1 1946, Réforme, articles (1946–1980). À hauteur d’homme (1er juin 1946)
1 r : un jeu truqué où le citoyen perd à tout coup. Nous voici loin de notre définition de la politique considérée comme la pr
2 ù le citoyen perd à tout coup. Nous voici loin de notre définition de la politique considérée comme la pratique d’un idéal. I
3 el paraîtra subversif. Une politique digne du nom devrait se composer de deux chapitres : un idéal de l’homme d’une part, et de
4 il faut, malgré eux et dans leur sein, rapporter nos jugements à une notion totale de l’homme d’une part, et aux demandes
5 le relie à la communauté, lui conférant ainsi les devoirs de ses droits. Quand un parti se sera défini de la sorte, les citoyen
6 de connaît et retrouve chaque matin. Déclarons nos valeurs, pour commencer Nous défendons ici une conception de l’hom
7 atin. Déclarons nos valeurs, pour commencer Nous défendons ici une conception de l’homme qui déborde le cadre des part
8 partis, et surtout de la gauche et de la droite. Nous voulons l’homme à la fois libre et engagé, au nom d’une seule et même
9 et engagé, au nom d’une seule et même réalité que nous nommons la vocation. Celui qui a reçu vocation doit obtenir aussi la
10 us nommons la vocation. Celui qui a reçu vocation doit obtenir aussi la liberté de réaliser sa tâche unique, mais en même te
11 homme, et l’empêche de réaliser sa vocation. Elle nous oblige à condamner aussi dans les régimes totalitaires, tout ce qui p
12 e qui est encore la nier et l’écraser. Enfin elle nous met en mesure de refuser les faux dilemmes entretenus par la lutte de
13 de la gauche : concurrence libre ou étatisation. Nous disons qu’il n’y a pas à choisir entre ces deux demi-vérités ou demi-
14 ntre le mensonge du choléra et celui de la peste. Nous voulons la santé, qui est un équilibre, — et non pas l’exclusion de l
15  et non pas l’exclusion de la moitié des organes. Nous voulons l’homme entier et non le partisan. Et c’est pourquoi nous dem
16 omme entier et non le partisan. Et c’est pourquoi nous demandons à distinguer, selon les cas, quelles sont les entreprises h
17 celles qu’il faut aider à rester libres. Cela ne doit pas être une querelle de partis, mais une question pratique d’aménage
18 ou si l’on veut, de socialisme et de libéralisme. Nous voulons que les trains roulent, que le pain soit vendu, que la jeunes
19 et du sens de la vie des hommes dans la cité. Or, nous pouvons vraiment vouloir tout cela, parce qu’en présence d’un problèm
20 cela, parce qu’en présence d’un problème concret, nous prenons référence de l’homme et d’une certaine vision totale de l’hom
21 lière et cyniquement électorale d’un parti. Bref, nous voulons une politique à hauteur d’homme. Celle des partis passe par-d
22 pes » se veulent incompatibles. Mais, au surplus, notre attitude personnaliste n’est en fait ni vague ni abstraite. Ailleurs,
23 s de la manière la plus directe par les idées que nous venons de développer. Il est sorti des camps pour prendre le pouvoir.
2 1946, Réforme, articles (1946–1980). Deux lettres sur la fin du monde (29 juin 1946)
24 bombe atomique allaient être tentés sur l’océan, notre savant a cru de son devoir d’avertir aussitôt Washington. D’après ses
25 tre tentés sur l’océan, notre savant a cru de son devoir d’avertir aussitôt Washington. D’après ses calculs, disait-il, cet es
26 e fort approchée de la fin du monde. C’est à quoi nous en sommes, et c’est comique. On avait tout prévu, sauf le comique, à
27 a paix et pour faire régner l’ordre universel que nous allons courir le risque d’inonder et de brûler la terre entière. Pers
28 es essais seront faits « dans un but militaire ». Nous sommes donc dans le domaine du sacré. Glissez mortels, mourrez sans r
29 s de Corinthe : « Voici, je vous dis un mystère : nous ne mourrons pas tous, mais tous nous serons changés, en un instant, e
30 un mystère : nous ne mourrons pas tous, mais tous nous serons changés, en un instant, en un clin d’œil, à la dernière trompe
31 ions occultistes, décrivant l’âge matérialiste où nous vivons, l’âge de l’extrême solidification des seules réalités qui nou
32 l’extrême solidification des seules réalités qui nous restent sensibles, prévoient la fin du monde par désintégration, diss
33 s rochers fracassés qui retombent sur les villes. Nous voici ramenés aux calculs du savant dont je vous parlais tout à l’heu
34 désormais. Ses données immédiates sont dans tous nos journaux… Entre nous, qu’est-ce que cela nous ferait ? Ce serait la f
35 ées immédiates sont dans tous nos journaux… Entre nous , qu’est-ce que cela nous ferait ? Ce serait la fin de la douleur du m
36 tous nos journaux… Entre nous, qu’est-ce que cela nous ferait ? Ce serait la fin de la douleur du monde. Certains jours, il
37 des militaires, et de tous les irresponsables qui nous mènent, obéit secrètement au bon sens. Elle nous mène à la mort, c’es
38 nous mènent, obéit secrètement au bon sens. Elle nous mène à la mort, c’est clair. Mais c’est peut-être aussi qu’elle a com
39 souffrances humaines est devenue si grande, avec notre Progrès, qu’il y a bien plus de gens au monde qui souhaitent d’en fin
40 Paix ou la Mort Princeton, 30 décembre 1945. Notre monde est sans doute perdu, et c’est la raison de Noël. Dans cette nu
41 tout de l’homme qu’elle suscite : voilà pourquoi nos instruments, et nos fonctions mentales et sensorielles en seront touj
42 elle suscite : voilà pourquoi nos instruments, et nos fonctions mentales et sensorielles en seront toujours incapables. Ce
43 ue tout autrement que les formules d’Einstein que notre univers est fini, et que les seuls messages d’espoir qui passent enco
44 s accidents d’ampleur continentale. Admettons que notre globe dure longtemps encore, et que la guerre militaire y prospère d’
45 La tragédie n’aura pas de lignes pures, parce que nos choix ne sont pas si francs et que nos chefs savent à peine ce qu’ils
46 parce que nos choix ne sont pas si francs et que nos chefs savent à peine ce qu’ils jouent. Une espèce d’organisation mond
47 majorité des hommes se refuse à ces évidences. On nous ressasse à longueur de journée qu’elle « n’est pas prête pour un gouv
48 ous en rendez responsable. Tout tient à chacun de nous . Et nous en sommes au point où il devient difficile de le cacher. Nos
49 ndez responsable. Tout tient à chacun de nous. Et nous en sommes au point où il devient difficile de le cacher. Nos alibis n
50 es au point où il devient difficile de le cacher. Nos alibis ne trompent plus que nous-mêmes. Pour moi, je poursuivrai ma l
51 tout cela ? Dangereuse question. S’il permet que nous fassions sauter la Terre, elle sautera et ce sera très bien. Au-delà
52 sera très bien. Au-delà de ce « clin d’œil », Il nous attend. b. Rougemont Denis de, « Deux lettres sur la fin du monde
3 1946, Réforme, articles (1946–1980). Vues générales des Églises de New York (12 octobre 1946)
53 onale de Pologne. Et cinquante sectes. Approchons- nous de ces églises par l’extérieur : par leur histoire d’abord, puis par
54 cture politique des États-Unis reflète encore, de nos jours, le jeu complexe de ces apports confessionnels, ceux-ci se conf
55 ateur. Une promenade dans Manhattan commencera de nous en convaincre. Du gothique neuf On m’avait dit que je verrais à
56 octobre 1946, p. 2. d. Le texte porte « acte » ; nous corrigeons cette faute de frappe manifeste.
4 1946, Réforme, articles (1946–1980). Spiritualité américaine (19 octobre 1946)
57 ne fonction directrice. Elle leur est disputée de nos jours par la science vulgarisée, les commentateurs de radio, l’école
5 1948, Réforme, articles (1946–1980). Roger Breuil qui vient de mourir était un grand romancier protestant (13 mars 1948)
58 ne soirée chez moi, il y a quelques semaines, car nous avions parlé d’une pièce que nous comptions écrire ensemble. Nous éti
59 s semaines, car nous avions parlé d’une pièce que nous comptions écrire ensemble. Nous étions amis depuis dix-sept ans, et s
60 é d’une pièce que nous comptions écrire ensemble. Nous étions amis depuis dix-sept ans, et sans question, pour le reste de n
61 dix-sept ans, et sans question, pour le reste de notre vie. Il est difficile de comprendre que c’est fini. Je retrouve sa de
62 rouve sa dernière lettre : il ne m’y parle que de notre projet, et je n’ai pas encore répondu. Il est difficile de comprendre
63 que seule cette autre chose est vraie, à travers nous et malgré nous, cette autre chose contre laquelle il n’y a rien à fai
64 e autre chose est vraie, à travers nous et malgré nous , cette autre chose contre laquelle il n’y a rien à faire, et qui nous
65 ose contre laquelle il n’y a rien à faire, et qui nous aime. ⁂ Je relis la dernière page de sa Galopine, où il dit cela, et
66 e vérité qui sur nous-mêmes en sait plus long que nous . Moins on en parle et mieux elle sait se faire entendre. ⁂ Ce mouveme
67 ir d’y répondre parce que la réponse n’est pas la nôtre  ; cet effacement de l’individu, avouant (non sans humour) bien des in
68 nnages pour exposer des « idées religieuses ». Il nous montre des hommes et des femmes qui vivent comme ils le peuvent la vi
69 personnages n’ont pas trouvée, il laisse agir en nous l’obscure question dont ils étaient les porteurs ou la proie ; et ce
70 ucée… Il était le meilleur écrivain protestant de nos contemporains (bien que son œuvre soit indemne de toute référence ins
6 1948, Réforme, articles (1946–1980). L’Europe, aventure du xxe siècle (1er mai 1948)
71 ale correspond à deux attitudes, entre lesquelles nous aurons à choisir dans un délai que la situation du monde rend très co
72 n système sans avenir. Le plus grand historien de notre temps, Arnold Toynbee, fait observer que les utopies classiques sont,
73 xplique : Tenter d’unir en une alliance défensive nos États-nations tels qu’ils sont, tenter de coaliser leurs souveraineté
74 r coaliser précisément les facteurs principaux de notre décadence. Une sainte alliance de nos microbes ne me paraît pas le mo
75 cipaux de notre décadence. Une sainte alliance de nos microbes ne me paraît pas le moyen de sauver notre santé. Une sainte
76 nos microbes ne me paraît pas le moyen de sauver notre santé. Une sainte alliance des souverainetés dont nous mourons ne nou
77 santé. Une sainte alliance des souverainetés dont nous mourons ne nous rendrait pas davantage la vie. Nos frontières, nos co
78 e alliance des souverainetés dont nous mourons ne nous rendrait pas davantage la vie. Nos frontières, nos cordons douaniers,
79 us mourons ne nous rendrait pas davantage la vie. Nos frontières, nos cordons douaniers, suffisent à empêcher nos biens de
80 us rendrait pas davantage la vie. Nos frontières, nos cordons douaniers, suffisent à empêcher nos biens de circuler, mais n
81 ères, nos cordons douaniers, suffisent à empêcher nos biens de circuler, mais n’arrêteront pas les armées. Je dis donc que
82 r, le grand témoin — c’est la tâche dans laquelle nous nous sommes engagés, c’est l’aventure du xxe siècle, et c’est la voc
83 grand témoin — c’est la tâche dans laquelle nous nous sommes engagés, c’est l’aventure du xxe siècle, et c’est la vocation
84 ins pensent que l’union est en bonne voie, et que notre agitation fédéraliste est par conséquent superflue. Je persiste à pen
85 de l’aventure réelle n’est pas ailleurs que dans nos mains : nous, l’opinion, les citoyens de l’Europe, ceux qui sont déci
86 re réelle n’est pas ailleurs que dans nos mains : nous , l’opinion, les citoyens de l’Europe, ceux qui sont décidés à fournir
87 ’Union européenne des fédéralistes : Si l’Europe doit durer, c’est aux fédéralistes qu’elle le devra, et à eux seuls. Sur q
88 ope doit durer, c’est aux fédéralistes qu’elle le devra , et à eux seuls. Sur qui d’autre peut-elle compter ? Elle ne doit pas
89 euls. Sur qui d’autre peut-elle compter ? Elle ne doit pas compter sur les gens au pouvoir. J’en connais peu qui aient l’int
90 n de le laisser limiter, et c’est pourtant ce que nous leur demandons. Tous les gouvernements ont un penchant marqué à persé
91 ations qui se sont arrogé ces droits absolus sans devoirs , ont un penchant irrésistible à devenir totalitaires. Et ce n’est poi
92 , s’écriait dans un discours fameux : « Bousculez- nous  ! » Nous sommes d’accord. La parole est maintenant aux peuples, à l’o
93 it dans un discours fameux : « Bousculez-nous ! » Nous sommes d’accord. La parole est maintenant aux peuples, à l’opinion qu
94 un tournant de l’Histoire. Ce que je sais, c’est notre volonté, et c’est le but précis que nous visons tous, à plus ou moins
95 , c’est notre volonté, et c’est le but précis que nous visons tous, à plus ou moins brève échéance. À grands traits, voici l
96 ève échéance. À grands traits, voici le tableau : Nous avons aujourd’hui une Europe divisée et cloisonnée dans l’anarchie. N
97 une Europe divisée et cloisonnée dans l’anarchie. Nous voulons une Europe organisée. Une Europe sans barrières ni visas, ren
98 isées, certaines institutions seront nécessaires. Nous voulons au-dessus des États, de toute urgence, un Conseil politique d
99 toute urgence, un Conseil politique de l’Europe. Nous voulons que ce Conseil soit contrôlé par un Parlement de l’Europe. No
100 nseil soit contrôlé par un Parlement de l’Europe. Nous voulons qu’un Conseil économique entreprenne la mise en commun de nos
101 nseil économique entreprenne la mise en commun de nos ressources naturelles. Et nous voulons qu’un Centre de la culture don
102 a mise en commun de nos ressources naturelles. Et nous voulons qu’un Centre de la culture donne un organe, une voix et une a
103 es Conseils qui domineraient eux-mêmes les États, nous voulons instituer une Cour suprême, qui soit la gardienne de la Chart
104 soit la gardienne de la Charte des droits et des devoirs de la personne, et à laquelle puissent en appeler directement, contre
105 est dérisoire de parler de démocratie. Finalement nous voulons l’Europe, parce que sans elle le monde glisse à la guerre, et
106 la guerre, et que l’alternative n’est plus, pour nous , que d’empêcher cette guerre ou de périr en elle. Séparés, isolés, au
107 re ou de périr en elle. Séparés, isolés, aucun de nos pays n’empêchera rien. Séparés, isolés, nous serons colonisés l’un ap
108 un de nos pays n’empêchera rien. Séparés, isolés, nous serons colonisés l’un après l’autre en toute souveraineté nationale,
109 peut-être à quoi je pense. Fédérés, au contraire, nous remonterons au niveau de puissance des deux grands. Ils baisseront le
110 Telle est la vision directrice de l’aventure que nous courons. Et il est clair que son enjeu n’est pas d’abord notre sécuri
111 . Et il est clair que son enjeu n’est pas d’abord notre sécurité, n’est pas d’abord notre prospérité, bien que l’une et l’aut
112 est pas d’abord notre sécurité, n’est pas d’abord notre prospérité, bien que l’une et l’autre en dépendent, mais qu’il est av
113 Et c’est pourquoi la hiérarchie des Conseils que nous proposons aboutit à la Cour suprême, c’est-à-dire à une institution d
114 État, supérieurs à l’État, et sans lesquels, pour nous Européens, le bonheur même paraît inacceptable. Entre un libéralo-cap
115 r leur conflit se déclare sans issue, l’Europe se doit , et doit au monde d’inaugurer la troisième voie, la voie des libertés
116 nflit se déclare sans issue, l’Europe se doit, et doit au monde d’inaugurer la troisième voie, la voie des libertés organisé
117 troisième voie, la voie des libertés organisées. Nous vivons aujourd’hui la « drôle de paix ». Il dépend de nous qu’elle se
118 ns aujourd’hui la « drôle de paix ». Il dépend de nous qu’elle se termine demain en paix-éclair, et c’est l’effet que pourra
119 arée du continent. Il est temps de donner aussi à nos amis américains la certitude que nous ne sommes pas ce qu’ils ont par
120 nner aussi à nos amis américains la certitude que nous ne sommes pas ce qu’ils ont parfois presque raison de croire que nous
121 e qu’ils ont parfois presque raison de croire que nous sommes : des démissionnaires de l’Histoire. La véritable troisième fo
122 alisme qui veut que la Terre promise ne soit pour nous ni l’Amérique ni la Russie, mais cette vieille terre à rajeunir, à li
123 ille terre à rajeunir, à libérer de ses cloisons, notre Europe à reconquérir, pour tous ses peuples, pour tous ses partis, et
7 1949, Réforme, articles (1946–1980). « Êtes-vous partisan du rapprochement franco-allemand ? » (29 janvier 1949)
124 s « rapprochements » est dépassée. Il s’agit pour nous , Européens, de construire ensemble une fédération solide. Il existe c
8 1952, Réforme, articles (1946–1980). Après l’Œuvre du xxe siècle (14 juin 1952)
125 52)j k Il ne saurait être question de tirer de nos débats et de nos conférences des conclusions collectives, unanimes. N
126 aurait être question de tirer de nos débats et de nos conférences des conclusions collectives, unanimes. Nous avons entendu
127 onférences des conclusions collectives, unanimes. Nous avons entendu, depuis quinze jours, une quarantaine de prises de posi
128 rsonnelles, faisant le point d’une évolution dont nous sommes à la fois les sujets et les objets. Mais je voudrais relever i
129 voudrais relever ici un caractère très général de nos débats. Les sujets que nous avons discutés, que ce soit l’écrivain da
130 actère très général de nos débats. Les sujets que nous avons discutés, que ce soit l’écrivain dans la cité, l’isolement de l
131 à un seul : l’individu créateur et la société. On nous a très bien montré les dangers de l’isolement, les excès de la révolt
132 r avec les masses, et personne n’a déclaré devant nous qu’il connaissait et assumait les conditions d’une communion nouvelle
133 al de la communion. Il est trop clair qu’aucun de nous ne se risquerait à vous en donner la recette. Et c’est tant mieux ! C
134 ion, et des fois synthétiques, dans ce siècle, et nous savons à quoi elles mènent ! Que vaut le bonheur d’un peuple, que vau
135 e de la tyrannie dans laquelle ils sont nés. Mais nous … Nous qui avons parmi nous des témoins, des victimes toutes récentes
136 a tyrannie dans laquelle ils sont nés. Mais nous… Nous qui avons parmi nous des témoins, des victimes toutes récentes de ces
137 lle ils sont nés. Mais nous… Nous qui avons parmi nous des témoins, des victimes toutes récentes de ces tortures, nous qui a
138 ns, des victimes toutes récentes de ces tortures, nous qui avons pu garder le droit de savoir, le droit de nous informer, de
139 i avons pu garder le droit de savoir, le droit de nous informer, de dire et de crier, nous ne sommes plus pardonnables de no
140 , le droit de nous informer, de dire et de crier, nous ne sommes plus pardonnables de nous taire ! Alors que faire ? Tout d’
141 et de crier, nous ne sommes plus pardonnables de nous taire ! Alors que faire ? Tout d’abord protester publiquement et avec
142 semble, contre les tyrannies de toute couleur qui nous salissent, qui salissent toute l’humanité, victime directe ou non des
143 ns du mot, qui est à la fois refus et témoignage. Notre concert inaugural, dans une église, était dédié à la mémoire des vict
144 s tyrannies du xxe siècle. Il convenait d’ouvrir nos manifestations par cet acte de piété et ce Magnificat à la mémoire de
145 ur créatrice de la liberté. Maintenant, qu’allons- nous conclure ? Je pense qu’il ne se trouvera pas un seul d’entre tous ceu
146 ers, critiques et philosophes qui ont pris part à nos entretiens, pour nous dire : et maintenant allons-y, serrons les rang
147 losophes qui ont pris part à nos entretiens, pour nous dire : et maintenant allons-y, serrons les rangs, opposons à la disci
148 moins aussi brutale ou insinuante. Au contraire, nous approuvons tous cette belle définition de la propagande que formulait
149 ceux qui y croient encore. » Comment donc allons- nous répondre au défi des totalitaires, si nous nous privons de leurs arme
150 allons-nous répondre au défi des totalitaires, si nous nous privons de leurs armes ? Si nous refusons la fausse communion fo
151 s-nous répondre au défi des totalitaires, si nous nous privons de leurs armes ? Si nous refusons la fausse communion fomenté
152 itaires, si nous nous privons de leurs armes ? Si nous refusons la fausse communion fomentée par la propagande et maintenue
153 ar la propagande et maintenue par la terreur ? Si nous refusons la calomnie ? Si nous refusons tous les insignes, tous les s
154 ar la terreur ? Si nous refusons la calomnie ? Si nous refusons tous les insignes, tous les signes extérieurs de la communio
155 , tous les signes extérieurs de la communion ? Si nous allons même jusqu’à éviter d’en parler — parce que, disons-le franche
156 ns transition, en visant le cœur du problème. Que nous soyons chrétiens ou non, ici nous sommes tous tenus de constater le f
157 u problème. Que nous soyons chrétiens ou non, ici nous sommes tous tenus de constater le fait historique que voici : c’est q
158 . k. Ce texte est précédé du chapeau suivant : «  Nous avons rendu compte ici des manifestations de L’Œuvre du xxe siècle q
159 vre du xxe siècle qui sont maintenant terminées. Nous n’avons rien dit des débats d’écrivains, car après les avoir entendus
160 ats d’écrivains, car après les avoir entendus, il nous a semblé qu’ils étaient dirigés plus par la crainte du communisme que
161 u’est consacré le texte de Denis de Rougemont que nous publions ci-après, qui a servi de conclusion aux débats et au festiva
9 1953, Réforme, articles (1946–1980). « Les écrivains protestants » (11 avril 1953)
162 ais la littérature mondiale, depuis un siècle, ne doit pas moins aux protestants qu’aux catholiques, aux orthodoxes, aux inc
10 1968, Réforme, articles (1946–1980). Vers l’Europe des régions ? (30 novembre 1968)
163 valeurs, d’équilibre, de mesure que représentait notre vieux continent. En août 1947, on est venu me demander de parler à un
164 en faveur d’une coopération au niveau culturel ; nous avons réuni pour la première fois les directeurs d’administration d’a
165 té la réalisation de cette première initiative de notre centre. Nous avons fondé une association des festivals de musique eur
166 ion de cette première initiative de notre centre. Nous avons fondé une association des festivals de musique européens que je
167 européens que je dirige, tout à fait par hasard. Nous avons coordonné les Instituts d’études européennes qui étaient en tra
168 in de se constituer dans différentes universités. Nous avons pris contact avec des historiens, des professeurs d’enseignemen
169 fesseurs d’enseignement secondaire, des éditeurs. Nous avons d’autre part lancé une Campagne européenne d’éducation civique
170 ion de l’Europe sur les obstacles à toute union. Notre espoir réside dans une politique des régions. Par exemple, l’Italie e
171 la France sur une dizaine de régions, plus Paris. Notre idée de fédéralistes européens est que ces régions définies sur­tout
172 t l’union. Si l’union de l’Europe ne se fait pas, nous serons colonisés par le dollar et peut-être par une certaine idéologi
173 oins sûr. Mais le fait de ne plus être maîtres de notre destinée économique entraînerait une quantité de conséquences sur le
174 ndiale. Sans doute d’ici dix ou quinze ans serons- nous parvenus à créer des régions sur une base économique, historique, eth
175 ne cessent aujourd’hui encore, de s’affronter sur notre vieux continent. Il nous a semblé intéressant de considérer avec Deni
176 ore, de s’affronter sur notre vieux continent. Il nous a semblé intéressant de considérer avec Denis de Rougemont l’œuvre en
177 ès de vingt ans. Voici ce qu’il a développé, pour nous , sur ce ‟thème imposé”. » p. L’acronyme du Cern, dont il est questio
11 1976, Réforme, articles (1946–1980). À propos de Concorde (21 février 1976)
178 erez en duplex de Genève, c’est au philosophe que nous nous adressons, vos arguments critiques nous intéressent, et puisqu’i
179 en duplex de Genève, c’est au philosophe que nous nous adressons, vos arguments critiques nous intéressent, et puisqu’il s’a
180 que nous nous adressons, vos arguments critiques nous intéressent, et puisqu’il s’agit d’un débat, vous pourrez y aller lib
181 atteinte possible à la couche d’ozone qui protège notre vie terrestre contre les rayons ultraviolets ? Votre pari — dis-je au
182 nt posé la question à propos du Vietnam : pouvons- nous arrêter la guerre, alors que l’industrie des armements occupe des cen
183 phistiqués : ces « retombées » se feront donc sur nos têtes. 5. Indépendamment de ces arguments, je suis contre Concorde po
184 ls et de rêves, de principes et d’ambitions qu’il nous faut dépasser si nous voulons survivre, qui détruisent à la fois la N
185 ncipes et d’ambitions qu’il nous faut dépasser si nous voulons survivre, qui détruisent à la fois la Nature et la Communauté
12 1979, Réforme, articles (1946–1980). Écologie, régions, Europe fédérée : même avenir (19 mai 1979)
186 coutumière. C’est le moment où s’instituent dans nos pays les écoles primaires obligatoires et universelles ; la conscript
187 est aussi ce qu’en pense le tiers-monde). Mais si nous prenons un peu de recul pour considérer le phénomène dans son ensembl
188 l pour considérer le phénomène dans son ensemble, nous voyons que tout simplement l’écologie est une réaction de défense (pe
189 ment, donc à avoir subi l’agression mécanique. On nous dit : « Le souci écologique est un souci de riches ! » Non. C’est le
190 rait dire peut-être, en simplifiant beaucoup, que nous sommes ici en présence d’une révolte de l’écologie contre l’économie,
191 ns à ce point alarmantes que les gouvernements de nos États nationaux — si lié que soit leur sort à celui de la croissance
192 l que les mesures d’écologie concrètes peuvent et doivent être élaborées et appliquées : rivières, lacs, chutes d’eau, forêts,
193 n Mais il convient ici de préciser le sens que nous donnons au mot région. — Il y a des régions ethniques qui ne correspo
194 Ce que la famille peut faire, la municipalité ne doit pas le faire. Ce que la municipalité peut faire, les États ne doivent
195 . Ce que la municipalité peut faire, les États ne doivent pas le faire. Et ce que les États peuvent faire, le gouvernement fédé
196 s États peuvent faire, le gouvernement fédéral ne doit pas le faire. Dans le même sens se prononcent aujourd’hui la plupart
197 devient évident que les organisations écologistes devraient entrer au plus vite en relation avec les organisations régionalistes
198 nisations régionalistes et fédéralistes dans tous nos pays et à l’échelle continentale, en vue d’établir un programme commu
199 ent. Ce qu’il m’importait de souligner, c’est que nous n’aurons ni éco-société, ni régions, ni Europe fédérée, si nous n’obt
200 ni éco-société, ni régions, ni Europe fédérée, si nous n’obtenons pas les trois à la fois ; c’est qu’aucune de ces trois vir
13 1980, Réforme, articles (1946–1980). Les Nations unies des animaux (13 décembre 1980)
201 Les animaux ne parlent pas, et c’est pourquoi nous sommes ici. Les animaux ne parlent pas comme nous parlons — avec des
202 nous sommes ici. Les animaux ne parlent pas comme nous parlons — avec des mots. Mais ils vivent comme nous la douleur et la
203 us parlons — avec des mots. Mais ils vivent comme nous la douleur et la joie, la peur et l’amour, la curiosité, avec cette e
204 u regard devant l’impénétrable et l’indicible… Il nous faut donc parler pour eux. Parler pour eux, et de leur part, aux homm
205 pprennent à parler et surtout à comprendre un peu nos langages d’hommes. Les merveilleux dauphins sont les vedettes de cett
206 ’idée d’une Unesco des animaux ! Car les mots que nous pouvons leur apprendre n’expriment rien de leur être et de leurs émot
207 tre et de leurs émotions : ce sont des ordres que nous leur donnons, et leurs réponses disent « À vos ordres ! » et rien de
208 ponses disent « À vos ordres ! » et rien de plus. Nous les conditionnons, nous ne communiquons pas ! Communiquer avec le mon
209 dres ! » et rien de plus. Nous les conditionnons, nous ne communiquons pas ! Communiquer avec le monde des animaux relève du
210 ant. Le fait bien établi que les animaux plus que nous soient susceptibles de mourir d’émotion tend à prouver qu’ils sont pl
211 tion tend à prouver qu’ils sont plus capables que nous d’une certaine civilisation : celle du cœur, non du seul intellect, c
212 Elle se passe dans le regard, qui attend tout de nous  ! Car c’est de l’homme, par l’homme, à travers l’homme que les grands
213 salut, sans le savoir peut-être — mais que savons- nous de ce qu’ils savent ? Que l’homme soit responsable de la Nature vivan
214 , et de sa corruption ou de sa survie, l’écologie nous l’a rappelé au cours des deux dernières décennies avec une efficacité
215 la méfiance des saccageurs de la Nature, et elle nous a permis d’agir en profondeur. Mais la responsabilité de l’homme deva
216 la liberté et à la gloire des enfants de Dieu. Or nous savons que jusqu’à ce jour la création tout entière soupire et souffr
217 enfantement. Et ce n’est pas elle seulement, mais nous aussi, qui avons les prémices de l’Esprit, nous aussi nous soupirons
218 s nous aussi, qui avons les prémices de l’Esprit, nous aussi nous soupirons en nous-mêmes en attendant la rédemption de notr
219 i, qui avons les prémices de l’Esprit, nous aussi nous soupirons en nous-mêmes en attendant la rédemption de notre corps. Ca
220 irons en nous-mêmes en attendant la rédemption de notre corps. Car c’est en espérance que nous sommes sauvés. Mais « notre c
221 mption de notre corps. Car c’est en espérance que nous sommes sauvés. Mais « notre corps » : c’est l’animal en nous ! Ainsi
222 ’est en espérance que nous sommes sauvés. Mais «  notre corps » : c’est l’animal en nous ! Ainsi la tradition biblique-évangé
223 sauvés. Mais « notre corps » : c’est l’animal en nous  ! Ainsi la tradition biblique-évangélique confirme la continuité de l
224 olu de la vie sous toutes ses formes. Ici encore, nous le voyons bien : nous ne serons sauvés que tous ensemble, solidaires
225 tes ses formes. Ici encore, nous le voyons bien : nous ne serons sauvés que tous ensemble, solidaires dans la même espérance
226 emble, solidaires dans la même espérance, dont il nous faut témoigner désormais par des actes à la fois symboliques et concr
227 que, participait à cette réunion. Il a bien voulu nous autoriser à publier le texte de son allocution d’ouverture. Ce dont n
228 r le texte de son allocution d’ouverture. Ce dont nous le remercions. »