1
mme (1er juin 1946)a La Politique pratique d’
un
idéal Qu’est-ce que la politique ? L’art d’aménager une cité pour
2
Qu’est-ce que la politique ? L’art d’aménager
une
cité pour que tout homme y trouve sa chance d’être humain. Tel est le
3
les faits. La politique, en France, c’est le jeu
des
partis : tout le monde s’en plaint, mais y joue de plus belle. En Amé
4
s y joue de plus belle. En Amérique, c’est le jeu
des
pressions, du business et des grands syndicats : on n’y joue que pour
5
rique, c’est le jeu des pressions, du business et
des
grands syndicats : on n’y joue que pour de l’argent. Ailleurs, c’est
6
jeu sans partenaire du parti unique au pouvoir :
un
jeu truqué où le citoyen perd à tout coup. Nous voici loin de notre d
7
on de la politique considérée comme la pratique d’
un
idéal. Il faut qu’on sente cette distance. Cette différence de niveau
8
fasse tout pour la réduire, en se rapprochant, d’
un
seul et même mouvement, de l’idéal et du pratique, doublement négligé
9
Toute politique suppose, qu’on le veuille ou non,
une
idée de l’homme et de la condition humaine. Mais on dirait que la po
10
dans la lutte que leur rappel paraîtra subversif.
Une
politique digne du nom devrait se composer de deux chapitres : un idé
11
ne du nom devrait se composer de deux chapitres :
un
idéal de l’homme d’une part, et des mesures pratiques d’autre part, o
12
ux chapitres : un idéal de l’homme d’une part, et
des
mesures pratiques d’autre part, ordonnées à cet idéal et contribuant
13
l et contribuant à le réaliser. Mais la politique
des
partis se tient dans une espèce de no man’s land à mi-chemin de l’idé
14
liser. Mais la politique des partis se tient dans
une
espèce de no man’s land à mi-chemin de l’idéal et du pratique. Quand
15
qu’elle rate le second parce qu’elle se perd dans
des
arguties doctrinales. Elle avait pour mission très simple de relier l
16
’un de l’autre. (Tel parti réputé libertaire vote
des
mesures de tyrannie. La « politique » et ses « nécessités » expliquen
17
justifient.) Cette politique tourne à vide, dans
un
grand bruit d’ismes entrechoqués, et rien n’en sort. Cette machine ne
18
te cher et n’arrange rien. Au lieu de transformer
des
idéaux en fait, elle transforme des candidats en députés, des program
19
e transformer des idéaux en fait, elle transforme
des
candidats en députés, des programmes en combines, des promesses en ou
20
n fait, elle transforme des candidats en députés,
des
programmes en combines, des promesses en oublis. Je pense aux électio
21
candidats en députés, des programmes en combines,
des
promesses en oublis. Je pense aux élections de demain et je demande :
22
me ? Point du tout, on votera sur les ismes, dans
un
état d’esprit assez voisin de celui du joueur qui mise sur le noir pa
23
. Je pense qu’ils n’en font pas assez, car le jeu
des
partis n’est pas de la politique. C’est une manière d’esquiver les pr
24
e jeu des partis n’est pas de la politique. C’est
une
manière d’esquiver les problèmes en déléguant le soin de les résoudre
25
problèmes en déléguant le soin de les résoudre à
des
factions irréductibles dont le souci dominant est de continuer le jeu
26
dans les élections de demain, ce sont les chances
des
partis, j’entends des comités de partis, et non point des questions p
27
demain, ce sont les chances des partis, j’entends
des
comités de partis, et non point des questions pratiques telles que la
28
is, j’entends des comités de partis, et non point
des
questions pratiques telles que la situation alimentaire ou la manière
29
re ou la manière de rendre la justice. Et ce sont
des
slogans prétendus doctrinaires, mais non des conceptions de l’homme t
30
sont des slogans prétendus doctrinaires, mais non
des
conceptions de l’homme total. Il ne s’agit ni d’idéal ni de pratique,
31
n n’ont guère de portée politique, ou n’en ont qu’
une
très indirecte, aléatoire et ambiguë, si l’on prend le terme de polit
32
malheur serait que les électeurs, ayant voté pour
un
parti, se figurent avoir fait de la politique. Car celle-ci ne commen
33
ne commencera qu’au lendemain de la proclamation
des
résultats. Votez donc, mais ce geste nécessaire ne saurait être au mi
34
s ce geste nécessaire ne saurait être au mieux qu’
un
préalable. L’effort civique proprement dit trouvera son efficacité da
35
vique proprement dit trouvera son efficacité dans
un
travail sur les partis, une fois que ceux-ci se seront remis de leur
36
, c’est-à-dire décider ce qu’est l’homme et bâtir
une
cité à sa mesure. Il ne faut pas dissoudre les partis ni en sortir, m
37
eux et dans leur sein, rapporter nos jugements à
une
notion totale de l’homme d’une part, et aux demandes pratiques de l’a
38
sant tous les intermédiaires et sans tenir compte
des
intérêts électoraux, byzantins, perdus dans le détail de polémiques é
39
iens, ou le fonctionnaire entièrement engagé dans
une
machine d’État qui dicte les pensées. Ou si ce n’est pas plutôt l’hom
40
. Ou si ce n’est pas plutôt l’homme responsable d’
une
vocation qui le distingue, mais aussi le relie à la communauté, lui c
41
conférant ainsi les devoirs de ses droits. Quand
un
parti se sera défini de la sorte, les citoyens seront à même de juger
42
ur fin, et ne s’offriront plus que comme moyens d’
une
lutte commune contre les vraies difficultés, celles que tout le monde
43
nos valeurs, pour commencer Nous défendons ici
une
conception de l’homme qui déborde le cadre des partis, et surtout de
44
ci une conception de l’homme qui déborde le cadre
des
partis, et surtout de la gauche et de la droite. Nous voulons l’homme
45
ulons l’homme à la fois libre et engagé, au nom d’
une
seule et même réalité que nous nommons la vocation. Celui qui a reçu
46
ette conception personnaliste de l’homme commande
des
attitudes précises. Par exemple, elle oblige à condamner tout ce qui,
47
refuser les faux dilemmes entretenus par la lutte
des
partis. Prenez le dilemme de la droite et de la gauche : concurrence
48
celui de la peste. Nous voulons la santé, qui est
un
équilibre, — et non pas l’exclusion de la moitié des organes. Nous vo
49
équilibre, — et non pas l’exclusion de la moitié
des
organes. Nous voulons l’homme entier et non le partisan. Et c’est pou
50
faut aider à rester libres. Cela ne doit pas être
une
querelle de partis, mais une question pratique d’aménagement, relevan
51
ela ne doit pas être une querelle de partis, mais
une
question pratique d’aménagement, relevant de la nature même de l’homm
52
non pas que tel parti prenne le pouvoir au nom d’
une
idéologie confectionnée en vue de la seule prise de pouvoir, en se mo
53
de la seule prise de pouvoir, en se moquant bien
des
trains, du pain, de la jeunesse, et du sens de la vie des hommes dans
54
ns, du pain, de la jeunesse, et du sens de la vie
des
hommes dans la cité. Or, nous pouvons vraiment vouloir tout cela, par
55
raiment vouloir tout cela, parce qu’en présence d’
un
problème concret, nous prenons référence de l’homme et d’une certaine
56
e concret, nous prenons référence de l’homme et d’
une
certaine vision totale de l’homme, non pas de la tactique particulièr
57
tactique particulière et cyniquement électorale d’
un
parti. Bref, nous voulons une politique à hauteur d’homme. Celle des
58
quement électorale d’un parti. Bref, nous voulons
une
politique à hauteur d’homme. Celle des partis passe par-dessus les tê
59
us voulons une politique à hauteur d’homme. Celle
des
partis passe par-dessus les têtes ou vise trop bas ; se perd dans des
60
-dessus les têtes ou vise trop bas ; se perd dans
des
principes grandiloquents et ne se retrouve que dans des intérêts inav
61
incipes grandiloquents et ne se retrouve que dans
des
intérêts inavouables. Qui le niera ? Une première réalisation U
62
es. Qui le niera ? Une première réalisation
Une
politique à hauteur d’homme, axée sur la réalité de la personne à la
63
en effet, ce n’est pas électoral, dans ce sens qu’
une
telle politique peut être pratiquée au sein de plusieurs partis, et i
64
idées que nous venons de développer. Il est sorti
des
camps pour prendre le pouvoir. Et si les Hollandais viennent de lui a
65
devant le corps électoral, c’est qu’il a fait en
une
année de leur pays, le grand gagnant européen de la course à la recon
66
l’été prochain. Je tiens ma petite information d’
un
physicien des plus remarquables qui, d’ailleurs, n’en fait pas de sec
67
in. Je tiens ma petite information d’un physicien
des
plus remarquables qui, d’ailleurs, n’en fait pas de secret, bien au c
68
cain ayant fait annoncer, ces jours derniers, que
des
essais de bombe atomique allaient être tentés sur l’océan, notre sava
69
ès ses calculs, disait-il, cet essai provoquerait
un
tel raz-de-marée que le Déluge, en comparaison, n’aurait été qu’un ba
70
ée que le Déluge, en comparaison, n’aurait été qu’
un
bain de pieds. Le gouvernement américain ayant également annoncé son
71
in ayant également annoncé son intention de jeter
une
bombe sur la calotte polaire, pour voir ce que cela donnerait, le mêm
72
calculs, la réponse était simple : cela donnerait
une
idée fort approchée de la fin du monde. C’est à quoi nous en sommes,
73
sérieusement. Car ces essais seront faits « dans
un
but militaire ». Nous sommes donc dans le domaine du sacré. Glissez m
74
ls croyaient le Jugement imminent, mouraient avec
une
grande facilité sous la main des nazis de l’époque. Saint Paul écrit
75
, mouraient avec une grande facilité sous la main
des
nazis de l’époque. Saint Paul écrit aux croyants de Corinthe : « Voic
76
t aux croyants de Corinthe : « Voici, je vous dis
un
mystère : nous ne mourrons pas tous, mais tous nous serons changés, e
77
rrons pas tous, mais tous nous serons changés, en
un
instant, en un clin d’œil, à la dernière trompette. » Or, savez-vous
78
mais tous nous serons changés, en un instant, en
un
clin d’œil, à la dernière trompette. » Or, savez-vous ce que dit le t
79
dit le texte grec, là où le français traduit « en
un
instant » ? Il dit en atomo — dans un atome ! Et les grandes traditio
80
raduit « en un instant » ? Il dit en atomo — dans
un
atome ! Et les grandes traditions occultistes, décrivant l’âge matéri
81
où nous vivons, l’âge de l’extrême solidification
des
seules réalités qui nous restent sensibles, prévoient la fin du monde
82
olvet saeclum in favilla. Le Moyen Âge pensait qu’
une
pluie de feu suffirait à réduire la surface de la Terre et la vermine
83
ivre à ses vices. La Renaissance croyait plutôt à
un
nouveau Déluge. Léonard le figure dans une série de dessins où l’on p
84
lutôt à un nouveau Déluge. Léonard le figure dans
une
série de dessins où l’on peut voir un raz-de-marée soulever, dans ses
85
igure dans une série de dessins où l’on peut voir
un
raz-de-marée soulever, dans ses volutes vertigineuses, des rochers fr
86
e-marée soulever, dans ses volutes vertigineuses,
des
rochers fracassés qui retombent sur les villes. Nous voici ramenés au
87
monde. Certains jours, il me semble que la folie
des
peuples, des gouvernants, des militaires, et de tous les irresponsabl
88
ins jours, il me semble que la folie des peuples,
des
gouvernants, des militaires, et de tous les irresponsables qui nous m
89
semble que la folie des peuples, des gouvernants,
des
militaires, et de tous les irresponsables qui nous mènent, obéit secr
90
st peut-être aussi qu’elle a compris que la somme
des
souffrances humaines est devenue si grande, avec notre Progrès, qu’il
91
it parfois distinguer, très bas, très doux, comme
une
voix du rêve, dans les intervalles effrayants de la cacophonie mondia
92
qu’à désespérer, l’espoir est né. Démonstration d’
une
puissance indémontrable, et dont la touche ne saurait être enregistré
93
ix ou la mort. Disposition favorable, je crois, à
des
réflexions réalistes. Je reviens donc à mes atomes. Parmi tous les pr
94
mbe au gouvernement mondial, pour faire la police
des
nations. Deux chambres universelles seraient élues, l’une formée de d
95
erselles seraient élues, l’une formée de délégués
des
États, l’autre de députés des peuples. (Je prends le modèle courant.
96
formée de délégués des États, l’autre de députés
des
peuples. (Je prends le modèle courant. Il faudrait l’ajuster.) Le cab
97
ait les ministères suivants : Bombe et Répression
des
États, Échange des matières premières, Sens général des recherches sc
98
suivants : Bombe et Répression des États, Échange
des
matières premières, Sens général des recherches scientifiques, Défens
99
ats, Échange des matières premières, Sens général
des
recherches scientifiques, Défense des droits de la personne, Transpor
100
ens général des recherches scientifiques, Défense
des
droits de la personne, Transports planétaires. (Rien que de raisonnab
101
ibrer les budgets de guerre, etc. Ce n’est pas qu’
une
angoisse diffuse ne soit sensible dans les populations et chez beauco
102
opulations et chez beaucoup de bons esprits, mais
une
paralysie sans précédent s’est emparée des volontés. Vous-même, je le
103
, mais une paralysie sans précédent s’est emparée
des
volontés. Vous-même, je le sens, je ne vous ai pas convaincue. Vous p
104
nnent une bonne partie de leur utilité au service
des
nations et de leur vertu d’ordre. Admettons qu’elles arrivent encore
105
re y prospère d’autant mieux qu’elle sera dotée d’
une
armée de plus. Admettons que l’on invente une parade à la Bombe, selo
106
e d’une armée de plus. Admettons que l’on invente
une
parade à la Bombe, selon l’axiome des militaires, sans oublier que le
107
’on invente une parade à la Bombe, selon l’axiome
des
militaires, sans oublier que leur expérience démontre qu’on ne pare j
108
leur expérience démontre qu’on ne pare jamais qu’
un
certain pourcentage des coups tirés… Pensez-vous que les effets de la
109
re qu’on ne pare jamais qu’un certain pourcentage
des
coups tirés… Pensez-vous que les effets de la prochaine guerre seront
110
s ? La souffrance sera pire, l’agonie de la terre
un
peu plus longue, la fin de l’humanité non moins certaine, le triomphe
111
fin de l’humanité non moins certaine, le triomphe
des
« éléments d’ordre » aussi énigmatique, et sans témoins. Je reconnais
112
-être pas de la manière soudaine et dramatique qu’
un
certain goût de l’antithèse m’incline parfois à souhaiter. La tragédi
113
et que nos chefs savent à peine ce qu’ils jouent.
Une
espèce d’organisation mondiale ouvrira des bureaux confortables d’où
114
ouent. Une espèce d’organisation mondiale ouvrira
des
bureaux confortables d’où sortiront quelques vœux incolores. Il est é
115
totale. Et il est évident que la grande majorité
des
hommes se refuse à ces évidences. On nous ressasse à longueur de jour
116
ongueur de journée qu’elle « n’est pas prête pour
un
gouvernement mondial ». Est-ce qu’on lui demande si elle est prête po
117
elle est prête pour la mort ? L’humanité, ce sont
des
gens comme vous et moi. Quand vous me dites qu’elle n’est pas prête p
118
parce que ses moyens vous déplaisent (suppression
des
armées et des souverainetés nationales). Mais en refusant de choisir
119
moyens vous déplaisent (suppression des armées et
des
souverainetés nationales). Mais en refusant de choisir la paix, vous
120
Vues générales
des
Églises de New York (12 octobre 1946)c Je n’ai pas encore découver
121
oncée la « causerie mystique » en fin de la liste
des
services religieux, dans le New York Times du samedi ? Remontant ces
122
? Remontant ces colonnes d’annonces qui tiennent
une
demi-page du journal, je trouve les rubriques suivantes : Société véd
123
et réunions Les États-Unis ont été fondés par
des
groupes successifs de colons, la plupart exilés pour cause de religio
124
us ces pionniers étaient d’abord les fanatiques d’
une
foi, rejetés par l’Europe, et qui venaient chercher en Amérique la li
125
. Ils y trouvèrent aussi la possibilité de fonder
des
cités idéales, conformes à leurs doctrines morales et politiques. D’o
126
religieux de leur civisme. La structure politique
des
États-Unis reflète encore, de nos jours, le jeu complexe de ces appor
127
uvent, avec les apports nationaux. C’est ainsi qu’
un
Américain qui appartient à l’Église réformée a bien des chances d’avo
128
éricain qui appartient à l’Église réformée a bien
des
chances d’avoir des ancêtres hollandais, allemands ou suédois s’il es
129
nt à l’Église réformée a bien des chances d’avoir
des
ancêtres hollandais, allemands ou suédois s’il est né luthérien ; ang
130
gine sont venues s’ajouter, dès le xviiie siècle
des
différences de classes : l’Église baptiste est largement populaire, l
131
et fashionable. Quant à la fameuse multiplication
des
sectes, elle n’a rien à voir avec la diversité des confessions d’orig
132
es sectes, elle n’a rien à voir avec la diversité
des
confessions d’origine nationale. C’est au xixe siècle qu’elle a sévi
133
onale. C’est au xixe siècle qu’elle a sévi, pour
des
raisons politiques ou géographiques au moins autant que doctrinales.
134
e nouvelles divisions, jusqu’à donner naissance à
des
« églises » qui ne comptaient que quelques centaines « d’élus ». Avec
135
olonisation du continent, peut-être par l’effet d’
une
réaction normale, peut-être aussi parce que les communications rapide
136
es fréquents changements de domicile facilitaient
des
contacts nouveaux et tendaient à dissoudre les sectesd purement local
137
ations » traditionnelles se sont reconstituées en
une
dizaine de corps qui représentent la grande majorité des protestants.
138
aine de corps qui représentent la grande majorité
des
protestants. Et ces réunions préalables ouvrent des voies jadis insou
139
s protestants. Et ces réunions préalables ouvrent
des
voies jadis insoupçonnées : presbytériens et anglicans étudient, depu
140
ns et anglicans étudient, depuis quelques années,
un
projet d’union organique. Quelle que soit par ailleurs l’évolution in
141
es », comme disent les étrangers (scandalisés par
une
diversité dont ils ignorent les origines valables, pour la plupart eu
142
ner : ces étiquettes ne correspondent nullement à
des
antagonismes religieux. Bien au contraire, c’est l’uniformité des con
143
religieux. Bien au contraire, c’est l’uniformité
des
conceptions de la vie chrétienne, dans les diverses dénominations, qu
144
es dénominations, qui peut frapper l’observateur.
Une
promenade dans Manhattan commencera de nous en convaincre. Du goth
145
rk de pauvres petites églises tout écrasées entre
des
gratte-ciel triomphants. On ne m’avait pas dit que ces églises, d’ail
146
upart, sont vénérées et fréquentées par la moitié
des
habitants de ces gratte-ciel, qui ne voient d’ailleurs aucun inconvén
147
i ne voient d’ailleurs aucun inconvénient à ce qu’
un
lieu de culte soit moins haut qu’un building, comme une hostie est mo
148
nient à ce qu’un lieu de culte soit moins haut qu’
un
building, comme une hostie est moins grosse qu’un pain ; ils ne sont
149
eu de culte soit moins haut qu’un building, comme
une
hostie est moins grosse qu’un pain ; ils ne sont pas si enfantins que
150
un building, comme une hostie est moins grosse qu’
un
pain ; ils ne sont pas si enfantins que leurs critiques. On ne m’avai
151
e du monde : St-Jean-de-Dieu, édifiée au sommet d’
une
colline de granit dominant Manhattan. C’est le siège de l’évêque angl
152
ège de l’évêque anglican de New York. (Dommage qu’
un
édifice construit au xxe siècle copie scrupuleusement les bons modèl
153
de chœur et leur pupitre pour la Bible, d’où pend
un
ruban large à la couleur de la saison ou de la fête liturgique. Plus
154
yle baroque, en marbre blanc ; et vis-à-vis, dans
un
jardin, une église anglo-catholique, toute encombrée de poutres et d’
155
, en marbre blanc ; et vis-à-vis, dans un jardin,
une
église anglo-catholique, toute encombrée de poutres et d’images : c’e
156
que les acteurs vont se marier. Plus haut encore,
une
autre église gothique aux flèches banales en pierre grise : Saint-Pat
157
s la nef et le chœur, fort classiques, s’ornent d’
une
rosace bleue et de sculptures précieuses. Sur les pages d’un gros liv
158
leue et de sculptures précieuses. Sur les pages d’
un
gros livre, ouvert dans le vestibule, je lis les signatures de visite
159
Catholics). Passons maintenant dans Park Avenue.
Des
coupoles byzantines sur un porche roman : Saint-Barthélemy, l’église
160
ant dans Park Avenue. Des coupoles byzantines sur
un
porche roman : Saint-Barthélemy, l’église des riches, avec son chœur
161
sur un porche roman : Saint-Barthélemy, l’église
des
riches, avec son chœur immense et froid, en mosaïque. Christ Church e
162
urch est méthodiste. Colonne de marbre noir, mais
un
autel et des retables en gothiques flamboyant, trop dorés. Plus loin,
163
hodiste. Colonne de marbre noir, mais un autel et
des
retables en gothiques flamboyant, trop dorés. Plus loin, l’église lut
164
glise luthérienne de Saint-Pierre, déshonorée par
des
vitraux livides et plus sulpiciens que nature. L’autel est dominé par
165
lus sulpiciens que nature. L’autel est dominé par
des
boiseries sombres, ornées de branches de sapin de Noël. Et partout, d
166
dévotion correcte… Le goût de la cérémonie
Un
dimanche matin à New York : voilà le temps, voilà le lieu pour une ét
167
n à New York : voilà le temps, voilà le lieu pour
une
étude comparée des liturgies et des principaux rites occidentaux, dép
168
à le temps, voilà le lieu pour une étude comparée
des
liturgies et des principaux rites occidentaux, dépouillés de leur pat
169
le lieu pour une étude comparée des liturgies et
des
principaux rites occidentaux, dépouillés de leur patine, reconstitués
170
e tout autre les costumes, et la belle ordonnance
des
cortèges et des processions. Dès l’entrée, des messieurs en jaquette,
171
costumes, et la belle ordonnance des cortèges et
des
processions. Dès l’entrée, des messieurs en jaquette, ou au moins en
172
ce des cortèges et des processions. Dès l’entrée,
des
messieurs en jaquette, ou au moins en veston bordé, à la boutonnière
173
moins en veston bordé, à la boutonnière fleurie d’
un
œillet blanc, s’empressent. Ils vous dirigent avec une fermeté cordia
174
illet blanc, s’empressent. Ils vous dirigent avec
une
fermeté cordiale vers les sièges libres ou dépourvus de plaque au nom
175
is blancs et bonnets, suivi de pasteurs chamarrés
des
insignes de leur grade académique, longs capuchons rouges, jaunes, bl
176
lle, se relève encore et s’assoit de nouveau avec
une
discipline sans défaut. Ceci chez les baptistes de Riverside, l’églis
177
ise du Révérend Fosdick, comme chez les anglicans
des
beaux quartiers, et chez les méthodistes comme chez les luthériens. L
178
es, à Saint-Patrick, observent durant les offices
une
correction de maintien presque presbytérienne. Entrez dans une église
179
n de maintien presque presbytérienne. Entrez dans
une
église, au hasard, vers midi. Si vous tombez sur un service chanté, l
180
église, au hasard, vers midi. Si vous tombez sur
un
service chanté, la communion reçue à genoux devant l’autel, vous vous
181
Chez les presbytériens, on distribue la crème sur
des
plateaux d’argent qui circulent dans les bancs, de main en main, et t
182
n main, et toute l’église apparaît transformée en
une
salle de banquet silencieux. Partout, des chœurs en robe, des fleurs,
183
rmée en une salle de banquet silencieux. Partout,
des
chœurs en robe, des fleurs, des croix, des cierges. Eh quoi ! c’est c
184
banquet silencieux. Partout, des chœurs en robe,
des
fleurs, des croix, des cierges. Eh quoi ! c’est catholique ! s’écrie
185
encieux. Partout, des chœurs en robe, des fleurs,
des
croix, des cierges. Eh quoi ! c’est catholique ! s’écrie scandalisé l
186
rtout, des chœurs en robe, des fleurs, des croix,
des
cierges. Eh quoi ! c’est catholique ! s’écrie scandalisé le protestan
187
t français qui assiste à l’un de ces cultes. Mais
un
de mes amis, argentin, sortant de la messe à Saint-Patrick, se plaign
188
stante » du désordre gentil, de la distraction ou
des
marques de ferveur théâtrale qu’il s’attendait à retrouver dans un te
189
veur théâtrale qu’il s’attendait à retrouver dans
un
tel lieu… Plus divisés qu’ailleurs en apparence, plus proches aussi l
190
ailleurs en apparence, plus proches aussi les uns
des
autres par leurs rites, coutumes et décors, comment les chrétiens d’A
191
et vivent-ils leurs croyances ? J’essaierai, dans
un
prochain article, de rassembler les éléments d’une réponse qui ménage
192
un prochain article, de rassembler les éléments d’
une
réponse qui ménage certaines pudeurs de l’âme, et le mystère inhérent
193
lème. c. Rougemont Denis de, « Vues générales
des
Églises de New York », Réforme, Paris, 12 octobre 1946, p. 2. d. Le
194
ndes causes publiques en Amérique, vous trouverez
une
église ou des pasteurs, plus dynamiques au nom de leur Bible qu’un dé
195
bliques en Amérique, vous trouverez une église ou
des
pasteurs, plus dynamiques au nom de leur Bible qu’un démagogue au nom
196
pasteurs, plus dynamiques au nom de leur Bible qu’
un
démagogue au nom des droits du peuple. Pendant trois siècles, les « d
197
iques au nom de leur Bible qu’un démagogue au nom
des
droits du peuple. Pendant trois siècles, les « dénominations » divers
198
rompu) ni « d’évangile social ». Il s’agissait d’
une
lutte pour l’existence, et les pasteurs y tenaient une fonction direc
199
utte pour l’existence, et les pasteurs y tenaient
une
fonction directrice. Elle leur est disputée de nos jours par la scien
200
gardé le pli : leur christianisme est avant tout
une
force sociale, un moyen d’assurer une vie décente et de l’améliorer s
201
r christianisme est avant tout une force sociale,
un
moyen d’assurer une vie décente et de l’améliorer sur tous les plans.
202
avant tout une force sociale, un moyen d’assurer
une
vie décente et de l’améliorer sur tous les plans. Le christianisme eu
203
lises différentes, et les paroisses sont devenues
des
clubs. Elles offrent à leurs membres des relations sociales, des banq
204
devenues des clubs. Elles offrent à leurs membres
des
relations sociales, des banquets, des jeux de loto, des comités varié
205
s offrent à leurs membres des relations sociales,
des
banquets, des jeux de loto, des comités variés, des conférences, des
206
urs membres des relations sociales, des banquets,
des
jeux de loto, des comités variés, des conférences, des films, un peu
207
lations sociales, des banquets, des jeux de loto,
des
comités variés, des conférences, des films, un peu de danse, les cult
208
s banquets, des jeux de loto, des comités variés,
des
conférences, des films, un peu de danse, les cultes du dimanche et pa
209
eux de loto, des comités variés, des conférences,
des
films, un peu de danse, les cultes du dimanche et parfois de la semai
210
ultes du dimanche et parfois de la semaine, bref,
un
milieu. Le pasteur se trouve donc à la tête d’un organisme assez comp
211
un milieu. Le pasteur se trouve donc à la tête d’
un
organisme assez complexe. Mais il dispose d’aides nombreuses : un sup
212
ez complexe. Mais il dispose d’aides nombreuses :
un
suppléant souvent, un chef de chœur, les présidents des divers comité
213
ispose d’aides nombreuses : un suppléant souvent,
un
chef de chœur, les présidents des divers comités, les diacres ou les
214
ppléant souvent, un chef de chœur, les présidents
des
divers comités, les diacres ou les vestrymen (anciens d’Église), et b
215
us, car son sermon ne dépasse pas vingt minutes :
une
leçon de civisme ou de morale, incitant les fidèles à adopter les max
216
ale, incitant les fidèles à adopter les maximes d’
une
vie plus satisfaisante à tous égards. On me demandera : Qu’y a-t-il d
217
re et aux coutumes reconnues par l’Église possède
une
valeur religieuse, est la religion même à leurs yeux. Ce qui implique
218
christianisme est la meilleure manière de vivre,
un
idéal qu’il faut mettre en pratique moins pour aller au Paradis que p
219
eulement tous ses habitants se décidaient à mener
une
vie « décente »… Sur quoi, l’Européen frotté d’un peu de théologie va
220
de chrétien que l’étiquette, couvrant d’ailleurs
des
marchandises de provenance nettement païenne : la morale du bonheur,
221
le. Comment imaginer, parmi ces gens « décents »,
un
mystique, un ascète, un grand spirituel, un fou de Dieu, un martyr, —
222
maginer, parmi ces gens « décents », un mystique,
un
ascète, un grand spirituel, un fou de Dieu, un martyr, — un pécheur !
223
rmi ces gens « décents », un mystique, un ascète,
un
grand spirituel, un fou de Dieu, un martyr, — un pécheur ! Cependant,
224
ts », un mystique, un ascète, un grand spirituel,
un
fou de Dieu, un martyr, — un pécheur ! Cependant, ces Américains répè
225
e, un ascète, un grand spirituel, un fou de Dieu,
un
martyr, — un pécheur ! Cependant, ces Américains répètent le Credo ch
226
un grand spirituel, un fou de Dieu, un martyr, —
un
pécheur ! Cependant, ces Américains répètent le Credo chaque dimanche
227
unient en très grand nombre et fort souvent, avec
une
visible ferveur. Et la musique est belle, et les voix justes et l’ord
228
cle dans le fond du chœur, séparés de l’autel par
des
ogives en bois doré : une véritable miniature de Livres d’Heures. Pou
229
séparés de l’autel par des ogives en bois doré :
une
véritable miniature de Livres d’Heures. Pourquoi ce rouge et cette do
230
». Ils n’ont pas le sens proprement « religieux »
des
correspondances et des signes. Qu’est-ce que le péché, pour eux ? L’i
231
s proprement « religieux » des correspondances et
des
signes. Qu’est-ce que le péché, pour eux ? L’inefficacité et l’inadap
232
efficacité et l’inadaptation sociale, résultats d’
une
mauvaise hygiène morale. Qu’est-ce que la grâce ? Un optimisme fondam
233
mauvaise hygiène morale. Qu’est-ce que la grâce ?
Un
optimisme fondamental. La transcendance ? Un terme théologique, proba
234
ce ? Un optimisme fondamental. La transcendance ?
Un
terme théologique, probablement réactionnaire. Et le Mal, enfin ? Un
235
e, probablement réactionnaire. Et le Mal, enfin ?
Un
trouble de fonctionnement qu’une éducation rationnelle et la culture
236
t le Mal, enfin ? Un trouble de fonctionnement qu’
une
éducation rationnelle et la culture des sentiments élevés parviendrai
237
nement qu’une éducation rationnelle et la culture
des
sentiments élevés parviendraient à éliminer. Personne n’est juge même
238
iendraient à éliminer. Personne n’est juge même d’
une
seule âme, même de la sienne. Et je viens de parler en général de 65
239
tiens américains, j’entends de membres inscrits d’
une
paroisse, dont 40 millions de protestants. En vérité, je n’ai décrit
240
ions de protestants. En vérité, je n’ai décrit qu’
une
atmosphère, et les croyances du « chrétien moyen », quand tout chréti
241
en », quand tout chrétien réel est par définition
une
personne unique, un être exceptionnel. On ne saurait aller beaucoup p
242
tien réel est par définition une personne unique,
un
être exceptionnel. On ne saurait aller beaucoup plus loin. Mais sans
243
loin. Mais sans prétendre à dépasser le niveau d’
une
sociologie religieuse, je voudrais indiquer le dilemme que pose à un
244
ieuse, je voudrais indiquer le dilemme que pose à
un
esprit européen le spectacle des églises américaines. Ou bien l’églis
245
ilemme que pose à un esprit européen le spectacle
des
églises américaines. Ou bien l’église va dans le siècle, l’organise,
246
ais chrétiennes, et que la grâce prend les hommes
un
à un, comme des héros tragiques, au-delà de toutes les aides de la mo
247
hrétiennes, et que la grâce prend les hommes un à
un
, comme des héros tragiques, au-delà de toutes les aides de la morale
248
, et que la grâce prend les hommes un à un, comme
des
héros tragiques, au-delà de toutes les aides de la morale et de la re
249
t traduit en Amérique, et que j’ai trouvé partout
des
étudiants — non seulement chez les théologiens — qui le lisent et com
250
Roger Breuil qui vient de mourir était
un
grand romancier protestant (13 mars 1948)f Il était venu passer un
251
rotestant (13 mars 1948)f Il était venu passer
une
soirée chez moi, il y a quelques semaines, car nous avions parlé d’un
252
il y a quelques semaines, car nous avions parlé d’
une
pièce que nous comptions écrire ensemble. Nous étions amis depuis dix
253
qui était tourné vers l’avenir est devenu tout d’
un
coup du passé, est fini. Que veut-il signifier, par ce retrait soudai
254
drait parler de pudeur. Mais cette pudeur cachait
une
étrange liberté, celle que donne aux démarches intimes les plus avent
255
es plus aventureuses en apparence, la certitude d’
une
vérité qui sur nous-mêmes en sait plus long que nous. Moins on en par
256
ent de l’individu, avouant (non sans humour) bien
des
incertitudes, comme pour mieux renvoyer à ce qui les transcende, j’en
257
x renvoyer à ce qui les transcende, j’en retrouve
des
marques sensibles dans tous mes souvenirs de lui, et dans son œuvre :
258
art, et sa vraie force. Certains lui demandaient
un
« message ». Il n’aimait guère ce mot, pour des raisons profondes et
259
nt un « message ». Il n’aimait guère ce mot, pour
des
raisons profondes et non seulement par pudeur naturelle ou discrétion
260
’on peut en dire. Voilà le secret de la liberté d’
un
écrivain qui se voulait fidèle en vérité. De tous les romanciers cont
261
arde bien d’utiliser ses personnages pour exposer
des
« idées religieuses ». Il nous montre des hommes et des femmes qui vi
262
exposer des « idées religieuses ». Il nous montre
des
hommes et des femmes qui vivent comme ils le peuvent la vie contempor
263
idées religieuses ». Il nous montre des hommes et
des
femmes qui vivent comme ils le peuvent la vie contemporaine, il les s
264
la vie contemporaine, il les suit de très près, d’
une
allure naturelle, avec une secrète tendresse, souvent avec une ironie
265
s suit de très près, d’une allure naturelle, avec
une
secrète tendresse, souvent avec une ironie née de l’exactitude du reg
266
turelle, avec une secrète tendresse, souvent avec
une
ironie née de l’exactitude du regard. Certains ne signifient rien et
267
rer comme le font tant de romanciers athées. Avec
une
sorte d’honnêteté très rare, peut-être unique dans la littérature fra
268
étaient les porteurs ou la proie ; et ce respect
des
âmes donne à chacun de ses livres — même à ceux où l’on n’allait voir
269
ses livres — même à ceux où l’on n’allait voir qu’
un
plaisir tout gratuit de conteur né — de grandes marges et des prolong
270
tout gratuit de conteur né — de grandes marges et
des
prolongements, une qualité d’appel lancinante, nostalgique, et finale
271
teur né — de grandes marges et des prolongements,
une
qualité d’appel lancinante, nostalgique, et finalement heureuse, comm
272
son dernier retrait, le plus énigmatique, achève
une
œuvre d’espérance. f. Rougemont Denis de, « Roger Breuil qui vien
273
enis de, « Roger Breuil qui vient de mourir était
un
grand romancier protestant », Réforme, Paris, 13 mars 1948, p. 7.
274
udes, entre lesquelles nous aurons à choisir dans
un
délai que la situation du monde rend très court. L’utopie La fai
275
d très court. L’utopie La faiblesse générale
des
utopies, c’est qu’elles sont en réalité moins riches d’avenir que le
276
xe, que l’utopie peut se définir en général comme
un
système sans avenir. Le plus grand historien de notre temps, Arnold T
277
es classiques sont, en réalité, et je le cite : «
des
programmes d’action déguisés en descriptions sociologiques imaginaire
278
sent n’est rien d’autre que l’arrêt artificiel, à
un
certain niveau, d’une société en décadence. On isole de cette société
279
re que l’arrêt artificiel, à un certain niveau, d’
une
société en décadence. On isole de cette société les éléments que l’on
280
que l’on considère comme bons, et l’on en compose
un
système qui serait en équilibre permanent, à l’abri des menaces gross
281
stème qui serait en équilibre permanent, à l’abri
des
menaces grossières comme des créations de l’esprit, insensible aux dé
282
permanent, à l’abri des menaces grossières comme
des
créations de l’esprit, insensible aux défis toujours renouvelés de la
283
ns ce sens, « défendre l’Europe » est aujourd’hui
une
utopie. Telle qu’elle est, pessimiste et divisée, encombrée de fronti
284
empêchent de respirer, menacée à chaque instant d’
une
sorte d’hémiplégie, soit que la gauche réussisse à paralyser la droit
285
nt indéfendable. Je m’explique : Tenter d’unir en
une
alliance défensive nos États-nations tels qu’ils sont, tenter de coal
286
ément les facteurs principaux de notre décadence.
Une
sainte alliance de nos microbes ne me paraît pas le moyen de sauver n
287
ne me paraît pas le moyen de sauver notre santé.
Une
sainte alliance des souverainetés dont nous mourons ne nous rendrait
288
moyen de sauver notre santé. Une sainte alliance
des
souverainetés dont nous mourons ne nous rendrait pas davantage la vie
289
ux fois plus que l’Amérique ; l’organiser au-delà
des
États en une grande unité politique et en un vaste espace économique
290
que l’Amérique ; l’organiser au-delà des États en
une
grande unité politique et en un vaste espace économique ; la fédérer
291
elà des États en une grande unité politique et en
un
vaste espace économique ; la fédérer dans sa diversité, en vue de mai
292
sa diversité, en vue de maintenir et d’illustrer
une
certaine notion de l’homme dont, malgré toutes ses infidélités, elle
293
uelques mois, l’idée de l’union européenne a fait
des
progrès étonnants, sinon dans la réalité, du moins dans les déclarati
294
n dans la réalité, du moins dans les déclarations
des
gouvernants, et dans la presse. Certains pensent que l’union est en b
295
re dernier, lors du congrès de l’Union européenne
des
fédéralistes : Si l’Europe doit durer, c’est aux fédéralistes qu’ell
296
e nous leur demandons. Tous les gouvernements ont
un
penchant marqué à persévérer dans leur être, et même à lui survivre a
297
que possible avec l’appui de la police. Or l’être
des
gouvernements, dans le monde actuel, c’est la souveraineté absolue. T
298
sont arrogé ces droits absolus sans devoirs, ont
un
penchant irrésistible à devenir totalitaires. Et ce n’est point que l
299
chants, mais leur fonction leur interdit de céder
un
pouce, et dans l’état présent de l’opinion et des rivalités de partis
300
un pouce, et dans l’état présent de l’opinion et
des
rivalités de partis, ils courraient le risque d’être accusés de trahi
301
ue d’être accusés de trahison s’ils transigeaient
un
seul instant avec le dogme de la souveraineté absolue. L’union, la pa
302
désirent, ne peuvent pas être leur affaire, pour
des
raisons absurdes, mais techniques. Il faut donc les pousser dans le d
303
t clair. Quelques mois plus tard, parlant au nom
des
gouvernants, et décrivant leur situation embarrassée, le Premier mini
304
er ministre belge, Monsieur Spaak, s’écriait dans
un
discours fameux : « Bousculez-nous ! » Nous sommes d’accord. La parol
305
serment du Jeu de Paume, qui marqua le lendemain
un
tournant de l’Histoire. Ce que je sais, c’est notre volonté, et c’est
306
traits, voici le tableau : Nous avons aujourd’hui
une
Europe divisée et cloisonnée dans l’anarchie. Nous voulons une Europe
307
visée et cloisonnée dans l’anarchie. Nous voulons
une
Europe organisée. Une Europe sans barrières ni visas, rendue dans tou
308
ns l’anarchie. Nous voulons une Europe organisée.
Une
Europe sans barrières ni visas, rendue dans toute son étendue à la li
309
due dans toute son étendue à la libre circulation
des
hommes, des idées, et des biens. Pour assurer ces libertés organisées
310
te son étendue à la libre circulation des hommes,
des
idées, et des biens. Pour assurer ces libertés organisées, certaines
311
à la libre circulation des hommes, des idées, et
des
biens. Pour assurer ces libertés organisées, certaines institutions s
312
utions seront nécessaires. Nous voulons au-dessus
des
États, de toute urgence, un Conseil politique de l’Europe. Nous voulo
313
us voulons au-dessus des États, de toute urgence,
un
Conseil politique de l’Europe. Nous voulons que ce Conseil soit contr
314
pe. Nous voulons que ce Conseil soit contrôlé par
un
Parlement de l’Europe. Nous voulons qu’un Conseil économique entrepre
315
ôlé par un Parlement de l’Europe. Nous voulons qu’
un
Conseil économique entreprenne la mise en commun de nos ressources na
316
de nos ressources naturelles. Et nous voulons qu’
un
Centre de la culture donne un organe, une voix et une autorité, à la
317
Et nous voulons qu’un Centre de la culture donne
un
organe, une voix et une autorité, à la conscience européenne. Par-des
318
ulons qu’un Centre de la culture donne un organe,
une
voix et une autorité, à la conscience européenne. Par-dessus tout, do
319
Centre de la culture donne un organe, une voix et
une
autorité, à la conscience européenne. Par-dessus tout, dominant ces C
320
aient eux-mêmes les États, nous voulons instituer
une
Cour suprême, qui soit la gardienne de la Charte des droits et des de
321
Cour suprême, qui soit la gardienne de la Charte
des
droits et des devoirs de la personne, et à laquelle puissent en appel
322
qui soit la gardienne de la Charte des droits et
des
devoirs de la personne, et à laquelle puissent en appeler directement
323
ontraire, nous remonterons au niveau de puissance
des
deux grands. Ils baisseront le ton, et l’on pourra parler. Chance
324
e au xxe siècle. Et c’est pourquoi la hiérarchie
des
Conseils que nous proposons aboutit à la Cour suprême, c’est-à-dire à
325
oposons aboutit à la Cour suprême, c’est-à-dire à
une
institution dont la fin n’est pas la puissance, ni le maintien par la
326
pas la puissance, ni le maintien par la police d’
une
certaine idéologie, mais au contraire le règne de la loi, par où j’en
327
le règne de la loi, par où j’entends la garantie
des
droits élémentaires de l’homme, antérieurs à l’État, supérieurs à l’É
328
péens, le bonheur même paraît inacceptable. Entre
un
libéralo-capitalisme et un étatisme absolus, tous deux nés en Europe
329
ît inacceptable. Entre un libéralo-capitalisme et
un
étatisme absolus, tous deux nés en Europe pour émigrer plus tard sur
330
ous deux nés en Europe pour émigrer plus tard sur
des
terres vierges, où leurs excès sont manifestes et menaçants, car leur
331
t au monde d’inaugurer la troisième voie, la voie
des
libertés organisées. Nous vivons aujourd’hui la « drôle de paix ». Il
332
en Europe ! Il est temps de réveiller l’espoir d’
une
moitié séparée du continent. Il est temps de donner aussi à nos amis
333
arfois presque raison de croire que nous sommes :
des
démissionnaires de l’Histoire. La véritable troisième force, au plan
334
franco-allemand ? » (29 janvier 1949)h i L’ère
des
« rapprochements » est dépassée. Il s’agit pour nous, Européens, de c
335
agit pour nous, Européens, de construire ensemble
une
fédération solide. Il existe certes des problèmes franco-allemands, m
336
ensemble une fédération solide. Il existe certes
des
problèmes franco-allemands, mais pas de solution franco-allemande. La
337
franco-allemande. La seule solution est l’Europe.
Une
exploitation fédérale des houillères (continentales et britanniques)
338
solution est l’Europe. Une exploitation fédérale
des
houillères (continentales et britanniques) résoudra seule le problème
339
) résoudra seule le problème de la Ruhr. De même,
une
organisation fédérale de l’Europe est seule capable de répondre à la
340
le capable de répondre à la fois au désir d’unité
des
Allemands, aux craintes qu’il éveille en France, à la tentation autar
341
x réside dans l’inconscience, où beaucoup vivent,
des
menaces qui pèsent sur l’Europe. Un peu de conscience tuerait beaucou
342
tuerait beaucoup de préjugés, datant de l’époque
des
pantalons rouges et non pas de l’occupation. h. Rougemont Denis de
343
ccupation. h. Rougemont Denis de, « [Réponse à
une
enquête] Êtes-vous partisan du rapprochement franco-allemand ? », Réf
344
orme, Paris, 29 janvier 1949, p. 4. i. Réponse à
une
enquête réalisée par Réforme.
345
tion de tirer de nos débats et de nos conférences
des
conclusions collectives, unanimes. Nous avons entendu, depuis quinze
346
nanimes. Nous avons entendu, depuis quinze jours,
une
quarantaine de prises de position toutes personnelles, faisant le poi
347
position toutes personnelles, faisant le point d’
une
évolution dont nous sommes à la fois les sujets et les objets. Mais j
348
ujets et les objets. Mais je voudrais relever ici
un
caractère très général de nos débats. Les sujets que nous avons discu
349
n dans la cité, l’isolement de l’artiste au temps
des
« mass médias », l’opposition entre la révolte irrépressible et la co
350
mmunion nécessaire, tous ces sujets se ramènent à
un
seul : l’individu créateur et la société. On nous a très bien montré
351
e. On a moins insisté sur l’acceptation confiante
des
moyens modernes de communiquer avec les masses, et personne n’a décla
352
us qu’il connaissait et assumait les conditions d’
une
communion nouvelle entre les hommes. Quelques mots sur ce dernier thè
353
r la recette. Et c’est tant mieux ! Car il existe
des
recettes de communion, et des fois synthétiques, dans ce siècle, et n
354
eux ! Car il existe des recettes de communion, et
des
fois synthétiques, dans ce siècle, et nous savons à quoi elles mènent
355
avons à quoi elles mènent ! Que vaut le bonheur d’
un
peuple, que vaut sa communion, quand elle est établie par la police a
356
n, quand elle est établie par la police au prix d’
un
homme sur dix dans les camps sibériens ? Que vaut la communion des ne
357
dans les camps sibériens ? Que vaut la communion
des
neuf qui restent, qui osent à peine se regarder dans les yeux, quand
358
ils savent que deux d’entre eux sont probablement
des
mouchards — et que le dixième homme est dans un camp ? Pitié pour eux
359
des mouchards — et que le dixième homme est dans
un
camp ? Pitié pour eux, car ils ignorent sans doute l’étendue et la vr
360
ls sont nés. Mais nous… Nous qui avons parmi nous
des
témoins, des victimes toutes récentes de ces tortures, nous qui avons
361
Mais nous… Nous qui avons parmi nous des témoins,
des
victimes toutes récentes de ces tortures, nous qui avons pu garder le
362
alissent toute l’humanité, victime directe ou non
des
dictatures et des arguments de leurs complices. Elle a protesté au do
363
umanité, victime directe ou non des dictatures et
des
arguments de leurs complices. Elle a protesté au double sens du mot,
364
efus et témoignage. Notre concert inaugural, dans
une
église, était dédié à la mémoire des victimes de toutes les tyrannies
365
ugural, dans une église, était dédié à la mémoire
des
victimes de toutes les tyrannies du xxe siècle. Il convenait d’ouvri
366
r cet acte de piété et ce Magnificat à la mémoire
des
martyrs de ce siècle. Et ensuite : tout l’ensemble éblouissant de che
367
te : tout l’ensemble éblouissant de chefs-d’œuvre
des
arts modernes, qui a rempli ce mois de mai de Paris, a témoigné, a pr
368
nous conclure ? Je pense qu’il ne se trouvera pas
un
seul d’entre tous ceux qui sont ici présents, poètes, romanciers, cri
369
s les rangs, opposons à la discipline totalitaire
un
front commun, et à leur propagande une propagande au moins aussi brut
370
totalitaire un front commun, et à leur propagande
une
propagande au moins aussi brutale ou insinuante. Au contraire, nous a
371
core. » Comment donc allons-nous répondre au défi
des
totalitaires, si nous nous privons de leurs armes ? Si nous refusons
372
t gênant de parler de cela quand on y croit, dans
un
tel lieu, et sous les projecteurs de cinéma… Je répondrai à côté de l
373
à côté de la question apparente, je répondrai par
une
sorte de parabole, sans transition, en visant le cœur du problème. Qu
374
on qu’elle implique, s’est faite autour non pas d’
une
idée, d’une doctrine, d’un système de valeurs ni même d’une cause, ma
375
mplique, s’est faite autour non pas d’une idée, d’
une
doctrine, d’un système de valeurs ni même d’une cause, mais d’un sacr
376
aite autour non pas d’une idée, d’une doctrine, d’
un
système de valeurs ni même d’une cause, mais d’un sacrifice individue
377
d’une doctrine, d’un système de valeurs ni même d’
une
cause, mais d’un sacrifice individuel — autour d’un seul, autour d’un
378
un système de valeurs ni même d’une cause, mais d’
un
sacrifice individuel — autour d’un seul, autour d’un homme qui est mo
379
cause, mais d’un sacrifice individuel — autour d’
un
seul, autour d’un homme qui est mort dans l’isolement total, dans la
380
sacrifice individuel — autour d’un seul, autour d’
un
homme qui est mort dans l’isolement total, dans la révolte la plus in
381
nsigeante contre le mal et l’injustice, abandonné
des
hommes, et ce serait peu, abandonné de Dieu lui-même, il l’a crié. N’
382
acrifice individuel. Et là-dessus, pour terminer,
une
citation. Elle est d’un Espagnol, et frappe une de ces notes d’éloque
383
à-dessus, pour terminer, une citation. Elle est d’
un
Espagnol, et frappe une de ces notes d’éloquence à la fois sèche et p
384
, une citation. Elle est d’un Espagnol, et frappe
une
de ces notes d’éloquence à la fois sèche et profonde qui manquent tro
385
quent trop souvent aujourd’hui, et par la faute d’
une
dictature encore, au grand concert européen. C’est une phrase de Migu
386
ictature encore, au grand concert européen. C’est
une
phrase de Miguel de Unamuno, dans son commentaire à Don Quichotte :
387
chacun pensera qu’il va seul. Mais vous formerez
un
bataillon sacré, celui de la sainte, de l’inachevable croisade. j
388
u chapeau suivant : « Nous avons rendu compte ici
des
manifestations de L’Œuvre du xxe siècle qui sont maintenant terminée
389
sont maintenant terminées. Nous n’avons rien dit
des
débats d’écrivains, car après les avoir entendus, il nous a semblé qu
390
i de la liberté et qu’ainsi, ils passaient à côté
des
questions essentielles qui leur étaient proposées. Il reste que ces c
391
me sens protestant non seulement par le hasard d’
une
origine, mais encore par ma formation, et enfin par mon adhésion des
392
ncore par ma formation, et enfin par mon adhésion
des
plus actives, dès l’âge de 25 ans, aux doctrines orthodoxes de la Réf
393
Il est vrai, par ailleurs, que rien ne facilite
une
« carrière littéraire » en France pour un protestant qui se veut tel
394
cilite une « carrière littéraire » en France pour
un
protestant qui se veut tel et qui, au surplus, n’est pas Français (Ro
395
tionalisme). Mais la littérature mondiale, depuis
un
siècle, ne doit pas moins aux protestants qu’aux catholiques, aux ort
396
relatif du protestant en France, il y a mieux que
des
compensations sur le plan de la pensée de l’art et d’une vision plus
397
pensations sur le plan de la pensée de l’art et d’
une
vision plus large de l’humain, pour ceux qui se réfèrent à l’Écriture
398
cidental. l. Rougemont Denis de, « [Réponse à
une
enquête] Les écrivains protestants », Réforme, Paris, 11 avril 1953,
399
éforme, Paris, 11 avril 1953, p. 7. m. Réponse à
une
enquête réalisée par Réforme.
400
Vers l’Europe
des
régions ? (30 novembre 1968)n o Rentrant d’Amérique après la guerr
401
En août 1947, on est venu me demander de parler à
un
congrès de fédéralistes européens, à Montreux, où j’ai prononcé un di
402
éralistes européens, à Montreux, où j’ai prononcé
un
discours inaugural : j’étais engagé. Puis j’ai accepté de m’occuper d
403
e suis beaucoup penché sur ce problème de l’union
des
Européens sur la base d’une unité déjà existante. Je fais une distinc
404
e problème de l’union des Européens sur la base d’
une
unité déjà existante. Je fais une distinction entre unité et union. L
405
s sur la base d’une unité déjà existante. Je fais
une
distinction entre unité et union. L’unité existe ou n’existe pas. L’u
406
pas. L’union est ce que l’on peut bâtir. Non pas
une
uniformité mais un certain mode de contacts organisés. Cette base com
407
que l’on peut bâtir. Non pas une uniformité mais
un
certain mode de contacts organisés. Cette base commune de culture et
408
t de civilisation est la condition sine qua non d’
une
union économique et politique. J’ai donc créé le Centre européen de l
409
tous les mouvements qui se dessinent en faveur d’
une
coopération au niveau culturel ; nous avons réuni pour la première fo
410
s directeurs d’administration d’agences atomiques
des
six pays avec le concours de l’Unesco, pour créer un laboratoire euro
411
six pays avec le concours de l’Unesco, pour créer
un
laboratoire européen de recherches nucléaires. Le Centre d’études et
412
ière initiative de notre centre. Nous avons fondé
une
association des festivals de musique européens que je dirige, tout à
413
de notre centre. Nous avons fondé une association
des
festivals de musique européens que je dirige, tout à fait par hasard.
414
érentes universités. Nous avons pris contact avec
des
historiens, des professeurs d’enseignement secondaire, des éditeurs.
415
tés. Nous avons pris contact avec des historiens,
des
professeurs d’enseignement secondaire, des éditeurs. Nous avons d’aut
416
riens, des professeurs d’enseignement secondaire,
des
éditeurs. Nous avons d’autre part lancé une Campagne européenne d’édu
417
aire, des éditeurs. Nous avons d’autre part lancé
une
Campagne européenne d’éducation civique qui cherche à introduire l’an
418
e repartir toute l’affaire européenne sur la base
des
régions, puisque vingt ans de tentatives de rapprochement n’ont about
419
obstacle à toute espèce d’union. On ne peut bâtir
une
union de l’Europe sur les obstacles à toute union. Notre espoir rési
420
bstacles à toute union. Notre espoir réside dans
une
politique des régions. Par exemple, l’Italie est déjà divisée en dix
421
te union. Notre espoir réside dans une politique
des
régions. Par exemple, l’Italie est déjà divisée en dix régions par sa
422
n onzeq Länder et maintenant se dessine en France
un
grand mouvement qui vient d’être appuyé par de Gaulle pour diviser le
423
être appuyé par de Gaulle pour diviser le pays en
un
certain nombre de régions. Je pense qu’on finira par se mettre d’acco
424
se mettre d’accord assez vite pour la France sur
une
dizaine de régions, plus Paris. Notre idée de fédéralistes européens
425
a Bretagne ou de la Catalogne. Le problème numéro
un
de l’Europe, c’est l’union. Si l’union de l’Europe ne se fait pas, no
426
s serons colonisés par le dollar et peut-être par
une
certaine idéologie marxiste — quoique cela soit moins sûr. Mais le fa
427
maîtres de notre destinée économique entraînerait
une
quantité de conséquences sur le plan culturel. Cela entraînerait une
428
séquences sur le plan culturel. Cela entraînerait
une
chute de potentiel européen considérable, dont finalement le monde en
429
it les conséquences. L’unification par le système
des
régions paraissait parfaitement utopique il y a un an ou deux, voire
430
s régions paraissait parfaitement utopique il y a
un
an ou deux, voire jusqu’au moment où de Gaulle a annoncé sa décision
431
ision de dissoudre le Sénat pour le remplacer par
une
assemblée élue par les régions. Il y a à ce sujet une importante litt
432
assemblée élue par les régions. Il y a à ce sujet
une
importante littérature en France — qui est le pays le plus concerné p
433
union mondiale ne sera concevable que s’il existe
une
solide fédération européenne. Ce sera le point d’accrochage d’une org
434
ation européenne. Ce sera le point d’accrochage d’
une
organisation mondiale. Sans doute d’ici dix ou quinze ans serons-nous
435
ci dix ou quinze ans serons-nous parvenus à créer
des
régions sur une base économique, historique, ethnique — tout cela mêl
436
ans serons-nous parvenus à créer des régions sur
une
base économique, historique, ethnique — tout cela mêlé à doses variab
437
et de la vie intellectuelle et auront entre elles
des
liens de toutes natures. Elles constitueront de proche en proche un
438
natures. Elles constitueront de proche en proche
un
tissu plus solide que leurs liens avec les États-nations ; ceux-ci pe
439
ondiaux dépendent en grande partie de la solution
des
problèmes européens c’est que l’unité du genre humain est une inventi
440
s européens c’est que l’unité du genre humain est
une
invention des Européens. C’est l’Europe chrétienne qui a imaginé l’en
441
est que l’unité du genre humain est une invention
des
Européens. C’est l’Europe chrétienne qui a imaginé l’ensemble du genr
442
es plans économique et politique les conséquences
des
options philosophiques et religieuses que l’on croit justes. n. Ro
443
Rougemont Denis de, « [Entretien] Vers l’Europe
des
régions ? », Réforme, Paris, 30 novembre 1968, p. 13. o. Cet article
444
30 novembre 1968, p. 13. o. Cet article, issu d’
un
entretien mené par Anouchka von Heuer et Christian Roux-Pétel, est pr
445
vier, par téléphone, à participer le 14 au soir à
une
émission de plus de trois heures sur Concorde, j’ai commencé par refu
446
critiques nous intéressent, et puisqu’il s’agit d’
un
débat, vous pourrez y aller librement. Soyez aussi violent qu’il vous
447
premières minutes, je vois que je suis tombé dans
un
traquenard. Sentimentaux ou technocrates, ils sont tous en train de c
448
es, ils sont tous en train de célébrer leur culte
des
« Ailes françaises ». Qu’ai-je à faire là ? Dès que j’ouvrirai la bou
449
’ai-je à faire là ? Dès que j’ouvrirai la bouche,
des
millions de téléspectateurs, conditionnés pendant deux heures, vont m
450
ditionnés pendant deux heures, vont me haïr comme
un
seul homme. Et en effet, je n’ai pas fini ma première phrase — mais c
451
rde. Mais le sujet, c’est sa louange.) En dépit d’
un
feu roulant d’interruptions presque paniques — que Le Monde jugera
452
ions presque paniques — que Le Monde jugera « d’
une
agressivité insupportable » —, j’essaie de formuler mes doutes et obj
453
ce qu’elles justifieront le risque planétaire que
des
savants redoutent, l’atteinte possible à la couche d’ozone qui protèg
454
erdre » quelques heures supplémentaires au-dessus
des
merveilleux châteaux de nuages de l’Atlantique : ils y gagneraient (o
455
vitesse sur les autoroutes pour éviter le chômage
des
carrossiers ? (pour ne rien dire des chirurgiens, des assureurs, etc.
456
r le chômage des carrossiers ? (pour ne rien dire
des
chirurgiens, des assureurs, etc.). Les Américains se sont posé la que
457
carrossiers ? (pour ne rien dire des chirurgiens,
des
assureurs, etc.). Les Américains se sont posé la question à propos du
458
ons-nous arrêter la guerre, alors que l’industrie
des
armements occupe des centaines de milliers d’ouvriers ? Je pense que
459
uerre, alors que l’industrie des armements occupe
des
centaines de milliers d’ouvriers ? Je pense que si la Société est ain
460
tombées technologiques » (Concorde lui-même étant
une
retombée des V2 à travers les fusées américaines) ; cela signifie qu’
461
ologiques » (Concorde lui-même étant une retombée
des
V2 à travers les fusées américaines) ; cela signifie qu’en construisa
462
qu’en construisant Concorde, on aurait découvert
des
procédés qui permettront de construire d’autres avions encore plus ch
463
oncorde est le symbole ou simplement l’enseigne d’
un
modèle de société que je récuse radicalement. Car l’humain s’y voit s
464
quoi tout s’ordonne à la guerre. Concorde résume
un
ensemble de calculs et de rêves, de principes et d’ambitions qu’il no
465
i détruisent à la fois la Nature et la Communauté
des
hommes, au nom du prestige de l’État, vanité collective et surprofits
466
cu que les promoteurs de Concorde sont animés par
un
certain idéal : c’est celui du Progrès selon le xixe siècle. Toujour
467
as pour épater le monde. Ce qui commence à valoir
des
fortunes, c’est le contraire de ce que Concorde symbolise. Le luxe su
468
rope fédérée : même avenir (19 mai 1979)s 1.
Une
cible commode : l’écologie La définition la plus courante de l’éco
469
ourante de l’écologie consiste à dire que c’est «
une
mode », ou encore « une douce manie de rousseauistes épris d’idylle e
470
nsiste à dire que c’est « une mode », ou encore «
une
douce manie de rousseauistes épris d’idylle et entretenant la nostalg
471
age à la bougie »). Ou au contraire ; elle serait
une
« névrose d’Apocalypse ». On dit aussi des écologistes adversaires du
472
serait une « névrose d’Apocalypse ». On dit aussi
des
écologistes adversaires du nucléaire qu’ils ont été « traumatisés par
473
éaire, eux, n’ont apparemment rien senti). Enfin,
une
circulaire confidentielle de l’EDF définit les écologistes comme ayan
474
pour but véritable « d’entraver le fonctionnement
des
institutions existantes ». Ces mouvements seraient « soutenus » (ente
475
uire tout en les dissimulant. 2. Alignements :
un
mouvement de défense Dans les écoles primaires de Suisse romande,
476
e Dans les écoles primaires de Suisse romande,
une
compagnie productrice d’électricité fait distribuer une brochure sur
477
mpagnie productrice d’électricité fait distribuer
une
brochure sur les centrales nucléaires : celles-ci, bien entendu, sont
478
s si l’un ou l’autre s’avisait de présenter aussi
une
brochure critique pour le nucléaire, la direction le rappellerait aus
479
e, on fait de la politique. En fait, écologie est
un
terme créé par le biologiste Ernst Haeckel en 1882, au moment où se d
480
rera de 1878 à 1938 environ. Au triple alignement
des
esprits par l’école, des corps par la caserne, des curiosités mêmes p
481
on. Au triple alignement des esprits par l’école,
des
corps par la caserne, des curiosités mêmes par la presse, répond ce t
482
es esprits par l’école, des corps par la caserne,
des
curiosités mêmes par la presse, répond ce terme, qui passe alors inap
483
rs inaperçu, d’écologie, désignant les « rapports
des
êtres vivants avec leur milieu naturel. » « Écologie » va reparaître
484
a Deuxième Guerre mondiale, signifiant alors bien
des
choses sympathiques mais hétéroclites : à la fois protection des peti
485
athiques mais hétéroclites : à la fois protection
des
petits oiseaux et lutte contre les avions supersoniques qui risquent
486
couche d’ozone ; parcs nationaux et dénonciation
des
grands ensembles ; mesures contre la pollution des eaux de table mais
487
es grands ensembles ; mesures contre la pollution
des
eaux de table mais aussi des océans ; relations entre les taux de dél
488
contre la pollution des eaux de table mais aussi
des
océans ; relations entre les taux de délinquance et le nombre des éta
489
ations entre les taux de délinquance et le nombre
des
étages dans les HLM, etc. Aux yeux des politiciens de droite, l’écolo
490
le nombre des étages dans les HLM, etc. Aux yeux
des
politiciens de droite, l’écologie est un complot contre « la société
491
ux yeux des politiciens de droite, l’écologie est
un
complot contre « la société existante » ; aux yeux des politiciens de
492
omplot contre « la société existante » ; aux yeux
des
politiciens de gauche, sa fin principale paraît être « d’enlever des
493
gauche, sa fin principale paraît être « d’enlever
des
voix au parti socialiste » ou de défendre les privilèges et le confor
494
ste » ou de défendre les privilèges et le confort
des
riches (c’est aussi ce qu’en pense le tiers-monde). Mais si nous pren
495
e, nous voyons que tout simplement l’écologie est
une
réaction de défense (peut-être de rejet) face à la civilisation indus
496
e l’homme qui vit de la Nature et en elle1. 3.
Une
réaction nécessaire : la sécrétion d’anticorps Plutôt donc que l’é
497
écanique. On nous dit : « Le souci écologique est
un
souci de riches ! » Non. C’est le souci des premiers atteints par le
498
ue est un souci de riches ! » Non. C’est le souci
des
premiers atteints par le mal industriel, qu’ils ont d’ailleurs invent
499
tre la nature. De ceux qui ont inventé et produit
une
civilisation qui tend à détruire du même mouvement à la fois les écos
500
fiant beaucoup, que nous sommes ici en présence d’
une
révolte de l’écologie contre l’économie, ou de la volonté de vivre co
501
in de la Deuxième Guerre mondiale, a pris soudain
des
proportions à ce point alarmantes que les gouvernements de nos États
502
ce industrielle — se sont vus contraints de créer
des
ministères de l’Environnement (signes des temps plus que remèdes effi
503
e créer des ministères de l’Environnement (signes
des
temps plus que remèdes efficaces, les titulaires de ces ministères so
504
d’essence cartésienne, a voulu se développer sur
une
tabula rasa — qu’elle a créée au besoin — d’où ses liens de complicit
505
. Pour l’école primaire, l’esprit de l’enfant est
une
tabula rasa ou maison vide qu’il s’agit de « meubler » de certitudes
506
géométriques, alignées et les préparant à devenir
des
recrues alignables. Il existe une profonde analogie de structure entr
507
arant à devenir des recrues alignables. Il existe
une
profonde analogie de structure entre l’agression contre la nature et
508
, transports publics… C’est bien souvent autour d’
un
problème écologique : lac ou rivière polluée, projets de centrales nu
509
ration, route « pénétrante », autoroutes divisant
des
domaines ou des quartiers, destruction de forêts que la conscience ré
510
pénétrante », autoroutes divisant des domaines ou
des
quartiers, destruction de forêts que la conscience régionaliste alert
511
le premier temps : l’exigence écologique entraîne
des
exigences régionales. Mais l’obstacle est le même dans les deux cas :
512
s : l’État-nation. Exemple : quand la CEE propose
un
plan européen de lutte contre la pollution, tel gouvernement répond :
513
uvernement répond : d’accord, mais seulement dans
une
mesure compatible avec ma souveraineté nationale. Et l’on sait à quel
514
5. … et aux exigences fédéralistes Or, au-delà
des
exigences écologiques régionales niées, refusées, minimisées par l’Ét
515
at-nation qui a peur qu’elles le divisent, il y a
des
exigences écologiques continentales, également niées, refusées ou min
516
rois autres additionnés… Même jeu quand il s’agit
des
mers et des océans menacés, des changements de climat, du pillage des
517
additionnés… Même jeu quand il s’agit des mers et
des
océans menacés, des changements de climat, du pillage des ressources
518
u quand il s’agit des mers et des océans menacés,
des
changements de climat, du pillage des ressources non renouvelables.
519
ns menacés, des changements de climat, du pillage
des
ressources non renouvelables. Tout État-nation, par nature, s’oppose
520
(à l’échelle mondiale) et trop grand (à l’échelle
des
régions) pour jouer encore son rôle d’État, — d’animateur, d’arbitre,
521
es européens et régionalistes. 6. La région :
un
espace de participation à la mesure du citoyen Mais il convient ic
522
le sens que nous donnons au mot région. — Il y a
des
régions ethniques qui ne correspondent à aucun État aujourd’hui exist
523
chevauchent parfois les frontières de trois pays,
des
calottes du Nord (Norvège, Suède, Finlande) à l’Oresund (Danemark et
524
régions assez petites pour permettre à la voix d’
un
citoyen de s’y faire entendre et à celles des autres de lui répondre.
525
ix d’un citoyen de s’y faire entendre et à celles
des
autres de lui répondre. 7. Éloge de la petite échelle Il s’agit
526
échelle Il s’agit donc, si l’on veut arriver à
des
solutions écologiques capables de restaurer, maintenir et développer
527
es capables de restaurer, maintenir et développer
des
écosystèmes viables, de dépasser l’État-nation, c’est-à-dire d’instit
528
épasser l’État-nation, c’est-à-dire d’instituer d’
un
même mouvement en interaction permanente, les régions et la fédératio
529
dération continentale. Le principe de répartition
des
pouvoirs naguère concentrés dans la seule capitale nationale est des
530
e concentrés dans la seule capitale nationale est
des
plus simples : il consiste à situer les pouvoirs de décision au nivea
531
ée, et toujours en partant d’en bas, c’est-à-dire
des
plus petites unités. C’est ce que le diplomate américain D. Moynihan
532
sposer en termes européens : Ne confiez jamais à
une
plus grande unité ce qui peut être fait par une plus petite. Ce que l
533
à une plus grande unité ce qui peut être fait par
une
plus petite. Ce que la famille peut faire, la municipalité ne doit pa
534
: la décentralisation de l’État, de l’économie et
des
activités culturelles leur paraît la condition même d’une renaissance
535
vités culturelles leur paraît la condition même d’
une
renaissance civique, économique et culturelle de leur pays. À part le
536
es nucléaires, qui exigent les unes et les autres
une
centralisation ombrageuse, tout marche mieux, sur une petite échelle,
537
centralisation ombrageuse, tout marche mieux, sur
une
petite échelle, dans les autonomies locales. « Coopératives d’habitat
538
icace. E. F. Schumacher a démontré le contraire d’
une
manière décisive, dans son célèbre ouvrage Small is beautiful. 8.
539
stématique que l’on vient de relever conduisent d’
une
manière nécessaire à des conclusions politiques d’importance décisive
540
de relever conduisent d’une manière nécessaire à
des
conclusions politiques d’importance décisive au seuil de la campagne
541
rdue, s’est réveillée par l’intervention imprévue
des
régionalistes et des écologistes ; — S’il est vrai que ni la région n
542
par l’intervention imprévue des régionalistes et
des
écologistes ; — S’il est vrai que ni la région ne se fera sans l’Euro
543
e se fera sans l’Europe fédérée, ni celle-ci sans
des
régions à sa base ; — S’il est vrai enfin que les problèmes écologiqu
544
ays et à l’échelle continentale, en vue d’établir
un
programme commun aux trois mouvements, et de prévoir des tactiques ad
545
gramme commun aux trois mouvements, et de prévoir
des
tactiques adaptées aux situations qui diffèrent d’une manière importa
546
tactiques adaptées aux situations qui diffèrent d’
une
manière importante d’un pays à l’autre chez les Neuf3. 9. Pour un
547
tuations qui diffèrent d’une manière importante d’
un
pays à l’autre chez les Neuf3. 9. Pour un même avenir Encore un
548
te d’un pays à l’autre chez les Neuf3. 9. Pour
un
même avenir Encore un mot sur le titre-slogan que je propose. Il n
549
ez les Neuf3. 9. Pour un même avenir Encore
un
mot sur le titre-slogan que je propose. Il ne dit pas : même combat,
550
ne dit pas : même combat, mais bien même avenir.
Un
combat peut être perdu et c’est fini. Un avenir adviendra certainemen
551
avenir. Un combat peut être perdu et c’est fini.
Un
avenir adviendra certainement. Ce qu’il m’importait de souligner, c’e
552
; c’est que l’avenir de chacune d’elle est celui
des
deux autres, et qu’en cette trinité réside l’espoir des Européens et
553
ux autres, et qu’en cette trinité réside l’espoir
des
Européens et de la Paix. 1. La révolte des chiites iraniens contr
554
ir des Européens et de la Paix. 1. La révolte
des
chiites iraniens contre la modernisation entreprise par le Shah avec
555
modernisation entreprise par le Shah avec l’aide
des
États-Unis et de l’Europe ne serait-elle pas un premier phénomène de
556
septembre 1977. 3. Dans certains pays, il existe
un
parti écologiste : parti radical italien, parti radical néerlandais,
557
parti radical italien, parti radical néerlandais,
des
Alliances comme « die Grünen » en RFA, « The Green Alliance » en Gran
558
n RFA, « The Green Alliance » en Grande-Bretagne,
des
collectifs comme « Europe-Écologie » en France. s. Rougemont Denis
559
Les Nations unies
des
animaux (13 décembre 1980)t u Les animaux ne parlent pas, et c’est
560
animaux ne parlent pas comme nous parlons — avec
des
mots. Mais ils vivent comme nous la douleur et la joie, la peur et l’
561
nt, les torturent, les massacrent, qu’il s’agisse
des
bébés phoques, du Labrador ou, dans les campagnes toutes proches d’ic
562
ador ou, dans les campagnes toutes proches d’ici,
des
petits veaux engraissés dans leur cuve en ciment, nourris au tube de
563
ui mourront sans avoir jamais ouvert les yeux sur
une
prairie ensoleillée. Parler pour eux, dire la plainte muette des cré
564
leillée. Parler pour eux, dire la plainte muette
des
créatures que l’homme a trop souvent nommées des « bêtes brutes », qu
565
des créatures que l’homme a trop souvent nommées
des
« bêtes brutes », quand elles étaient rendues telles, à vrai dire, pa
566
elles, à vrai dire, par la bêtise et la brutalité
des
hommes. On fait grand cas, dans les magazines scientifiques, des anim
567
fait grand cas, dans les magazines scientifiques,
des
animaux qui apprennent à parler et surtout à comprendre un peu nos la
568
x qui apprennent à parler et surtout à comprendre
un
peu nos langages d’hommes. Les merveilleux dauphins sont les vedettes
569
on, — mais attention ! Je salue les Nations unies
des
animaux mais je recule avec horreur devant l’idée d’une Unesco des an
570
imaux mais je recule avec horreur devant l’idée d’
une
Unesco des animaux ! Car les mots que nous pouvons leur apprendre n’e
571
je recule avec horreur devant l’idée d’une Unesco
des
animaux ! Car les mots que nous pouvons leur apprendre n’expriment ri
572
rien de leur être et de leurs émotions : ce sont
des
ordres que nous leur donnons, et leurs réponses disent « À vos ordres
573
s ne communiquons pas ! Communiquer avec le monde
des
animaux relève du sentiment, de l’intuition, de l’accueil aux mystère
574
nd à prouver qu’ils sont plus capables que nous d’
une
certaine civilisation : celle du cœur, non du seul intellect, celle d
575
celle de l’amitié, de la confiance, non pas celle
des
missiles nucléaires, du chômage et de la destruction irréversible des
576
res, du chômage et de la destruction irréversible
des
forêts, du plancton des océans et de l’air respirable. La seule compr
577
destruction irréversible des forêts, du plancton
des
océans et de l’air respirable. La seule compréhension, mais alors trè
578
e sa survie, l’écologie nous l’a rappelé au cours
des
deux dernières décennies avec une efficacité peut-être imperceptible,
579
appelé au cours des deux dernières décennies avec
une
efficacité peut-être imperceptible, mais d’autant plus pénétrante : o
580
trante : on répétait qu’il s’agissait seulement d’
une
mode. Cette erreur a distrait la méfiance des saccageurs de la Nature
581
t d’une mode. Cette erreur a distrait la méfiance
des
saccageurs de la Nature, et elle nous a permis d’agir en profondeur.
582
premier verset) : La création tout entière, dans
une
attente ardente, attend la révélation des fils de Dieu. Car la créati
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e, dans une attente ardente, attend la révélation
des
fils de Dieu. Car la création a été soumise à la corruption non de so
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tion, pour avoir part à la liberté et à la gloire
des
enfants de Dieu. Or nous savons que jusqu’à ce jour la création tout
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érance, dont il nous faut témoigner désormais par
des
actes à la fois symboliques et concrets, poétiques et politiques, tel
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er. t. Rougemont Denis de, « Les Nations unies
des
animaux », Réforme, Paris, 13 décembre 1980, p. 1 et 2. u. Présenté
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e, 70 délégués de divers mouvements de protection
des
animaux se sont réunis en assemblée générale de l’association : Unite
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èrement en France de son action en faveur du site
des
Baux-de-Provence, que menaçait la mine). Sur ses propositions, plusie
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enaçait la mine). Sur ses propositions, plusieurs
des
participants se sont engagés à représenter chacun une « nation » — c’
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participants se sont engagés à représenter chacun
une
« nation » — c’est-à-dire une espèce animale menacée (baleines, cigog
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représenter chacun une « nation » — c’est-à-dire
une
espèce animale menacée (baleines, cigognes, chinchillas, daims porte-
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nt pour que cette protection puisse s’appuyer sur
des
bases juridiques. Denis de Rougemont, dont on connaît l’engagement da