1
aucoup, angoissés par des possibilités théoriques
qui
excèdent leurs pouvoirs réels, cherchent obscurément des disciplines
2
e « mystiques puissantes » de simples propagandes
qui
nous promettent le paradis et la grandeur, la justice et la vraie lib
3
nous n’avons rien à opposer à ces « mystiques »,
qui
sont au vrai des mystifications. Laissons les « mystiques » synthétiq
4
issons les « mystiques » synthétiques aux peuples
qui
en ont grand besoin, parce qu’ils n’ont pas nos réalités — et leurs c
5
; le droit d’aimer et de haïr, le droit d’épouser
qui
l’on veut… Il n’est pas un seul de ces droits que les dictatures n’a
6
ait conquis l’immense majorité des peuples libres
qui
vivent à l’ouest du rideau de fer : parmi lesquels près de 300 millio
7
enté plutôt de l’en féliciter. Si cette jeunesse,
qui
a vu les camps comme résultat des idéologies, et qui a vu les pires t
8
a vu les camps comme résultat des idéologies, et
qui
a vu les pires tyrannies comme traduction des mystiques libertaires,
9
renvoie sobrement à nos inquiétudes personnelles,
qui
ne se satisfont point de réponses collectives. L’Occident n’est pas u
10
d’elle que l’Occident demeure l’espoir de l’homme
qui
pense, qui juge et qui sent par lui-même. Et cet homme est le but du
11
l’Occident demeure l’espoir de l’homme qui pense,
qui
juge et qui sent par lui-même. Et cet homme est le but du progrès, le
12
emeure l’espoir de l’homme qui pense, qui juge et
qui
sent par lui-même. Et cet homme est le but du progrès, le but de tout
13
personne, c’est l’individu chargé d’une vocation
qui
le distingue de la masse mais le relie pratiquement à la communauté.
14
pécifique de la personne, c’est l’individualisme,
qui
a fait tant de ravages chez nos intellectuels depuis un siècle ou deu
15
ue le collectivisme sibérien, ou que la « sottise
qui
paye » de Hollywood ! Dans l’idée de la personne s’enracine toute lib
16
mplir ainsi, en secret bien souvent, une vocation
qui
n’a pas de comptes à rendre aux hommes, et encore bien moins à l’État
17
même coup repris l’initiative. C’est l’autre camp
qui
sera forcé de se mettre sur la défensive, contre le rayonnement de no
18
une préparation mentale à l’esclavage. Le danger
qui
menace aujourd’hui la culture, sans précédent dans toute l’histoire d
19
, variété la plus puissante d’une maladie unique,
qui
peut s’appeler ailleurs fascisme ou phalangisme, ou ce qu’on voudra ;
20
utralisme. La neutralité est une mesure politique
qui
peut être très bonne, très utile, et même très nécessaire dans certai
21
uger. …Mais si je rentre dans mon domaine propre,
qui
est celui de la culture, je constate que la neutralité simplement n’y
22
r. L’agneau décide de rester neutre entre le loup
qui
menace et le berger qui le protège. Je le comprends fort bien. Il esp
23
ster neutre entre le loup qui menace et le berger
qui
le protège. Je le comprends fort bien. Il espère ainsi que le loup au
24
ra le loup : cela gagnera du temps pour l’agneau,
qui
se sent encore trop faible pour agir. C’est une politique défendable.
25
r. C’est une politique défendable. Mais alors, ce
qui
ne serait pas défendable, ce qui serait une tricherie évidente, ce se
26
. Mais alors, ce qui ne serait pas défendable, ce
qui
serait une tricherie évidente, ce serait que l’agneau prétende justif
27
, du Congrès indien pour la liberté de la culture
qui
s’est tenu à Bombay, du 28 au 31 mars. Au cours de cette conférence,
28
Au cours de cette conférence, Denis de Rougemont,
qui
représentait le Congrès international pour la liberté de la culture,
29
égné sur la Terre depuis qu’il y a des hommes, et
qui
n’en pensent pas moins. Culture est un mot plus récent, mais ce qu’il
30
nthrope, c’est un savant indien nommé D. R. Sethi
qui
a trouvé le procédé pour détruire les racines d’une herbe nommée kans
31
de centrale. Avec l’aide des tracteurs américains
qui
avaient construit pendant la guerre la route birmane, il vient de ren
32
ue je citais plus haut — et dans l’esprit de ceux
qui
l’applaudirent — il n’y a pas l’ombre d’une raison. Mais chacun voit
33
nstances atténuantes : un proverbe et un préjugé,
qui
relèvent à la fois de la sagesse des peuples et d’une erreur courante
34
que le contraire est vrai, que ce sont les repus
qui
n’écoutent pas, que la disette fut mère des civilisations, comme l’an
35
. Et cela vaut aussi, bien entendu, pour les pays
qui
ont surtout faim de liberté. e. Rougemont Denis de, « Culture et f
36
nombreux qu’ils ne voudraient le croire sont ceux
qui
nous répètent, depuis vingt ans, que l’état de nos arts est la preuve
37
à leur empire, qu’ils fondaient pour mille ans et
qui
mourut en douze. Mais, aussitôt, une autre dictature relève l’accusat
38
e péché originel naquit le formalisme occidental,
qui
devait conduire à Picasso, lequel, tout communiste qu’il soit, sert W
39
bleaux de genre militaire du réalisme socialiste,
qui
ne se distinguent de la peinture bourgeoise d’environ 1880 que par la
40
scende le défi. Elle le réduit au rôle épisodique
qui
, précisément, fut toujours celui des pouvoirs politiques, de leurs go
41
d’une époque non par ses héritiers, mais par ceux
qui
la vivent. On ne voit pas de précédent à l’entreprise, dans l’ère mod
42
ngues latines, comme en anglais, vient d’educere,
qui
est « conduire au-dehors ». Donc libérer, non plus forcer dans le mou
43
ver, l’idée d’être soi-même « à son idée », voilà
qui
pour l’Oriental suggère une inconvenance profonde ; tandis que toute
44
s chercher sa voie selon ses goûts, ses croyances
qui
diffèrent (ou du moins il s’en flatte) de celles qui sont censées rég
45
diffèrent (ou du moins il s’en flatte) de celles
qui
sont censées régner, ses talents qu’il expérimente, enfin sa vocation
46
u tout, et d’attribuer l’absurdité non pas au moi
qui
la ressent, mais au monde ou à la société, voilà qui est proprement o
47
la ressent, mais au monde ou à la société, voilà
qui
est proprement occidental. Cela donne le révolté, l’objecteur de cons
48
et l’innovateur dans les arts. Cela donne tout ce
qui
a compté dans la vie de l’Europe, tout ce qui s’y est fait un nom et
49
ce qui a compté dans la vie de l’Europe, tout ce
qui
s’y est fait un nom et un visage distinct. Soulignons maintenant que
50
atalité, ne serait pas concevable hors d’un monde
qui
date ses années de la Crucifixion, hors d’un monde né avec cette reli
51
ucifixion, hors d’un monde né avec cette religion
qui
fit dépendre le salut de l’homme non point de l’observance des rites
52
a conscience humaine contre toutes les puissances
qui
oppriment ou qui nient le moi responsable et distinct. Lutte contre l
53
ine contre toutes les puissances qui oppriment ou
qui
nient le moi responsable et distinct. Lutte contre le destin natal, p
54
et les dieux écrasants ; contre la masse informe
qui
annule les personnes, mais aussi contre l’arbitraire et l’anarchie, q
55
es, mais aussi contre l’arbitraire et l’anarchie,
qui
vident de sens l’effort de toute une vie ; lutte enfin contre les ser
56
résultante de trois grandes civilisations : celle
qui
permit la découverte philosophique de l’individu et de l’atome, la Gr
57
que de l’individu et de l’atome, la Grèce ; celle
qui
conçut les droits du citoyen, Rome ; celle, enfin, qui a donné au mon
58
onçut les droits du citoyen, Rome ; celle, enfin,
qui
a donné au monde la notion totalement nouvelle de l’incarnation de l’
59
les notions de personne et de vocation, synthèse
qui
s’opéra durant les premiers siècles de notre ère, qui s’épanouit avec
60
s’opéra durant les premiers siècles de notre ère,
qui
s’épanouit avec la Renaissance, et dont la dialectique interne abouti
61
el ni sens : voilà bien dans sa réalité la menace
qui
pèse aujourd’hui sur l’Europe, disons plus : sur l’espoir humain. Ma
62
able, libre parce qu’il est chargé d’une vocation
qui
le distingue de la masse, lui donne une direction et un visage ; mais
63
ante par rapport à l’ordre établi — toutes choses
qui
ont permis l’apparition du concept chrétien de personne ; les révolut
64
tionnaires ne peuvent se former que dans un monde
qui
tient la liberté et la vocation prophétique pour plus vraies que l’Or
65
u-delà de l’instinct même et du plaisir. C’est ce
qui
jette Tristan et Iseut dans la mort, souhaitée comme un suprême accom
66
nales, c’est elle — bien plus que le sex-appeal —
qui
inspire le cinéma, les magazines féminins, et leurs courriers du cœur
67
cœur. Je constaterai maintenant que cette passion
qui
tient une telle place dans nos vies, ou tout au moins dans nos secrèt
68
à son sens littéral cette maxime de la démocratie
qui
dit qu’un homme en vaut un autre, et donc qu’une femme en vaut une au
69
n droit que la passion est une force antisociale,
qui
ne pourrait que gêner le rendement du stakhanoviste modèle. Cette pas
70
ent du stakhanoviste modèle. Cette passion, donc,
qui
nous paraît si « naturelle », est en réalité exceptionnelle dans le m
71
œuvre d’art. Je ne dis pas qu’entre l’Occidental,
qui
tend à s’affirmer comme individu créateur, et l’Oriental, qui tend à
72
’affirmer comme individu créateur, et l’Oriental,
qui
tend à s’ordonner au monde des dieux, nous ayons à choisir. Je dis qu
73
nos pays, il existe une majorité de conformistes,
qui
redoutent l’épithète « d’original » et préfèrent imiter les voisins.
74
connaît d’ailleurs un être intermédiaire : celui
qui
a le sens de l’humour. L’Occident a créé l’étatisme, lequel tend à re
75
et armée mais par des attitudes et des conduites
qui
affirment la liberté de jugement des individus. Ainsi l’humour, forme
76
es et contre le droit du plus fort, toutes choses
qui
se résument aujourd’hui dans le pouvoir anonyme de l’État. L’humour e
77
ession du sense of humour : ils pensent que celui
qui
ne l’a pas, n’a pas non plus le vrai sens de la vie. Je n’oublie pas
78
voit être. Dans l’humour, c’est donc la personne
qui
juge son propre individu… J’en viens à un dernier exemple, le Progrès
79
emple, l’idée de progrès perdra nécessairement ce
qui
fait, à nos yeux, tout son prix : elle cesse d’être liée à l’idée de
80
s. Elle se lie à l’idée de contrainte collective,
qui
est la négation même de son mouvement originel. D’où nous vient, en e
81
nde évolue d’une manière cyclique, comme une roue
qui
tourne sur son axe et n’avance pas, la destruction succédant fataleme
82
res, mais ainsi font les bombardiers géants. Etc.
Qui
peut savoir si le Progrès, au total, a vraiment un sens positif ? Dan
83
ugmentation continuelle des possibilités de choix
qui
sont offertes, tant matérielles que culturelles, à un nombre sans ces
84
s-mêmes, donc d’être libres. Car la seule liberté
qui
compte pour moi — dira tout véritable Européen — c’est celle de me ré
85
i distinct, des individus, des personnes, de ceux
qui
veulent se rendre compte de leur vie pour leur propre compte, et qui
86
re compte de leur vie pour leur propre compte, et
qui
ont là-dessus leurs idées bien à eux — donc en définitive des hommes
87
peut-être inédites. Première remarque : l’Europe,
qui
ne représente en fait que 4 à 5 % des terres du globe, a découvert le
88
rse. Je ne parle pas seulement des grands voyages
qui
ont permis de relever la carte des continents et de dénombrer toutes
89
les Aztèques ni les Bantous, ni même les Hindous
qui
nous ont découverts. C’est nous qui avons été y voir. Mais il y a plu
90
e les Hindous qui nous ont découverts. C’est nous
qui
avons été y voir. Mais il y a plus. Nous avons en Europe des sinologu
91
ve, le Centre européen de la culture, institution
qui
a pour but principal de fédérer nos forces culturelles afin de réveil
92
dité sur les mystères de toutes les civilisations
qui
précédèrent les nôtres et sur celles qui subsistent au xxe siècle. N
93
isations qui précédèrent les nôtres et sur celles
qui
subsistent au xxe siècle. Nous avons déchiffré leurs hiéroglyphes, r
94
urope ne se borne pas à tolérer les civilisations
qui
diffèrent de la sienne, mais c’est elle qui dans bien des cas retrouv
95
tions qui diffèrent de la sienne, mais c’est elle
qui
dans bien des cas retrouve leurs traditions perdues, et favorise leur
96
en Afrique, tel philosophe et théologien en Iran,
qui
savent bien mieux que les natifs, quels furent les grands moments de
97
cherche et de l’essor spirituel dans ces pays, et
qui
vont découvrir au fond de leur retraite les derniers représentants d’
98
indispensable au monde — mais cette Europe aussi
qui
peut périr demain. La situation paraît tragiquement claire, encore qu
99
de vivre. Il y a la menace de ruines économiques
qui
entraîneraient une tutelle étrangère et ses conséquences culturelles.
100
entreprise culturelle. J’allai voir un industriel
qui
fabrique d’énormes turbines. Il m’écouta, distrait d’abord, puis impa
101
e de la turbine, mais après tout ce n’est pas lui
qui
l’inventa. Qui donc ? J’ouvris une encyclopédie, et trouvai ceci : —
102
, mais après tout ce n’est pas lui qui l’inventa.
Qui
donc ? J’ouvris une encyclopédie, et trouvai ceci : — Il y avait au x
103
s l’esprit créateur reste notre apanage, l’esprit
qui
voit au-delà des faits et peut les transformer puisqu’il les a produi
104
es transformer puisqu’il les a produits, l’esprit
qui
sans relâche vient remettre en question et modifier les résultats acq
105
es résultats acquis. Et c’est l’esprit des hommes
qui
ont toujours préféré le droit de poser passionnément quelques questio
106
réciter toutes les réponses — l’esprit de liberté
qui
peut encore sauver d’un même mouvement et l’Europe et le sens de nos
107
culturel, un problème d’un autre ordre apparaît,
qui
se pose lui aussi à l’ensemble de la vie de l’esprit en Europe : c’es
108
omme de sa politique — d’une puissance matérielle
qui
fascine les esprits de la plupart des Européens. Toute fascination, c
109
t bien constater que c’est notre public européen,
qui
, librement, propage ces succès américains et leurs contrefaçons multi
110
moins officielle ou privée.) Ceci dans une Europe
qui
proclame sans relâche sa méfiance ou son hostilité à l’endroit de la
111
Il multiplie les enquêtes minutieuses pour savoir
qui
fait quoi, et où, et comment aider tel ou tel sans avoir l’air de fai
112
et, il fait ses comptes et son rapport au comité,
qui
se décide objectivement, et qui se trompe une fois sur deux. Il en ré
113
apport au comité, qui se décide objectivement, et
qui
se trompe une fois sur deux. Il en résulte un gaspillage d’efforts et
114
en résulte un gaspillage d’efforts et de capitaux
qui
d’une part compromet l’efficacité de l’aide américaine, et d’autre pa
115
écris on à dessein : car ce ne sont pas les mêmes
qui
, en Europe, font la culture et ont l’argent. Mais globalement, la sit
116
oix de plusieurs thèmes d’activité, retenir celui
qui
semblait avoir des chances d’intéresser l’argent américain, et renonc
117
intéresser l’argent américain, et renoncer à ceux
qui
intéresseraient l’Europe et les vrais moyens de l’unir. Inversement,
118
’éducation, et d’une manière générale à n’importe
qui
de se prononcer sur n’importe quoi qui n’est pas dans la situation co
119
n’importe qui de se prononcer sur n’importe quoi
qui
n’est pas dans la situation concrète de l’Europe, mais dans le progra
120
le CEC prépare le plan d’une rencontre de travail
qui
aura pour objet principal d’éclaircir les malentendus entre l’Europe
121
gements formulés contre les USA par les Européens
qui
se proclament (curieusement) « neutralistes ». En voici un : « Dès le
122
r à la santé de notre pays une culture américaine
qui
attaque à leurs racines l’originalité et la cohésion mentale et moral
123
e front le christianisme officiel et les évêques,
qui
avaient loué ses premières œuvres, il se vit abandonné dans la plus c
124
ses fiançailles avec Régine Olsen, crise initiale
qui
libéra le jaillissement de toute son œuvre. Mais l’acte que cette œuv
125
que à la lutte, au cours de la polémique décisive
qui
devait le mener à la mort. Ainsi le drame de Kierkegaard fut typiquem
126
analogies. Sans nous attarder sur la coïncidence
qui
fait d’Hamlet un prince danois — et l’on peut rêver là-dessus — rappe
127
saillants du drame inventé par Shakespeare, ceux
qui
évoquent à première vue le drame vécu par Kierkegaard et nous suggère
128
e ironique. Et voici que ces deux individus, pour
qui
la vie en soi est déjà un problème, reçoivent en outre une mission re
129
ème, reçoivent en outre une mission redoutable et
qui
les condamnera, bien plus encore que leur nature psychologique, à dev
130
’exception. Hamlet reçoit sa mission de son père,
qui
lui apparaît sous la forme d’un spectre. Assassiné, dit-il, par le ro
131
un spectre. Assassiné, dit-il, par le roi actuel,
qui
n’est donc qu’un usurpateur, le père ordonne au fils de le venger. Ha
132
de le venger. Hamlet revient vers ses compagnons,
qui
assistaient de loin à la scène, et leur fait jurer par trois fois de
133
ère (auquel il dédiera tous ses écrits religieux)
qui
ouvrit les yeux de Kierkegaard sur l’absolu du christianisme véritabl
134
légitimité. Et Kierkegaard pressent sa vocation,
qui
sera de dénoncer l’usurpation religieuse, afin de rétablir dans sa pu
135
Et nous voyons les deux héros gémir sous le faix
qui
leur est imposé : « L’époque est détraquée, hélas ! pourquoi faut-il
136
ignés de divers pseudonymes. Le message chrétien,
qui
lui importe seul, y sera toujours présent, mais soigneusement dissimu
137
dans des ouvrages tels que Coupable-Non coupable,
qui
sont en réalité le récit à peine déguisé de ses fiançailles et l’anal
138
Ophélia. Ici, c’est l’exemple vécu de Kierkegaard
qui
nous aide à comprendre Hamlet. Kierkegaard aime Régine, jeune fille d
139
t-il être marié ? se demande Kierkegaard. Et lui,
qui
se bat aux avant-postes, aux frontières de l’esprit ? D’autre part, i
140
auxquels lui-même risque parfois de succomber. «
Qui
peut comprendre, écrit-il, cette contradiction de la douleur : ne poi
141
ux comme une sorte de roué, de séducteur cynique,
qui
a peut-être de graves méfaits sur la conscience et qui renonce au mar
142
peut-être de graves méfaits sur la conscience et
qui
renonce au mariage pour mieux jouir de sa vie de garçon. Il a des mot
143
gique ? Un incident minime, une simple phrase, et
qui
pouvait passer pour un cliché dans un discours très officiel. L’évêqu
144
Kierkegaard se sentit provoqué. Et, là encore, ce
qui
aurait pu rester un simple assaut de fleuret, une polémique comme une
145
exagérée » que peut l’être l’élan d’un combattant
qui
joue sa vie sur un seul coup. Voici un extrait de cet article : Un t
146
le monde. Un témoin de la vérité, c’est un homme
qui
témoigne dans le dénuement, dans la misère, dans l’abaissement et l’h
147
étesté, insulté, outragé, bafoué ; c’est un homme
qui
est flagellé, torturé, traîné de prison en prison, et puis enfin — ca
148
e. Mais, au lieu de se faire meurtrier, c’est lui
qui
paya de sa vie. Il devint lui-même le martyr que son œuvre avait appe
149
Plongé comme je l’étais, en écrivant les lignes
qui
précèdent, dans la lecture alternée de Kierkegaard et de Shakespeare,
150
e note de Kierkegaard lui-même au sujet d’Hamlet,
qui
rétablit les différences. Chose curieuse, cette note de deux pages es
151
r ou qu’il tient des propos fantaisistes. Mozart,
qui
composait des menuets à sept ans, avait sans doute la vocation d’un m
152
u’un enfant. Car tu iras vers tous ceux auprès de
qui
je t’enverrai, et tu diras tout ce que je t’ordonnerai… » Voici, je m
153
ui une nature d’exception. Mais l’appel religieux
qui
vient l’atteindre au début de sa carrière d’écrivain, et qui le charg
154
’atteindre au début de sa carrière d’écrivain, et
qui
le charge d’une mission unique, le rend une exception au second degré
155
le met à part une seconde fois, pour des raisons
qui
sont celles de l’esprit — bien que, dans ce cas particulier, la natur
156
otre idée courante de la vocation n’est pas celle
qui
retient Kierkegaard. Il en a distingué une autre, plus intime, qui ne
157
egaard. Il en a distingué une autre, plus intime,
qui
ne tient plus au double sens du mot, mais à l’existence même d’une vo
158
nce même d’une vocation reçue. L’homme, en effet,
qui
reçoit vocation, se trouve jeté dans une incertitude inévitable par l
159
, nous ajouterons l’incertitude subjective, celle
qui
concerne les motifs qui peuvent pousser l’individu à faire ceci ou ce
160
rtitude subjective, celle qui concerne les motifs
qui
peuvent pousser l’individu à faire ceci ou cela : « Est-ce ma nature
161
ou cela : « Est-ce ma nature secrète ou l’esprit
qui
a parlé ? » En fait, l’homme de la vocation se trouve plongé dans une
162
n’est pas de méthode éprouvée ni de raisonnement
qui
puisse l’aider. L’homme engage son action et parie tout sur quelque c
163
engage son action et parie tout sur quelque chose
qui
lui demeure mystérieux, dans lui-même autant qu’hors de lui. Reprenon
164
e mon œuvre… Non, je dois le dire franchement, ce
qui
m’échappe, c’est que je puis maintenant avoir l’intelligence de l’ens
165
e avec cette netteté : et pourtant c’est bien moi
qui
ai accompli cette œuvre et l’ai menée à chef, pas à pas, avec ma réfl
166
ue celle-ci : la Providence a fait mon éducation,
qui
se réfléchit dans le processus de ma production. Ainsi sont infirmées
167
quand je suivais les impulsions de ma nature, ce
qui
avait ainsi pour moi une valeur strictement personnelle, tenant presq
168
tances en apparence toutes fortuites de ma vie et
qui
, mon imagination aidant, prenaient d’immenses proportions, me mettaie
169
de toute vocation : il s’agit de suivre un chemin
qui
demeure invisible tant qu’on ne se risque pas à y marcher. Cette « lu
170
r pas à faire, et le sentier se crée sous les pas
qui
le foulent. Ici, la seule expérience humaine à laquelle on puisse en
171
d’insister sur cette dernière catégorie. « Celui
qui
ne renonce pas à la vraisemblance n’entre jamais en relation avec Die
172
phrase lourde de sens : « Ce n’est pas le chemin
qui
est difficile, mais c’est le difficile qui est le chemin. » On voit i
173
chemin qui est difficile, mais c’est le difficile
qui
est le chemin. » On voit ici que la notion de vocation, chez Kierkega
174
t ; non seulement chez les « hommes de culture »,
qui
savent mieux de quoi il s’agit, tout en doutant parfois qu’il s’agiss
175
t une aide à la culture. Quel est le gouvernement
qui
peut aider ainsi ? Servitudes de la culture organisée Il y eut
176
tat, donc de directives politiques. Si le produit
qui
émerge de leurs débats a par miracle forme humaine et valeur propreme
177
aire, un de ces irritants problèmes périphériques
qui
viennent encore s’ajouter aux problèmes harassants de la lutte des pa
178
oints. 1. Trop vaste. Une organisation culturelle
qui
survole toutes les civilisations de la planète ne peut se donner qu’u
179
s’est toujours faite par un jeu de libre-échange
qui
ne tenait aucun compte de nos récentes divisions administratives et d
180
s on ne saurait les « planifier » sur une échelle
qui
n’est plus celle du rayonnement normal et sensible des foyers de base
181
se. 3. Initiative et contrôle gouvernementaux. Ce
qui
précède suffit à établir que l’initiative véritable, dans le domaine
182
rètes de la culture dans son état naissant. Et ce
qui
vaut pour les initiatives devrait valoir aussi pour le contrôle des t
183
la police « populaire » ont tiré sur les ouvriers
qui
avaient osé se rassembler, sans armes, pour proclamer : « Nous ne som
184
e rouge de 1905 où le tzar fit tirer sur la foule
qui
marchait vers le Palais d’Hiver. Ce sont les descendants des ouvriers
185
-fils en uniformes, passés aux ordres du Kremlin,
qui
ont tiré sur leurs camarades, les ouvriers sans armes de la Stalinall
186
rque la fin d’une ère : celle du mythe communiste
qui
, pendant trente-six ans, domina la conscience prolétarienne (de Franc
187
monstrueux sophisme. Allez redire, ô philosophes
qui
vantiez la violence ouvrière, « substance et force du PC », allez red
188
des travailleurs ! On savait qu’il était le parti
qui
avait supprimé le droit de grève, sous l’impudent prétexte qu’en régi
189
ussi qu’il était le parti du travail forcé, celui
qui
venait de « réaliser », par les mains de cent-mille esclaves, le cana
190
toutes nos bourgeoisies ont tué des travailleurs
qui
, eux, se révoltaient au nom de la liberté et de leur dignité d’hommes
191
de haine contre le fascisme et les provocateurs.
Qui
ne voit aujourd’hui quels furent à Berlin-Est ces « provocateurs étra
192
vérité profonde de toute la situation, une vérité
qui
vaut pour tous leurs camarades des pays satellites et de l’URSS ; et
193
clat de rire de la foule devant les haut-parleurs
qui
proclament les bonnes intentions du gouvernement communiste. Il leur
194
n’est pas l’Europe des marchandages entre nations
qui
entendent chacune recevoir le plus et croiraient trahir en donnant. C
195
s et croiraient trahir en donnant. C’est l’Europe
qui
crée son avenir et justifie sa raison d’être par des hommes qui se sa
196
venir et justifie sa raison d’être par des hommes
qui
se sacrifient au service de la liberté. l. Rougemont Denis de, « “
197
pellerai tout d’abord les quelques grandes étapes
qui
nous ont conduits jusqu’ici. À Berlin, au début de la guerre de Corée
198
de reprendre confiance dans une culture, que ceux
qui
en sont indignes, et qui le prouvent par là même, ont voulu qualifier
199
ns une culture, que ceux qui en sont indignes, et
qui
le prouvent par là même, ont voulu qualifier de décadente ». L’année
200
certainement plus enviable que celui d’un savant
qui
doit apprendre et professer la génétique selon Lyssenko, la linguisti
201
a sans tuer en lui l’élan intime de la recherche,
qui
est par essence une aventure dans l’inconnu. Notre deuxième raison de
202
ne recule pas. Je citerai deux de ces problèmes,
qui
d’ailleurs concernent moins l’essence même de la science que ses impl
203
perstition nouvelle pour les masses, la science «
qui
guérit et qui tue » joue-t-elle dans le monde présent en faveur de la
204
velle pour les masses, la science « qui guérit et
qui
tue » joue-t-elle dans le monde présent en faveur de la liberté, ou c
205
a s’ajoute le fait que les inventions techniques,
qui
sont les sous-produits de la science, aboutissent de nos jours à des
206
été. Mais alors la question se pose, inévitable :
qui
dominera la science ? Sera-ce l’État, l’idéologie du parti politique
207
e une sorte de sagesse nouvelle, encore à naître,
qui
imposerait une harmonie préétablie entre la science, la liberté, la s
208
iberté ? Ces questions sont parmi les plus graves
qui
se posent à l’esprit moderne. Par une chance rare, elles sont aussi c
209
rne. Par une chance rare, elles sont aussi celles
qui
passionnent le grand public. On comprend que le Congrès pour la Liber
210
ouvé, dans cette Europe inquiète, une grande cité
qui
offrait l’exemple du dynamisme créateur — un étonnant pouvoir de relè
211
rants du monde, bref cet esprit de la Renaissance
qui
fut aussi celui de l’essor scientifique. C’était votre cité libre et
212
ue, dont le génie nous semblait incarné par celui
qui
a la charge de l’administrer, ce grand Bürgermeister qui est aussi un
213
a charge de l’administrer, ce grand Bürgermeister
qui
est aussi un grand Weltbürger. Voilà pourquoi nous sommes ici. Merci
214
n parlement des intellectuels de nombreux peuples
qui
ont reconnu leur dépendance mutuelle. La liberté de la science se sit
215
icipantes. Représentant l’Université de Hambourg,
qui
avait, elle aussi, accordé son patronage à ce Congrès, le recteur Bru
216
bre physicien nucléaire James Franck, prix Nobel,
qui
a été l’un des premiers à appliquer en physique les théorèmes d’Einst
217
t une manifestation de cet esprit de libre examen
qui
fait partie du meilleur héritage américain et qui manquait, pour son
218
qui fait partie du meilleur héritage américain et
qui
manquait, pour son malheur, à l’Allemagne, au temps où j’y fis mes ét
219
les débats, et enfin que le gouvernement italien,
qui
avait accepté de patronner la réunion, mettrait à la disposition de l
220
r favoriser la rencontre. Voici les personnalités
qui
ont participé aux discussions de la table ronde de l’Europe : M. de G
221
meilleure devise pour la table ronde de l’Europe
qui
s’est tenue à Rome l’automne dernier. Pour situer rapidement cette en
222
rale. Et certes, nous perdrons tout cela, tout ce
qui
fait le sens même de nos vies, si nous persistons à demeurer une ving
223
contraire, nous pouvons tout sauver par une union
qui
ferait de l’Europe, dans la réalité vivante, ce qu’elle n’est aujourd
224
— et la conscience aussi des ressources immenses
qui
sont là, dont elle peut disposer, à la seule condition de les mettre
225
in n’est pas de résumer les péripéties des débats
qui
se déroulèrent pendant six longues séances dans le huis clos doré d’u
226
sont nos peuples et les familles intellectuelles
qui
les composent. Mis aux prises avec un problème, l’esprit latin exige
227
ependant, c’est l’angle de vision que l’on adopte
qui
permet finalement de s’accorder. J’avais donc suggéré aux rapporteurs
228
visions nationales, linguistiques et idéologiques
qui
nous fascinent aujourd’hui, apparaissent transitoires et relatives. À
229
u temps. Quelles sont donc les causes intérieures
qui
paralysent nos efforts vers l’union ? L’examen de notre crise spiritu
230
par M. de Gasperi dans son discours introductif,
qui
nous a présenté le tableau cohérent des mesures institutionnelles cap
231
rigines, mais les buts qu’ils regardent ensemble,
qui
peuvent rendre les hommes fraternels. Devant l’antagonisme en apparen
232
nos pays, et celle de sauvegarder les diversités
qui
ont fait la richesse de l’Europe, elle a posé la nécessité de structu
233
upranationales, permettant de mettre en commun ce
qui
doit l’être normalement, afin de garantir et de faire vivre mieux ce
234
ment, afin de garantir et de faire vivre mieux ce
qui
doit normalement demeurer autonome, distinct, privé, original. Enfin,
235
marque Valéry. Je dirai maintenant les réflexions
qui
se formaient en moi en écoutant les autres. Elles tournent toutes aut
236
noncer je ne sais quel « nationalisme européen »,
qui
aurait pour effet de nous « séparer du monde ». Je note que cette rés
237
ations comme telles, c’est le délire nationaliste
qui
a fait tout cela. Et voyez : c’est au nom du même nationalisme — appu
238
communistes — que vous attaquez aujourd’hui ceux
qui
veulent mettre fin à la cause de ces maux, ceux qui entendent sauver
239
i veulent mettre fin à la cause de ces maux, ceux
qui
entendent sauver par la fédération le meilleur de notre culture : non
240
ire, est la racine des pires impérialismes : ceux
qui
se déguisent en entreprises missionnaires, comme jadis les croisades,
241
dans le domaine des idées pures (s’il en est, et
qui
restent telles). Mais il couvre trop d’équivoques. Ce qu’il a de bon,
242
de la connaissance, c’est l’attitude fédéraliste
qui
peut le sauver, puisqu’elle se fonde sur la nécessité du dialogue ent
243
les. Cette culture est le cœur d’une civilisation
qui
, elle, est devenue vraiment universelle, pour le meilleur et pour le
244
les internes que dans le jeu des forces mondiales
qui
nous pressent. Et certes, il faudra bien liquider nos querelles : mai
245
u grand péril que tous nos pays courent ensemble,
qui
nous en donnera les moyens, c’est-à-dire la volonté ferme. « Naguère
246
domaine ». Or on ne voit plus aucun État européen
qui
ait conservé la faculté d’agir à sa guise à l’extérieur, c’est-à-dire
247
lté d’agir à sa guise à l’extérieur, c’est-à-dire
qui
soit capable de déclarer la guerre ou de conclure la paix comme il l’
248
ques d’un complexe. D’où la difficulté, pour ceux
qui
en sont victimes, de s’adapter aux réalités changeantes du siècle, et
249
rême confusion et les éclats de passion saugrenus
qui
caractérisent les débats sur la souveraineté nationale. Tout cela dem
250
oire à toutes les générations de petits Européens
qui
ont passé par l’école, depuis un siècle. La table ronde ne pouvait ma
251
énomènes de nature et de durée très variables, et
qui
ne sont devenus mortels qu’à partir du moment où l’on a prétendu les
252
, et nourriront les plus fatales erreurs : celles
qui
permettent l’acceptation de nos guerres intérieures par nos peuples.
253
ictive. » C’est ainsi que l’on doit rassurer ceux
qui
tremblent, disent-ils, de voir leur patrie « se perdre dans la masse
254
s nations, en vue de s’unir, doivent sacrifier ce
qui
subsiste de leur souveraineté nominale. Quant à l’essentiel de cette
255
couvre, entre les grands empires, la souveraineté
qui
échappe à ses nations. Sentir le fédéralisme. — Plus j’écoute ce q
256
hétorique. Il doit rester incompréhensible à ceux
qui
, n’apercevant pas de différence sérieuse entre une contradiction dans
257
asco vient de formuler dans des ouvrages savants,
qui
renvoie dos à dos jacobins rationalistes et dialecticiens marxistes,
258
le succès. Il m’apparaît urgent et vital que ceux
qui
s’occupent de l’Europe fassent l’effort de s’assimiler l’ABC du fédér
259
raintes d’imposer à leurs différentes régions, ce
qui
mène à un centralisme excessif et à une limitation anormale de l’auto
260
fondamentale de la liberté : M. Toynbee. — En ce
qui
concerne le loyalisme, les Romains ont découvert qu’il ne devait pas
261
urope ne peut être florissante que si les nations
qui
la composent conservent leur identité. M. van Kleffens approuve les
262
r à la civilisation. Elle devra trouver l’optimum
qui
combine un minimum d’unité avec un maximum de diversité. 3. Le fédéra
263
édéralisme n’oppose que le bon sens aux sophistes
qui
abusent des définitions pour empêcher toute réalisation : M. de Gasp
264
rsiste à tout mêler, et à confondre les mots-clés
qui
déterminent notre existence concrète ? Comment répondre, par exemple,
265
communistes l’individu vidé, égoïste, impuissant,
qui
est justement la cause, autant que la victime, des réactions collecti
266
are volontiers notre Europe à Byzance. Cet empire
qui
sombra pour toujours il y a cinq siècles exactement, avait cessé de v
267
t de faire le pool patriotique des faibles sommes
qui
devaient assurer leur salut. L’assaut fut décidé après des mois d’att
268
s mystérieux moments d’accélération de l’Histoire
qui
peuvent provoquer, selon les cas, soit une confusion générale, soit u
269
affrontées sur le problème européen. Pour savoir
qui
a gagné, il suffit de se demander lequel des adversaires est parvenu
270
ralistes et leurs alliés nationalistes en France,
qui
dénoncent à grands cris la disproportion de forces entre quarante-tro
271
ls avaient pour une fois quelque chose à défendre
qui
n’était pas seulement le statu quo, mais l’avenir commun de leurs peu
272
laissé glisser dans une « Conférence asiatique »
qui
s’ouvre à Genève, à l’heure choisie par l’Est. Dès le premier jour, l
273
tupéfiants de l’Histoire. Tourné vers l’Occident,
qui
restera muet, Zhou Enlai déclare en substance : « Bas les pattes en A
274
port des forces ; pas un seul événement politique
qui
soit de nature à expliquer la grande débâcle occidentale. Il s’est pa
275
t l’Asie. Il suffisait de viser le point crucial,
qui
se trouvait être le plus vulnérable : c’était la France, dont le sang
276
la France, dont le sang coulait en Indochine, et
qui
allait décider du sort de toute l’Europe en ratifiant ou non la CED.
277
— d’inspirer quelque crainte à l’URSS. Pour ceux
qui
doutent encore que le vrai but de Genève, dans l’esprit de Molotov, e
278
e saboter l’Europe, je citerai la Radio de Moscou
qui
proclamait dans toutes les langues, au soir même de la chute de Diên
279
péenne capable d’opposer aux Russes une puissance
qui
les tienne en respect. (Et tout le Sud-Est de l’Asie devrait comprend
280
ans l’abîme par une poignée de députés en sursis,
qui
ont donc à peine le droit de parler au nom d’une seule ? C’est aux Fr
281
nçais, d’abord, qu’on voudrait s’adresser, à ceux
qui
sentiront l’amitié d’un appel trop angoissé pour ménager ses termes.
282
’une manière de parler. C’est l’invention de ceux
qui
ont décidé qu’après Wagner, il n’y avait plus que des bruits désagréa
283
bal d’entendre et d’essayer de comprendre tout ce
qui
fut composé dans notre siècle. Bref, la « musique moderne » est celle
284
il ne fut qu’une amitié : je ne vois rien d’autre
qui
rapproche un Honegger et un Poulenc. Il y eut les dodécaphonistes, ma
285
autres musiciens de l’époque. La célèbre querelle
qui
opposa jadis les piccinistes aux gluckistes paraît bien innocente et
286
s différences de style aussi radicales que celles
qui
séparent nos « modernes », Hindemith et Berg, par exemple, ou Bartók
287
s de leurs auteurs, ce n’est pas cette génération
qui
le verra. Car le style d’une époque est très rarement sensible aux ge
288
d’une époque est très rarement sensible aux gens
qui
vivent cette époque, et ceci pour les mêmes raisons qui veulent qu’un
289
vent cette époque, et ceci pour les mêmes raisons
qui
veulent qu’un psychanalyste soit incapable de s’analyser lui-même. Le
290
s savoir comment le dire autrement que le dernier
qui
a parlé et que ceux qui l’ont précédé. Mais les grands ont tous comme
291
autrement que le dernier qui a parlé et que ceux
qui
l’ont précédé. Mais les grands ont tous commencé par parler le langag
292
sous la pression de ce qu’ils avaient à dire, et
qui
était un peu différent. Aujourd’hui, l’on voudrait commencer par le s
293
nt le goût. ⁂ Comment remédier à cette situation,
qui
est aussi celle de la peinture et de la poésie au xxe siècle ? Il me
294
la poésie au xxe siècle ? Il me semble que ceux
qui
tiennent la clé de ce problème vital pour la culture sont bien moins
295
culture sont bien moins les compositeurs que ceux
qui
font les programmes des concerts et qui décident du choix des enregis
296
que ceux qui font les programmes des concerts et
qui
décident du choix des enregistrements. Plus on jouera de musique nouv
297
le public en deviendra contemporain, et plus ceux
qui
composent se rapprocheront de la sensibilité mieux éduquée d’une élit
298
l encouragement pour ceux des festivals européens
qui
tentent de donner du « nouveau », c’est-à-dire de rejoindre le siècle
299
un vif commerce avec le diable. Et que le diable,
qui
depuis Faust “disait toujours non”, s’est fatigué de cette attitude e
300
e pendant huit ans — le temps de mériter ce titre
qui
figure sur sa pierre tombale : Reconstructeur de la patrie. Mais il s
301
ité, s’il ne s’intègre à la communauté plus vaste
qui
est son espace vital de civilisation. Ayant redressé l’Italie, il vou
302
e européen la seule issue aux conflits douloureux
qui
déchirent l’Italie croyante et libérale, et qui ne peuvent être résol
303
x qui déchirent l’Italie croyante et libérale, et
qui
ne peuvent être résolus qu’au-delà du tête-à-tête de frères ennemis.
304
ces questions et réponses sur des bouts de papier
qui
sont l’agrément des congrès, mais qui permettent surtout de vérifier
305
s de papier qui sont l’agrément des congrès, mais
qui
permettent surtout de vérifier rapidement le degré d’accord spontané
306
ts et font en conséquence la pire des politiques.
Qui
dira le mal fait à l’Europe par ces « grandes voix » débitant avec âm
307
x, de tout faire pour sauver la CED. Il savait ce
qui
était en jeu : non seulement le sentiment ombrageux de certains Franç
308
oclamée (novembre 1954)u D’un Premier Allemand
qui
joue sur une entente avec la France, un écrivain français a dit ceci
309
e ne nous apparaît pas moins redoutable que celle
qui
exigeait la démission de Delcassé. » Paraphrasons : une Allemagne vai
310
et intacte sur laquelle régnait Guillaume II. Ce
qui
peut s’écrire : Peur de l’Allemagne + Guillaume II = Peur de l’Allem
311
e l’Allemagne – Adenauer ou P + 100 = P – 125. Ce
qui
est faux, manifestement, sauf dans le seul cas où l’on attribuerait à
312
u. L’aveu de la peur n’était permis qu’à l’esprit
qui
la maîtrisait : « Tu trembles, carcasse ! » Les Russes ont réellement
313
es problèmes opposant la Russie au reste du monde
qui
ne puisse être résolu par voie de négociations. » Relisez ces deux ph
314
ans les autres nations » — le vrai Pouvoir. Voilà
qui
évoque l’idée de constantes nationales, comme par exemple ce mouvemen
315
ales, comme par exemple ce mouvement irrésistible
qui
porte tant de Russes à émigrer vers la Sibérie. Cependant, le problèm
316
de notre action, il convient de nous demander ce
qui
a été ainsi (par le rejet de la CED) gagné ou perdu, et comment nous
317
capitulation son raisonnement et son instinct. »
Qui
parle ainsi ? Au nom de quelle puissante « action » qui a « contribué
318
rle ainsi ? Au nom de quelle puissante « action »
qui
a « contribué à l’échec de la CED » et qui marque son point « pour l’
319
tion » qui a « contribué à l’échec de la CED » et
qui
marque son point « pour l’histoire ? » Ce n’est qu’Esprit, revue fran
320
s témoignages d’anciens résistants à l’hitlérisme
qui
cherchent à émigrer ou qui, eux aussi, préfèrent le climat, pourtant
321
istants à l’hitlérisme qui cherchent à émigrer ou
qui
, eux aussi, préfèrent le climat, pourtant contraint, de la République
322
de prestige aux yeux de l’Européen et d’un pathos
qui
ne saurait tromper, ils représentent dans notre Quête du Graal l’épis
323
c’est la grotte de Circé dans l’Odyssée). Et pour
qui
serait tenté de mettre en doute leur valeur religieuse et sacrée, je
324
re et bornée, mais simplement comme d’une formule
qui
a fait son temps, voilà qui sera ressenti comme sacrilège par l’intel
325
t comme d’une formule qui a fait son temps, voilà
qui
sera ressenti comme sacrilège par l’intelligentsia occidentale, d’aut
326
tre bien tout cela.) Mais c’est la forme du mythe
qui
provoque ce contenu et qui l’amène au jour de l’existence, comme les
327
’est la forme du mythe qui provoque ce contenu et
qui
l’amène au jour de l’existence, comme les règles d’un jeu suffisent à
328
ste et profanateur, au sein même du monde féodal,
qui
est le monde des « fidélités ». Tristan, pris de passion, viole tous
329
ndeur tragique et obsédante qu’au sein d’un monde
qui
avait appris à croire à la valeur irremplaçable d’un seul être. « Je
330
sait partie de la religion de tous. Son élan fou,
qui
mime le saut de la foi, ne jette pas l’homme dans son salut vivant ni
331
mer d’Occident. C’est le cri de l’âme « exilée »,
qui
ne s’arrache à la matière et à la chair que pour sombrer. Mais alors
332
n, car l’Orient ne connaît pas ce tragique absolu
qui
naît de l’acte irréversible, engageant sans retour la personne. Et po
333
profondeurs de la passion. Il fleurit sur l’abîme
qui
sépare l’Orient magique de l’Occident tragique, et cet abîme n’est au
334
e et rapide, un processus de mort et renaissance,
qui
revêt la violence d’une catharsis : « Les choses vieilles sont passée
335
us. Le christianisme apporte au monde les valeurs
qui
animeront plus tard l’idéal révolutionnaire (lequel va les changer en
336
soit son rang ; le conflit de ces deux exigences,
qui
est la source à la fois de l’instabilité de nos régimes politiques et
337
onnaire européen se détache sur le fond d’une foi
qui
tient la liberté et l’action prophétique pour plus vraies que l’Ordre
338
des temps — cette coupure de l’histoire en deux,
qui
a fait l’Histoire. L’Asie du Sud a duré jusqu’à nous dans la continui
339
l dans l’Empire a créé pour l’Europe un précédent
qui
ne cesse de hanter son histoire. Conversions, valeurs « subversives »
340
entre les hommes. Elle instituait un nouvel ordre
qui
bientôt prendrait la relève de l’Empire défaillant. Mais les premiers
341
» des premiers siècles et les autres révolutions
qui
ont versé dans son ombre « un sang impur ». L’Église, en effet, se fo
342
lectique de la personne. Ce n’est pas la personne
qui
se détache d’abord du corps magique de la tribu, mais c’est l’individ
343
ique. C’est l’ambition théocratique, non l’Agapè,
qui
hante les doctrinaires de la révolution, et les conduit au césaropapi
344
te et par le recours direct de l’âme à Dieu. Mais
qui
peut en appeler des arrêts d’un Parti qui incarne la Révolution ? Il
345
u. Mais qui peut en appeler des arrêts d’un Parti
qui
incarne la Révolution ? Il n’y a rien au-dessus de lui14. Il n’y a pa
346
es « ennemis de la liberté », appelant ainsi ceux
qui
diffèrent et pourraient donc devenir ses juges. D’où la Terreur inévi
347
ychose de persécution, la paranoïa de l’Occident.
Qui
voudrait condamner l’élan communautaire générateur de nos révolutions
348
erait dans l’irréel, j’ai dit pourquoi. Mais ceux
qui
croient encore que ces révolutions auraient « objectivement » servi l
349
si on la compare à celles des disciplines d’État
qui
leur ont succédé, fut maintes fois baptisée « douceur de vivre » non
350
la vouloir vraiment, faisant leurs dieux de ceux
qui
en dictaient les formules dans les termes sadiques et hautains qui on
351
les formules dans les termes sadiques et hautains
qui
ont toujours exalté les masochistes. L’éloquence crispée d’un Saint-J
352
r des nationalismes rivaux. Et c’est dans le pays
qui
aura subi le plus durement l’agression napoléonienne, c’est en Prusse
353
nt pas les déterminations naturelles de la nation
qui
lui donnent son caractère, mais c’est son esprit national. » (On voit
354
» Et encore : « À chaque époque domine le peuple
qui
incarne le plus haut concept de l’Esprit. » Voici donc les peuples él
355
Celles-ci ont fait surgir d’autres nationalismes,
qui
vont revendiquer à leur tour le droit de dominer l’époque. À cette fi
356
ra « souveraine », à l’imitation des rois absolus
qui
n’avaient de comptes à rendre qu’à Dieu seul — mais il n’y a plus de
357
bsolue souveraineté ». Pendant cent ans, l’Europe
qui
se croit rationnelle vivra sur cette absurdité fondamentale. En 1914,
358
vies ? Une certaine communion vague et puissante,
qui
permet à l’individu de dépasser son horizon restreint, de s’affranchi
359
rque Simone Weil. La nation est un dieu lointain,
qui
demande beaucoup plus qu’il ne donne, infiniment plus, à l’absurde. P
360
lui de la souveraineté sans limites, par exemple,
qui
est un des attributs de Dieu ; ou celui de l’éternité, au mépris de t
361
re. Cette rhétorique émeut des millions d’hommes,
qui
en oublient du même coup leurs rudiments d’histoire. J’ai dit que la
362
tional et la foi chrétienne, etc., contradictions
qui
ont éclaté dès 1914, affaiblissent non seulement l’Europe démoralisée
363
e demande pourquoi, je répondrai par cette phrase
qui
est la parabole biologique d’une vérité fondamentale de l’esprit : «
364
vérité fondamentale de l’esprit : « Toute plante
qui
souffre a tendance à produire fleurs et fruits. »16 (Un peu plus de s
365
t : ne serait-ce pas nous vider d’une affectivité
qui
est devenue la saveur et le sens même de la vie pour des millions de
366
même révolte contre le But dernier de l’Aventure,
qui
ne peut jamais être saisi que par la foi. Le christianisme se disting
367
de satisfaire pleinement ses exigences. Voilà ce
qui
a mis en marche l’Occident et allumé sa soif inextinguible. Mais quan
368
ues de la légende, avec ce philtre enthousiasmant
qui
annule le Temps, il a « bu sa destruction et sa mort ». Sacraliser de
369
sa destruction et sa mort ». Sacraliser des buts
qui
ne sont pas le But, c’est la formule de la révolte occidentale. Révol
370
la révolte occidentale. Révolte contre l’Église,
qui
avait offert le type d’une société d’amour et de fraternité, mais n’a
371
le. Il en reste cette soif d’une vraie communauté
qui
déclenche les révolutions et qui entretient le culte de l’idole natio
372
vraie communauté qui déclenche les révolutions et
qui
entretient le culte de l’idole nationale. Révolte contre l’Amour de D
373
e. Révolte contre l’Amour de Dieu et du prochain,
qui
était le commandement remplaçant toute la Loi, et l’on voudrait mais
374
ans cet appel intime. Il pense alors : c’est Dieu
qui
doit être trop faible pour me contraindre à l’obéissance et à l’amour
375
imitent, même sans le savoir, le dépit de l’amour
qui
dresse contre le Père les enfants qu’il n’a pas contraints à la vertu
376
olu réalisé dans cette vie limitée, dans ce temps
qui
nous fuit, dans cette chair impérieuse et débile, n’a pas cessé de tr
377
rience spirituelle que la foi seule a pu créer et
qui
l’attendront désormais de toute la force d’une inconsciente nostalgie
378
! C’est la Foi des Apôtres ! » « Anathème à celui
qui
ne croit pas ainsi ! Chassez Eusèbe, qu’on le coupe en morceaux ! Il
379
es députations. On a signé des listes de présence
qui
seront plus tard contestées : sont-elles complètes, sont-elles exacte
380
après l’édit de Constantin, et beaucoup d’évêques
qui
dominent le concile portent les traces de la persécution et des tortu
381
u à l’homme révélées par la venue du Christ, Dieu
qui
est le Père en tant que Créateur, le Fils en tant que Rédempteur, le
382
ent théologique aux yeux des Pères de Nicée, mais
qui
devait apparaître, après coup, comme le fait spécifique et capital de
383
ence que produirait l’Europe christianisée, voilà
qui
paraît indéniable, et c’est le contraire qui aurait de quoi surprendr
384
oilà qui paraît indéniable, et c’est le contraire
qui
aurait de quoi surprendre. Comment pourrait-on rendre compte du fait
385
-elle pu se produire en dehors d’une civilisation
qui
a su valoriser la matière et le corps, objets de la science, en même
386
type de pensée en tension, ou mieux par tensions,
qui
sera jusqu’à nous la marque et le ressort de l’esprit de recherche oc
387
à la magie, aux mythes, aux religions naturelles,
qui
tenaient lieu de science aux sociétés antiques. Ces structures et ces
388
èle suprême de la polarité impensable mais vraie,
qui
exige, dès qu’on l’admet, une réforme profonde de nos catégories inte
389
ni dans une alternance du type diastole-systole,
qui
dissocierait la personne. Il s’agit bel et bien de vivre leur tension
390
e. Mais qu’en est-il des autres couples d’opposés
qui
se sont multipliés dans notre histoire ? La plupart mettent en jeu de
391
u des réalités purement humaines, de même nature,
qui
ne se rapportent plus de près ni de loin, aux deux termes originaux.
392
la découverte des antinomies du réel : le conflit
qui
opposa les éléates et les tenants de Pythagore remonte au ve siècle
393
e du xxe siècle — a osé ce mouvement de l’esprit
qui
assume les incompatibles. La passion de la synthèse, ressort de nos r
394
iens ne peuvent manquer d’observer. Cette lumière
qui
consiste à la fois en « vraies ondes » et « vrais corpuscules », n’a-
395
« humains » un type de dialectique à trois termes
qui
, finalement détaché de son objet primitif, est devenu une forme de no
396
n monde dont la réalité est attestée par Dieu, et
qui
attend son salut de l’homme sauvé. Il est très important que Kepler a
397
ce, d’être à son tour interprété et révélé… Celui
qui
estime vraiment que le monde est absurde, on sent qu’il peut en faire
398
ce. Einstein confirmera l’intuition de Descartes,
qui
fut aussi celle de Newton et de Kepler. c) Les vertus scientifique
399
premier, a su décrire la différence fondamentale
qui
sépare la science grecque de notre science moderne, laquelle ne pouva
400
sée nietzschéenne Karl Jaspers23 : Si les Grecs,
qui
fondèrent la science, ont pourtant ignoré la science universelle prop
401
t même Descartes cèdent à cette impulsion grecque
qui
veut à tout prix établir une forme close, paralysant ainsi la science
402
. Entièrement différente est l’impulsion moderne,
qui
veut que l’on reste ouvert sans réserve au tout de la réalité créée.
403
ssance, alors, vise précisément, dans le réel, ce
qui
ne cadre pas avec les ordonnances et les lois établies précédemment.
404
ais. La science moderne est née d’une rationalité
qui
, loin de se refermer sur elle-même, reste ouverte à l’irrationnel et
405
’où vient le courage qu’elle suppose ? De la foi,
qui
est confiance en Dieu. Car « si Dieu est le créateur du monde, il est
406
ormais responsable de ce qu’est le monde et de ce
qui
s’y passe ». Il y a donc un sens, et il vaut la peine de le chercher
407
eine connaissance de la réalité du monde. Ce Dieu
qui
exige la vérité absolue ne veut pas qu’on le saisisse à l’aide d’illu
408
à l’aide d’illusions. Il rejette les théologiens
qui
tentent de consoler et de réconforter Job par des pensées spécieuses.
409
pensées spécieuses. Il exige de l’homme un savoir
qui
cependant paraît sans cesse se tourner en réquisitoire contre lui-mêm
410
idée de Dieu jusque dans la connaissance du réel,
qui
pourtant vient de Dieu… Dieu n’est pas l’objet d’une foi véritable s’
411
du savant que de tenir pour suspecte toute pensée
qui
d’avance le satisfait et le convainc. Ainsi, c’est dans la mesure où
412
ant le matérialisme, comme position métaphysique,
qui
devait faire éclater en Europe le conflit de la science et de la reli
413
ie toute contraire : je veux parler du docétisme,
qui
tenait le corps du Christ pour une simple apparence, et l’Esprit pour
414
rs siècles sont très nettement spiritualistes, ce
qui
indique bien que l’orthodoxie chrétienne était ressentie comme trop m
415
ance, et consommée dès l’aube de l’ère technique,
qui
a donné libre cours à l’extrémisme occidental que fut le matérialisme
416
uement polémique, consistant à nier l’Esprit même
qui
avait permis de valoriser chair et matière. Il se voulait moniste, ma
417
par l’exemple de Marx. Pourtant, chez les savants
qui
acceptèrent son credo, il semble bien que l’élément polémique ait été
418
des êtres substantiels et durables »27. Voilà ce
qui
reste de la matière aux yeux de la science d’aujourd’hui. Si la base
419
lte que le matérialisme vulgarisé, survivant à ce
qui
fut sa base, n’est plus guère qu’une superstition. Il entretient reli
420
l’énergie, puis entre l’énergie et quelque chose
qui
n’est plus exprimable qu’en formules mathématiques, et qui semble app
421
plus exprimable qu’en formules mathématiques, et
qui
semble appartenir, par suite, à la pensée et à ses lois, voilà qui te
422
enir, par suite, à la pensée et à ses lois, voilà
qui
tendrait à prouver l’existence d’une continuité entre la matière brut
423
à la théologie La question se ramène à savoir
qui
décide, et qui détient la preuve de la réalité. L’Occidental moyen se
424
La question se ramène à savoir qui décide, et
qui
détient la preuve de la réalité. L’Occidental moyen se figure qu’au M
425
désormais, peut fonder son jugement sur des faits
qui
sont « démontrés par la Science », au lieu que le médiéval se voyait
426
ait déjà échappé à nos sens. Dépassée la matière,
qui
était pourtant devenue l’objet principal de la science, nous butons c
427
tre et de Gamow, né d’une explosion primitive, et
qui
reviendra peut-être à son point initial, vous n’irez pas plus loin ni
428
onvertit sans cesse en matière composée d’énergie
qui
retourne sans cesse au non-manifesté31. À ce cycle infini, l’homme op
429
te Question : elle nous juge et pose nos limites,
qui
sont celles du savoir humain, mais elle pose en même temps l’existenc
430
. Mais le Dieu que prient les chrétiens est celui
qui
s’est fait connaître par cela justement que la science ne connaît pas
431
s conciles : comment ne pas songer aux épurations
qui
seront pratiquées 1500 ans plus tard dans une Russie dont l’esprit «
432
de l’histoire et court après la science… 26. Ce
qui
équivaut à dire que l’état spirituel, le projet subjectif, le motif p
433
de la physique des quantas ne le sont du moderne
qui
ne croit qu’à la science. 29. Cf. O. L. Reiser, « The Field theory o
434
t de l’Univers physique est un « nœud d’énergie »
qui
se produit dans un « champ » au sein duquel agissent on ne sait quels
435
ntinuité de nos caractères nationaux. La question
qui
se pose est alors de savoir si l’Occident qui pense n’a pas pris l’ha
436
ion qui se pose est alors de savoir si l’Occident
qui
pense n’a pas pris l’habitude, depuis une cinquantaine d’années, d’ex
437
gson. On dénonce la dépersonnalisation de l’homme
qui
serait liée à la production en série. On prédit le règne des robots.
438
l’esprit (mind), contre les forces impersonnelles
qui
nient l’homme et sa dignité, et qui menacent de stériliser ses facult
439
mpersonnelles qui nient l’homme et sa dignité, et
qui
menacent de stériliser ses facultés les plus humaines : jugement, cho
440
eux, et du contact avec la terre, contre un monde
qui
devient artificiel et laid, uniforme et abstrait, haletant et minuté,
441
urgeois s’en sont toujours gardé. Et quant à ceux
qui
ont décidé de sortir du monde et de se remettre à tisser leurs vêteme
442
moderne, faute de changer ce monde, modifie ceux
qui
le jugent : elle augmente l’insécurité et le pessimisme des masses ;
443
ntribue de la sorte à entretenir cette « crise »,
qui
est le thème préféré de nos meilleurs esprits. Et pourtant, bien qu’e
444
ou ignoré jusqu’au xixe siècle : le type d’homme
qui
précisément rédigea nos manuels scolaires, et qui n’a jamais rien inv
445
qui précisément rédigea nos manuels scolaires, et
qui
n’a jamais rien inventé32. Finalement, de Nietzsche à Spengler, en pa
446
on nous a représenté une espèce d’homme de proie
qui
se jette sur la Nature pour la soumettre à sa « volonté de puissance
447
On invoque Prométhée, mais c’est la seule figure
qui
permette d’illustrer cette théorie tragique, reflétant le goût du tem
448
du temps plus que la réalité. L’homme primitif —
qui
vit encore en chacun de nous — a-t-il vraiment rêvé de dominer la Nat
449
as pour attaquer cette Nature animée d’intentions
qui
sont loin d’être toutes malveillantes : c’est pour négocier avec elle
450
er avec ses démons. Traiter avec le dieu du feu —
qui
apparaît sur deux points de la planète au Caucase et en Chine, semble
451
hommes. Bien plus qu’une « volonté de puissance »
qui
serait une relation de force à sens unique, inimaginable à ce stade,
452
là le besoin de jouer, mais au sens fort du mot,
qui
est un sens religieux. La civilisation apparaît en même temps que les
453
n peu plus fortes ou plus solides que l’homme, et
qui
le mettent en mesure de jouer sa partie en compensant les faiblesses
454
e de jouer sa partie en compensant les faiblesses
qui
le distinguent. Mais l’utilité de ces objets n’épuise nullement l’int
455
lité de ces objets n’épuise nullement l’intention
qui
les crée, et même, le plus souvent, n’en rend pas compte : tout est m
456
istoire des inventions n’est pas celle de besoins
qui
auraient existé avant elles. Sa logique n’est pas celle de l’utile, m
457
que n’est pas celle de l’utile, mais du jeu33. Or
qui
dit jeu dit règles fixes. Ce qu’il s’agit de maintenir avec un soin j
458
herchait à construire une « locomotive routière »
qui
ne fût pas astreinte à suivre la loi rigide des voies ferrées et ses
459
tuel), de dominer son corps, de ne pas mourir… Ce
qui
s’oppose et résiste à ce Bien, ce sont alors les servitudes de la Nat
460
un Autre. On a reconnu cette attitude manichéenne
qui
accompagne régulièrement l’ascension des religions du Dieu bon, et qu
461
èrement l’ascension des religions du Dieu bon, et
qui
leur oppose en sourdine un « spiritualisme épuré », c’est-à-dire en f
462
ge. D’où l’ascétisme, le monachisme, l’angélisme,
qui
méprisant matière, chair et Nature, ne peuvent conduire qu’à la conda
463
mais beaucoup ne répondent à rien : la technique
qui
les donne doit les faire accepter et créer leur besoin dans la masse.
464
’est pas de nos besoins matériels et utilitaires,
qui
n’entrent en jeu qu’après coup ? Le problème revient à savoir comment
465
de chercher le pourquoi de la passion d’inventer,
qui
est d’ordre poétique (au sens premier du terme) et qui est de l’homme
466
st d’ordre poétique (au sens premier du terme) et
qui
est de l’homme en général. Mais quelque chose d’unique s’est produit
467
ux que l’on baptise « capitaines d’industrie » et
qui
s’inspirent et s’autorisent des précédents de la Révolution et de l’E
468
urs savants, et surtout une autre visée que celle
qui
orientait leurs travaux. Nous savons aujourd’hui que le rêve des alch
469
nce à la vie sociale, favorisées par une mystique
qui
tendait au salut conjoint du cosmos et de l’âme humaine, brusquement
470
ent pas attendus. Prise de court par un phénomène
qui
l’étonnait merveilleusement, et dont elle ne pouvait mesurer l’ampleu
471
t le sont encore — par le prolétariat industriel,
qui
a subi tous les « frais humains » de l’opération dès ses débuts37. Po
472
ains » de l’opération dès ses débuts37. Pour ceux
qui
en ont tiré bénéfice matériel, ils l’ont payé d’un prix moins visible
473
Philosophy of Manufactures, célèbre les usines «
qui
surpassent en nombre, en valeur, en utilité et en noblesse architectu
474
ra les camps. Pourtant, le nombre des prolétaires
qui
ont crevé de misère autour de leurs usines pendant tout le siècle der
475
is cinquante ans, au développement d’une attitude
qui
rappelle le manichéisme, encore que les valeurs se trouvent inversées
476
s se trouvent inversées : ce n’est plus la Nature
qui
représente le Mal, mais c’est l’œuvre de l’homme, l’implacable Techni
477
’implacable Technique, personnifiée et mythifiée,
qui
nous domine et nous « déshumanise ». Cette projection du Mal sur la m
478
festé de la Nature. La doctrine de l’Incarnation,
qui
est son fondement toujours actuel, le lui interdirait à elle seule. L
479
rt vers le salut. Cessons donc de projeter le mal
qui
est en nous sur les choses, machines ou Nature, douées d’intentions a
480
oit plus nous tromper. Les penseurs d’aujourd’hui
qui
adoptent cependant à l’égard du progrès technique la position néo-man
481
n’est pas dangereuse du tout. C’est un objet. Ce
qui
est horriblement dangereux, c’est l’homme. C’est lui qui a fait la Bo
482
horriblement dangereux, c’est l’homme. C’est lui
qui
a fait la Bombe et qui se prépare à l’employer. Le contrôle de la Bom
483
, c’est l’homme. C’est lui qui a fait la Bombe et
qui
se prépare à l’employer. Le contrôle de la Bombe est une absurdité. O
484
en fait par lui-même, et c’est toujours quelqu’un
qui
vous appelle par le moyen de ce porte-voix. Si vous courez répondre,
485
anisme mort ». Or, ce n’est pas ce mécanisme mort
qui
peut en être responsable. Ce n’est pas la machine qui rend un homme e
486
peut en être responsable. Ce n’est pas la machine
qui
rend un homme esclave : ce sont certains comportements que d’autres h
487
que l’homme est esclave, quel que soit le régime
qui
l’exige, capitaliste ou communiste. Taylor a conçu l’ouvrier comme un
488
nt calculable. C’est son système, non la machine,
qui
asservit l’homme. Mais Taylor a créé ce système selon les conceptions
489
que veut-on dire ? Imagine-t-on quelque invention
qui
ne pourrait être utilisée que pour le bien ? Je dis que ce serait une
490
ue les Polynésiens de Gauguin. C’est le Moyen Âge
qui
était loin de la Nature : il la craignait40. L’âge classique la jugea
491
le prolétariat industriel, mais c’est elle seule
qui
peut le sauver de sa condition et du décor hideux de son existence. C
492
eux de son existence. Ce n’est pas la scolastique
qui
a supprimé l’institution de l’esclavage en Europe, mais l’amélioratio
493
s nos protestations contre le travail à la chaîne
qui
libéreront le prolétariat, mais le remplacement des travailleurs serv
494
effarante : le loisir. La technocratie. L’homme
qui
cesse de sentir et de vouloir les buts derniers de son existence se m
495
ritable ; non pas elle, il est vrai, mais l’homme
qui
parle ainsi. Ernst Jünger a bien vu que la technique tend alors vers
496
l’obsession du mouvement pour le mouvement même,
qui
définit la politique des jacobins et des totalitaires de toute couleu
497
devant les perspectives vertigineuses du loisir,
qui
poseraient d’une manière immédiate et concrète la grande question des
498
e individuelle reste sans prises sur un phénomène
qui
évolue au niveau des mythes collectifs : le profit dépend toujours pl
499
aventure humaine conduit alors à la Technocratie,
qui
est le gouvernement des moyens sur les fins. (Les « exigences de la t
500
quinze fois mieux que nos ancêtres ?) Mais voici
qui
présente un sens très net : de 1890 à 1954, la semaine de travail dan
501
n tiers pendant ce laps de temps. Un deuxième but
qui
est d’assurer la subsistance d’une humanité qui s’augmente de 70 000
502
t qui est d’assurer la subsistance d’une humanité
qui
s’augmente de 70 000 âmes par jour, a paru s’éloigner à mesure que l’
503
echnique. Ce sont maintenant les moyens à trouver
qui
devront s’adapter à cette fin reconnue, non l’inverse comme auparavan
504
ais cela se verra). Jusqu’ici, c’était le travail
qui
occupait l’essentiel de nos jours, et dont dépendait notre sort : sal
505
à nu. Je n’entends pas peindre ici quelque utopie
qui
pourrait amuser nos descendants. Tout peut changer radicalement et d’
506
s décisions. (Ce n’est pas l’invention de la roue
qui
compte en soi, mais bien l’usage qu’un peuple a décidé d’en faire : c
507
ident, jouets et ornements chez les Aztèques.) Ce
qui
est certain, c’est que le progrès technique va faire un saut sans pré
508
lée par des centaines d’ouvrages de vulgarisation
qui
permettent aux Occidentaux, pour la première fois dans l’Histoire, de
509
ous multiplions déjà — comme en vue de lendemains
qui
auront le temps de chanter — les occasions de mieux comprendre nos vi
510
exemple —, puisque c’est la technique précisément
qui
nous permet ce retour en créant du loisir. Et quant à la mystique, el
511
main la première condition des hérésies et gnoses
qui
vont paraître : elles ne feraient autrement que répéter de l’ancien q
512
les ne feraient autrement que répéter de l’ancien
qui
n’a pas disparu sans raison, ou ressusciter des doctrines dont le sty
513
ant de ce genre de réalités, certaines curiosités
qui
ne s’arrêteront pas là. La télévision, la radio apportent le monde à
514
divertissement » au sens pascalien de ce terme —
qui
englobe ici les grandes parades totalitaires — en bénéficieront très
515
ers s’imaginent l’homme comme une sorte de ballon
qui
ne demande qu’à « s’élever » dès qu’il est délivré des soucis quotidi
516
présentera un progrès ou un risque nouveau, voilà
qui
nous conduit à reconsidérer le sens et la nature finale du Progrès. C
517
tation du risque de l’homme en tant que personne,
qui
est le risque de la liberté ? 32. L’examen des circonstances qui o
518
de la liberté ? 32. L’examen des circonstances
qui
ont produit les grandes inventions, jusqu’à nos jours, prouve que l’a
519
délirants », dont le mysticisme fut décisif en ce
qui
concerne la plupart de nos progrès techniques. Notons qu’en retour, l
520
des mines : Swedenborg et Novalis. 36. Le modèle
qui
servit à Goethe pour écrire la fin du second Faust fut l’ingénieur an
521
lus « païen », par cela même, qu’un J.-P. Sartre,
qui
se place au niveau de la morale, dans le prolongement des exigences e
522
tes orientalistes font parfois penser à quelqu’un
qui
inventerait une machine à monter les escaliers, au lieu de prendre l’
523
commencé dès la mort de Staline44 ou par elle. Ce
qui
est indiscutable, c’est l’importance psychologique du phénomène ; mai
524
fin, quelles sont les « contradictions » majeures
qui
menacent d’éclatement l’univers communiste ? I. Le changement des i
525
t non plus de déclarations) — faits tout de même,
qui
, reliés à leur tour, définiraient une courbe d’allure bien différente
526
e provoqué par cette illusion, pour mieux voir ce
qui
se passe, voyons ce qui ne se passe pas. 1. Les circonstances de la
527
usion, pour mieux voir ce qui se passe, voyons ce
qui
ne se passe pas. 1. Les circonstances de la mort de Staline ne sont
528
pas encore éclaircies. K. n’ignore pas les bruits
qui
circulent à ce propos ; mais il omet de les réfuter dans son rapport.
529
rt. 2. K. limite ses attaques contre Staline à ce
qui
s’est passé depuis 1934, et seulement aux dépens des « bons communist
530
istes ». Que penserait-on d’un nazi d’aujourd’hui
qui
n’attaquerait Hitler que pour avoir pendu de « bons Allemands » après
531
nde ». Mais il refuse d’envisager la seule mesure
qui
donnerait un contenu concret à cette promesse : la reconnaissance du
532
Thorez et Togliatti se seraient-ils éclipsés ? De
qui
se moque-t-on ? De la presse occidentale, qui a donné dans le panneau
533
De qui se moque-t-on ? De la presse occidentale,
qui
a donné dans le panneau, comme toujours ? Mais l’heure n’est pas aux
534
’est pas tel ou tel trait de folie d’un dictateur
qui
doit retenir l’attention, mais le fait de la dictature. Ce n’est poin
535
« Toute collectivité régie par un chef souverain
qui
n’est comptable à personne se trouve entre les mains d’un malade », é
536
malade », écrivait Simone Weil au temps d’Hitler,
qui
était aussi le temps de Staline. Et que la dictature se dise collégia
537
re figure de langage. Mais comment fait-on cela ?
Qui
fait cela ? Le mouvement de l’Histoire ? Ou certains hommes ? Résumon
538
écrivis : « Aujourd’hui, c’est le voleur lui-même
qui
rapporte contre récompense. » Mais les gens du Kremlin font mieux : i
539
vertu. Elle est devenue la vertu même, pour ceux
qui
jugent au nom du « mouvement de l’Histoire ». Ces réalistes me diront
540
res, n’ont pas formé les trois douzaines de chefs
qui
permettraient aux rescapés de la vieille équipe d’aller vivre en paix
541
de Cantorbéry. « Le crime seul doit placer l’être
qui
l’a commis hors de la considération sociale, et le châtiment doit l’y
542
iment doit l’y réintégrer. » (Simone Weil.) Voilà
qui
eût justifié, en théorie du moins, les fameux camps de rééducation. M
543
orale politique et sociale, on l’entend, la seule
qui
non seulement nous donne le droit de juger, mais nous en fasse un imp
544
ant, hélas ! au-dessus des despotes — est de ceux
qui
dégradent non seulement un régime et les idéaux qu’il proclame, mais
545
’œil intéressé des masses du monde entier, — pour
qui
sonne-t-il le glas ? Pour le seul « stalinisme » ? Non, pour tout ce
546
? Pour le seul « stalinisme » ? Non, pour tout ce
qui
permet de le condamner. Qui a tué Staline ? Tout cela tendrait-
547
Non, pour tout ce qui permet de le condamner.
Qui
a tué Staline ? Tout cela tendrait-il à prouver qu’il n’y a pas eu
548
sés « staliniens » quand ils deviennent gênants —
qui
furent en vigueur sous son règne, ne se voient dénoncés que des lèvre
549
e des lèvres, et à seule fin d’exonérer le groupe
qui
entend bien rester libre de les appliquer. Quant au sens général du p
550
nisme » peut encore se porter aussi bien que ceux
qui
ont liquidé Staline ; ou qu’au contraire, le dépassement du « stalini
551
nt au moment voulu la mort naturelle d’un Staline
qui
se trouvait avoir fait son temps. La seconde hypothèse est celle d’Is
552
nes d’une clarté limpide, mais trompeuse : « Ceux
qui
gouvernent en URSS, je reconnais qu’ils ont eu des postes et des char
553
t-il en conclure que ce sont d’enragés staliniens
qui
se léninisent sous la menace ? La vérité, c’est que le stalinisme s’e
554
non pas simplement dépassé — par ceux-là mêmes en
qui
Sartre veut voir les meneurs du mouvement de l’Histoire qui les mène.
555
veut voir les meneurs du mouvement de l’Histoire
qui
les mène. (« … ils la font, et ils sont faits par elle. ») Quelle éta
556
par elle. ») Quelle était donc cette autre chose
qui
est condamnée, et que Sartre n’approuvait pas ? L’action personnelle
557
en URSS même, on voit mal ce qu’il peut en rester
qui
ait pu se livrer à l’autosuppression, sinon précisément ce qui dure e
558
livrer à l’autosuppression, sinon précisément ce
qui
dure encore : la dictature, le personnel stalinien, le mythe de l’inf
559
s s’adressant non seulement aux acteurs du drame (
qui
s’en moquent), mais encore aux intellectuels qui ont approuvé lesdits
560
(qui s’en moquent), mais encore aux intellectuels
qui
ont approuvé lesdits acteurs quand ils faisaient le jeu de Staline, e
561
ersible. J’examinerai maintenant les conséquences
qui
peuvent ou doivent découler, dans l’immédiat, de cette situation en p
562
ce qu’un anticommuniste militant ? C’est un homme
qui
s’oppose à toutes les tyrannies quel qu’en soit le prétexte allégué.
563
lté) suppose la dictature, et K. suppose Staline,
qui
l’a fait. Dans un système totalitaire, par définition tout se tient.
564
liquer à un pareil système des critères sélectifs
qui
valent à plein pour nos régimes démocratiques, mais sont exclus par l
565
l’Histoire ! D’où l’on voit qu’un anticommuniste
qui
se veut « non systématique » n’est finalement qu’un anticommuniste in
566
ait et en logique, on ne connaît pas d’opposition
qui
n’implique une certaine position, on s’en tire en disant : celui qui
567
certaine position, on s’en tire en disant : celui
qui
est toujours contre, il faut bien qu’il soit payé pour…50 L’anticomm
568
revanche, n’est pas tenu de croire que les hommes
qui
l’attaquent sont payés par Moscou, pour si peu. N’étant pas marxiste-
569
honnêtement ses revenus de la classe bourgeoise,
qui
achète ses livres et applaudit ses pièces bien qu’il n’ait pas cessé
570
t étant fournie par les procommunistes eux-mêmes,
qui
justifiaient tout cela par le Diamat. Parce que nous disions cela, l
571
sens marxiste de l’expression. Quant au point 10,
qui
résume tout, sa vérité résulte des points qui le précèdent, et sa con
572
10, qui résume tout, sa vérité résulte des points
qui
le précèdent, et sa confirmation héroïque et sanglante s’inscrit dans
573
. Mitrailler dans les rues de Poznań les ouvriers
qui
souffrent de cette dictature, bien qu’elle soit en principe la leur,
574
hismes de K. Second argument : « La métamorphose
qui
porte les maîtres du Kremlin… à l’avant-garde de l’antistalinisme sou
575
anticommunistes vulgaires seraient-ils donc ceux
qui
n’ont pas de nom ? Il faut pourtant bien qu’ils existent : où serait,
576
cation erronée : les moyens employés par Staline,
qui
fut pendant tout le temps de notre débat l’incarnation incontestée du
577
oute, la liberté, et de ne tenir pour vrai que ce
qui
était dit « de gauche » ; bref, dans tous ces exemples choisis à la v
578
de leur faire dire chaque fois le contraire de ce
qui
est, donc de mentir. On se tromperait en croyant que j’instruis un pr
579
eurs ; attribuer du jour au lendemain tout le mal
qui
s’est fait sous Staline à un « culte de l’homme » qu’on se bornait à
580
yeux, déjà, ce procédé de K. invoquant la terreur
qui
régnait au Kremlin — mais non pas à Paris ni à Rome, que l’on sache —
581
tant. On affirme, en effet, un besoin d’esclavage
qui
transcende l’obéissance technique, et ne peut récuser qu’un seul ordr
582
te va nous y aider peut-être. Soit un chef absolu
qui
ordonne à ses sujets de se peindre le visage en rouge. Cela dure des
583
ées, sans problèmes : on se borne à liquider ceux
qui
refusent de se peindre. Mais voici que le même chef, un beau jour, s’
584
’ils tentent de prévenir les vœux secrets du chef
qui
les met à l’épreuve. Cependant, deux ou trois se débarbouillent la fi
585
igure et décident de quitter le pays. La question
qui
se pose est celle-ci : les sujets n’ont-ils fait qu’obéir une fois de
586
espèce de couleur. Telle est la seule révolution
qui
compte, la seule qui ne conduise pas, inévitablement, à plus de tyran
587
elle est la seule révolution qui compte, la seule
qui
ne conduise pas, inévitablement, à plus de tyrannie qu’avant. Compren
588
dit vrai (selon l’observation), mais au nom de ce
qui
sert le Parti. Que la « vérité du Kremlin », adoptée par tous les PC,
589
ncide actuellement avec le vrai tout court, voilà
qui
est loin de prouver que K. et les PC aient rejoint le parti de la vér
590
qu’ils persistent dans leur erreur fondamentale,
qui
est de croire que la vérité doit être dictée, non cherchée, et dépend
591
t l’erreur y est frappée de sanctions immédiates,
qui
ne sont point morales, mais physiques. On ne fait pas de découvertes
592
, et de celui-ci avec le mouvement de l’Histoire,
qui
, par définition, ne peut se tromper, puisque c’est lui qui détermine
593
définition, ne peut se tromper, puisque c’est lui
qui
détermine la « vérité ». Le rapport K. remet tout en question. En eff
594
r. Entre les deux, où se place l’infaillibilité ?
Qui
, désormais, en sera le vrai porteur ? Faudra-t-il dissocier les chefs
595
mission stupéfiante de la part d’un marxiste pour
qui
toute déviation, opposition ou trahison, ne saurait être motivée que
596
ie. Ce n’est pourtant pas l’individu, on le sait,
qui
fait l’Histoire. En voici un, pourtant, qui l’a mal faite. C’est donc
597
sait, qui fait l’Histoire. En voici un, pourtant,
qui
l’a mal faite. C’est donc qu’il faisait le jeu d’une force bien réell
598
ue Staline n’a jamais rien fait par lui-même — ce
qui
aurait pour effet de le réhabiliter, mais d’incriminer tout le systèm
599
e débarrasser des entraves dogmatiques et de ceux
qui
les vénèrent… À supposer que l’arrière-pensée d’un K. soit quelque ch
600
r que l’arrière-pensée d’un K. soit quelque chose
qui
ressemble à ce qu’on pourrait appeler « le dépassement du communisme
601
l’Histoire », — comme le sont dès maintenant ceux
qui
s’accrochent encore à l’utopie marxiste, plus lente que la technique…
602
ndra-t-il de ces échanges d’idées, si les Russes,
qui
se forment aux sciences, croient de moins en moins au Diamat, dans le
603
vaincu, que peut-il opposer encore à l’adversaire
qui
le fasse basculer dans le camp que lui-même quitte ? Voilà le danger.
604
oir une paix vraiment vivante, j’entends une paix
qui
ne résulte pas du contact de deux apathies et de l’échange de deux dé
605
s partenaires détient le secret de la générosité,
qui
n’est rien d’autre que la force, la vraie force, celle qui naît de la
606
rien d’autre que la force, la vraie force, celle
qui
naît de la confiance en ce que l’on croit. J’en conclus qu’il faut fa
607
eilleurs à l’Est, nous le savons désormais, voilà
qui
oblige. On nous met au défi de donner un peu plus que nous ne possédo
608
123, p. 1524. 45. N’est-ce pas l’avis de Sartre,
qui
écrit : « Le culte de la personne… coûtait cher en vies humaines et e
609
st-ce que la « justesse » de positions politiques
qui
exigent des hécatombes de vies humaines, et s’accommodent d’un niveau
610
ait, ce n’est pas le « culte de la personnalité »
qui
a motivé le génocide des koulaks, etc. C’est la terreur policière, la
611
48. Les Temps modernes, n° 123, p. 1524. 49. Ce
qui
est injustifiable, c’est l’anticapitalisme systématique des communist
612
isme systématique de l’intelligentsia européenne,
qui
relève de la mentalité prélogique. Le capitalisme au xxe siècle et l
613
nverse est vrai dans le cas du bolchévisme russe,
qui
se veut essentiellement « monolithique », ainsi que K. ne cesse de le
614
va priver les anticommunistes « vulgaires » de ce
qui
« constitue la base de leurs convictions et souvent aussi de leurs re
615
i pas la moindre envie de calomnier un homme pour
qui
j’ai eu de l’amitié, et ce n’est pas ma faute s’il suffit de le citer
616
er pour faire mesurer les ravages, dans un esprit
qui
se veut honnête, de l’anti-anticommunisme. 51. François Fejtö, artic
617
ur semblent déterminées par le tempérament de K.,
qui
le pousse à corriger une paire de claques sur les joues par une claqu
618
e jetterai dans les bras de Moscou, et c’est vous
qui
m’y aurez poussé ! J’ai besoin d’un barrage. B. Entendu. Vous aurez d
619
sous-développé ? B. Je vous prends pour quelqu’un
qui
a besoin d’un barrage, mais qui n’en a pas les moyens. A. Je les aura
620
ds pour quelqu’un qui a besoin d’un barrage, mais
qui
n’en a pas les moyens. A. Je les aurai demain, à Moscou, si je le veu
621
quoi vous ferais-je ce don sans garanties, à vous
qui
m’insultez en me le demandant ? A. Pour éviter que je me jette dans l
622
. B. Pourquoi vous jeter dans les bras de Moscou,
qui
ne vous aidera jamais sans condition ? A. Parce que Moscou vous emm…
623
é pendant des millénaires l’immense espace ouvert
qui
va de l’Est européen jusqu’aux confins de la Sibérie et jusqu’au dése
624
Telles sont les données millénaires d’un conflit
qui
dépasse largement les intérêts d’une compagnie capitaliste et d’un di
625
temps ? Et où finit-elle dans l’espace ? B. Ceux
qui
l’attaquent savent assez ce qu’elle est. A. L’Albanie musulmane en fe
626
où vous êtes né comme moi, si je ne me trompe, et
qui
meurt de vos doutes, plus que de la foi des autres. C et D (ensembl
627
t-elle pu si elle n’était pas née ? Et c’est vous
qui
en avez décidé, vous les Anglais en sabotant Strasbourg, vous les Fra
628
N’empêche que nous sommes seuls à relever un défi
qui
s’adresse à tout l’Occident. B. Vous êtes seuls — et l’on sait pourqu
629
sions les consulter. B. Votre belle souveraineté,
qui
a su refuser l’Europe, reste impuissante en fait contre l’Égypte. Si
630
place dans le monde de demain, entre les empires
qui
l’affrontent. S. Mais l’Europe vaticane a vécu, si le Chancelier lui
631
ité que l’idée européenne était bien morte. Voilà
qui
ne changeait rien aux données de fait, qui ne cessaient pour si peu d
632
Voilà qui ne changeait rien aux données de fait,
qui
ne cessaient pour si peu de réclamer l’union. Désormais la Relance es
633
aineté nationale Une conférence internationale
qui
a passé curieusement inaperçue, c’est celle qui vient de se tenir à G
634
e qui a passé curieusement inaperçue, c’est celle
qui
vient de se tenir à Genève sur l’esclavage. Elle a pris connaissance
635
l’Angleterre ont proposé un contrôle des bateaux
qui
emmènent ces malheureux à travers la mer Rouge et le golfe Persique.
636
uiser la capacité d’indignation des intellectuels
qui
se croient du côté du cœur. Ce demi-million d’esclaves n’est rien au
637
des Koulaks, des Kasaks et autres Cosaques, voilà
qui
n’empêche pas qu’elle « représente » l’adversaire principal d’un syst
638
représente » l’adversaire principal d’un système
qui
, selon M. Joliot-Curie, « exige l’exploitation et l’esclavage d’innom
639
ire, moyennant le changement de signe dialectique
qui
est le réflexe normal de tout bon communiste. « Je vous assure, do
640
beaucoup d’intellectuels des appels, des invites
qui
parfois sont insultantes : « Libérez-vous ! dit-on aux intellectuels
641
fascisme, pourvu qu’il serve l’URSS. D’ailleurs,
qui
oserait juger le régime de Nasser ? « Le caractère démocratique ou no
642
d’écrire sur commande une œuvre austère et dure,
qui
ne concède rien ni à l’attente du public ni à celle des critiques, ni
643
elle des valeurs un peu plus défendable que celle
qui
prévaut dans ce siècle. Bartók ne gagne pas de quoi se payer la clini
644
er la clinique et il en meurt, mais les virtuoses
qui
jouent ses concertos en vivent très bien : 3000 dollars pour une soir
645
ison. « C’est tout naturel » m’assure-t-on. Voilà
qui
juge une société. Car il n’y a rien de naturel ni de raisonnable en t
646
le seul dessein de satisfaire les viles passions
qui
caractérisent notre race. Les entreprises colonialistes de Colomb, an
647
tes, calomniant à longueur de journée l’Occident (
qui
semble aimer cela) feraient mieux d’aller rapprendre leur Histoire. C
648
i que l’on croit, mais un juif espagnol converti,
qui
avait conçu l’idée d’obtenir du Mogol l’or nécessaire pour conquérir
649
les. Il comptait rapporter la subvention spéciale
qui
eût permis aux rois catholiques de lancer la dernière Croisade, mais
650
te de la Lune et la navigation vers les planètes,
qui
n’est qu’un rêve encore pour cette génération, se réalise au xxe siè
651
la date où je l’écris, nous ne savons rien de ce
qui
peut nous attendre ou non sur d’autres astres. Nous avons simplement
652
n’est point d’action créatrice sans quelque rêve
qui
la dirige, et qu’elle trahit. « Celui qui vend des bœufs, rêve de bœu
653
ue rêve qui la dirige, et qu’elle trahit. « Celui
qui
vend des bœufs, rêve de bœufs », dit le proverbe. L’inverse est aussi
654
e. L’inverse est aussi vrai, naturellement. Celui
qui
rêve de satellites en crée, quitte à les affamer ou à subir leur révo
655
ait ou colonisait. C’était trop clair. La Russie,
qui
descend de Byzance mais aussi de la Horde d’Or, a toujours préféré la
656
écédé de peu l’ouverture de « l’Année Cosmique »,
qui
doit mettre au point la formule des satellites astronomiques. Et quan
657
ellites astronomiques. Et quant à la coexistence,
qui
se révèle malaisée dans le siècle, on ira la chercher dans un temps q
658
dans le siècle, on ira la chercher dans un temps
qui
n’est plus celui de l’Histoire : il est question que l’URSS et les Ét
659
s archétypes du rêve nous préparent aux surprises
qui
viennent un jour récompenser le délire cohérent des sciences exactes.
660
imaginé ? Parce que tu m’as rêvé, je suis. Voilà
qui
est moins idéaliste que le cogito cartésien : il suffit de poser comm
661
e axiome l’accord fondamental du rêve et du réel.
Qui
n’a rêvé de se transporter en un clin d’œil aux antipodes, ou simplem
662
ntipodes, ou simplement aux lieux de son bonheur,
qui
sont presque toujours lointains ? En février 1946, vivant à New York
663
e à nous tous Européens ! Et pas seulement à ceux
qui
se trompaient et voulaient à tout prix nous tromper depuis dix ans :
664
sayer de comprendre le désir de justice sociale »
qui
animait non seulement les staliniens mais, disaient-ils sans honte, r
665
e si c’était le même désir d’une même « justice »
qui
animait les brutes au pouvoir et leurs victimes ! Honte aux politicie
666
eurs victimes ! Honte aux politiciens européistes
qui
ont accepté depuis dix ans tant de préalables saugrenus multipliés pa
667
vrose nationaliste, au lieu de faire cette Europe
qui
aurait seule pu répondre. Je partage cette honte pour avoir toléré tr
668
pour la Hongrie et pour l’Europe. » Cette Europe
qui
aurait pu, en s’unissant plus tôt, cette Europe qui pouvait, en rasse
669
i aurait pu, en s’unissant plus tôt, cette Europe
qui
pouvait, en rassemblant ses forces à l’appel angoissé de la liberté,
670
angoissé de la liberté, éviter la honte éternelle
qui
accable désormais toute cette génération, la Hongrie massacrée sous l
671
aire m’avaient au moins prouvé qu’il est des mots
qui
portent. Mais les Russes sont si loin, et c’est pire.) Nuit du 5 a
672
volution, ce n’est pas le mouvement de l’Histoire
qui
a déclenché sa marche à jamais bouleversante, et ce ne sont pas des h
673
uleversante, et ce ne sont pas des hommes de main
qui
l’ont conduite, mais des hommes de parole : des poètes. Comment, d’ic
674
s de l’honneur, s’il en subsiste encore chez ceux
qui
approuvent ce crime. Quelle est l’arme des hommes qui n’en ont point
675
approuvent ce crime. Quelle est l’arme des hommes
qui
n’en ont point ? La grève. Déclarons donc la grève des relations cult
676
des relations humaines élémentaires, contre ceux
qui
chez nous, librement, approuvent le crime de Budapest, et contre les
677
utre moyen de leur faire prendre conscience de ce
qui
vient de se passer, et de l’infernale logique du régime qu’ils approu
678
de marquer, sans autre commentaire, la solidarité
qui
nous contraint à rompre avec ceux qui les tuent.) Mardi 6 novembre
679
solidarité qui nous contraint à rompre avec ceux
qui
les tuent.) Mardi 6 novembre 1956 Manifestes partout, de gauche
680
ite. C’est une insurrection morale sans précédent
qui
répond à l’appel de Budapest. Qu’elle soit presque unanime suffit pre
681
u’il ne l’est pas. C’est leur mauvaise conscience
qui
a trouvé cette astuce dont on se demande si elle est plus indécente q
682
a seule condition d’avoir été complice de tout ce
qui
le préparait. Jeudi 8 novembre 1956, à Ferney Rentré hier de Pa
683
se n’ait guère parlé, ce matin, que des incidents
qui
ont suivi (chahuts devant un journal du parti communiste et devant un
684
us ait empêché toute description du phénomène. Ce
qui
vient de se produire dans la conscience européenne — et dans elle seu
685
rope se tait… Honte à cette Europe silencieuse Et
qui
n’a pas conquis sa liberté ! Lâches, les peuples t’ont abandonné ô Ma
686
re : faites l’Europe ! Pour qu’il y ait quelqu’un
qui
réponde, qui soit capable de réponse, ou responsable, lorsque d’autre
687
’Europe ! Pour qu’il y ait quelqu’un qui réponde,
qui
soit capable de réponse, ou responsable, lorsque d’autres appels vien
688
utres appels viendront. Pour qu’il y ait une voix
qui
réponde, parlant au nom d’une force en tous temps alertée, et d’une f
689
e force indépendante. Pour qu’il y ait une Europe
qui
puisse voler au secours de ses peuples colonisés sans demander d’abor
690
cri. Lundi 3 décembre 1956 C’est la Hongrie
qui
fera l’Europe. Nos chefs politiques ne feront rien. Le sacrifice de l
691
e lever, depuis quelques semaines, une génération
qui
a compris. C’est avec elle, maintenant, qu’il faut parler ; qu’on peu
692
S’il m’arrive, à Paris, d’appeler mon domicile,
qui
est à Ferney-Voltaire, dans l’Ain : « Veuillez épeler », dit la télép
693
plus beaux aspects de l’Europe », écrit Voltaire,
qui
y a vécu de 1758 jusqu’à l’année de sa mort, vingt ans plus tard. Je
694
siste un tapis de brume. Aux bords de ce ruisseau
qui
longe mon jardin, qui l’inonde aux crues de printemps, Chateaubriand
695
e. Aux bords de ce ruisseau qui longe mon jardin,
qui
l’inonde aux crues de printemps, Chateaubriand passa des heures d’heu
696
ps maigre et ce rire édenté de vieillard polisson
qui
le rendent présent parmi nous. Plutôt ces inscriptions, que je copie
697
ort riche et souvent généreux, pourvu d’une plume
qui
valait une armée, et d’un mauvais esprit qui valait cent vertus. « Ma
698
lume qui valait une armée, et d’un mauvais esprit
qui
valait cent vertus. « Marchez toujours en ricanant dans le chemin de
699
réussir que vingt arbres, c’est toujours un bien
qui
ne sera pas perdu. » Les cèdres du Caucase, envoyés par la Grande Cat
700
’horlogers, de céramistes, tous protestants, mais
qui
vécurent en paix avec ceux qu’ils enrichissaient. En même temps, il f
701
, une seule fois, et montrez ensuite vos jambes à
qui
vous voudrez. » À ses amis de Paris : « On fabrique ici beaucoup mieu
702
se de cinquante foyers à plus de mille habitants,
qui
deviennent propriétaires par un système que l’on nommerait de nos jou
703
nt des œufs, du lait, des fruits. Une jeune fille
qui
se tient au milieu d’eux, porteuse d’une corbeille fleurie, figure «
704
ide et cette Bourse des valeurs de toute l’Europe
qui
fait sa rumeur à Genève. Le tout survolé trente fois par jour par des
705
. Ils vont se poser derrière le bois tout proche,
qui
assourdit tout d’un coup leur grondement. Vous voyez que ce pays est
706
au jésuite et aux deux missionnaires protestants
qui
se sont disputés devant lui : « Si vous voulez qu’on tolère ici votre
707
tôt n’en voulant pas souffrir d’autre, on sait ce
qui
en résulta ; une guerre civile, non moins affreuse que celle de la L
708
nt de l’Histoire ?) Voici enfin sur le Socialisme
qui
excuse tout, y compris le massacre des ouvriers : « Vous répondez que
709
olir les jésuites pour en faire des citoyens : ce
qui
au fond est un mal imaginaire, et un bien réel pour eux ; car où est
710
» Là-dessus, l’on discutera sur l’opportunité —
qui
varie selon les nations — d’une mesure que le droit justifie sans nul
711
nt, et que l’on recherche, en tous les cas divers
qui
se présentent, non seulement si le PC pâtirait réellement de l’interd
712
irait réellement de l’interdiction prononcée — ce
qui
est loin d’être toujours sûr — mais encore si la classe ouvrière (que
713
se passe-t-il donc ? Dans la confusion générale,
qui
est celle où s’élaborent habituellement les notions vagues et puissan
714
ns et d’intérêts, de phobies et de raisonnements,
qui
sont peut-être à l’origine du courant que je crois sentir vers la neu
715
re aux Soviets et de plaire aux Américains, voilà
qui
revient en fait à supprimer l’Europe en tant que facteur indépendant,
716
ralité de la Hongrie, l’indication d’une attitude
qui
serait commune aux actuels États satellites dès l’instant de leur lib
717
rguments ne manquent pas d’être invoqués par ceux
qui
trouvent dans la neutralité un alibi décent de « l’apaisement » mal f
718
définir : c’est celui de certains « Européistes »
qui
se demandent si l’union nécessaire n’exigera pas un jour pour se réal
719
les faits récents, et les réactions à ces faits,
qui
expliquent pourquoi l’idée se répand d’une neutralité de l’Europe. Ma
720
se répand d’une neutralité de l’Europe. Mais ceux
qui
en parlent sont les mêmes qui me disaient hier encore : « Qu’est-ce q
721
l’Europe. Mais ceux qui en parlent sont les mêmes
qui
me disaient hier encore : « Qu’est-ce que l’Europe ? » À mon tour de
722
norme État, et la poignée d’intellectuels indiens
qui
avaient le courage de dénoncer ce parti ; donc neutre entre une armée
723
e en même temps les intérêts d’un État composite,
qui
risquerait de se disloquer s’il prenait parti dans les luttes opposan
724
notion d’équilibre européen a vécu. Les conflits
qui
menacent d’éclater ne peuvent plus opposer les voisins de la Suisse,
725
ins de la Suisse, mais l’Europe tout entière à ce
qui
n’est pas l’Europe. Si la Suisse, prétextant de sa neutralité, refusa
726
trois dernières guerres franco-allemandes, en ce
qui
concernait la Suisse) 2°) s’il juge que des raisons vitales d’ordre i
727
d’un besoin plus fier d’indépendance. Je ne sais
qui
a pu écrire que « seul un État neutre est vraiment indépendant »61. I
728
re absolument neutre. Je n’en vois guère que deux
qui
soient dans ce cas. Quasiment autarciques, plus puissamment armés que
729
ronter. Il faudra réfléchir, pendant les semaines
qui
viennent, aux suites possibles ou non de ce jeu délirant. Il s’agirai
730
États considéré. Ce n’est pas le cas de l’Europe,
qui
ne serait pas intégrale sans les pays de l’Est colonisés par l’URSS.
731
le serait pratiquement impossible sans un Pouvoir
qui
la déclare et qui l’assume, et elle ne saurait donc être considérée c
732
ment impossible sans un Pouvoir qui la déclare et
qui
l’assume, et elle ne saurait donc être considérée comme un objectif s
733
e française et de l’arrière-garde antieuropéenne.
Qui
défendra l’Europe, réduite aux côtes de l’Ouest ? L’Amérique, cela va
734
ait de l’espoir d’une indépendance reconquise. Et
qui
se laissera convaincre de « désengager » les États satellites et l’Al
735
ont pas si bêtes que de nous décourager : tout ce
qui
peut faire obstacle à notre union les sert. Mais on ne peut espérer q
736
Or ce n’est pas seulement leur présence militaire
qui
assure les régimes « populaires » : il n’y a plus de troupes russes e
737
y a plus de troupes russes en Tchécoslovaquie. Ce
qui
maintient le système dans les pays de l’Est, c’est la simple menace d
738
ys neutres de l’Europe ; adhérer à une fédération
qui
serait neutre aussitôt que faite, n’entraînerait plus pour eux nul ch
739
discussion possible. Prenons les pays satellites (
qui
n’aiment pas qu’on les nomme ainsi, et c’est bon signe !) : la neutra
740
utralité européenne (fin) (mai 1957)ah Tout ce
qui
précède64 a consisté, en somme, dans une approche sans parti pris, da
741
à venir, que si d’abord elle a fait son union, ce
qui
implique : que les pays de l’Est l’aient librement rejointe, qu’elle
742
à prévoir d’ailleurs les déséquilibres éventuels
qui
pourraient survenir dans d’autres continents, et à se disposer en con
743
e ; — ou bien, contre toute attente, c’est l’URSS
qui
gagne, non sans avoir reçu des coups très rudes, et alors l’Europe pe
744
es et se range automatiquement aux côtés de celui
qui
est attaqué. Ceci produit l’arrêt du jeu entre les Trois (paix occide
745
le) ou l’explosion générale en cas d’accident (ce
qui
nous renvoie à l’éventualité prévue sous 3). 6. Les Trois Rois de l’O
746
emment restreinte par la volonté de ne rien faire
qui
puisse causer l’explosion générale en Occident ; mais il en va de mêm
747
rantie triangulaire. 7. La neutralité européenne,
qui
suppose une stabilisation des rapports entre la dictature soviétique
748
au contraire, faute de toute analyse des concepts
qui
se trouvent en jeu neutralisme, neutralité, indépendance et interdépe
749
garantie par les deux blocs. Le meilleur argument
qui
subsiste en faveur de l’idée de neutralité, c’est qu’elle peut, du se
750
e jusqu’au dernier moment contre tous les salauds
qui
affirmaient sans nul droit qu’elle devait s’exprimer par quelque chos
751
a fait. En résumé, tout le monde a tort, sauf un
qui
, n’écoutant que son devoir, se met à faire la leçon à tous. Les commu
752
— ils ne sont pas dans le sens de l’Histoire ; ce
qui
leur ôte le droit de faire reproche à Sartre d’avoir approuvé hier ce
753
uels il donne tort aujourd’hui. Les dialecticiens
qui
avaient eu la patience de suivre Sartre depuis quelques années devaie
754
ique derrière un rideau d’insultes lancées à ceux
qui
osent condamner le crime sans avoir été les complices de la politique
755
ce n’est surtout pas au nom de quelque « morale »
qui
dénoncerait le crime comme tel ; mais parce que cette erreur « impard
756
!) un autre : seuls peuvent et doivent juger ceux
qui
participent, à l’Est et à l’Ouest, au mouvement du Socialisme ». Trad
757
seul point de vue transcendant qu’il accepte, et
qui
est « le Socialisme lui-même ». Mais qui incarne cette essence ? Sart
758
epte, et qui est « le Socialisme lui-même ». Mais
qui
incarne cette essence ? Sartre seul, qui s’est mis en situation de n’
759
». Mais qui incarne cette essence ? Sartre seul,
qui
s’est mis en situation de n’être reconnu comme camarade valable par a
760
par aucun des partis, groupements ou groupuscules
qui
se réclament en fait du Socialisme. La seule victime des polémiques i
761
abondamment expliqué sur Budapest ». Or c’est lui
qui
a fait cela et non pas moi. On m’a lu sur Suez ici même, et je n’ai p
762
’ai publié sur Budapest que trois petits articles
qui
font douze pages en tout. Si c’est être abondant, il n’y a pas de mot
763
st être abondant, il n’y a pas de mot pour Sartre
qui
a donné trois-cents pages sur Budapest, tandis que je ne connais rien
764
emier, je crains qu’il ne s’inspire de Machiavel,
qui
écrivait au xvie siècle : Svizzeri, armatissimi e liberissimi. Qu’il
765
l’explication ? Ferney rappelle un écrivain connu
qui
signait volontiers : « le Suisse Voltaire ». De la part d’un Français
766
ui que donne à l’adversaire plus faible le joueur
qui
accepte un handicap. Mais si cet adversaire annonce expressément que
767
es clauses est fournie par les cris d’indignation
qui
s’élèvent de la presse communiste, au seul énoncé du projet. Il serai
768
mettre en relief toutes les objections naturelles
qui
se présentent à l’esprit d’un libéral, et je crois bien qu’il n’est p
769
ectuels. » Et je sens aussitôt que l’intellectuel
qui
écrit cela défend une certaine politique, et en attaque une autre qu’
770
tifique, n’existe, en tant que tel, que pour ceux
qui
le formulent. Il est donc impossible, par définition, qu’il détienne
771
moins de « netteté » intrinsèque dans une réalité
qui
serait indépendante soit des idéologues, soit des savants qui l’ont p
772
ndépendante soit des idéologues, soit des savants
qui
l’ont posé et qui en débattent. Il est vain de reculer devant ces deu
773
es idéologues, soit des savants qui l’ont posé et
qui
en débattent. Il est vain de reculer devant ces deux évidences : les
774
je lis ceci : « L’Europe unie, c’est un problème
qui
intéresse avant tout les intellectuels, et laisse les masses indiffér
775
résoudre. On se retourne alors vers les réalités
qui
sont censées intéresser les masses, mais c’est encore pour essayer de
776
son ensemble sinon lui. Même jeu pour un Hitler,
qui
a presque fait l’Europe, mais contre lui. C’est en effet dans les mou
777
s je ne vois pas un seul mouvement né de la masse
qui
ait réussi au xxe siècle. Tout ce qui a marqué, pour le meilleur et
778
e la masse qui ait réussi au xxe siècle. Tout ce
qui
a marqué, pour le meilleur et pour le pire, est sorti de petits group
779
béraux Refuser l’usage de la force contre ceux
qui
ont juré d’en abuser, ce n’est pas laisser des chances égales à tous,
780
principes aveuglément, il joue le jeu de l’ennemi
qui
le supprime. Et, par la suite, ce ne sont jamais les libéraux qui rét
781
Et, par la suite, ce ne sont jamais les libéraux
qui
rétablissent la liberté, mais la force brutale des armées étrangères.
782
nt les privilèges qu’entraîne cette étiquette. Ce
qui
prouve qu’on ne croit pas au reproche qu’on lui fait. Car il est clai
783
traite les idées préconçues. Or ce sont ces idées
qui
mettent les gens en route, et non pas la soif d’inconnu. Le touriste
784
r qu’elle ne le trompait pas. Rien dans tout cela
qui
rapproche les peuples : tout confirme, au contraire, les préjugés sym
785
l’un d’eux invitait tel des autres à sa table, ce
qui
est à peine imaginable, ils n’auraient pas grand-chose à se dire, à s
786
titutions. Et nous, Européens de diverses nations
qui
allons, une fois de plus, nous rencontrer à Londres, à La Haye, à Gen
787
ustifiant la thèse du livre aux yeux de l’auteur,
qui
a dit à peu près le contraire. On juge ses vues « superficielles », n
788
t-on, on ne répond pas à cela. Je pense à cet ami
qui
soupirait : « Ah je n’ai plus le temps d’écrire, même aux amis, je ne
789
me paraît certaine : ce ne sont pas les plus gais
qui
s’en vont. Mais chercher si ce sont les plus durs, les plus mous, les
790
ique et le dépasse très largement. C’est le drame
qui
surgit de l’affrontement brutal du monde occidental, fauteur de la te
791
primitives » par rapport à ce mode de vie, celles
qui
se trouvent sans défense contre lui. Ce sont peut-être toutes les soc
792
ième acte annoncé : c’est la France comme un tout
qui
va voir son procès intenté par les Nations unies. Bandung, Moscou et
793
es vont emprunter aux polémiques françaises, mais
qui
ne touchent pas le vrai problème. Ni les colonialistes attardés ni le
794
droite ou de nouvelle gauche ou de technocratie,
qui
aurait pu modifier les données de ce drame. Ce n’est pas la France co
795
pas la France comme entité nationale et politique
qui
peut être ici mise en cause, mais bien la civilisation européenne tou
796
les non préparés à l’absorber. Le cessez-le-feu,
qui
doit intervenir absolument, ne résoudra rien. Ni aucune décision poli
797
me on dit) l’affaire algérienne, par une décision
qui
condamnerait la France injustement et vainement. Mais il s’agit de re
798
nal quelconque, fût-il de « l’opinion mondiale ».
Qui
pourrait se charger d’élaborer cette politique de civilisation ? Elle
799
)ak L’Europe se fait. La petite Europe des Six
qui
, d’ailleurs, compte autant d’habitants que les États-Unis d’Amérique,
800
ive et prudente. Trop petite ! vont répétant ceux
qui
en ont déjà peur. Bon début, disent les autres, si l’on ne s’arrête p
801
a fin, c’est l’union fédérale de tous les peuples
qui
se reconnaîtront les héritiers d’une même culture embarqués dans la m
802
ranquille dans son petit milieu « naturel ». Ceux
qui
n’aiment pas l’artificiel n’ont qu’à brouter. A. — Vous êtes bien dur
803
est sublime. Il faut en interdire l’accès à ceux
qui
pensent et qui parlent comme cette dame. Ces hordes de barbares aux m
804
l faut en interdire l’accès à ceux qui pensent et
qui
parlent comme cette dame. Ces hordes de barbares aux mollets nus qui
805
ette dame. Ces hordes de barbares aux mollets nus
qui
se promènent sur Saint-Marc un regard ébaubi et des jugements réproba
806
eut fonctionner qu’à cette condition. Cette foule
qui
choque l’esthète, je la trouve si touchante ! Elle s’amuse, elle s’in
807
Voyez-vous, c’est l’immense Problème des Loisirs
qui
défile devant nous sur cette place. L’éducation des masses exige tout
808
permis de voyager, et qu’on ne le donne qu’à ceux
qui
auront passé une série d’examens un peu subtils, prouvant au moins le
809
précisément, et de ses conditions au xxe siècle
qui
m’a fait voir le mieux que la Démocratie n’est pas le dernier mot de
810
r éviter de faire face aux réalités. Quant à ceux
qui
viennent nous parler de « démocratie populaire », ils font un mensong
811
ire, il faut dénoncer les illusions démocratiques
qui
conduisent logiquement aux dictatures. A. — Je ne vois pas à quoi vou
812
soit exact. Ce sera peut-être encore Démocratie,
qui
sait ? car ce genre de mot sert à tout, et cela peut rassurer les vie
813
voriser la promotion au pouvoir des meilleurs, ce
qui
est contraire à l’égalitarisme, au moins autant qu’aux privilèges hér
814
amentales en renouvelant fréquemment les pouvoirs
qui
deviennent tous abusifs quand ils durent. R. — Puis-je vous faire obs
815
ous les hommes sont égaux, alors prenez n’importe
qui
, ou bien certains semblent meilleurs, alors vous élisez une aristocra
816
’il s’agit de quelque chose de sérieux, j’entends
qui
les passionne ou que l’on peut vérifier, il n’est plus question de vo
817
étition plus sportive que proprement politique et
qui
finit par des échanges de courtoisie, c’est le seul cas, peut-être, o
818
les que nous défendons sous le nom de démocratie,
qui
est une fausse étiquette, sans nul doute. Le malheur veut qu’elles ab
819
vend d’occasion aux peuples dits sous-développés,
qui
l’useront vite, ignorant les soins hypocrites dont nous avons su l’en
820
succès auprès des jeunes et du public bourgeois,
qui
est seul grand public. Tous détestent les conventions. Ils n’approuve
821
ce prix. C’est le pont aux ânes de l’avant-garde
qui
se donne pour telle, la seule sans doute que vous lisiez. Je ne vois
822
rts entre elles et sans rapports non plus avec ce
qui
est actif dans la réalité française. Prenez le théâtre « expérimental
823
pport avec Mollet, Bourgès, Duchet ou Mitterrand,
qui
ne vont pas voir ces pièces ou, s’ils allaient, les trouveraient révo
824
. Vous nous donnez des recettes de bonheur digéré
qui
nous déplaisent, soit à cause des recettes, soit à cause du bonheur.
825
bonheur. Nous vous rendons « Bonjour tristesse »
qui
vous ravit. Mais ce n’est pas cela qui compte en France. A. Oui, je s
826
ristesse » qui vous ravit. Mais ce n’est pas cela
qui
compte en France. A. Oui, je sais, c’est toujours autre chose, et cha
827
e française, mais les pièces d’Anouilh et d’Aymé,
qui
ne sont pas d’avant-garde et que tout le monde a vues, je ne les trou
828
es laisse, mais je vous conseille de laisser cela
qui
se voit et se discute à Paris, et que l’on y « présente » aux visiteu
829
nouveau livre ? R. — Non, c’est une petite liste
qui
compte huit à dix noms. A. — Faites voir : « Simone Weil, Teilhard de
830
l n’est un cynique, notez-le bien, et ce sont eux
qui
représentent le mieux une France de volonté, de rigueur, d’allure viv
831
larges. Ma liste exprime un parti pris très net,
qui
est l’inverse de celui qui vous déprime. Or je crois qu’elle recouvre
832
n parti pris très net, qui est l’inverse de celui
qui
vous déprime. Or je crois qu’elle recouvre à peu près la liste des me
833
sse ? Céline est le modèle de votre Henry Miller,
qui
ne le vaut pas toujours, sauf dans Sexus peut-être, en ôtant les « id
834
Je n’ai pas cité bien d’autres écrivains fameux,
qui
auraient leur place dans toutes les listes, s’il s’agissait d’un palm
835
agissait d’un palmarès. J’ai choisi quelques noms
qui
vous décrivent une France tout dans la critique morale et l’invention
836
la chronique incisive et les vastes systèmes, et
qui
a le sens de la grandeur réelle, parce qu’elle prend une mesure assez
837
uvoir de renouvellement de ces écrivains français
qui
vaut que l’on s’étonne. Voyez Paulhan, rien n’est plus jeune que sa m
838
vrai sens, par un paradoxe au carré. Voyez Breton
qui
ne se lassera jamais de découvrir mages et mystiques de tous les temp
839
tique, tout frémissant de juvéniles indignations,
qui
sont le contraire du cynisme. Voyez Morand, voyez Giono, qui s’étaien
840
contraire du cynisme. Voyez Morand, voyez Giono,
qui
s’étaient illustrés en créant leur manière, la quitter subitement pou
841
a convaincu tout le monde sauf les intellectuels,
qui
l’attaquent ce matin sur tous les tons. Direct, adroit, bonhomme, ému
842
, si elle peut faciliter son entrée en vigueur. À
qui
le point ? Un étudiant m’a dit à la sortie qu’il a trouvé ce communis
843
que l’Europe ne se fasse que « par en haut », ce
qui
n’est pas démocratique. — C’est vous qui avez tout fait pour empêcher
844
ut », ce qui n’est pas démocratique. — C’est vous
qui
avez tout fait pour empêcher les masses d’y participer ! répond Spaak
845
des libres élections et du mouvement « d’en bas »
qui
ont porté Lénine au pouvoir. Et Kadar, donc ! Mais les interruptions
846
t pas de politique dans cette enceinte ». Le seul
qui
enfreint la consigne, en condamnant l’action des Russes à Budapest, c
847
politiques, est d’autant plus frappante que ceux
qui
les attaquent sont des clercs patentés dont on pourrait penser que la
848
place à la Suisse ». L’étudiant de première année
qui
commettrait une erreur si grossière se verrait recalé sans merci. Mai
849
donc pour y aller ? Et qu’offrent-elles de mieux
qui
ne soit né chez nous ? 3. — Non, car l’Europe unie n’intéresse pas le
850
’est la droite, la droite dit que c’est la gauche
qui
s’y opposerait, selon les pays. Facteur commun : lâcheté devant l’opi
851
ais n’accepteront jamais d’entrer dans une Europe
qui
ne serait pas déjà faite, quitte à se plaindre, alors, qu’on les en a
852
te des motifs et des méthodes pour faire l’Europe
qui
furent préconisés depuis six ans. Tous les européistes ont passé par
853
arlements les votent bien vite, sans trop voir ce
qui
est engagé. — Oui, mais la France a rejeté la CED, et depuis lors les
854
sation ? C’est cela qu’il faut sauver. C’est cela
qui
la sauvera… — Oui, mais l’œuvre est de longue haleine et le temps pre
855
asion et la technique ne sont rien sans la force,
qui
n’est pas rationnelle. Les parlements peuvent tout, y compris décréte
856
tés ne bougeront pas sans une pression des masses
qui
les élisent. Et les institutions européennes seront bloquées par les
857
e imposant l’élection d’une Assemblée de l’Europe
qui
créerait un pouvoir supérieur aux États. — Voilà qui est sûr encore,
858
créerait un pouvoir supérieur aux États. — Voilà
qui
est sûr encore, mais suffit-il vraiment d’avoir bien vu l’urgence pou
859
l y a tout juste un an68. C’est votre inattention
qui
m’a surpris, et l’ampleur de l’ébahissement : l’un des plus grands du
860
e l’ébahissement : l’un des plus grands du siècle
qui
se voit le mieux servi de toute l’histoire à cet égard. On a beau dir
861
ite bavard déclencherait en faveur du même régime
qui
, un an plus tôt exactement, comme par hasard, réduisait au silence de
862
opinion et d’estimer correctement son âge mental,
qui
est celui des garçons jouant aux billes, justement. L’Amérique peut l
863
es des programmes de fusées américains et russes,
qui
peuvent permettre accessoirement de lancer quelques satellites, détou
864
t fait pour nous aveugler depuis un an. Les voici
qui
nous jettent d’un coup en plein délire de masochisme occidental et d’
865
placé l’Éternel féminin : c’est elle, dorénavant,
qui
« nous entraîne vers les hauteurs ». Les Russes ont fait enfin quelqu
866
lement »… Chacun récolte donc ce qu’il a semé, et
qui
n’était pas ce qu’il disait. (C’était même le contraire, dans ce cas.
867
Sur l’avenir de l’URSS. — Depuis le XXe Congrès,
qui
a « déclaré » sa crise, le régime soviétique accumule les échecs et m
868
aveur de ces spectaculaires changements d’icônes,
qui
occupent la première page de nos journaux (mais quelques lignes en de
869
au ciel : ses spoutniks sont les seuls satellites
qui
ne menacent pas de se révolter. « Pie in the sky, bye and bye », voil
870
bras la Russie. Ce n’est pas la guerre des blocs
qui
me paraît fatale, mais le retour de l’Est à l’Europe rénovée par l’él
871
nier speaker de la Radio française avant la grève
qui
a doublé, cette fois-ci, la trêve des confiseurs : il ne se passe jam
872
fait lui-même ne devenant tel que par la nouvelle
qui
le baptise, et ne revêtant que l’importance exacte que la nouvelle, l
873
en tirent telle conclusion probable et opportune,
qui
peut agir sur l’électeur américain ou réagir à la dernière déclaratio
874
précis, conformément aux vœux discrets des Russes
qui
, eux, ont bien senti l’importance de La Haye. Troisième exemple. Les
875
ite. Le fait est là. On lui donne toute sa place,
qui
pour une fois n’est pas volée. La presse américaine réplique sans hés
876
er : elle « construit » à l’avance un autre fait,
qui
se produit enfin sous la forme d’un échec. Les conclusions que le mon
877
ide elle-même, sans nulle enquête sérieuse, de ce
qui
sera vendable ou non. Elle ne se trompe qu’une fois sur deux. À ce ta
878
général ce qu’ils ont entendu. C’est leur agence
qui
truque en premier lieu ; puis c’est surtout le rédacteur en chef, le
879
n chef, le metteur en pages d’un journal et celui
qui
choisit les nouvelles à passer, les « corps », les emplacements, les
880
et les titres. Ceux-là vraiment feront les faits
qui
vont gouverner nos humeurs, les votes des députés et les cotes de la
881
te démenties par les agences rivales : ce procédé
qui
obsède encore les foules est périmé. Ce n’est plus l’exactitude des n
882
Ce n’est plus l’exactitude des nouvelles publiées
qui
est en question, mais leur choix, leur présentation, et ce que l’on a
883
qu’on ne l’a choisie qu’en vue de la vente. Mais
qui
peut actuellement, et qui pourrait demain, imposer à la presse une mé
884
n vue de la vente. Mais qui peut actuellement, et
qui
pourrait demain, imposer à la presse une méthode scientifique de choi
885
méthode scientifique de choix et de présentation,
qui
permettrait de donner une image plus conforme de la réalité globale ?
886
dégager certaines résultantes plus valables. Mais
qui
donnerait à ces cerveaux le programme sans lequel ils ne savent que p
887
programme sans lequel ils ne savent que penser ?
Qui
leur donnerait le code des hiérarchies à observer dans le choix fabri
888
e exacte, c’en serait fait des dernières libertés
qui
nous restent — celle de ne pas croire ou de croire ce qui nous plaît,
889
restent — celle de ne pas croire ou de croire ce
qui
nous plaît, celle de douter, ou de soupçonner un piège. En bref, la l
890
oins juger de la situation. Il cite Mendès-France
qui
aurait dit que la guerre d’Algérie coûte 700 milliards par an ; et Ga
891
’Algérie coûte 700 milliards par an ; et Gaillard
qui
aurait répondu : 350 seulement. J’ouvre une autre publication, dans l
892
férents — à tout le moins cités différemment — et
qui
peut me dire d’abord lesquels sont vrais, ensuite ce qu’il serait jus
893
ou de cesser la lutte ? J’attends le commentateur
qui
osera se taire jusqu’à ce qu’il soit certain de savoir ce qu’il en es
894
ssayez de détourner l’attention de la seule chose
qui
nous intéresse dans la politique d’aujourd’hui : les scandales qui dé
895
e dans la politique d’aujourd’hui : les scandales
qui
déchirent notre France et que nous sommes là pour dénoncer. On peut a
896
tus, par malheur, ne sont pas éloquentes. Et ceux
qui
les cultivent se voient bientôt conduits dans un ordre d’action où ce
897
dent dure mais la vision lucide et la main ferme
qui
assurent parfois quelque succès. aq. Rougemont Denis de, « Sur la
898
! la vraie vie n’est que sur notre Terre ! Et ce
qui
est « ailleurs » n’a pas encore de sens, mais rend déjà le sens de l’
899
en quelques minutes tant de destinées minutieuses
qui
s’entrecroisent au ras du sol, nous passons lentement dans la nuit de
900
int parmi des milliards d’autres points éphémères
qui
s’animent un instant et s’annulent dans ce recoin perdu de l’univers.
901
des Terriens comme de celle des Européens : celui
qui
vient d’ailleurs s’assure immédiatement un avantage qu’il gardera lon
902
rancune, comme une famille, comme une communauté
qui
donne seule une saveur et un sens à l’existence de ses individus. Com
903
nd, prévoyant la venue d’une société universelle,
qui
ne lui dit rien, conçoit l’idée d’une fuite hors de ce monde : « Comm
904
— Nietzsche l’avait fort bien vu — comme tout ce
qui
la supplie de ne pas lancer trop vite vers d’improbables Vénusiens de
905
obables Vénusiens des hommes presque réduits à ce
qui
n’est pas l’Homme. Utopies, science-fiction, prévisions de savants
906
Bradbury, un Sturgeon, c’est une métapsychologie
qui
s’institue, dans la terreur et la pitié. L’humanisme n’est plus cette
907
osse, en avion ou même en fusée, c’est son destin
qui
nous fascine, c’est sa personne, et le drame qui les met aux prises.
908
qui nous fascine, c’est sa personne, et le drame
qui
les met aux prises. Mais si le siècle qui vient retire à l’homme son
909
e drame qui les met aux prises. Mais si le siècle
qui
vient retire à l’homme son droit d’identité native, le sujet même de
910
e seront nos ouvrages de science-fiction, et ceux
qui
se fondent sur nos doctrines sociologiques ; puis les écrits qui expr
911
sur nos doctrines sociologiques ; puis les écrits
qui
expriment notre étonnement devant les nouveautés techniques. Enfin de
912
on journal intime telle page ancienne, touchante,
qui
prévoyait le pire… Mais s’il est arrivé, c’est toujours autrement.
913
pas sentie ni repérée par le groupe ou l’individu
qui
la subit. Mais l’inverse n’est pas moins vrai : l’idée de décadence p
914
Elle a toutes chances de se manifester chez ceux
qui
en sont réduits à commenter leur temps sans y être engagés par un ris
915
humain. Elle naît aussi, probablement, chez celui
qui
, s’étant risqué, a perdu ou ne croit plus à l’enjeu pour lequel il lu
916
e succès des autres. Enfin, elle hante une classe
qui
se sent dépassée par des moyens de puissance qui la déposséderont : p
917
qui se sent dépassée par des moyens de puissance
qui
la déposséderont : pessimisme bourgeois devant la technique. (Mais le
918
sentir en soi-même, et pour faire la leçon à ceux
qui
n’y croient plus, mais qu’on n’oserait pas attaquer si elles étaient
919
re, la décadence de la chevalerie dans les romans
qui
fondent son prestige. Et combien de passions sont nées à l’instant pr
920
ie des chiens. La seule vraie décadence est celle
qui
se termine par une chute sans remontée possible. Qui peut donc savoir
921
se termine par une chute sans remontée possible.
Qui
peut donc savoir aujourd’hui vers quoi transite l’Occident ? Posons q
922
os diverses confessions que les modes littéraires
qui
occupent tant notre presse. Les auteurs et les peintres que l’on cite
923
ensée, les hiérarchies et les croyances d’Églises
qui
groupent dans le monde entier des centaines de millions de fidèles. F
924
un mal plus profond. Le grand délire nationaliste
qui
a provoqué les guerres mondiales n’a pas seulement compromis ou perdu
925
e temps même qu’il excite contre nous les peuples
qui
l’ont « attrapé ». À cause de lui, nous refusons de nous unir, tandis
926
urs occidentales sont réellement universelles, ce
qui
veut dire : — peuvent-elles être adoptées par tous les peuples, et ma
927
quer un progrès pour tout homme d’où qu’il vienne
qui
les prend pour guides ou repères ? Je fonderais pour ma part une répo
928
— Car l’Occident est la seule civilisation connue
qui
se soit posé la question critique de sa fonction universelle, appuyan
929
ature sérieuse à cette fonction. Une civilisation
qui
se prendrait naïvement pour universelle — comme elles le firent toute
930
lique. Quelle est l’autre culture ou civilisation
qui
propose aujourd’hui plus et mieux, avec quelques chances d’être crue
931
andung une version grossièrement simplifiée de ce
qui
précède, mais c’est encore de l’Occident, dont il est né, qu’il tire
932
Sur un centre
qui
doit être partout (mai 1958)at Capitale de l’Europe Voilà qui
933
t (mai 1958)at Capitale de l’Europe Voilà
qui
accroche. Si ce n’est de vedettes, de princesses, de jeunesse, parlon
934
mène nation à l’échelle d’une Europe continentale
qui
serait moins unie qu’unifiée. Or c’est précisément l’analogie entre l
935
s démodés, l’absence d’aérodromes. C’est Brasilia
qui
nous donnerait l’équivalent de Washington, D.C., dans notre siècle. U
936
muse à discuter la reliure de cette Constitution,
qui
est seule urgente, mais dont le premier mot n’est pas encore écrit ?
937
au suprême degré » en vertu de quelque événement
qui
le consacre : apparition d’un dieu ou d’un héros, sacrifice, miracle,
938
me avec une infinité de centres. » Comme tout ce
qui
tient au sacré, le Centre ainsi déterminé doit satisfaire à deux séri
939
aditionnels : il doit être accessible à tous ceux
qui
le désirent, mais entouré d’obstacles et d’épreuves redoutables. Au n
940
ge et familier. Attirant et redoutable. En un mot
qui
dit tout : prestigieux. Sur le centre géométrique de l’humanité
941
rgos, n’ayant pu débrouiller le sens de l’Oracle,
qui
lui avait dit d’aller bâtir une ville là où il trouverait la pluie et
942
beau temps, il rencontra en Italie une courtisane
qui
pleurait et, en ce lieu, bâtit la ville de Crotone. Calcul. Parmi l’
943
ue l’on peut tracer sur notre globe, il en est un
qui
se trouve contenir 90 % des terres libres de glace, 94 % de la popula
944
ué de vanter seulement la facilité de leur accès,
qui
se trouve les disqualifier aux yeux des sages et des stratèges. En re
945
sée par le col de la Faucille et la Route Blanche
qui
va vers l’Italie. Le tunnel du Mont-Blanc, sous le sommet de l’Europe
946
ives des plus brillantes constellations d’esprits
qui
influencèrent notre horoscope occidental. Enfin, le lac Léman et la c
947
proximité des principales institutions mondiales,
qui
effraie certains, me paraît au contraire des plus conformes au génie
948
ravier. at. Rougemont Denis de, « Sur un centre
qui
doit être partout (Le point de vue de Ferney) », Preuves, Paris, mai
949
)au Le drame français Le mot-clé du débat
qui
s’instaure sur la nouvelle Constitution est peut-être le mot le plus
950
es toute tentative de libérer la République de ce
qui
la tue, après l’avoir fait naître. Ce n’est pas en quelques semaines
951
fois de plus, c’est que le plaisir d’un écrivain
qui
ne brigue rien consiste à dire le vrai en temps et hors de temps, dan
952
s le secret espoir d’être saisi par quelques-uns,
qui
en feront un jour quelque chose. Fédération ou confédération ?
953
chose. Fédération ou confédération ? À ceux
qui
ont coutume de poser cette question préalable, et qu’ils croient insi
954
nfédération comme « l’union entre plusieurs États
qui
tout en gardant une certaine autonomie, s’associent pour former un se
955
l’union et ne dit rien de l’autonomie. Une union
qui
ne respecterait pas l’autonomie des parties constituantes n’aurait pa
956
itution) sont appelés fédéraux. À vrai dire, ceux
qui
insistent pour préférer à la fédération (« cette utopie ») une conféd
957
hit l’antifédéraliste et le nationaliste invétéré
qui
essaie de se mettre à la page. Un système bon pour les sauvages
958
prend autre chose, sur ce chapitre. Quelque chose
qui
montre assez bien pourquoi le Français cultivé se méfie du fédéralism
959
e petits États. » Aux yeux du Français cultivé et
qui
tient à savoir ce que parler veut dire, le fédéralisme se réduit à un
960
nion de nos peuples, et que c’est le nationalisme
qui
a pour projet de rompre l’unité continentale et de transformer l’Euro
961
Ambiguïté de l’intégration Laissons Littré,
qui
sur ce mot n’a rien d’actuel, et voyons ce que l’époque entend ou mal
962
t-à-dire le refus de tenir compte des différences
qui
existent en fait, le refus de toute solution fédéraliste interne, enf
963
reconnaissance d’une vaste communauté d’intérêts
qui
ne sauraient plus être assurés par les seules entités nationales, la
964
nationales, la volonté de tenir compte des faits
qui
commandent à la fois l’union de nos pays et le respect de leurs diffé
965
sens, mais il paraît clair que la seule solution
qui
soit commune aux deux problèmes, celui de l’Algérie et celui de l’Eur
966
gne une doctrine réaliste. Elle affirme que celui
qui
ne peut pas le moins ne peut pas le plus. Elle constate que l’attitud
967
sme, cause de sa décadence et cause de la révolte
qui
dresse contre elle le monde entier. La doctrine officielle d’Alger es
968
ète. Car l’un et l’autre sont issus des jacobins,
qui
fournirent à l’histoire occidentale le type même du parti unique. C’e
969
rien en commun, sauf le nom, avec les formations
qui
se partagent le pouvoir dans les démocraties latines. Le fait qu’il y
970
êche en effet de déployer toutes ses virtualités,
qui
sont totalitaires. Chaque parti, s’il est né d’une idéologie, non d’u
971
non les religions, ni les doctrines et idéologies
qui
sont leurs substituts dans notre monde laïque. Au niveau de l’intérêt
972
re monde laïque. Au niveau de l’intérêt, la lutte
qui
s’institue entre l’offre et la demande, par exemple, finit toujours p
973
décise, comme il advient neuf fois sur dix, voilà
qui
relève des circonstances adverses, mais ne saurait affecter la vérité
974
st dire qu’ils ont horreur de la vraie politique,
qui
est l’art des compromis heureux. Il en résulte que la différence entr
975
e d’un parti. On rencontrait chaque jour des gens
qui
vous disaient : « En tant qu’homme de gauche, je ne puis admettre cec
976
était une sorte d’activité abstraite, rhétorique,
qui
ne trouvait pas dans les réalités autant de problèmes à résoudre (apr
977
use divergence sur la manière de gouverner, voilà
qui
démontrait que « la vie politique » s’épuisait au niveau du discours,
978
n’est pas imaginable dans un régime fédéraliste,
qui
est politique et non politicien. Le Parlement, dans une fédération, t
979
nature, pour imposer à tous la loi du seul parti
qui
sait faire triompher sa « vérité » ; mais il doit au contraire concil
980
appelle et suscite des partis à l’image de celui
qui
d’abord l’unifia. La tolérance mutuelle entre de tels partis est donc
981
ne civique » aux partis d’une nation centralisée,
qui
n’y voient guère qu’un pis-aller en temps de crise, tandis qu’on n’au
982
aura pas à l’imposer aux partis d’une fédération,
qui
voient en elle la condition de leur succès. L’exécutif exécuté
983
, je lui rappelai que ce collège de sept membres,
qui
est à la fois le chef de l’État et le cabinet, prépare des lois et le
984
ecin paternel — image du Roi dans l’inconscient —
qui
l’envoie d’un ton ferme et gentil se détendre les nerfs et se taire p
985
de la minorité et les éditoriaux de L’Express. Ce
qui
est peut-être moins absurde en fait que ne le font croire les étymolo
986
don des flics, très loin, le grondement du peuple
qui
dit Non. » Voyons les faits. Sans grondement, le peuple a dit Oui. C’
987
donc qu’il n’était pas le véritable Peuple, celui
qui
aura toujours raison, et qui ne peut être défini par une trompeuse ma
988
itable Peuple, celui qui aura toujours raison, et
qui
ne peut être défini par une trompeuse majorité71. Car le vrai Peuple
989
rrorisé ». Il s’ensuit que le vrai Peuple — celui
qui
gronde — et que les vraies « masses », qui sont une part de ce 20 % d
990
celui qui gronde — et que les vraies « masses »,
qui
sont une part de ce 20 % dont on ne veut à aucun prix être coupé, son
991
u d’appeler démocraties les régimes où le peuple,
qui
ne saurait l’exercer, délègue la souveraineté à qui lui plaît. À part
992
i ne saurait l’exercer, délègue la souveraineté à
qui
lui plaît. À partir de là, ce qui règne, c’est la confusion sémantiqu
993
souveraineté à qui lui plaît. À partir de là, ce
qui
règne, c’est la confusion sémantique. On appelle démocratie populaire
994
à liquider l’opposition. Cependant, le fascisme,
qui
a tous les caractères d’une telle « démocratie réelle », est générale
995
défini comme le contraire de la démocratie. Ceux
qui
demandent pourquoi sont traités de fascistes. Si un peuple décide à u
996
robable, où l’on renoncerait à invoquer ce terme,
qui
ne signifie plus rien puisqu’on l’applique à tout ? On se verrait con
997
du leur ressentiment à l’espèce entière : tout ce
qui
est humain leur fait horreur, elles aiment les chiens et les surhomme
998
ici que des projections publiques d’une attitude
qui
échappe à tout jugement moral. C’est la politique œdipienne qui tombe
999
tout jugement moral. C’est la politique œdipienne
qui
tombe seule sous le coup de la critique. Elle procède d’une révolte a
1000
lastie. Elle n’arrive pas à la notion de respect,
qui
est une attitude réfléchie, librement consentie, tout bien pesé… « Je
1001
existe pas, le monarque n’a rien au-dessus de lui
qui
le juge et limite son pouvoir : il sera donc dictateur absolu. Tout p
1002
ni loi — tandis que dans le monde où Dieu existe,
qui
est celui du général de Gaulle, la tyrannie totalitaire est impensabl
1003
proclamaient ces hommes, et que beaucoup de ceux
qui
ont voté non, aux deux extrêmes, approuvent encore. Problème parti
1004
tants, orgueilleux et frivoles. Le grand problème
qui
se pose au général de Gaulle n’est-il pas celui d’instaurer dans une
1005
anticléricale et catholique un type de monarchie
qui
, jusqu’ici, n’a fait ses preuves que chez les hérétiques ? 71. Les
1006
lus homogène et plus valable ? Elle comptait ceux
qui
, hier, ont voté non, plus les gaullistes. L’anti-Europe de 1954 s’est
1007
Europe de 1954 s’est regroupée contre le Général,
qui
l’appuyait alors, mais que fera-t-il demain ? aw. Rougemont Denis d
1008
1959)ax La passion est cette forme de l’amour
qui
refuse l’immédiat, fuit le prochain, veut la distance et l’invente au
1009
la passion naît de la distance, ou l’inverse. Ce
qui
est certain, c’est que le roman occidental n’a jamais décrit, jusqu’i
1010
cidental n’a jamais décrit, jusqu’ici, de passion
qui
s’enflamme pour un objet tout proche, aisément accessible et moraleme
1011
e et le nombre de ces tolérances et des interdits
qui
subsistent varient selon les sociétés (qu’on a pu caractériser par le
1012
révélateur produit par Marx et Freud), la passion
qui
est toujours antisociale reçoit cependant de la société même — et d’e
1013
ose toujours, entre le sujet et l’objet, un tiers
qui
fait obstacle à leur étreinte, — un roi Marc qui sépare Tristan d’Ise
1014
qui fait obstacle à leur étreinte, — un roi Marc
qui
sépare Tristan d’Iseut — l’obstacle étant généralement social (moral
1015
tre le sacré, créateur des tabous, et le profane,
qui
naît de leur violation, mais aussi entre la sagesse et la politique,
1016
de la sociologie — tout nous semble permis de ce
qui
ne nuirait pas à la santé et à la productivité ? (Tout le reste étant
1017
se, et aux succès des analystes et des marxistes,
qui
vivent à leurs dépens depuis un demi-siècle. D’autres tabous subsiste
1018
és, d’autant plus significative l’action du mythe
qui
s’y trahit, et qui est leur seule commune mesure. Je ne m’attacherai
1019
ignificative l’action du mythe qui s’y trahit, et
qui
est leur seule commune mesure. Je ne m’attacherai donc, dans ces troi
1020
Le lecteur devinera que je l’aime, malgré tout ce
qui
m’irrite en elle, et en dépit de ce qu’elle veut être et croit qu’ell
1021
et culturel à la fois décadent et conventionnel,
qui
devait la livrer à la guerre, puis à pire. Je l’ai dit dans un vaste
1022
roman dont le personnage central, Ulrich von X.,
qui
me ressemble comme un frère, reporte sa passion, déçue par la réalité
1023
ut toucher l’interdit et posséder l’inaccessible,
qui
est le plus vrai, puisqu’il ouvre l’accès à la vie d’extase, mais qui
1024
, puisqu’il ouvre l’accès à la vie d’extase, mais
qui
le sépare en fait de la vie sociale. Mon héros devient moralement un
1025
a Russie a dû suivre un Maître cynique et brutal,
qui
l’a séduite et humiliée. Il m’interdit de lui parler. Je lui dis pour
1026
er vivre encore un peu dans le voisinage de celle
qui
doit me rejeter, car loin d’elle ma vie n’a pas de sens, c’est près d
1027
éparés d’une Iseut « interdite » par un roi Marc,
qui
est la Morale commune, la Société ou le Régime — ces trois romans tra
1028
nnaît ces paysages fantastiques de la Renaissance
qui
, tournés d’une certaine manière, révèlent soudain les traits d’une tê
1029
ts d’une tête humaine. C’est le phénomène inverse
qui
se produit à la lecture des trois romans : vous regardez longuement c
1030
ge, c’est un pays, c’est une société tout entière
qui
transparaît, se recompose, et envahit tout le tableau. Vous reprenez
1031
s d’âge de 9 et 14 ans apparaissent des fillettes
qui
, aux yeux de certains voyageurs médusés, deux fois ou plusieurs fois
1032
t, l’impudeur innocente et la pointe de vulgarité
qui
caractérisent la nymphet. Humbert Humbert, Européen, la quarantaine,
1033
pas profiter de son sommeil. Au matin, c’est elle
qui
le séduit ! Commence la longue fuite du beau-père et de la fille, tra
1034
s, de nos jours, l’un des derniers tabous sexuels
qui
tiennent encore (avec l’inceste), il n’y aurait ni passion ni roman v
1035
ctère profanateur de l’amour de H. H. pour Lolita
qui
trahit la présence du Mythe. Négligeons pour l’instant les différence
1036
gligeons pour l’instant les différences profondes
qui
séparent ce roman sarcastique et pétulant de la sombre épopée, simple
1037
se alors que ne le sont aujourd’hui les frénésies
qui
affectent une partie de la jeunesse, modes passagères dont l’édition
1038
de Sophie von Kuhn, morte à 11 ans, un Edgar Poe
qui
épouse une fille de 14 ans, et le génial Lewis Carroll : Alice au pay
1039
« Mon sort a été de grandir dans une civilisation
qui
autorise un homme de 25 ans à courtiser une fille de 16 ans, mais non
1040
il conçut à 12 ans pour une petite fille de 9 ans
qui
s’appelait Annabel, et qui mourut bientôt — rappel de Poe. Ainsi, l’É
1041
petite fille de 9 ans qui s’appelait Annabel, et
qui
mourut bientôt — rappel de Poe. Ainsi, l’Éros de cet adulte, par aill
1042
de l’amour-passion, c’est-à-dire du désir infini
qui
échappe aux rythmes naturels et joue le rôle d’un absolu préférable à
1043
chste Lust » d’Isolde agonisante. Cependant, ceux
qui
ont lu Lolita avec plus d’amusement pervers que d’émotion, seront en
1044
s amants séparés, conséquence d’un amour interdit
qui
les exile de la communauté et les consume sans les unir vraiment, on
1045
ugubre de destin, la « vieille et grave mélodie »
qui
marque la mort de la mère dans Tristan !) Le nom de l’hôtel où se pas
1046
fère que H. H. fait prendre par ruse à Lolita, et
qui
se révèle d’ailleurs trop faible, le médecin qui l’a procuré s’étant
1047
qui se révèle d’ailleurs trop faible, le médecin
qui
l’a procuré s’étant trompé d’étiquette ou ayant trompé son client. (I
1048
comique dévastant, la lucidité calme, le lyrisme
qui
sourd en dépit de l’acuité d’un regard constamment critique, l’infini
1049
veut y voir une préfiguration de l’amour interdit
qui
unira ses héros : Ulrich et Agathe, frère et sœur. Admirable coïncide
1050
ique du Mythe, en l’absence de tout autre élément
qui
autorise la comparaison de deux œuvres à ce point inégales par le cli
1051
sa sœur des formes de l’amour « insaisissables »
qui
lui semblent d’ailleurs traduire « des relations déficientes et tendu
1052
te serait contre nature, répondit Ulrich. L’homme
qui
en serait capable engagerait la créature désarmée et inachevée encore
1053
te de Lolita, mais elles introduisent un dialogue
qui
mène au cœur du drame de la passion : L’amour fraternel ? demande Ag
1054
ions les plus fortes sont liées à des expériences
qui
sont toutes d’une manière ou d’une autre impossibles, refuse les expé
1055
œur Agathe, retrouvée après de longues années, et
qui
, fuyant son mari, vient habiter le petit hôtel rococo qu’il possède a
1056
orme juvénile, insaisissable, d’un besoin d’amour
qui
, plus tard, les rêves refroidis, se contentera d’un oiseau, d’un anim
1057
lectique d’Éros et d’Agapè, la lutte entre l’élan
qui
porte l’homme vers l’ange, et le devoir d’aimer le prochain, fondemen
1058
’un des chapitres non terminés, ajoute : L’homme
qui
tend à Dieu, selon Adler, est celui qui est privé de sens communautai
1059
L’homme qui tend à Dieu, selon Adler, est celui
qui
est privé de sens communautaire — selon Schleiermacher, celui qui est
1060
sens communautaire — selon Schleiermacher, celui
qui
est indifférent à la morale… Je dois t’aimer (pense Agathe) parce que
1061
fférentes, que c’est l’état présent de la société
qui
condamne la passion, et rabat au mariage. Notre temps, qui a probabl
1062
ne la passion, et rabat au mariage. Notre temps,
qui
a probablement perdu la notion de passion amoureuse, parce que celle-
1063
ur. Déjà alors étaient parus nombre de ces livres
qui
parlent, avec la candeur loyale d’un maître de gymnastique, des « rév
1064
ais le besoin de passion, rencontrant l’interdit,
qui
est l’antisocial par excellence, projette immédiatement sur lui sa no
1065
rs la dialectique de la pure passion tristanienne
qui
prend son essor : thèmes du regard, de la tempête, et de l’épée de ch
1066
projeté sur l’autre et le refus de la possession
qui
mettrait un terme au désir, explique le choix d’un objet interdit, re
1067
une confusion. On croit aimer toi, cette personne
qui
a provoqué la passion, et qu’on peut prendre dans ses bras, alors que
1068
ne provoquée par la passion, cette idole barbare,
qui
n’est pas la même ! — À t’entendre, dit Agathe, il faudrait croire qu
1069
qu’un avec elle. D’où les innombrables confusions
qui
donnent au naïf commerce de l’amour un caractère spectral si fascinan
1070
r le mythe platonicien des deux moitiés de l’être
qui
se cherchent : Ce désir d’un double de l’autre sexe qui nous ressemb
1071
cherchent : Ce désir d’un double de l’autre sexe
qui
nous ressemble absolument tout en étant un autre, d’une créature magi
1072
nt tout en étant un autre, d’une créature magique
qui
soit nous tout en possédant l’avantage, sur toutes nos imaginations,
1073
Pourquoi ne connais-tu pas un philtre contre ce
qui
, au dernier moment, nous sépare ? Mais ici, le roman de Musil s’enga
1074
: C’est notre destin : peut-être aimons-nous ce
qui
est interdit. Mais nous ne nous tuerons pas avant d’avoir fait une te
1075
elacés et enlacés à l’indicible comme deux amants
qui
, l’instant d’après, se précipiteront dans le vide. Ils se précipitère
1076
mmet, cesser simplement d’être. » Cette attitude,
qui
rejoint le détachement bouddhique, mais qui pourrait aussi manifester
1077
tude, qui rejoint le détachement bouddhique, mais
qui
pourrait aussi manifester la rédemption de la passion par l’amour vra
1078
une longue conversation entre le frère et la sœur
qui
s’aiment, dans leur jardin où choit sans fin du haut des arbres sur l
1079
s avant sa mort, Musil travaillait à ce chapitre,
qui
eût été, selon certains, le couronnement de l’œuvre. Ainsi le Jardin
1080
chacun sait cela depuis qu’on écrit des romans et
qui
passionnent. Mais cette convention littéraire, condamnant le mariage
1081
tragique, et condamnant implicitement la société
qui
écrase le personnage central. Or, dans la liste des best-sellers amér
1082
doute. Pourquoi l’enquête est-elle muette sur ce
qui
fait depuis des siècles (depuis le xiie siècle exactement) qu’un rom
1083
t des réponses conformes aux préjugés du magazine
qui
a fait l’enquête ? Ce qui est sûr, c’est que l’amour-passion demeure
1084
ux préjugés du magazine qui a fait l’enquête ? Ce
qui
est sûr, c’est que l’amour-passion demeure mal vu, mais n’en fascine
1085
t une fois de plus, pour des raisons, d’ailleurs,
qui
ne sont pas dans ce livre, plus d’un lecteur sera sincèrement choqué
1086
t d’insultes officielles. Dans le concert mondial
qui
s’ensuit, hommages en Occident, outrages en URSS et lettres de cosaqu
1087
aient aucun obstacle au départ de l’écrivain — ce
qui
laissait prévoir un décret d’expulsion — Boris Pasternak adresse au M
1088
e. » Il a refusé le prix, il est prêt à renier ce
qui
déplaît au régime dans son livre, pourvu qu’on le laisse, lui, Paster
1089
rentrer dans la faveur publique, n’est-ce pas lui
qui
trahit le peuple ? Ce serait le cas, en effet, si Le Docteur Jivago é
1090
chée d’une logique totalement différente de celle
qui
dicte normalement les prises de position et gestes politiques, mais n
1091
semble être le Tristan ? Et quel est le roi Marc
qui
l’en sépare ? Je me mis à lire plus avant. Une jeune fille, Lara, éve
1092
. Lara lui est enlevée par un puissant politicien
qui
l’avait séduite quand elle était encore « une gamine ». Le docteur ré
1093
le et caché. Il épouse sans amour une jeune fille
qui
s’occupait de son ménage, puis la quitte et meurt dans la foule. Inex
1094
destine, interdite, enlevée à Tristan par l’homme
qui
symbolise le Pouvoir régnant, — la fuite dans la forêt, le second mar
1095
mineux que tu avais jeté dans mon âme, à ce rayon
qui
, peu à peu, s’obscurcissait, à cette musique qui s’estompait, qui s’e
1096
qui, peu à peu, s’obscurcissait, à cette musique
qui
s’estompait, qui s’est fondue avec mon existence même, qui est devenu
1097
s’obscurcissait, à cette musique qui s’estompait,
qui
s’est fondue avec mon existence même, qui est devenue la clé de toute
1098
ompait, qui s’est fondue avec mon existence même,
qui
est devenue la clé de toutes les portes du monde, grâce à toi. Une f
1099
: Plus encore que leur communauté d’âme, l’abîme
qui
les séparait du monde les unissait. Tous deux avaient la même aversio
1100
ion se posait sur leur existence condamnée… Mais
qui
est Lara ? En la perdant, dit Jivago, « il perdrait sa raison de vivr
1101
a forêt de ses derniers rayons. C’est cette image
qui
lui fait voir « dans la nature, dans le couchant, dans tout le monde
1102
». Mais voici l’aveu décisif ; et cette ambiguïté
qui
m’arrêtait (parlent-ils donc, ces romanciers, d’une société, d’un pay
1103
’air est tout piqué de sons. Les voix des enfants
qui
jouent sont éparpillées un peu partout comme pour montrer que l’espac
1104
e est expressément déclarée, tout s’éclaire de ce
qui
vient de se passer dans la vie de Boris Pasternak. Sa lettre au Maîtr
1105
nticipés dans la scène où Komarovski (l’intrigant
qui
a su détourner à son profit le Pouvoir né de la révolution et qui va
1106
er à son profit le Pouvoir né de la révolution et
qui
va confisquer Lara) offre l’exil à Jivago. Ce dernier lui répond, san
1107
z m’abasourdit. Je suis écrasé par une souffrance
qui
m’enlève la capacité de juger… La seule chose que je puisse faire mai
1108
au sens kierkegaardien du terme. Elle exile celui
qui
la vit. Elle le destine à contester comme il respire tout ce qui règl
1109
e le destine à contester comme il respire tout ce
qui
règle officiellement la vie sociale. D’où la présence continuelle, da
1110
eux tous comme indicible. Tantôt, il plonge ceux
qui
le subissent dans un mutisme gémissant, tantôt il les excite à une lo
1111
mune, parce que la mieux communicable, soit celle
qui
fait écrire des romans, celle dont la contagion rarement mortelle mai
1112
rement mortelle mais délicieuse atteint tous ceux
qui
ont ressenti, un jour ou l’autre, la différence entre un désir sexuel
1113
ureux. La passion amoureuse est, de toutes, celle
qui
se prête le mieux au récit. La sexualité pure et l’amour du prochain
1114
endant de cette société qu’il récuse : c’est elle
qui
lui a fourni, jusqu’à nos jours, les obstacles indispensables. Sur ce
1115
manesque et nous fait entrevoir un genre nouveau,
qui
pourrait intégrer dans la littérature les démarches de la science et
1116
irréversible ? Fait-il prévoir la fin d’un genre,
qui
serait aussi la fin de cette forme de passion dont la littérature ent
1117
pourraient faire prononcer par l’État. La passion
qui
voudrait les violer ne serait plus condamnée, mais simplement soignée
1118
ier, l’essence même de l’obstacle excitant, celui
qui
ne dépendra jamais que de l’être même : l’autonomie de la personne ai
1119
r ce qu’on appelle “sex” (en Amérique). N’importe
qui
peut imaginer ces éléments d’animalité. C’est une plus grande entrepr
1120
nts d’animalité. C’est une plus grande entreprise
qui
me tente : fixer une fois pour toutes la périlleuse magie des nymphet
1121
bien souvent, c’est un déséquilibre du sentiment
qui
entraîne le choix d’un tel objet. » Voir ma remarque sur le cercle vi
1122
’Algérie, où il avait aussi vu des croix gammées)
qui
fut Goering : elle ne connaissait pas ce nom-là. Plus fort : un bache
1123
us ne l’accuserez pas d’hypocrisie. Mais alors de
qui
parlez-vous ? De quels « Européens » qui méritent mieux ce nom ? Cett
1124
alors de qui parlez-vous ? De quels « Européens »
qui
méritent mieux ce nom ? Cette union de l’Europe que réclamaient Churc
1125
ase écrite en passant ? Mais c’est cela justement
qui
m’inquiète, cette attaque en passant, gratuite… Et qu’elle vienne apr
1126
ntraire de faire voir, d’exhiber — les exécutions
qui
ont suivi la prise du pouvoir par Fidel Castro. Je lis dans l’un d’en
1127
asseurs d’images, genoux pliés. Jungle modernisée
qui
ne connaît d’autres lois que celles de la photographie. République de
1128
rois heures, à la demande des opérateurs de la TV
qui
avaient besoin de la pleine lumière de l’aube. » Le résultat n’est pa
1129
t ce que l’on nomme les exigences de l’actualité,
qui
sont celles des studios d’abord, mais aussi de l’opinion publique qui
1130
studios d’abord, mais aussi de l’opinion publique
qui
a le droit d’être informée de tout. Admettons que ces exigences expli
1131
ient ignoble parce que sérieuse comme la mort. Ce
qui
devait rester sacré est profané par cette mise en scène, ce qui devai
1132
ter sacré est profané par cette mise en scène, ce
qui
devait rester profane est sacralisé par l’horreur. Tout est faux, ins
1133
emar, par la coïncidence absurde de deux « sens »
qui
se détruisent en se touchant. Fidel Castro ni l’honneur de Cuba ne so
1134
Mais bien les auditeurs, spectateurs et lecteurs
qui
tolèrent qu’on les traite ainsi, qui paient pour ces divertissements
1135
et lecteurs qui tolèrent qu’on les traite ainsi,
qui
paient pour ces divertissements et qui en redemandent. Ceux d’Amériqu
1136
ite ainsi, qui paient pour ces divertissements et
qui
en redemandent. Ceux d’Amérique comme naguère ceux d’Europe (souvenez
1137
l’âge de 86 ans, au comble de sa gloire secrète.
Qui
l’a mis à son rang dans notre siècle ? Les meilleurs, certes, mais pr
1138
rance l’ignore encore, malgré trois traductions78
qui
suffiraient à résumer son œuvre, laquelle compte environ quarante vol
1139
t à l’esprit : autorité. Avant d’avoir compris ce
qui
était dit — j’entends compris à la manière intellectuelle et discursi
1140
r soudain par une cascade d’ellipses saisissantes
qui
laissaient le lecteur pantois, comme l’antique injonction du Sphinx :
1141
pitié humaine, la retenue presque solennelle mais
qui
sans cesse frôle l’humour, et parfois tourne en sournoise malice » qu
1142
l’humour, et parfois tourne en sournoise malice »
qui
composaient, au sens magique du mot, les charmes de cette prose et so
1143
son essai le plus discursif, relativement, celui
qui
donne son titre au recueil, les mots-clés : mesure, forme, grandeur,
1144
son astre. L’homme chrétien au contraire, l’homme
qui
doit être surpassé, vit dans la démesure, et lorsqu’il « veut prendre
1145
é que pour le converti ; c’est donc la conversion
qui
figure l’acte par excellence du chrétien, hors duquel il n’est pour l
1146
du Beau objectif et de l’intéressant sentimental
qui
pour Schiller et surtout pour Schlegel symbolisait celle de l’antique
1147
iscrétion journalistique81. La férocité réfléchie
qui
préside à son analyse de l’indiscret nous vaut une description inégal
1148
le privilège d’avoir parlé sans complicité de ce
qui
nous détruit : Rudolf Kassner donne la sensation à peu près unique en
1149
adictions personnelles, parlementarisme intérieur
qui
nous mène lentement à l’impuissance. (Si Kassner exprime un tourment,
1150
forme, hors de quoi il n’est qu’indiscrétion, et
qui
livre la clé de la pensée de Kassner, comme aussi de son apparente ob
1151
ories psychologiques. Il prend tout par des biais
qui
nous sont peu familiers. Et puis enfin, voilà une philosophie qui pos
1152
u familiers. Et puis enfin, voilà une philosophie
qui
postule la vision, c’est-à-dire l’appréhension poétique du monde. Rie
1153
du monde. Rien n’est plus étranger au nominalisme
qui
envahit la critique sous l’influence du journal. Il faut savoir être
1154
our penser avec autorité. Il faut savoir taire ce
qui
permettrait aux indiscrets de comprendre intellectuellement sans « ré
1155
t comme à l’état sauvage, non par une explication
qui
les réduise et qui les domestique. Une pensée neuve ne saurait être c
1156
uvage, non par une explication qui les réduise et
qui
les domestique. Une pensée neuve ne saurait être comprise à moins d’ê
1157
On pourrait dire aussi que l’indiscret est celui
qui
se préoccupe de défendre plutôt que d’illustrer. Ainsi, selon Kierkeg
1158
strer. Ainsi, selon Kierkegaard, le premier homme
qui
s’avisa de défendre la religion mériterait-il d’être appelé Judas num
1159
rkegaard, cette présence s’accommode d’une ironie
qui
chez d’autres serait plutôt le fait du détachement. Une ironie à l’in
1160
détachement. Une ironie à l’intérieur des choses,
qui
les fouille et les purifie, une ironie née de la rigueur et non du sc
1161
ception de l’« existence » et que leur ironie, ce
qui
rapproche Kassner et son maître, c’est leur vision tragique du péché.
1162
de méditations sur le thème du tout-ou-rien moral
qui
caractérise Kierkegaard. On ne peut dire précisément de Kassner qu’il
1163
ur de l’Occident. Problème ambigu s’il en fut, et
qui
échappe par définition à la pensée systématique et discursive : point
1164
paraisons. De quels autres moyens disposons-nous,
qui
soient ordonnés à cette fin ? Ce sont moyens de poésie, c’est-à-dire
1165
parer », remarque Montesquieu, et il ajoute : Ce
qui
fait ordinairement une grande pensée, c’est lorsqu’on dit une chose q
1166
une grande pensée, c’est lorsqu’on dit une chose
qui
en fait voir un grand nombre d’autres, et qu’on nous fait découvrir t
1167
ourt à de longs développements, que ceux-là seuls
qui
se font de la poésie une idée finalement plus favorable au Livre de J
1168
ans en arrière une relation de maître à disciple
qui
avait été réelle dans mon esprit seulement et qui ne pouvait ni ne de
1169
qui avait été réelle dans mon esprit seulement et
qui
ne pouvait ni ne devait l’être autrement, je le voyais bien, je jouai
1170
rets ! Et n’avais-je pas cédé à l’illusion banale
qui
veut que l’auteur et l’œuvre soient pareils, alors qu’ils sont toujou
1171
mythologie évoquant le grouillement des créatures
qui
décorent l’extérieur des grands temples de l’Inde. Je relève encore c
1172
urelle que revêt la sociabilité chez le solitaire
qui
garde ses distances… » Finalement, je crois bien que Kassner est à pe
1173
maîtrise achevée, comme infaillible. D’où l’image
qui
me vint à l’esprit, pendant notre première rencontre, de cet archer q
1174
, pendant notre première rencontre, de cet archer
qui
tire les yeux fermés et atteint à chaque coup le centre de la cible.
1175
er et Rainer Maria Rilke. Elle remonte aux années
qui
précédèrent la guerre de 1914, et plusieurs témoignages importants no
1176
usé l’idée fondamentale du sacrifice, seul chemin
qui
permet de passer de l’intériorité fervente à la grandeur. Relisons le
1177
orité fervente à la grandeur. Relisons les essais
qui
suivent : nous y voyons que pour Kassner, Rilke appartient décidément
1178
t non de l’esprit, profondément antipaulinien, et
qui
permet seul de comprendre chez Rilke « son hostilité au Christ, qui b
1179
comprendre chez Rilke « son hostilité au Christ,
qui
blesse les uns, paraît folle aux autres »… Je ne fais ici qu’énumérer
1180
au contraire, est le monde du Fils, de la Parole
qui
tranche et institue le drame, le monde ouvert par la tragédie grecque
1181
. Monde viril où ne peut régner que « cette prose
qui
exclut les vers : Blaise Pascal, Laurence Sterne et Søren Kierkegaard
1182
on dans ses papiers posthumes bien d’autres notes
qui
s’y rapportent. L’essai porte un titre curieux : Rilke, le zen et moi
1183
assant un parallèle entre Kierkegaard et Hamlet «
qui
tous les deux luttèrent pour la grandeur, non point à partir du Mythe
1184
e. Beaucoup plus tard, il entendit parler du zen,
qui
n’est resté qu’un nom pour lui. Mais dans le recueil d’hommages publi
1185
dans quel rapport il pouvait être avec mon œuvre,
qui
comptait à ce moment-là plus d’un demi-siècle. Atteindre le but sans
1186
cle. Atteindre le but sans le voir (blind), celui
qui
peut cela ne doit-il pas avoir le but en lui-même ?… Le zen, le tir a
1187
ux bandés est le point zéro de la cible, le Néant
qui
est en même temps le Tout… Que signifie encore le zen, sinon l’élimin
1188
hance, du hasard, et celui-là seul peut y arriver
qui
ne sépare plus l’acte de l’ascèse. Ceci est absolument hindou, ajout
1189
à dire là-dessus : sur la flèche du vieux Zénon,
qui
n’atteint pas le but, et sur le tireur aveugle qui l’atteint, qui, sa
1190
ui n’atteint pas le but, et sur le tireur aveugle
qui
l’atteint, qui, sans le voir, l’atteint. Dans les deux cas, il s’agit
1191
s le but, et sur le tireur aveugle qui l’atteint,
qui
, sans le voir, l’atteint. Dans les deux cas, il s’agit du concept, de
1192
s, à commencer par cette « Morale de la musique »
qui
aujourd’hui, à cause de cela, remonte vers moi dans mon grand âge, so
1193
nconcevable, en vertu de l’Imagination créatrice,
qui
est pour lui la seule forme possible de la foi. Et certes, il m’est
1194
nt venu à l’esprit que cette Einbildungskraft 87,
qui
joue dans toute son œuvre un rôle aussi fondamental que la libido che
1195
er d’abord la seule forme possible de la foi — ce
qui
est plus gnostique qu’orthodoxe… Ne tire-t-il pas le zen de son côté
1196
ancienne Asie à celles de l’Occident chrétien. Ce
qui
lui semble, en fin de compte, relier au zen sa propre pensée physiogn
1197
ce et poésie, ou de la poésie comme existence, ce
qui
donne une parfaite question zen, la question dernière, peut-être, pou
1198
ueil puéril Qu’enfin, submergé par son gain Celui
qui
s’est approché des lointains Sera ce que son vol solitaire a conquis
1199
Sera ce que son vol solitaire a conquis. « Voilà
qui
est zen, conclut Kassner, ou solution d’un problème zen par le poète,
1200
suprême dépassement des concepts, au nom du Sens
qui
est le But à l’infini. Le But, la Flèche et l’Homme Kassner ava
1201
roles d’un maître zen sur le tir à l’arc : Celui
qui
est capable de tirer avec l’écaille du lièvre et le poil de la tortue
1202
isons maintenant Herrigel, ce philosophe allemand
qui
est allé au Japon pour s’initier au zen en s’entraînant au tir à l’ar
1203
distance déterminée ; elle ne connaît que le but,
qui
ne s’atteint d’aucune manière technique, et si elle lui donne un nom,
1204
lui donne un nom, ce sera : Bouddha. Enfin ceci,
qui
devait combler chez Kassner le penseur existentiel autant que le phys
1205
Je crains de ne plus rien comprendre… Est-ce moi
qui
touche le but ou bien le but qui m’atteint ? Ce que vous appelez le «
1206
ndre… Est-ce moi qui touche le but ou bien le but
qui
m’atteint ? Ce que vous appelez le « quelque chose » (qui tire) est-i
1207
teint ? Ce que vous appelez le « quelque chose » (
qui
tire) est-il de nature spirituelle aux yeux du corps, ou corporelle a
1208
alors et dit : Voilà justement la corde de l’arc
qui
vient de vous traverser ! Mais je n’en finirais pas de citer tantôt
1209
, pourquoi ne pas penser ici au bios d’Héraclite,
qui
signifie Vie et Arc, vie qui appelle et produit, et arc qui donne la
1210
au bios d’Héraclite, qui signifie Vie et Arc, vie
qui
appelle et produit, et arc qui donne la mort ? Mais il ajoute aussit
1211
ie Vie et Arc, vie qui appelle et produit, et arc
qui
donne la mort ? Mais il ajoute aussitôt que le silence est pour lui
1212
r de votre œuvre est de libérer ce moi conscient (
qui
est la personne) du moi factice, du personnage et de son masque, lais
1213
sage. Entre les deux « abîmes » du monde magique,
qui
est le monde sans mesure d’avant le drame, d’avant l’idée et la Parol
1214
vant l’idée et la Parole — et du monde collectif,
qui
est sa contrepartie plate et abstraite, et que vous nommez souvent «
1215
nne, le passage vers l’esprit et vers la liberté,
qui
est souffrance et vision, tension et sacrifice, incarnation de la Par
1216
oire. Maintenant, comment passer de cette réalité
qui
est liberté de la personne, à celle du zen qui est négation du person
1217
té qui est liberté de la personne, à celle du zen
qui
est négation du personnel ? Ou plutôt, saurez-vous nous faire voir l’
1218
ntends par sa relation récemment entrevue avec ce
qui
semblait le plus éloigné d’elle, j’ai tenté d’épouser son style et so
1219
ue de Kassner92, l’oncle Hammond Sterne, de Bath,
qui
haïssait les boutons et n’admettait au monde que les boucles : Mon o
1220
er — au journaliste anonyme, mais bien à l’auteur
qui
écrit des drames, des romans, des systèmes. Ce journaliste-là, préocc
1221
erselle, malgré mes cannes ou à cause d’elles. Ce
qui
ne signifie pas grand-chose pour la littérature, mais beaucoup pour m
1222
orce, de la vraie force créatrice, de l’acte même
qui
relie l’homme à sa vision, à l’infini ; donc du « pouvoir de transfor
1223
uvoir de transformer » par excellence. C’est elle
qui
nous permet de passer du monde magico-mythique à celui de la personne
1224
. 88. C’est là qu’on trouvera la scène du Maître
qui
tire, dans l’obscurité, une première flèche au centre de la cible, pu
1225
re flèche au centre de la cible, puis une seconde
qui
perce la première. Il dit ensuite : « “Quelque chose” a tiré et touch
1226
s grands seigneurs du capitalisme yankee. Ce tsar
qui
se fait ouvrier, cet ouvrier qui s’est fait tsar poursuivent la même
1227
yankee. Ce tsar qui se fait ouvrier, cet ouvrier
qui
s’est fait tsar poursuivent la même politique russe, par des moyens q
1228
ui et souhaitait le dépasser dans son sens. Voilà
qui
est clair et naturel. Khrouchtchev, au contraire, professe que l’Occi
1229
permis de tels résultats que l’Union soviétique,
qui
est dans le sens de l’Histoire, doive aujourd’hui se donner pour but
1230
s on chercherait en vain une phrase ou un exemple
qui
distingueraient ses buts ou ses méthodes de ceux de n’importe quelle
1231
ue les Américains, puisque l’économie soviétique,
qui
n’a que 42 ans, est déjà capable de défier l’économie capitaliste amé
1232
âgée selon lui de cent-cinquante ans. « N’importe
qui
, observant le déroulement de cette compétition, peut donc juger quel
1233
, et le « meilleur système » est simplement celui
qui
va mener le plus vite au même but ! Avouez qu’il n’y a pas là de quoi
1234
ouez qu’il n’y a pas là de quoi se battre… À ceux
qui
croyaient voir quelque contradiction entre la politique de coexistenc
1235
mphe rapide du communisme, K. répond : « Les gens
qui
argumentent de cette manière créent de la confusion, volontairement o
1236
ue américain — non pas celui du State Department,
qui
est politique, mais celui de l’opinion réfléchie et anxieuse — je le
1237
arlons de nous-mêmes comme d’une société achevée,
qui
a atteint ses buts et qui n’a plus de grands problèmes à résoudre. La
1238
d’une société achevée, qui a atteint ses buts et
qui
n’a plus de grands problèmes à résoudre. La force du régime soviétiqu
1239
es uns les autres serait-il le sommaire de la Loi
qui
régira l’ennui futur et fera s’endormir l’Histoire ? Ni Khrouchtchev
1240
érique, on pouvait et l’on devait s’attendre à ce
qui
s’est passé en effet : la rencontre de deux groupes de complexes qui
1241
effet : la rencontre de deux groupes de complexes
qui
d’abord se repoussent, se provoquent et se cherchent, puis s’accroche
1242
étendre, à se dénouer sans que l’on sache trop ce
qui
arrive, laissant poindre une espèce de sentiment mêlé de soulagement
1243
fait au bon peuple de Moscou sur le ton du paysan
qui
revient de la ville et raconte en se tapant sur la cuisse comment « i
1244
dépassé le stade d’exploitation des travailleurs
qui
correspond au capitalisme des années 1880 ; mais il est certain que c
1245
ples du monde entier, la carte des grandes masses
qui
font l’histoire du siècle s’est précisée. Amérique du Nord, Russie, C
1246
on voie l’Europe, qu’on y pense même ! Mais nous,
qui
sommes d’Europe, nous allons y penser. Le mois dernier, François Bond
1247
s même pas sûr qu’il y ait lieu de le poser, mais
qui
paraît troubler certains de nos amis, et qu’une masse d’étourdis tran
1248
s problèmes sont posés désormais, « en des termes
qui
dépassent tous les conflits antérieurs ». D’où le désarroi du « Congr
1249
roi du « Congrès pour la liberté de la culture »,
qui
avait « mis en avant », il y a dix ans, la liberté, mais qui doit se
1250
mis en avant », il y a dix ans, la liberté, mais
qui
doit se replier aujourd’hui « sur le terrain de la vie intérieure ».
1251
une telle demande ne peut être faite que par ceux
qui
n’ont rien compris au processus historique. » Au reste, on n’a pas ou
1252
stes, avant la détente. — Ils servaient un régime
qui
n’admet pas que l’intellectuel ou l’artiste diffère. La liberté de ju
1253
e dialogue eût été temps perdu avec des officieux
qui
ne pouvaient pas nous écouter et n’insultaient que nos caricatures. (
1254
lutte idéologique n’est plus la guerre, si celui
qui
s’oppose n’est plus un belliciste, la première donnée du dialogue est
1255
estituée : ne pas considérer comme criminel celui
qui
est d’un avis différent. Mais la seconde donnée manque encore, et c’e
1256
ature, la fonction de notre Congrès et les idéaux
qui
l’inspirent. Le plus simple sera de reprendre les trois termes forman
1257
mais un simple rassemblement d’hommes de culture
qui
se veulent à la fois libres et responsables devant eux-mêmes et devan
1258
souhaiteriez le croire : responsables d’un avenir
qui
vous dépasse et vous appelle, et qui a besoin de vous, tant pis pour
1259
d’un avenir qui vous dépasse et vous appelle, et
qui
a besoin de vous, tant pis pour vous ! Unissez vos intelligences, mai
1260
laient imposer, et contre le défaitisme fataliste
qui
préparait leur lit dans nos démocraties. Il nous fallait courir au pl
1261
entale propage aveuglément sur toute la terre, et
qui
, sous les meilleurs prétextes, comme celui de nourrir les corps et de
1262
loppés) des centaines de millions d’êtres humains
qui
souffrent avant tout de ne pas trouver un sens à leur vie individuell
1263
duelle. L’absence de sens, dans une vie, voilà ce
qui
ôte le goût de la liberté, voilà ce qui ruine le plus insidieusement
1264
voilà ce qui ôte le goût de la liberté, voilà ce
qui
ruine le plus insidieusement la dignité d’un homme et sa passion de l
1265
ment l’ensemble des activités proprement humaines
qui
donnent un sens à notre vie. Car la culture, c’est tout d’abord : tra
1266
Et alors se révèle l’autre aspect de la culture,
qui
n’est plus seulement transmission mais critique et rupture s’il le fa
1267
nsmission mais critique et rupture s’il le faut ;
qui
n’est plus seulement initiation mais invention. Ces deux aspects de l
1268
n représentent ensemble la culture vivante, celle
qui
peut rendre un sens à l’existence humaine. Or il se trouve que la plu
1269
résentants des cinq ou six cultures continentales
qui
vivent dans le monde d’aujourd’hui : leurs confrontations amicales le
1270
’une sagesse globale. Voilà pour les trois termes
qui
forment notre titre. J’en déduis que la fonction de notre Congrès, te
1271
es deux Amériques ; mais ceci dans la perspective
qui
nous est propre : celle des incidences du progrès sur les vraies libe
1272
a politique proprement dite, mais au niveau de ce
qui
la prépare et la pré-forme, en contribuant à orienter les esprits et
1273
orienter les esprits et leurs choix vers des fins
qui
dépassent la politique et qui seules lui donnent son vrai sens, son s
1274
choix vers des fins qui dépassent la politique et
qui
seules lui donnent son vrai sens, son sens humain, pour chaque person
1275
dernière de toute communauté, et la seule mesure
qui
permette de juger qu’une forme de vie ou un système d’institutions n’
1276
le Coin des Huit Chemins ». Seul le trouve celui
qui
le cherche avec beaucoup de soins et de finesse, car aucune carte ne
1277
sonne ne fréquente ce lieu, sauf un petit insecte
qui
se hâte, lente festinans… Nul ne hante ces routes, hormis le vent don
1278
u’il n’a pu que rêver, que sa personne refuse, et
qui
est son Ombre. J’ai cherché bien longtemps le point de perspective d’
1279
et pénétrante du regard, situant en vérité celui
qui
voit, il arrive qu’on pressente l’invite d’une étape significative, —
1280
e » sont les lieux les plus émouvants, pour celui
qui
chevauche à l’aventure au profond des forêts de l’âme occidentale. Ar
1281
de l’après-midi, tantôt cette allée assombrie, et
qui
s’anime au gré d’un vent soudain, dont on ne sait ni d’où il vient ni
1282
goût impeccable du service saisirent les convives
qui
entraient, et tandis que l’orchestre attaquait la musique du ballet d
1283
mblables à celui que l’enthousiasme a réveillé et
qui
ressuscite en plein enthousiasme. Cette page introduisant les discou
1284
Cette page introduisant les discours sur l’amour
qui
composent « In Vino Veritas », donne le ton de la passion de Kierkega
1285
e je ne pourrai plus jamais l’oublier. C’est elle
qui
m’a poussé, comme Elvire, hors de la nuit tranquille du cloître. Enf
1286
pure, ou n’est plus rien. Lancé comme une pierre
qui
ricoche à la surface de l’eau, il s’enfonce instantanément dans l’abî
1287
sir. Je ne l’imagine pas du tout comme quelqu’un
qui
forme ses projets sournoisement, et calcule avec ruse ses intrigues…
1288
e étrange, c’est là ce qu’elles veulent, et celle
qui
ne rêverait pas de devenir malheureuse pour avoir été une fois heureu
1289
L’érotisme de Don Juan s’oppose à l’Éros antique,
qui
était psychique et non sensuel, « et c’est ce qui inspire cette pudeu
1290
qui était psychique et non sensuel, « et c’est ce
qui
inspire cette pudeur qui caractérise tout amour grec »98. Il s’oppose
1291
n sensuel, « et c’est ce qui inspire cette pudeur
qui
caractérise tout amour grec »98. Il s’oppose plus encore à l’amour co
1292
c « absolument musical », les autres personnages,
qui
ne sont que passions déterminées par Don Juan, sont dans cette mesure
1293
est immédiatement au centre, parce que ce centre,
qui
est la vitalité de Don Juan, se trouve partout. » Le seul personnage
1294
Don Juan, se trouve partout. » Le seul personnage
qui
semble faire exception est naturellement le Commandeur, mais d’une ce
1295
mutisme, et cette luxuriance verbale, est de ceux
qui
expriment à coup sûr les données essentielles d’une personne. Qu’est-
1296
donne un corps ! », gémit-il dans son Journal) et
qui
pressent son génie d’écrivain et sa vocation religieuse ? Don Juan es
1297
Juan est de toute évidence la figure de lui-même
qui
le tente le plus : c’est son moi potentiel, prestigieux, désiré, mais
1298
ur », à laquelle il a dû renoncer pour une raison
qui
reste son secret dernier. Le mariage étant écarté, s’il choisit d’êtr
1299
alvatrice. L’amour humain repose sur un instinct
qui
, élevé au rang d’inclination, trouve son expression suprême, unique e
1300
3 Certes, le Jeune Homme d’« In Vino Veritas »,
qui
n’a jamais encore aimé, a beau jeu de faire éclater l’absurdité tragi
1301
agi-comique de ce choix sans appel de la passion,
qui
est d’une importance capitale et qu’on ne peut faire « qu’à l’aveugle
1302
qu’il aime, et dans chaque femme réelle, c’est ce
qui
veut être séduit et qui ne peut l’être qu’une fois. Au contraire, le
1303
ue femme réelle, c’est ce qui veut être séduit et
qui
ne peut l’être qu’une fois. Au contraire, le Mari qui prendra la paro
1304
ne peut l’être qu’une fois. Au contraire, le Mari
qui
prendra la parole dans la seconde partie des Étapes choisit d’aimer u
1305
t de l’épouser, car le mariage est cette décision
qui
« traduit l’exaltation en réalité ». Loin d’appauvrir l’expérience de
1306
introduire. Elle est la décision par excellence,
qui
rend l’existence concrète. Par elle, la vie dans le mariage devient «
1307
iage devient « la plénitude du temps » — ce temps
qui
toujours « manque » à Don Juan. Cependant, le Mari n’entend pas élude
1308
eudonymes exaltant un Don Juan qu’il refuse, mais
qui
demeure sa possibilité ; il n’est pas derrière le Mari. Car celui-ci
1309
ence qualitative infinie entre Dieu et l’homme »,
qui
fait, des relations entre l’homme et Dieu, un amour essentiellement m
1310
e de la vérité. C’est donc l’amour divin lui-même
qui
exige la communication indirecte, voilée, rejoignant l’homme là où il
1311
mesure même où il a su se rendre perceptible… Ce
qui
se passe entre Kierkegaard et sa fiancée semble relever d’une structu
1312
s de la rupture et d’assurances de sa fidélité. «
Qui
comprendra cette contradiction de la douleur : ne point se révéler, e
1313
départ religieux ; si elle n’est pas cela, celui
qui
décide n’a été rendu fini que dans sa réflexion, il n’a pas pris de v
1314
fin que la personne de Kierkegaard est ce système
qui
se définit par la mise en tension et l’interdépendance de trois réali
1315
l’unicité de l’amour humain ; — la « mélancolie »
qui
l’accable et lui rend ce mariage impossible ; — enfin sa vocation exc
1316
n exceptionnelle. Le mariage est interdit à celui
qui
doit être l’Exception : Au soldat qui monte la garde aux frontières,
1317
it à celui qui doit être l’Exception : Au soldat
qui
monte la garde aux frontières, est-il permis de se marier ? Un tel so
1318
veillé l’enthousiasme chez l’homme, à cette femme
qui
l’a ainsi enthousiasmé, il aurait dû pourtant s’unir pour la vie. Mai
1319
se, la femme entraîne vers la hauteur. Cet amour
qui
« entraîne » et transfigure dans la mesure où il est par essence malh
1320
l’Éros, avec la vie. Et c’est le mythe de Tristan
qui
reparaît enfin ! On sait assez que le paradoxe est la catégorie fonda
1321
doxe, cette passion de la pensée, et les penseurs
qui
en manquent sont comme des amants sans passion, c’est-à-dire de piètr
1322
e ne puisse penser. Et plus loin : Regardons ce
qui
se passe dans l’amour, quoiqu’il ne rende qu’imparfaitement la situat
1323
ntable, entre l’amour-passion (ou amour poétique)
qui
élit un seul être bien-aimé, et l’amour du prochain (amour chrétien),
1324
la conception kierkegaardienne ? Le développement
qui
suit rétablit l’exigence existentielle. Le sujet du « Tu dois aimer »
1325
’homme isolé par l’esprit, — isolé de la foule, «
qui
est mensonge ». Et l’objet, le prochain — celui qu’il faut aider, sel
1326
ession de l’esprit en tout homme. Seul donc celui
qui
s’est connu et accepté en tant qu’esprit, celui qui de la sorte se tr
1327
i s’est connu et accepté en tant qu’esprit, celui
qui
de la sorte se trouve séparé de la communauté naturelle, — comme ayan
1328
ut discerner, appeler, aimer en l’autre, l’esprit
qui
crée « l’Individu ». Tel est le paradoxe proprement kierkegaardien. L
1329
nt kierkegaardien. L’amour ne va pas de n’importe
qui
à tout le monde, mais d’un seul, distingué par l’esprit, à chacun de
1330
ionnelle, de Søren Kierkegaard lui-même. Vocation
qui
devait le mener à sa perte, puisqu’il mourut d’une longue passion uni
1331
ent un raccourci fidèle de celles de Kierkegaard,
qui
à leur tour répétaient celles de saint Paul lui-même ! Sur le mariage
1332
Sur le mariage, par exemple, voici chez Nietzsche
qui
rappelle à la fois la « difficulté » initiale et la réponse du Mari d
1333
si fréquentes qu’elles sont presque la règle, et
qui
en font par conséquent une pia fraus, l’institution a conféré à l’amo
1334
une noblesse supérieure. Toutes les institutions
qui
ont concédé à une passion la croyance en la durée de celle-ci, et la
1335
ang nouveau…109 Comme pour le Mari des Étapes,
qui
voulait voir dans la synthèse d’une décision et d’une inclination le
1336
aux yeux de Nietzsche « une conception surhumaine
qui
élève l’homme ». Mais combien plus précisément kierkegaardienne, tant
1337
Le philosophe a horreur du mariage, et de tout ce
qui
pourrait l’y conduire, — du mariage en tant qu’obstacle fatal sur sa
1338
cas tu le regretteras », disait Socrate. « Celui
qui
se marie fait bien, mais celui qui ne se marie pas fait mieux », disa
1339
crate. « Celui qui se marie fait bien, mais celui
qui
ne se marie pas fait mieux », disait saint Paul, parlant en tant que
1340
gyne que Kierkegaard : Toutes les grandes choses
qui
ont été faites par l’humanité antique tiraient leur force du fait que
1341
tzsche, elle désigne déjà cette passion « noble »
qui
dès le xiie siècle a fait porter au premier rang les valeurs d’art e
1342
tôt que la revendication d’une liberté des mœurs,
qui
appartient à la « morale des esclaves ». Maintenant, l’on comprendra
1343
es hommes magnifiques et ingénieux du gai saber à
qui
l’Europe est redevable de tant de choses et presque d’elle-même.113
1344
est que l’instrument aveugle d’un autre instinct,
qui
est le rival de celui dont la violence nous tourmente, que ce soit le
1345
violence d’un instinct, c’est au fond un instinct
qui
se plaint d’un autre instinct. »114 Passage capital pour mon propos
1346
aussitôt le mythe tragique, et le héros tragique
qui
, pareil à un formidable Titan, prend sur ses épaules le fardeau du mo
1347
croit entendre la voix la plus secrète des choses
qui
, du fond de l’abîme, lui parle intelligiblement.116 Sans les parol
1348
ue philosophe, en tant qu’amant de la « Sagesse »
qui
se croit devenu Don Juan, et qui se définit comme tel ! Les philosoph
1349
e la « Sagesse » qui se croit devenu Don Juan, et
qui
se définit comme tel ! Les philosophes de l’avenir réclameront le tit
1350
douloureux dans la connaissance, comme l’ivrogne
qui
finit par boire de l’absinthe et de l’eau-forte. C’est pourquoi il fi
1351
désirer l’enfer, — c’est la dernière connaissance
qui
le séduit. Peut-être qu’elle aussi le désappointera comme tout ce qu’
1352
a le désir d’un repas du soir de la connaissance,
qui
jamais plus ne lui tombera en partage ! — Car le monde des choses tou
1353
pas. — Mais c’est notre instinct de connaissance
qui
est trop développé pour que nous puissions encore apprécier le bonheu
1354
nnaissance s’est transformée chez nous en passion
qui
ne s’effraie d’aucun sacrifice et n’a, au fond, qu’une seule crainte,
1355
prendre la vérité secrète de son pire Adversaire.
Qui
sait s’il ne va pas l’aimer ? Dans la seconde partie d’Ainsi parlai
1356
élivrance du Temps et de l’Extase. Subitement, ce
qui
parle, c’est l’Ombre, c’est son ombre : Ô homme, prends garde ! Que
1357
rore : c’est le retour du mythe mortel de l’Amour
qui
transfixe et transfigure. C’est le Chant de Minuit saluant l’Éternité
1358
on des moments. C’est la vision du Retour éternel
qui
subitement « cloue » le Don Juan de la connaissance. C’est Nietzsche
1359
uan de la connaissance. C’est Nietzsche lui-même,
qui
tend la main au Commandeur — à l’Éternel Revenant, au Père ! — dans u
1360
je t’aime ! signé : Dionysos. » Le Cas Wagner —
qui
est un dernier Anti-Tristan — venait d’être envoyé à l’impression. Da
1361
l’impression. Dans Aurore, je relis : « Que celui
qui
veut tuer son adversaire considère si ce ne serait pas là une façon d
1362
a mer ? Où nous entraîne cette passion puissante,
qui
prime pour nous sur toute autre passion ? Pourquoi ce vol éperdu dans
1363
r un « Ou bien ? » — c’est le seul livre au monde
qui
finisse par : « Ou bien ? — » Il ignorait sans doute que trente-huit
1364
it ans plus tôt, un livre avait paru au Danemark,
qui
avait pour titre Ou bien… ou bien (Enten – Eller) et qu’on peut résum
1365
tres séducteurs machiavéliques du xviiie siècle,
qui
ne laissent derrière eux que colère, honte et mépris. Casanova aime l
1366
Don Giovanni, qu’il suffise de rappeler l’amitié
qui
liait Da Ponte et Casanova au moment où l’abbé écrivit son livret, la
1367
entendu : — Dans le véritable amour, c’est l’âme
qui
enveloppe le corps. » (Par-delà le bien et le mal, 142.) 99. Ou bie
1368
enchantée) par F. A. Breydert, je ne trouve rien
qui
ne confirme les analyses de Kierkegaard. À coup de citations musicale
1369
autre une seule femme. Mais c’est la multiplicité
qui
est pauvre, tandis que dans un être unique et possédé à l’infini se c
1370
es péchés et des vertus, par la grâce d’une vertu
qui
transcende le monde de la Loi. Enfin tout se ramène à cette oppositio
1371
du jour et de la nuit, le martyr d’un ravissement
qui
se mue en joie pure à la mort. On peut noter encore ceci : Don Juan p
1372
ozart, rachetant par cet ultime défi des lâchetés
qui
eussent déshonoré un véritable chevalier. Tristan, mélancolique et co
1373
réation, dans la doctrine manichéenne : c’est lui
qui
a donné sa figure au Burlador de Molina, et qui lui a imprimé pour to
1374
i qui a donné sa figure au Burlador de Molina, et
qui
lui a imprimé pour toujours ces deux traits si typiques de l’époque :
1375
r hasard avec l’essor de la passion nationaliste,
qui
est sa transposition au niveau politique125. Mais le nomadisme de Don
1376
une femme qu’il veut séduire : « Ah ciel ! Homme,
qui
es-tu ? » le Don Juan de Tirso de Molina répond : « Qui je suis ? Un
1377
-tu ? » le Don Juan de Tirso de Molina répond : «
Qui
je suis ? Un homme sans nom. » Cet homme sans nom, sans passé ni lend
1378
dans les religions antiques et primitives : celui
qui
est assez saint ou assez fort pour oser assumer les périls supposés d
1379
bientôt soumise à l’épreuve imprévue de la durée,
qui
modifie nécessairement l’importance relative de chacun des trois term
1380
age, est arrêté par des obstacles insurmontables,
qui
sont généralement de nature sociale : ou bien il s’exalte et les nie
1381
timental126. Mais comme il n’est guère de mariage
qui
parvienne à maintenir sans crise une synthèse dans la durée des éléme
1382
protagonistes invisibles du drame toujours latent
qui
vient de se déclarer. Il fallait donc d’abord préciser le contraste
1383
fonction civilisatrice, ordonnatrice et dynamique
qui
pourrait aussi bien être la leur, exige une prise de conscience objec
1384
èse, ontogenèse —, c’est l’alternance des mythes
qui
est manifeste — leur interdépendance génétique et leur coexistence di
1385
là de survivre, travailler et gagner de l’argent,
qui
ne sont au vrai que des moyens ? Limitons-nous aux quatre que voici :
1386
r, la liberté, l’amour. La durée. — Tout homme
qui
obtient ce qu’il désire, ou qui va l’obtenir, veut la durée : rien de
1387
rée. — Tout homme qui obtient ce qu’il désire, ou
qui
va l’obtenir, veut la durée : rien de plus naturel que les serments p
1388
er la durée normale ; ou plutôt deux tempéraments
qui
ne pourront jamais s’y accommoder. L’un exige l’intensité toujours ac
1389
poursuit pas », écrit l’un de ses apologistes127,
qui
ajoute aussitôt : « Il est heureux jusque dans les échecs de sa chass
1390
pomme. Et qu’elle en voudra mortellement à celui
qui
ne l’aura pas « prise », s’étant contenté de la « goûter ». Dona Anna
1391
n Juan, équivaut au refus de la vraie possession,
qui
implique échange et don, entre humains tout au moins, et l’on n’en fi
1392
un peu court. Il n’accédera jamais à l’érotisme,
qui
est dépassement de l’instinct et des faims animales. Il n’intéresse p
1393
et la souffrance est liée au temps et à l’espace,
qui
modifient, distinguent et séparent — « mais toute joie veut l’éternit
1394
de l’illusion, dit le bouddhisme — c’est Tristan
qui
a raison contre le mariage. S’il n’est pas d’autre vie ni d’autre réa
1395
de l’instant, de la durée et de l’éternité. Celui
qui
a résolu ce problème dans sa vie est seul en mesure de condamner Don
1396
me d’activité dont ses chromosomes sont porteurs)
qui
se met à fabriquer le virus disparu — jusqu’à ce qu’elle meure par éc
1397
s, on s’en doute, la nature en soi de nos mythes,
qui
sont phénomènes de l’âme. Mais elle nous aide à mieux imaginer le pro
1398
ique formelle étant commune à tous les phénomènes
qui
relèvent de la vie en général, pourquoi refuser l’hypothèse que les a
1399
s de composer avec aucune espèce d’opposition. Ce
qui
le distingue de tout autre régime — quelles que soient ses ressemblan
1400
cteur de français) j’avais coutume de dire à ceux
qui
me questionnaient sur les motifs de l’adhésion réelle de tant d’Allem
1401
teint pâle, cette lourdeur dans le bas du visage,
qui
permet de reconnaître au premier regard un chef nazi. Si peu sérieux
1402
ucteur, et de se faire les exécutants d’un destin
qui
les terrifie ; pour le valet, c’est de servir son maître tant qu’il l
1403
tes : Vive la Loi ! Seule la liberté de Don Juan,
qui
d’ailleurs mène le chœur, fait exception : elle veut braver le destin
1404
était là de la vraie liberté d’esprit, une parole
qui
mettait en question la foi même de la vérité.130 On ne peut aller p
1405
’esprit, contre la liberté chrétienne d’une part,
qui
est obéissance au Révélé, et d’autre part contre l’ascèse scientifiqu
1406
lé, et d’autre part contre l’ascèse scientifique,
qui
est elle aussi, à sa manière, une foi dans le vrai objectif, une obéi
1407
Joie suprême !132 Mais si le moi est dépassé,
qui
est libre ? Et qui peut encore aimer qui ? C’est dans l’énigme jamais
1408
Mais si le moi est dépassé, qui est libre ? Et
qui
peut encore aimer qui ? C’est dans l’énigme jamais résolue de ce nirv
1409
dépassé, qui est libre ? Et qui peut encore aimer
qui
? C’est dans l’énigme jamais résolue de ce nirvana romantique (où le
1410
nfin ce que l’on croyait son origine concrète, et
qui
lui échappe. Point d’amour pour Don Juan, le désir seul ; ni de proch
1411
objets. Mais pour Tristan, si le dernier obstacle
qui
nourrit sa passion est dans le moi distinct, et si ce moi doit s’abîm
1412
l n’y a plus que l’amour de l’amour dans un sujet
qui
, lui aussi, doit s’évanouir. Que reste-t-il ? Comme d’autres perdent
1413
uissances, ils ne sauraient s’aimer eux-mêmes, ce
qui
est la condition de l’amour d’un autre, et donc de tout amour réel :
1414
l’intérieur de chaque personne, entre l’individu,
qui
est l’objet naturel, et la vocation qu’il reçoit, sujet nouveau, — et
1415
ir délivrée de haute lutte en terrassant le géant
qui
la tenait captive et qui exigeait son tribut de jeunes gens. (Minotau
1416
e en terrassant le géant qui la tenait captive et
qui
exigeait son tribut de jeunes gens. (Minotaure-Morholt-Hitler.) Puis
1417
vienne déjouer la logique du mythe. 126. « Celui
qui
ne sait pas trouver le chemin qui conduit à son idéal, vit de façon p
1418
. 126. « Celui qui ne sait pas trouver le chemin
qui
conduit à son idéal, vit de façon plus frivole, plus insolente, que l
1419
à la faveur de l’obscurité. Mais c’est Dona Anna
qui
appelle son père, au moment où elle sent Don Juan prêt à s’enfuir, un
1420
igner un traité de paix avec le régime de Pankow,
qui
n’a jamais été en guerre avec les Russes et qui n’existe que par eux.
1421
, qui n’a jamais été en guerre avec les Russes et
qui
n’existe que par eux. Les motifs politiques qui animent M. Khrouchtch
1422
t qui n’existe que par eux. Les motifs politiques
qui
animent M. Khrouchtchev doivent être à ses yeux bien puissants pour j
1423
ose l’Occident. Nous sommes en présence d’un fait
qui
dépasse les calculs politiques et met en jeu les droits de l’homme. L
1424
problème de Berlin se ramène à ceci qu’un régime
qui
se dit populaire veut empêcher son peuple de le fuir. À travers Berli
1425
hev. Nous lui demandons en retour, avec tous ceux
qui
veulent la paix : « Pourquoi tuer deux-cents-millions d’hommes et dét
1426
ontinue à perdre chaque jour un millier de sujets
qui
ne l’aiment pas ? » Nous demandons pour ces sujets le droit de redeve
1427
et se mettraient au travail, dans l’espoir. Ceux
qui
retrouvent l’espoir ne veulent plus que la paix, et cette volonté pop
1428
intéressés. Ce serait la fin de la peur mutuelle
qui
nourrit la guerre froide, dans les deux camps, la fin de l’angoisse p
1429
arbelés de la porte de Brandebourg, — au chantage
qui
fait leur seule force, au mépris de l’homme qu’ils symbolisent. C’est
1430
sprit (février 1963)bg On ne sait pas toujours
qui
sont ceux que l’on lit dans les revues françaises, qui, très générale
1431
ont ceux que l’on lit dans les revues françaises,
qui
, très généralement, donnent les noms d’auteurs, et c’est tout. (À la
1432
. (À la Cour, on ne rencontrait que des personnes
qui
avaient été « présentées », et que tout le monde était censé connaîtr
1433
éraire de Paris.) Pourquoi ne pas dire au lecteur
qui
sont les gens que l’on publie ? Quelques lignes en fin de numéro, com
1434
e 1962 nous laisse tout ignorer de M. Paul Dehem,
qui
écrit longuement sur le mur de Berlin. D’où vient ce très curieux esp
1435
r de Berlin est l’œuvre des Allemands de l’Ouest,
qui
l’ont bâti pour abriter leur bonne conscience et pour effacer leurs p
1436
ance par la bonne conscience de toute une société
qui
chérissait ce mur avant qu’il existât et qui lui voue à présent un cu
1437
iété qui chérissait ce mur avant qu’il existât et
qui
lui voue à présent un culte confinant à l’idolâtrie ». En effet, le m
1438
remier point du raisonnement : ce n’est pas l’Est
qui
a fait le mur, c’est l’Ouest — pour empêcher qu’on joue du Brecht. 2°
1439
ficielle monotone et stupide », celle d’Ulbricht,
qui
rend « malaisée la tâche de convaincre ». (Convaincre de quoi ? On l’
1440
lant à la misère ou à une révolte désespérée ceux
qui
n’avaient pas les moyens de partir…, ou trop de ce sens des responsab
1441
e partir…, ou trop de ce sens des responsabilités
qui
manquait aux fugitifs ». L’auteur affirme d’ailleurs qu’« une large p
1442
ains en dédommagement de la formation d’Einstein,
qui
ne leur avait rien coûté ?) 4°) « Le mur rend plus nécessaire que ja
1443
nécessaire que jamais une discussion avec le pays
qui
l’a construit. » Ce dernier argument explique enfin l’article et perm
1444
était trop souvent démenti par la sottise de ceux
qui
croient servir une cause. Dans Le Figaro littéraire du 15 décembre 19
1445
ur à Berlin, ce mur n’est rien. Seul compte celui
qui
se trouve dans le cœur des Allemands de l’Ouest, qui abandonnent leur
1446
se trouve dans le cœur des Allemands de l’Ouest,
qui
abandonnent leurs frères. » Cette fois-ci, on présente l’auteur : il
1447
s peur. » De quel côté du mur a-t-il écrit cela ?
Qui
l’a « proscrit » ? On eût mieux fait de l’obliger à sauter le mur pou
1448
chés de sacrifier les buts proprement politiques,
qui
étaient la cause finale du Marché commun dans l’esprit de ses promote
1449
es se sont posés en défenseurs du traité de Rome,
qui
exclut leur « Europe des patries » et prépare une supra-nation. Tous
1450
son parti, et à plus d’une reprise par lui-même…
Qui
a perdu, qui a gagné dans cette affaire ? Question oiseuse ainsi posé
1451
t à plus d’une reprise par lui-même… Qui a perdu,
qui
a gagné dans cette affaire ? Question oiseuse ainsi posée en termes d
1452
ar toute la presse, et par cette opinion publique
qui
n’est rien d’autre que ce qu’en dit la presse sans tenir compte des s
1453
nues. Ce chassé-croisé n’a pu surprendre que ceux
qui
croient ce qu’il leur convient d’imaginer que l’autre feint de feindr
1454
lus que d’une « Algérie française ». Et c’est lui
qui
invoque maintenant le traité de Rome, qu’il se bornait à tolérer en f
1455
référable d’avoir l’Angleterre avec nous »135. Ce
qui
revient en fait, sinon en intention, à sacrifier le traité de Rome (q
1456
inon en intention, à sacrifier le traité de Rome (
qui
fut son œuvre) en tant que proprement européen. Les raisons subjectiv
1457
vient de le voir, l’abandon de l’union politique,
qui
est supranationale ou n’est rien. Le veto brutal de la France impliqu
1458
, ni Spaak lui-même. Logiquement, c’est de Gaulle
qui
devrait jouer maintenant. Mais il serait excessif de dire qu’il a bie
1459
drait qu’à la renaissance des nationalismes obtus
qui
ont fait leurs preuves en 1914. Reste la solution fédéraliste, l’unio
1460
que l’Angleterre humaine, sensible, intelligente,
qui
parle ainsi, fait partie de l’Europe autant que la France, la Pologne
1461
ions de notre planète en mutation. C’est l’Europe
qui
a tout déclenché, et son rôle reste décisif. C’est elle qui a créé la
1462
déclenché, et son rôle reste décisif. C’est elle
qui
a créé la notion de genre humain — ignorée ou niée en Orient — par sa
1463
a, Suárez, Grotius, Vattel et Kant. Et c’est elle
qui
a fourni les instruments techniques de communication entre les peuple
1464
le statut des nations dites « souveraines », mais
qui
ne le sont plus qu’au niveau des discours, cette Europe minima ne sau
1465
’en fera rien. L’Europe a sécrété le nationalisme
qui
infecte aujourd’hui la terre entière. On attend qu’elle produise les
1466
attend qu’elle produise les anticorps de ce virus
qui
, par deux fois, a bien failli causer sa fin. Au surplus, ce qui demeu
1467
fois, a bien failli causer sa fin. Au surplus, ce
qui
demeure profondément valable dans l’intention avouée des partisans de
1468
de sauvegarder les diversités de l’Europe, voilà
qui
ne saurait être réalisé que par l’union de type fédéraliste. L’exempl
1469
hute de potentiel, un accroissement de l’entropie
qui
ferait perdre à l’Europe ses seuls atouts. Le monde entier en pâtirai
1470
des éclats d’anarchie névrotique. Et quant à ceux
qui
déclarent que le Marché commun vise en réalité à ce type d’unité, ils
1471
e du modèle que l’on dit ne pouvoir imiter. (Ceux
qui
invoquent des raisons de prestige, c’est quelquefois parce qu’ils n’e
1472
le, seule possible pour nous comme pour l’Europe,
qui
la propose ? Les Suisses devant le projet d’union de l’Europe La
1473
de l’Empire d’Occident, l’union sans unification,
qui
est l’idée fédéraliste. Entre-temps, les nations se constituent, se m
1474
vent leur souveraineté par de glorieux massacres,
qui
sont le principal de l’histoire qu’elles enseignent à partir du xixe
1475
ignent à partir du xixe siècle. Les voix suisses
qui
s’élèvent au plan européen ne cessent de dénoncer ces démences collec
1476
amitié, soit par des livres comme De l’Allemagne,
qui
rétablissent la circulation internationale des idées, malgré les jaco
1477
émonie et de centralisme national, mais c’est lui
qui
rédige, pendant les Cent-Jours, le projet de fédération européenne137
1478
Napoléon. Et son fédéralisme préfigure le régime
qui
va triompher à l’échelle suisse : « La variété, c’est l’organisation
1479
ernational », et c’est ce type d’union pluraliste
qui
peut seul assurer la paix de l’Europe. « Si cet idéal de l’avenir se
1480
stance de plusieurs pays rédigent une déclaration
qui
va servir de base à la création de l’Union européenne des fédéraliste
1481
conduit à la convocation du congrès de l’Europe,
qui
se tient à La Haye au mois de mai 1948. De La Haye naît le Mouvement
1482
mai 1948. De La Haye naît le Mouvement européen,
qui
propose et obtient en neuf mois la création du Conseil de l’Europe. L
1483
Genève et convoque aussitôt une grande conférence
qui
se tient à Lausanne en décembre 1949. De cette conférence et de l’act
1484
rope », et ce sont quelques Suisses entreprenants
qui
l’ont permis. Qu’a fait, pendant ce même temps, la Suisse légale ? Et
1485
ticisme invétéré (ou faut-il dire traditionnel ?)
qui
tendait à paralyser non seulement toute initiative de la Suisse, mais
1486
l’imagination et la faculté de prévision de ceux
qui
faisaient notre opinion. L’union de l’Europe s’avérait bel et bien ré
1487
restige international, et cette réserve originale
qui
fait qu’on la distingue encore parmi les cent-vingt-sept nations du m
1488
intérêts de l’Europe entière ». Or c’est l’union
qui
est aujourd’hui dans l’intérêt de tous les peuples de l’Europe. Si la
1489
à l’édification de l’Europe unie. Sinon, l’Europe
qui
se fera sans elle risque bien de se faire contre elle — c’est-à-dire
1490
utisant jusqu’à devenir tabou — traître est celui
qui
ose la discuter — a changé de nature et de finalité. Sortie de l’Hist
1491
r fédéral serait amené à promulguer des décisions
qui
sont actuellement du ressort des cantons. Le droit d’établissement, l
1492
elle conjoncture, les rêveries d’experts fédéraux
qui
, sans oser prôner une autarcie plus impossible encore chez nous qu’ai
1493
ojets d’Europe unie une « politique d’unification
qui
vise à mêler les peuples d’Europe pour éliminer peu à peu les caracté
1494
onnelle de la Suisse. Mais se fera-t-elle ? Voilà
qui
dépend de nous aussi. C’est à nous de faire valoir, dans les conseils
1495
. C’est à nous de faire valoir, dans les conseils
qui
élaborent l’Europe future, les avantages de la formule fédéraliste. P
1496
s, Grecs et Turcs). Ce n’est pas le Marché commun
qui
les amène. C’est l’expansion de l’industrie suisse, aux destinées de
1497
nitivement interrompu pour ceux de la Mégalopolis
qui
menace de couvrir le Plateau, de Genève à Romanshorn, avant la fin du
1498
édéralistes de tolérance calculée et d’empirisme,
qui
supposent qu’on ne pousse pas sa pointe à fond et qu’on ne se laisse
1499
pas entraîner par une verve logique ou polémique
qui
risquerait de paraître peu réaliste, voire peu suisse. Mais je sens d
1500
eux autres motifs à cette espèce d’embarras. Ceux
qui
se réclament très haut de nos traditions savent bien que chacun sait
1501
e maintenir ou d’augmenter le chiffre d’affaires,
qui
définit le sens de la vie pour nos industriels « sérieux ». Et quant
1502
re mieux ainsi. Mais notre peuple comprend mal ce
qui
est en jeu. Je ne suis d’accord, pour ma part, ni avec ceux qui refus
1503
. Je ne suis d’accord, pour ma part, ni avec ceux
qui
refusent l’Europe en prétextant notre neutralité ni avec ceux (beauco
1504
ité ni avec ceux (beaucoup plus rares d’ailleurs)
qui
voudraient que la Suisse renonce sans condition à toute idée de neutr
1505
nion européenne de type expressément fédéraliste,
qui
renoncerait à la guerre comme moyen politique. Une telle Europe repre
1506
que. Une telle Europe reprendrait à son compte ce
qui
demeure valable et même indispensable dans la neutralité d’une fédéra
1507
que l’Europe est en droit d’attendre d’une Suisse
qui
fait partie de sa communauté et qui en est largement bénéficiaire, et
1508
d’une Suisse qui fait partie de sa communauté et
qui
en est largement bénéficiaire, et pas seulement ce que nous redoutons
1509
n opposer une troisième, la solution fédéraliste,
qui
maintient les patries et l’union. Mais je réitère : si la Suisse ne l
1510
is je réitère : si la Suisse ne la préconise pas,
qui
le fera ? Notre fédéralisme est peu connu, ou très mal connu hors de
1511
p connue. Pourquoi parler toujours de cette vertu
qui
ennuie, de cette pratique négative, quand nous avons cette expérience
1512
imidité ? L’histoire n’est pas faite par des gens
qui
défendent leur position, mais bien par ceux qui créent des positions
1513
s qui défendent leur position, mais bien par ceux
qui
créent des positions nouvelles. Ce que les Européens peuvent attendre
1514
que d’autres entreprennent, mais un plan d’union
qui
nous convienne enfin et auquel nous puissions adhérer « sans réserve
1515
ce qu’il s’en tient scrupuleusement à l’empirisme
qui
, jusqu’ici, a présidé avec succès aux destinées de notre pays. J’en d
1516
jugé sur ses actes, non sur ses intentions. » (Ce
qui
revient à justifier l’opportunisme et le régime du fait accompli, c’e
1517
du pays. » Sur quoi l’un des journalistes romands
qui
commentent cette déclaration presque incroyable demande avec une sort
1518
uisse ne craint personne ! Voici quelques raisons
qui
me portent à croire à l’avenir de ses formules. 1°) Le monde de demai
1519
e et topographique, sans frontières territoriales
qui
les séparent, mais sans confusion et sans nivellement. L’identité d’u
1520
itale, mais par des propriétés analogues à celles
qui
distinguent les corps et les combinaisons chimiques, et par des types
1521
étés politiques « a souvent un caractère imposant
qui
manque à celle des empires. Elle est davantage l’histoire de la liber
1522
éclate aux yeux qu’aujourd’hui, un idéal national
qui
n’a pas de valeur pour nous seulement, mais pour l’Europe entière. Au
1523
Ainsi lui est-il rendu plus facile d’admettre ce
qui
ne lui ressemble pas. Dans le monde de demain, qui exigera un degré
1524
i ne lui ressemble pas. Dans le monde de demain,
qui
exigera un degré beaucoup plus élevé d’organisation de la vie publiqu
1525
baptisait « plan » l’ensemble de ces décrets, ce
qui
entraînait une confusion (qui dure encore dans beaucoup d’esprits) en
1526
de ces décrets, ce qui entraînait une confusion (
qui
dure encore dans beaucoup d’esprits) entre étatisme, centralisation e
1527
le principe déterminant de l’analyse dichotomique
qui
opère continuellement la distinction entre les possibilités d’existen
1528
ie d’évaluer l’optimum de population d’une région
qui
serait capable de fonctionner d’une manière autonome, et l’on propose
1529
l’avenir européen. 1°) Dépositaire de la formule
qui
paraît la mieux adaptée aux conditions du monde de demain, elle serai
1530
ats ni même par l’opinion publique mal éclairée. (
Qui
sait vraiment ce que signifie le fédéralisme ?) — d’exonérer la Suiss
1531
sse du reproche perpétuel de profiter des guerres
qui
ruinent les autres, pour se retirer ensuite dans sa prospérité en inv
1532
à juste titre être invoquée comme faisant au pays
qui
en bénéficie une particulière obligation d’intervenir en faveur du bi
1533
s cru aux conseils les plus simples. À une Suisse
qui
ne veut ou ne peut assumer ni son avenir ni son passé, que peut-on co
1534
i son avenir ni son passé, que peut-on conseiller
qui
ne soit à la fois prématuré et périmé, ou simplement trompeur comme u
1535
voici le principe très simple. Les mêmes raisons
qui
veulent qu’une fédération soit gouvernée par un collège, et non par u
1536
en tant qu’État, à l’écart des luttes politiques
qui
se jouent à l’échelle du continent. Ces conditions idéales se trouven
1537
les affaires fédérales européennes146. La Suisse,
qui
n’inquiète personne, se voit ainsi réinstallée et confirmée dans son
1538
nt ni de raisonnable dans aucun de ces arguments,
qui
se contredisent d’ailleurs deux à deux. Mon dessein, ne l’oublions pa
1539
ise par la Suisse et une absence totale de projet
qui
ferait de ce pays un musée. Il est modeste, sans excès. Je vois en re
1540
ls ne voulaient rien être dans l’union, les voilà
qui
se proposent comme pays-capitale ! Leurs hôteliers n’y perdraient rie
1541
rogramme politique, autant dire à toute politique
qui
ne se résume pas à faire valoir nos bonnes raisons de n’en avoir aucu
1542
erne. Il se peut que cette attitude soit la seule
qui
convienne à un petit pays, pluraliste, et neutre au surplus. Nul proj
1543
! Il ne suppose en somme qu’une seule initiative,
qui
mettrait fin à toute nécessité d’en prendre d’autres plus risquées, s
1544
age. Et nous y trouvons en revanche les garanties
qui
faisaient de plus en plus défaut à une neutralité menacée de désuétud
1545
e entre nos grands voisins. Les risques de guerre
qui
subsistent ne sont plus nationaux, mais mondiaux : rêver de s’y soust
1546
deur de bouillon Maggi et de cigares de Brissago,
qui
étaient ce que Joyce préférait en Suisse. Et cette façon de vous dire
1547
z une carte postale, un timbre, cette gentillesse
qui
étonne même les Américains, et qui est la preuve exquise d’une civili
1548
te gentillesse qui étonne même les Américains, et
qui
est la preuve exquise d’une civilisation. Et puis au-delà des apparen
1549
Et beaucoup de lourdeur, de brusquerie, d’accents
qui
ont fait rire toute la France (mais par Grock et Michel Simon), et so
1550
scrutateurs, ce regard maîtrisé, sans illusions,
qui
taxe le réel à sa juste valeur. J’ai parlé de plus d’un peuple dans m
1551
-il jamais si nous restons muets ? Malgré tout ce
qui
nous retient, mais nous pousse en même temps et nous oblige, je veux
1552
u CERN est le plus évident. Aucun des treize pays
qui
ont financé sa construction et qui bénéficient de ses recherches n’au
1553
es treize pays qui ont financé sa construction et
qui
bénéficient de ses recherches n’aurait l’idée de voir dans cette mise
1554
il 1961, a rapporté cette sage mesure symbolique,
qui
reprendrait toute sa force dans le cas que j’examine. bi. Rougemont
1555
ntre. Je n’ai pas connu d’autre écrivain français
qui
ait eu, de loin, pareil sentiment de la nature. Pourtant, on l’imagin
1556
nt renouvelé, qu’il avait baptisé surréalisme, et
qui
était son idée de la poésie et de « l’intelligence poétique de l’univ
1557
libératrice, il a fallu tout cela pour que celui
qui
avait été l’un des « phares » baudelairiens de notre adolescence loin
1558
nçais », et j’avais deux équipes d’« announcers »
qui
les lisaient en alternant les voix devant le micro : parmi eux, le pe
1559
devant le micro : parmi eux, le peintre Ozenfant (
qui
vient de mourir), Lévi-Strauss, un des fils Pitoëff, et Breton. (Il a
1560
telle femme dont tout me sépare en fait, ou avec
qui
j’ai rompu sans retour. Ce soir-là, au Village, mon rêve est devenu v
1561
rêve est devenu vrai : nous parlons certes de ce
qui
peut nous rapprocher, l’amour-passion, les troubadours, la psychanaly
1562
psychanalyse, Saint-John Perse, mais aussi de ce
qui
semblerait devoir nous opposer de front : nos options politiques, mor
1563
que nous rêvons d’organiser. « Celle par exemple
qui
devrait durer trois jours dans une vaste demeure aux portes condamnée
1564
sées, fatigue, paniques locales entre des groupes
qui
bavardent… » Dès notre première vraie rencontre, j’avais découvert
1565
ui, bien entendu, une rigueur folle dans le défi,
qui
rejoignait l’Inquisition… Il me dit ce soir-là qu’il avait découvert
1566
doctrines hors le grand ton de rigueur fanatique
qui
était l’un des aspects de la poésie selon Breton, autrement dit, de s
1567
ligion. Il en tirait une morale ombrageuse, celle
qui
réglait absolument sa vie, et des décrets d’excommunication peu prévi
1568
à New York. Il avait pour noyau quelques peintres
qui
allaient changer là-bas le cours des arts : Max Ernst, Matta, Tanguy,
1569
hie. Parfois, on arrangeait une fête (comme celle
qui
fut dédiée au Nombre 21) ou une exposition, ou une vitrine (Breton, S
1570
ine (Breton, Seligmann et Duchamp signèrent celle
qui
annonçait ma Part du diable ). J’allais chez lui, il me lisait de la
1571
poursuit : « À travers leurs outrances et tout ce
qui
procède chez eux de la griserie imaginative, on ne peut refuser d’acc
1572
sme ». Je crois avoir été, de ses amis, le seul
qui
s’avouât et se voulût « chrétien ». Cette inconcevable anomalie l’inq
1573
er ?) et c’est tout dire. La grande contradiction
qui
a tendu l’arc d’une existence poétique si hautement exemplaire à tant
1574
rigueur il n’a jamais cessé d’inventer un chemin
qui
ne pouvait exister que pour lui seul. De personne je ne suis à ce poi
1575
bl Lake George (N. Y.), 3 août 1945. La maison
qui
ne paraît pas grande de l’extérieur, quand on arrive par la forêt en
1576
te de cheval à la craie sur fond rouge, maigre et
qui
rit, plutôt sourit… Il arrive hier matin, plus ressemblant que jamais
1577
nous tueraient volontiers. Ce sont les imbéciles
qui
, en se liguant contre les individus libres et inventifs, solidifient
1578
rt de l’avenir sera d’inventer, par réaction à ce
qui
se passe maintenant, le silence, la lenteur, et la solitude. Aujourd’
1579
nteur et du silence ? Mais notre ami le Dr M. V.,
qui
passe l’été près d’ici avec deux jeunes amies nous écrase d’un souria
1580
on peut bien dire que c’est le mouvement lui-même
qui
crée la masse corpusculaire, alors que naguère le physicien matériali
1581
ent anarchique. Il a l’air content d’un bourgeois
qui
vient de réaffirmer une fois de plus quelques évidences rassurantes.
1582
ans, il faut devenir son propre père ? 6 août. Ce
qui
nous manque ici, c’est un jeu d’échecs. Celui dont Duchamp se sert po
1583
n entendu) de la pensée de l’adversaire, souvent,
qui
permet de gagner. Cela ne l’empêche pas, d’ailleurs, de lire des livr
1584
là. C’est manifester la vie de sa main. Voilà ce
qui
fait un peintre. Depuis la création d’un marché de la peinture, tout
1585
e tableaux, verres, ready mades, croquis et idées
qui
composent l’œuvre complète de Marcel Duchamp, ainsi prête à être empo
1586
— Marcel, vous êtes sans doute le premier artiste
qui
ait su se mettre en boîte lui-même. Il rit soudain : — La seule chose
1587
« Quand la fumée du tabac sent aussi de la bouche
qui
l’exhale, les deux odeurs s’épousent par infra-mince. » Voudriez-vous
1588
e en donner que des exemples. C’est quelque chose
qui
échappe encore à nos définitions scientifiques. J’ai pris à dessein l
1589
s scientifiques. J’ai pris à dessein le mot mince
qui
est un mot humain, affectif, et non pas une mesure précise de laborat
1590
r en revenir à l’infra-mince, c’est une catégorie
qui
m’a beaucoup occupé depuis dix ans. Je crois que par l’infra-mince on
1591
donne celle-là toute fraîche, une théorie-minute
qui
me vient à l’instant : les presbytes sont malheureux dans les villes,
1592
regard y bute constamment contre une muraille, ce
qui
crée un malaise physique inexplicable. Au contraire, les myopes s’acc
1593
marchant, malgré les petites mouches harcelantes
qui
volent devant vos yeux par des jours de chaleur. Tout le monde est ac
1594
s grandes dates de la terre : ce n’est qu’un rien
qui
s’est défait. « L’impossibilité du faire », j’y reviens. Marcel con
1595
-guerre où le mot fit la fortune soudaine de ceux
qui
nous laissaient la chose148. Et je voudrais enfin rappeler que le mou
1596
ns l’action d’un grand nombre de résistants, ceux
qui
précisément vont animer le fédéralisme européen de l’après-guerre149.
1597
149. Comme il y eut une « campagne des banquets »
qui
prépara la révolution de 1848, la révolution européenne, cent ans plu
1598
ion, donc par les parlements et les gouvernements
qui
en dépendaient alors dans nos pays. Des historiens pourront soutenir
1599
après. Mais une sorte de passion très singulière,
qui
n’existe plus aujourd’hui, était le seul mobile qui rassemblait les m
1600
i n’existe plus aujourd’hui, était le seul mobile
qui
rassemblait les militants européens, et elle leur faisait préférer au
1601
omparer cette action non pas à celle d’un général
qui
conquiert une position, ni d’un législateur qui impose une structure,
1602
l qui conquiert une position, ni d’un législateur
qui
impose une structure, ni même d’un remède qui guérit, mais bien à cel
1603
eur qui impose une structure, ni même d’un remède
qui
guérit, mais bien à celle d’une concentration concertée de facteurs p
1604
oncertée de facteurs psychiques et psychologiques
qui
modifient le terrain et préparent l’organisme à résorber certaines to
1605
ux150, ne donnent pas l’essentiel de l’événement,
qui
se passa dans les têtes et dans les cœurs. Les documents manuscrits o
1606
ur une photo prise à La Haye, autour de Churchill
qui
se rassied après son discours inaugural, en essuyant une larme de l’i
1607
ul Ramadier, anciens ministres ; Joseph Retinger,
qui
fut l’éminence grise du congrès ; le sénateur hollandais Kerstens, qu
1608
ise du congrès ; le sénateur hollandais Kerstens,
qui
présidait la séance ; et l’un des trois rapporteurs, qui est aujourd’
1609
sidait la séance ; et l’un des trois rapporteurs,
qui
est aujourd’hui le seul survivant du groupe et qui est en train d’écr
1610
ui est aujourd’hui le seul survivant du groupe et
qui
est en train d’écrire ces pages. Ce ne seront pas des pages d’histoir
1611
eurs de thèses ; une certaine fraîcheur créatrice
qui
animait l’entreprise et l’eût peut-être fait réussir par surprise, si
1612
t. Oui, c’est la naïveté de quelques fédéralistes
qui
a presque « fait l’Europe » en 1948, et c’est l’habileté politicienne
1613
mbrassant notre cause comme pour mieux l’étouffer
qui
a ramené toutes choses au niveau du « possible », où l’on peut être s
1614
des fédéralistes, dont le siège était à Genève et
qui
allait tenir un congrès à Montreux. Au nom de notre ancienne camarade
1615
plus tard, le soir, c’est un journaliste français
qui
se présente, Raymond Silva, secrétaire général de l’UEF, et il vient
1616
troduire un débat de table ronde. Henri Brugmans,
qui
préside, me présente comme l’un des auteurs qu’on lisait dans son cam
1617
e ne peut encore insérer son effort dans le cadre
qui
serait seul adéquat, d’une Europe fédérée, fédéraliste… Je n’ai plus
1618
onais d’une soixantaine d’années, le Dr Retinger,
qui
a des vues sur le rassemblement des très nombreux groupements issus d
1619
Duncan Sandys, jeune ancien ministre conservateur
qui
représente ici le mouvement de Churchill. Il déclare d’entrée de jeu
1620
rer le but, et après cela, on cherchera les voies
qui
peuvent y mener. » Il se peut que ce soit au fait d’avoir été jeté à
1621
pression bien forte. Je viens de relire le volume
qui
réunit les principaux discours et les conclusions du congrès152. Il y
1622
emple. Au surplus, dans la perspective historique
qui
commence à se dégager après vingt ans, le congrès de Montreux me para
1623
forces en une démonstration spectaculaire, celle
qui
devait se réaliser quelques mois plus tard à La Haye. Une converge
1624
tais loin de mesurer l’importance objective de ce
qui
venait de se passer dans ce palace énorme et désuet. Pour l’historien
1625
août, à Hertenstein, près de Lucerne, un colloque
qui
groupait sous l’égide du mouvement Europa-Union (fondé en 1925) des r
1626
llait sortir l’Union européenne des fédéralistes,
qui
convoquerait le congrès de Montreux, après deux réunions constitutive
1627
et aux nationalismes totalitaires : c’étaient eux
qui
prolongeaient leur élan dans cette volonté d’action européenne154. Et
1628
e 1932 (autour d’Esprit et de L’Ordre nouveau) et
qui
avait essaimé dans le reste de l’Europe, y compris l’Allemagne (group
1629
r des hommes comme Robert Aron et Alexandre Marc (
qui
avaient été, comme moi, de L’Ordre nouveau et d’Esprit), par Eugen Ko
1630
’Esprit), par Eugen Kogon, et par Henri Brugmans,
qui
a dit ce qu’il devait à Mounier et à Dandieu notamment. Il y avait eu
1631
a, par bribes, au cours de ce congrès et des mois
qui
le suivirent, mais je ne m’en forme qu’aujourd’hui un tableau clair,
1632
uoi qu’elle fît. Brugmans rappelle d’abord l’idée
qui
a germé à Montreux de « convoquer l’Europe » au terme d’une vaste cam
1633
ite paralysée dans l’immédiat et c’est l’immédiat
qui
compte, non seulement parce que les événements se précipitent, mais e
1634
de veto du Comité de liaison. Dans la discussion
qui
suit, on sent fort bien qu’en chacun des dix-huit membres du comité c
1635
’en chacun des dix-huit membres du comité central
qui
s’expriment (sur vingt présents), s’affrontent les mêmes craintes et
1636
nt dosées. Rompre avec le parti des « sommités »,
qui
dispose des moyens financiers et de la presse, c’est risquer de couri
1637
vraient.) Dilemme classique on le voit, que celui
qui
s’énonce en termes de maxima contradictoires dont il s’agit d’optimis
1638
tiques et psychologiques, conscients ou inavoués,
qui
contribuèrent à cette décision fatidique. Il se peut que le sort de l
1639
ouvement socialiste pour les États-Unis d’Europe (
qui
refusait de collaborer avec Churchill), et l’Union parlementaire de C
1640
urchill), et l’Union parlementaire de Coudenhove (
qui
avait tenu un important congrès du 8 au 11 septembre à Gstaad, avec d
1641
s. Certes, on pourrait aussi imaginer l’inverse,
qui
était ce que redoutaient en cas de rupture les fédéralistes hollandai
1642
e vue des fédéralistes, c’est-à-dire de ceux pour
qui
l’union de l’Europe était le souci primordial ou unique. (Les autres
1643
aient « unionistes »…) De Montreux à La Haye :
qui
formulera le sens ? L’UEF attendait des états généraux la naissanc
1644
ient renoncé du même coup à créer du possible, ce
qui
est l’acte essentiel de toute révolution politique ou spirituelle. Je
1645
ong et à court terme du congrès et des mouvements
qui
le prolongeraient par une action commune. 3° Ce préambule devait cont
1646
s j’avais soumis une première esquisse du rapport
qui
devait faire l’objet des débats de la section culturelle, à La Haye :
1647
consacrerai volontiers (à la Commission) un temps
qui
, à dire vrai, me manque. » Retinger m’avait appuyé fort habilement. I
1648
pie à quelques-uns de nos collègues ») une lettre
qui
donnait au préambule sa pleine valeur, telle que je l’avais souhaitée
1649
tait à quoi je tenais surtout. Ce point marqué et
qui
pouvait être important, restait à obtenir l’imprimatur du comité pour
1650
résence d’un groupe presque purement britannique,
qui
feignit le plus grand embarras : comment imprimer mon rapport, puisqu
1651
re les plis d’un lourd rideau de velours pourpre.
Qui
sont ces gens autour de moi, dont les visages s’illuminent dans le fa
1652
rrière deux rangs de dos et de nuques fascinantes
qui
dépassent le dossier des fauteuils. Cette nuque très large et rouge,
1653
urire voltairien de Lord Layton, un homme en noir
qui
porte une longue chaîne en sautoir… Où suis-je ? À quelle époque ? Da
1654
de nous, dans cette grande salle des Chevaliers,
qui
est celle d’un très vieux Parlement, mille personnes, mille Européens
1655
nglais que nature : Charles Morgan, un archevêque
qui
représente le Vatican, un Lord Bishop qui représente Canterbury, des
1656
hevêque qui représente le Vatican, un Lord Bishop
qui
représente Canterbury, des députés socialistes anglais, un joyeux ana
1657
ur efficacité, mais c’est le climat européen seul
qui
rend la vie dangereuse, aventureuse, magnifique et tragique — et, par
1658
(C’est mon ami Brugmans, travailliste hollandais,
qui
parle ainsi devant douze anciens présidents du Conseil, soixante mini
1659
m’a soufflé mon voisin, Lord Layton. « Mariage de
qui
? Non certes de Churchill et du Labour, mais peut-être des vieux homm
1660
par des membres de la seule délégation nationale
qui
se présentait comme telle au Congrès, la Britannique. Le romancier Ch
1661
nionisme, doctrine (ou refus de doctrine) de ceux
qui
espéraient faire l’Europe sans casser des œufs, resta seul maître d’e
1662
qu’on ignore, c’est l’incident minime et décisif
qui
devait couper les ailes à tout espoir d’action « révolutionnaire » du
1663
l’unanimité du Congrès sur le texte d’engagement
qui
termine votre Message. Or je connais trente délégués au moins qui s’y
1664
e Message. Or je connais trente délégués au moins
qui
s’y opposeront, à cause de la phrase : “Nous voulons une défense comm
1665
OK ! Lors du prochain Congrès européen, Staline,
qui
est plus fort que vous, enverra cinquante délégués ! Et l’Europe ne s
1666
r. J’envoyai quérir Retinger et Paul van Zeeland,
qui
étaient à la tribune. Dans une petite salle près de l’entrée, nous no
1667
ce journaliste irresponsable », Paul van Zeeland,
qui
devait présider la séance de clôture du Congrès fit accepter un compr
1668
ma place à la tribune, juste derrière Churchill,
qui
faisait basculer son fauteuil, et je l’entendais dire à haute voix :
1669
n congrès politique à Bruxelles, en février 1949,
qui
n’ajouta rien à La Haye, à part l’adhésion de P.-H. Spaak ; puis un c
1670
congrès économique à Westminster, en avril 1949,
qui
précisa qu’« une Autorité européenne permanente devrait être institué
1671
l’acier inaugurera une stratégie nouvelle : celle
qui
consiste à organiser d’abord l’économie avec l’idée que l’union polit
1672
oratoire européen de recherches nucléaires (CERN)
qui
a construit l’un des plus grands synchrocyclotrons du monde et a pu,
1673
ns liens organiques, sans politique d’ensemble. À
qui
la faute ? Les unionistes avaient mieux travaillé que les fédéraliste
1674
font les refus systématiques d’une réaction butée
qui
indigne l’opinion. Mais les fédéralistes s’étaient montrés incapables
1675
) Reynaud fut le seul tempérament révolutionnaire
qui
se manifesta à La Haye. À Macmillan qui conseillait de n’avancer que
1676
tionnaire qui se manifesta à La Haye. À Macmillan
qui
conseillait de n’avancer que step by step, il répliquait : « On peut
1677
e rendre fécondes les grandes antinomies valables
qui
tissent la réalité occidentale : autorité et liberté, plan continenta
1678
doit se faire à partir des régions, formule neuve
qui
réalise exactement ce que demandaient et définissaient le « groupuscu
1679
t une autre histoire. Ce sera celle des vingt ans
qui
viennent. Et certains, que je connais, la préparent. 148. La notio
1680
ns les archives du CEC à Genève. 158. « La tâche
qui
nous attend dans ce congrès n’est pas seulement de faire entendre la
1681
la patrie », des réalités absolument hétérogènes,
qui
n’ont aucune raison d’avoir les mêmes frontières, comme la langue et
1682
soit peu sérieuse ou sincère, que cet État-nation
qui
, par ailleurs, se révèle incapable de répondre aux exigences concrète
1683
rce depuis vingt-cinq ans d’unir l’Europe ! Voilà
qui
explique suffisamment, je crois, pourquoi l’on n’a pas avancé d’un mè
1684
oir le Vietnam) et l’on travaille pour le profit,
qui
est en somme du superflu. Mais dès lors que ce choix de notre avenir
1685
ans nul doute de créer une Europe très forte mais
qui
serait très peu européenne. Sans compter qu’un super État-nation ne p
1686
commun à l’échelle fédérale continentale, tout ce
qui
est nécessaire pour garantir les autonomies de tous ordres, régionale
1687
fédération » qu’évoquait le général de Gaulle, et
qui
serait formée d’États-nations conservant jalousement leurs prétention
1688
lles ne servent absolument à rien pour arrêter ce
qui
devrait l’être : les tempêtes et les épidémies, la pollution de l’air
1689
blement déficient, est caractéristique de tout ce
qui
touche à l’État-nation : néfaste dans la mesure où il est encore réel
1690
de la seule fiction d’économies dites nationales,
qui
ne correspondent à rien d’économique. Mais ce que je sais de science
1691
que et une aile ritualiste ; dans chaque personne
qui
réfléchit une droite et une gauche… La renaissance des régions
1692
, ce n’est qu’un appareil plus ou moins efficace,
qui
doit être mis au service des citoyens et de leurs cités ; et non l’in
1693
ériels : ils sont presque comblés à cet égard. Ce
qui
leur manque le plus durement, c’est un but transcendant, c’est un sen
1694
litique de notre temps. Précisons : des vingt ans
qui
viennent. Car à ce prix seulement nous ferons l’Europe, et nous la fe
1695
ute l’humanité, nous lui devons cela ! Une Europe
qui
ne sera pas nécessairement la plus puissante ou la plus riche, mais b
1696
es Européens participent d’une “unité de culture”
qui
englobe, dans une communauté devenue de plus en plus complexe au cour
1697
ur reprend dans sa Lettre ouverte aux Européens
qui
paraîtra prochainement aux Éditions Albin Michel. »