1 1937, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Paysans de l’Ouest (15 juin 1937)
1 rant électrique n’étant sans doute pas réglé pour faire tourner l’appareil au rythme normal. Tout le monde a l’air très conte
2 pellerai tout d’abord les circonstances qui m’ont fait choisir ce sujet. Il y a… tout près d’ici… quelqu’un — je ne veux pas
3 ins. Il est à peu près impossible de savoir s’ils font une distinction quelconque entre les opinions, pourtant bien tranchée
4 a discussion annoncée après la conférence d’A… me fera modifier ce jugement. J’en suis bien curieux. 15 décembre 1933 Je rel
5 ez de ne pas vous présenter l’orateur qui va vous faire un intéressant discours sur le sujet… Je ne connais pas beaucoup M. P
6 ans la Bible ». Suit une petite discussion tout à fait confuse et sans aucun rapport avec le sujet. Il n’y a pas d’autre que
7 ujet. Il n’y a pas d’autre question. Le président fait alors un bref remerciement à l’orateur. Il s’excuse encore de ne pas
8 s qui ne devaient pas être d’accord ? « Ben quoi, fait -il, convaincu, c’est la vérité ce qu’il a dit ! » Comment donc ? Ai-j
9 chrétien ou même à un protestant ? J’essaie de le faire parler. Je lui dis : « Oui, c’est la vérité pour les chrétiens, mais
10 promet de lui envoyer un Nouveau Testament. Nous faisons les cent pas sur la place. M. Palut sait que je suis écrivain. Il a l
11 it, dans leur langage de tous les jours, comme le faisaient les réformateurs, les forcer à prendre parti, je ne sais pas, moi, le
12 coup mieux que moi… Le pasteur sourit : — Vous me faites plaisir, tenez ! Bien sûr, vous avez raison, mon cher monsieur. Mais
13 onfiance en leur parlant plus familièrement, sans faire d’éloquence ? Cela trancherait au moins sur la propagande électorale.
14 oui, mais… je les connais. Ils aiment qu’on leur fasse un beau discours. Ah ! c’est terrible, je vous assure. Bien sûr, il f
15 s une longue journée de travail. Mais beaucoup ne font plus rien en hiver ? Ils sont venus pour tuer le temps, au lieu d’all
16 me les puces d’un hérisson mort. » Cette phrase a fait dans mon esprit ce qu’on appelle un trait de lumière. Lundi dernier,
17 ndiscrétions gênantes et dont on ne sait trop que faire , ou des doctrines dont ils négligent de nous dire s’ils les ont essay
18 ent sensationnelle, mais que veulent-ils qu’on en fasse  ? Nous avons tout à rapprendre de Goethe. Non seulement des révélatio
19 iences précédentes. Il me semble même qu’elle m’a fait voir « le peuple » pour la première fois de ma vie. Première constata
20 rahissent d’ailleurs, ce désir, en essayant de le faire passer d’ores et déjà pour une réalité. Deuxième constatation : il es
21 ité à choisir, sommé d’approuver ou de refuser en fait ce que venait de dire le conférencier, alors, alors il y aurait eu à
22 ne vont qu’avec les riches. Il y en a certes qui font progresser la science, et cela c’est bien. On va les écouter avec pla
23 On va les écouter avec plaisir quand ils viennent faire une conférence instructive avec projections lumineuses. Mais les phil
24 n a jamais vu. Quant à la politique, c’est tout à fait autre chose. C’est un certain nombre de phrases qu’on lit dans les jo
25 tion sociale, sait se débrouiller à Paris et peut faire de beaux discours. Dans ces conditions, qu’un intellectuel aille parl
26 e dis ici. Mais il me paraît clair que la plupart font comme s’ils le pensaient. D’autre part, il est trop certain que les i
27 , en tirent au contraire leur confort. Au lieu de faire respecter la vérité, en montrant par l’exemple qu’elle implique des a
28 e lui servira de rien. Si je persiste cependant à faire valoir ma science, ce n’est plus alors que par vanité ou par orgueil,
29 au fond, au lieu d’aider l’homme, je cherche à me faire admirer de lui. Cette remarque de Kierkegaard me frappe aujourd’hui
30 on, ou mieux, dans ce défaut de « situation » qui fait de moi, pour parler comme la presse, un « intellectuel en chômage. »
31 ses pourraient être changées. Mais si personne ne fait rien par le moyen normal de l’éducation, il n’y a plus d’autre soluti
32 ecourbé à l’extrémité, de telle sorte que la lame fait avec le manche un angle d’environ 45 degrés. Cet instrument, d’une pa
33 ils ont eu l’air plutôt surpris. « On a toujours fait comme ça. » Un jour, le père Renaud étant venu retourner une planche
34 à ce que les pêcheurs ou les paysans aiment à se faire dire, me semble-t-il. D’ailleurs il y a peu de nouvelles du monde dan
35 , d’être ensemble pour causer. Le dimanche, ils «  font la partie » chez l’un ou l’autre, à quatre ou cinq. On boit et on tap
36 ne s’est refait depuis. Quand on veut danser, on fait venir l’orchestre-jazz du chef-lieu : il arrive dans un somptueux car
37 s, corporations ou camps de travail. Mais ici que feraient -ils de tout cela ? Ils ont la liberté, et cela leur suffit, depuis ce
38 ontinent. Et l’on meurt vieux, et les médecins ne font pas fortune. Quelle conclusion tirer de tout cela ? Quand on voit les
39 c’est son mystère — mais ne dites pas que vous le faites pour son bonheur, car il est plus « heureux » que vous. Il faudrait c
40 tiré de l’héroïsme de ce peuple. Mais combien se feraient tuer aujourd’hui pour sauver leur pratique ? On en vient à penser que
41 « de droite » et on les applaudit : la fondation fait vivre beaucoup de personnes de l’île. La moitié des maisons sont vide
42  : et alors, qui va venir un beau jour, de Paris, faire la loi dans notre village ? 15 mars 1934 Je rentre de Vendée. On m’av
43 Je rentre de Vendée. On m’avait demandé d’y aller faire quelques causeries. J’en rapporte deux séries d’observations nouvelle
44 er, tout convergeait vers Paris, non seulement du fait d’une organisation ferroviaire centralisée, mais encore sentimentalem
45 i change. N’était-ce pas là l’une des raisons qui faisait si facilement nier la subsistance des « petites patries » dans la nat
46 tallation de la ligne et sur la concurrente qui a fait baisser les prix. Car il est de règle qu’au début deux Compagnies se
47 putent le parcours, jusqu’à ce que l’une des deux fasse faillite, ou réussisse à vendre « honnêtement » sa renonciation, quit
48 rait, la poésie des diligences, mais aérée. C’est fait d’une foule d’incidents entrevus que tout dispose à romancer ; de con
49 nt toutes les raisons d’aimer le travail et de le faire bien : c’est moderne, c’est sportif, cela vous pose dans l’esprit des
50 iété. Vous avez le temps de réfléchir, et de nous faire part de vos lumières, et sans vous, où irions-nous donc, nous qui ne
51 . Car, ou bien l’on écrit ce que l’on ne peut pas faire , et c’est l’aveu d’une faiblesse ou d’une ambition excessive, deux ch
52 d’invention qui, s’ils les possédaient vraiment, feraient de leurs détenteurs non point des écrivains, mais des Don Juan, des d
53 elligent et ouvert : « Pensez-vous qu’on pourrait faire la même chose ici ? » Pour sa part, il était sceptique. Il pensait qu
54 on à Paris ? Est-ce qu’il n’y aurait pas moyen de faire un mouvement politique en dehors des partis, et de voir une fois ce q
55 peut, tout seuls dans ce coin ?… » J’ai essayé de faire une liste de livres à lire pour l’instituteur de M… Je ne trouve à lu
56 agriculteur auquel je viens de raconter ce petit fait , m’explique qu’avec un manche court « on travaille plus vite et plus
57 tent systématiquement ce filon. Ils arrivent à se faire de grosses fortunes en très peu de temps, parfois sans dépenser un se
2 1939, La Revue de Paris, articles (1937–1969). L’Âme romantique et le rêve (15 août 1939)
58 me plus tard le poète Jean-Paul, insistent sur un fait que Freud utilisera jusqu’à l’abus : c’est que l’esprit abandonné au
59 st sincère et tragique. Mais combien de mots leur fera-t -elle accumuler pour dire que rien ne saurait être dit… Et pourtant si
60 , ils ont entendu quelque chose. « Je crois avoir fait une découverte importante, écrit Ritter, celle d’une conscience passi
61 les profondeurs d’eux-mêmes sans qu’ils puissent faire autre chose que de saluer là l’écho d’un discours divin. » Alors le d
62 L’intervention de la catégorie « passivité » nous fait comprendre la nature du Silence et de l’indicible dont nous parlaient
63 d’une patrie heureuse et perdue ? On aura bientôt fait de répondre en alléguant notre double nature, corporelle et spirituel
64 si générale, comment passer à l’élucidation de ce fait le plus singulier dans la vie de l’esprit humain, qui est l’engagemen
65 ète de sa douleur en vient à se confondre avec le fait de vivre en général. D’où l’idée qu’il doit « expier la faute qu’il n
66 hire tout ce qui vit en lui, et que peut-être lui fit la Vie même. » Non sans lucidité, Moritz a su dépeindre l’état de con
67 e d’Aurélia, Anton Reiser (le héros de Moritz) la fait dès l’enfance, lorsqu’il s’interroge sur ce qu’est devenue sa petite
68 la morte, de communier avec un autre univers, lui fait mépriser cette vie, sentir ses limites, mettre tout son espoir dans u
69 ue je n’hésite pas à y trouver l’explication d’un fait connu de tous les historiens : c’est l’incapacité des romantiques à d
70 vant ce n’est pas cela qui compte, mais l’œuvre à faire et Celui qui l’ordonne. Alors le moi coupable et détesté ne cherche p
71 gueil national). C’est le monde qui doit être mal fait  ! Car nous y sommes brimés, nous qui pourtant sommes les fils des ver
72 ace la vérité mesquine des juristes. Et cela nous fait comprendre bien des choses à première vue sans liens intimes : la sup
3 1946, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Tableaux américains (décembre 1946)
73 l’espace, sauf un découpage de ciel mat, tout est fait de main d’homme sur table rase, imbriqué, condensé, superposé, pour u
74 t c’est la ville alors qui s’empare du ciel, s’en fait un dôme à sa mesure et le referme sur sa nuit de ville. Appartement
75 d’étain pâli. Les ponts immenses, vers Brooklyn, font une dentelle d’un kilomètre, toute menue dans la distance. Cheminées,
76 econdes. Tout ce qu’embrasse mon regard, tout est fait de main d’homme, sauf les mouettes. Qu’on ne me parle plus des lois é
77 ève et sors. Je me promène sur cette terrasse qui fait le tour de mes chambres blanches, posées sur le onzième étage et fest
78 aire, sort de la glace, ôte enfin le peignoir, il fait trop chaud. Des rires viennent d’une terrasse obscure, un cliquetis d
79 cissent.) Cette rue, comme cent autres pareilles, fait voir en coupe la société américaine. C’est une coupe mégaloscopique —
80 fort que tout, dans la cour où les draps au vent font de grands gestes frénétiques. New York possède aussi deux-cents gratt
81 oir nous en offrir, et c’est ainsi que nous avons fait connaissance. Deux femmes d’âge moyen et leurs maris se partagent une
82 rières blanches. — Et vous verrez ce qu’elle en a fait  ! C’est sa manière de se venger de W…, car c’était la maison de ses a
83 éclairs sur les prairies. Par la charmille, où il fait presque nuit — mais on devine encore quelques statues décapitées ou r
84 fond d’une pièce vaste et noire, une petite lampe fait une flaque rose. « Je ne trouve pas les prises ! explique-t-elle, je
85 use. Voulez-vous que je vous joue du piano ? Pour faire croire que je n’ai pas peur… » — Eh bien ? m’ont demandé mes amis dan
86 s pionniers, l’ère des défricheurs de savanes qui firent reculer la frontière de décade en décade, à travers le Far West, jusq
87 tes à cent yards… Ferryboat du Delaware en grève… Faites un détour par Philadelphie… Et arrêtez-vous à l’hôtel Franklin… Ralen
4 1949, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Le Mouvement européen (avril 1949)
88 …, c’est qu’il n’a pas envie d’y croire, qu’il ne fera rien, qu’il pense qu’il est sérieux et que vous rêvez. C’est ainsi qu
89 s bases de la paix ou de s’assurer des bases pour faire la guerre, mais il reste évident que si les deux Grands continuent à
90 , n’a plus la taille qu’il faut pour parler et se faire entendre dans le monde dominé par les deux grands empires. Et non seu
91 politique ou de colonisation économique. Voici le fait fondamental qu’énonçait au congrès de La Haye le Message aux Europée
92 nir. Et si nous voulons sauver la paix, ou plutôt faire la paix, il nous faut commencer par faire l’Europe, c’est-à-dire cett
93 plutôt faire la paix, il nous faut commencer par faire l’Europe, c’est-à-dire cette troisième puissance capable d’imposer un
94 s ses satellites. Si ces 320 millions d’habitants faisaient bloc, soit qu’ils se déclarent neutres, soit qu’ils menacent de porte
95 d’un seul côté, ils seraient en mesure d’agir, de faire réfléchir l’agresseur, et de sauver la paix du monde. Sur quoi j’imag
96 up pensent : « Tout cela est bel et bon, mais que fait -on et que pourra-t-on faire en temps utile ? » La paix, l’Europe unie
97 t bel et bon, mais que fait-on et que pourra-t-on faire en temps utile ? » La paix, l’Europe unie, d’accord, c’est un beau rê
98 ux s’installent et tirent leurs plans ; la Russie fait donner ses cinquièmes colonnes et l’Amérique numérote ses bombes. Ain
99 enant de répondre à ceux qui demandent ce qu’on a fait déjà, et ce qu’on peut faire à temps pour fédérer l’Europe. Origin
100 demandent ce qu’on a fait déjà, et ce qu’on peut faire à temps pour fédérer l’Europe. Origines du mouvement fédéraliste
101 y parlait beaucoup de l’engagement — un mot qui a fait fortune depuis dans d’autres bouches. On y faisait surtout de la doct
102 a fait fortune depuis dans d’autres bouches. On y faisait surtout de la doctrine. On s’attachait à définir cette conception fon
103 nuances politiques, nationales et religieuses qui font la richesse de l’Europe, et qui la rendent si difficile à gouverner.
104 es fédéralistes dispersés. Dès 1946, ce fut chose faite  : l’Union européenne des fédéralistes se constituait et pouvait convo
105 marées, des institutions continentales et de les faire admettre par les États, nous n’étions qu’une poignée d’hommes de bonn
106 reux nous sommes partis — nous sommes partis pour faire l’Europe, tout simplement. On s’étonnera de la part que je viens de f
107 plement. On s’étonnera de la part que je viens de faire à la doctrine personnaliste dans la genèse de nos mouvements. Il est
108 et Paul-Henri Spaak. À la question : « Qu’a-t-on fait jusqu’ici pour la fédération de l’Europe ? » cet historique succinct
109 à vaincre. L’Assemblée. — Les fédéralistes ayant fait triompher à La Haye le principe d’une représentation aussi large que
110 onales absolues. La position dite britannique (en fait , celle de M. Bevin) tend, au contraire, à réduire l’Assemblée au rôle
111 nsent donc, tout naturellement, que l’Europe sera faite par des ministres. Et cela ne va pas à une fédération, mais à quelque
112 ssaires pour enquêter sur leur territoire et pour faire exécuter ses arrêts à leurs dépens, s’il y a lieu. C’est pourquoi le
113 des problèmes économiques resteront insolubles en fait , tant que nos plans politiques n’auront pas abouti. La sagesse des ex
114 e, un sentiment commun auquel il soit possible de faire appel dès maintenant, une civilisation occidentale. Réveiller, exprim
115 une vision libératrice et fascinante. L’Europe se fera , en dépit des experts (qui savent toujours que c’est Dewey qui sera é
5 1949, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Découverte de l’Europe (octobre 1949)
116  : la mort d’un Juif obscur, près de Jérusalem, a fait moins de bruit, en son temps, que la visite de Bartali, coureur cycli
117 r la machine et vérifier le jeu des commandes. De fait , une semaine a suffi pour réussir ces différentes opérations, et même
118 , l’attitude très particulière des Britanniques a fait échouer la première coalition partisane qui se dessinait : les travai
119 parmi les députés européens sont attestés par un fait capital : la Commission des affaires générales, élue par l’Assemblée
120 ignoré ce genre de raisonnements, qui voudraient faire passer pour réalisme la soumission au statu quo ? D’autre part, les p
121 débat, l’on peut voir dès maintenant dans le seul fait qu’il ait lieu, la preuve d’une très rapide évolution. Les dirigeants
122 anter victoire un peu trop tôt. Il reste encore à faire entrer dans la réalité le principal : la Constitution fédérale. Les c
123 il s’agit maintenant d’alerter, d’informer, et de faire peser de tout son poids sur ses élus ? Montrer ce but et préparer les
124 l’Assemblée consultative pour qu’elle devienne en fait constituante, mais bien d’agir en sorte que ses vœux et avis soient r
125 mes en pleine action, et il est clair qu’il s’est fait de l’Histoire à Strasbourg, mais nous n’en connaissons encore que le
126 amazing things for us, Americans !… Car elles se font sans moyens “mesurables”, sans organisations “solides” à la yankee, e
6 1950, La Revue de Paris, articles (1937–1969). L’Europe et sa culture (novembre 1950)
127 l’est par des plaines indéfinies. Ce n’est pas un fait géographique qui marque ses limites vers l’Asie, mais seulement un fa
128 marque ses limites vers l’Asie, mais seulement un fait historique, un rapport de forces humaines. La frontière de l’Est sera
129 é assimilées et ont fécondé nos civilisations. Au fait géographique de la division de l’Europe en compartiments relativement
130 rende névrotiques ou même criminelles. Enfin, au fait géographique du découpage des côtes par plusieurs mers, il faut ratta
131 ion doit concentrer sa réflexion vitale. C’est un fait que la péninsule Europe ne représente qu’à peine 5 % des terres de la
132 l’origine de la puissance européenne, cas tout à fait exceptionnel de dynamisme collectif, quelles tensions également excep
133 cident n’est pas dualiste, mais trinitaire. Et de fait , l’Europe n’a pas pris naissance dans le conflit entre l’Est et l’Oue
134 les familles connues de la planète. Il ne pouvait faire autrement. Je parle des derniers mille ans. Mais comment expliquer qu
135 mps de contredire, puis parfois de comprendre, de faire des expériences et d’en tirer les conclusions. Au cours des temps, mi
136 utres — suffiront à titre d’exemples : elles nous font pressentir la nature et les causes d’une capacité spécifique de l’Eur
137 décisive : la culture occidentale, c’est ce qui a fait de l’Europe autre chose que ce qu’elle est physiquement, autre chose
138 ns les périodiques à diffusion mondiale… » L’État fait peser sur les recherches de la physique nucléaire un lourd contrôle e
139 qui laissent la culture en liberté, à l’Ouest, en font peu de cas pratiquement ; et ceux qui, à l’Est, lui reconnaissent un
140 ins, qu’il est trop tard, je me tairais, ou je me ferais Américain. Mais il est impossible de sauver l’Europe si l’on ne sauve
141 auve pas en même temps sa patrie. Rien ne sert de faire durer, de conserver la créature, si l’on tarit les sources de sa recr
142 culture serait alors notre dernier refuge, qu’on ferait de l’Europe un musée dans les ruines, pour l’agrément des millionnair
143 elles on ne crée rien de grand. La peinture ne se fait pas dans les musées, mais dans les villes où existe un marché ; la li
144 s soins d’experts étrangers ou d’une police qui a fait ses preuves ailleurs. Mais elle aura perdu le ressort de son pouvoir
145 oir transformateur du monde, ce pouvoir qui avait fait sa grandeur à partir d’un médiocre destin. Que servirait à l’Europe d
146 américain, l’Europe qui vient de perdre la guerre fait actuellement ce qu’on appelle une névrose d’infériorité. Pourtant, le
147 illions à l’ouest du rideau de fer. C’est vrai en fait , mais nous ne le sentons pas. Car je parlais en tant qu’Européen quan
148 nde, et que rien ne peut remplacer. Qu’avons-nous fait pour nous unir ? Dans le domaine politique, nous avons Strasbourg. Ce
149 ar les propagandes que l’on sait. La nécessité se fait donc sentir d’un organisme dont la raison d’être principale soit de p
150 s chapitres principaux, ce n’est rien d’autre, en fait , que le programme du Centre européen de la culture, qui s’est ouvert
151 pour maintenir les risques de la liberté, qui ont fait la vraie grandeur de l’homme européen, et pour sauver en face de la t
7 1951, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Inde 1951 (décembre 1951)
152 rce que M. Nehru le veut ainsi. (Réponse propre à faire croire au fonctionnaire que c’est M. Nehru qui patronne le Congrès, a
153 ements des bras, des doigts et des chevilles, m’a fait comprendre la statuaire hindoue : les attitudes des dieux : qui sembl
154 t puérils, surgis peut-être d’un passé moghol, me fait entrer dans une compréhension bien autrement inquiétante de l’Asie. C
155 ître les castes, ignorer entièrement la personne, faire bon marché de l’individu, de ses souffrances, de sa vie même, et pour
156 quevillés, nus ou couverts d’un drap. Certains se font un lit d’une table à fruits, d’autres de l’embrasure d’une vitrine de
157  », sans doute les plus avouables de la liste. Il fait déjà trente-trois degrés, à deux heures du matin : l’été approche. ⁂
158 ier purement indien du centre de Bombay : comment font les autos pour traverser sans semer la mort à chaque instant, cette f
159 r la manche : lieu sacré. Un homme, sur le seuil, fait un signe. Je ne comprends pas. Je passe le porche. Saisissement dès l
160 lors la vocation vient remplacer le rôle. Qu’elle fasse défaut, et nous vivons dans l’incertain, l’absurde ou la médiocrité.
161 ir. Cependant il déteste les communistes indiens, fait emprisonner leurs leaders. Staline s’en moque, pourvu que l’Inde appu
162 llers… » Un diplomate : « Nul ne sait ce qu’il va faire . Il suit surtout la ligne de ses humeurs. L’autre jour, au banquet de
163 gent aujourd’hui le monde et qui forment déjà, de fait sinon de droit, une sorte de cabinet mondial : en tant que tel il doi
164 ce de sa nature intime plutôt que de ses idées, a fait un prince. Que ce pandit soit devenu Premier ministre, il s’agit là d
165 au nom d’un idéal de « propreté morale », sont en fait ressenties comme traduisant sa colère personnelle contre l’opposition
166 plus près de l’esprit. (Le businessman occidental faisant oublier l’un comme l’autre.) Sur le visage de Nehru, l’âme affleure e
167 ; une Inde indépendante eût changé elle aussi. Le fait certain, c’est qu’elle n’a pu le faire au rythme accéléré de notre hi
168 e aussi. Le fait certain, c’est qu’elle n’a pu le faire au rythme accéléré de notre histoire. Elle a manqué la Renaissance, l
169 e embarras devant le monde tel que d’autres l’ont fait . Jetée dans la lice des États, au milieu d’une partie serrée, l’Inde
170 squ’ici, n’a rien offert. (Qui, d’ailleurs, l’eût fait en son nom ?) Elle s’est bornée à se retirer politiquement. Elle doit
8 1965, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Le Suisse moyen et quelques autres (mai 1965)
171 es et de dialectes jalousement cultivés — et cela fait beaucoup de combinaisons possibles. (J’en ai dénombré cinquante-deux
172 que j’entends dans les trains, avec lesquels j’ai fait mon service militaire ou que je rencontre à l’étranger, livrés aux jo
173 , parce qu’ils en connaissent bien les données de fait et les impératifs concrets, et qu’ils la jugent au surplus satisfaisa
174 éral fidèle à son métier. Dire d’un homme qu’il a fait beaucoup de métiers est un éloge banal en Amérique (ou versatile veut
175 -mêmes sont marqués par l’esprit d’efficacité qui fait du Suisse un type extrême d’Occidental. « Toutes les activités cultur
176 ultiver », comme il faut se maintenir en forme en faisant du ski ou de la gymnastique. Le plaisir pur, la gratuité ne s’avouent
177 agne lucernoise, Beromünster, Ettiswil et Sursee, font une des gloires de ce pays. C’est la Suisse primitive qui a produit t
178 tendu, et m’expliqua en grande confidence qu’elle faisait de grands efforts pour traiter sa bru ‟comme si elle était l’une des
179 resse notablement dans les cantons, comme elle le fait dans les trop vastes sociétés mal structurées ou les grands ensembles
180 es, et physiquement nos petits compartiments. Que fera dans ces conditions l’homme de talent ou d’ambition ? Il a trois poss
181 e c’est Paul Bourget qui a dit que « Paris en eût fait un dieu ». Mais ce n’eût été qu’un dieu de salons, un dieu causeur.
182 Ranke dans la chaire d’histoire de Berlin, il se fit accepter dans sa cité natale selon son rang social et en tant que pro
183 uelque chose, tout se passe comme s’il avait à se faire pardonner sa turbulence créatrice ou son génie individuel, en démontr
184 rice ou son génie individuel, en démontrant qu’il fait une œuvre utile au bien commun. Et c’est pourquoi les Suisses qui ont
185 ou civiques, éducatifs ou spirituels, comme si le fait d’être utiles excusait leurs grands dons aux yeux de leur conscience
186 fondamentale, de la Résistance européenne. On lui fait un procès à Bonn. Il n’attaque pas le régime en soi, mais ses complic
187 résente, bien au contraire, il a même précédé, en fait , la tentative d’aggiornamento de l’Église initiée par le pape Jean XX
188 est une réalité psychique. Le théologien n’a que faire de la psychologie. Il la met entre parenthèses pour ne considérer que
189 de Dieu24 ». En revanche, le psychologue n’a que faire des dogmes, sauf s’ils sont l’expression cristallisée d’un mythe, d’u
190 es deux hommes n’était même pas concevable, et de fait il n’a pas eu lieu. Leurs disciples (pasteurs et théologiens d’un côt
191 isse de poètes de génie, ni de peintres qui aient fait époque, ni de compositeurs du plus haut rang. Hölderlin ou Racine, Mo
192 th, qui, après de longs séjours loin du pays, ont fait le principal de leur carrière en Suisse, ce n’est pas la Suisse qui a
9 1969, La Revue de Paris, articles (1937–1969). L’avenir du fédéralisme (septembre 1969)
193 totale ou d’une sorte d’isolation paranoïaque. En fait , les États-Unis, quoique de loin les plus forts, dépendent autant de
194 ts » (mais on a soin de préciser qu’en vers, cela fait cinq syllabes). Cette définition est assurément moins éclairante que
195 fédéralistes ! » Si pareils malentendus sont le fait d’Européens professionnels ou de gardiens jaloux des traditions helvè
196 ra pas, on sent tous les dangers qu’entraînent en fait les malentendus que j’ai dits, et par suite l’importance pratique de
197 encontrent dans une seule personne… » Abstraction faite de la foi que l’on accorde ou non à la substance de ces énoncés, je r
198 ent aux théories de L. de Broglie sur la lumière, faite de vrais corpuscules mais aussi de vraies ondes…) ⁂ Notre modèle de p
199 s optima de l’aire d’exécution requise et elle le fait en fonction des trois facteurs suivants : possibilités de participati
200 e fédéralisme tel que j’ai tenté de le définir ne fait que commencer. Il n’est pas matière historique, mais prospective. Il