1
946)a La Politique pratique d’un idéal Qu’
est
-ce que la politique ? L’art d’aménager une cité pour que tout homme y
2
une cité pour que tout homme y trouve sa chance d’
être
humain. Tel est le principe. Voyons les faits. La politique, en Franc
3
tout homme y trouve sa chance d’être humain. Tel
est
le principe. Voyons les faits. La politique, en France, c’est le jeu
4
uge en se disant que peut-être, cette fois-ci… Il
est
admis à l’étranger que les Français aiment trop la politique et en fo
5
’ils n’en font pas assez, car le jeu des partis n’
est
pas de la politique. C’est une manière d’esquiver les problèmes en dé
6
des factions irréductibles dont le souci dominant
est
de continuer le jeu, sans espoir bien sérieux de gagner la partie, c’
7
er la partie, c’est-à-dire d’arriver à gouverner.
Suis
-je assez clair ? Ce qui occupe toute la scène, ce qui est au premier
8
ssez clair ? Ce qui occupe toute la scène, ce qui
est
au premier plan et qui cache tout le reste, dans les élections de dem
9
e tout le reste, dans les élections de demain, ce
sont
les chances des partis, j’entends des comités de partis, et non point
10
entaire ou la manière de rendre la justice. Et ce
sont
des slogans prétendus doctrinaires, mais non des conceptions de l’hom
11
tique dans son sens fort et véritable. Le malheur
serait
que les électeurs, ayant voté pour un parti, se figurent avoir fait d
12
. Votez donc, mais ce geste nécessaire ne saurait
être
au mieux qu’un préalable. L’effort civique proprement dit trouvera so
13
n travail sur les partis, une fois que ceux-ci se
seront
remis de leur crise de fièvre électorale. Comment sauver les parti
14
faire de la politique, c’est-à-dire décider ce qu’
est
l’homme et bâtir une cité à sa mesure. Il ne faut pas dissoudre les p
15
. Mais il faut exiger qu’ils déclarent enfin quel
est
leur idéal de l’homme, si c’est le requin, ou le robot, ou la personn
16
machine d’État qui dicte les pensées. Ou si ce n’
est
pas plutôt l’homme responsable d’une vocation qui le distingue, mais
17
insi les devoirs de ses droits. Quand un parti se
sera
défini de la sorte, les citoyens seront à même de juger si son action
18
un parti se sera défini de la sorte, les citoyens
seront
à même de juger si son action traduit son idéal, ou si au contraire e
19
son idéal, ou si au contraire elle le trahit. Ils
seront
à même d’exiger de leur parti la démonstration convaincante que les m
20
l’idéal qu’il déclare. Toute la vie politique en
sera
transformée. Et les partis redeviendront légitimes quand ils cesseron
21
légitimes quand ils cesseront de se prendre ou d’
être
pris pour fin, et ne s’offriront plus que comme moyens d’une lutte co
22
ui prétend dicter à l’homme sa vocation, — ce qui
est
encore la nier et l’écraser. Enfin elle nous met en mesure de refuser
23
et celui de la peste. Nous voulons la santé, qui
est
un équilibre, — et non pas l’exclusion de la moitié des organes. Nous
24
us demandons à distinguer, selon les cas, quelles
sont
les entreprises humaines qui marcheront mieux en les étatisant, et qu
25
qui marcheront mieux en les étatisant, et quelles
sont
celles qu’il faut aider à rester libres. Cela ne doit pas être une qu
26
u’il faut aider à rester libres. Cela ne doit pas
être
une querelle de partis, mais une question pratique d’aménagement, rel
27
Nous voulons que les trains roulent, que le pain
soit
vendu, que la jeunesse retrouve l’espoir, et non pas que tel parti pr
28
ire que c’est vague et arbitraire, parce que ce n’
est
pas électoral. Et, en effet, ce n’est pas électoral, dans ce sens qu’
29
ce que ce n’est pas électoral. Et, en effet, ce n’
est
pas électoral, dans ce sens qu’une telle politique peut être pratiqué
30
ectoral, dans ce sens qu’une telle politique peut
être
pratiquée au sein de plusieurs partis, et il est même très souhaitabl
31
être pratiquée au sein de plusieurs partis, et il
est
même très souhaitable qu’elle le soit. Ce serait sans doute le seul m
32
artis, et il est même très souhaitable qu’elle le
soit
. Ce serait sans doute le seul moyen d’amener ces partis à travailler,
33
il est même très souhaitable qu’elle le soit. Ce
serait
sans doute le seul moyen d’amener ces partis à travailler, chacun sel
34
Mais, au surplus, notre attitude personnaliste n’
est
en fait ni vague ni abstraite. Ailleurs, elle en a fait la preuve. Le
35
ais, qui se déclare « socialiste-personnaliste »,
est
né dans quelques groupes de résistants inspirés de la manière la plus
36
e par les idées que nous venons de développer. Il
est
sorti des camps pour prendre le pouvoir. Et si les Hollandais viennen
37
monde pourrait bien se produire avant la fin de l’
été
prochain. Je tiens ma petite information d’un physicien des plus rema
38
rniers, que des essais de bombe atomique allaient
être
tentés sur l’océan, notre savant a cru de son devoir d’avertir aussit
39
-de-marée que le Déluge, en comparaison, n’aurait
été
qu’un bain de pieds. Le gouvernement américain ayant également annonc
40
rit aussitôt que, d’après ses calculs, la réponse
était
simple : cela donnerait une idée fort approchée de la fin du monde. C
41
pprochée de la fin du monde. C’est à quoi nous en
sommes
, et c’est comique. On avait tout prévu, sauf le comique, à propos de
42
n’ose protester bien sérieusement. Car ces essais
seront
faits « dans un but militaire ». Nous sommes donc dans le domaine du
43
sais seront faits « dans un but militaire ». Nous
sommes
donc dans le domaine du sacré. Glissez mortels, mourrez sans résister
44
ait là quelque consolation. L’amertume de mourir
est
aussi faite de l’idée qu’on manquera la suite de l’histoire. C’est pe
45
t-être pourquoi les tout premiers chrétiens, s’il
est
vrai qu’ils croyaient le Jugement imminent, mouraient avec une grande
46
stère : nous ne mourrons pas tous, mais tous nous
serons
changés, en un instant, en un clin d’œil, à la dernière trompette. »
47
onde se calcule désormais. Ses données immédiates
sont
dans tous nos journaux… Entre nous, qu’est-ce que cela nous ferait ?
48
iates sont dans tous nos journaux… Entre nous, qu’
est
-ce que cela nous ferait ? Ce serait la fin de la douleur du monde. Ce
49
… Entre nous, qu’est-ce que cela nous ferait ? Ce
serait
la fin de la douleur du monde. Certains jours, il me semble que la fo
50
e a compris que la somme des souffrances humaines
est
devenue si grande, avec notre Progrès, qu’il y a bien plus de gens au
51
« Viens, douce mort ! » ce beau choral de Bach, n’
est
-ce pas le soupir enfantin que l’on croit parfois distinguer, très bas
52
ort Princeton, 30 décembre 1945. Notre monde
est
sans doute perdu, et c’est la raison de Noël. Dans cette nuit la plus
53
ce qu’il n’y avait plus qu’à désespérer, l’espoir
est
né. Démonstration d’une puissance indémontrable, et dont la touche ne
54
sance indémontrable, et dont la touche ne saurait
être
enregistrée que par le tout de l’homme qu’elle suscite : voilà pourqu
55
nts, et nos fonctions mentales et sensorielles en
seront
toujours incapables. Ce drôle de petit cri dans la paille m’indique t
56
ent que les formules d’Einstein que notre univers
est
fini, et que les seuls messages d’espoir qui passent encore sont ceux
57
ue les seuls messages d’espoir qui passent encore
sont
ceux qui vont de personne à personne. Me voici libéré de mes dernière
58
: 1° Donner la Bombe aux petits pays pour qu’ils
soient
protégés contre les grands. Ces derniers fourniraient ainsi la preuve
59
la police des nations. Deux chambres universelles
seraient
élues, l’une formée de délégués des États, l’autre de députés des peu
60
tes : équilibrer les budgets de guerre, etc. Ce n’
est
pas qu’une angoisse diffuse ne soit sensible dans les populations et
61
rre, etc. Ce n’est pas qu’une angoisse diffuse ne
soit
sensible dans les populations et chez beaucoup de bons esprits, mais
62
bons esprits, mais une paralysie sans précédent s’
est
emparée des volontés. Vous-même, je le sens, je ne vous ai pas convai
63
c’est dans ce pays que la première Bombe vient d’
être
construite. Exagérée sans doute et dépassant la mesure de ce que l’on
64
de ce que l’on connaissait avant le 6 août, elle
est
là, parce que l’homme l’a mise là. Et votre sens de la mesure peut se
65
rivent encore à se battre. Admettons que la Bombe
soit
moins puissante que les savants autorisés ne l’affirment. Admettons q
66
uerre militaire y prospère d’autant mieux qu’elle
sera
dotée d’une armée de plus. Admettons que l’on invente une parade à la
67
Pensez-vous que les effets de la prochaine guerre
seront
très différents de ceux que j’ai prévus ? La souffrance sera pire, l’
68
ifférents de ceux que j’ai prévus ? La souffrance
sera
pire, l’agonie de la terre un peu plus longue, la fin de l’humanité n
69
’aura pas de lignes pures, parce que nos choix ne
sont
pas si francs et que nos chefs savent à peine ce qu’ils jouent. Une e
70
tables d’où sortiront quelques vœux incolores. Il
est
évident que les nations souveraines s’en moqueront. Il est évident qu
71
nt que les nations souveraines s’en moqueront. Il
est
évident que l’une d’entre elles, Bombe en main, essaiera d’imposer sa
72
outes les autres. (Inutile même de la nommer.) Il
est
évident que les peuples se révolteront contre cette nation et son rég
73
ontre cette nation et son régime, tôt ou tard. Il
est
évident que si l’on continue à penser comme on pense aujourd’hui, cel
74
d’hui, cela finira dans l’explosion totale. Et il
est
évident que la grande majorité des hommes se refuse à ces évidences.
75
n nous ressasse à longueur de journée qu’elle « n’
est
pas prête pour un gouvernement mondial ». Est-ce qu’on lui demande si
76
« n’est pas prête pour un gouvernement mondial ».
Est
-ce qu’on lui demande si elle est prête pour la mort ? L’humanité, ce
77
ement mondial ». Est-ce qu’on lui demande si elle
est
prête pour la mort ? L’humanité, ce sont des gens comme vous et moi.
78
e si elle est prête pour la mort ? L’humanité, ce
sont
des gens comme vous et moi. Quand vous me dites qu’elle n’est pas prê
79
comme vous et moi. Quand vous me dites qu’elle n’
est
pas prête pour la paix, cela veut dire que vous d’abord, vous refusez
80
ponsable. Tout tient à chacun de nous. Et nous en
sommes
au point où il devient difficile de le cacher. Nos alibis ne trompent
81
m’y tiendrais-je pas, quand je sais que l’enjeu n’
est
point de ceux que la défaite, mais la désertion seule puisse me faire
82
nous fassions sauter la Terre, elle sautera et ce
sera
très bien. Au-delà de ce « clin d’œil », Il nous attend. b. Rouge
83
j’ai tout lieu de croire qu’il existe à New York.
Serait
-ce cette église du Centre Absolu, dont je vois annoncée la « causerie
84
. Séparations et réunions Les États-Unis ont
été
fondés par des groupes successifs de colons, la plupart exilés pour c
85
exilés pour cause de religion. Tous ces pionniers
étaient
d’abord les fanatiques d’une foi, rejetés par l’Europe, et qui venaie
86
es ancêtres hollandais, allemands ou suédois s’il
est
né luthérien ; anglais s’il est presbytérien ; et s’il est catholique
87
s ou suédois s’il est né luthérien ; anglais s’il
est
presbytérien ; et s’il est catholique, italiens, polonais ou irlandai
88
thérien ; anglais s’il est presbytérien ; et s’il
est
catholique, italiens, polonais ou irlandais. À ces différences d’orig
89
olonais ou irlandais. À ces différences d’origine
sont
venues s’ajouter, dès le xviiie siècle des différences de classes :
90
le des différences de classes : l’Église baptiste
est
largement populaire, la méthodiste aussi (elles comptent chacune 9 à
91
se protestante-épiscopale (bien moins nombreuses)
sont
surtout citadines et fashionable. Quant à la fameuse multiplication d
92
s grandes confessions. Ces groupes à leur tour se
sont
morcelés sur leurs ailes gauche et droite, en « libéraux » et « fonda
93
et « fondamentalistes ». Et plus ces groupuscules
étaient
restreints, plus la tendance sectaire s’y faisait virulente, entraîna
94
udre les sectesd purement locales, le processus s’
est
renversé. Les groupuscules ont rejoint les groupes, qui se sont fédér
95
Les groupuscules ont rejoint les groupes, qui se
sont
fédérés ou qui ont fusionné. Les confessions ou « dénominations » tra
96
nfessions ou « dénominations » traditionnelles se
sont
reconstituées en une dizaine de corps qui représentent la grande majo
97
s années, un projet d’union organique. Quelle que
soit
par ailleurs l’évolution interne de cette « poussière de sectes », co
98
ces églises, d’ailleurs immenses pour la plupart,
sont
vénérées et fréquentées par la moitié des habitants de ces gratte-cie
99
leurs aucun inconvénient à ce qu’un lieu de culte
soit
moins haut qu’un building, comme une hostie est moins grosse qu’un pa
100
soit moins haut qu’un building, comme une hostie
est
moins grosse qu’un pain ; ils ne sont pas si enfantins que leurs crit
101
e une hostie est moins grosse qu’un pain ; ils ne
sont
pas si enfantins que leurs critiques. On ne m’avait pas dit non plus
102
hœur immense et froid, en mosaïque. Christ Church
est
méthodiste. Colonne de marbre noir, mais un autel et des retables en
103
ux livides et plus sulpiciens que nature. L’autel
est
dominé par des boiseries sombres, ornées de branches de sapin de Noël
104
iscrètement archéologiques. Le peuple américain —
est
-il puéril ou sain ? — adore plus que tout autre les costumes, et la b
105
el, vous vous croirez chez les romains, mais vous
serez
chez les anglicans si l’officiant est en surplis, ou chez les luthéri
106
mais vous serez chez les anglicans si l’officiant
est
en surplis, ou chez les luthériens, s’il est en robe noire. Chez les
107
iant est en surplis, ou chez les luthériens, s’il
est
en robe noire. Chez les presbytériens, on distribue la crème sur des
108
e civique et privée sans lesquels nulle société n’
est
possible. Il ne s’agissait pas de « moralisme » (les ismes n’apparais
109
urs y tenaient une fonction directrice. Elle leur
est
disputée de nos jours par la science vulgarisée, les commentateurs de
110
Mais ils en ont gardé le pli : leur christianisme
est
avant tout une force sociale, un moyen d’assurer une vie décente et d
111
préparait à la mort plus qu’à la vie. La paroisse
était
la commune. Aujourd’hui, le plus petit village compte deux ou trois é
112
ux ou trois églises différentes, et les paroisses
sont
devenues des clubs. Elles offrent à leurs membres des relations socia
113
à leur fameuse efficiency. Sa fonction principale
sera
donc de parler, et ce n’est pas le dimanche qu’il parlera le plus, ca
114
fonction principale sera donc de parler, et ce n’
est
pas le dimanche qu’il parlera le plus, car son sermon ne dépasse pas
115
nnues par l’Église possède une valeur religieuse,
est
la religion même à leurs yeux. Ce qui implique que le christianisme e
116
leurs yeux. Ce qui implique que le christianisme
est
la meilleure manière de vivre, un idéal qu’il faut mettre en pratique
117
que pour jouir du paradis terrestre que pourrait
être
l’Amérique, si seulement tous ses habitants se décidaient à mener une
118
souvent, avec une visible ferveur. Et la musique
est
belle, et les voix justes et l’ordonnance du culte sans défaut. Au su
119
l’ordonnance du culte sans défaut. Au surplus, ce
sont
de braves gens, plus généreux que les Européens, plus indulgents dans
120
s-je. Les choristes de Christ Church (méthodiste)
sont
vêtus de robes et de barrettes de velours rouge, et siègent en demi-c
121
religieux » des correspondances et des signes. Qu’
est
-ce que le péché, pour eux ? L’inefficacité et l’inadaptation sociale,
122
iale, résultats d’une mauvaise hygiène morale. Qu’
est
-ce que la grâce ? Un optimisme fondamental. La transcendance ? Un ter
123
ents élevés parviendraient à éliminer. Personne n’
est
juge même d’une seule âme, même de la sienne. Et je viens de parler e
124
s du « chrétien moyen », quand tout chrétien réel
est
par définition une personne unique, un être exceptionnel. On ne saura
125
n réel est par définition une personne unique, un
être
exceptionnel. On ne saurait aller beaucoup plus loin. Mais sans préte
126
rêcher le pur message de la foi mais alors elle n’
est
plus dans le monde, qui s’organise sans elle et ne l’entend plus. Ou
127
kegaard répondrait que les masses comme telles ne
seront
jamais chrétiennes, et que la grâce prend les hommes un à un, comme d
128
ste plus qu’à noter que Kierkegaard, précisément,
est
entièrement traduit en Amérique, et que j’ai trouvé partout des étudi
129
Roger Breuil qui vient de mourir
était
un grand romancier protestant (13 mars 1948)f Il était venu passer
130
grand romancier protestant (13 mars 1948)f Il
était
venu passer une soirée chez moi, il y a quelques semaines, car nous a
131
ne pièce que nous comptions écrire ensemble. Nous
étions
amis depuis dix-sept ans, et sans question, pour le reste de notre vi
132
et sans question, pour le reste de notre vie. Il
est
difficile de comprendre que c’est fini. Je retrouve sa dernière lettr
133
e notre projet, et je n’ai pas encore répondu. Il
est
difficile de comprendre que ce qui était tourné vers l’avenir est dev
134
épondu. Il est difficile de comprendre que ce qui
était
tourné vers l’avenir est devenu tout d’un coup du passé, est fini. Qu
135
comprendre que ce qui était tourné vers l’avenir
est
devenu tout d’un coup du passé, est fini. Que veut-il signifier, par
136
vers l’avenir est devenu tout d’un coup du passé,
est
fini. Que veut-il signifier, par ce retrait soudain ? Mais non, il ne
137
n, il a subi. Sachant que seule cette autre chose
est
vraie, à travers nous et malgré nous, cette autre chose contre laquel
138
81). Je pense que vous ne l’oublierez plus. Et ce
sera
l’hommage le plus vrai. Subitement je comprends que Roger Breuil n’a
139
de s’abstenir d’y répondre parce que la réponse n’
est
pas la nôtre ; cet effacement de l’individu, avouant (non sans humour
140
r naturelle ou discrétion spirituelle. Le Message
est
ailleurs, et autrement troublant, autrement consolant que tout ce qu’
141
vérité. De tous les romanciers contemporains, il
est
celui dont l’œuvre est le plus solidement fondée dans la plus sûre th
142
manciers contemporains, il est celui dont l’œuvre
est
le plus solidement fondée dans la plus sûre théologie : c’est pourquo
143
l laisse agir en nous l’obscure question dont ils
étaient
les porteurs ou la proie ; et ce respect des âmes donne à chacun de s
144
lgique, et finalement heureuse, comme exaucée… Il
était
le meilleur écrivain protestant de nos contemporains (bien que son œu
145
otestant de nos contemporains (bien que son œuvre
soit
indemne de toute référence insistante à la foi qui l’inspire, et de t
146
foi qui l’inspire, et de tout langage pieux). Il
est
entré dans les grandes marges de cette vie, et son dernier retrait, l
147
mont Denis de, « Roger Breuil qui vient de mourir
était
un grand romancier protestant », Réforme, Paris, 13 mars 1948, p. 7.
148
La faiblesse générale des utopies, c’est qu’elles
sont
en réalité moins riches d’avenir que le présent. Je dirais même, sans
149
Toynbee, fait observer que les utopies classiques
sont
, en réalité, et je le cite : « des programmes d’action déguisés en de
150
imaginaires ». Mais l’action qu’elles proposent n’
est
rien d’autre que l’arrêt artificiel, à un certain niveau, d’une socié
151
ère comme bons, et l’on en compose un système qui
serait
en équilibre permanent, à l’abri des menaces grossières comme des cré
152
e l’Histoire. Dans ce sens, « défendre l’Europe »
est
aujourd’hui une utopie. Telle qu’elle est, pessimiste et divisée, enc
153
urope » est aujourd’hui une utopie. Telle qu’elle
est
, pessimiste et divisée, encombrée de frontières qui l’empêchent de re
154
enacée à chaque instant d’une sorte d’hémiplégie,
soit
que la gauche réussisse à paralyser la droite ou l’inverse, l’Europe
155
isse à paralyser la droite ou l’inverse, l’Europe
est
pratiquement indéfendable. Je m’explique : Tenter d’unir en une allia
156
alliance défensive nos États-nations tels qu’ils
sont
, tenter de coaliser leurs souverainetés pour lutter contre les empire
157
souverainetés pour lutter contre les empires, ce
serait
vouloir coaliser précisément les facteurs principaux de notre décaden
158
ransformer l’Europe conformément à son génie, qui
est
celui de la liberté, et dans les conditions du xxe siècle, qui sont
159
berté, et dans les conditions du xxe siècle, qui
sont
celles de l’organisation ; rappeler à cette Europe qui se sent diminu
160
d témoin — c’est la tâche dans laquelle nous nous
sommes
engagés, c’est l’aventure du xxe siècle, et c’est la vocation de cet
161
, et dans la presse. Certains pensent que l’union
est
en bonne voie, et que notre agitation fédéraliste est par conséquent
162
en bonne voie, et que notre agitation fédéraliste
est
par conséquent superflue. Je persiste à penser, pour ma part, que les
163
de décrire, et que le sort de l’aventure réelle n’
est
pas ailleurs que dans nos mains : nous, l’opinion, les citoyens de l’
164
us, l’opinion, les citoyens de l’Europe, ceux qui
sont
décidés à fournir l’effort d’invention à la hauteur du siècle. Je dis
165
nts ont un penchant marqué à persévérer dans leur
être
, et même à lui survivre aussi longtemps que possible avec l’appui de
166
emps que possible avec l’appui de la police. Or l’
être
des gouvernements, dans le monde actuel, c’est la souveraineté absolu
167
uveraineté absolue. Tous les États-nations qui se
sont
arrogé ces droits absolus sans devoirs, ont un penchant irrésistible
168
hant irrésistible à devenir totalitaires. Et ce n’
est
point que leurs hommes d’État soient particulièrement bêtes ou méchan
169
taires. Et ce n’est point que leurs hommes d’État
soient
particulièrement bêtes ou méchants, mais leur fonction leur interdit
170
s rivalités de partis, ils courraient le risque d’
être
accusés de trahison s’ils transigeaient un seul instant avec le dogme
171
e la plupart d’entre eux désirent, ne peuvent pas
être
leur affaire, pour des raisons absurdes, mais techniques. Il faut don
172
. Il faut donc les pousser dans le dos, voilà qui
est
clair. Quelques mois plus tard, parlant au nom des gouvernants, et d
173
ns un discours fameux : « Bousculez-nous ! » Nous
sommes
d’accord. La parole est maintenant aux peuples, à l’opinion qui se ré
174
ousculez-nous ! » Nous sommes d’accord. La parole
est
maintenant aux peuples, à l’opinion qui se réveille, aux citoyens du
175
r ces libertés organisées, certaines institutions
seront
nécessaires. Nous voulons au-dessus des États, de toute urgence, un C
176
olitique de l’Europe. Nous voulons que ce Conseil
soit
contrôlé par un Parlement de l’Europe. Nous voulons qu’un Conseil éco
177
ats, nous voulons instituer une Cour suprême, qui
soit
la gardienne de la Charte des droits et des devoirs de la personne, e
178
es citoyens, les groupes, et les minorités. Ainsi
sera
garanti le droit d’opposition, faute duquel il est dérisoire de parle
179
ra garanti le droit d’opposition, faute duquel il
est
dérisoire de parler de démocratie. Finalement nous voulons l’Europe,
180
monde glisse à la guerre, et que l’alternative n’
est
plus, pour nous, que d’empêcher cette guerre ou de périr en elle. Sép
181
nos pays n’empêchera rien. Séparés, isolés, nous
serons
colonisés l’un après l’autre en toute souveraineté nationale, et vous
182
l’on pourra parler. Chance de l’homme Telle
est
la vision directrice de l’aventure que nous courons. Et il est clair
183
directrice de l’aventure que nous courons. Et il
est
clair que son enjeu n’est pas d’abord notre sécurité, n’est pas d’abo
184
que nous courons. Et il est clair que son enjeu n’
est
pas d’abord notre sécurité, n’est pas d’abord notre prospérité, bien
185
que son enjeu n’est pas d’abord notre sécurité, n’
est
pas d’abord notre prospérité, bien que l’une et l’autre en dépendent,
186
ien que l’une et l’autre en dépendent, mais qu’il
est
avant tout l’enjeu de la personne, la chance de l’homme au xxe siècl
187
ême, c’est-à-dire à une institution dont la fin n’
est
pas la puissance, ni le maintien par la police d’une certaine idéolog
188
plus tard sur des terres vierges, où leurs excès
sont
manifestes et menaçants, car leur conflit se déclare sans issue, l’Eu
189
ération européenne. Il se passe quelque chose à l’
Est
. Il est temps qu’il se passe quelque chose en Europe ! Il est temps d
190
européenne. Il se passe quelque chose à l’Est. Il
est
temps qu’il se passe quelque chose en Europe ! Il est temps de réveil
191
temps qu’il se passe quelque chose en Europe ! Il
est
temps de réveiller l’espoir d’une moitié séparée du continent. Il est
192
er l’espoir d’une moitié séparée du continent. Il
est
temps de donner aussi à nos amis américains la certitude que nous ne
193
si à nos amis américains la certitude que nous ne
sommes
pas ce qu’ils ont parfois presque raison de croire que nous sommes :
194
ils ont parfois presque raison de croire que nous
sommes
: des démissionnaires de l’Histoire. La véritable troisième force, au
195
véritable troisième force, au plan mondial, ce n’
est
pas je ne sais quel groupement de double négation et de demi-mesures,
196
t le fédéralisme qui veut que la Terre promise ne
soit
pour nous ni l’Amérique ni la Russie, mais cette vieille terre à raje
197
«
Êtes
-vous partisan du rapprochement franco-allemand ? » (29 janvier 1949)h
198
janvier 1949)h i L’ère des « rapprochements »
est
dépassée. Il s’agit pour nous, Européens, de construire ensemble une
199
s de solution franco-allemande. La seule solution
est
l’Europe. Une exploitation fédérale des houillères (continentales et
200
r. De même, une organisation fédérale de l’Europe
est
seule capable de répondre à la fois au désir d’unité des Allemands, a
201
dération. C’est oublier que la situation présente
est
impossible. La solution fédéraliste a l’avantage d’être au moins conc
202
mpossible. La solution fédéraliste a l’avantage d’
être
au moins concevable, et il est impossible qu’elle soit pire que ce qu
203
te a l’avantage d’être au moins concevable, et il
est
impossible qu’elle soit pire que ce qui est. Le seul obstacle sérieux
204
au moins concevable, et il est impossible qu’elle
soit
pire que ce qui est. Le seul obstacle sérieux réside dans l’inconscie
205
et il est impossible qu’elle soit pire que ce qui
est
. Le seul obstacle sérieux réside dans l’inconscience, où beaucoup viv
206
h. Rougemont Denis de, « [Réponse à une enquête]
Êtes
-vous partisan du rapprochement franco-allemand ? », Réforme, Paris, 2
207
du xxe siècle (14 juin 1952)j k Il ne saurait
être
question de tirer de nos débats et de nos conférences des conclusions
208
elles, faisant le point d’une évolution dont nous
sommes
à la fois les sujets et les objets. Mais je voudrais relever ici un c
209
ébats. Les sujets que nous avons discutés, que ce
soit
l’écrivain dans la cité, l’isolement de l’artiste au temps des « mass
210
r thème, sur ce thème capital de la communion. Il
est
trop clair qu’aucun de nous ne se risquerait à vous en donner la rece
211
ur d’un peuple, que vaut sa communion, quand elle
est
établie par la police au prix d’un homme sur dix dans les camps sibér
212
s les yeux, quand ils savent que deux d’entre eux
sont
probablement des mouchards — et que le dixième homme est dans un camp
213
bablement des mouchards — et que le dixième homme
est
dans un camp ? Pitié pour eux, car ils ignorent sans doute l’étendue
214
t la vraie visée de la tyrannie dans laquelle ils
sont
nés. Mais nous… Nous qui avons parmi nous des témoins, des victimes t
215
it de nous informer, de dire et de crier, nous ne
sommes
plus pardonnables de nous taire ! Alors que faire ? Tout d’abord prot
216
lices. Elle a protesté au double sens du mot, qui
est
à la fois refus et témoignage. Notre concert inaugural, dans une égli
217
ignage. Notre concert inaugural, dans une église,
était
dédié à la mémoire des victimes de toutes les tyrannies du xxe siècl
218
ne se trouvera pas un seul d’entre tous ceux qui
sont
ici présents, poètes, romanciers, critiques et philosophes qui ont pr
219
ande que formulait Wystan Auden : « La propagande
est
l’emploi de la magie par ceux qui n’y croient plus contre ceux qui y
220
’en parler — parce que, disons-le franchement, il
est
gênant de parler de cela quand on y croit, dans un tel lieu, et sous
221
ansition, en visant le cœur du problème. Que nous
soyons
chrétiens ou non, ici nous sommes tous tenus de constater le fait his
222
blème. Que nous soyons chrétiens ou non, ici nous
sommes
tous tenus de constater le fait historique que voici : c’est que la p
223
bre dans les modes d’adhésion qu’elle implique, s’
est
faite autour non pas d’une idée, d’une doctrine, d’un système de vale
224
ividuel — autour d’un seul, autour d’un homme qui
est
mort dans l’isolement total, dans la révolte la plus intransigeante c
225
e mal et l’injustice, abandonné des hommes, et ce
serait
peu, abandonné de Dieu lui-même, il l’a crié. N’oublions pas que là,
226
. Et là-dessus, pour terminer, une citation. Elle
est
d’un Espagnol, et frappe une de ces notes d’éloquence à la fois sèche
227
Réforme, Paris, 14 juin 1952, p. 7. k. Ce texte
est
précédé du chapeau suivant : « Nous avons rendu compte ici des manife
228
des manifestations de L’Œuvre du xxe siècle qui
sont
maintenant terminées. Nous n’avons rien dit des débats d’écrivains, c
229
après les avoir entendus, il nous a semblé qu’ils
étaient
dirigés plus par la crainte du communisme que par le souci de la libe
230
saient à côté des questions essentielles qui leur
étaient
proposées. Il reste que ces conversations, faites en réalité de monol
231
nologues successifs, ont fait sentir à quel point
est
posé le problème de la communication entre le Créateur et la société.
232
ciété. Problème de communion. C’est à celui-ci qu’
est
consacré le texte de Denis de Rougemont que nous publions ci-après, q
233
ngue française comme moyen d’expression. Gênantes
sont
les données que l’on ne peut assumer, et celles-là seules. Il est vr
234
ue l’on ne peut assumer, et celles-là seules. Il
est
vrai, par ailleurs, que rien ne facilite une « carrière littéraire »
235
protestant qui se veut tel et qui, au surplus, n’
est
pas Français (Rousseau et Benjamin Constant vécurent avant le nationa
236
d’Amérique après la guerre, j’avais compris qu’il
était
indispensable d’unir les Européens. Non seulement nous-mêmes mais les
237
résentait notre vieux continent. En août 1947, on
est
venu me demander de parler à un congrès de fédéralistes européens, à
238
treux, où j’ai prononcé un discours inaugural : j’
étais
engagé. Puis j’ai accepté de m’occuper de la partie culturelle du Mou
239
en. À partir du congrès de La Haye en 1948, je me
suis
beaucoup penché sur ce problème de l’union des Européens sur la base
240
et union. L’unité existe ou n’existe pas. L’union
est
ce que l’on peut bâtir. Non pas une uniformité mais un certain mode d
241
Cette base commune de culture et de civilisation
est
la condition sine qua non d’une union économique et politique. J’ai d
242
Le Centre d’études et de recherches nucléairesp a
été
la réalisation de cette première initiative de notre centre. Nous avo
243
coordonné les Instituts d’études européennes qui
étaient
en train de se constituer dans différentes universités. Nous avons pr
244
une politique des régions. Par exemple, l’Italie
est
déjà divisée en dix régions par sa Constitution ; l’Allemagne en onze
245
dessine en France un grand mouvement qui vient d’
être
appuyé par de Gaulle pour diviser le pays en un certain nombre de rég
246
plus Paris. Notre idée de fédéralistes européens
est
que ces régions définies surtout par l’économie, se définissent auss
247
nion. Si l’union de l’Europe ne se fait pas, nous
serons
colonisés par le dollar et peut-être par une certaine idéologie marxi
248
ar une certaine idéologie marxiste — quoique cela
soit
moins sûr. Mais le fait de ne plus être maîtres de notre destinée éco
249
ique cela soit moins sûr. Mais le fait de ne plus
être
maîtres de notre destinée économique entraînerait une quantité de con
250
sujet une importante littérature en France — qui
est
le pays le plus concerné par la centralisation, grand nombre de jeune
251
e de jeunes sociologues et économistes français s’
étant
penchés sur ce problème. L’union mondiale ne sera concevable que s’il
252
tant penchés sur ce problème. L’union mondiale ne
sera
concevable que s’il existe une solide fédération européenne. Ce sera
253
s’il existe une solide fédération européenne. Ce
sera
le point d’accrochage d’une organisation mondiale. Sans doute d’ici d
254
tion mondiale. Sans doute d’ici dix ou quinze ans
serons
-nous parvenus à créer des régions sur une base économique, historique
255
thnique — tout cela mêlé à doses variables —, qui
seront
de plus en plus les vrais centres de la production et de la vie intel
256
lèmes européens c’est que l’unité du genre humain
est
une invention des Européens. C’est l’Europe chrétienne qui a imaginé
257
ation de races. Les problèmes les plus importants
sont
, à la racine, d’ordre philosophique ou religieux. Il s’agit de transp
258
é par Anouchka von Heuer et Christian Roux-Pétel,
est
précédé du chapeau suivant : « Les États-nations ne cessent aujourd’h
259
‟thème imposé”. » p. L’acronyme du Cern, dont il
est
question ici, renvoie à l’organe provisoire institué en 1952 sous le
260
minutes de parole ne valent pas le voyage, je ne
suis
pas technicien, et surtout « je suis contre »… — « Qu’à cela ne tienn
261
oyage, je ne suis pas technicien, et surtout « je
suis
contre »… — « Qu’à cela ne tienne, me dit-on, vous parlerez en duplex
262
’agit d’un débat, vous pourrez y aller librement.
Soyez
aussi violent qu’il vous plaira. » Le lendemain soir, dès les premièr
263
n soir, dès les premières minutes, je vois que je
suis
tombé dans un traquenard. Sentimentaux ou technocrates, ils sont tous
264
un traquenard. Sentimentaux ou technocrates, ils
sont
tous en train de célébrer leur culte des « Ailes françaises ». Qu’ai-
265
phrase — mais c’est assez pour qu’on sente que je
suis
contre — que le meneur de jeu m’interrompt nerveusement pour m’averti
266
rrage serré que l’on m’opposait. 1. Le philosophe
étant
celui qui pose des questions simples et naïves, je demande : « Concor
267
imples et naïves, je demande : « Concorde, à quoi
est
-ce que ça sert ? ». On m’assure que cet appareil ira de Paris à New Y
268
peut dire, que feront-ils de ces heures gagnées ?
Est
-ce qu’elles vaudront les seize milliards déjà dépensés par l’État, do
269
donc par les contribuables français et anglais ?
Est
-ce qu’elles justifieront le risque planétaire que des savants redoute
270
drais pas… 2. Si les clients prévus, dont l’heure
est
si précieuse, sont à tel point suroccupés, on leur rendrait meilleur
271
es clients prévus, dont l’heure est si précieuse,
sont
à tel point suroccupés, on leur rendrait meilleur service en leur fai
272
échir, ou de lire mes livres par exemple. Et s’il
était
vraiment indispensable de « gagner » trois heures sur ce trajet, en v
273
rurgiens, des assureurs, etc.). Les Américains se
sont
posé la question à propos du Vietnam : pouvons-nous arrêter la guerre
274
milliers d’ouvriers ? Je pense que si la Société
est
ainsi faite que la seule alternative qu’elle offre au gaspillage indu
275
mosphère, voire à la guerre, c’est le chômage, il
est
temps de changer de cap, de se fixer d’autres buts, et d’inventer d’a
276
s « retombées technologiques » (Concorde lui-même
étant
une retombée des V2 à travers les fusées américaines) ; cela signifie
277
nos têtes. 5. Indépendamment de ces arguments, je
suis
contre Concorde pour deux raisons fondamentales. a) Tout comme les ce
278
a) Tout comme les centrales nucléaires. Concorde
est
le symbole ou simplement l’enseigne d’un modèle de société que je réc
279
iberté et de responsabilité de la personne. b) Je
suis
convaincu que les promoteurs de Concorde sont animés par un certain i
280
Je suis convaincu que les promoteurs de Concorde
sont
animés par un certain idéal : c’est celui du Progrès selon le xixe s
281
’éclairage à la bougie »). Ou au contraire ; elle
serait
une « névrose d’Apocalypse ». On dit aussi des écologistes adversaire
282
s écologistes adversaires du nucléaire qu’ils ont
été
« traumatisés par Hiroshima » (les partisans du nucléaire, eux, n’ont
283
ent des institutions existantes ». Ces mouvements
seraient
« soutenus » (entendez : payés) affirme-t-on à l’EDF, par les « banqu
284
kharov dit au contraire, selon Le Monde , qu’ils
sont
payés par le gouvernement russe. En ce point, l’on s’aperçoit que l’é
285
se. En ce point, l’on s’aperçoit que l’écologie n’
est
pas jugée sur son mérite, mais sur les visées politiques qu’elle est
286
on mérite, mais sur les visées politiques qu’elle
est
censée traduire tout en les dissimulant. 2. Alignements : un mouve
287
s centrales nucléaires : celles-ci, bien entendu,
sont
« nécessaires » ; elles sont « sûres », elles sont « propres ». Les e
288
es-ci, bien entendu, sont « nécessaires » ; elles
sont
« sûres », elles sont « propres ». Les enseignants ont à présenter ce
289
ont « nécessaires » ; elles sont « sûres », elles
sont
« propres ». Les enseignants ont à présenter ces brochures. Mais si l
290
tion le rappellerait aussitôt à l’ordre, car « il
est
interdit de faire de la politique à l’école ». D’où cette nouvelle dé
291
tte nouvelle définition de la politique : si l’on
est
pour le nucléaire, on fait de l’information ; si l’on est contre, on
292
le nucléaire, on fait de l’information ; si l’on
est
contre, on fait de la politique. En fait, écologie est un terme créé
293
ontre, on fait de la politique. En fait, écologie
est
un terme créé par le biologiste Ernst Haeckel en 1882, au moment où s
294
ans l’aide desquelles la guerre de 1914 n’eût pas
été
concevable. Développements presque aussitôt suivis par l’agression eu
295
naperçu, d’écologie, désignant les « rapports des
êtres
vivants avec leur milieu naturel. » « Écologie » va reparaître après
296
c. Aux yeux des politiciens de droite, l’écologie
est
un complot contre « la société existante » ; aux yeux des politiciens
297
s politiciens de gauche, sa fin principale paraît
être
« d’enlever des voix au parti socialiste » ou de défendre les privilè
298
emble, nous voyons que tout simplement l’écologie
est
une réaction de défense (peut-être de rejet) face à la civilisation i
299
ience, considérons ici le souci écologique, qui s’
est
manifesté avec force au lendemain d’Hiroshima et s’est constitué en m
300
anifesté avec force au lendemain d’Hiroshima et s’
est
constitué en mouvement de plus en plus nettement politique après la c
301
éconisée dès lors par plusieurs gouvernements. Il
est
normal que ce souci se soit manifesté d’abord en Europe, première par
302
eurs gouvernements. Il est normal que ce souci se
soit
manifesté d’abord en Europe, première partie du monde à s’être dévelo
303
é d’abord en Europe, première partie du monde à s’
être
développée industriellement, donc à avoir subi l’agression mécanique.
304
on mécanique. On nous dit : « Le souci écologique
est
un souci de riches ! » Non. C’est le souci des premiers atteints par
305
turels et les communautés humaines. L’agression s’
est
produite d’abord en Europe, au xixe siècle puis aux États-Unis. Elle
306
dire peut-être, en simplifiant beaucoup, que nous
sommes
ici en présence d’une révolte de l’écologie contre l’économie, ou de
307
gouvernements de nos États nationaux — si lié que
soit
leur sort à celui de la croissance industrielle — se sont vus contrai
308
r sort à celui de la croissance industrielle — se
sont
vus contraints de créer des ministères de l’Environnement (signes des
309
mèdes efficaces, les titulaires de ces ministères
sont
les premiers à le reconnaître). Si la croissance de la civilisation i
310
la puissance, c’est-à-dire finalement la guerre,
est
au principe de leurs développements concomitants, et demeure leur « h
311
riel, du « développement ». De même l’État-nation
est
né de la volonté d’uniformiser les humains, d’écraser leurs différenc
312
n de stimuler et de convaincre). L’école primaire
est
l’instrument par excellence de l’État-nation centralisé. Pour l’école
313
lisé. Pour l’école primaire, l’esprit de l’enfant
est
une tabula rasa ou maison vide qu’il s’agit de « meubler » de certitu
314
s mesures d’écologie concrètes peuvent et doivent
être
élaborées et appliquées : rivières, lacs, chutes d’eau, forêts, agric
315
ntraîne des exigences régionales. Mais l’obstacle
est
le même dans les deux cas : l’État-nation. Exemple : quand la CEE pro
316
que pays pollue souverainement et s’assure que ce
sera
toujours moins que les trois autres additionnés… Même jeu quand il s’
317
iècle par les personnalistes à l’État-nation : il
est
à la fois trop petit (à l’échelle mondiale) et trop grand (à l’échell
318
nimateur, d’arbitre, de protecteur. L’État-nation
est
donc l’obstacle commun aux solutions écologiques et régionales. D’où
319
osse, Flandres, Alsace, Corse, Sud Tyrol, etc. Ce
sont
les plus évidentes, les plus pittoresques, les plus explosives, celle
320
guère concentrés dans la seule capitale nationale
est
des plus simples : il consiste à situer les pouvoirs de décision au n
321
ulait naguère à propos des États-Unis, mais qu’il
est
facile de transposer en termes européens : Ne confiez jamais à une p
322
onfiez jamais à une plus grande unité ce qui peut
être
fait par une plus petite. Ce que la famille peut faire, la municipali
323
tonomie, à reprendre en main leurs destins.2 » Il
est
faux que le plus grand soit le plus efficace. E. F. Schumacher a démo
324
n leurs destins.2 » Il est faux que le plus grand
soit
le plus efficace. E. F. Schumacher a démontré le contraire d’une mani
325
la première élection du Parlement européen. S’il
est
vrai que la cause européenne, qui semblait endormie, ou qu’on croyait
326
qui semblait endormie, ou qu’on croyait perdue, s’
est
réveillée par l’intervention imprévue des régionalistes et des écolog
327
vue des régionalistes et des écologistes ; — S’il
est
vrai que ni la région ne se fera sans l’Europe fédérée, ni celle-ci s
328
, ni celle-ci sans des régions à sa base ; — S’il
est
vrai enfin que les problèmes écologiques ne peuvent être résolus qu’à
329
ai enfin que les problèmes écologiques ne peuvent
être
résolus qu’à l’échelle régionale ou continentale, non pas à l’échelle
330
ême combat, mais bien même avenir. Un combat peut
être
perdu et c’est fini. Un avenir adviendra certainement. Ce qu’il m’imp
331
iser seule ; c’est que l’avenir de chacune d’elle
est
celui des deux autres, et qu’en cette trinité réside l’espoir des Eur
332
Shah avec l’aide des États-Unis et de l’Europe ne
serait
-elle pas un premier phénomène de rejet de la technologie rationaliste
333
es animaux ne parlent pas, et c’est pourquoi nous
sommes
ici. Les animaux ne parlent pas comme nous parlons — avec des mots. M
334
souvent nommées des « bêtes brutes », quand elles
étaient
rendues telles, à vrai dire, par la bêtise et la brutalité des hommes
335
u nos langages d’hommes. Les merveilleux dauphins
sont
les vedettes de cette campagne d’alphabétisation, — mais attention !
336
s pouvons leur apprendre n’expriment rien de leur
être
et de leurs émotions : ce sont des ordres que nous leur donnons, et l
337
iment rien de leur être et de leurs émotions : ce
sont
des ordres que nous leur donnons, et leurs réponses disent « À vos or
338
Le fait bien établi que les animaux plus que nous
soient
susceptibles de mourir d’émotion tend à prouver qu’ils sont plus capa
339
ptibles de mourir d’émotion tend à prouver qu’ils
sont
plus capables que nous d’une certaine civilisation : celle du cœur, n
340
ès profonde, qui unisse l’homme et l’animal, elle
est
d’ordre émotif, affectif. Elle se passe dans le regard, qui attend to
341
que savons-nous de ce qu’ils savent ? Que l’homme
soit
responsable de la Nature vivante, et de sa corruption ou de sa survie
342
bilité de l’homme devant la Nature et les bêtes n’
est
pas seulement métaphorique et poétique : elle est tout à la fois maté
343
est pas seulement métaphorique et poétique : elle
est
tout à la fois matérielle et morale, tout à la fois scientifique et r
344
Livre, la juive, la chrétienne et l’islamique, a
été
donnée par saint Paul, au chapitre VIII de l’Épître aux Romains (que
345
la révélation des fils de Dieu. Car la création a
été
soumise à la corruption non de son gré, mais à cause de celui qui l’y
346
ui l’y a soumise — avec l’espérance qu’elle aussi
sera
affranchie de la servitude de la corruption, pour avoir part à la lib
347
uffre dans les douleurs de l’enfantement. Et ce n’
est
pas elle seulement, mais nous aussi, qui avons les prémices de l’Espr
348
n de notre corps. Car c’est en espérance que nous
sommes
sauvés. Mais « notre corps » : c’est l’animal en nous ! Ainsi la tra
349
a Nature vivante et au Cosmos, où le règne animal
est
le plus proche de l’homme. Les religions de l’Asie approchent ce même
350
formes. Ici encore, nous le voyons bien : nous ne
serons
sauvés que tous ensemble, solidaires dans la même espérance, dont il
351
de divers mouvements de protection des animaux se
sont
réunis en assemblée générale de l’association : United Animal Nations
352
r ses propositions, plusieurs des participants se
sont
engagés à représenter chacun une « nation » — c’est-à-dire une espèce