1 1951, Preuves, articles (1951–1968). Mesurons nos forces (avril 1951)
1 Mesurons nos forces (avril 1951)a b Nous sommes plutôt faibles devant la propag
2 Mesurons nos forces (avril 1951)a b Nous sommes plutôt faibles devant la propagande totalitaire. Beaucoup, ang
3 jusqu’à l’inconscience aux libertés conquises par notre religion, par nos révolutions et par nos sciences, décorent du nom de
4 ce aux libertés conquises par notre religion, par nos révolutions et par nos sciences, décorent du nom de « mystiques puiss
5 es par notre religion, par nos révolutions et par nos sciences, décorent du nom de « mystiques puissantes » de simples prop
6 mystiques puissantes » de simples propagandes qui nous promettent le paradis et la grandeur, la justice et la vraie liberté 
7 ce et la vraie liberté ; et ils vont répétant que nous n’avons rien à opposer à ces « mystiques », qui sont au vrai des myst
8 s qui en ont grand besoin, parce qu’ils n’ont pas nos réalités — et leurs chefs doivent masquer cette absence par des sloga
9 fs doivent masquer cette absence par des slogans. Nous n’avons nul besoin d’une mystique « aussi puissante » ou « plus puiss
10 u « plus puissante » que les leurs. Car les faits nous suffisent, et quant aux libertés, nous en avons plus que nous mériton
11 les faits nous suffisent, et quant aux libertés, nous en avons plus que nous méritons. Quand nous aurons compris que nous p
12 nt, et quant aux libertés, nous en avons plus que nous méritons. Quand nous aurons compris que nous pouvons les perdre, comm
13 rtés, nous en avons plus que nous méritons. Quand nous aurons compris que nous pouvons les perdre, comme d’autres près de no
14 que nous méritons. Quand nous aurons compris que nous pouvons les perdre, comme d’autres près de nous les ont perdues, nous
15 e nous pouvons les perdre, comme d’autres près de nous les ont perdues, nous commencerons à savoir ce qu’elles valent. Quand
16 dre, comme d’autres près de nous les ont perdues, nous commencerons à savoir ce qu’elles valent. Quand nous aurons compris c
17 s commencerons à savoir ce qu’elles valent. Quand nous aurons compris ce que valent nos libertés, nous commencerons à mesure
18 s valent. Quand nous aurons compris ce que valent nos libertés, nous commencerons à mesurer nos forces. Quand nous les auro
19 d nous aurons compris ce que valent nos libertés, nous commencerons à mesurer nos forces. Quand nous les aurons mesurées, no
20 valent nos libertés, nous commencerons à mesurer nos forces. Quand nous les aurons mesurées, nous verrons que l’avenir et
21 és, nous commencerons à mesurer nos forces. Quand nous les aurons mesurées, nous verrons que l’avenir et le progrès sont de
22 surer nos forces. Quand nous les aurons mesurées, nous verrons que l’avenir et le progrès sont de notre côté. Et alors, nous
23 , nous verrons que l’avenir et le progrès sont de notre côté. Et alors, nous voudrons sauver notre présent ! Nos forces réell
24 venir et le progrès sont de notre côté. Et alors, nous voudrons sauver notre présent ! Nos forces réelles sont immenses. La
25 ont de notre côté. Et alors, nous voudrons sauver notre présent ! Nos forces réelles sont immenses. La première, c’est le tré
26 é. Et alors, nous voudrons sauver notre présent ! Nos forces réelles sont immenses. La première, c’est le trésor vivant des
27 sor vivant des droits de toute nature conquis par notre Histoire et par toutes nos histoires nationales. Tous les peuples du
28 e nature conquis par notre Histoire et par toutes nos histoires nationales. Tous les peuples du monde, sans exception, peuv
29 ous les peuples du monde, sans exception, peuvent nous envier à cet égard. Il semble que l’esprit humain, dans tous les temp
30 re. À des degrés divers, parfois jusqu’à l’excès, nous avons tous les droits que nous mentionnons plus haut et des douzaines
31 s jusqu’à l’excès, nous avons tous les droits que nous mentionnons plus haut et des douzaines d’autres en plus : droit de ci
32 s les folies concevables ; droit à la religion de notre choix, et droit de n’en choisir aucune ; droit d’élire ceux que nous
33 t de n’en choisir aucune ; droit d’élire ceux que nous voulons et de les traiter ensuite de scélérats ; droit de protester,
34 aniers mettent des gants blancs avant de fouiller nos valises ; droit d’entrer dans n’importe quels magasin, marché, café,
35 composer le menu de votre choix ; droit d’élever nos enfants selon nos principes — et tous les droits non codifiés, non fo
36 de votre choix ; droit d’élever nos enfants selon nos principes — et tous les droits non codifiés, non formulables, les plu
37 nd avenir. Voilà l’espoir des hommes. Il est chez nous . La seconde force dont nous disposons, et l’une des plus typiques de
38 s hommes. Il est chez nous. La seconde force dont nous disposons, et l’une des plus typiques de l’Occident, n’est autre que
39 l’Occident, n’est autre que l’esprit critique. On nous dit qu’il se perd et l’on en donne pour preuve le succès des publicit
40 é de lui dire : l’esprit critique. Car cet esprit nous renvoie sobrement à nos inquiétudes personnelles, qui ne se satisfont
41 critique. Car cet esprit nous renvoie sobrement à nos inquiétudes personnelles, qui ne se satisfont point de réponses colle
42 isser. Mais elle est d’autre part la condition de nos libertés, et de l’esprit créateur. C’est à cause d’elle que l’Occiden
43 e toute communauté digne du nom. J’en viens ici à notre troisième force : la personne. Voilà la création majeure de l’Occiden
44 originale, la plus profonde aussi qu’ait élaborée notre Europe. La personne, c’est l’individu chargé d’une vocation qui le di
45 l’individualisme, qui a fait tant de ravages chez nos intellectuels depuis un siècle ou deux. Mais combien cette maladie mê
46 ans cette passion de différer les uns des autres, nous trouvons tous, nous les Européens, notre commune dignité et notre ris
47 différer les uns des autres, nous trouvons tous, nous les Européens, notre commune dignité et notre risque le plus cher. Te
48 s autres, nous trouvons tous, nous les Européens, notre commune dignité et notre risque le plus cher. Telles sont nos maladie
49 ous, nous les Européens, notre commune dignité et notre risque le plus cher. Telles sont nos maladies. Telles sont nos forces
50 dignité et notre risque le plus cher. Telles sont nos maladies. Telles sont nos forces. S’il est une chose au monde pour la
51 plus cher. Telles sont nos maladies. Telles sont nos forces. S’il est une chose au monde pour laquelle on ne peut faire de
52 soi, quand les faits objectifs sont meilleurs que notre lassitude ne le pensait. Rendus conscients des forces véritables de l
53 s forces véritables de l’Europe et de l’Occident, nous serons en mesure, aussitôt, de renverser l’absurde situation volontai
54 pagande, répondons tranquille­ment par les faits. Nous pouvons perdre toutes nos libertés ? Nous pouvons aussi les sauver en
55 le­ment par les faits. Nous pouvons perdre toutes nos libertés ? Nous pouvons aussi les sauver en décidant de les répandre.
56 faits. Nous pouvons perdre toutes nos libertés ? Nous pouvons aussi les sauver en décidant de les répandre. Si nous voyons
57 aussi les sauver en décidant de les répandre. Si nous voyons les faits, et savons les faire voir, nous aurons du même coup
58 nous voyons les faits, et savons les faire voir, nous aurons du même coup repris l’initiative. C’est l’autre camp qui sera
59 mettre sur la défensive, contre le rayonnement de nos vraies libertés. Or le meilleur moyen de les faire rayonner, c’est de
60 de les faire passer du plan des faits à celui de nos consciences et de nos volontés ; c’est d’appeler toutes nos forces ép
61 u plan des faits à celui de nos consciences et de nos volontés ; c’est d’appeler toutes nos forces éparses à se fédérer sol
62 ences et de nos volontés ; c’est d’appeler toutes nos forces éparses à se fédérer solidement, non point à s’unifier mais à
63 er dans leurs différences essentielles. Si demain notre fédération s’établit à Strasbourg ou ailleurs, nous dotant d’instrume
64 re fédération s’établit à Strasbourg ou ailleurs, nous dotant d’instruments modernes et puissants (politiques, scientifiques
65 sociaux) au service de la vocation commune à tous nos peuples, le monde entier verra que l’Europe c’est l’espoir, qu’elle a
66 plus grand passé. Si vous demandez : quelles sont nos chances ? Je dirai qu’elles dépendent de chacun de nous, — beaucoup p
67 hances ? Je dirai qu’elles dépendent de chacun de nous , — beaucoup plus que d’un général américain. Chaque personne fait obs
68 la fatalité. a. Rougemont Denis de, « Mesurons nos forces », Preuves, Paris, avril 1951, p. 1-3. b. Une note précise :
69 e Denis de Rougemont, intitulée Les Libertés que nous pouvons perdre , que nous publierons très prochainement. »
70 tulée Les Libertés que nous pouvons perdre , que nous publierons très prochainement. »
2 1951, Preuves, articles (1951–1968). Neutralité et neutralisme (mai 1951)
71 Neutralité et neutralisme (mai 1951)c d Nous sommes contre toute espèce de totalitarisme, pour une raison très sim
72 simple, d’ordre intellectuel et moral : parce que nous refusons de subordonner la culture à la politique, — à n’importe quel
73 te l’histoire du monde, c’est tout simplement que nous pouvons perdre demain notre liberté de penser. …Nulle part peut-être
74 st tout simplement que nous pouvons perdre demain notre liberté de penser. …Nulle part peut-être plus qu’en Inde, la culture
75 qu’en fait, le totalitarisme le plus dangereux de nos jours est le stalinisme, variété la plus puissante d’une maladie uniq
76 ice politique, donc à corrompre la source même de notre liberté. Et voilà pourquoi nous sommes antistaliniens. …On a dit que
77 a source même de notre liberté. Et voilà pourquoi nous sommes antistaliniens. …On a dit que nous sommes ici au service des A
78 ourquoi nous sommes antistaliniens. …On a dit que nous sommes ici au service des Américains. Soyons bien clairs : nous ne se
79 i au service des Américains. Soyons bien clairs : nous ne serons jamais « pour l’Amérique » de la même manière que les stali
80 s d’une grande puissance bien définie. Mais pour nous l’Amérique ne s’identifie pas avec le bien ni avec le vrai. Même si l
81 tre actuellement le défenseur le plus efficace de nos libertés, nous ne sommes pas prêts à souscrire sans condition, une fo
82 nt le défenseur le plus efficace de nos libertés, nous ne sommes pas prêts à souscrire sans condition, une fois pour toutes,
83 r toutes la liberté avec les intérêts américains. Nous sommes amis des Américains, mais plus encore amis de la vérité. …On a
84 plus encore amis de la vérité. …On a prétendu que nous étions réunis à Bombay pour condamner la neutralité en général, et ce
85 je suis neutre. » C’est contre ce mensonge-là que nous devons lutter, je veux dire : — contre cette manière de mettre la cul
86 . d. Le texte est précédé du chapeau suivant : «  Nous avons rendu compte, dans notre précédent numéro, du Congrès indien po
87 chapeau suivant : « Nous avons rendu compte, dans notre précédent numéro, du Congrès indien pour la liberté de la culture qui
88 culture, a fait une importante intervention, dont nous donnons ci-dessous quelques extraits. »
3 1951, Preuves, articles (1951–1968). Culture et famine (novembre 1951)
89 , les Sumériens, les Égyptiens et les Romains, si nos ancêtres européens eux-mêmes avaient déclaré en leur temps : « point
90 ps : « point de culture tant qu’il subsiste parmi nous de la misère et de la famine », il n’y aurait point de civilisation.
91 vilisation. S’il n’y avait point de civilisation, nous serions sans moyens techniques de remédier à la famine. Ce n’est pas
4 1952, Preuves, articles (1951–1968). « L’Œuvre du xxe siècle » : une réponse, ou une question ? (mai 1952)
92 reux qu’ils ne voudraient le croire sont ceux qui nous répètent, depuis vingt ans, que l’état de nos arts est la preuve d’un
93 ui nous répètent, depuis vingt ans, que l’état de nos arts est la preuve d’une décadence de l’Occident. Cette mystification
94 e l’Occident. Cette mystification date des nazis. Notre art « dégénéré » survit à leur empire, qu’ils fondaient pour mille an
95 d’environ 1880 que par la couleur des parements. Nous attendons encore, nous attendrons longtemps, l’aveu public de cet « a
96 la couleur des parements. Nous attendons encore, nous attendrons longtemps, l’aveu public de cet « avenir », je veux dire s
97 ants du pompiérisme, du racisme et du stalinisme, nous avons choisi d’opposer des chefs-d’œuvre de l’art et de la pensée lib
98 ts et de leurs censures, dans le développement de nos arts. L’Œuvre du xxe siècle pose bien d’autres problèmes. Le premier
99 s créateurs, le public, et leur manière de sentir notre temps. Comme l’acte d’observer dans la microphysique, cet acte d’expo
100 définir. Combien de seuils et de limites n’avons- nous pas forcés dans notre siècle — seuil de l’atome ou seuil de l’inconsc
101 seuils et de limites n’avons-nous pas forcés dans notre siècle — seuil de l’atome ou seuil de l’inconscient, sens de la vue e
102 ce à trois dimensions… ? Chacune de ces victoires nous a jetés dans un complexe nouveau de paradoxes. Prenons l’exemple de l
103 hénomènes serait-il la rançon de l’autre ? Sommes- nous dans une situation globale de disjonctions irrémédiables, de divorce,
104 hé comme de leur gloire. Cette aventure va-t-elle nous apparaître comme un passé déjà, ou comme l’effervescence d’un ordre n
105 e du xxe siècle s’inaugure dans le vrai style de notre époque : la réponse qu’elle apporte, d’une part, est, de l’autre, une
5 1952, Preuves, articles (1951–1968). Le sens de nos vies, ou l’Europe (juin 1952)
106 Le sens de nos vies, ou l’Europe (juin 1952)g Toute civilisation consiste, en fin
107 x implacables de la fécondité et de la mort. Dans notre Europe moderne, éduquer signifie au contraire amener le jeune homme à
108 ie-ci, sera « rééduqué » pour l’avenir collectif. Nous voyons au contraire l’homme d’Europe chercher l’originalité, et presq
109 les saints — et les nécessités de la concurrence. Nous le voyons chercher sa voie selon ses goûts, ses croyances qui diffère
110 a conversion personnelle. La question du sens de nos vies, du sens particulier de chaque vie dans la vie, dénote et marque
111 t les modernes entreprises totalitaires, l’Europe nous apparaît comme une espèce de révolution permanente, révolution menée
112 de chaque personne humaine. Pour beaucoup d’entre nous l’expression est passée au rang de cliché. Mais l’historien jugera di
113 nthèse qui s’opéra durant les premiers siècles de notre ère, qui s’épanouit avec la Renaissance, et dont la dialectique inter
114 sance, et dont la dialectique interne aboutit, de nos jours, au conflit du collectivisme et de la liberté démocratique. Je
115 nne — à la fois mère et fille de l’Europe — forme nos vies, permet qu’elles aient un sens, et donne leur intérêt même affec
116 donne leur intérêt même affectif à la plupart de nos activités. Ôtez le moi distinct, le droit d’être une personne, et du
117 ct, le droit d’être une personne, et du même coup nos vies n’auraient plus sel ni sens : voilà bien dans sa réalité la mena
118 imple. Elle consiste à rappeler que la plupart de nos valeurs et idéaux, à nous autres Européens, et la plupart de nos acti
119 ppeler que la plupart de nos valeurs et idéaux, à nous autres Européens, et la plupart de nos activités courantes, sérieuses
120 idéaux, à nous autres Européens, et la plupart de nos activités courantes, sérieuses ou non, dérivent de la notion de l’hom
121 e l’Asie, avec le monde collectiviste. Je dis que nos valeurs modernes, actuelles (le sens que nous donnons à nos activités
122 que nos valeurs modernes, actuelles (le sens que nous donnons à nos activités) si elles ne traduisent pas toujours directem
123 s modernes, actuelles (le sens que nous donnons à nos activités) si elles ne traduisent pas toujours directement cette noti
124 nomène caractéristique du christianisme. De même, nous constatons que la notion de révolution a la même extension dans l’esp
125 lissement. La passion dans l’amour nourrit toutes nos littératures depuis des siècles — depuis les troubadours — et grâce à
126 ubadours — et grâce à la littérature, elle obsède nos rêves, elle met un « tourment délicieux » dans nos vies. Sous des for
127 os rêves, elle met un « tourment délicieux » dans nos vies. Sous des formes à vrai dire dégradées, de plus en plus anodines
128 que cette passion qui tient une telle place dans nos vies, ou tout au moins dans nos secrètes nostalgies, l’Asie l’ignore
129 telle place dans nos vies, ou tout au moins dans nos secrètes nostalgies, l’Asie l’ignore en toute sérénité, l’Amérique la
130 ant aux Américains, ils ont certes en commun avec nous l’héritage de la littérature, vulgarisé par Hollywood. Mais j’ai pu o
131 du stakhanoviste modèle. Cette passion, donc, qui nous paraît si « naturelle », est en réalité exceptionnelle dans le monde.
132 amour personnel. Ces deux exemples sont extrêmes. Nous ne sommes pas tous des révolutionnaires, ni les héros d’une grande pa
133 telle, mais la révolution et la passion sont pour nous tous des repères décisifs. Nos vies sont orientées par rapport à ces
134 passion sont pour nous tous des repères décisifs. Nos vies sont orientées par rapport à ces pôles. Voici, plus près de nos
135 tées par rapport à ces pôles. Voici, plus près de nos vies quotidiennes, d’autres exemples : le besoin d’originalité et l’h
136 le besoin d’originalité et l’humour. Il y a dans notre goût de l’originalité, deux composantes : l’esprit de concurrence et
137  » d’une manière personnelle. C’est même cela que nous nommons « créer ». Mais cette idée de l’originalité, dans les arts ou
138 iental, qui tend à s’ordonner au monde des dieux, nous ayons à choisir. Je dis que nous avons choisi. Je ne dis pas que l’un
139 monde des dieux, nous ayons à choisir. Je dis que nous avons choisi. Je ne dis pas que l’un vaut mieux que l’autre, mais qu’
140 fférents. Et je ne nie pas non plus que dans tous nos pays, il existe une majorité de conformistes, qui redoutent l’épithèt
141 … J’en viens à un dernier exemple, le Progrès, et notre attitude envers lui. Il est de mode aujourd’hui de douter du Progrès.
142 de douter du Progrès. Les plus grands esprits de notre siècle, un Paul Valéry, un Eliot, un Toynbee, un Bergson l’ont fait ;
143 oynbee, un Bergson l’ont fait ; et la majorité de nos élites les a suivis. Certes, nous pouvons railler les illusions du si
144 t la majorité de nos élites les a suivis. Certes, nous pouvons railler les illusions du siècle des Lumières et du siècle bou
145 des Lumières et du siècle bourgeois-capitaliste ; nous pouvons répéter que notre industrie aboutit à la misère prolétarienne
146 bourgeois-capitaliste ; nous pouvons répéter que notre industrie aboutit à la misère prolétarienne, notre science à la bombe
147 otre industrie aboutit à la misère prolétarienne, notre science à la bombe atomique, nos révolutions à l’État totalitaire ; q
148 prolétarienne, notre science à la bombe atomique, nos révolutions à l’État totalitaire ; que le Progrès n’est donc nullemen
149 ssible reste vital pour l’homme européen ; et que nos vies perdraient leur sens, si vraiment nous cessions de croire qu’un
150 et que nos vies perdraient leur sens, si vraiment nous cessions de croire qu’un lendemain plus vaste et plus libre reste ouv
151 ste ouvert. De plus, il serait faux de penser que notre idée européenne du progrès ait vraiment émigré en Russie ou en Amériq
152 ns ces empires de masses, diffère profondément de notre idéal. Dans une dictature, par exemple, l’idée de progrès perdra néce
153 e de progrès perdra nécessairement ce qui fait, à nos yeux, tout son prix : elle cesse d’être liée à l’idée de liberté, c’e
154 a perspective d’une vie plus libre pour chacun de nous . Elle se lie à l’idée de contrainte collective, qui est la négation m
155 la négation même de son mouvement originel. D’où nous vient, en effet, le concept du Progrès ? Il n’est apparu comme concep
156 retour du Seigneur au jugement dernier. D’ici là, nous nous avançons dans l’inconnu de l’Histoire que nous créons nous-mêmes
157 r du Seigneur au jugement dernier. D’ici là, nous nous avançons dans l’inconnu de l’Histoire que nous créons nous-mêmes, dan
158 us nous avançons dans l’inconnu de l’Histoire que nous créons nous-mêmes, dans l’incertitude et l’espoir. Les catastrophes r
159 is le progrès aussi devient possible : il traduit notre volonté d’échapper aux fatalités. Et nous l’imaginons comme le produi
160 raduit notre volonté d’échapper aux fatalités. Et nous l’imaginons comme le produit de toutes les créations accumulées par l
161 s hommes, héros, savants, législateurs et saints. Nous pensons que tout cela rendra la vie meilleure. Nous nous trompons peu
162 us pensons que tout cela rendra la vie meilleure. Nous nous trompons peut-être, mais nous le pensons, et cela depuis près de
163 nsons que tout cela rendra la vie meilleure. Nous nous trompons peut-être, mais nous le pensons, et cela depuis près de deux
164 vie meilleure. Nous nous trompons peut-être, mais nous le pensons, et cela depuis près de deux-mille ans. Cependant, de nos
165 cela depuis près de deux-mille ans. Cependant, de nos jours, notre foi dans le Progrès a cessé d’être une foi naïve. Nous n
166 près de deux-mille ans. Cependant, de nos jours, notre foi dans le Progrès a cessé d’être une foi naïve. Nous nous posons à
167 foi dans le Progrès a cessé d’être une foi naïve. Nous nous posons à son sujet des questions parfois angoissantes. Par exemp
168 ans le Progrès a cessé d’être une foi naïve. Nous nous posons à son sujet des questions parfois angoissantes. Par exemple :
169 esurer le Progrès ? La question paraît insoluble. Nos créations sont toujours équivoques, chacun le sait au xxe siècle. L’
170 un le sait au xxe siècle. L’essor de l’industrie nous a valu un certain confort matériel, mais aussi les problèmes sociaux.
171 nfort matériel, mais aussi les problèmes sociaux. Nous traversons l’Atlantique en huit heures, mais ainsi font les bombardie
172 rifiable, et que la somme des modifications qu’il nous apporte, en bien et en mal, s’annule. La croyance au Progrès collecti
173 peut reprendre un sens certain que par rapport à notre vie individuelle. Car le Progrès à l’origine signifiait une libératio
174 grès à l’origine signifiait une libération, et de nos jours encore la liberté ne peut avoir de sens que pour l’individu (qu
175 ogrès, ce ne sera pas seulement l’augmentation de notre sécurité, de notre confort, mais aussi et peut-être surtout, celle de
176 as seulement l’augmentation de notre sécurité, de notre confort, mais aussi et peut-être surtout, celle de nos risques person
177 onfort, mais aussi et peut-être surtout, celle de nos risques personnels, des occasions et des moyens de nous décider nous-
178 isques personnels, des occasions et des moyens de nous décider nous-mêmes, donc d’être libres. Car la seule liberté qui comp
179 er la carte des continents et de dénombrer toutes nos races de Marco Polo à Vasco de Gama, et de Christophe Colomb au capit
180 Aztèques ni les Bantous, ni même les Hindous qui nous ont découverts. C’est nous qui avons été y voir. Mais il y a plus. No
181 i même les Hindous qui nous ont découverts. C’est nous qui avons été y voir. Mais il y a plus. Nous avons en Europe des sino
182 ’est nous qui avons été y voir. Mais il y a plus. Nous avons en Europe des sinologues, des hindouistes, des arabisants, et m
183 péens. J’ajouterai que j’en connais trop peu dans nos pays, et que c’est précisément pour remédier à cette carence que nous
184 est précisément pour remédier à cette carence que nous avons fondé à Genève, le Centre européen de la culture, institution q
185 , institution qui a pour but principal de fédérer nos forces culturelles afin de réveiller la conscience de l’Europe comme
186 conscience de l’Europe comme unité, au-dessus de nos nations. Deuxième remarque : l’Europe est le Musée du monde. Et je ne
187 ayant décidé, en plein accord avec Goebbels, que notre art était décadent.) Nous avons fait bien plus que de collectionner,
188 ord avec Goebbels, que notre art était décadent.) Nous avons fait bien plus que de collectionner, bien plus que d’enregistre
189 es voix et les visages de l’innombrable humanité. Nous avons médité sur les mystères de toutes les civilisations qui précédè
190 tères de toutes les civilisations qui précédèrent les nôtres et sur celles qui subsistent au xxe siècle. Nous avons déchiffré leu
191 tres et sur celles qui subsistent au xxe siècle. Nous avons déchiffré leurs hiéroglyphes, reconstitué et revécu leurs ambit
192 lyphes, reconstitué et revécu leurs ambitions, et nous avons philosophé sur leurs problèmes avec autant de passion, souvent,
193 roblèmes avec autant de passion, souvent, que sur les nôtres . Voici le trait que l’on doit souligner : tous les peuples du monde a
194 ouligner : tous les peuples du monde aujourd’hui, nous imitent — pour leur bien et leur mal à la fois — mais nous, bien au c
195 ent — pour leur bien et leur mal à la fois — mais nous , bien au contraire, au lieu de les imiter, nous cherchons et nous par
196 s nous, bien au contraire, au lieu de les imiter, nous cherchons et nous parvenons à les comprendre. Cette attitude, absolum
197 ntraire, au lieu de les imiter, nous cherchons et nous parvenons à les comprendre. Cette attitude, absolument particulière,
198 renaissance. Au-delà de la peur Voilà donc notre Europe, patrie de l’homme conscient, lieu de conscience extrême de to
199 a la menace totalitaire, la négation pratique de nos raisons de vivre. Il y a la menace de ruines économiques qui entraîne
200 ique, civique, et même psychique, si répandu dans nos élites — le pire danger, tant il est vrai que nous résigner à croire
201 nos élites — le pire danger, tant il est vrai que nous résigner à croire notre déclin fatal, le rendrait en effet fatal. On
202 nger, tant il est vrai que nous résigner à croire notre déclin fatal, le rendrait en effet fatal. On me dira que la culture,
203 ture, c’est peu de chose pour arrêter le cours de nos fatalités. Si l’on dit cela, on commettra la pire erreur qu’on puisse
204 ais faire une autre conférence pour démontrer que notre culture fut bel et bien, dans le passé, la vraie raison de notre puis
205 ut bel et bien, dans le passé, la vraie raison de notre puissance, même matérielle, et qu’elle peut, et qu’elle doit le redev
206 es actes. Sur le plan des faits bruts, l’Amérique nous dépasse, l’armée russe peut encore nous écraser, et notre union s’avè
207 ’Amérique nous dépasse, l’armée russe peut encore nous écraser, et notre union s’avère bien difficile. Mais l’esprit créateu
208 passe, l’armée russe peut encore nous écraser, et notre union s’avère bien difficile. Mais l’esprit créateur reste notre apan
209 vère bien difficile. Mais l’esprit créateur reste notre apanage, l’esprit qui voit au-delà des faits et peut les transformer
210 ver d’un même mouvement et l’Europe et le sens de nos vies. g. Rougemont Denis de, « Le sens de nos vies, ou l’Europe »
211 nos vies. g. Rougemont Denis de, « Le sens de nos vies, ou l’Europe », Preuves, Paris, juin 1952, p. 3-8.
6 1952, Preuves, articles (1951–1968). Le dialogue Europe-Amérique (août-septembre 1952)
212 lectuelle, le stalinisme est en recul marqué dans nos pays. À Paris et à Rome, où il avait conquis au lendemain de la guerr
213 pper une civilisation certes proche parente de la nôtre , mais autonome ; la plus grande différence entre les deux étant que l
214 vocabulaire des staliniens) la marshallisation de nos cultures. À l’en croire, l’invasion de l’américanisme représenterait
215 l’invasion de l’américanisme représenterait pour nous un aussi grand danger que l’invasion du stalinisme russe. On sait les
216 Wall Street » et le danger d’une guerre menée sur notre sol contre les Russes. (Mais l’attitude antiaméricaine est plus ancie
217 rts humains plus francs et plus cordiaux que chez nous . Politiquement, on sait ce que donne cette attitude ambivalente : aid
218 t ce que donne cette attitude ambivalente : aidez- nous avec vos dollars, mais si vous exigez que votre aide soit efficace, n
219 mais si vous exigez que votre aide soit efficace, nous crierons à l’impérialisme ; puis décampez, go home, laissez-nous à no
220 l’impérialisme ; puis décampez, go home, laissez- nous à nos combats de coqs et nous crierons à l’isolationnisme. Quant à la
221 rialisme ; puis décampez, go home, laissez-nous à nos combats de coqs et nous crierons à l’isolationnisme. Quant à la cultu
222 z, go home, laissez-nous à nos combats de coqs et nous crierons à l’isolationnisme. Quant à la culture, la cause est entendu
223 ola, Hollywood, comics et whisky. Il est vrai que nous copions vos romans et vos danses. Mais vous n’avez même pas le sens d
224 pliqués et susceptibles, esquivant les réponses à nos questions directes, occupés à se ruiner par des guerres nationales qu
225 upés à se ruiner par des guerres nationales qu’on nous demande ensuite de payer, parlant de métaphysique mais prenant nos do
226 te de payer, parlant de métaphysique mais prenant nos dollars. Je force à peine les traits, pour aller vite. Je rappelle de
227 stes, ou deviennent isolationnistes, ce sera bien notre faute dans les deux cas. Car il faut faire l’Europe, ou il faudra sub
228 Et si la « civilisation du digest » prévaut chez nous , ce sera notre faute encore, autant que celle des USA. Les digests, q
229 vilisation du digest » prévaut chez nous, ce sera notre faute encore, autant que celle des USA. Les digests, que nous lisons
230 ncore, autant que celle des USA. Les digests, que nous lisons par millions, ne sont tout de même pas distribués par M. Aches
231 que de jazz hot, il faut bien constater que c’est notre public européen, qui, librement, propage ces succès américains et leu
232 américains et leurs contrefaçons multipliées chez nous . Notre élite s’en plaint, il est vrai. Mais l’élite des USA aussi. Pe
233 ains et leurs contrefaçons multipliées chez nous. Notre élite s’en plaint, il est vrai. Mais l’élite des USA aussi. Personne
234 tmosphère plus saine, quelques conditions simples nous ont paru requises : a) La première rencontre doit être restreinte et
235 autre, et Pascal aux digests ou les gratte-ciel à nos pittoresques taudis ; parlons en égaux différents. Alors, entre les m
236 nente, il y aura vraiment rencontre créatrice. c) Nos griefs et critiques réciproques doivent être considérés comme justifi
237 ) « neutralistes ». En voici un : « Dès le début, nous avons ici dénoncé… les dangers que faisait courir à la santé de notre
238 ncé… les dangers que faisait courir à la santé de notre pays une culture américaine qui attaque à leurs racines l’originalité
7 1953, Preuves, articles (1951–1968). Deux princes danois : Kierkegaard et Hamlet (février 1953)
239 cette action tragique, une pièce célèbre dont il nous apparaît que la forme et le progrès même présentent avec la biographi
240 e Kierkegaard les plus frappantes analogies. Sans nous attarder sur la coïncidence qui fait d’Hamlet un prince danois — et l
241 t à première vue le drame vécu par Kierkegaard et nous suggèrent un parallèle possible. L’histoire d’Hamlet peut se résumer
242 ir donner le change ». Voici donc Hamlet tel que nous le décrivent les premières scènes du drame de Shakespeare, et Kierkeg
243 vent, mais dont il n’a jamais expliqué la nature. Nous savons cependant que le secret était lié à la mémoire de son père. Il
244 les plus terribles de la réalité la plus cruelle. Nous avons dénaturé le christianisme, nous l’avons pris à bon marché, au l
245 us cruelle. Nous avons dénaturé le christianisme, nous l’avons pris à bon marché, au lieu de nous en reconnaître indignes et
246 nisme, nous l’avons pris à bon marché, au lieu de nous en reconnaître indignes et d’avouer que nous refusons d’en payer le p
247 u de nous en reconnaître indignes et d’avouer que nous refusons d’en payer le prix. C’est là, dit Kierkegaard, « un crime de
248 a donc usurpation. Le christianisme officiel, de nos jours, joue de la sorte, aux yeux de Kierkegaard, le même rôle que le
249 e de l’Évangile. La tâche apparaît surhumaine. Et nous voyons les deux héros gémir sous le faix qui leur est imposé : « L’ép
250 ous les tons la même idée : il est né pour forcer notre époque détraquée à reconnaître l’absolu chrétien et, sinon à lui obéi
251 lia. Ici, c’est l’exemple vécu de Kierkegaard qui nous aide à comprendre Hamlet. Kierkegaard aime Régine, jeune fille de 17
252 r sa perte passe ma route vers un grand but. » Et nous voyons Hamlet, comme Kierkegaard, se noircir aux yeux de la jeune fil
253 c’est bien d’un véritable témoin de la vérité que nous parle le professeur Martensen — et puis enfin crucifié, décapité, brû
254 son ambiguïté. Celle-ci paraît immédiatement dans notre usage courant du terme de vocation. L’on dit ainsi d’un jeune garçon
255 s qu’un enfant, voici, je ne sais point parler. » Nous dirions qu’il n’a pas la vocation. Précisément, il la reçoit. Elle lu
256 l’esprit. Chez Kierkegaard, l’ambiguïté subsiste. Nous avons vu que sa mélancolie profonde le sépare des autres et, dès l’en
257 oin de la vérité. Cependant, cette ambiguïté dans notre idée courante de la vocation n’est pas celle qui retient Kierkegaard.
258 , après tout, d’être purement imaginaire. À cela, nous ajouterons l’incertitude subjective, celle qui concerne les motifs qu
259 utant qu’hors de lui. Reprenons une dernière fois notre parallèle dramatique. Il nous faut reconnaître, enfin, que la mission
260 une dernière fois notre parallèle dramatique. Il nous faut reconnaître, enfin, que la mission reçue par Hamlet n’est pas un
261 trame ni l’ensemble — et cependant il faut jouer, nous sommes au monde, nous sommes embarqués, nous sommes en scène malgré n
262 et cependant il faut jouer, nous sommes au monde, nous sommes embarqués, nous sommes en scène malgré nous… Telle est l’angoi
263 uer, nous sommes au monde, nous sommes embarqués, nous sommes en scène malgré nous… Telle est l’angoisse de la vocation. Je
264 ous sommes embarqués, nous sommes en scène malgré nous … Telle est l’angoisse de la vocation. Je disais tout à l’heure que Ki
265  tromperies » — comme il tient à le répéter. Ceci nous porterait à croire que, d’entrée de jeu, tout comme Hamlet, il avait
266 i simples. C’est après coup, le plus souvent, que nos actions apparaissent organisées par une intention générale. Celle-ci,
267 tâche. » Dans un autre passage du même livre, il nous décrit ce que l’on pourrait appeler la psychologie d’une vocation en
268 es hasards et fait flèche de tout bois, souvent à notre insu. Mais ce qu’illustre avant tout ce passage, c’est le paradoxe es
269 marcher. Cette « lumière sur mon sentier », dont nous parle un psaume de David, n’éclaire pas au loin une voie tracée d’ava
270 aides, quels repères, quels principes directeurs nous offrira donc Kierkegaard ? À vrai dire, le seul guide qu’il nous prop
271 nc Kierkegaard ? À vrai dire, le seul guide qu’il nous propose, c’est la souffrance, lorsqu’il écrit cette phrase lourde de
272 a vocation, c’est aller dans le sens où la nature nous pousse, dans le sens de nos talents, de nos « facilités », tandis que
273 le sens où la nature nous pousse, dans le sens de nos talents, de nos « facilités », tandis que Kierkegaard nous propose la
274 ture nous pousse, dans le sens de nos talents, de nos « facilités », tandis que Kierkegaard nous propose la souffrance non
275 nts, de nos « facilités », tandis que Kierkegaard nous propose la souffrance non pas seulement comme signe et garantie de la
8 1953, Preuves, articles (1951–1968). À propos de la crise de l’Unesco (mars 1953)
276 it de l’Unesco, les milieux proprement culturels. Nous ne voyons, pour notre part, aucune raison d’affecter la pudeur dans c
277 ilieux proprement culturels. Nous ne voyons, pour notre part, aucune raison d’affecter la pudeur dans ce domaine. Disons que
278 es. Les activités culturelles n’étant aux yeux de nos gouvernements — et c’est normal — qu’une espèce de mal nécessaire, un
279 but en soi, non comme annexe d’une politique. Et nous venons de voir pourquoi c’est impossible : non point à cause d’une ma
280 eu de libre-échange qui ne tenait aucun compte de nos récentes divisions administratives et douanières. Le champ d’action o
281 nautés organiques et dans les foyers de création. Nous entendons par là : les écoles de pensée et d’art ; les revues et les
282 ts soit à l’échelle des Nations unies, soit comme nous le pensons préférable, à celle du Conseil de l’Europe ? Les taches no
283 ectes entre les petits exécutifs spécialisés dont nous parlions et les instances gouvernementales se révèle là encore le plu
9 1953, Preuves, articles (1951–1968). « Nous ne sommes pas des esclaves ! » (juillet 1953)
284 «  Nous ne sommes pas des esclaves ! » (juillet 1953)l « Ils ont tiré ! Il
285 osé se rassembler, sans armes, pour proclamer : «  Nous ne sommes pas des esclaves ! » Ainsi les Soviétiques viennent de reno
286 rase qu’on n’a pas lue dans la presse communiste, nos enfants la liront dans leurs livres d’histoire. Cette phrase a été di
287 de vivre. D’autres massacres d’ouvriers ont sali notre histoire, depuis le xviiie siècle. Au nom de l’ordre, et de la loi,
288 ntérêts de la production, les policiers de toutes nos bourgeoisies ont tué des travailleurs qui, eux, se révoltaient au nom
289 t de leur dignité d’hommes. C’était ignoble, mais nous voyons bien pire. Il était réservé au régime communiste de faire ce m
290 ourgeois par celui des Soviets ; mais la seconde, nous l’avons sous les yeux, consiste à s’emparer de la cause ouvrière, à s
291 nt fait avec éclat le dix-sept juin ! En criant «  nous ne sommes pas des esclaves ! », les ouvriers de Berlin ont rétabli d’
292 enue manifeste. Il ne reste à ses partisans, dans nos démocraties, qu’à nier les faits. Il leur reste à nier l’éclat de rir
293 rvice de la liberté. l. Rougemont Denis de, « “ Nous ne sommes pas des esclaves !” », Preuves, Paris, juillet 1953, p. 3-4
10 1953, Preuves, articles (1951–1968). Les raisons d’être du Congrès (septembre 1953)
294 raisons d’être du Congrès (septembre 1953)m n Notre tâche est une action mondiale pour la liberté de la culture, c’est-à-
295 erai tout d’abord les quelques grandes étapes qui nous ont conduits jusqu’ici. À Berlin, au début de la guerre de Corée, nou
296 qu’ici. À Berlin, au début de la guerre de Corée, nous avons été dire un seul mot : Liberté ! et le sens de ce mot, ce sens
297 yrans. À la suite du meeting mémorable de Berlin, nous nous sommes organisés. Nous avons créé des secrétariats en Allemagne,
298 . À la suite du meeting mémorable de Berlin, nous nous sommes organisés. Nous avons créé des secrétariats en Allemagne, en F
299 mémorable de Berlin, nous nous sommes organisés. Nous avons créé des secrétariats en Allemagne, en France, en Italie, en Gr
300 en profondeur a commencé. À Paris, l’an dernier, notre festival du xxe siècle montrait avec éclat la vitalité insurpassée d
301 erté ! », disait en somme ce festival, et « voilà nos raisons de reprendre confiance dans une culture, que ceux qui en sont
302 ffort dans le domaine des Arts. Mais la science ? nous a-t-on dit de tous côtés, qu’en faites-vous ? N’est-elle pas une part
303 nce et la liberté a fait partie, dès le début, de notre programme. Nous nous sommes tournés vers la science. Nous l’avons fai
304 a fait partie, dès le début, de notre programme. Nous nous sommes tournés vers la science. Nous l’avons fait pour deux gran
305 it partie, dès le début, de notre programme. Nous nous sommes tournés vers la science. Nous l’avons fait pour deux grandes r
306 gramme. Nous nous sommes tournés vers la science. Nous l’avons fait pour deux grandes raisons, que je voudrais commenter bri
307 sons, que je voudrais commenter brièvement. Voici notre première raison : La science nous apparaît encore plus gravement mena
308 èvement. Voici notre première raison : La science nous apparaît encore plus gravement menacée que les Arts par les régimes d
309 qui est par essence une aventure dans l’inconnu. Notre deuxième raison de nous tourner vers la science est encore plus évide
310 aventure dans l’inconnu. Notre deuxième raison de nous tourner vers la science est encore plus évidente, et la voici : La c
311 ence même de la science que ses implications pour notre vie sociale. Tout d’abord, la science est devenue aux yeux de l’homme
312 t les sous-produits de la science, aboutissent de nos jours à des applications accélérées presque immédiates. Il a fallu pl
313 ion publique et la grande presse. Mais prenez, de nos jours, une petite invention comme celle de la télévision ; en quelque
314 tualité et le bonheur des masses ? Ou bien sommes- nous prêts à courir les risques de la liberté ? Ces questions sont parmi l
315 de l’homme et dans l’issue de l’aventure humaine. Nous cherchions un lieu propice à cette atmosphère souhaitée. Et nous avon
316 un lieu propice à cette atmosphère souhaitée. Et nous avons trouvé, dans cette Europe inquiète, une grande cité qui offrait
317 it votre cité libre et hanséatique, dont le génie nous semblait incarné par celui qui a la charge de l’administrer, ce grand
318 qui est aussi un grand Weltbürger. Voilà pourquoi nous sommes ici. Merci ! m. Rougemont Denis de, « Allocution inaugurale
319 à ce Congrès, le recteur Bruno Snell a déclaré : “ Nous autres savants, avons besoin l’un de l’autre. Nous devons savoir que
320 ous autres savants, avons besoin l’un de l’autre. Nous devons savoir que chacun de nous peut compter sur tous les autres lor
321 l’un de l’autre. Nous devons savoir que chacun de nous peut compter sur tous les autres lorsque notre patrimoine commun est
322 de nous peut compter sur tous les autres lorsque notre patrimoine commun est en jeu, lorsque la science libre est menacée.”
323 dit-il, n’est exempt de vices. Cette critique que nous autres, chercheurs, appliquons à des mesures administratives est une
324 , à l’Allemagne, au temps où j’y fis mes études.” Nous reproduisons ci-dessous presque intégralement l’allocution inaugurale
11 1954, Preuves, articles (1951–1968). La table ronde de l’Europe (janvier 1954)
325 plus célèbres de Gauguin s’intitule : D’où venons- nous  ? Où sommes-nous ? Où allons-nous ? Je n’imagine pas de meilleure dev
326 Gauguin s’intitule : D’où venons-nous ? Où sommes- nous  ? Où allons-nous ? Je n’imagine pas de meilleure devise pour la table
327 rise, partons de la deuxième question : où sommes- nous , Européens, en ce milieu du xxe siècle ? Une phrase déjà fameuse, pr
328 -Henri Spaak, répond d’une manière dramatique : «  Nous autres Européens, nous vivons, depuis la dernière guerre, dans la peu
329 une manière dramatique : « Nous autres Européens, nous vivons, depuis la dernière guerre, dans la peur des Russes et de la c
330  » La raison de ce paradoxe est des plus simples. Nous ne nous sentons pas, en réalité, 325 millions d’Européens, mais seule
331 ison de ce paradoxe est des plus simples. Nous ne nous sentons pas, en réalité, 325 millions d’Européens, mais seulement 42
332 , 8 millions de Belges, 3 millions de Norvégiens… Nous pensons et sentons par nations cloisonnées, dans l’ère des grands emp
333 des grands marchés, et de la stratégie mondiale. Nous nous sentons, en conséquence, trop petits pour le siècle, et condamné
334 grands marchés, et de la stratégie mondiale. Nous nous sentons, en conséquence, trop petits pour le siècle, et condamnés à p
335 tits pour le siècle, et condamnés à perdre, après nos dernières positions dans le monde, notre indépendance politique, écon
336 dre, après nos dernières positions dans le monde, notre indépendance politique, économique et peut-être morale. Et certes, no
337 tique, économique et peut-être morale. Et certes, nous perdrons tout cela, tout ce qui fait le sens même de nos vies, si nou
338 drons tout cela, tout ce qui fait le sens même de nos vies, si nous persistons à demeurer une vingtaine de nations, de cant
339 la, tout ce qui fait le sens même de nos vies, si nous persistons à demeurer une vingtaine de nations, de cantons désunis. M
340 e nations, de cantons désunis. Mais au contraire, nous pouvons tout sauver par une union qui ferait de l’Europe, dans la réa
341 a conscience des périls qu’elle encourt, que tous nos pays courent ensemble, — et la conscience aussi des ressources immens
342 ion concrète et raisonnable en faveur de l’union, notre salut prochain. C’est ainsi, j’imagine, que l’on voyait les choses da
343 s littéraires, accueille avec un scepticisme amer nos plus éloquents hommes d’État. Il fallait donc d’une part approfondir
344 eux effort d’information. La tâche de méditer sur nos destins fut confiée à un petit groupe de six Sages, dont la compositi
345 ue menée par des esprits aussi divers que le sont nos peuples et les familles intellectuelles qui les composent. Mis aux pr
346 ons nationales, linguistiques et idéologiques qui nous fascinent aujourd’hui, apparaissent transitoires et relatives. À cett
347 origines communes à tous les peuples de l’Europe, nous l’avons faite sous la conduite magistrale et souriante d’un des plus
348 e et souriante d’un des plus grands historiens de notre temps, M. Toynbee, appuyé par l’autorité d’un savant humaniste, M. Lö
349 ar l’autorité d’un savant humaniste, M. Löfstedt. Nous avons vu se dessiner l’extraordinaire aventure collective de l’Occide
350 enture collective de l’Occident : la naissance de notre civilisation au confluent des courants issus d’Athènes, de Rome et du
351 dans le monde entier ; l’exportation pêle-mêle de nos idéaux religieux, de nos formes politiques, aussi, et enfin des secre
352 exportation pêle-mêle de nos idéaux religieux, de nos formes politiques, aussi, et enfin des secrets techniques de notre pu
353 tiques, aussi, et enfin des secrets techniques de notre puissance chez tous les peuples de la terre ; et puis soudain, au xxe
354 xxe siècle, le renversement subit et complet de notre position dans le monde ; la montée des empires unifiés, devant nos di
355 le monde ; la montée des empires unifiés, devant nos divisions sanglantes ; la crise de nos idéaux, devant la propagande m
356 és, devant nos divisions sanglantes ; la crise de nos idéaux, devant la propagande massive des dictatures ; les moyens maté
357 atures ; les moyens matériels et intellectuels de notre domination retournés contre nous. Nous avons vu clairement que nos pa
358 ntellectuels de notre domination retournés contre nous . Nous avons vu clairement que nos pays n’avaient plus d’autre issue p
359 ctuels de notre domination retournés contre nous. Nous avons vu clairement que nos pays n’avaient plus d’autre issue pratiqu
360 tournés contre nous. Nous avons vu clairement que nos pays n’avaient plus d’autre issue pratique, d’autre avenir possible q
361 ort de Toynbee : « Unissons l’Europe maintenant ! Nous n’avons pas de temps à perdre. » Pourtant, chacun peut voir que nous
362 temps à perdre. » Pourtant, chacun peut voir que nous perdons du temps. Quelles sont donc les causes intérieures qui paraly
363 s sont donc les causes intérieures qui paralysent nos efforts vers l’union ? L’examen de notre crise spirituelle et par sui
364 paralysent nos efforts vers l’union ? L’examen de notre crise spirituelle et par suite culturelle et civique fut introduit av
365 munauté supranationale. Le diagnostic ainsi posé, nous nous sommes tournés vers l’avenir : où allons-nous ? Et c’est M. Robe
366 té supranationale. Le diagnostic ainsi posé, nous nous sommes tournés vers l’avenir : où allons-nous ? Et c’est M. Robert Sc
367 M. de Gasperi dans son discours introductif, qui nous a présenté le tableau cohérent des mesures institutionnelles capables
368 tutionnelles capables d’assurer la renaissance de notre unité compromise. Certes, la table ronde n’a pas trouvé de solutions
369 n délai garanti. Mais elle a déterminé clairement nos responsabilités d’Européens devant le monde que nous avons changé, et
370 s responsabilités d’Européens devant le monde que nous avons changé, et elle a formulé les buts communs susceptibles de nous
371 t elle a formulé les buts communs susceptibles de nous unir. Car ce ne sont pas seulement leurs origines, mais les buts qu’i
372 a contradiction apparente entre l’exigence d’unir nos pays, et celle de sauvegarder les diversités qui ont fait la richesse
373 devant le double défi qu’affrontent plusieurs de nos pays : celui de passer du régime colonial à l’association dans l’égal
374 dans l’égalité, et celui de compenser la perte de nos positions économiques dans le monde, la table ronde a conclu à la néc
375 a nécessité « d’opérer un changement radical dans nos rapports avec le monde extraeuropéen et dans nos rapports mutuels » (
376 nos rapports avec le monde extraeuropéen et dans nos rapports mutuels » (Toynbee), c’est-à-dire de regagner en prestige mo
377 c’est-à-dire de regagner en prestige moral ce que nous perdons en puissance politique, et de regagner par l’exploitation en
378 e, et de regagner par l’exploitation en commun de nos propres richesses ce que nous perdons en apports extérieurs. La table
379 itation en commun de nos propres richesses ce que nous perdons en apports extérieurs. La table ronde n’a pas dressé les plan
380 du monde. Un seul exemple : le nationalisme a été notre invention collective. Nous l’avons communiqué, « donné » au monde ent
381 le nationalisme a été notre invention collective. Nous l’avons communiqué, « donné » au monde entier, et cette liqueur tout
382 ord enivrante est bientôt devenue poison. C’est à nous qu’il appartient donc d’inventer l’antidote de ce toxique et de créer
383 e Monde. — Dès que l’on parle du destin commun de nos pays, des voix s’élèvent pour dénoncer je ne sais quel « nationalisme
384 nationalisme européen », qui aurait pour effet de nous « séparer du monde ». Je note que cette résistance à un nationalisme
385 nialiste sur la poitrine des fédéralistes. « Vous nous vantez l’Europe, il n’y a pas de quoi ! Elle a réduit en servitude et
386 nse : Ce n’est pas l’Europe, ce sont plusieurs de nos nations comme telles, c’est le délire nationaliste qui a fait tout ce
387 entendent sauver par la fédération le meilleur de notre culture : non point la tolérance indifférente, mais le sens des tensi
388 re égaux différents. En vérité, il ne s’agit pour nous , Européens de la moitié du xxe siècle, ni d’orgueil, ni d’humilité :
389 iècle, ni d’orgueil, ni d’humilité : il s’agit de nous voir responsables d’une culture bien particulière, dont les principes
390 une culture bien particulière, dont les principes nous sont communs depuis des siècles. Cette culture est le cœur d’une civi
391 ale raison d’unir l’Europe, je la vois moins dans nos querelles internes que dans le jeu des forces mondiales qui nous pres
392 internes que dans le jeu des forces mondiales qui nous pressent. Et certes, il faudra bien liquider nos querelles : mais c’e
393 nous pressent. Et certes, il faudra bien liquider nos querelles : mais c’est la seule vision du grand péril que tous nos pa
394 ais c’est la seule vision du grand péril que tous nos pays courent ensemble, qui nous en donnera les moyens, c’est-à-dire l
395 and péril que tous nos pays courent ensemble, qui nous en donnera les moyens, c’est-à-dire la volonté ferme. « Naguère encor
396 .   Recouvrer la souveraineté. — Est-il vrai que nos souverainetés doivent être abandonnées, si l’on veut faire l’Europe ?
397 ion qu’il suffirait d’épurer les textes. Or c’est notre vision de l’Histoire qu’il faut changer. Quand on aura désherbé les m
398 s de l’enseignement, qu’il est besoin. Sans elle, nos chroniques régionales nous seront à jamais inintelligibles, et nourri
399 est besoin. Sans elle, nos chroniques régionales nous seront à jamais inintelligibles, et nourriront les plus fatales erreu
400 erreurs : celles qui permettent l’acceptation de nos guerres intérieures par nos peuples. Deux arguments m’ont frappé, com
401 tent l’acceptation de nos guerres intérieures par nos peuples. Deux arguments m’ont frappé, comme étant propres à éduquer l
402 comme étant propres à éduquer le sens européen de notre opinion publique. Le premier fut apporté par M. Ernst Friedländer, pu
403 ubliciste allemand : « Il faut dire franchement à nos nations qu’elles ne pourront sauver leur individualité qu’en sacrifia
404 ationale. » Je me résume : il n’est pas exact que nos nations, en vue de s’unir, doivent sacrifier ce qui subsiste de leur
405 tour. À la question : pourquoi l’Europe unie ? il nous faut donc répondre maintenant : pour que l’Europe recouvre, entre les
406 t sur l’Europe, et plus me frappe l’absence, chez nos intellectuels, de ce qu’on pourrait appeler l’instinct fédéraliste. Q
407 ler l’ABC du fédéralisme, car sans lui l’union de nos pays reste pratiquement impensable — si j’ose risquer l’alliance de c
408 n : M. de Gasperi. — Seuls des sophistes peuvent nous demander pourquoi nous nous bornons à certains pays. Il n’est pas hon
409 euls des sophistes peuvent nous demander pourquoi nous nous bornons à certains pays. Il n’est pas honnête de nous reprocher
410 des sophistes peuvent nous demander pourquoi nous nous bornons à certains pays. Il n’est pas honnête de nous reprocher d’exc
411 bornons à certains pays. Il n’est pas honnête de nous reprocher d’exclure le reste de l’humanité. Quand on aime une femme e
412 guer l’individu et la personne. — La confusion de notre vocabulaire, relevée par Eugen Kogon, est l’un des signes les plus gr
413 ent catastrophique de la culture théologique dans notre monde, pour ne rien dire de la philosophie, de l’étymologie et de la
414 ssionnées, les travaux des conciles fondateurs de notre conception occidentale de l’homme, Athanase, Grégoire et Basile, Boèc
415 ler, et à confondre les mots-clés qui déterminent notre existence concrète ? Comment répondre, par exemple, à la critique mar
416 marxiste autant que fasciste de l’atomisation de nos sociétés, et comment réfuter l’éthique collectiviste si l’on se met h
417 des réactions collectivistes du corps social ? Si nous avons perdu le sens de la personne, de l’être-en-relations tel que l’
418 es grands conciles, je ne sais plus quelle Europe nous défendrons. Celle dont je parle est une notion de l’homme, et non pas
419 à coup sûr et à bref délai. On compare volontiers notre Europe à Byzance. Cet empire qui sombra pour toujours il y a cinq siè
420 il dépend d’efforts comme le vôtre, il dépend de nous tous, Européens, d’écrire une autre Histoire pour une Europe nouvelle
421 a de nombreux exemples dans les comptes rendus de notre table ronde, encore que, dans bien des cas, les rédacteurs soient les
12 1954, Preuves, articles (1951–1968). Tragédie de l’Europe à Genève (juin 1954)
422 gédie de l’Europe à Genève (juin 1954)q Genève nous offre le spectacle d’un de ces mystérieux moments d’accélération de l
423 x » pour y noyer l’Europe des Six. Pensait-il que nos neutralistes et leurs alliés nationalistes en France, qui dénoncent à
424 déclare en substance : « Bas les pattes en Asie ! Notre tour est venu de nous immiscer dans vos affaires. L’Indochine, la Cor
425 « Bas les pattes en Asie ! Notre tour est venu de nous immiscer dans vos affaires. L’Indochine, la Corée ne vous regardent p
426 ne vous regardent plus. Mais le problème allemand nous intéresse beaucoup. » Que s’est-il donc passé depuis Berlin ? — Rien,
427 ope les délégués de l’Asie et leurs problèmes, et nous impose ainsi, sans coup férir, un angle de vision choisi par Molotov.
428 e préalable, dont Molotov paraît savoir mieux que nous qu’il est l’union de l’Europe, condition de notre force. La conférenc
429 nous qu’il est l’union de l’Europe, condition de notre force. La conférence de Genève est acceptée : première victoire du Kr
430 t, désormais, joue perdant. Le monde entier verra nos défaites militaires et l’insolence des envoyés de l’Asie rouge. Et vo
431 éen a vécu. Mais le colonialisme soviétique, lui, nous menace à bout portant : il a déjà conquis le tiers de l’Europe de l’E
432 t du siège de Vienne par les Turcs ? C’est à quoi nous en sommes, et c’est pire. Car une absurde conjoncture veut que les dé
433 e rendue consciente de sa vraie position pourrait nous sauver de Genève — ce Diên Biên Phu diplomatique. Un tel sursaut vita
13 1954, Preuves, articles (1951–1968). Il n’y a pas de « musique moderne » (juillet 1954)
434 ssayer de comprendre tout ce qui fut composé dans notre siècle. Bref, la « musique moderne » est celle que l’on n’aime pas. (
435 de style aussi radicales que celles qui séparent nos « modernes », Hindemith et Berg, par exemple, ou Bartók et Britten, o
436 e époque peut-être n’a connu moins d’unité que la nôtre . Aucune en tout cas n’a fait montre d’une volonté aussi délibérée de
437 profonde parenté entre les œuvres principales de notre siècle, malgré tous les efforts de leurs auteurs, ce n’est pas cette
438 i que le choix des règles détermine le contenu de nos rêves, — et notre style : négativement. La seule unité que confère au
439 es règles détermine le contenu de nos rêves, — et notre style : négativement. La seule unité que confère aux œuvres des conte
440 ant les lieux communs du temps, et c’est pourquoi nous les voyons chercher la naïveté comme une vertu de l’art. Combien de f
441 pirer : « Après X ou Y on ne sait plus que faire. Nous sommes dans une impasse… » Cette impasse est purement « historique »,
442 nd donc plus aux « nécessités de l’époque » et de nos grands marchés, il n’est nullement prouvé que l’œuvre d’un compositeu
443 les autres époques ont été « modernes », sauf la nôtre  ! Notre grand public se nourrit de musiques des époques révolues. Qua
444 res époques ont été « modernes », sauf la nôtre ! Notre grand public se nourrit de musiques des époques révolues. Quand il ne
445 de Haydn : on jouait sa dernière production. Mais nos grands concerts du dimanche ne jouent plus que les modernes d’autres
446 usiques d’aujourd’hui. De là peut-être aussi chez nos compositeurs, séparés d’un public devenu trop vaste, et privés de la
447 le résultat est une « époque ». Je ne sais pas si nous en vivons une… Mais peut-être sommes-nous sur le seuil. Au mois de ma
448 pas si nous en vivons une… Mais peut-être sommes- nous sur le seuil. Au mois de mai 1952, L’Œuvre du xxe siècle a donné à P
449 étrange que de vivre en son temps soit devenu de nos jours une exception notable, une aventure, un risque financier ? ⁂ À
450 la musique moderne de tous les temps, et même du nôtre — la plus rare. » 7. Pierre Boulez, « Éventuellement… », dans la Re
451 et voici l’inédit, le complexe et le paradoxal de notre situation “réduits à leur principe”, comme on disait au xviiie siècl
452 comme on dit en anglais, dans une coque de noix. Nos compositeurs auraient sans doute avantage à placer cette coque de noi
453 me instrument de percussion dans leur orchestre ; nos interprètes à en coiffer le balancier de leur métronome pour trouver
454 r métronome pour trouver le tempo de leur temps ; nos critiques, à l’approcher de leur oreille comme cornet ; et même nos m
455 ’approcher de leur oreille comme cornet ; et même nos managers y pourraient bercer la clef de leur coffre. Mais d’où tant d
456 e avec des accords de do majeur) et d’essayer sur nos contemporains “cette chose vague et pourtant puissante” qu’est la séd
14 1954, Preuves, articles (1951–1968). De Gasperi l’Européen (octobre 1954)
457 tructeur de la patrie. Mais il savait qu’aucun de nos pays ne peut être vraiment ranimé et rétabli dans son intégrité, s’il
458 re à l’Europe, à la fois fille de Rome et mère de nos nations. Et voilà que l’Europe soudain chancelle, hésite, semble frap
459 euse et modeste, cette extrême attention portée à nos débats par un homme d’État du premier plan, me parurent d’autant plus
460 ope ». De Gasperi savait que le réalisme veut que notre union se fonde dans les esprits, non sur des textes marchandés par le
461 ommunauté des Six : « Seuls des sophistes peuvent nous demander pourquoi nous nous bornons à certains pays. Il n’est pas hon
462 euls des sophistes peuvent nous demander pourquoi nous nous bornons à certains pays. Il n’est pas honnête de nous reprocher
463 des sophistes peuvent nous demander pourquoi nous nous bornons à certains pays. Il n’est pas honnête de nous reprocher d’exc
464 bornons à certains pays. Il n’est pas honnête de nous reprocher d’exclure le reste de l’humanité. Quand on aime une femme e
465 opéennes qu’il faut attribuer sa mort prématurée. Nous restons pour reprendre sa lutte en faveur d’une Europe « des esprits
15 1954, Preuves, articles (1951–1968). Politique de la peur proclamée (novembre 1954)
466 nçais a dit ceci : « L’Allemagne qu’il incarne ne nous apparaît pas moins redoutable que celle qui exigeait la démission de
467 ontrer M. Mauriac. ⁂ Ne craignons pas les Russes, nous dit L’Express. Le vrai danger vient des Allemands. Un Anglais prouve
468 été un mouvement de masse », déclare M. Bevan. «  Notre tâche, m’a dit un dirigeant chinois, est maintenant d’atteindre le pe
16 1955, Preuves, articles (1951–1968). De gauche à droite (mars 1955)
469 De gauche à droite (mars 1955)v « Parce que nous sommes soucieux de la logique de notre action, il convient de nous de
470 « Parce que nous sommes soucieux de la logique de notre action, il convient de nous demander ce qui a été ainsi (par le rejet
471 eux de la logique de notre action, il convient de nous demander ce qui a été ainsi (par le rejet de la CED) gagné ou perdu,
472 ar le rejet de la CED) gagné ou perdu, et comment nous situer maintenant. Examiner si nous avons eu tort ou raison de contri
473 u, et comment nous situer maintenant. Examiner si nous avons eu tort ou raison de contribuer à l’échec de la CED. Nous ne le
474 tort ou raison de contribuer à l’échec de la CED. Nous ne le ferons pas ; quoi qu’il arrive maintenant […] un premier bénéfi
475 i qu’il arrive maintenant […] un premier bénéfice nous est acquis pour l’histoire : soumis à une formidable pression politiq
476 rd en Allemagne occidentale. (Fuite d’Otto John.) Nous avons reçu d’autres témoignages d’anciens résistants à l’hitlérisme q
17 1955, Preuves, articles (1951–1968). Le Château aventureux : passion, révolution, nation (mai 1955)
477 Inconnus de l’Antiquité comme de l’Orient d’avant notre influence, inconcevables hors du christianisme quoique désignant troi
478 hos qui ne saurait tromper, ils représentent dans notre Quête du Graal l’épisode du Château aventureux (c’est la grotte de Ci
479 et Iseut. Du Midi des troubadours, inventeurs de notre lyrisme, au Nord des Trouvères, inventeurs du roman, puis à toute l’E
480 , sujets et procédés peut être suivie pas à pas : nos plus grands érudits l’ont décrite. Mais le roman de Tristan ne fut pa
481 ence vécue de l’amour-passion y a trouvé, jusqu’à nos jours, son langage et ses types de conduite, c’est-à-dire les moyens
482 ion, du xiie siècle méridional au romantisme, et nous vivons encore dans la tiédeur des cendres d’un interminable incendie.
483 es qu’elle offre au sentiment, ce mythe a pénétré nos vies, et même si nos actions échappent à son emprise, il ne cesse de
484 entiment, ce mythe a pénétré nos vies, et même si nos actions échappent à son emprise, il ne cesse de régner sur nos rêves
485 chappent à son emprise, il ne cesse de régner sur nos rêves et d’éveiller nos nostalgies. Et c’est ainsi qu’il a conditionn
486 il ne cesse de régner sur nos rêves et d’éveiller nos nostalgies. Et c’est ainsi qu’il a conditionné depuis des siècles les
487 Cette forme, cette structure agissent encore sur nous , même quand nous ignorons les origines du mythe et ne soupçonnons rie
488 te structure agissent encore sur nous, même quand nous ignorons les origines du mythe et ne soupçonnons rien de sa finalité.
489 tion, à l’abaissement dans le monde fini, lieu de notre expérience salutaire ? Certes, mais il faut voir qu’un tel échec deme
490 horizon d’espoir que celui de la métempsycose. «  Notre engagement n’était pas pris pour cette vie », dit Novalis parlant de
491 s : mais c’était le chrétien Kagawa. Depuis lors, nous avons assisté à l’extension du communisme dans l’Asie. Mais prenons l
492 dent ou de sa religion. De fait, le christianisme nous offre le type même du changement brusque et radical, mais survenant d
493 choses sont devenues nouvelles. » Et les chefs de nos révolutions promettent des « choses nouvelles » par un brusque avènem
494 , qui est la source à la fois de l’instabilité de nos régimes politiques et sociaux et d’une recherche perpétuelle du vrai
495 et c’est une ère nouvelle, comptée à neuf. Toutes nos révolutions s’en souviendront. L’Orient n’a pas connu pareille coupur
496 i a fait l’Histoire. L’Asie du Sud a duré jusqu’à nous dans la continuité vivante de ses passés, dont nul n’est aboli ni pri
497 oque l’idée d’une Europe où vivraient encore sous nos yeux, dans nos villes et dans nos campagnes, avec leurs rites et leur
498 ne Europe où vivraient encore sous nos yeux, dans nos villes et dans nos campagnes, avec leurs rites et leurs idoles et leu
499 ent encore sous nos yeux, dans nos villes et dans nos campagnes, avec leurs rites et leurs idoles et leurs fidèles, Zeus, A
500 nt incompatibles avec sa conception de l’homme12. Nos révolutions tentent l’inverse : partant de l’utopie d’un ordre théori
501 nces et de ces contradictions, il faut remonter à notre dialectique de la personne. Ce n’est pas la personne qui se détache d
502 e est obéissance au Libérateur éternel, mort pour nous mais présent dans la foi, cette « ferme assurance des choses qu’on ne
503 ente ou non) de l’Église chrétienne, voilà ce que notre temps ne peut plus mettre en doute. Nazisme et stalinisme ont eu leur
504 rait condamner l’élan communautaire générateur de nos révolutions jugerait dans l’irréel, j’ai dit pourquoi. Mais ceux qui
505 rt furent les bénéficiaires, non les victimes, de nos révolutions « libératrices ». Celles-ci n’ont triomphé que de régimes
506 ute. Mais pour quelles fins avouables ? Rappelons- nous qu’il « fallait » ouvrir d’un coup de poignard d’obsidienne la poitri
507 sang. Mais si, profanant le mythe et ses tabous, nous estimons froidement ses résultats, force nous est de constater que le
508 us, nous estimons froidement ses résultats, force nous est de constater que les révolutions européennes, sans aucune excepti
509 e sera gagnée. La nation à l’état naissant, comme nous la trouvons à Valmy, c’est donc un idéal, une idéologie, le principe
510 précise Hegel, dans le bonheur et sans histoire. Nous assistons au transfert décisif de l’idée de vocation, passant des per
511 ou même leur langue : c’est ainsi qu’on a vu dans notre siècle la Norvège, la Turquie, l’Irlande et Israël restaurer artifici
512 e sacrifice de la vie même des citoyens. Mais que nous offre-t-il en échange de nos vies ? Une certaine communion vague et p
513 citoyens. Mais que nous offre-t-il en échange de nos vies ? Une certaine communion vague et puissante, qui permet à l’indi
514 e son moi, il a le devoir sacré de le dire de son nous . Pourtant, cette religion demeure bien incapable d’animer l’existence
515 ue l’Asie tout entière est menacée de « prendre » notre fièvre nationaliste. Certains pays en font une crise, encore bénigne,
516 par les propagandistes de Moscou. C’est ainsi que nous voyons la Chine s’occidentaliser dans le pire sens du terme, au lende
517 « attrapé » par les peuples de l’Orient comme de notre rhume de cerveau, souvent mortel pour les Polynésiens. Le nationalism
518 irulence inouïe. Tout cela va se retourner contre notre Occident, au moment même où il commence d’entrevoir l’étendue de sa p
519 et liées à la mort par une complicité originelle. Nous le savons, ou du moins nous le pressentons. Mais nous reculons aussi
520 omplicité originelle. Nous le savons, ou du moins nous le pressentons. Mais nous reculons aussi devant l’imagination de leur
521 le savons, ou du moins nous le pressentons. Mais nous reculons aussi devant l’imagination de leur guérison soudaine d’un co
522 vres aurait un effet dévastant : ne serait-ce pas nous vider d’une affectivité qui est devenue la saveur et le sens même de
523 ur et le sens même de la vie pour des millions de nos contemporains, et des meilleurs ? Elles menacent notre paix, et plus
524 contemporains, et des meilleurs ? Elles menacent notre paix, et plus encore : l’existence même de l’Occident. Et pourtant l’
525 qu’elles tiennent aux motifs les plus profonds de notre situation dans l’Histoire ; à la genèse de toute notre Aventure. Elle
526 situation dans l’Histoire ; à la genèse de toute notre Aventure. Elles sont les longues erreurs inséparables de la périlleus
527 séparables de la périlleuse odyssée dans laquelle nous sommes nés embarqués. Un dernier trait commun à toutes les trois achè
528 nitale au christianisme. Elles ressuscitent parmi nous le sacré, c’est-à-dire cet instinct religieux que la Foi véritable tr
529 nce est ressentie comme un « abus ». Ainsi toutes nos révoltes imitent, même sans le savoir, le dépit de l’amour qui dresse
530 on, nation : certains ont cru que leur empire sur nos esprits mesurait ce qu’on appelle bien à tort la « dé-christianisatio
531 réalisé dans cette vie limitée, dans ce temps qui nous fuit, dans cette chair impérieuse et débile, n’a pas cessé de travail
532 essé de travailler les âmes depuis vingt siècles. Nos « erreurs » font partie de la Quête, en ce sens qu’elles procèdent de
533 e d’une inconsciente nostalgie. Et c’est pourquoi notre Psyché occidentale, ayant subi durant des siècles les atteintes toujo
534 active qu’on ne le pensait naguère dans l’âme de nos contemporains même incroyants, et ne cesse de s’étendre à des régions
535 ne cesse de s’étendre à des régions nouvelles de notre existence profane. 9. Cf. L’Amour et l’Occident , 1939. Une versi
18 1955, Preuves, articles (1951–1968). L’aventure occidentale de l’homme : L’exploration de la matière (août 1955)
536 e, les chroniques de l’époque et les textes votés nous permettent de nous faire une image vivante de ces assises du christia
537 e l’époque et les textes votés nous permettent de nous faire une image vivante de ces assises du christianisme grec : les gr
538 dans laquelle fut nouée la notion dont descendent nos conceptions de l’homme. En apparence, il ne s’agit, lors de Nicée, qu
539 avoir de quelle manière la science, agissant dans nos vies, procède des options de Nicée. Le rapport est-il positif, dialec
540 tension, ou mieux par tensions, qui sera jusqu’à nous la marque et le ressort de l’esprit de recherche occidental, en contr
541 de la chair, — c’est-à-dire aux futurs objets de nos sciences physiques et naturelles — une dignité et une réalité que l’O
542 lité que l’Orient leur dénie par principe. Enfin, nous avons vu que la foi met un terme à la magie, aux mythes, aux religion
543 mées et formulées par la théologie d’où procèdent nos philosophies, elles ont déterminé dans une large mesure la problémati
544 terminé dans une large mesure la problématique de nos sciences.   a) La pensée par tensions. — Le dogme du Dieu-homme fut
545 exige, dès qu’on l’admet, une réforme profonde de nos catégories intellectuelles. Si Jésus-Christ est à la fois « vrai Dieu
546 egrés, de proche en proche, sur tous les plans de notre pensée occidentale, le « scandale » des réalités contradictoires s’es
547 res couples d’opposés qui se sont multipliés dans notre histoire ? La plupart mettent en jeu des réalités purement humaines,
548 pe de pensée se manifeste aux étapes décisives de notre science. Certes, on ne peut dire que le modèle théologique ait précéd
549 tenants de Pythagore remonte au ve siècle avant notre ère. Mais entre Parménide et Pythagore, c’est-à-dire entre l’un et le
550 ompatibles. La passion de la synthèse, ressort de nos recherches et de tout l’effort scientifique, naît et renaît sans fin
551 el, dont procèdent Marx et ses disciples, jusqu’à nous , la doctrine trinitaire n’a cessé de propager dans les domaines de pl
552 hé de son objet primitif, est devenu une forme de notre esprit21.   b) La valorisation du monde manifesté. — Par son paradox
553 nir. Comment nier la réalité de la matière et de notre chair, quand Dieu lui-même a choisi de se manifester en elle ? Il est
554 interdirait de comprendre le motif primordial de notre science occidentale, et la raison pourquoi Descartes estime qu’un ath
555 nt par la Résurrection. Dès lors le témoignage de nos sens n’est pas vain : il est certes affecté d’erreur par le péché, ma
556 tour les rêveries de la raison ; la parenté entre notre œil et la lumière, quoique mystérieuse, n’est plus illusion ; et le c
557 cohérence, d’ordre et de sens, mais il attend de nous , dans une profonde complicité de l’espérance, d’être à son tour inter
558 créé par Dieu. Là, toute chose, belle ou laide à notre idée, implique une intention, trahit un sens, est intéressante et val
559 nce fondamentale qui sépare la science grecque de notre science moderne, laquelle ne pouvait naître, selon lui, que dans un m
560 opédistes elle se déclare, et jusqu’aux débuts de notre siècle, la majorité des savants tiendra pour l’attitude matérialiste
561 entre les mythes de l’âme et les cosmogonies que nous croyons « observer » ou calculer… Nous verrons tout à l’heure que cel
562 gonies que nous croyons « observer » ou calculer… Nous verrons tout à l’heure que cela n’affecte en rien la dialectique tran
563 ont le secret semble perdu, ou comme certaines de nos propres coutumes, à notre insu, remontent au temps de l’animisme. En
564 du, ou comme certaines de nos propres coutumes, à notre insu, remontent au temps de l’animisme. En revanche, les spiritualist
565 dentale, dont la science est la pointe extrême en notre siècle, notre image du monde s’évanouit. Elle échappe à notre raison,
566 la science est la pointe extrême en notre siècle, notre image du monde s’évanouit. Elle échappe à notre raison, comme elle av
567 , notre image du monde s’évanouit. Elle échappe à notre raison, comme elle avait déjà échappé à nos sens. Dépassée la matière
568 e à notre raison, comme elle avait déjà échappé à nos sens. Dépassée la matière, qui était pourtant devenue l’objet princip
569 pourtant devenue l’objet principal de la science, nous butons contre le mystère que cette science avait cru pouvoir éliminer
570 le, qu’y a-t-il ? Cette question n’a pas de sens, nous dit-on. Dans l’Univers d’Einstein (illimité-fini), vous iriez aussi l
571 her, ni moi-même, de me la poser. C’est ainsi que notre esprit sans relâche vient buter contre la transcendance. Si le matéri
572 ranscendance. Si le matérialisme immatérialisé de notre période einsteinienne revient à constater que la Maya est tout, et qu
573 , n’auront jamais raison de cette Question : elle nous juge et pose nos limites, qui sont celles du savoir humain, mais elle
574 raison de cette Question : elle nous juge et pose nos limites, qui sont celles du savoir humain, mais elle pose en même tem
575 mé sur soi. Cette « voie négative » de la science nous conduit à l’inconnaissable. C’est le nom de l’absence de Dieu pour l’
576 nnent peut-être qu’à l’insuffisance provisoire de nos mesures : ainsi le fait que l’âge de la Terre et du Soleil (3-4 milli
577 s sommairement : la doctrine trinitaire fournit à notre esprit le moyen de penser la synthèse dont la christologie éveille l’
19 1955, Preuves, articles (1951–1968). L’aventure technique (octobre 1955)
578 tique par Lindbergh avait exalté l’Occident. Elle nous apportait un héros, sur une machine encore insuffisante : d’où la glo
579 tout leur régime social. Mais on ne voit pas que nos conquêtes techniques aient bouleversé aussi radicalement notre habita
580 es techniques aient bouleversé aussi radicalement notre habitat, nos mœurs, et la continuité de nos caractères nationaux. La
581 ient bouleversé aussi radicalement notre habitat, nos mœurs, et la continuité de nos caractères nationaux. La question qui
582 ent notre habitat, nos mœurs, et la continuité de nos caractères nationaux. La question qui se pose est alors de savoir si
583 emarque générale s’impose : quoique unanime parmi nos sages et leur public, cette réaction reste impuissante. Elle a parfoi
584 r des recherches techniques. « L’envahissement de nos vies par les machines » est freiné par le prix des appareils, non par
585 enir cette « crise », qui est le thème préféré de nos meilleurs esprits. Et pourtant, bien qu’elle reste impuissante, et bi
586 et de la Bombe n’en est pas moins révélatrice de notre condition occidentale. Il s’agit, une fois de plus, de savoir si elle
587 olomb. L’architecture hindoue ne le cède pas à la nôtre . Les industries artisanales du textile, du papier et de l’imprimerie,
588 papier et de l’imprimerie, d’abord en retard chez nous jusqu’à la Renaissance, ne dépassent guère celles de l’Asie jusqu’à l
589 siècle : le type d’homme qui précisément rédigea nos manuels scolaires, et qui n’a jamais rien inventé32. Finalement, de N
590 Spengler, en passant par Scheler et Schubert, on nous a représenté une espèce d’homme de proie qui se jette sur la Nature p
591 é. L’homme primitif — qui vit encore en chacun de nous — a-t-il vraiment rêvé de dominer la Nature ? Il est baigné par elle
592 rtes, elle l’obligera à peiner très durement dans nos climats occidentaux, pour se nourrir, se protéger du froid, des inond
593 ut en leur obéissant. D’où « l’inadaptation » que notre esprit rationnel croit découvrir dans ce qu’il prend par erreur pour
594 réel de l’énorme majorité des inventions, jusqu’à notre ère. L’homme crée des outils parce qu’il joue avec les démons cachés
595 des inventions non faites, ou non « utilisées » à notre idée, conduirait aux mêmes conclusions. Pourquoi les Mayas ne laboura
596 Histoire Redescendons maintenant au présent de notre siècle. Toute magie expulsée de la Nature, la technique est en train
597 beaucoup d’insectes sont vaincus.) D’autre part, nous nous découvrons les tout premiers contemporains de la machine. Invent
598 coup d’insectes sont vaincus.) D’autre part, nous nous découvrons les tout premiers contemporains de la machine. Inventée pa
599 remière Guerre mondiale. Une proportion infime de nos populations eut l’occasion, durant ce laps de temps, d’emprunter le c
600 oute transporté moins de voyageurs que ne le font nos avions en une année. L’auto, le tank, l’avion et le métro, les machin
601 éléphone et la radio, n’ont fait leur entrée dans nos vies que pendant le premier tiers de ce siècle. Tels sont bien les fa
602 dons inouïs de la technique. Et certains comblent nos désirs secrets, mais beaucoup ne répondent à rien : la technique qui
603 D’où vient donc la technique, si ce n’est pas de nos besoins matériels et utilitaires, qui n’entrent en jeu qu’après coup 
604 se d’unique s’est produit en Europe aux débuts de notre ère technique : la rencontre de la science, enfin constituée sur des
605 utre visée que celle qui orientait leurs travaux. Nous savons aujourd’hui que le rêve des alchimistes n’était pas de faire d
606 rennent du « progrès technique » une vue lugubre. Nous avons assisté, depuis cinquante ans, au développement d’une attitude
607 lacable Technique, personnifiée et mythifiée, qui nous domine et nous « déshumanise ». Cette projection du Mal sur la machin
608 ue, personnifiée et mythifiée, qui nous domine et nous « déshumanise ». Cette projection du Mal sur la machine trahit un flé
609 e « fatalité ». Les machines sont plus fortes que nous , c’est entendu (le marteau est plus dur que la main, les murs de la m
610 a main, les murs de la maison plus résistants que nos corps). Mais si vous ne priez plus, ce n’est tout de même pas leur fa
611 divin dans l’homme, très mauvais s’il procède de notre orgueil. Le mal n’est pas dans les choses, mais dans l’homme. Il est
612 dans les choses, mais dans l’homme. Il est lié à notre liberté. Il tient à notre condition, comme l’avers tient à l’envers.
613 s l’homme. Il est lié à notre liberté. Il tient à notre condition, comme l’avers tient à l’envers. Il est dans notre esprit,
614 tion, comme l’avers tient à l’envers. Il est dans notre esprit, n’existe pas ailleurs, et c’est en nous qu’il faut le combatt
615 notre esprit, n’existe pas ailleurs, et c’est en nous qu’il faut le combattre. Comment imaginer, dès lors, que la technique
616 une existence indépendante ? Son mal provient de notre faute, et son bien fait partie de l’effort vers le salut. Cessons don
617 salut. Cessons donc de projeter le mal qui est en nous sur les choses, machines ou Nature, douées d’intentions autonomes : c
618 s autonomes : cette démarche magique ne doit plus nous tromper. Les penseurs d’aujourd’hui qui adoptent cependant à l’égard
619 r. Elle se tiendra coite dans sa caisse. Qu’on ne nous raconte donc pas d’histoires. Ce qu’il nous faut, c’est un contrôle d
620 on ne nous raconte donc pas d’histoires. Ce qu’il nous faut, c’est un contrôle de l’homme. » ( Lettres sur la bombe atomique
621 oi. Erreur sur la standardisation du travail. On nous répète à droite autant qu’à gauche que le travail à la chaîne déshuma
622 he que le travail à la chaîne déshumanise, et que nous vivons dans le monde sans âme de l’uniformité et de la série. Il faut
623 les villes accablées par l’été : l’avion bombarde nos cités. Les découvertes géniales d’Einstein aboutissent à la Bombe ato
624 par la bouche d’un poète de l’époque : L’air de nos ateliers nous ronge les poumons, Et nous mourons les yeux tournés ver
625 e d’un poète de l’époque : L’air de nos ateliers nous ronge les poumons, Et nous mourons les yeux tournés vers les campagne
626 L’air de nos ateliers nous ronge les poumons, Et nous mourons les yeux tournés vers les campagnes39. Aujourd’hui, le progr
627 evaux au moyen d’un licol rigide). Ce ne sont pas nos protestations contre le travail à la chaîne qui libéreront le proléta
628 décisions.) L’évolution vers des sociétés closes nous semble d’autant plus fatale qu’elle se passe sous nos yeux, depuis pr
629 semble d’autant plus fatale qu’elle se passe sous nos yeux, depuis près d’un demi-siècle. On vient de voir comment la techn
630 u’au point où plus rien d’avouable ne pourra plus nous empêcher de réaliser enfin ses bénéfices humains. Les loisirs. Cette
631 iveau de vie moyen en Europe est passé de 1 à 15, nous dit-on, de 1800 à 1950. (On précise qu’il est dix fois plus élevé en
632 iplie. (Que signifie le mot vivre si l’on dit que nous vivons dix ou quinze fois mieux que nos ancêtres ?) Mais voici qui pr
633 dit que nous vivons dix ou quinze fois mieux que nos ancêtres ?) Mais voici qui présente un sens très net : de 1890 à 1954
634 l’inverse comme auparavant. Ces moyens à trouver, nous en tenons les principes : énergie nucléaire, chlorella, photosynthèse
635 chelle mondiale. D’ici vingt ou trente ans, selon nos meilleurs experts, il suffira d’un tiers de la population — fortement
636 vaillant quatre heures par semaine, pour que tous nos besoins « matériels » soient satisfaits (et bien mieux qu’aujourd’hui
637 ns l’œuf. Mais l’œuf est là, portant son germe et notre avenir, cet avenir qu’il nous faut accepter de dévisager hardiment.
638 rtant son germe et notre avenir, cet avenir qu’il nous faut accepter de dévisager hardiment. Le sérieux de la vie On d
639 de les refouler parce qu’ils donnent le vertige. Nous sommes au seuil des temps où la culture va devenir le sérieux de la v
640 i, c’était le travail qui occupait l’essentiel de nos jours, et dont dépendait notre sort : salaire, nourriture et logement
641 upait l’essentiel de nos jours, et dont dépendait notre sort : salaire, nourriture et logement. Si la technique, demain — com
642 mps vide » du loisir41 deviendra le vrai temps de nos existences quotidiennes. La question « Que faire de ma vie ? » ne ser
643 as peindre ici quelque utopie qui pourrait amuser nos descendants. Tout peut changer radicalement et d’ici peu, bien moins
644 is oubliés, ou ne saurais prévoir, qu’en vertu de nos libres décisions. (Ce n’est pas l’invention de la roue qui compte en
645 e un saut sans précédent, créant une situation où nos vrais vœux, nos vraies orientations, nos vraies options se manifester
646 récédent, créant une situation où nos vrais vœux, nos vraies orientations, nos vraies options se manifesteront d’une manièr
647 ation où nos vrais vœux, nos vraies orientations, nos vraies options se manifesteront d’une manière transparente et seront
648 s orientations que l’on peut essayer d’induire de notre état d’esprit actuel. Libéré du labeur matériel, l’Occidental se tour
649 x et l’érotisme. L’expérience des vacances payées nous l’a fait voir à une échelle réduite, mais dans un temps trop court po
650 ingue la suite. Une expérience un peu plus longue nous est donnée par les populations du cercle arctique (Suède et Norvège),
651 isent ; toute la peinture mondiale peut venir sur nos murs sous forme de reproductions « à s’y méprendre » ; toute la musiq
652 roductions « à s’y méprendre » ; toute la musique nous vient à domicile par la radio et par le disque ; des conférences, cau
653 bliques se tiennent par dizaines de milliers dans nos pays démocratiques ; et l’instruction publique est heureusement doubl
654 techniques, politique, religions. C’est dire que nous multiplions déjà — comme en vue de lendemains qui auront le temps de
655 ps de chanter — les occasions de mieux comprendre nos vies comme aussi de mieux comprendre les chefs-d’œuvre… Quant à la qu
656 le meilleur et pour le pire. C’est dire que tout nous mène vers une ère religieuse. Car la culture n’est en fin de compte q
657 un prisme diffracteur du sentiment religieux dans nos activités dites créatrices, des mathématiques pures à la poterie, et
658 que la technique, pratiquement, comme la science, nous ramènera demain aux options religieuses. Et je n’imagine pas de drogu
659 ple —, puisque c’est la technique précisément qui nous permet ce retour en créant du loisir. Et quant à la mystique, elle su
660 ssance des dogmes et des options fondamentales de nos religions sera demain la première condition des hérésies et gnoses qu
661 a passion pour l’occulte ne cesse de grandir dans nos villes, occupant rapidement le vide de l’âme créé par le matérialisme
662 tidiens. La preuve qu’il n’en est rien, c’est que nos plus grands mystiques ont vécu dans les pires conditions matérielles.
663 rien pu contre lui. Je dis seulement qu’elle peut nous jeter dans une époque où les questions religieuses deviendront plus s
664 entera un progrès ou un risque nouveau, voilà qui nous conduit à reconsidérer le sens et la nature finale du Progrès. Celui-
665 s qui ont produit les grandes inventions, jusqu’à nos jours, prouve que l’appât du gain ou du confort n’est presque jamais
666 e sont pur jeu. Ils sont pourtant les ancêtres de nos robots d’usine, indispensables pour manipuler les substances radioact
667 isme fut décisif en ce qui concerne la plupart de nos progrès techniques. Notons qu’en retour, les deux grands mystiques de
668 in. Cette hiérarchie des valeurs a dominé jusqu’à nos jours. Elle explique en partie la résistance des syndicats aux techni
669 gieuses n’aura été qu’un phénomène transitoire de notre civilisation occidentale. L’intelligentsia berlinoise, puis new-yorka
670 é dès 1919, et n’a pas cessé de s’amplifier. 43. Nos sectes orientalistes font parfois penser à quelqu’un qui inventerait
20 1956, Preuves, articles (1951–1968). Les joyeux butors du Kremlin (août 1956)
671 peut qu’il n’y ait là qu’une illusion d’optique. Notre idée préformée d’évolution — aspect mental de l’inertie — nous incite
672 formée d’évolution — aspect mental de l’inertie — nous incite à combler les lacunes, à déplacer un peu les points remarquabl
673 s pour qu’ils s’alignent plus régulièrement. Elle nous incite surtout à ne pas tenir compte d’une série de faits moins frapp
674 ais l’illusion d’un retour à la démocratie comble nos vœux, tout concourt à l’accréditer : qu’il s’agisse du besoin d’avoir
675 tous les PC (obéissant spontanément à ses ordres) nous rebattent les oreilles, il suffit de poser deux questions : ce culte
676 me si rien d’insolite ne venait de se passer sous nos yeux. Quand les complices d’un chef de bande, liquidant sa mémoire no
677 té phénoménale du procédé n’a guère été notée par notre opinion libre, tandis que les « progressistes » la portaient au crédi
678 nocents — ceux qu’ils durent condamner sur ordre, nous disent-ils — ne serait-ce pas un beau geste « dialectique » ? Ne sera
679 sociale, on l’entend, la seule qui non seulement nous donne le droit de juger, mais nous en fasse un impérieux devoir civiq
680 non seulement nous donne le droit de juger, mais nous en fasse un impérieux devoir civique. Le procédé de K., s’il demeure
681 , je laisse les faits.) Ce que prétendent laisser nos libéraux jobards et nos soi-disant neutralistes, c’est la condition m
682 Ce que prétendent laisser nos libéraux jobards et nos soi-disant neutralistes, c’est la condition même de ce qu’ils entende
683 me des critères sélectifs qui valent à plein pour nos régimes démocratiques, mais sont exclus par le principe actif du comm
684 concret de l’attitude anticommuniste. Que disions- nous , en somme, depuis quelque dix ans ? Nous affirmions, en nous fondant
685 disions-nous, en somme, depuis quelque dix ans ? Nous affirmions, en nous fondant sur l’examen critique des faits connus de
686 mme, depuis quelque dix ans ? Nous affirmions, en nous fondant sur l’examen critique des faits connus de tous : 1. que Stali
687 d’espions au service du capitalisme, soit (comme nous le pensions, et K. le confirme) par une minorité de scélérats, Stalin
688 nne ; et que les conflits du travail, réglés chez nous par conventions bilatérales, étaient réglés à l’Est par les canons de
689 justifiaient tout cela par le Diamat. Parce que nous disions cela, les communistes nous accusaient de « mépriser l’homme »
690 at. Parce que nous disions cela, les communistes nous accusaient de « mépriser l’homme », de vouloir l’injustice sociale, d
691 anti-anticommunistes et les pro-parti communiste) nous resservir les mêmes insultes, sous l’emballage peu trompeur de formul
692 n ni personne ne les obligeait, eux, à croire que nos dénonciations du communisme — stalinien durant toute cette période —
693 rte que toutes les justifications qu’en donnaient nos intellectuels, acrobates de la dialectique, se trouvent balayées d’un
694 p, ridiculisées sans espoir, et ramenées à ce que nous disions qu’elles étaient en réalité : de pures et simples mystificati
695 e de l’Est.   Que vont dire, dans ces conditions, nos AAC ? Et que vont faire nos PPC ? Proclamer que nous avions raison ?
696 dans ces conditions, nos AAC ? Et que vont faire nos PPC ? Proclamer que nous avions raison ? S’excuser de leurs calomnies
697 s AAC ? Et que vont faire nos PPC ? Proclamer que nous avions raison ? S’excuser de leurs calomnies ? Se frapper la poitrine
698 l’antistalinisme soumet les idéologues de ce que nous pourrions appeler l’anticommunisme vulgaire à une épreuve bien dure. 
699 yés par Staline, qui fut pendant tout le temps de notre débat l’incarnation incontestée du communisme, n’étaient pas ceux de
700 fin que Staline alléguait, ni dans le fait (comme nous le disions alors) ni même dans l’intention (comme K. l’affirme) ; ils
701 la s’est vu. Leurs mandarins disaient : « Taisons- nous sur les camps : nous ferions le jeu de l’Amérique capitaliste. » C’ét
702 ndarins disaient : « Taisons-nous sur les camps : nous ferions le jeu de l’Amérique capitaliste. » C’était faire simplement
703 maintenant le Kremlin annonce qu’il les supprime, nous avions donc doublement tort : de les dire bien réels, puisqu’on va le
704 ient en URSS…) Lorsqu’eut lieu le procès de Rajk, nous ne disions pas que cet homme était un innocent : il avait les mains r
705 t les mains rouges d’un agent de la Terreur. Mais nous disions que les chefs d’accusation produits par la « justice » au nom
706 es deux cas ? De quoi donc devrait-il s’excuser ? Nos censeurs de l’anticommunisme n’ont pas tous atteint ce degré de puret
707 t de l’Histoire, espiègle pour une fois, veut que nos deux grands PC soient contraints d’illustrer chacun l’une de ces deux
708 ypothèses. Togliatti décide d’obéir et, pour bien nous montrer qu’il a compris les ordres, risque une critique prudente d’un
709 ors du Kremlin : « Désormais, chaque PC volera de nos propres ailes » ? Non, car l’ordre voulait qu’on se déclare autonome
710 ’est déjà pas facile… Mais une fable simplette va nous y aider peut-être. Soit un chef absolu qui ordonne à ses sujets de se
711 t « faux » parce que cela desservait le Parti. K. nous dit aujourd’hui que le despote était fou. Il dit vrai (selon l’observ
712 vérité qu’ils disent maintenant par ordre, et que nous disions par conviction, c’est la même et ce n’est pas la même. Ils la
713 n’a pas d’importance politique. Il est vrai, mais nous sommes dans une ère scientifique. Ou, plus exactement, technique. Le
714 éhensible et rétrograde, mais inapte à durer dans notre âge. L’infaillibilité du Parti de Lénine. — Elle résultait de la tri
715 t en question. En effet, regretter, comme le font nos PC, que la presse bourgeoise ait seule publié le Rapport, c’est dire,
716 ine est-elle possible ? — Répudier, comme le font nos PC, les « actes d’arbitraire reprochés à Staline », ce n’est pas enco
717 contre des intérêts prolétariens. Mais il omet de nous dire au nom de quelle classe (ou de quelle puissance en tenant lieu)
718 libre y succombe. À de libres échanges, qu’avons- nous à gagner ? Peu de choses sur le plan des idées, vraiment rien regarda
719 iment rien regardant les méthodes spirituelles56. Nous pouvons apporter aux Soviétiques le sens du doute, sans lequel il n’e
720 ans lequel il n’est point de foi digne de ce nom. Nous pouvons les convaincre aussi que l’amour de la liberté n’est pas un c
721 on croit. J’en conclus qu’il faut faire l’Europe. Nous rendre assez forts pour donner, pour mieux vivre et pour rayonner. Qu
722 Que cela soit attendu par les meilleurs à l’Est, nous le savons désormais, voilà qui oblige. On nous met au défi de donner
723 t, nous le savons désormais, voilà qui oblige. On nous met au défi de donner un peu plus que nous ne possédons ? Il nous fau
724 ge. On nous met au défi de donner un peu plus que nous ne possédons ? Il nous faudra donc le créer. 44. Comme le veut J.-
725 de donner un peu plus que nous ne possédons ? Il nous faudra donc le créer. 44. Comme le veut J.-P. Sartre, Les Temps mo
726 la direction collégiale grandit pas à pas. Prenez notre Comité central et notre Commission de contrôle. Ils forment ensemble
727 grandit pas à pas. Prenez notre Comité central et notre Commission de contrôle. Ils forment ensemble un centre dirigeant. C’e
728 plus démocratiques et agissant collégialement que notre Parti ait jamais eus… » Discours de Staline au XVe Congrès du Parti,
21 1956, Preuves, articles (1951–1968). Sur Suez et ses environs historiques (octobre 1956)
729 s vous mêlez de nouveau de mes affaires privées ! Nous irons dénoncer devant l’ONU cette abominable pression ! B. Comment vo
730 pour travailler au canal. « Suez est le centre de notre vie de travail. Là, nous ferons l’acte que le monde attend pour confe
731 « Suez est le centre de notre vie de travail. Là, nous ferons l’acte que le monde attend pour confesser que nous sommes mâle
732 ons l’acte que le monde attend pour confesser que nous sommes mâles », écrit le Père Enfantin, au moment où il débarque avec
733 e fit l’Europe de la Renaissance ? Quelles seront nos grandes découvertes ? La réponse ne fait pas de doute : notre « Améri
734 s découvertes ? La réponse ne fait pas de doute : notre « Amérique » sera cette fois-ci le Nouveau Monde de l’énergie nucléai
22 1956, Preuves, articles (1951–1968). Sur l’Europe à faire (novembre 1956)
735 pas du tout ? B. Hannibal est aux portes, l’union nous sauverait tous, et vous demandez une bonne définition ! Je vous vois
736 s de quelle Europe vous parlez. B. De celle qu’il nous faut faire, ne fût-ce que pour sauver l’objet de notre dialogue — et
737 faut faire, ne fût-ce que pour sauver l’objet de notre dialogue — et tout dialogue, peut-être. De celle où vous êtes né comm
738 aissez-moi ricaner, monsieur ! Votre Europe, elle nous laisse tomber ! B. Comment l’aurait-elle pu si elle n’était pas née ?
739 riez tort de vous plaindre. C et D. N’empêche que nous sommes seuls à relever un défi qui s’adresse à tout l’Occident. B. Vo
740 tous les autres ! Il fallait bien, Monsieur, que nous allassions les consulter. B. Votre belle souveraineté, qui a su refus
741 tellectuels communistes. Mais de quoi veut-on que nous nous libérions ? Jamais je ne me suis senti si libre ! » Ainsi parle
742 ctuels communistes. Mais de quoi veut-on que nous nous libérions ? Jamais je ne me suis senti si libre ! » Ainsi parle Jolio
743 le masochisme, maladie spécifique des élites dans nos démocraties occidentales. Quant à moi, je me promène sur la place Sai
23 1956, Preuves, articles (1951–1968). Sur le rêve des sciences (décembre 1956)
744 e satisfaire les viles passions qui caractérisent notre race. Les entreprises colonialistes de Colomb, animées par l’esprit d
745 ltures des Indiens, des Aztèques et des Incas, et nos deux-cents familles ont reçu leur lot d’esclaves pour avoir financé c
746 s monarchies populaires. Mais voici que Madariaga nous met en mesure de découvrir Colomb58. Lisez-le : Vous verrez que nos a
747 de découvrir Colomb58. Lisez-le : Vous verrez que nos amers masochistes, calomniant à longueur de journée l’Occident (qui s
748 rêvait d’un Grand Khan adversaire de l’islam, et nous avons M. Dulles. Il comptait rapporter la subvention spéciale qui eût
749 catholiques de lancer la dernière Croisade, mais nous avons le dollar gap et le Conseil de Sécurité. Il partit comme Abraha
750 t dans ses calculs de la largeur d’un océan, mais nos moralistes le condamnent pour avoir voulu consciemment servir les des
751 quels motifs bien précis, bassement utilitaires, nos descendants nous attribueront-ils ? Tout dépend de ce que nous trouve
752 en précis, bassement utilitaires, nos descendants nous attribueront-ils ? Tout dépend de ce que nous trouverons sur notre ro
753 nts nous attribueront-ils ? Tout dépend de ce que nous trouverons sur notre route : on dira que nous étions partis à cause d
754 t-ils ? Tout dépend de ce que nous trouverons sur notre route : on dira que nous étions partis à cause de cela ! Nos descenda
755 que nous trouverons sur notre route : on dira que nous étions partis à cause de cela ! Nos descendants seront dans l’erreur,
756 on dira que nous étions partis à cause de cela ! Nos descendants seront dans l’erreur, cette petite note en soit témoin :
757 te note en soit témoin : à la date où je l’écris, nous ne savons rien de ce qui peut nous attendre ou non sur d’autres astre
758 où je l’écris, nous ne savons rien de ce qui peut nous attendre ou non sur d’autres astres. Nous avons simplement envie d’al
759 ui peut nous attendre ou non sur d’autres astres. Nous avons simplement envie d’aller voir je ne sais quoi, — d’aller voir.
760 voir je ne sais quoi, — d’aller voir. Au-delà de nos vieilles rages politiques. Sur la pluralité des satellites Il n
761 plus qu’un souvenir. L’action fille du rêve Nos rêves ne précèdent pas seulement nos actions et nos découvertes, mais
762 e du rêve Nos rêves ne précèdent pas seulement nos actions et nos découvertes, mais les recherches qu’elles supposent, e
763 s rêves ne précèdent pas seulement nos actions et nos découvertes, mais les recherches qu’elles supposent, et qu’ils orient
764 sent, et qu’ils orientent. Les archétypes du rêve nous préparent aux surprises qui viennent un jour récompenser le délire co
765 suite. Elle viendra. Car, en effet, la plupart de nos rêves millénaires sont déjà des réalités : parler au loin, voler dans
766 r d’esclaves mécaniques, lire les pensées… Demain nous irons dans la Lune, après-demain nous rajeunirons, et l’immortalité n
767 ées… Demain nous irons dans la Lune, après-demain nous rajeunirons, et l’immortalité n’est plus une utopie : on l’obtient in
768 pour la matière formée d’atomes, finalement pour notre cosmos ? On voit le danger : le jour où notre monde touchera son refl
769 our notre cosmos ? On voit le danger : le jour où notre monde touchera son reflet, l’antimonde, un court-circuit définitif ef
770 propos justement de la Fin du Monde. En fait, on nous assure59 que cela se passe bien ainsi, à chaque instant depuis que le
771 ombre, d’écho, et d’âme. Et chacun dans sa langue nous enseigne que voir son Double, c’est mourir. Je n’en dirai pas plus a
772 lus aujourd’hui, laissez-moi réfléchir un peu… Nos problèmes d’aujourd’hui, de classes Ceci tout de même, au lieu d’u
773 le résultat du marxisme, comme l’imaginent encore nos derniers mandarins, mais simplement le résultat de l’automation. L’in
774 sur ses frontières, comme l’imaginent encore tous nos politiciens et plusieurs généraux en retraite, mais bien dans les lab
775 vrai problème nouveau sera de répondre au défi de nos grands rêves réalisés, — au défi de l’invasion des loisirs, par exemp
776 e, laissés en friche et libérés par la technique… Nous sortirons enfin des « temps modernes », c’est-à-dire du xixe siècle
24 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur la honte et l’espoir de l’Europe (janvier 1957)
777 obre 1956, à Ferney Nouvelles de Budapest : on nous répète sans fin que la révolte est écrasée. Honte à nous tous Europée
778 pète sans fin que la révolte est écrasée. Honte à nous tous Européens ! Et pas seulement à ceux qui se trompaient et voulaie
779 à ceux qui se trompaient et voulaient à tout prix nous tromper depuis dix ans : il fallait « essayer de comprendre le désir
780 rien faire, trop de reculs pour mieux sauter, et nous voilà… Mais en même temps quel soulèvement d’espoir, au-delà de nous-
781 soulèvement d’espoir, au-delà de nous-mêmes et de nos fautes ! S’ils mentent encore — et pourquoi cesseraient-ils ? — la ré
782 lent. Toutes les dictatures finissent mal. Avions- nous vraiment oublié cette leçon simple de l’Histoire, trop claire sans do
783 res et quart, transmettait le dernier message : «  Nous mourons pour la liberté, pour la Hongrie et pour l’Europe. » Cette Eu
784 is un autre sur l’entrée d’Hitler à Paris. Hitler nous menaçait à bout portant. Quinze jours de prison militaire m’avaient a
785 ndre à leur appel ? Savoir ce qu’il faut dire est notre action. J’écrivais hier : Jurons de faire l’Europe. C’est la seule ré
786 tions humaines élémentaires, contre ceux qui chez nous , librement, approuvent le crime de Budapest, et contre les complices
787 arquer, sans autre commentaire, la solidarité qui nous contraint à rompre avec ceux qui les tuent.) Mardi 6 novembre 1956
788 intellectuels. Déjà pourtant, certains prétendent nous dénier le droit de protester. Ayant toujours approuvé l’URSS, disent-
789 l’URSS, disent-ils, c’est leur affaire et non la nôtre de la désapprouver si elle va trop loin. Leur silence à propos de Ber
790 t leur Octobre à eux). Il semble que la honte que nous éprouvions tous ait empêché toute description du phénomène. Ce qui vi
791 ever lentement, mesurer le péril à la grandeur de notre humiliation, et peut-être saisir une arme : l’unité. Dimanche 11 n
792 combattre… Liberté, que ton regard s’abaisse sur nous , Reconnais-nous ! Reconnais ton peuple ! Alors que d’autres n’osent m
793 rté, que ton regard s’abaisse sur nous, Reconnais- nous  ! Reconnais ton peuple ! Alors que d’autres n’osent même pas verser d
794 s que d’autres n’osent même pas verser des larmes Nous les Magyars, nous versons notre sang. Te faut-il encore plus, ô Liber
795 sent même pas verser des larmes Nous les Magyars, nous versons notre sang. Te faut-il encore plus, ô Liberté, Pour que ta gr
796 verser des larmes Nous les Magyars, nous versons notre sang. Te faut-il encore plus, ô Liberté, Pour que ta grâce daigne sur
797 ore plus, ô Liberté, Pour que ta grâce daigne sur nous descendre ? Poème de Petőfi, 1848, intitulé Silence de l’Europe.
798 sez ! » — dernier Message des écrivains hongrois. Nous avons essayé d’agir auprès de l’ONU, auprès de Nehru, auprès de l’opi
799 embre 1956 C’est la Hongrie qui fera l’Europe. Nos chefs politiques ne feront rien. Le sacrifice de la Hongrie est sans
800 ice de la Hongrie est sans mesure : elle a gagné. Nos gouvernants calculent et perdent à tout coup. Que l’énergie magyare p
801 ent à tout coup. Que l’énergie magyare passe dans notre sang ! J’ai vu se lever, depuis quelques semaines, une génération qui
25 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur Voltaire (février 1957)
802 e vieillard polisson qui le rendent présent parmi nous . Plutôt ces inscriptions, que je copie sur le socle : Face nord : Au
803 ropriétaires par un système que l’on nommerait de nos jours location-vente. « Il commande des maisons à son maçon comme d’a
804 avec joie permettent de supprimer les douanes de notre zone : ah ! que ne pouvait un seul individu, dans ces temps que l’on
805 pouvait un seul individu, dans ces temps que l’on nous a décrits comme adversaires des libertés réelles ! Enfin, Voltaire li
806 rches », entre Alpes et jura, entre le xviiie et notre siècle, entre ces jardins de Candide et cette Bourse des valeurs de t
807 sens de l’Histoire.) Mais en bonne foi, parce que notre religion est divine (lisez parce que notre Parti est socialiste), doi
808 ce que notre religion est divine (lisez parce que notre Parti est socialiste), doit-elle régner par la haine, par les fureurs
809 vérité. 60. On sait assez que les jésuites, de nos jours, ont brillé plus d’une fois au premier rang de la pensée libre 
26 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur la neutralité européenne (mars 1957)
810 ralité européenne. Il y a d’abord le sentiment de notre impuissance, né de la crise de Suez et des votes à l’ONU. La conjonct
811 elle ait été, et comme accidentelle, a suffi pour nous faire entrevoir un péril jusqu’alors inconcevable : celui d’une paix
812 alors inconcevable : celui d’une paix conclue sur notre dos, au prix de nos libertés, de notre indépendance et de notre rôle
813 elui d’une paix conclue sur notre dos, au prix de nos libertés, de notre indépendance et de notre rôle dans l’histoire. L’i
814 onclue sur notre dos, au prix de nos libertés, de notre indépendance et de notre rôle dans l’histoire. L’idée de neutralité r
815 prix de nos libertés, de notre indépendance et de notre rôle dans l’histoire. L’idée de neutralité résulte ici de la conscien
816 dée de neutralité résulte ici de la conscience de notre faiblesse, du désir de rester nous-mêmes, et d’un obscur besoin de re
817 mêmes, et d’un obscur besoin de revanche : — Vous nous avez laissés tomber ? Bien. Faites sans nous !… Il y a la crise du ne
818 Vous nous avez laissés tomber ? Bien. Faites sans nous  !… Il y a la crise du neutralisme, provoquée par le drame de Budapest
819 regarde comme ayant perdu la partie. » Voilà donc nos deux grands neutralisés, tous deux perdants, faute de pouvoir jouer62
820 révolte grondant chez les pions et chez les fous. Nous ne voulons plus servir au jeu des Grands, disent-ils, ils sont capabl
821 jeu des Grands, disent-ils, ils sont capables de nous laisser prendre par simple peur de s’affronter. Il faudra réfléchir,
822 d’une partie d’échecs à trois rois. C’est à quoi nous contraint le problème d’une neutralité de l’Europe. 61. Cité par H
27 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur la neutralité européenne (II) (avril 1957)
823 sses) sont réalisés en Europe, pour l’ensemble de nos nations soi-disant souveraines, et fragilement alliées plutôt qu’unie
824 ffet à sacrifier l’union, que cent autres raisons nous imposent comme la seule solution viable. « Je n’ai jamais trouvé qu’i
825 l’on sait que les bombes H coûtent plus cher que nos divisions réunies — mais alors c’en sera fait de l’espoir d’une indép
826  » les États satellites et l’Allemagne de l’Est ? Nos « progressistes » par antiphrase, sans aucun doute. Quant aux Russes,
827 sans aucun doute. Quant aux Russes, enchantés de nous voir jouer leur jeu, ils ne seront pas si bêtes que de nous décourage
828 jouer leur jeu, ils ne seront pas si bêtes que de nous décourager : tout ce qui peut faire obstacle à notre union les sert.
829 us décourager : tout ce qui peut faire obstacle à notre union les sert. Mais on ne peut espérer qu’ils seront assez fous pour
830 eut espérer qu’ils seront assez fous pour laisser nos pays de l’Est rejeter le communisme détesté. Or ce n’est pas seulemen
831 ur rester neutre ou pouvoir se déclarer tel. Mais nous ne serons jamais indépendants si nous refusons de nous fédérer. Ici,
832 r tel. Mais nous ne serons jamais indépendants si nous refusons de nous fédérer. Ici, deux grandes questions se posent : 1° 
833 ne serons jamais indépendants si nous refusons de nous fédérer. Ici, deux grandes questions se posent : 1° L’union faite, ce
834 ment dupés, pourra-t-on leur cacher longtemps que nos armées nationales ne paient plus ?) Reste ma seconde question. Suppos
835 s d’habitants que l’URSS et les USA additionnés.) Nous voici ramenés aux problèmes d’une partie d’échecs à trois rois. Il s’
28 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur la neutralité européenne (fin) (mai 1957)
836 sse chez un ex-satellite devient une violation de notre intégrité garantie par les USA. La coalition atlantique se reforme au
837 ou l’explosion générale en cas d’accident (ce qui nous renvoie à l’éventualité prévue sous 3). 6. Les Trois Rois de l’Occide
29 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur deux écrivains politiques (juin 1957)
838 nne ne l’ait vu à part lui. L’histoire récente de notre philosophe se résumerait alors en une série de propositions aussi sim
839 nalisme — constitue l’une des erreurs majeures de notre temps. » De plus fins que moi s’y sont laissé prendre, il est vrai. M
840 mi. Qu’il se rassure : le mouvement de l’Histoire nous a réduits à l’état de neutrissimes. D’où peut venir cette tendance co
841 e droit de tricher, en se réclamant du fair-play. Nous ne pouvons rien contre l’imposture gigantesque du « socialisme » sovi
842 antesque du « socialisme » soviétique. Mais, dans nos pays socialistes ou libéraux, ne serait-il pas temps de faire respect
843 e disait plus vite, encore que plus d’une page de notre auteur l’évoque, et rappelle le ton vif et percutant des polémistes d
30 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur le pouvoir des intellectuels (juillet 1957)
844 ectuels, et ils dominent la politique concrète de notre temps. L’Europe, Napoléon et les intellectuels Dans une autre r
845 suspecte, dès qu’elle cesse d’être inefficace. On nous rappelle qu’Hitler a voulu faire l’Europe, et Napoléon avant lui. Où
846 tanément parmi les hommes les plus libres de tous nos peuples ? Si Napoléon avait vraiment voulu créer les États-Unis d’Eur
847 n effet dans les mouvements de résistance de tous nos pays envahis que s’est nouée l’idée d’une fédération libre, mettant f
848 eux d’ailleurs — aient été les premiers à vouloir notre union prouve en faveur de leur lucidité ; qu’un Poujade intéresse du
849 à La Haye ou à Rome, je lis les prospectus qu’on nous donne sur ces villes. Les photos, les vignettes surtout, montrent des
850 lle, mais d’allégeance aux mêmes institutions. Et nous , Européens de diverses nations qui allons, une fois de plus, nous ren
851 de diverses nations qui allons, une fois de plus, nous rencontrer à Londres, à La Haye, à Genève ou à Rome, dans le seul des
852 ome, dans le seul dessein de fédérer l’Europe, si nous y parvenons, ce ne sera qu’en surmontant les irritations évidentes qu
853 qu’en surmontant les irritations évidentes qu’il nous arrive de nous causer réciproquement, à mesure qu’en travaillant ense
854 nt les irritations évidentes qu’il nous arrive de nous causer réciproquement, à mesure qu’en travaillant ensemble pour l’uni
855 à mesure qu’en travaillant ensemble pour l’union nous apprenons à nous connaître mieux. Dans la marge d’un hebdomadaire
856 ravaillant ensemble pour l’union nous apprenons à nous connaître mieux. Dans la marge d’un hebdomadaire Critique d’un
31 1957, Preuves, articles (1951–1968). L’échéance de septembre (septembre 1957)
857 maines, à l’exception, partielle seulement, de la nôtre . Car l’Europe a su se défendre, depuis un siècle et demi, tant bien q
858 du problème, n’ont pas mordu sur la réalité. Mais nos démocraties étant ce qu’elles sont, il fallait en passer par là pour
859 l intenté par tous à chacun et par chacun à tous. Nous l’avons bien vu depuis deux ans à propos du drame algérien. Mais l’af
32 1957, Preuves, articles (1951–1968). Pourquoi je suis Européen (octobre 1957)
860 fomenter l’union. Les traités ne feront rien sans nous et les fonctionnaires gâteront tout si l’idée fédérale ne devient pas
861 ut si l’idée fédérale ne devient pas vivante dans nos existences personnelles. Les vraies chances de l’Europe fédérée, c’es
862 érée, c’est donc dans les esprits et les cœurs de nos nouvelles générations que nous pourrons les supputer. D’où cette enqu
863 its et les cœurs de nos nouvelles générations que nous pourrons les supputer. D’où cette enquête. Elle ne portera pas sur le
864 jeunes des pays de l’Est, il est possible qu’ils nous apportent les témoignages les plus ardents et les plus sérieusement m
33 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur le crépuscule d’un régime (octobre 1957)
865 l’immense Problème des Loisirs qui défile devant nous sur cette place. L’éducation des masses exige tout autre chose que le
866 aire face aux réalités. Quant à ceux qui viennent nous parler de « démocratie populaire », ils font un mensonge au carré, pl
867 rieures, ils ont réalisé tout cela bien mieux que nous , car nous sommes restés à mi-chemin, en marchant dans la même directi
868 ls ont réalisé tout cela bien mieux que nous, car nous sommes restés à mi-chemin, en marchant dans la même direction. A. — I
869 périmé pour s’y rallier. Mais on ne retiendra de notre système actuel que quelques procédés que vous approuvez d’ailleurs, p
870 nt des réalités incontestables. Ce sont elles que nous défendons sous le nom de démocratie, qui est une fausse étiquette, sa
871 rnit l’utopie démocrate. A. — Parlez plus bas, on nous entend aux autres tables ! R. — Croyez-moi, la Démocratie restera dan
872 ’useront vite, ignorant les soins hypocrites dont nous avons su l’entourer. A. (chuchotant). — Et après ? R. — Nos ministère
873 su l’entourer. A. (chuchotant). — Et après ? R. —  Nos ministères seront remplacés par des cerveaux électroniques, seuls cap
874 us les galeries leurs partisans bavards. Avant de nous mêler à leur foule insouciante, demeurons un moment recueillis dans l
34 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur un certain cynisme (septembre 1957)
875 e depuis un siècle sont d’accord pour trouver que notre café fout le camp, et ne sont pris au sérieux qu’à ce prix. C’est le
876 met le cynisme à la portée de toutes les bourses. Nous la tenons pour typiquement française en Amérique… R. — J’en déduis qu
877 s facilement que la France ne s’américanise. Vous nous donnez des recettes de bonheur digéré qui nous déplaisent, soit à cau
878 us nous donnez des recettes de bonheur digéré qui nous déplaisent, soit à cause des recettes, soit à cause du bonheur. Nous
879 it à cause des recettes, soit à cause du bonheur. Nous vous rendons « Bonjour tristesse » qui vous ravit. Mais ce n’est pas
880 assez sobre mais assez fière aussi de l’homme de notre temps. Une France intellectuelle partout présente et vive au plus brû
881 rs, mais peu font des romans. Vos critiques comme les nôtres réservent aux romanciers, aux auteurs de théâtre et aux poètes la qua
35 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur l’Europe à faire (novembre 1957)
882 crois pas à la guerre et chacun sait qu’aucun de nos pays ne la veut. — Je suis heureux de vous l’entendre dire ! interrom
883 arer sarcastiquement que « la petite Europe qu’on nous fabrique est si petite, si minuscule, qu’elle n’a même pas su faire u
884 posé par le grand jeu des forces mondiales et que nos divisions nous empêchent de résoudre ? 2° S’il y a problème, et si vo
885 and jeu des forces mondiales et que nos divisions nous empêchent de résoudre ? 2° S’il y a problème, et si vous refusez les
886 s disposés à faire ? En résumé : vous n’aimez pas notre Europe, celle pour laquelle nous luttons depuis dix ans. Mais quelle
887 ous n’aimez pas notre Europe, celle pour laquelle nous luttons depuis dix ans. Mais quelle autre Europe voulez-vous ? Et qu’
888 rope ? », on peut répondre : 1. — Non, car seules nos nations existent. Mais depuis quand ? La moitié de ces nations ont mo
889 Et qu’offrent-elles de mieux qui ne soit né chez nous  ? 3. — Non, car l’Europe unie n’intéresse pas les autres. Ainsi, l’in
890 — Non, car l’Europe à faire n’est pas celle qu’on nous fait. Car on fait une Europe vaticane, dit la gauche. Car on fait une
891 e et cultivés par les intellectuels. L’Europe que nous aimons n’est-elle pas avant tout un grand fait de culture, une civili
36 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur la pluralité des satellites (II) (décembre 1957)
892 le mal est fait. J’ai parlé de bêtise. Entendons- nous . J’appelle ainsi le complexe formé par la jobardise des foules, leur
893 athique dans la mesure même où il tend à frustrer notre besoin de sensations. Or ce besoin ne pouvant être avoué comme tel, o
894 ays libres mais irresponsables ont tout fait pour nous aveugler depuis un an. Les voici qui nous jettent d’un coup en plein
895 it pour nous aveugler depuis un an. Les voici qui nous jettent d’un coup en plein délire de masochisme occidental et d’admir
896 régime par ailleurs condamné. Le Kremlin payerait notre presse qu’elle n’écrirait pas autrement. Mais il sait bien qu’il peut
897 re confiance. La totale inconscience politique de nos organes d’information suffit à garantir leur succès financier. Eux au
898 prouver le contraire. Ils tournent glorieusement, nous regardent d’en haut, et nous disent bip-bip et oua-oua. C’est prodigi
899 rnent glorieusement, nous regardent d’en haut, et nous disent bip-bip et oua-oua. C’est prodigieux. Ce qu’il y a de plus bea
900 l’Éternel féminin : c’est elle, dorénavant, qui «  nous entraîne vers les hauteurs ». Les Russes ont fait enfin quelque chose
901 ements d’icônes, qui occupent la première page de nos journaux (mais quelques lignes en dernière page des journaux russes),
902 que, est enterré sans oraison (25 décembre 1956). Notre presse ayant épuisé sa provision de grosses lettres n’en dit rien. Da
903 l reprochait, au nom d’un réalisme sarcastique, à notre conception libérale de la vie. L’élimination progressive mais fatale
904 venture occidentale. Le régime communiste éliminé nous laissera sur les bras la Russie. Ce n’est pas la guerre des blocs qui
905 es. C’est dans la perspective d’un tel retour que nous devons non seulement résister, mais construire. 68. Cf. Preuves de
37 1958, Preuves, articles (1951–1968). Sur la fabrication des nouvelles et des faits (février 1958)
906 les et de leurs dirigeants. Et non seulement elle nous fabrique les faits (au point qu’il n’y en a plus si elle se met en gr
907 de ces informations que se décide la politique de nos États ; que votent les parlements et même parfois les peuples ; et qu
908 le provient de ceci que la « réalité » à laquelle nous croyons chaque matin n’est faite que par la presse et la radio, et n’
909 t faite que pour elles. Les agences seraient donc nos vrais maîtres ? C’est trop dire. Car elles sont irresponsables.   Tr
910 x-là vraiment feront les faits qui vont gouverner nos humeurs, les votes des députés et les cotes de la Bourse. Telle est l
911 de la Bourse. Telle est la base de la plupart de nos convictions politiques, dans la mesure — souvent faible d’ailleurs —
912 , dans la mesure — souvent faible d’ailleurs — où nous les modelons sur les faits. Comment mettre un peu d’ordre en ces mati
913 acte, c’en serait fait des dernières libertés qui nous restent — celle de ne pas croire ou de croire ce qui nous plaît, cell
914 tent — celle de ne pas croire ou de croire ce qui nous plaît, celle de douter, ou de soupçonner un piège. En bref, la libert
915 ref, la liberté de critique. Or c’est précisément notre plus sûr recours. Réformer la presse d’information me paraît impossib
916 oudrait plutôt qu’ils suspendent leur jugement et nous conseillent d’en faire autant. Un exemple au hasard du jour : combien
917 omme s’il était suspect de s’en soucier. — Quoi ? nous parler de chiffres quand il s’agit de morale ? On voit bien votre jeu
918 ez de détourner l’attention de la seule chose qui nous intéresse dans la politique d’aujourd’hui : les scandales qui déchire
919 tique d’aujourd’hui : les scandales qui déchirent notre France et que nous sommes là pour dénoncer. On peut aussi considérer
920 : les scandales qui déchirent notre France et que nous sommes là pour dénoncer. On peut aussi considérer que la politique re
38 1958, Preuves, articles (1951–1968). Sur un patriotisme de la terre (mars 1958)
921 raire : c’est comme si cet avion entrait en elle. Nous passons au-dessus de régions incertaines entre Moselle et Rhénanie, a
922 ous, la Terre, proche et amie ; mais tout près de nos têtes, les grands espaces noirs ouvrent les dimensions insensées du c
923 ensées du cosmos. Ah ! la vraie vie n’est que sur notre Terre ! Et ce qui est « ailleurs » n’a pas encore de sens, mais rend
924 ici-bas étrange. Cinq, mille mètres au-dessous de nous , arbres, maisons, collines, perdent le seul relief où pouvait s’attac
925 ent le seul relief où pouvait s’attacher l’amour. Notre émotion devant les paysages de la Terre, qu’est-ce que cela peut enco
926 es minutieuses qui s’entrecroisent au ras du sol, nous passons lentement dans la nuit des hauteurs, un feu vert, un feu roug
927 ce recoin perdu de l’univers. Tout s’est tu dans notre cabine. Si l’avion continuait vers l’espace infini ? Tristesse absolu
928 l’Asie, le Moyen-Orient et l’Afrique, l’union de notre Terre sera faite par Mars et par Vénus : je le prévoyais il y a douze
929 qu’elle se fonde sur du wishful thinking. Mais si nous ne sommes pas « découverts » par des êtres pensants d’autres planètes
930 ar des êtres pensants d’autres planètes avant que nous les ayons visités sur leur globe, il en ira de l’aventure des Terrien
931 ce de changer de planète. » Dernière pudeur Notre Europe, dira-t-on, dans cette immense affaire, perd beaucoup de son i
932 t en URSS et aux États-Unis, et que ces deux pays nous précéderont sans doute dans la Lune, puis sur Mars et Vénus : ils ont
933 de mémoire que la plupart des nègres ». Mais déjà nous ne sommes plus en Utopie : la prévision se veut scientifique, comme e
934 ut faire attention. Car la science a déjà devancé nos poètes. « Dans cent ans, dit le professeur John Weird, nous pourrons
935 s. « Dans cent ans, dit le professeur John Weird, nous pourrons modifier les émotions, les désirs, les pensées de l’homme, c
936 otions, les désirs, les pensées de l’homme, comme nous le faisons déjà de façon rudimentaire, avec les tranquillisants… Les
937 ’univers du xxie siècle, quel sens auront encore nos écrits et nos livres ? Perdront-ils toute espèce d’intérêt, tout pouv
938 ie siècle, quel sens auront encore nos écrits et nos livres ? Perdront-ils toute espèce d’intérêt, tout pouvoir d’émotion
939 ons introduites par la technique dans le cadre de nos existences n’empêchent nullement la Bible et l’Odyssée, la Divine Com
940 ine Comédie, Shakespeare et Baudelaire d’agir sur nous . Que le héros affronte son destin à pied, en bateau, en carrosse, en
941 , en avion ou même en fusée, c’est son destin qui nous fascine, c’est sa personne, et le drame qui les met aux prises. Mais
942 on droit d’identité native, le sujet même de tous nos drames s’évanouira. Nos descendants « tranquillisés » et modifiés, ou
943 ve, le sujet même de tous nos drames s’évanouira. Nos descendants « tranquillisés » et modifiés, ou devenus cent fois plus
944 s plus intelligents, verront-ils autre chose dans nos œuvres que des erreurs maniaques, des fixations bizarres, des sentime
945 nce, de soi, des autres et de l’univers : de cela nous sommes certains, mais de cela seul, si par définition nous ne pouvons
946 es certains, mais de cela seul, si par définition nous ne pouvons pas prévoir ce qu’un sens nouveau sentirait. J’imagine cep
947 démodés à coup sûr avant la fin du siècle seront nos ouvrages de science-fiction, et ceux qui se fondent sur nos doctrines
948 es de science-fiction, et ceux qui se fondent sur nos doctrines sociologiques ; puis les écrits qui expriment notre étonnem
949 nes sociologiques ; puis les écrits qui expriment notre étonnement devant les nouveautés techniques. Enfin des chroniques com
950 niques comme celle-ci, à moins qu’elles n’amusent nos petits-fils, comme on aime à retrouver dans son journal intime telle
39 1958, Preuves, articles (1951–1968). Sur la prétendue décadence de l’Occident (avril 1958)
951 éservons ces réduits pervers. Tous les siècles de notre histoire ont déploré la décadence universelle et décrit des âges d’or
952 oduire la jérémiade la plus amplement modulée sur nos perspectives prochaines. Sorel, Bergson, Spengler, Valéry et Toynbee
953 nbee et plusieurs centaines d’autres à leur suite nous l’ont répété sans relâche : l’Occident n’en a plus pour longtemps, se
954 du xxe siècle (par quoi j’entends l’ensemble de nos créations) aura mieux enrichi le musée mondial que le xviiie tant va
955 ne autre culture, même pas le passé de la sienne, nous voyons toute la Terre imiter ses techniques, ses formes de gouverneme
956 e, l’islam ou la magie des nègres ? L’adoption de notre alphabet et du birth control par la Chine a tout de même une autre im
957 la Chine a tout de même une autre importance que nos brèves poussées d’exotisme. Perte du contact vivant avec les origines
958 ssance religieuse est combien plus puissante dans nos diverses confessions que les modes littéraires qui occupent tant notr
959 sions que les modes littéraires qui occupent tant notre presse. Les auteurs et les peintres que l’on cite à l’appui de la « d
960 que l’on cite à l’appui de la « désintégration de nos valeurs » n’exerceront jamais une action comparable en étendue et pro
961 es mondiales n’a pas seulement compromis ou perdu nos positions de puissance politique ; il déprime et combat sournoisement
962 ce politique ; il déprime et combat sournoisement notre volonté de guérir, dans le temps même qu’il excite contre nous les pe
963 de guérir, dans le temps même qu’il excite contre nous les peuples qui l’ont « attrapé ». À cause de lui, nous refusons de n
964 es peuples qui l’ont « attrapé ». À cause de lui, nous refusons de nous unir, tandis qu’à cause de lui les Arabes se fédèren
965 ont « attrapé ». À cause de lui, nous refusons de nous unir, tandis qu’à cause de lui les Arabes se fédèrent. Différents ou
966 et cerveau, plexus solaire de l’Occident. Mais nos valeurs sont-elles universelles ? Nous exportons avec succès dans
967 Mais nos valeurs sont-elles universelles ? Nous exportons avec succès dans le monde entier nos machines, nos structur
968 Nous exportons avec succès dans le monde entier nos machines, nos structures politiques et sociales, notre hygiène scient
969 ns avec succès dans le monde entier nos machines, nos structures politiques et sociales, notre hygiène scientifique et nos
970 machines, nos structures politiques et sociales, notre hygiène scientifique et nos virus ; mais nous omettons trop souvent d
971 tiques et sociales, notre hygiène scientifique et nos virus ; mais nous omettons trop souvent d’y joindre un mode d’emploi
972 s, notre hygiène scientifique et nos virus ; mais nous omettons trop souvent d’y joindre un mode d’emploi circonstancié, et
973 ncié, et des indications de régime ou de cure. Or nos produits sans nos valeurs créent du chaos, bouleversent les métabolis
974 ations de régime ou de cure. Or nos produits sans nos valeurs créent du chaos, bouleversent les métabolismes culturels, et
975 édiat et mieux déterminé que les spéculations sur notre décadence ; il nous engage et nous provoque, quand celles-ci ne tenda
976 iné que les spéculations sur notre décadence ; il nous engage et nous provoque, quand celles-ci ne tendaient qu’à nous conva
977 culations sur notre décadence ; il nous engage et nous provoque, quand celles-ci ne tendaient qu’à nous convaincre de la van
978 nous provoque, quand celles-ci ne tendaient qu’à nous convaincre de la vanité de toute intervention, en nous livrant à des
979 convaincre de la vanité de toute intervention, en nous livrant à des fatalités imaginaires. Mais avant d’attaquer ce problèm
40 1958, Preuves, articles (1951–1968). Sur un centre qui doit être partout (mai 1958)
980 ment l’analogie entre l’Europe et la nation qu’il nous faut refuser d’entrée de jeu. Nous voulons une Europe fédérale. Le sa
981 a nation qu’il nous faut refuser d’entrée de jeu. Nous voulons une Europe fédérale. Le sacré national, ce culte jacobin dont
982 la mode en vit, mais les provinces en meurent70. Nous ne mangerons pas de ce sacré‑là. D’ailleurs, le phénomène est à peu p
983 modés, l’absence d’aérodromes. C’est Brasilia qui nous donnerait l’équivalent de Washington, D.C., dans notre siècle. Une vi
984 donnerait l’équivalent de Washington, D.C., dans notre siècle. Une ville neuve dans un terrain vague, vierge de traditions l
985 orta qu’en 1800. Pourquoi veut‑on que le choix de notre capitale précède l’instauration d’un État fédéral dont l’aire et le r
986 Eliade, dans son Traité d’histoire des religions, nous font saisir comment le symbolisme du Centre régit le choix, ou pour m
987 sacré tout est sens, mais dans la vie publique de notre temps, on n’ose guère invoquer que des calculs à l’appui des projets
988 ue l’on rêve. Les archétypes régissent en réalité nos imaginations et nos désirs ; mais nous voulons trouver dans des faits
989 chétypes régissent en réalité nos imaginations et nos désirs ; mais nous voulons trouver dans des faits mesurables les just
990 en réalité nos imaginations et nos désirs ; mais nous voulons trouver dans des faits mesurables les justifications de nos a
991 r dans des faits mesurables les justifications de nos actes et conduites, et quand nous les trouvons par chance, et qu’elle
992 ustifications de nos actes et conduites, et quand nous les trouvons par chance, et qu’elles se tiennent, elles jouent alors
993 et qu’elles se tiennent, elles jouent alors dans notre âge scientifique le rôle que jouaient les « signes » et les hasards p
994 Centre. Sens. Le Dictionnaire abrégé de la fable nous apprend que Myscille, habitant d’Argos, n’ayant pu débrouiller le sen
995 infinité des hémisphères que l’on peut tracer sur notre globe, il en est un qui se trouve contenir 90 % des terres libres de
996 re du monde tombe quelque part en plein milieu de notre Europe. Bel exemple de « signe » donné par le calcul ! Heureuse coïnc
997 s l’urgence de créer un district fédéral tant que nous restons privés d’un État fédéral. Mais supposons maintenant cet État
998 l satisfait à la première série de conditions que nous savons requises par le sacré. Il les affirme dès l’abord, tandis que
999 lantes constellations d’esprits qui influencèrent notre horoscope occidental. Enfin, le lac Léman et la cité internationale d
1000 araît au contraire des plus conformes au génie de notre culture toujours ouverte vers l’universel. En fouillant le sol de ce
41 1958, Preuves, articles (1951–1968). Sur le régime fédéraliste (I) (août 1958)
1001 le plus mal entendu par la plupart des hommes de notre temps, et particulièrement en France : fédéralisme. Quatre problèmes
1002 Un système bon pour les sauvages Mais Littré nous apprend autre chose, sur ce chapitre. Quelque chose qui montre assez
1003 fédéralisme représente un effort vers l’union de nos peuples, et que c’est le nationalisme qui a pour projet de rompre l’u
1004 pte des faits qui commandent à la fois l’union de nos pays et le respect de leurs différences, donc l’adhésion de la France
1005 table d’un fédéralisme externe, supranational. Si nos deux sous de raison ne sont pas finis, c’est de cela qu’il nous faut
1006 de raison ne sont pas finis, c’est de cela qu’il nous faut parler et disputer, car ce que le monde entier attend de nous, c
1007 et disputer, car ce que le monde entier attend de nous , ce n’est pas une résolution de la fraction radicale valoisienne « ré
1008 r rapport intime avec l’antinomie fondamentale de notre siècle : celle du régime fédéraliste et du régime totalitaire. Ce ser
42 1958, Preuves, articles (1951–1968). Sur le régime fédéraliste (II) (septembre 1958)
1009 ines et idéologies qui sont leurs substituts dans notre monde laïque. Au niveau de l’intérêt, la lutte qui s’institue entre l
1010 tait de rédiger une constitution pour l’Europe. — Nous sommes arrêtés, me dit-il, par le problème de la stabilité de l’exécu
43 1958, Preuves, articles (1951–1968). Sur le vocabulaire politique des Français (novembre 1958)
1011 artre, décrivant la manifestation du 4 septembre, nous montrait « au milieu de la place, le prince ; autour de lui, le chœur
1012 le et incertain. — L’usage du mot démocratie dans nos discussions politiques signale presque toujours l’apparition de la ma
44 1959, Preuves, articles (1951–1968). Nouvelles métamorphoses de Tristan (février 1959)
1013 la rhétorique du récit. Dans une société comme la nôtre , l’amour-passion peut-il encore trouver des interdits assez redoutabl
1014 enfin l’amour-passion et le mariage. N’en sommes- nous pas au point de notre évolution où, tout étant réduit, « ramené à » c
1015 n et le mariage. N’en sommes-nous pas au point de notre évolution où, tout étant réduit, « ramené à » comme on dit, profané,
1016 ux règles de l’hygiène et de la sociologie — tout nous semble permis de ce qui ne nuirait pas à la santé et à la productivit
1017 rois œuvres où transparaît l’archétype de Tristan nous sont données vers ce milieu du siècle par l’Europe, l’Amérique et la
1018 lusieurs reprises d’elle-même et de son frère : «  Nous aurons été les derniers romantiques de l’amour… Au fond, c’est la der
1019 ière histoire d’amour possible… Sans doute serons- nous une sorte de Derniers Mohicans de l’amour. » Je ne fais pas ici de cr
1020 Qu’est-ce que l’auteur a voulu dire ? Tout ce que nous voyons là, sans doute, et plus encore. S’il avait pu le dire autremen
1021 avait pu le dire autrement, il l’aurait fait (et nous ne le lirions pas). Mais la réponse de l’écrivain ne suffit pas, bien
1022 cère. Car il faut voir que cette ambiguïté, qu’il nous propose malgré lui, n’est pas du tout accidentelle. Elle ne résulte p
1023 Humbert. Si l’amour des nymphets n’était pas, de nos jours, l’un des derniers tabous sexuels qui tiennent encore (avec l’i
1024 ronique, aidées par la version moderne de Bédier, nous font prendre trop facilement pour la touchante histoire d’un amour pr
1025 térature européenne, qu’illustreront plus près de nous un Goethe, créant le personnage de Mignon, un Novalis dédiant son œuv
1026 ses lettres à des petites filles. L’adultère, de nos jours, ne conduit qu’au divorce, ou s’épuise en liaisons banales. Il
1027 la conscience d’une profanation faisait flamber. Nous restent deux tabous sexuels, curieusement respectés par nos mœurs en
1028 t deux tabous sexuels, curieusement respectés par nos mœurs en transition rapide du sacré primitif vers une hygiène scienti
1029 ouligner les mots révélateurs dans le contexte de notre analyse : tout y passerait ! Non seulement ces deux pages se trouvent
1030 la petite fille, et tous les autres exemples dont nous avons parlé, loin de relever de la monstruosité ou de la faiblesse, r
1031 té qui condamne la passion, et rabat au mariage. Notre temps, qui a probablement perdu la notion de passion amoureuse, parce
1032 chent : Ce désir d’un double de l’autre sexe qui nous ressemble absolument tout en étant un autre, d’une créature magique q
1033 n étant un autre, d’une créature magique qui soit nous tout en possédant l’avantage, sur toutes nos imaginations, d’une exis
1034 oit nous tout en possédant l’avantage, sur toutes nos imaginations, d’une existence autonome… on en retrouve des traces jus
1035 pas un philtre contre ce qui, au dernier moment, nous sépare ? Mais ici, le roman de Musil s’engage dans deux Voies diverg
1036 e Musil s’engage dans deux Voies divergentes : il nous en reste des fragments inégalement poussés, inconciliables. Première
1037 n chapitre intitulé Le Voyage au Paradis : C’est notre destin : peut-être aimons-nous ce qui est interdit. Mais nous ne nous
1038 Paradis : C’est notre destin : peut-être aimons- nous ce qui est interdit. Mais nous ne nous tuerons pas avant d’avoir fait
1039 : peut-être aimons-nous ce qui est interdit. Mais nous ne nous tuerons pas avant d’avoir fait une tentative extrême. Le mond
1040 tre aimons-nous ce qui est interdit. Mais nous ne nous tuerons pas avant d’avoir fait une tentative extrême. Le monde est fu
1041 xactement) qu’un roman soit vraiment un roman, et nous passionne ? Les préférences qu’avoue le public interrogé devraient le
1042 ants dans la mort… Il n’y a qu’un seul roman dans nos littératures ! Une seule passion dictant les mêmes péripéties dans to
1043 dans leur retraite forestière : … Disons adieu à nos espoirs, disons-nous adieu l’un à l’autre. Nous nous dirons encore l’
1044 orestière : … Disons adieu à nos espoirs, disons- nous adieu l’un à l’autre. Nous nous dirons encore l’un à l’autre nos paro
1045 à nos espoirs, disons-nous adieu l’un à l’autre. Nous nous dirons encore l’un à l’autre nos paroles secrètes de la nuit, gr
1046 s espoirs, disons-nous adieu l’un à l’autre. Nous nous dirons encore l’un à l’autre nos paroles secrètes de la nuit, grande
1047 Boris Pasternak. Sa lettre au Maître du Kremlin, nous en lisons les termes anticipés dans la scène où Komarovski (l’intriga
1048 a vie sociale. D’où la présence continuelle, dans nos trois romans tristaniens, de la Société et de ses conventions ; d’où
1049 mplicité d’origine et d’essence, l’amour-passion, nous l’avons vu, n’est guère moins dépendant de cette société qu’il récuse
1050 ’il récuse : c’est elle qui lui a fourni, jusqu’à nos jours, les obstacles indispensables. Sur ce point, deux observations
1051 ystiques, qu’il échappe à la fin au romanesque et nous fait entrevoir un genre nouveau, qui pourrait intégrer dans la littér
1052 entretenait le culte ? Quels tabous subsistant de nos jours pourraient-ils encore provoquer les épiphanies romanesques de T
45 1959, Preuves, articles (1951–1968). Sur une phrase du « Bloc-notes » (mars 1959)
1053 faisant l’Europe, c’est l’évidence. Ou bien dites- nous quelle autre solution ? Le vrai danger, c’est notre désunion. Et non
1054 ous quelle autre solution ? Le vrai danger, c’est notre désunion. Et non seulement devant une grande Allemagne hypothétique,
1055 ent devant une grande Allemagne hypothétique, que nos méfiances auraient repoussée vers la Russie, mais devant des coalitio
1056 et spirituelles, d’une ampleur telle qu’aucun de nos pays, fût-il la France plus l’Algérie plus un bon tiers de l’Afrique,
1057 de vous tenir comptable — en faveur de l’union de notre Europe menacée et des ouvriers de sa cause. Vous pouvez plus que d’au
1058 andant au Ciel « que ces erreurs ne fassent point nos calamités », comme on lit au Traité sur la tolérance.   Sur les « mé
1059 n est Jules Feiffer, jeune dessinateur irrité. Il nous montre un bourgeois sérieux observant les ébats convulsifs d’un repré
46 1959, Preuves, articles (1951–1968). Rudolf Kassner et la grandeur (juin 1959)
1060 de sa gloire secrète. Qui l’a mis à son rang dans notre siècle ? Les meilleurs, certes, mais presque seuls : Valéry, Gide, El
1061 du point de vue des valeurs vitales (problème que notre xviie siècle se devait de ne pas poser). L’homme antique peut attein
1062 de charme mais sans forme et sans but, peut bien nous stimuler, mais ne nous détermine jamais… Cet homme indiscret est dist
1063 rme et sans but, peut bien nous stimuler, mais ne nous détermine jamais… Cet homme indiscret est distrait, et sa distraction
1064 éfléchie qui préside à son analyse de l’indiscret nous vaut une description inégalable du mal du siècle. Ici, le mépris ne p
1065 privilège d’avoir parlé sans complicité de ce qui nous détruit : Rudolf Kassner donne la sensation à peu près unique en ce t
1066 tions personnelles, parlementarisme intérieur qui nous mène lentement à l’impuissance. (Si Kassner exprime un tourment, c’es
1067 Kassner se garde bien de poser les problèmes dans nos catégories psychologiques. Il prend tout par des biais qui nous sont
1068 s psychologiques. Il prend tout par des biais qui nous sont peu familiers. Et puis enfin, voilà une philosophie qui postule
1069 valeurs, non de la seule exactitude des pensées — nous connaissons le modèle immortel, le Livre de Job. Il serait curieux d’
1070 tudes intermédiaires. Elle est un acte de vision. Nous montrant d’un seul coup, sans transition, plusieurs objets que la cou
1071 de comparaisons. De quels autres moyens disposons- nous , qui soient ordonnés à cette fin ? Ce sont moyens de poésie, c’est-à-
1072 i en fait voir un grand nombre d’autres, et qu’on nous fait découvrir tout d’un coup ce que nous ne pouvions espérer qu’aprè
1073 t qu’on nous fait découvrir tout d’un coup ce que nous ne pouvions espérer qu’après une grande lecture. Ainsi s’opposent et
1074 n tension dialectique — du moins s’ils comptent ? Nos trop rares entretiens m’ont appris sur Kassner cela surtout qu’il a s
1075 u ratés exemplaires. Cette collection de types de notre siècle puisait dans l’Europe de naguère — surtout viennoise — ses élé
1076 ble. D’où l’image qui me vint à l’esprit, pendant notre première rencontre, de cet archer qui tire les yeux fermés et atteint
1077 erre de 1914, et plusieurs témoignages importants nous en demeurent : lettres de Rilke à leur amie commune, la princesse de
1078 à la grandeur. Relisons les essais qui suivent : nous y voyons que pour Kassner, Rilke appartient décidément au monde du Pè
1079 tir aveugle, est acte, mais cet acte est en outre notre pensée la plus profonde, l’ultime, et le dirai-je, la pensée sans lim
1080 lui aurais dit sans doute : le but du zen est de nous libérer du moi conscient, mais le sens dernier de votre œuvre est de
1081 que vous nommez souvent « magie à rebours », vous nous avez montré la voie de la personne, le passage vers l’esprit et vers
1082 st négation du personnel ? Ou plutôt, saurez-vous nous faire voir l’unité finale des deux voies ? Nul autre mieux que vous,
1083 r de transformer » par excellence. C’est elle qui nous permet de passer du monde magico-mythique à celui de la personne et d
1084 Quelque chose” a tiré et touché le but. Inclinons- nous devant le but comme devant Bouddha. » 89. « Aus den Sätzen des Ioghi
47 1959, Preuves, articles (1951–1968). Sur un chassé-croisé d’idéaux et de faits (novembre 1959)
1085 « faire mieux que l’Occident », il voulut étudier nos secrets et s’engagea comme ouvrier aux chantiers maritimes de Saardam
1086 développent sur table rase beaucoup plus vite que nous , à peu près aussi vite l’une que l’autre, depuis le départ presque si
1087 Walter Lippmann : La faiblesse la plus grave de notre société, c’est que nous ne sommes unis dans la poursuite d’aucun obje
1088 iblesse la plus grave de notre société, c’est que nous ne sommes unis dans la poursuite d’aucun objectif fondamental… Nous p
1089 s dans la poursuite d’aucun objectif fondamental… Nous parlons de nous-mêmes comme d’une société achevée, qui a atteint ses
1090 ule façon de répondre à M. K., c’est de cesser de nous demander avec inquiétude s’il va nous séduire… et de redevenir enfin
1091 e cesser de nous demander avec inquiétude s’il va nous séduire… et de redevenir enfin le peuple confiant et résolu que nous
1092 redevenir enfin le peuple confiant et résolu que nous sommes en réalité. Je ne vois guère moins de sophisme dans cet argum
1093 rdises soviétiques. Lippmann, comme la plupart de nos intellectuels, se dit en somme : — Nous n’avons plus de grande idée,
1094 plupart de nos intellectuels, se dit en somme : — Nous n’avons plus de grande idée, eux en ont une. Nous sommes riches, heur
1095 Nous n’avons plus de grande idée, eux en ont une. Nous sommes riches, heureux, arrivés, donc faibles ; ils sont en marche, p
1096 de confiance dont il n’indique pas les motifs) et nous laisse sur l’idée que les Russes doivent gagner. Mais gagner quoi ? Q
1097 iment mêlé de soulagement et d’anxiété nouvelle : nous ne sommes pas si différents, mais alors ? Où sont nos certitudes, nos
1098 ne sommes pas si différents, mais alors ? Où sont nos certitudes, nos refus bien tranchés, nos raisons de nous haïr et de n
1099 différents, mais alors ? Où sont nos certitudes, nos refus bien tranchés, nos raisons de nous haïr et de nous craindre ? Q
1100 Où sont nos certitudes, nos refus bien tranchés, nos raisons de nous haïr et de nous craindre ? Quand Khrouchtchev réitère
1101 rtitudes, nos refus bien tranchés, nos raisons de nous haïr et de nous craindre ? Quand Khrouchtchev réitère que ses positio
1102 fus bien tranchés, nos raisons de nous haïr et de nous craindre ? Quand Khrouchtchev réitère que ses positions idéologiques
1103 nt qu’on voie l’Europe, qu’on y pense même ! Mais nous , qui sommes d’Europe, nous allons y penser. Le mois dernier, François
1104 on y pense même ! Mais nous, qui sommes d’Europe, nous allons y penser. Le mois dernier, François Bondy posait ici même la q
48 1960, Preuves, articles (1951–1968). Sur la détente et les intellectuels (mars 1960)
1105 de le poser, mais qui paraît troubler certains de nos amis, et qu’une masse d’étourdis tranchent de la sorte : maintenant q
1106 d’étourdis tranchent de la sorte : maintenant que nous avons la détente politique, une détente intellectuelle doit s’ensuivr
1107 ease Sera (Rome), Guido Piovene déclare : « C’est notre rôle à tous, intellectuels italiens, d’exercer notre influence dans l
1108 re rôle à tous, intellectuels italiens, d’exercer notre influence dans la vie publique afin que la guerre froide cesse à l’in
1109 lique un redoublement de la lutte idéologique… On nous a dit : tout est changé, tout doit changer, les vieux problèmes sont
1110 se qu’on avoue quand on est pris et démasqué. Ils nous jugeaient donc à leur aune. Ils avaient démasqué notre « anticommunis
1111 jugeaient donc à leur aune. Ils avaient démasqué notre « anticommunisme », et nous réduisaient à cela. C’était notre unique
1112 Ils avaient démasqué notre « anticommunisme », et nous réduisaient à cela. C’était notre unique obsession, notre seule raiso
1113 communisme », et nous réduisaient à cela. C’était notre unique obsession, notre seule raison d’être, et notre profession. Tou
1114 duisaient à cela. C’était notre unique obsession, notre seule raison d’être, et notre profession. Tout était donc permis pour
1115 e unique obsession, notre seule raison d’être, et notre profession. Tout était donc permis pour nous disqualifier, et même ob
1116 et notre profession. Tout était donc permis pour nous disqualifier, et même obligatoire. Aragon me traitait publiquement d’
1117 ent : ils avaient à le dire et c’est tout. Or, si nous nous trouvions être « anticommunistes », c’est-à-dire définis comme t
1118 ils avaient à le dire et c’est tout. Or, si nous nous trouvions être « anticommunistes », c’est-à-dire définis comme tels n
1119 nistes », c’est-à-dire définis comme tels non par nous mais par leur manie systématique, c’était précisément parce qu’à nos
1120 anie systématique, c’était précisément parce qu’à nos yeux, la vocation de l’écrivain dans la cité ne pouvait être interpré
1121 er à autre chose. » C’est dans la seule mesure où nous refusions le mensonge en service commandé pour le douteux profit de n
1122 profit de n’importe quel système, fût-il celui de nos États, c’est dans cette mesure-là que nous étions des « antis ». Au r
1123 elui de nos États, c’est dans cette mesure-là que nous étions des « antis ». Au reste, nous pensions surtout à « d’autres ch
1124 esure-là que nous étions des « antis ». Au reste, nous pensions surtout à « d’autres choses ». Mais comme ces autres choses,
1125 s, pour eux, n’existaient pas, ils ne voyaient en nous que leur image inversée, inexplicablement perverse et révoltante. Le
1126 t l’Octobre de Pologne. Et Budapest. Plus près de nous , les autocritiques d’intellectuels quittant le parti communiste. Auta
1127 ttant le parti communiste. Autant de motifs, pour nous , de penser que notre refus « systématique » de leur système suffisait
1128 niste. Autant de motifs, pour nous, de penser que notre refus « systématique » de leur système suffisait bien, et que le dial
1129 mps perdu avec des officieux qui ne pouvaient pas nous écouter et n’insultaient que nos caricatures. (C’est irritant de redi
1130 e pouvaient pas nous écouter et n’insultaient que nos caricatures. (C’est irritant de redire tout cela, n’est-ce pas ? Ceux
1131 ccidental serait encore un acte de guerre froide. Nous reprochions à l’URSS de ne pas distinguer entre les intérêts d’un par
1132 politique et la guerre dans le domaine des idées. Nous sommes d’accord : c’était notre attitude. Et l’URSS précisément la co
1133 domaine des idées. Nous sommes d’accord : c’était notre attitude. Et l’URSS précisément la condamnait. Elle l’adopte aujourd’
1134 ui, mais par opportunisme, et feint de croire que nous la refusons. Elle nous reproche à tort ce dont nous l’accusions avec
1135 me, et feint de croire que nous la refusons. Elle nous reproche à tort ce dont nous l’accusions avec plus de raison que de p
1136 us la refusons. Elle nous reproche à tort ce dont nous l’accusions avec plus de raison que de plaisir. Sa conception de la l
1137 tte dans le domaine des idées consiste en somme à nous demander une reddition sans condition. La lutte idéologique, à l’en c
1138 e il se doit. Mais au lieu de traduire Pasternak, nous dit-il (hélas ! interdit en Russie) qu’on traduise de vrais communist
1139 chances de prestige, selon les sociologues. Mais notre mère à tous, n’est-ce pas l’Europe ? 93. Allocution à la Salle Gave
49 1960, Preuves, articles (1951–1968). Les incidences du progrès sur les libertés (août 1960)
1140 ssayant de reconsidérer la nature, la fonction de notre Congrès et les idéaux qui l’inspirent. Le plus simple sera de reprend
1141 simple sera de reprendre les trois termes formant notre titre : Congrès, Liberté, Culture. Vous verrez à quel point ces trois
1142 termes s’appellent et s’impliquent mutuellement. Nous sommes donc d’abord un Congrès — un congrès permanent, il est vrai, p
1143 rté. Car il est clair que ce problème numéro 1 de notre siècle déborde toute capacité individuelle et qu’il exige un vaste ef
1144 erté, voyez-vous, ce n’est pas quelque chose dont nous devons parler, mais quelque chose que nous devons créer, dont nous de
1145 e dont nous devons parler, mais quelque chose que nous devons créer, dont nous devons créer les conditions, quelque chose qu
1146 r, mais quelque chose que nous devons créer, dont nous devons créer les conditions, quelque chose que nous devons reconquéri
1147 us devons créer les conditions, quelque chose que nous devons reconquérir chaque jour et sans relâche, sur nous-mêmes tout d
1148 ment fait-on cela ? Revendiquer la liberté, quand nous avons formé notre Congrès, c’était d’abord lutter contre des dictatur
1149  ? Revendiquer la liberté, quand nous avons formé notre Congrès, c’était d’abord lutter contre des dictatures extérieures, bi
1150 défaitisme fataliste qui préparait leur lit dans nos démocraties. Il nous fallait courir au plus pressé, secourir les pers
1151 e qui préparait leur lit dans nos démocraties. Il nous fallait courir au plus pressé, secourir les persécutés accusés de lib
1152 les persécutés accusés de liberté d’esprit, — et nous l’avons fait. Mais nous voyons bien, aujourd’hui, que les menaces con
1153 de liberté d’esprit, — et nous l’avons fait. Mais nous voyons bien, aujourd’hui, que les menaces contre les libertés ne vien
1154 iennent aussi des formes de vie matérialistes que notre civilisation occidentale propage aveuglément sur toute la terre, et q
1155 tivités proprement humaines qui donnent un sens à notre vie. Car la culture, c’est tout d’abord : transmettre des recettes de
1156 on et progrès technique et démocratique. Pour que notre vie ait un sens, il faut que la culture vivante recrée pour les homme
1157 ce temps des ensembles intelligibles. Il faut que nos activités humaines que nous avons spécialisées et séparées jusqu’à l’
1158 lligibles. Il faut que nos activités humaines que nous avons spécialisées et séparées jusqu’à l’absurde — l’art et la vie qu
1159 ser mutuellement, comme c’est le cas dans trop de nos vies, et retrouvent une commune mesure, un style commun. Et ceci vaut
1160 llénaire de l’Inde traditionnelle. C’est pourquoi nous devons attacher tant de prix aux contacts que permet un congrès comme
1161 de prix aux contacts que permet un congrès comme le nôtre  : contacts d’une part entre représentants des arts, des sciences et d
1162 globale. Voilà pour les trois termes qui forment notre titre. J’en déduis que la fonction de notre Congrès, tel qu’il est de
1163 rment notre titre. J’en déduis que la fonction de notre Congrès, tel qu’il est devenu depuis dix ans, s’élargissant progressi
1164 eux Amériques ; mais ceci dans la perspective qui nous est propre : celle des incidences du progrès sur les vraies libertés
1165 s du progrès sur les vraies libertés humaines. On nous demande souvent, de tous côtés : Êtes-vous un mouvement politique ? I
1166 que le commentaire que je viens de vous donner de nos buts répond suffisamment à cette question. Mais on insiste, la presse
1167 erviewers insistent : tous veulent absolument que nous soyons politiques, que nous soyons d’abord anti-ceci ou cela… J’insis
1168 eulent absolument que nous soyons politiques, que nous soyons d’abord anti-ceci ou cela… J’insisterai donc à mon tour. En si
1169 sens humain, pour chaque personne. La politique, nous n’y échapperons pas, et il est inutile d’insister sur ce fait, ici, d
1170 insister sur ce fait, ici, dans ce Berlin où elle nous cerne de toutes parts. Mais nous refusons d’accorder à la politique c
1171 e Berlin où elle nous cerne de toutes parts. Mais nous refusons d’accorder à la politique cette valeur absolue de fin en soi
1172 ale et absolutisée. La politique doit rester pour nous un moyen dominé par des fins humaines, ces fins que l’esprit seul peu
1173 sprit seul peut entrevoir, imaginer et proposer à nos désirs et à notre raison, à notre volonté et à notre foi. Et alors, l
1174 entrevoir, imaginer et proposer à nos désirs et à notre raison, à notre volonté et à notre foi. Et alors, la liberté serait-e
1175 ner et proposer à nos désirs et à notre raison, à notre volonté et à notre foi. Et alors, la liberté serait-elle du nombre de
1176 os désirs et à notre raison, à notre volonté et à notre foi. Et alors, la liberté serait-elle du nombre de ces fins dernières
1177 son tour un absolu ? Non, certes, mais elle seule nous conduit à nos fins. Car la liberté se concrétise dans l’augmentation
1178 olu ? Non, certes, mais elle seule nous conduit à nos fins. Car la liberté se concrétise dans l’augmentation continuelle de
50 1961, Preuves, articles (1951–1968). Dialectique des mythes : Le carrefour fabuleux (I) (avril 1961)
1179 profond des forêts de l’âme occidentale. Arrêtons- nous ici pour méditer. Et nous suivrons tantôt cette allée de lumière fray
1180 e occidentale. Arrêtons-nous ici pour méditer. Et nous suivrons tantôt cette allée de lumière frayée dans les hautes futaies
1181 comme par une création de logique intrépide. Elle nous impose, par la vertu d’une cohérence inoubliable, une interprétation
1182 ue Johannes le séducteur, prouve simplement que «  notre jeune ami reste au-dehors », c’est-à-dire n’entretient encore que des
1183 pas plutôt l’inverse, — ne correspond à rien dans notre perspective, et n’aiderait à déceler aucun sens vérifiable. En effet,
1184 la décision fondant le mariage symbolisait aussi, nous l’avons vu, le fondement même de toute éthique existentielle. Mais vo
1185 solitude de son cœur, « c’est alors seulement que nous sommes unis ».) Régine s’est mariée ailleurs. Le dernier appel qu’il
1186 ur. » C’était là le prochain par excellence, et — nous le savons par le Journal — c’était Régine ! Plus tard, le concept d’i
1187 plications pourquoi l’amour en tant que passion — notre spécialité européenne — doit être nécessairement d’origine noble. On
1188 battre la violence d’un instinct est en dehors de notre puissance ». Dans le procès de maîtrise d’un instinct, « l’intellect
1189 tinct, qui est le rival de celui dont la violence nous tourmente, que ce soit le besoin de repos, ou la crainte de la honte
1190 éfastes, ou bien encore l’amour. Donc, tandis que nous croyons nous plaindre de la violence d’un instinct, c’est au fond un
1191 ien encore l’amour. Donc, tandis que nous croyons nous plaindre de la violence d’un instinct, c’est au fond un instinct qui
1192 sique à sa perfection, chez les Grecs comme parmi nous , mais elle y ajoute aussitôt le mythe tragique, et le héros tragique
1193 sur ses épaules le fardeau du monde dionysien et nous en délivre. … Entre la portée universelle de sa musique et l’auditeur
1194 e, sans la sauvegarde de cette illusion. Le mythe nous protège contre la musique, et lui seul, d’autre part, donne à celle-c
1195 gaieté, l’irresponsabilité ! Vivons au-dessus de nous afin de pouvoir vivre avec nous-mêmes ! » Que s’est-il passé entre-te
1196 ustra ? « Insouciant et railleur, violent — ainsi nous veut la sagesse. Elle est femme… » Que dit Aurore ? « Il n’y a encore
1197 ouvelle passion. — Pourquoi craignons et haïssons- nous la possibilité d’un retour à la barbarie ? Serait-ce peut-être parce
1198 es de tous les temps avaient plus de bonheur : ne nous y trompons pas. — Mais c’est notre instinct de connaissance qui est t
1199 de bonheur : ne nous y trompons pas. — Mais c’est notre instinct de connaissance qui est trop développé pour que nous puissio
1200 t de connaissance qui est trop développé pour que nous puissions encore apprécier le bonheur sans connaissance, ou bien le b
1201 le bonheur d’une illusion solide et vigoureuse ; nous souffrons rien qu’à nous représenter un pareil état de choses ! L’inq
1202 n solide et vigoureuse ; nous souffrons rien qu’à nous représenter un pareil état de choses ! L’inquiétude de la découverte
1203 de la découverte et de la divination a pris pour nous autant de charme et nous est devenue tout aussi indispensable que ne
1204 a divination a pris pour nous autant de charme et nous est devenue tout aussi indispensable que ne l’est, pour l’amoureux, l
1205 r l’état d’indifférence ; — oui, peut-être sommes- nous , nous aussi, des amants malheureux. La connaissance s’est transformée
1206 at d’indifférence ; — oui, peut-être sommes-nous, nous aussi, des amants malheureux. La connaissance s’est transformée chez
1207 alheureux. La connaissance s’est transformée chez nous en passion qui ne s’effraie d’aucun sacrifice et n’a, au fond, qu’une
1208  Cette pensée, elle aussi, est sans puissance sur nous . Le christianisme s’est-il donc effrayé d’idées semblables ? La passi
1209 aphorisme d’Aurore se termine ainsi : Où voulons- nous aller ? Voulons-nous donc franchir la mer ? Où nous entraîne cette pa
1210 termine ainsi : Où voulons-nous aller ? Voulons- nous donc franchir la mer ? Où nous entraîne cette passion puissante, qui
1211 us aller ? Voulons-nous donc franchir la mer ? Où nous entraîne cette passion puissante, qui prime pour nous sur toute autre
1212 entraîne cette passion puissante, qui prime pour nous sur toute autre passion ? Pourquoi ce vol éperdu dans cette même dire
1213 et s’éteignirent ? Dira-t-on peut-être un jour de nous que, nous aussi, gouvernant toujours vers l’ouest, nous espérions att
1214 nirent ? Dira-t-on peut-être un jour de nous que, nous aussi, gouvernant toujours vers l’ouest, nous espérions atteindre une
1215 ue, nous aussi, gouvernant toujours vers l’ouest, nous espérions atteindre une Inde inconnue, — mais que c’était notre desti
1216 s atteindre une Inde inconnue, — mais que c’était notre destinée d’échouer devant l’infini ? Ou bien, mes frères, ou bien ? —
51 1961, Preuves, articles (1951–1968). Dialectique des mythes : Le carrefour fabuleux (II) (mai 1961)
1217 ns l’ensemble d’une société aussi complexe que la nôtre . L’Éthique condamne en principe les deux mythes. En fait, elle exige
1218 e synthèse dans la durée des éléments variés dont nos deux mythes symbolisent l’excès ou l’échec, la plupart des couples ré
1219 eur véritable nature, et des fins vers lesquelles nous conduisent leurs structures. Du point de vue de l’histoire et de la p
1220 fins auxquelles chacun de ses termes s’ordonne et nous incline, selon sa loi. Mais il se peut aussi qu’une fois ces fins rec
1221 final des deux mythes Quelles sont les fins de nos vies au-delà de survivre, travailler et gagner de l’argent, qui ne so
1222 nt, qui ne sont au vrai que des moyens ? Limitons- nous aux quatre que voici : la durée, le bonheur, la liberté, l’amour.  
1223 ’un se voudra Tristan, l’autre Don Juan. Don Juan nous chante qu’il n’est heureux que dans l’instant, la nouveauté et le cha
1224 rai que Don Juan « raisonne » ainsi, en chacun de nous à ses heures. C’est qu’il oublie qu’une femme n’est pas une pomme. Et
1225 haine, parce que selon la légende primitive — que nous rappelle un analyste freudien — « il ne lui a pas donné l’âme qu’il l
1226 ltières et les plus fascinantes pour l’esprit. Il nous rappelle aussi que la durée n’est pas seulement la réalité du couple,
1227 véritable ? Seule une estimation bien assurée de notre vie dans ce monde-ci, et de son sens ou de son absurdité, nous mettra
1228 ce monde-ci, et de son sens ou de son absurdité, nous mettrait en mesure de répondre. Si notre incarnation présente n’est q
1229 bsurdité, nous mettrait en mesure de répondre. Si notre incarnation présente n’est que souffrance et illusion — souffrance à
1230 ’explique pas, on s’en doute, la nature en soi de nos mythes, qui sont phénomènes de l’âme. Mais elle nous aide à mieux ima
1231 s mythes, qui sont phénomènes de l’âme. Mais elle nous aide à mieux imaginer le processus de leur action ; peut-être aussi l
1232 it, l’orchestre multiplie les appels au plaisir. ( Nous sommes maintenant dans le palais.) Brusquement tout s’arrête à l’entr
1233 n, mais elle y succombera. Or cette liberté seule nous intéresse ; les autres ne sont guère que revendications déterminées d
1234 ffle du Monde est encore une « tourmente » !) que nous laissent les dernières mesures de Tristan.   L’amour. — Ici la diale
1235 ude de l’amour — et sa rareté merveilleuse ! Mais nos arts devant elle ont toujours reculé. Et nos littératures, impuissant
1236 Mais nos arts devant elle ont toujours reculé. Et nos littératures, impuissantes à créer le mythe du mariage idéal, ont véc
1237 fonction proprement vitale, ou devenue telle dans notre évolution. Ils ne sont pas seulement nos tentations majeures, mais de
1238 e dans notre évolution. Ils ne sont pas seulement nos tentations majeures, mais des signes chargés de sens. Qu’ils se lèven
1239 chargés de sens. Qu’ils se lèvent soudain devant nous , fascinants comme un rêve d’autres nuits, au lieu de nous accompagner
1240 scinants comme un rêve d’autres nuits, au lieu de nous accompagner dans l’ombre, et nous savons que le moment est venu de vi
1241 its, au lieu de nous accompagner dans l’ombre, et nous savons que le moment est venu de virer de cap, ou bien d’affronter la
1242 nge vivant. Enfin tous les deux ont raison contre nos morales de série, hygiéniques, étatiques, et sans style ni virtù. Dès
1243 yle ni virtù. Dès qu’un déséquilibre se trahit en nous , ou provoque une crise dans le couple, ils s’y jettent et l’aggravent
1244 onne, et la vie même. Mais sans eux, que seraient nos amours ? 123. L’Amour et l’Occident . 124. L’Amour et l’Occid
1245  À propos de Dona Anna : les biographes de Mozart nous assurent que ses contemporains ne doutaient pas un instant que Dona A
52 1961, Preuves, articles (1951–1968). Pour Berlin (septembre 1961)
1246 annonce rend la guerre atomique soudain possible. Nous ne discuterons pas ses raisons, ni celles que lui oppose l’Occident.
1247 ses raisons, ni celles que lui oppose l’Occident. Nous sommes en présence d’un fait qui dépasse les calculs politiques et me
1248 erlinois ? » s’écriait récemment M. Khrouchtchev. Nous lui demandons en retour, avec tous ceux qui veulent la paix : « Pourq
1249 jour un millier de sujets qui ne l’aiment pas ? » Nous demandons pour ces sujets le droit de redevenir des citoyens. Nous de
1250 ur ces sujets le droit de redevenir des citoyens. Nous demandons que leur soient reconnus les droits que définit l’article 1
1251 n problème de Berlin et que la paix est ébranlée. Nous demandons à M. Khrouchtchev d’appliquer les principes qu’il proclame,
1252 ns armes ne menacent pas la paix du peuple russe. Nous demandons à M. Khrouchtchev de ne pas pousser à bout les Allemands de
1253 de tout espoir n’est pas « consolider la paix ». Nous demandons à M. Khrouchtchev de ne pas déclencher le massacre universe
1254 ssacre universel pour sauver un régime décrié. Et nous lui proposons de faire confiance à l’Histoire, conformément à sa doct
53 1963, Preuves, articles (1951–1968). Le mur de Berlin vu par Esprit (février 1963)
1255 eptions près. Bref, Esprit du 1er décembre 1962 nous laisse tout ignorer de M. Paul Dehem, qui écrit longuement sur le mur
54 1963, Preuves, articles (1951–1968). Une journée des dupes et un nouveau départ (mars 1963)
1256 arait : « Si l’Angleterre entre au Marché commun, nous devons renoncer à l’Europe supranationale. » Or, dit-il aujourd’hui,
1257 ée, je crois préférable d’avoir l’Angleterre avec nous  »135. Ce qui revient en fait, sinon en intention, à sacrifier le trai
1258 aux mouvements de militants qu’il appartenait de nous offrir une vision de l’Europe politiquement unie. Mais ils se taisent
1259 déduisent une tactique, et qu’ils dressent devant nous et devant les hommes d’État une image convaincante de l’avenir, capab
1260 tuels anglais. Leur élan vers l’Europe va droit à notre cœur. Parlant de l’Europe continentale, Jan Nairn écrit : « These peo
1261 France, la Pologne, l’Espagne, ou la Suisse. Mais nous sommes tous aux prises avec la politique de nos États, de leurs pouvo
1262 nous sommes tous aux prises avec la politique de nos États, de leurs pouvoirs. Dans le même numéro d’Encounter, sir Stephe
1263 entes commenceront à se manifester parmi les Six, nous trouverons là l’occasion de nous assurer en Europe cette prépondéranc
1264 r parmi les Six, nous trouverons là l’occasion de nous assurer en Europe cette prépondérance que nous avons si sottement ref
1265 de nous assurer en Europe cette prépondérance que nous avons si sottement refusée dans les années 1950, alors qu’il ne tenai
1266 dans les années 1950, alors qu’il ne tenait qu’à nous de la saisir. » On ne saurait dire plus clairement que l’intérêt de l
55 1964, Preuves, articles (1951–1968). Un district fédéral pour l’Europe (août 1964)
1267 t 1964)bi bj Prenons les grandes dimensions de notre planète en mutation. C’est l’Europe qui a tout déclenché, et son rôle
1268 utant dire pour bien peu de temps. Broyant toutes nos diversités traditionnelles, elle causerait à court terme une chute de
1269 a la moindre chance de succès, s’agissant d’unir nos pays, hors une solution fédérale. Ici, l’exemple de la Suisse… On s’é
1270 e des États conviendrait à ravir à la majorité de nos dirigeants politiques et industriels, mais elle nous perdrait tous ta
1271 s dirigeants politiques et industriels, mais elle nous perdrait tous tant que nous sommes dans l’espace d’une génération. Un
1272 ndustriels, mais elle nous perdrait tous tant que nous sommes dans l’espace d’une génération. Une Europe unitaire, c’est fin
1273 es. Mais une Europe fédérale, seule possible pour nous comme pour l’Europe, qui la propose ? Les Suisses devant le projet
1274 d-garde du Gothard, elle a seule conservé jusqu’à nos jours le principe de l’Empire d’Occident, l’union sans unification, q
1275 cial, il s’y fait l’avocat d’une confédération de nos pays inspirée du « corps germanique », des états généraux de Hollande
1276 personnelle à Coppet, où les meilleurs esprits de nos diverses nations se lient d’amitié, soit par des livres comme De l’Al
1277 tal, Zurich, Bluntschli connaît les mécanismes de notre vie civique : il n’hésite pas à les proposer en modèle pour l’édifica
1278 vain ni sans gloire138. » Pratiquement ignoré de nos jours par les fédéralistes européens, le projet très précis du jurist
1279 squ’aux environs de 1960, il faut reconnaître que nos autorités et notre presse ont été dans l’ensemble pour le moins réser
1280 de 1960, il faut reconnaître que nos autorités et notre presse ont été dans l’ensemble pour le moins réservées, et que notre
1281 é dans l’ensemble pour le moins réservées, et que notre peuple l’est sans doute plus encore, s’agissant du projet européen. L
1282 ur chimérique. « Fumeux idéalisme ! Subversion de nos vieilles coutumes ! Temps perdu ! Ça ne se fera jamais ! » Je me souv
1283 e micro, en février 1953, au cours duquel l’un de nos plus célèbres professeurs de sciences politiques déclara au sujet du
1284 ste pour la Suisse, à cause de ses incidences sur nos transports. Trois jours plus tard, le premier train de charbon libre
1285 et la faculté de prévision de ceux qui faisaient notre opinion. L’union de l’Europe s’avérait bel et bien réalisable, puisqu
1286 alisable, puisqu’elle devenait réalité, mais elle nous prenait par surprise, et chaque démarche de nos gouvernants pour rejo
1287 nous prenait par surprise, et chaque démarche de nos gouvernants pour rejoindre l’histoire en train de se faire semblait p
1288 train de se faire semblait prématurée aux yeux de nos sages et de nos experts, quoique trop tardive aux yeux du reste de l’
1289 e semblait prématurée aux yeux de nos sages et de nos experts, quoique trop tardive aux yeux du reste de l’Europe. Notre en
1290 oique trop tardive aux yeux du reste de l’Europe. Notre entrée à l’OECE fut accueillie avec méfiance par la presse moyenne de
1291 trangères, plutôt mal vues à cause de l’adjectif. Notre demande d’association au Marché commun prit pour certains une allure
1292 Canossa sans agenouillement, donc sans pardon. Et notre arrivée tardive au Conseil de l’Europe n’a jamais été justifiée — com
1293 iques. — La neutralité intégrale reste la base de notre indépendance et « l’étoile fixe sur laquelle se règle la politique ét
1294 amais été qu’un moyen politique mis au service de notre indépendance ; elle n’est pas affirmée par la Constitution ; « elle n
1295 nt transformé le sens, la portée et la réalité de notre neutralité141. » Cette dernière est devenue en partie factice. La Sui
1296 ’est-à-dire contre son essence fédéraliste ; mais nous aurons perdu le droit auquel beaucoup d’entre nous tiennent le plus :
1297 ous aurons perdu le droit auquel beaucoup d’entre nous tiennent le plus : le droit de nous plaindre. À quoi l’on pourrait aj
1298 ucoup d’entre nous tiennent le plus : le droit de nous plaindre. À quoi l’on pourrait ajouter : 1°) que s’il est vrai que no
1299 l’on pourrait ajouter : 1°) que s’il est vrai que notre neutralité a permis les interventions de la Croix-Rouge lors des conf
1300 ien la Chine), c’est opérer un coup d’État contre notre présent statut de neutralité, et c’est absurde : car la Suisse fait p
1301 es ennemis, ce serait vouloir rester neutre entre nos ennemis et nous-mêmes. Neutres entre le pompier et l’incendie, entre
1302 re à la Constitution, et ce serait même la fin de notre fédéralisme, n’hésitent pas à déclarer de nombreux politiciens et jou
1303 es globaux sont connus. En mai 1963, par exemple, nos importations proviennent pour 65,3 % des Six, pour 13,4 % des Sept, p
1304 3,4 % des Sept, pour 21,3 % du reste du monde. De nos exportations, les deux tiers vont à l’Europe. Il est vrai que notre b
1305 , les deux tiers vont à l’Europe. Il est vrai que notre balance commerciale reste déficitaire avec l’Europe (de 447 millions)
1306 uer que ces chiffres ne suffisent pas à justifier notre refus de participer au Marché commun, ni d’ailleurs notre participati
1307 fus de participer au Marché commun, ni d’ailleurs notre participation à l’AELE. La Suisse est si peu indépendante de l’Europe
1308 in-d’œuvre européenne nécessaire à l’expansion de notre économie a dû passer de quatre-vingt-dix-mille personnes en 1950 à hu
1309 r prôner une autarcie plus impossible encore chez nous qu’ailleurs, n’en affirment pas moins que s’il le faut, un jour, la S
1310 la Suisse farà da se et saura bien se défendre ? Nous ne sommes plus au défilé de Morgarten. Ce n’est pas avec des longues
1311 s de fer aux pieds et une résolution farouche que nous pourrons faire face à une Europe unie — j’entends unie sans nous et m
1312 aire face à une Europe unie — j’entends unie sans nous et malgré nous. Arguments traditionalistes. — Des représentants de l
1313 Europe unie — j’entends unie sans nous et malgré nous . Arguments traditionalistes. — Des représentants de l’industrie, et
1314 ope fédérée, respectueuse de ses diversités comme nous des nôtres, s’accorderait avec la vocation traditionnelle de la Suiss
1315 Suisse. Mais se fera-t-elle ? Voilà qui dépend de nous aussi. C’est à nous de faire valoir, dans les conseils qui élaborent
1316 -t-elle ? Voilà qui dépend de nous aussi. C’est à nous de faire valoir, dans les conseils qui élaborent l’Europe future, les
1317 aliste. Prétendre en conserver les bénéfices pour nous seuls serait le plus sûr moyen de les perdre. Il n’est pas vrai, d’ai
1318 illeurs, que l’union de l’Europe menace d’effacer nos caractéristiques nationales. L’union de la Suisse, depuis 1848, n’a p
1319 L’union de la Suisse, depuis 1848, n’a pas effacé nos caractéristiques cantonales. Et il est pour le moins bizarre qu’un po
1320 été créée par le mouvement d’union européenne. De nos jours encore, à l’étranger, le nom de la Suisse évoque des vaches et
1321 endu bien rare et difficile pour les habitants de nos grandes villes, soit définitivement interrompu pour ceux de la Mégalo
1322 le Marché commun n’y changera rien. (À moins que notre isolement n’entraîne un retour à la misère naturelle du pays ?) Bref,
1323 eugle et sous le prétexte d’une indépendance dont notre peuple n’est pas disposé plus qu’un autre à payer le prix exorbitant.
1324 s choses. Elle s’explique peut-être en partie par nos coutumes précisément fédéralistes de tolérance calculée et d’empirism
1325 ce d’embarras. Ceux qui se réclament très haut de nos traditions savent bien que chacun sait qu’il s’agit d’intérêts et de
1326 re d’affaires, qui définit le sens de la vie pour nos industriels « sérieux ». Et quant aux enthousiastes de l’Europe, ils
1327 r trop fort, et c’est peut-être mieux ainsi. Mais notre peuple comprend mal ce qui est en jeu. Je ne suis d’accord, pour ma p
1328 ni avec ceux qui refusent l’Europe en prétextant notre neutralité ni avec ceux (beaucoup plus rares d’ailleurs) qui voudraie
1329 é d’une fédération. Il n’y a pas une chance qu’on nous offre cela, si nous, Suisses, ne le proposons pas. Mais quant aux cha
1330 Il n’y a pas une chance qu’on nous offre cela, si nous , Suisses, ne le proposons pas. Mais quant aux chances que nous le pro
1331 , ne le proposons pas. Mais quant aux chances que nous le proposions… Tout le débat sur l’idée européenne paraît tourner, da
1332 débat sur l’idée européenne paraît tourner, dans notre presse, autour de la défense des intérêts particuliers de la Suisse.
1333 a majorité. Il s’agit de savoir et de dire ce que nous avons à donner, et non pas seulement à sauver ; ce que l’Europe est e
1334 t largement bénéficiaire, et pas seulement ce que nous redoutons de l’action des autres. Au cœur géographique et historique
1335 géographique et historique du continent européen, nous avons réussi beaucoup mieux que cette fameuse neutralité — nécessité
1336 eutralité — nécessité subie, à l’origine, et dont nous fîmes peu à peu vertu à partir du xxe siècle — nous avons réussi not
1337 s fîmes peu à peu vertu à partir du xxe siècle — nous avons réussi notre fédéralisme ! Différent en ceci de la neutralité,
1338 vertu à partir du xxe siècle — nous avons réussi notre fédéralisme ! Différent en ceci de la neutralité, il tient à l’essenc
1339 ci de la neutralité, il tient à l’essence même de notre État. C’est notre création majeure. Il nous oblige. Et en son nom, no
1340 é, il tient à l’essence même de notre État. C’est notre création majeure. Il nous oblige. Et en son nom, nous nous devons dor
1341 e de notre État. C’est notre création majeure. Il nous oblige. Et en son nom, nous nous devons dorénavant de prendre des ini
1342 création majeure. Il nous oblige. Et en son nom, nous nous devons dorénavant de prendre des initiatives. Aux deux solutions
1343 tion majeure. Il nous oblige. Et en son nom, nous nous devons dorénavant de prendre des initiatives. Aux deux solutions en p
1344 : si la Suisse ne la préconise pas, qui le fera ? Notre fédéralisme est peu connu, ou très mal connu hors de Suisse ; notre n
1345 est peu connu, ou très mal connu hors de Suisse ; notre neutralité n’y est que trop connue. Pourquoi parler toujours de cette
1346 rtu qui ennuie, de cette pratique négative, quand nous avons cette expérience passionnante, remarquablement positive et tell
1347 uvelles. Ce que les Européens peuvent attendre de nous , ce n’est pas l’exposé lassant des raisons de notre réserve devant to
1348 ous, ce n’est pas l’exposé lassant des raisons de notre réserve devant tout ce que d’autres entreprennent, mais un plan d’uni
1349 d’autres entreprennent, mais un plan d’union qui nous convienne enfin et auquel nous puissions adhérer « sans réserve et de
1350 n plan d’union qui nous convienne enfin et auquel nous puissions adhérer « sans réserve et de plein droit ». Mais énoncer un
1351 une politique. Et c’est à quoi le gouvernement de notre fédération se refuse avec vigilance, non parce qu’il est mauvais, mai
1352 jusqu’ici, a présidé avec succès aux destinées de notre pays. J’en donnerai un exemple tout récent : je le trouve dans les jo
1353 ar le Collège exécutif : 1°) « Dans un pays comme le nôtre , les débats sur la politique générale risqueraient d’être stériles… L
1354 ateur d’une situation étrangement contradictoire. Notre système est foncièrement hostile à ce que l’on nomme ailleurs la poli
1355 automatique à toute initiative capable de sauver notre régime fédéraliste en le faisant accepter au plan européen. Voici l’i
1356 de prospective fédéraliste La guerre actuelle nous révèle un univers en perpétuelle évolution vers un ordre et des forme
1357 pendant la dernière guerre : À l’heure actuelle, notre destinée se révèle. Le sort nous a confié une conception de l’État do
1358 heure actuelle, notre destinée se révèle. Le sort nous a confié une conception de l’État dont la portée historique n’éclate
1359 hui, un idéal national qui n’a pas de valeur pour nous seulement, mais pour l’Europe entière. Au moment où le principe des n
1360 t où les civilisations opposées s’entredéchirent, notre petit État revendique l’honneur d’un idéal national dominant les nati
1361 isme authentique. Toute l’évolution prévisible de nos sociétés va dans ce sens. L’un des thèmes favoris des sociologues act
1362 ide, par hasard, et pour l’instant, avec celui de notre population. Question : la Suisse ne sera-t-elle pas, d’ici vingt ans
1363 urope de l’Ouest145. Il serait présenté au nom de notre idéal et de notre usage du fédéralisme, mais « dans les intérêts de l
1364 5. Il serait présenté au nom de notre idéal et de notre usage du fédéralisme, mais « dans les intérêts de l’Europe entière. »
1365 e englobant des siècles d’histoire commune à tous nos peuples et les diversités que l’on sait, le District fédéral ne saura
1366 a de mon « utopie » que c’est bien joli, mais que nous ne sommes pas faits pour le rôle, et que le reste de l’Europe va peut
1367 l’Europe. « Il était temps que ces petits Suisses nous offrent autre chose que leurs leçons. Mais ils vont peut-être un peu
1368 la patrie du Ranz des vaches… Mais après tout, si notre capitale n’est pas retenue, au bout du compte, plutôt que d’en choisi
1369 sse officielle. Je vais donc le faire à sa place. Nos dirigeants se refusent expressément à toute espèce de programme polit
1370 ute politique qui ne se résume pas à faire valoir nos bonnes raisons de n’en avoir aucune — et c’est ce que l’on appelle « 
1371 ère le bien commun de toute l’Europe, que perdons- nous  ? Les seuls droits dont nous refusions obstinément de faire usage. Et
1372 ’Europe, que perdons-nous ? Les seuls droits dont nous refusions obstinément de faire usage. Et nous y trouvons en revanche
1373 ont nous refusions obstinément de faire usage. Et nous y trouvons en revanche les garanties qui faisaient de plus en plus dé
1374 menacée de désuétude par l’entente établie entre nos grands voisins. Les risques de guerre qui subsistent ne sont plus nat
1375 e. Le grand réseau des relations continentales et nos petits réseaux serrés de relations cantonales et communales coexisten
1376 e municipale à la veille d’une grande conférence. Notre climat passe pour être apaisant. Dans une Suisse devenue terre d’Euro
1377 en quittant l’autoroute, le vrai pays — celui que nous seuls pourrions dénaturer. Trois décis d’un petit vin blanc frais de
1378 de gare où toutes les races du monde se mêlent à nos derniers paysans dans une odeur de bouillon Maggi et de cigares de Br
1379 n, et il doit l’être, mais le sera-t-il jamais si nous restons muets ? Malgré tout ce qui nous retient, mais nous pousse en
1380 jamais si nous restons muets ? Malgré tout ce qui nous retient, mais nous pousse en même temps et nous oblige, je veux le cr
1381 ons muets ? Malgré tout ce qui nous retient, mais nous pousse en même temps et nous oblige, je veux le croire avec Victor Hu
1382 i nous retient, mais nous pousse en même temps et nous oblige, je veux le croire avec Victor Hugo : La Suisse, dans l’Histo
56 1966, Preuves, articles (1951–1968). André Breton (novembre 1966)
1383 granit poli, brique enfumée, verre et ciment, que nous nous sommes rencontrés. Mais au long des années de notre amitié, j’ai
1384 t poli, brique enfumée, verre et ciment, que nous nous sommes rencontrés. Mais au long des années de notre amitié, j’ai souv
1385 ous sommes rencontrés. Mais au long des années de notre amitié, j’ai souvent observé comme il savait aimer un arbre, une feui
1386 poétique de l’univers ». Après tant d’années sans nous voir, Dieu sait pourquoi, j’ai retrouvé ce soir une ombre amie à l’or
1387 ui avait été l’un des « phares » baudelairiens de notre adolescence loin de Paris, puis un symbole (refusé mais sacré) de la
1388 Il se plaignit, très gentiment, de ce que durant nos années parisiennes nous n’ayons pu, ou cru pouvoir, nous rencontrer.
1389 entiment, de ce que durant nos années parisiennes nous n’ayons pu, ou cru pouvoir, nous rencontrer. « Ce sont de ces conneri
1390 nées parisiennes nous n’ayons pu, ou cru pouvoir, nous rencontrer. « Ce sont de ces conneries ! Et que l’on expie ! » (Beauc
1391 e soir-là, au Village, mon rêve est devenu vrai : nous parlons certes de ce qui peut nous rapprocher, l’amour-passion, les t
1392 devenu vrai : nous parlons certes de ce qui peut nous rapprocher, l’amour-passion, les troubadours, la psychanalyse, Saint-
1393 ohn Perse, mais aussi de ce qui semblerait devoir nous opposer de front : nos options politiques, morales et religieuses. Et
1394 ce qui semblerait devoir nous opposer de front : nos options politiques, morales et religieuses. Et nous voici bientôt dan
1395 os options politiques, morales et religieuses. Et nous voici bientôt dans l’euphorie de la contestation en convergence heure
1396 ! À quelques jours de là, il me dit souhaiter que nous puissions désormais nous rencontrer « mécaniquement en quelque sorte 
1397 il me dit souhaiter que nous puissions désormais nous rencontrer « mécaniquement en quelque sorte ». L’OWI eut ceci de bon
1398 ment en quelque sorte ». L’OWI eut ceci de bon de nous en assurer l’occasion quotidienne. J’écrivais quelques mois plus tard
1399 cinq heures au fond de la grande salle. Il vient nous prêter sa voix noble, agrémentée d’un léger sifflement, mais il garde
1400 à la polycopie, avant d’être remis aux speakers, nous trouvons un moment pour causer. Et souvent nous parlons des fêtes que
1401 , nous trouvons un moment pour causer. Et souvent nous parlons des fêtes que nous rêvons d’organiser. « Celle par exemple qu
1402 our causer. Et souvent nous parlons des fêtes que nous rêvons d’organiser. « Celle par exemple qui devrait durer trois jours
1403 êve de compensation, si l’on voit dans quel cadre nous sommes en train de causer. Trente machines à écrire dans cette salle,
1404 locales entre des groupes qui bavardent… »   Dès notre première vraie rencontre, j’avais découvert quelque chose dont je pen
1405 tin, qu’il tenait pour l’ancêtre des jansénistes. Nous lui dîmes qu’il y avait là-dessus des bibliothèques, il n’en crut rie
57 1968, Preuves, articles (1951–1968). Marcel Duchamp mine de rien (février 1968)
1406 ns et l’eau tout de suite, au pied de la galerie. Nous attendions Marcel Duchamp sans trop savoir quand il viendrait, et pou
1407 st très bien. » Il va donc rester quelques jours. Nos voisins sont venus en fin d’après-midi, gentils et trop gentils, prôn
1408 asses sont inéducables, dit-il après le départ de nos hôtes. Elles nous détestent et nous tueraient volontiers. Ce sont les
1409 ables, dit-il après le départ de nos hôtes. Elles nous détestent et nous tueraient volontiers. Ce sont les imbéciles qui, en
1410 s le départ de nos hôtes. Elles nous détestent et nous tueraient volontiers. Ce sont les imbéciles qui, en se liguant contre
1411 pellent la réalité, le monde « matériel » tel que nous le souffrons. Ça les arrange. C’est ce même monde que la science, ens
1412 ence, la lenteur, et la solitude. Aujourd’hui, on nous traque. — Oui, dis-je, mais tout dépend des vrais désirs des hommes :
1413 d’accepter. Le reste est beaucoup plus facile. À nous de choisir nos fées, puisque nous le pouvons en vertu de l’extrême li
1414 reste est beaucoup plus facile. À nous de choisir nos fées, puisque nous le pouvons en vertu de l’extrême liberté que nous
1415 plus facile. À nous de choisir nos fées, puisque nous le pouvons en vertu de l’extrême liberté que nous nous accordons par
1416 nous le pouvons en vertu de l’extrême liberté que nous nous accordons par convention. Voulons-nous susciter les fées du brui
1417 le pouvons en vertu de l’extrême liberté que nous nous accordons par convention. Voulons-nous susciter les fées du bruit et
1418 é que nous nous accordons par convention. Voulons- nous susciter les fées du bruit et de la vitesse, ou celles de la lenteur
1419 sse, ou celles de la lenteur et du silence ? Mais notre ami le Dr M. V., qui passe l’été près d’ici avec deux jeunes amies no
1420 qui passe l’été près d’ici avec deux jeunes amies nous écrase d’un souriant dédain. « Vous aurez bientôt, nous dit-il, les p
1421 crase d’un souriant dédain. « Vous aurez bientôt, nous dit-il, les preuves les plus éclatantes de la réalité des lois de la
1422 té des lois de la science, je sais ce que je dis. Nous calculons les mouvements de l’électron, la puissance des rayons cosmi
1423 de l’électron, la puissance des rayons cosmiques, nous ferons marcher des moteurs avec ça ! Allez en faire autant avec vos f
1424 e considère comme l’origine, non comme l’effet de notre idée de cause. Indémontrable, évidemment… D’ailleurs, ce n’est pas ce
1425 e n’est pas cela. Je crois que Dieu est fou selon nos normes rationnelles, infiniment plus fou que tout ce que nous pouvons
1426 rationnelles, infiniment plus fou que tout ce que nous pouvons imaginer de lui… Avant d’aller se coucher, je lui donne le No
1427 il faut devenir son propre père ? 6 août. Ce qui nous manque ici, c’est un jeu d’échecs. Celui dont Duchamp se sert pour se
1428 raillements », précise-t-il. Mais faute de jouer, nous en parlons. C’est d’ailleurs le mot de sa vie : échec de l’art, art d
1429 s par jour — son régime ordinaire — la plupart de nos aliments, surtout la viande, n’étant pas assimilés et ne servant qu’à
1430 viande, n’étant pas assimilés et ne servant qu’à nous bourrer l’estomac d’une sorte de caoutchouc « Et tout ce temps qu’on
1431 e mouvement de retrait.) Le soir, faute d’échecs, nous essayons de créer quelques problèmes avec des Chinese Checkers trouvé
1432 se Checkers trouvés dans la bibliothèque, et cela nous mène assez tard. Nous avons fini hier par un petit jeu de questions e
1433 ns la bibliothèque, et cela nous mène assez tard. Nous avons fini hier par un petit jeu de questions et réponses écrites sim
1434 deurs s’épousent par infra-mince. » Voudriez-vous nous donner d’autres exemples ? — En effet, on ne peut guère en donner que
1435 xemples. C’est quelque chose qui échappe encore à nos définitions scientifiques. J’ai pris à dessein le mot mince qui est u
1436 ndre, ni vous goûter goûtant, et ainsi de suite ? Nous sommes en train de déjeuner sur la galerie, au-dessus de l’eau. Entre
1437 de la terre en est changée, mais combien de temps nous faudra-t-il pour le comprendre ? Si nous n’y arrivons pas très vite,
1438 de temps nous faudra-t-il pour le comprendre ? Si nous n’y arrivons pas très vite, nous n’y arriverons sans doute jamais : n
1439 comprendre ? Si nous n’y arrivons pas très vite, nous n’y arriverons sans doute jamais : nous sauterons comme des imbéciles
1440 rès vite, nous n’y arriverons sans doute jamais : nous sauterons comme des imbéciles. Il ne nous reste qu’une alternative :
1441 amais : nous sauterons comme des imbéciles. Il ne nous reste qu’une alternative : le Monde uni ou l’Autre monde. Le dire tou
1442 Commencer par raconter l’entrée de la Chose dans nos esprits. Ce sera le début de la première de mes Lettres. Hier, j’ai r
1443 shima, comme si j’en étais responsable. À minuit, nous en parlions encore. Le choc nous avait jetés dans l’élucubration, plu
1444 sable. À minuit, nous en parlions encore. Le choc nous avait jetés dans l’élucubration, plutôt que dans la terreur ou la méd
1445 ante qu’affecte Sherlock Holmes devant Watson. Il nous donnait ainsi, d’un mot, la clé de ses mystérieuses disparitions dans
1446 magazine du genre Look. C. s’écria que l’idée que nous mourrons tous dans une grande explosion la hantait depuis son enfance
1447 (La Mort lente) il avait disparu dans les bois et nous revint au bout d’une heure, pâle et défait, disant que sa vie n’avait
1448 lectuel dont il est la seule ceinture noire parmi nos artistes et penseurs. J’admire l’économie de ses moyens : un rien, un
58 1968, Preuves, articles (1951–1968). Vingt ans après, ou la campagne des congrès (1947-1949) (octobre 1968)
1449 e l’engagement intellectuel en politique, tel que nous l’avions pratiqué bien avant cette époque de l’après-guerre où le mot
1450 rre où le mot fit la fortune soudaine de ceux qui nous laissaient la chose148. Et je voudrais enfin rappeler que le mouvemen
1451 t les gouvernements qui en dépendaient alors dans nos pays. Des historiens pourront soutenir que tous ces congrès n’ont rie
1452 1948, et c’est l’habileté politicienne embrassant notre cause comme pour mieux l’étouffer qui a ramené toutes choses au nivea
1453 qui allait tenir un congrès à Montreux. Au nom de notre ancienne camaraderie de combat dans le mouvement personnaliste (L’Ord
1454 térées, il répond « Je vous demande simplement de nous lire les pages sur L’Attitude fédéraliste que vous avez publiées en 1
1455 bliées en 1940151. C’est la doctrine qu’attendent nos militants. Nous serons une trentaine autour d’une table, on discutera
1456 51. C’est la doctrine qu’attendent nos militants. Nous serons une trentaine autour d’une table, on discutera, vous aurez l’o
1457 son camp d’otages en Hollande. Si la jeunesse de nos pays n’a pu faire passer dans l’action les idées que je représente, c
1458 it. “Tout cela est bel et bon, mais maintenant il nous faut travailler.” C’est un Polonais d’une soixantaine d’années, le Dr
1459 e meneur de jeu interrompt l’enregistrement, pour nous permettre d’harmoniser nos déclarations. (Ce que nous faisons tant bi
1460 ’enregistrement, pour nous permettre d’harmoniser nos déclarations. (Ce que nous faisons tant bien que mal avant de reprend
1461 permettre d’harmoniser nos déclarations. (Ce que nous faisons tant bien que mal avant de reprendre l’entretien devant le mi
1462 ’allait subir au cours des trois années suivantes notre mouvement étaient en germe dans ce premier affrontement entre l’élan
1463 ne veulent rien faire, répliquaient les autres. À nous de montrer le but, et après cela, on cherchera les voies qui peuvent
1464 cs, J. R. de Salis, Stephen Spender, et moi-même, nous étions attachés à définir en neuf conférences suivies de débats publi
1465 ôt sceptique, Stephen Spender et quelques autres, nous avions même tenté d’élaborer une sorte de charte fédérative, dont hél
1466 printemps suivant des états généraux de l’Europe. Nous pensions recenser rapidement ce que nous appelions (d’un terme repris
1467 ’Europe. Nous pensions recenser rapidement ce que nous appelions (d’un terme repris de L’Ordre nouveau de 1933) les « forces
1468 L’Ordre nouveau de 1933) les « forces vives » de nos pays : syndicats ouvriers, agricoles, patronaux ; coopératives ; magi
1469 ent le noyau d’un futur gouvernement européen156. Nous songions à Versailles comme siège de l’Assemblée : ce symbole de l’ab
1470 réunir à La Haye les « sommités » européennes, et nous invitent à collaborer. Or, Sandys ayant exigé et obtenu que son comit
1471 ière se trouve seule contre trois. « Pourtant, si nous refusons, que va-t-il se passer ? Il me paraît difficile de faire les
1472 autres se couvriront largement sur leur gauche et nous aurons à envisager bientôt de sérieuses difficultés financières. Très
1473 ieuses difficultés financières. Très probablement notre action en serait vite paralysée dans l’immédiat et c’est l’immédiat q
1474 événements se précipitent, mais encore parce que nos propres mouvements se désagrégeront si nous ne leur donnons pas un bu
1475 ce que nos propres mouvements se désagrégeront si nous ne leur donnons pas un but précis. Nous risquerions de devenir une se
1476 geront si nous ne leur donnons pas un but précis. Nous risquerions de devenir une secte. Pendant ce temps, du reste, les aut
1477 dant ce temps, du reste, les autres agiront. Sans nous , ils ont beau jeu. La droite connaît un renouveau inespéré, les commu
1478 “grands noms” de l’“Europe unie” et de la Ligue. Nous pourrions sans doute, dans une certaine mesure, empêcher les autres d
1479 utres d’obtenir à La Haye un succès complet, mais nous ne réussirons pas non plus, et on se sera paralysé mutuellement. » Br
1480 , mais aussi la seule chance peut-être de réussir notre révolution fédéraliste ? (La gauche, la jeunesse et le reste suivraie
1481 uissant élan à la propagande européenne dans tous nos pays. On mesure la différence de niveau entre les ambitions fédérali
1482 rivait le 29 mars (avec « copie à quelques-uns de nos collègues ») une lettre qui donnait au préambule sa pleine valeur, te
1483 te déclaration doit fournir le point de départ de notre action commune après le Congrès et doit devenir le manifeste de tout
1484 venir le manifeste de tout le Mouvement européen. Nous devons tenter de réunir des millions de signatures d’Européens, et de
1485 bjectifs principaux et immédiats du congrès et de notre mouvement. Le fait de recueillir des signatures doit maintenir nos id
1486 fait de recueillir des signatures doit maintenir nos idées constamment actives dans les masses. Chaque meeting organisé pa
1487 ans les masses. Chaque meeting organisé par un de nos groupes affiliés devra se terminer par une collecte de signatures (et
1488 l avait jadis coutume de retrouver Joseph Conrad. Nous convînmes que je ne quitterais Londres que par l’avion du lendemain m
1489 xte était sous presse, non le sien, avait pleuré. Nous étions tous assez nerveux, en cette veillée d’armes. Le congrès de
1490 e, tout là-haut, j’ai rêvé un instant qu’enfants, nous sautions d’une poutre à l’autre, sans regarder l’abîme sous nos pas…
1491 ’une poutre à l’autre, sans regarder l’abîme sous nos pas… Vertige rapide. J’abaisse mes regards le long des parois blanche
1492 rois. Plus bas, des tapis suspendus. Au-dessus de nous , un large dais carré, tendu de soie rouge et or. J’appuie ma tête con
1493 té ; et que je faisais depuis vingt ans. « Devant nous , tout autour de nous, dans cette grande salle des Chevaliers, qui est
1494 s depuis vingt ans. « Devant nous, tout autour de nous , dans cette grande salle des Chevaliers, qui est celle d’un très vieu
1495 nq pays… Mais je me dis qu’en effet, malgré tout, notre congrès est doublement non conformiste, puisqu’il a su rallier pour u
1496 es…) « Tout à l’heure, présidents et rapporteurs, nous avons traversé la salle en procession, Churchill et sa femme conduisa
1497 Ou encore des vainqueurs et des vaincus d’hier ? ( Nous avons des délégations allemandes, autrichiennes et italiennes.) Ou bi
1498 ducation Kenneth Lindsay pense au contraire que «  notre devoir est de constituer nous-mêmes un comité compétent pour continue
1499 ire propre à sauver les caractères distinctifs de nos peuples ; et enfin de considérer que cette union sera le premier pas
1500 où soient représentées les forces vives de toutes nos nations », thèse des fédéralistes intégraux. En fait, le Mouvement eu
1501 moins qui s’y opposeront, à cause de la phrase : “ Nous voulons une défense commune”. » Sandys ajouta : « Cette phrase n’a pa
1502  ! » J’avais un peu crié, je crois. Des huissiers nous prièrent de sortir. J’envoyai quérir Retinger et Paul van Zeeland, qu
1503 tribune. Dans une petite salle près de l’entrée, nous nous assîmes à six ou sept, et après dix minutes d’un débat virulent,
1504 une. Dans une petite salle près de l’entrée, nous nous assîmes à six ou sept, et après dix minutes d’un débat virulent, au c
1505 grise » qu’étaient alors en train de subir toutes nos nations, trop pauvres pour s’offrir un si grand appareil. Ainsi les u
1506 succès même risquait de compromettre l’avenir de notre idée européenne, comme risquait de le faire dans un autre domaine la
1507 nalyse impitoyable, conduite par beaucoup d’entre nous , il devient très clair, désormais, que la fédération européenne ne se
1508 es archives du CEC à Genève. 158. « La tâche qui nous attend dans ce congrès n’est pas seulement de faire entendre la voix
1509 oix de l’Europe comme celle d’une famille réunie. Nous devons, ici et maintenant, décider que soit constituée une Assemblée
1510 2. « Mais quoi ! Il faudrait se lever pour cela ! Nous devrions tous nous lever ! » 163. Sforza, ministre des Affaires étra
1511 faudrait se lever pour cela ! Nous devrions tous nous lever ! » 163. Sforza, ministre des Affaires étrangères, prononça en
1512 f, disent : “Le pauvre, il n’a pas réussi !” Mais nous , quand nous parlons du nôtre, nous disons : “C’était un couillon !” »
1513 “Le pauvre, il n’a pas réussi !” Mais nous, quand nous parlons du nôtre, nous disons : “C’était un couillon !” » bm. Rouge
1514 ’a pas réussi !” Mais nous, quand nous parlons du nôtre , nous disons : “C’était un couillon !” » bm. Rougemont Denis de, « 
1515 réussi !” Mais nous, quand nous parlons du nôtre, nous disons : “C’était un couillon !” » bm. Rougemont Denis de, « Vingt
59 1970, Preuves, articles (1951–1968). Dépasser l’État-nation (1970)
1516 l’autre, tout au long du xixe siècle, suivis de nos jours par le reste du monde, notamment par le tiers-monde, mal décolo
1517 incapable de répondre aux exigences concrètes de notre temps, puisqu’il est à la fois trop petit pour agir à l’échelle mondi
1518 sance ou liberté Or voici l’ironie tragique de notre Histoire : c’est sur la base de cet obstacle radical à toute union qu
1519 oi l’on n’a pas avancé d’un mètre en direction de notre union politique. Entre l’union de l’Europe et les États-nations sacra
1520 ituation de choisir librement son avenir. Jusqu’à nous , point de choix économiques ni même peut-être politiques longuement d
1521 somme du superflu. Mais dès lors que ce choix de notre avenir est libre, nous voici contraints de le faire, à nos risques et
1522 dès lors que ce choix de notre avenir est libre, nous voici contraints de le faire, à nos risques et périls ! Nous voici co
1523 r est libre, nous voici contraints de le faire, à nos risques et périls ! Nous voici contraints de nous demander ce que nou
1524 contraints de le faire, à nos risques et périls ! Nous voici contraints de nous demander ce que nous attendons de notre vie
1525 nos risques et périls ! Nous voici contraints de nous demander ce que nous attendons de notre vie et de la vie en société,
1526 s ! Nous voici contraints de nous demander ce que nous attendons de notre vie et de la vie en société, ce que nous voulons r
1527 traints de nous demander ce que nous attendons de notre vie et de la vie en société, ce que nous voulons réellement, principa
1528 dons de notre vie et de la vie en société, ce que nous voulons réellement, principalement, et contraints de tirer des plans
1529 raints de tirer des plans en conséquence. Voulons- nous par exemple à tout prix élever notre niveau de vie, quantitatif — ou
1530 ence. Voulons-nous par exemple à tout prix élever notre niveau de vie, quantitatif — ou plutôt voulons-nous sauvegarder un ce
1531 re niveau de vie, quantitatif — ou plutôt voulons- nous sauvegarder un certain mode de vie, qualitatif ? Voulons-nous contrib
1532 rder un certain mode de vie, qualitatif ? Voulons- nous contribuer à tout prix à l’accroissement indéfini du PNB (Produit nat
1533 ent, une communauté vivante ? Et quel prix sommes- nous prêts à payer pour cela ? Le prix de certaines libertés, ou le prix d
1534 e la vie… D’une façon plus précise, en Europe, il nous faut décider si notre union aura pour but la Puissance collective ou
1535 plus précise, en Europe, il nous faut décider si notre union aura pour but la Puissance collective ou la Liberté des personn
1536 ssance collective ou la Liberté des personnes. Il nous faut le décider, en toute conscience, et vite ; car le choix de la fi
1537 iez pas aller… Voici donc le dilemme présent : si nous attribuons pour finalité à la Cité européenne de demain la puissance,
1538 gressif, comme la France de Napoléon, et faire de nos États autant de départements. Il faut tout unifier par des lois infle
1539 super État-nation ne pourrait être imposé à tous nos peuples qu’à la faveur d’une guerre générale — selon la loi de format
1540 r autant. Un modèle périmé Au contraire, si nous donnons pour finalité à la Cité européenne la liberté, c’est-à-dire l
1541 et je vois bien que toutes les civilisations que nous connaissons ont choisi la puissance comme seul but réaliste de la soc
1542 misanthropes. Je crois à la nécessité de défaire nos États-nations. Ou plutôt de les dépasser, de démystifier leur sacré,
1543 r sur lui. Je ne sais, n’étant pas économiste, si nos États-nations délimités pour la plupart au xixe et au xxe siècles,
1544 t de la culture européenne. Et les diversités que nous devons respecter ne sont pas celles de ces États-nations nés d’hier :
1545 ais avec aucune frontière. Elles traversent aussi nos partis, nos confessions et nos régions, nos personnes mêmes ! Il y a
1546 une frontière. Elles traversent aussi nos partis, nos confessions et nos régions, nos personnes mêmes ! Il y a dans chaque
1547 s traversent aussi nos partis, nos confessions et nos régions, nos personnes mêmes ! Il y a dans chaque pays un nord et un
1548 aussi nos partis, nos confessions et nos régions, nos personnes mêmes ! Il y a dans chaque pays un nord et un midi ; dans c
1549 e et une gauche… La renaissance des régions Nos États-nations, obsédés par l’idée de « se faire respecter », oublient
1550 ou d’affaires « étrangères » : c’est un mot qu’il nous faut bannir du vocabulaire politique dans une Europe fédérée, au seui
1551 r : on ne fera pas l’Europe sans casser des œufs, nous le voyons depuis vingt-cinq ans. Mais il l’est moins parce qu’il dema
1552 communiste à la mise en question du sens même de nos vies et des vrais buts de nos activités communautaires et personnelle
1553 ion du sens même de nos vies et des vrais buts de nos activités communautaires et personnelles. Si sérieux que soient les p
1554 e c’est au contraire la grande tâche politique de notre temps. Précisons : des vingt ans qui viennent. Car à ce prix seulemen
1555 s vingt ans qui viennent. Car à ce prix seulement nous ferons l’Europe, et nous la ferons pour toute l’humanité, nous lui de
1556 Car à ce prix seulement nous ferons l’Europe, et nous la ferons pour toute l’humanité, nous lui devons cela ! Une Europe qu
1557 ’Europe, et nous la ferons pour toute l’humanité, nous lui devons cela ! Une Europe qui ne sera pas nécessairement la plus p