1 1933, L’Ordre nouveau, articles (1933–1938). Liberté ou chômage ? (mai 1933)
1 1933)a Nous entendions l’autre jour, en buvant un café sur le zinc : « Le travail, c’est la liberté, — pour celui qui n
2 risque cependant de se voir bientôt réveillée par une brutalité dont elle est entièrement responsable. Droit au travail, dr
3 de Benjamin Franklin. Pour cette fois, utilisant un exemple que l’angoisse de l’heure rend particulièrement concret, celu
4 bornons-nous à montrer les conséquences fatales d’ une erreur à peu près universelle. ⁂ Le terme de « travailleur » est deve
5 yme de travailleur industriel. Le « travailleur » des réunions électorales, c’est l’ouvrier d’usine, l’homme lié à la machi
6 radoxe. En effet, quel est le but de la machine ? Une économie de travail. Le machinisme est, en principe, destiné à créer
7 est, en principe, destiné à créer du loisir, dans une société dont la religion dominante est la religion du travail mécaniq
8 ais son effort réel consiste d’autre part à créer des possibilités toujours plus grandes de loisir. C’est pourquoi elle est
9 es de loisir. C’est pourquoi elle est condamnée à une espèce de dégradation, dans la mesure même où son effort pratique abo
10 eurs décades, la production a pu s’accroître dans des proportions telles que les loisirs créés théoriquement par le machini
11 le machinisme se trouvaient aussitôt absorbés par des activités nouvelles. À la faveur de l’optimisme puéril qui caractéris
12 it pas lieu de prévoir sérieusement le moment où, une certaine limite d’absorption étant atteinte, le machinisme développer
13 n ». La liberté fait plus peur qu’envie au commun des mortels. Ils n’osent pas la considérer en face. Tant qu’elle restait
14 e, on la célébrait, sous le nom de Progrès, comme une possibilité perpétuellement future. Le jour où elle a cessé d’être il
15 le fin, tel est le véritable nom du Progrès, dans un monde dont le matérialisme foncier ne pourra plus être longtemps masq
16 de liberté possible, efficace, pratique, que dans un monde où le spirituel détiendra la primauté. Voyons maintenant quelle
17 ette période, la courbe de la production poursuit une ascension à peu près parallèle, de même que la courbe indiquant le no
18 allèle, de même que la courbe indiquant le nombre des employés. Il n’y a pas lieu de douter du Progrès. Il y a plutôt lieu
19 uves grossières et démagogiques de l’excellence d’ un système dont il importe que les victimes ne mettent jamais en questio
20 1, et sans qu’aucun fait nouveau puisse en rendre un compte suffisant, la productivité par homme se met à croître avec une
21 , la productivité par homme se met à croître avec une rapidité qui tient du fantastique. L’index général passe de 104 en 19
22 près l’autre les diverses industries, on constate des chiffres plus significatifs encore. En prenant pour base l’année la p
23 à 183 ; enfin pour le caoutchouc, de 100 à 311. D’ un tel fait, qu’on peut bien dire sans précédent dans l’histoire de notr
24 23, il est neutralisé jusque vers 1929-1930, dans une mesure à vrai dire décroissante, par de multiples facteurs temporaire
25 e, non sans scepticisme d’ailleurs, s’il admettra un jour qu’il conviendrait aussi, par exemple, de faire sauter le tabou
26 rédit. Mais il faudrait auparavant qu’il ait pris une conscience vraiment révolutionnaire de son vice interne, vice qui aff
27 mystique bourgeoise du travail-vertu, associée à une conception purement quantitative de l’activité, n’est plus une mystiq
28 n purement quantitative de l’activité, n’est plus une mystique de classe : elle est devenue quasi universelle. Que le « tra
29 elle. Que le « travailleur » soit considéré comme une matière inerte, une quantité calculable, justiciable de la statistiqu
30 illeur » soit considéré comme une matière inerte, une quantité calculable, justiciable de la statistique, qu’on puisse en c
31 production machiniste, et comme s’il s’agissait d’ une espèce de macaroni informe, voilà qui ne scandalise les masses qu’à p
32 au maximum5, bref, parce que de nouveau, et pour un temps, « ça rend », les voilà tous bouche bée devant la plus inhumain
33 systèmes l’individu abstrait, l’atome désigné par un chiffre et dépourvu de résistance active. Alors le travail créateur,
34 culer avec les hommes, comme s’ils n’étaient plus des hommes. On les a pris d’ici pour les poser là, côte à côte, additionn
35 ipliés et divisés à l’infini. Du peuple on a fait une masse, — comme de la personne un numéro. De la patrie on a fait la na
36 euple on a fait une masse, — comme de la personne un numéro. De la patrie on a fait la nation, — et des attachements humai
37 un numéro. De la patrie on a fait la nation, — et des attachements humains, des chaînes sociales. Du travailleur on a fait
38 a fait la nation, — et des attachements humains, des chaînes sociales. Du travailleur on a fait un salarié, — et de sa lib
39 s, des chaînes sociales. Du travailleur on a fait un salarié, — et de sa liberté on a fait le chômage. Mais la misère prés
40 on a fait le chômage. Mais la misère présente est un appel à l’homme. Seuls sauront y répondre en pleine efficacité ceux p
41 t de l’embauche dans le bâtiment, la construction des voies de communication, ou la création d’innombrables industries, acc
42 mousse d’autant plus que la misère grandit. C’est une des leçons de la crise. 5. Nos écrivains courent admirer là-bas la f
43 se d’autant plus que la misère grandit. C’est une des leçons de la crise. 5. Nos écrivains courent admirer là-bas la fabri
44 écrivains courent admirer là-bas la fabrication d’ une casserole en treize minutes. — « Nous ferons mieux que l’Amérique ! »
2 1933, L’Ordre nouveau, articles (1933–1938). La Légion étrangère soviétique (juin 1933)
45 nté de décrire les cadres de cette confrérie dans un style trop facilement comique : donner, par exemple, la dernière list
46 comique : donner, par exemple, la dernière liste des promotions, André Gide passant colonel honoraire, Vaillant tambour-ma
47 du point de vue plus profond de l’activité propre des intellectuels. L’adhésion au soviétisme d’un certain nombre d’« homme
48 pre des intellectuels. L’adhésion au soviétisme d’ un certain nombre d’« hommes de pensée » résulte, à notre sens, d’une ps
49 e d’« hommes de pensée » résulte, à notre sens, d’ une psychose de démission. Survenant au moment précis de l’histoire où l’
50 l’histoire où l’esprit doit entrer en force dans un monde abandonné depuis des siècles à l’oppression des déterminismes c
51 it entrer en force dans un monde abandonné depuis des siècles à l’oppression des déterminismes collectifs, cette démission
52 monde abandonné depuis des siècles à l’oppression des déterminismes collectifs, cette démission constitue un acte propremen
53 terminismes collectifs, cette démission constitue un acte proprement antirévolutionnaire. À ce titre, elle vaut l’examen.
54 t l’examen. Tentons de formuler ici quelques-unes des raisons, fort complexes, de ce que nous nommerons le défaitisme révol
55 ils sont chaque jour témoins ou victimes révèlent un vice profond de la société actuelle. De là à se dire révolutionnaire,
56 lle. De là à se dire révolutionnaire, il n’y a qu’ un pas, qu’un accès de mauvaise humeur. Mais de là à prendre une conscie
57 à se dire révolutionnaire, il n’y a qu’un pas, qu’ un accès de mauvaise humeur. Mais de là à prendre une conscience active
58 un accès de mauvaise humeur. Mais de là à prendre une conscience active de la révolution, de là à concevoir l’ordre nouveau
59 lution, de là à concevoir l’ordre nouveau, il y a un abîme. Ni science ni bon sens ne seront d’aucune aide pour le travers
60 e seront d’aucune aide pour le traverser. Il faut un saut, il faut un acte, il faut un élan créateur. Mais cet acte, dans
61 aide pour le traverser. Il faut un saut, il faut un acte, il faut un élan créateur. Mais cet acte, dans lequel nous voyon
62 verser. Il faut un saut, il faut un acte, il faut un élan créateur. Mais cet acte, dans lequel nous voyons l’essentiel de
63 rsonnel, nos révoltés préfèrent l’engagement dans un parti. C’est bien plus sûr et c’est moins fatigant. « Il existe une d
64 ien plus sûr et c’est moins fatigant. « Il existe une doctrine réputée révolutionnaire, le marxisme. Or, je veux une révolu
65 réputée révolutionnaire, le marxisme. Or, je veux une révolution. Donc, je me fais marxiste. » Qu’on ne croie pas à une far
66 Donc, je me fais marxiste. » Qu’on ne croie pas à une farce. J’ai entendu vingt fois ce raisonnement, dans la bouche, il es
67 iront le bagage d’arguments nécessaires. Et voilà une question réglée, et une conscience qui se rendort, et un littérateur
68 nts nécessaires. Et voilà une question réglée, et une conscience qui se rendort, et un littérateur qui retourne à ses petit
69 tion réglée, et une conscience qui se rendort, et un littérateur qui retourne à ses petits papiers. Quitte à larder ses éc
70 tôt de ses vingt ans. Il y a plus grave, et chez des hommes dignes de sympathie. Les classes 18 à 20, en particulier, nous
71 s de « conversion » au soviétisme considéré comme une promesse nouvelle de communion humaine. On s’en voudrait de condamner
72 . On s’en voudrait de condamner en trois formules une démarche qui entraîne à l’origine notre adhésion profonde. Ils n’ont
73 l’origine notre adhésion profonde. Ils n’ont cure des doctrines, disent-ils, ils cherchent des hommes. L’URSS, qu’ils conna
74 ont cure des doctrines, disent-ils, ils cherchent des hommes. L’URSS, qu’ils connaissent par ses films, offre à leur rêve t
75 ait toutefois défendre cet exotisme sentimental d’ un nouveau genre, si la nostalgie qu’il nourrit avait un objet réel ; si
76 ouveau genre, si la nostalgie qu’il nourrit avait un objet réel ; si véritablement le communisme russe donnait aux hommes
77 itablement le communisme russe donnait aux hommes un lieu de communion. Mais il y a le marxisme. Le « communisant » frança
78 orer ; le brigadier de choc, non. Le marxisme est une soumission aux faits, aux faits matériels s’entend, aux déterminismes
79 els. Or, il n’y a pas de communion possible entre des objets. Communier est le fait des esprits créateurs, c’est un mode de
80 possible entre des objets. Communier est le fait des esprits créateurs, c’est un mode de contact qui leur est propre, tout
81 ommunier est le fait des esprits créateurs, c’est un mode de contact qui leur est propre, tout de même que le choc est le
82 les subtilités « dialectiques », à peine dignes d’ une bourgeoise Sorbonne, devra-t-on faire appel pour nous persuader que l
83 eligion de la matière introduit à la connaissance des cœurs ? 2° Raisons philosophiques C’est la bourgeoisie qui, la
84 gence créatrice. Tout cela jalonnant les étapes d’ une retraite, prétendue stratégique, de l’esprit. Hegel met d’abord l’esp
85 l’esprit au service de l’État ; puis Marx à celui des « faits » et de la « matière » ; enfin Staline le réduit à un rôle pu
86 et de la « matière » ; enfin Staline le réduit à un rôle publicitaire, bientôt négligeable, au service de la Production d
87 xiste orthodoxe, on passe sans heurt ni saut, par une simple accélération de chute. La trahison à l’esprit date peut-être d
88 trahison à l’esprit date peut-être de l’invention des lois économiques ; assurément, de leur divinisation. Le marxisme a si
89 ! 3° Raisons mystiques Car il y a parmi eux des mystiques. Ils sont rares : ils ont compris le marxisme. Ils considèr
90 e la personne. Ils repoussent tout ce qui suppose une « actualité » de la pensée : ils croient à l’Histoire. Ils veulent qu
91 fié. Cela n’est point leur goût, disent-ils, mais une nécessité. La matière, à les entendre, n’est pas ce que nous croyons.
92 éalité, ils rêvent. Leurs esprits se perdent dans un songe dialectique radicalement inactuel. Ils pensent par périodes de
93 ité spirituelle lui apparaît nécessairement comme un mensonge (Keyserling). L’intelligence n’a plus alors qu’à se mettre a
94 lligence n’a plus alors qu’à se mettre au service des nécessités « telluriques » qu’elle avait pour mission héroïque de sur
95 le a cru pouvoir les ignorer (spiritualisme). Par un funeste et naturel retour elle risque aujourd’hui de succomber sous l
96 ce. Telle sera notre position d’attaque vis-à-vis des intellectuels qui se prétendent « aux côtés du prolétariat ». Nous le
97 eloppements que nous donnerons prochainement dans un volume sur L’Acte et la Personne. b. Rougemont Denis de, « La Légio
3 1933, L’Ordre nouveau, articles (1933–1938). Pourquoi ils sont socialistes (juillet 1933)
98 Toujours à gauche, mais pas plus loin ! » Il y a des gens qui sont nés avant 1850, on ne peut pas leur en vouloir. Il y a
99 vant 1850, on ne peut pas leur en vouloir. Il y a des gens qui ont le cœur à gauche et qui croient y voir une indication po
100 ns qui ont le cœur à gauche et qui croient y voir une indication politique : c’est une espèce de fétichisme sentimental. (V
101 i croient y voir une indication politique : c’est une espèce de fétichisme sentimental. (Voir Lévy-Brühl : La Mentalité pri
102 tive.) Il y a quelques vieux proudhoniens : c’est un malentendu. (Qu’ils prennent rendez-vous au plus vite avec nous, 23 t
103 Avec ce que je dois au proprio, je pourrais payer des études à mon fils ! » Or le fils rêve d’être notaire. Ils souffrent d
104 le position « pratique », affirment-ils, non sans une sincérité qui fait peine. Car des deux attitudes proprement socialist
105 t-ils, non sans une sincérité qui fait peine. Car des deux attitudes proprement socialistes : vouloir réformer le capitalis
106 hant vers les thèses marxistes ; vouloir préparer une révolution en louchant vers « l’aisance » bourgeoise, — on chercherai
4 1933, L’Ordre nouveau, articles (1933–1938). Spirituel d’abord (juillet 1933)
107 ent à ce que pense le grand public, le résultat d’ un déterminisme économique et social. Elle est, d’abord, l’acte qui crée
108 uite, bouleverse les anciennes déterminations, en un mot, l’acte qui libère. Le désordre dont souffre le monde nous appara
109  ». Contre ce désordre notre attitude est celle d’ un refus total. Mais rompre avec ces apparences, ce n’est pas encore fai
110 égnant. Que trouvons-nous, à l’origine permanente des erreurs qui, depuis vingt, ans, nous ont valu la guerre, le chômage e
111 rre, le chômage et les dictatures ? Nous trouvons une certaine attitude humaine. Cette attitude, qu’on appelle capitaliste,
112 capitaliste, est, en réalité, pour qui va au fond des choses, matérialiste et abstraite à la fois. Elle donne la primauté à
113 productiviste, elle consacre la pire gradation qu’ une « civilisation » ait imposée à l’homme. Si nous refusons « l’ordre »
114 la matière. Pour nous l’homme est autre chose qu’ une unité de compte, un ventre ou un électeur. Avec toute attitude idéolo
115 s l’homme est autre chose qu’une unité de compte, un ventre ou un électeur. Avec toute attitude idéologique qui entraîne l
116 autre chose qu’une unité de compte, un ventre ou un électeur. Avec toute attitude idéologique qui entraîne la destruction
117 rituel d’abord », nous n’entendons pas échapper à des responsabilités, à toutes nos responsabilités. Bien au contraire. Il
118 activité spirituelle a pu paraître le privilège d’ une caste, d’un niveau de fortune, d’une qualité de culture. L’esprit a f
119 ituelle a pu paraître le privilège d’une caste, d’ un niveau de fortune, d’une qualité de culture. L’esprit a fini par être
120 privilège d’une caste, d’un niveau de fortune, d’ une qualité de culture. L’esprit a fini par être conservateur. Trop ont u
121 . L’esprit a fini par être conservateur. Trop ont un intérêt précis à confondre l’ordre véritable avec le statu quo. L’es
122 tuel et le temporel, il y a, pour nous, le lien d’ une totale responsabilité. Quand nous disons « spirituel d’abord », nous
123 t qui se résout par l’acte, — cet acte provoquant un conflit et un risque nouveaux, générateurs de créations nouvelles. L’
124 t par l’acte, — cet acte provoquant un conflit et un risque nouveaux, générateurs de créations nouvelles. L’acte et la per
125 us constatons immédiatement que, lorsqu’on édifie un système et un ordre : A) si l’on ne part pas de l’acte, on ne part pa
126 immédiatement que, lorsqu’on édifie un système et un ordre : A) si l’on ne part pas de l’acte, on ne part pas du tout ; B)
127 te liberté humaine ne se trouve pas à l’origine d’ un système, il ne se trouvera pas non plus dans ses conséquences pratiqu
128 as immédiatement en action. Nous tenons donc pour une nécessité vitale de passer, dès maintenant, à la construction d’un or
129 le de passer, dès maintenant, à la construction d’ un ordre qui implique la rupture totale avec le désordre régnant. Nous n
130 e désordre régnant. Nous nous engageons donc dans une lutte réelle dont l’objet n’est autre que de soumettre les institutio
131 membres de L’Ordre nouveau que de leur attribuer une confusion entre le spirituel, tel que nous venons de le définir, et l
132 théologie, réalité qui, pour le chrétien, reste d’ un ordre radicalement hétérogène à tout ordre terrestre.   V. — Nous n’i
133 e leurs révolutions. Pour nous, elles ne sont que des trahisons, les caricatures, parfois comiques, parfois tragiques, de l
134 tilité productive, ni à ses qualités biologiques. Une révolution n’est pas seulement une redistribution des biens matériels
135 s biologiques. Une révolution n’est pas seulement une redistribution des biens matériels suivant une autre méthode que la c
136 révolution n’est pas seulement une redistribution des biens matériels suivant une autre méthode que la capitaliste. Nous ne
137 nt une redistribution des biens matériels suivant une autre méthode que la capitaliste. Nous ne sommes pas disposés à défen
138 s pas disposés à défendre la répartition actuelle des richesses, mais nous exigeons que, sous le prétexte, trop souvent fal
139 ment d’en posséder, mais d’en concevoir d’autres. Une révolution n’est pas non plus une façon de développer ce qui dans l’h
140 evoir d’autres. Une révolution n’est pas non plus une façon de développer ce qui dans l’homme est le plus animal, le plus s
141 ent attenter aux véritables valeurs spirituelles. Une révolution ne consiste pas enfin à développer jusqu’au monstrueux la
142 rit pur » n’est, en réalité, que la dégradation d’ un spirituel qui n’a pas voulu s’accomplir dans l’actualité concrète. Qu
143 atuit et le clerc-qui-ne-trahit-pas, dans le ciel des Idées, dernier asile pour les démissionnaires d’une Démocratie fatigu
144 s Idées, dernier asile pour les démissionnaires d’ une Démocratie fatiguée ! Quand nous parlons d’un pouvoir « spirituel »,
145 d’une Démocratie fatiguée ! Quand nous parlons d’ un pouvoir « spirituel », nous n’entendons pas le pouvoir des « idées »,
146 ir « spirituel », nous n’entendons pas le pouvoir des « idées », mais bien celui de la personne, de l’acte qui la pose et q
147 mesure où il est efficace et valable, se ramène à un pouvoir spirituel. C’est lui qui rassemble une armée, qui trouve l’ar
148 e à un pouvoir spirituel. C’est lui qui rassemble une armée, qui trouve l’argent pour payer les soldats. Mais que la force
149 ce spirituelle fasse défaut, l’armée ne sera plus une arme entre ses mains déficientes. On pourra peut-être payer encore la
150 r dispose contre Hitler de toute la Reichswehr et des Schupos. Pourquoi n’en use-t-il pas ? Il paraît maître absolu du pays
151 Hitler, et c’est elle qui vaincra sans coup férir une force brutale dont le « pouvoir » ne sait que faire. Mais, dira-t-on,
152 , c’est-à-dire, psychologiquement, la peur. C’est un état de décadence caractérisée, l’état de démission de la personne de
153 de transition —, jusqu’au jour où les servants d’ une mécanique parlementaire qui tourne à vide, vaincus par les événements
154 ure. La dictature n’est que la fixation brutale d’ une révolution en pleine période de transition, d’un désordre dont l’acte
155 une révolution en pleine période de transition, d’ un désordre dont l’acte ordonnateur n’a pas encore détruit le principe a
156 teur n’a pas encore détruit le principe agissant. Une révolution s’accomplit matériellement dans la mesure où son privilège
157 us reprochent, maintenant, de vouloir sauvegarder des situations acquises, ou encore de vouloir « détourner les forces prol
5 1933, L’Ordre nouveau, articles (1933–1938). Les parlementaires contre le Parlement (octobre 1933)
158 ner le travail de tous et diriger celui qui, dans une société équilibrée, incombe à l’État, c’est ce que nous appelons le d
159 individus. Dans le premier cas il doit accomplir un travail constructif, dans le deuxième il doit défendre des libertés.
160 il constructif, dans le deuxième il doit défendre des libertés. Or non seulement le Parlement actuel (depuis que les grands
161 ourgeois qui défendaient ce qu’ils croyaient être des intérêts ont cédé la place aux gens de gauche qui défendent ce qu’ils
162 ns de gauche qui défendent ce qu’ils croient être des idées) ne remplit pas ces deux missions, mais il les trahit, transpor
163 portant, quand il agit, les méthodes de travail d’ un domaine dans l’autre, aboutissant, en un mot, au désordre. D’abord da
164 ravail d’un domaine dans l’autre, aboutissant, en un mot, au désordre. D’abord dans le domaine où il devrait agir, non seu
165 agit pas, non seulement il laisse agir à sa place des fonctionnaires dont ce n’est pas le rôle, mais il oblige ceux-ci à op
166 ge ceux-ci à opérer — quelquefois d’ailleurs avec un rare bonheur — en dehors et le plus souvent contre lui. (Notons qu’av
167 ouvent contre lui. (Notons qu’avec la dégradation des temps quand ce ne sont plus des fonctionnaires qui se cachent pour ag
168 ec la dégradation des temps quand ce ne sont plus des fonctionnaires qui se cachent pour agir, ce sont des hommes d’affaire
169 fonctionnaires qui se cachent pour agir, ce sont des hommes d’affaires qui payent pour cela.) M. Daniel Halévy a fait nagu
170 t naguère, de ce point de vue, en quelques pages, une histoire pertinente de notre parlement. Aux républicains (mais person
171 s elle a fait l’Empire colonial, elle a constitué un système d’alliance qui nous a sauvés en 1914 et on lui doit, pour ne
172 4 et on lui doit, pour ne citer que trois choses, une organisation scolaire qu’on peut ne pas aimer mais cohérente et qui e
173 de Delcassé, l’organisation scolaire élaborée par des fonctionnaires laborieux et sectaires derrière les cartonnages poussi
174 rue de Grenelle. Et toujours, pour chaque chose, une loi sanctionnait le travail du dehors, mais arrachée en fin de séance
175 ail du dehors, mais arrachée en fin de séance par un député obscur, ami du colonial, du fonctionnaire ou du banquier, aprè
176 atisfaire nous promettons d’envoyer, sur demande, des précisions et les numéros de l’Officiel. D’ailleurs ce serait un jeu
177 t les numéros de l’Officiel. D’ailleurs ce serait un jeu d’allonger la liste et de montrer — sans prendre parti et sur le
178 ans prendre parti et sur le seul terrain objectif des faits — notre meilleur armement construit, avant-guerre, par des offi
179 re meilleur armement construit, avant-guerre, par des officiers « démissionnés » après les fiches, le patriotisme maintenu
180 hes, le patriotisme maintenu dans la jeunesse par des congrégations interdites, ou les lois sociales les plus honorables, n
181 is sociales les plus honorables, non établies par un travail parlementaire sérieux — mais arrachées par démagogie au patro
182 is arrachées par démagogie au patronat apeuré par des tribuns verbeux. Désordre ! Désordre ! Dans le domaine enfin où le Pa
183 es, individuelles, que voyons-nous au contraire ? une action précise mais par là même meurtrière et destructrice. Le pouvoi
184 n harmonie avec les réalités françaises : celui d’ un maire et de son conseil municipal est chaque jour un peu plus dans la
185 maire et de son conseil municipal est chaque jour un peu plus dans la dépendance du préfet, lequel obéit aveuglément aux d
186 oration avec ses pairs, est assuré malgré lui par des lois qui désorganisent tout sans satisfaire personne. Dans la vie fam
187 en fait empêché par le Parlement. Sous le coup d’ une fiscalité toujours plus oppressive et des taxes successorales, la pro
188 coup d’une fiscalité toujours plus oppressive et des taxes successorales, la propriété apparente, terrienne et immobilière
189 gissant que pour nuire, que peut bien représenter un parlementaire aux yeux de celui qui le nomme ? Plus rien qu’une machi
190 ire aux yeux de celui qui le nomme ? Plus rien qu’ une machine à recommandation inutile et nécessaire. Il n’est pas un conco
191 ecommandation inutile et nécessaire. Il n’est pas un concours auquel on se présente, pas une place qu’on sollicite, pas mê
192 n’est pas un concours auquel on se présente, pas une place qu’on sollicite, pas même une démarche régulière qu’on entrepre
193 présente, pas une place qu’on sollicite, pas même une démarche régulière qu’on entreprenne sans la recommandation de son dé
194 e pièce du dossier. Le Parlement ! Qu’a-t-il fait des hommes les plus nobles ? Dans l’un des derniers cahiers de Maurice Ba
195 -t-il fait des hommes les plus nobles ? Dans l’un des derniers cahiers de Maurice Barrès on trouve une triste et désarmante
196 des derniers cahiers de Maurice Barrès on trouve une triste et désarmante confidence. Barrès l’exprime avec son génie de m
197 ent me dégoûte, mais je m’y plais parce que c’est un club. Nous conclurons sur cet aveu. L’ayant lu, peut-on encore attend
198 ayant lu, peut-on encore attendre quelque chose d’ un parlementaire, de quelques parlementaires ou d’un groupe de parlement
199 un parlementaire, de quelques parlementaires ou d’ un groupe de parlementaires ? f. Rougemont Denis de, « Les parlementa
6 1933, L’Ordre nouveau, articles (1933–1938). Positions d’attaque (décembre 1933)
200 d’action révolutionnaire. 2° Dans l’état présent des choses, il n’y a pas d’ordre concevable sur le plan capitaliste, au d
201 opère le changement de plan et permet d’instituer un ordre nouveau. 4° Cet acte créateur dont nous faisons dépendre tout l
202 ervice prolétarien collectif soumis directement à un centre de contrôle économique et statistique. 7° Ce régime doit entra
203 doit entraîner par son jeu normal la disparition des cadres de l’État et du statut des classes, c’est-à-dire : l’éliminati
204 la disparition des cadres de l’État et du statut des classes, c’est-à-dire : l’élimination des facteurs décisifs de l’infl
205 statut des classes, c’est-à-dire : l’élimination des facteurs décisifs de l’inflation, du chômage et de la guerre moderne
7 1934, L’Ordre nouveau, articles (1933–1938). Communauté révolutionnaire (février 1934)
206 e s’excite pas sur l’idée de sécurité. Il demande un principe de grandeur, ou simplement quelque chose à faire. La paix n’
207 mplement quelque chose à faire. La paix n’est pas une occupation, ni un but. Du moins pour notre civilisation, elle n’est r
208 ose à faire. La paix n’est pas une occupation, ni un but. Du moins pour notre civilisation, elle n’est rien que l’absence
209 t maquillées par la Presse, c’est-à-dire par l’un des agents les plus puissants qui travaillent pour la guerre. Les communi
210 ganiquement lié à la guerre, et que la guerre est une des pièces indispensables du système capitaliste. Mais ils s’arrêtent
211 quement lié à la guerre, et que la guerre est une des pièces indispensables du système capitaliste. Mais ils s’arrêtent à l
212 apitaliste. Mais ils s’arrêtent à la dénonciation des moyens et des personnes. Le danger est beaucoup plus profond : il est
213 is ils s’arrêtent à la dénonciation des moyens et des personnes. Le danger est beaucoup plus profond : il est dans la conce
214 it et de la justice. Ces simplifications résument des études que nous avons, ailleurs, poussées dans le détail. Elles nous
215 er sa réelle et pratique importance, dans l’ordre des sanctions immédiates, à une opposition d’apparence toute philosophiqu
216 ortance, dans l’ordre des sanctions immédiates, à une opposition d’apparence toute philosophique : celle de l’individu et d
217 les mœurs au cours du xviiie siècle, à la faveur des théories rationalistes et matérialistes de l’Encyclopédie. Les théori
218 matérialistes de l’Encyclopédie. Les théoriciens des droits de l’homme, ayant cru remarquer que tous les conflits humains
219 emarquer que tous les conflits humains naissaient des différences entre les hommes, conçurent cette utopie de supprimer les
220 es différences. Ils se flattaient ainsi d’établir une paix définitive. Ce qui leur permettait de croire possible une telle
221 nitive. Ce qui leur permettait de croire possible une telle égalisation, c’était peut-être l’importance qu’avait prise, à l
222 anmoins d’ordre strictement politique. On voulait un système fondé sur l’homme-en-général. On se battit pour ce système et
223 ue les hommes, dans leur diversité. L’État devint une réalité indépendante, l’expression de la collectivité des égaux. Or c
224 ité indépendante, l’expression de la collectivité des égaux. Or ces égaux n’existaient pas. Il fallait les créer. L’égalité
225 on, et pour la rendre populaire, on eut recours à des mots d’ordre véritablement humains, mais que cette action même rendai
226 té et la Fraternité. En fait, l’égalisation était une atteinte à la liberté, et la rendait humainement impossible au moment
227 duisait en effet, dans notre monde tel qu’il est, un principe entre tous néfaste : celui de la comparaison perpétuelle. À
228 ation de l’égalité ne pouvait se traduire que par un mécontentement confus et inextinguible. Le soin de fixer empiriquemen
229 chain », mais seulement, comme le dit Keyserling, des « voisins inévitables » qu’il fallait, selon les cas, envier ou mépri
230 evendication égalitaire, qui devait dans l’esprit des théoriciens supprimer les conflits en supprimant les différences, abo
231 ar comparaison avec « les autres », déterminé par une série de facteurs plus ou moins abstraits, artificiels, imposés du de
232 e les hommes ne repose plus, aujourd’hui, que sur des valeurs extérieures à l’homme. Il n’est plus assuré par la responsabi
233 créent la Presse et la Publicité, et par la peur des bouleversements, qui apparaissent d’ailleurs de plus en plus inévitab
234 chain. La personne, c’est l’homme en tant qu’il a une vocation particulière dans la société. Thèse II. — Considérer l’homm
235 a prétention égalitaire. D’autre part, il exprime un espoir fondé sur la réalité humaine telle qu’elle est, alors que l’ut
236 ue l’utopie individualiste fondait son espoir sur une réalité déjà utopique elle-même. Les personnes existent, bien que bri
237 jamais existé qu’à l’état de définition. Parti[r] des conflits quotidiens, des conflits d’intérêts et d’idéaux, des conflit
238 de définition. Parti[r] des conflits quotidiens, des conflits d’intérêts et d’idéaux, des conflits qui naissent de la dive
239 quotidiens, des conflits d’intérêts et d’idéaux, des conflits qui naissent de la diversité des régions et des races, — pou
240 idéaux, des conflits qui naissent de la diversité des régions et des races, — pour les utiliser. Telle est la formule fonda
241 flits qui naissent de la diversité des régions et des races, — pour les utiliser. Telle est la formule fondamentale de L’Or
242 s d’établir les équilibres stériles ou forcés, ni des compromis dégradants pour l’une et l’autre partie, mais des tensions
243 mis dégradants pour l’une et l’autre partie, mais des tensions normales. Nous avons expliqué déjà, dans d’autres travaux, e
244 , telle que nous venons de la définir9, n’est pas un état, mais un acte. L’homme devient personne dans la mesure où il se
245 us venons de la définir9, n’est pas un état, mais un acte. L’homme devient personne dans la mesure où il se manifeste conc
246 dans la mesure où il se manifeste concrètement, d’ une façon qui lui est particulière, dans une tâche qui lui est propre et
247 ement, d’une façon qui lui est particulière, dans une tâche qui lui est propre et pour laquelle il est responsable. Alors q
248 nsable. Alors que « l’individu » se balade au gré des théories dans le monde abstrait et juridique de l’égalité, la personn
249 ersonne s’enracine au contraire dans le concret d’ une vocation. L’apparition de la personne est liée à l’apparition d’une t
250 parition de la personne est liée à l’apparition d’ une tension. Car d’une part elle est déterminée par les conditions donnée
251 asser et de les rendre créatrices. Le type même d’ une telle tension est celle qui s’établit entre deux hommes qui se rencon
252 ntre deux hommes qui se rencontrent pour exécuter une tâche commune, soit que l’un vienne en aide à l’autre (c’est la défin
253 e du « prochain »), soit que tous deux, apportant des aptitudes différentes, les composent en une force nouvelle. L’homme n
254 rtant des aptitudes différentes, les composent en une force nouvelle. L’homme n’est humain que lorsqu’il manifeste sa raiso
255 articulière. Mais dès qu’il la manifeste, il crée une nouveauté, c’est-à-dire un risque. Et toute sa dignité consiste à ass
256 la manifeste, il crée une nouveauté, c’est-à-dire un risque. Et toute sa dignité consiste à assumer ce risque. La dignité
257 ourgeois attaché à son bas de laine ou prisonnier des assurances. Pour nous, la liberté ne consistera jamais dans la suppre
258 liberté ne consistera jamais dans la suppression des obligations, mais dans la possibilité pour chacun de courir son risqu
259 ’héroïsme. Nous savons bien que ce mot introduit une équivoque grave. Les fascismes régnants en ont fait un abus qui tend
260 uivoque grave. Les fascismes régnants en ont fait un abus qui tend à le disqualifier. Ils ont assimilé l’héroïsme au sacri
261 sion flagrante ne nous empêchera pas de prononcer un mot auquel il est urgent de rendre son prestige et sa valeur d’appel.
262 le de l’homme debout, de l’homme en acte. Non pas une morale qui impose un certain nombre de vertus officielles, et qui pre
263 de l’homme en acte. Non pas une morale qui impose un certain nombre de vertus officielles, et qui prenne pour modèle le Ci
264 itoyen-Respectable ou le Travailleur en soi. Mais une morale qui exige de chaque homme qu’il tienne sa place unique dans la
265 ait à en répondre. Il n’y a d’ordre qu’à ce prix. Une paix véritable ne saurait résulter de l’affaiblissement systématique
266 aurait résulter de l’affaiblissement systématique des antagonismes. La paix que nous voulons, l’ordre que nous voulons, la
267 ées sur leurs marchés. Mais nous nous adressons à des hommes réveillés. Nous n’appelons pas un chef, ni des meneurs, mais d
268 ssons à des hommes réveillés. Nous n’appelons pas un chef, ni des meneurs, mais des hommes humains. On ne refait un monde
269 hommes réveillés. Nous n’appelons pas un chef, ni des meneurs, mais des hommes humains. On ne refait un monde qu’avec des r
270 Nous n’appelons pas un chef, ni des meneurs, mais des hommes humains. On ne refait un monde qu’avec des responsables. 7.
271 es meneurs, mais des hommes humains. On ne refait un monde qu’avec des responsables. 7. Sans aucun pouvoir contre le cap
272 des hommes humains. On ne refait un monde qu’avec des responsables. 7. Sans aucun pouvoir contre le capitalisme et les in
273 itique, bien qu’elle soit prêchée à l’école comme une valeur morale, crée un abîme entre la vie privée et la vie publique.
274 t prêchée à l’école comme une valeur morale, crée un abîme entre la vie privée et la vie publique. Nous en voyons les cons
275 ndrons beaucoup plus longuement sur ce sujet dans un volume d’essais philosophiques en préparation : L’Homme debout. j.
8 1934, L’Ordre nouveau, articles (1933–1938). Destin du siècle ou destin de l’homme ? (mai 1934)
276 u siècle ou destin de l’homme ? (mai 1934)k Qu’ un homme perde le sens de son destin particulier, il se met fatalement à
277 nsi qu’on nous parle du « destin du siècle » avec des yeux hors de la tête, sans se poser jamais cette question pourtant bi
278 cette question pourtant bien naturelle : Comment un siècle peut-il avoir un destin ?l Le destin, c’est le fait d’une per
279 bien naturelle : Comment un siècle peut-il avoir un destin ?l Le destin, c’est le fait d’une personne. Croire à la réali
280 il avoir un destin ?l Le destin, c’est le fait d’ une personne. Croire à la réalité du « destin » souverain de la masse, de
281 cation personnelle ; c’est se reconnaître esclave des mythes irresponsables de l’époque. Lorsque nous disons que nous somme
282 enne responsable de son destin particulier. Avoir un destin propre, une vocation, c’est la seule manière que les hommes ai
283 e son destin particulier. Avoir un destin propre, une vocation, c’est la seule manière que les hommes aient jamais pu conce
284 . C’est à leur intention que je veux préciser ici un point fondamental de nos doctrines. Ceux qui nous posent la « colle »
285 e » que je viens de résumer sont de deux sortes : des inquiets ou des cyniques. Les inquiets sont inquiets par tempérament.
286 de résumer sont de deux sortes : des inquiets ou des cyniques. Les inquiets sont inquiets par tempérament. Ce sont de pauv
287 les du temps, et qui ne se rallieront jamais qu’à une révolution triomphante. On perd son temps à essayer de les convaincre
288 On perd son temps à essayer de les convaincre par des arguments : ils ne croient pas à eux-mêmes ; comment croiraient-ils à
289 e. On s’occupera d’eux en temps voulu : il y a là un problème de rééducation qui fait l’objet de nos travaux dans le domai
290 in, sous le pauvre prétexte qu’ils sont eux-mêmes des requins à l’eau de Coty. « Les intérêts sont les intérêts », affirmen
291 s de qui ? Pourquoi ? Et comment garantis ? C’est un paradoxe curieux que devoir en 1934, en pleine crise économique, des
292 x que devoir en 1934, en pleine crise économique, des garçons qui se croient « réalistes » venir défendre le régime capital
293 s » venir défendre le régime capitaliste au nom d’ un « intérêt » de plus en plus fantomatique. Avec ceux-là non plus, nous
294 travailler à nos côtés, et que retiennent encore des indécisions juvéniles, voici ce que nous avons à dire : Retournez la
295 ux « déterminismes historiques » ne sont rien que des créations de l’homme. Et de quel homme ? De cet individu des libéraux
296 ns de l’homme. Et de quel homme ? De cet individu des libéraux rationalistes, de cet être isolé dans sa prétendue « vie pri
297 e. Cela ne se passe point entre les quatre murs d’ une chambrette, ou dans les rêveries d’un cerveau délicat. Nous disons en
298 tre murs d’une chambrette, ou dans les rêveries d’ un cerveau délicat. Nous disons ensuite que cet « individu » est un escl
299 cat. Nous disons ensuite que cet « individu » est un esclave et une dupe, car il n’y a pas d’exemple, dans l’histoire, que
300 ns ensuite que cet « individu » est un esclave et une dupe, car il n’y a pas d’exemple, dans l’histoire, que l’État ait pu
301 ns l’histoire, que l’État ait pu assurer la vie d’ une collectivité dont chaque membre se déclare irresponsable. Les mythes
302 ctifs devant lesquels tremblent et s’agenouillent un grand nombre de nos contemporains10 n’expriment rien de plus qu’une c
303 e nos contemporains10 n’expriment rien de plus qu’ une certaine attitude de l’homme, l’attitude démissionnaire de l’homme en
304 décision qui crée, c’est la personne. Ici le rôle des jeunes intellectuels apparaît dans toute sa grandeur. C’est à eux qu’
305 echercher dans leur pensée les origines concrètes des grands faits qui bouleversent le monde. C’est à eux qu’il appartient,
306 ple, de déceler l’origine permanente et virtuelle des dictatures dans un fléchissement en eux du sens de leur destinée pers
307 igine permanente et virtuelle des dictatures dans un fléchissement en eux du sens de leur destinée personnelle. À l’origin
308 destinée personnelle. À l’origine de tout, il y a une attitude de l’homme. J’ai décrit, à propos des marxistes11, l’attitud
309 s lois de l’Histoire, vit d’instant en instant, d’ une tâche à une autre, d’un acte à un autre acte toujours imprévisible, t
310 Histoire, vit d’instant en instant, d’une tâche à une autre, d’un acte à un autre acte toujours imprévisible, toujours aven
311 d’instant en instant, d’une tâche à une autre, d’ un acte à un autre acte toujours imprévisible, toujours aventureux. Elle
312 en instant, d’une tâche à une autre, d’un acte à un autre acte toujours imprévisible, toujours aventureux. Elle vit dans
313 e risque et dans la décision, au lieu que l’homme des masses vit dans l’attente, la révolte et l’impuissance. La société qu
314 s revendications s’y rapportent. Nous n’avons pas une autre orthodoxie que celle de l’homme exerçant librement sa vocation
315 ule totale, et la seule qui s’attaque aux racines des mythes modernes, dont l’expression suprême s’appelle l’État. Là où l’
316 mais totalitaire. 10. Et parmi eux, la majorité des intellectuels parisiens de droite et de gauche, qui glorifient leur i
317 lieu de méthode politique. N’a-t-il pas été l’un des premiers à dénoncer la décadence bureaucratique des partis marxistes,
318 s premiers à dénoncer la décadence bureaucratique des partis marxistes, et à déclarer que selon lui les « petits groupes »
9 1934, L’Ordre nouveau, articles (1933–1938). Plans de réforme (octobre 1934)
319 Plans de réforme (octobre 1934)m J’ai un plan, tu as un plan, a-t-il un plan ? Nous avons tous un plan. Ran ta
320 de réforme (octobre 1934)m J’ai un plan, tu as un plan, a-t-il un plan ? Nous avons tous un plan. Ran tan plan. Il y a
321 bre 1934)m J’ai un plan, tu as un plan, a-t-il un plan ? Nous avons tous un plan. Ran tan plan. Il y a trois ans, quand
322 , tu as un plan, a-t-il un plan ? Nous avons tous un plan. Ran tan plan. Il y a trois ans, quand nous parlions de la néces
323 trois ans, quand nous parlions de la nécessité d’ un « ordre nouveau », cela paraissait un peu bien jeune à ces Messieurs.
324 nécessité d’un « ordre nouveau », cela paraissait un peu bien jeune à ces Messieurs. L’incident du 6 février les a fait ré
325 les derniers à nous en plaindre. Nous avons pris un peu d’avance : ils rejoindront. Voici trois manifestes qui, chacun se
326 festes qui, chacun selon ses moyens, témoignent d’ un désir de changer quelque chose à cette mécanique qu’hier encore… Mais
327 bien pourquoi nous en parlons. 1. Les discours des « Néos »12 Inutile de rappeler les circonstances anecdotiques qui
328 necdotiques qui ont vu naître ce mouvement, voici un an déjà. Il ne nous intéresse qu’en tant qu’illustration de la crise
329 ment. « Vieillissement », dit-il d’abord, « crise des vieilles formules », « tragique faiblesse du socialisme international
330 e) développé qui semble correspondre d’ailleurs à une évolution actuelle générale ? Avons-nous étudié comme il eût fallu ce
331 utable, de l’hitlérisme allemand ? » Voilà certes des questions embarrassantes pour les SFIO. Nous sera-t-il permis de sign
332 que L’Ordre nouveau serait en mesure d’y répondre un peu mieux ?13 Montagnon constate le marasme. Déat fait davantage : i
333 s que nous ayons la possibilité de faire au moins un effort pour pétrir le destin, et pour orienter l’histoire dans un sen
334 étrir le destin, et pour orienter l’histoire dans un sens plutôt que dans l’autre. Nous ne sentons plus comme cela ; nous
335 ons plus de cette résignation. » Il y aurait bien des choses à compléter dans la critique du marxisme par Déat, qui d’aille
336 e Hitler pour dénoncer l’irrémédiable impuissance des socialistes vis-à-vis du fascisme. Nous craignons donc que Déat ne so
337 ’on reconnaisse le « fait-nation » et la faillite des internationales qui n’ont pas su tenir compte de ce fait. Mais, ici d
338 il ici ? Montagnon nous l’apprend, lorsqu’il fait un panégyrique de l’État fort. Certes, nous sommes d’accord avec Max Bon
339 res : « La liberté ne se conçoit qu’en fonction d’ un ordre sur lequel elle s’appuie, par où seulement elle a une significa
340 sur lequel elle s’appuie, par où seulement elle a une signification. » Mais si cet ordre est défini par la seule puissance
341 blier ses leçons : or il est bien étrange de voir des socialistes réclamer un État renforcé, alors que leur doctrine a touj
342 est bien étrange de voir des socialistes réclamer un État renforcé, alors que leur doctrine a toujours défini l’État comme
343 jours défini l’État comme l’organe d’oppression d’ une classe sur toutes les autres. Nous attendons avec une méfiance motivé
344 classe sur toutes les autres. Nous attendons avec une méfiance motivée, je le répète, les prochaines évolutions des « néos 
345 motivée, je le répète, les prochaines évolutions des « néos ». S’ils veulent entraîner la jeunesse, qu’ils se disent bien
346 tion nécessaire, c’est d’abord d’oser rompre avec des confusions qui sont peut-être d’un bon rendement électoral, mais qui
347 r rompre avec des confusions qui sont peut-être d’ un bon rendement électoral, mais qui empêtrent tout élan vers un ordre v
348 ment électoral, mais qui empêtrent tout élan vers un ordre vraiment nouveau. C’est un effort doctrinal qu’il faudrait, — c
349 t tout élan vers un ordre vraiment nouveau. C’est un effort doctrinal qu’il faudrait, — celui-là même que nous poursuivons
350 Thibaudet, lequel craignait que ce plan ne fût qu’ une œuvre d’intellectuels ! Ce sont des hommes d’action qui « foncent » a
351 lan ne fût qu’une œuvre d’intellectuels ! Ce sont des hommes d’action qui « foncent » ainsi sur les difficultés. Voyons un
352 qui « foncent » ainsi sur les difficultés. Voyons un peu sur quelles difficultés. Difficultés morales d’abord. La France e
353 és morales d’abord. La France est démoralisée par une « oligarchie de profiteurs ». Mais les mystiques fascistes ne la sauv
354 es. Il ne s’agit pas d’uniformiser, mais d’opérer une synthèse. » — « Émanciper un individu, c’est d’abord lui donner le mo
355 iser, mais d’opérer une synthèse. » — « Émanciper un individu, c’est d’abord lui donner le moyen de vivre par son travail,
356 ui donner le moyen de vivre par son travail, dans un cadre qu’il connaît et qu’il accepte, dans une société à laquelle il
357 ans un cadre qu’il connaît et qu’il accepte, dans une société à laquelle il peut collaborer. » — Enfin le Plan réclame « la
358 t, « dont le fonctionnement exclut par définition une rénovation politique profonde ». Puis ils donnent un projet de consti
359 rénovation politique profonde ». Puis ils donnent un projet de constitution aux termes duquel « le pouvoir législatif sera
360 ffrage universel intégral (femmes comprises) pour une durée de 6 ans. Le vote sera obligatoire sous peine d’amende. » Vous
361 e l’avoue, en quoi elles cesseront de s’opposer à une « rénovation politique profonde ») on adjoindra un Conseil national é
362 e « rénovation politique profonde ») on adjoindra un Conseil national économique, « composé de représentants des intérêts
363 l national économique, « composé de représentants des intérêts économiques groupés dans le cadre professionnel et régional 
364 t les magiciens du Plan. Enfin, le Plan préconise un renforcement de l’exécutif et une présidence du Conseil « permanente 
365 e Plan préconise un renforcement de l’exécutif et une présidence du Conseil « permanente » (?). Lisons plus loin. « La Fran
366 ?). Lisons plus loin. « La France sera divisée en une vingtaine de régions, qui deviendront les circonscriptions administra
367 olitiques essentielles du pays, en même temps que des centres économiques et intellectuels. » N’y a-t-il pas ici trop de ch
368 N’y a-t-il pas ici trop de choses ? Et peut-être une dangereuse confusion, que nous avions pris soin d’éviter16, entre l’é
369 ntre en contact avec les réalités. C’est pourquoi une expérience de travail manuel devra être instituée… pour tous les jeun
370 stituée… pour tous les jeunes gens se destinant à des carrières industrielles et commerciales. » C’est l’amorce de notre co
371 service civil, mais entreprise à rebours, et dans un sens qui ne peut aboutir qu’à l’encasernement17. Je saute le chapitre
372 e dernier alinéa). Mais il y manque l’essentiel : une conception nette et honnête de la corporation. Je ne trouve là-dessus
373 et évasives. Par contre, je trouve deux pages sur un projet d’« extension africaine », qui me paraît une rêverie de capita
374 n projet d’« extension africaine », qui me paraît une rêverie de capitaliste en faillite. Et combien de formules dans le ge
375 n de formules dans le genre de celles-ci : « Dans une telle atmosphère on pourra envisager une large politique (sic) de dég
376 : « Dans une telle atmosphère on pourra envisager une large politique (sic) de dégrèvements fiscaux » ; ou « … un cours moy
377 olitique (sic) de dégrèvements fiscaux » ; ou « … un cours moyen qu’aurait fixé, après des tâtonnements inévitables, un go
378 x » ; ou « … un cours moyen qu’aurait fixé, après des tâtonnements inévitables, un gouvernement épris d’économie dirigée ma
379 ’aurait fixé, après des tâtonnements inévitables, un gouvernement épris d’économie dirigée mais tenu de respecter les indi
380 onsiste simplement (sic) à créer les conditions d’ une liberté réelle, et en attendant d’y parvenir, à ménager les mesures d
381 ui paraîtront nécessaires. » Est-ce là le langage des « hommes d’action » dont Jules Romains se montre si fier ? N’est-ce p
382 N’est-ce pas plutôt le verbiage et la logomachie des députés vis-à-vis desquels le même Romains se montre d’ailleurs non m
383 e faisaient pas sonner leur mandat, leur habitude des travaux politiques… » N’est-ce pas touchant ? Mais je m’en voudrais d
384 les nôtres, et qui sont aussi celles de certains des « néos », c’est pour montrer que les amorces de la plupart de nos ins
385 ous faut faire de ce plan est la suivante : c’est un plan réformiste, tourné vers le passé, non vers l’avenir. C’est un pl
386 e, tourné vers le passé, non vers l’avenir. C’est un plan ingénieux, ce n’est pas un « changement de plan ». C’est un plan
387 s l’avenir. C’est un plan ingénieux, ce n’est pas un « changement de plan ». C’est un plan de bourgeois et même de capital
388 ux, ce n’est pas un « changement de plan ». C’est un plan de bourgeois et même de capitalistes bourgeois. Et tel qu’il est
389 st, il ne peut aboutir qu’au « fascisme ». Mais à un fascisme sans mystique, pas même populaire. Jules Romains y insiste :
390 laire. Jules Romains y insiste : ce plan n’est qu’ un programme minimum. Mais nous voulons, nous, un programme maximum ! No
391 qu’un programme minimum. Mais nous voulons, nous, un programme maximum ! Nous voulons une reprise à la base, à la racine d
392 oulons, nous, un programme maximum ! Nous voulons une reprise à la base, à la racine de tous les problèmes. Nous savons bie
393 e la révolution qu’il faut à tous : la révolution des mœurs et de la culture, la révolution antibourgeoise, anticapitaliste
394 ectif et communautaire de la nation. Qu’est-ce qu’ un plan de gouvernement qui paraît ignorer ce principe ? Qui ne le nomme
395 vie profonde du peuple et de l’activité créatrice des élites ? Ni le pouvoir ni les lois ne peuvent compter sur une longue
396 Ni le pouvoir ni les lois ne peuvent compter sur une longue durée ou sur une action un peu féconde, s’ils ne sont pas en r
397 is ne peuvent compter sur une longue durée ou sur une action un peu féconde, s’ils ne sont pas en rapport avec les mœurs, a
398 nt compter sur une longue durée ou sur une action un peu féconde, s’ils ne sont pas en rapport avec les mœurs, avec les se
399 , avec les sentiments, avec les intérêts généraux des hommes à qui ils s’adressent, et si ces hommes, à leur tour, ne se tr
400 et d’idées qui forme ce qu’on appelle l’esprit d’ une nation, c’est-à-dire la nation elle-même. Or c’est bien le principe d
401 la nation elle-même. Or c’est bien le principe d’ une communauté nouvelle, ce ferment révolutionnaire, qui fait défaut au P
402 ustes que soient les velléités qu’il trahit, qu’à un réformisme craintif, limité, purement défensif — celui même de M. Dou
403 — si l’on peut dire — qui pourraient être dégagés des deux discours du président sont tirés en effet du Plan du 9 juillet.
404 en effet du Plan du 9 juillet. Emprunts timides à un plan trop prudent pour être honnête. Emplâtres collés sur des lésions
405 p prudent pour être honnête. Emplâtres collés sur des lésions qui réclameraient plutôt un coup de bistouri. La bonne volont
406 s collés sur des lésions qui réclameraient plutôt un coup de bistouri. La bonne volonté en service commandé qui éclate dan
407 er aux yeux de beaucoup de Français l’impuissance des vieilles formules marxistes ou libérales, et la nécessité d’une const
408 ormules marxistes ou libérales, et la nécessité d’ une construction nouvelle ; elle travaille donc pour nous. 2° Les élémen
409 donc pour nous. 2° Les éléments les plus solides des constructions qu’on nous propose sont ceux que L’Ordre nouveau a défi
410 parce que c’est. Il ne s’agit pas de nous, mais d’ une doctrine — la seule — qui nous sortira du pétrin. La raison de l’avan
411 us gardons sur tous les groupes qu’on voit surgir un peu partout est aussi simple que profonde : c’est que l’Ordre nouveau
412 e nouveau, avant toute construction, se fonde sur une conception totale de l’homme et sur une absolue intransigeance morale
413 fonde sur une conception totale de l’homme et sur une absolue intransigeance morale : en un mot, sur la personne et sur les
414 mme et sur une absolue intransigeance morale : en un mot, sur la personne et sur les personnes ; c’est que l’Ordre nouveau
415 t les articles que nous avons publiés jusque dans des journaux italiens pour combattre les erreurs du corporatisme fasciste
10 1935, L’Ordre nouveau, articles (1933–1938). Un exemple de tactique révolutionnaire chez Lénine (janvier 1935)
416 Un exemple de tactique révolutionnaire chez Lénine (janvier 1935)n 1.
417 1935)n 1. « Groupe compact, nous cheminons par une voie escarpée et difficile, nous tenant fortement par la main. Nous s
418 ent sous le feu. Nous nous sommes unis en vertu d’ une décision librement consentie, afin de combattre nos ennemis et de ne
419 ôtes n’ont cessé de nous blâmer d’avoir constitué un groupe spécial et préféré la lutte à la conciliation. » 2. « Sans thé
420 e. On ne saurait trop insister sur cette vérité à une époque où l’engouement pour les formes les plus étroites du praticism
421 menacent de le faire dévier… Dans ces conditions, une erreur “insignifiante” au premier abord peut avoir les plus déplorabl
422 verses de fractions et la délimitation rigoureuse des nuances. » 4. « Seul un mouvement dirigé par une théorie d’avant-gard
423 délimitation rigoureuse des nuances. » 4. « Seul un mouvement dirigé par une théorie d’avant-garde peut jouer le rôle de
424 des nuances. » 4. « Seul un mouvement dirigé par une théorie d’avant-garde peut jouer le rôle de combattant d’avant-garde.
425 ion qu’on peut développer la conscience politique des ouvriers à l’intérieur de leur lutte économique, en se basant uniquem
426 e la population ».   Ces phrases sont extraites d’ une brochure de Lénine intitulée Que faire ?19 Elles combattent la déviat
427 te à gauche. Elles conduisent Lénine à se séparer des populistes et des économistes au congrès de Bruxelles en 1903 (fondat
428 conduisent Lénine à se séparer des populistes et des économistes au congrès de Bruxelles en 1903 (fondation du parti bolch
429 majoritaire) ; puis à se séparer de Plekhanov et des vieux marxistes au congrès de Londres en 1905. En d’autres termes, el
430 malgré le nom de « majoritaires » que le hasard d’ un scrutin leur a fait attribuer. Elles préparent les années de solitude
431 qui contiennent le secret décisif de la victoire des extrémistes en octobre 1917. Contre les partisans de l’ouvriérisme in
432 cessé de se répandre en sarcasmes. Martinov, chef des populistes, avait écrit contre Lénine et son organe, l’Iskra, une sér
433 avait écrit contre Lénine et son organe, l’Iskra, une série de pamphlets dont le ton rappelle à s’y méprendre celui des att
434 phlets dont le ton rappelle à s’y méprendre celui des attaques dont nous sommes l’objet de la part de certains intellectuel
435 litique, dans la mesure où il heurte les intérêts des catégories les plus diverses de la population. Quant à nous, nous tra
436 s sincères (dans le contexte) concernant la lutte des classes20. Mais les cinq phrases que nous citons ci-dessus définissen
437 inq phrases que nous citons ci-dessus définissent une tactique de groupe dont il est impossible de ne pas souligner l’exact
438 le que de « vastes rassemblements » ; de soutenir des thèses constructives « trop avancées pour l’époque » ; enfin, de ne p
439 sions critiques : 1° Lénine a triomphé en vertu d’ une tactique qui n’avait rien de « marxiste » au sens courant et vulgaris
440 ent marxiste. Elle commandait, bien au contraire, un développement de la révolution dans le sens personnaliste. C’est le h
441 et les trahisons. À nous de reprendre maintenant une tactique qui n’est défendable jusqu’au bout que par des révolutionnai
442 ctique qui n’est défendable jusqu’au bout que par des révolutionnaires personnalistes. Le « groupe compact », restreint en
443 quant à la doctrine, visant non pas au triomphe d’ une seule classe, mais à l’établissement d’un régime à la mesure de la vo
444 mphe d’une seule classe, mais à l’établissement d’ un régime à la mesure de la vocation humaine, c’est L’Ordre nouveau. Nos
445 ue de Lénine. C’est ainsi — pour ne mentionner qu’ un exemple — que nous ne demanderons pas à nos adhérents de devenir des
446 ous ne demanderons pas à nos adhérents de devenir des « révolutionnaires professionnels », c’est-à-dire des êtres méthodiqu
447 « révolutionnaires professionnels », c’est-à-dire des êtres méthodiquement isolés des contingences humaines. Au contraire,
448 s », c’est-à-dire des êtres méthodiquement isolés des contingences humaines. Au contraire, nous poserons comme première con
449 a seule totale. La révolution pour nous n’est pas une profession, mais une attitude pleinement humaine. Elle n’est pas d’ab
450 volution pour nous n’est pas une profession, mais une attitude pleinement humaine. Elle n’est pas d’abord une prise de pouv
451 titude pleinement humaine. Elle n’est pas d’abord une prise de pouvoir économique et politique, après quoi l’on verrait à v
452 quoi l’on verrait à vivre ; mais elle est d’abord une manière de vivre, qui conduira nécessairement à changer les instituti
453 nt à changer les institutions. Nous ne sommes pas un groupe d’agitateurs ou d’hommes de main au service d’un idéal mythiqu
454 upe d’agitateurs ou d’hommes de main au service d’ un idéal mythique et vaguement défini. Nous voulons être, et nous serons
455 ous voulons être, et nous serons de plus en plus, un ordre, une communauté de personnes qui ont fait la révolution dans le
456 s être, et nous serons de plus en plus, un ordre, une communauté de personnes qui ont fait la révolution dans leur vie, qui
457 e, pratiquement, son succès fut l’œuvre non pas d’ une classe, mais d’un groupe restreint et « compact » d’intellectuels iss
458 n succès fut l’œuvre non pas d’une classe, mais d’ un groupe restreint et « compact » d’intellectuels issus de la bourgeois
459 s trouvé « pratique ». n. Rougemont Denis de, «  Un exemple de tactique révolutionnaire chez Lénine », L’Ordre nouveau, P
11 1935, L’Ordre nouveau, articles (1933–1938). Quatre indications pour une culture personnaliste (février 1935)
460 Quatre indications pour une culture personnaliste (février 1935)o 1. — La culture ne doit pas
461 )o 1. — La culture ne doit pas tendre à former des personnes. Mais elle doit être formée par des personnes dans l’exerci
462 mer des personnes. Mais elle doit être formée par des personnes dans l’exercice de leur vocation. La personne est, ou n’es
463 onnalité, elle ne se cultive pas ; elle n’est pas un produit soit de l’éducation, soit de l’industrie pédagogique. Quand e
464 e, dès lors, c’est de savoir comment l’exercice d’ une vocation peut être protégé, voire même favorisé, par l’instruction pu
465 urelle. La réponse ne peut faire de doute : seule une culture constituée et transmise par des personnes assujetties aux ord
466 e : seule une culture constituée et transmise par des personnes assujetties aux ordres de leur vocation, et responsables de
467 dire très différentes, mais cependant unies dans une même religion de l’irresponsabilité. Voici d’une part les fonctionnai
468 es officielles, instituts de propagande, revues d’ un certain monde ou même de deux, etc.). — Et d’autre part, voici les di
469 ique. Car les uns nient cette communauté au nom d’ une liberté dont ils négligent d’ailleurs de témoigner par des actes qu’i
470 té dont ils négligent d’ailleurs de témoigner par des actes qu’ils l’ont, et les autres la nient d’une manière plus subtile
471 des actes qu’ils l’ont, et les autres la nient d’ une manière plus subtile : en l’affirmant officiellement, à tant l’articl
472 rticle ou à tant l’heure de cours. Nous disons qu’ une culture constituée et transmise par des hommes qui refusent de rester
473 disons qu’une culture constituée et transmise par des hommes qui refusent de rester responsables personnellement de leur ac
474 sables personnellement de leur activité constitue un obstacle et un principe de mort pour l’épanouissement et l’exercice d
475 llement de leur activité constitue un obstacle et un principe de mort pour l’épanouissement et l’exercice de la personne.
476 ise de parti : or c’est là ce que raille l’équipe des dilettantes ; mais elle est un choix libre, et donc non conformiste :
477 e raille l’équipe des dilettantes ; mais elle est un choix libre, et donc non conformiste : or c’est là ce que craint l’éq
478 conformiste : or c’est là ce que craint l’équipe des fonctionnaires. Seule la grandeur suscite et favorise la grandeur. S
479 et favorise la grandeur. Seule l’énergie éveille des énergies. Seul l’exercice d’une vocation unique tolère et favorise l’
480 l’énergie éveille des énergies. Seul l’exercice d’ une vocation unique tolère et favorise l’exercice d’autres vocations.   2
481 de monter la garde autour de la mesure vivante d’ une civilisation. Par « mesure », nous voulons désigner le principe norm
482 e », nous voulons désigner le principe normatif d’ une civilisation ; non point toujours son principe officiel, mais son pri
483 sacrifices quotidiens. C’est ainsi que la mesure des civilisations antiques était l’homme dans la cité ; que la mesure du
484 mesure du monde capitaliste est l’argent, qui est une fausse mesure ; que la mesure du monde socialiste serait la productio
485 moins fausse que l’argent ; que la mesure enfin d’ une civilisation nouvelle ne peut être que la personne. Une mesure vivant
486 vilisation nouvelle ne peut être que la personne. Une mesure vivante, ce n’est pas un étalon fixe. C’est un principe dynami
487 que la personne. Une mesure vivante, ce n’est pas un étalon fixe. C’est un principe dynamique, c’est une tension permanent
488 esure vivante, ce n’est pas un étalon fixe. C’est un principe dynamique, c’est une tension permanente et féconde. Nous voy
489 n étalon fixe. C’est un principe dynamique, c’est une tension permanente et féconde. Nous voyons aussitôt que la « mesure »
490 ssitôt que la « mesure » du monde de l’argent est une fausse mesure culturelle. Car c’est ici d’un chiffre que dépendent la
491 est une fausse mesure culturelle. Car c’est ici d’ un chiffre que dépendent la puissance, et la vertu, et l’invention, et l
492 vention, et l’amour même. Et ce chiffre n’est pas un « nombre d’or », un secret de la vie, mais une convention de banquier
493 même. Et ce chiffre n’est pas un « nombre d’or », un secret de la vie, mais une convention de banquiers. Il est contre nat
494 pas un « nombre d’or », un secret de la vie, mais une convention de banquiers. Il est contre nature que l’amour, la puissan
495 tre nature que l’amour, la puissance, dépendent d’ une chose morte, quand leur essence est vie. Or nous voyons la même erreu
496 mesure culturelle devait provoquer l’invention d’ une série de pseudo-mesures que le libéralisme et l’anarchie bourgeoise o
497 soviétique, plus rigoureux dans son application d’ une erreur initiale identique, par là même plus apte à créer de la grande
498 . Une fois toute la société adaptée au cadre fixe des cités, hiérarchisée, soumise au bien d’une élite plus jalouse de ses
499 e fixe des cités, hiérarchisée, soumise au bien d’ une élite plus jalouse de ses droits que de ses charges, la mesure meurt,
500 t toute tension disparaît. Il faut que la révolte des esclaves vienne recréer une tension par en bas22. La mesure d’une soc
501 l faut que la révolte des esclaves vienne recréer une tension par en bas22. La mesure d’une société personnaliste est au co
502 nne recréer une tension par en bas22. La mesure d’ une société personnaliste est au contraire infiniment vivante : car la pe
503 ontraire infiniment vivante : car la personne est un principe universel, et quand bien même tous les hommes seraient deven
504 quand bien même tous les hommes seraient devenus des personnes, la tension, loin de disparaître, atteindrait au contraire
505 ateur. La personne est par excellence la mesure d’ une société ouverte. La société personnaliste a pour fin l’extension maxi
506 ne de la personne. On peut concevoir et souhaiter une « personnalisation » infinie de l’humanité. Principe de la véritable
507 ncipe de la véritable « démocratie » culturelle : une élite dont le sens et l’honneur soit de s’agréger le plus grand nombr
508 onne —, la méthode ne saurait être que l’exercice des vocations particulières. Les changements de détail à opérer seraient
509 art des cas facilement découverts in concreto par des hommes que posséderait le sens de leur vocation enseignante. Or ces h
510 cipe. Ils travailleraient en toute confiance dans un ensemble organiquement articulé, c’est-à-dire dominé par une commune
511 e organiquement articulé, c’est-à-dire dominé par une commune mesure.   3. — La culture ayant une mesure commune avec l’éco
512 é par une commune mesure.   3. — La culture ayant une mesure commune avec l’économique, le social et le politique, la créat
513 , la création intellectuelle ne sera plus séparée des « masses ». Une culture isolée n’est pas une vraie culture ; elle n’
514 ellectuelle ne sera plus séparée des « masses ». Une culture isolée n’est pas une vraie culture ; elle n’est plus responsa
515 rée des « masses ». Une culture isolée n’est pas une vraie culture ; elle n’est plus responsable de son action concrète. D
516 est plus responsable de son action concrète. Dans un monde de « masses » — soviétiste ou fasciste — le rôle de la culture
517 monde capitaliste, la culture n’est plus guère qu’ un luxe injustifié. Du simple fait qu’il y a des « masses », la culture
518 e qu’un luxe injustifié. Du simple fait qu’il y a des « masses », la culture se trouve isolée de la vie populaire et de la
519 populaire et de la politique qui l’exploite. Mais un monde personnaliste est un monde où la « masse » s’organise, se fragm
520 e qui l’exploite. Mais un monde personnaliste est un monde où la « masse » s’organise, se fragmente en communautés organiq
521 organise, se fragmente en communautés organiques. Un monde personnaliste est un monde sans masses. C’est dans un monde com
522 ommunautés organiques. Un monde personnaliste est un monde sans masses. C’est dans un monde communautaire seulement que la
523 ersonnaliste est un monde sans masses. C’est dans un monde communautaire seulement que la culture peut créer librement. El
524 ergence féconde — avec les voies de développement des autres organismes producteurs. Non pas en vertu d’une contrainte ou d
525 autres organismes producteurs. Non pas en vertu d’ une contrainte ou de quelque plan étatique, mais à partir d’une commune m
526 inte ou de quelque plan étatique, mais à partir d’ une commune mesure et pour des fins dernières identiques.   4. — L’autori
527 tique, mais à partir d’une commune mesure et pour des fins dernières identiques.   4. — L’autorité culturelle ne sera pas l
528 première communauté, mais il faut dire encore qu’ une telle communauté est la Révolution, sans nul autre attribut. Nous avo
529 éducation devra éviter que les hommes deviennent des victimes d’une seule tendance et passent au rang d’organes ; il s’agi
530 a éviter que les hommes deviennent des victimes d’ une seule tendance et passent au rang d’organes ; il s’agit de lutter con
531 naturelle à la division du travail. Il faut créer des êtres dirigeants qui conservent une vue d’ensemble, qui contemplent l
532 Il faut créer des êtres dirigeants qui conservent une vue d’ensemble, qui contemplent le jeu de la vie et qui y participent
533 point avec violence et ne la dirigeront pas vers un seul but à l’exclusion de tout autre24. » Mais il nous faut arrêter l
534 monnaye pas. Et la richesse matérielle n’est pas un élément constitutif de la personne, bien au contraire. Le révolutionn
535 ue par nécessité interne. Mais la revendication d’ une caste est plus grave. Elle contredit les fins de la révolution. Elle
536 ment même de la personne, mesure par excellence d’ une société ouverte. L’erreur de Nietzsche est manifeste : il a conçu sa
537 i elle échoue à le créer, c’est qu’elle n’est pas une vraie révolution, mais simplement une dictature de plus. Or ce n’est
538 e n’est pas une vraie révolution, mais simplement une dictature de plus. Or ce n’est pas avec les dictatures qu’on a jamais
539 sa vocation. 22. Cf. Arnaud Dandieu : Y a-t-il un seuil entre cité et humanité ? (Archives de philosophie du droit, 193
540 o. Rougemont Denis de, « Quatre indications pour une culture personnaliste », L’Ordre nouveau, Paris, février 1935, p. 13-
12 1935, L’Ordre nouveau, articles (1933–1938). L’édit de Nantes et sa révocation (mars-avril 1935)
541 de Nantes et sa révocation (mars-avril 1935)p Un conflit religieux « déchire » la France lors de l’avènement de Henri
542 a-t-il « apaisé » quoi que ce soit, en imposant à un conflit spirituel le cadre étatique d’un décret destiné avant tout à
543 posant à un conflit spirituel le cadre étatique d’ un décret destiné avant tout à raffermir le centralisme politique ? 2. L
544 éside à la révocation de l’édit est-elle vraiment une doctrine opposée à celle qui préside à sa promulgation ? I On sa
545 olitique Henri IV prétendit mettre fin à la lutte des ligueurs et de l’Union calviniste. Il venait de se faire catholique e
546 ’abandonner. L’homme qui venait d’« apaiser » par une boutade le conflit qui depuis longtemps avait « déchiré » sa conscien
547 iré » sa conscience, l’homme du « Paris vaut bien une messe ! », c’est encore l’homme de l’Édit. À tout prendre, l’édit n’e
548 ’homme de l’Édit. À tout prendre, l’édit n’est qu’ une réédition de la boutade, sur le plan de l’État. La paix d’abord, à n’
549 re, catholiques et protestants. « Paris vaut bien une messe » est injurieux pour la messe et le prêche, qui se voient préfé
550 nne au raffermissement de l’État. Que peut valoir un « ordre » imposé brutalement de l’extérieur à deux partis, sans tenir
551 t de l’extérieur à deux partis, sans tenir compte des exigences spirituelles fondamentales de chacun des antagonistes ? Fix
552 es exigences spirituelles fondamentales de chacun des antagonistes ? Fixer, cristalliser de la sorte un conflit, c’est fixe
553 es antagonistes ? Fixer, cristalliser de la sorte un conflit, c’est fixer et cristalliser un désordre. C’est croire que l’
554 la sorte un conflit, c’est fixer et cristalliser un désordre. C’est croire que l’absence de guerre suffit à établir une p
555 t croire que l’absence de guerre suffit à établir une paix vivante. C’est l’éternelle erreur de l’État policier. D’ailleurs
556 cet « ordre », qui se fonde sur la méconnaissance des réalités spirituelles, se révélera bientôt inefficace dans la pratiqu
557 ins privilèges théoriques (tels que l’institution des chambres mi-parties, ou la délégation auprès du roi), exaspère les ca
558 célébré que hors les murs, et qui souffre partout des pires vexations), il ne fait pas droit davantage à la grande revendic
559 ait pas droit davantage à la grande revendication des calvinistes. En apprenant que l’édit vient d’être proclamé, le pape s
560 tentats perpétrés contre Henri IV à l’instigation des jésuites, la prétention toujours plus affichée des rois à revenir à l
561 es jésuites, la prétention toujours plus affichée des rois à revenir à la formule « Un roi, une loi, une foi » — formule fa
562 s plus affichée des rois à revenir à la formule «  Un roi, une loi, une foi » — formule fasciste, dirions-nous aujourd’hui
563 ffichée des rois à revenir à la formule « Un roi, une loi, une foi » — formule fasciste, dirions-nous aujourd’hui –, les in
564 es rois à revenir à la formule « Un roi, une loi, une foi » — formule fasciste, dirions-nous aujourd’hui –, les intrigues «
565 s temples — il suffisait de faire entrer par ruse un seul relaps dans un temple pour pouvoir décréter sa destruction —, l’
566 sait de faire entrer par ruse un seul relaps dans un temple pour pouvoir décréter sa destruction —, l’émigration en masse
567 décréter sa destruction —, l’émigration en masse des protestants fuyant les « missionnaires bottés », enfin la corruption
568 orruption officiellement instituée avec la Caisse des Conversions de Pellisson, tout cela suffit à qualifier l’espèce de « 
569 de « paix » que l’État prétend assurer au mépris des réalités spirituelles, et sous prétexte d’apaiser leur conflit. Si l’
570 oule les antagonismes spirituels en y substituant un cadre fixe et centraliste. Ce faisant, on cristallise ces antagonisme
571 agonismes, on les empêche de mûrir et d’aboutir à une tension équilibrée et créatrice — comme ce fut le cas en Angleterre,
572 empoisonne la vie morale de la nation. Il devient un foyer de fièvre et un facteur d’énervement. Les deux forces antagonis
573 le de la nation. Il devient un foyer de fièvre et un facteur d’énervement. Les deux forces antagonistes artificiellement s
574 ret que représente cette opération ? (Il y aurait une espèce de psychanalyse à inventer : l’étude des refoulements spiritue
575 t une espèce de psychanalyse à inventer : l’étude des refoulements spirituels, et des complexes qui en résultent, créés par
576 nventer : l’étude des refoulements spirituels, et des complexes qui en résultent, créés par l’intervention de l’État dans d
577 ésultent, créés par l’intervention de l’État dans des domaines qui ne sont pas du ressort de la politique. L’explosion révo
578 au cadre de l’État, la France est divisée pendant un siècle en trois factions : — la faction catholique, dont l’opinion es
579 du clergé réclamant à grands cris la destruction des réformés (1660) et exhortant le roi à « terrasser d’un seul coup l’hy
580 solutisme de Louis XIV sera l’expression achevée. Une phrase de Bossuet nous en apprend sur cette doctrine davantage que le
581 est elle qui doit fatalement triompher. Cependant une difficulté subsiste. L’édit a été donné comme « perpétuel et irrévoca
582 ’entre eux. Les intendants peuvent envoyer au roi des rapports annonçant « qu’il n’y a plus de protestants en France ». Pou
583 testants en France ». Pourquoi maintenir dès lors un édit sans objet ? Ce délicat souci de légalité, si l’on ne peut aller
584 V, demeure tout de même le trait qui le distingue des fascistes contemporains. Certes, en tête de l’arrêt de révocation, ré
585 montains d’obtenir ce qu’ils n’ont pas pu obtenir un siècle plus tôt. L’édit fut révoqué, dit Saint-Simon, « sans le moind
586 inscrite dans les faits ! La raison de l’État est une raison abstraite, — nous croyons l’avoir dit suffisamment. Mais on pe
587 œuvre est commencée par Henri IV lorsqu’il édicte une paix qui n’est qu’un « désordre » concret. Et c’est elle, avant tout,
588 r Henri IV lorsqu’il édicte une paix qui n’est qu’ un « désordre » concret. Et c’est elle, avant tout, qui ourdit (pour rep
589 de Saint-Simon) « ce complot affreux qui dépeupla un quart du royaume, qui ruina son commerce, qui l’affaiblit dans toutes
590 ui le mit si longtemps au pillage public et avoué des dragons, qui autorisa les tourments et les supplices dans lesquels il
591 e nouvelles villes, qui leur donna le spectacle d’ un si prodigieux peuple proscrit, nu, fugitif, errant sans crime… enfin
592 et à leur repos et achetaient l’un et l’autre par des abjurations simulées, d’où, sans intervalles, on les traînait à adore
593 sence de réalisme : attribuer à la « méchanceté » des hommes ce qui ressort tout logiquement de leurs délibérés calculs et
594 rt tout logiquement de leurs délibérés calculs et des desseins politiques les plus clairs. Notre intention, dans cette brèv
595 r au conflit politique et religieux de son époque une tournure moins fatale pour l’avenir du pays. (Nous nous sommes conten
596 s sommes contenté d’indiquer au passage l’exemple des solutions fédéralistes qui furent réalisées à l’étranger.) Mais nous
597 .) Mais nous avons voulu souligner fortement, par un exemple à peu près idéal, le sens du déterminisme inhérent à tout éta
598 étatisme. Il a fallu toute l’inconsciente astuce des clercs nantis par le régime actuel pour camoufler l’édit de Nantes en
599 t pour dissimuler le fait patent de la similitude des intentions qui présidèrent à l’octroi de l’édit aussi bien qu’à sa ré
600 s Richelieu avortés ou montés en graine (disons : un Mandel, un Flandin) trouvent jamais le tonus nécessaire pour proclame
601 avortés ou montés en graine (disons : un Mandel, un Flandin) trouvent jamais le tonus nécessaire pour proclamer les quelq
602 vers Roosevelt ou vers Mussolini, plutôt que vers un passé trop suspect à leur orthodoxie laïque. Mais le système capitali
603 ivons bel et bien sous le régime de la révocation des droits de la Personne. Et c’est pourquoi la considération de certains
604 de certains précédents, qui paraîtront, aux yeux des historiens futurs, bien anodins, n’est peut-être pas inutile, avant d
13 1935, L’Ordre nouveau, articles (1933–1938). À propos du 14 juillet (juillet-août 1935)
605 ans l’un et l’autre cas destructeur de la liberté des personnes, destructeur du sentiment patriotique, destructeur à gauche
606 ent patriotique, destructeur à gauche et à droite des forces vives du pays. À l’heure présente, une chose est claire : le F
607 ite des forces vives du pays. À l’heure présente, une chose est claire : le Front populaire travaille pour M. Litvinoff, le
608 et de droite l’ignorent encore, c’est en vertu d’ une double erreur, que L’Ordre nouveau seul a dénoncée depuis longtemps :
609 eurs de fonds. Erreur sur la mystique : la lutte des « nationaux » contre les « populaires » ne fait que prolonger dans la
610 de matraques et mitrailleuses. Au lieu de tomber un ministère quelconque, on s’apprête à descendre des centaines de Franç
611 un ministère quelconque, on s’apprête à descendre des centaines de Français. Au bénéfice de qui, nous l’avons dit. Quand le
612 s auront compris que la peur de Chiappe n’est pas un programme, sonnera l’heure de L’Ordre nouveau. q. Rougemont Denis
613 ns L’Ordre nouveau et dans le Bulletin de liaison des groupes Ordre nouveau, nous tenons exceptionnellement à citer un frag
614 e nouveau, nous tenons exceptionnellement à citer un fragment de l’article extrêmement important publié par Denis de Rouge
14 1935, L’Ordre nouveau, articles (1933–1938). La situation politique en France (octobre 1935)
615 ugent Nous n’avons guère parlé de la politique des partis, dans cette revue : c’est le sujet le plus vain, le plus stéri
616 qu’on essaie d’y réfléchir, au lieu de ressasser des opinions toutes faites prises à droite et à gauche dans des journaux
617 ns toutes faites prises à droite et à gauche dans des journaux dont l’éloge n’est plus à faire. Mais nous sommes en train d
618 aire. Mais nous sommes en train d’assister depuis un an à un phénomène nouveau, et dont les suites pourront avoir un certa
619 is nous sommes en train d’assister depuis un an à un phénomène nouveau, et dont les suites pourront avoir un certain intér
620 nomène nouveau, et dont les suites pourront avoir un certain intérêt pour notre action. Soit qu’ils reprennent quelque vit
621 n, Front social, etc., enfin tout le remue-ménage des « regroupements » de la gauche, aboutissant à cette union panique qui
622 ent — dans le brave colonel de la Rocque. 2. —  Une gauche et une droite pour changer Et tout cela, dira-t-on, pour re
623 brave colonel de la Rocque. 2. — Une gauche et une droite pour changer Et tout cela, dira-t-on, pour retomber dans ce
624 ient deux oppositions nécessaires à l’équilibre d’ un centre qui seul était pris au sérieux par le pays. On l’a dit et redi
625 crise a pour effet normal de ruiner la confiance un peu béate que l’on mettait dans l’immobilité même du centre. Quand l
626 aire quelque chose », cela se traduit en fait par un vote à gauche ou à droite. C’est ainsi que la gauche et la droite ces
627 deux pôles de la nouvelle vie politique. La carte des partis parlementaires tend à recouvrir de plus en plus exactement la
628 d à recouvrir de plus en plus exactement la carte des mystiques qui divisent la France depuis 150 ans. Il n’y a plus une ga
629 divisent la France depuis 150 ans. Il n’y a plus une gauche généreuse et une droite « réaliste » plus symboliques qu’effic
630 is 150 ans. Il n’y a plus une gauche généreuse et une droite « réaliste » plus symboliques qu’efficaces, autour d’un centre
631 éaliste » plus symboliques qu’efficaces, autour d’ un centre solidement établi sur les intrigues et les routines des comité
632 lidement établi sur les intrigues et les routines des comités. Il y a un Front populaire et un Front national, où se confon
633 les intrigues et les routines des comités. Il y a un Front populaire et un Front national, où se confondent mystique et po
634 outines des comités. Il y a un Front populaire et un Front national, où se confondent mystique et politique, et entre deux
635 mystique et politique, et entre deux la débandade des radicaux, en tout cas leur mauvaise conscience de centristes. Notons
636 traduisent plus exactement la vieille opposition des blancs et des rouges, du châtelain et du métayer. C’est par rapport à
637 us exactement la vieille opposition des blancs et des rouges, du châtelain et du métayer. C’est par rapport à la menace ou
638 soutiennent et aggravent sans cesse l’antagonisme des deux Fronts. 3. — Ils ne savent pas où ils vont Le Front nation
639 ombinaisons parlementaires, les grands bourgeois, une partie des paysans, les industriels et leurs Comités, la majorité des
640 parlementaires, les grands bourgeois, une partie des paysans, les industriels et leurs Comités, la majorité des moyens et
641 ns, les industriels et leurs Comités, la majorité des moyens et petits commerçants, et d’une façon générale tout ce qui, en
642 a majorité des moyens et petits commerçants, et d’ une façon générale tout ce qui, en France, a son petit magot à protéger,
643 voit guère à droite que ce colonel. Que veut-il ? Un petit volume paru l’hiver dernier, Service public, nous l’a malheureu
644 ps : En avant ! Deuxième temps : Où allons-nous ? Des exemples récents et assez éclatants nous ont appris qu’à la question
645 nt de M. de la Rocque. Le fascisme, en effet, est une mystique de la jeunesse ; Service public nous propose, au contraire,
646 esse ; Service public nous propose, au contraire, une mystique d’anciens combattants. Le fascisme est anticapitaliste (en t
647 sme que ses « parasites ». Enfin, le fascisme est un mouvement populaire, révolutionnaire, alors que le mouvement des Croi
648 opulaire, révolutionnaire, alors que le mouvement des Croix-de-Feu, tel que le définit son chef, paraît consister essentiel
649 t son chef, paraît consister essentiellement dans un réveil des valeurs morales les plus traditionnelles. Valeurs de « pèr
650 , paraît consister essentiellement dans un réveil des valeurs morales les plus traditionnelles. Valeurs de « pères de famil
651 ui constitue la force la plus réelle du mouvement des Croix-de-Feu. Tirons notre chapeau aux lieux communs dont le livre de
652 rquoi ce livre est mauvais. « Les programmes sont des aboutissements », écrit M. de la Rocque. Et il ajoute, non sans logiq
653 la priorité au plan d’action ». Mais qu’est-ce qu’ un plan d’action sans programme ? Qu’est-ce que « cet en avant qui ne sa
654 els » qui se perdent à rechercher les Principes d’ un ordre nouveau. « Voyez net. Pensez simple. Soyez des réalisateurs, no
655 ordre nouveau. « Voyez net. Pensez simple. Soyez des réalisateurs, non des rhéteurs ». D’accord. À condition que tout cela
656 z net. Pensez simple. Soyez des réalisateurs, non des rhéteurs ». D’accord. À condition que tout cela ne dispense pas de vo
657 ue aboutissent à autre chose qu’à la restauration des majuscules dont se hérissent les pages de Service public. Nos Morts,
658 artyrs de la Passion française, la Bonne Nouvelle des Volontaires Nationaux, leur Œuvre enfin, leur Foi, est-ce que cette i
659 e cette inflation typographique dispense vraiment un chef d’énoncer un programme cohérent ? Sont-ce tous ces grands mots f
660 typographique dispense vraiment un chef d’énoncer un programme cohérent ? Sont-ce tous ces grands mots faussement religieu
661  : « De quoi s’agit-il ? » « Les programmes sont des aboutissements ». Parions que l’homme qui parie ainsi ne sait pas trè
662 il voulait, Lénine — et avec lui toute l’histoire des révolutions réussies — répond : « Sans doctrine révolutionnaire, pas
663 ion ; et non pas vers la construction réfléchie d’ un ordre nouveau. Si bien que l’aboutissement nécessaire de son « plan d
664 où elles sont mal préparées ». Service public est un livre dangereux, parce que c’est un livre vague derrière lequel march
665 ce public est un livre dangereux, parce que c’est un livre vague derrière lequel marchent des troupes disciplinées. Que di
666 que c’est un livre vague derrière lequel marchent des troupes disciplinées. Que dire alors de ce Front populaire constitué
667 Front populaire constitué sous la seule menace d’ un « fascisme » aussi mal défini ? La plupart des critiques — les plus g
668 ement Croix-de-Feu valent aussi pour l’état-major des gauches, Daladier, Blum, le Comité de vigilance des intellectuels ant
669 s gauches, Daladier, Blum, le Comité de vigilance des intellectuels antifascistes, Déat, Thorez, etc. Mais là, ce n’est plu
670 uniste. Or, ce parti veut bien la liberté, mais d’ une manière tant soit peu différente. Il veut, sous le nom de liberté, la
671 as tort. À mi-chemin entre l’idéologie libertaire des intellectuels vigilants et la pratique stalino-humanitaire des commun
672 uels vigilants et la pratique stalino-humanitaire des communistes, Léon Blum tremble et désespère devant la perspective pro
673 le et désespère devant la perspective prochaine d’ une prise de pouvoir légal, qui est le cauchemar de sa vie. Après avoir «
674 gauche est certainement tragi-comique, et même à un degré que le simple lecteur de journaux d’opinion, peu initié aux par
675 antifascistes n’oserait pas même imaginer. C’est un spectacle vraiment consternant que celui de ces hommes de bonne volon
676 nne volonté sans volonté, se lançant, par amour d’ une idée, dans des complots dont ils ignorent le vrai but, dans une actio
677 s volonté, se lançant, par amour d’une idée, dans des complots dont ils ignorent le vrai but, dans une action de défense qu
678 des complots dont ils ignorent le vrai but, dans une action de défense qui n’ose pas préciser ce qu’elle défend, dans une
679 se qui n’ose pas préciser ce qu’elle défend, dans une ligue de brebis, de loups et de bergers provisoirement réconciliés pa
680 pond d’urgence à la question, n’indique d’urgence une direction commune, les anciennes habitudes vont se réveiller, et la h
681 imer le chômage ? Tout cela ne fait peut-être pas un programme extrêmement cohérent, mais le temps nous manque, il faut pa
682 au juste comment cela se fait, la nationalisation des banques. Et l’on ne voit pas qui aurait le pouvoir de désarmer un col
683 ’on ne voit pas qui aurait le pouvoir de désarmer un colonel en civil, qui affirme au surplus n’avoir aucune espèce d’inte
684 tention quelconque. Quant à M. Frossard, il signe des décrets-lois. Enfin, il est toujours possible d’organiser des réunion
685 lois. Enfin, il est toujours possible d’organiser des réunions de protestation contre Laval, il est beaucoup plus difficile
686 ée maîtresse, que pourra-t-il résulter d’autre qu’ une confusion indescriptible ? Coup de force, guerre civile, combinaisons
687 se fera au hasard, sous la pression de la peur d’ un adversaire dont on surestime de part et d’autre les forces. Mais nous
688 ne, peu importe, le danger est pareil. À moins qu’ une force nouvelle n’apparaisse, qui ne soit ni de droite ni de gauche, m
689 droite ni de gauche, mais qui apporte la solution des problèmes qui se posent concrètement, au lieu de se perdre à recherch
690 ième force existe-t-elle ? Je me bornerai à citer un fait symbolique. Du point de vue de la tactique révolutionnaire, il e
691 : c’est la question que pose l’antagonisme actuel des revendications ouvrières et des revendications paysannes. Notre proje
692 ntagonisme actuel des revendications ouvrières et des revendications paysannes. Notre projet de service civil en liaison av
693 gande, certes, qu’il faut attribuer l’évolution d’ une partie de l’opinion, ou de certains groupes, vers des idées qui se ra
694 partie de l’opinion, ou de certains groupes, vers des idées qui se rapprochent de plus en plus des nôtres, telles que nous
695 vers des idées qui se rapprochent de plus en plus des nôtres, telles que nous les avons exposées dans ce bulletin et dans n
696 ulletin et dans nos livres. Mais à la seule leçon des faits. Quelques exemples. La nécessité de distinguer dans l’économie
697 mples. La nécessité de distinguer dans l’économie un secteur plané et un secteur libre commence d’apparaître aux yeux des
698 de distinguer dans l’économie un secteur plané et un secteur libre commence d’apparaître aux yeux des syndicalistes, des n
699 t un secteur libre commence d’apparaître aux yeux des syndicalistes, des néos, et d’une manière générale de la plupart des
700 commence d’apparaître aux yeux des syndicalistes, des néos, et d’une manière générale de la plupart des fabricants de « pla
701 raître aux yeux des syndicalistes, des néos, et d’ une manière générale de la plupart des fabricants de « plans ». C’est l’a
702 de droite et de gauche29, nous voyons apparaître une critique du stalinisme considéré comme une forme de capitalisme d’Éta
703 raître une critique du stalinisme considéré comme une forme de capitalisme d’État et de nationalisme russe, et là encore no
704 tionalisme russe, et là encore nous reconnaissons un point de vue qui nous est familier. Dans certaines déclarations du Fr
705 ns du Front paysan, nous distinguons les germes d’ une conscience fédéraliste qui appelle des institutions Ordre nouveau. En
706 s germes d’une conscience fédéraliste qui appelle des institutions Ordre nouveau. Enfin, un peu partout, l’idée qu’il faut
707 ui appelle des institutions Ordre nouveau. Enfin, un peu partout, l’idée qu’il faut organiser les libertés se fait jour, e
708 ibertés se fait jour, et cesse d’apparaître comme un simple paradoxe d’intellectuels. D’une façon beaucoup plus générale,
709 aître comme un simple paradoxe d’intellectuels. D’ une façon beaucoup plus générale, nous reconnaissons dans l’anticapitalis
710 rale, nous reconnaissons dans l’anticapitalisme d’ un grand nombre de Croix-de-Feu, et dans l’antisoviétisme du Front socia
711 dans l’antisoviétisme du Front social de Bergery, des tendances qui préparent un grand nombre d’esprits à mieux saisir la p
712 nt social de Bergery, des tendances qui préparent un grand nombre d’esprits à mieux saisir la portée véritable de nos thès
713 importante. La grande leçon que nous avons tirée des confuses excitations de juillet, c’est qu’en dépit de la carence et d
714 ns de juillet, c’est qu’en dépit de la carence et des pataquès doctrinaux qui caractérisent les chefs, il existe à gauche e
715 érisent les chefs, il existe à gauche et à droite une masse croissante d’hommes qui savent ce qu’ils ne veulent pas : la gu
716 , l’anarchie capitaliste, la dictature, le Comité des forges, la diplomatie moscoutaire, le parlementarisme, la grande pres
717 es troupes. Il est temps de donner à ces troupes une volonté commune constructive, un programme qu’elles puissent opposer
718 r à ces troupes une volonté commune constructive, un programme qu’elles puissent opposer aux entreprises de M. de Wendel c
719 7. Et aussi sur M. de la Rocque. 28. Par exemple un essai de front commun allant des Volontaires nationaux à Doriot, en p
720 28. Par exemple un essai de front commun allant des Volontaires nationaux à Doriot, en passant par le front social de Ber
721 cial de Bergery et les néo-socialistes. Ce serait une formule nationale-socialiste ou fasciste. 29. Voir les déclarations
722 ur ce point nous n’enregistrons pour le moment qu’ un recul des idées que nous défendons. Quelles catastrophes faudra-t-il
723 nt nous n’enregistrons pour le moment qu’un recul des idées que nous défendons. Quelles catastrophes faudra-t-il donc pour
15 1935, L’Ordre nouveau, articles (1933–1938). Conversation avec un SA (décembre 1935)
724 Conversation avec un SA (décembre 1935)t u Un jeune allemand. — Quoi de neuf depuis no
725 Conversation avec un SA (décembre 1935)t u Un jeune allemand. — Quoi de neuf depuis notre dernière rencontre ? Moi
726 rvations, en flânant dans vos rues… Flâner, c’est une activité plutôt « réactionnaire », n’est-ce pas ? Lui. — Ah ! oui… (
727 r pour le « Wehrsport »31 ? Cette manie de porter des bottes sans aller à cheval, ces uniformes, ces poignards qui pendent
728 ire contre ce jugement. Je vous le disais : quand des Français voient des jeunes gens marcher au pas par rangs de quatre bi
729 nt. Je vous le disais : quand des Français voient des jeunes gens marcher au pas par rangs de quatre bien alignés, et surto
730 surtout, faire cela pour le plaisir, il n’y a qu’ une seule explication possible : c’est que ces types se préparent à la gu
731 vous répète que ce n’est là, tout simplement, qu’ un goût que nous avons, cela n’a rien à voir avec la guerre, la guerre c
732 n’a rien à voir avec la guerre, la guerre contre un pays déterminé. De tous temps, les jeunes Allemands ont aimé la march
733 s n’irez pas leur reprocher, tout de même, d’être un danger pour leurs voisins. Moi. — Bon. Admettons. C’est là que nous
734 d’Allemagne, que votre goût du décor guerrier est un goût pacifique, somme toute, sportif, artistique si j’ose dire ! Lui
735 Moi. — Je crois maintenant que c’est plus grave. Une chose me frappe : ce mot Kampf, lutte, qu’on entend et qu’on lit part
736 ue toutes les banderoles rouges tendues au-dessus des rues et qui portent des devises de propagande pour l’œuvre, contienne
737 rouges tendues au-dessus des rues et qui portent des devises de propagande pour l’œuvre, contiennent le mot Kampf, quand c
738 la guerre armée, nous, nous luttons pour édifier un monde sans misère : voilà notre guerre ! » En somme, si le mot n’étai
739 t pas interdit, je dirais que c’est de votre part une déclaration « pacifiste » ! Mais pourquoi faut-il que votre paix soit
740 Mais pourquoi faut-il que votre paix soit encore une guerre ? Ne pouvez-vous vraiment enthousiasmer vos concitoyens qu’en
741 ce : quand Briand voulait soulever l’enthousiasme des Français, il « déclarait la Paix » au monde entier. Lui. — Mais il n
742 monde entier. Lui. — Mais il n’y avait aussi que des Français pour le croire. Et cela ne gênait pas beaucoup votre Comité
743 oire. Et cela ne gênait pas beaucoup votre Comité des forges. Parlons sérieusement. D’abord, l’abus de ce mot Kampf s’expli
744 Mais peu importe. La vérité, c’est que nous avons une conception héroïque de la vie. Tout dépend de cela. Moi. — Nous y vo
745 s la mesure où elle se veut héroïque, comme celle des fascistes d’ailleurs, ou même comme celle des jeunes Russes communist
746 lle des fascistes d’ailleurs, ou même comme celle des jeunes Russes communistes. Je voudrais bien que la jeunesse française
747 voudrais bien que la jeunesse française se montre un peu plus héroïque, moins exclusivement passionnée pour le cinéma et l
748 née pour le cinéma et les prouesses « sportives » des autres — des coureurs du Tour de France par exemple ; nous aussi, nou
749 inéma et les prouesses « sportives » des autres — des coureurs du Tour de France par exemple ; nous aussi, nous avons eu, à
750 emple ; nous aussi, nous avons eu, à notre heure, une idée nationale de l’héroïsme. Pas seulement sous Napoléon. Justement
751 Napoléon. Justement pas sous Napoléon, dirai-je. Un peu avant… Mais aujourd’hui, si je parle d’héroïsme, je sais bien que
752 s bien que je passerai pour « fasciste » aux yeux des descendants des sans-culottes, c’est ainsi. Ils n’admettent plus qu’u
753 sserai pour « fasciste » aux yeux des descendants des sans-culottes, c’est ainsi. Ils n’admettent plus qu’une seule espèce
754 ns-culottes, c’est ainsi. Ils n’admettent plus qu’ une seule espèce d’héroïsme : la littérature de M. Malraux, qui se passe
755 nous reconnaissons l’un et l’autre la nécessité d’ une éthique héroïque. Seulement, nous avons deux conceptions radicalement
756 tre aussi à faire. J’ai à me battre aussi, contre un régime économique et culturel, contre une masse de préjugés politique
757 , contre un régime économique et culturel, contre une masse de préjugés politiques antédiluviens qui encombrent la vie publ
758 i caractérise ces années. Nous avons à construire un ordre. Cela me paraît bien plus urgent que d’aller faire la petite gu
759 s avons fait notre révolution, nous33. Nous avons un autre problème à résoudre maintenant. Le spirituel est réglé. Mais qu
760 Anciens Combattants à côté de nous. Ils ont subi une épreuve formidable, ils ont fait une expérience maximum, ils ont vécu
761 Ils ont subi une épreuve formidable, ils ont fait une expérience maximum, ils ont vécu quelque chose d’extrême, et rien ne
762 jamais allés jusqu’au bout de nos forces. Il y a un instinct profond, dans tout homme, qui réclame cette épreuve totale d
763 sez, ce n’est pas sérieux. L’adversaire n’est pas un vrai adversaire, comme à la guerre. Nous avons besoin de sentir devan
764 a guerre. Nous avons besoin de sentir devant nous un adversaire vraiment dangereux, il nous faut cela pour provoquer le dé
765 t et simplement au nom du « pacifisme », au nom d’ une théorie quelconque… Moi. — Admettons même que votre Wehrsport dévelo
766 lamentable. La guerre actuelle n’est pas du tout un appel à la virilité. Nous ne sommes plus au temps de Frédéric le Gran
767 du maréchal de Saxe. La guerre actuelle n’est pas une éducation de la violence physique, c’est une machine à tuer chimiquem
768 pas une éducation de la violence physique, c’est une machine à tuer chimiquement, et à grande distance, c’est un massacre
769 à tuer chimiquement, et à grande distance, c’est un massacre mécanique, un point c’est tout. Le tout au bénéfice du trust
770 t à grande distance, c’est un massacre mécanique, un point c’est tout. Le tout au bénéfice du trust des armements, vous le
771 un point c’est tout. Le tout au bénéfice du trust des armements, vous le savez bien. Je ne comprends pas, mais pas du tout,
772 pas, mais pas du tout, votre jalousie à l’endroit des Anciens Combattants. Ils ont subi une épreuve inutile et mauvaise. Il
773 à l’endroit des Anciens Combattants. Ils ont subi une épreuve inutile et mauvaise. Ils ont été victimes d’un effroyable acc
774 reuve inutile et mauvaise. Ils ont été victimes d’ un effroyable accident. Une épreuve pareille n’est pas humaine, elle n’a
775 e. Ils ont été victimes d’un effroyable accident. Une épreuve pareille n’est pas humaine, elle n’a aucune valeur pour la vi
776 normale de l’homme. Et ils le disent bien ! C’est une mutilation. C’est une catastrophe cosmique, comme une avalanche qui p
777 ils le disent bien ! C’est une mutilation. C’est une catastrophe cosmique, comme une avalanche qui passe sur un village de
778 mutilation. C’est une catastrophe cosmique, comme une avalanche qui passe sur un village des Alpes : je vous demande un peu
779 rophe cosmique, comme une avalanche qui passe sur un village des Alpes : je vous demande un peu quelle gloire et quel béné
780 que, comme une avalanche qui passe sur un village des Alpes : je vous demande un peu quelle gloire et quel bénéfice en reti
781 passe sur un village des Alpes : je vous demande un peu quelle gloire et quel bénéfice en retirent les survivants ! Allez
782 ent les survivants ! Allez-vous déclencher exprès une nouvelle avalanche pour vivre aussi cela, cette « expérience héroïque
783 t Erlebnis admirable qui consiste à échapper avec un membre sur deux à une destruction imbécile ? Lui. — Et alors, quelle
784 qui consiste à échapper avec un membre sur deux à une destruction imbécile ? Lui. — Et alors, quelle solution proposez-vou
785  Et alors, quelle solution proposez-vous ? Écrire des articles pacifistes, ou traîner dans les cafés, ou gagner de l’argent
786 ou gagner de l’argent, ou même faire la théorie d’ un ordre nouveau ? Égaliser toutes les différences, le système du roulea
787 te. Nous reconnaissons la réalité et la nécessité des conflits humains. Mais il y a d’autres solutions que la guerre. Faire
788 n face des Allemands, par exemple, cela conduit à une lutte ouverte, mais pas nécessairement à une destruction matérielle.
789 it à une lutte ouverte, mais pas nécessairement à une destruction matérielle. Au contraire : nous avons un trop grand besoi
790 destruction matérielle. Au contraire : nous avons un trop grand besoin des différences et des oppositions naturelles pour
791 e. Au contraire : nous avons un trop grand besoin des différences et des oppositions naturelles pour vouloir les anéantir.
792 ous avons un trop grand besoin des différences et des oppositions naturelles pour vouloir les anéantir. Nous sommes fédéral
793 ltent mutuellement par leur opposition, et créent des tensions fécondes. La civilisation et la culture naissent et vivent d
794 ivent de tensions de ce genre. Prenez l’exemple d’ un tableau. Il ne s’agit pas de mélanger toutes les couleurs pour abouti
795 à l’harmonie. Il faut au contraire poser à côté d’ un rouge vif un vert violent pour que l’ensemble « chante ». Lui. — Bel
796 Il faut au contraire poser à côté d’un rouge vif un vert violent pour que l’ensemble « chante ». Lui. — Belle compositio
797 le croyez ! Dans la réalité humaine, l’exaltation des différences aboutit à la guerre, forcément. Moi. — Dans votre optiqu
798 ous placez tous les conflits dans le cadre rigide des nations. La nation-bloc, telle que vous la concevez, est un danger dè
799 . La nation-bloc, telle que vous la concevez, est un danger dès qu’elle est forte et armée. C’est bien pourquoi j’estime q
800 en pourquoi j’estime que votre « sport armé » est une menace pour la paix, que vous le vouliez ou non. Lui. — Ach ! C’est
801 la Pologne entre deux. Mais surtout il nous faut une force, à l’intérieur, pour assurer la défense du régime. Moi. — J’en
802 ion donnez-vous à cette question de l’utilisation des forces obscures, brutales, de l’homme ? La préparation à la guerre. E
803 ation à la guerre. Et quand je vous dis que c’est un danger européen, vous le niez, avec une sincérité que je ne puis mett
804 que c’est un danger européen, vous le niez, avec une sincérité que je ne puis mettre en doute, mais que je n’arrive pas à
805 ssons pas de côté. Nous voulons la transposer sur un plan autre que celui de la guerre moderne. Nous nions que la guerre s
806 rre moderne. Nous nions que la guerre soit jamais une solution, étant donnés ses instruments actuels. Nous voulons une guer
807 tant donnés ses instruments actuels. Nous voulons une guerre créatrice, et non pas destructrice. Tout l’effort de la civili
808 . Tout l’effort de la civilisation est là : tirer des conflits naturels et nécessaires des forces nouvelles, et non pas abo
809 t là : tirer des conflits naturels et nécessaires des forces nouvelles, et non pas aboutir à la suppression d’un des antago
810 nouvelles, et non pas aboutir à la suppression d’ un des antagonistes. Je sais bien que le mot civilisation est mal vu che
811 uvelles, et non pas aboutir à la suppression d’un des antagonistes. Je sais bien que le mot civilisation est mal vu chez vo
812 que les juifs allemands en ont donné, selon vous, une caricature. Il faut que nos luttes deviennent des luttes spirituelles
813 une caricature. Il faut que nos luttes deviennent des luttes spirituelles, dans le sens où Rimbaud a dit : « Le combat spir
814 qui n’arrivent pas si haut ? Pour la grande masse des hommes qui ne comprennent la violence que sous ses formes physiques,
815 es, que ferez-vous ? Allez-vous au moins réserver un terrain, un pays, où ceux qui en auront envie pourront… comment dites
816 z-vous ? Allez-vous au moins réserver un terrain, un pays, où ceux qui en auront envie pourront… comment dites-vous en fra
817 ance. Mais je vous répondrai plus sérieusement, d’ un seul mot : c’est une question d’éducation. Pour nous, éduquer les hom
818 épondrai plus sérieusement, d’un seul mot : c’est une question d’éducation. Pour nous, éduquer les hommes, ce n’est pas leu
819 ent, de transporter leur brutalité naturelle dans des domaines où elle devienne féconde. Lui. — Je vous souhaite bonne cha
820 nous parlions, une autre fois, de la nécessité d’ une morale héroïque ? Il m’est venu quelques doutes, pendant cet entretie
821 est venu quelques doutes, pendant cet entretien : des vrais héros parlent-ils d’héroïsme, ont-ils une théorie là-dessus, l’
822 : des vrais héros parlent-ils d’héroïsme, ont-ils une théorie là-dessus, l’enseignent-ils ? Et surtout, peut-on parler d’hé
823 s, chacun de notre côté. 31. Wehrsport : sport des armes. Exercices de marche en campagne auxquels se livrent une fois p
824 is ! t. Rougemont Denis de, « Conversation avec un SA », L’Ordre nouveau, Paris, décembre 1935, p. 38-42. u. Ce texte,
825 igné « XXX », est précédé de la note suivante : «  Un de nos amis, retour d’Allemagne, nous communique des notes sur ses en
826 de nos amis, retour d’Allemagne, nous communique des notes sur ses entretiens avec de jeunes hitlériens. Nous en détachons
16 1936, L’Ordre nouveau, articles (1933–1938). Échos (janvier 1936)
827 nvier 1936)v Et Rimbaud ? Nul n’ignore qu’ une revue « de jeunes » doit parler de Rimbaud et du surréalisme. Tout le
828 -Colombier. Faire de la politique, c’était porter une canne ferrée et louer la « rigueur » de Maurras. Hélas. Tout change !
829 mmunistes, et qu’à la place on élevait maintenant des milliers de poulets kolkhoziens. Elle souriait gentiment : tout chang
830 ême si M. Brasillach en parle. Il y aura toujours des chroniqueurs qui auront besoin de parler de Rimbaud pour faire jeune.
831 r de Rimbaud pour faire jeune. Il y aura toujours des conservateurs qui trouveront commode de vanter les révoltés de l’autr
832 l’occasion pour dénoncer sa participation à l’un des plus grands crimes de l’Histoire, ce crime contre la civilisation lat
833 civilisation latine que représente la résistance des Éthiopiens. L’on se souvient en effet que Rimbaud vendit des fusils a
834 ens. L’on se souvient en effet que Rimbaud vendit des fusils au négus, — et cela en temps de paix, comble d’hypocrisie ! ⁂
835 s). Ainsi, en 5 ans, plus du quart de l’effectif des Quarante s’est trouvé renouvelé. » On ignore trop ces choses. Surtout
836 érature désintéressée. Quel est le jeune amoureux des Lettres qui aura gardé assez de fraîcheur d’Âme et de goût des choses
837 ui aura gardé assez de fraîcheur d’Âme et de goût des choses de l’Esprit pour entreprendre une statistique complète des ren
838 de goût des choses de l’Esprit pour entreprendre une statistique complète des renouvellements fractionnels de l’Académie d
839 Esprit pour entreprendre une statistique complète des renouvellements fractionnels de l’Académie de cinq en cinq ans, de l’
840 1930 ? Ce travail de base permettrait de résoudre un délicat problème de Critique littéraire : calculer l’âge du capitaine
841 tique littéraire : calculer l’âge du capitaine, —  un certain Doumic. ⁂ À propos d’une conversation avec un SA D. de
842 u capitaine, — un certain Doumic. ⁂ À propos d’ une conversation avec un SA D. de Rougemont nous écrit d’Allemagne : «
843 ain Doumic. ⁂ À propos d’une conversation avec un SA D. de Rougemont nous écrit d’Allemagne : « L’ami XXX n’a pas dû
844 ’ami XXX n’a pas dû lire Mein Kampf. Ce n’est pas une “autobiographie” mais un ouvrage de combat, comme son nom l’indique,
845 ein Kampf. Ce n’est pas une “autobiographie” mais un ouvrage de combat, comme son nom l’indique, et sa doctrine. Autre err
846 is passer sous ma fenêtre, deux fois par semaine, des sections d’assaut en ordre de marche. Ils vont par 3 et non par 4. Je
847 qu’un de bien renseigné que c’était afin d’éviter une apparence trop militaire. Et, en effet, il faut reconnaître que cela
848 exacts. » v. Rougemont Denis de, « À propos d’ une conversation avec un SA (Échos) », L’Ordre nouveau, Paris, janvier 19
849 mont Denis de, « À propos d’une conversation avec un SA (Échos) », L’Ordre nouveau, Paris, janvier 1936, p. 48.
17 1936, L’Ordre nouveau, articles (1933–1938). Précisions utiles sur l’industrie des navets (mars 1936)
850 Précisions utiles sur l’industrie des navets (mars 1936)w I Jusqu’à ces toutes dernières années, le
851 es années, les difficultés que pouvait rencontrer un écrivain étaient de deux espèces : manque d’argent ou insuccès (auprè
852 nt ou insuccès (auprès du public, de la critique, des éditeurs). La pauvreté et l’obscurité sont deux spectres classiques s
853 re cette remarque, nous dirons que leur œuvre est un hommage que la richesse rend à la pauvreté dont elle a su tirer des s
854 richesse rend à la pauvreté dont elle a su tirer des sujets populaires. Donc, jusqu’à ces dernières années, l’écrivain doi
855 s : il doit gagner son pain, et il doit triompher des conformismes et des « cabales ». Certains périssent dans cette lutte 
856 on pain, et il doit triompher des conformismes et des « cabales ». Certains périssent dans cette lutte ; beaucoup en tirent
857 ntiellement humaine, c’est-à-dire qu’elle exprime un conflit permanent et fécond, celui du créateur et du monde tel qu’il
858 ’il fut créé par d’autres, celui de l’aventure et des routines, celui de la personne et de l’impersonnel. Mais, depuis peu,
859 t menacés, en France, par un troisième péril, par un péril que les époques précédentes n’avaient pas même soupçonné, et qu
860 ulation, aux profits commerciaux, au jeu abstrait des trusts, bref, à une série de nécessités artificielles qui s’interpose
861 commerciaux, au jeu abstrait des trusts, bref, à une série de nécessités artificielles qui s’interposent entre le producte
862 tellectuelle se voient soumises de plus en plus à des nécessités commerciales qui devraient normalement leur être subordonn
863 ent normalement leur être subordonnées. Exemple : un éditeur refuse un livre dont la valeur artistique lui paraît évidente
864 ur être subordonnées. Exemple : un éditeur refuse un livre dont la valeur artistique lui paraît évidente, mais qui ne pour
865 ans la maison obligent l’éditeur à n’accepter que des livres susceptibles de se vendre à 3000 exemplaires au moins. Par con
866 ntre, ce même éditeur commandera à ce même auteur un bouquin sans valeur artistique mais « vendable », c’est-à-dire un nav
867 valeur artistique mais « vendable », c’est-à-dire un navet de série. Si l’auteur est désargenté, il sera obligé de s’exécu
868 e peut paraître simpliste. Mais il suffit d’avoir un peu fourré son nez dans le monde de l’édition parisienne pour savoir
869 is quelques années. À qui la faute ? À la lâcheté des auteurs ? Il y a eu, de tous temps, des héros et des combinards et to
870 a lâcheté des auteurs ? Il y a eu, de tous temps, des héros et des combinards et toutes les nuances intermédiaires, mais au
871 auteurs ? Il y a eu, de tous temps, des héros et des combinards et toutes les nuances intermédiaires, mais aujourd’hui nou
872 aires, mais aujourd’hui nous sommes en présence d’ un fait nouveau, qui est la systématisation des moyens de pression sur l
873 nce d’un fait nouveau, qui est la systématisation des moyens de pression sur les non-conformistes les plus fanatiques. Le s
874 issent leur rôle de mainteneurs ou de créateurs d’ une hiérarchie des valeurs : simplement, ils n’en ont aucun souci. Ils se
875 e de mainteneurs ou de créateurs d’une hiérarchie des valeurs : simplement, ils n’en ont aucun souci. Ils se font les agent
876 aucun souci. Ils se font les agents de publicité des grandes maisons. Ils parlent du « livre dont on parle ». Et pourquoi
877 ? Parce que l’éditeur a su préparer sa sortie par une série de manœuvres généralement très coûteuses (échos, placards dans
878 s, complaisances diverses que l’on n’accorde qu’à une maison puissante). Il faudrait, c’est l’évidence, que les chroniqueur
879 l’évidence, que les chroniqueurs parlent surtout des livres qui ne bénéficient pas de ce battage commercial. Ce sont ces l
880 it pression sur les critiques, et qui exige d’eux un feuilleton sur les titres qu’il voit annoncés : on veut se tenir « au
881 voit annoncés : on veut se tenir « au courant ». Un critique trop soucieux de justice passerait très vite pour un raseur.
882 trop soucieux de justice passerait très vite pour un raseur. Or lui aussi, après tout, doit « se défendre ». On hésite don
883 il est plutôt victime, souvent inconsciemment, d’ un système qui le tient de tous côtés. Faut-il donc accuser les éditeurs
884 nviron, c’est-à-dire jusqu’à la crise, il y avait une foison de petits éditeurs qui étaient prêts à faire des sacrifices po
885 ison de petits éditeurs qui étaient prêts à faire des sacrifices pour publier certains ouvrages de qualité, mais peu vendab
886 de qualité, mais peu vendables. Ils entretenaient une atmosphère de liberté dans la recherche, un dernier reste de snobisme
887 ient une atmosphère de liberté dans la recherche, un dernier reste de snobisme d’avant-garde, un goût de la nouveauté qui
888 rche, un dernier reste de snobisme d’avant-garde, un goût de la nouveauté qui corrigeait le conformisme pour ainsi dire no
889 corrigeait le conformisme pour ainsi dire normal des vieilles maisons. Ils compensaient leur incapacité à lutter sur le pl
890 incapacité à lutter sur le plan publicitaire par une spéculation adroite sur le goût de la rareté ou du scandale, et sur l
891 artisans, qui concevaient encore leur rôle comme un service de l’art et de la pensée. Nous dirons tout à l’heure comment
892 fait il s’en trouve deux ou trois. Mais que peut un esprit indépendant, sinon conduire son entreprise à la faillite ? Je
893 dans tout le détail technique de la distribution des livres au grand public. Qu’il me suffise d’affirmer que c’est là que
894 du capitalisme et l’importance sans cesse accrue des frais généraux obligent l’éditeur à « sortir » chaque année un certai
895 raux obligent l’éditeur à « sortir » chaque année un certain nombre de livres fixé d’avance et fixé non point d’après la c
896 es procédés commerciaux en usage dans l’industrie des nouilles ou de l’automobile, et enfin à augmenter encore son capital 
897 quement capitaliste. Ainsi l’éditeur cesse d’être un artisan au service du livre. Il met le livre au service de trusts ind
898 e de trusts industriels. Il entre dans le domaine des gros chiffres, qui est la mort de la pensée. 3. Obligé de vendre beau
899 ocès de cette institution. J’indiquerai cependant un aspect précis et significatif de cette « politique ». Outre le courta
900 qu’il doit ristourner aux Messageries sur le prix des exemplaires vendus, l’éditeur qui, pour une raison ou pour une autre3
901 prix des exemplaires vendus, l’éditeur qui, pour une raison ou pour une autre35, ne jouit pas d’un régime spécial, et qui
902 es vendus, l’éditeur qui, pour une raison ou pour une autre35, ne jouit pas d’un régime spécial, et qui a été « autorisé »3
903 ur une raison ou pour une autre35, ne jouit pas d’ un régime spécial, et qui a été « autorisé »36 à faire diffuser 1000 ou
904 »36 à faire diffuser 1000 ou 10 000 exemplaires d’ un livre, doit s’engager à payer une somme forfaitaire37 par kilo de liv
905 00 exemplaires d’un livre, doit s’engager à payer une somme forfaitaire37 par kilo de livres transportés (aller… et retour
906 ien entendu !). Si l’on sait que le poids moyen d’ un livre est d’environ 300 gr. on voit que le montant de certains débits
907 que le montant de certains débits peut atteindre un chiffre imposant. Ainsi donc si le livre se vend mal, ce n’est plus u
908 Ainsi donc si le livre se vend mal, ce n’est plus un manque à gagner pour l’éditeur, c’est une perte. Et cette perte, selo
909 est plus un manque à gagner pour l’éditeur, c’est une perte. Et cette perte, selon les contrats, peut se monter à des dizai
910 cette perte, selon les contrats, peut se monter à des dizaines de milliers de francs. Il n’est donc plus question, matériel
911 stion, matériellement, pour l’éditeur, de risquer un beau geste en faveur de quelque écrivain, peut-être génial, mais inve
912 nière dont les Messageries conçoivent le commerce des produits de l’esprit ; sur la manière dont elles enterrent dans leurs
913 la manière dont elles enterrent dans leurs caves des stocks de livres ou de journaux qui, bien que n’ayant jamais paru à l
914 l’étalage, sont retournés comme « invendus » avec une facture somptueuse ; enfin sur la brutalité des procédés utilisés pou
915 c une facture somptueuse ; enfin sur la brutalité des procédés utilisés pour « mettre au pas » les éditeurs, libraires, ou
916 raient mine de résister. Tout cela est bien connu des éditeurs et des libraires, mais le public ne s’en doute guère. Et com
917 ésister. Tout cela est bien connu des éditeurs et des libraires, mais le public ne s’en doute guère. Et comment le lui fair
918 n d’y remédier, ce sera de créer ou de multiplier des centres de propagande au service d’un parti ou d’une ligue. (Nous voy
919 multiplier des centres de propagande au service d’ un parti ou d’une ligue. (Nous voyons s’amorcer ce réflexe de défense de
920 centres de propagande au service d’un parti ou d’ une ligue. (Nous voyons s’amorcer ce réflexe de défense depuis un an.) C’
921 ous voyons s’amorcer ce réflexe de défense depuis un an.) C’est dire que le remède sera tout aussi dangereux que le mal. E
922 ser ici les modalités du régime de l’édition dans une société ON, rappelons cependant les principes fondamentaux à faire va
923 ce domaine : 1° Les institutions sont au service des personnes ; en particulier, l’édition est un moyen au service de l’es
924 ice des personnes ; en particulier, l’édition est un moyen au service de l’esprit créateur, et la distribution est un moye
925 vice de l’esprit créateur, et la distribution est un moyen au service de l’édition. 2° Le gigantisme capitaliste ou étatiq
926 par le mode général d’organisation à base locale des entreprises ON, qui confère également à l’éditeur une autonomie et de
927 entreprises ON, qui confère également à l’éditeur une autonomie et des responsabilités concrètes. 35. Par exemple s’il n
928 ui confère également à l’éditeur une autonomie et des responsabilités concrètes. 35. Par exemple s’il ne tient pas l’art
929 st le terme même employé par les bons de commande des Messageries. 37. Il y a quelques mois cette somme atteignait 2 fr. 7
930 mois cette somme atteignait 2 fr. 70 par kilo, et des frais variables de camionnage venaient s’y ajouter. L’étendue et l’ac
931 actuelle ont depuis lors amené les Messageries à une conception moins vorace de leur rôle d’intermédiaire et leurs décrets
932 es dérogations. Comme disent les chasseurs, quand une garenne se dépeuple, il faut, pour un temps, laisser le fusil au râte
933 urs, quand une garenne se dépeuple, il faut, pour un temps, laisser le fusil au râtelier. 38. Je n’insiste pas sur l’abai
934 ’insiste pas sur l’abaissement immédiat du niveau des maisons passées aux mains des Messageries. La loi des gros chiffres,
935 immédiat du niveau des maisons passées aux mains des Messageries. La loi des gros chiffres, imposée par ce trust, est inex
936 maisons passées aux mains des Messageries. La loi des gros chiffres, imposée par ce trust, est inexorablement dégradante po
937 ont Denis de, « Précisions utiles sur l’industrie des navets », L’Ordre nouveau, Paris, mars 1936, p. 10-15.
18 1936, L’Ordre nouveau, articles (1933–1938). Plébiscite et démocratie (avril 1936)
938 vril 1936)x 1. En quoi le plébiscite diffère des élections parlementaires Pour une mentalité française actuelle, mo
939 cite diffère des élections parlementaires Pour une mentalité française actuelle, moyenne, les récentes « élections » nat
940 alistes doivent logiquement apparaître soit comme un truquage monumental, soit comme une manifestation de puissance d’un p
941 tre soit comme un truquage monumental, soit comme une manifestation de puissance d’un parti, au moins superflue. Les « élec
942 ntal, soit comme une manifestation de puissance d’ un parti, au moins superflue. Les « élections » au Reichstag du 29 mars
943 Reichstag du 29 mars ne consistaient nullement en une concurrence libre de groupes ou d’opinions : un seul parti présentait
944 une concurrence libre de groupes ou d’opinions : un seul parti présentait des candidats, et le seul ministre de l’Intérie
945 groupes ou d’opinions : un seul parti présentait des candidats, et le seul ministre de l’Intérieur était en droit de nomme
946 contraire d’obtenir l’unanimité de la nation sur une question vitale. La « lutte électorale » revenait ainsi à la lutte du
947 pouvoir contre l’opposition secrète, informulée, des ennemis du régime, et contre l’inertie des citoyens et citoyennes qui
948 mulée, des ennemis du régime, et contre l’inertie des citoyens et citoyennes qui eussent négligé de faire usage de leur dro
949 embres du parti N.-S. reconnaissent qu’on a été «  un peu fort » dans l’application des moyens de contrainte légale, surtou
950 nt qu’on a été « un peu fort » dans l’application des moyens de contrainte légale, surtout dans les petites localités (vote
951 ifiait » les moyens mis en œuvre. L’indignation d’ une partie de notre presse contre les procédés de pression utilisés par l
952 s de pression utilisés par le parti N.-S. vient d’ un malentendu sur le mot élections, lié chez nous au régime parlementair
953 mentaire, c’est-à-dire à la « libre » concurrence des groupes, tandis qu’il ne désigne en Allemagne qu’une opération de pro
954 groupes, tandis qu’il ne désigne en Allemagne qu’ une opération de propagande au profit d’un régime essentiellement antipar
955 emagne qu’une opération de propagande au profit d’ un régime essentiellement antiparlementaire. 2. Plébiscite et démocra
956 mentaire a été présentée au peuple allemand comme un acte démocratique. Le Führer, dans plusieurs de ses discours, a longu
957 t, disait-il en substance, ne sont en réalité que des oligarchies. Le peuple y est privé du pouvoir de trancher les questio
958 antes. Entre lui et le gouvernement, il y a toute une caste de politiciens de métier qui, une fois élus pour plusieurs anné
959 approbation, sans votre confiance. Je ne suis pas un usurpateur, ni un dictateur, mais je suis le porte-parole d’une volon
960 votre confiance. Je ne suis pas un usurpateur, ni un dictateur, mais je suis le porte-parole d’une volonté nationale à laq
961 , ni un dictateur, mais je suis le porte-parole d’ une volonté nationale à laquelle j’obéirai toujours aveuglément. (« Je ma
962 ’obéirai toujours aveuglément. (« Je marche comme un somnambule aux ordres de la Providence du peuple allemand. ») Et il t
963 ovidence du peuple allemand. ») Et il terminait d’ une voix tonnante : « Voilà ce que j’appelle de la vraie démocratie ! » À
964 prévu l’objection, et il la réfute d’avance avec un sens démagogique incomparable. « Avant d’en appeler à l’opinion, dit-
965 opinion existe. Or comment voulez-vous vous faire une opinion quand il y a 46 partis qui sollicitent vos suffrages ? C’est
966 e de faire comprendre complètement le programme d’ un seul parti aux électeurs. Mais c’est au-dessus des forces d’un simple
967 un seul parti aux électeurs. Mais c’est au-dessus des forces d’un simple mortel de faire comprendre à tout citoyen 46 progr
968 aux électeurs. Mais c’est au-dessus des forces d’ un simple mortel de faire comprendre à tout citoyen 46 programmes différ
969 e là où l’opinion a été formée et disciplinée par un seul parti dirigé par un seul homme. » (Je simplifie à peine le raiso
970 ormée et disciplinée par un seul parti dirigé par un seul homme. » (Je simplifie à peine le raisonnement : on peut en retr
971 rançais.) Je ne puis pas me mettre dans la peau d’ un électeur allemand qui écoute ce langage. Il se peut qu’il soit un ins
972 mand qui écoute ce langage. Il se peut qu’il soit un instant gêné par le sophisme qui assimile « vraie démocratie » et gou
973 i assimile « vraie démocratie » et gouvernement d’ un seul appuyé sur une opinion qu’il s’est créée favorable par les moyen
974 démocratie » et gouvernement d’un seul appuyé sur une opinion qu’il s’est créée favorable par les moyens que l’on sait. Mai
975 d’inflation et de chômage ; j’entends le sophisme des régimes parlementaires qui appellent « démocratie » le gouvernement d
976 lent « démocratie » le gouvernement du peuple par des députés livrés à toutes les intrigues des puissances occultes. En réa
977 ple par des députés livrés à toutes les intrigues des puissances occultes. En réalité, la « démocratie » hitlérienne et la
978 la démocratie pure, n’a jamais pu s’exercer qu’à une très petite échelle : celle de certains petits cantons suisses où les
979 publiques sont discutées par l’assemblée plénière des électeurs, ou Landsgemeinde. Mais une telle démocratie, la seule réel
980 ée plénière des électeurs, ou Landsgemeinde. Mais une telle démocratie, la seule réelle, n’est plus possible dès que le nom
981 ule réelle, n’est plus possible dès que le nombre des électeurs dépasse la dizaine de milliers. Dès lors, la « délégation d
982 lors, la « délégation du pouvoir » s’impose pour des raisons pratiques — dans les États centralisés — et il ne reste plus
983 ns les États centralisés — et il ne reste plus qu’ un seul moyen de la contrôler « démocratiquement » : c’est le référendum
984 à-dire le rejet ou la confirmation par le moyen d’ un vote général, demandé par un groupe de citoyens, d’une loi ou un proj
985 ation par le moyen d’un vote général, demandé par un groupe de citoyens, d’une loi ou un projet de loi. Là où le référendu
986 ote général, demandé par un groupe de citoyens, d’ une loi ou un projet de loi. Là où le référendum n’existe pas, comme en F
987 , demandé par un groupe de citoyens, d’une loi ou un projet de loi. Là où le référendum n’existe pas, comme en France, on
988 n Allemagne, en ne saurait parler sans sophisme d’ un contrôle de pouvoir par le peuple. 3. Nécessité du plébiscite L
989 Nécessité du plébiscite Le plébiscite est donc un référendum contrôlé, — pratiquement : un référendum truqué. Il peut a
990 est donc un référendum contrôlé, — pratiquement : un référendum truqué. Il peut apparaître politiquement nécessaire dans d
991 re dans deux cas : 1° Lorsqu’il s’agit de donner un aspect légal à la prise du pouvoir par un seul homme. (Plébiscites su
992 donner un aspect légal à la prise du pouvoir par un seul homme. (Plébiscites sur les noms de Bonaparte, de Louis-Napoléon
993 .) 2° Lorsqu’il s’agit de renforcer le prestige d’ un régime en créant l’unanimité nationale sur un acte politique défini e
994 e d’un régime en créant l’unanimité nationale sur un acte politique défini et isolé, acte qui d’ailleurs a toutes les chan
995 hitlériens.) Dans les deux cas, il s’agit donc d’ une mesure d’exception, ou de crise, exigeant la mise en œuvre d’une prop
996 ception, ou de crise, exigeant la mise en œuvre d’ une propagande de masse dirigée par l’État. Et il y a lieu de poser la fa
997 llemand fondamental est aujourd’hui de constituer une nation unitaire, centralisée, une solide base mystique et étatique po
998 i de constituer une nation unitaire, centralisée, une solide base mystique et étatique pour les conquêtes futures, militair
999 tout référendum doit nécessairement se ramener, d’ une façon ouverte ou voilée, à un plébiscite. Sinon ce serait la ruine ra
1000 ment se ramener, d’une façon ouverte ou voilée, à un plébiscite. Sinon ce serait la ruine rapide de l’étatisme centralisat
1001 ndum se voit ipso facto repoussée par la majorité des citoyens, fût-elle, dans certains cas, excellente.) La nécessité du p
1002 m, la « consultation populaire », sera en réalité une tentative de plébiscite, et donc une négation de la démocratie réelle
1003 a en réalité une tentative de plébiscite, et donc une négation de la démocratie réelle. (Encore une fois : le référendum n’
1004 suisse subsiste, et où l’État centralisé n’a que des pouvoirs limités et ne « fait » pas l’opinion publique.) 4. La Fra
1005 ’opinion publique.) 4. La France a passé l’âge des plébiscites Pour un pays qui a fait son unité depuis des siècles,
1006 . La France a passé l’âge des plébiscites Pour un pays qui a fait son unité depuis des siècles, et qui peut-être a même
1007 cites Pour un pays qui a fait son unité depuis des siècles, et qui peut-être a même été trop loin dans ce sens ; pour un
1008 eut-être a même été trop loin dans ce sens ; pour un pays qui a fait la Révolution de 89, c’est-à-dire qui a pris conscien
1009 a réalité nationale depuis bientôt 150 ans ; pour un pays enfin dont la mission a toujours été libératrice — ou tout au mo
1010 critiquons le système apparemment tout contraire des élections partisanes. Si nous sommes antiparlementaires, nous ne souf
1011 de nos adversaires nous assimilent pour autant à un « fascisme » contre lequel toute la doctrine et l’attitude profonde d
1012 ine et l’attitude profonde de l’ON se dressent en une opposition irréductible, essentielle. L’État-nation, voilà l’ennemi ;
1013 voilà l’ennemi ; et peu nous importe que ce soit un pseudo-fascisme de droite ou un pseudo-démocratisme de gauche qui che
1014 porte que ce soit un pseudo-fascisme de droite ou un pseudo-démocratisme de gauche qui cherche à l’instituer en France, av
1015 qui cherche à l’instituer en France, avec l’appui des Forges ou avec l’appui de Moscou : en regard de la mission personnali
1016 France, ces deux tentatives ne seront jamais que des trahisons jumelles. Nous sommes contre la centralisation, contre l’ét
1017 ste, pour l’exercice de l’autorité sur place, par des hommes responsables et qui savent ce qu’ils font, dans un cadre qui s
1018 s responsables et qui savent ce qu’ils font, dans un cadre qui soit à mesure d’homme, — pour la seule vraie « démocratie »
19 1936, L’Ordre nouveau, articles (1933–1938). Qu’est-ce que l’autorité ? (mai 1936)
1019 onne n’aurait l’idée de poser cette question dans un temps où l’autorité existerait. Mais il est urgent de la poser et de
1020 t de la résoudre dans notre temps. Tout de suite, une dame m’interrompt : « Je croyais que notre époque était autoritaire !
1021 ui s’établissent autour de nous. Or la tyrannie d’ un pouvoir grandit exactement dans la mesure où l’autorité diminue. C’es
1022 commander ? Non. Car personne n’ignore qu’il y a des gens ou des institutions qui ont le droit de commander, et qui comman
1023 Non. Car personne n’ignore qu’il y a des gens ou des institutions qui ont le droit de commander, et qui commandent, et qui
1024 tant n’ont pas d’autorité. Certain gouvernement d’ une certaine République nous en donne un exemple typique. L’autorité sera
1025 vernement d’une certaine République nous en donne un exemple typique. L’autorité serait-elle mieux définie comme « ce à qu
1026 pas se soustraire. L’autorité n’est le fait ni d’ une institution en soi, ni d’une charge, ni d’un grade, ni d’une traditio
1027 é n’est le fait ni d’une institution en soi, ni d’ une charge, ni d’un grade, ni d’une tradition, ni de la force du nombre,
1028 i d’une institution en soi, ni d’une charge, ni d’ un grade, ni d’une tradition, ni de la force du nombre, ou d’un tyran, o
1029 tion en soi, ni d’une charge, ni d’un grade, ni d’ une tradition, ni de la force du nombre, ou d’un tyran, ou de l’argent ;
1030 i d’une tradition, ni de la force du nombre, ou d’ un tyran, ou de l’argent ; ni de la police, ni de la majorité, ni d’un p
1031 argent ; ni de la police, ni de la majorité, ni d’ un parlement — chose curieuse — ni d’un duce, ni d’un pape, ni d’un sovi
1032 jorité, ni d’un parlement — chose curieuse — ni d’ un duce, ni d’un pape, ni d’un soviet, ni d’un caporal. Elle ne peut êtr
1033 n parlement — chose curieuse — ni d’un duce, ni d’ un pape, ni d’un soviet, ni d’un caporal. Elle ne peut être ni achetée,
1034 chose curieuse — ni d’un duce, ni d’un pape, ni d’ un soviet, ni d’un caporal. Elle ne peut être ni achetée, ni vendue, ni
1035 ni d’un duce, ni d’un pape, ni d’un soviet, ni d’ un caporal. Elle ne peut être ni achetée, ni vendue, ni élue, ni plébisc
1036 scitée, ni transmise légalement, ni démontrée par des textes, ni imposée par la brutalité. Autrement dit : l’autorité n’est
1037 us de tout pouvoir. L’autorité est ce qui fait qu’ un pouvoir qui lui est soumis, s’exerce en réalité. Ainsi le pouvoir n’e
1038 erce en réalité. Ainsi le pouvoir n’est jamais qu’ un instrument créé par une autorité en exercice. Il arrive certes qu’un
1039 le pouvoir n’est jamais qu’un instrument créé par une autorité en exercice. Il arrive certes qu’un pouvoir institué survive
1040 par une autorité en exercice. Il arrive certes qu’ un pouvoir institué survive à l’abdication de l’autorité qui l’avait cré
1041 l’autorité qui l’avait créé. Mais ce n’est là qu’ une survivance, justement, et ce pouvoir est destiné à s’écrouler et à de
1042 et à devenir inefficace sitôt que se manifestera une nouvelle autorité. Dans les périodes de crise, où tout se brouille et
1043 t il est méprisé comme tel. Cependant que l’élite des « clercs » le loue précisément d’être impuissant, inefficace et tout
1044 ratifs ; s’il est vrai que les journaux du Comité des forges font profession de défendre le « spirituel » ; s’il est vrai q
1045 eois » de toutes classes ont fait de « l’esprit » un refuge de l’égoïsme et de l’hypocrisie, voilà l’occasion ou jamais de
1046 hypocrisie, voilà l’occasion ou jamais de répéter un vieux dicton : l’abus n’enlève pas l’usage. Nous nous sommes expliqué
1047 itat molem. Mais ce mens n’est pas l’esprit pur d’ une élite qui laisse les mains libres aux affairistes et aux politiciens.
1048  », ce qui crée, initie et invente, ce qui impose un ordre neuf à l’anarchie. Cet esprit-là, c’est l’autorité même. C’est
1049 it-là, c’est l’autorité même. C’est l’acte même d’ un créateur dont notre pensée se forme en puissance d’acte. Ainsi quand
1050 créateur, certes, mais aussi celle qui rassemble une armée, et trouve l’argent pour payer les soldats. Nous l’avons déjà d
1051  : quand l’autorité disparaît, l’armée n’est plus une arme entre les mains déficientes du chef. Car les insignes du pouvoir
1052 xpérience de commandement. Or cette confiance est une réalité spirituelle, au plein sens du mot, cette fois. (Il est toujou
1053 su se faire entendre du premier coup. Voici donc une formule très voisine des nôtres, mais qui est de Paul Valéry : « Le p
1054 premier coup. Voici donc une formule très voisine des nôtres, mais qui est de Paul Valéry : « Le pouvoir n’a que la force q
1055 é sur la croyance. »)40 4. Comment se fait-il qu’ une élite ou un gouvernement, ou une personne, en viennent à perdre leur
1056 ance. »)40 4. Comment se fait-il qu’une élite ou un gouvernement, ou une personne, en viennent à perdre leur autorité ? A
1057 nt se fait-il qu’une élite ou un gouvernement, ou une personne, en viennent à perdre leur autorité ? Autrement dit, comment
1058 r autorité ? Autrement dit, comment se fait-il qu’ une autorité cesse de croire en elle-même ? (Car toute autorité qui croit
1059 é qui croit en elle-même est invincible, c’est là un des axiomes de l’Histoire. On n’a jamais pu renverser que des gouvern
1060 ui croit en elle-même est invincible, c’est là un des axiomes de l’Histoire. On n’a jamais pu renverser que des gouvernemen
1061 mes de l’Histoire. On n’a jamais pu renverser que des gouvernements qui doutaient de leur mission.) Ce problème serait inso
1062 ion que nous proposons entre autorité et pouvoir. Une autorité cesse de croire en elle-même dès l’instant qu’elle cesse de
1063 de paresse ou de lâcheté, c’est le mécanisme même des pouvoirs institués. Quand l’appareil « marche tout seul », l’esprit h
1064 er à ses risques et périls, reprendre la conduite des événements et modifier ou adapter aux faits nouveaux l’appareil du po
1065 n acquis. (Si le lecteur trouve notre description un peu abstraite, qu’il essaie de l’illustrer en remplaçant « esprit ou
1066 française, et « pouvoirs institués » par Conseil des ministres et Parlement.) Mais une autorité qui prétend échapper aux r
1067 s » par Conseil des ministres et Parlement.) Mais une autorité qui prétend échapper aux risques inséparables de son exercic
1068 ref du pouvoir dont ils étaient les chefs, contre une autorité proclamée au-dehors, très inférieure en puissance matérielle
1069 La révolution est essentiellement l’affirmation d’ une nouvelle autorité. Elle devient pratiquement inévitable lorsque l’aut
1070 uler lui-même. Le meilleur budget de propagande d’ un mouvement révolutionnaire, c’est encore le budget de l’État, quand il
1071 ntrer comment le pouvoir lui-même, qui passe pour un effet de la force, est essentiellement une valeur spirituelle. » Nous
1072 se pour un effet de la force, est essentiellement une valeur spirituelle. » Nous dirions évidemment autorité au lieu de pou
20 1936, L’Ordre nouveau, articles (1933–1938). Qu’est-ce que la politique ? (juin 1936)
1073 e est en principe ce qui intéresse la cité. Aucun des habitants de la cité n’a donc le droit de s’en désintéresser. Ou, s’i
1074 d les affaires, à son avis, vont mal. Ainsi parle un grossier bon sens. 2. Nous voyons aujourd’hui un nombre grandissant d
1075 un grossier bon sens. 2. Nous voyons aujourd’hui un nombre grandissant d’intellectuels proclamer avec émotion leur volont
1076 é dont ils sont membres. Leur émotion est celle d’ une découverte. Ils découvrent que le droit de se plaindre, dont ils avai
1077 e de donner, non sans maladresse, avant d’assumer un devoir qui paraîtrait, en temps normaux, incomber à tout homme normal
1078 ébats enfiévrés pour savoir si le clerc doit être un citoyen tout comme les autres, s’il doit « faire de la politique », —
1079 e de la politique », — ce malaise irritant révèle une profonde incertitude : non seulement c’est le sens politique qui fait
1080 ent aperçu, dans l’élite de la nation. On sent qu’ un homme humain, intelligent, honnête et doué de sens critique, se devra
1081 qu’elle est conçue et pratiquée de nos jours, est une menace sérieuse pour l’intégrité de l’homme, son intelligence, son ho
1082 itique est ce que l’on pense ordinairement, c’est une peste, et tous les raisonnements qui voudraient nous y engager sont d
1083 pose même plus. 3. La politique, en France, revêt des formes beaucoup plus variées et complexes que celles qu’on lui voit p
1084 ractères. a) Elle consiste d’abord dans la lutte des partis. Pour un très grand nombre de citoyens, le but à atteindre n’e
1085 e consiste d’abord dans la lutte des partis. Pour un très grand nombre de citoyens, le but à atteindre n’est pas d’abord d
1086 par amour passionné pour son idéal que par haine des autres partis, et souvent moins par haine des autres partis que par b
1087 ine des autres partis, et souvent moins par haine des autres partis que par besoin d’entretenir de vieux débats dont on con
1088 guments, et qu’on aime répéter comme le refrain d’ une chanson idiote mais « qui fait toujours plaisir ». À droite on assimi
1089 hine paraît rouler d’elle-même, dans l’intervalle des crises économiques, les partis deviennent des académies ou des écoles
1090 lle des crises économiques, les partis deviennent des académies ou des écoles de rhétorique vulgaire, et les questions de p
1091 onomiques, les partis deviennent des académies ou des écoles de rhétorique vulgaire, et les questions de personnes, le jeu
1092 e vulgaire, et les questions de personnes, le jeu des vieilles rancunes, y priment nécessairement toute espèce de souci de
1093 , les partis se mettent à déchirer la nation avec une absence de scrupules qui rappelle des temps fort décriés : ceux de la
1094 nation avec une absence de scrupules qui rappelle des temps fort décriés : ceux de la grande féodalité guerrière, le pillag
1095 ement — donc en laissant de côté les déclarations des congrès —, la moderne féodalité des partis n’agit pas autrement vis-à
1096 déclarations des congrès —, la moderne féodalité des partis n’agit pas autrement vis-à-vis de la nation et de ses intérêts
1097 ses intérêts supérieurs, que la moderne féodalité des trusts et des banques, et que l’ancienne féodalité des grands seigneu
1098 upérieurs, que la moderne féodalité des trusts et des banques, et que l’ancienne féodalité des grands seigneurs. Partis ! B
1099 rusts et des banques, et que l’ancienne féodalité des grands seigneurs. Partis ! Bastilles à démolir ! Je dis ensuite qu’un
1100 Partis ! Bastilles à démolir ! Je dis ensuite qu’ un honnête homme, et de plus patriote, se doit de rejeter tous les parti
1101 ù la politique se confond avec le jeu et la lutte des partis, il doit se déclarer de toutes ses forces antipolitique. b) O
1102 On appelle aussi « politique » la rumeur confuse des idéologies que les partis prétendent servir. Trahison républicaine co
1103 abandonnée aux comités électoraux et aux députés, des millions de citoyens s’excitent sur les hebdomadaires de droite et de
1104 l’anthologie de la mauvaise foi, de l’ignorance, des préjugés crétinisants, des rancunes de personnes médiocres et des pla
1105 e foi, de l’ignorance, des préjugés crétinisants, des rancunes de personnes médiocres et des plaisanteries à tant la ligne
1106 tinisants, des rancunes de personnes médiocres et des plaisanteries à tant la ligne la plus propre à nous faire envier la s
1107 la plus propre à nous faire envier la suppression des libertés de la presse. (Si les journaux des pays fascistes ou communi
1108 ssion des libertés de la presse. (Si les journaux des pays fascistes ou communiste se livrent parfois, eux aussi, à des déb
1109 es ou communiste se livrent parfois, eux aussi, à des débauches de mensonges haineux du même calibre, du moins sait-on que
1110 seule responsable. La honte n’en retombe pas sur des hommes « libres » !) À lire les revues et les hebdomadaires de gauche
1111 hebdomadaires de gauche ou de droite, rédigés par des intellectuels, on est bien forcé d’avouer qu’il n’y a plus en France
1112 litique. Ce qu’on nous offre sous ce nom n’est qu’ un lamentable ramassis de phrases empruntées à des révolutions étrangère
1113 qu’un lamentable ramassis de phrases empruntées à des révolutions étrangères ou périmées, et de mots d’ordre soi-disant « t
1114 -disant « tactiques », mis au service non point d’ un idéal communautaire, mais de passions et d’intérêts sans grande porté
1115 être comte et de s’appeler Casimir, qui me paraît un peu subtile. Et pour réfuter le communisme — ce qui serait plus intér
1116 ontre toute évidence, que la doctrine de Marx est un facteur de désordre et qu’elle entraîne la ruine de la famille42. Si
1117 famille42. Si la politique, c’est cela, je dis qu’ un honnête homme, et au surplus intelligent, se doit de n’y pas tremper
1118 beaucoup en viennent à définir la politique comme une simple technique de gouvernement. Il serait souhaitable en effet que
1119 . Il serait souhaitable en effet que le ministère des colonies soit géré par un homme qui connaisse autre chose que les pot
1120 effet que le ministère des colonies soit géré par un homme qui connaisse autre chose que les potins de sa circonscription 
1121 e que les potins de sa circonscription ; et celui des finances par un homme honnête ; et celui des affaires étrangères par
1122 de sa circonscription ; et celui des finances par un homme honnête ; et celui des affaires étrangères par un homme qui con
1123 elui des finances par un homme honnête ; et celui des affaires étrangères par un homme qui connaisse la langue des pays voi
1124 me honnête ; et celui des affaires étrangères par un homme qui connaisse la langue des pays voisins et l’esprit de leurs i
1125 s étrangères par un homme qui connaisse la langue des pays voisins et l’esprit de leurs institutions. Mais ceux qui veulent
1126 prit de leurs institutions. Mais ceux qui veulent des techniciens, des ingénieurs et des banquiers dans les conseils de l’É
1127 titutions. Mais ceux qui veulent des techniciens, des ingénieurs et des banquiers dans les conseils de l’État et qui pensen
1128 ux qui veulent des techniciens, des ingénieurs et des banquiers dans les conseils de l’État et qui pensent que dès lors tou
1129 ain trust de Roosevelt, oublient que la mission d’ un peuple n’est pas une affaire de calcul. Ils réduisent toute la politi
1130 lt, oublient que la mission d’un peuple n’est pas une affaire de calcul. Ils réduisent toute la politique au jeu subalterne
1131 ls réduisent toute la politique au jeu subalterne des fonctions étatiques. En somme, ils donnent à la majorité des citoyens
1132 ns étatiques. En somme, ils donnent à la majorité des citoyens d’excellentes raisons de se désintéresser de la conduite de
1133 yons, depuis peu, la politique prendre l’aspect d’ un mysticisme, et cela surtout chez les intellectuels du Front populaire
1134 u Front populaire. On attend d’elle la création d’ un « homme nouveau », d’une humanité riche, heureuse, orgueilleuse de sa
1135 tend d’elle la création d’un « homme nouveau », d’ une humanité riche, heureuse, orgueilleuse de sa force, libérée de tout t
1136 entale, cet ersatz de religion, cette renaissance des mythes bourgeois : 1° n’est qu’un mauvais négatif du christianisme ;
1137 te renaissance des mythes bourgeois : 1° n’est qu’ un mauvais négatif du christianisme ; 2° ne peut mener qu’à une forme av
1138 négatif du christianisme ; 2° ne peut mener qu’à une forme avachie de fascisme, car le fascisme et surtout le national-soc
1139 la race et de la nation, qui donnent à l’ensemble un dynamisme physique autrement impressionnant ; 3° correspondent, en po
1140 ir de fleurs de rhétorique rationalo-sentimentale une opération très précise de spoliation des libertés de la personne43 pa
1141 imentale une opération très précise de spoliation des libertés de la personne43 par l’État (que ce soit au nom d’une classe
1142 de la personne43 par l’État (que ce soit au nom d’ une classe ou de la race n’y change rien), j’estime être plus utile à la
1143 ce qu’elle est actuellement en France, je dis qu’ un homme honnête, au surplus patriote et intelligent, pleinement humain,
1144 stenir avec rigueur, et d’affirmer la nécessité d’ une attitude radicalement antipolitique. 4. Mais — la politique est à nos
1145 science ou l’art, également impurs et maléfiques, des rapports de partis à partis, ou d’idéologies à idéologies, sur un pla
1146 artis à partis, ou d’idéologies à idéologies, sur un plan qui n’est pas celui des intérêts vraiment humains, ni surtout de
1147 ies à idéologies, sur un plan qui n’est pas celui des intérêts vraiment humains, ni surtout de l’intelligence, mais bien de
1148 humains, ni surtout de l’intelligence, mais bien des passions égoïstes et courtes, ou des sentiments incontrôlés, — c’est-
1149 e, mais bien des passions égoïstes et courtes, ou des sentiments incontrôlés, — c’est-à-dire qu’elle est devenue une cultur
1150 s incontrôlés, — c’est-à-dire qu’elle est devenue une culture de la mauvaise foi et de la haine stérile. Ailleurs, peut-êtr
1151 nellement, la politique est d’une part la science des rapports de l’individu et de l’État — politique intérieure —, d’autre
1152 — politique intérieure —, d’autre part la science des rapports de la nation et des autres nations — politique extérieure. D
1153 utre part la science des rapports de la nation et des autres nations — politique extérieure. Dans le cas de la France, si u
1154 olitique extérieure. Dans le cas de la France, si un homme se sent poussé à l’action publique par des motifs qu’on peut ad
1155 i un homme se sent poussé à l’action publique par des motifs qu’on peut admettre généreux, il se voit condamné aussitôt à d
1156 admettre généreux, il se voit condamné aussitôt à des complicités honteuses et moralement dégradantes. Bien peu y échappent
1157 t entraîné dans la vie civique par devoir, au nom des « intérêts » de l’État, ou au nom des « intérêts » de la nation. La p
1158 oir, au nom des « intérêts » de l’État, ou au nom des « intérêts » de la nation. La politique reste quelque chose d’extérie
1159 istinction conduit nécessairement à la création d’ une caste de politiciens, permettant à la majorité des citoyens de se dés
1160 ne caste de politiciens, permettant à la majorité des citoyens de se désintéresser, en pratique, du bien commun. Et l’on ad
1161 contraire : la vraie politique ne saurait être qu’ une expression de la personne même. Elle s’enracine dans l’homme, en tant
1162 nsable vis-à-vis de la communauté. Elle n’est pas une obligation imposée par l’État ou la nation, mais au contraire, l’État
1163 n personnelle de chaque homme, de chaque membre d’ une communauté. Toute personne, lorsqu’elle se manifeste comme telle, cré
1164 rsqu’elle se manifeste comme telle, crée aussitôt une tension. D’une part elle organise ses appuis matériels, d’autre part
1165 appuis matériels, d’autre part elle s’élance vers un but nouveau. Cette double activité aboutit à la création de l’État —
1166 sé — et de la nation, idéal commun. Elle implique une hiérarchie : l’organisation devant être normalement subordonnée à la
1167 de la personne que nous voulons assurer à chacun un « minimum vital », c’est-à-dire une base matérielle de départ. (D’où
1168 surer à chacun un « minimum vital », c’est-à-dire une base matérielle de départ. (D’où notre définition du rôle de l’État,
1169 voulons restaurer le sens de la mission nationale des Français47. C’est en vertu de notre conception de la personne, enfin,
1170 ue nous jugeons désirable et féconde la pluralité des vocations, des idéaux et des nations, et leur fédération sur pied d’é
1171 désirable et féconde la pluralité des vocations, des idéaux et des nations, et leur fédération sur pied d’égalité. Ainsi e
1172 féconde la pluralité des vocations, des idéaux et des nations, et leur fédération sur pied d’égalité. Ainsi encore, notre m
1173 e. Elle consiste à faire la part, dans l’activité des personnes aussi bien que dans celle des peuples, de ce qui est organi
1174 ’activité des personnes aussi bien que dans celle des peuples, de ce qui est organisation et de ce qui est création ; et à
1175 blique. Car la politique ne fait que reproduire à une vaste échelle le mouvement même de la personne en exercice, ce double
1176 e en exercice, ce double mouvement d’organisation des appuis matériels, et d’élan vers des buts que l’esprit imagine. La po
1177 organisation des appuis matériels, et d’élan vers des buts que l’esprit imagine. La politique véritable, de même que toute
1178 onduite personnelle, supposera toujours à la fois une technique précise et un effort spirituel. Et la plus haute réussite s
1179 osera toujours à la fois une technique précise et un effort spirituel. Et la plus haute réussite sera toujours d’adapter a
1180 érent… Quel est le peuple qui ait jamais pratiqué une telle politique, dans l’histoire du monde ? La politique, voyez-vous,
1181 stoire du monde ? La politique, voyez-vous, c’est un jeu beaucoup plus impur, c’est la bataille des intérêts, des orgueils
1182 est un jeu beaucoup plus impur, c’est la bataille des intérêts, des orgueils et des appétits. Selon leur tempérament, les u
1183 ucoup plus impur, c’est la bataille des intérêts, des orgueils et des appétits. Selon leur tempérament, les uns s’en détour
1184 , c’est la bataille des intérêts, des orgueils et des appétits. Selon leur tempérament, les uns s’en détournent avec dégoût
1185 nent ces êtres absurdes et maléfiques qu’on nomme des politiciens, ou ces espèces d’obsédés maniaques qu’on nomme des vieux
1186 s, ou ces espèces d’obsédés maniaques qu’on nomme des vieux militants. — On nous dira aussi : vous n’êtes que des intellect
1187 militants. — On nous dira aussi : vous n’êtes que des intellectuels… À ceux qui nous diront cela, je demande : 1° Est-ce un
1188 ceux qui nous diront cela, je demande : 1° Est-ce une raison, parce que personne au monde n’a jamais mené une vie parfaitem
1189 ison, parce que personne au monde n’a jamais mené une vie parfaitement morale, pour renoncer à affirmer les droits de la mo
1190 oncer à affirmer les droits de la morale ? Est-ce une raison, parce que les « politiques » pratiquées jusqu’ici avec le suc
1191 les clercs purs ? Le but et l’utilité pratique d’ une doctrine n’est-ce pas justement d’offrir un « modèle » d’action juste
1192 ue d’une doctrine n’est-ce pas justement d’offrir un « modèle » d’action juste et bienfaisante ? Et si personne ne veut pl
1193 non, cette crise couronne-t-elle la « politique » des « réalistes » ? Nous nous adressons à ceux qui veulent en sortir, et
1194 e intelligence pour travailler à mettre en marche un ordre neuf. Nous sommes « intellectuels », certes, dans ce sens que n
1195 ntellectuels », certes, parce que nous croyons qu’ un effort de la raison et de l’imagination est pratiquement nécessaire,
1196 e où nous sommes, pour dépasser le cercle vicieux des intérêts étroits, partiels, mal compris, meurtriers, où s’excite et s
1197 rtriers, où s’excite et se débat la « politique » des « réalistes » à la petite semaine. Nous sommes « intellectuels » enfi
1198 n appelle « de purs intellectuels », c’est-à-dire des êtres ignorants des conditions concrètes de la vie actuelle, nous les
1199 intellectuels », c’est-à-dire des êtres ignorants des conditions concrètes de la vie actuelle, nous les invitons cordialeme
1200 prochaine expérience de service civil : remplacer un manœuvre dans une usine pendant 15 jours, et lui assurer ainsi des va
1201 nce de service civil : remplacer un manœuvre dans une usine pendant 15 jours, et lui assurer ainsi des vacances payées, tou
1202 une usine pendant 15 jours, et lui assurer ainsi des vacances payées, tout en contribuant à l’élaboration d’un nouveau rég
1203 ces payées, tout en contribuant à l’élaboration d’ un nouveau régime du travail, voilà l’un des aspects de notre « intellec
1204 ration d’un nouveau régime du travail, voilà l’un des aspects de notre « intellectualisme » En vérité, il serait temps que
1205 de de la crise mondiale n’est autre que la bêtise des « réalistes » et de leurs politiciens. Bêtise qui se traduit d’une pa
1206 politiciens. Bêtise qui se traduit d’une part par un attachement borné aux seuls intérêts immédiats — les capitalistes n’o
1207 loin que le bout de leur nez —, d’autre part par une effrayante absence d’imagination — d’où l’étroitesse, la timidité, la
1208 on — d’où l’étroitesse, la timidité, la puérilité des réformes que l’on nous propose à gauche et à droite. 7. Nous dirons,
1209 simplement, à ceux qui nous reprochent de vouloir une politique vraie, et même intelligente : — Continuez donc ! Militez da
1210 vous paraît trop belle, nous la réserverons pour une nouvelle jeunesse. — Mais si vous n’aimez pas ça, si vous voulez en s
1211 ne vous contentez pas de traiter de « fascistes » des hommes qui veulent subordonner l’État aux libertés — ce qui est l’inv
1212 ’inverse de l’effort fasciste — ni de communistes des hommes qui veulent la liberté de l’esprit. 8. Les grandes politiques
1213 s visions, d’utopies créatrices, d’idéaux jaillis des profondeurs de l’homme et d’une large considération des réalités mond
1214 d’idéaux jaillis des profondeurs de l’homme et d’ une large considération des réalités mondiales. Elles ne sont pas le fait
1215 ofondeurs de l’homme et d’une large considération des réalités mondiales. Elles ne sont pas le fait des petits calculateurs
1216 des réalités mondiales. Elles ne sont pas le fait des petits calculateurs locaux, des comitards, des techniciens électoraux
1217 sont pas le fait des petits calculateurs locaux, des comitards, des techniciens électoraux, des requins d’affaires ou des
1218 it des petits calculateurs locaux, des comitards, des techniciens électoraux, des requins d’affaires ou des vieux routiers
1219 ocaux, des comitards, des techniciens électoraux, des requins d’affaires ou des vieux routiers du parlementarisme. Et encor
1220 techniciens électoraux, des requins d’affaires ou des vieux routiers du parlementarisme. Et encore moins de chefs de partis
1221 monde d’aujourd’hui de grandes politiques et même des politiques démesurées. Il y a le Japon qui veut dominer sur l’Asie ;
1222 re, sa raison de subsister et de créer ? A-t-elle une politique intérieure qui corresponde au rôle que les autres puissance
1223 puissances la mettent au défi de jouer ? A-t-elle une conception de l’homme qui lui soit propre, et qu’elle puisse opposer
1224 s puissances exaltent ? Toutes ces questions sont des questions de vie ou de mort pour l’ensemble de la nation. Ceux qui le
1225 l’ensemble de la nation. Ceux qui leur donneront une réponse efficace, donneront du même coup un but commun aux efforts de
1226 ront une réponse efficace, donneront du même coup un but commun aux efforts de tous les citoyens, par-dessus les partis et
1227 s idéologies. C’est-à-dire qu’ils donneront enfin une base et une perspective et un avenir communs à la politique, à la cul
1228 . C’est-à-dire qu’ils donneront enfin une base et une perspective et un avenir communs à la politique, à la culture, à tout
1229 ls donneront enfin une base et une perspective et un avenir communs à la politique, à la culture, à toutes forces créatric
1230 réatrices de ce pays. 41. Prétendre entrer dans un parti — le moins mauvais ! — pour essayer de le réformer ou de l’infl
1231 e de prétendre entrer au Conseil d’administration des Forges pour essayer de rendre les canons inoffensifs : c’est l’instru
1232 alors que toute notre presse bourgeoise lui fait une publicité tapageuse. Et l’adultère, Messieurs ? serait-ce une spécial
1233 é tapageuse. Et l’adultère, Messieurs ? serait-ce une spécialité russe ? — Ou alors, dites clairement que la famille c’est
1234 lisation de la Banque de France ou de l’industrie des canons — comme on feindra de le croire dans un certain groupe — mais
1235 e des canons — comme on feindra de le croire dans un certain groupe — mais bien les buts positifs du marxisme stalinien, q
1236 Belgique, Suisse, Espagne, voire même, bien qu’à un moindre degré, en Angleterre… 45. Les lecteurs de cette revue savent
1237 ecteurs de cette revue savent que la nation n’est une expression de l’universel qu’en raison de l’impuissance humaine à att
1238 s de donner à ce que nous disons ici de la nation un sens absolu de nationalisme autarchique qui est à l’opposé de notre p
21 1936, L’Ordre nouveau, articles (1933–1938). Du danger de confondre la bonne foi et le stalinisme (juillet 1936)
1239 , de M. Georges Friedmann (Gallimard), nous avons un petit compte à régler avec le groupe des écrivains qui partagent la f
1240 ous avons un petit compte à régler avec le groupe des écrivains qui partagent la foi de l’auteur et utilisent la même métho
1241 rs égards. Il résume avec conscience les phases d’ une décadence catastrophique de l’idée de Progrès aux débuts du xxe sièc
1242 e et « l’intellectualisme décharné » ont provoqué des réactions sentimentales qui, de Ruskin à Bergson, relèvent de mystici
1243 de mysticismes adultérés et égoïstes plutôt que d’ une considération virile et positive de la mission de l’esprit inventeur 
1244 maine, et que « le machinisme permettant de faire une économie de force encore plus grande que les inventions de la pré-Ren
1245 Révolution nécessaire, p. 251.) (C’est sans doute une lecture « dialectique » de nos textes qui permet à l’auteur d’affirme
1246 ciser les perspectives pratiques que nous réserve un renouveau de l’idée de Progrès selon son cœur, nous tombons dans le c
1247 ré, dans la calomnie en service commandé, et dans un conformisme vraiment stalinien. L’auteur englobe le personnalisme dan
1248 t la restauration de l’esclavage, sous le couvert des fameuses « valeurs spirituelles ». Nous ne dirons pas avec M. Aragon
1249  : « Moscou la gâteuse », — car Moscou est encore un peu mieux que cela — mais nous signalerons à M. Bouglé le cas de cet
1250 M. Stakhanov, champion mineur de l’URSS. L’erreur des Méchants, des « antiprogressistes », c’est de n’avoir pas cru que « l
1251 champion mineur de l’URSS. L’erreur des Méchants, des « antiprogressistes », c’est de n’avoir pas cru que « l’homme peut do
1252 ur ? C’est « produire » 1000 tonnes de charbon en un jour. — Merci bien. Nous voilà fixés. Voilà qui légitime tout le rest
1253 ndamnation du régime soviétique ne repose pas sur une prétendue « défiance vis-à-vis de la rationalisation », mais sur un r
1254 iance vis-à-vis de la rationalisation », mais sur un réel dégoût pour l’idéal du servage industriel que Staline impose au
1255 brevets », qui au surplus lui sont postérieurs d’ une trentaine d’années ; que Spengler n’est pas un admirateur de l’Orient
1256 d’une trentaine d’années ; que Spengler n’est pas un admirateur de l’Orient, mais le contraire (p. 153) ; que le christian
1257 le christianisme n’est pas précisément opposé à «  une conception dramatique de l’homme » (p. 226) ; enfin que, contrairemen
1258 sque Staline a condamné Einstein, tout de même qu’ un pape condamnait Galilée, etc., etc. (Ce ramassis d’erreurs de fait ra
1259 our le « fatalisme » et le mécanisme « grossier » des La Mettrie, des Kautzky, des Haeckel. « Idéologie assez plate », écri
1260 me » et le mécanisme « grossier » des La Mettrie, des Kautzky, des Haeckel. « Idéologie assez plate », écrit-il, au lieu de
1261 canisme « grossier » des La Mettrie, des Kautzky, des Haeckel. « Idéologie assez plate », écrit-il, au lieu de montrer en q
1262 son point de vue, ce qui eût été le vrai sujet d’ un livre qui porte un pareil titre. Car la crise du Progrès n’est rien q
1263 ce qui eût été le vrai sujet d’un livre qui porte un pareil titre. Car la crise du Progrès n’est rien que la crise du rati
1264 engendra. Mais l’auteur se considère, lui, comme un « esprit dialectique », donc un matérialiste raffiné, tout en souples
1265 idère, lui, comme un « esprit dialectique », donc un matérialiste raffiné, tout en souplesse… Cette pudeur nouvelle — elle
1266 Symbolisés, je le répète, par Stakhanov, l’homme des 1000 tonnes par jour et des salaires pharamineux. L’on chercherait en
1267 ar Stakhanov, l’homme des 1000 tonnes par jour et des salaires pharamineux. L’on chercherait en vain, dans ce travail habil
1268 it peut-être que Taylor écrivait : « La direction des ouvriers consiste essentiellement dans l’application de trois idées é
1269 trois idées élémentaires : « 1° Tenir devant eux une prune pour les faire grimper. « 2° Faire claquer le fouet au-dessus d
1270 uer le fouet au-dessus d’eux, avec, à l’occasion, une touche de la mèche. « 3° Travailler épaule contre épaule avec eux, po
1271 foutaises inspirent à notre idéaliste impénitent une confiance sereine dans le marxisme révisé par M. Staline, seule « tec
1272 rogrès : c’est de remplacer le patron d’usine par un policier ; la « mystification spiritualiste » par une mystification d
1273 policier ; la « mystification spiritualiste » par une mystification dictatoriale autrement efficace sur les ouvriers, et qu
1274 les violences fascistes52 ; la vérité humaine par des idéologies de propagande ; et la raison par la raison d’État. Le « pr
1275 as « matériellement », la mitrailleuse n’étant qu’ une arme « dialectique » lorsqu’elle est maniée par un vrai marxiste, au
1276 e arme « dialectique » lorsqu’elle est maniée par un vrai marxiste, au service d’un État « dialectiquement » totalitaire.
1277 lle est maniée par un vrai marxiste, au service d’ un État « dialectiquement » totalitaire. Tout notre honneur est de défen
1278 e honneur est de défendre ici, depuis quatre ans, une tout autre technique, au service d’un tout autre progrès. Que si les
1279 uatre ans, une tout autre technique, au service d’ un tout autre progrès. Que si les staliniens de Commune ou d’Europe, com
1280 Europe, comme c’est l’usage, ne répondent que par des injures à mes observations, ce sera vouloir m’inspirer la vanité de c
1281 ir m’inspirer la vanité de croire qu’il n’y a que des injures à y répondre. 48. Révolution nécessaire, p. 39, et passim.
22 1936, L’Ordre nouveau, articles (1933–1938). Manifeste au service du personnalisme par Emmanuel Mounier (octobre 1936)
1282 uel Mounier (octobre 1936)ab Ce texte marquera un moment important dans l’évolution du personnalisme : le moment du reg
1283 uralistes », forcément tâtonnantes, et au seuil d’ une action plus vivement engagée, que tout nous porte à souhaiter commune
1284 mmune. Quelle que soit notre méfiance à l’endroit des synthèses tactiques ou doctrinales, nous ne pouvons formuler ici que
1285 ou doctrinales, nous ne pouvons formuler ici que des réserves provisoires : les passages sur le travail « obligation unive
1286 dans le seul domaine où l’unité serait sans doute une garantie d’efficacité.) Mais ce qui nous importe, avant tout, c’est d
1287 lions simplement, à la dernière minute, souligner des promesses d’accord aussi solides. ab. Rougemont Denis de, « [Compt
23 1936, L’Ordre nouveau, articles (1933–1938). Du socialisme au fascisme (novembre 1936)
1288 Erreur française sur le fascisme S’il est un préjugé auquel les masses bourgeoises autant qu’ouvrières tiennent, c
1289 nent aux axiomes fondamentaux de leur existence —  un sou est un sou, ne pas se laisser marcher sur les pieds, chacun pour
1290 iomes fondamentaux de leur existence — un sou est un sou, ne pas se laisser marcher sur les pieds, chacun pour soi et Dieu
1291 e de nos voisins : elle ne suppose que la lecture des journaux. (Bien sûr que sous cette forme, elle est inoffensive, tant
1292 ’en va pas de même en Espagne, mais c’est à cause des jésuites.) L’homme de gauche, en France, croit que fascisme égale dro
1293 . (Il aura l’occasion de se détromper, le jour où un État fasciste fera main-basse sur ses capitaux étrangers et sur le ti
1294 he est renforcé dans sa croyance par le spectacle des sympathies plus ou moins affichées par la droite — qui se trompe — po
1295 uns, que le stalinisme et le fascisme ne sont pas des pôles contraires (comme l’ancienne gauche et l’ancienne droite), mais
1296 ), mais deux aspects de plus en plus semblables d’ une même folie, l’État totalitaire ? L’entreprise paraît difficile. Les c
1297 de faire comprendre aux Français la vraie nature des régimes étrangers, pour lesquels ils sont prêts à se battre, c’est ac
1298 a droite sur la nature essentiellement socialiste des fascismes. Origines socialistes du fascisme Le cas de l’Italie
1299 socialistes du fascisme Le cas de l’Italie est des plus clairs. Tout le monde sait que Mussolini vient du syndicalisme,
1300 ussolini vient du syndicalisme, et qu’il fut l’un des chefs du parti socialiste. On sait aussi quelles influences détermina
1301 , contre le préjugé français, que le fascisme est un mouvement « de gauche » ? Certes non. Car il serait trop facile de ré
1302 ’est pas là. Elle doit se poser dans ces termes : un chef socialiste qui veut exercer le pouvoir peut-il ne pas trahir le
1303 ? Regardons l’Europe d’après-guerre. Lénine fonde un régime marxiste, qui aboutit en quelques années, et selon son propre
1304 opre aveu, au capitalisme d’État. Mussolini fonde un régime antimarxiste, qui est dès le début un capitalisme d’État. Les
1305 onde un régime antimarxiste, qui est dès le début un capitalisme d’État. Les socialistes scandinaves parviennent légalemen
1306 urgeoises-capitalistes, se bornant à y introduire un étatisme assez discret. Les socialistes français les imitent, créent
1307 ret. Les socialistes français les imitent, créent des offices d’État, et « nationalisent »54 ce qu’ils peuvent. Quant aux s
1308 possible de tirer quelques conclusions claires d’ un tel chaos d’échecs ? Peut-être, — et même d’assez inattendues, aux ye
1309 eut-être, — et même d’assez inattendues, aux yeux des socialistes du moins. Remarquons tout d’abord qu’aucun gouvernement s
1310 un gouvernement socialiste n’a réussi à instaurer un régime tant soit peu conforme à ses principes ; et cela, quelles que
1311 expérience, et quel que fût le degré de sincérité des chefs. Notons ensuite que ces gouvernements, qu’ils soient parlement
1312 ndance générale : remettre le soin de gouverner à un État de plus en plus rigoureusement centralisé. Seul le rythme de l’é
1313 s traditions locales et la « liberté » anarchique des « opinions », c’est-à-dire des groupements d’intérêts. Tandis que dan
1314 berté » anarchique des « opinions », c’est-à-dire des groupements d’intérêts. Tandis que dans les dictatures nées d’une rév
1315 d’intérêts. Tandis que dans les dictatures nées d’ une révolution de masses, donc d’un état de guerre, l’étatisme a pu — et
1316 ictatures nées d’une révolution de masses, donc d’ un état de guerre, l’étatisme a pu — et même dû — devenir du premier cou
1317 e — de l’effort socialiste. Le chef fasciste : un homme « de gauche » Cette fatalité historique, à laquelle cèdent t
1318 masses55, se reproduit dans le destin individuel des véritables hommes d’action de la gauche. Qu’on se rappelle Noske, dép
1319 le Noske, député socialiste, porté par la révolte des marins allemands, en 1918, au poste de gouverneur de Kiel : c’est lui
1320 poste de gouverneur de Kiel : c’est lui que, par un sûr instinct, le Grand État-Major, qui joue sa dernière carte, fera n
1321 le socialisme économique n’était que la moitié d’ une doctrine. Ils ont compris qu’on ne peut pas fonder l’État, tel que le
1322 omie entre les mains de l’État, il faut l’appui d’ une mystique qui paralyse les éléments d’opposition. C’est la mystique de
1323 ont exactement complémentaires. Le socialisme est une « nationalisation » de l’économie ; le nationalisme est une « sociali
1324 onalisation » de l’économie ; le nationalisme est une « socialisation » du sentiment patriotique. L’un n’est pas possible s
1325 t l’échec assuré. (Nous sommes en train d’en voir un bel exemple.) Mais pour devenir totalitaire, l’État ne peut se fonder
1326 devenir totalitaire, l’État ne peut se fonder sur des bases purement matérielles. Il lui faut la fameuse « confiance », et
1327 rielles. Il lui faut la fameuse « confiance », et une confiance disciplinée, à toute épreuve. Seule une mystique nationalis
1328 une confiance disciplinée, à toute épreuve. Seule une mystique nationaliste la lui donnera. Ainsi la formule socialiste : t
1329 fasciste : tout pour l’État. La fameuse croisade des démocraties socialistes contre les dictatures fascistes ressemble à u
1330 istes contre les dictatures fascistes ressemble à un de ces combats d’aveugles tels qu’en organisait le Moyen Âge. Combat
1331 ? L’aboutissement pratique du socialisme56 — dans un ordre non fédéraliste — ne peut être, n’a jamais été, et ne sera jama
1332 t bien montré M. André Siegfried dans son Tableau des partis en France. 54. Qui pourra nous expliquer en quoi la « nationa
24 1936, L’Ordre nouveau, articles (1933–1938). Les jacobins en chemise brune (décembre 1936)
1333 rend le national-socialisme, il n’est pas rare qu’ un membre du parti d’Hitler réponde : « Vous êtes bien mal venu à critiq
1334 out cela, chez vous, existe pareillement, sinon à un plus haut degré, depuis votre Révolution de 89 ! Tâchez donc de compr
1335 son retard, à tout prix. Vous avez, vous Français une conscience nationale unitaire qui nous a toujours fait défaut. Tous v
1336 -à-dire à l’orgueil impérialiste je pense, dès qu’ un peuple à côté de vous, que ce soit l’Italie ou l’Allemagne, essaie de
1337 que ces propos m’ont été tenus spontanément, par des personnes très favorables à Hitler, mais qui gardaient leur sens crit
1338 i gardaient leur sens critique. Ce ne sont pas là des « Schlagworte », des mots d’ordre de la Propagande. Il y a donc quelq
1339 critique. Ce ne sont pas là des « Schlagworte », des mots d’ordre de la Propagande. Il y a donc quelques chances qu’ils tr
1340 mes, dont certains risquent d’être entraînés dans des orbites étrangères. (La Bavière catholique se rapprocherait de l’Autr
1341 s, de la France) ; c’est d’autre part la pression des Alliés, qui soutiennent plus ou moins ouvertement le séparatisme, dra
1342 tte situation dicte à Hitler les grandes lignes d’ une action d’urgence. 1° Lutte contre le séparatisme. — Il y a le précéde
1343 utte contre le séparatisme. — Il y a le précédent des « corps francs » qui ont paré aux premières menaces de soviétisation
1344 ch. Maintenant il faut donner à toute l’Allemagne un idéal commun, des haines communes, et pour cela fonder un parti unita
1345 faut donner à toute l’Allemagne un idéal commun, des haines communes, et pour cela fonder un parti unitaire qui s’appuiera
1346 commun, des haines communes, et pour cela fonder un parti unitaire qui s’appuiera sur une mystique renouvelée du pangerma
1347 cela fonder un parti unitaire qui s’appuiera sur une mystique renouvelée du pangermanisme. C’est ici que s’insère le racis
1348 i que s’insère le racisme. Et l’on ira rechercher des Chamberlain, des Gobineau qui sont bien loin des préoccupations urgen
1349 racisme. Et l’on ira rechercher des Chamberlain, des Gobineau qui sont bien loin des préoccupations urgentes du peuple all
1350 des Chamberlain, des Gobineau qui sont bien loin des préoccupations urgentes du peuple allemand, mais qui fournissent des
1351 urgentes du peuple allemand, mais qui fournissent des bases idéologiques à la lutte pour l’idée nationale. Au fond le probl
1352 tout autres. Les jacobins, en effet, défendaient une révolution déjà faite, et s’appuyaient sur une tradition de centralis
1353 nt une révolution déjà faite, et s’appuyaient sur une tradition de centralisme instituée par la monarchie. Il s’agissait su
1354 t, faute de bases historiques, il doit recourir à une propagande d’autant plus virulente et démagogique. Une seule réalité
1355 ropagande d’autant plus virulente et démagogique. Une seule réalité fonde à ses yeux l’unité de la nation allemande : celle
1356 Mais pour la rendre populaire, il faut la lier à des passions que l’on puisse exciter immédiatement : c’est ainsi que les
1357 contre l’étranger. — Là encore, Hitler va trouver une base de haines communes sur laquelle puisse s’unifier la nation. Le D
1358 ier la nation. Le Diktat de Versailles, signé par des diplomates lâches ou traîtres, jouera le rôle des proclamations de Br
1359 des diplomates lâches ou traîtres, jouera le rôle des proclamations de Brunswick ; et les Français qui occupent la Rhénanie
1360 t moins frappant ; c’est qu’en effet la technique des révolutions de masse introduit des facteurs qui ne pouvaient exister
1361 t la technique des révolutions de masse introduit des facteurs qui ne pouvaient exister pour Robespierre et pour Saint-Just
1362 évolution française, ne s’est pas proposé d’abord une modification du corps social et de la structure des classes, mais bie
1363 e modification du corps social et de la structure des classes, mais bien le balayage d’un personnel politicien dont l’actio
1364 la structure des classes, mais bien le balayage d’ un personnel politicien dont l’action paraissait néfaste aux intérêts de
1365 reste, la tactique d’Hitler rappelle plutôt celle des léninistes en 1919 : c’est la même lutte sur le double front de la « 
1366 on peut dire que Robespierre eut aussi le souci d’ une ligne générale à défendre contre droites et gauches, mais un Hébert n
1367 nérale à défendre contre droites et gauches, mais un Hébert n’est pas de la taille d’un Röhm ou d’un Strasser, ni surtout
1368 gauches, mais un Hébert n’est pas de la taille d’ un Röhm ou d’un Strasser, ni surtout d’un Trotski. Mais où le parallèle
1369 s un Hébert n’est pas de la taille d’un Röhm ou d’ un Strasser, ni surtout d’un Trotski. Mais où le parallèle hitlérisme-ja
1370 a taille d’un Röhm ou d’un Strasser, ni surtout d’ un Trotski. Mais où le parallèle hitlérisme-jacobinisme reprend toute sa
1371 es, une fois le pouvoir affermi. La justification des actes de terreur est à peu près la même de part et d’autre. C’est le
1372 autre. C’est le bras vengeur du justicier, du pur des purs, qui s’abat sans scrupule humain sur les ennemis de la nation :
1373 ation : toujours, il faut « faire vite », déjouer un complot à la dernière minute. Une action judiciaire légale eût entraî
1374 vite », déjouer un complot à la dernière minute. Une action judiciaire légale eût entraîné un retard fatal (ou démontré, d
1375 minute. Une action judiciaire légale eût entraîné un retard fatal (ou démontré, dans la plupart des cas, l’inexistence du
1376 tence du complot !) Il faut éviter à tout prix qu’ une discussion publique prolongée permette aux opposants de se reconnaîtr
1377 onnaître et de se grouper. Il faut enfin produire une stupeur horrifiée, dont l’effet infaillible est de faire apparaître l
1378 t de faire apparaître le tyran sous les espèces d’ un surhomme. Après quoi l’on créera la diversion indispensable, en insti
1379 d’immenses fêtes populaires : culte de la Raison, des Vertus, de la Patrie, sous Robespierre ; fête des Moissons, fête de l
1380 des Vertus, de la Patrie, sous Robespierre ; fête des Moissons, fête de la jeunesse ou du Solstice d’été, culte des morts d
1381 , fête de la jeunesse ou du Solstice d’été, culte des morts de la Révolution, sous Hitler. (Je ne puis ici que renvoyer à l
1382 iquer cette « jacobinisation » de l’Allemagne par des arguments très voisins de ceux qu’utiliserait Staline pour justifier
1383 ustifier son « américanisme ». Ils diront : c’est un stade nécessaire, il fallait en passer par là, c’est la filière de l’
1384 t la filière de l’Histoire, on ne peut pas sauter une époque que d’autres peuples ont vécue, et tomber à pieds joints dans
1385 ant de mal de l’esprit de 89 et de la Déclaration des droits de l’homme, pour refaire après 150 ans les mêmes erreurs, dans
1386 our refaire après 150 ans les mêmes erreurs, dans un pays qui s’y prêtait moins que le nôtre ? (Ou bien, contre Staline :
1387 histoire. Nous sommes là pour la créer. Vis-à-vis des jacobins bruns, nous ne pouvons nous en tenir à des critiques rétrosp
1388 s jacobins bruns, nous ne pouvons nous en tenir à des critiques rétrospectives. Tournés vers l’avenir prochain, nous dirons
1389 artie l’exemple de la France qui l’explique. Mais un exemple mal interprété. Hitler n’a vu d’abord dans la structure centr
1390 ture centralisée que la condition indispensable d’ une discipline de guerre. Il n’a pas vu que cette même structure était la
1391 t voir que la carence française, la fossilisation des formes étatistes, constitue pratiquement un frein pour la révolution
1392 tion des formes étatistes, constitue pratiquement un frein pour la révolution européenne. C’est de la part de ceux qui l’i
1393 amorcé par la France, les nations jeunes, faute d’ un autre modèle, se laisseront engager dans des imitations monstrueuses
1394 ute d’un autre modèle, se laisseront engager dans des imitations monstrueuses du jacobinisme. C’est à la France d’allumer l
1395 à la France d’allumer le signal rouge qui indique une voie impraticable. Signal de la révolution fédéraliste, non plus fond
1396 la paix, c’est préparer d’abord l’instauration d’ un régime à base fédérale. Et qui prendrait l’initiative, une fois encor
1397 le pays qui a pu faire avant tous l’expérience d’ un centralisme dont les caricatures brutales, artificielles, épouvantent
1398 le principe de la nation armée, disciplinée dans un cadre rigide, tout cela ne cesse d’être stérile et abstrait — en temp
1399 t trop tard ? Désespérer de la paix, c’est rendre une guerre fatale. Désespérer de la révolution française, c’est désespére
1400 ération a si bien réussi qu’on entend fréquemment des partisans d’Hitler déclarer que le racisme n’est en réalité que la lu
1401 c’est l’état de guerre, nous pouvons affirmer qu’ une idéologie née du seul combat (Mein Kampf) sera forcément d’allure tot
25 1937, L’Ordre nouveau, articles (1933–1938). Historique du mal capitaliste (janvier 1937)
1402 capitaliste à la civilisation occidentale. C’est un point de vue des plus contestables, le grand commerce, qui est l’une
1403 a civilisation occidentale. C’est un point de vue des plus contestables, le grand commerce, qui est l’une des causes princi
1404 us contestables, le grand commerce, qui est l’une des causes principales du capitalisme, étant au moins aussi oriental qu’o
1405 a force de dissociation sociale la plus puissante des civilisations de l’Occident. Celles-ci n’ont pas su lui faire sa part
1406 ismes, aboutissant ainsi, à plusieurs reprises, à une désintégration générale, à la forme politique monstrueuse que nous ap
1407 t aisées : ils paraissent se détacher d’eux-mêmes des innombrables contingences de l’histoire, comme des fatalités géométri
1408 es innombrables contingences de l’histoire, comme des fatalités géométriques que leur rigidité même permet de distinguer de
1409 une bonne part l’apparence forcément schématique des exemples d’évolution capitaliste que nous donnerons. Le capitalisme
1410 capitaliste que nous donnerons. Le capitalisme des Romains C’est par l’usage du prêt à intérêt que le capitalisme s’e
1411 l au sénateur voisin, dont le domaine cultivé par des esclaves (non soumis aux obligations militaires) est demeuré intact e
1412 demeuré intact et a progressé sous la conduite d’ un intendant. Le sénateur a donc des disponibilités60. Il ne saurait en
1413 us la conduite d’un intendant. Le sénateur a donc des disponibilités60. Il ne saurait en faire emploi plus judicieux et « p
1414 ent du prolétariat, résultant de la concentration des richesses terriennes entre les mains du patriciat, posa très vite de
1415 te de graves problèmes. Toute société qui sécrète un chômage « technologique » se voit contrainte de fournir aux chômeurs
1416 ique » se voit contrainte de fournir aux chômeurs une sportule régulière (« indemnités », comme on dit aujourd’hui, d’une m
1417 ière (« indemnités », comme on dit aujourd’hui, d’ une manière significative !) À Rome, la caisse de chômage s’appelait l’au
1418 umône, condition même de la « paix sociale » et d’ un « ordre » en porte-à-faux, obligea[n]t donc à des importations consid
1419 ’un « ordre » en porte-à-faux, obligea[n]t donc à des importations considérables. Cependant Rome ne pouvait supporter d’êtr
1420 ne pouvait supporter d’être longtemps à la merci des possesseurs des plus grandes terres à blé, Siciliens et Carthaginois.
1421 orter d’être longtemps à la merci des possesseurs des plus grandes terres à blé, Siciliens et Carthaginois. C’est ainsi que
1422 bas prix de l’Afrique, il fallut s’orienter vers des cultures spécialisées (oliveraies, vignes, cultures maraîchères) ou v
1423 araîchères) ou vers l’élevage. Tout cela exigeait des mises de fonds importantes et favorisait la grande propriété. Si bien
1424 remière vague de prolétarisation, on en déclencha une seconde. Quantité de petits paysans endettés virent leurs domaines « 
1425 que le capitalisme mobilier prit de l’extension, une nouvelle classe se forma : celle des commerçants et des fermiers de s
1426 l’extension, une nouvelle classe se forma : celle des commerçants et des fermiers de services publics. À partir du iie siè
1427 uvelle classe se forma : celle des commerçants et des fermiers de services publics. À partir du iie siècle, les « chevalie
1428 e siècle, les « chevaliers » (ou bourgeois) font des fortunes énormes et scandaleuses aux dépens des services publics, com
1429 t des fortunes énormes et scandaleuses aux dépens des services publics, comme en feront plus tard les prêteurs et « financi
1430 n feront plus tard les prêteurs et « financiers » des rois, du xve au xviiie siècle de notre ère. Les classes moyennes se
1431 ient écrasées entre les ploutocrates puissants et un prolétariat désespéré. Le paysan libre disparaît, et, avec lui, le so
1432 rs palais urbains. Ces rentiers du sol pratiquent une politique d’égoïsme social et d’impérialisme. L’immense prolétariat d
1433 e social et d’impérialisme. L’immense prolétariat des villes vit en grande partie du trafic de son droit de vote, acheté to
1434 écanismes de la loi capitaliste. La concentration des terres et de l’argent62 entre les mains d’une classe restreinte comma
1435 ion des terres et de l’argent62 entre les mains d’ une classe restreinte commande toute la vie politique. Il suffira de rapp
1436 rèrent sénateurs et chevaliers pour la possession des tribunaux chargés de poursuivre les délits contre le Trésor public, e
1437 eux qui briguent : il faut les refaire aux dépens des peuples vaincus. À partir du iie siècle, les conquêtes extérieures n
1438 ialiste eût été, à ce moment, le signal certain d’ une révolution sociale. Au ier siècle, fatiguée de lutter pour des lois
1439 sociale. Au ier siècle, fatiguée de lutter pour des lois agraires plus justes, la plèbe se désintéresse de la terre. Elle
1440 de l’impérialisme. Le pain, les jeux, l’abolition des classes, tels sont désormais ses mots d’ordre, imposés par les démago
1441 nt bien vu que Rome va périr : elle n’est plus qu’ une cohue de jouisseurs sénatoriaux et équestres, d’armées mercenaires et
1442 galement). Aussi imposent-ils la remise partielle des dettes, et certaines mesures agraires destinées à permettre la recons
1443 graires destinées à permettre la reconstitution d’ une classe paysanne. Mais il est trop tard. Rome tout entière, plèbe et p
1444 possible que si l’État devient ce qu’on appelle «  un État fort ». César, puis Auguste et ses successeurs immédiats l’ont c
1445 s l’ont compris. Aussi mettent-ils fin aux luttes des partis et des classes, par le moyen (aujourd’hui « classique ») de la
1446 s. Aussi mettent-ils fin aux luttes des partis et des classes, par le moyen (aujourd’hui « classique ») de la dictature « n
1447 itaire, providence de tous les sujets, à charge d’ une obéissance absolue, et d’impôts croissants. Sous ces conditions, les
1448 a coûte de plus en plus cher. Et le système exige un nombre croissant de fonctionnaires : nombre qui égalera presque celui
1449 fonctionnaires : nombre qui égalera presque celui des citoyens au ive siècle ! Dans ce monde issu directement d’un capital
1450 au ive siècle ! Dans ce monde issu directement d’ un capitalisme de proie, figé dans les cadres d’un capitalisme parvenu —
1451 d’un capitalisme de proie, figé dans les cadres d’ un capitalisme parvenu — relativement à la technique du temps –, il ne s
1452 ages procurés par l’État font qu’il existe encore un monde romain : ce n’est qu’une organisation. De là sans doute l’indif
1453 qu’il existe encore un monde romain : ce n’est qu’ une organisation. De là sans doute l’indifférence avec laquelle les popul
1454 nglantes intrigues du Palatin. L’immense majorité des citoyens, n’ayant plus de vie propre, délègue en quelque sorte à la v
1455 les épices capables, comme on dit, de « réveiller un mort »… Mais les appareils les mieux montés subissent les lois de l’i
1456 uelque intervention de l’homme. Il devait arriver un temps où il ne se trouverait même plus de brutes intelligentes, comme
1457  : l’Empire romain n’est pas tombé sous les coups des barbares63, comme on s’est plu à le dire jusqu’ici. Il a succombé aux
1458 es de part et d’autre. Il a fait du peuple romain un peuple d’exploiteurs impérialistes et de rentiers. Enfin, il a nécess
1459 t de l’État totalitaire, qui à son tour a sécrété une civilisation dont la seule raison d’être (ou commune mesure) fut la p
1460 ilisation justifiait d’avance et appelait le viol des barbares, des vivants ! Capitalisme et féodalité La réapparitio
1461 ifiait d’avance et appelait le viol des barbares, des vivants ! Capitalisme et féodalité La réapparition, au début de
1462 siècle, du phénomène capitaliste, se signale par une transformation immédiatement sensible des rapports humains : ils tend
1463 ale par une transformation immédiatement sensible des rapports humains : ils tendent à n’être plus directs (d’homme à homme
1464 rd d’État à État). C’est par le grand commerce64, des choses d’abord, puis de l’argent, que le capitalisme entra dans la ci
1465 médiévale. Le développement du transit65 apporta un incontestable élargissement à la vie des hommes de cette époque, dont
1466 5 apporta un incontestable élargissement à la vie des hommes de cette époque, dont les échanges avaient été réduits jusque-
1467 dont les échanges avaient été réduits jusque-là à un rayon strictement local. L’articulation des diverses régions de l’Eur
1468 e-là à un rayon strictement local. L’articulation des diverses régions de l’Europe était la meilleure sauvegarde contre les
1469 ien commun, le commerce renaissant pouvait amener une spécialisation relative de la production, source d’élévation du nivea
1470 niveau matériel général et fondement économique d’ une Europe fédérée. Mais dès le début, l’initiative individuelle extrêmem
1471 l’initiative individuelle extrêmement vigoureuse des marchands fut déviée par l’égoïsme de classe (c’est-à-dire par une né
1472 déviée par l’égoïsme de classe (c’est-à-dire par une névrose de sécurité ; nous reviendrons sur ce point important). La sp
1473 important). La spécialisation tourna à l’avantage des accapareurs. (Rapides fortunes des fournisseurs de grains au début du
1474 a à l’avantage des accapareurs. (Rapides fortunes des fournisseurs de grains au début du xiie siècle.) Dès ce moment, les
1475 archands pour payer leurs services, très réels, d’ une manière abusive, exploitent à la fois les producteurs et les consomma
1476 fois les producteurs et les consommateurs. Après un siècle à peine d’existence, la classe des commerçants tend à se ferme
1477 s. Après un siècle à peine d’existence, la classe des commerçants tend à se fermer : dès la fin du xiie , les marchands de
1478 du salariat. Ils font travailler à domicile tout un prolétariat de tisserands et de foulons, qui reçoivent la matière pre
1479 reçoivent la matière première et rendent, contre un salaire fixé, le produit fini. Très vite, ce genre de travail se loca
1480 ravail se localise dans les villes. Ainsi se crée une classe ouvrière réduite, dès ce moment, à tous les aléas du prolétari
1481 1245, sous le nom de takehen. En Flandres — l’un des centres du capitalisme, avec l’Italie —, la fin du xiiie et tout le
1482 fin du xiiie et tout le xive siècle ne sont qu’ une longue suite de luttes de classes. La société urbaine est désormais d
1483 t en prolétariat travaillant tantôt sous la coupe des corporations, tantôt sous la coupe directe des capitalistes. Parfois
1484 pe des corporations, tantôt sous la coupe directe des capitalistes. Parfois ce prolétariat trouve un appui auprès des artis
1485 e des capitalistes. Parfois ce prolétariat trouve un appui auprès des artisans et les aide à conquérir le pouvoir, aux dép
1486 es. Parfois ce prolétariat trouve un appui auprès des artisans et les aide à conquérir le pouvoir, aux dépens du patriciat
1487 iste ». Aussi voit-on vers la fin du xive siècle un retournement des alliances : les corporations font bloc avec les capi
1488 it-on vers la fin du xive siècle un retournement des alliances : les corporations font bloc avec les capitalistes qu’elles
1489 tes du prolétariat. Celui-ci, de son côté, trouve un nouvel appui dans la classe paysanne réduite au servage ou au nomadis
1490 développement capitaliste a modifié la condition des campagnes. Le bourgeois s’est mis à acheter des terres, et il a intro
1491 n des campagnes. Le bourgeois s’est mis à acheter des terres, et il a introduit dans leur exploitation plusieurs nouveautés
1492 nsi établie sur la réserve s’accroît ou détriment des manses, mais aussi à celui des communaux, désormais envahis par le bé
1493 croît ou détriment des manses, mais aussi à celui des communaux, désormais envahis par le bétail du seigneur au grand dam d
1494 is envahis par le bétail du seigneur au grand dam des paysans. D’où prolétarisation de ces derniers. Les enfants de famille
1495 se livrer, comme ouvriers agricoles, aux fermiers des seigneurs. Ces nouveaux seigneurs résident d’ordinaire à la ville, et
1496 bles. Ils sont devenus — comme on le vit à Rome — des rentiers du sol, des exploiteurs, et non plus des protecteurs respons
1497 s — comme on le vit à Rome — des rentiers du sol, des exploiteurs, et non plus des protecteurs responsables. Sans doute l’é
1498 des rentiers du sol, des exploiteurs, et non plus des protecteurs responsables. Sans doute l’évolution générale des conditi
1499 urs responsables. Sans doute l’évolution générale des conditions de vie tendait-elle à faire des anciens seigneurs de simpl
1500 nérale des conditions de vie tendait-elle à faire des anciens seigneurs de simples usufruitiers du sol, rendant inutile leu
1501 r de protection. Il n’empêche que c’est l’arrivée des parvenus qui fit prendre conscience au paysan de cette évolution. De
1502 u châtelain et du paysan. Les révoltes conjuguées des prolétaires urbains et agricoles, écrasés d’impôts, furent rares et s
1503 is le xive siècle ne fut pas seulement le siècle des luttes de classes : il a vu aussi la première crise économique « fonc
1504 effondrement du crédit a toujours marqué le début des crises économiques. La traite qui revient impayée, c’est l’oiseau de
1505 les corporations stabilisèrent leur production à un niveau assez bas. Les « maîtres » se constituèrent en une classe touj
1506 au assez bas. Les « maîtres » se constituèrent en une classe toujours plus jalousement fermée sur elle-même, la maîtrise de
1507 même de la cellule artisanale. On peut penser qu’ une politique hardie de hausse des salaires et d’abaissement des redevanc
1508 On peut penser qu’une politique hardie de hausse des salaires et d’abaissement des redevances eût pu ouvrir une ère de pro
1509 ue hardie de hausse des salaires et d’abaissement des redevances eût pu ouvrir une ère de prospérité. Mais les capitalistes
1510 res et d’abaissement des redevances eût pu ouvrir une ère de prospérité. Mais les capitalistes et les classes moyennes n’os
1511 rdiste, voire blumiste ! — qui eût alors inauguré une longue prospérité, aux conséquences politiques incommensurables… On c
1512 tanies, etc.) qui, par privilège, vivent à l’abri des contraintes municipales67. Les princes interviennent donc dans la vie
1513 inces à créer par superpositions et infiltrations des économies centralisées. Du xive à la fin du xvie siècle, on assiste
1514 donc au passage de l’économie urbaine multiple à une économie nationale, ou mieux étatisée. Cette économie n’est plus la c
1515 ieux étatisée. Cette économie n’est plus la chose des seuls capitalistes, mais aussi de l’État, qui lui impose des lois gén
1516 apitalistes, mais aussi de l’État, qui lui impose des lois générales. L’État est devenu l’arbitre souverain des conflits so
1517 générales. L’État est devenu l’arbitre souverain des conflits sociaux, et la notion de Bien commun national s’est substitu
1518 evenus). Rois et capitalistes font du prolétariat une armée industrielle soumise à une rude discipline : le fouet pour l’ou
1519 t du prolétariat une armée industrielle soumise à une rude discipline : le fouet pour l’ouvrier qui a mal fait son travail,
1520 on travail, les grèves interdites, et la fixation des salaires maxima ! Du xvie siècle à la Révolution se forment la théor
1521 la logique capitaliste mène à la guerre. La vente des privilèges et offices étant, avec l’emprunt, la grande source des rev
1522 t offices étant, avec l’emprunt, la grande source des revenus ou disponibilités de l’État, celui-ci favorise l’enrichisseme
1523 tés de l’État, celui-ci favorise l’enrichissement des bourgeois, grands acheteurs d’offices et de lettres de noblesse, et g
1524 in-d’œuvre. Si le pauvre veut s’élever, il n’a qu’ un seul moyen : entrer dans la domesticité des riches, y faire son beurr
1525 n’a qu’un seul moyen : entrer dans la domesticité des riches, y faire son beurre, et devenir à son tour « capitaliste », us
1526 es symboles de l’injustice et du vol — animée par une volonté de retour à l’économique fut condamnée à l’échec dès le dépar
1527 les cadres du mercantilisme. La division profonde des classes, l’élévation sociale à base exclusive d’immoralité, le pillag
1528 et l’État, le développement du protectionnisme et des privilèges, la hausse constante du prix de la vie depuis le xviie si
1529 a vie depuis le xviie siècle, tout cela exigeait un changement de plan total (spirituel autant qu’économique) non des réf
1530 e plan total (spirituel autant qu’économique) non des réformes. À son défaut, la Révolution fut déclenchée par une crise fi
1531 s. À son défaut, la Révolution fut déclenchée par une crise financière. Or cette crise ne fut résolue qu’en apparences, la
1532 atut de privilèges économiques. Là encore, ce fut un ensemble de mesures étatiques — sous l’Empire68 — qui masqua pour un
1533 res étatiques — sous l’Empire68 — qui masqua pour un temps, sans les résoudre, les problèmes réels. L’Empire ne représente
1534 ’Empire ne représente, économiquement parlant, qu’ une période de stagnation et d’expédients impérialistes, d’allure « fasci
1535 d’allure « fasciste » caractérisée. Le processus un instant ralenti, n’allait que mieux s’accélérer au xixe siècle. L
1536 arient considérablement dès qu’il s’agit de fixer une date limite. Il est très difficile d’ailleurs de fixer pour chaque au
1537 il assigne à l’origine du phénomène capitaliste. Une lecture superficielle risquerait d’induire en erreur à cet égard. Il
1538 Pour nous, qui caractérisons le capitalisme comme un phénomène de dissociation occidentale, signalé par la déconcrétisatio
1539 tion occidentale, signalé par la déconcrétisation des rapports humains69, nous constaterons à l’inverse des économistes, qu
1540 rapports humains69, nous constaterons à l’inverse des économistes, que le xixe siècle n’a pas révélé de nouveaux aspects e
1541 t que nous pouvons, dès maintenant, définir comme une méfiance à l’égard du concret et du risque spirituel, créateur. Sous
1542 rationalisme enfin reconnu comme l’éthique idéale des nouveaux maîtres, la rationalisation capitaliste s’accélère désormais
1543 s l’utilisation immédiate et sans scrupule humain des machines. Le développement de l’industrie provoque, comme on sait, un
1544 loppement de l’industrie provoque, comme on sait, une vague de prolétarisation sans précédent, précipitant la constitution
1545 oisie en caste fermée, et provoquant par ailleurs des concentrations de capitaux qui permettront d’étendre le processus à t
1546 rialisme colonisateur (par le jeu toujours pareil des prêts bancaires : c’est une traite de 10 000 francs impayée par la re
1547 e jeu toujours pareil des prêts bancaires : c’est une traite de 10 000 francs impayée par la reine de Madagascar qui est la
1548 ouer qu’à l’intérieur d’empires analogues à celui des Anglais. Cette emprise étatique, d’ailleurs, nous apparaît déjà condi
1549 nitiatives anarchiques appellent le contrepoids d’ un centralisme de plus en plus totalitaire. Vers 1912-1913, l’on assiste
1550 on assiste au phénomène prévisible de la fixation des classes, et conjointement, à un début de « saturation » des marchés.
1551 e de la fixation des classes, et conjointement, à un début de « saturation » des marchés. (La déconcrétisation des rapport
1552 s, et conjointement, à un début de « saturation » des marchés. (La déconcrétisation des rapports humains par le capitalisme
1553 « saturation » des marchés. (La déconcrétisation des rapports humains par le capitalisme devait entraîner nécessairement l
1554 ntraîner nécessairement l’indépendance croissante des rythmes de production et de consommation.) Et c’est la guerre de 1914
1555 lit ne résout rien, bien au contraire. Il suscite une formidable concurrence extraeuropéenne, condamnant l’économie du cont
1556 ndamnant l’économie du continent à se replier sur une exploitation artificielle des marchés nationaux. (Ce phénomène n’est
1557 nt à se replier sur une exploitation artificielle des marchés nationaux. (Ce phénomène n’est pas sans rappeler le repliemen
1558 e phénomène n’est pas sans rappeler le repliement des municipalités du xive siècle.) À ce stade d’autarchisme panique, l’o
1559 le cadre de l’État-nation mais internationalisme des capitaux financiers72 ; nationalisme de propagande mais besoin d’une
1560 iers72 ; nationalisme de propagande mais besoin d’ une économie rationnelle mondiale) — ne peut être que le conflit armé, à
1561 e mondiale) — ne peut être que le conflit armé, à une échelle monstrueuse. Ainsi le capitalisme a brisé les rapports humain
1562 orts humains au sein de la communauté ; il a créé une nouvelle forme d’esclavage, le prolétariat salarié ; il a provoqué de
1563 esclavage, le prolétariat salarié ; il a provoqué des réactions « collectivistes » ou « totalitaires » également inhumaines
1564 que sont les États-nations, incapables de trouver une forme de vie commune et féconde. 60. Augmentées encore par la larg
1565 loin de Rome dans les zones d’insécurité, virent des colonies plébéiennes. 62. La propriété terrienne est pratiquement la
1566 opriété mobilière, elle se forme surtout à partir des adjudications publiques ou à l’abri des charges administratives, tell
1567 à partir des adjudications publiques ou à l’abri des charges administratives, telles que le proconsulat. D’où les luttes e
1568 ntre sénateurs et chevaliers pour la possession d’ un pouvoir qui est le principal moyen de s’enrichir. 63. Les envahisseu
1569 n voit que nous suivons ici, grosso modo, et dans une intention générale d’ailleurs très différente, l’étiologie de Marx (C
1570 le seigneur, c’est-à-dire par les corvées et par des serfs (domesticité), ou sert de parc d’agrément (xiiie siècle). Les
1571 siècle). Les manses au contraire sont allouées à des familles de serfs, à charge de redevances dues au seigneur. 67. Le s
1572 es au seigneur. 67. Le salaire étant fixé au gré des parties. 68. Qui rétablit le franc-or. 69. Lesquels se réduisent au
1573 senter. 70. Elles n’apparaissent en France, sous une forme légale, qu’au cours du Second Empire. 71. L’épargne est un phé
1574 qu’au cours du Second Empire. 71. L’épargne est un phénomène secondaire du processus capitaliste, et dans un certain sen
1575 mène secondaire du processus capitaliste, et dans un certain sens, décadent. (De même que Marx voyait une décadence capita
1576 certain sens, décadent. (De même que Marx voyait une décadence capitaliste dans le développement de l’usure.) Son hypertro
1577 se de rappeler pour mémoire le rôle de banques et des trusts dans le financement des guerres modernes et l’armement des deu
1578 rôle de banques et des trusts dans le financement des guerres modernes et l’armement des deux adversaires simultanément. D’
1579 le financement des guerres modernes et l’armement des deux adversaires simultanément. D’autres que nous ont dit le nécessai
26 1937, L’Ordre nouveau, articles (1933–1938). Chançay (mars 1937)
1580 Chançay (mars 1937)ag D’abord, c’est une maison humaine (un seul étage) ou plutôt c’est deux maisons basses ré
1581 ars 1937)ag D’abord, c’est une maison humaine ( un seul étage) ou plutôt c’est deux maisons basses réunies par une longu
1582 ) ou plutôt c’est deux maisons basses réunies par une longue galerie, le tout accoté à une falaise de la Touraine, surmonté
1583 réunies par une longue galerie, le tout accoté à une falaise de la Touraine, surmontée d’une forêt et percée de cavernes d
1584 accoté à une falaise de la Touraine, surmontée d’ une forêt et percée de cavernes de troglodytes, dont plusieurs sont des c
1585 e de cavernes de troglodytes, dont plusieurs sont des caves, si les autres sont vides. Ensuite ce n’est pas un congrès qui
1586 s, si les autres sont vides. Ensuite ce n’est pas un congrès qui se tient là ; car il n’y a jamais eu de congrès « à haute
1587 jamais eu de congrès « à hauteur d’homme ». C’est une rencontre improvisée, un rendez-vous de chasse philosophique. Mieux c
1588 auteur d’homme ». C’est une rencontre improvisée, un rendez-vous de chasse philosophique. Mieux comparé : tout ce que l’on
1589 ce que l’on voudra qui évoquerait l’état d’esprit des explorateurs pendant les « reconnaissances » préliminaires. Deux ou t
1590  » préliminaires. Deux ou trois s’en vont pousser une pointe tandis que les compagnons restés au camp font une partie d’éch
1591 nte tandis que les compagnons restés au camp font une partie d’échecs. (Et l’on en fit beaucoup, non sans philosopher sur l
1592 epuis le temps qu’on en parle à l’O.N…) Il y a là un mathématicien et un écrivain. Le premier dit : créer, pour moi, c’est
1593 en parle à l’O.N…) Il y a là un mathématicien et un écrivain. Le premier dit : créer, pour moi, c’est découvrir un nouvea
1594 Le premier dit : créer, pour moi, c’est découvrir un nouveau théorème. Le second : c’est inventer une expression. On se co
1595 r un nouveau théorème. Le second : c’est inventer une expression. On se comprend aussitôt. On s’était compris bien avant. C
1596 s’était compris bien avant. Créer, c’est imposer une forme à… Au « chaos » ? À la « nature » ? À un « donné » inorganique 
1597 r une forme à… Au « chaos » ? À la « nature » ? À un « donné » inorganique ? Là-dessus s’engage une discussion sur le réel
1598 ? À un « donné » inorganique ? Là-dessus s’engage une discussion sur le réel. S’il est « donné » ou s’il est seulement « pe
1599 née verra désormais le départ — tout au moins — d’ une nouvelle expédition. Je leur donne des noms provisoires : c’est plus
1600 moins — d’une nouvelle expédition. Je leur donne des noms provisoires : c’est plus tard qu’on verra s’ils étaient vrais. 1
1601 e « moindre concret », qui n’est que le produit d’ un relâchement des prises humaines. 2. De l’art et de la beauté. La beau
1602 cret », qui n’est que le produit d’un relâchement des prises humaines. 2. De l’art et de la beauté. La beauté étant considé
1603 omme le produit réussi de l’art, — c’est-à-dire d’ une technique (« du beau travail »). L’art est alors une rhétorique, non
1604 technique (« du beau travail »). L’art est alors une rhétorique, non pas au sens injurieux des modernes, mais au sens clas
1605 t alors une rhétorique, non pas au sens injurieux des modernes, mais au sens classique de forme réalisante, d’expression de
1606 nkowski, l’on serait tout disposé à traiter comme une « traduction en prose de la poésie »… Sa rhétorique, sa « vérité »… 5
1607 ication de l’ambivalence sémantique présentée par des termes tels qu’acte, création, etc. Puis des rapports indiqués par Ki
1608 par des termes tels qu’acte, création, etc. Puis des rapports indiqués par Kierkegaard entre sexualité, angoisse et esprit
1609 t esprit, c’est-à-dire, finalement : de la nature des liens entre sexualité et personne. 6. Expéditions latérales dans le d
1610 ersonne. 6. Expéditions latérales dans le domaine des mythes, de la psychanalyse, enfin de la cosmologie. (J’en passe.) 7.
1611 alyse, enfin de la cosmologie. (J’en passe.) 7. D’ une philosophie du jeu, et de l’attitude du sérieux… Arrêtons-nous à ce c
1612 que se découvraient de tous côtés les horizons d’ une nouvelle encyclopédie, notre enjeu révolutionnaire. ag. Rougemont
27 1937, L’Ordre nouveau, articles (1933–1938). Ballet de la non-intervention (avril 1937)
1613 spagnol annonce qu’il est maître de la situation. Une semaine plus tard, il annonce qu’il est sur le point de s’en rendre m
1614 nce qu’il est sur le point de s’en rendre maître. Un mois plus tard, que ce n’est plus qu’une question de temps. Au cours
1615 e maître. Un mois plus tard, que ce n’est plus qu’ une question de temps. Au cours de ce premier mois, les camps se sont for
1616 ommunisme. Les journaux de gauche n’annoncent que des victoires gouvernementales ; seuls les ennemis de la démocratie osera
1617 urnaux de droite, voici ce qu’en disait récemment une vieille dame : « Ce que j’aime dans le Jour, c’est qu’au moins avec c
1618 L’ironie du metteur en scène s’exerce aux dépens des uns et des autres : Franco est arrêté devant Madrid, les « atrocités 
1619 u metteur en scène s’exerce aux dépens des uns et des autres : Franco est arrêté devant Madrid, les « atrocités » paraissen
1620 Madrid, les « atrocités » paraissent équivalentes des deux côtés. Unamuno qui avait parlé « à droite » meurt « à gauche ».
1621 quelque chose d’intolérable. Non pas le massacre des Espagnols par les Espagnols, mais la non-victoire des fascistes ou de
1622 Espagnols par les Espagnols, mais la non-victoire des fascistes ou des communistes. L’abstention devient impossible : c’est
1623 Espagnols, mais la non-victoire des fascistes ou des communistes. L’abstention devient impossible : c’est alors qu’on inve
1624 erre en même temps. La Russie envoie du matériel, des techniciens et un ambassadeur chargé de conduire la guerre ; moyennan
1625 La Russie envoie du matériel, des techniciens et un ambassadeur chargé de conduire la guerre ; moyennant quoi, elle entre
1626 y retrouve l’Allemagne, qui a envoyé du matériel, des techniciens et un ambassadeur qui est un général. L’Italie s’est cont
1627 gne, qui a envoyé du matériel, des techniciens et un ambassadeur qui est un général. L’Italie s’est contentée de faire déb
1628 tériel, des techniciens et un ambassadeur qui est un général. L’Italie s’est contentée de faire débarquer quelques dizaine
1629 s de milliers d’hommes : on lui fera tout de même une place dans le fameux comité. Le gouvernement français, inventeur de l
1630 la non-abstention qui permet la guerre, mais avec un sens de la mesure tout à fait traditionnel. C’est qu’il s’agit de « d
1631 ion ménage tout le monde, et le fait qu’on tolère des bureaux de recrutement pour le Fronte Popular apaise les activistes.
1632 le Fronte Popular apaise les activistes. Chiffre des volontaires enrôlés en France pour l’Espagne gouvernementale : novemb
1633 n effet cette inquiétude…) Le général Faupel fait un rapport des plus pessimistes au Führer sur le rendement du matériel a
1634 te inquiétude…) Le général Faupel fait un rapport des plus pessimistes au Führer sur le rendement du matériel allemand. Des
1635 au Führer sur le rendement du matériel allemand. Des volontaires anglais, qui ont enfin compris, se décident à s’enrôler.
1636 le gouvernement français constate que le chiffre des volontaires engagés par les bureaux parisiens diminue très rapidement
1637 r les bureaux parisiens diminue très rapidement d’ une semaine à l’autre. Le plein est fait. En janvier, plus de 1000 França
1638 n dans le sens d’abstention. Et l’on prévoit déjà une « solution diplomatique » des affaires d’Espagne. Rideau. Dividendes.
1639 t l’on prévoit déjà une « solution diplomatique » des affaires d’Espagne. Rideau. Dividendes. Monopole des pyrites d’Espagn
1640 affaires d’Espagne. Rideau. Dividendes. Monopole des pyrites d’Espagne. ⁂ Réflexions d’un spectateur. — Duperie de la pai
1641 . Monopole des pyrites d’Espagne. ⁂ Réflexions d’ un spectateur. — Duperie de la paix, de la paix à tout prix, fût-ce au p
1642 met notre art bien bas. Et ce n’est pas seulement une politique qui se trouve jugée par l’aventure d’Espagne, mais toute un
1643 trouve jugée par l’aventure d’Espagne, mais toute une civilisation de maquignons. Leur paix ne vaut pas mieux que leur guer
1644 ologiques ( ? ?) qu’est leur paix, et l’équilibre des mêmes éléments qu’est leur guerre, il n’y a que la différence de la l
1645 ision de l’Europe en fascistes et communistes est une des plus lourdes farces de l’Histoire, puisqu’ils veulent les uns et
1646 n de l’Europe en fascistes et communistes est une des plus lourdes farces de l’Histoire, puisqu’ils veulent les uns et les
1647 d’État totalitaire, notons que la prise de parti des fascistes pour Franco, et des communistes pour Caballero, a totalemen
1648 e la prise de parti des fascistes pour Franco, et des communistes pour Caballero, a totalement faussé le problème espagnol.
1649 line, l’impérialiste centralisateur, l’oppresseur des minorités dans l’Union soviétique, qui soutient la Catalogne ! Faut-i
1650 leurs que dans ce vertige de confusions la raison des violences passionnelles qu’a déchaînées le conflit espagnol ? Combats
1651 éraliste. Ce ne peut être encore de notre part qu’ un vœu. Mais qui engage toute notre doctrine et ses réalisations à venir
1652 irrégularité dans la symétrie est très curieuse. Des centaines d’ouvriers français se sont fait tuer pour les ouvriers esp
28 1937, L’Ordre nouveau, articles (1933–1938). L’autorité assure les libertés (mai 1937)
1653 s libertés (mai 1937)ai aj Si l’hypocrisie est un hommage que le vice rend à la vertu, le verbiage politique d’aujourd’
1654 la vertu, le verbiage politique d’aujourd’hui est un hommage que les partis rendent à la liberté. Il semble, dès maintenan
1655 plus lucides, commence à poindre la conscience d’ un problème de l’autorité et de la liberté, — nous voulons dire : d’un p
1656 utorité et de la liberté, — nous voulons dire : d’ un problème qui se pose actuellement du fait de la carence des tentative
1657 me qui se pose actuellement du fait de la carence des tentatives de solutions qu’on a voulu historiquement lui donner. Cons
1658 t obscure, qui se révèle dès l’abord sous forme d’ un malaise politique, dont on peut prédire que l’accentuation prendra la
1659 eut prédire que l’accentuation prendra la forme d’ une angoisse politique, c’est-à-dire d’une situation révolutionnaire. C’e
1660 la forme d’une angoisse politique, c’est-à-dire d’ une situation révolutionnaire. C’est à la faveur de cette situation révol
1661 tre pays pourra, d’un seul coup, apparaître comme une évidence à tous et comme le principe d’actes révolutionnaires qui inc
1662 e fond, ce serait nous condamner à la stérilité d’ une action bâclée, donc au triomphe rapide d’une réaction dictatoriale. E
1663 té d’une action bâclée, donc au triomphe rapide d’ une réaction dictatoriale. Entre ces deux déficiences opposées, nous pouv
1664 utionnaire devrait rendre manifeste l’existence d’ une commune mesure dans la société. Sans vouloir entrer ici dans l’étude
1665 ques traits caractéristiques. La commune mesure d’ une société doit être considérée non comme un élément « donné » (au sens
1666 sure d’une société doit être considérée non comme un élément « donné » (au sens philosophique du mot), mais comme un éléme
1667 onné » (au sens philosophique du mot), mais comme un élément créé, ou en voie de création. En effet, le donné n’est vraime
1668 vraiment tel que dans la mesure où il est donné à une conscience personnelle. Il n’est pas antérieur à l’acte de la personn
1669 ensuite imposer de force à la conscience de tout un chacun (ce qui prouve qu’ils ne sont ni spontanés, ni donnés !). C’es
1670 ance toute tentative d’ordination de la société à un principe matériel (comme l’abondance ou la prospérité) ou irrationnel
1671 nel et mythique (comme la race pour les nazis). D’ une manière générale, la commune mesure ne doit pas être considérée comme
1672 commune mesure ne doit pas être considérée comme une vis a tergo qui pousserait la société dans une voie déterminée à l’av
1673 me une vis a tergo qui pousserait la société dans une voie déterminée à l’avance. C’est là ce qui permet de comprendre le c
1674 on écrite doit à nos yeux jouer le rôle non pas d’ une sorte de résultat acquis ou de programme fixé une fois pour toutes de
1675 utes de manière statique, mais celui de symbole d’ une création qui se fait jour, d’une création permanente. Ce fut le cas d
1676 lui de symbole d’une création qui se fait jour, d’ une création permanente. Ce fut le cas de la Constitution de 1793, dont l
1677 iche) fut énorme. Au contraire, à vouloir prendre une déclaration inaugurale pour un principe régulateur donné de la vie pu
1678 à vouloir prendre une déclaration inaugurale pour un principe régulateur donné de la vie publique, comme l’ont fait les ré
1679 licains de la IIIe République pour la Déclaration des droits de l’homme ou la Constitution de 1875, on aboutit au conformis
1680 . Le principe de la commune mesure n’est donc pas un principe statique déterminant ; il est un principe de finalité qui ex
1681 onc pas un principe statique déterminant ; il est un principe de finalité qui exprime la communion entre les membres du co
1682 al, agissant et créant en tant que personnes dans une perspective commune. Ce principe de communion ne consiste cependant p
1683 rincipe de communion ne consiste cependant pas en une sorte d’émanation de la société constituée ou de la collectivité, éma
1684 ait peu à peu, spontanément, et pour ainsi dire d’ une manière continue. L’élaboration d’une commune mesure ne saurait être
1685 insi dire d’une manière continue. L’élaboration d’ une commune mesure ne saurait être le fait de ce qu’on appelle les « mass
1686 elle les « masses » qui ne sont, socialement, que des masses d’inertie. Nous sommes donc aussi loin que possible de l’attit
1687 de ceux qui se penchent vers le peuple comme vers un abîme insondable pour y écouter les paroles d’une vérité nouvelle. Ce
1688 un abîme insondable pour y écouter les paroles d’ une vérité nouvelle. Ce ne sont pas des oracles que fait entendre la foul
1689 les paroles d’une vérité nouvelle. Ce ne sont pas des oracles que fait entendre la foule, nouvelle pythonisse, mais seuleme
1690 sonnes humaines que naissent les nouvelles tables des valeurs. Toute création sociale et politique n’est possible que par l
1691 politique n’est possible que par la surrection d’ un groupe d’hommes en lesquels la conscience d’un ordre à établir devien
1692 d’un groupe d’hommes en lesquels la conscience d’ un ordre à établir devient assez aiguë pour s’irradier ensuite dans la s
1693 nsuite dans la société qui incarne cet ordre dans des institutions. Est-il besoin d’ajouter d’ailleurs que ces déclarations
1694 ions ne visent nullement à affirmer l’existence d’ une sorte d’aristocratie prédéterminée qui s’imposerait de par un privilè
1695 ristocratie prédéterminée qui s’imposerait de par un privilège acquis ; mais seulement à constater que c’est chez quelques
1696 d’exemples qu’il ne convient pas de prendre pour des modèles, mais dont l’évocation fera sentir que, dans toute Révolution
1697 ra sentir que, dans toute Révolution se produit à un certain instant — décisif pour la suite des événements, — une prise d
1698 duit à un certain instant — décisif pour la suite des événements, — une prise d’autorité par certains hommes. Quel sera le
1699 instant — décisif pour la suite des événements, —  une prise d’autorité par certains hommes. Quel sera le lieu d’élection de
1700 N ne fonctionneront que si elles sont servies par un État aussi bien organisé et puissant dans son domaine limité qu’il es
1701 mettra au régime Ordre nouveau de faire coexister une liberté réelle avec un fonctionnement satisfaisant des organismes adm
1702 ouveau de faire coexister une liberté réelle avec un fonctionnement satisfaisant des organismes administratifs. En effet,
1703 iberté réelle avec un fonctionnement satisfaisant des organismes administratifs. En effet, toutes les fois que l’autorité s
1704 as à se révéler insoluble : ou bien, pour assurer une soi-disant liberté, on cherche à affaiblir le pouvoir, à multiplier d
1705 , on cherche à affaiblir le pouvoir, à multiplier des garanties contre son abus, à opposer des obstacles à son exercice ; —
1706 ltiplier des garanties contre son abus, à opposer des obstacles à son exercice ; — ou bien, en révolte contre l’anarchie en
1707 par cette première manière de faire, on construit des régimes « autoritaires » : on renforce le pouvoir au détriment de la
1708 détriment de la liberté, on enserre le pays dans une armature de contrainte matérielle, contre laquelle la colère des oppr
1709 contrainte matérielle, contre laquelle la colère des opprimés s’accumule petit à petit, jusqu’à l’explosion qui ramène au
1710 nsi de suite : ce petit jeu dure en France depuis un siècle et demi, et tout le monde semble commencer à en avoir assez. T
1711 l’État, lui permettra de jouer le rôle de garant des libertés personnelles contre les tyrannies administratives. Son fonc
1712 e de concevoir que les conseillers d’État forment une communauté, et, encore bien moins, une communauté révolutionnaire. Il
1713 at forment une communauté, et, encore bien moins, une communauté révolutionnaire. Il n’apparaît pas en effet que le Conseil
1714 ffet que le Conseil d’État soit le représentant d’ une doctrine spécifique. S’il est vrai que ses arrêts constituent dans un
1715 e ses arrêts constituent dans une certaine mesure une tradition juridique, il ne semble pas que cette tradition soit orient
1716 semble pas que cette tradition soit orientée dans un sens très déterminé ou vise une finalité quelconque. Issu de la doctr
1717 soit orientée dans un sens très déterminé ou vise une finalité quelconque. Issu de la doctrine libérale de la séparation de
1718 ue. Issu de la doctrine libérale de la séparation des pouvoirs, le Conseil d’État manque de toute espèce d’orientation poli
1719 elles ont été conçues et en vue de la réalisation des fins communes de la Révolution permanente. De ce point de vue, on peu
1720 raison de l’État, qui ne possède par lui-même qu’ une « raison d’État » toujours prête à se transformer en une raison au se
1721 aison d’État » toujours prête à se transformer en une raison au service de l’État et en une déviation impérialiste des inst
1722 nsformer en une raison au service de l’État et en une déviation impérialiste des institutions révolutionnaires. Comment le
1723 ervice de l’État et en une déviation impérialiste des institutions révolutionnaires. Comment le Conseil suprême sera-t-il e
1724 orter ces jugements globaux sur le fonctionnement des institutions ? On peut envisager diverses modalités : par exemple, la
1725 irects et aussi variés que possible. Il s’agira d’ une invention perpétuelle, et non de l’application quasi automatique d’un
1726 elle, et non de l’application quasi automatique d’ un dogme rigide. Le Conseil suprême n’aura pas seulement pour mission de
1727 ce que la liberté « en général » soit assurée par un fonctionnement normal des institutions. Il devra également être en me
1728 néral » soit assurée par un fonctionnement normal des institutions. Il devra également être en mesure d’intervenir dans les
1729 « particuliers ». C’est dire qu’il exercera aussi une action judiciaire en toute circonstance où les principes fondamentaux
1730 s conflits qui auraient été portés d’abord devant des tribunaux particuliers, dans la mesure où ces conflits intéressent le
1731 ra que tels ou tels agissements vont à l’encontre des principes révolutionnaires du personnalisme, tout de même qu’un citoy
1732 évolutionnaires du personnalisme, tout de même qu’ un citoyen américain peut demander à la Cour suprême des États-Unis de s
1733 citoyen américain peut demander à la Cour suprême des États-Unis de statuer sur la constitutionnalité d’une loi ou d’une me
1734 États-Unis de statuer sur la constitutionnalité d’ une loi ou d’une mesure gouvernementale. ⁂ Ces brèves indications suffis
1735 statuer sur la constitutionnalité d’une loi ou d’ une mesure gouvernementale. ⁂ Ces brèves indications suffisent à oriente
1736 fondamentales, très naturelles dans l’état actuel des choses : 1. On nous dit : ce Conseil suprême, autorité purement spiri
1737 nez, il se confondra nécessairement, par la force des choses, avec un super-État. Nous répondrons en renvoyant nos études s
1738 dra nécessairement, par la force des choses, avec un super-État. Nous répondrons en renvoyant nos études sur l’autorité et
1739 est pas vrai que l’autorité spirituelle dépende d’ un pouvoir matériel de contrainte, et ne puisse s’exercer sans lui ou co
1740 en vertu de son autorité purement spirituelle qu’ un Calvin domina Genève, dont il n’était même pas citoyen légal. C’est e
1741 n’était même pas citoyen légal. C’est en vertu d’ une autorité purement doctrinale et personnelle qu’un Lénine s’imposa aux
1742 ne autorité purement doctrinale et personnelle qu’ un Lénine s’imposa aux masses russes, divisées et désordonnées, contre l
1743 er effectivement ces moyens que dans la mesure où une autorité contraire ne se manifeste pas. Dans la réalité, c’est donc l
1744 rchie, nous rappellerons d’abord que l’ON prévoit un État qui soit, dans son domaine administratif, un État fort. Puis, et
1745 un État qui soit, dans son domaine administratif, un État fort. Puis, et surtout, nous poserons à ceux qui font cette obje
1746 inutile d’aller plus avant. 2. On nous fait aussi une objection inverse : le Conseil suprême deviendrait la suprême tyranni
1747 corps. Nous répondons que cette objection prouve une totale méconnaissance des buts de la Révolution personnaliste. L’auto
1748 cette objection prouve une totale méconnaissance des buts de la Révolution personnaliste. L’autorité réelle étant pour nou
1749 t, en cela, elle se distingue absolument de celle des clubs jacobins ou d’un Saint-Just, représentant en mission — ; elle s
1750 ingue absolument de celle des clubs jacobins ou d’ un Saint-Just, représentant en mission — ; elle sera au contraire fédéra
1751 te, c’est-à-dire qu’elle veillera à la sauvegarde des expressions personnelles, ou même régionales, ou religieuses ou non r
1752 erait même totalement absurde, de vouloir imposer une mesure commune extérieure et unifiée à une fédération dont le princip
1753 mposer une mesure commune extérieure et unifiée à une fédération dont le principe commun est justement « personnaliste », c
1754 n est justement « personnaliste », c’est-à-dire à une fédération dont la vie même suppose la libre et pleine expression des
1755 la vie même suppose la libre et pleine expression des diversités. ⁂ Ajoutons, pour terminer, que, pas plus qu’on ne saurait
1756 u’on ne saurait sans les trahir, séparer les unes des autres les diverses institutions que nous préconisons, on ne peut env
1757 uiconque sait interpréter les faits historiques d’ un point de vue humain ne peut manquer de reconnaître l’existence d’une
1758 main ne peut manquer de reconnaître l’existence d’ une semblable autorité dans les communautés humaines réelles et fécondes.
29 1938, L’Ordre nouveau, articles (1933–1938). Trop d’irresponsables s’engagent ! (Responsabilité des intellectuels) (juin 1938)
1759 rop d’irresponsables s’engagent ! (Responsabilité des intellectuels) (juin 1938)ak Chose étrange, le 6 février 1934 est
1760 n 1938)ak Chose étrange, le 6 février 1934 est une date de l’histoire littéraire : elle inaugure le temps des moutons en
1761 de l’histoire littéraire : elle inaugure le temps des moutons enragés. Fatigués de leur innocence, voyant que l’herbe se fa
1762 ’avaient plus de berger, aux éclairs de chaleur d’ une révolution encore lointaine, ils se sont jetés dans le premier parc v
1763 , à gauche ou à droite, et depuis lors y bêlent d’ une voix aigre et anxieuse, tout en signant une quantité de manifestes. I
1764 ent d’une voix aigre et anxieuse, tout en signant une quantité de manifestes. Ils ont signé pour le négus et contre lui ; p
1765 égus et contre lui ; pour le chef bien-aimé, Père des peuples, et pour ses innocentes victimes, vipères lubriques ; pour Fr
1766 , contre le Japon, à propos du tsar, à M. Bénès ; des deux mains, des quatre pattes, les yeux fermés, d’une croix, d’une fa
1767 n, à propos du tsar, à M. Bénès ; des deux mains, des quatre pattes, les yeux fermés, d’une croix, d’une faucille et d’un m
1768 deux mains, des quatre pattes, les yeux fermés, d’ une croix, d’une faucille et d’un marteau, ou avec plus ou moins de rétic
1769 es quatre pattes, les yeux fermés, d’une croix, d’ une faucille et d’un marteau, ou avec plus ou moins de réticences ; d’un
1770 les yeux fermés, d’une croix, d’une faucille et d’ un marteau, ou avec plus ou moins de réticences ; d’un nom connu, d’un n
1771 marteau, ou avec plus ou moins de réticences ; d’ un nom connu, d’un nom à faire connaître… Bref, il n’est pas un acte com
1772 c plus ou moins de réticences ; d’un nom connu, d’ un nom à faire connaître… Bref, il n’est pas un acte commis dans le mond
1773 u, d’un nom à faire connaître… Bref, il n’est pas un acte commis dans le monde, depuis quatre ans, qui n’ait été vertement
1774 s quatre ans, qui n’ait été vertement dénoncé par des « intellectuels » français. Mais si le monde ne s’en porte pas mieux,
1775 es conflits et refusaient d’être considérés comme des citoyens responsables, ils étaient au moins en accord avec l’esprit g
1776 vec l’esprit général de l’époque : intelligence d’ un côté, action de l’autre, et surtout ne mélangeons rien. Tributaires d
1777 tre, et surtout ne mélangeons rien. Tributaires d’ une culture dont l’ambition suprême était de se « distinguer » des contin
1778 ont l’ambition suprême était de se « distinguer » des contingences, ils étaient au moins purs dans leur erreur. Les modalit
1779 Et leur style traduisait fidèlement les nuances d’ une pensée détachée, irresponsable par définition. Il n’y a pas que du ma
1780 mporte quoi, sans tenir compte de l’époque, était une illusion entretenue par l’apparente paix sociale, mais que l’échéance
1781 contractées par l’esprit ne laissaient même plus une possibilité de concordat. Déjà les dictatures réglaient les comptes.
1782 arler d’esprit, je désarme mon revolver », disait un officier nazi. Les staliniens faisaient de même en présence du libéra
1783 ité totalitaire. On nous propose donc de défendre une maladie contre la mort à quoi elle mène nécessairement. Au lieu de no
1784 elle mène nécessairement. Au lieu de nous refaire une santé. Au lieu de nous proposer une cure de désintoxication énergique
1785 nous refaire une santé. Au lieu de nous proposer une cure de désintoxication énergique. Au lieu de rechercher les moyens d
1786 t dont tout le monde abuse aujourd’hui. ⁂ Pour qu’ une pensée s’engage dans le réel, il ne faut pas et il ne suffit pas qu’e
1787 aut pas et il ne suffit pas qu’elle se soumette à des réalités dont elle ignore ou répudie la loi interne : la tactique d’u
1788 ignore ou répudie la loi interne : la tactique d’ un parti par exemple. Ce n’est pas dans l’utilisation accidentelle et pa
1789 as dans l’utilisation accidentelle et partisane d’ une pensée que réside son engagement. C’est au contraire dans sa démarche
1790 utôt que là. Ce n’est pas passer de l’esclavage d’ une mode à celui d’une tactique politique. Ce n’est pas du tout devenir e
1791 st pas passer de l’esclavage d’une mode à celui d’ une tactique politique. Ce n’est pas du tout devenir esclave d’une doctri
1792 politique. Ce n’est pas du tout devenir esclave d’ une doctrine, mais au contraire, c’est se libérer et assumer les risques
1793 sembler paradoxal de soutenir que l’engagement d’ une pensée suppose sa libération. En vérité, c’est le libéralisme qui a r
1794 a répandu l’idée que l’engagement ne peut être qu’ un esclavage. La liberté réelle n’a pas de pires ennemis que les libérau
1795 seurs les plus violemment libres du xixe siècle, un Nietzsche, un Kierkegaard, un Baudelaire78, ont été les plus violemme
1796 violemment libres du xixe siècle, un Nietzsche, un Kierkegaard, un Baudelaire78, ont été les plus violemment engagés dan
1797 es du xixe siècle, un Nietzsche, un Kierkegaard, un Baudelaire78, ont été les plus violemment engagés dans la réalité. Et
1798 s à ce mot d’engagement. ⁂ Je l’ai dit ailleurs : un gant qui se retourne ne devient pas pour si peu une main vivante et a
1799 n gant qui se retourne ne devient pas pour si peu une main vivante et agissante. Un libéral qui se soumet aux directives d’
1800 nt pas pour si peu une main vivante et agissante. Un libéral qui se soumet aux directives d’un parti ne devient pas pour s
1801 ssante. Un libéral qui se soumet aux directives d’ un parti ne devient pas pour si peu un penseur engagé. Et il ne faudrait
1802 directives d’un parti ne devient pas pour si peu un penseur engagé. Et il ne faudrait pas que ces trahisons insignes ridi
1803 insignes ridiculisent toute espèce d’engagement. Une pensée qui, par sa nature et son mouvement originel, est libérale, ir
1804 able du seul fait qu’elle se met « au service » d’ une doctrine de lutte politique. Faire la révolution, cela demande un eff
1805 utte politique. Faire la révolution, cela demande un effort un peu plus grand, et d’une autre nature, que l’effort de sign
1806 ique. Faire la révolution, cela demande un effort un peu plus grand, et d’une autre nature, que l’effort de signer un mani
1807 n, cela demande un effort un peu plus grand, et d’ une autre nature, que l’effort de signer un manifeste ou de s’inscrire da
1808 nd, et d’une autre nature, que l’effort de signer un manifeste ou de s’inscrire dans les rangs d’une ligue. On rougit de r
1809 er un manifeste ou de s’inscrire dans les rangs d’ une ligue. On rougit de rappeler de tels truismes. Mais on y est bien for
1810 çaise. Précisons donc encore : la première tâche des intellectuels qui ont compris le péril totalitaire (de droite ou de g
1811 nt d’eux-mêmes en rangs et marquent le pas dès qu’ une menace se précise contre les libertés françaises ! Le réflexe du libé
1812 éflexe du libéral devant le péril, c’est de faire un fascisme. Fût-ce même pour se défendre du fascisme. Et peut-être surt
1813 vrais libéraux, irresponsables nés79, égarés pour un temps dans les voies de « l’engagement » politique, et faisant amende
1814 et la situation s’éclaircit. Voici venir le temps des vrais dangers, c’est-à-dire des vraies luttes et des vrais engagement
1815 ci venir le temps des vrais dangers, c’est-à-dire des vraies luttes et des vrais engagements. 78. Baudelaire voulait que
1816 vrais dangers, c’est-à-dire des vraies luttes et des vrais engagements. 78. Baudelaire voulait que la critique des poète
1817 gements. 78. Baudelaire voulait que la critique des poètes — qu’il opposait à celle des philosophes libéraux — fût partia
1818 e la critique des poètes — qu’il opposait à celle des philosophes libéraux — fût partiale, pleine de partis pris, et même p
1819 rop d’irresponsables s’engagent ! (Responsabilité des intellectuels) », L’Ordre nouveau, Paris, juin 1938, p. 19-22.