1
À hauteur
d’
homme (1er juin 1946)a La Politique pratique d’un idéal Qu’est
2
homme (1er juin 1946)a La Politique pratique
d’
un idéal Qu’est-ce que la politique ? L’art d’aménager une cité pou
3
d’un idéal Qu’est-ce que la politique ? L’art
d’
aménager une cité pour que tout homme y trouve sa chance d’être humain
4
r une cité pour que tout homme y trouve sa chance
d’
être humain. Tel est le principe. Voyons les faits. La politique, en F
5
ss et des grands syndicats : on n’y joue que pour
de
l’argent. Ailleurs, c’est le jeu sans partenaire du parti unique au p
6
à tout coup. Nous voici loin de notre définition
de
la politique considérée comme la pratique d’un idéal. Il faut qu’on s
7
tion de la politique considérée comme la pratique
d’
un idéal. Il faut qu’on sente cette distance. Cette différence de nive
8
faut qu’on sente cette distance. Cette différence
de
niveau. Qu’on la sente jusqu’à l’écœurement, jusqu’au frisson de l’ab
9
n la sente jusqu’à l’écœurement, jusqu’au frisson
de
l’absurdité, jusqu’à la révolte effective. Et qu’alors on fasse tout
10
on fasse tout pour la réduire, en se rapprochant,
d’
un seul et même mouvement, de l’idéal et du pratique, doublement négli
11
, en se rapprochant, d’un seul et même mouvement,
de
l’idéal et du pratique, doublement négligés par les partis. Ce bon se
12
itique suppose, qu’on le veuille ou non, une idée
de
l’homme et de la condition humaine. Mais on dirait que la politique
13
, qu’on le veuille ou non, une idée de l’homme et
de
la condition humaine. Mais on dirait que la politique actuelle l’oub
14
ne se fonde plus, en fait, que sur les conditions
de
la politique en soi, c’est-à-dire sur le jeu de partis qui se voudrai
15
s de la politique en soi, c’est-à-dire sur le jeu
de
partis qui se voudraient chacun aussi grand que le tout, mais sans y
16
is banalités fondamentales, si totalement perdues
de
vue dans la lutte que leur rappel paraîtra subversif. Une politique d
17
f. Une politique digne du nom devrait se composer
de
deux chapitres : un idéal de l’homme d’une part, et des mesures prati
18
devrait se composer de deux chapitres : un idéal
de
l’homme d’une part, et des mesures pratiques d’autre part, ordonnées
19
la politique des partis se tient dans une espèce
de
no man’s land à mi-chemin de l’idéal et du pratique. Quand on lui rap
20
ient dans une espèce de no man’s land à mi-chemin
de
l’idéal et du pratique. Quand on lui rappelle le premier, elle s’en m
21
appelle le premier, elle s’en moque bien et parle
de
réalisme, cependant qu’elle rate le second parce qu’elle se perd dans
22
doctrinales. Elle avait pour mission très simple
de
relier le but et ses moyens. En fait, elle les isole l’un de l’autre.
23
e but et ses moyens. En fait, elle les isole l’un
de
l’autre. (Tel parti réputé libertaire vote des mesures de tyrannie. L
24
re. (Tel parti réputé libertaire vote des mesures
de
tyrannie. La « politique » et ses « nécessités » expliquent seules la
25
ette politique tourne à vide, dans un grand bruit
d’
ismes entrechoqués, et rien n’en sort. Cette machine ne vit plus que p
26
, des promesses en oublis. Je pense aux élections
de
demain et je demande : de quoi s’agit-il ? Va-t-on choisir bien consc
27
Je pense aux élections de demain et je demande :
de
quoi s’agit-il ? Va-t-on choisir bien consciemment entre trois idéaux
28
t-on choisir bien consciemment entre trois idéaux
de
l’homme ? Et votera-t-on pour telle mesure précise jugée conforme à c
29
e mesure précise jugée conforme à ce qu’on attend
de
l’homme ? Point du tout, on votera sur les ismes, dans un état d’espr
30
sur les ismes, dans un état d’esprit assez voisin
de
celui du joueur qui mise sur le noir parce qu’il vient de perdre sur
31
n font pas assez, car le jeu des partis n’est pas
de
la politique. C’est une manière d’esquiver les problèmes en déléguant
32
rtis n’est pas de la politique. C’est une manière
d’
esquiver les problèmes en déléguant le soin de les résoudre à des fact
33
ère d’esquiver les problèmes en déléguant le soin
de
les résoudre à des factions irréductibles dont le souci dominant est
34
factions irréductibles dont le souci dominant est
de
continuer le jeu, sans espoir bien sérieux de gagner la partie, c’est
35
est de continuer le jeu, sans espoir bien sérieux
de
gagner la partie, c’est-à-dire d’arriver à gouverner. Suis-je assez c
36
ir bien sérieux de gagner la partie, c’est-à-dire
d’
arriver à gouverner. Suis-je assez clair ? Ce qui occupe toute la scèn
37
an et qui cache tout le reste, dans les élections
de
demain, ce sont les chances des partis, j’entends des comités de part
38
ont les chances des partis, j’entends des comités
de
partis, et non point des questions pratiques telles que la situation
39
telles que la situation alimentaire ou la manière
de
rendre la justice. Et ce sont des slogans prétendus doctrinaires, mai
40
prétendus doctrinaires, mais non des conceptions
de
l’homme total. Il ne s’agit ni d’idéal ni de pratique, et encore moin
41
des conceptions de l’homme total. Il ne s’agit ni
d’
idéal ni de pratique, et encore moins de les relier. Donc les élection
42
ions de l’homme total. Il ne s’agit ni d’idéal ni
de
pratique, et encore moins de les relier. Donc les élections de demain
43
s’agit ni d’idéal ni de pratique, et encore moins
de
les relier. Donc les élections de demain n’ont guère de portée politi
44
et encore moins de les relier. Donc les élections
de
demain n’ont guère de portée politique, ou n’en ont qu’une très indir
45
relier. Donc les élections de demain n’ont guère
de
portée politique, ou n’en ont qu’une très indirecte, aléatoire et amb
46
cte, aléatoire et ambiguë, si l’on prend le terme
de
politique dans son sens fort et véritable. Le malheur serait que les
47
ayant voté pour un parti, se figurent avoir fait
de
la politique. Car celle-ci ne commencera qu’au lendemain de la procla
48
tique. Car celle-ci ne commencera qu’au lendemain
de
la proclamation des résultats. Votez donc, mais ce geste nécessaire n
49
les partis, une fois que ceux-ci se seront remis
de
leur crise de fièvre électorale. Comment sauver les partis Car
50
ne fois que ceux-ci se seront remis de leur crise
de
fièvre électorale. Comment sauver les partis Car il ne s’agit p
51
Comment sauver les partis Car il ne s’agit pas
de
dissoudre les partis, groupements inévitables d’intérêts de tous ordr
52
de dissoudre les partis, groupements inévitables
d’
intérêts de tous ordres, ou familles de tempéraments ; mais il faut ma
53
re les partis, groupements inévitables d’intérêts
de
tous ordres, ou familles de tempéraments ; mais il faut malgré eux fa
54
névitables d’intérêts de tous ordres, ou familles
de
tempéraments ; mais il faut malgré eux faire de la politique, c’est-à
55
s de tempéraments ; mais il faut malgré eux faire
de
la politique, c’est-à-dire décider ce qu’est l’homme et bâtir une cit
56
sein, rapporter nos jugements à une notion totale
de
l’homme d’une part, et aux demandes pratiques de l’autre, en réduisan
57
de l’homme d’une part, et aux demandes pratiques
de
l’autre, en réduisant tous les intermédiaires et sans tenir compte de
58
rêts électoraux, byzantins, perdus dans le détail
de
polémiques éphémères et d’intrigues puérilement compliquées, ridicule
59
perdus dans le détail de polémiques éphémères et
d’
intrigues puérilement compliquées, ridiculement inefficaces dans l’ens
60
exiger qu’ils déclarent enfin quel est leur idéal
de
l’homme, si c’est le requin, ou le robot, ou la personne ; si c’est l
61
obot, ou la personne ; si c’est l’individu dégagé
de
tous liens, ou le fonctionnaire entièrement engagé dans une machine d
62
fonctionnaire entièrement engagé dans une machine
d’
État qui dicte les pensées. Ou si ce n’est pas plutôt l’homme responsa
63
es. Ou si ce n’est pas plutôt l’homme responsable
d’
une vocation qui le distingue, mais aussi le relie à la communauté, lu
64
à la communauté, lui conférant ainsi les devoirs
de
ses droits. Quand un parti se sera défini de la sorte, les citoyens s
65
oirs de ses droits. Quand un parti se sera défini
de
la sorte, les citoyens seront à même de juger si son action traduit s
66
ra défini de la sorte, les citoyens seront à même
de
juger si son action traduit son idéal, ou si au contraire elle le tra
67
si au contraire elle le trahit. Ils seront à même
d’
exiger de leur parti la démonstration convaincante que les mesures qu’
68
traire elle le trahit. Ils seront à même d’exiger
de
leur parti la démonstration convaincante que les mesures qu’il précon
69
artis redeviendront légitimes quand ils cesseront
de
se prendre ou d’être pris pour fin, et ne s’offriront plus que comme
70
nt légitimes quand ils cesseront de se prendre ou
d’
être pris pour fin, et ne s’offriront plus que comme moyens d’une lutt
71
pour fin, et ne s’offriront plus que comme moyens
d’
une lutte commune contre les vraies difficultés, celles que tout le mo
72
ur commencer Nous défendons ici une conception
de
l’homme qui déborde le cadre des partis, et surtout de la gauche et d
73
homme qui déborde le cadre des partis, et surtout
de
la gauche et de la droite. Nous voulons l’homme à la fois libre et en
74
e le cadre des partis, et surtout de la gauche et
de
la droite. Nous voulons l’homme à la fois libre et engagé, au nom d’u
75
qui a reçu vocation doit obtenir aussi la liberté
de
réaliser sa tâche unique, mais en même temps, et pour la même raison,
76
vis-à-vis de la communauté où l’engage l’exercice
de
sa tâche. Cette conception personnaliste de l’homme commande des atti
77
rcice de sa tâche. Cette conception personnaliste
de
l’homme commande des attitudes précises. Par exemple, elle oblige à c
78
e régime capitaliste libre, frustre le prolétaire
de
sa chance d’homme, et l’empêche de réaliser sa vocation. Elle nous ob
79
taliste libre, frustre le prolétaire de sa chance
d’
homme, et l’empêche de réaliser sa vocation. Elle nous oblige à condam
80
le prolétaire de sa chance d’homme, et l’empêche
de
réaliser sa vocation. Elle nous oblige à condamner aussi dans les rég
81
nier et l’écraser. Enfin elle nous met en mesure
de
refuser les faux dilemmes entretenus par la lutte des partis. Prenez
82
etenus par la lutte des partis. Prenez le dilemme
de
la droite et de la gauche : concurrence libre ou étatisation. Nous di
83
tte des partis. Prenez le dilemme de la droite et
de
la gauche : concurrence libre ou étatisation. Nous disons qu’il n’y a
84
i davantage entre le mensonge du choléra et celui
de
la peste. Nous voulons la santé, qui est un équilibre, — et non pas l
85
é, qui est un équilibre, — et non pas l’exclusion
de
la moitié des organes. Nous voulons l’homme entier et non le partisan
86
rester libres. Cela ne doit pas être une querelle
de
partis, mais une question pratique d’aménagement, relevant de la natu
87
ne querelle de partis, mais une question pratique
d’
aménagement, relevant de la nature même de l’homme, ce composé d’autom
88
ais une question pratique d’aménagement, relevant
de
la nature même de l’homme, ce composé d’automatismes et de libres pul
89
ratique d’aménagement, relevant de la nature même
de
l’homme, ce composé d’automatismes et de libres pulsions, créatrices,
90
relevant de la nature même de l’homme, ce composé
d’
automatismes et de libres pulsions, créatrices, de « gauche » et de «
91
ure même de l’homme, ce composé d’automatismes et
de
libres pulsions, créatrices, de « gauche » et de « droite », ou si l’
92
d’automatismes et de libres pulsions, créatrices,
de
« gauche » et de « droite », ou si l’on veut, de socialisme et de lib
93
de libres pulsions, créatrices, de « gauche » et
de
« droite », ou si l’on veut, de socialisme et de libéralisme. Nous vo
94
de « gauche » et de « droite », ou si l’on veut,
de
socialisme et de libéralisme. Nous voulons que les trains roulent, qu
95
de « droite », ou si l’on veut, de socialisme et
de
libéralisme. Nous voulons que les trains roulent, que le pain soit ve
96
idéologie confectionnée en vue de la seule prise
de
pouvoir, en se moquant bien des trains, du pain, de la jeunesse, et d
97
pouvoir, en se moquant bien des trains, du pain,
de
la jeunesse, et du sens de la vie des hommes dans la cité. Or, nous p
98
n des trains, du pain, de la jeunesse, et du sens
de
la vie des hommes dans la cité. Or, nous pouvons vraiment vouloir tou
99
nce d’un problème concret, nous prenons référence
de
l’homme et d’une certaine vision totale de l’homme, non pas de la tac
100
ème concret, nous prenons référence de l’homme et
d’
une certaine vision totale de l’homme, non pas de la tactique particul
101
érence de l’homme et d’une certaine vision totale
de
l’homme, non pas de la tactique particulière et cyniquement électoral
102
d’une certaine vision totale de l’homme, non pas
de
la tactique particulière et cyniquement électorale d’un parti. Bref,
103
a tactique particulière et cyniquement électorale
d’
un parti. Bref, nous voulons une politique à hauteur d’homme. Celle de
104
parti. Bref, nous voulons une politique à hauteur
d’
homme. Celle des partis passe par-dessus les têtes ou vise trop bas ;
105
e première réalisation Une politique à hauteur
d’
homme, axée sur la réalité de la personne à la fois libre et engagée :
106
politique à hauteur d’homme, axée sur la réalité
de
la personne à la fois libre et engagée : on ne manquera pas de dire q
107
e à la fois libre et engagée : on ne manquera pas
de
dire que c’est vague et arbitraire, parce que ce n’est pas électoral.
108
’elle le soit. Ce serait sans doute le seul moyen
d’
amener ces partis à travailler, chacun selon sa méthode, au bien commu
109
ste-personnaliste », est né dans quelques groupes
de
résistants inspirés de la manière la plus directe par les idées que n
110
t né dans quelques groupes de résistants inspirés
de
la manière la plus directe par les idées que nous venons de développe
111
Et si les Hollandais viennent de lui accorder 30
de
leurs suffrages, à sa première présentation devant le corps électoral
112
corps électoral, c’est qu’il a fait en une année
de
leur pays, le grand gagnant européen de la course à la reconstruction
113
fait en une année de leur pays, le grand gagnant
européen
de la course à la reconstruction. a. Rougemont Denis de, « À haut
114
une année de leur pays, le grand gagnant européen
de
la course à la reconstruction. a. Rougemont Denis de, « À hauteur
115
ourse à la reconstruction. a. Rougemont Denis
de
, « À hauteur d’homme », Réforme, Paris, 1 juin 1946, p. 1.
116
struction. a. Rougemont Denis de, « À hauteur
d’
homme », Réforme, Paris, 1 juin 1946, p. 1.
117
n du monde pourrait bien se produire avant la fin
de
l’été prochain. Je tiens ma petite information d’un physicien des plu
118
de l’été prochain. Je tiens ma petite information
d’
un physicien des plus remarquables qui, d’ailleurs, n’en fait pas de s
119
plus remarquables qui, d’ailleurs, n’en fait pas
de
secret, bien au contraire. Voilà. Le gouvernement américain ayant fai
120
fait annoncer, ces jours derniers, que des essais
de
bombe atomique allaient être tentés sur l’océan, notre savant a cru d
121
aient être tentés sur l’océan, notre savant a cru
de
son devoir d’avertir aussitôt Washington. D’après ses calculs, disait
122
tés sur l’océan, notre savant a cru de son devoir
d’
avertir aussitôt Washington. D’après ses calculs, disait-il, cet essai
123
e Déluge, en comparaison, n’aurait été qu’un bain
de
pieds. Le gouvernement américain ayant également annoncé son intentio
124
t américain ayant également annoncé son intention
de
jeter une bombe sur la calotte polaire, pour voir ce que cela donnera
125
t simple : cela donnerait une idée fort approchée
de
la fin du monde. C’est à quoi nous en sommes, et c’est comique. On av
126
’ordre universel que nous allons courir le risque
d’
inonder et de brûler la terre entière. Personne ne rit. Personne non p
127
sel que nous allons courir le risque d’inonder et
de
brûler la terre entière. Personne ne rit. Personne non plus n’ose pro
128
urrez sans résister… En somme, j’aurais bien tort
de
ricaner. Tout le monde sait que le monde finira. Et qui ne voudrait f
129
le qu’il y ait là quelque consolation. L’amertume
de
mourir est aussi faite de l’idée qu’on manquera la suite de l’histoir
130
consolation. L’amertume de mourir est aussi faite
de
l’idée qu’on manquera la suite de l’histoire. C’est peut-être pourquo
131
est aussi faite de l’idée qu’on manquera la suite
de
l’histoire. C’est peut-être pourquoi les tout premiers chrétiens, s’i
132
t avec une grande facilité sous la main des nazis
de
l’époque. Saint Paul écrit aux croyants de Corinthe : « Voici, je vou
133
nazis de l’époque. Saint Paul écrit aux croyants
de
Corinthe : « Voici, je vous dis un mystère : nous ne mourrons pas tou
134
écrivant l’âge matérialiste où nous vivons, l’âge
de
l’extrême solidification des seules réalités qui nous restent sensibl
135
lum in favilla. Le Moyen Âge pensait qu’une pluie
de
feu suffirait à réduire la surface de la Terre et la vermine humaine
136
u’une pluie de feu suffirait à réduire la surface
de
la Terre et la vermine humaine qui s’y livre à ses vices. La Renaissa
137
nouveau Déluge. Léonard le figure dans une série
de
dessins où l’on peut voir un raz-de-marée soulever, dans ses volutes
138
qu’est-ce que cela nous ferait ? Ce serait la fin
de
la douleur du monde. Certains jours, il me semble que la folie des pe
139
des peuples, des gouvernants, des militaires, et
de
tous les irresponsables qui nous mènent, obéit secrètement au bon sen
140
i grande, avec notre Progrès, qu’il y a bien plus
de
gens au monde qui souhaitent d’en finir avec la vie, que de gens qui
141
’il y a bien plus de gens au monde qui souhaitent
d’
en finir avec la vie, que de gens qui voudraient qu’elle dure encore.
142
monde qui souhaitent d’en finir avec la vie, que
de
gens qui voudraient qu’elle dure encore. Comme si l’humanité, au scru
143
é commune… « Viens, douce mort ! » ce beau choral
de
Bach, n’est-ce pas le soupir enfantin que l’on croit parfois distingu
144
une voix du rêve, dans les intervalles effrayants
de
la cacophonie mondiale ? Je ne vous en dis pas plus ce soir. Demain,
145
re monde est sans doute perdu, et c’est la raison
de
Noël. Dans cette nuit la plus longue de l’année, parce qu’il n’y avai
146
la raison de Noël. Dans cette nuit la plus longue
de
l’année, parce qu’il n’y avait plus qu’à désespérer, l’espoir est né.
147
s qu’à désespérer, l’espoir est né. Démonstration
d’
une puissance indémontrable, et dont la touche ne saurait être enregis
148
ouche ne saurait être enregistrée que par le tout
de
l’homme qu’elle suscite : voilà pourquoi nos instruments, et nos fonc
149
sorielles en seront toujours incapables. Ce drôle
de
petit cri dans la paille m’indique tout autrement que les formules d’
150
paille m’indique tout autrement que les formules
d’
Einstein que notre univers est fini, et que les seuls messages d’espoi
151
notre univers est fini, et que les seuls messages
d’
espoir qui passent encore sont ceux qui vont de personne à personne. M
152
es d’espoir qui passent encore sont ceux qui vont
de
personne à personne. Me voici libéré de mes dernières craintes, et to
153
qui vont de personne à personne. Me voici libéré
de
mes dernières craintes, et tout libre d’imaginer, de choisir et de m’
154
i libéré de mes dernières craintes, et tout libre
d’
imaginer, de choisir et de m’orienter personnellement vers la paix ou
155
mes dernières craintes, et tout libre d’imaginer,
de
choisir et de m’orienter personnellement vers la paix ou la mort. Dis
156
craintes, et tout libre d’imaginer, de choisir et
de
m’orienter personnellement vers la paix ou la mort. Disposition favor
157
reviens donc à mes atomes. Parmi tous les projets
de
contrôle de la Bombe que l’on a suggérés ces derniers mois, j’en reti
158
à mes atomes. Parmi tous les projets de contrôle
de
la Bombe que l’on a suggérés ces derniers mois, j’en retiens deux : 1
159
es derniers fourniraient ainsi la preuve par neuf
de
leurs bonnes intentions. 2° Donner la Bombe au gouvernement mondial,
160
hambres universelles seraient élues, l’une formée
de
délégués des États, l’autre de députés des peuples. (Je prends le mod
161
lues, l’une formée de délégués des États, l’autre
de
députés des peuples. (Je prends le modèle courant. Il faudrait l’ajus
162
des recherches scientifiques, Défense des droits
de
la personne, Transports planétaires. (Rien que de raisonnable, comme
163
de la personne, Transports planétaires. (Rien que
de
raisonnable, comme vous le voyez. On trouverait mieux, en s’appliquan
164
s idées pratiques et raisonnables que l’on traite
de
folies, à l’âge où l’on prépare dans le monde entier, à la demande gé
165
a aux affaires courantes : équilibrer les budgets
de
guerre, etc. Ce n’est pas qu’une angoisse diffuse ne soit sensible da
166
géré. Vous pensez que j’ai cédé au goût américain
de
la sensation, du biggest in the world. Et de vrai, c’est dans ce pays
167
cain de la sensation, du biggest in the world. Et
de
vrai, c’est dans ce pays que la première Bombe vient d’être construit
168
i, c’est dans ce pays que la première Bombe vient
d’
être construite. Exagérée sans doute et dépassant la mesure de ce que
169
ruite. Exagérée sans doute et dépassant la mesure
de
ce que l’on connaissait avant le 6 août, elle est là, parce que l’hom
170
là, parce que l’homme l’a mise là. Et votre sens
de
la mesure peut se rebeller comme l’esprit devant la mort… Mais admett
171
forme, donc condenser, donc augmenter la réalité
de
l’objet ou de la situation. C’est donc toujours « exagérer » les trai
172
ondenser, donc augmenter la réalité de l’objet ou
de
la situation. C’est donc toujours « exagérer » les traits ou phénomèn
173
ettons que les armées retiennent une bonne partie
de
leur utilité au service des nations et de leur vertu d’ordre. Admetto
174
partie de leur utilité au service des nations et
de
leur vertu d’ordre. Admettons qu’elles arrivent encore à se battre. A
175
r utilité au service des nations et de leur vertu
d’
ordre. Admettons qu’elles arrivent encore à se battre. Admettons que l
176
risés ne l’affirment. Admettons qu’il n’y ait pas
de
raz de marée, ni d’autres accidents d’ampleur continentale. Admettons
177
e l’affirment. Admettons qu’il n’y ait pas de raz
de
marée, ni d’autres accidents d’ampleur continentale. Admettons que no
178
’y ait pas de raz de marée, ni d’autres accidents
d’
ampleur continentale. Admettons que notre globe dure longtemps encore,
179
mps encore, et que la guerre militaire y prospère
d’
autant mieux qu’elle sera dotée d’une armée de plus. Admettons que l’o
180
aire y prospère d’autant mieux qu’elle sera dotée
d’
une armée de plus. Admettons que l’on invente une parade à la Bombe, s
181
ntage des coups tirés… Pensez-vous que les effets
de
la prochaine guerre seront très différents de ceux que j’ai prévus ?
182
ets de la prochaine guerre seront très différents
de
ceux que j’ai prévus ? La souffrance sera pire, l’agonie de la terre
183
e j’ai prévus ? La souffrance sera pire, l’agonie
de
la terre un peu plus longue, la fin de l’humanité non moins certaine,
184
, l’agonie de la terre un peu plus longue, la fin
de
l’humanité non moins certaine, le triomphe des « éléments d’ordre » a
185
té non moins certaine, le triomphe des « éléments
d’
ordre » aussi énigmatique, et sans témoins. Je reconnais volontiers qu
186
ngtemps. Les choses ne se passeront peut-être pas
de
la manière soudaine et dramatique qu’un certain goût de l’antithèse m
187
manière soudaine et dramatique qu’un certain goût
de
l’antithèse m’incline parfois à souhaiter. La tragédie n’aura pas de
188
cline parfois à souhaiter. La tragédie n’aura pas
de
lignes pures, parce que nos choix ne sont pas si francs et que nos ch
189
chefs savent à peine ce qu’ils jouent. Une espèce
d’
organisation mondiale ouvrira des bureaux confortables d’où sortiront
190
isation mondiale ouvrira des bureaux confortables
d’
où sortiront quelques vœux incolores. Il est évident que les nations s
191
que l’une d’entre elles, Bombe en main, essaiera
d’
imposer sa paix à toutes les autres. (Inutile même de la nommer.) Il e
192
mposer sa paix à toutes les autres. (Inutile même
de
la nommer.) Il est évident que les peuples se révolteront contre cett
193
fuse à ces évidences. On nous ressasse à longueur
de
journée qu’elle « n’est pas prête pour un gouvernement mondial ». Est
194
ix, cela veut dire que vous d’abord, vous refusez
de
faire le choix de la paix, parce que ses moyens vous déplaisent (supp
195
que vous d’abord, vous refusez de faire le choix
de
la paix, parce que ses moyens vous déplaisent (suppression des armées
196
t des souverainetés nationales). Mais en refusant
de
choisir la paix, vous votez tacitement pour la mort, et vous en rende
197
t vous en rendez responsable. Tout tient à chacun
de
nous. Et nous en sommes au point où il devient difficile de le cacher
198
t nous en sommes au point où il devient difficile
de
le cacher. Nos alibis ne trompent plus que nous-mêmes. Pour moi, je p
199
ais-je pas, quand je sais que l’enjeu n’est point
de
ceux que la défaite, mais la désertion seule puisse me faire perdre ?
200
e ? Je me rappelle cette voix, dans Isaïe, criant
de
Séir au prophète : « Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? Sentinelle,
201
nt de Séir au prophète : « Sentinelle, que dis-tu
de
la nuit ? Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? » La sentinelle a répon
202
e, que dis-tu de la nuit ? Sentinelle, que dis-tu
de
la nuit ? » La sentinelle a répondu : « Le matin vient et la nuit aus
203
matin vient et la nuit aussi ». Je n’ai pas fini
d’
aimer ce cri. Les citations de la Bible vous irritent. Et vous me dire
204
». Je n’ai pas fini d’aimer ce cri. Les citations
de
la Bible vous irritent. Et vous me direz : que fait Dieu dans tout ce
205
Terre, elle sautera et ce sera très bien. Au-delà
de
ce « clin d’œil », Il nous attend. b. Rougemont Denis de, « Deux
206
n d’œil », Il nous attend. b. Rougemont Denis
de
, « Deux lettres sur la fin du monde », Réforme, Paris, 29 juin 1946,
207
Vues générales des Églises
de
New York (12 octobre 1946)c Je n’ai pas encore découvert cet autel
208
aint Paul admirait à Athènes, mais j’ai tout lieu
de
croire qu’il existe à New York. Serait-ce cette église du Centre Abso
209
je vois annoncée la « causerie mystique » en fin
de
la liste des services religieux, dans le New York Times du samedi ? R
210
New York Times du samedi ? Remontant ces colonnes
d’
annonces qui tiennent une demi-page du journal, je trouve les rubrique
211
Société védantiste, Église universaliste, Église
de
l’Unité, unitariens, théosophes, spiritualistes, catholiques romains,
212
qui n’annoncent pas leurs cultes : les luthériens
de
Finlande et de Suède, les orthodoxes serbes, grecs, ukrainiens et rus
213
pas leurs cultes : les luthériens de Finlande et
de
Suède, les orthodoxes serbes, grecs, ukrainiens et russes, les vieux-
214
réformés hongrois, l’Église catholique nationale
de
Pologne. Et cinquante sectes. Approchons-nous de ces églises par l’ex
215
de Pologne. Et cinquante sectes. Approchons-nous
de
ces églises par l’extérieur : par leur histoire d’abord, puis par l’a
216
ar leur histoire d’abord, puis par l’architecture
de
leurs sanctuaires, enfin par le spectacle de leurs cultes. Séparati
217
ture de leurs sanctuaires, enfin par le spectacle
de
leurs cultes. Séparations et réunions Les États-Unis ont été fon
218
ts-Unis ont été fondés par des groupes successifs
de
colons, la plupart exilés pour cause de religion. Tous ces pionniers
219
uccessifs de colons, la plupart exilés pour cause
de
religion. Tous ces pionniers étaient d’abord les fanatiques d’une foi
220
Tous ces pionniers étaient d’abord les fanatiques
d’
une foi, rejetés par l’Europe, et qui venaient chercher en Amérique la
221
t d’abord les fanatiques d’une foi, rejetés par l’
Europe
, et qui venaient chercher en Amérique la liberté de célébrer leur cul
222
, et qui venaient chercher en Amérique la liberté
de
célébrer leur culte. Ils y trouvèrent aussi la possibilité de fonder
223
leur culte. Ils y trouvèrent aussi la possibilité
de
fonder des cités idéales, conformes à leurs doctrines morales et poli
224
onformes à leurs doctrines morales et politiques.
D’
où le caractère social très accentué que pris, dès le début, leur vie
225
tué que pris, dès le début, leur vie religieuse ;
d’
où aussi, le caractère religieux de leur civisme. La structure politiq
226
e religieuse ; d’où aussi, le caractère religieux
de
leur civisme. La structure politique des États-Unis reflète encore, d
227
tructure politique des États-Unis reflète encore,
de
nos jours, le jeu complexe de ces apports confessionnels, ceux-ci se
228
nis reflète encore, de nos jours, le jeu complexe
de
ces apports confessionnels, ceux-ci se confondant d’ailleurs, le plus
229
appartient à l’Église réformée a bien des chances
d’
avoir des ancêtres hollandais, allemands ou suédois s’il est né luthér
230
taliens, polonais ou irlandais. À ces différences
d’
origine sont venues s’ajouter, dès le xviiie siècle des différences d
231
s’ajouter, dès le xviiie siècle des différences
de
classes : l’Église baptiste est largement populaire, la méthodiste au
232
ste aussi (elles comptent chacune 9 à 10 millions
de
membres), tandis que l’Église presbytérienne et l’Église protestante-
233
n’a rien à voir avec la diversité des confessions
d’
origine nationale. C’est au xixe siècle qu’elle a sévi, pour des rais
234
hiques au moins autant que doctrinales. La guerre
de
Sécession a coupé en deux groupes, Sud et Nord, la plupart des grande
235
ndance sectaire s’y faisait virulente, entraînant
de
nouvelles divisions, jusqu’à donner naissance à des « églises » qui n
236
ises » qui ne comptaient que quelques centaines «
d’
élus ». Avec le xxe siècle et l’achèvement de la colonisation du cont
237
s « d’élus ». Avec le xxe siècle et l’achèvement
de
la colonisation du continent, peut-être par l’effet d’une réaction no
238
colonisation du continent, peut-être par l’effet
d’
une réaction normale, peut-être aussi parce que les communications rap
239
mmunications rapides et les fréquents changements
de
domicile facilitaient des contacts nouveaux et tendaient à dissoudre
240
ditionnelles se sont reconstituées en une dizaine
de
corps qui représentent la grande majorité des protestants. Et ces réu
241
icans étudient, depuis quelques années, un projet
d’
union organique. Quelle que soit par ailleurs l’évolution interne de c
242
Quelle que soit par ailleurs l’évolution interne
de
cette « poussière de sectes », comme disent les étrangers (scandalisé
243
ailleurs l’évolution interne de cette « poussière
de
sectes », comme disent les étrangers (scandalisés par une diversité d
244
s ignorent les origines valables, pour la plupart
européennes
), voici le fait qu’il convient de souligner : ces étiquettes ne corre
245
lupart européennes), voici le fait qu’il convient
de
souligner : ces étiquettes ne correspondent nullement à des antagonis
246
au contraire, c’est l’uniformité des conceptions
de
la vie chrétienne, dans les diverses dénominations, qui peut frapper
247
ervateur. Une promenade dans Manhattan commencera
de
nous en convaincre. Du gothique neuf On m’avait dit que je verr
248
neuf On m’avait dit que je verrais à New York
de
pauvres petites églises tout écrasées entre des gratte-ciel triomphan
249
nérées et fréquentées par la moitié des habitants
de
ces gratte-ciel, qui ne voient d’ailleurs aucun inconvénient à ce qu’
250
ent d’ailleurs aucun inconvénient à ce qu’un lieu
de
culte soit moins haut qu’un building, comme une hostie est moins gros
251
it pas dit non plus que New York possède, en plus
de
ces églises, la plus grande cathédrale du monde : St-Jean-de-Dieu, éd
252
ale du monde : St-Jean-de-Dieu, édifiée au sommet
d’
une colline de granit dominant Manhattan. C’est le siège de l’évêque a
253
St-Jean-de-Dieu, édifiée au sommet d’une colline
de
granit dominant Manhattan. C’est le siège de l’évêque anglican de New
254
line de granit dominant Manhattan. C’est le siège
de
l’évêque anglican de New York. (Dommage qu’un édifice construit au xx
255
nt Manhattan. C’est le siège de l’évêque anglican
de
New York. (Dommage qu’un édifice construit au xxe siècle copie scrup
256
ques.) Je remonte la Cinquième Avenue, en partant
de
Washington Square. Voici d’abord, à deux-cents mètres l’une de l’autr
257
Square. Voici d’abord, à deux-cents mètres l’une
de
l’autre, deux églises au clocher oxfordien : l’une anglicane, l’autre
258
ssédant toutes les deux leur autel, leurs stalles
de
chœur et leur pupitre pour la Bible, d’où pend un ruban large à la co
259
s stalles de chœur et leur pupitre pour la Bible,
d’
où pend un ruban large à la couleur de la saison ou de la fête liturgi
260
r la Bible, d’où pend un ruban large à la couleur
de
la saison ou de la fête liturgique. Plus haut, l’église collégiale ho
261
pend un ruban large à la couleur de la saison ou
de
la fête liturgique. Plus haut, l’église collégiale hollandaise, de st
262
ique. Plus haut, l’église collégiale hollandaise,
de
style baroque, en marbre blanc ; et vis-à-vis, dans un jardin, une ég
263
din, une église anglo-catholique, toute encombrée
de
poutres et d’images : c’est là que les acteurs vont se marier. Plus h
264
e anglo-catholique, toute encombrée de poutres et
d’
images : c’est là que les acteurs vont se marier. Plus haut encore, un
265
s, aussi dissymétrique que Saint-Étienne-du-Mont,
de
l’extérieur, mais la nef et le chœur, fort classiques, s’ornent d’une
266
ais la nef et le chœur, fort classiques, s’ornent
d’
une rosace bleue et de sculptures précieuses. Sur les pages d’un gros
267
, fort classiques, s’ornent d’une rosace bleue et
de
sculptures précieuses. Sur les pages d’un gros livre, ouvert dans le
268
bleue et de sculptures précieuses. Sur les pages
d’
un gros livre, ouvert dans le vestibule, je lis les signatures de visi
269
, ouvert dans le vestibule, je lis les signatures
de
visiteurs de toutes confessions (ils les indiquent et je note beaucou
270
le vestibule, je lis les signatures de visiteurs
de
toutes confessions (ils les indiquent et je note beaucoup de Roman Ca
271
n mosaïque. Christ Church est méthodiste. Colonne
de
marbre noir, mais un autel et des retables en gothiques flamboyant, t
272
yant, trop dorés. Plus loin, l’église luthérienne
de
Saint-Pierre, déshonorée par des vitraux livides et plus sulpiciens q
273
utel est dominé par des boiseries sombres, ornées
de
branches de sapin de Noël. Et partout, dans tous ces sanctuaires, le
274
iné par des boiseries sombres, ornées de branches
de
sapin de Noël. Et partout, dans tous ces sanctuaires, le même parfum
275
es boiseries sombres, ornées de branches de sapin
de
Noël. Et partout, dans tous ces sanctuaires, le même parfum de chêne
276
artout, dans tous ces sanctuaires, le même parfum
de
chêne ciré, de luxe, de dignité, de dévotion correcte… Le goût de
277
us ces sanctuaires, le même parfum de chêne ciré,
de
luxe, de dignité, de dévotion correcte… Le goût de la cérémonie
278
nctuaires, le même parfum de chêne ciré, de luxe,
de
dignité, de dévotion correcte… Le goût de la cérémonie Un diman
279
e même parfum de chêne ciré, de luxe, de dignité,
de
dévotion correcte… Le goût de la cérémonie Un dimanche matin à
280
uxe, de dignité, de dévotion correcte… Le goût
de
la cérémonie Un dimanche matin à New York : voilà le temps, voilà
281
s et des principaux rites occidentaux, dépouillés
de
leur patine, reconstitués, discrètement archéologiques. Le peuple amé
282
u moins en veston bordé, à la boutonnière fleurie
d’
un œillet blanc, s’empressent. Ils vous dirigent avec une fermeté cord
283
meté cordiale vers les sièges libres ou dépourvus
de
plaque au nom de leur propriétaire. Déjà le chœur fait son entrée, en
284
en robes noires, surplis blancs et bonnets, suivi
de
pasteurs chamarrés des insignes de leur grade académique, longs capuc
285
bonnets, suivi de pasteurs chamarrés des insignes
de
leur grade académique, longs capuchons rouges, jaunes, bleus ou viole
286
e discipline sans défaut. Ceci chez les baptistes
de
Riverside, l’église du Révérend Fosdick, comme chez les anglicans des
287
rick, observent durant les offices une correction
de
maintien presque presbytérienne. Entrez dans une église, au hasard, v
288
bytériens, on distribue la crème sur des plateaux
d’
argent qui circulent dans les bancs, de main en main, et toute l’églis
289
s plateaux d’argent qui circulent dans les bancs,
de
main en main, et toute l’église apparaît transformée en une salle de
290
toute l’église apparaît transformée en une salle
de
banquet silencieux. Partout, des chœurs en robe, des fleurs, des croi
291
ndalisé le protestant français qui assiste à l’un
de
ces cultes. Mais un de mes amis, argentin, sortant de la messe à Sain
292
rançais qui assiste à l’un de ces cultes. Mais un
de
mes amis, argentin, sortant de la messe à Saint-Patrick, se plaignait
293
es cultes. Mais un de mes amis, argentin, sortant
de
la messe à Saint-Patrick, se plaignait de l’absence toute « protestan
294
sortant de la messe à Saint-Patrick, se plaignait
de
l’absence toute « protestante » du désordre gentil, de la distraction
295
absence toute « protestante » du désordre gentil,
de
la distraction ou des marques de ferveur théâtrale qu’il s’attendait
296
désordre gentil, de la distraction ou des marques
de
ferveur théâtrale qu’il s’attendait à retrouver dans un tel lieu… Plu
297
rites, coutumes et décors, comment les chrétiens
d’
Amérique conçoivent-ils et vivent-ils leurs croyances ? J’essaierai, d
298
royances ? J’essaierai, dans un prochain article,
de
rassembler les éléments d’une réponse qui ménage certaines pudeurs de
299
s un prochain article, de rassembler les éléments
d’
une réponse qui ménage certaines pudeurs de l’âme, et le mystère inhér
300
éments d’une réponse qui ménage certaines pudeurs
de
l’âme, et le mystère inhérent à ce genre de problème. c. Rougemon
301
deurs de l’âme, et le mystère inhérent à ce genre
de
problème. c. Rougemont Denis de, « Vues générales des Églises de
302
nt à ce genre de problème. c. Rougemont Denis
de
, « Vues générales des Églises de New York », Réforme, Paris, 12 octob
303
Rougemont Denis de, « Vues générales des Églises
de
New York », Réforme, Paris, 12 octobre 1946, p. 2. d. Le texte porte
304
octobre 1946)e À l’origine et au premier rang
de
la lutte contre l’esclavage, de la lutte pour la prohibition, de la l
305
t au premier rang de la lutte contre l’esclavage,
de
la lutte pour la prohibition, de la lutte pour les droits du travail,
306
tre l’esclavage, de la lutte pour la prohibition,
de
la lutte pour les droits du travail, du pacifisme militant, bref, de
307
s droits du travail, du pacifisme militant, bref,
de
toutes les grandes causes publiques en Amérique, vous trouverez une é
308
ses ont fourni aux Pionniers les rudiments vitaux
de
morale civique et privée sans lesquels nulle société n’est possible.
309
ulle société n’est possible. Il ne s’agissait pas
de
« moralisme » (les ismes n’apparaissaient qu’une fois le combat rompu
310
’apparaissaient qu’une fois le combat rompu) ni «
d’
évangile social ». Il s’agissait d’une lutte pour l’existence, et les
311
at rompu) ni « d’évangile social ». Il s’agissait
d’
une lutte pour l’existence, et les pasteurs y tenaient une fonction di
312
t une fonction directrice. Elle leur est disputée
de
nos jours par la science vulgarisée, les commentateurs de radio, l’éc
313
ours par la science vulgarisée, les commentateurs
de
radio, l’école publique, le cinéma et les comités. Mais ils en ont ga
314
anisme est avant tout une force sociale, un moyen
d’
assurer une vie décente et de l’améliorer sur tous les plans. Le chris
315
ce sociale, un moyen d’assurer une vie décente et
de
l’améliorer sur tous les plans. Le christianisme européen, même aux t
316
l’améliorer sur tous les plans. Le christianisme
européen
, même aux temps héroïques d’avant le Moyen Âge, quand il assumait lui
317
christianisme européen, même aux temps héroïques
d’
avant le Moyen Âge, quand il assumait lui aussi toute la charge de la
318
Âge, quand il assumait lui aussi toute la charge
de
la culture et du maintien de la morale dans la cité, préparait à la m
319
ussi toute la charge de la culture et du maintien
de
la morale dans la cité, préparait à la mort plus qu’à la vie. La paro
320
es des relations sociales, des banquets, des jeux
de
loto, des comités variés, des conférences, des films, un peu de danse
321
n peu de danse, les cultes du dimanche et parfois
de
la semaine, bref, un milieu. Le pasteur se trouve donc à la tête d’un
322
f, un milieu. Le pasteur se trouve donc à la tête
d’
un organisme assez complexe. Mais il dispose d’aides nombreuses : un s
323
te d’un organisme assez complexe. Mais il dispose
d’
aides nombreuses : un suppléant souvent, un chef de chœur, les préside
324
’aides nombreuses : un suppléant souvent, un chef
de
chœur, les présidents des divers comités, les diacres ou les vestryme
325
rs comités, les diacres ou les vestrymen (anciens
d’
Église), et beaucoup de dames avides de donner libre cours à leur fame
326
n (anciens d’Église), et beaucoup de dames avides
de
donner libre cours à leur fameuse efficiency. Sa fonction principale
327
euse efficiency. Sa fonction principale sera donc
de
parler, et ce n’est pas le dimanche qu’il parlera le plus, car son se
328
n sermon ne dépasse pas vingt minutes : une leçon
de
civisme ou de morale, incitant les fidèles à adopter les maximes d’un
329
passe pas vingt minutes : une leçon de civisme ou
de
morale, incitant les fidèles à adopter les maximes d’une vie plus sat
330
orale, incitant les fidèles à adopter les maximes
d’
une vie plus satisfaisante à tous égards. On me demandera : Qu’y a-t-i
331
ante à tous égards. On me demandera : Qu’y a-t-il
de
proprement religieux dans tout cela ? Tout et rien, répondrai-je, et
332
que que le christianisme est la meilleure manière
de
vivre, un idéal qu’il faut mettre en pratique moins pour aller au Par
333
cidaient à mener une vie « décente »… Sur quoi, l’
Européen
frotté d’un peu de théologie va s’écrier que dans cet idéal, il ne vo
334
une vie « décente »… Sur quoi, l’Européen frotté
d’
un peu de théologie va s’écrier que dans cet idéal, il ne voit rien de
335
e va s’écrier que dans cet idéal, il ne voit rien
de
chrétien que l’étiquette, couvrant d’ailleurs des marchandises de pro
336
l’étiquette, couvrant d’ailleurs des marchandises
de
provenance nettement païenne : la morale du bonheur, par exemple. Com
337
n mystique, un ascète, un grand spirituel, un fou
de
Dieu, un martyr, — un pécheur ! Cependant, ces Américains répètent le
338
ent vers l’autel fleuri par M. Smith, en souvenir
de
ses parents défunts. Ils communient en très grand nombre et fort souv
339
onnance du culte sans défaut. Au surplus, ce sont
de
braves gens, plus généreux que les Européens, plus indulgents dans le
340
us, ce sont de braves gens, plus généreux que les
Européens
, plus indulgents dans leurs jugements, moins menteurs et plus accueil
341
us accueillants… Mais n’allez pas leur poser trop
de
questions sur le sens symbolique de leurs cérémonies, sur le péché, l
342
ur poser trop de questions sur le sens symbolique
de
leurs cérémonies, sur le péché, la grâce, la transcendance, que sais-
343
âce, la transcendance, que sais-je. Les choristes
de
Christ Church (méthodiste) sont vêtus de robes et de barrettes de vel
344
horistes de Christ Church (méthodiste) sont vêtus
de
robes et de barrettes de velours rouge, et siègent en demi-cercle dan
345
Christ Church (méthodiste) sont vêtus de robes et
de
barrettes de velours rouge, et siègent en demi-cercle dans le fond du
346
(méthodiste) sont vêtus de robes et de barrettes
de
velours rouge, et siègent en demi-cercle dans le fond du chœur, sépar
347
ent en demi-cercle dans le fond du chœur, séparés
de
l’autel par des ogives en bois doré : une véritable miniature de Livr
348
des ogives en bois doré : une véritable miniature
de
Livres d’Heures. Pourquoi ce rouge et cette dorure ? Cela fait bien,
349
en bois doré : une véritable miniature de Livres
d’
Heures. Pourquoi ce rouge et cette dorure ? Cela fait bien, et c’est «
350
inefficacité et l’inadaptation sociale, résultats
d’
une mauvaise hygiène morale. Qu’est-ce que la grâce ? Un optimisme fon
351
ment réactionnaire. Et le Mal, enfin ? Un trouble
de
fonctionnement qu’une éducation rationnelle et la culture des sentime
352
rviendraient à éliminer. Personne n’est juge même
d’
une seule âme, même de la sienne. Et je viens de parler en général de
353
r. Personne n’est juge même d’une seule âme, même
de
la sienne. Et je viens de parler en général de 65 millions de chrétie
354
me de la sienne. Et je viens de parler en général
de
65 millions de chrétiens américains, j’entends de membres inscrits d’
355
. Et je viens de parler en général de 65 millions
de
chrétiens américains, j’entends de membres inscrits d’une paroisse, d
356
de 65 millions de chrétiens américains, j’entends
de
membres inscrits d’une paroisse, dont 40 millions de protestants. En
357
rétiens américains, j’entends de membres inscrits
d’
une paroisse, dont 40 millions de protestants. En vérité, je n’ai décr
358
membres inscrits d’une paroisse, dont 40 millions
de
protestants. En vérité, je n’ai décrit qu’une atmosphère, et les croy
359
us loin. Mais sans prétendre à dépasser le niveau
d’
une sociologie religieuse, je voudrais indiquer le dilemme que pose à
360
voudrais indiquer le dilemme que pose à un esprit
européen
le spectacle des églises américaines. Ou bien l’église va dans le siè
361
se face au siècle pour lui prêcher le pur message
de
la foi mais alors elle n’est plus dans le monde, qui s’organise sans
362
plus. Ou bien vous mettez le message à la portée
de
la masse et dans le style du jour, mais certains mots ne sauraient y
363
t et résurrection ; ou bien vous parlez du péché,
de
la grâce et du sacrifice, mais ces mots n’ont plus cours dans la pres
364
ommes un à un, comme des héros tragiques, au-delà
de
toutes les aides de la morale et de la religion… Il ne me reste plus
365
des héros tragiques, au-delà de toutes les aides
de
la morale et de la religion… Il ne me reste plus qu’à noter que Kierk
366
ques, au-delà de toutes les aides de la morale et
de
la religion… Il ne me reste plus qu’à noter que Kierkegaard, précisém
367
n contredit bien d’autres. e. Rougemont Denis
de
, « Spiritualité américaine », Réforme, Paris, 19 octobre 1946, p. 2.
368
, il y a quelques semaines, car nous avions parlé
d’
une pièce que nous comptions écrire ensemble. Nous étions amis depuis
369
uis dix-sept ans, et sans question, pour le reste
de
notre vie. Il est difficile de comprendre que c’est fini. Je retrouve
370
ion, pour le reste de notre vie. Il est difficile
de
comprendre que c’est fini. Je retrouve sa dernière lettre : il ne m’y
371
retrouve sa dernière lettre : il ne m’y parle que
de
notre projet, et je n’ai pas encore répondu. Il est difficile de comp
372
, et je n’ai pas encore répondu. Il est difficile
de
comprendre que ce qui était tourné vers l’avenir est devenu tout d’un
373
ce qui était tourné vers l’avenir est devenu tout
d’
un coup du passé, est fini. Que veut-il signifier, par ce retrait soud
374
re, et qui nous aime. ⁂ Je relis la dernière page
de
sa Galopine, où il dit cela, et chaque mot porte. Je voudrais que vou
375
ement je comprends que Roger Breuil n’a pas cessé
de
représenter pour moi l’inquiétude de la vocation, son cheminement imp
376
’a pas cessé de représenter pour moi l’inquiétude
de
la vocation, son cheminement imprévisible, son mystère. En termes de
377
ermes de psychologie courante, il faudrait parler
de
pudeur. Mais cette pudeur cachait une étrange liberté, celle que donn
378
les plus aventureuses en apparence, la certitude
d’
une vérité qui sur nous-mêmes en sait plus long que nous. Moins on en
379
mieux elle sait se faire entendre. ⁂ Ce mouvement
de
retrait constamment renouvelé ; cette manière de poser une question,
380
de retrait constamment renouvelé ; cette manière
de
poser une question, ou plutôt d’indiquer qu’elle se pose, mais de s’a
381
; cette manière de poser une question, ou plutôt
d’
indiquer qu’elle se pose, mais de s’abstenir d’y répondre parce que la
382
stion, ou plutôt d’indiquer qu’elle se pose, mais
de
s’abstenir d’y répondre parce que la réponse n’est pas la nôtre ; cet
383
ôt d’indiquer qu’elle se pose, mais de s’abstenir
d’
y répondre parce que la réponse n’est pas la nôtre ; cet effacement de
384
ue la réponse n’est pas la nôtre ; cet effacement
de
l’individu, avouant (non sans humour) bien des incertitudes, comme po
385
uve des marques sensibles dans tous mes souvenirs
de
lui, et dans son œuvre : c’était son style, son art, et sa vraie forc
386
t que tout ce qu’on peut en dire. Voilà le secret
de
la liberté d’un écrivain qui se voulait fidèle en vérité. De tous les
387
qu’on peut en dire. Voilà le secret de la liberté
d’
un écrivain qui se voulait fidèle en vérité. De tous les romanciers co
388
té d’un écrivain qui se voulait fidèle en vérité.
De
tous les romanciers contemporains, il est celui dont l’œuvre est le p
389
t pourquoi il n’en parle jamais, et se garde bien
d’
utiliser ses personnages pour exposer des « idées religieuses ». Il no
390
ils le peuvent la vie contemporaine, il les suit
de
très près, d’une allure naturelle, avec une secrète tendresse, souven
391
t la vie contemporaine, il les suit de très près,
d’
une allure naturelle, avec une secrète tendresse, souvent avec une iro
392
ne secrète tendresse, souvent avec une ironie née
de
l’exactitude du regard. Certains ne signifient rien et ne s’en douten
393
se refuse à la nommer pour eux comme le font trop
de
romanciers chrétiens — mais aussi à la nier ou la dénaturer comme le
394
le font tant de romanciers athées. Avec une sorte
d’
honnêteté très rare, peut-être unique dans la littérature française, t
395
la proie ; et ce respect des âmes donne à chacun
de
ses livres — même à ceux où l’on n’allait voir qu’un plaisir tout gra
396
où l’on n’allait voir qu’un plaisir tout gratuit
de
conteur né — de grandes marges et des prolongements, une qualité d’ap
397
t voir qu’un plaisir tout gratuit de conteur né —
de
grandes marges et des prolongements, une qualité d’appel lancinante,
398
grandes marges et des prolongements, une qualité
d’
appel lancinante, nostalgique, et finalement heureuse, comme exaucée…
399
exaucée… Il était le meilleur écrivain protestant
de
nos contemporains (bien que son œuvre soit indemne de toute référence
400
os contemporains (bien que son œuvre soit indemne
de
toute référence insistante à la foi qui l’inspire, et de tout langage
401
e référence insistante à la foi qui l’inspire, et
de
tout langage pieux). Il est entré dans les grandes marges de cette vi
402
gage pieux). Il est entré dans les grandes marges
de
cette vie, et son dernier retrait, le plus énigmatique, achève une œu
403
er retrait, le plus énigmatique, achève une œuvre
d’
espérance. f. Rougemont Denis de, « Roger Breuil qui vient de mour
404
ève une œuvre d’espérance. f. Rougemont Denis
de
, « Roger Breuil qui vient de mourir était un grand romancier protesta
405
L’
Europe
, aventure du xxe siècle (1er mai 1948)g Il y a l’utopie de l’Euro
406
du xxe siècle (1er mai 1948)g Il y a l’utopie
de
l’Europe, et il y a l’aventure de l’Europe. Cette distinction fondame
407
e siècle (1er mai 1948)g Il y a l’utopie de l’
Europe
, et il y a l’aventure de l’Europe. Cette distinction fondamentale cor
408
Il y a l’utopie de l’Europe, et il y a l’aventure
de
l’Europe. Cette distinction fondamentale correspond à deux attitudes,
409
a l’utopie de l’Europe, et il y a l’aventure de l’
Europe
. Cette distinction fondamentale correspond à deux attitudes, entre le
410
pies, c’est qu’elles sont en réalité moins riches
d’
avenir que le présent. Je dirais même, sans trop de paradoxe, que l’ut
411
’avenir que le présent. Je dirais même, sans trop
de
paradoxe, que l’utopie peut se définir en général comme un système sa
412
e un système sans avenir. Le plus grand historien
de
notre temps, Arnold Toynbee, fait observer que les utopies classiques
413
ont, en réalité, et je le cite : « des programmes
d’
action déguisés en descriptions sociologiques imaginaires ». Mais l’ac
414
es ». Mais l’action qu’elles proposent n’est rien
d’
autre que l’arrêt artificiel, à un certain niveau, d’une société en dé
415
utre que l’arrêt artificiel, à un certain niveau,
d’
une société en décadence. On isole de cette société les éléments que l
416
tain niveau, d’une société en décadence. On isole
de
cette société les éléments que l’on considère comme bons, et l’on en
417
l’abri des menaces grossières comme des créations
de
l’esprit, insensible aux défis toujours renouvelés de la réalité touj
418
’esprit, insensible aux défis toujours renouvelés
de
la réalité toujours changeante, bref : hors du courant de l’Histoire.
419
alité toujours changeante, bref : hors du courant
de
l’Histoire. Dans ce sens, « défendre l’Europe » est aujourd’hui une u
420
courant de l’Histoire. Dans ce sens, « défendre l’
Europe
» est aujourd’hui une utopie. Telle qu’elle est, pessimiste et divisé
421
lle qu’elle est, pessimiste et divisée, encombrée
de
frontières qui l’empêchent de respirer, menacée à chaque instant d’un
422
divisée, encombrée de frontières qui l’empêchent
de
respirer, menacée à chaque instant d’une sorte d’hémiplégie, soit que
423
l’empêchent de respirer, menacée à chaque instant
d’
une sorte d’hémiplégie, soit que la gauche réussisse à paralyser la dr
424
de respirer, menacée à chaque instant d’une sorte
d’
hémiplégie, soit que la gauche réussisse à paralyser la droite ou l’in
425
e réussisse à paralyser la droite ou l’inverse, l’
Europe
est pratiquement indéfendable. Je m’explique : Tenter d’unir en une a
426
pratiquement indéfendable. Je m’explique : Tenter
d’
unir en une alliance défensive nos États-nations tels qu’ils sont, ten
427
ensive nos États-nations tels qu’ils sont, tenter
de
coaliser leurs souverainetés pour lutter contre les empires, ce serai
428
loir coaliser précisément les facteurs principaux
de
notre décadence. Une sainte alliance de nos microbes ne me paraît pas
429
rincipaux de notre décadence. Une sainte alliance
de
nos microbes ne me paraît pas le moyen de sauver notre santé. Une sai
430
lliance de nos microbes ne me paraît pas le moyen
de
sauver notre santé. Une sainte alliance des souverainetés dont nous m
431
cordons douaniers, suffisent à empêcher nos biens
de
circuler, mais n’arrêteront pas les armées. Je dis donc que vouloir l
432
t pas les armées. Je dis donc que vouloir l’union
de
l’Europe sans rien changer à sa structure économique et politique, c’
433
les armées. Je dis donc que vouloir l’union de l’
Europe
sans rien changer à sa structure économique et politique, c’est prati
434
loir, c’est l’utopie. Au contraire, transformer l’
Europe
conformément à son génie, qui est celui de la liberté, et dans les co
435
l’Europe conformément à son génie, qui est celui
de
la liberté, et dans les conditions du xxe siècle, qui sont celles de
436
ns les conditions du xxe siècle, qui sont celles
de
l’organisation ; rappeler à cette Europe qui se sent diminuée qu’elle
437
sont celles de l’organisation ; rappeler à cette
Europe
qui se sent diminuée qu’elle compte encore 250 millions d’habitants,
438
sent diminuée qu’elle compte encore 250 millions
d’
habitants, les plus travailleurs et les plus inventifs de toute la ter
439
ants, les plus travailleurs et les plus inventifs
de
toute la terre, c’est-à-dire du seul point de vue de la quantité, plu
440
toute la terre, c’est-à-dire du seul point de vue
de
la quantité, plus que la Russie et deux fois plus que l’Amérique ; l’
441
fédérer dans sa diversité, en vue de maintenir et
d’
illustrer une certaine notion de l’homme dont, malgré toutes ses infid
442
e de maintenir et d’illustrer une certaine notion
de
l’homme dont, malgré toutes ses infidélités, elle reste aux yeux du m
443
t l’aventure du xxe siècle, et c’est la vocation
de
cette génération. L’aventure Depuis quelques semaines, ou quelq
444
epuis quelques semaines, ou quelques mois, l’idée
de
l’union européenne a fait des progrès étonnants, sinon dans la réalit
445
ues semaines, ou quelques mois, l’idée de l’union
européenne
a fait des progrès étonnants, sinon dans la réalité, du moins dans le
446
rnements travaillent encore en fait, dans le sens
de
l’utopie que je viens de décrire, et que le sort de l’aventure réelle
447
l’utopie que je viens de décrire, et que le sort
de
l’aventure réelle n’est pas ailleurs que dans nos mains : nous, l’opi
448
ue dans nos mains : nous, l’opinion, les citoyens
de
l’Europe, ceux qui sont décidés à fournir l’effort d’invention à la h
449
ns nos mains : nous, l’opinion, les citoyens de l’
Europe
, ceux qui sont décidés à fournir l’effort d’invention à la hauteur du
450
’Europe, ceux qui sont décidés à fournir l’effort
d’
invention à la hauteur du siècle. Je disais à Montreux en septembre de
451
à Montreux en septembre dernier, lors du congrès
de
l’Union européenne des fédéralistes : Si l’Europe doit durer, c’est
452
en septembre dernier, lors du congrès de l’Union
européenne
des fédéralistes : Si l’Europe doit durer, c’est aux fédéralistes qu
453
ès de l’Union européenne des fédéralistes : Si l’
Europe
doit durer, c’est aux fédéralistes qu’elle le devra, et à eux seuls.
454
alistes qu’elle le devra, et à eux seuls. Sur qui
d’
autre peut-elle compter ? Elle ne doit pas compter sur les gens au pou
455
u pouvoir. J’en connais peu qui aient l’intention
de
le laisser limiter, et c’est pourtant ce que nous leur demandons. Tou
456
urvivre aussi longtemps que possible avec l’appui
de
la police. Or l’être des gouvernements, dans le monde actuel, c’est l
457
tes ou méchants, mais leur fonction leur interdit
de
céder un pouce, et dans l’état présent de l’opinion et des rivalités
458
nterdit de céder un pouce, et dans l’état présent
de
l’opinion et des rivalités de partis, ils courraient le risque d’être
459
dans l’état présent de l’opinion et des rivalités
de
partis, ils courraient le risque d’être accusés de trahison s’ils tra
460
des rivalités de partis, ils courraient le risque
d’
être accusés de trahison s’ils transigeaient un seul instant avec le d
461
e partis, ils courraient le risque d’être accusés
de
trahison s’ils transigeaient un seul instant avec le dogme de la souv
462
s’ils transigeaient un seul instant avec le dogme
de
la souveraineté absolue. L’union, la paix, que la plupart d’entre eux
463
la prendre dans quinze jours, aux états généraux
de
l’Europe, convoqués à La Haye pour le 7 mai. Où elle mène Je ne
464
rendre dans quinze jours, aux états généraux de l’
Europe
, convoqués à La Haye pour le 7 mai. Où elle mène Je ne puis ant
465
ur les résolutions auxquelles aboutira ce congrès
de
l’Europe. Le 19 juin 1789, personne ne prévoyait le serment du Jeu de
466
s résolutions auxquelles aboutira ce congrès de l’
Europe
. Le 19 juin 1789, personne ne prévoyait le serment du Jeu de Paume, q
467
uin 1789, personne ne prévoyait le serment du Jeu
de
Paume, qui marqua le lendemain un tournant de l’Histoire. Ce que je s
468
Jeu de Paume, qui marqua le lendemain un tournant
de
l’Histoire. Ce que je sais, c’est notre volonté, et c’est le but préc
469
ts, voici le tableau : Nous avons aujourd’hui une
Europe
divisée et cloisonnée dans l’anarchie. Nous voulons une Europe organi
470
e et cloisonnée dans l’anarchie. Nous voulons une
Europe
organisée. Une Europe sans barrières ni visas, rendue dans toute son
471
’anarchie. Nous voulons une Europe organisée. Une
Europe
sans barrières ni visas, rendue dans toute son étendue à la libre cir
472
nt nécessaires. Nous voulons au-dessus des États,
de
toute urgence, un Conseil politique de l’Europe. Nous voulons que ce
473
des États, de toute urgence, un Conseil politique
de
l’Europe. Nous voulons que ce Conseil soit contrôlé par un Parlement
474
tats, de toute urgence, un Conseil politique de l’
Europe
. Nous voulons que ce Conseil soit contrôlé par un Parlement de l’Euro
475
ons que ce Conseil soit contrôlé par un Parlement
de
l’Europe. Nous voulons qu’un Conseil économique entreprenne la mise e
476
ue ce Conseil soit contrôlé par un Parlement de l’
Europe
. Nous voulons qu’un Conseil économique entreprenne la mise en commun
477
Conseil économique entreprenne la mise en commun
de
nos ressources naturelles. Et nous voulons qu’un Centre de la culture
478
ssources naturelles. Et nous voulons qu’un Centre
de
la culture donne un organe, une voix et une autorité, à la conscience
479
organe, une voix et une autorité, à la conscience
européenne
. Par-dessus tout, dominant ces Conseils qui domineraient eux-mêmes le
480
instituer une Cour suprême, qui soit la gardienne
de
la Charte des droits et des devoirs de la personne, et à laquelle pui
481
gardienne de la Charte des droits et des devoirs
de
la personne, et à laquelle puissent en appeler directement, contre l’
482
es, et les minorités. Ainsi sera garanti le droit
d’
opposition, faute duquel il est dérisoire de parler de démocratie. Fin
483
droit d’opposition, faute duquel il est dérisoire
de
parler de démocratie. Finalement nous voulons l’Europe, parce que san
484
position, faute duquel il est dérisoire de parler
de
démocratie. Finalement nous voulons l’Europe, parce que sans elle le
485
e parler de démocratie. Finalement nous voulons l’
Europe
, parce que sans elle le monde glisse à la guerre, et que l’alternativ
486
, et que l’alternative n’est plus, pour nous, que
d’
empêcher cette guerre ou de périr en elle. Séparés, isolés, aucun de n
487
t plus, pour nous, que d’empêcher cette guerre ou
de
périr en elle. Séparés, isolés, aucun de nos pays n’empêchera rien. S
488
uerre ou de périr en elle. Séparés, isolés, aucun
de
nos pays n’empêchera rien. Séparés, isolés, nous serons colonisés l’u
489
isseront le ton, et l’on pourra parler. Chance
de
l’homme Telle est la vision directrice de l’aventure que nous cour
490
ance de l’homme Telle est la vision directrice
de
l’aventure que nous courons. Et il est clair que son enjeu n’est pas
491
e en dépendent, mais qu’il est avant tout l’enjeu
de
la personne, la chance de l’homme au xxe siècle. Et c’est pourquoi l
492
est avant tout l’enjeu de la personne, la chance
de
l’homme au xxe siècle. Et c’est pourquoi la hiérarchie des Conseils
493
st pas la puissance, ni le maintien par la police
d’
une certaine idéologie, mais au contraire le règne de la loi, par où j
494
ne certaine idéologie, mais au contraire le règne
de
la loi, par où j’entends la garantie des droits élémentaires de l’hom
495
où j’entends la garantie des droits élémentaires
de
l’homme, antérieurs à l’État, supérieurs à l’État, et sans lesquels,
496
supérieurs à l’État, et sans lesquels, pour nous
Européens
, le bonheur même paraît inacceptable. Entre un libéralo-capitalisme e
497
italisme et un étatisme absolus, tous deux nés en
Europe
pour émigrer plus tard sur des terres vierges, où leurs excès sont ma
498
açants, car leur conflit se déclare sans issue, l’
Europe
se doit, et doit au monde d’inaugurer la troisième voie, la voie des
499
re sans issue, l’Europe se doit, et doit au monde
d’
inaugurer la troisième voie, la voie des libertés organisées. Nous viv
500
és organisées. Nous vivons aujourd’hui la « drôle
de
paix ». Il dépend de nous qu’elle se termine demain en paix-éclair, e
501
ivons aujourd’hui la « drôle de paix ». Il dépend
de
nous qu’elle se termine demain en paix-éclair, et c’est l’effet que p
502
pourra seule produire la proclamation solennelle
de
la fédération européenne. Il se passe quelque chose à l’Est. Il est t
503
duire la proclamation solennelle de la fédération
européenne
. Il se passe quelque chose à l’Est. Il est temps qu’il se passe quelq
504
Est. Il est temps qu’il se passe quelque chose en
Europe
! Il est temps de réveiller l’espoir d’une moitié séparée du continen
505
l se passe quelque chose en Europe ! Il est temps
de
réveiller l’espoir d’une moitié séparée du continent. Il est temps de
506
se en Europe ! Il est temps de réveiller l’espoir
d’
une moitié séparée du continent. Il est temps de donner aussi à nos am
507
r d’une moitié séparée du continent. Il est temps
de
donner aussi à nos amis américains la certitude que nous ne sommes pa
508
e sommes pas ce qu’ils ont parfois presque raison
de
croire que nous sommes : des démissionnaires de l’Histoire. La vérita
509
n de croire que nous sommes : des démissionnaires
de
l’Histoire. La véritable troisième force, au plan mondial, ce n’est p
510
mondial, ce n’est pas je ne sais quel groupement
de
double négation et de demi-mesures, c’est l’Europe rejoignant le xxe
511
je ne sais quel groupement de double négation et
de
demi-mesures, c’est l’Europe rejoignant le xxe siècle, pour en prend
512
nt de double négation et de demi-mesures, c’est l’
Europe
rejoignant le xxe siècle, pour en prendre la tête et inventer l’aven
513
e, mais cette vieille terre à rajeunir, à libérer
de
ses cloisons, notre Europe à reconquérir, pour tous ses peuples, pour
514
erre à rajeunir, à libérer de ses cloisons, notre
Europe
à reconquérir, pour tous ses peuples, pour tous ses partis, et comme
515
nie, pour tous les hommes. g. Rougemont Denis
de
, « L’Europe, aventure du XXe siècle », Réforme, Paris, 1 mai 1948, p.
516
r tous les hommes. g. Rougemont Denis de, « L’
Europe
, aventure du XXe siècle », Réforme, Paris, 1 mai 1948, p. 1.
517
pprochements » est dépassée. Il s’agit pour nous,
Européens
, de construire ensemble une fédération solide. Il existe certes des p
518
s » est dépassée. Il s’agit pour nous, Européens,
de
construire ensemble une fédération solide. Il existe certes des probl
519
e certes des problèmes franco-allemands, mais pas
de
solution franco-allemande. La seule solution est l’Europe. Une exploi
520
olution franco-allemande. La seule solution est l’
Europe
. Une exploitation fédérale des houillères (continentales et britanniq
521
tales et britanniques) résoudra seule le problème
de
la Ruhr. De même, une organisation fédérale de l’Europe est seule cap
522
me de la Ruhr. De même, une organisation fédérale
de
l’Europe est seule capable de répondre à la fois au désir d’unité des
523
la Ruhr. De même, une organisation fédérale de l’
Europe
est seule capable de répondre à la fois au désir d’unité des Allemand
524
ganisation fédérale de l’Europe est seule capable
de
répondre à la fois au désir d’unité des Allemands, aux craintes qu’il
525
est seule capable de répondre à la fois au désir
d’
unité des Allemands, aux craintes qu’il éveille en France, à la tentat
526
ces américaines, et à l’expansion russe. On parle
d’
obstacles économiques à cette fédération. C’est oublier que la situati
527
impossible. La solution fédéraliste a l’avantage
d’
être au moins concevable, et il est impossible qu’elle soit pire que c
528
où beaucoup vivent, des menaces qui pèsent sur l’
Europe
. Un peu de conscience tuerait beaucoup de préjugés, datant de l’époqu
529
e conscience tuerait beaucoup de préjugés, datant
de
l’époque des pantalons rouges et non pas de l’occupation. h. Rouge
530
atant de l’époque des pantalons rouges et non pas
de
l’occupation. h. Rougemont Denis de, « [Réponse à une enquête] Ête
531
et non pas de l’occupation. h. Rougemont Denis
de
, « [Réponse à une enquête] Êtes-vous partisan du rapprochement franco
532
(14 juin 1952)j k Il ne saurait être question
de
tirer de nos débats et de nos conférences des conclusions collectives
533
1952)j k Il ne saurait être question de tirer
de
nos débats et de nos conférences des conclusions collectives, unanime
534
e saurait être question de tirer de nos débats et
de
nos conférences des conclusions collectives, unanimes. Nous avons ent
535
ons entendu, depuis quinze jours, une quarantaine
de
prises de position toutes personnelles, faisant le point d’une évolut
536
u, depuis quinze jours, une quarantaine de prises
de
position toutes personnelles, faisant le point d’une évolution dont n
537
de position toutes personnelles, faisant le point
d’
une évolution dont nous sommes à la fois les sujets et les objets. Mai
538
je voudrais relever ici un caractère très général
de
nos débats. Les sujets que nous avons discutés, que ce soit l’écrivai
539
que ce soit l’écrivain dans la cité, l’isolement
de
l’artiste au temps des « mass médias », l’opposition entre la révolte
540
a société. On nous a très bien montré les dangers
de
l’isolement, les excès de la révolte. On a moins insisté sur l’accept
541
bien montré les dangers de l’isolement, les excès
de
la révolte. On a moins insisté sur l’acceptation confiante des moyens
542
é sur l’acceptation confiante des moyens modernes
de
communiquer avec les masses, et personne n’a déclaré devant nous qu’i
543
nous qu’il connaissait et assumait les conditions
d’
une communion nouvelle entre les hommes. Quelques mots sur ce dernier
544
s mots sur ce dernier thème, sur ce thème capital
de
la communion. Il est trop clair qu’aucun de nous ne se risquerait à v
545
pital de la communion. Il est trop clair qu’aucun
de
nous ne se risquerait à vous en donner la recette. Et c’est tant mieu
546
Et c’est tant mieux ! Car il existe des recettes
de
communion, et des fois synthétiques, dans ce siècle, et nous savons à
547
savons à quoi elles mènent ! Que vaut le bonheur
d’
un peuple, que vaut sa communion, quand elle est établie par la police
548
ion, quand elle est établie par la police au prix
d’
un homme sur dix dans les camps sibériens ? Que vaut la communion des
549
s ignorent sans doute l’étendue et la vraie visée
de
la tyrannie dans laquelle ils sont nés. Mais nous… Nous qui avons par
550
mi nous des témoins, des victimes toutes récentes
de
ces tortures, nous qui avons pu garder le droit de savoir, le droit d
551
e ces tortures, nous qui avons pu garder le droit
de
savoir, le droit de nous informer, de dire et de crier, nous ne somme
552
qui avons pu garder le droit de savoir, le droit
de
nous informer, de dire et de crier, nous ne sommes plus pardonnables
553
er le droit de savoir, le droit de nous informer,
de
dire et de crier, nous ne sommes plus pardonnables de nous taire ! Al
554
de savoir, le droit de nous informer, de dire et
de
crier, nous ne sommes plus pardonnables de nous taire ! Alors que fai
555
ire et de crier, nous ne sommes plus pardonnables
de
nous taire ! Alors que faire ? Tout d’abord protester publiquement et
556
d protester publiquement et avec éclat : question
de
salubrité publique, même si l’efficacité en reste discutable. L’Œuvre
557
protesté, dans son ensemble, contre les tyrannies
de
toute couleur qui nous salissent, qui salissent toute l’humanité, vic
558
me directe ou non des dictatures et des arguments
de
leurs complices. Elle a protesté au double sens du mot, qui est à la
559
une église, était dédié à la mémoire des victimes
de
toutes les tyrannies du xxe siècle. Il convenait d’ouvrir nos manife
560
toutes les tyrannies du xxe siècle. Il convenait
d’
ouvrir nos manifestations par cet acte de piété et ce Magnificat à la
561
onvenait d’ouvrir nos manifestations par cet acte
de
piété et ce Magnificat à la mémoire des martyrs de ce siècle. Et ensu
562
e piété et ce Magnificat à la mémoire des martyrs
de
ce siècle. Et ensuite : tout l’ensemble éblouissant de chefs-d’œuvre
563
siècle. Et ensuite : tout l’ensemble éblouissant
de
chefs-d’œuvre des arts modernes, qui a rempli ce mois de mai de Paris
564
s-d’œuvre des arts modernes, qui a rempli ce mois
de
mai de Paris, a témoigné, a protesté pour la valeur créatrice de la l
565
re des arts modernes, qui a rempli ce mois de mai
de
Paris, a témoigné, a protesté pour la valeur créatrice de la liberté.
566
, a témoigné, a protesté pour la valeur créatrice
de
la liberté. Maintenant, qu’allons-nous conclure ? Je pense qu’il ne s
567
aire, nous approuvons tous cette belle définition
de
la propagande que formulait Wystan Auden : « La propagande est l’empl
568
ulait Wystan Auden : « La propagande est l’emploi
de
la magie par ceux qui n’y croient plus contre ceux qui y croient enco
569
re au défi des totalitaires, si nous nous privons
de
leurs armes ? Si nous refusons la fausse communion fomentée par la pr
570
ons tous les insignes, tous les signes extérieurs
de
la communion ? Si nous allons même jusqu’à éviter d’en parler — parce
571
la communion ? Si nous allons même jusqu’à éviter
d’
en parler — parce que, disons-le franchement, il est gênant de parler
572
— parce que, disons-le franchement, il est gênant
de
parler de cela quand on y croit, dans un tel lieu, et sous les projec
573
e, disons-le franchement, il est gênant de parler
de
cela quand on y croit, dans un tel lieu, et sous les projecteurs de c
574
croit, dans un tel lieu, et sous les projecteurs
de
cinéma… Je répondrai à côté de la question apparente, je répondrai pa
575
la question apparente, je répondrai par une sorte
de
parabole, sans transition, en visant le cœur du problème. Que nous so
576
yons chrétiens ou non, ici nous sommes tous tenus
de
constater le fait historique que voici : c’est que la plus vaste comm
577
la plus profonde et la plus libre dans les modes
d’
adhésion qu’elle implique, s’est faite autour non pas d’une idée, d’un
578
sion qu’elle implique, s’est faite autour non pas
d’
une idée, d’une doctrine, d’un système de valeurs ni même d’une cause,
579
implique, s’est faite autour non pas d’une idée,
d’
une doctrine, d’un système de valeurs ni même d’une cause, mais d’un s
580
faite autour non pas d’une idée, d’une doctrine,
d’
un système de valeurs ni même d’une cause, mais d’un sacrifice individ
581
non pas d’une idée, d’une doctrine, d’un système
de
valeurs ni même d’une cause, mais d’un sacrifice individuel — autour
582
, d’une doctrine, d’un système de valeurs ni même
d’
une cause, mais d’un sacrifice individuel — autour d’un seul, autour d
583
d’un système de valeurs ni même d’une cause, mais
d’
un sacrifice individuel — autour d’un seul, autour d’un homme qui est
584
ne cause, mais d’un sacrifice individuel — autour
d’
un seul, autour d’un homme qui est mort dans l’isolement total, dans l
585
n sacrifice individuel — autour d’un seul, autour
d’
un homme qui est mort dans l’isolement total, dans la révolte la plus
586
abandonné des hommes, et ce serait peu, abandonné
de
Dieu lui-même, il l’a crié. N’oublions pas que là, le mot de communio
587
-même, il l’a crié. N’oublions pas que là, le mot
de
communion a pris son sens, et qu’il le perd en s’éloignant du sacrifi
588
là-dessus, pour terminer, une citation. Elle est
d’
un Espagnol, et frappe une de ces notes d’éloquence à la fois sèche et
589
e citation. Elle est d’un Espagnol, et frappe une
de
ces notes d’éloquence à la fois sèche et profonde qui manquent trop s
590
lle est d’un Espagnol, et frappe une de ces notes
d’
éloquence à la fois sèche et profonde qui manquent trop souvent aujour
591
anquent trop souvent aujourd’hui, et par la faute
d’
une dictature encore, au grand concert européen. C’est une phrase de M
592
la faute d’une dictature encore, au grand concert
européen
. C’est une phrase de Miguel de Unamuno, dans son commentaire à Don Qu
593
core, au grand concert européen. C’est une phrase
de
Miguel de Unamuno, dans son commentaire à Don Quichotte : Mets-toi e
594
eul. Mais vous formerez un bataillon sacré, celui
de
la sainte, de l’inachevable croisade. j. Rougemont Denis de, « A
595
formerez un bataillon sacré, celui de la sainte,
de
l’inachevable croisade. j. Rougemont Denis de, « Après l’œuvre d
596
e l’inachevable croisade. j. Rougemont Denis
de
, « Après l’œuvre du XXe siècle », Réforme, Paris, 14 juin 1952, p. 7.
597
« Nous avons rendu compte ici des manifestations
de
L’Œuvre du xxe siècle qui sont maintenant terminées. Nous n’avons ri
598
enant terminées. Nous n’avons rien dit des débats
d’
écrivains, car après les avoir entendus, il nous a semblé qu’ils étaie
599
lus par la crainte du communisme que par le souci
de
la liberté et qu’ainsi, ils passaient à côté des questions essentiell
600
Il reste que ces conversations, faites en réalité
de
monologues successifs, ont fait sentir à quel point est posé le probl
601
ont fait sentir à quel point est posé le problème
de
la communication entre le Créateur et la société. Problème de communi
602
ication entre le Créateur et la société. Problème
de
communion. C’est à celui-ci qu’est consacré le texte de Denis de Roug
603
munion. C’est à celui-ci qu’est consacré le texte
de
Denis de Rougemont que nous publions ci-après, qui a servi de conclus
604
Rougemont que nous publions ci-après, qui a servi
de
conclusion aux débats et au festival lui-même. »
605
crivains protestants » (11 avril 1953)l m Fils
de
pasteur comme les trois sœurs Brontë, Nietzsche, Herman Hesse, Pearl
606
erman Hesse, Pearl Buck, Curzio Malaparte et tant
d’
écrivains scandinaves, américains, allemands, anglais ou hollandais, m
607
je me sens protestant non seulement par le hasard
d’
une origine, mais encore par ma formation, et enfin par mon adhésion d
608
nfin par mon adhésion des plus actives, dès l’âge
de
25 ans, aux doctrines orthodoxes de la Réforme, à travers Kierkegaard
609
es, dès l’âge de 25 ans, aux doctrines orthodoxes
de
la Réforme, à travers Kierkegaard et Barth. C’est dire que le protest
610
historique, ou à la langue française comme moyen
d’
expression. Gênantes sont les données que l’on ne peut assumer, et cel
611
u’aux catholiques, aux orthodoxes, aux incroyants
de
toutes nuances. À l’isolement relatif du protestant en France, il y a
612
e, il y a mieux que des compensations sur le plan
de
la pensée de l’art et d’une vision plus large de l’humain, pour ceux
613
ux que des compensations sur le plan de la pensée
de
l’art et d’une vision plus large de l’humain, pour ceux qui se réfère
614
ompensations sur le plan de la pensée de l’art et
d’
une vision plus large de l’humain, pour ceux qui se réfèrent à l’Écrit
615
de la pensée de l’art et d’une vision plus large
de
l’humain, pour ceux qui se réfèrent à l’Écriture et à ses traductions
616
ces du seul langage vraiment commun aux écrivains
de
toutes les langues et confessions dans le domaine occidental. l.
617
ans le domaine occidental. l. Rougemont Denis
de
, « [Réponse à une enquête] Les écrivains protestants », Réforme, Pari
618
Vers l’
Europe
des régions ? (30 novembre 1968)n o Rentrant d’Amérique après la g
619
e des régions ? (30 novembre 1968)n o Rentrant
d’
Amérique après la guerre, j’avais compris qu’il était indispensable d’
620
guerre, j’avais compris qu’il était indispensable
d’
unir les Européens. Non seulement nous-mêmes mais les Américains aussi
621
vais compris qu’il était indispensable d’unir les
Européens
. Non seulement nous-mêmes mais les Américains aussi, avions besoin de
622
us-mêmes mais les Américains aussi, avions besoin
de
cette union, c’est-à-dire du genre de valeurs, d’équilibre, de mesure
623
ions besoin de cette union, c’est-à-dire du genre
de
valeurs, d’équilibre, de mesure que représentait notre vieux continen
624
de cette union, c’est-à-dire du genre de valeurs,
d’
équilibre, de mesure que représentait notre vieux continent. En août 1
625
n, c’est-à-dire du genre de valeurs, d’équilibre,
de
mesure que représentait notre vieux continent. En août 1947, on est v
626
continent. En août 1947, on est venu me demander
de
parler à un congrès de fédéralistes européens, à Montreux, où j’ai pr
627
7, on est venu me demander de parler à un congrès
de
fédéralistes européens, à Montreux, où j’ai prononcé un discours inau
628
e demander de parler à un congrès de fédéralistes
européens
, à Montreux, où j’ai prononcé un discours inaugural : j’étais engagé.
629
urs inaugural : j’étais engagé. Puis j’ai accepté
de
m’occuper de la partie culturelle du Mouvement européen. À partir du
630
: j’étais engagé. Puis j’ai accepté de m’occuper
de
la partie culturelle du Mouvement européen. À partir du congrès de La
631
de m’occuper de la partie culturelle du Mouvement
européen
. À partir du congrès de La Haye en 1948, je me suis beaucoup penché s
632
urelle du Mouvement européen. À partir du congrès
de
La Haye en 1948, je me suis beaucoup penché sur ce problème de l’unio
633
1948, je me suis beaucoup penché sur ce problème
de
l’union des Européens sur la base d’une unité déjà existante. Je fais
634
is beaucoup penché sur ce problème de l’union des
Européens
sur la base d’une unité déjà existante. Je fais une distinction entre
635
ce problème de l’union des Européens sur la base
d’
une unité déjà existante. Je fais une distinction entre unité et union
636
âtir. Non pas une uniformité mais un certain mode
de
contacts organisés. Cette base commune de culture et de civilisation
637
in mode de contacts organisés. Cette base commune
de
culture et de civilisation est la condition sine qua non d’une union
638
tacts organisés. Cette base commune de culture et
de
civilisation est la condition sine qua non d’une union économique et
639
et de civilisation est la condition sine qua non
d’
une union économique et politique. J’ai donc créé le Centre européen d
640
avons réuni pour la première fois les directeurs
d’
administration d’agences atomiques des six pays avec le concours de l’
641
la première fois les directeurs d’administration
d’
agences atomiques des six pays avec le concours de l’Unesco, pour crée
642
d’agences atomiques des six pays avec le concours
de
l’Unesco, pour créer un laboratoire européen de recherches nucléaires
643
e concours de l’Unesco, pour créer un laboratoire
européen
de recherches nucléaires. Le Centre d’études et de recherches nucléai
644
s de l’Unesco, pour créer un laboratoire européen
de
recherches nucléaires. Le Centre d’études et de recherches nucléaires
645
oire européen de recherches nucléaires. Le Centre
d’
études et de recherches nucléairesp a été la réalisation de cette prem
646
n de recherches nucléaires. Le Centre d’études et
de
recherches nucléairesp a été la réalisation de cette première initiat
647
et de recherches nucléairesp a été la réalisation
de
cette première initiative de notre centre. Nous avons fondé une assoc
648
a été la réalisation de cette première initiative
de
notre centre. Nous avons fondé une association des festivals de musiq
649
e. Nous avons fondé une association des festivals
de
musique européens que je dirige, tout à fait par hasard. Nous avons c
650
ns fondé une association des festivals de musique
européens
que je dirige, tout à fait par hasard. Nous avons coordonné les Insti
651
it par hasard. Nous avons coordonné les Instituts
d’
études européennes qui étaient en train de se constituer dans différen
652
sard. Nous avons coordonné les Instituts d’études
européennes
qui étaient en train de se constituer dans différentes universités. N
653
pris contact avec des historiens, des professeurs
d’
enseignement secondaire, des éditeurs. Nous avons d’autre part lancé u
654
teurs. Nous avons d’autre part lancé une Campagne
européenne
d’éducation civique qui cherche à introduire l’angle de vision europé
655
avons d’autre part lancé une Campagne européenne
d’
éducation civique qui cherche à introduire l’angle de vision européen
656
ducation civique qui cherche à introduire l’angle
de
vision européen dans la leçon d’histoire, de géographie, de langues.
657
ivique qui cherche à introduire l’angle de vision
européen
dans la leçon d’histoire, de géographie, de langues. Je souhaiterais
658
troduire l’angle de vision européen dans la leçon
d’
histoire, de géographie, de langues. Je souhaiterais que tombent en dé
659
ngle de vision européen dans la leçon d’histoire,
de
géographie, de langues. Je souhaiterais que tombent en désuétude les
660
européen dans la leçon d’histoire, de géographie,
de
langues. Je souhaiterais que tombent en désuétude les grands États-na
661
fédérale, afin de faire repartir toute l’affaire
européenne
sur la base des régions, puisque vingt ans de tentatives de rapproche
662
péenne sur la base des régions, puisque vingt ans
de
tentatives de rapprochement n’ont abouti à rien sur le plan politique
663
base des régions, puisque vingt ans de tentatives
de
rapprochement n’ont abouti à rien sur le plan politique. Cette situat
664
evenant ainsi eux-mêmes l’obstacle à toute espèce
d’
union. On ne peut bâtir une union de l’Europe sur les obstacles à tout
665
toute espèce d’union. On ne peut bâtir une union
de
l’Europe sur les obstacles à toute union. Notre espoir réside dans u
666
e espèce d’union. On ne peut bâtir une union de l’
Europe
sur les obstacles à toute union. Notre espoir réside dans une politi
667
se dessine en France un grand mouvement qui vient
d’
être appuyé par de Gaulle pour diviser le pays en un certain nombre de
668
Gaulle pour diviser le pays en un certain nombre
de
régions. Je pense qu’on finira par se mettre d’accord assez vite pour
669
’accord assez vite pour la France sur une dizaine
de
régions, plus Paris. Notre idée de fédéralistes européens est que ces
670
ur une dizaine de régions, plus Paris. Notre idée
de
fédéralistes européens est que ces régions définies surtout par l’éc
671
e régions, plus Paris. Notre idée de fédéralistes
européens
est que ces régions définies surtout par l’économie, se définissent
672
ure et quelquefois par l’ethnie comme dans le cas
de
la Bretagne ou de la Catalogne. Le problème numéro un de l’Europe, c’
673
par l’ethnie comme dans le cas de la Bretagne ou
de
la Catalogne. Le problème numéro un de l’Europe, c’est l’union. Si l’
674
retagne ou de la Catalogne. Le problème numéro un
de
l’Europe, c’est l’union. Si l’union de l’Europe ne se fait pas, nous
675
ne ou de la Catalogne. Le problème numéro un de l’
Europe
, c’est l’union. Si l’union de l’Europe ne se fait pas, nous serons co
676
numéro un de l’Europe, c’est l’union. Si l’union
de
l’Europe ne se fait pas, nous serons colonisés par le dollar et peut-
677
ro un de l’Europe, c’est l’union. Si l’union de l’
Europe
ne se fait pas, nous serons colonisés par le dollar et peut-être par
678
xiste — quoique cela soit moins sûr. Mais le fait
de
ne plus être maîtres de notre destinée économique entraînerait une qu
679
t moins sûr. Mais le fait de ne plus être maîtres
de
notre destinée économique entraînerait une quantité de conséquences s
680
tre destinée économique entraînerait une quantité
de
conséquences sur le plan culturel. Cela entraînerait une chute de pot
681
sur le plan culturel. Cela entraînerait une chute
de
potentiel européen considérable, dont finalement le monde entier subi
682
ulturel. Cela entraînerait une chute de potentiel
européen
considérable, dont finalement le monde entier subirait les conséquenc
683
usqu’au moment où de Gaulle a annoncé sa décision
de
dissoudre le Sénat pour le remplacer par une assemblée élue par les r
684
plus concerné par la centralisation, grand nombre
de
jeunes sociologues et économistes français s’étant penchés sur ce pro
685
concevable que s’il existe une solide fédération
européenne
. Ce sera le point d’accrochage d’une organisation mondiale. Sans dout
686
ne solide fédération européenne. Ce sera le point
d’
accrochage d’une organisation mondiale. Sans doute d’ici dix ou quinze
687
ération européenne. Ce sera le point d’accrochage
d’
une organisation mondiale. Sans doute d’ici dix ou quinze ans serons-n
688
s —, qui seront de plus en plus les vrais centres
de
la production et de la vie intellectuelle et auront entre elles des l
689
lus en plus les vrais centres de la production et
de
la vie intellectuelle et auront entre elles des liens de toutes natur
690
ie intellectuelle et auront entre elles des liens
de
toutes natures. Elles constitueront de proche en proche un tissu plu
691
des liens de toutes natures. Elles constitueront
de
proche en proche un tissu plus solide que leurs liens avec les États-
692
les problèmes mondiaux dépendent en grande partie
de
la solution des problèmes européens c’est que l’unité du genre humain
693
ent en grande partie de la solution des problèmes
européens
c’est que l’unité du genre humain est une invention des Européens. C’
694
que l’unité du genre humain est une invention des
Européens
. C’est l’Europe chrétienne qui a imaginé l’ensemble du genre humain e
695
e humain est une invention des Européens. C’est l’
Europe
chrétienne qui a imaginé l’ensemble du genre humain en découvrant les
696
le du genre humain en découvrant les possibilités
de
fraternité universelle : « Désormais, disait saint Paul, il n’y a plu
697
a plus ni Juifs ni Grecs ». Cette responsabilité
de
l’Europe s’oppose aux racismes et aux guerres d’extermination de race
698
us ni Juifs ni Grecs ». Cette responsabilité de l’
Europe
s’oppose aux racismes et aux guerres d’extermination de races. Les pr
699
de l’Europe s’oppose aux racismes et aux guerres
d’
extermination de races. Les problèmes les plus importants sont, à la r
700
ppose aux racismes et aux guerres d’extermination
de
races. Les problèmes les plus importants sont, à la racine, d’ordre p
701
problèmes les plus importants sont, à la racine,
d’
ordre philosophique ou religieux. Il s’agit de transposer sur les plan
702
ne, d’ordre philosophique ou religieux. Il s’agit
de
transposer sur les plans économique et politique les conséquences des
703
uses que l’on croit justes. n. Rougemont Denis
de
, « [Entretien] Vers l’Europe des régions ? », Réforme, Paris, 30 nove
704
s. n. Rougemont Denis de, « [Entretien] Vers l’
Europe
des régions ? », Réforme, Paris, 30 novembre 1968, p. 13. o. Cet art
705
s, 30 novembre 1968, p. 13. o. Cet article, issu
d’
un entretien mené par Anouchka von Heuer et Christian Roux-Pétel, est
706
Les États-nations ne cessent aujourd’hui encore,
de
s’affronter sur notre vieux continent. Il nous a semblé intéressant d
707
tre vieux continent. Il nous a semblé intéressant
de
considérer avec Denis de Rougemont l’œuvre entreprise au Centre europ
708
l’organe provisoire institué en 1952 sous le nom
de
Conseil européen pour la recherche nucléaire. q. L’imprimé portait
709
rovisoire institué en 1952 sous le nom de Conseil
européen
pour la recherche nucléaire. q. L’imprimé portait « deux » länder ;
710
à participer le 14 au soir à une émission de plus
de
trois heures sur Concorde, j’ai commencé par refuser : dix minutes de
711
Concorde, j’ai commencé par refuser : dix minutes
de
parole ne valent pas le voyage, je ne suis pas technicien, et surtout
712
ela ne tienne, me dit-on, vous parlerez en duplex
de
Genève, c’est au philosophe que nous nous adressons, vos arguments cr
713
s critiques nous intéressent, et puisqu’il s’agit
d’
un débat, vous pourrez y aller librement. Soyez aussi violent qu’il vo
714
e là ? Dès que j’ouvrirai la bouche, des millions
de
téléspectateurs, conditionnés pendant deux heures, vont me haïr comme
715
ur qu’on sente que je suis contre — que le meneur
de
jeu m’interrompt nerveusement pour m’avertir que je sors du sujet. (J
716
’avertir que je sors du sujet. (Je parle pourtant
de
Concorde. Mais le sujet, c’est sa louange.) En dépit d’un feu roulant
717
jet, c’est sa louange.) En dépit d’un feu roulant
d’
interruptions presque paniques — que Le Monde jugera « d’une agressi
718
ptions presque paniques — que Le Monde jugera «
d’
une agressivité insupportable » —, j’essaie de formuler mes doutes et
719
a « d’une agressivité insupportable » —, j’essaie
de
formuler mes doutes et objections, selon le schéma qui suit. Mais je
720
que ça sert ? ». On m’assure que cet appareil ira
de
Paris à New York en trois heures et demie au lieu de sept. Bon. Mais
721
au lieu de sept. Bon. Mais les quelques dizaines
de
PDG et de membres du « jet-set » qui en « bénéficieront », si l’on pe
722
e sept. Bon. Mais les quelques dizaines de PDG et
de
membres du « jet-set » qui en « bénéficieront », si l’on peut dire, q
723
énéficieront », si l’on peut dire, que feront-ils
de
ces heures gagnées ? Est-ce qu’elles vaudront les seize milliards déj
724
avants redoutent, l’atteinte possible à la couche
d’
ozone qui protège notre vie terrestre contre les rayons ultraviolets ?
725
ultraviolets ? Votre pari — dis-je aux promoteurs
de
Concorde alignés devant moi, et consternés — c’est le contraire du pa
726
t moi, et consternés — c’est le contraire du pari
de
Pascal. Si vous perdez, vous perdez tout pour tout le monde. Si vous
727
upplémentaires au-dessus des merveilleux châteaux
de
nuages de l’Atlantique : ils y gagneraient (outre 20 % sur le prix du
728
ires au-dessus des merveilleux châteaux de nuages
de
l’Atlantique : ils y gagneraient (outre 20 % sur le prix du billet, e
729
prix du billet, et x % sur leurs impôts) le temps
de
se reposer, de réfléchir, ou de lire mes livres par exemple. Et s’il
730
et x % sur leurs impôts) le temps de se reposer,
de
réfléchir, ou de lire mes livres par exemple. Et s’il était vraiment
731
impôts) le temps de se reposer, de réfléchir, ou
de
lire mes livres par exemple. Et s’il était vraiment indispensable de
732
par exemple. Et s’il était vraiment indispensable
de
« gagner » trois heures sur ce trajet, en voici le moyen simple et qu
733
ple et qui eût déjà permis environ 15,8 milliards
d’
économies : 1°) supprimer les formalités de douanes et passeports au d
734
liards d’économies : 1°) supprimer les formalités
de
douanes et passeports au départ et à l’arrivée ; 2°) transporter les
735
rt et à l’arrivée ; 2°) transporter les passagers
de
l’échelle de coupée au centre de la ville par hélicoptère ou métro. 3
736
ivée ; 2°) transporter les passagers de l’échelle
de
coupée au centre de la ville par hélicoptère ou métro. 3. On me dit q
737
er les passagers de l’échelle de coupée au centre
de
la ville par hélicoptère ou métro. 3. On me dit qu’arrêter la fabrica
738
ou métro. 3. On me dit qu’arrêter la fabrication
de
Concorde mettrait au chômage 40 000 ouvriers. Argument proprement sca
739
t un Premier ministre, supprimer toute limitation
de
vitesse sur les autoroutes pour éviter le chômage des carrossiers ? (
740
ue l’industrie des armements occupe des centaines
de
milliers d’ouvriers ? Je pense que si la Société est ainsi faite que
741
ie des armements occupe des centaines de milliers
d’
ouvriers ? Je pense que si la Société est ainsi faite que la seule alt
742
le offre au gaspillage industriel, à la pollution
de
l’atmosphère, voire à la guerre, c’est le chômage, il est temps de ch
743
voire à la guerre, c’est le chômage, il est temps
de
changer de cap, de se fixer d’autres buts, et d’inventer d’autres moy
744
guerre, c’est le chômage, il est temps de changer
de
cap, de se fixer d’autres buts, et d’inventer d’autres moyens d’y all
745
c’est le chômage, il est temps de changer de cap,
de
se fixer d’autres buts, et d’inventer d’autres moyens d’y aller. 4. O
746
de changer de cap, de se fixer d’autres buts, et
d’
inventer d’autres moyens d’y aller. 4. Outre le gain de temps, outre l
747
ixer d’autres buts, et d’inventer d’autres moyens
d’
y aller. 4. Outre le gain de temps, outre l’emploi — et comme pour la
748
enter d’autres moyens d’y aller. 4. Outre le gain
de
temps, outre l’emploi — et comme pour la guerre du Vietnam, ici encor
749
on aurait découvert des procédés qui permettront
de
construire d’autres avions encore plus chers et plus problématiques,
750
et puis surtout qui permettront la mise au point
d’
armements de plus en plus sophistiqués : ces « retombées » se feront d
751
» se feront donc sur nos têtes. 5. Indépendamment
de
ces arguments, je suis contre Concorde pour deux raisons fondamentale
752
Concorde est le symbole ou simplement l’enseigne
d’
un modèle de société que je récuse radicalement. Car l’humain s’y voit
753
t le symbole ou simplement l’enseigne d’un modèle
de
société que je récuse radicalement. Car l’humain s’y voit sacrifié no
754
t (ici très négatif) mais à la puissance physique
de
l’État centralisateur et policier, au nom de quoi tout s’ordonne à la
755
’ordonne à la guerre. Concorde résume un ensemble
de
calculs et de rêves, de principes et d’ambitions qu’il nous faut dépa
756
guerre. Concorde résume un ensemble de calculs et
de
rêves, de principes et d’ambitions qu’il nous faut dépasser si nous v
757
ncorde résume un ensemble de calculs et de rêves,
de
principes et d’ambitions qu’il nous faut dépasser si nous voulons sur
758
ensemble de calculs et de rêves, de principes et
d’
ambitions qu’il nous faut dépasser si nous voulons survivre, qui détru
759
e et la Communauté des hommes, au nom du prestige
de
l’État, vanité collective et surprofits privés — absolument contraire
760
ire aux fins que je défends dans toute mon œuvre,
de
liberté et de responsabilité de la personne. b) Je suis convaincu que
761
ue je défends dans toute mon œuvre, de liberté et
de
responsabilité de la personne. b) Je suis convaincu que les promoteur
762
toute mon œuvre, de liberté et de responsabilité
de
la personne. b) Je suis convaincu que les promoteurs de Concorde sont
763
personne. b) Je suis convaincu que les promoteurs
de
Concorde sont animés par un certain idéal : c’est celui du Progrès se
764
i du Progrès selon le xixe siècle. Toujours plus
d’
objets, toujours plus grands, toujours plus chers, toujours plus bruya
765
toujours plus dangereux — exigeant toujours plus
de
contrôle de l’État — et allant toujours plus vite vers peu importe qu
766
us dangereux — exigeant toujours plus de contrôle
de
l’État — et allant toujours plus vite vers peu importe quoi ! L’idée
767
luxe s’oppose radicalement à cette manie démodée
de
la vitesse et du fracas pour épater le monde. Ce qui commence à valoi
768
ommence à valoir des fortunes, c’est le contraire
de
ce que Concorde symbolise. Le luxe suprême de demain, je l’ai défini
769
ire de ce que Concorde symbolise. Le luxe suprême
de
demain, je l’ai défini au lendemain d’Hiroshima : la lenteur au sein
770
xe suprême de demain, je l’ai défini au lendemain
d’
Hiroshima : la lenteur au sein du silence. r. Rougemont Denis de, «
771
lenteur au sein du silence. r. Rougemont Denis
de
, « À propos de Concorde », Réforme, Paris, 21 février 1976, p. 16.
772
Écologie, régions,
Europe
fédérée : même avenir (19 mai 1979)s 1. Une cible commode : l’éc
773
de : l’écologie La définition la plus courante
de
l’écologie consiste à dire que c’est « une mode », ou encore « une do
774
e c’est « une mode », ou encore « une douce manie
de
rousseauistes épris d’idylle et entretenant la nostalgie du jardin d’
775
u encore « une douce manie de rousseauistes épris
d’
idylle et entretenant la nostalgie du jardin d’Eden » (variante : « du
776
is d’idylle et entretenant la nostalgie du jardin
d’
Eden » (variante : « du retour aux cavernes et de l’éclairage à la bou
777
d’Eden » (variante : « du retour aux cavernes et
de
l’éclairage à la bougie »). Ou au contraire ; elle serait une « névro
778
e »). Ou au contraire ; elle serait une « névrose
d’
Apocalypse ». On dit aussi des écologistes adversaires du nucléaire qu
779
rien senti). Enfin, une circulaire confidentielle
de
l’EDF définit les écologistes comme ayant pour but véritable « d’entr
780
les écologistes comme ayant pour but véritable «
d’
entraver le fonctionnement des institutions existantes ». Ces mouvemen
781
les dissimulant. 2. Alignements : un mouvement
de
défense Dans les écoles primaires de Suisse romande, une compagnie
782
mouvement de défense Dans les écoles primaires
de
Suisse romande, une compagnie productrice d’électricité fait distribu
783
ires de Suisse romande, une compagnie productrice
d’
électricité fait distribuer une brochure sur les centrales nucléaires
784
ces brochures. Mais si l’un ou l’autre s’avisait
de
présenter aussi une brochure critique pour le nucléaire, la direction
785
llerait aussitôt à l’ordre, car « il est interdit
de
faire de la politique à l’école ». D’où cette nouvelle définition de
786
ussitôt à l’ordre, car « il est interdit de faire
de
la politique à l’école ». D’où cette nouvelle définition de la politi
787
st interdit de faire de la politique à l’école ».
D’
où cette nouvelle définition de la politique : si l’on est pour le nuc
788
tique à l’école ». D’où cette nouvelle définition
de
la politique : si l’on est pour le nucléaire, on fait de l’informatio
789
olitique : si l’on est pour le nucléaire, on fait
de
l’information ; si l’on est contre, on fait de la politique. En fait,
790
it de l’information ; si l’on est contre, on fait
de
la politique. En fait, écologie est un terme créé par le biologiste E
791
iverselle ; la grande presse (grâce à l’invention
de
la linotype) et les agences d’État : Wolf, Reuter, Havas, Stéfani, sa
792
râce à l’invention de la linotype) et les agences
d’
État : Wolf, Reuter, Havas, Stéfani, sans l’aide desquelles la guerre
793
Havas, Stéfani, sans l’aide desquelles la guerre
de
1914 n’eût pas été concevable. Développements presque aussitôt suivis
794
oppements presque aussitôt suivis par l’agression
européenne
contre l’Afrique : la belle époque du colonialisme durera de 1878 à 1
795
’Afrique : la belle époque du colonialisme durera
de
1878 à 1938 environ. Au triple alignement des esprits par l’école, de
796
resse, répond ce terme, qui passe alors inaperçu,
d’
écologie, désignant les « rapports des êtres vivants avec leur milieu
797
utte contre les avions supersoniques qui risquent
d’
endommager la couche d’ozone ; parcs nationaux et dénonciation des gra
798
supersoniques qui risquent d’endommager la couche
d’
ozone ; parcs nationaux et dénonciation des grands ensembles ; mesures
799
ensembles ; mesures contre la pollution des eaux
de
table mais aussi des océans ; relations entre les taux de délinquance
800
mais aussi des océans ; relations entre les taux
de
délinquance et le nombre des étages dans les HLM, etc. Aux yeux des p
801
tages dans les HLM, etc. Aux yeux des politiciens
de
droite, l’écologie est un complot contre « la société existante » ; a
802
la société existante » ; aux yeux des politiciens
de
gauche, sa fin principale paraît être « d’enlever des voix au parti s
803
iciens de gauche, sa fin principale paraît être «
d’
enlever des voix au parti socialiste » ou de défendre les privilèges e
804
tre « d’enlever des voix au parti socialiste » ou
de
défendre les privilèges et le confort des riches (c’est aussi ce qu’e
805
s que tout simplement l’écologie est une réaction
de
défense (peut-être de rejet) face à la civilisation industrielle et à
806
l’écologie est une réaction de défense (peut-être
de
rejet) face à la civilisation industrielle et à ses agressions de plu
807
utales contre la Nature et contre l’homme qui vit
de
la Nature et en elle1. 3. Une réaction nécessaire : la sécrétion d
808
le1. 3. Une réaction nécessaire : la sécrétion
d’
anticorps Plutôt donc que l’écologie comme science, considérons ici
809
ique, qui s’est manifesté avec force au lendemain
d’
Hiroshima et s’est constitué en mouvement de plus en plus nettement po
810
normal que ce souci se soit manifesté d’abord en
Europe
, première partie du monde à s’être développée industriellement, donc
811
On nous dit : « Le souci écologique est un souci
de
riches ! » Non. C’est le souci des premiers atteints par le mal indus
812
el, qu’ils ont d’ailleurs inventé. C’est le souci
de
ceux qui ont déchaîné la dénature contre la nature. De ceux qui ont i
813
ux qui ont déchaîné la dénature contre la nature.
De
ceux qui ont inventé et produit une civilisation qui tend à détruire
814
s humaines. L’agression s’est produite d’abord en
Europe
, au xixe siècle puis aux États-Unis. Elle s’étend désormais à toutes
815
Unis. Elle s’étend désormais à toutes les parties
de
la Terre où la civilisation occidentale apporte le « développement ».
816
up, que nous sommes ici en présence d’une révolte
de
l’écologie contre l’économie, ou de la volonté de vivre contre la vol
817
d’une révolte de l’écologie contre l’économie, ou
de
la volonté de vivre contre la volonté de profit, et que le phénomène,
818
de l’écologie contre l’économie, ou de la volonté
de
vivre contre la volonté de profit, et que le phénomène, au lendemain
819
omie, ou de la volonté de vivre contre la volonté
de
profit, et que le phénomène, au lendemain de la Deuxième Guerre mondi
820
onté de profit, et que le phénomène, au lendemain
de
la Deuxième Guerre mondiale, a pris soudain des proportions à ce poin
821
tions à ce point alarmantes que les gouvernements
de
nos États nationaux — si lié que soit leur sort à celui de la croissa
822
ats nationaux — si lié que soit leur sort à celui
de
la croissance industrielle — se sont vus contraints de créer des mini
823
croissance industrielle — se sont vus contraints
de
créer des ministères de l’Environnement (signes des temps plus que re
824
— se sont vus contraints de créer des ministères
de
l’Environnement (signes des temps plus que remèdes efficaces, les tit
825
temps plus que remèdes efficaces, les titulaires
de
ces ministères sont les premiers à le reconnaître). Si la croissance
826
les premiers à le reconnaître). Si la croissance
de
la civilisation industrielle correspond exactement au développement d
827
e souci écologique correspond, lui, à la création
d’
anticorps contre les maladies de civilisation (physiques, psychiques e
828
ui, à la création d’anticorps contre les maladies
de
civilisation (physiques, psychiques et psychosomatiques). 4. De l’
829
physiques, psychiques et psychosomatiques). 4.
De
l’exigence écologique aux exigences régionales… Mais en même temps
830
pe l’État-nation, l’un aidant l’autre. L’exercice
de
la puissance, c’est-à-dire finalement la guerre, est au principe de l
831
’est-à-dire finalement la guerre, est au principe
de
leurs développements concomitants, et demeure leur « horizon indépass
832
zon indépassable ». La civilisation industrielle,
d’
essence cartésienne, a voulu se développer sur une tabula rasa — qu’el
833
sur une tabula rasa — qu’elle a créée au besoin —
d’
où ses liens de complicité essentielle avec la désertification résult
834
rasa — qu’elle a créée au besoin — d’où ses liens
de
complicité essentielle avec la désertification résultant, sur trois
835
u « développement ». De même l’État-nation est né
de
la volonté d’uniformiser les humains, d’écraser leurs différences eth
836
ent ». De même l’État-nation est né de la volonté
d’
uniformiser les humains, d’écraser leurs différences ethniques, cultur
837
n est né de la volonté d’uniformiser les humains,
d’
écraser leurs différences ethniques, culturelles, coutumières, de régl
838
différences ethniques, culturelles, coutumières,
de
régler et de contraindre (non de stimuler et de convaincre). L’école
839
ethniques, culturelles, coutumières, de régler et
de
contraindre (non de stimuler et de convaincre). L’école primaire est
840
es, coutumières, de régler et de contraindre (non
de
stimuler et de convaincre). L’école primaire est l’instrument par exc
841
, de régler et de contraindre (non de stimuler et
de
convaincre). L’école primaire est l’instrument par excellence de l’Ét
842
L’école primaire est l’instrument par excellence
de
l’État-nation centralisé. Pour l’école primaire, l’esprit de l’enfant
843
ation centralisé. Pour l’école primaire, l’esprit
de
l’enfant est une tabula rasa ou maison vide qu’il s’agit de « meubler
844
t est une tabula rasa ou maison vide qu’il s’agit
de
« meubler » de certitudes simples, abstraites, géométriques, alignées
845
a rasa ou maison vide qu’il s’agit de « meubler »
de
certitudes simples, abstraites, géométriques, alignées et les prépara
846
crues alignables. Il existe une profonde analogie
de
structure entre l’agression contre la nature et l’agression stato-nat
847
’autres. C’est au niveau régional que les mesures
d’
écologie concrètes peuvent et doivent être élaborées et appliquées : r
848
élaborées et appliquées : rivières, lacs, chutes
d’
eau, forêts, agriculture, architecture, énergie, transports publics… C
849
ie, transports publics… C’est bien souvent autour
d’
un problème écologique : lac ou rivière polluée, projets de centrales
850
lème écologique : lac ou rivière polluée, projets
de
centrales nucléaires, usine d’épuration, route « pénétrante », autoro
851
e polluée, projets de centrales nucléaires, usine
d’
épuration, route « pénétrante », autoroutes divisant des domaines ou d
852
visant des domaines ou des quartiers, destruction
de
forêts que la conscience régionaliste alertée s’organise et entre en
853
at-nation. Exemple : quand la CEE propose un plan
européen
de lutte contre la pollution, tel gouvernement répond : d’accord, mai
854
. Exemple : quand la CEE propose un plan européen
de
lutte contre la pollution, tel gouvernement répond : d’accord, mais s
855
eté nationale. Et l’on sait à quelles résistances
de
la capitale et de sa police se heurtent les tentatives de prises de r
856
l’on sait à quelles résistances de la capitale et
de
sa police se heurtent les tentatives de prises de responsabilités rég
857
pitale et de sa police se heurtent les tentatives
de
prises de responsabilités régionales. 5. … et aux exigences fédéra
858
de sa police se heurtent les tentatives de prises
de
responsabilités régionales. 5. … et aux exigences fédéralistes
859
ssent. Le Rhin amène à la mer du Nord 60 millions
de
tonnes de déchets par jour. Ces déchets viennent de Suisse, de France
860
Rhin amène à la mer du Nord 60 millions de tonnes
de
déchets par jour. Ces déchets viennent de Suisse, de France, de la RF
861
déchets par jour. Ces déchets viennent de Suisse,
de
France, de la RFA, de Hollande, chaque pays pollue souverainement et
862
jour. Ces déchets viennent de Suisse, de France,
de
la RFA, de Hollande, chaque pays pollue souverainement et s’assure qu
863
déchets viennent de Suisse, de France, de la RFA,
de
Hollande, chaque pays pollue souverainement et s’assure que ce sera t
864
t des mers et des océans menacés, des changements
de
climat, du pillage des ressources non renouvelables. Tout État-natio
865
ce qui existe ou voudrait exister indépendamment
de
son contrôle. Critique classique adressée dès les années 1930 de ce s
866
. Critique classique adressée dès les années 1930
de
ce siècle par les personnalistes à l’État-nation : il est à la fois t
867
l’échelle des régions) pour jouer encore son rôle
d’
État, — d’animateur, d’arbitre, de protecteur. L’État-nation est donc
868
des régions) pour jouer encore son rôle d’État, —
d’
animateur, d’arbitre, de protecteur. L’État-nation est donc l’obstacle
869
pour jouer encore son rôle d’État, — d’animateur,
d’
arbitre, de protecteur. L’État-nation est donc l’obstacle commun aux s
870
encore son rôle d’État, — d’animateur, d’arbitre,
de
protecteur. L’État-nation est donc l’obstacle commun aux solutions éc
871
e commun aux solutions écologiques et régionales.
D’
où l’identité d’intérêts politiques entre régionalistes et écologistes
872
utions écologiques et régionales. D’où l’identité
d’
intérêts politiques entre régionalistes et écologistes, mais aussi ent
873
tes et écologistes, mais aussi entre fédéralistes
européens
et régionalistes. 6. La région : un espace de participation à la
874
ns et régionalistes. 6. La région : un espace
de
participation à la mesure du citoyen Mais il convient ici de préci
875
on à la mesure du citoyen Mais il convient ici
de
préciser le sens que nous donnons au mot région. — Il y a des régions
876
alchus, et qui chevauchent parfois les frontières
de
trois pays, des calottes du Nord (Norvège, Suède, Finlande) à l’Oresu
877
core à créer — que l’on peut définir comme espace
de
participation civique, régions assez petites pour permettre à la voix
878
e, régions assez petites pour permettre à la voix
d’
un citoyen de s’y faire entendre et à celles des autres de lui répondr
879
sez petites pour permettre à la voix d’un citoyen
de
s’y faire entendre et à celles des autres de lui répondre. 7. Élog
880
oyen de s’y faire entendre et à celles des autres
de
lui répondre. 7. Éloge de la petite échelle Il s’agit donc, si
881
à celles des autres de lui répondre. 7. Éloge
de
la petite échelle Il s’agit donc, si l’on veut arriver à des solut
882
veut arriver à des solutions écologiques capables
de
restaurer, maintenir et développer des écosystèmes viables, de dépass
883
maintenir et développer des écosystèmes viables,
de
dépasser l’État-nation, c’est-à-dire d’instituer d’un même mouvement
884
viables, de dépasser l’État-nation, c’est-à-dire
d’
instituer d’un même mouvement en interaction permanente, les régions e
885
dépasser l’État-nation, c’est-à-dire d’instituer
d’
un même mouvement en interaction permanente, les régions et la fédérat
886
égions et la fédération continentale. Le principe
de
répartition des pouvoirs naguère concentrés dans la seule capitale na
887
plus simples : il consiste à situer les pouvoirs
de
décision au niveau communautaire le mieux accordé aux dimensions de l
888
eau communautaire le mieux accordé aux dimensions
de
la tâche considérée, et toujours en partant d’en bas, c’est-à-dire de
889
ns de la tâche considérée, et toujours en partant
d’
en bas, c’est-à-dire des plus petites unités. C’est ce que le diplomat
890
re à propos des États-Unis, mais qu’il est facile
de
transposer en termes européens : Ne confiez jamais à une plus grande
891
is, mais qu’il est facile de transposer en termes
européens
: Ne confiez jamais à une plus grande unité ce qui peut être fait pa
892
jourd’hui la plupart des sociologues politologues
européens
, et nombre d’hommes politiques responsables aux États-Unis : la décen
893
des sociologues politologues européens, et nombre
d’
hommes politiques responsables aux États-Unis : la décentralisation de
894
responsables aux États-Unis : la décentralisation
de
l’État, de l’économie et des activités culturelles leur paraît la con
895
s aux États-Unis : la décentralisation de l’État,
de
l’économie et des activités culturelles leur paraît la condition même
896
tivités culturelles leur paraît la condition même
d’
une renaissance civique, économique et culturelle de leur pays. À part
897
une renaissance civique, économique et culturelle
de
leur pays. À part les guerres d’agression et les centrales nucléaires
898
ue et culturelle de leur pays. À part les guerres
d’
agression et les centrales nucléaires, qui exigent les unes et les aut
899
elle, dans les autonomies locales. « Coopératives
d’
habitation, énergie solaire, petites entreprises, compost, alimentatio
900
es (neighborhoods) commencent à retrouver le sens
de
leur autonomie, à reprendre en main leurs destins.2 » Il est faux que
901
fficace. E. F. Schumacher a démontré le contraire
d’
une manière décisive, dans son célèbre ouvrage Small is beautiful.
902
8. Écologistes, régionalistes et fédéralistes
de
tous pays : unissez-vous ! Les relations d’interaction systématiqu
903
es de tous pays : unissez-vous ! Les relations
d’
interaction systématique que l’on vient de relever conduisent d’une ma
904
systématique que l’on vient de relever conduisent
d’
une manière nécessaire à des conclusions politiques d’importance décis
905
e manière nécessaire à des conclusions politiques
d’
importance décisive au seuil de la campagne pour la première élection
906
lusions politiques d’importance décisive au seuil
de
la campagne pour la première élection du Parlement européen. S’il est
907
a campagne pour la première élection du Parlement
européen
. S’il est vrai que la cause européenne, qui semblait endormie, ou qu’
908
du Parlement européen. S’il est vrai que la cause
européenne
, qui semblait endormie, ou qu’on croyait perdue, s’est réveillée par
909
S’il est vrai que ni la région ne se fera sans l’
Europe
fédérée, ni celle-ci sans des régions à sa base ; — S’il est vrai enf
910
tous nos pays et à l’échelle continentale, en vue
d’
établir un programme commun aux trois mouvements, et de prévoir des ta
911
blir un programme commun aux trois mouvements, et
de
prévoir des tactiques adaptées aux situations qui diffèrent d’une man
912
s tactiques adaptées aux situations qui diffèrent
d’
une manière importante d’un pays à l’autre chez les Neuf3. 9. Pour
913
situations qui diffèrent d’une manière importante
d’
un pays à l’autre chez les Neuf3. 9. Pour un même avenir Encore
914
enir adviendra certainement. Ce qu’il m’importait
de
souligner, c’est que nous n’aurons ni éco-société, ni régions, ni Eur
915
que nous n’aurons ni éco-société, ni régions, ni
Europe
fédérée, si nous n’obtenons pas les trois à la fois ; c’est qu’aucune
916
btenons pas les trois à la fois ; c’est qu’aucune
de
ces trois virtualités exigeantes ne peut se réaliser seule ; c’est qu
917
es ne peut se réaliser seule ; c’est que l’avenir
de
chacune d’elle est celui des deux autres, et qu’en cette trinité rési
918
se réaliser seule ; c’est que l’avenir de chacune
d’
elle est celui des deux autres, et qu’en cette trinité réside l’espoir
919
utres, et qu’en cette trinité réside l’espoir des
Européens
et de la Paix. 1. La révolte des chiites iraniens contre la moder
920
en cette trinité réside l’espoir des Européens et
de
la Paix. 1. La révolte des chiites iraniens contre la modernisati
921
reprise par le Shah avec l’aide des États-Unis et
de
l’Europe ne serait-elle pas un premier phénomène de rejet de la techn
922
se par le Shah avec l’aide des États-Unis et de l’
Europe
ne serait-elle pas un premier phénomène de rejet de la technologie ra
923
l’Europe ne serait-elle pas un premier phénomène
de
rejet de la technologie rationaliste et du matérialisme qu’elle favor
924
ne serait-elle pas un premier phénomène de rejet
de
la technologie rationaliste et du matérialisme qu’elle favorise, cont
925
Europe-Écologie » en France. s. Rougemont Denis
de
, « Écologie, régions, Europe fédérée : même avenir », Réforme, Paris,
926
ce. s. Rougemont Denis de, « Écologie, régions,
Europe
fédérée : même avenir », Réforme, Paris, 19 mai 1979, p. 6-7.
927
peur et l’amour, la curiosité, avec cette espèce
de
béance anxieuse du regard devant l’impénétrable et l’indicible… Il no
928
us faut donc parler pour eux. Parler pour eux, et
de
leur part, aux hommes qui les méprisent, les torturent, les massacren
929
raissés dans leur cuve en ciment, nourris au tube
de
caoutchouc et à la seringue, qui mourront sans avoir jamais ouvert le
930
arler et surtout à comprendre un peu nos langages
d’
hommes. Les merveilleux dauphins sont les vedettes de cette campagne d
931
ommes. Les merveilleux dauphins sont les vedettes
de
cette campagne d’alphabétisation, — mais attention ! Je salue les Nat
932
leux dauphins sont les vedettes de cette campagne
d’
alphabétisation, — mais attention ! Je salue les Nations unies des ani
933
animaux mais je recule avec horreur devant l’idée
d’
une Unesco des animaux ! Car les mots que nous pouvons leur apprendre
934
que nous pouvons leur apprendre n’expriment rien
de
leur être et de leurs émotions : ce sont des ordres que nous leur don
935
s leur apprendre n’expriment rien de leur être et
de
leurs émotions : ce sont des ordres que nous leur donnons, et leurs r
936
er avec le monde des animaux relève du sentiment,
de
l’intuition, de l’accueil aux mystères du vivant. Le fait bien établi
937
des animaux relève du sentiment, de l’intuition,
de
l’accueil aux mystères du vivant. Le fait bien établi que les animaux
938
que les animaux plus que nous soient susceptibles
de
mourir d’émotion tend à prouver qu’ils sont plus capables que nous d’
939
imaux plus que nous soient susceptibles de mourir
d’
émotion tend à prouver qu’ils sont plus capables que nous d’une certai
940
tend à prouver qu’ils sont plus capables que nous
d’
une certaine civilisation : celle du cœur, non du seul intellect, cell
941
ion : celle du cœur, non du seul intellect, celle
de
l’amitié, de la confiance, non pas celle des missiles nucléaires, du
942
u cœur, non du seul intellect, celle de l’amitié,
de
la confiance, non pas celle des missiles nucléaires, du chômage et de
943
pas celle des missiles nucléaires, du chômage et
de
la destruction irréversible des forêts, du plancton des océans et de
944
rréversible des forêts, du plancton des océans et
de
l’air respirable. La seule compréhension, mais alors très profonde, q
945
rofonde, qui unisse l’homme et l’animal, elle est
d’
ordre émotif, affectif. Elle se passe dans le regard, qui attend tout
946
if. Elle se passe dans le regard, qui attend tout
de
nous ! Car c’est de l’homme, par l’homme, à travers l’homme que les g
947
ns le regard, qui attend tout de nous ! Car c’est
de
l’homme, par l’homme, à travers l’homme que les grands peuples d’anim
948
l’homme, à travers l’homme que les grands peuples
d’
animaux attendent le salut, sans le savoir peut-être — mais que savons
949
, sans le savoir peut-être — mais que savons-nous
de
ce qu’ils savent ? Que l’homme soit responsable de la Nature vivante,
950
e ce qu’ils savent ? Que l’homme soit responsable
de
la Nature vivante, et de sa corruption ou de sa survie, l’écologie no
951
l’homme soit responsable de la Nature vivante, et
de
sa corruption ou de sa survie, l’écologie nous l’a rappelé au cours d
952
able de la Nature vivante, et de sa corruption ou
de
sa survie, l’écologie nous l’a rappelé au cours des deux dernières dé
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avec une efficacité peut-être imperceptible, mais
d’
autant plus pénétrante : on répétait qu’il s’agissait seulement d’une
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nétrante : on répétait qu’il s’agissait seulement
d’
une mode. Cette erreur a distrait la méfiance des saccageurs de la Nat
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ette erreur a distrait la méfiance des saccageurs
de
la Nature, et elle nous a permis d’agir en profondeur. Mais la respon
956
es saccageurs de la Nature, et elle nous a permis
d’
agir en profondeur. Mais la responsabilité de l’homme devant la Nature
957
rmis d’agir en profondeur. Mais la responsabilité
de
l’homme devant la Nature et les bêtes n’est pas seulement métaphoriqu
958
ue, a été donnée par saint Paul, au chapitre VIII
de
l’Épître aux Romains (que je vais lire dans la traduction de Calvin,
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aux Romains (que je vais lire dans la traduction
de
Calvin, pour le premier verset) : La création tout entière, dans une
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ne attente ardente, attend la révélation des fils
de
Dieu. Car la création a été soumise à la corruption non de son gré, m
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Car la création a été soumise à la corruption non
de
son gré, mais à cause de celui qui l’y a soumise — avec l’espérance q
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— avec l’espérance qu’elle aussi sera affranchie
de
la servitude de la corruption, pour avoir part à la liberté et à la g
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nce qu’elle aussi sera affranchie de la servitude
de
la corruption, pour avoir part à la liberté et à la gloire des enfant
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voir part à la liberté et à la gloire des enfants
de
Dieu. Or nous savons que jusqu’à ce jour la création tout entière sou
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tout entière soupire et souffre dans les douleurs
de
l’enfantement. Et ce n’est pas elle seulement, mais nous aussi, qui a
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eulement, mais nous aussi, qui avons les prémices
de
l’Esprit, nous aussi nous soupirons en nous-mêmes en attendant la réd
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oupirons en nous-mêmes en attendant la rédemption
de
notre corps. Car c’est en espérance que nous sommes sauvés. Mais « n
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ition biblique-évangélique confirme la continuité
de
la Création tout entière, dans la relation de l’animal à l’homme, j’e
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ité de la Création tout entière, dans la relation
de
l’animal à l’homme, j’entends de l’homme à la Nature vivante et au Co
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dans la relation de l’animal à l’homme, j’entends
de
l’homme à la Nature vivante et au Cosmos, où le règne animal est le p
971
imal est le plus proche de l’homme. Les religions
de
l’Asie approchent ce même mystère par leur croyance aux réincarnation
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royance aux réincarnations et leur respect absolu
de
la vie sous toutes ses formes. Ici encore, nous le voyons bien : nous
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se aujourd’hui Franz Weber. t. Rougemont Denis
de
, « Les Nations unies des animaux », Réforme, Paris, 13 décembre 1980,
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cette note : « Du 27 au 29 novembre, 70 délégués
de
divers mouvements de protection des animaux se sont réunis en assembl
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au 29 novembre, 70 délégués de divers mouvements
de
protection des animaux se sont réunis en assemblée générale de l’asso
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des animaux se sont réunis en assemblée générale
de
l’association : United Animal Nations (8 rue d’Italie, CH-1214, Genèv
977
r (on se souvient tout particulièrement en France
de
son action en faveur du site des Baux-de-Provence, que menaçait la mi
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Il a bien voulu nous autoriser à publier le texte
de
son allocution d’ouverture. Ce dont nous le remercions. »
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us autoriser à publier le texte de son allocution
d’
ouverture. Ce dont nous le remercions. »