1 1946, Réforme, articles (1946–1980). À hauteur d’homme (1er juin 1946)
1 mme (1er juin 1946)a La Politique pratique d’ un idéal Qu’est-ce que la politique ? L’art d’aménager une cité pour
2 Qu’est-ce que la politique ? L’art d’aménager une cité pour que tout homme y trouve sa chance d’être humain. Tel est le
3 les faits. La politique, en France, c’est le jeu des partis : tout le monde s’en plaint, mais y joue de plus belle. En Amé
4 s y joue de plus belle. En Amérique, c’est le jeu des pressions, du business et des grands syndicats : on n’y joue que pour
5 rique, c’est le jeu des pressions, du business et des grands syndicats : on n’y joue que pour de l’argent. Ailleurs, c’est
6 jeu sans partenaire du parti unique au pouvoir : un jeu truqué où le citoyen perd à tout coup. Nous voici loin de notre d
7 on de la politique considérée comme la pratique d’ un idéal. Il faut qu’on sente cette distance. Cette différence de niveau
8 fasse tout pour la réduire, en se rapprochant, d’ un seul et même mouvement, de l’idéal et du pratique, doublement négligé
9 Toute politique suppose, qu’on le veuille ou non, une idée de l’homme et de la condition hu­maine. Mais on dirait que la po
10 dans la lutte que leur rappel paraîtra subversif. Une politique digne du nom devrait se composer de deux chapitres : un idé
11 ne du nom devrait se composer de deux chapitres : un idéal de l’homme d’une part, et des mesures pratiques d’autre part, o
12 ux chapitres : un idéal de l’homme d’une part, et des mesures pratiques d’autre part, ordonnées à cet idéal et contribuant
13 l et contribuant à le réaliser. Mais la politique des partis se tient dans une espèce de no man’s land à mi-chemin de l’idé
14 liser. Mais la politique des partis se tient dans une espèce de no man’s land à mi-chemin de l’idéal et du pratique. Quand
15 qu’elle rate le second parce qu’elle se perd dans des arguties doctrinales. Elle avait pour mission très simple de relier l
16 ’un de l’autre. (Tel parti réputé libertaire vote des mesures de tyrannie. La « politique » et ses « nécessités » expliquen
17 justifient.) Cette politique tourne à vide, dans un grand bruit d’ismes entrechoqués, et rien n’en sort. Cette machine ne
18 te cher et n’arrange rien. Au lieu de transformer des idéaux en fait, elle transforme des candidats en députés, des program
19 e transformer des idéaux en fait, elle transforme des candidats en députés, des programmes en combines, des promesses en ou
20 n fait, elle transforme des candidats en députés, des programmes en combines, des promesses en oublis. Je pense aux électio
21 candidats en députés, des programmes en combines, des promesses en oublis. Je pense aux élections de demain et je demande :
22 me ? Point du tout, on votera sur les ismes, dans un état d’esprit assez voisin de celui du joueur qui mise sur le noir pa
23 . Je pense qu’ils n’en font pas assez, car le jeu des partis n’est pas de la politique. C’est une manière d’esquiver les pr
24 e jeu des partis n’est pas de la politique. C’est une manière d’esquiver les problèmes en déléguant le soin de les résoudre
25 problèmes en déléguant le soin de les résoudre à des factions irréductibles dont le souci dominant est de continuer le jeu
26 dans les élections de demain, ce sont les chances des partis, j’entends des comités de partis, et non point des questions p
27 demain, ce sont les chances des partis, j’entends des comités de partis, et non point des questions pratiques telles que la
28 is, j’entends des comités de partis, et non point des questions pratiques telles que la situation alimentaire ou la manière
29 re ou la manière de rendre la justice. Et ce sont des slogans prétendus doctrinaires, mais non des conceptions de l’homme t
30 sont des slogans prétendus doctrinaires, mais non des conceptions de l’homme total. Il ne s’agit ni d’idéal ni de pratique,
31 n n’ont guère de portée politique, ou n’en ont qu’ une très indirecte, aléatoire et ambiguë, si l’on prend le terme de polit
32 malheur serait que les électeurs, ayant voté pour un parti, se figurent avoir fait de la politique. Car celle-ci ne commen
33 ne commencera qu’au lendemain de la proclamation des résultats. Votez donc, mais ce geste nécessaire ne saurait être au mi
34 s ce geste nécessaire ne saurait être au mieux qu’ un préalable. L’effort civique proprement dit trouvera son efficacité da
35 vique proprement dit trouvera son efficacité dans un travail sur les partis, une fois que ceux-ci se seront remis de leur
36 , c’est-à-dire décider ce qu’est l’homme et bâtir une cité à sa mesure. Il ne faut pas dissoudre les partis ni en sortir, m
37 eux et dans leur sein, rapporter nos jugements à une notion totale de l’homme d’une part, et aux demandes pratiques de l’a
38 sant tous les intermédiaires et sans tenir compte des intérêts électoraux, byzantins, perdus dans le détail de polémiques é
39 iens, ou le fonctionnaire entièrement engagé dans une machine d’État qui dicte les pensées. Ou si ce n’est pas plutôt l’hom
40 . Ou si ce n’est pas plutôt l’homme responsable d’ une vocation qui le distingue, mais aussi le relie à la communauté, lui c
41 conférant ainsi les devoirs de ses droits. Quand un parti se sera défini de la sorte, les citoyens seront à même de juger
42 ur fin, et ne s’offriront plus que comme moyens d’ une lutte commune contre les vraies difficultés, celles que tout le monde
43 nos valeurs, pour commencer Nous défendons ici une conception de l’homme qui déborde le cadre des partis, et surtout de
44 ci une conception de l’homme qui déborde le cadre des partis, et surtout de la gauche et de la droite. Nous voulons l’homme
45 ulons l’homme à la fois libre et engagé, au nom d’ une seule et même réalité que nous nommons la vocation. Celui qui a reçu
46 ette conception personnaliste de l’homme commande des attitudes précises. Par exemple, elle oblige à condamner tout ce qui,
47 refuser les faux dilemmes entretenus par la lutte des partis. Prenez le dilemme de la droite et de la gauche : concurrence
48 celui de la peste. Nous voulons la santé, qui est un équilibre, — et non pas l’exclusion de la moitié des organes. Nous vo
49 équilibre, — et non pas l’exclusion de la moitié des organes. Nous voulons l’homme entier et non le partisan. Et c’est pou
50 faut aider à rester libres. Cela ne doit pas être une querelle de partis, mais une question pratique d’aménagement, relevan
51 ela ne doit pas être une querelle de partis, mais une question pratique d’aménagement, relevant de la nature même de l’homm
52 non pas que tel parti prenne le pouvoir au nom d’ une idéologie confectionnée en vue de la seule prise de pouvoir, en se mo
53 de la seule prise de pouvoir, en se moquant bien des trains, du pain, de la jeunesse, et du sens de la vie des hommes dans
54 ns, du pain, de la jeunesse, et du sens de la vie des hommes dans la cité. Or, nous pouvons vraiment vouloir tout cela, par
55 raiment vouloir tout cela, parce qu’en présence d’ un problème concret, nous prenons référence de l’homme et d’une certaine
56 e concret, nous prenons référence de l’homme et d’ une certaine vision totale de l’homme, non pas de la tactique particulièr
57 tactique particulière et cyniquement électorale d’ un parti. Bref, nous voulons une politique à hauteur d’homme. Celle des
58 quement électorale d’un parti. Bref, nous voulons une politique à hauteur d’homme. Celle des partis passe par-dessus les tê
59 us voulons une politique à hauteur d’homme. Celle des partis passe par-dessus les têtes ou vise trop bas ; se perd dans des
60 -dessus les têtes ou vise trop bas ; se perd dans des principes grandiloquents et ne se retrouve que dans des intérêts inav
61 incipes grandiloquents et ne se retrouve que dans des intérêts inavouables. Qui le niera ? Une première réalisation U
62 es. Qui le niera ? Une première réalisation Une politique à hauteur d’homme, axée sur la réalité de la personne à la
63 en effet, ce n’est pas électoral, dans ce sens qu’ une telle politique peut être pratiquée au sein de plusieurs partis, et i
64 idées que nous venons de développer. Il est sorti des camps pour prendre le pouvoir. Et si les Hollandais viennent de lui a
65 devant le corps électoral, c’est qu’il a fait en une année de leur pays, le grand gagnant européen de la course à la recon
2 1946, Réforme, articles (1946–1980). Deux lettres sur la fin du monde (29 juin 1946)
66 l’été prochain. Je tiens ma petite information d’ un physicien des plus remarquables qui, d’ailleurs, n’en fait pas de sec
67 in. Je tiens ma petite information d’un physicien des plus remarquables qui, d’ailleurs, n’en fait pas de secret, bien au c
68 cain ayant fait annoncer, ces jours derniers, que des essais de bombe atomique allaient être tentés sur l’océan, notre sava
69 ès ses calculs, disait-il, cet essai provoquerait un tel raz-de-marée que le Déluge, en comparaison, n’aurait été qu’un ba
70 ée que le Déluge, en comparaison, n’aurait été qu’ un bain de pieds. Le gouvernement américain ayant également annoncé son
71 in ayant également annoncé son intention de jeter une bombe sur la calotte polaire, pour voir ce que cela donnerait, le mêm
72 calculs, la réponse était simple : cela donnerait une idée fort approchée de la fin du monde. C’est à quoi nous en sommes,
73 sérieusement. Car ces essais seront faits « dans un but militaire ». Nous sommes donc dans le domaine du sacré. Glissez m
74 ls croyaient le Jugement imminent, mouraient avec une grande facilité sous la main des nazis de l’époque. Saint Paul écrit
75 , mouraient avec une grande facilité sous la main des nazis de l’époque. Saint Paul écrit aux croyants de Corinthe : « Voic
76 t aux croyants de Corinthe : « Voici, je vous dis un mystère : nous ne mourrons pas tous, mais tous nous serons changés, e
77 rrons pas tous, mais tous nous serons changés, en un instant, en un clin d’œil, à la dernière trompette. » Or, savez-vous
78 mais tous nous serons changés, en un instant, en un clin d’œil, à la dernière trompette. » Or, savez-vous ce que dit le t
79 dit le texte grec, là où le français traduit « en un instant » ? Il dit en atomo — dans un atome ! Et les grandes traditio
80 raduit « en un instant » ? Il dit en atomo — dans un atome ! Et les grandes traditions occultistes, décrivant l’âge matéri
81 où nous vivons, l’âge de l’extrême solidification des seules réalités qui nous restent sensibles, prévoient la fin du monde
82 olvet saeclum in favilla. Le Moyen Âge pensait qu’ une pluie de feu suffirait à réduire la surface de la Terre et la vermine
83 ivre à ses vices. La Renaissance croyait plutôt à un nouveau Déluge. Léonard le figure dans une série de dessins où l’on p
84 lutôt à un nouveau Déluge. Léonard le figure dans une série de dessins où l’on peut voir un raz-de-marée soulever, dans ses
85 igure dans une série de dessins où l’on peut voir un raz-de-marée soulever, dans ses volutes vertigineuses, des rochers fr
86 e-marée soulever, dans ses volutes vertigineuses, des rochers fracassés qui retombent sur les villes. Nous voici ramenés au
87 monde. Certains jours, il me semble que la folie des peuples, des gouvernants, des militaires, et de tous les irresponsabl
88 ins jours, il me semble que la folie des peuples, des gouvernants, des militaires, et de tous les irresponsables qui nous m
89 semble que la folie des peuples, des gouvernants, des militaires, et de tous les irresponsables qui nous mènent, obéit secr
90 st peut-être aussi qu’elle a compris que la somme des souffrances humaines est devenue si grande, avec notre Progrès, qu’il
91 it parfois distinguer, très bas, très doux, comme une voix du rêve, dans les intervalles effrayants de la cacophonie mondia
92 qu’à désespérer, l’espoir est né. Démonstration d’ une puissance indémontrable, et dont la touche ne saurait être enregistré
93 ix ou la mort. Disposition favorable, je crois, à des réflexions réalistes. Je reviens donc à mes atomes. Parmi tous les pr
94 mbe au gouvernement mondial, pour faire la police des nations. Deux chambres universelles seraient élues, l’une formée de d
95 erselles seraient élues, l’une formée de délégués des États, l’autre de députés des peuples. (Je prends le modèle courant.
96 formée de délégués des États, l’autre de députés des peuples. (Je prends le modèle courant. Il faudrait l’ajuster.) Le cab
97 ait les ministères suivants : Bombe et Répression des États, Échange des matières premières, Sens général des recherches sc
98 suivants : Bombe et Répression des États, Échange des matières premières, Sens général des recherches scientifiques, Défens
99 ats, Échange des matières premières, Sens général des recherches scientifiques, Défense des droits de la personne, Transpor
100 ens général des recherches scientifiques, Défense des droits de la personne, Transports planétaires. (Rien que de raisonnab
101 ibrer les budgets de guerre, etc. Ce n’est pas qu’ une angoisse diffuse ne soit sensible dans les populations et chez beauco
102 opulations et chez beaucoup de bons esprits, mais une paralysie sans précédent s’est emparée des volontés. Vous-même, je le
103 , mais une paralysie sans précédent s’est emparée des volontés. Vous-même, je le sens, je ne vous ai pas convaincue. Vous p
104 nnent une bonne partie de leur utilité au service des nations et de leur vertu d’ordre. Admettons qu’elles arrivent encore
105 re y prospère d’autant mieux qu’elle sera dotée d’ une armée de plus. Admettons que l’on invente une parade à la Bombe, selo
106 e d’une armée de plus. Admettons que l’on invente une parade à la Bombe, selon l’axiome des militaires, sans oublier que le
107 ’on invente une parade à la Bombe, selon l’axiome des militaires, sans oublier que leur expérience démontre qu’on ne pare j
108 leur expérience démontre qu’on ne pare jamais qu’ un certain pourcentage des coups tirés… Pensez-vous que les effets de la
109 re qu’on ne pare jamais qu’un certain pourcentage des coups tirés… Pensez-vous que les effets de la prochaine guerre seront
110 s ? La souffrance sera pire, l’agonie de la terre un peu plus longue, la fin de l’humanité non moins certaine, le triomphe
111 fin de l’humanité non moins certaine, le triomphe des « éléments d’ordre » aussi énigmatique, et sans témoins. Je reconnais
112 -être pas de la manière soudaine et dramatique qu’ un certain goût de l’antithèse m’incline parfois à souhaiter. La tragédi
113 et que nos chefs savent à peine ce qu’ils jouent. Une espèce d’organisation mondiale ouvrira des bureaux confortables d’où
114 ouent. Une espèce d’organisation mondiale ouvrira des bureaux confortables d’où sortiront quelques vœux incolores. Il est é
115 totale. Et il est évident que la grande majorité des hommes se refuse à ces évidences. On nous ressasse à longueur de jour
116 ongueur de journée qu’elle « n’est pas prête pour un gouvernement mondial ». Est-ce qu’on lui demande si elle est prête po
117 elle est prête pour la mort ? L’humanité, ce sont des gens comme vous et moi. Quand vous me dites qu’elle n’est pas prête p
118 parce que ses moyens vous déplaisent (suppression des armées et des souverainetés nationales). Mais en refusant de choisir
119 moyens vous déplaisent (suppression des armées et des souverainetés nationales). Mais en refusant de choisir la paix, vous
3 1946, Réforme, articles (1946–1980). Vues générales des Églises de New York (12 octobre 1946)
120 Vues générales des Églises de New York (12 octobre 1946)c Je n’ai pas encore découver
121 oncée la « causerie mystique » en fin de la liste des services religieux, dans le New York Times du samedi ? Remontant ces
122  ? Remontant ces colonnes d’annonces qui tiennent une demi-page du journal, je trouve les rubriques suivantes : Société véd
123 et réunions Les États-Unis ont été fondés par des groupes successifs de colons, la plupart exilés pour cause de religio
124 us ces pionniers étaient d’abord les fanatiques d’ une foi, rejetés par l’Europe, et qui venaient chercher en Amérique la li
125 . Ils y trouvèrent aussi la possibilité de fonder des cités idéales, conformes à leurs doctrines morales et politiques. D’o
126 religieux de leur civisme. La structure politique des États-Unis reflète encore, de nos jours, le jeu complexe de ces appor
127 uvent, avec les apports nationaux. C’est ainsi qu’ un Américain qui appartient à l’Église réformée a bien des chances d’avo
128 éricain qui appartient à l’Église réformée a bien des chances d’avoir des ancêtres hollandais, allemands ou suédois s’il es
129 nt à l’Église réformée a bien des chances d’avoir des ancêtres hollandais, allemands ou suédois s’il est né luthérien ; ang
130 gine sont venues s’ajouter, dès le xviiie siècle des différences de classes : l’Église baptiste est largement populaire, l
131 et fashionable. Quant à la fameuse multiplication des sectes, elle n’a rien à voir avec la diversité des confessions d’orig
132 es sectes, elle n’a rien à voir avec la diversité des confessions d’origine nationale. C’est au xixe siècle qu’elle a sévi
133 onale. C’est au xixe siècle qu’elle a sévi, pour des raisons politiques ou géographiques au moins autant que doctrinales.
134 e nouvelles divisions, jusqu’à donner naissance à des « églises » qui ne comptaient que quelques centaines « d’élus ». Avec
135 olonisation du continent, peut-être par l’effet d’ une réaction normale, peut-être aussi parce que les communications rapide
136 es fréquents changements de domicile facilitaient des contacts nouveaux et tendaient à dissoudre les sectesd purement local
137 ations » traditionnelles se sont reconstituées en une dizaine de corps qui représentent la grande majorité des protestants.
138 aine de corps qui représentent la grande majorité des protestants. Et ces réunions préalables ouvrent des voies jadis insou
139 s protestants. Et ces réunions préalables ouvrent des voies jadis insoupçonnées : presbytériens et anglicans étudient, depu
140 ns et anglicans étudient, depuis quelques années, un projet d’union organique. Quelle que soit par ailleurs l’évolution in
141 es », comme disent les étrangers (scandalisés par une diversité dont ils ignorent les origines valables, pour la plupart eu
142 ner : ces étiquettes ne correspondent nullement à des antagonismes religieux. Bien au contraire, c’est l’uniformité des con
143 religieux. Bien au contraire, c’est l’uniformité des conceptions de la vie chrétienne, dans les diverses dénominations, qu
144 es dénominations, qui peut frapper l’observateur. Une promenade dans Manhattan commencera de nous en convaincre. Du goth
145 rk de pauvres petites églises tout écrasées entre des gratte-ciel triomphants. On ne m’avait pas dit que ces églises, d’ail
146 upart, sont vénérées et fréquentées par la moitié des habitants de ces gratte-ciel, qui ne voient d’ailleurs aucun inconvén
147 i ne voient d’ailleurs aucun inconvénient à ce qu’ un lieu de culte soit moins haut qu’un building, comme une hostie est mo
148 nient à ce qu’un lieu de culte soit moins haut qu’ un building, comme une hostie est moins grosse qu’un pain ; ils ne sont
149 eu de culte soit moins haut qu’un building, comme une hostie est moins grosse qu’un pain ; ils ne sont pas si enfantins que
150 un building, comme une hostie est moins grosse qu’ un pain ; ils ne sont pas si enfantins que leurs critiques. On ne m’avai
151 e du monde : St-Jean-de-Dieu, édifiée au sommet d’ une colline de granit dominant Manhattan. C’est le siège de l’évêque angl
152 ège de l’évêque anglican de New York. (Dommage qu’ un édifice construit au xxe siècle copie scrupuleusement les bons modèl
153 de chœur et leur pupitre pour la Bible, d’où pend un ruban large à la couleur de la saison ou de la fête liturgique. Plus
154 yle baroque, en marbre blanc ; et vis-à-vis, dans un jardin, une église anglo-catholique, toute encombrée de poutres et d’
155 , en marbre blanc ; et vis-à-vis, dans un jardin, une église anglo-catholique, toute encombrée de poutres et d’images : c’e
156 que les acteurs vont se marier. Plus haut encore, une autre église gothique aux flèches banales en pierre grise : Saint-Pat
157 s la nef et le chœur, fort classiques, s’ornent d’ une rosace bleue et de sculptures précieuses. Sur les pages d’un gros liv
158 leue et de sculptures précieuses. Sur les pages d’ un gros livre, ouvert dans le vestibule, je lis les signatures de visite
159 Catholics). Passons maintenant dans Park Avenue. Des coupoles byzantines sur un porche roman : Saint-Barthélemy, l’église
160 ant dans Park Avenue. Des coupoles byzantines sur un porche roman : Saint-Barthélemy, l’église des riches, avec son chœur
161 sur un porche roman : Saint-Barthélemy, l’église des riches, avec son chœur immense et froid, en mosaïque. Christ Church e
162 urch est méthodiste. Colonne de marbre noir, mais un autel et des retables en gothiques flamboyant, trop dorés. Plus loin,
163 hodiste. Colonne de marbre noir, mais un autel et des retables en gothiques flamboyant, trop dorés. Plus loin, l’église lut
164 glise luthérienne de Saint-Pierre, déshonorée par des vitraux livides et plus sulpiciens que nature. L’autel est dominé par
165 lus sulpiciens que nature. L’autel est dominé par des boiseries sombres, ornées de branches de sapin de Noël. Et partout, d
166 dévotion correcte… Le goût de la cérémonie Un dimanche matin à New York : voilà le temps, voilà le lieu pour une ét
167 n à New York : voilà le temps, voilà le lieu pour une étude comparée des liturgies et des principaux rites occidentaux, dép
168 à le temps, voilà le lieu pour une étude comparée des liturgies et des principaux rites occidentaux, dépouillés de leur pat
169 le lieu pour une étude comparée des liturgies et des principaux rites occidentaux, dépouillés de leur patine, reconstitués
170 e tout autre les costumes, et la belle ordonnance des cortèges et des processions. Dès l’entrée, des messieurs en jaquette,
171 costumes, et la belle ordonnance des cortèges et des processions. Dès l’entrée, des messieurs en jaquette, ou au moins en
172 ce des cortèges et des processions. Dès l’entrée, des messieurs en jaquette, ou au moins en veston bordé, à la boutonnière
173 moins en veston bordé, à la boutonnière fleurie d’ un œillet blanc, s’empressent. Ils vous dirigent avec une fermeté cordia
174 illet blanc, s’empressent. Ils vous dirigent avec une fermeté cordiale vers les sièges libres ou dépourvus de plaque au nom
175 is blancs et bonnets, suivi de pasteurs chamarrés des insignes de leur grade académique, longs capuchons rouges, jaunes, bl
176 lle, se relève encore et s’assoit de nouveau avec une discipline sans défaut. Ceci chez les baptistes de Riverside, l’églis
177 ise du Révérend Fosdick, comme chez les anglicans des beaux quartiers, et chez les méthodistes comme chez les luthériens. L
178 es, à Saint-Patrick, observent durant les offices une correction de maintien presque presbytérienne. Entrez dans une église
179 n de maintien presque presbytérienne. Entrez dans une église, au hasard, vers midi. Si vous tombez sur un service chanté, l
180 église, au hasard, vers midi. Si vous tombez sur un service chanté, la communion reçue à genoux devant l’autel, vous vous
181 Chez les presbytériens, on distribue la crème sur des plateaux d’argent qui circulent dans les bancs, de main en main, et t
182 n main, et toute l’église apparaît transformée en une salle de banquet silencieux. Partout, des chœurs en robe, des fleurs,
183 rmée en une salle de banquet silencieux. Partout, des chœurs en robe, des fleurs, des croix, des cierges. Eh quoi ! c’est c
184 banquet silencieux. Partout, des chœurs en robe, des fleurs, des croix, des cierges. Eh quoi ! c’est catholique ! s’écrie
185 encieux. Partout, des chœurs en robe, des fleurs, des croix, des cierges. Eh quoi ! c’est catholique ! s’écrie scandalisé l
186 rtout, des chœurs en robe, des fleurs, des croix, des cierges. Eh quoi ! c’est catholique ! s’écrie scandalisé le protestan
187 t français qui assiste à l’un de ces cultes. Mais un de mes amis, argentin, sortant de la messe à Saint-Patrick, se plaign
188 stante » du désordre gentil, de la distraction ou des marques de ferveur théâtrale qu’il s’attendait à retrouver dans un te
189 veur théâtrale qu’il s’attendait à retrouver dans un tel lieu… Plus divisés qu’ailleurs en apparence, plus proches aussi l
190 ailleurs en apparence, plus proches aussi les uns des autres par leurs rites, coutumes et décors, comment les chrétiens d’A
191 et vivent-ils leurs croyances ? J’essaierai, dans un prochain article, de rassembler les éléments d’une réponse qui ménage
192 un prochain article, de rassembler les éléments d’ une réponse qui ménage certaines pudeurs de l’âme, et le mystère inhérent
193 lème. c. Rougemont Denis de, « Vues générales des Églises de New York », Réforme, Paris, 12 octobre 1946, p. 2. d. Le
4 1946, Réforme, articles (1946–1980). Spiritualité américaine (19 octobre 1946)
194 ndes causes publiques en Amérique, vous trouverez une église ou des pasteurs, plus dynamiques au nom de leur Bible qu’un dé
195 bliques en Amérique, vous trouverez une église ou des pasteurs, plus dynamiques au nom de leur Bible qu’un démagogue au nom
196 pasteurs, plus dynamiques au nom de leur Bible qu’ un démagogue au nom des droits du peuple. Pendant trois siècles, les « d
197 iques au nom de leur Bible qu’un démagogue au nom des droits du peuple. Pendant trois siècles, les « dénominations » divers
198 rompu) ni « d’évangile social ». Il s’agissait d’ une lutte pour l’existence, et les pasteurs y tenaient une fonction direc
199 utte pour l’existence, et les pasteurs y tenaient une fonction directrice. Elle leur est disputée de nos jours par la scien
200 gardé le pli : leur christianisme est avant tout une force sociale, un moyen d’assurer une vie décente et de l’améliorer s
201 r christianisme est avant tout une force sociale, un moyen d’assurer une vie décente et de l’améliorer sur tous les plans.
202 avant tout une force sociale, un moyen d’assurer une vie décente et de l’améliorer sur tous les plans. Le christianisme eu
203 lises différentes, et les paroisses sont devenues des clubs. Elles offrent à leurs membres des relations sociales, des banq
204 devenues des clubs. Elles offrent à leurs membres des relations sociales, des banquets, des jeux de loto, des comités varié
205 s offrent à leurs membres des relations sociales, des banquets, des jeux de loto, des comités variés, des conférences, des
206 urs membres des relations sociales, des banquets, des jeux de loto, des comités variés, des conférences, des films, un peu
207 lations sociales, des banquets, des jeux de loto, des comités variés, des conférences, des films, un peu de danse, les cult
208 s banquets, des jeux de loto, des comités variés, des conférences, des films, un peu de danse, les cultes du dimanche et pa
209 eux de loto, des comités variés, des conférences, des films, un peu de danse, les cultes du dimanche et parfois de la semai
210 ultes du dimanche et parfois de la semaine, bref, un milieu. Le pasteur se trouve donc à la tête d’un organisme assez comp
211 un milieu. Le pasteur se trouve donc à la tête d’ un organisme assez complexe. Mais il dispose d’aides nombreuses : un sup
212 ez complexe. Mais il dispose d’aides nombreuses : un suppléant souvent, un chef de chœur, les présidents des divers comité
213 ispose d’aides nombreuses : un suppléant souvent, un chef de chœur, les présidents des divers comités, les diacres ou les
214 ppléant souvent, un chef de chœur, les présidents des divers comités, les diacres ou les vestrymen (anciens d’Église), et b
215 us, car son sermon ne dépasse pas vingt minutes : une leçon de civisme ou de morale, incitant les fidèles à adopter les max
216 ale, incitant les fidèles à adopter les maximes d’ une vie plus satisfaisante à tous égards. On me demandera : Qu’y a-t-il d
217 re et aux coutumes reconnues par l’Église possède une valeur religieuse, est la religion même à leurs yeux. Ce qui implique
218 christianisme est la meilleure manière de vivre, un idéal qu’il faut mettre en pratique moins pour aller au Paradis que p
219 eulement tous ses habitants se décidaient à mener une vie « décente »… Sur quoi, l’Européen frotté d’un peu de théologie va
220 de chrétien que l’étiquette, couvrant d’ailleurs des marchandises de provenance nettement païenne : la morale du bonheur,
221 le. Comment imaginer, parmi ces gens « décents », un mystique, un ascète, un grand spirituel, un fou de Dieu, un martyr, —
222 maginer, parmi ces gens « décents », un mystique, un ascète, un grand spirituel, un fou de Dieu, un martyr, — un pécheur !
223 rmi ces gens « décents », un mystique, un ascète, un grand spirituel, un fou de Dieu, un martyr, — un pécheur ! Cependant,
224 ts », un mystique, un ascète, un grand spirituel, un fou de Dieu, un martyr, — un pécheur ! Cependant, ces Américains répè
225 e, un ascète, un grand spirituel, un fou de Dieu, un martyr, — un pécheur ! Cependant, ces Américains répètent le Credo ch
226 un grand spirituel, un fou de Dieu, un martyr, —  un pécheur ! Cependant, ces Américains répètent le Credo chaque dimanche
227 unient en très grand nombre et fort souvent, avec une visible ferveur. Et la musique est belle, et les voix justes et l’ord
228 cle dans le fond du chœur, séparés de l’autel par des ogives en bois doré : une véritable miniature de Livres d’Heures. Pou
229 séparés de l’autel par des ogives en bois doré : une véritable miniature de Livres d’Heures. Pourquoi ce rouge et cette do
230 ». Ils n’ont pas le sens proprement « religieux » des correspondances et des signes. Qu’est-ce que le péché, pour eux ? L’i
231 s proprement « religieux » des correspondances et des signes. Qu’est-ce que le péché, pour eux ? L’inefficacité et l’inadap
232 efficacité et l’inadaptation sociale, résultats d’ une mauvaise hygiène morale. Qu’est-ce que la grâce ? Un optimisme fondam
233 mauvaise hygiène morale. Qu’est-ce que la grâce ? Un optimisme fondamental. La transcendance ? Un terme théologique, proba
234 ce ? Un optimisme fondamental. La transcendance ? Un terme théologique, probablement réactionnaire. Et le Mal, enfin ? Un
235 e, probablement réactionnaire. Et le Mal, enfin ? Un trouble de fonctionnement qu’une éducation rationnelle et la culture
236 t le Mal, enfin ? Un trouble de fonctionnement qu’ une éducation rationnelle et la culture des sentiments élevés parviendrai
237 nement qu’une éducation rationnelle et la culture des sentiments élevés parviendraient à éliminer. Personne n’est juge même
238 iendraient à éliminer. Personne n’est juge même d’ une seule âme, même de la sienne. Et je viens de parler en général de 65
239 tiens américains, j’entends de membres inscrits d’ une paroisse, dont 40 millions de protestants. En vérité, je n’ai décrit
240 ions de protestants. En vérité, je n’ai décrit qu’ une atmosphère, et les croyances du « chrétien moyen », quand tout chréti
241 en », quand tout chrétien réel est par définition une personne unique, un être exceptionnel. On ne saurait aller beaucoup p
242 tien réel est par définition une personne unique, un être exceptionnel. On ne saurait aller beaucoup plus loin. Mais sans
243 loin. Mais sans prétendre à dépasser le niveau d’ une sociologie religieuse, je voudrais indiquer le dilemme que pose à un
244 ieuse, je voudrais indiquer le dilemme que pose à un esprit européen le spectacle des églises américaines. Ou bien l’églis
245 ilemme que pose à un esprit européen le spectacle des églises américaines. Ou bien l’église va dans le siècle, l’organise,
246 ais chrétiennes, et que la grâce prend les hommes un à un, comme des héros tragiques, au-delà de toutes les aides de la mo
247 hrétiennes, et que la grâce prend les hommes un à un , comme des héros tragiques, au-delà de toutes les aides de la morale
248 , et que la grâce prend les hommes un à un, comme des héros tragiques, au-delà de toutes les aides de la morale et de la re
249 t traduit en Amérique, et que j’ai trouvé partout des étudiants — non seulement chez les théologiens — qui le lisent et com
5 1948, Réforme, articles (1946–1980). Roger Breuil qui vient de mourir était un grand romancier protestant (13 mars 1948)
250 Roger Breuil qui vient de mourir était un grand romancier protestant (13 mars 1948)f Il était venu passer un
251 rotestant (13 mars 1948)f Il était venu passer une soirée chez moi, il y a quelques semaines, car nous avions parlé d’un
252 il y a quelques semaines, car nous avions parlé d’ une pièce que nous comptions écrire ensemble. Nous étions amis depuis dix
253 qui était tourné vers l’avenir est devenu tout d’ un coup du passé, est fini. Que veut-il signifier, par ce retrait soudai
254 drait parler de pudeur. Mais cette pudeur cachait une étrange liberté, celle que donne aux démarches intimes les plus avent
255 es plus aventureuses en apparence, la certitude d’ une vérité qui sur nous-mêmes en sait plus long que nous. Moins on en par
256 ent de l’individu, avouant (non sans humour) bien des incertitudes, comme pour mieux renvoyer à ce qui les transcende, j’en
257 x renvoyer à ce qui les transcende, j’en retrouve des marques sensibles dans tous mes souvenirs de lui, et dans son œuvre :
258 art, et sa vraie force. Certains lui demandaient un « message ». Il n’aimait guère ce mot, pour des raisons profondes et
259 nt un « message ». Il n’aimait guère ce mot, pour des raisons profondes et non seulement par pudeur naturelle ou discrétion
260 ’on peut en dire. Voilà le secret de la liberté d’ un écrivain qui se voulait fidèle en vérité. De tous les romanciers cont
261 arde bien d’utiliser ses personnages pour exposer des « idées religieuses ». Il nous montre des hommes et des femmes qui vi
262 exposer des « idées religieuses ». Il nous montre des hommes et des femmes qui vivent comme ils le peuvent la vie contempor
263 idées religieuses ». Il nous montre des hommes et des femmes qui vivent comme ils le peuvent la vie contemporaine, il les s
264 la vie contemporaine, il les suit de très près, d’ une allure naturelle, avec une secrète tendresse, souvent avec une ironie
265 s suit de très près, d’une allure naturelle, avec une secrète tendresse, souvent avec une ironie née de l’exactitude du reg
266 turelle, avec une secrète tendresse, souvent avec une ironie née de l’exactitude du regard. Certains ne signifient rien et
267 rer comme le font tant de romanciers athées. Avec une sorte d’honnêteté très rare, peut-être unique dans la littérature fra
268 étaient les porteurs ou la proie ; et ce respect des âmes donne à chacun de ses livres — même à ceux où l’on n’allait voir
269 ses livres — même à ceux où l’on n’allait voir qu’ un plaisir tout gratuit de conteur né — de grandes marges et des prolong
270 tout gratuit de conteur né — de grandes marges et des prolongements, une qualité d’appel lancinante, nostalgique, et finale
271 teur né — de grandes marges et des prolongements, une qualité d’appel lancinante, nostalgique, et finalement heureuse, comm
272 son dernier retrait, le plus énigmatique, achève une œuvre d’espérance. f. Rougemont Denis de, « Roger Breuil qui vien
273 enis de, « Roger Breuil qui vient de mourir était un grand romancier protestant », Réforme, Paris, 13 mars 1948, p. 7.
6 1948, Réforme, articles (1946–1980). L’Europe, aventure du xxe siècle (1er mai 1948)
274 udes, entre lesquelles nous aurons à choisir dans un délai que la situation du monde rend très court. L’utopie La fai
275 d très court. L’utopie La faiblesse générale des utopies, c’est qu’elles sont en réalité moins riches d’avenir que le
276 xe, que l’utopie peut se définir en général comme un système sans avenir. Le plus grand historien de notre temps, Arnold T
277 es classiques sont, en réalité, et je le cite : «  des programmes d’action déguisés en descriptions sociologiques imaginaire
278 sent n’est rien d’autre que l’arrêt artificiel, à un certain niveau, d’une société en décadence. On isole de cette société
279 re que l’arrêt artificiel, à un certain niveau, d’ une société en décadence. On isole de cette société les éléments que l’on
280 que l’on considère comme bons, et l’on en compose un système qui serait en équilibre permanent, à l’abri des menaces gross
281 stème qui serait en équilibre permanent, à l’abri des menaces grossières comme des créations de l’esprit, insensible aux dé
282 permanent, à l’abri des menaces grossières comme des créations de l’esprit, insensible aux défis toujours renouvelés de la
283 ns ce sens, « défendre l’Europe » est aujourd’hui une utopie. Telle qu’elle est, pessimiste et divisée, encombrée de fronti
284 empêchent de respirer, menacée à chaque instant d’ une sorte d’hémiplégie, soit que la gauche réussisse à paralyser la droit
285 nt indéfendable. Je m’explique : Tenter d’unir en une alliance défensive nos États-nations tels qu’ils sont, tenter de coal
286 ément les facteurs principaux de notre décadence. Une sainte alliance de nos microbes ne me paraît pas le moyen de sauver n
287 ne me paraît pas le moyen de sauver notre santé. Une sainte alliance des souverainetés dont nous mourons ne nous rendrait
288 moyen de sauver notre santé. Une sainte alliance des souverainetés dont nous mourons ne nous rendrait pas davantage la vie
289 ux fois plus que l’Amérique ; l’organiser au-delà des États en une grande unité politique et en un vaste espace économique 
290 que l’Amérique ; l’organiser au-delà des États en une grande unité politique et en un vaste espace économique ; la fédérer
291 elà des États en une grande unité politique et en un vaste espace économique ; la fédérer dans sa diversité, en vue de mai
292 sa diversité, en vue de maintenir et d’illustrer une certaine notion de l’homme dont, malgré toutes ses infidélités, elle
293 uelques mois, l’idée de l’union européenne a fait des progrès étonnants, sinon dans la réalité, du moins dans les déclarati
294 n dans la réalité, du moins dans les déclarations des gouvernants, et dans la presse. Certains pensent que l’union est en b
295 re dernier, lors du congrès de l’Union européenne des fédéralistes : Si l’Europe doit durer, c’est aux fédéralistes qu’ell
296 e nous leur demandons. Tous les gouvernements ont un penchant marqué à persévérer dans leur être, et même à lui survivre a
297 que possible avec l’appui de la police. Or l’être des gouvernements, dans le monde actuel, c’est la souveraineté absolue. T
298 sont arrogé ces droits absolus sans devoirs, ont un penchant irrésistible à devenir totalitaires. Et ce n’est point que l
299 chants, mais leur fonction leur interdit de céder un pouce, et dans l’état présent de l’opinion et des rivalités de partis
300 un pouce, et dans l’état présent de l’opinion et des rivalités de partis, ils courraient le risque d’être accusés de trahi
301 ue d’être accusés de trahison s’ils transigeaient un seul instant avec le dogme de la souveraineté absolue. L’union, la pa
302 désirent, ne peuvent pas être leur affaire, pour des raisons absurdes, mais techniques. Il faut donc les pousser dans le d
303 t clair. Quelques mois plus tard, parlant au nom des gouvernants, et décrivant leur situation embarrassée, le Premier mini
304 er ministre belge, Monsieur Spaak, s’écriait dans un discours fameux : « Bousculez-nous ! » Nous sommes d’accord. La parol
305 serment du Jeu de Paume, qui marqua le lendemain un tournant de l’Histoire. Ce que je sais, c’est notre volonté, et c’est
306 traits, voici le tableau : Nous avons aujourd’hui une Europe divisée et cloisonnée dans l’anarchie. Nous voulons une Europe
307 visée et cloisonnée dans l’anarchie. Nous voulons une Europe organisée. Une Europe sans barrières ni visas, rendue dans tou
308 ns l’anarchie. Nous voulons une Europe organisée. Une Europe sans barrières ni visas, rendue dans toute son étendue à la li
309 due dans toute son étendue à la libre circulation des hommes, des idées, et des biens. Pour assurer ces libertés organisées
310 te son étendue à la libre circulation des hommes, des idées, et des biens. Pour assurer ces libertés organisées, certaines
311 à la libre circulation des hommes, des idées, et des biens. Pour assurer ces libertés organisées, certaines institutions s
312 utions seront nécessaires. Nous voulons au-dessus des États, de toute urgence, un Conseil politique de l’Europe. Nous voulo
313 us voulons au-dessus des États, de toute urgence, un Conseil politique de l’Europe. Nous voulons que ce Conseil soit contr
314 pe. Nous voulons que ce Conseil soit contrôlé par un Parlement de l’Europe. Nous voulons qu’un Conseil économique entrepre
315 ôlé par un Parlement de l’Europe. Nous voulons qu’ un Conseil économique entreprenne la mise en commun de nos ressources na
316 de nos ressources naturelles. Et nous voulons qu’ un Centre de la culture donne un organe, une voix et une autorité, à la
317 Et nous voulons qu’un Centre de la culture donne un organe, une voix et une autorité, à la conscience européenne. Par-des
318 ulons qu’un Centre de la culture donne un organe, une voix et une autorité, à la conscience européenne. Par-dessus tout, do
319 Centre de la culture donne un organe, une voix et une autorité, à la conscience européenne. Par-dessus tout, dominant ces C
320 aient eux-mêmes les États, nous voulons instituer une Cour suprême, qui soit la gardienne de la Charte des droits et des de
321 Cour suprême, qui soit la gardienne de la Charte des droits et des devoirs de la personne, et à laquelle puissent en appel
322 qui soit la gardienne de la Charte des droits et des devoirs de la personne, et à laquelle puissent en appeler directement
323 ontraire, nous remonterons au niveau de puissance des deux grands. Ils baisseront le ton, et l’on pourra parler. Chance
324 e au xxe siècle. Et c’est pourquoi la hiérarchie des Conseils que nous proposons aboutit à la Cour suprême, c’est-à-dire à
325 oposons aboutit à la Cour suprême, c’est-à-dire à une institution dont la fin n’est pas la puissance, ni le maintien par la
326 pas la puissance, ni le maintien par la police d’ une certaine idéologie, mais au contraire le règne de la loi, par où j’en
327 le règne de la loi, par où j’entends la garantie des droits élémentaires de l’homme, antérieurs à l’État, supérieurs à l’É
328 péens, le bonheur même paraît inacceptable. Entre un libéralo-capitalisme et un étatisme absolus, tous deux nés en Europe
329 ît inacceptable. Entre un libéralo-capitalisme et un étatisme absolus, tous deux nés en Europe pour émigrer plus tard sur
330 ous deux nés en Europe pour émigrer plus tard sur des terres vierges, où leurs excès sont manifestes et menaçants, car leur
331 t au monde d’inaugurer la troisième voie, la voie des libertés organisées. Nous vivons aujourd’hui la « drôle de paix ». Il
332 en Europe ! Il est temps de réveiller l’espoir d’ une moitié séparée du continent. Il est temps de donner aussi à nos amis
333 arfois presque raison de croire que nous sommes : des démissionnaires de l’Histoire. La véritable troisième force, au plan
7 1949, Réforme, articles (1946–1980). « Êtes-vous partisan du rapprochement franco-allemand ? » (29 janvier 1949)
334 franco-allemand ? » (29 janvier 1949)h i L’ère des « rapprochements » est dépassée. Il s’agit pour nous, Européens, de c
335 agit pour nous, Européens, de construire ensemble une fédération solide. Il existe certes des problèmes franco-allemands, m
336 ensemble une fédération solide. Il existe certes des problèmes franco-allemands, mais pas de solution franco-allemande. La
337 franco-allemande. La seule solution est l’Europe. Une exploitation fédérale des houillères (continentales et britanniques)
338 solution est l’Europe. Une exploitation fédérale des houillères (continentales et britanniques) résoudra seule le problème
339 ) résoudra seule le problème de la Ruhr. De même, une organisation fédérale de l’Europe est seule capable de répondre à la
340 le capable de répondre à la fois au désir d’unité des Allemands, aux craintes qu’il éveille en France, à la tentation autar
341 x réside dans l’inconscience, où beaucoup vivent, des menaces qui pèsent sur l’Europe. Un peu de conscience tuerait beaucou
342 tuerait beaucoup de préjugés, datant de l’époque des pantalons rouges et non pas de l’occupation. h. Rougemont Denis de
343 ccupation. h. Rougemont Denis de, « [Réponse à une enquête] Êtes-vous partisan du rapprochement franco-allemand ? », Réf
344 orme, Paris, 29 janvier 1949, p. 4. i. Réponse à une enquête réalisée par Réforme.
8 1952, Réforme, articles (1946–1980). Après l’Œuvre du xxe siècle (14 juin 1952)
345 tion de tirer de nos débats et de nos conférences des conclusions collectives, unanimes. Nous avons entendu, depuis quinze
346 nanimes. Nous avons entendu, depuis quinze jours, une quarantaine de prises de position toutes personnelles, faisant le poi
347 position toutes personnelles, faisant le point d’ une évolution dont nous sommes à la fois les sujets et les objets. Mais j
348 ujets et les objets. Mais je voudrais relever ici un caractère très général de nos débats. Les sujets que nous avons discu
349 n dans la cité, l’isolement de l’artiste au temps des « mass médias », l’opposition entre la révolte irrépressible et la co
350 mmunion nécessaire, tous ces sujets se ramènent à un seul : l’individu créateur et la société. On nous a très bien montré
351 e. On a moins insisté sur l’acceptation confiante des moyens modernes de communiquer avec les masses, et personne n’a décla
352 us qu’il connaissait et assumait les conditions d’ une communion nouvelle entre les hommes. Quelques mots sur ce dernier thè
353 r la recette. Et c’est tant mieux ! Car il existe des recettes de communion, et des fois synthétiques, dans ce siècle, et n
354 eux ! Car il existe des recettes de communion, et des fois synthétiques, dans ce siècle, et nous savons à quoi elles mènent
355 avons à quoi elles mènent ! Que vaut le bonheur d’ un peuple, que vaut sa communion, quand elle est établie par la police a
356 n, quand elle est établie par la police au prix d’ un homme sur dix dans les camps sibériens ? Que vaut la communion des ne
357 dans les camps sibériens ? Que vaut la communion des neuf qui restent, qui osent à peine se regarder dans les yeux, quand
358 ils savent que deux d’entre eux sont probablement des mouchards — et que le dixième homme est dans un camp ? Pitié pour eux
359 des mouchards — et que le dixième homme est dans un camp ? Pitié pour eux, car ils ignorent sans doute l’étendue et la vr
360 ls sont nés. Mais nous… Nous qui avons parmi nous des témoins, des victimes toutes récentes de ces tortures, nous qui avons
361 Mais nous… Nous qui avons parmi nous des témoins, des victimes toutes récentes de ces tortures, nous qui avons pu garder le
362 alissent toute l’humanité, victime directe ou non des dictatures et des arguments de leurs complices. Elle a protesté au do
363 umanité, victime directe ou non des dictatures et des arguments de leurs complices. Elle a protesté au double sens du mot,
364 efus et témoignage. Notre concert inaugural, dans une église, était dédié à la mémoire des victimes de toutes les tyrannies
365 ugural, dans une église, était dédié à la mémoire des victimes de toutes les tyrannies du xxe siècle. Il convenait d’ouvri
366 r cet acte de piété et ce Magnificat à la mémoire des martyrs de ce siècle. Et ensuite : tout l’ensemble éblouissant de che
367 te : tout l’ensemble éblouissant de chefs-d’œuvre des arts modernes, qui a rempli ce mois de mai de Paris, a témoigné, a pr
368 nous conclure ? Je pense qu’il ne se trouvera pas un seul d’entre tous ceux qui sont ici présents, poètes, romanciers, cri
369 s les rangs, opposons à la discipline totalitaire un front commun, et à leur propagande une propagande au moins aussi brut
370 totalitaire un front commun, et à leur propagande une propagande au moins aussi brutale ou insinuante. Au contraire, nous a
371 core. » Comment donc allons-nous répondre au défi des totalitaires, si nous nous privons de leurs armes ? Si nous refusons
372 t gênant de parler de cela quand on y croit, dans un tel lieu, et sous les projecteurs de cinéma… Je répondrai à côté de l
373 à côté de la question apparente, je répondrai par une sorte de parabole, sans transition, en visant le cœur du problème. Qu
374 on qu’elle implique, s’est faite autour non pas d’ une idée, d’une doctrine, d’un système de valeurs ni même d’une cause, ma
375 mplique, s’est faite autour non pas d’une idée, d’ une doctrine, d’un système de valeurs ni même d’une cause, mais d’un sacr
376 aite autour non pas d’une idée, d’une doctrine, d’ un système de valeurs ni même d’une cause, mais d’un sacrifice individue
377 d’une doctrine, d’un système de valeurs ni même d’ une cause, mais d’un sacrifice individuel — autour d’un seul, autour d’un
378 un système de valeurs ni même d’une cause, mais d’ un sacrifice individuel — autour d’un seul, autour d’un homme qui est mo
379 cause, mais d’un sacrifice individuel — autour d’ un seul, autour d’un homme qui est mort dans l’isolement total, dans la
380 sacrifice individuel — autour d’un seul, autour d’ un homme qui est mort dans l’isolement total, dans la révolte la plus in
381 nsigeante contre le mal et l’injustice, abandonné des hommes, et ce serait peu, abandonné de Dieu lui-même, il l’a crié. N’
382 acrifice individuel. Et là-dessus, pour terminer, une citation. Elle est d’un Espagnol, et frappe une de ces notes d’éloque
383 à-dessus, pour terminer, une citation. Elle est d’ un Espagnol, et frappe une de ces notes d’éloquence à la fois sèche et p
384 , une citation. Elle est d’un Espagnol, et frappe une de ces notes d’éloquence à la fois sèche et profonde qui manquent tro
385 quent trop souvent aujourd’hui, et par la faute d’ une dictature encore, au grand concert européen. C’est une phrase de Migu
386 ictature encore, au grand concert européen. C’est une phrase de Miguel de Unamuno, dans son commentaire à Don Quichotte :
387 chacun pensera qu’il va seul. Mais vous formerez un bataillon sacré, celui de la sainte, de l’inachevable croisade. j
388 u chapeau suivant : « Nous avons rendu compte ici des manifestations de L’Œuvre du xxe siècle qui sont maintenant terminée
389 sont maintenant terminées. Nous n’avons rien dit des débats d’écrivains, car après les avoir entendus, il nous a semblé qu
390 i de la liberté et qu’ainsi, ils passaient à côté des questions essentielles qui leur étaient proposées. Il reste que ces c
9 1953, Réforme, articles (1946–1980). « Les écrivains protestants » (11 avril 1953)
391 me sens protestant non seulement par le hasard d’ une origine, mais encore par ma formation, et enfin par mon adhésion des
392 ncore par ma formation, et enfin par mon adhésion des plus actives, dès l’âge de 25 ans, aux doctrines orthodoxes de la Réf
393 Il est vrai, par ailleurs, que rien ne facilite une « carrière littéraire » en France pour un protestant qui se veut tel
394 cilite une « carrière littéraire » en France pour un protestant qui se veut tel et qui, au surplus, n’est pas Français (Ro
395 tionalisme). Mais la littérature mondiale, depuis un siècle, ne doit pas moins aux protestants qu’aux catholiques, aux ort
396 relatif du protestant en France, il y a mieux que des compensations sur le plan de la pensée de l’art et d’une vision plus
397 pensations sur le plan de la pensée de l’art et d’ une vision plus large de l’humain, pour ceux qui se réfèrent à l’Écriture
398 cidental. l. Rougemont Denis de, « [Réponse à une enquête] Les écrivains protestants », Réforme, Paris, 11 avril 1953,
399 éforme, Paris, 11 avril 1953, p. 7. m. Réponse à une enquête réalisée par Réforme.
10 1968, Réforme, articles (1946–1980). Vers l’Europe des régions ? (30 novembre 1968)
400 Vers l’Europe des régions ? (30 novembre 1968)n o Rentrant d’Amérique après la guerr
401 En août 1947, on est venu me demander de parler à un congrès de fédéralistes européens, à Montreux, où j’ai prononcé un di
402 éralistes européens, à Montreux, où j’ai prononcé un discours inaugural : j’étais engagé. Puis j’ai accepté de m’occuper d
403 e suis beaucoup penché sur ce problème de l’union des Européens sur la base d’une unité déjà existante. Je fais une distinc
404 e problème de l’union des Européens sur la base d’ une unité déjà existante. Je fais une distinction entre unité et union. L
405 s sur la base d’une unité déjà existante. Je fais une distinction entre unité et union. L’unité existe ou n’existe pas. L’u
406 pas. L’union est ce que l’on peut bâtir. Non pas une uniformité mais un certain mode de contacts organisés. Cette base com
407 que l’on peut bâtir. Non pas une uniformité mais un certain mode de contacts organisés. Cette base commune de culture et
408 t de civilisation est la condition sine qua non d’ une union économique et politique. J’ai donc créé le Centre européen de l
409 tous les mouvements qui se dessinent en faveur d’ une coopération au niveau culturel ; nous avons réuni pour la première fo
410 s directeurs d’administration d’agences atomiques des six pays avec le concours de l’Unesco, pour créer un laboratoire euro
411 six pays avec le concours de l’Unesco, pour créer un laboratoire européen de recherches nucléaires. Le Centre d’études et
412 ière initiative de notre centre. Nous avons fondé une association des festivals de musique européens que je dirige, tout à
413 de notre centre. Nous avons fondé une association des festivals de musique européens que je dirige, tout à fait par hasard.
414 érentes universités. Nous avons pris contact avec des historiens, des professeurs d’enseignement secondaire, des éditeurs.
415 tés. Nous avons pris contact avec des historiens, des professeurs d’enseignement secondaire, des éditeurs. Nous avons d’aut
416 riens, des professeurs d’enseignement secondaire, des éditeurs. Nous avons d’autre part lancé une Campagne européenne d’édu
417 aire, des éditeurs. Nous avons d’autre part lancé une Campagne européenne d’éducation civique qui cherche à introduire l’an
418 e repartir toute l’affaire européenne sur la base des régions, puisque vingt ans de tentatives de rapprochement n’ont about
419 obstacle à toute espèce d’union. On ne peut bâtir une union de l’Europe sur les obstacles à toute union. Notre espoir rési
420 bstacles à toute union. Notre espoir réside dans une politique des régions. Par exemple, l’Italie est déjà divisée en dix
421 te union. Notre espoir réside dans une politique des régions. Par exemple, l’Italie est déjà divisée en dix régions par sa
422 n onzeq Länder et maintenant se dessine en France un grand mouvement qui vient d’être appuyé par de Gaulle pour diviser le
423 être appuyé par de Gaulle pour diviser le pays en un certain nombre de régions. Je pense qu’on finira par se mettre d’acco
424 se mettre d’accord assez vite pour la France sur une dizaine de régions, plus Paris. Notre idée de fédéralistes européens
425 a Bretagne ou de la Catalogne. Le problème numéro un de l’Europe, c’est l’union. Si l’union de l’Europe ne se fait pas, no
426 s serons colonisés par le dollar et peut-être par une certaine idéologie marxiste — quoique cela soit moins sûr. Mais le fa
427 maîtres de notre destinée économique entraînerait une quantité de conséquences sur le plan culturel. Cela entraînerait une
428 séquences sur le plan culturel. Cela entraînerait une chute de potentiel européen considérable, dont finalement le monde en
429 it les conséquences. L’unification par le système des régions paraissait parfaitement utopique il y a un an ou deux, voire
430 s régions paraissait parfaitement utopique il y a un an ou deux, voire jusqu’au moment où de Gaulle a annoncé sa décision
431 ision de dissoudre le Sénat pour le remplacer par une assemblée élue par les régions. Il y a à ce sujet une importante litt
432 assemblée élue par les régions. Il y a à ce sujet une importante littérature en France — qui est le pays le plus concerné p
433 union mondiale ne sera concevable que s’il existe une solide fédération européenne. Ce sera le point d’accrochage d’une org
434 ation européenne. Ce sera le point d’accrochage d’ une organisation mondiale. Sans doute d’ici dix ou quinze ans serons-nous
435 ci dix ou quinze ans serons-nous parvenus à créer des régions sur une base économique, historique, ethnique — tout cela mêl
436 ans serons-nous parvenus à créer des régions sur une base économique, historique, ethnique — tout cela mêlé à doses variab
437 et de la vie intellectuelle et auront entre elles des liens de toutes natures. Elles constitueront de proche en proche un
438 natures. Elles constitueront de proche en proche un tissu plus solide que leurs liens avec les États-nations ; ceux-ci pe
439 ondiaux dépendent en grande partie de la solution des problèmes européens c’est que l’unité du genre humain est une inventi
440 s européens c’est que l’unité du genre humain est une invention des Européens. C’est l’Europe chrétienne qui a imaginé l’en
441 est que l’unité du genre humain est une invention des Européens. C’est l’Europe chrétienne qui a imaginé l’ensemble du genr
442 es plans économique et politique les conséquences des options philosophiques et religieuses que l’on croit justes. n. Ro
443 Rougemont Denis de, « [Entretien] Vers l’Europe des régions ? », Réforme, Paris, 30 novembre 1968, p. 13. o. Cet article
444 30 novembre 1968, p. 13. o. Cet article, issu d’ un entretien mené par Anouchka von Heuer et Christian Roux-Pétel, est pr
11 1976, Réforme, articles (1946–1980). À propos de Concorde (21 février 1976)
445 vier, par téléphone, à participer le 14 au soir à une émission de plus de trois heures sur Concorde, j’ai commencé par refu
446 critiques nous intéressent, et puisqu’il s’agit d’ un débat, vous pourrez y aller librement. Soyez aussi violent qu’il vous
447 premières minutes, je vois que je suis tombé dans un traquenard. Sentimentaux ou technocrates, ils sont tous en train de c
448 es, ils sont tous en train de célébrer leur culte des « Ailes françaises ». Qu’ai-je à faire là ? Dès que j’ouvrirai la bou
449 ’ai-je à faire là ? Dès que j’ouvrirai la bouche, des millions de téléspectateurs, conditionnés pendant deux heures, vont m
450 ditionnés pendant deux heures, vont me haïr comme un seul homme. Et en effet, je n’ai pas fini ma première phrase — mais c
451 rde. Mais le sujet, c’est sa louange.) En dépit d’ un feu roulant d’interruptions presque paniques — que Le Monde jugera
452 ions presque paniques — que Le Monde jugera « d’ une agressivité insupportable » —, j’essaie de formuler mes doutes et obj
453 ce qu’elles justifieront le risque planétaire que des savants redoutent, l’atteinte possible à la couche d’ozone qui protèg
454 erdre » quelques heures supplémentaires au-dessus des merveilleux châteaux de nuages de l’Atlantique : ils y gagneraient (o
455 vitesse sur les autoroutes pour éviter le chômage des carrossiers ? (pour ne rien dire des chirurgiens, des assureurs, etc.
456 r le chômage des carrossiers ? (pour ne rien dire des chirurgiens, des assureurs, etc.). Les Américains se sont posé la que
457 carrossiers ? (pour ne rien dire des chirurgiens, des assureurs, etc.). Les Américains se sont posé la question à propos du
458 ons-nous arrêter la guerre, alors que l’industrie des armements occupe des centaines de milliers d’ouvriers ? Je pense que
459 uerre, alors que l’industrie des armements occupe des centaines de milliers d’ouvriers ? Je pense que si la Société est ain
460 tombées technologiques » (Concorde lui-même étant une retombée des V2 à travers les fusées américaines) ; cela signifie qu’
461 ologiques » (Concorde lui-même étant une retombée des V2 à travers les fusées américaines) ; cela signifie qu’en construisa
462 qu’en construisant Concorde, on aurait découvert des procédés qui permettront de construire d’autres avions encore plus ch
463 oncorde est le symbole ou simplement l’enseigne d’ un modèle de société que je récuse radicalement. Car l’humain s’y voit s
464 quoi tout s’ordonne à la guerre. Concorde résume un ensemble de calculs et de rêves, de principes et d’ambitions qu’il no
465 i détruisent à la fois la Nature et la Communauté des hommes, au nom du prestige de l’État, vanité collective et surprofits
466 cu que les promoteurs de Concorde sont animés par un certain idéal : c’est celui du Progrès selon le xixe siècle. Toujour
467 as pour épater le monde. Ce qui commence à valoir des fortunes, c’est le contraire de ce que Concorde symbolise. Le luxe su
12 1979, Réforme, articles (1946–1980). Écologie, régions, Europe fédérée : même avenir (19 mai 1979)
468 rope fédérée : même avenir (19 mai 1979)s 1. Une cible commode : l’écologie La définition la plus courante de l’éco
469 ourante de l’écologie consiste à dire que c’est «  une mode », ou encore « une douce manie de rousseauistes épris d’idylle e
470 nsiste à dire que c’est « une mode », ou encore «  une douce manie de rousseauistes épris d’idylle et entretenant la nostalg
471 age à la bougie »). Ou au contraire ; elle serait une « névrose d’Apocalypse ». On dit aussi des écologistes adversaires du
472 serait une « névrose d’Apocalypse ». On dit aussi des écologistes adversaires du nucléaire qu’ils ont été « traumatisés par
473 éaire, eux, n’ont apparemment rien senti). Enfin, une circulaire confidentielle de l’EDF définit les écologistes comme ayan
474 pour but véritable « d’entraver le fonctionnement des institutions existantes ». Ces mouvements seraient « soutenus » (ente
475 uire tout en les dissimulant. 2. Alignements : un mouvement de défense Dans les écoles primaires de Suisse romande,
476 e Dans les écoles primaires de Suisse romande, une compagnie productrice d’électricité fait distribuer une brochure sur
477 mpagnie productrice d’électricité fait distribuer une brochure sur les centrales nucléaires : celles-ci, bien entendu, sont
478 s si l’un ou l’autre s’avisait de présenter aussi une brochure critique pour le nucléaire, la direction le rappellerait aus
479 e, on fait de la politique. En fait, écologie est un terme créé par le biologiste Ernst Haeckel en 1882, au moment où se d
480 rera de 1878 à 1938 environ. Au triple alignement des esprits par l’école, des corps par la caserne, des curiosités mêmes p
481 on. Au triple alignement des esprits par l’école, des corps par la caserne, des curiosités mêmes par la presse, répond ce t
482 es esprits par l’école, des corps par la caserne, des curiosités mêmes par la presse, répond ce terme, qui passe alors inap
483 rs inaperçu, d’écologie, désignant les « rapports des êtres vivants avec leur milieu naturel. » « Écologie » va reparaître
484 a Deuxième Guerre mondiale, signifiant alors bien des choses sympathiques mais hétéroclites : à la fois protection des peti
485 athiques mais hétéroclites : à la fois protection des petits oiseaux et lutte contre les avions supersoniques qui risquent
486 couche d’ozone ; parcs nationaux et dénonciation des grands ensembles ; mesures contre la pollution des eaux de table mais
487 es grands ensembles ; mesures contre la pollution des eaux de table mais aussi des océans ; relations entre les taux de dél
488 contre la pollution des eaux de table mais aussi des océans ; relations entre les taux de délinquance et le nombre des éta
489 ations entre les taux de délinquance et le nombre des étages dans les HLM, etc. Aux yeux des politiciens de droite, l’écolo
490 le nombre des étages dans les HLM, etc. Aux yeux des politiciens de droite, l’écologie est un complot contre « la société
491 ux yeux des politiciens de droite, l’écologie est un complot contre « la société existante » ; aux yeux des politiciens de
492 omplot contre « la société existante » ; aux yeux des politiciens de gauche, sa fin principale paraît être « d’enlever des
493 gauche, sa fin principale paraît être « d’enlever des voix au parti socialiste » ou de défendre les privilèges et le confor
494 ste » ou de défendre les privilèges et le confort des riches (c’est aussi ce qu’en pense le tiers-monde). Mais si nous pren
495 e, nous voyons que tout simplement l’écologie est une réaction de défense (peut-être de rejet) face à la civilisation indus
496 e l’homme qui vit de la Nature et en elle1. 3. Une réaction nécessaire : la sécrétion d’anticorps Plutôt donc que l’é
497 écanique. On nous dit : « Le souci écologique est un souci de riches ! » Non. C’est le souci des premiers atteints par le
498 ue est un souci de riches ! » Non. C’est le souci des premiers atteints par le mal industriel, qu’ils ont d’ailleurs invent
499 tre la nature. De ceux qui ont inventé et produit une civilisation qui tend à détruire du même mouvement à la fois les écos
500 fiant beaucoup, que nous sommes ici en présence d’ une révolte de l’écologie contre l’économie, ou de la volonté de vivre co
501 in de la Deuxième Guerre mondiale, a pris soudain des proportions à ce point alarmantes que les gouvernements de nos États
502 ce industrielle — se sont vus contraints de créer des ministères de l’Environnement (signes des temps plus que remèdes effi
503 e créer des ministères de l’Environnement (signes des temps plus que remèdes efficaces, les titulaires de ces ministères so
504 d’essence cartésienne, a voulu se développer sur une tabula rasa — qu’elle a créée au besoin — d’où ses liens de complicit
505 . Pour l’école primaire, l’esprit de l’enfant est une tabula rasa ou maison vide qu’il s’agit de « meubler » de certitudes
506 géométriques, alignées et les préparant à devenir des recrues alignables. Il existe une profonde analogie de structure entr
507 arant à devenir des recrues alignables. Il existe une profonde analogie de structure entre l’agression contre la nature et
508 , transports publics… C’est bien souvent autour d’ un problème écologique : lac ou rivière polluée, projets de centrales nu
509 ration, route « pénétrante », autoroutes divisant des domaines ou des quartiers, destruction de forêts que la conscience ré
510 pénétrante », autoroutes divisant des domaines ou des quartiers, destruction de forêts que la conscience régionaliste alert
511 le premier temps : l’exigence écologique entraîne des exigences régionales. Mais l’obstacle est le même dans les deux cas :
512 s : l’État-nation. Exemple : quand la CEE propose un plan européen de lutte contre la pollution, tel gouvernement répond :
513 uvernement répond : d’accord, mais seulement dans une mesure compatible avec ma souveraineté nationale. Et l’on sait à quel
514 5. … et aux exigences fédéralistes Or, au-delà des exigences écologiques régionales niées, refusées, minimisées par l’Ét
515 at-nation qui a peur qu’elles le divisent, il y a des exigences écologiques continentales, également niées, refusées ou min
516 rois autres additionnés… Même jeu quand il s’agit des mers et des océans menacés, des changements de climat, du pillage des
517 additionnés… Même jeu quand il s’agit des mers et des océans menacés, des changements de climat, du pillage des ressources
518 u quand il s’agit des mers et des océans menacés, des changements de climat, du pillage des ressources non renou­velables.
519 ns menacés, des changements de climat, du pillage des ressources non renou­velables. Tout État-nation, par nature, s’oppose
520 (à l’échelle mondiale) et trop grand (à l’échelle des régions) pour jouer encore son rôle d’État, — d’animateur, d’arbitre,
521 es européens et régionalistes. 6. La région : un espace de participation à la mesure du citoyen Mais il convient ic
522 le sens que nous donnons au mot région. — Il y a des régions ethniques qui ne correspondent à aucun État aujourd’hui exist
523 chevauchent parfois les frontières de trois pays, des calottes du Nord (Norvège, Suède, Finlande) à l’Oresund (Danemark et
524 régions assez petites pour permettre à la voix d’ un citoyen de s’y faire entendre et à celles des autres de lui répondre.
525 ix d’un citoyen de s’y faire entendre et à celles des autres de lui répondre. 7. Éloge de la petite échelle Il s’agit
526 échelle Il s’agit donc, si l’on veut arriver à des solutions écologiques capables de restaurer, maintenir et développer
527 es capables de restaurer, maintenir et développer des écosystèmes viables, de dépasser l’État-nation, c’est-à-dire d’instit
528 épasser l’État-nation, c’est-à-dire d’instituer d’ un même mouvement en interaction permanente, les régions et la fédératio
529 dération continentale. Le principe de répartition des pouvoirs naguère concentrés dans la seule capitale nationale est des
530 e concentrés dans la seule capitale nationale est des plus simples : il consiste à situer les pouvoirs de décision au nivea
531 ée, et toujours en partant d’en bas, c’est-à-dire des plus petites unités. C’est ce que le diplomate américain D. Moynihan
532 sposer en termes européens : Ne confiez jamais à une plus grande unité ce qui peut être fait par une plus petite. Ce que l
533 à une plus grande unité ce qui peut être fait par une plus petite. Ce que la famille peut faire, la municipalité ne doit pa
534 : la décentralisation de l’État, de l’économie et des activités culturelles leur paraît la condition même d’une renaissance
535 vités culturelles leur paraît la condition même d’ une renaissance civique, économique et culturelle de leur pays. À part le
536 es nucléaires, qui exigent les unes et les autres une centralisation ombrageuse, tout marche mieux, sur une petite échelle,
537 centralisation ombrageuse, tout marche mieux, sur une petite échelle, dans les autonomies locales. « Coopératives d’habitat
538 icace. E. F. Schumacher a démontré le contraire d’ une manière décisive, dans son célèbre ouvrage Small is beautiful. 8.
539 stématique que l’on vient de relever conduisent d’ une manière nécessaire à des conclusions politiques d’importance décisive
540 de relever conduisent d’une manière nécessaire à des conclusions politiques d’importance décisive au seuil de la campagne
541 rdue, s’est réveillée par l’intervention imprévue des régionalistes et des écologistes ; — S’il est vrai que ni la région n
542 par l’intervention imprévue des régionalistes et des écologistes ; — S’il est vrai que ni la région ne se fera sans l’Euro
543 e se fera sans l’Europe fédérée, ni celle-ci sans des régions à sa base ; — S’il est vrai enfin que les problèmes écologiqu
544 ays et à l’échelle continentale, en vue d’établir un programme commun aux trois mouvements, et de prévoir des tactiques ad
545 gramme commun aux trois mouvements, et de prévoir des tactiques adaptées aux situations qui diffèrent d’une manière importa
546 tactiques adaptées aux situations qui diffèrent d’ une manière importante d’un pays à l’autre chez les Neuf3. 9. Pour un
547 tuations qui diffèrent d’une manière importante d’ un pays à l’autre chez les Neuf3. 9. Pour un même avenir Encore un
548 te d’un pays à l’autre chez les Neuf3. 9. Pour un même avenir Encore un mot sur le titre-slogan que je propose. Il n
549 ez les Neuf3. 9. Pour un même avenir Encore un mot sur le titre-slogan que je propose. Il ne dit pas : même combat,
550 ne dit pas : même combat, mais bien même avenir. Un combat peut être perdu et c’est fini. Un avenir adviendra certainemen
551 avenir. Un combat peut être perdu et c’est fini. Un avenir adviendra certainement. Ce qu’il m’importait de souligner, c’e
552  ; c’est que l’avenir de chacune d’elle est celui des deux autres, et qu’en cette trinité réside l’espoir des Européens et
553 ux autres, et qu’en cette trinité réside l’espoir des Européens et de la Paix. 1. La révolte des chiites iraniens contr
554 ir des Européens et de la Paix. 1. La révolte des chiites iraniens contre la modernisation entreprise par le Shah avec
555 modernisation entreprise par le Shah avec l’aide des États-Unis et de l’Europe ne serait-elle pas un premier phénomène de
556 septembre 1977. 3. Dans certains pays, il existe un parti écologiste : parti radical italien, parti radical néerlandais,
557 parti radical italien, parti radical néerlandais, des Alliances comme « die Grünen » en RFA, « The Green Alliance » en Gran
558 n RFA, « The Green Alliance » en Grande-Bretagne, des collectifs comme « Europe-Écologie » en France. s. Rougemont Denis
13 1980, Réforme, articles (1946–1980). Les Nations unies des animaux (13 décembre 1980)
559 Les Nations unies des animaux (13 décembre 1980)t u Les animaux ne parlent pas, et c’est
560 animaux ne parlent pas comme nous parlons — avec des mots. Mais ils vivent comme nous la douleur et la joie, la peur et l’
561 nt, les torturent, les massacrent, qu’il s’agisse des bébés phoques, du Labrador ou, dans les campagnes toutes proches d’ic
562 ador ou, dans les campagnes toutes proches d’ici, des petits veaux engraissés dans leur cuve en ciment, nourris au tube de
563 ui mourront sans avoir jamais ouvert les yeux sur une prairie ensoleillée. Parler pour eux, dire la plainte muette des cré
564 leillée. Parler pour eux, dire la plainte muette des créatures que l’homme a trop souvent nommées des « bêtes brutes », qu
565 des créatures que l’homme a trop souvent nommées des « bêtes brutes », quand elles étaient rendues telles, à vrai dire, pa
566 elles, à vrai dire, par la bêtise et la brutalité des hommes. On fait grand cas, dans les magazines scientifiques, des anim
567 fait grand cas, dans les magazines scientifiques, des animaux qui apprennent à parler et surtout à comprendre un peu nos la
568 x qui apprennent à parler et surtout à comprendre un peu nos langages d’hommes. Les merveilleux dauphins sont les vedettes
569 on, — mais attention ! Je salue les Nations unies des animaux mais je recule avec horreur devant l’idée d’une Unesco des an
570 imaux mais je recule avec horreur devant l’idée d’ une Unesco des animaux ! Car les mots que nous pouvons leur apprendre n’e
571 je recule avec horreur devant l’idée d’une Unesco des animaux ! Car les mots que nous pouvons leur apprendre n’expriment ri
572 rien de leur être et de leurs émotions : ce sont des ordres que nous leur donnons, et leurs réponses disent « À vos ordres
573 s ne communiquons pas ! Communiquer avec le monde des animaux relève du sentiment, de l’intuition, de l’accueil aux mystère
574 nd à prouver qu’ils sont plus capables que nous d’ une certaine civilisation : celle du cœur, non du seul intellect, celle d
575 celle de l’amitié, de la confiance, non pas celle des missiles nucléaires, du chômage et de la destruction irréversible des
576 res, du chômage et de la destruction irréversible des forêts, du plancton des océans et de l’air respirable. La seule compr
577 destruction irréversible des forêts, du plancton des océans et de l’air respirable. La seule compréhension, mais alors trè
578 e sa survie, l’écologie nous l’a rappelé au cours des deux dernières décennies avec une efficacité peut-être imperceptible,
579 appelé au cours des deux dernières décennies avec une efficacité peut-être imperceptible, mais d’autant plus pénétrante : o
580 trante : on répétait qu’il s’agissait seulement d’ une mode. Cette erreur a distrait la méfiance des saccageurs de la Nature
581 t d’une mode. Cette erreur a distrait la méfiance des saccageurs de la Nature, et elle nous a permis d’agir en profondeur.
582 premier verset) : La création tout entière, dans une attente ardente, attend la révélation des fils de Dieu. Car la créati
583 e, dans une attente ardente, attend la révélation des fils de Dieu. Car la création a été soumise à la corruption non de so
584 tion, pour avoir part à la liberté et à la gloire des enfants de Dieu. Or nous savons que jusqu’à ce jour la création tout
585 érance, dont il nous faut témoigner désormais par des actes à la fois symboliques et concrets, poétiques et politiques, tel
586 er. t. Rougemont Denis de, « Les Nations unies des animaux », Réforme, Paris, 13 décembre 1980, p. 1 et 2. u. Présenté
587 e, 70 délégués de divers mouvements de protection des animaux se sont réunis en assemblée générale de l’association : Unite
588 èrement en France de son action en faveur du site des Baux-de-Provence, que menaçait la mine). Sur ses propositions, plusie
589 enaçait la mine). Sur ses propositions, plusieurs des participants se sont engagés à représenter chacun une « nation » — c’
590 participants se sont engagés à représenter chacun une « nation » — c’est-à-dire une espèce animale menacée (baleines, cigog
591 représenter chacun une « nation » — c’est-à-dire une espèce animale menacée (baleines, cigognes, chinchillas, daims porte-
592 nt pour que cette protection puisse s’appuyer sur des bases juridiques. Denis de Rougemont, dont on connaît l’engagement da