1
te qu’on préfère, et de tourner le bouton si l’on
s’
ennuie, sans être dénoncé par les voisins ; le droit d’aimer et de haï
2
st autre que l’esprit critique. On nous dit qu’il
se
perd et l’on en donne pour preuve le succès des publicités, propagand
3
qu’il renaît dans les plus jeunes générations. On
se
lamente sur l’état de la jeunesse d’Europe, on déplore ce qu’on nomme
4
ain. La foi chrétienne elle-même doit aujourd’hui
se
réjouir d’un tel scepticisme, voir en lui son meilleur allié contre l
5
sobrement à nos inquiétudes personnelles, qui ne
se
satisfont point de réponses collectives. L’Occident n’est pas une égl
6
paye » de Hollywood ! Dans l’idée de la personne
s’
enracine toute liberté concrète, créatrice et vécue. Au contraire, c’e
7
Telles sont nos maladies. Telles sont nos forces.
S’
il est une chose au monde pour laquelle on ne peut faire de propagande
8
’initiative. C’est l’autre camp qui sera forcé de
se
mettre sur la défensive, contre le rayonnement de nos vraies libertés
9
tés ; c’est d’appeler toutes nos forces éparses à
se
fédérer solidement, non point à s’unifier mais à se fédérer dans leur
10
rces éparses à se fédérer solidement, non point à
s’
unifier mais à se fédérer dans leurs différences essentielles. Si dema
11
fédérer solidement, non point à s’unifier mais à
se
fédérer dans leurs différences essentielles. Si demain notre fédérati
12
férences essentielles. Si demain notre fédération
s’
établit à Strasbourg ou ailleurs, nous dotant d’instruments modernes e
13
tique, — à n’importe quelle politique. La culture
s’
occupe des fins de la vie humaine et de son sens, la politique doit s’
14
la vie humaine et de son sens, la politique doit
s’
occuper des moyens pratiques de réaliser ces fins. C’est une grave fau
15
la plus puissante d’une maladie unique, qui peut
s’
appeler ailleurs fascisme ou phalangisme, ou ce qu’on voudra ; mais do
16
sance bien définie. Mais pour nous l’Amérique ne
s’
identifie pas avec le bien ni avec le vrai. Même si l’Amérique se trou
17
Il espère ainsi que le loup au lieu de le manger
s’
occupera d’abord du berger, ou bien que le berger attaquera le loup :
18
e loup : cela gagnera du temps pour l’agneau, qui
se
sent encore trop faible pour agir. C’est une politique défendable. Ma
19
me démocratique ; car dès l’instant où la culture
se
subordonne à une politique quelconque, cette politique tend à devenir
20
Congrès indien pour la liberté de la culture qui
s’
est tenu à Bombay, du 28 au 31 mars. Au cours de cette conférence, Den
21
la famine », il n’y aurait point de civilisation.
S’
il n’y avait point de civilisation, nous serions sans moyens technique
22
de genre militaire du réalisme socialiste, qui ne
se
distinguent de la peinture bourgeoise d’environ 1880 que par la coule
23
nt. Qu’il soit peintre, poète ou conteur, plus il
s’
avance dans ce domaine, plus il s’isole et perd le contact du public ;
24
onteur, plus il s’avance dans ce domaine, plus il
s’
isole et perd le contact du public ; cependant que l’invention techniq
25
la découverte et celui de l’audience accessible,
se
révèlent pratiquement contradictoires. Faut-il opter, ou faut-il au c
26
ue fournit la notion nouvelle d’optimum ? Faut-il
se
faire soit monstre, soit vedette ou bien tenter de se faire classique
27
aire soit monstre, soit vedette ou bien tenter de
se
faire classique ? Autre paralogisme de ce siècle : jamais on n’avait
28
nés à contrôler les sources mêmes de la création.
S’
agit-il de compensations, ou bien l’un des deux phénomènes serait-il l
29
euf en son état naissant ? L’Œuvre du xxe siècle
s’
inaugure dans le vrai style de notre époque : la réponse qu’elle appor
30
mourir, et dresse chaque homme, dès son enfance à
s’
y adapter et conformer. La civilisation européenne, elle aussi, donne
31
e fois sur des millions). L’Oriental ne peut donc
se
poser le problème d’un sens personnel de sa vie, divergeant de la voi
32
dictature totalitaire à l’accusation de sabotage.
S’
ils tombent dans cette erreur et s’ils y persévèrent, l’Oriental l’exp
33
n de sabotage. S’ils tombent dans cette erreur et
s’
ils y persévèrent, l’Oriental l’expiera dans ses vies ultérieures, tan
34
oûts, ses croyances qui diffèrent (ou du moins il
s’
en flatte) de celles qui sont censées régner, ses talents qu’il expéri
35
ses talents qu’il expérimente, enfin sa vocation
s’
il en sent une et s’il y croit. Lorsqu’il entre en conflit avec les lo
36
xpérimente, enfin sa vocation s’il en sent une et
s’
il y croit. Lorsqu’il entre en conflit avec les lois, les traditions,
37
qui a compté dans la vie de l’Europe, tout ce qui
s’
y est fait un nom et un visage distinct. Soulignons maintenant que ce
38
te partie de la planète où l’homme, sans relâche,
se
remet en question, et veut changer le monde de telle manière que sa v
39
e et distinct. Lutte contre le destin natal, pour
se
forger une destinée ; contre les astres et les dieux écrasants ; cont
40
notions de personne et de vocation, synthèse qui
s’
opéra durant les premiers siècles de notre ère, qui s’épanouit avec la
41
éra durant les premiers siècles de notre ère, qui
s’
épanouit avec la Renaissance, et dont la dialectique interne aboutit,
42
tion a le même sens que le mot conversion : c’est
se
retourner complètement. On peut dire que la révolution est, pour une
43
ien de personne ; les révolutionnaires ne peuvent
se
former que dans un monde qui tient la liberté et la vocation prophéti
44
de passion. Enfin, le citoyen du monde soviétique
se
doit de rejeter avec une horreur officielle l’idée non scientifique,
45
. Je ne dis pas qu’entre l’Occidental, qui tend à
s’
affirmer comme individu créateur, et l’Oriental, qui tend à s’ordonner
46
omme individu créateur, et l’Oriental, qui tend à
s’
ordonner au monde des dieux, nous ayons à choisir. Je dis que nous avo
47
pas que l’un vaut mieux que l’autre, mais qu’ils
se
donnent des buts tout à fait différents. Et je ne nie pas non plus qu
48
loin d’adorer ces tyrannies qu’il laisse parfois
s’
établir dans son sein, l’Occident leur résiste en mille manières. Non
49
t contre le droit du plus fort, toutes choses qui
se
résument aujourd’hui dans le pouvoir anonyme de l’État. L’humour est
50
pas impunément dans les États totalitaires, où il
se
voit réduit à la plus stricte clandestinité. Et c’est pourquoi, enfin
51
pas que l’humour consiste aussi, sinon d’abord, à
se
moquer de soi-même. Mais avant de pouvoir rire de soi-même, il s’agit
52
-même. Mais avant de pouvoir rire de soi-même, il
s’
agit d’exister comme une personne consciente, et de prendre distance p
53
et de prendre distance par rapport à ce que l’on
se
voit être. Dans l’humour, c’est donc la personne qui juge son propre
54
ve d’une vie plus libre pour chacun de nous. Elle
se
lie à l’idée de contrainte collective, qui est la négation même de so
55
cycles et de répétitions dont l’homme ne saurait
se
libérer et dont il n’est pas responsable ; elle devient une longue av
56
a vraiment un sens positif ? Dans l’ensemble, il
se
peut qu’il n’en ait point, qu’il n’ait aucune direction vérifiable, e
57
ifications qu’il nous apporte, en bien et en mal,
s’
annule. La croyance au Progrès collectif demeure un pur et simple acte
58
des individus, des personnes, de ceux qui veulent
se
rendre compte de leur vie pour leur propre compte, et qui ont là-dess
59
té de puissance. Troisième remarque : l’Europe ne
se
borne pas à tolérer les civilisations qui diffèrent de la sienne, mai
60
au xviiie siècle un très grand mathématicien. Il
s’
appelait Léonard Euler, et il vivait à Bâle, entre France et Allemagne
61
sa science abstraite ne devait pas l’empêcher de
se
rendre utile aux hommes. Aussi dessina-t-il, à temps perdu, les plans
62
paquebots traversent l’Océan, d’énormes capitaux
s’
amassent dans le pays. Quand on me demande maintenant : quelle est don
63
ée russe peut encore nous écraser, et notre union
s’
avère bien difficile. Mais l’esprit créateur reste notre apanage, l’es
64
, médiocrement soutenu par le parti. Ses vedettes
se
taisent ou rompent avec lui, ses hebdomadaires périclitent ou meurent
65
ebdomadaires périclitent ou meurent, son prestige
s’
évanouit avec la légende de son efficacité. Or ce reflux — dont rien n
66
turel, un problème d’un autre ordre apparaît, qui
se
pose lui aussi à l’ensemble de la vie de l’esprit en Europe : c’est l
67
L’Œuvre du xxe siècle », à Paris, André Malraux
s’
est écrié : « L’Amérique n’est qu’une partie de l’Europe ! » L’Amériqu
68
r autrement qu’il n’aurait su l’imaginer. Elle ne
se
définit point par rapport à lui seul, mais aussi par rapport au monde
69
les réponses à nos questions directes, occupés à
se
ruiner par des guerres nationales qu’on nous demande ensuite de payer
70
on, ni leur lecture imposée par Ridgway. Quand on
s’
écrase aux films de Hollywood, quand toute une jeunesse s’intoxique de
71
aux films de Hollywood, quand toute une jeunesse
s’
intoxique de jazz hot, il faut bien constater que c’est notre public e
72
s contrefaçons multipliées chez nous. Notre élite
s’
en plaint, il est vrai. Mais l’élite des USA aussi. Personne encore n’
73
oût des lectures faciles. (Le réalisme socialiste
s’
est borné à les rendre obligatoires.) Prenons un exemple précis. Dès q
74
ligatoires.) Prenons un exemple précis. Dès qu’il
s’
agit de créer un institut de recherches, d’enseignement ou de culture,
75
tire d’une part un prestige suspect, d’autre part
se
voit accusé de n’être rien qu’un « instrument de la guerre froide ».
76
l’ambiguïté d’une pareille situation, l’Américain
se
met sur ses gardes et commet des fautes méthodiques. Il multiplie les
77
on, tout en gardant un contrôle raisonnable. Puis
s’
étant assuré d’une documentation dont l’ampleur bien souvent dépasse s
78
il fait ses comptes et son rapport au comité, qui
se
décide objectivement, et qui se trompe une fois sur deux. Il en résul
79
rt au comité, qui se décide objectivement, et qui
se
trompe une fois sur deux. Il en résulte un gaspillage d’efforts et de
80
efuse d’en payer les frais courants ; l’Américain
se
demande si l’on y croit vraiment… (J’écris on à dessein : car ce ne s
81
e et ont l’argent. Mais globalement, la situation
se
présente ainsi aux yeux des Américains.) J’ai vu des comités, placés
82
virtuels proposent à des instituts de culture de
s’
occuper de la « productivité », à des économistes d’établir des plans
83
ion, et d’une manière générale à n’importe qui de
se
prononcer sur n’importe quoi qui n’est pas dans la situation concrète
84
doit être restreinte et non spectaculaire ; il ne
s’
agit pas d’un congrès, mais d’un séminaire de recherches. b) Les repré
85
x. Car si l’Europe et l’Amérique n’arrivent pas à
s’
entendre effectivement, comment rêver une entente mondiale, comment pe
86
nts formulés contre les USA par les Européens qui
se
proclament (curieusement) « neutralistes ». En voici un : « Dès le dé
87
évrier 1953)j La carrière de Søren Kierkegaard
s’
est déroulée en une douzaine d’années comme un drame unique, intense,
88
et connut un immense succès. Mais, à mesure qu’il
se
fit mieux comprendre, dans la suite de ses ouvrages composés et publi
89
léré de trois ou quatre volumes par an, le public
s’
écarta, effrayé. Et, lorsqu’en 1854 il attaqua de front le christianis
90
vêques, qui avaient loué ses premières œuvres, il
se
vit abandonné dans la plus complète solitude qu’ait jamais connue un
91
duel qu’il menait seul contre toute l’opinion, il
s’
effondra dans la rue au cours d’une promenade. On le transporta dans u
92
ait la clé. Ce ne fut qu’à la fin de sa vie qu’il
s’
offrit sans masque à la lutte, au cours de la polémique décisive qui d
93
e action unique et éclatante, à laquelle le héros
se
prépare longuement, devant laquelle il hésite et recule, jusqu’à ce q
94
t un parallèle possible. L’histoire d’Hamlet peut
se
résumer ainsi : un jeune homme profondément mélancolique reçoit une m
95
t passer pour un dangereux exalté. Finalement, il
se
voit contraint, par des circonstances fortuites, de réaliser l’acte u
96
tion éclatante d’une usurpation que tout le monde
s’
accordait à passer sous silence : ce résumé d’Hamlet ne vaut-il pas id
97
de la biographie de Kierkegaard ? Il reste à voir
s’
il est possible de pousser ce parallèle beaucoup plus loin dans le dét
98
e de retourner à l’Université de Wittenberg, pour
s’
y livrer à la philosophie. S’il demeure à la cour, c’est uniquement pa
99
de Wittenberg, pour s’y livrer à la philosophie.
S’
il demeure à la cour, c’est uniquement par obéissance aux désirs de sa
100
maintenant dans quels termes Kierkegaard lui-même
s’
est décrit. Lui aussi se sent un prince. « Il y a quelque chose de roy
101
rmes Kierkegaard lui-même s’est décrit. Lui aussi
se
sent un prince. « Il y a quelque chose de royal dans mon être », fait
102
voudrait « retourner à Wittenberg », c’est-à-dire
s’
abandonner à son génie dialectique, aux projets de poète et de philoso
103
ndant son séjour à l’Académie de Berlin ; mais il
se
résout à passer simplement son examen de théologie, par obéissance au
104
nce aux désirs de son père. Et surtout, lui aussi
se
sait la victime d’une sorte de neurasthénie : « J’ai vécu dès mes jeu
105
du drame de Shakespeare, et Kierkegaard tel qu’il
se
montre dans son premier ouvrage, L’Alternative : deux princes vraimen
106
sa jeunesse communication d’un secret, auquel il
se
réfère souvent, mais dont il n’a jamais expliqué la nature. Nous savo
107
quoi faut-il que je sois né pour la rajuster ! »,
s’
écrie Hamlet. Et Kierkegaard ne cesse de répéter sur tous les tons la
108
et, sinon à lui obéir, tout au moins à cesser de
se
dire chrétienne « à bon marché ». Tous les deux pensent qu’« il y a q
109
eux cas. Pour Hamlet, c’est très simple : il doit
se
taire, sinon Claudius le fera sans aucun doute assassiner. Pour Kierk
110
ssassiner. Pour Kierkegaard, c’est plus complexe.
S’
il passait tout de suite à l’attaque, personne ne l’écouterait. Il fau
111
le plus favorable pour l’attaque décisive. Or on
se
rappelle qu’Hamlet dresse un plan analogue. Il imagine de faire jouer
112
la femme, l’amour et le mariage. Or tous les deux
se
voient contraints d’y renoncer, à cause de leur mission, de leur secr
113
oute reste le même dans les deux cas. Kierkegaard
s’
est expliqué sur la rupture de ses fiançailles avec Régine. Il s’est e
114
sur la rupture de ses fiançailles avec Régine. Il
s’
est expliqué, peut-on dire, dans toute son œuvre, et non pas seulement
115
e. Naïve et spontanée, elle tenterait simplement,
s’
il le lui révélait, de ramener son fiancé à une vue plus bourgeoise de
116
ime à l’exercice de son étrange vocation. Peut-on
se
marier si l’on veut être un témoin de la vérité ? Un soldat à la fron
117
Un soldat à la frontière devrait-il être marié ?
se
demande Kierkegaard. Et lui, qui se bat aux avant-postes, aux frontiè
118
être marié ? se demande Kierkegaard. Et lui, qui
se
bat aux avant-postes, aux frontières de l’esprit ? D’autre part, il r
119
iancée à l’« esclavage de la mélancolie » : il ne
se
sent pas le droit de troubler cette enfant, de l’entraîner dans des t
120
-il, cette contradiction de la douleur : ne point
se
révéler et faire mourir l’amour ; se révéler et faire mourir l’aimée
121
r : ne point se révéler et faire mourir l’amour ;
se
révéler et faire mourir l’aimée ? » S’il choisit d’être la victime, u
122
l’amour ; se révéler et faire mourir l’aimée ? »
S’
il choisit d’être la victime, une seule issue lui reste ouverte : romp
123
e l’aime plus. On sait la comédie que Kierkegaard
s’
imposa de jouer devant Régine. Il se peint à ses yeux comme une sorte
124
e Kierkegaard s’imposa de jouer devant Régine. Il
se
peint à ses yeux comme une sorte de roué, de séducteur cynique, qui a
125
but. » Et nous voyons Hamlet, comme Kierkegaard,
se
noircir aux yeux de la jeune fille, prétendre qu’il ne l’aime pas, lu
126
aime pas, lui tenir les propos les plus cyniques,
s’
écrier ensuite : « Comment ferait-on pour n’être pas gai ! » Cependant
127
rétien le crime de lèse-majesté qualifié, c’était
se
moquer de l’Évangile, c’était reconnaître et sanctionner l’usurpation
128
onnaître et sanctionner l’usurpation. Kierkegaard
se
sentit provoqué. Et, là encore, ce qui aurait pu rester un simple ass
129
t un témoin de la vérité. Une polémique furieuse
s’
éleva de toutes parts. L’opinion danoise et scandinave fut secouée d’u
130
avait osé l’acte ; il avait réussi : l’usurpation
s’
était vue dénoncée, et il avait forcé le grand public à devenir attent
131
devenir attentif à son message. Mais, au lieu de
se
faire meurtrier, c’est lui qui paya de sa vie. Il devint lui-même le
132
a plénitude du temps, quand la décision éternelle
se
réalise dans l’inégale occasion ». Le saut, c’était le mouvement prop
133
. Il semble donc que le parallèle que j’ai risqué
se
soit offert à l’esprit de Kierkegaard, et qu’il ait tenu à le corrige
134
en lui ». Si l’obstacle à son acte est en lui, il
s’
agit d’un scrupule religieux. Dans ce cas, le héros n’est grand que pa
135
avait sans doute la vocation d’un musicien. Il ne
s’
agit ici que du don naturel et des dispositions natives. Mais il exist
136
de l’appel reçu ni de la réalité de son objet. Il
s’
agit donc ici, selon Kierkegaard, d’une incertitude objective. De même
137
le chrétien en général, il en va différemment. Il
s’
agit de découvrir le rôle qu’on devra jouer dans un drame infini, auss
138
que Kierkegaard, dès ses premières publications,
s’
était tracé un plan d’action comportant toute une stratégie de pseudon
139
’ai menée à chef, pas à pas, avec ma réflexion. …
S’
il me fallait exprimer avec toute la rigueur et toute la précision pos
140
elle-ci : la Providence a fait mon éducation, qui
se
réfléchit dans le processus de ma production. Ainsi sont infirmées da
141
ais il attend patiemment que le poète ait fini de
s’
épancher, tout en veillant avec des yeux d’Argus à ne pas se laisser d
142
, tout en veillant avec des yeux d’Argus à ne pas
se
laisser duper dans une œuvre où se proclame le poète. Enfin, aux der
143
Argus à ne pas se laisser duper dans une œuvre où
se
proclame le poète. Enfin, aux dernières pages du livre, il ajoute ce
144
n en exercice. Il parle de sa totale solitude. Il
se
dépeint non seulement privé de confident, mais seul avec un moi qu’il
145
’est le paradoxe essentiel de toute vocation : il
s’
agit de suivre un chemin qui demeure invisible tant qu’on ne se risque
146
vre un chemin qui demeure invisible tant qu’on ne
se
risque pas à y marcher. Cette « lumière sur mon sentier », dont nous
147
révéler que le premier pas à faire, et le sentier
se
crée sous les pas qui le foulent. Ici, la seule expérience humaine à
148
e poète, lui non plus, ne sait et ne saura jamais
s’
il ne fait qu’épouser un rythme errant, ou s’il le crée tout en croyan
149
mais s’il ne fait qu’épouser un rythme errant, ou
s’
il le crée tout en croyant le suivre. S’avancer ainsi dans la vie, c’e
150
rrant, ou s’il le crée tout en croyant le suivre.
S’
avancer ainsi dans la vie, c’est pratiquement vivre dans l’improbable,
151
en est la conséquence nécessaire. Kierkegaard ne
se
lasse pas d’insister sur cette dernière catégorie. « Celui qui ne ren
152
ici que la notion de vocation, chez Kierkegaard,
s’
oppose diamétralement à la notion courante. Car, selon cette dernière,
153
tribune élevée, et, de là, d’un saut prodigieux,
se
jette dans le vide, l’épée brandie, pour tomber sur le roi, qu’il tue
154
hommes de culture », qui savent mieux de quoi il
s’
agit, tout en doutant parfois qu’il s’agisse vraiment d’eux ; mais aus
155
de quoi il s’agit, tout en doutant parfois qu’il
s’
agisse vraiment d’eux ; mais aussi chez les fonctionnaires de l’instit
156
ain, et les intérêts d’un ministre, les rapports,
s’
il en est, ne sont qu’accidentels. Il s’agit d’ordres différents, dira
157
rapports, s’il en est, ne sont qu’accidentels. Il
s’
agit d’ordres différents, dirait Pascal. Mais cette constatation, quoi
158
er la culture, et plus encore aider les peuples à
se
cultiver, non point d’ailleurs pour le plaisir de l’art, mais parce q
159
Il n’en obtient parfois, avec quelles peines, que
s’
il peut démontrer aux Finances, au Parlement, aux présidents de ses co
160
lques fonctionnaires chargés de l’exécution. Puis
se
pose la question du budget. Il faut faire vivre l’Organisation, et so
161
tants problèmes périphériques qui viennent encore
s’
ajouter aux problèmes harassants de la lutte des partis, de l’économie
162
sque. Au regard des tâches mondiales que l’Unesco
s’
assigne, il est simplement ridicule ; pire encore si l’on ose le compa
163
rosse somme. Les hommes de culture, comme on dit,
se
demandent alors si pour ce prix l’on ne pourrait pas les aider mieux
164
us d’énergie qu’elle n’en transmet ? Cela devrait
se
calculer, semble-t-il. Mais l’a-t-on fait ? En attendant, rêvons un p
165
donc réformer, et c’est encore trop peu dire : il
s’
agit de refaire à l’inverse, de fond en comble, — et non de comble en
166
le toutes les civilisations de la planète ne peut
se
donner qu’un but très vague, mal défini et presque vide de contenu pr
167
vide de contenu proprement culturel. (En fait, on
se
borne à dire qu’on travaille pour la paix.) D’autre part, le cadre na
168
respond pas aux réalités de la culture : celle-ci
s’
est toujours faite par un jeu de libre-échange qui ne tenait aucun com
169
islam, l’Asie du Sud, l’Extrême-Orient. Ceci doit
se
traduire par des organismes régionaux (comme on dit à l’Unesco) et no
170
nseignement ; les laboratoires, etc. C’est là que
se
forme le langage des créateurs individuels et que leurs œuvres appara
171
est par nature fédéraliste, donc décentralisé. Il
se
développe par des méthodes de coordination pratique, et non pas à cou
172
peuvent et doivent être favorisées quand elles ne
s’
établissent pas spontanément. Mais on ne saurait les « planifier » sur
173
n des peuples ou du groupe de nations considéré).
S’
il fallait résumer encore ces remarques déjà trop condensées, on souli
174
l’initiative, le contrôle et l’exécution ! Qu’ils
s’
associent directement entre eux, quand ils le trouvent utile, par-dess
175
ture, les directeurs de festivals). Cette méthode
s’
est montrée la plus économique, la plus rapide et la plus efficace aus
176
ntéressés, que les gouvernements ou la fédération
s’
attachent à leur rôle d’arbitrage entre les intérêts spécifiques de la
177
t nous parlions et les instances gouvernementales
se
révèle là encore le plus pratique, ne fût-ce qu’en évitant les retard
178
lles européennes, le cri de douleur des faubourgs
s’
est propagé dans les avenues lugubres de Berlin, entre leurs façades s
179
laire » ont tiré sur les ouvriers qui avaient osé
se
rassembler, sans armes, pour proclamer : « Nous ne sommes pas des esc
180
lez redire aux Berlinois que « la classe ouvrière
se
reconnaît dans les épreuves de force que le PC institue en son nom »
181
aliste les ouvriers n’auraient plus l’occasion de
s’
en servir… On savait aussi qu’il était le parti du travail forcé, celu
182
s bourgeoisies ont tué des travailleurs qui, eux,
se
révoltaient au nom de la liberté et de leur dignité d’hommes. C’était
183
a seconde, nous l’avons sous les yeux, consiste à
s’
emparer de la cause ouvrière, à se parer de sa justice et de son nom,
184
eux, consiste à s’emparer de la cause ouvrière, à
se
parer de sa justice et de son nom, pour l’écraser ensuite, une fois q
185
te de Brandebourg, le vieux chant révolutionnaire
s’
est fait entendre pour la première fois depuis vingt ans de silence, v
186
r et justifie sa raison d’être par des hommes qui
se
sacrifient au service de la liberté. l. Rougemont Denis de, « “Nou
187
les régimes de tyrannie d’État. Il est facile de
s’
en convaincre. En Asie, dans l’Antiquité, chez les Aztèques, pendant l
188
ria ! Les arts peuvent, dans une certaine mesure,
se
jouer de la tyrannie ; la science moderne le peut de moins en moins.
189
ns par l’idée que les peuples et leurs éducateurs
se
font de la science. De plus en plus, l’on accorde à cette dernière, a
190
étude et même l’angoisse du monde moderne. À cela
s’
ajoute le fait que les inventions techniques, qui sont les sous-produi
191
tend à dominer la société. Mais alors la question
se
pose, inévitable : qui dominera la science ? Sera-ce l’État, l’idéolo
192
té ? Ces questions sont parmi les plus graves qui
se
posent à l’esprit moderne. Par une chance rare, elles sont aussi cell
193
ous dire, en deux mots, pourquoi cette conférence
se
tient ici et non ailleurs. La liberté dans la recherche et l’acceptat
194
eur dépendance mutuelle. La liberté de la science
se
situe, elle aussi, dans un certain contexte politique et aucun savant
195
ce détruit la science. Les savants ne doivent pas
se
reposer sur d’autres pour la défense de leur propre liberté de recher
196
avait été décidé finalement que cette table ronde
se
réunirait à Rome le 13 octobre et siégerait pendant quatre jours, que
197
L’une des œuvres les plus célèbres de Gauguin
s’
intitule : D’où venons-nous ? Où sommes-nous ? Où allons-nous ? Je n’i
198
lleure devise pour la table ronde de l’Europe qui
s’
est tenue à Rome l’automne dernier. Pour situer rapidement cette entre
199
s l’arithmétique. Que manque-t-il à l’Europe pour
se
sauver, pour rejoindre un salut tout proche et comme à portée de la m
200
juste ? Comment réveiller l’opinion ? Les slogans
s’
usent très vite, et la jeunesse actuelle, très sensible aux tribuns li
201
’est pas de résumer les péripéties des débats qui
se
déroulèrent pendant six longues séances dans le huis clos doré d’un v
202
e vision que l’on adopte qui permet finalement de
s’
accorder. J’avais donc suggéré aux rapporteurs d’envisager le problème
203
fait qu’ils succomberont demain aux mêmes périls,
s’
ils ne trouvent pas ensemble leur salut. La recherche des origines com
204
d’un savant humaniste, M. Löfstedt. Nous avons vu
se
dessiner l’extraordinaire aventure collective de l’Occident : la nais
205
ue Valéry. Je dirai maintenant les réflexions qui
se
formaient en moi en écoutant les autres. Elles tournent toutes autour
206
l’on parle du destin commun de nos pays, des voix
s’
élèvent pour dénoncer je ne sais quel « nationalisme européen », qui a
207
me autre chose qu’une nation monstrueuse ; et ils
s’
empressent de projeter sur elle les péchés d’égoïsme, d’orgueil et d’é
208
est la racine des pires impérialismes : ceux qui
se
déguisent en entreprises missionnaires, comme jadis les croisades, pu
209
ntion honorable, dans le domaine des idées pures (
s’
il en est, et qui restent telles). Mais il couvre trop d’équivoques. C
210
itude fédéraliste qui peut le sauver, puisqu’elle
se
fonde sur la nécessité du dialogue entre égaux différents. En vérité,
211
dialogue entre égaux différents. En vérité, il ne
s’
agit pour nous, Européens de la moitié du xxe siècle, ni d’orgueil, n
212
du xxe siècle, ni d’orgueil, ni d’humilité : il
s’
agit de nous voir responsables d’une culture bien particulière, dont l
213
volonté ferme. « Naguère encore, l’Europe pouvait
se
permettre le luxe de la division ; aujourd’hui ce n’est plus possible
214
a prospérité sans plus dépendre de l’étranger, de
se
défendre plus de quelques heures contre les Russes ou les Américains
215
es contre les Russes ou les Américains : bref, de
se
conduire en pirate ou de vivre en vase clos. Ces limites décisives à
216
voirs concrets, elle est devenue le réceptacle où
se
recueillent pêle-mêle nostalgies de gloires passées, orgueils déçus,
217
la difficulté, pour ceux qui en sont victimes, de
s’
adapter aux réalités changeantes du siècle, et même de les apercevoir.
218
foncière de l’histoire commune des Européens que
se
détachent, apparaissent, et disparaissent, les nations et leurs États
219
qui tremblent, disent-ils, de voir leur patrie «
se
perdre dans la masse informe d’une Europe unie ». Le second argument
220
e : il n’est pas exact que nos nations, en vue de
s’
unir, doivent sacrifier ce qui subsiste de leur souveraineté nominale.
221
ir l’Allemagne ! Par une erreur inverse, d’autres
s’
imaginent que les fédéralistes européens se proposent de créer un vast
222
autres s’imaginent que les fédéralistes européens
se
proposent de créer un vaste État centralisé. Et combien savent que la
223
uccès. Il m’apparaît urgent et vital que ceux qui
s’
occupent de l’Europe fassent l’effort de s’assimiler l’ABC du fédérali
224
ux qui s’occupent de l’Europe fassent l’effort de
s’
assimiler l’ABC du fédéralisme, car sans lui l’union de nos pays reste
225
seconde serait mortelle sans les premières, qu’il
s’
agit donc de les composer, ou mieux, de les mettre en tension. La résu
226
ou mieux, de les mettre en tension. La résultante
se
nomme la paix. L’Europe étant une et diverse, composée de vingt-quatr
227
ont découvert qu’il ne devait pas nécessairement
s’
appliquer à un seul objet. Cicéron a concilié sans difficulté son loya
228
e de l’Occident. (La Russie ne l’a pas résolue en
se
bornant à inverser le sens des mots tels que paix, liberté, ordre, ag
229
t comment réfuter l’éthique collectiviste si l’on
se
met hors d’état d’opposer à l’individu la personne au lieu de la mass
230
somme d’intérêts dont le reste du monde pourrait
se
passer. Faire des sacrifices raisonnables. — Ayant remarqué chez l
231
’un peu plus de coopération sans douleur, tout en
se
gardant d’attaquer de front les préjugés nationalistes et de mentionn
232
ant Constantinople, exigeaient un tribut avant de
s’
éloigner : 10 millions de francs-or, environ. L’empereur en versa la m
233
-or, environ. L’empereur en versa la moitié, puis
se
mit à pleurer misère. Les riches ne l’aidèrent point, se disant ruiné
234
à pleurer misère. Les riches ne l’aidèrent point,
se
disant ruinés, et refusant de faire le pool patriotique des faibles s
235
. Byzance fut mise à sac. Les produits du pillage
s’
élevèrent après trois jours à plus de 100 millions, sans compter le tr
236
e créé par le hasard des désignations officielles
s’
est révélé heureux. 5. Cf. les articles 1, 3 et 5 de la Constitution
237
e européen. Pour savoir qui a gagné, il suffit de
se
demander lequel des adversaires est parvenu à imposer son angle de vi
238
le cauchemar du « tête-à-tête avec l’Allemagne »
s’
évanouirait devant les joies d’un bon voisinage avec l’alliée naturell
239
mois plus tard, tout est déjà changé. L’Occident
s’
est laissé glisser dans une « Conférence asiatique » qui s’ouvre à Gen
240
ssé glisser dans une « Conférence asiatique » qui
s’
ouvre à Genève, à l’heure choisie par l’Est. Dès le premier jour, la d
241
problème allemand nous intéresse beaucoup. » Que
s’
est-il donc passé depuis Berlin ? — Rien, pas un « fait » visible pour
242
ure à expliquer la grande débâcle occidentale. Il
s’
est passé seulement que la Conférence a lieu, qu’elle installe au cœur
243
s jours, à Berlin, Molotov a bien vu que l’Europe
s’
unirait d’autant mieux qu’il s’attaquerait de front à son union ; qu’e
244
en vu que l’Europe s’unirait d’autant mieux qu’il
s’
attaquerait de front à son union ; qu’elle venait de remporter une vic
245
remporter une victoire dans ce plan ; qu’elle ne
s’
en apercevrait pas ; qu’il était donc aisé de créer une diversion, et
246
n. Pendant des mois toute l’attention du monde va
se
concentrer sur le théâtre d’une bataille où l’Occident, désormais, jo
247
aix » dans le Sud-Est de l’Asie, puisque celle-ci
se
verrait ouverte à l’expansion russe et chinoise. Mais assurer la paix
248
des humiliations de Genève, l’Europe saura-t-elle
se
souvenir de Nicopolis, de Mohacs, et du siège de Vienne par les Turcs
249
urs » formule Bénès : on sait la suite. Tout cela
se
fomente à Genève, tout cela peut en sortir demain. La seule riposte e
250
l’expansion communiste.) Mais l’Europe ne pourra
s’
unir en temps utile si le parlement français repousse la CED, et avec
251
, est-il concevable que vingt nations européennes
se
laissent entraîner dans l’abîme par une poignée de députés en sursis,
252
ule ? C’est aux Français, d’abord, qu’on voudrait
s’
adresser, à ceux qui sentiront l’amitié d’un appel trop angoissé pour
253
qui veulent qu’un psychanalyste soit incapable de
s’
analyser lui-même. Le style surgit de l’inconscient. Il dépend donc de
254
irs connus, on en déduit bien légèrement qu’elles
se
ressemblent. Mais c’est juger par le revers une tapisserie dont le de
255
rs une tapisserie dont le dessin reste inconnu, —
s’
il en est un. Ne parlons plus de « musique moderne ». Parlons seulemen
256
oraines. ⁂ Il faut pousser plus loin le paradoxe.
S’
il est tout de même un caractère commun aux compositeurs d’aujourd’hui
257
ou soupçonnent même de mauvaise foi. C’est qu’ils
se
placent et se regardent dans l’Histoire. Il semble que leur principal
258
même de mauvaise foi. C’est qu’ils se placent et
se
regardent dans l’Histoire. Il semble que leur principal souci soit de
259
toire. Il semble que leur principal souci soit de
s’
intégrer dans une évolution qu’ils déclarent « nécessaire » ; dans on
260
compositeur non dodécaphonique « est inutile… et
se
place en deçà des nécessités de son époque »7. Les « nécessités nouve
261
hèque, a cessé lui aussi d’être « moderne », pour
s’
habituer à vivre dans l’histoire. Il faut enfin l’avouer : toutes les
262
« modernes », sauf la nôtre ! Notre grand public
se
nourrit de musiques des époques révolues. Quand il ne se contente pas
263
rit de musiques des époques révolues. Quand il ne
se
contente pas de Beethoven et de Brahms, il ne découvre pas les talent
264
eviendra contemporain, et plus ceux qui composent
se
rapprocheront de la sensibilité mieux éduquée d’une élite sans cesse
265
lite sans cesse élargie. Quand l’art et le public
se
créent l’un l’autre, le résultat est une « époque ». Je ne sais pas s
266
opéras et ballets, durant trente jours, sans que
s’
y glisse une mesure de musique composée avant l’an 1900 : tous les soi
267
d’accords parfaits. Plaisir d’autant plus vif de
se
déclarer parfaitement d’accord avec les vues du musicien non professi
268
e diable, qui depuis Faust “disait toujours non”,
s’
est fatigué de cette attitude ennuyeuse et a découvert qu’il était plu
269
euse et a découvert qu’il était plus stimulant de
se
faire musicien moderne, de toujours dissoner (fût-ce avec des accords
270
re vraiment ranimé et rétabli dans son intégrité,
s’
il ne s’intègre à la communauté plus vaste qui est son espace vital de
271
ent ranimé et rétabli dans son intégrité, s’il ne
s’
intègre à la communauté plus vaste qui est son espace vital de civilis
272
ain chancelle, hésite, semble frappée au cœur, et
se
dérobe. De Gasperi est mort de la sentir mourante. Il s’est détourné
273
be. De Gasperi est mort de la sentir mourante. Il
s’
est détourné du spectacle que préparaient dans une ombre fiévreuse ceu
274
u humiliés par la plus grande nation voisine, ils
s’
élèveront au premier rang dans cette nation pour y prendre une revanch
275
8, ce héros de la résistance antifasciste — qu’on
se
rappelle son discours à la Chambre, au lendemain du meurtre de Matteo
276
ment. Et lors de la séance finale au Capitole, il
se
leva pour lire un magistral discours synthétisant l’ensemble des trav
277
, me parurent d’autant plus remarquables qu’il ne
s’
agissait pas de politique dans tout cela, mais du « problème spirituel
278
speri savait que le réalisme veut que notre union
se
fonde dans les esprits, non sur des textes marchandés par les partis
279
s lendemain. Il n’était pas « grand orateur », et
s’
en plaignait parfois avec humour. Mais pourquoi faudrait-il qu’un homm
280
lu parler de la « grandeur » de l’Italie, mais il
s’
est contenté de restaurer sa patrie dans sa dignité — pour l’Europe. À
281
par un Adenauer, par un Schuman, et par lui-même,
se
voyait subitement compromise. Bien plus qu’à sa retraite de la vie po
282
formule dont les sentimentaux ont abusé, et dont
se
couvrent les sceptiques pour mieux refuser toute action positive, mai
283
r mieux refuser toute action positive, mais qu’il
s’
agit maintenant de prendre au sérieux. 8. On sait que Guareschi paie
284
te sur laquelle régnait Guillaume II. Ce qui peut
s’
écrire : Peur de l’Allemagne + Guillaume II = Peur de l’Allemagne – A
285
ne disparaissait totalement et à tout jamais. Car
s’
il n’en restait qu’un, je craindrais celui-là, dit en substance Franço
286
s de Staline à leur réhabilitation. On sent qu’il
s’
agit là d’une nécessité organique. L’évolution économique et sociale e
287
ntervention des hommes dans ce processus évolutif
se
pose encore à M. Bevan. Car c’est précisément « à cet égard » (c’est-
288
t d’examiner la position de Khrouchtchev ». Et de
se
demander : « Khrouchtchev est-il un autre Staline ? » Et de répondre
289
Généralement, les gens ne sont pas un autre, sauf
s’
ils sont Allemands, comme vient de le montrer M. Mauriac. ⁂ Ne craigno
290
ionale ». Esprit ayant écarté le danger de la CED
se
félicite de constater que « le ciel du Pentagone » ne lui est pas tom
291
d. » Tout cela serait faux ? Rien de tout cela ne
se
serait produit ? Il se trouve que la suite de l’article contredit poi
292
es que la CED… Le même état-major allemand pourra
se
constituer… L’Allemagne aura le droit de fabriquer des armes… On a do
293
teurs ont tenté de rejoindre la ligne communiste.
S’
ils ne sont jamais arrivés à la trouver, c’est qu’ils la cherchaient v
294
aient vers la gauche. Aujourd’hui, leur politique
se
précise. Ils s’opposèrent finalement à Mendès-France dans la mesure e
295
uche. Aujourd’hui, leur politique se précise. Ils
s’
opposèrent finalement à Mendès-France dans la mesure exacte où celui-c
296
à Mendès-France dans la mesure exacte où celui-ci
s’
éloignait des thèses gaullistes sur la Russie. Encore un peu de persév
297
reux : passion, révolution, nation (mai 1955)w
S’
il fallait définir l’Occident par ses maladies spécifiques, ces trois
298
ristianisme quoique désignant trois tentatives de
s’
y arracher, tout chargés de prestige aux yeux de l’Européen et d’un pa
299
er les liens9. C’est au début du xiie siècle que
se
constituent dans le Midi de la France la poésie et la morale courtois
300
ses types de conduite, c’est-à-dire les moyens de
s’
avouer, de s’entretenir jusqu’à l’exaltation, de mettre au défi la mor
301
conduite, c’est-à-dire les moyens de s’avouer, de
s’
entretenir jusqu’à l’exaltation, de mettre au défi la morale et finale
302
ulgarisation au double sens du mot ; pourtant, il
s’
agit du même mythe. Par le moyen de la culture et des modèles qu’elle
303
par un souverain caprice de la Minne, aussitôt ne
s’
appartient plus. À peine libéré, le voilà consacré. Minne l’a distingu
304
t fac quod vis ! La passion de Tristan ne pouvait
se
déclarer dans sa grandeur tragique et obsédante qu’au sein d’un monde
305
ccident. C’est le cri de l’âme « exilée », qui ne
s’
arrache à la matière et à la chair que pour sombrer. Mais alors la pas
306
l’Aventure occidentale, échec fatal dès que l’âme
se
refuse à la totale incarnation, à l’abaissement dans le monde fini, l
307
e de Tristan et d’Iseut, deux plantes en une nuit
s’
élèvent et s’enlacent. Et ce symbole discret de la transmigration noue
308
et d’Iseut, deux plantes en une nuit s’élèvent et
s’
enlacent. Et ce symbole discret de la transmigration noue ses racines
309
socialisée Quand le catastrophisme passionnel
se
répand dans le corps social, il prend le nom de Révolution. L’idée et
310
’ai dit, sont inconnues dans tout l’Orient, qu’il
s’
agisse des empires aryens ou dravidiens, khmers ou mongols, chinois ou
311
envahisse les royaumes des Rajputs et que ceux-ci
se
soulèvent contre lui, il ne s’agit en aucun cas de révolution, car la
312
uts et que ceux-ci se soulèvent contre lui, il ne
s’
agit en aucun cas de révolution, car la subversion vient de l’extérieu
313
espace et le temps que le « monde christianisé ».
S’
il n’y a pas de socialisme en Asie, écrivait en 1930 Henri de Man, cel
314
Révolution et conversion ont le même sens : c’est
se
retourner complètement. Dans les deux cas, se produit une crise brusq
315
est se retourner complètement. Dans les deux cas,
se
produit une crise brusque et rapide, un processus de mort et renaissa
316
ans les deux cas, la subversion de l’ordre ancien
s’
opère par un double mouvement : le rejet violent des « choses vieilles
317
tat ». Ainsi, le type du révolutionnaire européen
se
détache sur le fond d’une foi qui tient la liberté et l’action prophé
318
nouvelle, comptée à neuf. Toutes nos révolutions
s’
en souviendront. L’Orient n’a pas connu pareille coupure des temps — c
319
Il paraît même douteux que les premiers chrétiens
se
soient conduits en « révolutionnaires » au sens moderne de l’expressi
320
l’égard des pouvoirs établis. On ne les voit pas
s’
en prendre au régime impérial ni à l’institution de l’esclavage, par e
321
ianisme a prouvé sa puissance de subversion, l’on
s’
avise d’une contradiction flagrante entre la « révolution chrétienne »
322
son ombre « un sang impur ». L’Église, en effet,
se
fondait sur la réalité des hommes transformés par la foi. Elle n’avai
323
théorique qu’il faut imposer par la force, elles
s’
imaginent qu’il en résultera nécessairement un « homme nouveau » plus
324
ique de la personne. Ce n’est pas la personne qui
se
détache d’abord du corps magique de la tribu, mais c’est l’individu p
325
ient à dominer dans la cité, et que l’individu ne
se
sent plus encadré ni relié, le vide social appelle un ordre autoritai
326
nger le monde d’abord et non d’abord soi-même. Il
s’
agit donc, dans le cas du révolutionnaire, d’une conversion non pas de
327
imite le saut de la conversion, mais, au lieu de
se
retrouver une personne engagée, il est devenu le soldat politique emb
328
a pas de Juge pour ses crimes. Et dès lors qu’il
se
sait illégitime dans sa prétention à régner au nom de tous contre une
329
eurs de la Passion — « La liberté ou la mort ! »,
s’
écriaient les jacobins, et la mort était là, celle des autres d’abord,
330
ait là, celle des autres d’abord, mais la Liberté
se
voilait — laissant ensuite se perdre dans les bureaux de l’État l’éla
331
rd, mais la Liberté se voilait — laissant ensuite
se
perdre dans les bureaux de l’État l’élan premier vers la communauté,
332
isée Goethe, assistant à la bataille de Valmy,
s’
écriait : « De ce lieu, de ce jour, on datera l’ère nouvelle. » C’est
333
oins depuis l’apparition du christianisme. L’État
se
voit donc contraint de renforcer la police, de centraliser tous les é
334
t en Prusse que la philosophie du nationalisme va
se
constituer. Hegel est la contrepartie réflexive de Napoléon. Hegel se
335
est la contrepartie réflexive de Napoléon. Hegel
se
représente la nation comme une croisade pour l’idée. « Ce ne sont pas
336
« un individu dans la marche de l’Histoire ». Il
se
fait par sa propre activité, s’épanouit, atteint sa pleine vigueur en
337
l’Histoire ». Il se fait par sa propre activité,
s’
épanouit, atteint sa pleine vigueur en s’opposant (donc par la guerre)
338
ctivité, s’épanouit, atteint sa pleine vigueur en
s’
opposant (donc par la guerre), puis fatalement décline et meurt. « Cha
339
l tend à priver les hommes réels, comment va-t-il
se
comporter dans le monde ? L’idéal primitif de la nation, confisqué pa
340
ussie, un messianisme despotique. Les petits pays
se
borneront à invoquer leurs traditions, leur folklore, ou même leur la
341
un de ces « concepts de l’Esprit » ne parvenant à
s’
imposer, aucune nation ne dominera longtemps, mais aucune n’en tirera
342
qu’elle n’a plus rien à faire au monde ». Chacune
se
dira « souveraine », à l’imitation des rois absolus qui n’avaient de
343
lus de Dieu au-dessus des nations. Le droit divin
se
traduit donc par le droit de l’État le plus fort. Celui-ci ne connaît
344
ue souveraineté ». Pendant cent ans, l’Europe qui
se
croit rationnelle vivra sur cette absurdité fondamentale. En 1914, el
345
populaires et l’instruction publique obligatoire
se
chargeront d’en rédiger les hymnes et le catéchisme. Cette religion n
346
ïsme, n’attaquera même pas le christianisme, elle
se
contentera de l’annexer dans les occasions décisives. Certes, l’espri
347
l’individu de dépasser son horizon restreint, de
s’
affranchir de ses soucis privés (en temps de guerre), de se sentir com
348
hir de ses soucis privés (en temps de guerre), de
se
sentir comme transporté dans une espèce de transcendance. À vrai dire
349
dans une espèce de transcendance. À vrai dire, il
s’
agit encore d’un égoïsme, mais tellement élargi qu’il en devient vertu
350
et fruits. »16 (Un peu plus de souffrance et elle
se
dessécherait ; plus du tout, son feuillage et sa tige embelliraient,
351
ns de la saveur des fruits.) À cette même crainte
se
rattache celle de voir s’évanouir, avec l’Europe, la meilleure chance
352
.) À cette même crainte se rattache celle de voir
s’
évanouir, avec l’Europe, la meilleure chance d’un vrai dialogue illumi
353
s de Moscou. C’est ainsi que nous voyons la Chine
s’
occidentaliser dans le pire sens du terme, au lendemain d’une révoluti
354
l pour les Polynésiens. Le nationalisme en Europe
s’
est trouvé partiellement neutralisé par la durable résistance des grou
355
elles. Ces réflexes de défense du corps social ne
s’
exerçant pas en Orient, la maladie nationaliste peut y prendre demain
356
prendre demain une virulence inouïe. Tout cela va
se
retourner contre notre Occident, au moment même où il commence d’entr
357
vérités dévoyées, isolées de l’ensemble où elles
se
composaient dans une tension commune vers la résolution toujours fuya
358
amais être saisi que par la foi. Le christianisme
se
distingue de la plupart des autres religions par ce fait qu’il semble
359
tir qu’il ne pourra jamais atteindre au but final
s’
il n’accepte pas en même temps que la Grâce subvienne à sa débilité et
360
et qu’ainsi le salut soit donné par Dieu seul, il
se
jette vers des buts plus prochains et sensibles. Mouvement essentiell
361
oute la Loi, et l’on voudrait mais on ne peut pas
s’
y conformer ; pourtant le besoin subsiste de se donner sans réserve, d
362
as s’y conformer ; pourtant le besoin subsiste de
se
donner sans réserve, d’aimer dans la totalité de l’être, jusqu’au sac
363
aindre à l’obéissance et à l’amour. La révolte ne
se
lève jamais contre la force à son zénith. Mais, d’un pouvoir qu’on ti
364
e libre de pécher ou de croire au pardon. L’homme
se
révolte alors contre cette liberté radicale et vertigineuse, au nom d
365
insi, les hérésies jaillissent de la vraie foi et
s’
en écartent, mais disséminent dans des millions d’esprits inatteints p
366
passion individuelle et collective, pourrait bien
se
révéler à l’analyse intime comme plus et mieux « christianisée » dans
367
nos contemporains même incroyants, et ne cesse de
s’
étendre à des régions nouvelles de notre existence profane. 9. Cf.
368
nt pas admises, elle devint militante, et tout en
se
développant sur le plan spirituel, elle fut un facteur de liberté con
369
re au Parti, fût-elle humaine. 15. Ce personnage
s’
égale aux plus grands, dans leur culte — en pleine époque de la psycha
370
alyse ! Les auteurs qu’ils admirent le savent, et
se
gardent bien de toucher à l’idole, même s’ils n’y croient plus. « Ne
371
nt, et se gardent bien de toucher à l’idole, même
s’
ils n’y croient plus. « Ne mêlons pas, fût-ce une seconde, la personne
372
u christianisme grec : les grands conciles. Qu’on
se
figure bien moins de savantes réunions de professeurs et d’érudits qu
373
Convoqués par l’empereur de Byzance, les évêques
se
rassemblent de tout le Proche-Orient, d’Afrique, de Macédoine, d’Égyp
374
en force. À l’intérieur, les incidents de séance
se
multiplient. « On dirait un essaim de frelons », note Grégoire. On s’
375
dirait un essaim de frelons », note Grégoire. On
s’
exclame et l’on s’interpelle avec violence, de la gauche et de la droi
376
de frelons », note Grégoire. On s’exclame et l’on
s’
interpelle avec violence, de la gauche et de la droite de la nef où so
377
is place à la balustrade de l’autel. Des tumultes
s’
élèvent et les Pères crient : « C’est la vraie Foi ! C’est la Foi des
378
stion le lendemain. Un groupe d’évêques menace de
s’
en aller. On échange des députations. On a signé des listes de présenc
379
me, au lendemain de son triomphe temporel. (Nicée
se
place douze ans seulement après l’édit de Constantin, et beaucoup d’é
380
eine différentes des anciennes ou de celles qu’il
s’
agit d’écarter — les unes comme les autres, d’ailleurs, peu compréhens
381
t nos conceptions de l’homme. En apparence, il ne
s’
agit, lors de Nicée, que d’un iota18, en réalité, de la définition de
382
xixe siècle ? Cette opposition même eût-elle pu
se
produire en dehors d’une civilisation qui a su valoriser la matière e
383
iastole-systole, qui dissocierait la personne. Il
s’
agit bel et bien de vivre leur tension. Et c’est ainsi qu’à tous les d
384
ale, le « scandale » des réalités contradictoires
s’
est propagé ou transposé : dès l’instant qu’il était accepté au sommet
385
transposition n’a pas toujours été légitime : il
s’
en faut de beaucoup. Au couple d’opposés vrai Dieu-vrai homme correspo
386
ais qu’en est-il des autres couples d’opposés qui
se
sont multipliés dans notre histoire ? La plupart mettent en jeu des r
387
éalités purement humaines, de même nature, qui ne
se
rapportent plus de près ni de loin, aux deux termes originaux. S’il e
388
us de près ni de loin, aux deux termes originaux.
S’
il est vrai que l’opposition entre l’Église et l’Empire (guelfes et gi
389
la définition de l’Occident. Or ce type de pensée
se
manifeste aux étapes décisives de notre science. Certes, on ne peut d
390
inu — la tension à vrai dire « n’existe » pas. Il
s’
agit simplement de l’antagonisme de deux écoles isolées et hostiles, t
391
eule l’Europe — et de plus en plus à mesure qu’on
se
rapproche du xxe siècle — a osé ce mouvement de l’esprit qui assume
392
aît et renaît sans fin ni cesse de cette tension.
S’
il est vrai que le secret de la synthèse est de « comprendre » les inc
393
de « comprendre » les incompatibles, cela ne peut
se
produire que dans un seul esprit. Aussi longtemps que les aspects con
394
uscule en est l’exemple le plus pur20. Certes, il
s’
agit de phénomènes de même nature, et dont l’opposition ne résulte peu
395
t de notre chair, quand Dieu lui-même a choisi de
se
manifester en elle ? Il est bien vrai que le but dernier de l’homme e
396
l’homme est de connaître Dieu, mais Dieu lui-même
s’
est rendu connaissable dans la chair. Et il est vrai aussi que « l’Esp
397
ette existence toute charnelle22 que l’homme doit
se
convertir ; c’est « ici-bas », sans évasion possible, qu’est le lieu
398
ant l’immensité de l’expérience possible, le Grec
s’
en tient à des images cosmiques fermées, à la beauté du cosmos tel qu’
399
gique de la totalité posée par l’esprit… Et il ne
s’
agit pas là seulement d’Aristote et de Démocrite ; Thomas aussi, et mê
400
La pensée logique elle-même éprouve le besoin de
se
mettre sans cesse en échec, non pas en vue d’une abdication, mais au
401
s en vue d’une abdication, mais au contraire pour
se
retrouver ensuite élargie, enrichie, et poursuivre ce processus à l’i
402
ce moderne est née d’une rationalité qui, loin de
se
refermer sur elle-même, reste ouverte à l’irrationnel et réussit même
403
e à l’irrationnel et réussit même à y pénétrer en
s’
y subordonnant. D’où vient cette exigence proprement insatiable, « à
404
is responsable de ce qu’est le monde et de ce qui
s’
y passe ». Il y a donc un sens, et il vaut la peine de le chercher — a
405
l’homme un savoir qui cependant paraît sans cesse
se
tourner en réquisitoire contre lui-même. La passion de la science, à
406
Dieu… Dieu n’est pas l’objet d’une foi véritable
s’
il ne peut pas supporter d’être mis en question par les faits ; et tou
407
n question par les faits ; et toute quête de Dieu
se
rend en même temps la tâche plus ardue en refusant les approches illu
408
depuis longtemps ; avec les encyclopédistes elle
se
déclare, et jusqu’aux débuts de notre siècle, la majorité des savants
409
r l’URSS. Mais tandis que dans ce pays, l’hérésie
s’
organise en Église, le déclin de son prestige en Occident est précisém
410
s : mécaniste, moniste, ou « dialectique ». Qu’il
s’
agisse là d’une hérésie au sens précis24, c’est bien ce que j’ai tenté
411
isme, puis le matérialisme, sont deux manières de
s’
évader, l’une par en haut et l’autre par en bas. Malgré ses prétention
412
ui avait permis de valoriser chair et matière. Il
se
voulait moniste, mais né d’un Occident profondément marqué au signe d
413
t25, les hommes de science du xixe siècle durent
se
sentir d’autant plus libres de s’enfoncer dans la matière et son étud
414
siècle durent se sentir d’autant plus libres de
s’
enfoncer dans la matière et son étude, qu’ils se posaient moins de que
415
e s’enfoncer dans la matière et son étude, qu’ils
se
posaient moins de questions quant aux motifs et aux effets de leurs r
416
’autre côté, comme au terme d’une aride ascension
s’
ouvrit aux yeux de Balboa l’autre Océan. Oportet haereses esse ! La pe
417
d’on ne sait quoi, que la frontière intelligible
s’
est évanouie, mais c’est aussi entre le vivant et l’inerte, entre le s
418
certitudes » de la pensée matérialiste. Celles-ci
se
fondaient sur l’idée fixe que la preuve de réalité dans tous les cas
419
spèce d’« hypothèse mystique ». Mais pendant que
se
vulgarisait dans les couches les plus étendues de la population occid
420
t refuge ultime de l’idée de matérialité, l’atome
se
résolvait en une sorte de vide animé d’on ne savait trop quoi, sauf q
421
es par les lois des ondes, que beaucoup de choses
se
passent comme si elles étaient des êtres substantiels et durables »27
422
n reste pas moins que ses arguments scientifiques
se
sont évanouis avec les caractères classiques de la matière ; car cell
423
ience envahir son domaine ? Certains philosophes,
se
fondant sur le principe d’indétermination de Heisenberg, ont cru pouv
424
rmination jusque dans l’esprit ? Que la frontière
s’
efface entre la matière et l’énergie, puis entre l’énergie et quelque
425
e. De la science à la théologie La question
se
ramène à savoir qui décide, et qui détient la preuve de la réalité. L
426
tient la preuve de la réalité. L’Occidental moyen
se
figure qu’au Moyen Âge le sens général de la vie dépendait de la théo
427
montrés par la Science », au lieu que le médiéval
se
voyait obligé de « croire aveuglément » ce que lui imposaient des aut
428
ition matérialiste, constatent que les frontières
s’
effacent entre le « fond » de la matière et la pensée. Ils en déduisen
429
formations venant de tous les points de l’Univers
se
transmettraient « à la vitesse de la pensée », c’est-à-dire sans null
430
nte extrême en notre siècle, notre image du monde
s’
évanouit. Elle échappe à notre raison, comme elle avait déjà échappé à
431
avait cru pouvoir éliminer. Le Cosmos tout entier
se
résout en un voile tissé d’ondes animant le vide30. Le monde phénomén
432
us verrez bientôt que la question d’un au-delà ne
se
pose plus. Dans l’univers en expansion de l’abbé Lemaître et de Gamow
433
la plus extrême galaxie. Mais dans quoi tout cela
se
meut-il ? Il est vrai que la question n’a pas de sens : rien « au mon
434
e chose que « le monde » et la mathématique. Tout
s’
explique et s’implique dans le cosmos des sciences, et l’invisibilité
435
le monde » et la mathématique. Tout s’explique et
s’
implique dans le cosmos des sciences, et l’invisibilité même s’y conve
436
ns le cosmos des sciences, et l’invisibilité même
s’
y convertit sans cesse en matière composée d’énergie qui retourne sans
437
is le Dieu que prient les chrétiens est celui qui
s’
est fait connaître par cela justement que la science ne connaît pas, e
438
orer, le mot prend un sens insolite : puisse-t-il
s’
en trouver purifié de ses associations pieuses et sentimentales.) 1
439
et les tenants d’Arius. 19. Le concile de Nicée
se
tint en 325. Les grandes disputes christologiques avaient commencé dè
440
osophes et juifs fanatiquement monothéistes, puis
se
poursuivent entre Grecs et Latins d’une part, gnostiques, montanistes
441
a la querelle du monophysisme, et c’est alors que
se
définiront « l’Orient » et « l’Occident » du christianisme. L’orthodo
442
on point de départ dans le complexe orthodoxe, et
s’
est développée contre lui. 25. L’homme de science moyen du xixe sièc
443
l’Univers physique est un « nœud d’énergie » qui
se
produit dans un « champ » au sein duquel agissent on ne sait quels ar
444
uité de nos caractères nationaux. La question qui
se
pose est alors de savoir si l’Occident qui pense n’a pas pris l’habit
445
les deux groupes de motifs, une remarque générale
s’
impose : quoique unanime parmi nos sages et leur public, cette réactio
446
t renoncé à briser les machines, et les bourgeois
s’
en sont toujours gardé. Et quant à ceux qui ont décidé de sortir du mo
447
nt à ceux qui ont décidé de sortir du monde et de
se
remettre à tisser leurs vêtements, etc., il n’est rien sorti de durab
448
, bien qu’elle reste impuissante, et bien qu’elle
se
contente en général d’arguments pathétiques mais peu sûrs, cette ango
449
ns révélatrice de notre condition occidentale. Il
s’
agit, une fois de plus, de savoir si elle signale une impasse ou une c
450
machines, de la chimie et de l’électricité, pour
s’
épanouir au siècle de l’électronique et de l’énergie nucléaire et sola
451
u’alors et à cet égard, c’est à peine si l’Orient
se
distingue de l’Occident. Les jonques chinoises sont supérieures aux c
452
o faber comme répondant au défi de la Nature : il
se
défend à l’aide d’objets plus durs prolongeant l’action de ses mains
453
nous a représenté une espèce d’homme de proie qui
se
jette sur la Nature pour la soumettre à sa « volonté de puissance ».
454
très durement dans nos climats occidentaux, pour
se
nourrir, se protéger du froid, des inondations, des sécheresses. Elle
455
nt dans nos climats occidentaux, pour se nourrir,
se
protéger du froid, des inondations, des sécheresses. Elle le tue, mai
456
jeu33. Or qui dit jeu dit règles fixes. Ce qu’il
s’
agit de maintenir avec un soin jaloux, c’est le système des convention
457
re de l’imprévu des phénomènes. Loin d’essayer de
se
libérer de ces lois, on espère bien que les saisons, le soleil et la
458
tes religieux « joue » l’ordre naturel pour qu’il
se
perpétue. Les notions de magie, de mythe, de liturgie, l’idéal alchim
459
rté de circuler au loin, ou au contraire celle de
s’
enraciner en dépit des changements naturels, la faculté de réaliser se
460
), de dominer son corps, de ne pas mourir… Ce qui
s’
oppose et résiste à ce Bien, ce sont alors les servitudes de la Nature
461
orps. Il ne sera jamais libre et vraiment bon que
s’
il parvient à s’évader de la chair, de la matière et de la vie naturel
462
jamais libre et vraiment bon que s’il parvient à
s’
évader de la chair, de la matière et de la vie naturelle, règne et cré
463
us « purs », les hommes moins spirituels pourront
se
donner licence d’exercer leurs arts et leurs ruses. Ils se serviront
464
licence d’exercer leurs arts et leurs ruses. Ils
se
serviront d’elle comme d’un objet sans âme, dont il faut découvrir le
465
télécommunications). L’homme n’est pas encore, il
s’
en faut, au terme de cette entreprise, mais il a déjà le droit de le r
466
e l’homme en général. Mais quelque chose d’unique
s’
est produit en Europe aux débuts de notre ère technique : la rencontre
467
par la chimie du domaine de la recherche pure, et
se
tournant alors vers les applications. Et cela, dans un climat social
468
ue l’on baptise « capitaines d’industrie » et qui
s’
inspirent et s’autorisent des précédents de la Révolution et de l’Empi
469
« capitaines d’industrie » et qui s’inspirent et
s’
autorisent des précédents de la Révolution et de l’Empire. Trois force
470
des alchimistes n’était pas de faire de l’or pour
s’
enrichir, mais bien d’opérer le grand œuvre d’une transfiguration de l
471
rme moderne que l’on devait dénommer capitalisme,
se
soit emparée de ces données, le contraire eût été surprenant. Mais le
472
l’ambition déchaînée des Napoléons de l’industrie
s’
en empare sans plus de scrupules. Le profond paradoxe de l’ère techniq
473
prochaine, la société occidentale du xixe siècle
s’
est doublement trompée sur les fins de la technique et la manière de s
474
pée sur les fins de la technique et la manière de
s’
en servir. Elle n’a pas su prévoir l’effroyable rançon qu’elle aurait
475
ace de la machine, l’homme tombé si bas ! Le cœur
se
serre quand on parcourt ces maisons fées où le fer et le cuivre, éblo
476
ieux de rééducation. Au xxe siècle, la situation
s’
est retournée. Les ouvriers américains et scandinaves ont à domicile l
477
spirituelle. C’est battre la table à laquelle on
s’
est heurté. Mais c’est aussi cacher ses doutes intimes derrière une op
478
ption non de son gré, mais à cause du péché38. Il
s’
ensuit que l’effort de l’homme pour la soumettre aux volontés humaines
479
pour la soumettre aux volontés humaines sera bon,
s’
il fait partie de l’effort divin dans l’homme, très mauvais s’il procè
480
rtie de l’effort divin dans l’homme, très mauvais
s’
il procède de notre orgueil. Le mal n’est pas dans les choses, mais da
481
est l’homme. C’est lui qui a fait la Bombe et qui
se
prépare à l’employer. Le contrôle de la Bombe est une absurdité. On n
482
our la retenir ! C’est comme si tout d’un coup on
se
jetait sur une chaise pour l’empêcher d’aller casser les vases de Chi
483
tranquille, elle ne fera rien, c’est clair. Elle
se
tiendra coite dans sa caisse. Qu’on ne nous raconte donc pas d’histoi
484
dont il l’entoure ! Il voyage à cause d’elle, il
se
ruine pour elle, un beau jour à cause d’elle il se tuera ! Cependant,
485
e ruine pour elle, un beau jour à cause d’elle il
se
tuera ! Cependant, tel autre en fait autant pour la femme qu’il désir
486
e. Le romantisme la contemplait avec âme, mais ne
s’
y baignait pas physiquement. Le goût de s’étaler au soleil sur les pla
487
mais ne s’y baignait pas physiquement. Le goût de
s’
étaler au soleil sur les plages est contemporain de l’auto. La techniq
488
nique — deux grands problèmes des plus réels vont
se
poser à l’humanité de l’Occident. Un danger : la technocratie. Une pr
489
et de vouloir les buts derniers de son existence
se
met fatalement à parler des « exigences de la technique ». C’est alor
490
jacobins et des totalitaires de toute couleur. Il
s’
agit pratiquement de se maintenir au pouvoir, ou de contrôler le march
491
aires de toute couleur. Il s’agit pratiquement de
se
maintenir au pouvoir, ou de contrôler le marché, sans plus se laisser
492
au pouvoir, ou de contrôler le marché, sans plus
se
laisser guider par la finalité incertaine et suspecte des souhaits hu
493
s closes nous semble d’autant plus fatale qu’elle
se
passe sous nos yeux, depuis près d’un demi-siècle. On vient de voir c
494
as d’être le maître des moyens, mais son prestige
s’
évanouira dans la mesure même où les loisirs et leur contenu deviendro
495
s. Il peut sembler que plus on la développe, plus
s’
éloigne l’espoir de satisfaire ces besoins qu’elle pousse en avant. L’
496
i est d’assurer la subsistance d’une humanité qui
s’
augmente de 70 000 âmes par jour, a paru s’éloigner à mesure que l’Occ
497
té qui s’augmente de 70 000 âmes par jour, a paru
s’
éloigner à mesure que l’Occident prenait une conscience plus exacte du
498
sont maintenant les moyens à trouver qui devront
s’
adapter à cette fin reconnue, non l’inverse comme auparavant. Ces moye
499
de 1830, ce qu’allait produire la technique ? Il
s’
agit cette fois-ci de mieux voir les problèmes au lieu de les refouler
500
ieux de la vie. (Elle l’a toujours été, mais cela
se
verra). Jusqu’ici, c’était le travail qui occupait l’essentiel de nos
501
vœux, nos vraies orientations, nos vraies options
se
manifesteront d’une manière transparente et seront suivis d’effets pr
502
t actuel. Libéré du labeur matériel, l’Occidental
se
tourne immédiatement vers les voyages, le sport, les jeux et l’érotis
503
amnées au loisir pendant six mois d’hiver : elles
se
tournent vers la culture. Or il se trouve précisément que l’Occident
504
les bibliothèques et les foyers de culture locaux
se
généralisent ; toute la peinture mondiale peut venir sur nos murs sou
505
enir sur nos murs sous forme de reproductions « à
s’
y méprendre » ; toute la musique nous vient à domicile par la radio et
506
s conférences, causeries et discussions publiques
se
tiennent par dizaines de milliers dans nos pays démocratiques ; et l’
507
en deçà) du dogme formulé ; mais l’une et l’autre
s’
appuyaient sur l’objet de leur renoncement et en dépendaient étroiteme
508
eur a fait son temps43. Et je ne dis pas qu’elles
s’
en priveront. Mais je vois aussi que la culture répand déjà, dans un p
509
ce genre de réalités, certaines curiosités qui ne
s’
arrêteront pas là. La télévision, la radio apportent le monde à domici
510
que », à l’occidentale. Beaucoup d’esprits légers
s’
imaginent l’homme comme une sorte de ballon qui ne demande qu’à « s’él
511
e comme une sorte de ballon qui ne demande qu’à «
s’
élever » dès qu’il est délivré des soucis quotidiens. La preuve qu’il
512
puis new-yorkaise, et une partie de la parisienne
se
crurent, au xxe siècle, et furent dans une large mesure antireligieu
513
« païen », par cela même, qu’un J.-P. Sartre, qui
se
place au niveau de la morale, dans le prolongement des exigences exis
514
oblèmes religieux dans la littérature occidentale
s’
est amorcé dès 1919, et n’a pas cessé de s’amplifier. 43. Nos sectes
515
entale s’est amorcé dès 1919, et n’a pas cessé de
s’
amplifier. 43. Nos sectes orientalistes font parfois penser à quelqu’
516
de Khrouchtchev en Occident, une courbe régulière
se
dessine, reliant toute une série de points remarquables : mort de Sta
517
j’examinerai les trois questions suivantes : Que
se
passe-t-il en réalité ? Que deviennent les anti et les pro-communiste
518
s icônes Les faits les plus frappants semblent
se
situer sur une courbe ascendante et continue, allant de la tyrannie d
519
de démocratie, par une progression contrôlée. Il
se
peut qu’il n’y ait là qu’une illusion d’optique. Notre idée préformée
520
placer un peu les points remarquables pour qu’ils
s’
alignent plus régulièrement. Elle nous incite surtout à ne pas tenir c
521
e d’une série de faits moins frappants (puisqu’il
s’
agit d’omissions calculées et non plus de déclarations) — faits tout d
522
le nos vœux, tout concourt à l’accréditer : qu’il
s’
agisse du besoin d’avoir moins peur de leurs propres chefs chez les Ru
523
ovoqué par cette illusion, pour mieux voir ce qui
se
passe, voyons ce qui ne se passe pas. 1. Les circonstances de la mo
524
pour mieux voir ce qui se passe, voyons ce qui ne
se
passe pas. 1. Les circonstances de la mort de Staline ne sont pas e
525
2. K. limite ses attaques contre Staline à ce qui
s’
est passé depuis 1934, et seulement aux dépens des « bons communistes
526
sa perfection le style d’un Vychinski, stalinien
s’
il en fût jamais. Elle n’en marque pas moins la naissance du nouveau r
527
reprend au contraire leurs verdicts à son compte,
s’
agissant de leurs victimes les plus spectaculaires. 5. K. n’ose pas pu
528
es. 5. K. n’ose pas publier lui-même son rapport,
se
réservant ainsi le droit de le démentir, en cas de besoin, selon les
529
K. dénonce le « culte de la personnalité », mais
se
garde bien de faire raser le Mausolée de la Place Rouge. 9. K. justif
530
e Rouge, le lieu d’un culte ? Thorez et Togliatti
se
seraient-ils éclipsés ? De qui se moque-t-on ? De la presse occidenta
531
ez et Togliatti se seraient-ils éclipsés ? De qui
se
moque-t-on ? De la presse occidentale, qui a donné dans le panneau, c
532
mêmes) de la dictature de Staline. Elle pourrait
se
justifier au nom du même prétexte : la dictature du Prolétariat, dogm
533
u’un dictateur est fou, car il faut être fou pour
se
faire dictateur, la dictature étant la forme politique de la démence
534
it aussi le temps de Staline. Et que la dictature
se
dise collégiale ou s’avoue personnelle n’y change rien46. K. dénonçan
535
taline. Et que la dictature se dise collégiale ou
s’
avoue personnelle n’y change rien46. K. dénonçant Staline au nom de se
536
ncore de preuves que le groupe des nouveaux chefs
se
sente comptable envers qui que ce soit. Parler de « direction collégi
537
’a rien vu. Voilà bien son calcul méprisant. Tout
se
passe comme si rien d’insolite ne venait de se passer sous nos yeux.
538
ut se passe comme si rien d’insolite ne venait de
se
passer sous nos yeux. Quand les complices d’un chef de bande, liquida
539
hef de bande, liquidant sa mémoire non ses gains,
s’
instituent ses dénonciateurs à seule fin d’ajouter une prime de morali
540
rimes ». Un peu de morale Lorsque Mussolini,
s’
étant emparé des Baléares à la faveur de la guerre civile, offrit de l
541
nt fait ? — Bien des choses, en somme, et d’abord
s’
en aller. Si trente ans de pouvoir total sur les esprits, et d’entraîn
542
nditionnés pendant trente ans par un paranoïaque.
S’
offrir pour une Relève des Innocents — ceux qu’ils durent condamner su
543
amps de rééducation. Mais K. et ses collègues, en
se
refusant en corps au châtiment prévu par leur propre régime pour les
544
se un impérieux devoir civique. Le procédé de K.,
s’
il demeure impuni devant le tribunal de l’opinion mondiale — seul exis
545
ênants — qui furent en vigueur sous son règne, ne
se
voient dénoncés que des lèvres, et à seule fin d’exonérer le groupe q
546
On ignore, on effet, son vrai point de départ. K.
s’
est tu sur la mort de Staline. Or, selon qu’il s’agit d’un meurtre con
547
s’est tu sur la mort de Staline. Or, selon qu’il
s’
agit d’un meurtre concerté, ou d’une disparition providentielle, obéis
548
seul le Politburo les a sondés), les perspectives
se
modifient radicalement ; et l’on jugera que le « stalinisme » peut en
549
et l’on jugera que le « stalinisme » peut encore
se
porter aussi bien que ceux qui ont liquidé Staline ; ou qu’au contrai
550
qu’au contraire, le dépassement du « stalinisme »
s’
est bien réellement opéré par les soins du mouvement de l’Histoire, en
551
en conclure que ce sont d’enragés staliniens qui
se
léninisent sous la menace ? La vérité, c’est que le stalinisme s’est
552
us la menace ? La vérité, c’est que le stalinisme
s’
est supprimé lui-même en créant, par l’industrialisation de l’URSS et
553
s étaient donc les hommes du stalinisme. Celui-ci
s’
étant « supprimé lui-même », on pourrait se demander ce qu’ils font en
554
lui-ci s’étant « supprimé lui-même », on pourrait
se
demander ce qu’ils font encore là. Passons sur cette métamorphose — l
555
faut bien, puisque, selon Sartre, il aurait pu «
se
supprimer lui-même » sans entraîner, que l’on sache, la fin du commun
556
, la fin du communisme. Reste alors à le définir.
S’
il était, par exemple, la réponse « historique » du marxisme ou du com
557
nique pour l’Occident ? Pourtant, le PC de France
se
disait stalinien, et Sartre l’approuvait en général (« Ses positions,
558
ait-il pas plus simple de le dire ? Non, car tout
se
compliquerait aussitôt. Si Staline et le stalinisme n’étaient pas une
559
e Staline »). Il est hors de question que Staline
se
soit « supprimé lui-même ». A-t-il donc été tué par le mouvement de l
560
combrant, ce cadavre ! Et comme l’existence vient
se
moquer des systèmes et de leur dialectique ! Si l’on déduit du « stal
561
e, on voit mal ce qu’il peut en rester qui ait pu
se
livrer à l’autosuppression, sinon précisément ce qui dure encore : la
562
de ridiculiser d’avance toute demande de comptes
s’
adressant non seulement aux acteurs du drame (qui s’en moquent), mais
563
adressant non seulement aux acteurs du drame (qui
s’
en moquent), mais encore aux intellectuels qui ont approuvé lesdits ac
564
mes noircit la mémoire de son chef à seule fin de
se
blanchir lui-même ; que K. ne récuse d’ailleurs que certains des « ex
565
elles et morales dont les seuls staliniens ont pu
se
réjouir. Leur crise présente appelle une mise au point des positions
566
u’un anticommuniste militant ? C’est un homme qui
s’
oppose à toutes les tyrannies quel qu’en soit le prétexte allégué. Cet
567
des adversaires de toutes les tyrannies sauf une.
S’
il est aussi contre celle-là, disent-ils, c’est qu’il est pour les aut
568
ne persévérance ou vigilance dans sa critique, il
se
verra bientôt stigmatisé sous le nom d’anticommuniste systématique. C
569
Dans un système totalitaire, par définition tout
se
tient. Il est parfaitement stupide, ou d’une insigne mauvaise foi, ou
570
istoire ! D’où l’on voit qu’un anticommuniste qui
se
veut « non systématique » n’est finalement qu’un anticommuniste incon
571
mieux dire, incohérent. On conçoit qu’il préfère
se
nommer progressiste. Ajoutons un dernier trait à la description forme
572
position qui n’implique une certaine position, on
s’
en tire en disant : celui qui est toujours contre, il faut bien qu’il
573
ticommuniste systématique estime qu’un homme peut
se
tromper sans être à cela matériellement déterminé par l’argent de la
574
unistes étaient gouvernés depuis trente ans soit (
s’
il fallait en croire Staline) par une majorité de traîtres et d’espion
575
stes et socialistes, dont pourtant les régimes ne
se
justifiaient pas au seul nom de l’émancipation prolétarienne ; et que
576
payées par les Américains, etc. ; ni à l’écrire,
s’
ils ne le croyaient pas. Que se passe-t-il aujourd’hui ? Quel est le «
577
. ; ni à l’écrire, s’ils ne le croyaient pas. Que
se
passe-t-il aujourd’hui ? Quel est le « profond changement » introduit
578
écèdent, et sa confirmation héroïque et sanglante
s’
inscrit dans les émeutes ouvrières et dans la Résistance intellectuell
579
aire nos PPC ? Proclamer que nous avions raison ?
S’
excuser de leurs calomnies ? Se frapper la poitrine ? Avaler leur styl
580
us avions raison ? S’excuser de leurs calomnies ?
Se
frapper la poitrine ? Avaler leur stylo ? Rien de tout cela, jusqu’ic
581
le manière prescrite et limitée, n’est pas encore
se
libérer en obéissant. Cela peut être aussi bien asservir davantage. J
582
e. M. Fejtö me dira qu’il ne me visait pas, qu’il
s’
étonne même que je me sois cru visé. On lui demandera des précisions,
583
e peuvent-ils faire, au lendemain du XXe congrès,
s’
ils sont honnêtes ? Ils invoquaient le bien de la classe ouvrière. C
584
rcé, ou niaient leur existence, ou les deux, cela
s’
est vu. Leurs mandarins disaient : « Taisons-nous sur les camps : nous
585
obéi dans les deux cas ? De quoi donc devrait-il
s’
excuser ? Nos censeurs de l’anticommunisme n’ont pas tous atteint ce d
586
d’une indéniable consistance psychologique. Ça ne
se
guérit pas en un jour. Tous leurs mots, groupes de mots, et tabous :
587
olonté des masses, mouvement de l’histoire, etc.,
se
tenaient entre eux dans leur mythologie, mais ne collaient plus à rie
588
auche » et les contenus. Elle commandait ainsi de
se
taire sur les camps, ou de les mettre au crédit de la « vraie » démoc
589
is le contraire de ce qui est, donc de mentir. On
se
tromperait en croyant que j’instruis un procès : il s’agit simplement
590
omperait en croyant que j’instruis un procès : il
s’
agit simplement de poser un diagnostic. L’indignation morale reste san
591
qu’ils existent, n’est pas de celles dont on peut
se
tirer par un raisonnement plus correct, ni par un supplément d’inform
592
-play à l’adresse d’adversaires intellectuels. Il
s’
agit d’une « erreur » si longuement constituée, cohérente et condition
593
; attribuer du jour au lendemain tout le mal qui
s’
est fait sous Staline à un « culte de l’homme » qu’on se bornait à nie
594
fait sous Staline à un « culte de l’homme » qu’on
se
bornait à nier, mais qu’il faut à présent renier54 ; déclarer du jour
595
non pas à Paris ni à Rome, que l’on sache — pour
s’
excuser de n’avoir vraiment pas pu crier au fou du vivant de Staline…
596
directe, mais on laisse aux victimes le droit de
se
plaindre un peu, c’est nouveau, c’est la mode à Moscou… (Togliatti a
597
, mais Thorez est encore perplexe.) Où les choses
se
gâtent pour de bon, c’est quand on reçoit, en plus, l’ordre d’être au
598
re au commandement. Supposez que l’on obéisse. On
s’
efforce anxieusement de se montrer libre. Mais c’est perdu d’avance :
599
ez que l’on obéisse. On s’efforce anxieusement de
se
montrer libre. Mais c’est perdu d’avance : la liberté que l’on feint
600
ndiscuté. Supposez que l’on refuse d’obéir. On ne
se
libère pas pour autant. On affirme, en effet, un besoin d’esclavage q
601
critique prudente d’un argument de K. (Ce dernier
s’
en déclare enchanté : « J’étais sûr de mon vieux Togliatti »)55. Mais
602
ieux Togliatti »)55. Mais Thorez, Fils du Peuple,
s’
accroche au Père des peuples : il n’a pas liquidé ses complexes. Sa «
603
propres ailes » ? Non, car l’ordre voulait qu’on
se
déclare autonome en reniant le nom de Staline, mais qu’on se montre o
604
autonome en reniant le nom de Staline, mais qu’on
se
montre obéissant, d’une manière spontanée, aux plans remodelés de Mos
605
. Soit un chef absolu qui ordonne à ses sujets de
se
peindre le visage en rouge. Cela dure des années, sans problèmes : on
606
rouge. Cela dure des années, sans problèmes : on
se
borne à liquider ceux qui refusent de se peindre. Mais voici que le m
607
mes : on se borne à liquider ceux qui refusent de
se
peindre. Mais voici que le même chef, un beau jour, s’avise de déclar
608
indre. Mais voici que le même chef, un beau jour,
s’
avise de déclarer aux mêmes sujets : « À partir de demain, je l’ordonn
609
d’obéir comme des brutes ! » Aussitôt la panique
se
répand dans les cœurs. L’opinion publique, engourdie, hésite à trahir
610
onc, sans trop réfléchir, essaie comme il peut de
s’
en tirer. La plupart se peignent en vert, mais plusieurs en violet ou
611
r, essaie comme il peut de s’en tirer. La plupart
se
peignent en vert, mais plusieurs en violet ou en rose. Quelques-uns r
612
n rose. Quelques-uns restent rouges, et l’on peut
se
demander s’ils n’ont rien trouvé de mieux, ou s’ils tentent de préven
613
ques-uns restent rouges, et l’on peut se demander
s’
ils n’ont rien trouvé de mieux, ou s’ils tentent de prévenir les vœux
614
se demander s’ils n’ont rien trouvé de mieux, ou
s’
ils tentent de prévenir les vœux secrets du chef qui les met à l’épreu
615
qui les met à l’épreuve. Cependant, deux ou trois
se
débarbouillent la figure et décident de quitter le pays. La question
616
e et décident de quitter le pays. La question qui
se
pose est celle-ci : les sujets n’ont-ils fait qu’obéir une fois de pl
617
sont-ils enfin devenus libres ? Réponse : Il faut
se
laver, si l’on veut être libre. Refuser toute espèce de couleur. Tell
618
des peuples était « vrai » au nom de l’Histoire,
s’
exprimant par la bouche du Parti. Mais dire que le despote était fou,
619
du Parti. Mais dire que le despote était fou, en
se
fondant sur l’observation, c’était « faux » parce que cela desservait
620
ement de l’Histoire, qui, par définition, ne peut
se
tromper, puisque c’est lui qui détermine la « vérité ». Le rapport K.
621
spontanément » qu’à partir d’aujourd’hui Staline
se
trompait hier, en même temps qu’on suggère que K. peut se tromper. En
622
ait hier, en même temps qu’on suggère que K. peut
se
tromper. Entre les deux, où se place l’infaillibilité ? Qui, désormai
623
uggère que K. peut se tromper. Entre les deux, où
se
place l’infaillibilité ? Qui, désormais, en sera le vrai porteur ? Fa
624
le troisième blasphème…). Car l’erreur a bien dû
se
glisser quelque part ; elle est là et on l’a reconnue ; et pourtant,
625
elle est là et on l’a reconnue ; et pourtant, il
s’
agit de limiter les dégâts… Mais que devient alors la fameuse cohérenc
626
ème, et les risques sont graves. Car ou bien tout
se
défait ; ou les « crimes de Staline » apparaissent comme le fait du s
627
e vaut rien dans ce cas ; mais alors à quel saint
se
vouer ? Les difficultés singulières dont on vient de relever quelqu
628
e des Églises. Elles font voir à quel point le PC
se
distingue de tout autre parti totalitaire, limité à une seule nation
629
PC étrangers, faute d’une rapide reprise en main,
se
détachent bel et bien du Kremlin, nolens volens, un jour ou l’autre,
630
prévus. Or, une reprise en main ne pourrait guère
s’
opérer que dans le style que le Kremlin vient de condamner, et, s’il l
631
s le style que le Kremlin vient de condamner, et,
s’
il l’a condamné, c’est qu’il y était forcé. La dialectique, encore un
632
la Chine en Asie ? Supposez, au surplus, qu’elle
se
soit avisée que la condition prolétarienne en Occident ne sera pas su
633
rait avant tout la capitale d’un État désireux de
se
stabiliser, d’élever son niveau de vie, de rattraper l’Amérique et de
634
commerce comme les autres. Un tel État tendrait à
se
débarrasser des entraves dogmatiques et de ceux qui les vénèrent… À s
635
qu’il dit ? Un jour viendra, sans doute, où l’on
s’
apercevra que l’adjectif « communiste », en URSS, ne signifie plus aut
636
stoire », — comme le sont dès maintenant ceux qui
s’
accrochent encore à l’utopie marxiste, plus lente que la technique… Ma
637
personnes, d’idées, d’informations et de produits
se
multiplient déjà et ne s’arrêteront plus. Qu’adviendra-t-il de ces éc
638
rmations et de produits se multiplient déjà et ne
s’
arrêteront plus. Qu’adviendra-t-il de ces échanges d’idées, si les Rus
639
-t-il de ces échanges d’idées, si les Russes, qui
se
forment aux sciences, croient de moins en moins au Diamat, dans le mê
640
à la lettre. A et B, tous deux hommes politiques,
se
rencontrent au club pour un échange d’idées. Au terme de la discussio
641
B, tandis que B a convaincu A. Le moment délicat
se
présente à mi-chemin : A (ou B) à moitié convaincu, que peut-il oppos
642
nsemble d’un Occident auquel l’URSS, par là même,
se
verrait intégrée. Encore faut-il vouloir une paix vraiment vivante, j
643
s qui exigent des hécatombes de vies humaines, et
s’
accommodent d’un niveau d’existence matérielle si bas, qu’il provoque
644
la personne. 46. « Plus on est de fous, moins ça
se
voit », pourrait au mieux me répondre K. 47. « Avec la démocratie in
645
dans ces amas le choix du bon et du mauvais, mais
se
renierait s’il prétendait les accepter ou rejeter en bloc. L’inverse
646
le choix du bon et du mauvais, mais se renierait
s’
il prétendait les accepter ou rejeter en bloc. L’inverse est vrai dans
647
se est vrai dans le cas du bolchévisme russe, qui
se
veut essentiellement « monolithique », ainsi que K. ne cesse de le ré
648
le laisse gagner sa vie comme il peut. » Mais il
se
plaint, dans le même article, des procédés dont use à son égard L’Obs
649
qui j’ai eu de l’amitié, et ce n’est pas ma faute
s’
il suffit de le citer pour faire mesurer les ravages, dans un esprit q
650
our faire mesurer les ravages, dans un esprit qui
se
veut honnête, de l’anti-anticommunisme. 51. François Fejtö, article
651
s Soviétiques, alors que le contraire serait vrai
s’
il s’agissait de l’orthodoxie religieuse des Russes. z. Rougemont De
652
iétiques, alors que le contraire serait vrai s’il
s’
agissait de l’orthodoxie religieuse des Russes. z. Rougemont Denis d
653
de vous mêler de mes affaires B. Je croyais qu’il
s’
agissait d’un barrage, que c’était une affaire, et votre affaire d’abo
654
tale exige qu’on riposte à Hitler quand elle voit
se
dresser Nasser. Au vrai, ces hommes n’ont en commun que les réactions
655
le route des Indes par le cap de Bonne-Espérance,
s’
étonnera de rencontrer à Calicut les Égyptiens et les Chinois « unis c
656
ent maritime domine le monde. Mais que l’Occident
se
divise et que l’islam relève la tête, aussitôt le canal de Suez se vo
657
l’islam relève la tête, aussitôt le canal de Suez
se
voit de nouveau menacé d’ensablement. Telles sont les données milléna
658
RSS entre deux politiques Quand la Russie veut
se
rapprocher de l’Occident, elle déplace sa capitale vers la mer. Quand
659
itante. Depuis la mort de Staline, elle tendait à
s’
ouvrir au commerce, à la liberté des échanges, au progrès dont le Cana
660
Certes, le « monde arabe » est encore faible,
s’
il crie fort. Mais il peut couper les pipe-lines : il tient donc sous
661
s d’énergie de l’Occident. Si le verrou islamique
se
referme, l’Occident pourra-t-il réagir comme fit l’Europe de la Renai
662
pêche que nous sommes seuls à relever un défi qui
s’
adresse à tout l’Occident. B. Vous êtes seuls — et l’on sait pourquoi
663
— à proclamer que vous faites ainsi, mais rien ne
se
passe. C et D. C’est qu’il y a tous les autres ! Il fallait bien, Mon
664
t vous ? merci. Tout germe et tout bourgeonne. On
se
croirait au printemps ! Voici les faits. Adenauer, à Bruxelles, a dit
665
elles, a dit tout l’essentiel : que l’Europe peut
se
faire demain et qu’elle le doit, non point pour éviter certains désag
666
aragat… S. C’est donc sérieux ? Les grands partis
s’
en mêlent ? Mais dites-moi, c’est intéressant ! B. Plus ou moins. S. M
667
curieusement inaperçue, c’est celle qui vient de
se
tenir à Genève sur l’esclavage. Elle a pris connaissance du fait dive
668
r la capacité d’indignation des intellectuels qui
se
croient du côté du cœur. Ce demi-million d’esclaves n’est rien au reg
669
dont nul profane n’oserait encore douter qu’elle
se
place dans le sens de l’Histoire, moyennant le changement de signe di
670
e autant de morales fermées qu’il y a de nations,
s’
instituant les seuls juges du sens des quelques mots naguère encore un
671
iques à cause des deux. La sottise et la jalousie
s’
allient avec le masochisme, maladie spécifique des élites dans nos dém
672
évaut dans ce siècle. Bartók ne gagne pas de quoi
se
payer la clinique et il en meurt, mais les virtuoses qui jouent ses c
673
tout cela. On voulait dire sans doute que « cela
s’
explique » ? Mais expliquer un phénomène social n’est pas encore le ju
674
oir où il allait », mû par des songes insensés et
se
trompant dans ses calculs de la largeur d’un océan, mais nos moralist
675
ui n’est qu’un rêve encore pour cette génération,
se
réalise au xxe siècle, quels motifs bien précis, bassement utilitair
676
quitte à les affamer ou à subir leur révolte. Il
se
peut qu’il en crée d’autant plus qu’il est moins sûr de leur fidélité
677
tes astronomiques. Et quant à la coexistence, qui
se
révèle malaisée dans le siècle, on ira la chercher dans un temps qui
678
ante, concrétisée en forme de ballon de football.
S’
il revient sur la Terre dans vingt ans, il n’y trouvera plus de rideau
679
d fondamental du rêve et du réel. Qui n’a rêvé de
se
transporter en un clin d’œil aux antipodes, ou simplement aux lieux d
680
Fin du Monde. En fait, on nous assure59 que cela
se
passe bien ainsi, à chaque instant depuis que le monde est monde, c’e
681
us vieilles cosmogonies religieuses : le monde ne
s’
est manifesté dans ses apparences matérielles qu’à la faveur de son re
682
pendance d’un peuple ou d’un groupe de nations ne
se
défendra plus sur ses frontières, comme l’imaginent encore tous nos p
683
x en retraite, mais bien dans les laboratoires où
s’
inventent de nouvelles sources d’énergie. Le vrai problème nouveau se
684
nous tous Européens ! Et pas seulement à ceux qui
se
trompaient et voulaient à tout prix nous tromper depuis dix ans : il
685
’espoir, au-delà de nous-mêmes et de nos fautes !
S’
ils mentent encore — et pourquoi cesseraient-ils ? — la révolte n’est
686
s triomphes du juste et du vrai ? Pourtant Hitler
s’
est suicidé dans la débâcle, Mussolini a été fusillé, Staline et Beria
687
t pour l’Europe. » Cette Europe qui aurait pu, en
s’
unissant plus tôt, cette Europe qui pouvait, en rassemblant ses forces
688
les paroles ne suffisent pas contre les tanks, on
s’
en doutait, mais les tanks ne s’ébranlent pas d’eux-mêmes, ils obéisse
689
tre les tanks, on s’en doutait, mais les tanks ne
s’
ébranlent pas d’eux-mêmes, ils obéissent à des paroles. Et cette révol
690
les esprits, provoquer quelque sens de l’honneur,
s’
il en subsiste encore chez ceux qui approuvent ce crime. Quelle est l’
691
leur faire prendre conscience de ce qui vient de
se
passer, et de l’infernale logique du régime qu’ils approuvent. Ce n’e
692
l’obliger à sentir qu’une limite est atteinte, à
se
demander, fût-ce un instant, s’il ne l’aurait pas dépassée. (Traduit
693
e est atteinte, à se demander, fût-ce un instant,
s’
il ne l’aurait pas dépassée. (Traduit l’appel des écrivains hongrois e
694
urd’hui ? Cela paraît dément, ou stupide. Mais il
s’
agit plutôt des contorsions de leur mythomanie politique, subitement c
695
aise conscience qui a trouvé cette astuce dont on
se
demande si elle est plus indécente que pitoyable. A-t-on jamais « le
696
ente que pitoyable. A-t-on jamais « le droit » de
s’
indigner d’un crime ? Oui, disent-ils, à la seule condition d’avoir ét
697
é toute description du phénomène. Ce qui vient de
se
produire dans la conscience européenne — et dans elle seule, car l’Am
698
. Quand la vague retombera, on verra l’Europe nue
se
lever lentement, mesurer le péril à la grandeur de notre humiliation,
699
’unité. Dimanche 11 novembre 1956 L’Europe
se
tait… Honte à cette Europe silencieuse Et qui n’a pas conquis sa libe
700
ul continues à combattre… Liberté, que ton regard
s’
abaisse sur nous, Reconnais-nous ! Reconnais ton peuple ! Alors que d’
701
sage qu’aux dépens des démocraties. Sa machinerie
s’
enraye dès qu’il faudrait se tourner non plus contre l’Europe mais con
702
raties. Sa machinerie s’enraye dès qu’il faudrait
se
tourner non plus contre l’Europe mais contre ses ennemis. Elle n’a mê
703
l’énergie magyare passe dans notre sang ! J’ai vu
se
lever, depuis quelques semaines, une génération qui a compris. C’est
704
Sur Voltaire (février 1957)ae
S’
il m’arrive, à Paris, d’appeler mon domicile, qui est à Ferney-Voltair
705
épartement ? », etc. Cela prend du temps, et cela
se
répète depuis neuf ans que je me suis arrêté dans cette ferme, au pie
706
y faisait ses Pâques, non sans ostentation, et ne
se
privait pas de haranguer le bon peuple à la sortie de la messe, en vi
707
es œufs, du lait, des fruits. Une jeune fille qui
se
tient au milieu d’eux, porteuse d’une corbeille fleurie, figure « le
708
de New York, de l’Inde ou de l’Afrique. Ils vont
se
poser derrière le bois tout proche, qui assourdit tout d’un coup leur
709
tiques. Tout est démodé dans ce pamphlet, si l’on
s’
en tient à son prétexte et à sa lettre. Tout redevient actuel si l’on
710
jésuite et aux deux missionnaires protestants qui
se
sont disputés devant lui : « Si vous voulez qu’on tolère ici votre do
711
e — commenceront-ils à redevenir des fascistes et
se
verront-ils exclus du mouvement de l’Histoire ?) Voici enfin sur le S
712
tut est contraire aux lois du Royaume, on ne peut
s’
empêcher de dissoudre leur Compagnie, et d’abolir les jésuites pour en
713
et que l’on recherche, en tous les cas divers qui
se
présentent, non seulement si le PC pâtirait réellement de l’interdict
714
uverait de réels avantages, outre celui de ne pas
se
faire massacrer quand elle demande du pain, la paix, la liberté, et s
715
isse. Et voici qu’on en parle même en France. Que
se
passe-t-il donc ? Dans la confusion générale, qui est celle où s’élab
716
nc ? Dans la confusion générale, qui est celle où
s’
élaborent habituellement les notions vagues et puissantes, comme « neu
717
, donc à choisir la politique de l’URSS. Celle-ci
s’
étant déshonorée, sans que les États-Unis s’honorent d’autant, une vra
718
le-ci s’étant déshonorée, sans que les États-Unis
s’
honorent d’autant, une vraie neutralité devient concevable, aux yeux d
719
inces occupées. Beaucoup de Suisses et de Suédois
s’
imaginent que leur neutralité les protégerait encore contre les Russes
720
-être refoulé, un motif d’un autre ordre hésite à
se
définir : c’est celui de certains « Européistes » qui se demandent si
721
nir : c’est celui de certains « Européistes » qui
se
demandent si l’union nécessaire n’exigera pas un jour pour se réalise
722
si l’union nécessaire n’exigera pas un jour pour
se
réaliser, c’est-à-dire pour rallier d’un seul coup toutes les forces
723
tions à ces faits, qui expliquent pourquoi l’idée
se
répand d’une neutralité de l’Europe. Mais ceux qui en parlent sont le
724
bles sans doute de la guerre froide. C’était pour
se
déclarer neutre entre un parti mondial soutenu par un énorme État, et
725
et le diagnostic ! Cette espèce-là de neutralité
s’
est traduite par les abstentions du délégué de l’Inde lors des votes d
726
victimes. On a vu ce jour-là que cette neutralité
se
réduit à la mauvaise foi. Mais s’agit-il vraiment de neutralité ? Guè
727
ette neutralité se réduit à la mauvaise foi. Mais
s’
agit-il vraiment de neutralité ? Guère plus que de paix dans le cas de
728
a Menon abusent du mot, non de la chose, dont ils
se
moquent. Il n’en va pas ainsi de la Suisse. Ce pays court le risque d
729
s intérêts d’un État composite, qui risquerait de
se
disloquer s’il prenait parti dans les luttes opposant des voisins imm
730
un État composite, qui risquerait de se disloquer
s’
il prenait parti dans les luttes opposant des voisins immédiats comme
731
ou, la conduirait en pleine absurdité : la Suisse
se
dirait neutre entre l’Europe, dont elle est une partie centrale, et l
732
esprit même de ses institutions. Au surplus, elle
se
suiciderait, d’une manière à vrai dire inédite : le suicide par sages
733
n État ou un groupe d’États peut avoir avantage à
se
déclarer neutre : 1°) s’il juge que la cause ou l’enjeu d’un conflit
734
ts peut avoir avantage à se déclarer neutre : 1°)
s’
il juge que la cause ou l’enjeu d’un conflit existant ou à prévoir n’i
735
o-allemandes, en ce qui concernait la Suisse) 2°)
s’
il juge que des raisons vitales d’ordre intérieur lui interdisent de p
736
arti militairement (l’union fédérale de la Suisse
se
serait disloquée en 1914, par exemple, les Romands tenant pour la Fra
737
pas en 1939 : tous d’accord contre Hitler) ; 3°)
s’
il se réserve de jouer en marge du conflit un rôle humanitaire, ou d’o
738
en 1939 : tous d’accord contre Hitler) ; 3°) s’il
se
réserve de jouer en marge du conflit un rôle humanitaire, ou d’offrir
739
es en Suisse en 1916-1917 et dès 1942) 4°) enfin,
s’
il a renoncé à tout esprit de conquête, parce qu’il est satisfait de s
740
st satisfait de son sort. Dans ce dernier cas, il
se
refuse à toute alliance militaire, craignant de se voir entraîné dans
741
e refuse à toute alliance militaire, craignant de
se
voir entraîné dans le jeu d’ambitions étrangères, au détriment de son
742
, au détriment de son indépendance. Il doit alors
se
mettre en mesure d’assurer tout seul sa défense. Au total : une neutr
743
oute agression par la volonté inconditionnelle de
se
défendre. Quant aux opinions, elles restent libres (en principe). Les
744
nt libres (en principe). Les échanges économiques
se
poursuivent dans la mesure du possible avec les deux camps. On échapp
745
te et limitée. En tant qu’attitude générale, elle
se
situerait à peu près entre l’égoïsme cynique et l’indifférence de l’a
746
e à toute l’Europe une neutralité « à la Suisse »
se
nourrit à la fois du désir défaitiste de tirer son épingle du jeu, et
747
des autres peuples, l’URSS et les USA pourraient
se
payer le luxe de se déclarer neutres et de se conduire comme tels. Ma
748
l’URSS et les USA pourraient se payer le luxe de
se
déclarer neutres et de se conduire comme tels. Mais, au fait, ne le s
749
ent se payer le luxe de se déclarer neutres et de
se
conduire comme tels. Mais, au fait, ne le sont-il pas ? Ils le sont,
750
et ne l’ayant pas en échec, ne peut le jouer sans
se
mettre en prise ». Littré ajoute, non sans sévérité : « Cette positio
751
ts, faute de pouvoir jouer62. Ce serait fort bien
s’
ils étaient seuls, s’il n’y avait plus sur l’échiquier que les deux ro
752
jouer62. Ce serait fort bien s’ils étaient seuls,
s’
il n’y avait plus sur l’échiquier que les deux rois, dès lors invulnér
753
pables de nous laisser prendre par simple peur de
s’
affronter. Il faudra réfléchir, pendant les semaines qui viennent, aux
754
ux suites possibles ou non de ce jeu délirant. Il
s’
agirait en somme d’imaginer les règles d’une partie d’échecs à trois r
755
imagine qu’une situation de double pat ne saurait
se
produire aux échecs sans l’aide de Lewis Carroll. af. Rougemont Den
756
s, réside dans l’existence des PC en Europe. Mais
se
déclarer neutres à cause d’un tel danger équivaudrait à escompter la
757
ité ne tient plus. 3. Le groupe d’États considéré
se
réserve un rôle humanitaire, ou d’intermédiaire bénévole entre les ca
758
n ne l’a pas attendu. La CECA et le Marché commun
se
contentent fort bien d’exister, même si Bevan persiste à les croire n
759
ces pays « pourront d’ailleurs rester communistes
s’
ils le veulent », ajoute-t-il sans rougir au lendemain de Budapest !)
760
de l’espoir d’une indépendance reconquise. Et qui
se
laissera convaincre de « désengager » les États satellites et l’Allem
761
ntion russe. Les troupes russes peuvent très bien
se
retirer de Varsovie, de Budapest, de Bucarest et de Leipzig, comme el
762
Budapest, de Bucarest et de Leipzig, comme elles
se
sont déjà retirées de Prague, sûres qu’elles sont de pouvoir y rentre
763
uvoir y rentrer sitôt que les régimes communistes
s’
y trouveraient gravement menacés. Selon le plan Bevan, il n’y aurait p
764
rmées (européenne, américaine ou nationales) pour
s’
opposer à ces remises au pas. Il n’y aurait que les bombes H américain
765
Quant aux « neutres » de l’Ouest, la question ne
se
pose pas. Imagine-t-on les USA venant « mettre au pas » une France, u
766
, les Six ne sont rien ; sans les Six, l’union ne
se
fera pas. Le vrai problème Si l’on revient au sérieux de la cho
767
ème Si l’on revient au sérieux de la chose, on
s’
aperçoit que la seule question concrète est l’indépendance de l’Europe
768
ut être indépendant pour rester neutre ou pouvoir
se
déclarer tel. Mais nous ne serons jamais indépendants si nous refuson
769
sons de nous fédérer. Ici, deux grandes questions
se
posent : 1° L’union faite, cette neutralité serait-elle « dans les vr
770
verraient dans une vraie neutralité l’occasion de
se
refaire une vertu sans changer trop visiblement de vocabulaire. Preno
771
ttirante que le service militaire national. (Même
s’
il est vrai que les jeunes sont facilement dupés, pourra-t-on leur cac
772
problèmes d’une partie d’échecs à trois rois. Il
s’
agit maintenant d’en prévoir les principales combinaisons et ouverture
773
cité massive, d’une évidence : l’Europe ne pourra
se
dire neutre, un jour à venir, que si d’abord elle a fait son union, c
774
— comme toute neutralité moralement acceptable —
se
devrait et devrait au monde d’être doublement limitée dans sa nature
775
ourraient survenir dans d’autres continents, et à
se
disposer en conséquence. 2. Si la trêve est rompue entre les deux blo
776
ité garantie par les USA. La coalition atlantique
se
reforme automatiquement. Elle englobe alors toute l’Europe, dont l’OT
777
is Rois garantit la neutralité des deux autres et
se
range automatiquement aux côtés de celui qui est attaqué. Ceci produi
778
Rois de l’Occident restant « cloués », le jeu ne
s’
en poursuit pas moins en Asie, en Afrique et dans le Moyen-Orient. Que
779
ivoque dont j’avais quelque idée qu’elle pourrait
se
dégager de l’exercice, une fois tirées au clair certaines données de
780
on, si les difficultés qu’elle a mises en lumière
se
voyaient au moins reconnues tant par les partisans que par les advers
781
e neutre et unie serait en meilleure posture pour
se
défendre contre l’URSS. b) Le véritable sens du mot neutralité, appli
782
et aux États-Unis. Elle signifierait un refus de
se
laisser manœuvrer par ces puissances, soit en marge de leur jeu bloqu
783
oit en marge de leur jeu bloqué, soit dans ce jeu
s’
il devait repartir. d) L’Europe neutre et unie devrait payer le prix d
784
, elle aurait retrouvé la puissance d’en user. Il
s’
agit là d’une situation typique de maxima contradictoires. L’optimum s
785
e maxima contradictoires. L’optimum serait en vue
s’
il était reconnu que cette limitation de l’esprit d’aventure correspon
786
teur oublié peut devenir décisif, telle hypothèse
se
révéler fausse. Ce qu’en revanche on ne voit pas du tout, c’est l’int
787
part lui. L’histoire récente de notre philosophe
se
résumerait alors en une série de propositions aussi simples en soi qu
788
uds qui affirmaient sans nul droit qu’elle devait
s’
exprimer par quelque chose comme Budapest, ce qu’elle a fait. En résum
789
e a tort, sauf un qui, n’écoutant que son devoir,
se
met à faire la leçon à tous. Les communistes ont tort parce qu’ils on
790
on d’avoir dit que la politique communiste devait
s’
exprimer normalement par Budapest — comme elle s’était « exprimée » pa
791
s’exprimer normalement par Budapest — comme elle
s’
était « exprimée » par Berlin et Poznań — ils ne sont pas dans le sens
792
de suivre Sartre depuis quelques années devaient
s’
attendre soit à ce qu’il justifiât Budapest, soit à ce qu’il fit précé
793
t du tort à la cause du Socialisme. Le Socialisme
se
voit donc substitué à toute autre fin politique, sociale, morale ou r
794
Mais qui incarne cette essence ? Sartre seul, qui
s’
est mis en situation de n’être reconnu comme camarade valable par aucu
795
aucun des partis, groupements ou groupuscules qui
se
réclament en fait du Socialisme. La seule victime des polémiques inte
796
s majeures de notre temps. » De plus fins que moi
s’
y sont laissé prendre, il est vrai. Mais mes deux censeurs se rejoigne
797
issé prendre, il est vrai. Mais mes deux censeurs
se
rejoignent dans une inquiétante découverte. « Je connais M. de Rougem
798
en général. Quant au premier, je crains qu’il ne
s’
inspire de Machiavel, qui écrivait au xvie siècle : Svizzeri, armatis
799
ècle : Svizzeri, armatissimi e liberissimi. Qu’il
se
rassure : le mouvement de l’Histoire nous a réduits à l’état de neutr
800
le Suisse Rougemont ne serait qu’un pléonasme. On
se
contentera du nom d’Européen. Tolérer l’intolérance ? Si l’on j
801
le communiste déclarait en 1920 : « Le Communisme
se
donne pour but l’abolition du parlementarisme. Il ne peut être questi
802
faut-il continuer la partie ? Le Parti communiste
s’
est toujours réclamé du socialisme, doctrine soucieuse de la défense d
803
le seul auquel on laisse le droit de tricher, en
se
réclamant du fair-play. Nous ne pouvons rien contre l’imposture gigan
804
uzanne Labin, Les Entretiens de Saint-Germain. On
se
tromperait en répétant que cet ouvrage demande l’interdiction du Part
805
lauses est fournie par les cris d’indignation qui
s’
élèvent de la presse communiste, au seul énoncé du projet. Il serait p
806
es sont plus forts que tout, le cri part, et l’on
s’
est trahi… Fort brillamment écrit d’un bout à l’autre, ce livre accroc
807
re en relief toutes les objections naturelles qui
se
présentent à l’esprit d’un libéral, et je crois bien qu’il n’est pas
808
ais il est visible que non ; et d’ailleurs, on ne
se
souciera de les appliquer que si l’idée d’un Code vraiment « gênant »
809
nd corps. C’est à quoi ce livre doit servir, même
s’
il irrite d’excellents libéraux. À ceux-ci l’on peut faire observer :
810
re corporation. Ils ont bien tort, d’ailleurs, et
se
trompent sur leur pouvoir au moins autant que l’homme de la rue. En e
811
lectuels mal famés. Mais logiquement la phrase ne
se
défend pas, comme on le voit en la transposant de cette manière : « L
812
s données et ne contribue guère à le résoudre. On
se
retourne alors vers les réalités qui sont censées intéresser les mass
813
commun entre cette volonté impérialiste d’un État
s’
imposant à tous les autres, et la volonté fédérale surgie spontanément
814
’Europe, il l’aurait dit avant Sainte-Hélène. Et,
s’
il l’avait dit, il aurait eu tort car de son temps rien ne menaçait l’
815
ements de résistance de tous nos pays envahis que
s’
est nouée l’idée d’une fédération libre, mettant fin tout d’abord aux
816
dé sportif du handicap. Partout où le libéralisme
s’
y refuse, appliquant ses principes aveuglément, il joue le jeu de l’en
817
ins, des statues sur un fond de ruines antiques ;
s’
il s’agit de la Suisse, des yodleurs. Le tourisme prétend « promouvoir
818
des statues sur un fond de ruines antiques ; s’il
s’
agit de la Suisse, des yodleurs. Le tourisme prétend « promouvoir une
819
Et je doute, une fois de plus, qu’il soit bon de
se
connaître, que les échanges entre les peuples aident les hommes à se
820
es échanges entre les peuples aident les hommes à
se
mieux comprendre, que la compréhension crée l’amitié, et que l’amitié
821
inutes d’un canton à un autre. Leurs habitants ne
se
connaissent guère entre eux. S’aimeraient-ils davantage en se mêlant
822
eurs habitants ne se connaissent guère entre eux.
S’
aimeraient-ils davantage en se mêlant ? Le pâtre yodleur d’Appenzell n
823
nt guère entre eux. S’aimeraient-ils davantage en
se
mêlant ? Le pâtre yodleur d’Appenzell n’a jamais vu l’industriel racé
824
eine imaginable, ils n’auraient pas grand-chose à
se
dire, à supposer qu’ils trouvent une langue commune. Cela n’empêche p
825
araît certaine : ce ne sont pas les plus gais qui
s’
en vont. Mais chercher si ce sont les plus durs, les plus mous, les pl
826
en de gouverner sans résoudre la crise et même en
s’
appuyant sur elle. Mais ce n’est pas du devenir soviétique que dépend
827
sort de l’Europe, la menace d’une guerre générale
se
trouvant désormais neutralisée par la terreur de mettre en œuvre ses
828
n’en est plus la peur. Qu’elle réussisse ou non à
se
démocratiser par les moyens de la tyrannie, qu’elle prospère ou se ru
829
ar les moyens de la tyrannie, qu’elle prospère ou
se
ruine à force de corriger ses gaffes par des massacres, ses crimes pa
830
des slogans, et ses déficits par des purges, elle
s’
est mise étrangement en marge du grand jeu. Ou disons plutôt que le vr
831
rtielle seulement, de la nôtre. Car l’Europe a su
se
défendre, depuis un siècle et demi, tant bien que mal il est vrai, co
832
ils préfèrent qualifier d’adaptation sociale. Ils
se
sont mis hors d’état de sentir ou même d’identifier les éléments du d
833
Mais l’affaire a mûri, dans les esprits, tout en
se
détériorant dans les rues et les douars, et dans l’opinion vague qu’o
834
ation de la France. Il est temps que les Français
se
regroupent, face à la convergence de ces attaques, et qu’ils cessent
835
colonialiste » que d’autres que le drame algérien
s’
est noué. Ce n’est pas une politique de gauche ou de droite ou de nouv
836
re et du nom même des réalités en présence. Il ne
s’
agit donc pas d’internationaliser (comme on dit) l’affaire algérienne,
837
erait la France injustement et vainement. Mais il
s’
agit de reconnaître que l’affaire algérienne n’est plus (si elle le fu
838
e, fût-il de « l’opinion mondiale ». Qui pourrait
se
charger d’élaborer cette politique de civilisation ? Elle demande un
839
et de l’Afrique du Nord, politique et religieuse,
se
réunissent pour définir et confronter leurs buts de paix, leurs possi
840
que de ses défauts traditionnels, pouvait laisser
se
poser et comme s’exemplifier dans toutes ses vraies complexités humai
841
traditionnels, pouvait laisser se poser et comme
s’
exemplifier dans toutes ses vraies complexités humaines. L’Amérique sa
842
uoi je suis Européen (octobre 1957)ak L’Europe
se
fait. La petite Europe des Six qui, d’ailleurs, compte autant d’habit
843
jà peur. Bon début, disent les autres, si l’on ne
s’
arrête pas là. Il est clair que l’Europe des Six n’est qu’un moyen. La
844
n, c’est l’union fédérale de tous les peuples qui
se
reconnaîtront les héritiers d’une même culture embarqués dans la même
845
que l’Europe existe pour eux, que la nécessité de
s’
unir les concerne et que l’avenir de cette union s’inscrit dans les do
846
’unir les concerne et que l’avenir de cette union
s’
inscrit dans les données de leur dessein personnel. Deux Français parl
847
dame. Ces hordes de barbares aux mollets nus qui
se
promènent sur Saint-Marc un regard ébaubi et des jugements réprobateu
848
rd ébaubi et des jugements réprobateurs devraient
se
voir retirer leur permis de voyager. Ils salissent tout. Mais notez q
849
hoque l’esthète, je la trouve si touchante ! Elle
s’
amuse, elle s’instruit, elle se fait des souvenirs, elle apprend à con
850
e, je la trouve si touchante ! Elle s’amuse, elle
s’
instruit, elle se fait des souvenirs, elle apprend à connaître l’étran
851
i touchante ! Elle s’amuse, elle s’instruit, elle
se
fait des souvenirs, elle apprend à connaître l’étranger… R. — Je dema
852
asse, notez-le bien. Presque toutes les mondaines
se
verront recalées. A. — La prétention révèle un manque d’éducation, c’
853
duquer, c’est donner au jeune homme les moyens de
se
libérer du conformisme, du nombre et de ses lois, de l’égalitarisme e
854
u’il est seul au monde à juger bon pour lui (même
s’
il se trompe) et cela contre l’avis de la majorité ; elle est incompét
855
est seul au monde à juger bon pour lui (même s’il
se
trompe) et cela contre l’avis de la majorité ; elle est incompétente
856
la majorité ; elle est incompétente dans son cas,
s’
il est vraiment quelqu’un et s’il veut le prouver. Éduquer, c’est appr
857
ente dans son cas, s’il est vraiment quelqu’un et
s’
il veut le prouver. Éduquer, c’est apprendre à distinguer. C’est appre
858
, c’est apprendre à distinguer. C’est apprendre à
se
distinguer. C’est donc un acte antidémocratique. A. — Vous faites du
859
e, le droit d’opposition, etc. A. — Mais les gens
se
moquent de l’étymologie. Ils entendent par démocratie tout autre chos
860
lle il suffit qu’un régime apparaisse périmé pour
s’
y rallier. Mais on ne retiendra de notre système actuel que quelques p
861
. Tout le pouvoir aux élites véritables ! Mais il
s’
agit de les former, non de les élire. A. — Je persiste à penser que l’
862
du procédé. Il me paraît fort expédient quand il
s’
agit de se prononcer sur une personne, entre hommes d’une qualité sens
863
é. Il me paraît fort expédient quand il s’agit de
se
prononcer sur une personne, entre hommes d’une qualité sensiblement é
864
une élite ; on ne peut que la former, la laisser
se
dégager, la reconnaître et puis la respecter. En revanche, l’élite se
865
rates eux-mêmes en limitent les dégâts. Dès qu’il
s’
agit de quelque chose de sérieux, j’entends qui les passionne ou que l
866
sur deux, proportion jusqu’ici tolérable. Mais il
se
peut que la société de demain exige une précision plus grande. On ne
867
n’y puis rien, ni vous non plus. D’ailleurs, cela
se
pratique déjà. Un gallup poll perpétuel donnera l’image exacte de l’o
868
du « Guillaume Tell » de Rossini. Les rois déchus
s’
attablent chez « Quadri », et les régimes de tous les temps promènent
869
française fait ses délices. À les en croire, tout
se
décompose : la société, le régime, l’homme lui-même. Les uns dénoncen
870
prix. C’est le pont aux ânes de l’avant-garde qui
se
donne pour telle, la seule sans doute que vous lisiez. Je ne vois rie
871
u Mitterrand, qui ne vont pas voir ces pièces ou,
s’
ils allaient, les trouveraient révoltantes ou en tout cas pointless. N
872
aise en Amérique… R. — J’en déduis que votre pays
se
franciserait plus facilement que la France ne s’américanise. Vous nou
873
se franciserait plus facilement que la France ne
s’
américanise. Vous nous donnez des recettes de bonheur digéré qui nous
874
aisse, mais je vous conseille de laisser cela qui
se
voit et se discute à Paris, et que l’on y « présente » aux visiteurs.
875
je vous conseille de laisser cela qui se voit et
se
discute à Paris, et que l’on y « présente » aux visiteurs. La vraie v
876
, qui auraient leur place dans toutes les listes,
s’
il s’agissait d’un palmarès. J’ai choisi quelques noms qui vous décriv
877
auraient leur place dans toutes les listes, s’il
s’
agissait d’un palmarès. J’ai choisi quelques noms qui vous décrivent u
878
ement de ces écrivains français qui vaut que l’on
s’
étonne. Voyez Paulhan, rien n’est plus jeune que sa manière de provoqu
879
ns, par un paradoxe au carré. Voyez Breton qui ne
se
lassera jamais de découvrir mages et mystiques de tous les temps mis
880
traire du cynisme. Voyez Morand, voyez Giono, qui
s’
étaient illustrés en créant leur manière, la quitter subitement pour r
881
sont fondées que sur un refus de principe, qu’ils
se
gardent bien d’exprimer. Théâtral et crispé, un communiste français a
882
néral ? Une progressiste, appuyant le communiste,
se
plaint que l’Europe ne se fasse que « par en haut », ce qui n’est pas
883
appuyant le communiste, se plaint que l’Europe ne
se
fasse que « par en haut », ce qui n’est pas démocratique. — C’est vou
884
les droits aux antilibéraux et à eux seuls, même
s’
ils défendent les libertés. (Car il peut arriver que la dialectique le
885
ère année qui commettrait une erreur si grossière
se
verrait recalé sans merci. Mais la passion de ne pas sauver l’Europe
886
que nos divisions nous empêchent de résoudre ? 2°
S’
il y a problème, et si vous refusez les mesures concrètes que les « Eu
887
ié de ces nations ont moins de cent ans et toutes
se
proclament éternelles. C’est peu croyable. Les maladies aussi existen
888
la droite, la droite dit que c’est la gauche qui
s’
y opposerait, selon les pays. Facteur commun : lâcheté devant l’opinio
889
la consulter. 4. — Non, car l’Europe ne peut pas
se
faire sans les Anglais. (Cas particulier du précédent.) Mais les Angl
890
une Europe qui ne serait pas déjà faite, quitte à
se
plaindre, alors, qu’on les en a exclus. 5. — Non, car l’Europe est co
891
pas l’Europe, disent les fédéralistes. Et chacun
se
renfrogne, et le problème subsiste, mais tous ont leur raison de refu
892
s ont leur raison de refuser leur concours, comme
s’
ils n’étaient pas embarqués… II. — « Pourquoi je suis Européen »
893
européistes ont passé par ces stades et beaucoup
se
sont arrêtés à l’un ou à l’autre. D’où trois ou quatre écoles, dont v
894
e, si les Français et les Allemands décidaient de
se
battre demain, ils ne pourraient plus le faire qu’à coups de bâton. D
895
l’échelle mondiale. Et trois tendances maîtresses
se
sont diversifiées au cours de ces dernières années. 2. Il faut des in
896
ogiques, traditionnels ou soi-disant économiques,
s’
opposent à l’union nécessaire. Pour les tourner (seule solution pratiq
897
est de longue haleine et le temps presse. Rien ne
se
fera sans l’esprit, mais sera-t-il assez prompt dans son effort pour
898
ne peut faire tout à la fois. Je voudrais qu’ils
se
demandent un instant ce qu’on peut faire de sérieux sans fédérer d’ab
899
ébahissement : l’un des plus grands du siècle qui
se
voit le mieux servi de toute l’histoire à cet égard. On a beau dire q
900
facteur important de l’histoire, mais quand elle
s’
appuie sur « la Science », elle devient proprement irrépressible et ba
901
’élimination terrestre du régime, auquel on verra
se
convertir aussitôt les derniers bourgeois indécis. Sur l’absence d
902
ès méritée pour le spoutnik, de même que celui-ci
s’
est séparé des éléments de sa fusée de lancement. Il eût fallu multipl
903
e savent pas et ne veulent pas former. Eppur,
se
muove ! — Des amis me retiennent par la manche : — Avouez, disent-il
904
nt-ils, que l’anticommunisme a trompé le monde et
s’
est trompé lui-même, en répétant que le régime soviétique stérilisait
905
n ; là, le rêve compensateur. De quoi faudrait-il
s’
étonner ? Lorsque je vins déranger Marcel Duchamp, tout absorbé par un
906
iminations moins visibles mais plus fondamentales
s’
opèrent : le régime des kolkhozes s’esquive sans bruit (254 000 en 195
907
fondamentales s’opèrent : le régime des kolkhozes
s’
esquive sans bruit (254 000 en 1950, 87 000 en mars 1956) ; la central
908
Dans le même temps, les satellites mis au pillage
se
révoltent. Leurs ouvriers et leurs paysans se dressent contre Moscou
909
age se révoltent. Leurs ouvriers et leurs paysans
se
dressent contre Moscou au nom du socialisme. Leurs étudiants, leurs é
910
générations qu’il avait seul formées. Le Kremlin
se
rattrape au ciel : ses spoutniks sont les seuls satellites qui ne men
911
sont les seuls satellites qui ne menacent pas de
se
révolter. « Pie in the sky, bye and bye », voilà ce que le régime pro
912
é, cette fois-ci, la trêve des confiseurs : il ne
se
passe jamais rien dans le monde entre le 24 décembre et le 2 janvier,
913
elles, et qu’aux yeux de l’homme de la rue, il ne
se
passerait plus rien dans le monde. En termes très voisins, un peu plu
914
r, il devient difficile de le réfuter. Comment
se
fait une nouvelle ? — Car il se passe à chaque seconde d’un temps thé
915
futer. Comment se fait une nouvelle ? — Car il
se
passe à chaque seconde d’un temps théoriquement simultané sur toute l
916
e les faits (au point qu’il n’y en a plus si elle
se
met en grève) mais encore elle les influence ou parfois même les déte
917
e pratiquement la presse et la radio, à quoi tout
se
réduit au bout du compte. Car c’est bien compte tenu de ces informati
918
ar c’est bien compte tenu de ces informations que
se
décide la politique de nos États ; que votent les parlements et même
919
s et même parfois les peuples ; et que l’Histoire
s’
écrira demain. L’irréalité de ce siècle provient de ceci que la « réal
920
ours de Churchill, à Zurich. En vérité, Churchill
s’
était borné à conseiller l’union de la France et de l’Allemagne, l’Ang
921
Une année plus tard, à Montreux, les fédéralistes
se
rassemblent, répondant à l’appel de groupes de résistants de droite e
922
, Montreux ne devint pas un « fait ». En mai 1948
s’
ouvre à La Haye le premier Congrès de l’Europe. Seize Premiers ministr
923
elle « construit » à l’avance un autre fait, qui
se
produit enfin sous la forme d’un échec. Les conclusions que le monde
924
sérieuse, de ce qui sera vendable ou non. Elle ne
se
trompe qu’une fois sur deux. À ce taux, elle pourrait aussi bien s’of
925
ois sur deux. À ce taux, elle pourrait aussi bien
s’
offrir une politique, sans rien y perdre. Mais le masochisme incline r
926
ce serait rassurer le lecteur. Mais les journaux
se
vendent mieux en temps de crise. Apprendre à lire. — Les correspon
927
ion toute naturelle d’ailleurs, si l’on veut bien
se
rappeler qu’apprendre à lire à tous ne sert qu’à préparer des lecteur
928
trop souvent légers ou sans scrupules, dès qu’il
s’
agit de quelque problème brûlant que leur journal veut qu’ils tranchen
929
uelle, qu’on prétend surtout financière ? M. Berl
se
plaint d’une étrange absence d’éléments d’appréciation, faute desquel
930
er la lutte ? J’attends le commentateur qui osera
se
taire jusqu’à ce qu’il soit certain de savoir ce qu’il en est. Mais j
931
e si les faits ne comptaient pas, ou pire : comme
s’
il était suspect de s’en soucier. — Quoi ? nous parler de chiffres qua
932
taient pas, ou pire : comme s’il était suspect de
s’
en soucier. — Quoi ? nous parler de chiffres quand il s’agit de morale
933
oucier. — Quoi ? nous parler de chiffres quand il
s’
agit de morale ? On voit bien votre jeu, monsieur. Vous essayez de dét
934
ne sont pas éloquentes. Et ceux qui les cultivent
se
voient bientôt conduits dans un ordre d’action où ce n’est plus la de
935
sons, collines, perdent le seul relief où pouvait
s’
attacher l’amour. Notre émotion devant les paysages de la Terre, qu’es
936
uelques minutes tant de destinées minutieuses qui
s’
entrecroisent au ras du sol, nous passons lentement dans la nuit des h
937
parmi des milliards d’autres points éphémères qui
s’
animent un instant et s’annulent dans ce recoin perdu de l’univers. To
938
tres points éphémères qui s’animent un instant et
s’
annulent dans ce recoin perdu de l’univers. Tout s’est tu dans notre c
939
’annulent dans ce recoin perdu de l’univers. Tout
s’
est tu dans notre cabine. Si l’avion continuait vers l’espace infini ?
940
rveilles de l’âge cosmique. Plusieurs expéditions
se
sont rendues sur Mars et sur Vénus. Les voyages dans la Lune sont dev
941
évision est la plus optimiste. On me dira qu’elle
se
fonde sur du wishful thinking. Mais si nous ne sommes pas « découvert
942
celle des Européens : celui qui vient d’ailleurs
s’
assure immédiatement un avantage qu’il gardera longtemps, sinon toujou
943
ne patrie. Ce sentiment d’appartenance passionnée
se
manifeste d’ordinaire au moment où l’individu s’écarte de son groupe
944
se manifeste d’ordinaire au moment où l’individu
s’
écarte de son groupe natal, ou le voit attaqué et spolié. Comme la con
945
moins de pudeur à rompre certains liens, et cela
se
comprend. D’où leur « avance technique » incontestée. Mais la science
946
ir que le présent. On peut même dire que l’Utopie
se
définit comme un système sans avenir. Car ainsi que l’a bien vu Toynb
947
L’art de voler ne fait encore que de naître ; il
se
perfectionnera, et quelque jour on ira jusqu’à la Lune. » Il prévoit
948
déjà nous ne sommes plus en Utopie : la prévision
se
veut scientifique, comme elle le sera chez un Jules Verne, si la psyc
949
dbury, un Sturgeon, c’est une métapsychologie qui
s’
institue, dans la terreur et la pitié. L’humanisme n’est plus cette ch
950
’éducation seront radicalement différentes. Elles
se
fonderont beaucoup moins sur la communication verbale. Le savoir accu
951
identité native, le sujet même de tous nos drames
s’
évanouira. Nos descendants « tranquillisés » et modifiés, ou devenus c
952
ront nos ouvrages de science-fiction, et ceux qui
se
fondent sur nos doctrines sociologiques ; puis les écrits qui exprime
953
ancienne, touchante, qui prévoyait le pire… Mais
s’
il est arrivé, c’est toujours autrement. 69. Lettres sur la bombe
954
culture en plein essor. Elle a toutes chances de
se
manifester chez ceux qui en sont réduits à commenter leur temps sans
955
n. Elle naît aussi, probablement, chez celui qui,
s’
étant risqué, a perdu ou ne croit plus à l’enjeu pour lequel il luttai
956
ccès des autres. Enfin, elle hante une classe qui
se
sent dépassée par des moyens de puissance qui la déposséderont : pess
957
e à quoi l’on tenait plus qu’à toute autre, qu’il
s’
agisse d’une culture, d’une cause ou d’une vie individuelle. Je ne dis
958
es chiens. La seule vraie décadence est celle qui
se
termine par une chute sans remontée possible. Qui peut donc savoir au
959
oise du matérialisme scientiste. Mais la tendance
s’
est renversée dès le second tiers de ce siècle, en Europe, puis en Amé
960
de nous unir, tandis qu’à cause de lui les Arabes
se
fédèrent. Différents ou contraires selon l’âge des nations, tous ses
961
ginaires. Mais avant d’attaquer ce problème, pour
se
qualifier à le faire, voici l’épreuve élémentaire qu’on fera bien de
962
e, voici l’épreuve élémentaire qu’on fera bien de
s’
imposer. On se demandera si les valeurs occidentales sont réellement u
963
euve élémentaire qu’on fera bien de s’imposer. On
se
demandera si les valeurs occidentales sont réellement universelles, c
964
r l’Occident est la seule civilisation connue qui
se
soit posé la question critique de sa fonction universelle, appuyant d
965
e sérieuse à cette fonction. Une civilisation qui
se
prendrait naïvement pour universelle — comme elles le firent toutes j
966
mais, puisqu’elle ignore le bien des autres et ne
se
prépare donc point à l’intégrer. La Volonté. — D’une part, le christ
967
. — D’une part, le christianisme dès sa naissance
se
veut salut pour tous et pour chacun. Son idée de la personne en puiss
968
essence. D’autre part, la science née de l’Europe
se
veut exacte en tous lieux et tous temps et fonde mieux que la raison
969
mparaison élaboré depuis des siècles par l’Europe
se
révèle aujourd’hui capable, virtuellement, de digérer, d’intégrer, d’
970
uffira : même les valeurs « révélées » auxquelles
se
réfèrent les Occidentaux les renvoient à l’universel et les ouvrent à
971
a presse du soir. Cependant, d’excellents esprits
s’
enflamment. Coudenhove-Kalergi propose Paris, Salvador de Madariaga lu
972
pense automatiquement que l’Europe de demain doit
s’
ordonner autour d’un centre prestigieux, c’est d’abord qu’on transpose
973
ait fondé les États‑Unis ; et le gouvernement ne
s’
y transporta qu’en 1800. Pourquoi veut‑on que le choix de notre capita
974
nion, sans vouloir en payer le prix ? Ou que l’on
s’
amuse à discuter la reliure de cette Constitution, qui est seule urgen
975
ertains besoins de l’âme (au sens de Jung), qu’il
s’
agit de prendre au sérieux. Le mythe de Centre appartient au trésor de
976
une ville, voire une simple maison. Le lieu doit
se
révéler « Centre du monde », intersection d’axes cosmiques, lieu « vi
977
ation de l’espace et par le rite de construction,
se
voit transformée en un centre. De sorte que toutes les maisons — comm
978
et même point commun, le Centre de l’univers. Il
s’
agit là, on s’en rend compte, d’un espace transcendant, d’une tout aut
979
commun, le Centre de l’univers. Il s’agit là, on
s’
en rend compte, d’un espace transcendant, d’une tout autre structure q
980
t quand nous les trouvons par chance, et qu’elles
se
tiennent, elles jouent alors dans notre âge scientifique le rôle que
981
tat constitué. Le problème d’un district européen
se
repose en termes concrets. On revient à l’idée du Centre de l’hémisph
982
sages et des stratèges. En revanche, et comme il
se
doit, le pays de Gex présente des avantages uniques aux yeux du géogr
983
e et Rome à deux ou trois heures, aujourd’hui. Et
s’
il faut une armée pour veiller sur la sécurité du district fédéral, n’
984
Le drame français Le mot-clé du débat qui
s’
instaure sur la nouvelle Constitution est peut-être le mot le plus mal
985
celui de la fonction que l’ensemble français doit
se
mettre en mesure d’exercer dans une union européenne. Si différents q
986
mandera pourquoi et je répondrai d’abord que cela
se
sent avant de s’expliquer, mais qu’il est bien typique qu’on ne le se
987
et je répondrai d’abord que cela se sent avant de
s’
expliquer, mais qu’il est bien typique qu’on ne le sente pas, dans un
988
t le fanatisme de l’intégration. Gauche et droite
s’
uniraient pour rejeter au nom de leurs traditions sacrées toute tentat
989
États qui tout en gardant une certaine autonomie,
s’
associent pour former un seul État à l’égard des puissances étrangères
990
raliste et le nationaliste invétéré qui essaie de
se
mettre à la page. Un système bon pour les sauvages Mais Littré
991
ui montre assez bien pourquoi le Français cultivé
se
méfie du fédéralisme. Voici comment Littré présente ce mot : Fédéral
992
à savoir ce que parler veut dire, le fédéralisme
se
réduit à un régime fort bon pour les sauvages, par exemple les Suisse
993
ntradiction n’est pas seulement dans les mots. Il
s’
agit de deux attitudes d’esprit inconciliables, dictant des solutions
994
utres : qu’une nation-bloc, rigide et intégriste,
s’
intègre mal dans un ensemble fédéral conditionné par sa souplesse. Ell
995
n en commun, sauf le nom, avec les formations qui
se
partagent le pouvoir dans les démocraties latines. Le fait qu’il y ai
996
virtualités, qui sont totalitaires. Chaque parti,
s’
il est né d’une idéologie, non d’une réalité bien définie et d’intérêt
997
onde laïque. Au niveau de l’intérêt, la lutte qui
s’
institue entre l’offre et la demande, par exemple, finit toujours par
998
re et la demande, par exemple, finit toujours par
se
résoudre dans le compromis concret qu’on nomme un prix. Mais deux rel
999
un prix. Mais deux religions, deux idéologies, ne
se
contenteront jamais d’une vérité moyenne. C’est tout ou rien. Que la
1000
t scandaleuse nécessité, à laquelle les partis ne
se
plieront qu’à la dernière extrémité. C’est dire qu’ils ont horreur de
1001
urs nouvelles. Cette espèce d’idéalisme politique
se
manifestait parfois d’une manière extrême et quasi délirante, lorsqu’
1002
er, voilà qui démontrait que « la vie politique »
s’
épuisait au niveau du discours, non de l’action ; au niveau des réflex
1003
aucune chose, à neutraliser tout vouloir, donc à
se
livrer à la première pression même modérée que l’on subit de l’extéri
1004
en résulte pour chacun la nécessité biologique de
s’
adapter au bien du corps dont il est membre. La nation centraliste, «
1005
ans une fédération, un parti de doctrine générale
se
verrait condamné à rester faible, manquant de racines dans chaque rég
1006
peuvent imposer leurs décrets. Force est donc de
s’
entendre sur quelque compromis. — Mais alors, il n’y a plus de politiq
1007
mpromis. — Mais alors, il n’y a plus de politique
s’
écria ce député consterné. — Je crains bien, répliquai-je, que votre c
1008
cœur ne définisse l’idée de la politique que l’on
se
fait trop généralement en France. Et en effet : le grand moment de la
1009
e cette drogue sans cesse édulcorée, on essaie de
se
rattraper en multipliant les piqûres. Jusqu’au jour où ce « régime »
1010
piqûres. Jusqu’au jour où ce « régime » épuisant,
se
reconnaissant épuisé, s’abandonne au médecin paternel — image du Roi
1011
ce « régime » épuisant, se reconnaissant épuisé,
s’
abandonne au médecin paternel — image du Roi dans l’inconscient — qui
1012
conscient — qui l’envoie d’un ton ferme et gentil
se
détendre les nerfs et se taire pour un temps. Post-scriptum À l
1013
d’un ton ferme et gentil se détendre les nerfs et
se
taire pour un temps. Post-scriptum À l’heure où j’écris, ce 10
1014
tum À l’heure où j’écris, ce 10 août, le débat
se
déchaîne, comme je l’avais prévu dans ma chronique du mois dernier, s
1015
r la première formule contre la seconde, quand il
s’
agit du régime de la France, mais renversent leur position quand il s’
1016
la France, mais renversent leur position quand il
s’
agit de l’avenir européen. Rien de plus logique, malgré les apparences
1017
r égaré et même, on le précise, « terrorisé ». Il
s’
ensuit que le vrai Peuple — celui qui gronde — et que les vraies « mas
1018
l’apparition de la mauvaise foi. On devrait donc
se
l’interdire, car au fait, il ne sert à rien dès l’instant que chacun
1019
fait, il ne sert à rien dès l’instant que chacun
se
déclare démocrate et que seul l’adversaire (ou l’autre) ne l’est pas,
1020
infime minorité, pourvu qu’elle ait pris soin de
se
nommer le « vrai peuple ». Ainsi Khrouchtchev peut déclarer sans rire
1021
, le peuple entier) quand une majorité trop forte
se
dégage. C’est un paradoxe étymologique, mais il y a plus. Nonobstant
1022
un régime de parti unique, si toutefois ce parti
se
dit de gauche et réussit à liquider l’opposition. Cependant, le fasci
1023
té au nom de la liberté. Tous les deux pourraient
se
dire démocratiques. Mais que se passerait-il dans le cas, fort improb
1024
s deux pourraient se dire démocratiques. Mais que
se
passerait-il dans le cas, fort improbable, où l’on renoncerait à invo
1025
gnifie plus rien puisqu’on l’applique à tout ? On
se
verrait contraint de définir les oppositions véritables et de remplac
1026
e est adulte, qu’a-t-elle besoin d’un père ? » on
se
demande sérieusement ce qu’il veut dire. Croit-il, comme celui qu’il
1027
ale maturité depuis 150 ans, la sagesse des pères
se
prolongeant dans celle des fils, et le plébiscite de 1852 dans celui
1028
une longue diatribe contre la monarchie nouvelle,
s’
en prenne d’abord à la croyance en Dieu ? « Il est normal, écrit-il, q
1029
qu’il est d’abord contre Dieu : de Gaulle et Dieu
se
confondent avec l’image du Père. Voilà l’ennemi. Je suis adulte, ou q
1030
s les trois pays scandinaves, la monarchie paraît
s’
accommoder d’un sens civique qu’on est en droit de dire « adulte » cet
1031
s, orgueilleux et frivoles. Le grand problème qui
se
pose au général de Gaulle n’est-il pas celui d’instaurer dans une Fra
1032
é non, plus les gaullistes. L’anti-Europe de 1954
s’
est regroupée contre le Général, qui l’appuyait alors, mais que fera-t
1033
ut la distance et l’invente au besoin, pour mieux
se
ressentir et s’exalter. Cette définition rend compte de la plupart de
1034
t l’invente au besoin, pour mieux se ressentir et
s’
exalter. Cette définition rend compte de la plupart des vrais romans,
1035
ntal n’a jamais décrit, jusqu’ici, de passion qui
s’
enflamme pour un objet tout proche, aisément accessible et moralement
1036
par leurs tabous : ainsi, la bourgeoisie du xixe
s’
interdisant de parler de l’argent et du sexe, d’où le choc révélateur
1037
umier, voire politique) à tel point qu’on le voit
se
confondre à la limite avec la Société elle-même, encore qu’il soit le
1038
t par suite assez fascinants, pour que son délire
se
déclare ? J’entends parler de la société occidentale, c’est-à-dire de
1039
is un demi-siècle. D’autres tabous subsistent, ou
se
sont reformés, sur lesquels la passion se jette pour y trouver de nou
1040
ent, ou se sont reformés, sur lesquels la passion
se
jette pour y trouver de nouveaux prétextes à se consumer glorieusemen
1041
n se jette pour y trouver de nouveaux prétextes à
se
consumer glorieusement, à défier la morale du Jour au nom de la mysti
1042
l Trilling consacre à Lolita de Vladimir Nabokov,
s’
intitule « Le dernier amant ». Et l’héroïne de L’Homme sans qualités d
1043
que du lecteur et révolte son sens moral… Mais il
se
peut aussi que l’incongruité d’une telle comparaison fasse tout son p
1044
d’autant plus significative l’action du mythe qui
s’
y trahit, et qui est leur seule commune mesure. Je ne m’attacherai don
1045
que leurs auteurs mêmes auraient pu l’établir, en
se
plaçant par hypothèse sous l’angle de vision que je propose : Vlad
1046
insi mieux que personne, dans le même temps qu’il
se
voit rejeté par le milieu social, ses lois et ses coutumes. Abandonné
1047
’une tête humaine. C’est le phénomène inverse qui
se
produit à la lecture des trois romans : vous regardez longuement ce v
1048
, c’est une société tout entière qui transparaît,
se
recompose, et envahit tout le tableau. Vous reprenez votre lecture et
1049
e que nous voyons là, sans doute, et plus encore.
S’
il avait pu le dire autrement, il l’aurait fait (et nous ne le lirions
1050
l’autre des États-Unis73. Jusqu’au jour où Lolita
s’
échappe, séduite par un autre homme d’âge mûr qu’Humbert tuera. À 17 a
1051
nécessaire pour que l’attrait mutuel, au lieu de
s’
apaiser ou de s’épuiser par la satisfaction des sens, se métamorphose
1052
que l’attrait mutuel, au lieu de s’apaiser ou de
s’
épuiser par la satisfaction des sens, se métamorphose en passion. C’es
1053
ser ou de s’épuiser par la satisfaction des sens,
se
métamorphose en passion. C’est d’abord et surtout le scandale évident
1054
bre épopée, simple et drue, d’un Béroul. Qu’on ne
s’
y trompe pas : le roman de Tristan n’était pas moins choquant au xiie
1055
ltère, de nos jours, ne conduit qu’au divorce, ou
s’
épuise en liaisons banales. Il n’offre pas de support sérieux à ce que
1056
onçut à 12 ans pour une petite fille de 9 ans qui
s’
appelait Annabel, et qui mourut bientôt — rappel de Poe. Ainsi, l’Éros
1057
de cet adulte, par ailleurs sexuellement normal,
s’
est trouvé fixé sur la femme-enfant, rendue doublement inaccessible pa
1058
ique-nique, éclair) quand j’avais 3 ans. » (Qu’on
se
rappelle le ton lugubre de destin, la « vieille et grave mélodie » qu
1059
t de la mère dans Tristan !) Le nom de l’hôtel où
se
passe la nuit de la séduction, les Chasseurs enchantés, rappelle visi
1060
st présent, mais ridiculisé par son échec : il ne
s’
agit que d’un somnifère que H. H. fait prendre par ruse à Lolita, et q
1061
que H. H. fait prendre par ruse à Lolita, et qui
se
révèle d’ailleurs trop faible, le médecin qui l’a procuré s’étant tro
1062
’ailleurs trop faible, le médecin qui l’a procuré
s’
étant trompé d’étiquette ou ayant trompé son client. (Inversion point
1063
raire, car c’est précisément ainsi que les choses
se
passent dans le grand livre de Musil, comme on le verra tout à l’heur
1064
ns un contexte qu’il dépasse, d’autant plus qu’il
s’
agit ici d’aborder son livre sans fin sous le seul angle de l’amour-pa
1065
e très jeune ou frère aîné. Sa façon d’entrer, de
s’
asseoir, de tendre négligemment au contrôleur l’argent de deux parcour
1066
er passionnément, mortellement amoureux, sans que
s’
y mêle la moindre convoitise. Je me souviens d’avoir regardé timidemen
1067
eurent la sexualité et la camaraderie ? — Cela ne
s’
accorde pas du tout ! s’écria Ulrich en riant. On voit que l’amour-pa
1068
a camaraderie ? — Cela ne s’accorde pas du tout !
s’
écria Ulrich en riant. On voit que l’amour-passion est seul en jeu, e
1069
mpossibles, refuse les expériences possibles ! Il
se
peut que l’imagination soit une fuite devant la vie, un refuge pour l
1070
d’amour ! L’expérience impossible dans laquelle
s’
engage Ulrich se présente d’abord à sa méditation sous la forme d’un b
1071
périence impossible dans laquelle s’engage Ulrich
se
présente d’abord à sa méditation sous la forme d’un besoin d’amour «
1072
ûlent à l’extrême de la passion. À cette rêverie
se
mêle l’image de sa sœur Agathe, retrouvée après de longues années, et
1073
soin d’amour qui, plus tard, les rêves refroidis,
se
contentera d’un oiseau, d’un animal quelconque, ou se tournera vers l
1074
ontentera d’un oiseau, d’un animal quelconque, ou
se
tournera vers l’humanité et le prochain. De Chateaubriand à d’Annunz
1075
l serait curieux de chercher pourquoi l’époque où
se
passe le roman de Musil — veille de la guerre de 1914 — connut peut-ê
1076
t pas Byron, ce n’est pas décadent ni scandaleux.
S’
agirait-il moins d’un inceste que des relations entre Animus et Anima,
1077
Anima, comme l’avancent des commentateurs ? Il ne
s’
agit, pour moi, que de la passion, c’est-à-dire d’un secret fondamenta
1078
toute société. Avec une objectivité relative, il
s’
avoua que les relations entre Agathe et lui avaient comporté dès le dé
1079
est plus religieuse que sexuelle, juge puéril de
se
préoccuper encore d’amour, mais voue tous ses efforts au mariage, don
1080
et l’on baptise « problème sexuel » l’ennui qu’il
s’
agit de bannir de leurs rapports par toute espèce de variantes physiqu
1081
chasteté entre les corps : Lorsque leurs regards
se
croisèrent, il n’y eut plus entre eux qu’une seule certitude : c’est
1082
bissaient, en bravant autrui, ce besoin commun de
se
délivrer enfin de la tristesse du désir, mais le subir avait déjà tan
1083
images de l’accomplissement étaient bien près de
se
détacher d’eux et les unissaient déjà dans leur imagination, comme la
1084
commandait le calme, et ils furent incapables de
se
toucher de nouveau. L’équivoque essentielle entre l’amour projeté su
1085
mythe platonicien des deux moitiés de l’être qui
se
cherchent : Ce désir d’un double de l’autre sexe qui nous ressemble
1086
s amoureuses sont toutes liées au fait qu’un être
s’
imagine voir son moi le plus secret l’épier derrière le rideau des yeu
1087
des yeux d’un autre. D’où l’illusion que le Moi
s’
abolit dans cette Nuit de l’indistinction que chante le deuxième acte
1088
oment, nous sépare ? Mais ici, le roman de Musil
s’
engage dans deux Voies divergentes : il nous en reste des fragments in
1089
dicible comme deux amants qui, l’instant d’après,
se
précipiteront dans le vide. Ils se précipitèrent. Et le vide les port
1090
stant d’après, se précipiteront dans le vide. Ils
se
précipitèrent. Et le vide les porta. L’instant demeura immobile, sans
1091
retint leurs larmes… Avec les formes limitatives
s’
étaient perdues toutes les limites et, comme ils ne percevaient plus a
1092
ation pure. Sous une forme intellectualisée — il
s’
agit de simples notes pour une suite à écrire — Musil transpose ici l’
1093
partie ! » Mais il y a plus. La lucidité de Musil
s’
attaque ici à la formule même du Roman et la détruit. Si la passion ne
1094
ette fin-là, conforme à la logique du Mythe, pour
s’
engager dans la voie difficile d’une recherche de l’amour mystique : c
1095
chapitre intitulé Souffles d’un jour d’été. Il ne
s’
y passe rien qu’une longue conversation entre le frère et la sœur qui
1096
longue conversation entre le frère et la sœur qui
s’
aiment, dans leur jardin où choit sans fin du haut des arbres sur le v
1097
nt apparus et ont grandi l’un après l’autre, pour
s’
évanouir ensuite comme des îles dépassées, ce Jardin clos serait l’Ith
1098
erre inconnue pour la littérature occidentale. Il
se
peut que Musil, à son insu, l’ait approchée plus que nul autre. Je si
1099
, l’autre l’ignorant parfaitement ; tous les deux
s’
achevant sur un échec tragique, et condamnant implicitement la société
1100
iste des best-sellers américains, ces deux romans
se
disputent depuis des mois la première place. Il peut sembler d’ailleu
1101
c deux romans de l’amour-passion. Dira-t-on qu’il
s’
agit d’un refoulement ? Ou simplement que les questions posées suggéra
1102
jet d’une polémique mondiale où l’URSS et l’Ouest
s’
affrontent une fois de plus, pour des raisons, d’ailleurs, qui ne sont
1103
insultes officielles. Dans le concert mondial qui
s’
ensuit, hommages en Occident, outrages en URSS et lettres de cosaques
1104
t premières pages du roman, je me disais : — Tout
se
passe comme si cet homme était retenu dans son pays par une passion s
1105
e passion secrète et sans doute interdite ; comme
s’
il préférait tout, y compris le reniement, à se voir séparé de l’objet
1106
me s’il préférait tout, y compris le reniement, à
se
voir séparé de l’objet de son amour, dût-il vivre auprès de lui dans
1107
Jivago la retrouve beaucoup plus tard. Leur amour
se
déclare. Liaison clandestine. Ils sont de nouveau séparés par les pér
1108
dans une maison perdue au fond des bois où Jivago
se
cache, traqué par la nouvelle police d’un régime qu’il a pourtant ser
1109
t caché. Il épouse sans amour une jeune fille qui
s’
occupait de son ménage, puis la quitte et meurt dans la foule. Inexpli
1110
tous les moments de la Légende transparaissent et
se
recomposent l’un après l’autre, avec une mystérieuse précision. Iseut
1111
mélodie » renouvelée du Tristan de Wagner. Jivago
s’
adresse à Lara, dans leur retraite forestière : … Disons adieu à nos
1112
ais jeté dans mon âme, à ce rayon qui, peu à peu,
s’
obscurcissait, à cette musique qui s’estompait, qui s’est fondue avec
1113
, peu à peu, s’obscurcissait, à cette musique qui
s’
estompait, qui s’est fondue avec mon existence même, qui est devenue l
1114
scurcissait, à cette musique qui s’estompait, qui
s’
est fondue avec mon existence même, qui est devenue la clé de toutes l
1115
ormé en politique ». Une fois de plus, la passion
se
révèle d’abord comme une protestation contre la société : Plus encor
1116
Ils faisaient exception… le souffle de la passion
se
posait sur leur existence condamnée… Mais qui est Lara ? En la perda
1117
société, d’un paysage de l’âme, ou d’une femme ?)
se
fond dans une identité lyrique : Au fait, qu’était-elle donc pour lu
1118
te mère glorieuse, incomparable, dont la renommée
s’
étend au-delà des mers, cette martyre, têtue, extravagante, exaltée, a
1119
a et de la Russie est expressément déclarée, tout
s’
éclaire de ce qui vient de se passer dans la vie de Boris Pasternak. S
1120
ément déclarée, tout s’éclaire de ce qui vient de
se
passer dans la vie de Boris Pasternak. Sa lettre au Maître du Kremlin
1121
médie… V. Passion et Société Toute passion
se
nourrit de négation, parce qu’elle assume et souffre l’exception, au
1122
oler le sacré féodal, devient traître et félon et
se
voit exilé de la communauté des preux, non point parce qu’il approuve
1123
mants, poètes, mystiques et créateurs, voudraient
se
maintenir une fois qu’ils l’ont connu, tout en sachant que l’on ne pe
1124
x. La passion amoureuse est, de toutes, celle qui
se
prête le mieux au récit. La sexualité pure et l’amour du prochain ne
1125
roman trouve les meilleures chances à la fois de
se
déclarer et de propager sa contagion. Il y a plus. La nature des inte
1126
bérale ou relâchée, ou décadente : là, l’obstacle
s’
intériorise, l’action devient introspection, et l’intrigue aventure sp
1127
sociaux. J’y ai fait allusion à propos de Musil.
S’
il est vrai que la passion cherche l’inaccessible, et s’il est vrai qu
1128
st vrai que la passion cherche l’inaccessible, et
s’
il est vrai que l’Autre en tant que tel reste aux yeux d’un amour exig
1129
e et agressive dans Gottfried de Strasbourg, dont
s’
inspira Wagner. 75. « Je ne suis nullement intéressé par ce qu’on app
1130
hilippe Jaccottet (4 volumes, Éditions du Seuil),
s’
intitule : L’Homme sans qualités. 77. Ailleurs, Musil revient sur ce
1131
ier m’apprend que de Gaulle « à ce qu’il paraît »
s’
est bien conduit pendant la Résistance, quoi qu’il ne fût pas communis
1132
rs wagons et leurs avions, si elles décidaient de
se
battre, elles ne pourraient plus le faire qu’à coups de bâtons et de
1133
is de vos lecteurs ? À supposer que cette réunion
s’
opère un jour, en dépit de vos craintes et de celles de Khrouchtchev,
1134
nt d’en croire ses yeux, souffrant visiblement de
se
sentir « exclu » de cet univers merveilleux, il gémit : « Que ne donn
1135
ont « couvert » — comme ils disent curieusement,
s’
agissant au contraire de faire voir, d’exhiber — les exécutions qui on
1136
nt une forêt de micros. Autour de la clairière où
se
tiennent les prisonniers, aveuglés par les flashes, rôdent les chasse
1137
és humaines obéissant chacun à sa logique propre,
se
croisent en ce point de scandale absolu. Il y a d’une part la lutte d
1138
rs les plus paisibles. Mais à l’instant précis où
se
croisent les deux séries, tout devient d’un seul coup absurde et révo
1139
, par la coïncidence absurde de deux « sens » qui
se
détruisent en se touchant. Fidel Castro ni l’honneur de Cuba ne sont
1140
nce absurde de deux « sens » qui se détruisent en
se
touchant. Fidel Castro ni l’honneur de Cuba ne sont en cause. Mais bi
1141
r, la seule littérature digne du nom ; et l’on ne
s’
étonnera pas que Kassner soit resté, jusqu’ici, le moins connu d’entre
1142
ances « artistes » ou des clichés philosophiques,
s’
exerçaient en vertu d’une réflexion passionnément originale. Et je ten
1143
ité. J’écrivais : Dans la mesure même où Kassner
se
montre disciple de Kierkegaard, sa pensée paraît réfractaire à toute
1144
valeurs vitales (problème que notre xviie siècle
se
devait de ne pas poser). L’homme antique peut atteindre la grandeur p
1145
d. Grand pour la loi, grand pour le Tout. » Il ne
se
recherche pas soi-même, il vise à la plénitude élémentaire, définie p
1146
t lorsqu’il « veut prendre mesure de lui-même, il
se
sent aussitôt incomplet et coupable. Il est donc possible de dire que
1147
l’homme moderne, l’homme sans mesure naturelle :
s’
il ne retrouve pas de loi interne et de tension par le péché, il n’est
1148
itaire. Entendons que, pour lui, penser n’est pas
se
débattre dans ses contradictions personnelles, parlementarisme intéri
1149
rivée, est tourmentée.) Penser n’est pas non plus
s’
ingénier sur des idées et des combinaisons d’idées : mais créer de tou
1150
ascinante ? De cela sans doute que Rudolf Kassner
se
garde bien de poser les problèmes dans nos catégories psychologiques.
1151
pourrait dire aussi que l’indiscret est celui qui
se
préoccupe de défendre plutôt que d’illustrer. Ainsi, selon Kierkegaar
1152
r. Ainsi, selon Kierkegaard, le premier homme qui
s’
avisa de défendre la religion mériterait-il d’être appelé Judas numéro
1153
ait-il d’être appelé Judas numéro deux. Car il ne
s’
agit pas de professer une chose mais d’être la chose. Le rare, c’est q
1154
z Kassner, comme chez Kierkegaard, cette présence
s’
accommode d’une ironie qui chez d’autres serait plutôt le fait du déta
1155
ils profèrent ; ils les reçoivent des prophètes ;
s’
il n’y avait pas de prophètes, les bavards seraient peut-être des créa
1156
, qu’une intention profondément délibérée. Car il
s’
agit ici d’une maïeutique, s’exerçant sur les mythes de l’âme. Je parl
1157
nt délibérée. Car il s’agit ici d’une maïeutique,
s’
exerçant sur les mythes de l’âme. Je parlais tout à l’heure d’ellipses
1158
rsonne, générateur de l’Occident. Problème ambigu
s’
il en fut, et qui échappe par définition à la pensée systématique et d
1159
oésie, c’est-à-dire d’âme, inadéquats sans doute,
s’
agissant de l’Esprit… « La faculté principale de l’âme est de comparer
1160
vions espérer qu’après une grande lecture. Ainsi
s’
opposent et se comparent, dans ses dialogues, mesure antique et démesu
1161
qu’après une grande lecture. Ainsi s’opposent et
se
comparent, dans ses dialogues, mesure antique et démesure moderne, ou
1162
oncepts ; sans conclusion. Mais l’angle de vision
s’
est imposé. Et l’imagination, irrésistiblement, s’oriente vers le myst
1163
s’est imposé. Et l’imagination, irrésistiblement,
s’
oriente vers le mystère crucial. S’agirait-il d’une théologie ? Kassne
1164
ésistiblement, s’oriente vers le mystère crucial.
S’
agirait-il d’une théologie ? Kassner veut voir. D’une gnose, alors ? O
1165
ésie ? Très certainement. Mais encore faudrait-il
s’
entendre sur le sens authentique de ce mot. Disons, pour couper court
1166
à de longs développements, que ceux-là seuls qui
se
font de la poésie une idée finalement plus favorable au Livre de Job
1167
t comporter quelque cérémonial : seul devant lui,
se
taire longtemps après une seule question qu’il eût posée, une seule s
1168
s sont toujours en tension dialectique — du moins
s’
ils comptent ? Nos trop rares entretiens m’ont appris sur Kassner cela
1169
gures touchantes, excentriques ou typiques, qu’il
se
divertissait à évoquer d’un seul trait fortement appuyé — et l’on dev
1170
ttise ou, même en bavardant, une platitude. Qu’il
s’
agisse de ses pages les plus denses ou des anecdotes qu’il contait ave
1171
e le temps passe, auxquelles Kassner recourt pour
se
différencier de celui que, pourtant, il ne cesse de tenir pour l’un d
1172
ans ses papiers posthumes bien d’autres notes qui
s’
y rapportent. L’essai porte un titre curieux : Rilke, le zen et moi 85
1173
i, sans le voir, l’atteint. Dans les deux cas, il
s’
agit du concept, de l’idée et de l’existence de l’Infini, dès que la p
1174
e la parole cesse d’être une simple coque ; et il
s’
agit aussi de l’union ultime du But et du Sens. Si je m’en tiens à cet
1175
amais voulu donner un enseignement bouddhiste, ni
se
présenter après coup « comme un extravagant maître du zen » ! Il n’a
1176
ensée physiognomonique, c’est que l’un et l’autre
se
soucient davantage de limites que de causes. Et cette notion de limit
1177
r, deviens Vin. Ici, dit-il, plus de théâtre… Il
s’
agit de limites, d’abîme, de centre et d’absence de centre. Il s’agit
1178
es, d’abîme, de centre et d’absence de centre. Il
s’
agit également de la limite entre existence et poésie, ou de la poésie
1179
puéril Qu’enfin, submergé par son gain Celui qui
s’
est approché des lointains Sera ce que son vol solitaire a conquis.
1180
vement immobile, danse sans danse, le tir à l’arc
se
fond dans le zen. Mais voici le plus remarquable. Il semble que Kass
1181
ici le plus remarquable. Il semble que Kassner ne
se
soit pas souvenu d’avoir écrit lui-même dans ses Proverbes du yogi 89
1182
ce philosophe allemand qui est allé au Japon pour
s’
initier au zen en s’entraînant au tir à l’arc. Vos flèches manquent d
1183
nd qui est allé au Japon pour s’initier au zen en
s’
entraînant au tir à l’arc. Vos flèches manquent de portée (fait remar
1184
e déterminée ; elle ne connaît que le but, qui ne
s’
atteint d’aucune manière technique, et si elle lui donne un nom, ce se
1185
ni l’autre ? Toutes ces choses, arc, flèche, moi,
s’
amalgament tellement que je ne suis plus capable de les séparer… Le Ma
1186
toujours ailleurs, au tout unique, à l’infini, où
se
rejoignent d’un seul coup, dans l’illumination de la vision (dirait K
1187
eus de lui, et dans laquelle il semble bien qu’il
se
soit finalement reconnu. J’ai dit que l’image d’un maître zen m’était
1188
n’admettait au monde que les boucles : Mon oncle
s’
agitait tout particulièrement et s’abandonnait à de sombres pensées lo
1189
s : Mon oncle s’agitait tout particulièrement et
s’
abandonnait à de sombres pensées lorsqu’il lui arrivait de parler de q
1190
el, pas de cérémonies ! » Il aime qu’on arrive et
s’
en aille à l’improviste, que les récits soient brefs — surtout pas d’a
1191
monies » ; de saluer, de parler, d’écouter, et de
s’
en aller sans bavures. 83. Kassner s’obligeait à marcher sur ses cann
1192
uter, et de s’en aller sans bavures. 83. Kassner
s’
obligeait à marcher sur ses cannes plusieurs heures par jour : « Depui
1193
nbildungskraft par imagination : chez Kassner, il
s’
agit d’une force, de la vraie force créatrice, de l’acte même qui reli
1194
ue l’Occident », il voulut étudier nos secrets et
s’
engagea comme ouvrier aux chantiers maritimes de Saardam. Aujourd’hui,
1195
st pas en apprenti mais bien en chef d’État qu’il
s’
en va discourir devant les grands seigneurs du capitalisme yankee. Ce
1196
ands seigneurs du capitalisme yankee. Ce tsar qui
se
fait ouvrier, cet ouvrier qui s’est fait tsar poursuivent la même pol
1197
kee. Ce tsar qui se fait ouvrier, cet ouvrier qui
s’
est fait tsar poursuivent la même politique russe, par des moyens qu’i
1198
rand admirait l’Occident. En voulant l’imiter, il
se
haussait vers lui et souhaitait le dépasser dans son sens. Voilà qui
1199
ose que les Russes vont mieux faire, mais de quoi
s’
agit-il au fait ? De la puissance politique planétaire ? Mais les État
1200
est dans le sens de l’Histoire, doive aujourd’hui
se
donner pour but de le rattraper ? En d’autres termes, comment expliqu
1201
d’autres termes, comment expliquer que le Progrès
se
donne pour but de rattraper la Réaction ? De « faire mieux » que cett
1202
uropéenne, voire du « capitalisme » américain. K.
se
contente d’affirmer que le communisme atteindra mieux que le capitali
1203
e et scandinave, ou de l’american way of life. K.
se
borne à proclamer que les Russes atteindront ces buts plus vite que l
1204
e au même but ! Avouez qu’il n’y a pas là de quoi
se
battre… À ceux qui croyaient voir quelque contradiction entre la poli
1205
rférence dans les affaires intérieures du voisin,
s’
en remettre à la « compétition pacifique » pour résoudre tous les conf
1206
c’est de cesser de nous demander avec inquiétude
s’
il va nous séduire… et de redevenir enfin le peuple confiant et résolu
1207
Lippmann, comme la plupart de nos intellectuels,
se
dit en somme : — Nous n’avons plus de grande idée, eux en ont une. No
1208
méricains, de l’espèce de victoire que les Russes
se
promettent ? Puisque leur grande idée se réduit aujourd’hui à « faire
1209
s Russes se promettent ? Puisque leur grande idée
se
réduit aujourd’hui à « faire mieux » que vous et à vous dépasser dans
1210
mmaire de la Loi qui régira l’ennui futur et fera
s’
endormir l’Histoire ? Ni Khrouchtchev ni Lippmann n’ont parlé de liber
1211
yage de K. en Amérique, on pouvait et l’on devait
s’
attendre à ce qui s’est passé en effet : la rencontre de deux groupes
1212
ue, on pouvait et l’on devait s’attendre à ce qui
s’
est passé en effet : la rencontre de deux groupes de complexes qui d’a
1213
encontre de deux groupes de complexes qui d’abord
se
repoussent, se provoquent et se cherchent, puis s’accrochent brutalem
1214
x groupes de complexes qui d’abord se repoussent,
se
provoquent et se cherchent, puis s’accrochent brutalement à deux ou t
1215
lexes qui d’abord se repoussent, se provoquent et
se
cherchent, puis s’accrochent brutalement à deux ou trois reprises, ma
1216
e repoussent, se provoquent et se cherchent, puis
s’
accrochent brutalement à deux ou trois reprises, mais aussitôt après c
1217
trois reprises, mais aussitôt après commencent à
se
détendre, à se dénouer sans que l’on sache trop ce qui arrive, laissa
1218
, mais aussitôt après commencent à se détendre, à
se
dénouer sans que l’on sache trop ce qui arrive, laissant poindre une
1219
, les fermiers l’écoutent, lui serrent la main ou
se
font taper sur le ventre, on dirait qu’ils s’inquiètent de ne plus sa
1220
ou se font taper sur le ventre, on dirait qu’ils
s’
inquiètent de ne plus savoir pourquoi c’était tout à l’heure impensabl
1221
ourquoi c’était tout à l’heure impensable… Que K.
se
soit assez bien entendu avec les grands capitalistes, mais au plus ma
1222
n du paysan qui revient de la ville et raconte en
se
tapant sur la cuisse comment « ils » sont là-bas, étonnants et risibl
1223
eux contradictions flagrantes et polaires peuvent
se
ramener à deux égalités, par une sorte de court-circuit ; que l’Idéal
1224
ature, bien que provisoirement en concurrence. Il
se
peut que les Américains tiennent davantage à conformer leur politique
1225
est certain que ces deux peuples sont destinés à
se
ressembler de plus en plus, dans toute la mesure où ils se rapprocher
1226
bler de plus en plus, dans toute la mesure où ils
se
rapprocheront de leurs buts, dans la mesure donc où l’URSS rattrapera
1227
e Terre, non dans la Lune.) Les grandes masses
se
dessinent. — Le voyage de Khrouchtchev a certainement donné des résul
1228
es images concrètes de la Russie et de l’Amérique
se
sont rapprochées, plus puissantes et plus efficaces que les oppositio
1229
des grandes masses qui font l’histoire du siècle
s’
est précisée. Amérique du Nord, Russie, Chine, sans cesse nommées, num
1230
osait ici même la question que tout Européen doit
se
poser désormais, la question de l’absence de l’Europe aux lieux où se
1231
la question de l’absence de l’Europe aux lieux où
se
discute son sort et le sort d’un monde né de ses œuvres. J’enchaînera
1232
étente politique, une détente intellectuelle doit
s’
ensuivre. Il faut avouer que le voyage de Khrouchtchev en Amérique a p
1233
vant », il y a dix ans, la liberté, mais qui doit
se
replier aujourd’hui « sur le terrain de la vie intérieure ». Au contr
1234
ependant, selon l’auteur du Dégel, il convient de
s’
opposer à la publication en URSS d’ouvrages de caractère « idéologique
1235
e aient changé. J’essaierai patiemment, pesamment
s’
il le faut, de définir en termes clairs et simples ce qu’étaient ces d
1236
une volonté de guerre chaude. Inutile de demander
s’
ils y croyaient : ils avaient à le dire et c’est tout. Or, si nous nou
1237
dans leur langage et leurs catégories. Pour eux,
s’
écriait alors Guido Piovene93, « l’homme de culture a sa place dans la
1238
te idéologique n’est plus la guerre, si celui qui
s’
oppose n’est plus un belliciste, la première donnée du dialogue est re
1239
on. La lutte idéologique, à l’en croire, cesse de
s’
opposer à la paix dans la mesure où elle cesse d’être une lutte. Ehren
1240
lutte. Ehrenbourg est pour les échanges, comme il
se
doit. Mais au lieu de traduire Pasternak, nous dit-il (hélas ! interd
1241
ulture. Vous verrez à quel point ces trois termes
s’
appellent et s’impliquent mutuellement. Nous sommes donc d’abord un Co
1242
rrez à quel point ces trois termes s’appellent et
s’
impliquent mutuellement. Nous sommes donc d’abord un Congrès — un cong
1243
s un simple rassemblement d’hommes de culture qui
se
veulent à la fois libres et responsables devant eux-mêmes et devant l
1244
rence à Berlin, il y a dix ans, ils décidèrent de
se
grouper afin de créer ainsi, en cas d’urgence et au service des liber
1245
fficace. Mais aussi, ils éprouvèrent le besoin de
se
grouper pour dialoguer et réfléchir ensemble sur les immenses problèm
1246
oints de vue, et à l’échelle mondiale. Le Congrès
s’
est donc adressé aux intellectuels du monde entier et il leur a dit :
1247
té perd un de ses points d’appui, et la dictature
s’
avance aussitôt pour l’occuper. C’est ici qu’intervient la Culture, ou
1248
ées et les actes, maintenir une tradition où l’on
se
sente chez soi. C’est donc d’abord permettre à l’homme de se situer à
1249
ez soi. C’est donc d’abord permettre à l’homme de
se
situer à sa place dans le monde, et dans un monde qu’il approuve et d
1250
e révolte sont aussi des besoins vitaux. Et alors
se
révèle l’autre aspect de la culture, qui n’est plus seulement transmi
1251
s seulement transmission mais critique et rupture
s’
il le faut ; qui n’est plus seulement initiation mais invention. Ces d
1252
dangereux pour l’homme et pour sa liberté réelle,
s’
ils restent séparés, isolés l’un de l’autre. En revanche, équilibrées
1253
quées, la pensée et l’action en somme, cessent de
se
ridiculiser mutuellement, comme c’est le cas dans trop de nos vies, e
1254
corps et de l’intellect (d’où la technique) dont
s’
occupe surtout l’Occident ; — celles de l’âme vitale que l’Afrique a l
1255
tre Congrès, tel qu’il est devenu depuis dix ans,
s’
élargissant progressivement aux dimensions du monde entier, est désorm
1256
u’un jour il n’y a plus rien d’autre à faire qu’à
se
jeter à mains nues contre les tanks, symboles écrasants de la politiq
1257
lle seule nous conduit à nos fins. Car la liberté
se
concrétise dans l’augmentation continuelle des possibilités, pour cha
1258
s résultats d’un régime ou d’une institution, que
se
mesure en fin de compte le degré de liberté atteint par l’homme dans
1259
e ne fréquente ce lieu, sauf un petit insecte qui
se
hâte, lente festinans… Nul ne hante ces routes, hormis le vent dont o
1260
on Juan de la connaissance », jusqu’au jour où il
s’
arrête, « cloué », sur le seuil d’une Éternité en laquelle il découvre
1261
enclos fatal » n’est pas loin, mais en même temps
s’
ouvrent des avenues… Ces carrefours « qu’aucune carte n’indique » sont
1262
’après-midi, tantôt cette allée assombrie, et qui
s’
anime au gré d’un vent soudain, dont on ne sait ni d’où il vient ni où
1263
eland, un soir d’été, que les convives du Banquet
se
réunissent devant le seuil d’un pavillon de chasse. Les portes s’ouv
1264
ant le seuil d’un pavillon de chasse. Les portes
s’
ouvrirent à deux battants ; l’éclairage étincelant, la fraîcheur se dé
1265
x battants ; l’éclairage étincelant, la fraîcheur
se
déversant à flots, la séduction fascinante des parfums, et le goût im
1266
e attaquait la musique du ballet de Don Juan, ils
se
sentirent transfigurés, et comme frappés de respect pour un esprit in
1267
frappés de respect pour un esprit invisible, ils
s’
arrêtèrent un instant, semblables à celui que l’enthousiasme a réveill
1268
trier de mon bonheur ! Car en vérité, cette pièce
s’
est emparée de moi d’une façon si diabolique que je ne pourrai plus ja
1269
alité existentielle. La vie réelle de Kierkegaard
s’
est qualifiée par son refus du mythe de Don Juan, tentation permanente
1270
e de traduire sa spontanéité. La musique seule va
s’
y prêter. Car elle est un langage des sens, mais le sens de l’ouïe plu
1271
lu de ce désir, triomphe auquel il serait vain de
s’
opposer. Si d’aventure la pensée s’attarde à l’obstacle, celui-ci tire
1272
serait vain de s’opposer. Si d’aventure la pensée
s’
attarde à l’obstacle, celui-ci tire son importance d’exciter la passio
1273
son importance d’exciter la passion plutôt que de
s’
y opposer réellement ; la jouissance en est accrue, la victoire est ce
1274
une pierre qui ricoche à la surface de l’eau, il
s’
enfonce instantanément dans l’abîme du néant, après le dernier ricoche
1275
sa volonté d’être séduite… C’est pourquoi elle ne
se
fâche jamais contre son séducteur, du moins s’il l’a vraiment séduite
1276
ne se fâche jamais contre son séducteur, du moins
s’
il l’a vraiment séduite ».97 L’érotisme de Don Juan s’oppose à l’Éros
1277
l’a vraiment séduite ».97 L’érotisme de Don Juan
s’
oppose à l’Éros antique, qui était psychique et non sensuel, « et c’es
1278
te pudeur qui caractérise tout amour grec »98. Il
s’
oppose plus encore à l’amour courtois, essentiellement fidèle. « L’amo
1279
seule chose… et aussitôt tout est fini, puis cela
se
répète à l’infini. » Sans passé, sans mémoire (il lui faut le Catalog
1280
ns lendemain et sans nostalgie, il court, vole et
se
réjouit, jusqu’à ce qu’il butte contre « la pierre d’achoppement », l
1281
proprement musicale est stupéfiante, Kierkegaard
se
disant lui-même un « amateur » sans aucune compétence technique)101 r
1282
t le définit mieux que personne ; du même coup il
se
définit, contre lui mais non pas sans lui. Il ne conçoit que deux man
1283
este son secret dernier. Le mariage étant écarté,
s’
il choisit d’être anachorète, le séducteur devient son mythe. Don Juan
1284
. Elle est ce qu’il saurait être, exemplairement,
s’
il n’était pas ce qu’il subit et souffre, et s’efforce de dépasser ver
1285
t, s’il n’était pas ce qu’il subit et souffre, et
s’
efforce de dépasser vers l’absolu, vers ce qu’il veut devenir selon l’
1286
spontanés, le mariage est une décision ; vouloir
se
marier, cela veut dire que ce qu’il y a de plus spontané doit être en
1287
evient énigmatique dans la mesure même où il a su
se
rendre perceptible… Ce qui se passe entre Kierkegaard et sa fiancée s
1288
ure même où il a su se rendre perceptible… Ce qui
se
passe entre Kierkegaard et sa fiancée semble relever d’une structure
1289
x le mariage. Par amour pour Régine, il doit donc
s’
éloigner, bien qu’il ne cesse de s’adresser à elle sous le couvert de
1290
, il doit donc s’éloigner, bien qu’il ne cesse de
s’
adresser à elle sous le couvert de ses pseudonymes, et de lui dédier t
1291
ndra cette contradiction de la douleur : ne point
se
révéler, et faire mourir l’amour ; se révéler, et faire mourir l’aimé
1292
: ne point se révéler, et faire mourir l’amour ;
se
révéler, et faire mourir l’aimée ? »104 Tenter d’établir, en ce poin
1293
inclination amoureuse ne la méprise et ne préfère
se
fier à elle-même plutôt que de se livrer aux directives d’un tel faux
1294
e et ne préfère se fier à elle-même plutôt que de
se
livrer aux directives d’un tel faux savant. La spontanéité de l’incli
1295
que la personne de Kierkegaard est ce système qui
se
définit par la mise en tension et l’interdépendance de trois réalités
1296
i monte la garde aux frontières, est-il permis de
se
marier ? Un tel soldat ose-t-il — ceci soit dit dans un sens spiritue
1297
ose-t-il — ceci soit dit dans un sens spirituel —
se
marier, s’il doit jour et nuit se battre non pas contre les Tartares
1298
ceci soit dit dans un sens spirituel — se marier,
s’
il doit jour et nuit se battre non pas contre les Tartares et les Scyt
1299
ens spirituel — se marier, s’il doit jour et nuit
se
battre non pas contre les Tartares et les Scythes, mais contre les ho
1300
qui l’a ainsi enthousiasmé, il aurait dû pourtant
s’
unir pour la vie. Mais l’existence l’énonce autrement. Tout cela signi
1301
puisse penser. Et plus loin : Regardons ce qui
se
passe dans l’amour, quoiqu’il ne rende qu’imparfaitement la situation
1302
que veut aussi l’amour, ainsi ces deux puissances
s’
entendent dans la passion de l’instant, et cette puissance est justeme
1303
nne. Elle est d’abord une forme d’existence. Elle
s’
illustre dans les relations malheureuses — mais spirituellement créatr
1304
t déjà, durant les fiançailles, il lui écrit pour
s’
excuser d’un rendez-vous manqué : il est allé tout seul à la campagne,
1305
jour-là, « à Fredensborg où souvenir et nostalgie
s’
embrassent. C’est ce moment que j’aime tant ». Et il ajoute que lorsqu
1306
t alors seulement que nous sommes unis ».) Régine
s’
est mariée ailleurs. Le dernier appel qu’il ait tenté de lui adresser
1307
i ! — ne l’a pas atteinte. Une dernière fois, ils
se
sont rencontrés, mais par hasard, dans la rue. Elle l’a salué, et il
1308
t il a répondu à son salut, mais ils n’ont pas pu
se
parler. C’était le 17 mars 1855, à la veille du départ de Régine pour
1309
le », mais dans l’égalité de tous devant Dieu. On
s’
étonne : cet amour général, impersonnel, et qu’on pourrait confondre a
1310
on de l’esprit en tout homme. Seul donc celui qui
s’
est connu et accepté en tant qu’esprit, celui qui de la sorte se trouv
1311
c’était Régine ! Plus tard, le concept d’individu
s’
universalise (paradoxalement !) et s’approfondit. Il est la signature
1312
t d’individu s’universalise (paradoxalement !) et
s’
approfondit. Il est la signature de l’homme spirituel, distingué dans
1313
e j’appelle la personne. Finalement, cet Individu
s’
exemplifie dans le destin, ou pour mieux dire la vocation exceptionnel
1314
le furent point ; bien plus, on ne pourrait même
se
les imaginer mariés. Un philosophe marié a sa place dans la comédie,
1315
t Socrate, seule exception, le malicieux Socrate,
s’
est semble-t-il marié par ironie, précisément pour démontrer la vérité
1316
tu le regretteras », disait Socrate. « Celui qui
se
marie fait bien, mais celui qui ne se marie pas fait mieux », disait
1317
« Celui qui se marie fait bien, mais celui qui ne
se
marie pas fait mieux », disait saint Paul, parlant en tant que Spirit
1318
e c’est par la femme aimée de passion que l’homme
s’
élève, à condition cependant qu’il ne l’épouse pas. Dans ses moments d
1319
rise des instincts : La civilisation d’un peuple
se
manifeste dans l’unité disciplinée des instincts de ce peuple : la ph
1320
e honte, dissocier et disperser ses forces, enfin
s’
affaiblir et se déprimer physiquement et psychiquement !) Nietzsche en
1321
ier et disperser ses forces, enfin s’affaiblir et
se
déprimer physiquement et psychiquement !) Nietzsche en vient à découv
1322
ence d’un instinct, c’est au fond un instinct qui
se
plaint d’un autre instinct. »114 Passage capital pour mon propos ! C
1323
! Ce que Nietzsche y appelle « instincts rivaux »
se
ramène en fait à deux possibilités ou puissances rivales en l’homme :
1324
e mythe en général « le but réel de la science »,
s’
il est vrai que « la cause finale de la science est de rendre l’existe
1325
allures aux rythmes des danses dithyrambiques, de
s’
abandonner impunément à un sentiment orgiastique de liberté auquel, en
1326
que musique en soi, il lui serait interdit d’oser
se
livrer avec une telle licence, sans la sauvegarde de cette illusion.
1327
ous afin de pouvoir vivre avec nous-mêmes ! » Que
s’
est-il passé entre-temps ? Sur la scène tout au moins — et l’on veut d
1328
ce que Nietzsche exprime consciemment —, Tristan
s’
est évanoui et Don Juan domine tout. Wagner n’est plus « mon noble com
1329
hilosophe, en tant qu’amant de la « Sagesse » qui
se
croit devenu Don Juan, et qui se définit comme tel ! Les philosophes
1330
« Sagesse » qui se croit devenu Don Juan, et qui
se
définit comme tel ! Les philosophes de l’avenir réclameront le titre
1331
comme tout ce qu’il a connu ! Alors il lui faudra
s’
arrêter pour toute l’éternité, cloué à la déception et devenu lui-même
1332
ore, il arrive que le Don Juan de la connaissance
s’
interroge, et cela n’est pas dans le droit fil du personnage. Ou bien
1333
ous aussi, des amants malheureux. La connaissance
s’
est transformée chez nous en passion qui ne s’effraie d’aucun sacrific
1334
nce s’est transformée chez nous en passion qui ne
s’
effraie d’aucun sacrifice et n’a, au fond, qu’une seule crainte, celle
1335
e et n’a, au fond, qu’une seule crainte, celle de
s’
éteindre elle-même… Mais la passion de la connaissance peut faire pér
1336
si, est sans puissance sur nous. Le christianisme
s’
est-il donc effrayé d’idées semblables ? La passion et la mort ne sont
1337
a vérité secrète de son pire Adversaire. Qui sait
s’
il ne va pas l’aimer ? Dans la seconde partie d’Ainsi parlait Zarath
1338
ns la seconde partie d’Ainsi parlait Zarathoustra
se
produit le coup de théâtre préparé par ces quelques accords dissonant
1339
ietzsche lui-même. Le dernier aphorisme d’Aurore
se
termine ainsi : Où voulons-nous aller ? Voulons-nous donc franchir l
1340
ù jusqu’à présent tous les soleils déclinèrent et
s’
éteignirent ? Dira-t-on peut-être un jour de nous que, nous aussi, gou
1341
— Dans Ecce Homo, Nietzsche commente : Ce livre
se
termine par un « Ou bien ? » — c’est le seul livre au monde qui finis
1342
à l’esbrouffe mais très superstitieux. Enfin, il
se
contente de conquêtes faciles. (Mais je ne sais où l’on prend que Don
1343
rchent tous deux l’absolu, et que le héros unique
s’
appelle Faust quand il demande cet absolu à la science, Don Juan quand
1344
dis que dans un être unique et possédé à l’infini
se
concentre le monde entier. Tristan n’a plus besoin du monde — parce q
1345
emportée la victoire, il abandonne le terrain, et
s’
enfuit. Or la règle de l’amour courtois faisait du viol précisément le
1346
l’hommage un engagement jusqu’à la mort. Don Juan
se
rend donc tributaire de la morale dont il abuse. Il a grand besoin qu
1347
iste pour trouver goût à la violer. Tristan, lui,
se
voit libéré du jeu des règles, des péchés et des vertus, par la grâce
1348
rtu qui transcende le monde de la Loi. Enfin tout
se
ramène à cette opposition : Don Juan est le démon de l’immanence pure
1349
our et de la nuit, le martyr d’un ravissement qui
se
mue en joie pure à la mort. On peut noter encore ceci : Don Juan plai
1350
our. Mais ce lien de genèse réciproque ne saurait
s’
exprimer de la même manière en termes d’histoire, d’éthique, ou de psy
1351
Juan ne remonte guère qu’à la Renaissance, et ne
s’
est vraiment constituée qu’à la faveur du refoulement temporaire de la
1352
mopolite au féodal. Si Tristan quitte ses terres,
s’
éloigne de la Cour, son « errance » traduit dans l’espace la Quête ou
1353
r de la passion mortelle vers le milieu du xixe ,
s’
il est d’abord le fait du romantisme, ne coïncide point par hasard ave
1354
nt, dit le mot, révèle, et disparaît. Don Ottavio
s’
indigne au nom de la morale, mais le paysan Mazetto semble savoir un p
1355
quement adolescent, et comme indépendant du sexe.
S’
il réussit à se fixer sur un seul être, sans obstacles insurmontables,
1356
ent, et comme indépendant du sexe. S’il réussit à
se
fixer sur un seul être, sans obstacles insurmontables, il conduit nor
1357
ental. Supposons que la synthèse des trois termes
s’
opère, et qu’il en résulte un vrai couple. Cela signifie qu’au sein de
1358
sont généralement de nature sociale : ou bien il
s’
exalte et les nie — ou bien il renonce et les hait. Bientôt aimanté pa
1359
une nouvelle énergie, ou des raisons nouvelles de
se
renier. C’est alors que les mythes s’emparent de lui. Dans les deux c
1360
ouvelles de se renier. C’est alors que les mythes
s’
emparent de lui. Dans les deux cas, le mariage est condamné : puisqu’i
1361
ale et la société prononcent alors leurs décrets.
S’
ils suffisent à maintenir l’équilibre du couple, le mythanalyste se ta
1362
maintenir l’équilibre du couple, le mythanalyste
se
tait. S’ils conduisent au divorce ou à l’électrochoc, il demande à êt
1363
r l’équilibre du couple, le mythanalyste se tait.
S’
ils conduisent au divorce ou à l’électrochoc, il demande à être écouté
1364
invisibles du drame toujours latent qui vient de
se
déclarer. Il fallait donc d’abord préciser le contraste des deux my
1365
n, tout pronostic sur son évolution, devront donc
s’
établir sur cette base. Il en va de même pour une vie personnelle cons
1366
’est sous la forme d’une alternative que le drame
s’
impose, qu’il est vécu, et que la morale formule ses exigences. Or, on
1367
aissance des fins auxquelles chacun de ses termes
s’
ordonne et nous incline, selon sa loi. Mais il se peut aussi qu’une fo
1368
s’ordonne et nous incline, selon sa loi. Mais il
se
peut aussi qu’une fois ces fins reconnues, on les découvre essentiell
1369
e serait plus alors d’un dilemme à trancher qu’il
s’
agirait, mais d’une tension à restaurer dans son équilibre vital… S
1370
u plutôt deux tempéraments qui ne pourront jamais
s’
y accommoder. L’un exige l’intensité toujours accrue, l’autre l’excita
1371
a transcender la durée, l’autre en faire fi. L’un
se
voudra Tristan, l’autre Don Juan. Don Juan nous chante qu’il n’est he
1372
mortellement à celui qui ne l’aura pas « prise »,
s’
étant contenté de la « goûter ». Dona Anna poursuit Don Juan de sa hai
1373
e — c’est Tristan qui a raison contre le mariage.
S’
il n’est pas d’autre vie ni d’autre réalité qu’historique, matérielle
1374
’activité dont ses chromosomes sont porteurs) qui
se
met à fabriquer le virus disparu — jusqu’à ce qu’elle meure par éclat
1375
clatement, infectant les cellules voisines. Ainsi
se
propage la contagion dans un organe. Mais après tout, qu’est-ce qu’un
1376
e sa nocivité. (Notons aussi que le virus ne peut
se
propager et se reproduire qu’aux dépens de cellules vivantes : sans e
1377
(Notons aussi que le virus ne peut se propager et
se
reproduire qu’aux dépens de cellules vivantes : sans elles, il ne peu
1378
tif. Cette analogie biologique n’explique pas, on
s’
en doute, la nature en soi de nos mythes, qui sont phénomènes de l’âme
1379
i refuser l’hypothèse que les agents « morbides »
se
comportent eux aussi d’une manière formellement analogue, quel que so
1380
sation universelle. Le fédéralisme, au contraire,
se
définit comme la synthèse perpétuelle de deux tendances antagonistes
1381
intérieur du palais —, les trois Masques vengeurs
s’
avancent en pleine lumière, et Don Juan les invite, provoquant le dest
1382
mmes maintenant dans le palais.) Brusquement tout
s’
arrête à l’entrée du Trio. Quelques accords puissants, un échange de s
1383
oise l’épée, toutes forces en alerte, et Don Juan
s’
écrie d’une voix forte : « Que ce lieu s’ouvre à tous ! Vive la libert
1384
Don Juan s’écrie d’une voix forte : « Que ce lieu
s’
ouvre à tous ! Vive la liberté ! » Et voici l’étonnant : toutes les vo
1385
gistre ! Les trois Masques, Zerline et son fiancé
se
joignent à Don Juan et à Leporello. Viva la libertà éclate à douze re
1386
asques, c’est de tuer le traître séducteur, et de
se
faire les exécutants d’un destin qui les terrifie ; pour le valet, c’
1387
revendiquent leur liberté, et toutes ces libertés
se
contredisent, et toutes, à des degrés divers, ne font que servir l’or
1388
vrai, nécessaire et sacré ? Lorsque les croisés
se
heurtèrent en Orient à l’invincible ordre des Assassins — écrivait Ni
1389
estres, — elle veut ce ciel où l’amant et l’aimée
se
confondent en un seul être, dans le règne sans fin de l’Amour sans ré
1390
ore Dans la tourmente infinie Du souffle du Monde
S’
engloutir — S’abîmer — Inconscient — Joie suprême !132 Mais si le m
1391
urmente infinie Du souffle du Monde S’engloutir —
S’
abîmer — Inconscient — Joie suprême !132 Mais si le moi est dépassé
1392
L’amour. — Ici la dialectique des deux mythes
se
resserre. Elle atteint sa formulation la plus abstraite au moment de
1393
ssion est dans le moi distinct, et si ce moi doit
s’
abîmer dans l’inconscient tout englobant, il n’y a plus d’objet, ni de
1394
our de l’amour dans un sujet qui, lui aussi, doit
s’
évanouir. Que reste-t-il ? Comme d’autres perdent pour sauver leur vie
1395
personnes, mais des puissances, ils ne sauraient
s’
aimer eux-mêmes, ce qui est la condition de l’amour d’un autre, et don
1396
réel : car sans prochain, l’amour ne sait plus où
se
prendre. Tout amour véritable est relation réciproque. Cette relation
1397
véritable est relation réciproque. Cette relation
s’
établit tout d’abord à l’intérieur de chaque personne, entre l’individ
1398
t nouveau, — et tel est l’amour de soi-même. Elle
s’
établit ensuite à l’intérieur du couple, entre les deux sujets-objets
1399
que constituent les deux personnes mariées. Elle
s’
établit enfin entre le couple et la communauté humaine. Telle est la p
1400
ils sont nés de lui, contre lui, et ne pourraient
se
perpétuer sans lui. Mais ici se révèle en même temps leur fonction pr
1401
et ne pourraient se perpétuer sans lui. Mais ici
se
révèle en même temps leur fonction proprement vitale, ou devenue tell
1402
majeures, mais des signes chargés de sens. Qu’ils
se
lèvent soudain devant nous, fascinants comme un rêve d’autres nuits,
1403
s les deux ont raison contre l’amour, sitôt qu’il
se
ramène en soi, cessant d’être un échange vivant. Enfin tous les deux
1404
s, et sans style ni virtù. Dès qu’un déséquilibre
se
trahit en nous, ou provoque une crise dans le couple, ils s’y jettent
1405
n nous, ou provoque une crise dans le couple, ils
s’
y jettent et l’aggravent à plaisir. Que l’un des deux gagne à la main,
1406
es gens. (Minotaure-Morholt-Hitler.) Puis il a dû
s’
éloigner de nouveau, écœuré par l’intrigue des barons félons. Certes,
1407
u à son appel. Mais la vraie passion tristanienne
se
nourrit de retraits et d’obstacles, quitte à les susciter s’ils sembl
1408
de retraits et d’obstacles, quitte à les susciter
s’
ils semblent faire défaut. Entre la France et lui, quand il était le p
1409
son père, au moment où elle sent Don Juan prêt à
s’
enfuir, un peu trop vite. Je ne vois pas Casanova « trahi » de la sort
1410
é ses conquêtes et elles l’ont mieux conquis : on
se
sépare heureux, dans les Mémoires. Notons aussi que Dona Anna, si ell
1411
mation physique. Il faut croire que mon hypothèse
se
lisait entre les lignes, néanmoins, puisque Eugène Ionesco a pu dire
1412
Pour Berlin (septembre 1961)bf Le monde entier
se
demande pourquoi M. Khrouchtchev estime urgent de signer un traité de
1413
jeu les droits de l’homme. Le problème de Berlin
se
ramène à ceci qu’un régime qui se dit populaire veut empêcher son peu
1414
blème de Berlin se ramène à ceci qu’un régime qui
se
dit populaire veut empêcher son peuple de le fuir. À travers Berlin,
1415
ions d’hommes pour deux millions de Berlinois ? »
s’
écriait récemment M. Khrouchtchev. Nous lui demandons en retour, avec
1416
nfiance à l’Histoire, conformément à sa doctrine.
S’
il déclarait demain que les Allemands de l’Est ont, eux aussi, le droi
1417
es Allemands de l’Est ont, eux aussi, le droit de
s’
autodéterminer, ces Allemands cesseraient aussitôt de fuir à l’Ouest e
1418
lemands cesseraient aussitôt de fuir à l’Ouest et
se
mettraient au travail, dans l’espoir. Ceux qui retrouvent l’espoir ne
1419
planétaire provoquée par la crise présente. Mais
s’
il risque la guerre pour que Pankow maintienne son peuple prisonnier,
1420
ie ? Quelques lignes en fin de numéro, comme cela
se
fait dans le monde entier, sauf à Paris, à une ou deux exceptions prè
1421
me existant, il le bâtissait déjà. » Cependant, «
s’
il en fut l’un des plus infatigables édificateurs, il ne fut pas seul
1422
pas confronter aux réalités l’image commode qu’on
s’
en faisait ; on voulait pouvoir s’imaginer au-delà de la ligne de déma
1423
e commode qu’on s’en faisait ; on voulait pouvoir
s’
imaginer au-delà de la ligne de démarcation un monde tellement inferna
1424
’Axel Springer a créé son mur à coups d’insignes.
S’
il est vrai que ce mur, aujourd’hui, « est gardé d’un côté par des sen
1425
no ? Mais j’allais oublier le plus beau. M. Dehem
se
plaint : « On m’a littéralement proscrit pour avoir écrit que le mur
1426
s l’esprit de ses promoteurs. Tous les gaullistes
se
sont posés en défenseurs du traité de Rome, qui exclut leur « Europe
1427
dés gaulliens, que tous décrient, deux politiques
s’
affrontaient à Bruxelles. L’une voulait que le Marché commun soit l’am
1428
e le Marché commun, à mi-chemin de son évolution,
s’
ouvre sur une union économique étendue à l’échelle atlantique. La prem
1429
ion » américaine. L’opinion publique occidentale,
s’
imaginait que la première était celle de M. Spaak et des Communautés ;
1430
es mondialistes et des neutres, ces trois groupes
se
trouvant renforcés par l’opposition des gaullistes à la supranational
1431
i qui invoque maintenant le traité de Rome, qu’il
se
bornait à tolérer en fait, dans le temps même où l’Angleterre le refu
1432
s le temps même où l’Angleterre le refusait, puis
s’
y opposait de toutes ses forces. En revanche, dès le 11 mai 1962, Paul
1433
’il a bien disposé les esprits, hors de France, à
se
faire complices de ses desseins cachés. En vérité, c’est aux mouvemen
1434
e vision de l’Europe politiquement unie. Mais ils
se
taisent, ou se contentent de proposer une Constituante, déléguant le
1435
urope politiquement unie. Mais ils se taisent, ou
se
contentent de proposer une Constituante, déléguant le travail créateu
1436
ale doit assumer. Encore faut-il que quelques-uns
se
mettent au travail, qu’ils élaborent un plan, en déduisent une tactiq
1437
lle, a rendu claire. La vraie lutte pour l’Europe
se
relâchait. Je ne sens plus, pour ma part, aucune raison de douter de
1438
ue, lorsque des forces divergentes commenceront à
se
manifester parmi les Six, nous trouverons là l’occasion de nous assur
1439
quel m’écrivait en 1953 que les Six ne seraient —
s’
ils existaient jamais, ce dont il doutait — qu’une trahison de la gran
1440
’est parler un langage européen. Or l’Europe doit
s’
unir pour durer, j’entends pour continuer à exercer demain sa vocation
1441
es au regard des empires neufs. Toute la question
se
ramène alors à savoir quelles formes d’union les Européens vont chois
1442
On en passera par là, probablement, mais pourquoi
s’
y arrêter ? Car l’Histoire n’en fera rien. L’Europe a sécrété le natio
1443
ses seuls atouts. Le monde entier en pâtirait et
se
sentirait appauvri. Au reste, Napoléon n’a réussi qu’à provoquer des
1444
s Grisons devait compter deux ou trois jours pour
se
rendre à la Diète fédérale, alors qu’un député de Stockholm ou d’Athè
1445
s petite que n’était la Suisse à l’époque où elle
s’
est fédérée. Et les disparités de coutumes ou de richesse, de langue,
1446
in quelle solution a la moindre chance de succès,
s’
agissant d’unir nos pays, hors une solution fédérale. Ici, l’exemple d
1447
olution fédérale. Ici, l’exemple de la Suisse… On
s’
écrie aussitôt qu’il ne saurait être question d’imiter ce modèle, ridi
1448
’en ont pas d’autres.) Même si l’Europe refuse de
s’
inspirer de la Suisse, il reste que la Suisse dépend de l’Europe, et q
1449
est l’idée fédéraliste. Entre-temps, les nations
se
constituent, se multiplient, s’absolutisent, et prouvent leur souvera
1450
raliste. Entre-temps, les nations se constituent,
se
multiplient, s’absolutisent, et prouvent leur souveraineté par de glo
1451
emps, les nations se constituent, se multiplient,
s’
absolutisent, et prouvent leur souveraineté par de glorieux massacres,
1452
nt à partir du xixe siècle. Les voix suisses qui
s’
élèvent au plan européen ne cessent de dénoncer ces démences collectiv
1453
r d’aujourd’hui. Comme dans Le Contrat social, il
s’
y fait l’avocat d’une confédération de nos pays inspirée du « corps ge
1454
ormée de très petits États « où tous les citoyens
se
connaissent mutuellement », mais qu’unissent les liens d’une « commun
1455
où les meilleurs esprits de nos diverses nations
se
lient d’amitié, soit par des livres comme De l’Allemagne, qui rétabli
1456
utralité de la Suisse indépendante. Et tandis que
se
forment dans le reste de l’Europe des nations unitaires sur le modèle
1457
impériale de l’union dans la diversité. Proudhon
s’
est peut-être souvenu de son passage à Neuchâtel (où il fut un temps t
1458
. C. Bluntschli, célèbre professeur à Heidelberg,
s’
est inspiré directement de l’expérience suisse en rédigeant son projet
1459
r la paix de l’Europe. « Si cet idéal de l’avenir
se
réalise un jour, écrit-il en 1875, la nationalité suisse devra s’inco
1460
ur, écrit-il en 1875, la nationalité suisse devra
s’
incorporer à la communauté de la Grande Europe. De cette façon, elle n
1461
duit à la convocation du congrès de l’Europe, qui
se
tient à La Haye au mois de mai 1948. De La Haye naît le Mouvement eur
1462
il de l’Europe. L’impulsion est donnée, l’opinion
se
réveille, les hommes d’État le sentent, et le reste va s’ensuivre : p
1463
lle, les hommes d’État le sentent, et le reste va
s’
ensuivre : plan Schuman, Communauté du charbon et de l’acier, tentativ
1464
tion d’un Centre européen de la culture, celui-ci
s’
organise à Genève et convoque aussitôt une grande conférence qui se ti
1465
ve et convoque aussitôt une grande conférence qui
se
tient à Lausanne en décembre 1949. De cette conférence et de l’action
1466
a culture, sur le thème « l’Europe et le monde »,
se
tient à Bâle en septembre 1964, sous le haut patronage du Conseil féd
1467
et que notre peuple l’est sans doute plus encore,
s’
agissant du projet européen. Le scepticisme dominait, et comme on tien
1468
on de nos vieilles coutumes ! Temps perdu ! Ça ne
se
fera jamais ! » Je me souviens d’un débat devant le micro, en février
1469
qui faisaient notre opinion. L’union de l’Europe
s’
avérait bel et bien réalisable, puisqu’elle devenait réalité, mais ell
1470
gouvernants pour rejoindre l’histoire en train de
se
faire semblait prématurée aux yeux de nos sages et de nos experts, qu
1471
de la seconde objection que je citais : « Si cela
se
fait par impossible, ce sera néfaste pour la Suisse » ? Quatre groupe
1472
otre indépendance et « l’étoile fixe sur laquelle
se
règle la politique étrangère de la Confédération139 ». Adhérer à l’un
1473
, et c’en serait fait du rôle particulier qu’elle
se
réserve d’invoquer plus souvent encore que d’autres nations, au nom d
1474
ances politiques intérieures les ont contraints à
se
retirer du jeu des puissances militaires. Autrement, ils courraient l
1475
n à sa fin. Comme l’auraient fait les Waldstätten
s’
ils avaient décidé d’interdire à tout le monde l’accès du Saint-Gothar
1476
édification de l’Europe unie. Sinon, l’Europe qui
se
fera sans elle risque bien de se faire contre elle — c’est-à-dire con
1477
on, l’Europe qui se fera sans elle risque bien de
se
faire contre elle — c’est-à-dire contre son essence fédéraliste ; mai
1478
plaindre. À quoi l’on pourrait ajouter : 1°) que
s’
il est vrai que notre neutralité a permis les interventions de la Croi
1479
ur à l’avenir ; 2°) que la neutralité suisse, en
s’
absolutisant jusqu’à devenir tabou — traître est celui qui ose la disc
1480
tractuelles. Déclarer, par exemple, que la Suisse
se
devrait de rester neutre, même en cas de conflit entre l’Europe d’une
1481
e la Constitution actuelle. Si, dit-il, la Suisse
se
refuse à entrer sans réserve dans le Marché commun, elle ne saurait j
1482
es échanges avec le monde au-delà de l’Europe. En
s’
associant au Marché commun, par exemple, elle perdrait de nombreux ava
1483
ez nous qu’ailleurs, n’en affirment pas moins que
s’
il le faut, un jour, la Suisse farà da se et saura bien se défendre ?
1484
oins que s’il le faut, un jour, la Suisse farà da
se
et saura bien se défendre ? Nous ne sommes plus au défilé de Morgarte
1485
faut, un jour, la Suisse farà da se et saura bien
se
défendre ? Nous ne sommes plus au défilé de Morgarten. Ce n’est pas a
1486
ectueuse de ses diversités comme nous des nôtres,
s’
accorderait avec la vocation traditionnelle de la Suisse. Mais se fera
1487
vec la vocation traditionnelle de la Suisse. Mais
se
fera-t-elle ? Voilà qui dépend de nous aussi. C’est à nous de faire v
1488
on que j’ai citée n’est pas tout à fait étranger.
S’
il croit vraiment que le mélange des peuples est un danger majeur pour
1489
ou du xviiie siècle, ni même celle de 1848 qu’il
s’
agit de sauver aujourd’hui, mais bien la Suisse réelle du xxe siècle.
1490
e au bout des arguments, au fond des choses. Elle
s’
explique peut-être en partie par nos coutumes précisément fédéralistes
1491
qu’on ne pousse pas sa pointe à fond et qu’on ne
se
laisse pas entraîner par une verve logique ou polémique qui risquerai
1492
autres motifs à cette espèce d’embarras. Ceux qui
se
réclament très haut de nos traditions savent bien que chacun sait qu’
1493
nos traditions savent bien que chacun sait qu’il
s’
agit d’intérêts et de maintenir ou d’augmenter le chiffre d’affaires,
1494
ils n’ont aucune espèce de chances d’être écoutés
s’
ils proposent de renoncer à la neutralité : c’est devenu, dans la Suis
1495
se. Je diffère dans ce domaine de la majorité. Il
s’
agit de savoir et de dire ce que nous avons à donner, et non pas seule
1496
goïsmes qu’on déguise en patriotismes — la Suisse
se
doit d’en opposer une troisième, la solution fédéraliste, qui maintie
1497
c’est à quoi le gouvernement de notre fédération
se
refuse avec vigilance, non parce qu’il est mauvais, mais au contraire
1498
qu’il est mauvais, mais au contraire parce qu’il
s’
en tient scrupuleusement à l’empirisme qui, jusqu’ici, a présidé avec
1499
e dans ses grandes lignes et dans son ensemble »,
se
voit répondre par le Collège exécutif : 1°) « Dans un pays comme le n
1500
difficultés que rencontrerait le Conseil fédéral
s’
il voulait tracer, même à grands traits, un programme d’action pour l’
1501
ière guerre : À l’heure actuelle, notre destinée
se
révèle. Le sort nous a confié une conception de l’État dont la portée
1502
atanique, au moment où les civilisations opposées
s’
entredéchirent, notre petit État revendique l’honneur d’un idéal natio
1503
teuse. Parce qu’il ne dispose pas d’un empire, il
s’
alimente à l’univers. Ainsi lui est-il rendu plus facile d’admettre ce
1504
ndes chances d’être confirmées — et sans doute de
s’
étendre du plan moral, civique et politique, aux domaines de l’adminis
1505
de societas véritable quand les socii cessent de
se
sentir tels. Seules l’idéologie et la police d’État les encadrent alo
1506
r ni vraiment les organiser. 3°) La planification
se
révèle plus efficace dans un milieu où les relais d’exécution sont no
1507
s « dans les intérêts de l’Europe entière. » Même
s’
il n’était pas accepté en fin de compte, il aurait pour effets inévita
1508
profiter des guerres qui ruinent les autres, pour
se
retirer ensuite dans sa prospérité en invoquant sa situation particul
1509
n qu’historiquement explicables elle croit devoir
s’
y refuser. Pendant longtemps encore, et sans doute trop longtemps pour
1510
doute trop longtemps pour qu’un revirement puisse
s’
opérer en temps utile — avant que les jeux européens ne soient faits —
1511
jeux européens ne soient faits — elle choisira de
se
réserver. 2°) Ce dernier terme évoque irrésistiblement l’idée de tran
1512
gardée, de parc national de l’Europe. Refusant de
se
faire les missionnaires de leur propre fédéralisme, les Suisses en de
1513
certain. Mais il est de la nature d’un malaise de
se
terminer plus ou moins vite par un retour à la santé, une maladie déc
1514
un tranquillisant ? Il est certain que l’Europe «
se
fera » un jour ou l’autre. Il est probable qu’elle sera faite d’ici 1
1515
d’ici 1980. Et l’on n’imagine pas qu’elle puisse
se
faire sur d’autres bases et selon d’autres règles que celles d’un féd
1516
tant qu’État, à l’écart des luttes politiques qui
se
jouent à l’échelle du continent. Ces conditions idéales se trouvent r
1517
du Saint-Empire, de même la Confédération suisse
se
voit dotée d’un statut spécial, d’une sorte d’immédiateté fédérale, e
1518
ropéennes146. La Suisse, qui n’inquiète personne,
se
voit ainsi réinstallée et confirmée dans son statut traditionnel : sa
1519
i de raisonnable dans aucun de ces arguments, qui
se
contredisent d’ailleurs deux à deux. Mon dessein, ne l’oublions pas,
1520
on double refus de participer et d’initier, et ne
se
prépare pas pour un tiers terme. Examinons d’un peu plus près les pou
1521
e voulaient rien être dans l’union, les voilà qui
se
proposent comme pays-capitale ! Leurs hôteliers n’y perdraient rien.
1522
n’y perdraient rien. Les fonctionnaires européens
s’
ennuieraient vite dans la patrie du Ranz des vaches… Mais après tout,
1523
Je vais donc le faire à sa place. Nos dirigeants
se
refusent expressément à toute espèce de programme politique, autant d
1524
e politique, autant dire à toute politique qui ne
se
résume pas à faire valoir nos bonnes raisons de n’en avoir aucune — e
1525
’en avoir aucune — et c’est ce que l’on appelle «
se
réserver », à Berne. Il se peut que cette attitude soit la seule qui
1526
ce que l’on appelle « se réserver », à Berne. Il
se
peut que cette attitude soit la seule qui convienne à un petit pays,
1527
ne sont plus nationaux, mais mondiaux : rêver de
s’
y soustraire ne serait ni réaliste ni défendable moralement. Et mainte
1528
ner mes réactions devant un projet comme le mien,
s’
il émanait d’un étranger. Supposons la chose faite. Que devient mon pa
1529
relations cantonales et communales coexistent et
se
superposent sans interférences gênantes. À Genève, depuis le temps de
1530
temps de la SDN, vie internationale et vie locale
se
croisent et se traversent sans fusion ni mélange, les longueurs d’ond
1531
, vie internationale et vie locale se croisent et
se
traversent sans fusion ni mélange, les longueurs d’onde étant netteme
1532
s longueurs d’onde étant nettement distinctes. Et
s’
il y a contamination, ce n’est pas dans le sens qu’un vieux Genevois p
1533
envahissants » que le tourisme et l’industrie ne
s’
efforçaient naguère d’en attirer, les uns payants et les autres payés.
1534
s. Les quais de gare où toutes les races du monde
se
mêlent à nos derniers paysans dans une odeur de bouillon Maggi et de
1535
oir contraint de l’admettre. Saura-t-elle un jour
s’
exprimer par le verbe, l’œuvre ou l’action, sinon le cri qu’on attend
1536
cœur de l’Europe. C’est ici que l’Europe devrait
se
déclarer, jurer son pacte et se constituer. La Suisse fondrait alors
1537
l’Europe devrait se déclarer, jurer son pacte et
se
constituer. La Suisse fondrait alors en elle sa destinée, fidèle à so
1538
promission avec tous les snobismes à l’affût.) Il
se
plaignit, très gentiment, de ce que durant nos années parisiennes nou
1539
un cordonnier, dans le Morvan, les deux portraits
se
faisant face de la mère Angélique Arnaud et de Marat : l’accord du ja
1540
éjetée, insultée jusqu’à l’âme. D’autres fois, il
se
contentait d’un ou deux coups d’épingle très courtois, ou d’une épith
1541
ier encore au-delà de ses plus folles espérances,
s’
en allait subitement dégonflé. (Combien de poètes, et plus encore de p
1542
plus encore de peintres, n’ont jamais pu vraiment
s’
approuver dans leur cœur, parce que Breton ne les avait pas admis et c
1543
u’on eût dit nées des comédies de Shakespeare. On
se
rencontrait chez l’un ou l’autre, faute de terrasses de café, une ou
1544
de café, une ou deux soirées par semaine, et l’on
se
livrait avec beaucoup de sérieux à des jeux d’écriture ou de télépath
1545
néfice de l’extrême fraîcheur. » Jamais Breton ne
s’
est mieux défini. Je pense au soir où il déclara qu’il était temps d’a
1546
». Je crois avoir été, de ses amis, le seul qui
s’
avouât et se voulût « chrétien ». Cette inconcevable anomalie l’inquié
1547
s avoir été, de ses amis, le seul qui s’avouât et
se
voulût « chrétien ». Cette inconcevable anomalie l’inquiétait fort et
1548
s que ponctuel et parfaitement serein. Je ne sais
s’
il a lu mon litigieux ouvrage. « Je crois que vous croyez ? », me dit-
1549
en retard, comme prévu, et comprend vite que tout
s’
est arrangé. Puisque Marcel, infaillible à ses yeux, semble m’absoudre
1550
ive par la forêt en pente, a dix-huit chambres et
s’
ouvre vers le lac par une galerie de bois montée sur de hauts pilotis,
1551
auts pilotis, si vaste que vingt fauteuils cannés
s’
y perdent, et quelques chevalets de peinture. Luxe inouï de la solitud
1552
ou les lacs italiens. — C’est un lac, quoi, tout
se
ressemble. C’est très bien. » Il va donc rester quelques jours. Nos v
1553
eraient volontiers. Ce sont les imbéciles qui, en
se
liguant contre les individus libres et inventifs, solidifient ce qu’i
1554
e l’avenir sera d’inventer, par réaction à ce qui
se
passe maintenant, le silence, la lenteur, et la solitude. Aujourd’hui
1555
pend des vrais désirs des hommes : c’est ce qu’il
s’
agit de bien voir et surtout d’accepter. Le reste est beaucoup plus fa
1556
e que nous pouvons imaginer de lui… Avant d’aller
se
coucher, je lui donne le Nouvel Esprit scientifique de Bachelard. J’a
1557
e Millikan sur les rayons cosmiques, le mouvement
se
produit dans des conditions de vide matériel, d’inanité telles qu’on
1558
llait une masse préexistante pour qu’un mouvement
s’
y appliquât. — Je l’ai bien lu, m’a-t-il dit ce matin en me rendant le
1559
. Qu’est-ce qu’il appelle mouvement, votre type ?
S’
il le définit par opposition au repos, ça ne marche pas, rien n’est en
1560
En fait, dit-il au déjeuner sur la galerie, tout
se
passe anarchiquement dans le monde. Les lois ne servent que de prétex
1561
de prétextes. On ne les respecte pas, on pourrait
s’
en passer. Si l’on supprimait l’argent, je suis sûr que tout irait aus
1562
u pain, parce que c’est son plaisir et qu’il faut
s’
occuper. On prendrait chez lui sans payer un ou deux pains par jour, o
1563
’y a pas d’achat ni de transactions légales. Tout
se
passe librement, entre père et fils, on s’arrange, il y en a pour tou
1564
. Tout se passe librement, entre père et fils, on
s’
arrange, il y en a pour tout le monde… La famille est le modèle d’une
1565
l’âge adulte… À propos d’âge : — La grande crise
se
produit vers quarante ans, chez un artiste. C’est à ce moment qu’il d
1566
ns, chez un artiste. C’est à ce moment qu’il doit
se
renouveler entièrement, ou se résigner à s’imiter lui-même. Vous alle
1567
e moment qu’il doit se renouveler entièrement, ou
se
résigner à s’imiter lui-même. Vous allez sentir cela bientôt, vous ve
1568
doit se renouveler entièrement, ou se résigner à
s’
imiter lui-même. Vous allez sentir cela bientôt, vous verrez… — En som
1569
ue ici, c’est un jeu d’échecs. Celui dont Duchamp
se
sert pour ses problèmes est trop petit pour jouer à deux : c’est un «
1570
fumant sa pipe, et levé avant tous les autres. Il
se
passe volontiers de breakfast, et pense qu’il suffirait de manger une
1571
s destinées à sa « boîte-en-valise » — et puis il
s’
étend, ne fait rien, fume un peu, reprend ses échecs. Pensant à la con
1572
nt à la conversation de la veille, je lui demande
s’
il est vrai qu’il a décidé un beau jour d’abandonner définitivement la
1573
lus grands triomphes en Amérique. — Pas du tout !
s’
écrie-t-il avec une nuance d’indignation amusée. Je n’ai pas renoncé p
1574
t même pas des tableaux, ils font des chèques. Il
se
lève, va chercher quelque chose dans la boîte-en-valise en constructi
1575
ous êtes sans doute le premier artiste qui ait su
se
mettre en boîte lui-même. Il rit soudain : — La seule chose ennuyeuse
1576
aussi de la bouche qui l’exhale, les deux odeurs
s’
épousent par infra-mince. » Voudriez-vous nous donner d’autres exemple
1577
e physique inexplicable. Au contraire, les myopes
s’
accommodent des villes, mais se sentent perdus et vaguement étourdis d
1578
traire, les myopes s’accommodent des villes, mais
se
sentent perdus et vaguement étourdis devant un paysage comme celui-ci
1579
la méditation. (Cette réaction, je le crains, va
se
généraliser.) Et chacun s’efforçait de montrer que l’événement ne le
1580
tion, je le crains, va se généraliser.) Et chacun
s’
efforçait de montrer que l’événement ne le prenait pas au dépourvu. —
1581
obile atomique dans un magazine du genre Look. C.
s’
écria que l’idée que nous mourrons tous dans une grande explosion la h
1582
a piqué le mystère en plein plexus solaire… Il va
se
venger ! » Enfin Duchamp voulut bien s’interrompre dans un problème d
1583
re… Il va se venger ! » Enfin Duchamp voulut bien
s’
interrompre dans un problème d’échecs, pour remarquer que la bombe con
1584
andes dates de la terre : ce n’est qu’un rien qui
s’
est défait. « L’impossibilité du faire », j’y reviens. Marcel confes
1585
des œuvres, côté pratique des inventions. Duchamp
se
manifeste par retraits ironiques, agit par ses absences un peu sourno
1586
bagage, sa propre mise en boîte et en valise, il
se
glissera très librement vers le xxie siècle et la suite, en tant qu’
1587
er que le mouvement personnaliste des années 1930
s’
est continué dans la pensée et dans l’action d’un grand nombre de rési
1588
l. Les gens d’une même profession y viennent pour
s’
ennuyer durant les séances et s’amuser d’autant mieux après. Mais une
1589
n y viennent pour s’ennuyer durant les séances et
s’
amuser d’autant mieux après. Mais une sorte de passion très singulière
1590
ravail nocturne des commissions. C’est elle qu’il
s’
agirait de rendre sensible si l’on voulait décrire la réalité psycholo
1591
ler de vraies révolutions. La période des congrès
s’
ouvre en août 1947 à Montreux et se termine en décembre 1949 à Lausann
1592
de des congrès s’ouvre en août 1947 à Montreux et
se
termine en décembre 1949 à Lausanne. Son histoire n’est pas encore éc
1593
d’une manière insuffisante ou fausse, si l’on ne
s’
y met sans retard : les documents imprimés, peu nombreux150, ne donnen
1594
0, ne donnent pas l’essentiel de l’événement, qui
se
passa dans les têtes et dans les cœurs. Les documents manuscrits ou p
1595
is », n’ont pas été systématiquement réunis et ne
se
conserveront pas longtemps (mauvais papier de l’après-guerre) ; enfin
1596
rès-guerre) ; enfin, les acteurs de cette période
s’
en vont : sur une photo prise à La Haye, autour de Churchill qui se ra
1597
ne photo prise à La Haye, autour de Churchill qui
se
rassied après son discours inaugural, en essuyant une larme de l’inde
1598
se, si les calculs d’une prudence « réaliste » ne
s’
y étaient mis comme le ver dans le fruit. Oui, c’est la naïveté de que
1599
tard, le soir, c’est un journaliste français qui
se
présente, Raymond Silva, secrétaire général de l’UEF, et il vient me
1600
Je n’étais pas encore engagé dans l’affaire. Tout
se
passait comme si j’avais jugé que le fait de prononcer un keynote spe
1601
ntrée de jeu que l’action pour unir l’Europe doit
s’
appuyer sur le plan Marshall, et qu’une intégration économique conduir
1602
l’intégration militaire. Le réalisme commande de
se
borner à des mesures modestes de coopération, résultant de consultati
1603
tes et la tactique des unionistes. « Rien ne peut
se
faire sans les gouvernements », disaient les uns… « Mais les gouverne
1604
on cherchera les voies qui peuvent y mener. » Il
se
peut que ce soit au fait d’avoir été jeté à brûle-pourpoint et publiq
1605
us, dans la perspective historique qui commence à
se
dégager après vingt ans, le congrès de Montreux me paraît tenir une p
1606
tenir une place décisive et axiale : c’est là que
s’
opéra la rencontre de la plupart des courants « européistes » jusqu’al
1607
une démonstration spectaculaire, celle qui devait
se
réaliser quelques mois plus tard à La Haye. Une convergence mémora
1608
camaraderie retrouvée et d’une grande aventure où
s’
engager, j’étais loin de mesurer l’importance objective de ce qui vena
1609
esurer l’importance objective de ce qui venait de
se
passer dans ce palace énorme et désuet. Pour l’historien futur, j’ind
1610
trois composantes principales de l’affaire. Elles
s’
étaient déclarées un an auparavant, par une curieuse coïncidence à la
1611
action européenne154. Et plusieurs de leurs chefs
se
retrouvaient à Montreux, Italiens et Allemands, Français, Bénéluxiens
1612
andys représentait à Montreux. À tout cela venait
s’
ajouter une quatrième composante : il y avait eu à Londres, entre les
1613
ons et de nommer leurs délégués. Ceux-ci devaient
se
réunir en de vastes assises délibératives et peu à peu constituantes,
1614
et peu à peu constituantes, à mesure qu’un accord
se
dégagerait sur les formes nouvelles d’une Europe fédérale. Des comité
1615
les d’une Europe fédérale. Des comités permanents
s’
occuperaient des problèmes politiques, sociaux, économiques, coloniaux
1616
de coopération économique (van Zeeland, Serruys)
se
rencontraient avec ceux de l’UEF (Brugmans, Silva, Voisin) et constit
1617
trois. « Pourtant, si nous refusons, que va-t-il
se
passer ? Il me paraît difficile de faire les états généraux contre le
1618
généraux contre le congrès de La Haye. Les autres
se
couvriront largement sur leur gauche et nous aurons à envisager bient
1619
ui compte, non seulement parce que les événements
se
précipitent, mais encore parce que nos propres mouvements se désagrég
1620
ent, mais encore parce que nos propres mouvements
se
désagrégeront si nous ne leur donnons pas un but précis. Nous risquer
1621
te connaît un renouveau inespéré, les communistes
se
sont isolés volontairement, et la “troisième force” classique ou bien
1622
rement, et la “troisième force” classique ou bien
se
retirera sous sa tente, ou bien se liera aux “grands noms” de l’“Euro
1623
ssique ou bien se retirera sous sa tente, ou bien
se
liera aux “grands noms” de l’“Europe unie” et de la Ligue. Nous pourr
1624
plet, mais nous ne réussirons pas non plus, et on
se
sera paralysé mutuellement. » Brugmans propose donc de ratifier l’acc
1625
chacun des dix-huit membres du comité central qui
s’
expriment (sur vingt présents), s’affrontent les mêmes craintes et vol
1626
ité central qui s’expriment (sur vingt présents),
s’
affrontent les mêmes craintes et volontés contradictoires, quoique iné
1627
ent.) Dilemme classique on le voit, que celui qui
s’
énonce en termes de maxima contradictoires dont il s’agit d’optimiser
1628
nonce en termes de maxima contradictoires dont il
s’
agit d’optimiser la coexistence en tension. L’UEF choisit ce jour-là l
1629
qui contribuèrent à cette décision fatidique. Il
se
peut que le sort de l’Europe fédérale se soit joué à ce moment-là pou
1630
ique. Il se peut que le sort de l’Europe fédérale
se
soit joué à ce moment-là pour trois ou quatre décennies. On peut très
1631
s « assagir » ou à les berner plus tard), ou bien
se
voyaient contraints de renchérir sur les conditions réelles d’union e
1632
était le souci primordial ou unique. (Les autres
s’
appelaient « unionistes »…) De Montreux à La Haye : qui formulera l
1633
fs unionistes. Dira-t-on que le comité de liaison
se
rapprochait du « possible », c’est-à-dire de ce que l’on prévoyait qu
1634
ing organisé par un de nos groupes affiliés devra
se
terminer par une collecte de signatures (et peut-être de quelques sou
1635
in matin, et je devais repartir le soir même), on
se
bornerait à proposer au Congrès, mais sans préavis du comité de liais
1636
Qui sont ces gens autour de moi, dont les visages
s’
illuminent dans le faisceau des projecteurs de cinéma ? Je suis assis
1637
Où suis-je ? À quelle époque ? Dans un rêve ? Que
se
passe-t-il ? « Churchill, tout près de moi, parle dans un micro, et l
1638
t continuellement découverte. D’autres continents
se
vantent de leur efficacité, mais c’est le climat européen seul qui re
1639
ans précédent. » Dès le 8 mai, les congressistes
se
répartirent en trois sections. Je ne pus en suivre qu’une, celle dont
1640
la culture et d’une Charte des droits de l’homme)
se
déroulèrent dans l’habituelle confusion des congrès, bien illustrée p
1641
des membres de la seule délégation nationale qui
se
présentait comme telle au Congrès, la Britannique. Le romancier Charl
1642
itannique. Le romancier Charles Morgan veut qu’on
s’
en remette pour la culture aux gouvernements (ceux du Pacte de Bruxell
1643
rt, ses tenants surent empêcher que le Congrès ne
se
prolonge en un vaste mouvement populaire, d’autre part les fédéralist
1644
alistes ne surent pas imposer leur tactique : ils
se
laissèrent berner par des promesses de « résultats modestes, mais con
1645
« Council of Europe », dont on ne savait pas bien
s’
il était plus et mieux qu’une alliance de souverainetés nationales abs
1646
Par moments, un orage déchaîné faisait baisser et
s’
éteindre pour quelques secondes toutes les lumières. Au fond de la sal
1647
ssage. Or je connais trente délégués au moins qui
s’
y opposeront, à cause de la phrase : “Nous voulons une défense commune
1648
vous, enverra cinquante délégués ! Et l’Europe ne
se
fera pas ! » J’avais un peu crié, je crois. Des huissiers nous prière
1649
n signe impérieux de la main afin que personne ne
se
lève dans la salle. J’eus une faible revanche (mais seulement d’amour
1650
istes, et surtout d’André Philip, vient désormais
s’
ajouter à celle des libéraux, principaux auteurs des analyses et proje
1651
’économie avec l’idée que l’union politique devra
s’
ensuivre, en vertu des mécanismes supranationaux institués dans certai
1652
in de subir toutes nos nations, trop pauvres pour
s’
offrir un si grand appareil. Ainsi les unionistes (la droite continent
1653
déal politique par excellence. Beaucoup de choses
se
faisaient en Europe, on l’a vu, mais sans liens organiques, sans poli
1654
utée qui indigne l’opinion. Mais les fédéralistes
s’
étaient montrés incapables de concevoir et surtout d’imposer une visio
1655
ou tenus pour tels) n’empêcha pas le Mouvement de
s’
épuiser assez vite en querelles de factions et de personnes, ou en ini
1656
ynaud fut le seul tempérament révolutionnaire qui
se
manifesta à La Haye. À Macmillan qui conseillait de n’avancer que ste
1657
clair, désormais, que la fédération européenne ne
se
fera jamais sur la base « réaliste » des États-nations souverains, fo
1658
négative, quoiqu’aussi coriace que désuète. Elle
se
fera, elle peut et doit se faire à partir des régions, formule neuve
1659
iace que désuète. Elle se fera, elle peut et doit
se
faire à partir des régions, formule neuve qui réalise exactement ce q
1660
stique manifeste, dont je n’ai pas souvenir qu’il
se
soit jamais plaint. 149. J’amorce ainsi la suite du Journal d’une é
1661
es délégués mandatés des Résistances de neuf pays
s’
étaient réunis clandestinement à trois reprises dans une villa de Genè
1662
a plupart des mots-clés de Montreux et de La Haye
s’
y trouvent déjà. 155. Sur l’extraordinaire carrière de J. H. Retinger
1663
ur le même thème. 162. « Mais quoi ! Il faudrait
se
lever pour cela ! Nous devrions tous nous lever ! » 163. Sforza, min
1664
core, les idéologies ou les religions, sommées de
s’
arrêter sur une ligne de barbelés électrifiés. C’est livrer sans recou
1665
u sincère, que cet État-nation qui, par ailleurs,
se
révèle incapable de répondre aux exigences concrètes de notre temps,
1666
se de cet obstacle radical à toute union que l’on
s’
efforce depuis vingt-cinq ans d’unir l’Europe ! Voilà qui explique suf
1667
Pour la première fois dans son histoire, l’homme
se
voit aujourd’hui en situation de choisir librement son avenir. Jusqu’
1668
nt délibérés, concertés à long terme : il fallait
se
battre pour survivre. Aujourd’hui que le nécessaire est assuré, on se
1669
vre. Aujourd’hui que le nécessaire est assuré, on
se
bat pour le contrôle de zones d’influence plus idéologiques que comme
1670
e prix d’un confort toujours accru ? Ces dilemmes
se
posent aujourd’hui à tous les peuples avancés sous le rapport de l’in
1671
de formation de l’État-nation dès ses débuts. Il
s’
agit donc d’une utopie catastrophique, mais dont la réalisation ne sau
1672
réduire l’obstruction des stato-nationalismes, et
se
consacrer sérieusement à la tâche de construire des modèles neufs pou
1673
ons Nos États-nations, obsédés par l’idée de «
se
faire respecter », oublient qu’ils n’y arriveraient qu’en se rendant
1674
specter », oublient qu’ils n’y arriveraient qu’en
se
rendant utiles. Ils exigent, depuis Louis XIV, que l’on s’incline dev
1675
t utiles. Ils exigent, depuis Louis XIV, que l’on
s’
incline devant la « majesté de l’État ». Mais non ! l’État n’est pas u
1676
omment cette “unité de culture non unitaire” doit
se
traduire en termes de structures politiques grâce au fédéralisme. » U