1 1937, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Paysans de l’Ouest (15 juin 1937)
1 , à grands sauts ralentis — le courant électrique n’ étant sans doute pas réglé pour faire tourner l’appareil au rythme nor
2 ce sujet. Il y a… tout près d’ici… quelqu’un — je ne veux pas le nommer, je n’attaquerai personne, moi ! — il y a, dis-je,
3 s d’ici… quelqu’un — je ne veux pas le nommer, je n’ attaquerai personne, moi ! — il y a, dis-je, quelqu’un qui a osé préte
4 dans les foyers et jusque dans la presse1 ! « Je n’ ai pas cherché la guerre, moi ! Eh bien ! je saurai me défendre ! Et m
5 on ! Être laïque… » Ah ! surtout, être laïque, ce n’ est pas combattre les religions, comme le prétend le voisin, « car je
6 que, c’est finalement « aimer son prochain » ! Je n’ ai pas plutôt soufflé à l’oreille de ma femme : « C’est un sermon ! »
7 omme d’habitude d’une bande de petits garçons. Il n’ a pas répondu à mon salut. 12 décembre 1933 Tout à l’heure, en déchira
8 aît qu’il cause très bien — lui aussi — mais elle ne l’a jamais entendu. Elle est catholique, en effet, comme d’ailleurs t
9 chose de joliment absurde. Les paysans du village ne sont pas même tous capables de lire le journal, et j’ai remarqué qu’i
10 s, que ces journaux leur servent. Je crois qu’ils n’ y pensent même pas. Peut-être que la discussion annoncée après la conf
11 lève : « Messieurs et dames, vous m’excuserez de ne pas vous présenter l’orateur qui va vous faire un intéressant discour
12 us faire un intéressant discours sur le sujet… Je ne connais pas beaucoup M. Palut, n’est-ce pas, c’est la première fois q
13 ur le sujet… Je ne connais pas beaucoup M. Palut, n’ est-ce pas, c’est la première fois qu’il vient à A…, mais certainement
14 l y a plusieurs églises, et malheureusement elles ne s’entendent pas toujours. La primitive église était constituée par de
15 enda, a dit que les clercs ont trahi. Les clercs, n’ est-ce pas, ce sont les intellectuels, les écrivains, les professeurs,
16 us aime. Si tous les hommes étaient chrétiens, il n’ y aurait plus d’exploitation ni de guerre !… La péroraison a été éloqu
17 ype se lève au fond de la salle et demande « s’il n’ y a pas des contradictions dans la Bible ». Suit une petite discussion
18 t confuse et sans aucun rapport avec le sujet. Il n’ y a pas d’autre question. Le président fait alors un bref remerciement
19 f remerciement à l’orateur. Il s’excuse encore de ne pas s’y connaître assez en religion, mais assure qu’il a été bien int
20 gent. Je l’approuve et m’étonne que la discussion n’ ait pas été plus longue : il y avait pourtant bien des auditeurs qui n
21 ngue : il y avait pourtant bien des auditeurs qui ne devaient pas être d’accord ? « Ben quoi, fait-il, convaincu, c’est la
22 la vérité pour les chrétiens, mais tout le monde ne pense pas comme ça ici ? » Il me regarde un peu étonné à son tour : «
23 onné à son tour : « Qu’est-ce que vous voulez, il n’ y a rien à répondre, c’est juste, ce qu’il a dit ! Il connaît bien son
24 t bien comme ça que c’est écrit dans la Bible, il n’ a pas dit de mensonges, quoi ! Mais ici ils ne savent pas discuter. Si
25 il n’a pas dit de mensonges, quoi ! Mais ici ils ne savent pas discuter. Si vous alliez à F…2 alors, c’est autre chose. L
26 s intentions. Il a un oncle qui est curé, mais je ne saisis pas bien si ce curé lui a interdit la lecture de la Bible, ou
27 vous ennuyer, hein ? » Je le rassure vivement. Ce n’ est pas moi qui lui reprocherai jamais d’être trop simple. On ne l’est
28 qui lui reprocherai jamais d’être trop simple. On ne l’est jamais assez ! — Oh ! vous savez, — dit-il — je n’y mets pas d’
29 t jamais assez ! — Oh ! vous savez, — dit-il — je n’ y mets pas d’amour-propre, vous pouvez me dire franchement ce que vous
30 as moyen de savoir avec qui ils sont d’accord. Il ne faut pas oublier que nous vivons à une époque de propagande forcenée,
31 alement sans aucune précaution oratoire. Pourquoi ne pas saisir cette occasion de leur prêcher l’Évangile, là, tout droit,
32 les réformateurs, les forcer à prendre parti, je ne sais pas, moi, les engueuler ? Je vous dis ma première impression, pu
33 cher monsieur. Mais c’est plus difficile que vous ne croyez. Il faut que je vous dise que c’est la première fois que je pa
34 y a plus de six ans que je suis dans l’île, et je n’ avais jamais pu parler à A…, à cause du curé qui s’y opposait par tous
35 s. Ils sont difficiles à prendre, ici. Surtout il ne faut pas les brusquer ! Ce soir, il s’agissait de gagner leur confian
36 suite on verra si on peut aller plus loin. — Mais ne croyez-vous pas qu’on pourrait gagner leur confiance en leur parlant
37 jours… Il faudra reparler de tout cela. M. Palut n’ a jamais l’occasion de discuter, il se sent terriblement isolé au mili
38 près une longue journée de travail. Mais beaucoup ne font plus rien en hiver ? Ils sont venus pour tuer le temps, au lieu
39 au lieu d’aller au café. Cette inertie, dès qu’il ne s’agit plus d’argent ! À moins que ce ne soit le langage, la difficul
40 ès qu’il ne s’agit plus d’argent ! À moins que ce ne soit le langage, la difficulté de s’exprimer ? Tout est mystère en eu
41 « le peuple », la volonté du peuple, comme si on ne les avait jamais vus ou jamais aimés ! Là-dessus, quantité de pensées
42 re le vent dans l’obscurité. Mais le lendemain il n’ en reste rien qu’un peu de courbature dans les jambes. 16 décembre 193
43 populaire de La Naissance du jour, de Colette. Je n’ avais pas encore lu ce livre. Il est exactement de l’espèce que j’aime
44 ’un des plus charmants dans cette espèce, mais ce n’ est point pour cela que j’en parle ici. C’est pour une raison très pré
45 le ici. C’est pour une raison très précise et qui n’ a rien à voir avec la critique littéraire. À la page 43 de l’édition q
46 sur le couvre-pied. D’autres sur le plancher. Je n’ en menais pas large. Comme la mère Renaud était venue nous voir la vei
47 mère Renaud était venue nous voir la veille, nous ne cherchâmes pas plus loin la cause du phénomène. Il est vrai qu’on a b
48 a beau porter un nombre excessif de jupons, cela ne devrait pas suffire à rendre vraisemblable une hypothèse à ce point i
49 ne hypothèse à ce point injurieuse. Pourtant nous n’ en trouvions pas d’autres. Or, peu de jours auparavant, un petit héris
50 rappante. Voici : pour la première fois depuis je ne sais combien d’années, je viens de trouver dans un ouvrage littéraire
51 ourquoi notre chambre était pleine de puces. Cela n’ a l’air de rien, mais je vois là comme un symbole. Les livres devraien
52 mprobables ou excessifs, des inquiétudes dont ils n’ ont même pas l’air d’être vraiment inquiets, des indiscrétions gênante
53 t inquiets, des indiscrétions gênantes et dont on ne sait trop que faire, ou des doctrines dont ils négligent de nous dire
54 sont justement des réponses à des questions qu’on n’ avait pas l’idée de se poser ; et c’est là qu’ils croient voir leur as
55 usage, sans application précise aux choses, etc. Ne montons plus au ciel du second Faust que par ces allées de Ferrare !
56 e par ces allées de Ferrare ! 18 décembre 1933 Je ne cesse de repenser à la conférence d’avant-hier à A… Il me semble qu’e
57 ale, aussi bien à A… qu’à la séance de cinéma. Il n’ y aurait là rien d’étonnant, si l’on ne nous rebattait les oreilles de
58 cinéma. Il n’y aurait là rien d’étonnant, si l’on ne nous rebattait les oreilles de phrases sur la volonté et la mission d
59 on : il est très difficile d’aimer des hommes qui ne nous sont rien, qui ne nous demandent rien, qui peut-être ne voudraie
60 ile d’aimer des hommes qui ne nous sont rien, qui ne nous demandent rien, qui peut-être ne voudraient pas même de notre ai
61 t rien, qui ne nous demandent rien, qui peut-être ne voudraient pas même de notre aide (nous égalent les intellectuels bou
62 n France qu’un orateur dit un tas de choses qu’on ne comprend pas, et cite des noms qu’on ne connaît pas. Cela fait partie
63 ses qu’on ne comprend pas, et cite des noms qu’on ne connaît pas. Cela fait partie de l’éloquence. Et l’éloquence est le b
64 l’éloquence est le but du discours, dont le sujet n’ est que le prétexte. Je constate. Je conclus que les intellectuels son
65 e. Qu’ils disent des vérités ou des mensonges, on n’ applaudira guère que le son de leur voix, ou le parti qui les délègue.
66 ans le vide — ce qui est malsain — et le peuple à ne pouvoir se libérer des charlataneries politiques autrement que par de
67 rement que par des violences maladroites, dont il ne sera pas le dernier à pâtir. Impuissance de l’« esprit », bêtise de l
68 « esprit », bêtise de l’action : ces deux misères n’ auraient-elles pas une origine commune ? Il m’a semblé que j’entrevoya
69 sortir de la conférence. Cet homme trouvait qu’il n’ y avait rien à « discuter » dans les paroles de l’orateur, parce que c
70 ait en soi, et qu’au surplus c’était bien dit. Il ne lui est pas venu à l’esprit que la vérité est quelque chose qui peut
71 alors, alors il y aurait eu à discuter ! Mais je n’ ai pas remarqué qu’aucun des auditeurs ait pris la chose de cette mani
72 e la majorité des « intellectuels » d’aujourd’hui ne pense pas très différemment. Peuple ou « clercs », ils estiment égale
73 lercs », ils estiment également que la « vérité » n’ engage à rien. Ils bornent le rôle de l’esprit à la constatation de l’
74 s raisonnements que l’on allègue. « Il a raison » ne signifie pas pour eux : « Donc je dois régler ma conduite sur ce qu’i
75 ïstes, des orgueilleux, des espèces d’aristos qui ne vont qu’avec les riches. Il y en a certes qui font progresser la scie
76 par exemple, à quoi cela sert-il ? D’ailleurs, on n’ en a jamais vu. Quant à la politique, c’est tout à fait autre chose. C
77 aires, de prix de la vie, et là les intellectuels ne servent à rien. Enfin, les questions de personnes jouent un rôle : on
78 rôle : on aime avoir un député instruit. Mais ce n’ est pas pour qu’il dise des choses intelligentes, ou nouvelles. C’est
79 ique et surtout s’il a l’air « sincère », mais on n’ aura jamais l’idée de mettre en pratique ce qu’il dit. Il reste dans s
80 de soi. Il est probable qu’aucun homme du peuple ne s’est jamais dit cela comme je le dis ici. Mais il me paraît clair qu
81 ud ; mais non, c’est celle d’un clerc parfait. Je n’ ai pas fini de m’étonner de cette rencontre. 19 décembre 1933 Si l’on
82 e sache ce qu’il sait. Sinon mon savoir supérieur ne lui servira de rien. Si je persiste cependant à faire valoir ma scien
83 persiste cependant à faire valoir ma science, ce n’ est plus alors que par vanité ou par orgueil, de sorte qu’au fond, au
84 it d’aider, et que je vois encore si mal. (Ce qui ne m’a pas empêché jusqu’ici de m’occuper de politique, par exemple… Mai
85 ifs au moins de ma gêne, quand je constate qu’ils ne comprennent pas de quoi je m’occupe. C’est peut-être un secret désir,
86 s que j’ai, comme un chacun, mon amour-propre, je ne puis m’empêcher de le juger assez justifié dans l’occurrence. On n’ai
87 de le juger assez justifié dans l’occurrence. On n’ aime pas à être tenu pour un fainéant ou un rentier, quand on est dans
88 l en chômage. » (Écrire, aux yeux de ces paysans, ne signifie proprement rien. S’ils ont un peu de respect pour moi, c’est
89 ne ou d’une trentaine de parcelles, dont beaucoup n’ ont que quelques centiares, les plus grandes un à deux ares. Je connai
90 a exclut l’usage des machines agricoles. Pourquoi ne s’entendent-ils pas entre eux pour grouper leurs lopins ? Je me suis
91 it proposé la réforme, avant la guerre. Mais cela n’ a pas marché. La tradition de l’île veut que chaque champ soit partagé
92 t que les paysans travaillent beaucoup plus qu’il ne serait nécessaire à leur subsistance si la répartition des terres éta
93 logie rudimentaire qu’on leur a inculquée, et qui n’ a que trop bien convenu à leur penchant naturel. Il faudrait donc d’ab
94 choses pourraient être changées. Mais si personne ne fait rien par le moyen normal de l’éducation, il n’y a plus d’autre s
95 fait rien par le moyen normal de l’éducation, il n’ y a plus d’autre solution que la contrainte. La dictature est un moyen
96 en de transformer et d’animer un peuple auquel on n’ a pas su donner le sens civique, le sens de la communauté. Qui est-ce
97 dans des ligues toujours anti-quelque chose, qui n’ empêcheront rien, c’est l’évidence, parce qu’elles n’exigent rien de p
98 mpêcheront rien, c’est l’évidence, parce qu’elles n’ exigent rien de positif, ne construisent rien, n’animent rien, s’épuis
99 idence, parce qu’elles n’exigent rien de positif, ne construisent rien, n’animent rien, s’épuisent en excitations verbales
100 n’exigent rien de positif, ne construisent rien, n’ animent rien, s’épuisent en excitations verbales. Dictature ou éducati
101 osition provient de la forme de leurs outils. Ils n’ utilisent guère que des « bouelles » au manche très court, recourbé à
102 e assez la terre pour savoir que les mêmes outils ne sont pas bons en tous pays, et je cherchais quelle particularité loca
103 anche qui sont dans le chai, et il a refusé. « On n’ a pas l’habitude. » Contre-épreuve : un petit propriétaire venu du con
104 ’innombrables réformes aussi simples à opérer. Je n’ en sais rien4. Je me borne à constater qu’ici les paysans travaillent
105 isie conservatrice, alors que la presse de gauche ne reflète nullement la mentalité ni les conversations populaires. C’est
106 petit-bourgeois de certaines de ces feuilles. Je n’ ai jamais retrouvé ce ton dans le peuple. S’il en paraît parfois, par
107 t que le peuple, en France, lit trop de journaux, ne lit que cela, et finit par se croire « le Peuple », tel que l’imagine
108 imaginent les bourgeois et leurs journalistes. Ce n’ est pas dans notre île, d’ailleurs, que j’ai pu constater cette contag
109 avec des maladresses et des grosses astuces, qui n’ est pas exactement celui des « discussions » qu’on peut entendre dans
110 des amis du peuple et la réalité du peuple : rien ne le rend plus sensible que cette différence de ton entre tel organe so
111 qui m’arrêterait dès les premiers pas. Ces hommes n’ ont pas ou n’ont plus coutume de se réunir, d’être ensemble pour cause
112 ait dès les premiers pas. Ces hommes n’ont pas ou n’ ont plus coutume de se réunir, d’être ensemble pour causer. Le dimanch
113 s-uns le déplorent parmi les vieux. Mais personne n’ a l’idée de rien entreprendre. Le village comptait autrefois, paraît-i
114 nd les hommes sont partis pour la guerre, et rien ne s’est refait depuis. Quand on veut danser, on fait venir l’orchestre-
115 es du continent et aux limites de l’humanité. Ils n’ attaquent plus, ils se cramponnent. Ce ne sont pas des colons, des déf
116 ité. Ils n’attaquent plus, ils se cramponnent. Ce ne sont pas des colons, des défricheurs, mais de petits propriétaires qu
117 ngrate, dans sa courette pleine de fleurs. Qu’ils n’ aient pas de vie communautaire, cela ne signifie pas nécessairement qu
118 rs. Qu’ils n’aient pas de vie communautaire, cela ne signifie pas nécessairement qu’ils aient perdu le sentiment de leur c
119 op pareils pour éprouver le besoin de s’unir. Ils n’ ont pas à faire face à des menaces extérieures. Et surtout ils n’ont n
120 re face à des menaces extérieures. Et surtout ils n’ ont nulle envie d’entreprendre une conquête quelconque, matérielle ou
121 cela leur suffit, depuis cent-cinquante ans. Ils ne songent pas à en tirer le moindre profit positif. Ils se nourrissent
122 e continent. Et l’on meurt vieux, et les médecins ne font pas fortune. Quelle conclusion tirer de tout cela ? Quand on voi
123 able de grandes choses — c’est son mystère — mais ne dites pas que vous le faites pour son bonheur, car il est plus « heur
124 un État faible, dont le centre est lointain, qui ne croit à rien, et qui par suite ne peut rien exiger de sérieux. Mais i
125 t lointain, qui ne croit à rien, et qui par suite ne peut rien exiger de sérieux. Mais il y a d’autres aspects de la quest
126 is il y a d’autres aspects de la question. Le sel ne se vend plus depuis un an, et c’était la ressource principale des vil
127 mon île. Il faut parler d’abord des autocars. Je ne sais si l’on se doute à Paris de l’importance des autocars et des tra
128 nt en train de causer dans la vie provinciale. Je n’ ai pas compté le nombre de lignes actuellement exploitées. Mais j’ai p
129 er, dans plusieurs départements de l’Ouest, qu’il n’ est plus guère de « pays » qui ne soit desservi par une ou deux ou mêm
130 e l’Ouest, qu’il n’est plus guère de « pays » qui ne soit desservi par une ou deux ou même trois Compagnies de transports
131 es. Je commence à connaître leurs coutumes : rien ne pouvait modifier plus rapidement et plus profondément la coutume de l
132 fondément la coutume de la France rurale. Mais ce n’ est pas encore assez dire : l’autocar modifie complètement le mode de
133 voyageur et la province. Naguère encore, quand on n’ avait que les chemins de fer, tout convergeait vers Paris, non seuleme
134 allait à Paris ou qu’on en venait. Tout le reste n’ était que tortillards cahotants, jamais à l’heure, où l’on se sentait
135 ué à l’écart de la « vraie » circulation. Et l’on ne voyait guère que des gares, ce qu’il y a de plus attristant dans chaq
136 tenir compte de ses circonstances. Sur ses bords ne vivait qu’une population nomade, qui portait l’uniforme de l’État, pa
137 part, sans remarquer que les gens qui l’habitent ne sont pas tous de la même sorte, et que d’une province à une autre, ce
138 même sorte, et que d’une province à une autre, ce n’ est pas seulement le paysage qui change. N’était-ce pas là l’une des r
139 re, ce n’est pas seulement le paysage qui change. N’ était-ce pas là l’une des raisons qui faisait si facilement nier la su
140 ur peu que l’on manifeste la moindre curiosité on ne tarde pas à y apprendre pas mal d’histoires, dont j’indiquerai ici l’
141 margoulins, topazes, etc. Si l’on a le temps, il n’ est pas impossible de pousser la « discussion » sur un plan supérieur,
142 rce recommandations ; et ils sont rares, ceux qui n’ ont pas deux mots à dire par la portière entrouverte un instant à la f
143 urs accordées à ceux qui commandent et disposent, ne fût-ce que pour une heure, de leur vie. Oui, voilà bien les hommes av
144 Mais loin de moi ces ambitions : ceux qui les ont n’ en parlent pas, dit-on. Et je ne suis qu’un écrivain. Ceci me rappelle
145 ceux qui les ont n’en parlent pas, dit-on. Et je ne suis qu’un écrivain. Ceci me rappelle un bout de conversation que j’a
146 quel était mon métier. Et quand j’eus dit que je n’ en avais aucun, et que je n’étais qu’un écrivain, et chômeur par-dessu
147 uand j’eus dit que je n’en avais aucun, et que je n’ étais qu’un écrivain, et chômeur par-dessus le marché, il s’écria : —
148 ères, et sans vous, où irions-nous donc, nous qui ne croyons plus aux curés ! — Comptez, monsieur, — lui dis-je, — qu’un é
149 cas d’écrire. Car, ou bien l’on écrit ce que l’on ne peut pas faire, et c’est l’aveu d’une faiblesse ou d’une ambition exc
150 ndignes, et ingénieux les plus balourds, enfin je ne sais quelle supériorité humaine, quel luxe d’énergie ou d’invention q
151 ssurer le fameux « contact avec le public », rien ne vaut cette proximité physique. Je leur parlai pendant deux heures d’u
152 se la propagande communiste. Mais leurs questions ne tardèrent pas à me rassurer. Plusieurs voulurent savoir si cela march
153 ssi bien que j’avais pu le laisser croire ; si ce n’ était pas encore un de ces régimes de dictature ; si les paysans avaie
154 ait sceptique. Il pensait qu’en Vendée les choses ne seraient pas si simples, que la situation matérielle était meilleure
155 Je retiens de cette journée deux impressions (je n’ ose pas en dire davantage : tout cela est encore moins clair dans la r
156 nte des paysans, conscience de leur autonomie… Je ne bifferai pas les conclusions que j’avais tirées de la conférence à A…
157 depuis longtemps ». On sait tant de choses qu’on n’ a jamais pris la peine de connaître, chez les « intellectuels ». 17 ma
158 ent. « On nous laisse seuls, sans direction. Nous ne savons pas que lire. Le travail est dur, ici. Il faut lutter contre l
159 ussi Romain Rolland. Est-ce qu’il est mort ? Vous ne pourriez pas me dire ce qu’il y aurait d’intéressant à lire ? — Ne li
160 e dire ce qu’il y aurait d’intéressant à lire ? —  Ne lisez-vous pas de journaux politiques ? — Ce n’est pas ce qu’on cherc
161 — Ne lisez-vous pas de journaux politiques ? — Ce n’ est pas ce qu’on cherche. Il faudrait en lire deux au moins pour corri
162 les mensonges. Ce qu’ils peuvent tous mentir ! On ne peut plus avoir confiance dans les partis. C’est aussi à cause de cet
163 savent de notre situation à Paris ? Est-ce qu’il n’ y aurait pas moyen de faire un mouvement politique en dehors des parti
164 iste de livres à lire pour l’instituteur de M… Je ne trouve à lui recommander que des traductions. La littérature moderne
165 des traductions. La littérature moderne en France n’ a guère à donner à ceux qui ont faim de nourriture solide, élémentaire
166  et l’alibi d’une action politique à laquelle ils n’ entendent goutte. 1. Deux petits journaux paraissent dans l’île. L’u
2 1939, La Revue de Paris, articles (1937–1969). L’Âme romantique et le rêve (15 août 1939)
167 mand dans ce qu’il eut d’audacieux et de tragique ne présente pas seulement un intérêt littéraire de tout premier ordre ;
168 de rêve et de mystique élémentaire. Or, ces faits ne sont pas seulement coïncidents. Ce n’est point du hasard qu’ils sont
169 , ces faits ne sont pas seulement coïncidents. Ce n’ est point du hasard qu’ils sont nés. Et si tout nous invite à recherch
170 invite à rechercher leur secrète complicité, rien n’ est plus propre que l’ouvrage d’Albert Béguin à nous guider dans la pé
171 e positiviste. Est-il vrai que la nuit et le rêve n’ ont rien à révéler qui importe au jour ? Est-il vrai que la passion, l
172 enser que le rêve est « un vestige du divin », il n’ y a que l’épaisseur d’un scrupule d’orthodoxie, d’une dernière crainte
173 e romantisme, et dont il vit ! Croire que le rêve ne révèle rien que nos secrets, ce serait tomber dans la psychanalyse. C
174 s la voie mystique. Si la plupart des romantiques n’ ont pas choisi en toute clarté — ruse vitale pour des poètes —, tous l
175 exploration de l’inconscient. Le songe, pour eux, n’ est que la « porte » ouvrant sur le monde ineffable, qui est propremen
176 l’âme (c’est l’Un-grund de Jakob Boehme), dont on ne peut rien dire, et qui cependant est la source de tout ce que l’on di
177 crire, à tenter de le cerner par des figures qui, n’ étant jamais suffisantes, doivent être inépuisablement multipliées. Di
178 iées. Disons-le sans la moindre irrévérence : nul n’ est plus verbeux qu’un mystique, si ce n’est un romantique allemand. C
179 ce : nul n’est plus verbeux qu’un mystique, si ce n’ est un romantique allemand. Car l’un et l’autre ont l’ambition de comm
180 t l’ambition de communiquer par l’écrit ce qu’ils ne cessent de définir comme l’indicible. Dès lors, la plainte sera la mê
181 ots leur fera-t-elle accumuler pour dire que rien ne saurait être dit… Et pourtant si, romantiques et mystiques sont persu
182 r là l’écho d’un discours divin. » Alors le doute n’ est plus permis : l’analogie purement formelle que nous décrivions jus
183 dont la nuit des songes, chantée par les poètes, n’ était que le symbole et le signe physique6. C’est « le royaume de l’Êt
184 t, l’éternité enfin conquise et dont la plénitude ne peut humainement s’exprimer que par l’image de l’absence de toute cré
185 nce de toute créature, de toute forme. » Car nous ne percevons et n’exprimons que le divers et le distinct, ce qui a pris
186 ature, de toute forme. » Car nous ne percevons et n’ exprimons que le divers et le distinct, ce qui a pris forme ; tout ce
187 l. D’où l’idée qu’il doit « expier la faute qu’il n’ a commise que par son existence même ». Un philosophe mystique tel que
188 e ». Un philosophe mystique tel que Ignaz Troxler n’ hésitera pas à élargir le processus jusqu’à y englober tout l’univers,
189 de cette blessure qu’il s’agit d’oublier si l’on ne parvient pas à l’expier. Et en effet, à la faveur de cet oubli, de ce
190 érie de ses souvenirs. Il sentait que l’existence n’ a d’appui ferme que dans la chaîne ininterrompue des souvenirs8 ». Mai
191 que la cause de sa maladie est justement ce qu’il ne peut se remémorer, cette lacune qui est à l’origine de la conscience
192 rer la vie totale dans sa bienheureuse unité ? Ce n’ est plus possible ici-bas, dans la prison du moi coupable et douloureu
193 urrait-on dire que l’expérience mystique générale ne devient proprement chrétienne que dans le cas où l’être aimé, sur la
194 fond avec elle indiscernablement. Les romantiques n’ ont pas été si loin dans la voie des sublimations — sauf peut-être Jea
195 ations — sauf peut-être Jean-Paul et Novalis. Ils n’ arrivent pas à retrouver dans leur au-delà une Présence qui pardonne,
196 aquelle ils parviennent en de très rares instants n’ est plus alors qu’un moyen de jouir d’une « sensation voluptueuse » (c
197 mantiques ! D’où leur fuite dans un monde dont on ne peut rien dire. D’où encore le besoin qu’ils éprouvent d’affirmer sur
198 ’ils éprouvent d’affirmer surabondamment que l’on n’ en peut rien dire que par des allusions, des métaphores, des poèmes « 
199 ible est tellement essentiel au romantisme que je n’ hésite pas à y trouver l’explication d’un fait connu de tous les histo
200 acte, et ils recherchent le silence passif. Aussi n’ ont-ils laissé pour la plupart que des fragments, des allusions, des é
201 dépasse, il se donne à une réalité qui, souvent, ne tient pas compte de nos raisons, il s’impose une sorte d’ascèse qui l
202 bère des servitudes naturelles. Mais cette ascèse n’ aboutit pas à la négation du réel. Elle transforme et oriente à nouvea
203 nouveau les forces de l’individu, plutôt qu’elle ne veut les détruire. Elle engage dans le monde actif, au lieu que le ro
204 tre la légitimité d’une vocation. Thérèse d’Avila ne voulait accepter que les révélations qui la portaient à quelque actio
205 moi » des romantiques. C’est une « activité » qui ne commence qu’au-delà de la mort à soi-même, c’est-à-dire du renoncemen
206 enoncement au moi tourmenté par son égoïsme. Elle ne prend pas la mort pour but, mais bien la vie, et cette vie-ci. Elle a
207 ssumer son moi coupable — parce que dorénavant ce n’ est pas cela qui compte, mais l’œuvre à faire et Celui qui l’ordonne.
208 i qui l’ordonne. Alors le moi coupable et détesté ne cherche plus de vaine échappatoire dans l’indicible et l’inconscient.
209 l’on rejoint ici l’enseignement évangélique : ce ne sont pas des extases indicibles qui sont promises aux vrais croyants,
210 cialisme De même que l’expérience d’un au-delà ne prend son sens et sa vertu que lorsqu’elle nous ramène au jour de l’a
211 , m’apparaît comme un romantisme politique. Et je ne dis pas du tout que les écrits d’un Novalis ou d’un Jean-Paul soient
212 fort analogues à ceux que nous avons décrits. Il ne s’agit pas d’influences, il ne s’agit que de reviviscences — vulgaire
213 avons décrits. Il ne s’agit pas d’influences, il ne s’agit que de reviviscences — vulgaires et simplistes, bien sûr — de
214 itler proclament, dès le début, que les Allemands n’ ont pas perdu la guerre) doit résulter un sentiment de manque d’assura
215 manque d’assurance nationale. La vraie Allemagne ne peut pas être celle qui a subi la « blessure ». Il faut donc la cherc
216 s tambours pendant des heures… On lui a dit qu’il ne compte pas en tant qu’individu conscient ; on lui a dit que sa vraie
217 du parti, d’un démiurge anonyme et obscur dont il n’ a plus qu’à recevoir les ordres, sans trop chercher à les comprendre,
218 é impénétrable, indicible, incommunicable, et qui n’ a point de « raisons » à donner : l’autarcie matérielle et morale. On
219  » à donner : l’autarcie matérielle et morale. On ne dira jamais trop à quel point ce pseudo-mysticisme romantique détermi
220 olitik maintenues par les cyniques et les habiles ne dissimulent que très imparfaitement les vrais ressorts du régime hitl
221 ment les vrais ressorts du régime hitlérien. Nous ne sommes plus en présence de Bismarck, mais d’un peuple envoûté par son
222 « Chez nous, proclamait récemment M. Goebbels, on n’ impose pas au peuple des opinions diverses entre lesquelles il devrait
223 s entre lesquelles il devrait choisir : le peuple n’ aime pas à choisir, il aime qu’on lui présente une opinion juste… D’ai
224 indicible. 7. On peut regretter qu’Albert Béguin n’ ait pas insisté davantage sur l’importance du quiétisme pour la format
3 1946, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Tableaux américains (décembre 1946)
225 écembre 1946)d New York alpestre Personne ne m’avait dit que New York est une île en forme de gratte-ciel couché.
226 de tunnels et d’autostrades surélevées. Personne ne m’avait dit, non plus, que New York est une ville alpestre ! Je l’ai
227 rême civilisation matérielle demeure hanté par on ne sait quelle sauvagerie des hauteurs ; et ce lieu d’extrême densité hu
228 ns me déranger dans la lecture de mon journal. Il n’ y a que deux classes en Amérique : l’une où les fauteuils au dossier t
229 saines ou frappantes, sur cinquante femmes qu’on ne remarque pas, pour qu’on s’écrie : « Comme elles sont belles dans ce
230 me elles sont belles dans ce pays ! » Soudain, je n’ ai plus vu les gens. Le train surgissait du tunnel dans une plaine de
231 igues, enjambée par les arches de fer d’un pont à n’ en pas croire ses yeux, qui porte l’autostrade pendant des kilomètres
232 un homme qui est seul, Manhattan est sublime. Il n’ a qu’à s’oublier dans l’énergie fusante de cette capitale du matin.
233 ement prévu. Plus une trace de campagne primitive ne subsiste, plus un seul coin de terre à nu, et plus une ligne indécise
234 t par l’absence-de-quelque-chose-qui-y-était, qui n’ y est plus, mais dont la progressive évacuation a laissé le milieu act
235  : l’état du monde d’où l’Esprit s’est retiré. Ce n’ étaient pas « les péchés » de ces hommes et de ces femmes, ni les mien
236 s hommes et de ces femmes, ni les miens, dont nul ne peut juger et qui peut-être n’en sont point. Ce n’était pas le froid,
237 es miens, dont nul ne peut juger et qui peut-être n’ en sont point. Ce n’était pas le froid, la pluie, la poisse aux pieds
238 e peut juger et qui peut-être n’en sont point. Ce n’ était pas le froid, la pluie, la poisse aux pieds mêlée d’essence sur
239 en connais trois dans Manhattan — qui, à la fois, ne portent pas de numéro et ne coupent point les avenues à angle droit.
240 tan — qui, à la fois, ne portent pas de numéro et ne coupent point les avenues à angle droit. Hors série, modèle de grand
241 st fait de main d’homme, sauf les mouettes. Qu’on ne me parle plus des lois économiques et de leurs fatales réalités : car
242 s l’Europe… Slums La Soixante-quinzième rue n’ a rien de particulier. Elle part luxueusement de la Cinquième avenue e
243 rcissent au rebord des trottoirs. Les enfants qui ne jouent plus à la balle parce que la nuit vient de descendre — depuis
244 puis cinq ans que je circule dans cette ville, je n’ ai jamais été touché ; ils sont d’une folle brutalité, mais surpassée
245 tre pièce plus claire, sur la cour. Ce logis, qui n’ est guère qu’un corridor légèrement cloisonné, s’annonce dans les jour
246 us rendent ici les voisins ! En Europe, le voisin n’ est que l’ennemi virtuel.) J’ai cru poli de m’arrêter pour une heure d
247 es, est sans doute d’origine indienne. « Personne ne connaît notre ville, me dit Robert, et pourtant elle avait les plus g
248 âtiments. » (Il est peu de villes américaines qui ne réussissent à se vanter de quelque chose d’unique au monde, compensan
249 ouvert cette agence que vous venez de voir, et je n’ ai plus piloté depuis lors. Aujourd’hui, je suis président du club de
250 ode pour les week-ends, surtout que madame Robert n’ aime pas conduire l’auto… J’essaie en vain de comparer Cohoes à une v
251 de même niveau social et de même éducation. Nous ne manquons pas de petits bourgeois pieux et honnêtes, mais ils n’ont pa
252 s de petits bourgeois pieux et honnêtes, mais ils n’ ont pas le sens du risque et de la vitesse. Nous avons bien des fanati
253 avons bien des fanatiques de l’aviation, mais ce ne sont pas des agents de location, d’autre part amateurs de golf, de gé
254 de week-ends paisibles au bord d’un lac. Mais il ne serait guère plus facile de comparer cette vie, cette ville aux image
255 là-haut, me dit-on, à mi-pente des coteaux. » On ne distingue pas encore cette maison célèbre, cachée dans les bosquets a
256 son de ses ancêtres, à lui. Elle la déteste. Elle n’ aime vraiment que ses chevaux… L’auto s’arrête devant un haut portique
257 entre des ifs géants, comme des ailes noires. Je n’ en ai jamais vu d’aussi grands, ils montent jusqu’aux fenêtres du deux
258 ité. Il a les yeux d’un bleu très pâle et dur. Il n’ a pas salué. Son silence nous supprime. C’est sans doute le nouvel int
259 oire, une petite lampe fait une flaque rose. « Je ne trouve pas les prises ! explique-t-elle, je ne mets jamais les pieds
260 Je ne trouve pas les prises ! explique-t-elle, je ne mets jamais les pieds dans ce dégoûtant salon ! » Des éclairs illumin
261 bouteilles. Qui sont ces gens ? Elle dit : — Je ne le sais pas plus que vous. Ils sont dans la maison depuis deux ou tro
262 disent les amis de Jim. — Mais où est Jim ? — Je ne sais pas. Il est parti. Jim était l’intendant, une sorte de géant tou
263 tre les meubles, humides et tremblants. « Mais je ne sais pas recevoir ! dit-elle moqueuse. Voulez-vous que je vous joue d
264 je vous joue du piano ? Pour faire croire que je n’ ai pas peur… » — Eh bien ? m’ont demandé mes amis dans la voiture qui
265 u’ils eussent rejoint les terres du Pacifique. On ne pouvait plus rien ajouter aux plus hauts gratte-ciel de New York, à c
266 en silence à travers tout le continent. Personne n’ en parle. On n’a pas eu besoin de changer de régime pour le réaliser.
267 ravers tout le continent. Personne n’en parle. On n’ a pas eu besoin de changer de régime pour le réaliser. Les autostrades
268 ime pour le réaliser. Les autostrades américaines ne sont pas une réclame politique, ni même un expédient pour lutter cont
269 se forcer. Voici enfin un spectacle émouvant qui n’ effraye pas, mais au contraire atteste une force paisible et utile. Tr
270 s les masses elles-mêmes comprendront-elles qu’il n’ est qu’un seul infini véritable : celui que chacun porte en soi, celui
4 1949, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Le Mouvement européen (avril 1949)
271 une belle idée, une idée généreuse…, c’est qu’il n’ a pas envie d’y croire, qu’il ne fera rien, qu’il pense qu’il est séri
272 use…, c’est qu’il n’a pas envie d’y croire, qu’il ne fera rien, qu’il pense qu’il est sérieux et que vous rêvez. C’est ain
273 en train de s’observer par-dessus nos têtes. Ils n’ ont pas envie de se battre, affirment-ils. Ils proclament au contraire
274 00 kilomètres carrés de nos terres. Si bien qu’on ne voit plus très clairement s’il s’agit de poser les bases de la paix o
275 eux dire à la paix, c’est l’Europe. Mais l’Europe n’ est plus une puissance, parce qu’elle est divisée en vingt nations don
276 est divisée en vingt nations dont aucune, isolée, n’ a plus la taille qu’il faut pour parler et se faire entendre dans le m
277 es deux grands empires. Et non seulement l’Europe n’ est plus une puissance qui pourrait exiger la paix, mais chacune des n
278 e le Message aux Européens  : Aucun de nos pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indépendance. Auc
279 e sérieuse de son indépendance. Aucun de nos pays ne peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose l’économie moderne.
280 sés l’un après l’autre ; 2° la question allemande ne sera pas réglée, fournissant un prétexte permanent à la guerre entre
281 anent à la guerre entre les deux Grands ; 3° rien ne pourra s’opposer à cette guerre, dont quel que soit le vainqueur — s’
282 ix du monde. Sur quoi j’imagine bien que personne n’ osera dire (même pas les staliniens, ou pas comme cela) : « Je veux un
283 était vers 1860. Mais ces rêves et ces prophéties ne pouvaient concerner qu’un avenir incertain, au milieu du xixe siècle
284 iers de lecteurs pour leurs revues. Ces dernières n’ étaient pas d’une lecture très facile. On y parlait beaucoup de l’enga
285 ssociations de toutes les tailles, dont plusieurs n’ étaient guère qu’un nom abstrait, touchant ou ambitieux, comme par exe
286 ales et de les faire admettre par les États, nous n’ étions qu’une poignée d’hommes de bonne volonté, remarquablement dépou
287 nt spontanément dans les camps et dans les maquis ne devaient rien à cette doctrine. Mais il est non moins vrai que les gr
288 De Montreux à Bruxelles Le congrès de Montreux n’ était pas terminé que l’idée naissait parmi nous d’en élargir l’action
289 ntion de convoquer un « Congrès de l’Europe ». Il ne s’agissait pas, dans son esprit, d’une entreprise « fédéraliste » au
290 des séances nous parler comme un militant : « On n’ ose plus nous appeler des utopistes et des rêveurs ! s’écria-t-il. En
291 et nous sommes parvenus, plus rapidement que nous n’ osions l’imaginer, à engrener sur les rouages les principaux gouvernem
292 es les principaux gouvernements européens. Ce qui n’ était qu’un rêve il y a un siècle, qu’une théorie il y a quinze ans, q
293 ue l’Europe sera faite par des ministres. Et cela ne va pas à une fédération, mais à quelques mesures empiriques (ils dise
294 s mesures empiriques (ils disent : pratiques) qui ne porteront aucune atteinte aux souverainetés nationales, et ne trouble
295 aucune atteinte aux souverainetés nationales, et ne troubleront pas l’économie travailliste dans son austère insularité…
296 , répètent les Anglais. Nous leur disons : « Vous ne pouvez franchir un abîme pas à pas, il faut sauter. » Le saut, dans c
297 audront le papier qui les supporte, tant que nous n’ aurons pas résolu les grands problèmes économiques. Nous sommes un cer
298 insolubles en fait, tant que nos plans politiques n’ auront pas abouti. La sagesse des experts, dans chacun de nos pays, se
299 Mouvement européen resteraient lettre morte, s’il n’ existait, en deçà et au-delà des divisions qu’il nous faut surmonter,
300 ut, la vocation de notre Mouvement européen. S’il ne mettait la culture à sa place, qui est à la fois primordiale et final
301 Europe et des peuples qui lui sont associés ». Il ne s’agit nullement de fomenter on ne sait quel nationalisme européen, m
302 associés ». Il ne s’agit nullement de fomenter on ne sait quel nationalisme européen, mais au contraire de restaurer le ra
303 la culture qui s’ouvrira bientôt en Suisse. ⁂ Il n’ est point d’ordre économique possible sans une volonté préalable de mi
304 volonté préalable de mise en ordre politique. Il n’ est point d’ordre politique qui serve l’homme, s’il n’est orienté dès
305 t point d’ordre politique qui serve l’homme, s’il n’ est orienté dès le départ par une vision libératrice et fascinante. L’
5 1949, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Découverte de l’Europe (octobre 1949)
306 Découverte de l’Europe (octobre 1949)f Il n’ est pas facile d’être actuel. Il y faut parfois du génie. Goethe écrit
307 -là, il est le seul à s’en douter. Cette histoire n’ est pas bien nouvelle, il y a près de deux-mille ans qu’on la connaît 
308 x du monde entier, d’autant plus librement qu’ils n’ y étaient pas allés. L’événement s’est donc vu noyé sous un déluge de
309 ou au contraire prématurée, c’est ce que personne ne sera capable de déduire des milliers de coupures de presse où figure
310 Ce paradoxe couvre un sophisme. Car les journaux ne sauraient décrire l’opinion sans la modifier : ce sont eux qui la dét
311 eur faut tant de mots pour expliquer que le sujet n’ intéresse personne, notre jugement doit chercher d’autres sources. Que
312 assez neuf, il faut le croire, pour que la presse n’ ait pas su l’enregistrer, sinon par les oscillations que je viens de r
313 tout d’abord obtenir que le Comité des ministres ne dicte pas l’ordre du jour de l’Assemblée ; constituer des commissions
314 s nationaux. Ils votent individuellement. Et l’on n’ a pas remarqué qu’un mot d’ordre national — s’il en fut jamais donné —
315 les travaillistes et les socialistes continentaux ne sont pas parvenus à former un front uni des gauches, sur le plan de l
316 rope, les deux conceptions qui se sont affrontées n’ ont pas été la gauche et la droite traditionnelles, mais bien le fédér
317 droite nouvelles, proprement européennes, et qui ne recouvrent pas les anciennes divisions. (Ces dernières ne se retrouve
318 vrent pas les anciennes divisions. (Ces dernières ne se retrouvent, mais notablement atténuées, que dans le plan économiqu
319 tep reste leur devise. À les en croire, l’opinion n’ est pas mûre, les peuples sont encore indifférents ou hostiles aux tra
320 n éprouvée (dans tous les sens de l’adjectif), on ne nous laissera pas même le temps de partir. Le plan Marshall se termin
321 tes, celle d’un gouvernement au-dessus des États, n’ a pas pu être refoulée plus de dix jours, malgré les efforts conjugués
322 lutter pour l’union de l’Europe et déclarer qu’on ne touchera pas à ces sacro-saintes souverainetés.) Mais au lieu de disc
323 qu’il existe. Certes. Mais, si le Conseil existe, n’ est-ce point précisément parce que certains pionniers ont ignoré ce ge
324 ctement nationaux, leur addition ou juxtaposition n’ irait-elle point créer, sur le plan de l’Europe, un danger pire que l’
325 ution. Les dirigeants de notre Mouvement européen n’ osaient pas espérer que la question capitale s’imposerait tout naturel
326 action décisive du Mouvement : Churchill et Spaak n’ ont pas manqué de le souligner, pour s’en féliciter, bien entendu, M.
327 Dalton, pour s’en plaindre (et cette confirmation n’ est pas la moins valable). On ne s’en étonnera pas, si l’on sait que l
328 ette confirmation n’est pas la moins valable). On ne s’en étonnera pas, si l’on sait que les deux tiers des députés qui si
329 n décisive du Mouvement européen. Car l’essentiel n’ est plus de changer le nom de l’Assemblée consultative pour qu’elle de
330 s’est fait de l’Histoire à Strasbourg, mais nous n’ en connaissons encore que le dynamisme intérieur. Les résultats pourro
331 ésultats pourront être jugés d’ici deux ans. S’il n’ y en a pas à ce moment-là, nous serons Russes ou colonisés, ou simplem
332 us serons Russes ou colonisés, ou simplement nous ne serons plus. Mais ce qui vient de se passer nourrit l’espoir. L’un de
6 1950, La Revue de Paris, articles (1937–1969). L’Europe et sa culture (novembre 1950)
333 mot Europe, les autres sur le mot culture ; et ce n’ est pas tout : les mots « et sa », qui les unissent, ne vont pas de so
334 pas tout : les mots « et sa », qui les unissent, ne vont pas de soi, dira-t-on… Certes, on peut ergoter à l’infini sur le
335 aissent, surtout, liées de telle manière que l’on ne peut définir l’une sans supposer l’existence de l’autre. Le premier c
336 atique de cette presqu’île : de même que la Grèce n’ a pas de frontière bien marquée vers le nord, l’Europe s’ouvre vers l’
337 s’ouvre vers l’est par des plaines indéfinies. Ce n’ est pas un fait géographique qui marque ses limites vers l’Asie, mais
338 grand parti avant que le phénomène de l’étatisme ne les sclérose et ne les rende névrotiques ou même criminelles. Enfin,
339 que le phénomène de l’étatisme ne les sclérose et ne les rende névrotiques ou même criminelles. Enfin, au fait géographiqu
340 ion vitale. C’est un fait que la péninsule Europe ne représente qu’à peine 5 % des terres de la planète. D’où vient alors
341 bipolaire, de même que la théologie de l’Occident n’ est pas dualiste, mais trinitaire. Et de fait, l’Europe n’a pas pris n
342 s dualiste, mais trinitaire. Et de fait, l’Europe n’ a pas pris naissance dans le conflit entre l’Est et l’Ouest, conflit q
343 uropéen : c’est un homme dialectique, dialogique, ne pouvant espérer d’atteindre à l’équilibre qu’au prix des synthèses le
344 bre qu’au prix des synthèses les plus difficiles, n’ y parvenant que bien rarement, obligé de redresser ses déviations sans
345 oduite par les familles connues de la planète. Il ne pouvait faire autrement. Je parle des derniers mille ans. Mais commen
346 et créatrice d’Athènes, de Rome et de Jérusalem, n’ ait cependant pas présenté certains des caractères les plus marquants
347 ants de l’homme du xixe ou du xxe siècle ? Cela ne prouve-t-il pas que j’aurais oublié quelques éléments décisifs, qui n
348 e j’aurais oublié quelques éléments décisifs, qui ne sont nés ni d’Athènes, ni de Rome, ni de Jérusalem, ni de leurs combi
349 laboratoire européen, certains produits nouveaux ne sont apparus qu’après des siècles de macération. Trois idées, devenue
350 aissent typiquement d’Europe, en ce sens qu’elles ne pouvaient naître que du complexe que je viens de décrire. Ce sont les
351 inconcevable pour un Asiatique ou un Noir, s’ils n’ ont pas eu de contact avec notre civilisation. Car cette idée, en véri
352 viduelles, nous disons même individualistes. Elle n’ apparaît qu’au xiie siècle, sous l’influence de l’hérésie manichéenne
353 hui, de les définir que de les sauver. Aussi bien n’ ai-je voulu mentionner certaines données fondamentales que dans la mes
354 puis un cinquième de la population du globe. Elle n’ en sera dans cinquante ans plus qu’un dixième probablement. Elle ne sa
355 nquante ans plus qu’un dixième probablement. Elle ne sait pas encore. Mais ce qu’elle voit très bien, c’est qu’elle n’est
356 re. Mais ce qu’elle voit très bien, c’est qu’elle n’ est plus le centre du monde, sur le plan de la puissance politique. El
357 Poussière de petits États, dont les plus populeux ne sauraient plus prétendre un seul instant être à l’échelle des réalité
358 e astuce politique en rivalités locales, l’Europe n’ offre plus aux empires américain et russe qu’un de ces vides dont l’Hi
359 icain et russe qu’un de ces vides dont l’Histoire n’ a pas moins horreur que la Nature. De plus, elle se voit amputée, pour
360 , et de la péninsule ibérique à l’Ouest. Le reste ne vit encore qu’en vertu de l’aide intelligente que lui donne un des de
361 it fatalement se transformer en contrôle, si nous ne savons pas en tirer parti d’ici deux ans ; tandis que l’autre empire
362 État communiste la censure au sens courant du mot n’ existe pas ; car toute censure suppose une certaine indépendance de la
363 llectuelle sont actuellement maintenus secrets et ne donnent pas lieu, comme avant la guerre, à des communications de port
364 t, c’est peut-être dans la mesure où les pouvoirs ne la prennent pas au sérieux, ne lui attribuent aucune « utilité pratiq
365 re où les pouvoirs ne la prennent pas au sérieux, ne lui attribuent aucune « utilité pratique ». Inversement, si l’une de
366 e mondial de l’Europe, on pourrait croire qu’elle n’ est plus aujourd’hui qu’un appendice aux déclarations officielles, un
367 e de spécialités et de techniques ésotériques qui ne concernent pas l’homme de la rue, ni l’industriel ou le banquier. Jad
368 que, ou de la défense nationale ? Et que personne ne s’avise de soutenir qu’il faudrait inverser cette hiérarchie ? Rendue
369 matériellement dépendante de l’État, plus qu’elle ne le fut jamais du mécénat privé, notre culture se voit contrainte d’ob
370 emprisonnée. Elle est reine de nouveau, mais elle ne reconnaît plus sa propre voix proférant des aveux spontanés, criant s
371 Mais il est impossible de sauver l’Europe si l’on ne sauve pas en même temps sa culture ; ou de sauver la culture occident
372 ure ; ou de sauver la culture occidentale si l’on ne sauve pas en même temps sa patrie. Rien ne sert de faire durer, de co
373 i l’on ne sauve pas en même temps sa patrie. Rien ne sert de faire durer, de conserver la créature, si l’on tarit les sour
374 les sources de sa recréation perpétuelle. Et rien ne sert non plus d’entretenir le désir créateur, si on le prive des poss
375 es stakhanovistes en troupeaux. Mais un musée, ce n’ est pas de la culture. Je ne vois pas d’exemple historique d’une cultu
376 ux. Mais un musée, ce n’est pas de la culture. Je ne vois pas d’exemple historique d’une culture qui ait encore créé dans
377 ns de la mesure, toutes choses sans lesquelles on ne crée rien de grand. La peinture ne se fait pas dans les musées, mais
378 lesquelles on ne crée rien de grand. La peinture ne se fait pas dans les musées, mais dans les villes où existe un marché
379 s les villes où existe un marché ; la littérature ne se crée pas dans les universités et les bibliothèques, mais dans le c
380 ons ; la philosophie dépérit dans une société qui ne risque ou ne conçoit plus d’aventure ; et la science s’arrête quand l
381 osophie dépérit dans une société qui ne risque ou ne conçoit plus d’aventure ; et la science s’arrête quand l’audace est u
382 e disparaît du jeu des forces mondiales, personne ne pourra remplacer cette âme d’une civilisation qui avait su remplacer
383 ne culture active rendue à l’efficacité, l’Europe ne peut recouvrer la puissance. Elle sera peut-être unie, c’est même plu
384 servirait à l’Europe de recevoir une unité, si ce n’ était pas celle de son choix ? Et si cette unité signifiait sa défaite
385 Europe sans sa culture, réduite à ce qu’elle est, ne serait plus qu’un cap de l’Asie — et l’Asie n’a jamais passé pour la
386 t, ne serait plus qu’un cap de l’Asie — et l’Asie n’ a jamais passé pour la terre de la liberté. Certes, on peut disputer s
387 le une névrose d’infériorité. Pourtant, les faits ne justifient pas le désespoir, mais seulement un effort de redressement
388 Nous disposons surtout de ressources humaines qui n’ ont pas leurs égales ailleurs : une main-d’œuvre spécialisée dont les
389 une main-d’œuvre spécialisée dont les traditions ne s’imitent pas, une capacité d’invention que le monde entier peut nous
390 s Européens, depuis cent ans ? Je répondrai : que n’ avons-nous pas inventé ? Je cite pêle-mêle : le marxisme et la psychan
391 sont des noms de l’Europe, et les très rares qui n’ en sont pas ont appris leur métier de nos maîtres, dans nos écoles, au
392 os grands-pères. Caricatures évidemment ; mais ce n’ est point par hasard que ces deux grands pays semblent appeler ce proc
393 es plus frappants, et qu’ils croient spécifiques, ne sont souvent que des emprunts à notre fonds, mais développés là-bas s
394 t du rideau de fer. C’est vrai en fait, mais nous ne le sentons pas. Car je parlais en tant qu’Européen quand je disais no
395 des Danois ou des Grecs, c’est-à-dire comme s’ils n’ étaient que quarante millions, soixante millions ou trois millions. No
396 er dans ma liste les quelques noms de son pays et n’ en tirera qu’une raison de plus de se sentir minoritaire, ou pauvre. I
397 conflits sociaux, éthiques et spirituels, dont je ne songe pas un seul instant à sous-estimer l’importance. Ces conflits n
398 instant à sous-estimer l’importance. Ces conflits ne seront pas résolus par la seule grâce de notre union. Mais sans elle
399 primée la possibilité de les résoudre un jour. Je ne dirai pas que la division de l’Europe en vingt nations, chacune trop
400 l’Europe paralyse notre culture aussi, puisqu’il n’ est pas de culture sans libre échange des idées, des personnes et des
401 ue représente l’Europe dans le monde, et que rien ne peut remplacer. Qu’avons-nous fait pour nous unir ? Dans le domaine p
402 s le domaine politique, nous avons Strasbourg. Ce n’ est pas beaucoup plus qu’une promesse, mais c’en est une. Nous verrons
403 ntenant, dans le domaine de cette culture dont on ne saurait trop répéter qu’elle est le vrai, le seul secret de notre pui
404 ate qu’aucun de nos instituts culturels nationaux ne peut parler, actuellement, au nom de l’Europe dans son ensemble alors
405 ns d’esquisser les trois chapitres principaux, ce n’ est rien d’autre, en fait, que le programme du Centre européen de la c
406 cessaire, c’est la déplorable évidence. Mais elle ne sera pas suffisante. Une mitrailleuse ne sert à rien, si l’homme qui
407 ais elle ne sera pas suffisante. Une mitrailleuse ne sert à rien, si l’homme qui la reçoit refuse de s’en servir, parce qu
408 est une culture (civilisation si l’on préfère) ou n’ est qu’un appendice insignifiant de l’Asie. Et cela veut dire que la v
409 ommes. 12. Ici cependant, point de malentendu ! Ne nous laissons jamais tenter par la plus fausse des symétries, celle q
410 tés. Entre les stalinistes et nous, Européens, il n’ y a qu’un mot : démocratie. Pour eux, cela veut dire dictature. Pour n
411 ire dictature. Pour nous, liberté politique. Nous ne sommes donc point en situation de neutralité. Nous savons où sont nos
7 1951, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Inde 1951 (décembre 1951)
412 s preuves méticuleuses d’une souveraineté que nul ne songe à contester. On nous demande pourquoi nous venons ici. — Pour u
413 r un décret, de la capitale à Bombay.) L’officier n’ est pas bien convaincu : il voudrait obtenir des réponses qu’il connaî
414 ns nul bruit. Il m’est arrivé de sonner à nouveau n’ entendant rien venir, et de m’apercevoir ensuite qu’ils étaient là déj
415 r, le dépaysement pour lui-même, et sont déçus de ne le point trouver aussi pur et déconcertant qu’ils le rêvaient. Pour l
416 t. Pour l’Indien, le Chinois, l’Arabe, l’étranger n’ a jamais été un sujet de littérature, de nostalgie consciente et culti
417 dans leur ordre et sans autres problèmes, la faim n’ étant qu’un ennemi. L’Occidental, qui ne se connaît plus, va voir aill
418 , la faim n’étant qu’un ennemi. L’Occidental, qui ne se connaît plus, va voir ailleurs comment on croit, mais sans désir s
419 dont il admire qu’ils en aient une. Ceci dit, je n’ aurai de cesse que je n’aie découvert, à mon tour, derrière l’immense
420 n aient une. Ceci dit, je n’aurai de cesse que je n’ aie découvert, à mon tour, derrière l’immense façade des quais synthét
421 que nous connaissions, avec la seule surprise de n’ en pas avoir d’autres. Dès les premières heures de débats, il devient
422 ulent sauver d’abord la liberté, sans laquelle il n’ est pas question de réformes humainement valables ; ceux enfin qui se
423 t qu’il subsiste de la misère et de la famine, il n’ y aurait point de civilisation ; s’il n’y avait point de civilisation,
424 amine, il n’y aurait point de civilisation ; s’il n’ y avait point de civilisation, nous serions sans moyens techniques pou
425 é aux Indiens. Mais je me tairai. « Ventre affamé n’ a point d’oreilles », et qui suis-je pour lutter ici contre la force d
426 je sois qu’il dit faux, que ce sont les repus qui n’ écoutent pas, et que la disette est mère des civilisations, comme l’an
427 très pâle et un peu mauve des cotonnades, que je n’ avais encore vu qu’en Italie et plus rarement au Brésil.) Nous descend
428 le bassin, et d’espèces de garages ou étables, on ne sait, aux larges portes à barreaux : les temples. Au fond de l’ombre,
429 soir lisait quelques extraits à ses disciples. Je ne sais si j’ai rien vu de plus touchant, ni jamais un groupe d’hommes p
430 chie sacrée. Nos mouvements de réforme religieuse n’ ont-ils pas toujours commencé par revenir avec passion vers la nudité
431 nde, alors qu’un tel excès de richesses combinées n’ eût pas manqué de l’évoquer dans nos pays. C’est qu’ici, rien ne relèv
432 ué de l’évoquer dans nos pays. C’est qu’ici, rien ne relève du « goût », mais chaque forme et chaque geste sont dictés par
433 ent et la musique s’arrête sans conclusion, comme n’ importe où. Les deux géants aux faces placides se relèvent et s’en von
434 ce de passion. Non, ni « beau » ni « grotesque » n’ ont rien à voir ici. La danse des deux hercules moustachus et puérils,
435 nct d’une angoisse, qu’ici le Moi, l’ego central, n’ existe pas ? Ces danseurs sont des rôles, des acteurs absolus, des fon
436 ée. Je serais tenté d’imaginer à la limite qu’ils ne sont rien que chair opaque, virilité à l’état pur. Aussi tyranniqueme
437 . (Nous bougeons presque tous en dormant. Mais je ne connais pas d’Indien nerveux, même parmi les intellectuels.) Près du
438 l’été approche. ⁂ Accroupis au bord du chemin, on ne sait jamais, me disait M…, s’ils sont dans la posture de l’adoration
439 ’irrévérence dans cette remarque qu’un Occidental ne le pensera, ignorant par exemple que les Indiens religieux vénèrent j
440 sacré. Un homme, sur le seuil, fait un signe. Je ne comprends pas. Je passe le porche. Saisissement dès l’entrée dans l’o
441 e sous-entendus. J’attends un geste, un cri. Rien ne se passe. Ou plutôt, je ne saurai jamais ce qui, de toute évidence en
442 un geste, un cri. Rien ne se passe. Ou plutôt, je ne saurai jamais ce qui, de toute évidence envoûtante, se passe ici, san
443 catéchisme ; point de liturgie non plus puisqu’il n’ existe pas de culte public, ni même de rites communautaires ; à part l
444 e, il y a partout trop de gens ; dans ce pays qui ne croit pas à l’absolu de la personne et qui semble voué au collectif,
445 vaches, de zébus et d’autos, allant ailleurs, on ne sait où, mais on ne peut s’empêcher de se le demander, et d’eux seuls
446 d’autos, allant ailleurs, on ne sait où, mais on ne peut s’empêcher de se le demander, et d’eux seuls dans la foule infin
447 tesse sans doute, et disent enfin que non, qu’ils n’ ont pas de complexes, surtout pas de complexes sexuels. Spender insist
448 Indiens continuent de sourire : non vraiment, ils n’ ont pas ce sens-là… Il y a beaucoup à dire sur ce dialogue, ainsi rédu
449 atique : c’est une autre manière d’exprimer qu’il n’ a pas le sens du péché ; et par suite, qu’il n’a pas non plus le sens
450 il n’a pas le sens du péché ; et par suite, qu’il n’ a pas non plus le sens de la révolte, ni celui de l’humour, ni même ce
451 l’originalité (dans les arts ou dans la conduite) ne signifie rien de raisonnable pour l’Asiatique en tant que tel14. Il e
452 ofession. La variation, l’innovation individuelle ne sont pas vues, ou bien ne sont qu’erreurs. Le besoin d’être original,
453 innovation individuelle ne sont pas vues, ou bien ne sont qu’erreurs. Le besoin d’être original, et dans un autre ordre l’
454 rdre et non pas d’un ego, d’un être différent qui ne vivra qu’une fois. Il résiste sans contre-attaque, sans chercher à dé
455 ée : il propose un plébiscite “démocratique”, qui ne peut tourner qu’à l’avantage des communistes. Mais prenez l’affaire d
456 responsable et progressiste, et qui est hindoue. N’ oubliez pas que le Pandit est du Kashmir. Prenez enfin l’affaire du bl
457 stes ou fellow-travellers… » Un diplomate : « Nul ne sait ce qu’il va faire. Il suit surtout la ligne de ses humeurs. L’au
458 suis dans ce pays — douze jours seulement — et je n’ en prends aucune à mon compte, mais comment cesserais-je d’y penser, t
459 ns le salon où je l’attendais, avant le repas, je n’ étais pas sans inquiétude. J’arrivais à l’instant de Bombay, où notre
460 ant sa main posée sur un coussin, sans réagir. Je ne sais pourquoi je me suis demandé, à ce moment-là, s’il pensait en hin
461 et guettant si je les aime ; parlant de tout pour ne parler de rien peut-être, s’amusant à ce jeu où je m’amuse à le suivr
462 dianistes sont allemands ou français, mais l’Inde ne connaît guère l’Europe que par les collèges anglais, et d’autre part,
463 ier. Mais il me rejoint sur le seuil du palais. «  N’ oubliez pas de dire à Madariaga que je l’attends. Ou plutôt non, je lu
464 e l’homme à ses dieux comme une ombre à la nuit ? Ne trouverait-il pas au contraire ce signe d’inquiétude et de contradict
465 ré, au corps magique d’une race ? L’individualité n’ est jamais née qu’en rupture de magie. Cette crise profonde de l’Inde
466 Six siècles de tutelle, presque « d’occupation », ne l’ont-ils pas profondément dénaturée ? Certes, mais l’Inde en soi n’e
467 ofondément dénaturée ? Certes, mais l’Inde en soi n’ existe pas ailleurs que dans nos idées vagues sur son mystère. Elle ne
468 s que dans nos idées vagues sur son mystère. Elle ne peut plus ressembler qu’à ce qu’elle deviendra. En six siècles, le mo
469 changé elle aussi. Le fait certain, c’est qu’elle n’ a pu le faire au rythme accéléré de notre histoire. Elle a manqué la R
470 ricain et russe. Ni d’un côté ni de l’autre, elle ne peut se reconnaître. Elle se dit neutre, comme quelqu’un qui voudrait
471 ndormir. Mais l’image du réveil est trompeuse. Je n’ ai pas senti là-bas l’essor d’un peuple jeune, sa confiance dans l’ave
472 rtie serrée, l’Inde se voit sommée de jouer. Elle n’ est pas équipée, ni entraînée. Elle ne sait pas quel camp choisir. Com
473 jouer. Elle n’est pas équipée, ni entraînée. Elle ne sait pas quel camp choisir. Comme on comprend que Nehru, qui doit « j
474 it « jouer » pour elle sur le plan international, ne soit tenté que par le rôle d’arbitre ! Admettons que l’Amérique repré
475 qui représente les masses organisées. Ce conflit n’ intéresse en rien le gros du peuple indien, qui n’a jamais connu le ph
476 n’intéresse en rien le gros du peuple indien, qui n’ a jamais connu le phénomène des « masses », ni l’individualisme dont i
477 l’Occident, de l’Europe en particulier. Mais elle n’ affecte encore que l’intelligentsia16. Celle-ci d’ailleurs rejoint plu
478 ous avons des problèmes, l’Inde est problèmes. Je n’ ai guère parlé que du plus intime d’entre eux, tel que j’ai cru le pre
479 e lui propose la révolte. Et l’Europe, jusqu’ici, n’ a rien offert. (Qui, d’ailleurs, l’eût fait en son nom ?) Elle s’est b
480 une présence désintéressée, fraternelle. 14. Je ne parle pas des jeunes intellectuels, formés aux disciplines occidental
481 munisme, comme idéal et doctrine révolutionnaire, n’ a guère touché que les milieux d’étudiants et les populations très anc
482 ciennement chrétiennes du Malabar. Mais un Hindou ne peut devenir « collectiviste » s’il n’a passé d’abord par l’individua
483 un Hindou ne peut devenir « collectiviste » s’il n’ a passé d’abord par l’individualisme, soit chrétien, rationaliste. h.
8 1965, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Le Suisse moyen et quelques autres (mai 1965)
484 eux confessions majeures et trente-six sectes, je ne sais combien de races variablement mêlées et de dialectes jalousement
485 nne qui semble les nier ? Réponse : cette moyenne n’ est pas née de la fusion des diversités, encore moins de leur mélange
486 e vie, tandis que 38 % s’en plaignent et que 14 % n’ en pensent rien, une majorité écrasante de 88 % des Suisses trouvent q
487 spérés ou ceux que la question laisse froids.) Ce n’ est pas que tout soit parfait dans la meilleure des Suisses possibles,
488 nton de Neuchâtel de mon enfance, combien de fois n’ ai-je pas lu cette devise gravée sur une pierre tombale ou imprimée au
489 i pour l’immense majorité. La coutume patricienne n’ a guère laissé de traces que dans quelques banques privées ; le parti
490 ons dans la fonction publique, et nul autre parti ne l’a remplacé ; peu ou point de grandes fortunes fondées sur un coup d
491 ondées sur un coup de chance ; et les fils à papa ne se contentent pas de poser comme ailleurs aux progressistes, mais tra
492 abile, doué de nombreux talents, polyvalent) mais n’ éveille guère en Suisse que de sérieux soupçons sur la valeur morale d
493 ou de la gymnastique. Le plaisir pur, la gratuité ne s’avouent guère, se cherchent des prétextes et en trouvent d’excellen
494 es prétextes et en trouvent d’excellents, mais il n’ y a plus de gratuité. Dans L’Annuaire statistique de la Suisse, public
495 ensemble d’une certaine éthique protestante, qui ne sépare point la vertu de l’effort ni la valeur d’une action du mérite
496 entuel d’une sagesse libérée des contingences. Je ne connais pas d’autre pays où l’on pourrait poser au citoyen moyen cett
497 riage ? Les anciens Suisses, au temps des Ligues, n’ étaient pas moins connus pour la licence de leurs mœurs que pour l’aus
498 marquable que le Suisse moyen formé à cette école ne soit pas devenu le révolté qu’on serait tenté d’imaginer, et que les
499 du mariage en Suisse. La censure des publications n’ est officiellement exercée qu’aux frontières du pays. La pudeur de la
500 être leurs critères du moral et de l’immoral ? Je n’ en ai découvert qu’un seul : « La discipline, un point c’est tout ! »,
501 pendant des heures et il fallait surtout que rien ne dépasse. Ce qui dépasse aux yeux de la censure, ce sont les œuvres mi
502 y Miller, etc.). Or, les critères d’un tel office ne sauraient être, évidemment, que ceux de la banalité morale la plus pl
503 age ou œuvre d’art « où un particulier non averti ne chercherait qu’une excitation pour les sens20 ». Faut-il penser que l
504 s (cantonale ou locale), ces mesures restrictives ne provoquent plus ni sursauts de révolte ni farouches approbations ; on
505 nt : résidus de préjugés sociaux ou religieux qui n’ ont plus beaucoup d’importance, la jeunesse étant suffisamment avertie
506 gés de cultiver, mais cela changera bientôt, « on n’ arrête pas le progrès… » Quant aux conceptions du mariage, quel est le
507 out en sachant fort bien que ‟ces mariages mixtes ne réussissent jamais”. Elle voyait dans son attitude un exemple miracul
508 ivorce s’explique surtout par d’autres causes. Il n’ est pas le signe d’un quelconque « relâchement moral » (comparé à la S
509 t que couple dans la vie sociale…23 Au total, il ne semble pas que « l’immoralité » progresse notablement dans les canton
510 l structurées ou les grands ensembles urbains. Ce n’ est pas l’anarchie des mœurs qui menace la Suisse, c’est plutôt une es
511 ivers et imprévu » au budget de la petite famille ne suffiront pas à couvrir, peut-être. Et certaines questions qu’on se p
512 e veulent. Ceux qui refuseront de s’y reconnaître ne seront sans doute pas les derniers à y reconnaître leurs voisins. C’e
513 reconnaître leurs voisins. C’est un portrait, ce n’ est pas un éloge, ni une critique. Dire que le Suisse moyen est sérieu
514 cclame son niveau de vie neuf fois sur dix, qu’il n’ est pas révolutionnaire mais résolument réformiste, et qu’il n’aime pa
515 olutionnaire mais résolument réformiste, et qu’il n’ aime pas les jeux d’idées ni la spéculation dans aucun ordre, enfin qu
516 signent des contrats de « paix de travail ». (Il n’ est pas interdit de se former des jugements plus nuancés ou dialectiqu
517 oi qu’on pense de ce portrait du Suisse moyen, ce n’ est pas encore un portrait de la Suisse. L’enquête la plus intelligent
518 t configurée. Un Mozart, un Descartes, un Kipling n’ auraient jamais été décelés par quelque sondage d’opinion sur les « at
519 s instruments d’analyse des consciences actuelles n’ en peuvent compter et indexer : il y a des forces et des réalités long
520 agissantes et soudain décisives que l’homme moyen ne peut pas exprimer, bien qu’il en vive, — ou faut-il dire précisément
521 uère célèbre, Orson Welles assurait que la Suisse n’ a donné au monde que la pendule à coucou. J’imagine qu’il entendait di
522 cou. J’imagine qu’il entendait dire que la Suisse n’ a produit rien de grand, hommes, idées ou objets, comme l’Italie a pro
523 sses qu’il connaît par sa réputation mondiale, il ne trouvera pas une personne sur mille, prise dans la rue, qui ait jamai
524 1800. Un Collège peu voyant administre l’État, on ne saurait dire qu’il gouverne les Suisses, et c’est très bien. Mais dan
525 re invisible : passer inaperçu. — Il y a ceux qui ne laissent rien paraître que leur identité native et naturelle. Ce n’es
526 araître que leur identité native et naturelle. Ce n’ est pas se dissimuler, en vérité : simplement le génie qui leur advien
527 de la commission scolaire. Henri-Frédéric Amiel n’ eut même pas à choisir un pseudonyme. Quelques recueils de poésies méd
528 a dit que « Paris en eût fait un dieu ». Mais ce n’ eût été qu’un dieu de salons, un dieu causeur. Jacob Burckhardt à sa
529 données natives et par une volonté de rupture. On ne saurait lui reprocher cette nouvelle tactique conformiste, puisque c’
530 ance européenne. On lui fait un procès à Bonn. Il n’ attaque pas le régime en soi, mais ses complices dans l’Église. On l’e
531 e plus hardi et dur d’arêtes de l’ère moderne. On n’ avait pas été moins conformiste depuis Luther dans la réinvention de l
532 un siècle de formalisme puritain et sentimental, ne s’était élevée dans les Églises en retraite devant le « monde moderne
533 es options spirituelles de la Réforme, Karl Barth ne les a pas du tout éloignés de l’époque présente, bien au contraire, i
534 to de l’Église initiée par le pape Jean XXIII. Ce n’ est pas le moindre paradoxe de sa carrière, pleine de surprises pour s
535 l’histoire religieuse depuis la Réforme, Pie XII n’ a pas lieu de s’en réjouir : car l’hommage de Jung est rendu à la Soph
536 ng, Dieu est une réalité psychique. Le théologien n’ a que faire de la psychologie. Il la met entre parenthèses pour ne con
537 la psychologie. Il la met entre parenthèses pour ne considérer que la totalité de l’existence « en tant qu’objet soumis à
538 a Parole de Dieu24 ». En revanche, le psychologue n’ a que faire des dogmes, sauf s’ils sont l’expression cristallisée d’un
539 es rejetterait. Le dialogue entre ces deux hommes n’ était même pas concevable, et de fait il n’a pas eu lieu. Leurs discip
540 hommes n’était même pas concevable, et de fait il n’ a pas eu lieu. Leurs disciples (pasteurs et théologiens d’un côté, méd
541 d’intégration ou de synthèse même très partielle n’ a été entreprise jusqu’ici, que je sache. (Un jour, peut-être, j’essai
542 qu’à l’autre de ces maîtres incompatibles.) Nous n’ avons pas en Suisse de poètes de génie, ni de peintres qui aient fait
543 En revanche, les grands noms cités dans ces pages ne seraient guère pensables hors du complexe suisse. Et c’est à eux que
544 dimensions qui leur manquent en Suisse25. Mais ce n’ est pas en grimpant sur nos Alpes comme Horace-Bénédict de Saussure qu
545 fait le principal de leur carrière en Suisse, ce n’ est pas la Suisse qui a découvert et propagé leur nom dans le monde ;
546 ale des sociétés humaines, dont le Contrat social n’ est qu’un fragment : Rousseau. « Considérations sur l’Histoire du Mond
9 1969, La Revue de Paris, articles (1937–1969). L’avenir du fédéralisme (septembre 1969)
547 ? Je répondrai : dans les deux à la fois, et cela n’ est pas contradictoire. Un phénomène très général de convergence inspi
548 uveraineté absolue : car nul pays de notre Europe n’ est plus en mesure de jouer un rôle mondial, d’assurer seul sa défense
549 e politique indépendante, au plein sens du terme, ne saurait être soutenue à la rigueur que par la Chine, l’URSS et surtou
550 tions plus ou moins contraignantes. Au surplus je ne vois guère d’État-nation de type unitaire que ce double mouvement de
551 convergence mondiale et de diversification locale ne mette en crise permanente. 855 votes en quelques années à la Chambre
552 les coups, c’est donc l’État-nation qui perd. Il ne correspond plus ni aux conditions de liberté et de participation civi
553 pement, de rentabilité et de sécurité, auxquelles ne peuvent répondre que de grands espaces économiques constitués à la me
554 tions souveraines qui divisent notre humanité, je ne compte guère que deux douzaines d’États fédératifs, mais ils regroupe
555 omique de la convergence et de la diversification n’ est pas tellement mieux satisfaite dans ces trois États officiellement
556 locage délibéré aux limites d’un État fédéral. Il ne s’agit pas d’un défaut du fédéralisme, mais d’un défaut de fédéralism
557 le prescrire, être très sûr de sa formule. Or je ne vois pas terme du langage politique qui prête à pires malentendus ! U
558 ème, doctrine du gouvernement fédératif. » Ce qui ne nous apprend rien, d’autant que « fédératif » est défini plus loin co
559 tème qui est bon pour les sauvages, et qui semble n’ avoir été préconisé que par des traîtres à la République… Il est vrai
560 lge, et grand Européen, écrivait récemment : « Ce n’ est pas dans le fédéralisme, ce n’est pas en se repliant sur elle-même
561 écemment : « Ce n’est pas dans le fédéralisme, ce n’ est pas en se repliant sur elle-même que la Wallonie trouvera son salu
562 s helvètes, que sera-ce ailleurs ? Le fédéralisme n’ étant ni ceci, ni cela, mais la coexistence en tension de ceci et de c
563 st vraisemblable que cette union sera fédérale ou ne sera pas, on sent tous les dangers qu’entraînent en fait les malenten
564 lables et vitales, de telle sorte que la solution ne puisse être cherchée, ni dans la réduction de l’un des termes, ni dan
565 natures, sans confusion (ni) séparation. L’union n’ a pas supprimé la différence des natures, mais plutôt elle a sauvegard
566 is autonomes et solidaires : pour eux aussi, l’un n’ ira pas sans l’autre, bien mieux : l’un — la solidarité — sera la gara
567 on. 4. Enfin, le problème général de l’œcuménisme n’ est-il pas le même en sa forme que ceux que nous venons d’évoquer, pui
568 ale, continentale ou mondiale, selon les cas), il ne reste qu’à désigner le niveau de compétence où seront prises les déci
569 endu possible par la technique moderne. (Ce débat n’ est pas d’aujourd’hui. Aux projets de découpage géométrique de la Fran
570 jà par cette grande phrase : Le but de la société n’ est pas que l’administration soit facile, mais qu’elle soit juste et é
571 mmunication avec ceux que l’on côtoie comme s’ils n’ étaient pas là. La solution consisterait à recréer les conditions de c
572 tout en restant assez petit pour être libre ? Ce n’ est pas le vote d’une constitution, de type plus ou moins fédéral qui
573 pris en considération par les auteurs classiques, n’ était en réalité qu’un cas particulier d’une conception beaucoup plus
574 e vie que la forme institutionnelle dénommée État ne suffit pas à qualifier et moins encore à épuiser »… Et il ajoutait :
575 , le fédéralisme tel que j’ai tenté de le définir ne fait que commencer. Il n’est pas matière historique, mais prospective
576 ’ai tenté de le définir ne fait que commencer. Il n’ est pas matière historique, mais prospective. Il a plus d’avenir que d