1 1951, Preuves, articles (1951–1968). Mesurons nos forces (avril 1951)
1  ! Nos forces réelles sont immenses. La première, c’est le trésor vivant des droits de toute nature conquis par notre Histoir
2 ndition de nos libertés, et de l’esprit créateur. C’est à cause d’elle que l’Occident demeure l’espoir de l’homme qui pense,
3 aussi qu’ait élaborée notre Europe. La personne, c’est l’individu chargé d’une vocation qui le distingue de la masse mais le
4 ut de suite que le mal spécifique de la personne, c’est l’individualisme, qui a fait tant de ravages chez nos intellectuels d
5 berté concrète, créatrice et vécue. Au contraire, c’est de la masse homogène, uniforme, que naissent toutes les modernes tyra
6 rs qu’il faut forcer les masses à être masses. Et c’est pourquoi Personne égale Liberté, tandis que masse égale contrainte. I
7 elle on ne peut faire de propagande sens moderne, c’est justement la liberté, puisqu’elle cesserait d’être la liberté si l’on
8 . Je crois à la vertu de la prise de conscience : c’est d’une part le début de la guérison, quand le mal est d’ordre psychiqu
9 la guérison, quand le mal est d’ordre psychique ; c’est d’autre part une source de confiance en soi, quand les faits objectif
10 ir, nous aurons du même coup repris l’initiative. C’est l’autre camp qui sera forcé de se mettre sur la défensive, contre le
11 rtés. Or le meilleur moyen de les faire rayonner, c’est de les faire passer du plan des faits à celui de nos consciences et d
12 s à celui de nos consciences et de nos volontés ; c’est d’appeler toutes nos forces éparses à se fédérer solidement, non poin
13 s nos peuples, le monde entier verra que l’Europe c’est l’espoir, qu’elle a pris sur les autres toute l’avance que permet un
2 1951, Preuves, articles (1951–1968). Neutralité et neutralisme (mai 1951)
14 ccuper des moyens pratiques de réaliser ces fins. C’est une grave faute de logique que de subordonner les fins aux moyens. C’
15 e logique que de subordonner les fins aux moyens. C’est une grave faute pratique aussi, parce que cela fait autant de mal aux
16 e, sans précédent dans toute l’histoire du monde, c’est tout simplement que nous pouvons perdre demain notre liberté de pense
17 cessaire dans certaines situations bien définies. C’est aux hommes d’État d’en juger. …Mais si je rentre dans mon domaine pro
18 t n’y existe pas. Créer, ou faire de la critique, c’est exactement le contraire de rester neutre, puisque créer, c’est opérer
19 ent le contraire de rester neutre, puisque créer, c’est opérer des choix perpétuellement, entre le vrai et le faux, le beau e
20 agneau, qui se sent encore trop faible pour agir. C’est une politique défendable. Mais alors, ce qui ne serait pas défendable
21 donc l’un et l’autre également, je suis neutre. » C’est contre ce mensonge-là que nous devons lutter, je veux dire : — contre
3 1951, Preuves, articles (1951–1968). Culture et famine (novembre 1951)
22 t court ? Certes, on n’aimerait pas le dire, mais c’est bien cela qu’on dit, objectivement, et logiquement aussi. La famine,
23 n’est pas un démagogue, ni même un philanthrope, c’est un savant indien nommé D. R. Sethi qui a trouvé le procédé pour détru
24 Culture n’est pas consommation, mais production. C’est ce que l’époque bourgeoise semble avoir oublié, et le prolétariat hér
25 du plus intellectuel au plus physique. Par suite, c’est de culture, non point de politique, qu’on doit parler dans un pays co
4 1952, Preuves, articles (1951–1968). « L’Œuvre du xxe siècle » : une réponse, ou une question ? (mai 1952)
26 ne laissera pas intact son objet même. Cet objet, c’est peut-être la modernité — voulue, créée et ressentie comme telle. Une
5 1952, Preuves, articles (1951–1968). Le sens de nos vies, ou l’Europe (juin 1952)
27 cette révolution, son ressort et sa cause finale, c’est la notion, chrétienne à l’origine, de la valeur absolue de la personn
28 permis de concevoir, et que je nomme la personne. C’est un homme à la fois libre et responsable, libre parce qu’il est chargé
29 ion vis-à-vis de ses prochains et de la société ; c’est donc un homme engagé dans une aventure bien réelle, mais qu’il est se
30 révolution a le même sens que le mot conversion : c’est se retourner complètement. On peut dire que la révolution est, pour u
31 assion dans les rapports individuels. La passion, c’est l’amour exalté non seulement au-delà de toute raison, mais au-delà de
32 n, mais au-delà de l’instinct même et du plaisir. C’est ce qui jette Tristan et Iseut dans la mort, souhaitée comme un suprêm
33 e dégradées, de plus en plus anodines et banales, c’est elle — bien plus que le sex-appeal — qui inspire le cinéma, les magaz
34 nd à « faire du neuf » d’une manière personnelle. C’est même cela que nous nommons « créer ». Mais cette idée de l’originalit
35 la combustion lente de la révolte des individus. C’est pourquoi vous le chercherez en vain dans toute l’Asie. Et vous n’en j
36 e voit réduit à la plus stricte clandestinité. Et c’est pourquoi, enfin, les créateurs de la démocratie moderne, les Anglo-Sa
37 apport à ce que l’on se voit être. Dans l’humour, c’est donc la personne qui juge son propre individu… J’en viens à un dernie
38 compte pour moi — dira tout véritable Européen — c’est celle de me réaliser ; de chercher, de trouver et de vivre ma vérité,
39 ous, ni même les Hindous qui nous ont découverts. C’est nous qui avons été y voir. Mais il y a plus. Nous avons en Europe des
40 i que j’en connais trop peu dans nos pays, et que c’est précisément pour remédier à cette carence que nous avons fondé à Genè
41 d’art oriental, précolombien ou nègre — alors que c’est en vain que l’on chercherait un musée de l’Europe, même aux États-Uni
42 es civilisations qui diffèrent de la sienne, mais c’est elle qui dans bien des cas retrouve leurs traditions perdues, et favo
43 ndrait en effet fatal. On me dira que la culture, c’est peu de chose pour arrêter le cours de nos fatalités. Si l’on dit cela
44 alement que dans l’état des choses, les turbines, c’est sérieux, la culture n’est qu’un luxe, et que l’important, c’était de
45 en question et modifier les résultats acquis. Et c’est l’esprit des hommes qui ont toujours préféré le droit de poser passio
6 1952, Preuves, articles (1951–1968). Le dialogue Europe-Amérique (août-septembre 1952)
46 si à l’ensemble de la vie de l’esprit en Europe : c’est le problème de l’influence américaine. Lors de la séance de clôture
47 intoxique de jazz hot, il faut bien constater que c’est notre public européen, qui, librement, propage ces succès américains
7 1953, Preuves, articles (1951–1968). Deux princes danois : Kierkegaard et Hamlet (février 1953)
48 livrer à la philosophie. S’il demeure à la cour, c’est uniquement par obéissance aux désirs de sa mère. Il ne peut prendre s
49 on de « grand tremblement de terre » dans sa vie. C’est bien ainsi qu’Hamlet pourrait parler de la scène du spectre. Et, d’au
50 parler de la scène du spectre. Et, d’autre part, c’est l’influence de son père (auquel il dédiera tous ses écrits religieux)
51 et d’avouer que nous refusons d’en payer le prix. C’est là, dit Kierkegaard, « un crime de lèse-majesté qualifié ». Il y a do
52 tandis que le roi Claudius avait séduit la reine, c’est de l’Église qu’abuse la doctrine édulcorée que la foule, aujourd’hui,
53 ue joue le secret dans les deux cas. Pour Hamlet, c’est très simple : il doit se taire, sinon Claudius le fera sans aucun dou
54 ra sans aucun doute assassiner. Pour Kierkegaard, c’est plus complexe. S’il passait tout de suite à l’attaque, personne ne l’
55 ne de l’accession à la commune condition humaine, c’est à leurs yeux la femme, l’amour et le mariage. Or tous les deux se voi
56 ère l’attitude d’Hamlet à l’égard d’Ophélia. Ici, c’est l’exemple vécu de Kierkegaard qui nous aide à comprendre Hamlet. Kier
57 d’Ophélia ferait obstacle à ses desseins secrets. C’est à lui que pensait Kierkegaard en écrivant ces lignes, attribuées d’ai
58 avoue en aparté : « Je dois paraître cruel, mais c’est pour être tendre… » Il convient de marquer ici, en toute justice, une
59 différence profonde entre Kierkegaard et Hamlet : c’est que le premier a tout fait pour que Régine ne souffre pas, il a voulu
60 dent banal déclenche la catastrophe dans Hamlet : c’est un simple assaut de fleuret. Seulement, le fleuret de Laerte est empo
61 extrait de cet article : Un témoin de la vérité, c’est un homme dont la vie est, du commencement à la fin, familière avec to
62 néralement dans le monde. Un témoin de la vérité, c’est un homme qui témoigne dans le dénuement, dans la misère, dans l’abais
63 méconnu, haï, détesté, insulté, outragé, bafoué ; c’est un homme qui est flagellé, torturé, traîné de prison en prison, et pu
64 , traîné de prison en prison, et puis enfin — car c’est bien d’un véritable témoin de la vérité que nous parle le professeur
65 rte quelle hérésie ou n’importe quel schisme — et c’est de jouer au christianisme, d’en écarter les dangers et de jouer ensui
66 son message. Mais, au lieu de se faire meurtrier, c’est lui qui paya de sa vie. Il devint lui-même le martyr que son œuvre av
67 risque de l’entreprise : celui de l’ingéniosité. C’est le risque technique, pour ainsi dire, de toute « communication indire
68 rçon qu’il a une vocation d’avocat, ou de poète ; c’est qu’il aime à discuter ou qu’il tient des propos fantaisistes. Mozart,
69 ’une vocation. Devant Jésus-Christ, l’un dira : «  C’est un nommé Jésus, le fils d’un charpentier de Nazareth » et l’autre con
70 arpentier de Nazareth » et l’autre confessera : «  C’est le Christ, le Fils de Dieu, la Deuxième Personne de la Trinité. » L’i
71 s les choses de la vie ne sont pas aussi simples. C’est après coup, le plus souvent, que nos actions apparaissent organisées
72 n, je dois le dire franchement, ce qui m’échappe, c’est que je puis maintenant avoir l’intelligence de l’ensemble, sans toute
73 t je l’ai saisie avec cette netteté : et pourtant c’est bien moi qui ai accompli cette œuvre et l’ai menée à chef, pas à pas,
74 re a été en même temps mon propre développement ; c’est en elle que j’ai pris conscience de mon idée, de ma tâche. » Dans un
75 insu. Mais ce qu’illustre avant tout ce passage, c’est le paradoxe essentiel de toute vocation : il s’agit de suivre un chem
76 n croyant le suivre. S’avancer ainsi dans la vie, c’est pratiquement vivre dans l’improbable, c’est être toujours prêt à affr
77 vie, c’est pratiquement vivre dans l’improbable, c’est être toujours prêt à affronter l’invraisemblable. Si l’incertitude ob
78 accepter l’invraisemblable, il faut bien voir que c’est renoncer non seulement aux recettes communes du succès, mais à toute
79 opinion, et même, dans certains cas, à la morale. C’est courir un risque absolu. Quelles aides, quels repères, quels principe
80  ? À vrai dire, le seul guide qu’il nous propose, c’est la souffrance, lorsqu’il écrit cette phrase lourde de sens : « Ce n’e
81 « Ce n’est pas le chemin qui est difficile, mais c’est le difficile qui est le chemin. » On voit ici que la notion de vocati
82 e. Car, selon cette dernière, suivre sa vocation, c’est aller dans le sens où la nature nous pousse, dans le sens de nos tale
8 1953, Preuves, articles (1951–1968). À propos de la crise de l’Unesco (mars 1953)
83 Temps bien passés. Un gouvernement, aujourd’hui, c’est pratiquement un ministère plus ou moins dépendant d’un autre ministèr
84 relles n’étant aux yeux de nos gouvernements — et c’est normal — qu’une espèce de mal nécessaire, un de ces irritants problèm
85 d’une politique. Et nous venons de voir pourquoi c’est impossible : non point à cause d’une mauvaise volonté ou d’une insuff
86 ystème adopté. Trois vices de construction C’est le système qu’il faut donc réformer, et c’est encore trop peu dire :
87 C’est le système qu’il faut donc réformer, et c’est encore trop peu dire : il s’agit de refaire à l’inverse, de fond en c
88 erches et d’enseignement ; les laboratoires, etc. C’est là que se forme le langage des créateurs individuels et que leurs œuv
89 urs individuels et que leurs œuvres apparaissent. C’est donc de là qu’il faut partir, de cette base-là, non point d’une organ
9 1953, Preuves, articles (1951–1968). « Nous ne sommes pas des esclaves ! » (juillet 1953)
90 te et de la déportation massive des travailleurs. C’est ici le lieu et le temps de le répéter, ou jamais : d’autres que les S
91 om des ouvriers — d’ajouter l’imposture au crime. C’est en quoi Grotewohl est pire que M. Thiers. Il était réservé au régime
92 recevoir le plus et croiraient trahir en donnant. C’est l’Europe qui crée son avenir et justifie sa raison d’être par des hom
10 1953, Preuves, articles (1951–1968). Les raisons d’être du Congrès (septembre 1953)
93 la défense de leur propre liberté de recherche.” C’est en ces termes que le bourgmestre de la ville libre de Hambourg, Max B
11 1954, Preuves, articles (1951–1968). La table ronde de l’Europe (janvier 1954)
94 du traité de Bruxelles assistaient à la réunion. C’est le mardi 13 octobre, sous la présidence de M. de Menthon, président d
95 nable en faveur de l’union, notre salut prochain. C’est ainsi, j’imagine, que l’on voyait les choses dans les milieux du Cons
96 urs instant dans le dialogue européen. Cependant, c’est l’angle de vision que l’on adopte qui permet finalement de s’accorder
97 ommes tournés vers l’avenir : où allons-nous ? Et c’est M. Robert Schuman, en plein accord avec les thèses très énergiquement
98 out d’abord enivrante est bientôt devenue poison. C’est à nous qu’il appartient donc d’inventer l’antidote de ce toxique et d
99 souveraineté sans limites des nations. En vérité, c’est la fédération qu’ils craignent, incapables qu’ils sont de l’imaginer
100 e, ce sont plusieurs de nos nations comme telles, c’est le délire nationaliste qui a fait tout cela. Et voyez : c’est au nom
101 ire nationaliste qui a fait tout cela. Et voyez : c’est au nom du même nationalisme — appuyé par les communistes — que vous a
102 ouverture de la conscience et de la connaissance, c’est l’attitude fédéraliste qui peut le sauver, puisqu’elle se fonde sur l
103 tes, il faudra bien liquider nos querelles : mais c’est la seule vision du grand péril que tous nos pays courent ensemble, qu
104 t proposé par tous les congrès depuis trente ans, c’est la réforme des manuels d’histoire : chacun sait qu’ils ont inculqué l
105 ’illusion qu’il suffirait d’épurer les textes. Or c’est notre vision de l’Histoire qu’il faut changer. Quand on aura désherbé
106 ddition de vingt-quatre « histoires nationales ». C’est au contraire sur l’unité foncière de l’histoire commune des Européens
107 ien plus que d’une réforme des manuels nationaux, c’est de l’introduction d’une histoire de l’Europe, à tous les degrés de l’
108 ité qu’en sacrifiant leur souveraineté fictive. » C’est ainsi que l’on doit rassurer ceux qui tremblent, disent-ils, de voir
12 1954, Preuves, articles (1951–1968). Tragédie de l’Europe à Genève (juin 1954)
109 brer une bonne alliance eurasiatique ? La vérité, c’est que l’idée européenne avait marqué de tels progrès que Molotov ne pou
110 ’écraser par une surenchère insensée. La vérité — c’est qu’à Berlin l’idée de l’Europe unie, affirmée d’une seule voix par le
111 de Mohacs, et du siège de Vienne par les Turcs ? C’est à quoi nous en sommes, et c’est pire. Car une absurde conjoncture veu
112 e par les Turcs ? C’est à quoi nous en sommes, et c’est pire. Car une absurde conjoncture veut que les décisions vitales du p
113 c à peine le droit de parler au nom d’une seule ? C’est aux Français, d’abord, qu’on voudrait s’adresser, à ceux qui sentiron
13 1954, Preuves, articles (1951–1968). Il n’y a pas de « musique moderne » (juillet 1954)
114 me demande : « Aimez-vous la musique moderne ? » c’est qu’on attend que je dise non. Je réponds oui pour inquiéter, mais c’e
115 je dise non. Je réponds oui pour inquiéter, mais c’est gênant, car la chose dont on me parle n’existe pas. La « musique mode
116 effet, n’est guère plus qu’une manière de parler. C’est l’invention de ceux qui ont décidé qu’après Wagner, il n’y avait plus
117 musique « moderne » en général, comme on le fait, c’est supposer quelque manière d’école, de style commun, de ton d’époque do
118 trines ont d’abord refoulé dans l’inconscient. Et c’est ainsi que le choix des règles détermine le contenu de nos rêves, — et
119 uit bien légèrement qu’elles se ressemblent. Mais c’est juger par le revers une tapisserie dont le dessin reste inconnu, — s’
120 caractère commun aux compositeurs d’aujourd’hui, c’est qu’ils sont justement moins « modernes » et moins naïvement de leur t
121 ’artiste acceptant les lieux communs du temps, et c’est pourquoi nous les voyons chercher la naïveté comme une vertu de l’art
122 d’imbéciles ou soupçonnent même de mauvaise foi. C’est qu’ils se placent et se regardent dans l’Histoire. Il semble que leur
14 1954, Preuves, articles (1951–1968). De Gasperi l’Européen (octobre 1954)
123 munauté après avoir lutté pour elle à l’étranger, c’est par amour non par esprit de ressentiment. Et c’est pourquoi ils ne so
124 ’est par amour non par esprit de ressentiment. Et c’est pourquoi ils ne sont pas tentés de faire subir aux autres le sort qu’
125 . Bien plus qu’à sa retraite de la vie politique, c’est à cette trahison soudaine de la cause et des réalités européennes qu’
15 1954, Preuves, articles (1951–1968). Politique de la peur proclamée (novembre 1954)
126 processus évolutif se pose encore à M. Bevan. Car c’est précisément « à cet égard » (c’est-à-dire au sujet du passage à la di
127 aline ? » Et de répondre : « Très évidemment non. C’est un personnage agressif, dynamique, et tout à fait extraverti. » Tout
16 1955, Preuves, articles (1951–1968). De gauche à droite (mars 1955)
128 niste. S’ils ne sont jamais arrivés à la trouver, c’est qu’ils la cherchaient vers la gauche. Aujourd’hui, leur politique se
17 1955, Preuves, articles (1951–1968). Le Château aventureux : passion, révolution, nation (mai 1955)
129 e Quête du Graal l’épisode du Château aventureux ( c’est la grotte de Circé dans l’Odyssée). Et pour qui serait tenté de mettr
130 ont j’ai tenté ailleurs d’interpréter les liens9. C’est au début du xiie siècle que se constituent dans le Midi de la France
131 er sur nos rêves et d’éveiller nos nostalgies. Et c’est ainsi qu’il a conditionné depuis des siècles les relations des deux s
132 Tristan de Wagner illustre bien tout cela.) Mais c’est la forme du mythe qui provoque ce contenu et qui l’amène au jour de l
133 mnent. Elles allèguent les abus, mais en réalité, c’est à l’usage même qu’elles en ont. Elles lui substituent le serment conc
134 éré, le voilà consacré. Minne l’a distingué, mais c’est pour qu’il la serve. Écoutons-la chanter par la voix déchaînée de sa
135 ru derrière l’horizon jaune de la mer d’Occident. C’est le cri de l’âme « exilée », qui ne s’arrache à la matière et à la cha
136 Paul. Révolution et conversion ont le même sens : c’est se retourner complètement. Dans les deux cas, se produit une crise br
137 euf. Le converti rejette la Loi, morte pour lui — c’est le moment anarchisant — mais aussitôt la Foi l’engage dans l’obéissan
138 a Foi l’engage dans l’obéissance de l’Église — et c’est le moment instituant, communautaire. L’irruption de la foi dans une v
139 raumatisme exemplaire : on dit « avant J.-C. » et c’est l’Antiquité, « après J.-C. » et c’est une ère nouvelle, comptée à neu
140 J.-C. » et c’est l’Antiquité, « après J.-C. » et c’est une ère nouvelle, comptée à neuf. Toutes nos révolutions s’en souvien
141 ociété, mais d’unir en un corps les convertis. Et c’est accessoirement qu’elle a pu contribuer à modifier certaines structure
142 étache d’abord du corps magique de la tribu, mais c’est l’individu profanateur. Celui-ci fonde une cité dont il édicte les lo
143 on vient d’énumérer n’est proprement évangélique. C’est l’ambition théocratique, non l’Agapè, qui hante les doctrinaires de l
144 ce lieu, de ce jour, on datera l’ère nouvelle. » C’est en effet au cri de : « Vive la Nation ! », clamé sur tout le front de
145 l’état naissant, comme nous la trouvons à Valmy, c’est donc un idéal, une idéologie, le principe d’une nouvelle communauté n
146 acobins, va susciter des nationalismes rivaux. Et c’est dans le pays qui aura subi le plus durement l’agression napoléonienne
147 subi le plus durement l’agression napoléonienne, c’est en Prusse que la philosophie du nationalisme va se constituer. Hegel
148 de la nation qui lui donnent son caractère, mais c’est son esprit national. » (On voit que nation et Patrie diffèrent pour l
149 traditions, leur folklore, ou même leur langue : c’est ainsi qu’on a vu dans notre siècle la Norvège, la Turquie, l’Irlande
150 s de commerce révoqués dès qu’ils ne payent plus. C’est ainsi qu’une demi-douzaine d’États gangsters, follement susceptibles,
151 sons considérables pour le craindre. La première, c’est que les contradictions essentielles entre la souveraineté absolue et
152 sabilité, et ne sont pas équipés pour l’exercer : c’est par là qu’ils diffèrent profondément de Rome, devant cette Grèce agra
153 l’Orient. Or, voici justement ma seconde raison : c’est que l’Asie tout entière est menacée de « prendre » notre fièvre natio
154 ement disséminé par les propagandistes de Moscou. C’est ainsi que nous voyons la Chine s’occidentaliser dans le pire sens du
155 ccident sans elles apparaît presque inconcevable. C’est qu’elles tiennent aux motifs les plus profonds de notre situation dan
156 rt ». Sacraliser des buts qui ne sont pas le But, c’est la formule de la révolte occidentale. Révolte contre l’Église, qui av
157 et de fraternité, mais n’a pas pu l’actualiser — c’est le Scandale. Il en reste cette soif d’une vraie communauté qui déclen
158 la durée. Devant l’impossible défi, l’homme dit : c’est trop pour moi, mais je ne saurais plus vivre et ressentir ma vie sans
159 ir ma vie sans cet appel intime. Il pense alors : c’est Dieu qui doit être trop faible pour me contraindre à l’obéissance et
160 e toute la force d’une inconsciente nostalgie. Et c’est pourquoi notre Psyché occidentale, ayant subi durant des siècles les
18 1955, Preuves, articles (1951–1968). L’aventure occidentale de l’homme : L’exploration de la matière (août 1955)
161 l. Des tumultes s’élèvent et les Pères crient : «  C’est la vraie Foi ! C’est la Foi des Apôtres ! » « Anathème à celui qui ne
162 vent et les Pères crient : « C’est la vraie Foi ! C’est la Foi des Apôtres ! » « Anathème à celui qui ne croit pas ainsi ! Ch
163 pe christianisée, voilà qui paraît indéniable, et c’est le contraire qui aurait de quoi surprendre. Comment pourrait-on rendr
164 . Il s’agit bel et bien de vivre leur tension. Et c’est ainsi qu’à tous les degrés, de proche en proche, sur tous les plans d
165 ivifie, la chair ne sert de rien », mais pourtant c’est bien dans cette vie, dans cette existence toute charnelle22 que l’hom
166 toute charnelle22 que l’homme doit se convertir ; c’est « ici-bas », sans évasion possible, qu’est le lieu de son obéissance.
167 ttitrés les vraies implications du christianisme. C’est ainsi que Nietzsche, le premier, a su décrire la différence fondament
168 nt ignoré la science universelle proprement dite, c’est que les mobiles spirituels et les impulsions morales nécessaires leur
169 tre ses propres souhaits, ses propres prévisions. C’est un trait particulier du savant que de tenir pour suspecte toute pensé
170 qui d’avance le satisfait et le convainc. Ainsi, c’est dans la mesure où le christianisme a signifié la fin des religions et
171 à la dialectique fondamentales du christianisme. C’est pourtant le matérialisme, comme position métaphysique, qui devait fai
172 ore tout pénétré de conceptions du type oriental. C’est la rupture avec cet « Orient »-là, consécutive à la Renaissance, et c
173 Qu’il s’agisse là d’une hérésie au sens précis24, c’est bien ce que j’ai tenté plus haut de mettre en lumière par d’insistant
174 ue la frontière intelligible s’est évanouie, mais c’est aussi entre le vivant et l’inerte, entre le soma et la psyché, peut-ê
175 c pas scientifique, mais proprement théologique : c’est l’hérésie que j’ai décrite. Qu’en est-il du choix des savants ? Beauc
176 ne peut m’empêcher, ni moi-même, de me la poser. C’est ainsi que notre esprit sans relâche vient buter contre la transcendan
177 qu’il est fou de penser à n’importe quoi d’autre, c’est qu’alors il est faux de penser « Dieu », mais aussi de penser « Liber
178  » de la science nous conduit à l’inconnaissable. C’est le nom de l’absence de Dieu pour l’homme. L’infini et l’omniprésence,
179 amais ni intégrer, ni réfuter comme illusoire. Et c’est la seule définition de Dieu donnée par sa révélation en Jésus-Christ 
180 siècle, renaîtra la querelle du monophysisme, et c’est alors que se définiront « l’Orient » et « l’Occident » du christianis
19 1955, Preuves, articles (1951–1968). L’aventure technique (octobre 1955)
181 s, voire à la recherche scientifique en général : c’est maudire l’électricité à cause de la chaise électrique, mais n’importe
182 nucléaire et solaire. Jusqu’alors et à cet égard, c’est à peine si l’Orient se distingue de l’Occident. Les jonques chinoises
183 olonté de puissance ». On invoque Prométhée, mais c’est la seule figure qui permette d’illustrer cette théorie tragique, refl
184 s inondations, des sécheresses. Elle le tue, mais c’est d’elle qu’il vit. Tout cela est accepté comme allant de soi, comme « 
185 tions qui sont loin d’être toutes malveillantes : c’est pour négocier avec elle, pour traiter avec ses démons. Traiter avec l
186 la planète au Caucase et en Chine, semble-t-il — c’est d’abord communier avec lui pour l’apaiser et le concilier : on lui of
187 Ce qu’il s’agit de maintenir avec un soin jaloux, c’est le système des conventions sacrées entre l’homme et les forces nature
188 plus tard dans ses songes ou ses rêves éveillés. C’est du rêve de voler qu’est né l’avion ; et du rêve de partir au hasard s
189 té l’auto parce que l’homme en avait besoin, mais c’est l’inverse. Cependant l’existence d’innombrables usines, marques, salo
190 pour ses auteurs et au détriment de ses ouvriers. C’est ainsi que les applications de la science à la vie sociale, favorisées
191 urgeoises un optimisme débordant. Au xxe siècle, c’est l’inverse : les masses ont accepté le progrès technique et en font un
192 n’est plus la Nature qui représente le Mal, mais c’est l’œuvre de l’homme, l’implacable Technique, personnifiée et mythifiée
193 ne trahit un fléchissement de la vie spirituelle. C’est battre la table à laquelle on s’est heurté. Mais c’est aussi cacher s
194 battre la table à laquelle on s’est heurté. Mais c’est aussi cacher ses doutes intimes derrière une opportune « fatalité ».
195 talité ». Les machines sont plus fortes que nous, c’est entendu (le marteau est plus dur que la main, les murs de la maison p
196 est dans notre esprit, n’existe pas ailleurs, et c’est en nous qu’il faut le combattre. Comment imaginer, dès lors, que la t
197 oshima : « La Bombe n’est pas dangereuse du tout. C’est un objet. Ce qui est horriblement dangereux, c’est l’homme. C’est lui
198 ’est un objet. Ce qui est horriblement dangereux, c’est l’homme. C’est lui qui a fait la Bombe et qui se prépare à l’employer
199 Ce qui est horriblement dangereux, c’est l’homme. C’est lui qui a fait la Bombe et qui se prépare à l’employer. Le contrôle d
200 absurdité. On nomme des Comités pour la retenir ! C’est comme si tout d’un coup on se jetait sur une chaise pour l’empêcher d
201 on laisse la Bombe tranquille, elle ne fera rien, c’est clair. Elle se tiendra coite dans sa caisse. Qu’on ne nous raconte do
202 raconte donc pas d’histoires. Ce qu’il nous faut, c’est un contrôle de l’homme. » ( Lettres sur la bombe atomique .) Erreur
203 e appareil, n’a jamais rien fait par lui-même, et c’est toujours quelqu’un qui vous appelle par le moyen de ce porte-voix. Si
204 oix. Si vous courez répondre, agacé par le bruit, c’est que vous vous attendez à quelque chose que vous ne désirez pas manque
205 ythme de celle-ci, en vue d’un rendement calculé. C’est alors du rendement que l’homme est esclave, quel que soit le régime q
206 comme une machine humaine entièrement calculable. C’est son système, non la machine, qui asservit l’homme. Mais Taylor a créé
207 hui vit aussi nue que les Polynésiens de Gauguin. C’est le Moyen Âge qui était loin de la Nature : il la craignait40. L’âge c
208 naissante a créé le prolétariat industriel, mais c’est elle seule qui peut le sauver de sa condition et du décor hideux de s
209 ement à parler des « exigences de la technique ». C’est alors seulement que la technique devient un danger véritable ; non pa
210 ornements chez les Aztèques.) Ce qui est certain, c’est que le progrès technique va faire un saut sans précédent, créant une
211 de, sciences et techniques, politique, religions. C’est dire que nous multiplions déjà — comme en vue de lendemains qui auron
212 que tout y mène pour le meilleur et pour le pire. C’est dire que tout nous mène vers une ère religieuse. Car la culture n’est
213 et de la métaphysique à la sculpture des meubles. C’est ainsi que la technique, pratiquement, comme la science, nous ramènera
214 métier à tisser de Gandhi, par exemple —, puisque c’est la technique précisément qui nous permet ce retour en créant du loisi
215 soucis quotidiens. La preuve qu’il n’en est rien, c’est que nos plus grands mystiques ont vécu dans les pires conditions maté
20 1956, Preuves, articles (1951–1968). Les joyeux butors du Kremlin (août 1956)
216 e Staline44 ou par elle. Ce qui est indiscutable, c’est l’importance psychologique du phénomène ; mais son sens historique re
217 s Staline en invoquant les risques qu’il courait. C’est justifier Vichy et, du même coup, condamner toute espèce de Résistanc
218 spèce de Résistance : à bon entendeur, salut ! Et c’est aussi contraindre les PC étrangers, pour lesquels l’excuse ne vaut ri
219 aux PC45. Bien au contraire. La meilleure preuve, c’est qu’on le conserve en changeant seulement les photos. Lénine, substitu
220 s chefs, répond à une nécessité plus impérieuse : c’est l’alibi de la dictature, devenue difficile à défendre, mais qu’il fau
221 ul Staline, ce n’est rien sacrifier du tout, mais c’est détourner l’attention du fait même de la dictature, cause réelle et v
222 rection collégiale » dans un régime monolithique, c’est une simple figure de langage : elle n’a jamais gêné Staline lui-même4
223 oyennant un crachat sur sa tombe, reste en place. C’est ainsi qu’on déstalinise. L’énormité d’une pareille imposture, la brut
224 cles, mais assurent son impunité dans l’immédiat. C’est trop gros, trop invraisemblable, et parce qu’on n’ose y croire, on n’
225 e solide contrepartie, j’écrivis : « Aujourd’hui, c’est le voleur lui-même qui rapporte contre récompense. » Mais les gens du
226 rs rentes, dans la datcha du terroriste retraité, c’est que le régime valait encore moins qu’on ne l’a cru. Mais ce départ sa
227 a seule excuse des camps qu’ils ont peuplés. Oui, c’est bien de morale qu’il faut ici parler, de morale politique et sociale,
228 ens qui se léninisent sous la menace ? La vérité, c’est que le stalinisme s’est supprimé lui-même en créant, par l’industrial
229 . Soyons sérieux : la seule vérité bien certaine, c’est que Staline est mort et que, trois ans plus tard, ses successeurs ont
230 icommunisme », aux yeux d’un Sartre, par exemple, c’est quitter le parti de la bonne foi. Ce lieu commun, solidement installé
231 imples. Qu’est-ce qu’un anticommuniste militant ? C’est un homme qui s’oppose à toutes les tyrannies quel qu’en soit le préte
232 une. S’il est aussi contre celle-là, disent-ils, c’est qu’il est pour les autres, « objectivement » parlant. Pour peu que l’
233 matisé sous le nom d’anticommuniste systématique. C’est mon cas et je m’en explique. Je fus aussi, et au même titre, un antin
234 libéraux jobards et nos soi-disant neutralistes, c’est la condition même de ce qu’ils entendent garder : le Plan suppose les
235 tage. Je reviendrai tout à l’heure sur ce point : c’est le nœud des sophismes de K. Second argument : « La métamorphose qui
236   Ils invoquaient le bien de la classe ouvrière. C’est au nom de cette cause unique qu’ils justifiaient l’URSS à tout coup. 
237 ale entre la vérité et le mensonge. La bonne foi, c’est la foi du Parti. La mauvaise foi consiste à lui désobéir en vertu de
238 isse aux victimes le droit de se plaindre un peu, c’est nouveau, c’est la mode à Moscou… (Togliatti a saisi l’occasion, mais
239 es le droit de se plaindre un peu, c’est nouveau, c’est la mode à Moscou… (Togliatti a saisi l’occasion, mais Thorez est enco
240 e perplexe.) Où les choses se gâtent pour de bon, c’est quand on reçoit, en plus, l’ordre d’être autonome ! car tout change a
241 s’efforce anxieusement de se montrer libre. Mais c’est perdu d’avance : la liberté que l’on feint n’est qu’une minable coméd
242 nt par ordre, et que nous disions par conviction, c’est la même et ce n’est pas la même. Ils la disent comme ils la niaient :
243 qui, par définition, ne peut se tromper, puisque c’est lui qui détermine la « vérité ». Le rapport K. remet tout en question
244 la presse bourgeoise ait seule publié le Rapport, c’est dire, en d’autres termes : le Parti de Lénine (dont on souligne encor
245 stoire. En voici un, pourtant, qui l’a mal faite. C’est donc qu’il faisait le jeu d’une force bien réelle, comme par exemple
246 remlin vient de condamner, et, s’il l’a condamné, c’est qu’il y était forcé. La dialectique, encore un coup, arrangerait cela
247 lité » qui a motivé le génocide des koulaks, etc. C’est la terreur policière, la dictature, la folie acclamée du dictateur. D
248 ntrôle. Ils forment ensemble un centre dirigeant. C’est un des centres les plus démocratiques et agissant collégialement que
249 , n° 123, p. 1524. 49. Ce qui est injustifiable, c’est l’anticapitalisme systématique des communistes, le capitalisme n’étan
250 vent aussi de leurs revenus ». Et il poursuit : «  C’est sans doute pour cette raison » que lesdits anticommunistes tentent de
21 1956, Preuves, articles (1951–1968). Sur Suez et ses environs historiques (octobre 1956)
251 ez-le, je me jetterai dans les bras de Moscou, et c’est vous qui m’y aurez poussé ! J’ai besoin d’un barrage. B. Entendu. Vou
252 t du côté de l’islam réactionnaire : barrer Suez, c’est peut-être livrer à l’Empire soviétique russo-chinois le reste de l’As
22 1956, Preuves, articles (1951–1968). Sur l’Europe à faire (novembre 1956)
253 hanges A. Votre Europe, au fond, qu’est-ce que c’est  ? Êtes-vous sûr qu’elle existe ? Où commence-t-elle dans le temps ? E
254 ent l’aurait-elle pu si elle n’était pas née ? Et c’est vous qui en avez décidé, vous les Anglais en sabotant Strasbourg, vou
255 la mettez en doute quand il faut qu’on la serve. C’est naturel, on vous comprend très bien. Mais vous auriez tort de vous pl
256 vous faites ainsi, mais rien ne se passe. C et D. C’est qu’il y a tous les autres ! Il fallait bien, Monsieur, que nous allas
257 amer l’union. Désormais la Relance est à la mode. C’est plutôt une Relève socialiste. Spaak en Belgique, avec son plan de mar
258 ? Les grands partis s’en mêlent ? Mais dites-moi, c’est intéressant ! B. Plus ou moins. S. Mais qu’est-ce qu’il vous faut ? B
259 aux mains des seuls politiciens. Faire l’Europe, c’est d’abord faire des Européens. C’est une question d’éducation. S. Il y
260 aire l’Europe, c’est d’abord faire des Européens. C’est une question d’éducation. S. Il y faudra vingt ans. B. Vous voyez don
261 nternationale qui a passé curieusement inaperçue, c’est celle qui vient de se tenir à Genève sur l’esclavage. Elle a pris con
262 e ici sa vraie nature : sit pro ratione voluntas. C’est la négation de la raison, l’abolition brutale du droit des gens, l’av
263 écile des gangsters et des dictateurs. En un mot, c’est le fascisme essentiel. Le polythéisme est défendable : c’est une théo
264 scisme essentiel. Le polythéisme est défendable : c’est une théologie de la coexistence. Le monothéisme est vrai. Mais la plu
265 ltipliée par le tour de poitrine vaut un vison. «  C’est tout naturel » m’assure-t-on. Voilà qui juge une société. Car il n’y
23 1956, Preuves, articles (1951–1968). Sur le rêve des sciences (décembre 1956)
266 espace lointain ses plans contestés sur la Terre. C’est un des vieux réflexes de l’humanité : compenser dans le Ciel ce que l
267 dans sa langue nous enseigne que voir son Double, c’est mourir. Je n’en dirai pas plus aujourd’hui, laissez-moi réfléchir un
24 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur la honte et l’espoir de l’Europe (janvier 1957)
268 ots qui portent. Mais les Russes sont si loin, et c’est pire.) Nuit du 5 au 6 novembre 1956, à Paris De tous côtés, on
269 tion. J’écrivais hier : Jurons de faire l’Europe. C’est la seule réponse positive et finalement active dans l’Histoire. Mais
270 un traitement de choc, ou que la grève elle-même. C’est une action, non pas un raisonnement. Refuser de serrer la main d’un h
271 e 1956 Manifestes partout, de gauche à droite. C’est une insurrection morale sans précédent qui répond à l’appel de Budape
272 ster. Ayant toujours approuvé l’URSS, disent-ils, c’est leur affaire et non la nôtre de la désapprouver si elle va trop loin.
273 délibéré : je crois pourtant qu’il ne l’est pas. C’est leur mauvaise conscience qui a trouvé cette astuce dont on se demande
274 ce. Quatre-vingt-mille personnes, dit un journal. C’est la moitié du peuple de cette ville, dont un quart vote pour les commu
275 « Pour que leur cause et leur combat survivent. » C’est toujours le même cri : « Que peut-on faire ? Je suis prêt à le faire
276 consulter autre chose que sa vocation de liberté. C’est la seule réponse à l’appel de la plus pure révolution de l’histoire.
277 tout dire en un cri. Lundi 3 décembre 1956 C’est la Hongrie qui fera l’Europe. Nos chefs politiques ne feront rien. Le
278 quelques semaines, une génération qui a compris. C’est avec elle, maintenant, qu’il faut parler ; qu’on peut agir. ad. R
25 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur Voltaire (février 1957)
279 l’Ain : « Veuillez épeler », dit la téléphoniste. C’est trop long. Donnez-moi Ferney comme Branca et Voltaire comme un fauteu
280 quand je n’aurais fait réussir que vingt arbres, c’est toujours un bien qui ne sera pas perdu. » Les cèdres du Caucase, envo
281 la sortie de la messe, en vieux père de famille. C’est ici que la publicité fut inventée. Voltaire n’écrivait plus une lettr
282 t. Vous voyez que ce pays est le centre du monde. C’est ce que l’on pense toujours d’un lieu qu’on aime. Sur la tolérance Le
283 s à Dieu (lisez : au Kremlin) pour ces meurtres ? C’est donc au nom de la tolérance que Voltaire conclut à la dissolution néc
26 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur la neutralité européenne (mars 1957)
284 , un motif d’un autre ordre hésite à se définir : c’est celui de certains « Européistes » qui se demandent si l’union nécessa
285 er les règles d’une partie d’échecs à trois rois. C’est à quoi nous contraint le problème d’une neutralité de l’Europe. 61
27 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur la neutralité européenne (II) (avril 1957)
286 ire, ou d’intermédiaire bénévole entre les camps. C’est exclu dans le cas d’une Europe divisée. 4. Le groupe d’États, satisfa
287 qui maintient le système dans les pays de l’Est, c’est la simple menace d’une intervention russe. Les troupes russes peuvent
288 lites (qui n’aiment pas qu’on les nomme ainsi, et c’est bon signe !) : la neutralité de l’Europe entre l’URSS et les USA faci
28 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur la neutralité européenne (fin) (mai 1957)
289 té occidentale ; — ou bien, contre toute attente, c’est l’URSS qui gagne, non sans avoir reçu des coups très rudes, et alors
290 fausse. Ce qu’en revanche on ne voit pas du tout, c’est l’intérêt de jouer avec l’idée d’une neutralité de l’Europe si l’on n
291 t qui subsiste en faveur de l’idée de neutralité, c’est qu’elle peut, du seul fait qu’on l’admette comme liée à l’avenir d’un
29 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur deux écrivains politiques (juin 1957)
292 ez mais « abondamment expliqué sur Budapest ». Or c’est lui qui a fait cela et non pas moi. On m’a lu sur Suez ici même, et j
293 petits articles qui font douze pages en tout. Si c’est être abondant, il n’y a pas de mot pour Sartre qui a donné trois-cent
294 erte. « Je connais M. de Rougemont, écrit Sartre, c’est un homme doux, bien élevé, et par-dessus le marché un Suisse : le pre
295 l’idée d’un Code vraiment « gênant » prend corps. C’est à quoi ce livre doit servir, même s’il irrite d’excellents libéraux.
296 raux. À ceux-ci l’on peut faire observer : 1° que c’est être antilibéral que de tolérer l’inapplication des quelques lois exi
30 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur le pouvoir des intellectuels (juillet 1957)
297 nnalités civiles ou militaires dont on estime que c’est le métier. L’expression ne semble donc utilisée que par les seuls int
298 s une autre revue, je lis ceci : « L’Europe unie, c’est un problème qui intéresse avant tout les intellectuels, et laisse les
299 ités qui sont censées intéresser les masses, mais c’est encore pour essayer de montrer que l’union de l’Europe est une idée s
300 er, qui a presque fait l’Europe, mais contre lui. C’est en effet dans les mouvements de résistance de tous nos pays envahis q
301 contre l’union de l’Europe, si l’on me disait que c’est une affaire d’intellectuels, je serais inquiet. Sur une hypocrisie
302 onditions de départ d’une équitable concurrence : c’est le procédé sportif du handicap. Partout où le libéralisme s’y refuse,
31 1957, Preuves, articles (1951–1968). L’échéance de septembre (septembre 1957)
303 a Russie soviétique et le dépasse très largement. C’est le drame qui surgit de l’affrontement brutal du monde occidental, fau
304 exemplairement dans un pays comme l’Algérie. Car c’est ici la vraie nature de la tragédie algérienne, au-delà de ses aspects
305 s — « Algérie française » ou « Paix en Algérie », c’est autant dire la Lune pour tous et pour tout de suite — n’ont certainem
306 on dit mondiale. Voici le deuxième acte annoncé : c’est la France comme un tout qui va voir son procès intenté par les Nation
32 1957, Preuves, articles (1951–1968). Pourquoi je suis Européen (octobre 1957)
307 r que l’Europe des Six n’est qu’un moyen. La fin, c’est l’union fédérale de tous les peuples qui se reconnaîtront les héritie
308 onnelles. Les vraies chances de l’Europe fédérée, c’est donc dans les esprits et les cœurs de nos nouvelles générations que n
33 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur le crépuscule d’un régime (octobre 1957)
309 r. A. — Vous êtes bien dur et bien maussade. R. —  C’est qu’il y a de quoi ! Venise n’a rien de plus artificiel qu’une villa d
310 graphier ne laissent pas une crotte sur la place. C’est un mystère. Ils ont le sens de l’artificiel, probablement. A. (soudai
311 ue la Place n’est pas bien régulière. Voyez-vous, c’est l’immense Problème des Loisirs qui défile devant nous sur cette place
312 A. — La prétention révèle un manque d’éducation, c’est entendu. Mais sous le nom de démocratie, ce n’est qu’une démocratie m
313 je devienne bien sérieux ? Je vous confierai que c’est l’examen de l’Éducation précisément, et de ses conditions au xxe siè
314 le dernier mot de la sagesse politique. Éduquer, c’est conduire hors de… c’est conduire l’enfant ou le jeune homme hors de l
315 gesse politique. Éduquer, c’est conduire hors de… c’est conduire l’enfant ou le jeune homme hors de la bêtise collective, du
316 vers son autonomie et vers sa vocation. Éduquer, c’est donner au jeune homme les moyens de se libérer du conformisme, du nom
317 imitation, des slogans et de la peur de différer. C’est apprendre au jeune homme qu’il doit faire ce qu’il est seul au monde
318 iment quelqu’un et s’il veut le prouver. Éduquer, c’est apprendre à distinguer. C’est apprendre à se distinguer. C’est donc u
319 e prouver. Éduquer, c’est apprendre à distinguer. C’est apprendre à se distinguer. C’est donc un acte antidémocratique. A. — 
320 re à distinguer. C’est apprendre à se distinguer. C’est donc un acte antidémocratique. A. — Vous faites du paradoxe, vous n’ê
321 uvoir du peuple. Ça n’existe nulle part au monde. C’est un mensonge que de l’invoquer à tout propos, pour éviter de faire fac
322 re du Pouvoir. Seriez-vous devenu fasciste ? R. —  C’est ce qu’on lance à la tête de quiconque émet le moindre doute sur la Dé
323 ez les élections. A. — Je ne vous suis plus. R. —  C’est pourtant simple. Si les démocraties égalitaires croyaient vraiment le
324 ique et qui finit par des échanges de courtoisie, c’est le seul cas, peut-être, où la démocratie semble à peu près rejoindre,
325 tout recours paresseux à l’argument démocratique, c’est que les « informations » fournies sur bande, et sur lesquelles ces ce
34 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur un certain cynisme (septembre 1957)
326 le pessimisme, l’amertume et le ricanement. R. —  C’est en effet la convention commune à l’extrême droite et à la gauche. À l
327 le camp, et ne sont pris au sérieux qu’à ce prix. C’est le pont aux ânes de l’avant-garde qui se donne pour telle, la seule s
328 entretenu et de l’insulte à la vie comme elle va, c’est Ionesco, Adamov et Beckett, un Roumain, un Arménien et un Irlandais.
329 t pas cela qui compte en France. A. Oui, je sais, c’est toujours autre chose, et chacun pense ainsi de soi-même vu par d’autr
330 oins cyniques dans leur genre. Et Monsieur Ouine, c’est pire que Bardamu. Et Jean Genet, dont Sartre essaya de faire un saint
331 de la France ». A. — Un nouveau livre ? R. — Non, c’est une petite liste qui compte huit à dix noms. A. — Faites voir : « Sim
332 es et les succès aussi, mais moins profonds, puis c’est l’oubli ou la répétition. La faculté de renouvellement n’est-elle pas
333 ndroit, — voilà le succès. Renouveler ces succès, c’est mieux que les mériter, c’est transformer de la chance en destinée, un
334 nouveler ces succès, c’est mieux que les mériter, c’est transformer de la chance en destinée, un éclair de chaleur en énergie
335 nce en destinée, un éclair de chaleur en énergie. C’est lutter contre l’entropie : rôle européen de la France, rôle mondial d
35 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur l’Europe à faire (novembre 1957)
336 « par en haut », ce qui n’est pas démocratique. — C’est vous qui avez tout fait pour empêcher les masses d’y participer ! rép
337 ne, en condamnant l’action des Russes à Budapest, c’est un communiste polonais. J’attendais qu’on le rappelle à l’ordre. On a
338 s de cent ans et toutes se proclament éternelles. C’est peu croyable. Les maladies aussi existent bel et bien et ce n’est pas
339 veut attendre qu’ils bougent ; la gauche dit que c’est la droite, la droite dit que c’est la gauche qui s’y opposerait, selo
340 gauche dit que c’est la droite, la droite dit que c’est la gauche qui s’y opposerait, selon les pays. Facteur commun : lâchet
341 upable : elle a détruit les autres civilisations, c’est donc son tour. Elle est colonialiste, qu’elle soit colonisée ! Elle e
342 arqués… II. — « Pourquoi je suis Européen » C’est la phylogénie de l’européisme que je voudrais indiquer ici : la liste
343 tout un grand fait de culture, une civilisation ? C’est cela qu’il faut sauver. C’est cela qui la sauvera… — Oui, mais l’œuvr
344 une civilisation ? C’est cela qu’il faut sauver. C’est cela qui la sauvera… — Oui, mais l’œuvre est de longue haleine et le
345 es moyens intellectuels et matériels ? La vérité, c’est que les méthodes technique, éducative et politique ne mèneront à rien
36 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur la pluralité des satellites (II) (décembre 1957)
346 j’en parlais ici même il y a tout juste un an68. C’est votre inattention qui m’a surpris, et l’ampleur de l’ébahissement : l
347 rtance qu’aux yeux des ignorants et des enfants : c’est vrai, mais l’ignorance et la puérilité font la force principale de l’
348 pu réaliser. Plan machiavélique, penserez-vous ? C’est beaucoup dire. Il doit paraître antipathique dans la mesure même où i
349 lic à une plus juste appréciation de l’événement. C’est une manière aussi de respecter les hommes, que de les protéger contre
350 ent d’en haut, et nous disent bip-bip et oua-oua. C’est prodigieux. Ce qu’il y a de plus beau, sans doute, dans l’épopée des
351 s beau, sans doute, dans l’épopée des satellites, c’est qu’ils manifestent au ciel la part du jeu. Le programme militaire des
352 , poème du siècle, a remplacé l’Éternel féminin : c’est elle, dorénavant, qui « nous entraîne vers les hauteurs ». Les Russes
353 bye », voilà ce que le régime promet encore : et c’est littéralement ce qu’il reprochait, au nom d’un réalisme sarcastique,
354 e rénovée par l’élimination de ses nationalismes. C’est dans la perspective d’un tel retour que nous devons non seulement rés
37 1958, Preuves, articles (1951–1968). Sur la fabrication des nouvelles et des faits (février 1958)
355 dio, à quoi tout se réduit au bout du compte. Car c’est bien compte tenu de ces informations que se décide la politique de no
356 es. Les agences seraient donc nos vrais maîtres ? C’est trop dire. Car elles sont irresponsables.   Trois exemples. — On dit
357 ètre. Mais le journal n’en a rien dit. Pourquoi ? C’est que la construction de l’appareil de Genève résulte d’une action « eu
358 es : ils disent en général ce qu’ils ont entendu. C’est leur agence qui truque en premier lieu ; puis c’est surtout le rédact
359 est leur agence qui truque en premier lieu ; puis c’est surtout le rédacteur en chef, le metteur en pages d’un journal et cel
360 ner un piège. En bref, la liberté de critique. Or c’est précisément notre plus sûr recours. Réformer la presse d’information
38 1958, Preuves, articles (1951–1968). Sur un patriotisme de la terre (mars 1958)
361 sse, non pas « envahissante » mais au contraire : c’est comme si cet avion entrait en elle. Nous passons au-dessus de régions
362 de savants La faiblesse générale des utopies, c’est qu’elles sont moins riches d’avenir que le présent. On peut même dire
363 ns auteurs récents, un Ray Bradbury, un Sturgeon, c’est une métapsychologie qui s’institue, dans la terreur et la pitié. L’hu
364 n bateau, en carrosse, en avion ou même en fusée, c’est son destin qui nous fascine, c’est sa personne, et le drame qui les m
365 même en fusée, c’est son destin qui nous fascine, c’est sa personne, et le drame qui les met aux prises. Mais si le siècle qu
366 nte, qui prévoyait le pire… Mais s’il est arrivé, c’est toujours autrement. 69. Lettres sur la bombe atomique , entre au
39 1958, Preuves, articles (1951–1968). Sur la prétendue décadence de l’Occident (avril 1958)
367 u romantisme.) Le principe est toujours le même : c’est d’étendre à l’ensemble l’échec d’une seule partie à quoi l’on tenait
368 pour permettre de maudire les relations sociales. C’est sur cette énigme que roule la sagesse du monde. Ces nouvelles sont d’
369 que le xviiie tant vanté. Perte de rayonnement ? C’est tout le contraire. Car si l’Europe n’imite aucune autre culture, même
370 our l’avenir prochain. Déjà le remède est trouvé, c’est l’union fédérale de l’Europe. Mais les résistances obstinées que prov
371 grossièrement simplifiée de ce qui précède, mais c’est encore de l’Occident, dont il est né, qu’il tire ses prétentions univ
40 1958, Preuves, articles (1951–1968). Sur un centre qui doit être partout (mai 1958)
372 veut que l’Europe unie soit dotée d’une capitale, c’est justement pour des raisons « sacrées », comme on va le voir. Fauss
373 n doit s’ordonner autour d’un centre prestigieux, c’est d’abord qu’on transpose le phénomène nation à l’échelle d’une Europe
374 continentale qui serait moins unie qu’unifiée. Or c’est précisément l’analogie entre l’Europe et la nation qu’il nous faut re
375 ixe , les hôtels démodés, l’absence d’aérodromes. C’est Brasilia qui nous donnerait l’équivalent de Washington, D.C., dans no
376 tion et 98 % de l’activité industrielle du monde. C’est l’hémisphère dont le « pôle » serait choisi légèrement au sud‑est de
377 d’une science des mythes, des rites et des sites. C’est affaire de pendule autant que de compas, et de poètes autant que d’in
378 s d’un grand rêve pour aboutir dans les bureaux ! C’est normal, ce n’est pas enchanteur. 70. Voir Paris et le désert franç
41 1958, Preuves, articles (1951–1968). Sur le régime fédéraliste (I) (août 1958)
379 xterne. Le quatrième est plus nettement externe : c’est celui de la fonction que l’ensemble français doit se mettre en mesure
380 Si je m’y essaie toutefois, et une fois de plus, c’est que le plaisir d’un écrivain qui ne brigue rien consiste à dire le vr
381 nte un effort vers l’union de nos peuples, et que c’est le nationalisme qui a pour projet de rompre l’unité continentale et d
382 al. Si nos deux sous de raison ne sont pas finis, c’est de cela qu’il nous faut parler et disputer, car ce que le monde entie
42 1958, Preuves, articles (1951–1968). Sur le régime fédéraliste (II) (septembre 1958)
383 istoire occidentale le type même du parti unique. C’est en partant de l’État des jacobins que la France numérote ses républiq
384 , ne se contenteront jamais d’une vérité moyenne. C’est tout ou rien. Que la victoire reste indécise, comme il advient neuf f
385 partis ne se plieront qu’à la dernière extrémité. C’est dire qu’ils ont horreur de la vraie politique, qui est l’art des comp
386 raire : « Si vous admettez avec moi ceci ou cela, c’est que vous êtes un homme de droite. » Phrases insensées. Car en supposa
387 inistère, très rarement ou jamais une politique : c’est que la politique réelle n’existait plus pour eux ; ou si parfois elle
388 qu’ils représentent avec la santé de l’ensemble. C’est donc en vain que l’on tentera d’imposer la fameuse « discipline civiq
389 . — Prenez le Conseil fédéral suisse, lui dis-je, c’est le modèle même de la stabilité. Et, comme il semblait un peu vague, j
390 as de surprendre ou de scandaliser les étrangers. C’est qu’ils oubliaient l’origine, l’acte initial et fondateur de la premiè
391 son sacré quand ils renversent un ministère. Mais c’est chaque fois moins excitant, moins efficace, et comme on ne peut force
43 1958, Preuves, articles (1951–1968). Sur le vocabulaire politique des Français (novembre 1958)
392 i peuple et sonne le glas de la vraie démocratie, c’est qu’on a changé le sens des mots depuis Rousseau, mais non pas d’une m
393 les faits. Sans grondement, le peuple a dit Oui. C’est donc qu’il n’était pas le véritable Peuple, celui qui aura toujours r
394 Peuple, dès l’instant qu’il vote pour de Gaulle : c’est un électeur égaré et même, on le précise, « terrorisé ». Il s’ensuit
395 té à qui lui plaît. À partir de là, ce qui règne, c’est la confusion sémantique. On appelle démocratie populaire, par un appa
396 entier) quand une majorité trop forte se dégage. C’est un paradoxe étymologique, mais il y a plus. Nonobstant la définition
397 le, personnifiée, différente des Français réels ? C’est peu probable. Croit-il que le corps électoral français a fait preuve
398 surhommes. » Si donc les Français veulent un roi, c’est qu’ils cèdent au mirage du « Grand Un », à l’attrait du « Gentil Seig
399 protection ». Et si Sartre est contre de Gaulle, c’est qu’il est d’abord contre Dieu : de Gaulle et Dieu se confondent avec
400 d’une attitude qui échappe à tout jugement moral. C’est la politique œdipienne qui tombe seule sous le coup de la critique. E
401 sme. En effet, si Sartre préfère Dieu au Général, c’est qu’il peut nier l’existence de Dieu, non celle du Général. Or si Dieu
402 licaine est bien moins progressiste à cet égard.) C’est que la royauté, dans ces nations, n’est plus sacrée mais respectable
44 1959, Preuves, articles (1951–1968). Nouvelles métamorphoses de Tristan (février 1959)
403 de la distance, ou l’inverse. Ce qui est certain, c’est que le roman occidental n’a jamais décrit, jusqu’ici, de passion qui
404 été les derniers romantiques de l’amour… Au fond, c’est la dernière histoire d’amour possible… Sans doute serons-nous une sor
405 ître prétend aussitôt que j’ai insulté la Russie. C’est au nom de celle que j’aime qu’il me repousse et qu’il menace de m’exi
406 rejeter, car loin d’elle ma vie n’a pas de sens, c’est près d’elle que je veux me taire.   Ainsi réduits à leur diagramme my
407 , révèlent soudain les traits d’une tête humaine. C’est le phénomène inverse qui se produit à la lecture des trois romans : v
408 rdez longuement ce visage de femme et, peu à peu, c’est un paysage, c’est un pays, c’est une société tout entière qui transpa
409 visage de femme et, peu à peu, c’est un paysage, c’est un pays, c’est une société tout entière qui transparaît, se recompose
410 e et, peu à peu, c’est un paysage, c’est un pays, c’est une société tout entière qui transparaît, se recompose, et envahit to
411 mais n’ose pas profiter de son sommeil. Au matin, c’est elle qui le séduit ! Commence la longue fuite du beau-père et de la f
412 atisfaction des sens, se métamorphose en passion. C’est d’abord et surtout le scandale évident, le caractère profanateur de l
413 par la différence d’âge et par l’idée de la mort. C’est ainsi que la « nymphet » peut devenir le support de l’amour-passion,
414 e et dans Wagner, la Mort des Amants légendaires. C’est qu’en réalité, H. H. et Lolita n’ont jamais connu ce que j’appelle « 
415 intérieur. L’hypothèse n’est pas arbitraire, car c’est précisément ainsi que les choses se passent dans le grand livre de Mu
416 er sa passion avec un partenaire muet et caché…77 C’est une tout autre attitude, avec de tout autres suites ! Et, comme il s
417 the, il ajoute : Si j’ai raconté cette histoire, c’est qu’elle est une préface à l’amour fraternel ! Je renonce à souligner
418 découvrir, aux époques les plus différentes, que c’est l’état présent de la société qui condamne la passion, et rabat au mar
419 infini, quitte à nommer destin cette projection. C’est alors la dialectique de la pure passion tristanienne qui prend son es
420 l n’y eut plus entre eux qu’une seule certitude : c’est que tout était décidé et que tous les interdits, maintenant, leur éta
421 n peu didactique par endroit : Dire : je t’aime, c’est faire une confusion. On croit aimer toi, cette personne qui a provoqu
422 dans ses bras, alors que ce qu’on aime réellement c’est la personne provoquée par la passion, cette idole barbare, qui n’est
423 e de l’amour un caractère spectral si fascinant. C’est pourquoi les amants passionnés en viennent toujours à invoquer le myt
424 pour un chapitre intitulé Le Voyage au Paradis : C’est notre destin : peut-être aimons-nous ce qui est interdit. Mais nous n
425 alyse psychologique la plus banale et déprimante. C’est pourquoi Musil semble bien avoir écarté cette fin-là, conforme à la l
426 e difficile d’une recherche de l’amour mystique : c’est ce qu’il nomme le règne millénaire ou l’accession à l’« autre vie »,
427 ur Jivago. Mais cela n’explique pas tout, même si c’est vrai, ce dont je doute. Pourquoi l’enquête est-elle muette sur ce qui
428 u magazine qui a fait l’enquête ? Ce qui est sûr, c’est que l’amour-passion demeure mal vu, mais n’en fascine que mieux l’hom
429 man d’amour. À vrai dire, ma thèse va plus loin : c’est « l’affaire Pasternak » dans son ensemble, j’entends le drame entre l
430 l que le jury du prix Nobel le couronne parce que c’est un beau livre et parce que son auteur est resté un homme libre. Il es
431 de ma patrie équivaudrait pour moi à la mort, et c’est pourquoi je vous supplie de ne pas prendre à mon égard cette mesure e
432 être même la vie ». Exagération romantique ? Non, c’est la vérité vitale d’un poète. « Depuis son enfance, il aimait la forêt
433 nuages et rasant la forêt de ses derniers rayons. C’est cette image qui lui fait voir « dans la nature, dans le couchant, dan
434 te question, il avait toujours une réponse prête. C’est une soirée de printemps. L’air est tout piqué de sons. Les voix des e
435 ue l’espace est palpitant de vie. Et ce lointain, c’est la Russie, cette mère glorieuse, incomparable, dont la renommée s’éte
436 ême, le leur dire à elles, et en face. Oui, Lara, c’est tout cela. Puisqu’on ne peut communiquer par la parole avec ces force
437 r… La seule chose que je puisse faire maintenant, c’est de vous approuver machinalement et de m’en remettre à vous aveuglémen
438 . (Mes citations de Musil ont illustré ce point.) C’est l’état de passion qu’on aime d’abord, en soi, plutôt qu’Iseut l’inacc
439 e moins dépendant de cette société qu’il récuse : c’est elle qui lui a fourni, jusqu’à nos jours, les obstacles indispensable
440 a science et de la psychologie les plus récentes. C’est que la nature des obstacles diffère du tout dans les deux cas. Politi
441 porte qui peut imaginer ces éléments d’animalité. C’est une plus grande entreprise qui me tente : fixer une fois pour toutes
442 ractères propres, ou mieux, sans particularités : c’est à peu près ainsi que Valéry définissait le génie. La traduction franç
443 seulement, il faudrait ajouter que, bien souvent, c’est un déséquilibre du sentiment qui entraîne le choix d’un tel objet. »
45 1959, Preuves, articles (1951–1968). Sur une phrase du « Bloc-notes » (mars 1959)
444 e inoffensive ou bénéfique ? En faisant l’Europe, c’est l’évidence. Ou bien dites-nous quelle autre solution ? Le vrai danger
445 ites-nous quelle autre solution ? Le vrai danger, c’est notre désunion. Et non seulement devant une grande Allemagne hypothét
446 istoires pour une phrase écrite en passant ? Mais c’est cela justement qui m’inquiète, cette attaque en passant, gratuite… Et
46 1959, Preuves, articles (1951–1968). Rudolf Kassner et la grandeur (juin 1959)
447 e péché ne devient réalité que pour le converti ; c’est donc la conversion qui figure l’acte par excellence du chrétien, hors
448 à l’impuissance. (Si Kassner exprime un tourment, c’est en tant que la réalité humaine, non sa pensée privée, est tourmentée.
449 rofesser une chose mais d’être la chose. Le rare, c’est que chez Kassner, comme chez Kierkegaard, cette présence s’accommode
450 r ironie, ce qui rapproche Kassner et son maître, c’est leur vision tragique du péché. Le Lépreux, journal apocryphe de l’emp
451 rtant, le thème profond, omniprésent, de l’œuvre, c’est à l’inverse du bouddhisme, en apparence, le problème chrétien du Dieu
452 e : Ce qui fait ordinairement une grande pensée, c’est lorsqu’on dit une chose qui en fait voir un grand nombre d’autres, et
453 relier au zen sa propre pensée physiognomonique, c’est que l’un et l’autre se soucient davantage de limites que de causes. E
454 pour les hommes auxquels la Langue a été donnée. C’est cette question que le 23e des Sonnets à Orphée pose, ou tout au moins
455 moins, comme il convient à Rilke, tient cachée : C’est lorsqu’un pur essor vers où ? Aura vaincu l’orgueil puéril Qu’enfin,
456 la langue vivante des images, non des concepts. » C’est ainsi, finalement, par le détour du zen, que le Kassner des derniers
457 ujours dans le fini. Le point où tombe la flèche, c’est le fini (sans limites). À la place de ce fini (sans limites) posons l
458 t deviendra le sens. Mais la flèche, dans ce cas, c’est l’homme.90 Relisons maintenant Herrigel, ce philosophe allemand qui
459 olupté — pendant des heures, chaque soir — et que c’est bien cette volupté qu’on pourrait qualifier de bouddhiste… Si j’avais
460 onc du « pouvoir de transformer » par excellence. C’est elle qui nous permet de passer du monde magico-mythique à celui de la
461 que à celui de la personne et de la liberté. 88. C’est là qu’on trouvera la scène du Maître qui tire, dans l’obscurité, une
47 1959, Preuves, articles (1951–1968). Sur un chassé-croisé d’idéaux et de faits (novembre 1959)
462 nt condamné ? Vouloir faire mieux que l’Amérique, c’est admettre que l’Amérique a bien fait quelque chose que les Russes vont
463 en même temps que l’URSS. De la technique ? Mais c’est une création européenne que l’Amérique et la Russie développent sur t
464 tion pacifique » pour résoudre tous les conflits, c’est le libéralisme du xixe siècle, c’est ce que Marx attaquait et mépris
465 s conflits, c’est le libéralisme du xixe siècle, c’est ce que Marx attaquait et méprisait le plus. Quant au point de vue amé
466 n : La faiblesse la plus grave de notre société, c’est que nous ne sommes unis dans la poursuite d’aucun objectif fondamenta
467 blèmes à résoudre. La force du régime soviétique… c’est qu’il constitue avant tout une société orientée vers un but et dans l
468 on de ce but. La seule façon de répondre à M. K., c’est de cesser de nous demander avec inquiétude s’il va nous séduire… et d
48 1960, Preuves, articles (1951–1968). Sur la détente et les intellectuels (mars 1960)
469 cessera de voisiner avec la guerre chaude, et que c’est là l’ordre naturel des choses dans lequel l’humanité doit vivre. Anac
470 sant Pease Sera (Rome), Guido Piovene déclare : «  C’est notre rôle à tous, intellectuels italiens, d’exercer notre influence
471 nder s’ils y croyaient : ils avaient à le dire et c’est tout. Or, si nous nous trouvions être « anticommunistes », c’est-à-di
472 à autre chose et de faire penser à autre chose. » C’est dans la seule mesure où nous refusions le mensonge en service command
473 ’importe quel système, fût-il celui de nos États, c’est dans cette mesure-là que nous étions des « antis ». Au reste, nous pe
474 us écouter et n’insultaient que nos caricatures. ( C’est irritant de redire tout cela, n’est-ce pas ? Ceux de ma génération en
475 fférent. Mais la seconde donnée manque encore, et c’est la réciprocité. Son absence annule la première. Si j’en crois en effe
476 russe fera valoir sa nostalgie de libre échange. C’est fatal, c’est inscrit non dans le « sens de l’histoire », pieux menson
477 aloir sa nostalgie de libre échange. C’est fatal, c’est inscrit non dans le « sens de l’histoire », pieux mensonge à l’usage
49 1960, Preuves, articles (1951–1968). Les incidences du progrès sur les libertés (août 1960)
478 et la dictature s’avance aussitôt pour l’occuper. C’est ici qu’intervient la Culture, ou, en tout cas, qu’elle doit et peut i
479 je vois pratiquée par ce Congrès. Le pire danger, c’est donc l’absence de sens ; le sentiment de l’absurdité d’une vie sans b
480 de l’absurdité d’une vie sans but. Or la culture, c’est justement l’ensemble des activités proprement humaines qui donnent un
481 qui donnent un sens à notre vie. Car la culture, c’est tout d’abord : transmettre des recettes de vie, des connaissances et
482 aintenir une tradition où l’on se sente chez soi. C’est donc d’abord permettre à l’homme de se situer à sa place dans le mond
483 me, cessent de se ridiculiser mutuellement, comme c’est le cas dans trop de nos vies, et retrouvent une commune mesure, un st
484 eci vaut pour l’Occident surtout. Mais désormais, c’est à l’échelle mondiale aussi que les diverses facultés de l’homme peuve
485 fin, apanage millénaire de l’Inde traditionnelle. C’est pourquoi nous devons attacher tant de prix aux contacts que permet un
486 int par l’homme dans telle ou telle société. Mais c’est par la nature et par la qualité des chances ménagées à chacun de cour
50 1961, Preuves, articles (1951–1968). Dialectique des mythes : Le carrefour fabuleux (I) (avril 1961)
487 l vient ni où il va. Kierkegaard et Don Juan C’est au cœur des grands bois du Nord de la Seeland, un soir d’été, que les
488 abolique que je ne pourrai plus jamais l’oublier. C’est elle qui m’a poussé, comme Elvire, hors de la nuit tranquille du cloî
489 e, hors de la nuit tranquille du cloître. Enfin, c’est à Mozart, écrira-t-il plus tard — dans les Étapes — qu’il aura dû de
490 Juan, tentation permanente et toujours refoulée. C’est pourquoi personne d’autre n’a mieux jugé ce mythe. La thèse de Kierke
491 ression de Don Juan ne peut être que musicale. Et c’est pourquoi le seul Don Juan conforme au mythe95, c’est le Don Giovanni
492 st pourquoi le seul Don Juan conforme au mythe95, c’est le Don Giovanni de Mozart. Voici son signalement selon Kierkegaard. D
493 rend heureuses — et malheureuses ; chose étrange, c’est là ce qu’elles veulent, et celle qui ne rêverait pas de devenir malhe
494 e la femme consiste en sa volonté d’être séduite… C’est pourquoi elle ne se fâche jamais contre son séducteur, du moins s’il
495 antique, qui était psychique et non sensuel, « et c’est ce qui inspire cette pudeur qui caractérise tout amour grec »98. Il s
496 du Commandeur. Mais le Commandeur est un esprit ! C’est même un revenant, donc un retour du passé. Il représente la négation
497 ence la figure de lui-même qui le tente le plus : c’est son moi potentiel, prestigieux, désiré, mais qu’il ne peut et qu’il n
498 rme actuelle, historiquement vécue, de son Éros ? C’est la passion unique, totale, et malheureuse ; et par ce malheur même, s
499 isit d’aimer le plus souvent qu’il le pourra, car c’est la femme qu’il aime, et dans chaque femme réelle, c’est ce qui veut ê
500 la femme qu’il aime, et dans chaque femme réelle, c’est ce qui veut être séduit et qui ne peut l’être qu’une fois. Au contrai
501 d’appropriation subjective et libre de la vérité. C’est donc l’amour divin lui-même qui exige la communication indirecte, voi
502 une seule spontanéité comme lui étant ebenbürtig, c’est la spontanéité religieuse.105 Ainsi, comme Kierkegaard le réitère u
503 e l’énonce autrement. Tout cela signifie donc que c’est dans un rapport négatif que la femme rend l’homme productif dans l’id
504 t pas l’Éternel féminin mystique du Second Faust. C’est la passion dans son intransigeance et dans sa ruse avec l’Éros, avec
505 ance et dans sa ruse avec l’Éros, avec la vie. Et c’est le mythe de Tristan qui reparaît enfin ! On sait assez que le paradox
506 passion est toujours de vouloir sa propre perte… C’est là le paradoxe suprême de la pensée, que de vouloir découvrir quelque
507 ale culmine, il veut précisément sa propre perte. C’est ce que veut aussi l’amour, ainsi ces deux puissances s’entendent dans
508 redensborg où souvenir et nostalgie s’embrassent. C’est ce moment que j’aime tant ». Et il ajoute que lorsqu’il peut la dire
509 a dire « sienne » dans la solitude de son cœur, «  c’est alors seulement que nous sommes unis ».) Régine s’est mariée ailleurs
510 ar elle à la communauté nouvelle des esprits — et c’est lui que j’appelle la personne. Finalement, cet Individu s’exemplifie
511 t saint Paul, parlant en tant que Spirituel, — et c’est le point de vue qu’adopteront personnellement Kierkegaard en tant qu’
512 passion.111 Kierkegaard au contraire pense que c’est par la femme aimée de passion que l’homme s’élève, à condition cepend
513 oyons nous plaindre de la violence d’un instinct, c’est au fond un instinct qui se plaint d’un autre instinct. »114 Passage
514 sur la musique, la tragédie lyrique et le mythe : c’est L’Origine de la tragédie, qu’il publie à 28 ans. Au même âge, Kierkeg
515 demeurées à jamais impuissantes à l’atteindre. Et c’est tout spécialement par l’effet de la musique que le spectateur de la T
516 e qu’une image, voire un argument polémique, mais c’est lui-même, en tant que philosophe, en tant qu’amant de la « Sagesse »
517 finit par boire de l’absinthe et de l’eau-forte. C’est pourquoi il finit par désirer l’enfer, — c’est la dernière connaissan
518 e. C’est pourquoi il finit par désirer l’enfer, —  c’est la dernière connaissance qui le séduit. Peut-être qu’elle aussi le dé
519 plus de bonheur : ne nous y trompons pas. — Mais c’est notre instinct de connaissance qui est trop développé pour que nous p
520 u Temps et de l’Extase. Subitement, ce qui parle, c’est l’Ombre, c’est son ombre : Ô homme, prends garde ! Que dit minuit pr
521 ’Extase. Subitement, ce qui parle, c’est l’Ombre, c’est son ombre : Ô homme, prends garde ! Que dit minuit profond ? J’ai do
522 lle passion » qu’annonçait le fragment d’Aurore : c’est le retour du mythe mortel de l’Amour qui transfixe et transfigure. C’
523 e mortel de l’Amour qui transfixe et transfigure. C’est le Chant de Minuit saluant l’Éternité, quand Don Juan meurt avec le t
524 meurt avec le temps et la succession des moments. C’est la vision du Retour éternel qui subitement « cloue » le Don Juan de l
525 itement « cloue » le Don Juan de la connaissance. C’est Nietzsche lui-même, qui tend la main au Commandeur — à l’Éternel Reve
526 nte : Ce livre se termine par un « Ou bien ? » — c’est le seul livre au monde qui finisse par : « Ou bien ? — » Il ignorait
527 mmes, Valmont ne cherche qu’à gagner des parties. C’est un des lieux communs de la critique moderne que de nier le caractère
528 lus grande différence entre Casanova et le mythe, c’est que les Mémoires existent bel et bien. Quant aux points de contact hi
529 j’aie jamais entendu : — Dans le véritable amour, c’est l’âme qui enveloppe le corps. » (Par-delà le bien et le mal, 142.) 9
51 1961, Preuves, articles (1951–1968). Dialectique des mythes : Le carrefour fabuleux (II) (mai 1961)
530 le et trois femmes, l’autre une seule femme. Mais c’est la multiplicité qui est pauvre, tandis que dans un être unique et pos
531  prouesse » divinisante. La tactique de Don Juan, c’est le viol, et aussitôt remportée la victoire, il abandonne le terrain,
532 ort à la Création, dans la doctrine manichéenne : c’est lui qui a donné sa figure au Burlador de Molina, et qui lui a imprimé
533 pes du groupe natif, de la tribu ou de la nation. C’est pourquoi le retour de la passion mortelle vers le milieu du xixe , s’
534 m. » Cet homme sans nom, sans passé ni lendemain, c’est l’un de ces cavaliers sortis des temps où les hordes nomades apparais
535 uvante, et fuyaient au galop vers leur désert. Et c’est aussi le prêtre ou le héros divin dans les religions antiques et prim
536 e énergie, ou des raisons nouvelles de se renier. C’est alors que les mythes s’emparent de lui. Dans les deux cas, le mariage
537 et de la psychologie — phylogenèse, ontogenèse —, c’est l’alternance des mythes qui est manifeste — leur interdépendance gén
538 comme les couples mariés traversent quelquefois, c’est sous la forme d’une alternative que le drame s’impose, qu’il est vécu
539 né veut la durée. Mais de la durée naît l’ennui : c’est pourquoi beaucoup les confondent. J’imagine cependant deux raisons no
540 ire malheureux parce qu’il va de l’une à l’autre, c’est le croire malheureux parce qu’il n’atteint pas un but qu’il ne poursu
541 raisonne » ainsi, en chacun de nous à ses heures. C’est qu’il oublie qu’une femme n’est pas une pomme. Et qu’elle en voudra m
542 après l’accomplissement du phantasme excitant. Et c’est pourquoi l’impératrice Théodora faisait tuer avant l’aube ses amants
543 france à cause de l’illusion, dit le bouddhisme — c’est Tristan qui a raison contre le mariage. S’il n’est pas d’autre vie ni
544 s, quelques minutes ou quelques heures plus tard, c’est la cellule elle-même, modifiée dans son « âme » (c’est-à-dire dans le
545 nt ses ressemblances avec plusieurs d’entre eux — c’est , d’une manière précise, qu’il n’admet qu’une tendance, la centralisat
546 ette harmonie ? Car la liberté, pour les Masques, c’est de tuer le traître séducteur, et de se faire les exécutants d’un dest
547 nts d’un destin qui les terrifie ; pour le valet, c’est de servir son maître tant qu’il le paye, et de le trahir si les chose
548 trahir si les choses tournent mal ; pour Mazetto, c’est d’empêcher Zerline de succomber aux entreprises du seigneur ; pour Ze
549 omber aux entreprises du seigneur ; pour Zerline, c’est de succomber ; et pour Don Juan de conquérir. Ici donc la morale des
550 é, qui est libre ? Et qui peut encore aimer qui ? C’est dans l’énigme jamais résolue de ce nirvana romantique (où le Souffle
551 istanien dans son nationalisme altier. Son Iseut, c’est la France — il est bien près de le dire en plus d’une page de ses Mém
552 pour son fiancé, à la faveur de l’obscurité. Mais c’est Dona Anna qui appelle son père, au moment où elle sent Don Juan prêt
52 1961, Preuves, articles (1951–1968). Pour Berlin (septembre 1961)
553 lle, tous les peuples du monde l’approuvent. Mais c’est parce que Moscou refuse aux Allemands de l’Est le droit élémentaire d
554 e force, au mépris de l’homme qu’ils symbolisent. C’est alors qu’il perdra la face devant l’Histoire. bf. Rougemont Denis
53 1963, Preuves, articles (1951–1968). Le mur de Berlin vu par Esprit (février 1963)
555 très généralement, donnent les noms d’auteurs, et c’est tout. (À la Cour, on ne rencontrait que des personnes qui avaient été
556 cela a posteriori effaçait les crimes du passé. » C’est donc pour protéger les Allemands de l’Ouest contre les réalités tenta
557 tribuer aux seuls Allemands de l’Ouest. Enfin, et c’est sans doute l’argument le plus bouleversant si l’on écrit pour les lec
558 sonnement : ce n’est pas l’Est qui a fait le mur, c’est l’Ouest — pour empêcher qu’on joue du Brecht. 2°) Si l’Est a fait le
559 ité avec le régime qu’ils avaient fui ». (Mais si c’est vrai, où est la « nécessité vitale » du mur ?) 3°) L’Est doit être in
560 … L’Allemagne sans l’Est n’est pas l’Allemagne. » C’est en effet une Allemagne sans Prusse. Et une partie de la Prusse ancien
54 1963, Preuves, articles (1951–1968). Une journée des dupes et un nouveau départ (mars 1963)
561 134, pas plus que d’une « Algérie française ». Et c’est lui qui invoque maintenant le traité de Rome, qu’il se bornait à tolé
562 s, les choix concrets et objectifs sont évidents. C’est là-dessus qu’il faut insister. La victoire des Anglais et des Cinq, l
563 chill, ni Erhard, ni Spaak lui-même. Logiquement, c’est de Gaulle qui devrait jouer maintenant. Mais il serait excessif de di
564 aire complices de ses desseins cachés. En vérité, c’est aux mouvements de militants qu’il appartenait de nous offrir une visi
565 enti comme une blessure la rupture du 29 janvier, c’est à cause de l’enquête menée par Encounter auprès des intellectuels ang
55 1964, Preuves, articles (1951–1968). Un district fédéral pour l’Europe (août 1964)
566 grandes dimensions de notre planète en mutation. C’est l’Europe qui a tout déclenché, et son rôle reste décisif. C’est elle
567 qui a tout déclenché, et son rôle reste décisif. C’est elle qui a créé la notion de genre humain — ignorée ou niée en Orient
568 par Vitoria, Suárez, Grotius, Vattel et Kant. Et c’est elle qui a fourni les instruments techniques de communication entre l
569 que ce soit pour ou contre l’Occident d’ailleurs, c’est parler un langage européen. Or l’Europe doit s’unir pour durer, j’ent
570 ités économiques entre pays prétendus souverains. C’est la formule d’une Sainte-Alliance des monarques, transposée au niveau
571 veau d’États laïques et en majorité républicains. C’est dérisoire, c’est dépassé, c’est en retard sur les réalités (car les S
572 ues et en majorité républicains. C’est dérisoire, c’est dépassé, c’est en retard sur les réalités (car les Six sont déjà bien
573 ité républicains. C’est dérisoire, c’est dépassé, c’est en retard sur les réalités (car les Six sont déjà bien au-delà), et c
574 réalités (car les Six sont déjà bien au-delà), et c’est absolument inadéquat aux exigences reconnues de ce siècle. Ultime ten
575 et garantir l’autonomie de chacun de ses membres, c’est un problème parfaitement homologue à celui que la Suisse a résolu, av
576 ter. (Ceux qui invoquent des raisons de prestige, c’est quelquefois parce qu’ils n’en ont pas d’autres.) Même si l’Europe ref
577 s l’espace d’une génération. Une Europe unitaire, c’est finis helvetiae, sans commentaires. Mais une Europe fédérale, seule p
578 ne cessent de dénoncer ces démences collectives. C’est comme « citoyen de Genève » que Rousseau signe ses exposés critiques
579 on… et subordination au corps de la république ». C’est une Europe intégralement fédéraliste qu’il préconise, et son modèle,
580 prit d’hégémonie et de centralisme national, mais c’est lui qui rédige, pendant les Cent-Jours, le projet de fédération europ
581 i va triompher à l’échelle suisse : « La variété, c’est l’organisation : l’uniformité, c’est du mécanisme. La variété, c’est
582  La variété, c’est l’organisation : l’uniformité, c’est du mécanisme. La variété, c’est la vie : l’uniformité, c’est la mort.
583 n : l’uniformité, c’est du mécanisme. La variété, c’est la vie : l’uniformité, c’est la mort. » Au même moment, la Sainte-All
584 canisme. La variété, c’est la vie : l’uniformité, c’est la mort. » Au même moment, la Sainte-Alliance des rois donne une fina
585 haut degré un caractère très international », et c’est ce type d’union pluraliste qui peut seul assurer la paix de l’Europe.
586 pe à venir puissent tenir compte. Au xxe siècle, c’est encore en Suisse (dans les années 1930) que le premier mouvement de m
587 istes européens voit le jour : l’Europa-Union. Et c’est sur sa convocation qu’au lendemain de la guerre, à Hertenstein (septe
588 épart de l’action politique européenne. En effet, c’est au cours du congrès de Montreux que germe l’idée de réunir des états
589 choix dans toute anthologie de l’idée européenne. C’est en Suisse que Mazzini publie en 1836 le manifeste et les journaux de
590 le manifeste et les journaux de la Jeune Europe. C’est en Suisse que le fondateur du Mouvement paneuropéen, le comte Coudenh
591 Coudenhove-Kalergi, établit son quartier général. C’est en Suisse que Churchill choisit de parler de l’Europe, et que la même
592 pour thème « l’esprit européen ». Mais tout cela, c’est la suisse idéale, réputée « microcosme de l’Europe », et ce sont quel
593 tie « dans les intérêts de l’Europe entière ». Or c’est l’union qui est aujourd’hui dans l’intérêt de tous les peuples de l’E
594 une part et l’URSS de l’autre (ou bien la Chine), c’est opérer un coup d’État contre notre présent statut de neutralité, et c
595 tat contre notre présent statut de neutralité, et c’est absurde : car la Suisse fait partie de l’Europe, qu’elle le veuille o
596 se fera-t-elle ? Voilà qui dépend de nous aussi. C’est à nous de faire valoir, dans les conseils qui élaborent l’Europe futu
597 cs). Ce n’est pas le Marché commun qui les amène. C’est l’expansion de l’industrie suisse, aux destinées de laquelle l’auteur
598 lus qu’un tiers de la population totale. En 1964, c’est 10 %. On peut le déplorer, non le nier. On peut redouter que le conta
599 éjà perdues, déjà effacées par d’autres facteurs, c’est probablement refuser au nom d’un mythe passéiste le seul moyen de sau
600 iste le seul moyen de sauver la Suisse réelle. Ou c’est courir à l’aventure certaine, au nom d’une prudence aveugle et sous l
601 tés s’ils proposent de renoncer à la neutralité : c’est devenu, dans la Suisse moderne, un crime de lèse-majesté. Personne n’
602 -majesté. Personne n’ose donc crier trop fort, et c’est peut-être mieux ainsi. Mais notre peuple comprend mal ce qui est en j
603 tralité, il tient à l’essence même de notre État. C’est notre création majeure. Il nous oblige. Et en son nom, nous nous devo
604 ». Mais énoncer un plan suppose une politique. Et c’est à quoi le gouvernement de notre fédération se refuse avec vigilance,
605 pour des générations formées par la technologie.) C’est dire tout l’avantage et l’avance effective d’une communauté du type s
606 optima d’une activité, d’une ville, d’un pays… Or c’est bien là le principe déterminant de l’analyse dichotomique qui opère c
607 e en commun ou de création d’instruments communs. C’est dire qu’on redécouvre la méthode du fédéralisme authentique. Toute l’
608 me les individus, meurent d’accident. En général, c’est par manque d’attention, et pour n’avoir pas cru aux conseils les plus
609 nventé tant que l’on voudra, mais indéniable — ou c’est qu’il n’y aura plus d’Europe. À mi-chemin entre le temps où j’écrivai
610 re. Le Suisse moyen pensera de mon « utopie » que c’est bien joli, mais que nous ne sommes pas faits pour le rôle, et que le
611 loir nos bonnes raisons de n’en avoir aucune — et c’est ce que l’on appelle « se réserver », à Berne. Il se peut que cette at
612 e. Que devient mon pays ? Ma première impression, c’est que la Suisse n’est plus à l’écart de l’Europe et qu’elle participe s
613 a France surtout. J’ai dit un jour de la France : c’est le pays du monde dont je préfère me plaindre. La Suisse est le pays d
614 u’on attend d’elle ? Ici bat le cœur de l’Europe. C’est ici que l’Europe devrait se déclarer, jurer son pacte et se constitue
56 1966, Preuves, articles (1951–1968). André Breton (novembre 1966)
615 ds à pas lents, visage levé, crinière au vent. Et c’est dans le décor de Manhattan (qu’il haïssait), granit poli, brique enfu
616 à la Surprise… Introduction à la vie hiératique… C’est un rêve de compensation, si l’on voit dans quel cadre nous sommes en
617 taines d’articles à paraître ces prochains jours. C’est que Breton, pour toute la haine vigilante qu’il n’a cessé de vouer, s
618 tianisme, était un être religieux par excellence. C’est même sans doute parce qu’il jugeait le christianisme trop peu religie
619 as dans son studio : « L’Européen le plus moderne c’est vous pape Pie X ! », criait-il en déclamant Zone. Ce pape-là ne le gê
620 litanie du Christ aviateur, dans le même poème…) C’est ainsi qu’il me lut un jour l’Ode à Charles Fourier qu’il venait de re
621 e (antichrétienne athée, faut-il le répéter ?) et c’est tout dire. La grande contradiction qui a tendu l’arc d’une existence
622 poétique si hautement exemplaire à tant d’égards, c’est qu’il voulait tout à la fois changer la vie par une sédition passionn
57 1968, Preuves, articles (1951–1968). Marcel Duchamp mine de rien (février 1968)
623 arrive hier matin, plus ressemblant que jamais. «  C’est la Savoie ! dit-il en regardant le lac. — C’est aussi le Tyrol, ou le
624 « C’est la Savoie ! dit-il en regardant le lac. —  C’est aussi le Tyrol, ou les lacs italiens. — C’est un lac, quoi, tout se r
625 . — C’est aussi le Tyrol, ou les lacs italiens. —  C’est un lac, quoi, tout se ressemble. C’est très bien. » Il va donc rester
626 taliens. — C’est un lac, quoi, tout se ressemble. C’est très bien. » Il va donc rester quelques jours. Nos voisins sont venus
627 riel » tel que nous le souffrons. Ça les arrange. C’est ce même monde que la science, ensuite, observe, et dont elle décrète
628 e, mais tout dépend des vrais désirs des hommes : c’est ce qu’il s’agit de bien voir et surtout d’accepter. Le reste est beau
629 ause : la cause et l’effet distingués et opposés. C’est insoutenable. C’est un mythe dont on a tiré l’idée de Dieu, considéré
630 ’effet distingués et opposés. C’est insoutenable. C’est un mythe dont on a tiré l’idée de Dieu, considéré comme modèle de tou
631 tériel, d’inanité telles qu’on peut bien dire que c’est le mouvement lui-même qui crée la masse corpusculaire, alors que nagu
632 t une expression que je ne comprends pas du tout, c’est mouvement. Qu’est-ce qu’il appelle mouvement, votre type ? S’il le dé
633 boulanger continuerait à faire du pain, parce que c’est son plaisir et qu’il faut s’occuper. On prendrait chez lui sans payer
634 t je connais un groupe où cela marche très bien : c’est la famille… N’est-ce pas ? Les enfants prennent à table ou à la cuisi
635 se se produit vers quarante ans, chez un artiste. C’est à ce moment qu’il doit se renouveler entièrement, ou se résigner à s’
636 son propre père ? 6 août. Ce qui nous manque ici, c’est un jeu d’échecs. Celui dont Duchamp se sert pour ses problèmes est tr
637 ses problèmes est trop petit pour jouer à deux : c’est un « jeu de voyage » de sa confection, d’une douzaine de centimètres
638 écise-t-il. Mais faute de jouer, nous en parlons. C’est d’ailleurs le mot de sa vie : échec de l’art, art des échecs, échec à
639 rt des échecs, échec à l’art… Il est persuadé que c’est moins la réflexion rigoureuse que la transmission (involontaire bien
640 de les jouer « quatre heures par jour, environ ». C’est à quoi je le trouve occupé chaque matin, sur la galerie, fumant sa pi
641 me tous les autres. Vous comprenez, être peintre, c’est copier et multiplier les quelques idées qu’on a eues ici ou là. C’est
642 iplier les quelques idées qu’on a eues ici ou là. C’est manifester la vie de sa main. Voilà ce qui fait un peintre. Depuis la
643 dans la boîte-en-valise en construction. — Voilà. C’est un chèque, mais trois ou quatre fois plus grand que ceux qu’on voit.
644 saumon, avec tous ces longs S bien réguliers ? — C’est facile, avec une roulette en caoutchouc. Le chèque de quatre-cent-cin
645 ême. Il rit soudain : — La seule chose ennuyeuse, c’est que j’ai dû racheter ce chèque à mon dentiste, pour le faire figurer
646 fet, on ne peut guère en donner que des exemples. C’est quelque chose qui échappe encore à nos définitions scientifiques. J’a
647 e suis l’auteur. Pour en revenir à l’infra-mince, c’est une catégorie qui m’a beaucoup occupé depuis dix ans. Je crois que pa
648 e. (Elle est née dans un tremblement de terre.) «  C’est sacrilège, ce qu’on vient de faire, ajouta-t-elle. On a touché au sec
649 t plus de sens. Les girls, enfin, parurent émues. C’est le moment que je choisis pour parler d’homéopathie, un de mes dadas.
650 confesse volontiers ce qu’il appelle sa paresse. C’est un vice, déclare-t-il avec sérénité. Peut-être le croit-il. Moi non.
58 1968, Preuves, articles (1951–1968). Vingt ans après, ou la campagne des congrès (1947-1949) (octobre 1968)
651 e. Points de détail et nuances méticuleuses : car c’est seulement dans le détail concret qu’on voit jouer ce qu’on appellera,
652 ou à l’opéra le travail nocturne des commissions. C’est elle qu’il s’agirait de rendre sensible si l’on voulait décrire la ré
653 s inhibitions, et libérer des énergies nouvelles. C’est ce genre-là de métamorphoses profondes qu’on peut appeler de vraies r
654 de la culture. Ce qu’il m’importe de rendre ici, c’est tout ce que l’étude objective des rapports et des résolutions ne pour
655 s’y étaient mis comme le ver dans le fruit. Oui, c’est la naïveté de quelques fédéralistes qui a presque « fait l’Europe » e
656 istes qui a presque « fait l’Europe » en 1948, et c’est l’habileté politicienne embrassant notre cause comme pour mieux l’éto
657 mps de m’orienter… Deux jours plus tard, le soir, c’est un journaliste français qui se présente, Raymond Silva, secrétaire gé
658 de fédéraliste que vous avez publiées en 1940151. C’est la doctrine qu’attendent nos militants. Nous serons une trentaine aut
659 6 août 1947 : « Comment refuser, cette fois-ci ? C’est en songeant à des tâches de ce genre que j’ai décidé de revenir en Eu
660 passer dans l’action les idées que je représente, c’est qu’elle ne peut encore insérer son effort dans le cadre qui serait se
661 et bon, mais maintenant il nous faut travailler.” C’est un Polonais d’une soixantaine d’années, le Dr Retinger, qui a des vue
662 ux me paraît tenir une place décisive et axiale : c’est là que s’opéra la rencontre de la plupart des courants « européistes 
663 stes » jusqu’alors étrangers les uns aux autres ; c’est là que naquit l’idée d’un rassemblement de ces forces en une démonstr
664 De Montreux à La Haye : une option dramatique C’est en effet pendant les suspensions de séance au Montreux-Palace que l’i
665 ction en serait vite paralysée dans l’immédiat et c’est l’immédiat qui compte, non seulement parce que les événements se préc
666 ui dispose des moyens financiers et de la presse, c’est risquer de courir à l’écrasement rapide, ou de « devenir une secte »,
667 r des fauteuils. Cette nuque très large et rouge, c’est Ramadier ; cette nuque placide et blonde, c’est van Zeeland ; et cett
668 , c’est Ramadier ; cette nuque placide et blonde, c’est van Zeeland ; et cette absence de nuque, c’est Paul Reynaud. Une nuqu
669 e, c’est van Zeeland ; et cette absence de nuque, c’est Paul Reynaud. Une nuque blanche et gonflée au-dessus du col d’une red
670 uropean Assembly shall be constituted…”158 Oui, c’est un rêve, devenu réalité ; et que je faisais depuis vingt ans. « Devan
671 “L’Europe, vient de dire quelqu’un dans le micro, c’est la civilisation des non-conformistes !” Je regarde le texte qu’on m’a
672 ” Je regarde le texte qu’on m’a remis. “L’Europe, c’est la terre des hommes continuellement en lutte avec eux-mêmes, c’est le
673 s hommes continuellement en lutte avec eux-mêmes, c’est le lieu où aucune certitude n’est acceptée comme vérité si elle n’est
674 es continents se vantent de leur efficacité, mais c’est le climat européen seul qui rend la vie dangereuse, aventureuse, magn
675 e et tragique — et, par là, digne d’être vécue.” ( C’est mon ami Brugmans, travailliste hollandais, qui parle ainsi devant dou
676 née en année. On sait cela, mais ce qu’on ignore, c’est l’incident minime et décisif qui devait couper les ailes à tout espoi
677 tes avaient mieux travaillé que les fédéralistes, c’est certain, et leur tâche était plus facile, puisqu’ils misaient sur les
678 d’un échec — une bataille perdue, non la guerre — c’est parce qu’à la faveur d’une analyse impitoyable, conduite par beaucoup
59 1970, Preuves, articles (1951–1968). Dépasser l’État-nation (1970)
679 le, intégralement centralisé en vue de la guerre. C’est ce modèle que tous les peuples de l’Europe, grands et petits, ont imi
680 Qu’est-ce en somme qu’instituer un État-nation ? C’est soumettre toute une nation, ou un groupe de nations conquises par l’u
681 ne d’entre elles, aux pouvoirs absolus de l’État. C’est vouloir faire coïncider sur un même territoire, défini par le sort de
682 s’arrêter sur une ligne de barbelés électrifiés. C’est livrer sans recours toute l’existence humaine aux seules décisions de
683 Or voici l’ironie tragique de notre Histoire : c’est sur la base de cet obstacle radical à toute union que l’on s’efforce
684 nomique. Mais ce que je sais de science certaine, c’est que les États-nations n’existent pas dans l’histoire de la culture, e
685 e pas de relations ou d’affaires « étrangères » : c’est un mot qu’il nous faut bannir du vocabulaire politique dans une Europ
686 de vie » déterminé en termes de profit et de PNB, c’est passer du matérialisme capitaliste et communiste à la mise en questio
687 à cet égard. Ce qui leur manque le plus durement, c’est un but transcendant, c’est un sens de la vie, maintenant que la guerr
688 nque le plus durement, c’est un but transcendant, c’est un sens de la vie, maintenant que la guerre n’est plus leur exutoire,
689 n offrir le modèle. Si l’on me dit maintenant que c’est une utopie que de vouloir dépasser l’État-nation, je réponds que c’es
690 de vouloir dépasser l’État-nation, je réponds que c’est au contraire la grande tâche politique de notre temps. Précisons : de