1 1951, Preuves, articles (1951–1968). Mesurons nos forces (avril 1951)
1 nt obscurément des disciplines aveugles, dont ils disent qu’elles les délivreraient de leurs problèmes individuels : ainsi la
2 ident, n’est autre que l’esprit critique. On nous dit qu’il se perd et l’on en donne pour preuve le succès des publicités,
3 étude du monde moderne ? » Je serais tenté de lui dire  : l’esprit critique. Car cet esprit nous renvoie sobrement à nos inqu
4 Si vous demandez : quelles sont nos chances ? Je dirai qu’elles dépendent de chacun de nous, — beaucoup plus que d’un généra
2 1951, Preuves, articles (1951–1968). Neutralité et neutralisme (mai 1951)
5 voilà pourquoi nous sommes antistaliniens. …On a dit que nous sommes ici au service des Américains. Soyons bien clairs : n
6 par des raisons morales ou doctrinales, et qu’il dise par exemple : — « Après tout, soyons objectif ! Voyons les deux côtés
3 1951, Preuves, articles (1951–1968). Culture et famine (novembre 1951)
7 culture tout court ? Certes, on n’aimerait pas le dire , mais c’est bien cela qu’on dit, objectivement, et logiquement aussi.
8 ’aimerait pas le dire, mais c’est bien cela qu’on dit , objectivement, et logiquement aussi. La famine, en effet, a régné su
9 r la culture. Ventre affamé n’a point d’oreilles, dit le proverbe. Comment lutter contre cette « évidence » ? Il me semble
4 1952, Preuves, articles (1951–1968). « L’Œuvre du xxe siècle » : une réponse, ou une question ? (mai 1952)
10 e doctrine. Le mal serait entré dans la peinture, dit -elle, avec les pommes de Cézanne, pommes de pure forme, sans contenu
5 1952, Preuves, articles (1951–1968). Le sens de nos vies, ou l’Europe (juin 1952)
11 lité la menace qui pèse aujourd’hui sur l’Europe, disons plus : sur l’espoir humain. Ma thèse est simple. Elle consiste à rapp
12 agique de l’Asie, avec le monde collectiviste. Je dis que nos valeurs modernes, actuelles (le sens que nous donnons à nos a
13 ersion : c’est se retourner complètement. On peut dire que la révolution est, pour une collectivité, l’équivalent exact d’un
14 n sens littéral cette maxime de la démocratie qui dit qu’un homme en vaut un autre, et donc qu’une femme en vaut une autre.
15 ersé telles gouttes de sang pour toi. » Pour toi, dit bien Pascal, non pour le genre humain en général, ni pour maintenir p
16 ythmes du Cosmos et les lois de la fécondité — on dirait aujourd’hui : pour favoriser le plan de production — mais pour toi, q
17 t le besoin d’exprimer son « vrai moi », comme on dit . À partir d’un certain niveau de culture, en Europe, le non-conformis
18 rater l’opération magique de l’œuvre d’art. Je ne dis pas qu’entre l’Occidental, qui tend à s’affirmer comme individu créat
19 nner au monde des dieux, nous ayons à choisir. Je dis que nous avons choisi. Je ne dis pas que l’un vaut mieux que l’autre,
20 ns à choisir. Je dis que nous avons choisi. Je ne dis pas que l’un vaut mieux que l’autre, mais qu’ils se donnent des buts
21  d’original » et préfèrent imiter les voisins. Je dis seulement que les modèles dont ils disposent pour leur conduite moral
22 ibres. Car la seule liberté qui compte pour moi — dira tout véritable Européen — c’est celle de me réaliser ; de chercher, d
23 finitive des hommes conscients. Voilà pourquoi je disais en débutant, que l’Europe est aussi la conscience du monde. J’illustr
24 e Musée du monde. Et je ne pense pas seulement en disant cela, au Louvre, au British Museum, à tant de collections publiques e
25 rême de toute l’humanité — cette Europe, j’ose le dire , indispensable au monde — mais cette Europe aussi qui peut périr dema
26 e déclin fatal, le rendrait en effet fatal. On me dira que la culture, c’est peu de chose pour arrêter le cours de nos fatal
27 e pour arrêter le cours de nos fatalités. Si l’on dit cela, on commettra la pire erreur qu’on puisse commettre à propos de
28 s. En sortant de chez lui, les mains vides, je me dis ceci : cet homme tire sa puissance de la turbine, mais après tout ce
6 1952, Preuves, articles (1951–1968). Le dialogue Europe-Amérique (août-septembre 1952)
29 comment penser la paix ? 2. Peu d’Américains «  disent  » vraiment cela, qu’ils pensent. Mais j’atténue plutôt la violence de
7 1953, Preuves, articles (1951–1968). Deux princes danois : Kierkegaard et Hamlet (février 1953)
30 a quelque chose de royal dans mon être », fait-il dire à l’un de ses pseudonymes. Lui aussi voudrait « retourner à Wittenber
31 i apparaît sous la forme d’un spectre. Assassiné, dit -il, par le roi actuel, qui n’est donc qu’un usurpateur, le père ordon
32 r que nous refusons d’en payer le prix. C’est là, dit Kierkegaard, « un crime de lèse-majesté qualifié ». Il y a donc usurp
33 , sinon à lui obéir, tout au moins à cesser de se dire chrétienne « à bon marché ». Tous les deux pensent qu’« il y a quelqu
34 son père et l’usurpation. « Cette représentation, dit -il, est le moyen par lequel je surprendrai la conscience du roi. » To
35 ns le sens voulu, pour suggérer le secret sans le dire , enfin pour forcer le public ou la cour « à devenir attentifs » malgr
36 ançailles avec Régine. Il s’est expliqué, peut-on dire , dans toute son œuvre, et non pas seulement dans des ouvrages tels qu
37 sa mort et son enterrement — et l’évêque Mynster, dit le professeur Martensen, fut un des vrais témoins de la vérité. En vé
38 contact du temps et de l’éternité ou, comme il le disait  : « la plénitude du temps, quand la décision éternelle se réalise dan
39 sciemment (avec une conscience folle, pourrait-on dire ), comme le drame pur d’une vocation chrétienne. Ici prend fin, ici « 
40 ngéniosité. C’est le risque technique, pour ainsi dire , de toute « communication indirecte ». Et maintenant, par fidélité à
41 ns notre usage courant du terme de vocation. L’on dit ainsi d’un jeune garçon qu’il a une vocation d’avocat, ou de poète ;
42 un enfant, voici, je ne sais point parler. » Nous dirions qu’il n’a pas la vocation. Précisément, il la reçoit. Elle lui est ad
43 essée en dépit de ce qu’il est. « Et l’Éternel me dit  : Ne dis pas : Je ne suis qu’un enfant. Car tu iras vers tous ceux au
44 dépit de ce qu’il est. « Et l’Éternel me dit : Ne dis pas : Je ne suis qu’un enfant. Car tu iras vers tous ceux auprès de q
45 vers tous ceux auprès de qui je t’enverrai, et tu diras tout ce que je t’ordonnerai… » Voici, je mets mes paroles dans ta bou
46 e deux manières tout opposées. On pourra toujours dire de Kierkegaard soit qu’il fut un neurasthénique, et que son cas relèv
47 endante d’une vocation. Devant Jésus-Christ, l’un dira  : « C’est un nommé Jésus, le fils d’un charpentier de Nazareth » et l
48 gré nous… Telle est l’angoisse de la vocation. Je disais tout à l’heure que Kierkegaard, dès ses premières publications, s’éta
49 sentie à l’œuvre. Kierkegaard l’a bien su et l’a dit dans sa brochure intitulée Point de vue sur mon activité d’auteur :
50 ructure dialectique de mon œuvre… Non, je dois le dire franchement, ce qui m’échappe, c’est que je puis maintenant avoir l’i
8 1953, Preuves, articles (1951–1968). À propos de la crise de l’Unesco (mars 1953)
51 cune raison d’affecter la pudeur dans ce domaine. Disons que la crise est grave, que le départ de M. Jaime Torres Bodet n’a ri
52 nt qu’accidentels. Il s’agit d’ordres différents, dirait Pascal. Mais cette constatation, quoique nécessaire, reste loin d’épu
53 une grosse somme. Les hommes de culture, comme on dit , se demandent alors si pour ce prix l’on ne pourrait pas les aider mi
54 u’il faut donc réformer, et c’est encore trop peu dire  : il s’agit de refaire à l’inverse, de fond en comble, — et non de co
55 tenu proprement culturel. (En fait, on se borne à dire qu’on travaille pour la paix.) D’autre part, le cadre national ne cor
56 e traduire par des organismes régionaux (comme on dit à l’Unesco) et non point mondiaux. 2. Centralisé. La réalité de la cu
9 1953, Preuves, articles (1951–1968). « Nous ne sommes pas des esclaves ! » (juillet 1953)
57 dans leurs livres d’histoire. Cette phrase a été dite , une fois pour toutes. Elle n’est pas mensongère, elle est gagée sur
58 e sur des centaines de morts et de blessés. Étant dite , et de cette manière, non par certains pour les besoins d’une polémiq
59 l’aide de Marx, ou de Lénine, ou de Staline, mais dite , et sans retour, et de cette manière-là, par la révolte et les blessu
10 1953, Preuves, articles (1951–1968). Les raisons d’être du Congrès (septembre 1953)
60 n, au début de la guerre de Corée, nous avons été dire un seul mot : Liberté ! et le sens de ce mot, ce sens que les plus gr
61 bre. « Voilà ce que peut produire la liberté ! », disait en somme ce festival, et « voilà nos raisons de reprendre confiance d
62 e domaine des Arts. Mais la science ? nous a-t-on dit de tous côtés, qu’en faites-vous ? N’est-elle pas une partie décisive
63 mais aussi et surtout, parce que personne ne peut dire au savant : « Tu penseras, tu chercheras, tu découvriras jusqu’ici et
64 squ’ici et pas plus loin ! » Personne ne peut lui dire cela sans tuer en lui l’élan intime de la recherche, qui est par esse
65 -même libre dans sa recherche. Il me reste à vous dire , en deux mots, pourquoi cette conférence se tient ici et non ailleurs
66 es et nuisibles : “Aucun système de gouvernement, dit -il, n’est exempt de vices. Cette critique que nous autres, chercheurs
11 1954, Preuves, articles (1951–1968). La table ronde de l’Europe (janvier 1954)
67 tre que jusqu’où l’on veut », remarque Valéry. Je dirai maintenant les réflexions qui se formaient en moi en écoutant les aut
68 rnst Friedländer, publiciste allemand : « Il faut dire franchement à nos nations qu’elles ne pourront sauver leur individual
69 ainsi que l’on doit rassurer ceux qui tremblent, disent -ils, de voir leur patrie « se perdre dans la masse informe d’une Euro
70 Sentir le fédéralisme. — Plus j’écoute ce qu’on dit sur l’Europe, et plus me frappe l’absence, chez nos intellectuels, de
71 ulture théologique dans notre monde, pour ne rien dire de la philosophie, de l’étymologie et de la sémantique. Des siècles d
72 leurer misère. Les riches ne l’aidèrent point, se disant ruinés, et refusant de faire le pool patriotique des faibles sommes q
73 e Histoire pour une Europe nouvelle. 4. Je le dis d’autant plus librement qu’invité par le secrétariat du Conseil de l’
12 1954, Preuves, articles (1951–1968). Il n’y a pas de « musique moderne » (juillet 1954)
74 la musique moderne ? » c’est qu’on attend que je dise non. Je réponds oui pour inquiéter, mais c’est gênant, car la chose d
75 xprimer, cela revient à ne plus savoir comment le dire autrement que le dernier qui a parlé et que ceux qui l’ont précédé. M
76 siblement sous la pression de ce qu’ils avaient à dire , et qui était un peu différent. Aujourd’hui, l’on voudrait commencer
77 tre situation “réduits à leur principe”, comme on disait au xviiie siècle, et mis, comme on dit en anglais, dans une coque de
78 mme on disait au xviiie siècle, et mis, comme on dit en anglais, dans une coque de noix. Nos compositeurs auraient sans do
79 ue Denis de Rougemont, dans ses ouvrages, veux-je dire , a eu un vif commerce avec le diable. Et que le diable, qui depuis Fa
80 ec le diable. Et que le diable, qui depuis Faust “ disait toujours non”, s’est fatigué de cette attitude ennuyeuse et a découve
13 1954, Preuves, articles (1951–1968). De Gasperi l’Européen (octobre 1954)
81 t font en conséquence la pire des politiques. Qui dira le mal fait à l’Europe par ces « grandes voix » débitant avec âme des
82 nt du Conseil Scelba, l’adjurant « en pleurant », disent les journaux, de tout faire pour sauver la CED. Il savait ce qui étai
14 1954, Preuves, articles (1951–1968). Politique de la peur proclamée (novembre 1954)
83 ne entente avec la France, un écrivain français a dit ceci : « L’Allemagne qu’il incarne ne nous apparaît pas moins redouta
84 s’il n’en restait qu’un, je craindrais celui-là, dit en substance François Mauriac (dans L’Express du 25 septembre). ⁂ L’a
85 r M. Mauriac. ⁂ Ne craignons pas les Russes, nous dit L’Express. Le vrai danger vient des Allemands. Un Anglais prouve le p
86 de masse », déclare M. Bevan. « Notre tâche, m’a dit un dirigeant chinois, est maintenant d’atteindre le peuple. » Seule,
15 1955, Preuves, articles (1951–1968). De gauche à droite (mars 1955)
87 entraîné la recréation d’une Wehrmacht, comme le disaient les gens du MRP, etc. Sur le chantage au contrecoup nationaliste alle
16 1955, Preuves, articles (1951–1968). Le Château aventureux : passion, révolution, nation (mai 1955)
88 « L’amour ? une invention du xiie siècle », a dit un historien sérieux. À l’appui de cette remarque fameuse, rappelons
89 transporte au-delà de toute morale profane et lui dit à son tour comme Augustin à celui que sa foi délivre de la loi : ama
90 ie. J’ai versé telles gouttes de sang pour toi », dit au croyant le Jésus de Pascal. La passion ne pouvait donc apparaître
91 tre engagement n’était pas pris pour cette vie », dit Novalis parlant de sa fiancée perdue. Sur la tombe de Tristan et d’Is
92 on. L’idée et la réalité de ce phénomène, je l’ai dit , sont inconnues dans tout l’Orient, qu’il s’agisse des empires aryens
93 e catharsis : « Les choses vieilles sont passées, dit saint Paul ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles. » Et les c
94 une discontinuité, un traumatisme exemplaire : on dit « avant J.-C. » et c’est l’Antiquité, « après J.-C. » et c’est une èr
95 r de nos révolutions jugerait dans l’irréel, j’ai dit pourquoi. Mais ceux qui croient encore que ces révolutions auraient «
96 he de la Révolution. « Il faut ce qu’il faut ! », disent -ils d’un air de dure sagesse. Il leur faut cela, sans doute. Mais pou
97 erre au-dehors la stabilité au-dedans », comme le dira Hegel. Ensuite, parce que la collusion de l’État centralisé et de la
98 elle n’a plus rien à faire au monde ». Chacune se dira « souveraine », à l’imitation des rois absolus qui n’avaient de compt
99 n a pris la peine de naître. Ce que nul n’oserait dire de son moi, il a le devoir sacré de le dire de son nous. Pourtant, ce
100 erait dire de son moi, il a le devoir sacré de le dire de son nous. Pourtant, cette religion demeure bien incapable d’animer
101 ent du même coup leurs rudiments d’histoire. J’ai dit que la frénésie pseudo-religieuse du nationalisme pouvait être mortel
102 dans la durée. Devant l’impossible défi, l’homme dit  : c’est trop pour moi, mais je ne saurais plus vivre et ressentir ma
17 1955, Preuves, articles (1951–1968). L’aventure occidentale de l’homme : L’exploration de la matière (août 1955)
103 eur, les incidents de séance se multiplient. « On dirait un essaim de frelons », note Grégoire. On s’exclame et l’on s’interpe
104 enser », un archétype mental de l’Occident. Je ne dis pas que ce passage de la christologie à la psychologie soit légitime
105 es décisives de notre science. Certes, on ne peut dire que le modèle théologique ait précédé la découverte des antinomies du
106 pourtant ignoré la science universelle proprement dite , c’est que les mobiles spirituels et les impulsions morales nécessair
107 le fait que la science subtilise sa matière, que dira le spiritualiste en voyant cette même science envahir son domaine ? C
108 tyrannie jadis exercée par les prêtres. On lui a dit que chacun, désormais, peut fonder son jugement sur des faits qui son
109 les faits affirmés par la science, cela revient à dire qu’il a choisi de « croire » — non moins aveuglément que le médiéval2
110 u’y a-t-il ? Cette question n’a pas de sens, nous dit -on. Dans l’Univers d’Einstein (illimité-fini), vous iriez aussi loin
111 et court après la science… 26. Ce qui équivaut à dire que l’état spirituel, le projet subjectif, le motif personnel, le but
18 1955, Preuves, articles (1951–1968). L’aventure technique (octobre 1955)
112 n’est pas celle de l’utile, mais du jeu33. Or qui dit jeu dit règles fixes. Ce qu’il s’agit de maintenir avec un soin jalou
113 s celle de l’utile, mais du jeu33. Or qui dit jeu dit règles fixes. Ce qu’il s’agit de maintenir avec un soin jaloux, c’est
114 festes commises par les « antimodernes » que j’ai dits . Erreur sur la Bombe. J’écrivais au lendemain d’Hiroshima : « La Bom
115 us-même. Erreur sur la belle voiture. Cet homme, dit -on, est l’esclave de sa voiture. Voyez les soins dont il l’entoure !
116 e. Malédiction sur l’invention ! Mais que veut-on dire  ? Imagine-t-on quelque invention qui ne pourrait être utilisée que po
117 i ne pourrait être utilisée que pour le bien ? Je dis que ce serait une invention du diable : elle priverait l’homme de sa
118 re l’usine ignoble et insalubre l’ouvrier pouvait dire par la bouche d’un poète de l’époque : L’air de nos ateliers nous ro
119 de vie moyen en Europe est passé de 1 à 15, nous dit -on, de 1800 à 1950. (On précise qu’il est dix fois plus élevé en 1954
120 la multiplie. (Que signifie le mot vivre si l’on dit que nous vivons dix ou quinze fois mieux que nos ancêtres ?) Mais voi
121 évisager hardiment. Le sérieux de la vie On dit  : que feront les masses si vraiment la technique les libère subitemen
122 iences et techniques, politique, religions. C’est dire que nous multiplions déjà — comme en vue de lendemains qui auront le
123 on de la culture, nul ne saurait en préjuger : je dis seulement que tout y mène pour le meilleur et pour le pire. C’est dir
124 ut y mène pour le meilleur et pour le pire. C’est dire que tout nous mène vers une ère religieuse. Car la culture n’est en f
125 racteur du sentiment religieux dans nos activités dites créatrices, des mathématiques pures à la poterie, et de la métaphysiq
126 nt le style créateur a fait son temps43. Et je ne dis pas qu’elles s’en priveront. Mais je vois aussi que la culture répand
127 i le défaut de confort n’a rien pu contre lui. Je dis seulement qu’elle peut nous jeter dans une époque où les questions re
128 ondi dès 1819. Trente ans plus tard, Marx pouvait dire avec raison, que les forces productrices modernes faisaient de ces pr
19 1956, Preuves, articles (1951–1968). Les joyeux butors du Kremlin (août 1956)
129 présent, et de n’en vouloir juger — si l’on peut dire encore — qu’au nom de ce qu’en va faire le mouvement de l’Histoire, f
130 igoureusement conditionnés. 10. Enfin, tout étant dit , K. reste en place, omettant de tirer les conclusions concrètes de se
131 aussi le temps de Staline. Et que la dictature se dise collégiale ou s’avoue personnelle n’y change rien46. K. dénonçant Sta
132 du « mouvement de l’Histoire ». Ces réalistes me diront  : vous parlez au nom de la morale, mais K. et ses amis ont bien d’aut
133 ts — ceux qu’ils durent condamner sur ordre, nous disent -ils — ne serait-ce pas un beau geste « dialectique » ? Ne serait-ce p
134 « dialectique » ? Ne serait-ce pas un moyen, que dis -je, le seul moyen, de sauver cette méthode éminemment marxiste, dont
135 ptables aux mandarins français ? Idée chrétienne, diront mes réalistes avec mépris. Mais idée russe aussi : Tolstoï, Dostoïevs
136 pliquer. Quant au sens général du phénomène, j’ai dit qu’il est encore conjectural. On ignore, on effet, son vrai point de
137 ue pour l’Occident ? Pourtant, le PC de France se disait stalinien, et Sartre l’approuvait en général (« Ses positions, dans l
138 même nom de stalinisme, autre chose que ce qu’il dit que le système était « nécessairement », ou « historiquement », pour
139 e nécessaire ? Ne serait-il pas plus simple de le dire  ? Non, car tout se compliquerait aussitôt. Si Staline et le stalinism
140 eu de Staline, et les approuvent encore quand ils disent ne plus le faire. Je pense, au contraire, que Staline a été brutaleme
141 rannies sauf une. S’il est aussi contre celle-là, disent -ils, c’est qu’il est pour les autres, « objectivement » parlant. Pour
142 le régime lui-même. Et parmi les hommes que j’ai dit libéraux, neutralistes ou progressistes, certains le savaient très bi
143 qu’un anticommuniste inconséquent ou, pour mieux dire , incohérent. On conçoit qu’il préfère se nommer progressiste. Ajouton
144 n’implique une certaine position, on s’en tire en disant  : celui qui est toujours contre, il faut bien qu’il soit payé pour…50
145 contenu concret de l’attitude anticommuniste. Que disions -nous, en somme, depuis quelque dix ans ? Nous affirmions, en nous fon
146 détruisait la confiance, provoquait des guerres, dites « locales », empêchait tout désarmement et retardait ainsi le progrès
147 ifiaient tout cela par le Diamat. Parce que nous disions cela, les communistes nous accusaient de « mépriser l’homme », de vou
148 diculisées sans espoir, et ramenées à ce que nous disions qu’elles étaient en réalité : de pures et simples mystifications, au
149 la Résistance intellectuelle de l’Est.   Que vont dire , dans ces conditions, nos AAC ? Et que vont faire nos PPC ? Proclamer
150 changé. Répéter contre Staline et Beria ce qu’ils disaient contre Trotski, Kamenev ou Toukhatchevski, dans les mêmes termes, ave
151 e au nom du bien de ceux qu’on tue. Et, pour tout dire , recevoir l’ordre d’être libre, de telle manière prescrite et limitée
152 stalinisme soit la condition de mes revenus, j’ai dit plus haut les bonnes et solides raisons que j’aurais, dans ce cas, de
153 is, dans ce cas, de rester optimiste. M. Fejtö me dira qu’il ne me visait pas, qu’il s’étonne même que je me sois cru visé.
154 Staline alléguait, ni dans le fait (comme nous le disions alors) ni même dans l’intention (comme K. l’affirme) ; ils étaient le
155 ence, ou les deux, cela s’est vu. Leurs mandarins disaient  : « Taisons-nous sur les camps : nous ferions le jeu de l’Amérique ca
156 pprime, nous avions donc doublement tort : de les dire bien réels, puisqu’on va les vider, et de les dire mauvais, puisqu’il
157 ire bien réels, puisqu’on va les vider, et de les dire mauvais, puisqu’ils étaient en URSS…) Lorsqu’eut lieu le procès de Ra
158 URSS…) Lorsqu’eut lieu le procès de Rajk, nous ne disions pas que cet homme était un innocent : il avait les mains rouges d’un
159 mains rouges d’un agent de la Terreur. Mais nous disions que les chefs d’accusation produits par la « justice » au nom du « pe
160 puéril et vain, malgré tant d’apparences, de leur dire aujourd’hui : « Reconnaissez vos torts. » Ils vivaient sur des mythes
161 iberté, et de ne tenir pour vrai que ce qui était dit « de gauche » ; bref, dans tous ces exemples choisis à la volée, de v
162 volée, de vider le sens des mots ou de leur faire dire chaque fois le contraire de ce qui est, donc de mentir. On se tromper
163 nduisant à l’idée de rupture nécessaire. Comment dire la vérité dans le monde communiste ? — Le problème est nettement posé
164 s suites. Jusqu’à la veille du rapport, en effet, dire que Staline était le génial Père des peuples était « vrai » au nom de
165 istoire, s’exprimant par la bouche du Parti. Mais dire que le despote était fou, en se fondant sur l’observation, c’était « 
166 aux » parce que cela desservait le Parti. K. nous dit aujourd’hui que le despote était fou. Il dit vrai (selon l’observatio
167 nous dit aujourd’hui que le despote était fou. Il dit vrai (selon l’observation), mais au nom de ce qui sert le Parti. Que
168 de l’examen libre des faits. Cette vérité qu’ils disent maintenant par ordre, et que nous disions par conviction, c’est la mê
169 é qu’ils disent maintenant par ordre, et que nous disions par conviction, c’est la même et ce n’est pas la même. Ils la disent
170 on, c’est la même et ce n’est pas la même. Ils la disent comme ils la niaient : parce qu’ils croient que cela sert leurs intér
171 ent ce tour de force « dialectique » de mentir en disant le vrai, ou de dire le vrai comme on ment, avec le même accent et pou
172  dialectique » de mentir en disant le vrai, ou de dire le vrai comme on ment, avec le même accent et pour les mêmes motifs.
173 avec le même accent et pour les mêmes motifs. Que dis -je ! les Thorez, les Duclos, rédigeant leurs résolutions, ils m’ont l
174 l bienfaiteur des prolétaires du monde entier. On dira que cette morale formelle n’a pas d’importance politique. Il est vrai
175 , et Lyssenko). Un monde tel qu’on ne peut plus y dire la vérité, n’est pas seulement répréhensible et rétrograde, mais inap
176 sse bourgeoise ait seule publié le Rapport, c’est dire , en d’autres termes : le Parti de Lénine (dont on souligne encore « l
177 e des intérêts prolétariens. Mais il omet de nous dire au nom de quelle classe (ou de quelle puissance en tenant lieu) cette
178 irait-il en fait autrement qu’il n’agit, bien que disant , pour quelque temps encore, ce qu’il faut bien qu’il dise, donc ce qu
179 ur quelque temps encore, ce qu’il faut bien qu’il dise , donc ce qu’il dit ? Un jour viendra, sans doute, où l’on s’apercevra
180 ore, ce qu’il faut bien qu’il dise, donc ce qu’il dit  ? Un jour viendra, sans doute, où l’on s’apercevra que l’adjectif « c
20 1956, Preuves, articles (1951–1968). Sur Suez et ses environs historiques (octobre 1956)
181 ons politiques. B. Je n’en ai pas parlé. J’allais dire justement que mes capitaux seraient administrés par vous. Cependant,
182 était plutôt religieuse, « idéologique » comme on dit . L’affaire Nasser est au contraire mondiale, elle compromet l’ensembl
21 1956, Preuves, articles (1951–1968). Sur l’Europe à faire (novembre 1956)
183 temps ! Voici les faits. Adenauer, à Bruxelles, a dit tout l’essentiel : que l’Europe peut se faire demain et qu’elle le do
184 si le Chancelier lui survit. B. L’Europe que vous dites vaticane n’a jamais existé du tout. Il y avait les trois Grands. Ils
185 nc sérieux ? Les grands partis s’en mêlent ? Mais dites -moi, c’est intéressant ! B. Plus ou moins. S. Mais qu’est-ce qu’il vo
186 cer l’Occident impérialiste. Visiter ces bateaux, disait -il, appuyant le délégué du Caire, serait attenter à la souveraineté n
187 s qui parfois sont insultantes : « Libérez-vous ! dit -on aux intellectuels communistes. Mais de quoi veut-on que nous nous
188 États-Unis dans une situation matérielle qu’on me dit voisine de la misère. Les milieux musicaux ont loué sa « dignité ». S
22 1956, Preuves, articles (1951–1968). Sur le rêve des sciences (décembre 1956)
189 nd de ce que nous trouverons sur notre route : on dira que nous étions partis à cause de cela ! Nos descendants seront dans
190 hit. « Celui qui vend des bœufs, rêve de bœufs », dit le proverbe. L’inverse est aussi vrai, naturellement. Celui qui rêve
191 nt des sciences exactes. Tu ne me trouverais pas, dit l’objet, si tu ne m’avais d’abord cherché, et comment m’aurais-tu che
192 arences matérielles qu’à la faveur de son reflet, disent les Vedas. Point de création sans un double. Or on sait que le Double
193 eigne que voir son Double, c’est mourir. Je n’en dirai pas plus aujourd’hui, laissez-moi réfléchir un peu… Nos problèmes
23 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur la honte et l’espoir de l’Europe (janvier 1957)
194  » qui animait non seulement les staliniens mais, disaient -ils sans honte, rentrant de là-bas, les peuples satellites et leurs c
195 ici, répondre à leur appel ? Savoir ce qu’il faut dire est notre action. J’écrivais hier : Jurons de faire l’Europe. C’est l
196 oit de protester. Ayant toujours approuvé l’URSS, disent -ils, c’est leur affaire et non la nôtre de la désapprouver si elle va
197 mais « le droit » de s’indigner d’un crime ? Oui, disent -ils, à la seule condition d’avoir été complice de tout ce qui le prép
198 minute de silence. Quatre-vingt-mille personnes, dit un journal. C’est la moitié du peuple de cette ville, dont un quart v
199 ures de presse et nouvelles lettres. Plusieurs me disent  : Et Suez ? Et les Malgaches ? Et le Guatemala ? Et l’Algérie ? Vous
200 z pas ? Vous êtes donc pour ? (Mais ceux-là ne me disent pas : et Berlin ? Et Poznań ? Et le peuple, après tout, de la Sainte
201 -il donc vous faire un dessin ? Que je n’aie rien dit cette fois de Perón, de Franco, de Katyn et de la Corée, du siège de
202 traduit simplement le fait qu’on ne peut pas tout dire en un cri. Lundi 3 décembre 1956 C’est la Hongrie qui fera l’Eu
24 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur Voltaire (février 1957)
203 erney-Voltaire, dans l’Ain : « Veuillez épeler », dit la téléphoniste. C’est trop long. Donnez-moi Ferney comme Branca et V
204 Deo erexit Voltaire. « Deux bien grands noms ! », disaient les voyageurs du temps. Il y faisait ses Pâques, non sans ostentation
205 mmandent une paire de souliers à un cordonnier », disent les Mémoires secrets. Mille tractations qu’il combine avec joie perme
206 demande le prince de Hesse. « Non, mes amis ! », dit le grand homme. Et tous de pleurer à l’envi. Paul Claudel, informé pa
207 ance permet que l’on tolère le Parti. Un Mandarin dit au jésuite et aux deux missionnaires protestants qui se sont disputés
208 eu la Chine, pour avoir chassé les jésuites car, dit -il, « ce n’était pas parce qu’il était intolérant, c’était au contrai
209 r le P. Teilhard de Chardin, lequel d’ailleurs me dit un jour, en riant beaucoup, que sa famille était apparentée à Voltair
25 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur la neutralité européenne (mars 1957)
210 utralisme ? Le contraire, à peu près, de ce qu’il dit être. Une certaine manière de choisir entre l’URSS et les USA, comme
211 u régionaux. Beaucoup d’Allemands de l’Ouest vous disent (mais peu le croient) que la neutralisation de leur pays faciliterait
212 e. Mais ceux qui en parlent sont les mêmes qui me disaient hier encore : « Qu’est-ce que l’Europe ? » À mon tour de leur demande
213 Divers abus dans la notion de neutralité J’ai dit plus haut pourquoi le neutralisme est littéralement un mensonge. (Ses
214 es communistes dans les pays libres d’Asie, Nehru dit oui, mais à la condition que fussent également condamnées les menées
215 c neutre entre une armée et un point de vue ; que dis -je, entre la maladie et le diagnostic ! Cette espèce-là de neutralité
216 la conduirait en pleine absurdité : la Suisse se dirait neutre entre l’Europe, dont elle est une partie centrale, et les enne
217 s. Nous ne voulons plus servir au jeu des Grands, disent -ils, ils sont capables de nous laisser prendre par simple peur de s’a
26 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur la neutralité européenne (II) (avril 1957)
218 Prenons les grandes masses populaires : on n’ose dire que l’OTAN les passionne, mais l’idée d’une union directe entre ennem
27 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur la neutralité européenne (fin) (mai 1957)
219 é massive, d’une évidence : l’Europe ne pourra se dire neutre, un jour à venir, que si d’abord elle a fait son union, ce qui
28 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur deux écrivains politiques (juin 1957)
220 litique était fausse, et j’ai seul le droit de le dire , l’ayant soutenue jusqu’au dernier moment contre tous les salauds qui
221 car bien que l’histoire leur donne raison d’avoir dit que la politique communiste devait s’exprimer normalement par Budapes
222 e connais rien de lui sur Suez à part ce qu’il en dit à propos de Guy Mollet. On dirait qu’il me prend pour lui, ou lui pou
223 à part ce qu’il en dit à propos de Guy Mollet. On dirait qu’il me prend pour lui, ou lui pour moi. D’une autre confusion je m’
224 trop insistant : Voltaire pensait ainsi, mais le disait plus vite, encore que plus d’une page de notre auteur l’évoque, et ra
29 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur le pouvoir des intellectuels (juillet 1957)
225 voulu créer les États-Unis d’Europe, il l’aurait dit avant Sainte-Hélène. Et, s’il l’avait dit, il aurait eu tort car de s
226 ’aurait dit avant Sainte-Hélène. Et, s’il l’avait dit , il aurait eu tort car de son temps rien ne menaçait l’Europe dans so
227 ue je sois contre l’union de l’Europe, si l’on me disait que c’est une affaire d’intellectuels, je serais inquiet. Sur une
228 ais la force brutale des armées étrangères. On me dira que tout le monde le sait, mais je vois que personne n’y croit chez l
229 e imaginable, ils n’auraient pas grand-chose à se dire , à supposer qu’ils trouvent une langue commune. Cela n’empêche pas la
230 ant la thèse du livre aux yeux de l’auteur, qui a dit à peu près le contraire. On juge ses vues « superficielles », non san
231 ien entendu, n’est pas signé. Mœurs courantes, me dit -on, on ne répond pas à cela. Je pense à cet ami qui soupirait : « Ah
30 1957, Preuves, articles (1951–1968). L’échéance de septembre (septembre 1957)
232 s’est mise étrangement en marge du grand jeu. Ou disons plutôt que le vrai drame de la seconde moitié du xxe siècle englobe
233 française » ou « Paix en Algérie », c’est autant dire la Lune pour tous et pour tout de suite — n’ont certainement pas cont
234 e nécessaires. Rien ne serait plus injuste que de dire aux Français qu’ils ont mis beaucoup de temps à comprendre la gravité
235 met tout au point — au point tragique. La France, dit -on, est un procès perpétuel intenté par tous à chacun et par chacun à
236 rues et les douars, et dans l’opinion vague qu’on dit mondiale. Voici le deuxième acte annoncé : c’est la France comme un t
237 ne s’agit donc pas d’internationaliser (comme on dit ) l’affaire algérienne, par une décision qui condamnerait la France in
31 1957, Preuves, articles (1951–1968). Pourquoi je suis Européen (octobre 1957)
238 nt répétant ceux qui en ont déjà peur. Bon début, disent les autres, si l’on ne s’arrête pas là. Il est clair que l’Europe des
32 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur le crépuscule d’un régime (octobre 1957)
239 probablement. A. (soudain très pâle). Ce que vous dites -là, ce permis de voyager, ce n’est pas très… démocratique ? R. — Ce n
240 ait que la suppression de certains procédés qu’on dit démocratiques : l’élection libre, le droit d’opposition, etc. A. — Ma
241 bolition des privilèges, la promotion des classes dites inférieures, — le contraire de la dictature et de l’arbitraire du Pou
242 oulaient un peuple unanime, monolithique comme on dit à Moscou, et ils l’ont eu, l’épuration éliminant l’opposition, selon
243 y croit plus. Il la revend d’occasion aux peuples dits sous-développés, qui l’useront vite, ignorant les soins hypocrites do
33 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur un certain cynisme (septembre 1957)
244 t cela vous apprendra à croire tout ce qu’on vous dit et tout ce que vous lisez ! A. — Mais que croire, si tout ce qu’on me
245 ce, ni même à Paris. Vos romanciers américains ne disent pas mieux, ni la nouvelle génération anglaise, voir « Look back in an
246 e. Prenez le théâtre « expérimental », comme vous dites . L’avant-garde du pessimisme, du tragique sans issue, du délire entre
247 pense ainsi de soi-même vu par d’autres. Vous me disiez que « mon » avant-garde n’est guère française, mais les pièces d’Anou
248 à Manosque, à Vevey, à Washington. A. — Vous les dites créateurs, mais peu font des romans. Vos critiques comme les nôtres r
34 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur l’Europe à faire (novembre 1957)
249 trée en vigueur. À qui le point ? Un étudiant m’a dit à la sortie qu’il a trouvé ce communiste « très fort », décidé à « al
250 ne l’autorisation.) Autre incident typique. Spaak dit avec chaleur : — Je ne crois pas à la guerre et chacun sait qu’aucun
251 ne la veut. — Je suis heureux de vous l’entendre dire  ! interrompt le communiste Pierre Abraham. Et cela signifie : Je ne c
252 opéens ? Si vous souhaitez une Europe soviétique, dites -le. Si vous préférez une Europe colonisée, dites-le. Si vous avez une
253 dites-le. Si vous préférez une Europe colonisée, dites -le. Si vous avez une autre idée, défendez-la. En marge d’une enquê
254 . — « Pourquoi je ne suis pas Européen » Je me disais , en suivant les Rencontres genevoises, qu’il serait amusant de dresse
255 catalogue des bonnes et des mauvaises raisons de dire non à l’union nécessaire. Ainsi, à la question : « Faut-il unir l’Eur
256 nd qu’elle n’intéresse pas les syndicats, ceux-ci disent que les trusts l’utiliseraient ; les intellectuels affirment que la m
257 celle-ci veut attendre qu’ils bougent ; la gauche dit que c’est la droite, la droite dit que c’est la gauche qui s’y oppose
258 nt ; la gauche dit que c’est la droite, la droite dit que c’est la gauche qui s’y opposerait, selon les pays. Facteur commu
259 qu’on nous fait. Car on fait une Europe vaticane, dit la gauche. Car on fait une Europe dirigiste, dit la droite. Car on ne
260 dit la gauche. Car on fait une Europe dirigiste, dit la droite. Car on ne fait pas l’Europe, disent les fédéralistes. Et c
261 iste, dit la droite. Car on ne fait pas l’Europe, disent les fédéralistes. Et chacun se renfrogne, et le problème subsiste, ma
35 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur la pluralité des satellites (II) (décembre 1957)
262 servi de toute l’histoire à cet égard. On a beau dire que le fait de devancer les États-Unis de quelques mois n’a d’importa
263 lan machiavélique, penserez-vous ? C’est beaucoup dire . Il doit paraître antipathique dans la mesure même où il tend à frust
264 Or ce besoin ne pouvant être avoué comme tel, on dira que mon plan n’eût visé qu’à frustrer les Soviets d’une gloire très l
265 Des amis me retiennent par la manche : — Avouez, disent -ils, que l’anticommunisme a trompé le monde et s’est trompé lui-même,
266 glorieusement, nous regardent d’en haut, et nous disent bip-bip et oua-oua. C’est prodigieux. Ce qu’il y a de plus beau, sans
267 donc ce qu’il a semé, et qui n’était pas ce qu’il disait . (C’était même le contraire, dans ce cas.) La nature des régimes est
268 cs, pour lui annoncer la bombe d’Hiroshima, il me dit tranquillement : « Qu’est-ce que cela prouve ? On avait tout arrangé
269 ayant épuisé sa provision de grosses lettres n’en dit rien. Dans le même temps, les satellites mis au pillage se révoltent.
36 1958, Preuves, articles (1951–1968). Sur la fabrication des nouvelles et des faits (février 1958)
270 les détermine avant la lettre : Ike, en effet, ne dit pas ce qu’il pense des offres soviétiques ou du désarmement, mais ce
271 nces seraient donc nos vrais maîtres ? C’est trop dire . Car elles sont irresponsables.   Trois exemples. — On dit un peu pa
272 lles sont irresponsables.   Trois exemples. — On dit un peu partout — livres, articles et films — que le mouvement pour l’
273 istes : il y avait là de quoi make news, comme on dit à New York. Mais l’écho reste faible dans la presse. Car les agences
274 e 100 mètres de diamètre, le plus grand du monde, disait -on, permettrait pour la première fois de percer les secrets de la mat
275 0 mètres de diamètre. Mais le journal n’en a rien dit . Pourquoi ? C’est que la construction de l’appareil de Genève résulte
276 à lire. — Les correspondants sont honnêtes : ils disent en général ce qu’ils ont entendu. C’est leur agence qui truque en pre
277 de la situation. Il cite Mendès-France qui aurait dit que la guerre d’Algérie coûte 700 milliards par an ; et Gaillard qui
278 tout le moins cités différemment — et qui peut me dire d’abord lesquels sont vrais, ensuite ce qu’il serait juste d’en concl
37 1958, Preuves, articles (1951–1968). Sur un patriotisme de la terre (mars 1958)
279 hui. Cette prévision est la plus optimiste. On me dira qu’elle se fonde sur du wishful thinking. Mais si nous ne sommes pas
280 nt la venue d’une société universelle, qui ne lui dit rien, conçoit l’idée d’une fuite hors de ce monde : « Comment trouver
281 de planète. » Dernière pudeur Notre Europe, dira-t -on, dans cette immense affaire, perd beaucoup de son importance. Oui,
282 oins riches d’avenir que le présent. On peut même dire que l’Utopie se définit comme un système sans avenir. Car ainsi que l
283 ience a déjà devancé nos poètes. « Dans cent ans, dit le professeur John Weird, nous pourrons modifier les émotions, les dé
38 1958, Preuves, articles (1951–1968). Sur la prétendue décadence de l’Occident (avril 1958)
284 ure, d’une cause ou d’une vie individuelle. Je ne dis rien des délices clandestines qu’entretient l’amateur de crépuscules
285 découvre aimer. Mesures d’une décadence Que dit -on lorsqu’on parle d’une culture décadente ? Rien de certain tant qu’
286 culture plus haute. Car auparavant, ses périodes dites par certains de décadence peuvent être nommées par l’histoire période
39 1958, Preuves, articles (1951–1968). Sur un centre qui doit être partout (mai 1958)
287 nne. M. Pflimlin défend Strasbourg. Le Luxembourg dit Luxembourg, dans l’espoir de garder la CECA. L’élite niçoise parle de
288 tous raison ! Comme on les approuve tous ! Je le dis sans la moindre ironie, persuadé que l’Europe est un être d’esprit do
289 é national, ce culte jacobin dont Hegel et Fichte dirent le dogme après coup, fait de la Capitale un centre universel. Ainsi P
290 ymbolisme du Centre régit le choix, ou pour mieux dire la « découverte » des lieux où il convient de bâtir un sanctuaire, un
291 psychologie et du vocabulaire les plus courants, disons que le Centre a pour double fonction de rassurer et de bluffer. Il do
292 t familier. Attirant et redoutable. En un mot qui dit tout : prestigieux. Sur le centre géométrique de l’humanité Dan
293 pu débrouiller le sens de l’Oracle, qui lui avait dit d’aller bâtir une ville là où il trouverait la pluie et le beau temps
294 sens et de l’arpentage ! Mon candidat J’ai dit pourquoi l’Europe doit écarter l’idée d’une capitale centralisante, e
40 1958, Preuves, articles (1951–1968). Sur le régime fédéraliste (I) (août 1958)
295 aisir d’un écrivain qui ne brigue rien consiste à dire le vrai en temps et hors de temps, dans le secret espoir d’être saisi
296 préalable, et qu’ils croient insidieuse, on peut dire tranquillement que la seule différence entre les deux termes est une
297 xacte, puisqu’elle ne mentionne que l’union et ne dit rien de l’autonomie. Une union qui ne respecterait pas l’autonomie de
298 représentant par suite un moindre mal — qu’on me dise alors ce que l’on choisit, du système suisse ou de son nom ? La Confé
299 ion (« plus réaliste ») seraient bien en peine de dire en quoi ce qu’ils veulent diffère d’une simple alliance de type class
41 1958, Preuves, articles (1951–1968). Sur le régime fédéraliste (II) (septembre 1958)
300 ne se plieront qu’à la dernière extrémité. C’est dire qu’ils ont horreur de la vraie politique, qui est l’art des compromis
301 rti. On rencontrait chaque jour des gens qui vous disaient  : « En tant qu’homme de gauche, je ne puis admettre ceci ou cela », o
302 titution pour l’Europe. — Nous sommes arrêtés, me dit -il, par le problème de la stabilité de l’exécutif. — Prenez le Consei
303 exécutif. — Prenez le Conseil fédéral suisse, lui dis -je, c’est le modèle même de la stabilité. Et, comme il semblait un pe
304 gé, le peuple tranche par un référendum. — Que me dites -vous là ? Le Parlement ne pourrait donc pas renverser les ministres é
42 1958, Preuves, articles (1951–1968). Sur le vocabulaire politique des Français (novembre 1958)
305 ique de Port-Royal m’a convaincu qu’on peut faire dire aux mots tout ce que l’on veut, « à condition d’en avertir ». On croy
306 des flics, très loin, le grondement du peuple qui dit Non. » Voyons les faits. Sans grondement, le peuple a dit Oui. C’est
307  » Voyons les faits. Sans grondement, le peuple a dit Oui. C’est donc qu’il n’était pas le véritable Peuple, celui qui aura
308 trancher le débat. Si la démocratie est ce qu’en dit le Littré, un régime où le peuple exerce la souveraineté, elle n’a ja
309 régime de parti unique, si toutefois ce parti se dit de gauche et réussit à liquider l’opposition. Cependant, le fascisme,
310 veraineté à un seul homme au lieu de 596, on peut dire , dans ce cas, ou bien que la dictature ainsi plébiscitée est démocrat
311 au nom de la liberté. Tous les deux pourraient se dire démocratiques. Mais que se passerait-il dans le cas, fort improbable,
312 ccommoder d’un sens civique qu’on est en droit de dire « adulte » cette fois-ci, et d’un socialisme concret, plus poussé que
313 es hérétiques ? 71. Les oui ne signifient rien, dit -on, n’étant pas homogènes quant aux motifs. Mais a-t-on bien vu que l
43 1959, Preuves, articles (1951–1968). Nouvelles métamorphoses de Tristan (février 1959)
314 tion où, tout étant réduit, « ramené à » comme on dit , profané, décapé des illusions religieuses, névrotiques ou sentimenta
315 Amérique et la Russie. De chacune d’elles on a pu dire , non sans raison, qu’elle était « en réalité » une description social
316 héroïne de L’Homme sans qualités de Robert Musil, dit à plusieurs reprises d’elle-même et de son frère : « Nous aurons été
317 evait la livrer à la guerre, puis à pire. Je l’ai dit dans un vaste roman dont le personnage central, Ulrich von X., qui me
318 et humiliée. Il m’interdit de lui parler. Je lui dis pourtant mon amour sous le couvert d’un roman plein d’allusions et de
319 là, sans doute, et plus encore. S’il avait pu le dire autrement, il l’aurait fait (et nous ne le lirions pas). Mais la répo
320 ntre nature que contre-civilisation. Nabokov fait dire à son héros : « Mon sort a été de grandir dans une civilisation qui a
321 perdue dans la foule… — Comment accordes-tu cela, dit Agathe, avec le fait que l’amour n’existe plus, que seules demeurent
322 re de rapporter de telles émotions à une enfant ? dit Agathe. — Seule une convoitise grossièrement directe serait contre na
323 entendait ce terme pour la première fois… Ulrich dit brusquement : — Celui dont les excitations les plus fortes sont liées
324 oethéenne, voire un peu didactique par endroit : Dire  : je t’aime, c’est faire une confusion. On croit aimer toi, cette per
325 barbare, qui n’est pas la même ! — À t’entendre, dit Agathe, il faudrait croire qu’on n’aime pas réellement la personne ré
326 ne dans un oubli infini de soi-même… Mais Agathe dit un peu plus tard : Pourquoi ne connais-tu pas un philtre contre ce q
327 ue le monde existe encore et les appelle… « Deh ! dit Tristan, quelle départie ! » Mais il y a plus. La lucidité de Musil s
328 t, j’en suis sûr — d’un amour trop réel pour oser dire son nom dans un roman ? L’amour heureux n’a pas d’histoire, chacun sa
329 s que cette fortune subite (réduisant à néant les dires d’experts) soit le seul trait commun aux deux ouvrages : elle m’en pa
330 ns ce même public deux romans de l’amour-passion. Dira-t -on qu’il s’agit d’un refoulement ? Ou simplement que les questions po
331 ise, que les cent premières pages du roman, je me disais  : — Tout se passe comme si cet homme était retenu dans son pays par u
332 dresse à Lara, dans leur retraite forestière : … Disons adieu à nos espoirs, disons-nous adieu l’un à l’autre. Nous nous diro
333 raite forestière : … Disons adieu à nos espoirs, disons -nous adieu l’un à l’autre. Nous nous dirons encore l’un à l’autre nos
334 oirs, disons-nous adieu l’un à l’autre. Nous nous dirons encore l’un à l’autre nos paroles secrètes de la nuit, grande et paci
335 ce condamnée… Mais qui est Lara ? En la perdant, dit Jivago, « il perdrait sa raison de vivre et peut-être même la vie ».
336 merci à la vie même, à l’existence même, le leur dire à elles, et en face. Oui, Lara, c’est tout cela. Puisqu’on ne peut co
44 1959, Preuves, articles (1951–1968). Sur une phrase du « Bloc-notes » (mars 1959)
337 litique, 1 % souhaite un général. Comparez. Je ne dis pas : concluez, mais suspendez peut-être un peu votre jugement. Vous
338 et l’hypocrisie d’évaluer ses problèmes. Vous me direz que vous ne pensiez qu’à l’unification des deux Allemagnes, dont la s
339  ? En faisant l’Europe, c’est l’évidence. Ou bien dites -nous quelle autre solution ? Le vrai danger, c’est notre désunion. Et
340 que, ne saurait plus rêver de les affronter seul. Direz -vous que je fais bien des histoires pour une phrase écrite en passant
341 magazines américains ont « couvert » — comme ils disent curieusement, s’agissant au contraire de faire voir, d’exhiber — les
45 1959, Preuves, articles (1951–1968). Rudolf Kassner et la grandeur (juin 1959)
342 onge à ce dont parle la presse dans ses rubriques dites « littéraires ». Première approche de l’œuvre Ces premiers texte
343 it : autorité. Avant d’avoir compris ce qui était dit — j’entends compris à la manière intellectuelle et discursive, ramena
344 ôt incomplet et coupable. Il est donc possible de dire que le péché est la mesure du démesuré, et que pour le chrétien il n’
345 certaine clarté dispense le lecteur. On pourrait dire aussi que l’indiscret est celui qui se préoccupe de défendre plutôt q
346 ien moral qui caractérise Kierkegaard. On ne peut dire précisément de Kassner qu’il réfute ses adversaires — Freud en partic
347 ordinairement une grande pensée, c’est lorsqu’on dit une chose qui en fait voir un grand nombre d’autres, et qu’on nous fa
348 -il s’entendre sur le sens authentique de ce mot. Disons , pour couper court à de longs développements, que ceux-là seuls qui s
349 er l’image d’un maître spirituel, d’un guru comme disent les hindous. Je le confesse cum grano salis, longue in the cheek — qu
350 tte manière discrètement ascétique, ou pour mieux dire allègrement disciplinée de dominer son grand malheur physique et de r
351 j’aie connu dont je ne puisse imaginer qu’il ait dit ou écrit une sottise ou, même en bavardant, une platitude. Qu’il s’ag
352 zen Une amitié des plus complexes, pour ne pas dire ambivalente, a lié longtemps Rudolf Kassner et Rainer Maria Rilke. El
353 e par le sacrifice », phrase dont Rilke lui avait dit dans une lettre qu’il la sentait « écrite pour lui, et contre lui ».
354 et au bouddhisme. Il a toujours aimé le Bouddha, dit -il. Il a suivi ses traces en Inde, sans bien connaître sa doctrine. B
355 re notre pensée la plus profonde, l’ultime, et le dirai -je, la pensée sans limites… Le zen suppose la dissolution, l’éclatem
356 ates, et par aucun Romain. Il y aurait beaucoup à dire là-dessus : sur la flèche du vieux Zénon, qui n’atteint pas le but, e
357 : Si le boire te semble amer, deviens Vin. Ici, dit -il, plus de théâtre… Il s’agit de limites, d’abîme, de centre et d’ab
358 tiel autant que le physiognomoniste : le disciple dit au maître : Je crains de ne plus rien comprendre… Est-ce moi qui tou
359 de les séparer… Le Maître m’interrompit alors et dit  : Voilà justement la corde de l’arc qui vient de vous traverser ! Ma
360 d’un seul coup, dans l’illumination de la vision ( dirait Kassner) du satori (disent les bouddhistes) l’Un et le Tout, l’indivi
361 mination de la vision (dirait Kassner) du satori ( disent les bouddhistes) l’Un et le Tout, l’individu et le sens final91. J’en
362 emble bien qu’il se soit finalement reconnu. J’ai dit que l’image d’un maître zen m’était venue en écoutant parler Kassner.
363 nue en écoutant parler Kassner. Et voici ce qu’il dit lui-même de la conversation telle qu’il l’entend et la pratique : Je
364 qu’il laisse à jamais sans réponse. Je lui aurais dit sans doute : le but du zen est de nous libérer du moi conscient, mais
365 pre manière de concevoir les visites : « Surtout, dit -il, pas de cérémonies. Pour l’amour du ciel, pas de cérémonies ! » Il
366 cible, puis une seconde qui perce la première. Il dit ensuite : « “Quelque chose” a tiré et touché le but. Inclinons-nous d
46 1959, Preuves, articles (1951–1968). Sur un chassé-croisé d’idéaux et de faits (novembre 1959)
367 et n’a fait en pratique, selon K ? Voyons ce que disent là-dessus Américains et Russes.   Deux articles. — Dans le numéro d’
368 ette théorie et cette praxis. Mais cela revient à dire , en somme, qu’il faut cesser de penser comme Marx. Séparer la pensée
369 ppmann, comme la plupart de nos intellectuels, se dit en somme : — Nous n’avons plus de grande idée, eux en ont une. Nous s
370 ses positions idéologiques sont irréductibles, on dirait qu’il essaie de rassurer sa foi. Quand les industriels, les acteurs,
371 errent la main ou se font taper sur le ventre, on dirait qu’ils s’inquiètent de ne plus savoir pourquoi c’était tout à l’heure
47 1960, Preuves, articles (1951–1968). Sur la détente et les intellectuels (mars 1960)
372 n redoublement de la lutte idéologique… On nous a dit  : tout est changé, tout doit changer, les vieux problèmes sont dépass
373 de demander s’ils y croyaient : ils avaient à le dire et c’est tout. Or, si nous nous trouvions être « anticommunistes », c
374 se doit. Mais au lieu de traduire Pasternak, nous dit -il (hélas ! interdit en Russie) qu’on traduise de vrais communistes !
48 1960, Preuves, articles (1951–1968). Les incidences du progrès sur les libertés (août 1960)
375 sé aux intellectuels du monde entier et il leur a dit  : Vous, écrivains, philosophes, sociologues, physiciens, biologistes
376 l n’agit pas au niveau de la politique proprement dite , mais au niveau de ce qui la prépare et la pré-forme, en contribuant
49 1961, Preuves, articles (1951–1968). Dialectique des mythes : Le carrefour fabuleux (I) (avril 1961)
377 839, on lit déjà : D’une certaine façon, je puis dire de Don Juan, comme Elvire : — Toi, meurtrier de mon bonheur ! Car en
378 rce naturelle, Don Juan incarne donc, si l’on ose dire , l’absolu nihilisme moral. Il séduit par la seule énergie du désir.
379 oprement musicale est stupéfiante, Kierkegaard se disant lui-même un « amateur » sans aucune compétence technique)101 retenons
380 et qu’il porte en lui (sa « mélancolie » comme il dit , mais aussi le pressentiment de sa vocation exceptionnelle) lui inter
381 de se marier ? Un tel soldat ose-t-il — ceci soit dit dans un sens spirituel — se marier, s’il doit jour et nuit se battre
382 e la pensée de Kierkegaard. Or, voici ce qu’il en dit dans l’un de ses ouvrages les plus achevés, les Riens philosophiques
383 j’aime tant ». Et il ajoute que lorsqu’il peut la dire « sienne » dans la solitude de son cœur, « c’est alors seulement que
384 dividu s’exemplifie dans le destin, ou pour mieux dire la vocation exceptionnelle, de Søren Kierkegaard lui-même. Vocation q
385 marie pas, dans les deux cas tu le regretteras », disait Socrate. « Celui qui se marie fait bien, mais celui qui ne se marie p
386 ien, mais celui qui ne se marie pas fait mieux », disait saint Paul, parlant en tant que Spirituel, — et c’est le point de vue
387 Pour l’un et l’autre, « seule, la musique » peut dire d’une manière immédiate, le secret de l’Éros et de ses mythes. Mais s
388 s tard — où Richard Wagner meurt à Venise118. Que dit Zarathoustra ? « Insouciant et railleur, violent — ainsi nous veut la
389 ainsi nous veut la sagesse. Elle est femme… » Que dit Aurore ? « Il n’y a encore d’efficace contre l’amour que ce vieux rem
390 ase »119. Cet amour dont Benjamin Constant a bien dit qu’il est de tous les sentiments le plus égoïste, — l’amour « naturel
391 e, c’est son ombre : Ô homme, prends garde ! Que dit minuit profond ? J’ai dormi, j’ai dormi — Du fond d’un songe je m’éve
392 ie plus profonde encore que la peine : La douleur dit  : Passe et finis ! Mais toute joie veut l’éternité, Veut la profonde,
393 t tous les soleils déclinèrent et s’éteignirent ? Dira-t -on peut-être un jour de nous que, nous aussi, gouvernant toujours ver
394 -delà le bien et le mal, n° 106. 95. Kierkegaard dit en termes hégéliens : conforme à l’idée pure, à l’idéalité, à la caté
50 1961, Preuves, articles (1951–1968). Dialectique des mythes : Le carrefour fabuleux (II) (mai 1961)
395 » vient d’ailleurs comme un ange, passe, étreint, dit le mot, révèle, et disparaît. Don Ottavio s’indigne au nom de la mora
396 de la vérité « dans une âme et un corps », comme dit Rimbaud. L’excitation de la nouveauté, il la trouve dans le drame ren
397 e et illusion — souffrance à cause de l’illusion, dit le bouddhisme — c’est Tristan qui a raison contre le mariage. S’il n’
398 le mariage est « la plénitude du temps » comme le dit le Mari de Kierkegaard, la synthèse vivante de l’instant, de la durée
399 hanges et de synthèses est créateur : on pourrait dire qu’elle est « heureuse ». Mais voici qu’un virus y pénètre : elle le
400 ne (comme lecteur de français) j’avais coutume de dire à ceux qui me questionnaient sur les motifs de l’adhésion réelle de t
401 lare saint Paul. « Aime et fais ce que tu veux », dit Augustin. L’Orient hindouiste et bouddhiste n’a pas dit autre chose a
402 gustin. L’Orient hindouiste et bouddhiste n’a pas dit autre chose avant eux, ni les mystiques de l’islam après eux. Cette c
403 n Iseut, c’est la France — il est bien près de le dire en plus d’une page de ses Mémoires, et pas seulement aux premières ph
404 es lignes, néanmoins, puisque Eugène Ionesco a pu dire (au cours d’une interview récente à la radio) que mon livre lui avait
51 1961, Preuves, articles (1951–1968). Pour Berlin (septembre 1961)
405 me de Berlin se ramène à ceci qu’un régime qui se dit populaire veut empêcher son peuple de le fuir. À travers Berlin, chaq
52 1963, Preuves, articles (1951–1968). Le mur de Berlin vu par Esprit (février 1963)
406 dans la vie littéraire de Paris.) Pourquoi ne pas dire au lecteur qui sont les gens que l’on publie ? Quelques lignes en fin
407 ht autant qu’on le joue à Paris, ce n’est pas peu dire .) Donc, premier point du raisonnement : ce n’est pas l’Est qui a fait
53 1963, Preuves, articles (1951–1968). Une journée des dupes et un nouveau départ (mars 1963)
408 nion publique qui n’est rien d’autre que ce qu’en dit la presse sans tenir compte des sondages d’opinion et du suffrage uni
409 devons renoncer à l’Europe supranationale. » Or, dit -il aujourd’hui, comme « personne ne me propose l’Europe intégrée, je
410 rait jouer maintenant. Mais il serait excessif de dire qu’il a bien disposé les esprits, hors de France, à se faire complice
411 ne tenait qu’à nous de la saisir. » On ne saurait dire plus clairement que l’intérêt de l’Angleterre serait d’exciter toute
54 1964, Preuves, articles (1951–1968). Un district fédéral pour l’Europe (août 1964)
412 pe concevables. a) L’Europe des États (faussement dite des patries, expression d’ailleurs corrigée par de Gaulle lui-même) c
413 me tentative pour prolonger le statut des nations dites « souveraines », mais qui ne le sont plus qu’au niveau des discours,
414 ne sauverait le corps qu’au prix de l’âme, autant dire pour bien peu de temps. Broyant toutes nos diversités traditionnelles
415 ntends en connaissance précise du modèle que l’on dit ne pouvoir imiter. (Ceux qui invoquent des raisons de prestige, c’est
416 es objections du scepticisme invétéré (ou faut-il dire traditionnel ?) qui tendait à paralyser non seulement toute initiativ
417 seil de l’Europe n’a jamais été justifiée — comme disaient mes instituteurs. Qu’en est-il de la seconde objection que je citais 
418 aucune violation de la Constitution actuelle. Si, dit -il, la Suisse se refuse à entrer sans réserve dans le Marché commun,
419 e l’Union suisse pour l’industrie et le commerce ( dite Vorort). Réponse : Il est clair qu’une Europe « une et indivisible »
420 domaine de la majorité. Il s’agit de savoir et de dire ce que nous avons à donner, et non pas seulement à sauver ; ce que l’
421 es générations formées par la technologie.) C’est dire tout l’avantage et l’avance effective d’une communauté du type suisse
422 l’homme semble fait pour de petites sociétés. Je dirai plus : il n’y a pas de grandes sociétés possibles, car il n’y a plus
423 ommun ou de création d’instruments communs. C’est dire qu’on redécouvre la méthode du fédéralisme authentique. Toute l’évolu
424 ions d’un comportement suisse, dont l’une serait, dit -on, prématurée, tandis que l’autre est sûrement périmée, le « malaise
425 ent à toute espèce de programme politique, autant dire à toute politique qui ne se résume pas à faire valoir nos bonnes rais
426 ci huit jours, ira jeter du pain aux cygnes », me disait le chef de la police municipale à la veille d’une grande conférence.
427 Joyce préférait en Suisse. Et cette façon de vous dire merci quatre ou cinq fois, quand vous achetez une carte postale, un t
428 centrale, les États-Unis, la France surtout. J’ai dit un jour de la France : c’est le pays du monde dont je préfère me plai
429 a le dernier mot. Mais encore faut-il qu’elle le dise . 136. Voir l’Extrait du projet de paix perpétuelle, publié en 1761
55 1966, Preuves, articles (1951–1968). André Breton (novembre 1966)
430 vergence heureuse ! À quelques jours de là, il me dit souhaiter que nous puissions désormais nous rencontrer « mécaniquemen
431 dans le défi, qui rejoignait l’Inquisition… Il me dit ce soir-là qu’il avait découvert au fond de l’échoppe d’un cordonnier
432 quelques jeunes femmes assez fantasques qu’on eût dit nées des comédies de Shakespeare. On se rencontrait chez l’un ou l’au
433 des ouvriers de l’utopie phalanstérienne. On eût dit qu’il était le premier à découvrir ce jeune auteur d’avant-garde ! « 
434 l tenait pour l’ancêtre des jansénistes. Nous lui dîmes qu’il y avait là-dessus des bibliothèques, il n’en crut rien, visible
435 nt à New York mes Personnes du Drame . Breton me dit que sa femme en ayant lu quelques chapitres, il avait vu que le livre
436 r parfois dans le langage de la piété, « si j’ose dire … » C’était évidemment très grave, peut-être même impardonnable. Et lo
437 gieux ouvrage. « Je crois que vous croyez ? », me dit -il en substance (ravi de l’ambiguïté du mot croire dans cette phrase)
438 tienne athée, faut-il le répéter ?) et c’est tout dire . La grande contradiction qui a tendu l’arc d’une existence poétique s
56 1968, Preuves, articles (1951–1968). Marcel Duchamp mine de rien (février 1968)
439 plus ressemblant que jamais. « C’est la Savoie ! dit -il en regardant le lac. — C’est aussi le Tyrol, ou les lacs italiens.
440 doigt de vermouth. — Les masses sont inéducables, dit -il après le départ de nos hôtes. Elles nous détestent et nous tueraie
441 la solitude. Aujourd’hui, on nous traque. — Oui, dis -je, mais tout dépend des vrais désirs des hommes : c’est ce qu’il s’a
442 d’un souriant dédain. « Vous aurez bientôt, nous dit -il, les preuves les plus éclatantes de la réalité des lois de la scie
443 réalité des lois de la science, je sais ce que je dis . Nous calculons les mouvements de l’électron, la puissance des rayons
444 e vide matériel, d’inanité telles qu’on peut bien dire que c’est le mouvement lui-même qui crée la masse corpusculaire, alor
445 vement s’y appliquât. — Je l’ai bien lu, m’a-t-il dit ce matin en me rendant le livre. Je crois que je comprends tout, ou p
446 Alors ? Son mouvement n’est qu’un mythe. En fait, dit -il au déjeuner sur la galerie, tout se passe anarchiquement dans le m
447 endre. Ainsi de suite. Enfin, ce soir : — Vous me disiez qu’on n’a jamais vu vivre un groupe humain dans l’anarchie telle que
448 près, d’un œil, pendant presque une heure » comme dit le titre d’une de vos œuvres. À propos, avez-vous jamais essayé de re
449 fférencié des autres sens : — Avez-vous remarqué, dit Duchamp, que je puis vous voir regarder, vous voir voir, mais que je
450 es environnant le lac, ses golfes et ses îles. Je dis combien cette vue m’apaise et me satisfait. — Vous êtes sans cloute p
451 e alternative : le Monde uni ou l’Autre monde. Le dire tout de suite, le dire partout, et toutes affaires cessantes — si l’o
452 e uni ou l’Autre monde. Le dire tout de suite, le dire partout, et toutes affaires cessantes — si l’on veut simplement qu’el
453 prenait pas au dépourvu. — Rien de neuf en somme, disait le docteur, du ton qu’il eût diagnostiqué une bronchite simple, rien
454 nous revint au bout d’une heure, pâle et défait, disant que sa vie n’avait plus de sens. Les girls, enfin, parurent émues. C’
57 1968, Preuves, articles (1951–1968). Vingt ans après, ou la campagne des congrès (1947-1949) (octobre 1968)
455 uter. notes de journal : « Parlé très vite en me disant que j’allais beaucoup les ennuyer. Surpris par des applaudissements p
456 à l’eau, dans un hall du Montreux-Palace, et m’a dit . “Tout cela est bel et bon, mais maintenant il nous faut travailler.”
457 n exil à Londres : tous veulent l’Europe unie, me dit -il, vous avez donné ce soir la doctrine, il reste à faire le principa
458 eux, importantes déclarations sur l’Europe. Je me dis que j’ai eu tort de quitter ce congrès, j’aurai raté le principal, et
459 « Rien ne peut se faire sans les gouvernements », disaient les uns… « Mais les gouvernements ne veulent rien faire, répliquaient
460 t), par Eugen Kogon, et par Henri Brugmans, qui a dit ce qu’il devait à Mounier et à Dandieu notamment. Il y avait eu ensui
461 nt rapide, ou de « devenir une secte », comme l’a dit Brugmans. (Mais n’est-ce pas pour avoir accepté ce risque-là que Léni
462 bitions fédéralistes et les objectifs unionistes. Dira-t -on que le comité de liaison se rapprochait du « possible », c’est-à-d
463 l’économique), devait assumer le rôle décisif de dire le sens de toute l’entreprise et des suites qu’on en attendait. 2° Af
464 erai volontiers (à la Commission) un temps qui, à dire vrai, me manque. » Retinger m’avait appuyé fort habilement. Il m’écri
465 s aux délégués le deuxième jour du Congrès. On me dit qu’un des auteurs qu’on m’avait opposés, apprenant au cours d’un dîne
466 cet immense applaudissement ? “L’Europe, vient de dire quelqu’un dans le micro, c’est la civilisation des non-conformistes !
467 ents députés venus de vingt-cinq pays… Mais je me dis qu’en effet, malgré tout, notre congrès est doublement non conformist
468 tout, et des fanfares dans la cour du palais. “On dirait un mariage !” m’a soufflé mon voisin, Lord Layton. « Mariage de qui ?
469 s : le congrès commence à peine. L’histoire seule dira le vrai sens de cette cérémonie sans précédent. » Dès le 8 mai, les
470 estes, mais concrets ». Les fédéralistes, je l’ai dit , espéraient que les états généraux donneraient naissance — mais comme
471 n et son beau-frère Randolph Churchill, lequel me dit  : « Vous souhaitez, je pense, l’unanimité du Congrès sur le texte d’e
472 nt devant le micro, je répétai ce qu’on venait de dire et je conclus : « OK ! Lors du prochain Congrès européen, Staline, qu
473 faisait basculer son fauteuil, et je l’entendais dire à haute voix : « But why ? We should stand up at that ! We should all
474 respect des autonomies, unité et diversité — que dis -je, unité pour les diversités ? Si je tiens pour licite et opportun d
475 ier de délégués, d’invités et de journalistes. Il dit ceci : « Il y a une grande différence entre les Allemands et les Ital
476 iens. Eux, quand ils parlent de leur ancien chef, disent  : “Le pauvre, il n’a pas réussi !” Mais nous, quand nous parlons du n
477 i !” Mais nous, quand nous parlons du nôtre, nous disons  : “C’était un couillon !” » bm. Rougemont Denis de, « Vingt ans apr
58 1970, Preuves, articles (1951–1968). Dépasser l’État-nation (1970)
478 sera seule capable de réaliser leur vision. On me dira peut-être aussi que je radicalise indûment l’antithèse État-nation /
479 ondes de la propagande et les grandes contagions dites idéologiques. Elles empêchent simplement de bien traiter ces problème
480 blèmes, résultant de la seule fiction d’économies dites nationales, qui ne correspondent à rien d’économique. Mais ce que je
481 causes mêmes de sa division ! Pourquoi ne pas le dire ouvertement ? Tous les sondages d’opinion le montrent : on vous suivr
482 ation exprimera l’unité millénaire de sa culture. Dira-t -on que ce programme est révolutionnaire ? Il l’est, bien sûr : on ne
483 du continent peut en offrir le modèle. Si l’on me dit maintenant que c’est une utopie que de vouloir dépasser l’État-nation