1 1926, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Avant-propos (décembre 1926)
1 iscours sur les difficultés du temps, en général, et sur celles en particulier qu’implique la publication de notre revue.
2 comme M. Coué, que ce serait de mauvaise méthode. Et , comme M. Coué, nous nous persuadons que tout ira très bien. Les circ
3 onstances l’exigent, d’ailleurs, plus que jamais, et plus que jamais, nous semble-t-il, notre revue a sa raison d’être. La
4 irrésistiblement l’obligation d’être nous-mêmes. Et , disons-le tout de suite, c’est en cela uniquement — être nous-mêmes
5 chercher plus patiemment encore à nous comprendre et de nous accorder une confiance sans laquelle nous ne saurions aller,
6 e confiance sans laquelle nous ne saurions aller, et qui, nous voulons l’espérer, ne sera pas sans leur donner quelque bén
7 renne toutes nos obscurités pour des profondeurs. Et nous n’allons pas procéder à quelque sensationnelle révision des vale
8 t de retenir sa place au spectacle qu’ils offrent et de les considérer avec sympathie. Il est bien facile de s’écrier : « 
9 facile de s’écrier : « Après moi, le déluge ! », et de se détourner de ce qu’on a coutume d’appeler notre « désordre ». M
10 dre ». Mais on est toujours le fils de quelqu’un… Et , peut-être, la considération du « déluge » peut-elle faire réfléchir
11 -mêmes, avons-nous dit, c’est à la fois notre but et notre excuse en publiant cette revue. Nous ne sommes pas « une revue
12 Il faut que notre revue reste cette chose unique et indéfinissable, comme toute chose vivante… Gerbe de fleurs disparates
13 es, aux tiges divergentes, mais qu’un ruban rouge et vert lie par la grâce d’une volonté sans doute divine… a. Rougemon
2 1926, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Paradoxe de la sincérité (décembre 1926)
14 s avons élevé à la hauteur d’une vertu première — et qui légitime tous les dénis de morale à quoi nous obligeaient en réal
15 nous obligeaient en réalité on sait quel dégoût, et certains désirs de grabuge moins avouables, — la sincérité, masque fi
16 buge moins avouables, — la sincérité, masque fier et un peu douloureux des défaitismes les plus subtils comme des plus pur
17 défaitismes les plus subtils comme des plus pures et loyales inquiétudes. Sincérité, le mal du siècle. Tout le monde en pa
18 cérité, le mal du siècle. Tout le monde en parle, et chacun s’en autorise pour excuser sa petite faiblesse originale : tan
19 ité s’évanouit en mille définitions tendancieuses et contradictoires. Êtes-vous sincères en actes ou en pensées ; envers v
20 en quelque sorte scientifique, à la fois curieuse et désintéressée, de naturaliste de l’âme ? Heureusement que M. Brémond
21 se mettre à décrire ce qu’il voit autour de lui — et l’étonnement indigné du spectateur. Pour parler avec un peu de clairv
22 ter hors de soi. Seule, une méthode d’observation et de déduction passablement sèche pourrait nous donner l’illusion et pe
23 assablement sèche pourrait nous donner l’illusion et peut-être certains bénéfices de cette opération idéale. En même temps
24 prit pour se dégager de confusions aussi perfides et si profondément mêlées à ses plus chères aventures. Sincérité et sp
25 t mêlées à ses plus chères aventures. Sincérité et spontanéité « Nos actes les plus sincères sont aussi les moins cal
26 roman se sont mis à gesticuler « gratuitement ». Et les critiques d’abord de s’indigner. Aujourd’hui, on les voit assez e
27 u’ils ne comprennent pas. Il faudrait s’entendre. Et , ici encore, prenons garde de confondre le plan littéraire avec le pl
28 ntégrale de soi. Mais pour être moins pittoresque et plus « entachée d’utilitarisme », la décision réfléchie, aussi peu gr
29 onner de nous-mêmes une connaissance plus intense et plus émouvante ; mais la morale, plutôt que de nous constater, doit n
30 e mode le plus libre, le plus conscient à la fois et le plus voluptueux. Sincérité envers soi-même Noli me tangere.
31 ientôt — par un mouvement normal de l’attention — et fatalement c’est à la découverte d’une faiblesse que j’aboutis : ce q
32 s à me souvenir de certaines sensations profondes et indéfinies (telle sensation physique de bonheur, dans une rue au couc
33 tes, je retrouve un être si différent. Les gestes et les sentiments qui se proposaient à mon souvenir ont été passés au cr
34 tains décors modernes : vous changez l’éclairage, et la chaumière devient palais. C’est l’objection classique et irréfutab
35 mière devient palais. C’est l’objection classique et irréfutable à toute introspection : ce daltonisme du souvenir. Si l’
36 ée dont les livres de Bopp, d’Arland, de Soupault et surtout de René Crevel ont donné les exemples les plus récents et sig
37 né Crevel ont donné les exemples les plus récents et significatifs ? Tous ces livres évoquent assez précisément la forme d
38 vivre, le personnage à douter du sens de sa vie) et les forces centripètes l’emportent peu à peu, une aspiration vers le
39 ation vers le bas produit une agitation accélérée et folle, puis tout finit dans un râle, brusquement c’est le vide. Centr
40 m de mon passé : ce qui était élan devient recul, et l’évocation de mes désirs anciens ne me restitue qu’un dégoût. J’ai c
41 rofondeurs ; mais déjà c’est le chaos. Mon corps et moi, le livre si poignant de René Crevel, est la démonstration la plu
42 . Faillite de toute introspection, en littérature et en morale. Impossibilité de faire mon autoportrait moral : je bouge t
43 cère ne puisse faire découvrir quelques richesses et ne serve parfois de contrôle efficace. Mais les bénéfices sont maigre
44 enter, c’est se porter à l’extrême pointe de soi, et , d’un élan, se dépasser ; c’est créer une différence. Pourquoi les ro
45 effets imprévisibles, « réalisme » décourageant, et , bientôt, incapacité d’agir efficacement. (Il faut, pour sauter, une
46 dans l’élan qui échappe à toute analyse préalable et sans quoi le saut paraît impossible, absurde.) Enfin, désagrégation d
47 cère. Peut-on véritablement se mentir à soi-même, et surtout se prendre à ses propres mensonges ? Peut-être juste assez po
48 ce que beaucoup continuaient d’appeler sincérité et qui me devenait inintelligible en même temps qu’odieux. Au hasard de
49 erche) : Puissiez-vous avouer moins de sincérité et montrer plus de style. (Georges Duhamel.) … Nous ne sommes pas, nous
50 on nommera cela de l’hypocrisie. Soit, j’accepte. Et aussitôt j’annonce : Éloge de l’hypocrisie Non, non !… Debout d
51 , je t’avais déjà invoquée, hypocrisie consolante et libératrice. Mais tu m’offrais un visage un peu crispé, signe d’une i
52 visage un peu crispé, signe d’une ironie secrète et pour moi douloureuse encore. Pitoyable, trop visiblement, tu prêtais
53 ie : chaque chose proposait une ferveur nouvelle, et chaque être un plus prenant sourire. Cependant que ma joie — un état
54 ce que momentanément je choisissais de laisser — et des baisers à tous les vents — qu’il eût été loisible d’attribuer com
55 re, on entretient comme une arrière-pensée sagace et obstinée l’assurance d’une continuité entre ses actions et ses désirs
56 ée l’assurance d’une continuité entre ses actions et ses désirs, un quant-à-soi qui ne gêne aucun geste, mais incline disc
57 un geste, mais incline discrètement les décisions et les rend complices d’un dessein logique, peut-être lointain, en quoi
58 a plus réelle de l’individu — en dehors du corps. Et ce ne sont point là jeux d’idées et jongleries verbales. Regards au-d
59 ors du corps. Et ce ne sont point là jeux d’idées et jongleries verbales. Regards au-dessus de l’amour ! Voir l’heure à la
60 ’heure à la pendule pendant l’étreinte d’un adieu et calculer rapidement le retour à une fidélité plus profonde. Fidélité
61 une honnêteté peut-être plus réelle que l’autre. Et l’on conçoit que ce constant et secret assujettissement au moi idéal
62 elle que l’autre. Et l’on conçoit que ce constant et secret assujettissement au moi idéal exige une politique des sentimen
63 l exige une politique des sentiments plus subtile et , je pense, moins vulgaire que cette agilité offensive qu’on appelle d
64 ive qu’on appelle dans la vie publique arrivisme, et séduction dans les salons. Constater une faiblesse, c’est toujours u
65 me directement dans notre langage statique. 3. «  Et certes quand il s’agit de parole ou d’écriture, l’affirmation prouve
3 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Billets aigres-doux (janvier 1927)
66 au sourire absent, Or luisant, terreau qui fume… Et tu laisses, ô col roide, En souffrance mes baisers. L’amour est u
4 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Conte métaphysique : L’individu atteint de strabisme (janvier 1927)
67 ait compté jusqu’alors que d’authentiques avocats et un chapelier dont tous s’accordaient à dire qu’il ne péchait que par
68 se caresse lumineuse la chevelure rouge d’Urbain, et son nez, lequel, par ses dimensions remarquablement exagérées, lui va
69 lait le surnom de Bin-Bin. Urbain ouvrit les yeux et ne vit rien. On rappelle que les étoiles s’étaient décrochées de leur
70 le printemps désormais rendra le ciel plus pâle, et nous irons chercher dans le souvenir les vent-coulis de la mort. Garç
71 is l’étoile chantait dans l’axe de sa vie normale et s’approchait en faisant la roue — celle à qui sourit la Fortune. Urba
72 a Fortune. Urbain, fort d’une hérédité judiciaire et française, dédaigna des avances que la perte de son sens de l’éternel
5 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Dans le Style (janvier 1927)
73 circulaire pour Paul Morand, auteur de « Lewis et Irène » L’auteur de maint roman de caractère gras quitte Charing-Cro
74 e : … Irène. (Grasset, 1924… … y compris la Suède et la Norvège.) On lit dans les Nouvelles littéraires , du 8 janvier
75 ire général du ministre des Affaires étrangères ; et pour la mariée : Son Excellence M. Diamanty, ministre de Roumanie à P
6 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Lettre du survivant (février 1927)
76 uicider, d’autant plus que vous n’y croirez pas — et pourtant… Il faut aussi que je vous dise qu’il fait très froid dans m
77 très froid dans ma chambre : le feu n’a pas pris, et d’ailleurs cela n’en vaut plus la peine. (Veuillez ne pas voir dans c
78 s ai oubliée. Puis je vous ai revue, aux courses, et c’est là que j’ai découvert que vous existiez en moi, à certain désag
79 arracher à une obsession secrètement attirante ; et je pensais que la force de mon désir était telle que vous en éprouvie
80 es regards croisés n’avaient aucune signification et que mon anxiété seule leur prêtait quelque intention. Quand enfin l’o
81 ut près de vous. Mon ami me fit un signe discret, et déjà il se préparait à vous rendre attentive à ma présence… Mais, alo
82 Je venais d’entrevoir l’image d’un couple heureux et banal, votre sourire répondant au mien, comme on voit au dénouement d
83 comme on voit au dénouement des films populaires et sur des cartes postales illustrées. Déjà la foule des danseurs nous s
84 ait. Je sentis une invincible lassitude me saisir et m’assis à l’écart. On me demandait, en passant, si j’étais malade. Je
85 œur. L’aube parut. On éteignit toutes les lampes, et les couples charlestonnaient plus furieusement dans l’ombre livide, a
86 furieusement dans l’ombre livide, aux cris fêlés et déchirants des saxophones. Sortie dans un matin sourd, frileux, qui a
87 désordre où je venais de jeter mon col de smoking et un œillet, pauvre gentillesse d’une autre femme dont le seul défaut f
88 aimer… (Froid aux genoux, odeur de vieille fumée, et ce refus au sommeil qui meurtrit jusqu’à l’âme.) Convulsions d’orifla
89 rs. « Vers 4 heures, me disais-je elle y entrera, et , me glissant auprès d’elle, je pourrai lui dire très vite quelques mo
90 de dix personnes s’engouffrait dans la cage rouge et or et s’élevait, j’éprouvais un petit arrachement, comme précisément
91 personnes s’engouffrait dans la cage rouge et or et s’élevait, j’éprouvais un petit arrachement, comme précisément un enf
92 Je me disais encore : Si je prends cet ascenseur et que je la croise en route dans l’ascenseur descendant… Il aurait fall
93 e-là qui venait de tourner à l’angle de cette rue et qui avait votre démarche. Mais, pendant ce temps, vous pouviez paraît
94 mon désir surmené vous appelait encore, haletant. Et le temps passait, à la fois si lent — jusqu’à l’arrivée du prochain m
95 eau, les jambes fatiguées, les paupières lourdes, et ce chant désespéré qui vous appelait, assourdissant mes pensées ; et
96 ré qui vous appelait, assourdissant mes pensées ; et ces élans réticents, maladroits, contradictoires… Un autobus de luxe
97 sifflement particulièrement doux pour ma fatigue, et ces gens pressés et songeurs respectaient la folie douloureuse qui de
98 èrement doux pour ma fatigue, et ces gens pressés et songeurs respectaient la folie douloureuse qui devait contracter mon
99 ue je mêlais à mes pensées des fragments de rêves et les personnages des affiches, tout en marchant sans fin dans les coul
100 ntes. Je voyais avec une sombre joie les employés et les voyageurs s’inquiéter. Bientôt on m’entraîna de force sur un trot
101 ouviens plus que de cette déception insupportable et définitive de mon désir. Je ne vous en accuse pas. À peine si je puis
7 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Orphée sans charme (février 1927)
102 eau dans la préface des Mariés de la tour Eiffel. Et une note d’Orphée précise : « Inutile de dire qu’il n’y a pas un seul
103 tre que la poésie consiste à écrire une phrase ». Et cette phrase, c’est un cheval savant qui la lui a dictée : « Madame E
104 r les surréalistes, donnés à la fois comme poèmes et comme dictées de l’inconscient, au fond desquels on a si vite fait de
105 le psychanalyste. Je pourrais poursuivre le jeu. Et puis, il y a aussi des sortes de calembours… Art chrétien, a-t-on di
106 rincipes chers à l’auteur du Secret professionnel et de la préface des Mariés — principes dont l’énoncé brillant et défini
107 ace des Mariés — principes dont l’énoncé brillant et définitif restera l’un des titres les plus authentiques de Cocteau. P
108 itres les plus authentiques de Cocteau. Précision et relief du dialogue, ingénieuse utilisation des expressions courantes,
109 cteau ait réalisé là exactement ce qu’il voulait. Et pourtant cette admirable machine ne m’inquiète guère : je sais qu’ell
110 .) 5. M. Zimmer, dans la Gazette de Lausanne . Et même il appelait Orphée « une tragédie de l’amour conjugal ». Vraimen
8 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). L’autre œil (février 1927)
111 nous ne sommes pas de ces gens qui croient que 2 et 2 font 22, et qui confondent Jérôme et Jean Tharaud ! » Il y a des so
112 s pas de ces gens qui croient que 2 et 2 font 22, et qui confondent Jérôme et Jean Tharaud ! » Il y a des soirs où tout ça
113 ient que 2 et 2 font 22, et qui confondent Jérôme et Jean Tharaud ! » Il y a des soirs où tout ça semble idiot. Il y a des
114 ù une idée de la responsabilité s’empare de nous. Et nous calculons qu’il s’agit de déranger 5000 personnes en huit soirée
115 ’agit de déranger 5000 personnes en huit soirées, et de les occuper quatre heures durant… Mais la vision, rapidement entre
116 , lugubrement fardée, l’haleine mauvaise, édentée et tâchant à prendre un accent anglais d’un comique assez macabre. Ses d
117 e spectacle que celui d’une maîtresse jadis belle et diserte qui tombe au ruisseau en prononçant de séniles calembours… Pé
118 onstre. Ils se réunissent parfois autour d’un feu et le contemplent un certain temps en silence. « Well ! », dit enfin Dar
119 oul amène un scénario né entre deux cafés-nature, et presque sans qu’il s’en soit rendu compte. Clerc entrevoit un projet
120 n projet à deux faces. Lugin, qui est théologien, et de la Tchaux, n’a pas la foi. Topin, Mahomet désabusé, constate que j
121 mme Mossoul. Pourtant, au milieu de ce paludesque et stérile consistoire, une idée de génie vint s’asseoir certaine nuit.
122 upe toute la largeur de la scène. Titre : Socrate et Narcisse, un acte à grande figuration. » Enfin l’on joua aux petits d
123 ’on joua aux petits dés le sort de notre parade — et l’on gagna. Enthousiasmé, « Mimosa » partit pour la Riviera afin de n
124 Synovie », parade « née du mariage de nos veilles et de nos rêves », ainsi que le disait si poétiquement le programme. Un
125 x actrices, M. Grosclaude son fils Lucas Loukitch et une mise en scène fort ingénieuse qui permit à Mossoul de se perdre d
126 ore. À La Chaux-de-Fonds, il y eut trente membres et cent doigts dans deux lits. Combien cela fait-il de pieds et d’oreill
127 gts dans deux lits. Combien cela fait-il de pieds et d’oreillles ? À signaler la fuite de Bec-de-Gaz, lequel s’éteignit da
9 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Entr’acte de René Clair, ou L’éloge du Miracle (mars 1927)
128 ilm d’avant-guerre ; un film japonais ; Entr’acte et le Voyage imaginaire, de René Clair. La Mort de Phèdre (environ 1905
129 uit par trois ou quatre claques sur la poitrine ; et une crise intérieure par un court accès de danse de Saint-Guy. Art cl
130 un petit bateau de papier, sur fond de boulevards et parmi les toits flottants, c’est assez tragique. Mitrailleuse de phar
131 esques à trois dimensions mêlées avec une lenteur et une perfection dont une brève vue verticale donne la clé… Un enterrem
132 s dételé. Les amis affligés mangent les couronnes et suivent à grands sauts lents, solennels. Ils revoient la danseuse, fo
133 stre dont la baguette éteint tous les personnages et lui-même. ⁂ Le tout ne dure pas 20 minutes. Et c’est heureux. Nous ma
134 es et lui-même. ⁂ Le tout ne dure pas 20 minutes. Et c’est heureux. Nous manquons d’entraînement dans le domaine du mervei
135 ns le domaine du merveilleux moderne. Un peu plus et nous demandions grâce de trop de plaisir. Mais je ne suis pas sûr que
136 her d’admirer l’utilisation artistique ingénieuse et précise de certaines théories sur le rêve, le peuple, qui n’a pas vu
137 le résultat avec la naïveté qu’il faut, approuve et dit : « C’est bien ça, c’est comme quand on rêve. » Un des défauts d’
138 presque inévitables dans une production de début, et Entr’acte mérite d’être ainsi qualifié : c’est peut-être le premier f
139 acteur. Un mouvement ne souligne pas, il exprime, et se suffit. Mais comme pour le film 1905, on a sans cesse envie de cri
140 René Clair un sens du miracle assez bouleversant. Et je ne parle pas du miracle genre conte de fée, comme le Voyage imagin
141 le réel ; ce n’est pas encore un miracle de ciné. Et les fées paraissent vieux jeu avec leur baguette, pour moi qui chaque
142 ère qui la métamorphose ; c’est un temps nouveau, et l’espace en relation se modifie pour maintenir je ne sais quelle harm
143 té aussi réelle que celle dont nous avons convenu et que nous pensions la seule possible. Le monde « normal » nous apparaî
144 rdis, dans un pays d’illuminations vertigineuses, et nous en sommes encore à nous frotter les yeux… Peut-être, quand nos r
10 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Louis Aragon, le beau prétexte (avril 1927)
145 une puissance étrangère s’est emparée de mon être et a saisi les cordes les plus secrètes de mon âme, qu’elle peut faire d
146 on échappé des Enfers — auxquels je crois encore, et pas seulement pour le pittoresque. — Attrape !   Il n’existe pas de t
147 lendide comme un éclat de rire de condamné à mort et à l’éternité. Le diable avait pris des avocats dont les plaidoyers, t
148 s plaidoyers, tissus des mensonges les plus beaux et des plus mélodieuses palinodies, font encore rêver les anges écœurés
149 élodramatique, d’une voix torturée, hurle au pape et au diable un anathème sanglant. Louis Aragon, avocat de l’infini, ann
150 omprends pas ». On dit : « Je ne comprends pas », et l’on pense : « C’est donc incompréhensible ». On dit : « C’est incomp
151 nsible ». On dit : « C’est incompréhensible ! » — et l’on est enfin rassuré. C’est incompréhensible !, trois mots dont l’
152 se de la loi sociale, patriotique, religieuse (?) et ci-devant morale qui protège votre paresse à concevoir en esprit. Ces
153 is mots vous ont délivré du plus absurde malaise, et vous rallumez votre cigare. Vous vous êtes assuré que la porte ferme
154 chambre du ciel. À travers l’amour ou la poésie — et d’autres, à travers les déserts de la sainteté que hantent les fantôm
155 dorables du désir, — quelques hommes y pénètrent, et le goût de s’amuser ne renaîtra plus en eux. Ni même celui de souffri
156 mépris de l’honneur, le mot de Cambronne prodigué et des phrases d’un fascinant éclat : « Ô grand Rêve, au matin pâle des
157 de craie où t’accoudant tu mêles tes traits purs et labiles à l’immobilité miraculeuse des statues7. » Il s’agit bien de
158 e des tentatives de libération les plus violentes et belles — malgré tant de maladresses dédaigneuses, de bravades et de f
159 gré tant de maladresses dédaigneuses, de bravades et de faciles tricheries8 — qu’ait connue l’esprit humain. Sens de l’Abs
160 se rendaient sans cesse à l’échelle de l’infini, et cet infini nous écrasait. Comment aurions-nous accepté le sort commun
161 eu d’expression plus haute de l’angoisse humaine, et vous aurez beau rire, pharisiens, et dire qu’elle est née dans un caf
162 sse humaine, et vous aurez beau rire, pharisiens, et dire qu’elle est née dans un café de Paris. « Je n’attends rien du mo
163 rien de rien. » Riez-en donc, pantins officiels, et vous repus, et vous, dubitatives barbes. Je viens d’entendre la voix
164 » Riez-en donc, pantins officiels, et vous repus, et vous, dubitatives barbes. Je viens d’entendre la voix d’un mystique.
165 omètre eût indiqué 39° selon toute vraisemblance. Et voici Aragon revêtu d’une dignité tragique qu’il trouverait sans dout
166 la part de littérature que renferme cette œuvre, et qui fait, en dépit des prétentions désobligeantes de l’auteur, son in
167 véritablement désespéré. Un Musset moins frivole et plus pervers, moins sentimental et plus sensuel, moins spirituel et p
168 moins frivole et plus pervers, moins sentimental et plus sensuel, moins spirituel et plus cinglant. Au lieu de vin doux,
169 oins sentimental et plus sensuel, moins spirituel et plus cinglant. Au lieu de vin doux, on nous sert des cocktails (un Mu
170 un Musset, seulement transposé dans notre siècle et chez qui tout est devenu de quelques degrés plus violent, plus acerbe
171 lus violent, plus acerbe, plus profond. En somme, et avant tout, un écrivain, un bel écrivain, comme on dit. Et qui sait t
172 tout, un écrivain, un bel écrivain, comme on dit. Et qui sait tirer un admirable parti littéraire de son tempérament vif,
173 parti littéraire de son tempérament vif, insolent et ombrageux. « J’appartiens à la grande race des torrents. » Une belle
174 pourrait l’oser dire comme Aragon sans ridicule. Et ce que je prenais pour le ton prophétique, ne serait-ce pas plutôt un
175 ottisme assez fréquent dans les cafés littéraires et dont il serait le premier à s’amuser ?   Février 1927. Relu Une vague
176 ’amuser ?   Février 1927. Relu Une vague de rêves et la préface de Libertinage. Sous une certaine rhétorique — mais la plu
177 torique — mais la plus belle, — ce qui tressaille et m’atteint au vif, c’est tout de même un désespoir en quoi je ne vais
178 manuels de littérature — : « Un mysticisme creux et affamé est le contrecoup du christianisme dans les âmes profondes ou
179 tout de même moins misérable que Clément Vautel — et si ce nom revient sous ma plume, comme une mouche qu’on n’a jamais fi
180 nous tromper sur ce qu’il y a de profond en nous, et elle ne manque guère à ce devoir sacré. » (Edmond Jaloux.) Entre un
181 mes revus. Mais je suis vos travaux avec intérêt, et il m’a paru que depuis quelque temps… enfin, comment dirais-je… je me
182 -ci, beaucoup trop à faire, beaucoup trop d’êtres et de choses à aimer, et vous savez ce que cela suppose. Comprenez-moi :
183 aire, beaucoup trop d’êtres et de choses à aimer, et vous savez ce que cela suppose. Comprenez-moi : submergés, absolument
184 , sans se demander jamais si cela ne condamne pas et la santé et la raison. Il s’est trouvé des Maurras et autres « hériti
185 mander jamais si cela ne condamne pas et la santé et la raison. Il s’est trouvé des Maurras et autres « héritiers de la gr
186 a santé et la raison. Il s’est trouvé des Maurras et autres « héritiers de la grande tradition gréco-latine » pour assigne
187 fois dévote, phraseuse, sèche, d’humeur acariâtre et réactionnaire. Vous tracez des frontières géographiques à la raison ?
188 vos principes. Avec l’esprit contre votre raison. Et avec Aragon lorsqu’il vous crie : « À bas le clair génie français. »
189 anifestation de ce divorce radical entre l’époque et les quelques centaines (?) d’individus pour qui l’esprit est la seule
190 parer du concept de l’esprit celui de Révolution. Et j’entends ce mot dans son sens le plus vaste. Il y a eu quatre-vingt-
191 notre petite révolution à nous, dans tel domaine. Et c’est même ceci que je ne puis pardonner aux surréalistes : qu’ils ai
192 , Montaigne, Descartes, Schiller, Voltaire, etc., et tout ce qui leur correspond dans l’ordre politique par exemple. Parce
193 s libérer de cette manie française, la politique, et ne voyez-vous pas que c’est faire le jeu de vos ennemis de discuter a
194 vos ennemis de discuter avec eux dans leur langue et de crier rouge pour la simple raison qu’ils ont dit blanc ? Pensez-vo
195 n si authentiquement, si déplorablement français. Et puisque nous en sommes au surréalisme, ce produit parisien qui, comme
196 ivre ailleurs… Mais non, il y aurait trop à dire, et puis l’on croirait encore que je suis avec ceux qui traitent Aragon,
197 que je suis avec ceux qui traitent Aragon, Breton et leurs amis alternativement de dévoyés, de farceurs, de chacals, de dé
198 de dévoyés, de farceurs, de chacals, de déments. Et puis surtout, l’heure est venue de clore des discussions énervantes o
199 uit sans cesse par la quatrième dimension. Aragon et les surréalistes auront raison même encore s’ils ont tort, envers et
200 auront raison même encore s’ils ont tort, envers et contre toutes les critiques qu’on pourrait leur adresser, parce que c
201 ls appellent la mort, parce qu’ils ont la passion et l’incommunicable secret de l’invention.   Il nous faut des entreprene
202 nd principe de violence commandait à nos mœurs. … et nous portant dans nos actions à la limite de nos forces, notre joie p
203 e qui prétendait nous empêcher de vivre, de rêver et de souffrir : culte du moi avec ses recettes garanties, chapelets d’o
204 apelets d’optimisme, tyranniques évidences, ordre et désordre, principes de Descartes, mathématiques aux pinces de crabe,
205 — on ne m’y prendra plus ! — morales américaines et hygiéniques en tous genres, instruction publique, situations acquises
206 es, sièges faits, autorités fondées sur la gloire et la sénilité, etc., etc. Et certes ce n’étaient pas des êtres, mais le
207 fondées sur la gloire et la sénilité, etc., etc. Et certes ce n’étaient pas des êtres, mais leurs abstractions que nous h
208 s que nous. Nous nous connaissions dans les coins et nous mourions d’ennui avec les aspects irrévocablement prévus de nous
209 que cette révolution ne demandait qu’à s’asseoir et que son siège était fait. Nous aimions la Révolution qui nous perdrai
210 ous aimions la Révolution qui nous perdrait corps et biens dans sa grandeur comme une femme merveilleuse nous perdrait cor
211 comme une femme merveilleuse nous perdrait corps et âme dans l’ivresse amoureuse ; nous cherchions cette Révolution de to
212 cherchions cette Révolution de toutes nos forces et séductions, comme on cherche cette femme à travers toutes les femmes.
213 Il s’y retrouve. » Il pense que c’est bien jeune. Et  : encore un qui rue dans les brancards, c’est très bellettrien. Un di
214 avons tous fait ça Plus ou moins, n’est-ce pas ? Et puis l’aiguille divague vers des souvenirs, quand nous allions tous d
215 quand nous allions tous deux, ces bonnes farces, et aussi pourtant des histoires de copains qui ont mal tourné, on pensai
216 eunesse, mais voyons des affaires plus sérieuses. Et tout est dit. Ah ! c’est vrai, il allait oublier, il y a encore cette
217 s, surréalisme ? — Baptisé il y a cinq ou six ans et mort des suites. Quand cesserez-vous de nous faire la jambe, pardon e
218 noce, écrire un livre de tendances très modernes. Et des gens pour se gausser quand nous écrivons Révolution, et nous offr
219 s pour se gausser quand nous écrivons Révolution, et nous offrir un billet (simple course) pour Moscou, ou encore pour dem
220 ur demander à qui, enfin, à quoi nous en voulons, et finalement nous écraser par l’évidence définitive de notre absurdité.
221 é. Car l’homme « s’est fait une vérité changeante et toujours évidente, de laquelle il se demande vainement pourquoi il n’
222 d’éclairs qui nous atteignent sans cesse au cœur et nous revêtent miraculeusement d’aigrettes de folies et de joies ; n’a
223 us revêtent miraculeusement d’aigrettes de folies et de joies ; n’allez pas nous toucher, nous sommes dangereux. Un orage
224 rever sur le monde. Aigles d’amours, oiseaux doux et cruels, nous parlerons vos langues aériennes. On n’acceptera plus que
225 ir. 7. Une vague de rêves (dans Commerce). 8. Et malgré certaines théories bien superficielles et hâtives, comme cette
226 Et malgré certaines théories bien superficielles et hâtives, comme cette prétention à la libération par le Rêve. « La lib
227 berté commence où naît le merveilleux. » Au vrai, et surtout pour un homme qui élit Freud « président de la République du
228 rêve. Le rêve, c’est la tyrannie des souvenirs ; et ce n’est pas se libérer que de brasser ces chaînes sonores. 9. Lettr
229 9. Lettre à Paul Claudel. 10. Musset de La coupe et les lèvres. Mais oui, c’est paradoxal. 11. Les livres les plus répan
230 Les livres les plus répandus à Genève sont Ma vie et mon œuvre de Ford et Mon curé chez les riches. Très loin derrière vie
231 épandus à Genève sont Ma vie et mon œuvre de Ford et Mon curé chez les riches. Très loin derrière viennent des France et d
232 es riches. Très loin derrière viennent des France et des Bordeaux. 12. Proust excepté, et dans un domaine plus étroit, qu
233 des France et des Bordeaux. 12. Proust excepté, et dans un domaine plus étroit, quelques esthètes du machinisme. 13. Le
11 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Quatre incidents (avril 1927)
234 avec maîtresse. École savait le mythe du voyage, et qu’on ne manque pas le train bleu d’un désir. Elle était donc venue.
235 renons. » On lui offrit immédiatement un fauteuil et un violon, pour qu’il en joue, au printemps, s’il savait … R.S.V.P
236 a dans le salon de la duchesse, lui baisa la main et l’abattit d’un coup de revolver. Puis s’en fut avec un tact exquis, q
237 . Le duc riait sous une table, complètement ivre, et Bettina lui disait à l’oreille : « Mon chéri, si j’aime la comtesse ?
238 la me donne encore plus de plaisir. » Le duc paya et s’enfuit en disant que ce n’était pas lui. L’enterrement aura lieu sa
239 lomon le danseur triste baisa cette main cruelle… et quitta le bal au matin. Il neigeait dans les rues sourdes comme un so
240 aces du passé. Cet abandon aux fuyantes chansons, et des violons déchirants dans sa tête… Mais le sommeil s’évaporait aux
241 pensive des jardins. Une fenêtre s’était ouverte et des accords échappés tombaient, les ailes coupées. Puis le silence se
242 . Il respire déjà l’odeur merveilleuse des objets et des êtres véritables. Un bateau ne glisse pas plus doucement vers le
243 va s’ouvrir, qu’un monde s’est ouvert devant lui. Et l’eau n’est pas moins somptueuse. Et bien sûr, je n’ai pas bougé. C’e
244 devant lui. Et l’eau n’est pas moins somptueuse. Et bien sûr, je n’ai pas bougé. C’est une question d’amitié. Pourtant je
245 d’amitié. Pourtant je suis seul dès cette heure, et mes amis fuiront un lâche. Parce que je reviens seul. Mais moi, qui r
246 es à de certaines grandes dames où je préférais — et lui aussi — me rendre seul et sans argent. Je ne voulais pas le reten
247 s où je préférais — et lui aussi — me rendre seul et sans argent. Je ne voulais pas le retenir, Je ne pouvais pas le suivr
12 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Récit du pickpocket (fragment) (mai 1927)
248 écit du pickpocket (fragment) (mai 1927)s t … et je jure par Mercure, dieu du commerce, qu’on m’a appris à voler. Ari
249 ). Dès qu’on eut déposé devant Isidore un malaga et une eau minérale devant son étrange convive, celui-ci prit la parole
250 ans, dix ans au plus. Après, c’est un long adieu et le corps se fige à mesure que l’esprit s’établit sur ses positions. O
251 arda longuement. » Mes parents me savaient vierge et c’était la joie de leur vie, car ils aimaient en moi par-dessus tout
252 e qu’il a de plus étrangement prosaïque à la fois et bêtement heureux. Le lendemain était le premier jour du printemps. Le
253 e bleu. Je sortis avec cette femme, qui m’aimait, et nous étions très jolis de bonheur et d’insouciance dans le bonheur de
254 ui m’aimait, et nous étions très jolis de bonheur et d’insouciance dans le bonheur de la saison. — Au soir, mon père savai
255 après un silence vertigineux. Il vit mon sourire et pleura. Alors une rage s’empara de mon corps tout entier, je criai un
256 tout entier, je criai un juron, claquai la porte et courus dans ma chambre. Une demi-heure plus tard, j’étais à la gare,
257 écrivais un mot d’adieu à ma maîtresse d’une nuit et je partais dans une direction quelconque. Il advint que ce fut celle
258 on pays natal ! — Je vécus d’articles sur la mode et la politique, que j’envoyais à divers journaux. Un jour, parcourant u
259 terrasse ensoleillée d’un café ; une brise passa, et une femme en robe bleue légère qui me regarda un instant, si doucemen
260 d’abord qu’un bouquet transfiguré par la lumière et que reflétaient de nombreuses glaces. Les fenêtres que j’ouvris firen
261 oyait la mer, des bateaux, des nuages, une avenue et ses autos rouges, tout un couchant de grand port de la Méditerranée.
262 si envie de pleurer, à cause du soir trop limpide et trop vaste, comme un avenir de bonheur fiévreux — celui justement que
263 ue, toutes les offres du hasard, ce poète immoral et malicieux. » Je ne sais dans quel rapide de l’Europe centrale — régio
264 un monde sans vieilles filles, sans capitalistes et sans gendarmes. Je sais bien ce que vous me direz : Les millions que
265 al avec l’économique, qu’une expression nouvelle, et non dénuée d’ironie, de mon mépris pour ce qu’ils appellent, ridicule
266 ur la gloire de l’Église. (Ici, il but une gorgée et prit un temps.) » Je vous fais grâce, poursuivit-il, de la chronique
267 ivit-il, de la chronique de ma vie de rat d’hôtel et de sleepings ; encore que… Bref, depuis quelques mois, je m’amuse à j
268 er, très souvent ignoré d’elles-mêmes auparavant, et pas toujours défavorable, croyez-le bien… Le goût de la propriété éta
269 ropriété étant à mon sens l’un des plus vulgaires et des plus généralement répandus, j’ai vite fait de classer mon monde d
270 observations théoriques que je tiens pour vraies, et j’en vérifie les manifestations vivantes avec une prodigalité d’épreu
271 rodigalité d’épreuves, contre-épreuves, variantes et enjolivures où je vois le véritable intérêt de ma vie. C’est vous dir
272 eait à émettre une opinion, même la plus générale et la moins compromettante, sur cette vie dont le récit n’avait pas lais
273 elle m’apparaît comme un divertissement perpétuel et dénué d’inquiétude. Et cela n’est pas sans me charmer, croyez-moi. Ca
274 n divertissement perpétuel et dénué d’inquiétude. Et cela n’est pas sans me charmer, croyez-moi. Car, enfin, si je suis ic
275 pas dire inconscience ! qui s’attache à vos faits et gestes. L’on croirait ouïr parfois le récit de quelqu’une de ces farc
276 euvent avoir de « bien jeune », de banal presque, et , pis, d’agréablement paradoxal. Seulement, pour quiconque est aussi p
277 olté » prend une saveur de raillerie assez amère. Et peut-être apprendrez-vous à découvrir derrière certaines de mes plais
278 evue de Belles-Lettres sont propres à leur auteur et qu’elles n’engagent pas sa responsabilité. (N. de la R.) »
13 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Conseils à la jeunesse (mai 1927)
279 ntiques : le goût du suicide, l’habitude de boire et de fumer excessivement, leurs amours, l’égoïsme, le mépris de la réal
280 a réalité, l’exaltation maladive de l’imagination et de la sensibilité, l’atrophie du sens critique sous toutes ses formes
281 s ses formes : raison, jugement, simple bon sens, et l’ignorance systématique, le mépris enfin de tous les principes qui s
282 rise, les valeurs auront retrouvé leur stabilité, et comme M. Albert Muret dont le Journal de Genève parlait naguère, tu
283 t entraîner assez naturellement chez des jeunes «  et qui pensent » ce goût de l’évasion caractéristique de tous les « vice
284 la révolution russe… cet autre fait de la guerre… et puis, tenez ! ce fait surtout de la sacro-sainte Raison utilitaire au
14 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). La part du feu. Lettres sur le mépris de la littérature (juillet 1927)
285 si je dis : « Avez-vous lu… », vous voilà rouge ; et sur moi les foudres de votre paradis poétique. Si je cite tel auteur
286 i cher. Il y en a aussi qui posent pour le diable et ne se baignent que dans des bénitiers : on voit trop qu’ils trouvent
287 rs : on voit trop qu’ils trouvent ça pittoresque. Et le plaisir d’être nu devant un public supposé dévot, et qui n’ose en
288 plaisir d’être nu devant un public supposé dévot, et qui n’ose en croire sa pudeur, et qui doute enfin de l’impossibilité
289 supposé dévot, et qui n’ose en croire sa pudeur, et qui doute enfin de l’impossibilité des miracles ! Quelles voluptés pl
290 ité des miracles ! Quelles voluptés plus subtiles et plus aiguës ? On vaincra jusqu’à sa gueule de bois pour en faire des
291 ’eau un goût étrange. L’eau est incolore, inodore et sans saveur. Mais fraîche. Ainsi, jusque dans votre mépris pour le pi
292 ’allez pas me surprendre par-derrière. Une fois — et ce n’est pas que je m’en vante, — j’ai tué un amour naissant, à force
293 ’il vous plaît. Il est temps de sortir de ce café et de ces jeux, simulacres de vie, qui sont à la vraie vie ce que le fli
294 ses déclarations d’amour. Tel qui raille l’Église et les curés, c’est qu’il se fait une très haute idée de la religion. Ai
295 our dire le fond de ma pensée, je crois ce mépris et cette attente également exagérés. Vous savez bien que nous cherchons
296 ttérature nous est un moyen seulement d’atteindre et de préparer d’autres choses, d’autres actions, ou des états intérieur
297 puissance15. Il faudrait des choses plus lourdes et plus irrésistibles, percutantes. Qui vous échappent en vous blessant.
298 n, comme le goût d’une pierre rêche sur ta langue et grinçante sous ta dent. Des souplesses qui se retournent brusquement
299 ent. Des souplesses qui se retournent brusquement et vous renversent. Des présences tellement intenses que tout se fond ca
300 unicable qu’il deviendrait inutile de la publier. Et même, en passant à la limite, on peut imaginer que si elle était réal
301 haine de cette esthétique ou de ce sens social, —  et voilà qu’ils perdent même la problématique utilité de liaison qui éta
302 états de crise afin de retrouver son équilibre — et dont on tire parfois quelque plaisir, plus rarement, de quoi se payer
303 tit voyage. C’est l’aveu d’une faiblesse secrète. Et c’est une réaction de défense. On cherche un mot, une phrase, pour tu
304 réalité dont la connaissance devient douloureuse et troublante. Ainsi la conscience tue la connaissance. (« Connaissance 
305 ue. Il ne s’agit pas de la connaissance abstraite et rationnelle dont le monde moderne se contente, et qui tend à remplace
306 et rationnelle dont le monde moderne se contente, et qui tend à remplacer, grâce à la mentalité scolaire et primaire en pa
307 i tend à remplacer, grâce à la mentalité scolaire et primaire en particulier, toute connaissance véritable du monde.) Litt
308 ’avoue prendre à cette étude un intérêt bien vif. Et cela fournit un merveilleux sujet de conversation, au café. Dans un s
309 irme que je n’y échapperai pas plus qu’un autre : et qu’un beau soir il faille écrire pour vivre, possible ; mais, pour sû
310 a exprimé : « On publie pour chercher des hommes, et rien de plus. » Chercher des hommes ! Ah ! cher ami, nous ne sommes p
311 n’est-ce pas, à poursuivre une quête de l’esprit. Et vous savez ce qu’elle nous vaut : les mépris, les haines douloureuses
312 ales, ou menaces pour leurs instables certitudes, et qui nous font un péché de notre acceptation des réalités spirituelles
313 ’elle soit le langage chiffré de notre inquiétude et de nos naissantes certitudes, le seul langage peut-être qui nous perm
314 belle histoire, une autre très belle histoire ». ( Et vous verriez à quoi cela peut servir, une citation.) Mais non, cher a
315 de monde ici. 14. Paul Morand, auteur d’Ouvert et de Fermé la nuit, titres également scandaleux. Le Grand Écart, roman
316 ris. Cambronne (général), 1770-1842. Louis Aragon et Paul Éluard, hommes de lettres et poètes surréalistes. Paul Valéry, d
317 2. Louis Aragon et Paul Éluard, hommes de lettres et poètes surréalistes. Paul Valéry, de l’Académie française. Narcisse,
318 nes ». Leurs amours sont des pastiches de Morand, et ils en sont tout fiers : « Il n’y a plus qu’à les écrire ». v. Roug
15 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Les derniers jours (juillet 1927)
319 jours (juillet 1927)w Ces « cahiers politiques et littéraires »17, rédigés par Drieu la Rochelle et Emmanuel Berl, sont
320 et littéraires »17, rédigés par Drieu la Rochelle et Emmanuel Berl, sont — avec la Revue de Belles-Lettres — la seule re
321 langue française où l’on dise la vérité librement et pour elle-même. Nous regrettons de n’en pouvoir citer, faute de place
322 de haine, entre les athées de l’antidémocratisme et les athées du Capitalisme quand il est conscient de soi-même, et les
323 u Capitalisme quand il est conscient de soi-même, et les athées du Socialisme et du Communisme. Tous ceux-là travaillent à
324 onscient de soi-même, et les athées du Socialisme et du Communisme. Tous ceux-là travaillent à l’achèvement d’un certain m
325 tain monde moderne, merveilleuse mécanique sévère et dénuée de tout secours de l’Esprit. Mais un jour viendra où les homme
326 contre le joug atrocement positiviste des Maurras et des Mussolini, des Lénine et des Ford. Alors les hommes hurleront un
327 itiviste des Maurras et des Mussolini, des Lénine et des Ford. Alors les hommes hurleront un affreux besoin mystique. Vous
328 lerez-vous pour les désaltérer, dieux de l’Orient et de l’Occident ? » Certains cris qui nous échappèrent n’avaient pas d
16 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Adieu au lecteur (juillet 1927)
329 radition — en ceci au moins. Nous nous retirons : et ce n’est pas que nous ayons brûlé toutes nos cartouches. Ni que l’ind
330 qui peuvent échapper à un jeune homme moins grave et qui manifeste franchement sa jeunesse. (« Vous vous souciez vraiment
331 qu’il n’en est aucune qui ne soit connue d’avance et stérilisée par la loi, les mœurs et l’habitude. Nous n’avons aucun re
332 nnue d’avance et stérilisée par la loi, les mœurs et l’habitude. Nous n’avons aucun remords d’avoir déçu cette catégorie d
333 lentendus viennent de là. Nous sommes assez sages et assez fous pour ne pas en gémir et pour en accepter les conséquences.
334 es assez sages et assez fous pour ne pas en gémir et pour en accepter les conséquences. Et puis, de temps à autre, voici q
335 as en gémir et pour en accepter les conséquences. Et puis, de temps à autre, voici que nous parvient un signe d’amitié qui
336 ouvertes qui nous consolèrent de tout le reste.   Et maintenant voici Genève et son mystère. Car chaque année, renaissant
337 nt de tout le reste.   Et maintenant voici Genève et son mystère. Car chaque année, renaissant des décombres où s’anéantir
338 naissant des décombres où s’anéantirent l’honneur et la fortune de ses derniers rédacteurs, notre Revue-phénix s’élance av
339 Central de Genève ? Tout est possible : la guerre et la paix, la tradition, l’anarchie, l’ironie, le sentiment, un réveil
340 réveil des vieux, Maurras, Lounatcharsky, la SDN, et même Edmond Gillard, et même, et surtout, un miracle. Et puis, ils on
341 s, Lounatcharsky, la SDN, et même Edmond Gillard, et même, et surtout, un miracle. Et puis, ils ont des vieux un peu là, d
342 charsky, la SDN, et même Edmond Gillard, et même, et surtout, un miracle. Et puis, ils ont des vieux un peu là, du grand A
343 Edmond Gillard, et même, et surtout, un miracle. Et puis, ils ont des vieux un peu là, du grand Arthur-Alfred-Albert au n
344 ins grand Tanner. (On a fait ses preuves, quoi !) Et puis, qui sait, peut-être sauront-ils rallier le dernier disciple du
345 rallier le dernier disciple du Bienheureux Jean… Et puis, en voilà assez pour ranimer la curiosité des plus blasés. Lecte
346 ve. Souviens-toi de la grandeur de ses traditions et ne va pas ajouter à cette lourde charge le poids de nos péchés. Ils s
347 rge le poids de nos péchés. Ils sont bien nôtres. Et nous y tenons, ah ! comme nous y tenons ! x. Rougemont Denis de, «
17 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). « Belles-Lettres, c’est la clé des champs… » (janvier 1929)
348 Lettres, c’est de l’alcool à brûler les cervelles et les réputations. 3. Belles-Lettres n’est compréhensible et légitime
349 utations. 3. Belles-Lettres n’est compréhensible et légitime que dans la mesure où la poésie est compréhensible et légiti
350 ue dans la mesure où la poésie est compréhensible et légitime. 4. Je suis de sang-froid, je dis : Belles-Lettres est essen
351 ment que par des cris. 5. Avec toutes les erreurs et turpitudes que cela comporte, Belles-Lettres est une liberté. Une rud
352 foi ne connaîtront pas de pardon. Car ils ont vu, et s’ils n’ont pas cru, c’est qu’ils sont foncièrement mauvais.) 6. Peu
353 Belles-Lettres est en agréable odeur à l’Éternel et à Satan pareillement. Et ceux qu’elle enivre entrent en état de grâce
354 réable odeur à l’Éternel et à Satan pareillement. Et ceux qu’elle enivre entrent en état de grâce ou de blasphème, selon.
355 te d’abord, n’est-ce point de se livrer, purement et simplement. 7. (Secret). y. Rougemont Denis de, « Belles-Lettres,
18 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Prison. Ailleurs. Étoile de jour (mars 1929)
356 ance aux lents vertiges Quand la nuit s’effeuille et se fane prisonnier d’une saison morte au tombeau des fleurs obscures
357 Il naissait à son destin des rayons glissent et rient c’est la caresse des anges parmi les formes de l’ombre C’étai
358 nges parmi les formes de l’ombre C’était l’aube et le sourire adorable de savoir la dansante liberté d’un désir à sa nai
19 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Souvenirs d’enfance et de jeunesse, par Philippe Godet (avril 1929)
359 Souvenirs d’enfance et de jeunesse, par Philippe Godet (avril 1929)aa Quand avec un air f
360 tera l’un des rares qui ont réussi à se connaître et que cela n’a point stérilisé : sa nature, il est vrai, s’y prêtait, p
361 sa nature, il est vrai, s’y prêtait, peu complexe et comme réduite à deux dimensions ; la conscience ne pouvait y tuer un
362 une clairvoyance singulière, mes propres limites, et j’ai eu la sagesse de ne rien tenter au-delà ». C’est le comble de l’
363 Mais on n’en demande pas tant dans les familles. Et qu’importe si la perspective manque souvent à ces récits : ce n’est p
364 st élégant. Mais comme tout cela manque de chair. Et de rêve. Est-ce qu’en ce temps-là on ne se nourrissait vraiment que d
365 nourrissait vraiment que de petits mots d’esprit et de malices ? Noisettes et cornichons ? aa. Rougemont Denis de, « [
366 de petits mots d’esprit et de malices ? Noisettes et cornichons ? aa. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Philippe God
367 Compte rendu] Philippe Godet, Souvenirs d’enfance et de jeunesse  », Revue de Belles-Lettres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fr
20 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). L’ordre social. Le Libéralisme. L’inspiration (novembre 1929)
368 xpliquait le monstre, les chaires le dénonçaient, et les précieuses trouvaient cela d’un romantisme ! ma chère, d’un mauva
369 des ailes qui donnent des rhumes à ton grand-père et sont en scandale aux meilleurs esprits ? Voici que tu t’apprêtes visi
370 , les autres disaient qu’il n’y a plus de morale, et ces jeunes gens ont une façon de trancher les questions qui vous désa
371 e orientale. Aussitôt la discussion de reprendre, et l’on parla défense de l’Occident. L’ange s’enfuit par l’un des nombre
372 — sans résultat —, il écrivit une adresse réelle, et mit la lettre dans la première boîte venue. Le lendemain, il reçut un
373 amie Joséphine. » — Le poète reprit son manuscrit et conclut : « L’inspiration est le nom qu’on donne en poésie à une suit
21 1930, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Les soirées du Brambilla-club (mai 1930)
374 plement germanique. L’Allemagne, c’est la Poésie, et la France c’est la Chambre des Députés, je n’en veux pas démordre, et
375 a Chambre des Députés, je n’en veux pas démordre, et la Légion d’honneur — je vous la laisse, la Légion d’honneur. Quand v
376 ez un taxi passé onze heures, c’est double tarif, et pourquoi ? Regardez : à côté de vous, si vous êtes seul, un fantôme,
377 aissance, pourvu qu’on sache un peu d’allemand, —  et l’allemand littéraire y suffit. Pour moi, je ne me sens pas trop emba
378 t toujours le fantôme de l’Odéon qui m’accompagne et nous ne disons presque rien, nous savons les mêmes histoires et nous
379 ons presque rien, nous savons les mêmes histoires et nous avons durant la journée bouquiné dans les mêmes boîtes sous les
380 s boîtes sous les arcades. (Nous ne touchons l’un et l’autre qu’aux traductions ; le reste, les livres de M. Maurois par e
381 e sens mon esprit qui se dégrade assez rapidement et se dissout dans une sentimentalité exquise, navrante. Il reste de s’a
382 fé pour y boire à petits coups une amertume acide et tiède comme l’adolescence, un désespoir de nuit d’été sous le tilleul
383 secret tremblement. Nous embarquons Jean Cassou, et le fantôme se fait aussi négligeable que possible, pratiquement invis
384 uscule voiture. Déjà nous traversons la nuit rose et violette de Montparnasse. Là, l’insondable lubie d’un agent nous immo
385 voisin de table, l’arrivée des Mongols dans Paris et leurs établissements Place de la Concorde. Notre conteur est vêtu de
386 rouge ». On assure qu’il possède encore une harpe et un piano près des étoiles, et qu’il est « pittoresque », cas déplorab
387 de encore une harpe et un piano près des étoiles, et qu’il est « pittoresque », cas déplorable, s’agissant d’un poète auth
388 t toute relative aux modes de « vie » bourgeois ; et puis la, comédie n’est pas mon fort, même la triste. Je n’aime plus q
389 us que les choses lentement émouvantes, monotones et aiguës, comme la pluie dans les campagnes au printemps. Ou encore : c
390 un des plus profonds mystères de notre condition, et je ne crois pas trop absurde d’y chercher l’origine non seulement des
391 ffes de son égoïsme à la souris qu’un chat subtil et ironique feint de lâcher pour mieux croquer. Pourquoi ne pas se perdr
392 ne tarde pas à se produire : des aboiements fous et une effusion de lumière basse, rougeoyante, campagnarde. ⁂ La sauce e
393 u’on parle, en art culinaire, du style d’un rôti, et en cuisine littéraire, de pensers mis à toutes sauces. Si M. Thibaude
394 pas de mangeaille : c’est tout de suite écœurant et prétentieux. Je suis de ceux qui mangent sans faire d’histoires. Je r
395 ace d’une assiette pleine : l’occupation agréable et essentielle qui consiste à divise ; pour mieux l’engloutir — ainsi qu
396 nommer tous les officiants visibles ou virtuels, et cela pour différentes raisons, la plupart suffisantes. Francis de Mio
397 Albert Béguin, André Würmser, Théobaldus Bombast et Mlle Monnier sont là. Jacques Chenevière pourrait très bien être là,
398 nse à Genève, reprend aussitôt de la consistance, et dans son trouble apparaît toute parcourue d’adorables roseurs boréale
399 ollonne, ce qui revient au même. Une femme fatale et un grand incompris sont là. Enfin, Jean Cassou, représentant Mgr le m
400 dessert, chacun y va de son petit miracle. Jaloux et Dick conversent en danois. Quatre anciens bellettriens célèbrent les
401 ouvre une de ces parenthèses dont il a le secret, et dans laquelle la rédaction s’empresse de faire rentrer la partie la p
402 aples où il habitait alors, abandonnant sa femme, et se mit à errer dans les campagnes, en quête de l’inspiration qui le f
403 sous les treilles, divaguait sous la lune, hagard et fiévreux, mais comme abandonné par la grâce. Ce vagabondage désespéré
404 rs semaines, au terme desquelles, épuisé de corps et d’âme, et n’ayant pas écrit une seule note, il se retrouva aux portes
405 s, au terme desquelles, épuisé de corps et d’âme, et n’ayant pas écrit une seule note, il se retrouva aux portes de Naples
406 lle œuvre, sur le thème des pleurs de la vieille, et mourut comme il l’achevait. ⁂ Partout où il y a de la musique, de l’
407 . ⁂ Partout où il y a de la musique, de l’Italie et une certaine qualité de désespoir, je retrouve les contes d’Hoffmann.
408 e j’ai quitté cette table écroulée, dans la fumée et les évocations, sous les bouteilles, — et les lampes meurent en jetan
409 a fumée et les évocations, sous les bouteilles, —  et les lampes meurent en jetant une longue flamme. À Venise, sous le bro
410 i. Il y a dans les marronniers noirs des lampions et des touffes de gamins qui regardent avec la bouche ce qui se passe à
411 de Tannenbourg, drame en 15 tableaux, un prologue et une conclusion. Le carton des armures sonne sourdement sous les coups
412 impeccable, avec toujours les mêmes notes fêlées et l’accompagnement dans les feuillages de voix fausses mais aériennes,
413 grand verre de bière à l’auberge déserte, ma pipe et mon chien qui bougonne. La petite maison du colonel en retraite a des
414 lie ? Sans doute celle qui dort dans la mansarde, et qui n’a pas peur… ⁂ Le reste de la vie, c’est toujours entre deux voy
415 lement dans un hôtel tragi-comique en cinq étages et un prologue ou vestibule, plein de bruits de lavabos et de coups de c
416 prologue ou vestibule, plein de bruits de lavabos et de coups de cloche débile au corridor, — à Paris. Bientôt… Mais il e
417 fariboles un terme19. J’ai du solide à équarrir. Et auparavant, j’aimerais lire un peu. Mes auteurs ? Goethe en tout temp
22 1930, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Le Grand Testament de Villon, illustré par Marcel North (juin 1930)
418 on trait cerne une poésie ingénue, à la fois drue et délicate comme tout ce qui est vraiment « naïf ». La fleur qui croît
419 prend dans ces gravures une réalité si touchante et si naturelle qu’on ne peut s’y tromper : la grâce de l’enfance anime
420 imagination, guide encore cette main déjà experte et malicieuse. Ce que j’aime ici, c’est un ravissant concours d’ingénuit
421 aime ici, c’est un ravissant concours d’ingénuité et d’observation ironique, et cette netteté que les primitifs savent all
422 t concours d’ingénuité et d’observation ironique, et cette netteté que les primitifs savent allier à la simplification la
423 la simplification la plus délibérée. Gros évêques et ribaudes, pages farceurs et « mélancoliques » circulent dans ces comp
424 libérée. Gros évêques et ribaudes, pages farceurs et « mélancoliques » circulent dans ces compositions parmi les allégorie
425 rmi les allégories barbares d’un ciel bon enfant, et dans ce truculent petit monde, Marcel North et l’escholier François s
426 t, et dans ce truculent petit monde, Marcel North et l’escholier François s’entendent comme larrons en foire. Certes, l’a
427 s ce qu’elles ont d’un peu grêle : leur jeunesse… Et si la composition s’amuse parfois à boiter — à côté de parfaites réus
428 nt dans les coins, bonshommes, fleurettes drôles, et ce violoneux qui tire son archet sur des rayons de soleil… Bravo, Mar
23 1932, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). La pluie et le beau temps (Dialogue dans une tête) (1932)
429 La pluie et le beau temps (Dialogue dans une tête) (1932)ae af Lord Artur. —
430 — Lord Artur, je ne suis pas une mauvaise femme, et si vous n’étiez pas si retors, vous verriez bien que je ne suis pas p
431 doucement frémir de rage ; ils aiment s’obstiner et c’est pourquoi nous aimons leur échapper. Vous êtes bien injuste avec
432 ochez d’être méchante : je suis à peine coquette, et vous savez que c’est un plaisir qu’on ne peut pas nous refuser ; du r
433 le d’aimer, ou seulement une apparence adorable ? Et voici cette question : Aimez-vous mieux la pluie ou le beau temps ?
434 ! comme c’est drôle ! C’est moi qui fais la pluie et le beau temps. Lord Artur. — Certes, la réponse serait sage, si seul
435 en vérité, que signifient pour vous le beau temps et la pluie ? Est-ce que c’est rire et pleurer ? Est-ce que c’est le bon
436 le beau temps et la pluie ? Est-ce que c’est rire et pleurer ? Est-ce que c’est le bonheur et la tristesse ? Est-ce que vo
437 est rire et pleurer ? Est-ce que c’est le bonheur et la tristesse ? Est-ce que vous préférez l’un à l’autre ? Sonnette. —
438 urquoi les mots vous paraissent simples, évidents et indifférents. C’est pourquoi vous admettez que « beau » temps est le
439 au » temps est le contraire de « mauvais » temps, et vous n’avez jamais cherché ce que doit être le « bon » temps, ni si l
440 bonheur peut exister en dehors de la souffrance, et même qu’il est le contraire de la souffrance. C’est pourquoi vos rêve
441 u temps. Écoutez-moi bien, Sonnette : Vos actions et vos pensées, votre conception de l’amour se réfèrent en vérité à une
442 fèrent en vérité à une carte postale en couleurs. Et non pas à la réalité. Car vous n’aimez pas réfléchir à la souffrance.
443 s la pluie. L’herbe était pleine de sales limaces et de petits escargots, et les framboises humides avaient un délicieux g
444 t pleine de sales limaces et de petits escargots, et les framboises humides avaient un délicieux goût fade. Je rentrais to
445 ère de mes genoux griffés comme ceux des garçons, et le soir quand on me faisait souhaiter dans ma prière « qu’il fasse be
446 étien pour comprendre quoi que ce soit à la pluie et au beau temps. Lord Artur. — J’ai toujours estimé, Sonnette, que vou
447 ue c’est que le beau temps. Si vous étiez païenne et que vous adoriez la lumière, le beau temps vous serait un Dieu rendu
448 le beau temps vous serait un Dieu rendu visible ; et votre « bonheur » rien de plus que l’un des noms de sa présence. Mais
449 ce des choses pour renaître au centre de l’homme. Et , dès lors, de tous les événements qui paraissent autour de nous, aucu
450 ment distinguer en toi-même leur convenable sens. Et quand tu connaîtras où se situe leur lieu, établis en ce lieu la deme
451 ller bâtir une ville là où il trouverait la pluie et le beau temps, il rencontra en Italie une courtisane qui pleurait ; e
452 rencontra en Italie une courtisane qui pleurait ; et en ce lieu bâtit la ville de Crotone. Sonnette. — J’aime vos histoi
453 l’achevé d’imprimé :] « Relativement à « La pluie et le beau temps » de Salomon de Crac, tous droits demeurent réservés pa
454 mbre 1931. » ae. Rougemont Denis de, « La pluie et le beau temps (Dialogue dans une tête) », Revue de Belles-Lettres, La
24 1933, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Petites notes sur les vérités éternelles (1932-1933)
455 es conditions de la vérité sont, elles, immuables et éternelles… (p. 12). Les conditions de la vérité sont donc éternelle
456 qui planerait au-dessus des vicissitudes du monde et des résultats hautement contradictoires des philosophies. La critique
457 a philosophie n’allait pas démissionner, purement et simplement. W. James ne disait pas non. Mais quoi ? Laisser tomber la
458 n. Mais quoi ? Laisser tomber la « discipline » ? Et d’ailleurs, une démission de la philosophie eût impliqué, au concret,
459 ur de systèmes. Depuis lors on nous parle du créé et du créant. Mais nous voudrions des créateurs qui parlent.   Peu nous
460 uelles de la vérité qui nous posent un problème, et non pas ses conditions « éternelles ». Nous ne pensons pas qu’il y ai
461 les jeux de société des congrès de mathématiciens et de logisticiens ; et pendant ce temps, c’est à la théologie que nous
462 es congrès de mathématiciens et de logisticiens ; et pendant ce temps, c’est à la théologie que nous irons demander de la
463 à Calvin, comme aussi la position prise par Barth et son école (p. 14). L’adhésion à une pensée nouvelle est-elle suffisam
464 n à Barth n’est pas le fait de la mauvaise humeur et de la mauvaise conscience que fomentèrent en nous les démissions syst
465 us les démissions systématiques de l’historicisme et du psychologisme. Le secret de notre adhésion à Barth est dans la pen
466 on à Barth est dans la pensée de Barth elle-même, et non pas dans je ne sais quelle « réaction ». Et c’est pourquoi nous n
467 , et non pas dans je ne sais quelle « réaction ». Et c’est pourquoi nous ne pouvons pas accepter un instant le rapprocheme
468 ’on nous invite à faire entre barthisme, thomisme et réaction. Barth, croyons-nous, n’a jamais proposé ni prôné de dogmes
469 ce extérieure, dénuement, vision absolument sobre et désillusionnée de la condition humaine) qui est l’état dans lequel la
470 surances humaines contre Dieu, tous les « rites » et toutes les « formules », en même temps que la critique de ces rites e
471 les », en même temps que la critique de ces rites et de ces formules, toutes les idolâtries, que ce soit la croyance antiq
472 s les idolâtries, que ce soit la croyance antique et païenne à la « vertu », à la sagesse et au bonheur, ou la croyance mo
473 e antique et païenne à la « vertu », à la sagesse et au bonheur, ou la croyance moderne et non moins païenne à la valeur a
474 la sagesse et au bonheur, ou la croyance moderne et non moins païenne à la valeur absolue de la logique, de l’histoire et
475 à la valeur absolue de la logique, de l’histoire et des méthodes critiques de M. Goguel ? 3. Si notre civilisation chréti
476 e reprendra sa marche en avant en approfondissant et en élargissant son horizon de pensée. Peut-on dire que notre civilis
477 e horizon de pensée, nous demandons passionnément et lourdement ce que cela peut bien signifier au concret. Ce que cela ve
478 s, c’est là que l’action des hommes devient folle et meurtrière. 4. Il me semble que la tâche de la théologie protestante
479 est de dégager, dans un esprit de libre recherche et de respect pour le passé, les invariants chrétiens tels que le dévelo
480 luthérienne, kierkegaardienne, dialectique… », —  et « loyauté » par « humilité » ? Il me semble qu’alors les invariants c
481 déformation de l’Évangile au contact des humains. Et puis, que ferions-nous en attendant que les théologiens aient mené à
482 giens aient mené à bien leur travail historique ? Et qu’arriverait-il si le résultat en était par exemple, de démontrer qu
483 à venir, mais bien d’un ordre, reçu hic et nunc, et d’une présence, qui juge tout. ag. Rougemont Denis de, « Petites n
25 1935, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). René Guisan : un clerc (1935)
484 lorsque je le voyais dans sa bibliothèque immense et qu’il me parlait avec feu d’actions réelles dont il était l’âme et l’
485 it avec feu d’actions réelles dont il était l’âme et l’agent, non pas en « homme d’action » — cette sotte espèce américain
486 tre ne valent rien dès l’instant qu’on les sépare et qu’on cesse de les mettre en tension. Il n’est d’action créatrice que
487 s. Ces lieux communs, ces évidences fondamentales et sans cesse oubliées de nos jours, je ne les ai vues vraiment vécues c
488 raiment vécues chez nous que par cet homme solide et fin, passionné et précis, au parler vif et sachant écouter, rompu aux
489 z nous que par cet homme solide et fin, passionné et précis, au parler vif et sachant écouter, rompu aux abstractions et s
490 solide et fin, passionné et précis, au parler vif et sachant écouter, rompu aux abstractions et sachant voir, toujours prê
491 er vif et sachant écouter, rompu aux abstractions et sachant voir, toujours prêt à l’accueil le plus ardent mais aussi le
492 ste romand. Vraiment, le souvenir d’une influence et d’une présence aussi directes et essentielles doit nous interdire dés
493 d’une influence et d’une présence aussi directes et essentielles doit nous interdire désormais de considérer que l’esprit
494 é détachée, un refuge hors de la réalité médiocre et basse. Pour Guisan, l’esprit c’était l’acte, l’aide effective apporté
495 es hommes bien réels dans leurs limites reconnues et acceptées. Il me semble que c’est la leçon que nous devons prendre de
496 te de présence au monde est l’achèvement suprême, et non l’humiliation du spirituel. ah. Rougemont Denis de, « René Gui
26 1938, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Le Poète et le Vilain (novembre 1938)
497 Le Poète et le Vilain (novembre 1938)aj ak Le poète disait d’une belle voix d’
498 ons plus guère de mesures pour les choses divines et humaines, si nous savons peser d’invisibles rayons d’énergie. Nos cod
499 rtaine. Tout homme en vaut un autre, dit la loi ; et ce respect vulgarisé touche au mépris. De là vient que le meurtrier t
500 n doit payer quand on le tue, est de 126 vaches ; et en cas d’insulte, on lui doit une indemnité de 6 vaches et 20 pièces
501 d’insulte, on lui doit une indemnité de 6 vaches et 20 pièces d’argent. » Ailleurs, on voit que si le barde adresse une r
502 s vilains ? aj. Rougemont Denis de, « Le Poète et le Vilain », Revue de Belles-Lettres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribo
503 ulu extraire pour nous d’un ouvrage qu’il prépare et qu’il intitulera Doctrine fabuleuse . »
27 1968, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Hölderlin dans le souvenir des noms splendides (1968)
504 e l’absence, — car elle seule attend l’expression et la permet. La poésie serait-elle ce qui subsiste quand on a tout perd
505 age intérieur. Ou moins encore, quelques syllabes et des tirets remplaçant le début ou la fin d’un verset, appels nostalgi
506 ingt ans : Die Linien des Lebens sind verschieden et Das Angenehme dieser Welt hab ich genossen. Et subsistaient aussi cer
507 en et Das Angenehme dieser Welt hab ich genossen. Et subsistaient aussi certaines coupes du verset, ces attaques identique
508 oirs du signe23, tirets qui jalonnent un silence, et ce n’est pas seulement absence du son, du sens, mais sourde pulsation
509 e. « Énigme, ce qui naît d’un jaillissement pur ! Et par le chant lui-même à peine dévoilé ». Groupes de mots émergeant de
510 ix cités, suffisent à ranimer la gloire heureuse. Et l’émotion soudaine, submergeante, emplissait tout l’espace invoqué. D
511 que la Grèce avait été pour lui dans la distance et dans le temps du rêve. Mais au-delà des accidents remémorés, qu’en ét
512 ns, noms sacrés de l’Ionie — était-elle plus pure et plus vraie, plus efficace que le discours lui-même des grands Hymnes 
513 te, émergeant comme des îles du blanc de la page, et parfois prolongés par une suite de tirets signalant des reliefs sous-
514 infini plus général », du « pur » au « multiple » et « de l’Esprit au signe », transition qui relève ici, comme chez Hegel
515 e », transition qui relève ici, comme chez Hegel, et bien plus haut, chez Héraclite et les ioniens, de la dialectique esse
516 mme chez Hegel, et bien plus haut, chez Héraclite et les ioniens, de la dialectique essentielle, celle de l’Un et du Diver
517 ens, de la dialectique essentielle, celle de l’Un et du Divers. Poésie, c’est absence, appel, invocation. Tout bonheur est
518 n. Tout bonheur est passé, tout présent est exil, et toute joie véritable ne peut être qu’à venir, — à revenir dans le myt
519 27 — le poète se retournera vers sa vallée natale et sa rivière « avec ses prés charmants et les saules des rives ». Necka
520 ée natale et sa rivière « avec ses prés charmants et les saules des rives ». Neckar imaginé comme enfance perdue, mais aus
521 r elle n’est plus. Paysages évoqués — non décrits et pour cause — par quelques épithètes des plus générales : belle, jeune
522 cette Palmyre en ruine « aux plaines du désert », et ce Gothard d’où partent les grands fleuves, le Rhin allemand, mais au
523 l’Aigle vers l’Olympe, vers les antres de Lemnos, et vers les forêts de l’Indus ! Mallarmé fixe tout dans un présent glacé
524 baud, ses moments forts sont au futur prochain («  Et à l’aurore… nous entrerons aux splendides villes »), Apollinaire hant
525 e la marge d’émotion entre le souvenir de naguère et sa restitution dans un présent d’ubiquité. Éluard ne connaît que l’in
526 a créé des temps nouveaux du Verbe qui nous meut et nous oriente : le passé de l’invocatif28 qui est un temps de la proph
527 fait anticipé, qui est le temps du poète voyant ; et le présent d’exil, temps du poète souffrant. Car il nous avertit que
528 n langage n’est pas celui que parlent « la nature et l’art tels qu’il les a connus autrefois ». Ce n’est pas un langage im
529 ous forme — « car si quelque langage de la nature et de l’art… préexistait pour lui… le poète se placerait en dehors de so
530 ation »29. Son langage, il le fait de noms sacrés et de signes élus, qualifiés par un « ton fondamental ». C’est une sorte
531 tique, le chiffre de sa religion. Noms de fleuves et d’îles, de cités, de hauts lieux ; et leur seul énoncé suffit à quali
532 de fleuves et d’îles, de cités, de hauts lieux ; et leur seul énoncé suffit à qualifier et activer la nostalgie constitut
533 ts lieux ; et leur seul énoncé suffit à qualifier et activer la nostalgie constitutive du poème : le Gothard et l’Olympe,
534 r la nostalgie constitutive du poème : le Gothard et l’Olympe, Pister, l’Indus, Patmos, et Dodone, et Délos, et Delphes, e
535 le Gothard et l’Olympe, Pister, l’Indus, Patmos, et Dodone, et Délos, et Delphes, et le matin de Salamine, et l’Hespérie,
536 et l’Olympe, Pister, l’Indus, Patmos, et Dodone, et Délos, et Delphes, et le matin de Salamine, et l’Hespérie, « Couchant
537 pe, Pister, l’Indus, Patmos, et Dodone, et Délos, et Delphes, et le matin de Salamine, et l’Hespérie, « Couchant du temps 
538 l’Indus, Patmos, et Dodone, et Délos, et Delphes, et le matin de Salamine, et l’Hespérie, « Couchant du temps ». Sous la R
539 e, et Délos, et Delphes, et le matin de Salamine, et l’Hespérie, « Couchant du temps ». Sous la Rousse et la Flamboyante,
540 l’Hespérie, « Couchant du temps ». Sous la Rousse et la Flamboyante, hautes parois de roches nues dominant Delphes (et de
541 e, hautes parois de roches nues dominant Delphes ( et de plus haut encore fonce un milan sur sa proie d’ombre) au bord de l
542 ’ombre) au bord de la fontaine aux eaux « saintes et sobres », écoutons-le30 : Jusqu’aux pieds du Parnasse j’irai, et, dè
543 utons-le30 : Jusqu’aux pieds du Parnasse j’irai, et , dès que dans l’ombre des chênes Brillera la lueur de ton flot surgis
544 vasque puiser, à travers le parfum de tes fleurs, et répandre, Sur le sol où renaît la prairie, l’eau sacrée et mes larmes
545 re, Sur le sol où renaît la prairie, l’eau sacrée et mes larmes, afin, Qu’une offrande pourtant vienne encore, ô Dormants
546 ne encore, ô Dormants délaissés, vous atteindre ! Et , plus loin, dans le val qui se tait, près des rocs suspendus de Tempé
547 émarche poétique, au chapitre traitant du langage et de son « efficacité ». 24. André Chénier. 25. Le précieux Hölderlin