1
Mesurons
nos
forces (avril 1951)a b Nous sommes plutôt faibles devant la propag
2
Mesurons nos forces (avril 1951)a b
Nous
sommes plutôt faibles devant la propagande totalitaire. Beaucoup, ang
3
jusqu’à l’inconscience aux libertés conquises par
notre
religion, par nos révolutions et par nos sciences, décorent du nom de
4
ce aux libertés conquises par notre religion, par
nos
révolutions et par nos sciences, décorent du nom de « mystiques puiss
5
es par notre religion, par nos révolutions et par
nos
sciences, décorent du nom de « mystiques puissantes » de simples prop
6
mystiques puissantes » de simples propagandes qui
nous
promettent le paradis et la grandeur, la justice et la vraie liberté
7
ce et la vraie liberté ; et ils vont répétant que
nous
n’avons rien à opposer à ces « mystiques », qui sont au vrai des myst
8
s qui en ont grand besoin, parce qu’ils n’ont pas
nos
réalités — et leurs chefs doivent masquer cette absence par des sloga
9
fs doivent masquer cette absence par des slogans.
Nous
n’avons nul besoin d’une mystique « aussi puissante » ou « plus puiss
10
u « plus puissante » que les leurs. Car les faits
nous
suffisent, et quant aux libertés, nous en avons plus que nous mériton
11
les faits nous suffisent, et quant aux libertés,
nous
en avons plus que nous méritons. Quand nous aurons compris que nous p
12
nt, et quant aux libertés, nous en avons plus que
nous
méritons. Quand nous aurons compris que nous pouvons les perdre, comm
13
rtés, nous en avons plus que nous méritons. Quand
nous
aurons compris que nous pouvons les perdre, comme d’autres près de no
14
que nous méritons. Quand nous aurons compris que
nous
pouvons les perdre, comme d’autres près de nous les ont perdues, nous
15
e nous pouvons les perdre, comme d’autres près de
nous
les ont perdues, nous commencerons à savoir ce qu’elles valent. Quand
16
dre, comme d’autres près de nous les ont perdues,
nous
commencerons à savoir ce qu’elles valent. Quand nous aurons compris c
17
s commencerons à savoir ce qu’elles valent. Quand
nous
aurons compris ce que valent nos libertés, nous commencerons à mesure
18
s valent. Quand nous aurons compris ce que valent
nos
libertés, nous commencerons à mesurer nos forces. Quand nous les auro
19
d nous aurons compris ce que valent nos libertés,
nous
commencerons à mesurer nos forces. Quand nous les aurons mesurées, no
20
valent nos libertés, nous commencerons à mesurer
nos
forces. Quand nous les aurons mesurées, nous verrons que l’avenir et
21
és, nous commencerons à mesurer nos forces. Quand
nous
les aurons mesurées, nous verrons que l’avenir et le progrès sont de
22
surer nos forces. Quand nous les aurons mesurées,
nous
verrons que l’avenir et le progrès sont de notre côté. Et alors, nous
23
, nous verrons que l’avenir et le progrès sont de
notre
côté. Et alors, nous voudrons sauver notre présent ! Nos forces réell
24
venir et le progrès sont de notre côté. Et alors,
nous
voudrons sauver notre présent ! Nos forces réelles sont immenses. La
25
ont de notre côté. Et alors, nous voudrons sauver
notre
présent ! Nos forces réelles sont immenses. La première, c’est le tré
26
é. Et alors, nous voudrons sauver notre présent !
Nos
forces réelles sont immenses. La première, c’est le trésor vivant des
27
sor vivant des droits de toute nature conquis par
notre
Histoire et par toutes nos histoires nationales. Tous les peuples du
28
e nature conquis par notre Histoire et par toutes
nos
histoires nationales. Tous les peuples du monde, sans exception, peuv
29
ous les peuples du monde, sans exception, peuvent
nous
envier à cet égard. Il semble que l’esprit humain, dans tous les temp
30
re. À des degrés divers, parfois jusqu’à l’excès,
nous
avons tous les droits que nous mentionnons plus haut et des douzaines
31
s jusqu’à l’excès, nous avons tous les droits que
nous
mentionnons plus haut et des douzaines d’autres en plus : droit de ci
32
s les folies concevables ; droit à la religion de
notre
choix, et droit de n’en choisir aucune ; droit d’élire ceux que nous
33
t de n’en choisir aucune ; droit d’élire ceux que
nous
voulons et de les traiter ensuite de scélérats ; droit de protester,
34
aniers mettent des gants blancs avant de fouiller
nos
valises ; droit d’entrer dans n’importe quels magasin, marché, café,
35
composer le menu de votre choix ; droit d’élever
nos
enfants selon nos principes — et tous les droits non codifiés, non fo
36
de votre choix ; droit d’élever nos enfants selon
nos
principes — et tous les droits non codifiés, non formulables, les plu
37
nd avenir. Voilà l’espoir des hommes. Il est chez
nous
. La seconde force dont nous disposons, et l’une des plus typiques de
38
s hommes. Il est chez nous. La seconde force dont
nous
disposons, et l’une des plus typiques de l’Occident, n’est autre que
39
l’Occident, n’est autre que l’esprit critique. On
nous
dit qu’il se perd et l’on en donne pour preuve le succès des publicit
40
é de lui dire : l’esprit critique. Car cet esprit
nous
renvoie sobrement à nos inquiétudes personnelles, qui ne se satisfont
41
critique. Car cet esprit nous renvoie sobrement à
nos
inquiétudes personnelles, qui ne se satisfont point de réponses colle
42
isser. Mais elle est d’autre part la condition de
nos
libertés, et de l’esprit créateur. C’est à cause d’elle que l’Occiden
43
e toute communauté digne du nom. J’en viens ici à
notre
troisième force : la personne. Voilà la création majeure de l’Occiden
44
originale, la plus profonde aussi qu’ait élaborée
notre
Europe. La personne, c’est l’individu chargé d’une vocation qui le di
45
l’individualisme, qui a fait tant de ravages chez
nos
intellectuels depuis un siècle ou deux. Mais combien cette maladie mê
46
ans cette passion de différer les uns des autres,
nous
trouvons tous, nous les Européens, notre commune dignité et notre ris
47
différer les uns des autres, nous trouvons tous,
nous
les Européens, notre commune dignité et notre risque le plus cher. Te
48
s autres, nous trouvons tous, nous les Européens,
notre
commune dignité et notre risque le plus cher. Telles sont nos maladie
49
ous, nous les Européens, notre commune dignité et
notre
risque le plus cher. Telles sont nos maladies. Telles sont nos forces
50
dignité et notre risque le plus cher. Telles sont
nos
maladies. Telles sont nos forces. S’il est une chose au monde pour la
51
plus cher. Telles sont nos maladies. Telles sont
nos
forces. S’il est une chose au monde pour laquelle on ne peut faire de
52
soi, quand les faits objectifs sont meilleurs que
notre
lassitude ne le pensait. Rendus conscients des forces véritables de l
53
s forces véritables de l’Europe et de l’Occident,
nous
serons en mesure, aussitôt, de renverser l’absurde situation volontai
54
pagande, répondons tranquillement par les faits.
Nous
pouvons perdre toutes nos libertés ? Nous pouvons aussi les sauver en
55
lement par les faits. Nous pouvons perdre toutes
nos
libertés ? Nous pouvons aussi les sauver en décidant de les répandre.
56
faits. Nous pouvons perdre toutes nos libertés ?
Nous
pouvons aussi les sauver en décidant de les répandre. Si nous voyons
57
aussi les sauver en décidant de les répandre. Si
nous
voyons les faits, et savons les faire voir, nous aurons du même coup
58
nous voyons les faits, et savons les faire voir,
nous
aurons du même coup repris l’initiative. C’est l’autre camp qui sera
59
mettre sur la défensive, contre le rayonnement de
nos
vraies libertés. Or le meilleur moyen de les faire rayonner, c’est de
60
de les faire passer du plan des faits à celui de
nos
consciences et de nos volontés ; c’est d’appeler toutes nos forces ép
61
u plan des faits à celui de nos consciences et de
nos
volontés ; c’est d’appeler toutes nos forces éparses à se fédérer sol
62
ences et de nos volontés ; c’est d’appeler toutes
nos
forces éparses à se fédérer solidement, non point à s’unifier mais à
63
er dans leurs différences essentielles. Si demain
notre
fédération s’établit à Strasbourg ou ailleurs, nous dotant d’instrume
64
re fédération s’établit à Strasbourg ou ailleurs,
nous
dotant d’instruments modernes et puissants (politiques, scientifiques
65
sociaux) au service de la vocation commune à tous
nos
peuples, le monde entier verra que l’Europe c’est l’espoir, qu’elle a
66
plus grand passé. Si vous demandez : quelles sont
nos
chances ? Je dirai qu’elles dépendent de chacun de nous, — beaucoup p
67
hances ? Je dirai qu’elles dépendent de chacun de
nous
, — beaucoup plus que d’un général américain. Chaque personne fait obs
68
la fatalité. a. Rougemont Denis de, « Mesurons
nos
forces », Preuves, Paris, avril 1951, p. 1-3. b. Une note précise :
69
e Denis de Rougemont, intitulée Les Libertés que
nous
pouvons perdre , que nous publierons très prochainement. »
70
tulée Les Libertés que nous pouvons perdre , que
nous
publierons très prochainement. »
71
Neutralité et neutralisme (mai 1951)c d
Nous
sommes contre toute espèce de totalitarisme, pour une raison très sim
72
simple, d’ordre intellectuel et moral : parce que
nous
refusons de subordonner la culture à la politique, — à n’importe quel
73
te l’histoire du monde, c’est tout simplement que
nous
pouvons perdre demain notre liberté de penser. …Nulle part peut-être
74
st tout simplement que nous pouvons perdre demain
notre
liberté de penser. …Nulle part peut-être plus qu’en Inde, la culture
75
qu’en fait, le totalitarisme le plus dangereux de
nos
jours est le stalinisme, variété la plus puissante d’une maladie uniq
76
ice politique, donc à corrompre la source même de
notre
liberté. Et voilà pourquoi nous sommes antistaliniens. …On a dit que
77
a source même de notre liberté. Et voilà pourquoi
nous
sommes antistaliniens. …On a dit que nous sommes ici au service des A
78
ourquoi nous sommes antistaliniens. …On a dit que
nous
sommes ici au service des Américains. Soyons bien clairs : nous ne se
79
i au service des Américains. Soyons bien clairs :
nous
ne serons jamais « pour l’Amérique » de la même manière que les stali
80
s d’une grande puissance bien définie. Mais pour
nous
l’Amérique ne s’identifie pas avec le bien ni avec le vrai. Même si l
81
tre actuellement le défenseur le plus efficace de
nos
libertés, nous ne sommes pas prêts à souscrire sans condition, une fo
82
nt le défenseur le plus efficace de nos libertés,
nous
ne sommes pas prêts à souscrire sans condition, une fois pour toutes,
83
r toutes la liberté avec les intérêts américains.
Nous
sommes amis des Américains, mais plus encore amis de la vérité. …On a
84
plus encore amis de la vérité. …On a prétendu que
nous
étions réunis à Bombay pour condamner la neutralité en général, et ce
85
je suis neutre. » C’est contre ce mensonge-là que
nous
devons lutter, je veux dire : — contre cette manière de mettre la cul
86
. d. Le texte est précédé du chapeau suivant : «
Nous
avons rendu compte, dans notre précédent numéro, du Congrès indien po
87
chapeau suivant : « Nous avons rendu compte, dans
notre
précédent numéro, du Congrès indien pour la liberté de la culture qui
88
culture, a fait une importante intervention, dont
nous
donnons ci-dessous quelques extraits. »
89
, les Sumériens, les Égyptiens et les Romains, si
nos
ancêtres européens eux-mêmes avaient déclaré en leur temps : « point
90
ps : « point de culture tant qu’il subsiste parmi
nous
de la misère et de la famine », il n’y aurait point de civilisation.
91
vilisation. S’il n’y avait point de civilisation,
nous
serions sans moyens techniques de remédier à la famine. Ce n’est pas
92
reux qu’ils ne voudraient le croire sont ceux qui
nous
répètent, depuis vingt ans, que l’état de nos arts est la preuve d’un
93
ui nous répètent, depuis vingt ans, que l’état de
nos
arts est la preuve d’une décadence de l’Occident. Cette mystification
94
e l’Occident. Cette mystification date des nazis.
Notre
art « dégénéré » survit à leur empire, qu’ils fondaient pour mille an
95
d’environ 1880 que par la couleur des parements.
Nous
attendons encore, nous attendrons longtemps, l’aveu public de cet « a
96
la couleur des parements. Nous attendons encore,
nous
attendrons longtemps, l’aveu public de cet « avenir », je veux dire s
97
ants du pompiérisme, du racisme et du stalinisme,
nous
avons choisi d’opposer des chefs-d’œuvre de l’art et de la pensée lib
98
ts et de leurs censures, dans le développement de
nos
arts. L’Œuvre du xxe siècle pose bien d’autres problèmes. Le premier
99
s créateurs, le public, et leur manière de sentir
notre
temps. Comme l’acte d’observer dans la microphysique, cet acte d’expo
100
définir. Combien de seuils et de limites n’avons-
nous
pas forcés dans notre siècle — seuil de l’atome ou seuil de l’inconsc
101
seuils et de limites n’avons-nous pas forcés dans
notre
siècle — seuil de l’atome ou seuil de l’inconscient, sens de la vue e
102
ce à trois dimensions… ? Chacune de ces victoires
nous
a jetés dans un complexe nouveau de paradoxes. Prenons l’exemple de l
103
hénomènes serait-il la rançon de l’autre ? Sommes-
nous
dans une situation globale de disjonctions irrémédiables, de divorce,
104
hé comme de leur gloire. Cette aventure va-t-elle
nous
apparaître comme un passé déjà, ou comme l’effervescence d’un ordre n
105
e du xxe siècle s’inaugure dans le vrai style de
notre
époque : la réponse qu’elle apporte, d’une part, est, de l’autre, une
106
Le sens de
nos
vies, ou l’Europe (juin 1952)g Toute civilisation consiste, en fin
107
x implacables de la fécondité et de la mort. Dans
notre
Europe moderne, éduquer signifie au contraire amener le jeune homme à
108
ie-ci, sera « rééduqué » pour l’avenir collectif.
Nous
voyons au contraire l’homme d’Europe chercher l’originalité, et presq
109
les saints — et les nécessités de la concurrence.
Nous
le voyons chercher sa voie selon ses goûts, ses croyances qui diffère
110
a conversion personnelle. La question du sens de
nos
vies, du sens particulier de chaque vie dans la vie, dénote et marque
111
t les modernes entreprises totalitaires, l’Europe
nous
apparaît comme une espèce de révolution permanente, révolution menée
112
de chaque personne humaine. Pour beaucoup d’entre
nous
l’expression est passée au rang de cliché. Mais l’historien jugera di
113
nthèse qui s’opéra durant les premiers siècles de
notre
ère, qui s’épanouit avec la Renaissance, et dont la dialectique inter
114
sance, et dont la dialectique interne aboutit, de
nos
jours, au conflit du collectivisme et de la liberté démocratique. Je
115
nne — à la fois mère et fille de l’Europe — forme
nos
vies, permet qu’elles aient un sens, et donne leur intérêt même affec
116
donne leur intérêt même affectif à la plupart de
nos
activités. Ôtez le moi distinct, le droit d’être une personne, et du
117
ct, le droit d’être une personne, et du même coup
nos
vies n’auraient plus sel ni sens : voilà bien dans sa réalité la mena
118
imple. Elle consiste à rappeler que la plupart de
nos
valeurs et idéaux, à nous autres Européens, et la plupart de nos acti
119
ppeler que la plupart de nos valeurs et idéaux, à
nous
autres Européens, et la plupart de nos activités courantes, sérieuses
120
idéaux, à nous autres Européens, et la plupart de
nos
activités courantes, sérieuses ou non, dérivent de la notion de l’hom
121
e l’Asie, avec le monde collectiviste. Je dis que
nos
valeurs modernes, actuelles (le sens que nous donnons à nos activités
122
que nos valeurs modernes, actuelles (le sens que
nous
donnons à nos activités) si elles ne traduisent pas toujours directem
123
s modernes, actuelles (le sens que nous donnons à
nos
activités) si elles ne traduisent pas toujours directement cette noti
124
nomène caractéristique du christianisme. De même,
nous
constatons que la notion de révolution a la même extension dans l’esp
125
lissement. La passion dans l’amour nourrit toutes
nos
littératures depuis des siècles — depuis les troubadours — et grâce à
126
ubadours — et grâce à la littérature, elle obsède
nos
rêves, elle met un « tourment délicieux » dans nos vies. Sous des for
127
os rêves, elle met un « tourment délicieux » dans
nos
vies. Sous des formes à vrai dire dégradées, de plus en plus anodines
128
que cette passion qui tient une telle place dans
nos
vies, ou tout au moins dans nos secrètes nostalgies, l’Asie l’ignore
129
telle place dans nos vies, ou tout au moins dans
nos
secrètes nostalgies, l’Asie l’ignore en toute sérénité, l’Amérique la
130
ant aux Américains, ils ont certes en commun avec
nous
l’héritage de la littérature, vulgarisé par Hollywood. Mais j’ai pu o
131
du stakhanoviste modèle. Cette passion, donc, qui
nous
paraît si « naturelle », est en réalité exceptionnelle dans le monde.
132
amour personnel. Ces deux exemples sont extrêmes.
Nous
ne sommes pas tous des révolutionnaires, ni les héros d’une grande pa
133
telle, mais la révolution et la passion sont pour
nous
tous des repères décisifs. Nos vies sont orientées par rapport à ces
134
passion sont pour nous tous des repères décisifs.
Nos
vies sont orientées par rapport à ces pôles. Voici, plus près de nos
135
tées par rapport à ces pôles. Voici, plus près de
nos
vies quotidiennes, d’autres exemples : le besoin d’originalité et l’h
136
le besoin d’originalité et l’humour. Il y a dans
notre
goût de l’originalité, deux composantes : l’esprit de concurrence et
137
» d’une manière personnelle. C’est même cela que
nous
nommons « créer ». Mais cette idée de l’originalité, dans les arts ou
138
iental, qui tend à s’ordonner au monde des dieux,
nous
ayons à choisir. Je dis que nous avons choisi. Je ne dis pas que l’un
139
monde des dieux, nous ayons à choisir. Je dis que
nous
avons choisi. Je ne dis pas que l’un vaut mieux que l’autre, mais qu’
140
fférents. Et je ne nie pas non plus que dans tous
nos
pays, il existe une majorité de conformistes, qui redoutent l’épithèt
141
… J’en viens à un dernier exemple, le Progrès, et
notre
attitude envers lui. Il est de mode aujourd’hui de douter du Progrès.
142
de douter du Progrès. Les plus grands esprits de
notre
siècle, un Paul Valéry, un Eliot, un Toynbee, un Bergson l’ont fait ;
143
oynbee, un Bergson l’ont fait ; et la majorité de
nos
élites les a suivis. Certes, nous pouvons railler les illusions du si
144
t la majorité de nos élites les a suivis. Certes,
nous
pouvons railler les illusions du siècle des Lumières et du siècle bou
145
des Lumières et du siècle bourgeois-capitaliste ;
nous
pouvons répéter que notre industrie aboutit à la misère prolétarienne
146
bourgeois-capitaliste ; nous pouvons répéter que
notre
industrie aboutit à la misère prolétarienne, notre science à la bombe
147
otre industrie aboutit à la misère prolétarienne,
notre
science à la bombe atomique, nos révolutions à l’État totalitaire ; q
148
prolétarienne, notre science à la bombe atomique,
nos
révolutions à l’État totalitaire ; que le Progrès n’est donc nullemen
149
ssible reste vital pour l’homme européen ; et que
nos
vies perdraient leur sens, si vraiment nous cessions de croire qu’un
150
et que nos vies perdraient leur sens, si vraiment
nous
cessions de croire qu’un lendemain plus vaste et plus libre reste ouv
151
ste ouvert. De plus, il serait faux de penser que
notre
idée européenne du progrès ait vraiment émigré en Russie ou en Amériq
152
ns ces empires de masses, diffère profondément de
notre
idéal. Dans une dictature, par exemple, l’idée de progrès perdra néce
153
e de progrès perdra nécessairement ce qui fait, à
nos
yeux, tout son prix : elle cesse d’être liée à l’idée de liberté, c’e
154
a perspective d’une vie plus libre pour chacun de
nous
. Elle se lie à l’idée de contrainte collective, qui est la négation m
155
la négation même de son mouvement originel. D’où
nous
vient, en effet, le concept du Progrès ? Il n’est apparu comme concep
156
retour du Seigneur au jugement dernier. D’ici là,
nous
nous avançons dans l’inconnu de l’Histoire que nous créons nous-mêmes
157
r du Seigneur au jugement dernier. D’ici là, nous
nous
avançons dans l’inconnu de l’Histoire que nous créons nous-mêmes, dan
158
us nous avançons dans l’inconnu de l’Histoire que
nous
créons nous-mêmes, dans l’incertitude et l’espoir. Les catastrophes r
159
is le progrès aussi devient possible : il traduit
notre
volonté d’échapper aux fatalités. Et nous l’imaginons comme le produi
160
raduit notre volonté d’échapper aux fatalités. Et
nous
l’imaginons comme le produit de toutes les créations accumulées par l
161
s hommes, héros, savants, législateurs et saints.
Nous
pensons que tout cela rendra la vie meilleure. Nous nous trompons peu
162
us pensons que tout cela rendra la vie meilleure.
Nous
nous trompons peut-être, mais nous le pensons, et cela depuis près de
163
nsons que tout cela rendra la vie meilleure. Nous
nous
trompons peut-être, mais nous le pensons, et cela depuis près de deux
164
vie meilleure. Nous nous trompons peut-être, mais
nous
le pensons, et cela depuis près de deux-mille ans. Cependant, de nos
165
cela depuis près de deux-mille ans. Cependant, de
nos
jours, notre foi dans le Progrès a cessé d’être une foi naïve. Nous n
166
près de deux-mille ans. Cependant, de nos jours,
notre
foi dans le Progrès a cessé d’être une foi naïve. Nous nous posons à
167
foi dans le Progrès a cessé d’être une foi naïve.
Nous
nous posons à son sujet des questions parfois angoissantes. Par exemp
168
ans le Progrès a cessé d’être une foi naïve. Nous
nous
posons à son sujet des questions parfois angoissantes. Par exemple :
169
esurer le Progrès ? La question paraît insoluble.
Nos
créations sont toujours équivoques, chacun le sait au xxe siècle. L’
170
un le sait au xxe siècle. L’essor de l’industrie
nous
a valu un certain confort matériel, mais aussi les problèmes sociaux.
171
nfort matériel, mais aussi les problèmes sociaux.
Nous
traversons l’Atlantique en huit heures, mais ainsi font les bombardie
172
rifiable, et que la somme des modifications qu’il
nous
apporte, en bien et en mal, s’annule. La croyance au Progrès collecti
173
peut reprendre un sens certain que par rapport à
notre
vie individuelle. Car le Progrès à l’origine signifiait une libératio
174
grès à l’origine signifiait une libération, et de
nos
jours encore la liberté ne peut avoir de sens que pour l’individu (qu
175
ogrès, ce ne sera pas seulement l’augmentation de
notre
sécurité, de notre confort, mais aussi et peut-être surtout, celle de
176
as seulement l’augmentation de notre sécurité, de
notre
confort, mais aussi et peut-être surtout, celle de nos risques person
177
onfort, mais aussi et peut-être surtout, celle de
nos
risques personnels, des occasions et des moyens de nous décider nous-
178
isques personnels, des occasions et des moyens de
nous
décider nous-mêmes, donc d’être libres. Car la seule liberté qui comp
179
er la carte des continents et de dénombrer toutes
nos
races de Marco Polo à Vasco de Gama, et de Christophe Colomb au capit
180
Aztèques ni les Bantous, ni même les Hindous qui
nous
ont découverts. C’est nous qui avons été y voir. Mais il y a plus. No
181
i même les Hindous qui nous ont découverts. C’est
nous
qui avons été y voir. Mais il y a plus. Nous avons en Europe des sino
182
’est nous qui avons été y voir. Mais il y a plus.
Nous
avons en Europe des sinologues, des hindouistes, des arabisants, et m
183
péens. J’ajouterai que j’en connais trop peu dans
nos
pays, et que c’est précisément pour remédier à cette carence que nous
184
est précisément pour remédier à cette carence que
nous
avons fondé à Genève, le Centre européen de la culture, institution q
185
, institution qui a pour but principal de fédérer
nos
forces culturelles afin de réveiller la conscience de l’Europe comme
186
conscience de l’Europe comme unité, au-dessus de
nos
nations. Deuxième remarque : l’Europe est le Musée du monde. Et je ne
187
ayant décidé, en plein accord avec Goebbels, que
notre
art était décadent.) Nous avons fait bien plus que de collectionner,
188
ord avec Goebbels, que notre art était décadent.)
Nous
avons fait bien plus que de collectionner, bien plus que d’enregistre
189
es voix et les visages de l’innombrable humanité.
Nous
avons médité sur les mystères de toutes les civilisations qui précédè
190
tères de toutes les civilisations qui précédèrent
les nôtres
et sur celles qui subsistent au xxe siècle. Nous avons déchiffré leu
191
tres et sur celles qui subsistent au xxe siècle.
Nous
avons déchiffré leurs hiéroglyphes, reconstitué et revécu leurs ambit
192
lyphes, reconstitué et revécu leurs ambitions, et
nous
avons philosophé sur leurs problèmes avec autant de passion, souvent,
193
roblèmes avec autant de passion, souvent, que sur
les nôtres
. Voici le trait que l’on doit souligner : tous les peuples du monde a
194
ouligner : tous les peuples du monde aujourd’hui,
nous
imitent — pour leur bien et leur mal à la fois — mais nous, bien au c
195
ent — pour leur bien et leur mal à la fois — mais
nous
, bien au contraire, au lieu de les imiter, nous cherchons et nous par
196
s nous, bien au contraire, au lieu de les imiter,
nous
cherchons et nous parvenons à les comprendre. Cette attitude, absolum
197
ntraire, au lieu de les imiter, nous cherchons et
nous
parvenons à les comprendre. Cette attitude, absolument particulière,
198
renaissance. Au-delà de la peur Voilà donc
notre
Europe, patrie de l’homme conscient, lieu de conscience extrême de to
199
a la menace totalitaire, la négation pratique de
nos
raisons de vivre. Il y a la menace de ruines économiques qui entraîne
200
ique, civique, et même psychique, si répandu dans
nos
élites — le pire danger, tant il est vrai que nous résigner à croire
201
nos élites — le pire danger, tant il est vrai que
nous
résigner à croire notre déclin fatal, le rendrait en effet fatal. On
202
nger, tant il est vrai que nous résigner à croire
notre
déclin fatal, le rendrait en effet fatal. On me dira que la culture,
203
ture, c’est peu de chose pour arrêter le cours de
nos
fatalités. Si l’on dit cela, on commettra la pire erreur qu’on puisse
204
ais faire une autre conférence pour démontrer que
notre
culture fut bel et bien, dans le passé, la vraie raison de notre puis
205
ut bel et bien, dans le passé, la vraie raison de
notre
puissance, même matérielle, et qu’elle peut, et qu’elle doit le redev
206
es actes. Sur le plan des faits bruts, l’Amérique
nous
dépasse, l’armée russe peut encore nous écraser, et notre union s’avè
207
’Amérique nous dépasse, l’armée russe peut encore
nous
écraser, et notre union s’avère bien difficile. Mais l’esprit créateu
208
passe, l’armée russe peut encore nous écraser, et
notre
union s’avère bien difficile. Mais l’esprit créateur reste notre apan
209
vère bien difficile. Mais l’esprit créateur reste
notre
apanage, l’esprit qui voit au-delà des faits et peut les transformer
210
ver d’un même mouvement et l’Europe et le sens de
nos
vies. g. Rougemont Denis de, « Le sens de nos vies, ou l’Europe »
211
nos vies. g. Rougemont Denis de, « Le sens de
nos
vies, ou l’Europe », Preuves, Paris, juin 1952, p. 3-8.
212
lectuelle, le stalinisme est en recul marqué dans
nos
pays. À Paris et à Rome, où il avait conquis au lendemain de la guerr
213
pper une civilisation certes proche parente de la
nôtre
, mais autonome ; la plus grande différence entre les deux étant que l
214
vocabulaire des staliniens) la marshallisation de
nos
cultures. À l’en croire, l’invasion de l’américanisme représenterait
215
l’invasion de l’américanisme représenterait pour
nous
un aussi grand danger que l’invasion du stalinisme russe. On sait les
216
Wall Street » et le danger d’une guerre menée sur
notre
sol contre les Russes. (Mais l’attitude antiaméricaine est plus ancie
217
rts humains plus francs et plus cordiaux que chez
nous
. Politiquement, on sait ce que donne cette attitude ambivalente : aid
218
t ce que donne cette attitude ambivalente : aidez-
nous
avec vos dollars, mais si vous exigez que votre aide soit efficace, n
219
mais si vous exigez que votre aide soit efficace,
nous
crierons à l’impérialisme ; puis décampez, go home, laissez-nous à no
220
l’impérialisme ; puis décampez, go home, laissez-
nous
à nos combats de coqs et nous crierons à l’isolationnisme. Quant à la
221
rialisme ; puis décampez, go home, laissez-nous à
nos
combats de coqs et nous crierons à l’isolationnisme. Quant à la cultu
222
z, go home, laissez-nous à nos combats de coqs et
nous
crierons à l’isolationnisme. Quant à la culture, la cause est entendu
223
ola, Hollywood, comics et whisky. Il est vrai que
nous
copions vos romans et vos danses. Mais vous n’avez même pas le sens d
224
pliqués et susceptibles, esquivant les réponses à
nos
questions directes, occupés à se ruiner par des guerres nationales qu
225
upés à se ruiner par des guerres nationales qu’on
nous
demande ensuite de payer, parlant de métaphysique mais prenant nos do
226
te de payer, parlant de métaphysique mais prenant
nos
dollars. Je force à peine les traits, pour aller vite. Je rappelle de
227
stes, ou deviennent isolationnistes, ce sera bien
notre
faute dans les deux cas. Car il faut faire l’Europe, ou il faudra sub
228
Et si la « civilisation du digest » prévaut chez
nous
, ce sera notre faute encore, autant que celle des USA. Les digests, q
229
vilisation du digest » prévaut chez nous, ce sera
notre
faute encore, autant que celle des USA. Les digests, que nous lisons
230
ncore, autant que celle des USA. Les digests, que
nous
lisons par millions, ne sont tout de même pas distribués par M. Aches
231
que de jazz hot, il faut bien constater que c’est
notre
public européen, qui, librement, propage ces succès américains et leu
232
américains et leurs contrefaçons multipliées chez
nous
. Notre élite s’en plaint, il est vrai. Mais l’élite des USA aussi. Pe
233
ains et leurs contrefaçons multipliées chez nous.
Notre
élite s’en plaint, il est vrai. Mais l’élite des USA aussi. Personne
234
tmosphère plus saine, quelques conditions simples
nous
ont paru requises : a) La première rencontre doit être restreinte et
235
autre, et Pascal aux digests ou les gratte-ciel à
nos
pittoresques taudis ; parlons en égaux différents. Alors, entre les m
236
nente, il y aura vraiment rencontre créatrice. c)
Nos
griefs et critiques réciproques doivent être considérés comme justifi
237
) « neutralistes ». En voici un : « Dès le début,
nous
avons ici dénoncé… les dangers que faisait courir à la santé de notre
238
ncé… les dangers que faisait courir à la santé de
notre
pays une culture américaine qui attaque à leurs racines l’originalité
239
cette action tragique, une pièce célèbre dont il
nous
apparaît que la forme et le progrès même présentent avec la biographi
240
e Kierkegaard les plus frappantes analogies. Sans
nous
attarder sur la coïncidence qui fait d’Hamlet un prince danois — et l
241
t à première vue le drame vécu par Kierkegaard et
nous
suggèrent un parallèle possible. L’histoire d’Hamlet peut se résumer
242
ir donner le change ». Voici donc Hamlet tel que
nous
le décrivent les premières scènes du drame de Shakespeare, et Kierkeg
243
vent, mais dont il n’a jamais expliqué la nature.
Nous
savons cependant que le secret était lié à la mémoire de son père. Il
244
les plus terribles de la réalité la plus cruelle.
Nous
avons dénaturé le christianisme, nous l’avons pris à bon marché, au l
245
us cruelle. Nous avons dénaturé le christianisme,
nous
l’avons pris à bon marché, au lieu de nous en reconnaître indignes et
246
nisme, nous l’avons pris à bon marché, au lieu de
nous
en reconnaître indignes et d’avouer que nous refusons d’en payer le p
247
u de nous en reconnaître indignes et d’avouer que
nous
refusons d’en payer le prix. C’est là, dit Kierkegaard, « un crime de
248
a donc usurpation. Le christianisme officiel, de
nos
jours, joue de la sorte, aux yeux de Kierkegaard, le même rôle que le
249
e de l’Évangile. La tâche apparaît surhumaine. Et
nous
voyons les deux héros gémir sous le faix qui leur est imposé : « L’ép
250
ous les tons la même idée : il est né pour forcer
notre
époque détraquée à reconnaître l’absolu chrétien et, sinon à lui obéi
251
lia. Ici, c’est l’exemple vécu de Kierkegaard qui
nous
aide à comprendre Hamlet. Kierkegaard aime Régine, jeune fille de 17
252
r sa perte passe ma route vers un grand but. » Et
nous
voyons Hamlet, comme Kierkegaard, se noircir aux yeux de la jeune fil
253
c’est bien d’un véritable témoin de la vérité que
nous
parle le professeur Martensen — et puis enfin crucifié, décapité, brû
254
son ambiguïté. Celle-ci paraît immédiatement dans
notre
usage courant du terme de vocation. L’on dit ainsi d’un jeune garçon
255
s qu’un enfant, voici, je ne sais point parler. »
Nous
dirions qu’il n’a pas la vocation. Précisément, il la reçoit. Elle lu
256
l’esprit. Chez Kierkegaard, l’ambiguïté subsiste.
Nous
avons vu que sa mélancolie profonde le sépare des autres et, dès l’en
257
oin de la vérité. Cependant, cette ambiguïté dans
notre
idée courante de la vocation n’est pas celle qui retient Kierkegaard.
258
, après tout, d’être purement imaginaire. À cela,
nous
ajouterons l’incertitude subjective, celle qui concerne les motifs qu
259
utant qu’hors de lui. Reprenons une dernière fois
notre
parallèle dramatique. Il nous faut reconnaître, enfin, que la mission
260
une dernière fois notre parallèle dramatique. Il
nous
faut reconnaître, enfin, que la mission reçue par Hamlet n’est pas un
261
trame ni l’ensemble — et cependant il faut jouer,
nous
sommes au monde, nous sommes embarqués, nous sommes en scène malgré n
262
et cependant il faut jouer, nous sommes au monde,
nous
sommes embarqués, nous sommes en scène malgré nous… Telle est l’angoi
263
uer, nous sommes au monde, nous sommes embarqués,
nous
sommes en scène malgré nous… Telle est l’angoisse de la vocation. Je
264
ous sommes embarqués, nous sommes en scène malgré
nous
… Telle est l’angoisse de la vocation. Je disais tout à l’heure que Ki
265
tromperies » — comme il tient à le répéter. Ceci
nous
porterait à croire que, d’entrée de jeu, tout comme Hamlet, il avait
266
i simples. C’est après coup, le plus souvent, que
nos
actions apparaissent organisées par une intention générale. Celle-ci,
267
tâche. » Dans un autre passage du même livre, il
nous
décrit ce que l’on pourrait appeler la psychologie d’une vocation en
268
es hasards et fait flèche de tout bois, souvent à
notre
insu. Mais ce qu’illustre avant tout ce passage, c’est le paradoxe es
269
marcher. Cette « lumière sur mon sentier », dont
nous
parle un psaume de David, n’éclaire pas au loin une voie tracée d’ava
270
aides, quels repères, quels principes directeurs
nous
offrira donc Kierkegaard ? À vrai dire, le seul guide qu’il nous prop
271
nc Kierkegaard ? À vrai dire, le seul guide qu’il
nous
propose, c’est la souffrance, lorsqu’il écrit cette phrase lourde de
272
a vocation, c’est aller dans le sens où la nature
nous
pousse, dans le sens de nos talents, de nos « facilités », tandis que
273
le sens où la nature nous pousse, dans le sens de
nos
talents, de nos « facilités », tandis que Kierkegaard nous propose la
274
ture nous pousse, dans le sens de nos talents, de
nos
« facilités », tandis que Kierkegaard nous propose la souffrance non
275
nts, de nos « facilités », tandis que Kierkegaard
nous
propose la souffrance non pas seulement comme signe et garantie de la
276
it de l’Unesco, les milieux proprement culturels.
Nous
ne voyons, pour notre part, aucune raison d’affecter la pudeur dans c
277
ilieux proprement culturels. Nous ne voyons, pour
notre
part, aucune raison d’affecter la pudeur dans ce domaine. Disons que
278
es. Les activités culturelles n’étant aux yeux de
nos
gouvernements — et c’est normal — qu’une espèce de mal nécessaire, un
279
but en soi, non comme annexe d’une politique. Et
nous
venons de voir pourquoi c’est impossible : non point à cause d’une ma
280
eu de libre-échange qui ne tenait aucun compte de
nos
récentes divisions administratives et douanières. Le champ d’action o
281
nautés organiques et dans les foyers de création.
Nous
entendons par là : les écoles de pensée et d’art ; les revues et les
282
ts soit à l’échelle des Nations unies, soit comme
nous
le pensons préférable, à celle du Conseil de l’Europe ? Les taches no
283
ectes entre les petits exécutifs spécialisés dont
nous
parlions et les instances gouvernementales se révèle là encore le plu
284
«
Nous
ne sommes pas des esclaves ! » (juillet 1953)l « Ils ont tiré ! Il
285
osé se rassembler, sans armes, pour proclamer : «
Nous
ne sommes pas des esclaves ! » Ainsi les Soviétiques viennent de reno
286
rase qu’on n’a pas lue dans la presse communiste,
nos
enfants la liront dans leurs livres d’histoire. Cette phrase a été di
287
de vivre. D’autres massacres d’ouvriers ont sali
notre
histoire, depuis le xviiie siècle. Au nom de l’ordre, et de la loi,
288
ntérêts de la production, les policiers de toutes
nos
bourgeoisies ont tué des travailleurs qui, eux, se révoltaient au nom
289
t de leur dignité d’hommes. C’était ignoble, mais
nous
voyons bien pire. Il était réservé au régime communiste de faire ce m
290
ourgeois par celui des Soviets ; mais la seconde,
nous
l’avons sous les yeux, consiste à s’emparer de la cause ouvrière, à s
291
nt fait avec éclat le dix-sept juin ! En criant «
nous
ne sommes pas des esclaves ! », les ouvriers de Berlin ont rétabli d’
292
enue manifeste. Il ne reste à ses partisans, dans
nos
démocraties, qu’à nier les faits. Il leur reste à nier l’éclat de rir
293
rvice de la liberté. l. Rougemont Denis de, « “
Nous
ne sommes pas des esclaves !” », Preuves, Paris, juillet 1953, p. 3-4
294
raisons d’être du Congrès (septembre 1953)m n
Notre
tâche est une action mondiale pour la liberté de la culture, c’est-à-
295
erai tout d’abord les quelques grandes étapes qui
nous
ont conduits jusqu’ici. À Berlin, au début de la guerre de Corée, nou
296
qu’ici. À Berlin, au début de la guerre de Corée,
nous
avons été dire un seul mot : Liberté ! et le sens de ce mot, ce sens
297
yrans. À la suite du meeting mémorable de Berlin,
nous
nous sommes organisés. Nous avons créé des secrétariats en Allemagne,
298
. À la suite du meeting mémorable de Berlin, nous
nous
sommes organisés. Nous avons créé des secrétariats en Allemagne, en F
299
mémorable de Berlin, nous nous sommes organisés.
Nous
avons créé des secrétariats en Allemagne, en France, en Italie, en Gr
300
en profondeur a commencé. À Paris, l’an dernier,
notre
festival du xxe siècle montrait avec éclat la vitalité insurpassée d
301
erté ! », disait en somme ce festival, et « voilà
nos
raisons de reprendre confiance dans une culture, que ceux qui en sont
302
ffort dans le domaine des Arts. Mais la science ?
nous
a-t-on dit de tous côtés, qu’en faites-vous ? N’est-elle pas une part
303
nce et la liberté a fait partie, dès le début, de
notre
programme. Nous nous sommes tournés vers la science. Nous l’avons fai
304
a fait partie, dès le début, de notre programme.
Nous
nous sommes tournés vers la science. Nous l’avons fait pour deux gran
305
it partie, dès le début, de notre programme. Nous
nous
sommes tournés vers la science. Nous l’avons fait pour deux grandes r
306
gramme. Nous nous sommes tournés vers la science.
Nous
l’avons fait pour deux grandes raisons, que je voudrais commenter bri
307
sons, que je voudrais commenter brièvement. Voici
notre
première raison : La science nous apparaît encore plus gravement mena
308
èvement. Voici notre première raison : La science
nous
apparaît encore plus gravement menacée que les Arts par les régimes d
309
qui est par essence une aventure dans l’inconnu.
Notre
deuxième raison de nous tourner vers la science est encore plus évide
310
aventure dans l’inconnu. Notre deuxième raison de
nous
tourner vers la science est encore plus évidente, et la voici : La c
311
ence même de la science que ses implications pour
notre
vie sociale. Tout d’abord, la science est devenue aux yeux de l’homme
312
t les sous-produits de la science, aboutissent de
nos
jours à des applications accélérées presque immédiates. Il a fallu pl
313
ion publique et la grande presse. Mais prenez, de
nos
jours, une petite invention comme celle de la télévision ; en quelque
314
tualité et le bonheur des masses ? Ou bien sommes-
nous
prêts à courir les risques de la liberté ? Ces questions sont parmi l
315
de l’homme et dans l’issue de l’aventure humaine.
Nous
cherchions un lieu propice à cette atmosphère souhaitée. Et nous avon
316
un lieu propice à cette atmosphère souhaitée. Et
nous
avons trouvé, dans cette Europe inquiète, une grande cité qui offrait
317
it votre cité libre et hanséatique, dont le génie
nous
semblait incarné par celui qui a la charge de l’administrer, ce grand
318
qui est aussi un grand Weltbürger. Voilà pourquoi
nous
sommes ici. Merci ! m. Rougemont Denis de, « Allocution inaugurale
319
à ce Congrès, le recteur Bruno Snell a déclaré : “
Nous
autres savants, avons besoin l’un de l’autre. Nous devons savoir que
320
ous autres savants, avons besoin l’un de l’autre.
Nous
devons savoir que chacun de nous peut compter sur tous les autres lor
321
l’un de l’autre. Nous devons savoir que chacun de
nous
peut compter sur tous les autres lorsque notre patrimoine commun est
322
de nous peut compter sur tous les autres lorsque
notre
patrimoine commun est en jeu, lorsque la science libre est menacée.”
323
dit-il, n’est exempt de vices. Cette critique que
nous
autres, chercheurs, appliquons à des mesures administratives est une
324
, à l’Allemagne, au temps où j’y fis mes études.”
Nous
reproduisons ci-dessous presque intégralement l’allocution inaugurale
325
plus célèbres de Gauguin s’intitule : D’où venons-
nous
? Où sommes-nous ? Où allons-nous ? Je n’imagine pas de meilleure dev
326
Gauguin s’intitule : D’où venons-nous ? Où sommes-
nous
? Où allons-nous ? Je n’imagine pas de meilleure devise pour la table
327
rise, partons de la deuxième question : où sommes-
nous
, Européens, en ce milieu du xxe siècle ? Une phrase déjà fameuse, pr
328
-Henri Spaak, répond d’une manière dramatique : «
Nous
autres Européens, nous vivons, depuis la dernière guerre, dans la peu
329
une manière dramatique : « Nous autres Européens,
nous
vivons, depuis la dernière guerre, dans la peur des Russes et de la c
330
» La raison de ce paradoxe est des plus simples.
Nous
ne nous sentons pas, en réalité, 325 millions d’Européens, mais seule
331
ison de ce paradoxe est des plus simples. Nous ne
nous
sentons pas, en réalité, 325 millions d’Européens, mais seulement 42
332
, 8 millions de Belges, 3 millions de Norvégiens…
Nous
pensons et sentons par nations cloisonnées, dans l’ère des grands emp
333
des grands marchés, et de la stratégie mondiale.
Nous
nous sentons, en conséquence, trop petits pour le siècle, et condamné
334
grands marchés, et de la stratégie mondiale. Nous
nous
sentons, en conséquence, trop petits pour le siècle, et condamnés à p
335
tits pour le siècle, et condamnés à perdre, après
nos
dernières positions dans le monde, notre indépendance politique, écon
336
dre, après nos dernières positions dans le monde,
notre
indépendance politique, économique et peut-être morale. Et certes, no
337
tique, économique et peut-être morale. Et certes,
nous
perdrons tout cela, tout ce qui fait le sens même de nos vies, si nou
338
drons tout cela, tout ce qui fait le sens même de
nos
vies, si nous persistons à demeurer une vingtaine de nations, de cant
339
la, tout ce qui fait le sens même de nos vies, si
nous
persistons à demeurer une vingtaine de nations, de cantons désunis. M
340
e nations, de cantons désunis. Mais au contraire,
nous
pouvons tout sauver par une union qui ferait de l’Europe, dans la réa
341
a conscience des périls qu’elle encourt, que tous
nos
pays courent ensemble, — et la conscience aussi des ressources immens
342
ion concrète et raisonnable en faveur de l’union,
notre
salut prochain. C’est ainsi, j’imagine, que l’on voyait les choses da
343
s littéraires, accueille avec un scepticisme amer
nos
plus éloquents hommes d’État. Il fallait donc d’une part approfondir
344
eux effort d’information. La tâche de méditer sur
nos
destins fut confiée à un petit groupe de six Sages, dont la compositi
345
ue menée par des esprits aussi divers que le sont
nos
peuples et les familles intellectuelles qui les composent. Mis aux pr
346
ons nationales, linguistiques et idéologiques qui
nous
fascinent aujourd’hui, apparaissent transitoires et relatives. À cett
347
origines communes à tous les peuples de l’Europe,
nous
l’avons faite sous la conduite magistrale et souriante d’un des plus
348
e et souriante d’un des plus grands historiens de
notre
temps, M. Toynbee, appuyé par l’autorité d’un savant humaniste, M. Lö
349
ar l’autorité d’un savant humaniste, M. Löfstedt.
Nous
avons vu se dessiner l’extraordinaire aventure collective de l’Occide
350
enture collective de l’Occident : la naissance de
notre
civilisation au confluent des courants issus d’Athènes, de Rome et du
351
dans le monde entier ; l’exportation pêle-mêle de
nos
idéaux religieux, de nos formes politiques, aussi, et enfin des secre
352
exportation pêle-mêle de nos idéaux religieux, de
nos
formes politiques, aussi, et enfin des secrets techniques de notre pu
353
tiques, aussi, et enfin des secrets techniques de
notre
puissance chez tous les peuples de la terre ; et puis soudain, au xxe
354
xxe siècle, le renversement subit et complet de
notre
position dans le monde ; la montée des empires unifiés, devant nos di
355
le monde ; la montée des empires unifiés, devant
nos
divisions sanglantes ; la crise de nos idéaux, devant la propagande m
356
és, devant nos divisions sanglantes ; la crise de
nos
idéaux, devant la propagande massive des dictatures ; les moyens maté
357
atures ; les moyens matériels et intellectuels de
notre
domination retournés contre nous. Nous avons vu clairement que nos pa
358
ntellectuels de notre domination retournés contre
nous
. Nous avons vu clairement que nos pays n’avaient plus d’autre issue p
359
ctuels de notre domination retournés contre nous.
Nous
avons vu clairement que nos pays n’avaient plus d’autre issue pratiqu
360
tournés contre nous. Nous avons vu clairement que
nos
pays n’avaient plus d’autre issue pratique, d’autre avenir possible q
361
ort de Toynbee : « Unissons l’Europe maintenant !
Nous
n’avons pas de temps à perdre. » Pourtant, chacun peut voir que nous
362
temps à perdre. » Pourtant, chacun peut voir que
nous
perdons du temps. Quelles sont donc les causes intérieures qui paraly
363
s sont donc les causes intérieures qui paralysent
nos
efforts vers l’union ? L’examen de notre crise spirituelle et par sui
364
paralysent nos efforts vers l’union ? L’examen de
notre
crise spirituelle et par suite culturelle et civique fut introduit av
365
munauté supranationale. Le diagnostic ainsi posé,
nous
nous sommes tournés vers l’avenir : où allons-nous ? Et c’est M. Robe
366
té supranationale. Le diagnostic ainsi posé, nous
nous
sommes tournés vers l’avenir : où allons-nous ? Et c’est M. Robert Sc
367
M. de Gasperi dans son discours introductif, qui
nous
a présenté le tableau cohérent des mesures institutionnelles capables
368
tutionnelles capables d’assurer la renaissance de
notre
unité compromise. Certes, la table ronde n’a pas trouvé de solutions
369
n délai garanti. Mais elle a déterminé clairement
nos
responsabilités d’Européens devant le monde que nous avons changé, et
370
s responsabilités d’Européens devant le monde que
nous
avons changé, et elle a formulé les buts communs susceptibles de nous
371
t elle a formulé les buts communs susceptibles de
nous
unir. Car ce ne sont pas seulement leurs origines, mais les buts qu’i
372
a contradiction apparente entre l’exigence d’unir
nos
pays, et celle de sauvegarder les diversités qui ont fait la richesse
373
devant le double défi qu’affrontent plusieurs de
nos
pays : celui de passer du régime colonial à l’association dans l’égal
374
dans l’égalité, et celui de compenser la perte de
nos
positions économiques dans le monde, la table ronde a conclu à la néc
375
a nécessité « d’opérer un changement radical dans
nos
rapports avec le monde extraeuropéen et dans nos rapports mutuels » (
376
nos rapports avec le monde extraeuropéen et dans
nos
rapports mutuels » (Toynbee), c’est-à-dire de regagner en prestige mo
377
c’est-à-dire de regagner en prestige moral ce que
nous
perdons en puissance politique, et de regagner par l’exploitation en
378
e, et de regagner par l’exploitation en commun de
nos
propres richesses ce que nous perdons en apports extérieurs. La table
379
itation en commun de nos propres richesses ce que
nous
perdons en apports extérieurs. La table ronde n’a pas dressé les plan
380
du monde. Un seul exemple : le nationalisme a été
notre
invention collective. Nous l’avons communiqué, « donné » au monde ent
381
le nationalisme a été notre invention collective.
Nous
l’avons communiqué, « donné » au monde entier, et cette liqueur tout
382
ord enivrante est bientôt devenue poison. C’est à
nous
qu’il appartient donc d’inventer l’antidote de ce toxique et de créer
383
e Monde. — Dès que l’on parle du destin commun de
nos
pays, des voix s’élèvent pour dénoncer je ne sais quel « nationalisme
384
nationalisme européen », qui aurait pour effet de
nous
« séparer du monde ». Je note que cette résistance à un nationalisme
385
nialiste sur la poitrine des fédéralistes. « Vous
nous
vantez l’Europe, il n’y a pas de quoi ! Elle a réduit en servitude et
386
nse : Ce n’est pas l’Europe, ce sont plusieurs de
nos
nations comme telles, c’est le délire nationaliste qui a fait tout ce
387
entendent sauver par la fédération le meilleur de
notre
culture : non point la tolérance indifférente, mais le sens des tensi
388
re égaux différents. En vérité, il ne s’agit pour
nous
, Européens de la moitié du xxe siècle, ni d’orgueil, ni d’humilité :
389
iècle, ni d’orgueil, ni d’humilité : il s’agit de
nous
voir responsables d’une culture bien particulière, dont les principes
390
une culture bien particulière, dont les principes
nous
sont communs depuis des siècles. Cette culture est le cœur d’une civi
391
ale raison d’unir l’Europe, je la vois moins dans
nos
querelles internes que dans le jeu des forces mondiales qui nous pres
392
internes que dans le jeu des forces mondiales qui
nous
pressent. Et certes, il faudra bien liquider nos querelles : mais c’e
393
nous pressent. Et certes, il faudra bien liquider
nos
querelles : mais c’est la seule vision du grand péril que tous nos pa
394
ais c’est la seule vision du grand péril que tous
nos
pays courent ensemble, qui nous en donnera les moyens, c’est-à-dire l
395
and péril que tous nos pays courent ensemble, qui
nous
en donnera les moyens, c’est-à-dire la volonté ferme. « Naguère encor
396
. Recouvrer la souveraineté. — Est-il vrai que
nos
souverainetés doivent être abandonnées, si l’on veut faire l’Europe ?
397
ion qu’il suffirait d’épurer les textes. Or c’est
notre
vision de l’Histoire qu’il faut changer. Quand on aura désherbé les m
398
s de l’enseignement, qu’il est besoin. Sans elle,
nos
chroniques régionales nous seront à jamais inintelligibles, et nourri
399
est besoin. Sans elle, nos chroniques régionales
nous
seront à jamais inintelligibles, et nourriront les plus fatales erreu
400
erreurs : celles qui permettent l’acceptation de
nos
guerres intérieures par nos peuples. Deux arguments m’ont frappé, com
401
tent l’acceptation de nos guerres intérieures par
nos
peuples. Deux arguments m’ont frappé, comme étant propres à éduquer l
402
comme étant propres à éduquer le sens européen de
notre
opinion publique. Le premier fut apporté par M. Ernst Friedländer, pu
403
ubliciste allemand : « Il faut dire franchement à
nos
nations qu’elles ne pourront sauver leur individualité qu’en sacrifia
404
ationale. » Je me résume : il n’est pas exact que
nos
nations, en vue de s’unir, doivent sacrifier ce qui subsiste de leur
405
tour. À la question : pourquoi l’Europe unie ? il
nous
faut donc répondre maintenant : pour que l’Europe recouvre, entre les
406
t sur l’Europe, et plus me frappe l’absence, chez
nos
intellectuels, de ce qu’on pourrait appeler l’instinct fédéraliste. Q
407
ler l’ABC du fédéralisme, car sans lui l’union de
nos
pays reste pratiquement impensable — si j’ose risquer l’alliance de c
408
n : M. de Gasperi. — Seuls des sophistes peuvent
nous
demander pourquoi nous nous bornons à certains pays. Il n’est pas hon
409
euls des sophistes peuvent nous demander pourquoi
nous
nous bornons à certains pays. Il n’est pas honnête de nous reprocher
410
des sophistes peuvent nous demander pourquoi nous
nous
bornons à certains pays. Il n’est pas honnête de nous reprocher d’exc
411
bornons à certains pays. Il n’est pas honnête de
nous
reprocher d’exclure le reste de l’humanité. Quand on aime une femme e
412
guer l’individu et la personne. — La confusion de
notre
vocabulaire, relevée par Eugen Kogon, est l’un des signes les plus gr
413
ent catastrophique de la culture théologique dans
notre
monde, pour ne rien dire de la philosophie, de l’étymologie et de la
414
ssionnées, les travaux des conciles fondateurs de
notre
conception occidentale de l’homme, Athanase, Grégoire et Basile, Boèc
415
ler, et à confondre les mots-clés qui déterminent
notre
existence concrète ? Comment répondre, par exemple, à la critique mar
416
marxiste autant que fasciste de l’atomisation de
nos
sociétés, et comment réfuter l’éthique collectiviste si l’on se met h
417
des réactions collectivistes du corps social ? Si
nous
avons perdu le sens de la personne, de l’être-en-relations tel que l’
418
es grands conciles, je ne sais plus quelle Europe
nous
défendrons. Celle dont je parle est une notion de l’homme, et non pas
419
à coup sûr et à bref délai. On compare volontiers
notre
Europe à Byzance. Cet empire qui sombra pour toujours il y a cinq siè
420
il dépend d’efforts comme le vôtre, il dépend de
nous
tous, Européens, d’écrire une autre Histoire pour une Europe nouvelle
421
a de nombreux exemples dans les comptes rendus de
notre
table ronde, encore que, dans bien des cas, les rédacteurs soient les
422
gédie de l’Europe à Genève (juin 1954)q Genève
nous
offre le spectacle d’un de ces mystérieux moments d’accélération de l
423
x » pour y noyer l’Europe des Six. Pensait-il que
nos
neutralistes et leurs alliés nationalistes en France, qui dénoncent à
424
déclare en substance : « Bas les pattes en Asie !
Notre
tour est venu de nous immiscer dans vos affaires. L’Indochine, la Cor
425
« Bas les pattes en Asie ! Notre tour est venu de
nous
immiscer dans vos affaires. L’Indochine, la Corée ne vous regardent p
426
ne vous regardent plus. Mais le problème allemand
nous
intéresse beaucoup. » Que s’est-il donc passé depuis Berlin ? — Rien,
427
ope les délégués de l’Asie et leurs problèmes, et
nous
impose ainsi, sans coup férir, un angle de vision choisi par Molotov.
428
e préalable, dont Molotov paraît savoir mieux que
nous
qu’il est l’union de l’Europe, condition de notre force. La conférenc
429
nous qu’il est l’union de l’Europe, condition de
notre
force. La conférence de Genève est acceptée : première victoire du Kr
430
t, désormais, joue perdant. Le monde entier verra
nos
défaites militaires et l’insolence des envoyés de l’Asie rouge. Et vo
431
éen a vécu. Mais le colonialisme soviétique, lui,
nous
menace à bout portant : il a déjà conquis le tiers de l’Europe de l’E
432
t du siège de Vienne par les Turcs ? C’est à quoi
nous
en sommes, et c’est pire. Car une absurde conjoncture veut que les dé
433
e rendue consciente de sa vraie position pourrait
nous
sauver de Genève — ce Diên Biên Phu diplomatique. Un tel sursaut vita
434
ssayer de comprendre tout ce qui fut composé dans
notre
siècle. Bref, la « musique moderne » est celle que l’on n’aime pas. (
435
de style aussi radicales que celles qui séparent
nos
« modernes », Hindemith et Berg, par exemple, ou Bartók et Britten, o
436
e époque peut-être n’a connu moins d’unité que la
nôtre
. Aucune en tout cas n’a fait montre d’une volonté aussi délibérée de
437
profonde parenté entre les œuvres principales de
notre
siècle, malgré tous les efforts de leurs auteurs, ce n’est pas cette
438
i que le choix des règles détermine le contenu de
nos
rêves, — et notre style : négativement. La seule unité que confère au
439
es règles détermine le contenu de nos rêves, — et
notre
style : négativement. La seule unité que confère aux œuvres des conte
440
ant les lieux communs du temps, et c’est pourquoi
nous
les voyons chercher la naïveté comme une vertu de l’art. Combien de f
441
pirer : « Après X ou Y on ne sait plus que faire.
Nous
sommes dans une impasse… » Cette impasse est purement « historique »,
442
nd donc plus aux « nécessités de l’époque » et de
nos
grands marchés, il n’est nullement prouvé que l’œuvre d’un compositeu
443
les autres époques ont été « modernes », sauf la
nôtre
! Notre grand public se nourrit de musiques des époques révolues. Qua
444
res époques ont été « modernes », sauf la nôtre !
Notre
grand public se nourrit de musiques des époques révolues. Quand il ne
445
de Haydn : on jouait sa dernière production. Mais
nos
grands concerts du dimanche ne jouent plus que les modernes d’autres
446
usiques d’aujourd’hui. De là peut-être aussi chez
nos
compositeurs, séparés d’un public devenu trop vaste, et privés de la
447
le résultat est une « époque ». Je ne sais pas si
nous
en vivons une… Mais peut-être sommes-nous sur le seuil. Au mois de ma
448
pas si nous en vivons une… Mais peut-être sommes-
nous
sur le seuil. Au mois de mai 1952, L’Œuvre du xxe siècle a donné à P
449
étrange que de vivre en son temps soit devenu de
nos
jours une exception notable, une aventure, un risque financier ? ⁂ À
450
la musique moderne de tous les temps, et même du
nôtre
— la plus rare. » 7. Pierre Boulez, « Éventuellement… », dans la Re
451
et voici l’inédit, le complexe et le paradoxal de
notre
situation “réduits à leur principe”, comme on disait au xviiie siècl
452
comme on dit en anglais, dans une coque de noix.
Nos
compositeurs auraient sans doute avantage à placer cette coque de noi
453
me instrument de percussion dans leur orchestre ;
nos
interprètes à en coiffer le balancier de leur métronome pour trouver
454
r métronome pour trouver le tempo de leur temps ;
nos
critiques, à l’approcher de leur oreille comme cornet ; et même nos m
455
’approcher de leur oreille comme cornet ; et même
nos
managers y pourraient bercer la clef de leur coffre. Mais d’où tant d
456
e avec des accords de do majeur) et d’essayer sur
nos
contemporains “cette chose vague et pourtant puissante” qu’est la séd
457
tructeur de la patrie. Mais il savait qu’aucun de
nos
pays ne peut être vraiment ranimé et rétabli dans son intégrité, s’il
458
re à l’Europe, à la fois fille de Rome et mère de
nos
nations. Et voilà que l’Europe soudain chancelle, hésite, semble frap
459
euse et modeste, cette extrême attention portée à
nos
débats par un homme d’État du premier plan, me parurent d’autant plus
460
ope ». De Gasperi savait que le réalisme veut que
notre
union se fonde dans les esprits, non sur des textes marchandés par le
461
ommunauté des Six : « Seuls des sophistes peuvent
nous
demander pourquoi nous nous bornons à certains pays. Il n’est pas hon
462
euls des sophistes peuvent nous demander pourquoi
nous
nous bornons à certains pays. Il n’est pas honnête de nous reprocher
463
des sophistes peuvent nous demander pourquoi nous
nous
bornons à certains pays. Il n’est pas honnête de nous reprocher d’exc
464
bornons à certains pays. Il n’est pas honnête de
nous
reprocher d’exclure le reste de l’humanité. Quand on aime une femme e
465
opéennes qu’il faut attribuer sa mort prématurée.
Nous
restons pour reprendre sa lutte en faveur d’une Europe « des esprits
466
nçais a dit ceci : « L’Allemagne qu’il incarne ne
nous
apparaît pas moins redoutable que celle qui exigeait la démission de
467
ontrer M. Mauriac. ⁂ Ne craignons pas les Russes,
nous
dit L’Express. Le vrai danger vient des Allemands. Un Anglais prouve
468
été un mouvement de masse », déclare M. Bevan. «
Notre
tâche, m’a dit un dirigeant chinois, est maintenant d’atteindre le pe
469
De gauche à droite (mars 1955)v « Parce que
nous
sommes soucieux de la logique de notre action, il convient de nous de
470
« Parce que nous sommes soucieux de la logique de
notre
action, il convient de nous demander ce qui a été ainsi (par le rejet
471
eux de la logique de notre action, il convient de
nous
demander ce qui a été ainsi (par le rejet de la CED) gagné ou perdu,
472
ar le rejet de la CED) gagné ou perdu, et comment
nous
situer maintenant. Examiner si nous avons eu tort ou raison de contri
473
u, et comment nous situer maintenant. Examiner si
nous
avons eu tort ou raison de contribuer à l’échec de la CED. Nous ne le
474
tort ou raison de contribuer à l’échec de la CED.
Nous
ne le ferons pas ; quoi qu’il arrive maintenant […] un premier bénéfi
475
i qu’il arrive maintenant […] un premier bénéfice
nous
est acquis pour l’histoire : soumis à une formidable pression politiq
476
rd en Allemagne occidentale. (Fuite d’Otto John.)
Nous
avons reçu d’autres témoignages d’anciens résistants à l’hitlérisme q
477
Inconnus de l’Antiquité comme de l’Orient d’avant
notre
influence, inconcevables hors du christianisme quoique désignant troi
478
hos qui ne saurait tromper, ils représentent dans
notre
Quête du Graal l’épisode du Château aventureux (c’est la grotte de Ci
479
et Iseut. Du Midi des troubadours, inventeurs de
notre
lyrisme, au Nord des Trouvères, inventeurs du roman, puis à toute l’E
480
, sujets et procédés peut être suivie pas à pas :
nos
plus grands érudits l’ont décrite. Mais le roman de Tristan ne fut pa
481
ence vécue de l’amour-passion y a trouvé, jusqu’à
nos
jours, son langage et ses types de conduite, c’est-à-dire les moyens
482
ion, du xiie siècle méridional au romantisme, et
nous
vivons encore dans la tiédeur des cendres d’un interminable incendie.
483
es qu’elle offre au sentiment, ce mythe a pénétré
nos
vies, et même si nos actions échappent à son emprise, il ne cesse de
484
entiment, ce mythe a pénétré nos vies, et même si
nos
actions échappent à son emprise, il ne cesse de régner sur nos rêves
485
chappent à son emprise, il ne cesse de régner sur
nos
rêves et d’éveiller nos nostalgies. Et c’est ainsi qu’il a conditionn
486
il ne cesse de régner sur nos rêves et d’éveiller
nos
nostalgies. Et c’est ainsi qu’il a conditionné depuis des siècles les
487
Cette forme, cette structure agissent encore sur
nous
, même quand nous ignorons les origines du mythe et ne soupçonnons rie
488
te structure agissent encore sur nous, même quand
nous
ignorons les origines du mythe et ne soupçonnons rien de sa finalité.
489
tion, à l’abaissement dans le monde fini, lieu de
notre
expérience salutaire ? Certes, mais il faut voir qu’un tel échec deme
490
horizon d’espoir que celui de la métempsycose. «
Notre
engagement n’était pas pris pour cette vie », dit Novalis parlant de
491
s : mais c’était le chrétien Kagawa. Depuis lors,
nous
avons assisté à l’extension du communisme dans l’Asie. Mais prenons l
492
dent ou de sa religion. De fait, le christianisme
nous
offre le type même du changement brusque et radical, mais survenant d
493
choses sont devenues nouvelles. » Et les chefs de
nos
révolutions promettent des « choses nouvelles » par un brusque avènem
494
, qui est la source à la fois de l’instabilité de
nos
régimes politiques et sociaux et d’une recherche perpétuelle du vrai
495
et c’est une ère nouvelle, comptée à neuf. Toutes
nos
révolutions s’en souviendront. L’Orient n’a pas connu pareille coupur
496
i a fait l’Histoire. L’Asie du Sud a duré jusqu’à
nous
dans la continuité vivante de ses passés, dont nul n’est aboli ni pri
497
oque l’idée d’une Europe où vivraient encore sous
nos
yeux, dans nos villes et dans nos campagnes, avec leurs rites et leur
498
ne Europe où vivraient encore sous nos yeux, dans
nos
villes et dans nos campagnes, avec leurs rites et leurs idoles et leu
499
ent encore sous nos yeux, dans nos villes et dans
nos
campagnes, avec leurs rites et leurs idoles et leurs fidèles, Zeus, A
500
nt incompatibles avec sa conception de l’homme12.
Nos
révolutions tentent l’inverse : partant de l’utopie d’un ordre théori
501
nces et de ces contradictions, il faut remonter à
notre
dialectique de la personne. Ce n’est pas la personne qui se détache d
502
e est obéissance au Libérateur éternel, mort pour
nous
mais présent dans la foi, cette « ferme assurance des choses qu’on ne
503
ente ou non) de l’Église chrétienne, voilà ce que
notre
temps ne peut plus mettre en doute. Nazisme et stalinisme ont eu leur
504
rait condamner l’élan communautaire générateur de
nos
révolutions jugerait dans l’irréel, j’ai dit pourquoi. Mais ceux qui
505
rt furent les bénéficiaires, non les victimes, de
nos
révolutions « libératrices ». Celles-ci n’ont triomphé que de régimes
506
ute. Mais pour quelles fins avouables ? Rappelons-
nous
qu’il « fallait » ouvrir d’un coup de poignard d’obsidienne la poitri
507
sang. Mais si, profanant le mythe et ses tabous,
nous
estimons froidement ses résultats, force nous est de constater que le
508
us, nous estimons froidement ses résultats, force
nous
est de constater que les révolutions européennes, sans aucune excepti
509
e sera gagnée. La nation à l’état naissant, comme
nous
la trouvons à Valmy, c’est donc un idéal, une idéologie, le principe
510
précise Hegel, dans le bonheur et sans histoire.
Nous
assistons au transfert décisif de l’idée de vocation, passant des per
511
ou même leur langue : c’est ainsi qu’on a vu dans
notre
siècle la Norvège, la Turquie, l’Irlande et Israël restaurer artifici
512
e sacrifice de la vie même des citoyens. Mais que
nous
offre-t-il en échange de nos vies ? Une certaine communion vague et p
513
citoyens. Mais que nous offre-t-il en échange de
nos
vies ? Une certaine communion vague et puissante, qui permet à l’indi
514
e son moi, il a le devoir sacré de le dire de son
nous
. Pourtant, cette religion demeure bien incapable d’animer l’existence
515
ue l’Asie tout entière est menacée de « prendre »
notre
fièvre nationaliste. Certains pays en font une crise, encore bénigne,
516
par les propagandistes de Moscou. C’est ainsi que
nous
voyons la Chine s’occidentaliser dans le pire sens du terme, au lende
517
« attrapé » par les peuples de l’Orient comme de
notre
rhume de cerveau, souvent mortel pour les Polynésiens. Le nationalism
518
irulence inouïe. Tout cela va se retourner contre
notre
Occident, au moment même où il commence d’entrevoir l’étendue de sa p
519
et liées à la mort par une complicité originelle.
Nous
le savons, ou du moins nous le pressentons. Mais nous reculons aussi
520
omplicité originelle. Nous le savons, ou du moins
nous
le pressentons. Mais nous reculons aussi devant l’imagination de leur
521
le savons, ou du moins nous le pressentons. Mais
nous
reculons aussi devant l’imagination de leur guérison soudaine d’un co
522
vres aurait un effet dévastant : ne serait-ce pas
nous
vider d’une affectivité qui est devenue la saveur et le sens même de
523
ur et le sens même de la vie pour des millions de
nos
contemporains, et des meilleurs ? Elles menacent notre paix, et plus
524
contemporains, et des meilleurs ? Elles menacent
notre
paix, et plus encore : l’existence même de l’Occident. Et pourtant l’
525
qu’elles tiennent aux motifs les plus profonds de
notre
situation dans l’Histoire ; à la genèse de toute notre Aventure. Elle
526
situation dans l’Histoire ; à la genèse de toute
notre
Aventure. Elles sont les longues erreurs inséparables de la périlleus
527
séparables de la périlleuse odyssée dans laquelle
nous
sommes nés embarqués. Un dernier trait commun à toutes les trois achè
528
nitale au christianisme. Elles ressuscitent parmi
nous
le sacré, c’est-à-dire cet instinct religieux que la Foi véritable tr
529
nce est ressentie comme un « abus ». Ainsi toutes
nos
révoltes imitent, même sans le savoir, le dépit de l’amour qui dresse
530
on, nation : certains ont cru que leur empire sur
nos
esprits mesurait ce qu’on appelle bien à tort la « dé-christianisatio
531
réalisé dans cette vie limitée, dans ce temps qui
nous
fuit, dans cette chair impérieuse et débile, n’a pas cessé de travail
532
essé de travailler les âmes depuis vingt siècles.
Nos
« erreurs » font partie de la Quête, en ce sens qu’elles procèdent de
533
e d’une inconsciente nostalgie. Et c’est pourquoi
notre
Psyché occidentale, ayant subi durant des siècles les atteintes toujo
534
active qu’on ne le pensait naguère dans l’âme de
nos
contemporains même incroyants, et ne cesse de s’étendre à des régions
535
ne cesse de s’étendre à des régions nouvelles de
notre
existence profane. 9. Cf. L’Amour et l’Occident , 1939. Une versi
536
e, les chroniques de l’époque et les textes votés
nous
permettent de nous faire une image vivante de ces assises du christia
537
e l’époque et les textes votés nous permettent de
nous
faire une image vivante de ces assises du christianisme grec : les gr
538
dans laquelle fut nouée la notion dont descendent
nos
conceptions de l’homme. En apparence, il ne s’agit, lors de Nicée, qu
539
avoir de quelle manière la science, agissant dans
nos
vies, procède des options de Nicée. Le rapport est-il positif, dialec
540
tension, ou mieux par tensions, qui sera jusqu’à
nous
la marque et le ressort de l’esprit de recherche occidental, en contr
541
de la chair, — c’est-à-dire aux futurs objets de
nos
sciences physiques et naturelles — une dignité et une réalité que l’O
542
lité que l’Orient leur dénie par principe. Enfin,
nous
avons vu que la foi met un terme à la magie, aux mythes, aux religion
543
mées et formulées par la théologie d’où procèdent
nos
philosophies, elles ont déterminé dans une large mesure la problémati
544
terminé dans une large mesure la problématique de
nos
sciences. a) La pensée par tensions. — Le dogme du Dieu-homme fut
545
exige, dès qu’on l’admet, une réforme profonde de
nos
catégories intellectuelles. Si Jésus-Christ est à la fois « vrai Dieu
546
egrés, de proche en proche, sur tous les plans de
notre
pensée occidentale, le « scandale » des réalités contradictoires s’es
547
res couples d’opposés qui se sont multipliés dans
notre
histoire ? La plupart mettent en jeu des réalités purement humaines,
548
pe de pensée se manifeste aux étapes décisives de
notre
science. Certes, on ne peut dire que le modèle théologique ait précéd
549
tenants de Pythagore remonte au ve siècle avant
notre
ère. Mais entre Parménide et Pythagore, c’est-à-dire entre l’un et le
550
ompatibles. La passion de la synthèse, ressort de
nos
recherches et de tout l’effort scientifique, naît et renaît sans fin
551
el, dont procèdent Marx et ses disciples, jusqu’à
nous
, la doctrine trinitaire n’a cessé de propager dans les domaines de pl
552
hé de son objet primitif, est devenu une forme de
notre
esprit21. b) La valorisation du monde manifesté. — Par son paradox
553
nir. Comment nier la réalité de la matière et de
notre
chair, quand Dieu lui-même a choisi de se manifester en elle ? Il est
554
interdirait de comprendre le motif primordial de
notre
science occidentale, et la raison pourquoi Descartes estime qu’un ath
555
nt par la Résurrection. Dès lors le témoignage de
nos
sens n’est pas vain : il est certes affecté d’erreur par le péché, ma
556
tour les rêveries de la raison ; la parenté entre
notre
œil et la lumière, quoique mystérieuse, n’est plus illusion ; et le c
557
cohérence, d’ordre et de sens, mais il attend de
nous
, dans une profonde complicité de l’espérance, d’être à son tour inter
558
créé par Dieu. Là, toute chose, belle ou laide à
notre
idée, implique une intention, trahit un sens, est intéressante et val
559
nce fondamentale qui sépare la science grecque de
notre
science moderne, laquelle ne pouvait naître, selon lui, que dans un m
560
opédistes elle se déclare, et jusqu’aux débuts de
notre
siècle, la majorité des savants tiendra pour l’attitude matérialiste
561
entre les mythes de l’âme et les cosmogonies que
nous
croyons « observer » ou calculer… Nous verrons tout à l’heure que cel
562
gonies que nous croyons « observer » ou calculer…
Nous
verrons tout à l’heure que cela n’affecte en rien la dialectique tran
563
ont le secret semble perdu, ou comme certaines de
nos
propres coutumes, à notre insu, remontent au temps de l’animisme. En
564
du, ou comme certaines de nos propres coutumes, à
notre
insu, remontent au temps de l’animisme. En revanche, les spiritualist
565
dentale, dont la science est la pointe extrême en
notre
siècle, notre image du monde s’évanouit. Elle échappe à notre raison,
566
la science est la pointe extrême en notre siècle,
notre
image du monde s’évanouit. Elle échappe à notre raison, comme elle av
567
, notre image du monde s’évanouit. Elle échappe à
notre
raison, comme elle avait déjà échappé à nos sens. Dépassée la matière
568
e à notre raison, comme elle avait déjà échappé à
nos
sens. Dépassée la matière, qui était pourtant devenue l’objet princip
569
pourtant devenue l’objet principal de la science,
nous
butons contre le mystère que cette science avait cru pouvoir éliminer
570
le, qu’y a-t-il ? Cette question n’a pas de sens,
nous
dit-on. Dans l’Univers d’Einstein (illimité-fini), vous iriez aussi l
571
her, ni moi-même, de me la poser. C’est ainsi que
notre
esprit sans relâche vient buter contre la transcendance. Si le matéri
572
ranscendance. Si le matérialisme immatérialisé de
notre
période einsteinienne revient à constater que la Maya est tout, et qu
573
, n’auront jamais raison de cette Question : elle
nous
juge et pose nos limites, qui sont celles du savoir humain, mais elle
574
raison de cette Question : elle nous juge et pose
nos
limites, qui sont celles du savoir humain, mais elle pose en même tem
575
mé sur soi. Cette « voie négative » de la science
nous
conduit à l’inconnaissable. C’est le nom de l’absence de Dieu pour l’
576
nnent peut-être qu’à l’insuffisance provisoire de
nos
mesures : ainsi le fait que l’âge de la Terre et du Soleil (3-4 milli
577
s sommairement : la doctrine trinitaire fournit à
notre
esprit le moyen de penser la synthèse dont la christologie éveille l’
578
tique par Lindbergh avait exalté l’Occident. Elle
nous
apportait un héros, sur une machine encore insuffisante : d’où la glo
579
tout leur régime social. Mais on ne voit pas que
nos
conquêtes techniques aient bouleversé aussi radicalement notre habita
580
es techniques aient bouleversé aussi radicalement
notre
habitat, nos mœurs, et la continuité de nos caractères nationaux. La
581
ient bouleversé aussi radicalement notre habitat,
nos
mœurs, et la continuité de nos caractères nationaux. La question qui
582
ent notre habitat, nos mœurs, et la continuité de
nos
caractères nationaux. La question qui se pose est alors de savoir si
583
emarque générale s’impose : quoique unanime parmi
nos
sages et leur public, cette réaction reste impuissante. Elle a parfoi
584
r des recherches techniques. « L’envahissement de
nos
vies par les machines » est freiné par le prix des appareils, non par
585
enir cette « crise », qui est le thème préféré de
nos
meilleurs esprits. Et pourtant, bien qu’elle reste impuissante, et bi
586
et de la Bombe n’en est pas moins révélatrice de
notre
condition occidentale. Il s’agit, une fois de plus, de savoir si elle
587
olomb. L’architecture hindoue ne le cède pas à la
nôtre
. Les industries artisanales du textile, du papier et de l’imprimerie,
588
papier et de l’imprimerie, d’abord en retard chez
nous
jusqu’à la Renaissance, ne dépassent guère celles de l’Asie jusqu’à l
589
siècle : le type d’homme qui précisément rédigea
nos
manuels scolaires, et qui n’a jamais rien inventé32. Finalement, de N
590
Spengler, en passant par Scheler et Schubert, on
nous
a représenté une espèce d’homme de proie qui se jette sur la Nature p
591
é. L’homme primitif — qui vit encore en chacun de
nous
— a-t-il vraiment rêvé de dominer la Nature ? Il est baigné par elle
592
rtes, elle l’obligera à peiner très durement dans
nos
climats occidentaux, pour se nourrir, se protéger du froid, des inond
593
ut en leur obéissant. D’où « l’inadaptation » que
notre
esprit rationnel croit découvrir dans ce qu’il prend par erreur pour
594
réel de l’énorme majorité des inventions, jusqu’à
notre
ère. L’homme crée des outils parce qu’il joue avec les démons cachés
595
des inventions non faites, ou non « utilisées » à
notre
idée, conduirait aux mêmes conclusions. Pourquoi les Mayas ne laboura
596
Histoire Redescendons maintenant au présent de
notre
siècle. Toute magie expulsée de la Nature, la technique est en train
597
beaucoup d’insectes sont vaincus.) D’autre part,
nous
nous découvrons les tout premiers contemporains de la machine. Invent
598
coup d’insectes sont vaincus.) D’autre part, nous
nous
découvrons les tout premiers contemporains de la machine. Inventée pa
599
remière Guerre mondiale. Une proportion infime de
nos
populations eut l’occasion, durant ce laps de temps, d’emprunter le c
600
oute transporté moins de voyageurs que ne le font
nos
avions en une année. L’auto, le tank, l’avion et le métro, les machin
601
éléphone et la radio, n’ont fait leur entrée dans
nos
vies que pendant le premier tiers de ce siècle. Tels sont bien les fa
602
dons inouïs de la technique. Et certains comblent
nos
désirs secrets, mais beaucoup ne répondent à rien : la technique qui
603
D’où vient donc la technique, si ce n’est pas de
nos
besoins matériels et utilitaires, qui n’entrent en jeu qu’après coup
604
se d’unique s’est produit en Europe aux débuts de
notre
ère technique : la rencontre de la science, enfin constituée sur des
605
utre visée que celle qui orientait leurs travaux.
Nous
savons aujourd’hui que le rêve des alchimistes n’était pas de faire d
606
rennent du « progrès technique » une vue lugubre.
Nous
avons assisté, depuis cinquante ans, au développement d’une attitude
607
lacable Technique, personnifiée et mythifiée, qui
nous
domine et nous « déshumanise ». Cette projection du Mal sur la machin
608
ue, personnifiée et mythifiée, qui nous domine et
nous
« déshumanise ». Cette projection du Mal sur la machine trahit un flé
609
e « fatalité ». Les machines sont plus fortes que
nous
, c’est entendu (le marteau est plus dur que la main, les murs de la m
610
a main, les murs de la maison plus résistants que
nos
corps). Mais si vous ne priez plus, ce n’est tout de même pas leur fa
611
divin dans l’homme, très mauvais s’il procède de
notre
orgueil. Le mal n’est pas dans les choses, mais dans l’homme. Il est
612
dans les choses, mais dans l’homme. Il est lié à
notre
liberté. Il tient à notre condition, comme l’avers tient à l’envers.
613
s l’homme. Il est lié à notre liberté. Il tient à
notre
condition, comme l’avers tient à l’envers. Il est dans notre esprit,
614
tion, comme l’avers tient à l’envers. Il est dans
notre
esprit, n’existe pas ailleurs, et c’est en nous qu’il faut le combatt
615
notre esprit, n’existe pas ailleurs, et c’est en
nous
qu’il faut le combattre. Comment imaginer, dès lors, que la technique
616
une existence indépendante ? Son mal provient de
notre
faute, et son bien fait partie de l’effort vers le salut. Cessons don
617
salut. Cessons donc de projeter le mal qui est en
nous
sur les choses, machines ou Nature, douées d’intentions autonomes : c
618
s autonomes : cette démarche magique ne doit plus
nous
tromper. Les penseurs d’aujourd’hui qui adoptent cependant à l’égard
619
r. Elle se tiendra coite dans sa caisse. Qu’on ne
nous
raconte donc pas d’histoires. Ce qu’il nous faut, c’est un contrôle d
620
on ne nous raconte donc pas d’histoires. Ce qu’il
nous
faut, c’est un contrôle de l’homme. » ( Lettres sur la bombe atomique
621
oi. Erreur sur la standardisation du travail. On
nous
répète à droite autant qu’à gauche que le travail à la chaîne déshuma
622
he que le travail à la chaîne déshumanise, et que
nous
vivons dans le monde sans âme de l’uniformité et de la série. Il faut
623
les villes accablées par l’été : l’avion bombarde
nos
cités. Les découvertes géniales d’Einstein aboutissent à la Bombe ato
624
par la bouche d’un poète de l’époque : L’air de
nos
ateliers nous ronge les poumons, Et nous mourons les yeux tournés ver
625
e d’un poète de l’époque : L’air de nos ateliers
nous
ronge les poumons, Et nous mourons les yeux tournés vers les campagne
626
L’air de nos ateliers nous ronge les poumons, Et
nous
mourons les yeux tournés vers les campagnes39. Aujourd’hui, le progr
627
evaux au moyen d’un licol rigide). Ce ne sont pas
nos
protestations contre le travail à la chaîne qui libéreront le proléta
628
décisions.) L’évolution vers des sociétés closes
nous
semble d’autant plus fatale qu’elle se passe sous nos yeux, depuis pr
629
semble d’autant plus fatale qu’elle se passe sous
nos
yeux, depuis près d’un demi-siècle. On vient de voir comment la techn
630
u’au point où plus rien d’avouable ne pourra plus
nous
empêcher de réaliser enfin ses bénéfices humains. Les loisirs. Cette
631
iveau de vie moyen en Europe est passé de 1 à 15,
nous
dit-on, de 1800 à 1950. (On précise qu’il est dix fois plus élevé en
632
iplie. (Que signifie le mot vivre si l’on dit que
nous
vivons dix ou quinze fois mieux que nos ancêtres ?) Mais voici qui pr
633
dit que nous vivons dix ou quinze fois mieux que
nos
ancêtres ?) Mais voici qui présente un sens très net : de 1890 à 1954
634
l’inverse comme auparavant. Ces moyens à trouver,
nous
en tenons les principes : énergie nucléaire, chlorella, photosynthèse
635
chelle mondiale. D’ici vingt ou trente ans, selon
nos
meilleurs experts, il suffira d’un tiers de la population — fortement
636
vaillant quatre heures par semaine, pour que tous
nos
besoins « matériels » soient satisfaits (et bien mieux qu’aujourd’hui
637
ns l’œuf. Mais l’œuf est là, portant son germe et
notre
avenir, cet avenir qu’il nous faut accepter de dévisager hardiment.
638
rtant son germe et notre avenir, cet avenir qu’il
nous
faut accepter de dévisager hardiment. Le sérieux de la vie On d
639
de les refouler parce qu’ils donnent le vertige.
Nous
sommes au seuil des temps où la culture va devenir le sérieux de la v
640
i, c’était le travail qui occupait l’essentiel de
nos
jours, et dont dépendait notre sort : salaire, nourriture et logement
641
upait l’essentiel de nos jours, et dont dépendait
notre
sort : salaire, nourriture et logement. Si la technique, demain — com
642
mps vide » du loisir41 deviendra le vrai temps de
nos
existences quotidiennes. La question « Que faire de ma vie ? » ne ser
643
as peindre ici quelque utopie qui pourrait amuser
nos
descendants. Tout peut changer radicalement et d’ici peu, bien moins
644
is oubliés, ou ne saurais prévoir, qu’en vertu de
nos
libres décisions. (Ce n’est pas l’invention de la roue qui compte en
645
e un saut sans précédent, créant une situation où
nos
vrais vœux, nos vraies orientations, nos vraies options se manifester
646
récédent, créant une situation où nos vrais vœux,
nos
vraies orientations, nos vraies options se manifesteront d’une manièr
647
ation où nos vrais vœux, nos vraies orientations,
nos
vraies options se manifesteront d’une manière transparente et seront
648
s orientations que l’on peut essayer d’induire de
notre
état d’esprit actuel. Libéré du labeur matériel, l’Occidental se tour
649
x et l’érotisme. L’expérience des vacances payées
nous
l’a fait voir à une échelle réduite, mais dans un temps trop court po
650
ingue la suite. Une expérience un peu plus longue
nous
est donnée par les populations du cercle arctique (Suède et Norvège),
651
isent ; toute la peinture mondiale peut venir sur
nos
murs sous forme de reproductions « à s’y méprendre » ; toute la musiq
652
roductions « à s’y méprendre » ; toute la musique
nous
vient à domicile par la radio et par le disque ; des conférences, cau
653
bliques se tiennent par dizaines de milliers dans
nos
pays démocratiques ; et l’instruction publique est heureusement doubl
654
techniques, politique, religions. C’est dire que
nous
multiplions déjà — comme en vue de lendemains qui auront le temps de
655
ps de chanter — les occasions de mieux comprendre
nos
vies comme aussi de mieux comprendre les chefs-d’œuvre… Quant à la qu
656
le meilleur et pour le pire. C’est dire que tout
nous
mène vers une ère religieuse. Car la culture n’est en fin de compte q
657
un prisme diffracteur du sentiment religieux dans
nos
activités dites créatrices, des mathématiques pures à la poterie, et
658
que la technique, pratiquement, comme la science,
nous
ramènera demain aux options religieuses. Et je n’imagine pas de drogu
659
ple —, puisque c’est la technique précisément qui
nous
permet ce retour en créant du loisir. Et quant à la mystique, elle su
660
ssance des dogmes et des options fondamentales de
nos
religions sera demain la première condition des hérésies et gnoses qu
661
a passion pour l’occulte ne cesse de grandir dans
nos
villes, occupant rapidement le vide de l’âme créé par le matérialisme
662
tidiens. La preuve qu’il n’en est rien, c’est que
nos
plus grands mystiques ont vécu dans les pires conditions matérielles.
663
rien pu contre lui. Je dis seulement qu’elle peut
nous
jeter dans une époque où les questions religieuses deviendront plus s
664
entera un progrès ou un risque nouveau, voilà qui
nous
conduit à reconsidérer le sens et la nature finale du Progrès. Celui-
665
s qui ont produit les grandes inventions, jusqu’à
nos
jours, prouve que l’appât du gain ou du confort n’est presque jamais
666
e sont pur jeu. Ils sont pourtant les ancêtres de
nos
robots d’usine, indispensables pour manipuler les substances radioact
667
isme fut décisif en ce qui concerne la plupart de
nos
progrès techniques. Notons qu’en retour, les deux grands mystiques de
668
in. Cette hiérarchie des valeurs a dominé jusqu’à
nos
jours. Elle explique en partie la résistance des syndicats aux techni
669
gieuses n’aura été qu’un phénomène transitoire de
notre
civilisation occidentale. L’intelligentsia berlinoise, puis new-yorka
670
é dès 1919, et n’a pas cessé de s’amplifier. 43.
Nos
sectes orientalistes font parfois penser à quelqu’un qui inventerait
671
peut qu’il n’y ait là qu’une illusion d’optique.
Notre
idée préformée d’évolution — aspect mental de l’inertie — nous incite
672
formée d’évolution — aspect mental de l’inertie —
nous
incite à combler les lacunes, à déplacer un peu les points remarquabl
673
s pour qu’ils s’alignent plus régulièrement. Elle
nous
incite surtout à ne pas tenir compte d’une série de faits moins frapp
674
ais l’illusion d’un retour à la démocratie comble
nos
vœux, tout concourt à l’accréditer : qu’il s’agisse du besoin d’avoir
675
tous les PC (obéissant spontanément à ses ordres)
nous
rebattent les oreilles, il suffit de poser deux questions : ce culte
676
me si rien d’insolite ne venait de se passer sous
nos
yeux. Quand les complices d’un chef de bande, liquidant sa mémoire no
677
té phénoménale du procédé n’a guère été notée par
notre
opinion libre, tandis que les « progressistes » la portaient au crédi
678
nocents — ceux qu’ils durent condamner sur ordre,
nous
disent-ils — ne serait-ce pas un beau geste « dialectique » ? Ne sera
679
sociale, on l’entend, la seule qui non seulement
nous
donne le droit de juger, mais nous en fasse un impérieux devoir civiq
680
non seulement nous donne le droit de juger, mais
nous
en fasse un impérieux devoir civique. Le procédé de K., s’il demeure
681
, je laisse les faits.) Ce que prétendent laisser
nos
libéraux jobards et nos soi-disant neutralistes, c’est la condition m
682
Ce que prétendent laisser nos libéraux jobards et
nos
soi-disant neutralistes, c’est la condition même de ce qu’ils entende
683
me des critères sélectifs qui valent à plein pour
nos
régimes démocratiques, mais sont exclus par le principe actif du comm
684
concret de l’attitude anticommuniste. Que disions-
nous
, en somme, depuis quelque dix ans ? Nous affirmions, en nous fondant
685
disions-nous, en somme, depuis quelque dix ans ?
Nous
affirmions, en nous fondant sur l’examen critique des faits connus de
686
mme, depuis quelque dix ans ? Nous affirmions, en
nous
fondant sur l’examen critique des faits connus de tous : 1. que Stali
687
d’espions au service du capitalisme, soit (comme
nous
le pensions, et K. le confirme) par une minorité de scélérats, Stalin
688
nne ; et que les conflits du travail, réglés chez
nous
par conventions bilatérales, étaient réglés à l’Est par les canons de
689
justifiaient tout cela par le Diamat. Parce que
nous
disions cela, les communistes nous accusaient de « mépriser l’homme »
690
at. Parce que nous disions cela, les communistes
nous
accusaient de « mépriser l’homme », de vouloir l’injustice sociale, d
691
anti-anticommunistes et les pro-parti communiste)
nous
resservir les mêmes insultes, sous l’emballage peu trompeur de formul
692
n ni personne ne les obligeait, eux, à croire que
nos
dénonciations du communisme — stalinien durant toute cette période —
693
rte que toutes les justifications qu’en donnaient
nos
intellectuels, acrobates de la dialectique, se trouvent balayées d’un
694
p, ridiculisées sans espoir, et ramenées à ce que
nous
disions qu’elles étaient en réalité : de pures et simples mystificati
695
e de l’Est. Que vont dire, dans ces conditions,
nos
AAC ? Et que vont faire nos PPC ? Proclamer que nous avions raison ?
696
dans ces conditions, nos AAC ? Et que vont faire
nos
PPC ? Proclamer que nous avions raison ? S’excuser de leurs calomnies
697
s AAC ? Et que vont faire nos PPC ? Proclamer que
nous
avions raison ? S’excuser de leurs calomnies ? Se frapper la poitrine
698
l’antistalinisme soumet les idéologues de ce que
nous
pourrions appeler l’anticommunisme vulgaire à une épreuve bien dure.
699
yés par Staline, qui fut pendant tout le temps de
notre
débat l’incarnation incontestée du communisme, n’étaient pas ceux de
700
fin que Staline alléguait, ni dans le fait (comme
nous
le disions alors) ni même dans l’intention (comme K. l’affirme) ; ils
701
la s’est vu. Leurs mandarins disaient : « Taisons-
nous
sur les camps : nous ferions le jeu de l’Amérique capitaliste. » C’ét
702
ndarins disaient : « Taisons-nous sur les camps :
nous
ferions le jeu de l’Amérique capitaliste. » C’était faire simplement
703
maintenant le Kremlin annonce qu’il les supprime,
nous
avions donc doublement tort : de les dire bien réels, puisqu’on va le
704
ient en URSS…) Lorsqu’eut lieu le procès de Rajk,
nous
ne disions pas que cet homme était un innocent : il avait les mains r
705
t les mains rouges d’un agent de la Terreur. Mais
nous
disions que les chefs d’accusation produits par la « justice » au nom
706
es deux cas ? De quoi donc devrait-il s’excuser ?
Nos
censeurs de l’anticommunisme n’ont pas tous atteint ce degré de puret
707
t de l’Histoire, espiègle pour une fois, veut que
nos
deux grands PC soient contraints d’illustrer chacun l’une de ces deux
708
ypothèses. Togliatti décide d’obéir et, pour bien
nous
montrer qu’il a compris les ordres, risque une critique prudente d’un
709
ors du Kremlin : « Désormais, chaque PC volera de
nos
propres ailes » ? Non, car l’ordre voulait qu’on se déclare autonome
710
’est déjà pas facile… Mais une fable simplette va
nous
y aider peut-être. Soit un chef absolu qui ordonne à ses sujets de se
711
t « faux » parce que cela desservait le Parti. K.
nous
dit aujourd’hui que le despote était fou. Il dit vrai (selon l’observ
712
vérité qu’ils disent maintenant par ordre, et que
nous
disions par conviction, c’est la même et ce n’est pas la même. Ils la
713
n’a pas d’importance politique. Il est vrai, mais
nous
sommes dans une ère scientifique. Ou, plus exactement, technique. Le
714
éhensible et rétrograde, mais inapte à durer dans
notre
âge. L’infaillibilité du Parti de Lénine. — Elle résultait de la tri
715
t en question. En effet, regretter, comme le font
nos
PC, que la presse bourgeoise ait seule publié le Rapport, c’est dire,
716
ine est-elle possible ? — Répudier, comme le font
nos
PC, les « actes d’arbitraire reprochés à Staline », ce n’est pas enco
717
contre des intérêts prolétariens. Mais il omet de
nous
dire au nom de quelle classe (ou de quelle puissance en tenant lieu)
718
libre y succombe. À de libres échanges, qu’avons-
nous
à gagner ? Peu de choses sur le plan des idées, vraiment rien regarda
719
iment rien regardant les méthodes spirituelles56.
Nous
pouvons apporter aux Soviétiques le sens du doute, sans lequel il n’e
720
ans lequel il n’est point de foi digne de ce nom.
Nous
pouvons les convaincre aussi que l’amour de la liberté n’est pas un c
721
on croit. J’en conclus qu’il faut faire l’Europe.
Nous
rendre assez forts pour donner, pour mieux vivre et pour rayonner. Qu
722
Que cela soit attendu par les meilleurs à l’Est,
nous
le savons désormais, voilà qui oblige. On nous met au défi de donner
723
t, nous le savons désormais, voilà qui oblige. On
nous
met au défi de donner un peu plus que nous ne possédons ? Il nous fau
724
ge. On nous met au défi de donner un peu plus que
nous
ne possédons ? Il nous faudra donc le créer. 44. Comme le veut J.-
725
de donner un peu plus que nous ne possédons ? Il
nous
faudra donc le créer. 44. Comme le veut J.-P. Sartre, Les Temps mo
726
la direction collégiale grandit pas à pas. Prenez
notre
Comité central et notre Commission de contrôle. Ils forment ensemble
727
grandit pas à pas. Prenez notre Comité central et
notre
Commission de contrôle. Ils forment ensemble un centre dirigeant. C’e
728
plus démocratiques et agissant collégialement que
notre
Parti ait jamais eus… » Discours de Staline au XVe Congrès du Parti,
729
s vous mêlez de nouveau de mes affaires privées !
Nous
irons dénoncer devant l’ONU cette abominable pression ! B. Comment vo
730
pour travailler au canal. « Suez est le centre de
notre
vie de travail. Là, nous ferons l’acte que le monde attend pour confe
731
« Suez est le centre de notre vie de travail. Là,
nous
ferons l’acte que le monde attend pour confesser que nous sommes mâle
732
ons l’acte que le monde attend pour confesser que
nous
sommes mâles », écrit le Père Enfantin, au moment où il débarque avec
733
e fit l’Europe de la Renaissance ? Quelles seront
nos
grandes découvertes ? La réponse ne fait pas de doute : notre « Améri
734
s découvertes ? La réponse ne fait pas de doute :
notre
« Amérique » sera cette fois-ci le Nouveau Monde de l’énergie nucléai
735
pas du tout ? B. Hannibal est aux portes, l’union
nous
sauverait tous, et vous demandez une bonne définition ! Je vous vois
736
s de quelle Europe vous parlez. B. De celle qu’il
nous
faut faire, ne fût-ce que pour sauver l’objet de notre dialogue — et
737
faut faire, ne fût-ce que pour sauver l’objet de
notre
dialogue — et tout dialogue, peut-être. De celle où vous êtes né comm
738
aissez-moi ricaner, monsieur ! Votre Europe, elle
nous
laisse tomber ! B. Comment l’aurait-elle pu si elle n’était pas née ?
739
riez tort de vous plaindre. C et D. N’empêche que
nous
sommes seuls à relever un défi qui s’adresse à tout l’Occident. B. Vo
740
tous les autres ! Il fallait bien, Monsieur, que
nous
allassions les consulter. B. Votre belle souveraineté, qui a su refus
741
tellectuels communistes. Mais de quoi veut-on que
nous
nous libérions ? Jamais je ne me suis senti si libre ! » Ainsi parle
742
ctuels communistes. Mais de quoi veut-on que nous
nous
libérions ? Jamais je ne me suis senti si libre ! » Ainsi parle Jolio
743
le masochisme, maladie spécifique des élites dans
nos
démocraties occidentales. Quant à moi, je me promène sur la place Sai
744
e satisfaire les viles passions qui caractérisent
notre
race. Les entreprises colonialistes de Colomb, animées par l’esprit d
745
ltures des Indiens, des Aztèques et des Incas, et
nos
deux-cents familles ont reçu leur lot d’esclaves pour avoir financé c
746
s monarchies populaires. Mais voici que Madariaga
nous
met en mesure de découvrir Colomb58. Lisez-le : Vous verrez que nos a
747
de découvrir Colomb58. Lisez-le : Vous verrez que
nos
amers masochistes, calomniant à longueur de journée l’Occident (qui s
748
rêvait d’un Grand Khan adversaire de l’islam, et
nous
avons M. Dulles. Il comptait rapporter la subvention spéciale qui eût
749
catholiques de lancer la dernière Croisade, mais
nous
avons le dollar gap et le Conseil de Sécurité. Il partit comme Abraha
750
t dans ses calculs de la largeur d’un océan, mais
nos
moralistes le condamnent pour avoir voulu consciemment servir les des
751
quels motifs bien précis, bassement utilitaires,
nos
descendants nous attribueront-ils ? Tout dépend de ce que nous trouve
752
en précis, bassement utilitaires, nos descendants
nous
attribueront-ils ? Tout dépend de ce que nous trouverons sur notre ro
753
nts nous attribueront-ils ? Tout dépend de ce que
nous
trouverons sur notre route : on dira que nous étions partis à cause d
754
t-ils ? Tout dépend de ce que nous trouverons sur
notre
route : on dira que nous étions partis à cause de cela ! Nos descenda
755
que nous trouverons sur notre route : on dira que
nous
étions partis à cause de cela ! Nos descendants seront dans l’erreur,
756
on dira que nous étions partis à cause de cela !
Nos
descendants seront dans l’erreur, cette petite note en soit témoin :
757
te note en soit témoin : à la date où je l’écris,
nous
ne savons rien de ce qui peut nous attendre ou non sur d’autres astre
758
où je l’écris, nous ne savons rien de ce qui peut
nous
attendre ou non sur d’autres astres. Nous avons simplement envie d’al
759
ui peut nous attendre ou non sur d’autres astres.
Nous
avons simplement envie d’aller voir je ne sais quoi, — d’aller voir.
760
voir je ne sais quoi, — d’aller voir. Au-delà de
nos
vieilles rages politiques. Sur la pluralité des satellites Il n
761
plus qu’un souvenir. L’action fille du rêve
Nos
rêves ne précèdent pas seulement nos actions et nos découvertes, mais
762
e du rêve Nos rêves ne précèdent pas seulement
nos
actions et nos découvertes, mais les recherches qu’elles supposent, e
763
s rêves ne précèdent pas seulement nos actions et
nos
découvertes, mais les recherches qu’elles supposent, et qu’ils orient
764
sent, et qu’ils orientent. Les archétypes du rêve
nous
préparent aux surprises qui viennent un jour récompenser le délire co
765
suite. Elle viendra. Car, en effet, la plupart de
nos
rêves millénaires sont déjà des réalités : parler au loin, voler dans
766
r d’esclaves mécaniques, lire les pensées… Demain
nous
irons dans la Lune, après-demain nous rajeunirons, et l’immortalité n
767
ées… Demain nous irons dans la Lune, après-demain
nous
rajeunirons, et l’immortalité n’est plus une utopie : on l’obtient in
768
pour la matière formée d’atomes, finalement pour
notre
cosmos ? On voit le danger : le jour où notre monde touchera son refl
769
our notre cosmos ? On voit le danger : le jour où
notre
monde touchera son reflet, l’antimonde, un court-circuit définitif ef
770
propos justement de la Fin du Monde. En fait, on
nous
assure59 que cela se passe bien ainsi, à chaque instant depuis que le
771
ombre, d’écho, et d’âme. Et chacun dans sa langue
nous
enseigne que voir son Double, c’est mourir. Je n’en dirai pas plus a
772
lus aujourd’hui, laissez-moi réfléchir un peu…
Nos
problèmes d’aujourd’hui, de classes Ceci tout de même, au lieu d’u
773
le résultat du marxisme, comme l’imaginent encore
nos
derniers mandarins, mais simplement le résultat de l’automation. L’in
774
sur ses frontières, comme l’imaginent encore tous
nos
politiciens et plusieurs généraux en retraite, mais bien dans les lab
775
vrai problème nouveau sera de répondre au défi de
nos
grands rêves réalisés, — au défi de l’invasion des loisirs, par exemp
776
e, laissés en friche et libérés par la technique…
Nous
sortirons enfin des « temps modernes », c’est-à-dire du xixe siècle
777
obre 1956, à Ferney Nouvelles de Budapest : on
nous
répète sans fin que la révolte est écrasée. Honte à nous tous Europée
778
pète sans fin que la révolte est écrasée. Honte à
nous
tous Européens ! Et pas seulement à ceux qui se trompaient et voulaie
779
à ceux qui se trompaient et voulaient à tout prix
nous
tromper depuis dix ans : il fallait « essayer de comprendre le désir
780
rien faire, trop de reculs pour mieux sauter, et
nous
voilà… Mais en même temps quel soulèvement d’espoir, au-delà de nous-
781
soulèvement d’espoir, au-delà de nous-mêmes et de
nos
fautes ! S’ils mentent encore — et pourquoi cesseraient-ils ? — la ré
782
lent. Toutes les dictatures finissent mal. Avions-
nous
vraiment oublié cette leçon simple de l’Histoire, trop claire sans do
783
res et quart, transmettait le dernier message : «
Nous
mourons pour la liberté, pour la Hongrie et pour l’Europe. » Cette Eu
784
is un autre sur l’entrée d’Hitler à Paris. Hitler
nous
menaçait à bout portant. Quinze jours de prison militaire m’avaient a
785
ndre à leur appel ? Savoir ce qu’il faut dire est
notre
action. J’écrivais hier : Jurons de faire l’Europe. C’est la seule ré
786
tions humaines élémentaires, contre ceux qui chez
nous
, librement, approuvent le crime de Budapest, et contre les complices
787
arquer, sans autre commentaire, la solidarité qui
nous
contraint à rompre avec ceux qui les tuent.) Mardi 6 novembre 1956
788
intellectuels. Déjà pourtant, certains prétendent
nous
dénier le droit de protester. Ayant toujours approuvé l’URSS, disent-
789
l’URSS, disent-ils, c’est leur affaire et non la
nôtre
de la désapprouver si elle va trop loin. Leur silence à propos de Ber
790
t leur Octobre à eux). Il semble que la honte que
nous
éprouvions tous ait empêché toute description du phénomène. Ce qui vi
791
ever lentement, mesurer le péril à la grandeur de
notre
humiliation, et peut-être saisir une arme : l’unité. Dimanche 11 n
792
combattre… Liberté, que ton regard s’abaisse sur
nous
, Reconnais-nous ! Reconnais ton peuple ! Alors que d’autres n’osent m
793
rté, que ton regard s’abaisse sur nous, Reconnais-
nous
! Reconnais ton peuple ! Alors que d’autres n’osent même pas verser d
794
s que d’autres n’osent même pas verser des larmes
Nous
les Magyars, nous versons notre sang. Te faut-il encore plus, ô Liber
795
sent même pas verser des larmes Nous les Magyars,
nous
versons notre sang. Te faut-il encore plus, ô Liberté, Pour que ta gr
796
verser des larmes Nous les Magyars, nous versons
notre
sang. Te faut-il encore plus, ô Liberté, Pour que ta grâce daigne sur
797
ore plus, ô Liberté, Pour que ta grâce daigne sur
nous
descendre ? Poème de Petőfi, 1848, intitulé Silence de l’Europe.
798
sez ! » — dernier Message des écrivains hongrois.
Nous
avons essayé d’agir auprès de l’ONU, auprès de Nehru, auprès de l’opi
799
embre 1956 C’est la Hongrie qui fera l’Europe.
Nos
chefs politiques ne feront rien. Le sacrifice de la Hongrie est sans
800
ice de la Hongrie est sans mesure : elle a gagné.
Nos
gouvernants calculent et perdent à tout coup. Que l’énergie magyare p
801
ent à tout coup. Que l’énergie magyare passe dans
notre
sang ! J’ai vu se lever, depuis quelques semaines, une génération qui
802
e vieillard polisson qui le rendent présent parmi
nous
. Plutôt ces inscriptions, que je copie sur le socle : Face nord : Au
803
ropriétaires par un système que l’on nommerait de
nos
jours location-vente. « Il commande des maisons à son maçon comme d’a
804
avec joie permettent de supprimer les douanes de
notre
zone : ah ! que ne pouvait un seul individu, dans ces temps que l’on
805
pouvait un seul individu, dans ces temps que l’on
nous
a décrits comme adversaires des libertés réelles ! Enfin, Voltaire li
806
rches », entre Alpes et jura, entre le xviiie et
notre
siècle, entre ces jardins de Candide et cette Bourse des valeurs de t
807
sens de l’Histoire.) Mais en bonne foi, parce que
notre
religion est divine (lisez parce que notre Parti est socialiste), doi
808
ce que notre religion est divine (lisez parce que
notre
Parti est socialiste), doit-elle régner par la haine, par les fureurs
809
vérité. 60. On sait assez que les jésuites, de
nos
jours, ont brillé plus d’une fois au premier rang de la pensée libre
810
ralité européenne. Il y a d’abord le sentiment de
notre
impuissance, né de la crise de Suez et des votes à l’ONU. La conjonct
811
elle ait été, et comme accidentelle, a suffi pour
nous
faire entrevoir un péril jusqu’alors inconcevable : celui d’une paix
812
alors inconcevable : celui d’une paix conclue sur
notre
dos, au prix de nos libertés, de notre indépendance et de notre rôle
813
elui d’une paix conclue sur notre dos, au prix de
nos
libertés, de notre indépendance et de notre rôle dans l’histoire. L’i
814
onclue sur notre dos, au prix de nos libertés, de
notre
indépendance et de notre rôle dans l’histoire. L’idée de neutralité r
815
prix de nos libertés, de notre indépendance et de
notre
rôle dans l’histoire. L’idée de neutralité résulte ici de la conscien
816
dée de neutralité résulte ici de la conscience de
notre
faiblesse, du désir de rester nous-mêmes, et d’un obscur besoin de re
817
mêmes, et d’un obscur besoin de revanche : — Vous
nous
avez laissés tomber ? Bien. Faites sans nous !… Il y a la crise du ne
818
Vous nous avez laissés tomber ? Bien. Faites sans
nous
!… Il y a la crise du neutralisme, provoquée par le drame de Budapest
819
regarde comme ayant perdu la partie. » Voilà donc
nos
deux grands neutralisés, tous deux perdants, faute de pouvoir jouer62
820
révolte grondant chez les pions et chez les fous.
Nous
ne voulons plus servir au jeu des Grands, disent-ils, ils sont capabl
821
jeu des Grands, disent-ils, ils sont capables de
nous
laisser prendre par simple peur de s’affronter. Il faudra réfléchir,
822
d’une partie d’échecs à trois rois. C’est à quoi
nous
contraint le problème d’une neutralité de l’Europe. 61. Cité par H
823
sses) sont réalisés en Europe, pour l’ensemble de
nos
nations soi-disant souveraines, et fragilement alliées plutôt qu’unie
824
ffet à sacrifier l’union, que cent autres raisons
nous
imposent comme la seule solution viable. « Je n’ai jamais trouvé qu’i
825
l’on sait que les bombes H coûtent plus cher que
nos
divisions réunies — mais alors c’en sera fait de l’espoir d’une indép
826
» les États satellites et l’Allemagne de l’Est ?
Nos
« progressistes » par antiphrase, sans aucun doute. Quant aux Russes,
827
sans aucun doute. Quant aux Russes, enchantés de
nous
voir jouer leur jeu, ils ne seront pas si bêtes que de nous décourage
828
jouer leur jeu, ils ne seront pas si bêtes que de
nous
décourager : tout ce qui peut faire obstacle à notre union les sert.
829
us décourager : tout ce qui peut faire obstacle à
notre
union les sert. Mais on ne peut espérer qu’ils seront assez fous pour
830
eut espérer qu’ils seront assez fous pour laisser
nos
pays de l’Est rejeter le communisme détesté. Or ce n’est pas seulemen
831
ur rester neutre ou pouvoir se déclarer tel. Mais
nous
ne serons jamais indépendants si nous refusons de nous fédérer. Ici,
832
r tel. Mais nous ne serons jamais indépendants si
nous
refusons de nous fédérer. Ici, deux grandes questions se posent : 1°
833
ne serons jamais indépendants si nous refusons de
nous
fédérer. Ici, deux grandes questions se posent : 1° L’union faite, ce
834
ment dupés, pourra-t-on leur cacher longtemps que
nos
armées nationales ne paient plus ?) Reste ma seconde question. Suppos
835
s d’habitants que l’URSS et les USA additionnés.)
Nous
voici ramenés aux problèmes d’une partie d’échecs à trois rois. Il s’
836
sse chez un ex-satellite devient une violation de
notre
intégrité garantie par les USA. La coalition atlantique se reforme au
837
ou l’explosion générale en cas d’accident (ce qui
nous
renvoie à l’éventualité prévue sous 3). 6. Les Trois Rois de l’Occide
838
nne ne l’ait vu à part lui. L’histoire récente de
notre
philosophe se résumerait alors en une série de propositions aussi sim
839
nalisme — constitue l’une des erreurs majeures de
notre
temps. » De plus fins que moi s’y sont laissé prendre, il est vrai. M
840
mi. Qu’il se rassure : le mouvement de l’Histoire
nous
a réduits à l’état de neutrissimes. D’où peut venir cette tendance co
841
e droit de tricher, en se réclamant du fair-play.
Nous
ne pouvons rien contre l’imposture gigantesque du « socialisme » sovi
842
antesque du « socialisme » soviétique. Mais, dans
nos
pays socialistes ou libéraux, ne serait-il pas temps de faire respect
843
e disait plus vite, encore que plus d’une page de
notre
auteur l’évoque, et rappelle le ton vif et percutant des polémistes d
844
ectuels, et ils dominent la politique concrète de
notre
temps. L’Europe, Napoléon et les intellectuels Dans une autre r
845
suspecte, dès qu’elle cesse d’être inefficace. On
nous
rappelle qu’Hitler a voulu faire l’Europe, et Napoléon avant lui. Où
846
tanément parmi les hommes les plus libres de tous
nos
peuples ? Si Napoléon avait vraiment voulu créer les États-Unis d’Eur
847
n effet dans les mouvements de résistance de tous
nos
pays envahis que s’est nouée l’idée d’une fédération libre, mettant f
848
eux d’ailleurs — aient été les premiers à vouloir
notre
union prouve en faveur de leur lucidité ; qu’un Poujade intéresse du
849
à La Haye ou à Rome, je lis les prospectus qu’on
nous
donne sur ces villes. Les photos, les vignettes surtout, montrent des
850
lle, mais d’allégeance aux mêmes institutions. Et
nous
, Européens de diverses nations qui allons, une fois de plus, nous ren
851
de diverses nations qui allons, une fois de plus,
nous
rencontrer à Londres, à La Haye, à Genève ou à Rome, dans le seul des
852
ome, dans le seul dessein de fédérer l’Europe, si
nous
y parvenons, ce ne sera qu’en surmontant les irritations évidentes qu
853
qu’en surmontant les irritations évidentes qu’il
nous
arrive de nous causer réciproquement, à mesure qu’en travaillant ense
854
nt les irritations évidentes qu’il nous arrive de
nous
causer réciproquement, à mesure qu’en travaillant ensemble pour l’uni
855
à mesure qu’en travaillant ensemble pour l’union
nous
apprenons à nous connaître mieux. Dans la marge d’un hebdomadaire
856
ravaillant ensemble pour l’union nous apprenons à
nous
connaître mieux. Dans la marge d’un hebdomadaire Critique d’un
857
maines, à l’exception, partielle seulement, de la
nôtre
. Car l’Europe a su se défendre, depuis un siècle et demi, tant bien q
858
du problème, n’ont pas mordu sur la réalité. Mais
nos
démocraties étant ce qu’elles sont, il fallait en passer par là pour
859
l intenté par tous à chacun et par chacun à tous.
Nous
l’avons bien vu depuis deux ans à propos du drame algérien. Mais l’af
860
fomenter l’union. Les traités ne feront rien sans
nous
et les fonctionnaires gâteront tout si l’idée fédérale ne devient pas
861
ut si l’idée fédérale ne devient pas vivante dans
nos
existences personnelles. Les vraies chances de l’Europe fédérée, c’es
862
érée, c’est donc dans les esprits et les cœurs de
nos
nouvelles générations que nous pourrons les supputer. D’où cette enqu
863
its et les cœurs de nos nouvelles générations que
nous
pourrons les supputer. D’où cette enquête. Elle ne portera pas sur le
864
jeunes des pays de l’Est, il est possible qu’ils
nous
apportent les témoignages les plus ardents et les plus sérieusement m
865
l’immense Problème des Loisirs qui défile devant
nous
sur cette place. L’éducation des masses exige tout autre chose que le
866
aire face aux réalités. Quant à ceux qui viennent
nous
parler de « démocratie populaire », ils font un mensonge au carré, pl
867
rieures, ils ont réalisé tout cela bien mieux que
nous
, car nous sommes restés à mi-chemin, en marchant dans la même directi
868
ls ont réalisé tout cela bien mieux que nous, car
nous
sommes restés à mi-chemin, en marchant dans la même direction. A. — I
869
périmé pour s’y rallier. Mais on ne retiendra de
notre
système actuel que quelques procédés que vous approuvez d’ailleurs, p
870
nt des réalités incontestables. Ce sont elles que
nous
défendons sous le nom de démocratie, qui est une fausse étiquette, sa
871
rnit l’utopie démocrate. A. — Parlez plus bas, on
nous
entend aux autres tables ! R. — Croyez-moi, la Démocratie restera dan
872
’useront vite, ignorant les soins hypocrites dont
nous
avons su l’entourer. A. (chuchotant). — Et après ? R. — Nos ministère
873
su l’entourer. A. (chuchotant). — Et après ? R. —
Nos
ministères seront remplacés par des cerveaux électroniques, seuls cap
874
us les galeries leurs partisans bavards. Avant de
nous
mêler à leur foule insouciante, demeurons un moment recueillis dans l
875
e depuis un siècle sont d’accord pour trouver que
notre
café fout le camp, et ne sont pris au sérieux qu’à ce prix. C’est le
876
met le cynisme à la portée de toutes les bourses.
Nous
la tenons pour typiquement française en Amérique… R. — J’en déduis qu
877
s facilement que la France ne s’américanise. Vous
nous
donnez des recettes de bonheur digéré qui nous déplaisent, soit à cau
878
us nous donnez des recettes de bonheur digéré qui
nous
déplaisent, soit à cause des recettes, soit à cause du bonheur. Nous
879
it à cause des recettes, soit à cause du bonheur.
Nous
vous rendons « Bonjour tristesse » qui vous ravit. Mais ce n’est pas
880
assez sobre mais assez fière aussi de l’homme de
notre
temps. Une France intellectuelle partout présente et vive au plus brû
881
rs, mais peu font des romans. Vos critiques comme
les nôtres
réservent aux romanciers, aux auteurs de théâtre et aux poètes la qua
882
crois pas à la guerre et chacun sait qu’aucun de
nos
pays ne la veut. — Je suis heureux de vous l’entendre dire ! interrom
883
arer sarcastiquement que « la petite Europe qu’on
nous
fabrique est si petite, si minuscule, qu’elle n’a même pas su faire u
884
posé par le grand jeu des forces mondiales et que
nos
divisions nous empêchent de résoudre ? 2° S’il y a problème, et si vo
885
and jeu des forces mondiales et que nos divisions
nous
empêchent de résoudre ? 2° S’il y a problème, et si vous refusez les
886
s disposés à faire ? En résumé : vous n’aimez pas
notre
Europe, celle pour laquelle nous luttons depuis dix ans. Mais quelle
887
ous n’aimez pas notre Europe, celle pour laquelle
nous
luttons depuis dix ans. Mais quelle autre Europe voulez-vous ? Et qu’
888
rope ? », on peut répondre : 1. — Non, car seules
nos
nations existent. Mais depuis quand ? La moitié de ces nations ont mo
889
Et qu’offrent-elles de mieux qui ne soit né chez
nous
? 3. — Non, car l’Europe unie n’intéresse pas les autres. Ainsi, l’in
890
— Non, car l’Europe à faire n’est pas celle qu’on
nous
fait. Car on fait une Europe vaticane, dit la gauche. Car on fait une
891
e et cultivés par les intellectuels. L’Europe que
nous
aimons n’est-elle pas avant tout un grand fait de culture, une civili
892
le mal est fait. J’ai parlé de bêtise. Entendons-
nous
. J’appelle ainsi le complexe formé par la jobardise des foules, leur
893
athique dans la mesure même où il tend à frustrer
notre
besoin de sensations. Or ce besoin ne pouvant être avoué comme tel, o
894
ays libres mais irresponsables ont tout fait pour
nous
aveugler depuis un an. Les voici qui nous jettent d’un coup en plein
895
it pour nous aveugler depuis un an. Les voici qui
nous
jettent d’un coup en plein délire de masochisme occidental et d’admir
896
régime par ailleurs condamné. Le Kremlin payerait
notre
presse qu’elle n’écrirait pas autrement. Mais il sait bien qu’il peut
897
re confiance. La totale inconscience politique de
nos
organes d’information suffit à garantir leur succès financier. Eux au
898
prouver le contraire. Ils tournent glorieusement,
nous
regardent d’en haut, et nous disent bip-bip et oua-oua. C’est prodigi
899
rnent glorieusement, nous regardent d’en haut, et
nous
disent bip-bip et oua-oua. C’est prodigieux. Ce qu’il y a de plus bea
900
l’Éternel féminin : c’est elle, dorénavant, qui «
nous
entraîne vers les hauteurs ». Les Russes ont fait enfin quelque chose
901
ements d’icônes, qui occupent la première page de
nos
journaux (mais quelques lignes en dernière page des journaux russes),
902
que, est enterré sans oraison (25 décembre 1956).
Notre
presse ayant épuisé sa provision de grosses lettres n’en dit rien. Da
903
l reprochait, au nom d’un réalisme sarcastique, à
notre
conception libérale de la vie. L’élimination progressive mais fatale
904
venture occidentale. Le régime communiste éliminé
nous
laissera sur les bras la Russie. Ce n’est pas la guerre des blocs qui
905
es. C’est dans la perspective d’un tel retour que
nous
devons non seulement résister, mais construire. 68. Cf. Preuves de
906
les et de leurs dirigeants. Et non seulement elle
nous
fabrique les faits (au point qu’il n’y en a plus si elle se met en gr
907
de ces informations que se décide la politique de
nos
États ; que votent les parlements et même parfois les peuples ; et qu
908
le provient de ceci que la « réalité » à laquelle
nous
croyons chaque matin n’est faite que par la presse et la radio, et n’
909
t faite que pour elles. Les agences seraient donc
nos
vrais maîtres ? C’est trop dire. Car elles sont irresponsables. Tr
910
x-là vraiment feront les faits qui vont gouverner
nos
humeurs, les votes des députés et les cotes de la Bourse. Telle est l
911
de la Bourse. Telle est la base de la plupart de
nos
convictions politiques, dans la mesure — souvent faible d’ailleurs —
912
, dans la mesure — souvent faible d’ailleurs — où
nous
les modelons sur les faits. Comment mettre un peu d’ordre en ces mati
913
acte, c’en serait fait des dernières libertés qui
nous
restent — celle de ne pas croire ou de croire ce qui nous plaît, cell
914
tent — celle de ne pas croire ou de croire ce qui
nous
plaît, celle de douter, ou de soupçonner un piège. En bref, la libert
915
ref, la liberté de critique. Or c’est précisément
notre
plus sûr recours. Réformer la presse d’information me paraît impossib
916
oudrait plutôt qu’ils suspendent leur jugement et
nous
conseillent d’en faire autant. Un exemple au hasard du jour : combien
917
omme s’il était suspect de s’en soucier. — Quoi ?
nous
parler de chiffres quand il s’agit de morale ? On voit bien votre jeu
918
ez de détourner l’attention de la seule chose qui
nous
intéresse dans la politique d’aujourd’hui : les scandales qui déchire
919
tique d’aujourd’hui : les scandales qui déchirent
notre
France et que nous sommes là pour dénoncer. On peut aussi considérer
920
: les scandales qui déchirent notre France et que
nous
sommes là pour dénoncer. On peut aussi considérer que la politique re
921
raire : c’est comme si cet avion entrait en elle.
Nous
passons au-dessus de régions incertaines entre Moselle et Rhénanie, a
922
ous, la Terre, proche et amie ; mais tout près de
nos
têtes, les grands espaces noirs ouvrent les dimensions insensées du c
923
ensées du cosmos. Ah ! la vraie vie n’est que sur
notre
Terre ! Et ce qui est « ailleurs » n’a pas encore de sens, mais rend
924
ici-bas étrange. Cinq, mille mètres au-dessous de
nous
, arbres, maisons, collines, perdent le seul relief où pouvait s’attac
925
ent le seul relief où pouvait s’attacher l’amour.
Notre
émotion devant les paysages de la Terre, qu’est-ce que cela peut enco
926
es minutieuses qui s’entrecroisent au ras du sol,
nous
passons lentement dans la nuit des hauteurs, un feu vert, un feu roug
927
ce recoin perdu de l’univers. Tout s’est tu dans
notre
cabine. Si l’avion continuait vers l’espace infini ? Tristesse absolu
928
l’Asie, le Moyen-Orient et l’Afrique, l’union de
notre
Terre sera faite par Mars et par Vénus : je le prévoyais il y a douze
929
qu’elle se fonde sur du wishful thinking. Mais si
nous
ne sommes pas « découverts » par des êtres pensants d’autres planètes
930
ar des êtres pensants d’autres planètes avant que
nous
les ayons visités sur leur globe, il en ira de l’aventure des Terrien
931
ce de changer de planète. » Dernière pudeur
Notre
Europe, dira-t-on, dans cette immense affaire, perd beaucoup de son i
932
t en URSS et aux États-Unis, et que ces deux pays
nous
précéderont sans doute dans la Lune, puis sur Mars et Vénus : ils ont
933
de mémoire que la plupart des nègres ». Mais déjà
nous
ne sommes plus en Utopie : la prévision se veut scientifique, comme e
934
ut faire attention. Car la science a déjà devancé
nos
poètes. « Dans cent ans, dit le professeur John Weird, nous pourrons
935
s. « Dans cent ans, dit le professeur John Weird,
nous
pourrons modifier les émotions, les désirs, les pensées de l’homme, c
936
otions, les désirs, les pensées de l’homme, comme
nous
le faisons déjà de façon rudimentaire, avec les tranquillisants… Les
937
’univers du xxie siècle, quel sens auront encore
nos
écrits et nos livres ? Perdront-ils toute espèce d’intérêt, tout pouv
938
ie siècle, quel sens auront encore nos écrits et
nos
livres ? Perdront-ils toute espèce d’intérêt, tout pouvoir d’émotion
939
ons introduites par la technique dans le cadre de
nos
existences n’empêchent nullement la Bible et l’Odyssée, la Divine Com
940
ine Comédie, Shakespeare et Baudelaire d’agir sur
nous
. Que le héros affronte son destin à pied, en bateau, en carrosse, en
941
, en avion ou même en fusée, c’est son destin qui
nous
fascine, c’est sa personne, et le drame qui les met aux prises. Mais
942
on droit d’identité native, le sujet même de tous
nos
drames s’évanouira. Nos descendants « tranquillisés » et modifiés, ou
943
ve, le sujet même de tous nos drames s’évanouira.
Nos
descendants « tranquillisés » et modifiés, ou devenus cent fois plus
944
s plus intelligents, verront-ils autre chose dans
nos
œuvres que des erreurs maniaques, des fixations bizarres, des sentime
945
nce, de soi, des autres et de l’univers : de cela
nous
sommes certains, mais de cela seul, si par définition nous ne pouvons
946
es certains, mais de cela seul, si par définition
nous
ne pouvons pas prévoir ce qu’un sens nouveau sentirait. J’imagine cep
947
démodés à coup sûr avant la fin du siècle seront
nos
ouvrages de science-fiction, et ceux qui se fondent sur nos doctrines
948
es de science-fiction, et ceux qui se fondent sur
nos
doctrines sociologiques ; puis les écrits qui expriment notre étonnem
949
nes sociologiques ; puis les écrits qui expriment
notre
étonnement devant les nouveautés techniques. Enfin des chroniques com
950
niques comme celle-ci, à moins qu’elles n’amusent
nos
petits-fils, comme on aime à retrouver dans son journal intime telle
951
éservons ces réduits pervers. Tous les siècles de
notre
histoire ont déploré la décadence universelle et décrit des âges d’or
952
oduire la jérémiade la plus amplement modulée sur
nos
perspectives prochaines. Sorel, Bergson, Spengler, Valéry et Toynbee
953
nbee et plusieurs centaines d’autres à leur suite
nous
l’ont répété sans relâche : l’Occident n’en a plus pour longtemps, se
954
du xxe siècle (par quoi j’entends l’ensemble de
nos
créations) aura mieux enrichi le musée mondial que le xviiie tant va
955
ne autre culture, même pas le passé de la sienne,
nous
voyons toute la Terre imiter ses techniques, ses formes de gouverneme
956
e, l’islam ou la magie des nègres ? L’adoption de
notre
alphabet et du birth control par la Chine a tout de même une autre im
957
la Chine a tout de même une autre importance que
nos
brèves poussées d’exotisme. Perte du contact vivant avec les origines
958
ssance religieuse est combien plus puissante dans
nos
diverses confessions que les modes littéraires qui occupent tant notr
959
sions que les modes littéraires qui occupent tant
notre
presse. Les auteurs et les peintres que l’on cite à l’appui de la « d
960
que l’on cite à l’appui de la « désintégration de
nos
valeurs » n’exerceront jamais une action comparable en étendue et pro
961
es mondiales n’a pas seulement compromis ou perdu
nos
positions de puissance politique ; il déprime et combat sournoisement
962
ce politique ; il déprime et combat sournoisement
notre
volonté de guérir, dans le temps même qu’il excite contre nous les pe
963
de guérir, dans le temps même qu’il excite contre
nous
les peuples qui l’ont « attrapé ». À cause de lui, nous refusons de n
964
es peuples qui l’ont « attrapé ». À cause de lui,
nous
refusons de nous unir, tandis qu’à cause de lui les Arabes se fédèren
965
ont « attrapé ». À cause de lui, nous refusons de
nous
unir, tandis qu’à cause de lui les Arabes se fédèrent. Différents ou
966
et cerveau, plexus solaire de l’Occident. Mais
nos
valeurs sont-elles universelles ? Nous exportons avec succès dans
967
Mais nos valeurs sont-elles universelles ?
Nous
exportons avec succès dans le monde entier nos machines, nos structur
968
Nous exportons avec succès dans le monde entier
nos
machines, nos structures politiques et sociales, notre hygiène scient
969
ns avec succès dans le monde entier nos machines,
nos
structures politiques et sociales, notre hygiène scientifique et nos
970
machines, nos structures politiques et sociales,
notre
hygiène scientifique et nos virus ; mais nous omettons trop souvent d
971
tiques et sociales, notre hygiène scientifique et
nos
virus ; mais nous omettons trop souvent d’y joindre un mode d’emploi
972
s, notre hygiène scientifique et nos virus ; mais
nous
omettons trop souvent d’y joindre un mode d’emploi circonstancié, et
973
ncié, et des indications de régime ou de cure. Or
nos
produits sans nos valeurs créent du chaos, bouleversent les métabolis
974
ations de régime ou de cure. Or nos produits sans
nos
valeurs créent du chaos, bouleversent les métabolismes culturels, et
975
édiat et mieux déterminé que les spéculations sur
notre
décadence ; il nous engage et nous provoque, quand celles-ci ne tenda
976
iné que les spéculations sur notre décadence ; il
nous
engage et nous provoque, quand celles-ci ne tendaient qu’à nous conva
977
culations sur notre décadence ; il nous engage et
nous
provoque, quand celles-ci ne tendaient qu’à nous convaincre de la van
978
nous provoque, quand celles-ci ne tendaient qu’à
nous
convaincre de la vanité de toute intervention, en nous livrant à des
979
convaincre de la vanité de toute intervention, en
nous
livrant à des fatalités imaginaires. Mais avant d’attaquer ce problèm
980
ment l’analogie entre l’Europe et la nation qu’il
nous
faut refuser d’entrée de jeu. Nous voulons une Europe fédérale. Le sa
981
a nation qu’il nous faut refuser d’entrée de jeu.
Nous
voulons une Europe fédérale. Le sacré national, ce culte jacobin dont
982
la mode en vit, mais les provinces en meurent70.
Nous
ne mangerons pas de ce sacré‑là. D’ailleurs, le phénomène est à peu p
983
modés, l’absence d’aérodromes. C’est Brasilia qui
nous
donnerait l’équivalent de Washington, D.C., dans notre siècle. Une vi
984
donnerait l’équivalent de Washington, D.C., dans
notre
siècle. Une ville neuve dans un terrain vague, vierge de traditions l
985
orta qu’en 1800. Pourquoi veut‑on que le choix de
notre
capitale précède l’instauration d’un État fédéral dont l’aire et le r
986
Eliade, dans son Traité d’histoire des religions,
nous
font saisir comment le symbolisme du Centre régit le choix, ou pour m
987
sacré tout est sens, mais dans la vie publique de
notre
temps, on n’ose guère invoquer que des calculs à l’appui des projets
988
ue l’on rêve. Les archétypes régissent en réalité
nos
imaginations et nos désirs ; mais nous voulons trouver dans des faits
989
chétypes régissent en réalité nos imaginations et
nos
désirs ; mais nous voulons trouver dans des faits mesurables les just
990
en réalité nos imaginations et nos désirs ; mais
nous
voulons trouver dans des faits mesurables les justifications de nos a
991
r dans des faits mesurables les justifications de
nos
actes et conduites, et quand nous les trouvons par chance, et qu’elle
992
ustifications de nos actes et conduites, et quand
nous
les trouvons par chance, et qu’elles se tiennent, elles jouent alors
993
et qu’elles se tiennent, elles jouent alors dans
notre
âge scientifique le rôle que jouaient les « signes » et les hasards p
994
Centre. Sens. Le Dictionnaire abrégé de la fable
nous
apprend que Myscille, habitant d’Argos, n’ayant pu débrouiller le sen
995
infinité des hémisphères que l’on peut tracer sur
notre
globe, il en est un qui se trouve contenir 90 % des terres libres de
996
re du monde tombe quelque part en plein milieu de
notre
Europe. Bel exemple de « signe » donné par le calcul ! Heureuse coïnc
997
s l’urgence de créer un district fédéral tant que
nous
restons privés d’un État fédéral. Mais supposons maintenant cet État
998
l satisfait à la première série de conditions que
nous
savons requises par le sacré. Il les affirme dès l’abord, tandis que
999
lantes constellations d’esprits qui influencèrent
notre
horoscope occidental. Enfin, le lac Léman et la cité internationale d
1000
araît au contraire des plus conformes au génie de
notre
culture toujours ouverte vers l’universel. En fouillant le sol de ce
1001
le plus mal entendu par la plupart des hommes de
notre
temps, et particulièrement en France : fédéralisme. Quatre problèmes
1002
Un système bon pour les sauvages Mais Littré
nous
apprend autre chose, sur ce chapitre. Quelque chose qui montre assez
1003
fédéralisme représente un effort vers l’union de
nos
peuples, et que c’est le nationalisme qui a pour projet de rompre l’u
1004
pte des faits qui commandent à la fois l’union de
nos
pays et le respect de leurs différences, donc l’adhésion de la France
1005
table d’un fédéralisme externe, supranational. Si
nos
deux sous de raison ne sont pas finis, c’est de cela qu’il nous faut
1006
de raison ne sont pas finis, c’est de cela qu’il
nous
faut parler et disputer, car ce que le monde entier attend de nous, c
1007
et disputer, car ce que le monde entier attend de
nous
, ce n’est pas une résolution de la fraction radicale valoisienne « ré
1008
r rapport intime avec l’antinomie fondamentale de
notre
siècle : celle du régime fédéraliste et du régime totalitaire. Ce ser
1009
ines et idéologies qui sont leurs substituts dans
notre
monde laïque. Au niveau de l’intérêt, la lutte qui s’institue entre l
1010
tait de rédiger une constitution pour l’Europe. —
Nous
sommes arrêtés, me dit-il, par le problème de la stabilité de l’exécu
1011
artre, décrivant la manifestation du 4 septembre,
nous
montrait « au milieu de la place, le prince ; autour de lui, le chœur
1012
le et incertain. — L’usage du mot démocratie dans
nos
discussions politiques signale presque toujours l’apparition de la ma
1013
la rhétorique du récit. Dans une société comme la
nôtre
, l’amour-passion peut-il encore trouver des interdits assez redoutabl
1014
enfin l’amour-passion et le mariage. N’en sommes-
nous
pas au point de notre évolution où, tout étant réduit, « ramené à » c
1015
n et le mariage. N’en sommes-nous pas au point de
notre
évolution où, tout étant réduit, « ramené à » comme on dit, profané,
1016
ux règles de l’hygiène et de la sociologie — tout
nous
semble permis de ce qui ne nuirait pas à la santé et à la productivit
1017
rois œuvres où transparaît l’archétype de Tristan
nous
sont données vers ce milieu du siècle par l’Europe, l’Amérique et la
1018
lusieurs reprises d’elle-même et de son frère : «
Nous
aurons été les derniers romantiques de l’amour… Au fond, c’est la der
1019
ière histoire d’amour possible… Sans doute serons-
nous
une sorte de Derniers Mohicans de l’amour. » Je ne fais pas ici de cr
1020
Qu’est-ce que l’auteur a voulu dire ? Tout ce que
nous
voyons là, sans doute, et plus encore. S’il avait pu le dire autremen
1021
avait pu le dire autrement, il l’aurait fait (et
nous
ne le lirions pas). Mais la réponse de l’écrivain ne suffit pas, bien
1022
cère. Car il faut voir que cette ambiguïté, qu’il
nous
propose malgré lui, n’est pas du tout accidentelle. Elle ne résulte p
1023
Humbert. Si l’amour des nymphets n’était pas, de
nos
jours, l’un des derniers tabous sexuels qui tiennent encore (avec l’i
1024
ronique, aidées par la version moderne de Bédier,
nous
font prendre trop facilement pour la touchante histoire d’un amour pr
1025
térature européenne, qu’illustreront plus près de
nous
un Goethe, créant le personnage de Mignon, un Novalis dédiant son œuv
1026
ses lettres à des petites filles. L’adultère, de
nos
jours, ne conduit qu’au divorce, ou s’épuise en liaisons banales. Il
1027
la conscience d’une profanation faisait flamber.
Nous
restent deux tabous sexuels, curieusement respectés par nos mœurs en
1028
t deux tabous sexuels, curieusement respectés par
nos
mœurs en transition rapide du sacré primitif vers une hygiène scienti
1029
ouligner les mots révélateurs dans le contexte de
notre
analyse : tout y passerait ! Non seulement ces deux pages se trouvent
1030
la petite fille, et tous les autres exemples dont
nous
avons parlé, loin de relever de la monstruosité ou de la faiblesse, r
1031
té qui condamne la passion, et rabat au mariage.
Notre
temps, qui a probablement perdu la notion de passion amoureuse, parce
1032
chent : Ce désir d’un double de l’autre sexe qui
nous
ressemble absolument tout en étant un autre, d’une créature magique q
1033
n étant un autre, d’une créature magique qui soit
nous
tout en possédant l’avantage, sur toutes nos imaginations, d’une exis
1034
oit nous tout en possédant l’avantage, sur toutes
nos
imaginations, d’une existence autonome… on en retrouve des traces jus
1035
pas un philtre contre ce qui, au dernier moment,
nous
sépare ? Mais ici, le roman de Musil s’engage dans deux Voies diverg
1036
e Musil s’engage dans deux Voies divergentes : il
nous
en reste des fragments inégalement poussés, inconciliables. Première
1037
n chapitre intitulé Le Voyage au Paradis : C’est
notre
destin : peut-être aimons-nous ce qui est interdit. Mais nous ne nous
1038
Paradis : C’est notre destin : peut-être aimons-
nous
ce qui est interdit. Mais nous ne nous tuerons pas avant d’avoir fait
1039
: peut-être aimons-nous ce qui est interdit. Mais
nous
ne nous tuerons pas avant d’avoir fait une tentative extrême. Le mond
1040
tre aimons-nous ce qui est interdit. Mais nous ne
nous
tuerons pas avant d’avoir fait une tentative extrême. Le monde est fu
1041
xactement) qu’un roman soit vraiment un roman, et
nous
passionne ? Les préférences qu’avoue le public interrogé devraient le
1042
ants dans la mort… Il n’y a qu’un seul roman dans
nos
littératures ! Une seule passion dictant les mêmes péripéties dans to
1043
dans leur retraite forestière : … Disons adieu à
nos
espoirs, disons-nous adieu l’un à l’autre. Nous nous dirons encore l’
1044
orestière : … Disons adieu à nos espoirs, disons-
nous
adieu l’un à l’autre. Nous nous dirons encore l’un à l’autre nos paro
1045
à nos espoirs, disons-nous adieu l’un à l’autre.
Nous
nous dirons encore l’un à l’autre nos paroles secrètes de la nuit, gr
1046
s espoirs, disons-nous adieu l’un à l’autre. Nous
nous
dirons encore l’un à l’autre nos paroles secrètes de la nuit, grande
1047
Boris Pasternak. Sa lettre au Maître du Kremlin,
nous
en lisons les termes anticipés dans la scène où Komarovski (l’intriga
1048
a vie sociale. D’où la présence continuelle, dans
nos
trois romans tristaniens, de la Société et de ses conventions ; d’où
1049
mplicité d’origine et d’essence, l’amour-passion,
nous
l’avons vu, n’est guère moins dépendant de cette société qu’il récuse
1050
’il récuse : c’est elle qui lui a fourni, jusqu’à
nos
jours, les obstacles indispensables. Sur ce point, deux observations
1051
ystiques, qu’il échappe à la fin au romanesque et
nous
fait entrevoir un genre nouveau, qui pourrait intégrer dans la littér
1052
entretenait le culte ? Quels tabous subsistant de
nos
jours pourraient-ils encore provoquer les épiphanies romanesques de T
1053
faisant l’Europe, c’est l’évidence. Ou bien dites-
nous
quelle autre solution ? Le vrai danger, c’est notre désunion. Et non
1054
ous quelle autre solution ? Le vrai danger, c’est
notre
désunion. Et non seulement devant une grande Allemagne hypothétique,
1055
ent devant une grande Allemagne hypothétique, que
nos
méfiances auraient repoussée vers la Russie, mais devant des coalitio
1056
et spirituelles, d’une ampleur telle qu’aucun de
nos
pays, fût-il la France plus l’Algérie plus un bon tiers de l’Afrique,
1057
de vous tenir comptable — en faveur de l’union de
notre
Europe menacée et des ouvriers de sa cause. Vous pouvez plus que d’au
1058
andant au Ciel « que ces erreurs ne fassent point
nos
calamités », comme on lit au Traité sur la tolérance. Sur les « mé
1059
n est Jules Feiffer, jeune dessinateur irrité. Il
nous
montre un bourgeois sérieux observant les ébats convulsifs d’un repré
1060
de sa gloire secrète. Qui l’a mis à son rang dans
notre
siècle ? Les meilleurs, certes, mais presque seuls : Valéry, Gide, El
1061
du point de vue des valeurs vitales (problème que
notre
xviie siècle se devait de ne pas poser). L’homme antique peut attein
1062
de charme mais sans forme et sans but, peut bien
nous
stimuler, mais ne nous détermine jamais… Cet homme indiscret est dist
1063
rme et sans but, peut bien nous stimuler, mais ne
nous
détermine jamais… Cet homme indiscret est distrait, et sa distraction
1064
éfléchie qui préside à son analyse de l’indiscret
nous
vaut une description inégalable du mal du siècle. Ici, le mépris ne p
1065
privilège d’avoir parlé sans complicité de ce qui
nous
détruit : Rudolf Kassner donne la sensation à peu près unique en ce t
1066
tions personnelles, parlementarisme intérieur qui
nous
mène lentement à l’impuissance. (Si Kassner exprime un tourment, c’es
1067
Kassner se garde bien de poser les problèmes dans
nos
catégories psychologiques. Il prend tout par des biais qui nous sont
1068
s psychologiques. Il prend tout par des biais qui
nous
sont peu familiers. Et puis enfin, voilà une philosophie qui postule
1069
valeurs, non de la seule exactitude des pensées —
nous
connaissons le modèle immortel, le Livre de Job. Il serait curieux d’
1070
tudes intermédiaires. Elle est un acte de vision.
Nous
montrant d’un seul coup, sans transition, plusieurs objets que la cou
1071
de comparaisons. De quels autres moyens disposons-
nous
, qui soient ordonnés à cette fin ? Ce sont moyens de poésie, c’est-à-
1072
i en fait voir un grand nombre d’autres, et qu’on
nous
fait découvrir tout d’un coup ce que nous ne pouvions espérer qu’aprè
1073
t qu’on nous fait découvrir tout d’un coup ce que
nous
ne pouvions espérer qu’après une grande lecture. Ainsi s’opposent et
1074
n tension dialectique — du moins s’ils comptent ?
Nos
trop rares entretiens m’ont appris sur Kassner cela surtout qu’il a s
1075
u ratés exemplaires. Cette collection de types de
notre
siècle puisait dans l’Europe de naguère — surtout viennoise — ses élé
1076
ble. D’où l’image qui me vint à l’esprit, pendant
notre
première rencontre, de cet archer qui tire les yeux fermés et atteint
1077
erre de 1914, et plusieurs témoignages importants
nous
en demeurent : lettres de Rilke à leur amie commune, la princesse de
1078
à la grandeur. Relisons les essais qui suivent :
nous
y voyons que pour Kassner, Rilke appartient décidément au monde du Pè
1079
tir aveugle, est acte, mais cet acte est en outre
notre
pensée la plus profonde, l’ultime, et le dirai-je, la pensée sans lim
1080
lui aurais dit sans doute : le but du zen est de
nous
libérer du moi conscient, mais le sens dernier de votre œuvre est de
1081
que vous nommez souvent « magie à rebours », vous
nous
avez montré la voie de la personne, le passage vers l’esprit et vers
1082
st négation du personnel ? Ou plutôt, saurez-vous
nous
faire voir l’unité finale des deux voies ? Nul autre mieux que vous,
1083
r de transformer » par excellence. C’est elle qui
nous
permet de passer du monde magico-mythique à celui de la personne et d
1084
Quelque chose” a tiré et touché le but. Inclinons-
nous
devant le but comme devant Bouddha. » 89. « Aus den Sätzen des Ioghi
1085
« faire mieux que l’Occident », il voulut étudier
nos
secrets et s’engagea comme ouvrier aux chantiers maritimes de Saardam
1086
développent sur table rase beaucoup plus vite que
nous
, à peu près aussi vite l’une que l’autre, depuis le départ presque si
1087
Walter Lippmann : La faiblesse la plus grave de
notre
société, c’est que nous ne sommes unis dans la poursuite d’aucun obje
1088
iblesse la plus grave de notre société, c’est que
nous
ne sommes unis dans la poursuite d’aucun objectif fondamental… Nous p
1089
s dans la poursuite d’aucun objectif fondamental…
Nous
parlons de nous-mêmes comme d’une société achevée, qui a atteint ses
1090
ule façon de répondre à M. K., c’est de cesser de
nous
demander avec inquiétude s’il va nous séduire… et de redevenir enfin
1091
e cesser de nous demander avec inquiétude s’il va
nous
séduire… et de redevenir enfin le peuple confiant et résolu que nous
1092
redevenir enfin le peuple confiant et résolu que
nous
sommes en réalité. Je ne vois guère moins de sophisme dans cet argum
1093
rdises soviétiques. Lippmann, comme la plupart de
nos
intellectuels, se dit en somme : — Nous n’avons plus de grande idée,
1094
plupart de nos intellectuels, se dit en somme : —
Nous
n’avons plus de grande idée, eux en ont une. Nous sommes riches, heur
1095
Nous n’avons plus de grande idée, eux en ont une.
Nous
sommes riches, heureux, arrivés, donc faibles ; ils sont en marche, p
1096
de confiance dont il n’indique pas les motifs) et
nous
laisse sur l’idée que les Russes doivent gagner. Mais gagner quoi ? Q
1097
iment mêlé de soulagement et d’anxiété nouvelle :
nous
ne sommes pas si différents, mais alors ? Où sont nos certitudes, nos
1098
ne sommes pas si différents, mais alors ? Où sont
nos
certitudes, nos refus bien tranchés, nos raisons de nous haïr et de n
1099
différents, mais alors ? Où sont nos certitudes,
nos
refus bien tranchés, nos raisons de nous haïr et de nous craindre ? Q
1100
Où sont nos certitudes, nos refus bien tranchés,
nos
raisons de nous haïr et de nous craindre ? Quand Khrouchtchev réitère
1101
rtitudes, nos refus bien tranchés, nos raisons de
nous
haïr et de nous craindre ? Quand Khrouchtchev réitère que ses positio
1102
fus bien tranchés, nos raisons de nous haïr et de
nous
craindre ? Quand Khrouchtchev réitère que ses positions idéologiques
1103
nt qu’on voie l’Europe, qu’on y pense même ! Mais
nous
, qui sommes d’Europe, nous allons y penser. Le mois dernier, François
1104
on y pense même ! Mais nous, qui sommes d’Europe,
nous
allons y penser. Le mois dernier, François Bondy posait ici même la q
1105
de le poser, mais qui paraît troubler certains de
nos
amis, et qu’une masse d’étourdis tranchent de la sorte : maintenant q
1106
d’étourdis tranchent de la sorte : maintenant que
nous
avons la détente politique, une détente intellectuelle doit s’ensuivr
1107
ease Sera (Rome), Guido Piovene déclare : « C’est
notre
rôle à tous, intellectuels italiens, d’exercer notre influence dans l
1108
re rôle à tous, intellectuels italiens, d’exercer
notre
influence dans la vie publique afin que la guerre froide cesse à l’in
1109
lique un redoublement de la lutte idéologique… On
nous
a dit : tout est changé, tout doit changer, les vieux problèmes sont
1110
se qu’on avoue quand on est pris et démasqué. Ils
nous
jugeaient donc à leur aune. Ils avaient démasqué notre « anticommunis
1111
jugeaient donc à leur aune. Ils avaient démasqué
notre
« anticommunisme », et nous réduisaient à cela. C’était notre unique
1112
Ils avaient démasqué notre « anticommunisme », et
nous
réduisaient à cela. C’était notre unique obsession, notre seule raiso
1113
communisme », et nous réduisaient à cela. C’était
notre
unique obsession, notre seule raison d’être, et notre profession. Tou
1114
duisaient à cela. C’était notre unique obsession,
notre
seule raison d’être, et notre profession. Tout était donc permis pour
1115
e unique obsession, notre seule raison d’être, et
notre
profession. Tout était donc permis pour nous disqualifier, et même ob
1116
et notre profession. Tout était donc permis pour
nous
disqualifier, et même obligatoire. Aragon me traitait publiquement d’
1117
ent : ils avaient à le dire et c’est tout. Or, si
nous
nous trouvions être « anticommunistes », c’est-à-dire définis comme t
1118
ils avaient à le dire et c’est tout. Or, si nous
nous
trouvions être « anticommunistes », c’est-à-dire définis comme tels n
1119
nistes », c’est-à-dire définis comme tels non par
nous
mais par leur manie systématique, c’était précisément parce qu’à nos
1120
anie systématique, c’était précisément parce qu’à
nos
yeux, la vocation de l’écrivain dans la cité ne pouvait être interpré
1121
er à autre chose. » C’est dans la seule mesure où
nous
refusions le mensonge en service commandé pour le douteux profit de n
1122
profit de n’importe quel système, fût-il celui de
nos
États, c’est dans cette mesure-là que nous étions des « antis ». Au r
1123
elui de nos États, c’est dans cette mesure-là que
nous
étions des « antis ». Au reste, nous pensions surtout à « d’autres ch
1124
esure-là que nous étions des « antis ». Au reste,
nous
pensions surtout à « d’autres choses ». Mais comme ces autres choses,
1125
s, pour eux, n’existaient pas, ils ne voyaient en
nous
que leur image inversée, inexplicablement perverse et révoltante. Le
1126
t l’Octobre de Pologne. Et Budapest. Plus près de
nous
, les autocritiques d’intellectuels quittant le parti communiste. Auta
1127
ttant le parti communiste. Autant de motifs, pour
nous
, de penser que notre refus « systématique » de leur système suffisait
1128
niste. Autant de motifs, pour nous, de penser que
notre
refus « systématique » de leur système suffisait bien, et que le dial
1129
mps perdu avec des officieux qui ne pouvaient pas
nous
écouter et n’insultaient que nos caricatures. (C’est irritant de redi
1130
e pouvaient pas nous écouter et n’insultaient que
nos
caricatures. (C’est irritant de redire tout cela, n’est-ce pas ? Ceux
1131
ccidental serait encore un acte de guerre froide.
Nous
reprochions à l’URSS de ne pas distinguer entre les intérêts d’un par
1132
politique et la guerre dans le domaine des idées.
Nous
sommes d’accord : c’était notre attitude. Et l’URSS précisément la co
1133
domaine des idées. Nous sommes d’accord : c’était
notre
attitude. Et l’URSS précisément la condamnait. Elle l’adopte aujourd’
1134
ui, mais par opportunisme, et feint de croire que
nous
la refusons. Elle nous reproche à tort ce dont nous l’accusions avec
1135
me, et feint de croire que nous la refusons. Elle
nous
reproche à tort ce dont nous l’accusions avec plus de raison que de p
1136
us la refusons. Elle nous reproche à tort ce dont
nous
l’accusions avec plus de raison que de plaisir. Sa conception de la l
1137
tte dans le domaine des idées consiste en somme à
nous
demander une reddition sans condition. La lutte idéologique, à l’en c
1138
e il se doit. Mais au lieu de traduire Pasternak,
nous
dit-il (hélas ! interdit en Russie) qu’on traduise de vrais communist
1139
chances de prestige, selon les sociologues. Mais
notre
mère à tous, n’est-ce pas l’Europe ? 93. Allocution à la Salle Gave
1140
ssayant de reconsidérer la nature, la fonction de
notre
Congrès et les idéaux qui l’inspirent. Le plus simple sera de reprend
1141
simple sera de reprendre les trois termes formant
notre
titre : Congrès, Liberté, Culture. Vous verrez à quel point ces trois
1142
termes s’appellent et s’impliquent mutuellement.
Nous
sommes donc d’abord un Congrès — un congrès permanent, il est vrai, p
1143
rté. Car il est clair que ce problème numéro 1 de
notre
siècle déborde toute capacité individuelle et qu’il exige un vaste ef
1144
erté, voyez-vous, ce n’est pas quelque chose dont
nous
devons parler, mais quelque chose que nous devons créer, dont nous de
1145
e dont nous devons parler, mais quelque chose que
nous
devons créer, dont nous devons créer les conditions, quelque chose qu
1146
r, mais quelque chose que nous devons créer, dont
nous
devons créer les conditions, quelque chose que nous devons reconquéri
1147
us devons créer les conditions, quelque chose que
nous
devons reconquérir chaque jour et sans relâche, sur nous-mêmes tout d
1148
ment fait-on cela ? Revendiquer la liberté, quand
nous
avons formé notre Congrès, c’était d’abord lutter contre des dictatur
1149
? Revendiquer la liberté, quand nous avons formé
notre
Congrès, c’était d’abord lutter contre des dictatures extérieures, bi
1150
défaitisme fataliste qui préparait leur lit dans
nos
démocraties. Il nous fallait courir au plus pressé, secourir les pers
1151
e qui préparait leur lit dans nos démocraties. Il
nous
fallait courir au plus pressé, secourir les persécutés accusés de lib
1152
les persécutés accusés de liberté d’esprit, — et
nous
l’avons fait. Mais nous voyons bien, aujourd’hui, que les menaces con
1153
de liberté d’esprit, — et nous l’avons fait. Mais
nous
voyons bien, aujourd’hui, que les menaces contre les libertés ne vien
1154
iennent aussi des formes de vie matérialistes que
notre
civilisation occidentale propage aveuglément sur toute la terre, et q
1155
tivités proprement humaines qui donnent un sens à
notre
vie. Car la culture, c’est tout d’abord : transmettre des recettes de
1156
on et progrès technique et démocratique. Pour que
notre
vie ait un sens, il faut que la culture vivante recrée pour les homme
1157
ce temps des ensembles intelligibles. Il faut que
nos
activités humaines que nous avons spécialisées et séparées jusqu’à l’
1158
lligibles. Il faut que nos activités humaines que
nous
avons spécialisées et séparées jusqu’à l’absurde — l’art et la vie qu
1159
ser mutuellement, comme c’est le cas dans trop de
nos
vies, et retrouvent une commune mesure, un style commun. Et ceci vaut
1160
llénaire de l’Inde traditionnelle. C’est pourquoi
nous
devons attacher tant de prix aux contacts que permet un congrès comme
1161
de prix aux contacts que permet un congrès comme
le nôtre
: contacts d’une part entre représentants des arts, des sciences et d
1162
globale. Voilà pour les trois termes qui forment
notre
titre. J’en déduis que la fonction de notre Congrès, tel qu’il est de
1163
rment notre titre. J’en déduis que la fonction de
notre
Congrès, tel qu’il est devenu depuis dix ans, s’élargissant progressi
1164
eux Amériques ; mais ceci dans la perspective qui
nous
est propre : celle des incidences du progrès sur les vraies libertés
1165
s du progrès sur les vraies libertés humaines. On
nous
demande souvent, de tous côtés : Êtes-vous un mouvement politique ? I
1166
que le commentaire que je viens de vous donner de
nos
buts répond suffisamment à cette question. Mais on insiste, la presse
1167
erviewers insistent : tous veulent absolument que
nous
soyons politiques, que nous soyons d’abord anti-ceci ou cela… J’insis
1168
eulent absolument que nous soyons politiques, que
nous
soyons d’abord anti-ceci ou cela… J’insisterai donc à mon tour. En si
1169
sens humain, pour chaque personne. La politique,
nous
n’y échapperons pas, et il est inutile d’insister sur ce fait, ici, d
1170
insister sur ce fait, ici, dans ce Berlin où elle
nous
cerne de toutes parts. Mais nous refusons d’accorder à la politique c
1171
e Berlin où elle nous cerne de toutes parts. Mais
nous
refusons d’accorder à la politique cette valeur absolue de fin en soi
1172
ale et absolutisée. La politique doit rester pour
nous
un moyen dominé par des fins humaines, ces fins que l’esprit seul peu
1173
sprit seul peut entrevoir, imaginer et proposer à
nos
désirs et à notre raison, à notre volonté et à notre foi. Et alors, l
1174
entrevoir, imaginer et proposer à nos désirs et à
notre
raison, à notre volonté et à notre foi. Et alors, la liberté serait-e
1175
ner et proposer à nos désirs et à notre raison, à
notre
volonté et à notre foi. Et alors, la liberté serait-elle du nombre de
1176
os désirs et à notre raison, à notre volonté et à
notre
foi. Et alors, la liberté serait-elle du nombre de ces fins dernières
1177
son tour un absolu ? Non, certes, mais elle seule
nous
conduit à nos fins. Car la liberté se concrétise dans l’augmentation
1178
olu ? Non, certes, mais elle seule nous conduit à
nos
fins. Car la liberté se concrétise dans l’augmentation continuelle de
1179
profond des forêts de l’âme occidentale. Arrêtons-
nous
ici pour méditer. Et nous suivrons tantôt cette allée de lumière fray
1180
e occidentale. Arrêtons-nous ici pour méditer. Et
nous
suivrons tantôt cette allée de lumière frayée dans les hautes futaies
1181
comme par une création de logique intrépide. Elle
nous
impose, par la vertu d’une cohérence inoubliable, une interprétation
1182
ue Johannes le séducteur, prouve simplement que «
notre
jeune ami reste au-dehors », c’est-à-dire n’entretient encore que des
1183
pas plutôt l’inverse, — ne correspond à rien dans
notre
perspective, et n’aiderait à déceler aucun sens vérifiable. En effet,
1184
la décision fondant le mariage symbolisait aussi,
nous
l’avons vu, le fondement même de toute éthique existentielle. Mais vo
1185
solitude de son cœur, « c’est alors seulement que
nous
sommes unis ».) Régine s’est mariée ailleurs. Le dernier appel qu’il
1186
ur. » C’était là le prochain par excellence, et —
nous
le savons par le Journal — c’était Régine ! Plus tard, le concept d’i
1187
plications pourquoi l’amour en tant que passion —
notre
spécialité européenne — doit être nécessairement d’origine noble. On
1188
battre la violence d’un instinct est en dehors de
notre
puissance ». Dans le procès de maîtrise d’un instinct, « l’intellect
1189
tinct, qui est le rival de celui dont la violence
nous
tourmente, que ce soit le besoin de repos, ou la crainte de la honte
1190
éfastes, ou bien encore l’amour. Donc, tandis que
nous
croyons nous plaindre de la violence d’un instinct, c’est au fond un
1191
ien encore l’amour. Donc, tandis que nous croyons
nous
plaindre de la violence d’un instinct, c’est au fond un instinct qui
1192
sique à sa perfection, chez les Grecs comme parmi
nous
, mais elle y ajoute aussitôt le mythe tragique, et le héros tragique
1193
sur ses épaules le fardeau du monde dionysien et
nous
en délivre. … Entre la portée universelle de sa musique et l’auditeur
1194
e, sans la sauvegarde de cette illusion. Le mythe
nous
protège contre la musique, et lui seul, d’autre part, donne à celle-c
1195
gaieté, l’irresponsabilité ! Vivons au-dessus de
nous
afin de pouvoir vivre avec nous-mêmes ! » Que s’est-il passé entre-te
1196
ustra ? « Insouciant et railleur, violent — ainsi
nous
veut la sagesse. Elle est femme… » Que dit Aurore ? « Il n’y a encore
1197
ouvelle passion. — Pourquoi craignons et haïssons-
nous
la possibilité d’un retour à la barbarie ? Serait-ce peut-être parce
1198
es de tous les temps avaient plus de bonheur : ne
nous
y trompons pas. — Mais c’est notre instinct de connaissance qui est t
1199
de bonheur : ne nous y trompons pas. — Mais c’est
notre
instinct de connaissance qui est trop développé pour que nous puissio
1200
t de connaissance qui est trop développé pour que
nous
puissions encore apprécier le bonheur sans connaissance, ou bien le b
1201
le bonheur d’une illusion solide et vigoureuse ;
nous
souffrons rien qu’à nous représenter un pareil état de choses ! L’inq
1202
n solide et vigoureuse ; nous souffrons rien qu’à
nous
représenter un pareil état de choses ! L’inquiétude de la découverte
1203
de la découverte et de la divination a pris pour
nous
autant de charme et nous est devenue tout aussi indispensable que ne
1204
a divination a pris pour nous autant de charme et
nous
est devenue tout aussi indispensable que ne l’est, pour l’amoureux, l
1205
r l’état d’indifférence ; — oui, peut-être sommes-
nous
, nous aussi, des amants malheureux. La connaissance s’est transformée
1206
at d’indifférence ; — oui, peut-être sommes-nous,
nous
aussi, des amants malheureux. La connaissance s’est transformée chez
1207
alheureux. La connaissance s’est transformée chez
nous
en passion qui ne s’effraie d’aucun sacrifice et n’a, au fond, qu’une
1208
Cette pensée, elle aussi, est sans puissance sur
nous
. Le christianisme s’est-il donc effrayé d’idées semblables ? La passi
1209
aphorisme d’Aurore se termine ainsi : Où voulons-
nous
aller ? Voulons-nous donc franchir la mer ? Où nous entraîne cette pa
1210
termine ainsi : Où voulons-nous aller ? Voulons-
nous
donc franchir la mer ? Où nous entraîne cette passion puissante, qui
1211
us aller ? Voulons-nous donc franchir la mer ? Où
nous
entraîne cette passion puissante, qui prime pour nous sur toute autre
1212
entraîne cette passion puissante, qui prime pour
nous
sur toute autre passion ? Pourquoi ce vol éperdu dans cette même dire
1213
et s’éteignirent ? Dira-t-on peut-être un jour de
nous
que, nous aussi, gouvernant toujours vers l’ouest, nous espérions att
1214
nirent ? Dira-t-on peut-être un jour de nous que,
nous
aussi, gouvernant toujours vers l’ouest, nous espérions atteindre une
1215
ue, nous aussi, gouvernant toujours vers l’ouest,
nous
espérions atteindre une Inde inconnue, — mais que c’était notre desti
1216
s atteindre une Inde inconnue, — mais que c’était
notre
destinée d’échouer devant l’infini ? Ou bien, mes frères, ou bien ? —
1217
ns l’ensemble d’une société aussi complexe que la
nôtre
. L’Éthique condamne en principe les deux mythes. En fait, elle exige
1218
e synthèse dans la durée des éléments variés dont
nos
deux mythes symbolisent l’excès ou l’échec, la plupart des couples ré
1219
eur véritable nature, et des fins vers lesquelles
nous
conduisent leurs structures. Du point de vue de l’histoire et de la p
1220
fins auxquelles chacun de ses termes s’ordonne et
nous
incline, selon sa loi. Mais il se peut aussi qu’une fois ces fins rec
1221
final des deux mythes Quelles sont les fins de
nos
vies au-delà de survivre, travailler et gagner de l’argent, qui ne so
1222
nt, qui ne sont au vrai que des moyens ? Limitons-
nous
aux quatre que voici : la durée, le bonheur, la liberté, l’amour.
1223
’un se voudra Tristan, l’autre Don Juan. Don Juan
nous
chante qu’il n’est heureux que dans l’instant, la nouveauté et le cha
1224
rai que Don Juan « raisonne » ainsi, en chacun de
nous
à ses heures. C’est qu’il oublie qu’une femme n’est pas une pomme. Et
1225
haine, parce que selon la légende primitive — que
nous
rappelle un analyste freudien — « il ne lui a pas donné l’âme qu’il l
1226
ltières et les plus fascinantes pour l’esprit. Il
nous
rappelle aussi que la durée n’est pas seulement la réalité du couple,
1227
véritable ? Seule une estimation bien assurée de
notre
vie dans ce monde-ci, et de son sens ou de son absurdité, nous mettra
1228
ce monde-ci, et de son sens ou de son absurdité,
nous
mettrait en mesure de répondre. Si notre incarnation présente n’est q
1229
bsurdité, nous mettrait en mesure de répondre. Si
notre
incarnation présente n’est que souffrance et illusion — souffrance à
1230
’explique pas, on s’en doute, la nature en soi de
nos
mythes, qui sont phénomènes de l’âme. Mais elle nous aide à mieux ima
1231
s mythes, qui sont phénomènes de l’âme. Mais elle
nous
aide à mieux imaginer le processus de leur action ; peut-être aussi l
1232
it, l’orchestre multiplie les appels au plaisir. (
Nous
sommes maintenant dans le palais.) Brusquement tout s’arrête à l’entr
1233
n, mais elle y succombera. Or cette liberté seule
nous
intéresse ; les autres ne sont guère que revendications déterminées d
1234
ffle du Monde est encore une « tourmente » !) que
nous
laissent les dernières mesures de Tristan. L’amour. — Ici la diale
1235
ude de l’amour — et sa rareté merveilleuse ! Mais
nos
arts devant elle ont toujours reculé. Et nos littératures, impuissant
1236
Mais nos arts devant elle ont toujours reculé. Et
nos
littératures, impuissantes à créer le mythe du mariage idéal, ont véc
1237
fonction proprement vitale, ou devenue telle dans
notre
évolution. Ils ne sont pas seulement nos tentations majeures, mais de
1238
e dans notre évolution. Ils ne sont pas seulement
nos
tentations majeures, mais des signes chargés de sens. Qu’ils se lèven
1239
chargés de sens. Qu’ils se lèvent soudain devant
nous
, fascinants comme un rêve d’autres nuits, au lieu de nous accompagner
1240
scinants comme un rêve d’autres nuits, au lieu de
nous
accompagner dans l’ombre, et nous savons que le moment est venu de vi
1241
its, au lieu de nous accompagner dans l’ombre, et
nous
savons que le moment est venu de virer de cap, ou bien d’affronter la
1242
nge vivant. Enfin tous les deux ont raison contre
nos
morales de série, hygiéniques, étatiques, et sans style ni virtù. Dès
1243
yle ni virtù. Dès qu’un déséquilibre se trahit en
nous
, ou provoque une crise dans le couple, ils s’y jettent et l’aggravent
1244
onne, et la vie même. Mais sans eux, que seraient
nos
amours ? 123. L’Amour et l’Occident . 124. L’Amour et l’Occid
1245
À propos de Dona Anna : les biographes de Mozart
nous
assurent que ses contemporains ne doutaient pas un instant que Dona A
1246
annonce rend la guerre atomique soudain possible.
Nous
ne discuterons pas ses raisons, ni celles que lui oppose l’Occident.
1247
ses raisons, ni celles que lui oppose l’Occident.
Nous
sommes en présence d’un fait qui dépasse les calculs politiques et me
1248
erlinois ? » s’écriait récemment M. Khrouchtchev.
Nous
lui demandons en retour, avec tous ceux qui veulent la paix : « Pourq
1249
jour un millier de sujets qui ne l’aiment pas ? »
Nous
demandons pour ces sujets le droit de redevenir des citoyens. Nous de
1250
ur ces sujets le droit de redevenir des citoyens.
Nous
demandons que leur soient reconnus les droits que définit l’article 1
1251
n problème de Berlin et que la paix est ébranlée.
Nous
demandons à M. Khrouchtchev d’appliquer les principes qu’il proclame,
1252
ns armes ne menacent pas la paix du peuple russe.
Nous
demandons à M. Khrouchtchev de ne pas pousser à bout les Allemands de
1253
de tout espoir n’est pas « consolider la paix ».
Nous
demandons à M. Khrouchtchev de ne pas déclencher le massacre universe
1254
ssacre universel pour sauver un régime décrié. Et
nous
lui proposons de faire confiance à l’Histoire, conformément à sa doct
1255
eptions près. Bref, Esprit du 1er décembre 1962
nous
laisse tout ignorer de M. Paul Dehem, qui écrit longuement sur le mur
1256
arait : « Si l’Angleterre entre au Marché commun,
nous
devons renoncer à l’Europe supranationale. » Or, dit-il aujourd’hui,
1257
ée, je crois préférable d’avoir l’Angleterre avec
nous
»135. Ce qui revient en fait, sinon en intention, à sacrifier le trai
1258
aux mouvements de militants qu’il appartenait de
nous
offrir une vision de l’Europe politiquement unie. Mais ils se taisent
1259
déduisent une tactique, et qu’ils dressent devant
nous
et devant les hommes d’État une image convaincante de l’avenir, capab
1260
tuels anglais. Leur élan vers l’Europe va droit à
notre
cœur. Parlant de l’Europe continentale, Jan Nairn écrit : « These peo
1261
France, la Pologne, l’Espagne, ou la Suisse. Mais
nous
sommes tous aux prises avec la politique de nos États, de leurs pouvo
1262
nous sommes tous aux prises avec la politique de
nos
États, de leurs pouvoirs. Dans le même numéro d’Encounter, sir Stephe
1263
entes commenceront à se manifester parmi les Six,
nous
trouverons là l’occasion de nous assurer en Europe cette prépondéranc
1264
r parmi les Six, nous trouverons là l’occasion de
nous
assurer en Europe cette prépondérance que nous avons si sottement ref
1265
de nous assurer en Europe cette prépondérance que
nous
avons si sottement refusée dans les années 1950, alors qu’il ne tenai
1266
dans les années 1950, alors qu’il ne tenait qu’à
nous
de la saisir. » On ne saurait dire plus clairement que l’intérêt de l
1267
t 1964)bi bj Prenons les grandes dimensions de
notre
planète en mutation. C’est l’Europe qui a tout déclenché, et son rôle
1268
utant dire pour bien peu de temps. Broyant toutes
nos
diversités traditionnelles, elle causerait à court terme une chute de
1269
a la moindre chance de succès, s’agissant d’unir
nos
pays, hors une solution fédérale. Ici, l’exemple de la Suisse… On s’é
1270
e des États conviendrait à ravir à la majorité de
nos
dirigeants politiques et industriels, mais elle nous perdrait tous ta
1271
s dirigeants politiques et industriels, mais elle
nous
perdrait tous tant que nous sommes dans l’espace d’une génération. Un
1272
ndustriels, mais elle nous perdrait tous tant que
nous
sommes dans l’espace d’une génération. Une Europe unitaire, c’est fin
1273
es. Mais une Europe fédérale, seule possible pour
nous
comme pour l’Europe, qui la propose ? Les Suisses devant le projet
1274
d-garde du Gothard, elle a seule conservé jusqu’à
nos
jours le principe de l’Empire d’Occident, l’union sans unification, q
1275
cial, il s’y fait l’avocat d’une confédération de
nos
pays inspirée du « corps germanique », des états généraux de Hollande
1276
personnelle à Coppet, où les meilleurs esprits de
nos
diverses nations se lient d’amitié, soit par des livres comme De l’Al
1277
tal, Zurich, Bluntschli connaît les mécanismes de
notre
vie civique : il n’hésite pas à les proposer en modèle pour l’édifica
1278
vain ni sans gloire138. » Pratiquement ignoré de
nos
jours par les fédéralistes européens, le projet très précis du jurist
1279
squ’aux environs de 1960, il faut reconnaître que
nos
autorités et notre presse ont été dans l’ensemble pour le moins réser
1280
de 1960, il faut reconnaître que nos autorités et
notre
presse ont été dans l’ensemble pour le moins réservées, et que notre
1281
é dans l’ensemble pour le moins réservées, et que
notre
peuple l’est sans doute plus encore, s’agissant du projet européen. L
1282
ur chimérique. « Fumeux idéalisme ! Subversion de
nos
vieilles coutumes ! Temps perdu ! Ça ne se fera jamais ! » Je me souv
1283
e micro, en février 1953, au cours duquel l’un de
nos
plus célèbres professeurs de sciences politiques déclara au sujet du
1284
ste pour la Suisse, à cause de ses incidences sur
nos
transports. Trois jours plus tard, le premier train de charbon libre
1285
et la faculté de prévision de ceux qui faisaient
notre
opinion. L’union de l’Europe s’avérait bel et bien réalisable, puisqu
1286
alisable, puisqu’elle devenait réalité, mais elle
nous
prenait par surprise, et chaque démarche de nos gouvernants pour rejo
1287
nous prenait par surprise, et chaque démarche de
nos
gouvernants pour rejoindre l’histoire en train de se faire semblait p
1288
train de se faire semblait prématurée aux yeux de
nos
sages et de nos experts, quoique trop tardive aux yeux du reste de l’
1289
e semblait prématurée aux yeux de nos sages et de
nos
experts, quoique trop tardive aux yeux du reste de l’Europe. Notre en
1290
oique trop tardive aux yeux du reste de l’Europe.
Notre
entrée à l’OECE fut accueillie avec méfiance par la presse moyenne de
1291
trangères, plutôt mal vues à cause de l’adjectif.
Notre
demande d’association au Marché commun prit pour certains une allure
1292
Canossa sans agenouillement, donc sans pardon. Et
notre
arrivée tardive au Conseil de l’Europe n’a jamais été justifiée — com
1293
iques. — La neutralité intégrale reste la base de
notre
indépendance et « l’étoile fixe sur laquelle se règle la politique ét
1294
amais été qu’un moyen politique mis au service de
notre
indépendance ; elle n’est pas affirmée par la Constitution ; « elle n
1295
nt transformé le sens, la portée et la réalité de
notre
neutralité141. » Cette dernière est devenue en partie factice. La Sui
1296
’est-à-dire contre son essence fédéraliste ; mais
nous
aurons perdu le droit auquel beaucoup d’entre nous tiennent le plus :
1297
ous aurons perdu le droit auquel beaucoup d’entre
nous
tiennent le plus : le droit de nous plaindre. À quoi l’on pourrait aj
1298
ucoup d’entre nous tiennent le plus : le droit de
nous
plaindre. À quoi l’on pourrait ajouter : 1°) que s’il est vrai que no
1299
l’on pourrait ajouter : 1°) que s’il est vrai que
notre
neutralité a permis les interventions de la Croix-Rouge lors des conf
1300
ien la Chine), c’est opérer un coup d’État contre
notre
présent statut de neutralité, et c’est absurde : car la Suisse fait p
1301
es ennemis, ce serait vouloir rester neutre entre
nos
ennemis et nous-mêmes. Neutres entre le pompier et l’incendie, entre
1302
re à la Constitution, et ce serait même la fin de
notre
fédéralisme, n’hésitent pas à déclarer de nombreux politiciens et jou
1303
es globaux sont connus. En mai 1963, par exemple,
nos
importations proviennent pour 65,3 % des Six, pour 13,4 % des Sept, p
1304
3,4 % des Sept, pour 21,3 % du reste du monde. De
nos
exportations, les deux tiers vont à l’Europe. Il est vrai que notre b
1305
, les deux tiers vont à l’Europe. Il est vrai que
notre
balance commerciale reste déficitaire avec l’Europe (de 447 millions)
1306
uer que ces chiffres ne suffisent pas à justifier
notre
refus de participer au Marché commun, ni d’ailleurs notre participati
1307
fus de participer au Marché commun, ni d’ailleurs
notre
participation à l’AELE. La Suisse est si peu indépendante de l’Europe
1308
in-d’œuvre européenne nécessaire à l’expansion de
notre
économie a dû passer de quatre-vingt-dix-mille personnes en 1950 à hu
1309
r prôner une autarcie plus impossible encore chez
nous
qu’ailleurs, n’en affirment pas moins que s’il le faut, un jour, la S
1310
la Suisse farà da se et saura bien se défendre ?
Nous
ne sommes plus au défilé de Morgarten. Ce n’est pas avec des longues
1311
s de fer aux pieds et une résolution farouche que
nous
pourrons faire face à une Europe unie — j’entends unie sans nous et m
1312
aire face à une Europe unie — j’entends unie sans
nous
et malgré nous. Arguments traditionalistes. — Des représentants de l
1313
Europe unie — j’entends unie sans nous et malgré
nous
. Arguments traditionalistes. — Des représentants de l’industrie, et
1314
ope fédérée, respectueuse de ses diversités comme
nous
des nôtres, s’accorderait avec la vocation traditionnelle de la Suiss
1315
Suisse. Mais se fera-t-elle ? Voilà qui dépend de
nous
aussi. C’est à nous de faire valoir, dans les conseils qui élaborent
1316
-t-elle ? Voilà qui dépend de nous aussi. C’est à
nous
de faire valoir, dans les conseils qui élaborent l’Europe future, les
1317
aliste. Prétendre en conserver les bénéfices pour
nous
seuls serait le plus sûr moyen de les perdre. Il n’est pas vrai, d’ai
1318
illeurs, que l’union de l’Europe menace d’effacer
nos
caractéristiques nationales. L’union de la Suisse, depuis 1848, n’a p
1319
L’union de la Suisse, depuis 1848, n’a pas effacé
nos
caractéristiques cantonales. Et il est pour le moins bizarre qu’un po
1320
été créée par le mouvement d’union européenne. De
nos
jours encore, à l’étranger, le nom de la Suisse évoque des vaches et
1321
endu bien rare et difficile pour les habitants de
nos
grandes villes, soit définitivement interrompu pour ceux de la Mégalo
1322
le Marché commun n’y changera rien. (À moins que
notre
isolement n’entraîne un retour à la misère naturelle du pays ?) Bref,
1323
eugle et sous le prétexte d’une indépendance dont
notre
peuple n’est pas disposé plus qu’un autre à payer le prix exorbitant.
1324
s choses. Elle s’explique peut-être en partie par
nos
coutumes précisément fédéralistes de tolérance calculée et d’empirism
1325
ce d’embarras. Ceux qui se réclament très haut de
nos
traditions savent bien que chacun sait qu’il s’agit d’intérêts et de
1326
re d’affaires, qui définit le sens de la vie pour
nos
industriels « sérieux ». Et quant aux enthousiastes de l’Europe, ils
1327
r trop fort, et c’est peut-être mieux ainsi. Mais
notre
peuple comprend mal ce qui est en jeu. Je ne suis d’accord, pour ma p
1328
ni avec ceux qui refusent l’Europe en prétextant
notre
neutralité ni avec ceux (beaucoup plus rares d’ailleurs) qui voudraie
1329
é d’une fédération. Il n’y a pas une chance qu’on
nous
offre cela, si nous, Suisses, ne le proposons pas. Mais quant aux cha
1330
Il n’y a pas une chance qu’on nous offre cela, si
nous
, Suisses, ne le proposons pas. Mais quant aux chances que nous le pro
1331
, ne le proposons pas. Mais quant aux chances que
nous
le proposions… Tout le débat sur l’idée européenne paraît tourner, da
1332
débat sur l’idée européenne paraît tourner, dans
notre
presse, autour de la défense des intérêts particuliers de la Suisse.
1333
a majorité. Il s’agit de savoir et de dire ce que
nous
avons à donner, et non pas seulement à sauver ; ce que l’Europe est e
1334
t largement bénéficiaire, et pas seulement ce que
nous
redoutons de l’action des autres. Au cœur géographique et historique
1335
géographique et historique du continent européen,
nous
avons réussi beaucoup mieux que cette fameuse neutralité — nécessité
1336
eutralité — nécessité subie, à l’origine, et dont
nous
fîmes peu à peu vertu à partir du xxe siècle — nous avons réussi not
1337
s fîmes peu à peu vertu à partir du xxe siècle —
nous
avons réussi notre fédéralisme ! Différent en ceci de la neutralité,
1338
vertu à partir du xxe siècle — nous avons réussi
notre
fédéralisme ! Différent en ceci de la neutralité, il tient à l’essenc
1339
ci de la neutralité, il tient à l’essence même de
notre
État. C’est notre création majeure. Il nous oblige. Et en son nom, no
1340
é, il tient à l’essence même de notre État. C’est
notre
création majeure. Il nous oblige. Et en son nom, nous nous devons dor
1341
e de notre État. C’est notre création majeure. Il
nous
oblige. Et en son nom, nous nous devons dorénavant de prendre des ini
1342
création majeure. Il nous oblige. Et en son nom,
nous
nous devons dorénavant de prendre des initiatives. Aux deux solutions
1343
tion majeure. Il nous oblige. Et en son nom, nous
nous
devons dorénavant de prendre des initiatives. Aux deux solutions en p
1344
: si la Suisse ne la préconise pas, qui le fera ?
Notre
fédéralisme est peu connu, ou très mal connu hors de Suisse ; notre n
1345
est peu connu, ou très mal connu hors de Suisse ;
notre
neutralité n’y est que trop connue. Pourquoi parler toujours de cette
1346
rtu qui ennuie, de cette pratique négative, quand
nous
avons cette expérience passionnante, remarquablement positive et tell
1347
uvelles. Ce que les Européens peuvent attendre de
nous
, ce n’est pas l’exposé lassant des raisons de notre réserve devant to
1348
ous, ce n’est pas l’exposé lassant des raisons de
notre
réserve devant tout ce que d’autres entreprennent, mais un plan d’uni
1349
d’autres entreprennent, mais un plan d’union qui
nous
convienne enfin et auquel nous puissions adhérer « sans réserve et de
1350
n plan d’union qui nous convienne enfin et auquel
nous
puissions adhérer « sans réserve et de plein droit ». Mais énoncer un
1351
une politique. Et c’est à quoi le gouvernement de
notre
fédération se refuse avec vigilance, non parce qu’il est mauvais, mai
1352
jusqu’ici, a présidé avec succès aux destinées de
notre
pays. J’en donnerai un exemple tout récent : je le trouve dans les jo
1353
ar le Collège exécutif : 1°) « Dans un pays comme
le nôtre
, les débats sur la politique générale risqueraient d’être stériles… L
1354
ateur d’une situation étrangement contradictoire.
Notre
système est foncièrement hostile à ce que l’on nomme ailleurs la poli
1355
automatique à toute initiative capable de sauver
notre
régime fédéraliste en le faisant accepter au plan européen. Voici l’i
1356
de prospective fédéraliste La guerre actuelle
nous
révèle un univers en perpétuelle évolution vers un ordre et des forme
1357
pendant la dernière guerre : À l’heure actuelle,
notre
destinée se révèle. Le sort nous a confié une conception de l’État do
1358
heure actuelle, notre destinée se révèle. Le sort
nous
a confié une conception de l’État dont la portée historique n’éclate
1359
hui, un idéal national qui n’a pas de valeur pour
nous
seulement, mais pour l’Europe entière. Au moment où le principe des n
1360
t où les civilisations opposées s’entredéchirent,
notre
petit État revendique l’honneur d’un idéal national dominant les nati
1361
isme authentique. Toute l’évolution prévisible de
nos
sociétés va dans ce sens. L’un des thèmes favoris des sociologues act
1362
ide, par hasard, et pour l’instant, avec celui de
notre
population. Question : la Suisse ne sera-t-elle pas, d’ici vingt ans
1363
urope de l’Ouest145. Il serait présenté au nom de
notre
idéal et de notre usage du fédéralisme, mais « dans les intérêts de l
1364
5. Il serait présenté au nom de notre idéal et de
notre
usage du fédéralisme, mais « dans les intérêts de l’Europe entière. »
1365
e englobant des siècles d’histoire commune à tous
nos
peuples et les diversités que l’on sait, le District fédéral ne saura
1366
a de mon « utopie » que c’est bien joli, mais que
nous
ne sommes pas faits pour le rôle, et que le reste de l’Europe va peut
1367
l’Europe. « Il était temps que ces petits Suisses
nous
offrent autre chose que leurs leçons. Mais ils vont peut-être un peu
1368
la patrie du Ranz des vaches… Mais après tout, si
notre
capitale n’est pas retenue, au bout du compte, plutôt que d’en choisi
1369
sse officielle. Je vais donc le faire à sa place.
Nos
dirigeants se refusent expressément à toute espèce de programme polit
1370
ute politique qui ne se résume pas à faire valoir
nos
bonnes raisons de n’en avoir aucune — et c’est ce que l’on appelle «
1371
ère le bien commun de toute l’Europe, que perdons-
nous
? Les seuls droits dont nous refusions obstinément de faire usage. Et
1372
’Europe, que perdons-nous ? Les seuls droits dont
nous
refusions obstinément de faire usage. Et nous y trouvons en revanche
1373
ont nous refusions obstinément de faire usage. Et
nous
y trouvons en revanche les garanties qui faisaient de plus en plus dé
1374
menacée de désuétude par l’entente établie entre
nos
grands voisins. Les risques de guerre qui subsistent ne sont plus nat
1375
e. Le grand réseau des relations continentales et
nos
petits réseaux serrés de relations cantonales et communales coexisten
1376
e municipale à la veille d’une grande conférence.
Notre
climat passe pour être apaisant. Dans une Suisse devenue terre d’Euro
1377
en quittant l’autoroute, le vrai pays — celui que
nous
seuls pourrions dénaturer. Trois décis d’un petit vin blanc frais de
1378
de gare où toutes les races du monde se mêlent à
nos
derniers paysans dans une odeur de bouillon Maggi et de cigares de Br
1379
n, et il doit l’être, mais le sera-t-il jamais si
nous
restons muets ? Malgré tout ce qui nous retient, mais nous pousse en
1380
jamais si nous restons muets ? Malgré tout ce qui
nous
retient, mais nous pousse en même temps et nous oblige, je veux le cr
1381
ons muets ? Malgré tout ce qui nous retient, mais
nous
pousse en même temps et nous oblige, je veux le croire avec Victor Hu
1382
i nous retient, mais nous pousse en même temps et
nous
oblige, je veux le croire avec Victor Hugo : La Suisse, dans l’Histo
1383
granit poli, brique enfumée, verre et ciment, que
nous
nous sommes rencontrés. Mais au long des années de notre amitié, j’ai
1384
t poli, brique enfumée, verre et ciment, que nous
nous
sommes rencontrés. Mais au long des années de notre amitié, j’ai souv
1385
ous sommes rencontrés. Mais au long des années de
notre
amitié, j’ai souvent observé comme il savait aimer un arbre, une feui
1386
poétique de l’univers ». Après tant d’années sans
nous
voir, Dieu sait pourquoi, j’ai retrouvé ce soir une ombre amie à l’or
1387
ui avait été l’un des « phares » baudelairiens de
notre
adolescence loin de Paris, puis un symbole (refusé mais sacré) de la
1388
Il se plaignit, très gentiment, de ce que durant
nos
années parisiennes nous n’ayons pu, ou cru pouvoir, nous rencontrer.
1389
entiment, de ce que durant nos années parisiennes
nous
n’ayons pu, ou cru pouvoir, nous rencontrer. « Ce sont de ces conneri
1390
nées parisiennes nous n’ayons pu, ou cru pouvoir,
nous
rencontrer. « Ce sont de ces conneries ! Et que l’on expie ! » (Beauc
1391
e soir-là, au Village, mon rêve est devenu vrai :
nous
parlons certes de ce qui peut nous rapprocher, l’amour-passion, les t
1392
devenu vrai : nous parlons certes de ce qui peut
nous
rapprocher, l’amour-passion, les troubadours, la psychanalyse, Saint-
1393
ohn Perse, mais aussi de ce qui semblerait devoir
nous
opposer de front : nos options politiques, morales et religieuses. Et
1394
ce qui semblerait devoir nous opposer de front :
nos
options politiques, morales et religieuses. Et nous voici bientôt dan
1395
os options politiques, morales et religieuses. Et
nous
voici bientôt dans l’euphorie de la contestation en convergence heure
1396
! À quelques jours de là, il me dit souhaiter que
nous
puissions désormais nous rencontrer « mécaniquement en quelque sorte
1397
il me dit souhaiter que nous puissions désormais
nous
rencontrer « mécaniquement en quelque sorte ». L’OWI eut ceci de bon
1398
ment en quelque sorte ». L’OWI eut ceci de bon de
nous
en assurer l’occasion quotidienne. J’écrivais quelques mois plus tard
1399
cinq heures au fond de la grande salle. Il vient
nous
prêter sa voix noble, agrémentée d’un léger sifflement, mais il garde
1400
à la polycopie, avant d’être remis aux speakers,
nous
trouvons un moment pour causer. Et souvent nous parlons des fêtes que
1401
, nous trouvons un moment pour causer. Et souvent
nous
parlons des fêtes que nous rêvons d’organiser. « Celle par exemple qu
1402
our causer. Et souvent nous parlons des fêtes que
nous
rêvons d’organiser. « Celle par exemple qui devrait durer trois jours
1403
êve de compensation, si l’on voit dans quel cadre
nous
sommes en train de causer. Trente machines à écrire dans cette salle,
1404
locales entre des groupes qui bavardent… » Dès
notre
première vraie rencontre, j’avais découvert quelque chose dont je pen
1405
tin, qu’il tenait pour l’ancêtre des jansénistes.
Nous
lui dîmes qu’il y avait là-dessus des bibliothèques, il n’en crut rie
1406
ns et l’eau tout de suite, au pied de la galerie.
Nous
attendions Marcel Duchamp sans trop savoir quand il viendrait, et pou
1407
st très bien. » Il va donc rester quelques jours.
Nos
voisins sont venus en fin d’après-midi, gentils et trop gentils, prôn
1408
asses sont inéducables, dit-il après le départ de
nos
hôtes. Elles nous détestent et nous tueraient volontiers. Ce sont les
1409
ables, dit-il après le départ de nos hôtes. Elles
nous
détestent et nous tueraient volontiers. Ce sont les imbéciles qui, en
1410
s le départ de nos hôtes. Elles nous détestent et
nous
tueraient volontiers. Ce sont les imbéciles qui, en se liguant contre
1411
pellent la réalité, le monde « matériel » tel que
nous
le souffrons. Ça les arrange. C’est ce même monde que la science, ens
1412
ence, la lenteur, et la solitude. Aujourd’hui, on
nous
traque. — Oui, dis-je, mais tout dépend des vrais désirs des hommes :
1413
d’accepter. Le reste est beaucoup plus facile. À
nous
de choisir nos fées, puisque nous le pouvons en vertu de l’extrême li
1414
reste est beaucoup plus facile. À nous de choisir
nos
fées, puisque nous le pouvons en vertu de l’extrême liberté que nous
1415
plus facile. À nous de choisir nos fées, puisque
nous
le pouvons en vertu de l’extrême liberté que nous nous accordons par
1416
nous le pouvons en vertu de l’extrême liberté que
nous
nous accordons par convention. Voulons-nous susciter les fées du brui
1417
le pouvons en vertu de l’extrême liberté que nous
nous
accordons par convention. Voulons-nous susciter les fées du bruit et
1418
é que nous nous accordons par convention. Voulons-
nous
susciter les fées du bruit et de la vitesse, ou celles de la lenteur
1419
sse, ou celles de la lenteur et du silence ? Mais
notre
ami le Dr M. V., qui passe l’été près d’ici avec deux jeunes amies no
1420
qui passe l’été près d’ici avec deux jeunes amies
nous
écrase d’un souriant dédain. « Vous aurez bientôt, nous dit-il, les p
1421
crase d’un souriant dédain. « Vous aurez bientôt,
nous
dit-il, les preuves les plus éclatantes de la réalité des lois de la
1422
té des lois de la science, je sais ce que je dis.
Nous
calculons les mouvements de l’électron, la puissance des rayons cosmi
1423
de l’électron, la puissance des rayons cosmiques,
nous
ferons marcher des moteurs avec ça ! Allez en faire autant avec vos f
1424
e considère comme l’origine, non comme l’effet de
notre
idée de cause. Indémontrable, évidemment… D’ailleurs, ce n’est pas ce
1425
e n’est pas cela. Je crois que Dieu est fou selon
nos
normes rationnelles, infiniment plus fou que tout ce que nous pouvons
1426
rationnelles, infiniment plus fou que tout ce que
nous
pouvons imaginer de lui… Avant d’aller se coucher, je lui donne le No
1427
il faut devenir son propre père ? 6 août. Ce qui
nous
manque ici, c’est un jeu d’échecs. Celui dont Duchamp se sert pour se
1428
raillements », précise-t-il. Mais faute de jouer,
nous
en parlons. C’est d’ailleurs le mot de sa vie : échec de l’art, art d
1429
s par jour — son régime ordinaire — la plupart de
nos
aliments, surtout la viande, n’étant pas assimilés et ne servant qu’à
1430
viande, n’étant pas assimilés et ne servant qu’à
nous
bourrer l’estomac d’une sorte de caoutchouc « Et tout ce temps qu’on
1431
e mouvement de retrait.) Le soir, faute d’échecs,
nous
essayons de créer quelques problèmes avec des Chinese Checkers trouvé
1432
se Checkers trouvés dans la bibliothèque, et cela
nous
mène assez tard. Nous avons fini hier par un petit jeu de questions e
1433
ns la bibliothèque, et cela nous mène assez tard.
Nous
avons fini hier par un petit jeu de questions et réponses écrites sim
1434
deurs s’épousent par infra-mince. » Voudriez-vous
nous
donner d’autres exemples ? — En effet, on ne peut guère en donner que
1435
xemples. C’est quelque chose qui échappe encore à
nos
définitions scientifiques. J’ai pris à dessein le mot mince qui est u
1436
ndre, ni vous goûter goûtant, et ainsi de suite ?
Nous
sommes en train de déjeuner sur la galerie, au-dessus de l’eau. Entre
1437
de la terre en est changée, mais combien de temps
nous
faudra-t-il pour le comprendre ? Si nous n’y arrivons pas très vite,
1438
de temps nous faudra-t-il pour le comprendre ? Si
nous
n’y arrivons pas très vite, nous n’y arriverons sans doute jamais : n
1439
comprendre ? Si nous n’y arrivons pas très vite,
nous
n’y arriverons sans doute jamais : nous sauterons comme des imbéciles
1440
rès vite, nous n’y arriverons sans doute jamais :
nous
sauterons comme des imbéciles. Il ne nous reste qu’une alternative :
1441
amais : nous sauterons comme des imbéciles. Il ne
nous
reste qu’une alternative : le Monde uni ou l’Autre monde. Le dire tou
1442
Commencer par raconter l’entrée de la Chose dans
nos
esprits. Ce sera le début de la première de mes Lettres. Hier, j’ai r
1443
shima, comme si j’en étais responsable. À minuit,
nous
en parlions encore. Le choc nous avait jetés dans l’élucubration, plu
1444
sable. À minuit, nous en parlions encore. Le choc
nous
avait jetés dans l’élucubration, plutôt que dans la terreur ou la méd
1445
ante qu’affecte Sherlock Holmes devant Watson. Il
nous
donnait ainsi, d’un mot, la clé de ses mystérieuses disparitions dans
1446
magazine du genre Look. C. s’écria que l’idée que
nous
mourrons tous dans une grande explosion la hantait depuis son enfance
1447
(La Mort lente) il avait disparu dans les bois et
nous
revint au bout d’une heure, pâle et défait, disant que sa vie n’avait
1448
lectuel dont il est la seule ceinture noire parmi
nos
artistes et penseurs. J’admire l’économie de ses moyens : un rien, un
1449
e l’engagement intellectuel en politique, tel que
nous
l’avions pratiqué bien avant cette époque de l’après-guerre où le mot
1450
rre où le mot fit la fortune soudaine de ceux qui
nous
laissaient la chose148. Et je voudrais enfin rappeler que le mouvemen
1451
t les gouvernements qui en dépendaient alors dans
nos
pays. Des historiens pourront soutenir que tous ces congrès n’ont rie
1452
1948, et c’est l’habileté politicienne embrassant
notre
cause comme pour mieux l’étouffer qui a ramené toutes choses au nivea
1453
qui allait tenir un congrès à Montreux. Au nom de
notre
ancienne camaraderie de combat dans le mouvement personnaliste (L’Ord
1454
térées, il répond « Je vous demande simplement de
nous
lire les pages sur L’Attitude fédéraliste que vous avez publiées en 1
1455
bliées en 1940151. C’est la doctrine qu’attendent
nos
militants. Nous serons une trentaine autour d’une table, on discutera
1456
51. C’est la doctrine qu’attendent nos militants.
Nous
serons une trentaine autour d’une table, on discutera, vous aurez l’o
1457
son camp d’otages en Hollande. Si la jeunesse de
nos
pays n’a pu faire passer dans l’action les idées que je représente, c
1458
it. “Tout cela est bel et bon, mais maintenant il
nous
faut travailler.” C’est un Polonais d’une soixantaine d’années, le Dr
1459
e meneur de jeu interrompt l’enregistrement, pour
nous
permettre d’harmoniser nos déclarations. (Ce que nous faisons tant bi
1460
’enregistrement, pour nous permettre d’harmoniser
nos
déclarations. (Ce que nous faisons tant bien que mal avant de reprend
1461
permettre d’harmoniser nos déclarations. (Ce que
nous
faisons tant bien que mal avant de reprendre l’entretien devant le mi
1462
’allait subir au cours des trois années suivantes
notre
mouvement étaient en germe dans ce premier affrontement entre l’élan
1463
ne veulent rien faire, répliquaient les autres. À
nous
de montrer le but, et après cela, on cherchera les voies qui peuvent
1464
cs, J. R. de Salis, Stephen Spender, et moi-même,
nous
étions attachés à définir en neuf conférences suivies de débats publi
1465
ôt sceptique, Stephen Spender et quelques autres,
nous
avions même tenté d’élaborer une sorte de charte fédérative, dont hél
1466
printemps suivant des états généraux de l’Europe.
Nous
pensions recenser rapidement ce que nous appelions (d’un terme repris
1467
’Europe. Nous pensions recenser rapidement ce que
nous
appelions (d’un terme repris de L’Ordre nouveau de 1933) les « forces
1468
L’Ordre nouveau de 1933) les « forces vives » de
nos
pays : syndicats ouvriers, agricoles, patronaux ; coopératives ; magi
1469
ent le noyau d’un futur gouvernement européen156.
Nous
songions à Versailles comme siège de l’Assemblée : ce symbole de l’ab
1470
réunir à La Haye les « sommités » européennes, et
nous
invitent à collaborer. Or, Sandys ayant exigé et obtenu que son comit
1471
ière se trouve seule contre trois. « Pourtant, si
nous
refusons, que va-t-il se passer ? Il me paraît difficile de faire les
1472
autres se couvriront largement sur leur gauche et
nous
aurons à envisager bientôt de sérieuses difficultés financières. Très
1473
ieuses difficultés financières. Très probablement
notre
action en serait vite paralysée dans l’immédiat et c’est l’immédiat q
1474
événements se précipitent, mais encore parce que
nos
propres mouvements se désagrégeront si nous ne leur donnons pas un bu
1475
ce que nos propres mouvements se désagrégeront si
nous
ne leur donnons pas un but précis. Nous risquerions de devenir une se
1476
geront si nous ne leur donnons pas un but précis.
Nous
risquerions de devenir une secte. Pendant ce temps, du reste, les aut
1477
dant ce temps, du reste, les autres agiront. Sans
nous
, ils ont beau jeu. La droite connaît un renouveau inespéré, les commu
1478
“grands noms” de l’“Europe unie” et de la Ligue.
Nous
pourrions sans doute, dans une certaine mesure, empêcher les autres d
1479
utres d’obtenir à La Haye un succès complet, mais
nous
ne réussirons pas non plus, et on se sera paralysé mutuellement. » Br
1480
, mais aussi la seule chance peut-être de réussir
notre
révolution fédéraliste ? (La gauche, la jeunesse et le reste suivraie
1481
uissant élan à la propagande européenne dans tous
nos
pays. On mesure la différence de niveau entre les ambitions fédérali
1482
rivait le 29 mars (avec « copie à quelques-uns de
nos
collègues ») une lettre qui donnait au préambule sa pleine valeur, te
1483
te déclaration doit fournir le point de départ de
notre
action commune après le Congrès et doit devenir le manifeste de tout
1484
venir le manifeste de tout le Mouvement européen.
Nous
devons tenter de réunir des millions de signatures d’Européens, et de
1485
bjectifs principaux et immédiats du congrès et de
notre
mouvement. Le fait de recueillir des signatures doit maintenir nos id
1486
fait de recueillir des signatures doit maintenir
nos
idées constamment actives dans les masses. Chaque meeting organisé pa
1487
ans les masses. Chaque meeting organisé par un de
nos
groupes affiliés devra se terminer par une collecte de signatures (et
1488
l avait jadis coutume de retrouver Joseph Conrad.
Nous
convînmes que je ne quitterais Londres que par l’avion du lendemain m
1489
xte était sous presse, non le sien, avait pleuré.
Nous
étions tous assez nerveux, en cette veillée d’armes. Le congrès de
1490
e, tout là-haut, j’ai rêvé un instant qu’enfants,
nous
sautions d’une poutre à l’autre, sans regarder l’abîme sous nos pas…
1491
’une poutre à l’autre, sans regarder l’abîme sous
nos
pas… Vertige rapide. J’abaisse mes regards le long des parois blanche
1492
rois. Plus bas, des tapis suspendus. Au-dessus de
nous
, un large dais carré, tendu de soie rouge et or. J’appuie ma tête con
1493
té ; et que je faisais depuis vingt ans. « Devant
nous
, tout autour de nous, dans cette grande salle des Chevaliers, qui est
1494
s depuis vingt ans. « Devant nous, tout autour de
nous
, dans cette grande salle des Chevaliers, qui est celle d’un très vieu
1495
nq pays… Mais je me dis qu’en effet, malgré tout,
notre
congrès est doublement non conformiste, puisqu’il a su rallier pour u
1496
es…) « Tout à l’heure, présidents et rapporteurs,
nous
avons traversé la salle en procession, Churchill et sa femme conduisa
1497
Ou encore des vainqueurs et des vaincus d’hier ? (
Nous
avons des délégations allemandes, autrichiennes et italiennes.) Ou bi
1498
ducation Kenneth Lindsay pense au contraire que «
notre
devoir est de constituer nous-mêmes un comité compétent pour continue
1499
ire propre à sauver les caractères distinctifs de
nos
peuples ; et enfin de considérer que cette union sera le premier pas
1500
où soient représentées les forces vives de toutes
nos
nations », thèse des fédéralistes intégraux. En fait, le Mouvement eu
1501
moins qui s’y opposeront, à cause de la phrase : “
Nous
voulons une défense commune”. » Sandys ajouta : « Cette phrase n’a pa
1502
! » J’avais un peu crié, je crois. Des huissiers
nous
prièrent de sortir. J’envoyai quérir Retinger et Paul van Zeeland, qu
1503
tribune. Dans une petite salle près de l’entrée,
nous
nous assîmes à six ou sept, et après dix minutes d’un débat virulent,
1504
une. Dans une petite salle près de l’entrée, nous
nous
assîmes à six ou sept, et après dix minutes d’un débat virulent, au c
1505
grise » qu’étaient alors en train de subir toutes
nos
nations, trop pauvres pour s’offrir un si grand appareil. Ainsi les u
1506
succès même risquait de compromettre l’avenir de
notre
idée européenne, comme risquait de le faire dans un autre domaine la
1507
nalyse impitoyable, conduite par beaucoup d’entre
nous
, il devient très clair, désormais, que la fédération européenne ne se
1508
es archives du CEC à Genève. 158. « La tâche qui
nous
attend dans ce congrès n’est pas seulement de faire entendre la voix
1509
oix de l’Europe comme celle d’une famille réunie.
Nous
devons, ici et maintenant, décider que soit constituée une Assemblée
1510
2. « Mais quoi ! Il faudrait se lever pour cela !
Nous
devrions tous nous lever ! » 163. Sforza, ministre des Affaires étra
1511
faudrait se lever pour cela ! Nous devrions tous
nous
lever ! » 163. Sforza, ministre des Affaires étrangères, prononça en
1512
f, disent : “Le pauvre, il n’a pas réussi !” Mais
nous
, quand nous parlons du nôtre, nous disons : “C’était un couillon !” »
1513
“Le pauvre, il n’a pas réussi !” Mais nous, quand
nous
parlons du nôtre, nous disons : “C’était un couillon !” » bm. Rouge
1514
’a pas réussi !” Mais nous, quand nous parlons du
nôtre
, nous disons : “C’était un couillon !” » bm. Rougemont Denis de, «
1515
réussi !” Mais nous, quand nous parlons du nôtre,
nous
disons : “C’était un couillon !” » bm. Rougemont Denis de, « Vingt
1516
l’autre, tout au long du xixe siècle, suivis de
nos
jours par le reste du monde, notamment par le tiers-monde, mal décolo
1517
incapable de répondre aux exigences concrètes de
notre
temps, puisqu’il est à la fois trop petit pour agir à l’échelle mondi
1518
sance ou liberté Or voici l’ironie tragique de
notre
Histoire : c’est sur la base de cet obstacle radical à toute union qu
1519
oi l’on n’a pas avancé d’un mètre en direction de
notre
union politique. Entre l’union de l’Europe et les États-nations sacra
1520
ituation de choisir librement son avenir. Jusqu’à
nous
, point de choix économiques ni même peut-être politiques longuement d
1521
somme du superflu. Mais dès lors que ce choix de
notre
avenir est libre, nous voici contraints de le faire, à nos risques et
1522
dès lors que ce choix de notre avenir est libre,
nous
voici contraints de le faire, à nos risques et périls ! Nous voici co
1523
r est libre, nous voici contraints de le faire, à
nos
risques et périls ! Nous voici contraints de nous demander ce que nou
1524
contraints de le faire, à nos risques et périls !
Nous
voici contraints de nous demander ce que nous attendons de notre vie
1525
nos risques et périls ! Nous voici contraints de
nous
demander ce que nous attendons de notre vie et de la vie en société,
1526
s ! Nous voici contraints de nous demander ce que
nous
attendons de notre vie et de la vie en société, ce que nous voulons r
1527
traints de nous demander ce que nous attendons de
notre
vie et de la vie en société, ce que nous voulons réellement, principa
1528
dons de notre vie et de la vie en société, ce que
nous
voulons réellement, principalement, et contraints de tirer des plans
1529
raints de tirer des plans en conséquence. Voulons-
nous
par exemple à tout prix élever notre niveau de vie, quantitatif — ou
1530
ence. Voulons-nous par exemple à tout prix élever
notre
niveau de vie, quantitatif — ou plutôt voulons-nous sauvegarder un ce
1531
re niveau de vie, quantitatif — ou plutôt voulons-
nous
sauvegarder un certain mode de vie, qualitatif ? Voulons-nous contrib
1532
rder un certain mode de vie, qualitatif ? Voulons-
nous
contribuer à tout prix à l’accroissement indéfini du PNB (Produit nat
1533
ent, une communauté vivante ? Et quel prix sommes-
nous
prêts à payer pour cela ? Le prix de certaines libertés, ou le prix d
1534
e la vie… D’une façon plus précise, en Europe, il
nous
faut décider si notre union aura pour but la Puissance collective ou
1535
plus précise, en Europe, il nous faut décider si
notre
union aura pour but la Puissance collective ou la Liberté des personn
1536
ssance collective ou la Liberté des personnes. Il
nous
faut le décider, en toute conscience, et vite ; car le choix de la fi
1537
iez pas aller… Voici donc le dilemme présent : si
nous
attribuons pour finalité à la Cité européenne de demain la puissance,
1538
gressif, comme la France de Napoléon, et faire de
nos
États autant de départements. Il faut tout unifier par des lois infle
1539
super État-nation ne pourrait être imposé à tous
nos
peuples qu’à la faveur d’une guerre générale — selon la loi de format
1540
r autant. Un modèle périmé Au contraire, si
nous
donnons pour finalité à la Cité européenne la liberté, c’est-à-dire l
1541
et je vois bien que toutes les civilisations que
nous
connaissons ont choisi la puissance comme seul but réaliste de la soc
1542
misanthropes. Je crois à la nécessité de défaire
nos
États-nations. Ou plutôt de les dépasser, de démystifier leur sacré,
1543
r sur lui. Je ne sais, n’étant pas économiste, si
nos
États-nations délimités pour la plupart au xixe et au xxe siècles,
1544
t de la culture européenne. Et les diversités que
nous
devons respecter ne sont pas celles de ces États-nations nés d’hier :
1545
ais avec aucune frontière. Elles traversent aussi
nos
partis, nos confessions et nos régions, nos personnes mêmes ! Il y a
1546
une frontière. Elles traversent aussi nos partis,
nos
confessions et nos régions, nos personnes mêmes ! Il y a dans chaque
1547
s traversent aussi nos partis, nos confessions et
nos
régions, nos personnes mêmes ! Il y a dans chaque pays un nord et un
1548
aussi nos partis, nos confessions et nos régions,
nos
personnes mêmes ! Il y a dans chaque pays un nord et un midi ; dans c
1549
e et une gauche… La renaissance des régions
Nos
États-nations, obsédés par l’idée de « se faire respecter », oublient
1550
ou d’affaires « étrangères » : c’est un mot qu’il
nous
faut bannir du vocabulaire politique dans une Europe fédérée, au seui
1551
r : on ne fera pas l’Europe sans casser des œufs,
nous
le voyons depuis vingt-cinq ans. Mais il l’est moins parce qu’il dema
1552
communiste à la mise en question du sens même de
nos
vies et des vrais buts de nos activités communautaires et personnelle
1553
ion du sens même de nos vies et des vrais buts de
nos
activités communautaires et personnelles. Si sérieux que soient les p
1554
e c’est au contraire la grande tâche politique de
notre
temps. Précisons : des vingt ans qui viennent. Car à ce prix seulemen
1555
s vingt ans qui viennent. Car à ce prix seulement
nous
ferons l’Europe, et nous la ferons pour toute l’humanité, nous lui de
1556
Car à ce prix seulement nous ferons l’Europe, et
nous
la ferons pour toute l’humanité, nous lui devons cela ! Une Europe qu
1557
’Europe, et nous la ferons pour toute l’humanité,
nous
lui devons cela ! Une Europe qui ne sera pas nécessairement la plus p