1 ugles, dont ils disent qu’elles les délivreraient de leurs problèmes individuels : ainsi la guerre, les dictatures, les tr

2 ls : ainsi la guerre, les dictatures, les troupes de choc militaires et politiques, ou simplement l’anonymat collectiviste

3 révolutions et par nos sciences, décorent du nom de « mystiques puissantes » de simples propagandes qui nous promettent l

4 nces, décorent du nom de « mystiques puissantes » de simples propagandes qui nous promettent le paradis et la grandeur, la

5 absence par des slogans. Nous n’avons nul besoin d’ une mystique « aussi puissante » ou « plus puissante » que les leurs.

6 ées, nous verrons que l’avenir et le progrès sont de notre côté. Et alors, nous voudrons sauver notre présent ! Nos forces

7 s. La première, c’est le trésor vivant des droits de toute nature conquis par notre Histoire et par toutes nos histoires n

8 us haut et des douzaines d’autres en plus : droit de circuler, de travailler, de faire la grève, de créer des coopératives

9 s douzaines d’autres en plus : droit de circuler, de travailler, de faire la grève, de créer des coopératives, des syndica

10 utres en plus : droit de circuler, de travailler, de faire la grève, de créer des coopératives, des syndicats, des société

11 it de circuler, de travailler, de faire la grève, de créer des coopératives, des syndicats, des sociétés d’entraide ; de c

12 éer des coopératives, des syndicats, des sociétés d’ entraide ; de changer d’habitation, de condition sociale, de professio

13 ratives, des syndicats, des sociétés d’entraide ; de changer d’habitation, de condition sociale, de profession ; droit d’e

14 s syndicats, des sociétés d’entraide ; de changer d’ habitation, de condition sociale, de profession ; droit d’exprimer tou

15 es sociétés d’entraide ; de changer d’habitation, de condition sociale, de profession ; droit d’exprimer toutes les sagess

16  ; de changer d’habitation, de condition sociale, de profession ; droit d’exprimer toutes les sagesses et toutes les folie

17 tion, de condition sociale, de profession ; droit d’ exprimer toutes les sagesses et toutes les folies concevables ; droit

18 utes les folies concevables ; droit à la religion de notre choix, et droit de n’en choisir aucune ; droit d’élire ceux que

19 es ; droit à la religion de notre choix, et droit de n’en choisir aucune ; droit d’élire ceux que nous voulons et de les t

20 re choix, et droit de n’en choisir aucune ; droit d’ élire ceux que nous voulons et de les traiter ensuite de scélérats ; d

21 r aucune ; droit d’élire ceux que nous voulons et de les traiter ensuite de scélérats ; droit de protester, d’écrire au Ti

22 e ceux que nous voulons et de les traiter ensuite de scélérats ; droit de protester, d’écrire au Times, ou à la Feuille lo

23 ns et de les traiter ensuite de scélérats ; droit de protester, d’écrire au Times, ou à la Feuille locale, de faire campag

24 raiter ensuite de scélérats ; droit de protester, d’ écrire au Times, ou à la Feuille locale, de faire campagne pour n’impo

25 ester, d’écrire au Times, ou à la Feuille locale, de faire campagne pour n’importe quoi et le contraire ; droit d’exiger q

26 pagne pour n’importe quoi et le contraire ; droit d’ exiger que les douaniers mettent des gants blancs avant de fouiller no

27 ants blancs avant de fouiller nos valises ; droit d’ entrer dans n’importe quels magasin, marché, café, ou restaurant, et d

28 te quels magasin, marché, café, ou restaurant, et de composer le menu de votre choix ; droit d’élever nos enfants selon no

29 rché, café, ou restaurant, et de composer le menu de votre choix ; droit d’élever nos enfants selon nos principes — et tou

30 nt, et de composer le menu de votre choix ; droit d’ élever nos enfants selon nos principes — et tous les droits non codifi

31 ute quoique les plus inconscients, comme le droit d’ applaudir ou de siffler selon ses goûts, de prendre à la radio le post

32 plus inconscients, comme le droit d’applaudir ou de siffler selon ses goûts, de prendre à la radio le poste qu’on préfère

33 droit d’applaudir ou de siffler selon ses goûts, de prendre à la radio le poste qu’on préfère, et de tourner le bouton si

34 de prendre à la radio le poste qu’on préfère, et de tourner le bouton si l’on s’ennuie, sans être dénoncé par les voisins

35 uie, sans être dénoncé par les voisins ; le droit d’ aimer et de haïr, le droit d’épouser qui l’on veut… Il n’est pas un s

36 tre dénoncé par les voisins ; le droit d’aimer et de haïr, le droit d’épouser qui l’on veut… Il n’est pas un seul de ces

37 s voisins ; le droit d’aimer et de haïr, le droit d’ épouser qui l’on veut… Il n’est pas un seul de ces droits que les dic

38 it d’épouser qui l’on veut… Il n’est pas un seul de ces droits que les dictatures n’aient attaqué ou supprimé, n’aient dé

39 des peuples libres qui vivent à l’ouest du rideau de fer : parmi lesquels près de 300 millions d’Européens, dont la masse

40 deau de fer : parmi lesquels près de 300 millions d’ Européens, dont la masse représente bien plus que la Russie et deux fo

41 sé, mais un présent ; bien plus, ils sont le gage d’ un grand avenir. Voilà l’espoir des hommes. Il est chez nous. La secon

42 e dont nous disposons, et l’une des plus typiques de l’Occident, n’est autre que l’esprit critique. On nous dit qu’il se p

43 plus jeunes générations. On se lamente sur l’état de la jeunesse d’Europe, on déplore ce qu’on nomme son nihilisme. Si l’o

44 érations. On se lamente sur l’état de la jeunesse d’ Europe, on déplore ce qu’on nomme son nihilisme. Si l’on veut dire par

45 lus pour aucune idéologie, je serais tenté plutôt de l’en féliciter. Si cette jeunesse, qui a vu les camps comme résultat

46 ion des mystiques libertaires, n’avait pas décidé de ne plus croire à rien qu’aux réalités immédiates, alors seulement je

47 chrétienne elle-même doit aujourd’hui se réjouir d’ un tel scepticisme, voir en lui son meilleur allié contre les mystific

48 l’inquiétude du monde moderne ? » Je serais tenté de lui dire : l’esprit critique. Car cet esprit nous renvoie sobrement à

49 quiétudes personnelles, qui ne se satisfont point de réponses collectives. L’Occident n’est pas une église, n’est pas une

50 ir à bon marché. L’Occident est une somme immense de réalités, de réponses, de questions, de contradictions. Cette prodigi

51 hé. L’Occident est une somme immense de réalités, de réponses, de questions, de contradictions. Cette prodigieuse diversit

52 t est une somme immense de réalités, de réponses, de questions, de contradictions. Cette prodigieuse diversité peut angois

53 e immense de réalités, de réponses, de questions, de contradictions. Cette prodigieuse diversité peut angoisser. Mais elle

54 ngoisser. Mais elle est d’autre part la condition de nos libertés, et de l’esprit créateur. C’est à cause d’elle que l’Occ

55 est d’autre part la condition de nos libertés, et de l’esprit créateur. C’est à cause d’elle que l’Occident demeure l’espo

56 libertés, et de l’esprit créateur. C’est à cause d’ elle que l’Occident demeure l’espoir de l’homme qui pense, qui juge et

57 st à cause d’elle que l’Occident demeure l’espoir de l’homme qui pense, qui juge et qui sent par lui-même. Et cet homme es

58 -même. Et cet homme est le but du progrès, le but de toute communauté digne du nom. J’en viens ici à notre troisième force

59 me force : la personne. Voilà la création majeure de l’Occident. L’idée de la personne est certainement la plus originale,

60 . Voilà la création majeure de l’Occident. L’idée de la personne est certainement la plus originale, la plus profonde auss

61 otre Europe. La personne, c’est l’individu chargé d’ une vocation qui le distingue de la masse mais le relie pratiquement à

62 l’individu chargé d’une vocation qui le distingue de la masse mais le relie pratiquement à la communauté. Avec l’idée de p

63 e relie pratiquement à la communauté. Avec l’idée de personne, l’Europe est née ; avec elle, elle mourrait. J’indique tout

64 it. J’indique tout de suite que le mal spécifique de la personne, c’est l’individualisme, qui a fait tant de ravages chez

65 ctivisme sibérien, ou que la « sottise qui paye » de Hollywood ! Dans l’idée de la personne s’enracine toute liberté concr

66 a « sottise qui paye » de Hollywood ! Dans l’idée de la personne s’enracine toute liberté concrète, créatrice et vécue. Au

67 concrète, créatrice et vécue. Au contraire, c’est de la masse homogène, uniforme, que naissent toutes les modernes tyranni

68 is que masse égale contrainte. Il n’y aura jamais de liberté « en masse ». Il n’y aura jamais de liberté réelle que dans l

69 amais de liberté « en masse ». Il n’y aura jamais de liberté réelle que dans le besoin, le droit et la passion de différer

70 réelle que dans le besoin, le droit et la passion de différer de son voisin, de courir sa propre aventure, de créer par sa

71 ans le besoin, le droit et la passion de différer de son voisin, de courir sa propre aventure, de créer par sa vie ce qu’o

72 le droit et la passion de différer de son voisin, de courir sa propre aventure, de créer par sa vie ce qu’on n’a jamais vu

73 érer de son voisin, de courir sa propre aventure, de créer par sa vie ce qu’on n’a jamais vu, et d’accomplir ainsi, en sec

74 e, de créer par sa vie ce qu’on n’a jamais vu, et d’ accomplir ainsi, en secret bien souvent, une vocation qui n’a pas de c

75 en secret bien souvent, une vocation qui n’a pas de comptes à rendre aux hommes, et encore bien moins à l’État, parce qu’

76 t « immédiate à Dieu ». Telle est bien la passion de l’homme européen. Elle le met à la pointe du genre humain. Dans cette

77 t à la pointe du genre humain. Dans cette passion de différer les uns des autres, nous trouvons tous, nous les Européens,

78 une chose au monde pour laquelle on ne peut faire de propagande sens moderne, c’est justement la liberté, puisqu’elle cess

79 c’est justement la liberté, puisqu’elle cesserait d’ être la liberté si l’on tentait de l’imposer. Mais on peut et l’on doi

80 ’elle cesserait d’être la liberté si l’on tentait de l’imposer. Mais on peut et l’on doit prendre conscience de ses condit

81 ser. Mais on peut et l’on doit prendre conscience de ses conditions, de ses risques. Je crois à la vertu de la prise de co

82 t l’on doit prendre conscience de ses conditions, de ses risques. Je crois à la vertu de la prise de conscience : c’est d’

83 s conditions, de ses risques. Je crois à la vertu de la prise de conscience : c’est d’une part le début de la guérison, qu

84 a prise de conscience : c’est d’une part le début de la guérison, quand le mal est d’ordre psychique ; c’est d’autre part

85 ne part le début de la guérison, quand le mal est d’ ordre psychique ; c’est d’autre part une source de confiance en soi, q

86 d’ordre psychique ; c’est d’autre part une source de confiance en soi, quand les faits objectifs sont meilleurs que notre

87 pensait. Rendus conscients des forces véritables de l’Europe et de l’Occident, nous serons en mesure, aussitôt, de renver

88 s conscients des forces véritables de l’Europe et de l’Occident, nous serons en mesure, aussitôt, de renverser l’absurde s

89 t de l’Occident, nous serons en mesure, aussitôt, de renverser l’absurde situation volontairement créée par les mystiques

90 irement créée par les mystiques adverses. Au défi de la propagande, répondons tranquille­ment par les faits. Nous pouvons

91 ertés ? Nous pouvons aussi les sauver en décidant de les répandre. Si nous voyons les faits, et savons les faire voir, nou

92 s l’initiative. C’est l’autre camp qui sera forcé de se mettre sur la défensive, contre le rayonnement de nos vraies liber

93 se mettre sur la défensive, contre le rayonnement de nos vraies libertés. Or le meilleur moyen de les faire rayonner, c’es

94 ment de nos vraies libertés. Or le meilleur moyen de les faire rayonner, c’est de les faire passer du plan des faits à cel

95 Or le meilleur moyen de les faire rayonner, c’est de les faire passer du plan des faits à celui de nos consciences et de n

96 est de les faire passer du plan des faits à celui de nos consciences et de nos volontés ; c’est d’appeler toutes nos force

97 r du plan des faits à celui de nos consciences et de nos volontés ; c’est d’appeler toutes nos forces éparses à se fédérer

98 lui de nos consciences et de nos volontés ; c’est d’ appeler toutes nos forces éparses à se fédérer solidement, non point à

99 n s’établit à Strasbourg ou ailleurs, nous dotant d’ instruments modernes et puissants (politiques, scientifiques, économiq

100 , scientifiques, économiques, sociaux) au service de la vocation commune à tous nos peuples, le monde entier verra que l’E

101 es sont nos chances ? Je dirai qu’elles dépendent de chacun de nous, — beaucoup plus que d’un général américain. Chaque pe

102 s chances ? Je dirai qu’elles dépendent de chacun de nous, — beaucoup plus que d’un général américain. Chaque personne fai

103 dépendent de chacun de nous, — beaucoup plus que d’ un général américain. Chaque personne fait obstacle à la fatalité. a

104 ait obstacle à la fatalité. a. Rougemont Denis de , « Mesurons nos forces », Preuves, Paris, avril 1951, p. 1-3. b. Une

105 -3. b. Une note précise : « Ce texte est extrait d’ une brochure de Denis de Rougemont, intitulée Les Libertés que nous p

106 e précise : « Ce texte est extrait d’une brochure de Denis de Rougemont, intitulée Les Libertés que nous pouvons perdre ,

107 (mai 1951)c d Nous sommes contre toute espèce de totalitarisme, pour une raison très simple, d’ordre intellectuel et m

108 ce de totalitarisme, pour une raison très simple, d’ ordre intellectuel et moral : parce que nous refusons de subordonner l

109 e intellectuel et moral : parce que nous refusons de subordonner la culture à la politique, — à n’importe quelle politique

110 te quelle politique. La culture s’occupe des fins de la vie humaine et de son sens, la politique doit s’occuper des moyens

111 La culture s’occupe des fins de la vie humaine et de son sens, la politique doit s’occuper des moyens pratiques de réalise

112 la politique doit s’occuper des moyens pratiques de réaliser ces fins. C’est une grave faute de logique que de subordonne

113 er ces fins. C’est une grave faute de logique que de subordonner les fins aux moyens. C’est une grave faute pratique aussi

114 faute pratique aussi, parce que cela fait autant de mal aux fins qu’aux moyens. D’une part, la politique, prise pour fin

115 religions, en même temps qu’elle perd ses vertus de science pratique. D’autre part, dès que la culture est subordonnée à

116 ulture est subordonnée à la politique, elle cesse d’ être une méthode de libération humaine pour devenir une préparation me

117 née à la politique, elle cesse d’être une méthode de libération humaine pour devenir une préparation mentale à l’esclavage

118 ment que nous pouvons perdre demain notre liberté de penser. …Nulle part peut-être plus qu’en Inde, la culture n’avait fa

119 un plus grand effort vers la maîtrise par l’homme de sa propre pensée. Nulle part donc la menace totalitaire contre la lib

120 part donc la menace totalitaire contre la liberté de la pensée ne doit être plus redoutée que pour l’âme même de ce pays d

121 ée ne doit être plus redoutée que pour l’âme même de ce pays de très vieille et profonde culture. Maintenant, il se trouve

122 être plus redoutée que pour l’âme même de ce pays de très vieille et profonde culture. Maintenant, il se trouve qu’en fait

123 ve qu’en fait, le totalitarisme le plus dangereux de nos jours est le stalinisme, variété la plus puissante d’une maladie

124 ours est le stalinisme, variété la plus puissante d’ une maladie unique, qui peut s’appeler ailleurs fascisme ou phalangism

125 police politique, donc à corrompre la source même de notre liberté. Et voilà pourquoi nous sommes antistaliniens. …On a di

126 lairs : nous ne serons jamais « pour l’Amérique » de la même manière que les staliniens sont « pour la Russie ». Pour le s

127 a Russie ». Pour le stalinien, les seuls critères de jugement intellectuels et artistiques sont ceux qu’impose l’intérêt d

128 t confondu une fois pour toutes avec les intérêts d’ une grande puissance bien définie. Mais pour nous l’Amérique ne s’ide

129 e être actuellement le défenseur le plus efficace de nos libertés, nous ne sommes pas prêts à souscrire sans condition, un

130 our toutes, à tout ce que l’Amérique peut décider de faire un jour ou l’autre, ni à assimiler une fois pour toutes la libe

131 sommes amis des Américains, mais plus encore amis de la vérité. …On a prétendu que nous étions réunis à Bombay pour condam

132 pour condamner la neutralité en général, et celle de l’Inde en particulier. Personnellement, je tiens à prendre ici une po

133 position extrêmement claire. Il me paraît capital d’ établir une distinction nette entre la neutralité et le neutralisme. L

134 situations bien définies. C’est aux hommes d’État d’ en juger. …Mais si je rentre dans mon domaine propre, qui est celui de

135 je rentre dans mon domaine propre, qui est celui de la culture, je constate que la neutralité simplement n’y existe pas.

136 ralité simplement n’y existe pas. Créer, ou faire de la critique, c’est exactement le contraire de rester neutre, puisque

137 ire de la critique, c’est exactement le contraire de rester neutre, puisque créer, c’est opérer des choix perpétuellement,

138 t la maladie. Il n’existe, il ne peut pas exister de neutralité intellectuelle, artistique, scientifique, ou morale. …J’il

139 un loup, un agneau, et un berger. L’agneau décide de rester neutre entre le loup qui menace et le berger qui le protège. J

140 rès tout, soyons objectif ! Voyons les deux côtés de la question. Ce loup ne pense pas à mal, il a grand-faim, il a beauco

141 -faim, il a beaucoup lu Marx, et il est “partisan de la paix” ; d’autre part, ce berger n’est pas un homme parfait, il boi

142 ons lutter, je veux dire : — contre cette manière de mettre la culture au service de la politique, de n’importe quelle pol

143 tre cette manière de mettre la culture au service de la politique, de n’importe quelle politique, même neutre, et même dém

144 de mettre la culture au service de la politique, de n’importe quelle politique, même neutre, et même démocratique ; car d

145 par un penchant inexorable. c. Rougemont Denis de , « Neutralité et neutralisme. Le discours de Denis de Rougemont au co

146 enis de, « Neutralité et neutralisme. Le discours de Denis de Rougemont au congrès de Bombay », Preuves, Paris, mai 1951,

147 sme. Le discours de Denis de Rougemont au congrès de Bombay », Preuves, Paris, mai 1951, p. 20-21. d. Le texte est précéd

148 écédent numéro, du Congrès indien pour la liberté de la culture qui s’est tenu à Bombay, du 28 au 31 mars. Au cours de cet

149 ésentait le Congrès international pour la liberté de la culture, a fait une importante intervention, dont nous donnons ci-

150 , dans la seule province du Bihar, vingt millions d’ habitants meurent de faim. Montez à la tribune d’un congrès d’écrivain

151 ince du Bihar, vingt millions d’habitants meurent de faim. Montez à la tribune d’un congrès d’écrivains et proclamez « qu’

152 d’habitants meurent de faim. Montez à la tribune d’ un congrès d’écrivains et proclamez « qu’il y a de l’indécence à parle

153 meurent de faim. Montez à la tribune d’un congrès d’ écrivains et proclamez « qu’il y a de l’indécence à parler de culture

154 d’un congrès d’écrivains et proclamez « qu’il y a de l’indécence à parler de culture quand la famine sévit » : tonnerre d’

155 et proclamez « qu’il y a de l’indécence à parler de culture quand la famine sévit » : tonnerre d’applaudissements et tout

156 ler de culture quand la famine sévit » : tonnerre d’ applaudissements et toute la presse pour vous. J’ai vu cela ce printem

157 n y réfléchisse… Pourquoi ne pas avouer qu’il y a de l’indécence à parler de culture tout court ? Certes, on n’aimerait pa

158 i ne pas avouer qu’il y a de l’indécence à parler de culture tout court ? Certes, on n’aimerait pas le dire, mais c’est bi

159 eux-mêmes avaient déclaré en leur temps : « point de culture tant qu’il subsiste parmi nous de la misère et de la famine »

160 « point de culture tant qu’il subsiste parmi nous de la misère et de la famine », il n’y aurait point de civilisation. S’i

161 re tant qu’il subsiste parmi nous de la misère et de la famine », il n’y aurait point de civilisation. S’il n’y avait poin

162 la misère et de la famine », il n’y aurait point de civilisation. S’il n’y avait point de civilisation, nous serions sans

163 urait point de civilisation. S’il n’y avait point de civilisation, nous serions sans moyens techniques de remédier à la fa

164 civilisation, nous serions sans moyens techniques de remédier à la famine. Ce n’est pas un démagogue, ni même un philanthr

165 qui a trouvé le procédé pour détruire les racines d’ une herbe nommée kans, fléau de riches vallées à blé de l’Inde central

166 truire les racines d’une herbe nommée kans, fléau de riches vallées à blé de l’Inde centrale. Avec l’aide des tracteurs am

167 herbe nommée kans, fléau de riches vallées à blé de l’Inde centrale. Avec l’aide des tracteurs américains qui avaient con

168 ute birmane, il vient de rendre, en quelques mois d’ essais cent-mille tonnes de blé aux Indiens. Cette parabole permet l’é

169 ndre, en quelques mois d’essais cent-mille tonnes de blé aux Indiens. Cette parabole permet l’économie d’autant d’exemples

170 blé aux Indiens. Cette parabole permet l’économie d’ autant d’exemples de ce genre qu’il y eut de créations, dans les arts

171 ndiens. Cette parabole permet l’économie d’autant d’ exemples de ce genre qu’il y eut de créations, dans les arts et les sc

172 te parabole permet l’économie d’autant d’exemples de ce genre qu’il y eut de créations, dans les arts et les sciences, pro

173 nomie d’autant d’exemples de ce genre qu’il y eut de créations, dans les arts et les sciences, provoquées par la nécessité

174 s, provoquées par la nécessité et seules capables de la surmonter. À l’appui d’une déclaration de mauvaise conscience cult

175 ité et seules capables de la surmonter. À l’appui d’ une déclaration de mauvaise conscience culturelle, comme celle que je

176 bles de la surmonter. À l’appui d’une déclaration de mauvaise conscience culturelle, comme celle que je citais plus haut —

177 celle que je citais plus haut — et dans l’esprit de ceux qui l’applaudirent — il n’y a pas l’ombre d’une raison. Mais cha

178 de ceux qui l’applaudirent — il n’y a pas l’ombre d’ une raison. Mais chacun voit qu’il y a deux circonstances atténuantes 

179 un proverbe et un préjugé, qui relèvent à la fois de la sagesse des peuples et d’une erreur courante sur la culture. Ventr

180 i relèvent à la fois de la sagesse des peuples et d’ une erreur courante sur la culture. Ventre affamé n’a point d’oreilles

181 courante sur la culture. Ventre affamé n’a point d’ oreilles, dit le proverbe. Comment lutter contre cette « évidence » ?

182 ut mère des civilisations, comme l’angoisse l’est de la pensée. Quant à l’erreur courante sur la culture, elle consiste à

183 ise semble avoir oublié, et le prolétariat hérite de cette erreur. Si la culture est tout d’abord prise de conscience de l

184 i la culture est tout d’abord prise de conscience de l’homme en tant que créateur, elle est moyen de libération dans tous

185 e de l’homme en tant que créateur, elle est moyen de libération dans tous les ordres, du plus intellectuel au plus physiqu

186 s intellectuel au plus physique. Par suite, c’est de culture, non point de politique, qu’on doit parler dans un pays comme

187 physique. Par suite, c’est de culture, non point de politique, qu’on doit parler dans un pays comme l’Inde, sans cesse me

188 rler dans un pays comme l’Inde, sans cesse menacé de famine. Et cela vaut aussi, bien entendu, pour les pays qui ont surto

189 bien entendu, pour les pays qui ont surtout faim de liberté. e. Rougemont Denis de, « Culture et famine », Preuves, Pa

190 nt surtout faim de liberté. e. Rougemont Denis de , « Culture et famine », Preuves, Paris, novembre 1951, p. 3.

191 x qui nous répètent, depuis vingt ans, que l’état de nos arts est la preuve d’une décadence de l’Occident. Cette mystifica

192 s vingt ans, que l’état de nos arts est la preuve d’ une décadence de l’Occident. Cette mystification date des nazis. Notre

193 l’état de nos arts est la preuve d’une décadence de l’Occident. Cette mystification date des nazis. Notre art « dégénéré 

194 entré dans la peinture, dit-elle, avec les pommes de Cézanne, pommes de pure forme, sans contenu social. De ce péché origi

195 ure, dit-elle, avec les pommes de Cézanne, pommes de pure forme, sans contenu social. De ce péché originel naquit le forma

196 zanne, pommes de pure forme, sans contenu social. De ce péché originel naquit le formalisme occidental, qui devait conduir

197 à l’avenir, il serait représenté par les tableaux de genre militaire du réalisme socialiste, qui ne se distinguent de la p

198 ire du réalisme socialiste, qui ne se distinguent de la peinture bourgeoise d’environ 1880 que par la couleur des parement

199 , qui ne se distinguent de la peinture bourgeoise d’ environ 1880 que par la couleur des parements. Nous attendons encore,

200 encore, nous attendrons longtemps, l’aveu public de cet « avenir », je veux dire son exposition. Pourtant, il faut juger

201 s devants, pour la défense et pour l’illustration de l’Occident. À la campagne de dénigrement conduite par les tenants du

202 pour l’illustration de l’Occident. À la campagne de dénigrement conduite par les tenants du pompiérisme, du racisme et du

203 e, du racisme et du stalinisme, nous avons choisi d’ opposer des chefs-d’œuvre de l’art et de la pensée libre apparus depui

204 me, nous avons choisi d’opposer des chefs-d’œuvre de l’art et de la pensée libre apparus depuis cinquante ans : ils parlen

205 ns choisi d’opposer des chefs-d’œuvre de l’art et de la pensée libre apparus depuis cinquante ans : ils parlent d’eux-même

206 libre apparus depuis cinquante ans : ils parlent d’ eux-mêmes et leur langage sera plus convaincant que tous les arguments

207 ment, fut toujours celui des pouvoirs politiques, de leurs goûts et de leurs censures, dans le développement de nos arts.

208 celui des pouvoirs politiques, de leurs goûts et de leurs censures, dans le développement de nos arts. L’Œuvre du xxe si

209 goûts et de leurs censures, dans le développement de nos arts. L’Œuvre du xxe siècle pose bien d’autres problèmes. Le pre

210 autres problèmes. Le premier me paraît être celui de la prise de conscience d’une époque non par ses héritiers, mais par c

211 er me paraît être celui de la prise de conscience d’ une époque non par ses héritiers, mais par ceux qui la vivent. On ne v

212 iers, mais par ceux qui la vivent. On ne voit pas de précédent à l’entreprise, dans l’ère moderne. Mais on songe aux jeux

213 la fonction, selon l’oracle sibyllin, devait être de restaurer ou de maintenir la cité dans sa gloire. Une telle concentra

214 on l’oracle sibyllin, devait être de restaurer ou de maintenir la cité dans sa gloire. Une telle concentration d’œuvres fa

215 r la cité dans sa gloire. Une telle concentration d’ œuvres fameuses, qu’on les juge monstres ou merveilles, ne peut pas re

216 ets sur les créateurs, le public, et leur manière de sentir notre temps. Comme l’acte d’observer dans la microphysique, ce

217 leur manière de sentir notre temps. Comme l’acte d’ observer dans la microphysique, cet acte d’exposer ne laissera pas int

218 l’acte d’observer dans la microphysique, cet acte d’ exposer ne laissera pas intact son objet même. Cet objet, c’est peut-ê

219 ulue, créée et ressentie comme telle. Une passion d’ expérimenter à tous risques peut la définir. Combien de seuils et de l

220 érimenter à tous risques peut la définir. Combien de seuils et de limites n’avons-nous pas forcés dans notre siècle — seui

221 ous risques peut la définir. Combien de seuils et de limites n’avons-nous pas forcés dans notre siècle — seuil de l’atome

222 n’avons-nous pas forcés dans notre siècle — seuil de l’atome ou seuil de l’inconscient, sens de la vue et de l’ouïe exercé

223 cés dans notre siècle — seuil de l’atome ou seuil de l’inconscient, sens de la vue et de l’ouïe exercés au-delà de leur po

224 seuil de l’atome ou seuil de l’inconscient, sens de la vue et de l’ouïe exercés au-delà de leur portée naturelle, conquêt

225 tome ou seuil de l’inconscient, sens de la vue et de l’ouïe exercés au-delà de leur portée naturelle, conquête du ciel, vi

226 ient, sens de la vue et de l’ouïe exercés au-delà de leur portée naturelle, conquête du ciel, victoire de l’intellect sur

227 leur portée naturelle, conquête du ciel, victoire de l’intellect sur l’espace à trois dimensions… ? Chacune de ces victoir

228 ellect sur l’espace à trois dimensions… ? Chacune de ces victoires nous a jetés dans un complexe nouveau de paradoxes. Pre

229 s victoires nous a jetés dans un complexe nouveau de paradoxes. Prenons l’exemple de l’artiste pénétrant les structures de

230 complexe nouveau de paradoxes. Prenons l’exemple de l’artiste pénétrant les structures de l’Inconscient. Qu’il soit peint

231 s l’exemple de l’artiste pénétrant les structures de l’Inconscient. Qu’il soit peintre, poète ou conteur, plus il s’avance

232 dans le même temps, vient lui proposer des moyens de communiquer avec des masses immenses. Mais ces deux maxima, celui de

233 des masses immenses. Mais ces deux maxima, celui de la découverte et celui de l’audience accessible, se révèlent pratique

234 ces deux maxima, celui de la découverte et celui de l’audience accessible, se révèlent pratiquement contradictoires. Faut

235 opter, ou faut-il au contraire viser cette forme de compromis que fournit la notion nouvelle d’optimum ? Faut-il se faire

236 forme de compromis que fournit la notion nouvelle d’ optimum ? Faut-il se faire soit monstre, soit vedette ou bien tenter d

237 e faire soit monstre, soit vedette ou bien tenter de se faire classique ? Autre paralogisme de ce siècle : jamais on n’ava

238 tenter de se faire classique ? Autre paralogisme de ce siècle : jamais on n’avait vu pareille liberté de recherche et de

239 ce siècle : jamais on n’avait vu pareille liberté de recherche et de formulation, jamais moins de scrupules d’expression,

240 is on n’avait vu pareille liberté de recherche et de formulation, jamais moins de scrupules d’expression, dans les science

241 erté de recherche et de formulation, jamais moins de scrupules d’expression, dans les sciences, les arts et les lettres ;

242 rche et de formulation, jamais moins de scrupules d’ expression, dans les sciences, les arts et les lettres ; et jamais non

243 ces, les arts et les lettres ; et jamais non plus de conformismes plus pesants, plus acharnés à contrôler les sources même

244 ants, plus acharnés à contrôler les sources mêmes de la création. S’agit-il de compensations, ou bien l’un des deux phénom

245 rôler les sources mêmes de la création. S’agit-il de compensations, ou bien l’un des deux phénomènes serait-il la rançon d

246 bien l’un des deux phénomènes serait-il la rançon de l’autre ? Sommes-nous dans une situation globale de disjonctions irré

247 l’autre ? Sommes-nous dans une situation globale de disjonctions irrémédiables, de divorce, allant vers le chaos et vers

248 situation globale de disjonctions irrémédiables, de divorce, allant vers le chaos et vers la décadence ? Ou bien dans un

249 os et vers la décadence ? Ou bien dans un système de tensions créatrices sans cesse accrues, orienté vers la restitution d

250 s sans cesse accrues, orienté vers la restitution d’ un classicisme vif, d’une commune mesure élargie ? Ces problèmes et bi

251 orienté vers la restitution d’un classicisme vif, d’ une commune mesure élargie ? Ces problèmes et bien d’autres se trouven

252 bien d’autres se trouvent posés, par le seul fait de leurs illustrations, ensemble exposées dans Paris. Le choix de la vil

253 strations, ensemble exposées dans Paris. Le choix de la ville n’est pas sans signification. Paris fut, pendant ce demi-siè

254 fut, pendant ce demi-siècle, le lieu géométrique de l’aventure moderne : cubisme, Apollinaire, ballets de Diaghilev, Écol

255 ’aventure moderne : cubisme, Apollinaire, ballets de Diaghilev, École de Paris, groupe des Six, surréalisme, Proust, Gide

256 cubisme, Apollinaire, ballets de Diaghilev, École de Paris, groupe des Six, surréalisme, Proust, Gide et Valéry, et leurs

257 éry, et leurs commentateurs, et leurs adversaires de tout bord, et le foyer mondial de leur marché comme de leur gloire. C

258 urs adversaires de tout bord, et le foyer mondial de leur marché comme de leur gloire. Cette aventure va-t-elle nous appar

259 ut bord, et le foyer mondial de leur marché comme de leur gloire. Cette aventure va-t-elle nous apparaître comme un passé

260 tre comme un passé déjà, ou comme l’effervescence d’ un ordre neuf en son état naissant ? L’Œuvre du xxe siècle s’inaugure

261 uvre du xxe siècle s’inaugure dans le vrai style de notre époque : la réponse qu’elle apporte, d’une part, est, de l’autr

262 ue : la réponse qu’elle apporte, d’une part, est, de l’autre, une remise en question. 1. « Picasso ne crée pas ses œuvre

263 s ses œuvres morbides et repoussantes dans le but de critiquer les contradictions de la réalité et de réveiller la haine d

264 antes dans le but de critiquer les contradictions de la réalité et de réveiller la haine des spectateurs pour les forces d

265 de critiquer les contradictions de la réalité et de réveiller la haine des spectateurs pour les forces de la réaction, ma

266 éveiller la haine des spectateurs pour les forces de la réaction, mais dans le but de faire l’apologie esthétique du capit

267 pour les forces de la réaction, mais dans le but de faire l’apologie esthétique du capitalisme », I. V. Kemenov, Les Deux

268 scou, 1947. Ce Kemenov était à l’époque président de la VOKS, c’est-à-dire chef des relations culturelles de l’URSS avec l

269 VOKS, c’est-à-dire chef des relations culturelles de l’URSS avec l’étranger. Sa brochure est un texte officiel, répandu à

270 ure est un texte officiel, répandu à des millions d’ exemplaires en URSS. f. Rougemont Denis de, « L’Œuvre du XXe siècle 

271 lions d’exemplaires en URSS. f. Rougemont Denis de , « L’Œuvre du XXe siècle : une réponse, ou une question ? », Preuves,

272 Le sens de nos vies, ou l’Europe (juin 1952)g Toute civilisation consiste, en

273 re, distingue le bien du mal, définit les raisons de vivre et de mourir, et dresse chaque homme, dès son enfance à s’y ada

274 e le bien du mal, définit les raisons de vivre et de mourir, et dresse chaque homme, dès son enfance à s’y adapter et conf

275 ectifs et sacrés, fixés par les dieux implacables de la fécondité et de la mort. Dans notre Europe moderne, éduquer signif

276 ixés par les dieux implacables de la fécondité et de la mort. Dans notre Europe moderne, éduquer signifie au contraire ame

277 utes les langues latines, comme en anglais, vient d’ educere, qui est « conduire au-dehors ». Donc libérer, non plus forcer

278 l (je pense aux Hindous plus qu’aux Chinois), est d’ une caste, d’un ordre, d’un Karma, dont personne n’est jamais sorti qu

279 ux Hindous plus qu’aux Chinois), est d’une caste, d’ un ordre, d’un Karma, dont personne n’est jamais sorti que par la mort

280 lus qu’aux Chinois), est d’une caste, d’un ordre, d’ un Karma, dont personne n’est jamais sorti que par la mort (ou par la

281 ns). L’Oriental ne peut donc se poser le problème d’ un sens personnel de sa vie, divergeant de la voie tracée pour sa caté

282 eut donc se poser le problème d’un sens personnel de sa vie, divergeant de la voie tracée pour sa catégorie native. Quant

283 roblème d’un sens personnel de sa vie, divergeant de la voie tracée pour sa catégorie native. Quant au citoyen d’un pays t

284 tracée pour sa catégorie native. Quant au citoyen d’ un pays totalitaire, le parti sait pour lui quel est son bien, et lui

285 uve au besoin qu’il le sait mieux que lui. L’idée de varier, de différer ou d’innover, l’idée d’être soi-même « à son idée

286 in qu’il le sait mieux que lui. L’idée de varier, de différer ou d’innover, l’idée d’être soi-même « à son idée », voilà q

287 t mieux que lui. L’idée de varier, de différer ou d’ innover, l’idée d’être soi-même « à son idée », voilà qui pour l’Orien

288 ’idée de varier, de différer ou d’innover, l’idée d’ être soi-même « à son idée », voilà qui pour l’Oriental suggère une in

289 nde ; tandis que toute initiative expose le sujet d’ une dictature totalitaire à l’accusation de sabotage. S’ils tombent da

290 sujet d’une dictature totalitaire à l’accusation de sabotage. S’ils tombent dans cette erreur et s’ils y persévèrent, l’O

291 venir collectif. Nous voyons au contraire l’homme d’ Europe chercher l’originalité, et presque tout l’approuve en cet effor

292 os, les champions, les saints — et les nécessités de la concurrence. Nous le voyons chercher sa voie selon ses goûts, ses

293 yances qui diffèrent (ou du moins il s’en flatte) de celles qui sont censées régner, ses talents qu’il expérimente, enfin

294 nflit avec les lois, les traditions, les préjugés de son milieu, il les déclare absurdes ou scandaleux. Cette manière d’op

295 les déclare absurdes ou scandaleux. Cette manière d’ opposer l’individu au tout, et d’attribuer l’absurdité non pas au moi

296 x. Cette manière d’opposer l’individu au tout, et d’ attribuer l’absurdité non pas au moi qui la ressent, mais au monde ou

297 nt occidental. Cela donne le révolté, l’objecteur de conscience, le révolutionnaire ou le réformateur ; mais cela donne au

298 arts. Cela donne tout ce qui a compté dans la vie de l’Europe, tout ce qui s’y est fait un nom et un visage distinct. Soul

299 bre et la fatalité, ne serait pas concevable hors d’ un monde qui date ses années de la Crucifixion, hors d’un monde né ave

300 as concevable hors d’un monde qui date ses années de la Crucifixion, hors d’un monde né avec cette religion qui fit dépend

301 monde qui date ses années de la Crucifixion, hors d’ un monde né avec cette religion qui fit dépendre le salut de l’homme n

302 né avec cette religion qui fit dépendre le salut de l’homme non point de l’observance des rites collectifs, mais de la co

303 on qui fit dépendre le salut de l’homme non point de l’observance des rites collectifs, mais de la conversion personnelle.

304 point de l’observance des rites collectifs, mais de la conversion personnelle. La question du sens de nos vies, du sens

305 e la conversion personnelle. La question du sens de nos vies, du sens particulier de chaque vie dans la vie, dénote et ma

306 question du sens de nos vies, du sens particulier de chaque vie dans la vie, dénote et marque l’Occident, et plus spécifiq

307 On peut donc définir l’Europe comme cette partie de la planète où l’homme, sans relâche, se remet en question, et veut ch

308 e, se remet en question, et veut changer le monde de telle manière que sa vie personnelle y prenne un sens. L’étrange e

309 arée et contrastée avec les civilisations sacrées de l’Antiquité, les civilisations magiques de l’Asie et les modernes ent

310 acrées de l’Antiquité, les civilisations magiques de l’Asie et les modernes entreprises totalitaires, l’Europe nous appara

311 litaires, l’Europe nous apparaît comme une espèce de révolution permanente, révolution menée par la conscience humaine con

312 ssi contre l’arbitraire et l’anarchie, qui vident de sens l’effort de toute une vie ; lutte enfin contre les servitudes in

313 traire et l’anarchie, qui vident de sens l’effort de toute une vie ; lutte enfin contre les servitudes intimes du moi, afi

314 intimes du moi, afin de dominer ses mécanismes et d’ en tirer une liberté plus haute. Or le fondement de cette révolution,

315 ’en tirer une liberté plus haute. Or le fondement de cette révolution, son ressort et sa cause finale, c’est la notion, ch

316 finale, c’est la notion, chrétienne à l’origine, de la valeur absolue de la personne humaine — de chaque personne humaine

317 ion, chrétienne à l’origine, de la valeur absolue de la personne humaine — de chaque personne humaine. Pour beaucoup d’ent

318 ne, de la valeur absolue de la personne humaine — de chaque personne humaine. Pour beaucoup d’entre nous l’expression est

319 coup d’entre nous l’expression est passée au rang de cliché. Mais l’historien jugera différemment. Car à ses yeux cette no

320 cette notion fondamentale, cette conquête majeure de l’Occident, n’est rien de moins que la résultante de trois grandes ci

321 cette conquête majeure de l’Occident, n’est rien de moins que la résultante de trois grandes civilisations : celle qui pe

322 l’Occident, n’est rien de moins que la résultante de trois grandes civilisations : celle qui permit la découverte philosop

323 ns : celle qui permit la découverte philosophique de l’individu et de l’atome, la Grèce ; celle qui conçut les droits du c

324 rmit la découverte philosophique de l’individu et de l’atome, la Grèce ; celle qui conçut les droits du citoyen, Rome ; ce

325 ui a donné au monde la notion totalement nouvelle de l’incarnation de l’esprit dans un homme particulier, la Judée. Toute

326 de la notion totalement nouvelle de l’incarnation de l’esprit dans un homme particulier, la Judée. Toute l’histoire de l’E

327 un homme particulier, la Judée. Toute l’histoire de l’Europe peut être interprétée à partir de la vaste synthèse de ces t

328 ut être interprétée à partir de la vaste synthèse de ces trois courants, culminant dans les notions de personne et de voca

329 de ces trois courants, culminant dans les notions de personne et de vocation, synthèse qui s’opéra durant les premiers siè

330 urants, culminant dans les notions de personne et de vocation, synthèse qui s’opéra durant les premiers siècles de notre è

331 synthèse qui s’opéra durant les premiers siècles de notre ère, qui s’épanouit avec la Renaissance, et dont la dialectique

332 aissance, et dont la dialectique interne aboutit, de nos jours, au conflit du collectivisme et de la liberté démocratique.

333 tit, de nos jours, au conflit du collectivisme et de la liberté démocratique. Je tenterai de faire voir, maintenant, comme

334 ivisme et de la liberté démocratique. Je tenterai de faire voir, maintenant, comment l’idée du moi distinct, de la personn

335 voir, maintenant, comment l’idée du moi distinct, de la personne — à la fois mère et fille de l’Europe — forme nos vies, p

336 istinct, de la personne — à la fois mère et fille de l’Europe — forme nos vies, permet qu’elles aient un sens, et donne le

337 de nos activités. Ôtez le moi distinct, le droit d’ être une personne, et du même coup nos vies n’auraient plus sel ni sen

338 s activités courantes, sérieuses ou non, dérivent de la notion de l’homme introduite par le christianisme. Je ne parle pas

339 ourantes, sérieuses ou non, dérivent de la notion de l’homme introduite par le christianisme. Je ne parle pas ici de l’hom

340 roduite par le christianisme. Je ne parle pas ici de l’homme proprement chrétien, au sens courant, de membre d’une Église,

341 de l’homme proprement chrétien, au sens courant, de membre d’une Église, de l’homme pieux et moral. Je parle d’une manièr

342 e proprement chrétien, au sens courant, de membre d’ une Église, de l’homme pieux et moral. Je parle d’une manière plus gén

343 hrétien, au sens courant, de membre d’une Église, de l’homme pieux et moral. Je parle d’une manière plus générale du type

344 d’une Église, de l’homme pieux et moral. Je parle d’ une manière plus générale du type d’homme (croyant ou non) que seul le

345 ral. Je parle d’une manière plus générale du type d’ homme (croyant ou non) que seul le christianisme a permis de concevoir

346 royant ou non) que seul le christianisme a permis de concevoir, et que je nomme la personne. C’est un homme à la fois libr

347 ibre et responsable, libre parce qu’il est chargé d’ une vocation qui le distingue de la masse, lui donne une direction et

348 qu’il est chargé d’une vocation qui le distingue de la masse, lui donne une direction et un visage ; mais aussi responsab

349 e direction et un visage ; mais aussi responsable de cette vocation vis-à-vis de ses prochains et de la société ; c’est do

350 e de cette vocation vis-à-vis de ses prochains et de la société ; c’est donc un homme engagé dans une aventure bien réelle

351 il est seul à pouvoir courir. Cette valeur unique de tout homme, voilà la grande nouveauté, le grand contraste avec le mon

352 aste avec le monde antique, avec le monde magique de l’Asie, avec le monde collectiviste. Je dis que nos valeurs modernes,

353 traduisent pas toujours directement cette notion de l’homme, en dérivent, en tout cas, d’une manière démontrable, fût-ce

354 ette notion de l’homme, en dérivent, en tout cas, d’ une manière démontrable, fût-ce par une suite de laïcisations ou même

355 , d’une manière démontrable, fût-ce par une suite de laïcisations ou même de dégradations, parfois aussi par extension plu

356 ble, fût-ce par une suite de laïcisations ou même de dégradations, parfois aussi par extension plus ou moins abusive au pl

357 rement inconcevables sans cette notion originelle de la personne. Prenons d’abord le phénomène de la révolution, si typiqu

358 elle de la personne. Prenons d’abord le phénomène de la révolution, si typiquement européen. Remarquez que le mot révoluti

359 on est, pour une collectivité, l’équivalent exact d’ une conversion. Or la conversion soudaine, radicale, changeant tout —

360 on soudaine, radicale, changeant tout — le Chemin de Damas — est un phénomène caractéristique du christianisme. De même, n

361 stianisme. De même, nous constatons que la notion de révolution a la même extension dans l’espace et le temps que le monde

362 s intellectuels éduqués en Angleterre, ou peuples de la côte du Malabar, très anciennement christianisés. Pour admettre l’

363 anciennement christianisés. Pour admettre l’idée de la révolution et de sa fécondité possible, il faut avoir sucé avec le

364 ianisés. Pour admettre l’idée de la révolution et de sa fécondité possible, il faut avoir sucé avec le lait (celui d’une A

365 possible, il faut avoir sucé avec le lait (celui d’ une Alma Mater tout au moins) les conceptions primitivement chrétienne

366 du changement brusque, du renouvellement possible de toutes choses ; et aussi, de la liberté, de la justice, de la mission

367 ouvellement possible de toutes choses ; et aussi, de la liberté, de la justice, de la mission reçue, et de leur valeur tra

368 sible de toutes choses ; et aussi, de la liberté, de la justice, de la mission reçue, et de leur valeur transcendante par

369 choses ; et aussi, de la liberté, de la justice, de la mission reçue, et de leur valeur transcendante par rapport à l’ord

370 a liberté, de la justice, de la mission reçue, et de leur valeur transcendante par rapport à l’ordre établi — toutes chose

371 s qui ont permis l’apparition du concept chrétien de personne ; les révolutionnaires ne peuvent se former que dans un mond

372 aux lois sacrées. Prenons maintenant le phénomène de la passion dans les rapports individuels. La passion, c’est l’amour e

373 ssion, c’est l’amour exalté non seulement au-delà de toute raison, mais au-delà de l’instinct même et du plaisir. C’est ce

374 n seulement au-delà de toute raison, mais au-delà de l’instinct même et du plaisir. C’est ce qui jette Tristan et Iseut da

375 té, l’Amérique la déprime, la Russie la supprime. D’ où cela vient-il ? Cela vient de ce que la passion, dans sa pureté ori

376 suppose une croyance innée dans la valeur unique de l’être aimé, irremplaçable, infiniment distinct de tous les autres. O

377 e l’être aimé, irremplaçable, infiniment distinct de tous les autres. Or cette croyance, l’Asiatique ne l’a jamais eue. Se

378 ns, ils ont certes en commun avec nous l’héritage de la littérature, vulgarisé par Hollywood. Mais j’ai pu observer qu’ils

379 n plus à prendre à son sens littéral cette maxime de la démocratie qui dit qu’un homme en vaut un autre, et donc qu’une fe

380 peu favorable, il faut l’avouer, au développement d’ une grande passion. Enfin, le citoyen du monde soviétique se doit de r

381 on. Enfin, le citoyen du monde soviétique se doit de rejeter avec une horreur officielle l’idée non scientifique, bourgeoi

382 ée non scientifique, bourgeoise et individualiste de l’amour romanesque. Il estime à bon droit que la passion est une forc

383 xceptionnelle dans le monde. On peut la qualifier d’ extravagante ou d’immorale, et l’Église peut la condamner. Il n’en res

384 le monde. On peut la qualifier d’extravagante ou d’ immorale, et l’Église peut la condamner. Il n’en reste pas moins qu’el

385 ution chrétienne et qu’elle est inconcevable hors d’ un monde où Pascal peut placer dans la bouche même du Christ cette phr

386 à toi dans mon agonie ; j’ai versé telles gouttes de sang pour toi. » Pour toi, dit bien Pascal, non pour le genre humain

387 n général, ni pour maintenir par la vertu magique d’ un acte sacrificiel les rythmes du Cosmos et les lois de la fécondité

388 cte sacrificiel les rythmes du Cosmos et les lois de la fécondité — on dirait aujourd’hui : pour favoriser le plan de prod

389 — on dirait aujourd’hui : pour favoriser le plan de production — mais pour toi, que vient distinguer, dans toute la masse

390 vient distinguer, dans toute la masse des hommes de tous les temps, mon amour personnel. Ces deux exemples sont extrêmes.

391 ommes pas tous des révolutionnaires, ni les héros d’ une grande passion mortelle, mais la révolution et la passion sont pou

392 vies quotidiennes, d’autres exemples : le besoin d’ originalité et l’humour. Il y a dans notre goût de l’originalité, deux

393 d’originalité et l’humour. Il y a dans notre goût de l’originalité, deux composantes : l’esprit de concurrence et le besoi

394 oût de l’originalité, deux composantes : l’esprit de concurrence et le besoin d’exprimer son « vrai moi », comme on dit. À

395 omposantes : l’esprit de concurrence et le besoin d’ exprimer son « vrai moi », comme on dit. À partir d’un certain niveau

396 exprimer son « vrai moi », comme on dit. À partir d’ un certain niveau de culture, en Europe, le non-conformiste est bien v

397 moi », comme on dit. À partir d’un certain niveau de culture, en Europe, le non-conformiste est bien vu, tandis que la ban

398 tandis que la banalité disqualifie. Tout l’effort de l’artiste européen, depuis un siècle, tend à « faire du neuf » d’une

399 opéen, depuis un siècle, tend à « faire du neuf » d’ une manière personnelle. C’est même cela que nous nommons « créer ». M

400 cela que nous nommons « créer ». Mais cette idée de l’originalité, dans les arts ou dans la conduite, ne signifie rien de

401 ns les arts ou dans la conduite, ne signifie rien de raisonnable pour l’Asiatique, par exemple. Pour l’artiste hindou, com

402 e. Pour l’artiste hindou, comme pour le sculpteur de l’ancienne Égypte, ou l’architecte aztèque, ou le grand sorcier nègre

403 u le grand sorcier nègre, le problème est non pas de différer, mais au contraire d’appliquer les recettes, de traduire en

404 oblème est non pas de différer, mais au contraire d’ appliquer les recettes, de traduire en symboles convenus l’ordre cosmi

405 érer, mais au contraire d’appliquer les recettes, de traduire en symboles convenus l’ordre cosmique et les grands gestes r

406 à leurs yeux que des erreurs. Elles risqueraient de faire rater l’opération magique de l’œuvre d’art. Je ne dis pas qu’en

407 s risqueraient de faire rater l’opération magique de l’œuvre d’art. Je ne dis pas qu’entre l’Occidental, qui tend à s’affi

408 ent de faire rater l’opération magique de l’œuvre d’ art. Je ne dis pas qu’entre l’Occidental, qui tend à s’affirmer comme

409 us que dans tous nos pays, il existe une majorité de conformistes, qui redoutent l’épithète « d’original » et préfèrent im

410 orité de conformistes, qui redoutent l’épithète «  d’ original » et préfèrent imiter les voisins. Je dis seulement que les m

411 t moins des rites millénaires que des révolutions d’ hier ou d’avant-hier. Entre le conformiste et le révolté, l’Europe con

412 s rites millénaires que des révolutions d’hier ou d’ avant-hier. Entre le conformiste et le révolté, l’Europe connaît d’ail

413 leurs un être intermédiaire : celui qui a le sens de l’humour. L’Occident a créé l’étatisme, lequel tend à rejoindre, à la

414 el tend à rejoindre, à la limite, les despotismes de l’Orient ou de l’Antiquité, au point de vue de l’oppression des indiv

415 ndre, à la limite, les despotismes de l’Orient ou de l’Antiquité, au point de vue de l’oppression des individus. Cependant

416 es de l’Orient ou de l’Antiquité, au point de vue de l’oppression des individus. Cependant, loin d’adorer ces tyrannies qu

417 ue de l’oppression des individus. Cependant, loin d’ adorer ces tyrannies qu’il laisse parfois s’établir dans son sein, l’O

418 titudes et des conduites qui affirment la liberté de jugement des individus. Ainsi l’humour, forme larvée, sournoise, prud

419 insi l’humour, forme larvée, sournoise, prudente, de la révolte quotidienne contre la tyrannie rationaliste, contre les pr

420 i se résument aujourd’hui dans le pouvoir anonyme de l’État. L’humour est la combustion lente de la révolte des individus.

421 onyme de l’État. L’humour est la combustion lente de la révolte des individus. C’est pourquoi vous le chercherez en vain d

422 estinité. Et c’est pourquoi, enfin, les créateurs de la démocratie moderne, les Anglo-Saxons, attachent une pareille impor

423 lui qui ne l’a pas, n’a pas non plus le vrai sens de la vie. Je n’oublie pas que l’humour consiste aussi, sinon d’abord, à

424 humour consiste aussi, sinon d’abord, à se moquer de soi-même. Mais avant de pouvoir rire de soi-même, il s’agit d’exister

425 se moquer de soi-même. Mais avant de pouvoir rire de soi-même, il s’agit d’exister comme une personne consciente, et de pr

426 Mais avant de pouvoir rire de soi-même, il s’agit d’ exister comme une personne consciente, et de prendre distance par rapp

427 ’agit d’exister comme une personne consciente, et de prendre distance par rapport à ce que l’on se voit être. Dans l’humou

428 le Progrès, et notre attitude envers lui. Il est de mode aujourd’hui de douter du Progrès. Les plus grands esprits de not

429 e attitude envers lui. Il est de mode aujourd’hui de douter du Progrès. Les plus grands esprits de notre siècle, un Paul V

430 hui de douter du Progrès. Les plus grands esprits de notre siècle, un Paul Valéry, un Eliot, un Toynbee, un Bergson l’ont

431 n Toynbee, un Bergson l’ont fait ; et la majorité de nos élites les a suivis. Certes, nous pouvons railler les illusions d

432 vrai. Mais il n’est pas moins vrai que l’horizon d’ un progrès possible reste vital pour l’homme européen ; et que nos vie

433 s perdraient leur sens, si vraiment nous cessions de croire qu’un lendemain plus vaste et plus libre reste ouvert. De plus

434 plus libre reste ouvert. De plus, il serait faux de penser que notre idée européenne du progrès ait vraiment émigré en Ru

435 e. Ce qu’on appelle « progrès », dans ces empires de masses, diffère profondément de notre idéal. Dans une dictature, par

436 dans ces empires de masses, diffère profondément de notre idéal. Dans une dictature, par exemple, l’idée de progrès perdr

437 re idéal. Dans une dictature, par exemple, l’idée de progrès perdra nécessairement ce qui fait, à nos yeux, tout son prix 

438 qui fait, à nos yeux, tout son prix : elle cesse d’ être liée à l’idée de liberté, c’est-à-dire à la perspective d’une vie

439 , tout son prix : elle cesse d’être liée à l’idée de liberté, c’est-à-dire à la perspective d’une vie plus libre pour chac

440 l’idée de liberté, c’est-à-dire à la perspective d’ une vie plus libre pour chacun de nous. Elle se lie à l’idée de contra

441 à la perspective d’une vie plus libre pour chacun de nous. Elle se lie à l’idée de contrainte collective, qui est la négat

442 s libre pour chacun de nous. Elle se lie à l’idée de contrainte collective, qui est la négation même de son mouvement orig

443 e contrainte collective, qui est la négation même de son mouvement originel. D’où nous vient, en effet, le concept du Prog

444 i est la négation même de son mouvement originel. D’ où nous vient, en effet, le concept du Progrès ? Il n’est apparu comme

445 primitif. Toutes les religions antiques et celles de l’Asie, étaient des religions an-historiques, en ce sens qu’elles cro

446 les croyaient et enseignaient que le monde évolue d’ une manière cyclique, comme une roue qui tourne sur son axe et n’avanc

447 our éternel. Pour ces religions, il n’était point de nouveauté, de véritable création possible. Leur nostalgie n’était pas

448 our ces religions, il n’était point de nouveauté, de véritable création possible. Leur nostalgie n’était pas dans l’avenir

449 e temps mythique des origines ; le Paradis datait d’ avant l’évolution. L’idée que le lendemain puisse apporter des innovat

450 moment, l’Histoire devient possible. L’évolution de l’humanité n’est plus une suite indéfinie de cycles et de répétitions

451 tion de l’humanité n’est plus une suite indéfinie de cycles et de répétitions dont l’homme ne saurait se libérer et dont i

452 anité n’est plus une suite indéfinie de cycles et de répétitions dont l’homme ne saurait se libérer et dont il n’est pas r

453 nier. D’ici là, nous nous avançons dans l’inconnu de l’Histoire que nous créons nous-mêmes, dans l’incertitude et l’espoir

454 aussi devient possible : il traduit notre volonté d’ échapper aux fatalités. Et nous l’imaginons comme le produit de toutes

455 x fatalités. Et nous l’imaginons comme le produit de toutes les créations accumulées par les grands hommes, héros, savants

456 et cela depuis près de deux-mille ans. Cependant, de nos jours, notre foi dans le Progrès a cessé d’être une foi naïve. No

457 , de nos jours, notre foi dans le Progrès a cessé d’ être une foi naïve. Nous nous posons à son sujet des questions parfois

458 quivoques, chacun le sait au xxe siècle. L’essor de l’industrie nous a valu un certain confort matériel, mais aussi les p

459 u Progrès collectif demeure un pur et simple acte de foi, devant lequel il est permis de rester sceptique… En vérité, l’id

460 t simple acte de foi, devant lequel il est permis de rester sceptique… En vérité, l’idée de Progrès ne peut reprendre un s

461 est permis de rester sceptique… En vérité, l’idée de Progrès ne peut reprendre un sens certain que par rapport à notre vie

462 Progrès à l’origine signifiait une libération, et de nos jours encore la liberté ne peut avoir de sens que pour l’individu

463 , et de nos jours encore la liberté ne peut avoir de sens que pour l’individu (que serait une liberté en masse ?). Je défi

464 comme l’augmentation continuelle des possibilités de choix qui sont offertes, tant matérielles que culturelles, à un nombr

465 que culturelles, à un nombre sans cesse croissant d’ individus. Et la mesure de ce Progrès, ce ne sera pas seulement l’augm

466 re sans cesse croissant d’individus. Et la mesure de ce Progrès, ce ne sera pas seulement l’augmentation de notre sécurité

467 Progrès, ce ne sera pas seulement l’augmentation de notre sécurité, de notre confort, mais aussi et peut-être surtout, ce

468 a pas seulement l’augmentation de notre sécurité, de notre confort, mais aussi et peut-être surtout, celle de nos risques

469 e confort, mais aussi et peut-être surtout, celle de nos risques personnels, des occasions et des moyens de nous décider n

470 s risques personnels, des occasions et des moyens de nous décider nous-mêmes, donc d’être libres. Car la seule liberté qui

471 ns et des moyens de nous décider nous-mêmes, donc d’ être libres. Car la seule liberté qui compte pour moi — dira tout véri

472 moi — dira tout véritable Européen — c’est celle de me réaliser ; de chercher, de trouver et de vivre ma vérité, non cell

473 véritable Européen — c’est celle de me réaliser ; de chercher, de trouver et de vivre ma vérité, non celle des autres, et

474 opéen — c’est celle de me réaliser ; de chercher, de trouver et de vivre ma vérité, non celle des autres, et non celle que

475 celle de me réaliser ; de chercher, de trouver et de vivre ma vérité, non celle des autres, et non celle que l’État ou le

476 res, et non celle que l’État ou le Parti a décidé de m’imposer toute faite. Si je perdais cette liberté fondamentale, alor

477 telle que je viens de la décrire par quelques-uns de ses traits les plus typiques — l’Europe est la patrie du moi distinct

478 ie du moi distinct, des individus, des personnes, de ceux qui veulent se rendre compte de leur vie pour leur propre compte

479 s personnes, de ceux qui veulent se rendre compte de leur vie pour leur propre compte, et qui ont là-dessus leurs idées bi

480 e pas seulement des grands voyages qui ont permis de relever la carte des continents et de dénombrer toutes nos races de M

481 ont permis de relever la carte des continents et de dénombrer toutes nos races de Marco Polo à Vasco de Gama, et de Chris

482 e des continents et de dénombrer toutes nos races de Marco Polo à Vasco de Gama, et de Christophe Colomb au capitaine Cook

483 outes nos races de Marco Polo à Vasco de Gama, et de Christophe Colomb au capitaine Cook. Ce ne sont pas les Aztèques ni l

484 onde soviétique. En revanche, je ne connais pas «  d’ européologues » dans les empires extraeuropéens. J’ajouterai que j’en

485 la culture, institution qui a pour but principal de fédérer nos forces culturelles afin de réveiller la conscience de l’E

486 orces culturelles afin de réveiller la conscience de l’Europe comme unité, au-dessus de nos nations. Deuxième remarque : l

487 la conscience de l’Europe comme unité, au-dessus de nos nations. Deuxième remarque : l’Europe est le Musée du monde. Et j

488 useum, à tant de collections publiques et privées d’ art oriental, précolombien ou nègre — alors que c’est en vain que l’on

489 s que c’est en vain que l’on chercherait un musée de l’Europe, même aux États-Unis… (Il y en avait un seul, à Leningrad :

490 rt était décadent.) Nous avons fait bien plus que de collectionner, bien plus que d’enregistrer sur disques et pellicules

491 ait bien plus que de collectionner, bien plus que d’ enregistrer sur disques et pellicules les chants, les danses, les rite

492 s, les danses, les rites, les voix et les visages de l’innombrable humanité. Nous avons médité sur les mystères de toutes

493 able humanité. Nous avons médité sur les mystères de toutes les civilisations qui précédèrent les nôtres et sur celles qui

494 avons philosophé sur leurs problèmes avec autant de passion, souvent, que sur les nôtres. Voici le trait que l’on doit so

495 ent particulière, sans précédent dans les annales de l’homme, caractérise l’Europe comme volonté de conscience — et j’oppo

496 es de l’homme, caractérise l’Europe comme volonté de conscience — et j’opposerai cette expression à celle de volonté de pu

497 science — et j’opposerai cette expression à celle de volonté de puissance. Troisième remarque : l’Europe ne se borne pas à

498 t j’opposerai cette expression à celle de volonté de puissance. Troisième remarque : l’Europe ne se borne pas à tolérer le

499 rne pas à tolérer les civilisations qui diffèrent de la sienne, mais c’est elle qui dans bien des cas retrouve leurs tradi

500 s, et favorise leur réveil. Je connais tel chargé de mission culturelle en Amérique du Sud, tel missionnaire-ethnographe e

501 x que les natifs, quels furent les grands moments de la recherche et de l’essor spirituel dans ces pays, et qui vont décou

502 uels furent les grands moments de la recherche et de l’essor spirituel dans ces pays, et qui vont découvrir au fond de leu

503 tuel dans ces pays, et qui vont découvrir au fond de leur retraite les derniers représentants d’une tradition grandiose, p

504 fond de leur retraite les derniers représentants d’ une tradition grandiose, pour les aider, les admirer, les éditer — c’e

505 les éditer — c’est-à-dire pratiquement les sauver de l’oubli, et peut-être initier leur renaissance. Au-delà de la peur

506 et peut-être initier leur renaissance. Au-delà de la peur Voilà donc notre Europe, patrie de l’homme conscient, lieu

507 elà de la peur Voilà donc notre Europe, patrie de l’homme conscient, lieu de conscience extrême de toute l’humanité — c

508 c notre Europe, patrie de l’homme conscient, lieu de conscience extrême de toute l’humanité — cette Europe, j’ose le dire,

509 de l’homme conscient, lieu de conscience extrême de toute l’humanité — cette Europe, j’ose le dire, indispensable au mond

510 oxale. D’une part, on peut la comparer aux heures d’ angoisse de Nicopolis, de Mohacs et du siège de Vienne par les Turcs ;

511 e part, on peut la comparer aux heures d’angoisse de Nicopolis, de Mohacs et du siège de Vienne par les Turcs ; mieux enco

512 t la comparer aux heures d’angoisse de Nicopolis, de Mohacs et du siège de Vienne par les Turcs ; mieux encore, à ces temp

513 es d’angoisse de Nicopolis, de Mohacs et du siège de Vienne par les Turcs ; mieux encore, à ces temps du xiiie siècle, où

514 e siècle, où la marée mongole battait les portes d’ une Europe encore moins défendue qu’aujourd’hui. Il y a la menace de g

515 e moins défendue qu’aujourd’hui. Il y a la menace de guerre d’abord. Il y a la menace totalitaire, la négation pratique de

516 l y a la menace totalitaire, la négation pratique de nos raisons de vivre. Il y a la menace de ruines économiques qui entr

517 totalitaire, la négation pratique de nos raisons de vivre. Il y a la menace de ruines économiques qui entraîneraient une

518 ratique de nos raisons de vivre. Il y a la menace de ruines économiques qui entraîneraient une tutelle étrangère et ses co

519 culture, c’est peu de chose pour arrêter le cours de nos fatalités. Si l’on dit cela, on commettra la pire erreur qu’on pu

520 e fut bel et bien, dans le passé, la vraie raison de notre puissance, même matérielle, et qu’elle peut, et qu’elle doit le

521 e. C’était il y a deux ou trois ans. Je cherchais de l’argent, comme il arrive, pour une entreprise culturelle. J’allai vo

522 lturelle. J’allai voir un industriel qui fabrique d’ énormes turbines. Il m’écouta, distrait d’abord, puis impatient ; m’ex

523 ure n’est qu’un luxe, et que l’important, c’était de lutter d’abord contre le communisme, qu’il confondait, je le crains,

524 le crains, avec les réformes sociales. En sortant de chez lui, les mains vides, je me dis ceci : cet homme tire sa puissan

525 des, je me dis ceci : cet homme tire sa puissance de la turbine, mais après tout ce n’est pas lui qui l’inventa. Qui donc 

526 e, dans une atmosphère très savante mais pénétrée de spiritualité. Influencé par le piétisme, il pensait que sa science ab

527 que sa science abstraite ne devait pas l’empêcher de se rendre utile aux hommes. Aussi dessina-t-il, à temps perdu, les pl

528 mes. Aussi dessina-t-il, à temps perdu, les plans d’ une machine d’un type nouveau, qu’il baptisa turbine. Aussi grâce au g

529 sina-t-il, à temps perdu, les plans d’une machine d’ un type nouveau, qu’il baptisa turbine. Aussi grâce au génie d’Euler,

530 veau, qu’il baptisa turbine. Aussi grâce au génie d’ Euler, au milieu culturel de Bâle et au piétisme, des milliers d’ouvri

531 Aussi grâce au génie d’Euler, au milieu culturel de Bâle et au piétisme, des milliers d’ouvriers et d’ingénieurs gagnent

532 ieu culturel de Bâle et au piétisme, des milliers d’ ouvriers et d’ingénieurs gagnent leur vie, des paquebots traversent l’

533 e Bâle et au piétisme, des milliers d’ouvriers et d’ ingénieurs gagnent leur vie, des paquebots traversent l’Océan, d’énorm

534 gnent leur vie, des paquebots traversent l’Océan, d’ énormes capitaux s’amassent dans le pays. Quand on me demande maintena

535 s que ce n’est pas celle des turbines, mais celle de l’inventeur de la turbine ; non pas l’Europe des faits, mais celle de

536 pas celle des turbines, mais celle de l’inventeur de la turbine ; non pas l’Europe des faits, mais celle des actes. Sur le

537 prit des hommes qui ont toujours préféré le droit de poser passionnément quelques questions au devoir de réciter toutes le

538 poser passionnément quelques questions au devoir de réciter toutes les réponses — l’esprit de liberté qui peut encore sau

539 devoir de réciter toutes les réponses — l’esprit de liberté qui peut encore sauver d’un même mouvement et l’Europe et le

540 nses — l’esprit de liberté qui peut encore sauver d’ un même mouvement et l’Europe et le sens de nos vies. g. Rougemont

541 sauver d’un même mouvement et l’Europe et le sens de nos vies. g. Rougemont Denis de, « Le sens de nos vies, ou l’Euro

542 pe et le sens de nos vies. g. Rougemont Denis de , « Le sens de nos vies, ou l’Europe », Preuves, Paris, juin 1952, p. 

543 de nos vies. g. Rougemont Denis de, « Le sens de nos vies, ou l’Europe », Preuves, Paris, juin 1952, p. 3-8.

544 rique (août-septembre 1952)h i Sous son aspect de tentation intellectuelle, le stalinisme est en recul marqué dans nos

545 Paris et à Rome, où il avait conquis au lendemain de la guerre d’importantes positions stratégiques dans les lettres, les

546 me, où il avait conquis au lendemain de la guerre d’ importantes positions stratégiques dans les lettres, les arts et les s

547 ttres, les arts et les sciences, le dernier carré de ses adhérents lutte en retraite, médiocrement soutenu par le parti. S

548 meurent, son prestige s’évanouit avec la légende de son efficacité. Or ce reflux — dont rien n’indique qu’il soit simplem

549 son urgence dans le domaine culturel, un problème d’ un autre ordre apparaît, qui se pose lui aussi à l’ensemble de la vie

550 rdre apparaît, qui se pose lui aussi à l’ensemble de la vie de l’esprit en Europe : c’est le problème de l’influence améri

551 aît, qui se pose lui aussi à l’ensemble de la vie de l’esprit en Europe : c’est le problème de l’influence américaine. Lo

552 la vie de l’esprit en Europe : c’est le problème de l’influence américaine. Lors de la séance de clôture de « L’Œuvre du

553 ème de l’influence américaine. Lors de la séance de clôture de « L’Œuvre du xxe siècle », à Paris, André Malraux s’est é

554 fluence américaine. Lors de la séance de clôture de « L’Œuvre du xxe siècle », à Paris, André Malraux s’est écrié : « L’

555 ux s’est écrié : « L’Amérique n’est qu’une partie de l’Europe ! » L’Amérique n’est-elle pas plutôt la fille de l’Europe ?

556 ope ! » L’Amérique n’est-elle pas plutôt la fille de l’Europe ? Ou mieux encore : la fille d’Européens aventuriers et puri

557 la fille de l’Europe ? Ou mieux encore : la fille d’ Européens aventuriers et puritains, les « Pères pèlerins », et d’une v

558 nturiers et puritains, les « Pères pèlerins », et d’ une vaste contrée vierge. Une fille n’est pas une partie de son père.

559 te contrée vierge. Une fille n’est pas une partie de son père. Elle peut tenir de lui mais agir autrement qu’il n’aurait s

560 n’est pas une partie de son père. Elle peut tenir de lui mais agir autrement qu’il n’aurait su l’imaginer. Elle ne se défi

561 développer une civilisation certes proche parente de la nôtre, mais autonome ; la plus grande différence entre les deux ét

562 e l’Amérique tend consciemment vers les standards de culture, tandis que l’Europe insiste sur ses diversités enracinées. I

563 sur ses diversités enracinées. Il n’y aurait pas de problème ou plutôt pas de malaise, ou en tout cas, le problème des ra

564 nées. Il n’y aurait pas de problème ou plutôt pas de malaise, ou en tout cas, le problème des rapports entre ces deux cult

565 ntre ces deux cultures en filiation n’aurait rien d’ irritant ni de grave, si l’Amérique ne disposait — à l’appui de sa cul

566 cultures en filiation n’aurait rien d’irritant ni de grave, si l’Amérique ne disposait — à l’appui de sa culture comme de

567 ique ne disposait — à l’appui de sa culture comme de sa politique — d’une puissance matérielle qui fascine les esprits de

568 — à l’appui de sa culture comme de sa politique — d’ une puissance matérielle qui fascine les esprits de la plupart des Eur

569 ’une puissance matérielle qui fascine les esprits de la plupart des Européens. Toute fascination, comme on sait, résulte d

570 opéens. Toute fascination, comme on sait, résulte de l’action de deux motifs apparemment contradictoires : la peur et l’at

571 e fascination, comme on sait, résulte de l’action de deux motifs apparemment contradictoires : la peur et l’attrait combin

572 Il est clair qu’une partie sans cesse croissante de l’intelligentsia européenne redoute (ou affecte de redouter) ce qu’el

573 e l’intelligentsia européenne redoute (ou affecte de redouter) ce qu’elle nomme l’américanisme, ou même (selon le vocabula

574 le vocabulaire des staliniens) la marshallisation de nos cultures. À l’en croire, l’invasion de l’américanisme représenter

575 sation de nos cultures. À l’en croire, l’invasion de l’américanisme représenterait pour nous un aussi grand danger que l’i

576 ar-dieu, vie simplifiée jusqu’à l’anonymat, règne de la culture de masse, rapports humains durs et purement utilitaires. T

577 implifiée jusqu’à l’anonymat, règne de la culture de masse, rapports humains durs et purement utilitaires. Tout cela corsé

578 ins durs et purement utilitaires. Tout cela corsé de griefs politiques, tels que « l’impérialisme de Wall Street » et le d

579 é de griefs politiques, tels que « l’impérialisme de Wall Street » et le danger d’une guerre menée sur notre sol contre le

580 ue « l’impérialisme de Wall Street » et le danger d’ une guerre menée sur notre sol contre les Russes. (Mais l’attitude ant

581 très souvent ne leur doit rien.) Quant aux motifs d’ attrait, ce sont parfois les mêmes, plus chez beaucoup l’idée que là-b

582 uis décampez, go home, laissez-nous à nos combats de coqs et nous crierons à l’isolationnisme. Quant à la culture, la caus

583 et vos danses. Mais vous n’avez même pas le sens de la lutte des classes ! On sait ce que pense de son côté l’Américain,

584 ns de la lutte des classes ! On sait ce que pense de son côté l’Américain, rentrant d’un voyage en Europe : des Balkanique

585 it ce que pense de son côté l’Américain, rentrant d’ un voyage en Europe : des Balkaniques inefficaces, bons cuisiniers, af

586 des guerres nationales qu’on nous demande ensuite de payer, parlant de métaphysique mais prenant nos dollars. Je force à p

587 ales qu’on nous demande ensuite de payer, parlant de métaphysique mais prenant nos dollars. Je force à peine les traits, p

588 imposée par Ridgway. Quand on s’écrase aux films de Hollywood, quand toute une jeunesse s’intoxique de jazz hot, il faut

589 e Hollywood, quand toute une jeunesse s’intoxique de jazz hot, il faut bien constater que c’est notre public européen, qui

590 ’élite des USA aussi. Personne encore n’a proposé de remède au mauvais goût, ni au goût des lectures faciles. (Le réalisme

591 res.) Prenons un exemple précis. Dès qu’il s’agit de créer un institut de recherches, d’enseignement ou de culture, en Eur

592 ple précis. Dès qu’il s’agit de créer un institut de recherches, d’enseignement ou de culture, en Europe, quelqu’un propos

593 qu’il s’agit de créer un institut de recherches, d’ enseignement ou de culture, en Europe, quelqu’un propose de faire appe

594 réer un institut de recherches, d’enseignement ou de culture, en Europe, quelqu’un propose de faire appel, pour les financ

595 ement ou de culture, en Europe, quelqu’un propose de faire appel, pour les finances, « à l’Amérique ». (On entend : des mé

596 un prestige suspect, d’autre part se voit accusé de n’être rien qu’un « instrument de la guerre froide ». Devant l’ambigu

597 se voit accusé de n’être rien qu’un « instrument de la guerre froide ». Devant l’ambiguïté d’une pareille situation, l’Am

598 trument de la guerre froide ». Devant l’ambiguïté d’ une pareille situation, l’Américain se met sur ses gardes et commet de

599 où, et comment aider tel ou tel sans avoir l’air de faire pression, tout en gardant un contrôle raisonnable. Puis s’étant

600 dant un contrôle raisonnable. Puis s’étant assuré d’ une documentation dont l’ampleur bien souvent dépasse son objet, il fa

601 pe une fois sur deux. Il en résulte un gaspillage d’ efforts et de capitaux qui d’une part compromet l’efficacité de l’aide

602 ur deux. Il en résulte un gaspillage d’efforts et de capitaux qui d’une part compromet l’efficacité de l’aide américaine,

603 de capitaux qui d’une part compromet l’efficacité de l’aide américaine, et d’autre part donne à certains Européens des hab

604 tre part donne à certains Européens des habitudes de parasites. On veut bien faire état d’une culture supérieure et de ses

605 s habitudes de parasites. On veut bien faire état d’ une culture supérieure et de ses antiques traditions, mais on refuse d

606 veut bien faire état d’une culture supérieure et de ses antiques traditions, mais on refuse d’en payer les frais courants

607 ure et de ses antiques traditions, mais on refuse d’ en payer les frais courants ; l’Américain se demande si l’on y croit v

608 ins.) J’ai vu des comités, placés devant le choix de plusieurs thèmes d’activité, retenir celui qui semblait avoir des cha

609 mités, placés devant le choix de plusieurs thèmes d’ activité, retenir celui qui semblait avoir des chances d’intéresser l’

610 ité, retenir celui qui semblait avoir des chances d’ intéresser l’argent américain, et renoncer à ceux qui intéresseraient

611 qui intéresseraient l’Europe et les vrais moyens de l’unir. Inversement, les donateurs virtuels proposent à des instituts

612 les donateurs virtuels proposent à des instituts de culture de s’occuper de la « productivité », à des économistes d’étab

613 urs virtuels proposent à des instituts de culture de s’occuper de la « productivité », à des économistes d’établir des pla

614 proposent à des instituts de culture de s’occuper de la « productivité », à des économistes d’établir des plans politiques

615 occuper de la « productivité », à des économistes d’ établir des plans politiques, à des politiciens d’inspirer des entrepr

616 d’établir des plans politiques, à des politiciens d’ inspirer des entreprises d’éducation, et d’une manière générale à n’im

617 ues, à des politiciens d’inspirer des entreprises d’ éducation, et d’une manière générale à n’importe qui de se prononcer s

618 iciens d’inspirer des entreprises d’éducation, et d’ une manière générale à n’importe qui de se prononcer sur n’importe quo

619 cation, et d’une manière générale à n’importe qui de se prononcer sur n’importe quoi qui n’est pas dans la situation concr

620 rte quoi qui n’est pas dans la situation concrète de l’Europe, mais dans le programme d’une enquête « scientifiquement éta

621 tion concrète de l’Europe, mais dans le programme d’ une enquête « scientifiquement établie » outre-mer. Comment sortir de

622 entifiquement établie » outre-mer. Comment sortir de cette broussaille de malentendus ? La bonne volonté n’y suffit pas ;

623  » outre-mer. Comment sortir de cette broussaille de malentendus ? La bonne volonté n’y suffit pas ; elle est là, très sou

624 . Depuis un certain temps, le CEC prépare le plan d’ une rencontre de travail qui aura pour objet principal d’éclaircir les

625 ain temps, le CEC prépare le plan d’une rencontre de travail qui aura pour objet principal d’éclaircir les malentendus ent

626 encontre de travail qui aura pour objet principal d’ éclaircir les malentendus entre l’Europe et l’Amérique. Pour qu’un dia

627 entre l’Europe et l’Amérique. Pour qu’un dialogue de cette nature soit juste, et pour qu’il puisse créer une atmosphère pl

628 estreinte et non spectaculaire ; il ne s’agit pas d’ un congrès, mais d’un séminaire de recherches. b) Les représentants de

629 ectaculaire ; il ne s’agit pas d’un congrès, mais d’ un séminaire de recherches. b) Les représentants de l’Amérique et ceux

630 l ne s’agit pas d’un congrès, mais d’un séminaire de recherches. b) Les représentants de l’Amérique et ceux de l’Europe do

631 ’un séminaire de recherches. b) Les représentants de l’Amérique et ceux de l’Europe doivent être choisis au même niveau de

632 rches. b) Les représentants de l’Amérique et ceux de l’Europe doivent être choisis au même niveau de culture et de respons

633 x de l’Europe doivent être choisis au même niveau de culture et de responsabilité : cessons de comparer, comme on le fait

634 doivent être choisis au même niveau de culture et de responsabilité : cessons de comparer, comme on le fait couramment, ce

635 niveau de culture et de responsabilité : cessons de comparer, comme on le fait couramment, ce qu’il y a de pire d’un côté

636 mparer, comme on le fait couramment, ce qu’il y a de pire d’un côté à ce qu’il y a de meilleur de l’autre, et Pascal aux d

637 comme on le fait couramment, ce qu’il y a de pire d’ un côté à ce qu’il y a de meilleur de l’autre, et Pascal aux digests o

638 nt, ce qu’il y a de pire d’un côté à ce qu’il y a de meilleur de l’autre, et Pascal aux digests ou les gratte-ciel à nos p

639 y a de pire d’un côté à ce qu’il y a de meilleur de l’autre, et Pascal aux digests ou les gratte-ciel à nos pittoresques

640 urs Européens, voués aux perpétuelles révolutions de la pensée, et les meilleurs Américains, techniciens idéalistes de l’é

641 les meilleurs Américains, techniciens idéalistes de l’évolution permanente, il y aura vraiment rencontre créatrice. c) No

642 tifiés, dès le départ, et la question ne sera pas d’ échanger de mauvaises notes, mais de trouver, après une analyse des er

643 le départ, et la question ne sera pas d’échanger de mauvaises notes, mais de trouver, après une analyse des erreurs, les

644 n ne sera pas d’échanger de mauvaises notes, mais de trouver, après une analyse des erreurs, les principes et les modes d’

645 e analyse des erreurs, les principes et les modes d’ une collaboration meilleure. Diminuer la méfiance, augmenter non pas l

646 e, augmenter non pas le montant mais le rendement de l’aide américaine, réduire les préjugés, et sauvegarder l’autonomie e

647 tente mondiale, comment penser la paix ? 2. Peu d’ Américains « disent » vraiment cela, qu’ils pensent. Mais j’atténue pl

648 énoncé… les dangers que faisait courir à la santé de notre pays une culture américaine qui attaque à leurs racines l’origi

649 opéens. » (Esprit, juin 52.) h. Rougemont Denis de , « Le dialogue Europe-Amérique », Preuves, Paris, août–septembre 1952

650 aris, août–septembre 1952, p. 68-70. i. Une note de la rédaction précise : « Ce texte a paru dans le Bulletin du Centre e

651 rkegaard et Hamlet (février 1953)j La carrière de Søren Kierkegaard s’est déroulée en une douzaine d’années comme un dr

652 Søren Kierkegaard s’est déroulée en une douzaine d’ années comme un drame unique, intense, inexorablement motivé à chaque

653 , intense, inexorablement motivé à chaque instant de son progrès. Sa première œuvre importante, L’Alternative, parut en 18

654 sure qu’il se fit mieux comprendre, dans la suite de ses ouvrages composés et publiés au rythme accéléré de trois ou quatr

655 s ouvrages composés et publiés au rythme accéléré de trois ou quatre volumes par an, le public s’écarta, effrayé. Et, lors

656 s’écarta, effrayé. Et, lorsqu’en 1854 il attaqua de front le christianisme officiel et les évêques, qui avaient loué ses

657 ute l’opinion, il s’effondra dans la rue au cours d’ une promenade. On le transporta dans un hôpital où il mourut en quelqu

658 un hôpital où il mourut en quelques semaines, âgé de 42 ans. Le seul événement extérieur de ce drame fut la rupture de ses

659 aines, âgé de 42 ans. Le seul événement extérieur de ce drame fut la rupture de ses fiançailles avec Régine Olsen, crise i

660 ul événement extérieur de ce drame fut la rupture de ses fiançailles avec Régine Olsen, crise initiale qui libéra le jaill

661 Olsen, crise initiale qui libéra le jaillissement de toute son œuvre. Mais l’acte que cette œuvre préparait, cet acte aprè

662 ce Hamlet — autre Danois — il put mourir, certain d’ avoir accompli sa mission, ce fut son attaque contre le christianisme

663 eudonymes symboliques. Il qualifiait ces ouvrages de « communications indirectes » ; et ces pseudonymes figuraient les per

664 s » ; et ces pseudonymes figuraient les personnes d’ un drame dont lui seul détenait la clé. Ce ne fut qu’à la fin de sa vi

665 t lui seul détenait la clé. Ce ne fut qu’à la fin de sa vie qu’il s’offrit sans masque à la lutte, au cours de la polémiqu

666 ive qui devait le mener à la mort. Ainsi le drame de Kierkegaard fut typiquement celui d’une vocation. Toute son intrigue

667 nsi le drame de Kierkegaard fut typiquement celui d’ une vocation. Toute son intrigue consiste dans le dévoilement progress

668 onsiste dans le dévoilement progressif du sens et de la fin de cette vocation, secrètement orientée, dès le début, vers un

669 ns le dévoilement progressif du sens et de la fin de cette vocation, secrètement orientée, dès le début, vers une action u

670 saut final, l’accomplissement, que le héros paie de sa vie. Or il existe, dans la littérature occidentale, un prototype d

671 te, dans la littérature occidentale, un prototype de cette action tragique, une pièce célèbre dont il nous apparaît que la

672 et le progrès même présentent avec la biographie de Kierkegaard les plus frappantes analogies. Sans nous attarder sur la

673 s. Sans nous attarder sur la coïncidence qui fait d’ Hamlet un prince danois — et l’on peut rêver là-dessus — rappelons d’a

674 nous suggèrent un parallèle possible. L’histoire d’ Hamlet peut se résumer ainsi : un jeune homme profondément mélancoliqu

675 , qu’il ne peut révéler qu’indirectement, l’isole de ses semblables, l’oblige à rompre ses fiançailles avec la très jeune

676 voit contraint, par des circonstances fortuites, de réaliser l’acte unique devant lequel il balançait. Il tue l’usurpateu

677 ncolie, secret qu’il faut garder tout en essayant de le faire deviner, rupture des fiançailles, enfin dénonciation éclatan

678 ure des fiançailles, enfin dénonciation éclatante d’ une usurpation que tout le monde s’accordait à passer sous silence : c

679 nde s’accordait à passer sous silence : ce résumé d’ Hamlet ne vaut-il pas identiquement comme résumé de la biographie de K

680 ’Hamlet ne vaut-il pas identiquement comme résumé de la biographie de Kierkegaard ? Il reste à voir s’il est possible de p

681 l pas identiquement comme résumé de la biographie de Kierkegaard ? Il reste à voir s’il est possible de pousser ce parallè

682 e Kierkegaard ? Il reste à voir s’il est possible de pousser ce parallèle beaucoup plus loin dans le détail. Ce serait peu

683 dans le détail. Ce serait peut-être un bon moyen d’ illustrer à la fois la pensée et la vie de Kierkegaard et, d’une maniè

684 n moyen d’illustrer à la fois la pensée et la vie de Kierkegaard et, d’une manière générale, ce que l’on pourrait nommer l

685 à la fois la pensée et la vie de Kierkegaard et, d’ une manière générale, ce que l’on pourrait nommer les lois ou la psych

686 e l’on pourrait nommer les lois ou la psychologie d’ une vocation. Considérons d’abord le caractère des deux héros, l’un fi

687 , jeune prince royal, est un intellectuel. Il n’a d’ autre désir que de retourner à l’Université de Wittenberg, pour s’y li

688 al, est un intellectuel. Il n’a d’autre désir que de retourner à l’Université de Wittenberg, pour s’y livrer à la philosop

689 n’a d’autre désir que de retourner à l’Université de Wittenberg, pour s’y livrer à la philosophie. S’il demeure à la cour,

690 cour, c’est uniquement par obéissance aux désirs de sa mère. Il ne peut prendre son parti de la commune condition humaine

691 x désirs de sa mère. Il ne peut prendre son parti de la commune condition humaine. Une incurable mélancolie le possède et

692 lancolie le possède et lui fait trouver les biens de ce monde « fastidieux, usés et vulgaires ». Le suicide le tente. Mais

693 éussit à masquer cette mélancolie sous des dehors d’ une gaieté sarcastique, d’un esprit pétulant, prompt à l’ironie et aux

694 ancolie sous des dehors d’une gaieté sarcastique, d’ un esprit pétulant, prompt à l’ironie et aux métaphores baroques. Voyo

695 i aussi se sent un prince. « Il y a quelque chose de royal dans mon être », fait-il dire à l’un de ses pseudonymes. Lui au

696 ose de royal dans mon être », fait-il dire à l’un de ses pseudonymes. Lui aussi voudrait « retourner à Wittenberg », c’est

697 s’abandonner à son génie dialectique, aux projets de poète et de philosophe qu’il avait conçus pendant son séjour à l’Acad

698 à son génie dialectique, aux projets de poète et de philosophe qu’il avait conçus pendant son séjour à l’Académie de Berl

699 u’il avait conçus pendant son séjour à l’Académie de Berlin ; mais il se résout à passer simplement son examen de théologi

700 mais il se résout à passer simplement son examen de théologie, par obéissance aux désirs de son père. Et surtout, lui aus

701 on examen de théologie, par obéissance aux désirs de son père. Et surtout, lui aussi se sait la victime d’une sorte de neu

702 on père. Et surtout, lui aussi se sait la victime d’ une sorte de neurasthénie : « J’ai vécu dès mes jeunes années sous l’e

703 surtout, lui aussi se sait la victime d’une sorte de neurasthénie : « J’ai vécu dès mes jeunes années sous l’empire d’une

704 : « J’ai vécu dès mes jeunes années sous l’empire d’ une immense mélancolie, dont la profondeur n’a d’égale que ma faculté

705 d’une immense mélancolie, dont la profondeur n’a d’ égale que ma faculté de la dissimuler sous des apparences de gaieté. »

706 ie, dont la profondeur n’a d’égale que ma faculté de la dissimuler sous des apparences de gaieté. » Ou encore : « J’étais

707 e ma faculté de la dissimuler sous des apparences de gaieté. » Ou encore : « J’étais armé d’une foi presque téméraire en m

708 pparences de gaieté. » Ou encore : « J’étais armé d’ une foi presque téméraire en ma capacité de pouvoir toutes choses, sau

709 s armé d’une foi presque téméraire en ma capacité de pouvoir toutes choses, sauf une : devenir un oiseau libre, ne fût-ce

710 re, ne fût-ce qu’un seul jour, rompre les chaînes de la mélancolie, où une autre puissance me retenait. » Cette dispositio

711 de la vivre réellement ; mais, quoique prisonnier de son tourment, il a reçu « la liberté illimitée de pouvoir donner le c

712 de son tourment, il a reçu « la liberté illimitée de pouvoir donner le change ». Voici donc Hamlet tel que nous le décriv

713 e nous le décrivent les premières scènes du drame de Shakespeare, et Kierkegaard tel qu’il se montre dans son premier ouvr

714 L’Alternative : deux princes vraiment, deux êtres d’ exception, pleins de hardiesse et de fierté, mais inaptes à la vie com

715 princes vraiment, deux êtres d’exception, pleins de hardiesse et de fierté, mais inaptes à la vie commune, à cause d’une

716 t, deux êtres d’exception, pleins de hardiesse et de fierté, mais inaptes à la vie commune, à cause d’une mystérieuse méla

717 de fierté, mais inaptes à la vie commune, à cause d’ une mystérieuse mélancolie qu’ils dissimulent sous un masque ironique.

718 ue leur nature psychologique, à devenir des êtres d’ exception. Hamlet reçoit sa mission de son père, qui lui apparaît sous

719 r des êtres d’exception. Hamlet reçoit sa mission de son père, qui lui apparaît sous la forme d’un spectre. Assassiné, dit

720 ssion de son père, qui lui apparaît sous la forme d’ un spectre. Assassiné, dit-il, par le roi actuel, qui n’est donc qu’un

721 st donc qu’un usurpateur, le père ordonne au fils de le venger. Hamlet revient vers ses compagnons, qui assistaient de loi

722 mlet revient vers ses compagnons, qui assistaient de loin à la scène, et leur fait jurer par trois fois de garder le secre

723 oin à la scène, et leur fait jurer par trois fois de garder le secret sur cette révélation. Kierkegaard, lui aussi, reçut

724 d, lui aussi, reçut dès sa jeunesse communication d’ un secret, auquel il se réfère souvent, mais dont il n’a jamais expliq

725 mémoire de son père. Il qualifie cette révélation de « grand tremblement de terre » dans sa vie. C’est bien ainsi qu’Hamle

726 qualifie cette révélation de « grand tremblement de terre » dans sa vie. C’est bien ainsi qu’Hamlet pourrait parler de la

727 a vie. C’est bien ainsi qu’Hamlet pourrait parler de la scène du spectre. Et, d’autre part, c’est l’influence de son père

728 e du spectre. Et, d’autre part, c’est l’influence de son père (auquel il dédiera tous ses écrits religieux) qui ouvrit les

729 ra tous ses écrits religieux) qui ouvrit les yeux de Kierkegaard sur l’absolu du christianisme véritable et lui permit de

730 l’absolu du christianisme véritable et lui permit de découvrir cette vérité terrible : le soi-disant christianisme des tem

731 ament que le salon du petit-bourgeois ou la salle de jeu des enfants aux décisions les plus terribles de la réalité la plu

732 jeu des enfants aux décisions les plus terribles de la réalité la plus cruelle. Nous avons dénaturé le christianisme, nou

733 arché, au lieu de nous en reconnaître indignes et d’ avouer que nous refusons d’en payer le prix. C’est là, dit Kierkegaard

734 econnaître indignes et d’avouer que nous refusons d’ en payer le prix. C’est là, dit Kierkegaard, « un crime de lèse-majest

735 er le prix. C’est là, dit Kierkegaard, « un crime de lèse-majesté qualifié ». Il y a donc usurpation. Le christianisme off

736 l y a donc usurpation. Le christianisme officiel, de nos jours, joue de la sorte, aux yeux de Kierkegaard, le même rôle qu

737 on. Le christianisme officiel, de nos jours, joue de la sorte, aux yeux de Kierkegaard, le même rôle que le roi Claudius a

738 egaard, le même rôle que le roi Claudius aux yeux d’ Hamlet. Seulement, tandis que le roi Claudius avait séduit la reine, c

739 que le roi Claudius avait séduit la reine, c’est de l’Église qu’abuse la doctrine édulcorée que la foule, aujourd’hui, pr

740 té. Et Kierkegaard pressent sa vocation, qui sera de dénoncer l’usurpation religieuse, afin de rétablir dans sa pureté pre

741 tablir dans sa pureté première l’exigence absolue de l’Évangile. La tâche apparaît surhumaine. Et nous voyons les deux hér

742 ster ! », s’écrie Hamlet. Et Kierkegaard ne cesse de répéter sur tous les tons la même idée : il est né pour forcer notre

743 ien et, sinon à lui obéir, tout au moins à cesser de se dire chrétienne « à bon marché ». Tous les deux pensent qu’« il y

744 . Tous les deux pensent qu’« il y a quelque chose de pourri dans le Royaume de Danemark » et que leur destin sera de dénon

745 ’« il y a quelque chose de pourri dans le Royaume de Danemark » et que leur destin sera de dénoncer cette situation, advie

746 le Royaume de Danemark » et que leur destin sera de dénoncer cette situation, advienne que pourra… Les caractères étant d

747 s le début du drame, voyons maintenant le progrès de l’action. Il faut relever d’abord le rôle que joue le secret dans les

748 ttentif, toutefois sans trahir l’intention réelle de son œuvre. Kierkegaard dresse ses plans en conséquence. Il publiera d

749 paradoxaux, apparemment cyniques, et tous signés de divers pseudonymes. Le message chrétien, qui lui importe seul, y sera

750 a toujours présent, mais soigneusement dissimulé. De la sorte, il attirera le public et l’amènera à son insu au point le p

751 lle qu’Hamlet dresse un plan analogue. Il imagine de faire jouer devant la cour une pantomime représentant l’assassinat de

752 t la cour une pantomime représentant l’assassinat de son père et l’usurpation. « Cette représentation, dit-il, est le moye

753 s.) Mais à ce jeu ils risquent gros. Ils risquent de créer les pires malentendus. Et ils risquent aussi leur bonheur. Ici,

754 nheur, la pleine participation à la vie, le signe de l’accession à la commune condition humaine, c’est à leurs yeux la fem

755 le mariage. Or tous les deux se voient contraints d’ y renoncer, à cause de leur mission, de leur secret — peut-être aussi

756 contraints d’y renoncer, à cause de leur mission, de leur secret — peut-être aussi à cause de leur nature profondément mél

757 ux cas. Kierkegaard s’est expliqué sur la rupture de ses fiançailles avec Régine. Il s’est expliqué, peut-on dire, dans to

758 ble, qui sont en réalité le récit à peine déguisé de ses fiançailles et l’analyse interminable des motifs de la rupture. S

759 fiançailles et l’analyse interminable des motifs de la rupture. Shakespeare, au contraire, ne motive guère l’attitude d’H

760 espeare, au contraire, ne motive guère l’attitude d’ Hamlet à l’égard d’Ophélia. Ici, c’est l’exemple vécu de Kierkegaard q

761 et à l’égard d’Ophélia. Ici, c’est l’exemple vécu de Kierkegaard qui nous aide à comprendre Hamlet. Kierkegaard aime Régin

762 ndre Hamlet. Kierkegaard aime Régine, jeune fille de 17 ans, et il en est aimé. Mais il a son secret ambigu, le secret de

763 est aimé. Mais il a son secret ambigu, le secret de sa vocation et celui de sa mélancolie. Or il comprend bientôt que le

764 secret ambigu, le secret de sa vocation et celui de sa mélancolie. Or il comprend bientôt que le secret serait trop lourd

765 elle tenterait simplement, s’il le lui révélait, de ramener son fiancé à une vue plus bourgeoise de l’existence et de la

766 , de ramener son fiancé à une vue plus bourgeoise de l’existence et de la religion. Elle minerait son courage, déprimerait

767 iancé à une vue plus bourgeoise de l’existence et de la religion. Elle minerait son courage, déprimerait sa résolution et

768 deviendrait le pire obstacle intime à l’exercice de son étrange vocation. Peut-on se marier si l’on veut être un témoin d

769 on. Peut-on se marier si l’on veut être un témoin de la vérité ? Un soldat à la frontière devrait-il être marié ? se deman

770 lui, qui se bat aux avant-postes, aux frontières de l’esprit ? D’autre part, il redoute d’initier sa fiancée à l’« esclav

771 frontières de l’esprit ? D’autre part, il redoute d’ initier sa fiancée à l’« esclavage de la mélancolie » : il ne se sent

772 , il redoute d’initier sa fiancée à l’« esclavage de la mélancolie » : il ne se sent pas le droit de troubler cette enfant

773 e de la mélancolie » : il ne se sent pas le droit de troubler cette enfant, de l’entraîner dans des tourments auxquels lui

774 ne se sent pas le droit de troubler cette enfant, de l’entraîner dans des tourments auxquels lui-même risque parfois de su

775 ns des tourments auxquels lui-même risque parfois de succomber. « Qui peut comprendre, écrit-il, cette contradiction de la

776 ui peut comprendre, écrit-il, cette contradiction de la douleur : ne point se révéler et faire mourir l’amour ; se révéler

777 révéler et faire mourir l’aimée ? » S’il choisit d’ être la victime, une seule issue lui reste ouverte : rompre avec la je

778 sans lui laisser soupçonner un instant la nature de son double secret ; et pour cela faire croire à sa fiancée qu’il ne l

779 plus. On sait la comédie que Kierkegaard s’imposa de jouer devant Régine. Il se peint à ses yeux comme une sorte de roué,

780 nt Régine. Il se peint à ses yeux comme une sorte de roué, de séducteur cynique, qui a peut-être de graves méfaits sur la

781 . Il se peint à ses yeux comme une sorte de roué, de séducteur cynique, qui a peut-être de graves méfaits sur la conscienc

782 te de roué, de séducteur cynique, qui a peut-être de graves méfaits sur la conscience et qui renonce au mariage pour mieux

783 cience et qui renonce au mariage pour mieux jouir de sa vie de garçon. Il a des mots atroces lors de leur séparation : « E

784 qui renonce au mariage pour mieux jouir de sa vie de garçon. Il a des mots atroces lors de leur séparation : « Elle me dem

785 r ? Je répondis : Oui, dans dix ans, quand le feu de la jeunesse sera passé : il me faudra une demoiselle au sang frais po

786 nuit. « Mais le lendemain, écrit-il, je fus comme d’ ordinaire, et même plus pétillant d’esprit que jamais : c’était nécess

787 je fus comme d’ordinaire, et même plus pétillant d’ esprit que jamais : c’était nécessaire… » Il me semble que cette condu

788 é plus douloureuse que scandaleuse, ne manque pas d’ analogies précises avec la conduite d’Hamlet devant cette autre enfant

789 manque pas d’analogies précises avec la conduite d’ Hamlet devant cette autre enfant qu’est Ophélia. Hamlet a compris lui

790 a compris lui aussi que l’amour spontané et naïf d’ Ophélia ferait obstacle à ses desseins secrets. C’est à lui que pensai

791 ut théorique qu’il imagine : « Je vois que l’idée de mon existence fait naufrage sur cette jeune fille, ergo la jeune fill

792 cruel, mais c’est pour être tendre… » Il convient de marquer ici, en toute justice, une différence profonde entre Kierkega

793 catastrophe dans Hamlet : c’est un simple assaut de fleuret. Seulement, le fleuret de Laerte est empoisonné : le duel spo

794 n simple assaut de fleuret. Seulement, le fleuret de Laerte est empoisonné : le duel sportif tourne au duel à mort. Blessé

795 le roi. Quel fut, chez Kierkegaard, l’équivalent de ce sommet du drame, ou de cette « chute » tragique ? Un incident mini

796 erkegaard, l’équivalent de ce sommet du drame, ou de cette « chute » tragique ? Un incident minime, une simple phrase, et

797 discours très officiel. L’évêque Mynster, primat de l’Église danoise, venait de mourir. Et le professeur Martensen, prono

798 unèbre, crut devoir saluer sa mémoire comme celle d’ un « vrai témoin de la vérité ». Dans cette phrase était le poison, po

799 saluer sa mémoire comme celle d’un « vrai témoin de la vérité ». Dans cette phrase était le poison, pour Kierkegaard. Car

800 erkegaard. Car toute son œuvre, toute sa carrière d’ auteur n’avait eu d’autre sens, à ses yeux, que de rétablir dans sa pu

801 son œuvre, toute sa carrière d’auteur n’avait eu d’ autre sens, à ses yeux, que de rétablir dans sa pureté apostolique le

802 d’auteur n’avait eu d’autre sens, à ses yeux, que de rétablir dans sa pureté apostolique le concept de témoin de la vérité

803 de rétablir dans sa pureté apostolique le concept de témoin de la vérité, c’est-à-dire pratiquement de martyr. Or l’évêque

804 r dans sa pureté apostolique le concept de témoin de la vérité, c’est-à-dire pratiquement de martyr. Or l’évêque Mynster a

805 de témoin de la vérité, c’est-à-dire pratiquement de martyr. Or l’évêque Mynster avait été un grand prélat, chargé de titr

806 ’évêque Mynster avait été un grand prélat, chargé de titres et d’honneurs, un fin lettré, un humaniste, un homme comblé de

807 er avait été un grand prélat, chargé de titres et d’ honneurs, un fin lettré, un humaniste, un homme comblé des biens de ce

808 n lettré, un humaniste, un homme comblé des biens de ce monde. L’appeler témoin de la vérité, c’était commettre à l’égard

809 me comblé des biens de ce monde. L’appeler témoin de la vérité, c’était commettre à l’égard de l’absolu chrétien le crime

810 commettre à l’égard de l’absolu chrétien le crime de lèse-majesté qualifié, c’était se moquer de l’Évangile, c’était recon

811 crime de lèse-majesté qualifié, c’était se moquer de l’Évangile, c’était reconnaître et sanctionner l’usurpation. Kierkega

812 encore, ce qui aurait pu rester un simple assaut de fleuret, une polémique comme une autre, tourna soudain au duel à mort

813 ort. Kierkegaard écrivit immédiatement un article d’ une extrême violence. Il attendit des mois avant de le publier, il att

814 rtelle, aussi « exagérée » que peut l’être l’élan d’ un combattant qui joue sa vie sur un seul coup. Voici un extrait de ce

815 ui joue sa vie sur un seul coup. Voici un extrait de cet article : Un témoin de la vérité, c’est un homme dont la vie est

816 oup. Voici un extrait de cet article : Un témoin de la vérité, c’est un homme dont la vie est, du commencement à la fin,

817 ommencement à la fin, familière avec toute espèce de souffrance — avec les luttes intérieures, avec la crainte et le tremb

818 , les frémissements, les scrupules, les angoisses de l’âme, les tourments de l’esprit et, de plus, toutes les souffrances

819 scrupules, les angoisses de l’âme, les tourments de l’esprit et, de plus, toutes les souffrances dont on parle généraleme

820 nt on parle généralement dans le monde. Un témoin de la vérité, c’est un homme qui témoigne dans le dénuement, dans la mis

821 c’est un homme qui est flagellé, torturé, traîné de prison en prison, et puis enfin — car c’est bien d’un véritable témoi

822 prison en prison, et puis enfin — car c’est bien d’ un véritable témoin de la vérité que nous parle le professeur Martense

823 puis enfin — car c’est bien d’un véritable témoin de la vérité que nous parle le professeur Martensen — et puis enfin cruc

824 ndroit écarté, sans être enterré. Voilà un témoin de la vérité, sa vie et son existence, sa mort et son enterrement — et l

825 le professeur Martensen, fut un des vrais témoins de la vérité. En vérité, il y a quelque chose de plus contraire au chris

826 elle hérésie ou n’importe quel schisme — et c’est de jouer au christianisme, d’en écarter les dangers et de jouer ensuite

827 uel schisme — et c’est de jouer au christianisme, d’ en écarter les dangers et de jouer ensuite au jeu que l’évêque Mynster

828 uer au christianisme, d’en écarter les dangers et de jouer ensuite au jeu que l’évêque Mynster était un témoin de la vérit

829 suite au jeu que l’évêque Mynster était un témoin de la vérité. Une polémique furieuse s’éleva de toutes parts. L’opinion

830 arts. L’opinion danoise et scandinave fut secouée d’ une vertueuse indignation. Kierkegaard luttait seul contre tous. Il la

831 ir et pour intensifier son offensive. Après un an de bataille, il succomba. Il avait osé l’acte ; il avait réussi : l’usur

832 au lieu de se faire meurtrier, c’est lui qui paya de sa vie. Il devint lui-même le martyr que son œuvre avait appelé. Soul

833 ce titre : L’Instant. Depuis longtemps, la pensée de Kierkegaard était comme fascinée par les deux concepts d’instant et d

834 egaard était comme fascinée par les deux concepts d’ instant et de saut. L’instant, c’était pour lui le temps de la foi, le

835 comme fascinée par les deux concepts d’instant et de saut. L’instant, c’était pour lui le temps de la foi, le contact du t

836 et de saut. L’instant, c’était pour lui le temps de la foi, le contact du temps et de l’éternité ou, comme il le disait :

837 ur lui le temps de la foi, le contact du temps et de l’éternité ou, comme il le disait : « la plénitude du temps, quand la

838 occasion ». Le saut, c’était le mouvement propre de la foi, irrationnel, instantané, concret, ce mouvement que le moindre

839 es lignes qui précèdent, dans la lecture alternée de Kierkegaard et de Shakespeare, j’avoue qu’il m’est arrivé plus d’une

840 èdent, dans la lecture alternée de Kierkegaard et de Shakespeare, j’avoue qu’il m’est arrivé plus d’une fois de ne plus bi

841 t de Shakespeare, j’avoue qu’il m’est arrivé plus d’ une fois de ne plus bien savoir lequel des deux parlait et de m’imagin

842 peare, j’avoue qu’il m’est arrivé plus d’une fois de ne plus bien savoir lequel des deux parlait et de m’imaginer qu’Hamle

843 de ne plus bien savoir lequel des deux parlait et de m’imaginer qu’Hamlet avait été écrit par Kierkegaard, voire qu’à l’in

844 r Kierkegaard, voire qu’à l’inverse la biographie de Kierkegaard avait été mise à la scène deux siècles et demi avant d’êt

845 it été mise à la scène deux siècles et demi avant d’ être vécue. Le style élisabéthain de Kierkegaard, son lyrisme énergiqu

846 et demi avant d’être vécue. Le style élisabéthain de Kierkegaard, son lyrisme énergique, mêlant le trivial aux clichés poé

847 étiques, les métaphores aux calembours, les élans d’ éloquence aux préciosités dialectiques, tout concourait à l’illusion…

848 lusion… Jusqu’au moment où je tombai sur une note de Kierkegaard lui-même au sujet d’Hamlet, qui rétablit les différences.

849 bai sur une note de Kierkegaard lui-même au sujet d’ Hamlet, qui rétablit les différences. Chose curieuse, cette note de de

850 ablit les différences. Chose curieuse, cette note de deux pages est publiée en appendice au livre dans lequel Kierkegaard

851 au livre dans lequel Kierkegaard raconte le drame de ses fiançailles. Il semble donc que le parallèle que j’ai risqué se s

852 rallèle que j’ai risqué se soit offert à l’esprit de Kierkegaard, et qu’il ait tenu à le corriger lui-même. Voici en bref

853 à le corriger lui-même. Voici en bref le contenu de la note, intitulée : Regard oblique sur l’Hamlet de Shakespeare. Kier

854 e Shakespeare. Kierkegaard reproche à Shakespeare de n’avoir pas fait d’Hamlet un drame religieux. Car, si les scrupules d

855 egaard reproche à Shakespeare de n’avoir pas fait d’ Hamlet un drame religieux. Car, si les scrupules d’Hamlet ne sont pas

856 ’Hamlet un drame religieux. Car, si les scrupules d’ Hamlet ne sont pas d’ordre religieux, le héros cesse d’être vraiment t

857 gieux. Car, si les scrupules d’Hamlet ne sont pas d’ ordre religieux, le héros cesse d’être vraiment tragique. Il frise le

858 let ne sont pas d’ordre religieux, le héros cesse d’ être vraiment tragique. Il frise le comique. Si, au contraire, ses ter

859 Si, au contraire, ses tergiversations relevaient de motifs religieux, elles deviendraient infiniment intéressantes, mais

860 ment intéressantes, mais alors il n’y aurait plus de drame, au sens technique et esthétique du terme. En effet, « dans l’o

861 ». Si l’obstacle à son acte est en lui, il s’agit d’ un scrupule religieux. Dans ce cas, le héros n’est grand que par sa so

862 a souffrance, non par son triomphe. Il n’y a plus de jeu poétique exaltant. Il n’y a plus que le sérieux, l’existentiel… T

863 rejoindrait purement et simplement la biographie de Kierkegaard. Le drame de Kierkegaard n’a pas été fictif. Il n’a pas é

864 simplement la biographie de Kierkegaard. Le drame de Kierkegaard n’a pas été fictif. Il n’a pas été joué et ne saurait l’ê

865 ence folle, pourrait-on dire), comme le drame pur d’ une vocation chrétienne. Ici prend fin, ici « échoue sur l’existence »

866 choue sur l’existence » le parallèle que je viens d’ esquisser. J’ai tenté d’illustrer, par le moyen d’images connues de to

867 le parallèle que je viens d’esquisser. J’ai tenté d’ illustrer, par le moyen d’images connues de tous, celles de Shakespear

868 d’esquisser. J’ai tenté d’illustrer, par le moyen d’ images connues de tous, celles de Shakespeare, certains moments mystér

869 tenté d’illustrer, par le moyen d’images connues de tous, celles de Shakespeare, certains moments mystérieux d’une dialec

870 er, par le moyen d’images connues de tous, celles de Shakespeare, certains moments mystérieux d’une dialectique tout intér

871 elles de Shakespeare, certains moments mystérieux d’ une dialectique tout intérieure. On sent le risque de l’entreprise : c

872 ne dialectique tout intérieure. On sent le risque de l’entreprise : celui de l’ingéniosité. C’est le risque technique, pou

873 rieure. On sent le risque de l’entreprise : celui de l’ingéniosité. C’est le risque technique, pour ainsi dire, de toute «

874 sité. C’est le risque technique, pour ainsi dire, de toute « communication indirecte ». Et maintenant, par fidélité à la m

875 recte ». Et maintenant, par fidélité à la méthode de Kierkegaard, passons sans transition à l’« énoncé direct », à l’exame

876 sans transition à l’« énoncé direct », à l’examen de la nature ou du mystère d’une vocation historiquement vécue.   Le pre

877 é direct », à l’examen de la nature ou du mystère d’ une vocation historiquement vécue.   Le premier caractère d’une vocati

878 tion historiquement vécue.   Le premier caractère d’ une vocation réelle consiste en son ambiguïté. Celle-ci paraît immédia

879 t immédiatement dans notre usage courant du terme de vocation. L’on dit ainsi d’un jeune garçon qu’il a une vocation d’avo

880 sage courant du terme de vocation. L’on dit ainsi d’ un jeune garçon qu’il a une vocation d’avocat, ou de poète ; c’est qu’

881 dit ainsi d’un jeune garçon qu’il a une vocation d’ avocat, ou de poète ; c’est qu’il aime à discuter ou qu’il tient des p

882 un jeune garçon qu’il a une vocation d’avocat, ou de poète ; c’est qu’il aime à discuter ou qu’il tient des propos fantais

883 menuets à sept ans, avait sans doute la vocation d’ un musicien. Il ne s’agit ici que du don naturel et des dispositions n

884 ens bien différent du terme. Quand Jérémie reçoit de l’Éternel l’ordre de parler aux nations, il répond : « Je ne suis qu’

885 terme. Quand Jérémie reçoit de l’Éternel l’ordre de parler aux nations, il répond : « Je ne suis qu’un enfant, voici, je

886 aroles dans ta bouche. » Il est rarement possible d’ isoler dans le vif ces deux mouvements contradictoires : la poussée de

887 ces deux mouvements contradictoires : la poussée de la nature et l’appel de l’esprit. Chez Kierkegaard, l’ambiguïté subsi

888 tradictoires : la poussée de la nature et l’appel de l’esprit. Chez Kierkegaard, l’ambiguïté subsiste. Nous avons vu que s

889 onde le sépare des autres et, dès l’enfance, fait de lui une nature d’exception. Mais l’appel religieux qui vient l’attein

890 autres et, dès l’enfance, fait de lui une nature d’ exception. Mais l’appel religieux qui vient l’atteindre au début de sa

891 l’appel religieux qui vient l’atteindre au début de sa carrière d’écrivain, et qui le charge d’une mission unique, le ren

892 eux qui vient l’atteindre au début de sa carrière d’ écrivain, et qui le charge d’une mission unique, le rend une exception

893 début de sa carrière d’écrivain, et qui le charge d’ une mission unique, le rend une exception au second degré, le met à pa

894 ne seconde fois, pour des raisons qui sont celles de l’esprit — bien que, dans ce cas particulier, la nature et l’appel re

895 e sens. On pourra donc interpréter cette vocation de deux manières tout opposées. On pourra toujours dire de Kierkegaard s

896 x manières tout opposées. On pourra toujours dire de Kierkegaard soit qu’il fut un neurasthénique, et que son cas relève d

897 u’il fut un neurasthénique, et que son cas relève de la psychanalyse, soit qu’il fut un prophète, né pour être poète et ph

898 nt, par l’appel transcendant, à devenir un témoin de la vérité. Cependant, cette ambiguïté dans notre idée courante de la

899 pendant, cette ambiguïté dans notre idée courante de la vocation n’est pas celle qui retient Kierkegaard. Il en a distingu

900 us au double sens du mot, mais à l’existence même d’ une vocation reçue. L’homme, en effet, qui reçoit vocation, se trouve

901 ru entendre. Et son incertitude n’est pas le fait d’ un manque d’information, d’une conscience vague ou d’une volonté vacil

902 Et son incertitude n’est pas le fait d’un manque d’ information, d’une conscience vague ou d’une volonté vacillante, mais

903 tude n’est pas le fait d’un manque d’information, d’ une conscience vague ou d’une volonté vacillante, mais elle provient d

904 n manque d’information, d’une conscience vague ou d’ une volonté vacillante, mais elle provient de ce qu’il n’y a pas de pr

905 e ou d’une volonté vacillante, mais elle provient de ce qu’il n’y a pas de preuve de la réalité de l’appel reçu ni de la r

906 illante, mais elle provient de ce qu’il n’y a pas de preuve de la réalité de l’appel reçu ni de la réalité de son objet. I

907 ais elle provient de ce qu’il n’y a pas de preuve de la réalité de l’appel reçu ni de la réalité de son objet. Il s’agit d

908 ent de ce qu’il n’y a pas de preuve de la réalité de l’appel reçu ni de la réalité de son objet. Il s’agit donc ici, selon

909 a pas de preuve de la réalité de l’appel reçu ni de la réalité de son objet. Il s’agit donc ici, selon Kierkegaard, d’une

910 ve de la réalité de l’appel reçu ni de la réalité de son objet. Il s’agit donc ici, selon Kierkegaard, d’une incertitude o

911 son objet. Il s’agit donc ici, selon Kierkegaard, d’ une incertitude objective. De même qu’on ne saurait prouver l’existenc

912 ive. De même qu’on ne saurait prouver l’existence de Dieu, on ne peut démontrer la nature transcendante d’une vocation. De

913 ieu, on ne peut démontrer la nature transcendante d’ une vocation. Devant Jésus-Christ, l’un dira : « C’est un nommé Jésus,

914 rist, l’un dira : « C’est un nommé Jésus, le fils d’ un charpentier de Nazareth » et l’autre confessera : « C’est le Christ

915 « C’est un nommé Jésus, le fils d’un charpentier de Nazareth » et l’autre confessera : « C’est le Christ, le Fils de Dieu

916 t l’autre confessera : « C’est le Christ, le Fils de Dieu, la Deuxième Personne de la Trinité. » L’incertitude objective,

917 le Christ, le Fils de Dieu, la Deuxième Personne de la Trinité. » L’incertitude objective, telle que la définit Kierkegaa

918 t l’on ne peut que « croire » une vocation, celle d’ un autre, mais aussi et d’abord celle que l’on « croit » avoir reçue s

919 certitude est objective dans la mesure où l’objet de la conviction qu’on entretient n’est pas démontrable ; dans la mesure

920 s démontrable ; dans la mesure, aussi, où l’enjeu de la vocation reste passible d’être mis en doute, ou même nié ; dans la

921 , aussi, où l’enjeu de la vocation reste passible d’ être mis en doute, ou même nié ; dans la mesure où cet enjeu risque, a

922 ; dans la mesure où cet enjeu risque, après tout, d’ être purement imaginaire. À cela, nous ajouterons l’incertitude subjec

923 rète ou l’esprit qui a parlé ? » En fait, l’homme de la vocation se trouve plongé dans une double incertitude et dans un r

924 rtitude et dans un risque permanent. Il n’est pas de méthode éprouvée ni de raisonnement qui puisse l’aider. L’homme engag

925 ue permanent. Il n’est pas de méthode éprouvée ni de raisonnement qui puisse l’aider. L’homme engage son action et parie t

926 , en ce sens qu’elle ne présente pas le caractère d’ incertitude objective lié à tout acte de foi. Hamlet sait exactement c

927 caractère d’incertitude objective lié à tout acte de foi. Hamlet sait exactement ce qu’il doit faire : tuer l’usurpateur,

928 tien en général, il en va différemment. Il s’agit de découvrir le rôle qu’on devra jouer dans un drame infini, aussi vaste

929 sommes en scène malgré nous… Telle est l’angoisse de la vocation. Je disais tout à l’heure que Kierkegaard, dès ses premiè

930 ses premières publications, s’était tracé un plan d’ action comportant toute une stratégie de pseudonymes et de « tromperie

931 é un plan d’action comportant toute une stratégie de pseudonymes et de « tromperies » — comme il tient à le répéter. Ceci

932 comportant toute une stratégie de pseudonymes et de « tromperies » — comme il tient à le répéter. Ceci nous porterait à c

933 t à le répéter. Ceci nous porterait à croire que, d’ entrée de jeu, tout comme Hamlet, il avait vu clairement l’acte histor

934 péter. Ceci nous porterait à croire que, d’entrée de jeu, tout comme Hamlet, il avait vu clairement l’acte historique qu’i

935 u clairement l’acte historique qu’il était chargé d’ accomplir. Mais les choses de la vie ne sont pas aussi simples. C’est

936 e qu’il était chargé d’accomplir. Mais les choses de la vie ne sont pas aussi simples. C’est après coup, le plus souvent,

937 brochure intitulée Point de vue sur mon activité d’ auteur : Il me faut préciser la part de la Providence dans mon œuvre.

938 activité d’auteur : Il me faut préciser la part de la Providence dans mon œuvre. Car je me rendrais coupable de déloyaut

939 dence dans mon œuvre. Car je me rendrais coupable de déloyauté envers Dieu si je prétendais avoir eu dès le début une vue

940 eu si je prétendais avoir eu dès le début une vue d’ ensemble de toute la structure dialectique de mon œuvre… Non, je dois

941 étendais avoir eu dès le début une vue d’ensemble de toute la structure dialectique de mon œuvre… Non, je dois le dire fra

942 vue d’ensemble de toute la structure dialectique de mon œuvre… Non, je dois le dire franchement, ce qui m’échappe, c’est

943 c’est que je puis maintenant avoir l’intelligence de l’ensemble, sans toutefois pouvoir affirmer qu’au début je l’ai saisi

944 a rigueur et toute la précision possibles la part de la Providence dans mon œuvre entière, je n’en saurais donner de formu

945 ce dans mon œuvre entière, je n’en saurais donner de formule plus adéquate ou plus décisive que celle-ci : la Providence a

946 mon éducation, qui se réfléchit dans le processus de ma production. Ainsi sont infirmées dans une certaine mesure les vues

947 ut à fait fausse non plus, car j’ai eu conscience de moi au cours de cette éducation et dès le début. … Dès le premier mom

948 le premier moment, l’élément religieux est donné de façon décisive ; il a sans contredit la suprématie, mais il attend pa

949 , mais il attend patiemment que le poète ait fini de s’épancher, tout en veillant avec des yeux d’Argus à ne pas se laisse

950 ini de s’épancher, tout en veillant avec des yeux d’ Argus à ne pas se laisser duper dans une œuvre où se proclame le poète

951 oppement ; c’est en elle que j’ai pris conscience de mon idée, de ma tâche. » Dans un autre passage du même livre, il nous

952 est en elle que j’ai pris conscience de mon idée, de ma tâche. » Dans un autre passage du même livre, il nous décrit ce qu

953 écrit ce que l’on pourrait appeler la psychologie d’ une vocation en exercice. Il parle de sa totale solitude. Il se dépein

954 psychologie d’une vocation en exercice. Il parle de sa totale solitude. Il se dépeint non seulement privé de confident, m

955 otale solitude. Il se dépeint non seulement privé de confident, mais seul avec un moi qu’il ne comprend même plus : Vain

956 ne comprend même plus : Vainement essaierais-je de raconter les occasions où Dieu m’a fait sentir son secours. Une chose

957  : quand je faisais ce dont il m’était impossible de donner la raison, ne songeant pas même à la chercher, quand je suivai

958 me à la chercher, quand je suivais les impulsions de ma nature, ce qui avait ainsi pour moi une valeur strictement personn

959 me auteur. Je n’arrivais pas à comprendre comment de petites circonstances en apparence toutes fortuites de ma vie et qui,

960 tites circonstances en apparence toutes fortuites de ma vie et qui, mon imagination aidant, prenaient d’immenses proportio

961 ma vie et qui, mon imagination aidant, prenaient d’ immenses proportions, me mettaient dans une disposition précise ; je n

962 uit toute mon œuvre comme si je n’avais rien fait d’ autre que de copier chaque jour des fragments déterminés d’un livre dé

963 n œuvre comme si je n’avais rien fait d’autre que de copier chaque jour des fragments déterminés d’un livre déjà imprimé.

964 ue de copier chaque jour des fragments déterminés d’ un livre déjà imprimé. Ainsi la vocation organise les hasards et fait

965 i la vocation organise les hasards et fait flèche de tout bois, souvent à notre insu. Mais ce qu’illustre avant tout ce pa

966 vant tout ce passage, c’est le paradoxe essentiel de toute vocation : il s’agit de suivre un chemin qui demeure invisible

967 paradoxe essentiel de toute vocation : il s’agit de suivre un chemin qui demeure invisible tant qu’on ne se risque pas à

968 ière sur mon sentier », dont nous parle un psaume de David, n’éclaire pas au loin une voie tracée d’avance : non, elle est

969 e de David, n’éclaire pas au loin une voie tracée d’ avance : non, elle est « à mes pieds » seulement, elle ne peut révéler

970 l’incertitude objective est le premier caractère d’ une vocation réelle, l’acceptation de l’invraisemblable en est la cons

971 er caractère d’une vocation réelle, l’acceptation de l’invraisemblable en est la conséquence nécessaire. Kierkegaard ne se

972 nséquence nécessaire. Kierkegaard ne se lasse pas d’ insister sur cette dernière catégorie. « Celui qui ne renonce pas à la

973 a souffrance, lorsqu’il écrit cette phrase lourde de sens : « Ce n’est pas le chemin qui est difficile, mais c’est le diff

974 le qui est le chemin. » On voit ici que la notion de vocation, chez Kierkegaard, s’oppose diamétralement à la notion coura

975 ns le sens où la nature nous pousse, dans le sens de nos talents, de nos « facilités », tandis que Kierkegaard nous propos

976 nature nous pousse, dans le sens de nos talents, de nos « facilités », tandis que Kierkegaard nous propose la souffrance

977 ffrance non pas seulement comme signe et garantie de la vraie voie, mais, plus radicalement, comme la voie même… 3. Cett

978 e finale du beau film que Laurence Olivier a tiré d’ Hamlet. Hamlet blessé, enfin résolu à l’action, monte sur une sorte de

979 ssé, enfin résolu à l’action, monte sur une sorte de tribune élevée, et, de là, d’un saut prodigieux, se jette dans le vid

980 ction, monte sur une sorte de tribune élevée, et, de là, d’un saut prodigieux, se jette dans le vide, l’épée brandie, pour

981 monte sur une sorte de tribune élevée, et, de là, d’ un saut prodigieux, se jette dans le vide, l’épée brandie, pour tomber

982 arfaite traduction plastique des concepts favoris de Kierkegaard. j. Rougemont Denis de, « Kierkegaard et Hamlet : deux

983 epts favoris de Kierkegaard. j. Rougemont Denis de , « Kierkegaard et Hamlet : deux princes danois », Preuves, Paris, fév

984 À propos de la crise de l’Unesco (mars 1953)k La démission de M. Trygve Lie a fait parler

985 la crise de l’Unesco (mars 1953)k La démission de M. Trygve Lie a fait parler d’une crise des Nations unies, par conséq

986 )k La démission de M. Trygve Lie a fait parler d’ une crise des Nations unies, par conséquent de la politique mondiale.

987 ler d’une crise des Nations unies, par conséquent de la politique mondiale. Survenant peu de jours après, la démission de

988 diale. Survenant peu de jours après, la démission de M. Torres Bodet, directeur général de l’Unesco, ne révèle certes pas

989 a démission de M. Torres Bodet, directeur général de l’Unesco, ne révèle certes pas une crise de la culture, mais bien du

990 néral de l’Unesco, ne révèle certes pas une crise de la culture, mais bien du principe même des organismes culturels dépen

991 principe même des organismes culturels dépendants de la politique. À ce titre, elle mérite un examen, que presque toutes l

992 examen, que presque toutes les revues ont négligé de faire, en vertu de la curieuse indifférence dont témoignent, à l’endr

993 s. Nous ne voyons, pour notre part, aucune raison d’ affecter la pudeur dans ce domaine. Disons que la crise est grave, que

994 ine. Disons que la crise est grave, que le départ de M. Jaime Torres Bodet n’a rien eu de diplomatique, que ce poète, mini

995 ue le départ de M. Jaime Torres Bodet n’a rien eu de diplomatique, que ce poète, ministre et grand éducateur est parti en

996 on sans avoir déclaré vertement qu’il avait cessé de croire à ce qu’il dirigeait. D’où vient le malaise ? Chacun sait

997 ’il avait cessé de croire à ce qu’il dirigeait. D’ où vient le malaise ? Chacun sait qu’il existe un malaise général à

998 a sur cet objet ; non seulement chez les « hommes de culture », qui savent mieux de quoi il s’agit, tout en doutant parfoi

999 chez les « hommes de culture », qui savent mieux de quoi il s’agit, tout en doutant parfois qu’il s’agisse vraiment d’eux

1000 , tout en doutant parfois qu’il s’agisse vraiment d’ eux ; mais aussi chez les fonctionnaires de l’institution elle-même, c

1001 aiment d’eux ; mais aussi chez les fonctionnaires de l’institution elle-même, comme le prouve le départ de leur chef. Il d

1002 ’institution elle-même, comme le prouve le départ de leur chef. Il doit y avoir un vice constitutif dans toute l’affaire.

1003 e, qu’est-ce que l’Unesco ? Un organisme qualifié de « culturel », mis sur pied par les gouvernements, composé de fonction

1004 el », mis sur pied par les gouvernements, composé de fonctionnaires nommés par eux, entièrement financé et contrôlé par eu

1005 amme général est voté par leurs délégués. Inutile de chercher plus loin. Il est clair qu’entre l’activité d’un peintre, d’

1006 rcher plus loin. Il est clair qu’entre l’activité d’ un peintre, d’un savant, d’un écrivain, et les intérêts d’un ministre,

1007 n. Il est clair qu’entre l’activité d’un peintre, d’ un savant, d’un écrivain, et les intérêts d’un ministre, les rapports,

1008 ir qu’entre l’activité d’un peintre, d’un savant, d’ un écrivain, et les intérêts d’un ministre, les rapports, s’il en est,

1009 ntre, d’un savant, d’un écrivain, et les intérêts d’ un ministre, les rapports, s’il en est, ne sont qu’accidentels. Il s’a

1010 s, s’il en est, ne sont qu’accidentels. Il s’agit d’ ordres différents, dirait Pascal. Mais cette constatation, quoique néc

1011 ette constatation, quoique nécessaire, reste loin d’ épuiser la question. Car l’Unesco n’a jamais prétendu faire la culture

1012 co n’a jamais prétendu faire la culture, ou faire de la culture. L’Unesco veut aider la culture, et plus encore aider les

1013 se cultiver, non point d’ailleurs pour le plaisir de l’art, mais parce qu’on pense qu’ainsi l’on servira la paix. Or, seul

1014 , n’ayant en vue que la qualité des œuvres d’art, de littérature ou de science, et leur diffusion dans les masses, serait

1015 ue la qualité des œuvres d’art, de littérature ou de science, et leur diffusion dans les masses, serait vraiment une aide

1016 gouvernement qui peut aider ainsi ? Servitudes de la culture organisée Il y eut jadis des princes et dictateurs mécè

1017 pratiquement un ministère plus ou moins dépendant d’ un autre ministère (celui des finances, par exemple) et contrôlé par l

1018 inances, par exemple) et contrôlé par la majorité d’ un parlement. Comment un ministère pourrait-il donc (quels que soient

1019 ère pourrait-il donc (quels que soient les désirs de ses hauts fonctionnaires) obtenir un crédit pour la beauté d’une œuvr

1020 fonctionnaires) obtenir un crédit pour la beauté d’ une œuvre, et sur la seule démonstration de son excellence ? Il n’en o

1021 beauté d’une œuvre, et sur la seule démonstration de son excellence ? Il n’en obtient parfois, avec quelles peines, que s’

1022 ontrer aux Finances, au Parlement, aux présidents de ses commissions, que tel ou tel projet « sert le pays », c’est-à-dire

1023 ique ou son tourisme, ses industries du cinéma ou de l’édition, ses laboratoires nationaux, certains groupes d’intérêts pr

1024 ion, ses laboratoires nationaux, certains groupes d’ intérêts privés, et finalement certains partis. Admettons que le proje

1025 s Hindous et les Américains, chacun dûment pourvu d’ instructions de son État, donc de directives politiques. Si le produit

1026 s Américains, chacun dûment pourvu d’instructions de son État, donc de directives politiques. Si le produit qui émerge de

1027 un dûment pourvu d’instructions de son État, donc de directives politiques. Si le produit qui émerge de leurs débats a par

1028 e directives politiques. Si le produit qui émerge de leurs débats a par miracle forme humaine et valeur proprement culture

1029 oprement culturelle, ce sera bien grâce aux tours de force de quelques fonctionnaires chargés de l’exécution. Puis se pose

1030 culturelle, ce sera bien grâce aux tours de force de quelques fonctionnaires chargés de l’exécution. Puis se pose la quest

1031 tours de force de quelques fonctionnaires chargés de l’exécution. Puis se pose la question du budget. Il faut faire vivre

1032 s gouvernements — et c’est normal — qu’une espèce de mal nécessaire, un de ces irritants problèmes périphériques qui vienn

1033 ’est normal — qu’une espèce de mal nécessaire, un de ces irritants problèmes périphériques qui viennent encore s’ajouter a

1034 iennent encore s’ajouter aux problèmes harassants de la lutte des partis, de l’économie, de la défense, et de la politique

1035 aux problèmes harassants de la lutte des partis, de l’économie, de la défense, et de la politique générale, — il est bien

1036 harassants de la lutte des partis, de l’économie, de la défense, et de la politique générale, — il est bien clair qu’on le

1037 utte des partis, de l’économie, de la défense, et de la politique générale, — il est bien clair qu’on leur donnera toujour

1038 sible. Aux yeux du grand public, un budget annuel de neuf millions de dollars, comme celui de l’Unesco, est gigantesque. A

1039 u grand public, un budget annuel de neuf millions de dollars, comme celui de l’Unesco, est gigantesque. Au regard des tâch

1040 t annuel de neuf millions de dollars, comme celui de l’Unesco, est gigantesque. Au regard des tâches mondiales que l’Unesc

1041 pire encore si l’on ose le comparer aux dépenses d’ armement, ou simplement aux subventions de certains États à leurs indu

1042 épenses d’armement, ou simplement aux subventions de certains États à leurs industries déficientes. Si l’on croyait à la c

1043 omme on croit au pouvoir électoral des bouilleurs de cru, par exemple, on lui donnerait cent fois ou mille fois plus. Mais

1044 croit guère dans ces milieux, et tel étant l’état de l’opinion moyenne, 9 000 000 de dollars font tout de même une grosse

1045 tel étant l’état de l’opinion moyenne, 9 000 000 de dollars font tout de même une grosse somme. Les hommes de culture, co

1046 rs font tout de même une grosse somme. Les hommes de culture, comme on dit, se demandent alors si pour ce prix l’on ne pou

1047 r les aider. La machine n’absorbe-t-elle pas plus d’ énergie qu’elle n’en transmet ? Cela devrait se calculer, semble-t-il.

1048  ? En attendant, rêvons un peu sur ces 9 millions de dollars consentis par les gouvernements. Avec cette somme, on pourrai

1049 mme, on pourrait entretenir 130 centres européens de la culture (un vrai cauchemar) ; ou décerner 3000 grands prix de litt

1050 un vrai cauchemar) ; ou décerner 3000 grands prix de littérature, d’art et de science ; ou réunir 4000 séminaires de discu

1051 r) ; ou décerner 3000 grands prix de littérature, d’ art et de science ; ou réunir 4000 séminaires de discussions et de rec

1052 écerner 3000 grands prix de littérature, d’art et de science ; ou réunir 4000 séminaires de discussions et de recherches ;

1053 , d’art et de science ; ou réunir 4000 séminaires de discussions et de recherches ; ou distribuer 5 à 6000 bourses d’étude

1054 nce ; ou réunir 4000 séminaires de discussions et de recherches ; ou distribuer 5 à 6000 bourses d’études pour professeurs

1055 et de recherches ; ou distribuer 5 à 6000 bourses d’ études pour professeurs, artistes, étudiants ; ou publier 25 millions

1056 urs, artistes, étudiants ; ou publier 25 millions de volumes et les distribuer gratuitement ; ou encore 80 millions de gra

1057 s distribuer gratuitement ; ou encore 80 millions de grandes reproductions d’œuvres d’art en couleurs. Mais tout cela, com

1058  ; ou encore 80 millions de grandes reproductions d’ œuvres d’art en couleurs. Mais tout cela, comme cent autres choses pos

1059 ite la culture comme but en soi, non comme annexe d’ une politique. Et nous venons de voir pourquoi c’est impossible : non

1060 oir pourquoi c’est impossible : non point à cause d’ une mauvaise volonté ou d’une insuffisance quelconque des hommes charg

1061 ble : non point à cause d’une mauvaise volonté ou d’ une insuffisance quelconque des hommes chargés de la tâche, bien au co

1062 d’une insuffisance quelconque des hommes chargés de la tâche, bien au contraire, mais à cause du système adopté. Troi

1063 , mais à cause du système adopté. Trois vices de construction C’est le système qu’il faut donc réformer, et c’est e

1064 former, et c’est encore trop peu dire : il s’agit de refaire à l’inverse, de fond en comble, — et non de comble en fond —

1065 trop peu dire : il s’agit de refaire à l’inverse, de fond en comble, — et non de comble en fond — ce qu’ont imaginé il y a

1066 refaire à l’inverse, de fond en comble, — et non de comble en fond — ce qu’ont imaginé il y a sept ans les créateurs de l

1067 — ce qu’ont imaginé il y a sept ans les créateurs de l’Unesco. Le système souffre de trois vices majeurs : il est trop vas

1068 ans les créateurs de l’Unesco. Le système souffre de trois vices majeurs : il est trop vaste, il est centralisé, et il lai

1069 n culturelle qui survole toutes les civilisations de la planète ne peut se donner qu’un but très vague, mal défini et pres

1070 qu’un but très vague, mal défini et presque vide de contenu proprement culturel. (En fait, on se borne à dire qu’on trava

1071 le cadre national ne correspond pas aux réalités de la culture : celle-ci s’est toujours faite par un jeu de libre-échang

1072 ulture : celle-ci s’est toujours faite par un jeu de libre-échange qui ne tenait aucun compte de nos récentes divisions ad

1073 n jeu de libre-échange qui ne tenait aucun compte de nos récentes divisions administratives et douanières. Le champ d’acti

1074 divisions administratives et douanières. Le champ d’ action optimum d’une œuvre de coopération culturelle correspond concrè

1075 tratives et douanières. Le champ d’action optimum d’ une œuvre de coopération culturelle correspond concrètement au « champ

1076 douanières. Le champ d’action optimum d’une œuvre de coopération culturelle correspond concrètement au « champ d’étude his

1077 ion culturelle correspond concrètement au « champ d’ étude historique intelligible » tel que l’a délimité Toynbee : une soc

1078 et non point mondiaux. 2. Centralisé. La réalité de la culture ne se trouve ni dans l’individu isolé, ni dans la nation,

1079 ans les communautés organiques et dans les foyers de création. Nous entendons par là : les écoles de pensée et d’art ; les

1080 s de création. Nous entendons par là : les écoles de pensée et d’art ; les revues et les groupes d’études ; les festivals

1081 . Nous entendons par là : les écoles de pensée et d’ art ; les revues et les groupes d’études ; les festivals de musique ou

1082 es de pensée et d’art ; les revues et les groupes d’ études ; les festivals de musique ou de théâtre ; les instituts de rec

1083 es revues et les groupes d’études ; les festivals de musique ou de théâtre ; les instituts de recherches et d’enseignement

1084 es groupes d’études ; les festivals de musique ou de théâtre ; les instituts de recherches et d’enseignement ; les laborat

1085 estivals de musique ou de théâtre ; les instituts de recherches et d’enseignement ; les laboratoires, etc. C’est là que se

1086 ue ou de théâtre ; les instituts de recherches et d’ enseignement ; les laboratoires, etc. C’est là que se forme le langage

1087 uels et que leurs œuvres apparaissent. C’est donc de là qu’il faut partir, de cette base-là, non point d’une organisation

1088 apparaissent. C’est donc de là qu’il faut partir, de cette base-là, non point d’une organisation abstraite parce que mondi

1089 là qu’il faut partir, de cette base-là, non point d’ une organisation abstraite parce que mondiale, et condamnée par ses di

1090 nc décentralisé. Il se développe par des méthodes de coordination pratique, et non pas à coups de directives émises par un

1091 odes de coordination pratique, et non pas à coups de directives émises par un office lointain, soumis lui-même à des press

1092 office lointain, soumis lui-même à des pressions d’ un ordre différent de celui de la culture. Il suppose certes des liais

1093 mis lui-même à des pressions d’un ordre différent de celui de la culture. Il suppose certes des liaisons multipliées entre

1094 ême à des pressions d’un ordre différent de celui de la culture. Il suppose certes des liaisons multipliées entre foyers d

1095 pose certes des liaisons multipliées entre foyers de création. Ces liaisons peuvent et doivent être favorisées quand elles

1096 elle du rayonnement normal et sensible des foyers de base. 3. Initiative et contrôle gouvernementaux. Ce qui précède suffi

1097 ablir que l’initiative véritable, dans le domaine de la culture, appartient en fait aux petits groupes, à de petits exécut

1098 culture, appartient en fait aux petits groupes, à de petits exécutifs spécialisés. Il serait donc naturel de calquer les o

1099 its exécutifs spécialisés. Il serait donc naturel de calquer les organisations d’aide culturelle sur cette réalité de base

1100 serait donc naturel de calquer les organisations d’ aide culturelle sur cette réalité de base. Partir d’en bas, non pas d’

1101 organisations d’aide culturelle sur cette réalité de base. Partir d’en bas, non pas d’un centre trop élevé, et trop abstra

1102 aide culturelle sur cette réalité de base. Partir d’ en bas, non pas d’un centre trop élevé, et trop abstrait des condition

1103 r cette réalité de base. Partir d’en bas, non pas d’ un centre trop élevé, et trop abstrait des conditions concrètes de la

1104 élevé, et trop abstrait des conditions concrètes de la culture dans son état naissant. Et ce qui vaut pour les initiative

1105 elle du Conseil de l’Europe ? Les taches normales de l’État en général. Tâches de distribution (comprenant la libération p

1106 Les taches normales de l’État en général. Tâches de distribution (comprenant la libération pratique des échanges culturel

1107 que des échanges culturels dans une aire donnée), de subvention (après examen des propositions étudiées et soumises par le

1108 t soumises par les intéressés directs) et parfois d’ arbitrage (en cas de conflit entre certaines activités culturelles et

1109 ntéressés directs) et parfois d’arbitrage (en cas de conflit entre certaines activités culturelles et le bien commun des p

1110 relles et le bien commun des peuples ou du groupe de nations considéré). S’il fallait résumer encore ces remarques déjà tr

1111 tière de culture, les intéressés seuls sont juges de leurs besoins. Qu’on leur laisse donc l’initiative, le contrôle et l’

1112 au Centre européen de la culture, les directeurs de festivals). Cette méthode s’est montrée la plus économique, la plus r

1113 lus efficace aussi pour préserver les entreprises de culture de toute ingérence politique. 2. Sur la base des initiatives

1114 e aussi pour préserver les entreprises de culture de toute ingérence politique. 2. Sur la base des initiatives émanant des

1115 rnements ou la fédération s’attachent à leur rôle d’ arbitrage entre les intérêts spécifiques de la culture et les intérêts

1116 r rôle d’arbitrage entre les intérêts spécifiques de la culture et les intérêts généraux des populations. Un régime de con

1117 les intérêts généraux des populations. Un régime de consultations directes entre les petits exécutifs spécialisés dont no

1118 machines bureaucratiques. k. Rougemont Denis de , « À propos de la crise de l’Unesco », Preuves, Paris, mars 1953, p. 

1119 k. Rougemont Denis de, « À propos de la crise de l’Unesco », Preuves, Paris, mars 1953, p. 74-76.

1120 ré ! Ils tirent sur les ouvriers ! » Le vieux cri de douleur des villes européennes, le cri de douleur des faubourgs s’est

1121 eux cri de douleur des villes européennes, le cri de douleur des faubourgs s’est propagé dans les avenues lugubres de Berl

1122 faubourgs s’est propagé dans les avenues lugubres de Berlin, entre leurs façades sur le vide, les blocs blanchis aux petit

1123 êtres myopes des privilégiés du régime, le palais de marbre rose de l’ambassade de l’URSS, seul battant neuf parmi les rui

1124 s privilégiés du régime, le palais de marbre rose de l’ambassade de l’URSS, seul battant neuf parmi les ruines. Les tanks

1125 u régime, le palais de marbre rose de l’ambassade de l’URSS, seul battant neuf parmi les ruines. Les tanks soviétiques, l’

1126 iétiques viennent de renouveler ce Dimanche rouge de 1905 où le tzar fit tirer sur la foule qui marchait vers le Palais d’

1127 it tirer sur la foule qui marchait vers le Palais d’ Hiver. Ce sont les descendants des ouvriers d’alors, ce sont leurs pet

1128 ais d’Hiver. Ce sont les descendants des ouvriers d’ alors, ce sont leurs petits-fils en uniformes, passés aux ordres du Kr

1129 tiré sur leurs camarades, les ouvriers sans armes de la Stalinallee. Les tanks soviétiques ont tiré sur la foule ouvrière.

1130 mmuniste, nos enfants la liront dans leurs livres d’ histoire. Cette phrase a été dite, une fois pour toutes. Elle n’est pa

1131 pas mensongère, elle est gagée sur des centaines de morts et de blessés. Étant dite, et de cette manière, non par certain

1132 ère, elle est gagée sur des centaines de morts et de blessés. Étant dite, et de cette manière, non par certains pour les b

1133 centaines de morts et de blessés. Étant dite, et de cette manière, non par certains pour les besoins d’une polémique, non

1134 cette manière, non par certains pour les besoins d’ une polémique, non par la presse d’un seul pays, d’un seul parti, non

1135 ur les besoins d’une polémique, non par la presse d’ un seul pays, d’un seul parti, non par erreur ou exagération, ni par r

1136 ’une polémique, non par la presse d’un seul pays, d’ un seul parti, non par erreur ou exagération, ni par rien que l’on pui

1137 sophistiquer dialectiquement à l’aide de Marx, ou de Lénine, ou de Staline, mais dite, et sans retour, et de cette manière

1138 ialectiquement à l’aide de Marx, ou de Lénine, ou de Staline, mais dite, et sans retour, et de cette manière-là, par la ré

1139 ine, ou de Staline, mais dite, et sans retour, et de cette manière-là, par la révolte et les blessures et les cadavres des

1140 lte et les blessures et les cadavres des ouvriers de Berlin-Est, cette phrase crie sur la terre entière une vérité que l’o

1141 ses jours désormais sont comptés. L’insurrection de toutes les villes de la zone Est, bien qu’écrasée dans le sang, marqu

1142 sont comptés. L’insurrection de toutes les villes de la zone Est, bien qu’écrasée dans le sang, marque la fin d’une ère :

1143 Est, bien qu’écrasée dans le sang, marque la fin d’ une ère : celle du mythe communiste qui, pendant trente-six ans, domin

1144 ente-six ans, domina la conscience prolétarienne ( de France et d’Italie surtout) et l’inconscient de millions de bourgeois

1145 domina la conscience prolétarienne (de France et d’ Italie surtout) et l’inconscient de millions de bourgeois. Fin d’un my

1146 (de France et d’Italie surtout) et l’inconscient de millions de bourgeois. Fin d’un mythe, mais aussi d’un monstrueux sop

1147 et d’Italie surtout) et l’inconscient de millions de bourgeois. Fin d’un mythe, mais aussi d’un monstrueux sophisme. Allez

1148 t) et l’inconscient de millions de bourgeois. Fin d’ un mythe, mais aussi d’un monstrueux sophisme. Allez redire, ô philoso

1149 millions de bourgeois. Fin d’un mythe, mais aussi d’ un monstrueux sophisme. Allez redire, ô philosophes qui vantiez la vio

1150 la classe ouvrière se reconnaît dans les épreuves de force que le PC institue en son nom » ! (J.-P. Sartre). Allez redire

1151 . Sartre). Allez redire devant ces morts en bleus de travail que le parti communiste a forcément raison, puisqu’il est le

1152 qu’il était le parti qui avait supprimé le droit de grève, sous l’impudent prétexte qu’en régime socialiste les ouvriers

1153 ocialiste les ouvriers n’auraient plus l’occasion de s’en servir… On savait aussi qu’il était le parti du travail forcé, c

1154 , celui qui venait de « réaliser », par les mains de cent-mille esclaves, le canal de la Volga au Don. Mais les journées d

1155 », par les mains de cent-mille esclaves, le canal de la Volga au Don. Mais les journées de Berlin l’ont démasqué comme le

1156 s, le canal de la Volga au Don. Mais les journées de Berlin l’ont démasqué comme le parti de la répression sanglante et de

1157 journées de Berlin l’ont démasqué comme le parti de la répression sanglante et de la déportation massive des travailleurs

1158 squé comme le parti de la répression sanglante et de la déportation massive des travailleurs. C’est ici le lieu et le temp

1159 e des travailleurs. C’est ici le lieu et le temps de le répéter, ou jamais : d’autres que les Soviets ont tiré sur la foul

1160 la foule des prolétaires revendiquant leur droit de vivre. D’autres massacres d’ouvriers ont sali notre histoire, depuis

1161 endiquant leur droit de vivre. D’autres massacres d’ ouvriers ont sali notre histoire, depuis le xviiie siècle. Au nom de

1162 , depuis le xviiie siècle. Au nom de l’ordre, et de la loi, au nom des droits sacrés de la propriété, au nom des intérêts

1163 e l’ordre, et de la loi, au nom des droits sacrés de la propriété, au nom des intérêts de la production, les policiers de

1164 roits sacrés de la propriété, au nom des intérêts de la production, les policiers de toutes nos bourgeoisies ont tué des t

1165 nom des intérêts de la production, les policiers de toutes nos bourgeoisies ont tué des travailleurs qui, eux, se révolta

1166 qui, eux, se révoltaient au nom de la liberté et de leur dignité d’hommes. C’était ignoble, mais nous voyons bien pire. I

1167 voltaient au nom de la liberté et de leur dignité d’ hommes. C’était ignoble, mais nous voyons bien pire. Il était réservé

1168 bien pire. Il était réservé au régime communiste de faire ce métier-là au nom des ouvriers — d’ajouter l’imposture au cri

1169 niste de faire ce métier-là au nom des ouvriers — d’ ajouter l’imposture au crime. C’est en quoi Grotewohl est pire que M.

1170 M. Thiers. Il était réservé au régime communiste d’ aggraver d’un contrôle policier la condition de l’ouvrier d’usine, de

1171 Il était réservé au régime communiste d’aggraver d’ un contrôle policier la condition de l’ouvrier d’usine, de l’appeler d

1172 te d’aggraver d’un contrôle policier la condition de l’ouvrier d’usine, de l’appeler dès lors « liberté » et d’exiger que

1173 d’un contrôle policier la condition de l’ouvrier d’ usine, de l’appeler dès lors « liberté » et d’exiger que les prolétair

1174 trôle policier la condition de l’ouvrier d’usine, de l’appeler dès lors « liberté » et d’exiger que les prolétaires, « spo

1175 ier d’usine, de l’appeler dès lors « liberté » et d’ exiger que les prolétaires, « spontanément », réclament, au lieu d’aug

1176 pontanément », réclament, au lieu d’augmentations de salaire, l’augmentation des « normes de travail », 10 % cette fois-ci

1177 entations de salaire, l’augmentation des « normes de travail », 10 % cette fois-ci, pour le même prix. Quand les capitalis

1178 es capitalistes honnis du xixe siècle exigeaient de telles normes, ou trois fois plus, ils le faisaient au nom de leurs i

1179 lus, ils le faisaient au nom de leurs intérêts ou de valeurs couvrant ces intérêts ; jamais au nom de la justice et des li

1180 pires que la pire injustice : la première serait d’ excuser le péché des bourgeois par celui des Soviets ; mais la seconde

1181 nous l’avons sous les yeux, consiste à s’emparer de la cause ouvrière, à se parer de sa justice et de son nom, pour l’écr

1182 iste à s’emparer de la cause ouvrière, à se parer de sa justice et de son nom, pour l’écraser ensuite, une fois qu’on a le

1183 de la cause ouvrière, à se parer de sa justice et de son nom, pour l’écraser ensuite, une fois qu’on a le pouvoir, en répé

1184 a le pouvoir, en répétant ses vieux mots d’ordre d’ unité, d’amélioration de la vie, de haine contre le fascisme et les pr

1185 voir, en répétant ses vieux mots d’ordre d’unité, d’ amélioration de la vie, de haine contre le fascisme et les provocateur

1186 nt ses vieux mots d’ordre d’unité, d’amélioration de la vie, de haine contre le fascisme et les provocateurs. Qui ne voit

1187 x mots d’ordre d’unité, d’amélioration de la vie, de haine contre le fascisme et les provocateurs. Qui ne voit aujourd’hui

1188 -ils pratiquement n’être pas Russes ou à la solde de Moscou ? On demande aux ouvriers de les dénoncer. Mais ils l’ont fait

1189 ou à la solde de Moscou ? On demande aux ouvriers de les dénoncer. Mais ils l’ont fait avec éclat le dix-sept juin ! En cr

1190 nous ne sommes pas des esclaves ! », les ouvriers de Berlin ont rétabli d’un coup la vérité profonde de toute la situation

1191 esclaves ! », les ouvriers de Berlin ont rétabli d’ un coup la vérité profonde de toute la situation, une vérité qui vaut

1192 e Berlin ont rétabli d’un coup la vérité profonde de toute la situation, une vérité qui vaut pour tous leurs camarades des

1193 pour tous leurs camarades des pays satellites et de l’URSS ; et les tyrans l’ont confirmée, en ouvrant le feu. L’impostur

1194 r les faits. Il leur reste à nier l’éclat de rire de la foule devant les haut-parleurs qui proclament les bonnes intention

1195 iste. Il leur reste à nier ceci : devant la porte de Brandebourg, le vieux chant révolutionnaire s’est fait entendre pour

1196 t entendre pour la première fois depuis vingt ans de silence, vingt ans de dictature : « Frères, marchons ensemble vers la

1197 mière fois depuis vingt ans de silence, vingt ans de dictature : « Frères, marchons ensemble vers la liberté. » Mais rien

1198 s, marchons ensemble vers la liberté. » Mais rien de tout cela ne sera effacé. Rien ne peut plus faire que les héros de Be

1199 era effacé. Rien ne peut plus faire que les héros de Berlin soient morts en vain. Aux jours les plus découragés de l’Occid

1200 ient morts en vain. Aux jours les plus découragés de l’Occident, ils ont fait renaître l’espoir. Le sursaut de l’Europe no

1201 ident, ils ont fait renaître l’espoir. Le sursaut de l’Europe nouvelle, on vient de le sentir à Berlin, surgissant d’un pe

1202 velle, on vient de le sentir à Berlin, surgissant d’ un peuple écrasé. Et ce n’est pas l’Europe des marchandages entre nati

1203 ’Europe qui crée son avenir et justifie sa raison d’ être par des hommes qui se sacrifient au service de la liberté. l.

1204 ’être par des hommes qui se sacrifient au service de la liberté. l. Rougemont Denis de, « “Nous ne sommes pas des escla

1205 t au service de la liberté. l. Rougemont Denis de , « “Nous ne sommes pas des esclaves !” », Preuves, Paris, juillet 195

1206 Les raisons d’ être du Congrès (septembre 1953)m n Notre tâche est une action mond

1207 tre tâche est une action mondiale pour la liberté de la culture, c’est-à-dire : pour la liberté dont la culture est une de

1208 i nous ont conduits jusqu’ici. À Berlin, au début de la guerre de Corée, nous avons été dire un seul mot : Liberté ! et le

1209 nduits jusqu’ici. À Berlin, au début de la guerre de Corée, nous avons été dire un seul mot : Liberté ! et le sens de ce m

1210 avons été dire un seul mot : Liberté ! et le sens de ce mot, ce sens que les plus grands philosophes n’ont pas réussi à ép

1211 clair du seul fait qu’il était prononcé à portée de voix des tyrans. À la suite du meeting mémorable de Berlin, nous nous

1212 voix des tyrans. À la suite du meeting mémorable de Berlin, nous nous sommes organisés. Nous avons créé des secrétariats

1213 sait en somme ce festival, et « voilà nos raisons de reprendre confiance dans une culture, que ceux qui en sont indignes,

1214 qui le prouvent par là même, ont voulu qualifier de décadente ». L’année prochaine, à Rome, une autre conférence groupant

1215 maine des Arts. Mais la science ? nous a-t-on dit de tous côtés, qu’en faites-vous ? N’est-elle pas une partie décisive de

1216 faites-vous ? N’est-elle pas une partie décisive de la culture au sens moderne ? Certes, la question des rapports entre l

1217 cience et la liberté a fait partie, dès le début, de notre programme. Nous nous sommes tournés vers la science. Nous l’avo

1218 us gravement menacée que les Arts par les régimes de tyrannie d’État. Il est facile de s’en convaincre. En Asie, dans l’An

1219 menacée que les Arts par les régimes de tyrannie d’ État. Il est facile de s’en convaincre. En Asie, dans l’Antiquité, che

1220 par les régimes de tyrannie d’État. Il est facile de s’en convaincre. En Asie, dans l’Antiquité, chez les Aztèques, pendan

1221 musique et la danse prospérer sous toutes sortes de tyrannies, souvent en dépit d’elles, mais parfois à cause d’elles. Et

1222 s, souvent en dépit d’elles, mais parfois à cause d’ elles. Et aujourd’hui cela est possible encore. Certes, la peinture et

1223 s au plus bas en Russie soviétique ; mais le sort d’ une ballerine de l’Opéra de Moscou est certainement plus enviable que

1224 Russie soviétique ; mais le sort d’une ballerine de l’Opéra de Moscou est certainement plus enviable que celui d’un savan

1225 iétique ; mais le sort d’une ballerine de l’Opéra de Moscou est certainement plus enviable que celui d’un savant qui doit

1226 e Moscou est certainement plus enviable que celui d’ un savant qui doit apprendre et professer la génétique selon Lyssenko,

1227 Staline, ou l’histoire selon les prochains aveux de Beria ! Les arts peuvent, dans une certaine mesure, se jouer de la ty

1228 arts peuvent, dans une certaine mesure, se jouer de la tyrannie ; la science moderne le peut de moins en moins. Pour des

1229 jouer de la tyrannie ; la science moderne le peut de moins en moins. Pour des raisons pratiques d’abord, des raisons finan

1230 peut lui dire cela sans tuer en lui l’élan intime de la recherche, qui est par essence une aventure dans l’inconnu. Notre

1231 ne aventure dans l’inconnu. Notre deuxième raison de nous tourner vers la science est encore plus évidente, et la voici :

1232 ’idée que les peuples et leurs éducateurs se font de la science. De plus en plus, l’on accorde à cette dernière, au reste

1233 ette situation est toute nouvelle dans l’histoire de l’humanité. Elle pose des problèmes difficiles, devant lesquels je so

1234 e votre conférence ne recule pas. Je citerai deux de ces problèmes, qui d’ailleurs concernent moins l’essence même de la s

1235 s, qui d’ailleurs concernent moins l’essence même de la science que ses implications pour notre vie sociale. Tout d’abord,

1236 contraignante pour l’esprit et pourtant créatrice de manières de penser nouvelles : typiquement européenne dans sa source

1237 e pour l’esprit et pourtant créatrice de manières de penser nouvelles : typiquement européenne dans sa source et pourtant

1238 ourtant universelle dans ses conclusions ; modèle de certitude dans ses déductions, et pourtant née à chaque instant du do

1239 stant du doute le plus délibéré. Aventure suprême de l’esprit critique pour ses créateurs et cependant cause de superstiti

1240 it critique pour ses créateurs et cependant cause de superstition nouvelle pour les masses, la science « qui guérit et qui

1241 e ? Ensuite, je vois le problème des applications de la science. Lorsque Einstein écrivit la célèbre équation de la relati

1242 nce. Lorsque Einstein écrivit la célèbre équation de la relativité E = mc2, pouvait-il prévoir que trente-neuf ans plus ta

1243 révoir que trente-neuf ans plus tard, sur la base de cette équation, une bombe nouvelle tuerait en une seconde plus de cen

1244 n, une bombe nouvelle tuerait en une seconde plus de cent-vingt-mille Japonais ? Il est inévitable que cet aspect essentie

1245 imprévisible, voire anarchique, des conséquences de la recherche scientifique fasse l’inquiétude et même l’angoisse du mo

1246 inventions techniques, qui sont les sous-produits de la science, aboutissent de nos jours à des applications accélérées pr

1247 sont les sous-produits de la science, aboutissent de nos jours à des applications accélérées presque immédiates. Il a fall

1248 ns accélérées presque immédiates. Il a fallu plus de trois siècles à l’imprimerie pour développer tous ses effets sociaux,

1249 uction publique et la grande presse. Mais prenez, de nos jours, une petite invention comme celle de la télévision ; en que

1250 z, de nos jours, une petite invention comme celle de la télévision ; en quelques années, en quelques mois, voici qu’elle m

1251 es années, en quelques mois, voici qu’elle menace de ruiner l’importante industrie du cinéma, et qu’elle bouleverse les co

1252 e du cinéma, et qu’elle bouleverse les conditions d’ une campagne présidentielle aux États-Unis, avec tout ce que cela peut

1253 États-Unis, avec tout ce que cela peut comporter de conséquences politiques à l’échelle mondiale. Ainsi la Science, de pl

1254 du parti politique au pouvoir ? Sera-ce une sorte de sagesse nouvelle, encore à naître, qui imposerait une harmonie prééta

1255  ? Ou bien sommes-nous prêts à courir les risques de la liberté ? Ces questions sont parmi les plus graves qui se posent à

1256 ublic. On comprend que le Congrès pour la Liberté de la Culture ait pris l’initiative de convoquer l’assemblée d’aujourd’h

1257 ur la Liberté de la Culture ait pris l’initiative de convoquer l’assemblée d’aujourd’hui. Son but est clair : montrer que

1258 re ait pris l’initiative de convoquer l’assemblée d’ aujourd’hui. Son but est clair : montrer que la science ne peut servir

1259 rs. La liberté dans la recherche et l’acceptation de ses risques supposent une belle confiance dans les pouvoirs de l’homm

1260 s supposent une belle confiance dans les pouvoirs de l’homme et dans l’issue de l’aventure humaine. Nous cherchions un lie

1261 ance dans les pouvoirs de l’homme et dans l’issue de l’aventure humaine. Nous cherchions un lieu propice à cette atmosphèr

1262 emple du dynamisme créateur — un étonnant pouvoir de relèvement, un modèle de reconstruction, une ouverture très large aux

1263 ur — un étonnant pouvoir de relèvement, un modèle de reconstruction, une ouverture très large aux grands courants du monde

1264 rge aux grands courants du monde, bref cet esprit de la Renaissance qui fut aussi celui de l’essor scientifique. C’était v

1265 cet esprit de la Renaissance qui fut aussi celui de l’essor scientifique. C’était votre cité libre et hanséatique, dont l

1266 e nous semblait incarné par celui qui a la charge de l’administrer, ce grand Bürgermeister qui est aussi un grand Weltbürg

1267 oi nous sommes ici. Merci ! m. Rougemont Denis de , « Allocution inaugurale du Congrès “Science et Liberté” (Hambourg, j

1268 « “Ce Congrès est un parlement des intellectuels de nombreux peuples qui ont reconnu leur dépendance mutuelle. La liberté

1269 ont reconnu leur dépendance mutuelle. La liberté de la science se situe, elle aussi, dans un certain contexte politique e

1270 n savant ne peut plus l’ignorer. L’asservissement de la science détruit la science. Les savants ne doivent pas se reposer

1271 r d’autres pour la défense de leur propre liberté de recherche.” C’est en ces termes que le bourgmestre de la ville libre

1272 echerche.” C’est en ces termes que le bourgmestre de la ville libre de Hambourg, Max Brauer, a ouvert, le soir du 23 juill

1273 n ces termes que le bourgmestre de la ville libre de Hambourg, Max Brauer, a ouvert, le soir du 23 juillet, le congrès int

1274 encontre organisée par le Congrès pour la liberté de la culture a réuni plus de cent savants de premier plan, venus de dix

1275 ongrès pour la liberté de la culture a réuni plus de cent savants de premier plan, venus de dix-neuf pays. La grande salle

1276 iberté de la culture a réuni plus de cent savants de premier plan, venus de dix-neuf pays. La grande salle de l’hôtel de v

1277 ier plan, venus de dix-neuf pays. La grande salle de l’hôtel de ville était bondée ; la tribune était encadrée par les dra

1278 ndée ; la tribune était encadrée par les drapeaux de toutes les nations participantes. Représentant l’Université de Hambou

1279 nations participantes. Représentant l’Université de Hambourg, qui avait, elle aussi, accordé son patronage à ce Congrès,

1280 déclaré : “Nous autres savants, avons besoin l’un de l’autre. Nous devons savoir que chacun de nous peut compter sur tous

1281 in l’un de l’autre. Nous devons savoir que chacun de nous peut compter sur tous les autres lorsque notre patrimoine commun

1282 es premiers à appliquer en physique les théorèmes d’ Einstein, déclara que la défense des sociétés démocratiques contre les

1283 aines limitations inévitables, mais servait aussi de prétexte à des restrictions que la communauté des savants pouvait est

1284 stimer injustifiées et nuisibles : “Aucun système de gouvernement, dit-il, n’est exempt de vices. Cette critique que nous

1285 cun système de gouvernement, dit-il, n’est exempt de vices. Cette critique que nous autres, chercheurs, appliquons à des m

1286 des mesures administratives est une manifestation de cet esprit de libre examen qui fait partie du meilleur héritage améri

1287 ministratives est une manifestation de cet esprit de libre examen qui fait partie du meilleur héritage américain et qui ma

1288 ous presque intégralement l’allocution inaugurale de Denis de Rougemont, président du comité exécutif du Congrès pour la l

1289 ent du comité exécutif du Congrès pour la liberté de la culture. Preuves publiera ultérieurement un compte rendu des séa

1290 s desquelles vingt rapports concernant la liberté de la science et les relations entre les savants et la société furent pr

1291 La table ronde de l’Europe (janvier 1954)o Le texte est précédé de l’extrait d’un c

1292 l’Europe (janvier 1954)o Le texte est précédé de l’extrait d’un communiqué du Conseil de l’Europe : «  En 1952, la dél

1293 vier 1954)o Le texte est précédé de l’extrait d’ un communiqué du Conseil de l’Europe : «  En 1952, la délégation brita

1294 un mémorandum suggérant qu’une réunion restreinte d’ écrivains, de publicistes et de journalistes éminents soit consacrée à

1295 suggérant qu’une réunion restreinte d’écrivains, de publicistes et de journalistes éminents soit consacrée à la discussio

1296 réunion restreinte d’écrivains, de publicistes et de journalistes éminents soit consacrée à la discussion d’un programme d

1297 rnalistes éminents soit consacrée à la discussion d’ un programme de diffusion de l’idée européenne en Europe et dans le mo

1298 nts soit consacrée à la discussion d’un programme de diffusion de l’idée européenne en Europe et dans le monde. Cette init

1299 acrée à la discussion d’un programme de diffusion de l’idée européenne en Europe et dans le monde. Cette initiative fut ap

1300 pprouvée par les délégués des ministres. Au cours d’ une session ultérieure, le Comité des experts culturels a décidé d’éte

1301 érieure, le Comité des experts culturels a décidé d’ étendre la portée de ces discussions en invitant six Européens disting

1302 es experts culturels a décidé d’étendre la portée de ces discussions en invitant six Européens distingués à instituer un d

1303 un débat sur « le problème spirituel et culturel de l’Europe considérée dans son unité historique et les moyens d’exprime

1304 onsidérée dans son unité historique et les moyens d’ exprimer cette unité en termes contemporains ». Chacune de ces personn

1305 er cette unité en termes contemporains ». Chacune de ces personnalités serait invitée à traiter un aspect différent de ce

1306 ités serait invitée à traiter un aspect différent de ce problème. En même temps, quinze publicistes, un par pays membre, d

1307 rt à la discussion, leur tâche particulière étant d’ exprimer leurs vues sur la manière de réaliser l’unité de l’Europe non

1308 ulière étant d’exprimer leurs vues sur la manière de réaliser l’unité de l’Europe non seulement au point de vue politique

1309 mer leurs vues sur la manière de réaliser l’unité de l’Europe non seulement au point de vue politique et économique, mais

1310 in que le gouvernement italien, qui avait accepté de patronner la réunion, mettrait à la disposition de la table ronde la

1311 e patronner la réunion, mettrait à la disposition de la table ronde la villa Aldobrandini, et prendrait toutes les disposi

1312 s personnalités qui ont participé aux discussions de la table ronde de l’Europe : M. de Gasperi, ancien président du Conse

1313 i ont participé aux discussions de la table ronde de l’Europe : M. de Gasperi, ancien président du Conseil italien ; M. va

1314 gon, directeur des Frankfurter Hefte et président d’ Europa-Union ; le professeur Löfstedt, recteur de l’Université de Lund

1315 d’Europa-Union ; le professeur Löfstedt, recteur de l’Université de Lund ; M. Robert Schuman, ancien ministre des Affaire

1316 ; le professeur Löfstedt, recteur de l’Université de Lund ; M. Robert Schuman, ancien ministre des Affaires étrangères de

1317 Schuman, ancien ministre des Affaires étrangères de France ; le professeur Arnold Toynbee, directeur des études au « Roya

1318 nstitute of International Affairs » et professeur d’ histoire internationale à l’Université de Londres ; et M. de Rougemont

1319 ofesseur d’histoire internationale à l’Université de Londres ; et M. de Rougemont, directeur des débats. Publicistes : MM.

1320 icistes : MM. Hommel (Belgique), Ross (Danemark), de Carmoy (France), Friedländer (République fédérale d’Allemagne), Cotsa

1321 Carmoy (France), Friedländer (République fédérale d’ Allemagne), Cotsaridas (Grèce), Gudmundsson (Islande), Miss Chinneide

1322 (Turquie), Clark (Royaume-Uni). Des observateurs de l’Assemblée consultative, du Comité des délégués des ministres, du Co

1323 s des ministres, du Comité des experts culturels, de l’Unesco et de l’Organisation du traité de Bruxelles assistaient à la

1324 , du Comité des experts culturels, de l’Unesco et de l’Organisation du traité de Bruxelles assistaient à la réunion. C’est

1325 urels, de l’Unesco et de l’Organisation du traité de Bruxelles assistaient à la réunion. C’est le mardi 13 octobre, sous l

1326 on. C’est le mardi 13 octobre, sous la présidence de M. de Menthon, président de l’Assemblée consultative, et en présence

1327 e, sous la présidence de M. de Menthon, président de l’Assemblée consultative, et en présence de M. Pella, président du Co

1328 s diplomatique, qu’a eu lieu l’ouverture publique de la table ronde. Elle a pris fin officiellement le vendredi 16 octobre

1329 européenne L’une des œuvres les plus célèbres de Gauguin s’intitule : D’où venons-nous ? Où sommes-nous ? Où allons-no

1330 œuvres les plus célèbres de Gauguin s’intitule : D’ où venons-nous ? Où sommes-nous ? Où allons-nous ? Je n’imagine pas de

1331 ù sommes-nous ? Où allons-nous ? Je n’imagine pas de meilleure devise pour la table ronde de l’Europe qui s’est tenue à Ro

1332 agine pas de meilleure devise pour la table ronde de l’Europe qui s’est tenue à Rome l’automne dernier. Pour situer rapide

1333 Pour situer rapidement cette entreprise, partons de la deuxième question : où sommes-nous, Européens, en ce milieu du xxe

1334 , prononcée l’an dernier par le premier président de l’Assemblée de Strasbourg, Paul-Henri Spaak, répond d’une manière dra

1335 Assemblée de Strasbourg, Paul-Henri Spaak, répond d’ une manière dramatique : « Nous autres Européens, nous vivons, depuis

1336 is la dernière guerre, dans la peur des Russes et de la charité des Américains. » Je traduis maintenant les mots en chiffr

1337 urieux résultat que voici : « À l’ouest du rideau de fer, 325 millions d’hommes vivent dans la peur de 190 millions et de

1338 oici : « À l’ouest du rideau de fer, 325 millions d’ hommes vivent dans la peur de 190 millions et de la charité de 155 mil

1339 de fer, 325 millions d’hommes vivent dans la peur de 190 millions et de la charité de 155 millions. » La raison de ce para

1340 s d’hommes vivent dans la peur de 190 millions et de la charité de 155 millions. » La raison de ce paradoxe est des plus s

1341 ent dans la peur de 190 millions et de la charité de 155 millions. » La raison de ce paradoxe est des plus simples. Nous n

1342 ons et de la charité de 155 millions. » La raison de ce paradoxe est des plus simples. Nous ne nous sentons pas, en réalit

1343 ous ne nous sentons pas, en réalité, 325 millions d’ Européens, mais seulement 42 millions de Français, 8 millions de Belge

1344 millions d’Européens, mais seulement 42 millions de Français, 8 millions de Belges, 3 millions de Norvégiens… Nous penson

1345 ais seulement 42 millions de Français, 8 millions de Belges, 3 millions de Norvégiens… Nous pensons et sentons par nations

1346 ons de Français, 8 millions de Belges, 3 millions de Norvégiens… Nous pensons et sentons par nations cloisonnées, dans l’è

1347 ands empires continentaux, des grands marchés, et de la stratégie mondiale. Nous nous sentons, en conséquence, trop petits

1348 perdrons tout cela, tout ce qui fait le sens même de nos vies, si nous persistons à demeurer une vingtaine de nations, de

1349 vies, si nous persistons à demeurer une vingtaine de nations, de cantons désunis. Mais au contraire, nous pouvons tout sau

1350 s persistons à demeurer une vingtaine de nations, de cantons désunis. Mais au contraire, nous pouvons tout sauver par une

1351 nous pouvons tout sauver par une union qui ferait de l’Europe, dans la réalité vivante, ce qu’elle n’est aujourd’hui que d

1352 rejoindre un salut tout proche et comme à portée de la main ? Il ne lui manque peut-être qu’une seule chose : la conscien

1353 là, dont elle peut disposer, à la seule condition de les mettre en commun. Une prise de conscience. Un réveil. Telle paraî

1354 n réveil. Telle paraît donc la condition première de toute action concrète et raisonnable en faveur de l’union, notre salu

1355 de l’Europe où germa, voici quelques mois, l’idée d’ une table ronde européenne. La construction de l’Europe avançait, mais

1356 dée d’une table ronde européenne. La construction de l’Europe avançait, mais lentement : économique, politique, militaire.

1357 l fallait donc d’une part approfondir l’idée même de l’Europe unie, par une sérieuse méditation ; d’autre part nourrir l’o

1358 utre part nourrir l’opinion par un sérieux effort d’ information. La tâche de méditer sur nos destins fut confiée à un peti

1359 ion par un sérieux effort d’information. La tâche de méditer sur nos destins fut confiée à un petit groupe de six Sages, d

1360 ter sur nos destins fut confiée à un petit groupe de six Sages, dont la composition me paraît tout à fait remarquable4. L’

1361 État du premier rang, mais rompus aux disciplines de l’esprit ; et des hommes de pensée dans la rigueur du terme, mais ric

1362 ompus aux disciplines de l’esprit ; et des hommes de pensée dans la rigueur du terme, mais riches d’une expérience intime

1363 s de pensée dans la rigueur du terme, mais riches d’ une expérience intime des nécessités de l’action. Autour de ce mariage

1364 ais riches d’une expérience intime des nécessités de l’action. Autour de ce mariage très significatif de la méditation et

1365 l’action. Autour de ce mariage très significatif de la méditation et de l’expérience, quinze publicistes réputés furent c

1366 ce mariage très significatif de la méditation et de l’expérience, quinze publicistes réputés furent conviés à rechercher

1367 s furent conviés à rechercher ensemble les moyens de faire connaître et d’illustrer, chacun dans sa sphère d’influence, le

1368 hercher ensemble les moyens de faire connaître et d’ illustrer, chacun dans sa sphère d’influence, les résultats de la réfl

1369 e connaître et d’illustrer, chacun dans sa sphère d’ influence, les résultats de la réflexion des Six. II. De l’unité cu

1370 chacun dans sa sphère d’influence, les résultats de la réflexion des Six. II. De l’unité culturelle à la communauté po

1371 ce, les résultats de la réflexion des Six. II. De l’unité culturelle à la communauté politique Mon dessein n’est pas

1372 la communauté politique Mon dessein n’est pas de résumer les péripéties des débats qui se déroulèrent pendant six long

1373 endant six longues séances dans le huis clos doré d’ un vieux palais de Rome, mais bien d’en commenter certains thèmes domi

1374 séances dans le huis clos doré d’un vieux palais de Rome, mais bien d’en commenter certains thèmes dominants. Contraint d

1375 is clos doré d’un vieux palais de Rome, mais bien d’ en commenter certains thèmes dominants. Contraint de donner la parole

1376 en commenter certains thèmes dominants. Contraint de donner la parole à tous sauf à moi-même, je n’en pensais guère moins

1377 nsais guère moins et notais au passage des points de départ d’interventions virtuelles… Je m’en voudrais pourtant de les d

1378 e moins et notais au passage des points de départ d’ interventions virtuelles… Je m’en voudrais pourtant de les développer

1379 terventions virtuelles… Je m’en voudrais pourtant de les développer ici sans avoir retracé d’abord la courbe générale d’un

1380 ici sans avoir retracé d’abord la courbe générale d’ une réflexion commune, bien que menée par des esprits aussi divers que

1381 une « approche » convenable. Il faut tenir compte de ce malentendu toujours instant dans le dialogue européen. Cependant,

1382 ns le dialogue européen. Cependant, c’est l’angle de vision que l’on adopte qui permet finalement de s’accorder. J’avais d

1383 e de vision que l’on adopte qui permet finalement de s’accorder. J’avais donc suggéré aux rapporteurs d’envisager le probl

1384 s’accorder. J’avais donc suggéré aux rapporteurs d’ envisager le problème européen dans une perspective telle que les grav

1385 s introduit, dans les six thèmes proposés, l’idée d’ un destin commun de tous les peuples de l’Europe, défini par leur unit

1386 es six thèmes proposés, l’idée d’un destin commun de tous les peuples de l’Europe, défini par leur unité incontestable d’o

1387 és, l’idée d’un destin commun de tous les peuples de l’Europe, défini par leur unité incontestable d’origines et par le fa

1388 de l’Europe, défini par leur unité incontestable d’ origines et par le fait qu’ils succomberont demain aux mêmes périls, s

1389 echerche des origines communes à tous les peuples de l’Europe, nous l’avons faite sous la conduite magistrale et souriante

1390 ns faite sous la conduite magistrale et souriante d’ un des plus grands historiens de notre temps, M. Toynbee, appuyé par l

1391 rale et souriante d’un des plus grands historiens de notre temps, M. Toynbee, appuyé par l’autorité d’un savant humaniste,

1392 de notre temps, M. Toynbee, appuyé par l’autorité d’ un savant humaniste, M. Löfstedt. Nous avons vu se dessiner l’extraord

1393 se dessiner l’extraordinaire aventure collective de l’Occident : la naissance de notre civilisation au confluent des cour

1394 aventure collective de l’Occident : la naissance de notre civilisation au confluent des courants issus d’Athènes, de Rome

1395 otre civilisation au confluent des courants issus d’ Athènes, de Rome et du Proche-Orient ; son expansion dans le monde ent

1396 sation au confluent des courants issus d’Athènes, de Rome et du Proche-Orient ; son expansion dans le monde entier ; l’exp

1397 on dans le monde entier ; l’exportation pêle-mêle de nos idéaux religieux, de nos formes politiques, aussi, et enfin des s

1398 l’exportation pêle-mêle de nos idéaux religieux, de nos formes politiques, aussi, et enfin des secrets techniques de notr

1399 olitiques, aussi, et enfin des secrets techniques de notre puissance chez tous les peuples de la terre ; et puis soudain,

1400 chniques de notre puissance chez tous les peuples de la terre ; et puis soudain, au xxe siècle, le renversement subit et

1401 au xxe siècle, le renversement subit et complet de notre position dans le monde ; la montée des empires unifiés, devant

1402 ifiés, devant nos divisions sanglantes ; la crise de nos idéaux, devant la propagande massive des dictatures ; les moyens

1403 ictatures ; les moyens matériels et intellectuels de notre domination retournés contre nous. Nous avons vu clairement que

1404 s avons vu clairement que nos pays n’avaient plus d’ autre issue pratique, d’autre avenir possible que dans l’union. Ce fut

1405 e nos pays n’avaient plus d’autre issue pratique, d’ autre avenir possible que dans l’union. Ce fut le dernier mot du rappo

1406 ue dans l’union. Ce fut le dernier mot du rapport de Toynbee : « Unissons l’Europe maintenant ! Nous n’avons pas de temps

1407 « Unissons l’Europe maintenant ! Nous n’avons pas de temps à perdre. » Pourtant, chacun peut voir que nous perdons du temp

1408 ui paralysent nos efforts vers l’union ? L’examen de notre crise spirituelle et par suite culturelle et civique fut introd

1409 eur par M. Eugen Kogon. Il conclut à la nécessité d’ instaurer tout d’abord une union politique, condition préalable à tout

1410 ndition préalable à toute restauration des cadres d’ une culture nouvelle et des bases d’un langage commun. Puis M. van Kle

1411 on des cadres d’une culture nouvelle et des bases d’ un langage commun. Puis M. van Kleffens, en juriste rompu aux négociat

1412 u cohérent des mesures institutionnelles capables d’ assurer la renaissance de notre unité compromise. Certes, la table ron

1413 stitutionnelles capables d’assurer la renaissance de notre unité compromise. Certes, la table ronde n’a pas trouvé de solu

1414 compromise. Certes, la table ronde n’a pas trouvé de solutions faciles, ni de recettes miraculeuses pour supprimer le mal

1415 ble ronde n’a pas trouvé de solutions faciles, ni de recettes miraculeuses pour supprimer le mal et assurer le bien dans u

1416 s elle a déterminé clairement nos responsabilités d’ Européens devant le monde que nous avons changé, et elle a formulé les

1417 , et elle a formulé les buts communs susceptibles de nous unir. Car ce ne sont pas seulement leurs origines, mais les buts

1418 s. Devant l’antagonisme en apparence irréductible de la foi religieuse et des certitudes relatives fondées sur la science,

1419 ronde a affirmé la nécessité du dialogue fécond, de la mise en question réciproque dans la tolérance mutuelle, et d’une m

1420 uestion réciproque dans la tolérance mutuelle, et d’ une morale civique européenne, commune aux deux familles d’esprits. De

1421 ale civique européenne, commune aux deux familles d’ esprits. Devant la contradiction apparente entre l’exigence d’unir nos

1422 evant la contradiction apparente entre l’exigence d’ unir nos pays, et celle de sauvegarder les diversités qui ont fait la

1423 arente entre l’exigence d’unir nos pays, et celle de sauvegarder les diversités qui ont fait la richesse de l’Europe, elle

1424 uvegarder les diversités qui ont fait la richesse de l’Europe, elle a posé la nécessité de structures supranationales, per

1425 la richesse de l’Europe, elle a posé la nécessité de structures supranationales, permettant de mettre en commun ce qui doi

1426 cessité de structures supranationales, permettant de mettre en commun ce qui doit l’être normalement, afin de garantir et

1427 qui doit l’être normalement, afin de garantir et de faire vivre mieux ce qui doit normalement demeurer autonome, distinct

1428 in, devant le double défi qu’affrontent plusieurs de nos pays : celui de passer du régime colonial à l’association dans l’

1429 défi qu’affrontent plusieurs de nos pays : celui de passer du régime colonial à l’association dans l’égalité, et celui de

1430 colonial à l’association dans l’égalité, et celui de compenser la perte de nos positions économiques dans le monde, la tab

1431 on dans l’égalité, et celui de compenser la perte de nos positions économiques dans le monde, la table ronde a conclu à la

1432 e monde, la table ronde a conclu à la nécessité «  d’ opérer un changement radical dans nos rapports avec le monde extraeuro

1433 ns nos rapports mutuels » (Toynbee), c’est-à-dire de regagner en prestige moral ce que nous perdons en puissance politique

1434 al ce que nous perdons en puissance politique, et de regagner par l’exploitation en commun de nos propres richesses ce que

1435 ique, et de regagner par l’exploitation en commun de nos propres richesses ce que nous perdons en apports extérieurs. La t

1436 térieurs. La table ronde n’a pas dressé les plans d’ une civilisation modèle. Mais elle a déclaré que le devoir et le salut

1437 sistaient aujourd’hui à édifier des modèles neufs de société — valables pour eux-mêmes d’abord, mais aussi pour le reste d

1438 evenue poison. C’est à nous qu’il appartient donc d’ inventer l’antidote de ce toxique et de créer un type nouveau de Commu

1439 nous qu’il appartient donc d’inventer l’antidote de ce toxique et de créer un type nouveau de Communauté fédérale. III

1440 tient donc d’inventer l’antidote de ce toxique et de créer un type nouveau de Communauté fédérale. III. Éléments d’une

1441 ntidote de ce toxique et de créer un type nouveau de Communauté fédérale. III. Éléments d’une pensée européenne Tout

1442 nouveau de Communauté fédérale. III. Éléments d’ une pensée européenne Tout résumé fait tort à son objet, autant qu’

1443 ant qu’à son auteur. « Rien de plus difficile que de n’être pas soi-même ou que de ne l’être que jusqu’où l’on veut », rem

1444 plus difficile que de n’être pas soi-même ou que de ne l’être que jusqu’où l’on veut », remarque Valéry. Je dirai mainten

1445 écoutant les autres. Elles tournent toutes autour d’ un même problème, celui de l’attitude d’esprit nécessaire pour penser

1446 tournent toutes autour d’un même problème, celui de l’attitude d’esprit nécessaire pour penser l’Europe.   Voir l’Europe

1447 es autour d’un même problème, celui de l’attitude d’ esprit nécessaire pour penser l’Europe.   Voir l’Europe dans le Monde

1448 s le Monde. — Dès que l’on parle du destin commun de nos pays, des voix s’élèvent pour dénoncer je ne sais quel « national

1449 « nationalisme européen », qui aurait pour effet de nous « séparer du monde ». Je note que cette résistance à un national

1450 n encore imaginaire est très généralement le fait de nationalistes tout court, j’entends de partisans attardés mais honteu

1451 nt le fait de nationalistes tout court, j’entends de partisans attardés mais honteux de la souveraineté sans limites des n

1452 urt, j’entends de partisans attardés mais honteux de la souveraineté sans limites des nations. En vérité, c’est la fédérat

1453 dération qu’ils craignent, incapables qu’ils sont de l’imaginer comme autre chose qu’une nation monstrueuse ; et ils s’emp

1454 e qu’une nation monstrueuse ; et ils s’empressent de projeter sur elle les péchés d’égoïsme, d’orgueil et d’étroitesse inh

1455 ils s’empressent de projeter sur elle les péchés d’ égoïsme, d’orgueil et d’étroitesse inhérents au nationalisme qu’ils n’

1456 essent de projeter sur elle les péchés d’égoïsme, d’ orgueil et d’étroitesse inhérents au nationalisme qu’ils n’ont pas enc

1457 jeter sur elle les péchés d’égoïsme, d’orgueil et d’ étroitesse inhérents au nationalisme qu’ils n’ont pas encore su dépass

1458 voit bien où le bât les blesse. D’autres parlent d’ humilité, et battent la coulpe de l’Europe colonialiste sur la poitrin

1459 D’autres parlent d’humilité, et battent la coulpe de l’Europe colonialiste sur la poitrine des fédéralistes. « Vous nous v

1460 listes. « Vous nous vantez l’Europe, il n’y a pas de quoi ! Elle a réduit en servitude et parfois massacré des peuples ent

1461 . Elle a provoqué les guerres les plus sanglantes de l’Histoire, etc. » Réponse : Ce n’est pas l’Europe, ce sont plusieurs

1462 éponse : Ce n’est pas l’Europe, ce sont plusieurs de nos nations comme telles, c’est le délire nationaliste qui a fait tou

1463 ujourd’hui ceux qui veulent mettre fin à la cause de ces maux, ceux qui entendent sauver par la fédération le meilleur de

1464 ui entendent sauver par la fédération le meilleur de notre culture : non point la tolérance indifférente, mais le sens des

1465 différente, mais le sens des tensions fécondes et de l’union dans la diversité. Or ce génie fédéraliste n’exclut rien, sau

1466 rien, sauf justement l’impérialisme, inséparable de vos nationalismes. D’autres enfin nient les concepts d’Europe et d’un

1467 nationalismes. D’autres enfin nient les concepts d’ Europe et d’unité culturelle de l’Europe au nom d’un idéal d’universal

1468 es. D’autres enfin nient les concepts d’Europe et d’ unité culturelle de l’Europe au nom d’un idéal d’universalité. Ils sem

1469 nient les concepts d’Europe et d’unité culturelle de l’Europe au nom d’un idéal d’universalité. Ils semblent ignorer que l

1470 d’unité culturelle de l’Europe au nom d’un idéal d’ universalité. Ils semblent ignorer que la croyance en la valeur univer

1471 ignorer que la croyance en la valeur universelle de sa religion, de sa raison, de ses morales variées, de sa technique et

1472 croyance en la valeur universelle de sa religion, de sa raison, de ses morales variées, de sa technique et de ses formes p

1473 valeur universelle de sa religion, de sa raison, de ses morales variées, de sa technique et de ses formes politiques est

1474 a religion, de sa raison, de ses morales variées, de sa technique et de ses formes politiques est typique de l’Européen, h

1475 aison, de ses morales variées, de sa technique et de ses formes politiques est typique de l’Européen, héritier des Grecs,

1476 technique et de ses formes politiques est typique de l’Européen, héritier des Grecs, des Romains, de l’Église catholique,

1477 e de l’Européen, héritier des Grecs, des Romains, de l’Église catholique, et des clubs jacobins. Cette croyance, en fait i

1478 est, et qui restent telles). Mais il couvre trop d’ équivoques. Ce qu’il a de bon, le désir d’ouverture de la conscience e

1479 es). Mais il couvre trop d’équivoques. Ce qu’il a de bon, le désir d’ouverture de la conscience et de la connaissance, c’e

1480 re trop d’équivoques. Ce qu’il a de bon, le désir d’ ouverture de la conscience et de la connaissance, c’est l’attitude féd

1481 uivoques. Ce qu’il a de bon, le désir d’ouverture de la conscience et de la connaissance, c’est l’attitude fédéraliste qui

1482 de bon, le désir d’ouverture de la conscience et de la connaissance, c’est l’attitude fédéraliste qui peut le sauver, pui

1483 nts. En vérité, il ne s’agit pour nous, Européens de la moitié du xxe siècle, ni d’orgueil, ni d’humilité : il s’agit de

1484 r nous, Européens de la moitié du xxe siècle, ni d’ orgueil, ni d’humilité : il s’agit de nous voir responsables d’une cul

1485 ens de la moitié du xxe siècle, ni d’orgueil, ni d’ humilité : il s’agit de nous voir responsables d’une culture bien part

1486 siècle, ni d’orgueil, ni d’humilité : il s’agit de nous voir responsables d’une culture bien particulière, dont les prin

1487 d’humilité : il s’agit de nous voir responsables d’ une culture bien particulière, dont les principes nous sont communs de

1488 uns depuis des siècles. Cette culture est le cœur d’ une civilisation qui, elle, est devenue vraiment universelle, pour le

1489 ver cette culture menacée par les chocs en retour d’ une civilisation qu’elle a fondée, puis exportée sans nul discernement

1490 Européens reforment une Europe vivante au-dessus de leurs nations mortelles. La première et la principale raison d’unir l

1491 ns mortelles. La première et la principale raison d’ unir l’Europe, je la vois moins dans nos querelles internes que dans l

1492 ère encore, l’Europe pouvait se permettre le luxe de la division ; aujourd’hui ce n’est plus possible » (Toynbee).   Reco

1493 ens l’a définie comme « la faculté, pour un État, d’ agir à sa guise, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, dans les limites

1494 s aucun État européen qui ait conservé la faculté d’ agir à sa guise à l’extérieur, c’est-à-dire qui soit capable de déclar

1495 uise à l’extérieur, c’est-à-dire qui soit capable de déclarer la guerre ou de conclure la paix comme il l’entend, d’assure

1496 -à-dire qui soit capable de déclarer la guerre ou de conclure la paix comme il l’entend, d’assurer sa prospérité sans plus

1497 guerre ou de conclure la paix comme il l’entend, d’ assurer sa prospérité sans plus dépendre de l’étranger, de se défendre

1498 ntend, d’assurer sa prospérité sans plus dépendre de l’étranger, de se défendre plus de quelques heures contre les Russes

1499 r sa prospérité sans plus dépendre de l’étranger, de se défendre plus de quelques heures contre les Russes ou les Américai

1500 plus dépendre de l’étranger, de se défendre plus de quelques heures contre les Russes ou les Américains : bref, de se con

1501 eures contre les Russes ou les Américains : bref, de se conduire en pirate ou de vivre en vase clos. Ces limites décisives

1502 es Américains : bref, de se conduire en pirate ou de vivre en vase clos. Ces limites décisives à la souveraineté ne sont p

1503 aineté ne sont plus posées par le droit, mais par d’ implacables circonstances techniques, économiques et politiques. Il en

1504 ulte que la souveraineté nationale n’a plus guère d’ autre existence que psychologique. Où la voit-on à l’œuvre ? Non pas d

1505 ts mais dans les discours des députés adversaires de la CED. Elle atteint son degré de virulence extrême dans les centaine

1506 tés adversaires de la CED. Elle atteint son degré de virulence extrême dans les centaines de lettres cravachantes qu’envoi

1507 son degré de virulence extrême dans les centaines de lettres cravachantes qu’envoient aux rédactions des colonels en retra

1508 réceptacle où se recueillent pêle-mêle nostalgies de gloires passées, orgueils déçus, rancunes et préjugés hérités d’une H

1509 ées, orgueils déçus, rancunes et préjugés hérités d’ une Histoire faussée par l’école, agressivité frustrée, et surtout ang

1510 ’école, agressivité frustrée, et surtout angoisse de perdre son identité. Elle a donc pris les caractères cliniques d’un c

1511 entité. Elle a donc pris les caractères cliniques d’ un complexe. D’où la difficulté, pour ceux qui en sont victimes, de s’

1512 donc pris les caractères cliniques d’un complexe. D’ où la difficulté, pour ceux qui en sont victimes, de s’adapter aux réa

1513 où la difficulté, pour ceux qui en sont victimes, de s’adapter aux réalités changeantes du siècle, et même de les apercevo

1514 apter aux réalités changeantes du siècle, et même de les apercevoir. D’où la prise qu’ils offrent aux manœuvres les plus g

1515 changeantes du siècle, et même de les apercevoir. D’ où la prise qu’ils offrent aux manœuvres les plus grossières du commun

1516 r affectivité inquiète comme Iago sur la jalousie d’ Othello. D’où enfin, l’extrême confusion et les éclats de passion saug

1517 té inquiète comme Iago sur la jalousie d’Othello. D’ où enfin, l’extrême confusion et les éclats de passion saugrenus qui c

1518 lo. D’où enfin, l’extrême confusion et les éclats de passion saugrenus qui caractérisent les débats sur la souveraineté na

1519 s depuis trente ans, c’est la réforme des manuels d’ histoire : chacun sait qu’ils ont inculqué le nationalisme obligatoire

1520 nationalisme obligatoire à toutes les générations de petits Européens qui ont passé par l’école, depuis un siècle. La tabl

1521 puis un siècle. La table ronde ne pouvait manquer d’ en parler à son tour. Par malheur, elle m’a paru retomber dans l’illus

1522 m’a paru retomber dans l’illusion qu’il suffirait d’ épurer les textes. Or c’est notre vision de l’Histoire qu’il faut chan

1523 firait d’épurer les textes. Or c’est notre vision de l’Histoire qu’il faut changer. Quand on aura désherbé les manuels de

1524 faut changer. Quand on aura désherbé les manuels de toutes leurs dépêches d’Ems et de tous leurs jugements désobligeants

1525 ura désherbé les manuels de toutes leurs dépêches d’ Ems et de tous leurs jugements désobligeants sur les pays voisins, on

1526 rbé les manuels de toutes leurs dépêches d’Ems et de tous leurs jugements désobligeants sur les pays voisins, on n’aura fa

1527 u nationalisme. Car l’Europe n’est pas l’addition de vingt-quatre « histoires nationales ». C’est au contraire sur l’unité

1528 onales ». C’est au contraire sur l’unité foncière de l’histoire commune des Européens que se détachent, apparaissent, et d

1529 araissent, les nations et leurs États, phénomènes de nature et de durée très variables, et qui ne sont devenus mortels qu’

1530 s nations et leurs États, phénomènes de nature et de durée très variables, et qui ne sont devenus mortels qu’à partir du m

1531 où l’on a prétendu les absolutiser. Bien plus que d’ une réforme des manuels nationaux, c’est de l’introduction d’une histo

1532 us que d’une réforme des manuels nationaux, c’est de l’introduction d’une histoire de l’Europe, à tous les degrés de l’ens

1533 me des manuels nationaux, c’est de l’introduction d’ une histoire de l’Europe, à tous les degrés de l’enseignement, qu’il e

1534 nationaux, c’est de l’introduction d’une histoire de l’Europe, à tous les degrés de l’enseignement, qu’il est besoin. Sans

1535 ion d’une histoire de l’Europe, à tous les degrés de l’enseignement, qu’il est besoin. Sans elle, nos chroniques régionale

1536 les erreurs : celles qui permettent l’acceptation de nos guerres intérieures par nos peuples. Deux arguments m’ont frappé,

1537 é, comme étant propres à éduquer le sens européen de notre opinion publique. Le premier fut apporté par M. Ernst Friedländ

1538 ’on doit rassurer ceux qui tremblent, disent-ils, de voir leur patrie « se perdre dans la masse informe d’une Europe unie 

1539 oir leur patrie « se perdre dans la masse informe d’ une Europe unie ». Le second argument est dû à M. Cotsaridas, publicis

1540 le peuple sera associé à leur gestion. Il importe d’ expliquer cela aux masses, car ainsi sera dissipée la crainte que susc

1541 nsi sera dissipée la crainte que suscite la perte de la souveraineté nationale. » Je me résume : il n’est pas exact que no

1542 vue de s’unir, doivent sacrifier ce qui subsiste de leur souveraineté nominale. Quant à l’essentiel de cette souveraineté

1543 e leur souveraineté nominale. Quant à l’essentiel de cette souveraineté, elles l’ont perdu, et sans retour. À la question 

1544 plus me frappe l’absence, chez nos intellectuels, de ce qu’on pourrait appeler l’instinct fédéraliste. Qu’en est-il de la

1545 rait appeler l’instinct fédéraliste. Qu’en est-il de la connaissance du fédéralisme lui-même ? La plupart semblent ignorer

1546 isme fut aussi un « projet attribué aux girondins de rompre l’unité nationale ». Rien d’étonnant si beaucoup de Français c

1547 aux girondins de rompre l’unité nationale ». Rien d’ étonnant si beaucoup de Français croyaient naguère encore que le fédér

1548 inent que les fédéralistes européens se proposent de créer un vaste État centralisé. Et combien savent que la Constitution

1549 isé. Et combien savent que la Constitution suisse de 1848, pourtant exemplairement fédéraliste, loin d’abolir la souverain

1550 e 1848, pourtant exemplairement fédéraliste, loin d’ abolir la souveraineté des cantons, la garantit expressément ?5 Ces mé

1551 l’extrême confusion des débats sur la fédération de l’Europe. Le fédéralisme est beaucoup moins une doctrine qu’une prati

1552 l suppose un instinct politique opposé à l’esprit de système et au rationalisme rhétorique. Il doit rester incompréhensibl

1553 ter incompréhensible à ceux qui, n’apercevant pas de différence sérieuse entre une contradiction dans les termes et une te

1554 dialecticiens marxistes, et que les hommes d’État de mon pays ont pratiquée sans le savoir depuis des siècles, avec un pai

1555 ’apparaît urgent et vital que ceux qui s’occupent de l’Europe fassent l’effort de s’assimiler l’ABC du fédéralisme, car sa

1556 ceux qui s’occupent de l’Europe fassent l’effort de s’assimiler l’ABC du fédéralisme, car sans lui l’union de nos pays re

1557 imiler l’ABC du fédéralisme, car sans lui l’union de nos pays reste pratiquement impensable — si j’ose risquer l’alliance

1558 iquement impensable — si j’ose risquer l’alliance de ces deux mots. Le fédéralisme n’est rien d’autre qu’une manière de sa

1559 iance de ces deux mots. Le fédéralisme n’est rien d’ autre qu’une manière de saisir à la fois l’Un et le Divers en politiqu

1560 Le fédéralisme n’est rien d’autre qu’une manière de saisir à la fois l’Un et le Divers en politique ; de comprendre à la

1561 saisir à la fois l’Un et le Divers en politique ; de comprendre à la fois que les diversités sont légitimes, que l’union e

1562 it mortelle sans les premières, qu’il s’agit donc de les composer, ou mieux, de les mettre en tension. La résultante se no

1563 res, qu’il s’agit donc de les composer, ou mieux, de les mettre en tension. La résultante se nomme la paix. L’Europe étant

1564 la paix. L’Europe étant une et diverse, composée de vingt-quatre nations qu’englobe et vivifie une culture millénaire, on

1565 stait divisée. Il en résulte que la seule manière de la penser, en vue de résoudre ses problèmes, est la manière fédéralis

1566 ersistera à concevoir l’union dans les catégories de l’État-nation, des administrations centralisées, ou au contraire de l

1567 a ou bloquera les débats. L’éducation fédéraliste de l’opinion me paraît donc la première tâche de l’heure. J’illustrerai

1568 ste de l’opinion me paraît donc la première tâche de l’heure. J’illustrerai par trois exemples, empruntés aux débats de la

1569 ustrerai par trois exemples, empruntés aux débats de la table ronde, ce qu’il convient d’appeler, non la doctrine mais l’a

1570 s aux débats de la table ronde, ce qu’il convient d’ appeler, non la doctrine mais l’attitude fédéraliste. 1. La fédération

1571 ttitude fédéraliste. 1. La fédération des nations de l’Europe doit entraîner leur fédéralisation interne : M. Schlichting

1572 liens étroits que les nations ont été contraintes d’ imposer à leurs différentes régions, ce qui mène à un centralisme exce

1573 centralisme excessif et à une limitation anormale de l’autonomie locale et de la vie régionale. Le supranationalisme offre

1574 une limitation anormale de l’autonomie locale et de la vie régionale. Le supranationalisme offre donc des perspectives tr

1575 offre donc des perspectives très favorables pour de larges secteurs de la population européenne en ouvrant des possibilit

1576 spectives très favorables pour de larges secteurs de la population européenne en ouvrant des possibilités d’expansion aux

1577 population européenne en ouvrant des possibilités d’ expansion aux manifestations locales et régionales de la culture. M.

1578 xpansion aux manifestations locales et régionales de la culture. M. Schuman déclare que ce dernier point peut être illust

1579 ce dernier point peut être illustré par l’examen de la Communauté charbon-acier, où la Lorraine, la Sarre et le Luxembour

1580 Le supranationalisme peut conduire à la création d’ autorités régionales chevauchant les frontières actuelles. 2. Le fédér

1581 des allégeances multiples, condition fondamentale de la liberté : M. Toynbee. — En ce qui concerne le loyalisme, les Roma

1582 ul son loyalisme envers Rome et Tarse. Un conflit de loyalismes n’a pas plus de raison d’être dans l’Europe d’aujourd’hui

1583 e et Tarse. Un conflit de loyalismes n’a pas plus de raison d’être dans l’Europe d’aujourd’hui qu’il n’en avait à Rome. Le

1584 . Un conflit de loyalismes n’a pas plus de raison d’ être dans l’Europe d’aujourd’hui qu’il n’en avait à Rome. Les nations

1585 ismes n’a pas plus de raison d’être dans l’Europe d’ aujourd’hui qu’il n’en avait à Rome. Les nations européennes ne peuven

1586 européennes ne peuvent survivre que dans le cadre de l’Europe, et l’Europe ne peut être florissante que si les nations qui

1587 cette notion trouve sa place dans les conclusions de la table ronde. M. Kogon. — L’Europe a une contribution particulière

1588 le devra trouver l’optimum qui combine un minimum d’ unité avec un maximum de diversité. 3. Le fédéralisme n’oppose que le

1589 um qui combine un minimum d’unité avec un maximum de diversité. 3. Le fédéralisme n’oppose que le bon sens aux sophistes q

1590 ous bornons à certains pays. Il n’est pas honnête de nous reprocher d’exclure le reste de l’humanité. Quand on aime une fe

1591 ains pays. Il n’est pas honnête de nous reprocher d’ exclure le reste de l’humanité. Quand on aime une femme et qu’on l’épo