1
, à grands sauts ralentis — le courant électrique
n’
étant sans doute pas réglé pour faire tourner l’appareil au rythme nor
2
ce sujet. Il y a… tout près d’ici… quelqu’un — je
ne
veux pas le nommer, je n’attaquerai personne, moi ! — il y a, dis-je,
3
s d’ici… quelqu’un — je ne veux pas le nommer, je
n’
attaquerai personne, moi ! — il y a, dis-je, quelqu’un qui a osé préte
4
dans les foyers et jusque dans la presse1 ! « Je
n’
ai pas cherché la guerre, moi ! Eh bien ! je saurai me défendre ! Et m
5
on ! Être laïque… » Ah ! surtout, être laïque, ce
n’
est pas combattre les religions, comme le prétend le voisin, « car je
6
que, c’est finalement « aimer son prochain » ! Je
n’
ai pas plutôt soufflé à l’oreille de ma femme : « C’est un sermon ! »
7
omme d’habitude d’une bande de petits garçons. Il
n’
a pas répondu à mon salut. 12 décembre 1933 Tout à l’heure, en déchira
8
aît qu’il cause très bien — lui aussi — mais elle
ne
l’a jamais entendu. Elle est catholique, en effet, comme d’ailleurs t
9
chose de joliment absurde. Les paysans du village
ne
sont pas même tous capables de lire le journal, et j’ai remarqué qu’i
10
s, que ces journaux leur servent. Je crois qu’ils
n’
y pensent même pas. Peut-être que la discussion annoncée après la conf
11
lève : « Messieurs et dames, vous m’excuserez de
ne
pas vous présenter l’orateur qui va vous faire un intéressant discour
12
us faire un intéressant discours sur le sujet… Je
ne
connais pas beaucoup M. Palut, n’est-ce pas, c’est la première fois q
13
ur le sujet… Je ne connais pas beaucoup M. Palut,
n’
est-ce pas, c’est la première fois qu’il vient à A…, mais certainement
14
l y a plusieurs églises, et malheureusement elles
ne
s’entendent pas toujours. La primitive église était constituée par de
15
enda, a dit que les clercs ont trahi. Les clercs,
n’
est-ce pas, ce sont les intellectuels, les écrivains, les professeurs,
16
us aime. Si tous les hommes étaient chrétiens, il
n’
y aurait plus d’exploitation ni de guerre !… La péroraison a été éloqu
17
ype se lève au fond de la salle et demande « s’il
n’
y a pas des contradictions dans la Bible ». Suit une petite discussion
18
t confuse et sans aucun rapport avec le sujet. Il
n’
y a pas d’autre question. Le président fait alors un bref remerciement
19
f remerciement à l’orateur. Il s’excuse encore de
ne
pas s’y connaître assez en religion, mais assure qu’il a été bien int
20
gent. Je l’approuve et m’étonne que la discussion
n’
ait pas été plus longue : il y avait pourtant bien des auditeurs qui n
21
ngue : il y avait pourtant bien des auditeurs qui
ne
devaient pas être d’accord ? « Ben quoi, fait-il, convaincu, c’est la
22
la vérité pour les chrétiens, mais tout le monde
ne
pense pas comme ça ici ? » Il me regarde un peu étonné à son tour : «
23
onné à son tour : « Qu’est-ce que vous voulez, il
n’
y a rien à répondre, c’est juste, ce qu’il a dit ! Il connaît bien son
24
t bien comme ça que c’est écrit dans la Bible, il
n’
a pas dit de mensonges, quoi ! Mais ici ils ne savent pas discuter. Si
25
il n’a pas dit de mensonges, quoi ! Mais ici ils
ne
savent pas discuter. Si vous alliez à F…2 alors, c’est autre chose. L
26
s intentions. Il a un oncle qui est curé, mais je
ne
saisis pas bien si ce curé lui a interdit la lecture de la Bible, ou
27
vous ennuyer, hein ? » Je le rassure vivement. Ce
n’
est pas moi qui lui reprocherai jamais d’être trop simple. On ne l’est
28
qui lui reprocherai jamais d’être trop simple. On
ne
l’est jamais assez ! — Oh ! vous savez, — dit-il — je n’y mets pas d’
29
t jamais assez ! — Oh ! vous savez, — dit-il — je
n’
y mets pas d’amour-propre, vous pouvez me dire franchement ce que vous
30
as moyen de savoir avec qui ils sont d’accord. Il
ne
faut pas oublier que nous vivons à une époque de propagande forcenée,
31
alement sans aucune précaution oratoire. Pourquoi
ne
pas saisir cette occasion de leur prêcher l’Évangile, là, tout droit,
32
les réformateurs, les forcer à prendre parti, je
ne
sais pas, moi, les engueuler ? Je vous dis ma première impression, pu
33
cher monsieur. Mais c’est plus difficile que vous
ne
croyez. Il faut que je vous dise que c’est la première fois que je pa
34
y a plus de six ans que je suis dans l’île, et je
n’
avais jamais pu parler à A…, à cause du curé qui s’y opposait par tous
35
s. Ils sont difficiles à prendre, ici. Surtout il
ne
faut pas les brusquer ! Ce soir, il s’agissait de gagner leur confian
36
suite on verra si on peut aller plus loin. — Mais
ne
croyez-vous pas qu’on pourrait gagner leur confiance en leur parlant
37
jours… Il faudra reparler de tout cela. M. Palut
n’
a jamais l’occasion de discuter, il se sent terriblement isolé au mili
38
près une longue journée de travail. Mais beaucoup
ne
font plus rien en hiver ? Ils sont venus pour tuer le temps, au lieu
39
au lieu d’aller au café. Cette inertie, dès qu’il
ne
s’agit plus d’argent ! À moins que ce ne soit le langage, la difficul
40
ès qu’il ne s’agit plus d’argent ! À moins que ce
ne
soit le langage, la difficulté de s’exprimer ? Tout est mystère en eu
41
« le peuple », la volonté du peuple, comme si on
ne
les avait jamais vus ou jamais aimés ! Là-dessus, quantité de pensées
42
re le vent dans l’obscurité. Mais le lendemain il
n’
en reste rien qu’un peu de courbature dans les jambes. 16 décembre 193
43
populaire de La Naissance du jour, de Colette. Je
n’
avais pas encore lu ce livre. Il est exactement de l’espèce que j’aime
44
’un des plus charmants dans cette espèce, mais ce
n’
est point pour cela que j’en parle ici. C’est pour une raison très pré
45
le ici. C’est pour une raison très précise et qui
n’
a rien à voir avec la critique littéraire. À la page 43 de l’édition q
46
sur le couvre-pied. D’autres sur le plancher. Je
n’
en menais pas large. Comme la mère Renaud était venue nous voir la vei
47
mère Renaud était venue nous voir la veille, nous
ne
cherchâmes pas plus loin la cause du phénomène. Il est vrai qu’on a b
48
a beau porter un nombre excessif de jupons, cela
ne
devrait pas suffire à rendre vraisemblable une hypothèse à ce point i
49
ne hypothèse à ce point injurieuse. Pourtant nous
n’
en trouvions pas d’autres. Or, peu de jours auparavant, un petit héris
50
rappante. Voici : pour la première fois depuis je
ne
sais combien d’années, je viens de trouver dans un ouvrage littéraire
51
ourquoi notre chambre était pleine de puces. Cela
n’
a l’air de rien, mais je vois là comme un symbole. Les livres devraien
52
mprobables ou excessifs, des inquiétudes dont ils
n’
ont même pas l’air d’être vraiment inquiets, des indiscrétions gênante
53
t inquiets, des indiscrétions gênantes et dont on
ne
sait trop que faire, ou des doctrines dont ils négligent de nous dire
54
sont justement des réponses à des questions qu’on
n’
avait pas l’idée de se poser ; et c’est là qu’ils croient voir leur as
55
usage, sans application précise aux choses, etc.
Ne
montons plus au ciel du second Faust que par ces allées de Ferrare !
56
e par ces allées de Ferrare ! 18 décembre 1933 Je
ne
cesse de repenser à la conférence d’avant-hier à A… Il me semble qu’e
57
ale, aussi bien à A… qu’à la séance de cinéma. Il
n’
y aurait là rien d’étonnant, si l’on ne nous rebattait les oreilles de
58
cinéma. Il n’y aurait là rien d’étonnant, si l’on
ne
nous rebattait les oreilles de phrases sur la volonté et la mission d
59
on : il est très difficile d’aimer des hommes qui
ne
nous sont rien, qui ne nous demandent rien, qui peut-être ne voudraie
60
ile d’aimer des hommes qui ne nous sont rien, qui
ne
nous demandent rien, qui peut-être ne voudraient pas même de notre ai
61
t rien, qui ne nous demandent rien, qui peut-être
ne
voudraient pas même de notre aide (nous égalent les intellectuels bou
62
n France qu’un orateur dit un tas de choses qu’on
ne
comprend pas, et cite des noms qu’on ne connaît pas. Cela fait partie
63
ses qu’on ne comprend pas, et cite des noms qu’on
ne
connaît pas. Cela fait partie de l’éloquence. Et l’éloquence est le b
64
l’éloquence est le but du discours, dont le sujet
n’
est que le prétexte. Je constate. Je conclus que les intellectuels son
65
e. Qu’ils disent des vérités ou des mensonges, on
n’
applaudira guère que le son de leur voix, ou le parti qui les délègue.
66
ans le vide — ce qui est malsain — et le peuple à
ne
pouvoir se libérer des charlataneries politiques autrement que par de
67
rement que par des violences maladroites, dont il
ne
sera pas le dernier à pâtir. Impuissance de l’« esprit », bêtise de l
68
« esprit », bêtise de l’action : ces deux misères
n’
auraient-elles pas une origine commune ? Il m’a semblé que j’entrevoya
69
sortir de la conférence. Cet homme trouvait qu’il
n’
y avait rien à « discuter » dans les paroles de l’orateur, parce que c
70
ait en soi, et qu’au surplus c’était bien dit. Il
ne
lui est pas venu à l’esprit que la vérité est quelque chose qui peut
71
alors, alors il y aurait eu à discuter ! Mais je
n’
ai pas remarqué qu’aucun des auditeurs ait pris la chose de cette mani
72
e la majorité des « intellectuels » d’aujourd’hui
ne
pense pas très différemment. Peuple ou « clercs », ils estiment égale
73
lercs », ils estiment également que la « vérité »
n’
engage à rien. Ils bornent le rôle de l’esprit à la constatation de l’
74
s raisonnements que l’on allègue. « Il a raison »
ne
signifie pas pour eux : « Donc je dois régler ma conduite sur ce qu’i
75
ïstes, des orgueilleux, des espèces d’aristos qui
ne
vont qu’avec les riches. Il y en a certes qui font progresser la scie
76
par exemple, à quoi cela sert-il ? D’ailleurs, on
n’
en a jamais vu. Quant à la politique, c’est tout à fait autre chose. C
77
aires, de prix de la vie, et là les intellectuels
ne
servent à rien. Enfin, les questions de personnes jouent un rôle : on
78
rôle : on aime avoir un député instruit. Mais ce
n’
est pas pour qu’il dise des choses intelligentes, ou nouvelles. C’est
79
ique et surtout s’il a l’air « sincère », mais on
n’
aura jamais l’idée de mettre en pratique ce qu’il dit. Il reste dans s
80
de soi. Il est probable qu’aucun homme du peuple
ne
s’est jamais dit cela comme je le dis ici. Mais il me paraît clair qu
81
ud ; mais non, c’est celle d’un clerc parfait. Je
n’
ai pas fini de m’étonner de cette rencontre. 19 décembre 1933 Si l’on
82
e sache ce qu’il sait. Sinon mon savoir supérieur
ne
lui servira de rien. Si je persiste cependant à faire valoir ma scien
83
persiste cependant à faire valoir ma science, ce
n’
est plus alors que par vanité ou par orgueil, de sorte qu’au fond, au
84
it d’aider, et que je vois encore si mal. (Ce qui
ne
m’a pas empêché jusqu’ici de m’occuper de politique, par exemple… Mai
85
ifs au moins de ma gêne, quand je constate qu’ils
ne
comprennent pas de quoi je m’occupe. C’est peut-être un secret désir,
86
s que j’ai, comme un chacun, mon amour-propre, je
ne
puis m’empêcher de le juger assez justifié dans l’occurrence. On n’ai
87
de le juger assez justifié dans l’occurrence. On
n’
aime pas à être tenu pour un fainéant ou un rentier, quand on est dans
88
l en chômage. » (Écrire, aux yeux de ces paysans,
ne
signifie proprement rien. S’ils ont un peu de respect pour moi, c’est
89
ne ou d’une trentaine de parcelles, dont beaucoup
n’
ont que quelques centiares, les plus grandes un à deux ares. Je connai
90
a exclut l’usage des machines agricoles. Pourquoi
ne
s’entendent-ils pas entre eux pour grouper leurs lopins ? Je me suis
91
it proposé la réforme, avant la guerre. Mais cela
n’
a pas marché. La tradition de l’île veut que chaque champ soit partagé
92
t que les paysans travaillent beaucoup plus qu’il
ne
serait nécessaire à leur subsistance si la répartition des terres éta
93
logie rudimentaire qu’on leur a inculquée, et qui
n’
a que trop bien convenu à leur penchant naturel. Il faudrait donc d’ab
94
choses pourraient être changées. Mais si personne
ne
fait rien par le moyen normal de l’éducation, il n’y a plus d’autre s
95
fait rien par le moyen normal de l’éducation, il
n’
y a plus d’autre solution que la contrainte. La dictature est un moyen
96
en de transformer et d’animer un peuple auquel on
n’
a pas su donner le sens civique, le sens de la communauté. Qui est-ce
97
dans des ligues toujours anti-quelque chose, qui
n’
empêcheront rien, c’est l’évidence, parce qu’elles n’exigent rien de p
98
mpêcheront rien, c’est l’évidence, parce qu’elles
n’
exigent rien de positif, ne construisent rien, n’animent rien, s’épuis
99
idence, parce qu’elles n’exigent rien de positif,
ne
construisent rien, n’animent rien, s’épuisent en excitations verbales
100
n’exigent rien de positif, ne construisent rien,
n’
animent rien, s’épuisent en excitations verbales. Dictature ou éducati
101
osition provient de la forme de leurs outils. Ils
n’
utilisent guère que des « bouelles » au manche très court, recourbé à
102
e assez la terre pour savoir que les mêmes outils
ne
sont pas bons en tous pays, et je cherchais quelle particularité loca
103
anche qui sont dans le chai, et il a refusé. « On
n’
a pas l’habitude. » Contre-épreuve : un petit propriétaire venu du con
104
’innombrables réformes aussi simples à opérer. Je
n’
en sais rien4. Je me borne à constater qu’ici les paysans travaillent
105
isie conservatrice, alors que la presse de gauche
ne
reflète nullement la mentalité ni les conversations populaires. C’est
106
petit-bourgeois de certaines de ces feuilles. Je
n’
ai jamais retrouvé ce ton dans le peuple. S’il en paraît parfois, par
107
t que le peuple, en France, lit trop de journaux,
ne
lit que cela, et finit par se croire « le Peuple », tel que l’imagine
108
imaginent les bourgeois et leurs journalistes. Ce
n’
est pas dans notre île, d’ailleurs, que j’ai pu constater cette contag
109
avec des maladresses et des grosses astuces, qui
n’
est pas exactement celui des « discussions » qu’on peut entendre dans
110
des amis du peuple et la réalité du peuple : rien
ne
le rend plus sensible que cette différence de ton entre tel organe so
111
qui m’arrêterait dès les premiers pas. Ces hommes
n’
ont pas ou n’ont plus coutume de se réunir, d’être ensemble pour cause
112
ait dès les premiers pas. Ces hommes n’ont pas ou
n’
ont plus coutume de se réunir, d’être ensemble pour causer. Le dimanch
113
s-uns le déplorent parmi les vieux. Mais personne
n’
a l’idée de rien entreprendre. Le village comptait autrefois, paraît-i
114
nd les hommes sont partis pour la guerre, et rien
ne
s’est refait depuis. Quand on veut danser, on fait venir l’orchestre-
115
es du continent et aux limites de l’humanité. Ils
n’
attaquent plus, ils se cramponnent. Ce ne sont pas des colons, des déf
116
ité. Ils n’attaquent plus, ils se cramponnent. Ce
ne
sont pas des colons, des défricheurs, mais de petits propriétaires qu
117
ngrate, dans sa courette pleine de fleurs. Qu’ils
n’
aient pas de vie communautaire, cela ne signifie pas nécessairement qu
118
rs. Qu’ils n’aient pas de vie communautaire, cela
ne
signifie pas nécessairement qu’ils aient perdu le sentiment de leur c
119
op pareils pour éprouver le besoin de s’unir. Ils
n’
ont pas à faire face à des menaces extérieures. Et surtout ils n’ont n
120
re face à des menaces extérieures. Et surtout ils
n’
ont nulle envie d’entreprendre une conquête quelconque, matérielle ou
121
cela leur suffit, depuis cent-cinquante ans. Ils
ne
songent pas à en tirer le moindre profit positif. Ils se nourrissent
122
e continent. Et l’on meurt vieux, et les médecins
ne
font pas fortune. Quelle conclusion tirer de tout cela ? Quand on voi
123
able de grandes choses — c’est son mystère — mais
ne
dites pas que vous le faites pour son bonheur, car il est plus « heur
124
un État faible, dont le centre est lointain, qui
ne
croit à rien, et qui par suite ne peut rien exiger de sérieux. Mais i
125
t lointain, qui ne croit à rien, et qui par suite
ne
peut rien exiger de sérieux. Mais il y a d’autres aspects de la quest
126
is il y a d’autres aspects de la question. Le sel
ne
se vend plus depuis un an, et c’était la ressource principale des vil
127
mon île. Il faut parler d’abord des autocars. Je
ne
sais si l’on se doute à Paris de l’importance des autocars et des tra
128
nt en train de causer dans la vie provinciale. Je
n’
ai pas compté le nombre de lignes actuellement exploitées. Mais j’ai p
129
er, dans plusieurs départements de l’Ouest, qu’il
n’
est plus guère de « pays » qui ne soit desservi par une ou deux ou mêm
130
e l’Ouest, qu’il n’est plus guère de « pays » qui
ne
soit desservi par une ou deux ou même trois Compagnies de transports
131
es. Je commence à connaître leurs coutumes : rien
ne
pouvait modifier plus rapidement et plus profondément la coutume de l
132
fondément la coutume de la France rurale. Mais ce
n’
est pas encore assez dire : l’autocar modifie complètement le mode de
133
voyageur et la province. Naguère encore, quand on
n’
avait que les chemins de fer, tout convergeait vers Paris, non seuleme
134
allait à Paris ou qu’on en venait. Tout le reste
n’
était que tortillards cahotants, jamais à l’heure, où l’on se sentait
135
ué à l’écart de la « vraie » circulation. Et l’on
ne
voyait guère que des gares, ce qu’il y a de plus attristant dans chaq
136
tenir compte de ses circonstances. Sur ses bords
ne
vivait qu’une population nomade, qui portait l’uniforme de l’État, pa
137
part, sans remarquer que les gens qui l’habitent
ne
sont pas tous de la même sorte, et que d’une province à une autre, ce
138
même sorte, et que d’une province à une autre, ce
n’
est pas seulement le paysage qui change. N’était-ce pas là l’une des r
139
re, ce n’est pas seulement le paysage qui change.
N’
était-ce pas là l’une des raisons qui faisait si facilement nier la su
140
ur peu que l’on manifeste la moindre curiosité on
ne
tarde pas à y apprendre pas mal d’histoires, dont j’indiquerai ici l’
141
margoulins, topazes, etc. Si l’on a le temps, il
n’
est pas impossible de pousser la « discussion » sur un plan supérieur,
142
rce recommandations ; et ils sont rares, ceux qui
n’
ont pas deux mots à dire par la portière entrouverte un instant à la f
143
urs accordées à ceux qui commandent et disposent,
ne
fût-ce que pour une heure, de leur vie. Oui, voilà bien les hommes av
144
Mais loin de moi ces ambitions : ceux qui les ont
n’
en parlent pas, dit-on. Et je ne suis qu’un écrivain. Ceci me rappelle
145
ceux qui les ont n’en parlent pas, dit-on. Et je
ne
suis qu’un écrivain. Ceci me rappelle un bout de conversation que j’a
146
quel était mon métier. Et quand j’eus dit que je
n’
en avais aucun, et que je n’étais qu’un écrivain, et chômeur par-dessu
147
uand j’eus dit que je n’en avais aucun, et que je
n’
étais qu’un écrivain, et chômeur par-dessus le marché, il s’écria : —
148
ères, et sans vous, où irions-nous donc, nous qui
ne
croyons plus aux curés ! — Comptez, monsieur, — lui dis-je, — qu’un é
149
cas d’écrire. Car, ou bien l’on écrit ce que l’on
ne
peut pas faire, et c’est l’aveu d’une faiblesse ou d’une ambition exc
150
ndignes, et ingénieux les plus balourds, enfin je
ne
sais quelle supériorité humaine, quel luxe d’énergie ou d’invention q
151
ssurer le fameux « contact avec le public », rien
ne
vaut cette proximité physique. Je leur parlai pendant deux heures d’u
152
se la propagande communiste. Mais leurs questions
ne
tardèrent pas à me rassurer. Plusieurs voulurent savoir si cela march
153
ssi bien que j’avais pu le laisser croire ; si ce
n’
était pas encore un de ces régimes de dictature ; si les paysans avaie
154
ait sceptique. Il pensait qu’en Vendée les choses
ne
seraient pas si simples, que la situation matérielle était meilleure
155
Je retiens de cette journée deux impressions (je
n’
ose pas en dire davantage : tout cela est encore moins clair dans la r
156
nte des paysans, conscience de leur autonomie… Je
ne
bifferai pas les conclusions que j’avais tirées de la conférence à A…
157
depuis longtemps ». On sait tant de choses qu’on
n’
a jamais pris la peine de connaître, chez les « intellectuels ». 17 ma
158
ent. « On nous laisse seuls, sans direction. Nous
ne
savons pas que lire. Le travail est dur, ici. Il faut lutter contre l
159
ussi Romain Rolland. Est-ce qu’il est mort ? Vous
ne
pourriez pas me dire ce qu’il y aurait d’intéressant à lire ? — Ne li
160
e dire ce qu’il y aurait d’intéressant à lire ? —
Ne
lisez-vous pas de journaux politiques ? — Ce n’est pas ce qu’on cherc
161
— Ne lisez-vous pas de journaux politiques ? — Ce
n’
est pas ce qu’on cherche. Il faudrait en lire deux au moins pour corri
162
les mensonges. Ce qu’ils peuvent tous mentir ! On
ne
peut plus avoir confiance dans les partis. C’est aussi à cause de cet
163
savent de notre situation à Paris ? Est-ce qu’il
n’
y aurait pas moyen de faire un mouvement politique en dehors des parti
164
iste de livres à lire pour l’instituteur de M… Je
ne
trouve à lui recommander que des traductions. La littérature moderne
165
des traductions. La littérature moderne en France
n’
a guère à donner à ceux qui ont faim de nourriture solide, élémentaire
166
et l’alibi d’une action politique à laquelle ils
n’
entendent goutte. 1. Deux petits journaux paraissent dans l’île. L’u
167
mand dans ce qu’il eut d’audacieux et de tragique
ne
présente pas seulement un intérêt littéraire de tout premier ordre ;
168
de rêve et de mystique élémentaire. Or, ces faits
ne
sont pas seulement coïncidents. Ce n’est point du hasard qu’ils sont
169
, ces faits ne sont pas seulement coïncidents. Ce
n’
est point du hasard qu’ils sont nés. Et si tout nous invite à recherch
170
invite à rechercher leur secrète complicité, rien
n’
est plus propre que l’ouvrage d’Albert Béguin à nous guider dans la pé
171
e positiviste. Est-il vrai que la nuit et le rêve
n’
ont rien à révéler qui importe au jour ? Est-il vrai que la passion, l
172
enser que le rêve est « un vestige du divin », il
n’
y a que l’épaisseur d’un scrupule d’orthodoxie, d’une dernière crainte
173
e romantisme, et dont il vit ! Croire que le rêve
ne
révèle rien que nos secrets, ce serait tomber dans la psychanalyse. C
174
s la voie mystique. Si la plupart des romantiques
n’
ont pas choisi en toute clarté — ruse vitale pour des poètes —, tous l
175
exploration de l’inconscient. Le songe, pour eux,
n’
est que la « porte » ouvrant sur le monde ineffable, qui est propremen
176
l’âme (c’est l’Un-grund de Jakob Boehme), dont on
ne
peut rien dire, et qui cependant est la source de tout ce que l’on di
177
crire, à tenter de le cerner par des figures qui,
n’
étant jamais suffisantes, doivent être inépuisablement multipliées. Di
178
iées. Disons-le sans la moindre irrévérence : nul
n’
est plus verbeux qu’un mystique, si ce n’est un romantique allemand. C
179
ce : nul n’est plus verbeux qu’un mystique, si ce
n’
est un romantique allemand. Car l’un et l’autre ont l’ambition de comm
180
t l’ambition de communiquer par l’écrit ce qu’ils
ne
cessent de définir comme l’indicible. Dès lors, la plainte sera la mê
181
ots leur fera-t-elle accumuler pour dire que rien
ne
saurait être dit… Et pourtant si, romantiques et mystiques sont persu
182
r là l’écho d’un discours divin. » Alors le doute
n’
est plus permis : l’analogie purement formelle que nous décrivions jus
183
dont la nuit des songes, chantée par les poètes,
n’
était que le symbole et le signe physique6. C’est « le royaume de l’Êt
184
t, l’éternité enfin conquise et dont la plénitude
ne
peut humainement s’exprimer que par l’image de l’absence de toute cré
185
nce de toute créature, de toute forme. » Car nous
ne
percevons et n’exprimons que le divers et le distinct, ce qui a pris
186
ature, de toute forme. » Car nous ne percevons et
n’
exprimons que le divers et le distinct, ce qui a pris forme ; tout ce
187
l. D’où l’idée qu’il doit « expier la faute qu’il
n’
a commise que par son existence même ». Un philosophe mystique tel que
188
e ». Un philosophe mystique tel que Ignaz Troxler
n’
hésitera pas à élargir le processus jusqu’à y englober tout l’univers,
189
de cette blessure qu’il s’agit d’oublier si l’on
ne
parvient pas à l’expier. Et en effet, à la faveur de cet oubli, de ce
190
érie de ses souvenirs. Il sentait que l’existence
n’
a d’appui ferme que dans la chaîne ininterrompue des souvenirs8 ». Mai
191
que la cause de sa maladie est justement ce qu’il
ne
peut se remémorer, cette lacune qui est à l’origine de la conscience
192
rer la vie totale dans sa bienheureuse unité ? Ce
n’
est plus possible ici-bas, dans la prison du moi coupable et douloureu
193
urrait-on dire que l’expérience mystique générale
ne
devient proprement chrétienne que dans le cas où l’être aimé, sur la
194
fond avec elle indiscernablement. Les romantiques
n’
ont pas été si loin dans la voie des sublimations — sauf peut-être Jea
195
ations — sauf peut-être Jean-Paul et Novalis. Ils
n’
arrivent pas à retrouver dans leur au-delà une Présence qui pardonne,
196
aquelle ils parviennent en de très rares instants
n’
est plus alors qu’un moyen de jouir d’une « sensation voluptueuse » (c
197
mantiques ! D’où leur fuite dans un monde dont on
ne
peut rien dire. D’où encore le besoin qu’ils éprouvent d’affirmer sur
198
’ils éprouvent d’affirmer surabondamment que l’on
n’
en peut rien dire que par des allusions, des métaphores, des poèmes «
199
ible est tellement essentiel au romantisme que je
n’
hésite pas à y trouver l’explication d’un fait connu de tous les histo
200
acte, et ils recherchent le silence passif. Aussi
n’
ont-ils laissé pour la plupart que des fragments, des allusions, des é
201
dépasse, il se donne à une réalité qui, souvent,
ne
tient pas compte de nos raisons, il s’impose une sorte d’ascèse qui l
202
bère des servitudes naturelles. Mais cette ascèse
n’
aboutit pas à la négation du réel. Elle transforme et oriente à nouvea
203
nouveau les forces de l’individu, plutôt qu’elle
ne
veut les détruire. Elle engage dans le monde actif, au lieu que le ro
204
tre la légitimité d’une vocation. Thérèse d’Avila
ne
voulait accepter que les révélations qui la portaient à quelque actio
205
moi » des romantiques. C’est une « activité » qui
ne
commence qu’au-delà de la mort à soi-même, c’est-à-dire du renoncemen
206
enoncement au moi tourmenté par son égoïsme. Elle
ne
prend pas la mort pour but, mais bien la vie, et cette vie-ci. Elle a
207
ssumer son moi coupable — parce que dorénavant ce
n’
est pas cela qui compte, mais l’œuvre à faire et Celui qui l’ordonne.
208
i qui l’ordonne. Alors le moi coupable et détesté
ne
cherche plus de vaine échappatoire dans l’indicible et l’inconscient.
209
l’on rejoint ici l’enseignement évangélique : ce
ne
sont pas des extases indicibles qui sont promises aux vrais croyants,
210
cialisme De même que l’expérience d’un au-delà
ne
prend son sens et sa vertu que lorsqu’elle nous ramène au jour de l’a
211
, m’apparaît comme un romantisme politique. Et je
ne
dis pas du tout que les écrits d’un Novalis ou d’un Jean-Paul soient
212
fort analogues à ceux que nous avons décrits. Il
ne
s’agit pas d’influences, il ne s’agit que de reviviscences — vulgaire
213
avons décrits. Il ne s’agit pas d’influences, il
ne
s’agit que de reviviscences — vulgaires et simplistes, bien sûr — de
214
itler proclament, dès le début, que les Allemands
n’
ont pas perdu la guerre) doit résulter un sentiment de manque d’assura
215
manque d’assurance nationale. La vraie Allemagne
ne
peut pas être celle qui a subi la « blessure ». Il faut donc la cherc
216
s tambours pendant des heures… On lui a dit qu’il
ne
compte pas en tant qu’individu conscient ; on lui a dit que sa vraie
217
du parti, d’un démiurge anonyme et obscur dont il
n’
a plus qu’à recevoir les ordres, sans trop chercher à les comprendre,
218
é impénétrable, indicible, incommunicable, et qui
n’
a point de « raisons » à donner : l’autarcie matérielle et morale. On
219
» à donner : l’autarcie matérielle et morale. On
ne
dira jamais trop à quel point ce pseudo-mysticisme romantique détermi
220
olitik maintenues par les cyniques et les habiles
ne
dissimulent que très imparfaitement les vrais ressorts du régime hitl
221
ment les vrais ressorts du régime hitlérien. Nous
ne
sommes plus en présence de Bismarck, mais d’un peuple envoûté par son
222
« Chez nous, proclamait récemment M. Goebbels, on
n’
impose pas au peuple des opinions diverses entre lesquelles il devrait
223
s entre lesquelles il devrait choisir : le peuple
n’
aime pas à choisir, il aime qu’on lui présente une opinion juste… D’ai
224
indicible. 7. On peut regretter qu’Albert Béguin
n’
ait pas insisté davantage sur l’importance du quiétisme pour la format
225
écembre 1946)d New York alpestre Personne
ne
m’avait dit que New York est une île en forme de gratte-ciel couché.
226
de tunnels et d’autostrades surélevées. Personne
ne
m’avait dit, non plus, que New York est une ville alpestre ! Je l’ai
227
rême civilisation matérielle demeure hanté par on
ne
sait quelle sauvagerie des hauteurs ; et ce lieu d’extrême densité hu
228
ns me déranger dans la lecture de mon journal. Il
n’
y a que deux classes en Amérique : l’une où les fauteuils au dossier t
229
saines ou frappantes, sur cinquante femmes qu’on
ne
remarque pas, pour qu’on s’écrie : « Comme elles sont belles dans ce
230
me elles sont belles dans ce pays ! » Soudain, je
n’
ai plus vu les gens. Le train surgissait du tunnel dans une plaine de
231
igues, enjambée par les arches de fer d’un pont à
n’
en pas croire ses yeux, qui porte l’autostrade pendant des kilomètres
232
un homme qui est seul, Manhattan est sublime. Il
n’
a qu’à s’oublier dans l’énergie fusante de cette capitale du matin.
233
ement prévu. Plus une trace de campagne primitive
ne
subsiste, plus un seul coin de terre à nu, et plus une ligne indécise
234
t par l’absence-de-quelque-chose-qui-y-était, qui
n’
y est plus, mais dont la progressive évacuation a laissé le milieu act
235
: l’état du monde d’où l’Esprit s’est retiré. Ce
n’
étaient pas « les péchés » de ces hommes et de ces femmes, ni les mien
236
s hommes et de ces femmes, ni les miens, dont nul
ne
peut juger et qui peut-être n’en sont point. Ce n’était pas le froid,
237
es miens, dont nul ne peut juger et qui peut-être
n’
en sont point. Ce n’était pas le froid, la pluie, la poisse aux pieds
238
e peut juger et qui peut-être n’en sont point. Ce
n’
était pas le froid, la pluie, la poisse aux pieds mêlée d’essence sur
239
en connais trois dans Manhattan — qui, à la fois,
ne
portent pas de numéro et ne coupent point les avenues à angle droit.
240
tan — qui, à la fois, ne portent pas de numéro et
ne
coupent point les avenues à angle droit. Hors série, modèle de grand
241
st fait de main d’homme, sauf les mouettes. Qu’on
ne
me parle plus des lois économiques et de leurs fatales réalités : car
242
s l’Europe… Slums La Soixante-quinzième rue
n’
a rien de particulier. Elle part luxueusement de la Cinquième avenue e
243
rcissent au rebord des trottoirs. Les enfants qui
ne
jouent plus à la balle parce que la nuit vient de descendre — depuis
244
puis cinq ans que je circule dans cette ville, je
n’
ai jamais été touché ; ils sont d’une folle brutalité, mais surpassée
245
tre pièce plus claire, sur la cour. Ce logis, qui
n’
est guère qu’un corridor légèrement cloisonné, s’annonce dans les jour
246
us rendent ici les voisins ! En Europe, le voisin
n’
est que l’ennemi virtuel.) J’ai cru poli de m’arrêter pour une heure d
247
es, est sans doute d’origine indienne. « Personne
ne
connaît notre ville, me dit Robert, et pourtant elle avait les plus g
248
âtiments. » (Il est peu de villes américaines qui
ne
réussissent à se vanter de quelque chose d’unique au monde, compensan
249
ouvert cette agence que vous venez de voir, et je
n’
ai plus piloté depuis lors. Aujourd’hui, je suis président du club de
250
ode pour les week-ends, surtout que madame Robert
n’
aime pas conduire l’auto… J’essaie en vain de comparer Cohoes à une v
251
de même niveau social et de même éducation. Nous
ne
manquons pas de petits bourgeois pieux et honnêtes, mais ils n’ont pa
252
s de petits bourgeois pieux et honnêtes, mais ils
n’
ont pas le sens du risque et de la vitesse. Nous avons bien des fanati
253
avons bien des fanatiques de l’aviation, mais ce
ne
sont pas des agents de location, d’autre part amateurs de golf, de gé
254
de week-ends paisibles au bord d’un lac. Mais il
ne
serait guère plus facile de comparer cette vie, cette ville aux image
255
là-haut, me dit-on, à mi-pente des coteaux. » On
ne
distingue pas encore cette maison célèbre, cachée dans les bosquets a
256
son de ses ancêtres, à lui. Elle la déteste. Elle
n’
aime vraiment que ses chevaux… L’auto s’arrête devant un haut portique
257
entre des ifs géants, comme des ailes noires. Je
n’
en ai jamais vu d’aussi grands, ils montent jusqu’aux fenêtres du deux
258
ité. Il a les yeux d’un bleu très pâle et dur. Il
n’
a pas salué. Son silence nous supprime. C’est sans doute le nouvel int
259
oire, une petite lampe fait une flaque rose. « Je
ne
trouve pas les prises ! explique-t-elle, je ne mets jamais les pieds
260
Je ne trouve pas les prises ! explique-t-elle, je
ne
mets jamais les pieds dans ce dégoûtant salon ! » Des éclairs illumin
261
bouteilles. Qui sont ces gens ? Elle dit : — Je
ne
le sais pas plus que vous. Ils sont dans la maison depuis deux ou tro
262
disent les amis de Jim. — Mais où est Jim ? — Je
ne
sais pas. Il est parti. Jim était l’intendant, une sorte de géant tou
263
tre les meubles, humides et tremblants. « Mais je
ne
sais pas recevoir ! dit-elle moqueuse. Voulez-vous que je vous joue d
264
je vous joue du piano ? Pour faire croire que je
n’
ai pas peur… » — Eh bien ? m’ont demandé mes amis dans la voiture qui
265
u’ils eussent rejoint les terres du Pacifique. On
ne
pouvait plus rien ajouter aux plus hauts gratte-ciel de New York, à c
266
en silence à travers tout le continent. Personne
n’
en parle. On n’a pas eu besoin de changer de régime pour le réaliser.
267
ravers tout le continent. Personne n’en parle. On
n’
a pas eu besoin de changer de régime pour le réaliser. Les autostrades
268
ime pour le réaliser. Les autostrades américaines
ne
sont pas une réclame politique, ni même un expédient pour lutter cont
269
se forcer. Voici enfin un spectacle émouvant qui
n’
effraye pas, mais au contraire atteste une force paisible et utile. Tr
270
s les masses elles-mêmes comprendront-elles qu’il
n’
est qu’un seul infini véritable : celui que chacun porte en soi, celui
271
une belle idée, une idée généreuse…, c’est qu’il
n’
a pas envie d’y croire, qu’il ne fera rien, qu’il pense qu’il est séri
272
use…, c’est qu’il n’a pas envie d’y croire, qu’il
ne
fera rien, qu’il pense qu’il est sérieux et que vous rêvez. C’est ain
273
en train de s’observer par-dessus nos têtes. Ils
n’
ont pas envie de se battre, affirment-ils. Ils proclament au contraire
274
00 kilomètres carrés de nos terres. Si bien qu’on
ne
voit plus très clairement s’il s’agit de poser les bases de la paix o
275
eux dire à la paix, c’est l’Europe. Mais l’Europe
n’
est plus une puissance, parce qu’elle est divisée en vingt nations don
276
est divisée en vingt nations dont aucune, isolée,
n’
a plus la taille qu’il faut pour parler et se faire entendre dans le m
277
es deux grands empires. Et non seulement l’Europe
n’
est plus une puissance qui pourrait exiger la paix, mais chacune des n
278
e le Message aux Européens : Aucun de nos pays
ne
peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indépendance. Auc
279
e sérieuse de son indépendance. Aucun de nos pays
ne
peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose l’économie moderne.
280
sés l’un après l’autre ; 2° la question allemande
ne
sera pas réglée, fournissant un prétexte permanent à la guerre entre
281
anent à la guerre entre les deux Grands ; 3° rien
ne
pourra s’opposer à cette guerre, dont quel que soit le vainqueur — s’
282
ix du monde. Sur quoi j’imagine bien que personne
n’
osera dire (même pas les staliniens, ou pas comme cela) : « Je veux un
283
était vers 1860. Mais ces rêves et ces prophéties
ne
pouvaient concerner qu’un avenir incertain, au milieu du xixe siècle
284
iers de lecteurs pour leurs revues. Ces dernières
n’
étaient pas d’une lecture très facile. On y parlait beaucoup de l’enga
285
ssociations de toutes les tailles, dont plusieurs
n’
étaient guère qu’un nom abstrait, touchant ou ambitieux, comme par exe
286
ales et de les faire admettre par les États, nous
n’
étions qu’une poignée d’hommes de bonne volonté, remarquablement dépou
287
nt spontanément dans les camps et dans les maquis
ne
devaient rien à cette doctrine. Mais il est non moins vrai que les gr
288
De Montreux à Bruxelles Le congrès de Montreux
n’
était pas terminé que l’idée naissait parmi nous d’en élargir l’action
289
ntion de convoquer un « Congrès de l’Europe ». Il
ne
s’agissait pas, dans son esprit, d’une entreprise « fédéraliste » au
290
des séances nous parler comme un militant : « On
n’
ose plus nous appeler des utopistes et des rêveurs ! s’écria-t-il. En
291
et nous sommes parvenus, plus rapidement que nous
n’
osions l’imaginer, à engrener sur les rouages les principaux gouvernem
292
es les principaux gouvernements européens. Ce qui
n’
était qu’un rêve il y a un siècle, qu’une théorie il y a quinze ans, q
293
ue l’Europe sera faite par des ministres. Et cela
ne
va pas à une fédération, mais à quelques mesures empiriques (ils dise
294
s mesures empiriques (ils disent : pratiques) qui
ne
porteront aucune atteinte aux souverainetés nationales, et ne trouble
295
aucune atteinte aux souverainetés nationales, et
ne
troubleront pas l’économie travailliste dans son austère insularité…
296
, répètent les Anglais. Nous leur disons : « Vous
ne
pouvez franchir un abîme pas à pas, il faut sauter. » Le saut, dans c
297
audront le papier qui les supporte, tant que nous
n’
aurons pas résolu les grands problèmes économiques. Nous sommes un cer
298
insolubles en fait, tant que nos plans politiques
n’
auront pas abouti. La sagesse des experts, dans chacun de nos pays, se
299
Mouvement européen resteraient lettre morte, s’il
n’
existait, en deçà et au-delà des divisions qu’il nous faut surmonter,
300
ut, la vocation de notre Mouvement européen. S’il
ne
mettait la culture à sa place, qui est à la fois primordiale et final
301
Europe et des peuples qui lui sont associés ». Il
ne
s’agit nullement de fomenter on ne sait quel nationalisme européen, m
302
associés ». Il ne s’agit nullement de fomenter on
ne
sait quel nationalisme européen, mais au contraire de restaurer le ra
303
la culture qui s’ouvrira bientôt en Suisse. ⁂ Il
n’
est point d’ordre économique possible sans une volonté préalable de mi
304
volonté préalable de mise en ordre politique. Il
n’
est point d’ordre politique qui serve l’homme, s’il n’est orienté dès
305
t point d’ordre politique qui serve l’homme, s’il
n’
est orienté dès le départ par une vision libératrice et fascinante. L’
306
Découverte de l’Europe (octobre 1949)f Il
n’
est pas facile d’être actuel. Il y faut parfois du génie. Goethe écrit
307
-là, il est le seul à s’en douter. Cette histoire
n’
est pas bien nouvelle, il y a près de deux-mille ans qu’on la connaît
308
x du monde entier, d’autant plus librement qu’ils
n’
y étaient pas allés. L’événement s’est donc vu noyé sous un déluge de
309
ou au contraire prématurée, c’est ce que personne
ne
sera capable de déduire des milliers de coupures de presse où figure
310
Ce paradoxe couvre un sophisme. Car les journaux
ne
sauraient décrire l’opinion sans la modifier : ce sont eux qui la dét
311
eur faut tant de mots pour expliquer que le sujet
n’
intéresse personne, notre jugement doit chercher d’autres sources. Que
312
assez neuf, il faut le croire, pour que la presse
n’
ait pas su l’enregistrer, sinon par les oscillations que je viens de r
313
tout d’abord obtenir que le Comité des ministres
ne
dicte pas l’ordre du jour de l’Assemblée ; constituer des commissions
314
s nationaux. Ils votent individuellement. Et l’on
n’
a pas remarqué qu’un mot d’ordre national — s’il en fut jamais donné —
315
les travaillistes et les socialistes continentaux
ne
sont pas parvenus à former un front uni des gauches, sur le plan de l
316
rope, les deux conceptions qui se sont affrontées
n’
ont pas été la gauche et la droite traditionnelles, mais bien le fédér
317
droite nouvelles, proprement européennes, et qui
ne
recouvrent pas les anciennes divisions. (Ces dernières ne se retrouve
318
vrent pas les anciennes divisions. (Ces dernières
ne
se retrouvent, mais notablement atténuées, que dans le plan économiqu
319
tep reste leur devise. À les en croire, l’opinion
n’
est pas mûre, les peuples sont encore indifférents ou hostiles aux tra
320
n éprouvée (dans tous les sens de l’adjectif), on
ne
nous laissera pas même le temps de partir. Le plan Marshall se termin
321
tes, celle d’un gouvernement au-dessus des États,
n’
a pas pu être refoulée plus de dix jours, malgré les efforts conjugués
322
lutter pour l’union de l’Europe et déclarer qu’on
ne
touchera pas à ces sacro-saintes souverainetés.) Mais au lieu de disc
323
qu’il existe. Certes. Mais, si le Conseil existe,
n’
est-ce point précisément parce que certains pionniers ont ignoré ce ge
324
ctement nationaux, leur addition ou juxtaposition
n’
irait-elle point créer, sur le plan de l’Europe, un danger pire que l’
325
ution. Les dirigeants de notre Mouvement européen
n’
osaient pas espérer que la question capitale s’imposerait tout naturel
326
action décisive du Mouvement : Churchill et Spaak
n’
ont pas manqué de le souligner, pour s’en féliciter, bien entendu, M.
327
Dalton, pour s’en plaindre (et cette confirmation
n’
est pas la moins valable). On ne s’en étonnera pas, si l’on sait que l
328
ette confirmation n’est pas la moins valable). On
ne
s’en étonnera pas, si l’on sait que les deux tiers des députés qui si
329
n décisive du Mouvement européen. Car l’essentiel
n’
est plus de changer le nom de l’Assemblée consultative pour qu’elle de
330
s’est fait de l’Histoire à Strasbourg, mais nous
n’
en connaissons encore que le dynamisme intérieur. Les résultats pourro
331
ésultats pourront être jugés d’ici deux ans. S’il
n’
y en a pas à ce moment-là, nous serons Russes ou colonisés, ou simplem
332
us serons Russes ou colonisés, ou simplement nous
ne
serons plus. Mais ce qui vient de se passer nourrit l’espoir. L’un de
333
mot Europe, les autres sur le mot culture ; et ce
n’
est pas tout : les mots « et sa », qui les unissent, ne vont pas de so
334
pas tout : les mots « et sa », qui les unissent,
ne
vont pas de soi, dira-t-on… Certes, on peut ergoter à l’infini sur le
335
aissent, surtout, liées de telle manière que l’on
ne
peut définir l’une sans supposer l’existence de l’autre. Le premier c
336
atique de cette presqu’île : de même que la Grèce
n’
a pas de frontière bien marquée vers le nord, l’Europe s’ouvre vers l’
337
s’ouvre vers l’est par des plaines indéfinies. Ce
n’
est pas un fait géographique qui marque ses limites vers l’Asie, mais
338
grand parti avant que le phénomène de l’étatisme
ne
les sclérose et ne les rende névrotiques ou même criminelles. Enfin,
339
que le phénomène de l’étatisme ne les sclérose et
ne
les rende névrotiques ou même criminelles. Enfin, au fait géographiqu
340
ion vitale. C’est un fait que la péninsule Europe
ne
représente qu’à peine 5 % des terres de la planète. D’où vient alors
341
bipolaire, de même que la théologie de l’Occident
n’
est pas dualiste, mais trinitaire. Et de fait, l’Europe n’a pas pris n
342
s dualiste, mais trinitaire. Et de fait, l’Europe
n’
a pas pris naissance dans le conflit entre l’Est et l’Ouest, conflit q
343
uropéen : c’est un homme dialectique, dialogique,
ne
pouvant espérer d’atteindre à l’équilibre qu’au prix des synthèses le
344
bre qu’au prix des synthèses les plus difficiles,
n’
y parvenant que bien rarement, obligé de redresser ses déviations sans
345
oduite par les familles connues de la planète. Il
ne
pouvait faire autrement. Je parle des derniers mille ans. Mais commen
346
et créatrice d’Athènes, de Rome et de Jérusalem,
n’
ait cependant pas présenté certains des caractères les plus marquants
347
ants de l’homme du xixe ou du xxe siècle ? Cela
ne
prouve-t-il pas que j’aurais oublié quelques éléments décisifs, qui n
348
e j’aurais oublié quelques éléments décisifs, qui
ne
sont nés ni d’Athènes, ni de Rome, ni de Jérusalem, ni de leurs combi
349
laboratoire européen, certains produits nouveaux
ne
sont apparus qu’après des siècles de macération. Trois idées, devenue
350
aissent typiquement d’Europe, en ce sens qu’elles
ne
pouvaient naître que du complexe que je viens de décrire. Ce sont les
351
inconcevable pour un Asiatique ou un Noir, s’ils
n’
ont pas eu de contact avec notre civilisation. Car cette idée, en véri
352
viduelles, nous disons même individualistes. Elle
n’
apparaît qu’au xiie siècle, sous l’influence de l’hérésie manichéenne
353
hui, de les définir que de les sauver. Aussi bien
n’
ai-je voulu mentionner certaines données fondamentales que dans la mes
354
puis un cinquième de la population du globe. Elle
n’
en sera dans cinquante ans plus qu’un dixième probablement. Elle ne sa
355
nquante ans plus qu’un dixième probablement. Elle
ne
sait pas encore. Mais ce qu’elle voit très bien, c’est qu’elle n’est
356
re. Mais ce qu’elle voit très bien, c’est qu’elle
n’
est plus le centre du monde, sur le plan de la puissance politique. El
357
Poussière de petits États, dont les plus populeux
ne
sauraient plus prétendre un seul instant être à l’échelle des réalité
358
e astuce politique en rivalités locales, l’Europe
n’
offre plus aux empires américain et russe qu’un de ces vides dont l’Hi
359
icain et russe qu’un de ces vides dont l’Histoire
n’
a pas moins horreur que la Nature. De plus, elle se voit amputée, pour
360
, et de la péninsule ibérique à l’Ouest. Le reste
ne
vit encore qu’en vertu de l’aide intelligente que lui donne un des de
361
it fatalement se transformer en contrôle, si nous
ne
savons pas en tirer parti d’ici deux ans ; tandis que l’autre empire
362
État communiste la censure au sens courant du mot
n’
existe pas ; car toute censure suppose une certaine indépendance de la
363
llectuelle sont actuellement maintenus secrets et
ne
donnent pas lieu, comme avant la guerre, à des communications de port
364
t, c’est peut-être dans la mesure où les pouvoirs
ne
la prennent pas au sérieux, ne lui attribuent aucune « utilité pratiq
365
re où les pouvoirs ne la prennent pas au sérieux,
ne
lui attribuent aucune « utilité pratique ». Inversement, si l’une de
366
e mondial de l’Europe, on pourrait croire qu’elle
n’
est plus aujourd’hui qu’un appendice aux déclarations officielles, un
367
e de spécialités et de techniques ésotériques qui
ne
concernent pas l’homme de la rue, ni l’industriel ou le banquier. Jad
368
que, ou de la défense nationale ? Et que personne
ne
s’avise de soutenir qu’il faudrait inverser cette hiérarchie ? Rendue
369
matériellement dépendante de l’État, plus qu’elle
ne
le fut jamais du mécénat privé, notre culture se voit contrainte d’ob
370
emprisonnée. Elle est reine de nouveau, mais elle
ne
reconnaît plus sa propre voix proférant des aveux spontanés, criant s
371
Mais il est impossible de sauver l’Europe si l’on
ne
sauve pas en même temps sa culture ; ou de sauver la culture occident
372
ure ; ou de sauver la culture occidentale si l’on
ne
sauve pas en même temps sa patrie. Rien ne sert de faire durer, de co
373
i l’on ne sauve pas en même temps sa patrie. Rien
ne
sert de faire durer, de conserver la créature, si l’on tarit les sour
374
les sources de sa recréation perpétuelle. Et rien
ne
sert non plus d’entretenir le désir créateur, si on le prive des poss
375
es stakhanovistes en troupeaux. Mais un musée, ce
n’
est pas de la culture. Je ne vois pas d’exemple historique d’une cultu
376
ux. Mais un musée, ce n’est pas de la culture. Je
ne
vois pas d’exemple historique d’une culture qui ait encore créé dans
377
ns de la mesure, toutes choses sans lesquelles on
ne
crée rien de grand. La peinture ne se fait pas dans les musées, mais
378
lesquelles on ne crée rien de grand. La peinture
ne
se fait pas dans les musées, mais dans les villes où existe un marché
379
s les villes où existe un marché ; la littérature
ne
se crée pas dans les universités et les bibliothèques, mais dans le c
380
ons ; la philosophie dépérit dans une société qui
ne
risque ou ne conçoit plus d’aventure ; et la science s’arrête quand l
381
osophie dépérit dans une société qui ne risque ou
ne
conçoit plus d’aventure ; et la science s’arrête quand l’audace est u
382
e disparaît du jeu des forces mondiales, personne
ne
pourra remplacer cette âme d’une civilisation qui avait su remplacer
383
ne culture active rendue à l’efficacité, l’Europe
ne
peut recouvrer la puissance. Elle sera peut-être unie, c’est même plu
384
servirait à l’Europe de recevoir une unité, si ce
n’
était pas celle de son choix ? Et si cette unité signifiait sa défaite
385
Europe sans sa culture, réduite à ce qu’elle est,
ne
serait plus qu’un cap de l’Asie — et l’Asie n’a jamais passé pour la
386
t, ne serait plus qu’un cap de l’Asie — et l’Asie
n’
a jamais passé pour la terre de la liberté. Certes, on peut disputer s
387
le une névrose d’infériorité. Pourtant, les faits
ne
justifient pas le désespoir, mais seulement un effort de redressement
388
Nous disposons surtout de ressources humaines qui
n’
ont pas leurs égales ailleurs : une main-d’œuvre spécialisée dont les
389
une main-d’œuvre spécialisée dont les traditions
ne
s’imitent pas, une capacité d’invention que le monde entier peut nous
390
s Européens, depuis cent ans ? Je répondrai : que
n’
avons-nous pas inventé ? Je cite pêle-mêle : le marxisme et la psychan
391
sont des noms de l’Europe, et les très rares qui
n’
en sont pas ont appris leur métier de nos maîtres, dans nos écoles, au
392
os grands-pères. Caricatures évidemment ; mais ce
n’
est point par hasard que ces deux grands pays semblent appeler ce proc
393
es plus frappants, et qu’ils croient spécifiques,
ne
sont souvent que des emprunts à notre fonds, mais développés là-bas s
394
t du rideau de fer. C’est vrai en fait, mais nous
ne
le sentons pas. Car je parlais en tant qu’Européen quand je disais no
395
des Danois ou des Grecs, c’est-à-dire comme s’ils
n’
étaient que quarante millions, soixante millions ou trois millions. No
396
er dans ma liste les quelques noms de son pays et
n’
en tirera qu’une raison de plus de se sentir minoritaire, ou pauvre. I
397
conflits sociaux, éthiques et spirituels, dont je
ne
songe pas un seul instant à sous-estimer l’importance. Ces conflits n
398
instant à sous-estimer l’importance. Ces conflits
ne
seront pas résolus par la seule grâce de notre union. Mais sans elle
399
primée la possibilité de les résoudre un jour. Je
ne
dirai pas que la division de l’Europe en vingt nations, chacune trop
400
l’Europe paralyse notre culture aussi, puisqu’il
n’
est pas de culture sans libre échange des idées, des personnes et des
401
ue représente l’Europe dans le monde, et que rien
ne
peut remplacer. Qu’avons-nous fait pour nous unir ? Dans le domaine p
402
s le domaine politique, nous avons Strasbourg. Ce
n’
est pas beaucoup plus qu’une promesse, mais c’en est une. Nous verrons
403
ntenant, dans le domaine de cette culture dont on
ne
saurait trop répéter qu’elle est le vrai, le seul secret de notre pui
404
ate qu’aucun de nos instituts culturels nationaux
ne
peut parler, actuellement, au nom de l’Europe dans son ensemble alors
405
ns d’esquisser les trois chapitres principaux, ce
n’
est rien d’autre, en fait, que le programme du Centre européen de la c
406
cessaire, c’est la déplorable évidence. Mais elle
ne
sera pas suffisante. Une mitrailleuse ne sert à rien, si l’homme qui
407
ais elle ne sera pas suffisante. Une mitrailleuse
ne
sert à rien, si l’homme qui la reçoit refuse de s’en servir, parce qu
408
est une culture (civilisation si l’on préfère) ou
n’
est qu’un appendice insignifiant de l’Asie. Et cela veut dire que la v
409
ommes. 12. Ici cependant, point de malentendu !
Ne
nous laissons jamais tenter par la plus fausse des symétries, celle q
410
tés. Entre les stalinistes et nous, Européens, il
n’
y a qu’un mot : démocratie. Pour eux, cela veut dire dictature. Pour n
411
ire dictature. Pour nous, liberté politique. Nous
ne
sommes donc point en situation de neutralité. Nous savons où sont nos
412
s preuves méticuleuses d’une souveraineté que nul
ne
songe à contester. On nous demande pourquoi nous venons ici. — Pour u
413
r un décret, de la capitale à Bombay.) L’officier
n’
est pas bien convaincu : il voudrait obtenir des réponses qu’il connaî
414
ns nul bruit. Il m’est arrivé de sonner à nouveau
n’
entendant rien venir, et de m’apercevoir ensuite qu’ils étaient là déj
415
r, le dépaysement pour lui-même, et sont déçus de
ne
le point trouver aussi pur et déconcertant qu’ils le rêvaient. Pour l
416
t. Pour l’Indien, le Chinois, l’Arabe, l’étranger
n’
a jamais été un sujet de littérature, de nostalgie consciente et culti
417
dans leur ordre et sans autres problèmes, la faim
n’
étant qu’un ennemi. L’Occidental, qui ne se connaît plus, va voir aill
418
, la faim n’étant qu’un ennemi. L’Occidental, qui
ne
se connaît plus, va voir ailleurs comment on croit, mais sans désir s
419
dont il admire qu’ils en aient une. Ceci dit, je
n’
aurai de cesse que je n’aie découvert, à mon tour, derrière l’immense
420
n aient une. Ceci dit, je n’aurai de cesse que je
n’
aie découvert, à mon tour, derrière l’immense façade des quais synthét
421
que nous connaissions, avec la seule surprise de
n’
en pas avoir d’autres. Dès les premières heures de débats, il devient
422
ulent sauver d’abord la liberté, sans laquelle il
n’
est pas question de réformes humainement valables ; ceux enfin qui se
423
t qu’il subsiste de la misère et de la famine, il
n’
y aurait point de civilisation ; s’il n’y avait point de civilisation,
424
amine, il n’y aurait point de civilisation ; s’il
n’
y avait point de civilisation, nous serions sans moyens techniques pou
425
é aux Indiens. Mais je me tairai. « Ventre affamé
n’
a point d’oreilles », et qui suis-je pour lutter ici contre la force d
426
je sois qu’il dit faux, que ce sont les repus qui
n’
écoutent pas, et que la disette est mère des civilisations, comme l’an
427
très pâle et un peu mauve des cotonnades, que je
n’
avais encore vu qu’en Italie et plus rarement au Brésil.) Nous descend
428
le bassin, et d’espèces de garages ou étables, on
ne
sait, aux larges portes à barreaux : les temples. Au fond de l’ombre,
429
soir lisait quelques extraits à ses disciples. Je
ne
sais si j’ai rien vu de plus touchant, ni jamais un groupe d’hommes p
430
chie sacrée. Nos mouvements de réforme religieuse
n’
ont-ils pas toujours commencé par revenir avec passion vers la nudité
431
nde, alors qu’un tel excès de richesses combinées
n’
eût pas manqué de l’évoquer dans nos pays. C’est qu’ici, rien ne relèv
432
ué de l’évoquer dans nos pays. C’est qu’ici, rien
ne
relève du « goût », mais chaque forme et chaque geste sont dictés par
433
ent et la musique s’arrête sans conclusion, comme
n’
importe où. Les deux géants aux faces placides se relèvent et s’en von
434
ce de passion. Non, ni « beau » ni « grotesque »
n’
ont rien à voir ici. La danse des deux hercules moustachus et puérils,
435
nct d’une angoisse, qu’ici le Moi, l’ego central,
n’
existe pas ? Ces danseurs sont des rôles, des acteurs absolus, des fon
436
ée. Je serais tenté d’imaginer à la limite qu’ils
ne
sont rien que chair opaque, virilité à l’état pur. Aussi tyranniqueme
437
. (Nous bougeons presque tous en dormant. Mais je
ne
connais pas d’Indien nerveux, même parmi les intellectuels.) Près du
438
l’été approche. ⁂ Accroupis au bord du chemin, on
ne
sait jamais, me disait M…, s’ils sont dans la posture de l’adoration
439
’irrévérence dans cette remarque qu’un Occidental
ne
le pensera, ignorant par exemple que les Indiens religieux vénèrent j
440
sacré. Un homme, sur le seuil, fait un signe. Je
ne
comprends pas. Je passe le porche. Saisissement dès l’entrée dans l’o
441
e sous-entendus. J’attends un geste, un cri. Rien
ne
se passe. Ou plutôt, je ne saurai jamais ce qui, de toute évidence en
442
un geste, un cri. Rien ne se passe. Ou plutôt, je
ne
saurai jamais ce qui, de toute évidence envoûtante, se passe ici, san
443
catéchisme ; point de liturgie non plus puisqu’il
n’
existe pas de culte public, ni même de rites communautaires ; à part l
444
e, il y a partout trop de gens ; dans ce pays qui
ne
croit pas à l’absolu de la personne et qui semble voué au collectif,
445
vaches, de zébus et d’autos, allant ailleurs, on
ne
sait où, mais on ne peut s’empêcher de se le demander, et d’eux seuls
446
d’autos, allant ailleurs, on ne sait où, mais on
ne
peut s’empêcher de se le demander, et d’eux seuls dans la foule infin
447
tesse sans doute, et disent enfin que non, qu’ils
n’
ont pas de complexes, surtout pas de complexes sexuels. Spender insist
448
Indiens continuent de sourire : non vraiment, ils
n’
ont pas ce sens-là… Il y a beaucoup à dire sur ce dialogue, ainsi rédu
449
atique : c’est une autre manière d’exprimer qu’il
n’
a pas le sens du péché ; et par suite, qu’il n’a pas non plus le sens
450
il n’a pas le sens du péché ; et par suite, qu’il
n’
a pas non plus le sens de la révolte, ni celui de l’humour, ni même ce
451
l’originalité (dans les arts ou dans la conduite)
ne
signifie rien de raisonnable pour l’Asiatique en tant que tel14. Il e
452
ofession. La variation, l’innovation individuelle
ne
sont pas vues, ou bien ne sont qu’erreurs. Le besoin d’être original,
453
innovation individuelle ne sont pas vues, ou bien
ne
sont qu’erreurs. Le besoin d’être original, et dans un autre ordre l’
454
rdre et non pas d’un ego, d’un être différent qui
ne
vivra qu’une fois. Il résiste sans contre-attaque, sans chercher à dé
455
ée : il propose un plébiscite “démocratique”, qui
ne
peut tourner qu’à l’avantage des communistes. Mais prenez l’affaire d
456
responsable et progressiste, et qui est hindoue.
N’
oubliez pas que le Pandit est du Kashmir. Prenez enfin l’affaire du bl
457
stes ou fellow-travellers… » Un diplomate : « Nul
ne
sait ce qu’il va faire. Il suit surtout la ligne de ses humeurs. L’au
458
suis dans ce pays — douze jours seulement — et je
n’
en prends aucune à mon compte, mais comment cesserais-je d’y penser, t
459
ns le salon où je l’attendais, avant le repas, je
n’
étais pas sans inquiétude. J’arrivais à l’instant de Bombay, où notre
460
ant sa main posée sur un coussin, sans réagir. Je
ne
sais pourquoi je me suis demandé, à ce moment-là, s’il pensait en hin
461
et guettant si je les aime ; parlant de tout pour
ne
parler de rien peut-être, s’amusant à ce jeu où je m’amuse à le suivr
462
dianistes sont allemands ou français, mais l’Inde
ne
connaît guère l’Europe que par les collèges anglais, et d’autre part,
463
ier. Mais il me rejoint sur le seuil du palais. «
N’
oubliez pas de dire à Madariaga que je l’attends. Ou plutôt non, je lu
464
e l’homme à ses dieux comme une ombre à la nuit ?
Ne
trouverait-il pas au contraire ce signe d’inquiétude et de contradict
465
ré, au corps magique d’une race ? L’individualité
n’
est jamais née qu’en rupture de magie. Cette crise profonde de l’Inde
466
Six siècles de tutelle, presque « d’occupation »,
ne
l’ont-ils pas profondément dénaturée ? Certes, mais l’Inde en soi n’e
467
ofondément dénaturée ? Certes, mais l’Inde en soi
n’
existe pas ailleurs que dans nos idées vagues sur son mystère. Elle ne
468
s que dans nos idées vagues sur son mystère. Elle
ne
peut plus ressembler qu’à ce qu’elle deviendra. En six siècles, le mo
469
changé elle aussi. Le fait certain, c’est qu’elle
n’
a pu le faire au rythme accéléré de notre histoire. Elle a manqué la R
470
ricain et russe. Ni d’un côté ni de l’autre, elle
ne
peut se reconnaître. Elle se dit neutre, comme quelqu’un qui voudrait
471
ndormir. Mais l’image du réveil est trompeuse. Je
n’
ai pas senti là-bas l’essor d’un peuple jeune, sa confiance dans l’ave
472
rtie serrée, l’Inde se voit sommée de jouer. Elle
n’
est pas équipée, ni entraînée. Elle ne sait pas quel camp choisir. Com
473
jouer. Elle n’est pas équipée, ni entraînée. Elle
ne
sait pas quel camp choisir. Comme on comprend que Nehru, qui doit « j
474
it « jouer » pour elle sur le plan international,
ne
soit tenté que par le rôle d’arbitre ! Admettons que l’Amérique repré
475
qui représente les masses organisées. Ce conflit
n’
intéresse en rien le gros du peuple indien, qui n’a jamais connu le ph
476
n’intéresse en rien le gros du peuple indien, qui
n’
a jamais connu le phénomène des « masses », ni l’individualisme dont i
477
l’Occident, de l’Europe en particulier. Mais elle
n’
affecte encore que l’intelligentsia16. Celle-ci d’ailleurs rejoint plu
478
ous avons des problèmes, l’Inde est problèmes. Je
n’
ai guère parlé que du plus intime d’entre eux, tel que j’ai cru le pre
479
e lui propose la révolte. Et l’Europe, jusqu’ici,
n’
a rien offert. (Qui, d’ailleurs, l’eût fait en son nom ?) Elle s’est b
480
une présence désintéressée, fraternelle. 14. Je
ne
parle pas des jeunes intellectuels, formés aux disciplines occidental
481
munisme, comme idéal et doctrine révolutionnaire,
n’
a guère touché que les milieux d’étudiants et les populations très anc
482
ciennement chrétiennes du Malabar. Mais un Hindou
ne
peut devenir « collectiviste » s’il n’a passé d’abord par l’individua
483
un Hindou ne peut devenir « collectiviste » s’il
n’
a passé d’abord par l’individualisme, soit chrétien, rationaliste. h.
484
eux confessions majeures et trente-six sectes, je
ne
sais combien de races variablement mêlées et de dialectes jalousement
485
nne qui semble les nier ? Réponse : cette moyenne
n’
est pas née de la fusion des diversités, encore moins de leur mélange
486
e vie, tandis que 38 % s’en plaignent et que 14 %
n’
en pensent rien, une majorité écrasante de 88 % des Suisses trouvent q
487
spérés ou ceux que la question laisse froids.) Ce
n’
est pas que tout soit parfait dans la meilleure des Suisses possibles,
488
nton de Neuchâtel de mon enfance, combien de fois
n’
ai-je pas lu cette devise gravée sur une pierre tombale ou imprimée au
489
i pour l’immense majorité. La coutume patricienne
n’
a guère laissé de traces que dans quelques banques privées ; le parti
490
ons dans la fonction publique, et nul autre parti
ne
l’a remplacé ; peu ou point de grandes fortunes fondées sur un coup d
491
ondées sur un coup de chance ; et les fils à papa
ne
se contentent pas de poser comme ailleurs aux progressistes, mais tra
492
abile, doué de nombreux talents, polyvalent) mais
n’
éveille guère en Suisse que de sérieux soupçons sur la valeur morale d
493
ou de la gymnastique. Le plaisir pur, la gratuité
ne
s’avouent guère, se cherchent des prétextes et en trouvent d’excellen
494
es prétextes et en trouvent d’excellents, mais il
n’
y a plus de gratuité. Dans L’Annuaire statistique de la Suisse, public
495
ensemble d’une certaine éthique protestante, qui
ne
sépare point la vertu de l’effort ni la valeur d’une action du mérite
496
entuel d’une sagesse libérée des contingences. Je
ne
connais pas d’autre pays où l’on pourrait poser au citoyen moyen cett
497
riage ? Les anciens Suisses, au temps des Ligues,
n’
étaient pas moins connus pour la licence de leurs mœurs que pour l’aus
498
marquable que le Suisse moyen formé à cette école
ne
soit pas devenu le révolté qu’on serait tenté d’imaginer, et que les
499
du mariage en Suisse. La censure des publications
n’
est officiellement exercée qu’aux frontières du pays. La pudeur de la
500
être leurs critères du moral et de l’immoral ? Je
n’
en ai découvert qu’un seul : « La discipline, un point c’est tout ! »,
501
pendant des heures et il fallait surtout que rien
ne
dépasse. Ce qui dépasse aux yeux de la censure, ce sont les œuvres mi
502
y Miller, etc.). Or, les critères d’un tel office
ne
sauraient être, évidemment, que ceux de la banalité morale la plus pl
503
age ou œuvre d’art « où un particulier non averti
ne
chercherait qu’une excitation pour les sens20 ». Faut-il penser que l
504
s (cantonale ou locale), ces mesures restrictives
ne
provoquent plus ni sursauts de révolte ni farouches approbations ; on
505
nt : résidus de préjugés sociaux ou religieux qui
n’
ont plus beaucoup d’importance, la jeunesse étant suffisamment avertie
506
gés de cultiver, mais cela changera bientôt, « on
n’
arrête pas le progrès… » Quant aux conceptions du mariage, quel est le
507
out en sachant fort bien que ‟ces mariages mixtes
ne
réussissent jamais”. Elle voyait dans son attitude un exemple miracul
508
ivorce s’explique surtout par d’autres causes. Il
n’
est pas le signe d’un quelconque « relâchement moral » (comparé à la S
509
t que couple dans la vie sociale…23 Au total, il
ne
semble pas que « l’immoralité » progresse notablement dans les canton
510
l structurées ou les grands ensembles urbains. Ce
n’
est pas l’anarchie des mœurs qui menace la Suisse, c’est plutôt une es
511
ivers et imprévu » au budget de la petite famille
ne
suffiront pas à couvrir, peut-être. Et certaines questions qu’on se p
512
e veulent. Ceux qui refuseront de s’y reconnaître
ne
seront sans doute pas les derniers à y reconnaître leurs voisins. C’e
513
reconnaître leurs voisins. C’est un portrait, ce
n’
est pas un éloge, ni une critique. Dire que le Suisse moyen est sérieu
514
cclame son niveau de vie neuf fois sur dix, qu’il
n’
est pas révolutionnaire mais résolument réformiste, et qu’il n’aime pa
515
olutionnaire mais résolument réformiste, et qu’il
n’
aime pas les jeux d’idées ni la spéculation dans aucun ordre, enfin qu
516
signent des contrats de « paix de travail ». (Il
n’
est pas interdit de se former des jugements plus nuancés ou dialectiqu
517
oi qu’on pense de ce portrait du Suisse moyen, ce
n’
est pas encore un portrait de la Suisse. L’enquête la plus intelligent
518
t configurée. Un Mozart, un Descartes, un Kipling
n’
auraient jamais été décelés par quelque sondage d’opinion sur les « at
519
s instruments d’analyse des consciences actuelles
n’
en peuvent compter et indexer : il y a des forces et des réalités long
520
agissantes et soudain décisives que l’homme moyen
ne
peut pas exprimer, bien qu’il en vive, — ou faut-il dire précisément
521
uère célèbre, Orson Welles assurait que la Suisse
n’
a donné au monde que la pendule à coucou. J’imagine qu’il entendait di
522
cou. J’imagine qu’il entendait dire que la Suisse
n’
a produit rien de grand, hommes, idées ou objets, comme l’Italie a pro
523
sses qu’il connaît par sa réputation mondiale, il
ne
trouvera pas une personne sur mille, prise dans la rue, qui ait jamai
524
1800. Un Collège peu voyant administre l’État, on
ne
saurait dire qu’il gouverne les Suisses, et c’est très bien. Mais dan
525
re invisible : passer inaperçu. — Il y a ceux qui
ne
laissent rien paraître que leur identité native et naturelle. Ce n’es
526
araître que leur identité native et naturelle. Ce
n’
est pas se dissimuler, en vérité : simplement le génie qui leur advien
527
de la commission scolaire. Henri-Frédéric Amiel
n’
eut même pas à choisir un pseudonyme. Quelques recueils de poésies méd
528
a dit que « Paris en eût fait un dieu ». Mais ce
n’
eût été qu’un dieu de salons, un dieu causeur. Jacob Burckhardt à sa
529
données natives et par une volonté de rupture. On
ne
saurait lui reprocher cette nouvelle tactique conformiste, puisque c’
530
ance européenne. On lui fait un procès à Bonn. Il
n’
attaque pas le régime en soi, mais ses complices dans l’Église. On l’e
531
e plus hardi et dur d’arêtes de l’ère moderne. On
n’
avait pas été moins conformiste depuis Luther dans la réinvention de l
532
un siècle de formalisme puritain et sentimental,
ne
s’était élevée dans les Églises en retraite devant le « monde moderne
533
es options spirituelles de la Réforme, Karl Barth
ne
les a pas du tout éloignés de l’époque présente, bien au contraire, i
534
to de l’Église initiée par le pape Jean XXIII. Ce
n’
est pas le moindre paradoxe de sa carrière, pleine de surprises pour s
535
l’histoire religieuse depuis la Réforme, Pie XII
n’
a pas lieu de s’en réjouir : car l’hommage de Jung est rendu à la Soph
536
ng, Dieu est une réalité psychique. Le théologien
n’
a que faire de la psychologie. Il la met entre parenthèses pour ne con
537
la psychologie. Il la met entre parenthèses pour
ne
considérer que la totalité de l’existence « en tant qu’objet soumis à
538
a Parole de Dieu24 ». En revanche, le psychologue
n’
a que faire des dogmes, sauf s’ils sont l’expression cristallisée d’un
539
es rejetterait. Le dialogue entre ces deux hommes
n’
était même pas concevable, et de fait il n’a pas eu lieu. Leurs discip
540
hommes n’était même pas concevable, et de fait il
n’
a pas eu lieu. Leurs disciples (pasteurs et théologiens d’un côté, méd
541
d’intégration ou de synthèse même très partielle
n’
a été entreprise jusqu’ici, que je sache. (Un jour, peut-être, j’essai
542
qu’à l’autre de ces maîtres incompatibles.) Nous
n’
avons pas en Suisse de poètes de génie, ni de peintres qui aient fait
543
En revanche, les grands noms cités dans ces pages
ne
seraient guère pensables hors du complexe suisse. Et c’est à eux que
544
dimensions qui leur manquent en Suisse25. Mais ce
n’
est pas en grimpant sur nos Alpes comme Horace-Bénédict de Saussure qu
545
fait le principal de leur carrière en Suisse, ce
n’
est pas la Suisse qui a découvert et propagé leur nom dans le monde ;
546
ale des sociétés humaines, dont le Contrat social
n’
est qu’un fragment : Rousseau. « Considérations sur l’Histoire du Mond
547
? Je répondrai : dans les deux à la fois, et cela
n’
est pas contradictoire. Un phénomène très général de convergence inspi
548
uveraineté absolue : car nul pays de notre Europe
n’
est plus en mesure de jouer un rôle mondial, d’assurer seul sa défense
549
e politique indépendante, au plein sens du terme,
ne
saurait être soutenue à la rigueur que par la Chine, l’URSS et surtou
550
tions plus ou moins contraignantes. Au surplus je
ne
vois guère d’État-nation de type unitaire que ce double mouvement de
551
convergence mondiale et de diversification locale
ne
mette en crise permanente. 855 votes en quelques années à la Chambre
552
les coups, c’est donc l’État-nation qui perd. Il
ne
correspond plus ni aux conditions de liberté et de participation civi
553
pement, de rentabilité et de sécurité, auxquelles
ne
peuvent répondre que de grands espaces économiques constitués à la me
554
tions souveraines qui divisent notre humanité, je
ne
compte guère que deux douzaines d’États fédératifs, mais ils regroupe
555
omique de la convergence et de la diversification
n’
est pas tellement mieux satisfaite dans ces trois États officiellement
556
locage délibéré aux limites d’un État fédéral. Il
ne
s’agit pas d’un défaut du fédéralisme, mais d’un défaut de fédéralism
557
le prescrire, être très sûr de sa formule. Or je
ne
vois pas terme du langage politique qui prête à pires malentendus ! U
558
ème, doctrine du gouvernement fédératif. » Ce qui
ne
nous apprend rien, d’autant que « fédératif » est défini plus loin co
559
tème qui est bon pour les sauvages, et qui semble
n’
avoir été préconisé que par des traîtres à la République… Il est vrai
560
lge, et grand Européen, écrivait récemment : « Ce
n’
est pas dans le fédéralisme, ce n’est pas en se repliant sur elle-même
561
écemment : « Ce n’est pas dans le fédéralisme, ce
n’
est pas en se repliant sur elle-même que la Wallonie trouvera son salu
562
s helvètes, que sera-ce ailleurs ? Le fédéralisme
n’
étant ni ceci, ni cela, mais la coexistence en tension de ceci et de c
563
st vraisemblable que cette union sera fédérale ou
ne
sera pas, on sent tous les dangers qu’entraînent en fait les malenten
564
lables et vitales, de telle sorte que la solution
ne
puisse être cherchée, ni dans la réduction de l’un des termes, ni dan
565
natures, sans confusion (ni) séparation. L’union
n’
a pas supprimé la différence des natures, mais plutôt elle a sauvegard
566
is autonomes et solidaires : pour eux aussi, l’un
n’
ira pas sans l’autre, bien mieux : l’un — la solidarité — sera la gara
567
on. 4. Enfin, le problème général de l’œcuménisme
n’
est-il pas le même en sa forme que ceux que nous venons d’évoquer, pui
568
ale, continentale ou mondiale, selon les cas), il
ne
reste qu’à désigner le niveau de compétence où seront prises les déci
569
endu possible par la technique moderne. (Ce débat
n’
est pas d’aujourd’hui. Aux projets de découpage géométrique de la Fran
570
jà par cette grande phrase : Le but de la société
n’
est pas que l’administration soit facile, mais qu’elle soit juste et é
571
mmunication avec ceux que l’on côtoie comme s’ils
n’
étaient pas là. La solution consisterait à recréer les conditions de c
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tout en restant assez petit pour être libre ? Ce
n’
est pas le vote d’une constitution, de type plus ou moins fédéral qui
573
pris en considération par les auteurs classiques,
n’
était en réalité qu’un cas particulier d’une conception beaucoup plus
574
e vie que la forme institutionnelle dénommée État
ne
suffit pas à qualifier et moins encore à épuiser »… Et il ajoutait :
575
, le fédéralisme tel que j’ai tenté de le définir
ne
fait que commencer. Il n’est pas matière historique, mais prospective
576
’ai tenté de le définir ne fait que commencer. Il
n’
est pas matière historique, mais prospective. Il a plus d’avenir que d