1 1946, Réforme, articles (1946–1980). À hauteur d’homme (1er juin 1946)
1 , doublement négligés par les partis. Ce bon sens m’ apparaît aussi rare que vital. Toute politique suppose, qu’on le veuil
2  nécessités » expliquent seules la contradiction. Je ne vois pas qu’elles la justifient.) Cette politique tourne à vide, d
3 programmes en combines, des promesses en oublis. Je pense aux élections de demain et je demande : de quoi s’agit-il ? Va-
4 es en oublis. Je pense aux élections de demain et je demande : de quoi s’agit-il ? Va-t-on choisir bien consciemment entre
5 rançais aiment trop la politique et en font trop. Je pense qu’ils n’en font pas assez, car le jeu des partis n’est pas de
6 partie, c’est-à-dire d’arriver à gouverner. Suis- je assez clair ? Ce qui occupe toute la scène, ce qui est au premier pla
7 ctions de demain, ce sont les chances des partis, j’ entends des comités de partis, et non point des questions pratiques te
2 1946, Réforme, articles (1946–1980). Deux lettres sur la fin du monde (29 juin 1946)
8 bien se produire avant la fin de l’été prochain. Je tiens ma petite information d’un physicien des plus remarquables qui,
9 produire avant la fin de l’été prochain. Je tiens ma petite information d’un physicien des plus remarquables qui, d’ailleu
10 Glissez mortels, mourrez sans résister… En somme, j’ aurais bien tort de ricaner. Tout le monde sait que le monde finira. E
11 nt Paul écrit aux croyants de Corinthe : « Voici, je vous dis un mystère : nous ne mourrons pas tous, mais tous nous seron
12 es. Nous voici ramenés aux calculs du savant dont je vous parlais tout à l’heure : la fin du monde se calcule désormais. S
13 la fin de la douleur du monde. Certains jours, il me semble que la folie des peuples, des gouvernants, des militaires, et
14 ntervalles effrayants de la cacophonie mondiale ? Je ne vous en dis pas plus ce soir. Demain, Noël. II — La Paix ou la
15 incapables. Ce drôle de petit cri dans la paille m’ indique tout autrement que les formules d’Einstein que notre univers e
16 encore sont ceux qui vont de personne à personne. Me voici libéré de mes dernières craintes, et tout libre d’imaginer, de
17 i vont de personne à personne. Me voici libéré de mes dernières craintes, et tout libre d’imaginer, de choisir et de m’orie
18 intes, et tout libre d’imaginer, de choisir et de m’ orienter personnellement vers la paix ou la mort. Disposition favorabl
19 t vers la paix ou la mort. Disposition favorable, je crois, à des réflexions réalistes. Je reviens donc à mes atomes. Parm
20 favorable, je crois, à des réflexions réalistes. Je reviens donc à mes atomes. Parmi tous les projets de contrôle de la B
21 is, à des réflexions réalistes. Je reviens donc à mes atomes. Parmi tous les projets de contrôle de la Bombe que l’on a sug
22 e la Bombe que l’on a suggérés ces derniers mois, j’ en retiens deux : 1° Donner la Bombe aux petits pays pour qu’ils soien
23 égués des États, l’autre de députés des peuples. ( Je prends le modèle courant. Il faudrait l’ajuster.) Le cabinet que ces
24 précédent s’est emparée des volontés. Vous-même, je le sens, je ne vous ai pas convaincue. Vous pensez que j’ai exagéré.
25 ’est emparée des volontés. Vous-même, je le sens, je ne vous ai pas convaincue. Vous pensez que j’ai exagéré. Vous pensez
26 ns, je ne vous ai pas convaincue. Vous pensez que j’ ai exagéré. Vous pensez que j’ai cédé au goût américain de la sensatio
27 ue. Vous pensez que j’ai exagéré. Vous pensez que j’ ai cédé au goût américain de la sensation, du biggest in the world. Et
28 comme l’esprit devant la mort… Mais admettons que j’ ai exagéré : c’est fatal. Écrire, c’est mettre en forme, donc condense
29 ochaine guerre seront très différents de ceux que j’ ai prévus ? La souffrance sera pire, l’agonie de la terre un peu plus
30 nts d’ordre » aussi énigmatique, et sans témoins. Je reconnais volontiers que ce processus peut se poursuivre assez longte
31 e et dramatique qu’un certain goût de l’antithèse m’ incline parfois à souhaiter. La tragédie n’aura pas de lignes pures, p
32 mort ? L’humanité, ce sont des gens comme vous et moi . Quand vous me dites qu’elle n’est pas prête pour la paix, cela veut
33 é, ce sont des gens comme vous et moi. Quand vous me dites qu’elle n’est pas prête pour la paix, cela veut dire que vous d
34 Nos alibis ne trompent plus que nous-mêmes. Pour moi , je poursuivrai ma lutte, quoi qu’il arrive. C’est ma santé. Dès mon
35 alibis ne trompent plus que nous-mêmes. Pour moi, je poursuivrai ma lutte, quoi qu’il arrive. C’est ma santé. Dès mon prem
36 ent plus que nous-mêmes. Pour moi, je poursuivrai ma lutte, quoi qu’il arrive. C’est ma santé. Dès mon premier écrit sur l
37 je poursuivrai ma lutte, quoi qu’il arrive. C’est ma santé. Dès mon premier écrit sur les choses politiques, j’ai posé le
38 ma lutte, quoi qu’il arrive. C’est ma santé. Dès mon premier écrit sur les choses politiques, j’ai posé le principe du pes
39 Dès mon premier écrit sur les choses politiques, j’ ai posé le principe du pessimisme actif. Et comment ne m’y tiendrais-j
40 sé le principe du pessimisme actif. Et comment ne m’ y tiendrais-je pas, quand je sais que l’enjeu n’est point de ceux que
41 du pessimisme actif. Et comment ne m’y tiendrais- je pas, quand je sais que l’enjeu n’est point de ceux que la défaite, ma
42 actif. Et comment ne m’y tiendrais-je pas, quand je sais que l’enjeu n’est point de ceux que la défaite, mais la désertio
43 ux que la défaite, mais la désertion seule puisse me faire perdre ? Je me rappelle cette voix, dans Isaïe, criant de Séir
44 mais la désertion seule puisse me faire perdre ? Je me rappelle cette voix, dans Isaïe, criant de Séir au prophète : « Se
45 is la désertion seule puisse me faire perdre ? Je me rappelle cette voix, dans Isaïe, criant de Séir au prophète : « Senti
46 a répondu : « Le matin vient et la nuit aussi ». Je n’ai pas fini d’aimer ce cri. Les citations de la Bible vous irritent
47 Les citations de la Bible vous irritent. Et vous me direz : que fait Dieu dans tout cela ? Dangereuse question. S’il perm
3 1946, Réforme, articles (1946–1980). Vues générales des Églises de New York (12 octobre 1946)
48 les des Églises de New York (12 octobre 1946)c Je n’ai pas encore découvert cet autel « au dieu inconnu », que saint Pa
49 nconnu », que saint Paul admirait à Athènes, mais j’ ai tout lieu de croire qu’il existe à New York. Serait-ce cette église
50 rk. Serait-ce cette église du Centre Absolu, dont je vois annoncée la « causerie mystique » en fin de la liste des service
51 d’annonces qui tiennent une demi-page du journal, je trouve les rubriques suivantes : Société védantiste, Église universal
52 de nous en convaincre. Du gothique neuf On m’ avait dit que je verrais à New York de pauvres petites églises tout éc
53 aincre. Du gothique neuf On m’avait dit que je verrais à New York de pauvres petites églises tout écrasées entre des
54 écrasées entre des gratte-ciel triomphants. On ne m’ avait pas dit que ces églises, d’ailleurs immenses pour la plupart, so
55 sont pas si enfantins que leurs critiques. On ne m’ avait pas dit non plus que New York possède, en plus de ces églises, l
56 opie scrupuleusement les bons modèles gothiques.) Je remonte la Cinquième Avenue, en partant de Washington Square. Voici d
57 pages d’un gros livre, ouvert dans le vestibule, je lis les signatures de visiteurs de toutes confessions (ils les indiqu
58 teurs de toutes confessions (ils les indiquent et je note beaucoup de Roman Catholics). Passons maintenant dans Park Avenu
59 çais qui assiste à l’un de ces cultes. Mais un de mes amis, argentin, sortant de la messe à Saint-Patrick, se plaignait de
60 ue conçoivent-ils et vivent-ils leurs croyances ? J’ essaierai, dans un prochain article, de rassembler les éléments d’une
4 1946, Réforme, articles (1946–1980). Spiritualité américaine (19 octobre 1946)
61 es d’une vie plus satisfaisante à tous égards. On me demandera : Qu’y a-t-il de proprement religieux dans tout cela ? Tout
62 eligieux dans tout cela ? Tout et rien, répondrai- je , et voilà bien le mystère du christianisme américain. Tout acte civiq
63 ur le péché, la grâce, la transcendance, que sais- je . Les choristes de Christ Church (méthodiste) sont vêtus de robes et d
64 juge même d’une seule âme, même de la sienne. Et je viens de parler en général de 65 millions de chrétiens américains, j’
65 n général de 65 millions de chrétiens américains, j’ entends de membres inscrits d’une paroisse, dont 40 millions de protes
66 isse, dont 40 millions de protestants. En vérité, je n’ai décrit qu’une atmosphère, et les croyances du « chrétien moyen »
67 à dépasser le niveau d’une sociologie religieuse, je voudrais indiquer le dilemme que pose à un esprit européen le spectac
68 s les aides de la morale et de la religion… Il ne me reste plus qu’à noter que Kierkegaard, précisément, est entièrement t
69 ment, est entièrement traduit en Amérique, et que j’ ai trouvé partout des étudiants — non seulement chez les théologiens —
5 1948, Réforme, articles (1946–1980). Roger Breuil qui vient de mourir était un grand romancier protestant (13 mars 1948)
70 rs 1948)f Il était venu passer une soirée chez moi , il y a quelques semaines, car nous avions parlé d’une pièce que nous
71 e. Il est difficile de comprendre que c’est fini. Je retrouve sa dernière lettre : il ne m’y parle que de notre projet, et
72 ’est fini. Je retrouve sa dernière lettre : il ne m’ y parle que de notre projet, et je n’ai pas encore répondu. Il est dif
73 lettre : il ne m’y parle que de notre projet, et je n’ai pas encore répondu. Il est difficile de comprendre que ce qui ét
74 quelle il n’y a rien à faire, et qui nous aime. ⁂ Je relis la dernière page de sa Galopine, où il dit cela, et chaque mot
75 sa Galopine, où il dit cela, et chaque mot porte. Je voudrais que vous preniez ce roman, et que vous aussi vous relisiez c
76 i vous relisiez cette dernière page (280 et 281). Je pense que vous ne l’oublierez plus. Et ce sera l’hommage le plus vrai
77 us. Et ce sera l’hommage le plus vrai. Subitement je comprends que Roger Breuil n’a pas cessé de représenter pour moi l’in
78 ue Roger Breuil n’a pas cessé de représenter pour moi l’inquiétude de la vocation, son cheminement imprévisible, son mystèr
79 omme pour mieux renvoyer à ce qui les transcende, j’ en retrouve des marques sensibles dans tous mes souvenirs de lui, et d
80 de, j’en retrouve des marques sensibles dans tous mes souvenirs de lui, et dans son œuvre : c’était son style, son art, et
6 1948, Réforme, articles (1946–1980). L’Europe, aventure du xxe siècle (1er mai 1948)
81 en réalité moins riches d’avenir que le présent. Je dirais même, sans trop de paradoxe, que l’utopie peut se définir en g
82 r que les utopies classiques sont, en réalité, et je le cite : « des programmes d’action déguisés en descriptions sociolog
83 ’inverse, l’Europe est pratiquement indéfendable. Je m’explique : Tenter d’unir en une alliance défensive nos États-nation
84 verse, l’Europe est pratiquement indéfendable. Je m’ explique : Tenter d’unir en une alliance défensive nos États-nations t
85 décadence. Une sainte alliance de nos microbes ne me paraît pas le moyen de sauver notre santé. Une sainte alliance des so
86 ns de circuler, mais n’arrêteront pas les armées. Je dis donc que vouloir l’union de l’Europe sans rien changer à sa struc
87 itation fédéraliste est par conséquent superflue. Je persiste à penser, pour ma part, que les gouvernements travaillent en
88 lent encore en fait, dans le sens de l’utopie que je viens de décrire, et que le sort de l’aventure réelle n’est pas aille
89 rnir l’effort d’invention à la hauteur du siècle. Je disais à Montreux en septembre dernier, lors du congrès de l’Union eu
90 Elle ne doit pas compter sur les gens au pouvoir. J’ en connais peu qui aient l’intention de le laisser limiter, et c’est p
91 oqués à La Haye pour le 7 mai. Où elle mène Je ne puis anticiper sur les résolutions auxquelles aboutira ce congrès
92 ua le lendemain un tournant de l’Histoire. Ce que je sais, c’est notre volonté, et c’est le but précis que nous visons tou
93 raineté nationale, et vous voyez peut-être à quoi je pense. Fédérés, au contraire, nous remonterons au niveau de puissance
94 gie, mais au contraire le règne de la loi, par où j’ entends la garantie des droits élémentaires de l’homme, antérieurs à l
95 le troisième force, au plan mondial, ce n’est pas je ne sais quel groupement de double négation et de demi-mesures, c’est
7 1952, Réforme, articles (1946–1980). Après l’Œuvre du xxe siècle (14 juin 1952)
96 s sommes à la fois les sujets et les objets. Mais je voudrais relever ici un caractère très général de nos débats. Les suj
97 la liberté. Maintenant, qu’allons-nous conclure ? Je pense qu’il ne se trouvera pas un seul d’entre tous ceux qui sont ici
98 s un tel lieu, et sous les projecteurs de cinéma… Je répondrai à côté de la question apparente, je répondrai par une sorte
99 ma… Je répondrai à côté de la question apparente, je répondrai par une sorte de parabole, sans transition, en visant le cœ
8 1953, Réforme, articles (1946–1980). « Les écrivains protestants » (11 avril 1953)
100 hollandais, mais le seul Roger Breuil en France, je me sens protestant non seulement par le hasard d’une origine, mais en
101 llandais, mais le seul Roger Breuil en France, je me sens protestant non seulement par le hasard d’une origine, mais encor
102 ment par le hasard d’une origine, mais encore par ma formation, et enfin par mon adhésion des plus actives, dès l’âge de 2
103 igine, mais encore par ma formation, et enfin par mon adhésion des plus actives, dès l’âge de 25 ans, aux doctrines orthodo
104 arth. C’est dire que le protestantisme ne saurait me « gêner » comme écrivain, ni plus ni moins que n’ont pu le faire mes
105 écrivain, ni plus ni moins que n’ont pu le faire mes appartenances à la Suisse comme destin historique, ou à la langue fra
9 1968, Réforme, articles (1946–1980). Vers l’Europe des régions ? (30 novembre 1968)
106 1968)n o Rentrant d’Amérique après la guerre, j’ avais compris qu’il était indispensable d’unir les Européens. Non seul
107 notre vieux continent. En août 1947, on est venu me demander de parler à un congrès de fédéralistes européens, à Montreux
108 congrès de fédéralistes européens, à Montreux, où j’ ai prononcé un discours inaugural : j’étais engagé. Puis j’ai accepté
109 ontreux, où j’ai prononcé un discours inaugural : j’ étais engagé. Puis j’ai accepté de m’occuper de la partie culturelle d
110 oncé un discours inaugural : j’étais engagé. Puis j’ ai accepté de m’occuper de la partie culturelle du Mouvement européen.
111 inaugural : j’étais engagé. Puis j’ai accepté de m’ occuper de la partie culturelle du Mouvement européen. À partir du con
112 européen. À partir du congrès de La Haye en 1948, je me suis beaucoup penché sur ce problème de l’union des Européens sur
113 opéen. À partir du congrès de La Haye en 1948, je me suis beaucoup penché sur ce problème de l’union des Européens sur la
114 Européens sur la base d’une unité déjà existante. Je fais une distinction entre unité et union. L’unité existe ou n’existe
115 sine qua non d’une union économique et politique. J’ ai donc créé le Centre européen de la culture que je dirige depuis prè
116 ai donc créé le Centre européen de la culture que je dirige depuis près de vingt ans, afin d’aider tous les mouvements qui
117 ssociation des festivals de musique européens que je dirige, tout à fait par hasard. Nous avons coordonné les Instituts d’
118 s la leçon d’histoire, de géographie, de langues. Je souhaiterais que tombent en désuétude les grands États-nations comme
119 diviser le pays en un certain nombre de régions. Je pense qu’on finira par se mettre d’accord assez vite pour la France s
10 1976, Réforme, articles (1946–1980). À propos de Concorde (21 février 1976)
120 ne émission de plus de trois heures sur Concorde, j’ ai commencé par refuser : dix minutes de parole ne valent pas le voyag
121  : dix minutes de parole ne valent pas le voyage, je ne suis pas technicien, et surtout « je suis contre »… — « Qu’à cela
122 e voyage, je ne suis pas technicien, et surtout «  je suis contre »… — « Qu’à cela ne tienne, me dit-on, vous parlerez en d
123 tout « je suis contre »… — « Qu’à cela ne tienne, me dit-on, vous parlerez en duplex de Genève, c’est au philosophe que no
124 . » Le lendemain soir, dès les premières minutes, je vois que je suis tombé dans un traquenard. Sentimentaux ou technocrat
125 main soir, dès les premières minutes, je vois que je suis tombé dans un traquenard. Sentimentaux ou technocrates, ils sont
126 lébrer leur culte des « Ailes françaises ». Qu’ai- je à faire là ? Dès que j’ouvrirai la bouche, des millions de téléspecta
127 Ailes françaises ». Qu’ai-je à faire là ? Dès que j’ ouvrirai la bouche, des millions de téléspectateurs, conditionnés pend
128 ectateurs, conditionnés pendant deux heures, vont me haïr comme un seul homme. Et en effet, je n’ai pas fini ma première p
129 s, vont me haïr comme un seul homme. Et en effet, je n’ai pas fini ma première phrase — mais c’est assez pour qu’on sente
130 omme un seul homme. Et en effet, je n’ai pas fini ma première phrase — mais c’est assez pour qu’on sente que je suis contr
131 re phrase — mais c’est assez pour qu’on sente que je suis contre — que le meneur de jeu m’interrompt nerveusement pour m’a
132 n sente que je suis contre — que le meneur de jeu m’ interrompt nerveusement pour m’avertir que je sors du sujet. (Je parle
133 e le meneur de jeu m’interrompt nerveusement pour m’ avertir que je sors du sujet. (Je parle pourtant de Concorde. Mais le
134 jeu m’interrompt nerveusement pour m’avertir que je sors du sujet. (Je parle pourtant de Concorde. Mais le sujet, c’est s
135 erveusement pour m’avertir que je sors du sujet. ( Je parle pourtant de Concorde. Mais le sujet, c’est sa louange.) En dépi
136 de jugera « d’une agressivité insupportable » —, j’ essaie de formuler mes doutes et objections, selon le schéma qui suit.
137 ressivité insupportable » —, j’essaie de formuler mes doutes et objections, selon le schéma qui suit. Mais je n’ai pu faire
138 tes et objections, selon le schéma qui suit. Mais je n’ai pu faire passer que les points 1 et 5 à travers le barrage serré
139 points 1 et 5 à travers le barrage serré que l’on m’ opposait. 1. Le philosophe étant celui qui pose des questions simples
140 t celui qui pose des questions simples et naïves, je demande : « Concorde, à quoi est-ce que ça sert ? ». On m’assure que
141 e : « Concorde, à quoi est-ce que ça sert ? ». On m’ assure que cet appareil ira de Paris à New York en trois heures et dem
142 contre les rayons ultraviolets ? Votre pari — dis- je aux promoteurs de Concorde alignés devant moi, et consternés — c’est
143 dis-je aux promoteurs de Concorde alignés devant moi , et consternés — c’est le contraire du pari de Pascal. Si vous perdez
144 nez trois heures pour quelques-uns. Étrange pari. Moi , je ne le tiendrais pas… 2. Si les clients prévus, dont l’heure est s
145 rois heures pour quelques-uns. Étrange pari. Moi, je ne le tiendrais pas… 2. Si les clients prévus, dont l’heure est si pr
146 le temps de se reposer, de réfléchir, ou de lire mes livres par exemple. Et s’il était vraiment indispensable de « gagner 
147 entre de la ville par hélicoptère ou métro. 3. On me dit qu’arrêter la fabrication de Concorde mettrait au chômage 40 000
148 nts occupe des centaines de milliers d’ouvriers ? Je pense que si la Société est ainsi faite que la seule alternative qu’e
149 ur nos têtes. 5. Indépendamment de ces arguments, je suis contre Concorde pour deux raisons fondamentales. a) Tout comme l
150 simplement l’enseigne d’un modèle de société que je récuse radicalement. Car l’humain s’y voit sacrifié non pas même au p
151 rofits privés — absolument contraire aux fins que je défends dans toute mon œuvre, de liberté et de responsabilité de la p
152 ment contraire aux fins que je défends dans toute mon œuvre, de liberté et de responsabilité de la personne. b) Je suis con
153 e liberté et de responsabilité de la personne. b) Je suis convaincu que les promoteurs de Concorde sont animés par un cert
154 ue Concorde symbolise. Le luxe suprême de demain, je l’ai défini au lendemain d’Hiroshima : la lenteur au sein du silence.
11 1979, Réforme, articles (1946–1980). Écologie, régions, Europe fédérée : même avenir (19 mai 1979)
155 d, mais seulement dans une mesure compatible avec ma souveraineté nationale. Et l’on sait à quelles résistances de la capi
156 e avenir Encore un mot sur le titre-slogan que je propose. Il ne dit pas : même combat, mais bien même avenir. Un comba
157 fini. Un avenir adviendra certainement. Ce qu’il m’ importait de souligner, c’est que nous n’aurons ni éco-société, ni rég
12 1980, Réforme, articles (1946–1980). Les Nations unies des animaux (13 décembre 1980)
158 te campagne d’alphabétisation, — mais attention ! Je salue les Nations unies des animaux mais je recule avec horreur devan
159 ion ! Je salue les Nations unies des animaux mais je recule avec horreur devant l’idée d’une Unesco des animaux ! Car les
160 ul, au chapitre VIII de l’Épître aux Romains (que je vais lire dans la traduction de Calvin, pour le premier verset) : La
161 entière, dans la relation de l’animal à l’homme, j’ entends de l’homme à la Nature vivante et au Cosmos, où le règne anima