1 1932, Présence, articles (1932–1946). Penser avec les mains (fragments) (janvier 1932)
1 derne — admet ainsi que d’une part notre conduite peut être aliénée au premier automatisme venu, même moral, cependant que d
2 ous cru, dit Kierkegaard, que si longtemps qu’ils pussent douter, si longtemps qu’ils fussent privés du droit d’affirmer rien d
3 ependant ils seraient en droit d’agir, car on s’y peut contenter de vraisemblance. La monstrueuse contradiction ! Comme s’il
4 ffirmer de décisif. Admirable invention, que l’on pourrait baptiser la pensée sans douleur, et qui comblait si doucement la débi
5 sistance depuis 1914, il apparaît que la question peut être reprise sans trop de mauvais goût par une jeunesse qu’on dit out
6 isterait alors une chose au moins que le doute ne pourrait atteindre. » Mais qu’est-ce que l’Éthique ? — Question non éthique, e
7 à notre situation géographique que nous devons de pouvoir trancher le débat sans risquer le poteau. L’on s’en rend compte en éc
8 u’une certaine finesse et une certaine profondeur peuvent se situer à égale distance de la réalisation éthique, et se confondre
9 es démarches de l’esprit. Et Dostoïevski, dont on peut dire qu’il pensait par péchés et remords. Ainsi pensèrent tous ceux d
10 aujourd’hui je m’en vais l’appliquer. Comment le pourraient -ils ? Car il faut qu’un idéal ait « pris corps » pour qu’il devienne
11 r définition. Quant au bourgeois seul, cela ne se peut concevoir, n’a jamais existé5. Le bourgeois n’étant donc jamais un hé
12 ’il faut avaler les idées7, et qu’une idée qui ne peut être mastiquée, puis avalée, n’a pas plus de valeur que ces melons en
13 ends le livre et avale-le. » Ainsi Jean reçoit le pouvoir de prophétiser. (Apoc. X. 9.) a. Rougemont Denis de, « Penser avec
2 1932, Présence, articles (1932–1946). Cause commune (avril-juin 1932)
14 rnante misère d’une époque où tout ce qu’un homme peut aimer et vouloir se trouve coupé de son origine vivante, flétri, déna
15 une menace aussi pressante et planétaire. Rien ne peut plus nous détourner de la solidarité du péril. Et les problèmes exqui
16 le seul effort effectif que l’homme d’aujourd’hui peut produire pour se tirer de l’Enfer, où il s’est mis. 11. Entendons pa
3 1934, Présence, articles (1932–1946). L’œuvre et la mort d’Arnaud Dandieu (1934)
17 l savait qu’elle y viendrait. Quelque temps, il a pu éprouver la solidité de sa prise, la qualité du dynamisme qu’il susci
18 ond dans l’homme, c’est la peau, a-t-on écrit. On pourrait dire aussi que rien n’est plus visible chez un homme que son mystère,
4 1935, Présence, articles (1932–1946). Contre Nietzsche (avril-mai 1935)
19 i attaque, parce que sa nature même veut qu’il ne puisse être possédé que d’une manière exclusive et belliqueuse… Un noble eff
20 ière exclusive et belliqueuse… Un noble effort ne peut s’appuyer que sur une pleine et ferme confiance en soi, qui seule élè
21 du monde » renvoie certes l’esprit à ce qui seul peut transformer le monde. Mais Nietzsche n’a pas voulu distinguer et sais
22 alement au néant, annule lui-même sa réaction. On pourrait en dire autant de la plupart des autres analyses nietzschéennes porta
23 lle n’est encore que le désespoir de celui qui ne peut aimer : hommage déguisé de l’angoisse à l’« altruisme » véritable. To
24 ou bien entre une pensée et les contemporains, ne peut être établi qu’en vertu d’une action obéissant à des mobiles apparemm
25 uation de la vie et de la mort que son siècle ait pu concevoir, et qu’il fut seul sans doute, dans ce siècle, à oser mesur
5 1935, Présence, articles (1932–1946). Autour de Nietzsche : petite note sur l’injustice (novembre 1935)
26 qui comble absolument la mesure de l’homme : qui pourra se dire juste devant elle ? La loyauté prononcera : Je suis injuste,
27 le voit, de la même injustice. Par exemple, il se peut que l’injustice vis-à-vis d’une œuvre humaine, injustice nécessaire,
28 , témoigne en faveur d’une vérité décisive. Il se peut que cette « injustice », qui fait tort à la vérité fragmentaire incar
29 uvre a voulu nier. Descendons jusqu’à nous. Il se peut que mon « injustice » déclarée, vis-à-vis de Nietzsche, rende justice
6 1946, Présence, articles (1932–1946). Le Nœud gordien renoué (avril 1946)
30 abord un anneau : signe d’alliance et de prise du pouvoir . Cercle magique et couronne royale. Signe aussi de fécondité. Qu’une
31 Un mariage se noue, une amitié se noue. Quand on peut dire d’un fruit qu’il a noué, il devient graine. Celui qui sait comme
32 défaire, et le refaire : il détient le secret du pouvoir . ⁂ De tous les pays de la Grèce, les rêveurs de couronnes vinrent con
33 — Il n’est de science que des phénomènes que l’on peut reproduire à volonté. Quel est ce nœud, réel, unique, inimitable, cet
34 la science ne saura vérifier ni dénouer, faute de pouvoir le répéter selon la recette ? Il n’existe donc point, à ses yeux. Ell
35 re, c’est-à-dire de connaître ou d’aimer. ⁂ On ne peut opposer au mythe du Nœud gordien que l’histoire du Nœud-le-plus-simpl
36 i vivait dans les Alpes et qui détenait, sans nul pouvoir , l’autorité. En cette extrémité, et tout espoir perdu, on sollicitait
37 t-il, afin qu’ils le dénouent. — Un faible enfant pourrait le dénouer ! — L’homme le plus fort ne pourrait pas le dénouer, et il
38 t pourrait le dénouer ! — L’homme le plus fort ne pourrait pas le dénouer, et il faudrait alors l’épée pour le trancher, si chac
39 ions de tous les temps, qu’aucune épée n’a jamais pu trancher. j. Rougemont Denis de, « Le Nœud gordien renoué », Présen