1
Penser avec les mains (fragments) (janvier
1932
)a Nous voici donc à ce point d’étrangeté où l’on oppose la pensée
2
ts) (janvier 1932)a Nous voici donc à ce point
d’
étrangeté où l’on oppose la pensée et l’action jusque sur le plan de l
3
n oppose la pensée et l’action jusque sur le plan
de
l’éthique. Or, un homme qui professe cette distinction — essentiellem
4
tèmes. La philosophie n’est pas seule responsable
d’
un divorce que la nature humaine désirait de toute sa lâcheté. Mais l’
5
sable d’un divorce que la nature humaine désirait
de
toute sa lâcheté. Mais l’exemple de Descartes est l’un des plus mauva
6
aine désirait de toute sa lâcheté. Mais l’exemple
de
Descartes est l’un des plus mauvais qui aient été donnés au monde mod
7
uter, si longtemps qu’ils fussent privés du droit
d’
affirmer rien de certain dans l’ordre de la connaissance, cependant il
8
ps qu’ils fussent privés du droit d’affirmer rien
de
certain dans l’ordre de la connaissance, cependant ils seraient en dr
9
du droit d’affirmer rien de certain dans l’ordre
de
la connaissance, cependant ils seraient en droit d’agir, car on s’y p
10
la connaissance, cependant ils seraient en droit
d’
agir, car on s’y peut contenter de vraisemblance. La monstrueuse contr
11
raient en droit d’agir, car on s’y peut contenter
de
vraisemblance. La monstrueuse contradiction ! Comme s’il n’était pas
12
contradiction ! Comme s’il n’était pas bien pire
de
commettre un acte qui vous laisse dans le doute (et l’on s’attire pou
13
et l’on s’attire pourtant une responsabilité) que
de
simplement prétendre quelque chose. »1 Cette « monstrueuse contradic
14
lité) que de simplement prétendre quelque chose. »
1
Cette « monstrueuse contradiction » règne au cœur du monde moderne,
15
a « pensée » bourgeoise a réussi ce tour pendable
de
la faire passer pour le bon sens même. L’industriel est-il « en droit
16
le bon sens même. L’industriel est-il « en droit
d’
affirmer rien de certain » touchant les fins dernières du progrès méca
17
e. L’industriel est-il « en droit d’affirmer rien
de
certain » touchant les fins dernières du progrès mécanique ? Il ne s’
18
ême pas posé la question. La coutume du temps est
de
s’enrichir : modeste, il s’y conforme. « … Et l’on s’attire pourtant
19
que plusieurs générations2 cultivèrent ce défaut
d’
exigence éthique comme la garantie d’une certaine douceur de vivre. Pe
20
nt ce défaut d’exigence éthique comme la garantie
d’
une certaine douceur de vivre. Penser devint l’art de ne rien affirmer
21
éthique comme la garantie d’une certaine douceur
de
vivre. Penser devint l’art de ne rien affirmer de décisif. Admirable
22
ne certaine douceur de vivre. Penser devint l’art
de
ne rien affirmer de décisif. Admirable invention, que l’on pourrait b
23
de vivre. Penser devint l’art de ne rien affirmer
de
décisif. Admirable invention, que l’on pourrait baptiser la pensée sa
24
esure, et la suprême astuce. Toutefois, le danger
d’
un écart, par ailleurs confortable, entre nos idéaux généreux et nos p
25
s’étant manifesté avec quelque insistance depuis
1914,
il apparaît que la question peut être reprise sans trop de mauvais go
26
araît que la question peut être reprise sans trop
de
mauvais goût par une jeunesse qu’on dit outrecuidante, — qui surtout
27
on dit outrecuidante, — qui surtout n’a pas envie
de
se faire assassiner. ⁂ Pendant que ce monde condamné tient encore deb
28
monde condamné tient encore debout, il serait bon
d’
examiner rapidement les principes qui lui permirent de durer malgré la
29
aminer rapidement les principes qui lui permirent
de
durer malgré la qualité médiocre des matériaux. Ces principes constit
30
stituaient l’instruction réelle, sinon concertée,
de
la bâtisse, et seront encore bons pour construire, si demain nous lai
31
renversement soudain : « Cela ne viendrait-il pas
de
ce que l’Éthique possède en soi une certitude ? Il existerait alors u
32
armes à quelques-uns. Phrase cardinale, au seuil
de
l’ère révolutionnaire — ère spirituelle — dont l’avènement historique
33
s. On nous a menés à ce point — il n’est question
de
s’en réjouir ni de le déplorer — où le choix n’est plus qu’entre marx
34
à ce point — il n’est question de s’en réjouir ni
de
le déplorer — où le choix n’est plus qu’entre marxisme et christianis
35
sonnifiée. Ou encore, entre la réalisation fatale
d’
une doctrine du fait et la réalisation héroïque d’une doctrine de l’êt
36
d’une doctrine du fait et la réalisation héroïque
d’
une doctrine de l’être. Deux noms : Hegel et Kierkegaard4. Désormais,
37
du fait et la réalisation héroïque d’une doctrine
de
l’être. Deux noms : Hegel et Kierkegaard4. Désormais, nous les retrou
38
la réalisation héroïque d’une doctrine de l’être.
Deux
noms : Hegel et Kierkegaard4. Désormais, nous les retrouverons aux pr
39
ous les retrouverons aux prises à tous les degrés
de
notre activité. Ainsi, le plus profond antagonisme de la pensée du xi
40
otre activité. Ainsi, le plus profond antagonisme
de
la pensée du xixe siècle vient s’incarner dans notre génération. Et
41
qu’à notre situation géographique que nous devons
de
pouvoir trancher le débat sans risquer le poteau. L’on s’en rend comp
42
e à bout portant. ⁂ L’on résume ici la substance
de
quelques passages relatifs à différentes acceptions du verbe penser.
43
a noté d’abord qu’une espèce humaine est en voie
de
disparaître, en partie par vice interne, en partie du fait des circon
44
’espèce bourgeois cultivé que sa culture dispense
de
penser. En vérité, ces gens-là n’ont jamais pensé. N’ont fait que de
45
é, ces gens-là n’ont jamais pensé. N’ont fait que
de
la classification avec les idées des autres, quand ils étaient intell
46
n philosophe s’exprime volontiers dans des termes
de
ce genre : « penseur ingénieux, esprit subtil ». Ce n’est guère que d
47
it subtil ». Ce n’est guère que dans les feuilles
de
gauche que l’on voit encore décerner l’épithète de « puissant » à des
48
e gauche que l’on voit encore décerner l’épithète
de
« puissant » à des « penseurs » comme Victor Margueritte ou Barbusse.
49
Margueritte ou Barbusse. À droite on parle plutôt
de
« rigueur », en serrant les dents. Mais partout, l’élégance, même vul
50
ine profondeur peuvent se situer à égale distance
de
la réalisation éthique, et se confondre dans la même insignifiance, q
51
se confondre dans la même insignifiance, quoique
de
signes contraires. Poursuivant cette opposition au-delà de ces caract
52
contraires. Poursuivant cette opposition au-delà
de
ces caractéristiques devenues banales, on tente de la ramener à celle
53
e ces caractéristiques devenues banales, on tente
de
la ramener à celle des deux interprétations étymologiques du mot pens
54
enues banales, on tente de la ramener à celle des
deux
interprétations étymologiques du mot penser. Celui-ci ayant la même o
55
ayant la même origine que peser, il est loisible
de
jouer avec le mot de la façon suivante : le Français pèse le pour et
56
e que peser, il est loisible de jouer avec le mot
de
la façon suivante : le Français pèse le pour et le contre ; l’Alleman
57
ur et le contre ; l’Allemand pèse sur les choses.
D’
où l’on conclut encore que la pensée figure pour le Français une activ
58
itanique. On fait alors intervenir une définition
de
la pensée d’où découleront les conclusions de cet essai. Penser serai
59
fait alors intervenir une définition de la pensée
d’
où découleront les conclusions de cet essai. Penser serait : créer de
60
ion de la pensée d’où découleront les conclusions
de
cet essai. Penser serait : créer de tout son être spirituel des faits
61
s conclusions de cet essai. Penser serait : créer
de
tout son être spirituel des faits nouveaux et vrais, dans un certain
62
ensèrent un Pascal, un Rimbaud, véritable honneur
de
la langue française. Ainsi, un Nietzsche, qui le premier substitua dé
63
, qui le premier substitua délibérément la notion
de
style à celle de correction, dans les démarches de l’esprit. Et Dosto
64
substitua délibérément la notion de style à celle
de
correction, dans les démarches de l’esprit. Et Dostoïevski, dont on p
65
e style à celle de correction, dans les démarches
de
l’esprit. Et Dostoïevski, dont on peut dire qu’il pensait par péchés
66
e voir par ces exemples qu’il ne s’agit nullement
d’
« applications », comme le voudrait le vocabulaire du xixe , mais d’in
67
, comme le voudrait le vocabulaire du xixe , mais
d’
incarnation de la pensée. Ni moralisme, ni socialisme. ⁂ Moralisme.
68
drait le vocabulaire du xixe , mais d’incarnation
de
la pensée. Ni moralisme, ni socialisme. ⁂ Moralisme. Il y a des gen
69
isme. Il y a des gens qui disent : j’ai tel idéal
de
véracité, de justice, eh bien ! dès aujourd’hui je m’en vais l’appliq
70
des gens qui disent : j’ai tel idéal de véracité,
de
justice, eh bien ! dès aujourd’hui je m’en vais l’appliquer. Comment
71
ur qu’il devienne « applicable ». On ne crée rien
de
vivant avec ce qu’on a, mais seulement avec ce qu’on est. C’est pourq
72
lement avec ce qu’on est. C’est pourquoi il n’y a
de
création possible que par les individus. Et de là vient que toute cré
73
a de création possible que par les individus. Et
de
là vient que toute création absolue est héroïque. Socialisme (ou mar
74
bourgeois comme fut le dernier, n’osait imaginer
de
« réalisation » que sociale : car il faut bien qu’on s’y mette à plus
75
te perspective, puisqu’on sait qu’il n’existe pas
d’
héroïsme collectif. Le héros est toujours seul. Par définition. Quant
76
ntreprendra jamais la « réalisation » personnelle
d’
une pensée. Par contre, s’il est actif, il se piquera de favoriser sa
77
pensée. Par contre, s’il est actif, il se piquera
de
favoriser sa mise en circulation. Jeter une idée « nouvelle » dans la
78
auraient en rien voiler la physiologique évidence
d’
une telle remarque. Précisons : réaliser une pensée, ce n’est pas « la
79
— la condamner à mort, autant dire, et l’extirper
de
son être, fût-ce pour l’introduire dans l’Histoire. Mais c’est au con
80
st au contraire devenir cette idée. Et le théâtre
de
sa passion. Voilà qui mène plus loin que l’activisme, — et avec plus
81
ui mène plus loin que l’activisme, — et avec plus
de
conséquence6. C’est le drame de l’éthique individuelle, — une affaire
82
e, — et avec plus de conséquence6. C’est le drame
de
l’éthique individuelle, — une affaire d’amour, une affaire de la soli
83
le drame de l’éthique individuelle, — une affaire
d’
amour, une affaire de la solitude. Une pensée et une vie sont aux pris
84
individuelle, — une affaire d’amour, une affaire
de
la solitude. Une pensée et une vie sont aux prises : qu’on les laisse
85
s à ce débat silencieux et obscur comme les ruses
de
la volupté, à ce jeu serré de refus, de tentations, d’oublis feints e
86
cur comme les ruses de la volupté, à ce jeu serré
de
refus, de tentations, d’oublis feints et de brusques retours. Il faut
87
les ruses de la volupté, à ce jeu serré de refus,
de
tentations, d’oublis feints et de brusques retours. Il faut tout cela
88
volupté, à ce jeu serré de refus, de tentations,
d’
oublis feints et de brusques retours. Il faut tout cela, et les mille
89
serré de refus, de tentations, d’oublis feints et
de
brusques retours. Il faut tout cela, et les mille petites souffrances
90
et de brusques retours. Il faut tout cela, et les
mille
petites souffrances de la souffrance, pour qu’une idée devienne ce my
91
faut tout cela, et les mille petites souffrances
de
la souffrance, pour qu’une idée devienne ce mythe qui vive en nous et
92
ns lequel nous vivions, jusqu’au point que chacun
de
nos gestes — oui, même ce signe de la main — trahisse son immanente p
93
int que chacun de nos gestes — oui, même ce signe
de
la main — trahisse son immanente puissance. On voudrait dire — mais c
94
ne peut être mastiquée, puis avalée, n’a pas plus
de
valeur que ces melons en carton qu’on voit aux étalages. Il y a plusi
95
qu’on voit aux étalages. Il y a plusieurs façons
d’
avaler. Il y a même l’oubli. Ainsi de l’idée du bonheur : qu’on la dét
96
ieurs façons d’avaler. Il y a même l’oubli. Ainsi
de
l’idée du bonheur : qu’on la détruise, qu’on la mange et qu’on l’oubl
97
détruise, qu’on la mange et qu’on l’oublie. Ainsi
de
tant d’autres pensers, d’un désir ou d’un idéal : ils ne s’incarnent
98
t qu’on l’oublie. Ainsi de tant d’autres pensers,
d’
un désir ou d’un idéal : ils ne s’incarnent qu’à ce prix. Combien d’ét
99
ie. Ainsi de tant d’autres pensers, d’un désir ou
d’
un idéal : ils ne s’incarnent qu’à ce prix. Combien d’étreintes, de bl
100
idéal : ils ne s’incarnent qu’à ce prix. Combien
d’
étreintes, de blessures, combien de morts, de retours et de morts enco
101
ne s’incarnent qu’à ce prix. Combien d’étreintes,
de
blessures, combien de morts, de retours et de morts encore, jusqu’à c
102
prix. Combien d’étreintes, de blessures, combien
de
morts, de retours et de morts encore, jusqu’à ce que l’esprit enfin b
103
bien d’étreintes, de blessures, combien de morts,
de
retours et de morts encore, jusqu’à ce que l’esprit enfin brisé s’aba
104
es, de blessures, combien de morts, de retours et
de
morts encore, jusqu’à ce que l’esprit enfin brisé s’abandonne comme o
105
r eux s’incarne la pensée, et c’est là l’héroïsme
de
l’esprit. Car toute incarnation s’opère au prix d’un héroïsme, l’on v
106
e l’esprit. Car toute incarnation s’opère au prix
d’
un héroïsme, l’on veut dire : d’une souffrance et d’un isolement. Tell
107
n s’opère au prix d’un héroïsme, l’on veut dire :
d’
une souffrance et d’un isolement. Telle est la loi du monde, et il est
108
un héroïsme, l’on veut dire : d’une souffrance et
d’
un isolement. Telle est la loi du monde, et il est admirable de l’aime
109
t. Telle est la loi du monde, et il est admirable
de
l’aimer. Et la pensée n’est point soustraite à cette loi, non, la pen
110
point soustraite à cette loi, non, la pensée même
de
Dieu n’y est point soustraite. Car elle s’incarne dans le Fils pour a
111
Fils pour agoniser sur la Croix, qui est le Signe
de
la condition humaine déchirée entre le Temps et l’Éternité. 1. Kier
112
humaine déchirée entre le Temps et l’Éternité.
1.
Kierkegaard : « Conclusion peu scientifique à la Philosophie en miett
113
peu scientifique à la Philosophie en miettes. »
2.
Contemporaines d’un Nietzsche, d’un Ibsen, d’un Rimbaud, d’un Sorel !
114
à la Philosophie en miettes. » 2. Contemporaines
d’
un Nietzsche, d’un Ibsen, d’un Rimbaud, d’un Sorel ! Mais l’histoire e
115
en miettes. » 2. Contemporaines d’un Nietzsche,
d’
un Ibsen, d’un Rimbaud, d’un Sorel ! Mais l’histoire est faite de tell
116
» 2. Contemporaines d’un Nietzsche, d’un Ibsen,
d’
un Rimbaud, d’un Sorel ! Mais l’histoire est faite de telles compensat
117
oraines d’un Nietzsche, d’un Ibsen, d’un Rimbaud,
d’
un Sorel ! Mais l’histoire est faite de telles compensations. 3. Des
118
n Rimbaud, d’un Sorel ! Mais l’histoire est faite
de
telles compensations. 3. Des positions politico-sociales comme le fa
119
is l’histoire est faite de telles compensations.
3.
Des positions politico-sociales comme le fascisme ou le national-soci
120
valu la dernière guerre, nationalisme et doctrine
de
l’État souverain, par exemple. Elles préparent la jeunesse au communi
121
unesse au communisme, en généralisant le principe
de
l’action collective. 4. Les attaques de Kierkegaard contre la philos
122
généralisant le principe de l’action collective.
4.
Les attaques de Kierkegaard contre la philosophie dialectique de l’hi
123
principe de l’action collective. 4. Les attaques
de
Kierkegaard contre la philosophie dialectique de l’histoire, d’où Mar
124
de Kierkegaard contre la philosophie dialectique
de
l’histoire, d’où Marx, Engels et Feuerbach devaient tirer le matérial
125
contre la philosophie dialectique de l’histoire,
d’
où Marx, Engels et Feuerbach devaient tirer le matérialisme historique
126
re ; et se réduisent bien souvent à des questions
de
préséance, entre philosophes-professeurs qui connaissent les règles d
127
s-professeurs qui connaissent les règles du jeu…
5.
C’est même peut-être la première fois que les mots bourgeois et seul
128
s et seul se trouvent accolés, donnant cet aspect
d’
erreur typographique… Étymologiquement, le bourgeois est le contraire
129
ent, le bourgeois est le contraire du solitaire.
6.
C’est dans ce sens que, parlant du marxisme, Nicolas Berdiaev écrit :
130
isme est plus radical. » (Marxisme et Religion.)
7.
« Et l’ange me dit : « Prends le livre et avale-le. » Ainsi Jean reço
131
livre et avale-le. » Ainsi Jean reçoit le pouvoir
de
prophétiser. (Apoc. X. 9.) a. Rougemont Denis de, « Penser avec les
132
nsi Jean reçoit le pouvoir de prophétiser. (Apoc.
X.
9.) a. Rougemont Denis de, « Penser avec les mains (fragments) », P
133
Jean reçoit le pouvoir de prophétiser. (Apoc. X.
9.
) a. Rougemont Denis de, « Penser avec les mains (fragments) », Prés
134
e prophétiser. (Apoc. X. 9.) a. Rougemont Denis
de
, « Penser avec les mains (fragments) », Présence, Lausanne et Genève,
135
agments) », Présence, Lausanne et Genève, janvier
1932,
p. 37-41.
136
Cause commune (avril-juin
1932
)b c Mon cher Trolliet, Le pauvre diable obligé de rédiger lui-même
137
b c Mon cher Trolliet, Le pauvre diable obligé
de
rédiger lui-même ses discours-programmes, cela se sent toujours : il
138
cela se sent toujours : il y manque cette espèce
de
rhétorique prudente à quoi l’on reconnaît l’intellectuel qui a pris s
139
’une lettre. « Présence » et « réalisation », ces
deux
thèmes de ton enquête sur l’Humanisme, je les nouerai dans le seul mo
140
« Présence » et « réalisation », ces deux thèmes
de
ton enquête sur l’Humanisme, je les nouerai dans le seul mot d’actual
141
sur l’Humanisme, je les nouerai dans le seul mot
d’
actualisation. C’est le mot de passe d’une génération révolutionnaire.
142
ai dans le seul mot d’actualisation. C’est le mot
de
passe d’une génération révolutionnaire. Et en même temps la définitio
143
e seul mot d’actualisation. C’est le mot de passe
d’
une génération révolutionnaire. Et en même temps la définition de notr
144
n révolutionnaire. Et en même temps la définition
de
notre humanisme, s’il est bien cette volonté de vivre « humainement »
145
n de notre humanisme, s’il est bien cette volonté
de
vivre « humainement » que dans le monde entier nous voyons se dresser
146
pitaliste, contre le malthusianisme des virtuoses
de
la pensée sans douleur, contre une bourgeoisie que la jouissance du t
147
une bourgeoisie que la jouissance du téléphone et
de
l’ascenseur console de sa déchéance morale, déchéance jalousée d’aill
148
jouissance du téléphone et de l’ascenseur console
de
sa déchéance morale, déchéance jalousée d’ailleurs par un prolétariat
149
alousée d’ailleurs par un prolétariat tout abruti
de
travail et de cinéma. Car enfin ce n’est pas l’humanisme du xvie siè
150
eurs par un prolétariat tout abruti de travail et
de
cinéma. Car enfin ce n’est pas l’humanisme du xvie siècle qui nous c
151
haut, et encore moins celui du xixe , resté celui
de
nos bons maîtres. Il ne s’agit non plus d’un humanisme qui dresserait
152
celui de nos bons maîtres. Il ne s’agit non plus
d’
un humanisme qui dresserait l’homme contre Dieu, ce qui revient, on l’
153
n vu, à dresser, contre la grandeur et l’humilité
de
la personne, l’orgueilleuse et épuisante adresse des ingénieurs. Notr
154
e comme un système intéressant, abstraction faite
de
ses moyens d’actualisation. L’humanisme d’un homme de 1932 et qui veu
155
tème intéressant, abstraction faite de ses moyens
d’
actualisation. L’humanisme d’un homme de 1932 et qui veut vivre, au li
156
faite de ses moyens d’actualisation. L’humanisme
d’
un homme de 1932 et qui veut vivre, au lieu d’amèrement languir, — c’e
157
es moyens d’actualisation. L’humanisme d’un homme
de
1932 et qui veut vivre, au lieu d’amèrement languir, — c’est la Révol
158
moyens d’actualisation. L’humanisme d’un homme de
1932
et qui veut vivre, au lieu d’amèrement languir, — c’est la Révolution
159
d à le mécaniser, à le disqualifier, à le châtrer
de
toute violence spirituelle et créatrice 8. Et comment se défendre, si
160
hâtrer de toute violence spirituelle et créatrice
8.
Et comment se défendre, sinon par l’attaque ? Sinon par l’affirmation
161
re, sinon par l’attaque ? Sinon par l’affirmation
de
l’identité nécessaire de la pensée et de l’action ; sinon par l’effor
162
Sinon par l’affirmation de l’identité nécessaire
de
la pensée et de l’action ; sinon par l’effort d’instaurer une économi
163
irmation de l’identité nécessaire de la pensée et
de
l’action ; sinon par l’effort d’instaurer une économie générale de la
164
de la pensée et de l’action ; sinon par l’effort
d’
instaurer une économie générale de la vie impliquant cette identité et
165
on par l’effort d’instaurer une économie générale
de
la vie impliquant cette identité et fondant sur elle ses valeurs les
166
pensez ce que vous faites. » Alors que la formule
d’
une éthique bourgeoise est au contraire : « Faites comme tout-le-monde
167
» Faut-il, pour d’autres, préciser que le manque
d’
originalité de telles remarques constitue précisément à nos yeux leur
168
ur d’autres, préciser que le manque d’originalité
de
telles remarques constitue précisément à nos yeux leur intérêt humain
169
emps encore à provoquer l’indignation révélatrice
de
tous les amateurs d’inextricable ; d’autre part, elles définissent su
170
er l’indignation révélatrice de tous les amateurs
d’
inextricable ; d’autre part, elles définissent suffisamment la cause c
171
, elles définissent suffisamment la cause commune
de
la jeunesse européenne. L’humanisme n’est rien s’il n’est commun comm
172
il recouvre exactement le concept et les méthodes
de
la Révolution naissante. Les uns viennent de Marx, les autres de Prou
173
n naissante. Les uns viennent de Marx, les autres
de
Proudhon ; de Hegel ou de Kierkegaard ; de la Raison sous ses formes
174
es uns viennent de Marx, les autres de Proudhon ;
de
Hegel ou de Kierkegaard ; de la Raison sous ses formes violentes et c
175
ent de Marx, les autres de Proudhon ; de Hegel ou
de
Kierkegaard ; de la Raison sous ses formes violentes et créatrices, o
176
autres de Proudhon ; de Hegel ou de Kierkegaard ;
de
la Raison sous ses formes violentes et créatrices, ou de la Foi. Peu
177
aison sous ses formes violentes et créatrices, ou
de
la Foi. Peu de malentendus pourtant. Car c’est le plus souvent sous l
178
pourtant. Car c’est le plus souvent sous le coup
d’
indignations pareilles et de sursauts du sentiment blessé que ces jeun
179
souvent sous le coup d’indignations pareilles et
de
sursauts du sentiment blessé que ces jeunes gens se sont connus. Cela
180
on confronte les buts et les moyens inséparables
de
ces fins. Tout cela nous dépasse et se meut sur un plan où la vanité
181
cherait en vain la moindre nourriture. Le congrès
de
Francfort9 organisé par Plans a révélé cette unité fondamentale que c
182
maîtres ni des noms, mais la consternante misère
d’
une époque où tout ce qu’un homme peut aimer et vouloir se trouve coup
183
qu’un homme peut aimer et vouloir se trouve coupé
de
son origine vivante, flétri, dénaturé, inverti, saboté. La Révolution
184
aine ; et ce n’est pas détruire. C’est le salut10
de
l’homme en tant qu’homme et qui sent. « Une Actualité inséparable d’u
185
qu’homme et qui sent. « Une Actualité inséparable
d’
une Réalisation », disais-tu. Formule qu’au même moment, sans connaîtr
186
résolution » concrète chez les meilleurs esprits
de
notre génération, ceux de l’Ordre nouveau (Arnaud Dandieu, Robert Aro
187
z les meilleurs esprits de notre génération, ceux
de
l’Ordre nouveau (Arnaud Dandieu, Robert Aron), ceux du groupe naissan
188
Izard, Emmanuel Mounier), ceux encore qui, venant
de
ces groupes, collaborent à Plans avec Philippe Lamour (Alexandre Marc
189
et sont découverts. À l’extrême droite, le groupe
de
Réaction (Thierry Maulnier) ; chez les jeunes protestants, le groupe
190
; chez les jeunes protestants, le groupe barthien
de
Hic et Nunc ; chez les poètes philosophes, certains éléments subsista
191
poètes philosophes, certains éléments subsistants
de
Philosophies, ou naissants, de Réalité. (Et je ne parle ici à peu prè
192
éments subsistants de Philosophies, ou naissants,
de
Réalité. (Et je ne parle ici à peu près que d’amis, parisiens au surp
193
s, de Réalité. (Et je ne parle ici à peu près que
d’
amis, parisiens au surplus.) Jamais, peut-être, une génération n’avait
194
n n’avait trouvé spontanément pareille communauté
d’
attitude essentielle. C’est qu’aucune jamais n’eut à dévisager une men
195
e et planétaire. Rien ne peut plus nous détourner
de
la solidarité du péril. Et les problèmes exquis où s’attardent encore
196
ent encore ceux que je décrirai comme les Prêtres
de
l’Insoluble, nous n’avons plus le droit d’y prêter une libérale compl
197
rêtres de l’Insoluble, nous n’avons plus le droit
d’
y prêter une libérale complaisance. Laisse donc tous ces noms dont se
198
sse donc tous ces noms dont se meublent les notes
de
ton enquête, comme de guéridons démodés supportant des bouquins d’orn
199
dont se meublent les notes de ton enquête, comme
de
guéridons démodés supportant des bouquins d’ornement : la cause des i
200
omme de guéridons démodés supportant des bouquins
d’
ornement : la cause des intellectuels n’est plus celle de l’esprit11.
201
ent : la cause des intellectuels n’est plus celle
de
l’esprit11. Laisse-les donc chercher, jusqu’à la fin de leurs loisirs
202
sprit11. Laisse-les donc chercher, jusqu’à la fin
de
leurs loisirs fiévreux, s’il faut faire quelque chose, et comment et
203
oujours évident dès que nous possédons le courage
de
le voir et de l’assumer. Un acte de présence à la misère du siècle, u
204
t dès que nous possédons le courage de le voir et
de
l’assumer. Un acte de présence à la misère du siècle, une présence en
205
ns le courage de le voir et de l’assumer. Un acte
de
présence à la misère du siècle, une présence enfin qui soit un acte :
206
nous tout craque et nous appelle. Sur les tenants
d’
un ordre délabré, le Souci tend son aile mortifère, — la « Frau Sorge
207
ouci tend son aile mortifère, — la « Frau Sorge »
de
notre Goethe. De tout cela nous ne sommes plus, n’appartenant plus à
208
e mortifère, — la « Frau Sorge » de notre Goethe.
De
tout cela nous ne sommes plus, n’appartenant plus à la mort, mais au
209
lus, n’appartenant plus à la mort, mais au combat
de
ce qui meurt et de ce qui renaît par cette mort. La neurasthénie broi
210
plus à la mort, mais au combat de ce qui meurt et
de
ce qui renaît par cette mort. La neurasthénie broie les villes, où no
211
dans les choses, on nous demande seulement l’acte
de
la saisir dans son impérieuse évidence et dans sa violence éternelle.
212
mesure ; oserai-je écrire : sans espoir ? Tâchons
d’
être joyeux et humbles. 8. Le seul climat qui permette et suscite l’
213
sans espoir ? Tâchons d’être joyeux et humbles.
8.
Le seul climat qui permette et suscite l’aventure spirituelle. Le seu
214
lle. Le seul aussi qui donne un sens à la douceur
de
vivre, à la tendresse. 9. Février 1932. Pour la constitution d’un fr
215
e un sens à la douceur de vivre, à la tendresse.
9.
Février 1932. Pour la constitution d’un front unique des groupements
216
la douceur de vivre, à la tendresse. 9. Février
1932.
Pour la constitution d’un front unique des groupements révolutionnair
217
tendresse. 9. Février 1932. Pour la constitution
d’
un front unique des groupements révolutionnaires allemands (tant « Fro
218
ses y assistèrent, ainsi qu’un délégué fasciste.
10.
La Révolution ne nous conduira pas au Paradis ; mais elle reste le se
219
is elle reste le seul effort effectif que l’homme
d’
aujourd’hui peut produire pour se tirer de l’Enfer, où il s’est mis.
220
l’homme d’aujourd’hui peut produire pour se tirer
de
l’Enfer, où il s’est mis. 11. Entendons par ce terme si vague l’acti
221
duire pour se tirer de l’Enfer, où il s’est mis.
11.
Entendons par ce terme si vague l’activité créatrice et « actuelle »
222
rme si vague l’activité créatrice et « actuelle »
de
la pensée, inséparable d’un ordre humain total. b. Rougemont Denis
223
éatrice et « actuelle » de la pensée, inséparable
d’
un ordre humain total. b. Rougemont Denis de, « Cause commune », Pré
224
ble d’un ordre humain total. b. Rougemont Denis
de
, « Cause commune », Présence, Lausanne et Genève, avril–juin 1932, p.
225
mmune », Présence, Lausanne et Genève, avril–juin
1932,
p. 12-15. c. Précédé de la note suivante : « Le texte qu’on va lire
226
et Genève, avril–juin 1932, p. 12-15. c. Précédé
de
la note suivante : « Le texte qu’on va lire est une réponse et un éch
227
n écho à l’étude Autour de l’humanisme en marche,
de
Gilbert Trolliet, que nous avons publiée en tête du numéro 1. Le lect
228
rolliet, que nous avons publiée en tête du numéro
1.
Le lecteur voudra bien s’y reporter. »
229
Paysage
de
tête : poème (1933)d N’attendons plus, dans cette journée violente
230
Paysage de tête : poème (
1933
)d N’attendons plus, dans cette journée violente et trop vaste, la
231
vaste, la venue des bien-aimées clairières entre
deux
pluies, ni d’une femme ni d’une fièvre pour agrandir et soudain noyer
232
des bien-aimées clairières entre deux pluies, ni
d’
une femme ni d’une fièvre pour agrandir et soudain noyer de suie le re
233
s clairières entre deux pluies, ni d’une femme ni
d’
une fièvre pour agrandir et soudain noyer de suie le regard ni d’une l
234
me ni d’une fièvre pour agrandir et soudain noyer
de
suie le regard ni d’une lueur muette qui s’approche et nous aime. Car
235
ur agrandir et soudain noyer de suie le regard ni
d’
une lueur muette qui s’approche et nous aime. Car voici l’heure de la
236
te qui s’approche et nous aime. Car voici l’heure
de
la solitude et l’origine d’un mutisme sombre et ce n’est point menace
237
me. Car voici l’heure de la solitude et l’origine
d’
un mutisme sombre et ce n’est point menace encore ni même froncement d
238
t ce n’est point menace encore ni même froncement
de
ce grand visage qui nous regarde tellement, mais nous sommes plutôt é
239
son aire parmi des pièges au vol lourd, des faulx
de
larmes et ces battements de paupières plus terribles que l’orage, ces
240
vol lourd, des faulx de larmes et ces battements
de
paupières plus terribles que l’orage, ces battements d’espace au-dess
241
pières plus terribles que l’orage, ces battements
d’
espace au-dessus des pluies qui se tirent à l’horizon dans un paysage
242
s qui se tirent à l’horizon dans un paysage agité
de
la grande puissance diluvienne où maintenant descend, suspendue dans
243
dans la transparence, l’épouvantable constatation
de
la mort. d. Rougemont Denis de, « Paysage de tête », Présence, Lau
244
le constatation de la mort. d. Rougemont Denis
de
, « Paysage de tête », Présence, Lausanne et Genève, 1933, p. 53.
245
n de la mort. d. Rougemont Denis de, « Paysage
de
tête », Présence, Lausanne et Genève, 1933, p. 53.
246
Paysage de tête », Présence, Lausanne et Genève,
1933,
p. 53.
247
L’œuvre et la mort
d’
Arnaud Dandieu (1934)e La vie d’Arnaud Dandieu s’exprime tout entiè
248
L’œuvre et la mort d’Arnaud Dandieu (
1934
)e La vie d’Arnaud Dandieu s’exprime tout entière dans une doctrine
249
vre et la mort d’Arnaud Dandieu (1934)e La vie
d’
Arnaud Dandieu s’exprime tout entière dans une doctrine de l’acte créa
250
Dandieu s’exprime tout entière dans une doctrine
de
l’acte créateur. Il a écrit quelques ouvrages d’une audace précise. I
251
de l’acte créateur. Il a écrit quelques ouvrages
d’
une audace précise. Ils ont paru dans une espèce de silence. Il a vu q
252
’une audace précise. Ils ont paru dans une espèce
de
silence. Il a vu qu’une jeunesse avait compris, venait à lui comme il
253
rait. Quelque temps, il a pu éprouver la solidité
de
sa prise, la qualité du dynamisme qu’il suscitait, et il est mort l’é
254
tait réelle, et peu démonstrative. Car la tension
d’
un esprit créateur n’est pas, comme il arrive chez les inadaptés, une
255
n qui s’institue entre la finesse, la pénétration
de
l’esprit d’une part, et d’autre part la prise de la main, la puissanc
256
de l’esprit d’une part, et d’autre part la prise
de
la main, la puissance de bouleversement concret. Il semblait que Dand
257
et d’autre part la prise de la main, la puissance
de
bouleversement concret. Il semblait que Dandieu incarnait cette image
258
ferme. On ne saurait trop insister sur la portée
d’
une observation de cet ordre. Qu’est-ce que la personne, la singularit
259
ait trop insister sur la portée d’une observation
de
cet ordre. Qu’est-ce que la personne, la singularité, la raison d’êtr
260
est-ce que la personne, la singularité, la raison
d’
être d’un homme, sinon cette tension qu’il incarne et qui est aussi le
261
que la personne, la singularité, la raison d’être
d’
un homme, sinon cette tension qu’il incarne et qui est aussi le ressor
262
tension qu’il incarne et qui est aussi le ressort
de
sa puissance d’imagination concrète, de son acte ? Je me souviens d’a
263
carne et qui est aussi le ressort de sa puissance
d’
imagination concrète, de son acte ? Je me souviens d’avoir été vivemen
264
e ressort de sa puissance d’imagination concrète,
de
son acte ? Je me souviens d’avoir été vivement frappé, lors de ma pre
265
magination concrète, de son acte ? Je me souviens
d’
avoir été vivement frappé, lors de ma première rencontre avec Dandieu,
266
, ou mieux, imposait à la vue, comme l’image même
de
la « personne »12, et comme le symbole impérieux de cet Ordre nouveau
267
it à la vue, comme l’image même de la « personne »
12,
et comme le symbole impérieux de cet Ordre nouveau qu’il annonçait. «
268
la « personne »12, et comme le symbole impérieux
de
cet Ordre nouveau qu’il annonçait. « L’intelligence est une épée », é
269
lligence est une épée », écrivait-il. Avec ce nom
de
chevalier ! Son œuvre déconcerte les catégories de la critique : c’e
270
chevalier ! Son œuvre déconcerte les catégories
de
la critique : c’est peut-être qu’elle en institue une nouvelle. Le li
271
e nouvelle. Le livre qu’il publiait, à Oxford, en
1927,
sur Marcel Proust et sa Révélation psychologique, en donnerait la mei
272
la meilleure formule. C’est une défense du primat
de
l’affectif et de la créativité dans l’exercice de la connaissance. Un
273
ule. C’est une défense du primat de l’affectif et
de
la créativité dans l’exercice de la connaissance. Une œuvre « subject
274
de l’affectif et de la créativité dans l’exercice
de
la connaissance. Une œuvre « subjective » alors ? Justement non. Romp
275
amais s’abaisser aux clichés polémiques, ce livre
de
recherche et de découvertes précises, et le plus dépourvu qui soit d’
276
aux clichés polémiques, ce livre de recherche et
de
découvertes précises, et le plus dépourvu qui soit d’enveloppes « lit
277
écouvertes précises, et le plus dépourvu qui soit
d’
enveloppes « littéraires » ou de fraudes rhétoriques, — c’est pour nou
278
dépourvu qui soit d’enveloppes « littéraires » ou
de
fraudes rhétoriques, — c’est pour nous le premier témoignage d’une ép
279
toriques, — c’est pour nous le premier témoignage
d’
une époque de lucidité nouvelle et d’une aventure authentique. Ouvrez-
280
’est pour nous le premier témoignage d’une époque
de
lucidité nouvelle et d’une aventure authentique. Ouvrez-le : vous ser
281
r témoignage d’une époque de lucidité nouvelle et
d’
une aventure authentique. Ouvrez-le : vous serez frappé d’y voir cités
282
enture authentique. Ouvrez-le : vous serez frappé
d’
y voir cités plus d’hommes de science que de littérateurs ; de n’y tro
283
Ouvrez-le : vous serez frappé d’y voir cités plus
d’
hommes de science que de littérateurs ; de n’y trouver pas une affirma
284
: vous serez frappé d’y voir cités plus d’hommes
de
science que de littérateurs ; de n’y trouver pas une affirmation qui
285
rappé d’y voir cités plus d’hommes de science que
de
littérateurs ; de n’y trouver pas une affirmation qui ne soit confirm
286
és plus d’hommes de science que de littérateurs ;
de
n’y trouver pas une affirmation qui ne soit confirmée par un texte ;
287
qui ne soit confirmée par un texte ; et cependant
de
vous sentir aux antipodes d’une critique universitaire. Ce petit livr
288
texte ; et cependant de vous sentir aux antipodes
d’
une critique universitaire. Ce petit livre a l’aspect d’un chantier, e
289
critique universitaire. Ce petit livre a l’aspect
d’
un chantier, et non point d’un salon littéraire. Il est tout animé de
290
etit livre a l’aspect d’un chantier, et non point
d’
un salon littéraire. Il est tout animé de la joie de construire et d’a
291
on point d’un salon littéraire. Il est tout animé
de
la joie de construire et d’abattre. Grande allure intellectuelle. — C
292
un salon littéraire. Il est tout animé de la joie
de
construire et d’abattre. Grande allure intellectuelle. — Comment ce P
293
re. Il est tout animé de la joie de construire et
d’
abattre. Grande allure intellectuelle. — Comment ce Proust passa-t-il
294
l presque inaperçu en France ? Il renversait trop
de
théories à la mode, avec trop de dédain peut-être… On a fait plus de
295
renversait trop de théories à la mode, avec trop
de
dédain peut-être… On a fait plus de bruit autour des deux pamphlets q
296
de, avec trop de dédain peut-être… On a fait plus
de
bruit autour des deux pamphlets que Dandieu publiait quelques années
297
ain peut-être… On a fait plus de bruit autour des
deux
pamphlets que Dandieu publiait quelques années plus tard, en collabor
298
e plan économique et politique les mêmes méthodes
de
synthèse. En vérité, ces deux ouvrages sont dans le prolongement néce
299
ue les mêmes méthodes de synthèse. En vérité, ces
deux
ouvrages sont dans le prolongement nécessaire du Proust, et c’est là
300
udra chercher leur origine spirituelle. Décadence
de
la nation française critique le nationalisme présent au nom de l’inst
301
capitalisme. Critique plus constructive que celle
de
Marx, parce qu’elle ne se fonde pas sur une pseudo-science, sur une m
302
ne pseudo-science, sur une métaphysique idéaliste
de
la matière, mais sur la révolte de la personne contre l’envahissante
303
ique idéaliste de la matière, mais sur la révolte
de
la personne contre l’envahissante prolétarisation. Ces deux livres so
304
rsonne contre l’envahissante prolétarisation. Ces
deux
livres sont au début de quelque chose. On serait tenté de dire : d’un
305
te prolétarisation. Ces deux livres sont au début
de
quelque chose. On serait tenté de dire : d’une action, si le mot n’ét
306
s sont au début de quelque chose. On serait tenté
de
dire : d’une action, si le mot n’était mal entendu de la plupart de n
307
début de quelque chose. On serait tenté de dire :
d’
une action, si le mot n’était mal entendu de la plupart de nos contemp
308
ire : d’une action, si le mot n’était mal entendu
de
la plupart de nos contemporains. « L’action », Dandieu ne la concevai
309
Dandieu ne la concevait pas distincte ou détachée
d’
une doctrine. Cartésien par l’audace méthodique de son analyse, il ref
310
d’une doctrine. Cartésien par l’audace méthodique
de
son analyse, il refusait pourtant la distinction rationaliste et libé
311
« l’écrivain ne saurait sans se diminuer refuser
d’
endosser entièrement, jusqu’au bout, les conséquences de ce qu’il écri
312
sser entièrement, jusqu’au bout, les conséquences
de
ce qu’il écrit ». Voilà pourquoi, parti de recherches d’ordre poétiqu
313
uences de ce qu’il écrit ». Voilà pourquoi, parti
de
recherches d’ordre poétique sur la métaphore chez Proust, Blake et Ke
314
u’il écrit ». Voilà pourquoi, parti de recherches
d’
ordre poétique sur la métaphore chez Proust, Blake et Keats, il devait
315
singulière parcourt les domaines les plus variés
de
la recherche humaine. Jamais Dandieu n’y dispersa ses puissances d’év
316
maine. Jamais Dandieu n’y dispersa ses puissances
d’
évaluation novatrice. On en trouvera des marques dans les notices et d
317
s marques dans les notices et dans l’introduction
de
son Anthologie des Philosophes contemporains, mais aussi dans les étu
318
ades, sur Nietzsche ou Diderot, sur des questions
de
droit, sur le régime du travail. Toutes ces recherches le conduisaien
319
use du mot révolution. On le fait synonyme tantôt
d’
émeute et de chambardement, tantôt d’anarchie littéraire, tantôt de di
320
évolution. On le fait synonyme tantôt d’émeute et
de
chambardement, tantôt d’anarchie littéraire, tantôt de dictature écon
321
onyme tantôt d’émeute et de chambardement, tantôt
d’
anarchie littéraire, tantôt de dictature économique. Pour Dandieu, com
322
ambardement, tantôt d’anarchie littéraire, tantôt
de
dictature économique. Pour Dandieu, comme pour les jeunes hommes grou
323
sa doctrine, révolution signifie d’abord création
de
l’ordre. L’action sociale ne saurait être que la résultante irrépress
324
e ne saurait être que la résultante irrépressible
de
cet acte fondamental qui pour eux définit la personne. Si l’on admet,
325
e la révolution consiste à sauver l’homme concret
de
l’empire grandissant des tyrannies abstraites, étatistes ou financièr
326
se voit à peu près seule à défendre dans l’Europe
d’
aujourd’hui ? Dictature de la liberté g, proclamera la suite de La Rév
327
défendre dans l’Europe d’aujourd’hui ? Dictature
de
la liberté g, proclamera la suite de La Révolution nécessaire. Dandie
328
? Dictature de la liberté g, proclamera la suite
de
La Révolution nécessaire. Dandieu voyait dans cette revendication la
329
te revendication la mission permanente, la raison
d’
être de la France. Peu de jours avant l’accident chirurgical qui devai
330
ndication la mission permanente, la raison d’être
de
la France. Peu de jours avant l’accident chirurgical qui devait entra
331
ident chirurgical qui devait entraîner sa mort, à
36
ans, il avait ajouté de sa main, sur les épreuves de son dernier ouvr
332
vait entraîner sa mort, à 36 ans, il avait ajouté
de
sa main, sur les épreuves de son dernier ouvrage, une conclusion qui
333
ans, il avait ajouté de sa main, sur les épreuves
de
son dernier ouvrage, une conclusion qui nous apparaît doublement prop
334
alistes et théocratiques » qui montent à l’assaut
d’
une Europe décadente, il ajoutait ces quelques phrases d’une sobre gra
335
urope décadente, il ajoutait ces quelques phrases
d’
une sobre grandeur : En dépit d’un préjugé romantique, la décadence n
336
la mort. Ce qui est grandiose, c’est la victoire
de
l’homme. Le long des côtes de la Méditerranée et de la mer du Nord, r
337
, c’est la victoire de l’homme. Le long des côtes
de
la Méditerranée et de la mer du Nord, remontant le Danube ou le Rhin,
338
l’homme. Le long des côtes de la Méditerranée et
de
la mer du Nord, remontant le Danube ou le Rhin, s’avance l’antique en
339
t le Danube ou le Rhin, s’avance l’antique ennemi
de
l’homme. On l’appellera État, matérialisme, racisme ou tyrannie ; mai
340
annie ; mais son essence est plus profonde et n’a
de
nom dans aucune langue ; surtout pas en français. Ce n’est pas notre
341
faute si le pays des petits rentiers et du traité
de
Versailles est tout de même aussi le dernier refuge continental des h
342
hui, nous appuyer sur la France. Il ne s’agit pas
de
défendre une idée ou une cité. Il ne s’agit pas de défense. Mais de c
343
e défendre une idée ou une cité. Il ne s’agit pas
de
défense. Mais de choix, d’affirmation, de création, de Révolution. No
344
ée ou une cité. Il ne s’agit pas de défense. Mais
de
choix, d’affirmation, de création, de Révolution. Nous sommes sur la
345
cité. Il ne s’agit pas de défense. Mais de choix,
d’
affirmation, de création, de Révolution. Nous sommes sur la terre déci
346
git pas de défense. Mais de choix, d’affirmation,
de
création, de Révolution. Nous sommes sur la terre décisive. L’heure e
347
fense. Mais de choix, d’affirmation, de création,
de
Révolution. Nous sommes sur la terre décisive. L’heure est venue. All
348
véritablement héroïque, et vocation orgueilleuse
de
l’homme ! Mais dans la mesure où cet orgueil déborde l’humilité du se
349
re où cet orgueil déborde l’humilité du serviteur
d’
une grande cause, [ne] semble-t-il pas qu’il se transforme en une espè
350
semble-t-il pas qu’il se transforme en une espèce
d’
interrogation angoissée ? « Allons-y » pour voir, coûte que coûte… Sa
351
r d’autres mains, sur cette « terre décisive ».
12.
Ce qu’il y a de plus profond dans l’homme, c’est la peau, a-t-on écri
352
, et ceci définit un visage. e. Rougemont Denis
de
, « L’œuvre et la mort d’Arnaud Dandieu », Présence, Lausanne et Genèv
353
ge. e. Rougemont Denis de, « L’œuvre et la mort
d’
Arnaud Dandieu », Présence, Lausanne et Genève, 1933–1934, p. 57-59.
354
d’Arnaud Dandieu », Présence, Lausanne et Genève,
1933
–1934, p. 57-59. f. Voir le compte rendu que Rougemont en fait dans l
355
aud Dandieu », Présence, Lausanne et Genève, 1933–
1934,
p. 57-59. f. Voir le compte rendu que Rougemont en fait dans les Cah
356
ans les Cahiers du Sud, et repris dans Politique
de
la personne . g. Titre de l’ouvrage que publiera en 1936 Robert Aron
357
repris dans Politique de la personne . g. Titre
de
l’ouvrage que publiera en 1936 Robert Aron, et dont Rougemont rendra
358
personne . g. Titre de l’ouvrage que publiera en
1936
Robert Aron, et dont Rougemont rendra compte dans la NRF .
359
Contre Nietzsche (avril-mai
1935
)h Ce qui ne résiste pas n’existe pas ; mais toute résistance est
360
nature même veut qu’il ne puisse être possédé que
d’
une manière exclusive et belliqueuse… Un noble effort ne peut s’appuye
361
cobi Nietzsche restera la meilleure description
de
l’anarchie spirituelle du xixe siècle. Il en a souffert si vivement
362
ert si vivement qu’il n’est presque pas un aspect
de
la mentalité du siècle athée auquel sa pensée d’écorché n’ait réagi p
363
de la mentalité du siècle athée auquel sa pensée
d’
écorché n’ait réagi par une diamétrale opposition. Il coupe toutes les
364
pposition. Il coupe toutes les erreurs du temps à
180
degrés, juste. Son œuvre nous apporte un dossier exhaustif des contra
365
ns révoltantes qui figurèrent la bonne conscience
d’
une élite, et par là même, presque toujours tonique et enseignante, el
366
t sa chute, trahit assez exactement une faiblesse
de
cette œuvre, qu’à prendre celle-ci dans sa totalité, l’on découvre co
367
ard, dans ce même siècle. Mais les contradictions
de
Kierkegaard renvoient dans leur ensemble à l’unité suprême, celle de
368
oient dans leur ensemble à l’unité suprême, celle
de
la foi. Elles appartiennent à sa vision du monde, elles en expriment
369
t la tension créatrice, — toute création naissant
d’
une tension établie par quelque unité dominante entre la conception de
370
e par quelque unité dominante entre la conception
de
l’unité d’une part, sa réalisation concrète de l’autre. Il est de la
371
on de l’unité d’une part, sa réalisation concrète
de
l’autre. Il est de la nature même de la foi — telle que la conçoit Ki
372
part, sa réalisation concrète de l’autre. Il est
de
la nature même de la foi — telle que la conçoit Kierkegaard — que la
373
ion concrète de l’autre. Il est de la nature même
de
la foi — telle que la conçoit Kierkegaard — que la vie, la pensée, la
374
sous-tendues par des contradictions destructrices
de
l’humain, créatrices du divin, c’est-à-dire de « l’homme nouveau », o
375
es de l’humain, créatrices du divin, c’est-à-dire
de
« l’homme nouveau », ou c’est encore à dire de l’homme qui vit en Chr
376
re de « l’homme nouveau », ou c’est encore à dire
de
l’homme qui vit en Christ, et non plus dans la forme du siècle présen
377
forme du siècle présent. Mais les contradictions
de
Nietzsche ne renvoient justement qu’à cette forme du monde qui provoq
378
e qui provoquait sans répit son dégoût. L’absence
de
dogmatique chez Nietzsche est le sinistre négatif du dogmatisme mort
379
tzsche est le sinistre négatif du dogmatisme mort
de
ses contemporains. Il attaque à droite et à gauche, utilisant tantôt
380
pensée, dans son ensemble, évoque plutôt l’image
d’
un court-circuit que celle d’un foyer dynamique rayonnant à gauche et
381
voque plutôt l’image d’un court-circuit que celle
d’
un foyer dynamique rayonnant à gauche et à droite et dans bien d’autre
382
ans bien d’autres directions nouvelles, inconnues
de
la gauche et de la droite. Il ne quitte pas le plan des erreurs qu’il
383
s directions nouvelles, inconnues de la gauche et
de
la droite. Il ne quitte pas le plan des erreurs qu’il attaque. Il ne
384
omme l’est aussi le coup final : car l’excès même
de
cette intensité finit par faire éclater tout le jeu. Les réactions ac
385
nt, ou provoquent des explosions. Toute explosion
de
la « forme du monde » renvoie certes l’esprit à ce qui seul peut tran
386
’a pas voulu distinguer et saisir le sens dernier
de
cette transformation. (Exemples : le chapitre « Femmes » dans les Œuv
387
géniales » —, puis il édicte des lois eugéniques,
d’
intention manifestement sociale, mais, en puissance, destructrices de
388
tement sociale, mais, en puissance, destructrices
de
tout « génie », du sien d’abord. Dans cet aheurtement violent de néga
389
», du sien d’abord. Dans cet aheurtement violent
de
négations contradictoires, d’affirmations qui s’entretuent, la relati
390
aheurtement violent de négations contradictoires,
d’
affirmations qui s’entretuent, la relation de l’homme et de la femme p
391
res, d’affirmations qui s’entretuent, la relation
de
l’homme et de la femme perd tout caractère rationnel — ce qui n’est c
392
tions qui s’entretuent, la relation de l’homme et
de
la femme perd tout caractère rationnel — ce qui n’est certes pas à pr
393
ire : avec une cruelle facilité — que la relation
de
l’homme et de la femme n’est guère mieux pensable dans les catégories
394
cruelle facilité — que la relation de l’homme et
de
la femme n’est guère mieux pensable dans les catégories chrétiennes a
395
capitale : que toutes les négations (antithèses)
de
Kierkegaard se fondent dans l’acte de foi originel (synthèse), et qu’
396
antithèses) de Kierkegaard se fondent dans l’acte
de
foi originel (synthèse), et qu’alors même qu’il nie toute possibilité
397
se), et qu’alors même qu’il nie toute possibilité
de
thèse provisoire (ce que n’avait pas fait l’apôtre Paul, autorisant e
398
songe à la réponse du Christ aux sadducéens, Luc
20
/33.) Nietzsche, opposant l’antithèse à la thèse par haine de ce qui e
399
nge à la réponse du Christ aux sadducéens, Luc 20/
33.
) Nietzsche, opposant l’antithèse à la thèse par haine de ce qui est,
400
tzsche, opposant l’antithèse à la thèse par haine
de
ce qui est, non par amour de ce qui doit être « cru », renvoie finale
401
à la thèse par haine de ce qui est, non par amour
de
ce qui doit être « cru », renvoie finalement au néant, annule lui-mêm
402
lui-même sa réaction. On pourrait en dire autant
de
la plupart des autres analyses nietzschéennes portant sur les valeurs
403
i-disant morale du Christ, et au nom d’une espèce
de
« virtu » dont il laisse entendre souvent qu’elle n’est encore que le
404
dre souvent qu’elle n’est encore que le désespoir
de
celui qui ne peut aimer : hommage déguisé de l’angoisse à l’« altruis
405
poir de celui qui ne peut aimer : hommage déguisé
de
l’angoisse à l’« altruisme » véritable. Tout bien compté, — reste la
406
a seule angoisse. Etc., etc.) Nietzsche a horreur
de
toute dogmatique13 : il est par là le type le plus parfait du clerc d
407
la puissance infinie le goût du néant — le refus
de
la vocation — qui caractérisera le monde bourgeois aux yeux de l’hist
408
ore que très peu de bourgeois aient eu conscience
d’
avoir ce goût. Mais son opposition si frénétique à la bêtise de sa cla
409
ût. Mais son opposition si frénétique à la bêtise
de
sa classe, si elle suffit à le rendre complice, en fin de compte, des
410
t son temps un contact véritable, un lien concret
de
responsabilité. C’est aussi qu’il n’existe qu’un unique agent de cont
411
té. C’est aussi qu’il n’existe qu’un unique agent
de
contact réel et vital14, et c’est l’éclair dans notre vie d’une trans
412
réel et vital14, et c’est l’éclair dans notre vie
d’
une transcendance, l’amour en actes, l’action directe, réciproque et g
413
a grâce est gratuite, — sens absolument différent
de
celui qu’a prôné André Gide. Le lien concret entre deux êtres, ou bie
414
elui qu’a prôné André Gide. Le lien concret entre
deux
êtres, ou bien entre une pensée et les contemporains, ne peut être ét
415
ée critique ou créatrice, et cela pour des motifs
d’
ordre uniquement humain, on doit être certain qu’il ne s’agit encore q
416
, on doit être certain qu’il ne s’agit encore que
d’
égoïsme bien compris. L’homme se sert en servant son voisin, il n’écha
417
Le voisin, que la loi bien comprise nous ordonne
d’
aider dans sa peine, reste un voisin, ne devient pas prochain. Car le
418
s prochain. Car le centre du monde reste « moi ».
De
moi à lui, je ne vois qu’une distance. Seul le rapport de responsabil
419
lui, je ne vois qu’une distance. Seul le rapport
de
responsabilité réciproque devant un Tiers infiniment souverain, infin
420
Tiers infiniment souverain, infiniment différent
de
toi et de moi, absolument central — d’ailleurs intemporel —, établit
421
iniment souverain, infiniment différent de toi et
de
moi, absolument central — d’ailleurs intemporel —, établit ce lien ab
422
mpensable, établi comme un fait, comme une donnée
de
Dieu, au sens actif et subjectif du mot donnée. Seul ce rapport posé
423
se colleter avec son temps, il a beau, par dépit
de
l’impuissant amour « moral », renverser les données terrestres, tente
424
la critique souveraine et parfaitement pénétrante
de
l’amour. Il ne parvient à rendre responsables du prochain ni son amou
425
n style vraiment noble et tragique, parfois aussi
d’
une turbulence maladive, la situation typique de l’éthos du bourgeois
426
i d’une turbulence maladive, la situation typique
de
l’éthos du bourgeois : l’isolation. Ses tentatives d’évaluation s’ent
427
’éthos du bourgeois : l’isolation. Ses tentatives
d’
évaluation s’entre-détruisent et n’aboutissent qu’à la plus radicale d
428
t n’aboutissent qu’à la plus radicale dévaluation
de
la vie et de la mort que son siècle ait pu concevoir, et qu’il fut se
429
nt qu’à la plus radicale dévaluation de la vie et
de
la mort que son siècle ait pu concevoir, et qu’il fut seul sans doute
430
d’ailleurs dès qu’il comprend son œuvre. Et c’est
d’
une infernale panique que ses derniers billets trahissent l’invasion.
431
aluations rageusement neutralisées, il nous reste
de
Nietzsche sa rage, son style souverain de pensée. Qu’il ne reste d’un
432
s reste de Nietzsche sa rage, son style souverain
de
pensée. Qu’il ne reste d’une œuvre qu’un style, n’est-ce pas là le de
433
ge, son style souverain de pensée. Qu’il ne reste
d’
une œuvre qu’un style, n’est-ce pas là le dernier caractère qui nous a
434
œuvre appartient au monde « bourgeois », au monde
de
la pensée sans mains, et des mains privées de pensée ? ⁂ Je ne cherch
435
nde de la pensée sans mains, et des mains privées
de
pensée ? ⁂ Je ne cherche pas à être juste. Nietzsche non plus. Qu’imp
436
rtial » voudra donner à ma justice combattante.
13.
Toute action créatrice implique une dogmatique. De même que le squele
437
que une dogmatique. De même que le squelette naît
de
la peau, la dogmatique naît des contacts actifs que nous entretenons
438
actifs que nous entretenons avec le monde. Le mot
de
dogmatique éveille en général l’image d’un squelette de musée, dépoui
439
. Le mot de dogmatique éveille en général l’image
d’
un squelette de musée, dépouillé. Mais tous les vertébrés vivants poss
440
matique éveille en général l’image d’un squelette
de
musée, dépouillé. Mais tous les vertébrés vivants possèdent un squele
441
te vivant sur lequel s’attachent les muscles. Pas
d’
effort qui ne suppose l’existence de ce squelette. 14. Sur l’expressi
442
muscles. Pas d’effort qui ne suppose l’existence
de
ce squelette. 14. Sur l’expression de contact vital, voir les travau
443
fort qui ne suppose l’existence de ce squelette.
14.
Sur l’expression de contact vital, voir les travaux importants d’Eugè
444
’existence de ce squelette. 14. Sur l’expression
de
contact vital, voir les travaux importants d’Eugène Minkowski, en par
445
ion de contact vital, voir les travaux importants
d’
Eugène Minkowski, en particulier La Schizophrénie, p. 82-83 (Payot, 19
446
en particulier La Schizophrénie, p. 82-83 (Payot,
1927
). « Le contact vital avec la réalité semble bien se rapporter aux fac
447
emble bien se rapporter aux facteurs irrationnels
de
la vie », etc. Nietzsche l’a chanté, mais comme un bien perdu. h. R
448
é, mais comme un bien perdu. h. Rougemont Denis
de
, « Contre Nietzsche », Présence, Lausanne et Genève, avril–mai 1935,
449
tzsche », Présence, Lausanne et Genève, avril–mai
1935,
p. 1-4.
450
Nietzsche : petite note sur l’injustice (novembre
1935
)i Plus une personne est grande, plus il est téméraire de se donner
451
us une personne est grande, plus il est téméraire
de
se donner pour juste devant elle. Imaginez une personne absolument gr
452
dire une personne qui comble absolument la mesure
de
l’homme : qui pourra se dire juste devant elle ? La loyauté prononcer
453
injuste, je me rebelle, je ne puis autrement que
de
me rebeller. Beaucoup de chrétiens devraient envier à Nietzsche cette
454
e tort. Mais alors il ne s’agit plus, on le voit,
de
la même injustice. Par exemple, il se peut que l’injustice vis-à-vis
455
Par exemple, il se peut que l’injustice vis-à-vis
d’
une œuvre humaine, injustice nécessaire, inévitable, mais toute relati
456
tzsche, rende justice à ce que Nietzsche a refusé
d’
être ; et que, dans ce qu’il a refusé d’être, réside justement l’essen
457
a refusé d’être ; et que, dans ce qu’il a refusé
d’
être, réside justement l’essentiel au regard de la vérité. Or c’est là
458
ard de la vérité. Or c’est là qu’il est important
de
prendre position, et non ailleurs. Ne vivons-nous pas aujourd’hui, ma
459
on décisive, c’est-à-dire une situation qui exige
de
chacun de nous la confession et la déclaration de ce qu’il tient pour
460
e, c’est-à-dire une situation qui exige de chacun
de
nous la confession et la déclaration de ce qu’il tient pour plus vrai
461
de chacun de nous la confession et la déclaration
de
ce qu’il tient pour plus vrai que sa vie, et à quoi tout le reste s’o
462
donne « le reste » — à peu près tout — à cet acte
de
foi décisif. Il est un temps pour nuancer et balancer, et un temps po
463
e est une épée, disait Dandieu.) Et tout jugement
de
cette espèce comporte une injustice, c’est trop clair, mais tout refu
464
une injustice, c’est trop clair, mais tout refus
de
juger comporte une illusion, et souvent une lâcheté. (En termes disti
465
le scrupule.) Quand donc cessera-t-on, chez nous,
d’
opposer à toute prise de parti bien franche le rappel revêche et stéri
466
cessera-t-on, chez nous, d’opposer à toute prise
de
parti bien franche le rappel revêche et stérilisant à la « complexité
467
s problèmes, — cette démagogie du juste milieu et
de
la scrupuleuse impartialité, responsable à mon sens de tout ce mal qu
468
scrupuleuse impartialité, responsable à mon sens
de
tout ce mal qu’on attribue absurdement au calvinisme ? (Comme si nous
469
nous étions calvinistes !) Cela dit, l’imprudence
de
mon article sur Nietzsche demeure visible, au point qu’on la croirait
470
ou même « forte impression » que l’on est investi
d’
une « mission », mais bien appel de Dieu, appel que l’on accepte ou qu
471
on est investi d’une « mission », mais bien appel
de
Dieu, appel que l’on accepte ou que l’on refuse ; grâce n’a qu’un sen
472
ù ce mot signifie pardon, rémission des péchés et
de
la peine de mort qu’ils entraînent, c’est-à-dire, en un mot : Jésus-C
473
nifie pardon, rémission des péchés et de la peine
de
mort qu’ils entraînent, c’est-à-dire, en un mot : Jésus-Christ15. Dog
474
e je n’en étais plus à confondre cette discipline
de
l’esprit créateur avec n’importe quelle « doctrine que l’on s’interdi
475
c n’importe quelle « doctrine que l’on s’interdit
d’
examiner » ! J’avais écrit : « De même que le squelette naît de la pea
476
! J’avais écrit : « De même que le squelette naît
de
la peau, la dogmatique naît des contacts actifs que nous entretenons
477
, je crains bien que certains n’y voient un trait
de
cette « volonté de rabaisser l’adversaire » que M. Miéville me reproc
478
e certains n’y voient un trait de cette « volonté
de
rabaisser l’adversaire » que M. Miéville me reproche, sans apparence
479
ire » que M. Miéville me reproche, sans apparence
de
« justice », je crois… Mais voilà bien des jugements entrecroisés ! P
480
es jugements entrecroisés ! Peut-être convient-il
de
leur adjoindre encore celui-ci : que nous ne sommes pas juges les uns
481
e nous ne sommes pas juges les uns des autres, ni
de
nous-mêmes, mais tout au plus : de nos choix. Et qu’ainsi, c’est touj
482
des autres, ni de nous-mêmes, mais tout au plus :
de
nos choix. Et qu’ainsi, c’est toujours « notre Nietzsche » que nous j
483
» que nous jugeons ou que nous défendons — ou les
deux
à la fois — bon gré mal gré. Tout le reste est professorat. 15. « C
484
bon gré mal gré. Tout le reste est professorat.
15.
« Cette prétention chrétienne à vouloir monopoliser la grâce », écrit
485
rase proprement stupéfiante… i. Rougemont Denis
de
, « Autour de Nietzsche : petite note sur l’injustice », Présence, Lau
486
justice », Présence, Lausanne et Genève, novembre
1935,
p. 30-31.
487
Le Nœud gordien renoué (avril
1946
)j Un oracle avait annoncé que serait roi celui qui, debout sur son
488
n char, pénétrerait au grand galop dans le temple
de
Jupiter. Les quelques-uns qui le savaient étaient exclus de la compét
489
. Les quelques-uns qui le savaient étaient exclus
de
la compétition par leur science même : on exigeait l’innocence de l’â
490
n par leur science même : on exigeait l’innocence
de
l’âme. Quant au peuple, il vaquait à ses travaux. Un jour, un paysan
491
jour, un paysan nommé Gordius vient à cette ville
de
Phrygie. Il déclare qu’il voudrait visiter les curiosités de l’endroi
492
Il déclare qu’il voudrait visiter les curiosités
de
l’endroit. On lui indique le temple et la mairie. Sans hésiter, il en
493
nous attendions ! Devenu roi par hasard et grâce
d’
innocence, Gordius voulut le rester par astucieuse appropriation d’art
494
ius voulut le rester par astucieuse appropriation
d’
artisan. Il saute à terre, bien décidé à montrer aux gens de la ville
495
Il saute à terre, bien décidé à montrer aux gens
de
la ville ce qu’il sait faire. Entre les cornes de l’autel et le timon
496
de la ville ce qu’il sait faire. Entre les cornes
de
l’autel et le timon du char, le voilà qui se met à nouer le plus beau
497
ait jamais rêvé. Il y passe des heures indicibles
d’
intensité et de concentration. C’est le temps de sa vie ! Ce nœud l’at
498
. Il y passe des heures indicibles d’intensité et
de
concentration. C’est le temps de sa vie ! Ce nœud l’attestera. L’inno
499
s d’intensité et de concentration. C’est le temps
de
sa vie ! Ce nœud l’attestera. L’innocence du prédestiné, et la malice
500
et la malice du paysan s’y mêlent dans un vertige
de
trouvailles, dans une embrouille de génie. Les tours les plus retors
501
ns un vertige de trouvailles, dans une embrouille
de
génie. Les tours les plus retors de cette corde nouent à la grâce l’a
502
ne embrouille de génie. Les tours les plus retors
de
cette corde nouent à la grâce l’ambition, marient au luxe fou l’avari
503
u l’avarice ingénieuse, resserrent dans les liens
d’
un calcul instinctif l’enthousiasme de la grandeur, et son angoisse. A
504
s les liens d’un calcul instinctif l’enthousiasme
de
la grandeur, et son angoisse. Ah ! le compère assez malin pour dénoue
505
il n’est pas encore né ! On ne sait rien du règne
de
Gordius. Mais le nœud qu’il noua devint célèbre. Un oracle nouveau ne
506
. ⁂ Car un nœud, c’est d’abord un anneau : signe
d’
alliance et de prise du pouvoir. Cercle magique et couronne royale. Si
507
ud, c’est d’abord un anneau : signe d’alliance et
de
prise du pouvoir. Cercle magique et couronne royale. Signe aussi de f
508
r. Cercle magique et couronne royale. Signe aussi
de
fécondité. Qu’une intrigue se noue, elle gouverne aussitôt les person
509
e se noue, une amitié se noue. Quand on peut dire
d’
un fruit qu’il a noué, il devient graine. Celui qui sait comment se fa
510
t le refaire : il détient le secret du pouvoir. ⁂
De
tous les pays de la Grèce, les rêveurs de couronnes vinrent contemple
511
détient le secret du pouvoir. ⁂ De tous les pays
de
la Grèce, les rêveurs de couronnes vinrent contempler l’objet. Ils ve
512
voir. ⁂ De tous les pays de la Grèce, les rêveurs
de
couronnes vinrent contempler l’objet. Ils venaient s’asseoir devant l
513
pendant des heures, des jours, des mois. Combien
de
grandes pensées se nouèrent dans ce piège à méditations symboliques !
514
dans ce piège à méditations symboliques ! Combien
de
regards aussi, apparemment stupides, apprirent à déchiffrer les circo
515
pides, apprirent à déchiffrer les circonvolutions
de
cet emblème d’un cerveau né d’une pensée unique et vraiment souverain
516
t à déchiffrer les circonvolutions de cet emblème
d’
un cerveau né d’une pensée unique et vraiment souveraine : la royauté
517
es circonvolutions de cet emblème d’un cerveau né
d’
une pensée unique et vraiment souveraine : la royauté dans son état na
518
iens. J’allais m’asseoir au temple, par les jours
de
colère intraitable. Je dardais un regard de flèche vers ce nœud de vi
519
jours de colère intraitable. Je dardais un regard
de
flèche vers ce nœud de vipères impassible. Des vengeances profondes s
520
able. Je dardais un regard de flèche vers ce nœud
de
vipères impassible. Des vengeances profondes se lovaient dans les tor
521
inées à l’intérieur de cet objet monstrueux, fait
d’
une seule corde. Et je passais des heures à contempler ceux qui, à mon
522
i se faisait analyser à Delphes : il venait entre
deux
séances subrepticement s’accroupir parmi nous, renouant par cette fas
523
it dans sa nature… Celui qui prévoyait la science
de
nos jours, et me disait : — Il n’est de science que des phénomènes qu
524
a science de nos jours, et me disait : — Il n’est
de
science que des phénomènes que l’on peut reproduire à volonté. Quel e
525
— C’est consolant ! (par allusion à ses malheurs
d’
amour, si simples…) Et la femme de Gordius vint un jour s’acquitter d
526
à ses malheurs d’amour, si simples…) Et la femme
de
Gordius vint un jour s’acquitter de ses dévotions. Devant le nœud, ap
527
Et la femme de Gordius vint un jour s’acquitter
de
ses dévotions. Devant le nœud, après un long regard, elle dit : — Ce
528
la ! (Elle croyait que son mari ne s’occupait que
d’
elle.) Et tant d’autres qui vinrent, et qui restaient longtemps. Et nu
529
aient longtemps. Et nul ne s’en allait qu’enrichi
d’
un mystère. Tel était le culte de Gordius, religion de l’inextricable.
530
llait qu’enrichi d’un mystère. Tel était le culte
de
Gordius, religion de l’inextricable. ⁂ Alexandre impatient et tricheu
531
mystère. Tel était le culte de Gordius, religion
de
l’inextricable. ⁂ Alexandre impatient et tricheur pénétra dans le tem
532
emple au jour dit par ses astres, trancha le nœud
d’
un coup d’épée, ramassa le prix pour la durée de la saison. (Tous les
533
d d’un coup d’épée, ramassa le prix pour la durée
de
la saison. (Tous les joueurs perdent.) Ce coup d’épée a fondé le mond
534
.) Ce coup d’épée a fondé le monde moderne. Monde
de
la simplification hâtive ; de l’expérience qui détruit son objet ; de
535
onde moderne. Monde de la simplification hâtive ;
de
l’expérience qui détruit son objet ; de l’action efficace au détrimen
536
hâtive ; de l’expérience qui détruit son objet ;
de
l’action efficace au détriment du sens ; de la tricherie ; de la rupt
537
jet ; de l’action efficace au détriment du sens ;
de
la tricherie ; de la rupture des liens. ⁂ Et depuis lors, je vais cri
538
efficace au détriment du sens ; de la tricherie ;
de
la rupture des liens. ⁂ Et depuis lors, je vais criant : Renouez-le !
539
is criant : Renouez-le ! Renouez-le ! Car il y va
de
tout, du sens même de nos vies ! Car vous mourez, nous mourons tous d
540
! Renouez-le ! Car il y va de tout, du sens même
de
nos vies ! Car vous mourez, nous mourons tous d’ennui, dans un monde
541
de nos vies ! Car vous mourez, nous mourons tous
d’
ennui, dans un monde où rien ne se noue. Car vous mourez, nous mourons
542
ie précieuse. Elle n’existe que prise au complexe
d’
une âme, dans les détours du plus profond secret noué. Et si vous simp
543
simplifiez, vous gagnerez le monde, mais au prix
d’
une âme, la vôtre. Car vous mourez, nous mourons tous à l’amour qui ne
544
sur sa structure, mais détruit à jamais l’espoir
de
le refaire, de le comprendre ou de s’y laisser prendre, c’est-à-dire
545
re, mais détruit à jamais l’espoir de le refaire,
de
le comprendre ou de s’y laisser prendre, c’est-à-dire de connaître ou
546
amais l’espoir de le refaire, de le comprendre ou
de
s’y laisser prendre, c’est-à-dire de connaître ou d’aimer. ⁂ On ne pe
547
omprendre ou de s’y laisser prendre, c’est-à-dire
de
connaître ou d’aimer. ⁂ On ne peut opposer au mythe du Nœud gordien q
548
s’y laisser prendre, c’est-à-dire de connaître ou
d’
aimer. ⁂ On ne peut opposer au mythe du Nœud gordien que l’histoire du
549
lus-simple-du-monde. La guerre civile était près
d’
éclater entre les Suisses, au xve siècle. Un messager fut envoyé à l’
550
icitait son conseil. Il prit la corde qui servait
de
ceinture à sa pauvre robe. Il en fit une boucle simple et la tendit a
551
pée pour le trancher, si chacun tire par un bout,
de
son côté16. ⁂ — Quelle histoire édifiante ! dit Alexandre. 16. De c
552
⁂ — Quelle histoire édifiante ! dit Alexandre.
16.
De cette action de Nicolas de Flue est résultée la Suisse moderne, ce
553
Quelle histoire édifiante ! dit Alexandre. 16.
De
cette action de Nicolas de Flue est résultée la Suisse moderne, ce nœ
554
édifiante ! dit Alexandre. 16. De cette action
de
Nicolas de Flue est résultée la Suisse moderne, ce nœud gordien de la
555
e est résultée la Suisse moderne, ce nœud gordien
de
langues, de races, de religions, d’institutions de tous les temps, qu
556
ée la Suisse moderne, ce nœud gordien de langues,
de
races, de religions, d’institutions de tous les temps, qu’aucune épée
557
se moderne, ce nœud gordien de langues, de races,
de
religions, d’institutions de tous les temps, qu’aucune épée n’a jamai
558
nœud gordien de langues, de races, de religions,
d’
institutions de tous les temps, qu’aucune épée n’a jamais pu trancher.
559
e langues, de races, de religions, d’institutions
de
tous les temps, qu’aucune épée n’a jamais pu trancher. j. Rougemont
560
épée n’a jamais pu trancher. j. Rougemont Denis
de
, « Le Nœud gordien renoué », Présence, Lausanne et Genève, avril 1946
561
ien renoué », Présence, Lausanne et Genève, avril
1946,
p. 45-48.