1
u temps, en général, et sur celles en particulier
qu’
implique la publication de notre revue. Mais nous savons, tout comme M
2
otre revue. Mais nous savons, tout comme M. Coué,
que
ce serait de mauvaise méthode. Et, comme M. Coué, nous nous persuadon
3
méthode. Et, comme M. Coué, nous nous persuadons
que
tout ira très bien. Les circonstances l’exigent, d’ailleurs, plus que
4
en. Les circonstances l’exigent, d’ailleurs, plus
que
jamais, et plus que jamais, nous semble-t-il, notre revue a sa raison
5
s l’exigent, d’ailleurs, plus que jamais, et plus
que
jamais, nous semble-t-il, notre revue a sa raison d’être. La vie d’au
6
tre parfois quelque peu impertinente. Le fait est
que
nous éprouvons irrésistiblement l’obligation d’être nous-mêmes. Et, d
7
ite, c’est en cela uniquement — être nous-mêmes —
que
consistera notre programme. Sans doute, les différences s’accusent :
8
bénéfice en retour. Certes, nous ne demandons pas
qu’
on prenne toutes nos obscurités pour des profondeurs. Et nous n’allons
9
ationnelle révision des valeurs. Nous savons bien
que
nous ne faisons que passer, après tant d’autres, avant tant d’autres.
10
des valeurs. Nous savons bien que nous ne faisons
que
passer, après tant d’autres, avant tant d’autres. « Amis, ce sont les
11
, mais seulement de retenir sa place au spectacle
qu’
ils offrent et de les considérer avec sympathie. Il est bien facile de
12
près moi, le déluge ! », et de se détourner de ce
qu’
on a coutume d’appeler notre « désordre ». Mais on est toujours le fil
13
iens » — prétention éminemment peu bellettrienne.
Que
sommes-nous donc ? Le plus qu’on puisse dire, c’est que vous le saure
14
peu bellettrienne. Que sommes-nous donc ? Le plus
qu’
on puisse dire, c’est que vous le saurez un peu mieux quand vous aurez
15
mmes-nous donc ? Le plus qu’on puisse dire, c’est
que
vous le saurez un peu mieux quand vous aurez lu nos huit numéros. Il
16
eux quand vous aurez lu nos huit numéros. Il faut
que
notre revue reste cette chose unique et indéfinissable, comme toute c
17
de fleurs disparates, aux tiges divergentes, mais
qu’
un ruban rouge et vert lie par la grâce d’une volonté sans doute divin
18
e vertu d’une anarchie dont on ne veut pas avouer
qu’
elle est plus nécessaire — provisoirement — que satisfaisante pour l’e
19
er qu’elle est plus nécessaire — provisoirement —
que
satisfaisante pour l’esprit. C’est ainsi que nous trompant nous-mêmes
20
nt — que satisfaisante pour l’esprit. C’est ainsi
que
nous trompant nous-mêmes, sous le prétexte toujours de probité intell
21
pour excuser sa petite faiblesse originale : tant
qu’
à la fin la notion concrète de sincérité s’évanouit en mille définitio
22
), ou « perpétuel effort pour créer son âme telle
qu’
elle est » (Rivière), ou encore refus de choisir, volonté de tout cons
23
ntéressée, de naturaliste de l’âme ? Heureusement
que
M. Brémond ne s’est pas encore mêlé de l’affaire. Au reste, on n’a pa
24
s du subtil abbé pour n’y plus rien comprendre. ⁂
Qu’
on imagine un personnage de tableau se mettre à décrire ce qu’il voit
25
e un personnage de tableau se mettre à décrire ce
qu’
il voit autour de lui — et l’étonnement indigné du spectateur. Pour pa
26
s une certaine mesure — parce que nécessaire — ce
qu’
il y a de déplaisant dans l’effort d’un esprit pour se dégager de conf
27
n peut tirer par une sorte de passage à la limite
que
les faits justifient : sincérité = spontanéité. Mais la morale est ce
28
ussant Fleurissoire « pour rien » ne songeait pas
qu’
il allait faire école. Le fait est que ce geste symbolique a déclenché
29
ongeait pas qu’il allait faire école. Le fait est
que
ce geste symbolique a déclenché tout un mouvement littéraire, celui-l
30
. Le geste le plus incongru du héros n’est jamais
que
le résultat d’un mécanisme inconscient, aussi révélateur du personnag
31
nisme inconscient, aussi révélateur du personnage
que
ses actions les mieux concertées. Rien n’est gratuit que relativement
32
actions les mieux concertées. Rien n’est gratuit
que
relativement à un système restreint de références. Il résulte de sem
33
les considérations, dans le domaine de la morale,
que
le meilleur moyen de se livrer à ses déterminants, c’est de mener la
34
ses déterminants, c’est de mener la vie gratuite
que
réclament les surréalistes. Le contraire de la liberté. D’autre part,
35
nner à l’acte gratuit une valeur morale en disant
qu’
il révèle ce qu’il y a de plus secret dans la personnalité. Ce serait
36
atuit une valeur morale en disant qu’il révèle ce
qu’
il y a de plus secret dans la personnalité. Ce serait un moyen de conn
37
isme », la décision réfléchie, aussi peu gratuite
que
possible, d’un Julien Sorel, est-elle moins révélatrice du fond de l’
38
elle moins révélatrice du fond de l’âme humaine ?
Que
si l’on s’étonne de me voir donner ici la préférence à l’acte volonta
39
littérature je défends l’acte gratuit, je réponds
que
la littérature remplirait déjà suffisamment son rôle en se bornant à
40
ntense et plus émouvante ; mais la morale, plutôt
que
de nous constater, doit nous construire — selon le mode le plus libre
41
je prends une feuille blanche, je vais écrire ce
que
je trouve en moi (sentiments, idées, souvenirs, désirs, élans, hésita
42
élans, hésitations, obscurités, etc.). Supposons
que
j’éprouve un désir d’action vive, un élan vers certain but précis. O
43
onséquences matérielles. Ce n’est plus l’élan pur
que
je décris : c’est un élan freiné dans mon esprit, c’est le frein lui-
44
fatalement c’est à la découverte d’une faiblesse
que
j’aboutis : ce quelque chose qui m’a retenu d’accomplir ce que l’élan
45
: ce quelque chose qui m’a retenu d’accomplir ce
que
l’élan appelait. Second exemple. — J’éprouve le besoin de faire le
46
, je revis plus ou moins fortement des sentiments
que
je crois avoir éprouvés à tel moment de mon passé. Parfois — rarement
47
e, c’est bien le second. La qualité des souvenirs
qu’
il me livre me renseigne assez exactement, non sur mon passé, mais sur
48
exactement, non sur mon passé, mais sur le moment
que
je vis1. Il est bien clair qu’on ne saurait atteindre « la vérité sur
49
mais sur le moment que je vis1. Il est bien clair
qu’
on ne saurait atteindre « la vérité sur soi » en se servant de la méth
50
l’évocation de mes désirs anciens ne me restitue
qu’
un dégoût. J’ai cru que je pourrais me regarder sans rien toucher en m
51
irs anciens ne me restitue qu’un dégoût. J’ai cru
que
je pourrais me regarder sans rien toucher en moi. En réalité, je n’as
52
René Crevel, est la démonstration la plus cynique
que
je connaisse de ces ravages du sincérisme. Dans la solitude qu’il s’a
53
se de ces ravages du sincérisme. Dans la solitude
qu’
il s’acharne à approfondir — il était venu y chercher quelque raison d
54
e comme raison d’une perpétuelle attente »), — ce
que
l’auteur découvre c’est ce « merveilleux contraire » de l’élan vital
55
’est ce « merveilleux contraire » de l’élan vital
qu’
il nomme élan mortel — générateur de l’incurable tristesse qui rôde da
56
ges du sincérisme. C’est plus exactement faillite
qu’
il faudrait. Faillite de toute introspection, en littérature et en mor
57
mon autoportrait moral : je me compose plus laid
que
nature. Faut-il conclure avec Gide : « L’analyse psychologique a perd
58
pour moi tout intérêt du jour où je me suis avisé
que
l’homme éprouve ce qu’il imagine d’éprouver. » Non. Car à supposer qu
59
u jour où je me suis avisé que l’homme éprouve ce
qu’
il imagine d’éprouver. » Non. Car à supposer que l’analyse nous crée,
60
e qu’il imagine d’éprouver. » Non. Car à supposer
que
l’analyse nous crée, elle ne nous crée pas n’importe comment, mais se
61
retrouve notre individualité. Elle nous crée tels
que
nous tendons à être (plutôt inférieurs, en vertu des remarques précéd
62
me « un perpétuel effort pour créer son âme telle
qu’
elle est ». Il voyait dans cet effort sur soi le gage d’un enrichissem
63
re. Cependant, n’est-ce pas lui-même qui ajoutait
que
l’homme sincère « en vient à ne plus pouvoir même souhaiter d’être di
64
, le cas extrême d’un Crevel nous montre assez ce
qu’
il faut penser2. Il ne s’en suit pas que contenue dans des limites ass
65
assez ce qu’il faut penser2. Il ne s’en suit pas
que
contenue dans des limites assez étroites empiriquement fournies par l
66
les bénéfices sont maigres en regard des dangers
que
la sincérité du noli me tangere fait courir, tant dans le domaine lit
67
gere fait courir, tant dans le domaine littéraire
que
dans celui de l’action. En littérature : refus de construire, de comp
68
La fonction de l’homme est aussi bien de croire
que
de constater. F. Raub. La sincérité obstinée d’un Rivière n’a plus
69
rop sincère, pas sincère. Ou bien si l’on prétend
que
la sincérité est la recherche, puis l’acceptation de toute tendance d
70
’acceptation de toute tendance du moi, je réponds
que
le mensonge est sincère aussi, qui révèle mon besoin de mentir. Il de
71
ident3 — mais jamais au point d’oublier la vérité
qu’
on désirait qu’ils cachent pour un moment. « L’art est un mensonge, ma
72
amais au point d’oublier la vérité qu’on désirait
qu’
ils cachent pour un moment. « L’art est un mensonge, mais un bon artis
73
essaire à la vie, n’est-ce pas être sincère aussi
que
de s’y prêter ? Or, il vous tire aussitôt de l’indétermination violen
74
vous tire aussitôt de l’indétermination violente
qu’
est la sincérité selon Rivière. La sincérité véritable vous pousse à f
75
éritable vous pousse à faire le saut dans le vide
qu’
exige toute foi ; c’est la volonté de sincérité, c’est-à-dire une sinc
76
e, qui retient de l’oser. Petite anthologie ou
que
le « style » est de l’homme même J’en étais à peu près à ce point
77
t de mes notes — à ce point de mon dégoût pour ce
que
beaucoup continuaient d’appeler sincérité et qui me devenait inintell
78
ntion qui altérerait leur moi ; ils ne souhaitent
que
d’être leur propre témoin, intelligent mais immobile : ce sont les mê
79
ale de M. Godeau serait définie par l’aspect seul
qu’
il souffrirait de garder lui-même à son propre regard. Ainsi la valeur
80
ur morale d’un homme équivalait-elle à l’illusion
qu’
il était capable d’entretenir sur lui-même. (Marcel Jouhandeau.) Ce qu
81
’entretenir sur lui-même. (Marcel Jouhandeau.) Ce
qu’
on appelle une œuvre sincère est celle qui est douée d’assez de force
82
olescence où l’on soupçonne pour la première fois
que
certains, peut-être, jouent leur vie. Rien ne paraît plus sinistre à
83
s l’intensité d’un sentiment intime, ce moi idéal
que
j’appelle en chaque minute de ma joie est plus réel que celui qu’une
84
appelle en chaque minute de ma joie est plus réel
que
celui qu’une analyse désolée s’imaginait retenir. Dès lors, ce n’est
85
chaque minute de ma joie est plus réel que celui
qu’
une analyse désolée s’imaginait retenir. Dès lors, ce n’est pas lâcher
86
s lors, ce n’est pas lâcher la proie pour l’ombre
que
de tendre vers ce modèle. Dirais-je que c’est ma sincérité d’y aller
87
r l’ombre que de tendre vers ce modèle. Dirais-je
que
c’est ma sincérité d’y aller par les moyens les plus efficaces ? Mais
88
rêtais bien quelques voiles à mon dégoût d’un moi
que
la vie me montrait si désespérément vrai, tyrannique, insuffisant. Ma
89
sion particulière, ne pouvait non plus s’imaginer
qu’
elle en pût être privée. Alors, acquiesçant vivement à l’invite que je
90
re privée. Alors, acquiesçant vivement à l’invite
que
je soupçonnais la plus riche d’inconnu, je m’élançais sur la voie qu’
91
a plus riche d’inconnu, je m’élançais sur la voie
qu’
elle m’ouvrait, avec tant de rires amis, vers tout ce que momentanémen
92
m’ouvrait, avec tant de rires amis, vers tout ce
que
momentanément je choisissais de laisser — et des baisers à tous les v
93
is de laisser — et des baisers à tous les vents —
qu’
il eût été loisible d’attribuer comme objet à ma jubilation, non pas c
94
e portais, mais bien ces figurants de mon bonheur
que
je me conciliais pour des retours possibles. C’est ainsi que fidèle à
95
onciliais pour des retours possibles. C’est ainsi
que
fidèle à soi-même au plus profond de l’être, on entretient comme une
96
e. Mais c’est une honnêteté peut-être plus réelle
que
l’autre. Et l’on conçoit que ce constant et secret assujettissement a
97
eut-être plus réelle que l’autre. Et l’on conçoit
que
ce constant et secret assujettissement au moi idéal exige une politiq
98
timents plus subtile et, je pense, moins vulgaire
que
cette agilité offensive qu’on appelle dans la vie publique arrivisme,
99
pense, moins vulgaire que cette agilité offensive
qu’
on appelle dans la vie publique arrivisme, et séduction dans les salon
100
ocrisie envers soi-même une volonté — si profonde
qu’
elle n’a pas besoin de s’expliciter pour être efficace — qui m’interdi
101
je ne veux plus souffrir. (Car il n’est peut-être
qu’
une espèce de souffrance véritablement insupportable, c’est celle qu’o
102
uffrance véritablement insupportable, c’est celle
qu’
on tire de soi-même.) Hypocrisie, ce sourire des sphinx ; hypocrisie,
103
risie, masque ambigu d’une liberté plus précieuse
que
toute certitude… Ô vérité, ma vérité, non pas ce que je suis, mais ce
104
toute certitude… Ô vérité, ma vérité, non pas ce
que
je suis, mais ce que de toute mon âme je veux être !… 1. La vérita
105
érité, ma vérité, non pas ce que je suis, mais ce
que
de toute mon âme je veux être !… 1. La véritable description de l’
106
le premier exemple, ce serait le récit des gestes
qu’
il m’aurait fait commettre. Manifester est plus sincère qu’analyser.
107
urait fait commettre. Manifester est plus sincère
qu’
analyser. 2. D’ailleurs toute la psychologie moderne souligne la quas
108
criture, l’affirmation prouve moins une certitude
qu’
un désir de certitude né de quelque doute au fond. » (René Crevel) c.
109
rs. L’amour est un alibi Nos lèvres sitôt
que
jointes, Ô dernier mensonge tu, Je m’enfuis vers d’autres rêves Où so
110
els anges fous. L’horaire dicte un adieu, La mode
qu’
on rie des pleurs, Lors je baise votre main Comme on signe d’un faux n
111
ns de chasse gardée du ci-devant soleil. C’est là
qu’
Urbain, premier du nom dans sa famille, laquelle n’avait compté jusqu’
112
ts et un chapelier dont tous s’accordaient à dire
qu’
il ne péchait que par excès de bonne humeur printanière, Urbain donc,
113
r dont tous s’accordaient à dire qu’il ne péchait
que
par excès de bonne humeur printanière, Urbain donc, premier mauvais g
114
rbain ouvrit les yeux et ne vit rien. On rappelle
que
les étoiles s’étaient décrochées de leur poste dans l’éternité. « Éte
115
ité judiciaire et française, dédaigna des avances
que
la perte de son sens de l’éternel rendait pourtant considérables, au
116
vers le néant, retourna ses poches, ôta ses gants
qu’
il jeta, puis, après un grand coup de pied dans le vide symbolique des
117
ide symbolique des systèmes, sortit, c’est-à-dire
qu’
il fit un pas dans une direction quelconque. L’étoile pleurait, sentim
118
» (Les journaux.) Mademoiselle, Il faut d’abord
que
je m’excuse : c’est un peu prétentieux de vous écrire au moment où je
119
e au moment où je vais me suicider, d’autant plus
que
vous n’y croirez pas — et pourtant… Il faut aussi que je vous dise qu
120
vous n’y croirez pas — et pourtant… Il faut aussi
que
je vous dise qu’il fait très froid dans ma chambre : le feu n’a pas p
121
pas — et pourtant… Il faut aussi que je vous dise
qu’
il fait très froid dans ma chambre : le feu n’a pas pris, et d’ailleur
122
isir, comme on dit, sans doute parce que c’est là
que
se nouent les douleurs les plus atrocement inutiles. La première fois
123
drame sur vos traits seulement ; l’écho n’en fut
que
plus douloureux dans mon cœur. Puis je vous ai oubliée. Puis je vous
124
. Puis je vous ai revue, aux courses, et c’est là
que
j’ai découvert que vous existiez en moi, à certain désagrément que j’
125
evue, aux courses, et c’est là que j’ai découvert
que
vous existiez en moi, à certain désagrément que j’eus de vous voir si
126
t que vous existiez en moi, à certain désagrément
que
j’eus de vous voir si entourée… D’autres fois… je n’ai plus le courag
127
èrent les miens plus d’une fois pendant une danse
qu’
il fit avec vous, mais vous les détourniez soudain comme pour vous arr
128
e obsession secrètement attirante ; et je pensais
que
la force de mon désir était telle que vous en éprouviez vaguement la
129
je pensais que la force de mon désir était telle
que
vous en éprouviez vaguement la menace. Je dis menace, parce que mes a
130
mes airs sombres vous effrayaient sans doute plus
qu’
ils ne vous attiraient. Mais, maintenant, je pense que ces regards cro
131
ls ne vous attiraient. Mais, maintenant, je pense
que
ces regards croisés n’avaient aucune signification et que mon anxiété
132
regards croisés n’avaient aucune signification et
que
mon anxiété seule leur prêtait quelque intention. Quand enfin l’orche
133
douleurs. Même, je fus obligé de confier à un ami
que
j’en avais repris … Les archets jouaient sur mes nerfs. Le jazz marte
134
t la nausée. Je rentrai seul. Voici quelques mots
que
j’écrivis à ma table en désordre où je venais de jeter mon col de smo
135
sur l’orchestre pensif. Ton regard est plus grand
que
le chant des violons. Aube dure ! En ma tête rôde ton souvenir, comme
136
lui dire très vite quelques mots si bouleversants
qu’
avant le dernier étage… » Je délirais, bien sûr. Je m’imaginais que le
137
er étage… » Je délirais, bien sûr. Je m’imaginais
que
les vendeuses me dévisageaient de plus en plus impudemment : je devai
138
me disais encore : Si je prends cet ascenseur et
que
je la croise en route dans l’ascenseur descendant… Il aurait fallu mo
139
se pencher vers la vitre… Je montai. Il n’y avait
que
des dames. Personne ne parlait. La jeune femme qui s’était penchée vo
140
issés, avides, implorants. Oh ! toutes les femmes
que
j’ai fait souffrir cette nuit d’un long regard de damné. À minuit, te
141
long regard de damné. À minuit, tellement épuisé
que
je mêlais à mes pensées des fragments de rêves et les personnages des
142
a fraîcheur de la brume m’apaisa. Sur la promesse
que
je fis que je me sentais mieux, on me laissa rentrer seul. Je ne sais
143
de la brume m’apaisa. Sur la promesse que je fis
que
je me sentais mieux, on me laissa rentrer seul. Je ne sais comment j’
144
er seul. Je ne sais comment j’y parvins. Je crois
que
j’ai marché plusieurs heures avant de retrouver ma rue. Il doit être
145
s appels d’autos dans la ville, mais il me semble
que
toutes choses s’éloignent de moi vertigineusement, par cette aube inc
146
e ne correspond à rien dans mon esprit. Peut-être
que
j’ai perdu la notion du temps. Je ne me souviens plus que de cette dé
147
perdu la notion du temps. Je ne me souviens plus
que
de cette déception insupportable et définitive de mon désir. Je ne vo
148
. (Je le caresse, entre deux phrases.) Mais voici
que
ce geste de ma mort aussi me lasse, l’image que je m’en forme… Je ne
149
i que ce geste de ma mort aussi me lasse, l’image
que
je m’en forme… Je ne comprends plus pourquoi je devrais me tuer, pour
150
rquoi je devrais me tuer, pourquoi je souffre, ce
que
c’est que la souffrance, ce que c’est que ma vie, ma mort. Mon Dieu,
151
evrais me tuer, pourquoi je souffre, ce que c’est
que
la souffrance, ce que c’est que ma vie, ma mort. Mon Dieu, il n’y a p
152
oi je souffre, ce que c’est que la souffrance, ce
que
c’est que ma vie, ma mort. Mon Dieu, il n’y a plus qu’un glissement g
153
fre, ce que c’est que la souffrance, ce que c’est
que
ma vie, ma mort. Mon Dieu, il n’y a plus qu’un glissement gris, sans
154
’est que ma vie, ma mort. Mon Dieu, il n’y a plus
qu’
un glissement gris, sans fin… Il faudrait que je dorme : il n’y aurait
155
plus qu’un glissement gris, sans fin… Il faudrait
que
je dorme : il n’y aurait plus rien. 4. Encore un qui vous aime, je
156
Et une note d’Orphée précise : « Inutile de dire
qu’
il n’y a pas un seul symbole dans la pièce. » Ce qui me gêne pourtant,
157
». Sa femme l’accuse de « vouloir faire admettre
que
la poésie consiste à écrire une phrase ». Et cette phrase, c’est un c
158
e la mort. » Or, on découvre à la fin de la pièce
que
c’est une anagramme un peu ordurière. Ainsi les rêves publiés par les
159
nsait à quelqu’un lorsqu’il écrivit certains vers
qu’
on peut lire plus haut : Les anges véritables qui connaissent les sig
160
vant de se lancer sur la corde raide. Je suis sûr
qu’
il ne tombera pas. J’admire sans émoi. ⁂ Certes, les qualités scénique
161
ue qui cerne le mystère d’un trait pur. Il semble
que
Cocteau ait réalisé là exactement ce qu’il voulait. Et pourtant cette
162
l semble que Cocteau ait réalisé là exactement ce
qu’
il voulait. Et pourtant cette admirable machine ne m’inquiète guère :
163
e admirable machine ne m’inquiète guère : je sais
qu’
elle le conduira où il veut, sans surprises. « Puisque ces mystères me
164
’auteur : il l’a trop bien organisé. En somme, ce
qu’
il faut reprocher à Cocteau, c’est d’avoir réussi complètement une piè
165
complètement une pièce, prouvant une fois de plus
que
l’atmosphère de l’« art pur » n’est pas respirable. Il ne manque rien
166
al taillé, selon toutes les règles de l’art, mais
que
l’essence obtenue, si elle est de rose, est sans parfum. (Tout de m
167
verrais une preuve, pour mon compte, dans le fait
que
je ne sais parler de lui autrement que par métaphores.) 5. M. Zimme
168
ns le fait que je ne sais parler de lui autrement
que
par métaphores.) 5. M. Zimmer, dans la Gazette de Lausanne . Et mê
169
e. Nous devons, nous pouvons faire quelque chose.
Que
diable ! nous ne sommes pas des imbéciles, nous ne sommes pas de ces
170
ciles, nous ne sommes pas de ces gens qui croient
que
2 et 2 font 22, et qui confondent Jérôme et Jean Tharaud ! » Il y a d
171
esponsabilité s’empare de nous. Et nous calculons
qu’
il s’agit de déranger 5000 personnes en huit soirées, et de les occupe
172
là, bas-toi là ! »… Est-il plus atroce spectacle
que
celui d’une maîtresse jadis belle et diserte qui tombe au ruisseau en
173
n’a pas la foi. Topin, Mahomet désabusé, constate
que
jamais « la Montagne » ne saura venir au prophète, même s’il se nomme
174
u mariage de nos veilles et de nos rêves », ainsi
que
le disait si poétiquement le programme. Un peu d’histoire (erratum de
175
à Mossoul de se perdre dans des jupons autrement
que
par métaphore. À La Chaux-de-Fonds, il y eut trente membres et cent d
176
s’éteignit dans les neiges. Un jour, on s’aperçut
que
cette chose avait recommencé, qu’on appelle, sans doute par antiphras
177
r, on s’aperçut que cette chose avait recommencé,
qu’
on appelle, sans doute par antiphrase, la vie. 6. Revue ou prologue
178
haud ». Affreux. Aussi : « Elle mourut. » On voit
que
cette bande est antérieure à l’époque du long baiser de conclusion. L
179
ilm japonais : une historiette un peu plus banale
que
nature, très bien photographiée. C’est le film du type « Jeux de sole
180
aisons obliques, montagnes russes. (J’ai regretté
que
René Clair ne nous donne pas la vision du mort.) Enfin le cercueil ro
181
grâce de trop de plaisir. Mais je ne suis pas sûr
que
le plaisir du public fût de même essence que le nôtre. Les gens rient
182
sûr que le plaisir du public fût de même essence
que
le nôtre. Les gens rient à l’enterrement au ralenti, à l’éclatement d
183
cinéma. Quand la danseuse paraît, ils n’attendent
que
le moment où ils pourront se pousser en disant : « C’que c’est cochon
184
essous mais accueille le résultat avec la naïveté
qu’
il faut, approuve et dit : « C’est bien ça, c’est comme quand on rêve.
185
e imaginaire en montre (beaucoup trop à mon gré).
Qu’
une sorcière transforme un homme en chien, cela n’a rien d’étonnant au
186
photographie d’une chose qui ne serait étonnante
que
dans le réel ; ce n’est pas encore un miracle de ciné. Et les fées pa
187
s quelle harmonie… C’est une réalité aussi réelle
que
celle dont nous avons convenu et que nous pensions la seule possible.
188
aussi réelle que celle dont nous avons convenu et
que
nous pensions la seule possible. Le monde « normal » nous apparaît al
189
aît alors comme l’une seulement des mille figures
que
peut revêtir une substantia dont nos sens trop faibles — bornés encor
190
e, non Madame, car alors quoi de plus surréaliste
que
le film 1905. Ce n’est peut-être qu’une question d’imagination ; il r
191
surréaliste que le film 1905. Ce n’est peut-être
qu’
une question d’imagination ; il reste qu’un film comme Entr’acte est u
192
eut-être qu’une question d’imagination ; il reste
qu’
un film comme Entr’acte est une aide puissante. Nous faisons nos premi
193
urés sauront enfin gagner de vitesse les prodiges
que
déclenche René Clair, verrons-nous, pris par surprise dans l’explorat
194
, le beau prétexte (avril 1927)o Ah ! je sens
qu’
une puissance étrangère s’est emparée de mon être et a saisi les corde
195
a saisi les cordes les plus secrètes de mon âme,
qu’
elle peut faire désormais vibrer à sa fantaisie, même si cela doit m’a
196
Il n’existe pas de théorie du salut. Il n’existe
que
des systèmes pour faire taire en nous l’appel vertigineux du Silence.
197
ux, mais c’est pour détourner nos regards de cela
qu’
il faut bien nommer le Vide. Tant de séductions nous ont en vain tenté
198
rtant si éprouvées par le repas dont vous sortez,
que
ces trois mots où se résume la défense de la loi sociale, patriotique
199
vous rallumez votre cigare. Vous vous êtes assuré
que
la porte ferme bien sur l’infini. Rien à craindre de ce côté. Retourn
200
et d’autres, à travers les déserts de la sainteté
que
hantent les fantômes adorables du désir, — quelques hommes y pénètren
201
aibles s’efforcent — mais déjà c’est de plus loin
qu’
il les nargue. Il connaît enfin une solitude défendue de tous côtés pa
202
igneuses, de bravades et de faciles tricheries8 —
qu’
ait connue l’esprit humain. Sens de l’Absolu, sens de la pureté ou fan
203
dominés par le sens d’une réalité morale absolue
que
certains d’entre nous eussent acheté au prix d’un martyre… Nos jugeme
204
n’est nulle part9 ». Ultime affirmation d’une foi
que
plus rien ne peut duper. Depuis certaines paroles sur la Croix, il n’
205
ine, et vous aurez beau rire, pharisiens, et dire
qu’
elle est née dans un café de Paris. « Je n’attends rien du monde, je n
206
arbes. Je viens d’entendre la voix d’un mystique.
Que
si l’on vient nous empêtrer de dogmes bassement ingénieux : « Si j’es
207
à la notion de Dieu, répond Aragon, je me révolte
qu’
elle puisse en aucun cas servir d’argument à un homme. » Voilà qui nou
208
clues toutes grandeurs au profit de fuites lâches
qu’
on veut nommer renoncements ! Jouant tout sur une révélation possible,
209
enne comment aimer un Dieu. Ce n’est pas à genoux
qu’
on attendra : pour que cela eût un sens, il faudrait être sûr de n’avo
210
e encore Aragon, sinon qui ? — sa grandeur, c’est
qu’
il lui faut atteindre Dieu ou n’espérer plus aucun pardon. II No
211
ce. Et voici Aragon revêtu d’une dignité tragique
qu’
il trouverait sans doute un peu ridicule. C’est ainsi que l’on arrive
212
rouverait sans doute un peu ridicule. C’est ainsi
que
l’on arrive à croire, pour un autre, que c’est arrivé, ajoutant foi,
213
st ainsi que l’on arrive à croire, pour un autre,
que
c’est arrivé, ajoutant foi, dans tous les sens qu’admet ce terme, à d
214
ue c’est arrivé, ajoutant foi, dans tous les sens
qu’
admet ce terme, à des exaltations que leur lyrisme rendait seules cont
215
ous les sens qu’admet ce terme, à des exaltations
que
leur lyrisme rendait seules contagieuses. Comment, en effet, ne pas v
216
ent, en effet, ne pas voir la part de littérature
que
renferme cette œuvre, et qui fait, en dépit des prétentions désoblige
217
le pour le scandale qui a le mérite de n’être pas
qu’
un jeu littéraire. Mais enfin, c’est encore un Musset, seulement trans
218
ts. » Une belle phrase, n’est-ce pas ? Je ne sais
qu’
un Montherlant qui pourrait l’oser dire comme Aragon sans ridicule. Et
219
ait l’oser dire comme Aragon sans ridicule. Et ce
que
je prenais pour le ton prophétique, ne serait-ce pas plutôt une sorte
220
possible par sous-entendu. Pas plus « ailleurs »
que
sur ce « globe d’attente » comme dit Crevel. Pourtant, le plus irrévo
221
rtant, le plus irrévocable désespoir n’est encore
qu’
un appel à la foi la plus haute. 1er mai 1927. Mieux vaut pécher pa
222
. 1er mai 1927. Mieux vaut pécher par ridicule
que
par scepticisme ; par excès que par défaut. L’enthousiasme trompe moi
223
cher par ridicule que par scepticisme ; par excès
que
par défaut. L’enthousiasme trompe moins que le bon sens. Don Quichott
224
excès que par défaut. L’enthousiasme trompe moins
que
le bon sens. Don Quichotte est tout de même moins misérable que Cléme
225
s. Don Quichotte est tout de même moins misérable
que
Clément Vautel — et si ce nom revient sous ma plume, comme une mouche
226
si ce nom revient sous ma plume, comme une mouche
qu’
on n’a jamais fini de chasser parce qu’elle n’a pas mérité du premier
227
sser parce qu’elle n’a pas mérité du premier coup
qu’
on se donne la peine de l’écraser, — c’est qu’il symbolise tout cet ét
228
oup qu’on se donne la peine de l’écraser, — c’est
qu’
il symbolise tout cet état d’esprit « bien Parisien » dont de récentes
229
ibrairie montrèrent les ravages bien plus étendus
qu’
on n’osait le craindre11. Si dans un essai sur la sincérité j’ai soute
230
1. Si dans un essai sur la sincérité j’ai soutenu
qu’
une introspection immobile ne retient rien de la réalité vivante ; si
231
récuse ici certain sens critique dont on voudrait
que
soient justiciables les œuvres d’un écrivain, les démarches de sa pen
232
é notre orgueilleuse raison à nous tromper sur ce
qu’
il y a de profond en nous, et elle ne manque guère à ce devoir sacré.
233
Le Sens Critique. — Il y a un certain temps déjà
que
nous ne nous sommes revus. Mais je suis vos travaux avec intérêt, et
234
je suis vos travaux avec intérêt, et il m’a paru
que
depuis quelque temps… enfin, comment dirais-je… je me suis dit que je
235
e temps… enfin, comment dirais-je… je me suis dit
que
je pourrais, en quelque sorte, vous être de quelque utilité… Moi. —
236
op d’êtres et de choses à aimer, et vous savez ce
que
cela suppose. Comprenez-moi : submergés, absolument… Le Sens Critiqu
237
’aurais en quelque manière la prétention… Moi. —
Que
voilà un singulier impertinent de votre part. (Le reconduisant :) Cro
238
ne peut rien faire sans vous. Mais n’oubliez pas
que
« l’artiste serait peu de chose s’il ne spéculait sur l’incertain »,
239
ar enfin, elle est déesse. Mais entre leurs mains
qu’
est-elle devenue ? C’est bien leur faute si elle nous apparaît aujourd
240
is. » Alors la voix de Rimbardp à la cantonade :
Qu’
il vienne, qu’il vienne Le temps dont on s’éprenne ! Les œuvres les
241
voix de Rimbardp à la cantonade : Qu’il vienne,
qu’
il vienne Le temps dont on s’éprenne ! Les œuvres les plus significa
242
s en haine de l’époque12. Le reproche d’obscurité
que
l’on fait à la littérature moderne n’est qu’une manifestation de ce d
243
rité que l’on fait à la littérature moderne n’est
qu’
une manifestation de ce divorce radical entre l’époque et les quelques
244
tion à nous, dans tel domaine. Et c’est même ceci
que
je ne puis pardonner aux surréalistes : qu’ils aient voulu s’allier a
245
ceci que je ne puis pardonner aux surréalistes :
qu’
ils aient voulu s’allier aux dogmatiques d’extrême gauche. Je ne dirai
246
extrême gauche. Je ne dirai pas, comme on a fait,
que
c’est très joli de crier merde pour Horace, Montaigne, Descartes, Sch
247
une révolution en fonction du capitalisme. Est-ce
que
vraiment vous ne pouvez vous libérer de cette manie française, la pol
248
nie française, la politique, et ne voyez-vous pas
que
c’est faire le jeu de vos ennemis de discuter avec eux dans leur lang
249
ur langue et de crier rouge pour la simple raison
qu’
ils ont dit blanc ? Pensez-vous combattre cet esprit « bien français »
250
otre mépris, en prenant le contre-pied de tout ce
qu’
il inspire ? Alors que cette réaction même est ce qu’il y a de plus fr
251
il inspire ? Alors que cette réaction même est ce
qu’
il y a de plus français ; que c’est elle qui donne au surréalisme ce p
252
réaction même est ce qu’il y a de plus français ;
que
c’est elle qui donne au surréalisme ce petit côté jacobin si authenti
253
aurait trop à dire, et puis l’on croirait encore
que
je suis avec ceux qui traitent Aragon, Breton et leurs amis alternati
254
s ont tort, envers et contre toutes les critiques
qu’
on pourrait leur adresser, parce que ces « maudits » ont la grâce, par
255
n’étaient pas des êtres, mais leurs abstractions
que
nous haïssions. Notre haine de certaine morale ne venait-elle pas de
256
haine de certaine morale ne venait-elle pas de ce
qu’
en son nom l’on mesurait odieusement une sympathie humaine pour nous s
257
magnifique perdition dans des choses plus grandes
que
nous. Nous nous connaissions dans les coins et nous mourions d’ennui
258
les aspects irrévocablement prévus de nous-mêmes
que
faisaient paraître les petits faits de nos longues journées. Nous aim
259
olution ; parce que cette révolution ne demandait
qu’
à s’asseoir et que son siège était fait. Nous aimions la Révolution qu
260
e cette révolution ne demandait qu’à s’asseoir et
que
son siège était fait. Nous aimions la Révolution qui nous perdrait co
261
, la révolution-vice. Mais on ne vit, on ne meurt
que
de vices. ⁂ Ici le lecteur se rassure. « Il s’y retrouve. » Il pense
262
lecteur se rassure. « Il s’y retrouve. » Il pense
que
c’est bien jeune. Et : encore un qui rue dans les brancards, c’est tr
263
inconscience de ruminants ou neurasthénie, est-ce
que
vraiment vous vous êtes tellement amusés avec vos chers principes. R
264
lerons vos langues aériennes. On n’acceptera plus
que
des valeurs de passion. Balayez ces douanes de l’esprit, proclamez le
265
rannie des souvenirs ; et ce n’est pas se libérer
que
de brasser ces chaînes sonores. 9. Lettre à Paul Claudel. 10. Musse
266
que de tels soupirs, d’ailleurs invraisemblables,
qu’
à leurs reflets se fussent évanouis des arcs-en-ciel de névroses dans
267
ec maîtresse. École savait le mythe du voyage, et
qu’
on ne manque pas le train bleu d’un désir. Elle était donc venue. Il l
268
jusqu’au soleil toujours de face. Il ne vit plus
que
la foule des yeux bleus, son éblouissement. Soudain la voici, elle de
269
ais. Il s’est trompé, ce n’est pas elle. Il pensa
que
c’était un ange, de ceux qui vont à la recherche des âmes. Aussitôt i
270
chéri, si j’aime la comtesse ? Mais tu es si laid
que
cela me donne encore plus de plaisir. » Le duc paya et s’enfuit en di
271
s de plaisir. » Le duc paya et s’enfuit en disant
que
ce n’était pas lui. L’enterrement aura lieu sans suite. Suicide du
272
évaporait aux caresses des flocons, plus perfides
que
des murmures d’adieu. Il tomba parmi les statues, dans l’amitié pensi
273
ment vers le soleil du haut-lac. Justement, voici
que
tout va s’ouvrir, qu’un monde s’est ouvert devant lui. Et l’eau n’est
274
haut-lac. Justement, voici que tout va s’ouvrir,
qu’
un monde s’est ouvert devant lui. Et l’eau n’est pas moins somptueuse.
275
moi, qui regarde comme de l’autre bord, je songe
qu’
il est des visites à de certaines grandes dames où je préférais — et l
276
t … et je jure par Mercure, dieu du commerce,
qu’
on m’a appris à voler. Aristophane (« Les Chevaliers »). Dès qu’on e
277
c’est un long adieu et le corps se fige à mesure
que
l’esprit s’établit sur ses positions. Or donc, j’avais vingt ans. Je
278
car ils aimaient en moi par-dessus tout la vertu
que
je leur devais. Pourtant, je ne détournai pas mes yeux des yeux de ce
279
nai pas mes yeux des yeux de cette femme, de peur
qu’
elle ne souffrît à cause de moi. Un soir qu’elle pleurait, je l’embras
280
peur qu’elle ne souffrît à cause de moi. Un soir
qu’
elle pleurait, je l’embrassai si fort… En un quart d’heure, je connais
281
un quart d’heure, je connaissais l’amour dans ce
qu’
il a de plus étrangement prosaïque à la fois et bêtement heureux. Le l
282
partais dans une direction quelconque. Il advint
que
ce fut celle de l’Italie. La lumière, mon pays natal ! — Je vécus d’a
283
Je vécus d’articles sur la mode et la politique,
que
j’envoyais à divers journaux. Un jour, parcourant un quotidien de mon
284
ans une chambre d’hôtel où l’on ne voyait d’abord
qu’
un bouquet transfiguré par la lumière et que reflétaient de nombreuses
285
abord qu’un bouquet transfiguré par la lumière et
que
reflétaient de nombreuses glaces. Les fenêtres que j’ouvris firent to
286
ue reflétaient de nombreuses glaces. Les fenêtres
que
j’ouvris firent tourner des soleils sur les parois claires. Du balcon
287
e un avenir de bonheur fiévreux — celui justement
que
j’entrevoyais. » Quand elle se fut endormie, je me rhabillai. Je ne t
288
e se fut endormie, je me rhabillai. Je ne trouvai
que
100 francs dans son sac à main : c’était assez pour me permettre d’en
289
— je découvris une nuit, au moment de m’endormir,
que
ma passion du vol n’était qu’une longue vengeance. Ne m’avait-on pas
290
ment de m’endormir, que ma passion du vol n’était
qu’
une longue vengeance. Ne m’avait-on pas dérobé des années de joie au p
291
s dérobé des années de joie au profit d’une vertu
que
tout en moi reniait obscurément. Je sentais bien que le ressort secre
292
s capitalistes et sans gendarmes. Je sais bien ce
que
vous me direz : Les millions que je pourrais leur soustraire ne compe
293
Je sais bien ce que vous me direz : Les millions
que
je pourrais leur soustraire ne compenseront jamais cette escroquerie
294
ais être engagé, du plan moral avec l’économique,
qu’
une expression nouvelle, et non dénuée d’ironie, de mon mépris pour ce
295
le, et non dénuée d’ironie, de mon mépris pour ce
qu’
ils appellent, ridiculement, les fondements mêmes de la société. » C’e
296
est avec le produit du vol d’un tronc de chapelle
que
j’édifiai à mes parents un tombeau sur lequel je fis graver : Prêté —
297
de ma vie de rat d’hôtel et de sleepings ; encore
que
… Bref, depuis quelques mois, je m’amuse à jouer le pickpocket. Cela p
298
der au moindre vol. » J’ajouterai, cher Monsieur,
que
l’analyse psychologique n’est pas mon fort. Je me contente de quelque
299
e me contente de quelques observations théoriques
que
je tiens pour vraies, et j’en vérifie les manifestations vivantes ave
300
s le véritable intérêt de ma vie. C’est vous dire
que
seule une certaine caresse de l’événement naissant peut encore m’émou
301
coup. Cela explique, m’a-t-on dit, le peu de goût
que
j’ai pour la poésie imprimée. » J’allais oublier de vous dire qu’on m
302
poésie imprimée. » J’allais oublier de vous dire
qu’
on me nomme Saint-Julien. Vous n’ignorez point que l’on considère ce s
303
qu’on me nomme Saint-Julien. Vous n’ignorez point
que
l’on considère ce saint comme le patron des voyageurs… » Saint-Julien
304
e, sur cette vie dont le récit n’avait pas laissé
que
de l’agacer en maint endroit. « Une chose avant tout me frappe — dit-
305
Car, enfin, si je suis ici à vous écouter, c’est
que
je cherche ce qu’on est convenu d’appeler — pardonnez la lourdeur de
306
suis ici à vous écouter, c’est que je cherche ce
qu’
on est convenu d’appeler — pardonnez la lourdeur de l’expression — une
307
e tirer de votre conduite les conclusions morales
qu’
elle paraît impliquer, c’est ce caractère de, comment dirai-je…, de ju
308
quelqu’une de ces farces d’étudiants qui ne sont
que
la traduction en actes de jeux de mots plus ou moins cruels… » — Je v
309
. Je ne saurais y répondre. Je pourrais vous dire
que
si vous me trouvez un peu potache, il n’est pas prouvé par là que le
310
rouvez un peu potache, il n’est pas prouvé par là
que
le potache n’ait point raison. Mais justement je n’éprouve aucun dési
311
ir d’avoir raison. Je sens aussi bien que vous ce
que
mes principes peuvent avoir de « bien jeune », de banal presque, et,
312
t, pour quiconque est aussi profondément persuadé
que
moi de l’absurdité radicale de notre vie, la moindre farce, le moindr
313
ertaines de mes plaisanteries la dérision secrète
qu’
elles masquent par caprice. ..........................................
314
de bas de page indique : « La rédaction rappelle
que
les idées émises dans la Revue de Belles-Lettres sont propres à leur
315
e de Belles-Lettres sont propres à leur auteur et
qu’
elles n’engagent pas sa responsabilité. (N. de la R.) »
316
Bertrand. Est-ce vraiment aux romantiques de 1830
que
ces reproches s’adressent, ou bien plutôt — vous alliez le dire — aux
317
ou deux petits phénomènes sociaux de notre temps
que
cette méthode ne suffirait pas à supprimer. Or, ils nous paraissent e
318
s ». — Citez-m’en de ces phénomènes ! — Mon Dieu,
que
dire… Il y aurait, par exemple, ce fait du triomphe de la Machine ; c
319
, merci du conseil, Monsieur Y. Z., de ce conseil
que
vous avouez modestement n’être pas inédit. Mais point n’est besoin de
320
t n’est besoin de rappeler Candide : nous pensons
que
bien avant Voltaire il y avait des autruches pour enseigner cette mét
321
roman : c’est trop agréable. Vous dites d’un goût
qu’
on aurait pour Nietzsche : que c’est de la littérature. Alors, quelque
322
ous dites d’un goût qu’on aurait pour Nietzsche :
que
c’est de la littérature. Alors, quelque paysan du Danube survenant :
323
peu grosse, n’est-ce pas ? D’autres prennent soin
que
leurs sincérités gardent au moins l’excuse d’une audace qu’ils escomp
324
sincérités gardent au moins l’excuse d’une audace
qu’
ils escomptent scandaleuse. Mais voici un bar où je vous suis. Vous y
325
aussi qui posent pour le diable et ne se baignent
que
dans des bénitiers : on voit trop qu’ils trouvent ça pittoresque. Et
326
se baignent que dans des bénitiers : on voit trop
qu’
ils trouvent ça pittoresque. Et le plaisir d’être nu devant un public
327
Littérateur, va ! qui ne pouvez pas même admettre
que
la simplicité est simple simplement. La bouche brûlée d’alcools, vous
328
révèle le littérateur. Nous ne pouvons pas faire
que
nous n’ayons rien lu. Vous refusez de compter avec cette réalité de l
329
e la littérature qui est en nous (dangereuse tant
que
vous voudrez). Mais ce refus n’est pas seulement comme vous pensez, d
330
imiter le mal. Je vous vois envahi par des démons
que
vous prétendez m’interdire de nommer. Mais moi je partage avec certai
331
nom du propriétaire ; tirez un peu sur la laisse,
que
j’éprouve la fermeté de ma main. Je vous tiens. Je sais où vous êtes.
332
rprendre par-derrière. Une fois — et ce n’est pas
que
je m’en vante, — j’ai tué un amour naissant, à force de le crier sur
333
ux, simulacres de vie, qui sont à la vraie vie ce
que
le flirt est à l’amour. II Sur l’insuffisance de la littérature
334
re On reconnaît un écrivain, aujourd’hui, à ce
qu’
il ne tolère pas qu’on lui parle littérature. Mais il y a des mépris q
335
n écrivain, aujourd’hui, à ce qu’il ne tolère pas
qu’
on lui parle littérature. Mais il y a des mépris qui sont de sournoise
336
mour. Tel qui raille l’Église et les curés, c’est
qu’
il se fait une très haute idée de la religion. Ainsi, de la littératur
337
ses réalisations actuelles donne la mesure de ce
que
vous attendez d’elle. Pour dire le fond de ma pensée, je crois ce mép
338
cette attente également exagérés. Vous savez bien
que
nous cherchons autre chose que la littérature. Que la littérature nou
339
s. Vous savez bien que nous cherchons autre chose
que
la littérature. Que la littérature nous est un moyen seulement d’atte
340
ue nous cherchons autre chose que la littérature.
Que
la littérature nous est un moyen seulement d’atteindre et de préparer
341
vous renversent. Des présences tellement intenses
que
tout se fond catastrophiquement dans l’infini de la seconde. Des peur
342
i de la seconde. Des peurs sans cause, plus vides
que
la mort. Toutes ces choses mystiques, c’est-à-dire réelles, c’est-à-d
343
s, c’est-à-dire réelles, c’est-à-dire agissantes,
que
nulle poésie même ne peut dire, parce que rien de ce qui nous importe
344
rte véritablement n’est dicible. (Depuis le temps
qu’
on sait que la lettre tue ce qu’elle prétend exprimer ; depuis le temp
345
lement n’est dicible. (Depuis le temps qu’on sait
que
la lettre tue ce qu’elle prétend exprimer ; depuis le temps qu’on l’o
346
(Depuis le temps qu’on sait que la lettre tue ce
qu’
elle prétend exprimer ; depuis le temps qu’on l’oublie.) Vous me direz
347
tue ce qu’elle prétend exprimer ; depuis le temps
qu’
on l’oublie.) Vous me direz que la poésie, l’état poétique, est notre
348
; depuis le temps qu’on l’oublie.) Vous me direz
que
la poésie, l’état poétique, est notre seul moyen de connaissance conc
349
issance concrète du monde. Mais c’est à condition
qu’
on ne l’écrive pas, même en pensée. La poésie pure écrite est inconcev
350
ndividuelle. Elle serait tellement incommunicable
qu’
il deviendrait inutile de la publier. Et même, en passant à la limite,
351
Et même, en passant à la limite, on peut imaginer
que
si elle était réalisée, on ne s’en apercevrait pas. Je pressens encor
352
cette esthétique ou de ce sens social, — et voilà
qu’
ils perdent même la problématique utilité de liaison qui était leur ex
353
ait leur excuse dernière. Avouons-le : rien de ce
qu’
on peut exprimer n’a d’importance véritable. Alors, cessons de nous ba
354
crivain, est un besoin organique, un peu anormal,
que
l’on satisfait dans certains états de crise afin de retrouver son équ
355
maladie ? Ce n’est pas en l’ignorant par attitude
que
vous la guérirez. Au contraire, il s’agit de l’envisager sans fièvre,
356
n ridicule écrasant : mais rien n’est plus facile
que
d’y échapper. III Sur l’utilité de la littérature Montherlant m
357
peu les pieds dans le plat, de dire de ces choses
qu’
entre gens du métier l’on a convenu de passer sous silence. C’est asse
358
pas à ce toréador ses familiarités avec une Muse
qu’
ils n’ont pas coutume d’aborder sans le mot de passe de la dernière mo
359
de savantes séductions. On sait bien, d’ailleurs,
qu’
elle les entretient. Bande de gigolos de la littérature ! Qu’on puisse
360
entretient. Bande de gigolos de la littérature !
Qu’
on puisse vivre de ça, je ne l’ai pas encore avalé. On m’affirme que j
361
de ça, je ne l’ai pas encore avalé. On m’affirme
que
je n’y échapperai pas plus qu’un autre : et qu’un beau soir il faille
362
e que je n’y échapperai pas plus qu’un autre : et
qu’
un beau soir il faille écrire pour vivre, possible ; mais, pour sûr, j
363
jamais vivre pour écrire16. De tous les prétextes
que
l’on a pu avancer pour légitimer l’activité littéraire, le plus satis
364
oursuivre une quête de l’esprit. Et vous savez ce
qu’
elle nous vaut : les mépris, les haines douloureuses ou grossières de
365
de tous ceux qui ne peuvent ou ne veulent y voir
que
révoltes contre leurs morales, ou menaces pour leurs instables certit
366
Quand bien même elle n’aurait plus d’autre excuse
que
celle-là, la littérature mériterait d’exister : qu’elle soit le langa
367
e celle-là, la littérature mériterait d’exister :
qu’
elle soit le langage chiffré de notre inquiétude et de nos naissantes
368
miraculeuses. Voici donc les seules révélations
que
j’attende de la littérature : que celle des autres m’aide à prendre c
369
les révélations que j’attende de la littérature :
que
celle des autres m’aide à prendre conscience de moi-même ; que la mie
370
autres m’aide à prendre conscience de moi-même ;
que
la mienne m’aide à découvrir quelques êtres par le monde… Il ne s’agi
371
er quelque bien pour ma vie. Le jour où les soins
qu’
elle exige me coûteront des sacrifices plus grands que les bienfaits q
372
lle exige me coûteront des sacrifices plus grands
que
les bienfaits que j’en escompte, il sera temps de songer sérieusement
373
ront des sacrifices plus grands que les bienfaits
que
j’en escompte, il sera temps de songer sérieusement à m’en guérir. Vo
374
nt à m’en guérir. Vous me demanderez « alors » ce
que
j’attends de ma vie. Je serais tenté de vous répondre, comme ce sympa
375
répondre, comme ce sympathique Philippe Soupault,
que
« ceci, c’est une autre histoire, une autre belle histoire, une autre
376
servir, une citation.) Mais non, cher ami, voici
qu’
une envie me prend de vous conter un peu cette histoire. Seulement, al
377
is certains qui arrangent leur vie de telle sorte
que
leurs mémoires seront des romans « bien modernes ». Leurs amours sont
378
rand, et ils en sont tout fiers : « Il n’y a plus
qu’
à les écrire ». v. Rougemont Denis de, « La part du feu. Lettres sur
379
regrettons de n’en pouvoir citer, faute de place,
que
ces quelques phrases de Drieu : « On voit déjà éclater dans les sing
380
later dans les singuliers mouvements de sympathie
qu’
a provoqués l’infortune de l’Action française la fraternité qui existe
381
ci au moins. Nous nous retirons : et ce n’est pas
que
nous ayons brûlé toutes nos cartouches. Ni que l’indignation provoqué
382
as que nous ayons brûlé toutes nos cartouches. Ni
que
l’indignation provoquée sur tous les bancs par certains de nos articl
383
souciez vraiment trop peu des conséquences de ce
que
vous écrivez ! ») En définitive, il semble que certains n’attendent
384
e que vous écrivez ! ») En définitive, il semble
que
certains n’attendent de nous que d’innocentes farces — ou bien de ces
385
itive, il semble que certains n’attendent de nous
que
d’innocentes farces — ou bien de ces affirmations dont en vérité l’on
386
stifs. Il y a des gens qui n’ont pas encore admis
que
jeunesse = révolution Tous les malentendus viennent de là. Nous somme
387
es conséquences. Et puis, de temps à autre, voici
que
nous parvient un signe d’amitié qui ne trompe pas. Deux ou trois mots
388
trompe pas. Deux ou trois mots, on s’est compris.
Que
pouvions-nous espérer d’autre ? Il y eut quelques découvertes qui nou
389
un an dans une direction absolument imprévisible.
Que
nous apportera le Central de Genève ? Tout est possible : la guerre e
390
. Belles-Lettres n’est compréhensible et légitime
que
dans la mesure où la poésie est compréhensible et légitime. 4. Je sui
391
’est besoin de formuler cette ivresse ; autrement
que
par des cris. 5. Avec toutes les erreurs et turpitudes que cela compo
392
es cris. 5. Avec toutes les erreurs et turpitudes
que
cela comporte, Belles-Lettres est une liberté. Une rude épreuve : on
393
est une liberté. Une rude épreuve : on n’en sort
que
pour mourir ou pour entrer en religion : rond de cuir ou poète (au se
394
on. Car ils ont vu, et s’ils n’ont pas cru, c’est
qu’
ils sont foncièrement mauvais.) 6. Peu de choses dans le monde moderne
395
deur à l’Éternel et à Satan pareillement. Et ceux
qu’
elle enivre entrent en état de grâce ou de blasphème, selon. Mais ce q
396
Prison Prisonnier de la nuit mais plus libre
qu’
un ange prisonnier dans ta tête mais libre comme avant cette naissance
397
es des mains de mon amour écloses voyageuses ah !
que
d’aucun retour vous ne laissiez le gage aux plaintes de mon cœur il e
398
ntes de mon cœur il est d’autres rivages où mieux
qu’
ici l’on meurt. Étoile de jour Il naissait à son destin des ra
399
onvaincu l’on a répété dans une ballade fameuse «
Que
voulez-vous, je suis bourgeois ! », l’on peut se permettre quelques m
400
, quelques jeux d’esprit ou de méchanceté, assuré
que
l’on est désormais d’être absous avec le sourire par la clientèle des
401
a l’un des rares qui ont réussi à se connaître et
que
cela n’a point stérilisé : sa nature, il est vrai, s’y prêtait, peu c
402
-delà ». C’est le comble de l’économie bourgeoise
que
cette administration exacte d’un petit capital. Le contraire de la po
403
is on n’en demande pas tant dans les familles. Et
qu’
importe si la perspective manque souvent à ces récits : ce n’est point
404
nt à ces récits : ce n’est point un paysage d’âme
qu’
on y cherche, mais l’anecdote bien tournée, des noms connus. Tout est
405
mme tout cela manque de chair. Et de rêve. Est-ce
qu’
en ce temps-là on ne se nourrissait vraiment que de petits mots d’espr
406
e qu’en ce temps-là on ne se nourrissait vraiment
que
de petits mots d’esprit et de malices ? Noisettes et cornichons ? a
407
et sont en scandale aux meilleurs esprits ? Voici
que
tu t’apprêtes visiblement à t’envoler, laissant des parents inconsola
408
stre. Mais à partir de ce jour, on lui fit sentir
qu’
il était devenu beaucoup moins intéressant. ⁂ Celui qui a des ailes se
409
amaient-ils, combien complexes sont les problèmes
que
vous proposez à notre bonne volonté gémissante ! Dieu, dans sa pitié,
410
aient la Démocratie outragée, les autres disaient
qu’
il n’y a plus de morale, et ces jeunes gens ont une façon de trancher
411
rancher les questions qui vous désarme. Craignant
qu’
on ne lui fît un mauvais parti, l’ange trouva son salut dans un subter
412
trouva son salut dans un subterfuge : il insinua
qu’
il parlait au nom d’une secte orientale. Aussitôt la discussion de rep
413
oute, d’inspiration. Je trouve dans une enveloppe
qu’
hier vous m’adressâtes une déclaration d’amour destinée à une femme bl
414
t suivre. Alexandrine un jour m’a laissé entendre
qu’
elle vous aime. Elle attend votre lettre depuis des mois. Je pense que
415
lle attend votre lettre depuis des mois. Je pense
que
ces lignes vous trouveront réunis. Avec ma bénédiction, je suis votre
416
manuscrit et conclut : « L’inspiration est le nom
qu’
on donne en poésie à une suite de malentendus heureusement enchaînés.
417
pris place. On lie bien vite connaissance, pourvu
qu’
on sache un peu d’allemand, — et l’allemand littéraire y suffit. Pour
418
us les arcades. (Nous ne touchons l’un et l’autre
qu’
aux traductions ; le reste, les livres de M. Maurois par exemple, publ
419
à pied, j’oublie en chemin les meilleures phrases
que
j’avais préparées pour subjuguer mes amies, je m’intéresse aux cravat
420
ci le lieu de l’avouer : je ne saurais entretenir
que
mes rapports de politesse distante avec les personnes qui ont dit, ne
421
istante avec les personnes qui ont dit, ne fût-ce
qu’
une fois en leur vie : « J’ai horreur de la sentimentalité ».) Nous vo
422
n Cassou, et le fantôme se fait aussi négligeable
que
possible, pratiquement invisible, dans cette minuscule voiture. Déjà
423
est vêtu de la gloire d’un pourpoint « plus rouge
que
rouge ». On assure qu’il possède encore une harpe et un piano près de
424
’un pourpoint « plus rouge que rouge ». On assure
qu’
il possède encore une harpe et un piano près des étoiles, et qu’il est
425
encore une harpe et un piano près des étoiles, et
qu’
il est « pittoresque », cas déplorable, s’agissant d’un poète authenti
426
te authentique. Le pittoresque. D’abord je crains
que
la notion n’en soit toute relative aux modes de « vie » bourgeois ; e
427
’est pas mon fort, même la triste. Je n’aime plus
que
les choses lentement émouvantes, monotones et aiguës, comme la pluie
428
vidence des choses ou de l’esprit, comprend enfin
qu’
il est perdu, il découvre la liberté. (Je pense à la boussole autant q
429
couvre la liberté. (Je pense à la boussole autant
qu’
au sens moral.) Le goût de se perdre est un des plus profonds mystères
430
es, mais de la plupart des entreprises démesurées
qu’
enregistre l’Histoire, science chargée d’illustrer à ses propres yeux
431
s enseigne une doctrine en vérité moins généreuse
que
ne veut le croire M. Gide, — si pareil entre les griffes de son égoïs
432
reil entre les griffes de son égoïsme à la souris
qu’
un chat subtil et ironique feint de lâcher pour mieux croquer. Pourquo
433
ambre d’hôtel, ferme sa porte à double tour. Ah !
qu’
une nuit enfin, à la faveur de mon sommeil, on me vole à moi-même ! Qu
434
la faveur de mon sommeil, on me vole à moi-même !
Que
des êtres rêvés m’emportent ! — Ils me conduiraient là où je ne sais
435
tent ! — Ils me conduiraient là où je ne sais pas
que
j’ai si grand désir d’aller… Est-ce ici ? Je regarde autour de moi :
436
sans bouger les jambes. Nous suivons à tâtons. Ce
que
je pressentais ne tarde pas à se produire : des aboiements fous et un
437
ugeoyante, campagnarde. ⁂ La sauce est au rôti ce
que
le style à la pensée. Il arrive qu’on parle, en art culinaire, du sty
438
st au rôti ce que le style à la pensée. Il arrive
qu’
on parle, en art culinaire, du style d’un rôti, et en cuisine littérai
439
nt sans faire d’histoires. Je remarque simplement
qu’
on n’est jamais mieux pour parler qu’en face d’une assiette pleine : l
440
e simplement qu’on n’est jamais mieux pour parler
qu’
en face d’une assiette pleine : l’occupation agréable et essentielle q
441
onsiste à divise ; pour mieux l’engloutir — ainsi
que
le conseillait déjà René Descartes — la portion que l’on s’est admini
442
e le conseillait déjà René Descartes — la portion
que
l’on s’est administrée accapare nos facultés les plus vulgaires, libé
443
t pas là. Il a téléphoné au début de l’après-midi
qu’
il commençait un roman. Son absence nous fera-t-elle croire qu’il appo
444
ait un roman. Son absence nous fera-t-elle croire
qu’
il apporte un soin tout particulier à le parfaire ? — il est bientôt m
445
eorges Petit, égaré, en ayant soin d’ajouter ceux
que
j’oublie, vous obtiendrez le chiffre exact des participants ; calcule
446
l se retrouva aux portes de Naples, d’où il n’eut
que
la force de regagner son logis. Comme il allait y pénétrer, il aperçu
447
es d’Hoffmann. Mais il s’agit de les vivre plutôt
que
d’en parler vous voyez bien que j’ai quitté cette table écroulée, dan
448
d’un Kühnrich à la basse rugissante, plus traître
que
nature avec sa large face mangée par une barbe en crin de cheval du d
449
is aériennes, des chansons populaires qui sont ce
que
je connais de plus indiciblement nostalgique. Und solltest du im Leb
450
Marcel North a trouvé un style qui ne ressemble
qu’
à sa fantaisie : la précision de son trait cerne une poésie ingénue, à
451
gravures une réalité si touchante et si naturelle
qu’
on ne peut s’y tromper : la grâce de l’enfance anime encore cette imag
452
encore cette main déjà experte et malicieuse. Ce
que
j’aime ici, c’est un ravissant concours d’ingénuité et d’observation
453
nuité et d’observation ironique, et cette netteté
que
les primitifs savent allier à la simplification la plus délibérée. Gr
454
uit vert, mais on n’ose reprocher à ces images ce
qu’
elles ont d’un peu grêle : leur jeunesse… Et si la composition s’amuse
455
ous verriez bien que je ne suis pas plus coquette
qu’
une autre. Mais les hommes comme vous aiment que les femmes soient coq
456
e qu’une autre. Mais les hommes comme vous aiment
que
les femmes soient coquettes à les faire doucement frémir de rage ; il
457
échante : je suis à peine coquette, et vous savez
que
c’est un plaisir qu’on ne peut pas nous refuser ; du reste, cela me r
458
eine coquette, et vous savez que c’est un plaisir
qu’
on ne peut pas nous refuser ; du reste, cela me rend plus jolie, quelq
459
réponse serait sage, si seulement vous saviez ce
que
vous dites. Mais, en vérité, que signifient pour vous le beau temps e
460
t vous saviez ce que vous dites. Mais, en vérité,
que
signifient pour vous le beau temps et la pluie ? Est-ce que c’est rir
461
ient pour vous le beau temps et la pluie ? Est-ce
que
c’est rire et pleurer ? Est-ce que c’est le bonheur et la tristesse ?
462
pluie ? Est-ce que c’est rire et pleurer ? Est-ce
que
c’est le bonheur et la tristesse ? Est-ce que vous préférez l’un à l’
463
-ce que c’est le bonheur et la tristesse ? Est-ce
que
vous préférez l’un à l’autre ? Sonnette. — Petite leçon de météorolo
464
fait vilain. Lord Artur. — Je pense sérieusement
que
vous ne l’avez jamais su. Pas plus que vous n’avez jamais su si vous
465
nts et indifférents. C’est pourquoi vous admettez
que
« beau » temps est le contraire de « mauvais » temps, et vous n’avez
466
mauvais » temps, et vous n’avez jamais cherché ce
que
doit être le « bon » temps, ni si les tempêtes sont « belles ». C’est
467
ont « belles ». C’est pourquoi vous pensez encore
que
le bonheur peut exister en dehors de la souffrance, et même qu’il est
468
peut exister en dehors de la souffrance, et même
qu’
il est le contraire de la souffrance. C’est pourquoi vos rêves compose
469
ir quand on me faisait souhaiter dans ma prière «
qu’
il fasse beau demain », je pensais en dessous que j’aimais mieux les h
470
qu’il fasse beau demain », je pensais en dessous
que
j’aimais mieux les herbes mouillées. Lord Artur. — On dit souvent de
471
uillées. Lord Artur. — On dit souvent des femmes
qu’
elles sont naturellement païennes. Mais les peuples païens sont toujou
472
je vous pousse un peu, vous finirez par démontrer
qu’
il faut être chrétien pour comprendre quoi que ce soit à la pluie et a
473
s. Lord Artur. — J’ai toujours estimé, Sonnette,
que
vous extrêmement intelligente. Je regrette profondément que vous n’ay
474
xtrêmement intelligente. Je regrette profondément
que
vous n’ayez pas plus de sens qu’un oiseau. Sonnette, si vous étiez pa
475
tte profondément que vous n’ayez pas plus de sens
qu’
un oiseau. Sonnette, si vous étiez païenne ou si vous étiez chrétienne
476
enne ou si vous étiez chrétienne, vous sauriez ce
que
c’est que le beau temps. Si vous étiez païenne et que vous adoriez la
477
vous étiez chrétienne, vous sauriez ce que c’est
que
le beau temps. Si vous étiez païenne et que vous adoriez la lumière,
478
c’est que le beau temps. Si vous étiez païenne et
que
vous adoriez la lumière, le beau temps vous serait un Dieu rendu visi
479
rendu visible ; et votre « bonheur » rien de plus
que
l’un des noms de sa présence. Mais un jour la lumière est morte autou
480
quel « bien » désiré tu les aimes ; mais tu sais
qu’
au soleil de l’aube aussi d’autres fois tu l’as possédé. Tu comprends
481
res fois tu l’as possédé. Tu comprends maintenant
qu’
il ne faut pas choisir parmi tant de choses créées, mais seulement dis
482
Artur. — … Le beau mot : courtisane… Ce n’est pas
qu’
elle soit belle, peut-être, mais qu’elle pleure, qui me réchauffe. Par
483
Ce n’est pas qu’elle soit belle, peut-être, mais
qu’
elle pleure, qui me réchauffe. Parce qu’elle se tient là « vêtue de so
484
péché », — comme une courtisane. Mais vous n’êtes
qu’
une petite fille.20 20. [Note à l’achevé d’imprimé :] « Relativemen
485
s Neuchâtelois, qui l’ont beaucoup aimé ; il sait
que
ces Neuchâtelois sont d’infatigables ergoteurs. Pour la commodité du
486
mes gloses. Je m’excuse par avance de l’avantage
que
je m’accorde en détachant ainsi des phrases du contexte. Mais si j’ad
487
… 1. S’il n’y a pas de vérité absolue, en ce sens
que
tout jugement tenu pour vrai peut être modifié ou complété, les condi
488
appliquèrent à rétablir une permanence abstraite,
qu’
ils ne tardèrent pas à trouver dans la forme même de l’esprit créateur
489
es conditions « éternelles ». Nous ne pensons pas
qu’
il y ait lieu pour un philosophe, d’être rassuré par la découverte de
490
pas, comme certains le répètent, d’une dogmatique
que
nous avons besoin. Ce n’est pas d’une systématique, d’ailleurs déduit
491
ssurances contre les paradoxes de l’existence. Ce
que
nous demandons à la philosophie, c’est de mettre en forme une problém
492
ciens ; et pendant ce temps, c’est à la théologie
que
nous irons demander de la pensée, c’est-à-dire de la pensée créatrice
493
nsée obéissante : car il n’est d’action véritable
que
celle de la foi, lorsque « mettant les pouces », je me rends à son or
494
ds à son ordre. 2. On comprend dès lors l’attrait
que
le thomisme a exercé à un moment donné sur la pensée protestante. On
495
ns le croient volontiers. Mais on ne saurait dire
qu’
ils témoignent par là de beaucoup de respect pour la vérité créatrice.
496
e la mauvaise humeur et de la mauvaise conscience
que
fomentèrent en nous les démissions systématiques de l’historicisme et
497
pouvons pas accepter un instant le rapprochement
qu’
on nous invite à faire entre barthisme, thomisme et réaction. Barth, c
498
si possible immuables » (p. 14). On pourrait dire
qu’
il fait tout le contraire. Il nous ramène sans cesse à l’état de pauvr
499
uel la vérité ne peut opérer dans notre existence
que
par un choix, une décision, — un acte d’obéissance à l’ordre « tombé
500
rites et de ces formules, toutes les idolâtries,
que
ce soit la croyance antique et païenne à la « vertu », à la sagesse e
501
élargissant son horizon de pensée. Peut-on dire
que
notre civilisation soit chrétienne ? Peut-on dire que pour le chrétie
502
notre civilisation soit chrétienne ? Peut-on dire
que
pour le chrétien la perspective d’un nouveau progrès, d’une « marche
503
ée, nous demandons passionnément et lourdement ce
que
cela peut bien signifier au concret. Ce que cela veut dire. C’est une
504
nt ce que cela peut bien signifier au concret. Ce
que
cela veut dire. C’est une des leçons de la guerre. Notre refus est in
505
ensée n’a rien osé distinguer de précis, c’est là
que
l’action des hommes devient folle et meurtrière. 4. Il me semble que
506
mmes devient folle et meurtrière. 4. Il me semble
que
la tâche de la théologie protestante à l’heure actuelle est de dégage
507
pect pour le passé, les invariants chrétiens tels
que
le développement de la pensée moderne nous aide en toute loyauté à le
508
— et « loyauté » par « humilité » ? Il me semble
qu’
alors les invariants chrétiens pourraient bien apparaître comme les co
509
on de l’Évangile au contact des humains. Et puis,
que
ferions-nous en attendant que les théologiens aient mené à bien leur
510
s humains. Et puis, que ferions-nous en attendant
que
les théologiens aient mené à bien leur travail historique ? Et qu’arr
511
ns aient mené à bien leur travail historique ? Et
qu’
arriverait-il si le résultat en était par exemple, de démontrer que te
512
si le résultat en était par exemple, de démontrer
que
tel « invariant chrétien » est toute autre chose que l’Évangile ? ou
513
tel « invariant chrétien » est toute autre chose
que
l’Évangile ? ou bien si, au contraire, ce n’était rien que l’Évangile
514
ngile ? ou bien si, au contraire, ce n’était rien
que
l’Évangile ? Peine perdue ? — Grosses questions, questions un peu gro
515
n. Dans une époque comme la nôtre, ce sont celles
qu’
il faut poser si l’on veut réellement se tirer hors d’une confusion sa
516
n pas cet être détaché, déraciné, de pure raison,
que
l’auteur d’un pamphlet fameux voulait nous donner pour modèle du cler
517
te d’intellectuel en action, d’homme qui pense ce
qu’
il fait, qui fait ce qu’il pense. Nous manquons terriblement de tels h
518
ion, d’homme qui pense ce qu’il fait, qui fait ce
qu’
il pense. Nous manquons terriblement de tels hommes, en Suisse romande
519
us manquons terriblement de ce sens de la culture
qu’
incarnait à mes yeux René Guisan, lorsque je le voyais dans sa bibliot
520
sque je le voyais dans sa bibliothèque immense et
qu’
il me parlait avec feu d’actions réelles dont il était l’âme et l’agen
521
ni l’une ni l’autre ne valent rien dès l’instant
qu’
on les sépare et qu’on cesse de les mettre en tension. Il n’est d’acti
522
ne valent rien dès l’instant qu’on les sépare et
qu’
on cesse de les mettre en tension. Il n’est d’action créatrice que sou
523
es mettre en tension. Il n’est d’action créatrice
que
soumise à la loi d’une pensée rigoureuse ; il n’est de pensée saine q
524
’une pensée rigoureuse ; il n’est de pensée saine
qu’
engagée dans une œuvre efficace, au sein de contingences quotidiennes.
525
ours, je ne les ai vues vraiment vécues chez nous
que
par cet homme solide et fin, passionné et précis, au parler vif et sa
526
n œuvre résidait sans doute dans l’union vibrante
qu’
il incarnait, de qualités qui ont coutume, ailleurs, de se gêner mutue
527
elles doit nous interdire désormais de considérer
que
l’esprit est une faculté détachée, un refuge hors de la réalité médio
528
eurs limites reconnues et acceptées. Il me semble
que
c’est la leçon que nous devons prendre de sa vie : la leçon toute goe
529
ues et acceptées. Il me semble que c’est la leçon
que
nous devons prendre de sa vie : la leçon toute goethéenne du clerc qu
530
rien trahir de la primauté de l’esprit. Peut-être
que
le seul chrétien peut comprendre, existentiellement, que cette exigen
531
seul chrétien peut comprendre, existentiellement,
que
cette exigence de service, cet abaissement de la pensée aux choses, c
532
bles rayons d’énergie. Nos codes ne prévoient pas
que
l’assassin d’un noble sera puni plus sévèrement que n’eût été ce nobl
533
e l’assassin d’un noble sera puni plus sévèrement
que
n’eût été ce noble assassinant un serf. Même l’indulgence pour les ri
534
e respect vulgarisé touche au mépris. De là vient
que
le meurtrier tantôt est acquitté, tantôt décapité. Vous voyez qu’on o
535
tantôt est acquitté, tantôt décapité. Vous voyez
qu’
on oscille du tout au rien, selon l’humeur d’un jury d’ailleurs désign
536
a valeur du barde du palais, c’est-à-dire le prix
qu’
on doit payer quand on le tue, est de 126 vaches ; et en cas d’insulte
537
vaches et 20 pièces d’argent. » Ailleurs, on voit
que
si le barde adresse une requête au roi, il doit lui chanter un poème.
538
oble, trois poèmes. Si c’est à un vilain, il faut
que
le barde chante jusqu’à ce qu’il n’en puisse plus… Je répondais à mon
539
un vilain, il faut que le barde chante jusqu’à ce
qu’
il n’en puisse plus… Je répondais à mon ami : — À chacun selon sa faim
540
ceux qui ont une grande faim, c’est à cause d’eux
qu’
il y a de grandes œuvres. Car le vilain qui n’a rien à donner, c’est l
541
qui vous donnera la joie du chant, plus précieuse
que
l’objet de vos requêtes au roi. — Oui, dit le poète, mais sans nobles
542
ce numéro une page inédite de Denis de Rougemont,
qu’
il a bien voulu extraire pour nous d’un ouvrage qu’il prépare et qu’il
543
u’il a bien voulu extraire pour nous d’un ouvrage
qu’
il prépare et qu’il intitulera Doctrine fabuleuse . »
544
extraire pour nous d’un ouvrage qu’il prépare et
qu’
il intitulera Doctrine fabuleuse . »
545
dans le souvenir des noms splendides (1968)al
Qu’
est-ce qui persiste du poème qu’un jour ou l’autre nuit nous avons lu
546
dides (1968)al Qu’est-ce qui persiste du poème
qu’
un jour ou l’autre nuit nous avons lu puis oublié ? Un « ton fondament
547
d plus rien n’est là ? Je ne gardais de Hölderlin
que
des souvenirs d’élans ou d’amples chutes, de rythmes brisés, de noms
548
cunes deux quatrains d’une déchirante simplicité,
que
j’avais traduits à vingt ans : Die Linien des Lebens sind verschieden
549
oésie devenait-elle pour moi, dans la mémoire, ce
que
la Grèce avait été pour lui dans la distance et dans le temps du rêve
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ps du rêve. Mais au-delà des accidents remémorés,
qu’
en était-il de la substance des grands poèmes ? L’émotion rénovée par
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était-elle plus pure et plus vraie, plus efficace
que
le discours lui-même des grands Hymnes ? Il fallait enfin les relire.
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ous-marins25. En cherchant à les compléter par ce
qu’
ils devaient évoquer, je ne faisais pas autre chose que le poète à par
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s devaient évoquer, je ne faisais pas autre chose
que
le poète à partir d’un signe, d’un nom, d’une lumière de l’Hellade im
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perdue à une vie magnifiée »26, on peut bien dire
qu’
elle naît d’une nostalgie d’elle-même. Hölderlin, lui, dira qu’elle se
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d’une nostalgie d’elle-même. Hölderlin, lui, dira
qu’
elle se constitue dans son « aspiration » à exprimer, c’est-à-dire dan
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nt est exil, et toute joie véritable ne peut être
qu’
à venir, — à revenir dans le mythe. Le Neckar sera beau quand d’une Gr
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ion dans un présent d’ubiquité. Éluard ne connaît
que
l’instant, le temps ponctuel. Mais Hölderlin, ses grands hymnes décri
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il, temps du poète souffrant. Car il nous avertit
que
son langage n’est pas celui que parlent « la nature et l’art tels qu’
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r il nous avertit que son langage n’est pas celui
que
parlent « la nature et l’art tels qu’il les a connus autrefois ». Ce
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t pas celui que parlent « la nature et l’art tels
qu’
il les a connus autrefois ». Ce n’est pas un langage imposé par le soc
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un langage imposé par le social impersonnel, tel
que
certains prétendent qu’il nous forme — « car si quelque langage de la
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e social impersonnel, tel que certains prétendent
qu’
il nous forme — « car si quelque langage de la nature et de l’art… pré
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aît la prairie, l’eau sacrée et mes larmes, afin,
Qu’
une offrande pourtant vienne encore, ô Dormants délaissés, vous attein
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02. 22. Mnemosyne III, 1803. 23. « Par le fait
que
(le poète) me nomme ce signe, il emprunte à mon monde sa matière, il
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e, paru en 1967, supprime par malheur ces tirets,
que
donnent toujours les éditions allemandes. 26. Cf. l’essai cité, page