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Paysans de l’Ouest (
15
juin 1937)a b 10 décembre 1933 Un discours de l’instituteur. — Hi
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Paysans de l’Ouest (15 juin
1937
)a b 10 décembre 1933 Un discours de l’instituteur. — Hier soir, s
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Paysans de l’Ouest (15 juin 1937)a b
10
décembre 1933 Un discours de l’instituteur. — Hier soir, séance de P
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ysans de l’Ouest (15 juin 1937)a b 10 décembre
1933
Un discours de l’instituteur. — Hier soir, séance de Pathé-Baby orga
5
derrière le petit appareil de projection, placé à
trois
ou quatre mètres de l’écran. (Un drap de lit sur le tableau noir.) Un
6
le petit appareil de projection, placé à trois ou
quatre
mètres de l’écran. (Un drap de lit sur le tableau noir.) Une quaranta
7
rps. Nous étions assis derrière eux. Au fond, sur
deux
armoires basses siégeaient une dizaine d’hommes. Deux ou trois coiffe
8
Au fond, sur deux armoires basses siégeaient une
dizaine
d’hommes. Deux ou trois coiffes de paysannes seulement. Et des enfant
9
armoires basses siégeaient une dizaine d’hommes.
Deux
ou trois coiffes de paysannes seulement. Et des enfants autour du tré
10
s basses siégeaient une dizaine d’hommes. Deux ou
trois
coiffes de paysannes seulement. Et des enfants autour du trépied de l
11
e petits garçons. Il n’a pas répondu à mon salut.
12
décembre 1933 Tout à l’heure, en déchirant le journal de l’île pour a
12
çons. Il n’a pas répondu à mon salut. 12 décembre
1933
Tout à l’heure, en déchirant le journal de l’île pour allumer le feu,
13
se à la conférence donnée au même endroit, il y a
quinze
jours, sous les auspices d’une ligue « antifasciste », et qui avait p
14
a première conférence. Mais le village d’A… est à
huit
kilomètres et la tempête m’avait empêché d’y aller à bicyclette. J’es
15
Le seul protestant est mort l’été dernier, âgé de
93
ans. Il s’était converti à soixante-dix ans « et il avait toujours te
16
été dernier, âgé de 93 ans. Il s’était converti à
soixante-dix
ans « et il avait toujours tenu ! » Catholique, antifasciste, laïque,
17
era modifier ce jugement. J’en suis bien curieux.
15
décembre 1933 Je relève les notes prises l’autre soir sur la conféren
18
ce jugement. J’en suis bien curieux. 15 décembre
1933
Je relève les notes prises l’autre soir sur la conférence à A… … Gran
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airie, voûtée, peinte en bleu clair. Une table et
trois
chaises sur la scène surélevée. Environ une centaine d’auditeurs : pa
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trois chaises sur la scène surélevée. Environ une
centaine
d’auditeurs : paysans et pêcheurs, cela se voit. Au premier rang, deu
21
ysans et pêcheurs, cela se voit. Au premier rang,
deux
« dames », l’une très vieille. Ce sont les seules femmes. Mauvais écl
22
, comme l’autre fois ! Poussés par leurs voisins,
trois
hommes se lèvent en haussant les épaules pour s’excuser de se mettre
23
asquette à visière cirée, et s’installent sur les
trois
chaises, un tout à droite, un tout à gauche, le troisième, qui est le
24
feu. C’est un petit maigre en casquette, environ
35
ans, l’air intelligent. Je l’approuve et m’étonne que la discussion n
25
ui envoyer un Nouveau Testament. Nous faisons les
cent
pas sur la place. M. Palut sait que je suis écrivain. Il a lu un de m
26
éjà un énorme succès. Pensez donc, il y a plus de
six
ans que je suis dans l’île, et je n’avais jamais pu parler à A…, à ca
27
nt ? Allez le savoir, avec eux. On prêche pendant
six
ans la même chose, ils vous remercient, on croit qu’ils ont compris,
28
qu’ils appellent le peuple… » ; je revoyais cette
centaine
d’hommes dans la salle nue. Leur méfiance ou leur timidité, ou aussi
29
ste rien qu’un peu de courbature dans les jambes.
16
décembre 1933 Derrière la même pile d’assiettes où je crois avoir déj
30
un peu de courbature dans les jambes. 16 décembre
1933
Derrière la même pile d’assiettes où je crois avoir déjà dit que j’av
31
tes où je crois avoir déjà dit que j’avais trouvé
deux
ouvrages traitant de mon île, j’ai déniché ce matin une édition popul
32
ien à voir avec la critique littéraire. À la page
43
de l’édition que j’ai sous les yeux, je lis ceci : « … ils déménagent
33
j’en ai pris sept sur mon pyjama dans l’espace de
deux
minutes, ce qui doit constituer une sorte de record. D’autres sautaie
34
l du second Faust que par ces allées de Ferrare !
18
décembre 1933 Je ne cesse de repenser à la conférence d’avant-hier à
35
Faust que par ces allées de Ferrare ! 18 décembre
1933
Je ne cesse de repenser à la conférence d’avant-hier à A… Il me sembl
36
issance de l’« esprit », bêtise de l’action : ces
deux
misères n’auraient-elles pas une origine commune ? Il m’a semblé que
37
Je n’ai pas fini de m’étonner de cette rencontre.
19
décembre 1933 Si l’on veut réellement conduire un homme à un but déf
38
fini de m’étonner de cette rencontre. 19 décembre
1933
Si l’on veut réellement conduire un homme à un but défini, il faut a
39
ays que je possède une machine à écrire…) Février
1934
Les gens. — Du haut des dunes, je vois les terres divisées en parcel
40
emmes travaillent, le buste parallèle au sol. Ces
deux
observations physiques très simples méritent chacune un commentaire.
41
éritent chacune un commentaire. Elles résument en
deux
images exactes les conditions morales et économiques des habitants de
42
ns morales et économiques des habitants de l’île.
1°
Division des terres. — J’ai pu vérifier à plusieurs reprises l’extrao
43
ont que quelques centiares, les plus grandes un à
deux
ares. Je connais déjà la géographie locale assez pour me rendre compt
44
rbales. Dictature ou éducation, voilà le dilemme.
2°
Mauvais outils. — Revenons au sens précis, limité et terre à terre de
45
ue la lame fait avec le manche un angle d’environ
45
degrés. Cet instrument, d’une part les oblige à baisser le buste au m
46
art les empêche de labourer cette terre à plus de
quinze
ou vingt centimètres de profondeur. Trente centimètres de rallonge au
47
pêche de labourer cette terre à plus de quinze ou
vingt
centimètres de profondeur. Trente centimètres de rallonge au manche,
48
de labourer cette terre à plus de quinze ou vingt
centimètres
de profondeur. Trente centimètres de rallonge au manche, un angle plu
49
lus de quinze ou vingt centimètres de profondeur.
Trente
centimètres de rallonge au manche, un angle plus grand avec la lame,
50
quinze ou vingt centimètres de profondeur. Trente
centimètres
de rallonge au manche, un angle plus grand avec la lame, cela suffira
51
: un petit propriétaire venu du continent il y a
trois
ans et qui utilise des outils ordinaires, me dit qu’il a tout de suit
52
ont les défauts sautent aux yeux du premier venu.
13
février 1934 La presse. — Je note à l’usage d’un futur historien des
53
auts sautent aux yeux du premier venu. 13 février
1934
La presse. — Je note à l’usage d’un futur historien des mœurs que la
54
eurs, que j’ai pu constater cette contagion ! Les
deux
journaux locaux gardent un ton à la fois naïf et grandiloquent, avec
55
aris, et l’un de ces petits journaux de campagne.
15
février 1934 Les gens. — Si j’avais une âme de philanthrope, je cher
56
un de ces petits journaux de campagne. 15 février
1934
Les gens. — Si j’avais une âme de philanthrope, je chercherais à rép
57
e, ils « font la partie » chez l’un ou l’autre, à
quatre
ou cinq. On boit et on tape le carton sans beaucoup de paroles. C’est
58
ont la partie » chez l’un ou l’autre, à quatre ou
cinq
. On boit et on tape le carton sans beaucoup de paroles. C’est à cela
59
rendre. Le village comptait autrefois, paraît-il,
cinq
ou six Sociétés de caractère utilitaire ou récréatif. La plus fameuse
60
Le village comptait autrefois, paraît-il, cinq ou
six
Sociétés de caractère utilitaire ou récréatif. La plus fameuse était
61
e velours violet, horriblement moderne. Cependant
deux
associations se survivent encore. L’une, c’est la Mutuelle, dont l’ac
62
s, minotiers et consommateurs. Le pain, la tombe.
Deux
réalités fondamentales. Voilà qui est bien dans l’harmonie de cette l
63
nt les seules verticales. Existence ramenée à ces
deux
dimensions premières. Pour la vie, l’homme debout et actif, il faut l
64
t morts ou vont mourir couchés sur une fortune de
100
000 ou de 200 000 francs, que leurs fils iront perdre à la ville : je
65
rts ou vont mourir couchés sur une fortune de 100
000
ou de 200 000 francs, que leurs fils iront perdre à la ville : je cro
66
t mourir couchés sur une fortune de 100 000 ou de
200
000 francs, que leurs fils iront perdre à la ville : je crois cependa
67
urir couchés sur une fortune de 100 000 ou de 200
000
francs, que leurs fils iront perdre à la ville : je crois cependant q
68
jour, de Paris, faire la loi dans notre village ?
15
mars 1934 Je rentre de Vendée. On m’avait demandé d’y aller faire que
69
Paris, faire la loi dans notre village ? 15 mars
1934
Je rentre de Vendée. On m’avait demandé d’y aller faire quelques caus
70
d’y aller faire quelques causeries. J’en rapporte
deux
séries d’observations nouvelles sur la province, et je crois d’autant
71
guère de « pays » qui ne soit desservi par une ou
deux
ou même trois Compagnies de transports locaux. Depuis que j’ai quitté
72
ys » qui ne soit desservi par une ou deux ou même
trois
Compagnies de transports locaux. Depuis que j’ai quitté Paris, j’ai b
73
l’État, partout, la même. Vous pouviez parcourir
vingt
fois la France de part en part, sans remarquer que les gens qui l’hab
74
s d’habitudes locales. D’abord il faut aller dans
deux
ou trois cafés pour obtenir un minimum de précisions concernant l’heu
75
tudes locales. D’abord il faut aller dans deux ou
trois
cafés pour obtenir un minimum de précisions concernant l’heure du pro
76
baisser les prix. Car il est de règle qu’au début
deux
Compagnies se disputent le parcours, jusqu’à ce que l’une des deux fa
77
e disputent le parcours, jusqu’à ce que l’une des
deux
fasse faillite, ou réussisse à vendre « honnêtement » sa renonciation
78
andations ; et ils sont rares, ceux qui n’ont pas
deux
mots à dire par la portière entrouverte un instant à la fille de l’au
79
, monsieur, — lui dis-je, — qu’un écrivain a bien
deux
fois plus de peine à vivre qu’un homme normal, mettons qu’un fonction
80
aveu d’une faiblesse ou d’une ambition excessive,
deux
choses qui compliquent fort la vie, je crois ; ou bien l’on écrit des
81
us cesserez, je le crains, d’envier ma condition…
16
mars 1934 D’un autre « peuple ». — Il faut encore que je revienne su
82
rez, je le crains, d’envier ma condition… 16 mars
1934
D’un autre « peuple ». — Il faut encore que je revienne sur mon séjo
83
revienne sur mon séjour vendéen. J’avais à donner
trois
« causeries » devant des auditoires de jeunes cultivateurs. Eux-mêmes
84
m’avait prié de parler des révolutions russes de
1905
et de 1917, et de l’état actuel de l’URSS. Ils étaient venus par gro
85
ié de parler des révolutions russes de 1905 et de
1917,
et de l’état actuel de l’URSS. Ils étaient venus par groupes, à bicy
86
a petite salle des cours ruraux peut contenir une
centaine
d’auditeurs. L’orateur doit se tenir debout au milieu d’eux, de maniè
87
cette proximité physique. Je leur parlai pendant
deux
heures d’un pays d’énormes plaines, sans barrières ni haies, sans che
88
e implacable de Lénine, l’enthousiasme du plan de
cinq
ans. Et je m’étonnais tout en parlant de raconter une épopée contempo
89
antage, ce fut la question franche d’un garçon de
vingt
ans, costaud, l’air intelligent et ouvert : « Pensez-vous qu’on pourr
90
de jeune Français. » Je retiens de cette journée
deux
impressions (je n’ose pas en dire davantage : tout cela est encore mo
91
a peine de connaître, chez les « intellectuels ».
17
mars 1934 L’instituteur vendéen. — Nous étions assis dans sa cuisine
92
de connaître, chez les « intellectuels ». 17 mars
1934
L’instituteur vendéen. — Nous étions assis dans sa cuisine avec sa f
93
étions assis dans sa cuisine avec sa femme et ses
deux
enfants. C’est un homme de quarante ans, aux traits réguliers et séri
94
c sa femme et ses deux enfants. C’est un homme de
quarante
ans, aux traits réguliers et sérieux, un peu lent de geste et de paro
95
concurrence de l’école libre qui nous a pris les
deux
tiers de nos élèves. On aurait besoin de nourriture intellectuelle po
96
e n’est pas ce qu’on cherche. Il faudrait en lire
deux
au moins pour corriger les mensonges. Ce qu’ils peuvent tous mentir !
97
une liste de livres à lire pour l’instituteur de
M
… Je ne trouve à lui recommander que des traductions. La littérature m
98
on politique à laquelle ils n’entendent goutte.
1.
Deux petits journaux paraissent dans l’île. L’un est aux mains de M.
99
politique à laquelle ils n’entendent goutte. 1.
Deux
petits journaux paraissent dans l’île. L’un est aux mains de M. T…, d
100
». L’autre est « républicain et antifasciste ».
2.
Village à l’autre extrémité de l’île. 3. Combien d’ailleurs savent q
101
ste ». 2. Village à l’autre extrémité de l’île.
3.
Combien d’ailleurs savent que ce mot peut désigner autre chose qu’un
102
ésigner autre chose qu’un « je m’en fichiste » ?
4.
J’avais raison de marquer ce doute. Un agriculteur auquel je viens de
103
lus. Or ils y sont, pour la plupart, contraints.
5.
J’ai appris que, dans certaines régions du Midi, de véritables « écum
104
sans de l’Ouest », La Revue de Paris, Paris, juin
1937,
p. 826-851. b. Introduit par la note suivante : « M. Denis de Rougem
105
L’Âme romantique et le rêve (
15
août 1939)c Le recours à l’inconscient, pour expliquer la conduite
106
L’Âme romantique et le rêve (15 août
1939
)c Le recours à l’inconscient, pour expliquer la conduite des indiv
107
ctivités, c’est l’un des traits typiques de notre
siècle
. Or l’inconscient est la grande découverte — ou l’invention — des rom
108
te d’unité profonde sous-jacente aux tourments du
siècle
. Une vague de rêves a submergé notre littérature, depuis la guerre ;
109
ns la pénombre où s’émeut leur commune origine.
I
. Le Rêve et la Mystique La conscience claire est la première conqu
110
ure. Ainsi naquit le romantisme allemand après le
siècle
des Lumières. Ainsi renaissent nos soifs mystiques élémentaires après
111
aissent nos soifs mystiques élémentaires après un
siècle
de science positiviste. Est-il vrai que la nuit et le rêve n’ont rien
112
me, à la grande nostalgie de l’être en exil. »
II
. L’Être en exil Ce sentiment d’exil que nous trouvons à l’origine
113
consacrée à des analyses de rêves, Moritz écrivit
deux
romans autobiographiques qui nous permettent de pénétrer l’intimité d
114
la joie devant la mort de Tristan et d’Isolde.
III
. Mystique et Personne L’exemple des romantiques allemands illustre
115
che qu’on parvient au salut », dit saint Paul.
IV
. Romantisme et national-socialisme De même que l’expérience d’un a
116
t témoigner par la Parole et l’acte personnel.
6.
En effet, pour les romantiques, « le sommeil est une préfiguration de
117
que nous pouvons rejoindre l’Autre, l’indicible.
7.
On peut regretter qu’Albert Béguin n’ait pas insisté davantage sur l’
118
particulier de la psychologie de l’inconscient.
8.
C’est la Recherche du temps perdu, de Proust. 9. Discours du 18 juin
119
8. C’est la Recherche du temps perdu, de Proust.
9.
Discours du 18 juin 1939, à Dantzig. c. Rougemont Denis de, « [Comp
120
herche du temps perdu, de Proust. 9. Discours du
18
juin 1939, à Dantzig. c. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] L’Âme
121
u temps perdu, de Proust. 9. Discours du 18 juin
1939,
à Dantzig. c. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] L’Âme romantique
122
ique et le rêve », La Revue de Paris, Paris, août
1939,
p. 915-928.
123
Tableaux américains (décembre
1946
)d New York alpestre Personne ne m’avait dit que New York est
124
l couché. C’est la ville la plus simple du monde.
Douze
avenues parallèles, dans le sens de la longueur, qui est de vingt-cin
125
rallèles, dans le sens de la longueur, qui est de
vingt-cinq
kilomètres environ — elles figurent assez bien les ascenseurs d’un gr
126
ire State, du Chrysler, du Centre Rockefeller, de
vingt
autres de ces sommités célèbres que les New-Yorkais vous désignent co
127
supporter le formidable poids d’un gratte-ciel de
cent
étages. Et les blocs erratiques, débités en tranches, polis et luisan
128
nger dans la lecture de mon journal. Il n’y a que
deux
classes en Amérique : l’une où les fauteuils au dossier très haut son
129
où les fauteuils au dossier très haut sont fixes (
deux
de chaque côté du couloir central), l’autre où les fauteuils sont esp
130
que le cinéma nous en promet — mais il suffit de
trois
ou quatre beautés saines ou frappantes, sur cinquante femmes qu’on ne
131
inéma nous en promet — mais il suffit de trois ou
quatre
beautés saines ou frappantes, sur cinquante femmes qu’on ne remarque
132
trois ou quatre beautés saines ou frappantes, sur
cinquante
femmes qu’on ne remarque pas, pour qu’on s’écrie : « Comme elles sont
133
, tout ce que le regard touche et mesure dans les
trois
dimensions de l’espace, sauf un découpage de ciel mat, tout est fait
134
dont la sépare une rangée d’hôtels particuliers à
cinq
étages, cette rue très courte est l’une des rares — j’en connais troi
135
ue très courte est l’une des rares — j’en connais
trois
dans Manhattan — qui, à la fois, ne portent pas de numéro et ne coupe
136
ture — car l’eau même est canalisée — ce sont ces
trois
îlots de granit noir couverts de mouettes, et signalés par deux petit
137
granit noir couverts de mouettes, et signalés par
deux
petits phares dont clignotent irrégulièrement le feu vert — cinq seco
138
res dont clignotent irrégulièrement le feu vert —
cinq
secondes de révolution — et le feu rouge — six ou sept secondes. Tout
139
— cinq secondes de révolution — et le feu rouge —
six
ou sept secondes. Tout ce qu’embrasse mon regard, tout est fait de ma
140
oire un verre, le soir. Un violoniste s’escrime à
vingt
reprises sur le Deuxième Concerto brandebourgeois, mais deux radios m
141
es sur le Deuxième Concerto brandebourgeois, mais
deux
radios martèlent ce Tchaïkovski qu’on entend siffler dans la rue… Je
142
. Un quadrimoteur argenté passait très haut entre
deux
tours babyloniennes, l’une phallique, l’autre en Moïse de Michel-Ange
143
ïse de Michel-Ange. Et sur une terrasse dormante,
deux
ou trois étages plus bas, quelqu’un sortait en robe de chambre, un vi
144
ichel-Ange. Et sur une terrasse dormante, deux ou
trois
étages plus bas, quelqu’un sortait en robe de chambre, un vieux monsi
145
oudain, passant la tranche ocrée d’un bâtiment de
trente
étages, à mi-hauteur, sur la rivière, une proue grise et ses canons g
146
les trottoirs se rétrécissent.) Cette rue, comme
cent
autres pareilles, fait voir en coupe la société américaine. C’est une
147
lle parce que la nuit vient de descendre — depuis
cinq
ans que je circule dans cette ville, je n’ai jamais été touché ; ils
148
er, débordent sur la neige entre les escaliers de
quatre
marches qui conduisent aux portes d’entrée. Portes étroites, ouvrant
149
es, ouvrant sur des couloirs hauts et profonds où
deux
personnes peuvent à peine se croiser. L’angoisse me prend chaque fois
150
baignoire couverte et fort étroite se dresse sur
quatre
pieds de fonte : il faudrait monter sur une chaise pour y entrer. De
151
donne sur la rue. De l’autre côté de la cuisine,
deux
petites chambres sans fenêtres ni portes. Au fond, une autre pièce pl
152
rement cloisonné, s’annonce dans les journaux : «
Cinq
pièces, eau chaude et bain. » Il en existe dans Manhattan des centain
153
chaude et bain. » Il en existe dans Manhattan des
centaines
de milliers construits sur ce même type : deux pièces claires sur cou
154
n. » Il en existe dans Manhattan des centaines de
milliers
construits sur ce même type : deux pièces claires sur cour et rue, re
155
ntaines de milliers construits sur ce même type :
deux
pièces claires sur cour et rue, reliées par deux ou trois alvéoles av
156
deux pièces claires sur cour et rue, reliées par
deux
ou trois alvéoles aveugles. Tout l’East Side populaire est ainsi, sur
157
èces claires sur cour et rue, reliées par deux ou
trois
alvéoles aveugles. Tout l’East Side populaire est ainsi, sur une ving
158
et c’est ainsi que nous avons fait connaissance.
Deux
femmes d’âge moyen et leurs maris se partagent une maison que les pin
159
igne, dont les ancêtres quittèrent l’Allemagne en
1848,
parce qu’ils étaient républicains. Cette vague d’émigration germaniqu
160
orthodoxe ? « Oui, dit Robert, c’est l’une de nos
deux
églises ukrainiennes. » La moitié de la population de Cohoes est slav
161
ans grand avenir, qui vit déjà sur son passé d’un
siècle
… Robert me dépose devant l’entrée de son agence de locations, dans l’
162
principales. Le bureau donne sur le trottoir par
trois
portes grandes ouvertes. Je vois Robert tomber la veste, lire quelque
163
: — C’est moi qui ai fondé notre Air Club, il y a
quinze
ans, j’étais tout jeune. J’ai eu jusqu’à trente appareils et une écol
164
a quinze ans, j’étais tout jeune. J’ai eu jusqu’à
trente
appareils et une école de pilotage. Mais, coup sur coup, quatre accid
165
ls et une école de pilotage. Mais, coup sur coup,
quatre
accidents mortels en une semaine… C’était le moment du grand krach, e
166
une semaine… C’était le moment du grand krach, en
1929.
Tout s’écroulait. Ma faillite a passé inaperçue. J’ai ouvert cette ag
167
chevaux… L’auto s’arrête devant un haut portique.
Deux
colonnes blanches entre des ifs géants, comme des ailes noires. Je n’
168
la porte dont un battant s’entrouvre devant nous.
Trois
grands longs chiens sortent, le museau bas, et l’un vient vomir à nos
169
orridors. Dans un fumoir, à droite, en contrebas,
deux
hommes en veste de chasse et deux jeunes femmes très blondes boivent
170
, en contrebas, deux hommes en veste de chasse et
deux
jeunes femmes très blondes boivent des whiskys, sans se déranger. Nou
171
ilhouette sur la crête d’une colline, nous voyons
deux
chevaux au galop. Ils disparaissent dans un vallonnement et maintenan
172
chasse, qui tient des verres de whisky à la main.
Deux
femmes blondes entrent et vont s’asseoir un peu à l’écart de notre gr
173
pas plus que vous. Ils sont dans la maison depuis
deux
ou trois jours et se disent les amis de Jim. — Mais où est Jim ? — Je
174
que vous. Ils sont dans la maison depuis deux ou
trois
jours et se disent les amis de Jim. — Mais où est Jim ? — Je ne sais
175
York, à ces grandiloquents témoins de la crise de
1929,
où les affaires périssent et les bureaux se vident au-dessus du cinqu
176
lles ? Il restait à construire des routes. Depuis
dix
ans, les autostrades américaines allongent sans répit leur ruban de b
177
au contraire atteste une force paisible et utile.
Trois
pistes parallèles dans chaque sens, séparées par une large bande gazo
178
u là, un grand arbre isolé, témoin de la prairie.
Trois
pistes blanches délimitées par des lignes jaunes et noires, entre les
179
nt, de droite à gauche, de gauche à droite, entre
cent
et cent-trente à l’heure, des millions de larges voitures. Une telle
180
droite, entre cent et cent-trente à l’heure, des
millions
de larges voitures. Une telle aisance dans la vitesse, l’absence de s
181
sur la droite, puis mitraillé à bout portant par
cent
, par mille panneaux de toutes formes et couleurs. Sans relâche, ils c
182
oite, puis mitraillé à bout portant par cent, par
mille
panneaux de toutes formes et couleurs. Sans relâche, ils croissent en
183
ui un aspirateur Smith… Des bonbons Johnson… Ici,
trois
tués par jour… Lisez la Bible… Cabines de touristes à cent yards… Fer
184
par jour… Lisez la Bible… Cabines de touristes à
cent
yards… Ferryboat du Delaware en grève… Faites un détour par Philadelp
185
souhaite la bienvenue… Et limite votre vitesse à
cinquante
miles… cinq-cents dollars d’amende ou un an de prison… ou les deux en
186
cents dollars d’amende ou un an de prison… ou les
deux
ensemble… Dieu bénisse l’Amérique… » Je ferme les yeux et j’écoute le
187
ondement sourd des pneus qui mordent le béton. En
cinq
heures, nous aurons couvert les quatre-cents kilomètres qui séparent
188
e centre de New York de Washington, en traversant
deux
villes énormes : Philadelphie et Baltimore. La vitesse rétrécit l’esp
189
glorieux highways aboutiront enfin à l’Homme.
10.
Au bord du lac du même nom, dans le nord de l’État de New York. d.
190
américains », La Revue de Paris, Paris, décembre
1946,
p. 51-62.
191
Le Mouvement européen (avril
1949
)e Nécessité et urgence de l’union Quand un Américain déclare
192
u plan mondial de la Russie et de l’Amérique. Ces
deux
colosses sont en train de s’observer par-dessus nos têtes. Ils n’ont
193
un en relevant nos ruines, et l’autre en annexant
700
000 kilomètres carrés de nos terres. Si bien qu’on ne voit plus très
194
n relevant nos ruines, et l’autre en annexant 700
000
kilomètres carrés de nos terres. Si bien qu’on ne voit plus très clai
195
faire la guerre, mais il reste évident que si les
deux
Grands continuent à se déclarer la paix sur ce ton-là, cela finira pa
196
plus une puissance, parce qu’elle est divisée en
vingt
nations dont aucune, isolée, n’a plus la taille qu’il faut pour parle
197
et se faire entendre dans le monde dominé par les
deux
grands empires. Et non seulement l’Europe n’est plus une puissance qu
198
cité. Si les choses continuent comme elles vont :
1°
les différents pays de l’Europe seront annexés ou colonisés l’un aprè
199
seront annexés ou colonisés l’un après l’autre ;
2°
la question allemande ne sera pas réglée, fournissant un prétexte per
200
ssant un prétexte permanent à la guerre entre les
deux
Grands ; 3° rien ne pourra s’opposer à cette guerre, dont quel que so
201
xte permanent à la guerre entre les deux Grands ;
3°
rien ne pourra s’opposer à cette guerre, dont quel que soit le vainqu
202
le d’imposer un compromis, de l’inventer pour les
deux
autres. Que si l’on me dit alors que l’Europe même unie serait encore
203
rait encore trop faible pour tenir en respect les
deux
Grands, je répondrai par un seul chiffre : la population de l’Europe
204
entale, à l’ouest du rideau de fer, est d’environ
320
millions d’habitants : c’est deux fois plus que l’Amérique, autant qu
205
le, à l’ouest du rideau de fer, est d’environ 320
millions
d’habitants : c’est deux fois plus que l’Amérique, autant que la Russ
206
r, est d’environ 320 millions d’habitants : c’est
deux
fois plus que l’Amérique, autant que la Russie et tous ses satellites
207
tant que la Russie et tous ses satellites. Si ces
320
millions d’habitants faisaient bloc, soit qu’ils se déclarent neutres
208
que la Russie et tous ses satellites. Si ces 320
millions
d’habitants faisaient bloc, soit qu’ils se déclarent neutres, soit qu
209
ions, ou l’humanité recommencera un purgatoire de
mille
ans. » C’était vers 1860. Mais ces rêves et ces prophéties ne pouvaie
210
encera un purgatoire de mille ans. » C’était vers
1860.
Mais ces rêves et ces prophéties ne pouvaient concerner qu’un avenir
211
iale, le mouvement paneuropéen, lancé à Vienne en
1923
par le comte Coudenhove-Kalergi. Ce pionnier réussit à convaincre Bri
212
rs groupes personnalistes. Ils réunirent quelques
centaines
d’adhérents, quelques milliers de lecteurs pour leurs revues. Ces der
213
éunirent quelques centaines d’adhérents, quelques
milliers
de lecteurs pour leurs revues. Ces dernières n’étaient pas d’une lect
214
n de la Libération11. C’est pourquoi, dès l’année
1945,
on vit surgir dans toute l’Europe un pullulement de petits groupes fé
215
t de fédérer tous ces fédéralistes dispersés. Dès
1946,
ce fut chose faite : l’Union européenne des fédéralistes se constitua
216
stituait et pouvait convoquer pour le mois d’août
1947,
à Montreux, son premier congrès. Qu’étions-nous à l’époque, il y a un
217
Cent-cinquante à deux-cents délégués venus d’une
dizaine
de pays, et représentant une cinquantaine d’associations de toutes le
218
e dans son grand discours de Zurich. C’est de ces
deux
initiatives indépendantes, et de leur rencontre à Montreux, que devai
219
evait sortir le congrès de La Haye. Dès l’automne
1947,
un Comité de coordination des mouvements pour l’union de l’Europe dre
220
es plans de travail pour La Haye. Il groupait les
quatre
organisations suivantes : Union européenne des fédéralistes (présiden
221
ement socialiste pour les États-Unis d’Europe. Le
7
mai 1948, dans la Salle des chevaliers du Parlement néerlandais, s’ou
222
socialiste pour les États-Unis d’Europe. Le 7 mai
1948,
dans la Salle des chevaliers du Parlement néerlandais, s’ouvrait le C
223
que Churchill, Ramadier, Reynaud et van Zeeland,
soixante
ministres et anciens ministres, près de deux-cents députés aux divers
224
ntants des mouvements féminins et universitaires.
Trois
résolutions furent votées : économique, politique et culturelle. La r
225
réunion des ministres des Affaires étrangères des
cinq
pays signataires du pacte de Bruxelles. Le 18 août notre Mémorandum s
226
s cinq pays signataires du pacte de Bruxelles. Le
18
août notre Mémorandum sur l’Assemblée européenne se voyait accepté sa
227
semaines plus tard, à la suite d’une décision des
Cinq
et sur la demande réitérée de nos mouvements, une conférence restrein
228
e de nos mouvements, une conférence restreinte de
dix-huit
ministres et experts était convoquée à Paris, aux fins d’étudier la c
229
ement et d’un Conseil des ministres européens. Le
28
janvier 1949, la conférence aboutissait à un premier accord, et pouva
230
un Conseil des ministres européens. Le 28 janvier
1949,
la conférence aboutissait à un premier accord, et pouvait annoncer la
231
ombreux travaux économiques. Au début de novembre
1948,
l’Union européenne des fédéralistes réunissait à Rome son deuxième co
232
rope avait pris le nom de Mouvement européen, ses
quatre
présidents d’honneur étant Léon Blum, Winston Churchill, Alcide de Ga
233
ts européens. Ce qui n’était qu’un rêve il y a un
siècle
, qu’une théorie il y a quinze ans, qu’une espérance pendant la guerre
234
u’un rêve il y a un siècle, qu’une théorie il y a
quinze
ans, qu’une espérance pendant la guerre, est aujourd’hui discuté par
235
par la propagande ou les travaux spécialisés des
six
mouvements qui le composent, va se porter au cours des mois prochains
236
ent, va se porter au cours des mois prochains sur
quatre
points : Assemblée, Cour des droits de l’homme, mesures économiques,
237
n défendit ce point de vue dans son mémorandum du
18
août 1948. C’est ce que la presse nomme aujourd’hui, en simplifiant u
238
it ce point de vue dans son mémorandum du 18 août
1948.
C’est ce que la presse nomme aujourd’hui, en simplifiant un peu, la p
239
chose qu’au « Corps consultatif » accepté par les
Cinq
: à l’Assemblée constituante de l’Europe, qui pourra seule contraindr
240
ion d’enquête indépendante des gouvernements. Ces
deux
organes formeraient le noyau d’un véritable pouvoir fédéral. Il me pa
241
dain, pour nos yeux étonnés, la Terre promise.
11.
Voir le recueil de documents intitulés L’Europe de demain (La Baconni
242
fédéralistes des mouvements de la Résistance dans
neuf
pays. e. Rougemont Denis de, « Le Mouvement européen », La Revue de
243
ement européen », La Revue de Paris, Paris, avril
1949,
p. 76-84.
244
Découverte de l’Europe (octobre
1949
)f Il n’est pas facile d’être actuel. Il y faut parfois du génie. G
245
semblée de l’Europe, qui s’ouvrit à Strasbourg le
10
août, en pleines vacances de l’opinion publique. Pourtant les journal
246
tion dangereuse ou lenteurs désespérantes, ou les
deux
à la fois, souvent dans le même article. Que l’Assemblée se soit mont
247
st ce que personne ne sera capable de déduire des
milliers
de coupures de presse où figure le nom de Strasbourg. Une seule opini
248
est-il passé à Strasbourg ? Quelque chose d’assez
neuf
, il faut le croire, pour que la presse n’ait pas su l’enregistrer, si
249
députés, régulièrement élus par les parlements de
douze
pays, matérialisa le 10 août les efforts développés depuis quelques a
250
par les parlements de douze pays, matérialisa le
10
août les efforts développés depuis quelques années par les mouvements
251
différentes opérations, et même pour écarter les
deux
dangers majeurs qui guettaient la jeune Assemblée. Le premier eût con
252
rs se sont, au contraire, divisés publiquement en
deux
groupes à peu près égaux, conservateurs et libéraux d’une part, Labou
253
eurs et libéraux d’une part, Labour de l’autre (à
deux
ou trois exceptions près). Mais cette manière d’éviter le danger « na
254
libéraux d’une part, Labour de l’autre (à deux ou
trois
exceptions près). Mais cette manière d’éviter le danger « national »
255
buts et les méthodes du Conseil de l’Europe, les
deux
conceptions qui se sont affrontées n’ont pas été la gauche et la droi
256
temps de partir. Le plan Marshall se termine dans
deux
ans. La crise économique s’aggrave très rapidement (sans nulle pruden
257
s affaires générales, élue par l’Assemblée dès le
20
août, s’est engagée sans le moindre délai, dans l’étude des structure
258
essus des États, n’a pas pu être refoulée plus de
dix
jours, malgré les efforts conjugués des unionistes nordiques et des m
259
t les clubs de Strasbourg, on a pu voir se former
deux
écoles. La première tient le Comité des ministres pour le germe du fu
260
ou Conseil d’États). La Commission permanente de
vingt-huit
membres, élue par cette double Assemblée, pourrait alors préfigurer l
261
e). On ne s’en étonnera pas, si l’on sait que les
deux
tiers des députés qui siégeaient à Strasbourg appartiennent à notre M
262
ntérieur. Les résultats pourront être jugés d’ici
deux
ans. S’il n’y en a pas à ce moment-là, nous serons Russes ou colonisé
263
de l’Europe », La Revue de Paris, Paris, octobre
1949,
p. 147-151.
264
L’Europe et sa culture (novembre
1950
)g Ce titre appelle deux séries d’objections, les unes portant sur
265
t sa culture (novembre 1950)g Ce titre appelle
deux
séries d’objections, les unes portant sur le mot Europe, les autres s
266
pe et de culture. Où commencent, où finissent ces
deux
réalités ? À la fois dans l’espace et dans le temps, elles sont mouva
267
montagnes et des fleuves, nettement délimitée de
trois
côtés par les mers et par l’Océan. Elle rappelle une Grèce agrandie.
268
a grande mère, que la petite Europe, au cours des
siècles
, a pris conscience d’elle-même et de son unité. Marathon, Salamine, l
269
que la péninsule Europe ne représente qu’à peine
5
% des terres de la planète. D’où vient alors qu’elle ait dominé le mo
270
rs qu’elle ait dominé le monde entier pendant des
siècles
? À l’origine de toute espèce de dynamisme, il y a une tension. À l’o
271
ns le complexe de tensions entrecroisées dont les
trois
pôles peuvent être appelés symboliquement Athènes, Rome et Jérusalem.
272
ne valeur absolue, non mesurable. À partir de ces
trois
pôles, il est possible d’interpréter les principales structures dynam
273
éfinies à partir de la doctrine trinitaire. Après
vingt
siècles de combinaisons et d’analyse, Athènes, Rome, et Jérusalem, ce
274
s à partir de la doctrine trinitaire. Après vingt
siècles
de combinaisons et d’analyse, Athènes, Rome, et Jérusalem, cela s’app
275
nalisme. La lutte que se livrent actuellement ces
trois
attitudes humaines dans le monde, dans la société et jusque dans nos
276
m, il y avait, dès le départ, un drame, ou plutôt
trois
drames entrecroisés, et leurs combinaisons, et leurs permutations. Da
277
ne pouvait faire autrement. Je parle des derniers
mille
ans. Mais comment expliquer que l’homme du ive siècle, par exemple,
278
t d’en tirer les conclusions. Au cours des temps,
mille
vérités et mille erreurs, nées de nos trois éléments fondamentaux, se
279
conclusions. Au cours des temps, mille vérités et
mille
erreurs, nées de nos trois éléments fondamentaux, se sont nouées, com
280
emps, mille vérités et mille erreurs, nées de nos
trois
éléments fondamentaux, se sont nouées, combinées et mariées, ont divo
281
ns produits nouveaux ne sont apparus qu’après des
siècles
de macération. Trois idées, devenues de nos jours réalités psychologi
282
sont apparus qu’après des siècles de macération.
Trois
idées, devenues de nos jours réalités psychologiques, me paraissent t
283
passion et de progrès. Elles sont nées toutes les
trois
de la révélation chrétienne, analysée et déformée dans le prisme gréc
284
re individuelle et d’organisation collective. Ces
trois
idées-forces, ces trois ressorts de l’âme occidentale — on en pourrai
285
anisation collective. Ces trois idées-forces, ces
trois
ressorts de l’âme occidentale — on en pourrait mentionner d’autres —
286
lui-même et le monde… Toutes ces définitions, et
vingt
autres possibles, sont à la fois justes et contestables, trop faciles
287
r une action. ⁂ Essayons de saisir maintenant ces
deux
réalités, l’Europe et la culture, dans leur drame immédiat à nos vies
288
rd. Naguère encore reine de la terre, jusque vers
1914,
et même jusqu’au dernier conflit, l’Europe s’est vue brusquement détr
289
, l’Europe s’est vue brusquement détrônée, il y a
cinq
ans, en même temps qu’elle était libérée dans ses ruines. Elle avait
290
me de la population du globe. Elle n’en sera dans
cinquante
ans plus qu’un dixième probablement. Elle ne sait pas encore. Mais ce
291
sent « mise à pied » par l’Histoire, au profit de
deux
empires neufs qui menacent d’engager une guerre sur son sol et à ses
292
vertu de l’aide intelligente que lui donne un des
deux
empires neufs, aide qui doit fatalement se transformer en contrôle, s
293
trôle, si nous ne savons pas en tirer parti d’ici
deux
ans ; tandis que l’autre empire dispose parmi nous d’un corps d’occup
294
e année au développement de la recherche atomique
5
milliards de dollars, tandis que le crédit correspondant en France at
295
année au développement de la recherche atomique 5
milliards
de dollars, tandis que le crédit correspondant en France atteint à pe
296
le crédit correspondant en France atteint à peine
1
/400e de cette somme. L’idée de progrès a émigré ; elle est devenue am
297
crédit correspondant en France atteint à peine 1/
400e
de cette somme. L’idée de progrès a émigré ; elle est devenue américa
298
a loin de la situation présente à celle d’il y a
dix
ans, où certaines découvertes étaient annoncées par télégramme dans l
299
es ressorts de la créativité qui était depuis des
siècles
la vraie cause de notre puissance et donc de notre indépendance. De p
300
et la culture universelle qu’elle a produite sont
deux
réalités coextensives. Elles naissent et meurent du même mouvement. Q
301
Qu’en est-il de ce mouvement, au milieu de notre
siècle
? Va-t-il vers la renaissance ou vers la décadence ? Je crois que la
302
rd l’état de nos forces, en vue d’agir. Entre les
deux
colosses russe et américain, l’Europe qui vient de perdre la guerre f
303
Qu’avons-nous inventé, nous les Européens, depuis
cent
ans ? Je répondrai : que n’avons-nous pas inventé ? Je cite pêle-mêle
304
idemment ; mais ce n’est point par hasard que ces
deux
grands pays semblent appeler ce procédé de description : leurs traits
305
des Grecs, c’est-à-dire comme s’ils n’étaient que
quarante
millions, soixante millions ou trois millions. Nous parlons, nous ima
306
, c’est-à-dire comme s’ils n’étaient que quarante
millions
, soixante millions ou trois millions. Nous parlons, nous imaginons, n
307
dire comme s’ils n’étaient que quarante millions,
soixante
millions ou trois millions. Nous parlons, nous imaginons, nous craign
308
e s’ils n’étaient que quarante millions, soixante
millions
ou trois millions. Nous parlons, nous imaginons, nous craignons donc,
309
aient que quarante millions, soixante millions ou
trois
millions. Nous parlons, nous imaginons, nous craignons donc, comme de
310
que quarante millions, soixante millions ou trois
millions
. Nous parlons, nous imaginons, nous craignons donc, comme des peuples
311
r. Je ne dirai pas que la division de l’Europe en
vingt
nations, chacune trop petite, rend compte de tous les maux dont nous
312
en général. Cette entreprise viendrait répondre à
trois
nécessités urgentes, qui en indiquent tout naturellement les trois ch
313
urgentes, qui en indiquent tout naturellement les
trois
chapitres principaux. Premièrement, nous avons besoin d’un inventaire
314
’une coordination des efforts dispersés entre nos
vingt
nations. Partout, l’on voit surgir des instituts13 dont les programme
315
méricains. L’action dont je viens d’esquisser les
trois
chapitres principaux, ce n’est rien d’autre, en fait, que le programm
316
et dans nos peuples, suppose la reconnaissance de
deux
réalités qu’oublient généralement nos « réalistes ». La première, c’
317
té, une Europe qui demeure la terre des hommes.
12.
Ici cependant, point de malentendu ! Ne nous laissons jamais tenter p
318
e neutralité. Nous savons où sont nos alliances.
13.
Tels que le Collège d’Autriche, la Deutsche Europa Akademie, le Centr
319
t enfin le Collège d’Europe, inauguré à Bruges le
12
octobre, et qui peut devenir l’École des sciences politiques du conti
320
sa culture », La Revue de Paris, Paris, novembre
1950,
p. 79-90.
321
Inde
1951
(décembre 1951)h i Les États neufs ont des douaniers nerveux, mais
322
Inde 1951 (décembre
1951
)h i Les États neufs ont des douaniers nerveux, mais ceux de l’Inde
323
l bâtiment surmonté d’une coupole. À l’intérieur,
deux
rues de boutiques de luxe, de cafés et de librairies aboutissent dans
324
voitures se succèdent sans relâche. Ma chambre a
dix
mètres sur cinq, et cinq de haut. Du plafond pend une grande hélice à
325
ccèdent sans relâche. Ma chambre a dix mètres sur
cinq
, et cinq de haut. Du plafond pend une grande hélice à quatre pales, q
326
ans relâche. Ma chambre a dix mètres sur cinq, et
cinq
de haut. Du plafond pend une grande hélice à quatre pales, qu’un bout
327
cinq de haut. Du plafond pend une grande hélice à
quatre
pales, qu’un bouton électrique met en marche : trois vitesses. Sol de
328
re pales, qu’un bouton électrique met en marche :
trois
vitesses. Sol de dalles grises polies, murs jaunes et beaucoup de meu
329
rs jaunes et beaucoup de meubles. Quand je sonne,
trois
serviteurs paraissent au fond de la pièce, devant une tenture sombre,
330
s étaient là déjà depuis un long moment. Pourquoi
trois
? Je me dis que le premier prend les ordres, que le second probableme
331
t de l’hélice. Je sonne pour demander du thé. Les
trois
formes blanches naissent dans l’ombre. Je me rendors. Le thé est là,
332
mbre. Je me rendors. Le thé est là, et de nouveau
trois
hommes en blanc près de la table. Je leur demande du sucre. Ils souri
333
être le plus fort, il le fut en effet pendant des
siècles
, mais il a tort, essentiellement. Cette conviction, vivante encore da
334
lancs bleutés et de luxueux reflets aux vitres de
milliers
de bow-windows, la Sombre Chose, grouillante et mystérieuse, tapie to
335
nce à venir parler de culture dans un pays où des
millions
sont affamés. Ce dernier argument, lancé d’abord par l’un des délégué
336
main dans les éditoriaux, les jours suivants dans
mille
échos, lettres à l’éditeur, et commentaires critiques sur le Congrès.
337
s le journal de ce matin. C’est un savant indien,
D.
R. Sethi, qui inventa le procédé pour détruire les racines d’une herb
338
e rue sinueuse, bordée de petites maisons à un ou
deux
étages, cages à oiseaux cubiques et mal superposées, de cafés minuscu
339
er autour d’une fontaine basse, dans la courette,
deux
minces baguettes d’encens surmontées d’une flammèche. Tout ceci s’ouv
340
oise un être demi-nu, très vieux, le crâne tondu,
deux
mamelles pendant jusqu’au ventre. Des femmes aux membres incroyableme
341
ant le sol d’un bâton. Derrière lui se pressaient
trois
hommes plus petits, l’un sur les talons de l’autre, le premier très g
342
put. Le saint homme déployait son importance, les
trois
suiveurs semblaient vouloir montrer avec insistance qu’ils suivaient.
343
dansait des danses classiques de l’Inde ancienne.
Deux
petits groupes de musiciens l’accompagnaient, assis à terre de chaque
344
ent. Devant la soie de fond viennent d’apparaître
deux
hercules au visage rond barré d’énormes moustaches noires, et d’une p
345
La musique commence doucement, batterie soutenant
deux
ou trois notes toujours pareilles. D’abord couchés à terre, dos à dos
346
ue commence doucement, batterie soutenant deux ou
trois
notes toujours pareilles. D’abord couchés à terre, dos à dos, les dan
347
s’arrête sans conclusion, comme n’importe où. Les
deux
géants aux faces placides se relèvent et s’en vont s’asseoir parmi le
348
es musiciens. « Est-ce beau, ou grotesque, ou les
deux
? », me souffle à l’oreille mon voisin. Ce qui m’a le plus surpris, c
349
est l’inhumanité (à notre sens occidental) de ces
deux
êtres absolument pareils et dénués de toute expression, leur naïveté
350
« grotesque » n’ont rien à voir ici. La danse des
deux
hercules moustachus et puérils, surgis peut-être d’un passé moghol, m
351
nt à demi.) Dehors, dans l’ombre des arcades, des
milliers
de dormeurs sans mouvement. Sur le dos, bouche ouverte, à même le sol
352
oute les plus avouables de la liste. Il fait déjà
trente-trois
degrés, à deux heures du matin : l’été approche. ⁂ Accroupis au bord
353
de la liste. Il fait déjà trente-trois degrés, à
deux
heures du matin : l’été approche. ⁂ Accroupis au bord du chemin, on n
354
s au bord du chemin, on ne sait jamais, me disait
M
…, s’ils sont dans la posture de l’adoration ou celle de la défécation
355
mmes en blanc qui marchent en tous sens entre les
deux
trottoirs, quand il faut encore contourner sans les frôler les vaches
356
e d’une petite place, vers midi, j’hésitais entre
trois
ruelles. J’entrevois par une porte cochère une cour ombreuse, où mon
357
grouillent jusqu’au délire, où l’on multiplie par
trois
, par dix, par cent le nombre des individus jugés nécessaires chez nou
358
jusqu’au délire, où l’on multiplie par trois, par
dix
, par cent le nombre des individus jugés nécessaires chez nous pour un
359
délire, où l’on multiplie par trois, par dix, par
cent
le nombre des individus jugés nécessaires chez nous pour une tâche dé
360
ous pour une tâche déterminée, où j’ai vu jusqu’à
cinq
personnes sur une bicyclette — le père, la mère, et trois enfants — o
361
rsonnes sur une bicyclette — le père, la mère, et
trois
enfants — où enfin, d’une manière générale, il y a partout trop de ge
362
e l’homme occidental, tourmenté comme on sait par
mille
complexes, sexuels surtout. Qu’en est-il en Inde ? Les Indiens échang
363
plaint de leur retard, mais si l’URSS nous envoie
deux
wagons de céréales, on salue la grandeur du geste. Nehru, qui a visit
364
. Nehru, qui a visité la Russie soviétique il y a
vingt
ans, la tient pour le pays de l’avenir. Cependant il déteste les comm
365
s’en moque, pourvu que l’Inde appuie la Chine. Et
cinq
des grands ambassadeurs de l’Inde sont communistes ou fellow-travelle
366
on m’a confiées depuis que je suis dans ce pays —
douze
jours seulement — et je n’en prends aucune à mon compte, mais comment
367
juge pire encore quant à la qualité ; parlant des
douze
grandes langues indiennes qui remplaceront de plus en plus l’anglais
368
e mais inévitable ; parlant des fruits confits de
vingt
sortes diverses posés devant nous, et guettant si je les aime ; parla
369
grès, s’est écrié : « Votre Nehru, c’est l’un des
six
ou sept qui dirigent aujourd’hui le monde et qui forment déjà, de fai
370
i… » Mais sans me laisser achever ma citation : «
Six
ou sept ? me dit-il. Quels sont les autres ? » — No others ! tranche
371
, l’Inde va-t-elle enfin se retrouver elle-même ?
Six
siècles de tutelle, presque « d’occupation », ne l’ont-ils pas profon
372
Inde va-t-elle enfin se retrouver elle-même ? Six
siècles
de tutelle, presque « d’occupation », ne l’ont-ils pas profondément d
373
eut plus ressembler qu’à ce qu’elle deviendra. En
six
siècles, le monde a changé ; une Inde indépendante eût changé elle au
374
plus ressembler qu’à ce qu’elle deviendra. En six
siècles
, le monde a changé ; une Inde indépendante eût changé elle aussi. Le
375
s. Endormie en plein Moyen Âge, on la réveille au
siècle
américain et russe. Ni d’un côté ni de l’autre, elle ne peut se recon
376
et la personne. Les autres sont assez connus. Des
milliers
de vaches sacrées, d’ailleurs malades, embarrassent la circulation. D
377
illeurs malades, embarrassent la circulation. Des
millions
de singes sacrés pillent les champs rendus à la culture par les tract
378
borde la nuit sur les trottoirs. (Un lit pour des
centaines
de personnes à Bombay.) Neuf hommes sur dix sont illettrés, dans un r
379
Un lit pour des centaines de personnes à Bombay.)
Neuf
hommes sur dix sont illettrés, dans un régime officiellement démocrat
380
centaines de personnes à Bombay.) Neuf hommes sur
dix
sont illettrés, dans un régime officiellement démocratique. Les fonct
381
rmes d’une présence désintéressée, fraternelle.
14.
Je ne parle pas des jeunes intellectuels, formés aux disciplines occi
382
lines occidentales, à l’anarchie qui les résume.
15.
Pandit veut dire sage, docte — un peu comme notre « docteur » mais sa
383
un peu comme notre « docteur » mais sans brevet.
16.
C’est dans cette intelligentsia de formation occidentale que se recru
384
en, rationaliste. h. Rougemont Denis de, « Inde
1951
», La Revue de Paris, Paris, décembre 1951, p. 56-69. i. Introduit p
385
« Inde 1951 », La Revue de Paris, Paris, décembre
1951,
p. 56-69. i. Introduit par la note suivante : « Ces tableaux de l’In
386
e religieuse, voici l’Inde des foules — l’Inde de
390
millions d’habitants — la vie de la rue — et aussi les préoccupations
387
ligieuse, voici l’Inde des foules — l’Inde de 390
millions
d’habitants — la vie de la rue — et aussi les préoccupations nouvelle
388
Le Suisse moyen et quelques autres (mai
1965
)j k Portrait du Suisse moyen Les Suisses sont plus réellement
389
agissant d’un pays exceptionnellement composite :
vingt-cinq
États distincts (quoique sans frontières sensibles), quatre langues,
390
ts distincts (quoique sans frontières sensibles),
quatre
langues, deux confessions majeures et trente-six sectes, je ne sais c
391
oique sans frontières sensibles), quatre langues,
deux
confessions majeures et trente-six sectes, je ne sais combien de race
392
es), quatre langues, deux confessions majeures et
trente-six
sectes, je ne sais combien de races variablement mêlées et de dialect
393
coup de combinaisons possibles. (J’en ai dénombré
cinquante-deux
actuellement existantes.) Que deviennent nos fameuses diversités dans
394
e conduite par l’institut Gallup pendant l’été de
1963,
dans six pays d’Europe et aux États-Unis, montre qu’ils sont « en têt
395
par l’institut Gallup pendant l’été de 1963, dans
six
pays d’Europe et aux États-Unis, montre qu’ils sont « en tête des gen
396
x », comme l’écrit un journal français. Alors que
48
% seulement des Français se disent contents de leur niveau de vie, ta
397
disent contents de leur niveau de vie, tandis que
38
% s’en plaignent et que 14 % n’en pensent rien, une majorité écrasant
398
eau de vie, tandis que 38 % s’en plaignent et que
14
% n’en pensent rien, une majorité écrasante de 88 % des Suisses trouv
399
14 % n’en pensent rien, une majorité écrasante de
88
% des Suisses trouvent que cela va très bien ainsi. Mais il y a mieux
400
rès heureux, plutôt heureux, pas très heureux ? »
42
% répondent très heureux, 51 plutôt heureux, et 6 % seulement pas trè
401
pas très heureux ? » 42 % répondent très heureux,
51
plutôt heureux, et 6 % seulement pas très heureux. (Reste 1 % pour le
402
2 % répondent très heureux, 51 plutôt heureux, et
6
% seulement pas très heureux. (Reste 1 % pour les désespérés ou ceux
403
eureux, et 6 % seulement pas très heureux. (Reste
1
% pour les désespérés ou ceux que la question laisse froids.) Ce n’es
404
vie. » C’est aussi « leur seul mode de promotion »
17,
dit-on et sans doute en va-t-il vraiment ainsi pour l’immense majorit
405
a puissance qu’il exerçait jusqu’aux débuts de ce
siècle
sur les nominations dans la fonction publique, et nul autre parti ne
406
-vous qu’on peut être un bon Suisse et se lever à
9
heures ? » À l’origine du devoir et du goût de se lever tôt pour trav
407
l’épouser, la preuve qu’elle pouvait être mère),
cent
témoignages concordants décrivent une Suisse gaillarde, rustique et s
408
peu obsédante assombrit la prédication pendant un
siècle
. Il est d’autant plus remarquable que le Suisse moyen formé à cette é
409
s du seuil », parce que j’avais dévié de quelques
centimètres
hors de la file des voitures qu’il lui avait plu d’organiser devant l
410
son régime politique et acclame son niveau de vie
neuf
fois sur dix, qu’il n’est pas révolutionnaire mais résolument réformi
411
itique et acclame son niveau de vie neuf fois sur
dix
, qu’il n’est pas révolutionnaire mais résolument réformiste, et qu’il
412
ion mondiale, il ne trouvera pas une personne sur
mille
, prise dans la rue, qui ait jamais entendu ce nom-là ; en revanche, l
413
er un Landammann de Suisse échoua très vite, vers
1800.
Un Collège peu voyant administre l’État, on ne saurait dire qu’il gou
414
conditions l’homme de talent ou d’ambition ? Il a
trois
possibilités : essayer de se rendre invisible — tenter de se rendre u
415
’idées libertaires. Il devint cependant pasteur à
25
ans et passa le reste de sa vie dans la cure du village de Lützelflüh
416
e sa vie dans la cure du village de Lützelflüh. À
quarante
ans il se mit à écrire et, sous le nom de Jeremias Gotthelf (Jérémie
417
e », comme l’était la conduite inverse au dernier
siècle
.) Se rendre utile. — Pays pauvre au départ et dont les seules riche
418
and théologien et le plus grand psychologue de ce
siècle
, jusqu’ici, soient deux Suisses : Karl Barth et C. G. Jung. En eux la
419
grand psychologue de ce siècle, jusqu’ici, soient
deux
Suisses : Karl Barth et C. G. Jung. En eux la Suisse excelle et se dé
420
e, jusqu’ici, soient deux Suisses : Karl Barth et
C.
G. Jung. En eux la Suisse excelle et se dépasse, mais dans le seul se
421
’esprit, et non de la spéculation abstraite. Tous
deux
fils de pasteurs bâlois, de haute taille et de robuste carrure, fumeu
422
orthodoxie. Jamais voix plus autoritaire après un
siècle
de libéralisme, plus humaine et plus réaliste après un siècle de form
423
béralisme, plus humaine et plus réaliste après un
siècle
de formalisme puritain et sentimental, ne s’était élevée dans les Égl
424
lamation du dogme de l’Assomption de la Vierge en
1950
marque la date la plus importante de l’histoire religieuse depuis la
425
que Barth les rejetterait. Le dialogue entre ces
deux
hommes n’était même pas concevable, et de fait il n’a pas eu lieu. Le
426
n Inde ; qu’un troisième a donné à l’Amérique les
deux
ponts les plus longs du monde, le Golden Gate et le Washington Bridge
427
que sorte ; non, bien plutôt libres pour elle…
17.
Cf. l’enquête Un jour en Suisse, 1964. 18. 300 000 Suisses vivent à
428
our elle… 17. Cf. l’enquête Un jour en Suisse,
1964.
18. 300 000 Suisses vivent à l’étranger, soit 5 % de la population.
429
e… 17. Cf. l’enquête Un jour en Suisse, 1964.
18.
300 000 Suisses vivent à l’étranger, soit 5 % de la population. Cette
430
17. Cf. l’enquête Un jour en Suisse, 1964. 18.
300
000 Suisses vivent à l’étranger, soit 5 % de la population. Cette pro
431
. Cf. l’enquête Un jour en Suisse, 1964. 18. 300
000
Suisses vivent à l’étranger, soit 5 % de la population. Cette proport
432
4. 18. 300 000 Suisses vivent à l’étranger, soit
5
% de la population. Cette proportion est décroissante : 10 % avant 19
433
a population. Cette proportion est décroissante :
10
% avant 1914, 7,5 % en 1945. 19. Je pense à des ouvrages tels que Th
434
n. Cette proportion est décroissante : 10 % avant
1914,
7,5 % en 1945. 19. Je pense à des ouvrages tels que The Lonely Crowd
435
te proportion est décroissante : 10 % avant 1914,
7,5
% en 1945. 19. Je pense à des ouvrages tels que The Lonely Crowd, de
436
tion est décroissante : 10 % avant 1914, 7,5 % en
1945.
19. Je pense à des ouvrages tels que The Lonely Crowd, de David Ries
437
t décroissante : 10 % avant 1914, 7,5 % en 1945.
19.
Je pense à des ouvrages tels que The Lonely Crowd, de David Riesman.
438
ges tels que The Lonely Crowd, de David Riesman.
20.
Déclaration d’un chef du service juridique au Ministère public, recue
439
au cours d’une enquête sur la censure en Suisse.
21.
« Le canton — ou l’Europe », comme disait Lucien Febvre. À la sixième
440
ncêtres de mon père, dont pourtant les parents et
trois
des grands-parents étaient de Neuchâtel, je trouve 32 Neuchâtelois et
441
es grands-parents étaient de Neuchâtel, je trouve
32
Neuchâtelois et 32 Européens surtout Français, mais pas un seul Suiss
442
taient de Neuchâtel, je trouve 32 Neuchâtelois et
32
Européens surtout Français, mais pas un seul Suisse d’un autre canton
443
çais, mais pas un seul Suisse d’un autre canton.
22.
Georges Mikes, Switzerland for beginners, 1962. 23. Cf. Un jour en S
444
n. 22. Georges Mikes, Switzerland for beginners,
1962.
23. Cf. Un jour en Suisse. 24. Dogmatik der Kirche, I, i, 6, 3. 2
445
Georges Mikes, Switzerland for beginners, 1962.
23.
Cf. Un jour en Suisse. 24. Dogmatik der Kirche, I, i, 6, 3. 25. Sy
446
for beginners, 1962. 23. Cf. Un jour en Suisse.
24.
Dogmatik der Kirche, I, i, 6, 3. 25. Synthèse des sciences médicale
447
Cf. Un jour en Suisse. 24. Dogmatik der Kirche,
I
, i, 6, 3. 25. Synthèse des sciences médicales et d’une écologie euro
448
jour en Suisse. 24. Dogmatik der Kirche, I, i,
6,
3. 25. Synthèse des sciences médicales et d’une écologie européenne
449
ur en Suisse. 24. Dogmatik der Kirche, I, i, 6,
3.
25. Synthèse des sciences médicales et d’une écologie européenne ava
450
n Suisse. 24. Dogmatik der Kirche, I, i, 6, 3.
25.
Synthèse des sciences médicales et d’une écologie européenne avant la
451
e l’inconscient collectif, à l’échelle mondiale :
C.
G. Jung. j. Rougemont Denis de, « Le Suisse moyen et quelques autre
452
quelques autres », La Revue de Paris, Paris, mai
1965,
p. 53-64. k. Suivi de la notice suivante : « Ces pages paraîtront da
453
L’avenir du fédéralisme (septembre
1969
)l En 1863 paraissait le dernier grand ouvrage de Proudhon, Du Prin
454
L’avenir du fédéralisme (septembre 1969)l En
1863
paraissait le dernier grand ouvrage de Proudhon, Du Principe fédérati
455
ions, ou l’humanité recommencera un purgatoire de
mille
ans. » Dans quelle voie sommes-nous engagés après un siècle ? Celle d
456
. » Dans quelle voie sommes-nous engagés après un
siècle
? Celle des fédérations et de l’harmonie des peuples, ou celle d’une
457
rticularismes nationaux ? Je répondrai : dans les
deux
à la fois, et cela n’est pas contradictoire. Un phénomène très généra
458
infranationales, solidarités et autonomies : ces
deux
mouvements contraires se prononcent en même temps, résultent en parti
459
esque toute l’Europe — et au xxe siècle, par une
centaine
de nations nouvelles. Centralisé, atomisé et trituré par les dynamism
460
ersification locale ne mette en crise permanente.
855
votes en quelques années à la Chambre italienne sur le règlement du s
461
i divisent notre humanité, je ne compte guère que
deux
douzaines d’États fédératifs, mais ils regroupent 40 % de la populati
462
douzaines d’États fédératifs, mais ils regroupent
40
% de la population du globe, et il est frappant de constater qu’on tr
463
qu’on trouve parmi eux les plus grands États des
cinq
continents et les plus modernes — ainsi les États-Unis, le Mexique et
464
les États-Unis, le Mexique et le Brésil pour les
trois
Amériques, le Nigéria en Afrique, l’Allemagne pour l’Europe de l’Oues
465
ion n’est pas tellement mieux satisfaite dans ces
trois
États officiellement fédératifs que dans les nations unitaires : en U
466
des cantons suisses ! Il est certain que dans ces
trois
cas, c’est moins le fédéralisme qu’on est en droit d’incriminer que s
467
(mais on a soin de préciser qu’en vers, cela fait
cinq
syllabes). Cette définition est assurément moins éclairante que les d
468
éfinition est assurément moins éclairante que les
deux
citations qui l’illustrent : 1) « Le fédéralisme était une des formes
469
airante que les deux citations qui l’illustrent :
1
) « Le fédéralisme était une des formes politiques les plus communes e
470
auvages. » Chateaubriand, Amérique, Gouvernement.
2
) « Pendant la Révolution, projet attribué aux girondins de rompre l’u
471
la République… Il est vrai que mon Littré date de
1865
: « fédéralisme » y est encore qualifié de « néologisme ». C’était de
472
y est encore qualifié de « néologisme ». C’était
deux
ans après le livre de Proudhon. Depuis lors, les centaines d’études e
473
ans après le livre de Proudhon. Depuis lors, les
centaines
d’études et de gros volumes parus sur le sujet auraient dû suffire, s
474
vraisemblables pataquès conceptuels. J’en citerai
trois
exemples. Il y a quelques années, je suggérai au comité directeur d’u
475
l’union de l’Europe est l’entreprise capitale de
siècle
, et s’il est vraisemblable que cette union sera fédérale ou ne sera p
476
politiques au sens étroit du mot. ⁂ Tout d’abord,
trois
définitions. Je propose d’appeler problème fédéraliste une situation
477
éraliste une situation dans laquelle s’affrontent
deux
réalités humaines antinomiques mais également valables et vitales, de
478
te solution qui prend pour règle de respecter les
deux
termes antinomiques en conflit tout en les composant de telle manière
479
t de déterminer l’optimum en lequel se concilient
deux
maxima contradictoires, — comme l’offre et la demande dans un prix.)
480
dent, dès l’aube grecque, cherche à maintenir les
deux
termes non pas en équilibre neutre, mais bien en tension créatrice, e
481
ntends, après avoir valu pour la Grèce des grands
siècles
avec sa dialectique de l’individu et de la cité, conciliée dans la no
482
conciles. À Nicée, puis à Chalcédoine, plusieurs
centaines
d’évêques et de docteurs se mettent d’accord pour définir en grec la
483
s-Christ, vrai Dieu et vrai homme… fils unique en
deux
natures, sans confusion (ni) séparation. L’union n’a pas supprimé la
484
xienne — de même le modèle de la co-existence des
deux
natures sans confusion ni séparation et de l’union qui loin de suppri
485
ifférence des natures sauvegarde leurs propriétés
26
sera repris par tous les penseurs occidentaux respectueux du réel et
486
tion du réel. (Je pense notamment aux théories de
L.
de Broglie sur la lumière, faite de vrais corpuscules mais aussi de v
487
e humaine, notion déduite des dogmes relatifs aux
trois
Personnes divines, et surtout à la deuxième, va nous servir de module
488
tie de l’autre — l’autonomie. Quelques exemples :
1.
Le problème des universités résulte d’un couple d’exigences contradic
489
autre : la spécialisation et la culture générale.
2.
Les problèmes actuels de l’habitat et de l’urbanisme résultent de la
490
ecueillement et de communication avec les autres.
3.
Au niveau de la vie civique et politique, tout le problème revient à
491
ipation à un plus grand ensemble, en association.
4.
Enfin, le problème général de l’œcuménisme n’est-il pas le même en sa
492
exécution requise et elle le fait en fonction des
trois
facteurs suivants : possibilités de participation (civique, intellect
493
e géométrique de la France en carrés réguliers de
dix-huit
lieues de côté, comme le proposait Sieyès sous prétexte de simplifier
494
ures architecturales : des unités d’habitation de
5000
à 25 000 habitants, dotées non seulement d’espaces verts mais de rues
495
chitecturales : des unités d’habitation de 5000 à
25
000 habitants, dotées non seulement d’espaces verts mais de rues rése
496
tecturales : des unités d’habitation de 5000 à 25
000
habitants, dotées non seulement d’espaces verts mais de rues réservée
497
ique de l’explosion des effectifs. Multipliez par
dix
les dimensions des marches d’un escalier, il devient impraticable. De
498
me module, de petits groupes ou unités de base de
douze
à quinze étudiants autour d’un enseignant (c’étaient les dimensions d
499
e, de petits groupes ou unités de base de douze à
quinze
étudiants autour d’un enseignant (c’étaient les dimensions d’un studi
500
s préconisées lors du fameux colloque de Caen, en
1966,
mais aussi les conclusions de mon discours de Goettingen aux recteurs
501
discours de Goettingen aux recteurs européens en
1964m
. L’université fut une commune libre au Moyen âge. Toute vie civique,
502
de se former sous nos yeux, en Europe, plus d’une
centaine
de régions à métropole destinées à devenir — à plus ou moins long ter
503
s prospective. Il a plus d’avenir que de passé.
26.
Pierre Duclos écrivait, en 1962, dans son excellent ouvrage en collab
504
ir que de passé. 26. Pierre Duclos écrivait, en
1962,
dans son excellent ouvrage en collaboration avec Henri Brugmans Le Fé
505
ans confusion ni disparition des spécificités. »
27.
H. Brugmans et P. Duclos, Le Fédéralisme contemporain, Paris, 1963, p
506
et P. Duclos, Le Fédéralisme contemporain, Paris,
1963,
p. 151. l. Rougemont Denis de, « L’avenir du fédéralisme », La Revu
507
édéralisme », La Revue de Paris, Paris, septembre
1969,
p. 1-10. m. Le texte est paru dans La Revue de Paris de novembre 196
508
texte est paru dans La Revue de Paris de novembre
1965.
Nous donnons en ligne les versions publiées en septembre 1964 dans la
509
nnons en ligne les versions publiées en septembre
1964
dans la Gazette de Lausanne (version partielle), et en décembre 1964
510
de Lausanne (version partielle), et en décembre
1964
dans le Bulletin du Centre européen de la culture (version la plus c