1 1931, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Les Éléments de la grandeur humaine, par Rudolf Kassner (octobre 1931)
1 ents qui prennent rarement assez de violence pour nous déchirer jusqu’au salut, et dont la composante réelle tend vers zéro,
2 losophie de l’existence personnelle qu’avant tout nous avons besoin. Kierkegaard nous en propose le type le plus efficace. E
3 elle qu’avant tout nous avons besoin. Kierkegaard nous en propose le type le plus efficace. Et c’est ainsi par une nécessité
4 ace. Et c’est ainsi par une nécessité organique — nous sommes nécessiteux — que son œuvre entre en action parmi les forces s
5 ciple du Danois, et dont il est grand temps qu’on nous traduise quelques essais théologiques. L’œuvre de Rudolf Kassner, de
6 du point de vue des valeurs vitales (problème que notre xviie siècle se devait de ne pas poser). L’homme antique peut attein
7 de charme mais sans forme et sans but, peut bien nous stimuler, mais ne nous détermine jamais. Cet homme indiscret est dist
8 rme et sans but, peut bien nous stimuler, mais ne nous détermine jamais. Cet homme indiscret est distrait, et sa distraction
9 éfléchie qui préside à son analyse de l’indiscret nous vaut une description inégalable du mal du siècle. Ici le mépris ne po
10 privilège d’avoir parlé sans complicité de ce qui nous détruit : Rudolf Kassner donne la sensation à peu près unique en ce t
11 tions personnelles, parlementarisme intérieur qui nous mène lentement à l’impuissance. (Si Kassner exprime un tourment, c’es
12 aleurs, non de la seule exactitude des pensées —, nous connaissons le modèle immortel, le Livre de Job. Il serait curieux d’
13 bscurité : Kassner ne pose pas les problèmes dans nos catégories psychologiques. Il prend tout par des biais qui nous sont
14 s psychologiques. Il prend tout par des biais qui nous sont peu familiers. Et puis enfin, voilà une philosophie qui postule
2 1931, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Sarah, par Jean Cassou (novembre 1931)
15 vie est une espèce de marâtre et n’a que faire de nos tendresses. Les sujets de Jean Cassou sont très particuliers — jusqu’
16 i faire reproche, car ce qui lui importe, comme à nous , c’est précisément le sentiment d’absurdité qui se dégage de pareils
17 lleurs contes du volume sont ceux dont la lenteur nous retient. Ainsi Sarah, Monsieur Hoog, qui atteignent à une qualité d’é
3 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Les Signes parmi nous, par C. F. Ramuz (janvier 1932)
18 Les Signes parmi nous , par C. F. Ramuz (janvier 1932)c Il est remarquable que ceux dont
19 uable que ceux dont la fonction serait d’exprimer notre civilisation, en un temps où elle se trouve brutalement mise en quest
20 le entendre pour la première fois la voix d’un de nos aînés, interrogeant notre destin, lui poser en face des questions d’u
21 ière fois la voix d’un de nos aînés, interrogeant notre destin, lui poser en face des questions d’une accablante simplicité.
22 rte qui pourrait poser et qui ne peuvent tirer de nous rien d’exquis ni d’original, mais au contraire nous plongent dans l’h
23 us rien d’exquis ni d’original, mais au contraire nous plongent dans l’humiliation, dans l’effroi ou dans la violence ? Le t
24 emple, non plus en termes curieux ou convenables. Nous rechercherons désormais ceux qui savent dévisager notre condition la
25 rechercherons désormais ceux qui savent dévisager notre condition la plus nue. « Alors on voit paraître le grand, c’est-à-dir
26 ur des choses. Cet art, le sujet des Signes parmi nous , par sa simplicité même, le met en valeur mieux que tout autre récit
27 e ce livre lue avec cette lenteur qu’elle impose, nous replace dans la vision grande et efficace des choses les plus simples
28 e l’interrogation que la réussite couvrait. Où va notre or, en réalité ? (Dans quelle direction principale.) Où tend notre ac
29 ité ? (Dans quelle direction principale.) Où tend notre action centuplée par les machines ? Où tendent nos métaphysiques et n
30 re action centuplée par les machines ? Où tendent nos métaphysiques et nos philosophies mal embrayées ?… Nous voici ramenés
31 ar les machines ? Où tendent nos métaphysiques et nos philosophies mal embrayées ?… Nous voici ramenés aux questions simple
32 étaphysiques et nos philosophies mal embrayées ?… Nous voici ramenés aux questions simples, et réputées grossières. Peut-êtr
33 n quelque sorte le contraire qui est vrai ; c’est notre temps qui revêt une actualité7 et une réalité véritables du fait de l
34 e, « [Compte rendu] C. F. Ramuz, Les Signes parmi nous  », La Nouvelle Revue française, Paris, janvier 1932, p. 144-149.
4 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Le silence de Goethe (mars 1932)
35 frontation du Sage et du Fou — d’un fou qui reste notre intime tentation — permettra-t-elle, par la vivacité même du paradoxe
36 confrontation serait absurde, j’en conviens. Mais notre optique n’est-elle point faussée par un état d’esprit qui voudrait qu
37 ttéraire de leur expérience qui doit conditionner notre vision. Non point qu’il soit un seul instant négligeable, s’agissant
38 ire maintenant, ce qui ne cesse de provoquer dans notre esprit l’étonnement du premier regard, c’est la similitude de forme,
39 exaspéré Goethe autant que Rimbaud, mais, croyons- nous , dans leur habitus individuel bien plus que dans leur commune grandeu
40 aiblesse du corps le ramène à l’aspect concret de notre condition. Et c’est seulement en passant par une application matériel
41 es viennent de ne m’être pas figuré assez tôt que nous sommes à l’Occident. » L’Occident, c’est l’Esprit incarné. L’incarnat
42 tre. Sa vie en Afrique est un second renoncement. Nous aurions combiné tout cela avec de la littérature. Car il n’est pas do
43 é dans la réalisation de leur destin. Rimbaud est notre mythe occidental : mythe faustien. Il a vécu tragiquement la tentatio
44 t spirituel. C’est le refus de la magie qui fonde notre éthique, et ce dilemme est peut-être le plus important qui se pose à
45 ythe dialectique soit profondément constitutif de notre être, l’extension et la diversité de ses aspects le prouvent. C’est l
46 lus hautes de l’existence terrestre. « Un fait de notre vie ne vaut pas en tant qu’il est vrai, mais en tant qu’il signifie q
47 nte d’être actif et utile en celui-ci »13. À quoi nous saurons opposer cette confession mémorable : « Nous ne devons profére
48 us saurons opposer cette confession mémorable : «  Nous ne devons proférer les plus hautes maximes qu’autant qu’elles sont ut
49 es sont utiles pour le bien du monde. Les autres, nous devons les garder pour nous ; elles seront toujours là pour diffuser
50 du monde. Les autres, nous devons les garder pour nous  ; elles seront toujours là pour diffuser leur éclat sur tout ce que n
51 jours là pour diffuser leur éclat sur tout ce que nous ferons, comme la douce lumière d’un soleil caché14. » Écrire, tout en
52 vers un « au-delà » des conditions de vivre. Mais notre époque voudra-t-elle encore de ces évasions ? Elle les reproche au ch
53 ristianisme). Plus goethéenne aussi. Mais gardons- nous de tirer de ceci je ne sais quel critère de « jugement » qui permettr
54 Rimbaud. C’est la pureté démesurée de Rimbaud qui nous juge, et la grandeur humaine de Goethe. Et qui voudrait les opposer ?
55 n resterait purement imaginaire et vaniteuse pour nous , tant que cette pureté et cette grandeur ne tenteront pas nos âmes ju
56 e cette pureté et cette grandeur ne tenteront pas nos âmes jusqu’à la mort ? L’homme ne peut juger que plus bas que lui. C’
57 sion qu’humains. La révélation chrétienne déborde notre condition, si elle la comble par ailleurs. Ce critère du salut, cette
58 rtes du Royaume des Cieux. Il reste que les temps nous pressent de toutes parts au choix, jusque dans nos admirations, nous
59 us pressent de toutes parts au choix, jusque dans nos admirations, nous pressent d’affecter toute chose, même spirituelle,
60 utes parts au choix, jusque dans nos admirations, nous pressent d’affecter toute chose, même spirituelle, d’une sorte de coe
61 des cadres d’une logique statique et cartésienne nous porte en des régions nouvelles de l’esprit où l’action redevient notr
62 gions nouvelles de l’esprit où l’action redevient notre seul critère de cohérence. C’est dire que nous demandons aux œuvres q
63 t notre seul critère de cohérence. C’est dire que nous demandons aux œuvres que nous aimons de témoigner d’une certaine forc
64 nce. C’est dire que nous demandons aux œuvres que nous aimons de témoigner d’une certaine force de révolte. Notre premier mo
65 ons de témoigner d’une certaine force de révolte. Notre premier mouvement nous porterait vers Rimbaud, nous détournant de Goe
66 ertaine force de révolte. Notre premier mouvement nous porterait vers Rimbaud, nous détournant de Goethe. Mais prenons garde
67 re premier mouvement nous porterait vers Rimbaud, nous détournant de Goethe. Mais prenons garde de tomber dans un conformism
68 ales héritées des temps révolus, prenons garde de nous laisser convaincre par les seuls éclats d’un fanatisme à vrai dire sp
69 ndre, que l’imprécation de Rimbaud : et tous deux nous contraignent aux tâches immédiates, c’est-à-dire : à l’actualisation
70 s immédiates, c’est-à-dire : à l’actualisation de notre réalité. « Il faut être absolument moderne ». 8. Conversations ave
5 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Querelles de famille, par Georges Duhamel (mai 1932)
71 nimum de cynisme et de fantaisie qui enflammerait notre indignation. C’est que l’expression traditionnelle de la mauvaise hum
6 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Éloge de l’imprudence, par Marcel Jouhandeau (septembre 1932)
72 u (septembre 1932)g Si dans tous les écrits de notre temps il est question de bien, de mal, de vice et de vertu, de péché
73 v de l’œuvre entière de Jouhandeau. Et soudain il nous apparaît que cette œuvre est une illustration, non dépourvue de compl
7 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Cahier de revendications [Présentation] (décembre 1932)
74 le ? Il semble que la solidarité du péril crée en nous une unité que n’ont su faire ni maîtres ni doctrines, unité de refus
75 ette vue qu’ont été réunies — rapidement car tout nous presse — les déclarations que l’on va lire. i. Rougemont Denis de,
8 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). À prendre ou à tuer (décembre 1932)
76 À prendre ou à tuer (décembre 1932)j Nous avons choisi de vivre — telle est notre révolution — dans un monde qu
77 1932)j Nous avons choisi de vivre — telle est notre révolution — dans un monde qui nous préparait pour autre chose, dans
78 — telle est notre révolution — dans un monde qui nous préparait pour autre chose, dans une société organisée (et mal) contr
79 e qu’on paraît trop facilement admettre autour de nous . Voilà bien l’exigence que nous voulons rendre inconfortable, inadmis
80 dmettre autour de nous. Voilà bien l’exigence que nous voulons rendre inconfortable, inadmissible, et dans toute l’urgence d
81 u terme : actuelle. Il y va de la qualité même de notre vie ; de notre choix. Il y va de cette qualité même d’impossible qui
82 lle. Il y va de la qualité même de notre vie ; de notre choix. Il y va de cette qualité même d’impossible qui seule rend la v
83 , c’est-à-dire grande. Devant les solutions qu’on nous propose d’urgence, il est clair que toute impartialité serait hypocri
84 efus. Qu’on trouve donc ici une prise de parti.   Nous sommes une génération comblée. Comblée de chances de grandeur, et com
85 s’agit, ni même de conflits d’intérêts. Mais pour nous , entrés dans la vie sous le coup d’une menace de faillite planétaire,
86 imposer. Ce n’est plus pour quelque « idéal » que nous avons à lutter hic et nunc, mais pour que les hommes vivent et demeur
87 ugles, mais pas si sourds qu’ils ne s’irritent de nos cris. Il est vrai que certains, au lendemain de la guerre, ont trop s
88 de tout le mal ?   Telles sont les composantes de notre situation. Nous sommes là : n’y pouvant plus tenir longtemps ; ne pou
89   Telles sont les composantes de notre situation. Nous sommes là : n’y pouvant plus tenir longtemps ; ne pouvant accepter de
90 ant plus tenir longtemps ; ne pouvant accepter de nous battre pour un « ordre » et des « idéaux » criminels. Il y a la guerr
91 x » criminels. Il y a la guerre proche. La ferons- nous  ? pour qui ? Il y a la misère présente : pourquoi la supporterons-nou
92 y a la misère présente : pourquoi la supporterons- nous  ? La révolution, ce n’est plus un état d’esprit, ni un refus des tâch
93 e, et aussi à son sens de « misère qui appelle ». Nous ne sommes pas des « bourgeois-dégoûtés » ou des « prolétaires-avides-
94 audrait qu’elle le paie du prix de l’âme même. On nous donne à choisir entre un régime bourgeois odieux, raté, dont nous mou
95 isir entre un régime bourgeois odieux, raté, dont nous mourrons, — et d’autre part une espérance, une utopie, qu’il nous est
96  et d’autre part une espérance, une utopie, qu’il nous est impossible d’accepter avec le « bon cœur » que préconise Philippe
97 n cœur » que préconise Philippe Lamour, parce que nous n’y voyons qu’une réalisation épurée, tyrannique et privée de toute r
98 , de cela justement que dans le désordre régnant, nous détestons de toute la force de notre âme : la primauté du matériel. C
99 rdre régnant, nous détestons de toute la force de notre âme : la primauté du matériel. Comment penser — si « penser » est ins
100 ion. Ni à gauche, ni à droite, il n’y a rien pour nous . Nous nous plaçons à l’origine de quelque chose d’autre, dont la réal
101 i à gauche, ni à droite, il n’y a rien pour nous. Nous nous plaçons à l’origine de quelque chose d’autre, dont la réalité éc
102 auche, ni à droite, il n’y a rien pour nous. Nous nous plaçons à l’origine de quelque chose d’autre, dont la réalité échappe
103 les révolutionnaires non marxistes. Mais comment nous laisser convaincre par une réussite matérielle, temporaire, et d’aill
104 eurs discutable ? C’est l’homme qui se révolte en nous contre le marxiste. Vous n’y ferez rien. Et nous ne trahirons pas l’h
105 nous contre le marxiste. Vous n’y ferez rien. Et nous ne trahirons pas l’homme tel qu’il est, sous prétexte qu’il faut se h
106 hâter, et qu’en Russie c’est en train de marcher. Nous jouerons tout sur une révolution vraie. Les catastrophes sont proches
107 révolution vraie. Les catastrophes sont proches. Nous ne sommes plus les seuls à le dire. Beaucoup de capitalistes l’ont si
108 en sous-main des terrains d’entente avec l’URSS. Nous ne pensons pas que la guerre soit, comme l’écrit Lefebvre, la seule «
109 onflit d’intérêts ? Et d’intérêts qui ne sont pas les nôtres , qui ne sont pas les intérêts réels d’un être aux prises avec la cond
110 pour le mensonge d’hier, ni pour celui de demain nous ne verserons notre sang. Il y a une vérité qui domine et condamne tou
111 d’hier, ni pour celui de demain nous ne verserons notre sang. Il y a une vérité qui domine et condamne tout cela. Entre le co
112 atries personnalistes. Mais où sont les motifs de notre choix ? J’en indiquerai trois. 1° — La seule révolution qui nous impo
113 en indiquerai trois. 1° — La seule révolution qui nous importe concerne l’homme, exprime ses données élémentaires : elle n’e
114 ojection du conflit de la personne. Les marxistes nous accusent de mêler des notions « morales » — ainsi désignent-ils la no
115 si « ces faits sont les faits » comme on voudrait nous le faire croire. Une révolution n’agit pas dans le vide, mais contre
116 la statistique. ⁂ Mais les marxistes répugnent à nous suivre sur ce terrain. Suivons-les donc sur le leur. Ils opposent à n
117 ain. Suivons-les donc sur le leur. Ils opposent à nos « rêveries » l’action. Qu’appellent-ils l’action ? Est-ce un opportun
118 écrit Nizan. Voilà bien la suprême « évasion » de nos intellectuels, même marxistes. Abdication de la pensée entre les main
119 millions de membres sévèrement contrôlés. « Mais, nous dit-on, les constructions d’un Lénine n’étaient pas songes, elles s’a
120 es s’appuyaient sur le mouvement de l’histoire ». Nous avons affaire ici à un véritable mysticisme de la réussite, à un fata
121 isamment analysés. Les faits, demain, seront pour nous . L’Ordre nouveau, Combat, Esprit, travaillent dans la ligne des force
122 ne vois pas qu’ils connaissent l’homme mieux que nous . Je ne les vois pas plus forts. Je vois bien l’accumulation de leurs
123 ccumulation de leurs griefs, — dont beaucoup sont les nôtres , mais nous en avons davantage. Je vois clairement que leurs buts prov
124 urs griefs, — dont beaucoup sont les nôtres, mais nous en avons davantage. Je vois clairement que leurs buts provoquent le r
125 la fois des bourgeois, et de la vérité humaine de nos doctrines antibourgeoises. Mais ils ne donnent pas de pain. Ceux qui
126 tent que du pain, finalement n’en donnent jamais. Nous avons en commun avec eux certains mots d’ordre immédiats : lutte cont
127 auxquelles se maintient le désordre établi. Mais nous allons plus loin dans la critique de ce désordre : jusqu’à ce point o
128 te-matérialiste. Non, ce n’est pas une classe que nous devons sauver, c’est l’homme menacé dans son intégrité. Sauver l’homm
129 de la révolution nouvelle. Ici, je ne dirai plus nous , mais je. À la question « Prenez-vous au sérieux vos idées, y croyez-
130 mble. Loin de moi la pensée que par des arguments nous pourrons triompher d’autre chose que d’arguments. À l’effort admirabl
131 nt la grandeur des luttes élémentaires, n’aurions- nous à répondre qu’un dogmatique « Tu te trompes » ? Les hommes n’entendro
132 ue « Tu te trompes » ? Les hommes n’entendront de nous que notre volonté de sacrifice, de pauvreté. C’est dangereux, c’est g
133 e trompes » ? Les hommes n’entendront de nous que notre volonté de sacrifice, de pauvreté. C’est dangereux, c’est grave de pe
134 de penser juste. La vérité ne peut exister parmi nous que sous la forme d’une accusation personnelle. Il faut savoir entend
135 es ». 23. Le succès du communisme serait-il « de nous rendre la vie de caserne acceptable » ? (Roland de Pury, dans Hic et
9 1933, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Pétrarque, par Charles-Albert Cingria (avril 1933)
136 rait l’Impartialité ? Ces gens-là voudraient bien nous faire croire qu’un texte est intéressant dans la mesure même où il es
137 aussitôt une citation, oublie d’avoir raison, et nous laisse admirer cette prose de la Renaissance où palpite, sous une sér
10 1933, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Une main, par C. F. Ramuz (juin 1933)
138 de moi, ou je ne parle pas que de moi, parce que nous sommes tous mal faits. » On n’attendait pas de Ramuz un examen de con
139 e. Par le choix même du prétexte de cet écrit, il nous donne ce genre de pensées pour ce qu’elles ont toujours été à ses yeu
140 de peu de poids, facilement entraînés. Une Main nous donne ainsi l’analyse élémentaire d’un des phénomènes les plus import
11 1933, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Saint-Évremond ou L’humaniste impur, par Albert-Marie Schmidt (octobre 1933)
141 l est plaisant de voir un jeune auteur obtenir de nos jours un effet de surprise par l’emploi d’un style poli, nombreux, to
142 que je connaisse. Tel qu’il est, ce petit volume nous offre un jeu serré et subtil, et dont le spectacle n’est pas vain. M.
143 e de ce fait trop actuel, qu’Albert-Marie Schmidt nous restitue au cours de son essai de critique exemplaire. m. Rougemon
12 1933, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Le Deuxième Jour de la Création, par Ilya Ehrenbourg (décembre 1933)
144 s parlent peut-être plus qu’ils ne devraient. Ils nous montrent une jeunesse russe assez peu marxiste, mais encore moins rév
145 lus tragique qu’ils ne savent plus le formuler. À nous de les y aider ; et de comprendre que seule cette question-là rétabli
13 1934, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Taille de l’homme, par C. F. Ramuz (avril 1934)
146 figurent la réalité. Une œuvre comme Adam et Ève nous le fait voir tout aussi bien que cet essai : Ramuz est présent à ce m
147 ’est-ce que le matériel peut bien précéder ? D’où nous viendrait alors ce « matériel » ? 29. Abréviation usuelle en URSS po
14 1934, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Le Procès, par Franz Kafka (mai 1934)
148 toutes les situations de ce livre ? Cette Loi qui nous condamne quoi que nous fassions, ce Juge impitoyable, cette instance
149 e ce livre ? Cette Loi qui nous condamne quoi que nous fassions, ce Juge impitoyable, cette instance suprême qu’on n’atteint
150 ar moi ». C’est par le Fils que Dieu devient pour nous le Père ; mais alors, l’acquittement est possible. « Je suis le chemi
151 mais c’est aussi par cette foi, et parce qu’elle nous permet de faire un pas et « d’en sortir » que nous connaissons notre
152 ous permet de faire un pas et « d’en sortir » que nous connaissons notre état, que nous mesurons le réel, et que nous pouvon
153 re un pas et « d’en sortir » que nous connaissons notre état, que nous mesurons le réel, et que nous pouvons l’avouer. p.
154 ’en sortir » que nous connaissons notre état, que nous mesurons le réel, et que nous pouvons l’avouer. p. Rougemont Denis
155 ons notre état, que nous mesurons le réel, et que nous pouvons l’avouer. p. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Franz Ka
15 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Ni gauche ni droite (août 1935)
156 raient, non les faits : voilà bien le désordre où nous vivons. C’est une anarchie sémantique. On me fait observer que l’oppo
157 que. Et Staline, disent les droites, a tort : car nous voulons une armée forte, mais non pas en vertu d’un conseil bolchevis
16 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Paracelse, par Frédéric Gundolf (septembre 1935)
158 faut se méfier de la gloire qu’on lui a faite. On nous rapporte par exemple que « déjà vieux et ne voulant pas mourir, il s’
159 âme par l’ordure, c’est un des thèmes favoris de notre temps. Mais combien, parmi nous, se sont fait déterrer deux jours tro
160 hèmes favoris de notre temps. Mais combien, parmi nous , se sont fait déterrer deux jours trop tôt ! L’auteur de l’anecdote é
161 mais un savant complet comme il faut espérer que nous en reverrons bientôt, un savant qui voulait harmoniser sa petite spéc
162 ndioses correspondances dans le détail bizarre de notre microcosme, manquait de la seule chose dont nous soyons abondamment f
163 notre microcosme, manquait de la seule chose dont nous soyons abondamment fournis : d’un attirail de concepts à tout faire31
164 pouvait en exprimer. Son destin fut l’inverse du nôtre . La technique nous masque le vrai, nous sommes en pleine scolastique
165 . Son destin fut l’inverse du nôtre. La technique nous masque le vrai, nous sommes en pleine scolastique (au sens vulgaire).
166 verse du nôtre. La technique nous masque le vrai, nous sommes en pleine scolastique (au sens vulgaire). Ce défaut de mots pr
167 aladresse en instrument de découvertes. Alors que notre étiologie se borne la plupart du temps à mettre un nom abstrait sur c
168 t organique (théologique-astrologique) à laquelle notre science est en train de revenir, après une sombre époque cérébrale et
169 on dont descend toute la science du xixe , et qui nous ont conduits à considérer notre corps comme une espèce de moteur démo
170 e du xixe , et qui nous ont conduits à considérer notre corps comme une espèce de moteur démontable. Ainsi le grand docteur «
171 est « cosmomorphe ». Le retour à Paracelse auquel nous assistons est un des signes marquants de ce temps-ci. Le symbole d’un
172 omique de la culture occidentale. Peut-être avons- nous passé l’âge de l’inhumaine, de la blasphématoire mécanisation de la v
173 hématoire mécanisation de la vie. Peut-être avons- nous passé l’âge des rationalismes trop courts, de la mythologie féroce de
174 es chiffres et des laboratoires. Peut-être allons- nous revenir non pas à l’humanisme mais à l’homme, considéré comme un miro
175 ’est pas seulement cruelle et folle, l’époque qui nous offre de si grandes chances. Et c’est une ère favorable qui s’ouvre,
176 mmât l’activité qu’il découvrait. Qui ne sait, de nos jours, parler d’« hygiène professionnelle » ? 32. Euphémisme résuman
17 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Lawrence et Brett par Dorothy Brett ; Matinées mexicaines suivi de Pansies (poèmes), par D. H. Lawrence (octobre 1935)
177 et n’irrite pas, ne passionne pas non plus, mais nous intéresse longuement et gagne en somme notre complicité. Elle a l’hum
178 mais nous intéresse longuement et gagne en somme notre complicité. Elle a l’humour discret, sensible, qui convient à la conf
179 e plus vif que réserve ce genre d’écrit, c’est de nous laisser lire dans le jeu d’un être humain : rien ne flatte mieux notr
180 ns le jeu d’un être humain : rien ne flatte mieux notre désir d’ubiquité. À cet égard, le livre de Dorothy Brett est beaucoup
181 documents accessibles sur la manière de vivre de nos contemporains ? Nous avons des reportages et des biographies, c’est-à
182 es sur la manière de vivre de nos contemporains ? Nous avons des reportages et des biographies, c’est-à-dire des moyennes et
183 lavez des choses toute la journée. À cinq heures nous allons chercher les chevaux qui se cachent tout au bout du champ de p
184 erre, là-bas près de la barrière sud. Finalement, nous les pourchassons dans le corral, mais nous sommes plus éreintés que j
185 ement, nous les pourchassons dans le corral, mais nous sommes plus éreintés que jamais. Puis Poppy se cabre au-dessus du dos
186 Puis Poppy se cabre au-dessus du dos de Bessie et nous la perdons presque. Enfin nos montures sont sellées et nous partons c
187 u dos de Bessie et nous la perdons presque. Enfin nos montures sont sellées et nous partons chercher le lait, mais vous ête
188 rdons presque. Enfin nos montures sont sellées et nous partons chercher le lait, mais vous êtes blême et fatigué. Un trait
189 ugrenue. Les Pansies confirment d’ailleurs ce que nous disent Brett et les autres de cet état d’irritation perpétuelle où vi
18 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Les Mystiques allemands du xiiie au xixe siècle, par Jean Chuzeville (octobre 1935)
190 s écrits de la mystique médiévale ou renaissante. Notre optique actuelle doit fatalement les déformer. C’est qu’elle est géné
191 . C’est qu’elle est généralement conditionnée par notre romantisme littéraire en même temps que par notre scepticisme religie
192 notre romantisme littéraire en même temps que par notre scepticisme religieux. Une telle disposition d’esprit nous incite à s
193 ticisme religieux. Une telle disposition d’esprit nous incite à séparer ce qui était lié chez les mystiques : la vision de f
194 qui essaient de l’envelopper pour la transmettre. Nous estimons alors les mystiques selon les critères du lyrisme moderne, q
195 ins de sa vérité. Il y a donc de l’équivoque dans notre admiration (ou notre déception) devant les témoignages qu’on nous pro
196 y a donc de l’équivoque dans notre admiration (ou notre déception) devant les témoignages qu’on nous propose. Un peu plus d’e
197 (ou notre déception) devant les témoignages qu’on nous propose. Un peu plus d’exigence philosophique conduirait certainement
198 phique conduirait certainement la plupart d’entre nous à récuser la Vérité que les mystiques ont prétendu traduire, ce qui r
199 autres exigences possibles : ces deux-là dominent notre siècle.) Du point de vue strictement théologique, qui est tout de mêm
200 soit pas cette « transgression » et cet oubli de nos limites, contre lesquels s’élèvent sans cesse les Prophètes et les Ap
201 éserve, il convient de remercier M. Chuzeville de nous avoir ouvert par son anthologie tout un monde spirituel et poétique p
202 lante. La plupart des mystiques que M. Chuzeville nous présente sont inconnus du public français, Novalis et Ruysbroeck mis
203 alogie des monstres germaniques obsède décidément nos universitaires. Elle relève d’un nationalisme de manuels, pour ne pas
204 t certaines indications fécondes de sa préface et nous donnait une bonne étude sur le lyrisme romantique considéré comme une
19 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). « Le plus beau pays du monde » (octobre 1935)
205 à « décourager l’orgueil patriotique », où allons- nous  ? Quelqu’un qui est bien content, dans cette affaire, c’est le journa
20 1936, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Dictature de la liberté, par Robert Aron (mars 1936)
206 ntre ces deux nécessités dont la première exprime notre condition matérielle, et la seconde notre mission spirituelle. La dic
207 exprime notre condition matérielle, et la seconde notre mission spirituelle. La dictature tue la liberté pour assurer l’ordre
208 e liberté organisée n’en est plus une. Expliquons- nous  ; il faut organiser le matériel — la dictature36 seule y parvient — m
209 ent les fins. Cette erreur des fameux techniciens nous vaut les tyrannies actuelles. Considérant le désordre où nous sommes,
210 s tyrannies actuelles. Considérant le désordre où nous sommes, ils prétendent nous en tirer en parant, comme ils disent, au
211 dérant le désordre où nous sommes, ils prétendent nous en tirer en parant, comme ils disent, au plus pressé, c’est-à-dire en
212 ue des plus courantes à Rome, à Berlin, à Moscou, nous vaut diverses dictatures, lesquelles, pour n’avoir pas été soumises d
213 nche sur le verbiage technico-humanitaire de tous nos fabricants de « plans d’urgence ». Précision qui d’ailleurs n’exclut
214 en train de devenir une sorte de pont aux ânes de nos philosophies politiques (Berdiaev, Maritain, Dandieu, Mounier, préfac
21 1936, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Kierkegaard en France (juin 1936)
215 qu’il fût traduit : c’était une des nécessités de notre état spirituel. Seulement, il eût fallu le traduire autrement, pour p
216 plutôt la succession désordonnée des œuvres qu’on nous a traduites. Kierkegaard donne l’exemple unique, je crois bien, d’un
217 ralement à priver l’œuvre, et ces fragments qu’on nous en donne, de toute espèce de sens réel, — par quoi j’entends d’orient
218 t mortelle, dont la foi seule, non la vertu, peut nous guérir. Quant à ceux qui le qualifient de « métaphysicien du néant »,
219 rompeurs lui apparaîtraient encore plus fortes de nos jours. Il se peut qu’il se fût réjoui de la maldonne. Que voulait don
220 t juste que ce destin se répète aujourd’hui parmi nous . Et la publication des écrits religieux entreprise par M. Paul Tissea
221 de la vie et de la mort du Christ, jette sur tous nos sérieux, poses et amusettes, une ironie, ou ce qui est pire, un soupç
222 la Parole) une appréhension si totale du réel que notre langue, je le crains, n’arrivera pas à la restituer sans bizarreries.
223 Alcan) Jean Wahl écrit de même : « Remarquons que nous ne devons prendre au sérieux que le sérieux, que la personne, tout le
224 a personne, tout le reste peut devenir l’objet de notre jeu. » p. 26. z. Rougemont Denis de, « Kierkegaard en France », La
22 1936, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). L’Art poétique ou Qu’il faut penser avec les mains (décembre 1936)
225 it, s’il est aimable. Ou bien c’est l’ornement de nos loisirs. Mais Claudel dit : l’art poétique est art de faire. Un gémis
226 rmi d’autres fonctions, a celle-là de permettre à nos pensées de circuler. Claudel se donne un règlement, et il observe les
227 e serait aggraver d’une sottise cette Séparation, notre péché, contre laquelle toute l’œuvre de Claudel se soulève à l’appel
228 que de la fin totale qu’il glorifie. Ce n’est pas notre monde tel qu’il est, mais notre monde tel qu’il est sauvé, relié soli
229 fie. Ce n’est pas notre monde tel qu’il est, mais notre monde tel qu’il est sauvé, relié solidement par la Promesse et remis
230 ole. Comment cela ? « Le mot appelle, provoque en nous l’état de co-naissance qui répond à la présence sensible des choses m
231 ète l’ordre qui l’a créée, s’appelle la parole. » Nous voici donc « chargés du rôle d’origine ». L’homme est « le sceau de l
232 iennent « mettre au pas » le langage — ou saurons- nous à temps nous débrouiller et nous entendre librement ? 42. Tout le mo
233 tre au pas » le langage — ou saurons-nous à temps nous débrouiller et nous entendre librement ? 42. Tout le monde parle d’e
234 age — ou saurons-nous à temps nous débrouiller et nous entendre librement ? 42. Tout le monde parle d’esprit sans nulle déf
235 ord la parole ! Mais l’usure des mots les édente, notre langage est débrayé. Comment rétablir le contact ? Claudel n’écrira p
23 1937, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Une idée de Law (janvier 1937)
236 llions par an ; c’est 2 milliards pour vingt ans. Nous n’avons pas plus de cinq ans de guerre chaque vingt ans, et cette gue
237 erre chaque vingt ans, et cette guerre, en outre, nous met en arrière de 1 milliard au moins. Voilà donc 3 milliards qu’il n
238 1 milliard au moins. Voilà donc 3 milliards qu’il nous en coûte pour guerroyer cinq ans. Quel en est le résultat ? car le su
239 ruction directe ou indirecte d’un soldat allemand nous coûte 20 000 livres, sans compter la perte sur notre population, qui
240 us coûte 20 000 livres, sans compter la perte sur notre population, qui n’est réparée qu’au bout de vingt-cinq ans. Au lieu d
241 s ils permettent d’entrevoir l’une des raisons de notre anarchie économique. Le capitalisme ne serait peut-être pas un trop m
242 t clair que l’honneur seul — ou du moins ce qu’il nous en reste, et ce n’est qu’une caricature — retient les gouvernants de
243 anger les calculs, l’on voit qu’en vérité, ce qui nous ruine, c’est bien l’honneur — le budget de l’honneur — et non pas je
24 1937, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). De la propriété capitaliste à la propriété humaine et Manifeste au service du personnalisme, par Emmanuel Mounier (février 1937)
244 rd, celles de Thomas d’Aquin et de Cajetan. On ne nous propose pas un « retour » de plus à quelque médiévisme d’utopie, mais
245 tes dans l’embrouillamini politico-sentimental où nous ont plongés les doctrines et les ressentiments secrétés par le capita
246 ments fort instructifs. Ce terme de personne, que nous jetions alors dans le débat politique et culturel, et qu’on nous repr
247 ors dans le débat politique et culturel, et qu’on nous reprochait non sans aigreur, quand il ne faisait pas sourire les réal
248 a liberté et du pain des hommes »ad. À vrai dire, nous n’espérions pas un triomphe si rapide — ni de cette qualité… À nous m
249 as un triomphe si rapide — ni de cette qualité… À nous maintenant de rendre aux mots leur sens. Il n’y a que cela de sérieux
25 1937, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). N’habitez pas les villes (Extrait d’un Journal) (juillet 1937)
250 ais je vois bien qu’il me faut expliquer pourquoi nous venions dans cette île à la saison où il convient plutôt de la quitte
251 tion est d’ailleurs excellente pour l’instant. Il nous reste encore de quoi vivre pendant six semaines environ, si du moins
252 i vivre pendant six semaines environ, si du moins nos calculs sont justes : 900 francs, un bon toit, et le temps de voir ve
253 u tout au moins à son instigation. Enfin, et cela nous sera des plus utiles, une minutieuse description de la faune et de la
254 avec les gens. — Le village se termine au bout de notre jardin. Passée la porte, on enfile une petite rue toute blanche qui c
255 i. Elle corrige la mauvaise humeur que m’a donnée notre épicière. Car il faut bien, hélas, commencer par l’épicière, quand on
256 ut l’hiver ? C’est plutôt en été qu’on vient chez nous , me fait-elle prudemment observer. — Je le sais bien, madame Aujard,
257 il n’arrive rien ? « On ne meurt pas de faim dans nos pays », dit-on, et je crois bien que je l’ai dit quelquefois. Mais il
258 absolument. C’est peut-être à cause du bonheur de notre vie. Trouver son rythme naturel, et les moyens de s’y réduire, voilà
259 a racine de cet esprit d’abstraction égoïste dont nous souffrons tous ? Pourquoi les hommes vivent-ils sur des îles ? Quand
260 urquoi les hommes vivent-ils sur des îles ? Quand nous sortons pour une promenade et que nous mesurons toute l’étroitesse de
261 es ? Quand nous sortons pour une promenade et que nous mesurons toute l’étroitesse de notre domaine, la mer partout à dix mi
262 menade et que nous mesurons toute l’étroitesse de notre domaine, la mer partout à dix minutes et ces marécages hostiles, nous
263 partout à dix minutes et ces marécages hostiles, nous souffrons de ne pouvoir prolonger en pensée notre marche jusqu’au pay
264 nous souffrons de ne pouvoir prolonger en pensée notre marche jusqu’au pays voisin. Cette liberté insulaire est une liberté
265 liberté insulaire est une liberté négative. Elle nous met à l’abri du monde et nous ramène tous physiquement à nos limites.
266 erté négative. Elle nous met à l’abri du monde et nous ramène tous physiquement à nos limites. Mais l’homme est ainsi fait q
267 ’abri du monde et nous ramène tous physiquement à nos limites. Mais l’homme est ainsi fait qu’il désire sans cesse se risqu
268 je travaille vraiment en écrivant, cela met entre nous une barrière sentimentale, une gêne constamment sensible. Et je n’ai
269 ud, qui est une vieille amie des propriétaires de notre maison, est venue plusieurs fois nous voir. Hier, elle m’a demandé av
270 étaires de notre maison, est venue plusieurs fois nous voir. Hier, elle m’a demandé avec toutes sortes de précautions oratoi
271 ns ses souvenirs, trop souvent racontés. (« Quand nous étions devant Tamatave, en 1886. ») Il s’occupe maintenant à fabrique
272 nouveau, mais nouvellement intéressant. Et quand nous sommes en confiance, si j’essaie d’amener l’entretien sur leurs lectu
273 dans un siècle ou deux, se demandera-t-on comment nous avons pu rester si parfaitement aveugles ? Ou bien est-ce ma gêne qui
274 ouvert de tous côtés… Une seule vertu peut alors nous sauver de cette tentation du désespoir, et c’est l’humilité. Si je ne
275 es ?   3 avril La solitude est une jeunesse. Elle nous apprend cette chose nouvelle que nous savions déjà, c’est vrai, quand
276 nesse. Elle nous apprend cette chose nouvelle que nous savions déjà, c’est vrai, quand nous étions adolescents, chose nouvel
277 nouvelle que nous savions déjà, c’est vrai, quand nous étions adolescents, chose nouvelle au goût du souvenir, que trop de t
278 endez-vous, d’indifférence avaient repoussée dans nos lombes ; cette chose toujours neuve et nouvelle qu’est l’attente d’on
279 aussi pour gagner ma mort, je le sais bien. Toute notre attente imagine l’avenir — et l’imagine nécessairement sur fond de mo
280 aussi l’âge le plus familier avec la mort.) Ainsi nos gestes se prolongent, et leur grandeur est dans l’attente qu’ils trah
281 écrit cela, je me le rappelle, peu de temps après notre arrivée, au haut d’une page que je retrouve dans une pile de notes. L
282 ule au bout du jardin. Elle y est pourtant depuis notre arrivée, héritée du propriétaire. Nous l’avons nourrie sans espoir pe
283 nt depuis notre arrivée, héritée du propriétaire. Nous l’avons nourrie sans espoir pendant des mois, la croyant trop vieille
284 te. Il y a probablement une fatalité interne dans notre culture : elle s’enchante, se critique, se légitime elle-même. Elle a
285 s’agit de maintenir par un constant effort entre nos belles séries de pensées et la diversité désordonnée des êtres et des
286 diversité désordonnée des êtres et des choses, où nous vivons ? « Je pense, donc j’en suis ». Et je ne suis guère, si je n’e
287 mières roses au soleil, le long des murs du chai. Nous déjeunons sous les tilleuls. Il y a un grand bonheur dans la lumière
288 Armés de treilles à long manche, les jambes nues, nous courons sur les roches tapissées d’algues sombres dont le crépitement
289 pissées d’algues sombres dont le crépitement sous nos pas fait fuir et choir de tous côtés de petits crabes. Des ruisseaux,
290 s impétueuses parcourent ce territoire compliqué. Nous les suivons, dans l’eau jusqu’aux genoux, les jambes caressées de cou
291 s rougeâtres et doucement mouvantes. C’est là que nous commençons la pêche. Il faut se planter au centre du bassin, et fouil
292 la ceinture et qui se remplit de tressaillements. Nous ne gardons que les plus belles crevettes, grosses comme le doigt, d’u
293  » des créatures, songeant au passage où l’Apôtre nous fait entendre ce soupir de toute la Création vers la révélation des «
294 là la dernière trace de la conscience cosmique en nous , de la conscience de notre royauté nécessaire et réparatrice. Il est
295 conscience cosmique en nous, de la conscience de notre royauté nécessaire et réparatrice. Il est probable que le tigre en tr
296 igne de l’homme que ces vertus de carnassiers que nous partageons, d’ailleurs maladroitement, avec le tigre et le requin. J’
297 , avec le tigre et le requin. J’allais conclure : nos rapports avec la nature ne sont guère plus satisfaisants que nos rapp
298 ec la nature ne sont guère plus satisfaisants que nos rapports avec les hommes. Mais attention. C’est uniquement s’il y a d
299 l’homme n’est pas fait pour durer : la vie étale nous ennuie, c’est ce qui naît et ce qui meurt qui nous émeut. Cette nuit,
300 ous ennuie, c’est ce qui naît et ce qui meurt qui nous émeut. Cette nuit, avant d’aller me coucher, j’ai été voir au poulail
301 d’aller me coucher, j’ai été voir au poulailler. ( Nous attendions depuis deux jours l’éclosion des œufs.) Il me semble qu’il
302 e vais chercher une bougie, je réveille ma femme. Nous essayons de soulever par les ailes la poule qui fait un caquet déchir
303 Il faut penser à eux quand on juge « le monde »… Nous mangeons les premiers légumes du jardin : salades et radis. Pour les
304 nt que quelques feuilles. Mais avec le produit de nos pêches, les bons de pain, le reste du tonneau de vin blanc, nous pour
305 s bons de pain, le reste du tonneau de vin blanc, nous pourrions subsister sans argent pendant quelques semaines encore. Il
306 uin Hier soir, j’avais fait une dernière revue de nos possibilités de subsister pendant les semaines qui viennent. Articles
307 ressources : néant. Reste : 90 francs. Ce matin, nous avons décidé de réagir. Quand une auto risque de rater le tournant em
308 eur. Je suis allé à A. acheter des cigarettes. Et nous allions nous mettre à table pour manger le canard des grandes occasio
309 allé à A. acheter des cigarettes. Et nous allions nous mettre à table pour manger le canard des grandes occasions, quand la
310 se payait ma tête. Ensuite j’ai calculé que cela nous permettait de passer l’été ici sans inquiétude. Ou encore, de le pass
311 tends qu’on sort, et le gérant vient me chercher. Notre affaire réglée, il croit devoir s’excuser de m’avoir fait passer à cô
312 fférent et cordial qui a fini par s’établir entre nous  : et il ne reste que l’ennui de nos conversations toujours pareilles.
313 tablir entre nous : et il ne reste que l’ennui de nos conversations toujours pareilles. Grande différence entre eux et moi 
314 uillet La sécheresse a été la plus forte : malgré nos arrosages, les salades et les choux sont brûlés, la terre se craquèle
315 lus que quelques roses aux pétales fatigués. — Et nous , nous n’avons plus la même patience, depuis qu’il y a de l’argent dan
316 e quelques roses aux pétales fatigués. — Et nous, nous n’avons plus la même patience, depuis qu’il y a de l’argent dans un t
26 1937, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Gösta Berling, par Selma Lagerlöf (novembre 1937)
317 Kipling mort, il ne reste que Selma Lagerlöf pour nous raconter des histoires, des histoires inventées, impossibles, caracol
318 oires que l’on croit intégralement parce qu’elles nous sont données pour ce qu’elles sont, des fables. Nos romanciers, terro
319 s sont données pour ce qu’elles sont, des fables. Nos romanciers, terrorisés par une sadique « défense d’inventer », s’épui
320 rtus et les vices des entraves du respect humain, nous jette dans le grand jeu du péché et de la grâce, et se confond avec l
321 la joie dans le pays du fer, à l’époque du fer » nous ont appris à leur façon « les riches alternances de la vie ». Mais c’
322 abrégée, selon la coutume détestable qu’appuient nos préjugés classiques et les problématiques nécessités du commerce le p
27 1938, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Le Monastère noir, par Aladár Kuncz (janvier 1938)
323 nace plus générale encore, qui concerne chacun de nous , et dont l’internement de guerre n’est qu’une conséquence entre mille
324 ar les tyrannies anonymes qui se multiplient dans notre siècle49, et tendent à faire du moindre d’entre nous un prévenu. C’es
325 e siècle49, et tendent à faire du moindre d’entre nous un prévenu. C’est le cauchemar du xxe siècle. Le triomphe de l’État
326 ien voir de tout cela dans le livre de Kuncz : il nous apporte un document bien assez émouvant comme tel. Et la preuve, une
28 1938, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Victoire à Waterloo, par Robert Aron (février 1938)
327 ne moins, l’auteur annule le facteur Waterloo, et nous démontre que l’équation Napoléon n’en doit pas moins avoir pour secon
328 on » profonde du destin de Napoléon, voilà ce que nous propose Robert Aron50. Il a pensé qu’il valait mieux tirer de faits f
329 ez conscience, Messieurs, que depuis vingt années nous vivons et nous gouvernons en pleine idéologie. Nous avons fait un emp
330 Messieurs, que depuis vingt années nous vivons et nous gouvernons en pleine idéologie. Nous avons fait un empire géant pour
331 us vivons et nous gouvernons en pleine idéologie. Nous avons fait un empire géant pour n’avoir pas été capables de fédérer n
332 re géant pour n’avoir pas été capables de fédérer nos communes. » Voilà l’épigraphe de l’ouvrage, qui par ailleurs compose
29 1938, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Une révolution refoulée (juillet 1938)
333 e de l’échec du Front populaire ? La psychanalyse nous propose un type d’explication qui me paraît bien tentant : c’est le m
30 1938, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Alice au pays des merveilles, par Lewis Carroll (août 1938)
334 ment de toute mathématique. Ces remarques peuvent nous orienter vers une compréhension nouvelle des contes de Lewis Carroll
335 t-il ? Le rêve logique qu’est le conte de Carroll nous apparaît alors comme une série de variations sur le thème de la relat
31 1938, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Page d’histoire (novembre 1938)
336 premiers à s’apercevoir du paradoxe politique que nous venons de définir. Ils eurent l’habileté de baser leurs revendication
32 1939, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Don Juan (juillet 1939)
337 « bons sauvages » ni chez les « primitifs » qu’on nous décrit. Don Juan suppose une société encombrée de règles précises don
338 es inventerait pour les violer. Et c’est cela qui nous fait pressentir la nature spirituelle de son secret, si bien masqué p
339 citante victoire ? « La nouveauté est le tyran de notre âme », écrit le vieux Casanova. Mais déjà ce n’est plus l’homme du pl
340 isme est une passion de l’esprit et non pas comme nous aimions le croire, une exultation de l’instinct, tout porte à suppose
341 unique des revenus de Casanova : symbole dont il nous donne maintes fois la clé.) Mais une tricherie constante est moins da
342 e qu’il s’est choisi, c’est l’esprit de lourdeur, notre poids naturel, notre faculté naturelle de retombement dans la coutume
343 c’est l’esprit de lourdeur, notre poids naturel, notre faculté naturelle de retombement dans la coutume. L’immoraliste est c
344 stère : c’est qu’en respectant toutes les règles, nous ne pourrons jamais que perdre. Alors : ou bien nous serons condamnés,
345 us ne pourrons jamais que perdre. Alors : ou bien nous serons condamnés, ou bien nous recevrons notre grâce. Mais Nietzsche
346 e. Alors : ou bien nous serons condamnés, ou bien nous recevrons notre grâce. Mais Nietzsche et Don Juan doutent de leur grâ
347 ien nous serons condamnés, ou bien nous recevrons notre grâce. Mais Nietzsche et Don Juan doutent de leur grâce. Les voici do
33 1939, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). La Poésie scientifique en France au xvie siècle, par Albert-Marie Schmidt (septembre 1939)
348 nimaux étranges, bariolés et quasi monstrueux que nous ramène du fond du xvie siècle le coup de filet très savamment préméd
349 s poètes ont l’air plus authentiques que ceux que nous pensions connaître. Ils n’ont pas été restaurés par les auteurs de ma
350 taurés par les auteurs de manuels, ni patinés par nos lectures. Les voici avec toutes leurs barbes et verrues, incongrus et
351 ntations fécondes ou grotesques. Qui sait où cela nous eut menés ? Le livre de Schmidt inventorie, avec une sorte d’ardente
352 it être Schmidt pour découvrir dans ce grenier de notre poésie tant de possibles, tant d’intentions52, tant de correspondance
353 fèvrerie, à la mécanique, à l’astronomie. Schmidt nous aide à concevoir l’espèce de fureur titanique qui animait ces Renaiss
354 ces. C’est l’ambition que refoulera trop aisément notre âge classique, et que ressusciteront les romantiques allemands, à par
355 , et l’on perçoit sa voix dans chaque dialecte ». Nous l’avons perçue de nos jours, dans le dialecte d’un Claudel, parfois m
356 ix dans chaque dialecte ». Nous l’avons perçue de nos jours, dans le dialecte d’un Claudel, parfois même dans celui de tel
357 parfois même dans celui de tel surréaliste. Mais notre monde est-il encore formulable en noms et en rythmes ? La science mod
358 rythmes ? La science moderne ne tend-elle point à nous le rendre proprement inimaginable ? N’a-t-elle pas dissocié Nombre et
359 ocié Nombre et Verbe au point de rendre puérile à nos yeux l’ambition d’un lyrisme cosmique ? 52. Un exemple au hasard. C
34 1940, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Au sujet du Journal d’André Gide (janvier 1940)
360 le fixer dans l’une ou l’autre des figures qu’il nous révèle au cours de ce Journal ; mais le malaise du critique commence
361 pages s’appliquent à dénoncer d’avance, réduisons- nous à des notes de lecture, à quelques réactions impressionnistes. ⁂ Ce q
362 ltérer le naturel ; mais par son excès même, elle nous rend attentifs aux défauts réguliers de tout autoportrait. C’est nous
363 aux défauts réguliers de tout autoportrait. C’est nous donner le moyen d’y porter nos retouches. ⁂ Parfois, le secret d’une
364 toportrait. C’est nous donner le moyen d’y porter nos retouches. ⁂ Parfois, le secret d’une vie s’épuise dans l’œuvre ; il
365 a marqué qu’une grave lacune mutile l’image qu’il nous y livre de lui-même53 —, il se peut qu’elles soient dites dans Les Ca
366 lettre du dogme l’esprit qui inspire et qualifie nos actions quotidiennes, fussent-elles non conformistes. Mais toute mora
367 tholique à un pasteur : « Vous, vous croyez, mais nous savons ! ») Ceci explique que le souci central de Gide ait été de déb
368 qui sépare de la sienne ma génération littéraire. Notre culture est beaucoup plus philosophique — je simplifie — que littérai
369 e, loin de là. Mais les problèmes qui se posent à nous , nous n’avons pas pu les choisir, et encore moins les circonscrire da
370 n de là. Mais les problèmes qui se posent à nous, nous n’avons pas pu les choisir, et encore moins les circonscrire dans un
371 les circonscrire dans un domaine privilégié. Ils nous contraignent parfois davantage qu’ils ne servent nos goûts naturels,
372 contraignent parfois davantage qu’ils ne servent nos goûts naturels, d’où le danger de didactisme que nous courons tous pl
373 goûts naturels, d’où le danger de didactisme que nous courons tous plus ou moins. À cet égard, il m’apparaît que la leçon d
374 artisan de la langue, plus que l’immoraliste, qui nous importe, et qui nous intéresse au double sens du mot. Conclusion prov
375 plus que l’immoraliste, qui nous importe, et qui nous intéresse au double sens du mot. Conclusion provisoire, paradoxale pe
376 ’exclut aucun revirement dans les générations qui nous suivront : je prévois le jour où nos cadets nous opposeront l’exemple
377 rations qui nous suivront : je prévois le jour où nos cadets nous opposeront l’exemple du probe adversaire des orthodoxies
378 nous suivront : je prévois le jour où nos cadets nous opposeront l’exemple du probe adversaire des orthodoxies orgueilleuse
35 1951, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Un complot de protestants (novembre 1951)
379 rotestants (novembre 1951)at Tout compte fait, nous nous connaissions peu, ce jour de juin 39 où dans le hall de la rue S
380 tants (novembre 1951)at Tout compte fait, nous nous connaissions peu, ce jour de juin 39 où dans le hall de la rue Sébast
381 rête, il paraît attendre. Je pose le récepteur et nous sortons. Nous voici sur un banc du boulevard Saint-Germain. Les autos
382 t attendre. Je pose le récepteur et nous sortons. Nous voici sur un banc du boulevard Saint-Germain. Les autos passent tout
383 « J’ai un studio… » Le lendemain matin, très tôt, nous arrivons chez lui, ma femme et moi. Le studio est vaste et plaisant,
384 e ses poches, il tire deux bouteilles de bière et nous les offre. Au milieu du studio pend un trapèze. Gide s’y appuie des d
385 ’y appuie des deux mains, se balance en regardant nos valises. « Tout cela s’est arrangé si soudainement, dit-il, c’est inq
386 avait pas besoin du commerce physique, autant que nous . Hélas, je ne voyais pas clair. On se trompe ainsi, et les conséquenc
387 roire cela ! Il ne faut jamais croire ce qu’elles nous disent. » Il a pris une expression angoissée et crispée. « Je vous pa
388 e moins du monde l’image que l’on connaît de lui. Nous parlions style, tournures de phrases, Littré. Et quelquefois, littéra
389 s qu’il torturait Gide, hors quelques crises dont nous avons les témoignages, mais il restait, pour lui, problème. Gide avai
390 réduit à quelques partis pris éthiques ? Ce débat nous éloignerait de la réalité de Gide. Une intense affectivité le liait,
391 ait, s’émouvait… Peu d’écrivains, même chrétiens, nous ont montré pareil amour pour l’Évangile, et cela jusque dans les anné
392 e pour autant.) Gide était individualiste. Savons- nous encore mesurer le sens et la portée de cette banalité, en vérité biza
393 nu, multipliées et prolongées après sa mort, dans notre siècle. Elles ne sont ni chrétiennes ni simplement honnêtes. « Le Sei
394 de mieux savoir. Et qu’est-ce que cela peut bien nous faire ? Sinon nous servir d’argument et nous rassurer curieusement da
395 t qu’est-ce que cela peut bien nous faire ? Sinon nous servir d’argument et nous rassurer curieusement dans notre foi ou dan
396 bien nous faire ? Sinon nous servir d’argument et nous rassurer curieusement dans notre foi ou dans notre incroyance, — parc
397 vir d’argument et nous rassurer curieusement dans notre foi ou dans notre incroyance, — parce qu’un de plus vient renforcer n
398 nous rassurer curieusement dans notre foi ou dans notre incroyance, — parce qu’un de plus vient renforcer notre parti, et qu’
399 incroyance, — parce qu’un de plus vient renforcer notre parti, et qu’il n’est pas le premier venu. C’est usurper la place du
36 1957, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). La découverte du temps ou l’aventure occidentale (mars 1957)
400 essence éternelle, comme on l’a cru de l’unité de nos nations à partir du xixe siècle. L’Europe est une longue aventure, e
401 s ne cesseront d’enseigner à des générations dont notre enfance a connu les derniers représentants. Cependant, vers 1950, nul
402 , et ainsi de suite à l’infini. Quant au temps de notre humanité : chaque Jour de Brahma se divise en mille éons de quatre-mi
403 subdivise en quatre âges de durées décroissantes. Nous vivons aujourd’hui dans le sixième millénaire d’un quatrième âge, ou
404 l y tourne même à l’obsession si l’on en juge par notre siècle, tandis qu’il a toujours manqué aux Orientaux avant qu’ils aie
405 ours manqué aux Orientaux avant qu’ils aient subi notre influence55. Toute réflexion sur l’Aventure occidentale se doit d’aff
406 r cette planète ? Si un démographe génial pouvait nous dire demain que la réponse est « de l’ordre de trois-cents-milliards 
407 onse est « de l’ordre de trois-cents-milliards », nous en serions moins étourdis que gênés. Mais d’où viendrait notre malais
408 ons moins étourdis que gênés. Mais d’où viendrait notre malaise ? Comment ne pas voir qu’il serait intimement lié, chez ceux
409 Presque toutes les cultures et civilisations que nous avons exhumées du passé de la Terre ou qui survivent dans notre siècl
410 humées du passé de la Terre ou qui survivent dans notre siècle ont enseigné des théories du temps, et presque toutes décriven
411 en ce temps, attestent l’historicité57. Tout ceci nous confirme dans la vue que le Moyen Âge, loin de représenter je ne sais
412 s il se tait sur celle du Jugement dernier, « car nous ne savons ni le jour ni l’heure ». Et c’est pourquoi le progrès de la
413 pace d’une quarantaine d’années) il se révèle que notre humanité n’a pas derrière elle six-mille ans, mais probablement six-c
414 Je dis « cosmos actuel », car de nombreux savants nous parlent déjà d’un mouvement de diastole et de systole de l’Univers, q
415 tole de l’Univers, qui se répéterait à l’infini : nous serions dans une phase d’expansion. La cosmologie des hindous paraît
416 les étendus, négligent l’action de la personne et nous inclinent à douter de sa réalité. Le « réel historique », ainsi confi
417 paria sans voie. Et l’Histoire, dans l’esprit de nos contemporains, prend la place de la Providence, bien qu’elle n’en rev
418 . Bossuet, dans l’Abrégé de l’Histoire de France, nous parle déjà d’une Histoire « maîtresse de la vie humaine et de la poli
419 ose : le devenir présent. Elle est plus vraie que nous , qui ne faisons que l’habiter pour un atome de temps insignifiant. El
420 ferme à toute transcendance, et qui du même coup nous enferme et nous interdit tout recours ? « Au monde comme n’étant pas
421 ranscendance, et qui du même coup nous enferme et nous interdit tout recours ? « Au monde comme n’étant pas du monde », disa
422 politique du César détient seule le vrai sens de nos vies. Nul scrupule de conscience ou sursaut de belle âme ne saurait é
423 La personne est agent de liberté. Cette Histoire nous conduit au fatalisme. Comment l’Histoire et la personne ont-elles pu
424 bligée de l’attitude chrétienne devant le temps ? Notre époque aurait-elle simplement l’esprit « plus historique » que toutes
425 Toynbee est best-seller, les revues et la presse nous parlent de Sumer, du paléolithique, des Mayas ou du vase de Vix, les
426 de cette Histoire dans le « sens » de laquelle on nous dit qu’il faut « être » de toute nécessité, sous peine de n’être pas.
427 le ils se dilatent soudain au-delà de tout ce que notre esprit peut se figurer, l’idée d’évolution balaie nos repères et nous
428 esprit peut se figurer, l’idée d’évolution balaie nos repères et nous emporte sans espoir à l’aventure. Devant le risque bé
429 figurer, l’idée d’évolution balaie nos repères et nous emporte sans espoir à l’aventure. Devant le risque béant, soudain tot
430 héquer sur des millions de crimes ? Elle vient de notre angoisse devant le temps. Anticiper l’avenir, c’est tenter de se conv
431 pour hâter sa venue bienfaisante, c’est projeter notre angoisse en avant, pour tenter d’asservir l’imprévu. Bien souvent la
432 vu. Bien souvent la recherche historique projette nos désirs en arrière, mais les « leçons du passé » ont rarement justifié
433 ieu Huitzilopochtli. 6. Dilemme La crise de notre sens du temps pose un dilemme. L’Occident, succombant au Devenir déif
434 on que j’ai décrite si j’essayais d’anticiper sur nos lendemains, et ceux-ci ne seront point marqués par nos hypothèses mêm
435 endemains, et ceux-ci ne seront point marqués par nos hypothèses même exactes, mais par nos choix fondamentaux. Car la ques
436 marqués par nos hypothèses même exactes, mais par nos choix fondamentaux. Car la question n’est pas de savoir « ce qui arri
437 arrivera », mais de savoir dès maintenant ce que nous sommes disposés à laisser arriver ou à faire arriver ; la question n’
438 upputer le sens probable d’un devenir fatal, pour nous « ajuster » à ses « lois », mais au contraire d’affronter le temps au
439 s de deviner l’Histoire, mais de la faire. Seules nos options présentes préparent un sens, ménagent d’avance une significat
440 signification aux surprises du temps qui vient à nous . Et ces options n’agiront point par la violence de prises de position
37 1961, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). La personne, l’ange et l’absolu, ou le dialogue Occident-Orient (avril 1961)
441 ng, tandis que la Chine s’industrialise, s’impose notre marxisme et oblitère son mandarinat. Enfin, l’Occident n’a pas plus t
442 r elle-même de ses ressources matérielles. Ce que nous découvrons avec passion dans le Tiers Monde, ce n’est pas ce dont il
443 st pas ce dont il vivait, c’est ce qui manquait à nos élites, ou qu’elles ne savaient plus trouver dans notre foi. Ce que l
444 élites, ou qu’elles ne savaient plus trouver dans notre foi. Ce que le tiers-monde nous emprunte, ce n’est pas notre créativi
445 lus trouver dans notre foi. Ce que le tiers-monde nous emprunte, ce n’est pas notre créativité, mais ses produits. Nous déco
446 Ce que le tiers-monde nous emprunte, ce n’est pas notre créativité, mais ses produits. Nous découvrons leurs secrets spiritue
447 ce n’est pas notre créativité, mais ses produits. Nous découvrons leurs secrets spirituels en même temps que leur misère, qu
448 leur misère, qui en était la rançon. Ils adoptent nos formes sociales, nos procédés de gouvernement et nos techniques, mais
449 tait la rançon. Ils adoptent nos formes sociales, nos procédés de gouvernement et nos techniques, mais non pas les tensions
450 formes sociales, nos procédés de gouvernement et nos techniques, mais non pas les tensions spirituelles qui en étaient le
451 ui en étaient le moteur secret. Ce qui était pour nous résultantes d’innombrables poussées et résistances, malaisément équil
452 logique (l’hérédité, l’équilibre endocrinien), et nous le montre d’autant plus distinct, dans sa fonction centrale, totalisa
453 l’attestent non moins la mauvaise réputation que nous faisons à l’anonyme, la condamnation par nos critiques du style imper
454 que nous faisons à l’anonyme, la condamnation par nos critiques du style impersonnel ou de la banalité, la dénonciation de
455 el ou de la banalité, la dénonciation de l’on par nos philosophes, et les diatribes marxistes contre l’aliénation. Et comme
456 tes contre l’aliénation. Et comme l’atteste enfin notre notion de l’amour, — à quoi j’entends venir plus loin. L’ange Q
457 les chrétiens, et l’islam. Que serait l’Ange pour nos psychologues ? Une projection du moi individuel ou collectif. Pour le
458 selon les admirables commentaires qu’Henry Corbin nous donne de la mystique soufi, « la totalité de notre être, ce n’est pas
459 nous donne de la mystique soufi, « la totalité de notre être, ce n’est pas seulement cette partie que nous appelons présentem
460 tre être, ce n’est pas seulement cette partie que nous appelons présentement notre personne, car cette totalité inclut égale
461 ement cette partie que nous appelons présentement notre personne, car cette totalité inclut également une autre personne, une
462 utre personne, une contrepartie transcendante qui nous demeure invisible, ce qu’Ibn Arabi désigne comme notre “individualité
463 demeure invisible, ce qu’Ibn Arabi désigne comme notre “individualité éternelle”, notre “Nom divin”, ce que le vieil Iran dé
464 bi désigne comme notre “individualité éternelle”, notre “Nom divin”, ce que le vieil Iran désignait comme Fravarti 62. » L’An
465 tempsycose, à la transmigration des âmes. Or elle nous semble à première vue impliquer comme allant de soi la croyance en un
466 opulaires de leurs contrées ; c’est bien plutôt à notre idée de la personne qu’ils opposent leur idée du non-moi. Le vrai mal
467 rai malentendu se serait-il instauré entre eux et nous  ? Entre cela qu’ils pensent que nous croyons lorsque nous affirmons l
468 entre eux et nous ? Entre cela qu’ils pensent que nous croyons lorsque nous affirmons le moi réel, et cela que nous pensons
469 ntre cela qu’ils pensent que nous croyons lorsque nous affirmons le moi réel, et cela que nous pensons qu’ils croient en le
470 s lorsque nous affirmons le moi réel, et cela que nous pensons qu’ils croient en le niant ? Nous avancerons peut-être un peu
471 ela que nous pensons qu’ils croient en le niant ? Nous avancerons peut-être un peu en cherchant à nous représenter contre qu
472 ? Nous avancerons peut-être un peu en cherchant à nous représenter contre quoi se dirigeaient leurs négations, aux temps anc
473 dirigeaient leurs négations, aux temps anciens où nos affirmations n’existaient pas, ou leur demeuraient inconnues. Dès les
474 riminelles renaissances.65 » Le but est donc « de nous apprendre le moyen de ne pas renaître », nous dit une moderne interpr
475  de nous apprendre le moyen de ne pas renaître », nous dit une moderne interprète du bouddhisme tibétain66. À l’autre extrém
476 vance le jiva — sans s’ordonner d’avance, dirions- nous , aux exigences du vrai moi, qui est notre répondant céleste. Et faut-
477 dirions-nous, aux exigences du vrai moi, qui est notre répondant céleste. Et faut-il qu’il existe et qu’il soit fort, ce moi
478 Cela qui n’est pas personnel et se joue à travers notre moi. Ainsi tout l’Orient des doctrines, — et en même temps l’Orient d
479 ut se méfier, et immortalité pour dire longévité. Notre hygiène, augmentant de cinquante ans la durée moyenne de la vie, sera
480 négation du moi », ajoute trois pages plus loin «  Nous devenons vraies personnes dans la mesure où nous faisons face à l’Un
481  Nous devenons vraies personnes dans la mesure où nous faisons face à l’Un tout-transcendant.71 » (Ce qui est chrétien.) Le
482 lle que tu avais avant même d’être né.72 » Par où nous rejoignons un certain christianisme — à partir d’un certain bouddhism
483 ne sont jamais exactement ce que l’on croyait. Si nous souhaitons préciser leur nature, c’est dans les notions de l’amour tr
484 de l’amour traduisant ces trois conceptions, que nous avons les plus grandes chances de les trouver. Dans ce domaine, toute
485 détruisent la personne… Mais l’Oriental sourit et nous laisse « nos » problèmes. Trois écoles de l’amour Si l’amour es
486 personne… Mais l’Oriental sourit et nous laisse «  nos  » problèmes. Trois écoles de l’amour Si l’amour est le premier
487 c’est son action qui configure l’idée du moi que nous nous faisons, et cette idée du moi révèle l’amour, comme la structure
488 t son action qui configure l’idée du moi que nous nous faisons, et cette idée du moi révèle l’amour, comme la structure de l
489 trois notions de l’homme que l’on vient d’évoquer nous apparaissent alors comme autant de modèles d’une énergétique de l’amo
490 fets de son action configurante et composante. Et nous les voyons différer d’une manière subtile mais précise par la forme d
491 de la société, les spirituels au nom de l’amour. Nous n’invoquerons ici que les seconds. L’école chrétienne Dans une
492 oi est toujours suscité par l’Amour même : « Dieu nous a aimés le premier. » Pour le chrétien, c’est parce que Dieu, qui est
493  Il faut craindre celui qui se hait lui-même, car nous serons les victimes de sa colère et de sa vengeance. Ayons donc soin
494 mproprement) avec l’amour spirituel ? Qui aime en nous , et pour qui ? « Ibn Arabi observe que les plus parfaits amants mysti
495 e » des soufis, comme l’angélologie du mazdéisme, nous fait voir combien plus vivement l’unité première et finale de tout am
496 remière et finale de tout amour ! Peut-être aussi nous fera-t-elle entrevoir comment le mythe de Tristan — en dépit du pseud
497 sorte d’hygiène spirituelle, tend à détruire, en nous , les causes de souffrance pour autrui.83 » « On ne peut comprendre la
498 oins à la doctrine que ce n’était le cas, jusqu’à nos jours, en Asie. Prenons l’exemple de l’érotisme. Le shivaïsme expliqu
499 e sexualité : il pose le désir à la base de tout. Nous ne désirons des choses que dans la mesure où elles nous procurent une
500 e désirons des choses que dans la mesure où elles nous procurent une jouissance. La divinité n’est un objet d’amour que parc
501 s de l’Église sur l’ascèse et sur la chasteté, et nous comprendrons à quel point Kierkegaard voyait juste quand il disait qu
502 — pour ma part, je n’en connais point — de ce que nous baptisons amour-passion, et l’on sait à quel point cette forme de l’a
503 semen, sont liées en Asie à la piété, tandis que nos coutumes viennent d’un vieux fond païen et que notre hygiène moderne
504 os coutumes viennent d’un vieux fond païen et que notre hygiène moderne se veut « scientifique ». À cause de la nature du chr
505 variétés dans l’approche de l’ultime réalité. Où nous verrions contradiction, antinomie, ils ne montent pas sur leurs grand
506 harma », sa religion particulière. C’est pourquoi nos contradictions restent si farouchement liées au dogme, tandis que leu
507 e leurs croyances semblent bien se confondre avec les nôtres (semblent bien affirmer, par exemple, la réalité de la personne ou du
508 hement, l’homme obtient le but suprême. (III, 19) Notre propre devoir, si humble qu’il soit, vaut mieux que le devoir parfait
509 radictoire, dans une philosophie sans dogmatique. Nous parlerons alors d’inconséquence logique ? Mais notre science n’a-t-el
510 us parlerons alors d’inconséquence logique ? Mais notre science n’a-t-elle pas inventé plusieurs logiques, aussi valables l’u
511 on expérience. C’est seulement à partir de là que nos questions deviennent capables de réponses. Sur cette phrase des upani
512 seulement, sans étendue, mais selon le regard que nous portons sur lui, il en jaillit un monde ou l’autre : l’Occidental ou
513 ou l’Oriental. Tous les risques d’erreur sont de notre côté, nous les payons par les névroses ou l’abêtissement spirituel. E
514 al. Tous les risques d’erreur sont de notre côté, nous les payons par les névroses ou l’abêtissement spirituel. Eux sont tel
515 l fait d’exister devient pour eux l’équivalent de notre péché originel). Ils en ont fait autant pour les névroses qui s’attaq
516 t fait autant pour les névroses qui s’attaquent à nos « agrégats » individuels : le cosmos actuel tout entier semble résult
517 e du drame. Tous les risques d’erreur sont liés à notre amour ; et plus l’amour est passionné, exigeant, singulier, plus gran
518 exigeant, singulier, plus grand le risque. Ce que nous croyons aimer en elle, est-ce elle-même ou l’image de notre ange ? Ce
519 ons aimer en elle, est-ce elle-même ou l’image de notre ange ? Ce que nous avons cru voir en elle, et que nous déifions peut-
520 st-ce elle-même ou l’image de notre ange ? Ce que nous avons cru voir en elle, et que nous déifions peut-être à ses dépens,
521 ange ? Ce que nous avons cru voir en elle, et que nous déifions peut-être à ses dépens, est-ce notre anima projetée ? Tous l
522 que nous déifions peut-être à ses dépens, est-ce notre anima projetée ? Tous les psychanalystes nous l’ont dit : l’erreur su
523 ce notre anima projetée ? Tous les psychanalystes nous l’ont dit : l’erreur sur la personne de l’être aimé est la source des
524 . Dans ce moi peu ou point différencié que la vie nous offre, avec son programme génétique insondablement plus ancien que no
525 rogramme génétique insondablement plus ancien que notre individu naturel, et qui lui survivra dans le cours des siècles, sans
526 me a besoin pour s’accomplir, et par ce culte que nous lui rendons, nous arrivons à connaître le monde et à l’anéantir en l’
527 ’accomplir, et par ce culte que nous lui rendons, nous arrivons à connaître le monde et à l’anéantir en l’absorbant. Mais qu
528 le monde et à l’anéantir en l’absorbant. Mais que nous devenions Shiva, la femme est dissoute et le monde avec elle. Car le
529 ne peut aimer, sauf l’égoïste. Il y a l’amour, et nous pouvons seulement devenir amour. Et tu sais bien que tu ne dois aimer
530 est dit de Lui qu’il est amour. — Mais Dieu pour nous est une Personne, et nous crée comme personnes bien distinctes. Tu ne
531 amour. — Mais Dieu pour nous est une Personne, et nous crée comme personnes bien distinctes. Tu ne vois pas la femme que tu
532 produit la technique et les sciences, mais aussi nos structures sociales et politiques, les droits de l’homme et une extra
533 cipée. La petite phrase de saint Paul au début de notre ère, « Dieu tout en tous », d’un seul trait fulgurant décrit cette fi
534 La doctrine qui peut devenir vraie sera celle que nous choisirons, en vérité vécue de conscience et d’action. Les résultats
535 uels et historiques sont ambigus à l’infini, pour nos mesures. Les peuples sont dans l’ignorance malheureuse des origines e
536 ême qu’ils meurent parfois pour leurs croyances. Nous voyons ce que l’Orient est resté jusqu’ici, et que ces doctrines d’ex
537 uches à nourrir, et demain de cerveaux à diriger. Nous pressentons dans la terreur et l’espérance ce que l’Occident peut dev
538 niverselle. Car c’est au secret des personnes que nous tentons d’écouter la Personne, mais c’est dans la matière que nous ch
539 outer la Personne, mais c’est dans la matière que nous cherchons le Soi. La création tout entière, « soumise à la vanité » m
540 t mentaux qui constituent la “personne” ; ce sont nos instincts, nos tendances, nos idées, nos croyances, nos désirs, etc.
541 onstituent la “personne” ; ce sont nos instincts, nos tendances, nos idées, nos croyances, nos désirs, etc. Chacun de ceux-
542 personne” ; ce sont nos instincts, nos tendances, nos idées, nos croyances, nos désirs, etc. Chacun de ceux-ci se trouve êt
543 ce sont nos instincts, nos tendances, nos idées, nos croyances, nos désirs, etc. Chacun de ceux-ci se trouve être, de par
544 stincts, nos tendances, nos idées, nos croyances, nos désirs, etc. Chacun de ceux-ci se trouve être, de par les causes qui
545 se perdent dans les profondeurs de l’éternité. » Nous connaissons assez bien cela en Occident. Bismarck écrit : « Faust se