1
s belle. En Amérique, c’est le jeu des pressions,
du
business et des grands syndicats : on n’y joue que pour de l’argent.
2
l’argent. Ailleurs, c’est le jeu sans partenaire
du
parti unique au pouvoir : un jeu truqué où le citoyen perd à tout cou
3
chant, d’un seul et même mouvement, de l’idéal et
du
pratique, doublement négligés par les partis. Ce bon sens m’apparaît
4
ur rappel paraîtra subversif. Une politique digne
du
nom devrait se composer de deux chapitres : un idéal de l’homme d’une
5
espèce de no man’s land à mi-chemin de l’idéal et
du
pratique. Quand on lui rappelle le premier, elle s’en moque bien et p
6
gée conforme à ce qu’on attend de l’homme ? Point
du
tout, on votera sur les ismes, dans un état d’esprit assez voisin de
7
smes, dans un état d’esprit assez voisin de celui
du
joueur qui mise sur le noir parce qu’il vient de perdre sur le rouge
8
de même qu’il n’y a pas à choisir entre la vérité
du
foie et celle du cœur, ni davantage entre le mensonge du choléra et c
9
a pas à choisir entre la vérité du foie et celle
du
cœur, ni davantage entre le mensonge du choléra et celui de la peste.
10
et celle du cœur, ni davantage entre le mensonge
du
choléra et celui de la peste. Nous voulons la santé, qui est un équil
11
prise de pouvoir, en se moquant bien des trains,
du
pain, de la jeunesse, et du sens de la vie des hommes dans la cité. O
12
uant bien des trains, du pain, de la jeunesse, et
du
sens de la vie des hommes dans la cité. Or, nous pouvons vraiment vou
13
Deux lettres sur la fin
du
monde (29 juin 1946)b I — Dies iræ Princeton, 24 décembre 19
14
Dies iræ Princeton, 24 décembre 1945. La fin
du
monde pourrait bien se produire avant la fin de l’été prochain. Je ti
15
cela donnerait une idée fort approchée de la fin
du
monde. C’est à quoi nous en sommes, et c’est comique. On avait tout p
16
t tout prévu, sauf le comique, à propos de la fin
du
monde. Car c’est pour protéger la paix et pour faire régner l’ordre u
17
but militaire ». Nous sommes donc dans le domaine
du
sacré. Glissez mortels, mourrez sans résister… En somme, j’aurais bie
18
ne voudrait finir sa vie en même temps que celle
du
monde ? Il semble qu’il y ait là quelque consolation. L’amertume de m
19
ités qui nous restent sensibles, prévoient la fin
du
monde par désintégration, dissolution et réduction en fine poussière.
20
nt sur les villes. Nous voici ramenés aux calculs
du
savant dont je vous parlais tout à l’heure : la fin du monde se calcu
21
vant dont je vous parlais tout à l’heure : la fin
du
monde se calcule désormais. Ses données immédiates sont dans tous nos
22
cela nous ferait ? Ce serait la fin de la douleur
du
monde. Certains jours, il me semble que la folie des peuples, des gou
23
s distinguer, très bas, très doux, comme une voix
du
rêve, dans les intervalles effrayants de la cacophonie mondiale ? Je
24
ochaine et irrévocablement dernière guerre civile
du
genre humain. Que va-t-il se passer ? Ces projets échoueront. On en r
25
que j’ai cédé au goût américain de la sensation,
du
biggest in the world. Et de vrai, c’est dans ce pays que la première
26
sur les choses politiques, j’ai posé le principe
du
pessimisme actif. Et comment ne m’y tiendrais-je pas, quand je sais q
27
b. Rougemont Denis de, « Deux lettres sur la fin
du
monde », Réforme, Paris, 29 juin 1946, p. 1.
28
e qu’il existe à New York. Serait-ce cette église
du
Centre Absolu, dont je vois annoncée la « causerie mystique » en fin
29
te des services religieux, dans le New York Times
du
samedi ? Remontant ces colonnes d’annonces qui tiennent une demi-page
30
es colonnes d’annonces qui tiennent une demi-page
du
journal, je trouve les rubriques suivantes : Société védantiste, Égli
31
le xxe siècle et l’achèvement de la colonisation
du
continent, peut-être par l’effet d’une réaction normale, peut-être au
32
ns Manhattan commencera de nous en convaincre.
Du
gothique neuf On m’avait dit que je verrais à New York de pauvres
33
en plus de ces églises, la plus grande cathédrale
du
monde : St-Jean-de-Dieu, édifiée au sommet d’une colline de granit do
34
t. Ceci chez les baptistes de Riverside, l’église
du
Révérend Fosdick, comme chez les anglicans des beaux quartiers, et ch
35
, se plaignait de l’absence toute « protestante »
du
désordre gentil, de la distraction ou des marques de ferveur théâtral
36
pour la prohibition, de la lutte pour les droits
du
travail, du pacifisme militant, bref, de toutes les grandes causes pu
37
hibition, de la lutte pour les droits du travail,
du
pacifisme militant, bref, de toutes les grandes causes publiques en A
38
m de leur Bible qu’un démagogue au nom des droits
du
peuple. Pendant trois siècles, les « dénominations » diverses ont fou
39
sumait lui aussi toute la charge de la culture et
du
maintien de la morale dans la cité, préparait à la mort plus qu’à la
40
nférences, des films, un peu de danse, les cultes
du
dimanche et parfois de la semaine, bref, un milieu. Le pasteur se tro
41
t et rien, répondrai-je, et voilà bien le mystère
du
christianisme américain. Tout acte civique, moral, jugé conforme au b
42
. Tout acte civique, moral, jugé conforme au bien
du
plus grand nombre et aux coutumes reconnues par l’Église possède une
43
atique moins pour aller au Paradis que pour jouir
du
paradis terrestre que pourrait être l’Amérique, si seulement tous ses
44
dises de provenance nettement païenne : la morale
du
bonheur, par exemple. Comment imaginer, parmi ces gens « décents », u
45
que est belle, et les voix justes et l’ordonnance
du
culte sans défaut. Au surplus, ce sont de braves gens, plus généreux
46
urs rouge, et siègent en demi-cercle dans le fond
du
chœur, séparés de l’autel par des ogives en bois doré : une véritable
47
e n’ai décrit qu’une atmosphère, et les croyances
du
« chrétien moyen », quand tout chrétien réel est par définition une p
48
s alors la foi tend à se confondre avec la morale
du
bourg ; ou bien l’église se dresse face au siècle pour lui prêcher le
49
message à la portée de la masse et dans le style
du
jour, mais certains mots ne sauraient y passer, comme péché, grâce, m
50
grâce, mort et résurrection ; ou bien vous parlez
du
péché, de la grâce et du sacrifice, mais ces mots n’ont plus cours da
51
on ; ou bien vous parlez du péché, de la grâce et
du
sacrifice, mais ces mots n’ont plus cours dans la presse, à la radio
52
it tourné vers l’avenir est devenu tout d’un coup
du
passé, est fini. Que veut-il signifier, par ce retrait soudain ? Mais
53
esse, souvent avec une ironie née de l’exactitude
du
regard. Certains ne signifient rien et ne s’en doutent pas : certains
54
L’Europe, aventure
du
xxe siècle (1er mai 1948)g Il y a l’utopie de l’Europe, et il y a
55
s aurons à choisir dans un délai que la situation
du
monde rend très court. L’utopie La faiblesse générale des utopie
56
és de la réalité toujours changeante, bref : hors
du
courant de l’Histoire. Dans ce sens, « défendre l’Europe » est aujour
57
i est celui de la liberté, et dans les conditions
du
xxe siècle, qui sont celles de l’organisation ; rappeler à cette Eur
58
es plus inventifs de toute la terre, c’est-à-dire
du
seul point de vue de la quantité, plus que la Russie et deux fois plu
59
algré toutes ses infidélités, elle reste aux yeux
du
monde entier, le grand témoin — c’est la tâche dans laquelle nous nou
60
quelle nous nous sommes engagés, c’est l’aventure
du
xxe siècle, et c’est la vocation de cette génération. L’aventure
61
ait des progrès étonnants, sinon dans la réalité,
du
moins dans les déclarations des gouvernants, et dans la presse. Certa
62
cidés à fournir l’effort d’invention à la hauteur
du
siècle. Je disais à Montreux en septembre dernier, lors du congrès de
63
. Je disais à Montreux en septembre dernier, lors
du
congrès de l’Union européenne des fédéralistes : Si l’Europe doit du
64
euples, à l’opinion qui se réveille, aux citoyens
du
continent. Ils vont la prendre dans quinze jours, aux états généraux
65
Le 19 juin 1789, personne ne prévoyait le serment
du
Jeu de Paume, qui marqua le lendemain un tournant de l’Histoire. Ce q
66
temps de réveiller l’espoir d’une moitié séparée
du
continent. Il est temps de donner aussi à nos amis américains la cert
67
. g. Rougemont Denis de, « L’Europe, aventure
du
XXe siècle », Réforme, Paris, 1 mai 1948, p. 1.
68
« Êtes-vous partisan
du
rapprochement franco-allemand ? » (29 janvier 1949)h i L’ère des «
69
de, « [Réponse à une enquête] Êtes-vous partisan
du
rapprochement franco-allemand ? », Réforme, Paris, 29 janvier 1949, p
70
Après l’Œuvre
du
xxe siècle (14 juin 1952)j k Il ne saurait être question de tirer
71
même si l’efficacité en reste discutable. L’Œuvre
du
xxe siècle a protesté, dans son ensemble, contre les tyrannies de to
72
e leurs complices. Elle a protesté au double sens
du
mot, qui est à la fois refus et témoignage. Notre concert inaugural,
73
à la mémoire des victimes de toutes les tyrannies
du
xxe siècle. Il convenait d’ouvrir nos manifestations par cet acte de
74
e de parabole, sans transition, en visant le cœur
du
problème. Que nous soyons chrétiens ou non, ici nous sommes tous tenu
75
a pris son sens, et qu’il le perd en s’éloignant
du
sacrifice individuel. Et là-dessus, pour terminer, une citation. Elle
76
sade. j. Rougemont Denis de, « Après l’œuvre
du
XXe siècle », Réforme, Paris, 14 juin 1952, p. 7. k. Ce texte est pr
77
ris, 14 juin 1952, p. 7. k. Ce texte est précédé
du
chapeau suivant : « Nous avons rendu compte ici des manifestations de
78
ns rendu compte ici des manifestations de L’Œuvre
du
xxe siècle qui sont maintenant terminées. Nous n’avons rien dit des
79
semblé qu’ils étaient dirigés plus par la crainte
du
communisme que par le souci de la liberté et qu’ainsi, ils passaient
80
croyants de toutes nuances. À l’isolement relatif
du
protestant en France, il y a mieux que des compensations sur le plan
81
criture et à ses traductions liturgiques, sources
du
seul langage vraiment commun aux écrivains de toutes les langues et c
82
aussi, avions besoin de cette union, c’est-à-dire
du
genre de valeurs, d’équilibre, de mesure que représentait notre vieux
83
j’ai accepté de m’occuper de la partie culturelle
du
Mouvement européen. À partir du congrès de La Haye en 1948, je me sui
84
partie culturelle du Mouvement européen. À partir
du
congrès de La Haye en 1948, je me suis beaucoup penché sur ce problèm
85
olution des problèmes européens c’est que l’unité
du
genre humain est une invention des Européens. C’est l’Europe chrétien
86
’est l’Europe chrétienne qui a imaginé l’ensemble
du
genre humain en découvrant les possibilités de fraternité universelle
87
ka von Heuer et Christian Roux-Pétel, est précédé
du
chapeau suivant : « Les États-nations ne cessent aujourd’hui encore,
88
our nous, sur ce ‟thème imposé”. » p. L’acronyme
du
Cern, dont il est question ici, renvoie à l’organe provisoire institu
89
de Concorde (21 février 1976)r Invité au matin
du
13 janvier, par téléphone, à participer le 14 au soir à une émission
90
nterrompt nerveusement pour m’avertir que je sors
du
sujet. (Je parle pourtant de Concorde. Mais le sujet, c’est sa louang
91
. Mais les quelques dizaines de PDG et de membres
du
« jet-set » qui en « bénéficieront », si l’on peut dire, que feront-i
92
és devant moi, et consternés — c’est le contraire
du
pari de Pascal. Si vous perdez, vous perdez tout pour tout le monde.
93
tique : ils y gagneraient (outre 20 % sur le prix
du
billet, et x % sur leurs impôts) le temps de se reposer, de réfléchir
94
e temps, outre l’emploi — et comme pour la guerre
du
Vietnam, ici encore —, on invoque les « retombées technologiques » (C
95
de sont animés par un certain idéal : c’est celui
du
Progrès selon le xixe siècle. Toujours plus d’objets, toujours plus
96
e vers peu importe quoi ! L’idée vraiment moderne
du
progrès et du luxe s’oppose radicalement à cette manie démodée de la
97
orte quoi ! L’idée vraiment moderne du progrès et
du
luxe s’oppose radicalement à cette manie démodée de la vitesse et du
98
dicalement à cette manie démodée de la vitesse et
du
fracas pour épater le monde. Ce qui commence à valoir des fortunes, c
99
uistes épris d’idylle et entretenant la nostalgie
du
jardin d’Eden » (variante : « du retour aux cavernes et de l’éclairag
100
ant la nostalgie du jardin d’Eden » (variante : «
du
retour aux cavernes et de l’éclairage à la bougie »). Ou au contraire
101
lypse ». On dit aussi des écologistes adversaires
du
nucléaire qu’ils ont été « traumatisés par Hiroshima » (les partisans
102
été « traumatisés par Hiroshima » (les partisans
du
nucléaire, eux, n’ont apparemment rien senti). Enfin, une circulaire
103
ion européenne contre l’Afrique : la belle époque
du
colonialisme durera de 1878 à 1938 environ. Au triple alignement des
104
e plus en plus nettement politique après la crise
du
pétrole (1973) et la politique du « tout nucléaire » préconisée dès l
105
après la crise du pétrole (1973) et la politique
du
« tout nucléaire » préconisée dès lors par plusieurs gouvernements. I
106
soit manifesté d’abord en Europe, première partie
du
monde à s’être développée industriellement, donc à avoir subi l’agres
107
é et produit une civilisation qui tend à détruire
du
même mouvement à la fois les écosystèmes naturels et les communautés
108
dustrielle correspond exactement au développement
du
cancer, le souci écologique correspond, lui, à la création d’anticorp
109
désertification résultant, sur trois continents,
du
« progrès » industriel, du « développement ». De même l’État-nation e
110
sur trois continents, du « progrès » industriel,
du
« développement ». De même l’État-nation est né de la volonté d’unifo
111
eur qu’elles le dépassent. Le Rhin amène à la mer
du
Nord 60 millions de tonnes de déchets par jour. Ces déchets viennent
112
et des océans menacés, des changements de climat,
du
pillage des ressources non renouvelables. Tout État-nation, par natu
113
a région : un espace de participation à la mesure
du
citoyen Mais il convient ici de préciser le sens que nous donnons
114
arfois les frontières de trois pays, des calottes
du
Nord (Norvège, Suède, Finlande) à l’Oresund (Danemark et Suède) à l’E
115
au seuil de la campagne pour la première élection
du
Parlement européen. S’il est vrai que la cause européenne, qui sembla
116
nomène de rejet de la technologie rationaliste et
du
matérialisme qu’elle favorise, contraire au Coran ? 2. The Ecologis
117
a curiosité, avec cette espèce de béance anxieuse
du
regard devant l’impénétrable et l’indicible… Il nous faut donc parler
118
les massacrent, qu’il s’agisse des bébés phoques,
du
Labrador ou, dans les campagnes toutes proches d’ici, des petits veau
119
as ! Communiquer avec le monde des animaux relève
du
sentiment, de l’intuition, de l’accueil aux mystères du vivant. Le fa
120
timent, de l’intuition, de l’accueil aux mystères
du
vivant. Le fait bien établi que les animaux plus que nous soient susc
121
bles que nous d’une certaine civilisation : celle
du
cœur, non du seul intellect, celle de l’amitié, de la confiance, non
122
d’une certaine civilisation : celle du cœur, non
du
seul intellect, celle de l’amitié, de la confiance, non pas celle des
123
confiance, non pas celle des missiles nucléaires,
du
chômage et de la destruction irréversible des forêts, du plancton des
124
age et de la destruction irréversible des forêts,
du
plancton des océans et de l’air respirable. La seule compréhension, m
125
rès largement commune aux trois grandes religions
du
Livre, la juive, la chrétienne et l’islamique, a été donnée par saint
126
1980, p. 1 et 2. u. Présenté par cette note : «
Du
27 au 29 novembre, 70 délégués de divers mouvements de protection des