1 1926, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Avant-propos (décembre 1926)
1 mpathie. Il est bien facile de s’écrier : « Après moi , le déluge ! », et de se détourner de ce qu’on a coutume d’appeler no
2 1926, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Paradoxe de la sincérité (décembre 1926)
2 s votre idéal ou envers les fluctuations de votre moi  ? Votre sincérité est-elle consentement immédiat à toute impulsion sp
3 rit ailleurs : « En chaque être, le pire instinct me paraissait le plus sincère. » La sincérité spontanée, vertu moderne e
4 u fond de l’âme humaine ? Que si l’on s’étonne de me voir donner ici la préférence à l’acte volontaire, ou mieux : intéres
5 e, ou mieux : intéressé, tandis qu’en littérature je défends l’acte gratuit, je réponds que la littérature remplirait déjà
6 ndis qu’en littérature je défends l’acte gratuit, je réponds que la littérature remplirait déjà suffisamment son rôle en s
7 voluptueux. Sincérité envers soi-même Noli me tangere. Premier exemple. — Je m’assieds à mon bureau, je prends u
8 oi-même Noli me tangere. Premier exemple. —  Je m’assieds à mon bureau, je prends une feuille blanche, je vais écrire
9 même Noli me tangere. Premier exemple. — Je m’ assieds à mon bureau, je prends une feuille blanche, je vais écrire ce
10 me tangere. Premier exemple. — Je m’assieds à mon bureau, je prends une feuille blanche, je vais écrire ce que je trouv
11 Premier exemple. — Je m’assieds à mon bureau, je prends une feuille blanche, je vais écrire ce que je trouve en moi (s
12 ieds à mon bureau, je prends une feuille blanche, je vais écrire ce que je trouve en moi (sentiments, idées, souvenirs, dé
13 prends une feuille blanche, je vais écrire ce que je trouve en moi (sentiments, idées, souvenirs, désirs, élans, hésitatio
14 uille blanche, je vais écrire ce que je trouve en moi (sentiments, idées, souvenirs, désirs, élans, hésitations, obscurités
15 ns, hésitations, obscurités, etc.). Supposons que j’ éprouve un désir d’action vive, un élan vers certain but précis. Ou b
16 n vive, un élan vers certain but précis. Ou bien j’ aurais juste le temps de le noter avant de partir. Ou bien je me mettr
17 ste le temps de le noter avant de partir. Ou bien je me mettrai à l’analyser plus longuement. Mais alors je le fausse, pui
18 le temps de le noter avant de partir. Ou bien je me mettrai à l’analyser plus longuement. Mais alors je le fausse, puisqu
19 mettrai à l’analyser plus longuement. Mais alors je le fausse, puisque je le prive de la puissance de se délivrer en gest
20 plus longuement. Mais alors je le fausse, puisque je le prive de la puissance de se délivrer en gestes, en conséquences ma
21 quences matérielles. Ce n’est plus l’élan pur que je décris : c’est un élan freiné dans mon esprit, c’est le frein lui-mêm
22 lan pur que je décris : c’est un élan freiné dans mon esprit, c’est le frein lui-même, bientôt — par un mouvement normal de
23 alement c’est à la découverte d’une faiblesse que j’ aboutis : ce quelque chose qui m’a retenu d’accomplir ce que l’élan ap
24 ne faiblesse que j’aboutis : ce quelque chose qui m’ a retenu d’accomplir ce que l’élan appelait.   Second exemple. — J’ép
25 plir ce que l’élan appelait.   Second exemple. —  J’ éprouve le besoin de faire le point : à quoi en suis-je, qui suis-je ?
26 ouve le besoin de faire le point : à quoi en suis- je , qui suis-je ? Je revois des actes accomplis, je revis plus ou moins
27 n de faire le point : à quoi en suis-je, qui suis- je  ? Je revois des actes accomplis, je revis plus ou moins fortement des
28 faire le point : à quoi en suis-je, qui suis-je ? Je revois des actes accomplis, je revis plus ou moins fortement des sent
29 -je, qui suis-je ? Je revois des actes accomplis, je revis plus ou moins fortement des sentiments que je crois avoir éprou
30 revis plus ou moins fortement des sentiments que je crois avoir éprouvés à tel moment de mon passé. Parfois — rarement —,
31 ments que je crois avoir éprouvés à tel moment de mon passé. Parfois — rarement —, je parviens à me souvenir de certaines s
32 à tel moment de mon passé. Parfois — rarement —, je parviens à me souvenir de certaines sensations profondes et indéfinie
33 de mon passé. Parfois — rarement —, je parviens à me souvenir de certaines sensations profondes et indéfinies (telle sensa
34 rrures, personne ne sait la richesse de ta vie…). J’ écris ces choses. Puis, dans un ancien carnet de notes, je retrouve un
35 ces choses. Puis, dans un ancien carnet de notes, je retrouve un être si différent. Les gestes et les sentiments qui se pr
36 Les gestes et les sentiments qui se proposaient à mon souvenir ont été passés au crible de la minute où je me penchais sur
37 souvenir ont été passés au crible de la minute où je me penchais sur mon passé. Ou, pour user d’une image plus précise, ce
38 venir ont été passés au crible de la minute où je me penchais sur mon passé. Ou, pour user d’une image plus précise, cette
39 ssés au crible de la minute où je me penchais sur mon passé. Ou, pour user d’une image plus précise, cette minute est baign
40 e du souvenir. Si l’un de ces deux procédés peut m’ apprendre quelque chose, c’est bien le second. La qualité des souvenir
41 st bien le second. La qualité des souvenirs qu’il me livre me renseigne assez exactement, non sur mon passé, mais sur le m
42 e second. La qualité des souvenirs qu’il me livre me renseigne assez exactement, non sur mon passé, mais sur le moment que
43 l me livre me renseigne assez exactement, non sur mon passé, mais sur le moment que je vis1. Il est bien clair qu’on ne sau
44 tement, non sur mon passé, mais sur le moment que je vis1. Il est bien clair qu’on ne saurait atteindre « la vérité sur so
45 uée dans le premier exemple. C’est un cas-limite, j’ en conviens. Pourtant, n’est-ce pas le schéma de tout un genre littéra
46 st le vide. Centre de soi, l’aspiration du néant. J’ ai revu à l’envers le film de mon passé : ce qui était élan devient re
47 iration du néant. J’ai revu à l’envers le film de mon passé : ce qui était élan devient recul, et l’évocation de mes désirs
48 e qui était élan devient recul, et l’évocation de mes désirs anciens ne me restitue qu’un dégoût. J’ai cru que je pourrais
49 nt recul, et l’évocation de mes désirs anciens ne me restitue qu’un dégoût. J’ai cru que je pourrais me regarder sans rien
50 e mes désirs anciens ne me restitue qu’un dégoût. J’ ai cru que je pourrais me regarder sans rien toucher en moi. En réalit
51 anciens ne me restitue qu’un dégoût. J’ai cru que je pourrais me regarder sans rien toucher en moi. En réalité, je n’assis
52 e restitue qu’un dégoût. J’ai cru que je pourrais me regarder sans rien toucher en moi. En réalité, je n’assiste pas à moi
53 que je pourrais me regarder sans rien toucher en moi . En réalité, je n’assiste pas à moi-même, mais à la destruction de mo
54 me regarder sans rien toucher en moi. En réalité, je n’assiste pas à moi-même, mais à la destruction de moi-même. Par les
55 uction de moi-même. Par les fissures, un instant, j’ ai pu soupçonner des profondeurs ; mais déjà c’est le chaos. Mon corp
56 nner des profondeurs ; mais déjà c’est le chaos. Mon corps et moi, le livre si poignant de René Crevel, est la démonstrati
57 ondeurs ; mais déjà c’est le chaos. Mon corps et moi , le livre si poignant de René Crevel, est la démonstration la plus cy
58 Crevel, est la démonstration la plus cynique que je connaisse de ces ravages du sincérisme. Dans la solitude qu’il s’acha
59 qui rôde dans certaine littérature d’aujourd’hui. J’ ai dit : ravages du sincérisme. C’est plus exactement faillite qu’il f
60 littérature et en morale. Impossibilité de faire mon autoportrait moral : je bouge tout le temps. Danger de faire mon auto
61 . Impossibilité de faire mon autoportrait moral : je bouge tout le temps. Danger de faire mon autoportrait moral : je me c
62 t moral : je bouge tout le temps. Danger de faire mon autoportrait moral : je me compose plus laid que nature. Faut-il conc
63 e temps. Danger de faire mon autoportrait moral : je me compose plus laid que nature. Faut-il conclure avec Gide : « L’ana
64 emps. Danger de faire mon autoportrait moral : je me compose plus laid que nature. Faut-il conclure avec Gide : « L’analys
65 vec Gide : « L’analyse psychologique a perdu pour moi tout intérêt du jour où je me suis avisé que l’homme éprouve ce qu’il
66 ologique a perdu pour moi tout intérêt du jour où je me suis avisé que l’homme éprouve ce qu’il imagine d’éprouver. » Non.
67 gique a perdu pour moi tout intérêt du jour où je me suis avisé que l’homme éprouve ce qu’il imagine d’éprouver. » Non. Ca
68 es en regard des dangers que la sincérité du noli me tangere fait courir, tant dans le domaine littéraire que dans celui d
69 t Ramon Fernandez, « retient tous les éléments du moi , moins le principe unificateur ». De quelques sophismes libérateur
70 echerche, puis l’acceptation de toute tendance du moi , je réponds que le mensonge est sincère aussi, qui révèle mon besoin
71 che, puis l’acceptation de toute tendance du moi, je réponds que le mensonge est sincère aussi, qui révèle mon besoin de m
72 nds que le mensonge est sincère aussi, qui révèle mon besoin de mentir. Il devient dès lors impossible de faire rien qui ne
73 ologie ou que le « style » est de l’homme même J’ en étais à peu près à ce point de mes notes — à ce point de mon dégoût
74 homme même J’en étais à peu près à ce point de mes notes — à ce point de mon dégoût pour ce que beaucoup continuaient d’
75 peu près à ce point de mes notes — à ce point de mon dégoût pour ce que beaucoup continuaient d’appeler sincérité et qui m
76 beaucoup continuaient d’appeler sincérité et qui me devenait inintelligible en même temps qu’odieux. Au hasard de quelque
77 temps qu’odieux. Au hasard de quelques lectures, je pris note des passages suivants (les paraphraser serait d’une ingrati
78 refusent à toute intervention qui altérerait leur moi  ; ils ne souhaitent que d’être leur propre témoin, intelligent mais i
79 pure de cet âge. Mais il le faut dépasser.)   Si j’ en crois l’intensité d’un sentiment intime, ce moi idéal que j’appelle
80 j’en crois l’intensité d’un sentiment intime, ce moi idéal que j’appelle en chaque minute de ma joie est plus réel que cel
81 intensité d’un sentiment intime, ce moi idéal que j’ appelle en chaque minute de ma joie est plus réel que celui qu’une ana
82 e, ce moi idéal que j’appelle en chaque minute de ma joie est plus réel que celui qu’une analyse désolée s’imaginait reten
83 pour l’ombre que de tendre vers ce modèle. Dirais- je que c’est ma sincérité d’y aller par les moyens les plus efficaces ?
84 que de tendre vers ce modèle. Dirais-je que c’est ma sincérité d’y aller par les moyens les plus efficaces ? Mais on nomme
85 ces ? Mais on nommera cela de l’hypocrisie. Soit, j’ accepte. Et aussitôt j’annonce : Éloge de l’hypocrisie Non, non 
86 ela de l’hypocrisie. Soit, j’accepte. Et aussitôt j’ annonce : Éloge de l’hypocrisie Non, non !… Debout dans l’ère su
87 on, non !… Debout dans l’ère successive ! Brisez, mon corps, brisez cette forme pensive ! .................................
88 enter de vivre. Paul Valéry. Certes, du sein de ma triste lucidité, je t’avais déjà invoquée, hypocrisie consolante et l
89 Valéry. Certes, du sein de ma triste lucidité, je t’avais déjà invoquée, hypocrisie consolante et libératrice. Mais tu
90 ée, hypocrisie consolante et libératrice. Mais tu m’ offrais un visage un peu crispé, signe d’une ironie secrète et pour mo
91 un peu crispé, signe d’une ironie secrète et pour moi douloureuse encore. Pitoyable, trop visiblement, tu prêtais bien quel
92 op visiblement, tu prêtais bien quelques voiles à mon dégoût d’un moi que la vie me montrait si désespérément vrai, tyranni
93 tu prêtais bien quelques voiles à mon dégoût d’un moi que la vie me montrait si désespérément vrai, tyrannique, insuffisant
94 quelques voiles à mon dégoût d’un moi que la vie me montrait si désespérément vrai, tyrannique, insuffisant. Mais un pli
95 Mais un pli de ta lèvre, un peu sceptique, quand mon esprit partait dans le rêve d’un idéal de fortune, idole naïve de ma
96 ans le rêve d’un idéal de fortune, idole naïve de ma jeune angoisse… Je t’ai mieux aimée ; d’autres soirs, alors qu’une sy
97 éal de fortune, idole naïve de ma jeune angoisse… Je t’ai mieux aimée ; d’autres soirs, alors qu’une symphonie de joies ém
98 haque être un plus prenant sourire. Cependant que ma joie — un état de grâce, un amour — ne pouvait se satisfaire de telle
99 rivée. Alors, acquiesçant vivement à l’invite que je soupçonnais la plus riche d’inconnu, je m’élançais sur la voie qu’ell
100 nvite que je soupçonnais la plus riche d’inconnu, je m’élançais sur la voie qu’elle m’ouvrait, avec tant de rires amis, ve
101 te que je soupçonnais la plus riche d’inconnu, je m’ élançais sur la voie qu’elle m’ouvrait, avec tant de rires amis, vers
102 iche d’inconnu, je m’élançais sur la voie qu’elle m’ ouvrait, avec tant de rires amis, vers tout ce que momentanément je ch
103 ant de rires amis, vers tout ce que momentanément je choisissais de laisser — et des baisers à tous les vents — qu’il eût
104 qu’il eût été loisible d’attribuer comme objet à ma jubilation, non pas ce but peut-être dérisoire vers quoi je me portai
105 ion, non pas ce but peut-être dérisoire vers quoi je me portais, mais bien ces figurants de mon bonheur que je me concilia
106 , non pas ce but peut-être dérisoire vers quoi je me portais, mais bien ces figurants de mon bonheur que je me conciliais
107 rs quoi je me portais, mais bien ces figurants de mon bonheur que je me conciliais pour des retours possibles. C’est ainsi
108 rtais, mais bien ces figurants de mon bonheur que je me conciliais pour des retours possibles. C’est ainsi que fidèle à so
109 is, mais bien ces figurants de mon bonheur que je me conciliais pour des retours possibles. C’est ainsi que fidèle à soi-m
110 oit que ce constant et secret assujettissement au moi idéal exige une politique des sentiments plus subtile et, je pense, m
111 ige une politique des sentiments plus subtile et, je pense, moins vulgaire que cette agilité offensive qu’on appelle dans
112 arti. La sincérité crée en nous un fait accompli. J’ appelle hypocrisie envers soi-même une volonté — si profonde qu’elle n
113 s besoin de s’expliciter pour être efficace — qui m’ interdit de nommer ce dont je ne veux plus souffrir. (Car il n’est peu
114 être efficace — qui m’interdit de nommer ce dont je ne veux plus souffrir. (Car il n’est peut-être qu’une espèce de souff
115 rté plus précieuse que toute certitude… Ô vérité, ma vérité, non pas ce que je suis, mais ce que de toute mon âme je veux
116 te certitude… Ô vérité, ma vérité, non pas ce que je suis, mais ce que de toute mon âme je veux être !… 1. La véritable
117 ité, non pas ce que je suis, mais ce que de toute mon âme je veux être !… 1. La véritable description de l’élan supposé
118 pas ce que je suis, mais ce que de toute mon âme je veux être !… 1. La véritable description de l’élan supposé dans le
119 mier exemple, ce serait le récit des gestes qu’il m’ aurait fait commettre. Manifester est plus sincère qu’analyser. 2. D’
3 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Billets aigres-doux (janvier 1927)
120 i fume… Et tu laisses, ô col roide, En souffrance mes baisers. L’amour est un alibi Nos lèvres sitôt que jointes, Ô
121 lèvres sitôt que jointes, Ô dernier mensonge tu, Je m’enfuis vers d’autres rêves Où sourient quels anges fous. L’horaire
122 vres sitôt que jointes, Ô dernier mensonge tu, Je m’ enfuis vers d’autres rêves Où sourient quels anges fous. L’horaire dic
123 icte un adieu, La mode qu’on rie des pleurs, Lors je baise votre main Comme on signe d’un faux nom. d. Rougemont Deni
4 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Lettre du survivant (février 1927)
124 Les journaux.) Mademoiselle, Il faut d’abord que je m’excuse : c’est un peu prétentieux de vous écrire au moment où je va
125 journaux.) Mademoiselle, Il faut d’abord que je m’ excuse : c’est un peu prétentieux de vous écrire au moment où je vais
126 st un peu prétentieux de vous écrire au moment où je vais me suicider, d’autant plus que vous n’y croirez pas — et pourtan
127 u prétentieux de vous écrire au moment où je vais me suicider, d’autant plus que vous n’y croirez pas — et pourtant… Il fa
128 n’y croirez pas — et pourtant… Il faut aussi que je vous dise qu’il fait très froid dans ma chambre : le feu n’a pas pris
129 aussi que je vous dise qu’il fait très froid dans ma chambre : le feu n’a pas pris, et d’ailleurs cela n’en vaut plus la p
130 s cette phrase quelque allusion de mauvais goût.) Je vous ai rencontrée quatre ou cinq fois dans des lieux de plaisir, com
131 iles. La première fois, au théâtre. Dans l’ombre, j’ ai suivi le drame sur vos traits seulement ; l’écho n’en fut que plus
132 lement ; l’écho n’en fut que plus douloureux dans mon cœur. Puis je vous ai oubliée. Puis je vous ai revue, aux courses, et
133 n’en fut que plus douloureux dans mon cœur. Puis je vous ai oubliée. Puis je vous ai revue, aux courses, et c’est là que
134 reux dans mon cœur. Puis je vous ai oubliée. Puis je vous ai revue, aux courses, et c’est là que j’ai découvert que vous e
135 is je vous ai revue, aux courses, et c’est là que j’ ai découvert que vous existiez en moi, à certain désagrément que j’eus
136 c’est là que j’ai découvert que vous existiez en moi , à certain désagrément que j’eus de vous voir si entourée… D’autres f
137 e vous existiez en moi, à certain désagrément que j’ eus de vous voir si entourée… D’autres fois… je n’ai plus le courage d
138 ue j’eus de vous voir si entourée… D’autres fois… je n’ai plus le courage de les dire. Enfin, avant-hier, à ce bal. J’ava
139 ourage de les dire. Enfin, avant-hier, à ce bal. J’ avais demandé à un de mes amis, qui vous connaît4, de me présenter. Il
140 n, avant-hier, à ce bal. J’avais demandé à un de mes amis, qui vous connaît4, de me présenter. Il m’en avait donné la prom
141 s demandé à un de mes amis, qui vous connaît4, de me présenter. Il m’en avait donné la promesse. Vos regards rencontrèrent
142 mes amis, qui vous connaît4, de me présenter. Il m’ en avait donné la promesse. Vos regards rencontrèrent les miens plus d
143 vait donné la promesse. Vos regards rencontrèrent les miens plus d’une fois pendant une danse qu’il fit avec vous, mais vous les
144 racher à une obsession secrètement attirante ; et je pensais que la force de mon désir était telle que vous en éprouviez v
145 ètement attirante ; et je pensais que la force de mon désir était telle que vous en éprouviez vaguement la menace. Je dis m
146 telle que vous en éprouviez vaguement la menace. Je dis menace, parce que mes airs sombres vous effrayaient sans doute pl
147 iez vaguement la menace. Je dis menace, parce que mes airs sombres vous effrayaient sans doute plus qu’ils ne vous attiraie
148 plus qu’ils ne vous attiraient. Mais, maintenant, je pense que ces regards croisés n’avaient aucune signification et que m
149 rds croisés n’avaient aucune signification et que mon anxiété seule leur prêtait quelque intention. Quand enfin l’orchestre
150 lque intention. Quand enfin l’orchestre s’arrêta, je me trouvais tout près de vous. Mon ami me fit un signe discret, et dé
151 e intention. Quand enfin l’orchestre s’arrêta, je me trouvais tout près de vous. Mon ami me fit un signe discret, et déjà
152 estre s’arrêta, je me trouvais tout près de vous. Mon ami me fit un signe discret, et déjà il se préparait à vous rendre at
153 arrêta, je me trouvais tout près de vous. Mon ami me fit un signe discret, et déjà il se préparait à vous rendre attentive
154 et déjà il se préparait à vous rendre attentive à ma présence… Mais, alors, je ne sais quel démon du malheur me paralysa.
155 vous rendre attentive à ma présence… Mais, alors, je ne sais quel démon du malheur me paralysa. Je venais d’entrevoir l’im
156 ce… Mais, alors, je ne sais quel démon du malheur me paralysa. Je venais d’entrevoir l’image d’un couple heureux et banal,
157 rs, je ne sais quel démon du malheur me paralysa. Je venais d’entrevoir l’image d’un couple heureux et banal, votre sourir
158 uple heureux et banal, votre sourire répondant au mien , comme on voit au dénouement des films populaires et sur des cartes p
159 strées. Déjà la foule des danseurs nous séparait, mon ami se détournait, un peu vexé ; vous disparaissiez au milieu d’un co
160 ge de rires empressés. Une autre danse reprenait. Je sentis une invincible lassitude me saisir et m’assis à l’écart. On me
161 nse reprenait. Je sentis une invincible lassitude me saisir et m’assis à l’écart. On me demandait, en passant, si j’étais
162 . Je sentis une invincible lassitude me saisir et m’ assis à l’écart. On me demandait, en passant, si j’étais malade. Je dé
163 ible lassitude me saisir et m’assis à l’écart. On me demandait, en passant, si j’étais malade. Je désignais d’un geste inc
164 ’assis à l’écart. On me demandait, en passant, si j’ étais malade. Je désignais d’un geste incertain quelques bouteilles de
165 . On me demandait, en passant, si j’étais malade. Je désignais d’un geste incertain quelques bouteilles de champagne vides
166 nne l’ivresse, mais non certaines douleurs. Même, je fus obligé de confier à un ami que j’en avais repris … Les archets jo
167 eurs. Même, je fus obligé de confier à un ami que j’ en avais repris … Les archets jouaient sur mes nerfs. Le jazz martelai
168 que j’en avais repris … Les archets jouaient sur mes nerfs. Le jazz martelait mon désespoir. Désespoir étroit, ces œillère
169 archets jouaient sur mes nerfs. Le jazz martelait mon désespoir. Désespoir étroit, ces œillères géantes aux pensées, le cie
170 ssue, pesant comme l’envie d’un sommeil sans fin… J’ avais soif, mais la seule vue d’un liquide me soulevait le cœur. L’aub
171 fin… J’avais soif, mais la seule vue d’un liquide me soulevait le cœur. L’aube parut. On éteignit toutes les lampes, et le
172 ans un matin sourd, frileux, qui avait la nausée. Je rentrai seul. Voici quelques mots que j’écrivis à ma table en désordr
173 nausée. Je rentrai seul. Voici quelques mots que j’ écrivis à ma table en désordre où je venais de jeter mon col de smokin
174 rentrai seul. Voici quelques mots que j’écrivis à ma table en désordre où je venais de jeter mon col de smoking et un œill
175 ques mots que j’écrivis à ma table en désordre où je venais de jeter mon col de smoking et un œillet, pauvre gentillesse d
176 ivis à ma table en désordre où je venais de jeter mon col de smoking et un œillet, pauvre gentillesse d’une autre femme don
177 esse d’une autre femme dont le seul défaut fut de m’ aimer… (Froid aux genoux, odeur de vieille fumée, et ce refus au somme
178 us grand que le chant des violons. Aube dure ! En ma tête rôde ton souvenir, comme une femme nue dans une chambre étroite…
179 ir, comme une femme nue dans une chambre étroite… J’ ai dormi quelques heures, d’un sommeil triste, tout enfiévré par la cr
180 ste, tout enfiévré par la crainte du réveil. Puis je suis revenu dans ces rues où je vous rencontrais parfois, du temps qu
181 e du réveil. Puis je suis revenu dans ces rues où je vous rencontrais parfois, du temps que j’ignorais vous aimer. En sort
182 rues où je vous rencontrais parfois, du temps que j’ ignorais vous aimer. En sortant du bal, au vestiaire, je vous avais en
183 rais vous aimer. En sortant du bal, au vestiaire, je vous avais entendue donner un rendez-vous au thé du Printemps. J’ai r
184 tendue donner un rendez-vous au thé du Printemps. J’ ai rôdé dans la joie féminine des grands magasins, n’osant pas repasse
185 p souvent devant les ascenseurs. « Vers 4 heures, me disais-je elle y entrera, et, me glissant auprès d’elle, je pourrai l
186 devant les ascenseurs. « Vers 4 heures, me disais- je elle y entrera, et, me glissant auprès d’elle, je pourrai lui dire tr
187 « Vers 4 heures, me disais-je elle y entrera, et, me glissant auprès d’elle, je pourrai lui dire très vite quelques mots s
188 je elle y entrera, et, me glissant auprès d’elle, je pourrai lui dire très vite quelques mots si bouleversants qu’avant le
189 ots si bouleversants qu’avant le dernier étage… » Je délirais, bien sûr. Je m’imaginais que les vendeuses me dévisageaient
190 ’avant le dernier étage… » Je délirais, bien sûr. Je m’imaginais que les vendeuses me dévisageaient de plus en plus impude
191 ant le dernier étage… » Je délirais, bien sûr. Je m’ imaginais que les vendeuses me dévisageaient de plus en plus impudemme
192 irais, bien sûr. Je m’imaginais que les vendeuses me dévisageaient de plus en plus impudemment : je devais paraître si per
193 es me dévisageaient de plus en plus impudemment : je devais paraître si perdu. Chaque fois qu’un paquet de dix personnes s
194 ngouffrait dans la cage rouge et or et s’élevait, j’ éprouvais un petit arrachement, comme précisément un enfant qui monte
195 sément un enfant qui monte pour la première fois… Je me disais encore : Si je prends cet ascenseur et que je la croise en
196 ent un enfant qui monte pour la première fois… Je me disais encore : Si je prends cet ascenseur et que je la croise en rou
197 e pour la première fois… Je me disais encore : Si je prends cet ascenseur et que je la croise en route dans l’ascenseur de
198 disais encore : Si je prends cet ascenseur et que je la croise en route dans l’ascenseur descendant… Il aurait fallu monte
199 i laqué, souriante… Enfin, un peu après 6 heures, je suis sorti. Il y avait beaucoup de monde dans les rues, sous la pluie
200 es autobus passaient par groupes. Plusieurs fois, j’ ai cru vous reconnaître dans la foule qui se précipitait, mais je n’av
201 econnaître dans la foule qui se précipitait, mais je n’avais pas pris de numéro, je ne pouvais pas monter. Je finissais pa
202 précipitait, mais je n’avais pas pris de numéro, je ne pouvais pas monter. Je finissais par vous voir partout. Chaque vis
203 ais pas pris de numéro, je ne pouvais pas monter. Je finissais par vous voir partout. Chaque visage de femme révélait soud
204 pendant ce temps, vous pouviez paraître enfin où mon désir surmené vous appelait encore, haletant. Et le temps passait, à
205 chant désespéré qui vous appelait, assourdissant mes pensées ; et ces élans réticents, maladroits, contradictoires… Un aut
206 s… Un autobus de luxe s’était arrêté tout près de moi . Je vis un visage à l’intérieur se pencher vers la vitre… Je montai.
207 autobus de luxe s’était arrêté tout près de moi. Je vis un visage à l’intérieur se pencher vers la vitre… Je montai. Il n
208 un visage à l’intérieur se pencher vers la vitre… Je montai. Il n’y avait que des dames. Personne ne parlait. La jeune fem
209 e qui s’était penchée vous ressemblait tant. Mais je n’osais presque pas la regarder, à cause d’une incertitude qui redonn
210 d’une incertitude qui redonnait tout son empire à ma timidité. Peut-être était-ce vous. Je ne saurai jamais. À l’arrêt de
211 on empire à ma timidité. Peut-être était-ce vous. Je ne saurai jamais. À l’arrêt de la Place Saint-Michel, elle sortit, en
212 l’arrêt de la Place Saint-Michel, elle sortit, en me frôlant, sans me regarder. Je descendis derrière elle. Mais tout de s
213 ce Saint-Michel, elle sortit, en me frôlant, sans me regarder. Je descendis derrière elle. Mais tout de suite des paraplui
214 el, elle sortit, en me frôlant, sans me regarder. Je descendis derrière elle. Mais tout de suite des parapluies la dérobèr
215 Mais tout de suite des parapluies la dérobèrent à mes yeux. Une bouche de métro m’attira. Les rames s’arrêtaient avec un si
216 ies la dérobèrent à mes yeux. Une bouche de métro m’ attira. Les rames s’arrêtaient avec un sifflement particulièrement dou
217 ent avec un sifflement particulièrement doux pour ma fatigue, et ces gens pressés et songeurs respectaient la folie doulou
218 taient la folie douloureuse qui devait contracter mon visage. Je promenais sur tous des regards angoissés, avides, imploran
219 lie douloureuse qui devait contracter mon visage. Je promenais sur tous des regards angoissés, avides, implorants. Oh ! to
220 s, avides, implorants. Oh ! toutes les femmes que j’ ai fait souffrir cette nuit d’un long regard de damné. À minuit, telle
221 g regard de damné. À minuit, tellement épuisé que je mêlais à mes pensées des fragments de rêves et les personnages des af
222 damné. À minuit, tellement épuisé que je mêlais à mes pensées des fragments de rêves et les personnages des affiches, tout
223 s fin dans les couloirs implacablement brillants, je me pris à parler à haute voix, par bribes de phrases incohérentes. Je
224 in dans les couloirs implacablement brillants, je me pris à parler à haute voix, par bribes de phrases incohérentes. Je vo
225 à haute voix, par bribes de phrases incohérentes. Je voyais avec une sombre joie les employés et les voyageurs s’inquiéter
226 employés et les voyageurs s’inquiéter. Bientôt on m’ entraîna de force sur un trottoir roulant qui me remonta dans la rue.
227 n m’entraîna de force sur un trottoir roulant qui me remonta dans la rue. La fraîcheur de la brume m’apaisa. Sur la promes
228 me remonta dans la rue. La fraîcheur de la brume m’ apaisa. Sur la promesse que je fis que je me sentais mieux, on me lais
229 aîcheur de la brume m’apaisa. Sur la promesse que je fis que je me sentais mieux, on me laissa rentrer seul. Je ne sais co
230 la brume m’apaisa. Sur la promesse que je fis que je me sentais mieux, on me laissa rentrer seul. Je ne sais comment j’y p
231 brume m’apaisa. Sur la promesse que je fis que je me sentais mieux, on me laissa rentrer seul. Je ne sais comment j’y parv
232 a promesse que je fis que je me sentais mieux, on me laissa rentrer seul. Je ne sais comment j’y parvins. Je crois que j’a
233 e je me sentais mieux, on me laissa rentrer seul. Je ne sais comment j’y parvins. Je crois que j’ai marché plusieurs heure
234 ux, on me laissa rentrer seul. Je ne sais comment j’ y parvins. Je crois que j’ai marché plusieurs heures avant de retrouve
235 ssa rentrer seul. Je ne sais comment j’y parvins. Je crois que j’ai marché plusieurs heures avant de retrouver ma rue. Il
236 eul. Je ne sais comment j’y parvins. Je crois que j’ ai marché plusieurs heures avant de retrouver ma rue. Il doit être mai
237 e j’ai marché plusieurs heures avant de retrouver ma rue. Il doit être maintenant 5 heures du matin. Premiers appels d’aut
238 n. Premiers appels d’autos dans la ville, mais il me semble que toutes choses s’éloignent de moi vertigineusement, par cet
239 ais il me semble que toutes choses s’éloignent de moi vertigineusement, par cette aube incolore. Il y a vingt-quatre heures
240 e aube incolore. Il y a vingt-quatre heures donc, j’ étais encore au bal. Cette constatation machinale ne correspond à rien
241 constatation machinale ne correspond à rien dans mon esprit. Peut-être que j’ai perdu la notion du temps. Je ne me souvien
242 correspond à rien dans mon esprit. Peut-être que j’ ai perdu la notion du temps. Je ne me souviens plus que de cette décep
243 rit. Peut-être que j’ai perdu la notion du temps. Je ne me souviens plus que de cette déception insupportable et définitiv
244 eut-être que j’ai perdu la notion du temps. Je ne me souviens plus que de cette déception insupportable et définitive de m
245 de cette déception insupportable et définitive de mon désir. Je ne vous en accuse pas. À peine si je puis encore évoquer vo
246 ception insupportable et définitive de mon désir. Je ne vous en accuse pas. À peine si je puis encore évoquer votre visage
247 e mon désir. Je ne vous en accuse pas. À peine si je puis encore évoquer votre visage. Peut-être ne vous ai-je pas vraimen
248 encore évoquer votre visage. Peut-être ne vous ai- je pas vraiment aimée, mais bien ce goût profond de ma destruction, ce r
249 pas vraiment aimée, mais bien ce goût profond de ma destruction, ce rongement, cette sournoise recherche de tout ce qui m
250 ngement, cette sournoise recherche de tout ce qui me navre au plus intime de mon être… Le revolver est chargé, sur cette t
251 cherche de tout ce qui me navre au plus intime de mon être… Le revolver est chargé, sur cette table. (Je le caresse, entre
252 n être… Le revolver est chargé, sur cette table. ( Je le caresse, entre deux phrases.) Mais voici que ce geste de ma mort a
253 , entre deux phrases.) Mais voici que ce geste de ma mort aussi me lasse, l’image que je m’en forme… Je ne comprends plus
254 hrases.) Mais voici que ce geste de ma mort aussi me lasse, l’image que je m’en forme… Je ne comprends plus pourquoi je de
255 e ce geste de ma mort aussi me lasse, l’image que je m’en forme… Je ne comprends plus pourquoi je devrais me tuer, pourquo
256 e geste de ma mort aussi me lasse, l’image que je m’ en forme… Je ne comprends plus pourquoi je devrais me tuer, pourquoi j
257 a mort aussi me lasse, l’image que je m’en forme… Je ne comprends plus pourquoi je devrais me tuer, pourquoi je souffre, c
258 que je m’en forme… Je ne comprends plus pourquoi je devrais me tuer, pourquoi je souffre, ce que c’est que la souffrance,
259 n forme… Je ne comprends plus pourquoi je devrais me tuer, pourquoi je souffre, ce que c’est que la souffrance, ce que c’e
260 prends plus pourquoi je devrais me tuer, pourquoi je souffre, ce que c’est que la souffrance, ce que c’est que ma vie, ma
261 ce que c’est que la souffrance, ce que c’est que ma vie, ma mort. Mon Dieu, il n’y a plus qu’un glissement gris, sans fin
262 c’est que la souffrance, ce que c’est que ma vie, ma mort. Mon Dieu, il n’y a plus qu’un glissement gris, sans fin… Il fau
263 qu’un glissement gris, sans fin… Il faudrait que je dorme : il n’y aurait plus rien. 4. Encore un qui vous aime, je ne
264 y aurait plus rien. 4. Encore un qui vous aime, je ne vous dirai pas son nom. i. Rougemont Denis de, « Lettre du survi
5 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Orphée sans charme (février 1927)
265 n’y a pas un seul symbole dans la pièce. » Ce qui me gêne pourtant, c’est d’y découvrir possibles deux interprétations sym
266 erprétations symboliques au moins ; de ne pouvoir m’ empêcher d’y songer sans cesse en lisant cette « tragédie » ; de ne po
267 esse en lisant cette « tragédie » ; de ne pouvoir m’ empêcher non plus de soupçonner Cocteau d’en avoir plus ou moins consc
268 sez simples dont l’étude charme le psychanalyste. Je pourrais poursuivre le jeu. Et puis, il y a aussi des sortes de calem
269 licité à chausse-trappes, cette habileté surtout. Je ne sais si ce malicieux Gagnebin (non pas Elie) pensait à quelqu’un l
270 rop exercé avant de se lancer sur la corde raide. Je suis sûr qu’il ne tombera pas. J’admire sans émoi. ⁂ Certes, les qual
271 la corde raide. Je suis sûr qu’il ne tombera pas. J’ admire sans émoi. ⁂ Certes, les qualités scéniques de cette pièce sont
272 s qualités scéniques de cette pièce sont grandes. Je ne saurais même indiquer aucun endroit par où elle pèche contre les p
273 l voulait. Et pourtant cette admirable machine ne m’ inquiète guère : je sais qu’elle le conduira où il veut, sans surprise
274 ant cette admirable machine ne m’inquiète guère : je sais qu’elle le conduira où il veut, sans surprises. « Puisque ces my
275 ù il veut, sans surprises. « Puisque ces mystères me dépassent, feignons d’en être l’organisateur », disait le photographe
276 s parfum.   (Tout de même, Cocteau est un poète : j’ en verrais une preuve, pour mon compte, dans le fait que je ne sais pa
277 teau est un poète : j’en verrais une preuve, pour mon compte, dans le fait que je ne sais parler de lui autrement que par m
278 ais une preuve, pour mon compte, dans le fait que je ne sais parler de lui autrement que par métaphores.) 5. M. Zimmer,
6 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Entr’acte de René Clair, ou L’éloge du Miracle (mars 1927)
279 re, légèrement coloré. Le principe est simple : «  Je vous aime » se traduit par trois ou quatre claques sur la poitrine ;
280 Quelques miracles qui suivent sont embrumés dans mon souvenir par le rayonnement de la robe, fleur qui s’ouvre pour dégage
281 el renversé, maisons obliques, montagnes russes. ( J’ ai regretté que René Clair ne nous donne pas la vision du mort.) Enfin
282 et nous demandions grâce de trop de plaisir. Mais je ne suis pas sûr que le plaisir du public fût de même essence que le n
283 is le moment ne vient pas, ils sont déçus. Enfin, mon voisin, un agent, murmure : « On va tous devenir fous ! » — « Hé ! lu
284  : « On va tous devenir fous ! » — « Hé ! lui dis- je , si seulement. » Mais tout de même, là par exemple, où nous ne pouvon
285 é Clair un sens du miracle assez bouleversant. Et je ne parle pas du miracle genre conte de fée, comme le Voyage imaginair
286 e le Voyage imaginaire en montre (beaucoup trop à mon gré). Qu’une sorcière transforme un homme en chien, cela n’a rien d’é
287 ées paraissent vieux jeu avec leur baguette, pour moi qui chaque soir crée ma chambre en tournant un commutateur. Le vrai m
288 avec leur baguette, pour moi qui chaque soir crée ma chambre en tournant un commutateur. Le vrai miracle du cinéma, c’est,
289 et l’espace en relation se modifie pour maintenir je ne sais quelle harmonie… C’est une réalité aussi réelle que celle don
7 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Louis Aragon, le beau prétexte (avril 1927)
290 s Aragon, le beau prétexte (avril 1927)o Ah ! je sens qu’une puissance étrangère s’est emparée de mon être et a saisi
291 sens qu’une puissance étrangère s’est emparée de mon être et a saisi les cordes les plus secrètes de mon âme, qu’elle peut
292 n être et a saisi les cordes les plus secrètes de mon âme, qu’elle peut faire désormais vibrer à sa fantaisie, même si cela
293 ésormais vibrer à sa fantaisie, même si cela doit m’ anéantir. Hoffmann. I (Notes écrites en décembre 1925, au sorti
294 férence sur le Salut de l’humanité.)   Ce soir en moi trépigne une rage. Sur quelles épaules jeter ce manteau de flammes, p
295 manteau de flammes, puis à qui dédier l’ennui de ma révolte ? Aragon sarcastique se tient là-bas dans un rayon échappé de
296 à-bas dans un rayon échappé des Enfers — auxquels je crois encore, et pas seulement pour le pittoresque. — Attrape !   Il
297 la Poésie.   On dit : « Des mots ! » au lieu de «  Je ne comprends pas ». On dit : « Je ne comprends pas », et l’on pense :
298  » au lieu de « Je ne comprends pas ». On dit : «  Je ne comprends pas », et l’on pense : « C’est donc incompréhensible ».
299 incompréhensible !, trois mots dont l’un savant. Je ne connais pas de meilleur remède contre Dieu. Monsieur, vous avez di
300 st incompréhensible ! » — avec une indignation où j’ admire une pointe d’ironie vraiment supérieure. Car rien ne pouvait mi
301 et dire qu’elle est née dans un café de Paris. «  Je n’attends rien du monde, je n’attends rien de rien. » Riez-en donc, p
302 s un café de Paris. « Je n’attends rien du monde, je n’attends rien de rien. » Riez-en donc, pantins officiels, et vous re
303 iels, et vous repus, et vous, dubitatives barbes. Je viens d’entendre la voix d’un mystique. Que si l’on vient nous empêtr
304 ous empêtrer de dogmes bassement ingénieux : « Si j’ essaie un instant de m’élever à la notion de Dieu, répond Aragon, je m
305 bassement ingénieux : « Si j’essaie un instant de m’ élever à la notion de Dieu, répond Aragon, je me révolte qu’elle puiss
306 t de m’élever à la notion de Dieu, répond Aragon, je me révolte qu’elle puisse en aucun cas servir d’argument à un homme. 
307 e m’élever à la notion de Dieu, répond Aragon, je me révolte qu’elle puisse en aucun cas servir d’argument à un homme. » V
308 spérer plus aucun pardon. II Novembre 1926. Je viens de retrouver quelques pages écrites il y a un an, tel soir de c
309 ur, son incontestable « séduction ». Pour un peu, je découvrais une manière de prophète un brin janséniste chez ce poète.
310 te un brin janséniste chez ce poète. Aujourd’hui, je le verrais plutôt comme un Musset10 plus véritablement désespéré. Un
311 de son tempérament vif, insolent et ombrageux. «  J’ appartiens à la grande race des torrents. » Une belle phrase, n’est-ce
312 des torrents. » Une belle phrase, n’est-ce pas ? Je ne sais qu’un Montherlant qui pourrait l’oser dire comme Aragon sans
313 l’oser dire comme Aragon sans ridicule. Et ce que je prenais pour le ton prophétique, ne serait-ce pas plutôt une sorte de
314 ique — mais la plus belle, — ce qui tressaille et m’ atteint au vif, c’est tout de même un désespoir en quoi je ne vais pas
315 t au vif, c’est tout de même un désespoir en quoi je ne vais pas m’empêcher de reconnaître la voix secrète de notre mal de
316 tout de même un désespoir en quoi je ne vais pas m’ empêcher de reconnaître la voix secrète de notre mal de vivre. Désespo
317 te de notre mal de vivre. Désespoir métaphysique. Je me souviens d’une phrase de Vinet — laissons s’esclaffer du rapproche
318 de notre mal de vivre. Désespoir métaphysique. Je me souviens d’une phrase de Vinet — laissons s’esclaffer du rapprochemen
319 pour nous n’est nulle part. » Nulle part, pensais- je  : le salut n’est pas là, ou là, à Rome, à Athènes, à Moscou, dans cet
320 le que Clément Vautel — et si ce nom revient sous ma plume, comme une mouche qu’on n’a jamais fini de chasser parce qu’ell
321 le craindre11. Si dans un essai sur la sincérité j’ ai soutenu qu’une introspection immobile ne retient rien de la réalité
322 mobile ne retient rien de la réalité vivante ; si je dénie à des incrédules le droit à parler des choses de la foi comme é
323 comme étant d’un ordre qui leur échappe ; de même je récuse ici certain sens critique dont on voudrait que soient justicia
324 d Jaloux.) Entre un monsieur en noir : Permettez- moi de me présenter… d’ailleurs une ancienne connaissance… le Sens Critiq
325 x.) Entre un monsieur en noir : Permettez-moi de me présenter… d’ailleurs une ancienne connaissance… le Sens Critique. M
326 urs une ancienne connaissance… le Sens Critique. Moi (gêné)… Rougemont. Le Sens Critique. — Il y a un certain temps déjà
327 in temps déjà que nous ne nous sommes revus. Mais je suis vos travaux avec intérêt, et il m’a paru que depuis quelque temp
328 vus. Mais je suis vos travaux avec intérêt, et il m’ a paru que depuis quelque temps… enfin, comment dirais-je… je me suis
329 u que depuis quelque temps… enfin, comment dirais- je … je me suis dit que je pourrais, en quelque sorte, vous être de quelq
330 e depuis quelque temps… enfin, comment dirais-je… je me suis dit que je pourrais, en quelque sorte, vous être de quelque u
331 epuis quelque temps… enfin, comment dirais-je… je me suis dit que je pourrais, en quelque sorte, vous être de quelque util
332 mps… enfin, comment dirais-je… je me suis dit que je pourrais, en quelque sorte, vous être de quelque utilité… Moi. — Ah 
333 en quelque sorte, vous être de quelque utilité… Moi . — Ah ! oui, oui… c’est cela, utilité,… en effet,… oui, oui, très int
334 en effet,… oui, oui, très intéressant. Seulement, mon cher Monsieur, nous n’avons pas le temps ces jours-ci, beaucoup trop
335 mer, et vous savez ce que cela suppose. Comprenez- moi  : submergés, absolument… Le Sens Critique. — Justement j’aurais en q
336 ergés, absolument… Le Sens Critique. — Justement j’ aurais en quelque manière la prétention… Moi. — Que voilà un singulie
337 ement j’aurais en quelque manière la prétention… Moi . — Que voilà un singulier impertinent de votre part. (Le reconduisant
338 tre part. (Le reconduisant :) Croyez, Monsieur, à mon estime la plus vive. Mais décidément nous sommes débordés, voyez vous
339  », c’est un académicien qui l’a dit. Voulez-vous me faire quelque chose là-dessus pour la Revue ? Mais plus tard, plus ta
340 hode ! (Sort le Sens Critique, un peu bousculé.) Moi . — Vous disiez, ma vie ? La Muse (mais oui, la Muse, sortant de derr
341 Critique, un peu bousculé.) Moi. — Vous disiez, ma vie ? La Muse (mais oui, la Muse, sortant de derrière un rideau). — 
342 s oui, la Muse, sortant de derrière un rideau). —  J’ attends votre plaisir… III Il y a des gens qui croient avoir tou
343 er du concept de l’esprit celui de Révolution. Et j’ entends ce mot dans son sens le plus vaste. Il y a eu quatre-vingt-tre
344 à nous, dans tel domaine. Et c’est même ceci que je ne puis pardonner aux surréalistes : qu’ils aient voulu s’allier aux
345 voulu s’allier aux dogmatiques d’extrême gauche. Je ne dirai pas, comme on a fait, que c’est très joli de crier merde pou
346 ous ne dites pas aussi merde pour Marx ou Lénine, je le dirai pour vous. Quand on a entrepris la Révolution au nom de l’es
347 ait trop à dire, et puis l’on croirait encore que je suis avec ceux qui traitent Aragon, Breton et leurs amis alternativem
348 cher de vivre, de rêver et de souffrir : culte du moi avec ses recettes garanties, chapelets d’optimisme, tyranniques évide
349 abe, examens de conscience toujours ratés — on ne m’ y prendra plus ! — morales américaines et hygiéniques en tous genres,
350 . 11. Les livres les plus répandus à Genève sont Ma vie et mon œuvre de Ford et Mon curé chez les riches. Très loin derri
351 livres les plus répandus à Genève sont Ma vie et mon œuvre de Ford et Mon curé chez les riches. Très loin derrière viennen
352 ndus à Genève sont Ma vie et mon œuvre de Ford et Mon curé chez les riches. Très loin derrière viennent des France et des B
8 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Quatre incidents (avril 1927)
353 ues tant soit peu métaphysiques d’une capitale de mes songes. On exigeait d’une saison de marque de tels soupirs, d’ailleur
354 ement ivre, et Bettina lui disait à l’oreille : «  Mon chéri, si j’aime la comtesse ? Mais tu es si laid que cela me donne e
355 Bettina lui disait à l’oreille : « Mon chéri, si j’ aime la comtesse ? Mais tu es si laid que cela me donne encore plus de
356 j’aime la comtesse ? Mais tu es si laid que cela me donne encore plus de plaisir. » Le duc paya et s’enfuit en disant que
357 menade en bateau À Grego More. Il disait : «  Je suis né pour la mort. » Il fait assez beau pour que s’ouvre ce cœur d
358 Et l’eau n’est pas moins somptueuse. Et bien sûr, je n’ai pas bougé. C’est une question d’amitié. Pourtant je suis seul dè
359 pas bougé. C’est une question d’amitié. Pourtant je suis seul dès cette heure, et mes amis fuiront un lâche. Parce que je
360 amitié. Pourtant je suis seul dès cette heure, et mes amis fuiront un lâche. Parce que je reviens seul. Mais moi, qui regar
361 te heure, et mes amis fuiront un lâche. Parce que je reviens seul. Mais moi, qui regarde comme de l’autre bord, je songe q
362 fuiront un lâche. Parce que je reviens seul. Mais moi , qui regarde comme de l’autre bord, je songe qu’il est des visites à
363 eul. Mais moi, qui regarde comme de l’autre bord, je songe qu’il est des visites à de certaines grandes dames où je préfér
364 l est des visites à de certaines grandes dames où je préférais — et lui aussi — me rendre seul et sans argent. Je ne voula
365 es grandes dames où je préférais — et lui aussi — me rendre seul et sans argent. Je ne voulais pas le retenir, Je ne pouva
366 s — et lui aussi — me rendre seul et sans argent. Je ne voulais pas le retenir, Je ne pouvais pas le suivre. On dit de ces
367 eul et sans argent. Je ne voulais pas le retenir, Je ne pouvais pas le suivre. On dit de ces phrases. Même, on en pleure.
9 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Récit du pickpocket (fragment) (mai 1927)
368 t du pickpocket (fragment) (mai 1927)s t … et je jure par Mercure, dieu du commerce, qu’on m’a appris à voler. Aristo
369 … et je jure par Mercure, dieu du commerce, qu’on m’ a appris à voler. Aristophane (« Les Chevaliers »). Dès qu’on eut dé
370 ue l’esprit s’établit sur ses positions. Or donc, j’ avais vingt ans. Je vivais chez mes parents, comme tant d’autres à cet
371 it sur ses positions. Or donc, j’avais vingt ans. Je vivais chez mes parents, comme tant d’autres à cet âge, logé, nourri,
372 tions. Or donc, j’avais vingt ans. Je vivais chez mes parents, comme tant d’autres à cet âge, logé, nourri, blanchi, mais n
373 e, logé, nourri, blanchi, mais non point diverti. J’ étais bon, Monsieur, normalement bon. L’idée, par exemple, d’étrangler
374 par exemple, d’étrangler un chat pour le plaisir me répugnait. Je détestais de peiner quelque être, même ennemi, — car ce
375 d’étrangler un chat pour le plaisir me répugnait. Je détestais de peiner quelque être, même ennemi, — car celui-là je le m
376 peiner quelque être, même ennemi, — car celui-là je le méprisais trop sincèrement. » Vers cette époque, une femme me rega
377 trop sincèrement. » Vers cette époque, une femme me regarda longuement. » Mes parents me savaient vierge et c’était la jo
378 cette époque, une femme me regarda longuement. » Mes parents me savaient vierge et c’était la joie de leur vie, car ils ai
379 e, une femme me regarda longuement. » Mes parents me savaient vierge et c’était la joie de leur vie, car ils aimaient en m
380 c’était la joie de leur vie, car ils aimaient en moi par-dessus tout la vertu que je leur devais. Pourtant, je ne détourna
381 ils aimaient en moi par-dessus tout la vertu que je leur devais. Pourtant, je ne détournai pas mes yeux des yeux de cette
382 essus tout la vertu que je leur devais. Pourtant, je ne détournai pas mes yeux des yeux de cette femme, de peur qu’elle ne
383 que je leur devais. Pourtant, je ne détournai pas mes yeux des yeux de cette femme, de peur qu’elle ne souffrît à cause de
384 tte femme, de peur qu’elle ne souffrît à cause de moi . Un soir qu’elle pleurait, je l’embrassai si fort… En un quart d’heur
385 ouffrît à cause de moi. Un soir qu’elle pleurait, je l’embrassai si fort… En un quart d’heure, je connaissais l’amour dans
386 ait, je l’embrassai si fort… En un quart d’heure, je connaissais l’amour dans ce qu’il a de plus étrangement prosaïque à l
387 scendait dans la ville, on marchait dans le bleu. Je sortis avec cette femme, qui m’aimait, et nous étions très jolis de b
388 ait dans le bleu. Je sortis avec cette femme, qui m’ aimait, et nous étions très jolis de bonheur et d’insouciance dans le
389 ouciance dans le bonheur de la saison. — Au soir, mon père savait tout. Il effleura mon front de ses lèvres sans une parole
390 son. — Au soir, mon père savait tout. Il effleura mon front de ses lèvres sans une parole quand je vins lui souhaiter le bo
391 ura mon front de ses lèvres sans une parole quand je vins lui souhaiter le bonsoir. Le lendemain, ses cheveux avaient légè
392 emain, ses cheveux avaient légèrement blanchi. Il me regardait avec une terreur ou je crus distinguer je ne sais quelle dé
393 ment blanchi. Il me regardait avec une terreur ou je crus distinguer je ne sais quelle déchirante nostalgie. Pour lui, san
394 regardait avec une terreur ou je crus distinguer je ne sais quelle déchirante nostalgie. Pour lui, sans doute, j’étais pe
395 uelle déchirante nostalgie. Pour lui, sans doute, j’ étais perdu. Mais il souffrait d’autre chose encore : il se savait vie
396 chose encore : il se savait vieux, maintenant. » Je songeais justement à un sourire de mon amie quand il voulut m’adresse
397 intenant. » Je songeais justement à un sourire de mon amie quand il voulut m’adresser la parole après un silence vertigineu
398 ustement à un sourire de mon amie quand il voulut m’ adresser la parole après un silence vertigineux. Il vit mon sourire et
399 er la parole après un silence vertigineux. Il vit mon sourire et pleura. Alors une rage s’empara de mon corps tout entier,
400 mon sourire et pleura. Alors une rage s’empara de mon corps tout entier, je criai un juron, claquai la porte et courus dans
401 Alors une rage s’empara de mon corps tout entier, je criai un juron, claquai la porte et courus dans ma chambre. Une demi-
402 e criai un juron, claquai la porte et courus dans ma chambre. Une demi-heure plus tard, j’étais à la gare, j’écrivais un m
403 courus dans ma chambre. Une demi-heure plus tard, j’ étais à la gare, j’écrivais un mot d’adieu à ma maîtresse d’une nuit e
404 bre. Une demi-heure plus tard, j’étais à la gare, j’ écrivais un mot d’adieu à ma maîtresse d’une nuit et je partais dans u
405 d, j’étais à la gare, j’écrivais un mot d’adieu à ma maîtresse d’une nuit et je partais dans une direction quelconque. Il
406 ivais un mot d’adieu à ma maîtresse d’une nuit et je partais dans une direction quelconque. Il advint que ce fut celle de
407 advint que ce fut celle de l’Italie. La lumière, mon pays natal ! — Je vécus d’articles sur la mode et la politique, que j
408 celle de l’Italie. La lumière, mon pays natal ! —  Je vécus d’articles sur la mode et la politique, que j’envoyais à divers
409 vécus d’articles sur la mode et la politique, que j’ envoyais à divers journaux. Un jour, parcourant un quotidien de mon pa
410 ers journaux. Un jour, parcourant un quotidien de mon pays où je cherchais mon dernier papier, je lus mon nom en grosses le
411 . Un jour, parcourant un quotidien de mon pays où je cherchais mon dernier papier, je lus mon nom en grosses lettres : c’é
412 rcourant un quotidien de mon pays où je cherchais mon dernier papier, je lus mon nom en grosses lettres : c’était l’annonce
413 n de mon pays où je cherchais mon dernier papier, je lus mon nom en grosses lettres : c’était l’annonce du décès de mon pè
414 n pays où je cherchais mon dernier papier, je lus mon nom en grosses lettres : c’était l’annonce du décès de mon père. » J’
415 n grosses lettres : c’était l’annonce du décès de mon père. » J’étais assis à la terrasse ensoleillée d’un café ; une brise
416 ttres : c’était l’annonce du décès de mon père. » J’ étais assis à la terrasse ensoleillée d’un café ; une brise passa, et
417 rise passa, et une femme en robe bleue légère qui me regarda un instant, si doucement… Je me levai sans payer, je partis p
418 e légère qui me regarda un instant, si doucement… Je me levai sans payer, je partis par les rues, une joie violente commen
419 égère qui me regarda un instant, si doucement… Je me levai sans payer, je partis par les rues, une joie violente commençai
420 un instant, si doucement… Je me levai sans payer, je partis par les rues, une joie violente commençait à m’envahir, contre
421 rtis par les rues, une joie violente commençait à m’ envahir, contre laquelle je luttais obscurément pour augmenter ma volu
422 violente commençait à m’envahir, contre laquelle je luttais obscurément pour augmenter ma volupté. Bientôt je ne pus me t
423 re laquelle je luttais obscurément pour augmenter ma volupté. Bientôt je ne pus me tenir de chantonner. J’entrai dans un é
424 is obscurément pour augmenter ma volupté. Bientôt je ne pus me tenir de chantonner. J’entrai dans un établissement luxueux
425 ment pour augmenter ma volupté. Bientôt je ne pus me tenir de chantonner. J’entrai dans un établissement luxueux d’où sort
426 olupté. Bientôt je ne pus me tenir de chantonner. J’ entrai dans un établissement luxueux d’où sortaient à chaque tour du t
427 eflétaient de nombreuses glaces. Les fenêtres que j’ ouvris firent tourner des soleils sur les parois claires. Du balcon, o
428 avenir de bonheur fiévreux — celui justement que j’ entrevoyais. » Quand elle se fut endormie, je me rhabillai. Je ne trou
429 que j’entrevoyais. » Quand elle se fut endormie, je me rhabillai. Je ne trouvai que 100 francs dans son sac à main : c’ét
430 e j’entrevoyais. » Quand elle se fut endormie, je me rhabillai. Je ne trouvai que 100 francs dans son sac à main : c’était
431 s. » Quand elle se fut endormie, je me rhabillai. Je ne trouvai que 100 francs dans son sac à main : c’était assez pour me
432 0 francs dans son sac à main : c’était assez pour me permettre d’entreprendre quelques beaux vols… » Dès lors, je vécus, c
433 e d’entreprendre quelques beaux vols… » Dès lors, je vécus, comme vous me voyez vivre encore, dans un état de sincérité pe
434 ques beaux vols… » Dès lors, je vécus, comme vous me voyez vivre encore, dans un état de sincérité perpétuelle envers tous
435 dans un état de sincérité perpétuelle envers tous mes élans, accueillant avec un enthousiasme juvénile, c’est-à-dire cyniqu
436 ffres du hasard, ce poète immoral et malicieux. » Je ne sais dans quel rapide de l’Europe centrale — région où l’on est fo
437 ’on est forcé de prendre conscience de soi-même — je découvris une nuit, au moment de m’endormir, que ma passion du vol n’
438 de soi-même — je découvris une nuit, au moment de m’ endormir, que ma passion du vol n’était qu’une longue vengeance. Ne m’
439 découvris une nuit, au moment de m’endormir, que ma passion du vol n’était qu’une longue vengeance. Ne m’avait-on pas dér
440 assion du vol n’était qu’une longue vengeance. Ne m’ avait-on pas dérobé des années de joie au profit d’une vertu que tout
441 années de joie au profit d’une vertu que tout en moi reniait obscurément. Je sentais bien que le ressort secret de la vert
442 d’une vertu que tout en moi reniait obscurément. Je sentais bien que le ressort secret de la vertu dans laquelle on m’ava
443 ue le ressort secret de la vertu dans laquelle on m’ avait emprisonné c’était un bas opportunisme social, résultante des pa
444 lles filles, sans capitalistes et sans gendarmes. Je sais bien ce que vous me direz : Les millions que je pourrais leur so
445 istes et sans gendarmes. Je sais bien ce que vous me direz : Les millions que je pourrais leur soustraire ne compenseront
446 sais bien ce que vous me direz : Les millions que je pourrais leur soustraire ne compenseront jamais cette escroquerie mor
447 compenseront jamais cette escroquerie morale dont je fus la victime, ce vol de quelques joies parfaites de ma jeunesse… Ma
448 la victime, ce vol de quelques joies parfaites de ma jeunesse… Mais il est trop tard, Monsieur, pour critiquer les modalit
449 p tard, Monsieur, pour critiquer les modalités de ma vengeance. Veuillez ne voir dans la confusion où je parais être engag
450 vengeance. Veuillez ne voir dans la confusion où je parais être engagé, du plan moral avec l’économique, qu’une expressio
451 e expression nouvelle, et non dénuée d’ironie, de mon mépris pour ce qu’ils appellent, ridiculement, les fondements mêmes d
452 avec le produit du vol d’un tronc de chapelle que j’ édifiai à mes parents un tombeau sur lequel je fis graver : Prêté — re
453 uit du vol d’un tronc de chapelle que j’édifiai à mes parents un tombeau sur lequel je fis graver : Prêté — rendu, pour la
454 que j’édifiai à mes parents un tombeau sur lequel je fis graver : Prêté — rendu, pour la gloire de l’Église. (Ici, il but
455 ise. (Ici, il but une gorgée et prit un temps.) » Je vous fais grâce, poursuivit-il, de la chronique de ma vie de rat d’hô
456 ous fais grâce, poursuivit-il, de la chronique de ma vie de rat d’hôtel et de sleepings ; encore que… Bref, depuis quelque
457 eepings ; encore que… Bref, depuis quelques mois, je m’amuse à jouer le pickpocket. Cela permet, avec un minimum d’adresse
458 ings ; encore que… Bref, depuis quelques mois, je m’ amuse à jouer le pickpocket. Cela permet, avec un minimum d’adresse, d
459 , croyez-le bien… Le goût de la propriété étant à mon sens l’un des plus vulgaires et des plus généralement répandus, j’ai
460 plus vulgaires et des plus généralement répandus, j’ ai vite fait de classer mon monde d’après les quelques réactions éléme
461 généralement répandus, j’ai vite fait de classer mon monde d’après les quelques réactions élémentaires qui ne manquent jam
462 ne manquent jamais de succéder au moindre vol. » J’ ajouterai, cher Monsieur, que l’analyse psychologique n’est pas mon fo
463 r Monsieur, que l’analyse psychologique n’est pas mon fort. Je me contente de quelques observations théoriques que je tiens
464 , que l’analyse psychologique n’est pas mon fort. Je me contente de quelques observations théoriques que je tiens pour vra
465 ue l’analyse psychologique n’est pas mon fort. Je me contente de quelques observations théoriques que je tiens pour vraies
466 contente de quelques observations théoriques que je tiens pour vraies, et j’en vérifie les manifestations vivantes avec u
467 ervations théoriques que je tiens pour vraies, et j’ en vérifie les manifestations vivantes avec une prodigalité d’épreuves
468 ves, contre-épreuves, variantes et enjolivures où je vois le véritable intérêt de ma vie. C’est vous dire que seule une ce
469 et enjolivures où je vois le véritable intérêt de ma vie. C’est vous dire que seule une certaine caresse de l’événement na
470 taine caresse de l’événement naissant peut encore m’ émouvoir. C’est un plaisir de chaque minute auquel succède immédiateme
471 e minute auquel succède immédiatement le sommeil. Je rêve beaucoup. Cela explique, m’a-t-on dit, le peu de goût que j’ai p
472 ment le sommeil. Je rêve beaucoup. Cela explique, m’ a-t-on dit, le peu de goût que j’ai pour la poésie imprimée. » J’allai
473 . Cela explique, m’a-t-on dit, le peu de goût que j’ ai pour la poésie imprimée. » J’allais oublier de vous dire qu’on me n
474 e peu de goût que j’ai pour la poésie imprimée. » J’ allais oublier de vous dire qu’on me nomme Saint-Julien. Vous n’ignore
475 e imprimée. » J’allais oublier de vous dire qu’on me nomme Saint-Julien. Vous n’ignorez point que l’on considère ce saint
476 l’agacer en maint endroit. « Une chose avant tout me frappe — dit-il, lâchant tout de suite ses compliments, ce qui est de
477 ie. Elle est sans bavures, sans réticences ; elle m’ apparaît comme un divertissement perpétuel et dénué d’inquiétude. Et c
478 uel et dénué d’inquiétude. Et cela n’est pas sans me charmer, croyez-moi. Car, enfin, si je suis ici à vous écouter, c’est
479 iétude. Et cela n’est pas sans me charmer, croyez- moi . Car, enfin, si je suis ici à vous écouter, c’est que je cherche ce q
480 t pas sans me charmer, croyez-moi. Car, enfin, si je suis ici à vous écouter, c’est que je cherche ce qu’on est convenu d’
481 , enfin, si je suis ici à vous écouter, c’est que je cherche ce qu’on est convenu d’appeler — pardonnez la lourdeur de l’e
482 ourdeur de l’expression — une règle de vie. Mais, je vous l’avouerai, ce qui me retient de tirer de votre conduite les con
483 ne règle de vie. Mais, je vous l’avouerai, ce qui me retient de tirer de votre conduite les conclusions morales qu’elle pa
484 t impliquer, c’est ce caractère de, comment dirai- je …, de juvénile insouciance, pour ne pas dire inconscience ! qui s’atta
485 n actes de jeux de mots plus ou moins cruels… » — Je vous entends, interrompit Saint-Julien, par pitié pour Isidore dont l
486 l paraissait lui-même gêné. En deux mots, vous ne me trouvez pas sérieux. Le reproche est grave. Je ne saurais y répondre.
487 ne me trouvez pas sérieux. Le reproche est grave. Je ne saurais y répondre. Je pourrais vous dire que si vous me trouvez u
488 Le reproche est grave. Je ne saurais y répondre. Je pourrais vous dire que si vous me trouvez un peu potache, il n’est pa
489 ais y répondre. Je pourrais vous dire que si vous me trouvez un peu potache, il n’est pas prouvé par là que le potache n’a
490 que le potache n’ait point raison. Mais justement je n’éprouve aucun désir d’avoir raison. Je sens aussi bien que vous ce
491 ustement je n’éprouve aucun désir d’avoir raison. Je sens aussi bien que vous ce que mes principes peuvent avoir de « bien
492 ’avoir raison. Je sens aussi bien que vous ce que mes principes peuvent avoir de « bien jeune », de banal presque, et, pis,
493 our quiconque est aussi profondément persuadé que moi de l’absurdité radicale de notre vie, la moindre farce, le moindre ge
494 apprendrez-vous à découvrir derrière certaines de mes plaisanteries la dérision secrète qu’elles masquent par caprice. ....
10 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). La part du feu. Lettres sur le mépris de la littérature (juillet 1927)
495 e (juillet 1927)v I Parler littérature Si je prononce le nom de tel de vos confrères, si je dis : « Avez-vous lu… 
496 Si je prononce le nom de tel de vos confrères, si je dis : « Avez-vous lu… », vous voilà rouge ; et sur moi les foudres de
497 is : « Avez-vous lu… », vous voilà rouge ; et sur moi les foudres de votre paradis poétique. Si je cite tel auteur dont nou
498 sur moi les foudres de votre paradis poétique. Si je cite tel auteur dont nous fîmes notre nourriture une saison de naguèr
499 re. Alors, quelque paysan du Danube survenant : — Je vous croyais écrivain ? — Hélas ! soupirez-vous. Mais j’ai tué la lit
500 croyais écrivain ? — Hélas ! soupirez-vous. Mais j’ ai tué la littérature en moi, n’en parlez plus, j’en sors, je l’abando
501  ! soupirez-vous. Mais j’ai tué la littérature en moi , n’en parlez plus, j’en sors, je l’abandonne… Mais notre paysan, rusé
502 j’ai tué la littérature en moi, n’en parlez plus, j’ en sors, je l’abandonne… Mais notre paysan, rusé : — Vous l’abandonnez
503 littérature en moi, n’en parlez plus, j’en sors, je l’abandonne… Mais notre paysan, rusé : — Vous l’abandonnez ? Pour quo
504 ous l’abandonnez ? Pour quoi ? — Pour la vie ! Or je pense, à part moi : j’ai lu ça quelque part. Voyez ma franchise. Un p
505 ? Pour quoi ? — Pour la vie ! Or je pense, à part moi  : j’ai lu ça quelque part. Voyez ma franchise. Un peu grosse, n’est-c
506 quoi ? — Pour la vie ! Or je pense, à part moi : j’ ai lu ça quelque part. Voyez ma franchise. Un peu grosse, n’est-ce pas
507 ense, à part moi : j’ai lu ça quelque part. Voyez ma franchise. Un peu grosse, n’est-ce pas ? D’autres prennent soin que l
508 ’ils escomptent scandaleuse. Mais voici un bar où je vous suis. Vous y entrez plein de mépris pour Paul Morand par qui déc
509 sa gueule de bois pour en faire des poèmes. Alors je cherche les raisons de votre indignation, quand il m’échappe une cita
510 herche les raisons de votre indignation, quand il m’ échappe une citation. Seraient-ce les guillemets qui vous choquent ?  
511 La vie ! — proclamiez-vous… Soit. Mais maintenant je vais me fâcher chaque fois que vous direz : « extravagant », « invrai
512 — proclamiez-vous… Soit. Mais maintenant je vais me fâcher chaque fois que vous direz : « extravagant », « invraisemblabl
513 atitude salutaire, c’est refus de limiter le mal. Je vous vois envahi par des démons que vous prétendez m’interdire de nom
514 ous vois envahi par des démons que vous prétendez m’ interdire de nommer. Mais moi je partage avec certains Orientaux cette
515 ns que vous prétendez m’interdire de nommer. Mais moi je partage avec certains Orientaux cette croyance : nommer une chose,
516 ue vous prétendez m’interdire de nommer. Mais moi je partage avec certains Orientaux cette croyance : nommer une chose, c’
517 r puissance sur elle. Images, pensées des autres, je vous ai mis un collier avec le nom du propriétaire ; tirez un peu sur
518 du propriétaire ; tirez un peu sur la laisse, que j’ éprouve la fermeté de ma main. Je vous tiens. Je sais où vous êtes. Vo
519 un peu sur la laisse, que j’éprouve la fermeté de ma main. Je vous tiens. Je sais où vous êtes. Vous n’allez pas me surpre
520 r la laisse, que j’éprouve la fermeté de ma main. Je vous tiens. Je sais où vous êtes. Vous n’allez pas me surprendre par-
521 e j’éprouve la fermeté de ma main. Je vous tiens. Je sais où vous êtes. Vous n’allez pas me surprendre par-derrière. Une f
522 ous tiens. Je sais où vous êtes. Vous n’allez pas me surprendre par-derrière. Une fois — et ce n’est pas que je m’en vante
523 ndre par-derrière. Une fois — et ce n’est pas que je m’en vante, — j’ai tué un amour naissant, à force de le crier sur les
524 e par-derrière. Une fois — et ce n’est pas que je m’ en vante, — j’ai tué un amour naissant, à force de le crier sur les to
525 . Une fois — et ce n’est pas que je m’en vante, —  j’ ai tué un amour naissant, à force de le crier sur les toits. Ainsi, pa
526 , parler littérature, c’est faire la part du feu. Je dis ces noms, ces opinions, ces titres de livres : tout cela jaillit,
527 cela jaillit, s’entrechoque, s’annule. Poussière. Ma vie est ailleurs. L’addition, s’il vous plaît. Il est temps de sortir
528 ce que vous attendez d’elle. Pour dire le fond de ma pensée, je crois ce mépris et cette attente également exagérés. Vous
529 attendez d’elle. Pour dire le fond de ma pensée, je crois ce mépris et cette attente également exagérés. Vous savez bien
530 exprimer ; depuis le temps qu’on l’oublie.) Vous me direz que la poésie, l’état poétique, est notre seul moyen de connais
531 elle était réalisée, on ne s’en apercevrait pas. Je pressens encore dans vos poèmes les plus obscurs des allusions furtiv
532 ger sans fièvre, pour en circonscrire les effets. J’ avoue prendre à cette étude un intérêt bien vif. Et cela fournit un me
533 II Sur l’utilité de la littérature Montherlant me paraît être le moins « littératuré » des écrivains d’aujourd’hui. Qua
534 los de la littérature ! Qu’on puisse vivre de ça, je ne l’ai pas encore avalé. On m’affirme que je n’y échapperai pas plus
535 isse vivre de ça, je ne l’ai pas encore avalé. On m’ affirme que je n’y échapperai pas plus qu’un autre : et qu’un beau soi
536 ça, je ne l’ai pas encore avalé. On m’affirme que je n’y échapperai pas plus qu’un autre : et qu’un beau soir il faille éc
537 culeuses.   Voici donc les seules révélations que j’ attende de la littérature : que celle des autres m’aide à prendre cons
538 ’attende de la littérature : que celle des autres m’ aide à prendre conscience de moi-même ; que la mienne m’aide à découvr
539 à prendre conscience de moi-même ; que la mienne m’ aide à découvrir quelques êtres par le monde… Il ne s’agit plus de mép
540 onde… Il ne s’agit plus de mépris ni d’adoration. J’ ai défini une « maladie » dont je parviens à tirer quelque bien pour m
541 ni d’adoration. J’ai défini une « maladie » dont je parviens à tirer quelque bien pour ma vie. Le jour où les soins qu’el
542 adie » dont je parviens à tirer quelque bien pour ma vie. Le jour où les soins qu’elle exige me coûteront des sacrifices p
543 n pour ma vie. Le jour où les soins qu’elle exige me coûteront des sacrifices plus grands que les bienfaits que j’en escom
544 des sacrifices plus grands que les bienfaits que j’ en escompte, il sera temps de songer sérieusement à m’en guérir. Vous
545 escompte, il sera temps de songer sérieusement à m’ en guérir. Vous me demanderez « alors » ce que j’attends de ma vie. Je
546 temps de songer sérieusement à m’en guérir. Vous me demanderez « alors » ce que j’attends de ma vie. Je serais tenté de v
547 m’en guérir. Vous me demanderez « alors » ce que j’ attends de ma vie. Je serais tenté de vous répondre, comme ce sympathi
548 Vous me demanderez « alors » ce que j’attends de ma vie. Je serais tenté de vous répondre, comme ce sympathique Philippe
549 demanderez « alors » ce que j’attends de ma vie. Je serais tenté de vous répondre, comme ce sympathique Philippe Soupault
550 citation.) Mais non, cher ami, voici qu’une envie me prend de vous conter un peu cette histoire. Seulement, allons ailleur
551 ur. 15. Variante : des puissances d’action. 16. J’ en vois certains qui arrangent leur vie de telle sorte que leurs mémoi
11 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). « Belles-Lettres, c’est la clé des champs… » (janvier 1929)
552 e où la poésie est compréhensible et légitime. 4. Je suis de sang-froid, je dis : Belles-Lettres est essentiellement une m
553 réhensible et légitime. 4. Je suis de sang-froid, je dis : Belles-Lettres est essentiellement une mystique. Mais parce que
554 est essentiellement une mystique. Mais parce que je suis de sang-froid, je ne puis dire grand-chose de plus. On ne se com
555 e mystique. Mais parce que je suis de sang-froid, je ne puis dire grand-chose de plus. On ne se comprend bien qu’entre jeu
556 poète (au sens le plus large de ces mots.) (Mais je tiens à le leur dire ici : les anciens bellettriens qui ont perdu tou
12 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Prison. Ailleurs. Étoile de jour (mars 1929)
557 … Ailleurs Colombes lumineuses des mains de mon amour écloses voyageuses ah ! que d’aucun retour vous ne laissiez le
558 n retour vous ne laissiez le gage aux plaintes de mon cœur il est d’autres rivages où mieux qu’ici l’on meurt. Étoile de
13 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Souvenirs d’enfance et de jeunesse, par Philippe Godet (avril 1929)
559 épété dans une ballade fameuse « Que voulez-vous, je suis bourgeois ! », l’on peut se permettre quelques malices, quelques
560 disproportionnés avec son mérite ». Il ajoute : «  j’ ai eu la chance de discerner très jeune, avec une clairvoyance singuli
561 ner très jeune, avec une clairvoyance singulière, mes propres limites, et j’ai eu la sagesse de ne rien tenter au-delà ». C
562 clairvoyance singulière, mes propres limites, et j’ ai eu la sagesse de ne rien tenter au-delà ». C’est le comble de l’éco
14 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). L’ordre social. Le Libéralisme. L’inspiration (novembre 1929)
563 les précieuses trouvaient cela d’un romantisme ! ma chère, d’un mauvais goût ! Cependant le jeune homme agitait ses ailes
564 rt d’un poète en état, sans doute, d’inspiration. Je trouve dans une enveloppe qu’hier vous m’adressâtes une déclaration d
565 ration. Je trouve dans une enveloppe qu’hier vous m’ adressâtes une déclaration d’amour destinée à une femme blonde. Je sui
566 déclaration d’amour destinée à une femme blonde. Je suis noire. Mais je sais qui c’est. J’ai fait suivre. Alexandrine un
567 destinée à une femme blonde. Je suis noire. Mais je sais qui c’est. J’ai fait suivre. Alexandrine un jour m’a laissé ente
568 me blonde. Je suis noire. Mais je sais qui c’est. J’ ai fait suivre. Alexandrine un jour m’a laissé entendre qu’elle vous a
569 qui c’est. J’ai fait suivre. Alexandrine un jour m’ a laissé entendre qu’elle vous aime. Elle attend votre lettre depuis d
570 s aime. Elle attend votre lettre depuis des mois. Je pense que ces lignes vous trouveront réunis. Avec ma bénédiction, je
571 pense que ces lignes vous trouveront réunis. Avec ma bénédiction, je suis votre amie Joséphine. » — Le poète reprit son ma
572 gnes vous trouveront réunis. Avec ma bénédiction, je suis votre amie Joséphine. » — Le poète reprit son manuscrit et concl
15 1930, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Les soirées du Brambilla-club (mai 1930)
573 oésie, et la France c’est la Chambre des Députés, je n’en veux pas démordre, et la Légion d’honneur — je vous la laisse, l
574 n’en veux pas démordre, et la Légion d’honneur — je vous la laisse, la Légion d’honneur. Quand vous prenez un taxi passé
575 lemand, — et l’allemand littéraire y suffit. Pour moi , je ne me sens pas trop embarrassé ; comme j’habite l’Odéon, c’est to
576 d, — et l’allemand littéraire y suffit. Pour moi, je ne me sens pas trop embarrassé ; comme j’habite l’Odéon, c’est toujou
577 t l’allemand littéraire y suffit. Pour moi, je ne me sens pas trop embarrassé ; comme j’habite l’Odéon, c’est toujours le
578 ur moi, je ne me sens pas trop embarrassé ; comme j’ habite l’Odéon, c’est toujours le fantôme de l’Odéon qui m’accompagne
579 l’Odéon, c’est toujours le fantôme de l’Odéon qui m’ accompagne et nous ne disons presque rien, nous savons les mêmes histo
580 t des noctambules préfèrent d’aller à pied ; mais moi je me méfie ; se promener seul la nuit dans une ville étrangère, n’es
581 s noctambules préfèrent d’aller à pied ; mais moi je me méfie ; se promener seul la nuit dans une ville étrangère, n’est-c
582 octambules préfèrent d’aller à pied ; mais moi je me méfie ; se promener seul la nuit dans une ville étrangère, n’est-ce p
583 -ce point la définition même de la luxure ? Quand je vais à pied, j’oublie en chemin les meilleures phrases que j’avais pr
584 inition même de la luxure ? Quand je vais à pied, j’ oublie en chemin les meilleures phrases que j’avais préparées pour sub
585 ed, j’oublie en chemin les meilleures phrases que j’ avais préparées pour subjuguer mes amies, je m’intéresse aux cravates,
586 ures phrases que j’avais préparées pour subjuguer mes amies, je m’intéresse aux cravates, enfin, je sens mon esprit qui se
587 s que j’avais préparées pour subjuguer mes amies, je m’intéresse aux cravates, enfin, je sens mon esprit qui se dégrade as
588 ue j’avais préparées pour subjuguer mes amies, je m’ intéresse aux cravates, enfin, je sens mon esprit qui se dégrade assez
589 er mes amies, je m’intéresse aux cravates, enfin, je sens mon esprit qui se dégrade assez rapidement et se dissout dans un
590 mies, je m’intéresse aux cravates, enfin, je sens mon esprit qui se dégrade assez rapidement et se dissout dans une sentime
591 n’est pas venue… (C’est ici le lieu de l’avouer : je ne saurais entretenir que mes rapports de politesse distante avec les
592 e lieu de l’avouer : je ne saurais entretenir que mes rapports de politesse distante avec les personnes qui ont dit, ne fût
593 ui ont dit, ne fût-ce qu’une fois en leur vie : «  J’ ai horreur de la sentimentalité ».) Nous voici donc en taxi, « nous de
594 s deux le fantôme » comme on disait au village où je suis né, qui n’est pas ma patrie. Ce soir-là, le fantôme ayant envie
595 on disait au village où je suis né, qui n’est pas ma patrie. Ce soir-là, le fantôme ayant envie de manger ferme a donné au
596 ur l’adresse d’un ogre. C’est tout près parce que j’ ai peur. En même temps c’est très loin parce que je me réjouis. La Mai
597 ’ai peur. En même temps c’est très loin parce que je me réjouis. La Maison des Ogres est au 53 rue de Rennes ; je ne vous
598 peur. En même temps c’est très loin parce que je me réjouis. La Maison des Ogres est au 53 rue de Rennes ; je ne vous le
599 is. La Maison des Ogres est au 53 rue de Rennes ; je ne vous le confie pas sans un secret tremblement. Nous embarquons Jea
600 t d’un poète authentique. Le pittoresque. D’abord je crains que la notion n’en soit toute relative aux modes de « vie » bo
601 « vie » bourgeois ; et puis la, comédie n’est pas mon fort, même la triste. Je n’aime plus que les choses lentement émouvan
602 s la, comédie n’est pas mon fort, même la triste. Je n’aime plus que les choses lentement émouvantes, monotones et aiguës,
603 ail jusqu’à l’aube, la naissance d’un visage dans ma mémoire (d’heure en heure ces yeux plus vivants…) De là, je le suppos
604 (d’heure en heure ces yeux plus vivants…) De là, je le suppose, une certaine misanthropie en germe : les êtres changent t
605 nthropie en germe : les êtres changent trop vite, je n’ai pas le temps de me laisser envoûter ou de les rendre esclaves, h
606 êtres changent trop vite, je n’ai pas le temps de me laisser envoûter ou de les rendre esclaves, hors de quoi je ne sais p
607 envoûter ou de les rendre esclaves, hors de quoi je ne sais pas de commerce humain qui vaille la peine, qui vaille l’amou
608 d enfin qu’il est perdu, il découvre la liberté. ( Je pense à la boussole autant qu’au sens moral.) Le goût de se perdre es
609 des plus profonds mystères de notre condition, et je ne crois pas trop absurde d’y chercher l’origine non seulement des pa
610 rquoi ne pas se perdre sans arrière-pensée ? S’il me reste un espoir au sein de mes erreurs les moins préméditées, c’est s
611 rière-pensée ? S’il me reste un espoir au sein de mes erreurs les moins préméditées, c’est sans doute celui d’être trouvé.
612 réméditées, c’est sans doute celui d’être trouvé. J’ ai toujours méprisé le geste de l’homme qui, le soir dans sa chambre d
613 uble tour. Ah ! qu’une nuit enfin, à la faveur de mon sommeil, on me vole à moi-même ! Que des êtres rêvés m’emportent ! — 
614 qu’une nuit enfin, à la faveur de mon sommeil, on me vole à moi-même ! Que des êtres rêvés m’emportent ! — Ils me conduira
615 meil, on me vole à moi-même ! Que des êtres rêvés m’ emportent ! — Ils me conduiraient là où je ne sais pas que j’ai si gra
616 oi-même ! Que des êtres rêvés m’emportent ! — Ils me conduiraient là où je ne sais pas que j’ai si grand désir d’aller… Es
617 s rêvés m’emportent ! — Ils me conduiraient là où je ne sais pas que j’ai si grand désir d’aller… Est-ce ici ? Je regarde
618  ! — Ils me conduiraient là où je ne sais pas que j’ ai si grand désir d’aller… Est-ce ici ? Je regarde autour de moi : des
619 pas que j’ai si grand désir d’aller… Est-ce ici ? Je regarde autour de moi : des murs sans yeux dominent des baraques épar
620 désir d’aller… Est-ce ici ? Je regarde autour de moi  : des murs sans yeux dominent des baraques éparses dans une brousse o
621 bouger les jambes. Nous suivons à tâtons. Ce que je pressentais ne tarde pas à se produire : des aboiements fous et une e
622 le : c’est tout de suite écœurant et prétentieux. Je suis de ceux qui mangent sans faire d’histoires. Je remarque simpleme
623 suis de ceux qui mangent sans faire d’histoires. Je remarque simplement qu’on n’est jamais mieux pour parler qu’en face d
624 pure. Edmond Jaloux préside à cette agape dont il m’ est impossible de nommer tous les officiants visibles ou virtuels, et
625 ticulier à le parfaire ? — il est bientôt minuit. Mon fantôme est là. Un chien, Dick, est là. Pierre Girard n’est pas là, n
626 Chenevière pourrait très bien être là, puisqu’en ma voisine, je reconnais la Jeune fille de neige. On la sent prête à fon
627 pourrait très bien être là, puisqu’en ma voisine, je reconnais la Jeune fille de neige. On la sent prête à fondre de tendr
628 es Petit, égaré, en ayant soin d’ajouter ceux que j’ oublie, vous obtiendrez le chiffre exact des participants ; calculez l
629 de l’Italie et une certaine qualité de désespoir, je retrouve les contes d’Hoffmann. Mais il s’agit de les vivre plutôt qu
630 vivre plutôt que d’en parler vous voyez bien que j’ ai quitté cette table écroulée, dans la fumée et les évocations, sous
631 ui cachait le front des palais, une nuit d’hiver, je chantonnais la Barcarolle en descendant le Grand Canal, — c’est une r
632 ériennes, des chansons populaires qui sont ce que je connais de plus indiciblement nostalgique. Und solltest du im Leben
633 nes. Un grand verre de bière à l’auberge déserte, ma pipe et mon chien qui bougonne. La petite maison du colonel en retrai
634 nd verre de bière à l’auberge déserte, ma pipe et mon chien qui bougonne. La petite maison du colonel en retraite a des fen
635 l est temps de mettre à ces fariboles un terme19. J’ ai du solide à équarrir. Et auparavant, j’aimerais lire un peu. Mes au
636 erme19. J’ai du solide à équarrir. Et auparavant, j’ aimerais lire un peu. Mes auteurs ? Goethe en tout temps ; Rodolphe To
637 équarrir. Et auparavant, j’aimerais lire un peu. Mes auteurs ? Goethe en tout temps ; Rodolphe Toepffer (admiré par Goethe
16 1930, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Le Grand Testament de Villon, illustré par Marcel North (juin 1930)
638 ore cette main déjà experte et malicieuse. Ce que j’ aime ici, c’est un ravissant concours d’ingénuité et d’observation iro
17 1932, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). La pluie et le beau temps (Dialogue dans une tête) (1932)
639 avez-vous été méchante ? Sonnette. — Lord Artur, je ne suis pas une mauvaise femme, et si vous n’étiez pas si retors, vou
640 vous n’étiez pas si retors, vous verriez bien que je ne suis pas plus coquette qu’une autre. Mais les hommes comme vous ai
641 aimons leur échapper. Vous êtes bien injuste avec moi quand vous me reprochez d’être méchante : je suis à peine coquette, e
642 apper. Vous êtes bien injuste avec moi quand vous me reprochez d’être méchante : je suis à peine coquette, et vous savez q
643 vec moi quand vous me reprochez d’être méchante : je suis à peine coquette, et vous savez que c’est un plaisir qu’on ne pe
644 r qu’on ne peut pas nous refuser ; du reste, cela me rend plus jolie, quelqu’un me l’a dit hier encore, vous ne saurez pas
645 er ; du reste, cela me rend plus jolie, quelqu’un me l’a dit hier encore, vous ne saurez pas qui. Lord Artur. — Ravissant
646 ont insensées, mais comme des baisers dans l’air. Je voudrais vous poser une question, Sonnette. Une question très grave.
647 ps ? Sonnette. — Pfi ! comme c’est drôle ! C’est moi qui fais la pluie et le beau temps. Lord Artur. — Certes, la réponse
648 me vous êtes un profond pédant, dans cinq minutes je ne saurai plus même voir s’il fait beau ou s’il fait vilain. Lord Ar
649 ’il fait beau ou s’il fait vilain. Lord Artur. — Je pense sérieusement que vous ne l’avez jamais su. Pas plus que vous n’
650 nt pas de point de vue sur le beau temps. Écoutez- moi bien, Sonnette : Vos actions et vos pensées, votre conception de l’am
651 ttes vernies, quand il pleut ? Sonnette. — Quand j’ étais petite fille, j’aimais me promener à la lisière des forêts, les
652 pleut ? Sonnette. — Quand j’étais petite fille, j’ aimais me promener à la lisière des forêts, les jambes nues sous la pl
653 Sonnette. — Quand j’étais petite fille, j’aimais me promener à la lisière des forêts, les jambes nues sous la pluie. L’he
654 ramboises humides avaient un délicieux goût fade. Je rentrais toute fière de mes genoux griffés comme ceux des garçons, et
655 n délicieux goût fade. Je rentrais toute fière de mes genoux griffés comme ceux des garçons, et le soir quand on me faisait
656 iffés comme ceux des garçons, et le soir quand on me faisait souhaiter dans ma prière « qu’il fasse beau demain », je pens
657 ns, et le soir quand on me faisait souhaiter dans ma prière « qu’il fasse beau demain », je pensais en dessous que j’aimai
658 aiter dans ma prière « qu’il fasse beau demain », je pensais en dessous que j’aimais mieux les herbes mouillées. Lord Art
659 il fasse beau demain », je pensais en dessous que j’ aimais mieux les herbes mouillées. Lord Artur. — On dit souvent des f
660 ulement sournoises. Sonnette. — Lord Artur, vous m’ amusez beaucoup. Vraiment vous devez être jaloux ce soir. Quand vous c
661 tits riens, c’est toujours par dépit amoureux. Si je vous laisse aller, ou si peut-être je vous pousse un peu, vous finire
662 moureux. Si je vous laisse aller, ou si peut-être je vous pousse un peu, vous finirez par démontrer qu’il faut être chréti
663 soit à la pluie et au beau temps. Lord Artur. — J’ ai toujours estimé, Sonnette, que vous extrêmement intelligente. Je re
664 imé, Sonnette, que vous extrêmement intelligente. Je regrette profondément que vous n’ayez pas plus de sens qu’un oiseau.
665 ce lieu bâtit la ville de Crotone. Sonnette. — J’ aime vos histoires, Lord Artur. (Un temps.) — Dites-moi, Lord Artur, s
666 me vos histoires, Lord Artur. (Un temps.) — Dites- moi , Lord Artur, si je pleurais, quel temps ferait-il pour vous ? Lord A
667 rd Artur. (Un temps.) — Dites-moi, Lord Artur, si je pleurais, quel temps ferait-il pour vous ? Lord Artur. — … Le beau m
668 e soit belle, peut-être, mais qu’elle pleure, qui me réchauffe. Parce qu’elle se tient là « vêtue de son péché », — comme
18 1933, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Petites notes sur les vérités éternelles (1932-1933)
669 ticle de M. Arnold Reymond, paru dans votre n° 1, me met la plume à la main. Voici quelques notes rapidement rédigées dans
670 rapidement rédigées dans les marges. M. Reymond, je le crois, ne m’en voudra pas trop de leur vivacité : il connaît bien
671 gées dans les marges. M. Reymond, je le crois, ne m’ en voudra pas trop de leur vivacité : il connaît bien les Neuchâtelois
672 tigables ergoteurs. Pour la commodité du lecteur, je recopie les passages phrases auxquels s’attachent mes gloses. Je m’ex
673 recopie les passages phrases auxquels s’attachent mes gloses. Je m’excuse par avance de l’avantage que je m’accorde en déta
674 passages phrases auxquels s’attachent mes gloses. Je m’excuse par avance de l’avantage que je m’accorde en détachant ainsi
675 sages phrases auxquels s’attachent mes gloses. Je m’ excuse par avance de l’avantage que je m’accorde en détachant ainsi de
676 gloses. Je m’excuse par avance de l’avantage que je m’accorde en détachant ainsi des phrases du contexte. Mais si j’adopt
677 oses. Je m’excuse par avance de l’avantage que je m’ accorde en détachant ainsi des phrases du contexte. Mais si j’adoptais
678 détachant ainsi des phrases du contexte. Mais si j’ adoptais une autre méthode, les dimensions de la Revue n’y suffiraient
679 ’y suffiraient plus — ni la patience du lecteur à mon endroit, je le crains… 1. S’il n’y a pas de vérité absolue, en ce sen
680 t plus — ni la patience du lecteur à mon endroit, je le crains… 1. S’il n’y a pas de vérité absolue, en ce sens que tout j
681 l’angoisse de tout homme qui tente d’assumer son moi contradictoire pour le mettre aux ordres de la foi. C’est une colle d
682 celle de la foi, lorsque « mettant les pouces », je me rends à son ordre. 2. On comprend dès lors l’attrait que le thomis
683 lle de la foi, lorsque « mettant les pouces », je me rends à son ordre. 2. On comprend dès lors l’attrait que le thomisme
684 ans la pensée de Barth elle-même, et non pas dans je ne sais quelle « réaction ». Et c’est pourquoi nous ne pouvons pas ac
685 ion des hommes devient folle et meurtrière. 4. Il me semble que la tâche de la théologie protestante à l’heure actuelle es
686 oute loyauté à les affirmer (p. 16). Pourquoi ai- je envie, dans une telle phrase, de remplacer « libre recherche » par « 
687 ctique… », — et « loyauté » par « humilité » ? Il me semble qu’alors les invariants chrétiens pourraient bien apparaître c
19 1935, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). René Guisan : un clerc (1935)
688 riblement de ce sens de la culture qu’incarnait à mes yeux René Guisan, lorsque je le voyais dans sa bibliothèque immense e
689 ture qu’incarnait à mes yeux René Guisan, lorsque je le voyais dans sa bibliothèque immense et qu’il me parlait avec feu d
690 e le voyais dans sa bibliothèque immense et qu’il me parlait avec feu d’actions réelles dont il était l’âme et l’agent, no
691 ondamentales et sans cesse oubliées de nos jours, je ne les ai vues vraiment vécues chez nous que par cet homme solide et
692 els dans leurs limites reconnues et acceptées. Il me semble que c’est la leçon que nous devons prendre de sa vie : la leço
20 1938, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Le Poète et le Vilain (novembre 1938)
693 e barde chante jusqu’à ce qu’il n’en puisse plus… Je répondais à mon ami : — À chacun selon sa faim. Heureux ceux qui ont
694 jusqu’à ce qu’il n’en puisse plus… Je répondais à mon ami : — À chacun selon sa faim. Heureux ceux qui ont une grande faim,
21 1968, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Hölderlin dans le souvenir des noms splendides (1968)
695 ns mots ? Ce qui émeut quand plus rien n’est là ? Je ne gardais de Hölderlin que des souvenirs d’élans ou d’amples chutes,
696 de sens à cause de tant d’années d’oubli, pensais- je . Je notais quelquefois ces fragments mémorables pour essayer d’en ret
697 ens à cause de tant d’années d’oubli, pensais-je. Je notais quelquefois ces fragments mémorables pour essayer d’en retrouv
698 Und von neuem ein Jahr unserer Seele beginnt. Je retrouvais sans trop de lacunes deux quatrains d’une déchirante simpl
699 s deux quatrains d’une déchirante simplicité, que j’ avais traduits à vingt ans : Die Linien des Lebens sind verschieden et
700 emplissait tout l’espace invoqué. D’un seul coup m’ était restitué L’enthousiasme errant, fils de la belle Nuit 24. Nuit b
701 vu les Îles ! Ainsi sa poésie devenait-elle pour moi , dans la mémoire, ce que la Grèce avait été pour lui dans la distance
702 des grands Hymnes ? Il fallait enfin les relire. Je découvris alors que beaucoup des fragments qui subsistaient dans ma m
703 que beaucoup des fragments qui subsistaient dans ma mémoire avaient toujours été tels dans le texte, émergeant comme des
704 t à les compléter par ce qu’ils devaient évoquer, je ne faisais pas autre chose que le poète à partir d’un signe, d’un nom
705 s », écoutons-le30 : Jusqu’aux pieds du Parnasse j’ irai, et, dès que dans l’ombre des chênes Brillera la lueur de ton flo
706 la lueur de ton flot surgissant, Castalie ! Ah ! je veux Dans la vasque puiser, à travers le parfum de tes fleurs, et rép
707 Sur le sol où renaît la prairie, l’eau sacrée et mes larmes, afin, Qu’une offrande pourtant vienne encore, ô Dormants déla
708 t, près des rocs suspendus de Tempé, Près de vous j’ élirai ma demeure à jamais, près de vous, noms splendides ! 21. Pa
709 es rocs suspendus de Tempé, Près de vous j’élirai ma demeure à jamais, près de vous, noms splendides ! 21. Patmos, 180
710 syne III, 1803. 23. « Par le fait que (le poète) me nomme ce signe, il emprunte à mon monde sa matière, il me détermine à
711 t que (le poète) me nomme ce signe, il emprunte à mon monde sa matière, il me détermine à transférer cette matière dans le
712 ce signe, il emprunte à mon monde sa matière, il me détermine à transférer cette matière dans le signe », écrit Hölderlin
713 29. Essai cité, Éd. de la Pléiade, p. 630. 30. Je cite l’Archipel dans la belle adaptation rythmique de Jean Tardieu. É