1
obre 1931)a Si l’existence — le degré d’être —
se
mesure au pouvoir d’incarner sa vérité, le mal du siècle c’est l’impu
2
gnorera plus longtemps. Quant à l’Allemagne, elle
s’
est depuis plusieurs années déjà pénétrée de cette philosophie, ainsi
3
trême conséquence. Dans la mesure même où Kassner
se
montre disciple de Kierkegaard, sa pensée paraît réfractaire à toute
4
valeurs vitales (problème que notre xviie siècle
se
devait de ne pas poser). L’homme antique peut atteindre la grandeur p
5
in d’un tout fini : famille, dieux, nature. Il ne
se
recherche pas soi-même, il vise à la plénitude élémentaire, définie p
6
t lorsqu’il « veut prendre mesure de lui-même, il
se
sent aussitôt incomplet et coupable. Il est donc possible de dire que
7
l’homme moderne, l’homme sans mesure naturelle :
s’
il ne retrouve pas de loi interne et de tension par le péché, il n’est
8
ritaire. Entendons que pour lui, penser n’est pas
se
débattre dans ses contradictions personnelles, parlementarisme intéri
9
rivée, est tourmentée.) Penser n’est pas non plus
s’
ingénier sur des idées et des combinaisons d’idées mais créer de tout
10
pourrait dire aussi que l’indiscret est celui qui
se
préoccupe de défendre plutôt que d’illustrer. Ainsi selon Kierkegaard
11
er. Ainsi selon Kierkegaard, le premier homme qui
s’
avisa de défendre la religion mériterait-il d’être appelé Judas numéro
12
ait-il d’être appelé Judas numéro deux. Car il ne
s’
agit pas de professer une chose mais d’être la chose. Le rare, c’est q
13
ez Kassner comme chez Kierkegaard, cette présence
s’
accommode d’une ironie qui chez d’autres serait plutôt le fait du déta
14
ils profèrent ; ils les reçoivent des prophètes ;
s’
il n’y avait pas de prophètes, les bavards seraient peut-être des créa
15
s, c’est précisément le sentiment d’absurdité qui
se
dégage de pareils faits lorsque l’esprit s’y attache et que l’amour o
16
é qui se dégage de pareils faits lorsque l’esprit
s’
y attache et que l’amour ou la pitié essaient sur eux leurs forces. Le
17
r des êtres dont le « bonheur » consiste à ne pas
se
rendre compte de ce qu’ils vivent. Dans quelques-uns des plus signifi
18
atible avec les « conditions » de la vie que mort
s’
en suit. Sarah est donc un recueil de contes romantiques, cas tout à
19
ne sorte de consolation un peu forcée que le cœur
s’
accorde en dépit de tout, tandis que l’esprit demeure évasif et lucide
20
nce ? Le temps vient cependant où la métaphysique
se
posera ou sera niée en termes concrets, en termes de nourriture par e
21
ature hostile, de sorte qu’il lui faut sans cesse
s’
efforcer, ne connaissant que peu de repos de son adolescence à sa mort
22
re ». Ah ! la grandeur de ce peuple ramuzien, qui
se
meut dans je ne sais quelle lourdeur « originale » et unanime, en com
23
omique, loué « cet artiste raffiné » d’avoir su «
se
ravaler au niveau des simples. » Non, Ramuz ne descend pas au peuple,
24
Ramuz. Voici Caille, le colporteur biblique, qui
s’
avance dès le matin à travers le pays, et offre à tous la Parole, « ay
25
verture bleue », où les événements actuels — cela
se
passe un jour d’été de 1918 — sont expliqués à la lumière des Écritur
26
ne, la révolte, la guerre et la mortalité. Caille
s’
avance dans la journée, et l’angoisse autour de lui grandit. De partou
27
ngoisse autour de lui grandit. De partout l’orage
s’
amasse. Vers le soir, il éclate tragiquement. Est-ce la fin ? Grande h
28
ère. Puis, « la page du ciel a été tournée », ils
se
relèvent : « Il paraît bien qu’on n’est pas morts ! » Le monde renaît
29
e la chose pour toute la chose. C’est pourquoi il
s’
attarde à décrire le concret d’une façon concrète : ainsi, le maniemen
30
sérieux une intrigue romanesque à la Bourget. On
s’
est trop arrêté à l’insolite du style chez Ramuz. Ce qu’il a d’insolit
31
oire sont celles où la forme d’un mythe affleure,
s’
incarne et devient visible. Ce sont les périodes de crise. Or toute cr
32
un jugement6, — un « arrêt dans une forme ». Cela
se
voit par l’étymologie. Aussi, par le passage à la limite : car la plu
33
ommercial, éthique et spirituel. Que les échanges
se
ralentissent ou cessent : aussitôt perce l’interrogation que la réuss
34
et des Noces. Le ton de la création du monde. 6.
S’
il est vrai, comme l’a montré M. Spaïer, que toute pensée est judicato
35
contre le Démon révolté et la Magie latente ; et
s’
ils ne le voient pas, c’est que précisément cette défense a réussi. Pa
36
que Goethe dans la domination des mystères. Ainsi
se
réclament-ils de Rimbaud. Peut-être la confrontation du Sage et du Fo
37
s poèmes « magiques » puis renonce à la magie, et
se
tait. Goethe, initié dans sa jeunesse, commence d’écrire vers ce temp
38
r la chose écrite, par la lettre justement qu’ils
s’
opposent le plus. Pourtant Rimbaud ne fut jamais un écrivain, ni ne se
39
Pourtant Rimbaud ne fut jamais un écrivain, ni ne
se
soucia de l’être. Et Goethe ne fut qu’entre autres choses un écrivain
40
the ne fut qu’entre autres choses un écrivain, et
se
soucia de l’être dans la mesure seulement où il portait en tous les d
41
Non point qu’il soit un seul instant négligeable,
s’
agissant de deux êtres que l’on connaît par leurs écrits d’abord. Mais
42
d’abord. Mais, pour en tenir un juste compte, il
s’
agit de le subordonner au problème personnel de ces vies, à leur équat
43
eloppèrent leurs manifestations, — à quoi l’on ne
s’
est point privé d’ajouter quelques tomes depuis. Il convient de marque
44
ieux — esthétique, je ne m’en étonnerai point. Il
s’
agit simplement, ici, de rendre plus concrète, grâce au recoupement de
45
que, celle du terrible « Meurs et deviens ! », et
s’
il l’assume en connaissance de cause, — c’est un événement qui ne peut
46
use, — c’est un événement qui ne peut normalement
se
traduire que par une qualité nouvelle de silence. Encore faut-il que
47
gie maîtrisée, c’est-à-dire incarnée. La question
se
pose pour lui, dès l’abord, en termes matériels, urgents et contraign
48
sant par une application matérielle que la magie,
se
reniant en tant que spéculation extra-terrestre, peut s’intégrer dans
49
ant en tant que spéculation extra-terrestre, peut
s’
intégrer dans l’équilibre humain. Incident décisif qui figure en racco
50
e même bruyamment. C’est là le fait d’une âme qui
se
refuse encore à la souffrance et la crie sur la place. Un peu plus de
51
e tout au long de l’œuvre, prouve que la question
se
pose sans cesse à nouveau et que sous l’apparence de plus en plus ser
52
s en plus sereine, la tentation revient, l’agonie
se
poursuit. Seulement l’effort d’équilibre crée des énergies nouvelles.
53
du secret, et dans la profondeur, des conceptions
s’
opèrent. C’est ainsi que la magie reniée extérieurement au profit d’un
54
tre dans la réalité mystique. Et cet acte ne peut
se
produire que dans le plus profond silence de l’esprit, dans la région
55
an de certains actes à Vérité et Poésie. Le drame
s’
ouvre sur un réveil : l’exercice sans frein des arts occultes laisse l
56
galer… combien je dois expier tout cela ! » Faust
se
reprend au seuil de la mort. Mais la vie ne lui sera plus qu’un profo
57
le pour d’autres formes d’existence que la Nature
se
voit pour ainsi dire contrainte d’assigner à l’homme actif 8, l’on dé
58
ein.9 C’est tout le drame secret de l’œuvre qui
s’
avoue dans ce cri : chaque fois que Goethe invoque la catégorie sacrée
59
er est le drame d’une pureté avide, et son destin
se
joue d’un coup. La grandeur de Goethe est d’avoir su vieillir, celle
60
ethe est d’avoir su vieillir, celle de Rimbaud de
s’
y être refusé. Transportez la dialectique faustienne dans la vie d’un
61
iale, culturelle, voire physiologique ; le dessin
se
simplifiera jusqu’au schème unique, le rythme se précipitera jusqu’à
62
se simplifiera jusqu’au schème unique, le rythme
se
précipitera jusqu’à l’explosion, l’histoire se purifiera jusqu’au myt
63
me se précipitera jusqu’à l’explosion, l’histoire
se
purifiera jusqu’au mythe. La donnée initiale est bien la même : c’est
64
ne vision qui transcende la vie médiocre. Rimbaud
s’
y lance avec l’emportement d’une révolte qui traduit d’abord un excès
65
tainement angoissé l’enfant : n’est-ce point pour
se
défendre qu’il parle si fort, qu’il vante ses pouvoirs avec une étran
66
« Il faut être absolument moderne. » Travailler.
Se
donner à l’instant, à cette heure « au moins très sévère ». Gagner 40
67
et ce dilemme est peut-être le plus important qui
se
pose à l’esprit occidental, dès qu’il atteint les régions de haute te
68
occidentale. Supprimez l’un des termes, et la vie
se
détend, le tragique s’évanouit. Que ce mythe dialectique soit profond
69
l’un des termes, et la vie se détend, le tragique
s’
évanouit. Que ce mythe dialectique soit profondément constitutif de no
70
soudaine de l’ivresse devant le mortel danger qui
se
lève à un pas. Tous deux réalisent le renoncement, le deuxième temps
71
instants de son accession au monde spirituel, il
s’
est mis en état de défense et de lenteur. Il avance ainsi pas à pas, l
72
circonspection, pendant soixante ans, sans jamais
s’
abandonner aux bienheureuses violences de l’orage, au repos de la déme
73
’autre part le contraste absolu des rythmes, vont
se
traduire dans la similitude des conclusions éthiques et dans la diver
74
et volupté. Mais le front d’une plénitude royale
s’
avance fortement contre la lumière, et les yeux, entre cette bouche et
75
ésespoir. La longue peine de celui « qui toujours
s’
est efforcé » a purifié le corps, et l’âme est prête à recevoir « l’am
76
lque chose… Il est bien rare que l’on soit apte à
s’
agréger ce qui est supérieur. C’est pourquoi l’on fait bien, dans la v
77
n pour rechercher où tend ce problème, et ensuite
se
maintenir entre les limites de l’intelligible »12. L’on découvre ici
78
la source de l’étrange refus de Goethe, dès qu’il
s’
agit de faire état des causes premières, des fins dernières, en tant q
79
rationalisme agressif qu’il oppose aux dévots : «
S’
occuper d’idées relatives à l’immortalité, poursuivit Goethe, cela con
80
combattre, agir, laisse en paix le monde futur et
se
contente d’être actif et utile en celui-ci »13. À quoi nous saurons o
81
ce lumière d’un soleil caché14. » Écrire, tout en
se
taisant. Et ceux-là seuls entendront ce silence, qui auront su percev
82
le rupture. Elles sont le champ même15 où Rimbaud
se
livre à l’expérience spirituelle, où il se livre tout entier. Et c’es
83
imbaud se livre à l’expérience spirituelle, où il
se
livre tout entier. Et c’est là sa pureté, mais c’est aussi ce qui l’a
84
n de compte à l’évasion. La rage avec laquelle il
se
rabat sur le travail « à mains », rage de revanche, par son excès mêm
85
’être pas Rimbaud ?) Plus que jamais, il faudrait
s’
appliquer à distinguer dans ce vertige la réelle puissance d’une voix
86
ssumés sur le plan commun de la conscience où ils
s’
exalteraient en s’opposant franchement, tirent à hue et à dia et engen
87
commun de la conscience où ils s’exalteraient en
s’
opposant franchement, tirent à hue et à dia et engendrent une grande c
88
vèle son insuffisance quand c’est un virtuose qui
se
mêle d’en jouer. Mais sans doute le but serait-il atteint si M. Duham
89
, héritage d’un classicisme nettement pessimiste,
s’
accorde mal avec l’impénitente foi dans le genre humain que M. Duhamel
90
e cette qualité, et qui certes veut être honnête,
se
complaire expressément dans une hargne tempérée de badinage. C’est à
91
térialiste qui permet et favorise tout ce dont il
s’
indigne, conception à laquelle, par ailleurs, M. Duhamel semble fort a
92
à MM. les Députés, au chef du gouvernement. L’on
s’
étonne que M. Duhamel n’ait joint à son recueil une épître au préfet d
93
uvel ordre, je lui fais encore confiance ». Ainsi
se
termine ce livre amer, sans qu’à vrai dire l’on distingue sur quoi s’
94
amer, sans qu’à vrai dire l’on distingue sur quoi
s’
appuie pareil optimisme — sinon sur la crainte instinctive de choquer
95
iens qu’on habite tout par dehors et que personne
s’
occupe ». Dès la seconde page, c’est à pousser des cris de joie. Les e
96
? Quand personne ne déclare un Bien si haut qu’on
se
fasse tuer pour ce Bien ? Ceci pour indiquer à la fois l’importance e
97
et sa vertu : dépassement. Jouhandeau à son tour
se
place dans ces marches extrêmes du bien et du mal où l’apologie de l’
98
es contraires. Pour tous ceux qui ont l’audace de
se
maintenir dans une telle dialectique, il n’existe pas un choix préala
99
n choix universel et abstrait, mais des choix qui
s’
imposent avec une violence égale à celle de la tentation — c’est la mê
100
e incarnèrent ailleurs toutes les complexités. Il
s’
agit, on le sait, du bien et du mal selon l’Église. Mais l’émouvante e
101
pardon. La vertu comme le vice naît de la loi et
s’
y réfère. Mais le péché naît où meurt la foi, et meurt là où vit la fo
102
u bien à la fois. « Mal » ou « péché » — le débat
se
ramène sur cette page, à une question de vocabulaire. Une simple ques
103
question de vocabulaire comme on dit, — lorsqu’on
se
soucie peu de savoir ce qu’on dit. g. Rougemont Denis de, « [Compt
104
s, la doctrine marxiste, en dehors de laquelle il
s’
est constitué, forme l’un de ses points de repère principaux. Il se pe
105
forme l’un de ses points de repère principaux. Il
se
peut qu’il y trouve quelques appuis occasionnels ; et certains de leu
106
de leurs objectifs respectifs sont communs… Déjà
s’
affirme dans l’attitude de tous ces groupes un véritable acte de prése
107
e, le paradoxe fondamental de toute « existence »
se
concrétise dans une « nécessité » révolutionnaire dont l’ampleur est
108
récédent. Ce n’est plus de conflits d’idées qu’il
s’
agit, ni même de conflits d’intérêts. Mais pour nous, entrés dans la v
109
p d’une menace de faillite planétaire, il ne peut
s’
agir de rien d’autre que de ceci : s’entendre sur le meilleur ou sur l
110
, il ne peut s’agir de rien d’autre que de ceci :
s’
entendre sur le meilleur ou sur le seul moyen d’en réchapper, — l’impo
111
sse des braves gens persuadés qu’après tout ça va
se
remettre, ça va durer, puisque ça dure depuis si longtemps. Masse de
112
muets et d’aveugles, mais pas si sourds qu’ils ne
s’
irritent de nos cris. Il est vrai que certains, au lendemain de la gue
113
contre-attaquent. Et alors, toute une jeunesse va
se
dresser ? Va prendre parti, et agir ?… — Paralysie. — Le salut qu’on
114
ire, et d’ailleurs discutable ? C’est l’homme qui
se
révolte en nous contre le marxiste. Vous n’y ferez rien. Et nous ne t
115
s l’homme tel qu’il est, sous prétexte qu’il faut
se
hâter, et qu’en Russie c’est en train de marcher. Nous jouerons tout
116
ne moins coûteuse à risquer et qui consisterait à
se
laisser convaincre… Tout les y pousse, et l’on se demande en vain que
117
se laisser convaincre… Tout les y pousse, et l’on
se
demande en vain quelle idéologie les empêcherait encore de répondre a
118
ution personnaliste, l’opposition doctrinale peut
se
définir simplement. Les uns croient, avec Marx, à la réalité d’une di
119
a réalité humaine, toute révolution est vaine qui
se
fonde sur des faits mortels pour la personne, même si « ces faits son
120
as dans le vide, mais contre quelque chose : elle
se
fera contre ces faits. Elle sera « acte ». 2e — Le matérialisme décri
121
rit un monde tel qu’on ne voit pas où l’acte peut
s’
y insérer. Comment croire que l’esprit puisse agir sur les faits autre
122
quait récemment T. S. Eliot, dans un article21 où
s’
exprimaient des vues parfois proches de celles d’Esprit ou de Combat,
123
llure électorale ? « Toutes les tentatives qui ne
se
fondent pas sur la classe révolutionnaire ne comportent pas de points
124
il faut le dire, et niée par les faits dont elle
se
réclame implicitement, Lénine réussit une révolution d’intellectuels
125
1917, les bolchévistes sont 200. En octobre, ils
s’
emparent du pouvoir sur toutes les Russies. En 1932 le parti compte de
126
tructions d’un Lénine n’étaient pas songes, elles
s’
appuyaient sur le mouvement de l’histoire ». Nous avons affaire ici à
127
e n’est pas dans leur doctrine constructive. Elle
se
fonde sur des apparences, voire sur des faits actuels, mais insuffisa
128
mes contre le capitalisme : mais cette révolte va
se
tourner contre eux. On va voir qu’ils font la même chose, c’est-à-dir
129
t pire que ceux qu’ils attaquent. Cela commence à
se
savoir. Ils promettent du pain, et croient ainsi triompher à la fois
130
leur !), des méthodes policières grâce auxquelles
se
maintient le désordre établi. Mais nous allons plus loin dans la crit
131
magne, un groupe en croissance rapide, le Gegner,
s’
efforce de créer une unité révolutionnaire au-dessus des partis exista
132
force », anticapitaliste et non marxiste surgit,
s’
affirme. 19. Toute solution systématique du vrai conflit nécessité-li
133
ues par Marx pour qu’une révolution éclate. Il ne
se
passe rien. Parce qu’on manque de chefs. Parce qu’il n’y a plus de «
134
mais ridiculement quand elles ne l’avouent pas —
se
veut constamment significative. La publication de cet étonnant petit
135
Dante, Nietzsche —, une pétulance idéologique qui
s’
exprime en notes, digressions et plaisanteries jamais dépourvues d’ail
136
ume de deux-cents pages qui, délayé en six-cents,
se
verrait décerner le titre de « monument critique ». Tel qu’il est, un
137
cours de ses démonstrations : c’est dire qu’elle
se
meut en pleine poésie. D’où sa valeur « actuelle » et multiple, ses i
138
d’aliment à un dogmatisme populaire farouche, et
se
définit comme désavantageuse ». k. Rougemont Denis de, « [Compte re
139
nt sa pensée marche, insiste, souffre. Et cela ne
se
passe plus dans le canton de Vaud, mais dans le domaine propre de Ram
140
u’on découvre, déconcertantes ; puis l’esprit qui
se
met à douter, parce qu’il n’a plus d’application, l’esprit qui prend
141
n’attendait pas de Ramuz un examen de conscience.
S’
il s’interroge, dans Une Main, c’est plutôt un examen de son corps. Ex
142
endait pas de Ramuz un examen de conscience. S’il
s’
interroge, dans Une Main, c’est plutôt un examen de son corps. Examen
143
? Est-ce qu’elle n’a rien de mieux à faire que de
se
lever avec cent-mille autres, de faire le poing avec cent-mille autre
144
une maison trop grande, un feu de bois vert qu’on
s’
ingénie à allumer dans une cheminée qui tire mal. J’aime les choses qu
145
oint sans cesse à portée d’un coup de patte qu’il
s’
abandonne lui-même à sa fantaisie, la plus joyeusement érudite que je
146
t dont le spectacle n’est pas vain. M. Schmidt ne
s’
en laisse point imposer par la « réussite classique ». Il place Saint-
147
croyait tempéré et limpide, mais que l’on voit «
s’
échauffer, se brouiller » aux premières instances d’un choix radical e
148
éré et limpide, mais que l’on voit « s’échauffer,
se
brouiller » aux premières instances d’un choix radical et véritableme
149
e ses idées sur la société. On y verra comment il
se
peut faire que les tyrannies sociales, mondaines ou politiques, trahi
150
dolescence avide de servir une grande cause et de
se
sacrifier pour le bonheur collectif. Chanson de Roland, fair-play, Ba
151
e, part pour la Construction où il ne tarde pas à
se
distinguer par diverses actions d’éclat. Il devient brigadier de choc
152
l n’arrive pas, malgré ses plus loyaux efforts, à
se
passionner pour le problème de la fonte, qui est le problème dominant
153
ire a de ces exigences. On conseille à Volodia de
se
brûler la cervelle. Il se pend. Ce résumé fait le plus grand tort à l
154
conseille à Volodia de se brûler la cervelle. Il
se
pend. Ce résumé fait le plus grand tort à l’ouvrage. Il est cependant
155
sai de Ramuz, mais de tous le moins ramuzien : il
s’
agit cette fois d’idées, et même d’idées générales, ce qui est assez p
156
ses arguments. On peut aller jusqu’à soutenir que
s’
il défendait le marxisme, il n’en resterait pas moins, par le fait de
157
ce insurmontable. Ramuz, mieux que personne, peut
se
passer d’avoir raison, puisqu’il a pour lui la Nature27. C’est quand
158
la vie, mais avec des quantités mortes. Ceux qui
se
vantent d’être calculables ont très probablement raison : c’est une c
159
spirituel, à peine anticipée peut-être. Mais ils
se
trompent tout à fait quand ils se croient matérialistes28. Ils détest
160
-être. Mais ils se trompent tout à fait quand ils
se
croient matérialistes28. Ils détestent la matière comme seuls les spi
161
es de cette fameuse « matière » sur laquelle tout
se
fonde, que Staline s’est vu contraint, pour en finir, de fixer la sai
162
matière » sur laquelle tout se fonde, que Staline
s’
est vu contraint, pour en finir, de fixer la saine doctrine par un uka
163
État. C’est, à peu près, l’ukase en moins, ce qui
s’
est passé chez les bourgeois, au sujet du mot « esprit ».) Le vrai mat
164
hoses. Aussi bien n’éprouve-t-il pas le besoin de
s’
affirmer matérialiste. La position de Ramuz paraît assez voisine de ce
165
e-dialectique. Le « dépassement » peut aussi bien
se
faire dans l’immanence. La foi chrétienne dépasse-t-elle vraiment l’h
166
u’il prétende percer les apparences du monde pour
s’
enfoncer dans un ésotérisme, au contraire : il se borne à décrire ces
167
s’enfoncer dans un ésotérisme, au contraire : il
se
borne à décrire ces apparences avec une minutie qui suffit à dénoncer
168
noncer leur absurdité réelle, en même temps qu’il
se
refuse à toute interprétation, c’est-à-dire à toutes les conventions
169
ndale. Josef K… fondé de pouvoir dans une banque,
se
voit arrêté un beau matin par deux inspecteurs. Ces messieurs lui app
170
s au cri de « Vive la Nation ! » nation et peuple
se
confondaient alors dans la mystique de la révolution. Aujourd’hui l’o
171
ns la mystique de la révolution. Aujourd’hui l’on
se
voit sommé de choisir entre un front qui se dit « national » et un fr
172
l’on se voit sommé de choisir entre un front qui
se
dit « national » et un front qui se dit « populaire ». Faudrait-il en
173
un front qui se dit « national » et un front qui
se
dit « populaire ». Faudrait-il en déduire que le peuple et la nation
174
Faudrait-il en déduire que le peuple et la nation
s’
opposent ? Les mots l’indiqueraient, non les faits : voilà bien le dés
175
tentation fasciste, trop faible encore pour oser
s’
avouer ; à gauche une peur du fascisme assez forte déjà pour que la ma
176
idée d’une dictature… « antifasciste ». Tout cela
se
joue sur des mots, et ces mots ne traduisent que des religions vagues
177
as en vertu d’un conseil bolcheviste. La question
se
ramène à ceci : si tout le monde était mis d’accord par une agression
178
d’accord par une agression hitlérienne, irait-on
se
battre au nom de la liberté nationale ou au nom de la liberté populai
179
ne seule manière de tirer à la mitrailleuse et de
se
faire casser la figure. On peut regretter que le Congrès pour la défe
180
énoncé l’équivoque dont vit la droite, quand elle
se
proclame « nationale » tout en restant capitaliste.) Défendre la cult
181
se, au Palais de la Mutualité. Il me semble qu’on
s’
est entendu pour « cultiver » des équivoques verbales assez grossières
182
aboutir à une doctrine constructive tant qu’elles
s’
efforceront de dénaturer les grands mots d’ordre populaires, au nom de
183
dans un allemand populaire et grossier30. Il faut
se
méfier de la gloire qu’on lui a faite. On nous rapporte par exemple q
184
ple que « déjà vieux et ne voulant pas mourir, il
s’
adressa au diable qui lui conseilla de se faire enterrer pour une anné
185
urir, il s’adressa au diable qui lui conseilla de
se
faire enterrer pour une année, coupé en petits morceaux, dans du crot
186
r ensuite sous la forme d’un beau jeune homme. Il
se
fit tailler en morceaux et enterrer par son fidèle serviteur. Mais ce
187
favoris de notre temps. Mais combien, parmi nous,
se
sont fait déterrer deux jours trop tôt ! L’auteur de l’anecdote était
188
iste, comme le veut le langage confus de ceux qui
se
croient cartésiens. Aussi a-t-on souvent tendance à le rejeter du côt
189
de concepts à tout faire31. Il faut voir comme il
se
débat avec son latin de cuisine, son grec allégorique et son allemand
190
invention de métaphores. Mais Paracelse justement
se
méfie de ce mode — de cette mode — d’expression, qui lui paraît peu s
191
d’expression, qui lui paraît peu scientifique. Il
s’
en tire au moyen d’allégories, et transforme sa maladresse en instrume
192
trument de découvertes. Alors que notre étiologie
se
borne la plupart du temps à mettre un nom abstrait sur chaque symptôm
193
accination, et même de la psychanalyse. Paracelse
s’
était formé de l’homme une conception spirituelle et organique (théolo
194
s une sombre époque cérébrale et matérialiste. Il
s’
opposait32 aux médecins galénistes qui voyaient l’homme sous l’aspect
195
i voyaient l’homme sous l’aspect d’un concept. Il
se
fût opposé aussi aux médecins de la Renaissance, à Léonard, à Cardan,
196
i grandes chances. Et c’est une ère favorable qui
s’
ouvre, celle où l’esprit se remet à chercher ce qu’est l’homme, et que
197
une ère favorable qui s’ouvre, celle où l’esprit
se
remet à chercher ce qu’est l’homme, et quelle est sa mesure dans l’un
198
enne », dit Gundolf. 31. Gundolf écrit : « Il ne
s’
intéressait pas seulement aux différents minerais. Avec sa vision nouv
199
e ». Voilà qui l’honore en tant qu’homme. Mais on
se
représente aisément l’embarras qui eût été le sien si l’on eût exigé
200
e de « réaliser » la philosophie. Réaliser, c’est
s’
engager dans l’aventure politique ou religieuse. Au grand Hegel qui ph
201
ires, voilà le fait historique capital sur lequel
se
fonde l’attitude commune des intellectuels révolutionnaires, qu’ils s
202
ion transformatrice, et productrice. L’esprit pur
s’
évanouit. L’âge qui s’ouvre sera celui du spirituel décisif. La seule
203
t productrice. L’esprit pur s’évanouit. L’âge qui
s’
ouvre sera celui du spirituel décisif. La seule doctrine, ou pour mieu
204
ans l’attaque d’un problème entre tous urgent. Il
se
pourrait d’ailleurs que l’apparence brutale des thèses personnalistes
205
cinq heures nous allons chercher les chevaux qui
se
cachent tout au bout du champ de pommes de terre, là-bas près de la b
206
nous sommes plus éreintés que jamais. Puis Poppy
se
cabre au-dessus du dos de Bessie et nous la perdons presque. Enfin no
207
ont une carrière dans le « monde des lettres » et
se
composent un prestige !) Il invente ses histoires, secrètement animée
208
les battements du cœur sauvage de l’Espace », il
s’
amuse, il s’effraie de ses personnages, il les hait furieusement, il l
209
nts du cœur sauvage de l’Espace », il s’amuse, il
s’
effraie de ses personnages, il les hait furieusement, il les approche
210
fant maigre au regard narquois et inquiet, et qui
s’
est mis une barbe rousse pour avoir l’air d’un faune. 33. Même quest
211
atières, l’alternative que je viens d’indiquer ne
se
pose plus. Car la foi n’est pas davantage une évasion hors de ce mond
212
sgresser ses limites charnelles et temporelles, à
s’
oublier en Dieu, son principe ». La question est alors de savoir s’il
213
, son principe ». La question est alors de savoir
s’
il existe une mystique vraiment chrétienne, une mystique qui ne soit p
214
on » et cet oubli de nos limites, contre lesquels
s’
élèvent sans cesse les Prophètes et les Apôtres. Il faut reconnaître q
215
hérétiques, celles aussi où l’hybris spirituelle
se
pare le mieux d’humilité dévote. Ceci marqué, qui est plus qu’une rés
216
t surtout Boehme le gnostique. Pour Paracelse, on
s’
étonnera sans doute de le voir figurer dans un choix de « mystiques »,
217
mystiques modernes. Mais sans doute M. Chuzeville
s’
est-il laissé guider dans son choix par un préjugé historique que le «
218
ns. M. Chuzeville serait sans doute mieux inspiré
s’
il développait certaines indications fécondes de sa préface et nous do
219
nyme. L’alchimiste médecin Paracelse, en réalité,
se
nommait Theophilus Bombast ». Or Paracelse n’est pas un pseudonyme, m
220
donyme, mais un des trois prénoms du médecin, qui
se
nommait, « en réalité », Théophraste Paracelse Bombaste de Hohenheim,
221
e de Hohenheim, ce dont il n’eut jamais l’idée de
se
cacher. – L’érudition considérable de M. Chuzeville me paraît parfois
222
ar Gonzague Truc, du pamphlet de Maritain, lequel
s’
appuie sur le P. Denifle… Que de garanties accumulées ! u. Rougemont
223
sable du cliché. On blâme cet instituteur. Qui va
se
plaindre à son député. Lequel interpelle les communes. Qui à leur tou
224
nfligent un blâme à l’inspecteur ; car si l’École
se
met à « décourager l’orgueil patriotique », où allons-nous ? Quelqu’u
225
tion conquérante de la beauté ?). « Démodé » : on
se
demande dans quel pays. « Pacifiste » ? Aujourd’hui, il n’y a plus qu
226
que la digestion, si vous voulez. L’idée même de
s’
en vanter indique un trouble. — Enfin, voilà les hitlériens qui trouve
227
as de choix délibéré. Par malheur, l’enseignement
s’
empare du fait patriotique et tente de le rationaliser : il en fait un
228
terrestres, et le méprise en tant qu’il cherche à
s’
affranchir de ce genre de pression pour s’exercer en toute liberté. »
229
erche à s’affranchir de ce genre de pression pour
s’
exercer en toute liberté. » Il écrit un peu plus loin qu’il déplore la
230
des études théologiques ou simplement logiques ».
S’
il m’est permis de faire ici un peu de théologie et un peu de logique,
231
t fait, ce que j’ignore car je les pratique peu :
s’
il y a lieu de reprendre à son compte cette erreur de vocabulaire, ou
232
: Crucifie ! et relâche Barabbas — opposition qui
se
résout pratiquement en unanimité contre le Christ, contre l’esprit in
233
l’esprit incarné en Personne ; 5° si le clerc qui
s’
en lave les mains ne risque pas de faire le jeu des clercs qui crient
234
esprit est d’entrer dans le monde, non point pour
s’
y soumettre, mais pour le transformer en vérité. Mission que l’Évangil
235
que sa Trahison des Clercs est apparue, M. Benda
s’
y applique pourtant non sans bonheur, curieusement suivi sur ce point
236
il défend. Dictature et liberté, le monde moderne
se
débat tragiquement entre ces deux nécessités dont la première exprime
237
rofit de la liberté, et à seule fin de la laisser
s’
épanouir. Il faut soumettre la dictature à la liberté, il faut une dic
238
l’admettre — mais c’est admettre la révolution —
se
posent toutes les questions « pratiques » ; celles qui passionnent le
239
cace et fanatique de libération, ne tardent pas à
se
retourner contre les hommes, et à brimer nécessairement leurs vocatio
240
ra jamais au terme ; et la rigueur même du calcul
s’
opposera à son intrusion. Comme le prouve toute l’histoire moderne, qu
241
rtation des mystiques étrangères. Oui, mais on ne
se
défend qu’en attaquant. Sachons gré à ce livre de poser enfin les que
242
livre de poser enfin les questions que la France
se
doit de résoudre pour l’Europe, et de les poser sous la forme concrèt
243
s la forme concrète d’une série de tensions qu’il
s’
agit d’orienter et de rendre fécondes : solutions nécessaires et solut
244
individu. Cette dernière « tension », à laquelle
se
ramènent toutes les autres, est en train de devenir une sorte de pont
245
u désespoir considéré comme un des beaux-arts. Or
s’
il est vrai que Kierkegaard s’est occupé à décrire les formes déclarée
246
des beaux-arts. Or s’il est vrai que Kierkegaard
s’
est occupé à décrire les formes déclarées ou déguisées que revêt le dé
247
s que revêt le désespoir fondamental du pécheur ;
s’
il est vrai qu’il a su montrer, avec une effrayante lucidité, l’univer
248
mes qu’ils lui opposent. 3. Parce que Kierkegaard
s’
est déchaîné contre les églises établies, les évêques de la cour, et l
249
avec laquelle tant de phraseurs ou de braves gens
se
réclament de la foi chrétienne — « chose inquiète, inquiétante », dis
250
éparable de la foi ; parce que, « comme un oiseau
s’
envole anxieux aux approches de l’orage, ainsi, flairant le danger »,
251
pparaîtraient encore plus fortes de nos jours. Il
se
peut qu’il se fût réjoui de la maldonne. Que voulait donc Kierkegaard
252
encore plus fortes de nos jours. Il se peut qu’il
se
fût réjoui de la maldonne. Que voulait donc Kierkegaard ? Peut-être,
253
— la preuve irréfutable de sa foi. (Encore qu’il
s’
en défende avec vigueur mais son action même témoigne contre l’humilit
254
ontre l’humilité de son retrait.) La question qui
se
posait dès lors était celle-ci : « Comment donner à une époque plongé
255
Qu’arrive-t-il ? Tout simplement ceci : l’époque
s’
engoue de tes discours et tu deviens son favori. Tu es alors au début
256
favori. Tu es alors au début de ton supplice. Il
s’
agit maintenant de changer de direction ; tu restes animé de la même d
257
été attirant ; alors tu verras tes contemporains
se
passionner et bientôt s’enflammer contre toi.38 Tel fut le sort que
258
verras tes contemporains se passionner et bientôt
s’
enflammer contre toi.38 Tel fut le sort que choisit Kierkegaard, lors
259
er de toute son œuvre. Il est juste que ce destin
se
répète aujourd’hui parmi nous. Et la publication des écrits religieux
260
’absurde les attitudes de vie ou de pensée qui ne
se
fondent pas dans cette vision centrale et unitive. Il me semble que l
261
purement humains, en les poussant à la limite où
se
révèle leur impuissance ; puis à montrer que l’éternelle vérité n’est
262
cet acte de foi, ce renversement du désespoir qui
s’
ignore en certitude combattante — et combattue. Le sérieux de l’ironi
263
Cahiers du Sud une étude de Benjamin Fondane qui
s’
en prend avec énergie aux interprétations de Kierkegaard proposées en
264
on », je ne vois pour ma part qu’un seul moyen de
s’
engager de toute sa personne à la suite de Kierkegaard… Tout le reste
265
étique » dans le titre ; et « connaissance », qui
s’
inscrit à chaque page. La rumeur quotidienne tend à faire de « poète »
266
irconstance atténuante, au bénéfice du maladroit,
s’
il est aimable. Ou bien c’est l’ornement de nos loisirs. Mais Claudel
267
vos. Mais Claudel : « Vivre, c’est connaître », «
Se
connaître, c’est faire naître avec soi »… Il ne s’agit évidemment, ic
268
e connaître, c’est faire naître avec soi »… Il ne
s’
agit évidemment, ici et là, ni de la même poésie ni de la même connais
269
un profond calembour. « Il est permis à chacun de
se
servir de tel son qu’il lui plaît pour exprimer ses idées, pourvu qu’
270
phrase de la Logique de Port-Royal, dont Claudel,
s’
il est réaliste, doit récuser la principale40, peut néanmoins servir à
271
Claudel montre partout son parti pris, qui est de
s’
en tenir aux origines, et à cette origine, entre plusieurs probables,
272
à de permettre à nos pensées de circuler. Claudel
se
donne un règlement, et il observe les signaux. Les autres (voyez leur
273
ve les signaux. Les autres (voyez leurs journaux)
se
sont jetés dans un énorme embouteillage, il n’y a plus qu’à se laisse
274
dans un énorme embouteillage, il n’y a plus qu’à
se
laisser pousser dans le sens incertain de la masse. Or ce sens, telle
275
il va risque encore d’augmenter l’embarras, et de
se
faire copieusement houspiller. Et pourtant, c’est lui seul qui détien
276
ns là cette métaphore avant qu’elle n’aille aussi
s’
embouteiller41. Ou encore essayons de la traduire. Les modes, l’usage
277
uinent les bases de la communauté. On convient de
s’
entendre sur des malentendus42. À ce prix, l’on nourrit une paix sans
278
le peut. Opération inverse de celle du poète : on
s’
arrête à l’acception neutre, la moins active, la plus anecdotique — ro
279
exactement l’effet contraire : son succès même va
s’
inscrire dans une œuvre incommunicable au très grand nombre. Rendre au
280
é. Mais c’est aussi, dans le monde d’aujourd’hui,
se
condamner à n’être pas compris. Paradoxe d’un génie catholique, isolé
281
e péché, contre laquelle toute l’œuvre de Claudel
se
soulève à l’appel de la Joie. Le monde qu’interprète l’Art poétique n
282
C’est un monde en recréation perpétuelle, et tout
s’
y tient parce que chaque être y agit pour tout ce qu’il n’est pas. « T
283
s du discours, où les objets qui « veulent dire »
s’
assemblent en propositions (à l’homme), seul discours proprement cohér
284
communion avec la fin universelle. Alors l’homme
se
complaît dans une fin qu’il fait sienne, c’est-à-dire qu’il s’isole e
285
ans une fin qu’il fait sienne, c’est-à-dire qu’il
s’
isole et s’abstrait du mouvement de la Création. « Et c’est pourquoi u
286
qu’il fait sienne, c’est-à-dire qu’il s’isole et
s’
abstrait du mouvement de la Création. « Et c’est pourquoi une fin lui
287
t dans son cœur, et répète l’ordre qui l’a créée,
s’
appelle la parole. » Nous voici donc « chargés du rôle d’origine ». L’
288
e vivante de tout ce qui est. Et maintenant, pour
se
connaître, il lui suffit d’agir sa vocation. Dans l’acte conscient de
289
istinction du matériel et du spirituel. L’homme «
se
connaît donc à son pas et à l’extension de ses mains, à la facilité p
290
a facilité plus ou moindre grande qu’il éprouve à
se
servir des instruments dont il a la propriété ». Et son corps lui est
291
d’autres suites : faut-il attendre que les flics
s’
en mêlent, et viennent « mettre au pas » le langage — ou saurons-nous
292
, sans déclarer ce que le mot sous-entend, et qui
se
révélerait le plus souvent absurdement contradictoire. 43. Connaîtr
293
ter : prêter assistance, etc. Parce que « rien ne
s’
achève sur soi seul » tout porte à conséquence, tout appelle, et d’abo
294
ela clairement, mais : « Tel est le mystère qu’il
s’
agit présentement de reporter sur le papier de l’encre la plus noire.
295
is et acheter l’armée ennemie, lorsque l’occasion
s’
en présenterait. Un Anglais estimait un homme 480 livres sterling. C’e
296
ogue lorsqu’il tenta d’acheter le sol que le Duce
se
préparait à conquérir : c’était là proprement « couper l’herbe sous l
297
capitalisme. Or, ce système étant de ceux qui ne
se
peuvent soutenir que si rien d’arbitraire ou d’humain ne vient dérang
298
. Mais c’est la méthode qui doit retenir ici : il
s’
agissait pour Mounier de fonder la théorie personnaliste de l’avoir su
299
ssession — presque trop brillante par endroits —,
s’
engage dans un exposé synthétique des doctrines thomistes, et rejoint
300
n)44. En bref, le sens du livre est celui-ci : il
s’
agit de passer d’un mode de propriété abstrait et anonyme à un mode pe
301
s provisoires45 — de ce mouvement. Le lecteur qui
se
souvient encore du Cahier de revendications, publié ici même en 1932,
302
Couturier ! (Je ne sais pourquoi, d’ailleurs, ils
s’
obstinent à lui accoler un adjectif pléonastique : « personne humaine
303
que les problèmes de l’homme, et de l’esprit, ne
se
poseraient plus durant le prochain demi-siècle. Parler de la primauté
304
ue tout usager de la culture, si apolitique qu’il
se
veuille, se trouve intéressé dans un pareil débat ? Cela va de soi.
305
t ? Cela va de soi. 44. Je pense que Mounier ne
se
dissimule pas le caractère « théorique » des justifications qu’il va
306
l’aumône au nécessiteux avec l’argent d’un autre,
s’
il ne peut le faire du sien ». (Car cet argent de l’autre devient dans
307
Ou alors, l’héritage est cela dont on ne peut pas
se
délivrer à temps, et devrait être défini franchement comme ce qui est
308
incommode ou impropre, et dont il faut tâcher de
se
délivrer coûte que coûte.) Mon domaine, c’est ce que j’ai sous la mai
309
ualité de ce que j’écrivais. Il faut avouer qu’il
s’
agissait, dans ces articles, de ce que les gens croient être actuel, o
310
ironie sorbonnarde pour les petits événements qui
se
déroulèrent dans ce coin du pays, et surtout pour les légendes, local
311
lein de verve et de gaillarde érudition, comme il
s’
en trouve un peu partout pour sauver « l’esprit » d’un pays. J’ai pass
312
Richelieu. Depuis lors, semble-t-il, les villages
se
dépeuplent, les traditions se perdent et les champs tombent en friche
313
-t-il, les villages se dépeuplent, les traditions
se
perdent et les champs tombent en friche. La Révolution seule a ranimé
314
lectionneur. L’esprit fort et l’esprit de clocher
se
font une guerre acharnée dans ces pages et ils l’emportent tour à tou
315
certes il n’est pas deux France ! Ou plutôt elles
se
mêlent dans un combat indivisible et nécessaire au cœur de chacun d’e
316
re Premiers contacts avec les gens. — Le village
se
termine au bout de notre jardin. Passée la porte, on enfile une petit
317
côtés de la place généralement vide, les maisons
s’
alignent en ordre modeste, peintes en tons clairs et simples, blanc, j
318
ples, blanc, jaune ou vert. La couleur des volets
s’
harmonise avec chaque façade d’une manière subtile et précise qui en d
319
ieu. Son supérieur lui a confirmé qu’un manuscrit
s’
affranchit comme une lettre. Il faut donc que je m’exécute, sinon c’es
320
ibération. Il faut qu’il arrive quelque chose. Et
s’
il n’arrive rien ? « On ne meurt pas de faim dans nos pays », dit-on,
321
vie. Trouver son rythme naturel, et les moyens de
s’
y réduire, voilà le but de toute morale car le « bien penser » en dépe
322
ine de tout l’idéalisme dont les modernes doivent
se
guérir, s’ils veulent enfin devenir « actuels » ? Est-ce que ce n’est
323
l’idéalisme dont les modernes doivent se guérir,
s’
ils veulent enfin devenir « actuels » ? Est-ce que ce n’est pas aussi
324
is l’homme est ainsi fait qu’il désire sans cesse
se
risquer au-delà de ce qu’il peut, et franchir au moins en pensée les
325
n pensée les bornes de ses possessions pour aller
se
mêler aux « autres », à l’étranger… Tout ici me ramène à moi seul. J’
326
Quand nous étions devant Tamatave, en 1886. ») Il
s’
occupe maintenant à fabriquer un filet de quatre-vingts mètres, bel ou
327
la politique, ou la religion qu’ils suivent, ils
se
taisent bien vite, ou se remettent à raconter des anecdotes subitemen
328
gion qu’ils suivent, ils se taisent bien vite, ou
se
remettent à raconter des anecdotes subitement sans intérêt. Je ne sen
329
es subitement sans intérêt. Je ne sens pas qu’ils
se
méfient de moi. Simplement, ils n’ont jamais formé de phrases, dans l
330
es choses-là. Non seulement je ne sens pas qu’ils
se
méfient de moi en tant qu’intellectuel ou « spécialiste », mais encor
331
eur sur les sujets que je viens de nommer. Ils ne
se
doutent pas que c’est de cela précisément qu’un écrivain peut faire s
332
nse à la dire… Peut-être, dans un siècle ou deux,
se
demandera-t-on comment nous avons pu rester si parfaitement aveugles
333
souvent l’élément le plus actif de la population
s’
expatrient volontiers, ou vont habiter les villes.) En été, la petite
334
vont habiter les villes.) En été, la petite ville
se
remplit de baigneurs et l’auditoire du temple est décuplé : cela suff
335
Il m’a décrit son existence sans amertume. Il ne
se
plaint que de son isolement intellectuel. Il trouve normal de vivre u
336
un petit hôtelier breton d’origine catholique, il
s’
est converti à l’âge de vingt ans et depuis lors il n’a jamais songé q
337
qu’il n’y ait « à vues humaines » aucun espoir de
se
faire entendre, si le seul espoir vrai réside dans la foi, qui ordonn
338
cessation du travail pour un repos nécessaire. Il
se
définit psychologiquement non par rapport au travail, mais par rappor
339
. 23 janvier (écrit sur la dune) Il ne faut pas
se
mettre en colère au mois de janvier. C’est une saison abstraite, on n
340
bandonner cette partie mal engagée, ma vie, et de
se
retrouver neuf, enfantin, ou tout simplement jeune devant un présent
341
l’humilité. Si je ne suis pas important, le monde
s’
agrandit. Je puis encore aimer des paysages qui ne sont pas mon état d
342
28 février Gens. Il est très impressionnant de
se
demander en face de ces hommes, à quelques mètres d’eux, quand ils tr
343
le plus familier avec la mort.) Ainsi nos gestes
se
prolongent, et leur grandeur est dans l’attente qu’ils trahissent. Si
344
ie est absurde et violemment inacceptable, qui ne
s’
ouvre pas sur l’attente d’une révélation à venir, et d’une « consolati
345
ouveau. De très gros œufs, me semble-t-il. (Où va
se
loger la vanité !) 14 avril La culture et les gens. Souvent, quand
346
encore ils ne comprendraient pas même de quoi il
s’
agit quand je parle d’eux précisément, et des problèmes qui intéressen
347
au bas de la page. Il me semble vraiment que cela
se
tient. Il me semble aussi que c’est concret. Je me dis que cette impr
348
s que cette impression et celle de tout à l’heure
s’
excluent en fait. Mais je n’arrive plus du tout à retrouver ce sentime
349
nt une fatalité interne dans notre culture : elle
s’
enchante, se critique, se légitime elle-même. Elle a ses lois, qui se
350
ité interne dans notre culture : elle s’enchante,
se
critique, se légitime elle-même. Elle a ses lois, qui se suffisent. L
351
ans notre culture : elle s’enchante, se critique,
se
légitime elle-même. Elle a ses lois, qui se suffisent. Les concepts a
352
ique, se légitime elle-même. Elle a ses lois, qui
se
suffisent. Les concepts alors se combinent selon des affinités ou rép
353
a ses lois, qui se suffisent. Les concepts alors
se
combinent selon des affinités ou répulsions que les faits ou les être
354
e que je défends est vraie !… Il y aurait de quoi
s’
arrêter de penser, si l’on pouvait. Le principe de toute culture vérit
355
du moins… d’angoisse, ou de vision finale, qu’il
s’
agit de maintenir par un constant effort entre nos belles séries de pe
356
crayeux, très froide encore. On ne peut guère que
se
tremper quelques instants, et se coucher ensuite sur la dune, au vent
357
e peut guère que se tremper quelques instants, et
se
coucher ensuite sur la dune, au vent doux. Villages blancs au-dessus
358
enses plateaux rocheux, pourpres, jaunes et noirs
se
révèlent au-delà de la plage, nouveau pays tout grouillant de merveil
359
qui affleure le tranchant du plateau, la rivière
s’
élargit en bassins clairs aux profondeurs rougeâtres et doucement mouv
360
s. C’est là que nous commençons la pêche. Il faut
se
planter au centre du bassin, et fouiller et racler sous les bords, da
361
ch, un ou deux crabes tout terreux, et parfois en
se
penchant sur la treille, on voit bondir d’un bord à l’autre quelque c
362
achet que l’on porte attaché à la ceinture et qui
se
remplit de tressaillements. Nous ne gardons que les plus belles creve
363
une ou deux sautent hors de la casserole —, elles
se
recroquevillent, rougissent, se durcissent. Je ne puis voir cela sans
364
asserole —, elles se recroquevillent, rougissent,
se
durcissent. Je ne puis voir cela sans honte et sans révolte. Sensible
365
admiration, répulsion, pitié, etc. En somme, tout
se
borne à une certaine « sympathie » (souffrir avec) que l’homme éprouv
366
avec les hommes. Mais attention. C’est uniquement
s’
il y a dans l’homme une vocation surnaturelle, la mission de restaurer
367
restaurer l’harmonie primitive, que mon scrupule
se
justifie : il apparaît alors comme le dernier écho, le dernier reproc
368
ux jours l’éclosion des œufs.) Il me semble qu’il
se
passe des choses au fond du réduit obscur. La poule grogne furieuseme
369
âché hier soir, et que la Providence, évidemment,
se
payait ma tête. Ensuite j’ai calculé que cela nous permettait de pass
370
e chercher. Notre affaire réglée, il croit devoir
s’
excuser de m’avoir fait passer à côté tout à l’heure. « Vous savez, c’
371
une pudeur, ou une honte tout à fait particulière
s’
attache au commerce de l’argent. 20 juin Les gens. Je feuillette ce
372
t équilibre indifférent et cordial qui a fini par
s’
établir entre nous : et il ne reste que l’ennui de nos conversations t
373
duite et à leur milieu, comme les animaux. Ils ne
se
posent pas de questions gênantes. Or, c’est mon métier d’en poser… Il
374
s, les salades et les choux sont brûlés, la terre
se
craquèle, ou devient poussiéreuse. Il n’y a plus que quelques roses a
375
ur l’île, et le bilan de l’année écoulée. Bilan.
S’
installer dans la pauvreté comme dans un champ d’activité nouveau, ave
376
ne l’imaginent : ceux qui voudraient « partir »,
se
« libérer » et qui reculent pourtant devant le saut. Peut-être leur s
377
utile de montrer qu’on peut sortir des villes où
se
font les « carrières » sans sortir de la vie véritable ; et qu’on peu
378
entures dans l’existence d’un homme qui cherche à
se
posséder plutôt qu’à se fuir dans les hasards. C’est sans doute un ef
379
d’un homme qui cherche à se posséder plutôt qu’à
se
fuir dans les hasards. C’est sans doute un effet de la trentaine qui
380
st à portée de la main, et n’est que là. Alors il
s’
agit seulement d’assurer la prise de cette main. C’est l’affaire d’une
381
française, Paris, juillet 1937, p. 63-87. af. Il
s’
agit de Penser avec les mains .
382
d’un Noël à l’autre sur la province du Warmland,
s’
étant juré de ne rien accomplir d’utile ni de raisonnable. Voici l’his
383
errorisés par une sadique « défense d’inventer »,
s’
épuisent à rechercher le vraisemblable, en même temps que l’exceptionn
384
e. Mais la vie est toujours ailleurs, en train de
s’
inventer différente. Elle n’aime que celui qui se moque d’elle et qui
385
s’inventer différente. Elle n’aime que celui qui
se
moque d’elle et qui n’en fait qu’à ses façons. Elle aime les grands r
386
s rhétoriciens de l’imagination fabulatrice. Elle
se
précipite avec fougue dans leurs pièges les plus évidents. Elle adore
387
e dans leurs pièges les plus évidents. Elle adore
se
laisser attraper dans les figures qu’une Lagerlöf s’amuse à rajeunir
388
laisser attraper dans les figures qu’une Lagerlöf
s’
amuse à rajeunir tour à tour : une au moins par chapitre48, et à chaqu
389
e, populaire carte postale. Mais voici que la vie
s’
y prend, fait sauter le cadre, envahit tout à grands bonds émouvants,
390
nvahit tout à grands bonds émouvants, et l’auteur
s’
esquive prestement avec une bonne espièglerie, pour vous laisser à vot
391
tte dans le grand jeu du péché et de la grâce, et
se
confond avec la Charité. Imaginer, à ce degré, c’est déjà presque par
392
ière fantastique de la Promesse, au point où tout
se
renverse, où le ciel s’ouvre sur le châtiment, où le démon découvre q
393
romesse, au point où tout se renverse, où le ciel
s’
ouvre sur le châtiment, où le démon découvre que son œuvre a libéré le
394
1937)ah Un clerc écrivait récemment qu’il faut
se
garder d’engager la raison dans une aventure — la vie — « où elle ne
395
e manqueront pas d’en conclure qu’ils n’ont pas à
se
mêler aux luttes sociales et politiques où leur raison a tout à perdr
396
olitiques où leur raison a tout à perdre mais que
s’
ils s’y trouvent mêlés, comme il arrive parfois aux plus prudents, ils
397
ues où leur raison a tout à perdre mais que s’ils
s’
y trouvent mêlés, comme il arrive parfois aux plus prudents, ils feron
398
ive parfois aux plus prudents, ils feront bien de
s’
y comporter selon les usages du forum, et de crier avec les loups. « P
399
par lequel un ancien Philosophe prouvait qu’on ne
se
devait point mêler des affaires de la République. Si on y agit bien —
400
— disait-il — on offensera les dieux ; donc on ne
s’
en doit point mêler. » Mais Aristote témoigne qu’on lui répondit : « S
401
is Aristote témoigne qu’on lui répondit : « Si on
s’
y gouverne selon les règles corrompues des hommes, on contentera les h
402
a vraie justice, on contentera les dieux. Donc on
s’
en doit mêler. » La Logique observe à propos du premier dilemme — ou s
403
aille pas sans risques, c’est l’évidence. Mais il
s’
agit de savoir ce que l’on révère, de la vérité ou de la sécurité. Ce
404
. Ce serait une raison bien débile, qui n’oserait
s’
exercer que sur du rationnel tout fait. S’il y a quelque part du ratio
405
oserait s’exercer que sur du rationnel tout fait.
S’
il y a quelque part du rationnel (que ce soit dans le monde ou dans l’
406
ns le monde ou dans l’esprit) c’est que la raison
s’
est bel et bien risquée et se risque encore dans le chaos, et qu’elle
407
c’est que la raison s’est bel et bien risquée et
se
risque encore dans le chaos, et qu’elle a su y prévaloir sur quelques
408
points. On ne voit pas bien pourquoi il faudrait
s’
arrêter. Et même, à faire le petit rentier du rationnel, on court le r
409
journant en France, Aladár Kuncz, sujet hongrois,
se
voit arrêté à Paris dès les premiers jours de la guerre. On l’envoie
410
e bassefosse par le jeu de l’état civil. Qu’il ne
s’
y mêle aucune trace de hargne, c’est un miracle qui défie l’époque. M.
411
le, dans sa préface, déclare fort justement qu’il
s’
acquitte d’une dette en présentant cette œuvre au public français. Vou
412
aisissable et saisissant : qu’un innocent, ou qui
se
croit tel, se voie privé de sa liberté pour des « raisons » collectiv
413
saisissant : qu’un innocent, ou qui se croit tel,
se
voie privé de sa liberté pour des « raisons » collectives et obscures
414
erre. C’est un mot sacré. C’est quelque chose qui
se
passe très loin, partout, et qui doit être réel puisqu’on en souffre,
415
bscure certitude, angoissante, que cette guerre «
se
fait toute seule », que rien ne dépend plus de personnes responsables
416
niale description du mythe de l’arrestationaj. On
se
rappelle que c’était l’histoire d’un homme qui se voit inculpé, par u
417
se rappelle que c’était l’histoire d’un homme qui
se
voit inculpé, par une justice inaccessible, d’une faute indéterminée.
418
de l’homme traqué par les tyrannies anonymes qui
se
multiplient dans notre siècle49, et tendent à faire du moindre d’entr
419
preuve, une fois de plus, que l’homme moderne ne
se
connaît jamais mieux qu’à la faveur de circonstances brutales, qui le
420
spects, procès de tendance faits à ceux mêmes qui
se
taisent, etc., etc. ai. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Aladár
421
cet ouvrage d’une passionnante ambiguïté, et qui
se
donne l’air d’une « fantaisie ». Prenons ce mot au sens allemand : un
422
ences fausses de faits « prouvés ». La thèse peut
se
discuter. L’illustration m’en paraît convaincante. « Le grand étonnem
423
trois fois plébiscité !) Devant les Chambres, il
s’
écriera : « Prenez conscience, Messieurs, que depuis vingt années nous
424
celui de la patrie perdue que Bonaparte cherche à
se
recréer, celui du schizophrène qui « perd le sentiment », celui d’une
425
toire, un des meilleurs romans de l’année, et qui
se
fait lire avec le plus constant plaisir, d’autant que l’on pouvait re
426
itante pour l’esprit. À peine l’a-t-on fini qu’on
se
jette sur Sorel, sur Madelin et sur Aubry, pour leur arracher des ave
427
foulement » d’où procèdent les « actes manqués ».
S’
il y a eu « expérience Blum », elle a consisté à empêcher la révolutio
428
nitial a déterminé la courbe de l’expérience : il
s’
agissait d’affirmer une mystique, mais de ne faire que les réformes qu
429
dans la France actuelle. (Au moins dans celle qui
se
manifeste.) Et les réformes obtenues apparaissent comme les résultant
430
e a d’autres plans, et Ce soir a d’autres vertus.
S’
il se fait une révolution, elle sera donc improvisée, donc sanglante,
431
’autres plans, et Ce soir a d’autres vertus. S’il
se
fait une révolution, elle sera donc improvisée, donc sanglante, donc
432
donc improvisée, donc sanglante, donc destinée à
se
figer dans le rictus d’une dictature. Tout le monde le sent, tout le
433
sent, tout le monde le craint — et le désire sans
se
l’avouer. Voilà pourquoi personne ne bouge. C’est effrayant, cette im
434
exte de lui résister, les voilà qui d’elles-mêmes
se
mettent en rang, lèvent le poing, acclament des caporaux. Ainsi l’Aut
435
acclament des caporaux. Ainsi l’Autriche fascinée
s’
est jetée dans la gueule du dragon, après avoir trompé et désarmé la r
436
nce la révolution de 36. D’où le « complexe » qui
s’
est noué. Complexe fasciste, avoué sous le nom d’antifascisme, c’est n
437
chaque fois un monde nouveau, et chaque fois elle
se
sent plus forte ou plus faible que les règles sociales admises. Suppo
438
, etc.). Et pourtant, ce n’est que d’un jeu qu’il
s’
agit. Alice en garde la conscience secrète — comme dans le rêve — et p
439
conscience secrète — comme dans le rêve — et peut
s’
en libérer dès que l’absurdité devient intolérable ou menaçante. D’ail
440
es rendent compte de la plupart des « gags » dont
se
compose le récit. Et parfois les pièges logiques ont une double déten
441
action, la Laidification et la Dérision. Mais ici
se
poserait le problème de la version française du conte ; celle de René
442
tion rigide, confusion de l’État et de la Nation)
s’
opposait dans le fait à toute application honnête des deux principes.
443
ntraliste inspiré du modèle français. 2. Sur quoi
se
basaient les revendications hitlériennes ? — Les dictateurs du Centre
444
ctateurs du Centre européen furent les premiers à
s’
apercevoir du paradoxe politique que nous venons de définir. Ils euren
445
t fatal, dans ces conditions, que les démocraties
se
laissassent convaincre par le « bon droit » des exigences allemandes.
446
ntrevue de Berchtesgaden). 4. Pourquoi le conflit
s’
aggrava-t-il subitement ? — Le litige était réglé en principe. Mais al
447
des peuples sur pied d’égalité. Une vague de fond
s’
éleva contre la prétention allemande, que l’on sentait, obscurément, r
448
omprit que son heure n’était pas encore venue. Il
se
vit contraint d’accepter la réunion à Munich d’une « Diète » de gouve
449
alculs qu’on appelait alors « réalistes », et qui
se
bornaient à faire état des pertes matérielles subies. Le bénéfice mor
450
igion, par Alain (avril 1939)ao Ces « propos »
s’
égrènent de 1908 à 1935, mais la position de l’auteur n’a pas varié du
451
n de l’auteur n’a pas varié durant ce temps. Elle
se
ramène, me semble-t-il, à ceci : la religion, c’est la pratique moyen
452
la pratique moyenne du catholicisme français. Il
s’
agit moins de la dénigrer que de la « réaliser » en la débarrassant de
453
été par Alain, serait une sagesse éternelle qu’il
s’
agirait de remettre à jour, c’est-à-dire de laïciser. Point d’anticlér
454
vous finirez par penser)… Comme toute sagesse qui
se
respecte, celle d’Alain ne peut pas tenir compte des données concrète
455
t dont je ne trouve pas trace dans les évangiles,
s’
il est vrai qu’il encombre une bonne part de la théologie, surtout cat
456
de révolte active de la créature (même lorsqu’il
se
déguise en bonne volonté souriante). La foi, au sens biblique, s’oppo
457
nne volonté souriante). La foi, au sens biblique,
s’
oppose expressément à la religion en général, avec ses rites et ses cr
458
ombrée de règles précises dont elle rêve moins de
se
délivrer que d’abuser. Dans le vertige de l’anarchie où il se plaît,
459
que d’abuser. Dans le vertige de l’anarchie où il
se
plaît, ce grand seigneur n’oublie jamais son rang. Son naturel, c’est
460
rien n’est plus loin de la nature. Voyez comme il
se
sert des femmes : incapable de les posséder, il les viole d’abord mor
461
es posséder, il les viole d’abord moralement pour
s’
imposer à l’animal, et aussitôt prises les rejette, comme si c’était l
462
s que Don Juan fuit à peine atteints. Faudra-t-il
se
résoudre à soumettre le cas aux docteurs indiscrets de l’école vienno
463
n’atteint pas au plan de la personne, où pourrait
se
manifester ce qu’il y a d’unique dans un être. Pourquoi ne peut-il dé
464
ne l’abandonne pas pour l’incertain, — entendez :
s’
il possède vraiment. Don Juan serait l’homme qui ne peut pas aimer, pa
465
déçu par la réalité dès qu’il l’approche, et déjà
s’
élançant vers d’autres apparences, de plus en plus angoissé et cruel…
466
es apparences, de plus en plus angoissé et cruel…
S’
il le trouvait, ce « type » de femme rêvé ! J’imagine cette métamorpho
467
, changer soudain de contenance, baisser la tête,
s’
assombrir, comme saisi d’une timidité, et fasciné pour la première foi
468
pour la première fois par la révélation d’amour,
se
muer en l’image de Tristan. Mais il ne trouvera pas. Il est Don Juan
469
on sait qu’il ne peut trouver, soit impuissance à
se
fixer, soit impuissance à se déprendre d’une image à lui-même secrète
470
, soit impuissance à se fixer, soit impuissance à
se
déprendre d’une image à lui-même secrète. Et de là vient sa puissance
471
n’est pas toujours liée au sexe. Et même il faut
se
demander si la sensualité, précisément, ne serait pas le domaine où D
472
précisément, ne serait pas le domaine où Don Juan
se
révèle le moins dangereux. (Appelons ici danger ce qui peut compromet
473
dre neuf par le décret de sa rigueur. ⁂ Nietzsche
s’
est dressé face au siècle. Et l’adversaire qu’il s’est choisi, c’est l
474
’est dressé face au siècle. Et l’adversaire qu’il
s’
est choisi, c’est l’esprit de lourdeur, notre poids naturel, notre fac
475
moraliste un ennemi vigilant de l’instinct : car
s’
il le glorifie c’est par esprit de polémique, c’est qu’il veut forcer
476
ilence ou les lâchetés de l’adversaire. Les idées
se
retournent au caprice de l’esprit : il n’y a plus de vérité qui tienn
477
: il n’y a plus de vérité qui tienne. Les hommes
se
rendent ou tombent dans le doute à la première séduction d’une hypoth
478
i maintienne en vertu de l’absurde. Ah ! comme on
se
lasse de gagner à tout coup, pour peu qu’on ait l’envie de nier des r
479
e personne n’ose plus dire inviolables ! Qui donc
se
ferait tuer pour une vertu dont on ne sait plus quelle est la fin ? E
480
voyez comme elles ont vite cédé ! Il faudra donc
s’
en prendre à Dieu et à son Fils. Déjà « le Dieu moral est réfuté ». Qu
481
s, l’heure de l’invitation au Commandeur. Or Dieu
se
tait. Il ne relève pas le défi. Nietzsche attend dans la nuit déserti
482
éprisables après la première possession. Pourquoi
s’
attarderait-il ? Elles n’étaient excitantes pour l’esprit que par la f
483
goût ce que l’on désirait de toute sa fougue ; et
se
rire des suiveurs, des successeurs, de ces disciples enhardis par le
484
ir abuser de ses victimes. Mille et trois vérités
se
sont rendues, et pas une seule n’a su le retenir. Qu’importent les «
485
lui-même infiniment secrète, d’une Vérité qui ne
se
rendrait point, mais qui le posséderait à tout jamais, digne enfin de
486
raque sans relâche tout ce qui bouge, tout ce qui
s’
arrête, tout ce qui fait mine de résister. Voluptés brèves — le temps
487
lointain. ⁂ Don Juan, tricheur, aime sans amour.
S’
il gagne, c’est en violant la vérité des êtres. Nietzsche pose des val
488
toutes les règles du jeu, il faut qu’une passion
se
révèle ; ou la mort, ou la vie éternelle. Il faut donc que Don Juan d
489
aisse (car Don Juan ne gagnait qu’en trichant, et
s’
il n’y a plus de règles, on ne peut plus tricher). Voici peut-être la
490
monde, et des rapports du monde à l’homme, qu’il
s’
agit de concevoir à nouveau, si l’on veut entrer dans ces rythmes, goû
491
n de les parfaire par le Verbe et, finalement, de
s’
en rendre maîtres. Tous sont soutenus par une double croyance dans le
492
e a tant répété : Ne jugez pas ! qu’il a fini par
se
rendre lui-même littéralement « inestimable ». Comment prendrait-on p
493
e défiance d’une symétrie où l’on serait tenté de
s’
arrêter…) Faute d’un « jugement » que ces treize cents pages s’appliqu
494
aute d’un « jugement » que ces treize cents pages
s’
appliquent à dénoncer d’avance, réduisons-nous à des notes de lecture,
495
toutes ces aquarelles et ces tableaux de genre où
s’
amuse et s’attarde la maîtrise, on peut prévoir que la valeur d’un tel
496
aquarelles et ces tableaux de genre où s’amuse et
s’
attarde la maîtrise, on peut prévoir que la valeur d’un tel ouvrage re
497
ra d’ordre essentiellement biographique. Mais ici
se
pose le problème de la vérité du portrait, Gide note lui-même dès 192
498
ter nos retouches. ⁂ Parfois, le secret d’une vie
s’
épuise dans l’œuvre ; il ne reste pour le journal que les plus sèches
499
le l’image qu’il nous y livre de lui-même53 —, il
se
peut qu’elles soient dites dans Les Cahiers d’André Walter, et surtou
500
ussant les proportions de l’autoportrait, si l’on
se
borne au seul journal. « Les choses les plus importantes à dire sont
501
e paraissaient trop évidentes. » Si sincère qu’on
se
veuille en relatant ses journées, comment ne serait-on pas tenté de d
502
de répéter chaque fois qu’on l’aime ? Ainsi l’on
se
peint plus « rosse » que nature. Gide lui-même, à ce jeu, ne s’est pa
503
« rosse » que nature. Gide lui-même, à ce jeu, ne
s’
est pas épargné : « Je ne suis qu’un petit garçon qui s’amuse — doublé
504
pas épargné : « Je ne suis qu’un petit garçon qui
s’
amuse — doublé d’un pasteur protestant qui l’ennuie. » Type de boutade
505
. » Type de boutade dont certains, contre lui, ne
se
priveront pas d’abuser. Voici qui va fort loin dans la critique du ge
506
On les inventerait même, pour la satisfaction de
se
paraître à soi-même plus perspicace, et l’on a grande tendance, par c
507
ande tendance, par contre, à négliger, de peur de
se
surfaire, tout ce qui peut entrer en jeu de bonté naturelle ou de soc
508
ncore : du désir de paraître aimable. Mais à trop
se
regarder, on ne vit plus. Le regard, ici, crée ce qu’il cherche… » Or
509
t, c’est-à-dire ce qui frappe ce jour-là, et l’on
se
fait trop pittoresque. En somme, le journal exigerait une discipline
510
grande encore que celle de l’œuvre : il faudrait
s’
imposer un rythme égal et sans lacunes, une relation automatique et mo
511
rfois même négative. C’est moins la vie vécue qui
s’
y traduit, que le désir de compenser ou de parfaire ce qui n’a pas été
512
pensations, ratures, reprises d’actes manqués… Il
s’
agirait de savoir si la vraie vie est dans ce qu’on fait, ou dans ce q
513
nière goethéenne, et musicien comme Goethe encore
se
voulait peintre (mais Gide est, je crois, plus doué). On l’y découvre
514
chrétien dans ses déterminations ? Je crois qu’on
s’
est trop laissé prendre à sa perpétuelle polémique contre les converti
515
ir que pour lui, le problème proprement religieux
s’
est posé, et se pose encore, dans des termes qui échappent, presque né
516
, le problème proprement religieux s’est posé, et
se
pose encore, dans des termes qui échappent, presque nécessairement, à
517
ut élevé dans un milieu où la religion paraissait
se
réduire à ces deux éléments que Calvin considère comme hérétiques : l
518
conformistes. Mais toute morale a bientôt fait de
se
muer à son tour en dogme, et la morale protestante succombe à ce dang
519
e religieux. En somme, tout son effort consiste à
se
délivrer de cela même que certains chrétiens désireraient lui « révél
520
ractéristique du protestantisme libéral tel qu’il
se
développa au siècle dernier. « Je l’ai souvent dit à Claudel : Ce qui
521
s qu’il n’est, à affirmer plus qu’il ne croit. Il
se
décrit « forcé de s’asseoir au culte de famille. Sa gêne. L’horreur d
522
rmer plus qu’il ne croit. Il se décrit « forcé de
s’
asseoir au culte de famille. Sa gêne. L’horreur du geste qui puisse dé
523
sauver une conception pure de la foi, dont il ne
s’
estimait pas digne, et qu’il confessait par là même. Gide paraît surto
524
et réticente. Or toute nature, irrémédiablement,
s’
éprouve complexe et réticente. Et l’acte de foi consistera toujours à
525
ne sauraient confesser. Alors seulement pourrait
se
poser en termes nets le problème de l’église visible, de l’obéissance
526
l’obéissance à une orthodoxie qui ne prétende pas
s’
emparer de l’Évangile, mais au contraire s’y ordonner. « Orthodoxie pr
527
de pas s’emparer de l’Évangile, mais au contraire
s’
y ordonner. « Orthodoxie protestante — écrit Gide —, ces mots n’ont po
528
ratrice. ⁂ Si, malgré son génie du scrupule, Gide
s’
expose parfois au reproche de prendre position non sans légèreté sur d
529
ar préférence, loin de là. Mais les problèmes qui
se
posent à nous, nous n’avons pas pu les choisir, et encore moins les c
530
avec lui, ou qu’on écrit à son propos, qu’il faut
se
forcer pour n’abandonner point les positions auxquelles on tient, et
531
urckhardt et de Nietzsche… Mais le centre vaudois
s’
est distingué par sa méfiance à l’égard des « idées ». Son particulari
532
thentique, si caractéristique du cercle ramuzien,
s’
y traduit en mirlitons acidulés et en mélodies savamment bêtifiantes d
533
d’anniversaire. Quant au « message » du poète, il
s’
exprime surtout dans deux portraits photographiques de Germaine Martin
534
tout l’art de Ramuz exposé. Ici, tout le mystère
se
mue en forme et en physionomie lisible. Enfin, l’on est au-delà de la
535
e l’escalier. Je parle en le suivant d’un œil. Il
s’
arrête, il paraît attendre. Je pose le récepteur et nous sortons. Nous
536
» Il a l’air étonné, puis amusé. Et, soudain, en
se
levant : « Eh bien ! si c’est ainsi, allons le voir de ce pas, voulez
537
offre. Au milieu du studio pend un trapèze. Gide
s’
y appuie des deux mains, se balance en regardant nos valises. « Tout c
538
pend un trapèze. Gide s’y appuie des deux mains,
se
balance en regardant nos valises. « Tout cela s’est arrangé si soudai
539
se balance en regardant nos valises. « Tout cela
s’
est arrangé si soudainement, dit-il, c’est inquiétant. Cela me ferait
540
es, il viendra entrouvrir la porte capitonnée, en
s’
annonçant par un profond « Allô ! Allô ! » et me demandera de passer c
541
ations de Bossuet, avec une vive admiration, mais
se
refuse à Kierkegaard, qu’il juge « trop long ». Marquant ainsi bien f
542
, et n’a peut-être jamais répété. La conversation
s’
engage sur L’Amour et l’Occident , qu’il est en train de lire, et don
543
euses, coupées de silences et de reniflements, il
se
met à parler sur « le drame de sa vie ». Jeune homme épris et puritai
544
» était d’autant plus pur que rien de charnel ne
s’
y mêlait. « C’est ainsi que je me suis complètement blousé », répète-t
545
ppé chez bien des femmes, c’est leur manière « de
s’
offusquer du désir de l’homme ». Plusieurs, mariées, lui ont confié «
546
utant que nous. Hélas, je ne voyais pas clair. On
se
trompe ainsi, et les conséquences. J’ai été assez bête pour croire ce
547
terrible erreur d’aiguillage ! » Puis il tousse,
se
plaint de fumer trop, et de n’arriver point à se contraindre. Les jou
548
se plaint de fumer trop, et de n’arriver point à
se
contraindre. Les jours suivants, il me donne à lire, par paquets, les
549
écolier. Un soir, il vient m’avertir qu’il compte
s’
absenter pour huit jours. Mais son studio me restera ouvert ; que j’y
550
es, Littré. Et quelquefois, littérature. (Mais il
s’
en détachait visiblement, n’admirant plus, avec quelque ferveur, que l
551
lus, avec quelque ferveur, que les ouvrages qu’il
se
sentait le plus incapable d’écrire : ceux d’un Marcel Aymé, d’un Sime
552
, d’un Simenon.) À Berne, pendant un déjeuner, il
s’
enquit avec insistance de mon opinion sur Strindberg, et je lui fis un
553
’est ainsi qu’on l’appelait dans ce groupe.) Gide
s’
éclaircit la voix pour observer que le jeu devenait bien personnel, et
554
iait, le reliait, au monde du christianisme, même
s’
il en refusait les dimensions profondes. J’ai dit qu’il se méfiait d’u
555
refusait les dimensions profondes. J’ai dit qu’il
se
méfiait d’une certaine « profondeur » qui mesure parfois la distance
556
l tenait pour la vérité. Il lui arrivait ainsi de
s’
arrêter à la logique exotérique d’un texte, disons à son seul sens éth
557
son élan pour caramboler des symboles, où Valéry
se
fût poliment récusé, Gide objectait, déduisait, s’émouvait… Peu d’écr
558
e fût poliment récusé, Gide objectait, déduisait,
s’
émouvait… Peu d’écrivains, même chrétiens, nous ont montré pareil amou
559
. C’est pourquoi le problème religieux, tel qu’il
se
pose au monde christianisé, et à lui seul, libéré de l’empire des myt
560
c’est-à-dire depuis la création de l’homme, il ne
s’
est écoulé que six ou huit-mille ans. » Cuvier partage ces vues, que S
561
u temps de notre humanité : chaque Jour de Brahma
se
divise en mille éons de quatre-millions-trois-cent-vingt-mille ans ch
562
-trois-cent-vingt-mille ans chacun, et chaque éon
se
subdivise en quatre âges de durées décroissantes. Nous vivons aujourd
563
précise, le 18 février 3102 avant J.-C., et doit
se
terminer dans 426 941 ans par la destruction du monde et sa reconstru
564
nce55. Toute réflexion sur l’Aventure occidentale
se
doit d’affronter ce contraste et d’essayer de l’interpréter. Et, en p
565
l’Histoire qui négligerait d’en rendre compte ou
s’
en révélerait incapable apparaîtrait inadéquate à son sujet. On verra
566
torique au sens exact qu’en vertu de son unicité.
S’
il pouvait se répéter, revenir comme les saisons, il n’appartiendrait
567
ns exact qu’en vertu de son unicité. S’il pouvait
se
répéter, revenir comme les saisons, il n’appartiendrait pas à l’Histo
568
mpsycose, à l’astrologie et aux castes. Tout cela
se
tient et se relie, tout cela est « religion » au sens premier du term
569
l’astrologie et aux castes. Tout cela se tient et
se
relie, tout cela est « religion » au sens premier du terme56 — et ne
570
le prolongement du temps dramatique des Prophètes
s’
ouvre alors le temps du salut : temps de l’attente active, de l’espéra
571
ominées par des rythmes et par des archétypes qui
s’
accordent à ceux de l’âme. Ainsi le rêve universel du temps cyclique e
572
uvement de la sagesse mythique, quand il dit pour
se
rassurer que « l’histoire se répète », ou plus familièrement « Plus ç
573
e, quand il dit pour se rassurer que « l’histoire
se
répète », ou plus familièrement « Plus ça change, plus c’est la même
574
s ces termes que saint Paul la présente. Que Dieu
se
soit manifesté comme une Personne ; par un geste sans précédent ; au
575
ctions de l’âme contre le temps de l’Histoire. Il
s’
agit d’un vrai fait, non plus d’un avatar ni de l’épiphanie d’un arché
576
peu de temps » et le Christ reviendra. Mais Rome
s’
écroule, l’Église s’installe, et les Barbares se convertissent. Il va
577
e Christ reviendra. Mais Rome s’écroule, l’Église
s’
installe, et les Barbares se convertissent. Il va falloir trouver les
578
e s’écroule, l’Église s’installe, et les Barbares
se
convertissent. Il va falloir trouver les moyens de penser cette durée
579
ux abords de la Renaissance. Et dès lors elle ira
se
précisant, mais dans le même cadre indiscuté (d’où les excès qu’on si
580
ci que la chronologie vertigineuse des hindous ne
s’
appliquait qu’aux cycles du cosmos : les événements de l’Histoire s’y
581
x cycles du cosmos : les événements de l’Histoire
s’
y trouvent tellement noyés que personne n’a le souci de les dater. C’e
582
ater. C’est un mouvement exactement contraire qui
s’
est produit dans l’Occident moderne, où, à l’inverse de ce qui s’était
583
ans l’Occident moderne, où, à l’inverse de ce qui
s’
était passé durant l’intermède médiéval, l’état civil des hommes et de
584
l des hommes et des actions humaines n’a cessé de
se
préciser, tandis que la Fin et le Commencement des temps ne cessaient
585
Fin et le Commencement des temps ne cessaient de
s’
éloigner dans le vague de l’infini. Or le Credo prend soin de préciser
586
a Passion unique : « sous Ponce Pilate », mais il
se
tait sur celle du Jugement dernier, « car nous ne savons ni le jour n
587
er le christianisme, comme beaucoup le craignent,
s’
y conforme de plus en plus, à mesure qu’il s’éloigne du mythe. Il n’en
588
ent, s’y conforme de plus en plus, à mesure qu’il
s’
éloigne du mythe. Il n’en reste pas moins que l’extension soudaine des
589
dimensions de l’Histoire, telle qu’elle vient de
se
produire au xxe siècle, provoque une crise profonde de la relation i
590
oup (dans l’espace d’une quarantaine d’années) il
se
révèle que notre humanité n’a pas derrière elle six-mille ans, mais p
591
ement de diastole et de systole de l’Univers, qui
se
répéterait à l’infini : nous serions dans une phase d’expansion. La c
592
oncevables. L’individu, en revanche, disparaît et
s’
annule. La même raison veut que les « lois de l’Histoire », nécessaire
593
tresse de la vie humaine et de la politique ». Il
s’
agit de préparer le Dauphin, son élève, à sa future tâche de roi. Cett
594
l’Histoire aujourd’hui n’est plus un conte, elle
se
distingue absolument de son récit. Elle ne concerne plus le passé, ni
595
lement l’épouser, et l’on ne peut le penser qu’en
s’
y abandonnant. Ce qui se place dans le sens de l’Histoire en reçoit l’
596
n ne peut le penser qu’en s’y abandonnant. Ce qui
se
place dans le sens de l’Histoire en reçoit l’attribut d’exister. Ce q
597
istoire rédigée par les historiens, on voit qu’il
s’
agit d’autre chose : non de mémoire mais d’attitude actuelle, et non d
598
Ce faisant, elle nie la personne, car la personne
se
fonde dans ce qui juge le temps, le détruit et le renouvelle. Et, si
599
nnant si l’homme, dès qu’il croit cette Histoire,
se
découvre impuissant devant elle et en elle : rien n’est plus répandu
600
aires fondent leur pouvoir. Le droit d’opposition
se
justifiait, en effet, par la seule conviction que la vocation d’un ho
601
us historique » que toutes les précédentes ? Oui,
s’
il s’agit du goût de connaître le passé, plus répandu que jamais dans
602
storique » que toutes les précédentes ? Oui, s’il
s’
agit du goût de connaître le passé, plus répandu que jamais dans le gr
603
de Vix, les mémoires font fureur, les biographies
s’
arrachent, et beaucoup n’attendent pas la cinquantaine pour se mettre
604
et beaucoup n’attendent pas la cinquantaine pour
se
mettre au passé dans un livre. Mais la réponse est non s’il s’agit de
605
e au passé dans un livre. Mais la réponse est non
s’
il s’agit de cette Histoire dans le « sens » de laquelle on nous dit q
606
passé dans un livre. Mais la réponse est non s’il
s’
agit de cette Histoire dans le « sens » de laquelle on nous dit qu’il
607
space ni le temps, et, lorsque au xxe siècle ils
se
dilatent soudain au-delà de tout ce que notre esprit peut se figurer,
608
soudain au-delà de tout ce que notre esprit peut
se
figurer, l’idée d’évolution balaie nos repères et nous emporte sans e
609
ige. Sa dernière résistance à l’angoisse du temps
se
manifeste alors par la manière dont il décide d’identifier au devenir
610
idu trouve le défi trop lourd. Dans un cosmos qui
se
calcule en centaines de millions d’années-lumière, dans cette durée q
611
, échappent à ses prises et l’enserrent — « il ne
se
retrouve plus » et démissionne. Que l’Histoire décide à ma place, de
612
ant le temps. Anticiper l’avenir, c’est tenter de
se
convaincre que le temps ne va pas apporter la négation de ce que je s
613
ez les totalitaires : ce sont les mêmes, mais ils
s’
en félicitent. Et les unes comme les autres, redoutées ou voulues, ne
614
s unes comme les autres, redoutées ou voulues, ne
se
confondent pas seulement dans leur vision précise d’un avenir donné p
615
L’Occident, succombant au Devenir déifié, va-t-il
se
mettre hors d’état de faire l’Histoire ? Ou, surmontant le vertige co
616
d’affronter le temps au nom d’un sens qui ne peut
s’
originer qu’en la personne. Bref, la question n’est pas de deviner l’H
617
la fin du xixe siècle qu’une science historique
s’
est constituée en Inde. 56. Religio, de religare, lier ensemble. 57
618
les « Moyen Âge ». Quand elle survient, quand on
se
voit contraint d’innover pour sauver sa peau ou pour vaincre, on s’em
619
d’innover pour sauver sa peau ou pour vaincre, on
s’
empresse d’en appeler à la coutume, et l’on prétend « renouveler la tr
620
ent découvre le zen au moment où les couvents zen
se
vident au Japon. (Mais il y a beaucoup plus de chrétiens japonais que
621
âmakrishna ; mais déjà l’intelligentsia de l’Inde
se
préoccupe des problèmes qui lui sont imposés par la technique et par
622
écouvre et publie le Hi-King, tandis que la Chine
s’
industrialise, s’impose notre marxisme et oblitère son mandarinat. Enf
623
le Hi-King, tandis que la Chine s’industrialise,
s’
impose notre marxisme et oblitère son mandarinat. Enfin, l’Occident n’
624
s masques, la magie, le jazz, que l’Afrique noire
se
précipite dans le nationalisme, les jeux parlementaires, et l’exploit
625
é qu’il soit, porte sur l’homme et sa définition.
S’
il est vrai que l’Orient nie le moi, qui est une valeur centrale pour
626
s quelle mesure est-ce vrai ? Quel est le moi qui
s’
affirme d’une part et quel est le moi qu’on nie de l’autre ? Est-ce bi
627
e personne, forgé par la doctrine trinitaire ; il
s’
appliquera de mieux en mieux à l’homme nouveau, à l’ens sibi suscité p
628
r Descartes, le vrai moi c’est « l’âme », mais il
s’
agit d’une âme tout intellectuelle, dont « la nature n’est que de pens
629
incte du corps. Avec Kant, le vrai moi, nouménal,
s’
oppose au moi phénoménal, et reprend le nom de personne. Chez Renouvie
630
tyrannisé par la Loi) et le spirituel libérateur.
S’
il est vrai que le langage courant confond sans l’ombre d’un scrupule
631
réalités « bien vues » à l’Ouest, mais que l’Est
se
devait d’ignorer, voire de condamner, telles que l’originalité, les d
632
faite. » C’est le vrai moi, c’est l’Ange. « Il ne
s’
agit plus du simple messager transmettant les ordres, ni de l’idée cou
633
ît, parce qu’elle est la forme sous laquelle Dieu
se
révèle à soi-même en lui. C’est la “part allotie” à chaque Spirituel,
634
capitale du drame de la personne ainsi constituée
se
produit à l’aube de la troisième nuit qui suit la mort terrestre : c’
635
st le monde réel des Archétypes), le pont Chinvat
s’
élance, reliant un sommet au monde des Lumières infinies. À son entrée
636
met au monde des Lumières infinies. À son entrée,
se
dresse devant l’âme sa Dâenâ, son moi céleste, jeune femme d’une beau
637
plus entre eux que les peuples de l’Europe, mais
s’
il est une croyance qu’ils ont tous en commun c’est la croyance à la m
638
e l’Asie dénoncer sans relâche, comme on pourrait
s’
y attendre, les croyances populaires de leurs contrées ; c’est bien pl
639
opposent leur idée du non-moi. Le vrai malentendu
se
serait-il instauré entre eux et nous ? Entre cela qu’ils pensent que
640
n peu en cherchant à nous représenter contre quoi
se
dirigeaient leurs négations, aux temps anciens où nos affirmations n’
641
e entre l’âme et la Réalité. On peut penser qu’il
s’
agit bien ici de la même « mort au monde et à soi-même » que le Christ
642
» par son union avec le corps. Elle doit tendre à
se
libérer du phénomène individuel au lieu que l’âme chrétienne doit le
643
de la philosophie bouddhiste », comprenons qu’il
s’
agit pour lui d’une expérience rigoureusement spirituelle. En somme, l
644
tte survie, sans purifier d’avance le jiva — sans
s’
ordonner d’avance, dirions-nous, aux exigences du vrai moi, qui est no
645
! Mais vient le second stade, où les spirituels
s’
opposent même à l’ego absolu, à la réalité de l’âme distincte. Le soi
646
à la réalité de l’âme distincte. Le soi de chacun
se
confond avec le Soi de l’Immensité, ou du Brahma. Qu’est-ce que l’âme
647
corps dans un autre ? — Non, il n’y en a point. —
S’
il n’y a pas de transmigration, peut-il y avoir une réincarnation ? —
648
lité, mais non un être pur. — Ô Nagasena, dis-moi
s’
il existe rien de semblable à l’âme ? — Il n’y a rien de semblable à l
649
Mais on ne donne jamais au peuple cette leçon. On
s’
en garde !) Les spirituels hindous cherchent le samadhi, qui est l’abs
650
tase. Quant aux bouddhistes zen, on dirait qu’ils
s’
en tiennent à la stase pure et simple : faire face au fait, signe du T
651
vision-en-soi, du Cela qui n’est pas personnel et
se
joue à travers notre moi. Ainsi tout l’Orient des doctrines, — et en
652
beaucoup ; absolue négation, pour dire qu’il faut
se
méfier, et immortalité pour dire longévité. Notre hygiène, augmentant
653
non sa question. Et les trois autres distinctions
s’
expliquent de la même manière. » Puis il ajoute : « Si le disciple est
654
idharma (le fondateur du zen) l’a déclaré, zen ne
se
soucie pas de disserter sur des notions abstruses telles que Dieu, la
655
— et certainement le mazdéisme et les soufis : il
s’
agit d’une seule quête de l’esprit, dont le Graal, ou l’Ange, est : to
656
st l’amour dominant de sa vie : selon (cet amour)
se
fait son ciel, s’il est bon, ou son enfer, s’il est mauvais », dit Sw
657
t de sa vie : selon (cet amour) se fait son ciel,
s’
il est bon, ou son enfer, s’il est mauvais », dit Swedenborg dans La N
658
ur) se fait son ciel, s’il est bon, ou son enfer,
s’
il est mauvais », dit Swedenborg dans La Nouvelle Jérusalem. Et dans D
659
me ni l’amour ne seraient même concevables. Il ne
s’
agit ici ni du dualisme trop facilement nommé manichéen, opposant le B
660
l ; mais, préalablement à tout jugement moral, il
s’
agit de la reconnaissance d’une bipolarité, d’une tension permanente e
661
ne devient mauvais que dans la seule mesure où il
se
referme sur soi, c’est-à-dire se refuse à l’amour. Et de même le « vr
662
ule mesure où il se referme sur soi, c’est-à-dire
se
refuse à l’amour. Et de même le « vrai moi » n’est pas le bien en soi
663
d’amour du prochain. Tous les moralistes du monde
s’
accordent avec les spirituels dans leur condamnation de l’égoïsme, qui
664
se évidemment un moi duel, au sein duquel l’amour
s’
instaure d’une manière telle que s’aimer et aimer le prochain soit un
665
duquel l’amour s’instaure d’une manière telle que
s’
aimer et aimer le prochain soit un même acte : sinon le comme n’aurait
666
n sens. Dans l’amour de soi-même, l’homme naturel
s’
ouvre à l’action du vrai moi spirituel et se laisse transformer, réori
667
turel s’ouvre à l’action du vrai moi spirituel et
se
laisse transformer, réorienter par lui. C’est le vrai moi qui aime, q
668
mour que de donner sa vie pour ceux qu’il aime. »
Se
sacrifier pour l’autre aimé, c’est d’abord sacrifier son moi à son vr
669
moi, — l’ordonner à sa vocation. Ou c’est encore
se
sacrifier tel que l’on est, à soi-même tel qu’on va le devenir par l’
670
rtie liée, et qu’elle mourra si elle le tue. Elle
se
contente alors de le maudire, de le traiter en « corps de mort », et
671
traiter en « corps de mort », et leurs relations
s’
empoisonnent. La plupart des névroses dites « sexuelles » ont leur gen
672
temporel à la vocation de l’amour. Mais celui qui
se
hait de cette manière ne peut pas aimer le prochain : il ne peut voir
673
e son semblable — un corps « vil » et une âme qui
se
veut ange —, non le vrai moi dans son autonomie. Si le corps lui para
674
it pas sans raison : « Il faut craindre celui qui
se
hait lui-même, car nous serons les victimes de sa colère et de sa ven
675
e.74 » L’érotisme sensuel est l’autre extrême où
se
porte l’âme irritée mais non pas convertie par l’esprit — comme l’a s
676
aard. Tout amour véritable procède du vrai moi et
se
dirige vers le vrai moi de l’autre. Mais il peut arriver qu’il s’arrê
677
e vrai moi de l’autre. Mais il peut arriver qu’il
s’
arrête en chemin, que son élan vers la personne singulière retombe au
678
-delà des exigences naturelles, il ira fatalement
s’
épuiser dans l’illusoire multiplicité des « aventures sans lendemain »
679
est la puissance impersonnelle par excellence, et
s’
épuise à s’en libérer par le changement de l’excitation, par le défi p
680
sance impersonnelle par excellence, et s’épuise à
s’
en libérer par le changement de l’excitation, par le défi perpétuel au
681
l n’est pas assez « spirituel » pour aimer. (Mais
s’
il l’était assez, il retrouverait aussi la justification de certaines
682
e communauté humaine, d’unité de civilisation qui
s’
inspire du mazdéisme de Zarathoustra ; et nulle ne s’inspira jamais de
683
nspire du mazdéisme de Zarathoustra ; et nulle ne
s’
inspira jamais de la mystique des soufis, et pour cause. Si je les fai
684
lorification qui lui est propre. » Toute personne
s’
origine en Dieu, qui l’a créée afin d’être connu par elle et de « deve
685
réé. « (Dieu) est celui qui dans chaque être aimé
se
manifeste au regard de chaque amant… car il est impossible d’aimer un
686
amant… car il est impossible d’aimer un être sans
se
représenter en lui la divinité. Un être n’aime en réalité personne d’
687
dont elle découvre en elle l’Image, ou dont elle
se
découvre comme étant l’Image » ; enfin l’amour naturel, qui recherche
688
uant à l’amour-passion (ici, non romantique !) il
se
situe au point où le regard de l’âme reconnaît soudain dans l’Aimé ce
689
e son amour préfigurant. C’est précisément là que
s’
origine la plus haute fonction de l’amour humain, celle-là même qui as
690
r : que l’amant tende à contempler l’être aimé, à
s’
unir en lui, à en perpétuer la présence, son amour tend toujours à fai
691
éminent, le Prochain ; c’est donc d’après lui que
s’
établissent toutes les distinctions relatives au prochain, c’est-à-dir
692
même manière le bien qui procède du Seigneur, il
s’
ensuit que l’un n’est pas le prochain de la même manière que l’autre…
693
it pas pris pour cette vie », mais pour l’autre ?
S’
il est une « erreur de Tristan », motivant le malheur essentiel de sa
694
strictement personnaliste, ne peut évidemment que
se
récuser.) L’école orientale La plupart des doctrines hindoues,
695
Écarte les choses, ô amant, ta voie est fuite ! »
s’
écriait saint Jean de la Croix. Écarte le prochain ! ajoutent les spir
696
nt les spirituels du védantisme et du bouddhisme.
S’
il est vrai que « la notion de Moi n’a d’accès que dans la pensée des
697
qui n’a pas d’amour n’a pas de douleur. » Si l’on
s’
en tient aux textes, la cause est entendue : l’Asie métaphysique ne co
698
sie n’est pas toute spirituelle, et que la vie ne
s’
en tient pas aux textes. On ajoutera peut-être qu’on ne voit pas de ra
699
nes, elles proposent aux spirituels les moyens de
s’
en évader en dérangeant le moins de choses possible. Les religions abr
700
ques » et les « infâmes », contre tous ceux « qui
se
sont livrés à l’impureté, selon les convoitises de leur cœur ». Compa
701
’un vieux fond païen et que notre hygiène moderne
se
veut « scientifique ». À cause de la nature du christianisme et de la
702
font l’intérêt de sa vie amoureuse. Mais l’Orient
se
contente de proposer des voies aux Renonçants (ou sannyasins) qui ont
703
t liées au dogme, tandis que leurs divergences ne
s’
opposent pas. S’il arrive que certaines de leurs croyances semblent bi
704
, tandis que leurs divergences ne s’opposent pas.
S’
il arrive que certaines de leurs croyances semblent bien se confondre
705
ve que certaines de leurs croyances semblent bien
se
confondre avec les nôtres (semblent bien affirmer, par exemple, la ré
706
ire qu’elles excluent leur contraire, ou que l’on
s’
était mépris sur le vrai sens de leurs affirmations répétées du contra
707
ques, aussi valables l’une que l’autre ? Elles ne
se
contredisent pas plus que les énoncés spirituels correspondant à diff
708
reparaît à plusieurs reprises : En vérité, à quoi
se
rapporte l’amour d’un mari pour sa femme ? Non point à la femme, mais
709
l’amour est immédiatement reconnue par celui qui
s’
est mis en quête d’un savoir de l’amour qu’il vit. N’importe qui m’ave
710
e phrase des upanishads, sur le dialogue qui peut
s’
instituer à partir d’expériences re-connues, on pourrait écrire tout u
711
dire, et pas assez. Aimer, c’est aider l’autre à
se
situer de telle manière que la lumière se voie en lui, mais qu’en mêm
712
autre à se situer de telle manière que la lumière
se
voie en lui, mais qu’en même temps le vrai moi de l’amant s’y découvr
713
lui, mais qu’en même temps le vrai moi de l’amant
s’
y découvre, autrement éclairé, et par là subtilement changé, un peu pl
714
el). Ils en ont fait autant pour les névroses qui
s’
attaquent à nos « agrégats » individuels : le cosmos actuel tout entie
715
ie du Soi. (Mais il sera finalement résorbé, tout
s’
arrangera.) Ils en ont fait autant pour les personnes, potentialisées
716
ni « cette adoration dont la femme a besoin pour
s’
accomplir, et par ce culte que nous lui rendons, nous arrivons à conna
717
riomphe de ces spirituels et de leur eschatologie
se
confondra ce jour-là avec l’aboutissement d’un processus entièrement
718
ne de mystères, des apparences actuelles, qu’elle
s’
évertue en conséquence à scruter et à modifier. Elle parie sur la vie
719
l’espérance ce que l’Occident peut devenir : soit
s’
engloutir dans l’Illusion de la matière (et l’Orient aurait eu raison)
720
as seulement à dévoiler ses lois secrètes, mais à
se
transformer lui-même, en tant qu’il participe au mystère du créé. Il
721
ssion ne cesse jamais. Parfois, un de ses membres
se
lève, prononce un discours, préconise une action ; ses collègues l’ap
722
. D’autres fois, plusieurs membres de l’assemblée
se
lèvent ensemble, proposent des choses différentes et chacun d’eux app
723
ions sur des raisons particulières. On en vient à
se
battre entre collègues. Il advient aussi que certains membres de l’as
724
rs collègues. Pendant ce temps, de nouveaux venus
s’
introduisent dans l’assemblée, soit en s’y glissant doucement, soit en
725
ux venus s’introduisent dans l’assemblée, soit en
s’
y glissant doucement, soit en enfonçant les portes. On remarque encore
726
ontraire, d’autres qui étaient débiles et timides
se
fortifient et s’enhardissent, et finissent par s’instituer dictateurs
727
s qui étaient débiles et timides se fortifient et
s’
enhardissent, et finissent par s’instituer dictateurs. Les membres de
728
se fortifient et s’enhardissent, et finissent par
s’
instituer dictateurs. Les membres de cette assemblée, ce sont les élém
729
s remontant loin dans le passé et dont les traces
se
perdent dans les profondeurs de l’éternité. » Nous connaissons assez
730
z bien cela en Occident. Bismarck écrit : « Faust
se
plaignait d’avoir deux âmes en lui. J’ai en moi une foule d’âmes turb
731
J’ai en moi une foule d’âmes turbulentes. Et tout
se
passe comme dans une république. » À regarder ainsi le moi, on le per
732
l ? La passion de Tristan est la preuve de l’âme,
s’
il en fut jamais. 82. Katha upanishad. 83. Alexandra David-Neel, Le