1 1932, Présence, articles (1932–1946). Penser avec les mains (fragments) (janvier 1932)
1 ser avec les mains (fragments) (janvier 1932)a Nous voici donc à ce point d’étrangeté où l’on oppose la pensée et l’actio
2 entiellement moderne — admet ainsi que d’une part notre conduite peut être aliénée au premier automatisme venu, même moral, c
3 isme venu, même moral, cependant que d’autre part notre esprit débrayé, comme un psychologue nominaliste, bavarde impunément
4 anger d’un écart, par ailleurs confortable, entre nos idéaux généreux et nos petites activités s’étant manifesté avec quelq
5 illeurs confortable, entre nos idéaux généreux et nos petites activités s’étant manifesté avec quelque insistance depuis 19
6 et seront encore bons pour construire, si demain nous laisse construire autre chose que des bétonnages. On n’en retiendra q
7 pirituelle — dont l’avènement historique est dans nos mains. On nous a menés à ce point — il n’est question de s’en réjouir
8 ont l’avènement historique est dans nos mains. On nous a menés à ce point — il n’est question de s’en réjouir ni de le déplo
9 re. Deux noms : Hegel et Kierkegaard4. Désormais, nous les retrouverons aux prises à tous les degrés de notre activité. Ains
10 les retrouverons aux prises à tous les degrés de notre activité. Ainsi, le plus profond antagonisme de la pensée du xixe si
11 e la pensée du xixe siècle vient s’incarner dans notre génération. Et déjà ce n’est plus qu’à notre situation géographique q
12 dans notre génération. Et déjà ce n’est plus qu’à notre situation géographique que nous devons de pouvoir trancher le débat s
13 n’est plus qu’à notre situation géographique que nous devons de pouvoir trancher le débat sans risquer le poteau. L’on s’en
14 nsi pensèrent tous ceux dont l’œuvre détermine en nous une réaction éthique, c’est-à-dire une réalisation. On veut faire voi
15 e, pour qu’une idée devienne ce mythe qui vive en nous et dans lequel nous vivions, jusqu’au point que chacun de nos gestes
16 devienne ce mythe qui vive en nous et dans lequel nous vivions, jusqu’au point que chacun de nos gestes — oui, même ce signe
17 lequel nous vivions, jusqu’au point que chacun de nos gestes — oui, même ce signe de la main — trahisse son immanente puiss
18 l concevait, mais redoutait, et qui devient alors notre sang et nos songes. Le sang, les songes, tour à tour, nous poussent v
19 ais redoutait, et qui devient alors notre sang et nos songes. Le sang, les songes, tour à tour, nous poussent vers les être
20 et nos songes. Le sang, les songes, tour à tour, nous poussent vers les êtres et guident notre main. Par eux s’incarne la p
21 r à tour, nous poussent vers les êtres et guident notre main. Par eux s’incarne la pensée, et c’est là l’héroïsme de l’esprit
22 ergiques certes, avec les valeurs bourgeoises qui nous ont valu la dernière guerre, nationalisme et doctrine de l’État souve
2 1932, Présence, articles (1932–1946). Cause commune (avril-juin 1932)
23 aujourd’hui en disant vite et sans calcul ce qui nous presse qu’on la dira le moins imparfaitement. Je ne t’envoie qu’une l
24 évolutionnaire. Et en même temps la définition de notre humanisme, s’il est bien cette volonté de vivre « humainement » que d
25 de vivre « humainement » que dans le monde entier nous voyons se dresser contre la stérilisante convention capitaliste, cont
26 nfin ce n’est pas l’humanisme du xvie siècle qui nous chaut, et encore moins celui du xixe , resté celui de nos bons maître
27 t, et encore moins celui du xixe , resté celui de nos bons maîtres. Il ne s’agit non plus d’un humanisme qui dresserait l’h
28 orgueilleuse et épuisante adresse des ingénieurs. Notre humanisme ne saurait être conçu à la manière des intellectuels bourge
29 ennes à la fois. Car s’il faut une morale simple, nous ne saurions admettre que celle qui dirait : « Faites ce que vous pens
30 alité de telles remarques constitue précisément à nos yeux leur intérêt humain ? Dans leur simplicité, elles suffiront long
31 e n’est rien s’il n’est commun comme le péril qui nous menace ; s’il ne considère avant tout la commune condition humaine et
32 et les moyens inséparables de ces fins. Tout cela nous dépasse et se meut sur un plan où la vanité chercherait en vain la mo
33 s a révélé cette unité fondamentale que créent en nous non pas des maîtres ni des noms, mais la consternante misère d’une ép
34 ri, dénaturé, inverti, saboté. La Révolution pour nous n’est pas la haine ; et ce n’est pas détruire. C’est le salut10 de l’
35 ître ton texte, j’utilisais ailleurs pour définir nos tâches immédiates. Formule qui, je le sais, éveille un même « accord 
36 solution » concrète chez les meilleurs esprits de notre génération, ceux de l’Ordre nouveau (Arnaud Dandieu, Robert Aron), ce
37 aussi pressante et planétaire. Rien ne peut plus nous détourner de la solidarité du péril. Et les problèmes exquis où s’att
38 que je décrirai comme les Prêtres de l’Insoluble, nous n’avons plus le droit d’y prêter une libérale complaisance. Laisse do
39 ire quelque chose, et comment et pourquoi. Ce que nous devons faire est toujours assez simple, est toujours évident dès que
40 ujours assez simple, est toujours évident dès que nous possédons le courage de le voir et de l’assumer. Un acte de présence
41 e, une présence enfin qui soit un acte : car pour nous désormais la Révolution vit, si nous vivons. Autour de nous tout craq
42 e : car pour nous désormais la Révolution vit, si nous vivons. Autour de nous tout craque et nous appelle. Sur les tenants d
43 mais la Révolution vit, si nous vivons. Autour de nous tout craque et nous appelle. Sur les tenants d’un ordre délabré, le S
44 it, si nous vivons. Autour de nous tout craque et nous appelle. Sur les tenants d’un ordre délabré, le Souci tend son aile m
45 i tend son aile mortifère, — la « Frau Sorge » de notre Goethe. De tout cela nous ne sommes plus, n’appartenant plus à la mor
46 — la « Frau Sorge » de notre Goethe. De tout cela nous ne sommes plus, n’appartenant plus à la mort, mais au combat de ce qu
47 cette mort. La neurasthénie broie les villes, où nous sommes peut-être seuls à connaître la force et la présence. Nous conn
48 t-être seuls à connaître la force et la présence. Nous connaissons la vérité. Qu’elle soit tombée du ciel ou qu’elle éclate
49 bée du ciel ou qu’elle éclate dans les choses, on nous demande seulement l’acte de la saisir dans son impérieuse évidence et
50 nsi qu’un délégué fasciste. 10. La Révolution ne nous conduira pas au Paradis ; mais elle reste le seul effort effectif que
51 e l’humanisme en marche, de Gilbert Trolliet, que nous avons publiée en tête du numéro 1. Le lecteur voudra bien s’y reporte
3 1933, Présence, articles (1932–1946). Paysage de tête : poème (1933)
52 le regard ni d’une lueur muette qui s’approche et nous aime. Car voici l’heure de la solitude et l’origine d’un mutisme somb
53 encore ni même froncement de ce grand visage qui nous regarde tellement, mais nous sommes plutôt égarés dans son aire parmi
54 ce grand visage qui nous regarde tellement, mais nous sommes plutôt égarés dans son aire parmi des pièges au vol lourd, des
4 1934, Présence, articles (1932–1946). L’œuvre et la mort d’Arnaud Dandieu (1934)
55 éraires » ou de fraudes rhétoriques, — c’est pour nous le premier témoignage d’une époque de lucidité nouvelle et d’une aven
56 n, si le mot n’était mal entendu de la plupart de nos contemporains. « L’action », Dandieu ne la concevait pas distincte ou
57 reuves de son dernier ouvrage, une conclusion qui nous apparaît doublement prophétique. Rappelant « les antiques sottises ra
58 ne langue ; surtout pas en français. Ce n’est pas notre faute si la France est, en effet, aujourd’hui comme hier, la dernière
59 ’hui comme hier, la dernière écluse. Ce n’est pas notre faute si le pays des petits rentiers et du traité de Versailles est t
60 efuge continental des hommes libres. Ce n’est pas notre faute si, pour sauver l’Occident et l’Europe, nous devons d’abord, au
61 tre faute si, pour sauver l’Occident et l’Europe, nous devons d’abord, aujourd’hui, nous appuyer sur la France. Il ne s’agit
62 nt et l’Europe, nous devons d’abord, aujourd’hui, nous appuyer sur la France. Il ne s’agit pas de défendre une idée ou une c
63 choix, d’affirmation, de création, de Révolution. Nous sommes sur la terre décisive. L’heure est venue. Allons-y. Défi véri
64 lons-y » pour voir, coûte que coûte… Sa mort, qui nous pousse en avant, fut pour lui, peut-être, une réponse. Non pas une mo
5 1935, Présence, articles (1932–1946). Contre Nietzsche (avril-mai 1935)
65 s erreurs du temps à 180 degrés, juste. Son œuvre nous apporte un dossier exhaustif des contradictions révoltantes qui figur
66 me, presque toujours tonique et enseignante, elle nous excite à des affirmations qui la condamnent. La forme aphoristique qu
67 e contact réel et vital14, et c’est l’éclair dans notre vie d’une transcendance, l’amour en actes, l’action directe, réciproq
68 du prochain. Le voisin, que la loi bien comprise nous ordonne d’aider dans sa peine, reste un voisin, ne devient pas procha
69 utes ces évaluations rageusement neutralisées, il nous reste de Nietzsche sa rage, son style souverain de pensée. Qu’il ne r
70 n style, n’est-ce pas là le dernier caractère qui nous avertit que cette œuvre appartient au monde « bourgeois », au monde d
71 peau, la dogmatique naît des contacts actifs que nous entretenons avec le monde. Le mot de dogmatique éveille en général l’
6 1935, Présence, articles (1932–1946). Autour de Nietzsche : petite note sur l’injustice (novembre 1935)
72 que cette œuvre a voulu nier. Descendons jusqu’à nous . Il se peut que mon « injustice » déclarée, vis-à-vis de Nietzsche, r
73 t de prendre position, et non ailleurs. Ne vivons- nous pas aujourd’hui, maintenant — au double sens historique et éternel du
74 c’est-à-dire une situation qui exige de chacun de nous la confession et la déclaration de ce qu’il tient pour plus vrai que
75 le reste s’ordonne, y compris cette justice dont nous pensions, non sans ingénuité, détenir la mesure ? L’intelligence alor
76 ’appelle scrupule.) Quand donc cessera-t-on, chez nous , d’opposer à toute prise de parti bien franche le rappel revêche et s
77 on attribue absurdement au calvinisme ? (Comme si nous étions calvinistes !) Cela dit, l’imprudence de mon article sur Nietz
78 peau, la dogmatique naît des contacts actifs que nous entretenons avec le monde. » Etc.) Quant au paragraphe final sur mes
79 nvient-il de leur adjoindre encore celui-ci : que nous ne sommes pas juges les uns des autres, ni de nous-mêmes, mais tout a
80 autres, ni de nous-mêmes, mais tout au plus : de nos choix. Et qu’ainsi, c’est toujours « notre Nietzsche » que nous jugeo
81 lus : de nos choix. Et qu’ainsi, c’est toujours «  notre Nietzsche » que nous jugeons ou que nous défendons — ou les deux à la
82 qu’ainsi, c’est toujours « notre Nietzsche » que nous jugeons ou que nous défendons — ou les deux à la fois — bon gré mal g
83 jours « notre Nietzsche » que nous jugeons ou que nous défendons — ou les deux à la fois — bon gré mal gré. Tout le reste es
7 1946, Présence, articles (1932–1946). Le Nœud gordien renoué (avril 1946)
84 nt en chœur : C’est lui le Roi ! Voici le Roi que nous attendions ! Devenu roi par hasard et grâce d’innocence, Gordius voul
85 tre deux séances subrepticement s’accroupir parmi nous , renouant par cette fascination tout ce que le prêtre avait dénoué en
86 dans sa nature… Celui qui prévoyait la science de nos jours, et me disait : — Il n’est de science que des phénomènes que l’
87 Renouez-le ! Car il y va de tout, du sens même de nos vies ! Car vous mourez, nous mourons tous d’ennui, dans un monde où r
88 tout, du sens même de nos vies ! Car vous mourez, nous mourons tous d’ennui, dans un monde où rien ne se noue. Car vous mour
89 ans un monde où rien ne se noue. Car vous mourez, nous mourons tous à la vie spirituelle, la vie précieuse. Elle n’existe qu
90 ais au prix d’une âme, la vôtre. Car vous mourez, nous mourons tous à l’amour qui ne tranche rien, mais qui épouse, qui acce