1
À hauteur
d’
homme (1er juin 1946)a La Politique pratique d’un idéal Qu’est
2
homme (1er juin 1946)a La Politique pratique
d’
un idéal Qu’est-ce que la politique ? L’art d’aménager une cité pou
3
d’un idéal Qu’est-ce que la politique ? L’art
d’
aménager une cité pour que tout homme y trouve sa chance d’être humain
4
r une cité pour que tout homme y trouve sa chance
d’
être humain. Tel est le principe. Voyons les faits. La politique, en F
5
ss et des grands syndicats : on n’y joue que pour
de
l’argent. Ailleurs, c’est le jeu sans partenaire du parti unique au p
6
à tout coup. Nous voici loin de notre définition
de
la politique considérée comme la pratique d’un idéal. Il faut qu’on s
7
tion de la politique considérée comme la pratique
d’
un idéal. Il faut qu’on sente cette distance. Cette différence de nive
8
faut qu’on sente cette distance. Cette différence
de
niveau. Qu’on la sente jusqu’à l’écœurement, jusqu’au frisson de l’ab
9
n la sente jusqu’à l’écœurement, jusqu’au frisson
de
l’absurdité, jusqu’à la révolte effective. Et qu’alors on fasse tout
10
on fasse tout pour la réduire, en se rapprochant,
d’
un seul et même mouvement, de l’idéal et du pratique, doublement négli
11
, en se rapprochant, d’un seul et même mouvement,
de
l’idéal et du pratique, doublement négligés par les partis. Ce bon se
12
itique suppose, qu’on le veuille ou non, une idée
de
l’homme et de la condition humaine. Mais on dirait que la politique
13
, qu’on le veuille ou non, une idée de l’homme et
de
la condition humaine. Mais on dirait que la politique actuelle l’oub
14
ne se fonde plus, en fait, que sur les conditions
de
la politique en soi, c’est-à-dire sur le jeu de partis qui se voudrai
15
s de la politique en soi, c’est-à-dire sur le jeu
de
partis qui se voudraient chacun aussi grand que le tout, mais sans y
16
is banalités fondamentales, si totalement perdues
de
vue dans la lutte que leur rappel paraîtra subversif. Une politique d
17
f. Une politique digne du nom devrait se composer
de
deux chapitres : un idéal de l’homme d’une part, et des mesures prati
18
devrait se composer de deux chapitres : un idéal
de
l’homme d’une part, et des mesures pratiques d’autre part, ordonnées
19
la politique des partis se tient dans une espèce
de
no man’s land à mi-chemin de l’idéal et du pratique. Quand on lui rap
20
ient dans une espèce de no man’s land à mi-chemin
de
l’idéal et du pratique. Quand on lui rappelle le premier, elle s’en m
21
appelle le premier, elle s’en moque bien et parle
de
réalisme, cependant qu’elle rate le second parce qu’elle se perd dans
22
doctrinales. Elle avait pour mission très simple
de
relier le but et ses moyens. En fait, elle les isole l’un de l’autre.
23
e but et ses moyens. En fait, elle les isole l’un
de
l’autre. (Tel parti réputé libertaire vote des mesures de tyrannie. L
24
re. (Tel parti réputé libertaire vote des mesures
de
tyrannie. La « politique » et ses « nécessités » expliquent seules la
25
ette politique tourne à vide, dans un grand bruit
d’
ismes entrechoqués, et rien n’en sort. Cette machine ne vit plus que p
26
, des promesses en oublis. Je pense aux élections
de
demain et je demande : de quoi s’agit-il ? Va-t-on choisir bien consc
27
Je pense aux élections de demain et je demande :
de
quoi s’agit-il ? Va-t-on choisir bien consciemment entre trois idéaux
28
t-on choisir bien consciemment entre trois idéaux
de
l’homme ? Et votera-t-on pour telle mesure précise jugée conforme à c
29
e mesure précise jugée conforme à ce qu’on attend
de
l’homme ? Point du tout, on votera sur les ismes, dans un état d’espr
30
sur les ismes, dans un état d’esprit assez voisin
de
celui du joueur qui mise sur le noir parce qu’il vient de perdre sur
31
n font pas assez, car le jeu des partis n’est pas
de
la politique. C’est une manière d’esquiver les problèmes en déléguant
32
rtis n’est pas de la politique. C’est une manière
d’
esquiver les problèmes en déléguant le soin de les résoudre à des fact
33
ère d’esquiver les problèmes en déléguant le soin
de
les résoudre à des factions irréductibles dont le souci dominant est
34
factions irréductibles dont le souci dominant est
de
continuer le jeu, sans espoir bien sérieux de gagner la partie, c’est
35
est de continuer le jeu, sans espoir bien sérieux
de
gagner la partie, c’est-à-dire d’arriver à gouverner. Suis-je assez c
36
ir bien sérieux de gagner la partie, c’est-à-dire
d’
arriver à gouverner. Suis-je assez clair ? Ce qui occupe toute la scèn
37
an et qui cache tout le reste, dans les élections
de
demain, ce sont les chances des partis, j’entends des comités de part
38
ont les chances des partis, j’entends des comités
de
partis, et non point des questions pratiques telles que la situation
39
telles que la situation alimentaire ou la manière
de
rendre la justice. Et ce sont des slogans prétendus doctrinaires, mai
40
prétendus doctrinaires, mais non des conceptions
de
l’homme total. Il ne s’agit ni d’idéal ni de pratique, et encore moin
41
des conceptions de l’homme total. Il ne s’agit ni
d’
idéal ni de pratique, et encore moins de les relier. Donc les élection
42
ions de l’homme total. Il ne s’agit ni d’idéal ni
de
pratique, et encore moins de les relier. Donc les élections de demain
43
s’agit ni d’idéal ni de pratique, et encore moins
de
les relier. Donc les élections de demain n’ont guère de portée politi
44
et encore moins de les relier. Donc les élections
de
demain n’ont guère de portée politique, ou n’en ont qu’une très indir
45
relier. Donc les élections de demain n’ont guère
de
portée politique, ou n’en ont qu’une très indirecte, aléatoire et amb
46
cte, aléatoire et ambiguë, si l’on prend le terme
de
politique dans son sens fort et véritable. Le malheur serait que les
47
ayant voté pour un parti, se figurent avoir fait
de
la politique. Car celle-ci ne commencera qu’au lendemain de la procla
48
tique. Car celle-ci ne commencera qu’au lendemain
de
la proclamation des résultats. Votez donc, mais ce geste nécessaire n
49
les partis, une fois que ceux-ci se seront remis
de
leur crise de fièvre électorale. Comment sauver les partis Car
50
ne fois que ceux-ci se seront remis de leur crise
de
fièvre électorale. Comment sauver les partis Car il ne s’agit p
51
Comment sauver les partis Car il ne s’agit pas
de
dissoudre les partis, groupements inévitables d’intérêts de tous ordr
52
de dissoudre les partis, groupements inévitables
d’
intérêts de tous ordres, ou familles de tempéraments ; mais il faut ma
53
re les partis, groupements inévitables d’intérêts
de
tous ordres, ou familles de tempéraments ; mais il faut malgré eux fa
54
névitables d’intérêts de tous ordres, ou familles
de
tempéraments ; mais il faut malgré eux faire de la politique, c’est-à
55
s de tempéraments ; mais il faut malgré eux faire
de
la politique, c’est-à-dire décider ce qu’est l’homme et bâtir une cit
56
sein, rapporter nos jugements à une notion totale
de
l’homme d’une part, et aux demandes pratiques de l’autre, en réduisan
57
de l’homme d’une part, et aux demandes pratiques
de
l’autre, en réduisant tous les intermédiaires et sans tenir compte de
58
rêts électoraux, byzantins, perdus dans le détail
de
polémiques éphémères et d’intrigues puérilement compliquées, ridicule
59
perdus dans le détail de polémiques éphémères et
d’
intrigues puérilement compliquées, ridiculement inefficaces dans l’ens
60
exiger qu’ils déclarent enfin quel est leur idéal
de
l’homme, si c’est le requin, ou le robot, ou la personne ; si c’est l
61
obot, ou la personne ; si c’est l’individu dégagé
de
tous liens, ou le fonctionnaire entièrement engagé dans une machine d
62
fonctionnaire entièrement engagé dans une machine
d’
État qui dicte les pensées. Ou si ce n’est pas plutôt l’homme responsa
63
es. Ou si ce n’est pas plutôt l’homme responsable
d’
une vocation qui le distingue, mais aussi le relie à la communauté, lu
64
à la communauté, lui conférant ainsi les devoirs
de
ses droits. Quand un parti se sera défini de la sorte, les citoyens s
65
oirs de ses droits. Quand un parti se sera défini
de
la sorte, les citoyens seront à même de juger si son action traduit s
66
ra défini de la sorte, les citoyens seront à même
de
juger si son action traduit son idéal, ou si au contraire elle le tra
67
si au contraire elle le trahit. Ils seront à même
d’
exiger de leur parti la démonstration convaincante que les mesures qu’
68
traire elle le trahit. Ils seront à même d’exiger
de
leur parti la démonstration convaincante que les mesures qu’il précon
69
servent vraiment l’idéal qu’il déclare. Toute la
vie
politique en sera transformée. Et les partis redeviendront légitimes
70
artis redeviendront légitimes quand ils cesseront
de
se prendre ou d’être pris pour fin, et ne s’offriront plus que comme
71
nt légitimes quand ils cesseront de se prendre ou
d’
être pris pour fin, et ne s’offriront plus que comme moyens d’une lutt
72
pour fin, et ne s’offriront plus que comme moyens
d’
une lutte commune contre les vraies difficultés, celles que tout le mo
73
ur commencer Nous défendons ici une conception
de
l’homme qui déborde le cadre des partis, et surtout de la gauche et d
74
homme qui déborde le cadre des partis, et surtout
de
la gauche et de la droite. Nous voulons l’homme à la fois libre et en
75
e le cadre des partis, et surtout de la gauche et
de
la droite. Nous voulons l’homme à la fois libre et engagé, au nom d’u
76
qui a reçu vocation doit obtenir aussi la liberté
de
réaliser sa tâche unique, mais en même temps, et pour la même raison,
77
vis-à-vis de la communauté où l’engage l’exercice
de
sa tâche. Cette conception personnaliste de l’homme commande des atti
78
rcice de sa tâche. Cette conception personnaliste
de
l’homme commande des attitudes précises. Par exemple, elle oblige à c
79
e régime capitaliste libre, frustre le prolétaire
de
sa chance d’homme, et l’empêche de réaliser sa vocation. Elle nous ob
80
taliste libre, frustre le prolétaire de sa chance
d’
homme, et l’empêche de réaliser sa vocation. Elle nous oblige à condam
81
le prolétaire de sa chance d’homme, et l’empêche
de
réaliser sa vocation. Elle nous oblige à condamner aussi dans les rég
82
nier et l’écraser. Enfin elle nous met en mesure
de
refuser les faux dilemmes entretenus par la lutte des partis. Prenez
83
etenus par la lutte des partis. Prenez le dilemme
de
la droite et de la gauche : concurrence libre ou étatisation. Nous di
84
tte des partis. Prenez le dilemme de la droite et
de
la gauche : concurrence libre ou étatisation. Nous disons qu’il n’y a
85
i davantage entre le mensonge du choléra et celui
de
la peste. Nous voulons la santé, qui est un équilibre, — et non pas l
86
é, qui est un équilibre, — et non pas l’exclusion
de
la moitié des organes. Nous voulons l’homme entier et non le partisan
87
rester libres. Cela ne doit pas être une querelle
de
partis, mais une question pratique d’aménagement, relevant de la natu
88
ne querelle de partis, mais une question pratique
d’
aménagement, relevant de la nature même de l’homme, ce composé d’autom
89
ais une question pratique d’aménagement, relevant
de
la nature même de l’homme, ce composé d’automatismes et de libres pul
90
ratique d’aménagement, relevant de la nature même
de
l’homme, ce composé d’automatismes et de libres pulsions, créatrices,
91
relevant de la nature même de l’homme, ce composé
d’
automatismes et de libres pulsions, créatrices, de « gauche » et de «
92
ure même de l’homme, ce composé d’automatismes et
de
libres pulsions, créatrices, de « gauche » et de « droite », ou si l’
93
d’automatismes et de libres pulsions, créatrices,
de
« gauche » et de « droite », ou si l’on veut, de socialisme et de lib
94
de libres pulsions, créatrices, de « gauche » et
de
« droite », ou si l’on veut, de socialisme et de libéralisme. Nous vo
95
de « gauche » et de « droite », ou si l’on veut,
de
socialisme et de libéralisme. Nous voulons que les trains roulent, qu
96
de « droite », ou si l’on veut, de socialisme et
de
libéralisme. Nous voulons que les trains roulent, que le pain soit ve
97
idéologie confectionnée en vue de la seule prise
de
pouvoir, en se moquant bien des trains, du pain, de la jeunesse, et d
98
pouvoir, en se moquant bien des trains, du pain,
de
la jeunesse, et du sens de la vie des hommes dans la cité. Or, nous p
99
n des trains, du pain, de la jeunesse, et du sens
de
la vie des hommes dans la cité. Or, nous pouvons vraiment vouloir tou
100
trains, du pain, de la jeunesse, et du sens de la
vie
des hommes dans la cité. Or, nous pouvons vraiment vouloir tout cela,
101
nce d’un problème concret, nous prenons référence
de
l’homme et d’une certaine vision totale de l’homme, non pas de la tac
102
ème concret, nous prenons référence de l’homme et
d’
une certaine vision totale de l’homme, non pas de la tactique particul
103
érence de l’homme et d’une certaine vision totale
de
l’homme, non pas de la tactique particulière et cyniquement électoral
104
d’une certaine vision totale de l’homme, non pas
de
la tactique particulière et cyniquement électorale d’un parti. Bref,
105
a tactique particulière et cyniquement électorale
d’
un parti. Bref, nous voulons une politique à hauteur d’homme. Celle de
106
parti. Bref, nous voulons une politique à hauteur
d’
homme. Celle des partis passe par-dessus les têtes ou vise trop bas ;
107
e première réalisation Une politique à hauteur
d’
homme, axée sur la réalité de la personne à la fois libre et engagée :
108
politique à hauteur d’homme, axée sur la réalité
de
la personne à la fois libre et engagée : on ne manquera pas de dire q
109
e à la fois libre et engagée : on ne manquera pas
de
dire que c’est vague et arbitraire, parce que ce n’est pas électoral.
110
’elle le soit. Ce serait sans doute le seul moyen
d’
amener ces partis à travailler, chacun selon sa méthode, au bien commu
111
ste-personnaliste », est né dans quelques groupes
de
résistants inspirés de la manière la plus directe par les idées que n
112
t né dans quelques groupes de résistants inspirés
de
la manière la plus directe par les idées que nous venons de développe
113
Et si les Hollandais viennent de lui accorder 30
de
leurs suffrages, à sa première présentation devant le corps électoral
114
corps électoral, c’est qu’il a fait en une année
de
leur pays, le grand gagnant européen de la course à la reconstruction
115
une année de leur pays, le grand gagnant européen
de
la course à la reconstruction. a. Rougemont Denis de, « À hauteur
116
ourse à la reconstruction. a. Rougemont Denis
de
, « À hauteur d’homme », Réforme, Paris, 1 juin 1946, p. 1.
117
struction. a. Rougemont Denis de, « À hauteur
d’
homme », Réforme, Paris, 1 juin 1946, p. 1.
118
n du monde pourrait bien se produire avant la fin
de
l’été prochain. Je tiens ma petite information d’un physicien des plu
119
de l’été prochain. Je tiens ma petite information
d’
un physicien des plus remarquables qui, d’ailleurs, n’en fait pas de s
120
plus remarquables qui, d’ailleurs, n’en fait pas
de
secret, bien au contraire. Voilà. Le gouvernement américain ayant fai
121
fait annoncer, ces jours derniers, que des essais
de
bombe atomique allaient être tentés sur l’océan, notre savant a cru d
122
aient être tentés sur l’océan, notre savant a cru
de
son devoir d’avertir aussitôt Washington. D’après ses calculs, disait
123
tés sur l’océan, notre savant a cru de son devoir
d’
avertir aussitôt Washington. D’après ses calculs, disait-il, cet essai
124
e Déluge, en comparaison, n’aurait été qu’un bain
de
pieds. Le gouvernement américain ayant également annoncé son intentio
125
t américain ayant également annoncé son intention
de
jeter une bombe sur la calotte polaire, pour voir ce que cela donnera
126
t simple : cela donnerait une idée fort approchée
de
la fin du monde. C’est à quoi nous en sommes, et c’est comique. On av
127
’ordre universel que nous allons courir le risque
d’
inonder et de brûler la terre entière. Personne ne rit. Personne non p
128
sel que nous allons courir le risque d’inonder et
de
brûler la terre entière. Personne ne rit. Personne non plus n’ose pro
129
urrez sans résister… En somme, j’aurais bien tort
de
ricaner. Tout le monde sait que le monde finira. Et qui ne voudrait f
130
que le monde finira. Et qui ne voudrait finir sa
vie
en même temps que celle du monde ? Il semble qu’il y ait là quelque c
131
le qu’il y ait là quelque consolation. L’amertume
de
mourir est aussi faite de l’idée qu’on manquera la suite de l’histoir
132
consolation. L’amertume de mourir est aussi faite
de
l’idée qu’on manquera la suite de l’histoire. C’est peut-être pourquo
133
est aussi faite de l’idée qu’on manquera la suite
de
l’histoire. C’est peut-être pourquoi les tout premiers chrétiens, s’i
134
t avec une grande facilité sous la main des nazis
de
l’époque. Saint Paul écrit aux croyants de Corinthe : « Voici, je vou
135
nazis de l’époque. Saint Paul écrit aux croyants
de
Corinthe : « Voici, je vous dis un mystère : nous ne mourrons pas tou
136
écrivant l’âge matérialiste où nous vivons, l’âge
de
l’extrême solidification des seules réalités qui nous restent sensibl
137
lum in favilla. Le Moyen Âge pensait qu’une pluie
de
feu suffirait à réduire la surface de la Terre et la vermine humaine
138
u’une pluie de feu suffirait à réduire la surface
de
la Terre et la vermine humaine qui s’y livre à ses vices. La Renaissa
139
nouveau Déluge. Léonard le figure dans une série
de
dessins où l’on peut voir un raz-de-marée soulever, dans ses volutes
140
qu’est-ce que cela nous ferait ? Ce serait la fin
de
la douleur du monde. Certains jours, il me semble que la folie des pe
141
des peuples, des gouvernants, des militaires, et
de
tous les irresponsables qui nous mènent, obéit secrètement au bon sen
142
i grande, avec notre Progrès, qu’il y a bien plus
de
gens au monde qui souhaitent d’en finir avec la vie, que de gens qui
143
’il y a bien plus de gens au monde qui souhaitent
d’
en finir avec la vie, que de gens qui voudraient qu’elle dure encore.
144
e gens au monde qui souhaitent d’en finir avec la
vie
, que de gens qui voudraient qu’elle dure encore. Comme si l’humanité,
145
monde qui souhaitent d’en finir avec la vie, que
de
gens qui voudraient qu’elle dure encore. Comme si l’humanité, au scru
146
é commune… « Viens, douce mort ! » ce beau choral
de
Bach, n’est-ce pas le soupir enfantin que l’on croit parfois distingu
147
une voix du rêve, dans les intervalles effrayants
de
la cacophonie mondiale ? Je ne vous en dis pas plus ce soir. Demain,
148
re monde est sans doute perdu, et c’est la raison
de
Noël. Dans cette nuit la plus longue de l’année, parce qu’il n’y avai
149
la raison de Noël. Dans cette nuit la plus longue
de
l’année, parce qu’il n’y avait plus qu’à désespérer, l’espoir est né.
150
s qu’à désespérer, l’espoir est né. Démonstration
d’
une puissance indémontrable, et dont la touche ne saurait être enregis
151
ouche ne saurait être enregistrée que par le tout
de
l’homme qu’elle suscite : voilà pourquoi nos instruments, et nos fonc
152
sorielles en seront toujours incapables. Ce drôle
de
petit cri dans la paille m’indique tout autrement que les formules d’
153
paille m’indique tout autrement que les formules
d’
Einstein que notre univers est fini, et que les seuls messages d’espoi
154
notre univers est fini, et que les seuls messages
d’
espoir qui passent encore sont ceux qui vont de personne à personne. M
155
es d’espoir qui passent encore sont ceux qui vont
de
personne à personne. Me voici libéré de mes dernières craintes, et to
156
qui vont de personne à personne. Me voici libéré
de
mes dernières craintes, et tout libre d’imaginer, de choisir et de m’
157
i libéré de mes dernières craintes, et tout libre
d’
imaginer, de choisir et de m’orienter personnellement vers la paix ou
158
mes dernières craintes, et tout libre d’imaginer,
de
choisir et de m’orienter personnellement vers la paix ou la mort. Dis
159
craintes, et tout libre d’imaginer, de choisir et
de
m’orienter personnellement vers la paix ou la mort. Disposition favor
160
reviens donc à mes atomes. Parmi tous les projets
de
contrôle de la Bombe que l’on a suggérés ces derniers mois, j’en reti
161
à mes atomes. Parmi tous les projets de contrôle
de
la Bombe que l’on a suggérés ces derniers mois, j’en retiens deux : 1
162
es derniers fourniraient ainsi la preuve par neuf
de
leurs bonnes intentions. 2° Donner la Bombe au gouvernement mondial,
163
hambres universelles seraient élues, l’une formée
de
délégués des États, l’autre de députés des peuples. (Je prends le mod
164
lues, l’une formée de délégués des États, l’autre
de
députés des peuples. (Je prends le modèle courant. Il faudrait l’ajus
165
des recherches scientifiques, Défense des droits
de
la personne, Transports planétaires. (Rien que de raisonnable, comme
166
de la personne, Transports planétaires. (Rien que
de
raisonnable, comme vous le voyez. On trouverait mieux, en s’appliquan
167
s idées pratiques et raisonnables que l’on traite
de
folies, à l’âge où l’on prépare dans le monde entier, à la demande gé
168
a aux affaires courantes : équilibrer les budgets
de
guerre, etc. Ce n’est pas qu’une angoisse diffuse ne soit sensible da
169
géré. Vous pensez que j’ai cédé au goût américain
de
la sensation, du biggest in the world. Et de vrai, c’est dans ce pays
170
cain de la sensation, du biggest in the world. Et
de
vrai, c’est dans ce pays que la première Bombe vient d’être construit
171
i, c’est dans ce pays que la première Bombe vient
d’
être construite. Exagérée sans doute et dépassant la mesure de ce que
172
ruite. Exagérée sans doute et dépassant la mesure
de
ce que l’on connaissait avant le 6 août, elle est là, parce que l’hom
173
là, parce que l’homme l’a mise là. Et votre sens
de
la mesure peut se rebeller comme l’esprit devant la mort… Mais admett
174
forme, donc condenser, donc augmenter la réalité
de
l’objet ou de la situation. C’est donc toujours « exagérer » les trai
175
ondenser, donc augmenter la réalité de l’objet ou
de
la situation. C’est donc toujours « exagérer » les traits ou phénomèn
176
ettons que les armées retiennent une bonne partie
de
leur utilité au service des nations et de leur vertu d’ordre. Admetto
177
partie de leur utilité au service des nations et
de
leur vertu d’ordre. Admettons qu’elles arrivent encore à se battre. A
178
r utilité au service des nations et de leur vertu
d’
ordre. Admettons qu’elles arrivent encore à se battre. Admettons que l
179
risés ne l’affirment. Admettons qu’il n’y ait pas
de
raz de marée, ni d’autres accidents d’ampleur continentale. Admettons
180
e l’affirment. Admettons qu’il n’y ait pas de raz
de
marée, ni d’autres accidents d’ampleur continentale. Admettons que no
181
’y ait pas de raz de marée, ni d’autres accidents
d’
ampleur continentale. Admettons que notre globe dure longtemps encore,
182
mps encore, et que la guerre militaire y prospère
d’
autant mieux qu’elle sera dotée d’une armée de plus. Admettons que l’o
183
aire y prospère d’autant mieux qu’elle sera dotée
d’
une armée de plus. Admettons que l’on invente une parade à la Bombe, s
184
ntage des coups tirés… Pensez-vous que les effets
de
la prochaine guerre seront très différents de ceux que j’ai prévus ?
185
ets de la prochaine guerre seront très différents
de
ceux que j’ai prévus ? La souffrance sera pire, l’agonie de la terre
186
e j’ai prévus ? La souffrance sera pire, l’agonie
de
la terre un peu plus longue, la fin de l’humanité non moins certaine,
187
, l’agonie de la terre un peu plus longue, la fin
de
l’humanité non moins certaine, le triomphe des « éléments d’ordre » a
188
té non moins certaine, le triomphe des « éléments
d’
ordre » aussi énigmatique, et sans témoins. Je reconnais volontiers qu
189
ngtemps. Les choses ne se passeront peut-être pas
de
la manière soudaine et dramatique qu’un certain goût de l’antithèse m
190
manière soudaine et dramatique qu’un certain goût
de
l’antithèse m’incline parfois à souhaiter. La tragédie n’aura pas de
191
cline parfois à souhaiter. La tragédie n’aura pas
de
lignes pures, parce que nos choix ne sont pas si francs et que nos ch
192
chefs savent à peine ce qu’ils jouent. Une espèce
d’
organisation mondiale ouvrira des bureaux confortables d’où sortiront
193
isation mondiale ouvrira des bureaux confortables
d’
où sortiront quelques vœux incolores. Il est évident que les nations s
194
que l’une d’entre elles, Bombe en main, essaiera
d’
imposer sa paix à toutes les autres. (Inutile même de la nommer.) Il e
195
mposer sa paix à toutes les autres. (Inutile même
de
la nommer.) Il est évident que les peuples se révolteront contre cett
196
fuse à ces évidences. On nous ressasse à longueur
de
journée qu’elle « n’est pas prête pour un gouvernement mondial ». Est
197
ix, cela veut dire que vous d’abord, vous refusez
de
faire le choix de la paix, parce que ses moyens vous déplaisent (supp
198
que vous d’abord, vous refusez de faire le choix
de
la paix, parce que ses moyens vous déplaisent (suppression des armées
199
t des souverainetés nationales). Mais en refusant
de
choisir la paix, vous votez tacitement pour la mort, et vous en rende
200
t vous en rendez responsable. Tout tient à chacun
de
nous. Et nous en sommes au point où il devient difficile de le cacher
201
t nous en sommes au point où il devient difficile
de
le cacher. Nos alibis ne trompent plus que nous-mêmes. Pour moi, je p
202
ais-je pas, quand je sais que l’enjeu n’est point
de
ceux que la défaite, mais la désertion seule puisse me faire perdre ?
203
e ? Je me rappelle cette voix, dans Isaïe, criant
de
Séir au prophète : « Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? Sentinelle,
204
nt de Séir au prophète : « Sentinelle, que dis-tu
de
la nuit ? Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? » La sentinelle a répon
205
e, que dis-tu de la nuit ? Sentinelle, que dis-tu
de
la nuit ? » La sentinelle a répondu : « Le matin vient et la nuit aus
206
matin vient et la nuit aussi ». Je n’ai pas fini
d’
aimer ce cri. Les citations de la Bible vous irritent. Et vous me dire
207
». Je n’ai pas fini d’aimer ce cri. Les citations
de
la Bible vous irritent. Et vous me direz : que fait Dieu dans tout ce
208
Terre, elle sautera et ce sera très bien. Au-delà
de
ce « clin d’œil », Il nous attend. b. Rougemont Denis de, « Deux
209
n d’œil », Il nous attend. b. Rougemont Denis
de
, « Deux lettres sur la fin du monde », Réforme, Paris, 29 juin 1946,
210
Vues générales des Églises
de
New York (12 octobre 1946)c Je n’ai pas encore découvert cet autel
211
aint Paul admirait à Athènes, mais j’ai tout lieu
de
croire qu’il existe à New York. Serait-ce cette église du Centre Abso
212
je vois annoncée la « causerie mystique » en fin
de
la liste des services religieux, dans le New York Times du samedi ? R
213
New York Times du samedi ? Remontant ces colonnes
d’
annonces qui tiennent une demi-page du journal, je trouve les rubrique
214
Société védantiste, Église universaliste, Église
de
l’Unité, unitariens, théosophes, spiritualistes, catholiques romains,
215
qui n’annoncent pas leurs cultes : les luthériens
de
Finlande et de Suède, les orthodoxes serbes, grecs, ukrainiens et rus
216
pas leurs cultes : les luthériens de Finlande et
de
Suède, les orthodoxes serbes, grecs, ukrainiens et russes, les vieux-
217
réformés hongrois, l’Église catholique nationale
de
Pologne. Et cinquante sectes. Approchons-nous de ces églises par l’ex
218
de Pologne. Et cinquante sectes. Approchons-nous
de
ces églises par l’extérieur : par leur histoire d’abord, puis par l’a
219
ar leur histoire d’abord, puis par l’architecture
de
leurs sanctuaires, enfin par le spectacle de leurs cultes. Séparati
220
ture de leurs sanctuaires, enfin par le spectacle
de
leurs cultes. Séparations et réunions Les États-Unis ont été fon
221
ts-Unis ont été fondés par des groupes successifs
de
colons, la plupart exilés pour cause de religion. Tous ces pionniers
222
uccessifs de colons, la plupart exilés pour cause
de
religion. Tous ces pionniers étaient d’abord les fanatiques d’une foi
223
Tous ces pionniers étaient d’abord les fanatiques
d’
une foi, rejetés par l’Europe, et qui venaient chercher en Amérique la
224
, et qui venaient chercher en Amérique la liberté
de
célébrer leur culte. Ils y trouvèrent aussi la possibilité de fonder
225
leur culte. Ils y trouvèrent aussi la possibilité
de
fonder des cités idéales, conformes à leurs doctrines morales et poli
226
onformes à leurs doctrines morales et politiques.
D’
où le caractère social très accentué que pris, dès le début, leur vie
227
social très accentué que pris, dès le début, leur
vie
religieuse ; d’où aussi, le caractère religieux de leur civisme. La s
228
tué que pris, dès le début, leur vie religieuse ;
d’
où aussi, le caractère religieux de leur civisme. La structure politiq
229
e religieuse ; d’où aussi, le caractère religieux
de
leur civisme. La structure politique des États-Unis reflète encore, d
230
tructure politique des États-Unis reflète encore,
de
nos jours, le jeu complexe de ces apports confessionnels, ceux-ci se
231
nis reflète encore, de nos jours, le jeu complexe
de
ces apports confessionnels, ceux-ci se confondant d’ailleurs, le plus
232
appartient à l’Église réformée a bien des chances
d’
avoir des ancêtres hollandais, allemands ou suédois s’il est né luthér
233
taliens, polonais ou irlandais. À ces différences
d’
origine sont venues s’ajouter, dès le xviiie siècle des différences d
234
s’ajouter, dès le xviiie siècle des différences
de
classes : l’Église baptiste est largement populaire, la méthodiste au
235
ste aussi (elles comptent chacune 9 à 10 millions
de
membres), tandis que l’Église presbytérienne et l’Église protestante-
236
n’a rien à voir avec la diversité des confessions
d’
origine nationale. C’est au xixe siècle qu’elle a sévi, pour des rais
237
hiques au moins autant que doctrinales. La guerre
de
Sécession a coupé en deux groupes, Sud et Nord, la plupart des grande
238
ndance sectaire s’y faisait virulente, entraînant
de
nouvelles divisions, jusqu’à donner naissance à des « églises » qui n
239
ises » qui ne comptaient que quelques centaines «
d’
élus ». Avec le xxe siècle et l’achèvement de la colonisation du cont
240
s « d’élus ». Avec le xxe siècle et l’achèvement
de
la colonisation du continent, peut-être par l’effet d’une réaction no
241
colonisation du continent, peut-être par l’effet
d’
une réaction normale, peut-être aussi parce que les communications rap
242
mmunications rapides et les fréquents changements
de
domicile facilitaient des contacts nouveaux et tendaient à dissoudre
243
ditionnelles se sont reconstituées en une dizaine
de
corps qui représentent la grande majorité des protestants. Et ces réu
244
icans étudient, depuis quelques années, un projet
d’
union organique. Quelle que soit par ailleurs l’évolution interne de c
245
Quelle que soit par ailleurs l’évolution interne
de
cette « poussière de sectes », comme disent les étrangers (scandalisé
246
ailleurs l’évolution interne de cette « poussière
de
sectes », comme disent les étrangers (scandalisés par une diversité d
247
lupart européennes), voici le fait qu’il convient
de
souligner : ces étiquettes ne correspondent nullement à des antagonis
248
au contraire, c’est l’uniformité des conceptions
de
la vie chrétienne, dans les diverses dénominations, qui peut frapper
249
ntraire, c’est l’uniformité des conceptions de la
vie
chrétienne, dans les diverses dénominations, qui peut frapper l’obser
250
ervateur. Une promenade dans Manhattan commencera
de
nous en convaincre. Du gothique neuf On m’avait dit que je verr
251
neuf On m’avait dit que je verrais à New York
de
pauvres petites églises tout écrasées entre des gratte-ciel triomphan
252
nérées et fréquentées par la moitié des habitants
de
ces gratte-ciel, qui ne voient d’ailleurs aucun inconvénient à ce qu’
253
ent d’ailleurs aucun inconvénient à ce qu’un lieu
de
culte soit moins haut qu’un building, comme une hostie est moins gros
254
it pas dit non plus que New York possède, en plus
de
ces églises, la plus grande cathédrale du monde : St-Jean-de-Dieu, éd
255
ale du monde : St-Jean-de-Dieu, édifiée au sommet
d’
une colline de granit dominant Manhattan. C’est le siège de l’évêque a
256
St-Jean-de-Dieu, édifiée au sommet d’une colline
de
granit dominant Manhattan. C’est le siège de l’évêque anglican de New
257
line de granit dominant Manhattan. C’est le siège
de
l’évêque anglican de New York. (Dommage qu’un édifice construit au xx
258
nt Manhattan. C’est le siège de l’évêque anglican
de
New York. (Dommage qu’un édifice construit au xxe siècle copie scrup
259
ques.) Je remonte la Cinquième Avenue, en partant
de
Washington Square. Voici d’abord, à deux-cents mètres l’une de l’autr
260
Square. Voici d’abord, à deux-cents mètres l’une
de
l’autre, deux églises au clocher oxfordien : l’une anglicane, l’autre
261
ssédant toutes les deux leur autel, leurs stalles
de
chœur et leur pupitre pour la Bible, d’où pend un ruban large à la co
262
s stalles de chœur et leur pupitre pour la Bible,
d’
où pend un ruban large à la couleur de la saison ou de la fête liturgi
263
r la Bible, d’où pend un ruban large à la couleur
de
la saison ou de la fête liturgique. Plus haut, l’église collégiale ho
264
pend un ruban large à la couleur de la saison ou
de
la fête liturgique. Plus haut, l’église collégiale hollandaise, de st
265
ique. Plus haut, l’église collégiale hollandaise,
de
style baroque, en marbre blanc ; et vis-à-vis, dans un jardin, une ég
266
din, une église anglo-catholique, toute encombrée
de
poutres et d’images : c’est là que les acteurs vont se marier. Plus h
267
e anglo-catholique, toute encombrée de poutres et
d’
images : c’est là que les acteurs vont se marier. Plus haut encore, un
268
s, aussi dissymétrique que Saint-Étienne-du-Mont,
de
l’extérieur, mais la nef et le chœur, fort classiques, s’ornent d’une
269
ais la nef et le chœur, fort classiques, s’ornent
d’
une rosace bleue et de sculptures précieuses. Sur les pages d’un gros
270
, fort classiques, s’ornent d’une rosace bleue et
de
sculptures précieuses. Sur les pages d’un gros livre, ouvert dans le
271
bleue et de sculptures précieuses. Sur les pages
d’
un gros livre, ouvert dans le vestibule, je lis les signatures de visi
272
, ouvert dans le vestibule, je lis les signatures
de
visiteurs de toutes confessions (ils les indiquent et je note beaucou
273
le vestibule, je lis les signatures de visiteurs
de
toutes confessions (ils les indiquent et je note beaucoup de Roman Ca
274
n mosaïque. Christ Church est méthodiste. Colonne
de
marbre noir, mais un autel et des retables en gothiques flamboyant, t
275
yant, trop dorés. Plus loin, l’église luthérienne
de
Saint-Pierre, déshonorée par des vitraux livides et plus sulpiciens q
276
utel est dominé par des boiseries sombres, ornées
de
branches de sapin de Noël. Et partout, dans tous ces sanctuaires, le
277
iné par des boiseries sombres, ornées de branches
de
sapin de Noël. Et partout, dans tous ces sanctuaires, le même parfum
278
es boiseries sombres, ornées de branches de sapin
de
Noël. Et partout, dans tous ces sanctuaires, le même parfum de chêne
279
artout, dans tous ces sanctuaires, le même parfum
de
chêne ciré, de luxe, de dignité, de dévotion correcte… Le goût de
280
us ces sanctuaires, le même parfum de chêne ciré,
de
luxe, de dignité, de dévotion correcte… Le goût de la cérémonie
281
nctuaires, le même parfum de chêne ciré, de luxe,
de
dignité, de dévotion correcte… Le goût de la cérémonie Un diman
282
e même parfum de chêne ciré, de luxe, de dignité,
de
dévotion correcte… Le goût de la cérémonie Un dimanche matin à
283
uxe, de dignité, de dévotion correcte… Le goût
de
la cérémonie Un dimanche matin à New York : voilà le temps, voilà
284
s et des principaux rites occidentaux, dépouillés
de
leur patine, reconstitués, discrètement archéologiques. Le peuple amé
285
u moins en veston bordé, à la boutonnière fleurie
d’
un œillet blanc, s’empressent. Ils vous dirigent avec une fermeté cord
286
meté cordiale vers les sièges libres ou dépourvus
de
plaque au nom de leur propriétaire. Déjà le chœur fait son entrée, en
287
en robes noires, surplis blancs et bonnets, suivi
de
pasteurs chamarrés des insignes de leur grade académique, longs capuc
288
bonnets, suivi de pasteurs chamarrés des insignes
de
leur grade académique, longs capuchons rouges, jaunes, bleus ou viole
289
e discipline sans défaut. Ceci chez les baptistes
de
Riverside, l’église du Révérend Fosdick, comme chez les anglicans des
290
rick, observent durant les offices une correction
de
maintien presque presbytérienne. Entrez dans une église, au hasard, v
291
bytériens, on distribue la crème sur des plateaux
d’
argent qui circulent dans les bancs, de main en main, et toute l’églis
292
s plateaux d’argent qui circulent dans les bancs,
de
main en main, et toute l’église apparaît transformée en une salle de
293
toute l’église apparaît transformée en une salle
de
banquet silencieux. Partout, des chœurs en robe, des fleurs, des croi
294
ndalisé le protestant français qui assiste à l’un
de
ces cultes. Mais un de mes amis, argentin, sortant de la messe à Sain
295
rançais qui assiste à l’un de ces cultes. Mais un
de
mes amis, argentin, sortant de la messe à Saint-Patrick, se plaignait
296
es cultes. Mais un de mes amis, argentin, sortant
de
la messe à Saint-Patrick, se plaignait de l’absence toute « protestan
297
sortant de la messe à Saint-Patrick, se plaignait
de
l’absence toute « protestante » du désordre gentil, de la distraction
298
absence toute « protestante » du désordre gentil,
de
la distraction ou des marques de ferveur théâtrale qu’il s’attendait
299
désordre gentil, de la distraction ou des marques
de
ferveur théâtrale qu’il s’attendait à retrouver dans un tel lieu… Plu
300
rites, coutumes et décors, comment les chrétiens
d’
Amérique conçoivent-ils et vivent-ils leurs croyances ? J’essaierai, d
301
royances ? J’essaierai, dans un prochain article,
de
rassembler les éléments d’une réponse qui ménage certaines pudeurs de
302
s un prochain article, de rassembler les éléments
d’
une réponse qui ménage certaines pudeurs de l’âme, et le mystère inhér
303
éments d’une réponse qui ménage certaines pudeurs
de
l’âme, et le mystère inhérent à ce genre de problème. c. Rougemon
304
deurs de l’âme, et le mystère inhérent à ce genre
de
problème. c. Rougemont Denis de, « Vues générales des Églises de
305
nt à ce genre de problème. c. Rougemont Denis
de
, « Vues générales des Églises de New York », Réforme, Paris, 12 octob
306
Rougemont Denis de, « Vues générales des Églises
de
New York », Réforme, Paris, 12 octobre 1946, p. 2. d. Le texte porte
307
octobre 1946)e À l’origine et au premier rang
de
la lutte contre l’esclavage, de la lutte pour la prohibition, de la l
308
t au premier rang de la lutte contre l’esclavage,
de
la lutte pour la prohibition, de la lutte pour les droits du travail,
309
tre l’esclavage, de la lutte pour la prohibition,
de
la lutte pour les droits du travail, du pacifisme militant, bref, de
310
s droits du travail, du pacifisme militant, bref,
de
toutes les grandes causes publiques en Amérique, vous trouverez une é
311
ses ont fourni aux Pionniers les rudiments vitaux
de
morale civique et privée sans lesquels nulle société n’est possible.
312
ulle société n’est possible. Il ne s’agissait pas
de
« moralisme » (les ismes n’apparaissaient qu’une fois le combat rompu
313
’apparaissaient qu’une fois le combat rompu) ni «
d’
évangile social ». Il s’agissait d’une lutte pour l’existence, et les
314
at rompu) ni « d’évangile social ». Il s’agissait
d’
une lutte pour l’existence, et les pasteurs y tenaient une fonction di
315
t une fonction directrice. Elle leur est disputée
de
nos jours par la science vulgarisée, les commentateurs de radio, l’éc
316
ours par la science vulgarisée, les commentateurs
de
radio, l’école publique, le cinéma et les comités. Mais ils en ont ga
317
anisme est avant tout une force sociale, un moyen
d’
assurer une vie décente et de l’améliorer sur tous les plans. Le chris
318
nt tout une force sociale, un moyen d’assurer une
vie
décente et de l’améliorer sur tous les plans. Le christianisme europé
319
ce sociale, un moyen d’assurer une vie décente et
de
l’améliorer sur tous les plans. Le christianisme européen, même aux t
320
christianisme européen, même aux temps héroïques
d’
avant le Moyen Âge, quand il assumait lui aussi toute la charge de la
321
Âge, quand il assumait lui aussi toute la charge
de
la culture et du maintien de la morale dans la cité, préparait à la m
322
ussi toute la charge de la culture et du maintien
de
la morale dans la cité, préparait à la mort plus qu’à la vie. La paro
323
le dans la cité, préparait à la mort plus qu’à la
vie
. La paroisse était la commune. Aujourd’hui, le plus petit village com
324
es des relations sociales, des banquets, des jeux
de
loto, des comités variés, des conférences, des films, un peu de danse
325
n peu de danse, les cultes du dimanche et parfois
de
la semaine, bref, un milieu. Le pasteur se trouve donc à la tête d’un
326
f, un milieu. Le pasteur se trouve donc à la tête
d’
un organisme assez complexe. Mais il dispose d’aides nombreuses : un s
327
te d’un organisme assez complexe. Mais il dispose
d’
aides nombreuses : un suppléant souvent, un chef de chœur, les préside
328
’aides nombreuses : un suppléant souvent, un chef
de
chœur, les présidents des divers comités, les diacres ou les vestryme
329
rs comités, les diacres ou les vestrymen (anciens
d’
Église), et beaucoup de dames avides de donner libre cours à leur fame
330
n (anciens d’Église), et beaucoup de dames avides
de
donner libre cours à leur fameuse efficiency. Sa fonction principale
331
euse efficiency. Sa fonction principale sera donc
de
parler, et ce n’est pas le dimanche qu’il parlera le plus, car son se
332
n sermon ne dépasse pas vingt minutes : une leçon
de
civisme ou de morale, incitant les fidèles à adopter les maximes d’un
333
passe pas vingt minutes : une leçon de civisme ou
de
morale, incitant les fidèles à adopter les maximes d’une vie plus sat
334
orale, incitant les fidèles à adopter les maximes
d’
une vie plus satisfaisante à tous égards. On me demandera : Qu’y a-t-i
335
incitant les fidèles à adopter les maximes d’une
vie
plus satisfaisante à tous égards. On me demandera : Qu’y a-t-il de pr
336
ante à tous égards. On me demandera : Qu’y a-t-il
de
proprement religieux dans tout cela ? Tout et rien, répondrai-je, et
337
que que le christianisme est la meilleure manière
de
vivre, un idéal qu’il faut mettre en pratique moins pour aller au Par
338
ment tous ses habitants se décidaient à mener une
vie
« décente »… Sur quoi, l’Européen frotté d’un peu de théologie va s’é
339
une vie « décente »… Sur quoi, l’Européen frotté
d’
un peu de théologie va s’écrier que dans cet idéal, il ne voit rien de
340
e va s’écrier que dans cet idéal, il ne voit rien
de
chrétien que l’étiquette, couvrant d’ailleurs des marchandises de pro
341
l’étiquette, couvrant d’ailleurs des marchandises
de
provenance nettement païenne : la morale du bonheur, par exemple. Com
342
n mystique, un ascète, un grand spirituel, un fou
de
Dieu, un martyr, — un pécheur ! Cependant, ces Américains répètent le
343
ent vers l’autel fleuri par M. Smith, en souvenir
de
ses parents défunts. Ils communient en très grand nombre et fort souv
344
onnance du culte sans défaut. Au surplus, ce sont
de
braves gens, plus généreux que les Européens, plus indulgents dans le
345
us accueillants… Mais n’allez pas leur poser trop
de
questions sur le sens symbolique de leurs cérémonies, sur le péché, l
346
ur poser trop de questions sur le sens symbolique
de
leurs cérémonies, sur le péché, la grâce, la transcendance, que sais-
347
âce, la transcendance, que sais-je. Les choristes
de
Christ Church (méthodiste) sont vêtus de robes et de barrettes de vel
348
horistes de Christ Church (méthodiste) sont vêtus
de
robes et de barrettes de velours rouge, et siègent en demi-cercle dan
349
Christ Church (méthodiste) sont vêtus de robes et
de
barrettes de velours rouge, et siègent en demi-cercle dans le fond du
350
(méthodiste) sont vêtus de robes et de barrettes
de
velours rouge, et siègent en demi-cercle dans le fond du chœur, sépar
351
ent en demi-cercle dans le fond du chœur, séparés
de
l’autel par des ogives en bois doré : une véritable miniature de Livr
352
des ogives en bois doré : une véritable miniature
de
Livres d’Heures. Pourquoi ce rouge et cette dorure ? Cela fait bien,
353
en bois doré : une véritable miniature de Livres
d’
Heures. Pourquoi ce rouge et cette dorure ? Cela fait bien, et c’est «
354
inefficacité et l’inadaptation sociale, résultats
d’
une mauvaise hygiène morale. Qu’est-ce que la grâce ? Un optimisme fon
355
ment réactionnaire. Et le Mal, enfin ? Un trouble
de
fonctionnement qu’une éducation rationnelle et la culture des sentime
356
rviendraient à éliminer. Personne n’est juge même
d’
une seule âme, même de la sienne. Et je viens de parler en général de
357
r. Personne n’est juge même d’une seule âme, même
de
la sienne. Et je viens de parler en général de 65 millions de chrétie
358
me de la sienne. Et je viens de parler en général
de
65 millions de chrétiens américains, j’entends de membres inscrits d’
359
. Et je viens de parler en général de 65 millions
de
chrétiens américains, j’entends de membres inscrits d’une paroisse, d
360
de 65 millions de chrétiens américains, j’entends
de
membres inscrits d’une paroisse, dont 40 millions de protestants. En
361
rétiens américains, j’entends de membres inscrits
d’
une paroisse, dont 40 millions de protestants. En vérité, je n’ai décr
362
membres inscrits d’une paroisse, dont 40 millions
de
protestants. En vérité, je n’ai décrit qu’une atmosphère, et les croy
363
us loin. Mais sans prétendre à dépasser le niveau
d’
une sociologie religieuse, je voudrais indiquer le dilemme que pose à
364
se face au siècle pour lui prêcher le pur message
de
la foi mais alors elle n’est plus dans le monde, qui s’organise sans
365
plus. Ou bien vous mettez le message à la portée
de
la masse et dans le style du jour, mais certains mots ne sauraient y
366
t et résurrection ; ou bien vous parlez du péché,
de
la grâce et du sacrifice, mais ces mots n’ont plus cours dans la pres
367
ommes un à un, comme des héros tragiques, au-delà
de
toutes les aides de la morale et de la religion… Il ne me reste plus
368
des héros tragiques, au-delà de toutes les aides
de
la morale et de la religion… Il ne me reste plus qu’à noter que Kierk
369
ques, au-delà de toutes les aides de la morale et
de
la religion… Il ne me reste plus qu’à noter que Kierkegaard, précisém
370
n contredit bien d’autres. e. Rougemont Denis
de
, « Spiritualité américaine », Réforme, Paris, 19 octobre 1946, p. 2.
371
, il y a quelques semaines, car nous avions parlé
d’
une pièce que nous comptions écrire ensemble. Nous étions amis depuis
372
uis dix-sept ans, et sans question, pour le reste
de
notre vie. Il est difficile de comprendre que c’est fini. Je retrouve
373
ept ans, et sans question, pour le reste de notre
vie
. Il est difficile de comprendre que c’est fini. Je retrouve sa derniè
374
ion, pour le reste de notre vie. Il est difficile
de
comprendre que c’est fini. Je retrouve sa dernière lettre : il ne m’y
375
retrouve sa dernière lettre : il ne m’y parle que
de
notre projet, et je n’ai pas encore répondu. Il est difficile de comp
376
, et je n’ai pas encore répondu. Il est difficile
de
comprendre que ce qui était tourné vers l’avenir est devenu tout d’un
377
ce qui était tourné vers l’avenir est devenu tout
d’
un coup du passé, est fini. Que veut-il signifier, par ce retrait soud
378
re, et qui nous aime. ⁂ Je relis la dernière page
de
sa Galopine, où il dit cela, et chaque mot porte. Je voudrais que vou
379
ement je comprends que Roger Breuil n’a pas cessé
de
représenter pour moi l’inquiétude de la vocation, son cheminement imp
380
’a pas cessé de représenter pour moi l’inquiétude
de
la vocation, son cheminement imprévisible, son mystère. En termes de
381
ermes de psychologie courante, il faudrait parler
de
pudeur. Mais cette pudeur cachait une étrange liberté, celle que donn
382
les plus aventureuses en apparence, la certitude
d’
une vérité qui sur nous-mêmes en sait plus long que nous. Moins on en
383
mieux elle sait se faire entendre. ⁂ Ce mouvement
de
retrait constamment renouvelé ; cette manière de poser une question,
384
de retrait constamment renouvelé ; cette manière
de
poser une question, ou plutôt d’indiquer qu’elle se pose, mais de s’a
385
; cette manière de poser une question, ou plutôt
d’
indiquer qu’elle se pose, mais de s’abstenir d’y répondre parce que la
386
stion, ou plutôt d’indiquer qu’elle se pose, mais
de
s’abstenir d’y répondre parce que la réponse n’est pas la nôtre ; cet
387
ôt d’indiquer qu’elle se pose, mais de s’abstenir
d’
y répondre parce que la réponse n’est pas la nôtre ; cet effacement de
388
ue la réponse n’est pas la nôtre ; cet effacement
de
l’individu, avouant (non sans humour) bien des incertitudes, comme po
389
uve des marques sensibles dans tous mes souvenirs
de
lui, et dans son œuvre : c’était son style, son art, et sa vraie forc
390
t que tout ce qu’on peut en dire. Voilà le secret
de
la liberté d’un écrivain qui se voulait fidèle en vérité. De tous les
391
qu’on peut en dire. Voilà le secret de la liberté
d’
un écrivain qui se voulait fidèle en vérité. De tous les romanciers co
392
té d’un écrivain qui se voulait fidèle en vérité.
De
tous les romanciers contemporains, il est celui dont l’œuvre est le p
393
t pourquoi il n’en parle jamais, et se garde bien
d’
utiliser ses personnages pour exposer des « idées religieuses ». Il no
394
et des femmes qui vivent comme ils le peuvent la
vie
contemporaine, il les suit de très près, d’une allure naturelle, avec
395
ils le peuvent la vie contemporaine, il les suit
de
très près, d’une allure naturelle, avec une secrète tendresse, souven
396
t la vie contemporaine, il les suit de très près,
d’
une allure naturelle, avec une secrète tendresse, souvent avec une iro
397
ne secrète tendresse, souvent avec une ironie née
de
l’exactitude du regard. Certains ne signifient rien et ne s’en douten
398
se refuse à la nommer pour eux comme le font trop
de
romanciers chrétiens — mais aussi à la nier ou la dénaturer comme le
399
le font tant de romanciers athées. Avec une sorte
d’
honnêteté très rare, peut-être unique dans la littérature française, t
400
la proie ; et ce respect des âmes donne à chacun
de
ses livres — même à ceux où l’on n’allait voir qu’un plaisir tout gra
401
où l’on n’allait voir qu’un plaisir tout gratuit
de
conteur né — de grandes marges et des prolongements, une qualité d’ap
402
t voir qu’un plaisir tout gratuit de conteur né —
de
grandes marges et des prolongements, une qualité d’appel lancinante,
403
grandes marges et des prolongements, une qualité
d’
appel lancinante, nostalgique, et finalement heureuse, comme exaucée…
404
exaucée… Il était le meilleur écrivain protestant
de
nos contemporains (bien que son œuvre soit indemne de toute référence
405
os contemporains (bien que son œuvre soit indemne
de
toute référence insistante à la foi qui l’inspire, et de tout langage
406
e référence insistante à la foi qui l’inspire, et
de
tout langage pieux). Il est entré dans les grandes marges de cette vi
407
gage pieux). Il est entré dans les grandes marges
de
cette vie, et son dernier retrait, le plus énigmatique, achève une œu
408
x). Il est entré dans les grandes marges de cette
vie
, et son dernier retrait, le plus énigmatique, achève une œuvre d’espé
409
er retrait, le plus énigmatique, achève une œuvre
d’
espérance. f. Rougemont Denis de, « Roger Breuil qui vient de mour
410
ève une œuvre d’espérance. f. Rougemont Denis
de
, « Roger Breuil qui vient de mourir était un grand romancier protesta
411
du xxe siècle (1er mai 1948)g Il y a l’utopie
de
l’Europe, et il y a l’aventure de l’Europe. Cette distinction fondame
412
Il y a l’utopie de l’Europe, et il y a l’aventure
de
l’Europe. Cette distinction fondamentale correspond à deux attitudes,
413
pies, c’est qu’elles sont en réalité moins riches
d’
avenir que le présent. Je dirais même, sans trop de paradoxe, que l’ut
414
’avenir que le présent. Je dirais même, sans trop
de
paradoxe, que l’utopie peut se définir en général comme un système sa
415
e un système sans avenir. Le plus grand historien
de
notre temps, Arnold Toynbee, fait observer que les utopies classiques
416
ont, en réalité, et je le cite : « des programmes
d’
action déguisés en descriptions sociologiques imaginaires ». Mais l’ac
417
es ». Mais l’action qu’elles proposent n’est rien
d’
autre que l’arrêt artificiel, à un certain niveau, d’une société en dé
418
utre que l’arrêt artificiel, à un certain niveau,
d’
une société en décadence. On isole de cette société les éléments que l
419
tain niveau, d’une société en décadence. On isole
de
cette société les éléments que l’on considère comme bons, et l’on en
420
l’abri des menaces grossières comme des créations
de
l’esprit, insensible aux défis toujours renouvelés de la réalité touj
421
’esprit, insensible aux défis toujours renouvelés
de
la réalité toujours changeante, bref : hors du courant de l’Histoire.
422
alité toujours changeante, bref : hors du courant
de
l’Histoire. Dans ce sens, « défendre l’Europe » est aujourd’hui une u
423
lle qu’elle est, pessimiste et divisée, encombrée
de
frontières qui l’empêchent de respirer, menacée à chaque instant d’un
424
divisée, encombrée de frontières qui l’empêchent
de
respirer, menacée à chaque instant d’une sorte d’hémiplégie, soit que
425
l’empêchent de respirer, menacée à chaque instant
d’
une sorte d’hémiplégie, soit que la gauche réussisse à paralyser la dr
426
de respirer, menacée à chaque instant d’une sorte
d’
hémiplégie, soit que la gauche réussisse à paralyser la droite ou l’in
427
pratiquement indéfendable. Je m’explique : Tenter
d’
unir en une alliance défensive nos États-nations tels qu’ils sont, ten
428
ensive nos États-nations tels qu’ils sont, tenter
de
coaliser leurs souverainetés pour lutter contre les empires, ce serai
429
loir coaliser précisément les facteurs principaux
de
notre décadence. Une sainte alliance de nos microbes ne me paraît pas
430
rincipaux de notre décadence. Une sainte alliance
de
nos microbes ne me paraît pas le moyen de sauver notre santé. Une sai
431
lliance de nos microbes ne me paraît pas le moyen
de
sauver notre santé. Une sainte alliance des souverainetés dont nous m
432
nt nous mourons ne nous rendrait pas davantage la
vie
. Nos frontières, nos cordons douaniers, suffisent à empêcher nos bien
433
cordons douaniers, suffisent à empêcher nos biens
de
circuler, mais n’arrêteront pas les armées. Je dis donc que vouloir l
434
t pas les armées. Je dis donc que vouloir l’union
de
l’Europe sans rien changer à sa structure économique et politique, c’
435
l’Europe conformément à son génie, qui est celui
de
la liberté, et dans les conditions du xxe siècle, qui sont celles de
436
ns les conditions du xxe siècle, qui sont celles
de
l’organisation ; rappeler à cette Europe qui se sent diminuée qu’elle
437
sent diminuée qu’elle compte encore 250 millions
d’
habitants, les plus travailleurs et les plus inventifs de toute la ter
438
ants, les plus travailleurs et les plus inventifs
de
toute la terre, c’est-à-dire du seul point de vue de la quantité, plu
439
toute la terre, c’est-à-dire du seul point de vue
de
la quantité, plus que la Russie et deux fois plus que l’Amérique ; l’
440
fédérer dans sa diversité, en vue de maintenir et
d’
illustrer une certaine notion de l’homme dont, malgré toutes ses infid
441
e de maintenir et d’illustrer une certaine notion
de
l’homme dont, malgré toutes ses infidélités, elle reste aux yeux du m
442
t l’aventure du xxe siècle, et c’est la vocation
de
cette génération. L’aventure Depuis quelques semaines, ou quelq
443
epuis quelques semaines, ou quelques mois, l’idée
de
l’union européenne a fait des progrès étonnants, sinon dans la réalit
444
rnements travaillent encore en fait, dans le sens
de
l’utopie que je viens de décrire, et que le sort de l’aventure réelle
445
l’utopie que je viens de décrire, et que le sort
de
l’aventure réelle n’est pas ailleurs que dans nos mains : nous, l’opi
446
ue dans nos mains : nous, l’opinion, les citoyens
de
l’Europe, ceux qui sont décidés à fournir l’effort d’invention à la h
447
’Europe, ceux qui sont décidés à fournir l’effort
d’
invention à la hauteur du siècle. Je disais à Montreux en septembre de
448
à Montreux en septembre dernier, lors du congrès
de
l’Union européenne des fédéralistes : Si l’Europe doit durer, c’est
449
alistes qu’elle le devra, et à eux seuls. Sur qui
d’
autre peut-elle compter ? Elle ne doit pas compter sur les gens au pou
450
u pouvoir. J’en connais peu qui aient l’intention
de
le laisser limiter, et c’est pourtant ce que nous leur demandons. Tou
451
urvivre aussi longtemps que possible avec l’appui
de
la police. Or l’être des gouvernements, dans le monde actuel, c’est l
452
tes ou méchants, mais leur fonction leur interdit
de
céder un pouce, et dans l’état présent de l’opinion et des rivalités
453
nterdit de céder un pouce, et dans l’état présent
de
l’opinion et des rivalités de partis, ils courraient le risque d’être
454
dans l’état présent de l’opinion et des rivalités
de
partis, ils courraient le risque d’être accusés de trahison s’ils tra
455
des rivalités de partis, ils courraient le risque
d’
être accusés de trahison s’ils transigeaient un seul instant avec le d
456
e partis, ils courraient le risque d’être accusés
de
trahison s’ils transigeaient un seul instant avec le dogme de la souv
457
s’ils transigeaient un seul instant avec le dogme
de
la souveraineté absolue. L’union, la paix, que la plupart d’entre eux
458
la prendre dans quinze jours, aux états généraux
de
l’Europe, convoqués à La Haye pour le 7 mai. Où elle mène Je ne
459
ur les résolutions auxquelles aboutira ce congrès
de
l’Europe. Le 19 juin 1789, personne ne prévoyait le serment du Jeu de
460
uin 1789, personne ne prévoyait le serment du Jeu
de
Paume, qui marqua le lendemain un tournant de l’Histoire. Ce que je s
461
Jeu de Paume, qui marqua le lendemain un tournant
de
l’Histoire. Ce que je sais, c’est notre volonté, et c’est le but préc
462
nt nécessaires. Nous voulons au-dessus des États,
de
toute urgence, un Conseil politique de l’Europe. Nous voulons que ce
463
des États, de toute urgence, un Conseil politique
de
l’Europe. Nous voulons que ce Conseil soit contrôlé par un Parlement
464
ons que ce Conseil soit contrôlé par un Parlement
de
l’Europe. Nous voulons qu’un Conseil économique entreprenne la mise e
465
Conseil économique entreprenne la mise en commun
de
nos ressources naturelles. Et nous voulons qu’un Centre de la culture
466
ssources naturelles. Et nous voulons qu’un Centre
de
la culture donne un organe, une voix et une autorité, à la conscience
467
instituer une Cour suprême, qui soit la gardienne
de
la Charte des droits et des devoirs de la personne, et à laquelle pui
468
gardienne de la Charte des droits et des devoirs
de
la personne, et à laquelle puissent en appeler directement, contre l’
469
es, et les minorités. Ainsi sera garanti le droit
d’
opposition, faute duquel il est dérisoire de parler de démocratie. Fin
470
droit d’opposition, faute duquel il est dérisoire
de
parler de démocratie. Finalement nous voulons l’Europe, parce que san
471
position, faute duquel il est dérisoire de parler
de
démocratie. Finalement nous voulons l’Europe, parce que sans elle le
472
, et que l’alternative n’est plus, pour nous, que
d’
empêcher cette guerre ou de périr en elle. Séparés, isolés, aucun de n
473
t plus, pour nous, que d’empêcher cette guerre ou
de
périr en elle. Séparés, isolés, aucun de nos pays n’empêchera rien. S
474
uerre ou de périr en elle. Séparés, isolés, aucun
de
nos pays n’empêchera rien. Séparés, isolés, nous serons colonisés l’u
475
isseront le ton, et l’on pourra parler. Chance
de
l’homme Telle est la vision directrice de l’aventure que nous cour
476
ance de l’homme Telle est la vision directrice
de
l’aventure que nous courons. Et il est clair que son enjeu n’est pas
477
e en dépendent, mais qu’il est avant tout l’enjeu
de
la personne, la chance de l’homme au xxe siècle. Et c’est pourquoi l
478
est avant tout l’enjeu de la personne, la chance
de
l’homme au xxe siècle. Et c’est pourquoi la hiérarchie des Conseils
479
st pas la puissance, ni le maintien par la police
d’
une certaine idéologie, mais au contraire le règne de la loi, par où j
480
ne certaine idéologie, mais au contraire le règne
de
la loi, par où j’entends la garantie des droits élémentaires de l’hom
481
où j’entends la garantie des droits élémentaires
de
l’homme, antérieurs à l’État, supérieurs à l’État, et sans lesquels,
482
re sans issue, l’Europe se doit, et doit au monde
d’
inaugurer la troisième voie, la voie des libertés organisées. Nous viv
483
és organisées. Nous vivons aujourd’hui la « drôle
de
paix ». Il dépend de nous qu’elle se termine demain en paix-éclair, e
484
ivons aujourd’hui la « drôle de paix ». Il dépend
de
nous qu’elle se termine demain en paix-éclair, et c’est l’effet que p
485
pourra seule produire la proclamation solennelle
de
la fédération européenne. Il se passe quelque chose à l’Est. Il est t
486
l se passe quelque chose en Europe ! Il est temps
de
réveiller l’espoir d’une moitié séparée du continent. Il est temps de
487
se en Europe ! Il est temps de réveiller l’espoir
d’
une moitié séparée du continent. Il est temps de donner aussi à nos am
488
r d’une moitié séparée du continent. Il est temps
de
donner aussi à nos amis américains la certitude que nous ne sommes pa
489
e sommes pas ce qu’ils ont parfois presque raison
de
croire que nous sommes : des démissionnaires de l’Histoire. La vérita
490
n de croire que nous sommes : des démissionnaires
de
l’Histoire. La véritable troisième force, au plan mondial, ce n’est p
491
mondial, ce n’est pas je ne sais quel groupement
de
double négation et de demi-mesures, c’est l’Europe rejoignant le xxe
492
je ne sais quel groupement de double négation et
de
demi-mesures, c’est l’Europe rejoignant le xxe siècle, pour en prend
493
e, mais cette vieille terre à rajeunir, à libérer
de
ses cloisons, notre Europe à reconquérir, pour tous ses peuples, pour
494
nie, pour tous les hommes. g. Rougemont Denis
de
, « L’Europe, aventure du XXe siècle », Réforme, Paris, 1 mai 1948, p.
495
s » est dépassée. Il s’agit pour nous, Européens,
de
construire ensemble une fédération solide. Il existe certes des probl
496
e certes des problèmes franco-allemands, mais pas
de
solution franco-allemande. La seule solution est l’Europe. Une exploi
497
tales et britanniques) résoudra seule le problème
de
la Ruhr. De même, une organisation fédérale de l’Europe est seule cap
498
me de la Ruhr. De même, une organisation fédérale
de
l’Europe est seule capable de répondre à la fois au désir d’unité des
499
ganisation fédérale de l’Europe est seule capable
de
répondre à la fois au désir d’unité des Allemands, aux craintes qu’il
500
est seule capable de répondre à la fois au désir
d’
unité des Allemands, aux craintes qu’il éveille en France, à la tentat
501
ces américaines, et à l’expansion russe. On parle
d’
obstacles économiques à cette fédération. C’est oublier que la situati
502
impossible. La solution fédéraliste a l’avantage
d’
être au moins concevable, et il est impossible qu’elle soit pire que c
503
e conscience tuerait beaucoup de préjugés, datant
de
l’époque des pantalons rouges et non pas de l’occupation. h. Rouge
504
atant de l’époque des pantalons rouges et non pas
de
l’occupation. h. Rougemont Denis de, « [Réponse à une enquête] Ête
505
et non pas de l’occupation. h. Rougemont Denis
de
, « [Réponse à une enquête] Êtes-vous partisan du rapprochement franco
506
(14 juin 1952)j k Il ne saurait être question
de
tirer de nos débats et de nos conférences des conclusions collectives
507
1952)j k Il ne saurait être question de tirer
de
nos débats et de nos conférences des conclusions collectives, unanime
508
e saurait être question de tirer de nos débats et
de
nos conférences des conclusions collectives, unanimes. Nous avons ent
509
ons entendu, depuis quinze jours, une quarantaine
de
prises de position toutes personnelles, faisant le point d’une évolut
510
u, depuis quinze jours, une quarantaine de prises
de
position toutes personnelles, faisant le point d’une évolution dont n
511
de position toutes personnelles, faisant le point
d’
une évolution dont nous sommes à la fois les sujets et les objets. Mai
512
je voudrais relever ici un caractère très général
de
nos débats. Les sujets que nous avons discutés, que ce soit l’écrivai
513
que ce soit l’écrivain dans la cité, l’isolement
de
l’artiste au temps des « mass médias », l’opposition entre la révolte
514
a société. On nous a très bien montré les dangers
de
l’isolement, les excès de la révolte. On a moins insisté sur l’accept
515
bien montré les dangers de l’isolement, les excès
de
la révolte. On a moins insisté sur l’acceptation confiante des moyens
516
é sur l’acceptation confiante des moyens modernes
de
communiquer avec les masses, et personne n’a déclaré devant nous qu’i
517
nous qu’il connaissait et assumait les conditions
d’
une communion nouvelle entre les hommes. Quelques mots sur ce dernier
518
s mots sur ce dernier thème, sur ce thème capital
de
la communion. Il est trop clair qu’aucun de nous ne se risquerait à v
519
pital de la communion. Il est trop clair qu’aucun
de
nous ne se risquerait à vous en donner la recette. Et c’est tant mieu
520
Et c’est tant mieux ! Car il existe des recettes
de
communion, et des fois synthétiques, dans ce siècle, et nous savons à
521
savons à quoi elles mènent ! Que vaut le bonheur
d’
un peuple, que vaut sa communion, quand elle est établie par la police
522
ion, quand elle est établie par la police au prix
d’
un homme sur dix dans les camps sibériens ? Que vaut la communion des
523
s ignorent sans doute l’étendue et la vraie visée
de
la tyrannie dans laquelle ils sont nés. Mais nous… Nous qui avons par
524
mi nous des témoins, des victimes toutes récentes
de
ces tortures, nous qui avons pu garder le droit de savoir, le droit d
525
e ces tortures, nous qui avons pu garder le droit
de
savoir, le droit de nous informer, de dire et de crier, nous ne somme
526
qui avons pu garder le droit de savoir, le droit
de
nous informer, de dire et de crier, nous ne sommes plus pardonnables
527
er le droit de savoir, le droit de nous informer,
de
dire et de crier, nous ne sommes plus pardonnables de nous taire ! Al
528
de savoir, le droit de nous informer, de dire et
de
crier, nous ne sommes plus pardonnables de nous taire ! Alors que fai
529
ire et de crier, nous ne sommes plus pardonnables
de
nous taire ! Alors que faire ? Tout d’abord protester publiquement et
530
d protester publiquement et avec éclat : question
de
salubrité publique, même si l’efficacité en reste discutable. L’Œuvre
531
protesté, dans son ensemble, contre les tyrannies
de
toute couleur qui nous salissent, qui salissent toute l’humanité, vic
532
me directe ou non des dictatures et des arguments
de
leurs complices. Elle a protesté au double sens du mot, qui est à la
533
une église, était dédié à la mémoire des victimes
de
toutes les tyrannies du xxe siècle. Il convenait d’ouvrir nos manife
534
toutes les tyrannies du xxe siècle. Il convenait
d’
ouvrir nos manifestations par cet acte de piété et ce Magnificat à la
535
onvenait d’ouvrir nos manifestations par cet acte
de
piété et ce Magnificat à la mémoire des martyrs de ce siècle. Et ensu
536
e piété et ce Magnificat à la mémoire des martyrs
de
ce siècle. Et ensuite : tout l’ensemble éblouissant de chefs-d’œuvre
537
siècle. Et ensuite : tout l’ensemble éblouissant
de
chefs-d’œuvre des arts modernes, qui a rempli ce mois de mai de Paris
538
s-d’œuvre des arts modernes, qui a rempli ce mois
de
mai de Paris, a témoigné, a protesté pour la valeur créatrice de la l
539
re des arts modernes, qui a rempli ce mois de mai
de
Paris, a témoigné, a protesté pour la valeur créatrice de la liberté.
540
, a témoigné, a protesté pour la valeur créatrice
de
la liberté. Maintenant, qu’allons-nous conclure ? Je pense qu’il ne s
541
aire, nous approuvons tous cette belle définition
de
la propagande que formulait Wystan Auden : « La propagande est l’empl
542
ulait Wystan Auden : « La propagande est l’emploi
de
la magie par ceux qui n’y croient plus contre ceux qui y croient enco
543
re au défi des totalitaires, si nous nous privons
de
leurs armes ? Si nous refusons la fausse communion fomentée par la pr
544
ons tous les insignes, tous les signes extérieurs
de
la communion ? Si nous allons même jusqu’à éviter d’en parler — parce
545
la communion ? Si nous allons même jusqu’à éviter
d’
en parler — parce que, disons-le franchement, il est gênant de parler
546
— parce que, disons-le franchement, il est gênant
de
parler de cela quand on y croit, dans un tel lieu, et sous les projec
547
e, disons-le franchement, il est gênant de parler
de
cela quand on y croit, dans un tel lieu, et sous les projecteurs de c
548
croit, dans un tel lieu, et sous les projecteurs
de
cinéma… Je répondrai à côté de la question apparente, je répondrai pa
549
la question apparente, je répondrai par une sorte
de
parabole, sans transition, en visant le cœur du problème. Que nous so
550
yons chrétiens ou non, ici nous sommes tous tenus
de
constater le fait historique que voici : c’est que la plus vaste comm
551
monde, la plus profonde et la plus libre dans les
modes
d’adhésion qu’elle implique, s’est faite autour non pas d’une idée, d
552
la plus profonde et la plus libre dans les modes
d’
adhésion qu’elle implique, s’est faite autour non pas d’une idée, d’un
553
sion qu’elle implique, s’est faite autour non pas
d’
une idée, d’une doctrine, d’un système de valeurs ni même d’une cause,
554
implique, s’est faite autour non pas d’une idée,
d’
une doctrine, d’un système de valeurs ni même d’une cause, mais d’un s
555
faite autour non pas d’une idée, d’une doctrine,
d’
un système de valeurs ni même d’une cause, mais d’un sacrifice individ
556
non pas d’une idée, d’une doctrine, d’un système
de
valeurs ni même d’une cause, mais d’un sacrifice individuel — autour
557
, d’une doctrine, d’un système de valeurs ni même
d’
une cause, mais d’un sacrifice individuel — autour d’un seul, autour d
558
d’un système de valeurs ni même d’une cause, mais
d’
un sacrifice individuel — autour d’un seul, autour d’un homme qui est
559
ne cause, mais d’un sacrifice individuel — autour
d’
un seul, autour d’un homme qui est mort dans l’isolement total, dans l
560
n sacrifice individuel — autour d’un seul, autour
d’
un homme qui est mort dans l’isolement total, dans la révolte la plus
561
abandonné des hommes, et ce serait peu, abandonné
de
Dieu lui-même, il l’a crié. N’oublions pas que là, le mot de communio
562
-même, il l’a crié. N’oublions pas que là, le mot
de
communion a pris son sens, et qu’il le perd en s’éloignant du sacrifi
563
là-dessus, pour terminer, une citation. Elle est
d’
un Espagnol, et frappe une de ces notes d’éloquence à la fois sèche et
564
e citation. Elle est d’un Espagnol, et frappe une
de
ces notes d’éloquence à la fois sèche et profonde qui manquent trop s
565
lle est d’un Espagnol, et frappe une de ces notes
d’
éloquence à la fois sèche et profonde qui manquent trop souvent aujour
566
anquent trop souvent aujourd’hui, et par la faute
d’
une dictature encore, au grand concert européen. C’est une phrase de M
567
core, au grand concert européen. C’est une phrase
de
Miguel de Unamuno, dans son commentaire à Don Quichotte : Mets-toi e
568
eul. Mais vous formerez un bataillon sacré, celui
de
la sainte, de l’inachevable croisade. j. Rougemont Denis de, « A
569
formerez un bataillon sacré, celui de la sainte,
de
l’inachevable croisade. j. Rougemont Denis de, « Après l’œuvre d
570
e l’inachevable croisade. j. Rougemont Denis
de
, « Après l’œuvre du XXe siècle », Réforme, Paris, 14 juin 1952, p. 7.
571
« Nous avons rendu compte ici des manifestations
de
L’Œuvre du xxe siècle qui sont maintenant terminées. Nous n’avons ri
572
enant terminées. Nous n’avons rien dit des débats
d’
écrivains, car après les avoir entendus, il nous a semblé qu’ils étaie
573
lus par la crainte du communisme que par le souci
de
la liberté et qu’ainsi, ils passaient à côté des questions essentiell
574
Il reste que ces conversations, faites en réalité
de
monologues successifs, ont fait sentir à quel point est posé le probl
575
ont fait sentir à quel point est posé le problème
de
la communication entre le Créateur et la société. Problème de communi
576
ication entre le Créateur et la société. Problème
de
communion. C’est à celui-ci qu’est consacré le texte de Denis de Roug
577
munion. C’est à celui-ci qu’est consacré le texte
de
Denis de Rougemont que nous publions ci-après, qui a servi de conclus
578
Rougemont que nous publions ci-après, qui a servi
de
conclusion aux débats et au festival lui-même. »
579
crivains protestants » (11 avril 1953)l m Fils
de
pasteur comme les trois sœurs Brontë, Nietzsche, Herman Hesse, Pearl
580
erman Hesse, Pearl Buck, Curzio Malaparte et tant
d’
écrivains scandinaves, américains, allemands, anglais ou hollandais, m
581
je me sens protestant non seulement par le hasard
d’
une origine, mais encore par ma formation, et enfin par mon adhésion d
582
nfin par mon adhésion des plus actives, dès l’âge
de
25 ans, aux doctrines orthodoxes de la Réforme, à travers Kierkegaard
583
es, dès l’âge de 25 ans, aux doctrines orthodoxes
de
la Réforme, à travers Kierkegaard et Barth. C’est dire que le protest
584
historique, ou à la langue française comme moyen
d’
expression. Gênantes sont les données que l’on ne peut assumer, et cel
585
u’aux catholiques, aux orthodoxes, aux incroyants
de
toutes nuances. À l’isolement relatif du protestant en France, il y a
586
e, il y a mieux que des compensations sur le plan
de
la pensée de l’art et d’une vision plus large de l’humain, pour ceux
587
ux que des compensations sur le plan de la pensée
de
l’art et d’une vision plus large de l’humain, pour ceux qui se réfère
588
ompensations sur le plan de la pensée de l’art et
d’
une vision plus large de l’humain, pour ceux qui se réfèrent à l’Écrit
589
de la pensée de l’art et d’une vision plus large
de
l’humain, pour ceux qui se réfèrent à l’Écriture et à ses traductions
590
ces du seul langage vraiment commun aux écrivains
de
toutes les langues et confessions dans le domaine occidental. l.
591
ans le domaine occidental. l. Rougemont Denis
de
, « [Réponse à une enquête] Les écrivains protestants », Réforme, Pari
592
e des régions ? (30 novembre 1968)n o Rentrant
d’
Amérique après la guerre, j’avais compris qu’il était indispensable d’
593
guerre, j’avais compris qu’il était indispensable
d’
unir les Européens. Non seulement nous-mêmes mais les Américains aussi
594
us-mêmes mais les Américains aussi, avions besoin
de
cette union, c’est-à-dire du genre de valeurs, d’équilibre, de mesure
595
ions besoin de cette union, c’est-à-dire du genre
de
valeurs, d’équilibre, de mesure que représentait notre vieux continen
596
de cette union, c’est-à-dire du genre de valeurs,
d’
équilibre, de mesure que représentait notre vieux continent. En août 1
597
n, c’est-à-dire du genre de valeurs, d’équilibre,
de
mesure que représentait notre vieux continent. En août 1947, on est v
598
continent. En août 1947, on est venu me demander
de
parler à un congrès de fédéralistes européens, à Montreux, où j’ai pr
599
7, on est venu me demander de parler à un congrès
de
fédéralistes européens, à Montreux, où j’ai prononcé un discours inau
600
urs inaugural : j’étais engagé. Puis j’ai accepté
de
m’occuper de la partie culturelle du Mouvement européen. À partir du
601
: j’étais engagé. Puis j’ai accepté de m’occuper
de
la partie culturelle du Mouvement européen. À partir du congrès de La
602
urelle du Mouvement européen. À partir du congrès
de
La Haye en 1948, je me suis beaucoup penché sur ce problème de l’unio
603
1948, je me suis beaucoup penché sur ce problème
de
l’union des Européens sur la base d’une unité déjà existante. Je fais
604
ce problème de l’union des Européens sur la base
d’
une unité déjà existante. Je fais une distinction entre unité et union
605
eut bâtir. Non pas une uniformité mais un certain
mode
de contacts organisés. Cette base commune de culture et de civilisati
606
âtir. Non pas une uniformité mais un certain mode
de
contacts organisés. Cette base commune de culture et de civilisation
607
in mode de contacts organisés. Cette base commune
de
culture et de civilisation est la condition sine qua non d’une union
608
tacts organisés. Cette base commune de culture et
de
civilisation est la condition sine qua non d’une union économique et
609
et de civilisation est la condition sine qua non
d’
une union économique et politique. J’ai donc créé le Centre européen d
610
avons réuni pour la première fois les directeurs
d’
administration d’agences atomiques des six pays avec le concours de l’
611
la première fois les directeurs d’administration
d’
agences atomiques des six pays avec le concours de l’Unesco, pour crée
612
d’agences atomiques des six pays avec le concours
de
l’Unesco, pour créer un laboratoire européen de recherches nucléaires
613
s de l’Unesco, pour créer un laboratoire européen
de
recherches nucléaires. Le Centre d’études et de recherches nucléaires
614
oire européen de recherches nucléaires. Le Centre
d’
études et de recherches nucléairesp a été la réalisation de cette prem
615
n de recherches nucléaires. Le Centre d’études et
de
recherches nucléairesp a été la réalisation de cette première initiat
616
et de recherches nucléairesp a été la réalisation
de
cette première initiative de notre centre. Nous avons fondé une assoc
617
a été la réalisation de cette première initiative
de
notre centre. Nous avons fondé une association des festivals de musiq
618
e. Nous avons fondé une association des festivals
de
musique européens que je dirige, tout à fait par hasard. Nous avons c
619
it par hasard. Nous avons coordonné les Instituts
d’
études européennes qui étaient en train de se constituer dans différen
620
pris contact avec des historiens, des professeurs
d’
enseignement secondaire, des éditeurs. Nous avons d’autre part lancé u
621
avons d’autre part lancé une Campagne européenne
d’
éducation civique qui cherche à introduire l’angle de vision européen
622
ducation civique qui cherche à introduire l’angle
de
vision européen dans la leçon d’histoire, de géographie, de langues.
623
troduire l’angle de vision européen dans la leçon
d’
histoire, de géographie, de langues. Je souhaiterais que tombent en dé
624
ngle de vision européen dans la leçon d’histoire,
de
géographie, de langues. Je souhaiterais que tombent en désuétude les
625
européen dans la leçon d’histoire, de géographie,
de
langues. Je souhaiterais que tombent en désuétude les grands États-na
626
péenne sur la base des régions, puisque vingt ans
de
tentatives de rapprochement n’ont abouti à rien sur le plan politique
627
base des régions, puisque vingt ans de tentatives
de
rapprochement n’ont abouti à rien sur le plan politique. Cette situat
628
evenant ainsi eux-mêmes l’obstacle à toute espèce
d’
union. On ne peut bâtir une union de l’Europe sur les obstacles à tout
629
toute espèce d’union. On ne peut bâtir une union
de
l’Europe sur les obstacles à toute union. Notre espoir réside dans u
630
se dessine en France un grand mouvement qui vient
d’
être appuyé par de Gaulle pour diviser le pays en un certain nombre de
631
Gaulle pour diviser le pays en un certain nombre
de
régions. Je pense qu’on finira par se mettre d’accord assez vite pour
632
’accord assez vite pour la France sur une dizaine
de
régions, plus Paris. Notre idée de fédéralistes européens est que ces
633
ur une dizaine de régions, plus Paris. Notre idée
de
fédéralistes européens est que ces régions définies surtout par l’éc
634
ure et quelquefois par l’ethnie comme dans le cas
de
la Bretagne ou de la Catalogne. Le problème numéro un de l’Europe, c’
635
par l’ethnie comme dans le cas de la Bretagne ou
de
la Catalogne. Le problème numéro un de l’Europe, c’est l’union. Si l’
636
retagne ou de la Catalogne. Le problème numéro un
de
l’Europe, c’est l’union. Si l’union de l’Europe ne se fait pas, nous
637
numéro un de l’Europe, c’est l’union. Si l’union
de
l’Europe ne se fait pas, nous serons colonisés par le dollar et peut-
638
xiste — quoique cela soit moins sûr. Mais le fait
de
ne plus être maîtres de notre destinée économique entraînerait une qu
639
t moins sûr. Mais le fait de ne plus être maîtres
de
notre destinée économique entraînerait une quantité de conséquences s
640
tre destinée économique entraînerait une quantité
de
conséquences sur le plan culturel. Cela entraînerait une chute de pot
641
sur le plan culturel. Cela entraînerait une chute
de
potentiel européen considérable, dont finalement le monde entier subi
642
usqu’au moment où de Gaulle a annoncé sa décision
de
dissoudre le Sénat pour le remplacer par une assemblée élue par les r
643
plus concerné par la centralisation, grand nombre
de
jeunes sociologues et économistes français s’étant penchés sur ce pro
644
ne solide fédération européenne. Ce sera le point
d’
accrochage d’une organisation mondiale. Sans doute d’ici dix ou quinze
645
ération européenne. Ce sera le point d’accrochage
d’
une organisation mondiale. Sans doute d’ici dix ou quinze ans serons-n
646
s —, qui seront de plus en plus les vrais centres
de
la production et de la vie intellectuelle et auront entre elles des l
647
lus en plus les vrais centres de la production et
de
la vie intellectuelle et auront entre elles des liens de toutes natur
648
plus les vrais centres de la production et de la
vie
intellectuelle et auront entre elles des liens de toutes natures. El
649
ie intellectuelle et auront entre elles des liens
de
toutes natures. Elles constitueront de proche en proche un tissu plu
650
des liens de toutes natures. Elles constitueront
de
proche en proche un tissu plus solide que leurs liens avec les États-
651
les problèmes mondiaux dépendent en grande partie
de
la solution des problèmes européens c’est que l’unité du genre humain
652
le du genre humain en découvrant les possibilités
de
fraternité universelle : « Désormais, disait saint Paul, il n’y a plu
653
a plus ni Juifs ni Grecs ». Cette responsabilité
de
l’Europe s’oppose aux racismes et aux guerres d’extermination de race
654
de l’Europe s’oppose aux racismes et aux guerres
d’
extermination de races. Les problèmes les plus importants sont, à la r
655
ppose aux racismes et aux guerres d’extermination
de
races. Les problèmes les plus importants sont, à la racine, d’ordre p
656
problèmes les plus importants sont, à la racine,
d’
ordre philosophique ou religieux. Il s’agit de transposer sur les plan
657
ne, d’ordre philosophique ou religieux. Il s’agit
de
transposer sur les plans économique et politique les conséquences des
658
uses que l’on croit justes. n. Rougemont Denis
de
, « [Entretien] Vers l’Europe des régions ? », Réforme, Paris, 30 nove
659
s, 30 novembre 1968, p. 13. o. Cet article, issu
d’
un entretien mené par Anouchka von Heuer et Christian Roux-Pétel, est
660
Les États-nations ne cessent aujourd’hui encore,
de
s’affronter sur notre vieux continent. Il nous a semblé intéressant d
661
tre vieux continent. Il nous a semblé intéressant
de
considérer avec Denis de Rougemont l’œuvre entreprise au Centre europ
662
l’organe provisoire institué en 1952 sous le nom
de
Conseil européen pour la recherche nucléaire. q. L’imprimé portait
663
à participer le 14 au soir à une émission de plus
de
trois heures sur Concorde, j’ai commencé par refuser : dix minutes de
664
Concorde, j’ai commencé par refuser : dix minutes
de
parole ne valent pas le voyage, je ne suis pas technicien, et surtout
665
ela ne tienne, me dit-on, vous parlerez en duplex
de
Genève, c’est au philosophe que nous nous adressons, vos arguments cr
666
s critiques nous intéressent, et puisqu’il s’agit
d’
un débat, vous pourrez y aller librement. Soyez aussi violent qu’il vo
667
e là ? Dès que j’ouvrirai la bouche, des millions
de
téléspectateurs, conditionnés pendant deux heures, vont me haïr comme
668
ur qu’on sente que je suis contre — que le meneur
de
jeu m’interrompt nerveusement pour m’avertir que je sors du sujet. (J
669
’avertir que je sors du sujet. (Je parle pourtant
de
Concorde. Mais le sujet, c’est sa louange.) En dépit d’un feu roulant
670
jet, c’est sa louange.) En dépit d’un feu roulant
d’
interruptions presque paniques — que Le Monde jugera « d’une agressi
671
ptions presque paniques — que Le Monde jugera «
d’
une agressivité insupportable » —, j’essaie de formuler mes doutes et
672
a « d’une agressivité insupportable » —, j’essaie
de
formuler mes doutes et objections, selon le schéma qui suit. Mais je
673
que ça sert ? ». On m’assure que cet appareil ira
de
Paris à New York en trois heures et demie au lieu de sept. Bon. Mais
674
au lieu de sept. Bon. Mais les quelques dizaines
de
PDG et de membres du « jet-set » qui en « bénéficieront », si l’on pe
675
e sept. Bon. Mais les quelques dizaines de PDG et
de
membres du « jet-set » qui en « bénéficieront », si l’on peut dire, q
676
énéficieront », si l’on peut dire, que feront-ils
de
ces heures gagnées ? Est-ce qu’elles vaudront les seize milliards déj
677
avants redoutent, l’atteinte possible à la couche
d’
ozone qui protège notre vie terrestre contre les rayons ultraviolets ?
678
te possible à la couche d’ozone qui protège notre
vie
terrestre contre les rayons ultraviolets ? Votre pari — dis-je aux pr
679
ultraviolets ? Votre pari — dis-je aux promoteurs
de
Concorde alignés devant moi, et consternés — c’est le contraire du pa
680
t moi, et consternés — c’est le contraire du pari
de
Pascal. Si vous perdez, vous perdez tout pour tout le monde. Si vous
681
upplémentaires au-dessus des merveilleux châteaux
de
nuages de l’Atlantique : ils y gagneraient (outre 20 % sur le prix du
682
ires au-dessus des merveilleux châteaux de nuages
de
l’Atlantique : ils y gagneraient (outre 20 % sur le prix du billet, e
683
prix du billet, et x % sur leurs impôts) le temps
de
se reposer, de réfléchir, ou de lire mes livres par exemple. Et s’il
684
et x % sur leurs impôts) le temps de se reposer,
de
réfléchir, ou de lire mes livres par exemple. Et s’il était vraiment
685
impôts) le temps de se reposer, de réfléchir, ou
de
lire mes livres par exemple. Et s’il était vraiment indispensable de
686
par exemple. Et s’il était vraiment indispensable
de
« gagner » trois heures sur ce trajet, en voici le moyen simple et qu
687
ple et qui eût déjà permis environ 15,8 milliards
d’
économies : 1°) supprimer les formalités de douanes et passeports au d
688
liards d’économies : 1°) supprimer les formalités
de
douanes et passeports au départ et à l’arrivée ; 2°) transporter les
689
rt et à l’arrivée ; 2°) transporter les passagers
de
l’échelle de coupée au centre de la ville par hélicoptère ou métro. 3
690
ivée ; 2°) transporter les passagers de l’échelle
de
coupée au centre de la ville par hélicoptère ou métro. 3. On me dit q
691
er les passagers de l’échelle de coupée au centre
de
la ville par hélicoptère ou métro. 3. On me dit qu’arrêter la fabrica
692
ou métro. 3. On me dit qu’arrêter la fabrication
de
Concorde mettrait au chômage 40 000 ouvriers. Argument proprement sca
693
t un Premier ministre, supprimer toute limitation
de
vitesse sur les autoroutes pour éviter le chômage des carrossiers ? (
694
ue l’industrie des armements occupe des centaines
de
milliers d’ouvriers ? Je pense que si la Société est ainsi faite que
695
ie des armements occupe des centaines de milliers
d’
ouvriers ? Je pense que si la Société est ainsi faite que la seule alt
696
le offre au gaspillage industriel, à la pollution
de
l’atmosphère, voire à la guerre, c’est le chômage, il est temps de ch
697
voire à la guerre, c’est le chômage, il est temps
de
changer de cap, de se fixer d’autres buts, et d’inventer d’autres moy
698
guerre, c’est le chômage, il est temps de changer
de
cap, de se fixer d’autres buts, et d’inventer d’autres moyens d’y all
699
c’est le chômage, il est temps de changer de cap,
de
se fixer d’autres buts, et d’inventer d’autres moyens d’y aller. 4. O
700
de changer de cap, de se fixer d’autres buts, et
d’
inventer d’autres moyens d’y aller. 4. Outre le gain de temps, outre l
701
ixer d’autres buts, et d’inventer d’autres moyens
d’
y aller. 4. Outre le gain de temps, outre l’emploi — et comme pour la
702
enter d’autres moyens d’y aller. 4. Outre le gain
de
temps, outre l’emploi — et comme pour la guerre du Vietnam, ici encor
703
on aurait découvert des procédés qui permettront
de
construire d’autres avions encore plus chers et plus problématiques,
704
et puis surtout qui permettront la mise au point
d’
armements de plus en plus sophistiqués : ces « retombées » se feront d
705
» se feront donc sur nos têtes. 5. Indépendamment
de
ces arguments, je suis contre Concorde pour deux raisons fondamentale
706
Concorde est le symbole ou simplement l’enseigne
d’
un modèle de société que je récuse radicalement. Car l’humain s’y voit
707
t le symbole ou simplement l’enseigne d’un modèle
de
société que je récuse radicalement. Car l’humain s’y voit sacrifié no
708
t (ici très négatif) mais à la puissance physique
de
l’État centralisateur et policier, au nom de quoi tout s’ordonne à la
709
’ordonne à la guerre. Concorde résume un ensemble
de
calculs et de rêves, de principes et d’ambitions qu’il nous faut dépa
710
guerre. Concorde résume un ensemble de calculs et
de
rêves, de principes et d’ambitions qu’il nous faut dépasser si nous v
711
ncorde résume un ensemble de calculs et de rêves,
de
principes et d’ambitions qu’il nous faut dépasser si nous voulons sur
712
ensemble de calculs et de rêves, de principes et
d’
ambitions qu’il nous faut dépasser si nous voulons survivre, qui détru
713
e et la Communauté des hommes, au nom du prestige
de
l’État, vanité collective et surprofits privés — absolument contraire
714
ire aux fins que je défends dans toute mon œuvre,
de
liberté et de responsabilité de la personne. b) Je suis convaincu que
715
ue je défends dans toute mon œuvre, de liberté et
de
responsabilité de la personne. b) Je suis convaincu que les promoteur
716
toute mon œuvre, de liberté et de responsabilité
de
la personne. b) Je suis convaincu que les promoteurs de Concorde sont
717
personne. b) Je suis convaincu que les promoteurs
de
Concorde sont animés par un certain idéal : c’est celui du Progrès se
718
i du Progrès selon le xixe siècle. Toujours plus
d’
objets, toujours plus grands, toujours plus chers, toujours plus bruya
719
toujours plus dangereux — exigeant toujours plus
de
contrôle de l’État — et allant toujours plus vite vers peu importe qu
720
us dangereux — exigeant toujours plus de contrôle
de
l’État — et allant toujours plus vite vers peu importe quoi ! L’idée
721
luxe s’oppose radicalement à cette manie démodée
de
la vitesse et du fracas pour épater le monde. Ce qui commence à valoi
722
ommence à valoir des fortunes, c’est le contraire
de
ce que Concorde symbolise. Le luxe suprême de demain, je l’ai défini
723
ire de ce que Concorde symbolise. Le luxe suprême
de
demain, je l’ai défini au lendemain d’Hiroshima : la lenteur au sein
724
xe suprême de demain, je l’ai défini au lendemain
d’
Hiroshima : la lenteur au sein du silence. r. Rougemont Denis de, «
725
lenteur au sein du silence. r. Rougemont Denis
de
, « À propos de Concorde », Réforme, Paris, 21 février 1976, p. 16.
726
de : l’écologie La définition la plus courante
de
l’écologie consiste à dire que c’est « une mode », ou encore « une do
727
nte de l’écologie consiste à dire que c’est « une
mode
», ou encore « une douce manie de rousseauistes épris d’idylle et ent
728
e c’est « une mode », ou encore « une douce manie
de
rousseauistes épris d’idylle et entretenant la nostalgie du jardin d’
729
u encore « une douce manie de rousseauistes épris
d’
idylle et entretenant la nostalgie du jardin d’Eden » (variante : « du
730
is d’idylle et entretenant la nostalgie du jardin
d’
Eden » (variante : « du retour aux cavernes et de l’éclairage à la bou
731
d’Eden » (variante : « du retour aux cavernes et
de
l’éclairage à la bougie »). Ou au contraire ; elle serait une « névro
732
e »). Ou au contraire ; elle serait une « névrose
d’
Apocalypse ». On dit aussi des écologistes adversaires du nucléaire qu
733
rien senti). Enfin, une circulaire confidentielle
de
l’EDF définit les écologistes comme ayant pour but véritable « d’entr
734
les écologistes comme ayant pour but véritable «
d’
entraver le fonctionnement des institutions existantes ». Ces mouvemen
735
les dissimulant. 2. Alignements : un mouvement
de
défense Dans les écoles primaires de Suisse romande, une compagnie
736
mouvement de défense Dans les écoles primaires
de
Suisse romande, une compagnie productrice d’électricité fait distribu
737
ires de Suisse romande, une compagnie productrice
d’
électricité fait distribuer une brochure sur les centrales nucléaires
738
ces brochures. Mais si l’un ou l’autre s’avisait
de
présenter aussi une brochure critique pour le nucléaire, la direction
739
llerait aussitôt à l’ordre, car « il est interdit
de
faire de la politique à l’école ». D’où cette nouvelle définition de
740
ussitôt à l’ordre, car « il est interdit de faire
de
la politique à l’école ». D’où cette nouvelle définition de la politi
741
st interdit de faire de la politique à l’école ».
D’
où cette nouvelle définition de la politique : si l’on est pour le nuc
742
tique à l’école ». D’où cette nouvelle définition
de
la politique : si l’on est pour le nucléaire, on fait de l’informatio
743
olitique : si l’on est pour le nucléaire, on fait
de
l’information ; si l’on est contre, on fait de la politique. En fait,
744
it de l’information ; si l’on est contre, on fait
de
la politique. En fait, écologie est un terme créé par le biologiste E
745
iverselle ; la grande presse (grâce à l’invention
de
la linotype) et les agences d’État : Wolf, Reuter, Havas, Stéfani, sa
746
râce à l’invention de la linotype) et les agences
d’
État : Wolf, Reuter, Havas, Stéfani, sans l’aide desquelles la guerre
747
Havas, Stéfani, sans l’aide desquelles la guerre
de
1914 n’eût pas été concevable. Développements presque aussitôt suivis
748
’Afrique : la belle époque du colonialisme durera
de
1878 à 1938 environ. Au triple alignement des esprits par l’école, de
749
resse, répond ce terme, qui passe alors inaperçu,
d’
écologie, désignant les « rapports des êtres vivants avec leur milieu
750
utte contre les avions supersoniques qui risquent
d’
endommager la couche d’ozone ; parcs nationaux et dénonciation des gra
751
supersoniques qui risquent d’endommager la couche
d’
ozone ; parcs nationaux et dénonciation des grands ensembles ; mesures
752
ensembles ; mesures contre la pollution des eaux
de
table mais aussi des océans ; relations entre les taux de délinquance
753
mais aussi des océans ; relations entre les taux
de
délinquance et le nombre des étages dans les HLM, etc. Aux yeux des p
754
tages dans les HLM, etc. Aux yeux des politiciens
de
droite, l’écologie est un complot contre « la société existante » ; a
755
la société existante » ; aux yeux des politiciens
de
gauche, sa fin principale paraît être « d’enlever des voix au parti s
756
iciens de gauche, sa fin principale paraît être «
d’
enlever des voix au parti socialiste » ou de défendre les privilèges e
757
tre « d’enlever des voix au parti socialiste » ou
de
défendre les privilèges et le confort des riches (c’est aussi ce qu’e
758
s que tout simplement l’écologie est une réaction
de
défense (peut-être de rejet) face à la civilisation industrielle et à
759
l’écologie est une réaction de défense (peut-être
de
rejet) face à la civilisation industrielle et à ses agressions de plu
760
utales contre la Nature et contre l’homme qui vit
de
la Nature et en elle1. 3. Une réaction nécessaire : la sécrétion d
761
le1. 3. Une réaction nécessaire : la sécrétion
d’
anticorps Plutôt donc que l’écologie comme science, considérons ici
762
ique, qui s’est manifesté avec force au lendemain
d’
Hiroshima et s’est constitué en mouvement de plus en plus nettement po
763
On nous dit : « Le souci écologique est un souci
de
riches ! » Non. C’est le souci des premiers atteints par le mal indus
764
el, qu’ils ont d’ailleurs inventé. C’est le souci
de
ceux qui ont déchaîné la dénature contre la nature. De ceux qui ont i
765
ux qui ont déchaîné la dénature contre la nature.
De
ceux qui ont inventé et produit une civilisation qui tend à détruire
766
Unis. Elle s’étend désormais à toutes les parties
de
la Terre où la civilisation occidentale apporte le « développement ».
767
up, que nous sommes ici en présence d’une révolte
de
l’écologie contre l’économie, ou de la volonté de vivre contre la vol
768
d’une révolte de l’écologie contre l’économie, ou
de
la volonté de vivre contre la volonté de profit, et que le phénomène,
769
de l’écologie contre l’économie, ou de la volonté
de
vivre contre la volonté de profit, et que le phénomène, au lendemain
770
omie, ou de la volonté de vivre contre la volonté
de
profit, et que le phénomène, au lendemain de la Deuxième Guerre mondi
771
onté de profit, et que le phénomène, au lendemain
de
la Deuxième Guerre mondiale, a pris soudain des proportions à ce poin
772
tions à ce point alarmantes que les gouvernements
de
nos États nationaux — si lié que soit leur sort à celui de la croissa
773
ats nationaux — si lié que soit leur sort à celui
de
la croissance industrielle — se sont vus contraints de créer des mini
774
croissance industrielle — se sont vus contraints
de
créer des ministères de l’Environnement (signes des temps plus que re
775
— se sont vus contraints de créer des ministères
de
l’Environnement (signes des temps plus que remèdes efficaces, les tit
776
temps plus que remèdes efficaces, les titulaires
de
ces ministères sont les premiers à le reconnaître). Si la croissance
777
les premiers à le reconnaître). Si la croissance
de
la civilisation industrielle correspond exactement au développement d
778
e souci écologique correspond, lui, à la création
d’
anticorps contre les maladies de civilisation (physiques, psychiques e
779
ui, à la création d’anticorps contre les maladies
de
civilisation (physiques, psychiques et psychosomatiques). 4. De l’
780
physiques, psychiques et psychosomatiques). 4.
De
l’exigence écologique aux exigences régionales… Mais en même temps
781
pe l’État-nation, l’un aidant l’autre. L’exercice
de
la puissance, c’est-à-dire finalement la guerre, est au principe de l
782
’est-à-dire finalement la guerre, est au principe
de
leurs développements concomitants, et demeure leur « horizon indépass
783
zon indépassable ». La civilisation industrielle,
d’
essence cartésienne, a voulu se développer sur une tabula rasa — qu’el
784
sur une tabula rasa — qu’elle a créée au besoin —
d’
où ses liens de complicité essentielle avec la désertification résult
785
rasa — qu’elle a créée au besoin — d’où ses liens
de
complicité essentielle avec la désertification résultant, sur trois
786
u « développement ». De même l’État-nation est né
de
la volonté d’uniformiser les humains, d’écraser leurs différences eth
787
ent ». De même l’État-nation est né de la volonté
d’
uniformiser les humains, d’écraser leurs différences ethniques, cultur
788
n est né de la volonté d’uniformiser les humains,
d’
écraser leurs différences ethniques, culturelles, coutumières, de régl
789
différences ethniques, culturelles, coutumières,
de
régler et de contraindre (non de stimuler et de convaincre). L’école
790
ethniques, culturelles, coutumières, de régler et
de
contraindre (non de stimuler et de convaincre). L’école primaire est
791
es, coutumières, de régler et de contraindre (non
de
stimuler et de convaincre). L’école primaire est l’instrument par exc
792
, de régler et de contraindre (non de stimuler et
de
convaincre). L’école primaire est l’instrument par excellence de l’Ét
793
L’école primaire est l’instrument par excellence
de
l’État-nation centralisé. Pour l’école primaire, l’esprit de l’enfant
794
ation centralisé. Pour l’école primaire, l’esprit
de
l’enfant est une tabula rasa ou maison vide qu’il s’agit de « meubler
795
t est une tabula rasa ou maison vide qu’il s’agit
de
« meubler » de certitudes simples, abstraites, géométriques, alignées
796
a rasa ou maison vide qu’il s’agit de « meubler »
de
certitudes simples, abstraites, géométriques, alignées et les prépara
797
crues alignables. Il existe une profonde analogie
de
structure entre l’agression contre la nature et l’agression stato-nat
798
’autres. C’est au niveau régional que les mesures
d’
écologie concrètes peuvent et doivent être élaborées et appliquées : r
799
élaborées et appliquées : rivières, lacs, chutes
d’
eau, forêts, agriculture, architecture, énergie, transports publics… C
800
ie, transports publics… C’est bien souvent autour
d’
un problème écologique : lac ou rivière polluée, projets de centrales
801
lème écologique : lac ou rivière polluée, projets
de
centrales nucléaires, usine d’épuration, route « pénétrante », autoro
802
e polluée, projets de centrales nucléaires, usine
d’
épuration, route « pénétrante », autoroutes divisant des domaines ou d
803
visant des domaines ou des quartiers, destruction
de
forêts que la conscience régionaliste alertée s’organise et entre en
804
. Exemple : quand la CEE propose un plan européen
de
lutte contre la pollution, tel gouvernement répond : d’accord, mais s
805
eté nationale. Et l’on sait à quelles résistances
de
la capitale et de sa police se heurtent les tentatives de prises de r
806
l’on sait à quelles résistances de la capitale et
de
sa police se heurtent les tentatives de prises de responsabilités rég
807
pitale et de sa police se heurtent les tentatives
de
prises de responsabilités régionales. 5. … et aux exigences fédéra
808
de sa police se heurtent les tentatives de prises
de
responsabilités régionales. 5. … et aux exigences fédéralistes
809
ssent. Le Rhin amène à la mer du Nord 60 millions
de
tonnes de déchets par jour. Ces déchets viennent de Suisse, de France
810
Rhin amène à la mer du Nord 60 millions de tonnes
de
déchets par jour. Ces déchets viennent de Suisse, de France, de la RF
811
déchets par jour. Ces déchets viennent de Suisse,
de
France, de la RFA, de Hollande, chaque pays pollue souverainement et
812
jour. Ces déchets viennent de Suisse, de France,
de
la RFA, de Hollande, chaque pays pollue souverainement et s’assure qu
813
déchets viennent de Suisse, de France, de la RFA,
de
Hollande, chaque pays pollue souverainement et s’assure que ce sera t
814
t des mers et des océans menacés, des changements
de
climat, du pillage des ressources non renouvelables. Tout État-natio
815
ce qui existe ou voudrait exister indépendamment
de
son contrôle. Critique classique adressée dès les années 1930 de ce s
816
. Critique classique adressée dès les années 1930
de
ce siècle par les personnalistes à l’État-nation : il est à la fois t
817
l’échelle des régions) pour jouer encore son rôle
d’
État, — d’animateur, d’arbitre, de protecteur. L’État-nation est donc
818
des régions) pour jouer encore son rôle d’État, —
d’
animateur, d’arbitre, de protecteur. L’État-nation est donc l’obstacle
819
pour jouer encore son rôle d’État, — d’animateur,
d’
arbitre, de protecteur. L’État-nation est donc l’obstacle commun aux s
820
encore son rôle d’État, — d’animateur, d’arbitre,
de
protecteur. L’État-nation est donc l’obstacle commun aux solutions éc
821
e commun aux solutions écologiques et régionales.
D’
où l’identité d’intérêts politiques entre régionalistes et écologistes
822
utions écologiques et régionales. D’où l’identité
d’
intérêts politiques entre régionalistes et écologistes, mais aussi ent
823
ns et régionalistes. 6. La région : un espace
de
participation à la mesure du citoyen Mais il convient ici de préci
824
on à la mesure du citoyen Mais il convient ici
de
préciser le sens que nous donnons au mot région. — Il y a des régions
825
alchus, et qui chevauchent parfois les frontières
de
trois pays, des calottes du Nord (Norvège, Suède, Finlande) à l’Oresu
826
core à créer — que l’on peut définir comme espace
de
participation civique, régions assez petites pour permettre à la voix
827
e, régions assez petites pour permettre à la voix
d’
un citoyen de s’y faire entendre et à celles des autres de lui répondr
828
sez petites pour permettre à la voix d’un citoyen
de
s’y faire entendre et à celles des autres de lui répondre. 7. Élog
829
oyen de s’y faire entendre et à celles des autres
de
lui répondre. 7. Éloge de la petite échelle Il s’agit donc, si
830
à celles des autres de lui répondre. 7. Éloge
de
la petite échelle Il s’agit donc, si l’on veut arriver à des solut
831
veut arriver à des solutions écologiques capables
de
restaurer, maintenir et développer des écosystèmes viables, de dépass
832
maintenir et développer des écosystèmes viables,
de
dépasser l’État-nation, c’est-à-dire d’instituer d’un même mouvement
833
viables, de dépasser l’État-nation, c’est-à-dire
d’
instituer d’un même mouvement en interaction permanente, les régions e
834
dépasser l’État-nation, c’est-à-dire d’instituer
d’
un même mouvement en interaction permanente, les régions et la fédérat
835
égions et la fédération continentale. Le principe
de
répartition des pouvoirs naguère concentrés dans la seule capitale na
836
plus simples : il consiste à situer les pouvoirs
de
décision au niveau communautaire le mieux accordé aux dimensions de l
837
eau communautaire le mieux accordé aux dimensions
de
la tâche considérée, et toujours en partant d’en bas, c’est-à-dire de
838
ns de la tâche considérée, et toujours en partant
d’
en bas, c’est-à-dire des plus petites unités. C’est ce que le diplomat
839
re à propos des États-Unis, mais qu’il est facile
de
transposer en termes européens : Ne confiez jamais à une plus grande
840
des sociologues politologues européens, et nombre
d’
hommes politiques responsables aux États-Unis : la décentralisation de
841
responsables aux États-Unis : la décentralisation
de
l’État, de l’économie et des activités culturelles leur paraît la con
842
s aux États-Unis : la décentralisation de l’État,
de
l’économie et des activités culturelles leur paraît la condition même
843
tivités culturelles leur paraît la condition même
d’
une renaissance civique, économique et culturelle de leur pays. À part
844
une renaissance civique, économique et culturelle
de
leur pays. À part les guerres d’agression et les centrales nucléaires
845
ue et culturelle de leur pays. À part les guerres
d’
agression et les centrales nucléaires, qui exigent les unes et les aut
846
elle, dans les autonomies locales. « Coopératives
d’
habitation, énergie solaire, petites entreprises, compost, alimentatio
847
es (neighborhoods) commencent à retrouver le sens
de
leur autonomie, à reprendre en main leurs destins.2 » Il est faux que
848
fficace. E. F. Schumacher a démontré le contraire
d’
une manière décisive, dans son célèbre ouvrage Small is beautiful.
849
8. Écologistes, régionalistes et fédéralistes
de
tous pays : unissez-vous ! Les relations d’interaction systématiqu
850
es de tous pays : unissez-vous ! Les relations
d’
interaction systématique que l’on vient de relever conduisent d’une ma
851
systématique que l’on vient de relever conduisent
d’
une manière nécessaire à des conclusions politiques d’importance décis
852
e manière nécessaire à des conclusions politiques
d’
importance décisive au seuil de la campagne pour la première élection
853
lusions politiques d’importance décisive au seuil
de
la campagne pour la première élection du Parlement européen. S’il est
854
tous nos pays et à l’échelle continentale, en vue
d’
établir un programme commun aux trois mouvements, et de prévoir des ta
855
blir un programme commun aux trois mouvements, et
de
prévoir des tactiques adaptées aux situations qui diffèrent d’une man
856
s tactiques adaptées aux situations qui diffèrent
d’
une manière importante d’un pays à l’autre chez les Neuf3. 9. Pour
857
situations qui diffèrent d’une manière importante
d’
un pays à l’autre chez les Neuf3. 9. Pour un même avenir Encore
858
enir adviendra certainement. Ce qu’il m’importait
de
souligner, c’est que nous n’aurons ni éco-société, ni régions, ni Eur
859
btenons pas les trois à la fois ; c’est qu’aucune
de
ces trois virtualités exigeantes ne peut se réaliser seule ; c’est qu
860
es ne peut se réaliser seule ; c’est que l’avenir
de
chacune d’elle est celui des deux autres, et qu’en cette trinité rési
861
se réaliser seule ; c’est que l’avenir de chacune
d’
elle est celui des deux autres, et qu’en cette trinité réside l’espoir
862
en cette trinité réside l’espoir des Européens et
de
la Paix. 1. La révolte des chiites iraniens contre la modernisati
863
reprise par le Shah avec l’aide des États-Unis et
de
l’Europe ne serait-elle pas un premier phénomène de rejet de la techn
864
l’Europe ne serait-elle pas un premier phénomène
de
rejet de la technologie rationaliste et du matérialisme qu’elle favor
865
ne serait-elle pas un premier phénomène de rejet
de
la technologie rationaliste et du matérialisme qu’elle favorise, cont
866
Europe-Écologie » en France. s. Rougemont Denis
de
, « Écologie, régions, Europe fédérée : même avenir », Réforme, Paris,
867
peur et l’amour, la curiosité, avec cette espèce
de
béance anxieuse du regard devant l’impénétrable et l’indicible… Il no
868
us faut donc parler pour eux. Parler pour eux, et
de
leur part, aux hommes qui les méprisent, les torturent, les massacren
869
raissés dans leur cuve en ciment, nourris au tube
de
caoutchouc et à la seringue, qui mourront sans avoir jamais ouvert le
870
arler et surtout à comprendre un peu nos langages
d’
hommes. Les merveilleux dauphins sont les vedettes de cette campagne d
871
ommes. Les merveilleux dauphins sont les vedettes
de
cette campagne d’alphabétisation, — mais attention ! Je salue les Nat
872
leux dauphins sont les vedettes de cette campagne
d’
alphabétisation, — mais attention ! Je salue les Nations unies des ani
873
animaux mais je recule avec horreur devant l’idée
d’
une Unesco des animaux ! Car les mots que nous pouvons leur apprendre
874
que nous pouvons leur apprendre n’expriment rien
de
leur être et de leurs émotions : ce sont des ordres que nous leur don
875
s leur apprendre n’expriment rien de leur être et
de
leurs émotions : ce sont des ordres que nous leur donnons, et leurs r
876
er avec le monde des animaux relève du sentiment,
de
l’intuition, de l’accueil aux mystères du vivant. Le fait bien établi
877
des animaux relève du sentiment, de l’intuition,
de
l’accueil aux mystères du vivant. Le fait bien établi que les animaux
878
que les animaux plus que nous soient susceptibles
de
mourir d’émotion tend à prouver qu’ils sont plus capables que nous d’
879
imaux plus que nous soient susceptibles de mourir
d’
émotion tend à prouver qu’ils sont plus capables que nous d’une certai
880
tend à prouver qu’ils sont plus capables que nous
d’
une certaine civilisation : celle du cœur, non du seul intellect, cell
881
ion : celle du cœur, non du seul intellect, celle
de
l’amitié, de la confiance, non pas celle des missiles nucléaires, du
882
u cœur, non du seul intellect, celle de l’amitié,
de
la confiance, non pas celle des missiles nucléaires, du chômage et de
883
pas celle des missiles nucléaires, du chômage et
de
la destruction irréversible des forêts, du plancton des océans et de
884
rréversible des forêts, du plancton des océans et
de
l’air respirable. La seule compréhension, mais alors très profonde, q
885
rofonde, qui unisse l’homme et l’animal, elle est
d’
ordre émotif, affectif. Elle se passe dans le regard, qui attend tout
886
if. Elle se passe dans le regard, qui attend tout
de
nous ! Car c’est de l’homme, par l’homme, à travers l’homme que les g
887
ns le regard, qui attend tout de nous ! Car c’est
de
l’homme, par l’homme, à travers l’homme que les grands peuples d’anim
888
l’homme, à travers l’homme que les grands peuples
d’
animaux attendent le salut, sans le savoir peut-être — mais que savons
889
, sans le savoir peut-être — mais que savons-nous
de
ce qu’ils savent ? Que l’homme soit responsable de la Nature vivante,
890
e ce qu’ils savent ? Que l’homme soit responsable
de
la Nature vivante, et de sa corruption ou de sa survie, l’écologie no
891
l’homme soit responsable de la Nature vivante, et
de
sa corruption ou de sa survie, l’écologie nous l’a rappelé au cours d
892
able de la Nature vivante, et de sa corruption ou
de
sa survie, l’écologie nous l’a rappelé au cours des deux dernières dé
893
avec une efficacité peut-être imperceptible, mais
d’
autant plus pénétrante : on répétait qu’il s’agissait seulement d’une
894
nétrante : on répétait qu’il s’agissait seulement
d’
une mode. Cette erreur a distrait la méfiance des saccageurs de la Nat
895
te : on répétait qu’il s’agissait seulement d’une
mode
. Cette erreur a distrait la méfiance des saccageurs de la Nature, et
896
ette erreur a distrait la méfiance des saccageurs
de
la Nature, et elle nous a permis d’agir en profondeur. Mais la respon
897
es saccageurs de la Nature, et elle nous a permis
d’
agir en profondeur. Mais la responsabilité de l’homme devant la Nature
898
rmis d’agir en profondeur. Mais la responsabilité
de
l’homme devant la Nature et les bêtes n’est pas seulement métaphoriqu
899
ue, a été donnée par saint Paul, au chapitre VIII
de
l’Épître aux Romains (que je vais lire dans la traduction de Calvin,
900
aux Romains (que je vais lire dans la traduction
de
Calvin, pour le premier verset) : La création tout entière, dans une
901
ne attente ardente, attend la révélation des fils
de
Dieu. Car la création a été soumise à la corruption non de son gré, m
902
Car la création a été soumise à la corruption non
de
son gré, mais à cause de celui qui l’y a soumise — avec l’espérance q
903
— avec l’espérance qu’elle aussi sera affranchie
de
la servitude de la corruption, pour avoir part à la liberté et à la g
904
nce qu’elle aussi sera affranchie de la servitude
de
la corruption, pour avoir part à la liberté et à la gloire des enfant
905
voir part à la liberté et à la gloire des enfants
de
Dieu. Or nous savons que jusqu’à ce jour la création tout entière sou
906
tout entière soupire et souffre dans les douleurs
de
l’enfantement. Et ce n’est pas elle seulement, mais nous aussi, qui a
907
eulement, mais nous aussi, qui avons les prémices
de
l’Esprit, nous aussi nous soupirons en nous-mêmes en attendant la réd
908
oupirons en nous-mêmes en attendant la rédemption
de
notre corps. Car c’est en espérance que nous sommes sauvés. Mais « n
909
ition biblique-évangélique confirme la continuité
de
la Création tout entière, dans la relation de l’animal à l’homme, j’e
910
ité de la Création tout entière, dans la relation
de
l’animal à l’homme, j’entends de l’homme à la Nature vivante et au Co
911
dans la relation de l’animal à l’homme, j’entends
de
l’homme à la Nature vivante et au Cosmos, où le règne animal est le p
912
imal est le plus proche de l’homme. Les religions
de
l’Asie approchent ce même mystère par leur croyance aux réincarnation
913
royance aux réincarnations et leur respect absolu
de
la vie sous toutes ses formes. Ici encore, nous le voyons bien : nous
914
e aux réincarnations et leur respect absolu de la
vie
sous toutes ses formes. Ici encore, nous le voyons bien : nous ne ser
915
se aujourd’hui Franz Weber. t. Rougemont Denis
de
, « Les Nations unies des animaux », Réforme, Paris, 13 décembre 1980,
916
cette note : « Du 27 au 29 novembre, 70 délégués
de
divers mouvements de protection des animaux se sont réunis en assembl
917
au 29 novembre, 70 délégués de divers mouvements
de
protection des animaux se sont réunis en assemblée générale de l’asso
918
des animaux se sont réunis en assemblée générale
de
l’association : United Animal Nations (8 rue d’Italie, CH-1214, Genèv
919
r (on se souvient tout particulièrement en France
de
son action en faveur du site des Baux-de-Provence, que menaçait la mi
920
Il a bien voulu nous autoriser à publier le texte
de
son allocution d’ouverture. Ce dont nous le remercions. »
921
us autoriser à publier le texte de son allocution
d’
ouverture. Ce dont nous le remercions. »