1 1951, Preuves, articles (1951–1968). Mesurons nos forces (avril 1951)
1 nt la propagande totalitaire. Beaucoup, angoissés par des possibilités théoriques qui excèdent leurs pouvoirs réels, cherch
2 ués jusqu’à l’inconscience aux libertés conquises par notre religion, par nos révolutions et par nos sciences, décorent du
3 cience aux libertés conquises par notre religion, par nos révolutions et par nos sciences, décorent du nom de « mystiques p
4 quises par notre religion, par nos révolutions et par nos sciences, décorent du nom de « mystiques puissantes » de simples
5 és — et leurs chefs doivent masquer cette absence par des slogans. Nous n’avons nul besoin d’une mystique « aussi puissante
6 trésor vivant des droits de toute nature conquis par notre Histoire et par toutes nos histoires nationales. Tous les peupl
7 its de toute nature conquis par notre Histoire et par toutes nos histoires nationales. Tous les peuples du monde, sans exce
8 ner le bouton si l’on s’ennuie, sans être dénoncé par les voisins ; le droit d’aimer et de haïr, le droit d’épouser qui l’o
9 espoir de l’homme qui pense, qui juge et qui sent par lui-même. Et cet homme est le but du progrès, le but de toute communa
10 on voisin, de courir sa propre aventure, de créer par sa vie ce qu’on n’a jamais vu, et d’accomplir ainsi, en secret bien s
11 enverser l’absurde situation volontairement créée par les mystiques adverses. Au défi de la propagande, répondons tranquill
12 défi de la propagande, répondons tranquille­ment par les faits. Nous pouvons perdre toutes nos libertés ? Nous pouvons aus
2 1951, Preuves, articles (1951–1968). Neutralité et neutralisme (mai 1951)
13 ’avait fait un plus grand effort vers la maîtrise par l’homme de sa propre pensée. Nulle part donc la menace totalitaire co
14 scientifique, ou morale. …J’illustrerai ce point par une petite fable. Imaginez un loup, un agneau, et un berger. L’agneau
15 rait que l’agneau prétende justifier sa politique par des raisons morales ou doctrinales, et qu’il dise par exemple : — « A
16 nque, cette politique tend à devenir totalitaire, par un penchant inexorable. c. Rougemont Denis de, « Neutralité et neu
3 1951, Preuves, articles (1951–1968). Culture et famine (novembre 1951)
17 ations, dans les arts et les sciences, provoquées par la nécessité et seules capables de la surmonter. À l’appui d’une décl
4 1952, Preuves, articles (1951–1968). « L’Œuvre du xxe siècle » : une réponse, ou une question ? (mai 1952)
18 desseins1. Quant à l’avenir, il serait représenté par les tableaux de genre militaire du réalisme socialiste, qui ne se dis
19 uent de la peinture bourgeoise d’environ 1880 que par la couleur des parements. Nous attendons encore, nous attendrons long
20 l’Occident. À la campagne de dénigrement conduite par les tenants du pompiérisme, du racisme et du stalinisme, nous avons c
21 celui de la prise de conscience d’une époque non par ses héritiers, mais par ceux qui la vivent. On ne voit pas de précéde
22 nscience d’une époque non par ses héritiers, mais par ceux qui la vivent. On ne voit pas de précédent à l’entreprise, dans
23 Ces problèmes et bien d’autres se trouvent posés, par le seul fait de leurs illustrations, ensemble exposées dans Paris. Le
5 1952, Preuves, articles (1951–1968). Le sens de nos vies, ou l’Europe (juin 1952)
24 ste, en fin de compte, à donner un sens à la vie. Par les règles qu’elle institue, religieuses, morales, juridiques, elle p
25 conforme aux modèles collectifs et sacrés, fixés par les dieux implacables de la fécondité et de la mort. Dans notre Europ
26 là des modèles tout faits, le rendre apte à juger par lui-même, l’émanciper. L’éducation, dans toutes les langues latines,
27 d’un Karma, dont personne n’est jamais sorti que par la mort (ou par la sainteté, une fois sur des millions). L’Oriental n
28 t personne n’est jamais sorti que par la mort (ou par la sainteté, une fois sur des millions). L’Oriental ne peut donc se p
29 espèce de révolution permanente, révolution menée par la conscience humaine contre toutes les puissances qui oppriment ou q
30 non, dérivent de la notion de l’homme introduite par le christianisme. Je ne parle pas ici de l’homme proprement chrétien,
31 t, en tout cas, d’une manière démontrable, fût-ce par une suite de laïcisations ou même de dégradations, parfois aussi par
32 ïcisations ou même de dégradations, parfois aussi par extension plus ou moins abusive au plan collectif. Ces valeurs, ces a
33 u vérifier sur place que les seuls hommes touchés par l’idéologie communiste étaient ceux que l’Occident avait contaminés :
34 avec nous l’héritage de la littérature, vulgarisé par Hollywood. Mais j’ai pu observer qu’ils tendent de plus en plus à pre
35 our le genre humain en général, ni pour maintenir par la vertu magique d’un acte sacrificiel les rythmes du Cosmos et les l
36 ent leur résiste en mille manières. Non seulement par la rébellion ouverte et armée mais par des attitudes et des conduites
37 seulement par la rébellion ouverte et armée mais par des attitudes et des conduites qui affirment la liberté de jugement d
38 mme le produit de toutes les créations accumulées par les grands hommes, héros, savants, législateurs et saints. Nous penso
39 Ainsi l’Europe — telle que je viens de la décrire par quelques-uns de ses traits les plus typiques — l’Europe est la patrie
40 ience du monde. J’illustrerai cette seconde thèse par trois remarques très simples, quoique peut-être inédites. Première re
41 sse de Nicopolis, de Mohacs et du siège de Vienne par les Turcs ; mieux encore, à ces temps du xiiie siècle, où la marée m
42 savante mais pénétrée de spiritualité. Influencé par le piétisme, il pensait que sa science abstraite ne devait pas l’empê
6 1952, Preuves, articles (1951–1968). Le dialogue Europe-Amérique (août-septembre 1952)
43 adhérents lutte en retraite, médiocrement soutenu par le parti. Ses vedettes se taisent ou rompent avec lui, ses hebdomadai
44 ses à nos questions directes, occupés à se ruiner par des guerres nationales qu’on nous demande ensuite de payer, parlant d
45 t que celle des USA. Les digests, que nous lisons par millions, ne sont tout de même pas distribués par M. Acheson, ni leur
46 par millions, ne sont tout de même pas distribués par M. Acheson, ni leur lecture imposée par Ridgway. Quand on s’écrase au
47 istribués par M. Acheson, ni leur lecture imposée par Ridgway. Quand on s’écrase aux films de Hollywood, quand toute une je
48 titut que l’on croit à tort ou à raison « soutenu par les Américains » en tire d’une part un prestige suspect, d’autre part
49 la violence des jugements formulés contre les USA par les Européens qui se proclament (curieusement) « neutralistes ». En v
7 1953, Preuves, articles (1951–1968). Deux princes danois : Kierkegaard et Hamlet (février 1953)
50 iés au rythme accéléré de trois ou quatre volumes par an, le public s’écarta, effrayé. Et, lorsqu’en 1854 il attaqua de fro
51 s connue un grand esprit. Un an plus tard, épuisé par ce duel qu’il menait seul contre toute l’opinion, il s’effondra dans
52 rd les traits les plus saillants du drame inventé par Shakespeare, ceux qui évoquent à première vue le drame vécu par Kierk
53 e, ceux qui évoquent à première vue le drame vécu par Kierkegaard et nous suggèrent un parallèle possible. L’histoire d’Ham
54 ngereux exalté. Finalement, il se voit contraint, par des circonstances fortuites, de réaliser l’acte unique devant lequel
55 osophie. S’il demeure à la cour, c’est uniquement par obéissance aux désirs de sa mère. Il ne peut prendre son parti de la
56 sout à passer simplement son examen de théologie, par obéissance aux désirs de son père. Et surtout, lui aussi se sait la v
57 ît sous la forme d’un spectre. Assassiné, dit-il, par le roi actuel, qui n’est donc qu’un usurpateur, le père ordonne au fi
58 ssistaient de loin à la scène, et leur fait jurer par trois fois de garder le secret sur cette révélation. Kierkegaard, lui
59 onne ne l’écouterait. Il faut donc qu’il commence par séduire le public, qu’il le force à devenir attentif, toutefois sans
60 ion. « Cette représentation, dit-il, est le moyen par lequel je surprendrai la conscience du roi. » Tous les deux choisisse
61 ucifié, décapité, brûlé ou rôti sur un gril, jeté par le bourreau dans un endroit écarté, sans être enterré. Voilà un témoi
62 ps, la pensée de Kierkegaard était comme fascinée par les deux concepts d’instant et de saut. L’instant, c’était pour lui l
63 arlait et de m’imaginer qu’Hamlet avait été écrit par Kierkegaard, voire qu’à l’inverse la biographie de Kierkegaard avait
64 religieux. Dans ce cas, le héros n’est grand que par sa souffrance, non par son triomphe. Il n’y a plus de jeu poétique ex
65 , le héros n’est grand que par sa souffrance, non par son triomphe. Il n’y a plus de jeu poétique exaltant. Il n’y a plus q
66 que je viens d’esquisser. J’ai tenté d’illustrer, par le moyen d’images connues de tous, celles de Shakespeare, certains mo
67 toute « communication indirecte ». Et maintenant, par fidélité à la méthode de Kierkegaard, passons sans transition à l’« é
68 né pour être poète et philosophe, mais contraint, par l’appel transcendant, à devenir un témoin de la vérité. Cependant, ce
69 n, se trouve jeté dans une incertitude inévitable par l’appel qu’il a cru entendre. Et son incertitude n’est pas le fait d’
70 ous faut reconnaître, enfin, que la mission reçue par Hamlet n’est pas une véritable vocation, en ce sens qu’elle ne présen
71 souvent, que nos actions apparaissent organisées par une intention générale. Celle-ci, certes, agissait dès le départ obsc
72 xpérience humaine à laquelle on puisse en appeler par analogie me paraît être l’expérience poétique. Car le poète, lui non
8 1953, Preuves, articles (1951–1968). À propos de la crise de l’Unesco (mars 1953)
73 organisme qualifié de « culturel », mis sur pied par les gouvernements, composé de fonctionnaires nommés par eux, entièrem
74 s gouvernements, composé de fonctionnaires nommés par eux, entièrement financé et contrôlé par eux, et dont le programme gé
75 s nommés par eux, entièrement financé et contrôlé par eux, et dont le programme général est voté par leurs délégués. Inutil
76 lé par eux, et dont le programme général est voté par leurs délégués. Inutile de chercher plus loin. Il est clair qu’entre
77 ère (celui des finances, par exemple) et contrôlé par la majorité d’un parlement. Comment un ministère pourrait-il donc (qu
78 iques. Si le produit qui émerge de leurs débats a par miracle forme humaine et valeur proprement culturelle, ce sera bien g
79 ns un peu sur ces 9 millions de dollars consentis par les gouvernements. Avec cette somme, on pourrait entretenir 130 centr
80 tés de la culture : celle-ci s’est toujours faite par un jeu de libre-échange qui ne tenait aucun compte de nos récentes di
81 e du Sud, l’Extrême-Orient. Ceci doit se traduire par des organismes régionaux (comme on dit à l’Unesco) et non point mondi
82 sation abstraite parce que mondiale, et condamnée par ses dimensions mêmes à la bureaucratie comme aux interférences politi
83 interférences politiques. Le travail culturel est par nature fédéraliste, donc décentralisé. Il se développe par des méthod
84 e fédéraliste, donc décentralisé. Il se développe par des méthodes de coordination pratique, et non pas à coups de directiv
85 pratique, et non pas à coups de directives émises par un office lointain, soumis lui-même à des pressions d’un ordre différ
86 ue resterait-il alors à l’organisation constituée par les gouvernements soit à l’échelle des Nations unies, soit comme nous
87 près examen des propositions étudiées et soumises par les intéressés directs) et parfois d’arbitrage (en cas de conflit ent
9 1953, Preuves, articles (1951–1968). « Nous ne sommes pas des esclaves ! » (juillet 1953)
88 de blessés. Étant dite, et de cette manière, non par certains pour les besoins d’une polémique, non par la presse d’un seu
89 ar certains pour les besoins d’une polémique, non par la presse d’un seul pays, d’un seul parti, non par erreur ou exagérat
90 ar la presse d’un seul pays, d’un seul parti, non par erreur ou exagération, ni par rien que l’on puisse « expliquer », sop
91 ’un seul parti, non par erreur ou exagération, ni par rien que l’on puisse « expliquer », sophistiquer dialectiquement à l’
92 ais dite, et sans retour, et de cette manière-là, par la révolte et les blessures et les cadavres des ouvriers de Berlin-Es
93 travail forcé, celui qui venait de « réaliser », par les mains de cent-mille esclaves, le canal de la Volga au Don. Mais l
94 première serait d’excuser le péché des bourgeois par celui des Soviets ; mais la seconde, nous l’avons sous les yeux, cons
95 qui crée son avenir et justifie sa raison d’être par des hommes qui se sacrifient au service de la liberté. l. Rougemon
10 1953, Preuves, articles (1951–1968). Les raisons d’être du Congrès (septembre 1953)
96 paraît encore plus gravement menacée que les Arts par les régimes de tyrannie d’État. Il est facile de s’en convaincre. En
97 on occidentale est de plus en plus dominée, sinon par la science pure, du moins par l’idée que les peuples et leurs éducate
98 plus dominée, sinon par la science pure, du moins par l’idée que les peuples et leurs éducateurs se font de la science. De
99 les plus graves qui se posent à l’esprit moderne. Par une chance rare, elles sont aussi celles qui passionnent le grand pub
100 hanséatique, dont le génie nous semblait incarné par celui qui a la charge de l’administrer, ce grand Bürgermeister qui es
101 l “Science et Liberté”. Cette rencontre organisée par le Congrès pour la liberté de la culture a réuni plus de cent savants
102 de ville était bondée ; la tribune était encadrée par les drapeaux de toutes les nations participantes. Représentant l’Univ
103 avants et la société furent présentés et discutés par les représentants qualifiés des disciplines les plus variées. »
11 1954, Preuves, articles (1951–1968). La table ronde de l’Europe (janvier 1954)
104 et dans le monde. Cette initiative fut approuvée par les délégués des ministres. Au cours d’une session ultérieure, le Com
105 e problème. En même temps, quinze publicistes, un par pays membre, devraient prendre part à la discussion, leur tâche parti
106 a pris fin officiellement le vendredi 16 octobre par une réunion solennelle au Capitole. » I. Pour une prise de conscie
107 ? Une phrase déjà fameuse, prononcée l’an dernier par le premier président de l’Assemblée de Strasbourg, Paul-Henri Spaak,
108 3 millions de Norvégiens… Nous pensons et sentons par nations cloisonnées, dans l’ère des grands empires continentaux, des
109 unis. Mais au contraire, nous pouvons tout sauver par une union qui ferait de l’Europe, dans la réalité vivante, ce qu’elle
110 ne part approfondir l’idée même de l’Europe unie, par une sérieuse méditation ; d’autre part nourrir l’opinion par un série
111 ieuse méditation ; d’autre part nourrir l’opinion par un sérieux effort d’information. La tâche de méditer sur nos destins
112 générale d’une réflexion commune, bien que menée par des esprits aussi divers que le sont nos peuples et les familles inte
113 in commun de tous les peuples de l’Europe, défini par leur unité incontestable d’origines et par le fait qu’ils succomberon
114 défini par leur unité incontestable d’origines et par le fait qu’ils succomberont demain aux mêmes périls, s’ils ne trouven
115 nds historiens de notre temps, M. Toynbee, appuyé par l’autorité d’un savant humaniste, M. Löfstedt. Nous avons vu se dessi
116 culturelle et civique fut introduit avec ampleur par M. Eugen Kogon. Il conclut à la nécessité d’instaurer tout d’abord un
117 cord avec les thèses très énergiquement formulées par M. de Gasperi dans son discours introductif, qui nous a présenté le t
118 us perdons en puissance politique, et de regagner par l’exploitation en commun de nos propres richesses ce que nous perdons
119 oyez : c’est au nom du même nationalisme — appuyé par les communistes — que vous attaquez aujourd’hui ceux qui veulent mett
120 à la cause de ces maux, ceux qui entendent sauver par la fédération le meilleur de notre culture : non point la tolérance i
121 our le pire. Afin de sauver cette culture menacée par les chocs en retour d’une civilisation qu’elle a fondée, puis exporté
122 souveraineté nationale n’est exercée en fait que par l’État. M. van Kleffens l’a définie comme « la faculté, pour un État,
123 térieur qu’à l’extérieur, dans les limites posées par le droit applicable à chaque domaine ». Or on ne voit plus aucun État
124 s décisives à la souveraineté ne sont plus posées par le droit, mais par d’implacables circonstances techniques, économique
125 uveraineté ne sont plus posées par le droit, mais par d’implacables circonstances techniques, économiques et politiques. Il
126 ncunes et préjugés hérités d’une Histoire faussée par l’école, agressivité frustrée, et surtout angoisse de perdre son iden
127 e. Le moyen le plus simple, régulièrement proposé par tous les congrès depuis trente ans, c’est la réforme des manuels d’hi
128 les générations de petits Européens qui ont passé par l’école, depuis un siècle. La table ronde ne pouvait manquer d’en par
129 ronde ne pouvait manquer d’en parler à son tour. Par malheur, elle m’a paru retomber dans l’illusion qu’il suffirait d’épu
130 rmettent l’acceptation de nos guerres intérieures par nos peuples. Deux arguments m’ont frappé, comme étant propres à éduqu
131 de notre opinion publique. Le premier fut apporté par M. Ernst Friedländer, publiciste allemand : « Il faut dire franchemen
132 des formes politiques les plus communes employées par les sauvages ». (Ceci après avoir précisé, au mot fédéral, que « la S
133 me était une méthode pour affaiblir l’Allemagne ! Par une erreur inverse, d’autres s’imaginent que les fédéralistes europée
134 donc la première tâche de l’heure. J’illustrerai par trois exemples, empruntés aux débats de la table ronde, ce qu’il conv
135 n déclare que ce dernier point peut être illustré par l’examen de la Communauté charbon-acier, où la Lorraine, la Sarre et
136 nne. — La confusion de notre vocabulaire, relevée par Eugen Kogon, est l’un des signes les plus graves de la crise spiritue
137 evenue à son tour lieu commun, a prospéré depuis, par une ironie noire, mais sans porter remède au mal. Je lui ajoute ici u
138 té par-dessus bord, dans l’inconscience générale, par ces confusions de langage. Comment penser l’Europe et son apport vita
139 ir que certains sacrifices doivent être consentis par les uns et les autres. Certains risques doivent être courus. Les refu
140 ance, enfin « mises en commun », furent emportées par l’occupant. Il dépend de vous, Messieurs de la Table ronde, il dépend
141 4. Je le dis d’autant plus librement qu’invité par le secrétariat du Conseil de l’Europe à présider les débats, je me su
142 trouvé en présence de personnalités déjà nommées par les gouvernements des États membres, et ne suis donc responsable que
143 non moins valables au total. Mais le dosage créé par le hasard des désignations officielles s’est révélé heureux. 5. Cf.
12 1954, Preuves, articles (1951–1968). Tragédie de l’Europe à Genève (juin 1954)
144 l’alliée naturelle des steppes ? Était-il trompé par Le Monde , où l’on estime que si la masse des USA déséquilibre l’All
145 ’accepter d’abord, — quitte à tenter de l’écraser par une surenchère insensée. La vérité — c’est qu’à Berlin l’idée de l’Eu
146 ’idée de l’Europe unie, affirmée d’une seule voix par les représentants de l’Occident rendait l’initiative aux pays libres,
147 iatique » qui s’ouvre à Genève, à l’heure choisie par l’Est. Dès le premier jour, la désunion profonde des nations libres e
148 ésunion profonde des nations libres est proclamée par toute la presse. Et le second jour atteste l’un des renversements les
149 ainsi, sans coup férir, un angle de vision choisi par Molotov. Du côté russe, l’idée de la manœuvre est claire. Dès les der
150 tié de l’Asie. Il baptise « paix » cette conquête par la force, et « provocation belliciste » toute tentative de résistance
151 la paix définitive entre la France et l’Allemagne par le moyen de leur fédération, ce serait agir en « bellicistes », puisq
152 ir de Nicopolis, de Mohacs, et du siège de Vienne par les Turcs ? C’est à quoi nous en sommes, et c’est pire. Car une absur
153 ndre elles-mêmes de quelques députés trop excités par leurs querelles locales pour mesurer l’état des forces dans le monde
154 persistant à rester désunie doit rapidement périr par asphyxie. Marchés perdus, alliance atlantique perdue, prestige perdu 
155 vers l’indépendance nationale ne sera plus arrêté par l’Europe, mais qu’au contraire une Europe forte, restant alliée de l’
156 « préalables », et autres « garanties » réclamées par tel groupe ou demi-groupe d’un Parlement pulvérulent, apparaît simple
157 ns européennes se laissent entraîner dans l’abîme par une poignée de députés en sursis, qui ont donc à peine le droit de pa
13 1954, Preuves, articles (1951–1968). Il n’y a pas de « musique moderne » (juillet 1954)
158 sembler à qui que ce soit, finissent tout de même par laisser transparaître quelque profonde parenté entre les œuvres princ
159 èrement qu’elles se ressemblent. Mais c’est juger par le revers une tapisserie dont le dessin reste inconnu, — s’il en est
160 Cette impasse est purement « historique », créée par l’esprit historique. Ne plus savoir que faire, si l’on a quelque chos
161 l’ont précédé. Mais les grands ont tous commencé par parler le langage de leurs aînés, quitte à le modifier tout insensibl
162 u différent. Aujourd’hui, l’on voudrait commencer par le stade de maîtrise de soi et de ses moyens personnels, difficilemen
163 t de ses moyens personnels, difficilement atteint par les devanciers — et courir tout de suite au-delà, sans avoir mérité c
164 eunes théoriciens. On les sent bien plus affectés par les résistances qu’ils prévoient que joyeux de leurs découvertes. Ils
165 ique. Or si l’on peut prouver que l’auto produite par une petite usine est invendable, pour des raisons précises de prix de
166 plus. Le public d’aujourd’hui, immensément élargi par la radio, dirigé par les managers des concerts, formé par sa discothè
167 ourd’hui, immensément élargi par la radio, dirigé par les managers des concerts, formé par sa discothèque, a cessé lui auss
168 adio, dirigé par les managers des concerts, formé par sa discothèque, a cessé lui aussi d’être « moderne », pour s’habituer
14 1954, Preuves, articles (1951–1968). De Gasperi l’Européen (octobre 1954)
169 les dictateurs, de Napoléon à Staline, en passant par Hitler, viennent des confins de la patrie qu’ils domineront : de la C
170 u de la Géorgie. Fils de pays conquis ou humiliés par la plus grande nation voisine, ils s’élèveront au premier rang dans c
171 é après avoir lutté pour elle à l’étranger, c’est par amour non par esprit de ressentiment. Et c’est pourquoi ils ne sont p
172 lutté pour elle à l’étranger, c’est par amour non par esprit de ressentiment. Et c’est pourquoi ils ne sont pas tentés de f
173 é de « faire l’Europe ». Ils l’ont presque faite, par les armes, mais à l’image de leur névrose nationaliste, préparant les
174 -à-tête de frères ennemis. Accusé de cléricalisme par la gauche, de « progressisme » par la droite, dénoncé par un Togliatt
175 e cléricalisme par la gauche, de « progressisme » par la droite, dénoncé par un Togliatti comme « assassin » et par quelque
176 auche, de « progressisme » par la droite, dénoncé par un Togliatti comme « assassin » et par quelques faussaires à gages co
177 e, dénoncé par un Togliatti comme « assassin » et par quelques faussaires à gages comme ayant demandé aux Alliés de bombard
178 et démocrate, et bien sûr un homme de parti, mais par esprit de dévouement, non par fanatisme sectaire. Je l’ai trop peu co
179 omme de parti, mais par esprit de dévouement, non par fanatisme sectaire. Je l’ai trop peu connu, mais assez bien pour que
180 n de la table ronde convoquée l’an dernier à Rome par le Conseil de l’Europe. Pendant les cinq jours que durèrent les débat
181 este, cette extrême attention portée à nos débats par un homme d’État du premier plan, me parurent d’autant plus remarquabl
182 e dans les esprits, non sur des textes marchandés par les partis dans les parlements excités. Il ne confondait pas l’action
183 e des politiques. Qui dira le mal fait à l’Europe par ces « grandes voix » débitant avec âme des sophismes vulgaires. De Ga
184 devait mourir le surlendemain. L’œuvre entreprise par un Adenauer, par un Schuman, et par lui-même, se voyait subitement co
185 surlendemain. L’œuvre entreprise par un Adenauer, par un Schuman, et par lui-même, se voyait subitement compromise. Bien pl
186 re entreprise par un Adenauer, par un Schuman, et par lui-même, se voyait subitement compromise. Bien plus qu’à sa retraite
187 paie d’une année de prison cette calomnie forgée par des néo-fascistes (voir Preuves , n° 39, p. 64). t. Rougemont Deni
15 1954, Preuves, articles (1951–1968). Politique de la peur proclamée (novembre 1954)
188 ’un tiers de son territoire, au surplus gouvernée par un ami de la France, n’est « pas moins redoutable » que l’Allemagne a
189 aises rétablirait l’équilibre si gravement menacé par l’égalité proposée des armements de la France et de l’Allemagne. Enco
190 ussie au reste du monde qui ne puisse être résolu par voie de négociations. » Relisez ces deux phrases et ne riez pas. Leur
191 sé d’être une vraie dictature. Ce fait est établi par les conversations qu’a eues M. Bevan avec les dirigeants soviétiques.
192 soviétiques. La Russie est gouvernée aujourd’hui par un pouvoir collégial. Il est normal d’admettre que les institutions p
193 n estime que ce chiffre augmentera de 12 millions par an. » Or « le communisme, en Chine, n’a jamais été un mouvement de ma
16 1955, Preuves, articles (1951–1968). De gauche à droite (mars 1955)
194 il convient de nous demander ce qui a été ainsi ( par le rejet de la CED) gagné ou perdu, et comment nous situer maintenant
195 trouve que la suite de l’article contredit point par point les trois contradictions dont Esprit tire son sentiment d’allèg
196 a leçon connue : le réarmement allemand, autorisé par les accords de Londres, aura pour « corollaire fatal, qu’on passe d’o
197 proprement masochiste : Esprit ayant contribué par son action au rejet de la CED ; ce rejet ayant entraîné les accords d
17 1955, Preuves, articles (1951–1968). Le Château aventureux : passion, révolution, nation (mai 1955)
198 on (mai 1955)w S’il fallait définir l’Occident par ses maladies spécifiques, ces trois noms me sembleraient y suffire. I
199 se portugaise, essayer au contraire de la décrire par ses symptômes cliniques, comme l’obsession qu’elle est ; ou parler de
200 dire, mais en établissant le bilan de ses effets, par où l’on voit qu’elle met en déficit la liberté ; enfin parler de la n
201 on temps, voilà qui sera ressenti comme sacrilège par l’intelligentsia occidentale, d’autant plus fortement qu’elle sera mo
202 emi de la personne et de sa liberté, si j’en juge par ses vrais effets, il n’en demeure pas moins inconcevable hors d’un mo
203 inconcevable hors d’un monde investi et structuré par la réalité de la personne et de ses « notes » les plus certaines : la
204 t Bernard, et comme à l’histoire exemplaire vécue par Héloïse et Abélard, le mythe de la passion mortelle mis en vers et en
205 écrite. Mais le roman de Tristan ne fut pas imité par les seuls écrivains depuis près de huit siècles : toute l’expérience
206 sens du mot ; pourtant, il s’agit du même mythe. Par le moyen de la culture et des modèles qu’elle offre au sentiment, ce
207 es serments sacrés, et dans la scène de l’ordalie par le fer rouge, en arrive à duper Dieu lui-même. De fait, le xiie sièc
208 enaissance aux sons mélancoliques du luth inventé par Manès. Et cette musique de gnose n’a cessé d’inquiéter le cœur sauvag
209 evêt d’une vocation. L’individu arraché du commun par un souverain caprice de la Minne, aussitôt ne s’appartient plus. À pe
210 is c’est pour qu’il la serve. Écoutons-la chanter par la voix déchaînée de sa prêtresse et magicienne Isolde : « Élu par mo
211 înée de sa prêtresse et magicienne Isolde : « Élu par moi, perdu par moi ! » Vocation de souffrance et de fidélité jusqu’à
212 resse et magicienne Isolde : « Élu par moi, perdu par moi ! » Vocation de souffrance et de fidélité jusqu’à la mort divinis
213 pécifiquement occidental, encore qu’il soit causé par un refus des options principales de l’Occident. Il ne ramène pas l’âm
214 ne ramène pas l’âme à l’Orient symbolique, comme par une double négation, car l’Orient ne connaît pas ce tragique absolu q
215 rofonds secrets de l’évasion spirituelle imaginée par l’Inde et le bouddhisme. Dans son refus de la chair fragile et provis
216 pliquant un changement soudain, un renouvellement par l’intérieur de toutes choses et de l’Ordre lui-même, cette notion a l
217 ’Asie. Mais prenons l’Inde : les premiers touchés par l’idéologie marxiste ont été les intellectuels éduqués en Angleterre
218 s révolutions promettent des « choses nouvelles » par un brusque avènement. Dans les deux cas, la subversion de l’ordre anc
219 deux cas, la subversion de l’ordre ancien s’opère par un double mouvement : le rejet violent des « choses vieilles », l’ins
220 égime impérial ni à l’institution de l’esclavage, par exemple11, lesquels ne seront pas abolis pour des raisons théologique
221 se fondait sur la réalité des hommes transformés par la foi. Elle n’avait pas pour but de convertir la société, mais d’uni
222 l’utopie d’un ordre théorique qu’il faut imposer par la force, elles s’imaginent qu’il en résultera nécessairement un « ho
223 fant de chœur, comparé à ces Philanthropes, sinon par l’intention du moins par le succès. Il n’a pas disposé des mêmes télé
224 ces Philanthropes, sinon par l’intention du moins par le succès. Il n’a pas disposé des mêmes télécommandes et ses missi do
225 t au césaropapisme. Ambition bridée dans l’Église par sa vocation transcendante et par le recours direct de l’âme à Dieu. M
226 ée dans l’Église par sa vocation transcendante et par le recours direct de l’âme à Dieu. Mais qui peut en appeler des arrêt
227 solini, Staline. Ces tyrans n’ont été abattus que par la guerre ou par la mort. Et la plupart furent les bénéficiaires, non
228 Ces tyrans n’ont été abattus que par la guerre ou par la mort. Et la plupart furent les bénéficiaires, non les victimes, de
229 fois baptisée « douceur de vivre » non seulement par ses survivants mais par les fils de ses bourreaux. Ici les snobs inte
230 de vivre » non seulement par ses survivants mais par les fils de ses bourreaux. Ici les snobs intellectuels de l’Occident,
231 ne sorte de Gott mit uns aussitôt exaucé, puisque par ce seul cri la bataille sera gagnée. La nation à l’état naissant, com
232 peuple entier, mais d’un parti ; et ce parti agit par le moyen de l’État. À l’intérieur du pays, la première tâche de l’Éta
233 les « nations divisées en elles-mêmes conquièrent par la guerre au-dehors la stabilité au-dedans », comme le dira Hegel. En
234 nettes. Mais voici que la guerre nationale, menée par les soldats « libérateurs » de la Révolution et de l’Empire, loin de
235 dividu dans la marche de l’Histoire ». Il se fait par sa propre activité, s’épanouit, atteint sa pleine vigueur en s’opposa
236 it, atteint sa pleine vigueur en s’opposant (donc par la guerre), puis fatalement décline et meurt. « Chaque peuple mûrit u
237 monde ? L’idéal primitif de la nation, confisqué par l’État français, a conduit à des guerres d’agression. Celles-ci ont f
238 essus des nations. Le droit divin se traduit donc par le droit de l’État le plus fort. Celui-ci ne connaît plus d’autres ob
239 affaiblissent non seulement l’Europe démoralisée par les guerres, mais aussi l’Occident tout entier. L’absence d’unité eur
240 rément. Si l’on me demande pourquoi, je répondrai par cette phrase qui est la parabole biologique d’une vérité fondamentale
241 D’autres cèdent au virus méthodiquement disséminé par les propagandistes de Moscou. C’est ainsi que nous voyons la Chine s’
242 . Il en va du nationalisme occidental « attrapé » par les peuples de l’Orient comme de notre rhume de cerveau, souvent mort
243 e en Europe s’est trouvé partiellement neutralisé par la durable résistance des groupes locaux et des diverses internationa
244 outes les trois sont mortelles et liées à la mort par une complicité originelle. Nous le savons, ou du moins nous le presse
245 de l’Aventure, qui ne peut jamais être saisi que par la foi. Le christianisme se distingue de la plupart des autres religi
246 e se distingue de la plupart des autres religions par ce fait qu’il semble impossible à ses fidèles de satisfaire pleinemen
247 nne à sa débilité et qu’ainsi le salut soit donné par Dieu seul, il se jette vers des buts plus prochains et sensibles. Mou
248 isséminent dans des millions d’esprits inatteints par l’orthodoxie certaines formes mentales, certains modes d’expression,
18 1955, Preuves, articles (1951–1968). L’aventure occidentale de l’homme : L’exploration de la matière (août 1955)
249 des conventions de partis en Amérique. Convoqués par l’empereur de Byzance, les évêques se rassemblent de tout le Proche-O
250 des entrées solennelles : la discussion commence par ces démonstrations de la force et du prestige des partis en présence.
251 lettes à parfum. Tel est donc le spectacle offert par les premières assises du christianisme, au lendemain de son triomphe
252 vines et les relations de Dieu à l’homme révélées par la venue du Christ, Dieu qui est le Père en tant que Créateur, le Fil
253 servus non est persona (la personne étant définie par sa valeur juridique, l’esclave n’est pas une personne). Ainsi l’indiv
254 ’atome, et la persona que valence ; l’un existait par soi, l’autre dans ses relations. L’acte de création des grands concil
255 berté sujet de conflits ? N’est-elle pas englobée par ce qu’elle veut nier ? La seule question sérieuse reste alors de savo
256 pport religion-science ont été soulignés à l’envi par deux siècles de polémiques aujourd’hui périmées et stériles. Il est t
257 a doctrine de l’Incarnation, précisée à l’extrême par les Pères grecs, et maintenue par des soins jaloux au plus haut point
258 sée à l’extrême par les Pères grecs, et maintenue par des soins jaloux au plus haut point du paradoxe, a créé un type de pe
259 xe, a créé un type de pensée en tension, ou mieux par tensions, qui sera jusqu’à nous la marque et le ressort de l’esprit d
260 ne dignité et une réalité que l’Orient leur dénie par principe. Enfin, nous avons vu que la foi met un terme à la magie, au
261 e certaine approche du réel. Formées et formulées par la théologie d’où procèdent nos philosophies, elles ont déterminé dan
262 la problématique de nos sciences.   a) La pensée par tensions. — Le dogme du Dieu-homme fut le problème crucial de la spéc
263 odèle historique fut montré comme objet de la foi par les Pères du concile de Nicée, mais devint par la suite une « manière
264 oi par les Pères du concile de Nicée, mais devint par la suite une « manière de penser », un archétype mental de l’Occident
265 e les aspects contradictoires sont vus séparément par des esprits divers, il n’y a, dans l’ensemble d’une culture, qu’oscil
266 s lieu. Or, la physique actuelle est caractérisée par la reconnaissance de ses incompatibles : le problème onde et corpuscu
267 docétistes, l’orthodoxie étant alors représentée par MM. Einstein et de Broglie, non moins acharnés qu’Athanase à trouver
268 it21.   b) La valorisation du monde manifesté. —  Par son paradoxe essentiel, la christologie de Nicée n’a pas seulement co
269 donc l’homme chargé d’une mission cosmique, armé par elle pour affronter un monde dont la réalité est attestée par Dieu, e
270 r affronter un monde dont la réalité est attestée par Dieu, et qui attend son salut de l’homme sauvé. Il est très important
271 ement créateur de la science — comme il est avéré par l’histoire des génies — procède d’une confiance intuitive dans l’acco
272 sé une fois en Jésus-Christ, et promis au croyant par la Résurrection. Dès lors le témoignage de nos sens n’est pas vain :
273 s n’est pas vain : il est certes affecté d’erreur par le péché, mais il peut être corrigé par l’expérience, corrigeant à so
274 d’erreur par le péché, mais il peut être corrigé par l’expérience, corrigeant à son tour les rêveries de la raison ; la pa
275 evenir la totalité du réel que dans un monde créé par Dieu. Là, toute chose, belle ou laide à notre idée, implique une inte
276 t, à la transparence logique de la totalité posée par l’esprit… Et il ne s’agit pas là seulement d’Aristote et de Démocrite
277 ens qui tentent de consoler et de réconforter Job par des pensées spécieuses. Il exige de l’homme un savoir qui cependant p
278 s’il ne peut pas supporter d’être mis en question par les faits ; et toute quête de Dieu se rend en même temps la tâche plu
279 e général de pensée, sera décrété doctrine d’État par l’URSS. Mais tandis que dans ce pays, l’hérésie s’organise en Église,
280 e son prestige en Occident est précisément amorcé par la défection des savants. Il est remarquable que le christianisme ait
281 uable que le christianisme ait été menacé d’abord par une hérésie toute contraire : je veux parler du docétisme, qui tenait
282 ce que j’ai tenté plus haut de mettre en lumière par d’insistants rappels à la christologie, forme première du paradoxe vi
283 térialisme, sont deux manières de s’évader, l’une par en haut et l’autre par en bas. Malgré ses prétentions à l’objectivité
284 anières de s’évader, l’une par en haut et l’autre par en bas. Malgré ses prétentions à l’objectivité, le matérialisme est d
285 forme d’un manichéisme inversé, comme on le voit par l’exemple de Marx. Pourtant, chez les savants qui acceptèrent son cre
286 rie où le Soleil ne parvient plus — et l’on finit par l’oublier ou le nier — peut-être fallut-il ce dernier sacrifice, cett
287 us les cas et dans tous les domaines, est fournie par les seules expériences qu’on peut reproduire à volonté, toutes choses
288 mplexité structurelle sont si clairement définies par les lois des ondes, que beaucoup de choses se passent comme si elles
289 entretient religieusement des attitudes garanties par une science périmée, tout comme les rites des « primitifs » continuen
290 mpromise. Si le matérialisme est à bon droit gêné par le fait que la science subtilise sa matière, que dira le spiritualist
291 ce libère l’individu de la tyrannie jadis exercée par les prêtres. On lui a dit que chacun, désormais, peut fonder son juge
292 r son jugement sur des faits qui sont « démontrés par la Science », au lieu que le médiéval se voyait obligé de « croire av
293 ait fort incapable de vérifier les faits affirmés par la science, cela revient à dire qu’il a choisi de « croire » — non mo
294 ntre eux, et non des moindres, ayant été conduits par leurs travaux bien au-delà de la superstition matérialiste, constaten
295 ernière dissimule un refus d’être mis en question par autre chose que « le monde » et la mathématique. Tout s’explique et s
296 les chrétiens est celui qui s’est fait connaître par cela justement que la science ne connaît pas, et ne pourra jamais ni
297 oire. Et c’est la seule définition de Dieu donnée par sa révélation en Jésus-Christ : « Dieu est Amour. » (Dans le contexte
298 rmes grecs homoousios (de même substance) défendu par Athanase, et homoiousios (de substance semblable) défendu par Eusèbe
299 , et homoiousios (de substance semblable) défendu par Eusèbe et les tenants d’Arius. 19. Le concile de Nicée se tint en 32
300 tholique ne sera définitivement assise qu’en 680, par le VIe concile de Constantinople. 20. Je ne veux parler ici que d’in
301 u (le défaut de masse étant représenté, croit-on, par l’énergie de liaison des particules). D’autres incompatibles ne tienn
19 1955, Preuves, articles (1951–1968). L’aventure technique (octobre 1955)
302 e 1955)y La première traversée de l’Atlantique par Lindbergh avait exalté l’Occident. Elle nous apportait un héros, sur
303 la gloire. La première traversée de l’Atlantique par un bombardier sans pilote, réussie vingt-cinq ans plus tard, apportai
304 ulaire du machinisme pur, opérant loin des hommes par une extension souveraine de leurs pouvoirs sur la matière et la Natur
305 répétées contre la « mise en esclavage de l’homme par la machine » ne trahissent-elles pas plus d’angoisse devant la libert
306 herches techniques. « L’envahissement de nos vies par les machines » est freiné par le prix des appareils, non par la plain
307 ssement de nos vies par les machines » est freiné par le prix des appareils, non par la plainte des écrivains. Il y a beau
308 hines » est freiné par le prix des appareils, non par la plainte des écrivains. Il y a beau temps que les ouvriers ont reno
309 ’autres prétendent que l’homme n’était poussé que par l’envie d’améliorer son sort ou d’amasser plus de nourriture et de ri
310 . Finalement, de Nietzsche à Spengler, en passant par Scheler et Schubert, on nous a représenté une espèce d’homme de proie
311 raiment rêvé de dominer la Nature ? Il est baigné par elle et il y participe. Comment pourrait-elle menacer « le libre déve
312 rit rationnel croit découvrir dans ce qu’il prend par erreur pour « technique » chez les peuples anciens. L’histoire des in
313 l y projette les angoisses de son cœur, il finira par voir en elle le Mal lui-même. Suivons ce procès. Lorsque l’ensemble d
314 tel, sa toute-puissance n’étant mise en échec que par le principe démoniaque, assimilé dès lors à la Nature. Le Dieu du Bie
315 que. Devant cette même Nature désormais réprouvée par l’hostilité des plus « purs », les hommes moins spirituels pourront s
316 ut premiers contemporains de la machine. Inventée par le siècle dernier, elle n’a pas affecté notablement la vie quotidienn
317 34, l’économie sérieuse et scientifique échafaude par la suite le système de ses « lois ». Elle prétend « satisfaire » des
318 tonomes et précises, et du rêve alchimique chassé par la chimie du domaine de la recherche pure, et se tournant alors vers
319 e grand œuvre d’une transfiguration de la matière par l’homme, lui-même démiurge délégué par Dieu35. La filiation des alchi
320 la matière par l’homme, lui-même démiurge délégué par Dieu35. La filiation des alchimistes aux chimistes paraît moins impor
321 emplative, volonté de connaissance transformante ( par la transmutation de la matière et des âmes) : ces deux sources de l’e
322 ais il termine son aventure humaine (conditionnée par les trois dominantes du savoir pur, de la puissance et du salut) dans
323 ations de la science à la vie sociale, favorisées par une mystique qui tendait au salut conjoint du cosmos et de l’âme huma
324 e ses dons n’étaient pas attendus. Prise de court par un phénomène qui l’étonnait merveilleusement, et dont elle ne pouvait
325 omme du travail, c’est-à-dire de la peine requise par les besoins de sa subsistance ; elle tendait à le libérer pour d’autr
326 t, ont été lourdement payés — et le sont encore — par le prolétariat industriel, qui a subi tous les « frais humains » de l
327 rgeois cultivés, atteints avec cent ans de retard par la conscience des « crimes sociaux » de leur classe, influencés par l
328 des « crimes sociaux » de leur classe, influencés par la lecture de leurs meilleurs penseurs et de mille chroniqueurs, épou
329 nseurs et de mille chroniqueurs, épouvantés enfin par la Bombe H, prennent du « progrès technique » une vue lugubre. Nous a
330 erdirait à elle seule. La Nature doit être sauvée par le moyen de l’homme sauvé, ayant été soumise à la corruption non de s
331 mment imaginer, dès lors, que la technique, créée par l’homme, puisse acquérir une existence indépendante ? Son mal provien
332 e compte des erreurs les plus manifestes commises par les « antimodernes » que j’ai dits. Erreur sur la Bombe. J’écrivais
333 téléphone, simple appareil, n’a jamais rien fait par lui-même, et c’est toujours quelqu’un qui vous appelle par le moyen d
334 ême, et c’est toujours quelqu’un qui vous appelle par le moyen de ce porte-voix. Si vous courez répondre, agacé par le brui
335 de ce porte-voix. Si vous courez répondre, agacé par le bruit, c’est que vous vous attendez à quelque chose que vous ne dé
336 devait semer de la neige sur les villes accablées par l’été : l’avion bombarde nos cités. Les découvertes géniales d’Einste
337 le : elle priverait l’homme de sa liberté, voulue par Dieu. Le vrai problème La grande plainte du xxe siècle contre
338 usine ignoble et insalubre l’ouvrier pouvait dire par la bouche d’un poète de l’époque : L’air de nos ateliers nous ronge
339 t, mais le remplacement des travailleurs serviles par des robots. L’usine sans ouvriers, réalité prochaine, sera la solutio
340 èmes écartés — et la classe ouvrière libérée, non par les communistes mais bien par la technique — deux grands problèmes de
341 vrière libérée, non par les communistes mais bien par la technique — deux grands problèmes des plus réels vont se poser à l
342 contrôler le marché, sans plus se laisser guider par la finalité incertaine et suspecte des souhaits humains. Ce vertige d
343 e technique, sera donc la morale sociale, définie par les grands États. L’oubli des buts derniers de l’aventure humaine con
344 ent en dernier ressort.) Et la morale, déterminée par les États, conduit aux dictatures totalitaires. (On remplace Dieu par
345 it aux dictatures totalitaires. (On remplace Dieu par Société, et l’État seul représentant la Société, il n’est plus de rec
346 voir comment la technique y contribue, non certes par elle-même, mais bien par un certain usage que l’homme en fait. D’où l
347 y contribue, non certes par elle-même, mais bien par un certain usage que l’homme en fait. D’où l’idée, répandue dans les
348 ns. Les loisirs. Cette guérison du mal technique par la technique elle-même est-elle une utopie ? Voyons d’abord dans quel
349 ance d’une humanité qui s’augmente de 70 000 âmes par jour, a paru s’éloigner à mesure que l’Occident prenait une conscienc
350 accrue — de la planète, travaillant quatre heures par semaine, pour que tous nos besoins « matériels » soient satisfaits (e
351 n « Que faire de ma vie ? » ne sera plus réprimée par cette réponse, plusieurs fois millénaire : « La gagner ! » Elle sera
352 Une expérience un peu plus longue nous est donnée par les populations du cercle arctique (Suède et Norvège), condamnées au
353 rendre » ; toute la musique nous vient à domicile par la radio et par le disque ; des conférences, causeries et discussions
354 la musique nous vient à domicile par la radio et par le disque ; des conférences, causeries et discussions publiques se ti
355 s, causeries et discussions publiques se tiennent par dizaines de milliers dans nos pays démocratiques ; et l’instruction p
356 t l’instruction publique est heureusement doublée par des centaines d’ouvrages de vulgarisation qui permettent aux Occident
357 à domicile, et les spectacles solennels organisés par l’art ou par le sport préparent les masses et les individus à des lit
358 t les spectacles solennels organisés par l’art ou par le sport préparent les masses et les individus à des liturgies imprév
359 villes, occupant rapidement le vide de l’âme créé par le matérialisme. D’où le succès sans précédent des livres proposant d
360 chemie, etc. On trouvera dans Mensch und Technik, par Donald Brinkmann, de nombreux exemples démontrant l’influence des « r
361 u xixe siècles. Leur lignée remonte à Paracelse, par Jérôme Cardan, Leibniz, Denis Papin, à travers les piétistes du xviii
362 appliqué aux ouvriers d’industrie, fut introduit par Sismondi dès 1819. Trente ans plus tard, Marx pouvait dire avec raiso
363 ns 8, 18 à 24. 39. Auguste Barbier, Iambes, cité par P. M. Schuhl, Machinisme et Philosophie, 1938. 40. Les seules descri
364 ieuse du monde et de la vie, bien plus « païen », par cela même, qu’un J.-P. Sartre, qui se place au niveau de la morale, d
20 1956, Preuves, articles (1951–1968). Les joyeux butors du Kremlin (août 1956)
365 nisation » a commencé dès la mort de Staline44 ou par elle. Ce qui est indiscutable, c’est l’importance psychologique du ph
366 la tyrannie démente vers une sorte de démocratie, par une progression contrôlée. Il se peut qu’il n’y ait là qu’une illusio
367 ants des PC. Pour corriger le daltonisme provoqué par cette illusion, pour mieux voir ce qui se passe, voyons ce qui ne se
368 e l’impérialisme anglais ou américain, prodiguées par les procureurs de Staline. Mais il omet de rappeler que l’acte d’accu
369 ntir, en cas de besoin, selon les effets produits par la publication confiée aux soins du State Department. 6. K. promet la
370 la direction collégiale n’est que la continuation par d’autres moyens (ou les mêmes) de la dictature de Staline. Elle pourr
371 a démence paranoïaque. « Toute collectivité régie par un chef souverain qui n’est comptable à personne se trouve entre les
372 ralité phénoménale du procédé n’a guère été notée par notre opinion libre, tandis que les « progressistes » la portaient au
373 réflexes ont été conditionnés pendant trente ans par un paranoïaque. S’offrir pour une Relève des Innocents — ceux qu’ils
374 ègues, en se refusant en corps au châtiment prévu par leur propre régime pour les fauteurs de « crimes sociaux » et leurs c
375 s et les amis de ces complices, ruinent à jamais, par un exemple décisif, la seule excuse des camps qu’ils ont peuplés. Oui
376 dans une époque. Cet exemple donné de très haut, par des médiocres tout-puissants bafouant avec succès, sans nulle opposit
377 ent du « stalinisme » s’est bien réellement opéré par les soins du mouvement de l’Histoire, entraînant au moment voulu la m
378 eprise et approuvée presque dans les mêmes termes par Jean-Paul Sartre dans Les Temps modernes 48. La voici condensée par S
379 re dans Les Temps modernes 48. La voici condensée par Sartre en quelques lignes d’une clarté limpide, mais trompeuse : « Ce
380 le stalinisme s’est supprimé lui-même en créant, par l’industrialisation de l’URSS et par l’élévation continue du niveau m
381 e en créant, par l’industrialisation de l’URSS et par l’élévation continue du niveau matériel et culturel des Soviétiques,
382 cette politique : ils la font, et ils sont faits par elle. » Notons d’abord que Sartre « reconnaît » que K. et les siens e
383 rd’hui condamné — et non pas simplement dépassé — par ceux-là mêmes en qui Sartre veut voir les meneurs du mouvement de l’H
384 qui les mène. (« … ils la font, et ils sont faits par elle. ») Quelle était donc cette autre chose qui est condamnée, et qu
385 ont morts, si j’en crois Sartre, au même instant, par une extraordinaire coïncidence (la déstalinisation ayant commencé, dé
386 a déstalinisation ayant commencé, déclare-t-il, «  par une progression savante… dès la mort de Staline »). Il est hors de qu
387 e soit « supprimé lui-même ». A-t-il donc été tué par le mouvement de l’Histoire ? Ah ! qu’il est encombrant, ce cadavre !
388 Staline ait été une phase « nécessaire » (voulue par le mouvement de l’Histoire) du bolchévisme ; rien ne prouve donc que
389 rien ne prouve donc que l’élimination de Staline par ses favoris inaugure une période nécessairement nouvelle du communism
390 contraire, que Staline a été brutalement liquidé par l’action beaucoup moins calculée que panique d’un groupe d’hommes don
391 és ; et qu’enfin le seul grand changement produit par la mort du despote et son reniement proclamé est un changement psycho
392 pour nos régimes démocratiques, mais sont exclus par le principe actif du communisme soviétique49. À proprement parler, il
393 tères d’évaluation indépendants de la ligne fixée par le régime lui-même. Et parmi les hommes que j’ai dit libéraux, neutra
394 croire que les hommes qui l’attaquent sont payés par Moscou, pour si peu. N’étant pas marxiste-léniniste, l’anticommuniste
395 tromper sans être à cela matériellement déterminé par l’argent de la classe ou du parti dont il attaque les adversaires. Je
396  ; 3. que Staline glorifié, en gros et en détail, par tous les communistes du monde entier, en tant que responsable du mouv
397 se ; 4. que la destruction de millions de koulaks par Staline au nom du progrès, était aussi monstrueuse que celle de milli
398 aussi monstrueuse que celle de millions de juifs par Hitler au nom du racisme, et compromettait au surplus un idéal univer
399 lanski, etc., menés au nom des mêmes doctrines et par les mêmes procédés délirants que ceux de Boukharine, Zinoviev et cons
400 trente ans soit (s’il fallait en croire Staline) par une majorité de traîtres et d’espions au service du capitalisme, soit
401 soit (comme nous le pensions, et K. le confirme) par une minorité de scélérats, Staline en tête, dont la plupart des créat
402 Parti ; 7. que la politique du Kremlin approuvée par tous les PC, loin de servir la paix, détruisait la confiance, provoqu
403 et que les conflits du travail, réglés chez nous par conventions bilatérales, étaient réglés à l’Est par les canons des ta
404 r conventions bilatérales, étaient réglés à l’Est par les canons des tanks ; 9. que les intellectuels communistes d’Occiden
405 ement de la doctrine marxiste-léniniste, incarnée par Staline pendant trente ans ; la contre-épreuve d’un tel jugement étan
406 la contre-épreuve d’un tel jugement étant fournie par les procommunistes eux-mêmes, qui justifiaient tout cela par le Diama
407 communistes eux-mêmes, qui justifiaient tout cela par le Diamat. Parce que nous disions cela, les communistes nous accusai
408 gères, calculées pour provoquer la guerre, payées par les Américains, etc. ; ni à l’écrire, s’ils ne le croyaient pas. Que
409  profond changement » introduit dans la situation par le rapport K. et ses suites ? Sur les points 1 à 8 de ma liste d’exem
410 lsifications de l’Histoire, l’extorsion des aveux par la torture, les génocides en URSS, le niveau de vie inférieur des ouv
411 ns), mais encore toutes ces choses sont dénoncées par les chefs mêmes du communisme, comme autant de scandales ou de trahis
412 il vrai que l’antistalinisme tardivement proclamé par K. détruise la base de mes convictions ? J’ai cru voir, au contraire,
413 coup. Justification erronée : les moyens employés par Staline, qui fut pendant tout le temps de notre débat l’incarnation i
414 s particuliers d’un impérialisme national conduit par un paranoïaque. Ils croyaient servir la justice et approuvaient régul
415 nous disions que les chefs d’accusation produits par la « justice » au nom du « peuple » hongrois étaient proprement scand
416 tre les inculpés sont établis, bien autrement que par leurs aveux, par les témoignages les plus formels52. » Et Courtade, t
417 sont établis, bien autrement que par leurs aveux, par les témoignages les plus formels52. » Et Courtade, témoin du procès,
418 e une trace d’humanité53. » Rajk étant réhabilité par les porteurs actuels du « mouvement de l’Histoire », on aurait tort d
419 pas, sur la foi d’un système d’étiquettes proposé par les communistes. La dialectique servait à corriger le contraste entre
420 istent, n’est pas de celles dont on peut se tirer par un raisonnement plus correct, ni par un supplément d’information ; et
421 eut se tirer par un raisonnement plus correct, ni par un supplément d’information ; et qu’elle exclut tout geste de fair-pl
422 Sa « rare capacité d’adaptation », pourtant louée par Sartre, soudain semble en défaut. Certes, son refus tacite de « désta
423 ans l’univers du communisme soviétique et mondial par la Turbulence que l’on sait seront ici brièvement indiquées : elles p
424 nde communiste ? — Le problème est nettement posé par le rapport K. et ses suites. Jusqu’à la veille du rapport, en effet,
425 était « vrai » au nom de l’Histoire, s’exprimant par la bouche du Parti. Mais dire que le despote était fou, en se fondant
426 t le Parti. Que la « vérité du Kremlin », adoptée par tous les PC, coïncide actuellement avec le vrai tout court, voilà qui
427 des faits. Cette vérité qu’ils disent maintenant par ordre, et que nous disions par conviction, c’est la même et ce n’est
428 disent maintenant par ordre, et que nous disions par conviction, c’est la même et ce n’est pas la même. Ils la disent comm
429 l’air encore plus menteurs en critiquant Staline par ordre, qu’en le traitant de génial bienfaiteur des prolétaires du mon
430 ours et nécessairement raison, qu’il soit incarné par Staline comme hier, ou par K. et son groupe comme aujourd’hui, sauf q
431 on, qu’il soit incarné par Staline comme hier, ou par K. et son groupe comme aujourd’hui, sauf qu’on reconnaît « spontanéme
432 position ou trahison, ne saurait être motivée que par les intérêts d’une classe bien définie. Ce n’est pourtant pas l’indiv
433 its, prévoit-il l’éventualité d’une démonstration par l’absurde ? Car une telle analyse, si elle reste orthodoxe, devrait m
434 ait montrer soit que Staline n’a jamais rien fait par lui-même — ce qui aurait pour effet de le réhabiliter, mais d’incrimi
435 t son plein vers l’Europe, tandis qu’il est barré par la Chine en Asie ? Supposez, au surplus, qu’elle se soit avisée que l
436 n prolétarienne en Occident ne sera pas supprimée par des complots marxistes, mais plutôt par l’automation ? Moscou pourrai
437 supprimée par des complots marxistes, mais plutôt par l’automation ? Moscou pourrait demeurer La Mecque des communistes, ma
438 -là, le mythe bolcheviste sera vraiment « dépassé par l’Histoire », — comme le sont dès maintenant ceux qui s’accrochent en
439 lle un embarras de logique diaboliquement imaginé par l’innocent Lewis Carroll, dont l’humour consistait à tout prendre à l
440 eux vivre et pour rayonner. Que cela soit attendu par les meilleurs à l’Est, nous le savons désormais, voilà qui oblige. On
441 Thorez : ces sautes d’humeur semblent déterminées par le tempérament de K., qui le pousse à corriger une paire de claques s
442 sse à corriger une paire de claques sur les joues par une claque dans le dos. 56. Cela vaut, bien entendu, pour l’orthodox
443 Kremlin. Remarques sur la liquidation de Staline par les siens », Preuves, Paris, août 1956, p. 3-16.
21 1956, Preuves, articles (1951–1968). Sur Suez et ses environs historiques (octobre 1956)
444 e justement que mes capitaux seraient administrés par vous. Cependant, j’eusse aimé suggérer certaines garanties de bonne g
445 ’une des deux politiques fondamentales pratiquées par l’humanité : la politique des relations maritimes, mère du progrès de
446 Réactions de l’Europe : essor vers l’est d’abord, par les chevaliers teutoniques, puis exploration de l’Océan par Colomb et
447 evaliers teutoniques, puis exploration de l’Océan par Colomb et Vasco de Gama. Le premier trouvera l’Amérique. Le second, d
448 Le second, découvrant la nouvelle route des Indes par le cap de Bonne-Espérance, s’étonnera de rencontrer à Calicut les Égy
449 uper l’isthme de Suez à leurs dépens. Ils eussent par cette entreprise conservé l’empire du commerce des Indes, mais les di
450 ssai sur les mœurs.) L’idée du canal sera reprise par les Français : projets de Girardin en 1685, de Savary en 1696, de Vol
451 ie progressiste et humanitaire, étudiés et repris par Lesseps, violemment combattus par les Anglais, mollement soutenus par
452 udiés et repris par Lesseps, violemment combattus par les Anglais, mollement soutenus par les Khédives, aboutiront en 1869.
453 ent combattus par les Anglais, mollement soutenus par les Khédives, aboutiront en 1869. Mais le Khédive, mis en difficulté
454 iront en 1869. Mais le Khédive, mis en difficulté par les dépenses somptuaires de l’inauguration (Aida, commandée à Verdi p
22 1956, Preuves, articles (1951–1968). Sur l’Europe à faire (novembre 1956)
455 ns ! Serait-elle de gauche ou de droite ? Dominée par l’Allemagne ou la France ? Le Vatican ou le Musée de l’Homme ? B. Je
456 ériode néo-classique : le Canticum Sacrum, dirigé par lui-même en la basilique de Venise. Il a soixante-quinze ans. Il vit
457 tandis qu’un adroit pousseur de ballon, sollicité par un club rival, touche 25 000 dollars pour changer de maillot (Stravin
458 e du cinéma, où la minute de pellicule multipliée par le tour de poitrine vaut un vison. « C’est tout naturel » m’assure-t-
23 1956, Preuves, articles (1951–1968). Sur le rêve des sciences (décembre 1956)
459 Les entreprises colonialistes de Colomb, animées par l’esprit de lucre et l’hypocrisie missionnaire, ont détruit les « spl
460 t comme Abraham, « sans savoir où il allait », mû par des songes insensés et se trompant dans ses calculs de la largeur d’u
461 conquêtes.) Les nouvelles fantastiques répandues par la presse au sujet du lancement, l’an dernier, de six satellites par
462 jet du lancement, l’an dernier, de six satellites par les Russes, illustrent — vraies ou non — cette dialectique du rêve. L
463 « Transmission du corps humain à grande distance par radio. Une particule de chair coupée et aussitôt recollée continue à
464 à vivre. On pourrait donc envoyer un corps, atome par atome, en une fraction de seconde, à l’autre bout du monde et l’y rec
465 oin que toutes celles que l’homme a jamais faites par le moyen des sciences physiques, puisqu’elle va dans une sorte d’au-d
466 sibérienne, ou l’embrassement mortel d’une étoile par son double. Ainsi le bévatron de Berkeley rejoint enfin par l’expérie
467 uble. Ainsi le bévatron de Berkeley rejoint enfin par l’expérience et le calcul l’intuition des plus vieilles cosmogonies r
468 ont à faire face aux solutions massives proposées par la Science, dans les domaines jusqu’ici réservés aux passions partisa
469 es besoins de l’âme, laissés en friche et libérés par la technique… Nous sortirons enfin des « temps modernes », c’est-à-di
24 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur la honte et l’espoir de l’Europe (janvier 1957)
470 (M. Pierre Cot parlait ainsi de Rákosi, confirmé par bien d’autres députés, prêtres, pasteurs, etc.) Comme si c’était le m
471 s dix ans tant de préalables saugrenus multipliés par la névrose nationaliste, au lieu de faire cette Europe qui aurait seu
472 pages, en majeure partie manuscrites, déclenchées par l’appel que diffuse le Congrès : « Pour que leur cause et leur combat
473 peuple, après tout, de la Sainte Russie colonisée par un parti impérialiste ?) Je réprouve le massacre des Malgaches. Je tr
474 ommunistes emprisonnés au Caire, du Tibet conquis par la Chine, de l’esclavage dans les pays arabes, du canal interdit aux
25 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur Voltaire (février 1957)
475 sera pas perdu. » Les cèdres du Caucase, envoyés par la Grande Catherine, périclitent. Mais les arbres bordant la route de
476 de mille habitants, qui deviennent propriétaires par un système que l’on nommerait de nos jours location-vente. « Il comma
477 t tous de pleurer à l’envi. Paul Claudel, informé par un ami commun de ce que j’habitais à Ferney : « Est-ce que Voltaire n
478 t sa rumeur à Genève. Le tout survolé trente fois par jour par des avions de New York, de l’Inde ou de l’Afrique. Ils vont
479 ur à Genève. Le tout survolé trente fois par jour par des avions de New York, de l’Inde ou de l’Afrique. Ils vont se poser
480 ut redevient actuel si l’on remplace les jésuites par les communistes, les sectes ou religions par les partis, enfin la Com
481 ites par les communistes, les sectes ou religions par les partis, enfin la Compagnie par le PC. Le problème est de savoir s
482 s ou religions par les partis, enfin la Compagnie par le PC. Le problème est de savoir si la vraie tolérance permet que l’o
483 voulez qu’on tolère ici votre doctrine, commencez par n’être pas intolérants ni intolérables. » Ailleurs : « Il faut donc q
484 lleurs : « Il faut donc que les hommes commencent par n’être pas fanatiques pour mériter la tolérance. » Ailleurs encore, V
485 que notre Parti est socialiste), doit-elle régner par la haine, par les fureurs, par les exils, par l’enlèvement des biens,
486 i est socialiste), doit-elle régner par la haine, par les fureurs, par les exils, par l’enlèvement des biens, les prisons,
487 , doit-elle régner par la haine, par les fureurs, par les exils, par l’enlèvement des biens, les prisons, les tortures, les
488 ner par la haine, par les fureurs, par les exils, par l’enlèvement des biens, les prisons, les tortures, les meurtres, et p
489 iens, les prisons, les tortures, les meurtres, et par les actions de grâce rendues à Dieu (lisez : au Kremlin) pour ces meu
26 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur la neutralité européenne (mars 1957)
490 nous !… Il y a la crise du neutralisme, provoquée par le drame de Budapest. Qu’est-ce, en somme, que le neutralisme ? Le co
491 on. Ces arguments ne manquent pas d’être invoqués par ceux qui trouvent dans la neutralité un alibi décent de « l’apaisemen
492 » À mon tour de leur demander ce qu’ils entendent par neutralité. Divers abus dans la notion de neutralité J’ai dit p
493 se déclarer neutre entre un parti mondial soutenu par un énorme État, et la poignée d’intellectuels indiens qui avaient le
494 ic ! Cette espèce-là de neutralité s’est traduite par les abstentions du délégué de l’Inde lors des votes de l’ONU sur le r
495 les Suisses sont français, allemands ou italiens par leur langue, leur culture et leurs affinités, la guerre des autres se
496 t, d’une manière à vrai dire inédite : le suicide par sagesse indurée. Le bon usage de la neutralité Mais l’abus n’en
497 ensant le renoncement définitif à toute agression par la volonté inconditionnelle de se défendre. Quant aux opinions, elles
498 is, au fait, ne le sont-il pas ? Ils le sont, non par libre choix, mais parce qu’ils possèdent la Bombe H. Chacun d’eux se
499 uvrer sans bouger ces rois impossibles, paralysés par leur puissance. Et voilà Suez et Budapest. Et voilà, dans ce jeu carr
500 nt-ils, ils sont capables de nous laisser prendre par simple peur de s’affronter. Il faudra réfléchir, pendant les semaines
501 roblème d’une neutralité de l’Europe. 61. Cité par Henri Miéville, dans un remarquable article intitulé « Propos hétérod
27 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur la neutralité européenne (II) (avril 1957)
502 it pas intégrale sans les pays de l’Est colonisés par l’URSS. 2. Une prise de parti militaire dans les conflits à prévoir d
503 unies que dans le cas d’une Europe vraiment unie, par où j’entends une Europe intégrale incluant les pays de l’Est, dotée d
504 être considérée comme un objectif souhaitable que par ceux qu’animerait en même temps une ferme volonté d’union. Une ten
505 s satellites et l’Allemagne (réunifiée), séparons par une zone d’un millier de kilomètres les avant-postes actuellement au
506 profonds calculs machiavéliques, au pacifisme ému par la peur atomique comme à la Realpolitik. Elle peut réussir. Mais elle
507 s et l’Allemagne de l’Est ? Nos « progressistes » par antiphrase, sans aucun doute. Quant aux Russes, enchantés de nous voi
508 neutralisée, sans union préalable, serait donnée par Bevan aux Russes. De plus, elle serait condamnée au permanent désordr
509 damnée au permanent désordre économique entretenu par ses divisions. Le peu de progrès dû à « l’idée européenne » (la CECA,
510 ourent à me faire répondre à la première question par un oui presque sans réserve. Prenons les pays neutres de l’Europe ; a
511 leurs préférences (inavouées mais indiscutables) par la tragédie de Budapest : ils verraient dans une vraie neutralité l’o
28 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur la neutralité européenne (fin) (mai 1957)
512 s ou des pièces secondaires, dans la partie jouée par les deux autres Rois. Quelques coups à prévoir Supposons l’union
513 devient une violation de notre intégrité garantie par les USA. La coalition atlantique se reforme automatiquement. Elle eng
514 té scandaleuse d’une défaite américaine facilitée par la neutralité de l’Europe, on décide que chacun des Trois Rois garant
515 uvre de l’Europe ? Elle est évidemment restreinte par la volonté de ne rien faire qui puisse causer l’explosion générale en
516 n-Orient ou en Afrique sont refrénées elles aussi par la puissance nouvelle de l’Europe unie et par la prudence accrue des
517 ssi par la puissance nouvelle de l’Europe unie et par la prudence accrue des Russes et des Américains, liés par la garantie
518 rudence accrue des Russes et des Américains, liés par la garantie triangulaire. 7. La neutralité européenne, qui suppose un
519 es en lumière se voyaient au moins reconnues tant par les partisans que par les adversaires à priori d’une éventuelle neutr
520 ent au moins reconnues tant par les partisans que par les adversaires à priori d’une éventuelle neutralité européenne. Mais
521 lle signifierait un refus de se laisser manœuvrer par ces puissances, soit en marge de leur jeu bloqué, soit dans ce jeu s’
522 nœuvre dans la politique planétaire au moment où, par son union précisément, elle aurait retrouvé la puissance d’en user. I
523 fédérale, incluant les pays de l’Est, et garantie par les deux blocs. Le meilleur argument qui subsiste en faveur de l’idée
29 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur deux écrivains politiques (juin 1957)
524 irmaient sans nul droit qu’elle devait s’exprimer par quelque chose comme Budapest, ce qu’elle a fait. En résumé, tout le m
525 olitique communiste devait s’exprimer normalement par Budapest — comme elle s’était « exprimée » par Berlin et Poznań — ils
526 nt par Budapest — comme elle s’était « exprimée » par Berlin et Poznań — ils ne sont pas dans le sens de l’Histoire ; ce qu
527 aquelle l’affaire de Budapest pourrait être jugée par quiconque. Et seul Sartre, parlant au nom du Socialisme, a le droit d
528 formes existantes sont condamnées sans exception par Sartre : communisme, trotskisme, social-démocratie germanique et lati
529 ituation de n’être reconnu comme camarade valable par aucun des partis, groupements ou groupuscules qui se réclament en fai
530 efficacité probable de telles clauses est fournie par les cris d’indignation qui s’élèvent de la presse communiste, au seul
30 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur le pouvoir des intellectuels (juillet 1957)
531 r la chose politique, celle-ci restant déterminée par des entités collectives comme la France, les Américains, les trusts,
532 usts, les communistes, la gauche, le patronat, ou par des personnalités civiles ou militaires dont on estime que c’est le m
533 métier. L’expression ne semble donc utilisée que par les seuls intellectuels pour ridiculiser leurs ennemis politiques, et
534 le, ont été idéologiques, pour avoir été initiées par des intellectuels prétendant à ce nom, des encyclopédistes à Lénine,
535 ce nom, des encyclopédistes à Lénine, en passant par Marx ou Maurras, Mazzini, H. S. Chamberlain ou Sorel. Je lis dans une
536 , il joue le jeu de l’ennemi qui le supprime. Et, par la suite, ce ne sont jamais les libéraux qui rétablissent la liberté,
537 hebdomadaire Critique d’un livre. On commence par citer (guillemets et italique) une phrase que l’auteur n’a pas écrite
31 1957, Preuves, articles (1951–1968). L’échéance de septembre (septembre 1957)
538 guerre générale se trouvant désormais neutralisée par la terreur de mettre en œuvre ses moyens. Que l’URSS surmonte ou non
539 peur. Qu’elle réussisse ou non à se démocratiser par les moyens de la tyrannie, qu’elle prospère ou se ruine à force de co
540 ospère ou se ruine à force de corriger ses gaffes par des massacres, ses crimes par des slogans, et ses déficits par des pu
541 corriger ses gaffes par des massacres, ses crimes par des slogans, et ses déficits par des purges, elle s’est mise étrangem
542 cres, ses crimes par des slogans, et ses déficits par des purges, elle s’est mise étrangement en marge du grand jeu. Ou dis
543 stinctives de ses peuples et leur inflige le Plan par la police. Les USA vivent dans le bonheur sans dimensions de la non-r
544 les scandales trop certains et leur exploitation par les factions, les campagnes de presse, les accès de répression, les e
545 a France, dit-on, est un procès perpétuel intenté par tous à chacun et par chacun à tous. Nous l’avons bien vu depuis deux
546 un procès perpétuel intenté par tous à chacun et par chacun à tous. Nous l’avons bien vu depuis deux ans à propos du drame
547 ance comme un tout qui va voir son procès intenté par les Nations unies. Bandung, Moscou et Washington vont se trouver enfi
548 soudra rien. Ni aucune décision politique imposée par la majorité absurdement hétéroclite des Nations unies, dont le seul d
549 nationaliser (comme on dit) l’affaire algérienne, par une décision qui condamnerait la France injustement et vainement. Mai
550 Europe. 65. L’Algérie en 1957, ouvrage signalé par Aimé Patri dans Preuves d’août. al. Rougemont Denis de, « L’échéanc
32 1957, Preuves, articles (1951–1968). Pourquoi je suis Européen (octobre 1957)
551 confronter des expériences vécues et à faire voir par quels chemins variés, imprévus et parfois scabreux, des hommes de for
552 s de leur volonté de rejoindre une Europe rénovée par son union. ak. Rougemont Denis de, « Pourquoi je suis Européen »,
33 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur le crépuscule d’un régime (octobre 1957)
553 . A. et R. boivent un negroni en regardant passer par bancs les touristes en chemise, ceints d’étuis à Leica. R. — Avez-vou
554 es gens se moquent de l’étymologie. Ils entendent par démocratie tout autre chose. R. — Quoi, selon vous ? A. — Eh bien, l’
555 e. A. — Je persiste à penser que l’élection libre par le suffrage universel est le meilleur moyen de garantir les libertés
556 t simplement au pouvoir ceux dont le nom commence par A, puis par B, puis par C, jusqu’à Z et retour. Ou bien tous les homm
557 au pouvoir ceux dont le nom commence par A, puis par B, puis par C, jusqu’à Z et retour. Ou bien tous les hommes sont égau
558 ceux dont le nom commence par A, puis par B, puis par C, jusqu’à Z et retour. Ou bien tous les hommes sont égaux, alors pre
559 us sportive que proprement politique et qui finit par des échanges de courtoisie, c’est le seul cas, peut-être, où la démoc
560 ène irrésistiblement à concevoir un régime dominé par la science. Que deviendraient alors les libertés humaines ? R. — Il e
561 souvent à des dictatures criminelles, justifiées par tous les prétextes que fournit l’utopie démocrate. A. — Parlez plus b
562 — Et après ? R. — Nos ministères seront remplacés par des cerveaux électroniques, seuls capables de digérer les données inn
563 ces cerveaux ne fonctionnent pas, soient dictées par un petit groupe de savants, d’esthètes et de saints. A. — Le Vrai, le
564 aciturne, au plus bel espace vide jamais délimité par l’artifice humain. 66. Aristocratie : de aristo, excellent, et krat
34 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur un certain cynisme (septembre 1957)
565 est conçue comme une crise permanente entretenue par ses spécialistes, une enfilade de situations « sans issue » dont on n
566 autre chose, et chacun pense ainsi de soi-même vu par d’autres. Vous me disiez que « mon » avant-garde n’est guère français
567 us peut-être, en ôtant les « idées ». Simplifions par Céline et Miller, voulez-vous ? Je n’ai pas cité bien d’autres écriva
568 à les rendre une fois sur deux à leur vrai sens, par un paradoxe au carré. Voyez Breton qui ne se lassera jamais de découv
35 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur l’Europe à faire (novembre 1957)
569 dans la lice pour y être « traité » en dix jours par une centaine d’intellectuels, armés pour la plupart de redoutables pr
570 ifièrent quelques amis entraperçus. Qu’on en juge par ces notes en vrac. Paul-Henri Spaak, parlant hier soir sur les aspect
571 muniste, se plaint que l’Europe ne se fasse que «  par en haut », ce qui n’est pas démocratique. — C’est vous qui avez tout
572 lifie d’antidémocratique « toute mesure approuvée par les trois quarts d’un peuple, mais refusée par les seuls communistes 
573 ée par les trois quarts d’un peuple, mais refusée par les seuls communistes ». J’aurais aimé demander qu’on me rappelle la
574 ’on le rappelle à l’ordre. On a toléré son écart, par libéralisme sans doute, puisqu’après tout c’était un communiste. Cert
575 gt ans. Aux intellectuels des Rencontres, obsédés par les seuls « dangers » de toute forme d’union qu’on leur offre, j’aura
576 dans son ensemble et dans ses positions mondiales par l’expansion normale des grands empires, par l’hostilité latente du gr
577 iales par l’expansion normale des grands empires, par l’hostilité latente du groupe de Bandung, par son déficit en matières
578 es, par l’hostilité latente du groupe de Bandung, par son déficit en matières premières et en énergie, et par ses propres a
579 n déficit en matières premières et en énergie, et par ses propres armes en général, idéologiques et techniques, retournées
580 a-t-il, oui ou non, un problème de l’Europe, posé par le grand jeu des forces mondiales et que nos divisions nous empêchent
581 s depuis six ans. Tous les européistes ont passé par ces stades et beaucoup se sont arrêtés à l’un ou à l’autre. D’où troi
582 rits, ou dans les préjugés sentimentaux inculqués par l’École, confirmés par la Presse et cultivés par les intellectuels. L
583 gés sentimentaux inculqués par l’École, confirmés par la Presse et cultivés par les intellectuels. L’Europe que nous aimons
584 par l’École, confirmés par la Presse et cultivés par les intellectuels. L’Europe que nous aimons n’est-elle pas avant tout
585 . Et les institutions européennes seront bloquées par les parlements si ceux-ci ne subissent pas une pression populaire imp
36 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur la pluralité des satellites (II) (décembre 1957)
586 nation de Joukov devait être à son tour compensée par le lancement d’un second projectile (dont on put penser un moment qu’
587 vée sur la Lune d’une mission soviétique présidée par Khrouchtchev compensera de la même manière l’élimination terrestre du
588 Entendons-nous. J’appelle ainsi le complexe formé par la jobardise des foules, leur intoxication par le sensationnel, et le
589 mé par la jobardise des foules, leur intoxication par le sensationnel, et les fausses déductions qu’elles tirent à coup sûr
590 .   Eppur, se muove  ! — Des amis me retiennent par la manche : — Avouez, disent-ils, que l’anticommunisme a trompé le mo
591 que je vins déranger Marcel Duchamp, tout absorbé par un problème d’échecs, pour lui annoncer la bombe d’Hiroshima, il me d
592 progressive mais fatale du communisme soviétique par ses dirigeants mêmes n’est pas de nature à endormir la vigilance des
593 tème n’en devient pas moins faux, pour être trahi par les siens. Mais presque toutes les trahisons qu’on vient de rappeler,
594 e où il manifeste un succès de la Technique créée par les savants européens, apporte sa contribution à l’Aventure occidenta
595 atale, mais le retour de l’Est à l’Europe rénovée par l’élimination de ses nationalismes. C’est dans la perspective d’un te
37 1958, Preuves, articles (1951–1968). Sur la fabrication des nouvelles et des faits (février 1958)
596 ou fabriqué, le fait lui-même ne devenant tel que par la nouvelle qui le baptise, et ne revêtant que l’importance exacte qu
597 le fourmillement infini de ce-qui-se-passe ou non par le monde, la presse choisit pendant la nuit un très petit nombre de t
598 aquelle nous croyons chaque matin n’est faite que par la presse et la radio, et n’est souvent faite que pour elles. Les age
599 à Staline, questionné sur la paix — il est pour — par quelque journaliste américain. Cette interview datait de plusieurs jo
600 enève résulte d’une action « européenne » initiée par des militants fédéralistes, puis financée par douze gouvernements. Or
601 iée par des militants fédéralistes, puis financée par douze gouvernements. Or aux yeux du journal en question (pourtant bou
602 sses nouvelles, très rares et trop vite démenties par les agences rivales : ce procédé qui obsède encore les foules est pér
603 onvenu de taire. La nouvelle vraie devient fausse par sa seule mise en page, par les omissions qu’elle suppose, et par le f
604 e vraie devient fausse par sa seule mise en page, par les omissions qu’elle suppose, et par le fait qu’on ne l’a choisie qu
605 se en page, par les omissions qu’elle suppose, et par le fait qu’on ne l’a choisie qu’en vue de la vente. Mais qui peut act
606 t dit que la guerre d’Algérie coûte 700 milliards par an ; et Gaillard qui aurait répondu : 350 seulement. J’ouvre une autr
607 exactitude du chiffre de « 800 » milliards avancé par Mendès, explique le chiffre de « 150 » milliards que lui opposa le pr
608 ur incontestable le chiffre de 362 milliards cité par M. Monteil à la Chambre, et affirme au surplus que « la rébellion alg
609 , laquelle n’a jamais rien construit. Ces vertus, par malheur, ne sont pas éloquentes. Et ceux qui les cultivent se voient
38 1958, Preuves, articles (1951–1968). Sur un patriotisme de la terre (mars 1958)
610 De luxueux hôtels y ont été construits, desservis par plusieurs compagnies nationales de voyages interplanétaires. Tous ces
611 que l’unité de l’Europe est en train d’être faite par l’URSS, l’Asie, le Moyen-Orient et l’Afrique, l’union de notre Terre
612 t et l’Afrique, l’union de notre Terre sera faite par Mars et par Vénus : je le prévoyais il y a douze ans69. Alors la Ter
613 ue, l’union de notre Terre sera faite par Mars et par Vénus : je le prévoyais il y a douze ans69. Alors la Terre jouera pe
614 le système solaire, pour commencer, le rôle joué par la Grèce dans l’Empire romain, par l’Europe dans le Monde d’aujourd’h
615 , le rôle joué par la Grèce dans l’Empire romain, par l’Europe dans le Monde d’aujourd’hui. Cette prévision est la plus opt
616 inking. Mais si nous ne sommes pas « découverts » par des êtres pensants d’autres planètes avant que nous les ayons visités
617  : « Comment trouver place sur une terre agrandie par la puissance d’ubiquité, et rétrécie par les petites proportions d’un
618 agrandie par la puissance d’ubiquité, et rétrécie par les petites proportions d’un globe souillé partout ? Il ne resterait
619 s. Ce sont ses rêves que toute l’humanité rejoint par sa technique et grâce à son génie. Il est vrai que la science-fiction
620 ques sens inconnus de l’homme, et Vénus habitée «  par une autre famille, dont les visages ont un autre air ». Quant aux hab
621 peut-être transmis directement au système nerveux par des messages électroniques en code. » Hermann Müller annonce, de son
622 ile de répondre que les modifications introduites par la technique dans le cadre de nos existences n’empêchent nullement la
39 1958, Preuves, articles (1951–1968). Sur la prétendue décadence de l’Occident (avril 1958)
623 écadence réelle peut n’être pas sentie ni repérée par le groupe ou l’individu qui la subit. Mais l’inverse n’est pas moins
624 éduits à commenter leur temps sans y être engagés par un risque immédiat ou par une volonté d’action visant à modifier le c
625 mps sans y être engagés par un risque immédiat ou par une volonté d’action visant à modifier le cours des événements : pess
626 foi religieuse ou politique brutalement contestée par le succès des autres. Enfin, elle hante une classe qui se sent dépass
627 Enfin, elle hante une classe qui se sent dépassée par des moyens de puissance qui la déposséderont : pessimisme bourgeois d
628 ne et penchant au bord du chaos. Elles supposent, par leur succès même et du seul fait qu’on les publie, quelques croyances
629 pas été réduite au silence définitif, recouverte par une « barbarie » durable, ou remplacée par une culture plus haute. Ca
630 uverte par une « barbarie » durable, ou remplacée par une culture plus haute. Car auparavant, ses périodes dites par certai
631 re plus haute. Car auparavant, ses périodes dites par certains de décadence peuvent être nommées par l’histoire périodes de
632 es par certains de décadence peuvent être nommées par l’histoire périodes de mue, de crise, de maladie des chiens. La seule
633 La seule vraie décadence est celle qui se termine par une chute sans remontée possible. Qui peut donc savoir aujourd’hui ve
634 vant son passé, et le laboratoire du xxe siècle ( par quoi j’entends l’ensemble de nos créations) aura mieux enrichi le mus
635 L’adoption de notre alphabet et du birth control par la Chine a tout de même une autre importance que nos brèves poussées
636 ce qui veut dire : — peuvent-elles être adoptées par tous les peuples, et marquer un progrès pour tout homme d’où qu’il vi
637 tion et de comparaison élaboré depuis des siècles par l’Europe se révèle aujourd’hui capable, virtuellement, de digérer, d’
40 1958, Preuves, articles (1951–1968). Sur un centre qui doit être partout (mai 1958)
638 Suisse, tout équipée pour cette fonction désignée par sa neutralité traditionnelle. Finalement, si la Suisse refuse au nom
639 e, coïncidence extraordinaire ou « hasard » prévu par les rites. Eliade conclut de l’examen d’un grand nombre d’exemples pu
640 les traditions de la Terre : « Chaque habitation, par le paradoxe de la consécration de l’espace et par le rite de construc
641 par le paradoxe de la consécration de l’espace et par le rite de construction, se voit transformée en un centre. De sorte q
642 s contradictoires, chacune pouvant être illustrée par une abondance de symboles, de mythes et de rites traditionnels : il d
643 os actes et conduites, et quand nous les trouvons par chance, et qu’elles se tiennent, elles jouent alors dans notre âge sc
644 u de notre Europe. Bel exemple de « signe » donné par le calcul ! Heureuse coïncidence du sens et de l’arpentage ! Mon c
645 barrière du Jura, le pays de Gex est caractérisé par un étrange complexe de signes mémorables à l’intersection des grands
646 physiques de l’Europe. Défendu de tous les côtés par des obstacles naturels, montagnes, cols et routes semés d’embûches, e
647 s, montagnes, cols et routes semés d’embûches, et par les spectres ricanants ou trop bavards de grands ancêtres européens,
648 ière série de conditions que nous savons requises par le sacré. Il les affirme dès l’abord, tandis que tous ses concurrents
649 Au nord, la plus haute chaîne du Jura, traversée par le col de la Faucille et la Route Blanche qui va vers l’Italie. Le tu
41 1958, Preuves, articles (1951–1968). Sur le régime fédéraliste (I) (août 1958)
650 titution est peut-être le mot le plus mal entendu par la plupart des hommes de notre temps, et particulièrement en France :
651 que les auteurs de la Constitution soient animés par un esprit fédéraliste. Le seraient-ils, ils courraient le risque de p
652 hors de temps, dans le secret espoir d’être saisi par quelques-uns, qui en feront un jour quelque chose. Fédération ou c
653 ts (dont la souveraineté, notons-le, est garantie par la Constitution) sont appelés fédéraux. À vrai dire, ceux qui insiste
654 des formes politiques les plus communes employées par les sauvages. Chateaubriand. Pendant la révolution, projet attribué a
655 une poussière de petits États, d’ailleurs promis par la conjoncture mondiale au sous-développement et à la colonisation.
656 el, et voyons ce que l’époque entend ou malentend par le terme d’intégration, lié de deux manières contradictoires à celui
657 uté d’intérêts qui ne sauraient plus être assurés par les seules entités nationales, la volonté de tenir compte des faits q
658 ’extérieur. Elle observe que les nations obsédées par le problème de leur unité collaborent mal avec les autres : qu’une na
659 ’intègre mal dans un ensemble fédéral conditionné par sa souplesse. Elle propose donc le fédéralisme interne comme conditio
42 1958, Preuves, articles (1951–1968). Sur le régime fédéraliste (II) (septembre 1958)
660 ’offre et la demande, par exemple, finit toujours par se résoudre dans le compromis concret qu’on nomme un prix. Mais deux
661 ourir à un jeu de précédents historiques désignés par de simples dates (6 février, 18 brumaire ou 2 décembre, par exemple),
662 nte, lorsqu’on voyait deux ou trois partis naître par scissiparité d’un parti plus ancien, non point pour tenter d’imposer
663 rieur : ce cas est illustré de manière exemplaire par le petit récit de Thomas Mann intitulé Mario et le Magicien. Les
664 sur chaque objet ou des doctrines inconciliables par nature, pour imposer à tous la loi du seul parti qui sait faire triom
665 pour l’Europe. — Nous sommes arrêtés, me dit-il, par le problème de la stabilité de l’exécutif. — Prenez le Conseil fédéra
666 és. En cas de conflit prolongé, le peuple tranche par un référendum. — Que me dites-vous là ? Le Parlement ne pourrait donc
667 ne pourrait donc pas renverser les ministres élus par lui ? — Il ne le peut pas davantage que les ministres ne peuvent imp
43 1958, Preuves, articles (1951–1968). Sur le vocabulaire politique des Français (novembre 1958)
668 vernement du peuple, est en fait le régime choisi par la majorité des électeurs. En revanche, les résultats du référendum é
669 « vrai » peuple n’est pas valablement représenté par la majorité des électeurs, et que la « vraie » démocratie ne saurait
670 « vraie » démocratie ne saurait être définie que par les vœux de la minorité et les éditoriaux de L’Express. Ce qui est pe
671 population d’un pays, ou l’élément « populaire » par contraste avec les « élites » sociales, ou encore « les masses » par
672 aura toujours raison, et qui ne peut être défini par une trompeuse majorité71. Car le vrai Peuple vote à gauche de Guy Mol
673 ecteurs communistes, soutenus dans le cas présent par quelques radicaux et quelques groupes d’intellectuels bourgeois. Comm
674 lle du vrai Peuple, ne saurait être gouvernée que par une élite éclairée, sachant mieux que la grande masse amorphe ce que
675 sion sémantique. On appelle démocratie populaire, par un apparent pléonasme (puisque demos égale populus), tout régime impo
676 populus), tout régime imposé à la nation entière par une infime minorité, pourvu qu’elle ait pris soin de se nommer le « v
677 biscite (du latin plebs, populace ou prolétariat, par contraste avec populus, le peuple entier) quand une majorité trop for
678 nombre, le plébiscite est généralement considéré par les Français comme antidémocratique. On appelle démocratie formelle (
679 un régime où les droits politiques sont garantis par le libre jeu des partis et de l’opposition ; et démocratie réelle (ou
680 n que la vraie démocratie n’est pas le régime élu par la majorité, mais au contraire celui que préconise une minorité éclai
681 mes ? L’un serait une dictature librement choisie par la majorité, l’autre une dictature imposée par la minorité au nom de
682 ie par la majorité, l’autre une dictature imposée par la minorité au nom de la liberté. Tous les deux pourraient se dire dé
683 la discussion des mythes hérités du xixe siècle par celle des structures politiques réclamées par le xxe siècle : centra
684 cle par celle des structures politiques réclamées par le xxe siècle : centralisme uniforme ou fédéralisme, cadre national
685 is ce serait plus clair et moins bête. Simplifiez par « démocratie » les polémiques contemporaines, vous verrez comme tout
686 l, qu’un certain nombre de personnes, maltraitées par la vie, aient besoin de croire en Dieu et surtout en Son Incarnation.
687 st impensable. J’entends qu’elle serait condamnée par la Vérité même que le chef veut servir. Les crimes d’Hitler et de Sta
688 de Staline étaient légitimés, bien au contraire, par la doctrine que proclamaient ces hommes, et que beaucoup de ceux qui
689 atholique, ont été renversées dans toute l’Europe par un anticléricalisme intransigeant. En revanche, les pays protestants,
690 vé des monarchies incontestées, fort bien admises par leurs fréquentes majorités de gauche. Anglicane et presbytérienne en
44 1959, Preuves, articles (1951–1968). Nouvelles métamorphoses de Tristan (février 1959)
691 ition rend compte de la plupart des vrais romans, par quoi j’entends non point les meilleures œuvres qu’on est convenu de r
692 rient selon les sociétés (qu’on a pu caractériser par leurs tabous : ainsi, la bourgeoisie du xixe s’interdisant de parler
693 rgent et du sexe, d’où le choc révélateur produit par Marx et Freud), la passion qui est toujours antisociale reçoit cepend
694 t cependant de la société même — et d’elle seule, par un assez beau paradoxe — ses objets, différents selon l’état des mœur
695 même, encore qu’il soit le plus souvent symbolisé par une dramatis persona, pour les besoins de la narration et de la rhéto
696 rique et en Russie ; société travaillée et formée par une polémique millénaire entre le sacré, créateur des tabous, et le p
697 igieuses, névrotiques ou sentimentales, et soumis par l’intermédiaire d’analyses toujours plus indiscrètes aux règles de l’
698 passionné, tel qu’il fut inventé au xiie siècle par les troubadours du Languedoc et romancé par les Bretons. C’était fair
699 iècle par les troubadours du Languedoc et romancé par les Bretons. C’était faire trop d’honneur aux seuls tabous moraux de
700 ristan nous sont données vers ce milieu du siècle par l’Europe, l’Amérique et la Russie. De chacune d’elles on a pu dire, n
701 uteurs mêmes auraient pu l’établir, en se plaçant par hypothèse sous l’angle de vision que je propose :   Vladimir Nabokov
702 aturité perverse me fascine. Le scandaleux héros ( par antiphrase) de mon roman (éduqué en Europe, j’y insiste) n’épouse l’a
703 personne, dans le même temps qu’il se voit rejeté par le milieu social, ses lois et ses coutumes. Abandonné par sa nymphet,
704 ilieu social, ses lois et ses coutumes. Abandonné par sa nymphet, il commet un crime de dément et meurt ivre d’amour, dans
705 ssemble comme un frère, reporte sa passion, déçue par la réalité, sur sa propre sœur, c’est-à-dire sur le seul prochain qu’
706 dans sa patrie. Mais ce prochain est « interdit » par la morale. Aimant sa sœur, Ulrich veut toucher l’interdit et posséder
707 me, ces Tristan séparés d’une Iseut « interdite » par un roi Marc, qui est la Morale commune, la Société ou le Régime — ces
708 ociale par définition, donc liée au milieu social par un litige permanent hors duquel elle n’existerait point, et dont ce m
709 x trois romans de l’analyse mythologique proposée par L’Amour et l’Occident . II. « Lolita » ou le scandale « Entre
710 mère. Cette malheureuse mourra bientôt, renversée par une auto. H. H. emmène Lolita dans un hôtel à l’enseigne des Chasseur
711 longue fuite du beau-père et de la fille, traqués par leur secrète culpabilité, d’un bout à l’autre des États-Unis73. Jusqu
712 nis73. Jusqu’au jour où Lolita s’échappe, séduite par un autre homme d’âge mûr qu’Humbert tuera. À 17 ans, mariée depuis pe
713 américain, soit, d’une manière plus convaincante, par la cynique désinvolture du style des mémoires de Humbert Humbert. Si
714 rait mutuel, au lieu de s’apaiser ou de s’épuiser par la satisfaction des sens, se métamorphose en passion. C’est d’abord e
715 que l’habitude et l’illusion anachronique, aidées par la version moderne de Bédier, nous font prendre trop facilement pour
716 lles est née de l’amour des « nymphets », refoulé par la conscience pure du clergyman, mais avoué par certains de ses poème
717 é par la conscience pure du clergyman, mais avoué par certains de ses poèmes et trahi par les plaisanteries souvent féroces
718 n, mais avoué par certains de ses poèmes et trahi par les plaisanteries souvent féroces de ses lettres à des petites filles
719 stent deux tabous sexuels, curieusement respectés par nos mœurs en transition rapide du sacré primitif vers une hygiène sci
720 r la femme-enfant, rendue doublement inaccessible par la différence d’âge et par l’idée de la mort. C’est ainsi que la « ny
721 oublement inaccessible par la différence d’âge et par l’idée de la mort. C’est ainsi que la « nymphet » peut devenir le sup
722 L’épisode du philtre est présent, mais ridiculisé par son échec : il ne s’agit que d’un somnifère que H. H. fait prendre pa
723 s’agit que d’un somnifère que H. H. fait prendre par ruse à Lolita, et qui se révèle d’ailleurs trop faible, le médecin qu
724 ette ou ayant trompé son client. (Inversion point par point, et que l’on peut croire délibérée, du récit de l’erreur « fata
725 istan, l’on sent que l’auteur n’est pas intéressé par le côté sexuel de son histoire, mais uniquement par la magie de l’Éro
726 r le côté sexuel de son histoire, mais uniquement par la magie de l’Éros, et il le dit75. Comme dans Tristan, « les amants
727 et sauvage de son aîné. De là l’échec du Mythe et par compensation le ton « férocement facétieux » du roman, son réalisme i
728 es, sauvées (de justesse parfois) de la vulgarité par une étourdissante virtuosité verbale. Si Lolita avait aimé le narrate
729 livre, après tout, n’est-il vraiment vicieux que par ce cercle. III. Robert Musil et le « règne millénaire » Ingénie
730 e sans fin sous le seul angle de l’amour-passion. Par bonheur, il se trouve que Musil a décrit cette disposition para-mysti
731 la comparaison de deux œuvres à ce point inégales par le climat et l’ambition. Ulrich von X. converse avec sa sœur Agathe,
732 ubriand à d’Annunzio et à Thomas Mann, en passant par le romantisme allemand, français et anglais, on sait assez la fortune
733 prise de conscience, puis du choix de cet amour, par deux êtres en tous points normaux, supérieurement intelligents, intég
734 ie sociale d’une capitale européenne mais irrités par son insignifiance, remplit la seconde partie de ce vaste roman. La ré
735 ns, l’humour impitoyable des réflexions échangées par le frère et la sœur, la qualité de leurs exigences morales et de leur
736 l’ennui qu’il s’agit de bannir de leurs rapports par toute espèce de variantes physiques ou psychiques. Mais le besoin de
737 ucidité toute goethéenne, voire un peu didactique par endroit : Dire : je t’aime, c’est faire une confusion. On croit aime
738 qu’on aime réellement c’est la personne provoquée par la passion, cette idole barbare, qui n’est pas la même ! — À t’entend
739 possible, reconnaît Ulrich. Un amour peut naître par défi, il ne peut être fait de défi. Il faut qu’il soit inséré dans un
740 rait aussi manifester la rédemption de la passion par l’amour vrai, est décrite au somptueux chapitre intitulé Souffles d’u
741 ère plus prochain, une autre rédemption de l’éros par l’Agapè ? L’interdit fascinant de l’amour sororal n’aurait-il pas été
742 vont aux romans écrits à la première personne et par une femme, décrivant des situations quotidiennes et des sentiments no
743 temps paraissaient à New York deux romans écrits par des étrangers, Russes au surplus ; l’un décrivant des situations révo
744 sse comme si cet homme était retenu dans son pays par une passion secrète et sans doute interdite ; comme s’il préférait to
745 Liaison clandestine. Ils sont de nouveau séparés par les péripéties de la guerre civile. Finalement, le hasard les réunit
746 erdue au fond des bois où Jivago se cache, traqué par la nouvelle police d’un régime qu’il a pourtant servi. On leur offre
747 r de Russie : Jivago refuse. Lara lui est enlevée par un puissant politicien qui l’avait séduite quand elle était encore « 
748 îtresse clandestine, interdite, enlevée à Tristan par l’homme qui symbolise le Pouvoir régnant, — la fuite dans la forêt, l
749 ait la forêt lorsque le soir elle est transpercée par le feu du couchant », et les scènes décisives de ce roman de poète so
750 ives de ce roman de poète sont toujours éclairées par le même soleil rouge sortant au bas des nuages et rasant la forêt de
751 a, c’est tout cela. Puisqu’on ne peut communiquer par la parole avec ces forces cachées, Lara est leur représentante, leur
752 que vous m’annoncez m’abasourdit. Je suis écrasé par une souffrance qui m’enlève la capacité de juger… La seule chose que
753 e contre le social en soi, et non point provoquée par la nature particulière du régime politique au pouvoir. Ainsi Tristan,
754 t idéal avant de l’identifier à quelque être réel par une erreur essentiellement inévitable, qu’on attribue donc au Destin.
755 t en sachant que l’on ne peut y vivre, est décrit par eux tous comme indicible. Tantôt, il plonge ceux qui le subissent dan
756 ur, traités mystiques — et procédant généralement par antithèses et paradoxes. Car on n’aura jamais assez de mots et de mét
757 n récit. Lié plus que tout autre à la littérature par une complicité d’origine et d’essence, l’amour-passion, nous l’avons
758 e l’Occident ne sont plus défendus sans scrupules par les élites des deux partis. Je ne vois guère d’autres interdits vraim
759 a Science et l’Hygiène pourraient faire prononcer par l’État. La passion qui voudrait les violer ne serait plus condamnée,
760 ira Wagner. 75. « Je ne suis nullement intéressé par ce qu’on appelle “sex” (en Amérique). N’importe qui peut imaginer ces
761 ry définissait le génie. La traduction française, par Philippe Jaccottet (4 volumes, Éditions du Seuil), s’intitule : L’Hom
45 1959, Preuves, articles (1951–1968). Sur une phrase du « Bloc-notes » (mars 1959)
762 riac, comment vous expliquer qu’il y a dix fautes par mot dans cette page malheureuse ? Erreur sur l’Allemagne, erreur sur
763 les exécutions qui ont suivi la prise du pouvoir par Fidel Castro. Je lis dans l’un d’entre eux le récit des dernières heu
764 rnières heures d’un partisan de Batista, condamné par un tribunal siégeant en plein air et de nuit. La scène est éclairée p
765 nt en plein air et de nuit. La scène est éclairée par des phares de camions. Des milliers de spectateurs hurlent le verdict
766 lairière où se tiennent les prisonniers, aveuglés par les flashes, rôdent les chasseurs d’images, genoux pliés. Jungle mode
767 rofondeur ; 70 condamnés, préalablement confessés par 6 prêtres, sont conduits deux par deux devant la fosse et fusillés. I
768 ement confessés par 6 prêtres, sont conduits deux par deux devant la fosse et fusillés. Ici je cite : « Le lieutenant de po
769  » Le résultat n’est pas mauvais, si l’on en juge par les photos extraites du film et que le magazine donne en regard du te
770 e la mort. Ce qui devait rester sacré est profané par cette mise en scène, ce qui devait rester profane est sacralisé par l
771 scène, ce qui devait rester profane est sacralisé par l’horreur. Tout est faux, insondablement faux, perd son sens et tourn
772 ement faux, perd son sens et tourne au cauchemar, par la coïncidence absurde de deux « sens » qui se détruisent en se touch
46 1959, Preuves, articles (1951–1968). Rudolf Kassner et la grandeur (juin 1959)
773 Rilke et avec Hofmannsthal, il procède à la fois, par un étrange paradoxe, de la dialectique kierkegaardienne comme son cad
774 stes nets et maîtrisés, puis de la briser soudain par une cascade d’ellipses saisissantes qui laissaient le lecteur pantois
775 ncore exclure avec cette parfaite assurance, mais par manie, au nom d’une mode. Ici, tout au contraire, la force simplifica
776 ance, drame et tension, ne sont guère définis que par leurs rapports mutuels et tirent de cette interdépendance leur valeur
777 même, il vise à la plénitude élémentaire, définie par la loi, par son astre. L’homme chrétien au contraire, l’homme qui doi
778 e à la plénitude élémentaire, définie par la loi, par son astre. L’homme chrétien au contraire, l’homme qui doit être surpa
779 s’il ne retrouve pas de loi interne et de tension par le péché, il n’est plus qu’un être sans destinée, un Indiscret. « Sa
780 que manifestation de son essence intime ressemble par quelque côté à un outrage, voire à une impudeur. » À l’opposition du
781 que et du moderne, Kassner répondrait aujourd’hui par l’opposition de la grandeur mesurée et de l’indiscrétion journalistiq
782 dans nos catégories psychologiques. Il prend tout par des biais qui nous sont peu familiers. Et puis enfin, voilà une philo
783 qu’en elles-mêmes, et comme à l’état sauvage, non par une explication qui les réduise et qui les domestique. Une pensée neu
784 ière impression. Je la vois aujourd’hui confirmée par un commerce rarement interrompu avec une œuvre dont la difficulté, pr
785 Kassner gravite autour de ce mystère, l’approche par le moyen de paraboles, de questions, de comparaisons. De quels autres
786 s « dramatiques » de l’incarnation de la Parole : par leurs images plutôt que leurs concepts ; sans conclusion. Mais l’angl
787 ver en moi cette persistance du premier choc reçu par mon adolescence prolongée. Transposant vingt-cinq ans en arrière une
788 amais oublier le risque du coup de bâton appliqué par le maître au disciple, si ce dernier propose une réponse erronée. (Ai
789 érienne ; et les sept essais successifs consacrés par Kassner à Rilke, de 1926, au lendemain de la mort du poète, jusqu’au
790 qui tranche et institue le drame, le monde ouvert par la tragédie grecque, par l’Évangile, monde du Dieu-Homme et du parado
791 e drame, le monde ouvert par la tragédie grecque, par l’Évangile, monde du Dieu-Homme et du paradoxe, du sacrifice et du Re
792 « Le chemin de l’intériorité à la grandeur passe par le sacrifice », phrase dont Rilke lui avait dit dans une lettre qu’il
793 à partir du Mythe, mais à partir de la Personne, par désespoir »86. Suit une digression sur la Duse, et subitement, Kassne
794 er, appartient à l’Asie, et n’eût été compris que par peu de Grecs, par les éléates, et par aucun Romain. Il y aurait beauc
795 ’Asie, et n’eût été compris que par peu de Grecs, par les éléates, et par aucun Romain. Il y aurait beaucoup à dire là-dess
796 compris que par peu de Grecs, par les éléates, et par aucun Romain. Il y aurait beaucoup à dire là-dessus : sur la flèche d
797 u zen, en fait, dans tous mes écrits, à commencer par cette « Morale de la musique » qui aujourd’hui, à cause de cela, remo
798 du Tout et du Rien, maintenus ensemble et assumés par la seule force de l’Imagination. Et il poursuit : Le zen nie le Dieu
799 ? Aura vaincu l’orgueil puéril Qu’enfin, submergé par son gain Celui qui s’est approché des lointains Sera ce que son vol
800 n, conclut Kassner, ou solution d’un problème zen par le poète, par la langue, la langue vivante des images, non des concep
801 sner, ou solution d’un problème zen par le poète, par la langue, la langue vivante des images, non des concepts. » C’est ai
802 ges, non des concepts. » C’est ainsi, finalement, par le détour du zen, que le Kassner des derniers temps de sa vie a pu re
803 e sa vie a pu relier son monde et celui de Rilke. Par un suprême dépassement des concepts, au nom du Sens qui est le But à
804 Kassner avait sans doute pris connaissance du zen par le précieux petit livre d’Herrigel sur L’Art chevaleresque du tir à l
805 r le vin a donc pu lui rappeler ce précepte donné par un maître à un peintre : « Observe le bambou pendant dix ans, deviens
806 t sans art, à la fois ainsi Maître et non-Maître. Par ce revirement, en tant que mouvement immobile, danse sans danse, le t
807 en reviens donc à l’homme que j’essaie de décrire par le biais d’une vision particulière que j’eus de lui, et dans laquelle
808 œuvre difficile et mal connue (surtout en France) par l’un de ses aspects les plus particuliers, j’entends par sa relation
809 n de ses aspects les plus particuliers, j’entends par sa relation récemment entrevue avec ce qui semblait le plus éloigné d
810 e viens de lire des propos de Kassner (recueillis par M. Kensik, Neue Zürcher Zeitung, 11 septembre 1958) sur sa propre man
811 ligeait à marcher sur ses cannes plusieurs heures par jour : « Depuis le temps de mon semestre à Berlin, en 1895, pendant p
812 t plus d’un demi-siècle, j’ai marché trois heures par jour ou parfois plus… Si l’on calculait cela en kilomètres, on obtien
813 llèle est déjà indiqué dans les Propos recueillis par Kensik (Gedenkbuch, 1954) où je lis à propos de Kierkegaard, de son p
814 solument insuffisant de traduire Einbildungskraft par imagination : chez Kassner, il s’agit d’une force, de la vraie force
815 n qu’à partir de 1954 ! 90. Traduction française par Geneviève Bianquis dans Évocations et paraboles, Plon, Paris, 1956.
47 1959, Preuves, articles (1951–1968). Sur un chassé-croisé d’idéaux et de faits (novembre 1959)
816 st fait tsar poursuivent la même politique russe, par des moyens qu’il est facile de comparer. Chez l’un et l’autre, et mal
817 etrouve la même conviction que la Russie fécondée par le génie occidental dominera fatalement l’Occident et le monde : « Tr
818 elle » — pour reprendre les termes mêmes utilisés par le « chef du communisme mondial » dans son fameux article de Foreign
819 s alors, comment expliquer qu’un système condamné par l’Histoire ait permis de tels résultats que l’Union soviétique, qui e
820 chie et anxieuse — je le crois fidèlement exprimé par ces lignes d’un éditorial de Walter Lippmann : La faiblesse la plus
821 s et polaires peuvent se ramener à deux égalités, par une sorte de court-circuit ; que l’Idéal et l’Idéologie jouent égalem
48 1960, Preuves, articles (1951–1968). Sur la détente et les intellectuels (mars 1960)
822 iste, et une telle demande ne peut être faite que par ceux qui n’ont rien compris au processus historique. » Au reste, on n
823 é tous mes livres sous Vichy », et j’étais « payé par les Américains », comme Sartre et Camus, d’ailleurs. Quelques années
824 ommunistes », c’est-à-dire définis comme tels non par nous mais par leur manie systématique, c’était précisément parce qu’à
825 c’est-à-dire définis comme tels non par nous mais par leur manie systématique, c’était précisément parce qu’à nos yeux, la
826 revendiquer. Le rôle de l’écrivain est de montrer par son œuvre que l’organisation ne constitue pas la totalité. Le rôle de
827 mp russe : cette phrase de l’article de K. publié par Foreign Affairs, distinguant par décret (anathème à l’appui) la compé
828 cle de K. publié par Foreign Affairs, distinguant par décret (anathème à l’appui) la compétition pacifique et la lutte idéo
829 nt la condamnait. Elle l’adopte aujourd’hui, mais par opportunisme, et feint de croire que nous la refusons. Elle nous repr
830 n à la Salle Gaveau pendant une réunion organisée par le Congrès pour la liberté de la culture en 1953. bb. Rougemont Den
49 1960, Preuves, articles (1951–1968). Les incidences du progrès sur les libertés (août 1960)
831 la conception de la culture que je vois pratiquée par ce Congrès. Le pire danger, c’est donc l’absence de sens ; le sentime
832 art des conférences et groupes d’études organisés par le Congrès portent précisément ce titre général : Tradition and Chang
833 l’âme vitale que l’Afrique a le mieux préservées ( par le chant, par la danse, le rythme, l’émotion) ; — celles de l’esprit
834 ue l’Afrique a le mieux préservées (par le chant, par la danse, le rythme, l’émotion) ; — celles de l’esprit enfin, apanage
835 a politique doit rester pour nous un moyen dominé par des fins humaines, ces fins que l’esprit seul peut entrevoir, imagine
836 t tant d’action que de méditation. Ce n’est point par des statistiques, portant sur les résultats d’un régime ou d’une inst
837 sure en fin de compte le degré de liberté atteint par l’homme dans telle ou telle société. Mais c’est par la nature et par
838 r l’homme dans telle ou telle société. Mais c’est par la nature et par la qualité des chances ménagées à chacun de courir s
839 lle ou telle société. Mais c’est par la nature et par la qualité des chances ménagées à chacun de courir sa propre aventure
50 1961, Preuves, articles (1951–1968). Dialectique des mythes : Le carrefour fabuleux (I) (avril 1961)
840 ymes évoquent le vol d’un sombre papillon fasciné par la flamme de Don Juan. Nietzsche a vécu plus seul encore, et guère mo
841 totale de la passion ne peut être que musicale. «  Par la musique, les passions jouissent d’elles-mêmes. »94 L’un par Mozart
842 e, les passions jouissent d’elles-mêmes. »94 L’un par Mozart et l’autre par Wagner accède au cœur du mythe qu’il n’a pu que
843 ent d’elles-mêmes. »94 L’un par Mozart et l’autre par Wagner accède au cœur du mythe qu’il n’a pu que rêver, que sa personn
844 e allée de lumière frayée dans les hautes futaies par les rayons obliques de l’après-midi, tantôt cette allée assombrie, et
845 aimer, « quoique d’un amour malheureux ». Reliée par ces derniers mots à la vie trop réelle du Solitaire, la fascination d
846 lle. La vie réelle de Kierkegaard s’est qualifiée par son refus du mythe de Don Juan, tentation permanente et toujours refo
847 lité : elle réinvente la structure du drame comme par une création de logique intrépide. Elle nous impose, par la vertu d’u
848 création de logique intrépide. Elle nous impose, par la vertu d’une cohérence inoubliable, une interprétation triple et un
849 tisme, « synthèse psycho-sensible » et déterminée par l’esprit, exige désormais un langage capable de traduire sa spontanéi
850 ens de l’ouïe plus que tout autre est « déterminé par l’esprit ». La musique, au surplus, est, après la parole, le médium l
851 plastique, peinte ou sculptée. L’érotisme, exclu par l’esprit, trouvera donc son « médium absolu » non pas dans la parole
852 suel est trop lourd et trop dense pour être porté par la parole ; seule la musique peut l’exprimer ». Si Don Juan représent
853 génialité irrésistible et démoniaque, « déterminé par l’esprit comme étant ce que l’esprit exclut », l’expression de Don Ju
854 ’on ose dire, l’absolu nihilisme moral. Il séduit par la seule énergie du désir. Je ne l’imagine pas du tout comme quelqu’
855 n’en ayant eu raison. Cette description du mythe par Kierkegaard n’est pas seulement inspirée de Mozart : elle a pour but
856 génération ; tandis que le Don Juan de Mozart, «  par le caractère abstrait de l’idée, vivra éternellement et dans tous les
857 personnages, qui ne sont que passions déterminées par Don Juan, sont dans cette mesure même musicaux. « On peut arriver pen
858 la circonscrit ». Comme le temps est circonscrit par l’éternité. Kierkegaard et Tristan Kierkegaard fut pourtant le
859 st la passion unique, totale, et malheureuse ; et par ce malheur même, salvatrice. L’amour humain repose sur un instinct q
860 on par excellence, qui rend l’existence concrète. Par elle, la vie dans le mariage devient « la plénitude du temps » — ce t
861 able. Mais cela reste théorique. On le comprendra par le détour de la théologie de Kierkegaard. Dans ses ouvrages religieux
862 alisante, en quoi consiste à ses yeux le mariage. Par amour pour Régine, il doit donc s’éloigner, bien qu’il ne cesse de s’
863 onne de Kierkegaard est ce système qui se définit par la mise en tension et l’interdépendance de trois réalités hétérogènes
864 beaucoup des saints — mais pas un ne fut un génie par la jeune fille qu’il posséda, car par elle il ne devint que conseille
865 ut un génie par la jeune fille qu’il posséda, car par elle il ne devint que conseiller d’État ; pas un ne fut un héros par
866 nt que conseiller d’État ; pas un ne fut un héros par la jeune fille qu’il posséda, car par elle il ne devint que général ;
867 ut un héros par la jeune fille qu’il posséda, car par elle il ne devint que général ; pas un ne fut poète par la jeune fill
868 le il ne devint que général ; pas un ne fut poète par la jeune fille qu’il posséda, car par elle il ne devint que père ; et
869 e fut poète par la jeune fille qu’il posséda, car par elle il ne devint que père ; et pas un ne fut un saint par la jeune f
870 il ne devint que père ; et pas un ne fut un saint par la jeune fille qu’il posséda, car il n’en posséda aucune, et ne voulu
871 ’a pu l’aimer que de loin, dans la perte, choisie par lui, de toute présence autre que nostalgique. (Et déjà, durant les fi
872 e dernier appel qu’il ait tenté de lui adresser — par l’intermédiaire du mari ! — ne l’a pas atteinte. Une dernière fois, i
873 cette forme d’amour nostalgique et de possession par la perte transparaisse également dans la dialectique existentielle et
874 st d’aimer tous les hommes, sans distinction, non par sympathie élective toujours égoïste et « charnelle », mais dans l’éga
875 kegaardienne par excellence désigne l’homme isolé par l’esprit, — isolé de la foule, « qui est mensonge ». Et l’objet, le p
876 te qui à tout le monde, mais d’un seul, distingué par l’esprit, à chacun de ceux, quels qu’ils soient, également existants
877 de ceux, quels qu’ils soient, également existants par l’esprit. Mais ici, comment ne pas rappeler que la première mention d
878 à le prochain par excellence, et — nous le savons par le Journal — c’était Régine ! Plus tard, le concept d’individu s’univ
879 ituel, distingué dans la foule anonyme, séquestré par sa vocation, mais en même temps relié par elle à la communauté nouvel
880 questré par sa vocation, mais en même temps relié par elle à la communauté nouvelle des esprits — et c’est lui que j’appell
881 le et foisonnante, et n’ont forcé qu’in extremis, par le scandale, l’attention de quelques-uns de leurs contemporains. Ce d
882 l’amour à vie peut être considéré comme la règle. Par cette ténacité d’une noble croyance, maintenue malgré des réfutations
883 s combien plus précisément kierkegaardienne, tant par l’esprit que par le ton, et par l’évocation de Socrate — cette attaqu
884 écisément kierkegaardienne, tant par l’esprit que par le ton, et par l’évocation de Socrate — cette attaque frontale : Le
885 egaardienne, tant par l’esprit que par le ton, et par l’évocation de Socrate — cette attaque frontale : Le philosophe a ho
886 on, le malicieux Socrate, s’est semble-t-il marié par ironie, précisément pour démontrer la vérité de cette thèse.110 « M
887 d : Toutes les grandes choses qui ont été faites par l’humanité antique tiraient leur force du fait que l’homme se trouvai
888 on.111 Kierkegaard au contraire pense que c’est par la femme aimée de passion que l’homme s’élève, à condition cependant
889 planter la règle dans l’instinct, créer le dégoût par la satiété, associer à l’instinct une idée martyrisante ou de honte,
890 ue dans l’œuvre et dans la vie de Nietzsche.   «  Par la musique, les passions jouissent d’elles-mêmes ». Il est curieux de
891 comme Kierkegaard, commence sa carrière d’auteur par un ouvrage sur la musique, la tragédie lyrique et le mythe : c’est L’
892 ssantes à l’atteindre. Et c’est tout spécialement par l’effet de la musique que le spectateur de la Tragédie est envahi de
893 « mon noble compagnon d’armes » mais « l’asphyxie par le rabâchage de toutes les absurdités morales et religieuses ». Loin
894 x dans la connaissance, comme l’ivrogne qui finit par boire de l’absinthe et de l’eau-forte. C’est pourquoi il finit par dé
895 sinthe et de l’eau-forte. C’est pourquoi il finit par désirer l’enfer, — c’est la dernière connaissance qui le séduit. Peut
896 n veut-il aller plus outre dans son sens, emporté par sa frénésie de découvertes et de négations triomphantes ? La dernière
897 arathoustra se produit le coup de théâtre préparé par ces quelques accords dissonants, dont la sourde interrogation n’a pu
898 ême. »   Le « cas Nietzsche » n’a pas été tranché par la folie. Et personne n’en a mieux formulé les données que Nietzsche
899 e Homo, Nietzsche commente : Ce livre se termine par un « Ou bien ? » — c’est le seul livre au monde qui finisse par : « O
900 en ? » — c’est le seul livre au monde qui finisse par  : « Ou bien ? — » Il ignorait sans doute que trente-huit ans plus tô
901 es Noces de Figaro, Don Juan, La Flûte enchantée) par F. A. Breydert, je ne trouve rien qui ne confirme les analyses de Kie
51 1961, Preuves, articles (1951–1968). Dialectique des mythes : Le carrefour fabuleux (II) (mai 1961)
902 béré du jeu des règles, des péchés et des vertus, par la grâce d’une vertu qui transcende le monde de la Loi. Enfin tout se
903 end la main, au dernier acte de Mozart, rachetant par cet ultime défi des lâchetés qui eussent déshonoré un véritable cheva
904 es depuis des siècles, sont subitement réactivées par sa qualité d’Étranger. À la question d’une femme qu’il veut séduire :
905 assion n’est ressenti dans sa pureté animique que par la prime adolescence. Il est alors sentiment pur, douleur-joie pure,
906 iment, dans son essor vers le mariage, est arrêté par des obstacles insurmontables, qui sont généralement de nature sociale
907 — ou bien il renonce et les hait. Bientôt aimanté par le sexe, il y prend une nouvelle énergie, ou des raisons nouvelles de
908 r avoir manqué le social et surcompensé cet échec par la passion ; tandis que Don Juan serait un Tristan manqué, pour avoir
909 : rien de plus naturel que les serments prodigués par les amoureux. Le bonheur spontané veut la durée. Mais de la durée naî
910 hera le drame et l’autre la surprise. Que ce soit par dépit devant leur impuissance à intégrer l’amour dans l’existence nor
911 e à intégrer l’amour dans l’existence normale, ou par goût de l’excès en soi, l’un prétendra transcender la durée, l’autre
912 Le bonheur. — Moments de grand plaisir multipliés par les aventures sans lendemain, couples heureux dans la durée de leur a
913 iquer le virus disparu — jusqu’à ce qu’elle meure par éclatement, infectant les cellules voisines. Ainsi se propage la cont
914  cellule sociale » : son bonheur sera conditionné par la présence des deux tendances antagonistes, et sa durée sera le prod
915 dans une vie. (Je songe par exemple au choc reçu par Nietzsche à l’annonce de la mort de Wagner : le motif de Tristan repa
916 vie » politique. Le totalitarisme est caractérisé par sa prétention unitaire et son refus de composer avec aucune espèce d’
917 o. Viva la libertà éclate à douze reprises, clamé par des voix différentes, alternées ou couplées, jusqu’au tutti final dan
918 guère que revendications déterminées dans l’homme par son « emploi » social ou son éthique utilitaire. N’y a-t-il donc pas
919 humeur donjuanesque —, ils obtinrent, je ne sais par quelle voie, quelques indications sur le fameux symbole, le principe
920 près eux. Cette connaissance ne peut être obtenue par un défi à la morale courante, ni même par une révolte contre la Loi,
921 obtenue par un défi à la morale courante, ni même par une révolte contre la Loi, à laquelle tous les vrais spirituels sont
922 et l’illumination bouddhiste, ou lentement acquis par le yoga. Atteindre à la vraie liberté suppose donc une libération. L
923 exil. Il l’a ramenée au Mari légitime, représenté par la Légalité de l’État, après l’avoir délivrée de haute lutte en terra
924 tler.) Puis il a dû s’éloigner de nouveau, écœuré par l’intrigue des barons félons. Certes, il est revenu à son appel. Mais
52 1961, Preuves, articles (1951–1968). Pour Berlin (septembre 1961)
925 été en guerre avec les Russes et qui n’existe que par eux. Les motifs politiques qui animent M. Khrouchtchev doivent être à
926 de la Déclaration des droits de l’homme proclamée par les Nations unies, dont l’URSS est membre : « Toute personne a le dro
927 camps, la fin de l’angoisse planétaire provoquée par la crise présente. Mais s’il risque la guerre pour que Pankow maintie
53 1963, Preuves, articles (1951–1968). Le mur de Berlin vu par Esprit (février 1963)
928 Le mur de Berlin vu par Esprit (février 1963)bg On ne sait pas toujours qui sont ceux que
929 ai que ce mur, aujourd’hui, « est gardé d’un côté par des sentinelles est-allemandes armées et casquées, il l’est avec non
930 et casquées, il l’est avec non moins de vigilance par la bonne conscience de toute une société qui chérissait ce mur avant
931 il fallait retenir toute une jeunesse impatientée par « une propagande officielle monotone et stupide », celle d’Ulbricht,
932 is fecit cui prodest n’était trop souvent démenti par la sottise de ceux qui croient servir une cause. Dans Le Figaro litté
933 bg. Rougemont Denis de, « Le mur de Berlin vu par Esprit  », Preuves, Paris, février 1963, p. 92-93.
54 1963, Preuves, articles (1951–1968). Une journée des dupes et un nouveau départ (mars 1963)
934 contre ses propres fondateurs, longtemps raillés par son parti, et à plus d’une reprise par lui-même… Qui a perdu, qui a g
935 ps raillés par son parti, et à plus d’une reprise par lui-même… Qui a perdu, qui a gagné dans cette affaire ? Question oise
936 estion oiseuse ainsi posée en termes de personnes par toute la presse, et par cette opinion publique qui n’est rien d’autre
937 ée en termes de personnes par toute la presse, et par cette opinion publique qui n’est rien d’autre que ce qu’en dit la pre
938 neutres, ces trois groupes se trouvant renforcés par l’opposition des gaullistes à la supranationalité. La première de ces
939 fessionnels de l’improvisation. Le Marché commun, par lui-même, ne conduit pas nécessairement à une Europe fédérée. La logi
940 e du 29 janvier, c’est à cause de l’enquête menée par Encounter auprès des intellectuels anglais. Leur élan vers l’Europe v
55 1964, Preuves, articles (1951–1968). Un district fédéral pour l’Europe (août 1964)
941 ion de genre humain — ignorée ou niée en Orient — par saint Paul et les Pères de l’Église ; et la notion de droit des gens
942 ères de l’Église ; et la notion de droit des gens par Vitoria, Suárez, Grotius, Vattel et Kant. Et c’est elle qui a fourni
943 dite des patries, expression d’ailleurs corrigée par de Gaulle lui-même) consisterait en un système de pactes politiques e
944 d qu’elle produise les anticorps de ce virus qui, par deux fois, a bien failli causer sa fin. Au surplus, ce qui demeure pr
945 e l’Europe, voilà qui ne saurait être réalisé que par l’union de type fédéraliste. L’exemple de la Suisse des cantons appar
946 rien ne prouve que les moyens modernes, manipulés par le Kremlin ou par la Maison-Blanche et le Pentagone, n’arriveraient p
947 les moyens modernes, manipulés par le Kremlin ou par la Maison-Blanche et le Pentagone, n’arriveraient pas à imposer cette
948 e les diversités réelles ne peuvent être nivelées par décrets, on cherche en vain quelle solution a la moindre chance de su
949 du xive au xvie siècle dans le Saint-Empire et par lui, ayant reçu ses premières libertés pour assurer la grand-garde du
950 nt, s’absolutisent, et prouvent leur souveraineté par de glorieux massacres, qui sont le principal de l’histoire qu’elles e
951 l appelle de ses vœux ne serait nullement unifiée par un despote ou par une idéologie : elle devrait être une Europe des ci
952 œux ne serait nullement unifiée par un despote ou par une idéologie : elle devrait être une Europe des cités, formée de trè
953 où elle ouvre des perspectives européennes, soit par son action personnelle à Coppet, où les meilleurs esprits de nos dive
954 s de nos diverses nations se lient d’amitié, soit par des livres comme De l’Allemagne, qui rétablissent la circulation inte
955 ans gloire138. » Pratiquement ignoré de nos jours par les fédéralistes européens, le projet très précis du juriste zurichoi
956 . La première chaire européenne est créée en 1957 par l’Université de Lausanne. Une nouvelle conférence européenne de la cu
957 squ’elle devenait réalité, mais elle nous prenait par surprise, et chaque démarche de nos gouvernants pour rejoindre l’hist
958 otre entrée à l’OECE fut accueillie avec méfiance par la presse moyenne de la Suisse allemande : elle relevait en effet des
959 conde objection que je citais : « Si cela se fait par impossible, ce sera néfaste pour la Suisse » ? Quatre groupes d’argum
960 isse » ? Quatre groupes d’arguments sont invoqués par les partisans de l’abstention. Je vais les résumer et y répondre. Ar
961 e de notre indépendance ; elle n’est pas affirmée par la Constitution ; « elle ne fait pas partie de l’essence de la Conféd
962 Marché commun, elle ne saurait justifier ce refus par des motifs juridiques et des prétextes tirés de la « démocratie direc
963 rés de la « démocratie directe », mais uniquement par des motifs politiques, qu’elle reste libre d’avancer142. Arguments é
964 nt pas avec le reste du monde (sans cesse invoqué par les abstentionnistes) qu’elle commerce le plus, mais avec les Six. Le
965 les caractéristiques nationales et les remplacer par un sentiment européen », ainsi que le déclarait le 3 mai 1962 M. Homb
966 e ce pays ont changé avec les époques, et surtout par l’effet de la technique, laquelle n’a pas été créée par le mouvement
967 effet de la technique, laquelle n’a pas été créée par le mouvement d’union européenne. De nos jours encore, à l’étranger, l
968 des caractéristiques déjà perdues, déjà effacées par d’autres facteurs, c’est probablement refuser au nom d’un mythe passé
969 d des choses. Elle s’explique peut-être en partie par nos coutumes précisément fédéralistes de tolérance calculée et d’empi
970 pointe à fond et qu’on ne se laisse pas entraîner par une verve logique ou polémique qui risquerait de paraître peu réalist
971 rquoi cette timidité ? L’histoire n’est pas faite par des gens qui défendent leur position, mais bien par ceux qui créent d
972 r des gens qui défendent leur position, mais bien par ceux qui créent des positions nouvelles. Ce que les Européens peuvent
973 s lignes et dans son ensemble », se voit répondre par le Collège exécutif : 1°) « Dans un pays comme le nôtre, les débats s
974 ion audiovisuelle planétaire, pouvant être captée par tout individu muni d’un récepteur de poche. Bi ou trilinguisme généra
975 n peuple ou d’une communauté ne sera plus définie par des arpenteurs, des cordons douaniers et des décrets simplistes et ri
976 s et des décrets simplistes et rigides promulgués par une capitale, mais par des propriétés analogues à celles qui distingu
977 stes et rigides promulgués par une capitale, mais par des propriétés analogues à celles qui distinguent les corps et les co
978 guent les corps et les combinaisons chimiques, et par des types de structures des relations politiques et sociales. (Tout c
979 devenu comme naturel pour des générations formées par la technologie.) C’est dire tout l’avantage et l’avance effective d’u
980 sur des entités politiques trop vastes, unifiées par leur cadre plutôt que structurées de l’intérieur. 2°) Les avantages m
981 grande nation ont été formulés, depuis Rousseau, par tous les penseurs politiques suisses, théorisant d’après nature. Ains
982 e rien d’autre que la véritable et réelle liberté par laquelle il compense pleinement les énormes avantages et même la puis
983 ruments de certaines activités, trop onéreuses ou par nature trop vastes pour l’unité de base, doivent être construits en c
984 l’Europe de demain, jamais encore abordé de front par les États ni même par l’opinion publique mal éclairée. (Qui sait vrai
985 mais encore abordé de front par les États ni même par l’opinion publique mal éclairée. (Qui sait vraiment ce que signifie l
986 re d’un malaise de se terminer plus ou moins vite par un retour à la santé, une maladie déclarée, ou la mort. Je n’oublie p
987 individus, meurent d’accident. En général, c’est par manque d’attention, et pour n’avoir pas cru aux conseils les plus sim
988 sons qui veulent qu’une fédération soit gouvernée par un collège, et non par un seul homme, veulent que son centre ne soit
989 fédération soit gouvernée par un collège, et non par un seul homme, veulent que son centre ne soit pas une capitale, mais
990 inent. Ces conditions idéales se trouvent réunies par la Suisse, d’ailleurs gardienne traditionnelle des valeurs et des réa
991 s pas, est à mi-chemin entre une initiative prise par la Suisse et une absence totale de projet qui ferait de ce pays un mu
992 voir mon dessein raisonnable discuté sérieusement par la Suisse officielle. Je vais donc le faire à sa place. Nos dirigeant
993 plus défaut à une neutralité menacée de désuétude par l’entente établie entre nos grands voisins. Les risques de guerre qui
994 rnes d’une ville indéfinie longuement interrompue par des prés et des bois secrets. Les quais de gare où toutes les races d
995 d’accents qui ont fait rire toute la France (mais par Grock et Michel Simon), et souvent, chez un homme du peuple à la bell
996 nt de l’admettre. Saura-t-elle un jour s’exprimer par le verbe, l’œuvre ou l’action, sinon le cri qu’on attend d’elle ? Ici
997 ibles pour le moment. On pourrait aussi commencer par les seize États membres du Conseil de l’Europe, et par l’intermédiair
56 1966, Preuves, articles (1951–1968). André Breton (novembre 1966)
998 de prendre un poste. J’écrivais deux longs textes par jour : « La voix de l’Amérique parle aux Français », et j’avais deux
999 pendant que mon texte terminé sous pression passe par une série de bureaux, de la censure à la polycopie, avant d’être remi
1000 re un sens aux paroles, aux gestes et au costume, par cela même à la Surprise… Introduction à la vie hiératique… C’est un r
1001 , faute de terrasses de café, une ou deux soirées par semaine, et l’on se livrait avec beaucoup de sérieux à des jeux d’écr
1002 c’est qu’il voulait tout à la fois changer la vie par une sédition passionnelle (« La beauté sera convulsive ou ne sera pas
57 1968, Preuves, articles (1951–1968). Marcel Duchamp mine de rien (février 1968)
1003 paraît pas grande de l’extérieur, quand on arrive par la forêt en pente, a dix-huit chambres et s’ouvre vers le lac par une
1004 pente, a dix-huit chambres et s’ouvre vers le lac par une galerie de bois montée sur de hauts pilotis, si vaste que vingt f
1005 . Mais tout l’effort de l’avenir sera d’inventer, par réaction à ce qui se passe maintenant, le silence, la lenteur, et la
1006 ertu de l’extrême liberté que nous nous accordons par convention. Voulons-nous susciter les fées du bruit et de la vitesse,
1007 émologie, j’ai oublié et le mot m’agace … Inanité par contre me plaît beaucoup. Mais il y a cependant une expression que je
1008 On prendrait chez lui sans payer un ou deux pains par jour, on ne peut pas en manger davantage, et il serait inutile d’accu
1009 vres de problèmes et de les jouer « quatre heures par jour, environ ». C’est à quoi je le trouve occupé chaque matin, sur l
1010 fast, et pense qu’il suffirait de manger une fois par jour — son régime ordinaire — la plupart de nos aliments, surtout la
1011 t cela nous mène assez tard. Nous avons fini hier par un petit jeu de questions et réponses écrites simultanément. Ma premi
1012 calembour, évidemment. » De ma table de travail, par la porte ouverte, je vois une partie de sa chambre. Duchamp est allon
1013 nuance d’indignation amusée. Je n’ai pas renoncé par attitude. Je n’ai rien décidé du tout ! J’attends simplement d’avoir
1014 as un faux chèque, puisqu’il est entièrement fait par moi ! Et signé ! Rien de plus authentique ! Et au moins, cela ne pouv
1015 te de Marcel Duchamp, ainsi prête à être emportée par la postérité sous forme de mallette en cuir, à poignée solide. — Marc
1016 a bouche qui l’exhale, les deux odeurs s’épousent par infra-mince. » Voudriez-vous nous donner d’autres exemples ? — En eff
1017 m’a beaucoup occupé depuis dix ans. Je crois que par l’infra-mince on peut passer de la deuxième à la troisième dimension.
1018 simplement qu’elles durent147. 9 août. Commencer par raconter l’entrée de la Chose dans nos esprits. Ce sera le début de l
1019 es mouches harcelantes qui volent devant vos yeux par des jours de chaleur. Tout le monde est accouru sur la galerie, à la
1020 l’Histoire n’ait pas été provoquée tout bêtement par la plus grande masse d’explosif jamais réunie dans l’Histoire mais au
1021 f jamais réunie dans l’Histoire mais au contraire par la scission d’un point imperceptible à l’ultramicroscope. Voilà bien
1022 ôté pratique des inventions. Duchamp se manifeste par retraits ironiques, agit par ses absences un peu sournoises, par peti
1023 Duchamp se manifeste par retraits ironiques, agit par ses absences un peu sournoises, par petites touches imperceptibles, o
1024 oniques, agit par ses absences un peu sournoises, par petites touches imperceptibles, ou désintégrations microscopiques. Bo
1025 truites, ou abîmées. De même, La Mariée mise à nu par ses célibataires, même a été brisée, puis à demi réparée, selon les l
1026 ée, puis à demi réparée, selon les lignes prévues par les « stoppages-étalon » (fils blancs d’un mètre) que Duchamp avait l
58 1968, Preuves, articles (1951–1968). Vingt ans après, ou la campagne des congrès (1947-1949) (octobre 1968)
1027 tutions d’un pouvoir de décision politique imposé par l’élan populaire, dont on sentait alors qu’il eût été possible de le
1028 de nombreux économistes, et d’avoir été acceptées par l’opinion, donc par les parlements et les gouvernements qui en dépend
1029 tes, et d’avoir été acceptées par l’opinion, donc par les parlements et les gouvernements qui en dépendaient alors dans nos
1030 mait l’entreprise et l’eût peut-être fait réussir par surprise, si les calculs d’une prudence « réaliste » ne s’y étaient m
1031 reux-Palace, voici les trente personnes annoncées par Silva, autour d’une table, oui, mais sur une scène, et face à une sal
1032 disant que j’allais beaucoup les ennuyer. Surpris par des applaudissements pour je ne sais quoi, après une dizaine de minut
1033 mbreuses reprises, notamment quand j’oppose point par point le totalitarisme et le fédéralisme, et à la fin, une “ovation”
1034 ans que ces termes soient traduits et exemplifiés par des propositions plus détaillées d’institutions ou d’organismes à cré
1035 eul moyen de prévenir le péril de la colonisation par un parti ou par une monnaie. Le mythe du choix fatal et du partage du
1036 venir le péril de la colonisation par un parti ou par une monnaie. Le mythe du choix fatal et du partage du monde entre les
1037 ranchise totale des échanges devrait être obtenue par des abaissements de droits échelonnés sur dix à quinze ans ; « un pla
1038 aire. Elles s’étaient déclarées un an auparavant, par une curieuse coïncidence à la fois dans le temps et dans l’espace : à
1039 onnaliste-résistante était représentée à Montreux par des hommes comme Robert Aron et Alexandre Marc (qui avaient été, comm
1040 été, comme moi, de L’Ordre nouveau et d’Esprit), par Eugen Kogon, et par Henri Brugmans, qui a dit ce qu’il devait à Mouni
1041 L’Ordre nouveau et d’Esprit), par Eugen Kogon, et par Henri Brugmans, qui a dit ce qu’il devait à Mounier et à Dandieu nota
1042 destin et des valeurs de sa culture mise au défi par les ambitions (apparemment) contradictoires des deux « Grands ». Appu
1043 radictoires des deux « Grands ». Appuyé notamment par Jaspers, j’avais préconisé une formule fédérale d’union politique de
1044 ’ai perdu les brouillons, rédigés au café Landolt par Maurice Druon. Ces Rencontres avaient alerté l’attention d’une large
1045 t venu à Montreux. Je devais découvrir tout cela, par bribes, au cours de ce congrès et des mois qui le suivirent, mais je
1046 et de 1919, devait être racheté en quelque sorte par l’avènement de l’Europe fédérale. Mais tandis que l’UEF imaginait tou
1047 nt de La Haye, et que les délégués soient choisis par des Comités nationaux, sans droit de veto du Comité de liaison. Dans
1048 Haye sous le signe d’une union vaguement définie par Churchill, au lieu de convoquer les états généraux, n’est-ce pas risq
1049 éralisme évincé, et ses organisations démantelées par l’attrait que le « congrès de Churchill » ne manquerait pas d’exercer
1050 la puissance et l’ampleur des appuis déjà acquis par l’idée européenne ; 2° de fournir un matériel de discussions, de prop
1051 u congrès et des mouvements qui le prolongeraient par une action commune. 3° Ce préambule devait contribuer aussi à codifie
1052 ions ; il importait donc que son contenu, élaboré par la section culturelle, fût discuté avant le congrès par les animateur
1053 section culturelle, fût discuté avant le congrès par les animateurs des sections politique et économique. Dès la fin de fé
1054 actives dans les masses. Chaque meeting organisé par un de nos groupes affiliés devra se terminer par une collecte de sign
1055 par un de nos groupes affiliés devra se terminer par une collecte de signatures (et peut-être de quelques sous, donnés par
1056 signatures (et peut-être de quelques sous, donnés par chaque signataire, pour faire marcher la campagne)157. » Lors du comi
1057 rait un Message aux Européens à faire approuver par acclamations » et serait donc lu à la séance de clôture. Des représen
1058 . Nous convînmes que je ne quitterais Londres que par l’avion du lendemain matin, et qu’un secrétaire, alerté par Retinger,
1059 n du lendemain matin, et qu’un secrétaire, alerté par Retinger, viendrait à l’aube prendre mon texte pour le remettre à l’i
1060 à cette rangée d’écussons aux lions couchés trois par trois. Plus bas, des tapis suspendus. Au-dessus de nous, un large dai
1061 ’habituelle confusion des congrès, bien illustrée par cette suite de déclarations faites par des membres de la seule déléga
1062 illustrée par cette suite de déclarations faites par des membres de la seule délégation nationale qui se présentait comme
1063 ts introductifs des trois sections, on est frappé par la similitude de leur manière de poser le problème européen, c’est-à-
1064 imposer leur tactique : ils se laissèrent berner par des promesses de « résultats modestes, mais concrets ». Les fédéralis
1065 at permanent, et une assemblée délibérante nommée par les parlements. Mais la résolution politique (votée aussi par les féd
1066 ements. Mais la résolution politique (votée aussi par les fédéralistes) ne parlait que d’une assemblée « élue, dans leur se
1067 une assemblée « élue, dans leur sein ou au-dehors par les parlements ». Enfin, le Message aux Européens revendiquait « un
1068 égraux. En fait, le Mouvement européen, constitué par les six organisations réunies à La Haye, aboutit très rapidement à un
1069 purement consultative, formée de députés désignés par les parlements nationaux. Dès ce moment, la teneur en fédéralisme, no
1070 ir été discuté pendant deux mois, et mis au point par le comité de liaison à la veille même du congrès, avait été imprimé e
1071 micro, les mains sur les revers de sa redingote. Par moments, un orage déchaîné faisait baisser et s’éteindre pour quelque
1072 ndys ajouta : « Cette phrase n’a pas été discutée par le Congrès. Désolé, mais il faut renoncer au Message ». Mon interview
1073 européen, né au cours des mois suivants et dominé par les unionistes, convoqua d’abord un congrès politique à Bruxelles, en
1074 incipaux auteurs des analyses et projets formulés par les premiers congrès. Un an plus tard, grâce au génie réalisateur de
1075 urelle de Lausanne (8-12 décembre 1949) organisée par mon « Bureau d’études » de Genève et présidée par Salvador de Madaria
1076 par mon « Bureau d’études » de Genève et présidée par Salvador de Madariaga, reprit et développa toutes les suggestions mêm
1077 un ; les culturels avaient le Centre de Genève et par lui ou autour de lui, de nombreuses associations professionnelles et
1078 d congrès riche en péripéties dramatiques. Salués par le président Einaudi et par le comte Sforza163, harangués par Pie XII
1079 s dramatiques. Salués par le président Einaudi et par le comte Sforza163, harangués par Pie XII en son palais d’été, ils es
1080 dent Einaudi et par le comte Sforza163, harangués par Pie XII en son palais d’été, ils essayèrent en vain de reprendre l’in
1081 sayèrent en vain de reprendre l’initiative saisie par Sandys et Retinger dès avant La Haye. L’équipe des dirigeants de Mont
1082 fédéralistes demanderaient à leur tour l’élection par le « peuple européen » d’une Assemblée, mais ils la voudraient consti
1083 u’à la faveur d’une analyse impitoyable, conduite par beaucoup d’entre nous, il devient très clair, désormais, que la fédér
1084 réparent. 148. La notion d’engagement, définie par les personnalistes dès 1932, a été attribuée vers 1945 à Sartre, par
1085 tes dès 1932, a été attribuée vers 1945 à Sartre, par une erreur journalistique manifeste, dont je n’ai pas souvenir qu’il
1086 opean Movement and the Council of Europe, rédigés par le secrétariat du Mouvement européen à Londres, 1949. Sur La Haye, on
1087 onsulter aussi Le Problème de l’union européenne, par Olivier Philip, 1950, et mon Europe en jeu , 1948. Quelques thèses s
1088 ongrès de I’UEF, 27-31 août 1947, Montreux, édité par l’UEF, Genève (1948), 142 pages. 153. On appelait alors plan Monnet
1089 er discours demandant une armée européenne, suivi par son beau-père sur le même thème. 162. « Mais quoi ! Il faudrait se l
59 1970, Preuves, articles (1951–1968). Dépasser l’État-nation (1970)
1090 tout au long du xixe siècle, suivis de nos jours par le reste du monde, notamment par le tiers-monde, mal décolonisé à cet
1091 vis de nos jours par le reste du monde, notamment par le tiers-monde, mal décolonisé à cet égard… Qu’est-ce en somme qu’ins
1092 ute une nation, ou un groupe de nations conquises par l’une d’entre elles, aux pouvoirs absolus de l’État. C’est vouloir fa
1093 ir faire coïncider sur un même territoire, défini par le sort des guerres et du coup baptisé « sol sacré de la patrie », de
1094 ’accidentelle avec aucun espace économique défini par la nature des choses ou par un projet rationnel. Puissance ou liber
1095 ace économique défini par la nature des choses ou par un projet rationnel. Puissance ou liberté Or voici l’ironie trag
1096 tats autant de départements. Il faut tout unifier par des lois inflexibles, sans égard aux diversités ethniques et régional
1097 — le communal, le régional, le fédéral — indiqués par la nature des tâches, leurs dimensions et celles de la communauté la
1098 xxe siècles, se trouvent vraiment former, comme par miracle, des entités économiques intelligibles. Je ne sais si les pro
1099 issance des régions Nos États-nations, obsédés par l’idée de « se faire respecter », oublient qu’ils n’y arriveraient qu
1100 vique, économique ou culturelle, et être contrôlé par l’usager ; distribuer et répartir l’État, de la commune et de l’entre
1101 eunes gens d’aujourd’hui ne seront pas convaincus par des avantages matériels : ils sont presque comblés à cet égard. Ce qu
1102 de Perpignan et de Barcelone, ne sont pas séparés par les Pyrénées mais par les décrets de Paris et de Madrid, forçant les
1103 celone, ne sont pas séparés par les Pyrénées mais par les décrets de Paris et de Madrid, forçant les uns à parler français,
1104 tomne 1970, p. 54-59. bo. Le texte est introduit par le chapeau suivant : Le directeur du Centre européen de la culture es