1 1926, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Avant-propos (décembre 1926)
1 )a b Une mauvaise humeur qui flotte dans l’air nous proposerait de débuter par l’inévitable discours sur les difficultés
2 lles en particulier qu’implique la publication de notre revue. Mais nous savons, tout comme M. Coué, que ce serait de mauvais
3 r qu’implique la publication de notre revue. Mais nous savons, tout comme M. Coué, que ce serait de mauvaise méthode. Et, co
4 ce serait de mauvaise méthode. Et, comme M. Coué, nous nous persuadons que tout ira très bien. Les circonstances l’exigent,
5 rait de mauvaise méthode. Et, comme M. Coué, nous nous persuadons que tout ira très bien. Les circonstances l’exigent, d’ail
6 d’ailleurs, plus que jamais, et plus que jamais, nous semble-t-il, notre revue a sa raison d’être. La vie d’aujourd’hui, on
7 que jamais, et plus que jamais, nous semble-t-il, notre revue a sa raison d’être. La vie d’aujourd’hui, on le sait, nous obli
8 raison d’être. La vie d’aujourd’hui, on le sait, nous oblige à nous affirmer ou à refuser de nous affirmer avec une netteté
9 . La vie d’aujourd’hui, on le sait, nous oblige à nous affirmer ou à refuser de nous affirmer avec une netteté qui a pu para
10 sait, nous oblige à nous affirmer ou à refuser de nous affirmer avec une netteté qui a pu paraître parfois quelque peu imper
11 parfois quelque peu impertinente. Le fait est que nous éprouvons irrésistiblement l’obligation d’être nous-mêmes. Et, disons
12 ela uniquement — être nous-mêmes — que consistera notre programme. Sans doute, les différences s’accusent : mais n’est-ce pas
13 sent : mais n’est-ce pas la meilleure raison pour nos aînés de chercher plus patiemment encore à nous comprendre et de nous
14 ur nos aînés de chercher plus patiemment encore à nous comprendre et de nous accorder une confiance sans laquelle nous ne sa
15 er plus patiemment encore à nous comprendre et de nous accorder une confiance sans laquelle nous ne saurions aller, et qui,
16 e et de nous accorder une confiance sans laquelle nous ne saurions aller, et qui, nous voulons l’espérer, ne sera pas sans l
17 nce sans laquelle nous ne saurions aller, et qui, nous voulons l’espérer, ne sera pas sans leur donner quelque bénéfice en r
18 s leur donner quelque bénéfice en retour. Certes, nous ne demandons pas qu’on prenne toutes nos obscurités pour des profonde
19 Certes, nous ne demandons pas qu’on prenne toutes nos obscurités pour des profondeurs. Et nous n’allons pas procéder à quel
20 ne toutes nos obscurités pour des profondeurs. Et nous n’allons pas procéder à quelque sensationnelle révision des valeurs.
21 er à quelque sensationnelle révision des valeurs. Nous savons bien que nous ne faisons que passer, après tant d’autres, avan
22 nnelle révision des valeurs. Nous savons bien que nous ne faisons que passer, après tant d’autres, avant tant d’autres. « Am
23 t de se détourner de ce qu’on a coutume d’appeler notre « désordre ». Mais on est toujours le fils de quelqu’un… Et, peut-êtr
24 -elle faire réfléchir utilement sur ses causes…   Nous ne proposerons pas, lecteur bénévole, un exercice mensuel à votre fac
25 mensuel à votre faculté d’indulgence. Par contre, nous nous empressons de vous laisser le soin de juger si nous avons de quo
26 el à votre faculté d’indulgence. Par contre, nous nous empressons de vous laisser le soin de juger si nous avons de quoi fai
27 us empressons de vous laisser le soin de juger si nous avons de quoi faire les modestes…   Être nous-mêmes, avons-nous dit,
28 quoi faire les modestes…   Être nous-mêmes, avons- nous dit, c’est à la fois notre but et notre excuse en publiant cette revu
29 Être nous-mêmes, avons-nous dit, c’est à la fois notre but et notre excuse en publiant cette revue. Nous ne sommes pas « une
30 mes, avons-nous dit, c’est à la fois notre but et notre excuse en publiant cette revue. Nous ne sommes pas « une revue littér
31 otre but et notre excuse en publiant cette revue. Nous ne sommes pas « une revue littéraire de plus » ; nous ne voulons pas
32 ne sommes pas « une revue littéraire de plus » ; nous ne voulons pas être « l’expression de la jeunesse romande ». Nous som
33 pas être « l’expression de la jeunesse romande ». Nous sommes autre chose. (Belles-Lettres est toujours « autre chose ».) No
34 e. (Belles-Lettres est toujours « autre chose ».) Nous ne prétendons pas plus être « bien bellettriens » — prétention éminem
35 étention éminemment peu bellettrienne. Que sommes- nous donc ? Le plus qu’on puisse dire, c’est que vous le saurez un peu mie
36 e vous le saurez un peu mieux quand vous aurez lu nos huit numéros. Il faut que notre revue reste cette chose unique et ind
37 quand vous aurez lu nos huit numéros. Il faut que notre revue reste cette chose unique et indéfinissable, comme toute chose v
2 1926, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Paradoxe de la sincérité (décembre 1926)
38 Paradoxe de la sincérité (décembre 1926)c Nous voyons un mythe prendre corps parmi les ruines de ce temps. Il fallai
39 que satisfaisante pour l’esprit. C’est ainsi que nous trompant nous-mêmes, sous le prétexte toujours de probité intellectue
40 rs de probité intellectuelle ou de courage moral, nous avons élevé à la hauteur d’une vertu première — et qui légitime tous
41 — et qui légitime tous les dénis de morale à quoi nous obligeaient en réalité on sait quel dégoût, et certains désirs de gra
42 our parler avec un peu de clairvoyance de ce dont nous avons vécu jusqu’à tel jour de notre jeunesse, il faudrait pouvoir sa
43 ce de ce dont nous avons vécu jusqu’à tel jour de notre jeunesse, il faudrait pouvoir sauter hors de soi. Seule, une méthode
44 ation et de déduction passablement sèche pourrait nous donner l’illusion et peut-être certains bénéfices de cette opération
45 chères aventures. Sincérité et spontanéité «  Nos actes les plus sincères sont aussi les moins calculés », écrit Gide.
46 lirait déjà suffisamment son rôle en se bornant à nous donner de nous-mêmes une connaissance plus intense et plus émouvante 
47 et plus émouvante ; mais la morale, plutôt que de nous constater, doit nous construire — selon le mode le plus libre, le plu
48 e ; mais la morale, plutôt que de nous constater, doit nous construire — selon le mode le plus libre, le plus conscient à la
49 ais la morale, plutôt que de nous constater, doit nous construire — selon le mode le plus libre, le plus conscient à la fois
50 e d’éprouver. » Non. Car à supposer que l’analyse nous crée, elle ne nous crée pas n’importe comment, mais selon certaines l
51 . Car à supposer que l’analyse nous crée, elle ne nous crée pas n’importe comment, mais selon certaines lois où se retrouve
52 comment, mais selon certaines lois où se retrouve notre individualité. Elle nous crée tels que nous tendons à être (plutôt in
53 nes lois où se retrouve notre individualité. Elle nous crée tels que nous tendons à être (plutôt inférieurs, en vertu des re
54 ouve notre individualité. Elle nous crée tels que nous tendons à être (plutôt inférieurs, en vertu des remarques précédentes
55 moyen de connaissance, le cas extrême d’un Crevel nous montre assez ce qu’il faut penser2. Il ne s’en suit pas que contenue
56 té et montrer plus de style. (Georges Duhamel.) … Nous ne sommes pas, nous nous créons. Certains se refusent à toute interve
57 e style. (Georges Duhamel.) … Nous ne sommes pas, nous nous créons. Certains se refusent à toute intervention qui altérerait
58 le. (Georges Duhamel.) … Nous ne sommes pas, nous nous créons. Certains se refusent à toute intervention qui altérerait leur
59 un peu en prendre son parti. La sincérité crée en nous un fait accompli. J’appelle hypocrisie envers soi-même une volonté —
60 ibilité de traduire un dynamisme directement dans notre langage statique. 3. « Et certes quand il s’agit de parole ou d’écri
3 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Billets aigres-doux (janvier 1927)
61 ffrance mes baisers. L’amour est un alibi Nos lèvres sitôt que jointes, Ô dernier mensonge tu, Je m’enfuis vers d’a
4 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Conte métaphysique : L’individu atteint de strabisme (janvier 1927)
62 printemps désormais rendra le ciel plus pâle, et nous irons chercher dans le souvenir les vent-coulis de la mort. Garçon, u
5 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Dans le Style (janvier 1927)
63 Dans le Style (janvier 1927)h Nous recevons d’un bellettrien facétieux cet « Hommage à Paul Morand » :
6 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Lettre du survivant (février 1927)
64 s postales illustrées. Déjà la foule des danseurs nous séparait, mon ami se détournait, un peu vexé ; vous disparaissiez au
65 me dévisageaient de plus en plus impudemment : je devais paraître si perdu. Chaque fois qu’un paquet de dix personnes s’engouf
66 et songeurs respectaient la folie douloureuse qui devait contracter mon visage. Je promenais sur tous des regards angoissés, a
67 hé plusieurs heures avant de retrouver ma rue. Il doit être maintenant 5 heures du matin. Premiers appels d’autos dans la vi
68 e je m’en forme… Je ne comprends plus pourquoi je devrais me tuer, pourquoi je souffre, ce que c’est que la souffrance, ce que
7 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Orphée sans charme (février 1927)
69 e « une tragédie de l’amour conjugal ». Vraiment, nous n’en demandions pas tant… k. Rougemont Denis de, « Orphée sans char
8 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). L’autre œil (février 1927)
70 y a pas à tortiller, il faut faire quelque chose. Nous devons, nous pouvons faire quelque chose. Que diable ! nous ne sommes
71 as à tortiller, il faut faire quelque chose. Nous devons , nous pouvons faire quelque chose. Que diable ! nous ne sommes pas de
72 tiller, il faut faire quelque chose. Nous devons, nous pouvons faire quelque chose. Que diable ! nous ne sommes pas des imbé
73 s, nous pouvons faire quelque chose. Que diable ! nous ne sommes pas des imbéciles, nous ne sommes pas de ces gens qui croie
74 e. Que diable ! nous ne sommes pas des imbéciles, nous ne sommes pas de ces gens qui croient que 2 et 2 font 22, et qui conf
75 oirs où une idée de la responsabilité s’empare de nous . Et nous calculons qu’il s’agit de déranger 5000 personnes en huit so
76 ne idée de la responsabilité s’empare de nous. Et nous calculons qu’il s’agit de déranger 5000 personnes en huit soirées, et
77 s son for le plus intérieur, d’une fuite en auto, nous rassure provisoirement… Prosopopée, à propos d’une apparition L
78 d’une apparition La vieille Monture 6 un soir nous apparut, lugubrement fardée, l’haleine mauvaise, édentée et tâchant à
79 tion. » Enfin l’on joua aux petits dés le sort de notre parade — et l’on gagna. Enthousiasmé, « Mimosa » partit pour la Rivie
80 de la jeune Synovie », parade « née du mariage de nos veilles et de nos rêves », ainsi que le disait si poétiquement le pro
81 e », parade « née du mariage de nos veilles et de nos rêves », ainsi que le disait si poétiquement le programme. Un peu d’h
9 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Entr’acte de René Clair, ou L’éloge du Miracle (mars 1927)
82 ontagnes russes. (J’ai regretté que René Clair ne nous donne pas la vision du mort.) Enfin le cercueil roule dans les margue
83 Le tout ne dure pas 20 minutes. Et c’est heureux. Nous manquons d’entraînement dans le domaine du merveilleux moderne. Un pe
84 le domaine du merveilleux moderne. Un peu plus et nous demandions grâce de trop de plaisir. Mais je ne suis pas sûr que le p
85 que le plaisir du public fût de même essence que le nôtre . Les gens rient à l’enterrement au ralenti, à l’éclatement des têtes
86 eulement. » Mais tout de même, là par exemple, où nous ne pouvons nous empêcher d’admirer l’utilisation artistique ingénieus
87 tout de même, là par exemple, où nous ne pouvons nous empêcher d’admirer l’utilisation artistique ingénieuse et précise de
88 Cela fait bizarre. Or, dans le monde où le cinéma doit nous « transplanter », un certain naturel est de rigueur ; toute biza
89 fait bizarre. Or, dans le monde où le cinéma doit nous « transplanter », un certain naturel est de rigueur ; toute bizarreri
90 e bizarrerie détourne du véritable miracle auquel nous assistons. Mais de pareils défauts sont presque inévitables dans une
91 ie… C’est une réalité aussi réelle que celle dont nous avons convenu et que nous pensions la seule possible. Le monde « norm
92 i réelle que celle dont nous avons convenu et que nous pensions la seule possible. Le monde « normal » nous apparaît alors c
93 s pensions la seule possible. Le monde « normal » nous apparaît alors comme l’une seulement des mille figures que peut revêt
94 ille figures que peut revêtir une substantia dont nos sens trop faibles — bornés encore par des habitudes nées des nécessit
95 par des habitudes nées des nécessités sociales — nous empêchent de découvrir la richesse immédiate. Surréel qui n’est pas s
96 u’un film comme Entr’acte est une aide puissante. Nous faisons nos premiers pas, étourdis, dans un pays d’illuminations vert
97 me Entr’acte est une aide puissante. Nous faisons nos premiers pas, étourdis, dans un pays d’illuminations vertigineuses, e
98 s, dans un pays d’illuminations vertigineuses, et nous en sommes encore à nous frotter les yeux… Peut-être, quand nos regard
99 nations vertigineuses, et nous en sommes encore à nous frotter les yeux… Peut-être, quand nos regards plus assurés sauront e
100 encore à nous frotter les yeux… Peut-être, quand nos regards plus assurés sauront enfin gagner de vitesse les prodiges que
101 se les prodiges que déclenche René Clair, verrons- nous , pris par surprise dans l’exploration ivre d’un projecteur, des signe
10 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Louis Aragon, le beau prétexte (avril 1927)
102 ire désormais vibrer à sa fantaisie, même si cela doit m’anéantir. Hoffmann. I (Notes écrites en décembre 1925, au so
103 Il n’existe que des systèmes pour faire taire en nous l’appel vertigineux du Silence. On nous montre des Dieux, mais c’est
104 taire en nous l’appel vertigineux du Silence. On nous montre des Dieux, mais c’est pour détourner nos regards de cela qu’il
105 nous montre des Dieux, mais c’est pour détourner nos regards de cela qu’il faut bien nommer le Vide. Tant de séductions no
106 u’il faut bien nommer le Vide. Tant de séductions nous ont en vain tentés, ô tortures fascinantes de la sainteté, seules vou
107 tortures fascinantes de la sainteté, seules vous nous appelez encore hors de cette voix de l’infini où chancellent parmi le
108 voix de l’infini où chancellent parmi les éclairs nos premiers pas. Aragon, dans ces tempêtes de nuits filantes où s’enfuie
109 atues7. » Il s’agit bien de critique littéraire ! Nous sommes ici en présence d’une des tentatives de libération les plus vi
110 es quelques portes de sortie » ou compromis :   «  Nous étions dominés par le sens d’une réalité morale absolue que certains
111 d’une réalité morale absolue que certains d’entre nous eussent acheté au prix d’un martyre… Nos jugements se rendaient sans
112 d’entre nous eussent acheté au prix d’un martyre… Nos jugements se rendaient sans cesse à l’échelle de l’infini, et cet inf
113 sans cesse à l’échelle de l’infini, et cet infini nous écrasait. Comment aurions-nous accepté le sort communément heureux de
114 ini, et cet infini nous écrasait. Comment aurions- nous accepté le sort communément heureux de nos contemporains qui ont puis
115 rions-nous accepté le sort communément heureux de nos contemporains qui ont puisé dans Auguste Comte cette tranquillité de
116 définitivement les problèmes métaphysiques ? »   Nous naissons à quelque chose qui imite la vie dans une époque d’inconceva
117 el se soit jamais abaissée une civilisation. Mais nous sommes encore quelques-uns à jouer nos derniers atouts sur notre salu
118 ion. Mais nous sommes encore quelques-uns à jouer nos derniers atouts sur notre salut. Nous courons enfin l’Aventure. « Le
119 core quelques-uns à jouer nos derniers atouts sur notre salut. Nous courons enfin l’Aventure. « Le salut pour nous n’est null
120 -uns à jouer nos derniers atouts sur notre salut. Nous courons enfin l’Aventure. « Le salut pour nous n’est nulle part9 ». U
121 t. Nous courons enfin l’Aventure. « Le salut pour nous n’est nulle part9 ». Ultime affirmation d’une foi que plus rien ne pe
122 entendre la voix d’un mystique. Que si l’on vient nous empêtrer de dogmes bassement ingénieux : « Si j’essaie un instant de
123 cun cas servir d’argument à un homme. » Voilà qui nous fait oublier certaines morales d’extrême moyenne d’où sont exclues to
124 irituel et plus cinglant. Au lieu de vin doux, on nous sert des cocktails (un Musset triple-sec). Au lieu du cynisme verbeux
125 c’est encore un Musset, seulement transposé dans notre siècle et chez qui tout est devenu de quelques degrés plus violent, p
126 pas m’empêcher de reconnaître la voix secrète de notre mal de vivre. Désespoir métaphysique. Je me souviens d’une phrase de
127 sont pas devenues chrétiennes. » « Le salut pour nous n’est nulle part. » Nulle part, pensais-je : le salut n’est pas là, o
128 cette terre où l’orgueil des hommes croit pouvoir nous le désigner, veut nous l’imposer pour quelles fins assez basses, nous
129 l des hommes croit pouvoir nous le désigner, veut nous l’imposer pour quelles fins assez basses, nous le savons… Mais pour A
130 ut nous l’imposer pour quelles fins assez basses, nous le savons… Mais pour Aragon, ce n’est point façon de parler. Son « nu
131 — pas toutes — de novembre 1926.   2 mai 1927. «  Nous avons dressé notre orgueilleuse raison à nous tromper sur ce qu’il y
132 novembre 1926.   2 mai 1927. « Nous avons dressé notre orgueilleuse raison à nous tromper sur ce qu’il y a de profond en nou
133 . « Nous avons dressé notre orgueilleuse raison à nous tromper sur ce qu’il y a de profond en nous, et elle ne manque guère
134 son à nous tromper sur ce qu’il y a de profond en nous , et elle ne manque guère à ce devoir sacré. » (Edmond Jaloux.) Entre
135 de profond en nous, et elle ne manque guère à ce devoir sacré. » (Edmond Jaloux.) Entre un monsieur en noir : Permettez-moi
136 Sens Critique. — Il y a un certain temps déjà que nous ne nous sommes revus. Mais je suis vos travaux avec intérêt, et il m’
137 tique. — Il y a un certain temps déjà que nous ne nous sommes revus. Mais je suis vos travaux avec intérêt, et il m’a paru q
138 , très intéressant. Seulement, mon cher Monsieur, nous n’avons pas le temps ces jours-ci, beaucoup trop à faire, beaucoup tr
139 sieur, à mon estime la plus vive. Mais décidément nous sommes débordés, voyez vous-même, pas moyen de causer aujourd’hui… Qu
140 ’est-elle devenue ? C’est bien leur faute si elle nous apparaît aujourd’hui comme une vieille courtisane assagie, parfois dé
141 ien, c’est vous qui l’aurez voulu, mais tant pis, nous serons du Nord. Nous serons romantiques. Nous serons barbares, désord
142 ’aurez voulu, mais tant pis, nous serons du Nord. Nous serons romantiques. Nous serons barbares, désordonnés, brumeux, absur
143 is, nous serons du Nord. Nous serons romantiques. Nous serons barbares, désordonnés, brumeux, absurdes, vivants, libres. Ave
144 qui l’esprit est la seule réalité. C’est pourquoi nous ne pourrons plus séparer du concept de l’esprit celui de Révolution.
145 ace de Cromwell. Mais il ne s’agit pas de refaire notre petite révolution à nous, dans tel domaine. Et c’est même ceci que je
146 e s’agit pas de refaire notre petite révolution à nous , dans tel domaine. Et c’est même ceci que je ne puis pardonner aux su
147 tiquement, si déplorablement français. Et puisque nous en sommes au surréalisme, ce produit parisien qui, comme tout ce qui
148 n et l’incommunicable secret de l’invention.   Il nous faut des entrepreneurs de tempêtes. Un grand principe de violence co
149 êtes. Un grand principe de violence commandait à nos mœurs. … et nous portant dans nos actions à la limite de nos forces,
150 principe de violence commandait à nos mœurs. … et nous portant dans nos actions à la limite de nos forces, notre joie parmi
151 ce commandait à nos mœurs. … et nous portant dans nos actions à la limite de nos forces, notre joie parmi vous fut une très
152 … et nous portant dans nos actions à la limite de nos forces, notre joie parmi vous fut une très grande joie. Saint-John Pe
153 rtant dans nos actions à la limite de nos forces, notre joie parmi vous fut une très grande joie. Saint-John Perse. Nous app
154 vous fut une très grande joie. Saint-John Perse. Nous appelions une Révolution perpétuelle une perpétuelle insurrection con
155 tuelle insurrection contre tout ce qui prétendait nous empêcher de vivre, de rêver et de souffrir : culte du moi avec ses re
156 taient pas des êtres, mais leurs abstractions que nous haïssions. Notre haine de certaine morale ne venait-elle pas de ce qu
157 tres, mais leurs abstractions que nous haïssions. Notre haine de certaine morale ne venait-elle pas de ce qu’en son nom l’on
158 n mesurait odieusement une sympathie humaine pour nous sans prix ? Mais nous avions besoin de révolution pour vivre, pour no
159 une sympathie humaine pour nous sans prix ? Mais nous avions besoin de révolution pour vivre, pour nous perdre. Vivre était
160 nous avions besoin de révolution pour vivre, pour nous perdre. Vivre était devenu synonyme de magnifique perdition dans des
161 ifique perdition dans des choses plus grandes que nous . Nous nous connaissions dans les coins et nous mourions d’ennui avec
162 perdition dans des choses plus grandes que nous. Nous nous connaissions dans les coins et nous mourions d’ennui avec les as
163 ition dans des choses plus grandes que nous. Nous nous connaissions dans les coins et nous mourions d’ennui avec les aspects
164 ue nous. Nous nous connaissions dans les coins et nous mourions d’ennui avec les aspects irrévocablement prévus de nous-même
165 -mêmes que faisaient paraître les petits faits de nos longues journées. Nous aimions la révolution comme on aime l’amour. N
166 araître les petits faits de nos longues journées. Nous aimions la révolution comme on aime l’amour. Nous n’aimions pas telle
167 Nous aimions la révolution comme on aime l’amour. Nous n’aimions pas telle révolution — la russe, par exemple — parce que ce
168 ndait qu’à s’asseoir et que son siège était fait. Nous aimions la Révolution qui nous perdrait corps et biens dans sa grande
169 siège était fait. Nous aimions la Révolution qui nous perdrait corps et biens dans sa grandeur comme une femme merveilleuse
170 ens dans sa grandeur comme une femme merveilleuse nous perdrait corps et âme dans l’ivresse amoureuse ; nous cherchions cett
171 perdrait corps et âme dans l’ivresse amoureuse ; nous cherchions cette Révolution de toutes nos forces et séductions, comme
172 euse ; nous cherchions cette Révolution de toutes nos forces et séductions, comme on cherche cette femme à travers toutes l
173 n. Un disque de gramo comme par hasard nasille : Nous avons tous fait ça Plus ou moins, n’est-ce pas ? Et puis l’aiguille
174 puis l’aiguille divague vers des souvenirs, quand nous allions tous deux, ces bonnes farces, et aussi pourtant des histoires
175 ix ans et mort des suites. Quand cesserez-vous de nous faire la jambe, pardon escuses, avec ce thème à condamnations par con
176 très modernes. Et des gens pour se gausser quand nous écrivons Révolution, et nous offrir un billet (simple course) pour Mo
177 our se gausser quand nous écrivons Révolution, et nous offrir un billet (simple course) pour Moscou, ou encore pour demander
178 cou, ou encore pour demander à qui, enfin, à quoi nous en voulons, et finalement nous écraser par l’évidence définitive de n
179 qui, enfin, à quoi nous en voulons, et finalement nous écraser par l’évidence définitive de notre absurdité. Car l’homme « s
180 alement nous écraser par l’évidence définitive de notre absurdité. Car l’homme « s’est fait une vérité changeante et toujours
181 c’est une atmosphère toute chargée d’éclairs qui nous atteignent sans cesse au cœur et nous revêtent miraculeusement d’aigr
182 éclairs qui nous atteignent sans cesse au cœur et nous revêtent miraculeusement d’aigrettes de folies et de joies ; n’allez
183 t d’aigrettes de folies et de joies ; n’allez pas nous toucher, nous sommes dangereux. Un orage de tendresse va crever sur l
184 de folies et de joies ; n’allez pas nous toucher, nous sommes dangereux. Un orage de tendresse va crever sur le monde. Aigle
185 e monde. Aigles d’amours, oiseaux doux et cruels, nous parlerons vos langues aériennes. On n’acceptera plus que des valeurs
186 des prodiges à cette invite la plus persuasive : nous sommes prêts à les accueillir. 7. Une vague de rêves (dans Commerc
11 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Quatre incidents (avril 1927)
187 du paradis : « Qui va à la chasse perd sa place, nous nous comprenons. » On lui offrit immédiatement un fauteuil et un viol
188 aradis : « Qui va à la chasse perd sa place, nous nous comprenons. » On lui offrit immédiatement un fauteuil et un violon, p
12 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Récit du pickpocket (fragment) (mai 1927)
189 aient en moi par-dessus tout la vertu que je leur devais . Pourtant, je ne détournai pas mes yeux des yeux de cette femme, de p
190 leu. Je sortis avec cette femme, qui m’aimait, et nous étions très jolis de bonheur et d’insouciance dans le bonheur de la s
191 nsait en regardant au plafond. Après deux tangos, nous montions ensemble dans une chambre d’hôtel où l’on ne voyait d’abord
192 out un couchant de grand port de la Méditerranée. Nous nous aimâmes en sifflotant encore par instants l’air de la dernière d
193 n couchant de grand port de la Méditerranée. Nous nous aimâmes en sifflotant encore par instants l’air de la dernière danse,
194 ore par instants l’air de la dernière danse, mais nous avions aussi envie de pleurer, à cause du soir trop limpide et trop v
195 ément persuadé que moi de l’absurdité radicale de notre vie, la moindre farce, le moindre geste convenu dans le genre « révol
13 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Conseils à la jeunesse (mai 1927)
196 onsistait véritablement dans ces quelques effets, nous donnerions peut-être raison à M. Y. Z., qui, dans un petit article du
197 t de même un ou deux petits phénomènes sociaux de notre temps que cette méthode ne suffirait pas à supprimer. Or, ils nous pa
198 tte méthode ne suffirait pas à supprimer. Or, ils nous paraissent entraîner assez naturellement chez des jeunes « et qui pen
199 ourd’hui pour anéantir la seule chose qui reste à nos yeux sacro-sainte : la liberté. Alors n’est-ce pas, merci du conseil,
200 it. Mais point n’est besoin de rappeler Candide : nous pensons que bien avant Voltaire il y avait des autruches pour enseign
14 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). La part du feu. Lettres sur le mépris de la littérature (juillet 1927)
201 otre paradis poétique. Si je cite tel auteur dont nous fîmes notre nourriture une saison de naguère, voilà le rictus de votr
202 s poétique. Si je cite tel auteur dont nous fîmes notre nourriture une saison de naguère, voilà le rictus de votre bouche, un
203 n’en parlez plus, j’en sors, je l’abandonne… Mais notre paysan, rusé : — Vous l’abandonnez ? Pour quoi ? — Pour la vie ! Or j
204 ture. À force d’avoir mérité ces épithètes, pour nous laudatives, vous vous étonnez aujourd’hui de la simplicité. Littérate
205 z d’un goût du bizarre qui révèle le littérateur. Nous ne pouvons pas faire que nous n’ayons rien lu. Vous refusez de compte
206 èle le littérateur. Nous ne pouvons pas faire que nous n’ayons rien lu. Vous refusez de compter avec cette réalité de la lit
207 r avec cette réalité de la littérature qui est en nous (dangereuse tant que vous voudrez). Mais ce refus n’est pas seulement
208 e attente également exagérés. Vous savez bien que nous cherchons autre chose que la littérature. Que la littérature nous est
209 utre chose que la littérature. Que la littérature nous est un moyen seulement d’atteindre et de préparer d’autres choses, d’
210 oésie même ne peut dire, parce que rien de ce qui nous importe véritablement n’est dicible. (Depuis le temps qu’on sait que
211 Vous me direz que la poésie, l’état poétique, est notre seul moyen de connaissance concrète du monde. Mais c’est à condition
212 perdent leur pouvoir de signifier les choses qui nous importent. Vous le savez. Alors vous les lâchez en liberté, par haine
213 mer n’a d’importance véritable. Alors, cessons de nous battre contre des moulins à vent. La littérature, considérée du point
214 n de plus. » Chercher des hommes ! Ah ! cher ami, nous ne sommes pas tant, n’est-ce pas, à poursuivre une quête de l’esprit.
215 e une quête de l’esprit. Et vous savez ce qu’elle nous vaut : les mépris, les haines douloureuses ou grossières de tous ceux
216 u menaces pour leurs instables certitudes, et qui nous font un péché de notre acceptation des réalités spirituelles parce qu
217 nstables certitudes, et qui nous font un péché de notre acceptation des réalités spirituelles parce qu’elles troublent leurs
218 it d’exister : qu’elle soit le langage chiffré de notre inquiétude et de nos naissantes certitudes, le seul langage peut-être
219 soit le langage chiffré de notre inquiétude et de nos naissantes certitudes, le seul langage peut-être qui nous permette d’
220 ssantes certitudes, le seul langage peut-être qui nous permette d’échanger les signaux de l’angoisse sur quoi se fondent, en
221 de l’angoisse sur quoi se fondent, en ces temps, nos amitiés miraculeuses.   Voici donc les seules révélations que j’atten
15 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Les derniers jours (juillet 1927)
222 l’on dise la vérité librement et pour elle-même. Nous regrettons de n’en pouvoir citer, faute de place, que ces quelques ph
223 l’Orient et de l’Occident ? » Certains cris qui nous échappèrent n’avaient pas d’autre sens. 17. 20, rue Chalgrin, Paris
16 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Adieu au lecteur (juillet 1927)
224 Adieu au lecteur (juillet 1927)x Nous passons la main au central de Genève, fidèles à la tradition — en cec
225 enève, fidèles à la tradition — en ceci au moins. Nous nous retirons : et ce n’est pas que nous ayons brûlé toutes nos carto
226 , fidèles à la tradition — en ceci au moins. Nous nous retirons : et ce n’est pas que nous ayons brûlé toutes nos cartouches
227 u moins. Nous nous retirons : et ce n’est pas que nous ayons brûlé toutes nos cartouches. Ni que l’indignation provoquée sur
228 ons : et ce n’est pas que nous ayons brûlé toutes nos cartouches. Ni que l’indignation provoquée sur tous les bancs par cer
229 tion provoquée sur tous les bancs par certains de nos articles nous épouvante. Notre retraite est toute « statutaire » — si
230 e sur tous les bancs par certains de nos articles nous épouvante. Notre retraite est toute « statutaire » — si l’on ose dire
231 ancs par certains de nos articles nous épouvante. Notre retraite est toute « statutaire » — si l’on ose dire. Elle nous perme
232 est toute « statutaire » — si l’on ose dire. Elle nous permet donc de considérer la situation sans fièvre, sans lamentations
233 tion sans fièvre, sans lamentations d’adieu.   On nous a parfois traités de fous (avec ou sans sourire). Nous sommes à l’âge
234 a parfois traités de fous (avec ou sans sourire). Nous sommes à l’âge de nous en réjouir. On s’est beaucoup étonné de nous v
235 us (avec ou sans sourire). Nous sommes à l’âge de nous en réjouir. On s’est beaucoup étonné de nous voir « si différents » d
236 e de nous en réjouir. On s’est beaucoup étonné de nous voir « si différents » de nos aînés. Nous avons l’énorme candeur de t
237 beaucoup étonné de nous voir « si différents » de nos aînés. Nous avons l’énorme candeur de trouver ça naturel. On nous a f
238 onné de nous voir « si différents » de nos aînés. Nous avons l’énorme candeur de trouver ça naturel. On nous a fait des repr
239 avons l’énorme candeur de trouver ça naturel. On nous a fait des reproches contradictoires. Nous les additionnons : ils s’a
240 el. On nous a fait des reproches contradictoires. Nous les additionnons : ils s’annulent. Il reste à dire deux mots sur la p
241 n intellectuelle d’une revue d’étudiants comme la nôtre . D’un côté, en effet, on s’accorde pour trouver légèrement ridicule u
242 définitive, il semble que certains n’attendent de nous que d’innocentes farces — ou bien de ces affirmations dont en vérité
243 t stérilisée par la loi, les mœurs et l’habitude. Nous n’avons aucun remords d’avoir déçu cette catégorie de lecteurs. Aucun
244 = révolution Tous les malentendus viennent de là. Nous sommes assez sages et assez fous pour ne pas en gémir et pour en acce
245 onséquences. Et puis, de temps à autre, voici que nous parvient un signe d’amitié qui ne trompe pas. Deux ou trois mots, on
246 eux ou trois mots, on s’est compris. Que pouvions- nous espérer d’autre ? Il y eut quelques découvertes qui nous consolèrent
247 pérer d’autre ? Il y eut quelques découvertes qui nous consolèrent de tout le reste.   Et maintenant voici Genève et son mys
248 honneur et la fortune de ses derniers rédacteurs, notre Revue-phénix s’élance avec une ardeur rajeunie d’un an dans une direc
249 n dans une direction absolument imprévisible. Que nous apportera le Central de Genève ? Tout est possible : la guerre et la
250 va pas ajouter à cette lourde charge le poids de nos péchés. Ils sont bien nôtres. Et nous y tenons, ah ! comme nous y ten
251 le poids de nos péchés. Ils sont bien nôtres. Et nous y tenons, ah ! comme nous y tenons ! x. Rougemont Denis de, « Adie
252 ls sont bien nôtres. Et nous y tenons, ah ! comme nous y tenons ! x. Rougemont Denis de, « Adieu au lecteur », Revue de B
17 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). L’ordre social. Le Libéralisme. L’inspiration (novembre 1929)
253 complexes sont les problèmes que vous proposez à notre bonne volonté gémissante ! Dieu, dans sa pitié, leur envoya un ange p
18 1930, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Les soirées du Brambilla-club (mai 1930)
254 oujours le fantôme de l’Odéon qui m’accompagne et nous ne disons presque rien, nous savons les mêmes histoires et nous avons
255 qui m’accompagne et nous ne disons presque rien, nous savons les mêmes histoires et nous avons durant la journée bouquiné d
256 presque rien, nous savons les mêmes histoires et nous avons durant la journée bouquiné dans les mêmes boîtes sous les arcad
257 bouquiné dans les mêmes boîtes sous les arcades. ( Nous ne touchons l’un et l’autre qu’aux traductions ; le reste, les livres
258 eur vie : « J’ai horreur de la sentimentalité ».) Nous voici donc en taxi, « nous deux le fantôme » comme on disait au villa
259 la sentimentalité ».) Nous voici donc en taxi, «  nous deux le fantôme » comme on disait au village où je suis né, qui n’est
260 ne vous le confie pas sans un secret tremblement. Nous embarquons Jean Cassou, et le fantôme se fait aussi négligeable que p
261 ent invisible, dans cette minuscule voiture. Déjà nous traversons la nuit rose et violette de Montparnasse. Là, l’insondable
262 e Montparnasse. Là, l’insondable lubie d’un agent nous immobilise une minute aux lisières odorantes d’une terrasse où nous v
263 e minute aux lisières odorantes d’une terrasse où nous voyons Charles-Albert Cingria, transfiguré par un souffle épique, en
264 ris et leurs établissements Place de la Concorde. Notre conteur est vêtu de la gloire d’un pourpoint « plus rouge que rouge »
265 ine, qui vaille l’amour. Durant cette méditation, nous avons gagné une rue pauvrement éclairée où l’on s’arrête. Le fantôme
266 nt éclairée où l’on s’arrête. Le fantôme derrière nous claque la portière. Il fait assez froid. ⁂ Lorsque l’homme, cédant à
267 de se perdre est un des plus profonds mystères de notre condition, et je ne crois pas trop absurde d’y chercher l’origine non
268 la mode, qui vient trébucher dans les méandres de notre chemin : « Il faut se perdre pour se retrouver », nous enseigne une d
269 chemin : « Il faut se perdre pour se retrouver », nous enseigne une doctrine en vérité moins généreuse que ne veut le croire
270 éparses dans une brousse où s’engage délibérément notre fantôme. Il avance sans bouger les jambes. Nous suivons à tâtons. Ce
271 notre fantôme. Il avance sans bouger les jambes. Nous suivons à tâtons. Ce que je pressentais ne tarde pas à se produire :
272 — la portion que l’on s’est administrée accapare nos facultés les plus vulgaires, libérant par là cette part gratuite de n
273 après-midi qu’il commençait un roman. Son absence nous fera-t-elle croire qu’il apporte un soin tout particulier à le parfai
274 8 avril. 18. ……………… (N. de la R.) 19. L’auteur nous promet pour le numéro 6 de nouveaux détails apocryphes. (N. de la R.)
19 1932, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). La pluie et le beau temps (Dialogue dans une tête) (1932)
275 de rage ; ils aiment s’obstiner et c’est pourquoi nous aimons leur échapper. Vous êtes bien injuste avec moi quand vous me r
276 vous savez que c’est un plaisir qu’on ne peut pas nous refuser ; du reste, cela me rend plus jolie, quelqu’un me l’a dit hie
277 ais » temps, et vous n’avez jamais cherché ce que doit être le « bon » temps, ni si les tempêtes sont « belles ». C’est pour
278 Lord Artur, vous m’amusez beaucoup. Vraiment vous devez être jaloux ce soir. Quand vous cédez à votre manie de remuer des mét
279 ence. Mais un jour la lumière est morte autour de nous , elle est morte à la surface des choses pour renaître au centre de l’
280 , de tous les événements qui paraissent autour de nous , aucun n’importe, sinon celui qui dans le même temps se passe à l’int
281 lis en ce lieu la demeure de tes pensées. Ainsi, nous dit la Fable, fit Myscille, habitant d’Argos. N’ayant pu débrouiller
20 1933, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Petites notes sur les vérités éternelles (1932-1933)
282 de l’esprit créateur de systèmes. Depuis lors on nous parle du créé et du créant. Mais nous voudrions des créateurs qui par
283 uis lors on nous parle du créé et du créant. Mais nous voudrions des créateurs qui parlent.   Peu nous importe les « conditi
284 s nous voudrions des créateurs qui parlent.   Peu nous importe les « conditions » purement logiques d’une vérité, qui, à nos
285 nditions » purement logiques d’une vérité, qui, à nos yeux, demeure constamment jugée par une réalité qui juge la logique m
286 e sont les conditions actuelles de la vérité qui nous posent un problème, et non pas ses conditions « éternelles ». Nous ne
287 oblème, et non pas ses conditions « éternelles ». Nous ne pensons pas qu’il y ait lieu pour un philosophe, d’être rassuré pa
288 comme certains le répètent, d’une dogmatique que nous avons besoin. Ce n’est pas d’une systématique, d’ailleurs déduite a p
289 ances contre les paradoxes de l’existence. Ce que nous demandons à la philosophie, c’est de mettre en forme une problématiqu
290 s ; et pendant ce temps, c’est à la théologie que nous irons demander de la pensée, c’est-à-dire de la pensée créatrice, c’e
291 eaucoup de respect pour la vérité créatrice. Non, notre adhésion à Barth n’est pas le fait de la mauvaise humeur et de la mau
292 r et de la mauvaise conscience que fomentèrent en nous les démissions systématiques de l’historicisme et du psychologisme. L
293 l’historicisme et du psychologisme. Le secret de notre adhésion à Barth est dans la pensée de Barth elle-même, et non pas da
294 je ne sais quelle « réaction ». Et c’est pourquoi nous ne pouvons pas accepter un instant le rapprochement qu’on nous invite
295 ns pas accepter un instant le rapprochement qu’on nous invite à faire entre barthisme, thomisme et réaction. Barth, croyons-
296 e barthisme, thomisme et réaction. Barth, croyons- nous , n’a jamais proposé ni prôné de dogmes « si possible immuables » (p. 
297 On pourrait dire qu’il fait tout le contraire. Il nous ramène sans cesse à l’état de pauvreté (pauvreté en esprit, absence d
298 l’état dans lequel la vérité ne peut opérer dans notre existence que par un choix, une décision, — un acte d’obéissance à l’
299 re et des méthodes critiques de M. Goguel ? 3. Si notre civilisation chrétienne n’est pas détruite par le bolchévisme, elle r
300 rgissant son horizon de pensée. Peut-on dire que notre civilisation soit chrétienne ? Peut-on dire que pour le chrétien la p
301 mme « approfondissement » ou « élargissement » de notre horizon de pensée, nous demandons passionnément et lourdement ce que
302 ou « élargissement » de notre horizon de pensée, nous demandons passionnément et lourdement ce que cela peut bien signifier
303 ela veut dire. C’est une des leçons de la guerre. Notre refus est instinctif devant un avenir, un espoir, une action dont les
304 ns tels que le développement de la pensée moderne nous aide en toute loyauté à les affirmer (p. 16). Pourquoi ai-je envie,
305 gile au contact des humains. Et puis, que ferions- nous en attendant que les théologiens aient mené à bien leur travail histo
306 peu grosses, dira-t-on. Dans une époque comme la nôtre , ce sont celles qu’il faut poser si l’on veut réellement se tirer hor
21 1935, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). René Guisan : un clerc (1935)
307 raison, que l’auteur d’un pamphlet fameux voulait nous donner pour modèle du clerc qui ne trahit pas. Mais une figure presqu
308 qui pense ce qu’il fait, qui fait ce qu’il pense. Nous manquons terriblement de tels hommes, en Suisse romande. Nous manquon
309 s terriblement de tels hommes, en Suisse romande. Nous manquons terriblement de ce sens de la culture qu’incarnait à mes yeu
310 e américaine — mais en homme de pensée agissante. Nous méprisons trop facilement la culture au nom de l’action. C’est sans d
311 re au nom de l’action. C’est sans doute parce que nous avons connu quelques rats de bibliothèque qui méprisaient trop facile
312 évidences fondamentales et sans cesse oubliées de nos jours, je ne les ai vues vraiment vécues chez nous que par cet homme
313 nos jours, je ne les ai vues vraiment vécues chez nous que par cet homme solide et fin, passionné et précis, au parler vif e
314 et d’une présence aussi directes et essentielles doit nous interdire désormais de considérer que l’esprit est une faculté d
315 ’une présence aussi directes et essentielles doit nous interdire désormais de considérer que l’esprit est une faculté détach
316 et acceptées. Il me semble que c’est la leçon que nous devons prendre de sa vie : la leçon toute goethéenne du clerc qui ser
317 ceptées. Il me semble que c’est la leçon que nous devons prendre de sa vie : la leçon toute goethéenne du clerc qui sert sans
22 1938, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Le Poète et le Vilain (novembre 1938)
318 Le poète disait d’une belle voix d’amertume : — Nous n’avons plus guère de mesures pour les choses divines et humaines, si
319 e mesures pour les choses divines et humaines, si nous savons peser d’invisibles rayons d’énergie. Nos codes ne prévoient pa
320 nous savons peser d’invisibles rayons d’énergie. Nos codes ne prévoient pas que l’assassin d’un noble sera puni plus sévèr
321 fut pas toujours ainsi. Jusqu’au viiie siècle de notre ère, les bardes celtes étaient honorés chez les rois. Tenez, lisez ce
322 ur du barde du palais, c’est-à-dire le prix qu’on doit payer quand on le tue, est de 126 vaches ; et en cas d’insulte, on lu
323 , est de 126 vaches ; et en cas d’insulte, on lui doit une indemnité de 6 vaches et 20 pièces d’argent. » Ailleurs, on voit
324 it que si le barde adresse une requête au roi, il doit lui chanter un poème. S’il s’adresse à un noble, trois poèmes. Si c’e
325 938, p. 2. ak. Une note introductive précise : «  Nous avons le plaisir de publier en tête de ce numéro une page inédite de
326 is de Rougemont, qu’il a bien voulu extraire pour nous d’un ouvrage qu’il prépare et qu’il intitulera Doctrine fabuleuse . 
23 1968, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Hölderlin dans le souvenir des noms splendides (1968)
327 qui persiste du poème qu’un jour ou l’autre nuit nous avons lu puis oublié ? Un « ton fondamental » ? Des mouvements de mot
328 ins25. En cherchant à les compléter par ce qu’ils devaient évoquer, je ne faisais pas autre chose que le poète à partir d’un sig
329 ts forts sont au futur prochain (« Et à l’aurore… nous entrerons aux splendides villes »), Apollinaire hante la marge d’émot
330 Hölderlin a créé des temps nouveaux du Verbe qui nous meut et nous oriente : le passé de l’invocatif28 qui est un temps de
331 créé des temps nouveaux du Verbe qui nous meut et nous oriente : le passé de l’invocatif28 qui est un temps de la prophétie,
332 présent d’exil, temps du poète souffrant. Car il nous avertit que son langage n’est pas celui que parlent « la nature et l’
333 al impersonnel, tel que certains prétendent qu’il nous forme — « car si quelque langage de la nature et de l’art… préexistai