1 1937, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Paysans de l’Ouest (15 juin 1937)
1 Paysans de l’Ouest ( 15 juin 1937)a b 10 décembre 1933 Un discours de l’instituteur. — Hi
2 Paysans de l’Ouest (15 juin 1937 )a b 10 décembre 1933 Un discours de l’instituteur. — Hier soir, s
3 Paysans de l’Ouest (15 juin 1937)a b 10 décembre 1933 Un discours de l’instituteur. — Hier soir, séance de P
4 ysans de l’Ouest (15 juin 1937)a b 10 décembre 1933 Un discours de l’instituteur. — Hier soir, séance de Pathé-Baby orga
5 derrière le petit appareil de projection, placé à trois ou quatre mètres de l’écran. (Un drap de lit sur le tableau noir.) Un
6 le petit appareil de projection, placé à trois ou quatre mètres de l’écran. (Un drap de lit sur le tableau noir.) Une quaranta
7 rps. Nous étions assis derrière eux. Au fond, sur deux armoires basses siégeaient une dizaine d’hommes. Deux ou trois coiffe
8 Au fond, sur deux armoires basses siégeaient une dizaine d’hommes. Deux ou trois coiffes de paysannes seulement. Et des enfant
9 armoires basses siégeaient une dizaine d’hommes. Deux ou trois coiffes de paysannes seulement. Et des enfants autour du tré
10 s basses siégeaient une dizaine d’hommes. Deux ou trois coiffes de paysannes seulement. Et des enfants autour du trépied de l
11 e petits garçons. Il n’a pas répondu à mon salut. 12 décembre 1933 Tout à l’heure, en déchirant le journal de l’île pour a
12 çons. Il n’a pas répondu à mon salut. 12 décembre 1933 Tout à l’heure, en déchirant le journal de l’île pour allumer le feu,
13 se à la conférence donnée au même endroit, il y a quinze jours, sous les auspices d’une ligue « antifasciste », et qui avait p
14 a première conférence. Mais le village d’A… est à huit kilomètres et la tempête m’avait empêché d’y aller à bicyclette. J’es
15 Le seul protestant est mort l’été dernier, âgé de 93 ans. Il s’était converti à soixante-dix ans « et il avait toujours te
16 été dernier, âgé de 93 ans. Il s’était converti à soixante-dix ans « et il avait toujours tenu ! » Catholique, antifasciste, laïque,
17 era modifier ce jugement. J’en suis bien curieux. 15 décembre 1933 Je relève les notes prises l’autre soir sur la conféren
18 ce jugement. J’en suis bien curieux. 15 décembre 1933 Je relève les notes prises l’autre soir sur la conférence à A… … Gran
19 airie, voûtée, peinte en bleu clair. Une table et trois chaises sur la scène surélevée. Environ une centaine d’auditeurs : pa
20 trois chaises sur la scène surélevée. Environ une centaine d’auditeurs : paysans et pêcheurs, cela se voit. Au premier rang, deu
21 ysans et pêcheurs, cela se voit. Au premier rang, deux « dames », l’une très vieille. Ce sont les seules femmes. Mauvais écl
22 , comme l’autre fois ! Poussés par leurs voisins, trois hommes se lèvent en haussant les épaules pour s’excuser de se mettre
23 asquette à visière cirée, et s’installent sur les trois chaises, un tout à droite, un tout à gauche, le troisième, qui est le
24 feu. C’est un petit maigre en casquette, environ 35 ans, l’air intelligent. Je l’approuve et m’étonne que la discussion n
25 ui envoyer un Nouveau Testament. Nous faisons les cent pas sur la place. M. Palut sait que je suis écrivain. Il a lu un de m
26 éjà un énorme succès. Pensez donc, il y a plus de six ans que je suis dans l’île, et je n’avais jamais pu parler à A…, à ca
27 nt ? Allez le savoir, avec eux. On prêche pendant six ans la même chose, ils vous remercient, on croit qu’ils ont compris,
28 qu’ils appellent le peuple… » ; je revoyais cette centaine d’hommes dans la salle nue. Leur méfiance ou leur timidité, ou aussi
29 ste rien qu’un peu de courbature dans les jambes. 16 décembre 1933 Derrière la même pile d’assiettes où je crois avoir déj
30 un peu de courbature dans les jambes. 16 décembre 1933 Derrière la même pile d’assiettes où je crois avoir déjà dit que j’av
31 tes où je crois avoir déjà dit que j’avais trouvé deux ouvrages traitant de mon île, j’ai déniché ce matin une édition popul
32 ien à voir avec la critique littéraire. À la page 43 de l’édition que j’ai sous les yeux, je lis ceci : « … ils déménagent
33 j’en ai pris sept sur mon pyjama dans l’espace de deux minutes, ce qui doit constituer une sorte de record. D’autres sautaie
34 l du second Faust que par ces allées de Ferrare ! 18 décembre 1933 Je ne cesse de repenser à la conférence d’avant-hier à
35 Faust que par ces allées de Ferrare ! 18 décembre 1933 Je ne cesse de repenser à la conférence d’avant-hier à A… Il me sembl
36 issance de l’« esprit », bêtise de l’action : ces deux misères n’auraient-elles pas une origine commune ? Il m’a semblé que
37 Je n’ai pas fini de m’étonner de cette rencontre. 19 décembre 1933 Si l’on veut réellement conduire un homme à un but déf
38 fini de m’étonner de cette rencontre. 19 décembre 1933 Si l’on veut réellement conduire un homme à un but défini, il faut a
39 ays que je possède une machine à écrire…) Février 1934 Les gens. — Du haut des dunes, je vois les terres divisées en parcel
40 emmes travaillent, le buste parallèle au sol. Ces deux observations physiques très simples méritent chacune un commentaire.
41 éritent chacune un commentaire. Elles résument en deux images exactes les conditions morales et économiques des habitants de
42 ns morales et économiques des habitants de l’île. Division des terres. — J’ai pu vérifier à plusieurs reprises l’extrao
43 ont que quelques centiares, les plus grandes un à deux ares. Je connais déjà la géographie locale assez pour me rendre compt
44 rbales. Dictature ou éducation, voilà le dilemme. Mauvais outils. — Revenons au sens précis, limité et terre à terre de
45 ue la lame fait avec le manche un angle d’environ 45 degrés. Cet instrument, d’une part les oblige à baisser le buste au m
46 art les empêche de labourer cette terre à plus de quinze ou vingt centimètres de profondeur. Trente centimètres de rallonge au
47 pêche de labourer cette terre à plus de quinze ou vingt centimètres de profondeur. Trente centimètres de rallonge au manche,
48 de labourer cette terre à plus de quinze ou vingt centimètres de profondeur. Trente centimètres de rallonge au manche, un angle plu
49 lus de quinze ou vingt centimètres de profondeur. Trente centimètres de rallonge au manche, un angle plus grand avec la lame,
50 quinze ou vingt centimètres de profondeur. Trente centimètres de rallonge au manche, un angle plus grand avec la lame, cela suffira
51  : un petit propriétaire venu du continent il y a trois ans et qui utilise des outils ordinaires, me dit qu’il a tout de suit
52 ont les défauts sautent aux yeux du premier venu. 13 février 1934 La presse. — Je note à l’usage d’un futur historien des
53 auts sautent aux yeux du premier venu. 13 février 1934 La presse. — Je note à l’usage d’un futur historien des mœurs que la
54 eurs, que j’ai pu constater cette contagion ! Les deux journaux locaux gardent un ton à la fois naïf et grandiloquent, avec
55 aris, et l’un de ces petits journaux de campagne. 15 février 1934 Les gens. — Si j’avais une âme de philanthrope, je cher
56 un de ces petits journaux de campagne. 15 février 1934 Les gens. — Si j’avais une âme de philanthrope, je chercherais à rép
57 e, ils « font la partie » chez l’un ou l’autre, à quatre ou cinq. On boit et on tape le carton sans beaucoup de paroles. C’est
58 ont la partie » chez l’un ou l’autre, à quatre ou cinq . On boit et on tape le carton sans beaucoup de paroles. C’est à cela
59 rendre. Le village comptait autrefois, paraît-il, cinq ou six Sociétés de caractère utilitaire ou récréatif. La plus fameuse
60 Le village comptait autrefois, paraît-il, cinq ou six Sociétés de caractère utilitaire ou récréatif. La plus fameuse était
61 e velours violet, horriblement moderne. Cependant deux associations se survivent encore. L’une, c’est la Mutuelle, dont l’ac
62 s, minotiers et consommateurs. Le pain, la tombe. Deux réalités fondamentales. Voilà qui est bien dans l’harmonie de cette l
63 nt les seules verticales. Existence ramenée à ces deux dimensions premières. Pour la vie, l’homme debout et actif, il faut l
64 t morts ou vont mourir couchés sur une fortune de 100  000 ou de 200 000 francs, que leurs fils iront perdre à la ville : je
65 rts ou vont mourir couchés sur une fortune de 100  000 ou de 200 000 francs, que leurs fils iront perdre à la ville : je cro
66 t mourir couchés sur une fortune de 100 000 ou de 200  000 francs, que leurs fils iront perdre à la ville : je crois cependa
67 urir couchés sur une fortune de 100 000 ou de 200  000 francs, que leurs fils iront perdre à la ville : je crois cependant q
68 jour, de Paris, faire la loi dans notre village ? 15 mars 1934 Je rentre de Vendée. On m’avait demandé d’y aller faire que
69 Paris, faire la loi dans notre village ? 15 mars 1934 Je rentre de Vendée. On m’avait demandé d’y aller faire quelques caus
70 d’y aller faire quelques causeries. J’en rapporte deux séries d’observations nouvelles sur la province, et je crois d’autant
71 guère de « pays » qui ne soit desservi par une ou deux ou même trois Compagnies de transports locaux. Depuis que j’ai quitté
72 ys » qui ne soit desservi par une ou deux ou même trois Compagnies de transports locaux. Depuis que j’ai quitté Paris, j’ai b
73 l’État, partout, la même. Vous pouviez parcourir vingt fois la France de part en part, sans remarquer que les gens qui l’hab
74 s d’habitudes locales. D’abord il faut aller dans deux ou trois cafés pour obtenir un minimum de précisions concernant l’heu
75 tudes locales. D’abord il faut aller dans deux ou trois cafés pour obtenir un minimum de précisions concernant l’heure du pro
76 baisser les prix. Car il est de règle qu’au début deux Compagnies se disputent le parcours, jusqu’à ce que l’une des deux fa
77 e disputent le parcours, jusqu’à ce que l’une des deux fasse faillite, ou réussisse à vendre « honnêtement » sa renonciation
78 andations ; et ils sont rares, ceux qui n’ont pas deux mots à dire par la portière entrouverte un instant à la fille de l’au
79 , monsieur, — lui dis-je, — qu’un écrivain a bien deux fois plus de peine à vivre qu’un homme normal, mettons qu’un fonction
80 aveu d’une faiblesse ou d’une ambition excessive, deux choses qui compliquent fort la vie, je crois ; ou bien l’on écrit des
81 us cesserez, je le crains, d’envier ma condition… 16 mars 1934 D’un autre « peuple ». — Il faut encore que je revienne su
82 rez, je le crains, d’envier ma condition… 16 mars 1934 D’un autre « peuple ». — Il faut encore que je revienne sur mon séjo
83 revienne sur mon séjour vendéen. J’avais à donner trois « causeries » devant des auditoires de jeunes cultivateurs. Eux-mêmes
84 m’avait prié de parler des révolutions russes de 1905 et de 1917, et de l’état actuel de l’URSS. Ils étaient venus par gro
85 ié de parler des révolutions russes de 1905 et de 1917, et de l’état actuel de l’URSS. Ils étaient venus par groupes, à bicy
86 a petite salle des cours ruraux peut contenir une centaine d’auditeurs. L’orateur doit se tenir debout au milieu d’eux, de maniè
87 cette proximité physique. Je leur parlai pendant deux heures d’un pays d’énormes plaines, sans barrières ni haies, sans che
88 e implacable de Lénine, l’enthousiasme du plan de cinq ans. Et je m’étonnais tout en parlant de raconter une épopée contempo
89 antage, ce fut la question franche d’un garçon de vingt ans, costaud, l’air intelligent et ouvert : « Pensez-vous qu’on pourr
90 de jeune Français. » Je retiens de cette journée deux impressions (je n’ose pas en dire davantage : tout cela est encore mo
91 a peine de connaître, chez les « intellectuels ». 17 mars 1934 L’instituteur vendéen. — Nous étions assis dans sa cuisine
92 de connaître, chez les « intellectuels ». 17 mars 1934 L’instituteur vendéen. — Nous étions assis dans sa cuisine avec sa f
93 étions assis dans sa cuisine avec sa femme et ses deux enfants. C’est un homme de quarante ans, aux traits réguliers et séri
94 c sa femme et ses deux enfants. C’est un homme de quarante ans, aux traits réguliers et sérieux, un peu lent de geste et de paro
95 concurrence de l’école libre qui nous a pris les deux tiers de nos élèves. On aurait besoin de nourriture intellectuelle po
96 e n’est pas ce qu’on cherche. Il faudrait en lire deux au moins pour corriger les mensonges. Ce qu’ils peuvent tous mentir !
97 une liste de livres à lire pour l’instituteur de M … Je ne trouve à lui recommander que des traductions. La littérature m
98 on politique à laquelle ils n’entendent goutte. 1. Deux petits journaux paraissent dans l’île. L’un est aux mains de M.
99 politique à laquelle ils n’entendent goutte. 1. Deux petits journaux paraissent dans l’île. L’un est aux mains de M. T…, d
100  ». L’autre est « républicain et antifasciste ». 2. Village à l’autre extrémité de l’île. 3. Combien d’ailleurs savent q
101 ste ». 2. Village à l’autre extrémité de l’île. 3. Combien d’ailleurs savent que ce mot peut désigner autre chose qu’un
102 ésigner autre chose qu’un « je m’en fichiste » ? 4. J’avais raison de marquer ce doute. Un agriculteur auquel je viens de
103 lus. Or ils y sont, pour la plupart, contraints. 5. J’ai appris que, dans certaines régions du Midi, de véritables « écum
104 sans de l’Ouest », La Revue de Paris, Paris, juin 1937, p. 826-851. b. Introduit par la note suivante : « M. Denis de Rougem
2 1939, La Revue de Paris, articles (1937–1969). L’Âme romantique et le rêve (15 août 1939)
105 L’Âme romantique et le rêve ( 15 août 1939)c Le recours à l’inconscient, pour expliquer la conduite
106 L’Âme romantique et le rêve (15 août 1939 )c Le recours à l’inconscient, pour expliquer la conduite des indiv
107 ns la pénombre où s’émeut leur commune origine. I . Le Rêve et la Mystique La conscience claire est la première conqu
108 me, à la grande nostalgie de l’être en exil. » II . L’Être en exil Ce sentiment d’exil que nous trouvons à l’origine
109 consacrée à des analyses de rêves, Moritz écrivit deux romans autobiographiques qui nous permettent de pénétrer l’intimité d
110 la joie devant la mort de Tristan et d’Isolde. III . Mystique et Personne L’exemple des romantiques allemands illustre
111 che qu’on parvient au salut », dit saint Paul. IV . Romantisme et national-socialisme De même que l’expérience d’un a
112 t témoigner par la Parole et l’acte personnel. 6. En effet, pour les romantiques, « le sommeil est une préfiguration de
113 que nous pouvons rejoindre l’Autre, l’indicible. 7. On peut regretter qu’Albert Béguin n’ait pas insisté davantage sur l’
114 particulier de la psychologie de l’inconscient. 8. C’est la Recherche du temps perdu, de Proust. 9. Discours du 18 juin
115 8. C’est la Recherche du temps perdu, de Proust. 9. Discours du 18 juin 1939, à Dantzig. c. Rougemont Denis de, « [Comp
116 herche du temps perdu, de Proust. 9. Discours du 18 juin 1939, à Dantzig. c. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] L’Âme
117 u temps perdu, de Proust. 9. Discours du 18 juin 1939, à Dantzig. c. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] L’Âme romantique
118 ique et le rêve », La Revue de Paris, Paris, août 1939, p. 915-928.
3 1946, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Tableaux américains (décembre 1946)
119 Tableaux américains (décembre 1946 )d New York alpestre Personne ne m’avait dit que New York est
120 l couché. C’est la ville la plus simple du monde. Douze avenues parallèles, dans le sens de la longueur, qui est de vingt-cin
121 rallèles, dans le sens de la longueur, qui est de vingt-cinq kilomètres environ — elles figurent assez bien les ascenseurs d’un gr
122 ire State, du Chrysler, du Centre Rockefeller, de vingt autres de ces sommités célèbres que les New-Yorkais vous désignent co
123 supporter le formidable poids d’un gratte-ciel de cent étages. Et les blocs erratiques, débités en tranches, polis et luisan
124 nger dans la lecture de mon journal. Il n’y a que deux classes en Amérique : l’une où les fauteuils au dossier très haut son
125 où les fauteuils au dossier très haut sont fixes ( deux de chaque côté du couloir central), l’autre où les fauteuils sont esp
126 que le cinéma nous en promet — mais il suffit de trois ou quatre beautés saines ou frappantes, sur cinquante femmes qu’on ne
127 inéma nous en promet — mais il suffit de trois ou quatre beautés saines ou frappantes, sur cinquante femmes qu’on ne remarque
128 trois ou quatre beautés saines ou frappantes, sur cinquante femmes qu’on ne remarque pas, pour qu’on s’écrie : « Comme elles sont
129 , tout ce que le regard touche et mesure dans les trois dimensions de l’espace, sauf un découpage de ciel mat, tout est fait
130 dont la sépare une rangée d’hôtels particuliers à cinq étages, cette rue très courte est l’une des rares — j’en connais troi
131 ue très courte est l’une des rares — j’en connais trois dans Manhattan — qui, à la fois, ne portent pas de numéro et ne coupe
132 ture — car l’eau même est canalisée — ce sont ces trois îlots de granit noir couverts de mouettes, et signalés par deux petit
133 granit noir couverts de mouettes, et signalés par deux petits phares dont clignotent irrégulièrement le feu vert — cinq seco
134 res dont clignotent irrégulièrement le feu vert — cinq secondes de révolution — et le feu rouge — six ou sept secondes. Tout
135 — cinq secondes de révolution — et le feu rouge — six ou sept secondes. Tout ce qu’embrasse mon regard, tout est fait de ma
136 oire un verre, le soir. Un violoniste s’escrime à vingt reprises sur le Deuxième Concerto brandebourgeois, mais deux radios m
137 es sur le Deuxième Concerto brandebourgeois, mais deux radios martèlent ce Tchaïkovski qu’on entend siffler dans la rue… Je
138 . Un quadrimoteur argenté passait très haut entre deux tours babyloniennes, l’une phallique, l’autre en Moïse de Michel-Ange
139 ïse de Michel-Ange. Et sur une terrasse dormante, deux ou trois étages plus bas, quelqu’un sortait en robe de chambre, un vi
140 ichel-Ange. Et sur une terrasse dormante, deux ou trois étages plus bas, quelqu’un sortait en robe de chambre, un vieux monsi
141 oudain, passant la tranche ocrée d’un bâtiment de trente étages, à mi-hauteur, sur la rivière, une proue grise et ses canons g
142 les trottoirs se rétrécissent.) Cette rue, comme cent autres pareilles, fait voir en coupe la société américaine. C’est une
143 lle parce que la nuit vient de descendre — depuis cinq ans que je circule dans cette ville, je n’ai jamais été touché ; ils
144 er, débordent sur la neige entre les escaliers de quatre marches qui conduisent aux portes d’entrée. Portes étroites, ouvrant
145 es, ouvrant sur des couloirs hauts et profonds où deux personnes peuvent à peine se croiser. L’angoisse me prend chaque fois
146 baignoire couverte et fort étroite se dresse sur quatre pieds de fonte : il faudrait monter sur une chaise pour y entrer. De
147 donne sur la rue. De l’autre côté de la cuisine, deux petites chambres sans fenêtres ni portes. Au fond, une autre pièce pl
148 rement cloisonné, s’annonce dans les journaux : «  Cinq pièces, eau chaude et bain. » Il en existe dans Manhattan des centain
149 chaude et bain. » Il en existe dans Manhattan des centaines de milliers construits sur ce même type : deux pièces claires sur cou
150 n. » Il en existe dans Manhattan des centaines de milliers construits sur ce même type : deux pièces claires sur cour et rue, re
151 ntaines de milliers construits sur ce même type : deux pièces claires sur cour et rue, reliées par deux ou trois alvéoles av
152 deux pièces claires sur cour et rue, reliées par deux ou trois alvéoles aveugles. Tout l’East Side populaire est ainsi, sur
153 èces claires sur cour et rue, reliées par deux ou trois alvéoles aveugles. Tout l’East Side populaire est ainsi, sur une ving
154 et c’est ainsi que nous avons fait connaissance. Deux femmes d’âge moyen et leurs maris se partagent une maison que les pin
155 igne, dont les ancêtres quittèrent l’Allemagne en 1848, parce qu’ils étaient républicains. Cette vague d’émigration germaniqu
156 orthodoxe ? « Oui, dit Robert, c’est l’une de nos deux églises ukrainiennes. » La moitié de la population de Cohoes est slav
157 principales. Le bureau donne sur le trottoir par trois portes grandes ouvertes. Je vois Robert tomber la veste, lire quelque
158 : — C’est moi qui ai fondé notre Air Club, il y a quinze ans, j’étais tout jeune. J’ai eu jusqu’à trente appareils et une écol
159 a quinze ans, j’étais tout jeune. J’ai eu jusqu’à trente appareils et une école de pilotage. Mais, coup sur coup, quatre accid
160 ls et une école de pilotage. Mais, coup sur coup, quatre accidents mortels en une semaine… C’était le moment du grand krach, e
161 une semaine… C’était le moment du grand krach, en 1929. Tout s’écroulait. Ma faillite a passé inaperçue. J’ai ouvert cette ag
162 chevaux… L’auto s’arrête devant un haut portique. Deux colonnes blanches entre des ifs géants, comme des ailes noires. Je n’
163 la porte dont un battant s’entrouvre devant nous. Trois grands longs chiens sortent, le museau bas, et l’un vient vomir à nos
164 orridors. Dans un fumoir, à droite, en contrebas, deux hommes en veste de chasse et deux jeunes femmes très blondes boivent
165 , en contrebas, deux hommes en veste de chasse et deux jeunes femmes très blondes boivent des whiskys, sans se déranger. Nou
166 ilhouette sur la crête d’une colline, nous voyons deux chevaux au galop. Ils disparaissent dans un vallonnement et maintenan
167 chasse, qui tient des verres de whisky à la main. Deux femmes blondes entrent et vont s’asseoir un peu à l’écart de notre gr
168 pas plus que vous. Ils sont dans la maison depuis deux ou trois jours et se disent les amis de Jim. — Mais où est Jim ? — Je
169 que vous. Ils sont dans la maison depuis deux ou trois jours et se disent les amis de Jim. — Mais où est Jim ? — Je ne sais
170 York, à ces grandiloquents témoins de la crise de 1929, où les affaires périssent et les bureaux se vident au-dessus du cinqu
171 lles ? Il restait à construire des routes. Depuis dix ans, les autostrades américaines allongent sans répit leur ruban de b
172 au contraire atteste une force paisible et utile. Trois pistes parallèles dans chaque sens, séparées par une large bande gazo
173 u là, un grand arbre isolé, témoin de la prairie. Trois pistes blanches délimitées par des lignes jaunes et noires, entre les
174 nt, de droite à gauche, de gauche à droite, entre cent et cent-trente à l’heure, des millions de larges voitures. Une telle
175 droite, entre cent et cent-trente à l’heure, des millions de larges voitures. Une telle aisance dans la vitesse, l’absence de s
176 sur la droite, puis mitraillé à bout portant par cent , par mille panneaux de toutes formes et couleurs. Sans relâche, ils c
177 oite, puis mitraillé à bout portant par cent, par mille panneaux de toutes formes et couleurs. Sans relâche, ils croissent en
178 ui un aspirateur Smith… Des bonbons Johnson… Ici, trois tués par jour… Lisez la Bible… Cabines de touristes à cent yards… Fer
179 par jour… Lisez la Bible… Cabines de touristes à cent yards… Ferryboat du Delaware en grève… Faites un détour par Philadelp
180 souhaite la bienvenue… Et limite votre vitesse à cinquante miles… cinq-cents dollars d’amende ou un an de prison… ou les deux en
181 cents dollars d’amende ou un an de prison… ou les deux ensemble… Dieu bénisse l’Amérique… » Je ferme les yeux et j’écoute le
182 ondement sourd des pneus qui mordent le béton. En cinq heures, nous aurons couvert les quatre-cents kilomètres qui séparent
183 e centre de New York de Washington, en traversant deux villes énormes : Philadelphie et Baltimore. La vitesse rétrécit l’esp
184 glorieux highways aboutiront enfin à l’Homme. 10. Au bord du lac du même nom, dans le nord de l’État de New York. d.
185 américains », La Revue de Paris, Paris, décembre 1946, p. 51-62.
4 1949, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Le Mouvement européen (avril 1949)
186 Le Mouvement européen (avril 1949 )e Nécessité et urgence de l’union Quand un Américain déclare
187 u plan mondial de la Russie et de l’Amérique. Ces deux colosses sont en train de s’observer par-dessus nos têtes. Ils n’ont
188 un en relevant nos ruines, et l’autre en annexant 700 000 kilomètres carrés de nos terres. Si bien qu’on ne voit plus très
189 n relevant nos ruines, et l’autre en annexant 700 000 kilomètres carrés de nos terres. Si bien qu’on ne voit plus très clai
190 faire la guerre, mais il reste évident que si les deux Grands continuent à se déclarer la paix sur ce ton-là, cela finira pa
191 plus une puissance, parce qu’elle est divisée en vingt nations dont aucune, isolée, n’a plus la taille qu’il faut pour parle
192 et se faire entendre dans le monde dominé par les deux grands empires. Et non seulement l’Europe n’est plus une puissance qu
193 cité. Si les choses continuent comme elles vont : les différents pays de l’Europe seront annexés ou colonisés l’un aprè
194 seront annexés ou colonisés l’un après l’autre ; la question allemande ne sera pas réglée, fournissant un prétexte per
195 ssant un prétexte permanent à la guerre entre les deux Grands ; 3° rien ne pourra s’opposer à cette guerre, dont quel que so
196 xte permanent à la guerre entre les deux Grands ; rien ne pourra s’opposer à cette guerre, dont quel que soit le vainqu
197 le d’imposer un compromis, de l’inventer pour les deux autres. Que si l’on me dit alors que l’Europe même unie serait encore
198 rait encore trop faible pour tenir en respect les deux Grands, je répondrai par un seul chiffre : la population de l’Europe
199 entale, à l’ouest du rideau de fer, est d’environ 320 millions d’habitants : c’est deux fois plus que l’Amérique, autant qu
200 le, à l’ouest du rideau de fer, est d’environ 320 millions d’habitants : c’est deux fois plus que l’Amérique, autant que la Russ
201 r, est d’environ 320 millions d’habitants : c’est deux fois plus que l’Amérique, autant que la Russie et tous ses satellites
202 tant que la Russie et tous ses satellites. Si ces 320 millions d’habitants faisaient bloc, soit qu’ils se déclarent neutres
203 que la Russie et tous ses satellites. Si ces 320 millions d’habitants faisaient bloc, soit qu’ils se déclarent neutres, soit qu
204 ions, ou l’humanité recommencera un purgatoire de mille ans. » C’était vers 1860. Mais ces rêves et ces prophéties ne pouvaie
205 encera un purgatoire de mille ans. » C’était vers 1860. Mais ces rêves et ces prophéties ne pouvaient concerner qu’un avenir
206 iale, le mouvement paneuropéen, lancé à Vienne en 1923 par le comte Coudenhove-Kalergi. Ce pionnier réussit à convaincre Bri
207 rs groupes personnalistes. Ils réunirent quelques centaines d’adhérents, quelques milliers de lecteurs pour leurs revues. Ces der
208 éunirent quelques centaines d’adhérents, quelques milliers de lecteurs pour leurs revues. Ces dernières n’étaient pas d’une lect
209 n de la Libération11. C’est pourquoi, dès l’année 1945, on vit surgir dans toute l’Europe un pullulement de petits groupes fé
210 t de fédérer tous ces fédéralistes dispersés. Dès 1946, ce fut chose faite : l’Union européenne des fédéralistes se constitua
211 stituait et pouvait convoquer pour le mois d’août 1947, à Montreux, son premier congrès. Qu’étions-nous à l’époque, il y a un
212 Cent-cinquante à deux-cents délégués venus d’une dizaine de pays, et représentant une cinquantaine d’associations de toutes le
213 e dans son grand discours de Zurich. C’est de ces deux initiatives indépendantes, et de leur rencontre à Montreux, que devai
214 evait sortir le congrès de La Haye. Dès l’automne 1947, un Comité de coordination des mouvements pour l’union de l’Europe dre
215 es plans de travail pour La Haye. Il groupait les quatre organisations suivantes : Union européenne des fédéralistes (présiden
216 ement socialiste pour les États-Unis d’Europe. Le 7 mai 1948, dans la Salle des chevaliers du Parlement néerlandais, s’ou
217 socialiste pour les États-Unis d’Europe. Le 7 mai 1948, dans la Salle des chevaliers du Parlement néerlandais, s’ouvrait le C
218 que Churchill, Ramadier, Reynaud et van Zeeland, soixante ministres et anciens ministres, près de deux-cents députés aux divers
219 ntants des mouvements féminins et universitaires. Trois résolutions furent votées : économique, politique et culturelle. La r
220 réunion des ministres des Affaires étrangères des cinq pays signataires du pacte de Bruxelles. Le 18 août notre Mémorandum s
221 s cinq pays signataires du pacte de Bruxelles. Le 18 août notre Mémorandum sur l’Assemblée européenne se voyait accepté sa
222 semaines plus tard, à la suite d’une décision des Cinq et sur la demande réitérée de nos mouvements, une conférence restrein
223 e de nos mouvements, une conférence restreinte de dix-huit ministres et experts était convoquée à Paris, aux fins d’étudier la c
224 ement et d’un Conseil des ministres européens. Le 28 janvier 1949, la conférence aboutissait à un premier accord, et pouva
225 un Conseil des ministres européens. Le 28 janvier 1949, la conférence aboutissait à un premier accord, et pouvait annoncer la
226 ombreux travaux économiques. Au début de novembre 1948, l’Union européenne des fédéralistes réunissait à Rome son deuxième co
227 rope avait pris le nom de Mouvement européen, ses quatre présidents d’honneur étant Léon Blum, Winston Churchill, Alcide de Ga
228 u’un rêve il y a un siècle, qu’une théorie il y a quinze ans, qu’une espérance pendant la guerre, est aujourd’hui discuté par
229 par la propagande ou les travaux spécialisés des six mouvements qui le composent, va se porter au cours des mois prochains
230 ent, va se porter au cours des mois prochains sur quatre points : Assemblée, Cour des droits de l’homme, mesures économiques,
231 n défendit ce point de vue dans son mémorandum du 18 août 1948. C’est ce que la presse nomme aujourd’hui, en simplifiant u
232 it ce point de vue dans son mémorandum du 18 août 1948. C’est ce que la presse nomme aujourd’hui, en simplifiant un peu, la p
233 chose qu’au « Corps consultatif » accepté par les Cinq  : à l’Assemblée constituante de l’Europe, qui pourra seule contraindr
234 ion d’enquête indépendante des gouvernements. Ces deux organes formeraient le noyau d’un véritable pouvoir fédéral. Il me pa
235 dain, pour nos yeux étonnés, la Terre promise. 11. Voir le recueil de documents intitulés L’Europe de demain (La Baconni
236 fédéralistes des mouvements de la Résistance dans neuf pays. e. Rougemont Denis de, « Le Mouvement européen », La Revue de
237 ement européen », La Revue de Paris, Paris, avril 1949, p. 76-84.
5 1949, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Découverte de l’Europe (octobre 1949)
238 Découverte de l’Europe (octobre 1949 )f Il n’est pas facile d’être actuel. Il y faut parfois du génie. G
239 semblée de l’Europe, qui s’ouvrit à Strasbourg le 10 août, en pleines vacances de l’opinion publique. Pourtant les journal
240 tion dangereuse ou lenteurs désespérantes, ou les deux à la fois, souvent dans le même article. Que l’Assemblée se soit mont
241 st ce que personne ne sera capable de déduire des milliers de coupures de presse où figure le nom de Strasbourg. Une seule opini
242 est-il passé à Strasbourg ? Quelque chose d’assez neuf , il faut le croire, pour que la presse n’ait pas su l’enregistrer, si
243 députés, régulièrement élus par les parlements de douze pays, matérialisa le 10 août les efforts développés depuis quelques a
244 par les parlements de douze pays, matérialisa le 10 août les efforts développés depuis quelques années par les mouvements
245 différentes opérations, et même pour écarter les deux dangers majeurs qui guettaient la jeune Assemblée. Le premier eût con
246 rs se sont, au contraire, divisés publiquement en deux groupes à peu près égaux, conservateurs et libéraux d’une part, Labou
247 eurs et libéraux d’une part, Labour de l’autre (à deux ou trois exceptions près). Mais cette manière d’éviter le danger « na
248 libéraux d’une part, Labour de l’autre (à deux ou trois exceptions près). Mais cette manière d’éviter le danger « national »
249 buts et les méthodes du Conseil de l’Europe, les deux conceptions qui se sont affrontées n’ont pas été la gauche et la droi
250 temps de partir. Le plan Marshall se termine dans deux ans. La crise économique s’aggrave très rapidement (sans nulle pruden
251 s affaires générales, élue par l’Assemblée dès le 20 août, s’est engagée sans le moindre délai, dans l’étude des structure
252 essus des États, n’a pas pu être refoulée plus de dix jours, malgré les efforts conjugués des unionistes nordiques et des m
253 t les clubs de Strasbourg, on a pu voir se former deux écoles. La première tient le Comité des ministres pour le germe du fu
254 ou Conseil d’États). La Commission permanente de vingt-huit membres, élue par cette double Assemblée, pourrait alors préfigurer l
255 e). On ne s’en étonnera pas, si l’on sait que les deux tiers des députés qui siégeaient à Strasbourg appartiennent à notre M
256 ntérieur. Les résultats pourront être jugés d’ici deux ans. S’il n’y en a pas à ce moment-là, nous serons Russes ou colonisé
257 de l’Europe », La Revue de Paris, Paris, octobre 1949, p. 147-151.
6 1950, La Revue de Paris, articles (1937–1969). L’Europe et sa culture (novembre 1950)
258 L’Europe et sa culture (novembre 1950 )g Ce titre appelle deux séries d’objections, les unes portant sur
259 t sa culture (novembre 1950)g Ce titre appelle deux séries d’objections, les unes portant sur le mot Europe, les autres s
260 pe et de culture. Où commencent, où finissent ces deux réalités ? À la fois dans l’espace et dans le temps, elles sont mouva
261 montagnes et des fleuves, nettement délimitée de trois côtés par les mers et par l’Océan. Elle rappelle une Grèce agrandie.
262 que la péninsule Europe ne représente qu’à peine 5  % des terres de la planète. D’où vient alors qu’elle ait dominé le mo
263 ns le complexe de tensions entrecroisées dont les trois pôles peuvent être appelés symboliquement Athènes, Rome et Jérusalem.
264 ne valeur absolue, non mesurable. À partir de ces trois pôles, il est possible d’interpréter les principales structures dynam
265 éfinies à partir de la doctrine trinitaire. Après vingt siècles de combinaisons et d’analyse, Athènes, Rome, et Jérusalem, ce
266 nalisme. La lutte que se livrent actuellement ces trois attitudes humaines dans le monde, dans la société et jusque dans nos
267 m, il y avait, dès le départ, un drame, ou plutôt trois drames entrecroisés, et leurs combinaisons, et leurs permutations. Da
268 ne pouvait faire autrement. Je parle des derniers mille ans. Mais comment expliquer que l’homme du ive siècle, par exemple,
269 t d’en tirer les conclusions. Au cours des temps, mille vérités et mille erreurs, nées de nos trois éléments fondamentaux, se
270 conclusions. Au cours des temps, mille vérités et mille erreurs, nées de nos trois éléments fondamentaux, se sont nouées, com
271 emps, mille vérités et mille erreurs, nées de nos trois éléments fondamentaux, se sont nouées, combinées et mariées, ont divo
272 sont apparus qu’après des siècles de macération. Trois idées, devenues de nos jours réalités psychologiques, me paraissent t
273 passion et de progrès. Elles sont nées toutes les trois de la révélation chrétienne, analysée et déformée dans le prisme gréc
274 re individuelle et d’organisation collective. Ces trois idées-forces, ces trois ressorts de l’âme occidentale — on en pourrai
275 anisation collective. Ces trois idées-forces, ces trois ressorts de l’âme occidentale — on en pourrait mentionner d’autres —
276 lui-même et le monde… Toutes ces définitions, et vingt autres possibles, sont à la fois justes et contestables, trop faciles
277 r une action. ⁂ Essayons de saisir maintenant ces deux réalités, l’Europe et la culture, dans leur drame immédiat à nos vies
278 rd. Naguère encore reine de la terre, jusque vers 1914, et même jusqu’au dernier conflit, l’Europe s’est vue brusquement détr
279 , l’Europe s’est vue brusquement détrônée, il y a cinq ans, en même temps qu’elle était libérée dans ses ruines. Elle avait
280 me de la population du globe. Elle n’en sera dans cinquante ans plus qu’un dixième probablement. Elle ne sait pas encore. Mais ce
281 sent « mise à pied » par l’Histoire, au profit de deux empires neufs qui menacent d’engager une guerre sur son sol et à ses
282 vertu de l’aide intelligente que lui donne un des deux empires neufs, aide qui doit fatalement se transformer en contrôle, s
283 trôle, si nous ne savons pas en tirer parti d’ici deux ans ; tandis que l’autre empire dispose parmi nous d’un corps d’occup
284 e année au développement de la recherche atomique 5 milliards de dollars, tandis que le crédit correspondant en France at
285 année au développement de la recherche atomique 5 milliards de dollars, tandis que le crédit correspondant en France atteint à pe
286 le crédit correspondant en France atteint à peine 1 /400e de cette somme. L’idée de progrès a émigré ; elle est devenue am
287 crédit correspondant en France atteint à peine 1/ 400e de cette somme. L’idée de progrès a émigré ; elle est devenue américa
288 a loin de la situation présente à celle d’il y a dix ans, où certaines découvertes étaient annoncées par télégramme dans l
289 et la culture universelle qu’elle a produite sont deux réalités coextensives. Elles naissent et meurent du même mouvement. Q
290 rd l’état de nos forces, en vue d’agir. Entre les deux colosses russe et américain, l’Europe qui vient de perdre la guerre f
291 Qu’avons-nous inventé, nous les Européens, depuis cent ans ? Je répondrai : que n’avons-nous pas inventé ? Je cite pêle-mêle
292 idemment ; mais ce n’est point par hasard que ces deux grands pays semblent appeler ce procédé de description : leurs traits
293 des Grecs, c’est-à-dire comme s’ils n’étaient que quarante millions, soixante millions ou trois millions. Nous parlons, nous ima
294 , c’est-à-dire comme s’ils n’étaient que quarante millions , soixante millions ou trois millions. Nous parlons, nous imaginons, n
295 dire comme s’ils n’étaient que quarante millions, soixante millions ou trois millions. Nous parlons, nous imaginons, nous craign
296 e s’ils n’étaient que quarante millions, soixante millions ou trois millions. Nous parlons, nous imaginons, nous craignons donc,
297 aient que quarante millions, soixante millions ou trois millions. Nous parlons, nous imaginons, nous craignons donc, comme de
298 que quarante millions, soixante millions ou trois millions . Nous parlons, nous imaginons, nous craignons donc, comme des peuples
299 r. Je ne dirai pas que la division de l’Europe en vingt nations, chacune trop petite, rend compte de tous les maux dont nous
300 en général. Cette entreprise viendrait répondre à trois nécessités urgentes, qui en indiquent tout naturellement les trois ch
301 urgentes, qui en indiquent tout naturellement les trois chapitres principaux. Premièrement, nous avons besoin d’un inventaire
302 ’une coordination des efforts dispersés entre nos vingt nations. Partout, l’on voit surgir des instituts13 dont les programme
303 méricains. L’action dont je viens d’esquisser les trois chapitres principaux, ce n’est rien d’autre, en fait, que le programm
304 et dans nos peuples, suppose la reconnaissance de deux réalités qu’oublient généralement nos « réalistes ». La première, c’
305 té, une Europe qui demeure la terre des hommes. 12. Ici cependant, point de malentendu ! Ne nous laissons jamais tenter p
306 e neutralité. Nous savons où sont nos alliances. 13. Tels que le Collège d’Autriche, la Deutsche Europa Akademie, le Centr
307 t enfin le Collège d’Europe, inauguré à Bruges le 12 octobre, et qui peut devenir l’École des sciences politiques du conti
308 sa culture », La Revue de Paris, Paris, novembre 1950, p. 79-90.
7 1951, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Inde 1951 (décembre 1951)
309 Inde 1951 (décembre 1951)h i Les États neufs ont des douaniers nerveux, mais
310 Inde 1951 (décembre 1951 )h i Les États neufs ont des douaniers nerveux, mais ceux de l’Inde
311 l bâtiment surmonté d’une coupole. À l’intérieur, deux rues de boutiques de luxe, de cafés et de librairies aboutissent dans
312 voitures se succèdent sans relâche. Ma chambre a dix mètres sur cinq, et cinq de haut. Du plafond pend une grande hélice à
313 ccèdent sans relâche. Ma chambre a dix mètres sur cinq , et cinq de haut. Du plafond pend une grande hélice à quatre pales, q
314 ans relâche. Ma chambre a dix mètres sur cinq, et cinq de haut. Du plafond pend une grande hélice à quatre pales, qu’un bout
315 cinq de haut. Du plafond pend une grande hélice à quatre pales, qu’un bouton électrique met en marche : trois vitesses. Sol de
316 re pales, qu’un bouton électrique met en marche : trois vitesses. Sol de dalles grises polies, murs jaunes et beaucoup de meu
317 rs jaunes et beaucoup de meubles. Quand je sonne, trois serviteurs paraissent au fond de la pièce, devant une tenture sombre,
318 s étaient là déjà depuis un long moment. Pourquoi trois  ? Je me dis que le premier prend les ordres, que le second probableme
319 t de l’hélice. Je sonne pour demander du thé. Les trois formes blanches naissent dans l’ombre. Je me rendors. Le thé est là,
320 mbre. Je me rendors. Le thé est là, et de nouveau trois hommes en blanc près de la table. Je leur demande du sucre. Ils souri
321 lancs bleutés et de luxueux reflets aux vitres de milliers de bow-windows, la Sombre Chose, grouillante et mystérieuse, tapie to
322 nce à venir parler de culture dans un pays où des millions sont affamés. Ce dernier argument, lancé d’abord par l’un des délégué
323 main dans les éditoriaux, les jours suivants dans mille échos, lettres à l’éditeur, et commentaires critiques sur le Congrès.
324 s le journal de ce matin. C’est un savant indien, D. R. Sethi, qui inventa le procédé pour détruire les racines d’une herb
325 e rue sinueuse, bordée de petites maisons à un ou deux étages, cages à oiseaux cubiques et mal superposées, de cafés minuscu
326 er autour d’une fontaine basse, dans la courette, deux minces baguettes d’encens surmontées d’une flammèche. Tout ceci s’ouv
327 oise un être demi-nu, très vieux, le crâne tondu, deux mamelles pendant jusqu’au ventre. Des femmes aux membres incroyableme
328 ant le sol d’un bâton. Derrière lui se pressaient trois hommes plus petits, l’un sur les talons de l’autre, le premier très g
329 put. Le saint homme déployait son importance, les trois suiveurs semblaient vouloir montrer avec insistance qu’ils suivaient.
330 dansait des danses classiques de l’Inde ancienne. Deux petits groupes de musiciens l’accompagnaient, assis à terre de chaque
331 ent. Devant la soie de fond viennent d’apparaître deux hercules au visage rond barré d’énormes moustaches noires, et d’une p
332 La musique commence doucement, batterie soutenant deux ou trois notes toujours pareilles. D’abord couchés à terre, dos à dos
333 ue commence doucement, batterie soutenant deux ou trois notes toujours pareilles. D’abord couchés à terre, dos à dos, les dan
334 s’arrête sans conclusion, comme n’importe où. Les deux géants aux faces placides se relèvent et s’en vont s’asseoir parmi le
335 es musiciens. « Est-ce beau, ou grotesque, ou les deux  ? », me souffle à l’oreille mon voisin. Ce qui m’a le plus surpris, c
336 est l’inhumanité (à notre sens occidental) de ces deux êtres absolument pareils et dénués de toute expression, leur naïveté
337 « grotesque » n’ont rien à voir ici. La danse des deux hercules moustachus et puérils, surgis peut-être d’un passé moghol, m
338 nt à demi.) Dehors, dans l’ombre des arcades, des milliers de dormeurs sans mouvement. Sur le dos, bouche ouverte, à même le sol
339 oute les plus avouables de la liste. Il fait déjà trente-trois degrés, à deux heures du matin : l’été approche. ⁂ Accroupis au bord
340 de la liste. Il fait déjà trente-trois degrés, à deux heures du matin : l’été approche. ⁂ Accroupis au bord du chemin, on n
341 s au bord du chemin, on ne sait jamais, me disait M …, s’ils sont dans la posture de l’adoration ou celle de la défécation
342 mmes en blanc qui marchent en tous sens entre les deux trottoirs, quand il faut encore contourner sans les frôler les vaches
343 e d’une petite place, vers midi, j’hésitais entre trois ruelles. J’entrevois par une porte cochère une cour ombreuse, où mon
344 grouillent jusqu’au délire, où l’on multiplie par trois , par dix, par cent le nombre des individus jugés nécessaires chez nou
345 jusqu’au délire, où l’on multiplie par trois, par dix , par cent le nombre des individus jugés nécessaires chez nous pour un
346 délire, où l’on multiplie par trois, par dix, par cent le nombre des individus jugés nécessaires chez nous pour une tâche dé
347 ous pour une tâche déterminée, où j’ai vu jusqu’à cinq personnes sur une bicyclette — le père, la mère, et trois enfants — o
348 rsonnes sur une bicyclette — le père, la mère, et trois enfants — où enfin, d’une manière générale, il y a partout trop de ge
349 e l’homme occidental, tourmenté comme on sait par mille complexes, sexuels surtout. Qu’en est-il en Inde ? Les Indiens échang
350 plaint de leur retard, mais si l’URSS nous envoie deux wagons de céréales, on salue la grandeur du geste. Nehru, qui a visit
351 . Nehru, qui a visité la Russie soviétique il y a vingt ans, la tient pour le pays de l’avenir. Cependant il déteste les comm
352 s’en moque, pourvu que l’Inde appuie la Chine. Et cinq des grands ambassadeurs de l’Inde sont communistes ou fellow-travelle
353 on m’a confiées depuis que je suis dans ce pays — douze jours seulement — et je n’en prends aucune à mon compte, mais comment
354 juge pire encore quant à la qualité ; parlant des douze grandes langues indiennes qui remplaceront de plus en plus l’anglais
355 e mais inévitable ; parlant des fruits confits de vingt sortes diverses posés devant nous, et guettant si je les aime ; parla
356 grès, s’est écrié : « Votre Nehru, c’est l’un des six ou sept qui dirigent aujourd’hui le monde et qui forment déjà, de fai
357 i… » Mais sans me laisser achever ma citation : «  Six ou sept ? me dit-il. Quels sont les autres ? » — No others ! tranche
358 , l’Inde va-t-elle enfin se retrouver elle-même ? Six siècles de tutelle, presque « d’occupation », ne l’ont-ils pas profon
359 eut plus ressembler qu’à ce qu’elle deviendra. En six siècles, le monde a changé ; une Inde indépendante eût changé elle au
360 et la personne. Les autres sont assez connus. Des milliers de vaches sacrées, d’ailleurs malades, embarrassent la circulation. D
361 illeurs malades, embarrassent la circulation. Des millions de singes sacrés pillent les champs rendus à la culture par les tract
362 borde la nuit sur les trottoirs. (Un lit pour des centaines de personnes à Bombay.) Neuf hommes sur dix sont illettrés, dans un r
363 Un lit pour des centaines de personnes à Bombay.) Neuf hommes sur dix sont illettrés, dans un régime officiellement démocrat
364 centaines de personnes à Bombay.) Neuf hommes sur dix sont illettrés, dans un régime officiellement démocratique. Les fonct
365 rmes d’une présence désintéressée, fraternelle. 14. Je ne parle pas des jeunes intellectuels, formés aux disciplines occi
366 lines occidentales, à l’anarchie qui les résume. 15. Pandit veut dire sage, docte — un peu comme notre « docteur » mais sa
367 un peu comme notre « docteur » mais sans brevet. 16. C’est dans cette intelligentsia de formation occidentale que se recru
368 en, rationaliste. h. Rougemont Denis de, « Inde 1951  », La Revue de Paris, Paris, décembre 1951, p. 56-69. i. Introduit p
369 « Inde 1951 », La Revue de Paris, Paris, décembre 1951, p. 56-69. i. Introduit par la note suivante : « Ces tableaux de l’In
370 e religieuse, voici l’Inde des foules — l’Inde de 390 millions d’habitants — la vie de la rue — et aussi les préoccupations
371 ligieuse, voici l’Inde des foules — l’Inde de 390 millions d’habitants — la vie de la rue — et aussi les préoccupations nouvelle
8 1965, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Le Suisse moyen et quelques autres (mai 1965)
372 Le Suisse moyen et quelques autres (mai 1965 )j k Portrait du Suisse moyen Les Suisses sont plus réellement
373 agissant d’un pays exceptionnellement composite : vingt-cinq États distincts (quoique sans frontières sensibles), quatre langues,
374 ts distincts (quoique sans frontières sensibles), quatre langues, deux confessions majeures et trente-six sectes, je ne sais c
375 oique sans frontières sensibles), quatre langues, deux confessions majeures et trente-six sectes, je ne sais combien de race
376 es), quatre langues, deux confessions majeures et trente-six sectes, je ne sais combien de races variablement mêlées et de dialect
377 coup de combinaisons possibles. (J’en ai dénombré cinquante-deux actuellement existantes.) Que deviennent nos fameuses diversités dans
378 e conduite par l’institut Gallup pendant l’été de 1963, dans six pays d’Europe et aux États-Unis, montre qu’ils sont « en têt
379 par l’institut Gallup pendant l’été de 1963, dans six pays d’Europe et aux États-Unis, montre qu’ils sont « en tête des gen
380 x », comme l’écrit un journal français. Alors que 48  % seulement des Français se disent contents de leur niveau de vie, ta
381 disent contents de leur niveau de vie, tandis que 38  % s’en plaignent et que 14 % n’en pensent rien, une majorité écrasant
382 eau de vie, tandis que 38 % s’en plaignent et que 14  % n’en pensent rien, une majorité écrasante de 88 % des Suisses trouv
383 14 % n’en pensent rien, une majorité écrasante de 88  % des Suisses trouvent que cela va très bien ainsi. Mais il y a mieux
384 rès heureux, plutôt heureux, pas très heureux ? » 42  % répondent très heureux, 51 plutôt heureux, et 6 % seulement pas trè
385 pas très heureux ? » 42 % répondent très heureux, 51 plutôt heureux, et 6 % seulement pas très heureux. (Reste 1 % pour le
386 2 % répondent très heureux, 51 plutôt heureux, et 6  % seulement pas très heureux. (Reste 1 % pour les désespérés ou ceux
387 eureux, et 6 % seulement pas très heureux. (Reste 1  % pour les désespérés ou ceux que la question laisse froids.) Ce n’es
388 vie. » C’est aussi « leur seul mode de promotion » 17, dit-on et sans doute en va-t-il vraiment ainsi pour l’immense majorit
389 -vous qu’on peut être un bon Suisse et se lever à 9 heures ? » À l’origine du devoir et du goût de se lever tôt pour trav
390 l’épouser, la preuve qu’elle pouvait être mère), cent témoignages concordants décrivent une Suisse gaillarde, rustique et s
391 s du seuil », parce que j’avais dévié de quelques centimètres hors de la file des voitures qu’il lui avait plu d’organiser devant l
392 son régime politique et acclame son niveau de vie neuf fois sur dix, qu’il n’est pas révolutionnaire mais résolument réformi
393 itique et acclame son niveau de vie neuf fois sur dix , qu’il n’est pas révolutionnaire mais résolument réformiste, et qu’il
394 ion mondiale, il ne trouvera pas une personne sur mille , prise dans la rue, qui ait jamais entendu ce nom-là ; en revanche, l
395 er un Landammann de Suisse échoua très vite, vers 1800. Un Collège peu voyant administre l’État, on ne saurait dire qu’il gou
396 conditions l’homme de talent ou d’ambition ? Il a trois possibilités : essayer de se rendre invisible — tenter de se rendre u
397 ’idées libertaires. Il devint cependant pasteur à 25 ans et passa le reste de sa vie dans la cure du village de Lützelflüh
398 e sa vie dans la cure du village de Lützelflüh. À quarante ans il se mit à écrire et, sous le nom de Jeremias Gotthelf (Jérémie 
399 grand psychologue de ce siècle, jusqu’ici, soient deux Suisses : Karl Barth et C. G. Jung. En eux la Suisse excelle et se dé
400 e, jusqu’ici, soient deux Suisses : Karl Barth et C. G. Jung. En eux la Suisse excelle et se dépasse, mais dans le seul se
401 ’esprit, et non de la spéculation abstraite. Tous deux fils de pasteurs bâlois, de haute taille et de robuste carrure, fumeu
402 lamation du dogme de l’Assomption de la Vierge en 1950 marque la date la plus importante de l’histoire religieuse depuis la
403 que Barth les rejetterait. Le dialogue entre ces deux hommes n’était même pas concevable, et de fait il n’a pas eu lieu. Le
404 n Inde ; qu’un troisième a donné à l’Amérique les deux ponts les plus longs du monde, le Golden Gate et le Washington Bridge
405 que sorte ; non, bien plutôt libres pour elle… 17. Cf. l’enquête Un jour en Suisse, 1964. 18. 300 000 Suisses vivent à
406 our elle… 17. Cf. l’enquête Un jour en Suisse, 1964. 18. 300 000 Suisses vivent à l’étranger, soit 5 % de la population.
407 e… 17. Cf. l’enquête Un jour en Suisse, 1964. 18. 300 000 Suisses vivent à l’étranger, soit 5 % de la population. Cette
408 17. Cf. l’enquête Un jour en Suisse, 1964. 18. 300  000 Suisses vivent à l’étranger, soit 5 % de la population. Cette pro
409 . Cf. l’enquête Un jour en Suisse, 1964. 18. 300  000 Suisses vivent à l’étranger, soit 5 % de la population. Cette proport
410 4. 18. 300 000 Suisses vivent à l’étranger, soit 5  % de la population. Cette proportion est décroissante : 10 % avant 19
411 a population. Cette proportion est décroissante : 10  % avant 1914, 7,5 % en 1945. 19. Je pense à des ouvrages tels que Th
412 n. Cette proportion est décroissante : 10 % avant 1914, 7,5 % en 1945. 19. Je pense à des ouvrages tels que The Lonely Crowd
413 te proportion est décroissante : 10 % avant 1914, 7,5  % en 1945. 19. Je pense à des ouvrages tels que The Lonely Crowd, de
414 tion est décroissante : 10 % avant 1914, 7,5 % en 1945. 19. Je pense à des ouvrages tels que The Lonely Crowd, de David Ries
415 t décroissante : 10 % avant 1914, 7,5 % en 1945. 19. Je pense à des ouvrages tels que The Lonely Crowd, de David Riesman.
416 ges tels que The Lonely Crowd, de David Riesman. 20. Déclaration d’un chef du service juridique au Ministère public, recue
417 au cours d’une enquête sur la censure en Suisse. 21. « Le canton — ou l’Europe », comme disait Lucien Febvre. À la sixième
418 ncêtres de mon père, dont pourtant les parents et trois des grands-parents étaient de Neuchâtel, je trouve 32 Neuchâtelois et
419 es grands-parents étaient de Neuchâtel, je trouve 32 Neuchâtelois et 32 Européens surtout Français, mais pas un seul Suiss
420 taient de Neuchâtel, je trouve 32 Neuchâtelois et 32 Européens surtout Français, mais pas un seul Suisse d’un autre canton
421 çais, mais pas un seul Suisse d’un autre canton. 22. Georges Mikes, Switzerland for beginners, 1962. 23. Cf. Un jour en S
422 n. 22. Georges Mikes, Switzerland for beginners, 1962. 23. Cf. Un jour en Suisse. 24. Dogmatik der Kirche, I, i, 6, 3. 2
423 Georges Mikes, Switzerland for beginners, 1962. 23. Cf. Un jour en Suisse. 24. Dogmatik der Kirche, I, i, 6, 3. 25. Sy
424 for beginners, 1962. 23. Cf. Un jour en Suisse. 24. Dogmatik der Kirche, I, i, 6, 3. 25. Synthèse des sciences médicale
425 Cf. Un jour en Suisse. 24. Dogmatik der Kirche, I , i, 6, 3. 25. Synthèse des sciences médicales et d’une écologie euro
426 jour en Suisse. 24. Dogmatik der Kirche, I, i, 6, 3. 25. Synthèse des sciences médicales et d’une écologie européenne
427 ur en Suisse. 24. Dogmatik der Kirche, I, i, 6, 3. 25. Synthèse des sciences médicales et d’une écologie européenne ava
428 n Suisse. 24. Dogmatik der Kirche, I, i, 6, 3. 25. Synthèse des sciences médicales et d’une écologie européenne avant la
429 e l’inconscient collectif, à l’échelle mondiale : C. G. Jung. j. Rougemont Denis de, « Le Suisse moyen et quelques autre
430 quelques autres », La Revue de Paris, Paris, mai 1965, p. 53-64. k. Suivi de la notice suivante : « Ces pages paraîtront da
9 1969, La Revue de Paris, articles (1937–1969). L’avenir du fédéralisme (septembre 1969)
431 L’avenir du fédéralisme (septembre 1969 )l En 1863 paraissait le dernier grand ouvrage de Proudhon, Du Prin
432 L’avenir du fédéralisme (septembre 1969)l En 1863 paraissait le dernier grand ouvrage de Proudhon, Du Principe fédérati
433 ions, ou l’humanité recommencera un purgatoire de mille ans. » Dans quelle voie sommes-nous engagés après un siècle ? Celle d
434 rticularismes nationaux ? Je répondrai : dans les deux à la fois, et cela n’est pas contradictoire. Un phénomène très généra
435 infranationales, solidarités et autonomies : ces deux mouvements contraires se prononcent en même temps, résultent en parti
436 esque toute l’Europe — et au xxe siècle, par une centaine de nations nouvelles. Centralisé, atomisé et trituré par les dynamism
437 ersification locale ne mette en crise permanente. 855 votes en quelques années à la Chambre italienne sur le règlement du s
438 i divisent notre humanité, je ne compte guère que deux douzaines d’États fédératifs, mais ils regroupent 40 % de la populati
439 douzaines d’États fédératifs, mais ils regroupent 40  % de la population du globe, et il est frappant de constater qu’on tr
440 qu’on trouve parmi eux les plus grands États des cinq continents et les plus modernes — ainsi les États-Unis, le Mexique et
441 les États-Unis, le Mexique et le Brésil pour les trois Amériques, le Nigéria en Afrique, l’Allemagne pour l’Europe de l’Oues
442 ion n’est pas tellement mieux satisfaite dans ces trois États officiellement fédératifs que dans les nations unitaires : en U
443 des cantons suisses ! Il est certain que dans ces trois cas, c’est moins le fédéralisme qu’on est en droit d’incriminer que s
444 (mais on a soin de préciser qu’en vers, cela fait cinq syllabes). Cette définition est assurément moins éclairante que les d
445 éfinition est assurément moins éclairante que les deux citations qui l’illustrent : 1) « Le fédéralisme était une des formes
446 airante que les deux citations qui l’illustrent : 1 ) « Le fédéralisme était une des formes politiques les plus communes e
447 auvages. » Chateaubriand, Amérique, Gouvernement. 2 ) « Pendant la Révolution, projet attribué aux girondins de rompre l’u
448 la République… Il est vrai que mon Littré date de 1865  : « fédéralisme » y est encore qualifié de « néologisme ». C’était de
449 y est encore qualifié de « néologisme ». C’était deux ans après le livre de Proudhon. Depuis lors, les centaines d’études e
450 ans après le livre de Proudhon. Depuis lors, les centaines d’études et de gros volumes parus sur le sujet auraient dû suffire, s
451 vraisemblables pataquès conceptuels. J’en citerai trois exemples. Il y a quelques années, je suggérai au comité directeur d’u
452 politiques au sens étroit du mot. ⁂ Tout d’abord, trois définitions. Je propose d’appeler problème fédéraliste une situation
453 éraliste une situation dans laquelle s’affrontent deux réalités humaines antinomiques mais également valables et vitales, de
454 te solution qui prend pour règle de respecter les deux termes antinomiques en conflit tout en les composant de telle manière
455 t de déterminer l’optimum en lequel se concilient deux maxima contradictoires, — comme l’offre et la demande dans un prix.)
456 dent, dès l’aube grecque, cherche à maintenir les deux termes non pas en équilibre neutre, mais bien en tension créatrice, e
457 conciles. À Nicée, puis à Chalcédoine, plusieurs centaines d’évêques et de docteurs se mettent d’accord pour définir en grec la
458 s-Christ, vrai Dieu et vrai homme… fils unique en deux natures, sans confusion (ni) séparation. L’union n’a pas supprimé la
459 xienne — de même le modèle de la co-existence des deux natures sans confusion ni séparation et de l’union qui loin de suppri
460 ifférence des natures sauvegarde leurs propriétés 26 sera repris par tous les penseurs occidentaux respectueux du réel et
461 tion du réel. (Je pense notamment aux théories de L. de Broglie sur la lumière, faite de vrais corpuscules mais aussi de v
462 e humaine, notion déduite des dogmes relatifs aux trois Personnes divines, et surtout à la deuxième, va nous servir de module
463 tie de l’autre — l’autonomie. Quelques exemples : 1. Le problème des universités résulte d’un couple d’exigences contradic
464 autre : la spécialisation et la culture générale. 2. Les problèmes actuels de l’habitat et de l’urbanisme résultent de la
465 ecueillement et de communication avec les autres. 3. Au niveau de la vie civique et politique, tout le problème revient à
466 ipation à un plus grand ensemble, en association. 4. Enfin, le problème général de l’œcuménisme n’est-il pas le même en sa
467 exécution requise et elle le fait en fonction des trois facteurs suivants : possibilités de participation (civique, intellect
468 e géométrique de la France en carrés réguliers de dix-huit lieues de côté, comme le proposait Sieyès sous prétexte de simplifier
469 ures architecturales : des unités d’habitation de 5000 à 25 000 habitants, dotées non seulement d’espaces verts mais de rues
470 chitecturales : des unités d’habitation de 5000 à 25  000 habitants, dotées non seulement d’espaces verts mais de rues rése
471 tecturales : des unités d’habitation de 5000 à 25  000 habitants, dotées non seulement d’espaces verts mais de rues réservée
472 ique de l’explosion des effectifs. Multipliez par dix les dimensions des marches d’un escalier, il devient impraticable. De
473 me module, de petits groupes ou unités de base de douze à quinze étudiants autour d’un enseignant (c’étaient les dimensions d
474 e, de petits groupes ou unités de base de douze à quinze étudiants autour d’un enseignant (c’étaient les dimensions d’un studi
475 s préconisées lors du fameux colloque de Caen, en 1966, mais aussi les conclusions de mon discours de Goettingen aux recteurs
476 discours de Goettingen aux recteurs européens en 1964m . L’université fut une commune libre au Moyen âge. Toute vie civique,
477 de se former sous nos yeux, en Europe, plus d’une centaine de régions à métropole destinées à devenir — à plus ou moins long ter
478 s prospective. Il a plus d’avenir que de passé. 26. Pierre Duclos écrivait, en 1962, dans son excellent ouvrage en collab
479 ir que de passé. 26. Pierre Duclos écrivait, en 1962, dans son excellent ouvrage en collaboration avec Henri Brugmans Le Fé
480 ans confusion ni disparition des spécificités. » 27. H. Brugmans et P. Duclos, Le Fédéralisme contemporain, Paris, 1963, p
481 et P. Duclos, Le Fédéralisme contemporain, Paris, 1963, p. 151. l. Rougemont Denis de, « L’avenir du fédéralisme », La Revu
482 édéralisme », La Revue de Paris, Paris, septembre 1969, p. 1-10. m. Le texte est paru dans La Revue de Paris de novembre 196
483 texte est paru dans La Revue de Paris de novembre 1965. Nous donnons en ligne les versions publiées en septembre 1964 dans la
484 nnons en ligne les versions publiées en septembre 1964 dans la Gazette de Lausanne (version partielle), et en décembre 1964
485 de Lausanne (version partielle), et en décembre 1964 dans le Bulletin du Centre européen de la culture (version la plus c