1 1931, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Les Éléments de la grandeur humaine, par Rudolf Kassner (octobre 1931)
1 le degré d’être — se mesure au pouvoir d’incarner sa vérité, le mal du siècle c’est l’impuissance. La proie de désirs dive
2 cessité organique — nous sommes nécessiteux — que son œuvre entre en action parmi les forces spirituelles qui orientent l’E
3 Rudolf Kassner, de moindre envergure — à cause de sa rareté et de son aristocratisme essentiel — mais non de moindre profo
4 de moindre envergure — à cause de sa rareté et de son aristocratisme essentiel — mais non de moindre profondeur, manifeste
5 e aussi l’emprise de l’« Existenzphilosophie » et son extrême conséquence. Dans la mesure même où Kassner se montre discipl
6 ême où Kassner se montre disciple de Kierkegaard, sa pensée paraît réfractaire à toute description, car elle opère sur des
7 plutôt que sur des formules explicites. Même dans son essai le plus discursif, relativement, celui qui donne son titre au r
8 le plus discursif, relativement, celui qui donne son titre au recueil, les mots-clés : mesure, forme, grandeur, ne sont gu
9 la plénitude élémentaire, définie par la loi, par son astre. L’homme chrétien au contraire, l’homme qui doit être surpassé,
10 lus qu’un être sans destinée, un « indiscret ». «  Sa substance interne est crevassée et divisée. Son œuvre souvent pleine
11 « Sa substance interne est crevassée et divisée. Son œuvre souvent pleine de charme mais sans forme et sans but, peut bien
12 mine jamais. Cet homme indiscret est distrait, et sa distraction vient de l’intérieur. Il ne peut jamais sortir de son moi
13 vient de l’intérieur. Il ne peut jamais sortir de son moi sans trahison et chaque manifestation de son essence intime resse
14 son moi sans trahison et chaque manifestation de son essence intime ressemble par quelque côté à un outrage, voire à une i
15 urnalistique. La férocité réfléchie qui préside à son analyse de l’indiscret nous vaut une description inégalable du mal du
16 s que pour lui, penser n’est pas se débattre dans ses contradictions personnelles, parlementarisme intérieur qui nous mène
17 urment, c’est en tant que la réalité humaine, non sa pensée privée, est tourmentée.) Penser n’est pas non plus s’ingénier
18 es et des combinaisons d’idées mais créer de tout son être spirituel des faits nouveaux et vrais, dans un certain style. Ca
19 e la clef de la pensée de Kassner, comme aussi de son apparente obscurité1. Il faut savoir être secret pour penser avec aut
20 saurait être comprise à moins d’être recréée dans sa forme — ce dont certaine clarté dispense le lecteur. On pourrait dire
21 » et que leur ironie, ce qui rapproche Kassner et son maître c’est leur vision tragique du péché. Le Lépreux, journal apocr
22 ne peut dire précisément de Kassner qu’il réfute ses adversaires — Freud en particulier, dans Christ et l’âme du monde — m
23 olue. Telle est la forme des dialogues où culmine son art. De ces dialogues, où chaque interlocuteur, tour à tour, atteint
24 tour, atteint à l’expression la plus virulente de sa vérité — si bien que la conclusion ne peut être qu’implicite et fonct
2 1931, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Sarah, par Jean Cassou (novembre 1931)
25 ’on préfère, l’amertume du cœur humain découvrant son impuissance à susciter dans le monde l’amour dont il aurait besoin, q
26 ertant. Il semble bien que Jean Cassou trouve ici sa forme la plus personnelle et persuasive. Son espagnolisme et son germ
27 e ici sa forme la plus personnelle et persuasive. Son espagnolisme et son germanisme révèlent ici d’heureuses complicités s
28 us personnelle et persuasive. Son espagnolisme et son germanisme révèlent ici d’heureuses complicités sentimentales. Ce qui
29 onteur laisse voir la moindre ironie vis-à-vis de ses personnages ; car il risque de les priver par là de cette autorité my
3 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Les Signes parmi nous, par C. F. Ramuz (janvier 1932)
30 grand, c’est-à-dire on voit paraître l’homme dans sa grandeur, c’est-à-dire dans l’élémentaire : un être qui est nu, qui a
31 se s’efforcer, ne connaissant que peu de repos de son adolescence à sa mort. »3 Je cherche : je ne trouve aucun écrivain p
32 connaissant que peu de repos de son adolescence à sa mort. »3 Je cherche : je ne trouve aucun écrivain plus naturellement
33 ment libéré de l’idéologie bourgeoise, que Ramuz. Sa conception tragique du sort de l’homme suffirait à l’attester. Mais p
34 suffirait à l’attester. Mais plus sûrement encore son acceptation profonde d’aujourd’hui. Aujourd’hui, c’est le titre du jo
35 e semaine ou presque, il reprend le dialogue avec son public et l’époque, de ce ton viril et simple qui est à lui, nullemen
36 cal, trop enraciné dans l’élémentaire ; élaborant son œuvre à un niveau d’où bourgeoisie et révolution apparaissent comme d
37 op de terre embrassée et par elle tout un pays et son peuple ; car « c’est ici le pays de la solidité, parce que c’est le p
38 u peuple, on devrait dire plutôt qu’il y remonte. Son art vient de plus bas, des origines, des éléments créateurs de sa rac
39 plus bas, des origines, des éléments créateurs de sa race. Il a cette même lenteur imposée par la nature, ce même besoin d
40 on dirait presque : d’avant. Il n’est pas jusqu’à son Antiquité qui ne coïncide avec celle du pays de Vaud : non pas la gre
41 ’aux racines de l’élémentaire », écrivait-il dans ses Six Cahiers. Parlons plutôt de son « communisme », nullement collecti
42 rivait-il dans ses Six Cahiers. Parlons plutôt de son « communisme », nullement collectiviste d’ailleurs, mais originel et
43 a le peuple-poète, « le peuple tous en un ». Mais son œuvre est bien au-delà de l’ère machiniste que traverse l’URSS, au-de
44 solence et de la révolte ; et ce trait profond de son art m’en convainc : le sens de la vénération, qui est aussi celui de
45 ses. Cet art, le sujet des Signes parmi nous, par sa simplicité même, le met en valeur mieux que tout autre récit de Ramuz
46 à peu on ne sait quelle puissance naturelle, dans sa fascinante et grandiose monotonie. Art dont la mesure ne doit pas êtr
47 que, ni dans l’ingéniosité, ni dans l’harmonie de sons , mais bien dans la pesée. Tous les procédés ramuziens, juxtapositions
48 z Ramuz. Ce qu’il a d’insolite, ce n’est pas tant sa forme que les vertus qu’elle suppose : la sobriété, la solidité, le m
49 te en tout temps a le pouvoir de le susciter dans son œuvre, comme le mystique dans sa prière. Et c’est pourquoi le poète,
50 e susciter dans son œuvre, comme le mystique dans sa prière. Et c’est pourquoi le poète, Ramuz, l’homme qui vit concrèteme
51 oncrètement les grands mythes et les réalise dans sa vision, cet homme sera toujours en puissance d’aujourd’hui, enraciné
4 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Le silence de Goethe (mars 1932)
52 nonce à la magie, et se tait. Goethe, initié dans sa jeunesse, commence d’écrire vers ce temps, mais, la fièvre tombée, po
53 , mais, la fièvre tombée, poursuivra durant toute sa vie une « activité littéraire ». Ces deux expériences seraient antith
54 e seulement où il portait en tous les domaines de son activité une application volontaire et soutenue. Ce n’est donc pas l’
55 iverselle des réactions profondes de l’âme devant son destin m’autorise à cette confrontation et me persuade de son intérêt
56 ’autorise à cette confrontation et me persuade de son intérêt humain. Et si tout cela reste absurde aux yeux de ceux pour q
57 e parle Jérôme Cardan, l’on en trouve dans toutes ses œuvres assez de signes irrévocables pour n’avoir plus besoin de solli
58 t enfant, édifiait un autel à la Nature, trouvait son aliment dans une méditation, renouvelée des rose-croix, et qui le por
59 un esprit comme celui de Goethe. « On a peur que son feu ne le consume », écrit un de ses amis, vers ce temps. « Goethe vi
60 n a peur que son feu ne le consume », écrit un de ses amis, vers ce temps. « Goethe vit sur un perpétuel pied de guerre et
61 Jacob Boehme, Paracelse, Swedenborg, lectures de son adolescence, figurent bel et bien dans son évolution une de ces crise
62 res de son adolescence, figurent bel et bien dans son évolution une de ces crises où l’être spirituel découvre sa forme vér
63 on une de ces crises où l’être spirituel découvre sa forme véritable. Et si, comme chez Goethe, c’est une forme mystique,
64 ’a-t-il provoquée chez Goethe ? Il est un fait de sa jeunesse dont on ne saurait exagérer l’importance à la fois historiqu
65 conjuré. C’est contre ce qu’il nommera désormais son Daimon, contre « l’oppression despotique des éléments inquiétants qui
66 inquiétants qui gouvernent trop puissamment dans son âme » qu’il appelle les arts d’une magie maîtrisée, c’est-à-dire inca
67 figure en raccourci tout le drame dialectique de sa vie. Mais cette maladie, et la convalescence, ont éveillé dans son es
68 te maladie, et la convalescence, ont éveillé dans son esprit les premières tentations créatrices. À l’origine de son œuvre,
69 s premières tentations créatrices. À l’origine de son œuvre, voici donc le fait de la magie domptée ; conçue sous de tels a
70 style. Dès ce moment le choix de Goethe a trouvé sa forme. Il lui faudra maintenant le renouveler perpétuellement durant
71 tenant le renouveler perpétuellement durant toute sa vie. Et comprendre, éprouver jusqu’à la souffrance — qui est la « sub
72 la région où seul accède celui qui sait préserver sa passion au sein d’une interminable patience. N’est-ce point ce tréfon
73 mboles concrets dans le Faust, œuvre longue comme sa vie de créateur exactement, et à tel point autobiographique qu’il put
74 t. Et lorsque, épuisé mais pacifié, il va quitter son corps aveugle pour d’autres formes d’existence que la Nature se voit
75 ust au-dessus de cette agonie symbolique de toute son existence, et c’est leur chœur qui chante une dernière fois la loi, a
76 Faust enfin rejoint dans la pleine possession de ses forces et l’assurance du regard. L’âme, purifiée de sa « vieille dépo
77 rces et l’assurance du regard. L’âme, purifiée de sa « vieille dépouille » par l’effort aveuglant de la vie, pénètre dans
78 ison en enfer est le drame d’une pureté avide, et son destin se joue d’un coup. La grandeur de Goethe est d’avoir su vieill
79 vement rigoureusement logique jusqu’au système de sa folie. Mais l’irruption de cette « magie » est si violente qu’elle a
80 pour se défendre qu’il parle si fort, qu’il vante ses pouvoirs avec une étrange exagération ? Et voici que l’hallucination
81 ment à tout un monde faux pour en créer un autre. Sa vie en Afrique est un second renoncement. Nous aurions combiné tout c
82 comme Goethe les conditions réelles et données de son effort particulier. Ce renoncement à un Orient de mythe, c’est cela m
83 uffit à déterminer une suite d’actes. Dilemme, en son fond, religieux. C’est une forme dialectique, « agonique », de la vie
84 tif de notre être, l’extension et la diversité de ses aspects le prouvent. C’est l’opposition du savoir et du pouvoir, de l
85 temps de cette dialectique, dans un mouvement que sa violence rend unique : c’est qu’ils reviennent tous deux de loin, d’u
86 de salut violents. » Dès les premiers instants de son accession au monde spirituel, il s’est mis en état de défense et de l
87 es de l’orage, au repos de la démesure. On rit de ses allures compassées, des solennelles banalités dont il gratifie le pau
88 ction souveraine d’une âme tout occupée à dompter ses dieux. Une haute menace, invisible à tout autre, l’accompagne sans tr
89 accompagne sans trêve, et c’est d’elle qu’il tire ses forces, toujours renouvelées. Mais il y faut une prudence peu commune
90 ler sans le troubler : les mots n’atteignent plus son rêve profond. Et le cérémonieux silence du ministre renouvelle le vie
91 ers ce temps au plus dur effort d’organisation de son silence intérieur. Période de repliement et de refus, si douloureuse
92 i douloureuse que le signe en devient visible sur ses traits. Je ne me lasse pas de méditer ce visage dont Klauer modela l’
93 s qui les dénoncera. Et cette fameuse sérénité de sa vieillesse, ce n’est rien d’autre, peut-être, que le triomphe de l’él
94 cesse à nouveau l’exigence dernière de la magie : son reniement au profit de l’action. Insistons sur ce terme de profit, qu
95 rituelle, où il se livre tout entier. Et c’est là sa pureté, mais c’est aussi ce qui l’accule en fin de compte à l’évasion
96 sur le travail « à mains », rage de revanche, par son excès même est encore une évasion hors du réel. En cela il est romant
97 l’époque romantique (Nietzsche plus chrétien que son idée du christianisme). Plus goethéenne aussi. Mais gardons-nous de t
98 ité peut-être orgueilleuse, puisque Goethe tenait ses faiblesses pour des erreurs, non pour le péché, et d’autre part un or
5 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Querelles de famille, par Georges Duhamel (mai 1932)
99 hropiques. Il faut avouer que l’instrument révèle son insuffisance quand c’est un virtuose qui se mêle d’en jouer. Mais san
100 M. Duhamel, visiblement gêné, ne coupait lui-même ses effets en terminant la plupart de ses traits sur quelques notes ironi
101 it lui-même ses effets en terminant la plupart de ses traits sur quelques notes ironiques, destinées peut-être à indiquer q
102 si furieux que ça, que la littérature enfin garde ses droits. Aussi n’est-ce point sans une gêne grandissante que l’on pour
103 se les méfaits des « grandes brutes mécaniques », sa verve — qu’il me pardonne l’image technique — n’embraye pas, et paraî
104 mage technique — n’embraye pas, et paraît forcée. Ses laborieuses exagérations (Message aux Princes des Prêtres) sont dépou
105 aire le vain procès de la bêtise humaine. Ou bien sa réaction de dégoût est véritablement profonde, mais alors elle impliq
106 ourgeois dérangé agissant comme dérivatif, assure son conformisme foncier ? Faut-il y voir une sorte de sublimation à rebou
107 te ? On serait en droit d’exiger d’un critique de son temps qu’il déclare ce qu’il attend de l’homme. Après quoi seulement
108 ement. L’on s’étonne que M. Duhamel n’ait joint à son recueil une épître au préfet de Police sur les Embarras de Paris. Suj
109 ire l’état d’esprit du Français moyen qui brandit son parapluie sous le nez de l’agent, invective les automobilistes, décla
110 16. « La ménagère aux mains cuites qui raccommode ses chaussures, le casque aux cheveux, tête farcie, oui farcie de musique
6 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Ce chien, ton serviteur, par Rudyard Kipling (juillet 1932)
111 expression concrète. Le petit chien Botte raconte ses journées, « des choses et des choses comme des rats qui courent ». — 
7 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Éloge de l’imprudence, par Marcel Jouhandeau (septembre 1932)
112 ave : il ne sait ou n’ose plus définir et assumer son bien ni son mal, — et sans cesse il en parle, car la Société vit sous
113 sait ou n’ose plus définir et assumer son bien ni son mal, — et sans cesse il en parle, car la Société vit sous le règne de
114 rmelle du bien et du mal qu’il publie en marge de son œuvre romanesque. Un Kierkegaard critique ses mesures morales, en don
115 de son œuvre romanesque. Un Kierkegaard critique ses mesures morales, en donne la référence : ce Dieu terrible. Et sa vert
116 les, en donne la référence : ce Dieu terrible. Et sa vertu est choix. L’absolu d’un Nietzsche, c’est le Grand Midi ; et sa
117 L’absolu d’un Nietzsche, c’est le Grand Midi ; et sa vertu : dépassement. Jouhandeau à son tour se place dans ces marches
118 nd Midi ; et sa vertu : dépassement. Jouhandeau à son tour se place dans ces marches extrêmes du bien et du mal où l’apolog
119 de Jouhandeau, c’est de transcender la morale et ses canons donnés d’avance. L’audace du « choix » ou du « dépassement »,
8 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Alexandre, par Klaus Mann (septembre 1932)
120 pas pour l’amour du laurier, mais pour l’amour de son ami Clitus, poète abstrait à la mode de 1920, qu’Alexandre a conquis
9 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Cahier de revendications [Présentation] (décembre 1932)
121 un homme peut aimer et vouloir se trouve coupé de son origine vivante, flétri, dénaturé, inverti, saboté. Des groupes tels
122 ors de laquelle il s’est constitué, forme l’un de ses points de repère principaux. Il se peut qu’il y trouve quelques appui
10 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). À prendre ou à tuer (décembre 1932)
123 Henri Lefebvre l’a montré, je n’ajouterai rien à sa déclaration si simple. La révolution est une nécessité au sens le plu
124 essité au sens le plus banal du terme, et aussi à son sens de « misère qui appelle ». Nous ne sommes pas des « bourgeois-dé
125 isation en URSS, la seconde encore mal dégagée de sa période de gestation doctrinale. Tout le monde sait ce que signifie p
126 lution qui nous importe concerne l’homme, exprime ses données élémentaires : elle n’est qu’une projection du conflit de la
127 il en France la moindre chance de succès ? Où est sa tradition vivante en ce pays ? La violence des communistes français r
128 ordre : jusqu’à ce point où le marxisme, révélant sa vraie nature, apparaît comme un cas privilégié de la folie capitalist
129 que nous devons sauver, c’est l’homme menacé dans son intégrité. Sauver l’homme, ce n’est pas sauver des consommateurs. Ce
130 e tel homme et la Réalité qui seule peut garantir son être. — Encore faut-il que les conditions matérielles permettent à ce
131 erté dans la mesure où elle existe en sol et dans sa durée propre, comme un 3e terme, en réalité, supprime l’un des deux p
11 1933, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Pétrarque, par Charles-Albert Cingria (avril 1933)
132 litesse pompeuse qui est la forme particulière de son ironie24 et vous aurez ce petit volume de deux-cents pages qui, délay
133 particulier de tout ce qu’elle aborde au cours de ses démonstrations : c’est dire qu’elle se meut en pleine poésie. D’où sa
134 c’est dire qu’elle se meut en pleine poésie. D’où sa valeur « actuelle » et multiple, ses incidences fréquentes dans les p
135 poésie. D’où sa valeur « actuelle » et multiple, ses incidences fréquentes dans les problèmes du temps et de tous les temp
136 iture moderne » reste tristement dépourvue malgré ses velléités de fantaisie assez relâchée. En quelques touches un peu bou
137 vivre, empêche de respirer, et qu’alors, reniant sa fin, elle ne sert plus que d’aliment à un dogmatisme populaire farouc
12 1933, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Une main, par C. F. Ramuz (juin 1933)
138 ntraire de la recherche du pittoresque. Aucune de ses œuvres mieux qu’Une Main n’en convaincra. On y sent, plus directe qu’
139 convaincra. On y sent, plus directe qu’ailleurs, sa pensée ; on y voit de tout près, dans l’intimité d’une chambre, comme
140 tout près, dans l’intimité d’une chambre, comment sa pensée marche, insiste, souffre. Et cela ne se passe plus dans le can
141 terroge, dans Une Main, c’est plutôt un examen de son corps. Examen forcé d’ailleurs, interrogation accidentelle. Par le ch
142 re de pensées pour ce qu’elles ont toujours été à ses yeux : le fait d’un défaut de présence au monde, d’une impuissance à
143 isation. Démoraliser un homme, c’est le priver de son pouvoir créateur. C’est le priver de sa main, — ou asservir cette mai
144 river de son pouvoir créateur. C’est le priver de sa main, — ou asservir cette main. Est-ce que ma main n’a pas sa vocatio
145 u asservir cette main. Est-ce que ma main n’a pas sa vocation ? Est-ce qu’elle n’a rien de mieux à faire que de se lever a
146 crée. Le temps est peut-être venu de penser avec ses mains. 26. « J’aime que les choses vous résistent et vous contredis
13 1933, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Saint-Évremond ou L’humaniste impur, par Albert-Marie Schmidt (octobre 1933)
147 Schmidt domine trop constamment et trop aisément son sujet. Non point qu’il le maintienne arbitrairement dans les cadres d
148 Saint-Évremond de trop près dans les méandres de son éthique. Certes, il en fait valoir ainsi toutes les nuances, avec un
149 loir ainsi toutes les nuances, avec un art égal à son modèle. On voudrait pourtant qu’il lui donne parfois libre carrière,
150 e d’un coup de patte qu’il s’abandonne lui-même à sa fantaisie, la plus joyeusement érudite que je connaisse. Tel qu’il es
151 , le plus juste aussi pour Saint-Évremond, expose ses idées sur la société. On y verra comment il se peut faire que les tyr
152 qu’Albert-Marie Schmidt nous restitue au cours de son essai de critique exemplaire. m. Rougemont Denis de, « [Compte ren
14 1933, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Le Deuxième Jour de la Création, par Ilya Ehrenbourg (décembre 1933)
153 ntellectuel, ratiocineur, il n’arrive pas, malgré ses plus loyaux efforts, à se passionner pour le problème de la fonte, qu
154 êmes d’une jeunesse fruste, innocente jusque dans ses cruautés ; tout jugement serait ici mesquin, on l’accordera volontier
15 1934, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Taille de l’homme, par C. F. Ramuz (avril 1934)
155 mme. Quoi qu’il dise, d’ailleurs, il dit plus que ses arguments. On peut aller jusqu’à soutenir que s’il défendait le marxi
156 isme, il n’en resterait pas moins, par le fait de son être même, une protestation contre le matérialisme dialectique. Quand
157 d’elle qu’il est grand, qu’il donne et manifeste sa mesure, qu’il apparaît véritablement qualifié. La mode est au marxism
158 oise, tyrannie décadente, tout occupée à calculer sa propre mort. Mais Ramuz n’est pas un bourgeois. Il peut attendre : so
159 Ramuz n’est pas un bourgeois. Il peut attendre : son attente est présence, et porte en soi sa justification. À ceux qui cr
160 endre : son attente est présence, et porte en soi sa justification. À ceux qui croient aux fatalités de l’Histoire, il fau
161 t athée sans le savoir. Le marxisme est l’aveu de son choix. Mais Berdiaev parle en chrétien, et Ramuz ne veut encore parle
162 ésite à le suivre, — et que peut-être il sert mal sa pensée. Car cette définition ne vaut, précisément, que pour la foi ma
163 tôt ce qui le juge et en même temps le sauve dans ses limites, ici et maintenant ? C’est là le sens de l’Incarnation, en mê
164 avec tout humanisme imaginable (l’homme sauvé par son progrès). 27. Pas la Nature de Rousseau, – la Nature des choses. 2
16 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Ni gauche ni droite (août 1935)
165 roite (août 1935)q Kellermann à Valmy entraîne ses troupes au cri de « Vive la Nation ! » nation et peuple se confondaie
17 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Paracelse, par Frédéric Gundolf (septembre 1935)
166 un mage, il ne fut pas un magicien. Il erra toute sa vie, d’auberges en universités, suivi d’une troupe de disciples turbu
167 x, dans du crottin de cheval, et de faire subir à son corps toute la gamme des combinaisons alchimiques afin de ressusciter
168 me. Il se fit tailler en morceaux et enterrer par son fidèle serviteur. Mais celui-ci, impatient, ouvrit la tombe deux jour
169 e dut mourir avant d’avoir ressuscité ». Rajeunir son corps et son âme par l’ordure, c’est un des thèmes favoris de notre t
170 avant d’avoir ressuscité ». Rajeunir son corps et son âme par l’ordure, c’est un des thèmes favoris de notre temps. Mais co
171 verrons bientôt, un savant qui voulait harmoniser sa petite spécialité avec les sciences fondamentales qui doivent donner
172 et la théologie. Un grand souci paraît dans toute son œuvre : il veut être clair, et utile. Clair ne signifie pas rationali
173 es mystiques, où cependant il n’a que faire, avec son goût de l’expérience et de l’application concrète. Mais justement cet
174 urcs, le rendit attentif à tant de phénomènes que son vocabulaire ne pouvait y suffire. Ce grand esprit qui savait voir de
175 tout faire31. Il faut voir comme il se débat avec son latin de cuisine, son grec allégorique et son allemand mal accordé po
176 voir comme il se débat avec son latin de cuisine, son grec allégorique et son allemand mal accordé pour fabriquer ce petit
177 vec son latin de cuisine, son grec allégorique et son allemand mal accordé pour fabriquer ce petit nègre médical et philoso
178 a vu plus de choses qu’il ne pouvait en exprimer. Son destin fut l’inverse du nôtre. La technique nous masque le vrai, nous
179 Il s’en tire au moyen d’allégories, et transforme sa maladresse en instrument de découvertes. Alors que notre étiologie se
180 fit pas de voir l’homme seul ; il faut considérer sa relation avec le monde, dont il n’est qu’un membre, un reflet. So obe
181 remet à chercher ce qu’est l’homme, et quelle est sa mesure dans l’univers qu’il a cru concevoir ! 30. « La monumentale
182 ssait pas seulement aux différents minerais. Avec sa vision nouvelle des choses, il étudia aussi les effets des métaux et
18 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Recherches philosophiques (septembre 1935)
183 5) s Ce recueil annuel n’a jamais mieux mérité son titre. Je veux dire que la part de la dialectique professionnelle, pr
19 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Lawrence et Brett par Dorothy Brett ; Matinées mexicaines suivi de Pansies (poèmes), par D. H. Lawrence (octobre 1935)
184 r quel Lawrence ? Je me demande si le souvenir de son œuvre est pour beaucoup dans l’intérêt que je prends aux chroniques m
185 térêt que je prends aux chroniques minutieuses de sa vie33. A-t-on remarqué l’extrême rareté des documents accessibles sur
186 anières de réagir d’un homme réel aux prises avec son métier, ses voisins, sa femme, son argent ou son manque d’argent ; av
187 éagir d’un homme réel aux prises avec son métier, ses voisins, sa femme, son argent ou son manque d’argent ; avec des usten
188 mme réel aux prises avec son métier, ses voisins, sa femme, son argent ou son manque d’argent ; avec des ustensiles, une s
189 ux prises avec son métier, ses voisins, sa femme, son argent ou son manque d’argent ; avec des ustensiles, une scie, un che
190 son métier, ses voisins, sa femme, son argent ou son manque d’argent ; avec des ustensiles, une scie, un cheval ; avec les
191 cette description d’une journée de Lawrence dans son ranch mexicain (c’est à Lawrence que Brett dit « vous » tout le long
192 sive ; à nouveau Frieda barbote avec plaisir dans ses baquets que vous emplissez sans relâche de l’eau du puits. J’apporte,
193 ement Lawrence ne croyait ni à l’un ni à l’autre. Sa susceptibilité vient sans doute de son infériorité physique. Mais non
194 à l’autre. Sa susceptibilité vient sans doute de son infériorité physique. Mais non moins de son obstination absurde et to
195 te de son infériorité physique. Mais non moins de son obstination absurde et touchante à vouloir « les gens » plus vivants,
196 t pas entendre. Pauvre Lawrence à la recherche de sa communauté solaire !34 C’est son meilleur prétexte à fuir les hommes.
197 à la recherche de sa communauté solaire !34 C’est son meilleur prétexte à fuir les hommes. Mais après tout, qui donc vint à
198 fuir les hommes. Mais après tout, qui donc vint à son aide, à lui ? Il n’avait que la nature, les bêtes, les choses. Envers
199 ne espèce de charité patiente et ingénieuse. D’où son amour des travaux manuels. Comme tout cela est rafraîchissant, satisf
200 lier l’écrivain. Il est là, adossé à un pin, avec sa chemise bleue, ses culottes de velours blanc, et son grand chapeau de
201 l est là, adossé à un pin, avec sa chemise bleue, ses culottes de velours blanc, et son grand chapeau de paille pointu, en
202 chemise bleue, ses culottes de velours blanc, et son grand chapeau de paille pointu, en train d’écrire sur ses genoux. (Pe
203 d chapeau de paille pointu, en train d’écrire sur ses genoux. (Pendant que les autres font une carrière dans le « monde des
204 ttres » et se composent un prestige !) Il invente ses histoires, secrètement animées par « les battements du cœur sauvage d
205 auvage de l’Espace », il s’amuse, il s’effraie de ses personnages, il les hait furieusement, il les approche avec méfiance
206 st un rêve de compensation. C’est l’expression de son impuissance à résoudre ce que j’appellerais le « problème des gens »,
20 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Les Mystiques allemands du xiiie au xixe siècle, par Jean Chuzeville (octobre 1935)
207 ent l’intellection du contenu, et encore moins de sa vérité. Il y a donc de l’équivoque dans notre admiration (ou notre dé
208 out dépend de ce que l’on attend de l’homme et de son esprit : la puissance de tromper (art inclus) pour jouir, ou la puiss
209 s moyens par lesquels l’âme arrive à transgresser ses limites charnelles et temporelles, à s’oublier en Dieu, son principe 
210 s charnelles et temporelles, à s’oublier en Dieu, son principe ». La question est alors de savoir s’il existe une mystique
211 remercier M. Chuzeville de nous avoir ouvert par son anthologie tout un monde spirituel et poétique plein de dangereuses m
212 s doute M. Chuzeville s’est-il laissé guider dans son choix par un préjugé historique que le « Mage du Nord » eût trop évid
213 ns unissent Luther à Maître Eckhart, et surtout à son cher Tauler, dont il cite constamment les sermons. M. Chuzeville sera
214 ’il développait certaines indications fécondes de sa préface et nous donnait une bonne étude sur le lyrisme romantique con
21 1935, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). « Le plus beau pays du monde » (octobre 1935)
215 ux cheveux carotte, nommée Alice, écrit ceci dans son devoir d’anglais : « L’Angleterre est le plus beau pays du monde. » U
216 é. On blâme cet instituteur. Qui va se plaindre à son député. Lequel interpelle les communes. Qui à leur tour infligent un
217 outer que le salut temporel de l’Europe dépend de sa faculté d’opérer de telles distinctions. w. Rougemont Denis de, « 
22 1936, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Sur l’esprit incarné (février 1936)
218 e les pratique peu : s’il y a lieu de reprendre à son compte cette erreur de vocabulaire, ou en langage théologique, ce bla
219 serait possible d’y échapper. Depuis huit ans que sa Trahison des Clercs est apparue, M. Benda s’y applique pourtant non s
220 sans bonheur, curieusement suivi sur ce point par ses contradicteurs de droite. Mais alors son dernier article est trop cla
221 oint par ses contradicteurs de droite. Mais alors son dernier article est trop clair. Il n’y manque plus qu’une épigraphe,
222 une épigraphe, qui conviendrait d’ailleurs à tous ses livres : ut evacuata sit crux. x. Rougemont Denis de, « Sur l’espr
23 1936, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Dictature de la liberté, par Robert Aron (mars 1936)
223 d’ellipse tout à fait révélatrice du mouvement de sa pensée, et à certains égards, du contenu de la doctrine qu’il défend.
224 prime pratiquement, elle perd tout point d’appui, son élan meurt en anarchie. La solution de ce conflit est évidente, c’est
225 terme ; et la rigueur même du calcul s’opposera à son intrusion. Comme le prouve toute l’histoire moderne, qui est celle de
226 st celle des révolutions étranglées par l’État et sa police. Telles sont les bases — algébrisées — des recherches de L’Ord
227 Maritain, Dandieu, Mounier, préface de Malraux à son dernier ouvrage, etc.) J’ai quelques raisons de m’en réjouir. L’Ordre
228 clusions pratiques dans le domaine du travail. Et sa première expérience de service civil, organisée l’été dernier, a fait
24 1936, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Kierkegaard en France (juin 1936)
229 utant d’importance à l’opportunité spirituelle de ses œuvres qu’à leur contenu intrinsèque. Personne peut-être n’a si jalou
230 a si jalousement pris souci de dire au bon moment ses vérités inactuelles. De là le rythme singulier de sa production ; de
231 vérités inactuelles. De là le rythme singulier de sa production ; de là ses nombreux masques et pseudonymes, de là aussi l
232 e là le rythme singulier de sa production ; de là ses nombreux masques et pseudonymes, de là aussi l’impétuosité sans scrup
233 ymes, de là aussi l’impétuosité sans scrupules de ses dernières « attaques contre la chrétienté établie ». Toute une carriè
234 ragments de cette œuvre entièrement commandée par son terme, tout en taisant ou niant ce terme, cela revient littéralement
235 ques-uns des ouvrages que Kierkegaard publia sous son vrai nom, parce qu’il y exprimait directement son message décisif. Bi
236 son vrai nom, parce qu’il y exprimait directement son message décisif. Bien entendu, le « succès » de prestige eût été beau
237 Les raisons qui poussèrent Kierkegaard à publier ses premières œuvres sous des masques diversement trompeurs lui apparaîtr
238 la limite, le martyre — la preuve irréfutable de sa foi. (Encore qu’il s’en défende avec vigueur mais son action même tém
239 foi. (Encore qu’il s’en défende avec vigueur mais son action même témoigne contre l’humilité de son retrait.) La question q
240 ais son action même témoigne contre l’humilité de son retrait.) La question qui se posait dès lors était celle-ci : « Comme
241 ’abord à bien connaître ta génération, et surtout ses erreurs, ses plaisirs, ses fièvres, ce qu’elle voudrait réellement si
242 connaître ta génération, et surtout ses erreurs, ses plaisirs, ses fièvres, ce qu’elle voudrait réellement si elle pouvait
243 génération, et surtout ses erreurs, ses plaisirs, ses fièvres, ce qu’elle voudrait réellement si elle pouvait disposer d’el
244 : l’époque s’engoue de tes discours et tu deviens son favori. Tu es alors au début de ton supplice. Il s’agit maintenant de
245 gaard, lorsqu’au cours des années qui préparèrent sa mort, il « changea de direction » et révéla le sens dernier de toute
246 de direction » et révéla le sens dernier de toute son œuvre. Il est juste que ce destin se répète aujourd’hui parmi nous. E
247 venir le sujet de la vérité, et non pas seulement son admirateur enthousiaste. On dirait, dans le langage d’aujourd’hui : c
248 la façon la plus familière et directe, tandis que ses écrits littéraires ou philosophiques ont pour dessein, plus ou moins
249 a poser. Et c’est aussi pourquoi je la retourne à son auteur. Mais peut-on y répondre par des mots ? Plusieurs des Discours
250 ur ma part qu’un seul moyen de s’engager de toute sa personne à la suite de Kierkegaard… Tout le reste est littérature, « 
251 produit elle-même la provision de force qui cause sa perte. » Ibid., p. 53. 39. Dans sa belle préface au Concept d’Angois
252 rce qui cause sa perte. » Ibid., p. 53. 39. Dans sa belle préface au Concept d’Angoisse (trad. Tisseau, chez Alcan) Jean
25 1936, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). L’Art poétique ou Qu’il faut penser avec les mains (décembre 1936)
253 aa De l’Art poétique de Claudel, qui domine de son poids les écritures du siècle, je retiendrai d’abord deux mots : « po
254 our. « Il est permis à chacun de se servir de tel son qu’il lui plaît pour exprimer ses idées, pourvu qu’il en avertisse. »
255 e servir de tel son qu’il lui plaît pour exprimer ses idées, pourvu qu’il en avertisse. » Cette phrase de la Logique de Por
256 oppose la langue d’un poète aux divers jargons de son temps : c’est que l’une est une langue « avertie », posant un perpétu
257 dans l’impunité générale. Claudel montre partout son parti pris, qui est de s’en tenir aux origines, et à cette origine, e
258 ue l’effort d’un Claudel, restituant à chaque mot son sens le plus poignant, par là même le plus apte à ranimer une communi
259 se trouve produire exactement l’effet contraire : son succès même va s’inscrire dans une œuvre incommunicable au très grand
260 ncommunicable au très grand nombre. Rendre au mot sa valeur d’appel, appeler sans cesse à grands cris l’univers (cette « v
261 es êtres, le branle-bas de toute la création vers son achèvement intelligible, c’est là vraiment « poétiser », collaborer à
262 oule des hommes, par ce qui manifeste, justement, sa volonté de catholicité ! ⁂ Non qu’il soit « méconnu », bien sûr. Mais
263 d’admirateurs, combien co-naissent à la raison de ses beautés, énoncée dans l’Art poétique ? De cet ouvrage très sévère, et
264 la philosophie d’un grand poète importe moins que son humanité, que son lyrisme, ou que ce je ne sais quoi de bouleversant,
265 n grand poète importe moins que son humanité, que son lyrisme, ou que ce je ne sais quoi de bouleversant, obscurément, qui
266 r tout ce qu’il n’est pas. « Tout cherche partout sa fin, complément ou efférence, sa part dans la composition de l’image,
267 cherche partout sa fin, complément ou efférence, sa part dans la composition de l’image, le mot qui profère son sens. » C
268 ans la composition de l’image, le mot qui profère son sens. » C’est un univers du discours, où les objets qui « veulent dir
269 l discours proprement cohérent, puisqu’il ne tire ses règles et sa nécessité que de la fin totale qu’il glorifie. Ce n’est
270 prement cohérent, puisqu’il ne tire ses règles et sa nécessité que de la fin totale qu’il glorifie. Ce n’est pas notre mon
271 âchement originel. Rompre le lien de l’homme avec son origine, c’est rompre aussi sa communion avec la fin universelle. Alo
272 n de l’homme avec son origine, c’est rompre aussi sa communion avec la fin universelle. Alors l’homme se complaît dans une
273 rquoi une fin lui fut en effet donnée » — qui est sa mort. Mais l’œuvre du poète, la vocation de l’homme, la charité cosmi
274 sser d’un seul geste, de réunir, de relancer vers sa vraie fin tout ce qu’une durée mauvaise a disjoint et altéré. « Car l
275 on des enfants de Dieu, parce que ce n’est pas de son propre gré qu’elle a été assujettie à vanité » (Rom. 8, 19-20). Ne fû
276 tie à vanité » (Rom. 8, 19-20). Ne fût-ce que par son style, et l’intention, partout, qu’il manifeste avec puissance, Claud
277 vec la source continue qu’il contient en lui dans son être : son geste n’est plus que la traduction, dans l’univers matérie
278 ce continue qu’il contient en lui dans son être : son geste n’est plus que la traduction, dans l’univers matériel, du sangl
279 permanentes dont la réunion donne à chaque chose son droit de devenir présente à l’esprit, par lequel il la conçoit dans s
280 résente à l’esprit, par lequel il la conçoit dans son cœur, et répète l’ordre qui l’a créée, s’appelle la parole. » Nous vo
281 e est « le sceau de l’authenticité ». Il est, par son action recréatrice, une étymologie vivante de tout ce qui est. Et mai
282 intenant, pour se connaître, il lui suffit d’agir sa vocation. Dans l’acte conscient de la fin qui l’englobe, il n’y a plu
283 riel et du spirituel. L’homme « se connaît donc à son pas et à l’extension de ses mains, à la facilité plus ou moindre gran
284 e « se connaît donc à son pas et à l’extension de ses mains, à la facilité plus ou moindre grande qu’il éprouve à se servir
285 rvir des instruments dont il a la propriété ». Et son corps lui est comme « un document où il suit les œuvres de l’esprit q
286 ement penser avec les mains. ⁂ Au sixième jour de sa Semaine, Du Bartas parlant de ses mains les appelle, assez curieuseme
287 sixième jour de sa Semaine, Du Bartas parlant de ses mains les appelle, assez curieusement, d’abord : « Singes de l’Éterne
26 1937, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Une idée de Law (janvier 1937)
288 agner en finance et tout en population, car, pour son argent, on aurait un homme nouveau, au lieu que, dans le système actu
289 e serait peut-être pas un trop mauvais système si ses entreprises n’étaient constamment traversées par celles d’une passion
27 1937, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). De la propriété capitaliste à la propriété humaine et Manifeste au service du personnalisme, par Emmanuel Mounier (février 1937)
290 lissement varié de ce style, l’agilité précise de ses coupes, qualités nées, comme par décantation, des défauts mêmes qu’on
291 i vigoureuse que soit cette analyse — et si utile sa lecture pour tous les possédants chrétiens — elle ne revêt sa signifi
292 our tous les possédants chrétiens — elle ne revêt sa signification totale que dans l’ensemble de la construction personnal
293 e. 45. Le Précis publié par L’Ordre nouveau dans son numéro d’octobre 1936 en comble d’ailleurs quelques-unes. 46. Par Pa
28 1937, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). N’habitez pas les villes (Extrait d’un Journal) (juillet 1937)
294 nez, je vois la cour de terre battue à l’ombre de ses deux tilleuls, la margelle du puits à gauche, où repose une vieille c
295 ’assiettes, deux volumes sur l’histoire de l’île, ses coutumes, et son dialecte. L’un est l’œuvre d’un archiviste du contin
296 volumes sur l’histoire de l’île, ses coutumes, et son dialecte. L’un est l’œuvre d’un archiviste du continent. Il affecte u
297 ôté ce petit travail qui a dû valoir les palmes à son auteur. Le second bouquin, c’est l’œuvre d’un vieux médecin tout plei
298 ondées par le docteur lui-même ou tout au moins à son instigation. Enfin, et cela nous sera des plus utiles, une minutieuse
299 un vieux docteur au fichu caractère a composé de sa longue expérience, de ses rancunes, de son amour caché, et de sa scie
300 u caractère a composé de sa longue expérience, de ses rancunes, de son amour caché, et de sa science hétéroclite de pratici
301 posé de sa longue expérience, de ses rancunes, de son amour caché, et de sa science hétéroclite de praticien et de collecti
302 ience, de ses rancunes, de son amour caché, et de sa science hétéroclite de praticien et de collectionneur. L’esprit fort
303 t devenu gigantesque, majestueux, exemplaire dans sa symétrie architecturale. Il domine toutes les maisons et le clocher.
304 s le dessiner dans le style romantique, avec tous ses détails et toute son opulence, frisé comme une perruque du grand sièc
305 style romantique, avec tous ses détails et toute son opulence, frisé comme une perruque du grand siècle. De trois côtés de
306 s à la main. » Pédenaud relit pour la énième fois son tarif, fait son calcul sur un bout de papier, et conclut que j’ai à p
307 édenaud relit pour la énième fois son tarif, fait son calcul sur un bout de papier, et conclut que j’ai à payer 72 francs p
308 pris des instructions par téléphone au chef-lieu. Son supérieur lui a confirmé qu’un manuscrit s’affranchit comme une lettr
309 te, sinon c’est lui qui sera forcé « d’y aller de sa poche ». Me voilà courant à l’autobus pour arrêter le courrier. L’aut
310 laire : 280 francs par mois « en comptant tout ». Sa femme fait des lessives. En été ils pêchent des palourdes et les vend
311 eut-être à cause du bonheur de notre vie. Trouver son rythme naturel, et les moyens de s’y réduire, voilà le but de toute m
312 eut, et franchir au moins en pensée les bornes de ses possessions pour aller se mêler aux « autres », à l’étranger… Tout ic
313 s sortes de précautions oratoires embrouillées si son fils pourrait venir aussi voir la machine. Je crois bien que sans cet
314 i je puis dire. Cela met un peu de fantaisie dans ses souvenirs, trop souvent racontés. (« Quand nous étions devant Tamatav
315 est de cela précisément qu’un écrivain peut faire sa « spécialité ». Et rien ne les étonnerait davantage que d’apprendre u
316 sens de l’époque présente. Il a trop souvent fait ses preuves.   15 décembre Déjeuné, après le culte, chez M. Palut. Il n’e
317 stinée de ceux auprès desquels il devrait exercer sa mission. Ils ne veulent pas même l’écouter, et toute sa raison d’être
318 sion. Ils ne veulent pas même l’écouter, et toute sa raison d’être est cependant de leur parler. Il n’a rien d’autre à fai
319 seul à croire qu’il doit le faire. Il m’a décrit son existence sans amertume. Il ne se plaint que de son isolement intelle
320 n existence sans amertume. Il ne se plaint que de son isolement intellectuel. Il trouve normal de vivre une vie humainement
321 s pas la bonne conscience de l’employé qui a fait sa journée et qui pense maintenant à autre chose. Une sorte d’impatience
322 yen de sortir de l’impasse : non pas en changeant ses données, mais soi-même.   28 février Gens. Il est très impressionnan
323 tente. Il attend des révélations. C’est évident ! Ses actions les plus pures sont des appels et des incantations : leur sen
324 avail moderne est dégradant, c’est qu’on a limité ses gestes à l’immédiat, et borné son attente au salaire. Or toute vie es
325 qu’on a limité ses gestes à l’immédiat, et borné son attente au salaire. Or toute vie est absurde et violemment inacceptab
326 er à rien dans cet être que j’ai devant moi, avec ses rides, sa barbe et sa casquette, et qui continue à me parler de la pê
327 ans cet être que j’ai devant moi, avec ses rides, sa barbe et sa casquette, et qui continue à me parler de la pêche, de so
328 que j’ai devant moi, avec ses rides, sa barbe et sa casquette, et qui continue à me parler de la pêche, de son filet qui
329 ette, et qui continue à me parler de la pêche, de son filet qui a été emporté hier, etc. Quel sens concret cela peut-il avo
330 hante, se critique, se légitime elle-même. Elle a ses lois, qui se suffisent. Les concepts alors se combinent selon des aff
331 sé ».   16 avril La poule noire couve depuis hier ses treize œufs. J’ai semé des salades, planté des choux, enfoncé une à u
332 te encore dans la main et vous gratte la paume de ses antennes, de ses écailles et de ses pattes. On fourre cela dans le sa
333 main et vous gratte la paume de ses antennes, de ses écailles et de ses pattes. On fourre cela dans le sachet que l’on por
334 e la paume de ses antennes, de ses écailles et de ses pattes. On fourre cela dans le sachet que l’on porte attaché à la cei
335 pathie » (souffrir avec) que l’homme éprouve pour ses victimes : « Je regrette vraiment beaucoup, mais il faut que je vous
336 e qui fait un caquet déchirant : elle serre entre ses pattes un œuf à demi ouvert d’où sort un long cou maigre, tout humide
337 poule avec précaution, craignant qu’elle n’écrase ses petits : elle arrange tout sous elle : pattes, œufs, poulets, en quel
338 ts, en quelques mouvements, ramène deux œufs sous son aile, fait sortir une coque vide, et reprend, l’œil fixe, son travail
339 it sortir une coque vide, et reprend, l’œil fixe, son travail invisible de mère. C’est beau. C’est fascinant. C’est grave e
340 un signe, et comme je ne comprends pas, il passe sa portette et vient me prier à voix basse d’aller attendre dans la pièc
341 qu’on peut vivre de très peu sans cesser de vivre son plein. Voici un an bientôt que j’ai quitté Paris. Voici un an que je
29 1937, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Gösta Berling, par Selma Lagerlöf (novembre 1937)
342 e celui qui se moque d’elle et qui n’en fait qu’à ses façons. Elle aime les grands rhétoriciens de l’imagination fabulatric
343 ’ouvre sur le châtiment, où le démon découvre que son œuvre a libéré les hommes de leur bonheur, et la vie de l’obsession d
344 is c’est aussi au peuple entier qu’ils ont appris sa gloire quotidienne. Rien de plus profondément moderne que cette légen
345 ondément moderne que cette légende, malgré toutes ses romances et ses idylles d’une pureté dramatique. Les forges, les char
346 que cette légende, malgré toutes ses romances et ses idylles d’une pureté dramatique. Les forges, les charrois de minerai,
347 us toutes les autres. Et l’amour d’une femme pour son peuple, au lieu de ces vantardises en service commandé d’oudarnikis p
348 eu la force de recréer un pays tout entier, avec ses classes et ses institutions, ses armes, ses charrues et ses machines,
349 recréer un pays tout entier, avec ses classes et ses institutions, ses armes, ses charrues et ses machines, ses légendes,
350 out entier, avec ses classes et ses institutions, ses armes, ses charrues et ses machines, ses légendes, son histoire, sa m
351 avec ses classes et ses institutions, ses armes, ses charrues et ses machines, ses légendes, son histoire, sa morale et sa
352 s et ses institutions, ses armes, ses charrues et ses machines, ses légendes, son histoire, sa morale et sa foi. On peut pe
353 tutions, ses armes, ses charrues et ses machines, ses légendes, son histoire, sa morale et sa foi. On peut penser que l’ins
354 rmes, ses charrues et ses machines, ses légendes, son histoire, sa morale et sa foi. On peut penser que l’inscription qu’on
355 rues et ses machines, ses légendes, son histoire, sa morale et sa foi. On peut penser que l’inscription qu’on lit au Pavil
356 achines, ses légendes, son histoire, sa morale et sa foi. On peut penser que l’inscription qu’on lit au Pavillon de la Suè
357 ption qu’on lit au Pavillon de la Suède éclaire à sa façon les arrière-plans de ce miracle : « Il y a mille ans que le peu
358 le : « Il y a mille ans que le peuple suédois est son propre maître. Tous les Suédois, hommes et femmes, jouissent des même
30 1938, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Le Monastère noir, par Aladár Kuncz (janvier 1938)
359 iracle qui défie l’époque. M. de Lacretelle, dans sa préface, déclare fort justement qu’il s’acquitte d’une dette en prése
360 n innocent, ou qui se croit tel, se voie privé de sa liberté pour des « raisons » collectives et obscures. Il me paraît qu
361 obscures. Il me paraît que le livre de Kuncz tire son tragique le plus secret du fait qu’il symbolise, illustre et concréti
362 s personnages haut placés pour leur faire part de son état : mais les lettres n’arrivent jamais, ou demeurent sans réponse.
31 1938, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Victoire à Waterloo, par Robert Aron (février 1938)
363 ut une victoire. Mais Napoléon abdiqua et termina ses jours à Sainte-Hélène. Tel est le sujet. En somme, mettant un signe p
364 acteurs moraux et psychiques. » C’est donc devant sa destinée, et non pas devant Blücher, ce hasard, que l’empereur devait
365 nçu les premiers doutes humains sur la réalité de son empire, sur son pouvoir abstrait et sa démesure géométrique. Et reven
366 doutes humains sur la réalité de son empire, sur son pouvoir abstrait et sa démesure géométrique. Et revenant à ses origin
367 éalité de son empire, sur son pouvoir abstrait et sa démesure géométrique. Et revenant à ses origines, au moment où le sor
368 bstrait et sa démesure géométrique. Et revenant à ses origines, au moment où le sort de la bataille vacille, il a retrouvé
369 rouve le « personnalisme » mais cela même dénonce son pouvoir, préfiguration des fascismes. (Lui aussi fut trois fois plébi
370 s ce livre : un sens de l’homme et des limites de sa grandeur, un sens de l’humour du destin, une vraie poésie de l’Histoi
32 1938, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Une révolution refoulée (juillet 1938)
371 rmé la résistance prolétarienne. On a refoulé dès sa naissance la révolution de 36. D’où le « complexe » qui s’est noué. C
33 1938, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Page d’histoire (novembre 1938)
372 es États constituants n’ayant renoncé à aucune de ses prérogatives au bénéfice de la Société ; d’autre part l’État tchèque
373 la Société ; d’autre part l’État tchèque opprima ses propres minorités, leur imposant un régime centraliste inspiré du mod
374 uoi, lorsqu’en septembre 1938, l’Allemagne appuya sa revendication de menaces militaires, les démocraties cédèrent (entrev
375 cession purement diplomatique n’eût pas compté à ses yeux. La religion dont il était le fondateur voulait le sacrifice san
376 it le fondateur voulait le sacrifice sanglant (ou son symbole), le viol de la victime, la « libération » violente de la pro
377 avenir confédéral de l’Europe. Hitler comprit que son heure n’était pas encore venue. Il se vit contraint d’accepter la réu
34 1939, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Propos sur la religion, par Alain (avril 1939)
378 grer que de la « réaliser » en la débarrassant de ses « croyances fantastiques » et de sa « méthode arriérée », qui est cel
379 arrassant de ses « croyances fantastiques » et de sa « méthode arriérée », qui est celle de l’autorité (p. 72). La « vraie
380 udrais au moins l’indiquer. Un chrétien sait que sa foi n’est nullement le contraire du doute intellectuel, mais le contr
381 ppose expressément à la religion en général, avec ses rites et ses croyances dont Alain respecte la forme et laïcise le con
382 ément à la religion en général, avec ses rites et ses croyances dont Alain respecte la forme et laïcise le contenu. « La vr
383 e que Kierkegaard, par exemple, rejette au nom de sa foi : tout ce qui n’est que sociologie. (Je ne dis pas que ce soit né
384 on la foi et capables de lui faire pressentir que ses observations toujours ingénieuses, souvent justes, ne portent guère q
385 l demeure une « religion » ? Qu’il poursuive donc son enquête, si toutefois il ne tient pas à avoir raison comme Napoléon,
386 mée d’une méfiance étrange pour celui qui déclare ses valeurs, — en dehors de la politique, bien entendu. ao. Rougemont D
35 1939, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Don Juan (juillet 1939)
387 qu’il paraît brillant d’or et de soie, dressé sur ses ergots de grand ténor, l’on est tenté de ne voir en lui que le feu na
388 il. Vous sentez bien qu’il y a du démoniaque dans son cas, une sorte de polémique anxieuse, de méchanceté et de défi : la m
389 où il se plaît, ce grand seigneur n’oublie jamais son rang. Son naturel, c’est le mépris ; rien n’est plus loin de la natur
390 laît, ce grand seigneur n’oublie jamais son rang. Son naturel, c’est le mépris ; rien n’est plus loin de la nature. Voyez c
391 qui nous fait pressentir la nature spirituelle de son secret, si bien masqué par le prétexte de l’instinct. Aux sommets de
392 -être aussi qu’il n’est pas ? Celui qui a, vit de sa possession et ne l’abandonne pas pour l’incertain, — entendez : s’il
393 moins vraisemblable : Don Juan cherchant partout son idéal, son « type » de beauté féminine (souvenir inconscient de la mè
394 semblable : Don Juan cherchant partout son idéal, son « type » de beauté féminine (souvenir inconscient de la mère) — trop
395 magine cette métamorphose. On le voit interrompre sa course, changer soudain de contenance, baisser la tête, s’assombrir,
396 re d’une image à lui-même secrète. Et de là vient sa puissance apparente, sa furia, son rythme dionysiaque. ⁂ Or si le don
397 e secrète. Et de là vient sa puissance apparente, sa furia, son rythme dionysiaque. ⁂ Or si le don juanisme est une passio
398 Et de là vient sa puissance apparente, sa furia, son rythme dionysiaque. ⁂ Or si le don juanisme est une passion de l’espr
399 t qu’elle institue un ordre neuf par le décret de sa rigueur. ⁂ Nietzsche s’est dressé face au siècle. Et l’adversaire qu’
400 te cédé ! Il faudra donc s’en prendre à Dieu et à son Fils. Déjà « le Dieu moral est réfuté ». Que va dire l’Autre ? C’est,
401 rejeter avec dégoût ce que l’on désirait de toute sa fougue ; et se rire des suiveurs, des successeurs, de ces disciples e
402 d’un autre, et qui déjà croient pouvoir abuser de ses victimes. Mille et trois vérités se sont rendues, et pas une seule n’
403 qui le posséderait à tout jamais, digne enfin de sa vraie passion ! Il traque sans relâche tout ce qui bouge, tout ce qui
404 , et dans l’angoisse d’une puissance anéantie par son succès, que Nietzsche a rencontré soudain la fascinante idée du Retou
405 evant le roc de Sils-Maria on le voit interrompre sa course, changer de contenance, et pour la première fois baisser la tê
36 1939, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). La Poésie scientifique en France au xvie siècle, par Albert-Marie Schmidt (septembre 1939)
406 rie. Comment louer assez les mérites de l’auteur, sa patiente intrépidité, la « volubilité infinie » de l’esprit que suppo
407 la « volubilité infinie » de l’esprit que suppose son entreprise ? Car l’étude des poètes hermétiques exige une faculté d’i
408 berté infinie de l’homme, capable de refaire avec ses mains le Paradis perdu et les « gestes de Dieu ». Le poète a reçu la
409 mats, jusqu’aux confins du monde, et l’on perçoit sa voix dans chaque dialecte ». Nous l’avons perçue de nos jours, dans l
410 mple au hasard. Ce vers de Baïf : « L’huître dans son écaille essaie sa puissance » amène Schmidt à citer Marsile Ficin, Gu
411 vers de Baïf : « L’huître dans son écaille essaie sa puissance » amène Schmidt à citer Marsile Ficin, Guy de la Boderie, R
37 1940, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Au sujet du Journal d’André Gide (janvier 1940)
412 tion que j’aime, mais bien le paysage vital, avec ses temps voilés et ses soleils, ses parcs, ses friches et ses habitation
413 s bien le paysage vital, avec ses temps voilés et ses soleils, ses parcs, ses friches et ses habitations. Le phénomène-Goet
414 sage vital, avec ses temps voilés et ses soleils, ses parcs, ses friches et ses habitations. Le phénomène-Goethe, dans l’es
415 avec ses temps voilés et ses soleils, ses parcs, ses friches et ses habitations. Le phénomène-Goethe, dans l’espace et le
416 voilés et ses soleils, ses parcs, ses friches et ses habitations. Le phénomène-Goethe, dans l’espace et le temps, voilà qu
417 u’il anticipe sur ce risque ? Ou pour déconcerter ses juges, qu’il leur rend par avance toutes ses armes ? Mais ce serait u
418 rter ses juges, qu’il leur rend par avance toutes ses armes ? Mais ce serait un mauvais calcul. Aux yeux d’un lecteur préve
419 ide est fasciné par l’obstacle qu’il veut éviter. Son horreur du malentendu l’entraîne à livrer au public treize cents page
420 ment vrai finit par altérer le naturel ; mais par son excès même, elle nous rend attentifs aux défauts réguliers de tout au
421 dentes. » Si sincère qu’on se veuille en relatant ses journées, comment ne serait-on pas tenté de dire surtout ce qui a fra
422 est dans ce qu’on fait, ou dans ce qu’on pense de ses actions. (Voir là-dessus la note dramatique datée du 5 janvier 1902.)
423 nt. On l’y retrouve aussi au naturel, avec toutes ses curiosités, son admirable modestie et ses malices, son sens rythmique
424 uve aussi au naturel, avec toutes ses curiosités, son admirable modestie et ses malices, son sens rythmique de la langue to
425 toutes ses curiosités, son admirable modestie et ses malices, son sens rythmique de la langue toujours si fermement articu
426 uriosités, son admirable modestie et ses malices, son sens rythmique de la langue toujours si fermement articulée (habitude
427 t articulée (habitude des lectures à haute voix), ses sautes d’humeur, et ce besoin de donner raison à l’adversaire…54 On l
428 l’« antichristianisme » de Gide est chrétien dans ses déterminations ? Je crois qu’on s’est trop laissé prendre à sa perpét
429 ions ? Je crois qu’on s’est trop laissé prendre à sa perpétuelle polémique contre les convertis-convertisseurs. Il faudrai
430 amen et moralisme. Du libre examen, Gide conserve son exigence de vérité et de véracité « advienne que pourra ». Du moralis
431 es. Mais toute morale a bientôt fait de se muer à son tour en dogme, et la morale protestante succombe à ce danger plus qu’
432 dépression théologique. D’où le ressentiment qu’à son égard conçoivent beaucoup de « protestants de naissance » détachés de
433 e le souci central de Gide ait été de débarrasser son christianisme de toutes les adjonctions « humaines — trop humaines »
434 isme néo-protestant et du dogmatisme romain. D’où son horreur congénitale des tours de passe-passe religieux. En somme, tou
435 es tours de passe-passe religieux. En somme, tout son effort consiste à se délivrer de cela même que certains chrétiens dés
436 (tant reformée que catholique), un attachement à sa vérité propre qui est moins évangélique qu’individualiste, ou même ra
437 décrit « forcé de s’asseoir au culte de famille. Sa gêne. L’horreur du geste qui puisse dépasser son sentiment… » Kierkeg
438 . Sa gêne. L’horreur du geste qui puisse dépasser son sentiment… » Kierkegaard, lui aussi, répétait : je ne suis pas chréti
439 ssait par là même. Gide paraît surtout attentif à sa nature complexe et réticente. Or toute nature, irrémédiablement, s’ép
440 de la seule orthodoxie libératrice. ⁂ Si, malgré son génie du scrupule, Gide s’expose parfois au reproche de prendre posit
441 gieux, lorsqu’on parle avec lui, ou qu’on écrit à son propos, qu’il faut se forcer pour n’abandonner point les positions au
38 1940, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Hommage à C. F. Ramuz (mai 1940)
442 zsche… Mais le centre vaudois s’est distingué par sa méfiance à l’égard des « idées ». Son particularisme approfondi rejoi
443 istingué par sa méfiance à l’égard des « idées ». Son particularisme approfondi rejoint l’universel par les racines. C’est,
39 1951, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Un complot de protestants (novembre 1951)
444 grise, le corps un peu tassé et de large carrure, sa belle tête de moine tibétain barrée d’un sourire mince et pourtant am
445 mince et pourtant amical. Il fait très chaud. De ses poches, il tire deux bouteilles de bière et nous les offre. Au milieu
446 est-ce qu’on va dire ?… » Et il répète, à travers ses dents serrées : « Qu’est-ce qu’on va dire ?… » avec un sourire inquis
447 r qu’il m’offrait l’hospitalité. Saint Paul reste sa bête noire. Et l’idée même d’orthodoxie. Il nie vivement que le terme
448 des grandes époques, ne sont plus que mensonges à ses yeux dès que l’on passe à l’ordre spirituel. Peut-être ne songe-t-il
449 ge « trop long ». Marquant ainsi bien franchement ses limites, et les moyens particuliers de sa recherche. Sur un seul de c
450 hement ses limites, et les moyens particuliers de sa recherche. Sur un seul de ces entretiens, j’ai pris des notes. C’est
451 , qu’il y trouve une explication des « erreurs de sa vie de jeune homme ». En phrases lentes et difficultueuses, coupées d
452 eniflements, il se met à parler sur « le drame de sa vie ». Jeune homme épris et puritain, il a voulu disjoindre l’amour e
453 ton de confession, par le ton « c’était mal » de ses propos.) Et, subitement, après un silence : « C’est ainsi que j’ai co
454 il me donne à lire, par paquets, les épreuves de son Journal en cours d’impression, et sur lequel je vais écrire un articl
455 qu’il y a faites. Tout ce qui concerne intimement sa femme — « le seul être, dit-il, que j’ai vraiment aimé » — tous ces p
456 tir qu’il compte s’absenter pour huit jours. Mais son studio me restera ouvert ; que j’y vienne prendre tous les livres don
457 ses couvrent les meubles, une sorte de vieux drap son grand bureau. Sur l’étoffe, bien en évidence, un fort cahier gris d’é
458 uestion : « Qu’est-ce que le style ? » Catherine, sa fille, lut sa dernière réponse : « L’originalité du Bipède. » (C’est
459 ’est-ce que le style ? » Catherine, sa fille, lut sa dernière réponse : « L’originalité du Bipède. » (C’est ainsi qu’on l’
460 geait important à ce que d’autres jugent profond. Son défaut de sens poétique me paraît presque inégalé depuis Montaigne. (
461 égalé depuis Montaigne. (Je ne nie pas un instant son lyrisme.) Et c’est ainsi qu’il réussit à remplacer le tragique par la
462 agique par la perplexité. Tout cela peut éclairer son attitude envers le christianisme et son mystère. Peu d’instinct relig
463 éclairer son attitude envers le christianisme et son mystère. Peu d’instinct religieux chez cet homme, alors que le christ
464 le christianisme, l’Église et l’Évangile, furent ses constants sujets d’irritation, de nostalgie ou de perplexité ? Le par
465 Le paradoxe n’est qu’apparent. Qu’on n’oublie pas sa formation chrétienne ; ses lectures prolongées et sans cesse renouvel
466 ent. Qu’on n’oublie pas sa formation chrétienne ; ses lectures prolongées et sans cesse renouvelées de l’Écriture ; son amo
467 longées et sans cesse renouvelées de l’Écriture ; son amour pour le style biblique ; la confusion courante — non seulement
468 rgeois entre tabous sexuels et spiritualité, d’où sa polémique inlassable contre l’orthodoxie telle qu’il l’imaginait et d
469 rtaine éthique ; la conversion de quelques-uns de ses amis ; enfin la piété de sa femme. Ces données biographiques ne font
470 n de quelques-uns de ses amis ; enfin la piété de sa femme. Ces données biographiques ne font point une nature. Elles expl
471  ? Je pense plutôt que la morale était le lieu de son vrai drame, et qu’il ne pouvait approcher la religion que dans ce dra
472 êter à la logique exotérique d’un texte, disons à son seul sens éthique. Penchant bien protestant, ou simplement rançon d’u
473 ant, ou simplement rançon d’une sobriété stricte. Ses connaissances bibliques me stupéfiaient. L’usage qu’il en faisait me
474 faisait me semblait décevant. Là où Claudel prend son élan pour caramboler des symboles, où Valéry se fût poliment récusé,
475 , toujours soucieux de différer mais de légitimer sa différence, on ne pouvait être plus occidental. On ne pouvait être mo
476 ibéré de l’empire des mythes, n’a cessé d’occuper sa pensée. Et j’ignore si c’est mal ou bien : je constate simplement le
477 d’un homme connu, multipliées et prolongées après sa mort, dans notre siècle. Elles ne sont ni chrétiennes ni simplement h
40 1957, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). La découverte du temps ou l’aventure occidentale (mars 1957)
478 e, moins encore par un consensus délibéré de tous ses peuples, ou par quelque essence éternelle, comme on l’a cru de l’unit
479 r dans 426 941 ans par la destruction du monde et sa reconstruction, qui sera l’œuvre de Kalki, dernier avatar de Vishnu.
480 en révélerait incapable apparaîtrait inadéquate à son sujet. On verra mieux pourquoi, par la suite de ce chapitre. 2. Co
481 que n’est historique au sens exact qu’en vertu de son unicité. S’il pouvait se répéter, revenir comme les saisons, il n’app
482 nt une personne que par l’unicité que lui confère sa vocation, autrement il est vu comme une répétition, grain de poussièr
483 igion juive fait exception dans le monde antique. Ses prophètes ont cru que Iahvé intervenait par de libres actions dans l’
484 osé l’accepter. La prédication paulinienne, avec son insistance extraordinaire sur l’unicité absolue de l’Incarnation salv
485 — fut aussi le premier auteur d’une biographie de sa personne : les Confessions. 3. Du Mythe à l’Histoire Mais il re
486 lle, et donc dénuée de sens. Contre le malheur et son absurdité, l’homme n’a d’autre recours que d’attribuer un sens à ce q
487 ondra point par une révolte vaine, pure démence à ses yeux de Grec ou d’Oriental, mais par le rêve immense des religions, t
488 s le Mythe, mais c’est le temps lui-même qui perd sa réalité, puisqu’il n’apporte plus d’absolue nouveauté, ni par conséqu
489 is aussi à la liberté ; il devient responsable de son temps sur la Terre. Ce serait intolérable si la Révélation n’apporta
490 réalisée du temps permet d’assumer le temps dans sa réalité. Sans la Résurrection, l’homme n’aurait pas la preuve d’une e
491 ans l’homme converti persiste « le vieil homme ». Son mouvement naturel sera donc de chercher et d’inventer contre le temps
492 essaiera d’abord de mythifier le Christ en niant sa parfaite humanité : c’est l’intention commune à toutes les hérésies g
493 ssé depuis les romantiques — fut bien plutôt dans son ensemble une longue réaction de défense contre le ferment de révoluti
494 yens de l’accepter progressivement et d’y adapter ses conceptions. Pour les premiers chrétiens, ce qui rend supportable l’i
495 e l’Histoire qui lui permet de rendre un rythme à sa durée. L’apparition du Christ ne marque plus pour lui le commencement
496 robablement six-cent-mille. Et que la Terre, avec ses quelque trois ou quatre milliards d’années, aurait déjà vécu presque
497 tion de la personne et nous inclinent à douter de sa réalité. Le « réel historique », ainsi configuré, devient aussi dista
498 la politique ». Il s’agit de préparer le Dauphin, son élève, à sa future tâche de roi. Cette Histoire pourvoyeuse d’exemple
499 ». Il s’agit de préparer le Dauphin, son élève, à sa future tâche de roi. Cette Histoire pourvoyeuse d’exemples et de leço
500 s n’a d’autre autorité que celle d’un précepteur. Ses « lois » ne sont encore que celles de la morale, et sa réalité celle
501 lois » ne sont encore que celles de la morale, et sa réalité celle d’un discours. Mais l’Histoire aujourd’hui n’est plus u
502 st plus un conte, elle se distingue absolument de son récit. Elle ne concerne plus le passé, ni ses « leçons », qu’on pourr
503 de son récit. Elle ne concerne plus le passé, ni ses « leçons », qu’on pourrait aussi bien ignorer. Elle est tout autre ch
504 origine et de but connaissable, on ne peut savoir son sens, mais seulement l’épouser, et l’on ne peut le penser qu’en s’y a
505 eptation d’un temps radicalement imprévisible. Et sa fin seule était certaine et serait bonne. Mais encore fallait-il croi
506 otal, l’homme qui n’a pas de foi cède au vertige. Sa dernière résistance à l’angoisse du temps se manifeste alors par la m
507 ’État, les mouvements de masse, etc., échappent à ses prises et l’enserrent — « il ne se retrouve plus » et démissionne. Qu
508 s permettent simplement au Dictateur d’accréditer son utopie. Si le sang de ses propres martyrs fut la semence de l’Église,
509 Dictateur d’accréditer son utopie. Si le sang de ses propres martyrs fut la semence de l’Église, c’est le sang des « païen
510 t même démission de la personne, qui désespère de ses pouvoirs d’innovation et de toute espèce de recours au transcendant l
511 utopie et agir d’après elle, massacrer pour hâter sa venue bienfaisante, c’est projeter notre angoisse en avant, pour tent
512 ant le vertige cosmique et temporel où l’a plongé sa science par une mutation brusque, saura-t-il en tirer une liberté nou
513 bable d’un devenir fatal, pour nous « ajuster » à ses « lois », mais au contraire d’affronter le temps au nom d’un sens qui
514 quand on se voit contraint d’innover pour sauver sa peau ou pour vaincre, on s’empresse d’en appeler à la coutume, et l’o
41 1961, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). La personne, l’ange et l’absolu, ou le dialogue Occident-Orient (avril 1961)
515 ndustrialise, s’impose notre marxisme et oblitère son mandarinat. Enfin, l’Occident n’a pas plus tôt découvert l’art nègre,
516 arlementaires, et l’exploitation par elle-même de ses ressources matérielles. Ce que nous découvrons avec passion dans le T
517 ous emprunte, ce n’est pas notre créativité, mais ses produits. Nous découvrons leurs secrets spirituels en même temps que
518 ’essentiel, qui n’agira guère sur l’histoire dans son devenir immédiat, mais peut orienter la conscience de quelques-uns de
519 ur si mal engagé qu’il soit, porte sur l’homme et sa définition. S’il est vrai que l’Orient nie le moi, qui est une valeur
520 ’Occident, en formant, dès les premiers conciles, ses modèles de pensée en tension : Incarnation, personnes divines à la fo
521 as sous le sens comme le « vieil homme », puisque sa vie « nouvelle » est à la fois dans le monde et hors du monde, à la f
522 monde et hors du monde, à la fois manifestée par son amour (Agapè) et « cachée avec le Christ en Dieu ». (Colossiens, 3, 3
523 ), et nous le montre d’autant plus distinct, dans sa fonction centrale, totalisante, dans son pouvoir d’intégration de l’ê
524 nct, dans sa fonction centrale, totalisante, dans son pouvoir d’intégration de l’être. Loin de dissocier le moi, les recher
525 lui. C’est la “part allotie” à chaque Spirituel, son individualité absolue, le Nom divin, investi en lui.61 » Ainsi donc,
526 groupe d’êtres appartenant au monde de Lumière a sa Fravarti » — Ohrmazd, le Dieu lumineux a lui-même la sienne63. La Ter
527 mort terrestre : c’est la rencontre de l’âme avec son moi céleste à l’entrée du pont Chinvat. Dans un paysage nimbé de la L
528 liant un sommet au monde des Lumières infinies. À son entrée, se dresse devant l’âme sa Dâenâ, son moi céleste, jeune femme
529 es infinies. À son entrée, se dresse devant l’âme sa Dâenâ, son moi céleste, jeune femme d’une beauté resplendissante et q
530 s. À son entrée, se dresse devant l’âme sa Dâenâ, son moi céleste, jeune femme d’une beauté resplendissante et qui lui dit 
531 i-même ! Mais si l’homme sur la Terre a maltraité son moi, au lieu de la Fravarti, c’est une apparition monstrueuse et défi
532 e apparition monstrueuse et défigurée qui reflète son état déchu. La « rencontre aurorale » avec le moi céleste figure donc
533 e est personnelle. Le vrai moi est ailleurs, mais son drame ici-bas. L’absolu, ou la négation du moi Les peuples des
534 a croyance en un moi reconnaissable au travers de ses vies successives. Car si le moi n’existe pas, qu’est-ce qui transmigr
535 t au monde et à soi-même » que le Christ exige de ses disciples, et qui est la condition de leur accession à leur vrai moi
536 ttent une âme individuelle mais « obscurcie » par son union avec le corps. Elle doit tendre à se libérer du phénomène indiv
537 rines, — et en même temps l’Orient des peuples et sa croyance en la transmigration… Mais voici le moment d’ajuster la visi
538 moment d’ajuster la vision. Tout l’Orient exagère ses formules. Il dit cent-mille-millions pour dire beaucoup ; absolue nég
539 er l’objet signifie éliminer le questionneur, non sa question. Et les trois autres distinctions s’expliquent de la même ma
540 é ; ce que zen demande au disciple, c’est de voir sa propre Physionomie. » Or comme le disait le sixième Patriarche de la
541 rgissement de la conscience que chacun prendra de son bien. Tandis qu’au plan de l’anthropologie plus ou moins « scientifiq
542 eur non seulement de l’homme mais du monde, c’est son action qui configure l’idée du moi que nous nous faisons, et cette id
543 mme est absolument tel qu’est l’amour dominant de sa vie : selon (cet amour) se fait son ciel, s’il est bon, ou son enfer,
544 ur dominant de sa vie : selon (cet amour) se fait son ciel, s’il est bon, ou son enfer, s’il est mauvais », dit Swedenborg
545 on (cet amour) se fait son ciel, s’il est bon, ou son enfer, s’il est mauvais », dit Swedenborg dans La Nouvelle Jérusalem.
546 e chaque esprit et de chaque ange est la forme de son amour.73 » Les trois notions de l’homme que l’on vient d’évoquer nous
547 ergétique de l’amour, ou comme autant d’effets de son action configurante et composante. Et nous les voyons différer d’une
548 oïsme, qui est l’impérialisme de l’ego naturel et sa fermeture autarcique. Mais les motifs de cette condamnation ne sont p
549 n soit un même acte : sinon le comme n’aurait pas son plein sens. Dans l’amour de soi-même, l’homme naturel s’ouvre à l’act
550 n. Or le meilleur de l’autre — comme de soi — est sa vocation singulière. Aimer le prochain dans sa personne, c’est discer
551 st sa vocation singulière. Aimer le prochain dans sa personne, c’est discerner sa singularité, sa vocation, même virtuelle
552 mer le prochain dans sa personne, c’est discerner sa singularité, sa vocation, même virtuelle, la soutenir et l’aider à na
553 dans sa personne, c’est discerner sa singularité, sa vocation, même virtuelle, la soutenir et l’aider à naître. Ainsi l’am
554 soutenir et l’aider à naître. Ainsi l’amour dans sa réalité totale, intégrant l’animique au spirituel, va toujours de per
555 Dieu, qui est Amour, est un Dieu personnel, dans sa tri-unité, que l’amour spirituel crée dans l’homme la personne. Si la
556 « Personne n’a un plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’il aime. » Se sacrifier pour l’autre aimé, c’est d’a
557 rifier pour l’autre aimé, c’est d’abord sacrifier son moi à son vrai moi, — l’ordonner à sa vocation. Ou c’est encore se sa
558 r l’autre aimé, c’est d’abord sacrifier son moi à son vrai moi, — l’ordonner à sa vocation. Ou c’est encore se sacrifier te
559 sacrifier son moi à son vrai moi, — l’ordonner à sa vocation. Ou c’est encore se sacrifier tel que l’on est, à soi-même t
560 l’esprit. C’est rejoindre la forme immortelle de son être au travers d’une « mort à soi-même » transfigurante. Ce modèle d
561 . Le masochisme religieux, ou haine de soi. Dans son langage dramatique, saint Paul parle parfois de la haine de soi-même,
562 l’esprit qui l’appelait cesse de la diriger dans son élan vers le vrai moi ? Elle voulait l’ange. Il lui reste la nostalgi
563 est jugé : n’ayant pu l’entraîner avec elle vers son bien et l’animer de son amour, l’âme l’accuse de volonté mauvaise. Ma
564 ’entraîner avec elle vers son bien et l’animer de son amour, l’âme l’accuse de volonté mauvaise. Mais elle sait bien qu’ils
565 as aimer le prochain : il ne peut voir en lui que son semblable — un corps « vil » et une âme qui se veut ange —, non le vr
566 une âme qui se veut ange —, non le vrai moi dans son autonomie. Si le corps lui paraît désirable, il sera parfois tenté d’
567 amour angélique. La passion romantique trouve ici sa genèse. Exaltée jusqu’à la mystique de l’ascèse autopunitive, elle fi
568 se hait lui-même, car nous serons les victimes de sa colère et de sa vengeance. Ayons donc soin de l’induire à l’amour de
569 , car nous serons les victimes de sa colère et de sa vengeance. Ayons donc soin de l’induire à l’amour de lui-même.74 » L
570 ais il peut arriver qu’il s’arrête en chemin, que son élan vers la personne singulière retombe au plan de l’individuel, du
571 licité des « aventures sans lendemain ». Limitant son désir à ces désirs qu’une possession rapide anesthésie, l’âme retombe
572 alité ego-vrai moi y devient celle de l’âme et de son ange. Pour situer dans son vrai climat spirituel le personnalisme ess
573 t celle de l’âme et de son ange. Pour situer dans son vrai climat spirituel le personnalisme essentiel de ces doctrines, ci
574 connu par elle et de « devenir en elle l’objet de sa propre connaissance.75 » C’est donc en Dieu que tout amour peut recon
575 é. Un être n’aime en réalité personne d’autre que son créateur.76 » Ibn Arabi distingue trois amours : l’amour divin du Cré
576 gue trois amours : l’amour divin du Créateur pour sa créature, et d’elle pour Lui ; l’amour spirituel « dont le siège est
577 l’amour naturel, qui recherche la satisfaction de ses désirs sans souci de l’agrément de l’Aimé. « Et telle est hélas ! dit
578 . » Telle est donc la personne unifiée et tel est son amour de soi-même. Quant à l’amour-passion (ici, non romantique !) il
579 faire exister dans l’être aimé, par l’efficace de son amour préfigurant. C’est précisément là que s’origine la plus haute f
580 imé, à s’unir en lui, à en perpétuer la présence, son amour tend toujours à faire exister quelque chose qui n’est pas encor
581 in, et chacun est le prochain selon la qualité de son amour.80 En dépit de tout ce qui distingue la transparence (parfois
582 du climat spirituel « iranien » et trouve en lui ses origines archétypales. La passion du héros, que l’on peut interpréter
583 ende primitive et l’opéra) comme un amour dédié à sa propre âme81, dont Iseut ne serait que l’image sensible, — et c’est p
584 et même la « rencontre aurorale » de l’âme et de sa Dâenâ au pont Chinvat ? Et n’est-ce pas pour avoir désiré l’amour de
585 ur de Tristan », motivant le malheur essentiel de sa passion, ce serait alors dans le mode de la transposition du « ciel »
586 oir détruit tout attachement inné ou acquis, pour ses semblables…84 » Et le Bouddha lui-même : « Qui a cent sortes d’amours
587 n’existe que parce qu’il voit en elle la forme de son plaisir, la source de sa jouissance. Dans la joie de la possession, l
588 oit en elle la forme de son plaisir, la source de sa jouissance. Dans la joie de la possession, la souffrance du désir est
589 stant apaisée… et l’homme perçoit dans le plaisir sa propre nature essentielle, qui est la joie. Toute jouissance, tout pl
590 le désir qui lie l’homme et qui est un obstacle à son progrès spirituel87 ». Et encore : « Celui qui cherche l’amour dans l
591 it à quel point cette forme de l’amour est liée à ses expressions. La passion et l’amour mystique, l’érotisme et l’amour du
592 que la vie réelle de l’Asie est en symbiose avec ses religions. Et si la symétrie de ces formules inquiète, revenons au qu
593 ète, l’Occident répond par des mythes symbolisant ses résistances naturelles, et qui font l’intérêt de sa vie amoureuse. Ma
594 résistances naturelles, et qui font l’intérêt de sa vie amoureuse. Mais l’Orient se contente de proposer des voies aux Re
595 urs grands chevaux théologiques, mais chacun suit sa voie, son « svadharma », sa religion particulière. C’est pourquoi nos
596 s chevaux théologiques, mais chacun suit sa voie, son « svadharma », sa religion particulière. C’est pourquoi nos contradic
597 ues, mais chacun suit sa voie, son « svadharma », sa religion particulière. C’est pourquoi nos contradictions restent si f
598 en à celui qui quitte ce monde sans avoir réalisé son propre monde intérieur. Elle reste invécue, comme les Vedas non récit
599 ochain, et l’injonction évangélique d’aimer aussi son ennemi ne sont pas absentes du bouddhisme car l’ennemi et toi-même ne
600 vérité, à quoi se rapporte l’amour d’un mari pour sa femme ? Non point à la femme, mais en vérité au Soi qui est en elle.9
601 ain d’écrire ? Et qui, précisément, ici, touche à sa fin ?) Je disais que l’amour vrai, c’est discerner dans l’autre — pou
602 ru voir en elle, et que nous déifions peut-être à ses dépens, est-ce notre anima projetée ? Tous les psychanalystes nous l’
603 onflits, une violence faite à l’âme de l’autre, à son corps ou à son esprit — ou encore à son moi total non reconnu, non re
604 olence faite à l’âme de l’autre, à son corps ou à son esprit — ou encore à son moi total non reconnu, non respecté dans son
605 ’autre, à son corps ou à son esprit — ou encore à son moi total non reconnu, non respecté dans son autonomie. Ici, le brahm
606 re à son moi total non reconnu, non respecté dans son autonomie. Ici, le brahmane intervient : — Si tu cherches le Soi à tr
607 ou point différencié que la vie nous offre, avec son programme génétique insondablement plus ancien que notre individu nat
608 refusé mais dissous.92 — Je veux voir l’autre en sa réalité, qui est unique. J’aime en elle à la fois ce que je vois et c
609 s bien que tu ne dois aimer que ton « Dieu » dans ses créatures, puisqu’il est dit de Lui qu’il est amour. — Mais Dieu pour
610 ngible »93, pour rejoindre l’Un primordial. Quand ses dieux mêmes auront fait leur office et fait leur temps, il y aura le
611 ne saurait guère le concevoir sans une vision de sa fin anticipée. La petite phrase de saint Paul au début de notre ère,
612 , ce moi sans valeur est en train de faire valoir ses revendications, par plusieurs centaines de millions de bouches à nour
613 re (et l’Orient aurait eu raison), soit accomplir sa vocation aventureuse, déchiffrer l’Être dans le singulier et les stru
614 un salut de la Matière. À force de l’étreindre de ses mains, de la mesurer par la vue, de la dissoudre et de la recomposer,
615 la dissoudre et de la recomposer, de l’épier dans sa vie secrète, comme l’alchimiste, cette matière du cosmos en expansion
616 me d’Occident ne cherche pas seulement à dévoiler ses lois secrètes, mais à se transformer lui-même, en tant qu’il particip
617 Ch. Baudoin me paraît un peu trop pessimiste, de son propre point de vue, D. T. Suzuki passe la mesure dans l’autre sens l
618 es. La discussion ne cesse jamais. Parfois, un de ses membres se lève, prononce un discours, préconise une action ; ses col
619 ève, prononce un discours, préconise une action ; ses collègues l’approuvent et il est décidé qu’il sera fait suivant ce qu
620 ent des choses différentes et chacun d’eux appuie ses propositions sur des raisons particulières. On en vient à se battre e
621 n soufi : « Le paradis du gnostique fidèle, c’est son corps même, et l’enfer de l’homme sans foi ni connaissance c’est égal
622 l’homme sans foi ni connaissance c’est également son corps même. » (Cit. par H. Corbin, Terre céleste, p. 161.) 74. Auro
623 80. Emmanuel Swedenborg, La Nouvelle Jérusalem et sa doctrine céleste, § 86 à 89. 81. C’est à peu près ce que Freud nomme
624 ’Arabe, tout est colère », écrit Henri Michaux. «  Son bonjour : “Que le salut soit sur quiconque suit la vraie religion.” (
625 dent un peu plus qu’il ne serait souhaitable, de son propre point de vue. 91. On pourra retrouver ce passage dans la Brih
626 es dialogues entre l’illustre sage Yajnavalkya et son épouse Maitreyi, qui l’interroge sur l’immortalité. 92. Phrases empr