1 1926, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Avant-propos (décembre 1926)
1 vue. Mais nous savons, tout comme M. Coué, que ce serait de mauvaise méthode. Et, comme M. Coué, nous nous persuadons que tout
2 mais, nous semble-t-il, notre revue a sa raison d’ être . La vie d’aujourd’hui, on le sait, nous oblige à nous affirmer ou à r
3 araître parfois quelque peu impertinente. Le fait est que nous éprouvons irrésistiblement l’obligation d’être nous-mêmes. E
4 ue nous éprouvons irrésistiblement l’obligation d’ être nous-mêmes. Et, disons-le tout de suite, c’est en cela uniquement — ê
5 sons-le tout de suite, c’est en cela uniquement — être nous-mêmes — que consistera notre programme. Sans doute, les différen
6 . Sans doute, les différences s’accusent : mais n’ est -ce pas la meilleure raison pour nos aînés de chercher plus patiemment
7 aurions aller, et qui, nous voulons l’espérer, ne sera pas sans leur donner quelque bénéfice en retour. Certes, nous ne dema
8 ès tant d’autres, avant tant d’autres. « Amis, ce sont les jeunes qui passent… » Pas question de les saluer ni d’emboîter le
9 s offrent et de les considérer avec sympathie. Il est bien facile de s’écrier : « Après moi, le déluge ! », et de se détour
10 n a coutume d’appeler notre « désordre ». Mais on est toujours le fils de quelqu’un… Et, peut-être, la considération du « d
11 juger si nous avons de quoi faire les modestes…   Être nous-mêmes, avons-nous dit, c’est à la fois notre but et notre excuse
12 et notre excuse en publiant cette revue. Nous ne sommes pas « une revue littéraire de plus » ; nous ne voulons pas être « l’e
13 revue littéraire de plus » ; nous ne voulons pas être « l’expression de la jeunesse romande ». Nous sommes autre chose. (Be
14 tre « l’expression de la jeunesse romande ». Nous sommes autre chose. (Belles-Lettres est toujours « autre chose ».) Nous ne p
15 mande ». Nous sommes autre chose. (Belles-Lettres est toujours « autre chose ».) Nous ne prétendons pas plus être « bien be
16 urs « autre chose ».) Nous ne prétendons pas plus être « bien bellettriens » — prétention éminemment peu bellettrienne. Que
17  » — prétention éminemment peu bellettrienne. Que sommes -nous donc ? Le plus qu’on puisse dire, c’est que vous le saurez un pe
2 1926, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Paradoxe de la sincérité (décembre 1926)
18 d’une anarchie dont on ne veut pas avouer qu’elle est plus nécessaire — provisoirement — que satisfaisante pour l’esprit. C
19 lle définitions tendancieuses et contradictoires. Êtes -vous sincères en actes ou en pensées ; envers vous-mêmes ou quelque d
20 s les fluctuations de votre moi ? Votre sincérité est -elle consentement immédiat à toute impulsion spontanée (Gide), ou « p
21 perpétuel effort pour créer son âme telle qu’elle est  » (Rivière), ou encore refus de choisir, volonté de tout conserver en
22 liste de l’âme ? Heureusement que M. Brémond ne s’ est pas encore mêlé de l’affaire. Au reste, on n’a pas attendu les éclair
23 é et spontanéité « Nos actes les plus sincères sont aussi les moins calculés », écrit Gide. D’où l’on peut tirer par une
24 tifient : sincérité = spontanéité. Mais la morale est ce qui s’oppose en premier lieu à la spontanéité. C’est pourquoi Gide
25 C’est pourquoi Gide écrit ailleurs : « En chaque être , le pire instinct me paraissait le plus sincère. » La sincérité spont
26 ne songeait pas qu’il allait faire école. Le fait est que ce geste symbolique a déclenché tout un mouvement littéraire, cel
27 aguère au surréalisme. Tous les héros de roman se sont mis à gesticuler « gratuitement ». Et les critiques d’abord de s’indi
28 de gratuité. Le geste le plus incongru du héros n’ est jamais que le résultat d’un mécanisme inconscient, aussi révélateur d
29 nage que ses actions les mieux concertées. Rien n’ est gratuit que relativement à un système restreint de références. Il ré
30 qu’il y a de plus secret dans la personnalité. Ce serait un moyen de connaissance plus intégrale de soi. Mais pour être moins
31 de connaissance plus intégrale de soi. Mais pour être moins pittoresque et plus « entachée d’utilitarisme », la décision ré
32 ssi peu gratuite que possible, d’un Julien Sorel, est -elle moins révélatrice du fond de l’âme humaine ? Que si l’on s’étonn
33 vrer en gestes, en conséquences matérielles. Ce n’ est plus l’élan pur que je décris : c’est un élan freiné dans mon esprit,
34 J’éprouve le besoin de faire le point : à quoi en suis -je, qui suis-je ? Je revois des actes accomplis, je revis plus ou moi
35 besoin de faire le point : à quoi en suis-je, qui suis -je ? Je revois des actes accomplis, je revis plus ou moins fortement
36 s, dans un ancien carnet de notes, je retrouve un être si différent. Les gestes et les sentiments qui se proposaient à mon s
37 sentiments qui se proposaient à mon souvenir ont été passés au crible de la minute où je me penchais sur mon passé. Ou, po
38 pour user d’une image plus précise, cette minute est baignée d’une lueur de tristesse ou de sérénité qui métamorphose le p
39 sur mon passé, mais sur le moment que je vis1. Il est bien clair qu’on ne saurait atteindre « la vérité sur soi » en se ser
40 . C’est un cas-limite, j’en conviens. Pourtant, n’ est -ce pas le schéma de tout un genre littéraire moderne, cette espèce de
41 assez précisément la forme d’un entonnoir. La vie serait le liquide tourbillonnant à l’intérieur. Un arrêt (l’auteur se met à
42 ’ai revu à l’envers le film de mon passé : ce qui était élan devient recul, et l’évocation de mes désirs anciens ne me restit
43 orps et moi, le livre si poignant de René Crevel, est la démonstration la plus cynique que je connaisse de ces ravages du s
44 ns la solitude qu’il s’acharne à approfondir — il était venu y chercher quelque raison de vivre, il voulait se voir le plus p
45 ue a perdu pour moi tout intérêt du jour où je me suis avisé que l’homme éprouve ce qu’il imagine d’éprouver. » Non. Car à s
46 vidualité. Elle nous crée tels que nous tendons à être (plutôt inférieurs, en vertu des remarques précédentes). Rivière défi
47 perpétuel effort pour créer son âme telle qu’elle est  ». Il voyait dans cet effort sur soi le gage d’un enrichissement, d’u
48 avant tout un moyen de se connaître. Cependant, n’ est -ce pas lui-même qui ajoutait que l’homme sincère « en vient à ne plus
49 ère « en vient à ne plus pouvoir même souhaiter d’ être différent », ce qui est la négation de tout progrès moral. De la sinc
50 pouvoir même souhaiter d’être différent », ce qui est la négation de tout progrès moral. De la sincérité envisagée comme mo
51 parfois de contrôle efficace. Mais les bénéfices sont maigres en regard des dangers que la sincérité du noli me tangere fai
52 olontaire par lequel un Balzac les fait vivre. Ce serait fausser quelque chose à leurs yeux. Le cas des Faux-Monnayeurs le mon
53 s sophismes libérateurs La fonction de l’homme est aussi bien de croire que de constater. F. Raub. La sincérité obsti
54 e d’un Rivière n’a plus rien de spontané. En quoi est -ce encore de la sincérité ? Trop sincère, pas sincère. Ou bien si l’o
55 sincère. Ou bien si l’on prétend que la sincérité est la recherche, puis l’acceptation de toute tendance du moi, je réponds
56 toute tendance du moi, je réponds que le mensonge est sincère aussi, qui révèle mon besoin de mentir. Il devient dès lors i
57 devient dès lors impossible de faire rien qui ne soit sincère. Peut-on véritablement se mentir à soi-même, et surtout se pr
58 n désirait qu’ils cachent pour un moment. « L’art est un mensonge, mais un bon artiste n’est pas menteur », dit Max Jacob.
59 t. « L’art est un mensonge, mais un bon artiste n’ est pas menteur », dit Max Jacob. « Être sincère, c’est avoir toutes les
60 bon artiste n’est pas menteur », dit Max Jacob. «  Être sincère, c’est avoir toutes les pensées » (Rivière). Mais on ne peut
61 », ce choix faux mais bon, nécessaire à la vie, n’ est -ce pas être sincère aussi que de s’y prêter ? Or, il vous tire aussit
62 faux mais bon, nécessaire à la vie, n’est-ce pas être sincère aussi que de s’y prêter ? Or, il vous tire aussitôt de l’indé
63 us tire aussitôt de l’indétermination violente qu’ est la sincérité selon Rivière. La sincérité véritable vous pousse à fair
64 l’oser. Petite anthologie ou que le « style » est de l’homme même J’en étais à peu près à ce point de mes notes — à
65 e ou que le « style » est de l’homme même J’en étais à peu près à ce point de mes notes — à ce point de mon dégoût pour ce
66 pris note des passages suivants (les paraphraser serait d’une ingratitude insigne — ils marquent au reste fort bien les jalon
67 ntrer plus de style. (Georges Duhamel.) … Nous ne sommes pas, nous nous créons. Certains se refusent à toute intervention qui
68 qui altérerait leur moi ; ils ne souhaitent que d’ être leur propre témoin, intelligent mais immobile : ce sont les mêmes qui
69 eur propre témoin, intelligent mais immobile : ce sont les mêmes qui s’ignorent en tant que personnes. Comment se trouveraie
70 (François Mauriac.) La valeur morale de M. Godeau serait définie par l’aspect seul qu’il souffrirait de garder lui-même à son
71 ale d’un homme équivalait-elle à l’illusion qu’il était capable d’entretenir sur lui-même. (Marcel Jouhandeau.) Ce qu’on appe
72 l Jouhandeau.) Ce qu’on appelle une œuvre sincère est celle qui est douée d’assez de force pour donner de la réalité à l’il
73 Ce qu’on appelle une œuvre sincère est celle qui est douée d’assez de force pour donner de la réalité à l’illusion. (Max J
74 (Max Jacob.) Un rôle ? Oui. Mais si le personnage est maintenu jusqu’à la mort, il se confond avec l’homme même. (André Mau
75 i idéal que j’appelle en chaque minute de ma joie est plus réel que celui qu’une analyse désolée s’imaginait retenir. Dès l
76 alyse désolée s’imaginait retenir. Dès lors, ce n’ est pas lâcher la proie pour l’ombre que de tendre vers ce modèle. Dirais
77 efficaces ? Mais on nommera cela de l’hypocrisie. Soit , j’accepte. Et aussitôt j’annonce : Éloge de l’hypocrisie Non,
78 e chose proposait une ferveur nouvelle, et chaque être un plus prenant sourire. Cependant que ma joie — un état de grâce, un
79 re, ne pouvait non plus s’imaginer qu’elle en pût être privée. Alors, acquiesçant vivement à l’invite que je soupçonnais la
80 ser — et des baisers à tous les vents — qu’il eût été loisible d’attribuer comme objet à ma jubilation, non pas ce but peut
81 ainsi que fidèle à soi-même au plus profond de l’ être , on entretient comme une arrière-pensée sagace et obstinée l’assuranc
82 elle de l’individu — en dehors du corps. Et ce ne sont point là jeux d’idées et jongleries verbales. Regards au-dessus de l’
83 fonde qu’elle n’a pas besoin de s’expliciter pour être efficace — qui m’interdit de nommer ce dont je ne veux plus souffrir.
84 ommer ce dont je ne veux plus souffrir. (Car il n’ est peut-être qu’une espèce de souffrance véritablement insupportable, c’
85 certitude… Ô vérité, ma vérité, non pas ce que je suis , mais ce que de toute mon âme je veux être !… 1. La véritable desc
86 que je suis, mais ce que de toute mon âme je veux être  !… 1. La véritable description de l’élan supposé dans le premier e
87 ion de l’élan supposé dans le premier exemple, ce serait le récit des gestes qu’il m’aurait fait commettre. Manifester est plu
88 gestes qu’il m’aurait fait commettre. Manifester est plus sincère qu’analyser. 2. D’ailleurs toute la psychologie moderne
3 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Billets aigres-doux (janvier 1927)
89 col roide, En souffrance mes baisers. L’amour est un alibi Nos lèvres sitôt que jointes, Ô dernier mensonge tu, Je
4 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Conte métaphysique : L’individu atteint de strabisme (janvier 1927)
90 on d’une race entre toutes bénie — par qui ? elle était anticléricale, on ne saurait le taire, — Urbain dormait. L’étoile, je
91 eux et ne vit rien. On rappelle que les étoiles s’ étaient décrochées de leur poste dans l’éternité. « Éternité désaffectée, c’e
5 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Dans le Style (janvier 1927)
92 er 1927, l’information suivante : Mardi dernier a été célébré en l’église grecque de la rue Georges Bizet le mariage de M.
93 d avec la princesse Hélène-C. Soutzo. Les témoins étaient pour le marié : M. Philippe Berthelot, secrétaire général du ministre
6 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Lettre du survivant (février 1927)
94 i le drame sur vos traits seulement ; l’écho n’en fut que plus douloureux dans mon cœur. Puis je vous ai oubliée. Puis je v
95 tirante ; et je pensais que la force de mon désir était telle que vous en éprouviez vaguement la menace. Je dis menace, parce
96 ssis à l’écart. On me demandait, en passant, si j’ étais malade. Je désignais d’un geste incertain quelques bouteilles de cham
97 l’ivresse, mais non certaines douleurs. Même, je fus obligé de confier à un ami que j’en avais repris … Les archets jouaie
98 gentillesse d’une autre femme dont le seul défaut fut de m’aimer… (Froid aux genoux, odeur de vieille fumée, et ce refus au
99 s d’oriflammes sur l’orchestre pensif. Ton regard est plus grand que le chant des violons. Aube dure ! En ma tête rôde ton
100 , tout enfiévré par la crainte du réveil. Puis je suis revenu dans ces rues où je vous rencontrais parfois, du temps que j’i
101 aqué, souriante… Enfin, un peu après 6 heures, je suis sorti. Il y avait beaucoup de monde dans les rues, sous la pluie. Les
102 maladroits, contradictoires… Un autobus de luxe s’ était arrêté tout près de moi. Je vis un visage à l’intérieur se pencher ve
103 dames. Personne ne parlait. La jeune femme qui s’ était penchée vous ressemblait tant. Mais je n’osais presque pas la regarde
104 edonnait tout son empire à ma timidité. Peut-être était -ce vous. Je ne saurai jamais. À l’arrêt de la Place Saint-Michel, ell
105 usieurs heures avant de retrouver ma rue. Il doit être maintenant 5 heures du matin. Premiers appels d’autos dans la ville,
106 aube incolore. Il y a vingt-quatre heures donc, j’ étais encore au bal. Cette constatation machinale ne correspond à rien dans
107 che de tout ce qui me navre au plus intime de mon être … Le revolver est chargé, sur cette table. (Je le caresse, entre deux
108 me navre au plus intime de mon être… Le revolver est chargé, sur cette table. (Je le caresse, entre deux phrases.) Mais vo
7 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Orphée sans charme (février 1927)
109 Orphée sans charme (février 1927)k « Cet âge est sans pitié. » « Le véritable symbole n’est jamais prévu par l’auteur
110 t âge est sans pitié. » « Le véritable symbole n’ est jamais prévu par l’auteur », écrivait Cocteau dans la préface des Mar
111 ent concerté la possibilité. Orphée, par exemple, serait un poète surréaliste. « Il faut jeter une bombe, dit-il, il faut obte
112  Madame Eurydice Reviendra Des Enfers. » — « Ce n’ est pas une phrase, s’écrie-t-il, c’est un poème, un poème du rêve, une f
113 Art chrétien, a-t-on dit5. Certes, cette pièce n’ est pas dépourvue de certaines des qualités qui, selon Max Jacob, permett
114 Les anges véritables qui connaissent les signes Sont moins bons acrobates… (etc.)… Cocteau s’est trop exercé avant de se
115 nes Sont moins bons acrobates… (etc.)… Cocteau s’ est trop exercé avant de se lancer sur la corde raide. Je suis sûr qu’il
116 exercé avant de se lancer sur la corde raide. Je suis sûr qu’il ne tombera pas. J’admire sans émoi. ⁂ Certes, les qualités
117 . ⁂ Certes, les qualités scéniques de cette pièce sont grandes. Je ne saurais même indiquer aucun endroit par où elle pèche
118 ai style de théâtre, d’une netteté qui pourtant n’ est pas maigre, d’une familiarité dramatique qui cerne le mystère d’un tr
119  Puisque ces mystères me dépassent, feignons d’en être l’organisateur », disait le photographe des Mariés. Dans Orphée, le m
120 fois de plus que l’atmosphère de l’« art pur » n’ est pas respirable. Il ne manque rien à Orphée, sinon peut-être cette ind
121 spensable « part de Dieu » — comme dit Gide — qui serait aussi la part de l’humain, l’imperfection secrète qui fait naître l’a
122 te qui fait naître l’amour. Parce que la création est venue après la théorie. Parce qu’une fois de plus, Cocteau a comprimé
123 les de l’art, mais que l’essence obtenue, si elle est de rose, est sans parfum.   (Tout de même, Cocteau est un poète : j’e
124 mais que l’essence obtenue, si elle est de rose, est sans parfum.   (Tout de même, Cocteau est un poète : j’en verrais une
125 e rose, est sans parfum.   (Tout de même, Cocteau est un poète : j’en verrais une preuve, pour mon compte, dans le fait que
8 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). L’autre œil (février 1927)
126 pouvons faire quelque chose. Que diable ! nous ne sommes pas des imbéciles, nous ne sommes pas de ces gens qui croient que 2 e
127 iable ! nous ne sommes pas des imbéciles, nous ne sommes pas de ces gens qui croient que 2 et 2 font 22, et qui confondent Jér
128 vaient en hurlant : « Bas-toi là, bas-toi là ! »… Est -il plus atroce spectacle que celui d’une maîtresse jadis belle et dis
129 . Naissance de Cinématoma Cinq bellettriens furent commis au soin d’engendrer cet adorable monstre. Ils se réunissent pa
130 tre deux cafés-nature, et presque sans qu’il s’en soit rendu compte. Clerc entrevoit un projet à deux faces. Lugin, qui est
131 lerc entrevoit un projet à deux faces. Lugin, qui est théologien, et de la Tchaux, n’a pas la foi. Topin, Mahomet désabusé,
132 teur de Gogol à l’époque où le Cuirassé Potemkine était interdit à l’écran. Pitoëff avait prêté un accent, Mme d’Assilva deux
9 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Entr’acte de René Clair, ou L’éloge du Miracle (mars 1927)
133 ou L’éloge du Miracle (mars 1927)n Surprendre est peu de chose, il faut transplanter. Max Jacob. Ce soir-là, le progra
134 décor très pauvre, légèrement coloré. Le principe est simple : « Je vous aime » se traduit par trois ou quatre claques sur
135 Aussi : « Elle mourut. » On voit que cette bande est antérieure à l’époque du long baiser de conclusion. Le film japonais 
136 e, vue par-dessous. Quelques miracles qui suivent sont embrumés dans mon souvenir par le rayonnement de la robe, fleur qui s
137 clé… Un enterrement bourgeois, mais le corbillard est traîné par un dromadaire, d’ailleurs dételé. Les amis affligés mangen
138 s demandions grâce de trop de plaisir. Mais je ne suis pas sûr que le plaisir du public fût de même essence que le nôtre. Le
139 Mais je ne suis pas sûr que le plaisir du public fût de même essence que le nôtre. Les gens rient à l’enterrement au ralen
140 ement des têtes de poupées, à la conclusion. Ce n’ est pas le bon rire de cinéma. Quand la danseuse paraît, ils n’attendent
141 c’est cochon ! » Mais le moment ne vient pas, ils sont déçus. Enfin, mon voisin, un agent, murmure : « On va tous devenir fo
142 ma doit nous « transplanter », un certain naturel est de rigueur ; toute bizarrerie détourne du véritable miracle auquel no
143 le auquel nous assistons. Mais de pareils défauts sont presque inévitables dans une production de début, et Entr’acte mérite
144 ns une production de début, et Entr’acte mérite d’ être ainsi qualifié : c’est peut-être le premier film où l’on a fait du ci
145 ns, c’est le fait d’un art à sa maturité. Mais ce sont là critiques de style. D’ores et déjà, il faut admirer dans les films
146 cinéma. C’est la photographie d’une chose qui ne serait étonnante que dans le réel ; ce n’est pas encore un miracle de ciné.
147 e qui ne serait étonnante que dans le réel ; ce n’ est pas encore un miracle de ciné. Et les fées paraissent vieux jeu avec
148 de découvrir la richesse immédiate. Surréel qui n’ est pas synonyme d’incompréhensible, non Madame, car alors quoi de plus s
149 s quoi de plus surréaliste que le film 1905. Ce n’ est peut-être qu’une question d’imagination ; il reste qu’un film comme E
150 imagination ; il reste qu’un film comme Entr’acte est une aide puissante. Nous faisons nos premiers pas, étourdis, dans un
151 un pays d’illuminations vertigineuses, et nous en sommes encore à nous frotter les yeux… Peut-être, quand nos regards plus ass
10 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Louis Aragon, le beau prétexte (avril 1927)
152 7)o Ah ! je sens qu’une puissance étrangère s’ est emparée de mon être et a saisi les cordes les plus secrètes de mon âm
153 s qu’une puissance étrangère s’est emparée de mon être et a saisi les cordes les plus secrètes de mon âme, qu’elle peut fair
154 ier l’ennui de ma révolte ? Aragon sarcastique se tient là-bas dans un rayon échappé des Enfers — auxquels je crois encore, e
155 . On dit : « C’est incompréhensible ! » — et l’on est enfin rassuré. C’est incompréhensible !, trois mots dont l’un savant
156 malaise, et vous rallumez votre cigare. Vous vous êtes assuré que la porte ferme bien sur l’infini. Rien à craindre de ce cô
157 rire d’Aragon, c’est l’éclat de sa joie brusque d’ être seul sur un faux sommet vers quoi des faibles s’efforcent — mais déjà
158 7. » Il s’agit bien de critique littéraire ! Nous sommes ici en présence d’une des tentatives de libération les plus violentes
159 elques portes de sortie » ou compromis :   « Nous étions dominés par le sens d’une réalité morale absolue que certains d’entre
160 Vautel, le matérialisme le plus pauvre auquel se soit jamais abaissée une civilisation. Mais nous sommes encore quelques-un
161 soit jamais abaissée une civilisation. Mais nous sommes encore quelques-uns à jouer nos derniers atouts sur notre salut. Nous
162 courons enfin l’Aventure. « Le salut pour nous n’ est nulle part9 ». Ultime affirmation d’une foi que plus rien ne peut dup
163 vous aurez beau rire, pharisiens, et dire qu’elle est née dans un café de Paris. « Je n’attends rien du monde, je n’attends
164 oublier certaines morales d’extrême moyenne d’où sont exclues toutes grandeurs au profit de fuites lâches qu’on veut nommer
165 rophète qui rapprenne comment aimer un Dieu. Ce n’ est pas à genoux qu’on attendra : pour que cela eût un sens, il faudrait
166 attendra : pour que cela eût un sens, il faudrait être sûr de n’avoir pas la tête en bas par rapport au soleil. Quelques ges
167 les messages égarés de l’infini… Un tel homme, —  est -ce encore Aragon, sinon qui ? — sa grandeur, c’est qu’il lui faut att
168 du scandale pour le scandale qui a le mérite de n’ être pas qu’un jeu littéraire. Mais enfin, c’est encore un Musset, seuleme
169 ment transposé dans notre siècle et chez qui tout est devenu de quelques degrés plus violent, plus acerbe, plus profond. En
170 a grande race des torrents. » Une belle phrase, n’ est -ce pas ? Je ne sais qu’un Montherlant qui pourrait l’oser dire comme
171 Et ce que je prenais pour le ton prophétique, ne serait -ce pas plutôt une sorte de donquichottisme assez fréquent dans les ca
172 ez fréquent dans les cafés littéraires et dont il serait le premier à s’amuser ?   Février 1927. Relu Une vague de rêves et la
173 e littérature — : « Un mysticisme creux et affamé est le contrecoup du christianisme dans les âmes profondes ou délicates q
174 nisme dans les âmes profondes ou délicates qui ne sont pas devenues chrétiennes. » « Le salut pour nous n’est nulle part. »
175 as devenues chrétiennes. » « Le salut pour nous n’ est nulle part. » Nulle part, pensais-je : le salut n’est pas là, ou là,
176 nulle part. » Nulle part, pensais-je : le salut n’ est pas là, ou là, à Rome, à Athènes, à Moscou, dans cette doctrine, dans
177 ez basses, nous le savons… Mais pour Aragon, ce n’ est point façon de parler. Son « nulle part » est sans dérobade possible
178 e n’est point façon de parler. Son « nulle part » est sans dérobade possible par sous-entendu. Pas plus « ailleurs » que su
179 Crevel. Pourtant, le plus irrévocable désespoir n’ est encore qu’un appel à la foi la plus haute.   1er mai 1927. Mieux vau
180 iasme trompe moins que le bon sens. Don Quichotte est tout de même moins misérable que Clément Vautel — et si ce nom revien
181 ules le droit à parler des choses de la foi comme étant d’un ordre qui leur échappe ; de même je récuse ici certain sens crit
182 se ici certain sens critique dont on voudrait que soient justiciables les œuvres d’un écrivain, les démarches de sa pensée, se
183 re armé de l’appareil à frigorifier de sa raison, est destiné à dire des bêtises. Cf. certaines remarques — pas toutes — de
184 . — Il y a un certain temps déjà que nous ne nous sommes revus. Mais je suis vos travaux avec intérêt, et il m’a paru que depu
185 temps déjà que nous ne nous sommes revus. Mais je suis vos travaux avec intérêt, et il m’a paru que depuis quelque temps… en
186 is quelque temps… enfin, comment dirais-je… je me suis dit que je pourrais, en quelque sorte, vous être de quelque utilité…
187 suis dit que je pourrais, en quelque sorte, vous être de quelque utilité… Moi. — Ah ! oui, oui… c’est cela, utilité,… en e
188 jours-ci, beaucoup trop à faire, beaucoup trop d’ êtres et de choses à aimer, et vous savez ce que cela suppose. Comprenez-mo
189 , à mon estime la plus vive. Mais décidément nous sommes débordés, voyez vous-même, pas moyen de causer aujourd’hui… Quoi ?… B
190 ire sans vous. Mais n’oubliez pas que « l’artiste serait peu de chose s’il ne spéculait sur l’incertain », c’est un académicie
191 dessus pour la Revue ? Mais plus tard, plus tard. Tenez , voici un traité de métaphysique, vous lirez ça en attendant. Très bi
192 la ne condamne pas et la santé et la raison. Il s’ est trouvé des Maurras et autres « héritiers de la grande tradition gréco
193 er. Voilà bien leur désinvolture, car enfin, elle est déesse. Mais entre leurs mains qu’est-elle devenue ? C’est bien leur
194 enfin, elle est déesse. Mais entre leurs mains qu’ est -elle devenue ? C’est bien leur faute si elle nous apparaît aujourd’hu
195 c’est vous qui l’aurez voulu, mais tant pis, nous serons du Nord. Nous serons romantiques. Nous serons barbares, désordonnés,
196 z voulu, mais tant pis, nous serons du Nord. Nous serons romantiques. Nous serons barbares, désordonnés, brumeux, absurdes, vi
197 ous serons du Nord. Nous serons romantiques. Nous serons barbares, désordonnés, brumeux, absurdes, vivants, libres. Avec la po
198 Les œuvres les plus significatives de ce siècle sont écrites en haine de l’époque12. Le reproche d’obscurité que l’on fait
199 bscurité que l’on fait à la littérature moderne n’ est qu’une manifestation de ce divorce radical entre l’époque et les quel
200 lques centaines (?) d’individus pour qui l’esprit est la seule réalité. C’est pourquoi nous ne pourrons plus séparer du con
201 0 ans, une révolution en fonction du capitalisme. Est -ce que vraiment vous ne pouvez vous libérer de cette manie française,
202 ce qu’il inspire ? Alors que cette réaction même est ce qu’il y a de plus français ; que c’est elle qui donne au surréalis
203 t, si déplorablement français. Et puisque nous en sommes au surréalisme, ce produit parisien qui, comme tout ce qui est parisi
204 lisme, ce produit parisien qui, comme tout ce qui est parisien, hait Paris mais ne saurait vivre ailleurs… Mais non, il y a
205 trop à dire, et puis l’on croirait encore que je suis avec ceux qui traitent Aragon, Breton et leurs amis alternativement d
206 de chacals, de déments. Et puis surtout, l’heure est venue de clore des discussions énervantes où s’épuise vainement une d
207 ce que ces « maudits » ont la grâce, parce qu’ils sont la vie, même quand ils appellent la mort, parce qu’ils ont la passion
208 à la limite de nos forces, notre joie parmi vous fut une très grande joie. Saint-John Perse. Nous appelions une Révolutio
209 gloire et la sénilité, etc., etc. Et certes ce n’ étaient pas des êtres, mais leurs abstractions que nous haïssions. Notre hain
210 nilité, etc., etc. Et certes ce n’étaient pas des êtres , mais leurs abstractions que nous haïssions. Notre haine de certaine
211 de révolution pour vivre, pour nous perdre. Vivre était devenu synonyme de magnifique perdition dans des choses plus grandes
212 volution — la russe, par exemple — parce que ce n’ est pas encore assez révolution ; parce que cette révolution ne demandait
213 tion ne demandait qu’à s’asseoir et que son siège était fait. Nous aimions la Révolution qui nous perdrait corps et biens dan
214 sille : Nous avons tous fait ça Plus ou moins, n’ est -ce pas ? Et puis l’aiguille divague vers des souvenirs, quand nous a
215 mais voyons des affaires plus sérieuses. Et tout est dit. Ah ! c’est vrai, il allait oublier, il y a encore cette histoire
216 ncore des gens pour qui les limites de l’anarchie sont  : chanter l’Internationale dans les rues, faire la noce, écrire un li
217 ce définitive de notre absurdité. Car l’homme « s’ est fait une vérité changeante et toujours évidente, de laquelle il se de
218 hoix : inconscience de ruminants ou neurasthénie, est -ce que vraiment vous vous êtes tellement amusés avec vos chers princi
219 ts ou neurasthénie, est-ce que vraiment vous vous êtes tellement amusés avec vos chers principes. Révolution, ce n’est plus
220 musés avec vos chers principes. Révolution, ce n’ est plus détruire, ce n’est plus combattre, c’est l’épanouissement violen
221 ncipes. Révolution, ce n’est plus détruire, ce n’ est plus combattre, c’est l’épanouissement violent d’une immense fleur pa
222 lies et de joies ; n’allez pas nous toucher, nous sommes dangereux. Un orage de tendresse va crever sur le monde. Aigles d’amo
223 prodiges à cette invite la plus persuasive : nous sommes prêts à les accueillir. 7. Une vague de rêves (dans Commerce). 8.
224 e rêve, c’est la tyrannie des souvenirs ; et ce n’ est pas se libérer que de brasser ces chaînes sonores. 9. Lettre à Paul
225 doxal. 11. Les livres les plus répandus à Genève sont Ma vie et mon œuvre de Ford et Mon curé chez les riches. Très loin de
11 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Quatre incidents (avril 1927)
226 rrait, École suivait une femme dans les rues tant soit peu métaphysiques d’une capitale de mes songes. On exigeait d’une sai
227 ’ailleurs invraisemblables, qu’à leurs reflets se fussent évanouis des arcs-en-ciel de névroses dans tous les poèmes où détress
228 u’on ne manque pas le train bleu d’un désir. Elle était donc venue. Il la suivait entre les devantures qui se passaient de l’
229 mitié mortel de tout ce qui n’arrive jamais. Il s’ est trompé, ce n’est pas elle. Il pensa que c’était un ange, de ceux qui
230 out ce qui n’arrive jamais. Il s’est trompé, ce n’ est pas elle. Il pensa que c’était un ange, de ceux qui vont à la recherc
231 ain et l’abattit d’un coup de revolver. Puis s’en fut avec un tact exquis, qui fut très remarqué. Le duc riait sous une tab
232 revolver. Puis s’en fut avec un tact exquis, qui fut très remarqué. Le duc riait sous une table, complètement ivre, et Bet
233 le : « Mon chéri, si j’aime la comtesse ? Mais tu es si laid que cela me donne encore plus de plaisir. » Le duc paya et s’
234 sir. » Le duc paya et s’enfuit en disant que ce n’ était pas lui. L’enterrement aura lieu sans suite. Suicide du Marquis
235 dans l’amitié pensive des jardins. Une fenêtre s’ était ouverte et des accords échappés tombaient, les ailes coupées. Puis le
236 ade en bateau À Grego More. Il disait : « Je suis né pour la mort. » Il fait assez beau pour que s’ouvre ce cœur de l’a
237 spire déjà l’odeur merveilleuse des objets et des êtres véritables. Un bateau ne glisse pas plus doucement vers le soleil du
238 tement, voici que tout va s’ouvrir, qu’un monde s’ est ouvert devant lui. Et l’eau n’est pas moins somptueuse. Et bien sûr,
239 , qu’un monde s’est ouvert devant lui. Et l’eau n’ est pas moins somptueuse. Et bien sûr, je n’ai pas bougé. C’est une quest
240 s bougé. C’est une question d’amitié. Pourtant je suis seul dès cette heure, et mes amis fuiront un lâche. Parce que je revi
241 qui regarde comme de l’autre bord, je songe qu’il est des visites à de certaines grandes dames où je préférais — et lui aus
12 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Récit du pickpocket (fragment) (mai 1927)
242 cérémonie : « La jeunesse, Monsieur…, la jeunesse est l’âge où l’on atteint la vie. On s’y maintient cinq ans, dix ans au p
243 logé, nourri, blanchi, mais non point diverti. J’ étais bon, Monsieur, normalement bon. L’idée, par exemple, d’étrangler un c
244 isir me répugnait. Je détestais de peiner quelque être , même ennemi, — car celui-là je le méprisais trop sincèrement. » Vers
245 aïque à la fois et bêtement heureux. Le lendemain était le premier jour du printemps. Les rues riaient. Le ciel descendait da
246 Je sortis avec cette femme, qui m’aimait, et nous étions très jolis de bonheur et d’insouciance dans le bonheur de la saison.
247 lle déchirante nostalgie. Pour lui, sans doute, j’ étais perdu. Mais il souffrait d’autre chose encore : il se savait vieux, m
248 urus dans ma chambre. Une demi-heure plus tard, j’ étais à la gare, j’écrivais un mot d’adieu à ma maîtresse d’une nuit et je
249 s dans une direction quelconque. Il advint que ce fut celle de l’Italie. La lumière, mon pays natal ! — Je vécus d’articles
250 res : c’était l’annonce du décès de mon père. » J’ étais assis à la terrasse ensoleillée d’un café ; une brise passa, et une f
251 t pour augmenter ma volupté. Bientôt je ne pus me tenir de chantonner. J’entrai dans un établissement luxueux d’où sortaient
252 elui justement que j’entrevoyais. » Quand elle se fut endormie, je me rhabillai. Je ne trouvai que 100 francs dans son sac
253 quel rapide de l’Europe centrale — région où l’on est forcé de prendre conscience de soi-même — je découvris une nuit, au m
254 au moment de m’endormir, que ma passion du vol n’ était qu’une longue vengeance. Ne m’avait-on pas dérobé des années de joie
255 penseront jamais cette escroquerie morale dont je fus la victime, ce vol de quelques joies parfaites de ma jeunesse… Mais i
256 quelques joies parfaites de ma jeunesse… Mais il est trop tard, Monsieur, pour critiquer les modalités de ma vengeance. Ve
257 . Veuillez ne voir dans la confusion où je parais être engagé, du plan moral avec l’économique, qu’une expression nouvelle,
258 avorable, croyez-le bien… Le goût de la propriété étant à mon sens l’un des plus vulgaires et des plus généralement répandus,
259 rai, cher Monsieur, que l’analyse psychologique n’ est pas mon fort. Je me contente de quelques observations théoriques que
260 ntente de quelques observations théoriques que je tiens pour vraies, et j’en vérifie les manifestations vivantes avec une pro
261 il, lâchant tout de suite ses compliments, ce qui est de mauvaise politique, — c’est l’extraordinaire netteté de votre vie.
262 c’est l’extraordinaire netteté de votre vie. Elle est sans bavures, sans réticences ; elle m’apparaît comme un divertisseme
263 sement perpétuel et dénué d’inquiétude. Et cela n’ est pas sans me charmer, croyez-moi. Car, enfin, si je suis ici à vous éc
264 as sans me charmer, croyez-moi. Car, enfin, si je suis ici à vous écouter, c’est que je cherche ce qu’on est convenu d’appel
265 ici à vous écouter, c’est que je cherche ce qu’on est convenu d’appeler — pardonnez la lourdeur de l’expression — une règle
266 it de quelqu’une de ces farces d’étudiants qui ne sont que la traduction en actes de jeux de mots plus ou moins cruels… » —
267 mots, vous ne me trouvez pas sérieux. Le reproche est grave. Je ne saurais y répondre. Je pourrais vous dire que si vous me
268 dire que si vous me trouvez un peu potache, il n’ est pas prouvé par là que le potache n’ait point raison. Mais justement j
269 agréablement paradoxal. Seulement, pour quiconque est aussi profondément persuadé que moi de l’absurdité radicale de notre
270 les idées émises dans la Revue de Belles-Lettres sont propres à leur auteur et qu’elles n’engagent pas sa responsabilité. (
13 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Conseils à la jeunesse (mai 1927)
271 atique, le mépris enfin de tous les principes qui sont à la base de la société même. »   Ceci est tiré d’un livre récent sur
272 s qui sont à la base de la société même. »   Ceci est tiré d’un livre récent sur Aloysius Bertrand. Est-ce vraiment aux rom
273 est tiré d’un livre récent sur Aloysius Bertrand. Est -ce vraiment aux romantiques de 1830 que ces reproches s’adressent, ou
274 lante des pommes de terre, jeune homme ! Quand tu seras au bout de la 20e ligne de 200 mètres, ce qui représente quatre kilom
275 nte quatre kilomètres de plantation, le siècle ne sera plus malade, les temps seront guéris de leur crise, les valeurs auron
276 ntation, le siècle ne sera plus malade, les temps seront guéris de leur crise, les valeurs auront retrouvé leur stabilité, et
277 tion russe… cet autre fait de la guerre… et puis, tenez  ! ce fait surtout de la sacro-sainte Raison utilitaire au service des
278 ste à nos yeux sacro-sainte : la liberté. Alors n’ est -ce pas, merci du conseil, Monsieur Y. Z., de ce conseil que vous avou
279 . Z., de ce conseil que vous avouez modestement n’ être pas inédit. Mais point n’est besoin de rappeler Candide : nous penson
280 vouez modestement n’être pas inédit. Mais point n’ est besoin de rappeler Candide : nous pensons que bien avant Voltaire il
281 er cette méthode à leurs petits. Le « satisfait » est un être inadmissible aujourd’hui. À plus forte raison, le satisfait a
282 e méthode à leurs petits. Le « satisfait » est un être inadmissible aujourd’hui. À plus forte raison, le satisfait artificie
14 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). La part du feu. Lettres sur le mépris de la littérature (juillet 1927)
283 uelque part. Voyez ma franchise. Un peu grosse, n’ est -ce pas ? D’autres prennent soin que leurs sincérités gardent au moins
284 omptent scandaleuse. Mais voici un bar où je vous suis . Vous y entrez plein de mépris pour Paul Morand par qui découvrîtes l
285 de Cambronne : hommage à Louis Aragon. Ce cristal est une citation de Valéry, cette œillade se souvient d’un vers d’Éluard1
286 , plumes dans le vent, poète au bar, le paradis n’ est pas si cher. Il y en a aussi qui posent pour le diable et ne se baign
287 p qu’ils trouvent ça pittoresque. Et le plaisir d’ être nu devant un public supposé dévot, et qui n’ose en croire sa pudeur,
288 tre indignation, quand il m’échappe une citation. Seraient -ce les guillemets qui vous choquent ?   La vie ! — proclamiez-vous… S
289 qui vous choquent ?   La vie ! — proclamiez-vous… Soit . Mais maintenant je vais me fâcher chaque fois que vous direz : « ext
290 qui ne pouvez pas même admettre que la simplicité est simple simplement. La bouche brûlée d’alcools, vous découvrez à l’eau
291 ls, vous découvrez à l’eau un goût étrange. L’eau est incolore, inodore et sans saveur. Mais fraîche. Ainsi, jusque dans vo
292 compter avec cette réalité de la littérature qui est en nous (dangereuse tant que vous voudrez). Mais ce refus n’est pas s
293 angereuse tant que vous voudrez). Mais ce refus n’ est pas seulement comme vous pensez, d’une ingratitude salutaire, c’est r
294 sse, que j’éprouve la fermeté de ma main. Je vous tiens . Je sais où vous êtes. Vous n’allez pas me surprendre par-derrière. U
295 ermeté de ma main. Je vous tiens. Je sais où vous êtes . Vous n’allez pas me surprendre par-derrière. Une fois — et ce n’est
296 as me surprendre par-derrière. Une fois — et ce n’ est pas que je m’en vante, — j’ai tué un amour naissant, à force de le cr
297 illit, s’entrechoque, s’annule. Poussière. Ma vie est ailleurs. L’addition, s’il vous plaît. Il est temps de sortir de ce c
298 vie est ailleurs. L’addition, s’il vous plaît. Il est temps de sortir de ce café et de ces jeux, simulacres de vie, qui son
299 de ce café et de ces jeux, simulacres de vie, qui sont à la vraie vie ce que le flirt est à l’amour. II Sur l’insuffisanc
300 s de vie, qui sont à la vraie vie ce que le flirt est à l’amour. II Sur l’insuffisance de la littérature On reconnaît
301 lui parle littérature. Mais il y a des mépris qui sont de sournoises déclarations d’amour. Tel qui raille l’Église et les cu
302 chose que la littérature. Que la littérature nous est un moyen seulement d’atteindre et de préparer d’autres choses, d’autr
303 es, d’autres actions, ou des états intérieurs qui sont parfois des actions en puissance15. Il faudrait des choses plus lourd
304 e que rien de ce qui nous importe véritablement n’ est dicible. (Depuis le temps qu’on sait que la lettre tue ce qu’elle pré
305 e.) Vous me direz que la poésie, l’état poétique, est notre seul moyen de connaissance concrète du monde. Mais c’est à cond
306 écrive pas, même en pensée. La poésie pure écrite est inconcevable : cela consisterait dans l’expression directe de la réal
307 pression directe de la réalité individuelle. Elle serait tellement incommunicable qu’il deviendrait inutile de la publier. Et
308 passant à la limite, on peut imaginer que si elle était réalisée, on ne s’en apercevrait pas. Je pressens encore dans vos poè
309 dent même la problématique utilité de liaison qui était leur excuse dernière. Avouons-le : rien de ce qu’on peut exprimer n’a
310 du point de vue de la psychologie de l’écrivain, est un besoin organique, un peu anormal, que l’on satisfait dans certains
311 conscience tue la connaissance. (« Connaissance » étant pris avec son sens le plus profond, qui est proche du sens biblique.
312 e » étant pris avec son sens le plus profond, qui est proche du sens biblique. Il ne s’agit pas de la connaissance abstrait
313 ture : un vice ? Peut-être. Ou une maladie ? Ce n’ est pas en l’ignorant par attitude que vous la guérirez. Au contraire, il
314 ontre, c’est d’un ridicule écrasant : mais rien n’ est plus facile que d’y échapper. III Sur l’utilité de la littérature
315 tilité de la littérature Montherlant me paraît être le moins « littératuré » des écrivains d’aujourd’hui. Quand il parle
316 s. » Chercher des hommes ! Ah ! cher ami, nous ne sommes pas tant, n’est-ce pas, à poursuivre une quête de l’esprit. Et vous s
317 ommes ! Ah ! cher ami, nous ne sommes pas tant, n’ est -ce pas, à poursuivre une quête de l’esprit. Et vous savez ce qu’elle
318 là, la littérature mériterait d’exister : qu’elle soit le langage chiffré de notre inquiétude et de nos naissantes certitude
319 -même ; que la mienne m’aide à découvrir quelques êtres par le monde… Il ne s’agit plus de mépris ni d’adoration. J’ai défini
320 us grands que les bienfaits que j’en escompte, il sera temps de songer sérieusement à m’en guérir. Vous me demanderez « alor
321 manderez « alors » ce que j’attends de ma vie. Je serais tenté de vous répondre, comme ce sympathique Philippe Soupault, que «
322 angent leur vie de telle sorte que leurs mémoires seront des romans « bien modernes ». Leurs amours sont des pastiches de Mora
323 seront des romans « bien modernes ». Leurs amours sont des pastiches de Morand, et ils en sont tout fiers : « Il n’y a plus
324 rs amours sont des pastiches de Morand, et ils en sont tout fiers : « Il n’y a plus qu’à les écrire ». v. Rougemont Denis
15 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Les derniers jours (juillet 1927)
325 , rédigés par Drieu la Rochelle et Emmanuel Berl, sont — avec la Revue de Belles-Lettres — la seule revue de langue frança
326 émocratisme et les athées du Capitalisme quand il est conscient de soi-même, et les athées du Socialisme et du Communisme.
16 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Adieu au lecteur (juillet 1927)
327 — en ceci au moins. Nous nous retirons : et ce n’ est pas que nous ayons brûlé toutes nos cartouches. Ni que l’indignation
328 ns de nos articles nous épouvante. Notre retraite est toute « statutaire » — si l’on ose dire. Elle nous permet donc de con
329 fois traités de fous (avec ou sans sourire). Nous sommes à l’âge de nous en réjouir. On s’est beaucoup étonné de nous voir « s
330 re). Nous sommes à l’âge de nous en réjouir. On s’ est beaucoup étonné de nous voir « si différents » de nos aînés. Nous avo
331 homme qui recherche activement la Sagesse (« Ça n’ est pas de votre âge ! ») ; de l’autre, on se scandalise des « énormités 
332 cuper de prévoir les conséquences, puisqu’il n’en est aucune qui ne soit connue d’avance et stérilisée par la loi, les mœur
333 es conséquences, puisqu’il n’en est aucune qui ne soit connue d’avance et stérilisée par la loi, les mœurs et l’habitude. No
334 olution Tous les malentendus viennent de là. Nous sommes assez sages et assez fous pour ne pas en gémir et pour en accepter le
335 mitié qui ne trompe pas. Deux ou trois mots, on s’ est compris. Que pouvions-nous espérer d’autre ? Il y eut quelques découv
336 e. Que nous apportera le Central de Genève ? Tout est possible : la guerre et la paix, la tradition, l’anarchie, l’ironie,
337 à cette lourde charge le poids de nos péchés. Ils sont bien nôtres. Et nous y tenons, ah ! comme nous y tenons ! x. Rouge
338 ds de nos péchés. Ils sont bien nôtres. Et nous y tenons , ah ! comme nous y tenons ! x. Rougemont Denis de, « Adieu au lect
339 bien nôtres. Et nous y tenons, ah ! comme nous y tenons  ! x. Rougemont Denis de, « Adieu au lecteur », Revue de Belles-Let
17 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). « Belles-Lettres, c’est la clé des champs… » (janvier 1929)
340 ervelles et les réputations. 3. Belles-Lettres n’ est compréhensible et légitime que dans la mesure où la poésie est compré
341 sible et légitime que dans la mesure où la poésie est compréhensible et légitime. 4. Je suis de sang-froid, je dis : Belles
342 ù la poésie est compréhensible et légitime. 4. Je suis de sang-froid, je dis : Belles-Lettres est essentiellement une mystiq
343 4. Je suis de sang-froid, je dis : Belles-Lettres est essentiellement une mystique. Mais parce que je suis de sang-froid, j
344 t essentiellement une mystique. Mais parce que je suis de sang-froid, je ne puis dire grand-chose de plus. On ne se comprend
345 qu’entre jeunes hommes ivres. Mais alors point n’ est besoin de formuler cette ivresse ; autrement que par des cris. 5. Ave
346 s et turpitudes que cela comporte, Belles-Lettres est une liberté. Une rude épreuve : on n’en sort que pour mourir ou pour
347 ète (au sens le plus large de ces mots.) (Mais je tiens à le leur dire ici : les anciens bellettriens qui ont perdu toute foi
348 ils ont vu, et s’ils n’ont pas cru, c’est qu’ils sont foncièrement mauvais.) 6. Peu de choses dans le monde moderne ont enc
349 t encore une « essence ». Celle de Belles-Lettres est en agréable odeur à l’Éternel et à Satan pareillement. Et ceux qu’ell
350 blasphème, selon. Mais ce qui importe d’abord, n’ est -ce point de se livrer, purement et simplement. 7. (Secret). y. Rou
18 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Prison. Ailleurs. Étoile de jour (mars 1929)
351 erment sur le vide   Tu pleurerais Mais la grâce est facile comme un matin d’été la grâce tendrement dénouée de ta vie com
352 urerais Mais la grâce est facile comme un matin d’ été la grâce tendrement dénouée de ta vie comme de cette nuit le jour d’u
353 de ta vie comme de cette nuit le jour d’un grand été   qui consent… Ailleurs Colombes lumineuses des mains de mon a
354 s ne laissiez le gage aux plaintes de mon cœur il est d’autres rivages où mieux qu’ici l’on meurt. Étoile de jour I
19 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Souvenirs d’enfance et de jeunesse, par Philippe Godet (avril 1929)
355 té dans une ballade fameuse « Que voulez-vous, je suis bourgeois ! », l’on peut se permettre quelques malices, quelques jeux
356 s jeux d’esprit ou de méchanceté, assuré que l’on est désormais d’être absous avec le sourire par la clientèle des librairi
357 ou de méchanceté, assuré que l’on est désormais d’ être absous avec le sourire par la clientèle des librairies romandes, en m
358 e et que cela n’a point stérilisé : sa nature, il est vrai, s’y prêtait, peu complexe et comme réduite à deux dimensions ;
359 la perspective manque souvent à ces récits : ce n’ est point un paysage d’âme qu’on y cherche, mais l’anecdote bien tournée,
360 is l’anecdote bien tournée, des noms connus. Tout est sur le même plan ; le dessin d’ailleurs est élégant. Mais comme tout
361 Tout est sur le même plan ; le dessin d’ailleurs est élégant. Mais comme tout cela manque de chair. Et de rêve. Est-ce qu’
362 Mais comme tout cela manque de chair. Et de rêve. Est -ce qu’en ce temps-là on ne se nourrissait vraiment que de petits mots
20 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). L’ordre social. Le Libéralisme. L’inspiration (novembre 1929)
363 ailes qui donnent des rhumes à ton grand-père et sont en scandale aux meilleurs esprits ? Voici que tu t’apprêtes visibleme
364 On le félicita de son retour à l’état normal, qui est pédestre. Mais à partir de ce jour, on lui fit sentir qu’il était dev
365 Mais à partir de ce jour, on lui fit sentir qu’il était devenu beaucoup moins intéressant. ⁂ Celui qui a des ailes sera persé
366 aucoup moins intéressant. ⁂ Celui qui a des ailes sera persécuté à cause de ses ailes, mais celui qui n’en a pas sera mépris
367 é à cause de ses ailes, mais celui qui n’en a pas sera méprisé parce qu’il n’en a pas. Le libéralisme Seigneur ! clama
368 me Seigneur ! clamaient-ils, combien complexes sont les problèmes que vous proposez à notre bonne volonté gémissante ! Di
369 porteur d’une solution fort simple qui d’ailleurs était la bonne, car le grand Remède, c’est un Simple. Des hurlements de rag
370 claration d’amour destinée à une femme blonde. Je suis noire. Mais je sais qui c’est. J’ai fait suivre. Alexandrine un jour
371 s vous trouveront réunis. Avec ma bénédiction, je suis votre amie Joséphine. » — Le poète reprit son manuscrit et conclut :
372 reprit son manuscrit et conclut : « L’inspiration est le nom qu’on donne en poésie à une suite de malentendus heureusement
21 1930, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Les soirées du Brambilla-club (mai 1930)
373 ge de Versailles. Paris la nuit oublie parfois d’ être spirituelle, devient tragique ou tout simplement germanique. L’Allema
374 et pourquoi ? Regardez : à côté de vous, si vous êtes seul, un fantôme, d’office, a pris place. On lie bien vite connaissan
375 promener seul la nuit dans une ville étrangère, n’ est -ce point la définition même de la luxure ? Quand je vais à pied, j’ou
376 tiède comme l’adolescence, un désespoir de nuit d’ été sous le tilleul où elle n’est pas venue… (C’est ici le lieu de l’avou
377 désespoir de nuit d’été sous le tilleul où elle n’ est pas venue… (C’est ici le lieu de l’avouer : je ne saurais entretenir
378 tesse distante avec les personnes qui ont dit, ne fût -ce qu’une fois en leur vie : « J’ai horreur de la sentimentalité ».)
379 eux le fantôme » comme on disait au village où je suis né, qui n’est pas ma patrie. Ce soir-là, le fantôme ayant envie de ma
380 » comme on disait au village où je suis né, qui n’ est pas ma patrie. Ce soir-là, le fantôme ayant envie de manger ferme a d
381 loin parce que je me réjouis. La Maison des Ogres est au 53 rue de Rennes ; je ne vous le confie pas sans un secret tremble
382 tablissements Place de la Concorde. Notre conteur est vêtu de la gloire d’un pourpoint « plus rouge que rouge ». On assure
383 une harpe et un piano près des étoiles, et qu’il est « pittoresque », cas déplorable, s’agissant d’un poète authentique. L
384 pittoresque. D’abord je crains que la notion n’en soit toute relative aux modes de « vie » bourgeois ; et puis la, comédie n
385 odes de « vie » bourgeois ; et puis la, comédie n’ est pas mon fort, même la triste. Je n’aime plus que les choses lentement
386 suppose, une certaine misanthropie en germe : les êtres changent trop vite, je n’ai pas le temps de me laisser envoûter ou de
387 e des choses ou de l’esprit, comprend enfin qu’il est perdu, il découvre la liberté. (Je pense à la boussole autant qu’au s
388 le autant qu’au sens moral.) Le goût de se perdre est un des plus profonds mystères de notre condition, et je ne crois pas
389 s les moins préméditées, c’est sans doute celui d’ être trouvé. J’ai toujours méprisé le geste de l’homme qui, le soir dans s
390 r de mon sommeil, on me vole à moi-même ! Que des êtres rêvés m’emportent ! — Ils me conduiraient là où je ne sais pas que j’
391 ù je ne sais pas que j’ai si grand désir d’aller… Est -ce ici ? Je regarde autour de moi : des murs sans yeux dominent des b
392 mière basse, rougeoyante, campagnarde. ⁂ La sauce est au rôti ce que le style à la pensée. Il arrive qu’on parle, en art cu
393 : c’est tout de suite écœurant et prétentieux. Je suis de ceux qui mangent sans faire d’histoires. Je remarque simplement qu
394 faire d’histoires. Je remarque simplement qu’on n’ est jamais mieux pour parler qu’en face d’une assiette pleine : l’occupat
395 llait déjà René Descartes — la portion que l’on s’ est administrée accapare nos facultés les plus vulgaires, libérant par là
396 re. Edmond Jaloux préside à cette agape dont il m’ est impossible de nommer tous les officiants visibles ou virtuels, et cel
397 s, la plupart suffisantes. Francis de Miomandre n’ est pas là. Il a téléphoné au début de l’après-midi qu’il commençait un r
398 rte un soin tout particulier à le parfaire ? — il est bientôt minuit. Mon fantôme est là. Un chien, Dick, est là. Pierre Gi
399 e parfaire ? — il est bientôt minuit. Mon fantôme est là. Un chien, Dick, est là. Pierre Girard n’est pas là, ni Othon ; ma
400 entôt minuit. Mon fantôme est là. Un chien, Dick, est là. Pierre Girard n’est pas là, ni Othon ; mais bien quelques sirènes
401 e est là. Un chien, Dick, est là. Pierre Girard n’ est pas là, ni Othon ; mais bien quelques sirènes. Albert Béguin, André W
402 André Würmser, Théobaldus Bombast et Mlle Monnier sont là. Jacques Chenevière pourrait très bien être là, puisqu’en ma voisi
403 er sont là. Jacques Chenevière pourrait très bien être là, puisqu’en ma voisine, je reconnais la Jeune fille de neige. On la
404 arcourue d’adorables roseurs boréales. Hoffmann n’ est pas là, mais bien Dollonne, ce qui revient au même. Une femme fatale
405 t au même. Une femme fatale et un grand incompris sont là. Enfin, Jean Cassou, représentant Mgr le marquis de Carabas, absen
406 ntant Mgr le marquis de Carabas, absent de Paris, est là. Si vous enlevez Georges Petit, égaré, en ayant soin d’ajouter ceu
407 nfin, un Étranger raconte l’histoire suivante qui est une des plus belles du monde :   Un prince italien ayant commandé à
408 es tendues au-devant d’un petit théâtre. La rampe est d’un bleu stellaire, un bleu d’Aldébaran. On joue Rose de Tannenbourg
409 une barbe en crin de cheval du diable. L’héroïne est belle comme une ballade de Bürger, tandis qu’elle arrose de ses larme
410 usses mais aériennes, des chansons populaires qui sont ce que je connais de plus indiciblement nostalgique. Und solltest du
411 audrait la mélodie. La fanfare s’éloigne. La nuit est chaude sur les collines. Un grand verre de bière à l’auberge déserte,
412 r des rosiers sauvages. Laquelle des trois filles est donc la plus jolie ? Sans doute celle qui dort dans la mansarde, et q
413 débile au corridor, — à Paris. Bientôt… Mais il est temps de mettre à ces fariboles un terme19. J’ai du solide à équarrir
22 1930, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Le Grand Testament de Villon, illustré par Marcel North (juin 1930)
414 nue, à la fois drue et délicate comme tout ce qui est vraiment « naïf ». La fleur qui croît en plein cœur de celui qui est
415  ». La fleur qui croît en plein cœur de celui qui est mort d’amour, une âme qui s’envole par la bouche, des formes aérienne
23 1932, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). La pluie et le beau temps (Dialogue dans une tête) (1932)
416 ans une tête) (1932)ae af Lord Artur. — Vous êtes terriblement jolie aujourd’hui, Mademoiselle Sonnette, avec qui avez-
417 rd’hui, Mademoiselle Sonnette, avec qui avez-vous été méchante ? Sonnette. — Lord Artur, je ne suis pas une mauvaise femme
418 ous été méchante ? Sonnette. — Lord Artur, je ne suis pas une mauvaise femme, et si vous n’étiez pas si retors, vous verrie
419 , je ne suis pas une mauvaise femme, et si vous n’ étiez pas si retors, vous verriez bien que je ne suis pas plus coquette qu’
420 ’étiez pas si retors, vous verriez bien que je ne suis pas plus coquette qu’une autre. Mais les hommes comme vous aiment que
421 Mais les hommes comme vous aiment que les femmes soient coquettes à les faire doucement frémir de rage ; ils aiment s’obstine
422 et c’est pourquoi nous aimons leur échapper. Vous êtes bien injuste avec moi quand vous me reprochez d’être méchante : je su
423 s bien injuste avec moi quand vous me reprochez d’ être méchante : je suis à peine coquette, et vous savez que c’est un plais
424 moi quand vous me reprochez d’être méchante : je suis à peine coquette, et vous savez que c’est un plaisir qu’on ne peut pa
425 Lord Artur. — Ravissante Sonnette, vos paroles ne sont pas pour les oreilles, mais pour les lèvres de ceux qui vous aiment.
426 our les lèvres de ceux qui vous aiment. Car elles sont insensées, mais comme des baisers dans l’air. Je voudrais vous poser
427 ave. Une question qui revient à peu près à ceci : Êtes -vous un être capable d’aimer, ou seulement une apparence adorable ? E
428 tion qui revient à peu près à ceci : Êtes-vous un être capable d’aimer, ou seulement une apparence adorable ? Et voici cette
429 le beau temps. Lord Artur. — Certes, la réponse serait sage, si seulement vous saviez ce que vous dites. Mais, en vérité, qu
430 signifient pour vous le beau temps et la pluie ? Est -ce que c’est rire et pleurer ? Est-ce que c’est le bonheur et la tris
431 et la pluie ? Est-ce que c’est rire et pleurer ? Est -ce que c’est le bonheur et la tristesse ? Est-ce que vous préférez l’
432 r ? Est-ce que c’est le bonheur et la tristesse ? Est -ce que vous préférez l’un à l’autre ? Sonnette. — Petite leçon de mé
433 te leçon de météorologie sentimentale. Comme vous êtes un profond pédant, dans cinq minutes je ne saurai plus même voir s’il
434 bonheur ou la tristesse. Car vous ne savez pas où est votre bien. C’est pourquoi les mots vous paraissent simples, évidents
435 . C’est pourquoi vous admettez que « beau » temps est le contraire de « mauvais » temps, et vous n’avez jamais cherché ce q
436 temps, et vous n’avez jamais cherché ce que doit être le « bon » temps, ni si les tempêtes sont « belles ». C’est pourquoi
437 ue doit être le « bon » temps, ni si les tempêtes sont « belles ». C’est pourquoi vous pensez encore que le bonheur peut exi
438 exister en dehors de la souffrance, et même qu’il est le contraire de la souffrance. C’est pourquoi vos rêves composent tou
439 es vernies, quand il pleut ? Sonnette. — Quand j’ étais petite fille, j’aimais me promener à la lisière des forêts, les jambe
440 es forêts, les jambes nues sous la pluie. L’herbe était pleine de sales limaces et de petits escargots, et les framboises hum
441 Lord Artur. — On dit souvent des femmes qu’elles sont naturellement païennes. Mais les peuples païens sont toujours religie
442 t naturellement païennes. Mais les peuples païens sont toujours religieux, alors que les femmes de ce temps sont seulement s
443 jours religieux, alors que les femmes de ce temps sont seulement sournoises. Sonnette. — Lord Artur, vous m’amusez beaucoup
444 rtur, vous m’amusez beaucoup. Vraiment vous devez être jaloux ce soir. Quand vous cédez à votre manie de remuer des métaphys
445 sse un peu, vous finirez par démontrer qu’il faut être chrétien pour comprendre quoi que ce soit à la pluie et au beau temps
446 il faut être chrétien pour comprendre quoi que ce soit à la pluie et au beau temps. Lord Artur. — J’ai toujours estimé, Son
447 pas plus de sens qu’un oiseau. Sonnette, si vous étiez païenne ou si vous étiez chrétienne, vous sauriez ce que c’est que le
448 iseau. Sonnette, si vous étiez païenne ou si vous étiez chrétienne, vous sauriez ce que c’est que le beau temps. Si vous étie
449 s sauriez ce que c’est que le beau temps. Si vous étiez païenne et que vous adoriez la lumière, le beau temps vous serait un
450 t que vous adoriez la lumière, le beau temps vous serait un Dieu rendu visible ; et votre « bonheur » rien de plus que l’un de
451 des noms de sa présence. Mais un jour la lumière est morte autour de nous, elle est morte à la surface des choses pour ren
452 un jour la lumière est morte autour de nous, elle est morte à la surface des choses pour renaître au centre de l’homme. Et,
453 ui dans le même temps se passe à l’intérieur d’un être . Ainsi tout est changé, mais peu le savent. Peu savent le chemin qui
454 emps se passe à l’intérieur d’un être. Ainsi tout est changé, mais peu le savent. Peu savent le chemin qui va du signe à l’
455 savent. Peu savent le chemin qui va du signe à l’ être . Longues pluies de printemps sur la campagne recueillie, tempêtes sur
456 ? Lord Artur. — … Le beau mot : courtisane… Ce n’ est pas qu’elle soit belle, peut-être, mais qu’elle pleure, qui me réchau
457 … Le beau mot : courtisane… Ce n’est pas qu’elle soit belle, peut-être, mais qu’elle pleure, qui me réchauffe. Parce qu’ell
458 u’elle pleure, qui me réchauffe. Parce qu’elle se tient là « vêtue de son péché », — comme une courtisane. Mais vous n’êtes q
459 son péché », — comme une courtisane. Mais vous n’ êtes qu’une petite fille.20 20. [Note à l’achevé d’imprimé :] « Relativ
24 1933, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Petites notes sur les vérités éternelles (1932-1933)
460 ’ont beaucoup aimé ; il sait que ces Neuchâtelois sont d’infatigables ergoteurs. Pour la commodité du lecteur, je recopie le
461 s de vérité absolue, en ce sens que tout jugement tenu pour vrai peut être modifié ou complété, les conditions de la vérité
462 en ce sens que tout jugement tenu pour vrai peut être modifié ou complété, les conditions de la vérité sont, elles, immuabl
463 modifié ou complété, les conditions de la vérité sont , elles, immuables et éternelles… (p. 12). Les conditions de la vérit
464 éternelles… (p. 12). Les conditions de la vérité sont donc éternelles (p. 13). Les philosophes, de tout temps, ont montré d
465 ugée par une réalité qui juge la logique même. Ce sont les conditions actuelles de la vérité qui nous posent un problème, e
466 ensons pas qu’il y ait lieu pour un philosophe, d’ être rassuré par la découverte de telles conditions. Elles constitueront p
467 ciences, durant quelques années encore. Mais ce n’ est pas, comme certains le répètent, d’une dogmatique que nous avons beso
468 ent, d’une dogmatique que nous avons besoin. Ce n’ est pas d’une systématique, d’ailleurs déduite a posteriori. Ce n’est pas
469 stématique, d’ailleurs déduite a posteriori. Ce n’ est pas d’une méthode de correction, ou d’assurances contre les paradoxes
470 us angoissants. Le fameux principe du tiers exclu est nié par l’angoisse de tout homme qui tente d’assumer son moi contradi
471 , c’est-à-dire de la pensée obéissante : car il n’ est d’action véritable que celle de la foi, lorsque « mettant les pouces 
472 n école (p. 14). L’adhésion à une pensée nouvelle est -elle suffisamment expliquée par l’insuffisance de la pensée ancienne 
473 a vérité créatrice. Non, notre adhésion à Barth n’ est pas le fait de la mauvaise humeur et de la mauvaise conscience que fo
474 sychologisme. Le secret de notre adhésion à Barth est dans la pensée de Barth elle-même, et non pas dans je ne sais quelle
475 re et désillusionnée de la condition humaine) qui est l’état dans lequel la vérité ne peut opérer dans notre existence que
476 et de ces formules, toutes les idolâtries, que ce soit la croyance antique et païenne à la « vertu », à la sagesse et au bon
477 M. Goguel ? 3. Si notre civilisation chrétienne n’ est pas détruite par le bolchévisme, elle reprendra sa marche en avant en
478 n de pensée. Peut-on dire que notre civilisation soit chrétienne ? Peut-on dire que pour le chrétien la perspective d’un no
479 e. C’est une des leçons de la guerre. Notre refus est instinctif devant un avenir, un espoir, une action dont les buts sont
480 nt un avenir, un espoir, une action dont les buts sont aussi vaguement définis. Car là où la pensée n’a rien osé distinguer
481 he de la théologie protestante à l’heure actuelle est de dégager, dans un esprit de libre recherche et de respect pour le p
482 istorique ? Et qu’arriverait-il si le résultat en était par exemple, de démontrer que tel « invariant chrétien » est toute au
483 mple, de démontrer que tel « invariant chrétien » est toute autre chose que l’Évangile ? ou bien si, au contraire, ce n’éta
484 e que l’Évangile ? ou bien si, au contraire, ce n’ était rien que l’Évangile ? Peine perdue ? — Grosses questions, questions u
485 es, dira-t-on. Dans une époque comme la nôtre, ce sont celles qu’il faut poser si l’on veut réellement se tirer hors d’une c
486 ans précédent — d’une confusion dont le profit ne sera jamais pour la foi. Car l’opération de la foi ne relève pas d’un « in
25 1935, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). René Guisan : un clerc (1935)
487 935)ah ai Un clerc, un vrai clerc. Non pas cet être détaché, déraciné, de pure raison, que l’auteur d’un pamphlet fameux
488 ’il me parlait avec feu d’actions réelles dont il était l’âme et l’agent, non pas en « homme d’action » — cette sotte espèce
489 are et qu’on cesse de les mettre en tension. Il n’ est d’action créatrice que soumise à la loi d’une pensée rigoureuse ; il
490 e soumise à la loi d’une pensée rigoureuse ; il n’ est de pensée saine qu’engagée dans une œuvre efficace, au sein de contin
491 us interdire désormais de considérer que l’esprit est une faculté détachée, un refuge hors de la réalité médiocre et basse.
492 pensée aux choses, cet acte de présence au monde est l’achèvement suprême, et non l’humiliation du spirituel. ah. Rouge
26 1938, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Le Poète et le Vilain (novembre 1938)
493 codes ne prévoient pas que l’assassin d’un noble sera puni plus sévèrement que n’eût été ce noble assassinant un serf. Même
494 in d’un noble sera puni plus sévèrement que n’eût été ce noble assassinant un serf. Même l’indulgence pour les riches a ces
495 serf. Même l’indulgence pour les riches a cessé d’ être bien certaine. Tout homme en vaut un autre, dit la loi ; et ce respec
496 he au mépris. De là vient que le meurtrier tantôt est acquitté, tantôt décapité. Vous voyez qu’on oscille du tout au rien,
497 d’un jury d’ailleurs désigné par le sort. Il n’en fut pas toujours ainsi. Jusqu’au viiie siècle de notre ère, les bardes c
498 ’au viiie siècle de notre ère, les bardes celtes étaient honorés chez les rois. Tenez, lisez ceci : « La valeur du barde du pa
499 les bardes celtes étaient honorés chez les rois. Tenez , lisez ceci : « La valeur du barde du palais, c’est-à-dire le prix qu
500 -à-dire le prix qu’on doit payer quand on le tue, est de 126 vaches ; et en cas d’insulte, on lui doit une indemnité de 6 v
27 1968, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Hölderlin dans le souvenir des noms splendides (1968)
501 ns le souvenir des noms splendides (1968)al Qu’ est -ce qui persiste du poème qu’un jour ou l’autre nuit nous avons lu pui
502 seule attend l’expression et la permet. La poésie serait -elle ce qui subsiste quand on a tout perdu sauf certains mots ? Ce qu
503 uf certains mots ? Ce qui émeut quand plus rien n’ est là ? Je ne gardais de Hölderlin que des souvenirs d’élans ou d’amples
504 rables pour essayer d’en retrouver le complément, fût -ce par la suggestion de l’arrangement graphique. Ainsi quelques dépar
505 signe23, tirets qui jalonnent un silence, et ce n’ est pas seulement absence du son, du sens, mais sourde pulsation d’un bla
506 mplissait tout l’espace invoqué. D’un seul coup m’ était restitué L’enthousiasme errant, fils de la belle Nuit 24. Nuit blanch
507 pour moi, dans la mémoire, ce que la Grèce avait été pour lui dans la distance et dans le temps du rêve. Mais au-delà des
508 rêve. Mais au-delà des accidents remémorés, qu’en était -il de la substance des grands poèmes ? L’émotion rénovée par ces frag
509 — départs, invocations, noms sacrés de l’Ionie — était -elle plus pure et plus vraie, plus efficace que le discours lui-même
510 qui subsistaient dans ma mémoire avaient toujours été tels dans le texte, émergeant comme des îles du blanc de la page, et
511 e, c’est absence, appel, invocation. Tout bonheur est passé, tout présent est exil, et toute joie véritable ne peut être qu
512 invocation. Tout bonheur est passé, tout présent est exil, et toute joie véritable ne peut être qu’à venir, — à revenir da
513 présent est exil, et toute joie véritable ne peut être qu’à venir, — à revenir dans le mythe. Le Neckar sera beau quand d’un
514 qu’à venir, — à revenir dans le mythe. Le Neckar sera beau quand d’une Grèce dorienne — Cap Sounion, Olympie, temples ruiné
515 temples ruinés d’Athènes, « fierté du monde qui n’ est plus »27 — le poète se retournera vers sa vallée natale et sa rivière
516 sé. Ionie de rêve, où jamais il n’ira, car elle n’ est plus. Paysages évoqués — non décrits et pour cause — par quelques épi
517 qui n’ont pas fui »). Rimbaud, ses moments forts sont au futur prochain (« Et à l’aurore… nous entrerons aux splendides vil
518 ce, dans la transcendance, mais d’une absence qui est toujours appel, nostalgie qui se mue en prophétie ! Hölderlin a créé
519 t et nous oriente : le passé de l’invocatif28 qui est un temps de la prophétie, appelant le retour des dieux morts ou dorma
520 eux morts ou dormants ; l’imparfait anticipé, qui est le temps du poète voyant ; et le présent d’exil, temps du poète souff
521 souffrant. Car il nous avertit que son langage n’ est pas celui que parlent « la nature et l’art tels qu’il les a connus au
522 t l’art tels qu’il les a connus autrefois ». Ce n’ est pas un langage imposé par le social impersonnel, tel que certains pré
523 te de futur, en réalité, comme le futur antérieur est une sorte de passé. 29. Essai cité, Éd. de la Pléiade, p. 630. 30.