1 1976, Réforme, articles (1946–1980). À propos de Concorde (21 février 1976)
1 À propos de Concorde (21 février 1976)r Invité au matin du 13 janvier, par téléphone, à
2 u soir à une émission de plus de trois heures sur Concorde , j’ai commencé par refuser : dix minutes de parole ne valent pas le v
3 ertir que je sors du sujet. (Je parle pourtant de Concorde . Mais le sujet, c’est sa louange.) En dépit d’un feu roulant d’interr
4 e des questions simples et naïves, je demande : «  Concorde , à quoi est-ce que ça sert ? ». On m’assure que cet appareil ira de P
5 raviolets ? Votre pari — dis-je aux promoteurs de Concorde alignés devant moi, et consternés — c’est le contraire du pari de Pas
6 métro. 3. On me dit qu’arrêter la fabrication de Concorde mettrait au chômage 40 000 ouvriers. Argument proprement scandaleux !
7 e —, on invoque les « retombées technologiques » ( Concorde lui-même étant une retombée des V2 à travers les fusées américaines) 
8 s américaines) ; cela signifie qu’en construisant Concorde , on aurait découvert des procédés qui permettront de construire d’aut
9 . Indépendamment de ces arguments, je suis contre Concorde pour deux raisons fondamentales. a) Tout comme les centrales nucléair
10 mentales. a) Tout comme les centrales nucléaires. Concorde est le symbole ou simplement l’enseigne d’un modèle de société que je
11 icier, au nom de quoi tout s’ordonne à la guerre. Concorde résume un ensemble de calculs et de rêves, de principes et d’ambition
12 sonne. b) Je suis convaincu que les promoteurs de Concorde sont animés par un certain idéal : c’est celui du Progrès selon le xi
13 valoir des fortunes, c’est le contraire de ce que Concorde symbolise. Le luxe suprême de demain, je l’ai défini au lendemain d’H
14 silence. r. Rougemont Denis de, « À propos de Concorde  », Réforme, Paris, 21 février 1976, p. 16.