1 1932, Présence, articles (1932–1946). Penser avec les mains (fragments) (janvier 1932)
1 impunément à travers les systèmes. La philosophie n’ est pas seule responsable d’un divorce que la nature humaine désirait
2 blance. La monstrueuse contradiction ! Comme s’il n’ était pas bien pire de commettre un acte qui vous laisse dans le doute
3 hant les fins dernières du progrès mécanique ? Il ne s’est même pas posé la question. La coutume du temps est de s’enrichi
4 certaine douceur de vivre. Penser devint l’art de ne rien affirmer de décisif. Admirable invention, que l’on pourrait bapt
5 e jeunesse qu’on dit outrecuidante, — qui surtout n’ a pas envie de se faire assassiner. ⁂ Pendant que ce monde condamné ti
6 sse construire autre chose que des bétonnages. On n’ en retiendra qu’un dans ces pages, celui que l’on voudrait nommer l’a
7 rne, conclut par un renversement soudain : « Cela ne viendrait-il pas de ce que l’Éthique possède en soi une certitude ? I
8 existerait alors une chose au moins que le doute ne pourrait atteindre. » Mais qu’est-ce que l’Éthique ? — Question non é
9 feste seulement l’égarement du temps. « L’Éthique ne commence pas dans une ignorance qu’il faudrait muer en savoir, mais d
10 un savoir qui exige sa réalisation ». Phrase qui n’ imposera le silence à personne, mais fera prendre les armes à quelques
11 t dans nos mains. On nous a menés à ce point — il n’ est question de s’en réjouir ni de le déplorer — où le choix n’est plu
12 n de s’en réjouir ni de le déplorer — où le choix n’ est plus qu’entre marxisme et christianisme3, entre vérité collective
13 ient s’incarner dans notre génération. Et déjà ce n’ est plus qu’à notre situation géographique que nous devons de pouvoir
14 de mérite, pour l’heure, à récuser une pensée qui ne menace pas encore à bout portant. ⁂ L’on résume ici la substance de
15 ulture dispense de penser. En vérité, ces gens-là n’ ont jamais pensé. N’ont fait que de la classification avec les idées d
16 enser. En vérité, ces gens-là n’ont jamais pensé. N’ ont fait que de la classification avec les idées des autres, quand ils
17 genre : « penseur ingénieux, esprit subtil ». Ce n’ est guère que dans les feuilles de gauche que l’on voit encore décerne
18 sation. On veut faire voir par ces exemples qu’il ne s’agit nullement d’« applications », comme le voudrait le vocabulaire
19 is corps » pour qu’il devienne « applicable ». On ne crée rien de vivant avec ce qu’on a, mais seulement avec ce qu’on est
20 is seulement avec ce qu’on est. C’est pourquoi il n’ y a de création possible que par les individus. Et de là vient que tou
21 . Socialisme (ou marxisme). Penser en actes : ce n’ est pas descendre au social, si l’on accepte l’héroïsme. Un siècle bou
22 roïsme. Un siècle bourgeois comme fut le dernier, n’ osait imaginer de « réalisation » que sociale : car il faut bien qu’on
23 s, — rassurante perspective, puisqu’on sait qu’il n’ existe pas d’héroïsme collectif. Le héros est toujours seul. Par défin
24 ul. Par définition. Quant au bourgeois seul, cela ne se peut concevoir, n’a jamais existé5. Le bourgeois n’étant donc jama
25 ant au bourgeois seul, cela ne se peut concevoir, n’ a jamais existé5. Le bourgeois n’étant donc jamais un héros, n’entrepr
26 peut concevoir, n’a jamais existé5. Le bourgeois n’ étant donc jamais un héros, n’entreprendra jamais la « réalisation » p
27 isté5. Le bourgeois n’étant donc jamais un héros, n’ entreprendra jamais la « réalisation » personnelle d’une pensée. Par c
28 rasser personnellement. Les meilleures intentions ne sauraient en rien voiler la physiologique évidence d’une telle remarq
29 lle remarque. Précisons : réaliser une pensée, ce n’ est pas « la mettre à exécution » — la condamner à mort, autant dire,
30 n immanente puissance. On voudrait dire — mais ce n’ est pas si simple que cela — qu’il faut avaler les idées7, et qu’une i
31 qu’il faut avaler les idées7, et qu’une idée qui ne peut être mastiquée, puis avalée, n’a pas plus de valeur que ces melo
32 une idée qui ne peut être mastiquée, puis avalée, n’ a pas plus de valeur que ces melons en carton qu’on voit aux étalages.
33 d’autres pensers, d’un désir ou d’un idéal : ils ne s’incarnent qu’à ce prix. Combien d’étreintes, de blessures, combien
34 nde, et il est admirable de l’aimer. Et la pensée n’ est point soustraite à cette loi, non, la pensée même de Dieu n’y est
35 ustraite à cette loi, non, la pensée même de Dieu n’ y est point soustraite. Car elle s’incarne dans le Fils pour agoniser
36 iales comme le fascisme ou le national-socialisme ne sont encore que des compromis, intelligents et énergiques certes, ave
2 1932, Présence, articles (1932–1946). Cause commune (avril-juin 1932)
37 presse qu’on la dira le moins imparfaitement. Je ne t’envoie qu’une lettre. « Présence » et « réalisation », ces deux thè
38 tout abruti de travail et de cinéma. Car enfin ce n’ est pas l’humanisme du xvie siècle qui nous chaut, et encore moins ce
39 lui du xixe , resté celui de nos bons maîtres. Il ne s’agit non plus d’un humanisme qui dresserait l’homme contre Dieu, ce
40 épuisante adresse des ingénieurs. Notre humanisme ne saurait être conçu à la manière des intellectuels bourgeois, dans l’a
41 à la fois. Car s’il faut une morale simple, nous ne saurions admettre que celle qui dirait : « Faites ce que vous pensez,
42 Faites comme tout-le-monde, et pensez ce que vous n’ oserez jamais faire. » Faut-il, pour d’autres, préciser que le manque
43 se commune de la jeunesse européenne. L’humanisme n’ est rien s’il n’est commun comme le péril qui nous menace ; s’il ne co
44 jeunesse européenne. L’humanisme n’est rien s’il n’ est commun comme le péril qui nous menace ; s’il ne considère avant to
45 ’est commun comme le péril qui nous menace ; s’il ne considère avant tout la commune condition humaine et sa défense contr
46 énaturé, inverti, saboté. La Révolution pour nous n’ est pas la haine ; et ce n’est pas détruire. C’est le salut10 de l’hom
47 a Révolution pour nous n’est pas la haine ; et ce n’ est pas détruire. C’est le salut10 de l’homme en tant qu’homme et qui
48 de Philosophies, ou naissants, de Réalité. (Et je ne parle ici à peu près que d’amis, parisiens au surplus.) Jamais, peut-
49 ns au surplus.) Jamais, peut-être, une génération n’ avait trouvé spontanément pareille communauté d’attitude essentielle.
50 té d’attitude essentielle. C’est qu’aucune jamais n’ eut à dévisager une menace aussi pressante et planétaire. Rien ne peut
51 er une menace aussi pressante et planétaire. Rien ne peut plus nous détourner de la solidarité du péril. Et les problèmes
52 e décrirai comme les Prêtres de l’Insoluble, nous n’ avons plus le droit d’y prêter une libérale complaisance. Laisse donc
53 bouquins d’ornement : la cause des intellectuels n’ est plus celle de l’esprit11. Laisse-les donc chercher, jusqu’à la fin
54 « Frau Sorge » de notre Goethe. De tout cela nous ne sommes plus, n’appartenant plus à la mort, mais au combat de ce qui m
55 e notre Goethe. De tout cela nous ne sommes plus, n’ appartenant plus à la mort, mais au combat de ce qui meurt et de ce qu
56 ainsi qu’un délégué fasciste. 10. La Révolution ne nous conduira pas au Paradis ; mais elle reste le seul effort effecti
3 1933, Présence, articles (1932–1946). Paysage de tête : poème (1933)
57 Paysage de tête : poème (1933)d N’ attendons plus, dans cette journée violente et trop vaste, la venue de
58 a solitude et l’origine d’un mutisme sombre et ce n’ est point menace encore ni même froncement de ce grand visage qui nous
4 1934, Présence, articles (1932–1946). L’œuvre et la mort d’Arnaud Dandieu (1934)
59 émonstrative. Car la tension d’un esprit créateur n’ est pas, comme il arrive chez les inadaptés, une tension entre l’indiv
60 r de la personne. Elle est la personne même. Elle ne se résout pas dans une indignation ni dans une compréhension résignée
61 le front ; des mains fines à la poignée ferme. On ne saurait trop insister sur la portée d’une observation de cet ordre. Q
62 ent non. Rompant avec la coutume du temps Dandieu n’ y fait intervenir aucun lyrisme personnel. Ce livre aigu, technique, d
63 plus d’hommes de science que de littérateurs ; de n’ y trouver pas une affirmation qui ne soit confirmée par un texte ; et
64 érateurs ; de n’y trouver pas une affirmation qui ne soit confirmée par un texte ; et cependant de vous sentir aux antipod
65 lus constructive que celle de Marx, parce qu’elle ne se fonde pas sur une pseudo-science, sur une métaphysique idéaliste d
66 On serait tenté de dire : d’une action, si le mot n’ était mal entendu de la plupart de nos contemporains. « L’action », Da
67 upart de nos contemporains. « L’action », Dandieu ne la concevait pas distincte ou détachée d’une doctrine. Cartésien par
68 cte qui l’atteste. Il professait que « l’écrivain ne saurait sans se diminuer refuser d’endosser entièrement, jusqu’au bou
69 us variés de la recherche humaine. Jamais Dandieu n’ y dispersa ses puissances d’évaluation novatrice. On en trouvera des m
70 fie d’abord création de l’ordre. L’action sociale ne saurait être que la résultante irrépressible de cet acte fondamental
71 alisme la seule éthique actuellement libératrice. N’ est-ce pas d’ailleurs l’éthique que la jeune France se voit à peu près
72 : En dépit d’un préjugé romantique, la décadence n’ est pas belle, ni la mort. Ce qui est beau, c’est la lutte contre la m
73 tyrannie ; mais son essence est plus profonde et n’ a de nom dans aucune langue ; surtout pas en français. Ce n’est pas no
74 dans aucune langue ; surtout pas en français. Ce n’ est pas notre faute si la France est, en effet, aujourd’hui comme hier
75 t, aujourd’hui comme hier, la dernière écluse. Ce n’ est pas notre faute si le pays des petits rentiers et du traité de Ver
76 dernier refuge continental des hommes libres. Ce n’ est pas notre faute si, pour sauver l’Occident et l’Europe, nous devon
77 bord, aujourd’hui, nous appuyer sur la France. Il ne s’agit pas de défendre une idée ou une cité. Il ne s’agit pas de défe
78 e s’agit pas de défendre une idée ou une cité. Il ne s’agit pas de défense. Mais de choix, d’affirmation, de création, de
79 orde l’humilité du serviteur d’une grande cause, [ ne ] semble-t-il pas qu’il se transforme en une espèce d’interrogation an
80 au, a-t-on écrit. On pourrait dire aussi que rien n’ est plus visible chez un homme que son mystère, et ceci définit un vis
5 1935, Présence, articles (1932–1946). Contre Nietzsche (avril-mai 1935)
81 Contre Nietzsche (avril-mai 1935)h Ce qui ne résiste pas n’existe pas ; mais toute résistance est une attaque. Exi
82 zsche (avril-mai 1935)h Ce qui ne résiste pas n’ existe pas ; mais toute résistance est une attaque. Exister en résista
83 qui attaque, parce que sa nature même veut qu’il ne puisse être possédé que d’une manière exclusive et belliqueuse… Un no
84 manière exclusive et belliqueuse… Un noble effort ne peut s’appuyer que sur une pleine et ferme confiance en soi, qui seul
85 t. À celui qui a perdu cette confiance, plus rien ne saurait apparaître digne et grand ; son âme a perdu la noble dureté q
86 xixe siècle. Il en a souffert si vivement qu’il n’ est presque pas un aspect de la mentalité du siècle athée auquel sa pe
87 talité du siècle athée auquel sa pensée d’écorché n’ ait réagi par une diamétrale opposition. Il coupe toutes les erreurs d
88 ouvre constitutive. D’autres poètes ont paru, qui ne furent pas moins violemment contradictoires : Kierkegaard, dans ce mê
89 le présent. Mais les contradictions de Nietzsche ne renvoient justement qu’à cette forme du monde qui provoquait sans rép
90 e contre la droite, sans que jamais un centre vif ne soit rendu, par ces éclairs croisés, visible. C’est pourquoi sa pensé
91 elles, inconnues de la gauche et de la droite. Il ne quitte pas le plan des erreurs qu’il attaque. Il ne fait guère qu’y i
92 quitte pas le plan des erreurs qu’il attaque. Il ne fait guère qu’y introduire une intensité délirante. C’est là son jeu,
93 ui seul peut transformer le monde. Mais Nietzsche n’ a pas voulu distinguer et saisir le sens dernier de cette transformati
94 e la femme perd tout caractère rationnel — ce qui n’ est certes pas à priori un mal —, mais elle perd aussi toute valeur so
95 ilité — que la relation de l’homme et de la femme n’ est guère mieux pensable dans les catégories chrétiennes absolues, tel
96 nie toute possibilité de thèse provisoire (ce que n’ avait pas fait l’apôtre Paul, autorisant en fin de compte le mariage),
97 « virtu » dont il laisse entendre souvent qu’elle n’ est encore que le désespoir de celui qui ne peut aimer : hommage dégui
98 u’elle n’est encore que le désespoir de celui qui ne peut aimer : hommage déguisé de l’angoisse à l’« altruisme » véritabl
99 ce, en fin de compte, des erreurs qu’il flagelle, ne suffit pas à établir entre sa pensée et son temps un contact véritabl
100 lien concret de responsabilité. C’est aussi qu’il n’ existe qu’un unique agent de contact réel et vital14, et c’est l’éclai
101 s, ou bien entre une pensée et les contemporains, ne peut être établi qu’en vertu d’une action obéissant à des mobiles app
102 dre uniquement humain, on doit être certain qu’il ne s’agit encore que d’égoïsme bien compris. L’homme se sert en servant
103 ompris. L’homme se sert en servant son voisin, il n’ échappe point à la loi, et la loi n’établit jamais ni le contact vital
104 on voisin, il n’échappe point à la loi, et la loi n’ établit jamais ni le contact vital ni l’amour du prochain. Le voisin,
105 s ordonne d’aider dans sa peine, reste un voisin, ne devient pas prochain. Car le centre du monde reste « moi ». De moi à
106 e centre du monde reste « moi ». De moi à lui, je ne vois qu’une distance. Seul le rapport de responsabilité réciproque de
107 es terrestres, tenter le contact par la haine, il n’ aboutit jamais à saisir son prochain, à concrétiser sa pensée, à la so
108 veraine et parfaitement pénétrante de l’amour. Il ne parvient à rendre responsables du prochain ni son amour, ni sa haine,
109 Ses tentatives d’évaluation s’entre-détruisent et n’ aboutissent qu’à la plus radicale dévaluation de la vie et de la mort
110 che sa rage, son style souverain de pensée. Qu’il ne reste d’une œuvre qu’un style, n’est-ce pas là le dernier caractère q
111 e pensée. Qu’il ne reste d’une œuvre qu’un style, n’ est-ce pas là le dernier caractère qui nous avertit que cette œuvre ap
112 sans mains, et des mains privées de pensée ? ⁂ Je ne cherche pas à être juste. Nietzsche non plus. Qu’importe le nom qu’un
113 lequel s’attachent les muscles. Pas d’effort qui ne suppose l’existence de ce squelette. 14. Sur l’expression de contact
6 1935, Présence, articles (1932–1946). Autour de Nietzsche : petite note sur l’injustice (novembre 1935)
114 é prononcera : Je suis injuste, je me rebelle, je ne puis autrement que de me rebeller. Beaucoup de chrétiens devraient en
115 encore : Je me sens injuste en sa présence, et je ne puis, en la jugeant, que lui faire tort. Mais alors il ne s’agit plus
116 en la jugeant, que lui faire tort. Mais alors il ne s’agit plus, on le voit, de la même injustice. Par exemple, il se peu
117 t important de prendre position, et non ailleurs. Ne vivons-nous pas aujourd’hui, maintenant — au double sens historique e
118  : vocation, au sens strict où je prenais le mot, ne signifie pas « message », ni « impression » ou même « forte impressio
119 appel que l’on accepte ou que l’on refuse ; grâce n’ a qu’un sens vaguement métaphorique et sentimental en dehors de l’Évan
120 Dogmatique : je croyais avoir fait sentir que je n’ en étais plus à confondre cette discipline de l’esprit créateur avec n
121 fondre cette discipline de l’esprit créateur avec n’ importe quelle « doctrine que l’on s’interdit d’examiner » ! J’avais é
122 nvoitises célestes », je crains bien que certains n’ y voient un trait de cette « volonté de rabaisser l’adversaire » que M
123 t-il de leur adjoindre encore celui-ci : que nous ne sommes pas juges les uns des autres, ni de nous-mêmes, mais tout au p
7 1946, Présence, articles (1932–1946). Le Nœud gordien renoué (avril 1946)
124 ur dénouer ce chef-d’œuvre brut, par Jupiter ! il n’ est pas encore né ! On ne sait rien du règne de Gordius. Mais le nœud
125 e brut, par Jupiter ! il n’est pas encore né ! On ne sait rien du règne de Gordius. Mais le nœud qu’il noua devint célèbre
126 nœud qu’il noua devint célèbre. Un oracle nouveau ne tarda pas à le consacrer chez les Grecs : quiconque parviendrait à le
127 yait la science de nos jours, et me disait : — Il n’ est de science que des phénomènes que l’on peut reproduire à volonté.
128 t objet devant moi indubitable, et que la science ne saura vérifier ni dénouer, faute de pouvoir le répéter selon la recet
129 faute de pouvoir le répéter selon la recette ? Il n’ existe donc point, à ses yeux. Elle n’en veut pas. Et si personne n’en
130 ecette ? Il n’existe donc point, à ses yeux. Elle n’ en veut pas. Et si personne n’en veut, il est à moi ! Je le prends : i
131 t, à ses yeux. Elle n’en veut pas. Et si personne n’ en veut, il est à moi ! Je le prends : il est ma liberté… Celui qui mu
132 nt le nœud, après un long regard, elle dit : — Ce n’ est pas si ressemblant que cela ! (Elle croyait que son mari ne s’occu
133 ressemblant que cela ! (Elle croyait que son mari ne s’occupait que d’elle.) Et tant d’autres qui vinrent, et qui restaien
134 s qui vinrent, et qui restaient longtemps. Et nul ne s’en allait qu’enrichi d’un mystère. Tel était le culte de Gordius, r
135 nous mourons tous d’ennui, dans un monde où rien ne se noue. Car vous mourez, nous mourons tous à la vie spirituelle, la
136 tous à la vie spirituelle, la vie précieuse. Elle n’ existe que prise au complexe d’une âme, dans les détours du plus profo
137 Car vous mourez, nous mourons tous à l’amour qui ne tranche rien, mais qui épouse, qui accepte, qui pénètre, et qui sait
138 Car une coupe transversale pratiquée dans un nœud n’ apprend à peu près rien sur sa structure, mais détruit à jamais l’espo
139 endre, c’est-à-dire de connaître ou d’aimer. ⁂ On ne peut opposer au mythe du Nœud gordien que l’histoire du Nœud-le-plus-
140 fant pourrait le dénouer ! — L’homme le plus fort ne pourrait pas le dénouer, et il faudrait alors l’épée pour le trancher
141 d’institutions de tous les temps, qu’aucune épée n’ a jamais pu trancher. j. Rougemont Denis de, « Le Nœud gordien renou