1 1946, Réforme, articles (1946–1980). À hauteur d’homme (1er juin 1946)
1 À hauteur d’homme (1er juin 1946)a La Politique pratique d’un idéa
2 que au pouvoir : un jeu truqué où le citoyen perd à tout coup. Nous voici loin de notre définition de la politique consid
3 Cette différence de niveau. Qu’on la sente jusqu’ à l’écœurement, jusqu’au frisson de l’absurdité, jusqu’à la révolte eff
4 cœurement, jusqu’au frisson de l’absurdité, jusqu’ à la révolte effective. Et qu’alors on fasse tout pour la réduire, en s
5 et des mesures pratiques d’autre part, ordonnées à cet idéal et contribuant à le réaliser. Mais la politique des partis
6 ’autre part, ordonnées à cet idéal et contribuant à le réaliser. Mais la politique des partis se tient dans une espèce de
7 partis se tient dans une espèce de no man’s land à mi-chemin de l’idéal et du pratique. Quand on lui rappelle le premier
8 s qu’elles la justifient.) Cette politique tourne à vide, dans un grand bruit d’ismes entrechoqués, et rien n’en sort. Ce
9 era-t-on pour telle mesure précise jugée conforme à ce qu’on attend de l’homme ? Point du tout, on votera sur les ismes,
10 disant que peut-être, cette fois-ci… Il est admis à l’étranger que les Français aiment trop la politique et en font trop.
11 es problèmes en déléguant le soin de les résoudre à des factions irréductibles dont le souci dominant est de continuer le
12 rieux de gagner la partie, c’est-à-dire d’arriver à gouverner. Suis-je assez clair ? Ce qui occupe toute la scène, ce qui
13 -dire décider ce qu’est l’homme et bâtir une cité à sa mesure. Il ne faut pas dissoudre les partis ni en sortir, mais il
14 ré eux et dans leur sein, rapporter nos jugements à une notion totale de l’homme d’une part, et aux demandes pratiques de
15 ne vocation qui le distingue, mais aussi le relie à la communauté, lui conférant ainsi les devoirs de ses droits. Quand u
16 i se sera défini de la sorte, les citoyens seront à même de juger si son action traduit son idéal, ou si au contraire ell
17 al, ou si au contraire elle le trahit. Ils seront à même d’exiger de leur parti la démonstration convaincante que les mes
18 des attitudes précises. Par exemple, elle oblige à condamner tout ce qui, dans le régime capitaliste libre, frustre le p
19 empêche de réaliser sa vocation. Elle nous oblige à condamner aussi dans les régimes totalitaires, tout ce qui prétend di
20 régimes totalitaires, tout ce qui prétend dicter à l’homme sa vocation, — ce qui est encore la nier et l’écraser. Enfin
21 libre ou étatisation. Nous disons qu’il n’y a pas à choisir entre ces deux demi-vérités ou demi-mensonges, de même qu’il
22 érités ou demi-mensonges, de même qu’il n’y a pas à choisir entre la vérité du foie et celle du cœur, ni davantage entre
23 non le partisan. Et c’est pourquoi nous demandons à distinguer, selon les cas, quelles sont les entreprises humaines qui
24 tatisant, et quelles sont celles qu’il faut aider à rester libres. Cela ne doit pas être une querelle de partis, mais une
25 rale d’un parti. Bref, nous voulons une politique à hauteur d’homme. Celle des partis passe par-dessus les têtes ou vise
26 ra ? Une première réalisation Une politique à hauteur d’homme, axée sur la réalité de la personne à la fois libre e
27 rait sans doute le seul moyen d’amener ces partis à travailler, chacun selon sa méthode, au bien commun ; tandis qu’on le
28 s viennent de lui accorder 30 de leurs suffrages, à sa première présentation devant le corps électoral, c’est qu’il a fai
29 leur pays, le grand gagnant européen de la course à la reconstruction. a. Rougemont Denis de, « À hauteur d’homme »,
30 à la reconstruction. a. Rougemont Denis de, «  À hauteur d’homme », Réforme, Paris, 1 juin 1946, p. 1.
2 1946, Réforme, articles (1946–1980). Deux lettres sur la fin du monde (29 juin 1946)
31 une idée fort approchée de la fin du monde. C’est à quoi nous en sommes, et c’est comique. On avait tout prévu, sauf le c
32 serons changés, en un instant, en un clin d’œil, à la dernière trompette. » Or, savez-vous ce que dit le texte grec, là
33 e Moyen Âge pensait qu’une pluie de feu suffirait à réduire la surface de la Terre et la vermine humaine qui s’y livre à
34 e de la Terre et la vermine humaine qui s’y livre à ses vices. La Renaissance croyait plutôt à un nouveau Déluge. Léonard
35 livre à ses vices. La Renaissance croyait plutôt à un nouveau Déluge. Léonard le figure dans une série de dessins où l’o
36 s aux calculs du savant dont je vous parlais tout à l’heure : la fin du monde se calcule désormais. Ses données immédiate
37 nt, obéit secrètement au bon sens. Elle nous mène à la mort, c’est clair. Mais c’est peut-être aussi qu’elle a compris qu
38 longue de l’année, parce qu’il n’y avait plus qu’ à désespérer, l’espoir est né. Démonstration d’une puissance indémontra
39 qui passent encore sont ceux qui vont de personne à personne. Me voici libéré de mes dernières craintes, et tout libre d’
40 paix ou la mort. Disposition favorable, je crois, à des réflexions réalistes. Je reviens donc à mes atomes. Parmi tous le
41 rois, à des réflexions réalistes. Je reviens donc à mes atomes. Parmi tous les projets de contrôle de la Bombe que l’on a
42 tiques et raisonnables que l’on traite de folies, à l’âge où l’on prépare dans le monde entier, à la demande générale, la
43 es, à l’âge où l’on prépare dans le monde entier, à la demande générale, la prochaine et irrévocablement dernière guerre
44 vertu d’ordre. Admettons qu’elles arrivent encore à se battre. Admettons que la Bombe soit moins puissante que les savant
45 ée de plus. Admettons que l’on invente une parade à la Bombe, selon l’axiome des militaires, sans oublier que leur expéri
46 ’un certain goût de l’antithèse m’incline parfois à souhaiter. La tragédie n’aura pas de lignes pures, parce que nos choi
47 elles, Bombe en main, essaiera d’imposer sa paix à toutes les autres. (Inutile même de la nommer.) Il est évident que le
48 tôt ou tard. Il est évident que si l’on continue à penser comme on pense aujourd’hui, cela finira dans l’explosion total
49 ident que la grande majorité des hommes se refuse à ces évidences. On nous ressasse à longueur de journée qu’elle « n’est
50 ommes se refuse à ces évidences. On nous ressasse à longueur de journée qu’elle « n’est pas prête pour un gouvernement mo
51 a mort, et vous en rendez responsable. Tout tient à chacun de nous. Et nous en sommes au point où il devient difficile de
3 1946, Réforme, articles (1946–1980). Vues générales des Églises de New York (12 octobre 1946)
52 utel « au dieu inconnu », que saint Paul admirait à Athènes, mais j’ai tout lieu de croire qu’il existe à New York. Serai
53 hènes, mais j’ai tout lieu de croire qu’il existe à New York. Serait-ce cette église du Centre Absolu, dont je vois annon
54 ossibilité de fonder des cités idéales, conformes à leurs doctrines morales et politiques. D’où le caractère social très
55 onaux. C’est ainsi qu’un Américain qui appartient à l’Église réformée a bien des chances d’avoir des ancêtres hollandais,
56 est catholique, italiens, polonais ou irlandais. À ces différences d’origine sont venues s’ajouter, dès le xviiie siècl
57 re, la méthodiste aussi (elles comptent chacune 9 à 10 millions de membres), tandis que l’Église presbytérienne et l’Égli
58 ses) sont surtout citadines et fashionable. Quant à la fameuse multiplication des sectes, elle n’a rien à voir avec la di
59 , la plupart des grandes confessions. Ces groupes à leur tour se sont morcelés sur leurs ailes gauche et droite, en « lib
60 rulente, entraînant de nouvelles divisions, jusqu’ à donner naissance à des « églises » qui ne comptaient que quelques cen
61 de nouvelles divisions, jusqu’à donner naissance à des « églises » qui ne comptaient que quelques centaines « d’élus ».
62 e facilitaient des contacts nouveaux et tendaient à dissoudre les sectesd purement locales, le processus s’est renversé.
63 igner : ces étiquettes ne correspondent nullement à des antagonismes religieux. Bien au contraire, c’est l’uniformité des
64 Du gothique neuf On m’avait dit que je verrais à New York de pauvres petites églises tout écrasées entre des gratte-ci
65 ciel, qui ne voient d’ailleurs aucun inconvénient à ce qu’un lieu de culte soit moins haut qu’un building, comme une host
66 , en partant de Washington Square. Voici d’abord, à deux-cents mètres l’une de l’autre, deux églises au clocher oxfordien
67 r pupitre pour la Bible, d’où pend un ruban large à la couleur de la saison ou de la fête liturgique. Plus haut, l’église
68 … Le goût de la cérémonie Un dimanche matin à New York : voilà le temps, voilà le lieu pour une étude comparée des
69 ssieurs en jaquette, ou au moins en veston bordé, à la boutonnière fleurie d’un œillet blanc, s’empressent. Ils vous diri
70 e chez les luthériens. Les catholiques eux-mêmes, à Saint-Patrick, observent durant les offices une correction de maintie
71 tombez sur un service chanté, la communion reçue à genoux devant l’autel, vous vous croirez chez les romains, mais vous
72 rie scandalisé le protestant français qui assiste à l’un de ces cultes. Mais un de mes amis, argentin, sortant de la mess
73 ais un de mes amis, argentin, sortant de la messe à Saint-Patrick, se plaignait de l’absence toute « protestante » du dés
74 es marques de ferveur théâtrale qu’il s’attendait à retrouver dans un tel lieu… Plus divisés qu’ailleurs en apparence, pl
75 ertaines pudeurs de l’âme, et le mystère inhérent à ce genre de problème. c. Rougemont Denis de, « Vues générales des
4 1946, Réforme, articles (1946–1980). Spiritualité américaine (19 octobre 1946)
76 Spiritualité américaine (19 octobre 1946)e À l’origine et au premier rang de la lutte contre l’esclavage, de la lu
77 du maintien de la morale dans la cité, préparait à la mort plus qu’à la vie. La paroisse était la commune. Aujourd’hui,
78 morale dans la cité, préparait à la mort plus qu’ à la vie. La paroisse était la commune. Aujourd’hui, le plus petit vill
79 paroisses sont devenues des clubs. Elles offrent à leurs membres des relations sociales, des banquets, des jeux de loto,
80 maine, bref, un milieu. Le pasteur se trouve donc à la tête d’un organisme assez complexe. Mais il dispose d’aides nombre
81 et beaucoup de dames avides de donner libre cours à leur fameuse efficiency. Sa fonction principale sera donc de parler,
82 çon de civisme ou de morale, incitant les fidèles à adopter les maximes d’une vie plus satisfaisante à tous égards. On me
83 adopter les maximes d’une vie plus satisfaisante à tous égards. On me demandera : Qu’y a-t-il de proprement religieux da
84 ssède une valeur religieuse, est la religion même à leurs yeux. Ce qui implique que le christianisme est la meilleure man
85 ue, si seulement tous ses habitants se décidaient à mener une vie « décente »… Sur quoi, l’Européen frotté d’un peu de th
86 t la culture des sentiments élevés parviendraient à éliminer. Personne n’est juge même d’une seule âme, même de la sienne
87 ait aller beaucoup plus loin. Mais sans prétendre à dépasser le niveau d’une sociologie religieuse, je voudrais indiquer
88 igieuse, je voudrais indiquer le dilemme que pose à un esprit européen le spectacle des églises américaines. Ou bien l’ég
89 n l’église va dans le siècle, l’organise, et tend à se confondre avec la société terrestre, mais alors la foi tend à se c
90 avec la société terrestre, mais alors la foi tend à se confondre avec la morale du bourg ; ou bien l’église se dresse fac
91 ne l’entend plus. Ou bien vous mettez le message à la portée de la masse et dans le style du jour, mais certains mots ne
92 e, mais ces mots n’ont plus cours dans la presse, à la radio ni dans les magazines, et vous perdez toute influence sur le
93 s, et vous perdez toute influence sur les masses. À quoi Kierkegaard répondrait que les masses comme telles ne seront jam
94 chrétiennes, et que la grâce prend les hommes un à un, comme des héros tragiques, au-delà de toutes les aides de la mora
95 morale et de la religion… Il ne me reste plus qu’ à noter que Kierkegaard, précisément, est entièrement traduit en Amériq
5 1948, Réforme, articles (1946–1980). Roger Breuil qui vient de mourir était un grand romancier protestant (13 mars 1948)
96 , cette autre chose contre laquelle il n’y a rien à faire, et qui nous aime. ⁂ Je relis la dernière page de sa Galopine,
97 bien des incertitudes, comme pour mieux renvoyer à ce qui les transcende, j’en retrouve des marques sensibles dans tous
98 as toujours nommer leur inquiétude. Lui se refuse à la nommer pour eux comme le font trop de romanciers chrétiens — mais
99 le font trop de romanciers chrétiens — mais aussi à la nier ou la dénaturer comme le font tant de romanciers athées. Avec
100 rteurs ou la proie ; et ce respect des âmes donne à chacun de ses livres — même à ceux où l’on n’allait voir qu’un plaisi
101 pect des âmes donne à chacun de ses livres — même à ceux où l’on n’allait voir qu’un plaisir tout gratuit de conteur né —
102 œuvre soit indemne de toute référence insistante à la foi qui l’inspire, et de tout langage pieux). Il est entré dans le
6 1948, Réforme, articles (1946–1980). L’Europe, aventure du xxe siècle (1er mai 1948)
103 Europe. Cette distinction fondamentale correspond à deux attitudes, entre lesquelles nous aurons à choisir dans un délai
104 nd à deux attitudes, entre lesquelles nous aurons à choisir dans un délai que la situation du monde rend très court. L’
105 posent n’est rien d’autre que l’arrêt artificiel, à un certain niveau, d’une société en décadence. On isole de cette soci
106 ose un système qui serait en équilibre permanent, à l’abri des menaces grossières comme des créations de l’esprit, insens
107 e frontières qui l’empêchent de respirer, menacée à chaque instant d’une sorte d’hémiplégie, soit que la gauche réussisse
108 sorte d’hémiplégie, soit que la gauche réussisse à paralyser la droite ou l’inverse, l’Europe est pratiquement indéfenda
109 Nos frontières, nos cordons douaniers, suffisent à empêcher nos biens de circuler, mais n’arrêteront pas les armées. Je
110 que vouloir l’union de l’Europe sans rien changer à sa structure économique et politique, c’est pratiquement ne rien voul
111 cle, qui sont celles de l’organisation ; rappeler à cette Europe qui se sent diminuée qu’elle compte encore 250 millions
112 raliste est par conséquent superflue. Je persiste à penser, pour ma part, que les gouvernements travaillent encore en fai
113 , les citoyens de l’Europe, ceux qui sont décidés à fournir l’effort d’invention à la hauteur du siècle. Je disais à Mont
114 x qui sont décidés à fournir l’effort d’invention à la hauteur du siècle. Je disais à Montreux en septembre dernier, lors
115 ort d’invention à la hauteur du siècle. Je disais à Montreux en septembre dernier, lors du congrès de l’Union européenne
116 urer, c’est aux fédéralistes qu’elle le devra, et à eux seuls. Sur qui d’autre peut-elle compter ? Elle ne doit pas compt
117 ns. Tous les gouvernements ont un penchant marqué à persévérer dans leur être, et même à lui survivre aussi longtemps que
118 chant marqué à persévérer dans leur être, et même à lui survivre aussi longtemps que possible avec l’appui de la police.
119 bsolus sans devoirs, ont un penchant irrésistible à devenir totalitaires. Et ce n’est point que leurs hommes d’État soien
120 s d’accord. La parole est maintenant aux peuples, à l’opinion qui se réveille, aux citoyens du continent. Ils vont la pre
121 jours, aux états généraux de l’Europe, convoqués à La Haye pour le 7 mai. Où elle mène Je ne puis anticiper sur le
122 nté, et c’est le but précis que nous visons tous, à plus ou moins brève échéance. À grands traits, voici le tableau : Nou
123 nous visons tous, à plus ou moins brève échéance. À grands traits, voici le tableau : Nous avons aujourd’hui une Europe d
124 barrières ni visas, rendue dans toute son étendue à la libre circulation des hommes, des idées, et des biens. Pour assure
125 ulture donne un organe, une voix et une autorité, à la conscience européenne. Par-dessus tout, dominant ces Conseils qui
126 arte des droits et des devoirs de la personne, et à laquelle puissent en appeler directement, contre l’État ou le parti q
127 ons l’Europe, parce que sans elle le monde glisse à la guerre, et que l’alternative n’est plus, pour nous, que d’empêcher
128 e souveraineté nationale, et vous voyez peut-être à quoi je pense. Fédérés, au contraire, nous remonterons au niveau de p
129 iérarchie des Conseils que nous proposons aboutit à la Cour suprême, c’est-à-dire à une institution dont la fin n’est pas
130 proposons aboutit à la Cour suprême, c’est-à-dire à une institution dont la fin n’est pas la puissance, ni le maintien pa
131 ie des droits élémentaires de l’homme, antérieurs à l’État, supérieurs à l’État, et sans lesquels, pour nous Européens, l
132 aires de l’homme, antérieurs à l’État, supérieurs à l’État, et sans lesquels, pour nous Européens, le bonheur même paraît
133 fédération européenne. Il se passe quelque chose à l’Est. Il est temps qu’il se passe quelque chose en Europe ! Il est t
134 éparée du continent. Il est temps de donner aussi à nos amis américains la certitude que nous ne sommes pas ce qu’ils ont
135 l’Amérique ni la Russie, mais cette vieille terre à rajeunir, à libérer de ses cloisons, notre Europe à reconquérir, pour
136 i la Russie, mais cette vieille terre à rajeunir, à libérer de ses cloisons, notre Europe à reconquérir, pour tous ses pe
137 rajeunir, à libérer de ses cloisons, notre Europe à reconquérir, pour tous ses peuples, pour tous ses partis, et comme le
7 1949, Réforme, articles (1946–1980). « Êtes-vous partisan du rapprochement franco-allemand ? » (29 janvier 1949)
138 Allemands, aux craintes qu’il éveille en France, à la tentation autarcique en Grande-Bretagne, aux brusqueries ou impati
139 e, aux brusqueries ou impatiences américaines, et à l’expansion russe. On parle d’obstacles économiques à cette fédératio
140 expansion russe. On parle d’obstacles économiques à cette fédération. C’est oublier que la situation présente est impossi
141 ’occupation. h. Rougemont Denis de, « [Réponse à une enquête] Êtes-vous partisan du rapprochement franco-allemand ? »,
142 éforme, Paris, 29 janvier 1949, p. 4. i. Réponse à une enquête réalisée par Réforme.
8 1952, Réforme, articles (1946–1980). Après l’Œuvre du xxe siècle (14 juin 1952)
143 communion nécessaire, tous ces sujets se ramènent à un seul : l’individu créateur et la société. On nous a très bien mont
144 est trop clair qu’aucun de nous ne se risquerait à vous en donner la recette. Et c’est tant mieux ! Car il existe des re
145 fois synthétiques, dans ce siècle, et nous savons à quoi elles mènent ! Que vaut le bonheur d’un peuple, que vaut sa comm
146 e concert inaugural, dans une église, était dédié à la mémoire des victimes de toutes les tyrannies du xxe siècle. Il co
147 festations par cet acte de piété et ce Magnificat à la mémoire des martyrs de ce siècle. Et ensuite : tout l’ensemble ébl
148 ciers, critiques et philosophes qui ont pris part à nos entretiens, pour nous dire : et maintenant allons-y, serrons les
149 maintenant allons-y, serrons les rangs, opposons à la discipline totalitaire un front commun, et à leur propagande une p
150 s à la discipline totalitaire un front commun, et à leur propagande une propagande au moins aussi brutale ou insinuante.
151 ieurs de la communion ? Si nous allons même jusqu’ à éviter d’en parler — parce que, disons-le franchement, il est gênant
152 phrase de Miguel de Unamuno, dans son commentaire à Don Quichotte : Mets-toi en marche, tout seul. Tous les autres solit
153 out seul. Tous les autres solitaires se joindront à toi, à tes côtés sans que tu les voies. Et chacun pensera qu’il va se
154 l. Tous les autres solitaires se joindront à toi, à tes côtés sans que tu les voies. Et chacun pensera qu’il va seul. Mai
155 le souci de la liberté et qu’ainsi, ils passaient à côté des questions essentielles qui leur étaient proposées. Il reste
156 réalité de monologues successifs, ont fait sentir à quel point est posé le problème de la communication entre le Créateur
157 ateur et la société. Problème de communion. C’est à celui-ci qu’est consacré le texte de Denis de Rougemont que nous publ
9 1953, Réforme, articles (1946–1980). « Les écrivains protestants » (11 avril 1953)
158 ni moins que n’ont pu le faire mes appartenances à la Suisse comme destin historique, ou à la langue française comme moy
159 rtenances à la Suisse comme destin historique, ou à la langue française comme moyen d’expression. Gênantes sont les donné
160 aux orthodoxes, aux incroyants de toutes nuances. À l’isolement relatif du protestant en France, il y a mieux que des com
161 plus large de l’humain, pour ceux qui se réfèrent à l’Écriture et à ses traductions liturgiques, sources du seul langage
162 humain, pour ceux qui se réfèrent à l’Écriture et à ses traductions liturgiques, sources du seul langage vraiment commun
163 occidental. l. Rougemont Denis de, « [Réponse à une enquête] Les écrivains protestants », Réforme, Paris, 11 avril 19
164 Réforme, Paris, 11 avril 1953, p. 7. m. Réponse à une enquête réalisée par Réforme.
10 1968, Réforme, articles (1946–1980). Vers l’Europe des régions ? (30 novembre 1968)
165 . En août 1947, on est venu me demander de parler à un congrès de fédéralistes européens, à Montreux, où j’ai prononcé un
166 de parler à un congrès de fédéralistes européens, à Montreux, où j’ai prononcé un discours inaugural : j’étais engagé. Pu
167 er de la partie culturelle du Mouvement européen. À partir du congrès de La Haye en 1948, je me suis beaucoup penché sur
168 estivals de musique européens que je dirige, tout à fait par hasard. Nous avons coordonné les Instituts d’études européen
169 mpagne européenne d’éducation civique qui cherche à introduire l’angle de vision européen dans la leçon d’histoire, de gé
170 t ans de tentatives de rapprochement n’ont abouti à rien sur le plan politique. Cette situation tient au fait que les Éta
171 neté absolue, devenant ainsi eux-mêmes l’obstacle à toute espèce d’union. On ne peut bâtir une union de l’Europe sur les
172 eut bâtir une union de l’Europe sur les obstacles à toute union. Notre espoir réside dans une politique des régions. Par
173 er par une assemblée élue par les régions. Il y a à ce sujet une importante littérature en France — qui est le pays le pl
174 oute d’ici dix ou quinze ans serons-nous parvenus à créer des régions sur une base économique, historique, ethnique — tou
175 économique, historique, ethnique — tout cela mêlé à doses variables —, qui seront de plus en plus les vrais centres de la
176 de races. Les problèmes les plus importants sont, à la racine, d’ordre philosophique ou religieux. Il s’agit de transpose
177 ronyme du Cern, dont il est question ici, renvoie à l’organe provisoire institué en 1952 sous le nom de Conseil européen
11 1976, Réforme, articles (1946–1980). À propos de Concorde (21 février 1976)
178 Invité au matin du 13 janvier, par téléphone, à participer le 14 au soir à une émission de plus de trois heures sur C
179 anvier, par téléphone, à participer le 14 au soir à une émission de plus de trois heures sur Concorde, j’ai commencé par
180 technicien, et surtout « je suis contre »… — « Qu’ à cela ne tienne, me dit-on, vous parlerez en duplex de Genève, c’est a
181 rer leur culte des « Ailes françaises ». Qu’ai-je à faire là ? Dès que j’ouvrirai la bouche, des millions de téléspectate
182 tions simples et naïves, je demande : « Concorde, à quoi est-ce que ça sert ? ». On m’assure que cet appareil ira de Pari
183 rt ? ». On m’assure que cet appareil ira de Paris à New York en trois heures et demie au lieu de sept. Bon. Mais les quel
184 re que des savants redoutent, l’atteinte possible à la couche d’ozone qui protège notre vie terrestre contre les rayons u
185 ients prévus, dont l’heure est si précieuse, sont à tel point suroccupés, on leur rendrait meilleur service en leur faisa
186 formalités de douanes et passeports au départ et à l’arrivée ; 2°) transporter les passagers de l’échelle de coupée au c
187 ternative qu’elle offre au gaspillage industriel, à la pollution de l’atmosphère, voire à la guerre, c’est le chômage, il
188 industriel, à la pollution de l’atmosphère, voire à la guerre, c’est le chômage, il est temps de changer de cap, de se fi
189 ié non pas même au profit (ici très négatif) mais à la puissance physique de l’État centralisateur et policier, au nom de
190 sateur et policier, au nom de quoi tout s’ordonne à la guerre. Concorde résume un ensemble de calculs et de rêves, de pri
191 derne du progrès et du luxe s’oppose radicalement à cette manie démodée de la vitesse et du fracas pour épater le monde.
192 t du fracas pour épater le monde. Ce qui commence à valoir des fortunes, c’est le contraire de ce que Concorde symbolise.
12 1979, Réforme, articles (1946–1980). Écologie, régions, Europe fédérée : même avenir (19 mai 1979)
193 éfinition la plus courante de l’écologie consiste à dire que c’est « une mode », ou encore « une douce manie de rousseaui
194 ante : « du retour aux cavernes et de l’éclairage à la bougie »). Ou au contraire ; elle serait une « névrose d’Apocalyps
195 ient « soutenus » (entendez : payés) affirme-t-on à l’EDF, par les « banquiers américains » ; mais Sakharov dit au contra
196 es », elles sont « propres ». Les enseignants ont à présenter ces brochures. Mais si l’un ou l’autre s’avisait de présent
197 nucléaire, la direction le rappellerait aussitôt à l’ordre, car « il est interdit de faire de la politique à l’école ».
198 e, car « il est interdit de faire de la politique à l’école ». D’où cette nouvelle définition de la politique : si l’on e
199  : la belle époque du colonialisme durera de 1878 à 1938 environ. Au triple alignement des esprits par l’école, des corps
200 de rejet) face à la civilisation industrielle et à ses agressions de plus en plus brutales contre la Nature et contre l’
201 festé d’abord en Europe, première partie du monde à s’être développée industriellement, donc à avoir subi l’agression méc
202 monde à s’être développée industriellement, donc à avoir subi l’agression mécanique. On nous dit : « Le souci écologique
203 ont inventé et produit une civilisation qui tend à détruire du même mouvement à la fois les écosystèmes naturels et les
204 iècle puis aux États-Unis. Elle s’étend désormais à toutes les parties de la Terre où la civilisation occidentale apporte
205 e Guerre mondiale, a pris soudain des proportions à ce point alarmantes que les gouvernements de nos États nationaux — si
206 e nos États nationaux — si lié que soit leur sort à celui de la croissance industrielle — se sont vus contraints de créer
207 es titulaires de ces ministères sont les premiers à le reconnaître). Si la croissance de la civilisation industrielle cor
208 t du cancer, le souci écologique correspond, lui, à la création d’anticorps contre les maladies de civilisation (physique
209 straites, géométriques, alignées et les préparant à devenir des recrues alignables. Il existe une profonde analogie de st
210 ible avec ma souveraineté nationale. Et l’on sait à quelles résistances de la capitale et de sa police se heurtent les te
211 n qui a peur qu’elles le dépassent. Le Rhin amène à la mer du Nord 60 millions de tonnes de déchets par jour. Ces déchets
212 t État-nation, par nature, s’oppose identiquement à ce qui le dépasse tant par en haut que par en bas, c’est-à-dire qu’il
213 haut que par en bas, c’est-à-dire qu’il s’oppose à presque tout ce qui existe ou voudrait exister indépendamment de son
214 s années 1930 de ce siècle par les personnalistes à l’État-nation : il est à la fois trop petit (à l’échelle mondiale) et
215 es à l’État-nation : il est à la fois trop petit ( à l’échelle mondiale) et trop grand (à l’échelle des régions) pour joue
216 trop petit (à l’échelle mondiale) et trop grand ( à l’échelle des régions) pour jouer encore son rôle d’État, — d’animate
217 es. 6. La région : un espace de participation à la mesure du citoyen Mais il convient ici de préciser le sens que
218 Il y a des régions ethniques qui ne correspondent à aucun État aujourd’hui existant ; Catalogne, Euskadi, Occitanie, Bret
219 celles aussi dont la cause paraît la plus facile à défendre. — Il y a les régions transfrontières ; deux douzaines envir
220 , des calottes du Nord (Norvège, Suède, Finlande) à l’Oresund (Danemark et Suède) à l’Euregio (Rhin-Ems et Gueldre), à la
221 Suède, Finlande) à l’Oresund (Danemark et Suède) à l’Euregio (Rhin-Ems et Gueldre), à la Regio basiliensis (Suisse, Fran
222 mark et Suède) à l’Euregio (Rhin-Ems et Gueldre), à la Regio basiliensis (Suisse, France, RFA), et sur l’arc alpin, aux r
223 égions — déjà existantes, en formation, ou encore à créer — que l’on peut définir comme espace de participation civique,
224 ion civique, régions assez petites pour permettre à la voix d’un citoyen de s’y faire entendre et à celles des autres de
225 e à la voix d’un citoyen de s’y faire entendre et à celles des autres de lui répondre. 7. Éloge de la petite échelle
226 e échelle Il s’agit donc, si l’on veut arriver à des solutions écologiques capables de restaurer, maintenir et dévelop
227 tale nationale est des plus simples : il consiste à situer les pouvoirs de décision au niveau communautaire le mieux acco
228 ansposer en termes européens : Ne confiez jamais à une plus grande unité ce qui peut être fait par une plus petite. Ce q
229 locales, les communes (neighborhoods) commencent à retrouver le sens de leur autonomie, à reprendre en main leurs destin
230 commencent à retrouver le sens de leur autonomie, à reprendre en main leurs destins.2 » Il est faux que le plus grand soi
231 nt de relever conduisent d’une manière nécessaire à des conclusions politiques d’importance décisive au seuil de la campa
232 ns l’Europe fédérée, ni celle-ci sans des régions à sa base ; — S’il est vrai enfin que les problèmes écologiques ne peuv
233 problèmes écologiques ne peuvent être résolus qu’ à l’échelle régionale ou continentale, non pas à l’échelle nationale ;
234 qu’à l’échelle régionale ou continentale, non pas à l’échelle nationale ; — Alors il devient évident que les organisation
235 gionalistes et fédéralistes dans tous nos pays et à l’échelle continentale, en vue d’établir un programme commun aux troi
236 qui diffèrent d’une manière importante d’un pays à l’autre chez les Neuf3. 9. Pour un même avenir Encore un mot su
13 1980, Réforme, articles (1946–1980). Les Nations unies des animaux (13 décembre 1980)
237 cuve en ciment, nourris au tube de caoutchouc et à la seringue, qui mourront sans avoir jamais ouvert les yeux sur une p
238 gazines scientifiques, des animaux qui apprennent à parler et surtout à comprendre un peu nos langages d’hommes. Les merv
239 s, des animaux qui apprennent à parler et surtout à comprendre un peu nos langages d’hommes. Les merveilleux dauphins son
240 que nous leur donnons, et leurs réponses disent «  À vos ordres ! » et rien de plus. Nous les conditionnons, nous ne commu
241 nous soient susceptibles de mourir d’émotion tend à prouver qu’ils sont plus capables que nous d’une certaine civilisatio
242 n des fils de Dieu. Car la création a été soumise à la corruption non de son gré, mais à cause de celui qui l’y a soumise
243 de la servitude de la corruption, pour avoir part à la liberté et à la gloire des enfants de Dieu. Or nous savons que jus
244 de la corruption, pour avoir part à la liberté et à la gloire des enfants de Dieu. Or nous savons que jusqu’à ce jour la
245 ire des enfants de Dieu. Or nous savons que jusqu’ à ce jour la création tout entière soupire et souffre dans les douleurs
246 éation tout entière, dans la relation de l’animal à l’homme, j’entends de l’homme à la Nature vivante et au Cosmos, où le
247 ation de l’animal à l’homme, j’entends de l’homme à la Nature vivante et au Cosmos, où le règne animal est le plus proche
248 tions, plusieurs des participants se sont engagés à représenter chacun une « nation » — c’est-à-dire une espèce animale m
249 agement dans le mouvement écologique, participait à cette réunion. Il a bien voulu nous autoriser à publier le texte de s
250 t à cette réunion. Il a bien voulu nous autoriser à publier le texte de son allocution d’ouverture. Ce dont nous le remer