1
mpathie. Il est bien facile de s’écrier : « Après
moi
, le déluge ! », et de se détourner de ce qu’on a coutume d’appeler no
2
s votre idéal ou envers les fluctuations de votre
moi
? Votre sincérité est-elle consentement immédiat à toute impulsion sp
3
rit ailleurs : « En chaque être, le pire instinct
me
paraissait le plus sincère. » La sincérité spontanée, vertu moderne e
4
u fond de l’âme humaine ? Que si l’on s’étonne de
me
voir donner ici la préférence à l’acte volontaire, ou mieux : intéres
5
e, ou mieux : intéressé, tandis qu’en littérature
je
défends l’acte gratuit, je réponds que la littérature remplirait déjà
6
ndis qu’en littérature je défends l’acte gratuit,
je
réponds que la littérature remplirait déjà suffisamment son rôle en s
7
voluptueux. Sincérité envers soi-même Noli
me
tangere. Premier exemple. — Je m’assieds à mon bureau, je prends u
8
oi-même Noli me tangere. Premier exemple. —
Je
m’assieds à mon bureau, je prends une feuille blanche, je vais écrire
9
même Noli me tangere. Premier exemple. — Je
m’
assieds à mon bureau, je prends une feuille blanche, je vais écrire ce
10
me tangere. Premier exemple. — Je m’assieds à
mon
bureau, je prends une feuille blanche, je vais écrire ce que je trouv
11
Premier exemple. — Je m’assieds à mon bureau,
je
prends une feuille blanche, je vais écrire ce que je trouve en moi (s
12
ieds à mon bureau, je prends une feuille blanche,
je
vais écrire ce que je trouve en moi (sentiments, idées, souvenirs, dé
13
prends une feuille blanche, je vais écrire ce que
je
trouve en moi (sentiments, idées, souvenirs, désirs, élans, hésitatio
14
uille blanche, je vais écrire ce que je trouve en
moi
(sentiments, idées, souvenirs, désirs, élans, hésitations, obscurités
15
ns, hésitations, obscurités, etc.). Supposons que
j’
éprouve un désir d’action vive, un élan vers certain but précis. Ou b
16
n vive, un élan vers certain but précis. Ou bien
j’
aurais juste le temps de le noter avant de partir. Ou bien je me mettr
17
ste le temps de le noter avant de partir. Ou bien
je
me mettrai à l’analyser plus longuement. Mais alors je le fausse, pui
18
le temps de le noter avant de partir. Ou bien je
me
mettrai à l’analyser plus longuement. Mais alors je le fausse, puisqu
19
mettrai à l’analyser plus longuement. Mais alors
je
le fausse, puisque je le prive de la puissance de se délivrer en gest
20
plus longuement. Mais alors je le fausse, puisque
je
le prive de la puissance de se délivrer en gestes, en conséquences ma
21
quences matérielles. Ce n’est plus l’élan pur que
je
décris : c’est un élan freiné dans mon esprit, c’est le frein lui-mêm
22
lan pur que je décris : c’est un élan freiné dans
mon
esprit, c’est le frein lui-même, bientôt — par un mouvement normal de
23
alement c’est à la découverte d’une faiblesse que
j’
aboutis : ce quelque chose qui m’a retenu d’accomplir ce que l’élan ap
24
ne faiblesse que j’aboutis : ce quelque chose qui
m’
a retenu d’accomplir ce que l’élan appelait. Second exemple. — J’ép
25
plir ce que l’élan appelait. Second exemple. —
J’
éprouve le besoin de faire le point : à quoi en suis-je, qui suis-je ?
26
ouve le besoin de faire le point : à quoi en suis-
je
, qui suis-je ? Je revois des actes accomplis, je revis plus ou moins
27
n de faire le point : à quoi en suis-je, qui suis-
je
? Je revois des actes accomplis, je revis plus ou moins fortement des
28
faire le point : à quoi en suis-je, qui suis-je ?
Je
revois des actes accomplis, je revis plus ou moins fortement des sent
29
-je, qui suis-je ? Je revois des actes accomplis,
je
revis plus ou moins fortement des sentiments que je crois avoir éprou
30
revis plus ou moins fortement des sentiments que
je
crois avoir éprouvés à tel moment de mon passé. Parfois — rarement —,
31
ments que je crois avoir éprouvés à tel moment de
mon
passé. Parfois — rarement —, je parviens à me souvenir de certaines s
32
à tel moment de mon passé. Parfois — rarement —,
je
parviens à me souvenir de certaines sensations profondes et indéfinie
33
de mon passé. Parfois — rarement —, je parviens à
me
souvenir de certaines sensations profondes et indéfinies (telle sensa
34
rrures, personne ne sait la richesse de ta vie…).
J’
écris ces choses. Puis, dans un ancien carnet de notes, je retrouve un
35
ces choses. Puis, dans un ancien carnet de notes,
je
retrouve un être si différent. Les gestes et les sentiments qui se pr
36
Les gestes et les sentiments qui se proposaient à
mon
souvenir ont été passés au crible de la minute où je me penchais sur
37
souvenir ont été passés au crible de la minute où
je
me penchais sur mon passé. Ou, pour user d’une image plus précise, ce
38
venir ont été passés au crible de la minute où je
me
penchais sur mon passé. Ou, pour user d’une image plus précise, cette
39
ssés au crible de la minute où je me penchais sur
mon
passé. Ou, pour user d’une image plus précise, cette minute est baign
40
e du souvenir. Si l’un de ces deux procédés peut
m’
apprendre quelque chose, c’est bien le second. La qualité des souvenir
41
st bien le second. La qualité des souvenirs qu’il
me
livre me renseigne assez exactement, non sur mon passé, mais sur le m
42
e second. La qualité des souvenirs qu’il me livre
me
renseigne assez exactement, non sur mon passé, mais sur le moment que
43
l me livre me renseigne assez exactement, non sur
mon
passé, mais sur le moment que je vis1. Il est bien clair qu’on ne sau
44
tement, non sur mon passé, mais sur le moment que
je
vis1. Il est bien clair qu’on ne saurait atteindre « la vérité sur so
45
uée dans le premier exemple. C’est un cas-limite,
j’
en conviens. Pourtant, n’est-ce pas le schéma de tout un genre littéra
46
st le vide. Centre de soi, l’aspiration du néant.
J’
ai revu à l’envers le film de mon passé : ce qui était élan devient re
47
iration du néant. J’ai revu à l’envers le film de
mon
passé : ce qui était élan devient recul, et l’évocation de mes désirs
48
e qui était élan devient recul, et l’évocation de
mes
désirs anciens ne me restitue qu’un dégoût. J’ai cru que je pourrais
49
nt recul, et l’évocation de mes désirs anciens ne
me
restitue qu’un dégoût. J’ai cru que je pourrais me regarder sans rien
50
e mes désirs anciens ne me restitue qu’un dégoût.
J’
ai cru que je pourrais me regarder sans rien toucher en moi. En réalit
51
anciens ne me restitue qu’un dégoût. J’ai cru que
je
pourrais me regarder sans rien toucher en moi. En réalité, je n’assis
52
e restitue qu’un dégoût. J’ai cru que je pourrais
me
regarder sans rien toucher en moi. En réalité, je n’assiste pas à moi
53
que je pourrais me regarder sans rien toucher en
moi
. En réalité, je n’assiste pas à moi-même, mais à la destruction de mo
54
me regarder sans rien toucher en moi. En réalité,
je
n’assiste pas à moi-même, mais à la destruction de moi-même. Par les
55
uction de moi-même. Par les fissures, un instant,
j’
ai pu soupçonner des profondeurs ; mais déjà c’est le chaos. Mon corp
56
nner des profondeurs ; mais déjà c’est le chaos.
Mon
corps et moi, le livre si poignant de René Crevel, est la démonstrati
57
ondeurs ; mais déjà c’est le chaos. Mon corps et
moi
, le livre si poignant de René Crevel, est la démonstration la plus cy
58
Crevel, est la démonstration la plus cynique que
je
connaisse de ces ravages du sincérisme. Dans la solitude qu’il s’acha
59
qui rôde dans certaine littérature d’aujourd’hui.
J’
ai dit : ravages du sincérisme. C’est plus exactement faillite qu’il f
60
littérature et en morale. Impossibilité de faire
mon
autoportrait moral : je bouge tout le temps. Danger de faire mon auto
61
. Impossibilité de faire mon autoportrait moral :
je
bouge tout le temps. Danger de faire mon autoportrait moral : je me c
62
t moral : je bouge tout le temps. Danger de faire
mon
autoportrait moral : je me compose plus laid que nature. Faut-il conc
63
e temps. Danger de faire mon autoportrait moral :
je
me compose plus laid que nature. Faut-il conclure avec Gide : « L’ana
64
emps. Danger de faire mon autoportrait moral : je
me
compose plus laid que nature. Faut-il conclure avec Gide : « L’analys
65
vec Gide : « L’analyse psychologique a perdu pour
moi
tout intérêt du jour où je me suis avisé que l’homme éprouve ce qu’il
66
ologique a perdu pour moi tout intérêt du jour où
je
me suis avisé que l’homme éprouve ce qu’il imagine d’éprouver. » Non.
67
gique a perdu pour moi tout intérêt du jour où je
me
suis avisé que l’homme éprouve ce qu’il imagine d’éprouver. » Non. Ca
68
es en regard des dangers que la sincérité du noli
me
tangere fait courir, tant dans le domaine littéraire que dans celui d
69
t Ramon Fernandez, « retient tous les éléments du
moi
, moins le principe unificateur ». De quelques sophismes libérateur
70
echerche, puis l’acceptation de toute tendance du
moi
, je réponds que le mensonge est sincère aussi, qui révèle mon besoin
71
che, puis l’acceptation de toute tendance du moi,
je
réponds que le mensonge est sincère aussi, qui révèle mon besoin de m
72
nds que le mensonge est sincère aussi, qui révèle
mon
besoin de mentir. Il devient dès lors impossible de faire rien qui ne
73
ologie ou que le « style » est de l’homme même
J’
en étais à peu près à ce point de mes notes — à ce point de mon dégoût
74
homme même J’en étais à peu près à ce point de
mes
notes — à ce point de mon dégoût pour ce que beaucoup continuaient d’
75
peu près à ce point de mes notes — à ce point de
mon
dégoût pour ce que beaucoup continuaient d’appeler sincérité et qui m
76
beaucoup continuaient d’appeler sincérité et qui
me
devenait inintelligible en même temps qu’odieux. Au hasard de quelque
77
temps qu’odieux. Au hasard de quelques lectures,
je
pris note des passages suivants (les paraphraser serait d’une ingrati
78
refusent à toute intervention qui altérerait leur
moi
; ils ne souhaitent que d’être leur propre témoin, intelligent mais i
79
pure de cet âge. Mais il le faut dépasser.) Si
j’
en crois l’intensité d’un sentiment intime, ce moi idéal que j’appelle
80
j’en crois l’intensité d’un sentiment intime, ce
moi
idéal que j’appelle en chaque minute de ma joie est plus réel que cel
81
intensité d’un sentiment intime, ce moi idéal que
j’
appelle en chaque minute de ma joie est plus réel que celui qu’une ana
82
e, ce moi idéal que j’appelle en chaque minute de
ma
joie est plus réel que celui qu’une analyse désolée s’imaginait reten
83
pour l’ombre que de tendre vers ce modèle. Dirais-
je
que c’est ma sincérité d’y aller par les moyens les plus efficaces ?
84
que de tendre vers ce modèle. Dirais-je que c’est
ma
sincérité d’y aller par les moyens les plus efficaces ? Mais on nomme
85
ces ? Mais on nommera cela de l’hypocrisie. Soit,
j’
accepte. Et aussitôt j’annonce : Éloge de l’hypocrisie Non, non
86
ela de l’hypocrisie. Soit, j’accepte. Et aussitôt
j’
annonce : Éloge de l’hypocrisie Non, non !… Debout dans l’ère su
87
on, non !… Debout dans l’ère successive ! Brisez,
mon
corps, brisez cette forme pensive ! .................................
88
enter de vivre. Paul Valéry. Certes, du sein de
ma
triste lucidité, je t’avais déjà invoquée, hypocrisie consolante et l
89
Valéry. Certes, du sein de ma triste lucidité,
je
t’avais déjà invoquée, hypocrisie consolante et libératrice. Mais tu
90
ée, hypocrisie consolante et libératrice. Mais tu
m’
offrais un visage un peu crispé, signe d’une ironie secrète et pour mo
91
un peu crispé, signe d’une ironie secrète et pour
moi
douloureuse encore. Pitoyable, trop visiblement, tu prêtais bien quel
92
op visiblement, tu prêtais bien quelques voiles à
mon
dégoût d’un moi que la vie me montrait si désespérément vrai, tyranni
93
tu prêtais bien quelques voiles à mon dégoût d’un
moi
que la vie me montrait si désespérément vrai, tyrannique, insuffisant
94
quelques voiles à mon dégoût d’un moi que la vie
me
montrait si désespérément vrai, tyrannique, insuffisant. Mais un pli
95
Mais un pli de ta lèvre, un peu sceptique, quand
mon
esprit partait dans le rêve d’un idéal de fortune, idole naïve de ma
96
ans le rêve d’un idéal de fortune, idole naïve de
ma
jeune angoisse… Je t’ai mieux aimée ; d’autres soirs, alors qu’une sy
97
éal de fortune, idole naïve de ma jeune angoisse…
Je
t’ai mieux aimée ; d’autres soirs, alors qu’une symphonie de joies ém
98
haque être un plus prenant sourire. Cependant que
ma
joie — un état de grâce, un amour — ne pouvait se satisfaire de telle
99
rivée. Alors, acquiesçant vivement à l’invite que
je
soupçonnais la plus riche d’inconnu, je m’élançais sur la voie qu’ell
100
nvite que je soupçonnais la plus riche d’inconnu,
je
m’élançais sur la voie qu’elle m’ouvrait, avec tant de rires amis, ve
101
te que je soupçonnais la plus riche d’inconnu, je
m’
élançais sur la voie qu’elle m’ouvrait, avec tant de rires amis, vers
102
iche d’inconnu, je m’élançais sur la voie qu’elle
m’
ouvrait, avec tant de rires amis, vers tout ce que momentanément je ch
103
ant de rires amis, vers tout ce que momentanément
je
choisissais de laisser — et des baisers à tous les vents — qu’il eût
104
qu’il eût été loisible d’attribuer comme objet à
ma
jubilation, non pas ce but peut-être dérisoire vers quoi je me portai
105
ion, non pas ce but peut-être dérisoire vers quoi
je
me portais, mais bien ces figurants de mon bonheur que je me concilia
106
, non pas ce but peut-être dérisoire vers quoi je
me
portais, mais bien ces figurants de mon bonheur que je me conciliais
107
rs quoi je me portais, mais bien ces figurants de
mon
bonheur que je me conciliais pour des retours possibles. C’est ainsi
108
rtais, mais bien ces figurants de mon bonheur que
je
me conciliais pour des retours possibles. C’est ainsi que fidèle à so
109
is, mais bien ces figurants de mon bonheur que je
me
conciliais pour des retours possibles. C’est ainsi que fidèle à soi-m
110
oit que ce constant et secret assujettissement au
moi
idéal exige une politique des sentiments plus subtile et, je pense, m
111
ige une politique des sentiments plus subtile et,
je
pense, moins vulgaire que cette agilité offensive qu’on appelle dans
112
arti. La sincérité crée en nous un fait accompli.
J’
appelle hypocrisie envers soi-même une volonté — si profonde qu’elle n
113
s besoin de s’expliciter pour être efficace — qui
m’
interdit de nommer ce dont je ne veux plus souffrir. (Car il n’est peu
114
être efficace — qui m’interdit de nommer ce dont
je
ne veux plus souffrir. (Car il n’est peut-être qu’une espèce de souff
115
rté plus précieuse que toute certitude… Ô vérité,
ma
vérité, non pas ce que je suis, mais ce que de toute mon âme je veux
116
te certitude… Ô vérité, ma vérité, non pas ce que
je
suis, mais ce que de toute mon âme je veux être !… 1. La véritable
117
ité, non pas ce que je suis, mais ce que de toute
mon
âme je veux être !… 1. La véritable description de l’élan supposé
118
pas ce que je suis, mais ce que de toute mon âme
je
veux être !… 1. La véritable description de l’élan supposé dans le
119
mier exemple, ce serait le récit des gestes qu’il
m’
aurait fait commettre. Manifester est plus sincère qu’analyser. 2. D’
120
i fume… Et tu laisses, ô col roide, En souffrance
mes
baisers. L’amour est un alibi Nos lèvres sitôt que jointes, Ô
121
lèvres sitôt que jointes, Ô dernier mensonge tu,
Je
m’enfuis vers d’autres rêves Où sourient quels anges fous. L’horaire
122
vres sitôt que jointes, Ô dernier mensonge tu, Je
m’
enfuis vers d’autres rêves Où sourient quels anges fous. L’horaire dic
123
icte un adieu, La mode qu’on rie des pleurs, Lors
je
baise votre main Comme on signe d’un faux nom. d. Rougemont Deni
124
Les journaux.) Mademoiselle, Il faut d’abord que
je
m’excuse : c’est un peu prétentieux de vous écrire au moment où je va
125
journaux.) Mademoiselle, Il faut d’abord que je
m’
excuse : c’est un peu prétentieux de vous écrire au moment où je vais
126
st un peu prétentieux de vous écrire au moment où
je
vais me suicider, d’autant plus que vous n’y croirez pas — et pourtan
127
u prétentieux de vous écrire au moment où je vais
me
suicider, d’autant plus que vous n’y croirez pas — et pourtant… Il fa
128
n’y croirez pas — et pourtant… Il faut aussi que
je
vous dise qu’il fait très froid dans ma chambre : le feu n’a pas pris
129
aussi que je vous dise qu’il fait très froid dans
ma
chambre : le feu n’a pas pris, et d’ailleurs cela n’en vaut plus la p
130
s cette phrase quelque allusion de mauvais goût.)
Je
vous ai rencontrée quatre ou cinq fois dans des lieux de plaisir, com
131
iles. La première fois, au théâtre. Dans l’ombre,
j’
ai suivi le drame sur vos traits seulement ; l’écho n’en fut que plus
132
lement ; l’écho n’en fut que plus douloureux dans
mon
cœur. Puis je vous ai oubliée. Puis je vous ai revue, aux courses, et
133
n’en fut que plus douloureux dans mon cœur. Puis
je
vous ai oubliée. Puis je vous ai revue, aux courses, et c’est là que
134
reux dans mon cœur. Puis je vous ai oubliée. Puis
je
vous ai revue, aux courses, et c’est là que j’ai découvert que vous e
135
is je vous ai revue, aux courses, et c’est là que
j’
ai découvert que vous existiez en moi, à certain désagrément que j’eus
136
c’est là que j’ai découvert que vous existiez en
moi
, à certain désagrément que j’eus de vous voir si entourée… D’autres f
137
e vous existiez en moi, à certain désagrément que
j’
eus de vous voir si entourée… D’autres fois… je n’ai plus le courage d
138
ue j’eus de vous voir si entourée… D’autres fois…
je
n’ai plus le courage de les dire. Enfin, avant-hier, à ce bal. J’ava
139
ourage de les dire. Enfin, avant-hier, à ce bal.
J’
avais demandé à un de mes amis, qui vous connaît4, de me présenter. Il
140
n, avant-hier, à ce bal. J’avais demandé à un de
mes
amis, qui vous connaît4, de me présenter. Il m’en avait donné la prom
141
s demandé à un de mes amis, qui vous connaît4, de
me
présenter. Il m’en avait donné la promesse. Vos regards rencontrèrent
142
mes amis, qui vous connaît4, de me présenter. Il
m’
en avait donné la promesse. Vos regards rencontrèrent les miens plus d
143
vait donné la promesse. Vos regards rencontrèrent
les miens
plus d’une fois pendant une danse qu’il fit avec vous, mais vous les
144
racher à une obsession secrètement attirante ; et
je
pensais que la force de mon désir était telle que vous en éprouviez v
145
ètement attirante ; et je pensais que la force de
mon
désir était telle que vous en éprouviez vaguement la menace. Je dis m
146
telle que vous en éprouviez vaguement la menace.
Je
dis menace, parce que mes airs sombres vous effrayaient sans doute pl
147
iez vaguement la menace. Je dis menace, parce que
mes
airs sombres vous effrayaient sans doute plus qu’ils ne vous attiraie
148
plus qu’ils ne vous attiraient. Mais, maintenant,
je
pense que ces regards croisés n’avaient aucune signification et que m
149
rds croisés n’avaient aucune signification et que
mon
anxiété seule leur prêtait quelque intention. Quand enfin l’orchestre
150
lque intention. Quand enfin l’orchestre s’arrêta,
je
me trouvais tout près de vous. Mon ami me fit un signe discret, et dé
151
e intention. Quand enfin l’orchestre s’arrêta, je
me
trouvais tout près de vous. Mon ami me fit un signe discret, et déjà
152
estre s’arrêta, je me trouvais tout près de vous.
Mon
ami me fit un signe discret, et déjà il se préparait à vous rendre at
153
arrêta, je me trouvais tout près de vous. Mon ami
me
fit un signe discret, et déjà il se préparait à vous rendre attentive
154
et déjà il se préparait à vous rendre attentive à
ma
présence… Mais, alors, je ne sais quel démon du malheur me paralysa.
155
vous rendre attentive à ma présence… Mais, alors,
je
ne sais quel démon du malheur me paralysa. Je venais d’entrevoir l’im
156
ce… Mais, alors, je ne sais quel démon du malheur
me
paralysa. Je venais d’entrevoir l’image d’un couple heureux et banal,
157
rs, je ne sais quel démon du malheur me paralysa.
Je
venais d’entrevoir l’image d’un couple heureux et banal, votre sourir
158
uple heureux et banal, votre sourire répondant au
mien
, comme on voit au dénouement des films populaires et sur des cartes p
159
strées. Déjà la foule des danseurs nous séparait,
mon
ami se détournait, un peu vexé ; vous disparaissiez au milieu d’un co
160
ge de rires empressés. Une autre danse reprenait.
Je
sentis une invincible lassitude me saisir et m’assis à l’écart. On me
161
nse reprenait. Je sentis une invincible lassitude
me
saisir et m’assis à l’écart. On me demandait, en passant, si j’étais
162
. Je sentis une invincible lassitude me saisir et
m’
assis à l’écart. On me demandait, en passant, si j’étais malade. Je dé
163
ible lassitude me saisir et m’assis à l’écart. On
me
demandait, en passant, si j’étais malade. Je désignais d’un geste inc
164
’assis à l’écart. On me demandait, en passant, si
j’
étais malade. Je désignais d’un geste incertain quelques bouteilles de
165
. On me demandait, en passant, si j’étais malade.
Je
désignais d’un geste incertain quelques bouteilles de champagne vides
166
nne l’ivresse, mais non certaines douleurs. Même,
je
fus obligé de confier à un ami que j’en avais repris … Les archets jo
167
eurs. Même, je fus obligé de confier à un ami que
j’
en avais repris … Les archets jouaient sur mes nerfs. Le jazz martelai
168
que j’en avais repris … Les archets jouaient sur
mes
nerfs. Le jazz martelait mon désespoir. Désespoir étroit, ces œillère
169
archets jouaient sur mes nerfs. Le jazz martelait
mon
désespoir. Désespoir étroit, ces œillères géantes aux pensées, le cie
170
ssue, pesant comme l’envie d’un sommeil sans fin…
J’
avais soif, mais la seule vue d’un liquide me soulevait le cœur. L’aub
171
fin… J’avais soif, mais la seule vue d’un liquide
me
soulevait le cœur. L’aube parut. On éteignit toutes les lampes, et le
172
ans un matin sourd, frileux, qui avait la nausée.
Je
rentrai seul. Voici quelques mots que j’écrivis à ma table en désordr
173
nausée. Je rentrai seul. Voici quelques mots que
j’
écrivis à ma table en désordre où je venais de jeter mon col de smokin
174
rentrai seul. Voici quelques mots que j’écrivis à
ma
table en désordre où je venais de jeter mon col de smoking et un œill
175
ques mots que j’écrivis à ma table en désordre où
je
venais de jeter mon col de smoking et un œillet, pauvre gentillesse d
176
ivis à ma table en désordre où je venais de jeter
mon
col de smoking et un œillet, pauvre gentillesse d’une autre femme don
177
esse d’une autre femme dont le seul défaut fut de
m’
aimer… (Froid aux genoux, odeur de vieille fumée, et ce refus au somme
178
us grand que le chant des violons. Aube dure ! En
ma
tête rôde ton souvenir, comme une femme nue dans une chambre étroite…
179
ir, comme une femme nue dans une chambre étroite…
J’
ai dormi quelques heures, d’un sommeil triste, tout enfiévré par la cr
180
ste, tout enfiévré par la crainte du réveil. Puis
je
suis revenu dans ces rues où je vous rencontrais parfois, du temps qu
181
e du réveil. Puis je suis revenu dans ces rues où
je
vous rencontrais parfois, du temps que j’ignorais vous aimer. En sort
182
rues où je vous rencontrais parfois, du temps que
j’
ignorais vous aimer. En sortant du bal, au vestiaire, je vous avais en
183
rais vous aimer. En sortant du bal, au vestiaire,
je
vous avais entendue donner un rendez-vous au thé du Printemps. J’ai r
184
tendue donner un rendez-vous au thé du Printemps.
J’
ai rôdé dans la joie féminine des grands magasins, n’osant pas repasse
185
p souvent devant les ascenseurs. « Vers 4 heures,
me
disais-je elle y entrera, et, me glissant auprès d’elle, je pourrai l
186
devant les ascenseurs. « Vers 4 heures, me disais-
je
elle y entrera, et, me glissant auprès d’elle, je pourrai lui dire tr
187
« Vers 4 heures, me disais-je elle y entrera, et,
me
glissant auprès d’elle, je pourrai lui dire très vite quelques mots s
188
je elle y entrera, et, me glissant auprès d’elle,
je
pourrai lui dire très vite quelques mots si bouleversants qu’avant le
189
ots si bouleversants qu’avant le dernier étage… »
Je
délirais, bien sûr. Je m’imaginais que les vendeuses me dévisageaient
190
’avant le dernier étage… » Je délirais, bien sûr.
Je
m’imaginais que les vendeuses me dévisageaient de plus en plus impude
191
ant le dernier étage… » Je délirais, bien sûr. Je
m’
imaginais que les vendeuses me dévisageaient de plus en plus impudemme
192
irais, bien sûr. Je m’imaginais que les vendeuses
me
dévisageaient de plus en plus impudemment : je devais paraître si per
193
es me dévisageaient de plus en plus impudemment :
je
devais paraître si perdu. Chaque fois qu’un paquet de dix personnes s
194
ngouffrait dans la cage rouge et or et s’élevait,
j’
éprouvais un petit arrachement, comme précisément un enfant qui monte
195
sément un enfant qui monte pour la première fois…
Je
me disais encore : Si je prends cet ascenseur et que je la croise en
196
ent un enfant qui monte pour la première fois… Je
me
disais encore : Si je prends cet ascenseur et que je la croise en rou
197
e pour la première fois… Je me disais encore : Si
je
prends cet ascenseur et que je la croise en route dans l’ascenseur de
198
disais encore : Si je prends cet ascenseur et que
je
la croise en route dans l’ascenseur descendant… Il aurait fallu monte
199
i laqué, souriante… Enfin, un peu après 6 heures,
je
suis sorti. Il y avait beaucoup de monde dans les rues, sous la pluie
200
es autobus passaient par groupes. Plusieurs fois,
j’
ai cru vous reconnaître dans la foule qui se précipitait, mais je n’av
201
econnaître dans la foule qui se précipitait, mais
je
n’avais pas pris de numéro, je ne pouvais pas monter. Je finissais pa
202
précipitait, mais je n’avais pas pris de numéro,
je
ne pouvais pas monter. Je finissais par vous voir partout. Chaque vis
203
ais pas pris de numéro, je ne pouvais pas monter.
Je
finissais par vous voir partout. Chaque visage de femme révélait soud
204
pendant ce temps, vous pouviez paraître enfin où
mon
désir surmené vous appelait encore, haletant. Et le temps passait, à
205
chant désespéré qui vous appelait, assourdissant
mes
pensées ; et ces élans réticents, maladroits, contradictoires… Un aut
206
s… Un autobus de luxe s’était arrêté tout près de
moi
. Je vis un visage à l’intérieur se pencher vers la vitre… Je montai.
207
autobus de luxe s’était arrêté tout près de moi.
Je
vis un visage à l’intérieur se pencher vers la vitre… Je montai. Il n
208
un visage à l’intérieur se pencher vers la vitre…
Je
montai. Il n’y avait que des dames. Personne ne parlait. La jeune fem
209
e qui s’était penchée vous ressemblait tant. Mais
je
n’osais presque pas la regarder, à cause d’une incertitude qui redonn
210
d’une incertitude qui redonnait tout son empire à
ma
timidité. Peut-être était-ce vous. Je ne saurai jamais. À l’arrêt de
211
on empire à ma timidité. Peut-être était-ce vous.
Je
ne saurai jamais. À l’arrêt de la Place Saint-Michel, elle sortit, en
212
l’arrêt de la Place Saint-Michel, elle sortit, en
me
frôlant, sans me regarder. Je descendis derrière elle. Mais tout de s
213
ce Saint-Michel, elle sortit, en me frôlant, sans
me
regarder. Je descendis derrière elle. Mais tout de suite des paraplui
214
el, elle sortit, en me frôlant, sans me regarder.
Je
descendis derrière elle. Mais tout de suite des parapluies la dérobèr
215
Mais tout de suite des parapluies la dérobèrent à
mes
yeux. Une bouche de métro m’attira. Les rames s’arrêtaient avec un si
216
ies la dérobèrent à mes yeux. Une bouche de métro
m’
attira. Les rames s’arrêtaient avec un sifflement particulièrement dou
217
ent avec un sifflement particulièrement doux pour
ma
fatigue, et ces gens pressés et songeurs respectaient la folie doulou
218
taient la folie douloureuse qui devait contracter
mon
visage. Je promenais sur tous des regards angoissés, avides, imploran
219
lie douloureuse qui devait contracter mon visage.
Je
promenais sur tous des regards angoissés, avides, implorants. Oh ! to
220
s, avides, implorants. Oh ! toutes les femmes que
j’
ai fait souffrir cette nuit d’un long regard de damné. À minuit, telle
221
g regard de damné. À minuit, tellement épuisé que
je
mêlais à mes pensées des fragments de rêves et les personnages des af
222
damné. À minuit, tellement épuisé que je mêlais à
mes
pensées des fragments de rêves et les personnages des affiches, tout
223
s fin dans les couloirs implacablement brillants,
je
me pris à parler à haute voix, par bribes de phrases incohérentes. Je
224
in dans les couloirs implacablement brillants, je
me
pris à parler à haute voix, par bribes de phrases incohérentes. Je vo
225
à haute voix, par bribes de phrases incohérentes.
Je
voyais avec une sombre joie les employés et les voyageurs s’inquiéter
226
employés et les voyageurs s’inquiéter. Bientôt on
m’
entraîna de force sur un trottoir roulant qui me remonta dans la rue.
227
n m’entraîna de force sur un trottoir roulant qui
me
remonta dans la rue. La fraîcheur de la brume m’apaisa. Sur la promes
228
me remonta dans la rue. La fraîcheur de la brume
m’
apaisa. Sur la promesse que je fis que je me sentais mieux, on me lais
229
aîcheur de la brume m’apaisa. Sur la promesse que
je
fis que je me sentais mieux, on me laissa rentrer seul. Je ne sais co
230
la brume m’apaisa. Sur la promesse que je fis que
je
me sentais mieux, on me laissa rentrer seul. Je ne sais comment j’y p
231
brume m’apaisa. Sur la promesse que je fis que je
me
sentais mieux, on me laissa rentrer seul. Je ne sais comment j’y parv
232
a promesse que je fis que je me sentais mieux, on
me
laissa rentrer seul. Je ne sais comment j’y parvins. Je crois que j’a
233
e je me sentais mieux, on me laissa rentrer seul.
Je
ne sais comment j’y parvins. Je crois que j’ai marché plusieurs heure
234
ux, on me laissa rentrer seul. Je ne sais comment
j’
y parvins. Je crois que j’ai marché plusieurs heures avant de retrouve
235
ssa rentrer seul. Je ne sais comment j’y parvins.
Je
crois que j’ai marché plusieurs heures avant de retrouver ma rue. Il
236
eul. Je ne sais comment j’y parvins. Je crois que
j’
ai marché plusieurs heures avant de retrouver ma rue. Il doit être mai
237
e j’ai marché plusieurs heures avant de retrouver
ma
rue. Il doit être maintenant 5 heures du matin. Premiers appels d’aut
238
n. Premiers appels d’autos dans la ville, mais il
me
semble que toutes choses s’éloignent de moi vertigineusement, par cet
239
ais il me semble que toutes choses s’éloignent de
moi
vertigineusement, par cette aube incolore. Il y a vingt-quatre heures
240
e aube incolore. Il y a vingt-quatre heures donc,
j’
étais encore au bal. Cette constatation machinale ne correspond à rien
241
constatation machinale ne correspond à rien dans
mon
esprit. Peut-être que j’ai perdu la notion du temps. Je ne me souvien
242
correspond à rien dans mon esprit. Peut-être que
j’
ai perdu la notion du temps. Je ne me souviens plus que de cette décep
243
rit. Peut-être que j’ai perdu la notion du temps.
Je
ne me souviens plus que de cette déception insupportable et définitiv
244
eut-être que j’ai perdu la notion du temps. Je ne
me
souviens plus que de cette déception insupportable et définitive de m
245
de cette déception insupportable et définitive de
mon
désir. Je ne vous en accuse pas. À peine si je puis encore évoquer vo
246
ception insupportable et définitive de mon désir.
Je
ne vous en accuse pas. À peine si je puis encore évoquer votre visage
247
e mon désir. Je ne vous en accuse pas. À peine si
je
puis encore évoquer votre visage. Peut-être ne vous ai-je pas vraimen
248
encore évoquer votre visage. Peut-être ne vous ai-
je
pas vraiment aimée, mais bien ce goût profond de ma destruction, ce r
249
pas vraiment aimée, mais bien ce goût profond de
ma
destruction, ce rongement, cette sournoise recherche de tout ce qui m
250
ngement, cette sournoise recherche de tout ce qui
me
navre au plus intime de mon être… Le revolver est chargé, sur cette t
251
cherche de tout ce qui me navre au plus intime de
mon
être… Le revolver est chargé, sur cette table. (Je le caresse, entre
252
n être… Le revolver est chargé, sur cette table. (
Je
le caresse, entre deux phrases.) Mais voici que ce geste de ma mort a
253
, entre deux phrases.) Mais voici que ce geste de
ma
mort aussi me lasse, l’image que je m’en forme… Je ne comprends plus
254
hrases.) Mais voici que ce geste de ma mort aussi
me
lasse, l’image que je m’en forme… Je ne comprends plus pourquoi je de
255
e ce geste de ma mort aussi me lasse, l’image que
je
m’en forme… Je ne comprends plus pourquoi je devrais me tuer, pourquo
256
e geste de ma mort aussi me lasse, l’image que je
m’
en forme… Je ne comprends plus pourquoi je devrais me tuer, pourquoi j
257
a mort aussi me lasse, l’image que je m’en forme…
Je
ne comprends plus pourquoi je devrais me tuer, pourquoi je souffre, c
258
que je m’en forme… Je ne comprends plus pourquoi
je
devrais me tuer, pourquoi je souffre, ce que c’est que la souffrance,
259
n forme… Je ne comprends plus pourquoi je devrais
me
tuer, pourquoi je souffre, ce que c’est que la souffrance, ce que c’e
260
prends plus pourquoi je devrais me tuer, pourquoi
je
souffre, ce que c’est que la souffrance, ce que c’est que ma vie, ma
261
ce que c’est que la souffrance, ce que c’est que
ma
vie, ma mort. Mon Dieu, il n’y a plus qu’un glissement gris, sans fin
262
c’est que la souffrance, ce que c’est que ma vie,
ma
mort. Mon Dieu, il n’y a plus qu’un glissement gris, sans fin… Il fau
263
qu’un glissement gris, sans fin… Il faudrait que
je
dorme : il n’y aurait plus rien. 4. Encore un qui vous aime, je ne
264
y aurait plus rien. 4. Encore un qui vous aime,
je
ne vous dirai pas son nom. i. Rougemont Denis de, « Lettre du survi
265
n’y a pas un seul symbole dans la pièce. » Ce qui
me
gêne pourtant, c’est d’y découvrir possibles deux interprétations sym
266
erprétations symboliques au moins ; de ne pouvoir
m’
empêcher d’y songer sans cesse en lisant cette « tragédie » ; de ne po
267
esse en lisant cette « tragédie » ; de ne pouvoir
m’
empêcher non plus de soupçonner Cocteau d’en avoir plus ou moins consc
268
sez simples dont l’étude charme le psychanalyste.
Je
pourrais poursuivre le jeu. Et puis, il y a aussi des sortes de calem
269
licité à chausse-trappes, cette habileté surtout.
Je
ne sais si ce malicieux Gagnebin (non pas Elie) pensait à quelqu’un l
270
rop exercé avant de se lancer sur la corde raide.
Je
suis sûr qu’il ne tombera pas. J’admire sans émoi. ⁂ Certes, les qual
271
la corde raide. Je suis sûr qu’il ne tombera pas.
J’
admire sans émoi. ⁂ Certes, les qualités scéniques de cette pièce sont
272
s qualités scéniques de cette pièce sont grandes.
Je
ne saurais même indiquer aucun endroit par où elle pèche contre les p
273
l voulait. Et pourtant cette admirable machine ne
m’
inquiète guère : je sais qu’elle le conduira où il veut, sans surprise
274
ant cette admirable machine ne m’inquiète guère :
je
sais qu’elle le conduira où il veut, sans surprises. « Puisque ces my
275
ù il veut, sans surprises. « Puisque ces mystères
me
dépassent, feignons d’en être l’organisateur », disait le photographe
276
s parfum. (Tout de même, Cocteau est un poète :
j’
en verrais une preuve, pour mon compte, dans le fait que je ne sais pa
277
teau est un poète : j’en verrais une preuve, pour
mon
compte, dans le fait que je ne sais parler de lui autrement que par m
278
ais une preuve, pour mon compte, dans le fait que
je
ne sais parler de lui autrement que par métaphores.) 5. M. Zimmer,
279
re, légèrement coloré. Le principe est simple : «
Je
vous aime » se traduit par trois ou quatre claques sur la poitrine ;
280
Quelques miracles qui suivent sont embrumés dans
mon
souvenir par le rayonnement de la robe, fleur qui s’ouvre pour dégage
281
el renversé, maisons obliques, montagnes russes. (
J’
ai regretté que René Clair ne nous donne pas la vision du mort.) Enfin
282
et nous demandions grâce de trop de plaisir. Mais
je
ne suis pas sûr que le plaisir du public fût de même essence que le n
283
is le moment ne vient pas, ils sont déçus. Enfin,
mon
voisin, un agent, murmure : « On va tous devenir fous ! » — « Hé ! lu
284
: « On va tous devenir fous ! » — « Hé ! lui dis-
je
, si seulement. » Mais tout de même, là par exemple, où nous ne pouvon
285
é Clair un sens du miracle assez bouleversant. Et
je
ne parle pas du miracle genre conte de fée, comme le Voyage imaginair
286
e le Voyage imaginaire en montre (beaucoup trop à
mon
gré). Qu’une sorcière transforme un homme en chien, cela n’a rien d’é
287
ées paraissent vieux jeu avec leur baguette, pour
moi
qui chaque soir crée ma chambre en tournant un commutateur. Le vrai m
288
avec leur baguette, pour moi qui chaque soir crée
ma
chambre en tournant un commutateur. Le vrai miracle du cinéma, c’est,
289
et l’espace en relation se modifie pour maintenir
je
ne sais quelle harmonie… C’est une réalité aussi réelle que celle don
290
s Aragon, le beau prétexte (avril 1927)o Ah !
je
sens qu’une puissance étrangère s’est emparée de mon être et a saisi
291
sens qu’une puissance étrangère s’est emparée de
mon
être et a saisi les cordes les plus secrètes de mon âme, qu’elle peut
292
n être et a saisi les cordes les plus secrètes de
mon
âme, qu’elle peut faire désormais vibrer à sa fantaisie, même si cela
293
ésormais vibrer à sa fantaisie, même si cela doit
m’
anéantir. Hoffmann. I (Notes écrites en décembre 1925, au sorti
294
férence sur le Salut de l’humanité.) Ce soir en
moi
trépigne une rage. Sur quelles épaules jeter ce manteau de flammes, p
295
manteau de flammes, puis à qui dédier l’ennui de
ma
révolte ? Aragon sarcastique se tient là-bas dans un rayon échappé de
296
à-bas dans un rayon échappé des Enfers — auxquels
je
crois encore, et pas seulement pour le pittoresque. — Attrape ! Il
297
la Poésie. On dit : « Des mots ! » au lieu de «
Je
ne comprends pas ». On dit : « Je ne comprends pas », et l’on pense :
298
» au lieu de « Je ne comprends pas ». On dit : «
Je
ne comprends pas », et l’on pense : « C’est donc incompréhensible ».
299
incompréhensible !, trois mots dont l’un savant.
Je
ne connais pas de meilleur remède contre Dieu. Monsieur, vous avez di
300
st incompréhensible ! » — avec une indignation où
j’
admire une pointe d’ironie vraiment supérieure. Car rien ne pouvait mi
301
et dire qu’elle est née dans un café de Paris. «
Je
n’attends rien du monde, je n’attends rien de rien. » Riez-en donc, p
302
s un café de Paris. « Je n’attends rien du monde,
je
n’attends rien de rien. » Riez-en donc, pantins officiels, et vous re
303
iels, et vous repus, et vous, dubitatives barbes.
Je
viens d’entendre la voix d’un mystique. Que si l’on vient nous empêtr
304
ous empêtrer de dogmes bassement ingénieux : « Si
j’
essaie un instant de m’élever à la notion de Dieu, répond Aragon, je m
305
bassement ingénieux : « Si j’essaie un instant de
m’
élever à la notion de Dieu, répond Aragon, je me révolte qu’elle puiss
306
t de m’élever à la notion de Dieu, répond Aragon,
je
me révolte qu’elle puisse en aucun cas servir d’argument à un homme.
307
e m’élever à la notion de Dieu, répond Aragon, je
me
révolte qu’elle puisse en aucun cas servir d’argument à un homme. » V
308
spérer plus aucun pardon. II Novembre 1926.
Je
viens de retrouver quelques pages écrites il y a un an, tel soir de c
309
ur, son incontestable « séduction ». Pour un peu,
je
découvrais une manière de prophète un brin janséniste chez ce poète.
310
te un brin janséniste chez ce poète. Aujourd’hui,
je
le verrais plutôt comme un Musset10 plus véritablement désespéré. Un
311
de son tempérament vif, insolent et ombrageux. «
J’
appartiens à la grande race des torrents. » Une belle phrase, n’est-ce
312
des torrents. » Une belle phrase, n’est-ce pas ?
Je
ne sais qu’un Montherlant qui pourrait l’oser dire comme Aragon sans
313
l’oser dire comme Aragon sans ridicule. Et ce que
je
prenais pour le ton prophétique, ne serait-ce pas plutôt une sorte de
314
ique — mais la plus belle, — ce qui tressaille et
m’
atteint au vif, c’est tout de même un désespoir en quoi je ne vais pas
315
t au vif, c’est tout de même un désespoir en quoi
je
ne vais pas m’empêcher de reconnaître la voix secrète de notre mal de
316
tout de même un désespoir en quoi je ne vais pas
m’
empêcher de reconnaître la voix secrète de notre mal de vivre. Désespo
317
te de notre mal de vivre. Désespoir métaphysique.
Je
me souviens d’une phrase de Vinet — laissons s’esclaffer du rapproche
318
de notre mal de vivre. Désespoir métaphysique. Je
me
souviens d’une phrase de Vinet — laissons s’esclaffer du rapprochemen
319
pour nous n’est nulle part. » Nulle part, pensais-
je
: le salut n’est pas là, ou là, à Rome, à Athènes, à Moscou, dans cet
320
le que Clément Vautel — et si ce nom revient sous
ma
plume, comme une mouche qu’on n’a jamais fini de chasser parce qu’ell
321
le craindre11. Si dans un essai sur la sincérité
j’
ai soutenu qu’une introspection immobile ne retient rien de la réalité
322
mobile ne retient rien de la réalité vivante ; si
je
dénie à des incrédules le droit à parler des choses de la foi comme é
323
comme étant d’un ordre qui leur échappe ; de même
je
récuse ici certain sens critique dont on voudrait que soient justicia
324
d Jaloux.) Entre un monsieur en noir : Permettez-
moi
de me présenter… d’ailleurs une ancienne connaissance… le Sens Critiq
325
x.) Entre un monsieur en noir : Permettez-moi de
me
présenter… d’ailleurs une ancienne connaissance… le Sens Critique. M
326
urs une ancienne connaissance… le Sens Critique.
Moi
(gêné)… Rougemont. Le Sens Critique. — Il y a un certain temps déjà
327
in temps déjà que nous ne nous sommes revus. Mais
je
suis vos travaux avec intérêt, et il m’a paru que depuis quelque temp
328
vus. Mais je suis vos travaux avec intérêt, et il
m’
a paru que depuis quelque temps… enfin, comment dirais-je… je me suis
329
u que depuis quelque temps… enfin, comment dirais-
je
… je me suis dit que je pourrais, en quelque sorte, vous être de quelq
330
e depuis quelque temps… enfin, comment dirais-je…
je
me suis dit que je pourrais, en quelque sorte, vous être de quelque u
331
epuis quelque temps… enfin, comment dirais-je… je
me
suis dit que je pourrais, en quelque sorte, vous être de quelque util
332
mps… enfin, comment dirais-je… je me suis dit que
je
pourrais, en quelque sorte, vous être de quelque utilité… Moi. — Ah
333
en quelque sorte, vous être de quelque utilité…
Moi
. — Ah ! oui, oui… c’est cela, utilité,… en effet,… oui, oui, très int
334
en effet,… oui, oui, très intéressant. Seulement,
mon
cher Monsieur, nous n’avons pas le temps ces jours-ci, beaucoup trop
335
mer, et vous savez ce que cela suppose. Comprenez-
moi
: submergés, absolument… Le Sens Critique. — Justement j’aurais en q
336
ergés, absolument… Le Sens Critique. — Justement
j’
aurais en quelque manière la prétention… Moi. — Que voilà un singulie
337
ement j’aurais en quelque manière la prétention…
Moi
. — Que voilà un singulier impertinent de votre part. (Le reconduisant
338
tre part. (Le reconduisant :) Croyez, Monsieur, à
mon
estime la plus vive. Mais décidément nous sommes débordés, voyez vous
339
», c’est un académicien qui l’a dit. Voulez-vous
me
faire quelque chose là-dessus pour la Revue ? Mais plus tard, plus ta
340
hode ! (Sort le Sens Critique, un peu bousculé.)
Moi
. — Vous disiez, ma vie ? La Muse (mais oui, la Muse, sortant de derr
341
Critique, un peu bousculé.) Moi. — Vous disiez,
ma
vie ? La Muse (mais oui, la Muse, sortant de derrière un rideau). —
342
s oui, la Muse, sortant de derrière un rideau). —
J’
attends votre plaisir… III Il y a des gens qui croient avoir tou
343
er du concept de l’esprit celui de Révolution. Et
j’
entends ce mot dans son sens le plus vaste. Il y a eu quatre-vingt-tre
344
à nous, dans tel domaine. Et c’est même ceci que
je
ne puis pardonner aux surréalistes : qu’ils aient voulu s’allier aux
345
voulu s’allier aux dogmatiques d’extrême gauche.
Je
ne dirai pas, comme on a fait, que c’est très joli de crier merde pou
346
ous ne dites pas aussi merde pour Marx ou Lénine,
je
le dirai pour vous. Quand on a entrepris la Révolution au nom de l’es
347
ait trop à dire, et puis l’on croirait encore que
je
suis avec ceux qui traitent Aragon, Breton et leurs amis alternativem
348
cher de vivre, de rêver et de souffrir : culte du
moi
avec ses recettes garanties, chapelets d’optimisme, tyranniques évide
349
abe, examens de conscience toujours ratés — on ne
m’
y prendra plus ! — morales américaines et hygiéniques en tous genres,
350
. 11. Les livres les plus répandus à Genève sont
Ma
vie et mon œuvre de Ford et Mon curé chez les riches. Très loin derri
351
livres les plus répandus à Genève sont Ma vie et
mon
œuvre de Ford et Mon curé chez les riches. Très loin derrière viennen
352
ndus à Genève sont Ma vie et mon œuvre de Ford et
Mon
curé chez les riches. Très loin derrière viennent des France et des B
353
ues tant soit peu métaphysiques d’une capitale de
mes
songes. On exigeait d’une saison de marque de tels soupirs, d’ailleur
354
ement ivre, et Bettina lui disait à l’oreille : «
Mon
chéri, si j’aime la comtesse ? Mais tu es si laid que cela me donne e
355
Bettina lui disait à l’oreille : « Mon chéri, si
j’
aime la comtesse ? Mais tu es si laid que cela me donne encore plus de
356
j’aime la comtesse ? Mais tu es si laid que cela
me
donne encore plus de plaisir. » Le duc paya et s’enfuit en disant que
357
menade en bateau À Grego More. Il disait : «
Je
suis né pour la mort. » Il fait assez beau pour que s’ouvre ce cœur d
358
Et l’eau n’est pas moins somptueuse. Et bien sûr,
je
n’ai pas bougé. C’est une question d’amitié. Pourtant je suis seul dè
359
pas bougé. C’est une question d’amitié. Pourtant
je
suis seul dès cette heure, et mes amis fuiront un lâche. Parce que je
360
amitié. Pourtant je suis seul dès cette heure, et
mes
amis fuiront un lâche. Parce que je reviens seul. Mais moi, qui regar
361
te heure, et mes amis fuiront un lâche. Parce que
je
reviens seul. Mais moi, qui regarde comme de l’autre bord, je songe q
362
fuiront un lâche. Parce que je reviens seul. Mais
moi
, qui regarde comme de l’autre bord, je songe qu’il est des visites à
363
eul. Mais moi, qui regarde comme de l’autre bord,
je
songe qu’il est des visites à de certaines grandes dames où je préfér
364
l est des visites à de certaines grandes dames où
je
préférais — et lui aussi — me rendre seul et sans argent. Je ne voula
365
es grandes dames où je préférais — et lui aussi —
me
rendre seul et sans argent. Je ne voulais pas le retenir, Je ne pouva
366
s — et lui aussi — me rendre seul et sans argent.
Je
ne voulais pas le retenir, Je ne pouvais pas le suivre. On dit de ces
367
eul et sans argent. Je ne voulais pas le retenir,
Je
ne pouvais pas le suivre. On dit de ces phrases. Même, on en pleure.
368
t du pickpocket (fragment) (mai 1927)s t … et
je
jure par Mercure, dieu du commerce, qu’on m’a appris à voler. Aristo
369
… et je jure par Mercure, dieu du commerce, qu’on
m’
a appris à voler. Aristophane (« Les Chevaliers »). Dès qu’on eut dé
370
ue l’esprit s’établit sur ses positions. Or donc,
j’
avais vingt ans. Je vivais chez mes parents, comme tant d’autres à cet
371
it sur ses positions. Or donc, j’avais vingt ans.
Je
vivais chez mes parents, comme tant d’autres à cet âge, logé, nourri,
372
tions. Or donc, j’avais vingt ans. Je vivais chez
mes
parents, comme tant d’autres à cet âge, logé, nourri, blanchi, mais n
373
e, logé, nourri, blanchi, mais non point diverti.
J’
étais bon, Monsieur, normalement bon. L’idée, par exemple, d’étrangler
374
par exemple, d’étrangler un chat pour le plaisir
me
répugnait. Je détestais de peiner quelque être, même ennemi, — car ce
375
d’étrangler un chat pour le plaisir me répugnait.
Je
détestais de peiner quelque être, même ennemi, — car celui-là je le m
376
peiner quelque être, même ennemi, — car celui-là
je
le méprisais trop sincèrement. » Vers cette époque, une femme me rega
377
trop sincèrement. » Vers cette époque, une femme
me
regarda longuement. » Mes parents me savaient vierge et c’était la jo
378
cette époque, une femme me regarda longuement. »
Mes
parents me savaient vierge et c’était la joie de leur vie, car ils ai
379
e, une femme me regarda longuement. » Mes parents
me
savaient vierge et c’était la joie de leur vie, car ils aimaient en m
380
c’était la joie de leur vie, car ils aimaient en
moi
par-dessus tout la vertu que je leur devais. Pourtant, je ne détourna
381
ils aimaient en moi par-dessus tout la vertu que
je
leur devais. Pourtant, je ne détournai pas mes yeux des yeux de cette
382
essus tout la vertu que je leur devais. Pourtant,
je
ne détournai pas mes yeux des yeux de cette femme, de peur qu’elle ne
383
que je leur devais. Pourtant, je ne détournai pas
mes
yeux des yeux de cette femme, de peur qu’elle ne souffrît à cause de
384
tte femme, de peur qu’elle ne souffrît à cause de
moi
. Un soir qu’elle pleurait, je l’embrassai si fort… En un quart d’heur
385
ouffrît à cause de moi. Un soir qu’elle pleurait,
je
l’embrassai si fort… En un quart d’heure, je connaissais l’amour dans
386
ait, je l’embrassai si fort… En un quart d’heure,
je
connaissais l’amour dans ce qu’il a de plus étrangement prosaïque à l
387
scendait dans la ville, on marchait dans le bleu.
Je
sortis avec cette femme, qui m’aimait, et nous étions très jolis de b
388
ait dans le bleu. Je sortis avec cette femme, qui
m’
aimait, et nous étions très jolis de bonheur et d’insouciance dans le
389
ouciance dans le bonheur de la saison. — Au soir,
mon
père savait tout. Il effleura mon front de ses lèvres sans une parole
390
son. — Au soir, mon père savait tout. Il effleura
mon
front de ses lèvres sans une parole quand je vins lui souhaiter le bo
391
ura mon front de ses lèvres sans une parole quand
je
vins lui souhaiter le bonsoir. Le lendemain, ses cheveux avaient légè
392
emain, ses cheveux avaient légèrement blanchi. Il
me
regardait avec une terreur ou je crus distinguer je ne sais quelle dé
393
ment blanchi. Il me regardait avec une terreur ou
je
crus distinguer je ne sais quelle déchirante nostalgie. Pour lui, san
394
regardait avec une terreur ou je crus distinguer
je
ne sais quelle déchirante nostalgie. Pour lui, sans doute, j’étais pe
395
uelle déchirante nostalgie. Pour lui, sans doute,
j’
étais perdu. Mais il souffrait d’autre chose encore : il se savait vie
396
chose encore : il se savait vieux, maintenant. »
Je
songeais justement à un sourire de mon amie quand il voulut m’adresse
397
intenant. » Je songeais justement à un sourire de
mon
amie quand il voulut m’adresser la parole après un silence vertigineu
398
ustement à un sourire de mon amie quand il voulut
m’
adresser la parole après un silence vertigineux. Il vit mon sourire et
399
er la parole après un silence vertigineux. Il vit
mon
sourire et pleura. Alors une rage s’empara de mon corps tout entier,
400
mon sourire et pleura. Alors une rage s’empara de
mon
corps tout entier, je criai un juron, claquai la porte et courus dans
401
Alors une rage s’empara de mon corps tout entier,
je
criai un juron, claquai la porte et courus dans ma chambre. Une demi-
402
e criai un juron, claquai la porte et courus dans
ma
chambre. Une demi-heure plus tard, j’étais à la gare, j’écrivais un m
403
courus dans ma chambre. Une demi-heure plus tard,
j’
étais à la gare, j’écrivais un mot d’adieu à ma maîtresse d’une nuit e
404
bre. Une demi-heure plus tard, j’étais à la gare,
j’
écrivais un mot d’adieu à ma maîtresse d’une nuit et je partais dans u
405
d, j’étais à la gare, j’écrivais un mot d’adieu à
ma
maîtresse d’une nuit et je partais dans une direction quelconque. Il
406
ivais un mot d’adieu à ma maîtresse d’une nuit et
je
partais dans une direction quelconque. Il advint que ce fut celle de
407
advint que ce fut celle de l’Italie. La lumière,
mon
pays natal ! — Je vécus d’articles sur la mode et la politique, que j
408
celle de l’Italie. La lumière, mon pays natal ! —
Je
vécus d’articles sur la mode et la politique, que j’envoyais à divers
409
vécus d’articles sur la mode et la politique, que
j’
envoyais à divers journaux. Un jour, parcourant un quotidien de mon pa
410
ers journaux. Un jour, parcourant un quotidien de
mon
pays où je cherchais mon dernier papier, je lus mon nom en grosses le
411
. Un jour, parcourant un quotidien de mon pays où
je
cherchais mon dernier papier, je lus mon nom en grosses lettres : c’é
412
rcourant un quotidien de mon pays où je cherchais
mon
dernier papier, je lus mon nom en grosses lettres : c’était l’annonce
413
n de mon pays où je cherchais mon dernier papier,
je
lus mon nom en grosses lettres : c’était l’annonce du décès de mon pè
414
n pays où je cherchais mon dernier papier, je lus
mon
nom en grosses lettres : c’était l’annonce du décès de mon père. » J’
415
n grosses lettres : c’était l’annonce du décès de
mon
père. » J’étais assis à la terrasse ensoleillée d’un café ; une brise
416
ttres : c’était l’annonce du décès de mon père. »
J’
étais assis à la terrasse ensoleillée d’un café ; une brise passa, et
417
rise passa, et une femme en robe bleue légère qui
me
regarda un instant, si doucement… Je me levai sans payer, je partis p
418
e légère qui me regarda un instant, si doucement…
Je
me levai sans payer, je partis par les rues, une joie violente commen
419
égère qui me regarda un instant, si doucement… Je
me
levai sans payer, je partis par les rues, une joie violente commençai
420
un instant, si doucement… Je me levai sans payer,
je
partis par les rues, une joie violente commençait à m’envahir, contre
421
rtis par les rues, une joie violente commençait à
m’
envahir, contre laquelle je luttais obscurément pour augmenter ma volu
422
violente commençait à m’envahir, contre laquelle
je
luttais obscurément pour augmenter ma volupté. Bientôt je ne pus me t
423
re laquelle je luttais obscurément pour augmenter
ma
volupté. Bientôt je ne pus me tenir de chantonner. J’entrai dans un é
424
is obscurément pour augmenter ma volupté. Bientôt
je
ne pus me tenir de chantonner. J’entrai dans un établissement luxueux
425
ment pour augmenter ma volupté. Bientôt je ne pus
me
tenir de chantonner. J’entrai dans un établissement luxueux d’où sort
426
olupté. Bientôt je ne pus me tenir de chantonner.
J’
entrai dans un établissement luxueux d’où sortaient à chaque tour du t
427
eflétaient de nombreuses glaces. Les fenêtres que
j’
ouvris firent tourner des soleils sur les parois claires. Du balcon, o
428
avenir de bonheur fiévreux — celui justement que
j’
entrevoyais. » Quand elle se fut endormie, je me rhabillai. Je ne trou
429
que j’entrevoyais. » Quand elle se fut endormie,
je
me rhabillai. Je ne trouvai que 100 francs dans son sac à main : c’ét
430
e j’entrevoyais. » Quand elle se fut endormie, je
me
rhabillai. Je ne trouvai que 100 francs dans son sac à main : c’était
431
s. » Quand elle se fut endormie, je me rhabillai.
Je
ne trouvai que 100 francs dans son sac à main : c’était assez pour me
432
0 francs dans son sac à main : c’était assez pour
me
permettre d’entreprendre quelques beaux vols… » Dès lors, je vécus, c
433
e d’entreprendre quelques beaux vols… » Dès lors,
je
vécus, comme vous me voyez vivre encore, dans un état de sincérité pe
434
ques beaux vols… » Dès lors, je vécus, comme vous
me
voyez vivre encore, dans un état de sincérité perpétuelle envers tous
435
dans un état de sincérité perpétuelle envers tous
mes
élans, accueillant avec un enthousiasme juvénile, c’est-à-dire cyniqu
436
ffres du hasard, ce poète immoral et malicieux. »
Je
ne sais dans quel rapide de l’Europe centrale — région où l’on est fo
437
’on est forcé de prendre conscience de soi-même —
je
découvris une nuit, au moment de m’endormir, que ma passion du vol n’
438
de soi-même — je découvris une nuit, au moment de
m’
endormir, que ma passion du vol n’était qu’une longue vengeance. Ne m’
439
découvris une nuit, au moment de m’endormir, que
ma
passion du vol n’était qu’une longue vengeance. Ne m’avait-on pas dér
440
assion du vol n’était qu’une longue vengeance. Ne
m’
avait-on pas dérobé des années de joie au profit d’une vertu que tout
441
années de joie au profit d’une vertu que tout en
moi
reniait obscurément. Je sentais bien que le ressort secret de la vert
442
d’une vertu que tout en moi reniait obscurément.
Je
sentais bien que le ressort secret de la vertu dans laquelle on m’ava
443
ue le ressort secret de la vertu dans laquelle on
m’
avait emprisonné c’était un bas opportunisme social, résultante des pa
444
lles filles, sans capitalistes et sans gendarmes.
Je
sais bien ce que vous me direz : Les millions que je pourrais leur so
445
istes et sans gendarmes. Je sais bien ce que vous
me
direz : Les millions que je pourrais leur soustraire ne compenseront
446
sais bien ce que vous me direz : Les millions que
je
pourrais leur soustraire ne compenseront jamais cette escroquerie mor
447
compenseront jamais cette escroquerie morale dont
je
fus la victime, ce vol de quelques joies parfaites de ma jeunesse… Ma
448
la victime, ce vol de quelques joies parfaites de
ma
jeunesse… Mais il est trop tard, Monsieur, pour critiquer les modalit
449
p tard, Monsieur, pour critiquer les modalités de
ma
vengeance. Veuillez ne voir dans la confusion où je parais être engag
450
vengeance. Veuillez ne voir dans la confusion où
je
parais être engagé, du plan moral avec l’économique, qu’une expressio
451
e expression nouvelle, et non dénuée d’ironie, de
mon
mépris pour ce qu’ils appellent, ridiculement, les fondements mêmes d
452
avec le produit du vol d’un tronc de chapelle que
j’
édifiai à mes parents un tombeau sur lequel je fis graver : Prêté — re
453
uit du vol d’un tronc de chapelle que j’édifiai à
mes
parents un tombeau sur lequel je fis graver : Prêté — rendu, pour la
454
que j’édifiai à mes parents un tombeau sur lequel
je
fis graver : Prêté — rendu, pour la gloire de l’Église. (Ici, il but
455
ise. (Ici, il but une gorgée et prit un temps.) »
Je
vous fais grâce, poursuivit-il, de la chronique de ma vie de rat d’hô
456
ous fais grâce, poursuivit-il, de la chronique de
ma
vie de rat d’hôtel et de sleepings ; encore que… Bref, depuis quelque
457
eepings ; encore que… Bref, depuis quelques mois,
je
m’amuse à jouer le pickpocket. Cela permet, avec un minimum d’adresse
458
ings ; encore que… Bref, depuis quelques mois, je
m’
amuse à jouer le pickpocket. Cela permet, avec un minimum d’adresse, d
459
, croyez-le bien… Le goût de la propriété étant à
mon
sens l’un des plus vulgaires et des plus généralement répandus, j’ai
460
plus vulgaires et des plus généralement répandus,
j’
ai vite fait de classer mon monde d’après les quelques réactions éléme
461
généralement répandus, j’ai vite fait de classer
mon
monde d’après les quelques réactions élémentaires qui ne manquent jam
462
ne manquent jamais de succéder au moindre vol. »
J’
ajouterai, cher Monsieur, que l’analyse psychologique n’est pas mon fo
463
r Monsieur, que l’analyse psychologique n’est pas
mon
fort. Je me contente de quelques observations théoriques que je tiens
464
, que l’analyse psychologique n’est pas mon fort.
Je
me contente de quelques observations théoriques que je tiens pour vra
465
ue l’analyse psychologique n’est pas mon fort. Je
me
contente de quelques observations théoriques que je tiens pour vraies
466
contente de quelques observations théoriques que
je
tiens pour vraies, et j’en vérifie les manifestations vivantes avec u
467
ervations théoriques que je tiens pour vraies, et
j’
en vérifie les manifestations vivantes avec une prodigalité d’épreuves
468
ves, contre-épreuves, variantes et enjolivures où
je
vois le véritable intérêt de ma vie. C’est vous dire que seule une ce
469
et enjolivures où je vois le véritable intérêt de
ma
vie. C’est vous dire que seule une certaine caresse de l’événement na
470
taine caresse de l’événement naissant peut encore
m’
émouvoir. C’est un plaisir de chaque minute auquel succède immédiateme
471
e minute auquel succède immédiatement le sommeil.
Je
rêve beaucoup. Cela explique, m’a-t-on dit, le peu de goût que j’ai p
472
ment le sommeil. Je rêve beaucoup. Cela explique,
m’
a-t-on dit, le peu de goût que j’ai pour la poésie imprimée. » J’allai
473
. Cela explique, m’a-t-on dit, le peu de goût que
j’
ai pour la poésie imprimée. » J’allais oublier de vous dire qu’on me n
474
e peu de goût que j’ai pour la poésie imprimée. »
J’
allais oublier de vous dire qu’on me nomme Saint-Julien. Vous n’ignore
475
e imprimée. » J’allais oublier de vous dire qu’on
me
nomme Saint-Julien. Vous n’ignorez point que l’on considère ce saint
476
l’agacer en maint endroit. « Une chose avant tout
me
frappe — dit-il, lâchant tout de suite ses compliments, ce qui est de
477
ie. Elle est sans bavures, sans réticences ; elle
m’
apparaît comme un divertissement perpétuel et dénué d’inquiétude. Et c
478
uel et dénué d’inquiétude. Et cela n’est pas sans
me
charmer, croyez-moi. Car, enfin, si je suis ici à vous écouter, c’est
479
iétude. Et cela n’est pas sans me charmer, croyez-
moi
. Car, enfin, si je suis ici à vous écouter, c’est que je cherche ce q
480
t pas sans me charmer, croyez-moi. Car, enfin, si
je
suis ici à vous écouter, c’est que je cherche ce qu’on est convenu d’
481
, enfin, si je suis ici à vous écouter, c’est que
je
cherche ce qu’on est convenu d’appeler — pardonnez la lourdeur de l’e
482
ourdeur de l’expression — une règle de vie. Mais,
je
vous l’avouerai, ce qui me retient de tirer de votre conduite les con
483
ne règle de vie. Mais, je vous l’avouerai, ce qui
me
retient de tirer de votre conduite les conclusions morales qu’elle pa
484
t impliquer, c’est ce caractère de, comment dirai-
je
…, de juvénile insouciance, pour ne pas dire inconscience ! qui s’atta
485
n actes de jeux de mots plus ou moins cruels… » —
Je
vous entends, interrompit Saint-Julien, par pitié pour Isidore dont l
486
l paraissait lui-même gêné. En deux mots, vous ne
me
trouvez pas sérieux. Le reproche est grave. Je ne saurais y répondre.
487
ne me trouvez pas sérieux. Le reproche est grave.
Je
ne saurais y répondre. Je pourrais vous dire que si vous me trouvez u
488
Le reproche est grave. Je ne saurais y répondre.
Je
pourrais vous dire que si vous me trouvez un peu potache, il n’est pa
489
ais y répondre. Je pourrais vous dire que si vous
me
trouvez un peu potache, il n’est pas prouvé par là que le potache n’a
490
que le potache n’ait point raison. Mais justement
je
n’éprouve aucun désir d’avoir raison. Je sens aussi bien que vous ce
491
ustement je n’éprouve aucun désir d’avoir raison.
Je
sens aussi bien que vous ce que mes principes peuvent avoir de « bien
492
’avoir raison. Je sens aussi bien que vous ce que
mes
principes peuvent avoir de « bien jeune », de banal presque, et, pis,
493
our quiconque est aussi profondément persuadé que
moi
de l’absurdité radicale de notre vie, la moindre farce, le moindre ge
494
apprendrez-vous à découvrir derrière certaines de
mes
plaisanteries la dérision secrète qu’elles masquent par caprice. ....
495
e (juillet 1927)v I Parler littérature Si
je
prononce le nom de tel de vos confrères, si je dis : « Avez-vous lu…
496
Si je prononce le nom de tel de vos confrères, si
je
dis : « Avez-vous lu… », vous voilà rouge ; et sur moi les foudres de
497
is : « Avez-vous lu… », vous voilà rouge ; et sur
moi
les foudres de votre paradis poétique. Si je cite tel auteur dont nou
498
sur moi les foudres de votre paradis poétique. Si
je
cite tel auteur dont nous fîmes notre nourriture une saison de naguèr
499
re. Alors, quelque paysan du Danube survenant : —
Je
vous croyais écrivain ? — Hélas ! soupirez-vous. Mais j’ai tué la lit
500
croyais écrivain ? — Hélas ! soupirez-vous. Mais
j’
ai tué la littérature en moi, n’en parlez plus, j’en sors, je l’abando
501
! soupirez-vous. Mais j’ai tué la littérature en
moi
, n’en parlez plus, j’en sors, je l’abandonne… Mais notre paysan, rusé
502
j’ai tué la littérature en moi, n’en parlez plus,
j’
en sors, je l’abandonne… Mais notre paysan, rusé : — Vous l’abandonnez
503
littérature en moi, n’en parlez plus, j’en sors,
je
l’abandonne… Mais notre paysan, rusé : — Vous l’abandonnez ? Pour quo
504
ous l’abandonnez ? Pour quoi ? — Pour la vie ! Or
je
pense, à part moi : j’ai lu ça quelque part. Voyez ma franchise. Un p
505
? Pour quoi ? — Pour la vie ! Or je pense, à part
moi
: j’ai lu ça quelque part. Voyez ma franchise. Un peu grosse, n’est-c
506
quoi ? — Pour la vie ! Or je pense, à part moi :
j’
ai lu ça quelque part. Voyez ma franchise. Un peu grosse, n’est-ce pas
507
ense, à part moi : j’ai lu ça quelque part. Voyez
ma
franchise. Un peu grosse, n’est-ce pas ? D’autres prennent soin que l
508
’ils escomptent scandaleuse. Mais voici un bar où
je
vous suis. Vous y entrez plein de mépris pour Paul Morand par qui déc
509
sa gueule de bois pour en faire des poèmes. Alors
je
cherche les raisons de votre indignation, quand il m’échappe une cita
510
herche les raisons de votre indignation, quand il
m’
échappe une citation. Seraient-ce les guillemets qui vous choquent ?
511
La vie ! — proclamiez-vous… Soit. Mais maintenant
je
vais me fâcher chaque fois que vous direz : « extravagant », « invrai
512
— proclamiez-vous… Soit. Mais maintenant je vais
me
fâcher chaque fois que vous direz : « extravagant », « invraisemblabl
513
atitude salutaire, c’est refus de limiter le mal.
Je
vous vois envahi par des démons que vous prétendez m’interdire de nom
514
ous vois envahi par des démons que vous prétendez
m’
interdire de nommer. Mais moi je partage avec certains Orientaux cette
515
ns que vous prétendez m’interdire de nommer. Mais
moi
je partage avec certains Orientaux cette croyance : nommer une chose,
516
ue vous prétendez m’interdire de nommer. Mais moi
je
partage avec certains Orientaux cette croyance : nommer une chose, c’
517
r puissance sur elle. Images, pensées des autres,
je
vous ai mis un collier avec le nom du propriétaire ; tirez un peu sur
518
du propriétaire ; tirez un peu sur la laisse, que
j’
éprouve la fermeté de ma main. Je vous tiens. Je sais où vous êtes. Vo
519
un peu sur la laisse, que j’éprouve la fermeté de
ma
main. Je vous tiens. Je sais où vous êtes. Vous n’allez pas me surpre
520
r la laisse, que j’éprouve la fermeté de ma main.
Je
vous tiens. Je sais où vous êtes. Vous n’allez pas me surprendre par-
521
e j’éprouve la fermeté de ma main. Je vous tiens.
Je
sais où vous êtes. Vous n’allez pas me surprendre par-derrière. Une f
522
ous tiens. Je sais où vous êtes. Vous n’allez pas
me
surprendre par-derrière. Une fois — et ce n’est pas que je m’en vante
523
ndre par-derrière. Une fois — et ce n’est pas que
je
m’en vante, — j’ai tué un amour naissant, à force de le crier sur les
524
e par-derrière. Une fois — et ce n’est pas que je
m’
en vante, — j’ai tué un amour naissant, à force de le crier sur les to
525
. Une fois — et ce n’est pas que je m’en vante, —
j’
ai tué un amour naissant, à force de le crier sur les toits. Ainsi, pa
526
, parler littérature, c’est faire la part du feu.
Je
dis ces noms, ces opinions, ces titres de livres : tout cela jaillit,
527
cela jaillit, s’entrechoque, s’annule. Poussière.
Ma
vie est ailleurs. L’addition, s’il vous plaît. Il est temps de sortir
528
ce que vous attendez d’elle. Pour dire le fond de
ma
pensée, je crois ce mépris et cette attente également exagérés. Vous
529
attendez d’elle. Pour dire le fond de ma pensée,
je
crois ce mépris et cette attente également exagérés. Vous savez bien
530
exprimer ; depuis le temps qu’on l’oublie.) Vous
me
direz que la poésie, l’état poétique, est notre seul moyen de connais
531
elle était réalisée, on ne s’en apercevrait pas.
Je
pressens encore dans vos poèmes les plus obscurs des allusions furtiv
532
ger sans fièvre, pour en circonscrire les effets.
J’
avoue prendre à cette étude un intérêt bien vif. Et cela fournit un me
533
II Sur l’utilité de la littérature Montherlant
me
paraît être le moins « littératuré » des écrivains d’aujourd’hui. Qua
534
los de la littérature ! Qu’on puisse vivre de ça,
je
ne l’ai pas encore avalé. On m’affirme que je n’y échapperai pas plus
535
isse vivre de ça, je ne l’ai pas encore avalé. On
m’
affirme que je n’y échapperai pas plus qu’un autre : et qu’un beau soi
536
ça, je ne l’ai pas encore avalé. On m’affirme que
je
n’y échapperai pas plus qu’un autre : et qu’un beau soir il faille éc
537
culeuses. Voici donc les seules révélations que
j’
attende de la littérature : que celle des autres m’aide à prendre cons
538
’attende de la littérature : que celle des autres
m’
aide à prendre conscience de moi-même ; que la mienne m’aide à découvr
539
à prendre conscience de moi-même ; que la mienne
m’
aide à découvrir quelques êtres par le monde… Il ne s’agit plus de mép
540
onde… Il ne s’agit plus de mépris ni d’adoration.
J’
ai défini une « maladie » dont je parviens à tirer quelque bien pour m
541
ni d’adoration. J’ai défini une « maladie » dont
je
parviens à tirer quelque bien pour ma vie. Le jour où les soins qu’el
542
adie » dont je parviens à tirer quelque bien pour
ma
vie. Le jour où les soins qu’elle exige me coûteront des sacrifices p
543
n pour ma vie. Le jour où les soins qu’elle exige
me
coûteront des sacrifices plus grands que les bienfaits que j’en escom
544
des sacrifices plus grands que les bienfaits que
j’
en escompte, il sera temps de songer sérieusement à m’en guérir. Vous
545
escompte, il sera temps de songer sérieusement à
m’
en guérir. Vous me demanderez « alors » ce que j’attends de ma vie. Je
546
temps de songer sérieusement à m’en guérir. Vous
me
demanderez « alors » ce que j’attends de ma vie. Je serais tenté de v
547
m’en guérir. Vous me demanderez « alors » ce que
j’
attends de ma vie. Je serais tenté de vous répondre, comme ce sympathi
548
Vous me demanderez « alors » ce que j’attends de
ma
vie. Je serais tenté de vous répondre, comme ce sympathique Philippe
549
demanderez « alors » ce que j’attends de ma vie.
Je
serais tenté de vous répondre, comme ce sympathique Philippe Soupault
550
citation.) Mais non, cher ami, voici qu’une envie
me
prend de vous conter un peu cette histoire. Seulement, allons ailleur
551
ur. 15. Variante : des puissances d’action. 16.
J’
en vois certains qui arrangent leur vie de telle sorte que leurs mémoi
552
e où la poésie est compréhensible et légitime. 4.
Je
suis de sang-froid, je dis : Belles-Lettres est essentiellement une m
553
réhensible et légitime. 4. Je suis de sang-froid,
je
dis : Belles-Lettres est essentiellement une mystique. Mais parce que
554
est essentiellement une mystique. Mais parce que
je
suis de sang-froid, je ne puis dire grand-chose de plus. On ne se com
555
e mystique. Mais parce que je suis de sang-froid,
je
ne puis dire grand-chose de plus. On ne se comprend bien qu’entre jeu
556
poète (au sens le plus large de ces mots.) (Mais
je
tiens à le leur dire ici : les anciens bellettriens qui ont perdu tou
557
… Ailleurs Colombes lumineuses des mains de
mon
amour écloses voyageuses ah ! que d’aucun retour vous ne laissiez le
558
n retour vous ne laissiez le gage aux plaintes de
mon
cœur il est d’autres rivages où mieux qu’ici l’on meurt. Étoile de
559
épété dans une ballade fameuse « Que voulez-vous,
je
suis bourgeois ! », l’on peut se permettre quelques malices, quelques
560
disproportionnés avec son mérite ». Il ajoute : «
j’
ai eu la chance de discerner très jeune, avec une clairvoyance singuli
561
ner très jeune, avec une clairvoyance singulière,
mes
propres limites, et j’ai eu la sagesse de ne rien tenter au-delà ». C
562
clairvoyance singulière, mes propres limites, et
j’
ai eu la sagesse de ne rien tenter au-delà ». C’est le comble de l’éco
563
les précieuses trouvaient cela d’un romantisme !
ma
chère, d’un mauvais goût ! Cependant le jeune homme agitait ses ailes
564
rt d’un poète en état, sans doute, d’inspiration.
Je
trouve dans une enveloppe qu’hier vous m’adressâtes une déclaration d
565
ration. Je trouve dans une enveloppe qu’hier vous
m’
adressâtes une déclaration d’amour destinée à une femme blonde. Je sui
566
déclaration d’amour destinée à une femme blonde.
Je
suis noire. Mais je sais qui c’est. J’ai fait suivre. Alexandrine un
567
destinée à une femme blonde. Je suis noire. Mais
je
sais qui c’est. J’ai fait suivre. Alexandrine un jour m’a laissé ente
568
me blonde. Je suis noire. Mais je sais qui c’est.
J’
ai fait suivre. Alexandrine un jour m’a laissé entendre qu’elle vous a
569
qui c’est. J’ai fait suivre. Alexandrine un jour
m’
a laissé entendre qu’elle vous aime. Elle attend votre lettre depuis d
570
s aime. Elle attend votre lettre depuis des mois.
Je
pense que ces lignes vous trouveront réunis. Avec ma bénédiction, je
571
pense que ces lignes vous trouveront réunis. Avec
ma
bénédiction, je suis votre amie Joséphine. » — Le poète reprit son ma
572
gnes vous trouveront réunis. Avec ma bénédiction,
je
suis votre amie Joséphine. » — Le poète reprit son manuscrit et concl
573
oésie, et la France c’est la Chambre des Députés,
je
n’en veux pas démordre, et la Légion d’honneur — je vous la laisse, l
574
n’en veux pas démordre, et la Légion d’honneur —
je
vous la laisse, la Légion d’honneur. Quand vous prenez un taxi passé
575
lemand, — et l’allemand littéraire y suffit. Pour
moi
, je ne me sens pas trop embarrassé ; comme j’habite l’Odéon, c’est to
576
d, — et l’allemand littéraire y suffit. Pour moi,
je
ne me sens pas trop embarrassé ; comme j’habite l’Odéon, c’est toujou
577
t l’allemand littéraire y suffit. Pour moi, je ne
me
sens pas trop embarrassé ; comme j’habite l’Odéon, c’est toujours le
578
ur moi, je ne me sens pas trop embarrassé ; comme
j’
habite l’Odéon, c’est toujours le fantôme de l’Odéon qui m’accompagne
579
l’Odéon, c’est toujours le fantôme de l’Odéon qui
m’
accompagne et nous ne disons presque rien, nous savons les mêmes histo
580
t des noctambules préfèrent d’aller à pied ; mais
moi
je me méfie ; se promener seul la nuit dans une ville étrangère, n’es
581
s noctambules préfèrent d’aller à pied ; mais moi
je
me méfie ; se promener seul la nuit dans une ville étrangère, n’est-c
582
octambules préfèrent d’aller à pied ; mais moi je
me
méfie ; se promener seul la nuit dans une ville étrangère, n’est-ce p
583
-ce point la définition même de la luxure ? Quand
je
vais à pied, j’oublie en chemin les meilleures phrases que j’avais pr
584
inition même de la luxure ? Quand je vais à pied,
j’
oublie en chemin les meilleures phrases que j’avais préparées pour sub
585
ed, j’oublie en chemin les meilleures phrases que
j’
avais préparées pour subjuguer mes amies, je m’intéresse aux cravates,
586
ures phrases que j’avais préparées pour subjuguer
mes
amies, je m’intéresse aux cravates, enfin, je sens mon esprit qui se
587
s que j’avais préparées pour subjuguer mes amies,
je
m’intéresse aux cravates, enfin, je sens mon esprit qui se dégrade as
588
ue j’avais préparées pour subjuguer mes amies, je
m’
intéresse aux cravates, enfin, je sens mon esprit qui se dégrade assez
589
er mes amies, je m’intéresse aux cravates, enfin,
je
sens mon esprit qui se dégrade assez rapidement et se dissout dans un
590
mies, je m’intéresse aux cravates, enfin, je sens
mon
esprit qui se dégrade assez rapidement et se dissout dans une sentime
591
n’est pas venue… (C’est ici le lieu de l’avouer :
je
ne saurais entretenir que mes rapports de politesse distante avec les
592
e lieu de l’avouer : je ne saurais entretenir que
mes
rapports de politesse distante avec les personnes qui ont dit, ne fût
593
ui ont dit, ne fût-ce qu’une fois en leur vie : «
J’
ai horreur de la sentimentalité ».) Nous voici donc en taxi, « nous de
594
s deux le fantôme » comme on disait au village où
je
suis né, qui n’est pas ma patrie. Ce soir-là, le fantôme ayant envie
595
on disait au village où je suis né, qui n’est pas
ma
patrie. Ce soir-là, le fantôme ayant envie de manger ferme a donné au
596
ur l’adresse d’un ogre. C’est tout près parce que
j’
ai peur. En même temps c’est très loin parce que je me réjouis. La Mai
597
’ai peur. En même temps c’est très loin parce que
je
me réjouis. La Maison des Ogres est au 53 rue de Rennes ; je ne vous
598
peur. En même temps c’est très loin parce que je
me
réjouis. La Maison des Ogres est au 53 rue de Rennes ; je ne vous le
599
is. La Maison des Ogres est au 53 rue de Rennes ;
je
ne vous le confie pas sans un secret tremblement. Nous embarquons Jea
600
t d’un poète authentique. Le pittoresque. D’abord
je
crains que la notion n’en soit toute relative aux modes de « vie » bo
601
« vie » bourgeois ; et puis la, comédie n’est pas
mon
fort, même la triste. Je n’aime plus que les choses lentement émouvan
602
s la, comédie n’est pas mon fort, même la triste.
Je
n’aime plus que les choses lentement émouvantes, monotones et aiguës,
603
ail jusqu’à l’aube, la naissance d’un visage dans
ma
mémoire (d’heure en heure ces yeux plus vivants…) De là, je le suppos
604
(d’heure en heure ces yeux plus vivants…) De là,
je
le suppose, une certaine misanthropie en germe : les êtres changent t
605
nthropie en germe : les êtres changent trop vite,
je
n’ai pas le temps de me laisser envoûter ou de les rendre esclaves, h
606
êtres changent trop vite, je n’ai pas le temps de
me
laisser envoûter ou de les rendre esclaves, hors de quoi je ne sais p
607
envoûter ou de les rendre esclaves, hors de quoi
je
ne sais pas de commerce humain qui vaille la peine, qui vaille l’amou
608
d enfin qu’il est perdu, il découvre la liberté. (
Je
pense à la boussole autant qu’au sens moral.) Le goût de se perdre es
609
des plus profonds mystères de notre condition, et
je
ne crois pas trop absurde d’y chercher l’origine non seulement des pa
610
rquoi ne pas se perdre sans arrière-pensée ? S’il
me
reste un espoir au sein de mes erreurs les moins préméditées, c’est s
611
rière-pensée ? S’il me reste un espoir au sein de
mes
erreurs les moins préméditées, c’est sans doute celui d’être trouvé.
612
réméditées, c’est sans doute celui d’être trouvé.
J’
ai toujours méprisé le geste de l’homme qui, le soir dans sa chambre d
613
uble tour. Ah ! qu’une nuit enfin, à la faveur de
mon
sommeil, on me vole à moi-même ! Que des êtres rêvés m’emportent ! —
614
qu’une nuit enfin, à la faveur de mon sommeil, on
me
vole à moi-même ! Que des êtres rêvés m’emportent ! — Ils me conduira
615
meil, on me vole à moi-même ! Que des êtres rêvés
m’
emportent ! — Ils me conduiraient là où je ne sais pas que j’ai si gra
616
oi-même ! Que des êtres rêvés m’emportent ! — Ils
me
conduiraient là où je ne sais pas que j’ai si grand désir d’aller… Es
617
s rêvés m’emportent ! — Ils me conduiraient là où
je
ne sais pas que j’ai si grand désir d’aller… Est-ce ici ? Je regarde
618
! — Ils me conduiraient là où je ne sais pas que
j’
ai si grand désir d’aller… Est-ce ici ? Je regarde autour de moi : des
619
pas que j’ai si grand désir d’aller… Est-ce ici ?
Je
regarde autour de moi : des murs sans yeux dominent des baraques épar
620
désir d’aller… Est-ce ici ? Je regarde autour de
moi
: des murs sans yeux dominent des baraques éparses dans une brousse o
621
bouger les jambes. Nous suivons à tâtons. Ce que
je
pressentais ne tarde pas à se produire : des aboiements fous et une e
622
le : c’est tout de suite écœurant et prétentieux.
Je
suis de ceux qui mangent sans faire d’histoires. Je remarque simpleme
623
suis de ceux qui mangent sans faire d’histoires.
Je
remarque simplement qu’on n’est jamais mieux pour parler qu’en face d
624
pure. Edmond Jaloux préside à cette agape dont il
m’
est impossible de nommer tous les officiants visibles ou virtuels, et
625
ticulier à le parfaire ? — il est bientôt minuit.
Mon
fantôme est là. Un chien, Dick, est là. Pierre Girard n’est pas là, n
626
Chenevière pourrait très bien être là, puisqu’en
ma
voisine, je reconnais la Jeune fille de neige. On la sent prête à fon
627
pourrait très bien être là, puisqu’en ma voisine,
je
reconnais la Jeune fille de neige. On la sent prête à fondre de tendr
628
es Petit, égaré, en ayant soin d’ajouter ceux que
j’
oublie, vous obtiendrez le chiffre exact des participants ; calculez l
629
de l’Italie et une certaine qualité de désespoir,
je
retrouve les contes d’Hoffmann. Mais il s’agit de les vivre plutôt qu
630
vivre plutôt que d’en parler vous voyez bien que
j’
ai quitté cette table écroulée, dans la fumée et les évocations, sous
631
ui cachait le front des palais, une nuit d’hiver,
je
chantonnais la Barcarolle en descendant le Grand Canal, — c’est une r
632
ériennes, des chansons populaires qui sont ce que
je
connais de plus indiciblement nostalgique. Und solltest du im Leben
633
nes. Un grand verre de bière à l’auberge déserte,
ma
pipe et mon chien qui bougonne. La petite maison du colonel en retrai
634
nd verre de bière à l’auberge déserte, ma pipe et
mon
chien qui bougonne. La petite maison du colonel en retraite a des fen
635
l est temps de mettre à ces fariboles un terme19.
J’
ai du solide à équarrir. Et auparavant, j’aimerais lire un peu. Mes au
636
erme19. J’ai du solide à équarrir. Et auparavant,
j’
aimerais lire un peu. Mes auteurs ? Goethe en tout temps ; Rodolphe To
637
équarrir. Et auparavant, j’aimerais lire un peu.
Mes
auteurs ? Goethe en tout temps ; Rodolphe Toepffer (admiré par Goethe
638
ore cette main déjà experte et malicieuse. Ce que
j’
aime ici, c’est un ravissant concours d’ingénuité et d’observation iro
639
avez-vous été méchante ? Sonnette. — Lord Artur,
je
ne suis pas une mauvaise femme, et si vous n’étiez pas si retors, vou
640
vous n’étiez pas si retors, vous verriez bien que
je
ne suis pas plus coquette qu’une autre. Mais les hommes comme vous ai
641
aimons leur échapper. Vous êtes bien injuste avec
moi
quand vous me reprochez d’être méchante : je suis à peine coquette, e
642
apper. Vous êtes bien injuste avec moi quand vous
me
reprochez d’être méchante : je suis à peine coquette, et vous savez q
643
vec moi quand vous me reprochez d’être méchante :
je
suis à peine coquette, et vous savez que c’est un plaisir qu’on ne pe
644
r qu’on ne peut pas nous refuser ; du reste, cela
me
rend plus jolie, quelqu’un me l’a dit hier encore, vous ne saurez pas
645
er ; du reste, cela me rend plus jolie, quelqu’un
me
l’a dit hier encore, vous ne saurez pas qui. Lord Artur. — Ravissant
646
ont insensées, mais comme des baisers dans l’air.
Je
voudrais vous poser une question, Sonnette. Une question très grave.
647
ps ? Sonnette. — Pfi ! comme c’est drôle ! C’est
moi
qui fais la pluie et le beau temps. Lord Artur. — Certes, la réponse
648
me vous êtes un profond pédant, dans cinq minutes
je
ne saurai plus même voir s’il fait beau ou s’il fait vilain. Lord Ar
649
’il fait beau ou s’il fait vilain. Lord Artur. —
Je
pense sérieusement que vous ne l’avez jamais su. Pas plus que vous n’
650
nt pas de point de vue sur le beau temps. Écoutez-
moi
bien, Sonnette : Vos actions et vos pensées, votre conception de l’am
651
ttes vernies, quand il pleut ? Sonnette. — Quand
j’
étais petite fille, j’aimais me promener à la lisière des forêts, les
652
pleut ? Sonnette. — Quand j’étais petite fille,
j’
aimais me promener à la lisière des forêts, les jambes nues sous la pl
653
Sonnette. — Quand j’étais petite fille, j’aimais
me
promener à la lisière des forêts, les jambes nues sous la pluie. L’he
654
ramboises humides avaient un délicieux goût fade.
Je
rentrais toute fière de mes genoux griffés comme ceux des garçons, et
655
n délicieux goût fade. Je rentrais toute fière de
mes
genoux griffés comme ceux des garçons, et le soir quand on me faisait
656
iffés comme ceux des garçons, et le soir quand on
me
faisait souhaiter dans ma prière « qu’il fasse beau demain », je pens
657
ns, et le soir quand on me faisait souhaiter dans
ma
prière « qu’il fasse beau demain », je pensais en dessous que j’aimai
658
aiter dans ma prière « qu’il fasse beau demain »,
je
pensais en dessous que j’aimais mieux les herbes mouillées. Lord Art
659
il fasse beau demain », je pensais en dessous que
j’
aimais mieux les herbes mouillées. Lord Artur. — On dit souvent des f
660
ulement sournoises. Sonnette. — Lord Artur, vous
m’
amusez beaucoup. Vraiment vous devez être jaloux ce soir. Quand vous c
661
tits riens, c’est toujours par dépit amoureux. Si
je
vous laisse aller, ou si peut-être je vous pousse un peu, vous finire
662
moureux. Si je vous laisse aller, ou si peut-être
je
vous pousse un peu, vous finirez par démontrer qu’il faut être chréti
663
soit à la pluie et au beau temps. Lord Artur. —
J’
ai toujours estimé, Sonnette, que vous extrêmement intelligente. Je re
664
imé, Sonnette, que vous extrêmement intelligente.
Je
regrette profondément que vous n’ayez pas plus de sens qu’un oiseau.
665
ce lieu bâtit la ville de Crotone. Sonnette. —
J’
aime vos histoires, Lord Artur. (Un temps.) — Dites-moi, Lord Artur, s
666
me vos histoires, Lord Artur. (Un temps.) — Dites-
moi
, Lord Artur, si je pleurais, quel temps ferait-il pour vous ? Lord A
667
rd Artur. (Un temps.) — Dites-moi, Lord Artur, si
je
pleurais, quel temps ferait-il pour vous ? Lord Artur. — … Le beau m
668
e soit belle, peut-être, mais qu’elle pleure, qui
me
réchauffe. Parce qu’elle se tient là « vêtue de son péché », — comme
669
ticle de M. Arnold Reymond, paru dans votre n° 1,
me
met la plume à la main. Voici quelques notes rapidement rédigées dans
670
rapidement rédigées dans les marges. M. Reymond,
je
le crois, ne m’en voudra pas trop de leur vivacité : il connaît bien
671
gées dans les marges. M. Reymond, je le crois, ne
m’
en voudra pas trop de leur vivacité : il connaît bien les Neuchâtelois
672
tigables ergoteurs. Pour la commodité du lecteur,
je
recopie les passages phrases auxquels s’attachent mes gloses. Je m’ex
673
recopie les passages phrases auxquels s’attachent
mes
gloses. Je m’excuse par avance de l’avantage que je m’accorde en déta
674
passages phrases auxquels s’attachent mes gloses.
Je
m’excuse par avance de l’avantage que je m’accorde en détachant ainsi
675
sages phrases auxquels s’attachent mes gloses. Je
m’
excuse par avance de l’avantage que je m’accorde en détachant ainsi de
676
gloses. Je m’excuse par avance de l’avantage que
je
m’accorde en détachant ainsi des phrases du contexte. Mais si j’adopt
677
oses. Je m’excuse par avance de l’avantage que je
m’
accorde en détachant ainsi des phrases du contexte. Mais si j’adoptais
678
détachant ainsi des phrases du contexte. Mais si
j’
adoptais une autre méthode, les dimensions de la Revue n’y suffiraient
679
’y suffiraient plus — ni la patience du lecteur à
mon
endroit, je le crains… 1. S’il n’y a pas de vérité absolue, en ce sen
680
t plus — ni la patience du lecteur à mon endroit,
je
le crains… 1. S’il n’y a pas de vérité absolue, en ce sens que tout j
681
l’angoisse de tout homme qui tente d’assumer son
moi
contradictoire pour le mettre aux ordres de la foi. C’est une colle d
682
celle de la foi, lorsque « mettant les pouces »,
je
me rends à son ordre. 2. On comprend dès lors l’attrait que le thomis
683
lle de la foi, lorsque « mettant les pouces », je
me
rends à son ordre. 2. On comprend dès lors l’attrait que le thomisme
684
ans la pensée de Barth elle-même, et non pas dans
je
ne sais quelle « réaction ». Et c’est pourquoi nous ne pouvons pas ac
685
ion des hommes devient folle et meurtrière. 4. Il
me
semble que la tâche de la théologie protestante à l’heure actuelle es
686
oute loyauté à les affirmer (p. 16). Pourquoi ai-
je
envie, dans une telle phrase, de remplacer « libre recherche » par «
687
ctique… », — et « loyauté » par « humilité » ? Il
me
semble qu’alors les invariants chrétiens pourraient bien apparaître c
688
riblement de ce sens de la culture qu’incarnait à
mes
yeux René Guisan, lorsque je le voyais dans sa bibliothèque immense e
689
ture qu’incarnait à mes yeux René Guisan, lorsque
je
le voyais dans sa bibliothèque immense et qu’il me parlait avec feu d
690
e le voyais dans sa bibliothèque immense et qu’il
me
parlait avec feu d’actions réelles dont il était l’âme et l’agent, no
691
ondamentales et sans cesse oubliées de nos jours,
je
ne les ai vues vraiment vécues chez nous que par cet homme solide et
692
els dans leurs limites reconnues et acceptées. Il
me
semble que c’est la leçon que nous devons prendre de sa vie : la leço
693
e barde chante jusqu’à ce qu’il n’en puisse plus…
Je
répondais à mon ami : — À chacun selon sa faim. Heureux ceux qui ont
694
jusqu’à ce qu’il n’en puisse plus… Je répondais à
mon
ami : — À chacun selon sa faim. Heureux ceux qui ont une grande faim,
695
ns mots ? Ce qui émeut quand plus rien n’est là ?
Je
ne gardais de Hölderlin que des souvenirs d’élans ou d’amples chutes,
696
de sens à cause de tant d’années d’oubli, pensais-
je
. Je notais quelquefois ces fragments mémorables pour essayer d’en ret
697
ens à cause de tant d’années d’oubli, pensais-je.
Je
notais quelquefois ces fragments mémorables pour essayer d’en retrouv
698
Und von neuem ein Jahr unserer Seele beginnt.
Je
retrouvais sans trop de lacunes deux quatrains d’une déchirante simpl
699
s deux quatrains d’une déchirante simplicité, que
j’
avais traduits à vingt ans : Die Linien des Lebens sind verschieden et
700
emplissait tout l’espace invoqué. D’un seul coup
m’
était restitué L’enthousiasme errant, fils de la belle Nuit 24. Nuit b
701
vu les Îles ! Ainsi sa poésie devenait-elle pour
moi
, dans la mémoire, ce que la Grèce avait été pour lui dans la distance
702
des grands Hymnes ? Il fallait enfin les relire.
Je
découvris alors que beaucoup des fragments qui subsistaient dans ma m
703
que beaucoup des fragments qui subsistaient dans
ma
mémoire avaient toujours été tels dans le texte, émergeant comme des
704
t à les compléter par ce qu’ils devaient évoquer,
je
ne faisais pas autre chose que le poète à partir d’un signe, d’un nom
705
s », écoutons-le30 : Jusqu’aux pieds du Parnasse
j’
irai, et, dès que dans l’ombre des chênes Brillera la lueur de ton flo
706
la lueur de ton flot surgissant, Castalie ! Ah !
je
veux Dans la vasque puiser, à travers le parfum de tes fleurs, et rép
707
Sur le sol où renaît la prairie, l’eau sacrée et
mes
larmes, afin, Qu’une offrande pourtant vienne encore, ô Dormants déla
708
t, près des rocs suspendus de Tempé, Près de vous
j’
élirai ma demeure à jamais, près de vous, noms splendides ! 21. Pa
709
es rocs suspendus de Tempé, Près de vous j’élirai
ma
demeure à jamais, près de vous, noms splendides ! 21. Patmos, 180
710
syne III, 1803. 23. « Par le fait que (le poète)
me
nomme ce signe, il emprunte à mon monde sa matière, il me détermine à
711
t que (le poète) me nomme ce signe, il emprunte à
mon
monde sa matière, il me détermine à transférer cette matière dans le
712
ce signe, il emprunte à mon monde sa matière, il
me
détermine à transférer cette matière dans le signe », écrit Hölderlin
713
29. Essai cité, Éd. de la Pléiade, p. 630. 30.
Je
cite l’Archipel dans la belle adaptation rythmique de Jean Tardieu. É