1
le était là. Elle occupait les longs bancs rangés
en
chevrons derrière le petit appareil de projection, placé à trois ou q
2
ce circuler sur sa nuque grasse. Un des garçons s’
en
aperçoit, attrape la puce en pinçant la fille, et les rires redoublen
3
se. Un des garçons s’en aperçoit, attrape la puce
en
pinçant la fille, et les rires redoublent. L’instituteur réclame le s
4
ique et de visage intelligent, la chevelure noire
en
bataille qu’il saisit à pleines mains dans les moments pathétiques. I
5
mé, le Petit Poucet, qui remporte un gros succès.
En
sortant, nous passons devant la salle du curé, qui donne aussi ce soi
6
ndu à mon salut. 12 décembre 1933 Tout à l’heure,
en
déchirant le journal de l’île pour allumer le feu, j’ai vu l’annonce
7
chètent absolument au hasard ceux qu’ils trouvent
en
dépôt chez la mère Renaud : l’Ami du Peuple ou la France de Bordeaux,
8
a conférence d’A… me fera modifier ce jugement. J’
en
suis bien curieux. 15 décembre 1933 Je relève les notes prises l’autr
9
à A… … Grande salle de la mairie, voûtée, peinte
en
bleu clair. Une table et trois chaises sur la scène surélevée. Enviro
10
Poussés par leurs voisins, trois hommes se lèvent
en
haussant les épaules pour s’excuser de se mettre en avant. Ils gravis
11
haussant les épaules pour s’excuser de se mettre
en
avant. Ils gravissent la scène, enlèvent leur casquette à visière cir
12
Il s’excuse encore de ne pas s’y connaître assez
en
religion, mais assure qu’il a été bien intéressé. On se lève, et les
13
nt que je lui donne du feu. C’est un petit maigre
en
casquette, environ 35 ans, l’air intelligent. Je l’approuve et m’éton
14
de la Bible, ou si, au contraire, il pourrait lui
en
prêter une. Quoi qu’il en soit, le pasteur note le nom du « président
15
traire, il pourrait lui en prêter une. Quoi qu’il
en
soit, le pasteur note le nom du « président » et promet de lui envoye
16
est un homme simple et solide, on peut lui parler
en
camarade : — Eh bien ! si vous voulez mon opinion, ou si elle peut vo
17
yez-vous pas qu’on pourrait gagner leur confiance
en
leur parlant plus familièrement, sans faire d’éloquence ? Cela tranch
18
uant à peine la route asphaltée. Je roulais comme
en
rêve, le long des dunes qui me cachaient la mer bruyante, à ma gauche
19
lottait sur les marais. « Le peuple, me disais-je
en
pédalant, ce qu’ils appellent le peuple… » ; je revoyais cette centai
20
urnée de travail. Mais beaucoup ne font plus rien
en
hiver ? Ils sont venus pour tuer le temps, au lieu d’aller au café. C
21
e, la difficulté de s’exprimer ? Tout est mystère
en
eux, et pour eux-mêmes sans doute. Et on dit « le peuple », la volont
22
n se sent réfléchir avec une énergie particulière
en
pédalant contre le vent dans l’obscurité. Mais le lendemain il n’en r
23
le vent dans l’obscurité. Mais le lendemain il n’
en
reste rien qu’un peu de courbature dans les jambes. 16 décembre 1933
24
cette espèce, mais ce n’est point pour cela que j’
en
parle ici. C’est pour une raison très précise et qui n’a rien à voir
25
de puces. J’exagère à peine : pour mon compte, j’
en
ai pris sept sur mon pyjama dans l’espace de deux minutes, ce qui doi
26
ur le couvre-pied. D’autres sur le plancher. Je n’
en
menais pas large. Comme la mère Renaud était venue nous voir la veill
27
hypothèse à ce point injurieuse. Pourtant nous n’
en
trouvions pas d’autres. Or, peu de jours auparavant, un petit hérisso
28
uparavant, un petit hérisson était venu se mettre
en
boule dans la plate-bande qui borde la maison, sous ma fenêtre. Il so
29
lement sensationnelle, mais que veulent-ils qu’on
en
fasse ? Nous avons tout à rapprendre de Goethe. Non seulement des rév
30
ust, mais aussi de ces pages du Journal de voyage
en
Italie où, par exemple, il rapporte à madame de Stein comment les hab
31
il faut se trouver placé soudain devant les êtres
en
chair et en os dont elles parlent, pour comprendre à quel point elles
32
rouver placé soudain devant les êtres en chair et
en
os dont elles parlent, pour comprendre à quel point elles mentent. Ma
33
ne foi. Elles le trahissent d’ailleurs, ce désir,
en
essayant de le faire passer d’ores et déjà pour une réalité. Deuxième
34
ou le pasteur M. Benda. Il est généralement admis
en
France qu’un orateur dit un tas de choses qu’on ne comprend pas, et c
35
e constate. Je conclus que les intellectuels sont
en
mauvaise posture pour agir sur le peuple. Qu’ils disent des vérités o
36
invité à choisir, sommé d’approuver ou de refuser
en
fait ce que venait de dire le conférencier, alors, alors il y aurait
37
irresponsable. Les clercs s’y résignent et même s’
en
vantent : c’est plus commode. Quant au peuple, il y a belle lurette q
38
es d’aristos qui ne vont qu’avec les riches. Il y
en
a certes qui font progresser la science, et cela c’est bien. On va le
39
r exemple, à quoi cela sert-il ? D’ailleurs, on n’
en
a jamais vu. Quant à la politique, c’est tout à fait autre chose. C’e
40
sincère », mais on n’aura jamais l’idée de mettre
en
pratique ce qu’il dit. Il reste dans son rôle en s’agitant sur l’estr
41
en pratique ce qu’il dit. Il reste dans son rôle
en
s’agitant sur l’estrade et en lançant des appels éloquents, et moi je
42
reste dans son rôle en s’agitant sur l’estrade et
en
lançant des appels éloquents, et moi je reste dans mon rôle en me dir
43
s appels éloquents, et moi je reste dans mon rôle
en
me dirigeant d’après mes intérêts. Cela va de soi. Il est probable qu
44
que les intellectuels professent depuis longtemps
en
toute conscience une doctrine analogue. Il est normal que les hommes
45
devraient, de combattre activement cette erreur,
en
tirent au contraire leur confort. Au lieu de faire respecter la vérit
46
ur confort. Au lieu de faire respecter la vérité,
en
montrant par l’exemple qu’elle implique des actes, ils la disqualifie
47
implique des actes, ils la disqualifient et ils s’
en
moquent agréablement, ils la réduisent à un ensemble de phrases corre
48
rs… Pour aider réellement un homme, il faut que j’
en
sache davantage que lui, mais il faut avant tout que je sache ce qu’i
49
i, pour parler comme la presse, un « intellectuel
en
chômage. » (Écrire, aux yeux de ces paysans, ne signifie proprement r
50
— Du haut des dunes, je vois les terres divisées
en
parcelles minuscules. Sur ces parcelles des hommes et des femmes trav
51
s méritent chacune un commentaire. Elles résument
en
deux images exactes les conditions morales et économiques des habitan
52
eprises l’extraordinaire complication du cadastre
en
lisant affichées sur les murs de l’église les annonces de ventes immo
53
aque champ soit partagé à la mort du propriétaire
en
autant de parcelles qu’il y a d’héritiers. Ceci pour éviter que l’un
54
ens de la communauté. Qui est-ce qui se préoccupe
en
France de donner au peuple une éducation solidariste ? On cherche à e
55
ne construisent rien, n’animent rien, s’épuisent
en
excitations verbales. Dictature ou éducation, voilà le dilemme. 2° Ma
56
ici, j’ai hésité longtemps à croire que la raison
en
était réellement aussi simple. Je connais tout de même assez la terre
57
pour savoir que les mêmes outils ne sont pas bons
en
tous pays, et je cherchais quelle particularité locale motivait l’usa
58
peut-être d’innombrables petits faits de ce genre
en
France. Il y aurait peut-être d’innombrables réformes aussi simples à
59
nnombrables réformes aussi simples à opérer. Je n’
en
sais rien4. Je me borne à constater qu’ici les paysans travaillent tr
60
n’ai jamais retrouvé ce ton dans le peuple. S’il
en
paraît parfois, par accident, quelques traces ici ou là, c’est que le
61
, quelques traces ici ou là, c’est que le peuple,
en
France, lit trop de journaux, ne lit que cela, et finit par se croire
62
ser mes critiques ci-dessus consignées, et mettre
en
discussion mes projets de réforme. Mais je sais bien ce qui m’arrêter
63
ette terre pauvre, qu’ils grattent lentement pour
en
tirer tout juste de quoi vivre, j’hésite à reconnaître dans leur exis
64
, depuis cent-cinquante ans. Ils ne songent pas à
en
tirer le moindre profit positif. Ils se nourrissent mal (légumes, sou
65
t tuer aujourd’hui pour sauver leur pratique ? On
en
vient à penser que le régime qui convient le mieux à cette vie obscur
66
ommunistes de la colonie de vacances qui défilent
en
maillots rouges et l’on pousse des « cris séditieux » ; le dimanche s
67
maisons sont vides, et quelques-unes déjà tombent
en
ruines. Et surtout ce régime d’inertie laisse trop de forces grandir
68
ait demandé d’y aller faire quelques causeries. J’
en
rapporte deux séries d’observations nouvelles sur la province, et je
69
es lignes indiquait qu’on allait à Paris ou qu’on
en
venait. Tout le reste n’était que tortillards cahotants, jamais à l’h
70
us pouviez parcourir vingt fois la France de part
en
part, sans remarquer que les gens qui l’habitent ne sont pas tous de
71
ée ? La ligne d’autocar fait partie du pays. Elle
en
épouse la géographie physique, mais aussi humaine. Elle quitte à tout
72
tention d’utiliser ce moyen de transport vous met
en
contact avec toutes sortes d’habitudes locales. D’abord il faut aller
73
ue et la rapidité d’esprit que les bourgeois, qui
en
sont dépourvus, attribuent par erreur au « peuple » en général. Sans
74
is loin de moi ces ambitions : ceux qui les ont n’
en
parlent pas, dit-on. Et je ne suis qu’un écrivain. Ceci me rappelle u
75
uel était mon métier. Et quand j’eus dit que je n’
en
avais aucun, et que je n’étais qu’un écrivain, et chômeur par-dessus
76
. Ils étaient venus par groupes, à bicyclette ou
en
charrettes, de tous les villages voisins. Du haut de la colline où no
77
ebout au milieu d’eux, de manière à pouvoir, tout
en
parlant, passer des clichés dans la lanterne à projection. Pour assur
78
siasme du plan de cinq ans. Et je m’étonnais tout
en
parlant de raconter une épopée contemporaine : tout cela se dégageait
79
grande à nos obscurs et grands désirs informulés.
En
finissant, je craignis un moment de les avoir trompés, de les avoir r
80
» Pour sa part, il était sceptique. Il pensait qu’
en
Vendée les choses ne seraient pas si simples, que la situation matéri
81
gouverner comme on l’entendait. Et je me disais,
en
l’écoutant : « En voilà un que l’on pourrait sans honte présenter aux
82
n l’entendait. Et je me disais, en l’écoutant : «
En
voilà un que l’on pourrait sans honte présenter aux jeunes Russes, au
83
s de cette journée deux impressions (je n’ose pas
en
dire davantage : tout cela est encore moins clair dans la réalité que
84
inine, président de l’URSS, debout dans un champ,
en
costume de moujik, il y a eu un profond silence au lieu des rires que
85
es ? — Ce n’est pas ce qu’on cherche. Il faudrait
en
lire deux au moins pour corriger les mensonges. Ce qu’ils peuvent tou
86
ander que des traductions. La littérature moderne
en
France n’a guère à donner à ceux qui ont faim de nourriture solide, é
87
que ce mot peut désigner autre chose qu’un « je m’
en
fichiste » ? 4. J’avais raison de marquer ce doute. Un agriculteur a
88
ilon. Ils arrivent à se faire de grosses fortunes
en
très peu de temps, parfois sans dépenser un seul bidon d’essence. Sim
89
la menace d’utiliser le parcours d’une Compagnie
en
exercice. a. Rougemont Denis de, « Paysans de l’Ouest », La Revue d
90
enu au cours d’un long séjour dans l’île de Ré et
en
Vendée, ses impressions sur la vie des paysans en général et sur leur
91
à la vérité, sont extrêmement imprécises. Il y a,
en
France, un divorce angoissant entre les réalités humaines et la termi
92
qu’on va lire, nourries d’observations précises,
en
apportent des preuves frappantes. Ces pages sont extraites du Journa
93
ages sont extraites du Journal d’un intellectuel
en
chômage , qui doit paraître prochainement. »
94
plus profondes que nous révèle M. Albert Béguin,
en
publiant son gros volume sur L’Âme romantique et le rêve. Livre charm
95
rs jamais sévère ; au point que l’on craindrait d’
en
détourner certains lecteurs en remarquant que c’est aussi un ouvrage
96
l’on craindrait d’en détourner certains lecteurs
en
remarquant que c’est aussi un ouvrage d’actualité, au sens le plus pé
97
ent tous, écrit M. Béguin, que la vie obscure est
en
incessante communication avec une autre réalité, plus vaste, antérieu
98
ofonde ou la divinité ? « Plus nous nous retirons
en
nous-mêmes, en nous détournant des apparences, et plus nous pénétrons
99
vinité ? « Plus nous nous retirons en nous-mêmes,
en
nous détournant des apparences, et plus nous pénétrons dans la nature
100
nt hors de nous, ou bien seulement de choses qui,
en
nous, étaient restées secrètes pour la conscience ? Tieck pose très n
101
s le supraterrestre » ; ou encore : « Ce qui rêve
en
nous, c’est l’Esprit à l’instant où il descend dans la matière », mai
102
e. Si la plupart des romantiques n’ont pas choisi
en
toute clarté — ruse vitale pour des poètes —, tous les textes cités p
103
le pour que nous puissions l’esquiver. Essayons d’
en
relever quelques points. Au départ, cette même attention prêtée aux s
104
étaphorique et régulier, comme s’il était soumis,
en
ce domaine, à des lois plus précises et plus constantes que celles qu
105
et après eux les romantiques, passent leur vie à
en
parler, à en écrire, à tenter de le cerner par des figures qui, n’éta
106
les romantiques, passent leur vie à en parler, à
en
écrire, à tenter de le cerner par des figures qui, n’étant jamais suf
107
iration — tellement vulgarisée de nos jours qu’on
en
oublie l’origine mystique : « Le poète et le rêveur sont passifs ; il
108
ué, corps et âme, à la grande nostalgie de l’être
en
exil. » II. L’Être en exil Ce sentiment d’exil que nous trouvon
109
ande nostalgie de l’être en exil. » II. L’Être
en
exil Ce sentiment d’exil que nous trouvons à l’origine des expérie
110
euse et perdue ? On aura bientôt fait de répondre
en
alléguant notre double nature, corporelle et spirituelle. Mais d’une
111
édisposé par l’habitude de l’examen de conscience
en
profondeur tel que le pratiquaient autour de lui les disciples de mad
112
. Blessure si cruelle et intime que sa conscience
en
évite le souvenir (ou le refoule comme dira Freud) de telle manière q
113
telle manière que la cause secrète de sa douleur
en
vient à se confondre avec le fait de vivre en général. D’où l’idée qu
114
ue angle qu’on veuille l’examiner, l’homme trouve
en
lui une blessure qui déchire tout ce qui vit en lui, et que peut-être
115
e en lui une blessure qui déchire tout ce qui vit
en
lui, et que peut-être lui fit la Vie même. » Non sans lucidité, Morit
116
emplation sans objet » à laquelle ils parviennent
en
de très rares instants n’est plus alors qu’un moyen de jouir d’une «
117
ls éprouvent d’affirmer surabondamment que l’on n’
en
peut rien dire que par des allusions, des métaphores, des poèmes « in
118
er certains malentendus courants. La personne est
en
nous l’être spirituel, responsable d’une vocation, et trouvant là son
119
lgie de les dépasser. Mais seule une vocation lui
en
donnera la force. Qu’il la reçoive et qu’il l’accepte consciemment, c
120
berté toute nouvelle. Dès ce moment, il accomplit
en
apparences une évolution fort semblable à celle de ces pseudo ou prém
121
monde actif, au lieu que le romantique voulait s’
en
évader. Elle nous rend enfin responsables vis-à-vis de notre prochain
122
telle vocation peut donner le courage de s’avouer
en
toute lucidité, de s’exprimer sans réticences et d’assumer son moi co
123
st demandé d’agir et d’annoncer leur foi. « C’est
en
confessant de la bouche qu’on parvient au salut », dit saint Paul.
124
e même que le romantique oubliait son moi détesté
en
se perdant dans les fêtes du rêve, l’Allemand moyen oubliera ses misè
125
iera ses misères et les humiliations de sa patrie
en
se perdant dans l’âme collective, dans l’hypnose des fêtes sacrales o
126
les Suisses énumèrent leurs Alpes au visiteur qui
en
contemple la chaîne. Le vent fou, l’air ozoné et la lumière éclatant
127
de cent étages. Et les blocs erratiques, débités
en
tranches, polis et luisants comme du marbre, ont été plaqués sur les
128
lecture de mon journal. Il n’y a que deux classes
en
Amérique : l’une où les fauteuils au dossier très haut sont fixes (de
129
femmes m’ont paru dignes de ce que le cinéma nous
en
promet — mais il suffit de trois ou quatre beautés saines ou frappant
130
ues, enjambée par les arches de fer d’un pont à n’
en
pas croire ses yeux, qui porte l’autostrade pendant des kilomètres au
131
prose un groupe de mots de Mallarmé. Paris, Rome,
en
comparaison, sont d’immenses parcs semés de monuments. Le site et le
132
, et c’est la ville alors qui s’empare du ciel, s’
en
fait un dôme à sa mesure et le referme sur sa nuit de ville. Appart
133
rnant et basculant, qui se transformerait le soir
en
lit et d’où, sans se lever, l’on atteindrait le téléphone, la poignée
134
ou subir les vitrines et les réclames lumineuses
en
délire, passer une heure aux Actualités, écouter les conversations de
135
peut-être, me dis-je après coup, mais peut-être,
en
poussant à l’extrême cette « distraction » de l’âme et de la volonté,
136
miens, dont nul ne peut juger et qui peut-être n’
en
sont point. Ce n’était pas le froid, la pluie, la poisse aux pieds mê
137
es, cette rue très courte est l’une des rares — j’
en
connais trois dans Manhattan — qui, à la fois, ne portent pas de numé
138
es hauts bâtiments de la Cinquante-et-unième rue,
en
brique vernie, tout luisants de fenêtres dépourvues d’ornements. Beek
139
s quand je la vois du haut de mon douzième étage,
en
enfilade, petite tranchée d’asphalte et de brique jaune et rose dans
140
s jardins suspendus où circulent de jeunes femmes
en
maillot de bain. Elles se penchent sur leurs géraniums, elles ajusten
141
jà comme je me le rappellerai, une fois de retour
en
Europe. J’en connais par avance la nostalgie. Le soir vient dans un l
142
e le rappellerai, une fois de retour en Europe. J’
en
connais par avance la nostalgie. Le soir vient dans un luxe américain
143
grande nuit s’ouvre au travail paisible. D’heure
en
heure, je me lève et sors. Je me promène sur cette terrasse qui fait
144
dre et rallumer leurs lampes. Une blonde platinée
en
peignoir rose ouvre son frigidaire, sort de la glace, ôte enfin le pe
145
eux tours babyloniennes, l’une phallique, l’autre
en
Moïse de Michel-Ange. Et sur une terrasse dormante, deux ou trois éta
146
deux ou trois étages plus bas, quelqu’un sortait
en
robe de chambre, un vieux monsieur, pour arroser au tuyau ses arbuste
147
uit, un énorme croiseur défilait, tout l’équipage
en
fête saluant New York d’adieux, filant pavois au vent vers l’Europe…
148
la Cinquième avenue et de Central Park, traverse
en
direction de l’est de beaux quartiers gris clair d’un gothique sobre
149
Cette rue, comme cent autres pareilles, fait voir
en
coupe la société américaine. C’est une coupe mégaloscopique — le cont
150
Flammes gaies sur le couchant rose et fuligineux,
en
rectangle au bout de la rue, légèrement mordu sur les bords par la si
151
scaliers de sauvetage. Ces grands seaux à ordures
en
métal, rarement ou mal vidés dans ce quartier, débordent sur la neige
152
hanalyste.) Les boîtes à lettres portent des noms
en
cek, nous sommes dans le quartier slovaque. Je gravis l’escalier jusq
153
ournaux : « Cinq pièces, eau chaude et bain. » Il
en
existe dans Manhattan des centaines de milliers construits sur ce mêm
154
penche à la fenêtre, au-dessus de la cour. Le sol
en
est jonché de plâtras, de journaux, de chiffons qui bougent, ou ce so
155
mpilent du linge ; au cinquième, une grosse femme
en
peignoir qui se farde à gestes menus. Le concierge irlandais hurle da
156
roués de lumières et de scènes du soir, s’étagent
en
silhouettes sur le ciel rouge. Une radio clame Amapola, plus fort que
157
es pour les directeurs de bureaux. C’est ce qu’on
en
voit de l’étranger. Cohoes Ayant remarqué qu’on me refusait du
158
l’épicerie du village de Lake George10, et que j’
en
paraissais fort ennuyé, nos voisins vinrent un soir nous en offrir, e
159
ais fort ennuyé, nos voisins vinrent un soir nous
en
offrir, et c’est ainsi que nous avons fait connaissance. Deux femmes
160
ns de mon espèce aiment les maisons trop grandes,
en
Amérique.) L’un des maris se nomme Robert ; son père était un Canadie
161
all ! de vrais Américains moyens », concluent-ils
en
souriant. Nous leur avons offert des boissons, et nous nous appelons
162
etits services que vous rendent ici les voisins !
En
Europe, le voisin n’est que l’ennemi virtuel.) J’ai cru poli de m’arr
163
t, nous arrivons devant une maison de bois peinte
en
jaune clair, ornée de géraniums aux fenêtres. C’est là qu’habite la m
164
t digne, dont les ancêtres quittèrent l’Allemagne
en
1848, parce qu’ils étaient républicains. Cette vague d’émigration ger
165
lées ou légèrement obliques. Seule, la Banque est
en
pierres blanches, ornée de colonnes et d’un fronton de temple grec. J
166
bes longues et bouclées. La rue est sale. Suis-je
en
Russie ? Non, il y a trop d’autos. Robert revient et nous roulons ver
167
ge. Mais, coup sur coup, quatre accidents mortels
en
une semaine… C’était le moment du grand krach, en 1929. Tout s’écroul
168
en une semaine… C’était le moment du grand krach,
en
1929. Tout s’écroulait. Ma faillite a passé inaperçue. J’ai ouvert ce
169
u’elle s’efforce d’imiter. Souvenir d’un orage
en
Virginie Grands plateaux onduleux et livrés aux chevaux, jusqu’à l
170
s barrières blanches. — Et vous verrez ce qu’elle
en
a fait ! C’est sa manière de se venger de W…, car c’était la maison d
171
ntre des ifs géants, comme des ailes noires. Je n’
en
ai jamais vu d’aussi grands, ils montent jusqu’aux fenêtres du deuxiè
172
sse de maison est sortie à cheval. Promenons-nous
en
l’attendant. L’odeur des chiens imprègne les corridors. Dans un fumoi
173
imprègne les corridors. Dans un fumoir, à droite,
en
contrebas, deux hommes en veste de chasse et deux jeunes femmes très
174
ns un fumoir, à droite, en contrebas, deux hommes
en
veste de chasse et deux jeunes femmes très blondes boivent des whisky
175
a cour sablée des écuries. Celles-ci se déploient
en
demi-cercle, ornées d’une colonnade et d’un clocheton de brique porta
176
te ici et s’ouvrent les espaces de pâturages nus,
en
pente douce. Très loin, en silhouette sur la crête d’une colline, nou
177
aces de pâturages nus, en pente douce. Très loin,
en
silhouette sur la crête d’une colline, nous voyons deux chevaux au ga
178
nant remontent vers nous sans ralentir. Une femme
en
jaune, suivie d’un homme. Comme ils s’approchent, on voit qu’elle tie
179
l’autre porte à sa bouche une pomme qu’elle mord
en
galopant. Nouveaux éclairs. Tous les chiens du chenil se sont mis à h
180
ens de toutes les tailles s’élance sur ses traces
en
aboyant. Au fond d’une pièce vaste et noire, une petite lampe fait un
181
êtres et ferme avec fracas des volets intérieurs,
en
chêne clair, puis elle tire encore les rideaux. « Les orages me rende
182
remontent… Paraît dans la porte du fond un homme
en
veste de chasse, qui tient des verres de whisky à la main. Deux femme
183
im était l’intendant, une sorte de géant toujours
en
bottes qu’elle emmenait partout avec elle. Je pense au regard d’acier
184
ans la voiture qui nous emporte sous la pluie, qu’
en
pensez-vous ? — Well… pour la première fois de ma vie, je me sens ten
185
savanes qui firent reculer la frontière de décade
en
décade, à travers le Far West, jusqu’à ce qu’ils eussent rejoint les
186
oires urbains. Cet effort gigantesque se poursuit
en
silence à travers tout le continent. Personne n’en parle. On n’a pas
187
n silence à travers tout le continent. Personne n’
en
parle. On n’a pas eu besoin de changer de régime pour le réaliser. Le
188
s formes et couleurs. Sans relâche, ils croissent
en
gros plan et disparaissent en coup de vent, jusqu’à ce que l’œil s’éd
189
âche, ils croissent en gros plan et disparaissent
en
coup de vent, jusqu’à ce que l’œil s’éduque et se mette à déchiffrer
190
de touristes à cent yards… Ferryboat du Delaware
en
grève… Faites un détour par Philadelphie… Et arrêtez-vous à l’hôtel F
191
grondement sourd des pneus qui mordent le béton.
En
cinq heures, nous aurons couvert les quatre-cents kilomètres qui sépa
192
qui séparent le centre de New York de Washington,
en
traversant deux villes énormes : Philadelphie et Baltimore. La vitess
193
genre. Qu’il suffise de rappeler les données qui
en
déterminent exactement l’urgence. La guerre a eu pour conséquences pr
194
e leur amour de la paix, et ils le prouvent, l’un
en
relevant nos ruines, et l’autre en annexant 700 000 kilomètres carrés
195
prouvent, l’un en relevant nos ruines, et l’autre
en
annexant 700 000 kilomètres carrés de nos terres. Si bien qu’on ne vo
196
est plus une puissance, parce qu’elle est divisée
en
vingt nations dont aucune, isolée, n’a plus la taille qu’il faut pour
197
te guerre, dont quel que soit le vainqueur — s’il
en
est un — c’est l’humanité tout entière qui sortira vaincue. Si nous v
198
pe même unie serait encore trop faible pour tenir
en
respect les deux Grands, je répondrai par un seul chiffre : la popula
199
rter tout leur poids d’un seul côté, ils seraient
en
mesure d’agir, de faire réfléchir l’agresseur, et de sauver la paix d
200
et bon, mais que fait-on et que pourra-t-on faire
en
temps utile ? » La paix, l’Europe unie, d’accord, c’est un beau rêve.
201
aix, l’Europe unie, d’accord, c’est un beau rêve.
En
attendant, voici le cauchemar. Déjà les maréchaux s’installent et tir
202
ondiale, le mouvement paneuropéen, lancé à Vienne
en
1923 par le comte Coudenhove-Kalergi. Ce pionnier réussit à convaincr
203
s la rumeur polyglotte des couloirs de la SDN. On
en
était aux constructions diplomatiques. Elles s’écroulèrent à la premi
204
fédération européenne. C’est alors qu’apparurent
en
France les premiers groupes personnalistes. Ils réunirent quelques ce
205
s, dans les journaux secrets qui se multipliaient
en
France, en Hollande, en Pologne, en Italie et en Yougoslavie, nos idé
206
journaux secrets qui se multipliaient en France,
en
Hollande, en Pologne, en Italie et en Yougoslavie, nos idées personna
207
rets qui se multipliaient en France, en Hollande,
en
Pologne, en Italie et en Yougoslavie, nos idées personnalistes se pop
208
multipliaient en France, en Hollande, en Pologne,
en
Italie et en Yougoslavie, nos idées personnalistes se popularisaient,
209
en France, en Hollande, en Pologne, en Italie et
en
Yougoslavie, nos idées personnalistes se popularisaient, nos livres e
210
aient, nos livres et nos revues passaient de main
en
main. Les événements que nous avions prévus parlaient pour nous, en d
211
tait pas terminé que l’idée naissait parmi nous d’
en
élargir l’action en convoquant, pour le printemps de l’année suivante
212
l’idée naissait parmi nous d’en élargir l’action
en
convoquant, pour le printemps de l’année suivante, des états généraux
213
avec les représentants d’autres mouvements venus
en
qualité d’observateurs. Les envoyés du United Europe Committee nous i
214
il. En réalité, vous êtes, nous sommes, la vérité
en
marche. » Et finalement, les congressistes furent reçus par le pape P
215
es furent reçus par le pape Pie XII, qui leur dit
en
français « sa plus vivante sympathie » pour l’œuvre urgente conduite
216
t 1948. C’est ce que la presse nomme aujourd’hui,
en
simplifiant un peu, la position française. Je la nommerais plutôt la
217
ationales absolues. La position dite britannique (
en
fait, celle de M. Bevin) tend, au contraire, à réduire l’Assemblée au
218
consistera à transformer le « Corps consultatif »
en
Assemblée constituante. Cour des droits de l’homme. — On sait qu’une
219
rt des problèmes économiques resteront insolubles
en
fait, tant que nos plans politiques n’auront pas abouti. La sagesse d
220
ntre européen de la culture qui s’ouvrira bientôt
en
Suisse. ⁂ Il n’est point d’ordre économique possible sans une volonté
221
mique possible sans une volonté préalable de mise
en
ordre politique. Il n’est point d’ordre politique qui serve l’homme,
222
contre tous les experts de son équipe, il se mit
en
route pour la joindre. Mais nous, quel continent nouveau, tout imprév
223
e nouvelle. » Mais ce jour-là, il est le seul à s’
en
douter. Cette histoire n’est pas bien nouvelle, il y a près de deux-m
224
obscur, près de Jérusalem, a fait moins de bruit,
en
son temps, que la visite de Bartali, coureur cycliste, au Vatican. Il
225
e l’Europe, qui s’ouvrit à Strasbourg le 10 août,
en
pleines vacances de l’opinion publique. Pourtant les journalistes éta
226
sans la modifier : ce sont eux qui la déterminent
en
bonne partie. S’il leur faut tant de mots pour expliquer que le sujet
227
ital d’autonomie. Avant d’agir, il fallait mettre
en
place un dispositif de combat, tout d’abord obtenir que le Comité des
228
’a pas remarqué qu’un mot d’ordre national — s’il
en
fut jamais donné — ait été suivi même par les Britanniques. Ces derni
229
niers se sont, au contraire, divisés publiquement
en
deux groupes à peu près égaux, conservateurs et libéraux d’une part,
230
anière d’éviter le danger « national » risquait d’
en
créer un nouveau : le clivage horizontal de l’Assemblée selon les aff
231
paratoires. Step by step reste leur devise. À les
en
croire, l’opinion n’est pas mûre, les peuples sont encore indifférent
232
rasbourg, il faut éviter à tout prix de se porter
en
avant sans leur soutien. On serait tenté d’accuser ces prudents de sc
233
enteur, de sagesse, de prudence, etc., prodigués (
en
anglais généralement) aux députés européens. Dès sa prochaine session
234
turellement, dans un délai aussi réduit. Ils sont
en
droit de montrer quelque fierté, lorsqu’ils passent en revue les obje
235
oit de montrer quelque fierté, lorsqu’ils passent
en
revue les objectifs qu’ils désignaient dans leurs mémorandums, et les
236
uropéen, d’un Centre européen de la culture (déjà
en
voie de formation à Genève). Ces décisions couronnent le travail obst
237
et Spaak n’ont pas manqué de le souligner, pour s’
en
féliciter, bien entendu, M. Hugh Dalton, pour s’en plaindre (et cette
238
n féliciter, bien entendu, M. Hugh Dalton, pour s’
en
plaindre (et cette confirmation n’est pas la moins valable). On ne s’
239
confirmation n’est pas la moins valable). On ne s’
en
étonnera pas, si l’on sait que les deux tiers des députés qui siégeai
240
t, mais les gouvernements et parlements nationaux
en
disposeront. Et qui dispose de ces divers pouvoirs, sinon l’opinion g
241
de l’Assemblée consultative pour qu’elle devienne
en
fait constituante, mais bien d’agir en sorte que ses vœux et avis soi
242
ent acceptés par les gouvernements et parlements,
en
attendant le verdict populaire. ⁂ Nous sommes en pleine action, et il
243
’est fait de l’Histoire à Strasbourg, mais nous n’
en
connaissons encore que le dynamisme intérieur. Les résultats pourront
244
tats pourront être jugés d’ici deux ans. S’il n’y
en
a pas à ce moment-là, nous serons Russes ou colonisés, ou simplement
245
leurs qu’elles sont vivantes.) Elles apparaissent
en
partie problématiques, en partie définies par des caractères permanen
246
es.) Elles apparaissent en partie problématiques,
en
partie définies par des caractères permanents. Elles apparaissent, su
247
caractère permanent : elle est nettement divisée
en
compartiments par des chaînes de montagnes et des fleuves, nettement
248
ement perpétuel avec l’Asie, dans l’effort pour s’
en
distinguer, pour résister à la réabsorption dans la grande mère, que
249
. Au fait géographique de la division de l’Europe
en
compartiments relativement isolés, il faut rattacher les diversités n
250
xpliquer que l’homme du ive siècle, par exemple,
en
qui s’était déjà formée la synthèse hautement instable et créatrice d
251
fois de comprendre, de faire des expériences et d’
en
tirer les conclusions. Au cours des temps, mille vérités et mille err
252
ychologiques, me paraissent typiquement d’Europe,
en
ce sens qu’elles ne pouvaient naître que du complexe que je viens de
253
nt d’orientation fondamental et brusque, traduite
en
termes romains d’institutions, de droit nouveau. De même, la passion
254
titutions, de droit nouveau. De même, la passion
en
amour est une transposition de la conversion dans le plan des relatio
255
le suppose la croyance chrétienne, personnaliste,
en
la valeur infinie d’un individu élu, unique, irremplaçable. Là où cet
256
emplaçable. Là où cette croyance s’atténue, comme
en
Amérique (où l’on pense réellement qu’un homme en vaut un autre), on
257
en Amérique (où l’on pense réellement qu’un homme
en
vaut un autre), on voit aussitôt la passion s’atténuer ou disparaître
258
ces, ces trois ressorts de l’âme occidentale — on
en
pourrait mentionner d’autres — suffiront à titre d’exemples : elles n
259
is un cinquième de la population du globe. Elle n’
en
sera dans cinquante ans plus qu’un dixième probablement. Elle ne sait
260
ntérieures ; épuisant sa vieille astuce politique
en
rivalités locales, l’Europe n’offre plus aux empires américain et rus
261
es neufs, aide qui doit fatalement se transformer
en
contrôle, si nous ne savons pas en tirer parti d’ici deux ans ; tandi
262
se transformer en contrôle, si nous ne savons pas
en
tirer parti d’ici deux ans ; tandis que l’autre empire dispose parmi
263
ds de dollars, tandis que le crédit correspondant
en
France atteint à peine 1/400e de cette somme. L’idée de progrès a émi
264
e part. C’est ainsi qu’un ancien ministre bulgare
en
exil pouvait affirmer, récemment, que dans un État communiste la cens
265
s les démocraties dites populaires. Cependant, qu’
en
est-il chez nous de la liberté et de la censure ? Allons tout de suit
266
, il suggère que si la culture reste encore libre
en
Occident, c’est peut-être dans la mesure où les pouvoirs ne la prenne
267
e paradoxe suivant : ceux qui laissent la culture
en
liberté, à l’Ouest, en font peu de cas pratiquement ; et ceux qui, à
268
ux qui laissent la culture en liberté, à l’Ouest,
en
font peu de cas pratiquement ; et ceux qui, à l’Est, lui reconnaissen
269
eux, ou l’édification méfiante des stakhanovistes
en
troupeaux. Mais un musée, ce n’est pas de la culture. Je ne vois pas
270
. Elles naissent et meurent du même mouvement. Qu’
en
est-il de ce mouvement, au milieu de notre siècle ? Va-t-il vers la r
271
ci d’apprécier tout d’abord l’état de nos forces,
en
vue d’agir. Entre les deux colosses russe et américain, l’Europe qui
272
ont des noms de l’Europe, et les très rares qui n’
en
sont pas ont appris leur métier de nos maîtres, dans nos écoles, aux
273
notre culture, l’une dès ses origines, et l’autre
en
ce qu’elle a de moderne justement. Calvin et le puritanisme, d’un côt
274
ent, parfois jusqu’à la monstruosité12. Mais s’il
en
est ainsi, si tels sont nos atouts, d’où vient notre faiblesse et not
275
s-millions à l’ouest du rideau de fer. C’est vrai
en
fait, mais nous ne le sentons pas. Car je parlais en tant qu’Européen
276
, un Allemand, un Danois, un Grec, et pour qu’ils
en
tirent quelque orgueil, encore faut-il qu’ils aient conscience d’appa
277
dans ma liste les quelques noms de son pays et n’
en
tirera qu’une raison de plus de se sentir minoritaire, ou pauvre. Il
278
n de plus de se sentir minoritaire, ou pauvre. Il
en
va de même sur tous les plans. Divisés, enfermés dans nos États-natio
279
jour. Je ne dirai pas que la division de l’Europe
en
vingt nations, chacune trop petite, rend compte de tous les maux dont
280
es personnes et des œuvres, et l’on sait ce qu’il
en
est aujourd’hui à cet égard. La condition nécessaire, sinon suffisant
281
s le plan Schuman, qui peut être un début de mise
en
commun de nos ressources matérielles. Et maintenant, dans le domaine
282
oser un autre Plan, qui consisterait dans la mise
en
commun, au service de l’Europe entière, de nos ressources scientifiqu
283
endrait répondre à trois nécessités urgentes, qui
en
indiquent tout naturellement les trois chapitres principaux. Première
284
une sorte d’Institut de la conjoncture culturelle
en
Europe. Deuxièmement, nous avons besoin d’une coordination des effort
285
rois chapitres principaux, ce n’est rien d’autre,
en
fait, que le programme du Centre européen de la culture, qui s’est ou
286
sert à rien, si l’homme qui la reçoit refuse de s’
en
servir, parce qu’il ignore ce qui est en jeu, ce qui vaut d’être défe
287
use de s’en servir, parce qu’il ignore ce qui est
en
jeu, ce qui vaut d’être défendu. La défense effective de l’Europe doi
288
e but final de la culture occidentale, consistent
en
une seule et même chose : la liberté de la personne. Et cela veut dir
289
. Entre les Américains et nous, Européens, il y a
en
commun les principes originels, l’usage présent, et l’idéal sans cess
290
ous, liberté politique. Nous ne sommes donc point
en
situation de neutralité. Nous savons où sont nos alliances. 13. Tels
291
ons ici. — Pour un congrès. — Quel congrès ? Il y
en
a beaucoup. — Le Congrès indien pour la liberté de la culture. — Qui
292
ins. Plus qu’un hôtel, c’est un quartier de ville
en
un seul bâtiment surmonté d’une coupole. À l’intérieur, deux rues de
293
élice à quatre pales, qu’un bouton électrique met
en
marche : trois vitesses. Sol de dalles grises polies, murs jaunes et
294
e. Mais non, tout simplement, il y a trop de gens
en
Inde. J’ai sommeillé sous le ronron lent de l’hélice. Je sonne pour d
295
endors. Le thé est là, et de nouveau trois hommes
en
blanc près de la table. Je leur demande du sucre. Ils sourient et s’i
296
t trafic d’une grande cité de l’Occident comme on
en
voit en Amérique du Sud : plus uniformément modernes que les nôtres.
297
d’une grande cité de l’Occident comme on en voit
en
Amérique du Sud : plus uniformément modernes que les nôtres. Notons u
298
s étant tenues pour préjugés) aient trouvé refuge
en
Orient, en Afrique, en Océanie… Incapables de croire en rien, nous co
299
ues pour préjugés) aient trouvé refuge en Orient,
en
Afrique, en Océanie… Incapables de croire en rien, nous courons admir
300
jugés) aient trouvé refuge en Orient, en Afrique,
en
Océanie… Incapables de croire en rien, nous courons admirer ceux qui
301
ent, en Afrique, en Océanie… Incapables de croire
en
rien, nous courons admirer ceux qui vénèrent les vaches. L’homme qui
302
de partager la foi de ceux dont il admire qu’ils
en
aient une. Ceci dit, je n’aurai de cesse que je n’aie découvert, à mo
303
ue nous connaissions, avec la seule surprise de n’
en
pas avoir d’autres. Dès les premières heures de débats, il devient év
304
urs problèmes s’énoncent dans les mêmes termes qu’
en
Europe. Il y a ceux qui pensent que l’URSS c’est la justice, les USA
305
valables ; ceux enfin qui se frappent la poitrine
en
déclarant qu’il y a de l’indécence à venir parler de culture dans un
306
e quitterai l’Inde sans avoir voulu dire ce que j’
en
pense, qui se résume à ceci : si les anciens Hindous, les Égyptiens,
307
ins, si les Occidentaux eux-mêmes avaient déclaré
en
leur temps : point de culture tant qu’il subsiste de la misère et de
308
ns moyens techniques pour remédier à la famine. J’
en
trouve une preuve de plus dans le journal de ce matin. C’est un savan
309
t construit la Route birmane, il vient de rendre,
en
quelques mois d’essais, cent-mille tonnes de blé aux Indiens. Mais je
310
es et compliqués, entre de hautes façades peintes
en
jaune. Statuettes vêtues de soie et de fleurs dans des niches, comme
311
y a bien, assises sur les marches, ces fillettes
en
sari aux narines cloutées d’un diamant, aux chevilles surchargées d’a
312
mauve des cotonnades, que je n’avais encore vu qu’
en
Italie et plus rarement au Brésil.) Nous descendons. Les escaliers dé
313
s escaliers débouchent sur une place irrégulière,
en
terre battue, plantée d’arbres au tronc pelé. Un désordre de maisons
314
rofonde. Tout autour du bassin, et sur l’îlot qui
en
occupe le centre, s’élèvent des colonnes de pierre noire, hérissées d
315
ne femme debout, sans un geste. Parfois le prêtre
en
pagne sort d’un coin noir, et vient planter autour d’une fontaine bas
316
noires et plates du bord de mer, des hommes assis
en
groupe écoutent une lecture à haute voix. Accroupi sur un banc, le le
317
ou un charlatan ? — Comment peut-on savoir. Il y
en
a tant. Il marchait lentement, à grands pas importants, précédé d’un
318
norme ventre bien bronzé, vêtu d’une barbe rousse
en
éventail jusqu’aux épaules, d’un cordon autour du cou pendant jusqu’a
319
agne. Il rythmait ses lentes et grandes enjambées
en
frappant le sol d’un bâton. Derrière lui se pressaient trois hommes p
320
soulignée par des avancements obliques du menton,
en
liaison stricte avec les mouvements des bras, des doigts et des chevi
321
e l’idée de « mauvais goût » devient inconcevable
en
Inde, alors qu’un tel excès de richesses combinées n’eût pas manqué d
322
ourtant ce qui a suivi m’a troublé davantage et j’
en
parlerai plus longuement. Devant la soie de fond viennent d’apparaîtr
323
s deux géants aux faces placides se relèvent et s’
en
vont s’asseoir parmi les musiciens. « Est-ce beau, ou grotesque, ou l
324
parfaite me fascine. (Nous bougeons presque tous
en
dormant. Mais je ne connais pas d’Indien nerveux, même parmi les inte
325
’ils s’appliquent sur les cheveux et sur le front
en
triples traits, non sans l’avoir mêlée d’un colorant jaune d’or ou ve
326
er la mort à chaque instant, cette foule d’hommes
en
blanc qui marchent en tous sens entre les deux trottoirs, quand il fa
327
stant, cette foule d’hommes en blanc qui marchent
en
tous sens entre les deux trottoirs, quand il faut encore contourner s
328
e, l’urine des vaches sacrées se répand lentement
en
larges nappes. À droite, sous un auvent, des zébus attachés au bord d
329
le tronc, des fleurs roses et violettes, piquées
en
ex-voto. Devant moi, quelques marches conduisent à une terrasse surél
330
ndes. Un homme prie debout, puis se tourne à demi
en
remuant les lèvres vers l’autre côté de la cour. Je suis son regard e
331
e côté de la cour. Je suis son regard et découvre
en
retrait, au-delà de l’abreuvoir, un bâtiment peint en bleu-vert, char
332
etrait, au-delà de l’abreuvoir, un bâtiment peint
en
bleu-vert, chargé de clochetons et de reliefs rococo, qui évoque un p
333
position compliquée de l’ensemble, comme une mise
en
scène pleine de sous-entendus. J’attends un geste, un cri. Rien ne se
334
paroisses, ni d’organisation ; point de croyance
en
Dieu, ni de théologie, de credo ni de catéchisme ; point de liturgie
335
dieu, tournant le dos aux passants. Et ces hommes
en
prière contre un mur. Et ces saints demi-nus, traversant à grands pas
336
on sait par mille complexes, sexuels surtout. Qu’
en
est-il en Inde ? Les Indiens échangent un sourire, hésitent un peu, p
337
ar mille complexes, sexuels surtout. Qu’en est-il
en
Inde ? Les Indiens échangent un sourire, hésitent un peu, par polites
338
et d’une caste. La suppression des castes, admise
en
droit, si elle devenait jamais effective, entraînerait d’infinies con
339
notre notion de l’individu : isolé, désacralisé,
en
révolte ouverte ou sournoise contre un ordre de choses par essence di
340
utable, c’est-à-dire affecté dès l’origine, comme
en
chacun de ses états, par un principe d’injustice, de malheur, d’incom
341
. À ce qui menacerait de le dénaturer, il résiste
en
collant à son identité, qui est celle d’un ordre et non pas d’un ego,
342
u danger de communier avec lui dans la lutte et d’
en
sortir contaminé. ⁂ Nehru. — L’un de ses anciens amis m’a mis en gar
343
mis m’a mis en garde. « Nehru, me disait-il, suit
en
toute occasion la ligne approuvée par les Russes. Prenez l’affaire de
344
ndiens, fait emprisonner leurs leaders. Staline s’
en
moque, pourvu que l’Inde appuie la Chine. Et cinq des grands ambassad
345
is dans ce pays — douze jours seulement — et je n’
en
prends aucune à mon compte, mais comment cesserais-je d’y penser, tan
346
je me suis demandé, à ce moment-là, s’il pensait
en
hindi ou en anglais.) Mais à table, c’est un autre homme. Souriant et
347
demandé, à ce moment-là, s’il pensait en hindi ou
en
anglais.) Mais à table, c’est un autre homme. Souriant et détendu, cu
348
e, au nom d’un idéal de « propreté morale », sont
en
fait ressenties comme traduisant sa colère personnelle contre l’oppos
349
) Sur le visage de Nehru, l’âme affleure et vient
en
surface. Mais dans son être intime, le regard de l’esprit trouverait-
350
d’une race ? L’individualité n’est jamais née qu’
en
rupture de magie. Cette crise profonde de l’Inde se résume en Nehru.
351
e magie. Cette crise profonde de l’Inde se résume
en
Nehru. J’en suis sûr maintenant : ce grand Indien, qui libéra son peu
352
te crise profonde de l’Inde se résume en Nehru. J’
en
suis sûr maintenant : ce grand Indien, qui libéra son peuple des Angl
353
Indien, qui libéra son peuple des Anglais, pense
en
anglais. ⁂ Délivrée des Moghols par l’Occident, puis de l’Occident pa
354
e peut plus ressembler qu’à ce qu’elle deviendra.
En
six siècles, le monde a changé ; une Inde indépendante eût changé ell
355
nte les masses organisées. Ce conflit n’intéresse
en
rien le gros du peuple indien, qui n’a jamais connu le phénomène des
356
réduit à l’impuissance pratique mais qui résiste
en
profondeur, et un avenir encore épidermique, le présent de l’Inde par
357
ci, n’a rien offert. (Qui, d’ailleurs, l’eût fait
en
son nom ?) Elle s’est bornée à se retirer politiquement. Elle doit tr
358
cela fait beaucoup de combinaisons possibles. (J’
en
ai dénombré cinquante-deux actuellement existantes.) Que deviennent n
359
e de conflits dramatiques et de la prospérité qui
en
a pu résulter. Pas de moyenne réelle dans les pays où une faction, un
360
nisme. Ils acceptent leur condition, parce qu’ils
en
connaissent bien les données de fait et les impératifs concrets, et q
361
d’Europe et aux États-Unis, montre qu’ils sont «
en
tête des gens heureux », comme l’écrit un journal français. Alors que
362
contents de leur niveau de vie, tandis que 38 % s’
en
plaignent et que 14 % n’en pensent rien, une majorité écrasante de 88
363
vie, tandis que 38 % s’en plaignent et que 14 % n’
en
pensent rien, une majorité écrasante de 88 % des Suisses trouvent que
364
, loin de s’accrocher aux recettes du passé (sauf
en
politique étrangère) ou de se battre pour une utopie. Rien de moins r
365
seul mode de promotion »17, dit-on et sans doute
en
va-t-il vraiment ainsi pour l’immense majorité. La coutume patricienn
366
’il a fait beaucoup de métiers est un éloge banal
en
Amérique (ou versatile veut dire habile, doué de nombreux talents, po
367
ombreux talents, polyvalent) mais n’éveille guère
en
Suisse que de sérieux soupçons sur la valeur morale du personnage. Le
368
turelles du Suisse, très importantes, participent
en
une certaine manière du travail », observe encore l’enquête déjà cité
369
il faut se cultiver », comme il faut se maintenir
en
forme en faisant du ski ou de la gymnastique. Le plaisir pur, la grat
370
e cultiver », comme il faut se maintenir en forme
en
faisant du ski ou de la gymnastique. Le plaisir pur, la gratuité ne s
371
ne s’avouent guère, se cherchent des prétextes et
en
trouvent d’excellents, mais il n’y a plus de gratuité. Dans L’Annuair
372
tion, distraction. » C’est « Culture et loisirs »
en
France, la nuance est significative. Quant au goût de la simplicité,
373
taire, et même bien avant la Réforme, mais il est
en
symbiose avec elles, et s’en nourrit autant qu’il explique leur succè
374
Réforme, mais il est en symbiose avec elles, et s’
en
nourrit autant qu’il explique leur succès dans la majorité de nos can
375
stion qui figure dans l’enquête intitulée Un jour
en
Suisse : « Estimez-vous qu’on peut être un bon Suisse et se lever à 9
376
se se lève tôt, mais il se réveille tard. Mais qu’
en
est-il d’autres domaines critiques de l’existence morale en Occident
377
d’autres domaines critiques de l’existence morale
en
Occident : la sexualité, le mariage ? Les anciens Suisses, au temps d
378
ie et l’école ont changé tout cela. Comme partout
en
Europe, pendant le xixe siècle, la notion de péché s’est vue assimil
379
que les exigences de la chair étaient bien fortes
en
ce pays pour que la religion dût consacrer tant d’efforts à les réfré
380
s viennent-ils corroborer cette conclusion ? Nous
en
trouverons sans doute dans les enquêtes en cours sur le régime de la
381
? Nous en trouverons sans doute dans les enquêtes
en
cours sur le régime de la censure et l’état du mariage en Suisse. La
382
sur le régime de la censure et l’état du mariage
en
Suisse. La censure des publications n’est officiellement exercée qu’a
383
re leurs critères du moral et de l’immoral ? Je n’
en
ai découvert qu’un seul : « La discipline, un point c’est tout ! », m
384
our, distante d’une vingtaine de kilomètres. Elle
en
avait le cœur brisé, bien entendu, et m’expliqua en grande confidence
385
avait le cœur brisé, bien entendu, et m’expliqua
en
grande confidence qu’elle faisait de grands efforts pour traiter sa b
386
bru ‟comme si elle était l’une des nôtres”, tout
en
sachant fort bien que ‟ces mariages mixtes ne réussissent jamais”. El
387
instruments d’analyse des consciences actuelles n’
en
peuvent compter et indexer : il y a des forces et des réalités longue
388
ue l’homme moyen ne peut pas exprimer, bien qu’il
en
vive, — ou faut-il dire précisément parce qu’il en vit ? Et ce sont d
389
n vive, — ou faut-il dire précisément parce qu’il
en
vit ? Et ce sont des hommes d’exception qui les révèlent dans leurs œ
390
es ou nostalgies. Condition du « grand homme »
en
Suisse Dans un film naguère célèbre, Orson Welles assurait que la
391
ne culture générale. Le statut du « grand homme »
en
Suisse le condamne à demeurer à peu près invisible. Comment veut-on q
392
robot du « grand homme suisse moyen » (expression
en
elle-même contradictoire) il me paraît intéressant de définir certain
393
lifie d’homériques. Toutes les familles l’ont lu,
en
Suisse alémanique. Il s’était occupé sa vie durant de l’administratio
394
assez terne pour être acceptée sans histoires. «
En
épousant Genève, j’ai épousé la mort — celle de mon talent et de ma j
395
rois que c’est Paul Bourget qui a dit que « Paris
en
eût fait un dieu ». Mais ce n’eût été qu’un dieu de salons, un dieu c
396
sa turbulence créatrice ou son génie individuel,
en
démontrant qu’il fait une œuvre utile au bien commun. Et c’est pourqu
397
, soient deux Suisses : Karl Barth et C. G. Jung.
En
eux la Suisse excelle et se dépasse, mais dans le seul sens qu’elle a
398
car par ailleurs tout les oppose. Jeune pasteur
en
Argovie, et socialiste combatif, Karl Barth publie un commentaire sur
399
e dans d’autres domaines. Il est nommé professeur
en
Allemagne. Devant les prétentions nationales-socialistes, il dresse u
400
t sentimental, ne s’était élevée dans les Églises
en
retraite devant le « monde moderne ». En voulant ramener les protesta
401
Églises en retraite devant le « monde moderne ».
En
voulant ramener les protestants aux grandes options spirituelles de l
402
e présente, bien au contraire, il a même précédé,
en
fait, la tentative d’aggiornamento de l’Église initiée par le pape Je
403
ché radical détruisant toute « analogie de Dieu »
en
l’homme, calviniste par son sens civique et communautaire, mais kierk
404
it influencé l’ensemble des Églises protestantes,
en
Amérique comme en Europe, et que les docteurs de Rome respectent et c
405
emble des Églises protestantes, en Amérique comme
en
Europe, et que les docteurs de Rome respectent et commentent. Carl G
406
e. Alors que Barth veut définir ce qui est vrai «
en
Dieu » selon la Parole de Dieu, Jung recherche ce qui se passe en l’h
407
la Parole de Dieu, Jung recherche ce qui se passe
en
l’homme, selon les mythes universels. L’un veut amener l’individu à l
408
roclamation du dogme de l’Assomption de la Vierge
en
1950 marque la date la plus importante de l’histoire religieuse depui
409
euse depuis la Réforme, Pie XII n’a pas lieu de s’
en
réjouir : car l’hommage de Jung est rendu à la Sophia æterna de la my
410
e de ces maîtres incompatibles.) Nous n’avons pas
en
Suisse de poètes de génie, ni de peintres qui aient fait époque, ni d
411
e Suisse ; qu’un autre Suisse bâtit des capitales
en
Inde ; qu’un troisième a donné à l’Amérique les deux ponts les plus l
412
ramiques les grandes dimensions qui leur manquent
en
Suisse25. Mais ce n’est pas en grimpant sur nos Alpes comme Horace-Bé
413
qui leur manquent en Suisse25. Mais ce n’est pas
en
grimpant sur nos Alpes comme Horace-Bénédict de Saussure que ces homm
414
s s’illustrèrent et apprirent à voir grand, c’est
en
s’expatriant pour se réaliser au sein d’une unité beaucoup plus vaste
415
n du pays, ont fait le principal de leur carrière
en
Suisse, ce n’est pas la Suisse qui a découvert et propagé leur nom da
416
ôt libres pour elle… 17. Cf. l’enquête Un jour
en
Suisse, 1964. 18. 300 000 Suisses vivent à l’étranger, soit 5 % de l
417
portion est décroissante : 10 % avant 1914, 7,5 %
en
1945. 19. Je pense à des ouvrages tels que The Lonely Crowd, de Davi
418
k Jotterand au cours d’une enquête sur la censure
en
Suisse. 21. « Le canton — ou l’Europe », comme disait Lucien Febvre.
419
Switzerland for beginners, 1962. 23. Cf. Un jour
en
Suisse. 24. Dogmatik der Kirche, I, i, 6, 3. 25. Synthèse des scie
420
L’avenir du fédéralisme (septembre 1969)l
En
1863 paraissait le dernier grand ouvrage de Proudhon, Du Principe féd
421
l’empire communiste COMECON, dans le monde arabe,
en
Afrique et en Amérique latine, cependant qu’une volonté d’union mondi
422
niste COMECON, dans le monde arabe, en Afrique et
en
Amérique latine, cependant qu’une volonté d’union mondiale anime les
423
ue des Églises et Vatican II. Simultanément, mais
en
sens inverse, un phénomène tout aussi général d’affirmation des diver
424
partout en plein essor, qu’il s’agisse de Nations
en
instance de divorce avec l’OTAN ou avec le Pacte de Varsovie, ou de n
425
nations au sens ancien du mot, régions ou ethnies
en
révolte plus ou moins ouverte contre le contrat étatique (inégal à le
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contraires se prononcent en même temps, résultent
en
partie des mêmes causes, et entraînent des effets complémentaires, j’
427
absolue : car nul pays de notre Europe n’est plus
en
mesure de jouer un rôle mondial, d’assurer seul sa défense, de se nou
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et surtout les USA, s’ils acceptaient toutefois d’
en
payer le prix, lequel serait celui d’une autarcie presque totale ou d
429
ue totale ou d’une sorte d’isolation paranoïaque.
En
fait, les États-Unis, quoique de loin les plus forts, dépendent autan
430
ce mondiale et de diversification locale ne mette
en
crise permanente. 855 votes en quelques années à la Chambre italienne
431
on locale ne mette en crise permanente. 855 votes
en
quelques années à la Chambre italienne sur le règlement du statut des
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ns autonomes. Risque d’éclatement de la Belgique.
En
France, floraison de projets officiels ou révolutionnaires tendant à
433
rêve d’autarcie, et cette mise en question, voire
en
accusation, de la formule stato-nationale élaborée par le xixe siècl
434
et le Brésil pour les trois Amériques, le Nigéria
en
Afrique, l’Allemagne pour l’Europe de l’Ouest et la Yougoslavie pour
435
ement fédératifs que dans les nations unitaires :
en
URSS, ce sont les autonomies régionales et les diversités religieuses
436
au contraire une des régions fédérées qui s’érige
en
État unitaire ; en Suisse, c’est le régime fédératif lui-même qui se
437
s régions fédérées qui s’érige en État unitaire ;
en
Suisse, c’est le régime fédératif lui-même qui se voit invoqué (non s
438
s trois cas, c’est moins le fédéralisme qu’on est
en
droit d’incriminer que sa trahison pure et simple, ou son usage mal c
439
sme, mais d’un défaut de fédéralisme. Et l’on est
en
droit de penser que l’application correcte de la méthode fédéraliste
440
olitique d’États » (mais on a soin de préciser qu’
en
vers, cela fait cinq syllabes). Cette définition est assurément moins
441
pre l’unité nationale et de transformer la France
en
une fédération de petits États. » Pour le Français cultivé, donc, la
442
dialectique, ambigu, et qui autorise — ou incite
en
tout cas — aux plus invraisemblables pataquès conceptuels. J’en citer
443
aux plus invraisemblables pataquès conceptuels. J’
en
citerai trois exemples. Il y a quelques années, je suggérai au comité
444
« Ce n’est pas dans le fédéralisme, ce n’est pas
en
se repliant sur elle-même que la Wallonie trouvera son salut. » Plus
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lonie trouvera son salut. » Plus étonnant encore,
en
Suisse même, il y a quelques années, on put entendre le recteur d’une
446
sme n’étant ni ceci, ni cela, mais la coexistence
en
tension de ceci et de cela, il semble que le danger d’interprétations
447
sera pas, on sent tous les dangers qu’entraînent
en
fait les malentendus que j’ai dits, et par suite l’importance pratiqu
448
r règle de respecter les deux termes antinomiques
en
conflit tout en les composant de telle manière que la résultante de l
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cter les deux termes antinomiques en conflit tout
en
les composant de telle manière que la résultante de leur tension soit
450
Morgenstern, qu’il s’agit de déterminer l’optimum
en
lequel se concilient deux maxima contradictoires, — comme l’offre et
451
entales prennent le parti de supprimer le conflit
en
réduisant l’un de ses termes — le Divers — au prix d’une longue ascès
452
cque, cherche à maintenir les deux termes non pas
en
équilibre neutre, mais bien en tension créatrice, et c’est le succès
453
eux termes non pas en équilibre neutre, mais bien
en
tension créatrice, et c’est le succès de cet effort toujours renouvel
454
re d’Héraclite. L’art et la science de cette mise
en
tension, de cette composition de réalités contraires mais également v
455
dissement et l’expansion du modèle des contraires
en
tension créatrice, nous le trouvons dans le christianisme des grands
456
s et de docteurs se mettent d’accord pour définir
en
grec la nature à la foi triple et une du Dieu Père, Fils et Saint-Esp
457
ésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme… fils unique
en
deux natures, sans confusion (ni) séparation. L’union n’a pas supprim
458
mie et sa participation à un plus grand ensemble,
en
association. 4. Enfin, le problème général de l’œcuménisme n’est-il p
459
lème général de l’œcuménisme n’est-il pas le même
en
sa forme que ceux que nous venons d’évoquer, puisqu’il consiste à con
460
distinctes dans l’unité de l’Église, c’est-à-dire
en
dernière analyse, des vocations particulières au sein de l’Être même
461
lyse fédéraliste d’une situation part du concret,
en
ce sens que d’abord elle considère la nature d’une tâche ou d’une fon
462
ima de l’aire d’exécution requise et elle le fait
en
fonction des trois facteurs suivants : possibilités de participation
463
Aux projets de découpage géométrique de la France
en
carrés réguliers de dix-huit lieues de côté, comme le proposait Sieyè
464
ion, l’efficacité et l’économie des moyens — sont
en
interdépendance générale. Prenons l’exemple de l’habitat : le giganti
465
: prenez les conflits actuels dans l’université,
en
tous pays et tous régimes politico-économiques. Ils ont pour motif pr
466
décuplement des effectifs estudiantins transforme
en
acrobatie toute participation réelle à la recherche et compromet l’ef
467
siècle) puis une fédération de ces petites unités
en
départements, et je retrouve ici les solutions préconisées lors du fa
468
ions préconisées lors du fameux colloque de Caen,
en
1966, mais aussi les conclusions de mon discours de Goettingen aux re
469
mon discours de Goettingen aux recteurs européens
en
1964m. L’université fut une commune libre au Moyen âge. Toute vie civ
470
Comment devenir assez grand pour être fort, tout
en
restant assez petit pour être libre ? Ce n’est pas le vote d’une cons
471
la dimension des tâches à entreprendre, répartir
en
conséquence les pouvoirs de décision, opérer les concentrations de fo
472
ète que sont en train de se former sous nos yeux,
en
Europe, plus d’une centaine de régions à métropole destinées à deveni
473
tés de base de la future fédération continentale,
en
lieu et place des États-nations constitués au xixe siècle. On s’aper
474
me politique (intra- ou interétatique), seul pris
en
considération par les auteurs classiques, n’était en réalité qu’un ca
475
ent” dont Bertrand de Jouvenel a si justement mis
en
vedette l’importance historique.27 » Nous voici loin de la forme poli
476
venir que de passé. 26. Pierre Duclos écrivait,
en
1962, dans son excellent ouvrage en collaboration avec Henri Brugmans
477
los écrivait, en 1962, dans son excellent ouvrage
en
collaboration avec Henri Brugmans Le Fédéralisme contemporain : « Le
478
La Revue de Paris de novembre 1965. Nous donnons
en
ligne les versions publiées en septembre 1964 dans la Gazette de Laus
479
1965. Nous donnons en ligne les versions publiées
en
septembre 1964 dans la Gazette de Lausanne (version partielle), et e
480
s la Gazette de Lausanne (version partielle), et
en
décembre 1964 dans le Bulletin du Centre européen de la culture (ver