trouve pas trace dans les évangiles, s’il est vrai qu’il encombre une bonne part de la théologi
3619 s, s’il est vrai qu’il encombre une bonne part de la théologie, surtout catholique. Tout cela, je le crains, relève d’un m
3620 e la théologie, surtout catholique. Tout cela, je le crains, relève d’un malentendu, courant sur le sens du mot « foi ». J
3621 je le crains, relève d’un malentendu, courant sur le sens du mot « foi ». Je voudrais au moins l’indiquer. Un chrétien sa
3622 sur le sens du mot « foi ». Je voudrais au moins l’ indiquer. Un chrétien sait que sa foi n’est nullement le contraire du
3623 uer. Un chrétien sait que sa foi n’est nullement le contraire du doute intellectuel, mais le contraire du péché, lequel n
3624 ullement le contraire du doute intellectuel, mais le contraire du péché, lequel n’est nullement une erreur morale, mais un
3625 erreur morale, mais un état de révolte active de la créature (même lorsqu’il se déguise en bonne volonté souriante). La f
3626 lorsqu’il se déguise en bonne volonté souriante). La foi, au sens biblique, s’oppose expressément à la religion en général
3627 La foi, au sens biblique, s’oppose expressément à la religion en général, avec ses rites et ses croyances dont Alain respe
3628 ec ses rites et ses croyances dont Alain respecte la forme et laïcise le contenu. « La vraie religion est le culte des mor
3629 croyances dont Alain respecte la forme et laïcise le contenu. « La vraie religion est le culte des morts », dit-il après A
3630 Alain respecte la forme et laïcise le contenu. «  La vraie religion est le culte des morts », dit-il après Auguste Comte.
3631 me et laïcise le contenu. « La vraie religion est le culte des morts », dit-il après Auguste Comte. Je le pense aussi. (Vo
3632 culte des morts », dit-il après Auguste Comte. Je le pense aussi. (Voyez le racisme.) Mais pour le chrétien, « la foi est
3633 il après Auguste Comte. Je le pense aussi. (Voyez le racisme.) Mais pour le chrétien, « la foi est la substance des choses
3634 Je le pense aussi. (Voyez le racisme.) Mais pour le chrétien, « la foi est la substance des choses espérées ». Ce qu’un e
3635 ssi. (Voyez le racisme.) Mais pour le chrétien, «  la foi est la substance des choses espérées ». Ce qu’un esprit comme cel
3636 le racisme.) Mais pour le chrétien, « la foi est la substance des choses espérées ». Ce qu’un esprit comme celui d’Alain
3637 ne dis pas que ce soit négligeable.) Pour situer la sagesse d’Alain, qu’on songe à la folie d’un Kierkegaard. Alors éclat
3638 e.) Pour situer la sagesse d’Alain, qu’on songe à la folie d’un Kierkegaard. Alors éclate le conflit véritable entre l’hum
3639 n songe à la folie d’un Kierkegaard. Alors éclate le conflit véritable entre l’humanisme et la foi, le scandale au sens pa
3640 rkegaard. Alors éclate le conflit véritable entre l’ humanisme et la foi, le scandale au sens paulinien, tout ce que le sag
3641 éclate le conflit véritable entre l’humanisme et la foi, le scandale au sens paulinien, tout ce que le sage jugera toujou
3642 le conflit véritable entre l’humanisme et la foi, le scandale au sens paulinien, tout ce que le sage jugera toujours « hor
3643 a foi, le scandale au sens paulinien, tout ce que le sage jugera toujours « hors de propos » d’envisager. Le sérieux même
3644 e jugera toujours « hors de propos » d’envisager. Le sérieux même du christianisme.51 Alain dit quelque part n’avoir jama
3645 ais connu de « vrai croyant » qui ne vive « selon la peur ». Serait-ce qu’il n’a jamais rencontré que des hommes « religie
3646 mes « religieux », non des chrétiens vivant selon la foi et capables de lui faire pressentir que ses observations toujours
3647 nieuses, souvent justes, ne portent guère que sur les résidus ou les empreintes psychologiques et historiques du catholicis
3648 t justes, ne portent guère que sur les résidus ou les empreintes psychologiques et historiques du catholicisme français, en
3649 es du catholicisme français, en tant que, vidé de la foi, il demeure une « religion » ? Qu’il poursuive donc son enquête,
3650 nt pas à avoir raison comme Napoléon, qui faisait les demandes et les réponses. 51. On me dira que mon point de vue est p
3651 aison comme Napoléon, qui faisait les demandes et les réponses. 51. On me dira que mon point de vue est partiel, dogmatiq
3652 iel, dogmatique, confessionnel, etc. Bien sûr. Je le donne pour tel. Il faut des repères pour juger. La critique moderne l
3653 e donne pour tel. Il faut des repères pour juger. La critique moderne l’oublie un peu, animée d’une méfiance étrange pour
3654 faut des repères pour juger. La critique moderne l’ oublie un peu, animée d’une méfiance étrange pour celui qui déclare se
3655 our celui qui déclare ses valeurs, — en dehors de la politique, bien entendu. ao. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] A
3656 mont Denis de, « [Compte rendu] Alain, Propos sur la religion  », La Nouvelle Revue française, Paris, avril 1939, p. 704-7
3657  [Compte rendu] Alain, Propos sur la religion  », La Nouvelle Revue française, Paris, avril 1939, p. 704-705.
38 1939, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Don Juan (juillet 1939)
3658 et de soie, dressé sur ses ergots de grand ténor, l’ on est tenté de ne voir en lui que le feu naturel du désir, — une espè
3659 grand ténor, l’on est tenté de ne voir en lui que le feu naturel du désir, — une espèce d’animalité véhémente, et comme in
3660 malité véhémente, et comme innocente… Mais jamais la Nature n’a rien produit de pareil. Vous sentez bien qu’il y a du démo
3661 de polémique anxieuse, de méchanceté et de défi : la main tendue au Commandeur, dans le dernier acte de Mozart. Non, ce n’
3662 dans le dernier acte de Mozart. Non, ce n’est pas l’ animal, mais l’homme ; et non d’avant, mais d’après la morale. Point d
3663 acte de Mozart. Non, ce n’est pas l’animal, mais l’ homme ; et non d’avant, mais d’après la morale. Point de Don Juan ni c
3664 imal, mais l’homme ; et non d’avant, mais d’après la morale. Point de Don Juan ni chez les « bons sauvages » ni chez les «
3665 mais d’après la morale. Point de Don Juan ni chez les « bons sauvages » ni chez les « primitifs » qu’on nous décrit. Don Ju
3666 de Don Juan ni chez les « bons sauvages » ni chez les « primitifs » qu’on nous décrit. Don Juan suppose une société encombr
3667 elle rêve moins de se délivrer que d’abuser. Dans le vertige de l’anarchie où il se plaît, ce grand seigneur n’oublie jama
3668 s de se délivrer que d’abuser. Dans le vertige de l’ anarchie où il se plaît, ce grand seigneur n’oublie jamais son rang. S
3669 neur n’oublie jamais son rang. Son naturel, c’est le mépris ; rien n’est plus loin de la nature. Voyez comme il se sert de
3670 aturel, c’est le mépris ; rien n’est plus loin de la nature. Voyez comme il se sert des femmes : incapable de les posséder
3671 Voyez comme il se sert des femmes : incapable de les posséder, il les viole d’abord moralement pour s’imposer à l’animal,
3672 e sert des femmes : incapable de les posséder, il les viole d’abord moralement pour s’imposer à l’animal, et aussitôt prise
3673 il les viole d’abord moralement pour s’imposer à l’ animal, et aussitôt prises les rejette, comme si c’était le fait du cr
3674 ent pour s’imposer à l’animal, et aussitôt prises les rejette, comme si c’était le fait du crime et non le plaisir qu’il ch
3675 et aussitôt prises les rejette, comme si c’était le fait du crime et non le plaisir qu’il cherchait. Polémiste perpétuel,
3676 rejette, comme si c’était le fait du crime et non le plaisir qu’il cherchait. Polémiste perpétuel, il se trouve entièremen
3677 perpétuel, il se trouve entièrement déterminé par le bon et le juste — contre eux. Si les lois de la morale n’existaient p
3678 il se trouve entièrement déterminé par le bon et le juste — contre eux. Si les lois de la morale n’existaient pas, il les
3679 déterminé par le bon et le juste — contre eux. Si les lois de la morale n’existaient pas, il les inventerait pour les viole
3680 r le bon et le juste — contre eux. Si les lois de la morale n’existaient pas, il les inventerait pour les violer. Et c’est
3681 ux. Si les lois de la morale n’existaient pas, il les inventerait pour les violer. Et c’est cela qui nous fait pressentir l
3682 morale n’existaient pas, il les inventerait pour les violer. Et c’est cela qui nous fait pressentir la nature spirituelle
3683 es violer. Et c’est cela qui nous fait pressentir la nature spirituelle de son secret, si bien masqué par le prétexte de l
3684 ure spirituelle de son secret, si bien masqué par le prétexte de l’instinct. Aux sommets de l’esprit révolté, on verra Nie
3685 de son secret, si bien masqué par le prétexte de l’ instinct. Aux sommets de l’esprit révolté, on verra Nietzsche, cent an
3686 qué par le prétexte de l’instinct. Aux sommets de l’ esprit révolté, on verra Nietzsche, cent ans plus tard, renouveler ce
3687 défi mortel. Mais quoi ? Faut-il aller si haut ? La recherche « toute naturelle » de l’intensité du désir ne peut-elle ex
3688 ler si haut ? La recherche « toute naturelle » de l’ intensité du désir ne peut-elle expliquer à elle seule cette inconstan
3689 ette inconstance forcenée ? Alors Don Juan serait l’ homme de la première rencontre, de la plus excitante victoire ? « La n
3690 Juan serait l’homme de la première rencontre, de la plus excitante victoire ? « La nouveauté est le tyran de notre âme »,
3691 ière rencontre, de la plus excitante victoire ? «  La nouveauté est le tyran de notre âme », écrit le vieux Casanova. Mais
3692 e la plus excitante victoire ? « La nouveauté est le tyran de notre âme », écrit le vieux Casanova. Mais déjà ce n’est plu
3693 « La nouveauté est le tyran de notre âme », écrit le vieux Casanova. Mais déjà ce n’est plus l’homme du plaisir qui parle
3694 écrit le vieux Casanova. Mais déjà ce n’est plus l’ homme du plaisir qui parle ainsi. La volupté du vrai sensuel commence
3695 ce n’est plus l’homme du plaisir qui parle ainsi. La volupté du vrai sensuel commence au-delà de ces moments que Don Juan
3696 ine atteints. Faudra-t-il se résoudre à soumettre le cas aux docteurs indiscrets de l’école viennoise ? Le beau sujet ! Il
3697 dre à soumettre le cas aux docteurs indiscrets de l’ école viennoise ? Le beau sujet ! Ils ne l’ont pas manqué. Pour eux au
3698 as aux docteurs indiscrets de l’école viennoise ? Le beau sujet ! Ils ne l’ont pas manqué. Pour eux aussi, Don Juan serait
3699 ets de l’école viennoise ? Le beau sujet ! Ils ne l’ ont pas manqué. Pour eux aussi, Don Juan serait le contraire de ce que
3700 l’ont pas manqué. Pour eux aussi, Don Juan serait le contraire de ce que l’on croit, il souffrirait d’une anxiété secrète
3701 eux aussi, Don Juan serait le contraire de ce que l’ on croit, il souffrirait d’une anxiété secrète déjà voisine de l’impui
3702 souffrirait d’une anxiété secrète déjà voisine de l’ impuissance. Et il est vrai que celui qui cède à cet attrait superfici
3703 cède à cet attrait superficiel que presque toutes les jolies femmes peuvent exercer sur presque tous les hommes, n’évoque p
3704 es jolies femmes peuvent exercer sur presque tous les hommes, n’évoque pas une idée de santé. Mais dans cette furie insolen
3705 critères spirituels ? Don Juan serait par exemple le type de l’homme qui n’atteint pas au plan de la personne, où pourrait
3706 irituels ? Don Juan serait par exemple le type de l’ homme qui n’atteint pas au plan de la personne, où pourrait se manifes
3707 e le type de l’homme qui n’atteint pas au plan de la personne, où pourrait se manifester ce qu’il y a d’unique dans un êtr
3708 que dans un être. Pourquoi ne peut-il désirer que la nouveauté dans la femme ? Et pourquoi désire-t-on du nouveau, du nouv
3709 Pourquoi ne peut-il désirer que la nouveauté dans la femme ? Et pourquoi désire-t-on du nouveau, du nouveau à tout prix, q
3710 veauté dans la femme ? Et pourquoi désire-t-on du nouveau , du nouveau à tout prix, quel qu’il soit ? Celui qui cherche, c’est q
3711 la femme ? Et pourquoi désire-t-on du nouveau, du nouveau à tout prix, quel qu’il soit ? Celui qui cherche, c’est qu’il n’a pas
3712 est pas ? Celui qui a, vit de sa possession et ne l’ abandonne pas pour l’incertain, — entendez : s’il possède vraiment. Do
3713 , vit de sa possession et ne l’abandonne pas pour l’ incertain, — entendez : s’il possède vraiment. Don Juan serait l’homme
3714 entendez : s’il possède vraiment. Don Juan serait l’ homme qui ne peut pas aimer, parce qu’aimer c’est d’abord choisir, et
3715 r choisir il faudrait être, et il n’est pas. Mais le contraire n’est pas moins vraisemblable : Don Juan cherchant partout
3716 ype » de beauté féminine (souvenir inconscient de la mère) — trop vite séduit par la plus fugitive ressemblance, toujours
3717 ir inconscient de la mère) — trop vite séduit par la plus fugitive ressemblance, toujours déçu par la réalité dès qu’il l’
3718 la plus fugitive ressemblance, toujours déçu par la réalité dès qu’il l’approche, et déjà s’élançant vers d’autres appare
3719 semblance, toujours déçu par la réalité dès qu’il l’ approche, et déjà s’élançant vers d’autres apparences, de plus en plus
3720 parences, de plus en plus angoissé et cruel… S’il le trouvait, ce « type » de femme rêvé ! J’imagine cette métamorphose. O
3721 de femme rêvé ! J’imagine cette métamorphose. On le voit interrompre sa course, changer soudain de contenance, baisser la
3722 sa course, changer soudain de contenance, baisser la tête, s’assombrir, comme saisi d’une timidité, et fasciné pour la pre
3723 ne timidité, et fasciné pour la première fois par la révélation d’amour, se muer en l’image de Tristan. Mais il ne trouver
3724 emière fois par la révélation d’amour, se muer en l’ image de Tristan. Mais il ne trouvera pas. Il est Don Juan parce qu’on
3725 arente, sa furia, son rythme dionysiaque. ⁂ Or si le don juanisme est une passion de l’esprit et non pas comme nous aimion
3726 iaque. ⁂ Or si le don juanisme est une passion de l’ esprit et non pas comme nous aimions le croire, une exultation de l’in
3727 passion de l’esprit et non pas comme nous aimions le croire, une exultation de l’instinct, tout porte à supposer que cette
3728 s comme nous aimions le croire, une exultation de l’ instinct, tout porte à supposer que cette passion n’est pas toujours l
3729 ours liée au sexe. Et même il faut se demander si la sensualité, précisément, ne serait pas le domaine où Don Juan se révè
3730 nder si la sensualité, précisément, ne serait pas le domaine où Don Juan se révèle le moins dangereux. (Appelons ici dange
3731 t, ne serait pas le domaine où Don Juan se révèle le moins dangereux. (Appelons ici danger ce qui peut compromettre un cer
3732 peut compromettre un certain équilibre social que les mœurs ont pour but de maintenir, cet équilibre étant d’ailleurs bon o
3733 libre étant d’ailleurs bon ou mauvais.) C’est que le désir de nouveauté et de changement perpétuel, dès que l’esprit insat
3734 de nouveauté et de changement perpétuel, dès que l’ esprit insatiable l’excite, devient une menace pour la vie. En dérivan
3735 changement perpétuel, dès que l’esprit insatiable l’ excite, devient une menace pour la vie. En dérivant cette passion vers
3736 prit insatiable l’excite, devient une menace pour la vie. En dérivant cette passion vers le plaisir, la société se trouve
3737 enace pour la vie. En dérivant cette passion vers le plaisir, la société se trouve lui ménager des satisfactions qui l’épu
3738 a vie. En dérivant cette passion vers le plaisir, la société se trouve lui ménager des satisfactions qui l’épuisent, sans
3739 ciété se trouve lui ménager des satisfactions qui l’ épuisent, sans que l’ordre des choses ait à souffrir d’une dépense imp
3740 énager des satisfactions qui l’épuisent, sans que l’ ordre des choses ait à souffrir d’une dépense improductive. Certes Don
3741 ager des satisfactions qui l’épuisent, sans que l’ ordre des choses ait à souffrir d’une dépense improductive. Certes Don Juan
3742 est un tricheur, et même il ne vit que de cela. ( La banque de pharaon était la source unique des revenus de Casanova : sy
3743 l ne vit que de cela. (La banque de pharaon était la source unique des revenus de Casanova : symbole dont il nous donne ma
3744 asanova : symbole dont il nous donne maintes fois la clé.) Mais une tricherie constante est moins dangereuse que les faibl
3745 une tricherie constante est moins dangereuse que les faiblesses subites d’un honnête homme. On est en garde, et l’on conna
3746 s subites d’un honnête homme. On est en garde, et l’ on connaît le système, entièrement relatif aux règles du jeu. Imaginon
3747 n honnête homme. On est en garde, et l’on connaît le système, entièrement relatif aux règles du jeu. Imaginons un don juan
3748 don juanisme plus secret, une table de pharaon où l’ on mette sur les cartes des « valeurs » invisibles au lieu d’espèces s
3749 us secret, une table de pharaon où l’on mette sur les cartes des « valeurs » invisibles au lieu d’espèces sonnantes. Alors
3750 » invisibles au lieu d’espèces sonnantes. Alors «  la tricherie » cesse d’être une habileté vulgaire et profitable. Elle pe
3751 abileté vulgaire et profitable. Elle peut devenir l’ acte héroïque d’une loyauté sans scrupules, toutefois ressentie comme
3752 entie comme un crime, du fait qu’elle institue un ordre neuf par le décret de sa rigueur. ⁂ Nietzsche s’est dressé face au si
3753 crime, du fait qu’elle institue un ordre neuf par le décret de sa rigueur. ⁂ Nietzsche s’est dressé face au siècle. Et l’a
3754 ueur. ⁂ Nietzsche s’est dressé face au siècle. Et l’ adversaire qu’il s’est choisi, c’est l’esprit de lourdeur, notre poids
3755 siècle. Et l’adversaire qu’il s’est choisi, c’est l’ esprit de lourdeur, notre poids naturel, notre faculté naturelle de re
3756 urel, notre faculté naturelle de retombement dans la coutume. L’immoraliste est comme le moraliste un ennemi vigilant de l
3757 faculté naturelle de retombement dans la coutume. L’ immoraliste est comme le moraliste un ennemi vigilant de l’instinct :
3758 ombement dans la coutume. L’immoraliste est comme le moraliste un ennemi vigilant de l’instinct : car s’il le glorifie c’e
3759 iste est comme le moraliste un ennemi vigilant de l’ instinct : car s’il le glorifie c’est par esprit de polémique, c’est q
3760 liste un ennemi vigilant de l’instinct : car s’il le glorifie c’est par esprit de polémique, c’est qu’il veut forcer la na
3761 par esprit de polémique, c’est qu’il veut forcer la nature autrement qu’on ne l’a fait jusqu’à lui. Polémiste perpétuel,
3762 st qu’il veut forcer la nature autrement qu’on ne l’ a fait jusqu’à lui. Polémiste perpétuel, Nietzsche se trouve entièreme
3763 el, Nietzsche se trouve entièrement déterminé par le bon et le juste — contre eux. Il va de défi en défi, excité puis exas
3764 che se trouve entièrement déterminé par le bon et le juste — contre eux. Il va de défi en défi, excité puis exaspéré par l
3765 . Il va de défi en défi, excité puis exaspéré par le silence ou les lâchetés de l’adversaire. Les idées se retournent au c
3766 i en défi, excité puis exaspéré par le silence ou les lâchetés de l’adversaire. Les idées se retournent au caprice de l’esp
3767 é puis exaspéré par le silence ou les lâchetés de l’ adversaire. Les idées se retournent au caprice de l’esprit : il n’y a
3768 é par le silence ou les lâchetés de l’adversaire. Les idées se retournent au caprice de l’esprit : il n’y a plus de vérité
3769 adversaire. Les idées se retournent au caprice de l’ esprit : il n’y a plus de vérité qui tienne. Les hommes se rendent ou
3770 de l’esprit : il n’y a plus de vérité qui tienne. Les hommes se rendent ou tombent dans le doute à la première séduction d’
3771 qui tienne. Les hommes se rendent ou tombent dans le doute à la première séduction d’une hypothèse scientifique. Il n’y a
3772 de foi qui affirme et qui maintienne en vertu de l’ absurde. Ah ! comme on se lasse de gagner à tout coup, pour peu qu’on
3773 e lasse de gagner à tout coup, pour peu qu’on ait l’ envie de nier des règles que personne n’ose plus dire inviolables ! Qu
3774 er pour une vertu dont on ne sait plus quelle est la fin ? Et toutes ces vérités qu’ils respectaient, voyez comme elles on
3775 ra donc s’en prendre à Dieu et à son Fils. Déjà «  le Dieu moral est réfuté ». Que va dire l’Autre ? C’est, dans la vie du
3776 l est réfuté ». Que va dire l’Autre ? C’est, dans la vie du Don Juan des vérités, l’heure de l’invitation au Commandeur. O
3777 tre ? C’est, dans la vie du Don Juan des vérités, l’ heure de l’invitation au Commandeur. Or Dieu se tait. Il ne relève pas
3778 , dans la vie du Don Juan des vérités, l’heure de l’ invitation au Commandeur. Or Dieu se tait. Il ne relève pas le défi. N
3779 au Commandeur. Or Dieu se tait. Il ne relève pas le défi. Nietzsche attend dans la nuit désertique des hauteurs. Une aube
3780 . Il ne relève pas le défi. Nietzsche attend dans la nuit désertique des hauteurs. Une aube vient. C’est encore l’aube de
3781 rtique des hauteurs. Une aube vient. C’est encore l’ aube de la terre. Personne n’a parlé. Dieu est mort ! De chaque idée,
3782 hauteurs. Une aube vient. C’est encore l’aube de la terre. Personne n’a parlé. Dieu est mort ! De chaque idée, de chaque
3783 yance, de chaque valeur, Nietzsche a voulu violer le secret ; et leur défaite rapide les rend toutes méprisables après la
3784 a voulu violer le secret ; et leur défaite rapide les rend toutes méprisables après la première possession. Pourquoi s’atta
3785 ’attarderait-il ? Elles n’étaient excitantes pour l’ esprit que par la fausse vertu qu’on leur prêtait. Mais aussitôt qu’el
3786 Elles n’étaient excitantes pour l’esprit que par la fausse vertu qu’on leur prêtait. Mais aussitôt qu’elles ont trahi leu
3787 ssitôt qu’elles ont trahi leur commune vulgarité, le triomphe perd toute saveur. Il faut détruire maintenant les valeurs n
3788 he perd toute saveur. Il faut détruire maintenant les valeurs neuves qu’on avait inventées pour la lutte. Il faut rejeter a
3789 ant les valeurs neuves qu’on avait inventées pour la lutte. Il faut rejeter avec dégoût ce que l’on désirait de toute sa f
3790 pour la lutte. Il faut rejeter avec dégoût ce que l’ on désirait de toute sa fougue ; et se rire des suiveurs, des successe
3791 s, des successeurs, de ces disciples enhardis par le triomphe ardent d’un autre, et qui déjà croient pouvoir abuser de ses
3792 vérités se sont rendues, et pas une seule n’a su le retenir. Qu’importent les « contradictions » ! Ce n’est pas pour bâti
3793 et pas une seule n’a su le retenir. Qu’importent les « contradictions » ! Ce n’est pas pour bâtir un système qu’il réfute,
3794 tème qu’il réfute, dénonce et détruit, c’est pour la joie du viol intellectuel. Comme Don Juan l’image de la Mère, Nietzsc
3795 pour la joie du viol intellectuel. Comme Don Juan l’ image de la Mère, Nietzsche poursuit l’image obscure, et à lui-même in
3796 e du viol intellectuel. Comme Don Juan l’image de la Mère, Nietzsche poursuit l’image obscure, et à lui-même infiniment se
3797 e Don Juan l’image de la Mère, Nietzsche poursuit l’ image obscure, et à lui-même infiniment secrète, d’une Vérité qui ne s
3798 , d’une Vérité qui ne se rendrait point, mais qui le posséderait à tout jamais, digne enfin de sa vraie passion ! Il traqu
3799 t ce qui fait mine de résister. Voluptés brèves — le temps d’un aphorisme — fulgurations toujours décevantes : ce n’est pa
3800 t de posséder… Ô haine de leurs vérités faibles ! La Vérité est morte ! Revivra-t-elle ? Car si ce Dieu est mort à tout j
3801 e haïr tout ce qui passe, tout ce qui cède, toute l’ impudeur et la lourdeur du monde. C’est au point de fureur dionysiaque
3802 qui passe, tout ce qui cède, toute l’impudeur et la lourdeur du monde. C’est au point de fureur dionysiaque où la joie de
3803 du monde. C’est au point de fureur dionysiaque où la joie de détruire devient douleur, et dans l’angoisse d’une puissance
3804 e où la joie de détruire devient douleur, et dans l’ angoisse d’une puissance anéantie par son succès, que Nietzsche a renc
3805 par son succès, que Nietzsche a rencontré soudain la fascinante idée du Retour éternel. Devant le roc de Sils-Maria on le
3806 dain la fascinante idée du Retour éternel. Devant le roc de Sils-Maria on le voit interrompre sa course, changer de conten
3807 du Retour éternel. Devant le roc de Sils-Maria on le voit interrompre sa course, changer de contenance, et pour la premièr
3808 r de contenance, et pour la première fois baisser la tête et adorer. Tout reviendra éternellement à cette minute, à cet in
3809 dra éternellement à cette minute, à cet instant ! L’ Éternité, c’est le retour des temps ; et non pas la victoire sur le te
3810 à cette minute, à cet instant ! L’Éternité, c’est le retour des temps ; et non pas la victoire sur le temps… Mais dans le
3811 ’Éternité, c’est le retour des temps ; et non pas la victoire sur le temps… Mais dans le temps, disait-il, Dieu est mort.
3812 le retour des temps ; et non pas la victoire sur le temps… Mais dans le temps, disait-il, Dieu est mort. Si Dieu est mort
3813  ; et non pas la victoire sur le temps… Mais dans le temps, disait-il, Dieu est mort. Si Dieu est mort, c’est donc qu’il a
3814 u revivra éternellement ! Ainsi Nietzsche devient le Tristan d’un Destin qu’il ne peut posséder que par l’amour éternellem
3815 ristan d’un Destin qu’il ne peut posséder que par l’ amour éternellement lointain. ⁂ Don Juan, tricheur, aime sans amour. S
3816 ur, aime sans amour. S’il gagne, c’est en violant la vérité des êtres. Nietzsche pose des valeurs qui détruisent les règle
3817 êtres. Nietzsche pose des valeurs qui détruisent les règles anciennes, mais qui ne valent que par ces règles et dans la me
3818 es, mais qui ne valent que par ces règles et dans la mesure où l’on sent qu’elles les violent. Pour peu qu’il les impose,
3819 ne valent que par ces règles et dans la mesure où l’ on sent qu’elles les violent. Pour peu qu’il les impose, elles perdent
3820 es règles et dans la mesure où l’on sent qu’elles les violent. Pour peu qu’il les impose, elles perdent leur sens, puisque
3821 où l’on sent qu’elles les violent. Pour peu qu’il les impose, elles perdent leur sens, puisque le système qui les mesurait
3822 u’il les impose, elles perdent leur sens, puisque le système qui les mesurait n’existe plus. Par-delà le bien et le mal, p
3823 , elles perdent leur sens, puisque le système qui les mesurait n’existe plus. Par-delà le bien et le mal, par-delà toutes l
3824 système qui les mesurait n’existe plus. Par-delà le bien et le mal, par-delà toutes les règles du jeu, il faut qu’une pas
3825 i les mesurait n’existe plus. Par-delà le bien et le mal, par-delà toutes les règles du jeu, il faut qu’une passion se rév
3826 plus. Par-delà le bien et le mal, par-delà toutes les règles du jeu, il faut qu’une passion se révèle ; ou la mort, ou la v
3827 les du jeu, il faut qu’une passion se révèle ; ou la mort, ou la vie éternelle. Il faut donc que Don Juan disparaisse (car
3828 il faut qu’une passion se révèle ; ou la mort, ou la vie éternelle. Il faut donc que Don Juan disparaisse (car Don Juan ne
3829 règles, on ne peut plus tricher). Voici peut-être la clé du mystère : c’est qu’en respectant toutes les règles, nous ne po
3830 la clé du mystère : c’est qu’en respectant toutes les règles, nous ne pourrons jamais que perdre. Alors : ou bien nous sero
3831 Mais Nietzsche et Don Juan doutent de leur grâce. Les voici donc contraints de gagner dans le temps de leur vie — d’où la t
3832 r grâce. Les voici donc contraints de gagner dans le temps de leur vie — d’où la tricherie ; ou bien encore, de nier la fi
3833 raints de gagner dans le temps de leur vie — d’où la tricherie ; ou bien encore, de nier la fin des temps, le règlement fi
3834 vie — d’où la tricherie ; ou bien encore, de nier la fin des temps, le règlement final, le Jugement dernier — d’où l’idée
3835 herie ; ou bien encore, de nier la fin des temps, le règlement final, le Jugement dernier — d’où l’idée du Retour éternel.
3836 re, de nier la fin des temps, le règlement final, le Jugement dernier — d’où l’idée du Retour éternel. ⁂ Comme je parlais
3837 s, le règlement final, le Jugement dernier — d’où l’ idée du Retour éternel. ⁂ Comme je parlais de ces choses à une amie :
3838 s ajoute à ma liste des mille e tre”. » C’étaient les femmes qu’il n’avait pas eues, par fidélité à la sienne. Où est la tr
3839 ’avait pas eues, par fidélité à la sienne. Où est la tricherie ? Dans ce défi installée au cœur de la règle ? ap. Rouge
3840 la tricherie ? Dans ce défi installée au cœur de la règle ? ap. Rougemont Denis de, « Don Juan », La Nouvelle Revue fr
3841 règle ? ap. Rougemont Denis de, « Don Juan », La Nouvelle Revue française, Paris, juillet 1939, p. 62-68.
39 1939, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). La Poésie scientifique en France au xvie siècle, par Albert-Marie Schmidt (septembre 1939)
3842 La Poésie scientifique en France au xvie siècle, par Albert-Marie Schmi
3843 ie Schmidt (septembre 1939)aq Ronsard évoquant les démons, Maurice Scève spéculant sur l’Adam-microcosme, Belleau décriv
3844 évoquant les démons, Maurice Scève spéculant sur l’ Adam-microcosme, Belleau décrivant les Amours des Pierres précieuses,
3845 péculant sur l’Adam-microcosme, Belleau décrivant les Amours des Pierres précieuses, Peletier du Mans versifiant l’Éloge du
3846 s Pierres précieuses, Peletier du Mans versifiant l’ Éloge du Nombre Un, Du Chesne, calviniste paracelsien et physiologue p
3847 nt blasonnant des Visions hermétiques : tels sont les animaux étranges, bariolés et quasi monstrueux que nous ramène du fon
3848 onstrueux que nous ramène du fond du xvie siècle le coup de filet très savamment prémédité de M. Albert-Marie Schmidt. To
3849 nsions connaître. Ils n’ont pas été restaurés par les auteurs de manuels, ni patinés par nos lectures. Les voici avec toute
3850 auteurs de manuels, ni patinés par nos lectures. Les voici avec toutes leurs barbes et verrues, incongrus et antédiluviens
3851 rouillante d’une Renaissance pré-baroque. C’était le temps où la magie et la raison illuminée collaboraient dans un pédant
3852 ’une Renaissance pré-baroque. C’était le temps où la magie et la raison illuminée collaboraient dans un pédant délire, la
3853 ance pré-baroque. C’était le temps où la magie et la raison illuminée collaboraient dans un pédant délire, la première nou
3854 ou grotesques. Qui sait où cela nous eut menés ? Le livre de Schmidt inventorie, avec une sorte d’ardente lucidité, les r
3855 dt inventorie, avec une sorte d’ardente lucidité, les richesses dont l’ère classique a voulu faire le sacrifice. Ce n’est p
3856 une sorte d’ardente lucidité, les richesses dont l’ ère classique a voulu faire le sacrifice. Ce n’est pas rien ! Cela don
3857 les richesses dont l’ère classique a voulu faire le sacrifice. Ce n’est pas rien ! Cela donne à Phèdre un air de luxe fou
3858 ondre ce bijou de platine d’une suprême élégance, la plus discrète, il a fallu brûler le mobilier, les souvenirs de famill
3859 ême élégance, la plus discrète, il a fallu brûler le mobilier, les souvenirs de famille datant du Moyen Âge, un tas d’obje
3860 la plus discrète, il a fallu brûler le mobilier, les souvenirs de famille datant du Moyen Âge, un tas d’objets inutiles et
3861 magiques. Ensuite, au xviiie , il n’est resté que la nudité du décor. La discipline est devenue lésinerie. Comment louer a
3862 u xviiie , il n’est resté que la nudité du décor. La discipline est devenue lésinerie. Comment louer assez les mérites de
3863 ipline est devenue lésinerie. Comment louer assez les mérites de l’auteur, sa patiente intrépidité, la « volubilité infinie
3864 nue lésinerie. Comment louer assez les mérites de l’ auteur, sa patiente intrépidité, la « volubilité infinie » de l’esprit
3865 les mérites de l’auteur, sa patiente intrépidité, la « volubilité infinie » de l’esprit que suppose son entreprise ? Car l
3866 atiente intrépidité, la « volubilité infinie » de l’ esprit que suppose son entreprise ? Car l’étude des poètes hermétiques
3867 ie » de l’esprit que suppose son entreprise ? Car l’ étude des poètes hermétiques exige une faculté d’interprétation recréa
3868 t une vision du monde, et des rapports du monde à l’ homme, qu’il s’agit de concevoir à nouveau, si l’on veut entrer dans c
3869 l’homme, qu’il s’agit de concevoir à nouveau, si l’ on veut entrer dans ces rythmes, goûter ce vocabulaire, et dégager le
3870 ns ces rythmes, goûter ce vocabulaire, et dégager le pittoresque enfoui sous des amas d’abstruse érudition. Il fallait êtr
3871 plus d’incitations aux créateurs qu’il ne comble les amateurs de beaux poèmes oubliés. Toutes ces tentatives constituent,
3872 ituent, pour reprendre une heureuse expression de l’ auteur, autant « d’appels plastiques à l’avenir ». Un écrivain contemp
3873 ssion de l’auteur, autant « d’appels plastiques à l’ avenir ». Un écrivain contemporain, conscient de l’impasse où l’a cond
3874 ’avenir ». Un écrivain contemporain, conscient de l’ impasse où l’a conduit l’idéal d’une poésie pure, pourrait trouver dan
3875 écrivain contemporain, conscient de l’impasse où l’ a conduit l’idéal d’une poésie pure, pourrait trouver dans les thèmes
3876 ntemporain, conscient de l’impasse où l’a conduit l’ idéal d’une poésie pure, pourrait trouver dans les thèmes et les forme
3877 l’idéal d’une poésie pure, pourrait trouver dans les thèmes et les formes qui foisonnèrent au xvie siècle des incitations
3878 poésie pure, pourrait trouver dans les thèmes et les formes qui foisonnèrent au xvie siècle des incitations très fécondes
3879 . Encore y faudrait-il une passion de culture que les facilités de l’après-guerre ont passablement déprimée. On imagine un
3880 it-il une passion de culture que les facilités de l’ après-guerre ont passablement déprimée. On imagine un Valéry reprenant
3881 n Valéry reprenant tel dessein de Scève : décrire la naissance des figures puis des solides géométriques à partir du point
3882 point originel. Mais qui oserait encore envisager l’ ambition d’un Guillaume du Bartas, d’un Peletier, d’un La Boderie et d
3883 ion d’un Guillaume du Bartas, d’un Peletier, d’un La Boderie et de tant d’autres, cet inventaire de la Création embrassant
3884 La Boderie et de tant d’autres, cet inventaire de la Création embrassant tous les arts et les métiers humains, de la magie
3885 es, cet inventaire de la Création embrassant tous les arts et les métiers humains, de la magie cérémonielle à l’anatomie, d
3886 ntaire de la Création embrassant tous les arts et les métiers humains, de la magie cérémonielle à l’anatomie, de la géograp
3887 brassant tous les arts et les métiers humains, de la magie cérémonielle à l’anatomie, de la géographie à l’acuponcture, de
3888 t les métiers humains, de la magie cérémonielle à l’ anatomie, de la géographie à l’acuponcture, de la musique à la théolog
3889 umains, de la magie cérémonielle à l’anatomie, de la géographie à l’acuponcture, de la musique à la théologie, à l’agricul
3890 gie cérémonielle à l’anatomie, de la géographie à l’ acuponcture, de la musique à la théologie, à l’agriculture, à l’obstét
3891 l’anatomie, de la géographie à l’acuponcture, de la musique à la théologie, à l’agriculture, à l’obstétrique, à la véneri
3892 de la géographie à l’acuponcture, de la musique à la théologie, à l’agriculture, à l’obstétrique, à la vénerie, à l’orfèvr
3893 à l’acuponcture, de la musique à la théologie, à l’ agriculture, à l’obstétrique, à la vénerie, à l’orfèvrerie, à la mécan
3894 de la musique à la théologie, à l’agriculture, à l’ obstétrique, à la vénerie, à l’orfèvrerie, à la mécanique, à l’astrono
3895 la théologie, à l’agriculture, à l’obstétrique, à la vénerie, à l’orfèvrerie, à la mécanique, à l’astronomie. Schmidt nous
3896 à l’agriculture, à l’obstétrique, à la vénerie, à l’ orfèvrerie, à la mécanique, à l’astronomie. Schmidt nous aide à concev
3897 à l’obstétrique, à la vénerie, à l’orfèvrerie, à la mécanique, à l’astronomie. Schmidt nous aide à concevoir l’espèce de
3898 , à la vénerie, à l’orfèvrerie, à la mécanique, à l’ astronomie. Schmidt nous aide à concevoir l’espèce de fureur titanique
3899 ue, à l’astronomie. Schmidt nous aide à concevoir l’ espèce de fureur titanique qui animait ces Renaissants, leur volonté d
3900 nts, leur volonté de « singer Dieu », de recenser les objets et les formes, les rythmes et les lois cosmiques, afin de les
3901 nté de « singer Dieu », de recenser les objets et les formes, les rythmes et les lois cosmiques, afin de les parfaire par l
3902 ger Dieu », de recenser les objets et les formes, les rythmes et les lois cosmiques, afin de les parfaire par le Verbe et,
3903 recenser les objets et les formes, les rythmes et les lois cosmiques, afin de les parfaire par le Verbe et, finalement, de
3904 ormes, les rythmes et les lois cosmiques, afin de les parfaire par le Verbe et, finalement, de s’en rendre maîtres. Tous so
3905 s et les lois cosmiques, afin de les parfaire par le Verbe et, finalement, de s’en rendre maîtres. Tous sont soutenus par
3906 . Tous sont soutenus par une double croyance dans le pouvoir magique du langage, et dans la liberté infinie de l’homme, ca
3907 yance dans le pouvoir magique du langage, et dans la liberté infinie de l’homme, capable de refaire avec ses mains le Para
3908 magique du langage, et dans la liberté infinie de l’ homme, capable de refaire avec ses mains le Paradis perdu et les « ges
3909 nie de l’homme, capable de refaire avec ses mains le Paradis perdu et les « gestes de Dieu ». Le poète a reçu la vocation
3910 ble de refaire avec ses mains le Paradis perdu et les « gestes de Dieu ». Le poète a reçu la vocation de restituer le cosmo
3911 mains le Paradis perdu et les « gestes de Dieu ». Le poète a reçu la vocation de restituer le cosmos à l’état adamique, d’
3912 perdu et les « gestes de Dieu ». Le poète a reçu la vocation de restituer le cosmos à l’état adamique, d’effacer les trac
3913 Dieu ». Le poète a reçu la vocation de restituer le cosmos à l’état adamique, d’effacer les traces du péché, de retrouver
3914 poète a reçu la vocation de restituer le cosmos à l’ état adamique, d’effacer les traces du péché, de retrouver les noms ré
3915 restituer le cosmos à l’état adamique, d’effacer les traces du péché, de retrouver les noms réels et les « signatures » pr
3916 ique, d’effacer les traces du péché, de retrouver les noms réels et les « signatures » primitives dans le jeu des symboles
3917 s traces du péché, de retrouver les noms réels et les « signatures » primitives dans le jeu des symboles et des corresponda
3918 noms réels et les « signatures » primitives dans le jeu des symboles et des correspondances. C’est l’ambition que refoule
3919 le jeu des symboles et des correspondances. C’est l’ ambition que refoulera trop aisément notre âge classique, et que ressu
3920 sément notre âge classique, et que ressusciteront les romantiques allemands, à partir de Hamann et de Herder. La création e
3921 iques allemands, à partir de Hamann et de Herder. La création entière, disait Hamann, est « un discours adressé à la créat
3922 tière, disait Hamann, est « un discours adressé à la créature au moyen de la créature : car un jour le redit au suivant, u
3923 t « un discours adressé à la créature au moyen de la créature : car un jour le redit au suivant, une nuit l’annonce à l’au
3924 la créature au moyen de la créature : car un jour le redit au suivant, une nuit l’annonce à l’autre. Cette parole traverse
3925 ature : car un jour le redit au suivant, une nuit l’ annonce à l’autre. Cette parole traverse tous les climats, jusqu’aux c
3926 t l’annonce à l’autre. Cette parole traverse tous les climats, jusqu’aux confins du monde, et l’on perçoit sa voix dans cha
3927 tous les climats, jusqu’aux confins du monde, et l’ on perçoit sa voix dans chaque dialecte ». Nous l’avons perçue de nos
3928 l’on perçoit sa voix dans chaque dialecte ». Nous l’ avons perçue de nos jours, dans le dialecte d’un Claudel, parfois même
3929 ialecte ». Nous l’avons perçue de nos jours, dans le dialecte d’un Claudel, parfois même dans celui de tel surréaliste. Ma
3930 est-il encore formulable en noms et en rythmes ? La science moderne ne tend-elle point à nous le rendre proprement inimag
3931 es ? La science moderne ne tend-elle point à nous le rendre proprement inimaginable ? N’a-t-elle pas dissocié Nombre et Ve
3932 re et Verbe au point de rendre puérile à nos yeux l’ ambition d’un lyrisme cosmique ? 52. Un exemple au hasard. Ce vers d
3933 ? 52. Un exemple au hasard. Ce vers de Baïf : «  L’ huître dans son écaille essaie sa puissance » amène Schmidt à citer Ma
3934 de la Boderie, Ronsard, Psellos, M. Laumonier, et les philosophes mystiques de la Renaissance qui « considéraient l’huître
3935 os, M. Laumonier, et les philosophes mystiques de la Renaissance qui « considéraient l’huître comme un condensateur du flu
3936 s mystiques de la Renaissance qui « considéraient l’ huître comme un condensateur du fluide vital circulant par l’univers »
3937 mme un condensateur du fluide vital circulant par l’ univers ». Voilà de la belle érudition qui signifie. C’est une manière
3938 fluide vital circulant par l’univers ». Voilà de la belle érudition qui signifie. C’est une manière de poésie que bien pe
3939 Denis de, « [Compte rendu] Albert-Marie Schmidt, La Poésie scientifique en France au XVIe siècle  », La Nouvelle Revue fr
3940 Poésie scientifique en France au XVIe siècle  », La Nouvelle Revue française, Paris, septembre 1939, p. 486-488.
40 1940, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Au sujet du Journal d’André Gide (janvier 1940)
3941 nnête, et moins encore adroit, de ne point avouer l’ incertitude où pareil livre entraîne le jugement. Gide a tant répété :
3942 int avouer l’incertitude où pareil livre entraîne le jugement. Gide a tant répété : Ne jugez pas ! qu’il a fini par se ren
3943 , et d’abord, quant à soi ? On renonce aisément à le fixer dans l’une ou l’autre des figures qu’il nous révèle au cours de
3944 s qu’il nous révèle au cours de ce Journal ; mais le malaise du critique commence au-delà de ce premier piège évité. Il na
3945 nce au-delà de ce premier piège évité. Il naît de la difficulté à découvrir l’intime hiérarchie qui trahirait la vraie per
3946 piège évité. Il naît de la difficulté à découvrir l’ intime hiérarchie qui trahirait la vraie personne dans ce complexe ind
3947 lté à découvrir l’intime hiérarchie qui trahirait la vraie personne dans ce complexe individuel. D’autant plus que certain
3948 n drame secret, un nœud vital où peut-être réside la cause des plus étranges contradictions qu’il subit ou qu’il entretien
3949 fenêtres par excessive défiance d’une symétrie où l’ on serait tenté de s’arrêter…) Faute d’un « jugement » que ces treize
3950 ythme, idées ou lyrisme —, mais bien plutôt c’est la complexité secrètement significative de l’ensemble. Pour qualifier ce
3951 c’est la complexité secrètement significative de l’ ensemble. Pour qualifier cette harmonie involontaire, je ne puis évoqu
3952 tte harmonie involontaire, je ne puis évoquer que l’ exemple de Goethe, dont ce n’est pas telle œuvre ou telle action que j
3953 telle œuvre ou telle action que j’aime, mais bien le paysage vital, avec ses temps voilés et ses soleils, ses parcs, ses f
3954 leils, ses parcs, ses friches et ses habitations. Le phénomène-Goethe, dans l’espace et le temps, voilà qui donnerait une
3955 hes et ses habitations. Le phénomène-Goethe, dans l’ espace et le temps, voilà qui donnerait une idée de l’espèce d’intérêt
3956 abitations. Le phénomène-Goethe, dans l’espace et le temps, voilà qui donnerait une idée de l’espèce d’intérêt que l’on pr
3957 pace et le temps, voilà qui donnerait une idée de l’ espèce d’intérêt que l’on prend à lire le Journal d’André Gide. Il est
3958 qui donnerait une idée de l’espèce d’intérêt que l’ on prend à lire le Journal d’André Gide. Il est probable que, du seul
3959 idée de l’espèce d’intérêt que l’on prend à lire le Journal d’André Gide. Il est probable que, du seul point de vue de l’
3960 ide. Il est probable que, du seul point de vue de l’ art, cet intérêt demeure impur : l’indiscrétion moderne va chercher de
3961 oint de vue de l’art, cet intérêt demeure impur : l’ indiscrétion moderne va chercher derrière les formes et au-dessous d’e
3962 pur : l’indiscrétion moderne va chercher derrière les formes et au-dessous d’elles, dans le tout venant de confidences frag
3963 r derrière les formes et au-dessous d’elles, dans le tout venant de confidences fragmentaires, une vérité que les œuvres c
3964 nant de confidences fragmentaires, une vérité que les œuvres concertées avouaient peut-être beaucoup mieux. Il est probable
3965 ut-être beaucoup mieux. Il est probable aussi que le journal est un genre littéraire inférieur, pour cette raison qu’il es
3966 l est toujours trop facilement intéressant. Je ne le conçois, comme œuvre d’art, que limité au récit d’une crise, et soumi
3967 ne sorte d’unité qui fait nécessairement défaut à la chronique intermittente d’une existence. Malgré les pages plus élabor
3968 a chronique intermittente d’une existence. Malgré les pages plus élaborées que Gide a groupées ça et là sous des titres par
3969 es titres particuliers (Feuillets, Numquid et tu, La Marche turque, etc.), malgré la perfection constante de l’écriture, e
3970 s, Numquid et tu, La Marche turque, etc.), malgré la perfection constante de l’écriture, et toutes ces aquarelles et ces t
3971 turque, etc.), malgré la perfection constante de l’ écriture, et toutes ces aquarelles et ces tableaux de genre où s’amuse
3972 et ces tableaux de genre où s’amuse et s’attarde la maîtrise, on peut prévoir que la valeur d’un tel ouvrage restera d’or
3973 use et s’attarde la maîtrise, on peut prévoir que la valeur d’un tel ouvrage restera d’ordre essentiellement biographique.
3974 prévoir que la valeur d’un tel ouvrage restera d’ ordre essentiellement biographique. Mais ici se pose le problème de la véri
3975 re essentiellement biographique. Mais ici se pose le problème de la vérité du portrait, Gide note lui-même dès 1924 : « Si
3976 ent biographique. Mais ici se pose le problème de la vérité du portrait, Gide note lui-même dès 1924 : « Si plus tard on p
3977 u’il ne donne de moi une idée assez fausse. Je ne l’ ai point tenu durant les longues périodes d’équilibre, de santé, de bo
3978 e idée assez fausse. Je ne l’ai point tenu durant les longues périodes d’équilibre, de santé, de bonheur ; mais bien durant
3979 jalousement qu’aucun autre. Est-ce vraiment pour le diminuer qu’il anticipe sur ce risque ? Ou pour déconcerter ses juges
3980 ée. J’imaginerais plutôt que Gide est fasciné par l’ obstacle qu’il veut éviter. Son horreur du malentendu l’entraîne à liv
3981 acle qu’il veut éviter. Son horreur du malentendu l’ entraîne à livrer au public treize cents pages d’explications qui mena
3982 ents pages d’explications qui menacent d’aggraver l’ équivoque. Mais alors cela devient exemplaire. L’effort gidien pour éc
3983 l’équivoque. Mais alors cela devient exemplaire. L’ effort gidien pour échapper aux trompeuses stylisations des morales et
3984 ut faits n’est plus seulement émouvant : il revêt la valeur d’une expérience cruciale sur les limites de la sincérité en g
3985 il revêt la valeur d’une expérience cruciale sur les limites de la sincérité en général, et du journal intime en particuli
3986 leur d’une expérience cruciale sur les limites de la sincérité en général, et du journal intime en particulier. La passion
3987 en général, et du journal intime en particulier. La passion d’être complètement vrai finit par altérer le naturel ; mais
3988 assion d’être complètement vrai finit par altérer le naturel ; mais par son excès même, elle nous rend attentifs aux défau
3989 réguliers de tout autoportrait. C’est nous donner le moyen d’y porter nos retouches. ⁂ Parfois, le secret d’une vie s’épui
3990 ner le moyen d’y porter nos retouches. ⁂ Parfois, le secret d’une vie s’épuise dans l’œuvre ; il ne reste pour le journal
3991 hes. ⁂ Parfois, le secret d’une vie s’épuise dans l’ œuvre ; il ne reste pour le journal que les plus sèches notations (Byr
3992 ’une vie s’épuise dans l’œuvre ; il ne reste pour le journal que les plus sèches notations (Byron, Stendhal). D’autres foi
3993 se dans l’œuvre ; il ne reste pour le journal que les plus sèches notations (Byron, Stendhal). D’autres fois, l’œuvre et le
3994 èches notations (Byron, Stendhal). D’autres fois, l’ œuvre et le journal sont simplement des manières différentes de poursu
3995 ions (Byron, Stendhal). D’autres fois, l’œuvre et le journal sont simplement des manières différentes de poursuivre une mê
3996 oursuivre une même confidence. On ne sait plus si le journal est en marge de l’œuvre, ou si l’œuvre n’est qu’un moment pri
3997 ce. On ne sait plus si le journal est en marge de l’ œuvre, ou si l’œuvre n’est qu’un moment privilégié de ce journal. Alor
3998 plus si le journal est en marge de l’œuvre, ou si l’ œuvre n’est qu’un moment privilégié de ce journal. Alors le vrai portr
3999 ’est qu’un moment privilégié de ce journal. Alors le vrai portrait de l’auteur n’est plus dans l’œuvre ni dans le journal,
4000 ivilégié de ce journal. Alors le vrai portrait de l’ auteur n’est plus dans l’œuvre ni dans le journal, mais dans leur mutu
4001 lors le vrai portrait de l’auteur n’est plus dans l’ œuvre ni dans le journal, mais dans leur mutuelle réfraction. Et par e
4002 trait de l’auteur n’est plus dans l’œuvre ni dans le journal, mais dans leur mutuelle réfraction. Et par exemple, les chos
4003 is dans leur mutuelle réfraction. Et par exemple, les choses tues dans ce recueil — Gide a marqué qu’une grave lacune mutil
4004 ecueil — Gide a marqué qu’une grave lacune mutile l’ image qu’il nous y livre de lui-même53 —, il se peut qu’elles soient d
4005 i-même53 —, il se peut qu’elles soient dites dans Les Cahiers d’André Walter, et surtout dans La Porte étroite, ce roman ja
4006 dans Les Cahiers d’André Walter, et surtout dans La Porte étroite, ce roman janséniste et « cathare »… ⁂ D’autres causes
4007 D’autres causes d’erreur interviennent, faussant les proportions de l’autoportrait, si l’on se borne au seul journal. « Le
4008 erreur interviennent, faussant les proportions de l’ autoportrait, si l’on se borne au seul journal. « Les choses les plus
4009 t, faussant les proportions de l’autoportrait, si l’ on se borne au seul journal. « Les choses les plus importantes à dire
4010 autoportrait, si l’on se borne au seul journal. «  Les choses les plus importantes à dire sont celles que souvent je n’ai pa
4011 t, si l’on se borne au seul journal. « Les choses les plus importantes à dire sont celles que souvent je n’ai pas cru devoi
4012 eption justement. Et comment ne céderait-on pas à l’ invite d’une formule, d’une épigramme sur tel ami dont il semble inuti
4013 nt il semble inutile de répéter chaque fois qu’on l’ aime ? Ainsi l’on se peint plus « rosse » que nature. Gide lui-même, à
4014 utile de répéter chaque fois qu’on l’aime ? Ainsi l’ on se peint plus « rosse » que nature. Gide lui-même, à ce jeu, ne s’e
4015 qui s’amuse — doublé d’un pasteur protestant qui l’ ennuie. » Type de boutade dont certains, contre lui, ne se priveront p
4016 iveront pas d’abuser. Voici qui va fort loin dans la critique du genre : « Je ne pense pas qu’il y ait grand profit à tire
4017 nd profit à tirer de ces examens de conscience où l’ on parvient toujours à découvrir de mesquins ressorts à n’importe quel
4018 squins ressorts à n’importe quel comportement. On les inventerait même, pour la satisfaction de se paraître à soi-même plus
4019 quel comportement. On les inventerait même, pour la satisfaction de se paraître à soi-même plus perspicace, et l’on a gra
4020 ion de se paraître à soi-même plus perspicace, et l’ on a grande tendance, par contre, à négliger, de peur de se surfaire,
4021 aimable. Mais à trop se regarder, on ne vit plus. Le regard, ici, crée ce qu’il cherche… » Or, en écrivant cela, Gide n’a-
4022 Or, en écrivant cela, Gide n’a-t-il point cédé à la tentation qu’il décrit ? Cercle vicieux de la sincérité. Ou bien l’on
4023 é à la tentation qu’il décrit ? Cercle vicieux de la sincérité. Ou bien l’on est banal pour rétablir les quotidiennes prop
4024 décrit ? Cercle vicieux de la sincérité. Ou bien l’ on est banal pour rétablir les quotidiennes proportions — ou bien l’on
4025 a sincérité. Ou bien l’on est banal pour rétablir les quotidiennes proportions — ou bien l’on ne consent à noter que l’impo
4026 r rétablir les quotidiennes proportions — ou bien l’ on ne consent à noter que l’important, c’est-à-dire ce qui frappe ce j
4027 proportions — ou bien l’on ne consent à noter que l’ important, c’est-à-dire ce qui frappe ce jour-là, et l’on se fait trop
4028 ortant, c’est-à-dire ce qui frappe ce jour-là, et l’ on se fait trop pittoresque. En somme, le journal exigerait une discip
4029 r-là, et l’on se fait trop pittoresque. En somme, le journal exigerait une discipline plus grande encore que celle de l’œu
4030 it une discipline plus grande encore que celle de l’ œuvre : il faudrait s’imposer un rythme égal et sans lacunes, une rela
4031 et monotone des petits faits, situant exactement l’ apparition de telle pensée ou de tel acte exceptionnel… ⁂ Les journaux
4032 on de telle pensée ou de tel acte exceptionnel… ⁂ Les journaux d’écrivains sont vrais, mais d’une vérité indirecte, et parf
4033 indirecte, et parfois même négative. C’est moins la vie vécue qui s’y traduit, que le désir de compenser ou de parfaire c
4034 ve. C’est moins la vie vécue qui s’y traduit, que le désir de compenser ou de parfaire ce qui n’a pas été vécu, ou mal véc
4035 u. (« J’avais besoin de lui pour me ressaisir ».) La vie réelle n’y figure souvent qu’à la manière dont elle figure dans l
4036 ssaisir ».) La vie réelle n’y figure souvent qu’à la manière dont elle figure dans les rêves. Compensations, ratures, repr
4037 ure souvent qu’à la manière dont elle figure dans les rêves. Compensations, ratures, reprises d’actes manqués… Il s’agirait
4038 prises d’actes manqués… Il s’agirait de savoir si la vraie vie est dans ce qu’on fait, ou dans ce qu’on pense de ses actio
4039 ns ce qu’on pense de ses actions. (Voir là-dessus la note dramatique datée du 5 janvier 1902.) ⁂ Mais voici qu’à mon tour
4040 ici qu’à mon tour je succombe au désir de marquer les seules différences, oubliant ce qui va de soi : l’autoportrait de Gid
4041 s seules différences, oubliant ce qui va de soi : l’ autoportrait de Gide est aussi ressemblant. On l’y retrouve aussi au n
4042 l’autoportrait de Gide est aussi ressemblant. On l’ y retrouve aussi au naturel, avec toutes ses curiosités, son admirable
4043 le modestie et ses malices, son sens rythmique de la langue toujours si fermement articulée (habitude des lectures à haute
4044 sautes d’humeur, et ce besoin de donner raison à l’ adversaire…54 On l’y retrouve naturaliste à la manière goethéenne, et
4045 t ce besoin de donner raison à l’adversaire…54 On l’ y retrouve naturaliste à la manière goethéenne, et musicien comme Goet
4046 n à l’adversaire…54 On l’y retrouve naturaliste à la manière goethéenne, et musicien comme Goethe encore se voulait peintr
4047 peintre (mais Gide est, je crois, plus doué). On l’ y découvre enfin, et cela me paraît nouveau, constamment occupé de pro
4048 s doué). On l’y découvre enfin, et cela me paraît nouveau , constamment occupé de problèmes religieux. Mais d’une manière qu’il
4049 e spécifier. ⁂ A-t-on remarqué jusqu’à quel point l’ « antichristianisme » de Gide est chrétien dans ses déterminations ? J
4050 laissé prendre à sa perpétuelle polémique contre les convertis-convertisseurs. Il faudrait voir que pour lui, le problème
4051 is-convertisseurs. Il faudrait voir que pour lui, le problème proprement religieux s’est posé, et se pose encore, dans des
4052 s termes qui échappent, presque nécessairement, à la sollicitude des catholiques. Gide fut élevé dans un milieu où la reli
4053 des catholiques. Gide fut élevé dans un milieu où la religion paraissait se réduire à ces deux éléments que Calvin considè
4054 ns doute une propension fondamentale à préférer à la lettre du dogme l’esprit qui inspire et qualifie nos actions quotidie
4055 sion fondamentale à préférer à la lettre du dogme l’ esprit qui inspire et qualifie nos actions quotidiennes, fussent-elles
4056 a bientôt fait de se muer à son tour en dogme, et la morale protestante succombe à ce danger plus qu’aucune autre dans les
4057 te succombe à ce danger plus qu’aucune autre dans les périodes de dépression théologique. D’où le ressentiment qu’à son éga
4058 dans les périodes de dépression théologique. D’où le ressentiment qu’à son égard conçoivent beaucoup de « protestants de n
4059 ucoup de « protestants de naissance » détachés de la vie de leur église, et subissant seulement la coutume d’un milieu. To
4060 de la vie de leur église, et subissant seulement la coutume d’un milieu. Tout à fait justifiée en soi, cette réaction gau
4061 on gauchit parfois certains jugements de Gide sur la Réforme. (Il la confond souvent, me semble-t-il, avec l’image courant
4062 is certains jugements de Gide sur la Réforme. (Il la confond souvent, me semble-t-il, avec l’image courante et fausse d’un
4063 rme. (Il la confond souvent, me semble-t-il, avec l’ image courante et fausse d’un Calvin inhumain, presque manichéen.) L’é
4064 fausse d’un Calvin inhumain, presque manichéen.) L’ évangélisme, hérité malgré tout de cette première éducation chrétienne
4065 lgré tout de cette première éducation chrétienne, l’ a mis en garde contre certaines altérations, les plus fréquentes, du c
4066 e, l’a mis en garde contre certaines altérations, les plus fréquentes, du christianisme : le mépris de la nature, et d’autr
4067 érations, les plus fréquentes, du christianisme : le mépris de la nature, et d’autre part, le recours à l’orthodoxie comme
4068 plus fréquentes, du christianisme : le mépris de la nature, et d’autre part, le recours à l’orthodoxie comme à une assura
4069 anisme : le mépris de la nature, et d’autre part, le recours à l’orthodoxie comme à une assurance prise sur le Saint-Espri
4070 épris de la nature, et d’autre part, le recours à l’ orthodoxie comme à une assurance prise sur le Saint-Esprit autant que
4071 rs à l’orthodoxie comme à une assurance prise sur le Saint-Esprit autant que sur le doute. (Il cite ce mot d’un catholique
4072 ssurance prise sur le Saint-Esprit autant que sur le doute. (Il cite ce mot d’un catholique à un pasteur : « Vous, vous cr
4073 s croyez, mais nous savons ! ») Ceci explique que le souci central de Gide ait été de débarrasser son christianisme de tou
4074 it été de débarrasser son christianisme de toutes les adjonctions « humaines — trop humaines » du moralisme néo-protestant
4075 certains chrétiens désireraient lui « révéler ». Le problème de la conversion devient pour lui le problème négatif du ref
4076 iens désireraient lui « révéler ». Le problème de la conversion devient pour lui le problème négatif du refus de la fausse
4077  ». Le problème de la conversion devient pour lui le problème négatif du refus de la fausse conversion, ou de la conversio
4078 devient pour lui le problème négatif du refus de la fausse conversion, ou de la conversion trop « facile ». « Je ne suis
4079 e négatif du refus de la fausse conversion, ou de la conversion trop « facile ». « Je ne suis ni protestant ni catholique,
4080 al tel qu’il se développa au siècle dernier. « Je l’ ai souvent dit à Claudel : Ce qui me retient [d’entrer dans l’église],
4081 dit à Claudel : Ce qui me retient [d’entrer dans l’ église], ce n’est pas la libre pensée, c’est l’Évangile. » Mais n’y a-
4082 me retient [d’entrer dans l’église], ce n’est pas la libre pensée, c’est l’Évangile. » Mais n’y a-t-il pas, à l’origine de
4083 ns l’église], ce n’est pas la libre pensée, c’est l’ Évangile. » Mais n’y a-t-il pas, à l’origine de ce refus de toute égli
4084 ensée, c’est l’Évangile. » Mais n’y a-t-il pas, à l’ origine de ce refus de toute église (tant reformée que catholique), un
4085  forcé de s’asseoir au culte de famille. Sa gêne. L’ horreur du geste qui puisse dépasser son sentiment… » Kierkegaard, lui
4086 ’était par désir de sauver une conception pure de la foi, dont il ne s’estimait pas digne, et qu’il confessait par là même
4087 médiablement, s’éprouve complexe et réticente. Et l’ acte de foi consistera toujours à passer outre au doute naturel, à con
4088 passer outre au doute naturel, à confesser ce que la chair ni le sang par eux-mêmes ne sauraient confesser. Alors seulemen
4089 au doute naturel, à confesser ce que la chair ni le sang par eux-mêmes ne sauraient confesser. Alors seulement pourrait s
4090 Alors seulement pourrait se poser en termes nets le problème de l’église visible, de l’obéissance à une orthodoxie qui ne
4091 t pourrait se poser en termes nets le problème de l’ église visible, de l’obéissance à une orthodoxie qui ne prétende pas s
4092 n termes nets le problème de l’église visible, de l’ obéissance à une orthodoxie qui ne prétende pas s’emparer de l’Évangil
4093 à une orthodoxie qui ne prétende pas s’emparer de l’ Évangile, mais au contraire s’y ordonner. « Orthodoxie protestante — é
4094 et si j’en reconnaissais une, ce serait celle de l’ Église » (donc de Rome). Allons donc ! Pour un protestant, ce dilemme
4095 un protestant, ce dilemme est aussi choquant que le serait pour un Anglais ou un Scandinave le dilemme entre l’anarchie e
4096 nt que le serait pour un Anglais ou un Scandinave le dilemme entre l’anarchie et l’étatisme totalitaire. Assimiler l’autor
4097 pour un Anglais ou un Scandinave le dilemme entre l’ anarchie et l’étatisme totalitaire. Assimiler l’autorité au romanisme
4098 s ou un Scandinave le dilemme entre l’anarchie et l’ étatisme totalitaire. Assimiler l’autorité au romanisme est d’ailleurs
4099 e l’anarchie et l’étatisme totalitaire. Assimiler l’ autorité au romanisme est d’ailleurs une erreur des plus courantes, en
4100 chez certains protestants. Tout ce que je me sens le droit de dire ici, c’est que la Réforme a rejeté les prétentions du p
4101 ce que je me sens le droit de dire ici, c’est que la Réforme a rejeté les prétentions du pape de Rome non par dégoût de l’
4102 droit de dire ici, c’est que la Réforme a rejeté les prétentions du pape de Rome non par dégoût de l’autorité en soi, mais
4103 les prétentions du pape de Rome non par dégoût de l’ autorité en soi, mais au contraire par grande fidélité à l’autorité de
4104 é en soi, mais au contraire par grande fidélité à l’ autorité de l’Évangile, fondement unique et suffisant de la seule orth
4105 au contraire par grande fidélité à l’autorité de l’ Évangile, fondement unique et suffisant de la seule orthodoxie libérat
4106 é de l’Évangile, fondement unique et suffisant de la seule orthodoxie libératrice. ⁂ Si, malgré son génie du scrupule, Gid
4107 èreté sur des problèmes infiniment complexes (tel le communisme, naguère), je pense qu’on le peut expliquer par une certai
4108 exes (tel le communisme, naguère), je pense qu’on le peut expliquer par une certaine défiance d’artiste à l’égard des « id
4109 e d’artiste à l’égard des « idées » en soi, et de l’ information méthodique. C’est par là que je sens le mieux la distance
4110 ’information méthodique. C’est par là que je sens le mieux la distance qui sépare de la sienne ma génération littéraire. N
4111 ion méthodique. C’est par là que je sens le mieux la distance qui sépare de la sienne ma génération littéraire. Notre cult
4112 raire. Non point par préférence, loin de là. Mais les problèmes qui se posent à nous, nous n’avons pas pu les choisir, et e
4113 oblèmes qui se posent à nous, nous n’avons pas pu les choisir, et encore moins les circonscrire dans un domaine privilégié.
4114 nous n’avons pas pu les choisir, et encore moins les circonscrire dans un domaine privilégié. Ils nous contraignent parfoi
4115 antage qu’ils ne servent nos goûts naturels, d’où le danger de didactisme que nous courons tous plus ou moins. À cet égard
4116 ous plus ou moins. À cet égard, il m’apparaît que la leçon de Gide, pour ceux de mon âge, est moins urgente dans l’ordre d
4117 ide, pour ceux de mon âge, est moins urgente dans l’ ordre de l’éthique, que dans celui de l’esthétique. C’est le maître-ar
4118 e, pour ceux de mon âge, est moins urgente dans l’ ordre de l’éthique, que dans celui de l’esthétique. C’est le maître-artisan
4119 eux de mon âge, est moins urgente dans l’ordre de l’ éthique, que dans celui de l’esthétique. C’est le maître-artisan de la
4120 ente dans l’ordre de l’éthique, que dans celui de l’ esthétique. C’est le maître-artisan de la langue, plus que l’immoralis
4121 l’éthique, que dans celui de l’esthétique. C’est le maître-artisan de la langue, plus que l’immoraliste, qui nous importe
4122 celui de l’esthétique. C’est le maître-artisan de la langue, plus que l’immoraliste, qui nous importe, et qui nous intéres
4123 e. C’est le maître-artisan de la langue, plus que l’ immoraliste, qui nous importe, et qui nous intéresse au double sens du
4124 ienne encore. Elle n’exclut aucun revirement dans les générations qui nous suivront : je prévois le jour où nos cadets nous
4125 ns les générations qui nous suivront : je prévois le jour où nos cadets nous opposeront l’exemple du probe adversaire des
4126 je prévois le jour où nos cadets nous opposeront l’ exemple du probe adversaire des orthodoxies orgueilleuses, « André Gid
4127 pos, qu’il faut se forcer pour n’abandonner point les positions auxquelles on tient, et qui ne sont pas exactement les sien
4128 Compte rendu] Au sujet du Journal d’André Gide », La Nouvelle Revue française, Paris, janvier 1940, p. 24-32.
41 1940, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Hommage à C. F. Ramuz (mai 1940)
4129 Hommage à C. F. Ramuz (mai 1940)as Le plus intéressant dans un recueil de mélanges ou d’hommages, c’est en
4130 cueil de mélanges ou d’hommages, c’est en général le sommaire : cette fois encore. Voici le noyau des premiers ramuziens (
4131 en général le sommaire : cette fois encore. Voici le noyau des premiers ramuziens (à peu près le groupe des Cahiers vaudoi
4132 Voici le noyau des premiers ramuziens (à peu près le groupe des Cahiers vaudois), les deux Cingria, le peintre Auberjonois
4133 ziens (à peu près le groupe des Cahiers vaudois), les deux Cingria, le peintre Auberjonois, Ansermet, Stravinsky. Claudel y
4134 le groupe des Cahiers vaudois), les deux Cingria, le peintre Auberjonois, Ansermet, Stravinsky. Claudel y touche de près.
4135 eau y a des souvenirs, Maritain des amitiés. Pour la fête, on a invité quelques étrangers de marque : Thomas Mann, Zweig,
4136 angers de marque : Thomas Mann, Zweig, Valéry. Et les quatre langues suisses — n’oubliez pas le ladin des Grisons — viennen
4137 ry. Et les quatre langues suisses — n’oubliez pas le ladin des Grisons — viennent dire au dessert leur couplet. Ce complex
4138 t. Ce complexe de mystique paysanne, de goût de «  l’ authentique », de musique russe, d’avant-garde ascétique, d’humour vau
4139 e Genève mais à celle des troubadours, voilà bien la constellation ramuzienne. Rien de plus « Suisse » que ces créations s
4140 Bâle au temps de Burckhardt et de Nietzsche… Mais le centre vaudois s’est distingué par sa méfiance à l’égard des « idées 
4141 « idées ». Son particularisme approfondi rejoint l’ universel par les racines. C’est, comme ils disent, de la vraie « cult
4142 particularisme approfondi rejoint l’universel par les racines. C’est, comme ils disent, de la vraie « culture ». Il faut me
4143 rsel par les racines. C’est, comme ils disent, de la vraie « culture ». Il faut mettre hors de pair, dans ce recueil, le P
4144  ». Il faut mettre hors de pair, dans ce recueil, le Petit Ramusianum harmonique de Ch.-A. Cingria et Stravinsky : l’humou
4145 anum harmonique de Ch.-A. Cingria et Stravinsky : l’ humour de l’authentique, si caractéristique du cercle ramuzien, s’y tr
4146 que de Ch.-A. Cingria et Stravinsky : l’humour de l’ authentique, si caractéristique du cercle ramuzien, s’y traduit en mir
4147 ent travaillé et simplifié, cet œil halluciné par le réel, c’est tout l’art de Ramuz exposé. Ici, tout le mystère se mue e
4148 plifié, cet œil halluciné par le réel, c’est tout l’ art de Ramuz exposé. Ici, tout le mystère se mue en forme et en physio
4149 réel, c’est tout l’art de Ramuz exposé. Ici, tout le mystère se mue en forme et en physionomie lisible. Enfin, l’on est au
4150 se mue en forme et en physionomie lisible. Enfin, l’ on est au-delà de la psychologie. « N’allez pas chercher derrière la f
4151 n physionomie lisible. Enfin, l’on est au-delà de la psychologie. « N’allez pas chercher derrière la forme, disait Goethe,
4152 e la psychologie. « N’allez pas chercher derrière la forme, disait Goethe, elle est elle-même enseignement. » as. Rouge
4153 is de, « [Compte rendu] Hommage à C. F. Ramuz  », La Nouvelle Revue française, Paris, mai 1940, p. 697-698.
42 1951, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Un complot de protestants (novembre 1951)
4154 nous connaissions peu, ce jour de juin 39 où dans le hall de la rue Sébastien-Bottin, j’étais en train de téléphoner quand
4155 ssions peu, ce jour de juin 39 où dans le hall de la rue Sébastien-Bottin, j’étais en train de téléphoner quand je le vois
4156 n-Bottin, j’étais en train de téléphoner quand je le vois descendre l’escalier. Je parle en le suivant d’un œil. Il s’arrê
4157 en train de téléphoner quand je le vois descendre l’ escalier. Je parle en le suivant d’un œil. Il s’arrête, il paraît atte
4158 uand je le vois descendre l’escalier. Je parle en le suivant d’un œil. Il s’arrête, il paraît attendre. Je pose le récepte
4159 ’un œil. Il s’arrête, il paraît attendre. Je pose le récepteur et nous sortons. Nous voici sur un banc du boulevard Saint-
4160 ous voici sur un banc du boulevard Saint-Germain. Les autos passent tout près. Je l’entends dire, dans le bruit : « Où habi
4161 rd Saint-Germain. Les autos passent tout près. Je l’ entends dire, dans le bruit : « Où habitez-vous maintenant ? » Je crie
4162 autos passent tout près. Je l’entends dire, dans le bruit : « Où habitez-vous maintenant ? » Je crie que je l’ignore, dev
4163 : « Où habitez-vous maintenant ? » Je crie que je l’ ignore, devant quitter demain la maison de Charles Du Bos qui rentre d
4164  » Je crie que je l’ignore, devant quitter demain la maison de Charles Du Bos qui rentre d’Amérique, et je viens d’apprend
4165 en se levant : « Eh bien ! si c’est ainsi, allons le voir de ce pas, voulez-vous ? » Alors, seulement, je comprends qu’il
4166 e comprends qu’il avait dit : « J’ai un studio… » Le lendemain matin, très tôt, nous arrivons chez lui, ma femme et moi. L
4167 rès tôt, nous arrivons chez lui, ma femme et moi. Le studio est vaste et plaisant, agrémenté d’un escalier conduisant à un
4168 e galerie. Par une porte capitonnée qui donne sur la bibliothèque où il travaille, Gide apparaît en robe de chambre grise,
4169 ravaille, Gide apparaît en robe de chambre grise, le corps un peu tassé et de large carrure, sa belle tête de moine tibéta
4170 poches, il tire deux bouteilles de bière et nous les offre. Au milieu du studio pend un trapèze. Gide s’y appuie des deux
4171 c’est inquiétant. Cela me ferait presque croire à la Providence !… Mais dites-moi, Rougemont, quand on saura que vous habi
4172 n va dire que c’est un complot de protestants ! » Le mot ne manque pas de pertinence. Tous les matins, vers onze heures, i
4173 ants ! » Le mot ne manque pas de pertinence. Tous les matins, vers onze heures, il viendra entrouvrir la porte capitonnée,
4174 s matins, vers onze heures, il viendra entrouvrir la porte capitonnée, en s’annonçant par un profond « Allô ! Allô ! » et
4175 quelques instants. Et, chaque fois, il orientera la conversation vers des sujets religieux ou même théologiques, comme si
4176 tait précisément pour m’en parler qu’il m’offrait l’ hospitalité. Saint Paul reste sa bête noire. Et l’idée même d’orthodox
4177 l’hospitalité. Saint Paul reste sa bête noire. Et l’ idée même d’orthodoxie. Il nie vivement que le terme d’orthodoxie prot
4178 Et l’idée même d’orthodoxie. Il nie vivement que le terme d’orthodoxie protestante puisse avoir un sens. Le protestant, p
4179 me d’orthodoxie protestante puisse avoir un sens. Le protestant, pour lui, c’est l’opposant. (Comme on le croit généraleme
4180 sse avoir un sens. Le protestant, pour lui, c’est l’ opposant. (Comme on le croit généralement en France.) Les gênes fécond
4181 protestant, pour lui, c’est l’opposant. (Comme on le croit généralement en France.) Les gênes fécondes qu’il demandait jad
4182 sant. (Comme on le croit généralement en France.) Les gênes fécondes qu’il demandait jadis qu’on rende à l’art, la « critiq
4183 ênes fécondes qu’il demandait jadis qu’on rende à l’ art, la « critique dogmatique » des grandes époques, ne sont plus que
4184 condes qu’il demandait jadis qu’on rende à l’art, la « critique dogmatique » des grandes époques, ne sont plus que mensong
4185 es, ne sont plus que mensonges à ses yeux dès que l’ on passe à l’ordre spirituel. Peut-être ne songe-t-il qu’à la morale ?
4186 lus que mensonges à ses yeux dès que l’on passe à l’ ordre spirituel. Peut-être ne songe-t-il qu’à la morale ? « En somme,
4187 s que mensonges à ses yeux dès que l’on passe à l’ ordre spirituel. Peut-être ne songe-t-il qu’à la morale ? « En somme, lui d
4188 à l’ordre spirituel. Peut-être ne songe-t-il qu’à la morale ? « En somme, lui dis-je, vous vous en tenez au protestantisme
4189 , vous vous en tenez au protestantisme libéral de la fin du xixe siècle ? » — « Oui, c’est assez cela, la position du pas
4190 in du xixe siècle ? » — « Oui, c’est assez cela, la position du pasteur Roberty, que j’aimais bien. » Vite lassé par les
4191 teur Roberty, que j’aimais bien. » Vite lassé par les débats d’idées, il semble répugner à toute pensée qui par le style d’
4192 ’idées, il semble répugner à toute pensée qui par le style d’abord ne l’ait séduit. Il me parle souvent des Variations de
4193 pugner à toute pensée qui par le style d’abord ne l’ ait séduit. Il me parle souvent des Variations de Bossuet, avec une vi
4194 . Marquant ainsi bien franchement ses limites, et les moyens particuliers de sa recherche. Sur un seul de ces entretiens, j
4195 ris des notes. C’est celui du 20 juin. J’avais eu l’ impression ce jour-là que Gide passait la prudence dans l’aveu, qu’il
4196 avais eu l’impression ce jour-là que Gide passait la prudence dans l’aveu, qu’il me disait ce qu’il ne pouvait dire, et n’
4197 sion ce jour-là que Gide passait la prudence dans l’ aveu, qu’il me disait ce qu’il ne pouvait dire, et n’a peut-être jamai
4198 ne pouvait dire, et n’a peut-être jamais répété. La conversation s’engage sur L’Amour et l’Occident , qu’il est en train
4199 être jamais répété. La conversation s’engage sur L’ Amour et l’Occident , qu’il est en train de lire, et dont il me déclar
4200 répété. La conversation s’engage sur L’Amour et l’ Occident , qu’il est en train de lire, et dont il me déclare, à ma pro
4201 nces et de reniflements, il se met à parler sur «  le drame de sa vie ». Jeune homme épris et puritain, il a voulu disjoind
4202 ne homme épris et puritain, il a voulu disjoindre l’ amour et le plaisir. Il croyait que « l’amour hétérosexuel » était d’a
4203 ris et puritain, il a voulu disjoindre l’amour et le plaisir. Il croyait que « l’amour hétérosexuel » était d’autant plus
4204 isjoindre l’amour et le plaisir. Il croyait que «  l’ amour hétérosexuel » était d’autant plus pur que rien de charnel ne s’
4205 accentuant, circonflexant le dernier mot. Ce qui l’ a souvent frappé chez bien des femmes, c’est leur manière « de s’offus
4206 , c’est leur manière « de s’offusquer du désir de l’ homme ». Plusieurs, mariées, lui ont confié « qu’elles tenaient la lib
4207 eurs, mariées, lui ont confié « qu’elles tenaient la libido de leur mari pour quelque chose de morbide. “Cela recommence t
4208 r quelque chose de morbide. “Cela recommence tout le temps !” disaient-elles ». Il hoche la tête, trouve cela très curieux
4209 mence tout le temps !” disaient-elles ». Il hoche la tête, trouve cela très curieux, n’est-ce pas ? — un éclair de malice
4210  : « J’ai trop longtemps gardé cette illusion que la femme n’avait pas besoin du commerce physique, autant que nous. Hélas
4211 s, je ne voyais pas clair. On se trompe ainsi, et les conséquences. J’ai été assez bête pour croire cela ! Il ne faut jamai
4212 oué un rôle très grave dans ma vie. » (Frappé par le ton de confession, par le ton « c’était mal » de ses propos.) Et, sub
4213 s ma vie. » (Frappé par le ton de confession, par le ton « c’était mal » de ses propos.) Et, subitement, après un silence 
4214 mer trop, et de n’arriver point à se contraindre. Les jours suivants, il me donne à lire, par paquets, les épreuves de son
4215 jours suivants, il me donne à lire, par paquets, les épreuves de son Journal en cours d’impression, et sur lequel je vais
4216 ion, et sur lequel je vais écrire un article pour la NRF. Il insiste comme il sait insister sur les suppressions qu’il y a
4217 our la NRF. Il insiste comme il sait insister sur les suppressions qu’il y a faites. Tout ce qui concerne intimement sa fem
4218 tes. Tout ce qui concerne intimement sa femme — «  le seul être, dit-il, que j’ai vraiment aimé » — tous ces passages ont é
4219 ent aimé » — tous ces passages ont été coupés. On les lira plus tard. Il les a recopiés dans deux cahiers gris d’écolier. U
4220 assages ont été coupés. On les lira plus tard. Il les a recopiés dans deux cahiers gris d’écolier. Un soir, il vient m’aver
4221 o me restera ouvert ; que j’y vienne prendre tous les livres dont je pourrais avoir besoin… Dès le lendemain, j’y pénètre,
4222 ous les livres dont je pourrais avoir besoin… Dès le lendemain, j’y pénètre, bien sûr. Des housses couvrent les meubles, u
4223 main, j’y pénètre, bien sûr. Des housses couvrent les meubles, une sorte de vieux drap son grand bureau. Sur l’étoffe, bien
4224 es, une sorte de vieux drap son grand bureau. Sur l’ étoffe, bien en évidence, un fort cahier gris d’écolier. J’ai lu les p
4225 ières lignes, pour vérifier, et j’ai vite refermé la couverture. Pudeur, ou répugnance à donner dans le piège ? Les deux s
4226 a couverture. Pudeur, ou répugnance à donner dans le piège ? Les deux sans doute. Combien de fois l’ai-je revu après la gu
4227 e. Pudeur, ou répugnance à donner dans le piège ? Les deux sans doute. Combien de fois l’ai-je revu après la guerre ? Souve
4228 s le piège ? Les deux sans doute. Combien de fois l’ ai-je revu après la guerre ? Souvent, en somme, et dans les lieux les
4229 ux sans doute. Combien de fois l’ai-je revu après la guerre ? Souvent, en somme, et dans les lieux les plus divers, « Au V
4230 revu après la guerre ? Souvent, en somme, et dans les lieux les plus divers, « Au Vaneau », près de Lausanne, à Neuchâtel,
4231 la guerre ? Souvent, en somme, et dans les lieux les plus divers, « Au Vaneau », près de Lausanne, à Neuchâtel, à Berne. M
4232 mérite d’être rapportée, j’entends : qui modifie le moins du monde l’image que l’on connaît de lui. Nous parlions style,
4233 portée, j’entends : qui modifie le moins du monde l’ image que l’on connaît de lui. Nous parlions style, tournures de phras
4234 tends : qui modifie le moins du monde l’image que l’ on connaît de lui. Nous parlions style, tournures de phrases, Littré.
4235 ement, n’admirant plus, avec quelque ferveur, que les ouvrages qu’il se sentait le plus incapable d’écrire : ceux d’un Marc
4236 uelque ferveur, que les ouvrages qu’il se sentait le plus incapable d’écrire : ceux d’un Marcel Aymé, d’un Simenon.) À Ber
4237 is une réponse assez vague, m’étonnant surtout de la question. Huit jours plus tard, il recevait le prix Nobel. Chez Richa
4238 de la question. Huit jours plus tard, il recevait le prix Nobel. Chez Richard Heyd, un soir, à Neuchâtel, l’on jouait au «
4239 x Nobel. Chez Richard Heyd, un soir, à Neuchâtel, l’ on jouait au « cadavre exquis ». (L’un écrit trois questions, l’autre
4240 me temps trois réponses, puis on lit à haute voix les papiers. Jeu de télépathie, plutôt que de hasard.) J’avais écrit, der
4241 ’avais écrit, dernière question : « Qu’est-ce que le style ? » Catherine, sa fille, lut sa dernière réponse : « L’original
4242 Catherine, sa fille, lut sa dernière réponse : «  L’ originalité du Bipède. » (C’est ainsi qu’on l’appelait dans ce groupe.
4243 : « L’originalité du Bipède. » (C’est ainsi qu’on l’ appelait dans ce groupe.) Gide s’éclaircit la voix pour observer que l
4244 u’on l’appelait dans ce groupe.) Gide s’éclaircit la voix pour observer que le jeu devenait bien personnel, et proposa des
4245 oupe.) Gide s’éclaircit la voix pour observer que le jeu devenait bien personnel, et proposa des bouts-rimés. Il y excella
4246 lait. ⁂ Peu d’hommes m’ont donné l’impression que le problème religieux existait dans leur vie en tant que problème perman
4247 tant que problème permanent. Écarté, refoulé chez les uns ; et chez les autres résolu, croient-ils. Je ne dis pas qu’il tor
4248 permanent. Écarté, refoulé chez les uns ; et chez les autres résolu, croient-ils. Je ne dis pas qu’il torturait Gide, hors
4249 turait Gide, hors quelques crises dont nous avons les témoignages, mais il restait, pour lui, problème. Gide avait peu d’in
4250 ’instinct religieux, et moins encore de goût pour la métaphysique. Il préférait ce qu’il jugeait important à ce que d’autr
4251 yrisme.) Et c’est ainsi qu’il réussit à remplacer le tragique par la perplexité. Tout cela peut éclairer son attitude enve
4252 t ainsi qu’il réussit à remplacer le tragique par la perplexité. Tout cela peut éclairer son attitude envers le christiani
4253 xité. Tout cela peut éclairer son attitude envers le christianisme et son mystère. Peu d’instinct religieux chez cet homme
4254 eu d’instinct religieux chez cet homme, alors que le christianisme, l’Église et l’Évangile, furent ses constants sujets d’
4255 gieux chez cet homme, alors que le christianisme, l’ Église et l’Évangile, furent ses constants sujets d’irritation, de nos
4256 et homme, alors que le christianisme, l’Église et l’ Évangile, furent ses constants sujets d’irritation, de nostalgie ou de
4257 ets d’irritation, de nostalgie ou de perplexité ? Le paradoxe n’est qu’apparent. Qu’on n’oublie pas sa formation chrétienn
4258 lectures prolongées et sans cesse renouvelées de l’ Écriture ; son amour pour le style biblique ; la confusion courante —
4259 cesse renouvelées de l’Écriture ; son amour pour le style biblique ; la confusion courante — non seulement puritaine — en
4260 e l’Écriture ; son amour pour le style biblique ; la confusion courante — non seulement puritaine — entretenue chez les je
4261 rante — non seulement puritaine — entretenue chez les jeunes bourgeois entre tabous sexuels et spiritualité, d’où sa polémi
4262 spiritualité, d’où sa polémique inlassable contre l’ orthodoxie telle qu’il l’imaginait et dans laquelle il voyait (par err
4263 émique inlassable contre l’orthodoxie telle qu’il l’ imaginait et dans laquelle il voyait (par erreur) la sanction d’une ce
4264 imaginait et dans laquelle il voyait (par erreur) la sanction d’une certaine éthique ; la conversion de quelques-uns de se
4265 (par erreur) la sanction d’une certaine éthique ; la conversion de quelques-uns de ses amis ; enfin la piété de sa femme.
4266 la conversion de quelques-uns de ses amis ; enfin la piété de sa femme. Ces données biographiques ne font point une nature
4267 ont point une nature. Elles expliquent simplement l’ insistance du problème aux stades les plus variés de l’évolution de Gi
4268 nt simplement l’insistance du problème aux stades les plus variés de l’évolution de Gide. Ce qui l’a vraiment torturé, c’e
4269 istance du problème aux stades les plus variés de l’ évolution de Gide. Ce qui l’a vraiment torturé, c’est l’éthique, non
4270 s les plus variés de l’évolution de Gide. Ce qui l’ a vraiment torturé, c’est l’éthique, non le religieux ; la justice et
4271 tion de Gide. Ce qui l’a vraiment torturé, c’est l’ éthique, non le religieux ; la justice et non le salut ; ce que l’on v
4272 Ce qui l’a vraiment torturé, c’est l’éthique, non le religieux ; la justice et non le salut ; ce que l’on vit et comment o
4273 ment torturé, c’est l’éthique, non le religieux ; la justice et non le salut ; ce que l’on vit et comment on juge, non la
4274 t l’éthique, non le religieux ; la justice et non le salut ; ce que l’on vit et comment on juge, non la connaissance pure,
4275 e religieux ; la justice et non le salut ; ce que l’ on vit et comment on juge, non la connaissance pure, ni le mystère. Ré
4276 e salut ; ce que l’on vit et comment on juge, non la connaissance pure, ni le mystère. Réduisait-il la religion à la moral
4277 et comment on juge, non la connaissance pure, ni le mystère. Réduisait-il la religion à la morale ? Je pense plutôt que l
4278 la connaissance pure, ni le mystère. Réduisait-il la religion à la morale ? Je pense plutôt que la morale était le lieu de
4279 e pure, ni le mystère. Réduisait-il la religion à la morale ? Je pense plutôt que la morale était le lieu de son vrai dram
4280 -il la religion à la morale ? Je pense plutôt que la morale était le lieu de son vrai drame, et qu’il ne pouvait approcher
4281 à la morale ? Je pense plutôt que la morale était le lieu de son vrai drame, et qu’il ne pouvait approcher la religion que
4282 de son vrai drame, et qu’il ne pouvait approcher la religion que dans ce drame. Ainsi, devenir ou redevenir chrétien, ne
4283 venir chrétien, ne pouvait signifier pour lui que la sainteté, non l’accueil du mystère, ni l’adhésion à un credo. J’en do
4284 e pouvait signifier pour lui que la sainteté, non l’ accueil du mystère, ni l’adhésion à un credo. J’en donne la preuve : a
4285 lui que la sainteté, non l’accueil du mystère, ni l’ adhésion à un credo. J’en donne la preuve : avoir la foi sans être sai
4286 du mystère, ni l’adhésion à un credo. J’en donne la preuve : avoir la foi sans être saint lui paraissait la tricherie mêm
4287 adhésion à un credo. J’en donne la preuve : avoir la foi sans être saint lui paraissait la tricherie même, tandis qu’il eû
4288 uve : avoir la foi sans être saint lui paraissait la tricherie même, tandis qu’il eût admis la sainteté sans foi. Que dis-
4289 aissait la tricherie même, tandis qu’il eût admis la sainteté sans foi. Que dis-je ? Il l’a souhaitée expressément. Mais c
4290 l eût admis la sainteté sans foi. Que dis-je ? Il l’ a souhaitée expressément. Mais comment définir un saint qui ne croit p
4291 rtis pris éthiques ? Ce débat nous éloignerait de la réalité de Gide. Une intense affectivité le liait, le reliait, au mon
4292 it de la réalité de Gide. Une intense affectivité le liait, le reliait, au monde du christianisme, même s’il en refusait l
4293 éalité de Gide. Une intense affectivité le liait, le reliait, au monde du christianisme, même s’il en refusait les dimensi
4294 au monde du christianisme, même s’il en refusait les dimensions profondes. J’ai dit qu’il se méfiait d’une certaine « prof
4295 d’une certaine « profondeur » qui mesure parfois la distance entre l’éthique et la mystique, mais qui souvent n’est qu’un
4296 profondeur » qui mesure parfois la distance entre l’ éthique et la mystique, mais qui souvent n’est qu’un concept bâtard, e
4297 qui mesure parfois la distance entre l’éthique et la mystique, mais qui souvent n’est qu’un concept bâtard, engendré par l
4298 souvent n’est qu’un concept bâtard, engendré par le romantisme. Gide recherchait plutôt la rectitude, qu’il tenait pour l
4299 gendré par le romantisme. Gide recherchait plutôt la rectitude, qu’il tenait pour la vérité. Il lui arrivait ainsi de s’ar
4300 echerchait plutôt la rectitude, qu’il tenait pour la vérité. Il lui arrivait ainsi de s’arrêter à la logique exotérique d’
4301 r la vérité. Il lui arrivait ainsi de s’arrêter à la logique exotérique d’un texte, disons à son seul sens éthique. Pencha
4302 cte. Ses connaissances bibliques me stupéfiaient. L’ usage qu’il en faisait me semblait décevant. Là où Claudel prend son é
4303 même chrétiens, nous ont montré pareil amour pour l’ Évangile, et cela jusque dans les années où il doutait de l’existence
4304 pareil amour pour l’Évangile, et cela jusque dans les années où il doutait de l’existence de Dieu. Mais il croyait à l’homm
4305 , et cela jusque dans les années où il doutait de l’ existence de Dieu. Mais il croyait à l’homme individuel, et cette croy
4306 doutait de l’existence de Dieu. Mais il croyait à l’ homme individuel, et cette croyance est née de la synthèse du christia
4307 l’homme individuel, et cette croyance est née de la synthèse du christianisme. Elle n’existe pas hors de lui, et n’est pa
4308 était individualiste. Savons-nous encore mesurer le sens et la portée de cette banalité, en vérité bizarre et unique dans
4309 vidualiste. Savons-nous encore mesurer le sens et la portée de cette banalité, en vérité bizarre et unique dans l’Histoire
4310 cette banalité, en vérité bizarre et unique dans l’ Histoire, une civilisation sur vingt et une connues l’ayant rendue pos
4311 stoire, une civilisation sur vingt et une connues l’ ayant rendue possible et acceptable. « Hérétique entre les hérétiques 
4312 rendue possible et acceptable. « Hérétique entre les hérétiques », toujours soucieux de différer mais de légitimer sa diff
4313 aditionnelles, au sens du mythe, des astres et de l’ ordre cosmique, ou bien encore au sens de lois fatales et collectives
4314 itionnelles, au sens du mythe, des astres et de l’ ordre cosmique, ou bien encore au sens de lois fatales et collectives inter
4315 ectives interprétées par un Parti. C’est pourquoi le problème religieux, tel qu’il se pose au monde christianisé, et à lui
4316 e au monde christianisé, et à lui seul, libéré de l’ empire des mythes, n’a cessé d’occuper sa pensée. Et j’ignore si c’est
4317 ore si c’est mal ou bien : je constate simplement le phénomène. Je ne tiens pas la foi pour une vertu plus que l’absence d
4318 constate simplement le phénomène. Je ne tiens pas la foi pour une vertu plus que l’absence de foi pour une preuve de coura
4319 e. Je ne tiens pas la foi pour une vertu plus que l’ absence de foi pour une preuve de courage. Des vertus et des vices, da
4320 n droit de juger au nom des normes établies. Mais la foi, le salut personnel n’ont rien à voir avec la bienséance, et ne s
4321 de juger au nom des normes établies. Mais la foi, le salut personnel n’ont rien à voir avec la bienséance, et ne sont pas
4322 la foi, le salut personnel n’ont rien à voir avec la bienséance, et ne sont pas de l’ordre des mérites. Et c’est pourquoi
4323 rien à voir avec la bienséance, et ne sont pas de l’ ordre des mérites. Et c’est pourquoi il est écrit : « Ne jugez pas ! »
4324 en à voir avec la bienséance, et ne sont pas de l’ ordre des mérites. Et c’est pourquoi il est écrit : « Ne jugez pas ! » J’av
4325 l, ou plutôt que je réprouve, ces discussions sur la croyance ou non d’un homme connu, multipliées et prolongées après sa
4326 ne sont ni chrétiennes ni simplement honnêtes. «  Le Seigneur seul connaît les siens », dit l’Écriture : si l’on est chrét
4327 êtes. « Le Seigneur seul connaît les siens », dit l’ Écriture : si l’on est chrétien, qu’on croie cela, laissant aux incroy
4328 eur seul connaît les siens », dit l’Écriture : si l’ on est chrétien, qu’on croie cela, laissant aux incroyants le droit de
4329 rétien, qu’on croie cela, laissant aux incroyants le droit de mieux savoir. Et qu’est-ce que cela peut bien nous faire ? S
4330 et qu’il n’est pas le premier venu. C’est usurper la place du Juge, ou mêler vanités et salut. Si Gide a refusé totalement
4331 refusé totalement quelque chose, c’est justement le totalitarisme, qui est l’esprit de parti logiquement développé. Et d’
4332 chose, c’est justement le totalitarisme, qui est l’ esprit de parti logiquement développé. Et d’abord dans la religion. Le
4333 t de parti logiquement développé. Et d’abord dans la religion. Le vrai croyant demain, ne sera-t-il pas celui qui osera di
4334 giquement développé. Et d’abord dans la religion. Le vrai croyant demain, ne sera-t-il pas celui qui osera dire : « Je ne
4335 elui qui osera dire : « Je ne crois pas ! » quand l’ État contre l’homme invoquera les Nécessités de l’Histoire ? Il n’est
4336 dire : « Je ne crois pas ! » quand l’État contre l’ homme invoquera les Nécessités de l’Histoire ? Il n’est pas de vraie f
4337 ois pas ! » quand l’État contre l’homme invoquera les Nécessités de l’Histoire ? Il n’est pas de vraie foi sans vrai doute,
4338 l’État contre l’homme invoquera les Nécessités de l’ Histoire ? Il n’est pas de vraie foi sans vrai doute, plus qu’il n’est
4339 ougemont Denis de, « Un complot de protestants », La Nouvelle Revue française, Paris, novembre 1951, p. 281-288.
43 1957, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). La découverte du temps ou l’aventure occidentale (mars 1957)
4340 La découverte du temps ou l’aventure occidentale (mars 1957)au Pour
4341 La découverte du temps ou l’ aventure occidentale (mars 1957)au Pourquoi l’Europe a-t-elle cré
4342 ’aventure occidentale (mars 1957)au Pourquoi l’ Europe a-t-elle créé les sciences physiques, conçu l’Histoire et décou
4343 mars 1957)au Pourquoi l’Europe a-t-elle créé les sciences physiques, conçu l’Histoire et découvert la Terre ? D’autres
4344 urope a-t-elle créé les sciences physiques, conçu l’ Histoire et découvert la Terre ? D’autres cultures et civilisations on
4345 sciences physiques, conçu l’Histoire et découvert la Terre ? D’autres cultures et civilisations ont trouvé mieux peut-être
4346 a. Est-il possible d’attribuer aux « inventions » les plus typiques de l’Occident (le concept de personne humaine et le dév
4347 attribuer aux « inventions » les plus typiques de l’ Occident (le concept de personne humaine et le développement de la tec
4348 x « inventions » les plus typiques de l’Occident ( le concept de personne humaine et le développement de la technique, par
4349 de l’Occident (le concept de personne humaine et le développement de la technique, par exemple) une origine ou une visée
4350 oncept de personne humaine et le développement de la technique, par exemple) une origine ou une visée communes, révélant u
4351 ncipe de cohérence parmi tant de contradictions ? L’ unité de l’Europe n’est pas définissable par un contour géographique,
4352 hérence parmi tant de contradictions ? L’unité de l’ Europe n’est pas définissable par un contour géographique, moins encor
4353 uples, ou par quelque essence éternelle, comme on l’ a cru de l’unité de nos nations à partir du xixe siècle. L’Europe est
4354 ar quelque essence éternelle, comme on l’a cru de l’ unité de nos nations à partir du xixe siècle. L’Europe est une longue
4355 l’unité de nos nations à partir du xixe siècle. L’ Europe est une longue aventure, et l’esprit d’aventure y paraît plus s
4356 ixe siècle. L’Europe est une longue aventure, et l’ esprit d’aventure y paraît plus sensible que l’objet de la quête n’est
4357 et l’esprit d’aventure y paraît plus sensible que l’ objet de la quête n’est clairement connaissable. Pourtant, certaines o
4358 d’aventure y paraît plus sensible que l’objet de la quête n’est clairement connaissable. Pourtant, certaines options fond
4359 rtaines options fondamentales ont pu conditionner l’ allure de l’odyssée. Ôtez le dogme de l’Incarnation, formulé au concil
4360 ons fondamentales ont pu conditionner l’allure de l’ odyssée. Ôtez le dogme de l’Incarnation, formulé au concile de Nicée,
4361 s ont pu conditionner l’allure de l’odyssée. Ôtez le dogme de l’Incarnation, formulé au concile de Nicée, et vous ôtez la
4362 ditionner l’allure de l’odyssée. Ôtez le dogme de l’ Incarnation, formulé au concile de Nicée, et vous ôtez la condition de
4363 nation, formulé au concile de Nicée, et vous ôtez la condition des sciences physiques et naturelles, qui est la reconnaiss
4364 ion des sciences physiques et naturelles, qui est la reconnaissance du corps, de la matière, et de la forme du monde en ta
4365 aturelles, qui est la reconnaissance du corps, de la matière, et de la forme du monde en tant que réalités. (L’Orient les
4366 la reconnaissance du corps, de la matière, et de la forme du monde en tant que réalités. (L’Orient les tient pour illusoi
4367 e, et de la forme du monde en tant que réalités. ( L’ Orient les tient pour illusoires.) Ôtez l’idée de la personne, déduite
4368 la forme du monde en tant que réalités. (L’Orient les tient pour illusoires.) Ôtez l’idée de la personne, déduite des grand
4369 lités. (L’Orient les tient pour illusoires.) Ôtez l’ idée de la personne, déduite des grandes définitions trinitaires et ch
4370 Orient les tient pour illusoires.) Ôtez l’idée de la personne, déduite des grandes définitions trinitaires et christologiq
4371 et christologiques, vous avez quelque chose comme l’ Inde et non l’Europe. De cette recherche d’un principe de cohérence r
4372 ques, vous avez quelque chose comme l’Inde et non l’ Europe. De cette recherche d’un principe de cohérence révélé par la n
4373 e recherche d’un principe de cohérence révélé par la nature même des péripéties de l’Aventure, je détache ici le moment de
4374 rence révélé par la nature même des péripéties de l’ Aventure, je détache ici le moment de l’exploration du temps, mère de
4375 même des péripéties de l’Aventure, je détache ici le moment de l’exploration du temps, mère de l’Histoire. 1. L’Occident
4376 péties de l’Aventure, je détache ici le moment de l’ exploration du temps, mère de l’Histoire. 1. L’Occident découvre le
4377 l’exploration du temps, mère de l’Histoire. 1. L’ Occident découvre le Temps De la Genèse mosaïque jusqu’aux débuts d
4378 mps, mère de l’Histoire. 1. L’Occident découvre le Temps De la Genèse mosaïque jusqu’aux débuts du siècle dernier, le
4379 Histoire. 1. L’Occident découvre le Temps De la Genèse mosaïque jusqu’aux débuts du siècle dernier, les Occidentaux n
4380 nèse mosaïque jusqu’aux débuts du siècle dernier, les Occidentaux n’ont presque pas varié quant à la date de naissance de l
4381 , les Occidentaux n’ont presque pas varié quant à la date de naissance de l’humanité. Un professeur de Cambridge, au xviii
4382 presque pas varié quant à la date de naissance de l’ humanité. Un professeur de Cambridge, au xviiie siècle, crut pouvoir
4383 eur de Cambridge, au xviiie siècle, crut pouvoir la préciser : l’homme avait été créé en 4004 avant J.-C., le 23 octobre,
4384 ge, au xviiie siècle, crut pouvoir la préciser : l’ homme avait été créé en 4004 avant J.-C., le 23 octobre, à 9 heures du
4385 ser : l’homme avait été créé en 4004 avant J.-C., le 23 octobre, à 9 heures du matin. Les professeurs d’Oxford tenaient po
4386 avant J.-C., le 23 octobre, à 9 heures du matin. Les professeurs d’Oxford tenaient pour le 23 mars, même heure et même ann
4387 du matin. Les professeurs d’Oxford tenaient pour le 23 mars, même heure et même année. Buffon écrit un peu plus tard : « 
4388 e année. Buffon écrit un peu plus tard : « Depuis la fin des ouvrages de Dieu, c’est-à-dire depuis la création de l’homme,
4389 la fin des ouvrages de Dieu, c’est-à-dire depuis la création de l’homme, il ne s’est écoulé que six ou huit-mille ans. »
4390 rages de Dieu, c’est-à-dire depuis la création de l’ homme, il ne s’est écoulé que six ou huit-mille ans. » Cuvier partage
4391 helling suit encore en plein xixe siècle, et que les catéchismes ne cesseront d’enseigner à des générations dont notre enf
4392 gner à des générations dont notre enfance a connu les derniers représentants. Cependant, vers 1950, nul ne peut plus douter
4393 Cependant, vers 1950, nul ne peut plus douter que l’ homme existe depuis environ cent-mille ans. Aux toutes dernières nouve
4394 puis environ cent-mille ans. Aux toutes dernières nouvelles — qui dira mieux ? — c’est au moins six-cent-mille qu’il conviendrait
4395 il conviendrait d’admettre. Centupler brusquement l’ âge de l’humanité peut paraître une révolution considérable. Mais ce n
4396 ndrait d’admettre. Centupler brusquement l’âge de l’ humanité peut paraître une révolution considérable. Mais ce n’est guèr
4397 t guère qu’un détail dénué d’intérêt pour peu que l’ on considère les dimensions du temps décrites par les anciennes cosmol
4398 étail dénué d’intérêt pour peu que l’on considère les dimensions du temps décrites par les anciennes cosmologies de l’Orien
4399 on considère les dimensions du temps décrites par les anciennes cosmologies de l’Orient. Pour l’Inde, l’unité de temps — le
4400 u temps décrites par les anciennes cosmologies de l’ Orient. Pour l’Inde, l’unité de temps — le Kalpa ou Jour de Brahma — e
4401 s par les anciennes cosmologies de l’Orient. Pour l’ Inde, l’unité de temps — le Kalpa ou Jour de Brahma — est de quatre-mi
4402 s anciennes cosmologies de l’Orient. Pour l’Inde, l’ unité de temps — le Kalpa ou Jour de Brahma — est de quatre-milliards-
4403 gies de l’Orient. Pour l’Inde, l’unité de temps — le Kalpa ou Jour de Brahma — est de quatre-milliards-trois-cent-vingt-mi
4404 s-trois-cent-vingt-millions d’années solaires. Or la vie d’un Brahma est de cent et huit « années », dont chaque jour et c
4405 Après deux-cent-quarante-neuf-milliards d’années, le Brahma meurt, l’univers retourne au grand Chaos pour une durée égale,
4406 uarante-neuf-milliards d’années, le Brahma meurt, l’ univers retourne au grand Chaos pour une durée égale, puis un autre Br
4407 ma inaugure une ère nouvelle, et ainsi de suite à l’ infini. Quant au temps de notre humanité : chaque Jour de Brahma se di
4408 ou Kaliyuga, lequel a commencé à minuit précise, le 18 février 3102 avant J.-C., et doit se terminer dans 426 941 ans par
4409 t J.-C., et doit se terminer dans 426 941 ans par la destruction du monde et sa reconstruction, qui sera l’œuvre de Kalki,
4410 struction du monde et sa reconstruction, qui sera l’ œuvre de Kalki, dernier avatar de Vishnu. En regard des ordres de gran
4411 de Kalki, dernier avatar de Vishnu. En regard des ordres de grandeur, si prodigieusement différents, attribués par les grandes
4412 eur, si prodigieusement différents, attribués par les grandes religions de l’Orient et de l’Occident au temps cosmique comm
4413 ifférents, attribués par les grandes religions de l’ Orient et de l’Occident au temps cosmique comme au temps des humains,
4414 ibués par les grandes religions de l’Orient et de l’ Occident au temps cosmique comme au temps des humains, plaçons mainten
4415 des humains, plaçons maintenant ce double fait : le sens de l’Histoire est caractéristique de l’Occident, et il y tourne
4416 s, plaçons maintenant ce double fait : le sens de l’ Histoire est caractéristique de l’Occident, et il y tourne même à l’ob
4417 it : le sens de l’Histoire est caractéristique de l’ Occident, et il y tourne même à l’obsession si l’on en juge par notre
4418 actéristique de l’Occident, et il y tourne même à l’ obsession si l’on en juge par notre siècle, tandis qu’il a toujours ma
4419 l’Occident, et il y tourne même à l’obsession si l’ on en juge par notre siècle, tandis qu’il a toujours manqué aux Orient
4420 aient subi notre influence55. Toute réflexion sur l’ Aventure occidentale se doit d’affronter ce contraste et d’essayer de
4421 se doit d’affronter ce contraste et d’essayer de l’ interpréter. Et, en particulier, toute théorie de l’Histoire qui négli
4422 interpréter. Et, en particulier, toute théorie de l’ Histoire qui négligerait d’en rendre compte ou s’en révélerait incapab
4423 déquate à son sujet. On verra mieux pourquoi, par la suite de ce chapitre. 2. Co-naissance de l’Histoire et de la Perso
4424 chapitre. 2. Co-naissance de l’Histoire et de la Personne Un fait quelconque n’est historique au sens exact qu’en v
4425 n unicité. S’il pouvait se répéter, revenir comme les saisons, il n’appartiendrait pas à l’Histoire, mais au Mythe. De même
4426 enir comme les saisons, il n’appartiendrait pas à l’ Histoire, mais au Mythe. De même l’individu ne devient une personne qu
4427 iendrait pas à l’Histoire, mais au Mythe. De même l’ individu ne devient une personne que par l’unicité que lui confère sa
4428 e même l’individu ne devient une personne que par l’ unicité que lui confère sa vocation, autrement il est vu comme une rép
4429 poussière isolé d’un univers absurde relevant de la pure statistique, ou cellule transitoire d’un corps magique sans fin.
4430 un démographe génial pouvait nous dire demain que la réponse est « de l’ordre de trois-cents-milliards », nous en serions
4431 pouvait nous dire demain que la réponse est « de l’ ordre de trois-cents-milliards », nous en serions moins étourdis que g
4432 ouvait nous dire demain que la réponse est « de l’ ordre de trois-cents-milliards », nous en serions moins étourdis que gênés.
4433 s voir qu’il serait intimement lié, chez ceux qui l’ éprouveraient, au sens de la personne ? Presque toutes les cultures et
4434 nt lié, chez ceux qui l’éprouveraient, au sens de la personne ? Presque toutes les cultures et civilisations que nous avon
4435 veraient, au sens de la personne ? Presque toutes les cultures et civilisations que nous avons exhumées du passé de la Terr
4436 civilisations que nous avons exhumées du passé de la Terre ou qui survivent dans notre siècle ont enseigné des théories du
4437 écrivent un temps cyclique. Elles croient aussi à la métempsycose, à l’astrologie et aux castes. Tout cela se tient et se
4438 yclique. Elles croient aussi à la métempsycose, à l’ astrologie et aux castes. Tout cela se tient et se relie, tout cela es
4439 premier du terme56 — et ne laisse aucune place à l’ Histoire, ni davantage à la personne. Seule la religion juive fait exc
4440 laisse aucune place à l’Histoire, ni davantage à la personne. Seule la religion juive fait exception dans le monde antiqu
4441 e à l’Histoire, ni davantage à la personne. Seule la religion juive fait exception dans le monde antique. Ses prophètes on
4442 onne. Seule la religion juive fait exception dans le monde antique. Ses prophètes ont cru que Iahvé intervenait par de lib
4443 que Iahvé intervenait par de libres actions dans l’ existence terrestre du peuple élu : dès lors, celle-ci ne dépendait pl
4444 anifestée par une suite d’événements révélateurs. L’ incarnation du Christ vint accomplir cette vocation unique du peuple d
4445 e vocation unique du peuple d’Israël. Et, certes, l’ Évangile ignore absolument toute espèce de doctrine de l’Histoire : il
4446 ile ignore absolument toute espèce de doctrine de l’ Histoire : il annonce la Résurrection, qui est victoire sur le temps c
4447 ute espèce de doctrine de l’Histoire : il annonce la Résurrection, qui est victoire sur le temps comme sur la mort. Mais c
4448 il annonce la Résurrection, qui est victoire sur le temps comme sur la mort. Mais c’est bien à partir de là que les homme
4449 rrection, qui est victoire sur le temps comme sur la mort. Mais c’est bien à partir de là que les hommes touchés par le me
4450 e sur la mort. Mais c’est bien à partir de là que les hommes touchés par le message évangélique ont découvert le temps irré
4451 st bien à partir de là que les hommes touchés par le message évangélique ont découvert le temps irréversible de l’Histoire
4452 touchés par le message évangélique ont découvert le temps irréversible de l’Histoire, et qu’ils ont osé l’accepter. La pr
4453 vangélique ont découvert le temps irréversible de l’ Histoire, et qu’ils ont osé l’accepter. La prédication paulinienne, av
4454 mps irréversible de l’Histoire, et qu’ils ont osé l’ accepter. La prédication paulinienne, avec son insistance extraordinai
4455 ible de l’Histoire, et qu’ils ont osé l’accepter. La prédication paulinienne, avec son insistance extraordinaire sur l’uni
4456 ulinienne, avec son insistance extraordinaire sur l’ unicité absolue de l’Incarnation salvatrice, et cet « une fois pour to
4457 nsistance extraordinaire sur l’unicité absolue de l’ Incarnation salvatrice, et cet « une fois pour toutes » qui sert de le
4458 « une fois pour toutes » qui sert de leitmotiv à l’ Épître « aux Hébreux » précisément, voilà qui brise la croyance unanim
4459 ître « aux Hébreux » précisément, voilà qui brise la croyance unanime aux retours éternels du temps cyclique. Dans le prol
4460 nime aux retours éternels du temps cyclique. Dans le prolongement du temps dramatique des Prophètes s’ouvre alors le temps
4461 t du temps dramatique des Prophètes s’ouvre alors le temps du salut : temps de l’attente active, de l’espérance patiente e
4462 phètes s’ouvre alors le temps du salut : temps de l’ attente active, de l’espérance patiente et de la foi dans un retour un
4463 le temps du salut : temps de l’attente active, de l’ espérance patiente et de la foi dans un retour unique du Christ glorie
4464 e l’attente active, de l’espérance patiente et de la foi dans un retour unique du Christ glorieux. Et, dans ce temps nouve
4465 tour unique du Christ glorieux. Et, dans ce temps nouveau , le rôle de chaque personne devient unique et décisif, comme l’était
4466 ue du Christ glorieux. Et, dans ce temps nouveau, le rôle de chaque personne devient unique et décisif, comme l’était sous
4467 chaque personne devient unique et décisif, comme l’ était sous l’Ancienne Alliance le rôle collectif d’Israël. Le dialogue
4468 nne devient unique et décisif, comme l’était sous l’ Ancienne Alliance le rôle collectif d’Israël. Le dialogue de Personne
4469 t décisif, comme l’était sous l’Ancienne Alliance le rôle collectif d’Israël. Le dialogue de Personne à personne entre Die
4470 s l’Ancienne Alliance le rôle collectif d’Israël. Le dialogue de Personne à personne entre Dieu qui appelle et l’âme qui r
4471 de Personne à personne entre Dieu qui appelle et l’ âme qui répond libère celle-ci des décrets uniformes de la morale et d
4472 i répond libère celle-ci des décrets uniformes de la morale et de la tradition sacrée, comme aussi des caprices du hasard
4473 celle-ci des décrets uniformes de la morale et de la tradition sacrée, comme aussi des caprices du hasard insensé, comme e
4474 si des caprices du hasard insensé, comme enfin de la roue du karma et du vertige de la métempsycose, qui réduisaient toute
4475 comme enfin de la roue du karma et du vertige de la métempsycose, qui réduisaient toute vie dans le temps et la chair à l
4476 e la métempsycose, qui réduisaient toute vie dans le temps et la chair à l’insignifiance anonyme d’un passage éphémère dan
4477 ycose, qui réduisaient toute vie dans le temps et la chair à l’insignifiance anonyme d’un passage éphémère dans l’Illusion
4478 réduisaient toute vie dans le temps et la chair à l’ insignifiance anonyme d’un passage éphémère dans l’Illusion. Ainsi l’H
4479 ’insignifiance anonyme d’un passage éphémère dans l’ Illusion. Ainsi l’Histoire, conscience nouvelle du temps des hommes, e
4480 nyme d’un passage éphémère dans l’Illusion. Ainsi l’ Histoire, conscience nouvelle du temps des hommes, est née de la même
4481 nscience nouvelle du temps des hommes, est née de la même rupture des grands rythmes cosmiques et des fatalités astrologiq
4482 s cosmiques et des fatalités astrologiques, et de la même victoire sur les étoiles et sur la mort, qui libère et suscite l
4483 talités astrologiques, et de la même victoire sur les étoiles et sur la mort, qui libère et suscite la personne. Ce n’est p
4484 es, et de la même victoire sur les étoiles et sur la mort, qui libère et suscite la personne. Ce n’est pas un hasard si le
4485 les étoiles et sur la mort, qui libère et suscite la personne. Ce n’est pas un hasard si le premier auteur d’une philosoph
4486 hasard si le premier auteur d’une philosophie de l’ Histoire — la Civitas Dei — fut aussi le premier auteur d’une biograph
4487 premier auteur d’une philosophie de l’Histoire — la Civitas Dei — fut aussi le premier auteur d’une biographie de sa pers
4488 premier auteur d’une biographie de sa personne : les Confessions. 3. Du Mythe à l’Histoire Mais il reste à mieux voi
4489 e sa personne : les Confessions. 3. Du Mythe à l’ Histoire Mais il reste à mieux voir comment l’homme, délivré des « 
4490 l’Histoire Mais il reste à mieux voir comment l’ homme, délivré des « religions » par la foi, trouve alors le courage e
4491 ir comment l’homme, délivré des « religions » par la foi, trouve alors le courage exceptionnel d’accepter le temps et l’Hi
4492 élivré des « religions » par la foi, trouve alors le courage exceptionnel d’accepter le temps et l’Histoire. Si toutes les
4493 , trouve alors le courage exceptionnel d’accepter le temps et l’Histoire. Si toutes les religions traditionnelles ont déve
4494 rs le courage exceptionnel d’accepter le temps et l’ Histoire. Si toutes les religions traditionnelles ont développé des my
4495 nnel d’accepter le temps et l’Histoire. Si toutes les religions traditionnelles ont développé des mythes du temps cyclique
4496 ont développé des mythes du temps cyclique et de l’ éternel retour, c’est parce que l’homme a peur du temps. Voilà le fait
4497 cyclique et de l’éternel retour, c’est parce que l’ homme a peur du temps. Voilà le fait fondamental. Car le temps est lié
4498 r, c’est parce que l’homme a peur du temps. Voilà le fait fondamental. Car le temps est lié à la mort comme à la perte des
4499 e a peur du temps. Voilà le fait fondamental. Car le temps est lié à la mort comme à la perte des paradis — Eden, âge d’or
4500 Voilà le fait fondamental. Car le temps est lié à la mort comme à la perte des paradis — Eden, âge d’or, enfance — vécus o
4501 ndamental. Car le temps est lié à la mort comme à la perte des paradis — Eden, âge d’or, enfance — vécus ou imaginaires. E
4502 , enfance — vécus ou imaginaires. Et il est lié à la menace toujours instante des catastrophes imprévisibles et arbitraire
4503 vraiment nouvelle, et donc dénuée de sens. Contre le malheur et son absurdité, l’homme n’a d’autre recours que d’attribuer
4504 nuée de sens. Contre le malheur et son absurdité, l’ homme n’a d’autre recours que d’attribuer un sens à ce qu’il subit san
4505 urs que d’attribuer un sens à ce qu’il subit sans l’ avoir « mérité ». Au scandale des souffrances et de la mort, il ne rép
4506 oir « mérité ». Au scandale des souffrances et de la mort, il ne répondra point par une révolte vaine, pure démence à ses
4507 émence à ses yeux de Grec ou d’Oriental, mais par le rêve immense des religions, transformant le réel insensé en un poème
4508 s par le rêve immense des religions, transformant le réel insensé en un poème de morts et de résurrections dominées par de
4509 s et par des archétypes qui s’accordent à ceux de l’ âme. Ainsi le rêve universel du temps cyclique et du retour sans fin d
4510 archétypes qui s’accordent à ceux de l’âme. Ainsi le rêve universel du temps cyclique et du retour sans fin de toutes les
4511 du temps cyclique et du retour sans fin de toutes les situations dévalorise le temps vécu de la souffrance. Ce n’est plus l
4512 tour sans fin de toutes les situations dévalorise le temps vécu de la souffrance. Ce n’est plus la souffrance qui est vain
4513 toutes les situations dévalorise le temps vécu de la souffrance. Ce n’est plus la souffrance qui est vaine, dès lors qu’el
4514 ise le temps vécu de la souffrance. Ce n’est plus la souffrance qui est vaine, dès lors qu’elle prend un sens exemplaire d
4515 e, dès lors qu’elle prend un sens exemplaire dans le Mythe, mais c’est le temps lui-même qui perd sa réalité, puisqu’il n’
4516 rend un sens exemplaire dans le Mythe, mais c’est le temps lui-même qui perd sa réalité, puisqu’il n’apporte plus d’absolu
4517 bsolue nouveauté, ni par conséquent de scandale. ( L’ homme d’aujourd’hui, qui croit qu’il ne croit plus à rien, mime encore
4518 ne croit plus à rien, mime encore ce mouvement de la sagesse mythique, quand il dit pour se rassurer que « l’histoire se r
4519 sse mythique, quand il dit pour se rassurer que «  l’ histoire se répète », ou plus familièrement « Plus ça change, plus c’e
4520 u plus familièrement « Plus ça change, plus c’est la même chose. ») L’irruption dans ce monde des religions antiques du me
4521 nt « Plus ça change, plus c’est la même chose. ») L’ irruption dans ce monde des religions antiques du message de l’Incarna
4522 ans ce monde des religions antiques du message de l’ Incarnation figure donc le Scandale absolu, la nouveauté totale, propr
4523 antiques du message de l’Incarnation figure donc le Scandale absolu, la nouveauté totale, proprement impensable. Et c’est
4524 de l’Incarnation figure donc le Scandale absolu, la nouveauté totale, proprement impensable. Et c’est bien dans ces terme
4525 ble. Et c’est bien dans ces termes que saint Paul la présente. Que Dieu se soit manifesté comme une Personne ; par un gest
4526 e fois pour toutes » — voici ruiné d’un coup tout l’ édifice mythique des protections de l’âme contre le temps de l’Histoir
4527 n coup tout l’édifice mythique des protections de l’ âme contre le temps de l’Histoire. Il s’agit d’un vrai fait, non plus
4528 ’édifice mythique des protections de l’âme contre le temps de l’Histoire. Il s’agit d’un vrai fait, non plus d’un avatar n
4529 hique des protections de l’âme contre le temps de l’ Histoire. Il s’agit d’un vrai fait, non plus d’un avatar ni de l’épiph
4530 s’agit d’un vrai fait, non plus d’un avatar ni de l’ épiphanie d’un archétype. Cette rupture du Cercle cosmique livre l’hom
4531 archétype. Cette rupture du Cercle cosmique livre l’ homme à l’imprévisible, c’est-à-dire à la grâce de Dieu, mais aussi à
4532 Cette rupture du Cercle cosmique livre l’homme à l’ imprévisible, c’est-à-dire à la grâce de Dieu, mais aussi à la liberté
4533 ue livre l’homme à l’imprévisible, c’est-à-dire à la grâce de Dieu, mais aussi à la liberté ; il devient responsable de so
4534 le, c’est-à-dire à la grâce de Dieu, mais aussi à la liberté ; il devient responsable de son temps sur la Terre. Ce serai
4535 liberté ; il devient responsable de son temps sur la Terre. Ce serait intolérable si la Révélation n’apportait en même te
4536 son temps sur la Terre. Ce serait intolérable si la Révélation n’apportait en même temps la certitude que le temps a été
4537 érable si la Révélation n’apportait en même temps la certitude que le temps a été vaincu au matin de Pâques, que l’homme n
4538 lation n’apportait en même temps la certitude que le temps a été vaincu au matin de Pâques, que l’homme ne lui appartient
4539 que le temps a été vaincu au matin de Pâques, que l’ homme ne lui appartient que par la chair (étant au monde mais non du m
4540 de Pâques, que l’homme ne lui appartient que par la chair (étant au monde mais non du monde) et qu’un terme est promis à
4541 de mais non du monde) et qu’un terme est promis à l’ Histoire, encore que nul n’en sache « le jour ni l’heure ». Seule donc
4542 promis à l’Histoire, encore que nul n’en sache «  le jour ni l’heure ». Seule donc la négation réalisée du temps permet d’
4543 ’Histoire, encore que nul n’en sache « le jour ni l’ heure ». Seule donc la négation réalisée du temps permet d’assumer le
4544 nul n’en sache « le jour ni l’heure ». Seule donc la négation réalisée du temps permet d’assumer le temps dans sa réalité.
4545 nc la négation réalisée du temps permet d’assumer le temps dans sa réalité. Sans la Résurrection, l’homme n’aurait pas la
4546 s permet d’assumer le temps dans sa réalité. Sans la Résurrection, l’homme n’aurait pas la preuve d’une existence qui écha
4547 r le temps dans sa réalité. Sans la Résurrection, l’ homme n’aurait pas la preuve d’une existence qui échappe au temps et à
4548 alité. Sans la Résurrection, l’homme n’aurait pas la preuve d’une existence qui échappe au temps et à la mort. « Si le Chr
4549 preuve d’une existence qui échappe au temps et à la mort. « Si le Christ n’est pas ressuscité, votre foi est vaine et vou
4550 existence qui échappe au temps et à la mort. « Si le Christ n’est pas ressuscité, votre foi est vaine et vous êtes encore
4551 échés. » Mais cette preuve n’est valable que pour la foi parfaite, et ce recours au Transcendant, non plus au Mythe, contr
4552 ecours au Transcendant, non plus au Mythe, contre la dictature du temps, n’est effectif que pour celui qui croit « que Die
4553 « que Dieu peut tout à tout instant », ainsi que l’ écrit Kierkegaard. Or la foi n’est jamais parfaite, et dans l’homme co
4554 tout instant », ainsi que l’écrit Kierkegaard. Or la foi n’est jamais parfaite, et dans l’homme converti persiste « le vie
4555 kegaard. Or la foi n’est jamais parfaite, et dans l’ homme converti persiste « le vieil homme ». Son mouvement naturel sera
4556 ais parfaite, et dans l’homme converti persiste «  le vieil homme ». Son mouvement naturel sera donc de chercher et d’inven
4557 aturel sera donc de chercher et d’inventer contre le temps d’autres défenses. Il essaiera d’abord de mythifier le Christ e
4558 autres défenses. Il essaiera d’abord de mythifier le Christ en niant sa parfaite humanité : c’est l’intention commune à to
4559 r le Christ en niant sa parfaite humanité : c’est l’ intention commune à toutes les hérésies gnostiques, manichéennes ou do
4560 ite humanité : c’est l’intention commune à toutes les hérésies gnostiques, manichéennes ou docétistes. Plus tard, au Moyen
4561 ichéennes ou docétistes. Plus tard, au Moyen Âge, la théorie des cycles et des rythmes cosmiques de l’Histoire sera repris
4562 la théorie des cycles et des rythmes cosmiques de l’ Histoire sera reprise — contre l’esprit des Pères — par les plus grand
4563 mes cosmiques de l’Histoire sera reprise — contre l’ esprit des Pères — par les plus grands docteurs occidentaux, tant orth
4564 re sera reprise — contre l’esprit des Pères — par les plus grands docteurs occidentaux, tant orthodoxes que semi-hérétiques
4565 Grand, Thomas d’Aquin, Dante, Roger Bacon et tous les astrologues, qui vont devenir avec Kepler les astronomes. La concepti
4566 ous les astrologues, qui vont devenir avec Kepler les astronomes. La conception linéaire du temps et du progrès continu de
4567 ues, qui vont devenir avec Kepler les astronomes. La conception linéaire du temps et du progrès continu de l’Histoire n’es
4568 eption linéaire du temps et du progrès continu de l’ Histoire n’est guère soutenue que par un Joachim de Flore, dont les éc
4569 guère soutenue que par un Joachim de Flore, dont les écrits sont condamnés ou falsifiés. Dans la conscience populaire médi
4570 dont les écrits sont condamnés ou falsifiés. Dans la conscience populaire médiévale, comme aujourd’hui encore dans les mas
4571 opulaire médiévale, comme aujourd’hui encore dans les masses paysannes, l’idée d’une évolution imprévisible et progressive
4572 mme aujourd’hui encore dans les masses paysannes, l’ idée d’une évolution imprévisible et progressive est généralement élim
4573 ressenti comme semblable à celui des saisons, de la végétation ou des étoiles. Et peut-être faut-il rattacher à cette mêm
4574 faut-il rattacher à cette même tendance naturelle la propension croissante du Moyen Âge à substituer la tradition, l’allég
4575 a propension croissante du Moyen Âge à substituer la tradition, l’allégorie mystique et la légende aux faits dont seules l
4576 roissante du Moyen Âge à substituer la tradition, l’ allégorie mystique et la légende aux faits dont seules les Écritures,
4577 substituer la tradition, l’allégorie mystique et la légende aux faits dont seules les Écritures, fort peu lues en ce temp
4578 orie mystique et la légende aux faits dont seules les Écritures, fort peu lues en ce temps, attestent l’historicité57. Tout
4579 s Écritures, fort peu lues en ce temps, attestent l’ historicité57. Tout ceci nous confirme dans la vue que le Moyen Âge, l
4580 ent l’historicité57. Tout ceci nous confirme dans la vue que le Moyen Âge, loin de représenter je ne sais quel « âge d’or
4581 ricité57. Tout ceci nous confirme dans la vue que le Moyen Âge, loin de représenter je ne sais quel « âge d’or du christia
4582 ais quel « âge d’or du christianisme » — comme on l’ a ressassé depuis les romantiques — fut bien plutôt dans son ensemble
4583 du christianisme » — comme on l’a ressassé depuis les romantiques — fut bien plutôt dans son ensemble une longue réaction d
4584 on ensemble une longue réaction de défense contre le ferment de révolution introduit dans le monde par l’Évangile. (J’ai d
4585 se contre le ferment de révolution introduit dans le monde par l’Évangile. (J’ai dit plus haut que le Moyen Âge fut la pér
4586 ferment de révolution introduit dans le monde par l’ Évangile. (J’ai dit plus haut que le Moyen Âge fut la période « orient
4587 le monde par l’Évangile. (J’ai dit plus haut que le Moyen Âge fut la période « orientale » de l’Europe.) Touchée en premi
4588 vangile. (J’ai dit plus haut que le Moyen Âge fut la période « orientale » de l’Europe.) Touchée en premier lieu par le me
4589 que le Moyen Âge fut la période « orientale » de l’ Europe.) Touchée en premier lieu par le message chrétien, l’humanité o
4590 ntale » de l’Europe.) Touchée en premier lieu par le message chrétien, l’humanité occidentale a dû trouver les moyens de l
4591 Touchée en premier lieu par le message chrétien, l’ humanité occidentale a dû trouver les moyens de l’accepter progressive
4592 age chrétien, l’humanité occidentale a dû trouver les moyens de l’accepter progressivement et d’y adapter ses conceptions.
4593 l’humanité occidentale a dû trouver les moyens de l’ accepter progressivement et d’y adapter ses conceptions. Pour les prem
4594 r les premiers chrétiens, ce qui rend supportable l’ idée d’un temps vidé de rythmes et de mythes, c’est la croyance à la F
4595 ée d’un temps vidé de rythmes et de mythes, c’est la croyance à la Fin imminente : encore « un peu de temps » et le Christ
4596 vidé de rythmes et de mythes, c’est la croyance à la Fin imminente : encore « un peu de temps » et le Christ reviendra. Ma
4597 la Fin imminente : encore « un peu de temps » et le Christ reviendra. Mais Rome s’écroule, l’Église s’installe, et les Ba
4598 ps » et le Christ reviendra. Mais Rome s’écroule, l’ Église s’installe, et les Barbares se convertissent. Il va falloir tro
4599 dra. Mais Rome s’écroule, l’Église s’installe, et les Barbares se convertissent. Il va falloir trouver les moyens de penser
4600 Barbares se convertissent. Il va falloir trouver les moyens de penser cette durée non prévue, désormais indéniable. Saint
4601 évue, désormais indéniable. Saint Augustin résout le paradoxe en un dualisme à peine voilé : il y a l’Histoire de Dieu et
4602 le paradoxe en un dualisme à peine voilé : il y a l’ Histoire de Dieu et celle des hommes, et si la première intervient dan
4603 bres, elle n’y détermine pas une loi d’évolution. Le Moyen Âge ira beaucoup plus loin, non pas dans le sens du risque, mai
4604 Le Moyen Âge ira beaucoup plus loin, non pas dans le sens du risque, mais dans celui des normes. C’est une vision réduite
4605 es normes. C’est une vision réduite et limitée de l’ Histoire qui lui permet de rendre un rythme à sa durée. L’apparition d
4606 re qui lui permet de rendre un rythme à sa durée. L’ apparition du Christ ne marque plus pour lui le commencement du temps
4607 e. L’apparition du Christ ne marque plus pour lui le commencement du temps de la Fin, mais le « milieu des temps », symbol
4608 marque plus pour lui le commencement du temps de la Fin, mais le « milieu des temps », symbole archétypique. Les temps so
4609 pour lui le commencement du temps de la Fin, mais le « milieu des temps », symbole archétypique. Les temps sont rétrécis à
4610 is le « milieu des temps », symbole archétypique. Les temps sont rétrécis à quelques millénaires dont la chronologie rester
4611 s temps sont rétrécis à quelques millénaires dont la chronologie restera symbolique jusqu’aux abords de la Renaissance. Et
4612 hronologie restera symbolique jusqu’aux abords de la Renaissance. Et dès lors elle ira se précisant, mais dans le même cad
4613 nce. Et dès lors elle ira se précisant, mais dans le même cadre indiscuté (d’où les excès qu’on signalait plus haut). Elle
4614 récisant, mais dans le même cadre indiscuté (d’où les excès qu’on signalait plus haut). Elle ne sera vraiment bouleversée q
4615 lus haut). Elle ne sera vraiment bouleversée qu’à la fin du xixe siècle. Relevons ici que la chronologie vertigineuse des
4616 sée qu’à la fin du xixe siècle. Relevons ici que la chronologie vertigineuse des hindous ne s’appliquait qu’aux cycles du
4617 hindous ne s’appliquait qu’aux cycles du cosmos : les événements de l’Histoire s’y trouvent tellement noyés que personne n’
4618 quait qu’aux cycles du cosmos : les événements de l’ Histoire s’y trouvent tellement noyés que personne n’a le souci de les
4619 ire s’y trouvent tellement noyés que personne n’a le souci de les dater. C’est un mouvement exactement contraire qui s’est
4620 vent tellement noyés que personne n’a le souci de les dater. C’est un mouvement exactement contraire qui s’est produit dans
4621 ement exactement contraire qui s’est produit dans l’ Occident moderne, où, à l’inverse de ce qui s’était passé durant l’int
4622 qui s’est produit dans l’Occident moderne, où, à l’ inverse de ce qui s’était passé durant l’intermède médiéval, l’état ci
4623 e, où, à l’inverse de ce qui s’était passé durant l’ intermède médiéval, l’état civil des hommes et des actions humaines n’
4624 ce qui s’était passé durant l’intermède médiéval, l’ état civil des hommes et des actions humaines n’a cessé de se préciser
4625 ons humaines n’a cessé de se préciser, tandis que la Fin et le Commencement des temps ne cessaient de s’éloigner dans le v
4626 es n’a cessé de se préciser, tandis que la Fin et le Commencement des temps ne cessaient de s’éloigner dans le vague de l’
4627 ncement des temps ne cessaient de s’éloigner dans le vague de l’infini. Or le Credo prend soin de préciser la date de la P
4628 temps ne cessaient de s’éloigner dans le vague de l’ infini. Or le Credo prend soin de préciser la date de la Passion uniqu
4629 aient de s’éloigner dans le vague de l’infini. Or le Credo prend soin de préciser la date de la Passion unique : « sous Po
4630 e de l’infini. Or le Credo prend soin de préciser la date de la Passion unique : « sous Ponce Pilate », mais il se tait su
4631 ni. Or le Credo prend soin de préciser la date de la Passion unique : « sous Ponce Pilate », mais il se tait sur celle du
4632 elle du Jugement dernier, « car nous ne savons ni le jour ni l’heure ». Et c’est pourquoi le progrès de la vision historiq
4633 ement dernier, « car nous ne savons ni le jour ni l’ heure ». Et c’est pourquoi le progrès de la vision historique, loin de
4634 savons ni le jour ni l’heure ». Et c’est pourquoi le progrès de la vision historique, loin de séculariser le christianisme
4635 our ni l’heure ». Et c’est pourquoi le progrès de la vision historique, loin de séculariser le christianisme, comme beauco
4636 grès de la vision historique, loin de séculariser le christianisme, comme beaucoup le craignent, s’y conforme de plus en p
4637 n de séculariser le christianisme, comme beaucoup le craignent, s’y conforme de plus en plus, à mesure qu’il s’éloigne du
4638 l s’éloigne du mythe. Il n’en reste pas moins que l’ extension soudaine des dimensions de l’Histoire, telle qu’elle vient d
4639 moins que l’extension soudaine des dimensions de l’ Histoire, telle qu’elle vient de se produire au xxe siècle, provoque
4640 re au xxe siècle, provoque une crise profonde de la relation intime et proprement congénitale entre l’Histoire et la pers
4641 a relation intime et proprement congénitale entre l’ Histoire et la personne humaine. Ceci pose un problème encore neuf.
4642 ime et proprement congénitale entre l’Histoire et la personne humaine. Ceci pose un problème encore neuf. 4. Être ou no
4643 e un problème encore neuf. 4. Être ou non dans l’ Histoire Tout d’un coup (dans l’espace d’une quarantaine d’années)
4644 re ou non dans l’Histoire Tout d’un coup (dans l’ espace d’une quarantaine d’années) il se révèle que notre humanité n’a
4645 lle ans, mais probablement six-cent-mille. Et que la Terre, avec ses quelque trois ou quatre milliards d’années, aurait dé
4646 rait déjà vécu presque un « jour de Brahma » dans le cosmos actuel. Je dis « cosmos actuel », car de nombreux savants nous
4647 déjà d’un mouvement de diastole et de systole de l’ Univers, qui se répéterait à l’infini : nous serions dans une phase d’
4648 e et de systole de l’Univers, qui se répéterait à l’ infini : nous serions dans une phase d’expansion. La cosmologie des hi
4649 infini : nous serions dans une phase d’expansion. La cosmologie des hindous paraît alors moins éloignée de la vérité que c
4650 ologie des hindous paraît alors moins éloignée de la vérité que celle du Moyen Âge « chrétien ». Il en résulte une suite d
4651 en fait — mais je ne pense pas en droit — contre l’ idée occidentale de l’homme. L’importance apparente des collectivités,
4652 pense pas en droit — contre l’idée occidentale de l’ homme. L’importance apparente des collectivités, des civilisations, de
4653 en droit — contre l’idée occidentale de l’homme. L’ importance apparente des collectivités, des civilisations, des période
4654 , elles demeurent seules visibles et concevables. L’ individu, en revanche, disparaît et s’annule. La même raison veut que
4655 . L’individu, en revanche, disparaît et s’annule. La même raison veut que les « lois de l’Histoire », nécessairement dédui
4656 e, disparaît et s’annule. La même raison veut que les « lois de l’Histoire », nécessairement déduites d’ensembles étendus,
4657 t s’annule. La même raison veut que les « lois de l’ Histoire », nécessairement déduites d’ensembles étendus, négligent l’a
4658 sairement déduites d’ensembles étendus, négligent l’ action de la personne et nous inclinent à douter de sa réalité. Le « r
4659 duites d’ensembles étendus, négligent l’action de la personne et nous inclinent à douter de sa réalité. Le « réel historiq
4660 ersonne et nous inclinent à douter de sa réalité. Le « réel historique », ainsi configuré, devient aussi distant de l’homm
4661 ique », ainsi configuré, devient aussi distant de l’ homme concret que Brahma d’un paria sans voie. Et l’Histoire, dans l’e
4662 homme concret que Brahma d’un paria sans voie. Et l’ Histoire, dans l’esprit de nos contemporains, prend la place de la Pro
4663 Brahma d’un paria sans voie. Et l’Histoire, dans l’ esprit de nos contemporains, prend la place de la Providence, bien qu’
4664 stoire, dans l’esprit de nos contemporains, prend la place de la Providence, bien qu’elle n’en revête ni la justice ni la
4665 l’esprit de nos contemporains, prend la place de la Providence, bien qu’elle n’en revête ni la justice ni la bonté. Bossu
4666 ace de la Providence, bien qu’elle n’en revête ni la justice ni la bonté. Bossuet, dans l’Abrégé de l’Histoire de France,
4667 idence, bien qu’elle n’en revête ni la justice ni la bonté. Bossuet, dans l’Abrégé de l’Histoire de France, nous parle déj
4668 n revête ni la justice ni la bonté. Bossuet, dans l’ Abrégé de l’Histoire de France, nous parle déjà d’une Histoire « maîtr
4669 la justice ni la bonté. Bossuet, dans l’Abrégé de l’ Histoire de France, nous parle déjà d’une Histoire « maîtresse de la v
4670 ce, nous parle déjà d’une Histoire « maîtresse de la vie humaine et de la politique ». Il s’agit de préparer le Dauphin, s
4671 ’une Histoire « maîtresse de la vie humaine et de la politique ». Il s’agit de préparer le Dauphin, son élève, à sa future
4672 maine et de la politique ». Il s’agit de préparer le Dauphin, son élève, à sa future tâche de roi. Cette Histoire pourvoye
4673 epteur. Ses « lois » ne sont encore que celles de la morale, et sa réalité celle d’un discours. Mais l’Histoire aujourd’hu
4674 a morale, et sa réalité celle d’un discours. Mais l’ Histoire aujourd’hui n’est plus un conte, elle se distingue absolument
4675 ue absolument de son récit. Elle ne concerne plus le passé, ni ses « leçons », qu’on pourrait aussi bien ignorer. Elle est
4676 t aussi bien ignorer. Elle est tout autre chose : le devenir présent. Elle est plus vraie que nous, qui ne faisons que l’h
4677 Elle est plus vraie que nous, qui ne faisons que l’ habiter pour un atome de temps insignifiant. Elle est devenue le cours
4678 un atome de temps insignifiant. Elle est devenue le cours de la réalité, où ce qu’il y a de plus réel, c’est le cours mêm
4679 temps insignifiant. Elle est devenue le cours de la réalité, où ce qu’il y a de plus réel, c’est le cours même. Et comme
4680 e la réalité, où ce qu’il y a de plus réel, c’est le cours même. Et comme ce mouvement pur « doit » être dépourvu d’origin
4681 sable, on ne peut savoir son sens, mais seulement l’ épouser, et l’on ne peut le penser qu’en s’y abandonnant. Ce qui se pl
4682 eut savoir son sens, mais seulement l’épouser, et l’ on ne peut le penser qu’en s’y abandonnant. Ce qui se place dans le se
4683 n sens, mais seulement l’épouser, et l’on ne peut le penser qu’en s’y abandonnant. Ce qui se place dans le sens de l’Histo
4684 enser qu’en s’y abandonnant. Ce qui se place dans le sens de l’Histoire en reçoit l’attribut d’exister. Ce qui résiste au
4685 s’y abandonnant. Ce qui se place dans le sens de l’ Histoire en reçoit l’attribut d’exister. Ce qui résiste au sens est « 
4686 qui se place dans le sens de l’Histoire en reçoit l’ attribut d’exister. Ce qui résiste au sens est « mystification » aux y
4687 présence d’une doctrine politique ou sociale, de l’ action d’un pays ou de l’option d’un homme, il n’est donc plus questio
4688 politique ou sociale, de l’action d’un pays ou de l’ option d’un homme, il n’est donc plus question de demander si c’est « 
4689 stion de demander si c’est « vrai ». C’est « dans le sens de l’Histoire », ou ce n’est rien qui vaille… Suis-je dans l’His
4690 mander si c’est « vrai ». C’est « dans le sens de l’ Histoire », ou ce n’est rien qui vaille… Suis-je dans l’Histoire ? Es-
4691 oire », ou ce n’est rien qui vaille… Suis-je dans l’ Histoire ? Es-tu dans l’Histoire ? Sont-ils dans l’Histoire ? ainsi co
4692 qui vaille… Suis-je dans l’Histoire ? Es-tu dans l’ Histoire ? Sont-ils dans l’Histoire ? ainsi conjugue une bonne partie
4693 ’Histoire ? Es-tu dans l’Histoire ? Sont-ils dans l’ Histoire ? ainsi conjugue une bonne partie de l’intelligentsia occiden
4694 s l’Histoire ? ainsi conjugue une bonne partie de l’ intelligentsia occidentale du xxe siècle. Comme il est clair qu’on ne
4695 omme il est clair qu’on ne peut pas « être » dans l’ Histoire rédigée par les historiens, on voit qu’il s’agit d’autre chos
4696 ne peut pas « être » dans l’Histoire rédigée par les historiens, on voit qu’il s’agit d’autre chose : non de mémoire mais
4697 s d’attitude actuelle, et non d’une discipline de l’ intellect mais bien d’une conception de l’Existence. Cette Histoire ab
4698 line de l’intellect mais bien d’une conception de l’ Existence. Cette Histoire absolutisée, qui n’est plus connaissance des
4699 ui lui cèdent et ceux qui lui résistent — peut-on la distinguer encore du temps lui-même ? N’est-elle pas simplement une m
4700 i-même ? N’est-elle pas simplement une manière de le penser qui le ferme à toute transcendance, et qui du même coup nous e
4701 -elle pas simplement une manière de le penser qui le ferme à toute transcendance, et qui du même coup nous enferme et nous
4702 e n’étant pas du monde », disait saint Paul. Mais l’ Histoire absolue veut que l’homme tout entier soit uniquement du monde
4703 sait saint Paul. Mais l’Histoire absolue veut que l’ homme tout entier soit uniquement du monde : elle le coupe de l’esprit
4704 homme tout entier soit uniquement du monde : elle le coupe de l’esprit. Ce faisant, elle nie la personne, car la personne
4705 ntier soit uniquement du monde : elle le coupe de l’ esprit. Ce faisant, elle nie la personne, car la personne se fonde dan
4706 : elle le coupe de l’esprit. Ce faisant, elle nie la personne, car la personne se fonde dans ce qui juge le temps, le détr
4707 e l’esprit. Ce faisant, elle nie la personne, car la personne se fonde dans ce qui juge le temps, le détruit et le renouve
4708 rsonne, car la personne se fonde dans ce qui juge le temps, le détruit et le renouvelle. Et, si l’on rêve un monde coupé d
4709 r la personne se fonde dans ce qui juge le temps, le détruit et le renouvelle. Et, si l’on rêve un monde coupé du transcen
4710 se fonde dans ce qui juge le temps, le détruit et le renouvelle. Et, si l’on rêve un monde coupé du transcendant, on évacu
4711 uge le temps, le détruit et le renouvelle. Et, si l’ on rêve un monde coupé du transcendant, on évacue du même mouvement dé
4712 u même mouvement désespéré toute justification de l’ action personnelle. Rien d’étonnant si l’homme, dès qu’il croit cette
4713 ation de l’action personnelle. Rien d’étonnant si l’ homme, dès qu’il croit cette Histoire, se découvre impuissant devant e
4714 n’est plus répandu que ce sentiment anxieux dans l’ intelligentsia comme dans les masses modernes, et c’est sur lui que le
4715 entiment anxieux dans l’intelligentsia comme dans les masses modernes, et c’est sur lui que les dictatures totalitaires fon
4716 me dans les masses modernes, et c’est sur lui que les dictatures totalitaires fondent leur pouvoir. Le droit d’opposition s
4717 les dictatures totalitaires fondent leur pouvoir. Le droit d’opposition se justifiait, en effet, par la seule conviction q
4718 e droit d’opposition se justifiait, en effet, par la seule conviction que la vocation d’un homme peut être plus vraie que
4719 justifiait, en effet, par la seule conviction que la vocation d’un homme peut être plus vraie que la règle — d’où les mart
4720 e la vocation d’un homme peut être plus vraie que la règle — d’où les martyrs des premiers temps du christianisme. Si, au
4721 un homme peut être plus vraie que la règle — d’où les martyrs des premiers temps du christianisme. Si, au contraire, le « s
4722 remiers temps du christianisme. Si, au contraire, le « sens » appartient à l’Histoire, et l’Histoire au César du moment, l
4723 nisme. Si, au contraire, le « sens » appartient à l’ Histoire, et l’Histoire au César du moment, la police politique du Cés
4724 ontraire, le « sens » appartient à l’Histoire, et l’ Histoire au César du moment, la police politique du César détient seul
4725 t à l’Histoire, et l’Histoire au César du moment, la police politique du César détient seule le vrai sens de nos vies. Nul
4726 oment, la police politique du César détient seule le vrai sens de nos vies. Nul scrupule de conscience ou sursaut de belle
4727 séquence, sans doute pénible, mais normale. 5. Le refus moderne du temps Cette description rapide d’une attitude nou
4728 t d’un état de conscience profondément typique de l’ Occident au xxe siècle me semble incontestable en tant que diagnostic
4729 ncontestable en tant que diagnostic. Mais comment la situer dans l’ensemble de l’Aventure occidentale ? Est-elle le signe
4730 tant que diagnostic. Mais comment la situer dans l’ ensemble de l’Aventure occidentale ? Est-elle le signe annonciateur d’
4731 nostic. Mais comment la situer dans l’ensemble de l’ Aventure occidentale ? Est-elle le signe annonciateur d’une fin lugubr
4732 s l’ensemble de l’Aventure occidentale ? Est-elle le signe annonciateur d’une fin lugubre, ou seulement d’une crise de cro
4733 seulement d’une crise de croissance ? On a vu que la croyance à l’Histoire absolue, ce produit de remplacement de la Provi
4734 e crise de croissance ? On a vu que la croyance à l’ Histoire absolue, ce produit de remplacement de la Providence, a pour
4735 l’Histoire absolue, ce produit de remplacement de la Providence, a pour effet normal d’éliminer la croyance à l’action per
4736 de la Providence, a pour effet normal d’éliminer la croyance à l’action personnelle. La personne est agent de liberté. Ce
4737 nce, a pour effet normal d’éliminer la croyance à l’ action personnelle. La personne est agent de liberté. Cette Histoire n
4738 al d’éliminer la croyance à l’action personnelle. La personne est agent de liberté. Cette Histoire nous conduit au fatalis
4739 Cette Histoire nous conduit au fatalisme. Comment l’ Histoire et la personne ont-elles pu devenir exclusives l’une de l’aut
4740 nous conduit au fatalisme. Comment l’Histoire et la personne ont-elles pu devenir exclusives l’une de l’autre, alors qu’e
4741 e acte libérateur ? Mais, d’abord, est-il sûr que la croyance moderne à l’Histoire comme devenir tout-puissant soit le dév
4742 is, d’abord, est-il sûr que la croyance moderne à l’ Histoire comme devenir tout-puissant soit le développement normal et l
4743 rne à l’Histoire comme devenir tout-puissant soit le développement normal et la suite obligée de l’attitude chrétienne dev
4744 nir tout-puissant soit le développement normal et la suite obligée de l’attitude chrétienne devant le temps ? Notre époque
4745 it le développement normal et la suite obligée de l’ attitude chrétienne devant le temps ? Notre époque aurait-elle simplem
4746 la suite obligée de l’attitude chrétienne devant le temps ? Notre époque aurait-elle simplement l’esprit « plus historiqu
4747 nt le temps ? Notre époque aurait-elle simplement l’ esprit « plus historique » que toutes les précédentes ? Oui, s’il s’ag
4748 implement l’esprit « plus historique » que toutes les précédentes ? Oui, s’il s’agit du goût de connaître le passé, plus ré
4749 écédentes ? Oui, s’il s’agit du goût de connaître le passé, plus répandu que jamais dans le grand public : Toynbee est bes
4750 connaître le passé, plus répandu que jamais dans le grand public : Toynbee est best-seller, les revues et la presse nous
4751 s dans le grand public : Toynbee est best-seller, les revues et la presse nous parlent de Sumer, du paléolithique, des Maya
4752 d public : Toynbee est best-seller, les revues et la presse nous parlent de Sumer, du paléolithique, des Mayas ou du vase
4753 r, du paléolithique, des Mayas ou du vase de Vix, les mémoires font fureur, les biographies s’arrachent, et beaucoup n’atte
4754 ayas ou du vase de Vix, les mémoires font fureur, les biographies s’arrachent, et beaucoup n’attendent pas la cinquantaine
4755 graphies s’arrachent, et beaucoup n’attendent pas la cinquantaine pour se mettre au passé dans un livre. Mais la réponse e
4756 taine pour se mettre au passé dans un livre. Mais la réponse est non s’il s’agit de cette Histoire dans le « sens » de laq
4757 éponse est non s’il s’agit de cette Histoire dans le « sens » de laquelle on nous dit qu’il faut « être » de toute nécessi
4758 ne de n’être pas. Celle-ci marque un recul devant le risque du temps. La conscience de l’Histoire est née de l’acceptation
4759 lle-ci marque un recul devant le risque du temps. La conscience de l’Histoire est née de l’acceptation d’un temps radicale
4760 recul devant le risque du temps. La conscience de l’ Histoire est née de l’acceptation d’un temps radicalement imprévisible
4761 du temps. La conscience de l’Histoire est née de l’ acceptation d’un temps radicalement imprévisible. Et sa fin seule étai
4762 et serait bonne. Mais encore fallait-il croire à l’ Apocalypse. D’ici là, nul soutien que la foi. À ce risque du temps, le
4763 croire à l’Apocalypse. D’ici là, nul soutien que la foi. À ce risque du temps, le Moyen Âge résiste par un retour aux con
4764 là, nul soutien que la foi. À ce risque du temps, le Moyen Âge résiste par un retour aux conceptions cycliques et par une
4765 ne nette limitation des dimensions du passé et de l’ avenir : cette espèce de congélation du temps a pour effet d’éliminer
4766 e de congélation du temps a pour effet d’éliminer le devenir. Mais la Renaissance et les siècles suivants découvrent l’inf
4767 du temps a pour effet d’éliminer le devenir. Mais la Renaissance et les siècles suivants découvrent l’infini et le réintro
4768 fet d’éliminer le devenir. Mais la Renaissance et les siècles suivants découvrent l’infini et le réintroduisent dans l’imag
4769 la Renaissance et les siècles suivants découvrent l’ infini et le réintroduisent dans l’imagination et la spéculation, puis
4770 ce et les siècles suivants découvrent l’infini et le réintroduisent dans l’imagination et la spéculation, puis dans le cal
4771 nts découvrent l’infini et le réintroduisent dans l’ imagination et la spéculation, puis dans le calcul mathématique. On ne
4772 infini et le réintroduisent dans l’imagination et la spéculation, puis dans le calcul mathématique. On ne peut plus limite
4773 t dans l’imagination et la spéculation, puis dans le calcul mathématique. On ne peut plus limiter l’espace ni le temps, et
4774 s le calcul mathématique. On ne peut plus limiter l’ espace ni le temps, et, lorsque au xxe siècle ils se dilatent soudain
4775 mathématique. On ne peut plus limiter l’espace ni le temps, et, lorsque au xxe siècle ils se dilatent soudain au-delà de
4776 delà de tout ce que notre esprit peut se figurer, l’ idée d’évolution balaie nos repères et nous emporte sans espoir à l’av
4777 balaie nos repères et nous emporte sans espoir à l’ aventure. Devant le risque béant, soudain total, l’homme qui n’a pas d
4778 et nous emporte sans espoir à l’aventure. Devant le risque béant, soudain total, l’homme qui n’a pas de foi cède au verti
4779 ’aventure. Devant le risque béant, soudain total, l’ homme qui n’a pas de foi cède au vertige. Sa dernière résistance à l’a
4780 de foi cède au vertige. Sa dernière résistance à l’ angoisse du temps se manifeste alors par la manière dont il décide d’i
4781 ance à l’angoisse du temps se manifeste alors par la manière dont il décide d’identifier au devenir l’être et la vérité el
4782 la manière dont il décide d’identifier au devenir l’ être et la vérité elle-même. Solution masochiste, pour un Occidental.
4783 dont il décide d’identifier au devenir l’être et la vérité elle-même. Solution masochiste, pour un Occidental. L’individu
4784 le-même. Solution masochiste, pour un Occidental. L’ individu trouve le défi trop lourd. Dans un cosmos qui se calcule en c
4785 masochiste, pour un Occidental. L’individu trouve le défi trop lourd. Dans un cosmos qui se calcule en centaines de millio
4786 ns d’années-lumière, dans cette durée qui va vers l’ infini, et dans une société où la technique, les « lois économiques »,
4787 urée qui va vers l’infini, et dans une société où la technique, les « lois économiques », la puissance de l’État, les mouv
4788 rs l’infini, et dans une société où la technique, les « lois économiques », la puissance de l’État, les mouvements de masse
4789 ociété où la technique, les « lois économiques », la puissance de l’État, les mouvements de masse, etc., échappent à ses p
4790 hnique, les « lois économiques », la puissance de l’ État, les mouvements de masse, etc., échappent à ses prises et l’enser
4791 les « lois économiques », la puissance de l’État, les mouvements de masse, etc., échappent à ses prises et l’enserrent — « 
4792 vements de masse, etc., échappent à ses prises et l’ enserrent — « il ne se retrouve plus » et démissionne. Que l’Histoire
4793 — « il ne se retrouve plus » et démissionne. Que l’ Histoire décide à ma place, de toute façon je n’y puis rien. Que le di
4794 à ma place, de toute façon je n’y puis rien. Que le dictateur ou le Parti décrètent le vrai sens de ma vie, de toute faço
4795 toute façon je n’y puis rien. Que le dictateur ou le Parti décrètent le vrai sens de ma vie, de toute façon je ne pourrais
4796 puis rien. Que le dictateur ou le Parti décrètent le vrai sens de ma vie, de toute façon je ne pourrais plus le distinguer
4797 ens de ma vie, de toute façon je ne pourrais plus le distinguer. Je ne suis plus responsable, mais c’est l’Évolution, et j
4798 stinguer. Je ne suis plus responsable, mais c’est l’ Évolution, et je n’ai plus d’autre choix que de m’en dire l’agent. Cet
4799 n, et je n’ai plus d’autre choix que de m’en dire l’ agent. Cet abandon de l’être entier à la Maya, sans plus rêver la déli
4800 re choix que de m’en dire l’agent. Cet abandon de l’ être entier à la Maya, sans plus rêver la délivrance du nirvana, cet e
4801 m’en dire l’agent. Cet abandon de l’être entier à la Maya, sans plus rêver la délivrance du nirvana, cet enlisement dans l
4802 andon de l’être entier à la Maya, sans plus rêver la délivrance du nirvana, cet enlisement dans la forme du monde, sans es
4803 ver la délivrance du nirvana, cet enlisement dans la forme du monde, sans espoir de salut individuel58 — je pressens qu’il
4804 moins autant qu’un fléchissement réel du sens de la personne et de la liberté. Ce n’est pas qu’on n’aime plus être soi li
4805 n fléchissement réel du sens de la personne et de la liberté. Ce n’est pas qu’on n’aime plus être soi librement, ni vraime
4806 plus être soi librement, ni vraiment qu’on renie la personne : mais on ne croit plus, on n’ose plus croire qu’elle puisse
4807 n sadisme. Dans cette abjecte humiliation du moi, l’ orgueil fou trouve un alibi. L’Évolution fatale est en réalité celle q
4808 umiliation du moi, l’orgueil fou trouve un alibi. L’ Évolution fatale est en réalité celle que l’on voudrait imposer. Les c
4809 libi. L’Évolution fatale est en réalité celle que l’ on voudrait imposer. Les communistes affirment qu’ils sont les instrum
4810 e est en réalité celle que l’on voudrait imposer. Les communistes affirment qu’ils sont les instruments du sens inévitable
4811 it imposer. Les communistes affirment qu’ils sont les instruments du sens inévitable de l’Histoire, légitimant la mort de m
4812 qu’ils sont les instruments du sens inévitable de l’ Histoire, légitimant la mort de millions de koulaks qui vivaient par h
4813 ents du sens inévitable de l’Histoire, légitimant la mort de millions de koulaks qui vivaient par hasard en travers. Mais
4814 koulaks qui vivaient par hasard en travers. Mais les « lois » révélées par Karl Marx n’ont jamais prévu rien de tel ; elle
4815 mplement au Dictateur d’accréditer son utopie. Si le sang de ses propres martyrs fut la semence de l’Église, c’est le sang
4816 son utopie. Si le sang de ses propres martyrs fut la semence de l’Église, c’est le sang des « païens », le sang des autres
4817 le sang de ses propres martyrs fut la semence de l’ Église, c’est le sang des « païens », le sang des autres, qui cimente
4818 propres martyrs fut la semence de l’Église, c’est le sang des « païens », le sang des autres, qui cimente l’édifice de l’U
4819 emence de l’Église, c’est le sang des « païens », le sang des autres, qui cimente l’édifice de l’Usine soviétique et donne
4820 g des « païens », le sang des autres, qui cimente l’ édifice de l’Usine soviétique et donne la preuve démente de la réalité
4821 s », le sang des autres, qui cimente l’édifice de l’ Usine soviétique et donne la preuve démente de la réalité des utopies
4822 cimente l’édifice de l’Usine soviétique et donne la preuve démente de la réalité des utopies au nom desquelles on l’a ver
4823 l’Usine soviétique et donne la preuve démente de la réalité des utopies au nom desquelles on l’a versé. Mais d’où vient c
4824 te de la réalité des utopies au nom desquelles on l’ a versé. Mais d’où vient cette fureur d’anticiper l’avenir jusqu’à l’h
4825 a versé. Mais d’où vient cette fureur d’anticiper l’ avenir jusqu’à l’hypothéquer sur des millions de crimes ? Elle vient d
4826 ù vient cette fureur d’anticiper l’avenir jusqu’à l’ hypothéquer sur des millions de crimes ? Elle vient de notre angoisse
4827 s de crimes ? Elle vient de notre angoisse devant le temps. Anticiper l’avenir, c’est tenter de se convaincre que le temps
4828 ient de notre angoisse devant le temps. Anticiper l’ avenir, c’est tenter de se convaincre que le temps ne va pas apporter
4829 ciper l’avenir, c’est tenter de se convaincre que le temps ne va pas apporter la négation de ce que je suis, de ce que j’a
4830 de se convaincre que le temps ne va pas apporter la négation de ce que je suis, de ce que j’attends, de mes croyances ou
4831 raisons de désespérer auxquelles je tiens contre le monde et contre Dieu — la négation de moi-même et du sens de ma vie.
4832 quelles je tiens contre le monde et contre Dieu — la négation de moi-même et du sens de ma vie. Anticiper l’avenir, c’est
4833 ation de moi-même et du sens de ma vie. Anticiper l’ avenir, c’est le dernier refus de l’aventure du temps — la fuite dans
4834 ie. Anticiper l’avenir, c’est le dernier refus de l’ aventure du temps — la fuite dans l’utopie. Utopies pessimistes, dans
4835 , c’est le dernier refus de l’aventure du temps — la fuite dans l’utopie. Utopies pessimistes, dans les démocraties : Orwe
4836 nier refus de l’aventure du temps — la fuite dans l’ utopie. Utopies pessimistes, dans les démocraties : Orwell prévoit l’i
4837 la fuite dans l’utopie. Utopies pessimistes, dans les démocraties : Orwell prévoit l’instauration prochaine du contrôle des
4838 essimistes, dans les démocraties : Orwell prévoit l’ instauration prochaine du contrôle des pensées par le Pouvoir. Utopies
4839 nstauration prochaine du contrôle des pensées par le Pouvoir. Utopies optimistes chez les totalitaires : ce sont les mêmes
4840 s pensées par le Pouvoir. Utopies optimistes chez les totalitaires : ce sont les mêmes, mais ils s’en félicitent. Et les un
4841 topies optimistes chez les totalitaires : ce sont les mêmes, mais ils s’en félicitent. Et les unes comme les autres, redout
4842 : ce sont les mêmes, mais ils s’en félicitent. Et les unes comme les autres, redoutées ou voulues, ne se confondent pas seu
4843 êmes, mais ils s’en félicitent. Et les unes comme les autres, redoutées ou voulues, ne se confondent pas seulement dans leu
4844 r fatal, mais dans une seule et même démission de la personne, qui désespère de ses pouvoirs d’innovation et de toute espè
4845 de recours au transcendant libérateur. Engendrer l’ utopie est un mouvement de l’âme, sans doute inséparable de l’historic
4846 ibérateur. Engendrer l’utopie est un mouvement de l’ âme, sans doute inséparable de l’historicité initiée par le christiani
4847 un mouvement de l’âme, sans doute inséparable de l’ historicité initiée par le christianisme : il suffit que la foi faibli
4848 ns doute inséparable de l’historicité initiée par le christianisme : il suffit que la foi faiblisse, ou que le défi du tem
4849 cité initiée par le christianisme : il suffit que la foi faiblisse, ou que le défi du temps paraisse insurmontable. L’utop
4850 tianisme : il suffit que la foi faiblisse, ou que le défi du temps paraisse insurmontable. L’utopie est recul devant le te
4851 , ou que le défi du temps paraisse insurmontable. L’ utopie est recul devant le temps ouvert, elle refuse d’affronter cette
4852 paraisse insurmontable. L’utopie est recul devant le temps ouvert, elle refuse d’affronter cette situation béante qui fut
4853 mais elle en reste tributaire — et c’est pourquoi l’ Orient ne produit pas d’utopies. Concevoir une utopie et agir d’après
4854 r notre angoisse en avant, pour tenter d’asservir l’ imprévu. Bien souvent la recherche historique projette nos désirs en a
4855 t, pour tenter d’asservir l’imprévu. Bien souvent la recherche historique projette nos désirs en arrière, mais les « leçon
4856 e historique projette nos désirs en arrière, mais les « leçons du passé » ont rarement justifié d’autres délits que ceux de
4857 ont rarement justifié d’autres délits que ceux de la routine. L’Histoire-devenir, qui est une conjuration du temps, exige
4858 justifié d’autres délits que ceux de la routine. L’ Histoire-devenir, qui est une conjuration du temps, exige des sacrific
4859 glants bien plus massifs que n’en rêvèrent jamais les prêtres emplumés du grand dieu Huitzilopochtli. 6. Dilemme La c
4860 s du grand dieu Huitzilopochtli. 6. Dilemme La crise de notre sens du temps pose un dilemme. L’Occident, succombant
4861 La crise de notre sens du temps pose un dilemme. L’ Occident, succombant au Devenir déifié, va-t-il se mettre hors d’état
4862 ir déifié, va-t-il se mettre hors d’état de faire l’ Histoire ? Ou, surmontant le vertige cosmique et temporel où l’a plong
4863 hors d’état de faire l’Histoire ? Ou, surmontant le vertige cosmique et temporel où l’a plongé sa science par une mutatio
4864 Ou, surmontant le vertige cosmique et temporel où l’ a plongé sa science par une mutation brusque, saura-t-il en tirer une
4865 -il en tirer une liberté nouvelle ? Je céderais à la tentation que j’ai décrite si j’essayais d’anticiper sur nos lendemai
4866 ême exactes, mais par nos choix fondamentaux. Car la question n’est pas de savoir « ce qui arrivera », mais de savoir dès
4867 s disposés à laisser arriver ou à faire arriver ; la question n’est pas de supputer le sens probable d’un devenir fatal, p
4868 faire arriver ; la question n’est pas de supputer le sens probable d’un devenir fatal, pour nous « ajuster » à ses « lois 
4869 r » à ses « lois », mais au contraire d’affronter le temps au nom d’un sens qui ne peut s’originer qu’en la personne. Bref
4870 mps au nom d’un sens qui ne peut s’originer qu’en la personne. Bref, la question n’est pas de deviner l’Histoire, mais de
4871 s qui ne peut s’originer qu’en la personne. Bref, la question n’est pas de deviner l’Histoire, mais de la faire. Seules no
4872 personne. Bref, la question n’est pas de deviner l’ Histoire, mais de la faire. Seules nos options présentes préparent un
4873 question n’est pas de deviner l’Histoire, mais de la faire. Seules nos options présentes préparent un sens, ménagent d’ava
4874 vient à nous. Et ces options n’agiront point par la violence de prises de position calculées dans l’abstrait59, mais par
4875 la violence de prises de position calculées dans l’ abstrait59, mais par cette sorte de fascination qu’exerce sur l’avenir
4876 mais par cette sorte de fascination qu’exerce sur l’ avenir encore intact, foisonnant d’imprévus réalisables, l’attente réa
4877 encore intact, foisonnant d’imprévus réalisables, l’ attente réalisante d’une ferme vocation. 55. La première société d’
4878 xixe siècle par un Anglais, sir William Jones : la Société asiatique du Bengale. Et ce n’est guère que depuis la fin du
4879 siatique du Bengale. Et ce n’est guère que depuis la fin du xixe siècle qu’une science historique s’est constituée en Ind
4880 . 56. Religio, de religare, lier ensemble. 57. La nouveauté — le fait sans précédent archétypique — est la terreur de t
4881 , de religare, lier ensemble. 57. La nouveauté — le fait sans précédent archétypique — est la terreur de tous les « Moyen
4882 eauté — le fait sans précédent archétypique — est la terreur de tous les « Moyen Âge ». Quand elle survient, quand on se v
4883 s précédent archétypique — est la terreur de tous les « Moyen Âge ». Quand elle survient, quand on se voit contraint d’inno
4884 eau ou pour vaincre, on s’empresse d’en appeler à la coutume, et l’on prétend « renouveler la tradition ». Il suffit qu’un
4885 ncre, on s’empresse d’en appeler à la coutume, et l’ on prétend « renouveler la tradition ». Il suffit qu’une charte, une c
4886 ppeler à la coutume, et l’on prétend « renouveler la tradition ». Il suffit qu’une charte, une coutume, un usage ait vingt
4887 ingt-cinq ou trente ans, au Moyen Âge, pour qu’on l’ invoque sous le nom de « tradition ». 58. Il faut alors, de toute néc
4888 ente ans, au Moyen Âge, pour qu’on l’invoque sous le nom de « tradition ». 58. Il faut alors, de toute nécessité, que le
4889 on ». 58. Il faut alors, de toute nécessité, que le succès temporel prenne la place du salut et qu’il tienne lieu de but
4890 de toute nécessité, que le succès temporel prenne la place du salut et qu’il tienne lieu de but suprême. Succès individuel
4891 el ou collectif d’ailleurs ; mais le premier sent la tricherie. 59. Lits de Procuste des utopies toujours trop pauvres, o
4892 pauvres, ou de ces plans qui prévoient tout sauf l’ essentiel humain, parce qu’on les a conçus non comme des directives, m
4893 évoient tout sauf l’essentiel humain, parce qu’on les a conçus non comme des directives, mais comme des cadres rassurants ;
4894 ent leur malfaisance. au. Rougemont Denis de, «  La découverte du temps ou l’aventure occidentale », La Nouvelle Revue fr
4895 Rougemont Denis de, « La découverte du temps ou l’ aventure occidentale », La Nouvelle Revue française, Paris, mars 1957,
4896 découverte du temps ou l’aventure occidentale », La Nouvelle Revue française, Paris, mars 1957, p. 400-415.
44 1961, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). La personne, l’ange et l’absolu, ou le dialogue Occident-Orient (avril 1961)
4897 La personne, l’ange et l’absolu, ou le dialogue Occident-Orient (avril 1
4898 La personne, l’ ange et l’absolu, ou le dialogue Occident-Orient (avril 1961)av U
4899 La personne, l’ange et l’ absolu, ou le dialogue Occident-Orient (avril 1961)av Un dialogue
4900 La personne, l’ange et l’absolu, ou le dialogue Occident-Orient (avril 1961)av Un dialogue mal engagé
4901 ent (avril 1961)av Un dialogue mal engagé L’ Occident découvre le zen au moment où les couvents zen se vident au Ja
4902 Un dialogue mal engagé L’Occident découvre le zen au moment où les couvents zen se vident au Japon. (Mais il y a be
4903 engagé L’Occident découvre le zen au moment où les couvents zen se vident au Japon. (Mais il y a beaucoup plus de chréti
4904 nais que de sectateurs du Dr Suzuki en Amérique.) L’ Occident découvre la sagesse hindoue, grâce aux présentations quelque
4905 rs du Dr Suzuki en Amérique.) L’Occident découvre la sagesse hindoue, grâce aux présentations quelque peu christianisées q
4906 ntations quelque peu christianisées qu’en donnent les successeurs de Râmakrishna ; mais déjà l’intelligentsia de l’Inde se
4907 onnent les successeurs de Râmakrishna ; mais déjà l’ intelligentsia de l’Inde se préoccupe des problèmes qui lui sont impos
4908 rs de Râmakrishna ; mais déjà l’intelligentsia de l’ Inde se préoccupe des problèmes qui lui sont imposés par la technique
4909 préoccupe des problèmes qui lui sont imposés par la technique et par l’hygiène occidentales, et cherche à les résoudre à
4910 èmes qui lui sont imposés par la technique et par l’ hygiène occidentales, et cherche à les résoudre à l’aide d’un socialis
4911 nique et par l’hygiène occidentales, et cherche à les résoudre à l’aide d’un socialisme qui ne doit rien à Shankara. L’Occi
4912 hygiène occidentales, et cherche à les résoudre à l’ aide d’un socialisme qui ne doit rien à Shankara. L’Occident découvre
4913 aide d’un socialisme qui ne doit rien à Shankara. L’ Occident découvre Zoroastre à la suite de Nietzsche, et publie les gra
4914 uvre Zoroastre à la suite de Nietzsche, et publie les grands textes des mystiques soufis, mais l’Iran et l’Arabie sont en p
4915 blie les grands textes des mystiques soufis, mais l’ Iran et l’Arabie sont en pleine crise d’adaptation à l’habitus capital
4916 rands textes des mystiques soufis, mais l’Iran et l’ Arabie sont en pleine crise d’adaptation à l’habitus capitaliste. L’Oc
4917 n et l’Arabie sont en pleine crise d’adaptation à l’ habitus capitaliste. L’Occident découvre et publie le Hi-King, tandis
4918 leine crise d’adaptation à l’habitus capitaliste. L’ Occident découvre et publie le Hi-King, tandis que la Chine s’industri
4919 abitus capitaliste. L’Occident découvre et publie le Hi-King, tandis que la Chine s’industrialise, s’impose notre marxisme
4920 ccident découvre et publie le Hi-King, tandis que la Chine s’industrialise, s’impose notre marxisme et oblitère son mandar
4921 notre marxisme et oblitère son mandarinat. Enfin, l’ Occident n’a pas plus tôt découvert l’art nègre, les masques, la magie
4922 nat. Enfin, l’Occident n’a pas plus tôt découvert l’ art nègre, les masques, la magie, le jazz, que l’Afrique noire se préc
4923 ’Occident n’a pas plus tôt découvert l’art nègre, les masques, la magie, le jazz, que l’Afrique noire se précipite dans le
4924 pas plus tôt découvert l’art nègre, les masques, la magie, le jazz, que l’Afrique noire se précipite dans le nationalisme
4925 tôt découvert l’art nègre, les masques, la magie, le jazz, que l’Afrique noire se précipite dans le nationalisme, les jeux
4926 l’art nègre, les masques, la magie, le jazz, que l’ Afrique noire se précipite dans le nationalisme, les jeux parlementair
4927 e, le jazz, que l’Afrique noire se précipite dans le nationalisme, les jeux parlementaires, et l’exploitation par elle-mêm
4928 ’Afrique noire se précipite dans le nationalisme, les jeux parlementaires, et l’exploitation par elle-même de ses ressource
4929 dans le nationalisme, les jeux parlementaires, et l’ exploitation par elle-même de ses ressources matérielles. Ce que nous
4930 rielles. Ce que nous découvrons avec passion dans le Tiers Monde, ce n’est pas ce dont il vivait, c’est ce qui manquait à
4931 s ne savaient plus trouver dans notre foi. Ce que le tiers-monde nous emprunte, ce n’est pas notre créativité, mais ses pr
4932 tuels en même temps que leur misère, qui en était la rançon. Ils adoptent nos formes sociales, nos procédés de gouvernemen
4933 s de gouvernement et nos techniques, mais non pas les tensions spirituelles qui en étaient le moteur secret. Ce qui était p
4934 non pas les tensions spirituelles qui en étaient le moteur secret. Ce qui était pour nous résultantes d’innombrables pous
4935 lectuels et spirituels ? Presque rien, sinon dire l’ essentiel, qui n’agira guère sur l’histoire dans son devenir immédiat,
4936 en, sinon dire l’essentiel, qui n’agira guère sur l’ histoire dans son devenir immédiat, mais peut orienter la conscience d
4937 ire dans son devenir immédiat, mais peut orienter la conscience de quelques-uns de ceux qui la feront demain. L’essentiel
4938 rienter la conscience de quelques-uns de ceux qui la feront demain. L’essentiel du dialogue nécessaire et désormais inévit
4939 nce de quelques-uns de ceux qui la feront demain. L’ essentiel du dialogue nécessaire et désormais inévitable, pour si mal
4940 vitable, pour si mal engagé qu’il soit, porte sur l’ homme et sa définition. S’il est vrai que l’Orient nie le moi, qui est
4941 e sur l’homme et sa définition. S’il est vrai que l’ Orient nie le moi, qui est une valeur centrale pour l’Occident, il doi
4942 et sa définition. S’il est vrai que l’Orient nie le moi, qui est une valeur centrale pour l’Occident, il doit en résulter
4943 ient nie le moi, qui est une valeur centrale pour l’ Occident, il doit en résulter d’infinies conséquences dans tous les do
4944 oit en résulter d’infinies conséquences dans tous les domaines du réel, du spirituel au politique ; mais dans quelle mesure
4945  ; mais dans quelle mesure est-ce vrai ? Quel est le moi qui s’affirme d’une part et quel est le moi qu’on nie de l’autre 
4946 l est le moi qui s’affirme d’une part et quel est le moi qu’on nie de l’autre ? Est-ce bien le même ? La Personne Le
4947 uel est le moi qu’on nie de l’autre ? Est-ce bien le même ? La Personne Le christianisme a formé l’Occident, en form
4948 i qu’on nie de l’autre ? Est-ce bien le même ? La Personne Le christianisme a formé l’Occident, en formant, dès les
4949 l’autre ? Est-ce bien le même ? La Personne Le christianisme a formé l’Occident, en formant, dès les premiers concil
4950 même ? La Personne Le christianisme a formé l’ Occident, en formant, dès les premiers conciles, ses modèles de pensée
4951 nes divines à la fois distinctes et reliées. D’où la définition de la personne humaine ou du vrai moi, reprise et précisée
4952 fois distinctes et reliées. D’où la définition de la personne humaine ou du vrai moi, reprise et précisée par toutes les g
4953 ne ou du vrai moi, reprise et précisée par toutes les grandes époques de la théologie et de la philosophie, et toujours opp
4954 ise et précisée par toutes les grandes époques de la théologie et de la philosophie, et toujours opposée à l’homme naturel
4955 toutes les grandes époques de la théologie et de la philosophie, et toujours opposée à l’homme naturel, animal plus ou mo
4956 logie et de la philosophie, et toujours opposée à l’ homme naturel, animal plus ou moins raisonnable et simple exemplaire d
4957 plus ou moins raisonnable et simple exemplaire de l’ espèce. Pour saint Paul, le vrai moi est l’homme nouveau, « appelé » p
4958 t simple exemplaire de l’espèce. Pour saint Paul, le vrai moi est l’homme nouveau, « appelé » par un Dieu personnel, donc
4959 ire de l’espèce. Pour saint Paul, le vrai moi est l’ homme nouveau, « appelé » par un Dieu personnel, donc créé par une voc
4960 ’espèce. Pour saint Paul, le vrai moi est l’homme nouveau , « appelé » par un Dieu personnel, donc créé par une vocation, et il
4961 nc créé par une vocation, et il ne tombe pas sous le sens comme le « vieil homme », puisque sa vie « nouvelle » est à la f
4962 e vocation, et il ne tombe pas sous le sens comme le « vieil homme », puisque sa vie « nouvelle » est à la fois dans le mo
4963 », puisque sa vie « nouvelle » est à la fois dans le monde et hors du monde, à la fois manifestée par son amour (Agapè) et
4964 manifestée par son amour (Agapè) et « cachée avec le Christ en Dieu ». (Colossiens, 3, 3.) Dès les Pères grecs et le latin
4965 avec le Christ en Dieu ». (Colossiens, 3, 3.) Dès les Pères grecs et le latin Boèce, à travers Jean Scot Érigène, jusqu’à R
4966 ieu ». (Colossiens, 3, 3.) Dès les Pères grecs et le latin Boèce, à travers Jean Scot Érigène, jusqu’à Richard de Saint-Vi
4967 rigène, jusqu’à Richard de Saint-Victor puis dans le thomisme, on peut suivre l’évolution du concept et du terme de person
4968 aint-Victor puis dans le thomisme, on peut suivre l’ évolution du concept et du terme de personne, forgé par la doctrine tr
4969 ion du concept et du terme de personne, forgé par la doctrine trinitaire ; il s’appliquera de mieux en mieux à l’homme nou
4970 trinitaire ; il s’appliquera de mieux en mieux à l’ homme nouveau, à l’ens sibi suscité par l’esprit dans l’individu natur
4971 ire ; il s’appliquera de mieux en mieux à l’homme nouveau , à l’ens sibi suscité par l’esprit dans l’individu naturel. Pour Desc
4972 appliquera de mieux en mieux à l’homme nouveau, à l’ ens sibi suscité par l’esprit dans l’individu naturel. Pour Descartes,
4973 mieux à l’homme nouveau, à l’ens sibi suscité par l’ esprit dans l’individu naturel. Pour Descartes, le vrai moi c’est « l’
4974 e nouveau, à l’ens sibi suscité par l’esprit dans l’ individu naturel. Pour Descartes, le vrai moi c’est « l’âme », mais il
4975 l’esprit dans l’individu naturel. Pour Descartes, le vrai moi c’est « l’âme », mais il s’agit d’une âme tout intellectuell
4976 vidu naturel. Pour Descartes, le vrai moi c’est «  l’ âme », mais il s’agit d’une âme tout intellectuelle, dont « la nature
4977 s il s’agit d’une âme tout intellectuelle, dont «  la nature n’est que de penser » et qui reste entièrement distincte du co
4978 reste entièrement distincte du corps. Avec Kant, le vrai moi, nouménal, s’oppose au moi phénoménal, et reprend le nom de
4979 nouménal, s’oppose au moi phénoménal, et reprend le nom de personne. Chez Renouvier, la personne apparaît comme « fonctio
4980 l, et reprend le nom de personne. Chez Renouvier, la personne apparaît comme « fonction à plusieurs variables », par là do
4981 s », par là douée d’une liberté que n’aura jamais l’ individu, simple objet du déterminisme universel. Et quant à la scienc
4982 imple objet du déterminisme universel. Et quant à la science d’aujourd’hui, dont on a pu penser « qu’elle n’aborde le moi
4983 jourd’hui, dont on a pu penser « qu’elle n’aborde le moi que pour le disjoindre60 », il me semble plutôt qu’elle élague le
4984 on a pu penser « qu’elle n’aborde le moi que pour le disjoindre60 », il me semble plutôt qu’elle élague le vrai moi, qu’el
4985 isjoindre60 », il me semble plutôt qu’elle élague le vrai moi, qu’elle en disjoint ce qui appartient en propre au collecti
4986 isjoint ce qui appartient en propre au collectif ( l’ inconscient, le surmoi, les archétypes) ou au biologique (l’hérédité,
4987 appartient en propre au collectif (l’inconscient, le surmoi, les archétypes) ou au biologique (l’hérédité, l’équilibre end
4988 en propre au collectif (l’inconscient, le surmoi, les archétypes) ou au biologique (l’hérédité, l’équilibre endocrinien), e
4989 ent, le surmoi, les archétypes) ou au biologique ( l’ hérédité, l’équilibre endocrinien), et nous le montre d’autant plus di
4990 oi, les archétypes) ou au biologique (l’hérédité, l’ équilibre endocrinien), et nous le montre d’autant plus distinct, dans
4991 ue (l’hérédité, l’équilibre endocrinien), et nous le montre d’autant plus distinct, dans sa fonction centrale, totalisante
4992 e, totalisante, dans son pouvoir d’intégration de l’ être. Loin de dissocier le moi, les recherches psychologiques du xxe
4993 ouvoir d’intégration de l’être. Loin de dissocier le moi, les recherches psychologiques du xxe siècle nomment et dénoncen
4994 ’intégration de l’être. Loin de dissocier le moi, les recherches psychologiques du xxe siècle nomment et dénoncent les for
4995 sychologiques du xxe siècle nomment et dénoncent les forces qui tendent à le dissocier, les névroses qui l’assiègent de to
4996 cle nomment et dénoncent les forces qui tendent à le dissocier, les névroses qui l’assiègent de toutes parts, et retrouven
4997 dénoncent les forces qui tendent à le dissocier, les névroses qui l’assiègent de toutes parts, et retrouvent par le détour
4998 rces qui tendent à le dissocier, les névroses qui l’ assiègent de toutes parts, et retrouvent par le détour de leurs descri
4999 ui l’assiègent de toutes parts, et retrouvent par le détour de leurs descriptions « objectives » l’opposition paulinienne
5000 ar le détour de leurs descriptions « objectives » l’ opposition paulinienne des « deux hommes en moi » : le naturel tyranni
5001 position paulinienne des « deux hommes en moi » : le naturel tyrannisant (et tyrannisé par la Loi) et le spirituel libérat
5002 moi » : le naturel tyrannisant (et tyrannisé par la Loi) et le spirituel libérateur. S’il est vrai que le langage courant
5003 naturel tyrannisant (et tyrannisé par la Loi) et le spirituel libérateur. S’il est vrai que le langage courant confond sa
5004 oi) et le spirituel libérateur. S’il est vrai que le langage courant confond sans l’ombre d’un scrupule la personne et tou
5005 S’il est vrai que le langage courant confond sans l’ ombre d’un scrupule la personne et tout ce qu’elle n’est pas — l’indiv
5006 angage courant confond sans l’ombre d’un scrupule la personne et tout ce qu’elle n’est pas — l’individu, la persona, la « 
5007 rupule la personne et tout ce qu’elle n’est pas — l’ individu, la persona, la « forte individualité », l’âme sensitive, l’i
5008 rsonne et tout ce qu’elle n’est pas — l’individu, la persona, la « forte individualité », l’âme sensitive, l’intellect, l’
5009 ut ce qu’elle n’est pas — l’individu, la persona, la « forte individualité », l’âme sensitive, l’intellect, l’élémentaire
5010 individu, la persona, la « forte individualité », l’ âme sensitive, l’intellect, l’élémentaire et souvent si trompeuse cons
5011 ona, la « forte individualité », l’âme sensitive, l’ intellect, l’élémentaire et souvent si trompeuse conscience de soi — r
5012 te individualité », l’âme sensitive, l’intellect, l’ élémentaire et souvent si trompeuse conscience de soi — reste que la c
5013 ouvent si trompeuse conscience de soi — reste que la croyance au moi distinct et le recours à la « valeur absolue de la pe
5014 de soi — reste que la croyance au moi distinct et le recours à la « valeur absolue de la personne » sont à peu près univer
5015 e que la croyance au moi distinct et le recours à la « valeur absolue de la personne » sont à peu près universels en Occid
5016 i distinct et le recours à la « valeur absolue de la personne » sont à peu près universels en Occident. Comme l’attestent
5017 e » sont à peu près universels en Occident. Comme l’ attestent tant de notions considérées comme allant de soi — et tant de
5018 lant de soi — et tant de réalités « bien vues » à l’ Ouest, mais que l’Est se devait d’ignorer, voire de condamner, telles
5019 ant de réalités « bien vues » à l’Ouest, mais que l’ Est se devait d’ignorer, voire de condamner, telles que l’originalité,
5020 devait d’ignorer, voire de condamner, telles que l’ originalité, les droits de l’homme, le record, la gloire personnelle,
5021 er, voire de condamner, telles que l’originalité, les droits de l’homme, le record, la gloire personnelle, la biographie et
5022 telles que l’originalité, les droits de l’homme, le record, la gloire personnelle, la biographie et le portrait, la prièr
5023 l’originalité, les droits de l’homme, le record, la gloire personnelle, la biographie et le portrait, la prière pour un t
5024 its de l’homme, le record, la gloire personnelle, la biographie et le portrait, la prière pour un tel vivant ou pour les m
5025 e record, la gloire personnelle, la biographie et le portrait, la prière pour un tel vivant ou pour les morts… Comme l’att
5026 gloire personnelle, la biographie et le portrait, la prière pour un tel vivant ou pour les morts… Comme l’attestent non mo
5027 le portrait, la prière pour un tel vivant ou pour les morts… Comme l’attestent non moins la mauvaise réputation que nous fa
5028 rière pour un tel vivant ou pour les morts… Comme l’ attestent non moins la mauvaise réputation que nous faisons à l’anonym
5029 nt ou pour les morts… Comme l’attestent non moins la mauvaise réputation que nous faisons à l’anonyme, la condamnation par
5030 n moins la mauvaise réputation que nous faisons à l’ anonyme, la condamnation par nos critiques du style impersonnel ou de
5031 mauvaise réputation que nous faisons à l’anonyme, la condamnation par nos critiques du style impersonnel ou de la banalité
5032 tion par nos critiques du style impersonnel ou de la banalité, la dénonciation de l’on par nos philosophes, et les diatrib
5033 critiques du style impersonnel ou de la banalité, la dénonciation de l’on par nos philosophes, et les diatribes marxistes
5034 impersonnel ou de la banalité, la dénonciation de l’ on par nos philosophes, et les diatribes marxistes contre l’aliénation
5035 , la dénonciation de l’on par nos philosophes, et les diatribes marxistes contre l’aliénation. Et comme l’atteste enfin not
5036 os philosophes, et les diatribes marxistes contre l’ aliénation. Et comme l’atteste enfin notre notion de l’amour, — à quoi
5037 diatribes marxistes contre l’aliénation. Et comme l’ atteste enfin notre notion de l’amour, — à quoi j’entends venir plus l
5038 énation. Et comme l’atteste enfin notre notion de l’ amour, — à quoi j’entends venir plus loin. L’ange Quelle est cet
5039 e l’amour, — à quoi j’entends venir plus loin. L’ ange Quelle est cette part de la personne dès maintenant libérée du
5040 plus loin. L’ange Quelle est cette part de la personne dès maintenant libérée du monde, où elle vit encore en exil,
5041  héritière du Royaume », dès maintenant « portant l’ image céleste », « glorifiée », « revêtue de lumière », d’incorruptibi
5042 ortalité ; dès maintenant donc « ressuscitée avec le Christ », bien que « cachée avec le Christ en Dieu » jusqu’à l’avènem
5043 suscitée avec le Christ », bien que « cachée avec le Christ en Dieu » jusqu’à l’avènement de l’Amour ? C’est l’Ange, répon
5044 ien que « cachée avec le Christ en Dieu » jusqu’à l’ avènement de l’Amour ? C’est l’Ange, répond l’Iran des spirituels, l’I
5045 e avec le Christ en Dieu » jusqu’à l’avènement de l’ Amour ? C’est l’Ange, répond l’Iran des spirituels, l’Iran du mazdéism
5046 en Dieu » jusqu’à l’avènement de l’Amour ? C’est l’ Ange, répond l’Iran des spirituels, l’Iran du mazdéisme et des mystiqu
5047 u’à l’avènement de l’Amour ? C’est l’Ange, répond l’ Iran des spirituels, l’Iran du mazdéisme et des mystiques soufis, proc
5048 our ? C’est l’Ange, répond l’Iran des spirituels, l’ Iran du mazdéisme et des mystiques soufis, proche de l’Inde mais enté
5049 n du mazdéisme et des mystiques soufis, proche de l’ Inde mais enté sur le tronc abrahamique, d’où sont issus les juifs, le
5050 mystiques soufis, proche de l’Inde mais enté sur le tronc abrahamique, d’où sont issus les juifs, les chrétiens, et l’isl
5051 is enté sur le tronc abrahamique, d’où sont issus les juifs, les chrétiens, et l’islam. Que serait l’Ange pour nos psycholo
5052 le tronc abrahamique, d’où sont issus les juifs, les chrétiens, et l’islam. Que serait l’Ange pour nos psychologues ? Une
5053 que, d’où sont issus les juifs, les chrétiens, et l’ islam. Que serait l’Ange pour nos psychologues ? Une projection du moi
5054 les juifs, les chrétiens, et l’islam. Que serait l’ Ange pour nos psychologues ? Une projection du moi individuel ou colle
5055 e projection du moi individuel ou collectif. Pour les sages de l’Iran, il est ce moi. Barakat, juif passé à l’islam, écrit
5056 du moi individuel ou collectif. Pour les sages de l’ Iran, il est ce moi. Barakat, juif passé à l’islam, écrit en 1165 : « 
5057 s de l’Iran, il est ce moi. Barakat, juif passé à l’ islam, écrit en 1165 : « … pour chaque âme individuelle, ou peut-être
5058 ollicitude et tendresse spéciales ; c’est lui qui les initie à la connaissance, les protège, les guide, les défend, les réc
5059 tendresse spéciales ; c’est lui qui les initie à la connaissance, les protège, les guide, les défend, les réconforte, les
5060 les ; c’est lui qui les initie à la connaissance, les protège, les guide, les défend, les réconforte, les fait triompher, e
5061 ui qui les initie à la connaissance, les protège, les guide, les défend, les réconforte, les fait triompher, et c’est cet ê
5062 initie à la connaissance, les protège, les guide, les défend, les réconforte, les fait triompher, et c’est cet être qu’ils
5063 connaissance, les protège, les guide, les défend, les réconforte, les fait triompher, et c’est cet être qu’ils appelaient N
5064 s protège, les guide, les défend, les réconforte, les fait triompher, et c’est cet être qu’ils appelaient Nature parfaite. 
5065 t être qu’ils appelaient Nature parfaite. » C’est le vrai moi, c’est l’Ange. « Il ne s’agit plus du simple messager transm
5066 aient Nature parfaite. » C’est le vrai moi, c’est l’ Ange. « Il ne s’agit plus du simple messager transmettant les ordres,
5067 Il ne s’agit plus du simple messager transmettant les ordres, ni de l’idée courante de l’Ange gardien », mais de ceci : « q
5068 e s’agit plus du simple messager transmettant les ordres , ni de l’idée courante de l’Ange gardien », mais de ceci : « que la F
5069 du simple messager transmettant les ordres, ni de l’ idée courante de l’Ange gardien », mais de ceci : « que la Forme sous
5070 transmettant les ordres, ni de l’idée courante de l’ Ange gardien », mais de ceci : « que la Forme sous laquelle chacun des
5071 ourante de l’Ange gardien », mais de ceci : « que la Forme sous laquelle chacun des spirituels connaît Dieu est aussi la f
5072 elle chacun des spirituels connaît Dieu est aussi la forme sous laquelle Dieu le connaît, parce qu’elle est la forme sous
5073 onnaît Dieu est aussi la forme sous laquelle Dieu le connaît, parce qu’elle est la forme sous laquelle Dieu se révèle à so
5074 sous laquelle Dieu le connaît, parce qu’elle est la forme sous laquelle Dieu se révèle à soi-même en lui. C’est la “part
5075 laquelle Dieu se révèle à soi-même en lui. C’est la “part allotie” à chaque Spirituel, son individualité absolue, le Nom
5076 e” à chaque Spirituel, son individualité absolue, le Nom divin, investi en lui.61 » Ainsi donc, et selon les admirables co
5077 m divin, investi en lui.61 » Ainsi donc, et selon les admirables commentaires qu’Henry Corbin nous donne de la mystique sou
5078 rables commentaires qu’Henry Corbin nous donne de la mystique soufi, « la totalité de notre être, ce n’est pas seulement c
5079 u’Henry Corbin nous donne de la mystique soufi, «  la totalité de notre être, ce n’est pas seulement cette partie que nous
5080 dividualité éternelle”, notre “Nom divin”, ce que le vieil Iran désignait comme Fravarti 62. » L’Ange des soufis n’évoque
5081 que le vieil Iran désignait comme Fravarti 62. » L’ Ange des soufis n’évoque pas seulement cette part initiante de l’être
5082 is n’évoque pas seulement cette part initiante de l’ être renouvelé qui demeure cachée en Dieu selon le christianisme, mais
5083 l’être renouvelé qui demeure cachée en Dieu selon le christianisme, mais encore, et d’une manière plus précise dans l’homo
5084 , mais encore, et d’une manière plus précise dans l’ homologie, ces entités célestes, féminines, que la religion de Zaratho
5085 l’homologie, ces entités célestes, féminines, que la religion de Zarathoustra nommait les Fravartis, « celles qui ont choi
5086 éminines, que la religion de Zarathoustra nommait les Fravartis, « celles qui ont choisi » (c’est-à-dire choisi de combattr
5087 ur venir en aide à Ohrmazd) et qui sont à la fois les archétypes célestes des êtres et leurs anges tutélaires. Il y a plus 
5088 es et leurs anges tutélaires. Il y a plus : selon le mazdéisme « chaque entité physique ou morale, chaque être complet ou
5089 nt au monde de Lumière a sa Fravarti » — Ohrmazd, le Dieu lumineux a lui-même la sienne63. La Terre physique et tous les ê
5090 Fravarti » — Ohrmazd, le Dieu lumineux a lui-même la sienne63. La Terre physique et tous les êtres qui l’habitent apparais
5091 Ohrmazd, le Dieu lumineux a lui-même la sienne63. La Terre physique et tous les êtres qui l’habitent apparaissent ainsi co
5092 a lui-même la sienne63. La Terre physique et tous les êtres qui l’habitent apparaissent ainsi comme la contrepartie visible
5093 sienne63. La Terre physique et tous les êtres qui l’ habitent apparaissent ainsi comme la contrepartie visible du monde inv
5094 les êtres qui l’habitent apparaissent ainsi comme la contrepartie visible du monde invisible, mais premier, des archétypes
5095 du monde invisible, mais premier, des archétypes. L’ événement majeur, la scène capitale du drame de la personne ainsi cons
5096 mais premier, des archétypes. L’événement majeur, la scène capitale du drame de la personne ainsi constituée se produit à
5097 L’événement majeur, la scène capitale du drame de la personne ainsi constituée se produit à l’aube de la troisième nuit qu
5098 rame de la personne ainsi constituée se produit à l’ aube de la troisième nuit qui suit la mort terrestre : c’est la rencon
5099 se produit à l’aube de la troisième nuit qui suit la mort terrestre : c’est la rencontre de l’âme avec son moi céleste à l
5100 troisième nuit qui suit la mort terrestre : c’est la rencontre de l’âme avec son moi céleste à l’entrée du pont Chinvat. D
5101 ui suit la mort terrestre : c’est la rencontre de l’ âme avec son moi céleste à l’entrée du pont Chinvat. Dans un paysage n
5102 ’est la rencontre de l’âme avec son moi céleste à l’ entrée du pont Chinvat. Dans un paysage nimbé de la Lumière-de-Gloire
5103 ’entrée du pont Chinvat. Dans un paysage nimbé de la Lumière-de-Gloire restituant toutes choses et tous les êtres dans leu
5104 umière-de-Gloire restituant toutes choses et tous les êtres dans leur pureté paradisiaque, « dans un décor de montagnes fla
5105 mboyant aux aurores, d’eaux célestes où croissent les plantes d’immortalité », au centre du monde spirituel (qui est le mon
5106 ortalité », au centre du monde spirituel (qui est le monde réel des Archétypes), le pont Chinvat s’élance, reliant un somm
5107 spirituel (qui est le monde réel des Archétypes), le pont Chinvat s’élance, reliant un sommet au monde des Lumières infini
5108 Lumières infinies. À son entrée, se dresse devant l’ âme sa Dâenâ, son moi céleste, jeune femme d’une beauté resplendissant
5109 nte et qui lui dit : — Je suis toi-même ! Mais si l’ homme sur la Terre a maltraité son moi, au lieu de la Fravarti, c’est
5110 ui dit : — Je suis toi-même ! Mais si l’homme sur la Terre a maltraité son moi, au lieu de la Fravarti, c’est une appariti
5111 omme sur la Terre a maltraité son moi, au lieu de la Fravarti, c’est une apparition monstrueuse et défigurée qui reflète s
5112 strueuse et défigurée qui reflète son état déchu. La « rencontre aurorale » avec le moi céleste figure donc une pesée des
5113 te son état déchu. La « rencontre aurorale » avec le moi céleste figure donc une pesée des âmes. Le mazdéisme, comme plus
5114 ec le moi céleste figure donc une pesée des âmes. Le mazdéisme, comme plus tard les soufis, et comme le christianisme véri
5115 une pesée des âmes. Le mazdéisme, comme plus tard les soufis, et comme le christianisme véritable, ne demande pas d’abord c
5116 e mazdéisme, comme plus tard les soufis, et comme le christianisme véritable, ne demande pas d’abord ce qu’est l’homme, ma
5117 nisme véritable, ne demande pas d’abord ce qu’est l’ homme, mais qui es-tu ? Toute réalité dernière est personnelle. Le vra
5118 i es-tu ? Toute réalité dernière est personnelle. Le vrai moi est ailleurs, mais son drame ici-bas. L’absolu, ou la nég
5119 vrai moi est ailleurs, mais son drame ici-bas. L’ absolu, ou la négation du moi Les peuples des régions que l’Europe
5120 ailleurs, mais son drame ici-bas. L’absolu, ou la négation du moi Les peuples des régions que l’Europe nomme Asie di
5121 me ici-bas. L’absolu, ou la négation du moi Les peuples des régions que l’Europe nomme Asie diffèrent bien plus entre
5122 la négation du moi Les peuples des régions que l’ Europe nomme Asie diffèrent bien plus entre eux que les peuples de l’E
5123 rope nomme Asie diffèrent bien plus entre eux que les peuples de l’Europe, mais s’il est une croyance qu’ils ont tous en co
5124 diffèrent bien plus entre eux que les peuples de l’ Europe, mais s’il est une croyance qu’ils ont tous en commun c’est la
5125 est une croyance qu’ils ont tous en commun c’est la croyance à la métempsycose, à la transmigration des âmes. Or elle nou
5126 nce qu’ils ont tous en commun c’est la croyance à la métempsycose, à la transmigration des âmes. Or elle nous semble à pre
5127 en commun c’est la croyance à la métempsycose, à la transmigration des âmes. Or elle nous semble à première vue impliquer
5128 mble à première vue impliquer comme allant de soi la croyance en un moi reconnaissable au travers de ses vies successives.
5129 ssable au travers de ses vies successives. Car si le moi n’existe pas, qu’est-ce qui transmigre64 ? Mais ce moi, cet ego,
5130 cette entité distincte, voilà précisément ce que les doctrines de l’Inde, ou nées en Inde comme le bouddhisme, dénoncent d
5131 tincte, voilà précisément ce que les doctrines de l’ Inde, ou nées en Inde comme le bouddhisme, dénoncent depuis des millén
5132 ue les doctrines de l’Inde, ou nées en Inde comme le bouddhisme, dénoncent depuis des millénaires comme l’illusion fondame
5133 ouddhisme, dénoncent depuis des millénaires comme l’ illusion fondamentale. Il y aurait donc malentendu fondamental entre l
5134 le. Il y aurait donc malentendu fondamental entre les peuples et leurs sages, entre la religion des uns et la métaphysique
5135 ndamental entre les peuples et leurs sages, entre la religion des uns et la métaphysique des autres ? En fait, on ne voit
5136 ples et leurs sages, entre la religion des uns et la métaphysique des autres ? En fait, on ne voit pas les Sages de l’Asie
5137 métaphysique des autres ? En fait, on ne voit pas les Sages de l’Asie dénoncer sans relâche, comme on pourrait s’y attendre
5138 des autres ? En fait, on ne voit pas les Sages de l’ Asie dénoncer sans relâche, comme on pourrait s’y attendre, les croyan
5139 cer sans relâche, comme on pourrait s’y attendre, les croyances populaires de leurs contrées ; c’est bien plutôt à notre id
5140 eurs contrées ; c’est bien plutôt à notre idée de la personne qu’ils opposent leur idée du non-moi. Le vrai malentendu se
5141 la personne qu’ils opposent leur idée du non-moi. Le vrai malentendu se serait-il instauré entre eux et nous ? Entre cela
5142 s pensent que nous croyons lorsque nous affirmons le moi réel, et cela que nous pensons qu’ils croient en le niant ? Nous
5143 réel, et cela que nous pensons qu’ils croient en le niant ? Nous avancerons peut-être un peu en cherchant à nous représen
5144 premiers commentaires aux Vedas, il apparaît que la négation du moi porte d’abord contre le moi « phénoménal », c’est-à-d
5145 araît que la négation du moi porte d’abord contre le moi « phénoménal », c’est-à-dire contre l’homme naturel, exemplaire a
5146 contre le moi « phénoménal », c’est-à-dire contre l’ homme naturel, exemplaire animal transitoire et « aveugle », enveloppe
5147 scurcissante d’une âme divine. Ainsi parlent tous les upanishads, et les premiers écrits canoniques du bouddhisme : il faut
5148 crits canoniques du bouddhisme : il faut éteindre le désir individuel, cause de l’erreur, des souffrances et de la mort, d
5149  : il faut éteindre le désir individuel, cause de l’ erreur, des souffrances et de la mort, dissiper cet écran de matière e
5150 ividuel, cause de l’erreur, des souffrances et de la mort, dissiper cet écran de matière entre l’âme et la Réalité. On peu
5151 t de la mort, dissiper cet écran de matière entre l’ âme et la Réalité. On peut penser qu’il s’agit bien ici de la même « m
5152 ort, dissiper cet écran de matière entre l’âme et la Réalité. On peut penser qu’il s’agit bien ici de la même « mort au mo
5153 Réalité. On peut penser qu’il s’agit bien ici de la même « mort au monde et à soi-même » que le Christ exige de ses disci
5154 ci de la même « mort au monde et à soi-même » que le Christ exige de ses disciples, et qui est la condition de leur access
5155 que le Christ exige de ses disciples, et qui est la condition de leur accession à leur vrai moi spirituel, celui qui doit
5156 ndividuelle mais « obscurcie » par son union avec le corps. Elle doit tendre à se libérer du phénomène individuel au lieu
5157 à se libérer du phénomène individuel au lieu que l’ âme chrétienne doit le transfigurer, — d’où la « résurrection de la ch
5158 mène individuel au lieu que l’âme chrétienne doit le transfigurer, — d’où la « résurrection de la chair ». Il en va de mêm
5159 que l’âme chrétienne doit le transfigurer, — d’où la « résurrection de la chair ». Il en va de même pour le bouddhisme ori
5160 doit le transfigurer, — d’où la « résurrection de la chair ». Il en va de même pour le bouddhisme originel. Qu’est-ce que
5161 résurrection de la chair ». Il en va de même pour le bouddhisme originel. Qu’est-ce que l’homme ? Un ensemble transitoire
5162 e même pour le bouddhisme originel. Qu’est-ce que l’ homme ? Un ensemble transitoire d’agrégats matériels et de formations
5163 s mentales en proie au désir égoïste, qui naît de l’ ignorance et qui entraîne fatalement les attachements à l’illusoire ;
5164 ui naît de l’ignorance et qui entraîne fatalement les attachements à l’illusoire ; d’où l’action, le devenir, la mort, et l
5165 nce et qui entraîne fatalement les attachements à l’ illusoire ; d’où l’action, le devenir, la mort, et la roue des retours
5166 fatalement les attachements à l’illusoire ; d’où l’ action, le devenir, la mort, et la roue des retours sans fin. « Inconn
5167 t les attachements à l’illusoire ; d’où l’action, le devenir, la mort, et la roue des retours sans fin. « Inconnaissable e
5168 ements à l’illusoire ; d’où l’action, le devenir, la mort, et la roue des retours sans fin. « Inconnaissable est le commen
5169 llusoire ; d’où l’action, le devenir, la mort, et la roue des retours sans fin. « Inconnaissable est le commencement des ê
5170 a roue des retours sans fin. « Inconnaissable est le commencement des êtres enveloppés par l’ignorance, et que le désir co
5171 able est le commencement des êtres enveloppés par l’ ignorance, et que le désir conduit à de criminelles renaissances.65 »
5172 ment des êtres enveloppés par l’ignorance, et que le désir conduit à de criminelles renaissances.65 » Le but est donc « de
5173 désir conduit à de criminelles renaissances.65 » Le but est donc « de nous apprendre le moyen de ne pas renaître », nous
5174 issances.65 » Le but est donc « de nous apprendre le moyen de ne pas renaître », nous dit une moderne interprète du bouddh
5175 du continent, un interprète du zen fait écho : «  La négation de l’Atman énoncée par les premiers bouddhistes porte sur l’
5176 un interprète du zen fait écho : « La négation de l’ Atman énoncée par les premiers bouddhistes porte sur l’Atman de l’ego
5177 an énoncée par les premiers bouddhistes porte sur l’ Atman de l’ego relatif, non sur l’Atman de l’ego absolu, l’ego d’après
5178 par les premiers bouddhistes porte sur l’Atman de l’ ego relatif, non sur l’Atman de l’ego absolu, l’ego d’après l’expérien
5179 istes porte sur l’Atman de l’ego relatif, non sur l’ Atman de l’ego absolu, l’ego d’après l’expérience illuminante.67 » Ou
5180 sur l’Atman de l’ego relatif, non sur l’Atman de l’ ego absolu, l’ego d’après l’expérience illuminante.67 » Ou dans le san
5181 e l’ego relatif, non sur l’Atman de l’ego absolu, l’ ego d’après l’expérience illuminante.67 » Ou dans le sanscrit du Boudd
5182 f, non sur l’Atman de l’ego absolu, l’ego d’après l’ expérience illuminante.67 » Ou dans le sanscrit du Bouddha : Sabbe s
5183 ego d’après l’expérience illuminante.67 » Ou dans le sanscrit du Bouddha : Sabbe sankhara anicca Sabbe sankhara dukkha S
5184 s Toutes choses composées sont souffrantes Toutes les choses sont sans moi.68) Si D. T. Suzuki peut écrire après cela : « 
5185 8) Si D. T. Suzuki peut écrire après cela : « On le voit, l’expérience personnelle est le fondement de la philosophie bou
5186 T. Suzuki peut écrire après cela : « On le voit, l’ expérience personnelle est le fondement de la philosophie bouddhiste »
5187 cela : « On le voit, l’expérience personnelle est le fondement de la philosophie bouddhiste », comprenons qu’il s’agit pou
5188 oit, l’expérience personnelle est le fondement de la philosophie bouddhiste », comprenons qu’il s’agit pour lui d’une expé
5189 expérience rigoureusement spirituelle. En somme, l’ adversaire principal des védantins comme des premiers bouddhistes, ce
5190 mme des premiers bouddhistes, ce n’est pas encore la personne, mais l’obstination de l’ego qui veut durer au-delà de la mo
5191 ouddhistes, ce n’est pas encore la personne, mais l’ obstination de l’ego qui veut durer au-delà de la mort sans rien compr
5192 est pas encore la personne, mais l’obstination de l’ ego qui veut durer au-delà de la mort sans rien comprendre aux conditi
5193 l’obstination de l’ego qui veut durer au-delà de la mort sans rien comprendre aux conditions de cette survie, sans purifi
5194 onditions de cette survie, sans purifier d’avance le jiva — sans s’ordonner d’avance, dirions-nous, aux exigences du vrai
5195 es buts majeurs des méthodes spirituelles soit de l’ empêcher de renaître69 ! Mais vient le second stade, où les spirituel
5196 r de renaître69 ! Mais vient le second stade, où les spirituels s’opposent même à l’ego absolu, à la réalité de l’âme dist
5197 second stade, où les spirituels s’opposent même à l’ ego absolu, à la réalité de l’âme distincte. Le soi de chacun se confo
5198 les spirituels s’opposent même à l’ego absolu, à la réalité de l’âme distincte. Le soi de chacun se confond avec le Soi d
5199 s s’opposent même à l’ego absolu, à la réalité de l’ âme distincte. Le soi de chacun se confond avec le Soi de l’Immensité,
5200 à l’ego absolu, à la réalité de l’âme distincte. Le soi de chacun se confond avec le Soi de l’Immensité, ou du Brahma. Qu
5201 l’âme distincte. Le soi de chacun se confond avec le Soi de l’Immensité, ou du Brahma. Qu’est-ce que l’âme ? Une monade, d
5202 incte. Le soi de chacun se confond avec le Soi de l’ Immensité, ou du Brahma. Qu’est-ce que l’âme ? Une monade, disent les
5203 e Soi de l’Immensité, ou du Brahma. Qu’est-ce que l’ âme ? Une monade, disent les uns. Un reflet du Brahma, disent les autr
5204 Brahma. Qu’est-ce que l’âme ? Une monade, disent les uns. Un reflet du Brahma, disent les autres. Non, répondent les advaï
5205 nade, disent les uns. Un reflet du Brahma, disent les autres. Non, répondent les advaïtins : c’est Brahma ou ce n’est rien.
5206 flet du Brahma, disent les autres. Non, répondent les advaïtins : c’est Brahma ou ce n’est rien. Et tu n’es rien. Et de leu
5207 u ce n’est rien. Et tu n’es rien. Et de leur côté les bouddhistes (mais le tao chinois et le shinto nippon disent à peu prè
5208 n’es rien. Et de leur côté les bouddhistes (mais le tao chinois et le shinto nippon disent à peu près les mêmes phrases) 
5209 leur côté les bouddhistes (mais le tao chinois et le shinto nippon disent à peu près les mêmes phrases) : « Nagasena, exis
5210 tao chinois et le shinto nippon disent à peu près les mêmes phrases) : « Nagasena, existe-t-il un être qui transmigre de ce
5211 ne réincarnation ? — Oui, c’est possible. » Voici l’ explication : « Le Roi dit : Nagasena, y a-t-il quelqu’un qui ne repre
5212 — Oui, c’est possible. » Voici l’explication : «  Le Roi dit : Nagasena, y a-t-il quelqu’un qui ne reprenne point l’indivi
5213 agasena, y a-t-il quelqu’un qui ne reprenne point l’ individualité après la mort ? Nagasena répondit : Celui qui a péché r
5214 qu’un qui ne reprenne point l’individualité après la mort ? Nagasena répondit : Celui qui a péché reprend une individuali
5215 Nagasena, dis-moi s’il existe rien de semblable à l’ âme ? — Il n’y a rien de semblable à l’âme.70 » Un texte zen chinois s
5216 emblable à l’âme ? — Il n’y a rien de semblable à l’ âme.70 » Un texte zen chinois surenchérit : « Y a-t-il un enseignement
5217 ne jamais au peuple cette leçon. On s’en garde !) Les spirituels hindous cherchent le samadhi, qui est l’absorption totale
5218 On s’en garde !) Les spirituels hindous cherchent le samadhi, qui est l’absorption totale dans l’Absolu du Soi : le grand
5219 spirituels hindous cherchent le samadhi, qui est l’ absorption totale dans l’Absolu du Soi : le grand sommeil, lentement a
5220 hent le samadhi, qui est l’absorption totale dans l’ Absolu du Soi : le grand sommeil, lentement atteint, et qu’on peut app
5221 ui est l’absorption totale dans l’Absolu du Soi : le grand sommeil, lentement atteint, et qu’on peut appeler l’enstase. Et
5222 sommeil, lentement atteint, et qu’on peut appeler l’ enstase. Et les mystiques chrétiens cherchent l’extase. Quant aux boud
5223 ment atteint, et qu’on peut appeler l’enstase. Et les mystiques chrétiens cherchent l’extase. Quant aux bouddhistes zen, on
5224 r l’enstase. Et les mystiques chrétiens cherchent l’ extase. Quant aux bouddhistes zen, on dirait qu’ils s’en tiennent à la
5225 bouddhistes zen, on dirait qu’ils s’en tiennent à la stase pure et simple : faire face au fait, signe du Tout, et donc du
5226 , signe du Tout, et donc du Vide. Leur satori est le contraire du samadhi : c’est un éveil instantané. Éveil de quoi ? De
5227 i : c’est un éveil instantané. Éveil de quoi ? De la vision-en-soi, du Cela qui n’est pas personnel et se joue à travers n
5228 sonnel et se joue à travers notre moi. Ainsi tout l’ Orient des doctrines, — et en même temps l’Orient des peuples et sa cr
5229 i tout l’Orient des doctrines, — et en même temps l’ Orient des peuples et sa croyance en la transmigration… Mais voici le
5230 même temps l’Orient des peuples et sa croyance en la transmigration… Mais voici le moment d’ajuster la vision. Tout l’Orie
5231 s et sa croyance en la transmigration… Mais voici le moment d’ajuster la vision. Tout l’Orient exagère ses formules. Il di
5232 la transmigration… Mais voici le moment d’ajuster la vision. Tout l’Orient exagère ses formules. Il dit cent-mille-million
5233 n… Mais voici le moment d’ajuster la vision. Tout l’ Orient exagère ses formules. Il dit cent-mille-millions pour dire beau
5234 évité. Notre hygiène, augmentant de cinquante ans la durée moyenne de la vie, serait alors une « recette d’immortalité ».
5235 , augmentant de cinquante ans la durée moyenne de la vie, serait alors une « recette d’immortalité ». Et même la seule qui
5236 rait alors une « recette d’immortalité ». Et même la seule qui ait réussi. Apprenons donc à lire dans leur optique. Le mêm
5237 réussi. Apprenons donc à lire dans leur optique. Le même Kitaro Nishida qui écrit ceci : « La valeur religieuse signifie
5238 ptique. Le même Kitaro Nishida qui écrit ceci : «  La valeur religieuse signifie l’absolue négation du moi », ajoute trois
5239 qui écrit ceci : « La valeur religieuse signifie l’ absolue négation du moi », ajoute trois pages plus loin « Nous devenon
5240 s plus loin « Nous devenons vraies personnes dans la mesure où nous faisons face à l’Un tout-transcendant.71 » (Ce qui est
5241 ’Un tout-transcendant.71 » (Ce qui est chrétien.) Le même Chang Chen-Chi qui cite ce koan : Parfois, j’arrache la personn
5242 g Chen-Chi qui cite ce koan : Parfois, j’arrache la personne mais sauve l’objet. Parfois j’arrache l’objet, mais sauve la
5243 koan : Parfois, j’arrache la personne mais sauve l’ objet. Parfois j’arrache l’objet, mais sauve la personne. Parfois, j’a
5244 la personne mais sauve l’objet. Parfois j’arrache l’ objet, mais sauve la personne. Parfois, j’arrache en même temps l’obje
5245 ve l’objet. Parfois j’arrache l’objet, mais sauve la personne. Parfois, j’arrache en même temps l’objet et la personne. Pa
5246 uve la personne. Parfois, j’arrache en même temps l’ objet et la personne. Parfois, je n’arrache ni l’objet ni la personne.
5247 onne. Parfois, j’arrache en même temps l’objet et la personne. Parfois, je n’arrache ni l’objet ni la personne. Le même c
5248 l’objet et la personne. Parfois, je n’arrache ni l’ objet ni la personne. Le même commente : « Supprimer la personne et s
5249 la personne. Parfois, je n’arrache ni l’objet ni la personne. Le même commente : « Supprimer la personne et sauver l’obj
5250 Parfois, je n’arrache ni l’objet ni la personne. Le même commente : « Supprimer la personne et sauver l’objet signifie él
5251 t ni la personne. Le même commente : « Supprimer la personne et sauver l’objet signifie éliminer le questionneur, non sa
5252 même commente : « Supprimer la personne et sauver l’ objet signifie éliminer le questionneur, non sa question. Et les trois
5253 r la personne et sauver l’objet signifie éliminer le questionneur, non sa question. Et les trois autres distinctions s’exp
5254 fie éliminer le questionneur, non sa question. Et les trois autres distinctions s’expliquent de la même manière. » Puis il
5255 Et les trois autres distinctions s’expliquent de la même manière. » Puis il ajoute : « Si le disciple est exceptionnellem
5256 quent de la même manière. » Puis il ajoute : « Si le disciple est exceptionnellement doué, le maître ne touche ni à la per
5257 e : « Si le disciple est exceptionnellement doué, le maître ne touche ni à la personne, ni à l’objet. » Enfin ceci : « Ain
5258 exceptionnellement doué, le maître ne touche ni à la personne, ni à l’objet. » Enfin ceci : « Ainsi que Bodhidharma (le fo
5259 doué, le maître ne touche ni à la personne, ni à l’ objet. » Enfin ceci : « Ainsi que Bodhidharma (le fondateur du zen) l’
5260 l’objet. » Enfin ceci : « Ainsi que Bodhidharma ( le fondateur du zen) l’a déclaré, zen ne se soucie pas de disserter sur
5261 i : « Ainsi que Bodhidharma (le fondateur du zen) l’ a déclaré, zen ne se soucie pas de disserter sur des notions abstruses
5262 serter sur des notions abstruses telles que Dieu, la Vérité ; ce que zen demande au disciple, c’est de voir sa propre Phys
5263 , c’est de voir sa propre Physionomie. » Or comme le disait le sixième Patriarche de la secte (638-713) : « Ne pense pas a
5264 ie. » Or comme le disait le sixième Patriarche de la secte (638-713) : « Ne pense pas au bien ni au mal, mais regarde ce q
5265 partir d’un certain bouddhisme — et certainement le mazdéisme et les soufis : il s’agit d’une seule quête de l’esprit, do
5266 tain bouddhisme — et certainement le mazdéisme et les soufis : il s’agit d’une seule quête de l’esprit, dont le Graal, ou l
5267 me et les soufis : il s’agit d’une seule quête de l’ esprit, dont le Graal, ou l’Ange, est : toi-même. ⁂ Les différences ne
5268 s : il s’agit d’une seule quête de l’esprit, dont le Graal, ou l’Ange, est : toi-même. ⁂ Les différences ne sont donc pas
5269 d’une seule quête de l’esprit, dont le Graal, ou l’ Ange, est : toi-même. ⁂ Les différences ne sont donc pas où l’on croya
5270 prit, dont le Graal, ou l’Ange, est : toi-même. ⁂ Les différences ne sont donc pas où l’on croyait, ne sont jamais exacteme
5271 : toi-même. ⁂ Les différences ne sont donc pas où l’ on croyait, ne sont jamais exactement ce que l’on croyait. Si nous sou
5272 où l’on croyait, ne sont jamais exactement ce que l’ on croyait. Si nous souhaitons préciser leur nature, c’est dans les no
5273 nous souhaitons préciser leur nature, c’est dans les notions de l’amour traduisant ces trois conceptions, que nous avons l
5274 s préciser leur nature, c’est dans les notions de l’ amour traduisant ces trois conceptions, que nous avons les plus grande
5275 traduisant ces trois conceptions, que nous avons les plus grandes chances de les trouver. Dans ce domaine, toute différenc
5276 tions, que nous avons les plus grandes chances de les trouver. Dans ce domaine, toute différence reconnue peut être vérifié
5277 toute différence reconnue peut être vérifiée par l’ expérience intime, et promet au dialogue des spirituels un élargisseme
5278 et au dialogue des spirituels un élargissement de la conscience que chacun prendra de son bien. Tandis qu’au plan de l’ant
5279 chacun prendra de son bien. Tandis qu’au plan de l’ anthropologie plus ou moins « scientifique » de ce siècle, il semblera
5280 « scientifique » de ce siècle, il semblerait que les négations du moi selon les écoles orientales correspondent simplement
5281 cle, il semblerait que les négations du moi selon les écoles orientales correspondent simplement aux névroses de la psychan
5282 ientales correspondent simplement aux névroses de la psychanalyse freudienne : elles seraient autant de « rationalisations
5283 des attitudes « dysfonctionnelles » qui menacent l’ intégrité du moi et qui nient ou détruisent la personne… Mais l’Orient
5284 ent l’intégrité du moi et qui nient ou détruisent la personne… Mais l’Oriental sourit et nous laisse « nos » problèmes.
5285 moi et qui nient ou détruisent la personne… Mais l’ Oriental sourit et nous laisse « nos » problèmes. Trois écoles de l
5286 nous laisse « nos » problèmes. Trois écoles de l’ amour Si l’amour est le premier moteur non seulement de l’homme mai
5287 nos » problèmes. Trois écoles de l’amour Si l’ amour est le premier moteur non seulement de l’homme mais du monde, c’
5288 Si l’amour est le premier moteur non seulement de l’ homme mais du monde, c’est son action qui configure l’idée du moi que
5289 mme mais du monde, c’est son action qui configure l’ idée du moi que nous nous faisons, et cette idée du moi révèle l’amour
5290 ue nous nous faisons, et cette idée du moi révèle l’ amour, comme la structure de l’atome traduit certaines propriétés de l
5291 isons, et cette idée du moi révèle l’amour, comme la structure de l’atome traduit certaines propriétés de l’énergie. « C’e
5292 idée du moi révèle l’amour, comme la structure de l’ atome traduit certaines propriétés de l’énergie. « C’est l’amour domin
5293 ucture de l’atome traduit certaines propriétés de l’ énergie. « C’est l’amour dominant qui fait l’homme… L’homme est absolu
5294 raduit certaines propriétés de l’énergie. « C’est l’ amour dominant qui fait l’homme… L’homme est absolument tel qu’est l’a
5295 s de l’énergie. « C’est l’amour dominant qui fait l’ homme… L’homme est absolument tel qu’est l’amour dominant de sa vie :
5296 ergie. « C’est l’amour dominant qui fait l’homme… L’ homme est absolument tel qu’est l’amour dominant de sa vie : selon (ce
5297 i fait l’homme… L’homme est absolument tel qu’est l’ amour dominant de sa vie : selon (cet amour) se fait son ciel, s’il es
5298 on enfer, s’il est mauvais », dit Swedenborg dans La Nouvelle Jérusalem. Et dans De Coelo, il ajoute : « Le corps de chaqu
5299 uvelle Jérusalem. Et dans De Coelo, il ajoute : «  Le corps de chaque esprit et de chaque ange est la forme de son amour.73
5300 « Le corps de chaque esprit et de chaque ange est la forme de son amour.73 » Les trois notions de l’homme que l’on vient d
5301 et de chaque ange est la forme de son amour.73 » Les trois notions de l’homme que l’on vient d’évoquer nous apparaissent a
5302 t la forme de son amour.73 » Les trois notions de l’ homme que l’on vient d’évoquer nous apparaissent alors comme autant de
5303 e son amour.73 » Les trois notions de l’homme que l’ on vient d’évoquer nous apparaissent alors comme autant de modèles d’u
5304 lors comme autant de modèles d’une énergétique de l’ amour, ou comme autant d’effets de son action configurante et composan
5305 de son action configurante et composante. Et nous les voyons différer d’une manière subtile mais précise par la forme des r
5306 s différer d’une manière subtile mais précise par la forme des rapports qu’elles imaginent entre le moi naturel et le vrai
5307 ar la forme des rapports qu’elles imaginent entre le moi naturel et le vrai moi, c’est-à-dire selon les langages, entre le
5308 pports qu’elles imaginent entre le moi naturel et le vrai moi, c’est-à-dire selon les langages, entre les phénomènes et le
5309 le moi naturel et le vrai moi, c’est-à-dire selon les langages, entre les phénomènes et le noumène, l’individu et la person
5310 vrai moi, c’est-à-dire selon les langages, entre les phénomènes et le noumène, l’individu et la personne, l’âme et l’ange,
5311 -dire selon les langages, entre les phénomènes et le noumène, l’individu et la personne, l’âme et l’ange, l’ego et le Soi.
5312 les langages, entre les phénomènes et le noumène, l’ individu et la personne, l’âme et l’ange, l’ego et le Soi. Observons q
5313 entre les phénomènes et le noumène, l’individu et la personne, l’âme et l’ange, l’ego et le Soi. Observons que les trois p
5314 nomènes et le noumène, l’individu et la personne, l’ âme et l’ange, l’ego et le Soi. Observons que les trois partent d’une
5315 t le noumène, l’individu et la personne, l’âme et l’ ange, l’ego et le Soi. Observons que les trois partent d’une dualité s
5316 mène, l’individu et la personne, l’âme et l’ange, l’ ego et le Soi. Observons que les trois partent d’une dualité sans laqu
5317 ndividu et la personne, l’âme et l’ange, l’ego et le Soi. Observons que les trois partent d’une dualité sans laquelle ni l
5318 , l’âme et l’ange, l’ego et le Soi. Observons que les trois partent d’une dualité sans laquelle ni l’homme ni l’amour ne se
5319 les trois partent d’une dualité sans laquelle ni l’ homme ni l’amour ne seraient même concevables. Il ne s’agit ici ni du
5320 partent d’une dualité sans laquelle ni l’homme ni l’ amour ne seraient même concevables. Il ne s’agit ici ni du dualisme tr
5321 ualisme trop facilement nommé manichéen, opposant le Bien et le Mal comme deux principes préexistants ; ni tout à fait des
5322 p facilement nommé manichéen, opposant le Bien et le Mal comme deux principes préexistants ; ni tout à fait des « deux hom
5323  ; ni tout à fait des « deux hommes en moi » dont la lutte fait gémir saint Paul ; mais, préalablement à tout jugement mor
5324 préalablement à tout jugement moral, il s’agit de la reconnaissance d’une bipolarité, d’une tension permanente entre l’ind
5325 d’une bipolarité, d’une tension permanente entre l’ individu et le « vrai moi ». (L’individu n’est pas le mal en soi : il
5326 ité, d’une tension permanente entre l’individu et le « vrai moi ». (L’individu n’est pas le mal en soi : il ne devient mau
5327 permanente entre l’individu et le « vrai moi ». ( L’ individu n’est pas le mal en soi : il ne devient mauvais que dans la s
5328 ndividu et le « vrai moi ». (L’individu n’est pas le mal en soi : il ne devient mauvais que dans la seule mesure où il se
5329 as le mal en soi : il ne devient mauvais que dans la seule mesure où il se referme sur soi, c’est-à-dire se refuse à l’amo
5330 ù il se referme sur soi, c’est-à-dire se refuse à l’ amour. Et de même le « vrai moi » n’est pas le bien en soi, car il peu
5331 soi, c’est-à-dire se refuse à l’amour. Et de même le « vrai moi » n’est pas le bien en soi, car il peut devenir un monstre
5332 e à l’amour. Et de même le « vrai moi » n’est pas le bien en soi, car il peut devenir un monstre.) Pour aimer, il faut êtr
5333 r un monstre.) Pour aimer, il faut être deux, dit la sagesse des nations. Et cela vaut d’abord pour l’amour de soi-même, s
5334 la sagesse des nations. Et cela vaut d’abord pour l’ amour de soi-même, sans lequel point d’amour du prochain. Tous les mor
5335 même, sans lequel point d’amour du prochain. Tous les moralistes du monde s’accordent avec les spirituels dans leur condamn
5336 in. Tous les moralistes du monde s’accordent avec les spirituels dans leur condamnation de l’égoïsme, qui est l’impérialism
5337 ent avec les spirituels dans leur condamnation de l’ égoïsme, qui est l’impérialisme de l’ego naturel et sa fermeture autar
5338 uels dans leur condamnation de l’égoïsme, qui est l’ impérialisme de l’ego naturel et sa fermeture autarcique. Mais les mot
5339 damnation de l’égoïsme, qui est l’impérialisme de l’ ego naturel et sa fermeture autarcique. Mais les motifs de cette conda
5340 de l’ego naturel et sa fermeture autarcique. Mais les motifs de cette condamnation ne sont pas les mêmes : les moralistes j
5341 Mais les motifs de cette condamnation ne sont pas les mêmes : les moralistes jugent au nom de la société, les spirituels au
5342 ifs de cette condamnation ne sont pas les mêmes : les moralistes jugent au nom de la société, les spirituels au nom de l’am
5343 t pas les mêmes : les moralistes jugent au nom de la société, les spirituels au nom de l’amour. Nous n’invoquerons ici que
5344 mes : les moralistes jugent au nom de la société, les spirituels au nom de l’amour. Nous n’invoquerons ici que les seconds.
5345 nt au nom de la société, les spirituels au nom de l’ amour. Nous n’invoquerons ici que les seconds. L’école chrétienne
5346 amour. Nous n’invoquerons ici que les seconds. L’ école chrétienne Dans une vue chrétienne de l’homme, l’amour de soi
5347 L’école chrétienne Dans une vue chrétienne de l’ homme, l’amour de soi est le rapport positif entre l’individu et le vr
5348 chrétienne Dans une vue chrétienne de l’homme, l’ amour de soi est le rapport positif entre l’individu et le vrai moi. L
5349 une vue chrétienne de l’homme, l’amour de soi est le rapport positif entre l’individu et le vrai moi. Le second commandeme
5350 omme, l’amour de soi est le rapport positif entre l’ individu et le vrai moi. Le second commandement qui résume toute la Lo
5351 de soi est le rapport positif entre l’individu et le vrai moi. Le second commandement qui résume toute la Loi et les Proph
5352 vrai moi. Le second commandement qui résume toute la Loi et les Prophètes : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même », su
5353 Le second commandement qui résume toute la Loi et les Prophètes : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même », suppose évide
5354 », suppose évidemment un moi duel, au sein duquel l’ amour s’instaure d’une manière telle que s’aimer et aimer le prochain
5355 instaure d’une manière telle que s’aimer et aimer le prochain soit un même acte : sinon le comme n’aurait pas son plein se
5356 er et aimer le prochain soit un même acte : sinon le comme n’aurait pas son plein sens. Dans l’amour de soi-même, l’homme
5357 sinon le comme n’aurait pas son plein sens. Dans l’ amour de soi-même, l’homme naturel s’ouvre à l’action du vrai moi spir
5358 ait pas son plein sens. Dans l’amour de soi-même, l’ homme naturel s’ouvre à l’action du vrai moi spirituel et se laisse tr
5359 ns l’amour de soi-même, l’homme naturel s’ouvre à l’ action du vrai moi spirituel et se laisse transformer, réorienter par
5360 se laisse transformer, réorienter par lui. C’est le vrai moi qui aime, qui est l’agent de l’amour. Ce vrai moi seul peut
5361 nter par lui. C’est le vrai moi qui aime, qui est l’ agent de l’amour. Ce vrai moi seul peut aimer le prochain, parce que s
5362 i. C’est le vrai moi qui aime, qui est l’agent de l’ amour. Ce vrai moi seul peut aimer le prochain, parce que seul il disc
5363 t l’agent de l’amour. Ce vrai moi seul peut aimer le prochain, parce que seul il discerne en l’autre le même amour. « Aime
5364 e prochain, parce que seul il discerne en l’autre le même amour. « Aimer, c’est soutenir, deviner, porter le meilleur de c
5365 e amour. « Aimer, c’est soutenir, deviner, porter le meilleur de ce qu’on aime », disait Alain. Or le meilleur de l’autre
5366 le meilleur de ce qu’on aime », disait Alain. Or le meilleur de l’autre — comme de soi — est sa vocation singulière. Aime
5367 comme de soi — est sa vocation singulière. Aimer le prochain dans sa personne, c’est discerner sa singularité, sa vocatio
5368 rner sa singularité, sa vocation, même virtuelle, la soutenir et l’aider à naître. Ainsi l’amour dans sa réalité totale, i
5369 rité, sa vocation, même virtuelle, la soutenir et l’ aider à naître. Ainsi l’amour dans sa réalité totale, intégrant l’anim
5370 virtuelle, la soutenir et l’aider à naître. Ainsi l’ amour dans sa réalité totale, intégrant l’animique au spirituel, va to
5371 . Ainsi l’amour dans sa réalité totale, intégrant l’ animique au spirituel, va toujours de personne à personne. Mais alors,
5372 rs de personne à personne. Mais alors, d’où vient la personne ? Quel que soit le nom que lui ont donné les trois religions
5373 ais alors, d’où vient la personne ? Quel que soit le nom que lui ont donné les trois religions abrahamiques, le vrai moi e
5374 personne ? Quel que soit le nom que lui ont donné les trois religions abrahamiques, le vrai moi est toujours suscité par l’
5375 e lui ont donné les trois religions abrahamiques, le vrai moi est toujours suscité par l’Amour même : « Dieu nous a aimés
5376 brahamiques, le vrai moi est toujours suscité par l’ Amour même : « Dieu nous a aimés le premier. » Pour le chrétien, c’est
5377 our même : « Dieu nous a aimés le premier. » Pour le chrétien, c’est parce que Dieu, qui est Amour, est un Dieu personnel,
5378 ur, est un Dieu personnel, dans sa tri-unité, que l’ amour spirituel crée dans l’homme la personne. Si la plus haute valeur
5379 ans sa tri-unité, que l’amour spirituel crée dans l’ homme la personne. Si la plus haute valeur de l’Occident chrétien n’es
5380 ri-unité, que l’amour spirituel crée dans l’homme la personne. Si la plus haute valeur de l’Occident chrétien n’est pas la
5381 amour spirituel crée dans l’homme la personne. Si la plus haute valeur de l’Occident chrétien n’est pas la connaissance dé
5382 s l’homme la personne. Si la plus haute valeur de l’ Occident chrétien n’est pas la connaissance détachée mais le sacrifice
5383 lus haute valeur de l’Occident chrétien n’est pas la connaissance détachée mais le sacrifice personnel, et si le sacrifice
5384 chrétien n’est pas la connaissance détachée mais le sacrifice personnel, et si le sacrifice diffère du suicide — la natur
5385 sance détachée mais le sacrifice personnel, et si le sacrifice diffère du suicide — la nature de l’amour véritable l’expli
5386 ersonnel, et si le sacrifice diffère du suicide — la nature de l’amour véritable l’explique seule. « Personne n’a un plus
5387 si le sacrifice diffère du suicide — la nature de l’ amour véritable l’explique seule. « Personne n’a un plus grand amour q
5388 ffère du suicide — la nature de l’amour véritable l’ explique seule. « Personne n’a un plus grand amour que de donner sa vi
5389 c’est d’abord sacrifier son moi à son vrai moi, —  l’ ordonner à sa vocation. Ou c’est encore se sacrifier tel que l’on est,
5390 sa vocation. Ou c’est encore se sacrifier tel que l’ on est, à soi-même tel qu’on va le devenir par l’esprit. C’est rejoind
5391 crifier tel que l’on est, à soi-même tel qu’on va le devenir par l’esprit. C’est rejoindre la forme immortelle de son être
5392 l’on est, à soi-même tel qu’on va le devenir par l’ esprit. C’est rejoindre la forme immortelle de son être au travers d’u
5393 qu’on va le devenir par l’esprit. C’est rejoindre la forme immortelle de son être au travers d’une « mort à soi-même » tra
5394 « mort à soi-même » transfigurante. Ce modèle de l’ amour et du vrai moi instaure le normal, le sublime, et la problématiq
5395 nte. Ce modèle de l’amour et du vrai moi instaure le normal, le sublime, et la problématique de l’Occident chrétien. Il co
5396 èle de l’amour et du vrai moi instaure le normal, le sublime, et la problématique de l’Occident chrétien. Il conditionne a
5397 et du vrai moi instaure le normal, le sublime, et la problématique de l’Occident chrétien. Il conditionne aussi les déviat
5398 ure le normal, le sublime, et la problématique de l’ Occident chrétien. Il conditionne aussi les déviations de l’amour et l
5399 ique de l’Occident chrétien. Il conditionne aussi les déviations de l’amour et les formes particulières que prennent en Occ
5400 chrétien. Il conditionne aussi les déviations de l’ amour et les formes particulières que prennent en Occident certaines t
5401 Il conditionne aussi les déviations de l’amour et les formes particulières que prennent en Occident certaines tendances mor
5402 ient parfois impossible d’en reconnaître ailleurs les homologues. En voici deux exemples extrêmes. Le masochisme religieux
5403 les homologues. En voici deux exemples extrêmes. Le masochisme religieux, ou haine de soi. Dans son langage dramatique, s
5404 n langage dramatique, saint Paul parle parfois de la haine de soi-même, formule reprise au pied de la lettre par tous les
5405 la haine de soi-même, formule reprise au pied de la lettre par tous les spirituels de tendance ascétique, avec une compla
5406 me, formule reprise au pied de la lettre par tous les spirituels de tendance ascétique, avec une complaisance croissante. J
5407 vec une complaisance croissante. Je sais bien que la haine est l’envers de l’amour, mais comment l’amour fasciné par le dé
5408 aisance croissante. Je sais bien que la haine est l’ envers de l’amour, mais comment l’amour fasciné par le désir de ce qu’
5409 ssante. Je sais bien que la haine est l’envers de l’ amour, mais comment l’amour fasciné par le désir de ce qu’il aime peut
5410 ue la haine est l’envers de l’amour, mais comment l’ amour fasciné par le désir de ce qu’il aime peut-il haïr vraiment ce q
5411 vers de l’amour, mais comment l’amour fasciné par le désir de ce qu’il aime peut-il haïr vraiment ce qu’il lui sacrifie ?
5412 ime peut-il haïr vraiment ce qu’il lui sacrifie ? Le masochisme n’est-il pas le moment de retombement de l’âme frustrée, q
5413 e qu’il lui sacrifie ? Le masochisme n’est-il pas le moment de retombement de l’âme frustrée, quand l’esprit qui l’appelai
5414 sochisme n’est-il pas le moment de retombement de l’ âme frustrée, quand l’esprit qui l’appelait cesse de la diriger dans s
5415 le moment de retombement de l’âme frustrée, quand l’ esprit qui l’appelait cesse de la diriger dans son élan vers le vrai m
5416 retombement de l’âme frustrée, quand l’esprit qui l’ appelait cesse de la diriger dans son élan vers le vrai moi ? Elle vou
5417 frustrée, quand l’esprit qui l’appelait cesse de la diriger dans son élan vers le vrai moi ? Elle voulait l’ange. Il lui
5418 l’appelait cesse de la diriger dans son élan vers le vrai moi ? Elle voulait l’ange. Il lui reste la nostalgie d’une fuite
5419 ger dans son élan vers le vrai moi ? Elle voulait l’ ange. Il lui reste la nostalgie d’une fuite hors du moi naturel. Désor
5420 s le vrai moi ? Elle voulait l’ange. Il lui reste la nostalgie d’une fuite hors du moi naturel. Désormais le vieil homme e
5421 talgie d’une fuite hors du moi naturel. Désormais le vieil homme est jugé : n’ayant pu l’entraîner avec elle vers son bien
5422 l. Désormais le vieil homme est jugé : n’ayant pu l’ entraîner avec elle vers son bien et l’animer de son amour, l’âme l’ac
5423 n’ayant pu l’entraîner avec elle vers son bien et l’ animer de son amour, l’âme l’accuse de volonté mauvaise. Mais elle sai
5424 avec elle vers son bien et l’animer de son amour, l’ âme l’accuse de volonté mauvaise. Mais elle sait bien qu’ils ont parti
5425 lle vers son bien et l’animer de son amour, l’âme l’ accuse de volonté mauvaise. Mais elle sait bien qu’ils ont partie liée
5426 qu’ils ont partie liée, et qu’elle mourra si elle le tue. Elle se contente alors de le maudire, de le traiter en « corps d
5427 mourra si elle le tue. Elle se contente alors de le maudire, de le traiter en « corps de mort », et leurs relations s’emp
5428 le tue. Elle se contente alors de le maudire, de le traiter en « corps de mort », et leurs relations s’empoisonnent. La p
5429 dans cette discorde permanente, dans ce refus que l’ âme oppose au corps, vu comme signe et symbole de la « prison » du moi
5430 âme oppose au corps, vu comme signe et symbole de la « prison » du moi. Et c’est que l’âme avait rêvé d’une métamorphose a
5431 et symbole de la « prison » du moi. Et c’est que l’ âme avait rêvé d’une métamorphose angélique, quand l’esprit lui demand
5432 me avait rêvé d’une métamorphose angélique, quand l’ esprit lui demandait seulement d’ordonner tout le moi terrestre et tem
5433 l’esprit lui demandait seulement d’ordonner tout le moi terrestre et temporel à la vocation de l’amour. Mais celui qui se
5434 nt d’ordonner tout le moi terrestre et temporel à la vocation de l’amour. Mais celui qui se hait de cette manière ne peut
5435 out le moi terrestre et temporel à la vocation de l’ amour. Mais celui qui se hait de cette manière ne peut pas aimer le pr
5436 ui qui se hait de cette manière ne peut pas aimer le prochain : il ne peut voir en lui que son semblable — un corps « vil 
5437 corps « vil » et une âme qui se veut ange —, non le vrai moi dans son autonomie. Si le corps lui paraît désirable, il ser
5438 ut ange —, non le vrai moi dans son autonomie. Si le corps lui paraît désirable, il sera parfois tenté d’attribuer ce mouv
5439 era parfois tenté d’attribuer ce mouvement, né de l’ instinct, à la révélation d’un amour angélique. La passion romantique
5440 nté d’attribuer ce mouvement, né de l’instinct, à la révélation d’un amour angélique. La passion romantique trouve ici sa
5441 l’instinct, à la révélation d’un amour angélique. La passion romantique trouve ici sa genèse. Exaltée jusqu’à la mystique
5442 romantique trouve ici sa genèse. Exaltée jusqu’à la mystique de l’ascèse autopunitive, elle finit par confondre avec les
5443 uve ici sa genèse. Exaltée jusqu’à la mystique de l’ ascèse autopunitive, elle finit par confondre avec les exigences de la
5444 scèse autopunitive, elle finit par confondre avec les exigences de la mort au faux-moi, l’instinct de mort… Contre cet ascé
5445 e, elle finit par confondre avec les exigences de la mort au faux-moi, l’instinct de mort… Contre cet ascétisme non-transf
5446 fondre avec les exigences de la mort au faux-moi, l’ instinct de mort… Contre cet ascétisme non-transfigurant, Nietzsche n’
5447 indre celui qui se hait lui-même, car nous serons les victimes de sa colère et de sa vengeance. Ayons donc soin de l’induir
5448 sa colère et de sa vengeance. Ayons donc soin de l’ induire à l’amour de lui-même.74 » L’érotisme sensuel est l’autre ext
5449 t de sa vengeance. Ayons donc soin de l’induire à l’ amour de lui-même.74 » L’érotisme sensuel est l’autre extrême où se p
5450 onc soin de l’induire à l’amour de lui-même.74 » L’ érotisme sensuel est l’autre extrême où se porte l’âme irritée mais no
5451 ’érotisme sensuel est l’autre extrême où se porte l’ âme irritée mais non pas convertie par l’esprit — comme l’a si bien vu
5452 se porte l’âme irritée mais non pas convertie par l’ esprit — comme l’a si bien vu Kierkegaard. Tout amour véritable procèd
5453 ritée mais non pas convertie par l’esprit — comme l’ a si bien vu Kierkegaard. Tout amour véritable procède du vrai moi et
5454 r véritable procède du vrai moi et se dirige vers le vrai moi de l’autre. Mais il peut arriver qu’il s’arrête en chemin, q
5455 river qu’il s’arrête en chemin, que son élan vers la personne singulière retombe au plan de l’individuel, du générique. Ca
5456 an vers la personne singulière retombe au plan de l’ individuel, du générique. Capté par l’instinct qu’il excite au-delà de
5457 au plan de l’individuel, du générique. Capté par l’ instinct qu’il excite au-delà des exigences naturelles, il ira fatalem
5458 nces naturelles, il ira fatalement s’épuiser dans l’ illusoire multiplicité des « aventures sans lendemain ». Limitant son
5459 à ces désirs qu’une possession rapide anesthésie, l’ âme retombe alors dans les liens de l’instinct, qui est la puissance i
5460 ssion rapide anesthésie, l’âme retombe alors dans les liens de l’instinct, qui est la puissance impersonnelle par excellenc
5461 anesthésie, l’âme retombe alors dans les liens de l’ instinct, qui est la puissance impersonnelle par excellence, et s’épui
5462 tombe alors dans les liens de l’instinct, qui est la puissance impersonnelle par excellence, et s’épuise à s’en libérer pa
5463 le par excellence, et s’épuise à s’en libérer par le changement de l’excitation, par le défi perpétuel aux attachements. C
5464 , et s’épuise à s’en libérer par le changement de l’ excitation, par le défi perpétuel aux attachements. C’est la liberté n
5465 en libérer par le changement de l’excitation, par le défi perpétuel aux attachements. C’est la liberté négative revendiqué
5466 on, par le défi perpétuel aux attachements. C’est la liberté négative revendiquée par Don Juan contre les conventions de l
5467 liberté négative revendiquée par Don Juan contre les conventions de la morale commune — qu’il est déjà trop « spirituel »
5468 evendiquée par Don Juan contre les conventions de la morale commune — qu’il est déjà trop « spirituel » pour respecter — m
5469 « spirituel » pour respecter — mais aussi contre le respect du mystère exigeant de l’Autre qu’il n’est pas assez « spirit
5470 st pas assez « spirituel » pour aimer. (Mais s’il l’ était assez, il retrouverait aussi la justification de certaines conve
5471 . (Mais s’il l’était assez, il retrouverait aussi la justification de certaines conventions, protégeant chez la brute et l
5472 ication de certaines conventions, protégeant chez la brute et l’innocent les premières chances de l’esprit, — ou mettant à
5473 ertaines conventions, protégeant chez la brute et l’ innocent les premières chances de l’esprit, — ou mettant à l’abri des
5474 z la brute et l’innocent les premières chances de l’ esprit, — ou mettant à l’abri des atteintes de l’esprit l’indispensabl
5475 les premières chances de l’esprit, — ou mettant à l’ abri des atteintes de l’esprit l’indispensable tissu conjonctif de tou
5476 l’esprit, — ou mettant à l’abri des atteintes de l’ esprit l’indispensable tissu conjonctif de toutes les sociétés qui ne
5477 , — ou mettant à l’abri des atteintes de l’esprit l’ indispensable tissu conjonctif de toutes les sociétés qui ne sont pas
5478 esprit l’indispensable tissu conjonctif de toutes les sociétés qui ne sont pas un ordre.) L’école iranienne Il n’exis
5479 jonctif de toutes les sociétés qui ne sont pas un ordre .) L’école iranienne Il n’existe plus de communauté humaine, d’u
5480 toutes les sociétés qui ne sont pas un ordre.) L’ école iranienne Il n’existe plus de communauté humaine, d’unité de
5481 de Zarathoustra ; et nulle ne s’inspira jamais de la mystique des soufis, et pour cause. Si je les fais intervenir ici, c’
5482 s de la mystique des soufis, et pour cause. Si je les fais intervenir ici, c’est à titre d’évocation d’une dimension virtue
5483 on virtuelle, intemporelle, et donc permanente de l’ esprit : le mazdéisme et les soufis ont proposé des notions de l’homme
5484 e, intemporelle, et donc permanente de l’esprit : le mazdéisme et les soufis ont proposé des notions de l’homme et de l’am
5485 et donc permanente de l’esprit : le mazdéisme et les soufis ont proposé des notions de l’homme et de l’amour homologues au
5486 azdéisme et les soufis ont proposé des notions de l’ homme et de l’amour homologues aux notions chrétiennes, mais comme tra
5487 s soufis ont proposé des notions de l’homme et de l’ amour homologues aux notions chrétiennes, mais comme transposées terme
5488 s comme transposées terme à terme d’un degré vers le « ciel » des archétypes : ainsi la dualité ego-vrai moi y devient cel
5489 ’un degré vers le « ciel » des archétypes : ainsi la dualité ego-vrai moi y devient celle de l’âme et de son ange. Pour si
5490 ainsi la dualité ego-vrai moi y devient celle de l’ âme et de son ange. Pour situer dans son vrai climat spirituel le pers
5491 ange. Pour situer dans son vrai climat spirituel le personnalisme essentiel de ces doctrines, citons ce verset du Coran (
5492 e comme une clef musicale : « Chaque être connaît le mode de prière et de glorification qui lui est propre. » Toute person
5493 t propre. » Toute personne s’origine en Dieu, qui l’ a créée afin d’être connu par elle et de « devenir en elle l’objet de
5494 fin d’être connu par elle et de « devenir en elle l’ objet de sa propre connaissance.75 » C’est donc en Dieu que tout amour
5495 ’est donc en Dieu que tout amour peut reconnaître la personne de l’autre et l’aimer « comme soi-même », — comme étant née
5496 amour peut reconnaître la personne de l’autre et l’ aimer « comme soi-même », — comme étant née du même amour qui m’a créé
5497 ssible d’aimer un être sans se représenter en lui la divinité. Un être n’aime en réalité personne d’autre que son créateur
5498 créateur.76 » Ibn Arabi distingue trois amours : l’ amour divin du Créateur pour sa créature, et d’elle pour Lui ; l’amour
5499 u Créateur pour sa créature, et d’elle pour Lui ; l’ amour spirituel « dont le siège est en la créature toujours à la quête
5500 re, et d’elle pour Lui ; l’amour spirituel « dont le siège est en la créature toujours à la quête de l’être dont elle déco
5501 ur Lui ; l’amour spirituel « dont le siège est en la créature toujours à la quête de l’être dont elle découvre en elle l’I
5502 uel « dont le siège est en la créature toujours à la quête de l’être dont elle découvre en elle l’Image, ou dont elle se d
5503 e siège est en la créature toujours à la quête de l’ être dont elle découvre en elle l’Image, ou dont elle se découvre comm
5504 s à la quête de l’être dont elle découvre en elle l’ Image, ou dont elle se découvre comme étant l’Image » ; enfin l’amour
5505 lle l’Image, ou dont elle se découvre comme étant l’ Image » ; enfin l’amour naturel, qui recherche la satisfaction de ses
5506 nt elle se découvre comme étant l’Image » ; enfin l’ amour naturel, qui recherche la satisfaction de ses désirs sans souci
5507 l’Image » ; enfin l’amour naturel, qui recherche la satisfaction de ses désirs sans souci de l’agrément de l’Aimé. « Et t
5508 erche la satisfaction de ses désirs sans souci de l’ agrément de l’Aimé. « Et telle est hélas ! dit Ibn Arabi, la manière d
5509 faction de ses désirs sans souci de l’agrément de l’ Aimé. « Et telle est hélas ! dit Ibn Arabi, la manière dont la plupart
5510 de l’Aimé. « Et telle est hélas ! dit Ibn Arabi, la manière dont la plupart des gens d’aujourd’hui comprennent l’amour.77
5511 ont la plupart des gens d’aujourd’hui comprennent l’ amour.77 » Comment réconcilier l’amour naturel (ou physique, comme on
5512 ’hui comprennent l’amour.77 » Comment réconcilier l’ amour naturel (ou physique, comme on le dit improprement) avec l’amour
5513 éconcilier l’amour naturel (ou physique, comme on le dit improprement) avec l’amour spirituel ? Qui aime en nous, et pour
5514 (ou physique, comme on le dit improprement) avec l’ amour spirituel ? Qui aime en nous, et pour qui ? « Ibn Arabi observe
5515 me en nous, et pour qui ? « Ibn Arabi observe que les plus parfaits amants mystiques sont ceux qui aiment Dieu simultanémen
5516 x-mêmes, parce que cette capacité révèle chez eux l’ unification de leur double nature (le dénouement de la « conscience ma
5517 èle chez eux l’unification de leur double nature ( le dénouement de la « conscience malheureuse » en proie aux déchirements
5518 ification de leur double nature (le dénouement de la « conscience malheureuse » en proie aux déchirements). » Telle est do
5519 se » en proie aux déchirements). » Telle est donc la personne unifiée et tel est son amour de soi-même. Quant à l’amour-pa
5520 unifiée et tel est son amour de soi-même. Quant à l’ amour-passion (ici, non romantique !) il se situe au point où le regar
5521 n (ici, non romantique !) il se situe au point où le regard de l’âme reconnaît soudain dans l’Aimé cette Forme sensible du
5522 omantique !) il se situe au point où le regard de l’ âme reconnaît soudain dans l’Aimé cette Forme sensible du divin, cette
5523 oint où le regard de l’âme reconnaît soudain dans l’ Aimé cette Forme sensible du divin, cette théophanie que l’âme peut ai
5524 tte Forme sensible du divin, cette théophanie que l’ âme peut aimer dans toutes les dimensions de l’amour unifié. L’Aimé n’
5525 cette théophanie que l’âme peut aimer dans toutes les dimensions de l’amour unifié. L’Aimé n’est plus alors un simple objet
5526 ue l’âme peut aimer dans toutes les dimensions de l’ amour unifié. L’Aimé n’est plus alors un simple objet — comme il est p
5527 mer dans toutes les dimensions de l’amour unifié. L’ Aimé n’est plus alors un simple objet — comme il est pour l’amour natu
5528 st plus alors un simple objet — comme il est pour l’ amour naturel, possessif — mais une virtualité divine que l’amant « im
5529 turel, possessif — mais une virtualité divine que l’ amant « imagine » (dont il devine l’Image) et qu’il tend à faire exist
5530 té divine que l’amant « imagine » (dont il devine l’ Image) et qu’il tend à faire exister dans l’être aimé, par l’efficace
5531 evine l’Image) et qu’il tend à faire exister dans l’ être aimé, par l’efficace de son amour préfigurant. C’est précisément
5532 qu’il tend à faire exister dans l’être aimé, par l’ efficace de son amour préfigurant. C’est précisément là que s’origine
5533 r préfigurant. C’est précisément là que s’origine la plus haute fonction de l’amour humain, celle-là même qui assure la co
5534 sément là que s’origine la plus haute fonction de l’ amour humain, celle-là même qui assure la coalescence de ce que l’on a
5535 ction de l’amour humain, celle-là même qui assure la coalescence de ce que l’on a désigné historiquement comme amour court
5536 celle-là même qui assure la coalescence de ce que l’ on a désigné historiquement comme amour courtois et amour mystique. Ca
5537 ement comme amour courtois et amour mystique. Car l’ amour tend à la transfiguration de la figure aimée terrestre, en l’ado
5538 ur courtois et amour mystique. Car l’amour tend à la transfiguration de la figure aimée terrestre, en l’adossant à une lum
5539 ystique. Car l’amour tend à la transfiguration de la figure aimée terrestre, en l’adossant à une lumière qui en fasse éclo
5540 transfiguration de la figure aimée terrestre, en l’ adossant à une lumière qui en fasse éclore toutes les virtualités surh
5541 adossant à une lumière qui en fasse éclore toutes les virtualités surhumaines, jusqu’à l’investir de la fonction théophaniq
5542 clore toutes les virtualités surhumaines, jusqu’à l’ investir de la fonction théophanique de l’Ange (ainsi en a-t-il été de
5543 es virtualités surhumaines, jusqu’à l’investir de la fonction théophanique de l’Ange (ainsi en a-t-il été des Figures fémi
5544 jusqu’à l’investir de la fonction théophanique de l’ Ange (ainsi en a-t-il été des Figures féminines célébrées par les Fede
5545 en a-t-il été des Figures féminines célébrées par les Fedeli d’amore, compagnons de Dante ; ainsi en a-t-il été de celle qu
5546 en a-t-il été de celle qui apparut à Ibn Arabi, à la Mekke, comme figure de la Sophia divine). L’analyse d’Ibn Arabi ne ce
5547 apparut à Ibn Arabi, à la Mekke, comme figure de la Sophia divine). L’analyse d’Ibn Arabi ne cesse de gagner en profondeu
5548 i, à la Mekke, comme figure de la Sophia divine). L’ analyse d’Ibn Arabi ne cesse de gagner en profondeur : que l’amant ten
5549 ’Ibn Arabi ne cesse de gagner en profondeur : que l’ amant tende à contempler l’être aimé, à s’unir en lui, à en perpétuer
5550 er en profondeur : que l’amant tende à contempler l’ être aimé, à s’unir en lui, à en perpétuer la présence, son amour tend
5551 pler l’être aimé, à s’unir en lui, à en perpétuer la présence, son amour tend toujours à faire exister quelque chose qui n
5552 quelque chose qui n’est pas encore existant dans l’ Aimé.78 On reconnaît ici les « notes » de l’amour du prochain selon K
5553 encore existant dans l’Aimé.78 On reconnaît ici les « notes » de l’amour du prochain selon Kierkegaard79, mais aussi selo
5554 dans l’Aimé.78 On reconnaît ici les « notes » de l’ amour du prochain selon Kierkegaard79, mais aussi selon Swedenborg : C
5555 Swedenborg : Comme tout bien procède du Seigneur, le Seigneur est, dans le sens suprême et au degré le plus éminent, le Pr
5556 t bien procède du Seigneur, le Seigneur est, dans le sens suprême et au degré le plus éminent, le Prochain ; c’est donc d’
5557 le Seigneur est, dans le sens suprême et au degré le plus éminent, le Prochain ; c’est donc d’après lui que s’établissent
5558 dans le sens suprême et au degré le plus éminent, le Prochain ; c’est donc d’après lui que s’établissent toutes les distin
5559 ; c’est donc d’après lui que s’établissent toutes les distinctions relatives au prochain, c’est-à-dire que chacun est le pr
5560 elatives au prochain, c’est-à-dire que chacun est le prochain en proportion de ce qu’il a quelque chose du Seigneur en lui
5561 e du Seigneur en lui ; or, comme nul ne reçoit de la même manière le bien qui procède du Seigneur, il s’ensuit que l’un n’
5562 lui ; or, comme nul ne reçoit de la même manière le bien qui procède du Seigneur, il s’ensuit que l’un n’est pas le proch
5563 ocède du Seigneur, il s’ensuit que l’un n’est pas le prochain de la même manière que l’autre… ; il n’y a jamais chez deux
5564 ur, il s’ensuit que l’un n’est pas le prochain de la même manière que l’autre… ; il n’y a jamais chez deux personnes un bi
5565 eux personnes un bien absolument identique… C’est l’ amour qui fait le prochain, et chacun est le prochain selon la qualité
5566 bien absolument identique… C’est l’amour qui fait le prochain, et chacun est le prochain selon la qualité de son amour.80
5567 C’est l’amour qui fait le prochain, et chacun est le prochain selon la qualité de son amour.80 En dépit de tout ce qui di
5568 fait le prochain, et chacun est le prochain selon la qualité de son amour.80 En dépit de tout ce qui distingue la transpa
5569 e son amour.80 En dépit de tout ce qui distingue la transparence (parfois trompeuse) du latin de l’ingénieur-philosophe S
5570 e la transparence (parfois trompeuse) du latin de l’ ingénieur-philosophe Swedenborg et la poésie dense de l’Arabe, l’homol
5571 du latin de l’ingénieur-philosophe Swedenborg et la poésie dense de l’Arabe, l’homologie des énoncés est indéniable. Si l
5572 nieur-philosophe Swedenborg et la poésie dense de l’ Arabe, l’homologie des énoncés est indéniable. Si le symbolisme concre
5573 losophe Swedenborg et la poésie dense de l’Arabe, l’ homologie des énoncés est indéniable. Si le symbolisme concret des sou
5574 Arabe, l’homologie des énoncés est indéniable. Si le symbolisme concret des soufis transpose doublement tous les termes à
5575 isme concret des soufis transpose doublement tous les termes à la fois dans le surnaturel (ou monde céleste) et dans le sen
5576 anspose doublement tous les termes à la fois dans le surnaturel (ou monde céleste) et dans le sensible terrestre, la struc
5577 ois dans le surnaturel (ou monde céleste) et dans le sensible terrestre, la structure des relations entre Dieu, le vrai mo
5578 (ou monde céleste) et dans le sensible terrestre, la structure des relations entre Dieu, le vrai moi et le prochain, reste
5579 terrestre, la structure des relations entre Dieu, le vrai moi et le prochain, reste exactement comparable, comme le sont l
5580 tructure des relations entre Dieu, le vrai moi et le prochain, reste exactement comparable, comme le sont les trois formes
5581 t le prochain, reste exactement comparable, comme le sont les trois formes de l’amour que manifeste cette structure. Mais
5582 chain, reste exactement comparable, comme le sont les trois formes de l’amour que manifeste cette structure. Mais « l’Imagi
5583 ent comparable, comme le sont les trois formes de l’ amour que manifeste cette structure. Mais « l’Imagination créatrice »
5584 de l’amour que manifeste cette structure. Mais «  l’ Imagination créatrice » des soufis, comme l’angélologie du mazdéisme,
5585 ais « l’Imagination créatrice » des soufis, comme l’ angélologie du mazdéisme, nous fait voir combien plus vivement l’unité
5586 u mazdéisme, nous fait voir combien plus vivement l’ unité première et finale de tout amour ! Peut-être aussi nous fera-t-e
5587 eut-être aussi nous fera-t-elle entrevoir comment le mythe de Tristan — en dépit du pseudo-bouddhisme tardivement emprunté
5588 ien » et trouve en lui ses origines archétypales. La passion du héros, que l’on peut interpréter (dans la légende primitiv
5589 s origines archétypales. La passion du héros, que l’ on peut interpréter (dans la légende primitive et l’opéra) comme un am
5590 passion du héros, que l’on peut interpréter (dans la légende primitive et l’opéra) comme un amour dédié à sa propre âme81,
5591 on peut interpréter (dans la légende primitive et l’ opéra) comme un amour dédié à sa propre âme81, dont Iseut ne serait qu
5592 dédié à sa propre âme81, dont Iseut ne serait que l’ image sensible, — et c’est pourquoi j’ai osé dire que Tristan n’aimait
5593 Iseut — cette passion n’est-elle pas mieux vue si l’ on évoque les Fravartis du mazdéisme, les figures angéliques du vrai m
5594 e passion n’est-elle pas mieux vue si l’on évoque les Fravartis du mazdéisme, les figures angéliques du vrai moi dans le my
5595 ux vue si l’on évoque les Fravartis du mazdéisme, les figures angéliques du vrai moi dans le mysticisme soufi et même la « 
5596 azdéisme, les figures angéliques du vrai moi dans le mysticisme soufi et même la « rencontre aurorale » de l’âme et de sa
5597 ques du vrai moi dans le mysticisme soufi et même la « rencontre aurorale » de l’âme et de sa Dâenâ au pont Chinvat ? Et n
5598 icisme soufi et même la « rencontre aurorale » de l’ âme et de sa Dâenâ au pont Chinvat ? Et n’est-ce pas pour avoir désiré
5599 pont Chinvat ? Et n’est-ce pas pour avoir désiré l’ amour de l’Ange que les amants de la forêt du Morois en viennent à déc
5600 at ? Et n’est-ce pas pour avoir désiré l’amour de l’ Ange que les amants de la forêt du Morois en viennent à découvrir que
5601 st-ce pas pour avoir désiré l’amour de l’Ange que les amants de la forêt du Morois en viennent à découvrir que c’est leur p
5602 avoir désiré l’amour de l’Ange que les amants de la forêt du Morois en viennent à découvrir que c’est leur passion même q
5603 re ? S’il est une « erreur de Tristan », motivant le malheur essentiel de sa passion, ce serait alors dans le mode de la t
5604 eur essentiel de sa passion, ce serait alors dans le mode de la transposition du « ciel » en Terre, et de l’Ange en la fem
5605 el de sa passion, ce serait alors dans le mode de la transposition du « ciel » en Terre, et de l’Ange en la femme, que l’o
5606 e de la transposition du « ciel » en Terre, et de l’ Ange en la femme, que l’on pourrait en pressentir l’ultime secret. (Ic
5607 ansposition du « ciel » en Terre, et de l’Ange en la femme, que l’on pourrait en pressentir l’ultime secret. (Ici, donc, t
5608 « ciel » en Terre, et de l’Ange en la femme, que l’ on pourrait en pressentir l’ultime secret. (Ici, donc, toute morale co
5609 Ange en la femme, que l’on pourrait en pressentir l’ ultime secret. (Ici, donc, toute morale commune ou rationnelle, non st
5610 onnaliste, ne peut évidemment que se récuser.) L’ école orientale La plupart des doctrines hindoues, et l’unanimité d
5611 rientale La plupart des doctrines hindoues, et l’ unanimité des écoles bouddhistes, comme on l’a vu, nient la personne o
5612 , et l’unanimité des écoles bouddhistes, comme on l’ a vu, nient la personne ou la survolent, ne connaissent que l’ego tout
5613 té des écoles bouddhistes, comme on l’a vu, nient la personne ou la survolent, ne connaissent que l’ego tout transitoire e
5614 ouddhistes, comme on l’a vu, nient la personne ou la survolent, ne connaissent que l’ego tout transitoire et le Soi tout i
5615 t la personne ou la survolent, ne connaissent que l’ ego tout transitoire et le Soi tout impersonnel : « Il n’est qu’un Soi
5616 ent, ne connaissent que l’ego tout transitoire et le Soi tout impersonnel : « Il n’est qu’un Soi pour tous les êtres.82 »
5617 tout impersonnel : « Il n’est qu’un Soi pour tous les êtres.82 » L’individualité qui est là, qui tombe sous le sens, doit ê
5618 l : « Il n’est qu’un Soi pour tous les êtres.82 » L’ individualité qui est là, qui tombe sous le sens, doit être exténuée m
5619 s.82 » L’individualité qui est là, qui tombe sous le sens, doit être exténuée méthodiquement (non point transfigurée ou gl
5620 n point transfigurée ou glorifiée) pour atteindre le Soi sans distinction, la Réalité sans visage, qui n’est ni ceci ni ce
5621 lorifiée) pour atteindre le Soi sans distinction, la Réalité sans visage, qui n’est ni ceci ni cela, mais qui est l’Immens
5622 s visage, qui n’est ni ceci ni cela, mais qui est l’ Immensité, disent les hindous, et qui est le Vide, disent les bouddhis
5623 ni ceci ni cela, mais qui est l’Immensité, disent les hindous, et qui est le Vide, disent les bouddhistes. Du même coup se
5624 i est l’Immensité, disent les hindous, et qui est le Vide, disent les bouddhistes. Du même coup se trouvent évacués les pr
5625 é, disent les hindous, et qui est le Vide, disent les bouddhistes. Du même coup se trouvent évacués les problèmes de l’amou
5626 les bouddhistes. Du même coup se trouvent évacués les problèmes de l’amour de soi-même et de l’amour de Dieu et du prochain
5627 Du même coup se trouvent évacués les problèmes de l’ amour de soi-même et de l’amour de Dieu et du prochain : faute de prot
5628 vacués les problèmes de l’amour de soi-même et de l’ amour de Dieu et du prochain : faute de protagonistes bien réels, ces
5629 avoir lieu. (Ou tout au moins, pris au sérieux.) L’ amour même est évacué. Il n’est plus que l’attrait des sexes agissant
5630 ieux.) L’amour même est évacué. Il n’est plus que l’ attrait des sexes agissant fatalement sur des milliards d’agrégats éph
5631 s d’agrégats éphémères, combinés et défaits selon le cours des astres et le Karma. Il ne peut être, pour l’esprit, qu’indi
5632 combinés et défaits selon le cours des astres et le Karma. Il ne peut être, pour l’esprit, qu’indifférent. (Quoique la mo
5633 urs des astres et le Karma. Il ne peut être, pour l’ esprit, qu’indifférent. (Quoique la morale sociale condamne radicaleme
5634 eut être, pour l’esprit, qu’indifférent. (Quoique la morale sociale condamne radicalement l’adultère de la femme mariée ;
5635 (Quoique la morale sociale condamne radicalement l’ adultère de la femme mariée ; mais ce n’est pas au nom de l’amour, on
5636 orale sociale condamne radicalement l’adultère de la femme mariée ; mais ce n’est pas au nom de l’amour, on le pense bien.
5637 de la femme mariée ; mais ce n’est pas au nom de l’ amour, on le pense bien.) « Écarte les choses, ô amant, ta voie est fu
5638 mariée ; mais ce n’est pas au nom de l’amour, on le pense bien.) « Écarte les choses, ô amant, ta voie est fuite ! » s’éc
5639 as au nom de l’amour, on le pense bien.) « Écarte les choses, ô amant, ta voie est fuite ! » s’écriait saint Jean de la Cro
5640 uite ! » s’écriait saint Jean de la Croix. Écarte le prochain ! ajoutent les spirituels du védantisme et du bouddhisme. S’
5641 t Jean de la Croix. Écarte le prochain ! ajoutent les spirituels du védantisme et du bouddhisme. S’il est vrai que « la not
5642 védantisme et du bouddhisme. S’il est vrai que «  la notion de Moi n’a d’accès que dans la pensée des sots », comme le dit
5643 vrai que « la notion de Moi n’a d’accès que dans la pensée des sots », comme le dit un texte tibétain, la notion de Toi n
5644 n’a d’accès que dans la pensée des sots », comme le dit un texte tibétain, la notion de Toi ne vaut pas mieux. « La moral
5645 ensée des sots », comme le dit un texte tibétain, la notion de Toi ne vaut pas mieux. « La morale bouddhique, qui est une
5646 e tibétain, la notion de Toi ne vaut pas mieux. «  La morale bouddhique, qui est une sorte d’hygiène spirituelle, tend à dé
5647 d’hygiène spirituelle, tend à détruire, en nous, les causes de souffrance pour autrui.83 » « On ne peut comprendre la natu
5648 uffrance pour autrui.83 » « On ne peut comprendre la nature de l’ultime réalité qu’après avoir détruit tout attachement in
5649 autrui.83 » « On ne peut comprendre la nature de l’ ultime réalité qu’après avoir détruit tout attachement inné ou acquis,
5650 ement inné ou acquis, pour ses semblables…84 » Et le Bouddha lui-même : « Qui a cent sortes d’amours a cent sortes de doul
5651 ur ; qui n’a pas d’amour n’a pas de douleur. » Si l’ on s’en tient aux textes, la cause est entendue : l’Asie métaphysique
5652 pas de douleur. » Si l’on s’en tient aux textes, la cause est entendue : l’Asie métaphysique ne connaît pas l’amour, — j’
5653 on s’en tient aux textes, la cause est entendue : l’ Asie métaphysique ne connaît pas l’amour, — j’entends l’amour de Dieu,
5654 est entendue : l’Asie métaphysique ne connaît pas l’ amour, — j’entends l’amour de Dieu, de soi et du prochain, l’amour-pas
5655 métaphysique ne connaît pas l’amour, — j’entends l’ amour de Dieu, de soi et du prochain, l’amour-passion, et même l’amour
5656 j’entends l’amour de Dieu, de soi et du prochain, l’ amour-passion, et même l’amour matrimonial. Mais on me dira que l’Asie
5657 , de soi et du prochain, l’amour-passion, et même l’ amour matrimonial. Mais on me dira que l’Asie n’est pas toute spiritue
5658 et même l’amour matrimonial. Mais on me dira que l’ Asie n’est pas toute spirituelle, et que la vie ne s’en tient pas aux
5659 ra que l’Asie n’est pas toute spirituelle, et que la vie ne s’en tient pas aux textes. On ajoutera peut-être qu’on ne voit
5660 a peut-être qu’on ne voit pas de raisons pour que l’ Orient réel soit plus conforme aux sermons du Bouddha que l’Europe au
5661 éel soit plus conforme aux sermons du Bouddha que l’ Europe au Sermon sur la Montagne. On aura tort. Car les grandes doctri
5662 aux sermons du Bouddha que l’Europe au Sermon sur la Montagne. On aura tort. Car les grandes doctrines religieuses de l’As
5663 rope au Sermon sur la Montagne. On aura tort. Car les grandes doctrines religieuses de l’Asie n’ont jamais été révolutionna
5664 ra tort. Car les grandes doctrines religieuses de l’ Asie n’ont jamais été révolutionnaires. Elles n’ont jamais prétendu tr
5665 onnaires. Elles n’ont jamais prétendu transformer l’ ensemble des réalités humaines : sociales, économiques et politiques,
5666 e religions), elles expriment ces réalités, elles les fixent et elles les consacrent (par les idoles et les yantras — signe
5667 expriment ces réalités, elles les fixent et elles les consacrent (par les idoles et les yantras — signes magiques et invari
5668 és, elles les fixent et elles les consacrent (par les idoles et les yantras — signes magiques et invariables —, par les rit
5669 fixent et elles les consacrent (par les idoles et les yantras — signes magiques et invariables —, par les rites quotidiens
5670 s yantras — signes magiques et invariables —, par les rites quotidiens omniprésents, par le régime des castes et la condamn
5671 les —, par les rites quotidiens omniprésents, par le régime des castes et la condamnation de toute curiosité du monde) ; d
5672 tidiens omniprésents, par le régime des castes et la condamnation de toute curiosité du monde) ; d’autre part, en tant que
5673 ant que doctrines, elles proposent aux spirituels les moyens de s’en évader en dérangeant le moins de choses possible. Les
5674 pirituels les moyens de s’en évader en dérangeant le moins de choses possible. Les religions abrahamiques, au contraire, m
5675 évader en dérangeant le moins de choses possible. Les religions abrahamiques, au contraire, monothéistes et communautaires,
5676 traire, monothéistes et communautaires, attaquent l’ ensemble des relations humaines et prennent à partie, un à un, tout in
5677 un à un, tout individu tel qu’il est, décidées à le transformer en vérité85. Elles provoquent d’innombrables réactions. I
5678 rables réactions. Il est par suite inévitable que l’ existence réelle, en Occident, ressemble moins à la doctrine que ce n’
5679 ’existence réelle, en Occident, ressemble moins à la doctrine que ce n’était le cas, jusqu’à nos jours, en Asie. Prenons l
5680 ent, ressemble moins à la doctrine que ce n’était le cas, jusqu’à nos jours, en Asie. Prenons l’exemple de l’érotisme. Le
5681 était le cas, jusqu’à nos jours, en Asie. Prenons l’ exemple de l’érotisme. Le shivaïsme explique le cosmos tout entier en
5682 jusqu’à nos jours, en Asie. Prenons l’exemple de l’ érotisme. Le shivaïsme explique le cosmos tout entier en termes de sex
5683 jours, en Asie. Prenons l’exemple de l’érotisme. Le shivaïsme explique le cosmos tout entier en termes de sexualité : il
5684 ns l’exemple de l’érotisme. Le shivaïsme explique le cosmos tout entier en termes de sexualité : il pose le désir à la bas
5685 smos tout entier en termes de sexualité : il pose le désir à la base de tout. Nous ne désirons des choses que dans la mesu
5686 ntier en termes de sexualité : il pose le désir à la base de tout. Nous ne désirons des choses que dans la mesure où elles
5687 ase de tout. Nous ne désirons des choses que dans la mesure où elles nous procurent une jouissance. La divinité n’est un o
5688 la mesure où elles nous procurent une jouissance. La divinité n’est un objet d’amour que parce qu’elle représente une volu
5689 arce qu’elle représente une volupté sans mélange… Le désir du luxurieux pour la femme n’existe que parce qu’il voit en ell
5690 volupté sans mélange… Le désir du luxurieux pour la femme n’existe que parce qu’il voit en elle la forme de son plaisir,
5691 ur la femme n’existe que parce qu’il voit en elle la forme de son plaisir, la source de sa jouissance. Dans la joie de la
5692 parce qu’il voit en elle la forme de son plaisir, la source de sa jouissance. Dans la joie de la possession, la souffrance
5693 de son plaisir, la source de sa jouissance. Dans la joie de la possession, la souffrance du désir est pour un instant apa
5694 isir, la source de sa jouissance. Dans la joie de la possession, la souffrance du désir est pour un instant apaisée… et l’
5695 de sa jouissance. Dans la joie de la possession, la souffrance du désir est pour un instant apaisée… et l’homme perçoit d
5696 uffrance du désir est pour un instant apaisée… et l’ homme perçoit dans le plaisir sa propre nature essentielle, qui est la
5697 pour un instant apaisée… et l’homme perçoit dans le plaisir sa propre nature essentielle, qui est la joie. Toute jouissan
5698 le plaisir sa propre nature essentielle, qui est la joie. Toute jouissance, tout plaisir est une expérience du divin… Mai
5699 e, tout plaisir est une expérience du divin… Mais l’ amour parfait est celui dont l’objet n’est pas limité. C’est cet amour
5700 nce du divin… Mais l’amour parfait est celui dont l’ objet n’est pas limité. C’est cet amour qui est l’amour pur, l’amour d
5701 l’objet n’est pas limité. C’est cet amour qui est l’ amour pur, l’amour de l’amour même, l’amour de l’Être-de-volupté trans
5702 pas limité. C’est cet amour qui est l’amour pur, l’ amour de l’amour même, l’amour de l’Être-de-volupté transcendant.86 K
5703 . C’est cet amour qui est l’amour pur, l’amour de l’ amour même, l’amour de l’Être-de-volupté transcendant.86 Kâma, le die
5704 our qui est l’amour pur, l’amour de l’amour même, l’ amour de l’Être-de-volupté transcendant.86 Kâma, le dieu du plaisir é
5705 l’amour pur, l’amour de l’amour même, l’amour de l’ Être-de-volupté transcendant.86 Kâma, le dieu du plaisir érotique, es
5706 amour de l’Être-de-volupté transcendant.86 Kâma, le dieu du plaisir érotique, est vénéré par les yogis, « car c’est lui s
5707 Kâma, le dieu du plaisir érotique, est vénéré par les yogis, « car c’est lui seul, lorsqu’il est satisfait, qui peut libére
5708 i seul, lorsqu’il est satisfait, qui peut libérer l’ esprit du désir… Ce n’est pas le plaisir mais le désir qui lie l’homme
5709 qui peut libérer l’esprit du désir… Ce n’est pas le plaisir mais le désir qui lie l’homme et qui est un obstacle à son pr
5710 r l’esprit du désir… Ce n’est pas le plaisir mais le désir qui lie l’homme et qui est un obstacle à son progrès spirituel8
5711 ir… Ce n’est pas le plaisir mais le désir qui lie l’ homme et qui est un obstacle à son progrès spirituel87 ». Et encore :
5712 ès spirituel87 ». Et encore : « Celui qui cherche l’ amour dans l’espoir d’une jouissance est la victime du désir. Le sage
5713 7 ». Et encore : « Celui qui cherche l’amour dans l’ espoir d’une jouissance est la victime du désir. Le sage accepte les p
5714 herche l’amour dans l’espoir d’une jouissance est la victime du désir. Le sage accepte les plaisirs sensuels quand ils vie
5715 ’espoir d’une jouissance est la victime du désir. Le sage accepte les plaisirs sensuels quand ils viennent, mais avec un c
5716 uissance est la victime du désir. Le sage accepte les plaisirs sensuels quand ils viennent, mais avec un cœur détaché. Il n
5717 n du plaisir comme expérience du divin, comparons- les aux diatribes d’un saint Paul annonçant la « colère de Dieu, révélée
5718 arons-les aux diatribes d’un saint Paul annonçant la « colère de Dieu, révélée du Ciel » contre les « impudiques » et les
5719 ant la « colère de Dieu, révélée du Ciel » contre les « impudiques » et les « infâmes », contre tous ceux « qui se sont liv
5720 u, révélée du Ciel » contre les « impudiques » et les « infâmes », contre tous ceux « qui se sont livrés à l’impureté, selo
5721 nfâmes », contre tous ceux « qui se sont livrés à l’ impureté, selon les convoitises de leur cœur ». Comparons le Shiva Pur
5722 ous ceux « qui se sont livrés à l’impureté, selon les convoitises de leur cœur ». Comparons le Shiva Purana, le Kamasutra,
5723 , selon les convoitises de leur cœur ». Comparons le Shiva Purana, le Kamasutra, le Mahabharata, les copieux commentaires
5724 itises de leur cœur ». Comparons le Shiva Purana, le Kamasutra, le Mahabharata, les copieux commentaires sur le culte du p
5725 cœur ». Comparons le Shiva Purana, le Kamasutra, le Mahabharata, les copieux commentaires sur le culte du phallus, aux tr
5726 ns le Shiva Purana, le Kamasutra, le Mahabharata, les copieux commentaires sur le culte du phallus, aux traités des Pères d
5727 tra, le Mahabharata, les copieux commentaires sur le culte du phallus, aux traités des Pères de l’Église sur l’ascèse et s
5728 du phallus, aux traités des Pères de l’Église sur l’ ascèse et sur la chasteté, et nous comprendrons à quel point Kierkegaa
5729 traités des Pères de l’Église sur l’ascèse et sur la chasteté, et nous comprendrons à quel point Kierkegaard voyait juste
5730 oint Kierkegaard voyait juste quand il disait que le christianisme, en condamnant la sensualité au nom de l’esprit, l’a po
5731 and il disait que le christianisme, en condamnant la sensualité au nom de l’esprit, l’a posée comme réalité et catégorie s
5732 istianisme, en condamnant la sensualité au nom de l’ esprit, l’a posée comme réalité et catégorie spirituelle. Dans les lit
5733 , en condamnant la sensualité au nom de l’esprit, l’ a posée comme réalité et catégorie spirituelle. Dans les littératures
5734 osée comme réalité et catégorie spirituelle. Dans les littératures de l’Asie, on trouvera peu d’exemples convaincants — pou
5735 t catégorie spirituelle. Dans les littératures de l’ Asie, on trouvera peu d’exemples convaincants — pour ma part, je n’en
5736 oint — de ce que nous baptisons amour-passion, et l’ on sait à quel point cette forme de l’amour est liée à ses expressions
5737 passion, et l’on sait à quel point cette forme de l’ amour est liée à ses expressions. La passion et l’amour mystique, l’ér
5738 ette forme de l’amour est liée à ses expressions. La passion et l’amour mystique, l’érotisme et l’amour du prochain, sont
5739 l’amour est liée à ses expressions. La passion et l’ amour mystique, l’érotisme et l’amour du prochain, sont des problèmes
5740 ses expressions. La passion et l’amour mystique, l’ érotisme et l’amour du prochain, sont des problèmes occidentaux, posés
5741 ns. La passion et l’amour mystique, l’érotisme et l’ amour du prochain, sont des problèmes occidentaux, posés à tous par le
5742 sont des problèmes occidentaux, posés à tous par les rigueurs mal tolérées de dogmes et de doctrines impératives, cependan
5743 dogmes et de doctrines impératives, cependant que les voies de sagesse asiatiques sont seulement proposées, — à quelques-un
5744 iques sont seulement proposées, — à quelques-uns. Les recettes de plaisir, ou d’immortalité par la rétention du semen, sont
5745 ns. Les recettes de plaisir, ou d’immortalité par la rétention du semen, sont liées en Asie à la piété, tandis que nos cou
5746 é par la rétention du semen, sont liées en Asie à la piété, tandis que nos coutumes viennent d’un vieux fond païen et que
5747 iène moderne se veut « scientifique ». À cause de la nature du christianisme et de la nature de l’hindouisme ou du bouddhi
5748 ue ». À cause de la nature du christianisme et de la nature de l’hindouisme ou du bouddhisme, la vie réelle de l’Occident
5749 de la nature du christianisme et de la nature de l’ hindouisme ou du bouddhisme, la vie réelle de l’Occident est en confli
5750 et de la nature de l’hindouisme ou du bouddhisme, la vie réelle de l’Occident est en conflit avec la foi, tandis que la vi
5751 e l’hindouisme ou du bouddhisme, la vie réelle de l’ Occident est en conflit avec la foi, tandis que la vie réelle de l’Asi
5752 , la vie réelle de l’Occident est en conflit avec la foi, tandis que la vie réelle de l’Asie est en symbiose avec ses reli
5753 l’Occident est en conflit avec la foi, tandis que la vie réelle de l’Asie est en symbiose avec ses religions. Et si la sym
5754 conflit avec la foi, tandis que la vie réelle de l’ Asie est en symbiose avec ses religions. Et si la symétrie de ces form
5755 l’Asie est en symbiose avec ses religions. Et si la symétrie de ces formules inquiète, revenons au quotidien banal, pris
5756 s inquiète, revenons au quotidien banal, pris sur le vif : plutôt qu’une infinie bibliographie rameutée à l’appui de mes d
5757 te notation plaisante dans un roman moderne, dont l’ auteur se trouve être un brahmane orthodoxe : « J’avais vécu en Europe
5758 usé une Européenne : apparemment, cela me donnait l’ invraisemblable privilège de comprendre les choses de l’amour.89 » Ce
5759 donnait l’invraisemblable privilège de comprendre les choses de l’amour.89 » Ceci encore, le cliché Orient-Occident = non-
5760 aisemblable privilège de comprendre les choses de l’ amour.89 » Ceci encore, le cliché Orient-Occident = non-moi-personne,
5761 mprendre les choses de l’amour.89 » Ceci encore, le cliché Orient-Occident = non-moi-personne, qui a peut-être moins cour
5762 de dogmes sublimes et qui prétendent transfigurer la vie concrète, l’Occident répond par des mythes symbolisant ses résist
5763 s et qui prétendent transfigurer la vie concrète, l’ Occident répond par des mythes symbolisant ses résistances naturelles,
5764 mbolisant ses résistances naturelles, et qui font l’ intérêt de sa vie amoureuse. Mais l’Orient se contente de proposer des
5765 , et qui font l’intérêt de sa vie amoureuse. Mais l’ Orient se contente de proposer des voies aux Renonçants (ou sannyasins
5766 ies aux Renonçants (ou sannyasins) qui ont épuisé la coupe, ou la dédaignent. Pas de drame, encore moins de tragique, et s
5767 çants (ou sannyasins) qui ont épuisé la coupe, ou la dédaignent. Pas de drame, encore moins de tragique, et surtout pas de
5768 e tout ou rien, mais d’innombrables variétés dans l’ approche de l’ultime réalité. Où nous verrions contradiction, antinomi
5769 , mais d’innombrables variétés dans l’approche de l’ ultime réalité. Où nous verrions contradiction, antinomie, ils ne mont
5770 les nôtres (semblent bien affirmer, par exemple, la réalité de la personne ou du prochain) on n’en saurait déduire qu’ell
5771 emblent bien affirmer, par exemple, la réalité de la personne ou du prochain) on n’en saurait déduire qu’elles excluent le
5772 déduire qu’elles excluent leur contraire, ou que l’ on s’était mépris sur le vrai sens de leurs affirmations répétées du c
5773 nt leur contraire, ou que l’on s’était mépris sur le vrai sens de leurs affirmations répétées du contraire (comme la non-e
5774 e leurs affirmations répétées du contraire (comme la non-existence du moi). Illustrons cela. L’idée de vocation personnell
5775 (comme la non-existence du moi). Illustrons cela. L’ idée de vocation personnelle accomplie aux dépens de l’individu est lo
5776 e de vocation personnelle accomplie aux dépens de l’ individu est loin d’être absente de la Bhagavad-Gita : Sois détaché e
5777 x dépens de l’individu est loin d’être absente de la Bhagavad-Gita : Sois détaché et accomplis l’action qui est ton devoi
5778 de la Bhagavad-Gita : Sois détaché et accomplis l’ action qui est ton devoir, car en accomplissant l’action sans attachem
5779 l’action qui est ton devoir, car en accomplissant l’ action sans attachement, l’homme obtient le but suprême. (III, 19) Not
5780 , car en accomplissant l’action sans attachement, l’ homme obtient le but suprême. (III, 19) Notre propre devoir, si humble
5781 issant l’action sans attachement, l’homme obtient le but suprême. (III, 19) Notre propre devoir, si humble qu’il soit, vau
5782 opre devoir, si humble qu’il soit, vaut mieux que le devoir parfaitement accompli d’un autre. Le dharma d’un autre est ple
5783 x que le devoir parfaitement accompli d’un autre. Le dharma d’un autre est plein de dangers. (III, 35) Et dans les upanis
5784 un autre est plein de dangers. (III, 35) Et dans les upanishads : La vie n’a servi de rien à celui qui quitte ce monde san
5785 n de dangers. (III, 35) Et dans les upanishads : La vie n’a servi de rien à celui qui quitte ce monde sans avoir réalisé
5786 propre monde intérieur. Elle reste invécue, comme les Vedas non récités, ou toute action non accomplie. (Brihad-âranyaka Up
5787 toute action non accomplie. (Brihad-âranyaka Up.) La notion de l’amour du prochain, et l’injonction évangélique d’aimer au
5788 non accomplie. (Brihad-âranyaka Up.) La notion de l’ amour du prochain, et l’injonction évangélique d’aimer aussi son ennem
5789 ranyaka Up.) La notion de l’amour du prochain, et l’ injonction évangélique d’aimer aussi son ennemi ne sont pas absentes d
5790 son ennemi ne sont pas absentes du bouddhisme car l’ ennemi et toi-même ne diffèrent que par les attachements du moi phénom
5791 sme car l’ennemi et toi-même ne diffèrent que par les attachements du moi phénoménal, tandis qu’ils participent du même Soi
5792 même Soi véritable, qui seul importe. « Surmonte le mal par le bien », dit le Bouddha. « Que ceux qui me calomnient, me n
5793 éritable, qui seul importe. « Surmonte le mal par le bien », dit le Bouddha. « Que ceux qui me calomnient, me nuisent, me
5794 eul importe. « Surmonte le mal par le bien », dit le Bouddha. « Que ceux qui me calomnient, me nuisent, me raillent, et to
5795 i me calomnient, me nuisent, me raillent, et tous les autres, obtiennent l’illumination spirituelle », dit Shantideva. Et S
5796 sent, me raillent, et tous les autres, obtiennent l’ illumination spirituelle », dit Shantideva. Et Suzuki, qui enseigna le
5797 tuelle », dit Shantideva. Et Suzuki, qui enseigna le zen à toutes les Amériques dégoûtées de l’Occident, et de plus en plu
5798 antideva. Et Suzuki, qui enseigna le zen à toutes les Amériques dégoûtées de l’Occident, et de plus en plus à l’Europe, va
5799 seigna le zen à toutes les Amériques dégoûtées de l’ Occident, et de plus en plus à l’Europe, va jusqu’à dire que la méthod
5800 ues dégoûtées de l’Occident, et de plus en plus à l’ Europe, va jusqu’à dire que la méthode bouddhiste « consiste à transfo
5801 t de plus en plus à l’Europe, va jusqu’à dire que la méthode bouddhiste « consiste à transformer Éros en Agapè »90. Je rép
5802 e l’autre ? Elles ne se contredisent pas plus que les énoncés spirituels correspondant à différents niveaux d’évolution, à
5803 veaux d’évolution, à différents degrés d’éveil de la conscience… 2. Mise en question par l’expérience vécue. — Dans le rom
5804 d’éveil de la conscience… 2. Mise en question par l’ expérience vécue. — Dans le roman de Raja Rao qu’on vient de citer, ce
5805 . Mise en question par l’expérience vécue. — Dans le roman de Raja Rao qu’on vient de citer, cette sentence d’un upanishad
5806 lusieurs reprises : En vérité, à quoi se rapporte l’ amour d’un mari pour sa femme ? Non point à la femme, mais en vérité a
5807 rte l’amour d’un mari pour sa femme ? Non point à la femme, mais en vérité au Soi qui est en elle.91 En présence d’une te
5808 ence d’une telle phrase, j’éprouve d’abord ceci : le sentiment d’une immédiate et vive reconnaissance. Car toute vérité su
5809 iate et vive reconnaissance. Car toute vérité sur l’ amour est immédiatement reconnue par celui qui s’est mis en quête d’un
5810 e par celui qui s’est mis en quête d’un savoir de l’ amour qu’il vit. N’importe qui m’avertira que le Soi de l’Inde n’est p
5811 e l’amour qu’il vit. N’importe qui m’avertira que le Soi de l’Inde n’est pas le vrai Dieu des chrétiens, qui est personnel
5812 qu’il vit. N’importe qui m’avertira que le Soi de l’ Inde n’est pas le vrai Dieu des chrétiens, qui est personnel. On conna
5813 rte qui m’avertira que le Soi de l’Inde n’est pas le vrai Dieu des chrétiens, qui est personnel. On connaît les définition
5814 Dieu des chrétiens, qui est personnel. On connaît les définitions. Mais je retrouve ici mon expérience. C’est seulement à p
5815 de réponses. Sur cette phrase des upanishads, sur le dialogue qui peut s’instituer à partir d’expériences re-connues, on p
5816 récisément, ici, touche à sa fin ?) Je disais que l’ amour vrai, c’est discerner dans l’autre — pour l’avoir reconnu tout d
5817 l’amour vrai, c’est discerner dans l’autre — pour l’ avoir reconnu tout d’abord en soi-même — le vrai moi, sujet de l’amour
5818 — pour l’avoir reconnu tout d’abord en soi-même — le vrai moi, sujet de l’amour, et l’aider à prendre conscience de ce qu’
5819 tout d’abord en soi-même — le vrai moi, sujet de l’ amour, et l’aider à prendre conscience de ce qu’il est ou peut devenir
5820 d en soi-même — le vrai moi, sujet de l’amour, et l’ aider à prendre conscience de ce qu’il est ou peut devenir. N’est-ce p
5821 nce de ce qu’il est ou peut devenir. N’est-ce pas l’ aider à réfléchir la lumière de l’amour créateur ? Non, ce serait là t
5822 ou peut devenir. N’est-ce pas l’aider à réfléchir la lumière de l’amour créateur ? Non, ce serait là trop dire, et pas ass
5823 r. N’est-ce pas l’aider à réfléchir la lumière de l’ amour créateur ? Non, ce serait là trop dire, et pas assez. Aimer, c’e
5824 st aider l’autre à se situer de telle manière que la lumière se voie en lui, mais qu’en même temps le vrai moi de l’amant
5825 la lumière se voie en lui, mais qu’en même temps le vrai moi de l’amant s’y découvre, autrement éclairé, et par là subtil
5826 voie en lui, mais qu’en même temps le vrai moi de l’ amant s’y découvre, autrement éclairé, et par là subtilement changé, u
5827 gé, un peu plus lui-même qu’avant : amour mutuel. L’ expérience est la même, ou du moins je la sens telle. Mais la lumière 
5828 ui-même qu’avant : amour mutuel. L’expérience est la même, ou du moins je la sens telle. Mais la lumière ? Est-ce le Nom q
5829 mutuel. L’expérience est la même, ou du moins je la sens telle. Mais la lumière ? Est-ce le Nom qu’on lui donne qui diffè
5830 e est la même, ou du moins je la sens telle. Mais la lumière ? Est-ce le Nom qu’on lui donne qui diffère, — ou quoi d’autr
5831 moins je la sens telle. Mais la lumière ? Est-ce le Nom qu’on lui donne qui diffère, — ou quoi d’autre ? Le point du dial
5832 qu’on lui donne qui diffère, — ou quoi d’autre ? Le point du dialogue est ici. Un point seulement, sans étendue, mais sel
5833 ici. Un point seulement, sans étendue, mais selon le regard que nous portons sur lui, il en jaillit un monde ou l’autre :
5834 tons sur lui, il en jaillit un monde ou l’autre : l’ Occidental ou l’Oriental. Tous les risques d’erreur sont de notre côté
5835 en jaillit un monde ou l’autre : l’Occidental ou l’ Oriental. Tous les risques d’erreur sont de notre côté, nous les payon
5836 nde ou l’autre : l’Occidental ou l’Oriental. Tous les risques d’erreur sont de notre côté, nous les payons par les névroses
5837 ous les risques d’erreur sont de notre côté, nous les payons par les névroses ou l’abêtissement spirituel. Eux sont telleme
5838 d’erreur sont de notre côté, nous les payons par les névroses ou l’abêtissement spirituel. Eux sont tellement en garde con
5839 e notre côté, nous les payons par les névroses ou l’ abêtissement spirituel. Eux sont tellement en garde contre l’illusion,
5840 ent spirituel. Eux sont tellement en garde contre l’ illusion, qu’ils l’ont mise en facteur commun dans tout ce qui existe 
5841 sont tellement en garde contre l’illusion, qu’ils l’ ont mise en facteur commun dans tout ce qui existe ; (à tel point que
5842 commun dans tout ce qui existe ; (à tel point que le seul fait d’exister devient pour eux l’équivalent de notre péché orig
5843 point que le seul fait d’exister devient pour eux l’ équivalent de notre péché originel). Ils en ont fait autant pour les n
5844 otre péché originel). Ils en ont fait autant pour les névroses qui s’attaquent à nos « agrégats » individuels : le cosmos a
5845 qui s’attaquent à nos « agrégats » individuels : le cosmos actuel tout entier semble résulter — selon leurs sages — d’une
5846 é, tout s’arrangera.) Ils en ont fait autant pour les personnes, potentialisées dans une seule Personne-cosmique, Purusha (
5847 s dans une seule Personne-cosmique, Purusha (dont la contrepartie actualisante est Prakriti) finalement dissociée et fondu
5848 est Prakriti) finalement dissociée et fondue dans le Soi : « Tu es Cela ». Le drame individuel est noyé dans le Tout. Mais
5849 dissociée et fondue dans le Soi : « Tu es Cela ». Le drame individuel est noyé dans le Tout. Mais le Tout est le contraire
5850 « Tu es Cela ». Le drame individuel est noyé dans le Tout. Mais le Tout est le contraire du drame. Tous les risques d’erre
5851 . Le drame individuel est noyé dans le Tout. Mais le Tout est le contraire du drame. Tous les risques d’erreur sont liés à
5852 ndividuel est noyé dans le Tout. Mais le Tout est le contraire du drame. Tous les risques d’erreur sont liés à notre amour
5853 out. Mais le Tout est le contraire du drame. Tous les risques d’erreur sont liés à notre amour ; et plus l’amour est passio
5854 isques d’erreur sont liés à notre amour ; et plus l’ amour est passionné, exigeant, singulier, plus grand le risque. Ce que
5855 ur est passionné, exigeant, singulier, plus grand le risque. Ce que nous croyons aimer en elle, est-ce elle-même ou l’imag
5856 e nous croyons aimer en elle, est-ce elle-même ou l’ image de notre ange ? Ce que nous avons cru voir en elle, et que nous
5857 à ses dépens, est-ce notre anima projetée ? Tous les psychanalystes nous l’ont dit : l’erreur sur la personne de l’être ai
5858 tre anima projetée ? Tous les psychanalystes nous l’ ont dit : l’erreur sur la personne de l’être aimé est la source des pi
5859 ojetée ? Tous les psychanalystes nous l’ont dit : l’ erreur sur la personne de l’être aimé est la source des pires conflits
5860 les psychanalystes nous l’ont dit : l’erreur sur la personne de l’être aimé est la source des pires conflits, une violenc
5861 stes nous l’ont dit : l’erreur sur la personne de l’ être aimé est la source des pires conflits, une violence faite à l’âme
5862 dit : l’erreur sur la personne de l’être aimé est la source des pires conflits, une violence faite à l’âme de l’autre, à s
5863 a source des pires conflits, une violence faite à l’ âme de l’autre, à son corps ou à son esprit — ou encore à son moi tota
5864 on reconnu, non respecté dans son autonomie. Ici, le brahmane intervient : — Si tu cherches le Soi à travers elle, si tu a
5865 e. Ici, le brahmane intervient : — Si tu cherches le Soi à travers elle, si tu as compris l’impermanence et t’exerces aux
5866 cherches le Soi à travers elle, si tu as compris l’ impermanence et t’exerces aux « vues justes » comme disait le Bouddha,
5867 nce et t’exerces aux « vues justes » comme disait le Bouddha, — qui était l’un des nôtres, un Indien — si tu vois bien ce
5868 tu vois bien ce que tu vois et portes ton amour à l’ immuable seul, toutes ces erreurs que tu craignais sont illusoires. Co
5869 s erreurs que tu craignais sont illusoires. Comme le moi. — La vue juste distingue et juge, mais ne peut pas nier le trou
5870 ue tu craignais sont illusoires. Comme le moi. — La vue juste distingue et juge, mais ne peut pas nier le trouble. Dans c
5871 ue juste distingue et juge, mais ne peut pas nier le trouble. Dans ce moi peu ou point différencié que la vie nous offre,
5872 trouble. Dans ce moi peu ou point différencié que la vie nous offre, avec son programme génétique insondablement plus anci
5873 notre individu naturel, et qui lui survivra dans le cours des siècles, sans surprises et mille fois réincarné — la vue ju
5874 siècles, sans surprises et mille fois réincarné —  la vue juste imagine — au sens fort — la personne. Il ne faut pas jeter
5875 réincarné — la vue juste imagine — au sens fort — la personne. Il ne faut pas jeter la vie avec l’erreur, mais aimer mieux
5876 au sens fort — la personne. Il ne faut pas jeter la vie avec l’erreur, mais aimer mieux. Non pas éteindre ou dépasser, ma
5877 t — la personne. Il ne faut pas jeter la vie avec l’ erreur, mais aimer mieux. Non pas éteindre ou dépasser, mais transmute
5878 igurer ! Aimer mieux, c’est apprendre à discerner la raison d’être — donc d’être unique — de l’autre aimé, comme de soi-mê
5879 ent animer un mouvement singulier et fascinant de l’ être… « Aimer ce que jamais on ne verra deux fois ! » — Aimer, c’est v
5880 on ne verra deux fois ! » — Aimer, c’est vouloir l’ immortel, non l’éphémère, lequel n’a rien en soi qui mérite l’amour. C
5881 x fois ! » — Aimer, c’est vouloir l’immortel, non l’ éphémère, lequel n’a rien en soi qui mérite l’amour. Cela n’empêche pa
5882 non l’éphémère, lequel n’a rien en soi qui mérite l’ amour. Cela n’empêche pas la poésie, les amours poétiques, ni le désir
5883 ien en soi qui mérite l’amour. Cela n’empêche pas la poésie, les amours poétiques, ni le désir, ni « cette adoration dont
5884 qui mérite l’amour. Cela n’empêche pas la poésie, les amours poétiques, ni le désir, ni « cette adoration dont la femme a b
5885 n’empêche pas la poésie, les amours poétiques, ni le désir, ni « cette adoration dont la femme a besoin pour s’accomplir,
5886 poétiques, ni le désir, ni « cette adoration dont la femme a besoin pour s’accomplir, et par ce culte que nous lui rendons
5887 e que nous lui rendons, nous arrivons à connaître le monde et à l’anéantir en l’absorbant. Mais que nous devenions Shiva,
5888 rendons, nous arrivons à connaître le monde et à l’ anéantir en l’absorbant. Mais que nous devenions Shiva, la femme est d
5889 arrivons à connaître le monde et à l’anéantir en l’ absorbant. Mais que nous devenions Shiva, la femme est dissoute et le
5890 ir en l’absorbant. Mais que nous devenions Shiva, la femme est dissoute et le monde avec elle. Car le monde ne doit pas êt
5891 ue nous devenions Shiva, la femme est dissoute et le monde avec elle. Car le monde ne doit pas être refusé mais dissous.92
5892 la femme est dissoute et le monde avec elle. Car le monde ne doit pas être refusé mais dissous.92 — Je veux voir l’autre
5893 le à la fois ce que je vois et ce qui fait que je la vois unique : ce vrai moi pressenti par l’amour seul, et qui est elle
5894 que je la vois unique : ce vrai moi pressenti par l’ amour seul, et qui est elle-même. Tu dis le Soi, ce n’est personne. —
5895 ti par l’amour seul, et qui est elle-même. Tu dis le Soi, ce n’est personne. — Il n’y a personne. Personne ne peut aimer,
5896 — Il n’y a personne. Personne ne peut aimer, sauf l’ égoïste. Il y a l’amour, et nous pouvons seulement devenir amour. Et t
5897 e. Personne ne peut aimer, sauf l’égoïste. Il y a l’ amour, et nous pouvons seulement devenir amour. Et tu sais bien que tu
5898 e comme personnes bien distinctes. Tu ne vois pas la femme que tu crois aimer. — Quand je saurai aimer le Soi en elle, je
5899 femme que tu crois aimer. — Quand je saurai aimer le Soi en elle, je ne serai plus moi, elle ne sera plus elle, et les die
5900 je ne serai plus moi, elle ne sera plus elle, et les dieux mêmes me serviront. Tout et tous L’Orient voudrait exténu
5901 les dieux mêmes me serviront. Tout et tous L’ Orient voudrait exténuer, « émacier le réel tangible »93, pour rejoind
5902 et tous L’Orient voudrait exténuer, « émacier le réel tangible »93, pour rejoindre l’Un primordial. Quand ses dieux mê
5903 nt fait leur office et fait leur temps, il y aura le Soi seul en tout. À la consommation des temps, répond saint Paul, « D
5904 fait leur temps, il y aura le Soi seul en tout. À la consommation des temps, répond saint Paul, « Dieu sera tout en tous »
5905 Dieu sera tout en tous ». Depuis six millénaires, les sages de l’Asie n’ont pas varié dans leur croyance à la dualité de l’
5906 t en tous ». Depuis six millénaires, les sages de l’ Asie n’ont pas varié dans leur croyance à la dualité de l’Un et du Mul
5907 es de l’Asie n’ont pas varié dans leur croyance à la dualité de l’Un et du Multiple, dualité finalement illusoire puisqu’u
5908 lement illusoire puisqu’un jour — dont ils savent la date — la vie, le cosmos et les dieux seront résorbés dans l’Un seul,
5909 usoire puisqu’un jour — dont ils savent la date — la vie, le cosmos et les dieux seront résorbés dans l’Un seul, sans lais
5910 uisqu’un jour — dont ils savent la date — la vie, le cosmos et les dieux seront résorbés dans l’Un seul, sans laisser aucu
5911 — dont ils savent la date — la vie, le cosmos et les dieux seront résorbés dans l’Un seul, sans laisser aucune trace, comm
5912 laisser aucune trace, comme n’ayant pas eu lieu. Le triomphe de ces spirituels et de leur eschatologie se confondra ce jo
5913 de leur eschatologie se confondra ce jour-là avec l’ aboutissement d’un processus entièrement matériel calculé par la scien
5914 t d’un processus entièrement matériel calculé par la science occidentale : mais personne ne sera là pour constater que leu
5915 ne sera là pour constater que leurs doctrines sur la Lumière finale et sur le Vide n’auront été, dans leur ensemble, qu’un
5916 que leurs doctrines sur la Lumière finale et sur le Vide n’auront été, dans leur ensemble, qu’une immense transposition s
5917 s leur ensemble, qu’une immense transposition sur les plans poétique et religieux du Second principe de la thermodynamique.
5918 plans poétique et religieux du Second principe de la thermodynamique. L’autre moitié de l’humanité croit dur comme fer à l
5919 principe de la thermodynamique. L’autre moitié de l’ humanité croit dur comme fer à la réalité tangible, insuffisante, plei
5920 ’autre moitié de l’humanité croit dur comme fer à la réalité tangible, insuffisante, pleine de mystères, des apparences ac
5921 nséquence à scruter et à modifier. Elle parie sur la vie et contre l’entropie94. Elle ne sait plus d’où lui vient cette pa
5922 er et à modifier. Elle parie sur la vie et contre l’ entropie94. Elle ne sait plus d’où lui vient cette passion qui a produ
5923 t plus d’où lui vient cette passion qui a produit la technique et les sciences, mais aussi nos structures sociales et poli
5924 vient cette passion qui a produit la technique et les sciences, mais aussi nos structures sociales et politiques, les droit
5925 mais aussi nos structures sociales et politiques, les droits de l’homme et une extraordinaire avidité. Le sens réel de l’av
5926 droits de l’homme et une extraordinaire avidité. Le sens réel de l’aventure échappe à la majorité de ceux qu’elle entraîn
5927 me et une extraordinaire avidité. Le sens réel de l’ aventure échappe à la majorité de ceux qu’elle entraîne. Et il est vra
5928 ire avidité. Le sens réel de l’aventure échappe à la majorité de ceux qu’elle entraîne. Et il est vrai qu’on ne saurait gu
5929 e entraîne. Et il est vrai qu’on ne saurait guère le concevoir sans une vision de sa fin anticipée. La petite phrase de sa
5930 le concevoir sans une vision de sa fin anticipée. La petite phrase de saint Paul au début de notre ère, « Dieu tout en tou
5931 ors, au duel de l’Un et du Multiple est substitué le drame de l’Un et des Uniques : — à l’anéantissement final dans l’unis
5932 t substitué le drame de l’Un et des Uniques : — à l’ anéantissement final dans l’unisson, l’harmonie d’un chœur infini ; —
5933 et des Uniques : — à l’anéantissement final dans l’ unisson, l’harmonie d’un chœur infini ; — à la régressive extinction d
5934 ques : — à l’anéantissement final dans l’unisson, l’ harmonie d’un chœur infini ; — à la régressive extinction des différen
5935 ans l’unisson, l’harmonie d’un chœur infini ; — à la régressive extinction des différences éphémères, leur mort et transfi
5936 ces éphémères, leur mort et transfiguration ; — à l’ individuel aboli par une longue aspiration de l’Atman, le personnel ét
5937 à l’individuel aboli par une longue aspiration de l’ Atman, le personnel éternisé par l’effort vivifiant de l’Imagination.
5938 iduel aboli par une longue aspiration de l’Atman, le personnel éternisé par l’effort vivifiant de l’Imagination. Ce sont l
5939 aspiration de l’Atman, le personnel éternisé par l’ effort vivifiant de l’Imagination. Ce sont là deux doctrines, deux vue
5940 , le personnel éternisé par l’effort vivifiant de l’ Imagination. Ce sont là deux doctrines, deux vues des spirituels. Quel
5941 x doctrines, deux vues des spirituels. Quelle est la vraie ? Si les sages de l’Orient ont raison, personne ne pourra le vé
5942 eux vues des spirituels. Quelle est la vraie ? Si les sages de l’Orient ont raison, personne ne pourra le vérifier à la con
5943 spirituels. Quelle est la vraie ? Si les sages de l’ Orient ont raison, personne ne pourra le vérifier à la consommation de
5944 sages de l’Orient ont raison, personne ne pourra le vérifier à la consommation des temps, pas même le Soi qui dormira dan
5945 ient ont raison, personne ne pourra le vérifier à la consommation des temps, pas même le Soi qui dormira dans un sommeil s
5946 le vérifier à la consommation des temps, pas même le Soi qui dormira dans un sommeil sans rêves — leur idée du bonheur — e
5947 r — entre deux Créations totalement insensées. Si les saints de l’Occident ont raison, ils seront seuls à être là pour le s
5948 Créations totalement insensées. Si les saints de l’ Occident ont raison, ils seront seuls à être là pour le savoir. La doc
5949 ident ont raison, ils seront seuls à être là pour le savoir. La doctrine qui peut devenir vraie sera celle que nous choisi
5950 aison, ils seront seuls à être là pour le savoir. La doctrine qui peut devenir vraie sera celle que nous choisirons, en vé
5951 irons, en vérité vécue de conscience et d’action. Les résultats actuels et historiques sont ambigus à l’infini, pour nos me
5952 s résultats actuels et historiques sont ambigus à l’ infini, pour nos mesures. Les peuples sont dans l’ignorance malheureus
5953 riques sont ambigus à l’infini, pour nos mesures. Les peuples sont dans l’ignorance malheureuse des origines et des fins de
5954 l’infini, pour nos mesures. Les peuples sont dans l’ ignorance malheureuse des origines et des fins de ce qu’ils croient, b
5955 parfois pour leurs croyances. Nous voyons ce que l’ Orient est resté jusqu’ici, et que ces doctrines d’extinction n’ont pa
5956 , et que ces doctrines d’extinction n’ont pas tué l’ illusion du moi ; au contraire, ce moi sans valeur est en train de fai
5957 main de cerveaux à diriger. Nous pressentons dans la terreur et l’espérance ce que l’Occident peut devenir : soit s’englou
5958 ux à diriger. Nous pressentons dans la terreur et l’ espérance ce que l’Occident peut devenir : soit s’engloutir dans l’Ill
5959 pressentons dans la terreur et l’espérance ce que l’ Occident peut devenir : soit s’engloutir dans l’Illusion de la matière
5960 e l’Occident peut devenir : soit s’engloutir dans l’ Illusion de la matière (et l’Orient aurait eu raison), soit accomplir
5961 eut devenir : soit s’engloutir dans l’Illusion de la matière (et l’Orient aurait eu raison), soit accomplir sa vocation av
5962 oit s’engloutir dans l’Illusion de la matière (et l’ Orient aurait eu raison), soit accomplir sa vocation aventureuse, déch
5963 oit accomplir sa vocation aventureuse, déchiffrer l’ Être dans le singulier et les structures de l’énergie universelle. Car
5964 r sa vocation aventureuse, déchiffrer l’Être dans le singulier et les structures de l’énergie universelle. Car c’est au se
5965 entureuse, déchiffrer l’Être dans le singulier et les structures de l’énergie universelle. Car c’est au secret des personne
5966 rer l’Être dans le singulier et les structures de l’ énergie universelle. Car c’est au secret des personnes que nous tenton
5967 u secret des personnes que nous tentons d’écouter la Personne, mais c’est dans la matière que nous cherchons le Soi. La cr
5968 us tentons d’écouter la Personne, mais c’est dans la matière que nous cherchons le Soi. La création tout entière, « soumis
5969 ne, mais c’est dans la matière que nous cherchons le Soi. La création tout entière, « soumise à la vanité » mais travaillé
5970 c’est dans la matière que nous cherchons le Soi. La création tout entière, « soumise à la vanité » mais travaillée par « 
5971 ons le Soi. La création tout entière, « soumise à la vanité » mais travaillée par « un ardent désir, attend la révélation
5972 é » mais travaillée par « un ardent désir, attend la révélation des fils de Dieu ». (Romains 8). Et saint Justin, l’œcumén
5973 des fils de Dieu ». (Romains 8). Et saint Justin, l’ œcuménique du iie siècle, ose parler d’un salut de la Matière. À forc
5974 uménique du iie siècle, ose parler d’un salut de la Matière. À force de l’étreindre de ses mains, de la mesurer par la vu
5975 , ose parler d’un salut de la Matière. À force de l’ étreindre de ses mains, de la mesurer par la vue, de la dissoudre et d
5976 Matière. À force de l’étreindre de ses mains, de la mesurer par la vue, de la dissoudre et de la recomposer, de l’épier d
5977 ce de l’étreindre de ses mains, de la mesurer par la vue, de la dissoudre et de la recomposer, de l’épier dans sa vie secr
5978 eindre de ses mains, de la mesurer par la vue, de la dissoudre et de la recomposer, de l’épier dans sa vie secrète, comme
5979 , de la mesurer par la vue, de la dissoudre et de la recomposer, de l’épier dans sa vie secrète, comme l’alchimiste, cette
5980 r la vue, de la dissoudre et de la recomposer, de l’ épier dans sa vie secrète, comme l’alchimiste, cette matière du cosmos
5981 recomposer, de l’épier dans sa vie secrète, comme l’ alchimiste, cette matière du cosmos en expansion, de l’atome élusif, d
5982 himiste, cette matière du cosmos en expansion, de l’ atome élusif, des corps vivants, l’homme d’Occident ne cherche pas seu
5983 expansion, de l’atome élusif, des corps vivants, l’ homme d’Occident ne cherche pas seulement à dévoiler ses lois secrètes
5984 cette voie, qu’il aille jusqu’au bout ! Pour lui la Réalité est dans l’individuel, et l’Être dans les raisons d’être des
5985 ille jusqu’au bout ! Pour lui la Réalité est dans l’ individuel, et l’Être dans les raisons d’être des uniques. Or ce choix
5986 t ! Pour lui la Réalité est dans l’individuel, et l’ Être dans les raisons d’être des uniques. Or ce choix est celui de l’a
5987 la Réalité est dans l’individuel, et l’Être dans les raisons d’être des uniques. Or ce choix est celui de l’amour, de la c
5988 sons d’être des uniques. Or ce choix est celui de l’ amour, de la connaissance par l’amour, car tout ce qui existe est uniq
5989 des uniques. Or ce choix est celui de l’amour, de la connaissance par l’amour, car tout ce qui existe est unique, à voir d
5990 hoix est celui de l’amour, de la connaissance par l’ amour, car tout ce qui existe est unique, à voir de près, comme voit l
5991 qui existe est unique, à voir de près, comme voit l’ amour. 60. Cf. Charles Baudoin, Découverte de la Personne, 1940, p.
5992 ’amour. 60. Cf. Charles Baudoin, Découverte de la Personne, 1940, p. 22. Cet ouvrage est le meilleur exposé du personna
5993 erte de la Personne, 1940, p. 22. Cet ouvrage est le meilleur exposé du personnalisme moderne, par un psychanalyste assez
5994 e, de son propre point de vue, D. T. Suzuki passe la mesure dans l’autre sens lorsqu’il écrit avec une évidente satisfacti
5995 orsqu’il écrit avec une évidente satisfaction : «  La psychologie moderne, en fait, a éliminé l’ego comme entité. » (Mystic
5996 on : « La psychologie moderne, en fait, a éliminé l’ ego comme entité. » (Mysticism : Christian and Bouddhist, p. 39.) La p
5997 . » (Mysticism : Christian and Bouddhist, p. 39.) La psychologie dont il parle est occidentale. Cherchant à guérir les « m
5998 dont il parle est occidentale. Cherchant à guérir les « maladies du moi », elle le confirme comme entité et le renforce, lo
5999 Cherchant à guérir les « maladies du moi », elle le confirme comme entité et le renforce, loin de l’éliminer. 61. Henry
6000 ladies du moi », elle le confirme comme entité et le renforce, loin de l’éliminer. 61. Henry Corbin, L’Imagination créatr
6001 le confirme comme entité et le renforce, loin de l’ éliminer. 61. Henry Corbin, L’Imagination créatrice dans le soufisme
6002 renforce, loin de l’éliminer. 61. Henry Corbin, L’ Imagination créatrice dans le soufisme d’Ibn Arabi, 1958, p. 28 et 50.
6003 . 61. Henry Corbin, L’Imagination créatrice dans le soufisme d’Ibn Arabi, 1958, p. 28 et 50. 62. Ibid., p. 131. 63. He
6004 e et corps de résurrection, 1960, p. 31. 64. Sur les solutions proposées à ce problème par l’Inde, le taoïsme, et le boudd
6005 64. Sur les solutions proposées à ce problème par l’ Inde, le taoïsme, et le bouddhisme tibétain, voir Alexandra David-Neel
6006 les solutions proposées à ce problème par l’Inde, le taoïsme, et le bouddhisme tibétain, voir Alexandra David-Neel, Immort
6007 roposées à ce problème par l’Inde, le taoïsme, et le bouddhisme tibétain, voir Alexandra David-Neel, Immortalité et Réinca
6008 ion, 1961. 65. Parole attribuée au Bouddha, dans la tradition des Théravadins (hynayânistes). 66. Cf. Alexandra David-Ne
6009 ns (hynayânistes). 66. Cf. Alexandra David-Neel, Le Bouddhisme du Bouddha, 1960, p. 51-59. 67. D. T. Suzuki, Mysticism
6010 ticism Christian and Buddhist, 1956, p. 47. 68. Le Dhamma pada, trad. angl. Radakrishnan. 69. Alexandra David-Neel don
6011 xandra David-Neel donne une Parabole tibétaine de la « personne » dans l’op. cit. « Une “personne” ressemble à une assembl
6012 ne une Parabole tibétaine de la « personne » dans l’ op. cit. « Une “personne” ressemble à une assemblée composée d’une qua
6013 une assemblée composée d’une quantité de membres. La discussion ne cesse jamais. Parfois, un de ses membres se lève, prono
6014 un discours, préconise une action ; ses collègues l’ approuvent et il est décidé qu’il sera fait suivant ce qu’il a proposé
6015 il a proposé. D’autres fois, plusieurs membres de l’ assemblée se lèvent ensemble, proposent des choses différentes et chac
6016 llègues. Il advient aussi que certains membres de l’ assemblée la quittent d’eux-mêmes ; d’autres sont graduellement poussé
6017 advient aussi que certains membres de l’assemblée la quittent d’eux-mêmes ; d’autres sont graduellement poussés au-dehors
6018 e force par leurs collègues. Pendant ce temps, de nouveaux venus s’introduisent dans l’assemblée, soit en s’y glissant doucement
6019 t ce temps, de nouveaux venus s’introduisent dans l’ assemblée, soit en s’y glissant doucement, soit en enfonçant les porte
6020 soit en s’y glissant doucement, soit en enfonçant les portes. On remarque encore que certains membres de l’assemblée dépéri
6021 ortes. On remarque encore que certains membres de l’ assemblée dépérissent lentement ; leur voix devient faible, on finit p
6022  ; leur voix devient faible, on finit par ne plus l’ entendre. Au contraire, d’autres qui étaient débiles et timides se for
6023 dissent, et finissent par s’instituer dictateurs. Les membres de cette assemblée, ce sont les éléments physiques et mentaux
6024 ctateurs. Les membres de cette assemblée, ce sont les éléments physiques et mentaux qui constituent la “personne” ; ce sont
6025 les éléments physiques et mentaux qui constituent la “personne” ; ce sont nos instincts, nos tendances, nos idées, nos cro
6026 rs, etc. Chacun de ceux-ci se trouve être, de par les causes qui l’ont engendré, le descendant et l’héritier de multiples l
6027 de ceux-ci se trouve être, de par les causes qui l’ ont engendré, le descendant et l’héritier de multiples lignes de cause
6028 rouve être, de par les causes qui l’ont engendré, le descendant et l’héritier de multiples lignes de causes, de multiples
6029 r les causes qui l’ont engendré, le descendant et l’ héritier de multiples lignes de causes, de multiples séries de phénomè
6030 ultiples séries de phénomènes remontant loin dans le passé et dont les traces se perdent dans les profondeurs de l’éternit
6031 e phénomènes remontant loin dans le passé et dont les traces se perdent dans les profondeurs de l’éternité. » Nous connaiss
6032 dans le passé et dont les traces se perdent dans les profondeurs de l’éternité. » Nous connaissons assez bien cela en Occi
6033 ont les traces se perdent dans les profondeurs de l’ éternité. » Nous connaissons assez bien cela en Occident. Bismarck écr
6034 sse comme dans une république. » À regarder ainsi le moi, on le perd assurément et par méthode. Car il est forme dominante
6035 ans une république. » À regarder ainsi le moi, on le perd assurément et par méthode. Car il est forme dominante et gouvern
6036 forme dominante et gouvernante. Si on tentait de l’ observer à l’aide d’un microscope, l’éléphant lui aussi ne serait plus
6037 nte et gouvernante. Si on tentait de l’observer à l’ aide d’un microscope, l’éléphant lui aussi ne serait plus qu’une vaste
6038 n tentait de l’observer à l’aide d’un microscope, l’ éléphant lui aussi ne serait plus qu’une vaste illusion. 70. Les Qu
6039 ussi ne serait plus qu’une vaste illusion. 70. Les Questions de Milinda (Milindahunha), ier siècle A.D. Milinda est le r
6040 linda (Milindahunha), ier siècle A.D. Milinda est le roi indo-grec Ménandre, qui vivait au iie siècle avant J.-C. Nagasen
6041 ses sont à rapprocher de cette vue d’un soufi : «  Le paradis du gnostique fidèle, c’est son corps même, et l’enfer de l’ho
6042 dis du gnostique fidèle, c’est son corps même, et l’ enfer de l’homme sans foi ni connaissance c’est également son corps mê
6043 tique fidèle, c’est son corps même, et l’enfer de l’ homme sans foi ni connaissance c’est également son corps même. » (Cit.
6044 e, p. 161.) 74. Aurore, 517. 75. Henry Corbin, L’ Imagination créatrice dans le soufisme d’Ibn Arabi, p. 88. 76. Ibn Ar
6045 . 75. Henry Corbin, L’Imagination créatrice dans le soufisme d’Ibn Arabi, p. 88. 76. Ibn Arabi, in Henry Corbin, op. cit
6046 p. 117. 79. Cf. supra. 80. Emmanuel Swedenborg, La Nouvelle Jérusalem et sa doctrine céleste, § 86 à 89. 81. C’est à pe
6047  », et qui n’est tel qu’aux yeux de celui qui nie l’ âme ; mais alors, d’où viendrait cet amour, à qui irait-il ? La passio
6048 alors, d’où viendrait cet amour, à qui irait-il ? La passion de Tristan est la preuve de l’âme, s’il en fut jamais. 82. K
6049 amour, à qui irait-il ? La passion de Tristan est la preuve de l’âme, s’il en fut jamais. 82. Katha upanishad. 83. Alexa
6050 irait-il ? La passion de Tristan est la preuve de l’ âme, s’il en fut jamais. 82. Katha upanishad. 83. Alexandra David-Ne
6051 82. Katha upanishad. 83. Alexandra David-Neel, Le Bouddhisme du Bouddha, p. 45. 84. Chang Chen-Chi, The Practice of z
6052 hi, The Practice of zen. 85. Tout cela vaut pour l’ islam, bien entendu, au moins autant que pour le christianisme et le j
6053 r l’islam, bien entendu, au moins autant que pour le christianisme et le judaïsme. « Dans l’Arabe, tout est colère », écri
6054 ndu, au moins autant que pour le christianisme et le judaïsme. « Dans l’Arabe, tout est colère », écrit Henri Michaux. « S
6055 que pour le christianisme et le judaïsme. « Dans l’ Arabe, tout est colère », écrit Henri Michaux. « Son bonjour : “Que le
6056 lère », écrit Henri Michaux. « Son bonjour : “Que le salut soit sur quiconque suit la vraie religion.” (La vraie ! Aux aut
6057 n bonjour : “Que le salut soit sur quiconque suit la vraie religion.” (La vraie ! Aux autres, pas de bonjour.) » 86. Lin
6058 alut soit sur quiconque suit la vraie religion.” ( La vraie ! Aux autres, pas de bonjour.) » 86. Lingopasanârahasya. 87.
6059  » 86. Lingopasanârahasya. 87. Alain Daniélou, Le Polythéisme hindou, p. 474. 88. Gopala-uttara-tapîni upanishad. 89
6060 . Gopala-uttara-tapîni upanishad. 89. Raja Rao, Le Serpent et la Corde, 1959, p. 28. Je ne saurais trop inciter mes lect
6061 ra-tapîni upanishad. 89. Raja Rao, Le Serpent et la Corde, 1959, p. 28. Je ne saurais trop inciter mes lecteurs à lire ce
6062 lecteurs à lire ce beau roman autobiographique : la fraîcheur poétique ou mieux, l’euphorie spirituelle qui baigne l’œuvr
6063 utobiographique : la fraîcheur poétique ou mieux, l’ euphorie spirituelle qui baigne l’œuvre, situe dans la réalité ce que
6064 tique ou mieux, l’euphorie spirituelle qui baigne l’ œuvre, situe dans la réalité ce que je n’entends ici que formuler. Je
6065 phorie spirituelle qui baigne l’œuvre, situe dans la réalité ce que je n’entends ici que formuler. Je ne connais rien dans
6066 entends ici que formuler. Je ne connais rien dans la littérature qui confronte avec plus de tendresse et de rigueur l’Est
6067 ui confronte avec plus de tendresse et de rigueur l’ Est et l’Ouest. Lire aussi, mais c’est beaucoup moins tendre pour les
6068 nte avec plus de tendresse et de rigueur l’Est et l’ Ouest. Lire aussi, mais c’est beaucoup moins tendre pour les deux, c’e
6069 Lire aussi, mais c’est beaucoup moins tendre pour les deux, c’est même féroce, le chef-d’œuvre d’Henri Michaux, Un Barbare
6070 up moins tendre pour les deux, c’est même féroce, le chef-d’œuvre d’Henri Michaux, Un Barbare en Asie. Lire enfin de Rudol
6071 Un Barbare en Asie. Lire enfin de Rudolf Kassner, Le Livre de ma Vie. Puis aller en Inde et sentir l’innombrable, le « cor
6072 Le Livre de ma Vie. Puis aller en Inde et sentir l’ innombrable, le « corps magique ». 90. D. T. Suzuki, Mysticism : Chr
6073 Vie. Puis aller en Inde et sentir l’innombrable, le « corps magique ». 90. D. T. Suzuki, Mysticism : Christian and Budd
6074 sm : Christian and Buddhist, p. 73. Je crains que l’ auteur ne vienne ici à la rencontre des catégories de L’Amour et l’Oc
6075 st, p. 73. Je crains que l’auteur ne vienne ici à la rencontre des catégories de L’Amour et l’Occident un peu plus qu’il
6076 r ne vienne ici à la rencontre des catégories de L’ Amour et l’Occident un peu plus qu’il ne serait souhaitable, de son p
6077 ici à la rencontre des catégories de L’Amour et l’ Occident un peu plus qu’il ne serait souhaitable, de son propre point
6078 de vue. 91. On pourra retrouver ce passage dans la Brihadaranyaka upanishad, au cours des dialogues entre l’illustre sag
6079 daranyaka upanishad, au cours des dialogues entre l’ illustre sage Yajnavalkya et son épouse Maitreyi, qui l’interroge sur
6080 stre sage Yajnavalkya et son épouse Maitreyi, qui l’ interroge sur l’immortalité. 92. Phrases empruntées comme plusieurs a
6081 alkya et son épouse Maitreyi, qui l’interroge sur l’ immortalité. 92. Phrases empruntées comme plusieurs autres ici au rom
6082 comme plusieurs autres ici au roman de Raja Rao, Le Serpent et la Corde. 93. Pierre Teilhard de Chardin, La Route de l’O
6083 rs autres ici au roman de Raja Rao, Le Serpent et la Corde. 93. Pierre Teilhard de Chardin, La Route de l’Ouest (inédit).
6084 ent et la Corde. 93. Pierre Teilhard de Chardin, La Route de l’Ouest (inédit). 94. Il serait peut-être fécond d’interpré
6085 rde. 93. Pierre Teilhard de Chardin, La Route de l’ Ouest (inédit). 94. Il serait peut-être fécond d’interpréter le princ
6086 t). 94. Il serait peut-être fécond d’interpréter le principe de Carnot-Clausius (accroissement général de l’entropie, mor
6087 cipe de Carnot-Clausius (accroissement général de l’ entropie, mort lumineuse) en termes de métaphysique orientale, et le p
6088 umineuse) en termes de métaphysique orientale, et le principe d’exclusion de Pauli (individuation des électrons, condition
6089 Pauli (individuation des électrons, conditionnant la « vie ») en termes de métaphysique occidentale. Mais Stéphane Lupasco
6090 ura sans doute pensé. av. Rougemont Denis de, «  La personne, l’ange et l’absolu, ou le dialogue Occident-Orient », La No
6091 e pensé. av. Rougemont Denis de, « La personne, l’ ange et l’absolu, ou le dialogue Occident-Orient », La Nouvelle Revue
6092 av. Rougemont Denis de, « La personne, l’ange et l’ absolu, ou le dialogue Occident-Orient », La Nouvelle Revue française,
6093 t Denis de, « La personne, l’ange et l’absolu, ou le dialogue Occident-Orient », La Nouvelle Revue française, Paris, avril
6094 ge et l’absolu, ou le dialogue Occident-Orient », La Nouvelle Revue française, Paris, avril 1961, p. 586-617.