1
et l’action jusque sur le plan de l’éthique. Or,
un
homme qui professe cette distinction — essentiellement moderne — adme
2
dant que d’autre part notre esprit débrayé, comme
un
psychologue nominaliste, bavarde impunément à travers les systèmes. L
3
mes. La philosophie n’est pas seule responsable d’
un
divorce que la nature humaine désirait de toute sa lâcheté. Mais l’ex
4
sa lâcheté. Mais l’exemple de Descartes est l’un
des
plus mauvais qui aient été donnés au monde moderne. « Depuis Descarte
5
n ! Comme s’il n’était pas bien pire de commettre
un
acte qui vous laisse dans le doute (et l’on s’attire pourtant une res
6
s laisse dans le doute (et l’on s’attire pourtant
une
responsabilité) que de simplement prétendre quelque chose. »1 Cette
7
e, il s’y conforme. « … Et l’on s’attire pourtant
une
responsabilité. » Il faut bien constater que plusieurs générations2 c
8
ce défaut d’exigence éthique comme la garantie d’
une
certaine douceur de vivre. Penser devint l’art de ne rien affirmer de
9
ure, et la suprême astuce. Toutefois, le danger d’
un
écart, par ailleurs confortable, entre nos idéaux généreux et nos pet
10
n peut être reprise sans trop de mauvais goût par
une
jeunesse qu’on dit outrecuidante, — qui surtout n’a pas envie de se f
11
lui permirent de durer malgré la qualité médiocre
des
matériaux. Ces principes constituaient l’instruction réelle, sinon co
12
si demain nous laisse construire autre chose que
des
bétonnages. On n’en retiendra qu’un dans ces pages, celui que l’on vo
13
re chose que des bétonnages. On n’en retiendra qu’
un
dans ces pages, celui que l’on voudrait nommer l’a priori éthique. Ki
14
monstrueuse contradiction » moderne, conclut par
un
renversement soudain : « Cela ne viendrait-il pas de ce que l’Éthique
15
endrait-il pas de ce que l’Éthique possède en soi
une
certitude ? Il existerait alors une chose au moins que le doute ne po
16
ossède en soi une certitude ? Il existerait alors
une
chose au moins que le doute ne pourrait atteindre. » Mais qu’est-ce q
17
rement du temps. « L’Éthique ne commence pas dans
une
ignorance qu’il faudrait muer en savoir, mais dans un savoir qui exig
18
gnorance qu’il faudrait muer en savoir, mais dans
un
savoir qui exige sa réalisation ». Phrase qui n’imposera le silence à
19
nnifiée. Ou encore, entre la réalisation fatale d’
une
doctrine du fait et la réalisation héroïque d’une doctrine de l’être.
20
une doctrine du fait et la réalisation héroïque d’
une
doctrine de l’être. Deux noms : Hegel et Kierkegaard4. Désormais, nou
21
qu’il y a peu de mérite, pour l’heure, à récuser
une
pensée qui ne menace pas encore à bout portant. ⁂ L’on résume ici la
22
acceptions du verbe penser. On a noté d’abord qu’
une
espèce humaine est en voie de disparaître, en partie par vice interne
23
re, en partie par vice interne, en partie du fait
des
circonstances qui la molestent durement : l’espèce bourgeois cultivé
24
’ont fait que de la classification avec les idées
des
autres, quand ils étaient intelligents ; et autrement, du journalisme
25
arque par exemple qu’en France, l’admiration pour
un
philosophe s’exprime volontiers dans des termes de ce genre : « pense
26
tion pour un philosophe s’exprime volontiers dans
des
termes de ce genre : « penseur ingénieux, esprit subtil ». Ce n’est g
27
voit encore décerner l’épithète de « puissant » à
des
« penseurs » comme Victor Margueritte ou Barbusse. À droite on parle
28
e « tiefsinnig ». Mais on remarque à ce propos qu’
une
certaine finesse et une certaine profondeur peuvent se situer à égale
29
n remarque à ce propos qu’une certaine finesse et
une
certaine profondeur peuvent se situer à égale distance de la réalisat
30
devenues banales, on tente de la ramener à celle
des
deux interprétations étymologiques du mot penser. Celui-ci ayant la m
31
clut encore que la pensée figure pour le Français
une
activité ordonnatrice ; pour l’Allemand, titanique. On fait alors int
32
r l’Allemand, titanique. On fait alors intervenir
une
définition de la pensée d’où découleront les conclusions de cet essai
33
Penser serait : créer de tout son être spirituel
des
faits nouveaux et vrais, dans un certain style. — Ainsi pensèrent un
34
être spirituel des faits nouveaux et vrais, dans
un
certain style. — Ainsi pensèrent un Pascal, un Rimbaud, véritable hon
35
t vrais, dans un certain style. — Ainsi pensèrent
un
Pascal, un Rimbaud, véritable honneur de la langue française. Ainsi,
36
ns un certain style. — Ainsi pensèrent un Pascal,
un
Rimbaud, véritable honneur de la langue française. Ainsi, un Nietzsch
37
véritable honneur de la langue française. Ainsi,
un
Nietzsche, qui le premier substitua délibérément la notion de style à
38
ensèrent tous ceux dont l’œuvre détermine en nous
une
réaction éthique, c’est-à-dire une réalisation. On veut faire voir pa
39
ermine en nous une réaction éthique, c’est-à-dire
une
réalisation. On veut faire voir par ces exemples qu’il ne s’agit null
40
i moralisme, ni socialisme. ⁂ Moralisme. Il y a
des
gens qui disent : j’ai tel idéal de véracité, de justice, eh bien ! d
41
iquer. Comment le pourraient-ils ? Car il faut qu’
un
idéal ait « pris corps » pour qu’il devienne « applicable ». On ne cr
42
descendre au social, si l’on accepte l’héroïsme.
Un
siècle bourgeois comme fut le dernier, n’osait imaginer de « réalisat
43
jamais existé5. Le bourgeois n’étant donc jamais
un
héros, n’entreprendra jamais la « réalisation » personnelle d’une pen
44
reprendra jamais la « réalisation » personnelle d’
une
pensée. Par contre, s’il est actif, il se piquera de favoriser sa mis
45
iquera de favoriser sa mise en circulation. Jeter
une
idée « nouvelle » dans la circulation — rêve du sociologue — consiste
46
raient en rien voiler la physiologique évidence d’
une
telle remarque. Précisons : réaliser une pensée, ce n’est pas « la me
47
idence d’une telle remarque. Précisons : réaliser
une
pensée, ce n’est pas « la mettre à exécution » — la condamner à mort,
48
nce6. C’est le drame de l’éthique individuelle, —
une
affaire d’amour, une affaire de la solitude. Une pensée et une vie so
49
de l’éthique individuelle, — une affaire d’amour,
une
affaire de la solitude. Une pensée et une vie sont aux prises : qu’on
50
une affaire d’amour, une affaire de la solitude.
Une
pensée et une vie sont aux prises : qu’on les laisse donc seules à ce
51
’amour, une affaire de la solitude. Une pensée et
une
vie sont aux prises : qu’on les laisse donc seules à ce débat silenci
52
lle petites souffrances de la souffrance, pour qu’
une
idée devienne ce mythe qui vive en nous et dans lequel nous vivions,
53
le que cela — qu’il faut avaler les idées7, et qu’
une
idée qui ne peut être mastiquée, puis avalée, n’a pas plus de valeur
54
qu’on l’oublie. Ainsi de tant d’autres pensers, d’
un
désir ou d’un idéal : ils ne s’incarnent qu’à ce prix. Combien d’étre
55
. Ainsi de tant d’autres pensers, d’un désir ou d’
un
idéal : ils ne s’incarnent qu’à ce prix. Combien d’étreintes, de bles
56
l’esprit. Car toute incarnation s’opère au prix d’
un
héroïsme, l’on veut dire : d’une souffrance et d’un isolement. Telle
57
s’opère au prix d’un héroïsme, l’on veut dire : d’
une
souffrance et d’un isolement. Telle est la loi du monde, et il est ad
58
héroïsme, l’on veut dire : d’une souffrance et d’
un
isolement. Telle est la loi du monde, et il est admirable de l’aimer.
59
la Philosophie en miettes. » 2. Contemporaines d’
un
Nietzsche, d’un Ibsen, d’un Rimbaud, d’un Sorel ! Mais l’histoire est
60
n miettes. » 2. Contemporaines d’un Nietzsche, d’
un
Ibsen, d’un Rimbaud, d’un Sorel ! Mais l’histoire est faite de telles
61
2. Contemporaines d’un Nietzsche, d’un Ibsen, d’
un
Rimbaud, d’un Sorel ! Mais l’histoire est faite de telles compensatio
62
aines d’un Nietzsche, d’un Ibsen, d’un Rimbaud, d’
un
Sorel ! Mais l’histoire est faite de telles compensations. 3. Des po
63
l’histoire est faite de telles compensations. 3.
Des
positions politico-sociales comme le fascisme ou le national-socialis
64
isme ou le national-socialisme ne sont encore que
des
compromis, intelligents et énergiques certes, avec les valeurs bourge
65
on les y compare ; et se réduisent bien souvent à
des
questions de préséance, entre philosophes-professeurs qui connaissent
66
a dira le moins imparfaitement. Je ne t’envoie qu’
une
lettre. « Présence » et « réalisation », ces deux thèmes de ton enquê
67
seul mot d’actualisation. C’est le mot de passe d’
une
génération révolutionnaire. Et en même temps la définition de notre h
68
convention capitaliste, contre le malthusianisme
des
virtuoses de la pensée sans douleur, contre une bourgeoisie que la jo
69
e des virtuoses de la pensée sans douleur, contre
une
bourgeoisie que la jouissance du téléphone et de l’ascenseur console
70
chéance morale, déchéance jalousée d’ailleurs par
un
prolétariat tout abruti de travail et de cinéma. Car enfin ce n’est p
71
elui de nos bons maîtres. Il ne s’agit non plus d’
un
humanisme qui dresserait l’homme contre Dieu, ce qui revient, on l’a
72
la personne, l’orgueilleuse et épuisante adresse
des
ingénieurs. Notre humanisme ne saurait être conçu à la manière des in
73
ls bourgeois, dans l’abstrait, c’est-à-dire comme
un
système intéressant, abstraction faite de ses moyens d’actualisation.
74
aite de ses moyens d’actualisation. L’humanisme d’
un
homme de 1932 et qui veut vivre, au lieu d’amèrement languir, — c’est
75
e et de l’action ; sinon par l’effort d’instaurer
une
économie générale de la vie impliquant cette identité et fondant sur
76
et les plus quotidiennes à la fois. Car s’il faut
une
morale simple, nous ne saurions admettre que celle qui dirait : « Fai
77
nsez ce que vous faites. » Alors que la formule d’
une
éthique bourgeoise est au contraire : « Faites comme tout-le-monde, e
78
la commune condition humaine et sa défense contre
un
système dont l’action dissolvante s’étend à toute la terre. Mais dès
79
e ces fins. Tout cela nous dépasse et se meut sur
un
plan où la vanité chercherait en vain la moindre nourriture. Le congr
80
tte unité fondamentale que créent en nous non pas
des
maîtres ni des noms, mais la consternante misère d’une époque où tout
81
mentale que créent en nous non pas des maîtres ni
des
noms, mais la consternante misère d’une époque où tout ce qu’un homme
82
aîtres ni des noms, mais la consternante misère d’
une
époque où tout ce qu’un homme peut aimer et vouloir se trouve coupé d
83
la consternante misère d’une époque où tout ce qu’
un
homme peut aimer et vouloir se trouve coupé de son origine vivante, f
84
alut10 de l’homme en tant qu’homme et qui sent. «
Une
Actualité inséparable d’une Réalisation », disais-tu. Formule qu’au m
85
’homme et qui sent. « Une Actualité inséparable d’
une
Réalisation », disais-tu. Formule qu’au même moment, sans connaître t
86
ches immédiates. Formule qui, je le sais, éveille
un
même « accord » profond, appelle une même « résolution » concrète che
87
sais, éveille un même « accord » profond, appelle
une
même « résolution » concrète chez les meilleurs esprits de notre géné
88
d’amis, parisiens au surplus.) Jamais, peut-être,
une
génération n’avait trouvé spontanément pareille communauté d’attitude
89
ntielle. C’est qu’aucune jamais n’eut à dévisager
une
menace aussi pressante et planétaire. Rien ne peut plus nous détourne
90
’Insoluble, nous n’avons plus le droit d’y prêter
une
libérale complaisance. Laisse donc tous ces noms dont se meublent les
91
on enquête, comme de guéridons démodés supportant
des
bouquins d’ornement : la cause des intellectuels n’est plus celle de
92
dés supportant des bouquins d’ornement : la cause
des
intellectuels n’est plus celle de l’esprit11. Laisse-les donc cherche
93
possédons le courage de le voir et de l’assumer.
Un
acte de présence à la misère du siècle, une présence enfin qui soit u
94
sumer. Un acte de présence à la misère du siècle,
une
présence enfin qui soit un acte : car pour nous désormais la Révoluti
95
la misère du siècle, une présence enfin qui soit
un
acte : car pour nous désormais la Révolution vit, si nous vivons. Aut
96
us tout craque et nous appelle. Sur les tenants d’
un
ordre délabré, le Souci tend son aile mortifère, — la « Frau Sorge »
97
e l’aventure spirituelle. Le seul aussi qui donne
un
sens à la douceur de vivre, à la tendresse. 9. Février 1932. Pour la
98
ndresse. 9. Février 1932. Pour la constitution d’
un
front unique des groupements révolutionnaires allemands (tant « Front
99
rier 1932. Pour la constitution d’un front unique
des
groupements révolutionnaires allemands (tant « Front Noir » que commu
100
ront Noir » que communistes), français et belges.
Des
délégués suisses y assistèrent, ainsi qu’un délégué fasciste. 10. La
101
ges. Des délégués suisses y assistèrent, ainsi qu’
un
délégué fasciste. 10. La Révolution ne nous conduira pas au Paradis
102
trice et « actuelle » de la pensée, inséparable d’
un
ordre humain total. b. Rougemont Denis de, « Cause commune », Prése
103
e la note suivante : « Le texte qu’on va lire est
une
réponse et un écho à l’étude Autour de l’humanisme en marche, de Gilb
104
nte : « Le texte qu’on va lire est une réponse et
un
écho à l’étude Autour de l’humanisme en marche, de Gilbert Trolliet,
105
ns cette journée violente et trop vaste, la venue
des
bien-aimées clairières entre deux pluies, ni d’une femme ni d’une fiè
106
es bien-aimées clairières entre deux pluies, ni d’
une
femme ni d’une fièvre pour agrandir et soudain noyer de suie le regar
107
clairières entre deux pluies, ni d’une femme ni d’
une
fièvre pour agrandir et soudain noyer de suie le regard ni d’une lueu
108
agrandir et soudain noyer de suie le regard ni d’
une
lueur muette qui s’approche et nous aime. Car voici l’heure de la sol
109
. Car voici l’heure de la solitude et l’origine d’
un
mutisme sombre et ce n’est point menace encore ni même froncement de
110
ais nous sommes plutôt égarés dans son aire parmi
des
pièges au vol lourd, des faulx de larmes et ces battements de paupièr
111
arés dans son aire parmi des pièges au vol lourd,
des
faulx de larmes et ces battements de paupières plus terribles que l’o
112
es que l’orage, ces battements d’espace au-dessus
des
pluies qui se tirent à l’horizon dans un paysage agité de la grande p
113
-dessus des pluies qui se tirent à l’horizon dans
un
paysage agité de la grande puissance diluvienne où maintenant descend
114
vie d’Arnaud Dandieu s’exprime tout entière dans
une
doctrine de l’acte créateur. Il a écrit quelques ouvrages d’une audac
115
e l’acte créateur. Il a écrit quelques ouvrages d’
une
audace précise. Ils ont paru dans une espèce de silence. Il a vu qu’u
116
ouvrages d’une audace précise. Ils ont paru dans
une
espèce de silence. Il a vu qu’une jeunesse avait compris, venait à lu
117
s ont paru dans une espèce de silence. Il a vu qu’
une
jeunesse avait compris, venait à lui comme il savait qu’elle y viendr
118
élan qui va s’épanouir. Ce révolutionnaire était
un
homme tranquille, carré, courtois et gai. On veut que ce soient des a
119
le, carré, courtois et gai. On veut que ce soient
des
agités : les vrais sont des ordonnateurs, solidement humains. Sa forc
120
On veut que ce soient des agités : les vrais sont
des
ordonnateurs, solidement humains. Sa force était réelle, et peu démon
121
it réelle, et peu démonstrative. Car la tension d’
un
esprit créateur n’est pas, comme il arrive chez les inadaptés, une te
122
ur n’est pas, comme il arrive chez les inadaptés,
une
tension entre l’individu et le milieu qui lui résiste. Elle est à l’i
123
est la personne même. Elle ne se résout pas dans
une
indignation ni dans une compréhension résignée, mais dans un acte. C’
124
lle ne se résout pas dans une indignation ni dans
une
compréhension résignée, mais dans un acte. C’est la tension qui s’ins
125
ion ni dans une compréhension résignée, mais dans
un
acte. C’est la tension qui s’institue entre la finesse, la pénétratio
126
éfini. Il avait le profil nettement dessiné, mais
une
rudesse puissante sur le front ; des mains fines à la poignée ferme.
127
essiné, mais une rudesse puissante sur le front ;
des
mains fines à la poignée ferme. On ne saurait trop insister sur la po
128
erme. On ne saurait trop insister sur la portée d’
une
observation de cet ordre. Qu’est-ce que la personne, la singularité,
129
e la personne, la singularité, la raison d’être d’
un
homme, sinon cette tension qu’il incarne et qui est aussi le ressort
130
dre nouveau qu’il annonçait. « L’intelligence est
une
épée », écrivait-il. Avec ce nom de chevalier ! Son œuvre déconcerte
131
la critique : c’est peut-être qu’elle en institue
une
nouvelle. Le livre qu’il publiait, à Oxford, en 1927, sur Marcel Prou
132
logique, en donnerait la meilleure formule. C’est
une
défense du primat de l’affectif et de la créativité dans l’exercice d
133
la créativité dans l’exercice de la connaissance.
Une
œuvre « subjective » alors ? Justement non. Rompant avec la coutume d
134
riques, — c’est pour nous le premier témoignage d’
une
époque de lucidité nouvelle et d’une aventure authentique. Ouvrez-le
135
témoignage d’une époque de lucidité nouvelle et d’
une
aventure authentique. Ouvrez-le : vous serez frappé d’y voir cités pl
136
science que de littérateurs ; de n’y trouver pas
une
affirmation qui ne soit confirmée par un texte ; et cependant de vous
137
ver pas une affirmation qui ne soit confirmée par
un
texte ; et cependant de vous sentir aux antipodes d’une critique univ
138
xte ; et cependant de vous sentir aux antipodes d’
une
critique universitaire. Ce petit livre a l’aspect d’un chantier, et n
139
itique universitaire. Ce petit livre a l’aspect d’
un
chantier, et non point d’un salon littéraire. Il est tout animé de la
140
it livre a l’aspect d’un chantier, et non point d’
un
salon littéraire. Il est tout animé de la joie de construire et d’aba
141
dédain peut-être… On a fait plus de bruit autour
des
deux pamphlets que Dandieu publiait quelques années plus tard, en col
142
e l’homme concret que Le Cancer américain apporte
une
critique du capitalisme. Critique plus constructive que celle de Marx
143
celle de Marx, parce qu’elle ne se fonde pas sur
une
pseudo-science, sur une métaphysique idéaliste de la matière, mais su
144
’elle ne se fonde pas sur une pseudo-science, sur
une
métaphysique idéaliste de la matière, mais sur la révolte de la perso
145
but de quelque chose. On serait tenté de dire : d’
une
action, si le mot n’était mal entendu de la plupart de nos contempora
146
ndieu ne la concevait pas distincte ou détachée d’
une
doctrine. Cartésien par l’audace méthodique de son analyse, il refusa
147
chez Proust, Blake et Keats, il devait aboutir à
une
éthique politique. Cette trajectoire très singulière parcourt les dom
148
puissances d’évaluation novatrice. On en trouvera
des
marques dans les notices et dans l’introduction de son Anthologie des
149
notices et dans l’introduction de son Anthologie
des
Philosophes contemporains, mais aussi dans les études qu’il publiait
150
e, sur les nomades, sur Nietzsche ou Diderot, sur
des
questions de droit, sur le régime du travail. Toutes ces recherches l
151
à sauver l’homme concret de l’empire grandissant
des
tyrannies abstraites, étatistes ou financières, il faudra reconnaître
152
sa main, sur les épreuves de son dernier ouvrage,
une
conclusion qui nous apparaît doublement prophétique. Rappelant « les
153
istes et théocratiques » qui montent à l’assaut d’
une
Europe décadente, il ajoutait ces quelques phrases d’une sobre grande
154
ope décadente, il ajoutait ces quelques phrases d’
une
sobre grandeur : En dépit d’un préjugé romantique, la décadence n’es
155
elques phrases d’une sobre grandeur : En dépit d’
un
préjugé romantique, la décadence n’est pas belle, ni la mort. Ce qui
156
nière écluse. Ce n’est pas notre faute si le pays
des
petits rentiers et du traité de Versailles est tout de même aussi le
157
tout de même aussi le dernier refuge continental
des
hommes libres. Ce n’est pas notre faute si, pour sauver l’Occident et
158
puyer sur la France. Il ne s’agit pas de défendre
une
idée ou une cité. Il ne s’agit pas de défense. Mais de choix, d’affir
159
France. Il ne s’agit pas de défendre une idée ou
une
cité. Il ne s’agit pas de défense. Mais de choix, d’affirmation, de c
160
où cet orgueil déborde l’humilité du serviteur d’
une
grande cause, [ne] semble-t-il pas qu’il se transforme en une espèce
161
ause, [ne] semble-t-il pas qu’il se transforme en
une
espèce d’interrogation angoissée ? « Allons-y » pour voir, coûte que
162
ui nous pousse en avant, fut pour lui, peut-être,
une
réponse. Non pas une mort édifiante. Mais une découverte éblouie — pa
163
nt, fut pour lui, peut-être, une réponse. Non pas
une
mort édifiante. Mais une découverte éblouie — pascalienne. « Euphorie
164
re, une réponse. Non pas une mort édifiante. Mais
une
découverte éblouie — pascalienne. « Euphorie absolue », disait-il en
165
rrait dire aussi que rien n’est plus visible chez
un
homme que son mystère, et ceci définit un visage. e. Rougemont Deni
166
le chez un homme que son mystère, et ceci définit
un
visage. e. Rougemont Denis de, « L’œuvre et la mort d’Arnaud Dandie
167
iste pas n’existe pas ; mais toute résistance est
une
attaque. Exister en résistant, c’est exclure. Toute vie, toute existe
168
ture même veut qu’il ne puisse être possédé que d’
une
manière exclusive et belliqueuse… Un noble effort ne peut s’appuyer q
169
ssédé que d’une manière exclusive et belliqueuse…
Un
noble effort ne peut s’appuyer que sur une pleine et ferme confiance
170
queuse… Un noble effort ne peut s’appuyer que sur
une
pleine et ferme confiance en soi, qui seule élève le cœur et l’esprit
171
en a souffert si vivement qu’il n’est presque pas
un
aspect de la mentalité du siècle athée auquel sa pensée d’écorché n’a
172
athée auquel sa pensée d’écorché n’ait réagi par
une
diamétrale opposition. Il coupe toutes les erreurs du temps à 180 deg
173
temps à 180 degrés, juste. Son œuvre nous apporte
un
dossier exhaustif des contradictions révoltantes qui figurèrent la bo
174
uste. Son œuvre nous apporte un dossier exhaustif
des
contradictions révoltantes qui figurèrent la bonne conscience d’une é
175
révoltantes qui figurèrent la bonne conscience d’
une
élite, et par là même, presque toujours tonique et enseignante, elle
176
ujours tonique et enseignante, elle nous excite à
des
affirmations qui la condamnent. La forme aphoristique que Nietzsche c
177
usivement avant sa chute, trahit assez exactement
une
faiblesse de cette œuvre, qu’à prendre celle-ci dans sa totalité, l’o
178
la tension créatrice, — toute création naissant d’
une
tension établie par quelque unité dominante entre la conception de l’
179
la souffrance du chrétien soient sous-tendues par
des
contradictions destructrices de l’humain, créatrices du divin, c’est-
180
antôt la gauche contre la droite, sans que jamais
un
centre vif ne soit rendu, par ces éclairs croisés, visible. C’est pou
181
ensée, dans son ensemble, évoque plutôt l’image d’
un
court-circuit que celle d’un foyer dynamique rayonnant à gauche et à
182
que plutôt l’image d’un court-circuit que celle d’
un
foyer dynamique rayonnant à gauche et à droite et dans bien d’autres
183
gauche et de la droite. Il ne quitte pas le plan
des
erreurs qu’il attaque. Il ne fait guère qu’y introduire une intensité
184
s qu’il attaque. Il ne fait guère qu’y introduire
une
intensité délirante. C’est là son jeu, délibéré, comme l’est aussi le
185
actions accélérées se neutralisent, ou provoquent
des
explosions. Toute explosion de la « forme du monde » renvoie certes l
186
x qui l’animalisent. Il formule contre le mariage
des
revendications antisociales — « géniales » —, puis il édicte des lois
187
ons antisociales — « géniales » —, puis il édicte
des
lois eugéniques, d’intention manifestement sociale, mais, en puissanc
188
tère rationnel — ce qui n’est certes pas à priori
un
mal —, mais elle perd aussi toute valeur soit actuelle, soit historiq
189
démontrerait aisément — ou pour mieux dire : avec
une
cruelle facilité — que la relation de l’homme et de la femme n’est gu
190
tiennes absolues, telles que les pose par exemple
un
Kierkegaard. Mais il y a cette différence capitale : que toutes les n
191
ontre la soi-disant morale du Christ, et au nom d’
une
espèce de « virtu » dont il laisse entendre souvent qu’elle n’est enc
192
le suffit à le rendre complice, en fin de compte,
des
erreurs qu’il flagelle, ne suffit pas à établir entre sa pensée et so
193
suffit pas à établir entre sa pensée et son temps
un
contact véritable, un lien concret de responsabilité. C’est aussi qu’
194
ntre sa pensée et son temps un contact véritable,
un
lien concret de responsabilité. C’est aussi qu’il n’existe qu’un uniq
195
de responsabilité. C’est aussi qu’il n’existe qu’
un
unique agent de contact réel et vital14, et c’est l’éclair dans notre
196
el et vital14, et c’est l’éclair dans notre vie d’
une
transcendance, l’amour en actes, l’action directe, réciproque et grat
197
. Le lien concret entre deux êtres, ou bien entre
une
pensée et les contemporains, ne peut être établi qu’en vertu d’une ac
198
contemporains, ne peut être établi qu’en vertu d’
une
action obéissant à des mobiles apparemment « gratuits », mais, en fai
199
être établi qu’en vertu d’une action obéissant à
des
mobiles apparemment « gratuits », mais, en fait, consciemment, obéiss
200
par sa pensée critique ou créatrice, et cela pour
des
motifs d’ordre uniquement humain, on doit être certain qu’il ne s’agi
201
omprise nous ordonne d’aider dans sa peine, reste
un
voisin, ne devient pas prochain. Car le centre du monde reste « moi »
202
monde reste « moi ». De moi à lui, je ne vois qu’
une
distance. Seul le rapport de responsabilité réciproque devant un Tier
203
ul le rapport de responsabilité réciproque devant
un
Tiers infiniment souverain, infiniment différent de toi et de moi, ab
204
ictoire, rationnellement impensable, établi comme
un
fait, comme une donnée de Dieu, au sens actif et subjectif du mot don
205
nellement impensable, établi comme un fait, comme
une
donnée de Dieu, au sens actif et subjectif du mot donnée. Seul ce rap
206
ort posé par Dieu abolit toute distance, provoque
un
contact pur, permet une action vraie, et transforme le monde. Mais Ni
207
t toute distance, provoque un contact pur, permet
une
action vraie, et transforme le monde. Mais Nietzsche a beau se collet
208
es derniers défis. C’est ainsi qu’il exprime dans
un
style vraiment noble et tragique, parfois aussi d’une turbulence mala
209
style vraiment noble et tragique, parfois aussi d’
une
turbulence maladive, la situation typique de l’éthos du bourgeois : l
210
ailleurs dès qu’il comprend son œuvre. Et c’est d’
une
infernale panique que ses derniers billets trahissent l’invasion. Que
211
, son style souverain de pensée. Qu’il ne reste d’
une
œuvre qu’un style, n’est-ce pas là le dernier caractère qui nous aver
212
ouverain de pensée. Qu’il ne reste d’une œuvre qu’
un
style, n’est-ce pas là le dernier caractère qui nous avertit que cett
213
bourgeois », au monde de la pensée sans mains, et
des
mains privées de pensée ? ⁂ Je ne cherche pas à être juste. Nietzsche
214
e juste. Nietzsche non plus. Qu’importe le nom qu’
un
observateur « impartial » voudra donner à ma justice combattante. 1
215
ombattante. 13. Toute action créatrice implique
une
dogmatique. De même que le squelette naît de la peau, la dogmatique n
216
le squelette naît de la peau, la dogmatique naît
des
contacts actifs que nous entretenons avec le monde. Le mot de dogmati
217
Le mot de dogmatique éveille en général l’image d’
un
squelette de musée, dépouillé. Mais tous les vertébrés vivants possèd
218
ouillé. Mais tous les vertébrés vivants possèdent
un
squelette vivant sur lequel s’attachent les muscles. Pas d’effort qui
219
e la vie », etc. Nietzsche l’a chanté, mais comme
un
bien perdu. h. Rougemont Denis de, « Contre Nietzsche », Présence,
220
ite note sur l’injustice (novembre 1935)i Plus
une
personne est grande, plus il est téméraire de se donner pour juste de
221
ire de se donner pour juste devant elle. Imaginez
une
personne absolument grande, — c’est-à-dire une personne qui comble ab
222
ez une personne absolument grande, — c’est-à-dire
une
personne qui comble absolument la mesure de l’homme : qui pourra se d
223
op vite au-delà. « Et moi-même, qui écris ceci… »
Une
personne relativement grande, maintenant. La loyauté dira encore : Je
224
r exemple, il se peut que l’injustice vis-à-vis d’
une
œuvre humaine, injustice nécessaire, inévitable, mais toute relative,
225
toute relative, elle aussi, témoigne en faveur d’
une
vérité décisive. Il se peut que cette « injustice », qui fait tort à
226
i fait tort à la vérité fragmentaire incarnée par
une
grande œuvre, rende raison à la vérité finale que cette œuvre a voulu
227
double sens historique et éternel du mot nunc —,
une
situation décisive, c’est-à-dire une situation qui exige de chacun de
228
mot nunc —, une situation décisive, c’est-à-dire
une
situation qui exige de chacun de nous la confession et la déclaration
229
peu près tout — à cet acte de foi décisif. Il est
un
temps pour nuancer et balancer, et un temps pour trancher : pour ou c
230
sif. Il est un temps pour nuancer et balancer, et
un
temps pour trancher : pour ou contre. (L’intelligence est une épée, d
231
ur trancher : pour ou contre. (L’intelligence est
une
épée, disait Dandieu.) Et tout jugement de cette espèce comporte une
232
ndieu.) Et tout jugement de cette espèce comporte
une
injustice, c’est trop clair, mais tout refus de juger comporte une il
233
est trop clair, mais tout refus de juger comporte
une
illusion, et souvent une lâcheté. (En termes distingués cela s’appell
234
refus de juger comporte une illusion, et souvent
une
lâcheté. (En termes distingués cela s’appelle scrupule.) Quand donc c
235
rappel revêche et stérilisant à la « complexité »
des
problèmes, — cette démagogie du juste milieu et de la scrupuleuse imp
236
e avait plus discrètement usé, pour me confondre,
des
malentendus les plus graves auxquels se prêtait mon langage. (Exemple
237
même « forte impression » que l’on est investi d’
une
« mission », mais bien appel de Dieu, appel que l’on accepte ou que l
238
ue l’on accepte ou que l’on refuse ; grâce n’a qu’
un
sens vaguement métaphorique et sentimental en dehors de l’Évangile, o
239
l’Évangile, où ce mot signifie pardon, rémission
des
péchés et de la peine de mort qu’ils entraînent, c’est-à-dire, en un
240
peine de mort qu’ils entraînent, c’est-à-dire, en
un
mot : Jésus-Christ15. Dogmatique : je croyais avoir fait sentir que j
241
le squelette naît de la peau, la dogmatique naît
des
contacts actifs que nous entretenons avec le monde. » Etc.) Quant au
242
élestes », je crains bien que certains n’y voient
un
trait de cette « volonté de rabaisser l’adversaire » que M. Miéville
243
parence de « justice », je crois… Mais voilà bien
des
jugements entrecroisés ! Peut-être convient-il de leur adjoindre enco
244
e celui-ci : que nous ne sommes pas juges les uns
des
autres, ni de nous-mêmes, mais tout au plus : de nos choix. Et qu’ain
245
loir monopoliser la grâce », écrit M. Miéville en
une
phrase proprement stupéfiante… i. Rougemont Denis de, « Autour de N
246
Le Nœud gordien renoué (avril 1946)j
Un
oracle avait annoncé que serait roi celui qui, debout sur son char, p
247
l’âme. Quant au peuple, il vaquait à ses travaux.
Un
jour, un paysan nommé Gordius vient à cette ville de Phrygie. Il décl
248
ant au peuple, il vaquait à ses travaux. Un jour,
un
paysan nommé Gordius vient à cette ville de Phrygie. Il déclare qu’il
249
plus beau nœud qu’il ait jamais rêvé. Il y passe
des
heures indicibles d’intensité et de concentration. C’est le temps de
250
rédestiné, et la malice du paysan s’y mêlent dans
un
vertige de trouvailles, dans une embrouille de génie. Les tours les p
251
n s’y mêlent dans un vertige de trouvailles, dans
une
embrouille de génie. Les tours les plus retors de cette corde nouent
252
l’avarice ingénieuse, resserrent dans les liens d’
un
calcul instinctif l’enthousiasme de la grandeur, et son angoisse. Ah
253
Gordius. Mais le nœud qu’il noua devint célèbre.
Un
oracle nouveau ne tarda pas à le consacrer chez les Grecs : quiconque
254
t à le dénouer régnerait sur toute l’Asie. ⁂ Car
un
nœud, c’est d’abord un anneau : signe d’alliance et de prise du pouvo
255
t sur toute l’Asie. ⁂ Car un nœud, c’est d’abord
un
anneau : signe d’alliance et de prise du pouvoir. Cercle magique et c
256
et couronne royale. Signe aussi de fécondité. Qu’
une
intrigue se noue, elle gouverne aussitôt les personnages qui la viven
257
gouverne aussitôt les personnages qui la vivent.
Un
mariage se noue, une amitié se noue. Quand on peut dire d’un fruit qu
258
es personnages qui la vivent. Un mariage se noue,
une
amitié se noue. Quand on peut dire d’un fruit qu’il a noué, il devien
259
se noue, une amitié se noue. Quand on peut dire d’
un
fruit qu’il a noué, il devient graine. Celui qui sait comment se fait
260
il devient graine. Celui qui sait comment se fait
un
nœud, sait aussi comment le défaire, et le refaire : il détient le se
261
devant lui, pour l’étudier avec passion, pendant
des
heures, des jours, des mois. Combien de grandes pensées se nouèrent d
262
pour l’étudier avec passion, pendant des heures,
des
jours, des mois. Combien de grandes pensées se nouèrent dans ce piège
263
dier avec passion, pendant des heures, des jours,
des
mois. Combien de grandes pensées se nouèrent dans ce piège à méditati
264
à déchiffrer les circonvolutions de cet emblème d’
un
cerveau né d’une pensée unique et vraiment souveraine : la royauté da
265
circonvolutions de cet emblème d’un cerveau né d’
une
pensée unique et vraiment souveraine : la royauté dans son état naiss
266
, par les jours de colère intraitable. Je dardais
un
regard de flèche vers ce nœud de vipères impassible. Des vengeances p
267
ard de flèche vers ce nœud de vipères impassible.
Des
vengeances profondes se lovaient dans les torsions à peine visibles i
268
ées à l’intérieur de cet objet monstrueux, fait d’
une
seule corde. Et je passais des heures à contempler ceux qui, à mon in
269
monstrueux, fait d’une seule corde. Et je passais
des
heures à contempler ceux qui, à mon instar, contemplaient le Nœud gor
270
s jours, et me disait : — Il n’est de science que
des
phénomènes que l’on peut reproduire à volonté. Quel est ce nœud, réel
271
’amour, si simples…) Et la femme de Gordius vint
un
jour s’acquitter de ses dévotions. Devant le nœud, après un long rega
272
acquitter de ses dévotions. Devant le nœud, après
un
long regard, elle dit : — Ce n’est pas si ressemblant que cela ! (Ell
273
ent longtemps. Et nul ne s’en allait qu’enrichi d’
un
mystère. Tel était le culte de Gordius, religion de l’inextricable. ⁂
274
ple au jour dit par ses astres, trancha le nœud d’
un
coup d’épée, ramassa le prix pour la durée de la saison. (Tous les jo
275
triment du sens ; de la tricherie ; de la rupture
des
liens. ⁂ Et depuis lors, je vais criant : Renouez-le ! Renouez-le ! C
276
Car vous mourez, nous mourons tous d’ennui, dans
un
monde où rien ne se noue. Car vous mourez, nous mourons tous à la vie
277
précieuse. Elle n’existe que prise au complexe d’
une
âme, dans les détours du plus profond secret noué. Et si vous simplif
278
implifiez, vous gagnerez le monde, mais au prix d’
une
âme, la vôtre. Car vous mourez, nous mourons tous à l’amour qui ne tr
279
pte, qui pénètre, et qui sait bien que pour nouer
un
lien solide, il faut tous ces retours et ces tours illogiques, cette
280
ir, ces replis infinis qui défient le calcul. Car
une
coupe transversale pratiquée dans un nœud n’apprend à peu près rien s
281
calcul. Car une coupe transversale pratiquée dans
un
nœud n’apprend à peu près rien sur sa structure, mais détruit à jamai
282
près d’éclater entre les Suisses, au xve siècle.
Un
messager fut envoyé à l’Hermite qui vivait dans les Alpes et qui déte
283
i servait de ceinture à sa pauvre robe. Il en fit
une
boucle simple et la tendit au messager : — Va leur donner ce nœud, di
284
onner ce nœud, dit-il, afin qu’ils le dénouent. —
Un
faible enfant pourrait le dénouer ! — L’homme le plus fort ne pourrai
285
alors l’épée pour le trancher, si chacun tire par
un
bout, de son côté16. ⁂ — Quelle histoire édifiante ! dit Alexandre.