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À hauteur d’
homme
(1er juin 1946)a La Politique pratique d’un idéal Qu’est-ce q
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litique ? L’art d’aménager une cité pour que tout
homme
y trouve sa chance d’être humain. Tel est le principe. Voyons les fai
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e suppose, qu’on le veuille ou non, une idée de l’
homme
et de la condition humaine. Mais on dirait que la politique actuelle
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ait se composer de deux chapitres : un idéal de l’
homme
d’une part, et des mesures pratiques d’autre part, ordonnées à cet id
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choisir bien consciemment entre trois idéaux de l’
homme
? Et votera-t-on pour telle mesure précise jugée conforme à ce qu’on
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ure précise jugée conforme à ce qu’on attend de l’
homme
? Point du tout, on votera sur les ismes, dans un état d’esprit assez
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endus doctrinaires, mais non des conceptions de l’
homme
total. Il ne s’agit ni d’idéal ni de pratique, et encore moins de les
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de la politique, c’est-à-dire décider ce qu’est l’
homme
et bâtir une cité à sa mesure. Il ne faut pas dissoudre les partis ni
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rapporter nos jugements à une notion totale de l’
homme
d’une part, et aux demandes pratiques de l’autre, en réduisant tous l
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r qu’ils déclarent enfin quel est leur idéal de l’
homme
, si c’est le requin, ou le robot, ou la personne ; si c’est l’individ
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ui dicte les pensées. Ou si ce n’est pas plutôt l’
homme
responsable d’une vocation qui le distingue, mais aussi le relie à la
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mmencer Nous défendons ici une conception de l’
homme
qui déborde le cadre des partis, et surtout de la gauche et de la dro
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tout de la gauche et de la droite. Nous voulons l’
homme
à la fois libre et engagé, au nom d’une seule et même réalité que nou
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, mais en même temps, et pour la même raison, cet
homme
-là devient responsable vis-à-vis de la communauté où l’engage l’exerc
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de sa tâche. Cette conception personnaliste de l’
homme
commande des attitudes précises. Par exemple, elle oblige à condamner
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liste libre, frustre le prolétaire de sa chance d’
homme
, et l’empêche de réaliser sa vocation. Elle nous oblige à condamner a
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imes totalitaires, tout ce qui prétend dicter à l’
homme
sa vocation, — ce qui est encore la nier et l’écraser. Enfin elle nou
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xclusion de la moitié des organes. Nous voulons l’
homme
entier et non le partisan. Et c’est pourquoi nous demandons à disting
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ue d’aménagement, relevant de la nature même de l’
homme
, ce composé d’automatismes et de libres pulsions, créatrices, de « ga
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du pain, de la jeunesse, et du sens de la vie des
hommes
dans la cité. Or, nous pouvons vraiment vouloir tout cela, parce qu’e
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’un problème concret, nous prenons référence de l’
homme
et d’une certaine vision totale de l’homme, non pas de la tactique pa
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e de l’homme et d’une certaine vision totale de l’
homme
, non pas de la tactique particulière et cyniquement électorale d’un p
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rti. Bref, nous voulons une politique à hauteur d’
homme
. Celle des partis passe par-dessus les têtes ou vise trop bas ; se pe
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première réalisation Une politique à hauteur d’
homme
, axée sur la réalité de la personne à la fois libre et engagée : on n
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ruction. a. Rougemont Denis de, « À hauteur d’
homme
», Réforme, Paris, 1 juin 1946, p. 1.
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ne saurait être enregistrée que par le tout de l’
homme
qu’elle suscite : voilà pourquoi nos instruments, et nos fonctions me
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aissait avant le 6 août, elle est là, parce que l’
homme
l’a mise là. Et votre sens de la mesure peut se rebeller comme l’espr
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ale. Et il est évident que la grande majorité des
hommes
se refuse à ces évidences. On nous ressasse à longueur de journée qu’
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ont jamais chrétiennes, et que la grâce prend les
hommes
un à un, comme des héros tragiques, au-delà de toutes les aides de la
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ser des « idées religieuses ». Il nous montre des
hommes
et des femmes qui vivent comme ils le peuvent la vie contemporaine, i
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maintenir et d’illustrer une certaine notion de l’
homme
dont, malgré toutes ses infidélités, elle reste aux yeux du monde ent
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dans toute son étendue à la libre circulation des
hommes
, des idées, et des biens. Pour assurer ces libertés organisées, certa
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ont le ton, et l’on pourra parler. Chance de l’
homme
Telle est la vision directrice de l’aventure que nous courons. Et
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avant tout l’enjeu de la personne, la chance de l’
homme
au xxe siècle. Et c’est pourquoi la hiérarchie des Conseils que nous
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’entends la garantie des droits élémentaires de l’
homme
, antérieurs à l’État, supérieurs à l’État, et sans lesquels, pour nou
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s, et comme le veut son vrai génie, pour tous les
hommes
. g. Rougemont Denis de, « L’Europe, aventure du XXe siècle », Réf
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les conditions d’une communion nouvelle entre les
hommes
. Quelques mots sur ce dernier thème, sur ce thème capital de la commu
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quand elle est établie par la police au prix d’un
homme
sur dix dans les camps sibériens ? Que vaut la communion des neuf qui
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nt probablement des mouchards — et que le dixième
homme
est dans un camp ? Pitié pour eux, car ils ignorent sans doute l’éten
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rifice individuel — autour d’un seul, autour d’un
homme
qui est mort dans l’isolement total, dans la révolte la plus intransi
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eante contre le mal et l’injustice, abandonné des
hommes
, et ce serait peu, abandonné de Dieu lui-même, il l’a crié. N’oublion
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s pendant deux heures, vont me haïr comme un seul
homme
. Et en effet, je n’ai pas fini ma première phrase — mais c’est assez
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truisent à la fois la Nature et la Communauté des
hommes
, au nom du prestige de l’État, vanité collective et surprofits privés
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lus en plus brutales contre la Nature et contre l’
homme
qui vit de la Nature et en elle1. 3. Une réaction nécessaire : la
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s sociologues politologues européens, et nombre d’
hommes
politiques responsables aux États-Unis : la décentralisation de l’Éta
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r pour eux. Parler pour eux, et de leur part, aux
hommes
qui les méprisent, les torturent, les massacrent, qu’il s’agisse des
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r eux, dire la plainte muette des créatures que l’
homme
a trop souvent nommées des « bêtes brutes », quand elles étaient rend
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s, à vrai dire, par la bêtise et la brutalité des
hommes
. On fait grand cas, dans les magazines scientifiques, des animaux qui
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ler et surtout à comprendre un peu nos langages d’
hommes
. Les merveilleux dauphins sont les vedettes de cette campagne d’alpha
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réhension, mais alors très profonde, qui unisse l’
homme
et l’animal, elle est d’ordre émotif, affectif. Elle se passe dans le
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regard, qui attend tout de nous ! Car c’est de l’
homme
, par l’homme, à travers l’homme que les grands peuples d’animaux atte
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attend tout de nous ! Car c’est de l’homme, par l’
homme
, à travers l’homme que les grands peuples d’animaux attendent le salu
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! Car c’est de l’homme, par l’homme, à travers l’
homme
que les grands peuples d’animaux attendent le salut, sans le savoir p
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mais que savons-nous de ce qu’ils savent ? Que l’
homme
soit responsable de la Nature vivante, et de sa corruption ou de sa s
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d’agir en profondeur. Mais la responsabilité de l’
homme
devant la Nature et les bêtes n’est pas seulement métaphorique et poé
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on tout entière, dans la relation de l’animal à l’
homme
, j’entends de l’homme à la Nature vivante et au Cosmos, où le règne a
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la relation de l’animal à l’homme, j’entends de l’
homme
à la Nature vivante et au Cosmos, où le règne animal est le plus proc
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osmos, où le règne animal est le plus proche de l’
homme
. Les religions de l’Asie approchent ce même mystère par leur croyance