1 1937, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Paysans de l’Ouest (15 juin 1937)
1 6 décembre 1933 Derrière la même pile d’assiettes je crois avoir déjà dit que j’avais trouvé deux ouvrages traitant de
2 aussi de ces pages du Journal de voyage en Italie , par exemple, il rapporte à madame de Stein comment les habitants de
3 il faut avant tout se préoccuper de le prendre là il est, et commencer là. Voilà le secret de tout secours… Pour aider
4 qui recherchent la « considération » du peuple. D’ le ton haineux typiquement petit-bourgeois de certaines de ces feuill
5 Voilà qui est bien dans l’harmonie de cette lande l’homme et ses maisons mettent les seules verticales. Existence ramen
6 obstination de l’instinct, au niveau le plus bas l’homme puisse vivre sans misère, sans ambitions, sans rêves, sans tr
7 tait que tortillards cahotants, jamais à l’heure, l’on se sentait relégué à l’écart de la « vraie » circulation. Et l’o
8 de nous faire part de vos lumières, et sans vous, irions-nous donc, nous qui ne croyons plus aux curés ! — Comptez, mon
9 tous les villages voisins. Du haut de la colline nous étions tous réunis pour déjeuner, on dominait tout un canton de
10 res ni haies, sans chemins creux et sans secrets, les hommes vivent sans calcul ni prudence, dans la misère et dans la
2 1939, La Revue de Paris, articles (1937–1969). L’Âme romantique et le rêve (15 août 1939)
11 lecture nous introduit aux vertiges spirituels d’ sont nés des mouvements politiques tels que le national-socialisme. P
12 ge d’Albert Béguin à nous guider dans la pénombre s’émeut leur commune origine. I. Le Rêve et la Mystique La consc
13 réponse, et des faims ancestrales sans pâture. D’ renaît, peu à peu, une angoisse nouvelle, une attraction, comparable
14 « Ce qui rêve en nous, c’est l’Esprit à l’instant il descend dans la matière », mais c’est aussi « la Matière, à l’inst
15 ère », mais c’est aussi « la Matière, à l’instant elle s’élève jusqu’à l’Esprit ». Voilà bien la profonde ambiguïté où
16 qu’à l’Esprit ». Voilà bien la profonde ambiguïté naît le romantisme, et dont il vit ! Croire que le rêve ne révèle rie
17 ppose un état passionné, une certaine température toutes choses deviennent translucides, une nostalgie longtemps déçue
18 xprimable », dit la sainte ; et le poète : « Mais trouver des mots pour dépeindre, même faiblement, la merveille de la
19 ent du langage, de toute expression littéraire. «  trouver des mots ? », gémissent-ils. La plainte est sincère et tragiq
20 ne des expériences mystiques les plus diverses, d’ naît-il, dans quel souvenir d’une patrie heureuse et perdue ? On aura
21 moins sur les causes humaines du sentiment d’exil leur passion s’éveille. Le chapitre important consacré par Béguin à K
22 se confondre avec le fait de vivre en général. D’ l’idée qu’il doit « expier la faute qu’il n’a commise que par son exi
23 ce refus, le moi perd peu à peu de sa réalité : d’ le sentiment si fréquent chez la plupart des romantiques d’être mal a
24 ne devient proprement chrétienne que dans le cas l’être aimé, sur la mort duquel on médite, est la personne du Christ
25 oilà justement ce qui répugne aux romantiques ! D’ leur fuite dans un monde dont on ne peut rien dire. D’où encore le be
26 fuite dans un monde dont on ne peut rien dire. D’ encore le besoin qu’ils éprouvent d’affirmer surabondamment que l’on
27 la contradiction vitale dont ils souffraient et d’ naissait leur désir angoissé de perdre leur moi personnel. Je précise
28 e doivent nous servir à mieux comprendre le temps nous vivons et agissons. Que signifie cette invasion de la politique
29 t entière dans ses rapports avec le monde réel. D’ l’impression de culpabilité, inacceptable et inavouable (à cause de l
30 r son unité perdue dans un monde supra-personnel, les limites hostiles s’effacent, où la passion peut s’épanouir, où l’
31 ra-personnel, où les limites hostiles s’effacent, la passion peut s’épanouir, où l’intensité de l’émotion remplace la v
32 stiles s’effacent, où la passion peut s’épanouir, l’intensité de l’émotion remplace la vérité mesquine des juristes. Et
3 1946, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Tableaux américains (décembre 1946)
33 d d’une gorge, dans cette rue de briques noircies circulait un vent âpre et salubre. La mer et la montagne se ressemble
34 i glissé mon billet dans le ruban de mon chapeau, le contrôleur l’a pris et replacé sans me déranger dans la lecture de
35 al. Il n’y a que deux classes en Amérique : l’une les fauteuils au dossier très haut sont fixes (deux de chaque côté du
36 (deux de chaque côté du couloir central), l’autre les fauteuils sont espacés et pivotent ; classe de luxe et classe de
37 vions aux coupoles surbaissées. Paysage de déluge s’enlisent, fumants, des monstres antédiluviens. Une falaise de grani
38 culant, qui se transformerait le soir en lit et d’ , sans se lever, l’on atteindrait le téléphone, la poignée du frigidai
39 are avec une acuité crispante : l’état du monde d’ l’Esprit s’est retiré. Ce n’étaient pas « les péchés » de ces hommes
40 es d’ornements. Beekman Place est un de ces lieux l’exilé s’écrie : « Mais c’est l’Europe ! » parce qu’il y trouve un c
41 ses, du dixième au trentième étage du River Club, vivent les milliardaires et les acteurs. Et tout près, ces jardins su
42 les acteurs. Et tout près, ces jardins suspendus circulent de jeunes femmes en maillot de bain. Elles se penchent sur
43 oites, ouvrant sur des couloirs hauts et profonds deux personnes peuvent à peine se croiser. L’angoisse me prend chaque
44 o clame Amapola, plus fort que tout, dans la cour les draps au vent font de grands gestes frénétiques. New York possède
45 miers éclairs sur les prairies. Par la charmille, il fait presque nuit — mais on devine encore quelques statues décapit
46 trois jours et se disent les amis de Jim. — Mais est Jim ? — Je ne sais pas. Il est parti. Jim était l’intendant, une
47 à ces grandiloquents témoins de la crise de 1929, les affaires périssent et les bureaux se vident au-dessus du cinquant
48 ressent l’approche d’une limite infranchissable. s’élancer encore ? Comment sortir de cet embouteillage de richesses m
49 haque sens, séparées par une large bande gazonnée l’on s’est ingénié à conserver, ici ou là, un grand arbre isolé, témo
4 1949, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Découverte de l’Europe (octobre 1949)
50 ble de déduire des milliers de coupures de presse figure le nom de Strasbourg. Une seule opinion générale se dégage de
51 les fédéralistes ont beau jeu de leur répondre : prendrez-vous le temps d’être prudents ? Si nous craignons d’aller tr
5 1950, La Revue de Paris, articles (1937–1969). L’Europe et sa culture (novembre 1950)
52 à l’infini sur les termes d’Europe et de culture. commencent, où finissent ces deux réalités ? À la fois dans l’espace
53 les termes d’Europe et de culture. Où commencent, finissent ces deux réalités ? À la fois dans l’espace et dans le temp
54 ésente qu’à peine 5 % des terres de la planète. D’ vient alors qu’elle ait dominé le monde entier pendant des siècles ?
55 inie d’un individu élu, unique, irremplaçable. Là cette croyance s’atténue, comme en Amérique (où l’on pense réellement
56 à où cette croyance s’atténue, comme en Amérique ( l’on pense réellement qu’un homme en vaut un autre), on voit aussitôt
57 ertaines données fondamentales que dans la mesure ce rappel m’a paru nécessaire pour informer et guider une action. ⁂ E
58 e la situation présente à celle d’il y a dix ans, certaines découvertes étaient annoncées par télégramme dans les pério
59 libre en Occident, c’est peut-être dans la mesure les pouvoirs ne la prennent pas au sérieux, ne lui attribuent aucune
60 uve dénaturé. Car l’Europe existait réellement là toutes les valeurs que symbolise le mot culture représentaient des fi
61 e mot culture représentaient des fins en soi ; là toutes les activités, et les richesses, et les révoltes, et l’inventi
62 , dans le libre exercice des vocations ; là enfin cette phrase de l’Évangile rendait le son le plus authentique : « Que
63 se fait pas dans les musées, mais dans les villes existe un marché ; la littérature ne se crée pas dans les universités
64 ais s’il en est ainsi, si tels sont nos atouts, d’ vient notre faiblesse et notre angoisse ? D’où vient que nous ayons p
65 d’où vient notre faiblesse et notre angoisse ? D’ vient que nous ayons perdu, ou que nous croyions avoir perdu la puiss
66 donc, comme des peuples trop petits pour le monde ils vivent. J’ai dressé une liste de nos créations les plus connues,
67 onc point en situation de neutralité. Nous savons sont nos alliances. 13. Tels que le Collège d’Autriche, la Deutsche
6 1951, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Inde 1951 (décembre 1951)
68 btenir des réponses qu’il connaît. Finalement : — habiterez-vous ? — Au Taj Mahal Hôtel. Sourire de soulagement. — Au T
69 nt dans le hall central ouvert sur un vaste patio les voitures se succèdent sans relâche. Ma chambre a dix mètres sur c
70 ’indécence à venir parler de culture dans un pays des millions sont affamés. Ce dernier argument, lancé d’abord par l’u
71 ns trop lourd et trop grand. Un peu plus loin, là la rue tourne et s’éclaire, vers les roches noires et plates du bord
72 musique s’arrête sans conclusion, comme n’importe . Les deux géants aux faces placides se relèvent et s’en vont s’asseoi
73 ntrevois par une porte cochère une cour ombreuse, mon premier mouvement serait d’entrer. Mon guide me retient par la ma
74 bjets livrés à ma vue, pendant les brefs instants je pourrai me tenir là, observé, surveillé, repoussé par tous ces yeu
75 ts, forme l’antichambre ou le parvis du temple. D’ l’impression de solennité, dès le premier regard jeté de la rue. Au f
76 sont familiaux, ou même individuels. Dans ce pays les rues grouillent jusqu’au délire, où l’on multiplie par trois, par
77 s ce pays où les rues grouillent jusqu’au délire, l’on multiplie par trois, par dix, par cent le nombre des individus j
78 nécessaires chez nous pour une tâche déterminée, j’ai vu jusqu’à cinq personnes sur une bicyclette — le père, la mère,
79 bicyclette — le père, la mère, et trois enfants — enfin, d’une manière générale, il y a partout trop de gens ; dans ce
80 de zébus et d’autos, allant ailleurs, on ne sait , mais on ne peut s’empêcher de se le demander, et d’eux seuls dans la
81 ustice, de malheur, d’incomplétude inéluctable. D’ le sens du péché, d’où la révolte, d’où l’idée d’un progrès nécessair
82 ncomplétude inéluctable. D’où le sens du péché, d’ la révolte, d’où l’idée d’un progrès nécessaire, absolument liés dans
83 ctable. D’où le sens du péché, d’où la révolte, d’ l’idée d’un progrès nécessaire, absolument liés dans notre histoire e
84 de quelques familiers de sa maison. Dans le salon je l’attendais, avant le repas, je n’étais pas sans inquiétude. J’arr
85 ans inquiétude. J’arrivais à l’instant de Bombay, notre Congrès s’était clos sur une résolution condamnant le neutralis
86 r ne parler de rien peut-être, s’amusant à ce jeu je m’amuse à le suivre. Enfin je pousse un pion, profitant d’un silen
7 1965, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Le Suisse moyen et quelques autres (mai 1965)
87 ’un régime qui permet à chacun de rester soi-même qu’il vive, à droits égaux mais à charge de respect pour les coutumes
88 pu résulter. Pas de moyenne réelle dans les pays une faction, une Église, une classe a tenté d’imposer ses règles, pro
89 e sent complètement dépaysée dans ces sanctuaires l’or est gaspillé sur des stucs boursouflés et qui manquent de sérieu
90 eur d’une action du mérite moral de son auteur. D’ il résulte, par exemple, que le goût du travail correspond chez le Su
91 des contingences. Je ne connais pas d’autre pays l’on pourrait poser au citoyen moyen cette question qui figure dans l
92 e du « péché », et les pasteurs actuels aussi. D’ l’on pourrait déduire d’une part que les exigences de la chair étaien
93 devant le poste, — souvenir de l’école enfantine il alignait des bâtonnets pendant des heures et il fallait surtout qu
94 ée de tout écrit, de toute image ou œuvre d’art «  un particulier non averti ne chercherait qu’une excitation pour les s
95 ce d’un canton ou d’un homme qui le représente. D’ les conséquences qu’on a vues dans le domaine de la vie publique : to
96 é de l’âme, — et c’est précisément dans la mesure ils seraient un mythe fixé que Barth les rejetterait. Le dialogue ent
8 1969, La Revue de Paris, articles (1937–1969). L’avenir du fédéralisme (septembre 1969)
97 grand ouvrage de Proudhon, Du Principe fédératif, l’on pouvait lire cette phrase devenue célèbre : « Le xixe siècle ou
98 tous nos États centralisés — dans la mesure même ils sont centralisés — se révèlent trop grands pour animer la vie éco
99 antinomies, oppositions, lutte des contraires « d’ procède la plus belle harmonie ». Je pense d’abord, bien sûr, aux esp
100 rer les principaux domaines de la réalité moderne l’on retrouve les structures typiques d’un problème fédéraliste. À la
101 il ne reste qu’à désigner le niveau de compétence seront prises les décisions relatives à cette tâche. Il peut y avoir