1
olitique considérée comme la pratique d’un idéal.
Il
faut qu’on sente cette distance. Cette différence de niveau. Qu’on la
2
dirait que la politique actuelle l’oublie, et qu’
elle
ne se fonde plus, en fait, que sur les conditions de la politique en
3
et du pratique. Quand on lui rappelle le premier,
elle
s’en moque bien et parle de réalisme, cependant qu’elle rate le secon
4
’en moque bien et parle de réalisme, cependant qu’
elle
rate le second parce qu’elle se perd dans des arguties doctrinales. E
5
alisme, cependant qu’elle rate le second parce qu’
elle
se perd dans des arguties doctrinales. Elle avait pour mission très s
6
ce qu’elle se perd dans des arguties doctrinales.
Elle
avait pour mission très simple de relier le but et ses moyens. En fai
7
s simple de relier le but et ses moyens. En fait,
elle
les isole l’un de l’autre. (Tel parti réputé libertaire vote des mesu
8
iquent seules la contradiction. Je ne vois pas qu’
elles
la justifient.) Cette politique tourne à vide, dans un grand bruit d’
9
ne vit plus que pour elle-même et sur elle-même.
Elle
coûte cher et n’arrange rien. Au lieu de transformer des idéaux en fa
10
rien. Au lieu de transformer des idéaux en fait,
elle
transforme des candidats en députés, des programmes en combines, des
11
lections de demain et je demande : de quoi s’agit-
il
? Va-t-on choisir bien consciemment entre trois idéaux de l’homme ? E
12
de celui du joueur qui mise sur le noir parce qu’
il
vient de perdre sur le rouge en se disant que peut-être, cette fois-c
13
rouge en se disant que peut-être, cette fois-ci…
Il
est admis à l’étranger que les Français aiment trop la politique et e
14
nt trop la politique et en font trop. Je pense qu’
ils
n’en font pas assez, car le jeu des partis n’est pas de la politique.
15
aires, mais non des conceptions de l’homme total.
Il
ne s’agit ni d’idéal ni de pratique, et encore moins de les relier. D
16
e électorale. Comment sauver les partis Car
il
ne s’agit pas de dissoudre les partis, groupements inévitables d’inté
17
e tous ordres, ou familles de tempéraments ; mais
il
faut malgré eux faire de la politique, c’est-à-dire décider ce qu’est
18
ce qu’est l’homme et bâtir une cité à sa mesure.
Il
ne faut pas dissoudre les partis ni en sortir, mais il faut, malgré e
19
faut pas dissoudre les partis ni en sortir, mais
il
faut, malgré eux et dans leur sein, rapporter nos jugements à une not
20
éditoriaux mais laissent le peuple sous-alimenté.
Il
ne faut pas dissoudre les partis ni en sortir, bien au contraire. Mai
21
les partis ni en sortir, bien au contraire. Mais
il
faut exiger qu’ils déclarent enfin quel est leur idéal de l’homme, si
22
sortir, bien au contraire. Mais il faut exiger qu’
ils
déclarent enfin quel est leur idéal de l’homme, si c’est le requin, o
23
son action traduit son idéal, ou si au contraire
elle
le trahit. Ils seront à même d’exiger de leur parti la démonstration
24
uit son idéal, ou si au contraire elle le trahit.
Ils
seront à même d’exiger de leur parti la démonstration convaincante qu
25
la démonstration convaincante que les mesures qu’
il
préconise servent vraiment l’idéal qu’il déclare. Toute la vie politi
26
sures qu’il préconise servent vraiment l’idéal qu’
il
déclare. Toute la vie politique en sera transformée. Et les partis re
27
rmée. Et les partis redeviendront légitimes quand
ils
cesseront de se prendre ou d’être pris pour fin, et ne s’offriront pl
28
mme commande des attitudes précises. Par exemple,
elle
oblige à condamner tout ce qui, dans le régime capitaliste libre, fru
29
ce d’homme, et l’empêche de réaliser sa vocation.
Elle
nous oblige à condamner aussi dans les régimes totalitaires, tout ce
30
, — ce qui est encore la nier et l’écraser. Enfin
elle
nous met en mesure de refuser les faux dilemmes entretenus par la lut
31
concurrence libre ou étatisation. Nous disons qu’
il
n’y a pas à choisir entre ces deux demi-vérités ou demi-mensonges, de
32
s deux demi-vérités ou demi-mensonges, de même qu’
il
n’y a pas à choisir entre la vérité du foie et celle du cœur, ni dava
33
mieux en les étatisant, et quelles sont celles qu’
il
faut aider à rester libres. Cela ne doit pas être une querelle de par
34
ut être pratiquée au sein de plusieurs partis, et
il
est même très souhaitable qu’elle le soit. Ce serait sans doute le se
35
sieurs partis, et il est même très souhaitable qu’
elle
le soit. Ce serait sans doute le seul moyen d’amener ces partis à tra
36
te n’est en fait ni vague ni abstraite. Ailleurs,
elle
en a fait la preuve. Le parti travailliste néerlandais, qui se déclar
37
ecte par les idées que nous venons de développer.
Il
est sorti des camps pour prendre le pouvoir. Et si les Hollandais vie
38
présentation devant le corps électoral, c’est qu’
il
a fait en une année de leur pays, le grand gagnant européen de la cou
39
aussitôt Washington. D’après ses calculs, disait-
il
, cet essai provoquerait un tel raz-de-marée que le Déluge, en compara
40
t finir sa vie en même temps que celle du monde ?
Il
semble qu’il y ait là quelque consolation. L’amertume de mourir est a
41
peut-être pourquoi les tout premiers chrétiens, s’
il
est vrai qu’ils croyaient le Jugement imminent, mouraient avec une gr
42
uoi les tout premiers chrétiens, s’il est vrai qu’
ils
croyaient le Jugement imminent, mouraient avec une grande facilité so
43
ec, là où le français traduit « en un instant » ?
Il
dit en atomo — dans un atome ! Et les grandes traditions occultistes,
44
it la fin de la douleur du monde. Certains jours,
il
me semble que la folie des peuples, des gouvernants, des militaires,
45
s qui nous mènent, obéit secrètement au bon sens.
Elle
nous mène à la mort, c’est clair. Mais c’est peut-être aussi qu’elle
46
mort, c’est clair. Mais c’est peut-être aussi qu’
elle
a compris que la somme des souffrances humaines est devenue si grande
47
finir avec la vie, que de gens qui voudraient qu’
elle
dure encore. Comme si l’humanité, au scrutin très secret, avait voté
48
ns cette nuit la plus longue de l’année, parce qu’
il
n’y avait plus qu’à désespérer, l’espoir est né. Démonstration d’une
49
it être enregistrée que par le tout de l’homme qu’
elle
suscite : voilà pourquoi nos instruments, et nos fonctions mentales e
50
deux : 1° Donner la Bombe aux petits pays pour qu’
ils
soient protégés contre les grands. Ces derniers fourniraient ainsi la
51
éputés des peuples. (Je prends le modèle courant.
Il
faudrait l’ajuster.) Le cabinet que ces chambres éliraient compterait
52
oyez. On trouverait mieux, en s’appliquant.) Mais
il
n’y a que les idées pratiques et raisonnables que l’on traite de foli
53
dernière guerre civile du genre humain. Que va-t-
il
se passer ? Ces projets échoueront. On en rira. On n’en rira même pas
54
esure de ce que l’on connaissait avant le 6 août,
elle
est là, parce que l’homme l’a mise là. Et votre sens de la mesure peu
55
es nations et de leur vertu d’ordre. Admettons qu’
elles
arrivent encore à se battre. Admettons que la Bombe soit moins puissa
56
es savants autorisés ne l’affirment. Admettons qu’
il
n’y ait pas de raz de marée, ni d’autres accidents d’ampleur continen
57
la guerre militaire y prospère d’autant mieux qu’
elle
sera dotée d’une armée de plus. Admettons que l’on invente une parade
58
s si francs et que nos chefs savent à peine ce qu’
ils
jouent. Une espèce d’organisation mondiale ouvrira des bureaux confor
59
fortables d’où sortiront quelques vœux incolores.
Il
est évident que les nations souveraines s’en moqueront. Il est éviden
60
ident que les nations souveraines s’en moqueront.
Il
est évident que l’une d’entre elles, Bombe en main, essaiera d’impose
61
s’en moqueront. Il est évident que l’une d’entre
elles
, Bombe en main, essaiera d’imposer sa paix à toutes les autres. (Inut
62
à toutes les autres. (Inutile même de la nommer.)
Il
est évident que les peuples se révolteront contre cette nation et son
63
t contre cette nation et son régime, tôt ou tard.
Il
est évident que si l’on continue à penser comme on pense aujourd’hui,
64
ourd’hui, cela finira dans l’explosion totale. Et
il
est évident que la grande majorité des hommes se refuse à ces évidenc
65
dences. On nous ressasse à longueur de journée qu’
elle
« n’est pas prête pour un gouvernement mondial ». Est-ce qu’on lui de
66
uvernement mondial ». Est-ce qu’on lui demande si
elle
est prête pour la mort ? L’humanité, ce sont des gens comme vous et m
67
es gens comme vous et moi. Quand vous me dites qu’
elle
n’est pas prête pour la paix, cela veut dire que vous d’abord, vous r
68
t à chacun de nous. Et nous en sommes au point où
il
devient difficile de le cacher. Nos alibis ne trompent plus que nous-
69
mêmes. Pour moi, je poursuivrai ma lutte, quoi qu’
il
arrive. C’est ma santé. Dès mon premier écrit sur les choses politiqu
70
fait Dieu dans tout cela ? Dangereuse question. S’
il
permet que nous fassions sauter la Terre, elle sautera et ce sera trè
71
n. S’il permet que nous fassions sauter la Terre,
elle
sautera et ce sera très bien. Au-delà de ce « clin d’œil », Il nous a
72
ce sera très bien. Au-delà de ce « clin d’œil »,
Il
nous attend. b. Rougemont Denis de, « Deux lettres sur la fin du
73
irait à Athènes, mais j’ai tout lieu de croire qu’
il
existe à New York. Serait-ce cette église du Centre Absolu, dont je v
74
er en Amérique la liberté de célébrer leur culte.
Ils
y trouvèrent aussi la possibilité de fonder des cités idéales, confor
75
r des ancêtres hollandais, allemands ou suédois s’
il
est né luthérien ; anglais s’il est presbytérien ; et s’il est cathol
76
ands ou suédois s’il est né luthérien ; anglais s’
il
est presbytérien ; et s’il est catholique, italiens, polonais ou irla
77
luthérien ; anglais s’il est presbytérien ; et s’
il
est catholique, italiens, polonais ou irlandais. À ces différences d’
78
ste est largement populaire, la méthodiste aussi (
elles
comptent chacune 9 à 10 millions de membres), tandis que l’Église pre
79
le. Quant à la fameuse multiplication des sectes,
elle
n’a rien à voir avec la diversité des confessions d’origine nationale
80
ons d’origine nationale. C’est au xixe siècle qu’
elle
a sévi, pour des raisons politiques ou géographiques au moins autant
81
les étrangers (scandalisés par une diversité dont
ils
ignorent les origines valables, pour la plupart européennes), voici l
82
s, pour la plupart européennes), voici le fait qu’
il
convient de souligner : ces étiquettes ne correspondent nullement à d
83
g, comme une hostie est moins grosse qu’un pain ;
ils
ne sont pas si enfantins que leurs critiques. On ne m’avait pas dit n
84
es signatures de visiteurs de toutes confessions (
ils
les indiquent et je note beaucoup de Roman Catholics). Passons mainte
85
ètement archéologiques. Le peuple américain — est-
il
puéril ou sain ? — adore plus que tout autre les costumes, et la bell
86
tonnière fleurie d’un œillet blanc, s’empressent.
Ils
vous dirigent avec une fermeté cordiale vers les sièges libres ou dép
87
ficiant est en surplis, ou chez les luthériens, s’
il
est en robe noire. Chez les presbytériens, on distribue la crème sur
88
istraction ou des marques de ferveur théâtrale qu’
il
s’attendait à retrouver dans un tel lieu… Plus divisés qu’ailleurs en
89
cors, comment les chrétiens d’Amérique conçoivent-
ils
et vivent-ils leurs croyances ? J’essaierai, dans un prochain article
90
les chrétiens d’Amérique conçoivent-ils et vivent-
ils
leurs croyances ? J’essaierai, dans un prochain article, de rassemble
91
rivée sans lesquels nulle société n’est possible.
Il
ne s’agissait pas de « moralisme » (les ismes n’apparaissaient qu’une
92
e fois le combat rompu) ni « d’évangile social ».
Il
s’agissait d’une lutte pour l’existence, et les pasteurs y tenaient u
93
les pasteurs y tenaient une fonction directrice.
Elle
leur est disputée de nos jours par la science vulgarisée, les comment
94
l’école publique, le cinéma et les comités. Mais
ils
en ont gardé le pli : leur christianisme est avant tout une force soc
95
e aux temps héroïques d’avant le Moyen Âge, quand
il
assumait lui aussi toute la charge de la culture et du maintien de la
96
rentes, et les paroisses sont devenues des clubs.
Elles
offrent à leurs membres des relations sociales, des banquets, des jeu
97
onc à la tête d’un organisme assez complexe. Mais
il
dispose d’aides nombreuses : un suppléant souvent, un chef de chœur,
98
ra donc de parler, et ce n’est pas le dimanche qu’
il
parlera le plus, car son sermon ne dépasse pas vingt minutes : une le
99
aisante à tous égards. On me demandera : Qu’y a-t-
il
de proprement religieux dans tout cela ? Tout et rien, répondrai-je,
100
me est la meilleure manière de vivre, un idéal qu’
il
faut mettre en pratique moins pour aller au Paradis que pour jouir du
101
peu de théologie va s’écrier que dans cet idéal,
il
ne voit rien de chrétien que l’étiquette, couvrant d’ailleurs des mar
102
par M. Smith, en souvenir de ses parents défunts.
Ils
communient en très grand nombre et fort souvent, avec une visible fer
103
rure ? Cela fait bien, et c’est « traditionnel ».
Ils
n’ont pas le sens proprement « religieux » des correspondances et des
104
r lui prêcher le pur message de la foi mais alors
elle
n’est plus dans le monde, qui s’organise sans elle et ne l’entend plu
105
lle n’est plus dans le monde, qui s’organise sans
elle
et ne l’entend plus. Ou bien vous mettez le message à la portée de la
106
toutes les aides de la morale et de la religion…
Il
ne me reste plus qu’à noter que Kierkegaard, précisément, est entière
107
un grand romancier protestant (13 mars 1948)f
Il
était venu passer une soirée chez moi, il y a quelques semaines, car
108
ns, et sans question, pour le reste de notre vie.
Il
est difficile de comprendre que c’est fini. Je retrouve sa dernière l
109
que c’est fini. Je retrouve sa dernière lettre :
il
ne m’y parle que de notre projet, et je n’ai pas encore répondu. Il e
110
e de notre projet, et je n’ai pas encore répondu.
Il
est difficile de comprendre que ce qui était tourné vers l’avenir est
111
evenu tout d’un coup du passé, est fini. Que veut-
il
signifier, par ce retrait soudain ? Mais non, il ne veut rien, il a s
112
-il signifier, par ce retrait soudain ? Mais non,
il
ne veut rien, il a subi. Sachant que seule cette autre chose est vrai
113
r ce retrait soudain ? Mais non, il ne veut rien,
il
a subi. Sachant que seule cette autre chose est vraie, à travers nous
114
et malgré nous, cette autre chose contre laquelle
il
n’y a rien à faire, et qui nous aime. ⁂ Je relis la dernière page de
115
e. ⁂ Je relis la dernière page de sa Galopine, où
il
dit cela, et chaque mot porte. Je voudrais que vous preniez ce roman,
116
, son mystère. En termes de psychologie courante,
il
faudrait parler de pudeur. Mais cette pudeur cachait une étrange libe
117
it plus long que nous. Moins on en parle et mieux
elle
sait se faire entendre. ⁂ Ce mouvement de retrait constamment renouve
118
re de poser une question, ou plutôt d’indiquer qu’
elle
se pose, mais de s’abstenir d’y répondre parce que la réponse n’est p
119
e force. Certains lui demandaient un « message ».
Il
n’aimait guère ce mot, pour des raisons profondes et non seulement pa
120
en vérité. De tous les romanciers contemporains,
il
est celui dont l’œuvre est le plus solidement fondée dans la plus sûr
121
ndée dans la plus sûre théologie : c’est pourquoi
il
n’en parle jamais, et se garde bien d’utiliser ses personnages pour e
122
rsonnages pour exposer des « idées religieuses ».
Il
nous montre des hommes et des femmes qui vivent comme ils le peuvent
123
montre des hommes et des femmes qui vivent comme
ils
le peuvent la vie contemporaine, il les suit de très près, d’une allu
124
vivent comme ils le peuvent la vie contemporaine,
il
les suit de très près, d’une allure naturelle, avec une secrète tendr
125
française, tout à la fois curieuse et intrépide,
il
laisse en blanc la solution que ses personnages n’ont pas trouvée, il
126
a solution que ses personnages n’ont pas trouvée,
il
laisse agir en nous l’obscure question dont ils étaient les porteurs
127
e, il laisse agir en nous l’obscure question dont
ils
étaient les porteurs ou la proie ; et ce respect des âmes donne à cha
128
stalgique, et finalement heureuse, comme exaucée…
Il
était le meilleur écrivain protestant de nos contemporains (bien que
129
la foi qui l’inspire, et de tout langage pieux).
Il
est entré dans les grandes marges de cette vie, et son dernier retrai
130
ie La faiblesse générale des utopies, c’est qu’
elles
sont en réalité moins riches d’avenir que le présent. Je dirais même,
131
ons sociologiques imaginaires ». Mais l’action qu’
elles
proposent n’est rien d’autre que l’arrêt artificiel, à un certain niv
132
e l’Europe » est aujourd’hui une utopie. Telle qu’
elle
est, pessimiste et divisée, encombrée de frontières qui l’empêchent d
133
une alliance défensive nos États-nations tels qu’
ils
sont, tenter de coaliser leurs souverainetés pour lutter contre les e
134
; rappeler à cette Europe qui se sent diminuée qu’
elle
compte encore 250 millions d’habitants, les plus travailleurs et les
135
n de l’homme dont, malgré toutes ses infidélités,
elle
reste aux yeux du monde entier, le grand témoin — c’est la tâche dans
136
Si l’Europe doit durer, c’est aux fédéralistes qu’
elle
le devra, et à eux seuls. Sur qui d’autre peut-elle compter ? Elle ne
137
le le devra, et à eux seuls. Sur qui d’autre peut-
elle
compter ? Elle ne doit pas compter sur les gens au pouvoir. J’en conn
138
à eux seuls. Sur qui d’autre peut-elle compter ?
Elle
ne doit pas compter sur les gens au pouvoir. J’en connais peu qui aie
139
présent de l’opinion et des rivalités de partis,
ils
courraient le risque d’être accusés de trahison s’ils transigeaient u
140
courraient le risque d’être accusés de trahison s’
ils
transigeaient un seul instant avec le dogme de la souveraineté absolu
141
aire, pour des raisons absurdes, mais techniques.
Il
faut donc les pousser dans le dos, voilà qui est clair. Quelques moi
142
inion qui se réveille, aux citoyens du continent.
Ils
vont la prendre dans quinze jours, aux états généraux de l’Europe, co
143
’Europe, convoqués à La Haye pour le 7 mai. Où
elle
mène Je ne puis anticiper sur les résolutions auxquelles aboutira
144
sera garanti le droit d’opposition, faute duquel
il
est dérisoire de parler de démocratie. Finalement nous voulons l’Euro
145
Finalement nous voulons l’Europe, parce que sans
elle
le monde glisse à la guerre, et que l’alternative n’est plus, pour no
146
nous, que d’empêcher cette guerre ou de périr en
elle
. Séparés, isolés, aucun de nos pays n’empêchera rien. Séparés, isolés
147
monterons au niveau de puissance des deux grands.
Ils
baisseront le ton, et l’on pourra parler. Chance de l’homme Tel
148
ion directrice de l’aventure que nous courons. Et
il
est clair que son enjeu n’est pas d’abord notre sécurité, n’est pas d
149
, bien que l’une et l’autre en dépendent, mais qu’
il
est avant tout l’enjeu de la personne, la chance de l’homme au xxe s
150
es. Nous vivons aujourd’hui la « drôle de paix ».
Il
dépend de nous qu’elle se termine demain en paix-éclair, et c’est l’e
151
rd’hui la « drôle de paix ». Il dépend de nous qu’
elle
se termine demain en paix-éclair, et c’est l’effet que pourra seule p
152
clamation solennelle de la fédération européenne.
Il
se passe quelque chose à l’Est. Il est temps qu’il se passe quelque c
153
on européenne. Il se passe quelque chose à l’Est.
Il
est temps qu’il se passe quelque chose en Europe ! Il est temps de ré
154
l se passe quelque chose à l’Est. Il est temps qu’
il
se passe quelque chose en Europe ! Il est temps de réveiller l’espoir
155
st temps qu’il se passe quelque chose en Europe !
Il
est temps de réveiller l’espoir d’une moitié séparée du continent. Il
156
iller l’espoir d’une moitié séparée du continent.
Il
est temps de donner aussi à nos amis américains la certitude que nous
157
ricains la certitude que nous ne sommes pas ce qu’
ils
ont parfois presque raison de croire que nous sommes : des démissionn
158
h i L’ère des « rapprochements » est dépassée.
Il
s’agit pour nous, Européens, de construire ensemble une fédération so
159
ns, de construire ensemble une fédération solide.
Il
existe certes des problèmes franco-allemands, mais pas de solution fr
160
s au désir d’unité des Allemands, aux craintes qu’
il
éveille en France, à la tentation autarcique en Grande-Bretagne, aux
161
liste a l’avantage d’être au moins concevable, et
il
est impossible qu’elle soit pire que ce qui est. Le seul obstacle sér
162
être au moins concevable, et il est impossible qu’
elle
soit pire que ce qui est. Le seul obstacle sérieux réside dans l’inco
163
Après l’Œuvre du xxe siècle (14 juin 1952)j k
Il
ne saurait être question de tirer de nos débats et de nos conférences
164
es masses, et personne n’a déclaré devant nous qu’
il
connaissait et assumait les conditions d’une communion nouvelle entre
165
nier thème, sur ce thème capital de la communion.
Il
est trop clair qu’aucun de nous ne se risquerait à vous en donner la
166
s en donner la recette. Et c’est tant mieux ! Car
il
existe des recettes de communion, et des fois synthétiques, dans ce s
167
nthétiques, dans ce siècle, et nous savons à quoi
elles
mènent ! Que vaut le bonheur d’un peuple, que vaut sa communion, quan
168
bonheur d’un peuple, que vaut sa communion, quand
elle
est établie par la police au prix d’un homme sur dix dans les camps s
169
ui osent à peine se regarder dans les yeux, quand
ils
savent que deux d’entre eux sont probablement des mouchards — et que
170
ième homme est dans un camp ? Pitié pour eux, car
ils
ignorent sans doute l’étendue et la vraie visée de la tyrannie dans l
171
ue et la vraie visée de la tyrannie dans laquelle
ils
sont nés. Mais nous… Nous qui avons parmi nous des témoins, des victi
172
s dictatures et des arguments de leurs complices.
Elle
a protesté au double sens du mot, qui est à la fois refus et témoigna
173
victimes de toutes les tyrannies du xxe siècle.
Il
convenait d’ouvrir nos manifestations par cet acte de piété et ce Mag
174
Maintenant, qu’allons-nous conclure ? Je pense qu’
il
ne se trouvera pas un seul d’entre tous ceux qui sont ici présents, p
175
r d’en parler — parce que, disons-le franchement,
il
est gênant de parler de cela quand on y croit, dans un tel lieu, et s
176
nde et la plus libre dans les modes d’adhésion qu’
elle
implique, s’est faite autour non pas d’une idée, d’une doctrine, d’un
177
es, et ce serait peu, abandonné de Dieu lui-même,
il
l’a crié. N’oublions pas que là, le mot de communion a pris son sens,
178
ue là, le mot de communion a pris son sens, et qu’
il
le perd en s’éloignant du sacrifice individuel. Et là-dessus, pour te
179
iduel. Et là-dessus, pour terminer, une citation.
Elle
est d’un Espagnol, et frappe une de ces notes d’éloquence à la fois s
180
côtés sans que tu les voies. Et chacun pensera qu’
il
va seul. Mais vous formerez un bataillon sacré, celui de la sainte, d
181
débats d’écrivains, car après les avoir entendus,
il
nous a semblé qu’ils étaient dirigés plus par la crainte du communism
182
car après les avoir entendus, il nous a semblé qu’
ils
étaient dirigés plus par la crainte du communisme que par le souci de
183
nisme que par le souci de la liberté et qu’ainsi,
ils
passaient à côté des questions essentielles qui leur étaient proposée
184
uestions essentielles qui leur étaient proposées.
Il
reste que ces conversations, faites en réalité de monologues successi
185
s que l’on ne peut assumer, et celles-là seules.
Il
est vrai, par ailleurs, que rien ne facilite une « carrière littérair
186
nt d’Amérique après la guerre, j’avais compris qu’
il
était indispensable d’unir les Européens. Non seulement nous-mêmes ma
187
oblème. L’union mondiale ne sera concevable que s’
il
existe une solide fédération européenne. Ce sera le point d’accrochag
188
ction et de la vie intellectuelle et auront entre
elles
des liens de toutes natures. Elles constitueront de proche en proche
189
auront entre elles des liens de toutes natures.
Elles
constitueront de proche en proche un tissu plus solide que leurs lien
190
ité universelle : « Désormais, disait saint Paul,
il
n’y a plus ni Juifs ni Grecs ». Cette responsabilité de l’Europe s’op
191
à la racine, d’ordre philosophique ou religieux.
Il
s’agit de transposer sur les plans économique et politique les conséq
192
encore, de s’affronter sur notre vieux continent.
Il
nous a semblé intéressant de considérer avec Denis de Rougemont l’œuv
193
eprise au Centre européen de la culture (CEC), qu’
il
dirige depuis près de vingt ans. Voici ce qu’il a développé, pour nou
194
u’il dirige depuis près de vingt ans. Voici ce qu’
il
a développé, pour nous, sur ce ‟thème imposé”. » p. L’acronyme du Ce
195
ce ‟thème imposé”. » p. L’acronyme du Cern, dont
il
est question ici, renvoie à l’organe provisoire institué en 1952 sous
196
s arguments critiques nous intéressent, et puisqu’
il
s’agit d’un débat, vous pourrez y aller librement. Soyez aussi violen
197
pourrez y aller librement. Soyez aussi violent qu’
il
vous plaira. » Le lendemain soir, dès les premières minutes, je vois
198
dans un traquenard. Sentimentaux ou technocrates,
ils
sont tous en train de célébrer leur culte des « Ailes françaises ». Q
199
« bénéficieront », si l’on peut dire, que feront-
ils
de ces heures gagnées ? Est-ce qu’elles vaudront les seize milliards
200
que feront-ils de ces heures gagnées ? Est-ce qu’
elles
vaudront les seize milliards déjà dépensés par l’État, donc par les c
201
les contribuables français et anglais ? Est-ce qu’
elles
justifieront le risque planétaire que des savants redoutent, l’attein
202
merveilleux châteaux de nuages de l’Atlantique :
ils
y gagneraient (outre 20 % sur le prix du billet, et x % sur leurs imp
203
éfléchir, ou de lire mes livres par exemple. Et s’
il
était vraiment indispensable de « gagner » trois heures sur ce trajet
204
0 ouvriers. Argument proprement scandaleux ! Faut-
il
, comme le demandait un Premier ministre, supprimer toute limitation d
205
ciété est ainsi faite que la seule alternative qu’
elle
offre au gaspillage industriel, à la pollution de l’atmosphère, voire
206
’atmosphère, voire à la guerre, c’est le chômage,
il
est temps de changer de cap, de se fixer d’autres buts, et d’inventer
207
lculs et de rêves, de principes et d’ambitions qu’
il
nous faut dépasser si nous voulons survivre, qui détruisent à la fois
208
de l’éclairage à la bougie »). Ou au contraire ;
elle
serait une « névrose d’Apocalypse ». On dit aussi des écologistes adv
209
aussi des écologistes adversaires du nucléaire qu’
ils
ont été « traumatisés par Hiroshima » (les partisans du nucléaire, eu
210
s Sakharov dit au contraire, selon Le Monde , qu’
ils
sont payés par le gouvernement russe. En ce point, l’on s’aperçoit qu
211
sur son mérite, mais sur les visées politiques qu’
elle
est censée traduire tout en les dissimulant. 2. Alignements : un m
212
: celles-ci, bien entendu, sont « nécessaires » ;
elles
sont « sûres », elles sont « propres ». Les enseignants ont à présent
213
ndu, sont « nécessaires » ; elles sont « sûres »,
elles
sont « propres ». Les enseignants ont à présenter ces brochures. Mais
214
rection le rappellerait aussitôt à l’ordre, car «
il
est interdit de faire de la politique à l’école ». D’où cette nouvell
215
préconisée dès lors par plusieurs gouvernements.
Il
est normal que ce souci se soit manifesté d’abord en Europe, première
216
i des premiers atteints par le mal industriel, qu’
ils
ont d’ailleurs inventé. C’est le souci de ceux qui ont déchaîné la dé
217
d en Europe, au xixe siècle puis aux États-Unis.
Elle
s’étend désormais à toutes les parties de la Terre où la civilisation
218
e, a voulu se développer sur une tabula rasa — qu’
elle
a créée au besoin — d’où ses liens de complicité essentielle avec la
219
de l’enfant est une tabula rasa ou maison vide qu’
il
s’agit de « meubler » de certitudes simples, abstraites, géométriques
220
t les préparant à devenir des recrues alignables.
Il
existe une profonde analogie de structure entre l’agression contre la
221
premier lien fondamental entre les deux réalités.
Il
y en a d’autres. C’est au niveau régional que les mesures d’écologie
222
usées, minimisées par l’État-nation qui a peur qu’
elles
le divisent, il y a des exigences écologiques continentales, égalemen
223
ées ou minimisées par l’État-nation qui a peur qu’
elles
le dépassent. Le Rhin amène à la mer du Nord 60 millions de tonnes de
224
que les trois autres additionnés… Même jeu quand
il
s’agit des mers et des océans menacés, des changements de climat, du
225
tant par en haut que par en bas, c’est-à-dire qu’
il
s’oppose à presque tout ce qui existe ou voudrait exister indépendamm
226
e siècle par les personnalistes à l’État-nation :
il
est à la fois trop petit (à l’échelle mondiale) et trop grand (à l’éc
227
e de participation à la mesure du citoyen Mais
il
convient ici de préciser le sens que nous donnons au mot région. — Il
228
lui répondre. 7. Éloge de la petite échelle
Il
s’agit donc, si l’on veut arriver à des solutions écologiques capable
229
a seule capitale nationale est des plus simples :
il
consiste à situer les pouvoirs de décision au niveau communautaire le
230
ormulait naguère à propos des États-Unis, mais qu’
il
est facile de transposer en termes européens : Ne confiez jamais à u
231
autonomie, à reprendre en main leurs destins.2 »
Il
est faux que le plus grand soit le plus efficace. E. F. Schumacher a
232
our la première élection du Parlement européen. S’
il
est vrai que la cause européenne, qui semblait endormie, ou qu’on cro
233
prévue des régionalistes et des écologistes ; — S’
il
est vrai que ni la région ne se fera sans l’Europe fédérée, ni celle-
234
rée, ni celle-ci sans des régions à sa base ; — S’
il
est vrai enfin que les problèmes écologiques ne peuvent être résolus
235
inentale, non pas à l’échelle nationale ; — Alors
il
devient évident que les organisations écologistes devraient entrer au
236
Encore un mot sur le titre-slogan que je propose.
Il
ne dit pas : même combat, mais bien même avenir. Un combat peut être
237
est fini. Un avenir adviendra certainement. Ce qu’
il
m’importait de souligner, c’est que nous n’aurons ni éco-société, ni
238
réaliser seule ; c’est que l’avenir de chacune d’
elle
est celui des deux autres, et qu’en cette trinité réside l’espoir des
239
ec l’aide des États-Unis et de l’Europe ne serait-
elle
pas un premier phénomène de rejet de la technologie rationaliste et d
240
la technologie rationaliste et du matérialisme qu’
elle
favorise, contraire au Coran ? 2. The Ecologist, special on the Fut
241
America, septembre 1977. 3. Dans certains pays,
il
existe un parti écologiste : parti radical italien, parti radical née
242
lent pas comme nous parlons — avec des mots. Mais
ils
vivent comme nous la douleur et la joie, la peur et l’amour, la curio
243
e du regard devant l’impénétrable et l’indicible…
Il
nous faut donc parler pour eux. Parler pour eux, et de leur part, aux
244
les méprisent, les torturent, les massacrent, qu’
il
s’agisse des bébés phoques, du Labrador ou, dans les campagnes toutes
245
trop souvent nommées des « bêtes brutes », quand
elles
étaient rendues telles, à vrai dire, par la bêtise et la brutalité de
246
usceptibles de mourir d’émotion tend à prouver qu’
ils
sont plus capables que nous d’une certaine civilisation : celle du cœ
247
rs très profonde, qui unisse l’homme et l’animal,
elle
est d’ordre émotif, affectif. Elle se passe dans le regard, qui atten
248
e et l’animal, elle est d’ordre émotif, affectif.
Elle
se passe dans le regard, qui attend tout de nous ! Car c’est de l’hom
249
savoir peut-être — mais que savons-nous de ce qu’
ils
savent ? Que l’homme soit responsable de la Nature vivante, et de sa
250
e, mais d’autant plus pénétrante : on répétait qu’
il
s’agissait seulement d’une mode. Cette erreur a distrait la méfiance
251
trait la méfiance des saccageurs de la Nature, et
elle
nous a permis d’agir en profondeur. Mais la responsabilité de l’homme
252
es n’est pas seulement métaphorique et poétique :
elle
est tout à la fois matérielle et morale, tout à la fois scientifique
253
de celui qui l’y a soumise — avec l’espérance qu’
elle
aussi sera affranchie de la servitude de la corruption, pour avoir pa
254
ns les douleurs de l’enfantement. Et ce n’est pas
elle
seulement, mais nous aussi, qui avons les prémices de l’Esprit, nous
255
ensemble, solidaires dans la même espérance, dont
il
nous faut témoigner désormais par des actes à la fois symboliques et
256
musc, éléphants africains, phoques, lamantins…) ;
ils
œuvreront pour que cette protection puisse s’appuyer sur des bases ju
257
ouvement écologique, participait à cette réunion.
Il
a bien voulu nous autoriser à publier le texte de son allocution d’ou