1 1951, Preuves, articles (1951–1968). Mesurons nos forces (avril 1951)
1 é, café, ou restaurant, et de composer le menu de votre choix ; droit d’élever nos enfants selon nos principes — et tous les
2 toute l’avance que permet un plus grand passé. Si vous demandez : quelles sont nos chances ? Je dirai qu’elles dépendent de
2 1951, Preuves, articles (1951–1968). Culture et famine (novembre 1951)
3 nnerre d’applaudissements et toute la presse pour vous . J’ai vu cela ce printemps à Bombay, et ne m’en suis pas trop étonné.
3 1952, Preuves, articles (1951–1968). Le sens de nos vies, ou l’Europe (juin 1952)
4 lente de la révolte des individus. C’est pourquoi vous le chercherez en vain dans toute l’Asie. Et vous n’en jouerez pas imp
5 vous le chercherez en vain dans toute l’Asie. Et vous n’en jouerez pas impunément dans les États totalitaires, où il se voi
6 lle peut, et qu’elle doit le redevenir demain. Je vous conterai plutôt une petite histoire vraie. C’était il y a deux ou tro
7 nde maintenant : quelle est donc cette Europe que vous voulez unir pour la sauver ? Je réponds que ce n’est pas celle des tu
4 1952, Preuves, articles (1951–1968). Le dialogue Europe-Amérique (août-septembre 1952)
8 onne cette attitude ambivalente : aidez-nous avec vos dollars, mais si vous exigez que votre aide soit efficace, nous crier
9 mbivalente : aidez-nous avec vos dollars, mais si vous exigez que votre aide soit efficace, nous crierons à l’impérialisme ;
10 ez-nous avec vos dollars, mais si vous exigez que votre aide soit efficace, nous crierons à l’impérialisme ; puis décampez, g
11 nisme. Quant à la culture, la cause est entendue, vous n’êtes que des barbares : digests, Collier’s, Coca-Cola, Hollywood, c
12 d, comics et whisky. Il est vrai que nous copions vos romans et vos danses. Mais vous n’avez même pas le sens de la lutte d
13 hisky. Il est vrai que nous copions vos romans et vos danses. Mais vous n’avez même pas le sens de la lutte des classes ! O
14 i que nous copions vos romans et vos danses. Mais vous n’avez même pas le sens de la lutte des classes ! On sait ce que pens
5 1953, Preuves, articles (1951–1968). Les raisons d’être du Congrès (septembre 1953)
15 nce ? nous a-t-on dit de tous côtés, qu’en faites- vous  ? N’est-elle pas une partie décisive de la culture au sens moderne ?
16 lèmes difficiles, devant lesquels je souhaite que votre conférence ne recule pas. Je citerai deux de ces problèmes, qui d’ail
17 elle-même libre dans sa recherche. Il me reste à vous dire, en deux mots, pourquoi cette conférence se tient ici et non ail
18 fut aussi celui de l’essor scientifique. C’était votre cité libre et hanséatique, dont le génie nous semblait incarné par ce
6 1954, Preuves, articles (1951–1968). La table ronde de l’Europe (janvier 1954)
19 colonialiste sur la poitrine des fédéralistes. «  Vous nous vantez l’Europe, il n’y a pas de quoi ! Elle a réduit en servitu
20 e nationalisme — appuyé par les communistes — que vous attaquez aujourd’hui ceux qui veulent mettre fin à la cause de ces ma
21 en, sauf justement l’impérialisme, inséparable de vos nationalismes. D’autres enfin nient les concepts d’Europe et d’unité
22  », furent emportées par l’occupant. Il dépend de vous , Messieurs de la Table ronde, il dépend d’efforts comme le vôtre, il
23 eurs de la Table ronde, il dépend d’efforts comme le vôtre , il dépend de nous tous, Européens, d’écrire une autre Histoire pour
7 1954, Preuves, articles (1951–1968). Tragédie de l’Europe à Genève (juin 1954)
24 Asie ! Notre tour est venu de nous immiscer dans vos affaires. L’Indochine, la Corée ne vous regardent plus. Mais le probl
25 iscer dans vos affaires. L’Indochine, la Corée ne vous regardent plus. Mais le problème allemand nous intéresse beaucoup. »
8 1954, Preuves, articles (1951–1968). Il n’y a pas de « musique moderne » (juillet 1954)
26 juillet 1954)r s Quand on me demande : « Aimez- vous la musique moderne ? » c’est qu’on attend que je dise non. Je réponds
9 1955, Preuves, articles (1951–1968). L’aventure occidentale de l’homme : L’exploration de la matière (août 1955)
27 it-on. Dans l’Univers d’Einstein (illimité-fini), vous iriez aussi loin et longtemps que vous voulez, droit devant vous, pou
28 ité-fini), vous iriez aussi loin et longtemps que vous voulez, droit devant vous, pour revenir au même point. Essayez de pen
29 i loin et longtemps que vous voulez, droit devant vous , pour revenir au même point. Essayez de penser cela, et vous verrez b
30 revenir au même point. Essayez de penser cela, et vous verrez bientôt que la question d’un au-delà ne se pose plus. Dans l’u
31 , et qui reviendra peut-être à son point initial, vous n’irez pas plus loin ni plus longtemps que la plus extrême galaxie. M
10 1955, Preuves, articles (1951–1968). L’aventure technique (octobre 1955)
32 la maison plus résistants que nos corps). Mais si vous ne priez plus, ce n’est tout de même pas leur faute. Retour à l’ax
33 ait par lui-même, et c’est toujours quelqu’un qui vous appelle par le moyen de ce porte-voix. Si vous courez répondre, agacé
34 ui vous appelle par le moyen de ce porte-voix. Si vous courez répondre, agacé par le bruit, c’est que vous vous attendez à q
35 us courez répondre, agacé par le bruit, c’est que vous vous attendez à quelque chose que vous ne désirez pas manquer. Vous n
36 urez répondre, agacé par le bruit, c’est que vous vous attendez à quelque chose que vous ne désirez pas manquer. Vous n’êtes
37 c’est que vous vous attendez à quelque chose que vous ne désirez pas manquer. Vous n’êtes donc esclave que de vous-même. E
38 à quelque chose que vous ne désirez pas manquer. Vous n’êtes donc esclave que de vous-même. Erreur sur la belle voiture. C
11 1956, Preuves, articles (1951–1968). Les joyeux butors du Kremlin (août 1956)
39 vement de l’Histoire ». Ces réalistes me diront : vous parlez au nom de la morale, mais K. et ses amis ont bien d’autres pro
40 oissante. Premier argument : Puisque tout ce que vous condamniez a été « supprimé » avec le stalinisme, vous n’avez plus de
41 condamniez a été « supprimé » avec le stalinisme, vous n’avez plus de raisons de vous méfier de l’URSS. Réponse : Tout n’es
42 vec le stalinisme, vous n’avez plus de raisons de vous méfier de l’URSS. Réponse : Tout n’est pas condamné, loin de là, et
43 utes ces choses dans l’esprit des chefs russes et le vôtre aient changé. Répéter contre Staline et Beria ce qu’ils disaient cont
44 one, Spender, ou Milosz, ou Aron ? Non, bien sûr, vous n’y pensez pas. Les anticommunistes vulgaires seraient-ils donc ceux
45 rences, de leur dire aujourd’hui : « Reconnaissez vos torts. » Ils vivaient sur des mythes verbaux et littéraires d’une ind
46 r de demain, je l’ordonne, soyez libres ! Peignez- vous comme il vous plaira et cessez d’obéir comme des brutes ! » Aussitôt
47 e l’ordonne, soyez libres ! Peignez-vous comme il vous plaira et cessez d’obéir comme des brutes ! » Aussitôt la panique se
48 t. Comprenez qu’il n’est pas d’autre voie, et que vous ne serez jamais libres à moindre prix.   D’autres difficultés créées
12 1956, Preuves, articles (1951–1968). Sur Suez et ses environs historiques (octobre 1956)
49 , je suis sous-développé. B. Intéressant ami, que vous faut-il ? A. Si vous ne m’aidez pas, sachez-le, je me jetterai dans l
50 ppé. B. Intéressant ami, que vous faut-il ? A. Si vous ne m’aidez pas, sachez-le, je me jetterai dans les bras de Moscou, et
51 je me jetterai dans les bras de Moscou, et c’est vous qui m’y aurez poussé ! J’ai besoin d’un barrage. B. Entendu. Vous aur
52 ez poussé ! J’ai besoin d’un barrage. B. Entendu. Vous aurez des capitaux. Je vous demanderai seulement… A. Quoi, déjà des c
53 barrage. B. Entendu. Vous aurez des capitaux. Je vous demanderai seulement… A. Quoi, déjà des conditions politiques ? Sache
54 ues ? Sachez, monsieur, que je suis souverain. Je vous refuse le droit de vous mêler de mes affaires B. Je croyais qu’il s’a
55 que je suis souverain. Je vous refuse le droit de vous mêler de mes affaires B. Je croyais qu’il s’agissait d’un barrage, qu
56 gissait d’un barrage, que c’était une affaire, et votre affaire d’abord, et que vous me demandiez de m’en mêler. A. Vous me j
57 ait une affaire, et votre affaire d’abord, et que vous me demandiez de m’en mêler. A. Vous me jetez dans les bras de Khrouch
58 stement que mes capitaux seraient administrés par vous . Cependant, j’eusse aimé suggérer certaines garanties de bonne gestio
59 ertaines garanties de bonne gestion. A. Me prenez- vous pour un sous-développé ? B. Je vous prends pour quelqu’un qui a besoi
60 A. Me prenez-vous pour un sous-développé ? B. Je vous prends pour quelqu’un qui a besoin d’un barrage, mais qui n’en a pas
61 B. Mais à quelles conditions politiques ? A. Vous vous mêlez de nouveau de mes affaires privées ! Nous irons dénoncer devant
62 vant l’ONU cette abominable pression ! B. Comment vous avancer les capitaux requis sans, par là même, intervenir dans vos af
63 apitaux requis sans, par là même, intervenir dans vos affaires ? A. Assez de sophismes et de provocations impérialistes ! V
64 z de sophismes et de provocations impérialistes ! Vous êtes riche, je suis pauvre, vous devez donc me donner de quoi devenir
65 impérialistes ! Vous êtes riche, je suis pauvre, vous devez donc me donner de quoi devenir riche à mon tour. B. Pourquoi vo
66 ner de quoi devenir riche à mon tour. B. Pourquoi vous ferais-je ce don sans garanties, à vous qui m’insultez en me le deman
67 Pourquoi vous ferais-je ce don sans garanties, à vous qui m’insultez en me le demandant ? A. Pour éviter que je me jette da
68 je me jette dans les bras de Moscou. B. Pourquoi vous jeter dans les bras de Moscou, qui ne vous aidera jamais sans conditi
69 urquoi vous jeter dans les bras de Moscou, qui ne vous aidera jamais sans condition ? A. Parce que Moscou vous emm… et que ç
70 idera jamais sans condition ? A. Parce que Moscou vous emm… et que ça me plaît. B. Si je vous donnais les capitaux, Moscou n
71 que Moscou vous emm… et que ça me plaît. B. Si je vous donnais les capitaux, Moscou ne changerait pas pour si peu. Je vous r
72 apitaux, Moscou ne changerait pas pour si peu. Je vous rendrais plus fort contre moi, et vous ne m’aimeriez pas davantage. V
73 si peu. Je vous rendrais plus fort contre moi, et vous ne m’aimeriez pas davantage. Vous n’aimez pas vos intérêts, pourquoi
74 contre moi, et vous ne m’aimeriez pas davantage. Vous n’aimez pas vos intérêts, pourquoi donc m’intéresseraient-ils ? Vous
75 ous ne m’aimeriez pas davantage. Vous n’aimez pas vos intérêts, pourquoi donc m’intéresseraient-ils ? Vous aimez seulement
76 s intérêts, pourquoi donc m’intéresseraient-ils ? Vous aimez seulement me haïr. Cherchez ailleurs que dans mes dons les moye
77 ailleurs que dans mes dons les moyens d’assouvir votre haine. Nasser n’est pas Hitler Toujours en retard d’une dictatu
13 1956, Preuves, articles (1951–1968). Sur l’Europe à faire (novembre 1956)
78 Votre Europe, au fond, qu’est-ce que c’est ? Êtes- vous sûr qu’elle existe ? Où commence-t-elle dans le temps ? Et où finit-e
79 l est aux portes, l’union nous sauverait tous, et vous demandez une bonne définition ! Je vous vois venir. A. J’y viens ! Se
80 tous, et vous demandez une bonne définition ! Je vous vois venir. A. J’y viens ! Serait-elle de gauche ou de droite ? Domin
81 A. Mais je ne sais toujours pas de quelle Europe vous parlez. B. De celle qu’il nous faut faire, ne fût-ce que pour sauver
82 alogue — et tout dialogue, peut-être. De celle où vous êtes né comme moi, si je ne me trompe, et qui meurt de vos doutes, pl
83 né comme moi, si je ne me trompe, et qui meurt de vos doutes, plus que de la foi des autres.   C et D (ensemble). Laissez-m
84 et D (ensemble). Laissez-moi ricaner, monsieur ! Votre Europe, elle nous laisse tomber ! B. Comment l’aurait-elle pu si elle
85 aurait-elle pu si elle n’était pas née ? Et c’est vous qui en avez décidé, vous les Anglais en sabotant Strasbourg, vous les
86 était pas née ? Et c’est vous qui en avez décidé, vous les Anglais en sabotant Strasbourg, vous les Français en tuant la CED
87 décidé, vous les Anglais en sabotant Strasbourg, vous les Français en tuant la CED. Vous l’appelez quand elle peut vous ser
88 nt Strasbourg, vous les Français en tuant la CED. Vous l’appelez quand elle peut vous servir, et la mettez en doute quand il
89 s en tuant la CED. Vous l’appelez quand elle peut vous servir, et la mettez en doute quand il faut qu’on la serve. C’est nat
90 e quand il faut qu’on la serve. C’est naturel, on vous comprend très bien. Mais vous auriez tort de vous plaindre. C et D. N
91 . C’est naturel, on vous comprend très bien. Mais vous auriez tort de vous plaindre. C et D. N’empêche que nous sommes seuls
92 vous comprend très bien. Mais vous auriez tort de vous plaindre. C et D. N’empêche que nous sommes seuls à relever un défi q
93 s seuls — et l’on sait pourquoi — à proclamer que vous faites ainsi, mais rien ne se passe. C et D. C’est qu’il y a tous les
94 pe, reste impuissante en fait contre l’Égypte. Si vous êtes souverains, tirez donc ! Et n’allez pas demander partout des per
95 lez pas demander partout des permissions. Mais si vous ne pouvez rien sans toute l’Europe, faites-la !   S. Comment va votre
96 sans toute l’Europe, faites-la !   S. Comment va votre Europe, cet automne ? B. Et vous ? merci. Tout germe et tout bourgeon
97   S. Comment va votre Europe, cet automne ? B. Et vous  ? merci. Tout germe et tout bourgeonne. On se croirait au printemps !
98 écu, si le Chancelier lui survit. B. L’Europe que vous dites vaticane n’a jamais existé du tout. Il y avait les trois Grands
99 ssant ! B. Plus ou moins. S. Mais qu’est-ce qu’il vous faut ? B. L’Europe est une cause trop sérieuse pour qu’on la laisse a
100 le réflexe normal de tout bon communiste. « Je vous assure, docteur ! » Les événements récents, à la suite du XXe Cong
101 invites qui parfois sont insultantes : « Libérez- vous  ! dit-on aux intellectuels communistes. Mais de quoi veut-on que nous
102 r, de fermer les yeux, et de parler de progrès en vous faisant les poches. La fameuse souveraineté nationale révèle ici sa v
14 1956, Preuves, articles (1951–1968). Sur le rêve des sciences (décembre 1956)
103 s met en mesure de découvrir Colomb58. Lisez-le : Vous verrez que nos amers masochistes, calomniant à longueur de journée l’
15 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur la honte et l’espoir de l’Europe (janvier 1957)
104 De tous côtés, on demande au Congrès : Que faites- vous  ? Que les paroles ne suffisent pas contre les tanks, on s’en doutait,
105  Que peut-on faire ? Je suis prêt à le faire avec vous . » « Agissez ! Agissez ! Agissez ! » — dernier Message des écrivains
106 les Malgaches ? Et le Guatemala ? Et l’Algérie ? Vous ne protestez pas ? Vous êtes donc pour ? (Mais ceux-là ne me disent p
107 uatemala ? Et l’Algérie ? Vous ne protestez pas ? Vous êtes donc pour ? (Mais ceux-là ne me disent pas : et Berlin ? Et Pozn
108 oblige et nulle discipline de parti. Faut-il donc vous faire un dessin ? Que je n’aie rien dit cette fois de Perón, de Franc
16 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur Voltaire (février 1957)
109 ettre, Madame, une seule fois, et montrez ensuite vos jambes à qui vous voudrez. » À ses amis de Paris : « On fabrique ici
110 e seule fois, et montrez ensuite vos jambes à qui vous voudrez. » À ses amis de Paris : « On fabrique ici beaucoup mieux qu’
111 n fabrique ici beaucoup mieux qu’à Genève… Donnez vos ordres : vous serez servis… Vous aurez de très belles montres et de t
112 i beaucoup mieux qu’à Genève… Donnez vos ordres : vous serez servis… Vous aurez de très belles montres et de très mauvais ve
113 ’à Genève… Donnez vos ordres : vous serez servis… Vous aurez de très belles montres et de très mauvais vers quand il vous pl
114 s belles montres et de très mauvais vers quand il vous plaira. » En vingt ans, le village passe de cinquante foyers à plus d
115 garçons défilent à cheval, en uniforme. « Sont-ce vos soldats ? » demande le prince de Hesse. « Non, mes amis ! », dit le g
116 he, qui assourdit tout d’un coup leur grondement. Vous voyez que ce pays est le centre du monde. C’est ce que l’on pense tou
117 rotestants qui se sont disputés devant lui : « Si vous voulez qu’on tolère ici votre doctrine, commencez par n’être pas into
118 és devant lui : « Si vous voulez qu’on tolère ici votre doctrine, commencez par n’être pas intolérants ni intolérables. » Ail
119 cuse tout, y compris le massacre des ouvriers : «  Vous répondez que la différence est grande, que toutes les religions (lise
17 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur la neutralité européenne (mars 1957)
120 nous-mêmes, et d’un obscur besoin de revanche : — Vous nous avez laissés tomber ? Bien. Faites sans nous !… Il y a la crise
121 els ou régionaux. Beaucoup d’Allemands de l’Ouest vous disent (mais peu le croient) que la neutralisation de leur pays facil
18 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur le crépuscule d’un régime (octobre 1957)
122 tes en chemise, ceints d’étuis à Leica. R. — Avez- vous entendu cette femme à l’autre table ? Elle trouve Venise « artificiel
123 ’aiment pas l’artificiel n’ont qu’à brouter. A. —  Vous êtes bien dur et bien maussade. R. — C’est qu’il y a de quoi ! Venise
124 iel, probablement. A. (soudain très pâle). Ce que vous dites-là, ce permis de voyager, ce n’est pas très… démocratique ? R.
125 . — Ce ne l’est pas le moins du monde, et après ? Vous croyez à la Démocratie ? A. — Je crois à l’éducation progressive des
126 s et que la Place n’est pas bien régulière. Voyez- vous , c’est l’immense Problème des Loisirs qui défile devant nous sur cett
127 mocratie mal éduquée, insuffisamment éduquée, que vous semblez vouloir condamner. R. — Oh ! je ne la condamne pas ! Je la cr
128 ouper la tête, mais cela ne résoudra rien. Voulez- vous que je devienne bien sérieux ? Je vous confierai que c’est l’examen d
129 en. Voulez-vous que je devienne bien sérieux ? Je vous confierai que c’est l’examen de l’Éducation précisément, et de ses co
130 inguer. C’est donc un acte antidémocratique. A. —  Vous faites du paradoxe, vous n’êtes pas « bien sérieux ». R. — Je suis au
131 e antidémocratique. A. — Vous faites du paradoxe, vous n’êtes pas « bien sérieux ». R. — Je suis aussi sérieux que l’étymolo
132 par démocratie tout autre chose. R. — Quoi, selon vous  ? A. — Eh bien, l’égalité d’abord, l’abolition des privilèges, la pro
133 a dictature et de l’arbitraire du Pouvoir. Seriez- vous devenu fasciste ? R. — C’est ce qu’on lance à la tête de quiconque ém
134 uement aux dictatures. A. — Je ne vois pas à quoi vous tendez et quelle sorte de régime vous paraît bon. R. — J’avoue que j’
135 pas à quoi vous tendez et quelle sorte de régime vous paraît bon. R. — J’avoue que j’ignore son nom, on le trouvera bien un
136 de notre système actuel que quelques procédés que vous approuvez d’ailleurs, parce que vous les croyez démocratiques, quand
137 procédés que vous approuvez d’ailleurs, parce que vous les croyez démocratiques, quand ils sont aristocratiques. A. — Comme
138 nnent tous abusifs quand ils durent. R. — Puis-je vous faire observer que l’élection n’est pas un procédé démocratique, si l
139 le principe que tous les hommes sont égaux ? Mais vous n’y croyez pas, à ce principe de base. La preuve en est que vous appr
140 pas, à ce principe de base. La preuve en est que vous approuvez les élections. A. — Je ne vous suis plus. R. — C’est pourta
141 est que vous approuvez les élections. A. — Je ne vous suis plus. R. — C’est pourtant simple. Si les démocraties égalitaires
142 e qui, ou bien certains semblent meilleurs, alors vous élisez une aristocratie. A. — Vous jouez sur les mots. R. — Non, je l
143 illeurs, alors vous élisez une aristocratie. A. —  Vous jouez sur les mots. R. — Non, je les prends au sérieux. A. — Vous app
144 es mots. R. — Non, je les prends au sérieux. A. —  Vous approuvez donc l’élection en tant que procédé antidémocratique ? R. —
145 avec des chances de tomber juste. A. — Que faites- vous du suffrage universel ? R. — Les démocrates eux-mêmes en limitent les
146 . Le procédé n’est bon que pour les députés. A. —  Vous oubliez le président américain. R. — Là, vous marquez un point. Ce mé
147 . — Vous oubliez le président américain. R. — Là, vous marquez un point. Ce mélange de plébiscite et de rugby, cette compéti
148 cul peut faire éclater la bombe H. A. — Tout cela vous mène irrésistiblement à concevoir un régime dominé par la science. Qu
149 onnées innombrables du réel. Je n’y puis rien, ni vous non plus. D’ailleurs, cela se pratique déjà. Un gallup poll perpétuel
19 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur un certain cynisme (septembre 1957)
150 e suis ami de la France. Je me sens déprimé. R. —  Vous ne l’avez pas volé, et cela vous apprendra à croire tout ce qu’on vou
151 ns déprimé. R. — Vous ne l’avez pas volé, et cela vous apprendra à croire tout ce qu’on vous dit et tout ce que vous lisez !
152 lé, et cela vous apprendra à croire tout ce qu’on vous dit et tout ce que vous lisez ! A. — Mais que croire, si tout ce qu’o
153 ra à croire tout ce qu’on vous dit et tout ce que vous lisez ! A. — Mais que croire, si tout ce qu’on me raconte et tout ce
154 de lire d’autres livres. A. — Justement, j’allais vous demander. J’ai lu votre avant-garde, et j’ai vu les pièces « noires »
155 . A. — Justement, j’allais vous demander. J’ai lu votre avant-garde, et j’ai vu les pièces « noires » desquelles l’élite fran
156 qui se donne pour telle, la seule sans doute que vous lisiez. Je ne vois rien là de particulier à la France, ni même à Pari
157 n là de particulier à la France, ni même à Paris. Vos romanciers américains ne disent pas mieux, ni la nouvelle génération
158 voir « Look back in anger », de M. John Osborne. Vous me parliez du théâtre d’avant-garde et vous mettiez en parallèle son
159 orne. Vous me parliez du théâtre d’avant-garde et vous mettiez en parallèle son cynisme et celui de la politique française.
160 nçaise. Prenez le théâtre « expérimental », comme vous dites. L’avant-garde du pessimisme, du tragique sans issue, du délire
161 ue ces auteurs : cinquante ans en moyenne — voilà votre avant-garde. Et je ne vois pas grand-chose à signaler au-dessous, Fra
162 tant jusqu’ici qu’un succès. A. — Mais justement, votre Sagan est un succès parce qu’elle met le cynisme à la portée de toute
163 ement française en Amérique… R. — J’en déduis que votre pays se franciserait plus facilement que la France ne s’américanise.
164 t plus facilement que la France ne s’américanise. Vous nous donnez des recettes de bonheur digéré qui nous déplaisent, soit
165 cause des recettes, soit à cause du bonheur. Nous vous rendons « Bonjour tristesse » qui vous ravit. Mais ce n’est pas cela
166 heur. Nous vous rendons « Bonjour tristesse » qui vous ravit. Mais ce n’est pas cela qui compte en France. A. Oui, je sais,
167 t chacun pense ainsi de soi-même vu par d’autres. Vous me disiez que « mon » avant-garde n’est guère française, mais les piè
168 s déprimant, pour les amis de la France ? R. — Je vous les laisse, mais je vous conseille de laisser cela qui se voit et se
169 s de la France ? R. — Je vous les laisse, mais je vous conseille de laisser cela qui se voit et se discute à Paris, et que l
170 teurs. La vraie vie de la pensée est ailleurs. Je vous propose mon « Programme de lectures pour étrangers inquiets de la san
171 rti pris très net, qui est l’inverse de celui qui vous déprime. Or je crois qu’elle recouvre à peu près la liste des meilleu
172 Elle est très incomplète, à cet égard. Que faites- vous de Céline le Cynique ? R. — Que voulez-vous que j’en fasse ? Céline e
173 aites-vous de Céline le Cynique ? R. — Que voulez- vous que j’en fasse ? Céline est le modèle de votre Henry Miller, qui ne l
174 lez-vous que j’en fasse ? Céline est le modèle de votre Henry Miller, qui ne le vaut pas toujours, sauf dans Sexus peut-être,
175 idées ». Simplifions par Céline et Miller, voulez- vous  ? Je n’ai pas cité bien d’autres écrivains fameux, qui auraient leur
176 sait d’un palmarès. J’ai choisi quelques noms qui vous décrivent une France tout dans la critique morale et l’invention lyri
177 e ainsi qu’un feu d’épines dans le vent »67. A. —  Vos auteurs vivent-ils à Paris ? R. — Quelques-uns, mais comme n’y étant
178 étranger, à Manosque, à Vevey, à Washington. A. —  Vous les dites créateurs, mais peu font des romans. Vos critiques comme le
179 us les dites créateurs, mais peu font des romans. Vos critiques comme les nôtres réservent aux romanciers, aux auteurs de t
180 me pardonne ! A. — Quelle est la moyenne d’âge de vos auteurs ? R. — 64 ans et demi, et saluez, je vous prie, car ce n’est
181 vos auteurs ? R. — 64 ans et demi, et saluez, je vous prie, car ce n’est pas seulement le pouvoir d’invention, mais le pouv
182 tion bien imprégnée, autant que de vitalité. Chez vous , les floraisons sont plus rapides et les succès aussi, mais moins pro
183 « Marseillaise » ? R. — Non, mais changez un peu vos mesures de la France. 67. Saint-John Perse. an. Rougemont Denis d
20 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur l’Europe à faire (novembre 1957)
184 en haut », ce qui n’est pas démocratique. — C’est vous qui avez tout fait pour empêcher les masses d’y participer ! répond S
185 ucun de nos pays ne la veut. — Je suis heureux de vous l’entendre dire ! interrompt le communiste Pierre Abraham. Et cela si
186 ham. Et cela signifie : Je ne croyais pas cela de vous , connaissant votre goût pour les carnages massifs. Néanmoins, vous vo
187 fie : Je ne croyais pas cela de vous, connaissant votre goût pour les carnages massifs. Néanmoins, vous voilà compromis et co
188 votre goût pour les carnages massifs. Néanmoins, vous voilà compromis et condamné d’avance aux yeux de l’opinion si jamais
189 condamné d’avance aux yeux de l’opinion si jamais votre Europe fait mine de résister aux libérateurs sibériens. La bonne foi
190 pêchent de résoudre ? 2° S’il y a problème, et si vous refusez les mesures concrètes que les « Européistes » sont en train d
191 n de réaliser, quelle solution meilleure proposez- vous  ? 3° Qu’avez-vous fait jusqu’ici pour l’Europe — mises à part vos att
192 lle solution meilleure proposez-vous ? 3° Qu’avez- vous fait jusqu’ici pour l’Europe — mises à part vos attaques contre les p
193 -vous fait jusqu’ici pour l’Europe — mises à part vos attaques contre les partisans de son union —, et qu’êtes-vous disposé
194 s contre les partisans de son union —, et qu’êtes- vous disposés à faire ? En résumé : vous n’aimez pas notre Europe, celle p
195 —, et qu’êtes-vous disposés à faire ? En résumé : vous n’aimez pas notre Europe, celle pour laquelle nous luttons depuis dix
196 s depuis dix ans. Mais quelle autre Europe voulez- vous  ? Et qu’êtes-vous prêts à faire pour elle ? N’êtes-vous pas des Europ
197 Mais quelle autre Europe voulez-vous ? Et qu’êtes- vous prêts à faire pour elle ? N’êtes-vous pas des Européens ? Si vous sou
198 Et qu’êtes-vous prêts à faire pour elle ? N’êtes- vous pas des Européens ? Si vous souhaitez une Europe soviétique, dites-le
199 re pour elle ? N’êtes-vous pas des Européens ? Si vous souhaitez une Europe soviétique, dites-le. Si vous préférez une Europ
200 ous souhaitez une Europe soviétique, dites-le. Si vous préférez une Europe colonisée, dites-le. Si vous avez une autre idée,
201 vous préférez une Europe colonisée, dites-le. Si vous avez une autre idée, défendez-la. En marge d’une enquête I. —
202 A, à l’URSS, à la Chine, à la Lune. — Qu’attendez- vous donc pour y aller ? Et qu’offrent-elles de mieux qui ne soit né chez
21 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur la pluralité des satellites (II) (décembre 1957)
203 1957)ap Spoutnik ou l’art de compenser. — Si vous avez été surpris, ce n’est pas ma faute : j’en parlais ici même il y
204 parlais ici même il y a tout juste un an68. C’est votre inattention qui m’a surpris, et l’ampleur de l’ébahissement : l’un de
205 de l’opinion publique. Rien au monde ne peut plus vous empêcher de penser que les Soviets ne sont pas si mal, puisqu’ils ont
206 utnik. Si les États-Unis l’avaient lancé d’abord, vous n’en auriez nullement conclu que le capitalisme est bon. Et vous auri
207 z nullement conclu que le capitalisme est bon. Et vous auriez eu bien raison, mais cette lucidité à sens unique est une des
208 res ont pu réaliser. Plan machiavélique, penserez- vous  ? C’est beaucoup dire. Il doit paraître antipathique dans la mesure m
22 1958, Preuves, articles (1951–1968). Sur la fabrication des nouvelles et des faits (février 1958)
209 chiffres quand il s’agit de morale ? On voit bien votre jeu, monsieur. Vous essayez de détourner l’attention de la seule chos
210 git de morale ? On voit bien votre jeu, monsieur. Vous essayez de détourner l’attention de la seule chose qui nous intéresse
23 1958, Preuves, articles (1951–1968). Sur la prétendue décadence de l’Occident (avril 1958)
211 sont épuisées, les barbares vont le submerger… et vous l’aurez bien mérité. Ces déplorations polémiques ne sont cependant pa
212 ier des centaines de millions de fidèles. Frottez- vous bien les yeux devant cette évidence que vous n’aviez jamais enregistr
213 ttez-vous bien les yeux devant cette évidence que vous n’aviez jamais enregistrée. L’affaiblissement du support matériel res
24 1958, Preuves, articles (1951–1968). Sur un centre qui doit être partout (mai 1958)
214 ternationale… Mais je m’égare. J’étais parti pour vous rappeler que le choix d’un lieu privilégié ne relève pas seulement de
25 1958, Preuves, articles (1951–1968). Sur le régime fédéraliste (I) (août 1958)
215 la civilisation et la décence élémentaire. Allez vous étonner de l’irréalité des querelles politiques dans ce pays de cultu
26 1958, Preuves, articles (1951–1968). Sur le régime fédéraliste (II) (septembre 1958)
216 un parti. On rencontrait chaque jour des gens qui vous disaient : « En tant qu’homme de gauche, je ne puis admettre ceci ou
217 s admettre ceci ou cela », ou au contraire : « Si vous admettez avec moi ceci ou cela, c’est que vous êtes un homme de droit
218 Si vous admettez avec moi ceci ou cela, c’est que vous êtes un homme de droite. » Phrases insensées. Car en supposant que l’
219 peuple tranche par un référendum. — Que me dites- vous là ? Le Parlement ne pourrait donc pas renverser les ministres élus p
220 té consterné. — Je crains bien, répliquai-je, que votre cri du cœur ne définisse l’idée de la politique que l’on se fait trop
27 1958, Preuves, articles (1951–1968). Sur le vocabulaire politique des Français (novembre 1958)
221 par « démocratie » les polémiques contemporaines, vous verrez comme tout est plus net !   Sur une phrase insensée. — Jean-P
28 1959, Preuves, articles (1951–1968). Nouvelles métamorphoses de Tristan (février 1959)
222 se qui se produit à la lecture des trois romans : vous regardez longuement ce visage de femme et, peu à peu, c’est un paysag
223 paraît, se recompose, et envahit tout le tableau. Vous reprenez votre lecture et, non, c’était vraiment une femme… Qu’est-ce
224 ompose, et envahit tout le tableau. Vous reprenez votre lecture et, non, c’était vraiment une femme… Qu’est-ce que l’auteur a
225 vaudrait pour moi à la mort, et c’est pourquoi je vous supplie de ne pas prendre à mon égard cette mesure extrême… J’insiste
226 il ajoute un peu plus tard : Tout est déjà entre vos mains. Il est probable qu’un jour, à bout de forces, je devrai étouff
227 l et mon amour-propre, et me traîner humblement à vos pieds pour recevoir de vos mains Lara, la vie, le moyen de retrouver
228 e traîner humblement à vos pieds pour recevoir de vos mains Lara, la vie, le moyen de retrouver ma famille, le salut… La no
229 e retrouver ma famille, le salut… La nouvelle que vous m’annoncez m’abasourdit. Je suis écrasé par une souffrance qui m’enlè
230 le chose que je puisse faire maintenant, c’est de vous approuver machinalement et de m’en remettre à vous aveuglément. Ainsi
231 ous approuver machinalement et de m’en remettre à vous aveuglément. Ainsi, pour le bien de Lara, je vais jouer la comédie…
29 1959, Preuves, articles (1951–1968). Sur une phrase du « Bloc-notes » (mars 1959)
232 u hypocrites. Oh ! cher François Mauriac, comment vous expliquer qu’il y a dix fautes par mot dans cette page malheureuse ?
233 reur sur les motifs des « Européens », erreur sur vos propres motifs en écrivant cette page, erreur sur l’époque… Le compte
234 e y est-il ? En tous cas, c’en est trop. Ce qu’on vous a raconté n’est simplement pas vrai. 56 % des Allemands d’aujourd’hui
235 s pas : concluez, mais suspendez peut-être un peu votre jugement. Vous trouvez fort que la jeunesse allemande ait oublié ses
236 , mais suspendez peut-être un peu votre jugement. Vous trouvez fort que la jeunesse allemande ait oublié ses devanciers bott
237 étudier la biographie de feu Staline — celui que vous remerciez d’avoir sauvé la France et réconforté le peuple allemand en
238 ant en deux tronçons. J’eusse peut-être applaudi votre article au début de 1933, malgré ce je ne sais quoi d’anachronique, u
239 ans le ton. Mais en 1959, quel bonheur de pouvoir vous rappeler que la France et l’Allemagne ayant mis en commun non seuleme
240 plus sérieux : je ne le crois pas du tout naïf et vous ne l’accuserez pas d’hypocrisie. Mais alors de qui parlez-vous ? De q
241 userez pas d’hypocrisie. Mais alors de qui parlez- vous  ? De quels « Européens » qui méritent mieux ce nom ? Cette union de l
242 sent leur « problème éternel » dans les termes où vous le faites encore. Ce premier objectif est atteint. Un tout autre prob
243 ntinent, et l’hypocrisie d’évaluer ses problèmes. Vous me direz que vous ne pensiez qu’à l’unification des deux Allemagnes,
244 crisie d’évaluer ses problèmes. Vous me direz que vous ne pensiez qu’à l’unification des deux Allemagnes, dont la seule pers
245 on des deux Allemagnes, dont la seule perspective vous fait trembler. Où prenez-vous qu’elle soit le souci majeur, la manie
246 a seule perspective vous fait trembler. Où prenez- vous qu’elle soit le souci majeur, la manie caractéristique de ceux que, s
247 istique de ceux que, sous le nom d’« Européens », vous désignez si légèrement au dédain ou au mépris de vos lecteurs ? À sup
248 désignez si légèrement au dédain ou au mépris de vos lecteurs ? À supposer que cette réunion s’opère un jour, en dépit de
249 er que cette réunion s’opère un jour, en dépit de vos craintes et de celles de Khrouchtchev, comment la rendre inoffensive
250 e saurait plus rêver de les affronter seul. Direz- vous que je fais bien des histoires pour une phrase écrite en passant ? Ma
251 après tant de silence, après tant de phrases que vous n’aurez jamais écrites — et dont je vous rends l’hommage de vous teni
252 ases que vous n’aurez jamais écrites — et dont je vous rends l’hommage de vous tenir comptable — en faveur de l’union de not
253 mais écrites — et dont je vous rends l’hommage de vous tenir comptable — en faveur de l’union de notre Europe menacée et des
254 notre Europe menacée et des ouvriers de sa cause. Vous pouvez plus que d’autres. Vos omissions agissent : autant ou davantag
255 riers de sa cause. Vous pouvez plus que d’autres. Vos omissions agissent : autant ou davantage que ces écarts de plume pour
256 avantage que ces écarts de plume pour lesquels on vous aime aussi, tout en demandant au Ciel « que ces erreurs ne fassent po
257 d’Amérique comme naguère ceux d’Europe (souvenez- vous de certaines photos de Budapest) ont moins d’excuses encore que les C
30 1959, Preuves, articles (1951–1968). Rudolf Kassner et la grandeur (juin 1959)
258 s’initier au zen en s’entraînant au tir à l’arc. Vos flèches manquent de portée (fait remarquer le Maître au débutant) par
259 le Maître au débutant) parce que spirituellement vous ne portez pas assez loin. Comportez-vous comme si le but était l’infi
260 ellement vous ne portez pas assez loin. Comportez- vous comme si le but était l’infini… Un bon archer tire plus loin avec un
261 dynamisme et de la faculté d’éveil avec laquelle vous tirez. Ou encore : La Grande Doctrine du tir à l’arc ignore tout d’
262 uche le but ou bien le but qui m’atteint ? Ce que vous appelez le « quelque chose » (qui tire) est-il de nature spirituelle
263  : Voilà justement la corde de l’arc qui vient de vous traverser ! Mais je n’en finirais pas de citer tantôt Kassner, tantô
264 libérer du moi conscient, mais le sens dernier de votre œuvre est de libérer ce moi conscient (qui est la personne) du moi fa
265 ui est sa contrepartie plate et abstraite, et que vous nommez souvent « magie à rebours », vous nous avez montré la voie de
266 , et que vous nommez souvent « magie à rebours », vous nous avez montré la voie de la personne, le passage vers l’esprit et
267 qui est négation du personnel ? Ou plutôt, saurez- vous nous faire voir l’unité finale des deux voies ? Nul autre mieux que v
268 unité finale des deux voies ? Nul autre mieux que vous , vous seul sans doute… Il n’est plus là. Mais j’imagine que ses Propo
269 finale des deux voies ? Nul autre mieux que vous, vous seul sans doute… Il n’est plus là. Mais j’imagine que ses Propos, que
31 1959, Preuves, articles (1951–1968). Sur un chassé-croisé d’idéaux et de faits (novembre 1959)
270 sses doivent gagner. Mais gagner quoi ? Qu’auriez- vous donc à redouter, Américains, de l’espèce de victoire que les Russes s
271 idée se réduit aujourd’hui à « faire mieux » que vous et à vous dépasser dans votre sens ? Puisque leur grande idée, c’étai
272 éduit aujourd’hui à « faire mieux » que vous et à vous dépasser dans votre sens ? Puisque leur grande idée, c’était hier la
273 « faire mieux » que vous et à vous dépasser dans votre sens ? Puisque leur grande idée, c’était hier la vôtre, mais vous l’a
274 sens ? Puisque leur grande idée, c’était hier la vôtre , mais vous l’avez réalisée ! Quand ils auront rejoint et dépassé la p
275 que leur grande idée, c’était hier la vôtre, mais vous l’avez réalisée ! Quand ils auront rejoint et dépassé la prospérité m
276 é matérielle dont jouissent les grandes masses de votre continent — quand ils auront « gagné » dans cette compétition — la gr
277 gné » dans cette compétition — la grande idée que vous proposera M. Lippmann pour réveiller vos énergies sera-t-elle de « fa
278 dée que vous proposera M. Lippmann pour réveiller vos énergies sera-t-elle de « faire mieux que la Russie » ? Imitez-vous l
279 -t-elle de « faire mieux que la Russie » ? Imitez- vous les uns les autres serait-il le sommaire de la Loi qui régira l’ennui
32 1960, Preuves, articles (1951–1968). Les incidences du progrès sur les libertés (août 1960)
280 formant notre titre : Congrès, Liberté, Culture. Vous verrez à quel point ces trois termes s’appellent et s’impliquent mutu
281 intellectuels du monde entier et il leur a dit : Vous , écrivains, philosophes, sociologues, physiciens, biologistes et arti
282 e l’intellect, sel de la terre, et, bien plus que vous ne souhaiteriez le croire : responsables d’un avenir qui vous dépasse
283 aiteriez le croire : responsables d’un avenir qui vous dépasse et vous appelle, et qui a besoin de vous, tant pis pour vous 
284 re : responsables d’un avenir qui vous dépasse et vous appelle, et qui a besoin de vous, tant pis pour vous ! Unissez vos in
285 vous dépasse et vous appelle, et qui a besoin de vous , tant pis pour vous ! Unissez vos intelligences, mais aussi vos cœurs
286 s appelle, et qui a besoin de vous, tant pis pour vous  ! Unissez vos intelligences, mais aussi vos cœurs dans la recherche d
287 ui a besoin de vous, tant pis pour vous ! Unissez vos intelligences, mais aussi vos cœurs dans la recherche des conditions
288 pour vous ! Unissez vos intelligences, mais aussi vos cœurs dans la recherche des conditions d’un meilleur monde, d’un mond
289 de plus libre. Et qu’un seul et unique parti pris vous anime : le parti pris de la liberté ! Sur ce mot Liberté, je serai tr
290 qu’il soit le mot capital. Car la liberté, voyez- vous , ce n’est pas quelque chose dont nous devons parler, mais quelque cho
291 ibertés ne viennent pas seulement des régimes que vous savez. Elles viennent de la misère et de la faim pour une large parti
292 ou, en tout cas, qu’elle doit et peut intervenir. Vous avez lu et entendu depuis longtemps tant de banalités, souvent exacte
293 , sur la culture et ses définitions, que là aussi vous me permettrez d’être assez bref, et de me borner à quelques traits dé
294 es. On nous demande souvent, de tous côtés : Êtes- vous un mouvement politique ? Il me semble que le commentaire que je viens
295 ? Il me semble que le commentaire que je viens de vous donner de nos buts répond suffisamment à cette question. Mais on insi
296 le Congrès comme je viens de le faire, j’ai voulu vous montrer qu’il n’agit pas au niveau de la politique proprement dite, m
33 1961, Preuves, articles (1951–1968). Dialectique des mythes : Le carrefour fabuleux (I) (avril 1961)
297 nçailles, il lui écrit pour s’excuser d’un rendez- vous manqué : il est allé tout seul à la campagne, ce jour-là, « à Fredens
34 1961, Preuves, articles (1951–1968). Dialectique des mythes : Le carrefour fabuleux (II) (mai 1961)
298 gard un chef nazi. Si peu sérieux que cela puisse vous paraître, je crois que le totalitarisme est un virus, et si vous l’at
299 je crois que le totalitarisme est un virus, et si vous l’attrapez, vous n’y pourrez plus rien. » Je ne croyais pas si bien d
300 otalitarisme est un virus, et si vous l’attrapez, vous n’y pourrez plus rien. » Je ne croyais pas si bien dire129.   La lib
35 1963, Preuves, articles (1951–1968). Une journée des dupes et un nouveau départ (mars 1963)
301 ni de la jeunesse, mais d’une part importante de votre peuple et, par suite de ses gouvernants. Contre cela, luttons en comm
36 1964, Preuves, articles (1951–1968). Un district fédéral pour l’Europe (août 1964)
302 Europe à la Suisse. Allez donc en parler à Berne, vous serez bien reçu ! Etc. Je ne vois rien de consistant ni de raisonnabl
303 que Joyce préférait en Suisse. Et cette façon de vous dire merci quatre ou cinq fois, quand vous achetez une carte postale,
304 çon de vous dire merci quatre ou cinq fois, quand vous achetez une carte postale, un timbre, cette gentillesse qui étonne mê
37 1966, Preuves, articles (1951–1968). André Breton (novembre 1966)
305 s son studio : « L’Européen le plus moderne c’est vous pape Pie X ! », criait-il en déclamant Zone. Ce pape-là ne le gênait
306 élicieuse du Père Enfantin… une grande réparation vous est due », écrira-t-il dans Arcane 17, deux ans plus tard, et il pour
307 : Marcel Duchamp serait pris pour arbitre. Rendez- vous fut fixé dans un petit bar français pour le dîner du lendemain. J’y v
308 s s’il a lu mon litigieux ouvrage. « Je crois que vous croyez ? », me dit-il en substance (ravi de l’ambiguïté du mot croire
38 1968, Preuves, articles (1951–1968). Marcel Duchamp mine de rien (février 1968)
309 jeunes amies nous écrase d’un souriant dédain. «  Vous aurez bientôt, nous dit-il, les preuves les plus éclatantes de la réa
310 des moteurs avec ça ! Allez en faire autant avec vos fées ! » Je lui réponds que jamais un moteur n’a pu produire la moind
311 cause n’a plus de sens. Je m’excuse, je crois que vous croyez en Dieu… — Je crois en Dieu, mais je le considère comme l’orig
312 est mouvement. Qu’est-ce qu’il appelle mouvement, votre type ? S’il le définit par opposition au repos, ça ne marche pas, rie
313 as les vendre. Ainsi de suite. Enfin, ce soir : — Vous me disiez qu’on n’a jamais vu vivre un groupe humain dans l’anarchie
314 entièrement, ou se résigner à s’imiter lui-même. Vous allez sentir cela bientôt, vous verrez… — En somme, vers quarante ans
315 ’imiter lui-même. Vous allez sentir cela bientôt, vous verrez… — En somme, vers quarante ans, il faut devenir son propre pèr
316 Je ne veux pas me copier, comme tous les autres. Vous comprenez, être peintre, c’est copier et multiplier les quelques idée
317 e de l’art. Regardez comme ils produisent. Croyez- vous qu’ils aiment cela, et qu’ils ont du plaisir à peindre cinquante fois
318 imité. Seules les dimensions sont inusitées. — Et votre dentiste a accepté ce paiement ? — Comment donc, ce n’est pas un faux
319 de mallette en cuir, à poignée solide. — Marcel, vous êtes sans doute le premier artiste qui ait su se mettre en boîte lui-
320 ’est-ce que cette catégorie de l’infra-mince dont vous parlez dans le numéro spécial de View ? « Quand la fumée du tabac sen
321 eux odeurs s’épousent par infra-mince. » Voudriez- vous nous donner d’autres exemples ? — En effet, on ne peut guère en donne
322 t presque une heure » comme dit le titre d’une de vos œuvres. À propos, avez-vous jamais essayé de regarder ainsi votre tab
323 dit le titre d’une de vos œuvres. À propos, avez- vous jamais essayé de regarder ainsi votre tableau ? — Moi ? Non. Pourquoi
324 propos, avez-vous jamais essayé de regarder ainsi votre tableau ? — Moi ? Non. Pourquoi ? Je suis l’auteur. Pour en revenir à
325 curieusement différencié des autres sens : — Avez- vous remarqué, dit Duchamp, que je puis vous voir regarder, vous voir voir
326  : — Avez-vous remarqué, dit Duchamp, que je puis vous voir regarder, vous voir voir, mais que je ne puis pas vous entendre
327 qué, dit Duchamp, que je puis vous voir regarder, vous voir voir, mais que je ne puis pas vous entendre entendre, ni vous go
328 regarder, vous voir voir, mais que je ne puis pas vous entendre entendre, ni vous goûter goûtant, et ainsi de suite ? Nous s
329 ais que je ne puis pas vous entendre entendre, ni vous goûter goûtant, et ainsi de suite ? Nous sommes en train de déjeuner
330 dis combien cette vue m’apaise et me satisfait. — Vous êtes sans cloute presbyte ? Tenez, je vous donne celle-là toute fraîc
331 ait. — Vous êtes sans cloute presbyte ? Tenez, je vous donne celle-là toute fraîche, une théorie-minute qui me vient à l’ins
332 les petites mouches harcelantes qui volent devant vos yeux par des jours de chaleur. Tout le monde est accouru sur la galer
333 out arrangé pour cela ! Quant au jeune poète dont vous avez lu les premiers essais (La Mort lente) il avait disparu dans les
39 1968, Preuves, articles (1951–1968). Vingt ans après, ou la campagne des congrès (1947-1949) (octobre 1968)
334 treux. À mes objections réitérées, il répond « Je vous demande simplement de nous lire les pages sur L’Attitude fédéraliste
335 ous lire les pages sur L’Attitude fédéraliste que vous avez publiées en 1940151. C’est la doctrine qu’attendent nos militant
336 s une trentaine autour d’une table, on discutera, vous aurez l’occasion de prendre contact avec un groupe où vous ne trouver
337 z l’occasion de prendre contact avec un groupe où vous ne trouverez que des amis et des disciples. » notes de journal, 6 ao
338 Londres : tous veulent l’Europe unie, me dit-il, vous avez donné ce soir la doctrine, il reste à faire le principal, l’acti
339 beau-frère Randolph Churchill, lequel me dit : «  Vous souhaitez, je pense, l’unanimité du Congrès sur le texte d’engagement
340 du Congrès sur le texte d’engagement qui termine votre Message. Or je connais trente délégués au moins qui s’y opposeront, à
341 Congrès européen, Staline, qui est plus fort que vous , enverra cinquante délégués ! Et l’Europe ne se fera pas ! » J’avais
40 1970, Preuves, articles (1951–1968). Dépasser l’État-nation (1970)
342 celui des moyens adéquats ; mais à l’inverse, si vous vous trompez de moyens, ils risquent bien de vous conduire où vous ne
343 i des moyens adéquats ; mais à l’inverse, si vous vous trompez de moyens, ils risquent bien de vous conduire où vous ne voul
344 vous vous trompez de moyens, ils risquent bien de vous conduire où vous ne vouliez pas aller… Voici donc le dilemme présent 
345 de moyens, ils risquent bien de vous conduire où vous ne vouliez pas aller… Voici donc le dilemme présent : si nous attribu
346 jurant de ne jamais toucher aux droits sacrés de vos États-nations ! Vous savez bien que vous ne pourrez pas unir l’Europe
347 toucher aux droits sacrés de vos États-nations ! Vous savez bien que vous ne pourrez pas unir l’Europe en proclamant votre
348 sacrés de vos États-nations ! Vous savez bien que vous ne pourrez pas unir l’Europe en proclamant votre attachement aux caus
349 e vous ne pourrez pas unir l’Europe en proclamant votre attachement aux causes mêmes de sa division ! Pourquoi ne pas le dire
350 nt ? Tous les sondages d’opinion le montrent : on vous suivra si vous marchez. Je propose la convocation d’une Conférence du
351 ondages d’opinion le montrent : on vous suivra si vous marchez. Je propose la convocation d’une Conférence du désarmement ét
352 bales avec d’autres fédérations continentales. Et vous noterez que je ne parle pas de relations ou d’affaires « étrangères »