1
vue. Mais nous savons, tout comme M. Coué, que ce
serait
de mauvaise méthode. Et, comme M. Coué, nous nous persuadons que tout
2
mais, nous semble-t-il, notre revue a sa raison d’
être
. La vie d’aujourd’hui, on le sait, nous oblige à nous affirmer ou à r
3
araître parfois quelque peu impertinente. Le fait
est
que nous éprouvons irrésistiblement l’obligation d’être nous-mêmes. E
4
ue nous éprouvons irrésistiblement l’obligation d’
être
nous-mêmes. Et, disons-le tout de suite, c’est en cela uniquement — ê
5
sons-le tout de suite, c’est en cela uniquement —
être
nous-mêmes — que consistera notre programme. Sans doute, les différen
6
. Sans doute, les différences s’accusent : mais n’
est
-ce pas la meilleure raison pour nos aînés de chercher plus patiemment
7
aurions aller, et qui, nous voulons l’espérer, ne
sera
pas sans leur donner quelque bénéfice en retour. Certes, nous ne dema
8
ès tant d’autres, avant tant d’autres. « Amis, ce
sont
les jeunes qui passent… » Pas question de les saluer ni d’emboîter le
9
s offrent et de les considérer avec sympathie. Il
est
bien facile de s’écrier : « Après moi, le déluge ! », et de se détour
10
n a coutume d’appeler notre « désordre ». Mais on
est
toujours le fils de quelqu’un… Et, peut-être, la considération du « d
11
juger si nous avons de quoi faire les modestes…
Être
nous-mêmes, avons-nous dit, c’est à la fois notre but et notre excuse
12
et notre excuse en publiant cette revue. Nous ne
sommes
pas « une revue littéraire de plus » ; nous ne voulons pas être « l’e
13
revue littéraire de plus » ; nous ne voulons pas
être
« l’expression de la jeunesse romande ». Nous sommes autre chose. (Be
14
tre « l’expression de la jeunesse romande ». Nous
sommes
autre chose. (Belles-Lettres est toujours « autre chose ».) Nous ne p
15
mande ». Nous sommes autre chose. (Belles-Lettres
est
toujours « autre chose ».) Nous ne prétendons pas plus être « bien be
16
urs « autre chose ».) Nous ne prétendons pas plus
être
« bien bellettriens » — prétention éminemment peu bellettrienne. Que
17
» — prétention éminemment peu bellettrienne. Que
sommes
-nous donc ? Le plus qu’on puisse dire, c’est que vous le saurez un pe
18
d’une anarchie dont on ne veut pas avouer qu’elle
est
plus nécessaire — provisoirement — que satisfaisante pour l’esprit. C
19
lle définitions tendancieuses et contradictoires.
Êtes
-vous sincères en actes ou en pensées ; envers vous-mêmes ou quelque d
20
s les fluctuations de votre moi ? Votre sincérité
est
-elle consentement immédiat à toute impulsion spontanée (Gide), ou « p
21
perpétuel effort pour créer son âme telle qu’elle
est
» (Rivière), ou encore refus de choisir, volonté de tout conserver en
22
liste de l’âme ? Heureusement que M. Brémond ne s’
est
pas encore mêlé de l’affaire. Au reste, on n’a pas attendu les éclair
23
é et spontanéité « Nos actes les plus sincères
sont
aussi les moins calculés », écrit Gide. D’où l’on peut tirer par une
24
tifient : sincérité = spontanéité. Mais la morale
est
ce qui s’oppose en premier lieu à la spontanéité. C’est pourquoi Gide
25
C’est pourquoi Gide écrit ailleurs : « En chaque
être
, le pire instinct me paraissait le plus sincère. » La sincérité spont
26
ne songeait pas qu’il allait faire école. Le fait
est
que ce geste symbolique a déclenché tout un mouvement littéraire, cel
27
aguère au surréalisme. Tous les héros de roman se
sont
mis à gesticuler « gratuitement ». Et les critiques d’abord de s’indi
28
de gratuité. Le geste le plus incongru du héros n’
est
jamais que le résultat d’un mécanisme inconscient, aussi révélateur d
29
nage que ses actions les mieux concertées. Rien n’
est
gratuit que relativement à un système restreint de références. Il ré
30
qu’il y a de plus secret dans la personnalité. Ce
serait
un moyen de connaissance plus intégrale de soi. Mais pour être moins
31
de connaissance plus intégrale de soi. Mais pour
être
moins pittoresque et plus « entachée d’utilitarisme », la décision ré
32
ssi peu gratuite que possible, d’un Julien Sorel,
est
-elle moins révélatrice du fond de l’âme humaine ? Que si l’on s’étonn
33
vrer en gestes, en conséquences matérielles. Ce n’
est
plus l’élan pur que je décris : c’est un élan freiné dans mon esprit,
34
J’éprouve le besoin de faire le point : à quoi en
suis
-je, qui suis-je ? Je revois des actes accomplis, je revis plus ou moi
35
besoin de faire le point : à quoi en suis-je, qui
suis
-je ? Je revois des actes accomplis, je revis plus ou moins fortement
36
s, dans un ancien carnet de notes, je retrouve un
être
si différent. Les gestes et les sentiments qui se proposaient à mon s
37
sentiments qui se proposaient à mon souvenir ont
été
passés au crible de la minute où je me penchais sur mon passé. Ou, po
38
pour user d’une image plus précise, cette minute
est
baignée d’une lueur de tristesse ou de sérénité qui métamorphose le p
39
sur mon passé, mais sur le moment que je vis1. Il
est
bien clair qu’on ne saurait atteindre « la vérité sur soi » en se ser
40
. C’est un cas-limite, j’en conviens. Pourtant, n’
est
-ce pas le schéma de tout un genre littéraire moderne, cette espèce de
41
assez précisément la forme d’un entonnoir. La vie
serait
le liquide tourbillonnant à l’intérieur. Un arrêt (l’auteur se met à
42
’ai revu à l’envers le film de mon passé : ce qui
était
élan devient recul, et l’évocation de mes désirs anciens ne me restit
43
orps et moi, le livre si poignant de René Crevel,
est
la démonstration la plus cynique que je connaisse de ces ravages du s
44
ns la solitude qu’il s’acharne à approfondir — il
était
venu y chercher quelque raison de vivre, il voulait se voir le plus p
45
ue a perdu pour moi tout intérêt du jour où je me
suis
avisé que l’homme éprouve ce qu’il imagine d’éprouver. » Non. Car à s
46
vidualité. Elle nous crée tels que nous tendons à
être
(plutôt inférieurs, en vertu des remarques précédentes). Rivière défi
47
perpétuel effort pour créer son âme telle qu’elle
est
». Il voyait dans cet effort sur soi le gage d’un enrichissement, d’u
48
avant tout un moyen de se connaître. Cependant, n’
est
-ce pas lui-même qui ajoutait que l’homme sincère « en vient à ne plus
49
ère « en vient à ne plus pouvoir même souhaiter d’
être
différent », ce qui est la négation de tout progrès moral. De la sinc
50
pouvoir même souhaiter d’être différent », ce qui
est
la négation de tout progrès moral. De la sincérité envisagée comme mo
51
parfois de contrôle efficace. Mais les bénéfices
sont
maigres en regard des dangers que la sincérité du noli me tangere fai
52
olontaire par lequel un Balzac les fait vivre. Ce
serait
fausser quelque chose à leurs yeux. Le cas des Faux-Monnayeurs le mon
53
s sophismes libérateurs La fonction de l’homme
est
aussi bien de croire que de constater. F. Raub. La sincérité obsti
54
e d’un Rivière n’a plus rien de spontané. En quoi
est
-ce encore de la sincérité ? Trop sincère, pas sincère. Ou bien si l’o
55
sincère. Ou bien si l’on prétend que la sincérité
est
la recherche, puis l’acceptation de toute tendance du moi, je réponds
56
toute tendance du moi, je réponds que le mensonge
est
sincère aussi, qui révèle mon besoin de mentir. Il devient dès lors i
57
devient dès lors impossible de faire rien qui ne
soit
sincère. Peut-on véritablement se mentir à soi-même, et surtout se pr
58
n désirait qu’ils cachent pour un moment. « L’art
est
un mensonge, mais un bon artiste n’est pas menteur », dit Max Jacob.
59
t. « L’art est un mensonge, mais un bon artiste n’
est
pas menteur », dit Max Jacob. « Être sincère, c’est avoir toutes les
60
bon artiste n’est pas menteur », dit Max Jacob. «
Être
sincère, c’est avoir toutes les pensées » (Rivière). Mais on ne peut
61
», ce choix faux mais bon, nécessaire à la vie, n’
est
-ce pas être sincère aussi que de s’y prêter ? Or, il vous tire aussit
62
faux mais bon, nécessaire à la vie, n’est-ce pas
être
sincère aussi que de s’y prêter ? Or, il vous tire aussitôt de l’indé
63
us tire aussitôt de l’indétermination violente qu’
est
la sincérité selon Rivière. La sincérité véritable vous pousse à fair
64
l’oser. Petite anthologie ou que le « style »
est
de l’homme même J’en étais à peu près à ce point de mes notes — à
65
e ou que le « style » est de l’homme même J’en
étais
à peu près à ce point de mes notes — à ce point de mon dégoût pour ce
66
pris note des passages suivants (les paraphraser
serait
d’une ingratitude insigne — ils marquent au reste fort bien les jalon
67
ntrer plus de style. (Georges Duhamel.) … Nous ne
sommes
pas, nous nous créons. Certains se refusent à toute intervention qui
68
qui altérerait leur moi ; ils ne souhaitent que d’
être
leur propre témoin, intelligent mais immobile : ce sont les mêmes qui
69
eur propre témoin, intelligent mais immobile : ce
sont
les mêmes qui s’ignorent en tant que personnes. Comment se trouveraie
70
(François Mauriac.) La valeur morale de M. Godeau
serait
définie par l’aspect seul qu’il souffrirait de garder lui-même à son
71
ale d’un homme équivalait-elle à l’illusion qu’il
était
capable d’entretenir sur lui-même. (Marcel Jouhandeau.) Ce qu’on appe
72
l Jouhandeau.) Ce qu’on appelle une œuvre sincère
est
celle qui est douée d’assez de force pour donner de la réalité à l’il
73
Ce qu’on appelle une œuvre sincère est celle qui
est
douée d’assez de force pour donner de la réalité à l’illusion. (Max J
74
(Max Jacob.) Un rôle ? Oui. Mais si le personnage
est
maintenu jusqu’à la mort, il se confond avec l’homme même. (André Mau
75
i idéal que j’appelle en chaque minute de ma joie
est
plus réel que celui qu’une analyse désolée s’imaginait retenir. Dès l
76
alyse désolée s’imaginait retenir. Dès lors, ce n’
est
pas lâcher la proie pour l’ombre que de tendre vers ce modèle. Dirais
77
efficaces ? Mais on nommera cela de l’hypocrisie.
Soit
, j’accepte. Et aussitôt j’annonce : Éloge de l’hypocrisie Non,
78
e chose proposait une ferveur nouvelle, et chaque
être
un plus prenant sourire. Cependant que ma joie — un état de grâce, un
79
re, ne pouvait non plus s’imaginer qu’elle en pût
être
privée. Alors, acquiesçant vivement à l’invite que je soupçonnais la
80
ser — et des baisers à tous les vents — qu’il eût
été
loisible d’attribuer comme objet à ma jubilation, non pas ce but peut
81
ainsi que fidèle à soi-même au plus profond de l’
être
, on entretient comme une arrière-pensée sagace et obstinée l’assuranc
82
elle de l’individu — en dehors du corps. Et ce ne
sont
point là jeux d’idées et jongleries verbales. Regards au-dessus de l’
83
fonde qu’elle n’a pas besoin de s’expliciter pour
être
efficace — qui m’interdit de nommer ce dont je ne veux plus souffrir.
84
ommer ce dont je ne veux plus souffrir. (Car il n’
est
peut-être qu’une espèce de souffrance véritablement insupportable, c’
85
certitude… Ô vérité, ma vérité, non pas ce que je
suis
, mais ce que de toute mon âme je veux être !… 1. La véritable desc
86
que je suis, mais ce que de toute mon âme je veux
être
!… 1. La véritable description de l’élan supposé dans le premier e
87
ion de l’élan supposé dans le premier exemple, ce
serait
le récit des gestes qu’il m’aurait fait commettre. Manifester est plu
88
gestes qu’il m’aurait fait commettre. Manifester
est
plus sincère qu’analyser. 2. D’ailleurs toute la psychologie moderne
89
col roide, En souffrance mes baisers. L’amour
est
un alibi Nos lèvres sitôt que jointes, Ô dernier mensonge tu, Je
90
on d’une race entre toutes bénie — par qui ? elle
était
anticléricale, on ne saurait le taire, — Urbain dormait. L’étoile, je
91
eux et ne vit rien. On rappelle que les étoiles s’
étaient
décrochées de leur poste dans l’éternité. « Éternité désaffectée, c’e
92
er 1927, l’information suivante : Mardi dernier a
été
célébré en l’église grecque de la rue Georges Bizet le mariage de M.
93
d avec la princesse Hélène-C. Soutzo. Les témoins
étaient
pour le marié : M. Philippe Berthelot, secrétaire général du ministre
94
i le drame sur vos traits seulement ; l’écho n’en
fut
que plus douloureux dans mon cœur. Puis je vous ai oubliée. Puis je v
95
tirante ; et je pensais que la force de mon désir
était
telle que vous en éprouviez vaguement la menace. Je dis menace, parce
96
ssis à l’écart. On me demandait, en passant, si j’
étais
malade. Je désignais d’un geste incertain quelques bouteilles de cham
97
l’ivresse, mais non certaines douleurs. Même, je
fus
obligé de confier à un ami que j’en avais repris … Les archets jouaie
98
gentillesse d’une autre femme dont le seul défaut
fut
de m’aimer… (Froid aux genoux, odeur de vieille fumée, et ce refus au
99
s d’oriflammes sur l’orchestre pensif. Ton regard
est
plus grand que le chant des violons. Aube dure ! En ma tête rôde ton
100
, tout enfiévré par la crainte du réveil. Puis je
suis
revenu dans ces rues où je vous rencontrais parfois, du temps que j’i
101
aqué, souriante… Enfin, un peu après 6 heures, je
suis
sorti. Il y avait beaucoup de monde dans les rues, sous la pluie. Les
102
maladroits, contradictoires… Un autobus de luxe s’
était
arrêté tout près de moi. Je vis un visage à l’intérieur se pencher ve
103
dames. Personne ne parlait. La jeune femme qui s’
était
penchée vous ressemblait tant. Mais je n’osais presque pas la regarde
104
edonnait tout son empire à ma timidité. Peut-être
était
-ce vous. Je ne saurai jamais. À l’arrêt de la Place Saint-Michel, ell
105
usieurs heures avant de retrouver ma rue. Il doit
être
maintenant 5 heures du matin. Premiers appels d’autos dans la ville,
106
aube incolore. Il y a vingt-quatre heures donc, j’
étais
encore au bal. Cette constatation machinale ne correspond à rien dans
107
che de tout ce qui me navre au plus intime de mon
être
… Le revolver est chargé, sur cette table. (Je le caresse, entre deux
108
me navre au plus intime de mon être… Le revolver
est
chargé, sur cette table. (Je le caresse, entre deux phrases.) Mais vo
109
Orphée sans charme (février 1927)k « Cet âge
est
sans pitié. » « Le véritable symbole n’est jamais prévu par l’auteur
110
t âge est sans pitié. » « Le véritable symbole n’
est
jamais prévu par l’auteur », écrivait Cocteau dans la préface des Mar
111
ent concerté la possibilité. Orphée, par exemple,
serait
un poète surréaliste. « Il faut jeter une bombe, dit-il, il faut obte
112
Madame Eurydice Reviendra Des Enfers. » — « Ce n’
est
pas une phrase, s’écrie-t-il, c’est un poème, un poème du rêve, une f
113
Art chrétien, a-t-on dit5. Certes, cette pièce n’
est
pas dépourvue de certaines des qualités qui, selon Max Jacob, permett
114
Les anges véritables qui connaissent les signes
Sont
moins bons acrobates… (etc.)… Cocteau s’est trop exercé avant de se
115
nes Sont moins bons acrobates… (etc.)… Cocteau s’
est
trop exercé avant de se lancer sur la corde raide. Je suis sûr qu’il
116
exercé avant de se lancer sur la corde raide. Je
suis
sûr qu’il ne tombera pas. J’admire sans émoi. ⁂ Certes, les qualités
117
. ⁂ Certes, les qualités scéniques de cette pièce
sont
grandes. Je ne saurais même indiquer aucun endroit par où elle pèche
118
ai style de théâtre, d’une netteté qui pourtant n’
est
pas maigre, d’une familiarité dramatique qui cerne le mystère d’un tr
119
Puisque ces mystères me dépassent, feignons d’en
être
l’organisateur », disait le photographe des Mariés. Dans Orphée, le m
120
fois de plus que l’atmosphère de l’« art pur » n’
est
pas respirable. Il ne manque rien à Orphée, sinon peut-être cette ind
121
spensable « part de Dieu » — comme dit Gide — qui
serait
aussi la part de l’humain, l’imperfection secrète qui fait naître l’a
122
te qui fait naître l’amour. Parce que la création
est
venue après la théorie. Parce qu’une fois de plus, Cocteau a comprimé
123
les de l’art, mais que l’essence obtenue, si elle
est
de rose, est sans parfum. (Tout de même, Cocteau est un poète : j’e
124
mais que l’essence obtenue, si elle est de rose,
est
sans parfum. (Tout de même, Cocteau est un poète : j’en verrais une
125
e rose, est sans parfum. (Tout de même, Cocteau
est
un poète : j’en verrais une preuve, pour mon compte, dans le fait que
126
pouvons faire quelque chose. Que diable ! nous ne
sommes
pas des imbéciles, nous ne sommes pas de ces gens qui croient que 2 e
127
iable ! nous ne sommes pas des imbéciles, nous ne
sommes
pas de ces gens qui croient que 2 et 2 font 22, et qui confondent Jér
128
vaient en hurlant : « Bas-toi là, bas-toi là ! »…
Est
-il plus atroce spectacle que celui d’une maîtresse jadis belle et dis
129
. Naissance de Cinématoma Cinq bellettriens
furent
commis au soin d’engendrer cet adorable monstre. Ils se réunissent pa
130
tre deux cafés-nature, et presque sans qu’il s’en
soit
rendu compte. Clerc entrevoit un projet à deux faces. Lugin, qui est
131
lerc entrevoit un projet à deux faces. Lugin, qui
est
théologien, et de la Tchaux, n’a pas la foi. Topin, Mahomet désabusé,
132
teur de Gogol à l’époque où le Cuirassé Potemkine
était
interdit à l’écran. Pitoëff avait prêté un accent, Mme d’Assilva deux
133
ou L’éloge du Miracle (mars 1927)n Surprendre
est
peu de chose, il faut transplanter. Max Jacob. Ce soir-là, le progra
134
décor très pauvre, légèrement coloré. Le principe
est
simple : « Je vous aime » se traduit par trois ou quatre claques sur
135
Aussi : « Elle mourut. » On voit que cette bande
est
antérieure à l’époque du long baiser de conclusion. Le film japonais
136
e, vue par-dessous. Quelques miracles qui suivent
sont
embrumés dans mon souvenir par le rayonnement de la robe, fleur qui s
137
clé… Un enterrement bourgeois, mais le corbillard
est
traîné par un dromadaire, d’ailleurs dételé. Les amis affligés mangen
138
s demandions grâce de trop de plaisir. Mais je ne
suis
pas sûr que le plaisir du public fût de même essence que le nôtre. Le
139
Mais je ne suis pas sûr que le plaisir du public
fût
de même essence que le nôtre. Les gens rient à l’enterrement au ralen
140
ement des têtes de poupées, à la conclusion. Ce n’
est
pas le bon rire de cinéma. Quand la danseuse paraît, ils n’attendent
141
c’est cochon ! » Mais le moment ne vient pas, ils
sont
déçus. Enfin, mon voisin, un agent, murmure : « On va tous devenir fo
142
ma doit nous « transplanter », un certain naturel
est
de rigueur ; toute bizarrerie détourne du véritable miracle auquel no
143
le auquel nous assistons. Mais de pareils défauts
sont
presque inévitables dans une production de début, et Entr’acte mérite
144
ns une production de début, et Entr’acte mérite d’
être
ainsi qualifié : c’est peut-être le premier film où l’on a fait du ci
145
ns, c’est le fait d’un art à sa maturité. Mais ce
sont
là critiques de style. D’ores et déjà, il faut admirer dans les films
146
cinéma. C’est la photographie d’une chose qui ne
serait
étonnante que dans le réel ; ce n’est pas encore un miracle de ciné.
147
e qui ne serait étonnante que dans le réel ; ce n’
est
pas encore un miracle de ciné. Et les fées paraissent vieux jeu avec
148
de découvrir la richesse immédiate. Surréel qui n’
est
pas synonyme d’incompréhensible, non Madame, car alors quoi de plus s
149
s quoi de plus surréaliste que le film 1905. Ce n’
est
peut-être qu’une question d’imagination ; il reste qu’un film comme E
150
imagination ; il reste qu’un film comme Entr’acte
est
une aide puissante. Nous faisons nos premiers pas, étourdis, dans un
151
un pays d’illuminations vertigineuses, et nous en
sommes
encore à nous frotter les yeux… Peut-être, quand nos regards plus ass
152
7)o Ah ! je sens qu’une puissance étrangère s’
est
emparée de mon être et a saisi les cordes les plus secrètes de mon âm
153
s qu’une puissance étrangère s’est emparée de mon
être
et a saisi les cordes les plus secrètes de mon âme, qu’elle peut fair
154
ier l’ennui de ma révolte ? Aragon sarcastique se
tient
là-bas dans un rayon échappé des Enfers — auxquels je crois encore, e
155
. On dit : « C’est incompréhensible ! » — et l’on
est
enfin rassuré. C’est incompréhensible !, trois mots dont l’un savant
156
malaise, et vous rallumez votre cigare. Vous vous
êtes
assuré que la porte ferme bien sur l’infini. Rien à craindre de ce cô
157
rire d’Aragon, c’est l’éclat de sa joie brusque d’
être
seul sur un faux sommet vers quoi des faibles s’efforcent — mais déjà
158
7. » Il s’agit bien de critique littéraire ! Nous
sommes
ici en présence d’une des tentatives de libération les plus violentes
159
elques portes de sortie » ou compromis : « Nous
étions
dominés par le sens d’une réalité morale absolue que certains d’entre
160
Vautel, le matérialisme le plus pauvre auquel se
soit
jamais abaissée une civilisation. Mais nous sommes encore quelques-un
161
soit jamais abaissée une civilisation. Mais nous
sommes
encore quelques-uns à jouer nos derniers atouts sur notre salut. Nous
162
courons enfin l’Aventure. « Le salut pour nous n’
est
nulle part9 ». Ultime affirmation d’une foi que plus rien ne peut dup
163
vous aurez beau rire, pharisiens, et dire qu’elle
est
née dans un café de Paris. « Je n’attends rien du monde, je n’attends
164
oublier certaines morales d’extrême moyenne d’où
sont
exclues toutes grandeurs au profit de fuites lâches qu’on veut nommer
165
rophète qui rapprenne comment aimer un Dieu. Ce n’
est
pas à genoux qu’on attendra : pour que cela eût un sens, il faudrait
166
attendra : pour que cela eût un sens, il faudrait
être
sûr de n’avoir pas la tête en bas par rapport au soleil. Quelques ges
167
les messages égarés de l’infini… Un tel homme, —
est
-ce encore Aragon, sinon qui ? — sa grandeur, c’est qu’il lui faut att
168
du scandale pour le scandale qui a le mérite de n’
être
pas qu’un jeu littéraire. Mais enfin, c’est encore un Musset, seuleme
169
ment transposé dans notre siècle et chez qui tout
est
devenu de quelques degrés plus violent, plus acerbe, plus profond. En
170
a grande race des torrents. » Une belle phrase, n’
est
-ce pas ? Je ne sais qu’un Montherlant qui pourrait l’oser dire comme
171
Et ce que je prenais pour le ton prophétique, ne
serait
-ce pas plutôt une sorte de donquichottisme assez fréquent dans les ca
172
ez fréquent dans les cafés littéraires et dont il
serait
le premier à s’amuser ? Février 1927. Relu Une vague de rêves et la
173
e littérature — : « Un mysticisme creux et affamé
est
le contrecoup du christianisme dans les âmes profondes ou délicates q
174
nisme dans les âmes profondes ou délicates qui ne
sont
pas devenues chrétiennes. » « Le salut pour nous n’est nulle part. »
175
as devenues chrétiennes. » « Le salut pour nous n’
est
nulle part. » Nulle part, pensais-je : le salut n’est pas là, ou là,
176
nulle part. » Nulle part, pensais-je : le salut n’
est
pas là, ou là, à Rome, à Athènes, à Moscou, dans cette doctrine, dans
177
ez basses, nous le savons… Mais pour Aragon, ce n’
est
point façon de parler. Son « nulle part » est sans dérobade possible
178
e n’est point façon de parler. Son « nulle part »
est
sans dérobade possible par sous-entendu. Pas plus « ailleurs » que su
179
Crevel. Pourtant, le plus irrévocable désespoir n’
est
encore qu’un appel à la foi la plus haute. 1er mai 1927. Mieux vau
180
iasme trompe moins que le bon sens. Don Quichotte
est
tout de même moins misérable que Clément Vautel — et si ce nom revien
181
ules le droit à parler des choses de la foi comme
étant
d’un ordre qui leur échappe ; de même je récuse ici certain sens crit
182
se ici certain sens critique dont on voudrait que
soient
justiciables les œuvres d’un écrivain, les démarches de sa pensée, se
183
re armé de l’appareil à frigorifier de sa raison,
est
destiné à dire des bêtises. Cf. certaines remarques — pas toutes — de
184
. — Il y a un certain temps déjà que nous ne nous
sommes
revus. Mais je suis vos travaux avec intérêt, et il m’a paru que depu
185
temps déjà que nous ne nous sommes revus. Mais je
suis
vos travaux avec intérêt, et il m’a paru que depuis quelque temps… en
186
is quelque temps… enfin, comment dirais-je… je me
suis
dit que je pourrais, en quelque sorte, vous être de quelque utilité…
187
suis dit que je pourrais, en quelque sorte, vous
être
de quelque utilité… Moi. — Ah ! oui, oui… c’est cela, utilité,… en e
188
jours-ci, beaucoup trop à faire, beaucoup trop d’
êtres
et de choses à aimer, et vous savez ce que cela suppose. Comprenez-mo
189
, à mon estime la plus vive. Mais décidément nous
sommes
débordés, voyez vous-même, pas moyen de causer aujourd’hui… Quoi ?… B
190
ire sans vous. Mais n’oubliez pas que « l’artiste
serait
peu de chose s’il ne spéculait sur l’incertain », c’est un académicie
191
dessus pour la Revue ? Mais plus tard, plus tard.
Tenez
, voici un traité de métaphysique, vous lirez ça en attendant. Très bi
192
la ne condamne pas et la santé et la raison. Il s’
est
trouvé des Maurras et autres « héritiers de la grande tradition gréco
193
er. Voilà bien leur désinvolture, car enfin, elle
est
déesse. Mais entre leurs mains qu’est-elle devenue ? C’est bien leur
194
enfin, elle est déesse. Mais entre leurs mains qu’
est
-elle devenue ? C’est bien leur faute si elle nous apparaît aujourd’hu
195
c’est vous qui l’aurez voulu, mais tant pis, nous
serons
du Nord. Nous serons romantiques. Nous serons barbares, désordonnés,
196
z voulu, mais tant pis, nous serons du Nord. Nous
serons
romantiques. Nous serons barbares, désordonnés, brumeux, absurdes, vi
197
ous serons du Nord. Nous serons romantiques. Nous
serons
barbares, désordonnés, brumeux, absurdes, vivants, libres. Avec la po
198
Les œuvres les plus significatives de ce siècle
sont
écrites en haine de l’époque12. Le reproche d’obscurité que l’on fait
199
bscurité que l’on fait à la littérature moderne n’
est
qu’une manifestation de ce divorce radical entre l’époque et les quel
200
lques centaines (?) d’individus pour qui l’esprit
est
la seule réalité. C’est pourquoi nous ne pourrons plus séparer du con
201
0 ans, une révolution en fonction du capitalisme.
Est
-ce que vraiment vous ne pouvez vous libérer de cette manie française,
202
ce qu’il inspire ? Alors que cette réaction même
est
ce qu’il y a de plus français ; que c’est elle qui donne au surréalis
203
t, si déplorablement français. Et puisque nous en
sommes
au surréalisme, ce produit parisien qui, comme tout ce qui est parisi
204
lisme, ce produit parisien qui, comme tout ce qui
est
parisien, hait Paris mais ne saurait vivre ailleurs… Mais non, il y a
205
trop à dire, et puis l’on croirait encore que je
suis
avec ceux qui traitent Aragon, Breton et leurs amis alternativement d
206
de chacals, de déments. Et puis surtout, l’heure
est
venue de clore des discussions énervantes où s’épuise vainement une d
207
ce que ces « maudits » ont la grâce, parce qu’ils
sont
la vie, même quand ils appellent la mort, parce qu’ils ont la passion
208
à la limite de nos forces, notre joie parmi vous
fut
une très grande joie. Saint-John Perse. Nous appelions une Révolutio
209
gloire et la sénilité, etc., etc. Et certes ce n’
étaient
pas des êtres, mais leurs abstractions que nous haïssions. Notre hain
210
nilité, etc., etc. Et certes ce n’étaient pas des
êtres
, mais leurs abstractions que nous haïssions. Notre haine de certaine
211
de révolution pour vivre, pour nous perdre. Vivre
était
devenu synonyme de magnifique perdition dans des choses plus grandes
212
volution — la russe, par exemple — parce que ce n’
est
pas encore assez révolution ; parce que cette révolution ne demandait
213
tion ne demandait qu’à s’asseoir et que son siège
était
fait. Nous aimions la Révolution qui nous perdrait corps et biens dan
214
sille : Nous avons tous fait ça Plus ou moins, n’
est
-ce pas ? Et puis l’aiguille divague vers des souvenirs, quand nous a
215
mais voyons des affaires plus sérieuses. Et tout
est
dit. Ah ! c’est vrai, il allait oublier, il y a encore cette histoire
216
ncore des gens pour qui les limites de l’anarchie
sont
: chanter l’Internationale dans les rues, faire la noce, écrire un li
217
ce définitive de notre absurdité. Car l’homme « s’
est
fait une vérité changeante et toujours évidente, de laquelle il se de
218
hoix : inconscience de ruminants ou neurasthénie,
est
-ce que vraiment vous vous êtes tellement amusés avec vos chers princi
219
ts ou neurasthénie, est-ce que vraiment vous vous
êtes
tellement amusés avec vos chers principes. Révolution, ce n’est plus
220
musés avec vos chers principes. Révolution, ce n’
est
plus détruire, ce n’est plus combattre, c’est l’épanouissement violen
221
ncipes. Révolution, ce n’est plus détruire, ce n’
est
plus combattre, c’est l’épanouissement violent d’une immense fleur pa
222
lies et de joies ; n’allez pas nous toucher, nous
sommes
dangereux. Un orage de tendresse va crever sur le monde. Aigles d’amo
223
prodiges à cette invite la plus persuasive : nous
sommes
prêts à les accueillir. 7. Une vague de rêves (dans Commerce). 8.
224
e rêve, c’est la tyrannie des souvenirs ; et ce n’
est
pas se libérer que de brasser ces chaînes sonores. 9. Lettre à Paul
225
doxal. 11. Les livres les plus répandus à Genève
sont
Ma vie et mon œuvre de Ford et Mon curé chez les riches. Très loin de
226
rrait, École suivait une femme dans les rues tant
soit
peu métaphysiques d’une capitale de mes songes. On exigeait d’une sai
227
’ailleurs invraisemblables, qu’à leurs reflets se
fussent
évanouis des arcs-en-ciel de névroses dans tous les poèmes où détress
228
u’on ne manque pas le train bleu d’un désir. Elle
était
donc venue. Il la suivait entre les devantures qui se passaient de l’
229
mitié mortel de tout ce qui n’arrive jamais. Il s’
est
trompé, ce n’est pas elle. Il pensa que c’était un ange, de ceux qui
230
out ce qui n’arrive jamais. Il s’est trompé, ce n’
est
pas elle. Il pensa que c’était un ange, de ceux qui vont à la recherc
231
ain et l’abattit d’un coup de revolver. Puis s’en
fut
avec un tact exquis, qui fut très remarqué. Le duc riait sous une tab
232
revolver. Puis s’en fut avec un tact exquis, qui
fut
très remarqué. Le duc riait sous une table, complètement ivre, et Bet
233
le : « Mon chéri, si j’aime la comtesse ? Mais tu
es
si laid que cela me donne encore plus de plaisir. » Le duc paya et s’
234
sir. » Le duc paya et s’enfuit en disant que ce n’
était
pas lui. L’enterrement aura lieu sans suite. Suicide du Marquis
235
dans l’amitié pensive des jardins. Une fenêtre s’
était
ouverte et des accords échappés tombaient, les ailes coupées. Puis le
236
ade en bateau À Grego More. Il disait : « Je
suis
né pour la mort. » Il fait assez beau pour que s’ouvre ce cœur de l’a
237
spire déjà l’odeur merveilleuse des objets et des
êtres
véritables. Un bateau ne glisse pas plus doucement vers le soleil du
238
tement, voici que tout va s’ouvrir, qu’un monde s’
est
ouvert devant lui. Et l’eau n’est pas moins somptueuse. Et bien sûr,
239
, qu’un monde s’est ouvert devant lui. Et l’eau n’
est
pas moins somptueuse. Et bien sûr, je n’ai pas bougé. C’est une quest
240
s bougé. C’est une question d’amitié. Pourtant je
suis
seul dès cette heure, et mes amis fuiront un lâche. Parce que je revi
241
qui regarde comme de l’autre bord, je songe qu’il
est
des visites à de certaines grandes dames où je préférais — et lui aus
242
cérémonie : « La jeunesse, Monsieur…, la jeunesse
est
l’âge où l’on atteint la vie. On s’y maintient cinq ans, dix ans au p
243
logé, nourri, blanchi, mais non point diverti. J’
étais
bon, Monsieur, normalement bon. L’idée, par exemple, d’étrangler un c
244
isir me répugnait. Je détestais de peiner quelque
être
, même ennemi, — car celui-là je le méprisais trop sincèrement. » Vers
245
aïque à la fois et bêtement heureux. Le lendemain
était
le premier jour du printemps. Les rues riaient. Le ciel descendait da
246
Je sortis avec cette femme, qui m’aimait, et nous
étions
très jolis de bonheur et d’insouciance dans le bonheur de la saison.
247
lle déchirante nostalgie. Pour lui, sans doute, j’
étais
perdu. Mais il souffrait d’autre chose encore : il se savait vieux, m
248
urus dans ma chambre. Une demi-heure plus tard, j’
étais
à la gare, j’écrivais un mot d’adieu à ma maîtresse d’une nuit et je
249
s dans une direction quelconque. Il advint que ce
fut
celle de l’Italie. La lumière, mon pays natal ! — Je vécus d’articles
250
res : c’était l’annonce du décès de mon père. » J’
étais
assis à la terrasse ensoleillée d’un café ; une brise passa, et une f
251
t pour augmenter ma volupté. Bientôt je ne pus me
tenir
de chantonner. J’entrai dans un établissement luxueux d’où sortaient
252
elui justement que j’entrevoyais. » Quand elle se
fut
endormie, je me rhabillai. Je ne trouvai que 100 francs dans son sac
253
quel rapide de l’Europe centrale — région où l’on
est
forcé de prendre conscience de soi-même — je découvris une nuit, au m
254
au moment de m’endormir, que ma passion du vol n’
était
qu’une longue vengeance. Ne m’avait-on pas dérobé des années de joie
255
penseront jamais cette escroquerie morale dont je
fus
la victime, ce vol de quelques joies parfaites de ma jeunesse… Mais i
256
quelques joies parfaites de ma jeunesse… Mais il
est
trop tard, Monsieur, pour critiquer les modalités de ma vengeance. Ve
257
. Veuillez ne voir dans la confusion où je parais
être
engagé, du plan moral avec l’économique, qu’une expression nouvelle,
258
avorable, croyez-le bien… Le goût de la propriété
étant
à mon sens l’un des plus vulgaires et des plus généralement répandus,
259
rai, cher Monsieur, que l’analyse psychologique n’
est
pas mon fort. Je me contente de quelques observations théoriques que
260
ntente de quelques observations théoriques que je
tiens
pour vraies, et j’en vérifie les manifestations vivantes avec une pro
261
il, lâchant tout de suite ses compliments, ce qui
est
de mauvaise politique, — c’est l’extraordinaire netteté de votre vie.
262
c’est l’extraordinaire netteté de votre vie. Elle
est
sans bavures, sans réticences ; elle m’apparaît comme un divertisseme
263
sement perpétuel et dénué d’inquiétude. Et cela n’
est
pas sans me charmer, croyez-moi. Car, enfin, si je suis ici à vous éc
264
as sans me charmer, croyez-moi. Car, enfin, si je
suis
ici à vous écouter, c’est que je cherche ce qu’on est convenu d’appel
265
ici à vous écouter, c’est que je cherche ce qu’on
est
convenu d’appeler — pardonnez la lourdeur de l’expression — une règle
266
it de quelqu’une de ces farces d’étudiants qui ne
sont
que la traduction en actes de jeux de mots plus ou moins cruels… » —
267
mots, vous ne me trouvez pas sérieux. Le reproche
est
grave. Je ne saurais y répondre. Je pourrais vous dire que si vous me
268
dire que si vous me trouvez un peu potache, il n’
est
pas prouvé par là que le potache n’ait point raison. Mais justement j
269
agréablement paradoxal. Seulement, pour quiconque
est
aussi profondément persuadé que moi de l’absurdité radicale de notre
270
les idées émises dans la Revue de Belles-Lettres
sont
propres à leur auteur et qu’elles n’engagent pas sa responsabilité. (
271
atique, le mépris enfin de tous les principes qui
sont
à la base de la société même. » Ceci est tiré d’un livre récent sur
272
s qui sont à la base de la société même. » Ceci
est
tiré d’un livre récent sur Aloysius Bertrand. Est-ce vraiment aux rom
273
est tiré d’un livre récent sur Aloysius Bertrand.
Est
-ce vraiment aux romantiques de 1830 que ces reproches s’adressent, ou
274
lante des pommes de terre, jeune homme ! Quand tu
seras
au bout de la 20e ligne de 200 mètres, ce qui représente quatre kilom
275
nte quatre kilomètres de plantation, le siècle ne
sera
plus malade, les temps seront guéris de leur crise, les valeurs auron
276
ntation, le siècle ne sera plus malade, les temps
seront
guéris de leur crise, les valeurs auront retrouvé leur stabilité, et
277
tion russe… cet autre fait de la guerre… et puis,
tenez
! ce fait surtout de la sacro-sainte Raison utilitaire au service des
278
ste à nos yeux sacro-sainte : la liberté. Alors n’
est
-ce pas, merci du conseil, Monsieur Y. Z., de ce conseil que vous avou
279
. Z., de ce conseil que vous avouez modestement n’
être
pas inédit. Mais point n’est besoin de rappeler Candide : nous penson
280
vouez modestement n’être pas inédit. Mais point n’
est
besoin de rappeler Candide : nous pensons que bien avant Voltaire il
281
er cette méthode à leurs petits. Le « satisfait »
est
un être inadmissible aujourd’hui. À plus forte raison, le satisfait a
282
e méthode à leurs petits. Le « satisfait » est un
être
inadmissible aujourd’hui. À plus forte raison, le satisfait artificie
283
uelque part. Voyez ma franchise. Un peu grosse, n’
est
-ce pas ? D’autres prennent soin que leurs sincérités gardent au moins
284
omptent scandaleuse. Mais voici un bar où je vous
suis
. Vous y entrez plein de mépris pour Paul Morand par qui découvrîtes l
285
de Cambronne : hommage à Louis Aragon. Ce cristal
est
une citation de Valéry, cette œillade se souvient d’un vers d’Éluard1
286
, plumes dans le vent, poète au bar, le paradis n’
est
pas si cher. Il y en a aussi qui posent pour le diable et ne se baign
287
p qu’ils trouvent ça pittoresque. Et le plaisir d’
être
nu devant un public supposé dévot, et qui n’ose en croire sa pudeur,
288
tre indignation, quand il m’échappe une citation.
Seraient
-ce les guillemets qui vous choquent ? La vie ! — proclamiez-vous… S
289
qui vous choquent ? La vie ! — proclamiez-vous…
Soit
. Mais maintenant je vais me fâcher chaque fois que vous direz : « ext
290
qui ne pouvez pas même admettre que la simplicité
est
simple simplement. La bouche brûlée d’alcools, vous découvrez à l’eau
291
ls, vous découvrez à l’eau un goût étrange. L’eau
est
incolore, inodore et sans saveur. Mais fraîche. Ainsi, jusque dans vo
292
compter avec cette réalité de la littérature qui
est
en nous (dangereuse tant que vous voudrez). Mais ce refus n’est pas s
293
angereuse tant que vous voudrez). Mais ce refus n’
est
pas seulement comme vous pensez, d’une ingratitude salutaire, c’est r
294
sse, que j’éprouve la fermeté de ma main. Je vous
tiens
. Je sais où vous êtes. Vous n’allez pas me surprendre par-derrière. U
295
ermeté de ma main. Je vous tiens. Je sais où vous
êtes
. Vous n’allez pas me surprendre par-derrière. Une fois — et ce n’est
296
as me surprendre par-derrière. Une fois — et ce n’
est
pas que je m’en vante, — j’ai tué un amour naissant, à force de le cr
297
illit, s’entrechoque, s’annule. Poussière. Ma vie
est
ailleurs. L’addition, s’il vous plaît. Il est temps de sortir de ce c
298
vie est ailleurs. L’addition, s’il vous plaît. Il
est
temps de sortir de ce café et de ces jeux, simulacres de vie, qui son
299
de ce café et de ces jeux, simulacres de vie, qui
sont
à la vraie vie ce que le flirt est à l’amour. II Sur l’insuffisanc
300
s de vie, qui sont à la vraie vie ce que le flirt
est
à l’amour. II Sur l’insuffisance de la littérature On reconnaît
301
lui parle littérature. Mais il y a des mépris qui
sont
de sournoises déclarations d’amour. Tel qui raille l’Église et les cu
302
chose que la littérature. Que la littérature nous
est
un moyen seulement d’atteindre et de préparer d’autres choses, d’autr
303
es, d’autres actions, ou des états intérieurs qui
sont
parfois des actions en puissance15. Il faudrait des choses plus lourd
304
e que rien de ce qui nous importe véritablement n’
est
dicible. (Depuis le temps qu’on sait que la lettre tue ce qu’elle pré
305
e.) Vous me direz que la poésie, l’état poétique,
est
notre seul moyen de connaissance concrète du monde. Mais c’est à cond
306
écrive pas, même en pensée. La poésie pure écrite
est
inconcevable : cela consisterait dans l’expression directe de la réal
307
pression directe de la réalité individuelle. Elle
serait
tellement incommunicable qu’il deviendrait inutile de la publier. Et
308
passant à la limite, on peut imaginer que si elle
était
réalisée, on ne s’en apercevrait pas. Je pressens encore dans vos poè
309
dent même la problématique utilité de liaison qui
était
leur excuse dernière. Avouons-le : rien de ce qu’on peut exprimer n’a
310
du point de vue de la psychologie de l’écrivain,
est
un besoin organique, un peu anormal, que l’on satisfait dans certains
311
conscience tue la connaissance. (« Connaissance »
étant
pris avec son sens le plus profond, qui est proche du sens biblique.
312
e » étant pris avec son sens le plus profond, qui
est
proche du sens biblique. Il ne s’agit pas de la connaissance abstrait
313
ture : un vice ? Peut-être. Ou une maladie ? Ce n’
est
pas en l’ignorant par attitude que vous la guérirez. Au contraire, il
314
ontre, c’est d’un ridicule écrasant : mais rien n’
est
plus facile que d’y échapper. III Sur l’utilité de la littérature
315
tilité de la littérature Montherlant me paraît
être
le moins « littératuré » des écrivains d’aujourd’hui. Quand il parle
316
s. » Chercher des hommes ! Ah ! cher ami, nous ne
sommes
pas tant, n’est-ce pas, à poursuivre une quête de l’esprit. Et vous s
317
ommes ! Ah ! cher ami, nous ne sommes pas tant, n’
est
-ce pas, à poursuivre une quête de l’esprit. Et vous savez ce qu’elle
318
là, la littérature mériterait d’exister : qu’elle
soit
le langage chiffré de notre inquiétude et de nos naissantes certitude
319
-même ; que la mienne m’aide à découvrir quelques
êtres
par le monde… Il ne s’agit plus de mépris ni d’adoration. J’ai défini
320
us grands que les bienfaits que j’en escompte, il
sera
temps de songer sérieusement à m’en guérir. Vous me demanderez « alor
321
manderez « alors » ce que j’attends de ma vie. Je
serais
tenté de vous répondre, comme ce sympathique Philippe Soupault, que «
322
angent leur vie de telle sorte que leurs mémoires
seront
des romans « bien modernes ». Leurs amours sont des pastiches de Mora
323
seront des romans « bien modernes ». Leurs amours
sont
des pastiches de Morand, et ils en sont tout fiers : « Il n’y a plus
324
rs amours sont des pastiches de Morand, et ils en
sont
tout fiers : « Il n’y a plus qu’à les écrire ». v. Rougemont Denis
325
, rédigés par Drieu la Rochelle et Emmanuel Berl,
sont
— avec la Revue de Belles-Lettres — la seule revue de langue frança
326
émocratisme et les athées du Capitalisme quand il
est
conscient de soi-même, et les athées du Socialisme et du Communisme.
327
— en ceci au moins. Nous nous retirons : et ce n’
est
pas que nous ayons brûlé toutes nos cartouches. Ni que l’indignation
328
ns de nos articles nous épouvante. Notre retraite
est
toute « statutaire » — si l’on ose dire. Elle nous permet donc de con
329
fois traités de fous (avec ou sans sourire). Nous
sommes
à l’âge de nous en réjouir. On s’est beaucoup étonné de nous voir « s
330
re). Nous sommes à l’âge de nous en réjouir. On s’
est
beaucoup étonné de nous voir « si différents » de nos aînés. Nous avo
331
homme qui recherche activement la Sagesse (« Ça n’
est
pas de votre âge ! ») ; de l’autre, on se scandalise des « énormités
332
cuper de prévoir les conséquences, puisqu’il n’en
est
aucune qui ne soit connue d’avance et stérilisée par la loi, les mœur
333
es conséquences, puisqu’il n’en est aucune qui ne
soit
connue d’avance et stérilisée par la loi, les mœurs et l’habitude. No
334
olution Tous les malentendus viennent de là. Nous
sommes
assez sages et assez fous pour ne pas en gémir et pour en accepter le
335
mitié qui ne trompe pas. Deux ou trois mots, on s’
est
compris. Que pouvions-nous espérer d’autre ? Il y eut quelques découv
336
e. Que nous apportera le Central de Genève ? Tout
est
possible : la guerre et la paix, la tradition, l’anarchie, l’ironie,
337
à cette lourde charge le poids de nos péchés. Ils
sont
bien nôtres. Et nous y tenons, ah ! comme nous y tenons ! x. Rouge
338
ds de nos péchés. Ils sont bien nôtres. Et nous y
tenons
, ah ! comme nous y tenons ! x. Rougemont Denis de, « Adieu au lect
339
bien nôtres. Et nous y tenons, ah ! comme nous y
tenons
! x. Rougemont Denis de, « Adieu au lecteur », Revue de Belles-Let
340
ervelles et les réputations. 3. Belles-Lettres n’
est
compréhensible et légitime que dans la mesure où la poésie est compré
341
sible et légitime que dans la mesure où la poésie
est
compréhensible et légitime. 4. Je suis de sang-froid, je dis : Belles
342
ù la poésie est compréhensible et légitime. 4. Je
suis
de sang-froid, je dis : Belles-Lettres est essentiellement une mystiq
343
4. Je suis de sang-froid, je dis : Belles-Lettres
est
essentiellement une mystique. Mais parce que je suis de sang-froid, j
344
t essentiellement une mystique. Mais parce que je
suis
de sang-froid, je ne puis dire grand-chose de plus. On ne se comprend
345
qu’entre jeunes hommes ivres. Mais alors point n’
est
besoin de formuler cette ivresse ; autrement que par des cris. 5. Ave
346
s et turpitudes que cela comporte, Belles-Lettres
est
une liberté. Une rude épreuve : on n’en sort que pour mourir ou pour
347
ète (au sens le plus large de ces mots.) (Mais je
tiens
à le leur dire ici : les anciens bellettriens qui ont perdu toute foi
348
ils ont vu, et s’ils n’ont pas cru, c’est qu’ils
sont
foncièrement mauvais.) 6. Peu de choses dans le monde moderne ont enc
349
t encore une « essence ». Celle de Belles-Lettres
est
en agréable odeur à l’Éternel et à Satan pareillement. Et ceux qu’ell
350
blasphème, selon. Mais ce qui importe d’abord, n’
est
-ce point de se livrer, purement et simplement. 7. (Secret). y. Rou
351
erment sur le vide Tu pleurerais Mais la grâce
est
facile comme un matin d’été la grâce tendrement dénouée de ta vie com
352
urerais Mais la grâce est facile comme un matin d’
été
la grâce tendrement dénouée de ta vie comme de cette nuit le jour d’u
353
de ta vie comme de cette nuit le jour d’un grand
été
qui consent… Ailleurs Colombes lumineuses des mains de mon a
354
s ne laissiez le gage aux plaintes de mon cœur il
est
d’autres rivages où mieux qu’ici l’on meurt. Étoile de jour I
355
té dans une ballade fameuse « Que voulez-vous, je
suis
bourgeois ! », l’on peut se permettre quelques malices, quelques jeux
356
s jeux d’esprit ou de méchanceté, assuré que l’on
est
désormais d’être absous avec le sourire par la clientèle des librairi
357
ou de méchanceté, assuré que l’on est désormais d’
être
absous avec le sourire par la clientèle des librairies romandes, en m
358
e et que cela n’a point stérilisé : sa nature, il
est
vrai, s’y prêtait, peu complexe et comme réduite à deux dimensions ;
359
la perspective manque souvent à ces récits : ce n’
est
point un paysage d’âme qu’on y cherche, mais l’anecdote bien tournée,
360
is l’anecdote bien tournée, des noms connus. Tout
est
sur le même plan ; le dessin d’ailleurs est élégant. Mais comme tout
361
Tout est sur le même plan ; le dessin d’ailleurs
est
élégant. Mais comme tout cela manque de chair. Et de rêve. Est-ce qu’
362
Mais comme tout cela manque de chair. Et de rêve.
Est
-ce qu’en ce temps-là on ne se nourrissait vraiment que de petits mots
363
ailes qui donnent des rhumes à ton grand-père et
sont
en scandale aux meilleurs esprits ? Voici que tu t’apprêtes visibleme
364
On le félicita de son retour à l’état normal, qui
est
pédestre. Mais à partir de ce jour, on lui fit sentir qu’il était dev
365
Mais à partir de ce jour, on lui fit sentir qu’il
était
devenu beaucoup moins intéressant. ⁂ Celui qui a des ailes sera persé
366
aucoup moins intéressant. ⁂ Celui qui a des ailes
sera
persécuté à cause de ses ailes, mais celui qui n’en a pas sera mépris
367
é à cause de ses ailes, mais celui qui n’en a pas
sera
méprisé parce qu’il n’en a pas. Le libéralisme Seigneur ! clama
368
me Seigneur ! clamaient-ils, combien complexes
sont
les problèmes que vous proposez à notre bonne volonté gémissante ! Di
369
porteur d’une solution fort simple qui d’ailleurs
était
la bonne, car le grand Remède, c’est un Simple. Des hurlements de rag
370
claration d’amour destinée à une femme blonde. Je
suis
noire. Mais je sais qui c’est. J’ai fait suivre. Alexandrine un jour
371
s vous trouveront réunis. Avec ma bénédiction, je
suis
votre amie Joséphine. » — Le poète reprit son manuscrit et conclut :
372
reprit son manuscrit et conclut : « L’inspiration
est
le nom qu’on donne en poésie à une suite de malentendus heureusement
373
ge de Versailles. Paris la nuit oublie parfois d’
être
spirituelle, devient tragique ou tout simplement germanique. L’Allema
374
et pourquoi ? Regardez : à côté de vous, si vous
êtes
seul, un fantôme, d’office, a pris place. On lie bien vite connaissan
375
promener seul la nuit dans une ville étrangère, n’
est
-ce point la définition même de la luxure ? Quand je vais à pied, j’ou
376
tiède comme l’adolescence, un désespoir de nuit d’
été
sous le tilleul où elle n’est pas venue… (C’est ici le lieu de l’avou
377
désespoir de nuit d’été sous le tilleul où elle n’
est
pas venue… (C’est ici le lieu de l’avouer : je ne saurais entretenir
378
tesse distante avec les personnes qui ont dit, ne
fût
-ce qu’une fois en leur vie : « J’ai horreur de la sentimentalité ».)
379
eux le fantôme » comme on disait au village où je
suis
né, qui n’est pas ma patrie. Ce soir-là, le fantôme ayant envie de ma
380
» comme on disait au village où je suis né, qui n’
est
pas ma patrie. Ce soir-là, le fantôme ayant envie de manger ferme a d
381
loin parce que je me réjouis. La Maison des Ogres
est
au 53 rue de Rennes ; je ne vous le confie pas sans un secret tremble
382
tablissements Place de la Concorde. Notre conteur
est
vêtu de la gloire d’un pourpoint « plus rouge que rouge ». On assure
383
une harpe et un piano près des étoiles, et qu’il
est
« pittoresque », cas déplorable, s’agissant d’un poète authentique. L
384
pittoresque. D’abord je crains que la notion n’en
soit
toute relative aux modes de « vie » bourgeois ; et puis la, comédie n
385
odes de « vie » bourgeois ; et puis la, comédie n’
est
pas mon fort, même la triste. Je n’aime plus que les choses lentement
386
suppose, une certaine misanthropie en germe : les
êtres
changent trop vite, je n’ai pas le temps de me laisser envoûter ou de
387
e des choses ou de l’esprit, comprend enfin qu’il
est
perdu, il découvre la liberté. (Je pense à la boussole autant qu’au s
388
le autant qu’au sens moral.) Le goût de se perdre
est
un des plus profonds mystères de notre condition, et je ne crois pas
389
s les moins préméditées, c’est sans doute celui d’
être
trouvé. J’ai toujours méprisé le geste de l’homme qui, le soir dans s
390
r de mon sommeil, on me vole à moi-même ! Que des
êtres
rêvés m’emportent ! — Ils me conduiraient là où je ne sais pas que j’
391
ù je ne sais pas que j’ai si grand désir d’aller…
Est
-ce ici ? Je regarde autour de moi : des murs sans yeux dominent des b
392
mière basse, rougeoyante, campagnarde. ⁂ La sauce
est
au rôti ce que le style à la pensée. Il arrive qu’on parle, en art cu
393
: c’est tout de suite écœurant et prétentieux. Je
suis
de ceux qui mangent sans faire d’histoires. Je remarque simplement qu
394
faire d’histoires. Je remarque simplement qu’on n’
est
jamais mieux pour parler qu’en face d’une assiette pleine : l’occupat
395
llait déjà René Descartes — la portion que l’on s’
est
administrée accapare nos facultés les plus vulgaires, libérant par là
396
re. Edmond Jaloux préside à cette agape dont il m’
est
impossible de nommer tous les officiants visibles ou virtuels, et cel
397
s, la plupart suffisantes. Francis de Miomandre n’
est
pas là. Il a téléphoné au début de l’après-midi qu’il commençait un r
398
rte un soin tout particulier à le parfaire ? — il
est
bientôt minuit. Mon fantôme est là. Un chien, Dick, est là. Pierre Gi
399
e parfaire ? — il est bientôt minuit. Mon fantôme
est
là. Un chien, Dick, est là. Pierre Girard n’est pas là, ni Othon ; ma
400
entôt minuit. Mon fantôme est là. Un chien, Dick,
est
là. Pierre Girard n’est pas là, ni Othon ; mais bien quelques sirènes
401
e est là. Un chien, Dick, est là. Pierre Girard n’
est
pas là, ni Othon ; mais bien quelques sirènes. Albert Béguin, André W
402
André Würmser, Théobaldus Bombast et Mlle Monnier
sont
là. Jacques Chenevière pourrait très bien être là, puisqu’en ma voisi
403
er sont là. Jacques Chenevière pourrait très bien
être
là, puisqu’en ma voisine, je reconnais la Jeune fille de neige. On la
404
arcourue d’adorables roseurs boréales. Hoffmann n’
est
pas là, mais bien Dollonne, ce qui revient au même. Une femme fatale
405
t au même. Une femme fatale et un grand incompris
sont
là. Enfin, Jean Cassou, représentant Mgr le marquis de Carabas, absen
406
ntant Mgr le marquis de Carabas, absent de Paris,
est
là. Si vous enlevez Georges Petit, égaré, en ayant soin d’ajouter ceu
407
nfin, un Étranger raconte l’histoire suivante qui
est
une des plus belles du monde : Un prince italien ayant commandé à
408
es tendues au-devant d’un petit théâtre. La rampe
est
d’un bleu stellaire, un bleu d’Aldébaran. On joue Rose de Tannenbourg
409
une barbe en crin de cheval du diable. L’héroïne
est
belle comme une ballade de Bürger, tandis qu’elle arrose de ses larme
410
usses mais aériennes, des chansons populaires qui
sont
ce que je connais de plus indiciblement nostalgique. Und solltest du
411
audrait la mélodie. La fanfare s’éloigne. La nuit
est
chaude sur les collines. Un grand verre de bière à l’auberge déserte,
412
r des rosiers sauvages. Laquelle des trois filles
est
donc la plus jolie ? Sans doute celle qui dort dans la mansarde, et q
413
débile au corridor, — à Paris. Bientôt… Mais il
est
temps de mettre à ces fariboles un terme19. J’ai du solide à équarrir
414
nue, à la fois drue et délicate comme tout ce qui
est
vraiment « naïf ». La fleur qui croît en plein cœur de celui qui est
415
». La fleur qui croît en plein cœur de celui qui
est
mort d’amour, une âme qui s’envole par la bouche, des formes aérienne
416
ans une tête) (1932)ae af Lord Artur. — Vous
êtes
terriblement jolie aujourd’hui, Mademoiselle Sonnette, avec qui avez-
417
rd’hui, Mademoiselle Sonnette, avec qui avez-vous
été
méchante ? Sonnette. — Lord Artur, je ne suis pas une mauvaise femme
418
ous été méchante ? Sonnette. — Lord Artur, je ne
suis
pas une mauvaise femme, et si vous n’étiez pas si retors, vous verrie
419
, je ne suis pas une mauvaise femme, et si vous n’
étiez
pas si retors, vous verriez bien que je ne suis pas plus coquette qu’
420
’étiez pas si retors, vous verriez bien que je ne
suis
pas plus coquette qu’une autre. Mais les hommes comme vous aiment que
421
Mais les hommes comme vous aiment que les femmes
soient
coquettes à les faire doucement frémir de rage ; ils aiment s’obstine
422
et c’est pourquoi nous aimons leur échapper. Vous
êtes
bien injuste avec moi quand vous me reprochez d’être méchante : je su
423
s bien injuste avec moi quand vous me reprochez d’
être
méchante : je suis à peine coquette, et vous savez que c’est un plais
424
moi quand vous me reprochez d’être méchante : je
suis
à peine coquette, et vous savez que c’est un plaisir qu’on ne peut pa
425
Lord Artur. — Ravissante Sonnette, vos paroles ne
sont
pas pour les oreilles, mais pour les lèvres de ceux qui vous aiment.
426
our les lèvres de ceux qui vous aiment. Car elles
sont
insensées, mais comme des baisers dans l’air. Je voudrais vous poser
427
ave. Une question qui revient à peu près à ceci :
Êtes
-vous un être capable d’aimer, ou seulement une apparence adorable ? E
428
tion qui revient à peu près à ceci : Êtes-vous un
être
capable d’aimer, ou seulement une apparence adorable ? Et voici cette
429
le beau temps. Lord Artur. — Certes, la réponse
serait
sage, si seulement vous saviez ce que vous dites. Mais, en vérité, qu
430
signifient pour vous le beau temps et la pluie ?
Est
-ce que c’est rire et pleurer ? Est-ce que c’est le bonheur et la tris
431
et la pluie ? Est-ce que c’est rire et pleurer ?
Est
-ce que c’est le bonheur et la tristesse ? Est-ce que vous préférez l’
432
r ? Est-ce que c’est le bonheur et la tristesse ?
Est
-ce que vous préférez l’un à l’autre ? Sonnette. — Petite leçon de mé
433
te leçon de météorologie sentimentale. Comme vous
êtes
un profond pédant, dans cinq minutes je ne saurai plus même voir s’il
434
bonheur ou la tristesse. Car vous ne savez pas où
est
votre bien. C’est pourquoi les mots vous paraissent simples, évidents
435
. C’est pourquoi vous admettez que « beau » temps
est
le contraire de « mauvais » temps, et vous n’avez jamais cherché ce q
436
temps, et vous n’avez jamais cherché ce que doit
être
le « bon » temps, ni si les tempêtes sont « belles ». C’est pourquoi
437
ue doit être le « bon » temps, ni si les tempêtes
sont
« belles ». C’est pourquoi vous pensez encore que le bonheur peut exi
438
exister en dehors de la souffrance, et même qu’il
est
le contraire de la souffrance. C’est pourquoi vos rêves composent tou
439
es vernies, quand il pleut ? Sonnette. — Quand j’
étais
petite fille, j’aimais me promener à la lisière des forêts, les jambe
440
es forêts, les jambes nues sous la pluie. L’herbe
était
pleine de sales limaces et de petits escargots, et les framboises hum
441
Lord Artur. — On dit souvent des femmes qu’elles
sont
naturellement païennes. Mais les peuples païens sont toujours religie
442
t naturellement païennes. Mais les peuples païens
sont
toujours religieux, alors que les femmes de ce temps sont seulement s
443
jours religieux, alors que les femmes de ce temps
sont
seulement sournoises. Sonnette. — Lord Artur, vous m’amusez beaucoup
444
rtur, vous m’amusez beaucoup. Vraiment vous devez
être
jaloux ce soir. Quand vous cédez à votre manie de remuer des métaphys
445
sse un peu, vous finirez par démontrer qu’il faut
être
chrétien pour comprendre quoi que ce soit à la pluie et au beau temps
446
il faut être chrétien pour comprendre quoi que ce
soit
à la pluie et au beau temps. Lord Artur. — J’ai toujours estimé, Son
447
pas plus de sens qu’un oiseau. Sonnette, si vous
étiez
païenne ou si vous étiez chrétienne, vous sauriez ce que c’est que le
448
iseau. Sonnette, si vous étiez païenne ou si vous
étiez
chrétienne, vous sauriez ce que c’est que le beau temps. Si vous étie
449
s sauriez ce que c’est que le beau temps. Si vous
étiez
païenne et que vous adoriez la lumière, le beau temps vous serait un
450
t que vous adoriez la lumière, le beau temps vous
serait
un Dieu rendu visible ; et votre « bonheur » rien de plus que l’un de
451
des noms de sa présence. Mais un jour la lumière
est
morte autour de nous, elle est morte à la surface des choses pour ren
452
un jour la lumière est morte autour de nous, elle
est
morte à la surface des choses pour renaître au centre de l’homme. Et,
453
ui dans le même temps se passe à l’intérieur d’un
être
. Ainsi tout est changé, mais peu le savent. Peu savent le chemin qui
454
emps se passe à l’intérieur d’un être. Ainsi tout
est
changé, mais peu le savent. Peu savent le chemin qui va du signe à l’
455
savent. Peu savent le chemin qui va du signe à l’
être
. Longues pluies de printemps sur la campagne recueillie, tempêtes sur
456
? Lord Artur. — … Le beau mot : courtisane… Ce n’
est
pas qu’elle soit belle, peut-être, mais qu’elle pleure, qui me réchau
457
… Le beau mot : courtisane… Ce n’est pas qu’elle
soit
belle, peut-être, mais qu’elle pleure, qui me réchauffe. Parce qu’ell
458
u’elle pleure, qui me réchauffe. Parce qu’elle se
tient
là « vêtue de son péché », — comme une courtisane. Mais vous n’êtes q
459
son péché », — comme une courtisane. Mais vous n’
êtes
qu’une petite fille.20 20. [Note à l’achevé d’imprimé :] « Relativ
460
’ont beaucoup aimé ; il sait que ces Neuchâtelois
sont
d’infatigables ergoteurs. Pour la commodité du lecteur, je recopie le
461
s de vérité absolue, en ce sens que tout jugement
tenu
pour vrai peut être modifié ou complété, les conditions de la vérité
462
en ce sens que tout jugement tenu pour vrai peut
être
modifié ou complété, les conditions de la vérité sont, elles, immuabl
463
modifié ou complété, les conditions de la vérité
sont
, elles, immuables et éternelles… (p. 12). Les conditions de la vérit
464
éternelles… (p. 12). Les conditions de la vérité
sont
donc éternelles (p. 13). Les philosophes, de tout temps, ont montré d
465
ugée par une réalité qui juge la logique même. Ce
sont
les conditions actuelles de la vérité qui nous posent un problème, e
466
ensons pas qu’il y ait lieu pour un philosophe, d’
être
rassuré par la découverte de telles conditions. Elles constitueront p
467
ciences, durant quelques années encore. Mais ce n’
est
pas, comme certains le répètent, d’une dogmatique que nous avons beso
468
ent, d’une dogmatique que nous avons besoin. Ce n’
est
pas d’une systématique, d’ailleurs déduite a posteriori. Ce n’est pas
469
stématique, d’ailleurs déduite a posteriori. Ce n’
est
pas d’une méthode de correction, ou d’assurances contre les paradoxes
470
us angoissants. Le fameux principe du tiers exclu
est
nié par l’angoisse de tout homme qui tente d’assumer son moi contradi
471
, c’est-à-dire de la pensée obéissante : car il n’
est
d’action véritable que celle de la foi, lorsque « mettant les pouces
472
n école (p. 14). L’adhésion à une pensée nouvelle
est
-elle suffisamment expliquée par l’insuffisance de la pensée ancienne
473
a vérité créatrice. Non, notre adhésion à Barth n’
est
pas le fait de la mauvaise humeur et de la mauvaise conscience que fo
474
sychologisme. Le secret de notre adhésion à Barth
est
dans la pensée de Barth elle-même, et non pas dans je ne sais quelle
475
re et désillusionnée de la condition humaine) qui
est
l’état dans lequel la vérité ne peut opérer dans notre existence que
476
et de ces formules, toutes les idolâtries, que ce
soit
la croyance antique et païenne à la « vertu », à la sagesse et au bon
477
M. Goguel ? 3. Si notre civilisation chrétienne n’
est
pas détruite par le bolchévisme, elle reprendra sa marche en avant en
478
n de pensée. Peut-on dire que notre civilisation
soit
chrétienne ? Peut-on dire que pour le chrétien la perspective d’un no
479
e. C’est une des leçons de la guerre. Notre refus
est
instinctif devant un avenir, un espoir, une action dont les buts sont
480
nt un avenir, un espoir, une action dont les buts
sont
aussi vaguement définis. Car là où la pensée n’a rien osé distinguer
481
he de la théologie protestante à l’heure actuelle
est
de dégager, dans un esprit de libre recherche et de respect pour le p
482
istorique ? Et qu’arriverait-il si le résultat en
était
par exemple, de démontrer que tel « invariant chrétien » est toute au
483
mple, de démontrer que tel « invariant chrétien »
est
toute autre chose que l’Évangile ? ou bien si, au contraire, ce n’éta
484
e que l’Évangile ? ou bien si, au contraire, ce n’
était
rien que l’Évangile ? Peine perdue ? — Grosses questions, questions u
485
es, dira-t-on. Dans une époque comme la nôtre, ce
sont
celles qu’il faut poser si l’on veut réellement se tirer hors d’une c
486
ans précédent — d’une confusion dont le profit ne
sera
jamais pour la foi. Car l’opération de la foi ne relève pas d’un « in
487
935)ah ai Un clerc, un vrai clerc. Non pas cet
être
détaché, déraciné, de pure raison, que l’auteur d’un pamphlet fameux
488
’il me parlait avec feu d’actions réelles dont il
était
l’âme et l’agent, non pas en « homme d’action » — cette sotte espèce
489
are et qu’on cesse de les mettre en tension. Il n’
est
d’action créatrice que soumise à la loi d’une pensée rigoureuse ; il
490
e soumise à la loi d’une pensée rigoureuse ; il n’
est
de pensée saine qu’engagée dans une œuvre efficace, au sein de contin
491
us interdire désormais de considérer que l’esprit
est
une faculté détachée, un refuge hors de la réalité médiocre et basse.
492
pensée aux choses, cet acte de présence au monde
est
l’achèvement suprême, et non l’humiliation du spirituel. ah. Rouge
493
codes ne prévoient pas que l’assassin d’un noble
sera
puni plus sévèrement que n’eût été ce noble assassinant un serf. Même
494
in d’un noble sera puni plus sévèrement que n’eût
été
ce noble assassinant un serf. Même l’indulgence pour les riches a ces
495
serf. Même l’indulgence pour les riches a cessé d’
être
bien certaine. Tout homme en vaut un autre, dit la loi ; et ce respec
496
he au mépris. De là vient que le meurtrier tantôt
est
acquitté, tantôt décapité. Vous voyez qu’on oscille du tout au rien,
497
d’un jury d’ailleurs désigné par le sort. Il n’en
fut
pas toujours ainsi. Jusqu’au viiie siècle de notre ère, les bardes c
498
’au viiie siècle de notre ère, les bardes celtes
étaient
honorés chez les rois. Tenez, lisez ceci : « La valeur du barde du pa
499
les bardes celtes étaient honorés chez les rois.
Tenez
, lisez ceci : « La valeur du barde du palais, c’est-à-dire le prix qu
500
-à-dire le prix qu’on doit payer quand on le tue,
est
de 126 vaches ; et en cas d’insulte, on lui doit une indemnité de 6 v
501
ns le souvenir des noms splendides (1968)al Qu’
est
-ce qui persiste du poème qu’un jour ou l’autre nuit nous avons lu pui
502
seule attend l’expression et la permet. La poésie
serait
-elle ce qui subsiste quand on a tout perdu sauf certains mots ? Ce qu
503
uf certains mots ? Ce qui émeut quand plus rien n’
est
là ? Je ne gardais de Hölderlin que des souvenirs d’élans ou d’amples
504
rables pour essayer d’en retrouver le complément,
fût
-ce par la suggestion de l’arrangement graphique. Ainsi quelques dépar
505
signe23, tirets qui jalonnent un silence, et ce n’
est
pas seulement absence du son, du sens, mais sourde pulsation d’un bla
506
mplissait tout l’espace invoqué. D’un seul coup m’
était
restitué L’enthousiasme errant, fils de la belle Nuit 24. Nuit blanch
507
pour moi, dans la mémoire, ce que la Grèce avait
été
pour lui dans la distance et dans le temps du rêve. Mais au-delà des
508
rêve. Mais au-delà des accidents remémorés, qu’en
était
-il de la substance des grands poèmes ? L’émotion rénovée par ces frag
509
— départs, invocations, noms sacrés de l’Ionie —
était
-elle plus pure et plus vraie, plus efficace que le discours lui-même
510
qui subsistaient dans ma mémoire avaient toujours
été
tels dans le texte, émergeant comme des îles du blanc de la page, et
511
e, c’est absence, appel, invocation. Tout bonheur
est
passé, tout présent est exil, et toute joie véritable ne peut être qu
512
invocation. Tout bonheur est passé, tout présent
est
exil, et toute joie véritable ne peut être qu’à venir, — à revenir da
513
présent est exil, et toute joie véritable ne peut
être
qu’à venir, — à revenir dans le mythe. Le Neckar sera beau quand d’un
514
qu’à venir, — à revenir dans le mythe. Le Neckar
sera
beau quand d’une Grèce dorienne — Cap Sounion, Olympie, temples ruiné
515
temples ruinés d’Athènes, « fierté du monde qui n’
est
plus »27 — le poète se retournera vers sa vallée natale et sa rivière
516
sé. Ionie de rêve, où jamais il n’ira, car elle n’
est
plus. Paysages évoqués — non décrits et pour cause — par quelques épi
517
qui n’ont pas fui »). Rimbaud, ses moments forts
sont
au futur prochain (« Et à l’aurore… nous entrerons aux splendides vil
518
ce, dans la transcendance, mais d’une absence qui
est
toujours appel, nostalgie qui se mue en prophétie ! Hölderlin a créé
519
t et nous oriente : le passé de l’invocatif28 qui
est
un temps de la prophétie, appelant le retour des dieux morts ou dorma
520
eux morts ou dormants ; l’imparfait anticipé, qui
est
le temps du poète voyant ; et le présent d’exil, temps du poète souff
521
souffrant. Car il nous avertit que son langage n’
est
pas celui que parlent « la nature et l’art tels qu’il les a connus au
522
t l’art tels qu’il les a connus autrefois ». Ce n’
est
pas un langage imposé par le social impersonnel, tel que certains pré
523
te de futur, en réalité, comme le futur antérieur
est
une sorte de passé. 29. Essai cité, Éd. de la Pléiade, p. 630. 30.