1
)a b Une mauvaise humeur qui flotte dans l’air
nous
proposerait de débuter par l’inévitable discours sur les difficultés
2
lles en particulier qu’implique la publication de
notre
revue. Mais nous savons, tout comme M. Coué, que ce serait de mauvais
3
r qu’implique la publication de notre revue. Mais
nous
savons, tout comme M. Coué, que ce serait de mauvaise méthode. Et, co
4
ce serait de mauvaise méthode. Et, comme M. Coué,
nous
nous persuadons que tout ira très bien. Les circonstances l’exigent,
5
rait de mauvaise méthode. Et, comme M. Coué, nous
nous
persuadons que tout ira très bien. Les circonstances l’exigent, d’ail
6
d’ailleurs, plus que jamais, et plus que jamais,
nous
semble-t-il, notre revue a sa raison d’être. La vie d’aujourd’hui, on
7
que jamais, et plus que jamais, nous semble-t-il,
notre
revue a sa raison d’être. La vie d’aujourd’hui, on le sait, nous obli
8
raison d’être. La vie d’aujourd’hui, on le sait,
nous
oblige à nous affirmer ou à refuser de nous affirmer avec une netteté
9
. La vie d’aujourd’hui, on le sait, nous oblige à
nous
affirmer ou à refuser de nous affirmer avec une netteté qui a pu para
10
sait, nous oblige à nous affirmer ou à refuser de
nous
affirmer avec une netteté qui a pu paraître parfois quelque peu imper
11
parfois quelque peu impertinente. Le fait est que
nous
éprouvons irrésistiblement l’obligation d’être nous-mêmes. Et, disons
12
ela uniquement — être nous-mêmes — que consistera
notre
programme. Sans doute, les différences s’accusent : mais n’est-ce pas
13
sent : mais n’est-ce pas la meilleure raison pour
nos
aînés de chercher plus patiemment encore à nous comprendre et de nous
14
ur nos aînés de chercher plus patiemment encore à
nous
comprendre et de nous accorder une confiance sans laquelle nous ne sa
15
er plus patiemment encore à nous comprendre et de
nous
accorder une confiance sans laquelle nous ne saurions aller, et qui,
16
e et de nous accorder une confiance sans laquelle
nous
ne saurions aller, et qui, nous voulons l’espérer, ne sera pas sans l
17
nce sans laquelle nous ne saurions aller, et qui,
nous
voulons l’espérer, ne sera pas sans leur donner quelque bénéfice en r
18
s leur donner quelque bénéfice en retour. Certes,
nous
ne demandons pas qu’on prenne toutes nos obscurités pour des profonde
19
Certes, nous ne demandons pas qu’on prenne toutes
nos
obscurités pour des profondeurs. Et nous n’allons pas procéder à quel
20
ne toutes nos obscurités pour des profondeurs. Et
nous
n’allons pas procéder à quelque sensationnelle révision des valeurs.
21
er à quelque sensationnelle révision des valeurs.
Nous
savons bien que nous ne faisons que passer, après tant d’autres, avan
22
nnelle révision des valeurs. Nous savons bien que
nous
ne faisons que passer, après tant d’autres, avant tant d’autres. « Am
23
t de se détourner de ce qu’on a coutume d’appeler
notre
« désordre ». Mais on est toujours le fils de quelqu’un… Et, peut-êtr
24
-elle faire réfléchir utilement sur ses causes…
Nous
ne proposerons pas, lecteur bénévole, un exercice mensuel à votre fac
25
mensuel à votre faculté d’indulgence. Par contre,
nous
nous empressons de vous laisser le soin de juger si nous avons de quo
26
el à votre faculté d’indulgence. Par contre, nous
nous
empressons de vous laisser le soin de juger si nous avons de quoi fai
27
us empressons de vous laisser le soin de juger si
nous
avons de quoi faire les modestes… Être nous-mêmes, avons-nous dit,
28
quoi faire les modestes… Être nous-mêmes, avons-
nous
dit, c’est à la fois notre but et notre excuse en publiant cette revu
29
Être nous-mêmes, avons-nous dit, c’est à la fois
notre
but et notre excuse en publiant cette revue. Nous ne sommes pas « une
30
mes, avons-nous dit, c’est à la fois notre but et
notre
excuse en publiant cette revue. Nous ne sommes pas « une revue littér
31
otre but et notre excuse en publiant cette revue.
Nous
ne sommes pas « une revue littéraire de plus » ; nous ne voulons pas
32
ne sommes pas « une revue littéraire de plus » ;
nous
ne voulons pas être « l’expression de la jeunesse romande ». Nous som
33
pas être « l’expression de la jeunesse romande ».
Nous
sommes autre chose. (Belles-Lettres est toujours « autre chose ».) No
34
e. (Belles-Lettres est toujours « autre chose ».)
Nous
ne prétendons pas plus être « bien bellettriens » — prétention éminem
35
étention éminemment peu bellettrienne. Que sommes-
nous
donc ? Le plus qu’on puisse dire, c’est que vous le saurez un peu mie
36
e vous le saurez un peu mieux quand vous aurez lu
nos
huit numéros. Il faut que notre revue reste cette chose unique et ind
37
quand vous aurez lu nos huit numéros. Il faut que
notre
revue reste cette chose unique et indéfinissable, comme toute chose v
38
Paradoxe de la sincérité (décembre 1926)c
Nous
voyons un mythe prendre corps parmi les ruines de ce temps. Il fallai
39
que satisfaisante pour l’esprit. C’est ainsi que
nous
trompant nous-mêmes, sous le prétexte toujours de probité intellectue
40
rs de probité intellectuelle ou de courage moral,
nous
avons élevé à la hauteur d’une vertu première — et qui légitime tous
41
— et qui légitime tous les dénis de morale à quoi
nous
obligeaient en réalité on sait quel dégoût, et certains désirs de gra
42
our parler avec un peu de clairvoyance de ce dont
nous
avons vécu jusqu’à tel jour de notre jeunesse, il faudrait pouvoir sa
43
ce de ce dont nous avons vécu jusqu’à tel jour de
notre
jeunesse, il faudrait pouvoir sauter hors de soi. Seule, une méthode
44
ation et de déduction passablement sèche pourrait
nous
donner l’illusion et peut-être certains bénéfices de cette opération
45
chères aventures. Sincérité et spontanéité «
Nos
actes les plus sincères sont aussi les moins calculés », écrit Gide.
46
lirait déjà suffisamment son rôle en se bornant à
nous
donner de nous-mêmes une connaissance plus intense et plus émouvante
47
et plus émouvante ; mais la morale, plutôt que de
nous
constater, doit nous construire — selon le mode le plus libre, le plu
48
e ; mais la morale, plutôt que de nous constater,
doit
nous construire — selon le mode le plus libre, le plus conscient à la
49
ais la morale, plutôt que de nous constater, doit
nous
construire — selon le mode le plus libre, le plus conscient à la fois
50
e d’éprouver. » Non. Car à supposer que l’analyse
nous
crée, elle ne nous crée pas n’importe comment, mais selon certaines l
51
. Car à supposer que l’analyse nous crée, elle ne
nous
crée pas n’importe comment, mais selon certaines lois où se retrouve
52
comment, mais selon certaines lois où se retrouve
notre
individualité. Elle nous crée tels que nous tendons à être (plutôt in
53
nes lois où se retrouve notre individualité. Elle
nous
crée tels que nous tendons à être (plutôt inférieurs, en vertu des re
54
ouve notre individualité. Elle nous crée tels que
nous
tendons à être (plutôt inférieurs, en vertu des remarques précédentes
55
moyen de connaissance, le cas extrême d’un Crevel
nous
montre assez ce qu’il faut penser2. Il ne s’en suit pas que contenue
56
té et montrer plus de style. (Georges Duhamel.) …
Nous
ne sommes pas, nous nous créons. Certains se refusent à toute interve
57
e style. (Georges Duhamel.) … Nous ne sommes pas,
nous
nous créons. Certains se refusent à toute intervention qui altérerait
58
le. (Georges Duhamel.) … Nous ne sommes pas, nous
nous
créons. Certains se refusent à toute intervention qui altérerait leur
59
un peu en prendre son parti. La sincérité crée en
nous
un fait accompli. J’appelle hypocrisie envers soi-même une volonté —
60
ibilité de traduire un dynamisme directement dans
notre
langage statique. 3. « Et certes quand il s’agit de parole ou d’écri
61
ffrance mes baisers. L’amour est un alibi
Nos
lèvres sitôt que jointes, Ô dernier mensonge tu, Je m’enfuis vers d’a
62
printemps désormais rendra le ciel plus pâle, et
nous
irons chercher dans le souvenir les vent-coulis de la mort. Garçon, u
63
Dans le Style (janvier 1927)h
Nous
recevons d’un bellettrien facétieux cet « Hommage à Paul Morand » :
64
s postales illustrées. Déjà la foule des danseurs
nous
séparait, mon ami se détournait, un peu vexé ; vous disparaissiez au
65
me dévisageaient de plus en plus impudemment : je
devais
paraître si perdu. Chaque fois qu’un paquet de dix personnes s’engouf
66
et songeurs respectaient la folie douloureuse qui
devait
contracter mon visage. Je promenais sur tous des regards angoissés, a
67
hé plusieurs heures avant de retrouver ma rue. Il
doit
être maintenant 5 heures du matin. Premiers appels d’autos dans la vi
68
e je m’en forme… Je ne comprends plus pourquoi je
devrais
me tuer, pourquoi je souffre, ce que c’est que la souffrance, ce que
69
e « une tragédie de l’amour conjugal ». Vraiment,
nous
n’en demandions pas tant… k. Rougemont Denis de, « Orphée sans char
70
y a pas à tortiller, il faut faire quelque chose.
Nous
devons, nous pouvons faire quelque chose. Que diable ! nous ne sommes
71
as à tortiller, il faut faire quelque chose. Nous
devons
, nous pouvons faire quelque chose. Que diable ! nous ne sommes pas de
72
tiller, il faut faire quelque chose. Nous devons,
nous
pouvons faire quelque chose. Que diable ! nous ne sommes pas des imbé
73
s, nous pouvons faire quelque chose. Que diable !
nous
ne sommes pas des imbéciles, nous ne sommes pas de ces gens qui croie
74
e. Que diable ! nous ne sommes pas des imbéciles,
nous
ne sommes pas de ces gens qui croient que 2 et 2 font 22, et qui conf
75
oirs où une idée de la responsabilité s’empare de
nous
. Et nous calculons qu’il s’agit de déranger 5000 personnes en huit so
76
ne idée de la responsabilité s’empare de nous. Et
nous
calculons qu’il s’agit de déranger 5000 personnes en huit soirées, et
77
s son for le plus intérieur, d’une fuite en auto,
nous
rassure provisoirement… Prosopopée, à propos d’une apparition L
78
d’une apparition La vieille Monture 6 un soir
nous
apparut, lugubrement fardée, l’haleine mauvaise, édentée et tâchant à
79
tion. » Enfin l’on joua aux petits dés le sort de
notre
parade — et l’on gagna. Enthousiasmé, « Mimosa » partit pour la Rivie
80
de la jeune Synovie », parade « née du mariage de
nos
veilles et de nos rêves », ainsi que le disait si poétiquement le pro
81
e », parade « née du mariage de nos veilles et de
nos
rêves », ainsi que le disait si poétiquement le programme. Un peu d’h
82
ontagnes russes. (J’ai regretté que René Clair ne
nous
donne pas la vision du mort.) Enfin le cercueil roule dans les margue
83
Le tout ne dure pas 20 minutes. Et c’est heureux.
Nous
manquons d’entraînement dans le domaine du merveilleux moderne. Un pe
84
le domaine du merveilleux moderne. Un peu plus et
nous
demandions grâce de trop de plaisir. Mais je ne suis pas sûr que le p
85
que le plaisir du public fût de même essence que
le nôtre
. Les gens rient à l’enterrement au ralenti, à l’éclatement des têtes
86
eulement. » Mais tout de même, là par exemple, où
nous
ne pouvons nous empêcher d’admirer l’utilisation artistique ingénieus
87
tout de même, là par exemple, où nous ne pouvons
nous
empêcher d’admirer l’utilisation artistique ingénieuse et précise de
88
Cela fait bizarre. Or, dans le monde où le cinéma
doit
nous « transplanter », un certain naturel est de rigueur ; toute biza
89
fait bizarre. Or, dans le monde où le cinéma doit
nous
« transplanter », un certain naturel est de rigueur ; toute bizarreri
90
e bizarrerie détourne du véritable miracle auquel
nous
assistons. Mais de pareils défauts sont presque inévitables dans une
91
ie… C’est une réalité aussi réelle que celle dont
nous
avons convenu et que nous pensions la seule possible. Le monde « norm
92
i réelle que celle dont nous avons convenu et que
nous
pensions la seule possible. Le monde « normal » nous apparaît alors c
93
s pensions la seule possible. Le monde « normal »
nous
apparaît alors comme l’une seulement des mille figures que peut revêt
94
ille figures que peut revêtir une substantia dont
nos
sens trop faibles — bornés encore par des habitudes nées des nécessit
95
par des habitudes nées des nécessités sociales —
nous
empêchent de découvrir la richesse immédiate. Surréel qui n’est pas s
96
u’un film comme Entr’acte est une aide puissante.
Nous
faisons nos premiers pas, étourdis, dans un pays d’illuminations vert
97
me Entr’acte est une aide puissante. Nous faisons
nos
premiers pas, étourdis, dans un pays d’illuminations vertigineuses, e
98
s, dans un pays d’illuminations vertigineuses, et
nous
en sommes encore à nous frotter les yeux… Peut-être, quand nos regard
99
nations vertigineuses, et nous en sommes encore à
nous
frotter les yeux… Peut-être, quand nos regards plus assurés sauront e
100
encore à nous frotter les yeux… Peut-être, quand
nos
regards plus assurés sauront enfin gagner de vitesse les prodiges que
101
se les prodiges que déclenche René Clair, verrons-
nous
, pris par surprise dans l’exploration ivre d’un projecteur, des signe
102
ire désormais vibrer à sa fantaisie, même si cela
doit
m’anéantir. Hoffmann. I (Notes écrites en décembre 1925, au so
103
Il n’existe que des systèmes pour faire taire en
nous
l’appel vertigineux du Silence. On nous montre des Dieux, mais c’est
104
taire en nous l’appel vertigineux du Silence. On
nous
montre des Dieux, mais c’est pour détourner nos regards de cela qu’il
105
nous montre des Dieux, mais c’est pour détourner
nos
regards de cela qu’il faut bien nommer le Vide. Tant de séductions no
106
u’il faut bien nommer le Vide. Tant de séductions
nous
ont en vain tentés, ô tortures fascinantes de la sainteté, seules vou
107
tortures fascinantes de la sainteté, seules vous
nous
appelez encore hors de cette voix de l’infini où chancellent parmi le
108
voix de l’infini où chancellent parmi les éclairs
nos
premiers pas. Aragon, dans ces tempêtes de nuits filantes où s’enfuie
109
atues7. » Il s’agit bien de critique littéraire !
Nous
sommes ici en présence d’une des tentatives de libération les plus vi
110
es quelques portes de sortie » ou compromis : «
Nous
étions dominés par le sens d’une réalité morale absolue que certains
111
d’une réalité morale absolue que certains d’entre
nous
eussent acheté au prix d’un martyre… Nos jugements se rendaient sans
112
d’entre nous eussent acheté au prix d’un martyre…
Nos
jugements se rendaient sans cesse à l’échelle de l’infini, et cet inf
113
sans cesse à l’échelle de l’infini, et cet infini
nous
écrasait. Comment aurions-nous accepté le sort communément heureux de
114
ini, et cet infini nous écrasait. Comment aurions-
nous
accepté le sort communément heureux de nos contemporains qui ont puis
115
rions-nous accepté le sort communément heureux de
nos
contemporains qui ont puisé dans Auguste Comte cette tranquillité de
116
définitivement les problèmes métaphysiques ? »
Nous
naissons à quelque chose qui imite la vie dans une époque d’inconceva
117
el se soit jamais abaissée une civilisation. Mais
nous
sommes encore quelques-uns à jouer nos derniers atouts sur notre salu
118
ion. Mais nous sommes encore quelques-uns à jouer
nos
derniers atouts sur notre salut. Nous courons enfin l’Aventure. « Le
119
core quelques-uns à jouer nos derniers atouts sur
notre
salut. Nous courons enfin l’Aventure. « Le salut pour nous n’est null
120
-uns à jouer nos derniers atouts sur notre salut.
Nous
courons enfin l’Aventure. « Le salut pour nous n’est nulle part9 ». U
121
t. Nous courons enfin l’Aventure. « Le salut pour
nous
n’est nulle part9 ». Ultime affirmation d’une foi que plus rien ne pe
122
entendre la voix d’un mystique. Que si l’on vient
nous
empêtrer de dogmes bassement ingénieux : « Si j’essaie un instant de
123
cun cas servir d’argument à un homme. » Voilà qui
nous
fait oublier certaines morales d’extrême moyenne d’où sont exclues to
124
irituel et plus cinglant. Au lieu de vin doux, on
nous
sert des cocktails (un Musset triple-sec). Au lieu du cynisme verbeux
125
c’est encore un Musset, seulement transposé dans
notre
siècle et chez qui tout est devenu de quelques degrés plus violent, p
126
pas m’empêcher de reconnaître la voix secrète de
notre
mal de vivre. Désespoir métaphysique. Je me souviens d’une phrase de
127
sont pas devenues chrétiennes. » « Le salut pour
nous
n’est nulle part. » Nulle part, pensais-je : le salut n’est pas là, o
128
cette terre où l’orgueil des hommes croit pouvoir
nous
le désigner, veut nous l’imposer pour quelles fins assez basses, nous
129
l des hommes croit pouvoir nous le désigner, veut
nous
l’imposer pour quelles fins assez basses, nous le savons… Mais pour A
130
ut nous l’imposer pour quelles fins assez basses,
nous
le savons… Mais pour Aragon, ce n’est point façon de parler. Son « nu
131
— pas toutes — de novembre 1926. 2 mai 1927. «
Nous
avons dressé notre orgueilleuse raison à nous tromper sur ce qu’il y
132
novembre 1926. 2 mai 1927. « Nous avons dressé
notre
orgueilleuse raison à nous tromper sur ce qu’il y a de profond en nou
133
. « Nous avons dressé notre orgueilleuse raison à
nous
tromper sur ce qu’il y a de profond en nous, et elle ne manque guère
134
son à nous tromper sur ce qu’il y a de profond en
nous
, et elle ne manque guère à ce devoir sacré. » (Edmond Jaloux.) Entre
135
de profond en nous, et elle ne manque guère à ce
devoir
sacré. » (Edmond Jaloux.) Entre un monsieur en noir : Permettez-moi
136
Sens Critique. — Il y a un certain temps déjà que
nous
ne nous sommes revus. Mais je suis vos travaux avec intérêt, et il m’
137
tique. — Il y a un certain temps déjà que nous ne
nous
sommes revus. Mais je suis vos travaux avec intérêt, et il m’a paru q
138
, très intéressant. Seulement, mon cher Monsieur,
nous
n’avons pas le temps ces jours-ci, beaucoup trop à faire, beaucoup tr
139
sieur, à mon estime la plus vive. Mais décidément
nous
sommes débordés, voyez vous-même, pas moyen de causer aujourd’hui… Qu
140
’est-elle devenue ? C’est bien leur faute si elle
nous
apparaît aujourd’hui comme une vieille courtisane assagie, parfois dé
141
ien, c’est vous qui l’aurez voulu, mais tant pis,
nous
serons du Nord. Nous serons romantiques. Nous serons barbares, désord
142
’aurez voulu, mais tant pis, nous serons du Nord.
Nous
serons romantiques. Nous serons barbares, désordonnés, brumeux, absur
143
is, nous serons du Nord. Nous serons romantiques.
Nous
serons barbares, désordonnés, brumeux, absurdes, vivants, libres. Ave
144
qui l’esprit est la seule réalité. C’est pourquoi
nous
ne pourrons plus séparer du concept de l’esprit celui de Révolution.
145
ace de Cromwell. Mais il ne s’agit pas de refaire
notre
petite révolution à nous, dans tel domaine. Et c’est même ceci que je
146
e s’agit pas de refaire notre petite révolution à
nous
, dans tel domaine. Et c’est même ceci que je ne puis pardonner aux su
147
tiquement, si déplorablement français. Et puisque
nous
en sommes au surréalisme, ce produit parisien qui, comme tout ce qui
148
n et l’incommunicable secret de l’invention. Il
nous
faut des entrepreneurs de tempêtes. Un grand principe de violence co
149
êtes. Un grand principe de violence commandait à
nos
mœurs. … et nous portant dans nos actions à la limite de nos forces,
150
principe de violence commandait à nos mœurs. … et
nous
portant dans nos actions à la limite de nos forces, notre joie parmi
151
ce commandait à nos mœurs. … et nous portant dans
nos
actions à la limite de nos forces, notre joie parmi vous fut une très
152
… et nous portant dans nos actions à la limite de
nos
forces, notre joie parmi vous fut une très grande joie. Saint-John Pe
153
rtant dans nos actions à la limite de nos forces,
notre
joie parmi vous fut une très grande joie. Saint-John Perse. Nous app
154
vous fut une très grande joie. Saint-John Perse.
Nous
appelions une Révolution perpétuelle une perpétuelle insurrection con
155
tuelle insurrection contre tout ce qui prétendait
nous
empêcher de vivre, de rêver et de souffrir : culte du moi avec ses re
156
taient pas des êtres, mais leurs abstractions que
nous
haïssions. Notre haine de certaine morale ne venait-elle pas de ce qu
157
tres, mais leurs abstractions que nous haïssions.
Notre
haine de certaine morale ne venait-elle pas de ce qu’en son nom l’on
158
n mesurait odieusement une sympathie humaine pour
nous
sans prix ? Mais nous avions besoin de révolution pour vivre, pour no
159
une sympathie humaine pour nous sans prix ? Mais
nous
avions besoin de révolution pour vivre, pour nous perdre. Vivre était
160
nous avions besoin de révolution pour vivre, pour
nous
perdre. Vivre était devenu synonyme de magnifique perdition dans des
161
ifique perdition dans des choses plus grandes que
nous
. Nous nous connaissions dans les coins et nous mourions d’ennui avec
162
perdition dans des choses plus grandes que nous.
Nous
nous connaissions dans les coins et nous mourions d’ennui avec les as
163
ition dans des choses plus grandes que nous. Nous
nous
connaissions dans les coins et nous mourions d’ennui avec les aspects
164
ue nous. Nous nous connaissions dans les coins et
nous
mourions d’ennui avec les aspects irrévocablement prévus de nous-même
165
-mêmes que faisaient paraître les petits faits de
nos
longues journées. Nous aimions la révolution comme on aime l’amour. N
166
araître les petits faits de nos longues journées.
Nous
aimions la révolution comme on aime l’amour. Nous n’aimions pas telle
167
Nous aimions la révolution comme on aime l’amour.
Nous
n’aimions pas telle révolution — la russe, par exemple — parce que ce
168
ndait qu’à s’asseoir et que son siège était fait.
Nous
aimions la Révolution qui nous perdrait corps et biens dans sa grande
169
siège était fait. Nous aimions la Révolution qui
nous
perdrait corps et biens dans sa grandeur comme une femme merveilleuse
170
ens dans sa grandeur comme une femme merveilleuse
nous
perdrait corps et âme dans l’ivresse amoureuse ; nous cherchions cett
171
perdrait corps et âme dans l’ivresse amoureuse ;
nous
cherchions cette Révolution de toutes nos forces et séductions, comme
172
euse ; nous cherchions cette Révolution de toutes
nos
forces et séductions, comme on cherche cette femme à travers toutes l
173
n. Un disque de gramo comme par hasard nasille :
Nous
avons tous fait ça Plus ou moins, n’est-ce pas ? Et puis l’aiguille
174
puis l’aiguille divague vers des souvenirs, quand
nous
allions tous deux, ces bonnes farces, et aussi pourtant des histoires
175
ix ans et mort des suites. Quand cesserez-vous de
nous
faire la jambe, pardon escuses, avec ce thème à condamnations par con
176
très modernes. Et des gens pour se gausser quand
nous
écrivons Révolution, et nous offrir un billet (simple course) pour Mo
177
our se gausser quand nous écrivons Révolution, et
nous
offrir un billet (simple course) pour Moscou, ou encore pour demander
178
cou, ou encore pour demander à qui, enfin, à quoi
nous
en voulons, et finalement nous écraser par l’évidence définitive de n
179
qui, enfin, à quoi nous en voulons, et finalement
nous
écraser par l’évidence définitive de notre absurdité. Car l’homme « s
180
alement nous écraser par l’évidence définitive de
notre
absurdité. Car l’homme « s’est fait une vérité changeante et toujours
181
c’est une atmosphère toute chargée d’éclairs qui
nous
atteignent sans cesse au cœur et nous revêtent miraculeusement d’aigr
182
éclairs qui nous atteignent sans cesse au cœur et
nous
revêtent miraculeusement d’aigrettes de folies et de joies ; n’allez
183
t d’aigrettes de folies et de joies ; n’allez pas
nous
toucher, nous sommes dangereux. Un orage de tendresse va crever sur l
184
de folies et de joies ; n’allez pas nous toucher,
nous
sommes dangereux. Un orage de tendresse va crever sur le monde. Aigle
185
e monde. Aigles d’amours, oiseaux doux et cruels,
nous
parlerons vos langues aériennes. On n’acceptera plus que des valeurs
186
des prodiges à cette invite la plus persuasive :
nous
sommes prêts à les accueillir. 7. Une vague de rêves (dans Commerc
187
du paradis : « Qui va à la chasse perd sa place,
nous
nous comprenons. » On lui offrit immédiatement un fauteuil et un viol
188
aradis : « Qui va à la chasse perd sa place, nous
nous
comprenons. » On lui offrit immédiatement un fauteuil et un violon, p
189
aient en moi par-dessus tout la vertu que je leur
devais
. Pourtant, je ne détournai pas mes yeux des yeux de cette femme, de p
190
leu. Je sortis avec cette femme, qui m’aimait, et
nous
étions très jolis de bonheur et d’insouciance dans le bonheur de la s
191
nsait en regardant au plafond. Après deux tangos,
nous
montions ensemble dans une chambre d’hôtel où l’on ne voyait d’abord
192
out un couchant de grand port de la Méditerranée.
Nous
nous aimâmes en sifflotant encore par instants l’air de la dernière d
193
n couchant de grand port de la Méditerranée. Nous
nous
aimâmes en sifflotant encore par instants l’air de la dernière danse,
194
ore par instants l’air de la dernière danse, mais
nous
avions aussi envie de pleurer, à cause du soir trop limpide et trop v
195
ément persuadé que moi de l’absurdité radicale de
notre
vie, la moindre farce, le moindre geste convenu dans le genre « révol
196
onsistait véritablement dans ces quelques effets,
nous
donnerions peut-être raison à M. Y. Z., qui, dans un petit article du
197
t de même un ou deux petits phénomènes sociaux de
notre
temps que cette méthode ne suffirait pas à supprimer. Or, ils nous pa
198
tte méthode ne suffirait pas à supprimer. Or, ils
nous
paraissent entraîner assez naturellement chez des jeunes « et qui pen
199
ourd’hui pour anéantir la seule chose qui reste à
nos
yeux sacro-sainte : la liberté. Alors n’est-ce pas, merci du conseil,
200
it. Mais point n’est besoin de rappeler Candide :
nous
pensons que bien avant Voltaire il y avait des autruches pour enseign
201
otre paradis poétique. Si je cite tel auteur dont
nous
fîmes notre nourriture une saison de naguère, voilà le rictus de votr
202
s poétique. Si je cite tel auteur dont nous fîmes
notre
nourriture une saison de naguère, voilà le rictus de votre bouche, un
203
n’en parlez plus, j’en sors, je l’abandonne… Mais
notre
paysan, rusé : — Vous l’abandonnez ? Pour quoi ? — Pour la vie ! Or j
204
ture. À force d’avoir mérité ces épithètes, pour
nous
laudatives, vous vous étonnez aujourd’hui de la simplicité. Littérate
205
z d’un goût du bizarre qui révèle le littérateur.
Nous
ne pouvons pas faire que nous n’ayons rien lu. Vous refusez de compte
206
èle le littérateur. Nous ne pouvons pas faire que
nous
n’ayons rien lu. Vous refusez de compter avec cette réalité de la lit
207
r avec cette réalité de la littérature qui est en
nous
(dangereuse tant que vous voudrez). Mais ce refus n’est pas seulement
208
e attente également exagérés. Vous savez bien que
nous
cherchons autre chose que la littérature. Que la littérature nous est
209
utre chose que la littérature. Que la littérature
nous
est un moyen seulement d’atteindre et de préparer d’autres choses, d’
210
oésie même ne peut dire, parce que rien de ce qui
nous
importe véritablement n’est dicible. (Depuis le temps qu’on sait que
211
Vous me direz que la poésie, l’état poétique, est
notre
seul moyen de connaissance concrète du monde. Mais c’est à condition
212
perdent leur pouvoir de signifier les choses qui
nous
importent. Vous le savez. Alors vous les lâchez en liberté, par haine
213
mer n’a d’importance véritable. Alors, cessons de
nous
battre contre des moulins à vent. La littérature, considérée du point
214
n de plus. » Chercher des hommes ! Ah ! cher ami,
nous
ne sommes pas tant, n’est-ce pas, à poursuivre une quête de l’esprit.
215
e une quête de l’esprit. Et vous savez ce qu’elle
nous
vaut : les mépris, les haines douloureuses ou grossières de tous ceux
216
u menaces pour leurs instables certitudes, et qui
nous
font un péché de notre acceptation des réalités spirituelles parce qu
217
nstables certitudes, et qui nous font un péché de
notre
acceptation des réalités spirituelles parce qu’elles troublent leurs
218
it d’exister : qu’elle soit le langage chiffré de
notre
inquiétude et de nos naissantes certitudes, le seul langage peut-être
219
soit le langage chiffré de notre inquiétude et de
nos
naissantes certitudes, le seul langage peut-être qui nous permette d’
220
ssantes certitudes, le seul langage peut-être qui
nous
permette d’échanger les signaux de l’angoisse sur quoi se fondent, en
221
de l’angoisse sur quoi se fondent, en ces temps,
nos
amitiés miraculeuses. Voici donc les seules révélations que j’atten
222
l’on dise la vérité librement et pour elle-même.
Nous
regrettons de n’en pouvoir citer, faute de place, que ces quelques ph
223
l’Orient et de l’Occident ? » Certains cris qui
nous
échappèrent n’avaient pas d’autre sens. 17. 20, rue Chalgrin, Paris
224
Adieu au lecteur (juillet 1927)x
Nous
passons la main au central de Genève, fidèles à la tradition — en cec
225
enève, fidèles à la tradition — en ceci au moins.
Nous
nous retirons : et ce n’est pas que nous ayons brûlé toutes nos carto
226
, fidèles à la tradition — en ceci au moins. Nous
nous
retirons : et ce n’est pas que nous ayons brûlé toutes nos cartouches
227
u moins. Nous nous retirons : et ce n’est pas que
nous
ayons brûlé toutes nos cartouches. Ni que l’indignation provoquée sur
228
ons : et ce n’est pas que nous ayons brûlé toutes
nos
cartouches. Ni que l’indignation provoquée sur tous les bancs par cer
229
tion provoquée sur tous les bancs par certains de
nos
articles nous épouvante. Notre retraite est toute « statutaire » — si
230
e sur tous les bancs par certains de nos articles
nous
épouvante. Notre retraite est toute « statutaire » — si l’on ose dire
231
ancs par certains de nos articles nous épouvante.
Notre
retraite est toute « statutaire » — si l’on ose dire. Elle nous perme
232
est toute « statutaire » — si l’on ose dire. Elle
nous
permet donc de considérer la situation sans fièvre, sans lamentations
233
tion sans fièvre, sans lamentations d’adieu. On
nous
a parfois traités de fous (avec ou sans sourire). Nous sommes à l’âge
234
a parfois traités de fous (avec ou sans sourire).
Nous
sommes à l’âge de nous en réjouir. On s’est beaucoup étonné de nous v
235
us (avec ou sans sourire). Nous sommes à l’âge de
nous
en réjouir. On s’est beaucoup étonné de nous voir « si différents » d
236
e de nous en réjouir. On s’est beaucoup étonné de
nous
voir « si différents » de nos aînés. Nous avons l’énorme candeur de t
237
beaucoup étonné de nous voir « si différents » de
nos
aînés. Nous avons l’énorme candeur de trouver ça naturel. On nous a f
238
onné de nous voir « si différents » de nos aînés.
Nous
avons l’énorme candeur de trouver ça naturel. On nous a fait des repr
239
avons l’énorme candeur de trouver ça naturel. On
nous
a fait des reproches contradictoires. Nous les additionnons : ils s’a
240
el. On nous a fait des reproches contradictoires.
Nous
les additionnons : ils s’annulent. Il reste à dire deux mots sur la p
241
n intellectuelle d’une revue d’étudiants comme la
nôtre
. D’un côté, en effet, on s’accorde pour trouver légèrement ridicule u
242
définitive, il semble que certains n’attendent de
nous
que d’innocentes farces — ou bien de ces affirmations dont en vérité
243
t stérilisée par la loi, les mœurs et l’habitude.
Nous
n’avons aucun remords d’avoir déçu cette catégorie de lecteurs. Aucun
244
= révolution Tous les malentendus viennent de là.
Nous
sommes assez sages et assez fous pour ne pas en gémir et pour en acce
245
onséquences. Et puis, de temps à autre, voici que
nous
parvient un signe d’amitié qui ne trompe pas. Deux ou trois mots, on
246
eux ou trois mots, on s’est compris. Que pouvions-
nous
espérer d’autre ? Il y eut quelques découvertes qui nous consolèrent
247
pérer d’autre ? Il y eut quelques découvertes qui
nous
consolèrent de tout le reste. Et maintenant voici Genève et son mys
248
honneur et la fortune de ses derniers rédacteurs,
notre
Revue-phénix s’élance avec une ardeur rajeunie d’un an dans une direc
249
n dans une direction absolument imprévisible. Que
nous
apportera le Central de Genève ? Tout est possible : la guerre et la
250
va pas ajouter à cette lourde charge le poids de
nos
péchés. Ils sont bien nôtres. Et nous y tenons, ah ! comme nous y ten
251
le poids de nos péchés. Ils sont bien nôtres. Et
nous
y tenons, ah ! comme nous y tenons ! x. Rougemont Denis de, « Adie
252
ls sont bien nôtres. Et nous y tenons, ah ! comme
nous
y tenons ! x. Rougemont Denis de, « Adieu au lecteur », Revue de B
253
complexes sont les problèmes que vous proposez à
notre
bonne volonté gémissante ! Dieu, dans sa pitié, leur envoya un ange p
254
oujours le fantôme de l’Odéon qui m’accompagne et
nous
ne disons presque rien, nous savons les mêmes histoires et nous avons
255
qui m’accompagne et nous ne disons presque rien,
nous
savons les mêmes histoires et nous avons durant la journée bouquiné d
256
presque rien, nous savons les mêmes histoires et
nous
avons durant la journée bouquiné dans les mêmes boîtes sous les arcad
257
bouquiné dans les mêmes boîtes sous les arcades. (
Nous
ne touchons l’un et l’autre qu’aux traductions ; le reste, les livres
258
eur vie : « J’ai horreur de la sentimentalité ».)
Nous
voici donc en taxi, « nous deux le fantôme » comme on disait au villa
259
la sentimentalité ».) Nous voici donc en taxi, «
nous
deux le fantôme » comme on disait au village où je suis né, qui n’est
260
ne vous le confie pas sans un secret tremblement.
Nous
embarquons Jean Cassou, et le fantôme se fait aussi négligeable que p
261
ent invisible, dans cette minuscule voiture. Déjà
nous
traversons la nuit rose et violette de Montparnasse. Là, l’insondable
262
e Montparnasse. Là, l’insondable lubie d’un agent
nous
immobilise une minute aux lisières odorantes d’une terrasse où nous v
263
e minute aux lisières odorantes d’une terrasse où
nous
voyons Charles-Albert Cingria, transfiguré par un souffle épique, en
264
ris et leurs établissements Place de la Concorde.
Notre
conteur est vêtu de la gloire d’un pourpoint « plus rouge que rouge »
265
ine, qui vaille l’amour. Durant cette méditation,
nous
avons gagné une rue pauvrement éclairée où l’on s’arrête. Le fantôme
266
nt éclairée où l’on s’arrête. Le fantôme derrière
nous
claque la portière. Il fait assez froid. ⁂ Lorsque l’homme, cédant à
267
de se perdre est un des plus profonds mystères de
notre
condition, et je ne crois pas trop absurde d’y chercher l’origine non
268
la mode, qui vient trébucher dans les méandres de
notre
chemin : « Il faut se perdre pour se retrouver », nous enseigne une d
269
chemin : « Il faut se perdre pour se retrouver »,
nous
enseigne une doctrine en vérité moins généreuse que ne veut le croire
270
éparses dans une brousse où s’engage délibérément
notre
fantôme. Il avance sans bouger les jambes. Nous suivons à tâtons. Ce
271
notre fantôme. Il avance sans bouger les jambes.
Nous
suivons à tâtons. Ce que je pressentais ne tarde pas à se produire :
272
— la portion que l’on s’est administrée accapare
nos
facultés les plus vulgaires, libérant par là cette part gratuite de n
273
après-midi qu’il commençait un roman. Son absence
nous
fera-t-elle croire qu’il apporte un soin tout particulier à le parfai
274
8 avril. 18. ……………… (N. de la R.) 19. L’auteur
nous
promet pour le numéro 6 de nouveaux détails apocryphes. (N. de la R.)
275
de rage ; ils aiment s’obstiner et c’est pourquoi
nous
aimons leur échapper. Vous êtes bien injuste avec moi quand vous me r
276
vous savez que c’est un plaisir qu’on ne peut pas
nous
refuser ; du reste, cela me rend plus jolie, quelqu’un me l’a dit hie
277
ais » temps, et vous n’avez jamais cherché ce que
doit
être le « bon » temps, ni si les tempêtes sont « belles ». C’est pour
278
Lord Artur, vous m’amusez beaucoup. Vraiment vous
devez
être jaloux ce soir. Quand vous cédez à votre manie de remuer des mét
279
ence. Mais un jour la lumière est morte autour de
nous
, elle est morte à la surface des choses pour renaître au centre de l’
280
, de tous les événements qui paraissent autour de
nous
, aucun n’importe, sinon celui qui dans le même temps se passe à l’int
281
lis en ce lieu la demeure de tes pensées. Ainsi,
nous
dit la Fable, fit Myscille, habitant d’Argos. N’ayant pu débrouiller
282
de l’esprit créateur de systèmes. Depuis lors on
nous
parle du créé et du créant. Mais nous voudrions des créateurs qui par
283
uis lors on nous parle du créé et du créant. Mais
nous
voudrions des créateurs qui parlent. Peu nous importe les « conditi
284
s nous voudrions des créateurs qui parlent. Peu
nous
importe les « conditions » purement logiques d’une vérité, qui, à nos
285
nditions » purement logiques d’une vérité, qui, à
nos
yeux, demeure constamment jugée par une réalité qui juge la logique m
286
e sont les conditions actuelles de la vérité qui
nous
posent un problème, et non pas ses conditions « éternelles ». Nous ne
287
oblème, et non pas ses conditions « éternelles ».
Nous
ne pensons pas qu’il y ait lieu pour un philosophe, d’être rassuré pa
288
comme certains le répètent, d’une dogmatique que
nous
avons besoin. Ce n’est pas d’une systématique, d’ailleurs déduite a p
289
ances contre les paradoxes de l’existence. Ce que
nous
demandons à la philosophie, c’est de mettre en forme une problématiqu
290
s ; et pendant ce temps, c’est à la théologie que
nous
irons demander de la pensée, c’est-à-dire de la pensée créatrice, c’e
291
eaucoup de respect pour la vérité créatrice. Non,
notre
adhésion à Barth n’est pas le fait de la mauvaise humeur et de la mau
292
r et de la mauvaise conscience que fomentèrent en
nous
les démissions systématiques de l’historicisme et du psychologisme. L
293
l’historicisme et du psychologisme. Le secret de
notre
adhésion à Barth est dans la pensée de Barth elle-même, et non pas da
294
je ne sais quelle « réaction ». Et c’est pourquoi
nous
ne pouvons pas accepter un instant le rapprochement qu’on nous invite
295
ns pas accepter un instant le rapprochement qu’on
nous
invite à faire entre barthisme, thomisme et réaction. Barth, croyons-
296
e barthisme, thomisme et réaction. Barth, croyons-
nous
, n’a jamais proposé ni prôné de dogmes « si possible immuables » (p.
297
On pourrait dire qu’il fait tout le contraire. Il
nous
ramène sans cesse à l’état de pauvreté (pauvreté en esprit, absence d
298
l’état dans lequel la vérité ne peut opérer dans
notre
existence que par un choix, une décision, — un acte d’obéissance à l’
299
re et des méthodes critiques de M. Goguel ? 3. Si
notre
civilisation chrétienne n’est pas détruite par le bolchévisme, elle r
300
rgissant son horizon de pensée. Peut-on dire que
notre
civilisation soit chrétienne ? Peut-on dire que pour le chrétien la p
301
mme « approfondissement » ou « élargissement » de
notre
horizon de pensée, nous demandons passionnément et lourdement ce que
302
ou « élargissement » de notre horizon de pensée,
nous
demandons passionnément et lourdement ce que cela peut bien signifier
303
ela veut dire. C’est une des leçons de la guerre.
Notre
refus est instinctif devant un avenir, un espoir, une action dont les
304
ns tels que le développement de la pensée moderne
nous
aide en toute loyauté à les affirmer (p. 16). Pourquoi ai-je envie,
305
gile au contact des humains. Et puis, que ferions-
nous
en attendant que les théologiens aient mené à bien leur travail histo
306
peu grosses, dira-t-on. Dans une époque comme la
nôtre
, ce sont celles qu’il faut poser si l’on veut réellement se tirer hor
307
raison, que l’auteur d’un pamphlet fameux voulait
nous
donner pour modèle du clerc qui ne trahit pas. Mais une figure presqu
308
qui pense ce qu’il fait, qui fait ce qu’il pense.
Nous
manquons terriblement de tels hommes, en Suisse romande. Nous manquon
309
s terriblement de tels hommes, en Suisse romande.
Nous
manquons terriblement de ce sens de la culture qu’incarnait à mes yeu
310
e américaine — mais en homme de pensée agissante.
Nous
méprisons trop facilement la culture au nom de l’action. C’est sans d
311
re au nom de l’action. C’est sans doute parce que
nous
avons connu quelques rats de bibliothèque qui méprisaient trop facile
312
évidences fondamentales et sans cesse oubliées de
nos
jours, je ne les ai vues vraiment vécues chez nous que par cet homme
313
nos jours, je ne les ai vues vraiment vécues chez
nous
que par cet homme solide et fin, passionné et précis, au parler vif e
314
et d’une présence aussi directes et essentielles
doit
nous interdire désormais de considérer que l’esprit est une faculté d
315
’une présence aussi directes et essentielles doit
nous
interdire désormais de considérer que l’esprit est une faculté détach
316
et acceptées. Il me semble que c’est la leçon que
nous
devons prendre de sa vie : la leçon toute goethéenne du clerc qui ser
317
ceptées. Il me semble que c’est la leçon que nous
devons
prendre de sa vie : la leçon toute goethéenne du clerc qui sert sans
318
Le poète disait d’une belle voix d’amertume : —
Nous
n’avons plus guère de mesures pour les choses divines et humaines, si
319
e mesures pour les choses divines et humaines, si
nous
savons peser d’invisibles rayons d’énergie. Nos codes ne prévoient pa
320
nous savons peser d’invisibles rayons d’énergie.
Nos
codes ne prévoient pas que l’assassin d’un noble sera puni plus sévèr
321
fut pas toujours ainsi. Jusqu’au viiie siècle de
notre
ère, les bardes celtes étaient honorés chez les rois. Tenez, lisez ce
322
ur du barde du palais, c’est-à-dire le prix qu’on
doit
payer quand on le tue, est de 126 vaches ; et en cas d’insulte, on lu
323
, est de 126 vaches ; et en cas d’insulte, on lui
doit
une indemnité de 6 vaches et 20 pièces d’argent. » Ailleurs, on voit
324
it que si le barde adresse une requête au roi, il
doit
lui chanter un poème. S’il s’adresse à un noble, trois poèmes. Si c’e
325
938, p. 2. ak. Une note introductive précise : «
Nous
avons le plaisir de publier en tête de ce numéro une page inédite de
326
is de Rougemont, qu’il a bien voulu extraire pour
nous
d’un ouvrage qu’il prépare et qu’il intitulera Doctrine fabuleuse .
327
qui persiste du poème qu’un jour ou l’autre nuit
nous
avons lu puis oublié ? Un « ton fondamental » ? Des mouvements de mot
328
ins25. En cherchant à les compléter par ce qu’ils
devaient
évoquer, je ne faisais pas autre chose que le poète à partir d’un sig
329
ts forts sont au futur prochain (« Et à l’aurore…
nous
entrerons aux splendides villes »), Apollinaire hante la marge d’émot
330
Hölderlin a créé des temps nouveaux du Verbe qui
nous
meut et nous oriente : le passé de l’invocatif28 qui est un temps de
331
créé des temps nouveaux du Verbe qui nous meut et
nous
oriente : le passé de l’invocatif28 qui est un temps de la prophétie,
332
présent d’exil, temps du poète souffrant. Car il
nous
avertit que son langage n’est pas celui que parlent « la nature et l’
333
al impersonnel, tel que certains prétendent qu’il
nous
forme — « car si quelque langage de la nature et de l’art… préexistai