1 1937, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Paysans de l’Ouest (15 juin 1937)
1 teur. — Hier soir, séance de Pathé-Baby organisée par l’instituteur dans la salle de l’école des garçons. Il me tardait de
2  ! — Vas-y, Charles, comme l’autre fois ! Poussés par leurs voisins, trois hommes se lèvent en haussant les épaules pour s’
3 as toujours. La primitive église était constituée par des esclaves et des gens pauvres. Depuis lors il y a eu des églises d
4 pu parler à A…, à cause du curé qui s’y opposait par tous les moyens. Ils sont difficiles à prendre, ici. Surtout il ne fa
5 ous donnent très rarement des réponses, ou alors, par malchance, ce sont justement des réponses à des questions qu’on n’ava
6 etc. Ne montons plus au ciel du second Faust que par ces allées de Ferrare ! 18 décembre 1933 Je ne cesse de repenser à la
7 ont la réalité vivante et présente du « peuple ». Par contre, il est très facile de haïr et de condamner un certain ordre d
8 bérer des charlataneries politiques autrement que par des violences maladroites, dont il ne sera pas le dernier à pâtir. Im
9 Au lieu de faire respecter la vérité, en montrant par l’exemple qu’elle implique des actes, ils la disqualifient et ils s’e
10 faire valoir ma science, ce n’est plus alors que par vanité ou par orgueil, de sorte qu’au fond, au lieu d’aider l’homme,
11 ma science, ce n’est plus alors que par vanité ou par orgueil, de sorte qu’au fond, au lieu d’aider l’homme, je cherche à m
12 sir, un inconscient désir que j’ai d’être reconnu par eux à ma juste valeur. Exactement ce que Kierkegaard appelle vanité.
13 ient être changées. Mais si personne ne fait rien par le moyen normal de l’éducation, il n’y a plus d’autre solution que la
14 de leurs champs. Intrigué dès les premiers jours par l’allure et les façons de travailler si spéciales des gens d’ici, j’a
15 journaux socialistes et communistes sont rédigés par des bourgeois, ou par des candidats à la bourgeoisie, en tous cas par
16 et communistes sont rédigés par des bourgeois, ou par des candidats à la bourgeoisie, en tous cas par des gens qui recherch
17 u par des candidats à la bourgeoisie, en tous cas par des gens qui recherchent la « considération » du peuple. D’où le ton
18 , lit trop de journaux, ne lit que cela, et finit par se croire « le Peuple », tel que l’imaginent les bourgeois et leurs j
19 n’est plus guère de « pays » qui ne soit desservi par une ou deux ou même trois Compagnies de transports locaux. Depuis que
20 l’enchaînement à peu près immuable. Cela commence par quelques anecdotes sur l’installation de la ligne et sur la concurren
21 s sont rares, ceux qui n’ont pas deux mots à dire par la portière entrouverte un instant à la fille de l’auberge écartée qu
22 les bourgeois, qui en sont dépourvus, attribuent par erreur au « peuple » en général. Sans compter les moyens techniques d
23 e dis les antres. De toute façon, un écrivain est par nature un empêtré. Et voilà le paradoxe et l’injustice : c’est qu’on
24 et de l’état actuel de l’URSS. Ils étaient venus par groupes, à bicyclette ou en charrettes, de tous les villages voisins.
25 ures de ces masses opprimées et naïves, conduites par des équipes d’hommes durs, intellectuels bannis ou petits nobles décl
26 loppement tout différent ; qu’on voulait surtout, par ici, garder sa liberté et se gouverner comme on l’entendait. Et je me
27 aris, Paris, juin 1937, p. 826-851. b. Introduit par la note suivante : « M. Denis de Rougemont, qui a publié récemment un
2 1939, La Revue de Paris, articles (1937–1969). L’Âme romantique et le rêve (15 août 1939)
28 remière conquête spirituelle des hommes angoissés par le mystère d’une nature hostile et mouvante. La parole de raison, qui
29 e vitale pour des poètes —, tous les textes cités par Béguin nous inclinent à penser qu’ils sont plus proches des mystiques
30 e à en parler, à en écrire, à tenter de le cerner par des figures qui, n’étant jamais suffisantes, doivent être inépuisable
31 Car l’un et l’autre ont l’ambition de communiquer par l’écrit ce qu’ils ne cessent de définir comme l’indicible. Dès lors,
32 de la Croix, et dont la nuit des songes, chantée par les poètes, n’était que le symbole et le signe physique6. C’est « le
33 t la plénitude ne peut humainement s’exprimer que par l’image de l’absence de toute créature, de toute forme. » Car nous ne
34 passion s’éveille. Le chapitre important consacré par Béguin à Karl Philip Moritz peut nous y aider. Né dans un milieu quié
35 ers l’étude des rêves. Il s’y trouvait prédisposé par l’habitude de l’examen de conscience en profondeur tel que le pratiqu
36 u’il doit « expier la faute qu’il n’a commise que par son existence même ». Un philosophe mystique tel que Ignaz Troxler n’
37 cessus jusqu’à y englober tout l’univers, atteint par le péché originel : « Sous quelque angle qu’on veuille l’examiner, l’
38 charnel, créé, et lié à toute la création. C’est par lui et à travers lui que la conscience perçoit la réalité extérieure 
39 r ? La biographie de plusieurs des poètes étudiés par Béguin nous indique une réponse. En effet, la blessure dont ils souff
40 ont ils souffrent est presque toujours symbolisée par la perte d’un être aimé. Passer dans l’autre monde, c’est retrouver l
41 r surabondamment que l’on n’en peut rien dire que par des allusions, des métaphores, des poèmes « inspirés ». À ce niveau,
42 aspirent à l’expansion indéfinie ; c’est définir par la parole et l’acte, et ils recherchent le silence passif. Aussi n’on
43 re naturel). L’individu est entièrement déterminé par l’espèce, le milieu, l’histoire, les richesses qu’il a héritées et le
44 , et c’est en vain qu’il chercherait à y échapper par des sublimations : au fond de la nuit et de l’inconscient, c’est enco
45 ême, c’est-à-dire du renoncement au moi tourmenté par son égoïsme. Elle ne prend pas la mort pour but, mais bien la vie, et
46 tte invasion de la politique et de la vie sociale par ce qu’on nomme les « mystiques » collectives ? Certaines catégories q
47 à l’humiliation collective infligée aux Allemands par Versailles, par la défaite, par la misère publique. Voilà bien la ble
48 collective infligée aux Allemands par Versailles, par la défaite, par la misère publique. Voilà bien la blessure la décepti
49 gée aux Allemands par Versailles, par la défaite, par la misère publique. Voilà bien la blessure la déception non plus ress
50 bien la blessure la déception non plus ressentie par un individu, mais par la nation tout entière dans ses rapports avec l
51 éception non plus ressentie par un individu, mais par la nation tout entière dans ses rapports avec le monde réel. D’où l’i
52 ent, toutes ces règles du jeu politique inventées par des rationalistes, alors que nous voulons une passion nouvelle ! Et d
53 ive, dans l’hypnose des fêtes sacrales organisées par le Führer, au rythme lent et envoûtant des défilés et des tambours pe
54 guerre (préfiguration de la mort, toujours rêvée par les grands passionnés), et la volonté de s’enfermer dans une réalité
55 masses. Les apparences de Realpolitik maintenues par les cyniques et les habiles ne dissimulent que très imparfaitement le
56 en présence de Bismarck, mais d’un peuple envoûté par son rêve. Un peuple qui renonce à la raison, qui renonce à se justifi
57 cience collective et d’une foi qui veut témoigner par la Parole et l’acte personnel. 6. En effet, pour les romantiques,
3 1946, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Tableaux américains (décembre 1946)
58 espaces bien plus vastes, îles et plaines reliées par un immense réseau de ponts, de tunnels et d’autostrades surélevées. P
59 es et moraux de la cité de Manhattan s’expliquent par ce sol et ce climat. Entre la Prairie proche et l’Océan, ce lieu d’ex
60 u d’extrême civilisation matérielle demeure hanté par on ne sait quelle sauvagerie des hauteurs ; et ce lieu d’extrême dens
61 x géants, coupée de canaux et de digues, enjambée par les arches de fer d’un pont à n’en pas croire ses yeux, qui porte l’a
62 lonté, rejoindrait-on quelque réalité valable, et par la sensation directe du monde tel que le crée l’homme privé de l’Espr
63 mystiques ? Homéopathie spirituelle : traitement par l’absence-de-quelque-chose-qui-y-était, qui n’y est plus, mais dont l
64 uée bleue, pendant l’été, emplit cet espace fermé par les hauts bâtiments de la Cinquante-et-unième rue, en brique vernie,
65 de granit noir couverts de mouettes, et signalés par deux petits phares dont clignotent irrégulièrement le feu vert — cinq
66 lerai, une fois de retour en Europe. J’en connais par avance la nostalgie. Le soir vient dans un luxe américain d’ocres, de
67 dans les buildings voisins séparés de ma terrasse par un gouffre profond mais étroit, je vois des couples et des solitaires
68  ; ils sont d’une folle brutalité, mais surpassée par leur adresse — allument des feux avec des arbres de Noël roussis, des
69 au bout de la rue, légèrement mordu sur les bords par la silhouette des escaliers de sauvetage. Ces grands seaux à ordures
70 une chaise pour y entrer. De la cuisine, on passe par une baie sans porte dans le frontroom, qui donne sur la rue. De l’aut
71 pe : deux pièces claires sur cour et rue, reliées par deux ou trois alvéoles aveugles. Tout l’East Side populaire est ainsi
72 avons offert des boissons, et nous nous appelons par nos prénoms, sans avoir jamais bien compris nos noms de famille. Hier
73 rues principales. Le bureau donne sur le trottoir par trois portes grandes ouvertes. Je vois Robert tomber la veste, lire q
74 e comparer cette vie, cette ville aux images que, par Hollywood, l’Amérique nous propose d’elle-même et qu’elle s’efforce d
75 hington, à l’abandon. La peinture craquelée tombe par morceaux, les coussins de velours rouge sont moisis. Nous redescendon
76 s l’appellent… Premiers éclairs sur les prairies. Par la charmille, où il fait presque nuit — mais on devine encore quelque
77 thèque, des boiseries. Le lustre, enfin, s’allume par degrés. Elle court aux fenêtres et ferme avec fracas des volets intér
78 rois pistes parallèles dans chaque sens, séparées par une large bande gazonnée où l’on s’est ingénié à conserver, ici ou là
79 n de la prairie. Trois pistes blanches délimitées par des lignes jaunes et noires, entre lesquelles se déplacent lentement,
80 ’une puissance immobile qui vaincrait la distance par le charme, attirant les villes à soi et déplaçant de vastes paysages
81 iosité rêveuse. Mais, soudain, le regard est pris par un panneau rutilant sur la droite, puis mitraillé à bout portant par
82 lant sur la droite, puis mitraillé à bout portant par cent, par mille panneaux de toutes formes et couleurs. Sans relâche,
83 a droite, puis mitraillé à bout portant par cent, par mille panneaux de toutes formes et couleurs. Sans relâche, ils croiss
84 ateur Smith… Des bonbons Johnson… Ici, trois tués par jour… Lisez la Bible… Cabines de touristes à cent yards… Ferryboat du
85 Ferryboat du Delaware en grève… Faites un détour par Philadelphie… Et arrêtez-vous à l’hôtel Franklin… Ralentissez, région
4 1949, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Le Mouvement européen (avril 1949)
86 à se déclarer la paix sur ce ton-là, cela finira par des coups. Une seule puissance pourrait les séparer et les forcer au
87 parler et se faire entendre dans le monde dominé par les deux grands empires. Et non seulement l’Europe n’est plus une pui
88 sauver chacun de nos pays, il faut donc commencer par les unir. Et si nous voulons sauver la paix, ou plutôt faire la paix,
89 , ou plutôt faire la paix, il nous faut commencer par faire l’Europe, c’est-à-dire cette troisième puissance capable d’impo
90 ur tenir en respect les deux Grands, je répondrai par un seul chiffre : la population de l’Europe occidentale, à l’ouest du
91 le mouvement paneuropéen, lancé à Vienne en 1923 par le comte Coudenhove-Kalergi. Ce pionnier réussit à convaincre Briand,
92 stitutions continentales et de les faire admettre par les États, nous n’étions qu’une poignée d’hommes de bonne volonté, re
93 quelques mois plus tard, suivies, après La Haye, par le Mouvement socialiste pour les États-Unis d’Europe. Le 7 mai 1948,
94 res seraient élus « dans leur sein ou au-dehors » par les parlements des nations participantes. Ce projet fut mis au point
95 semblée européenne se voyait accepté sans réserve par le gouvernement français, bientôt suivi par le gouvernement belge. Qu
96 serve par le gouvernement français, bientôt suivi par le gouvernement belge. Quelques semaines plus tard, à la suite d’une
97 ès fut inauguré en présence de tous les ministres par un discours du président de la République, lui-même fédéraliste conva
98 . » Et finalement, les congressistes furent reçus par le pape Pie XII, qui leur dit en français « sa plus vivante sympathie
99 vivante sympathie » pour l’œuvre urgente conduite par les fédéralistes. Peu avant le congrès de Rome, le Comité de coordina
100 vons conjugué les efforts entrepris de tous côtés par des tendances diverses, et nous sommes parvenus, plus rapidement que
101 érance pendant la guerre, est aujourd’hui discuté par la presse, les parlements, les ministères, comme quelque chose qu’il
102 médiats L’effort du Mouvement européen, appuyé par la propagande ou les travaux spécialisés des six mouvements qui le co
103 à autre chose qu’au « Corps consultatif » accepté par les Cinq : à l’Assemblée constituante de l’Europe, qui pourra seule c
104 t consultatif d’un petit Congrès d’experts nommés par les gouvernements. Tout le pouvoir, dans ce cas, reviendrait aux mini
105 donc, tout naturellement, que l’Europe sera faite par des ministres. Et cela ne va pas à une fédération, mais à quelques me
106 Charte des droits de l’homme vient d’être adoptée par l’ONU. Elle restera malheureusement inopérante tant que les États res
107 éunion de Bruxelles, a recommandé que soit créée, par convention entre les États membres de l’union européenne, une Cour de
108 i serve l’homme, s’il n’est orienté dès le départ par une vision libératrice et fascinante. L’Europe se fera, en dépit des
5 1949, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Découverte de l’Europe (octobre 1949)
109 r que la presse n’ait pas su l’enregistrer, sinon par les oscillations que je viens de rappeler, d’un bout à l’autre du cha
110 La réunion de cent-un députés, régulièrement élus par les parlements de douze pays, matérialisa le 10 août les efforts déve
111 oût les efforts développés depuis quelques années par les mouvements fédéralistes, et depuis un an par le Mouvement europée
112 par les mouvements fédéralistes, et depuis un an par le Mouvement européen. Mais cet aboutissement spectaculaire devait ma
113 Le premier eût consisté dans un clivage vertical, par délégations nationales. Le règlement l’a prévenu, fort heureusement.
114 , fort heureusement. Les députés siègent en effet par ordre alphabétique, non par groupes nationaux. Ils votent individuell
115 utés siègent en effet par ordre alphabétique, non par groupes nationaux. Ils votent individuellement. Et l’on n’a pas remar
116 l — s’il en fut jamais donné — ait été suivi même par les Britanniques. Ces derniers se sont, au contraire, divisés publiqu
117 érité, ils me semblent pécher, bien au contraire, par optimisme. Et les fédéralistes ont beau jeu de leur répondre : où pre
118 raliste parmi les députés européens sont attestés par un fait capital : la Commission des affaires générales, élue par l’As
119 ital : la Commission des affaires générales, élue par l’Assemblée dès le 20 août, s’est engagée sans le moindre délai, dans
120 Europe. C’est dire que la question centrale posée par les fédéralistes, celle d’un gouvernement au-dessus des États, n’a pa
121 Commission permanente de vingt-huit membres, élue par cette double Assemblée, pourrait alors préfigurer le Cabinet fédéral
122 ue ses vœux et avis soient régulièrement acceptés par les gouvernements et parlements, en attendant le verdict populaire. ⁂
123 es”, sans organisations “solides” à la yankee, et par la seule action, presque invisible, d’un très petit nombre d’hommes q
6 1950, La Revue de Paris, articles (1937–1969). L’Europe et sa culture (novembre 1950)
124 sent en partie problématiques, en partie définies par des caractères permanents. Elles apparaissent, surtout, liées de tell
125 ent : elle est nettement divisée en compartiments par des chaînes de montagnes et des fleuves, nettement délimitée de trois
126 t des fleuves, nettement délimitée de trois côtés par les mers et par l’Océan. Elle rappelle une Grèce agrandie. Mais voici
127 ettement délimitée de trois côtés par les mers et par l’Océan. Elle rappelle une Grèce agrandie. Mais voici le caractère pr
128 marquée vers le nord, l’Europe s’ouvre vers l’est par des plaines indéfinies. Ce n’est pas un fait géographique qui marque
129 ideau de fer. Relevons que les poussées de l’Asie par l’est ont été suivies généralement de périodes sombres, d’épuisement
130 , tandis que les poussées venues du Proche-Orient par la Méditerranée, l’Italie ou l’Afrique ont été assimilées et ont féco
131 nfin, au fait géographique du découpage des côtes par plusieurs mers, il faut rattacher les approches différentes du monde
132 faut rattacher les approches différentes du monde par les Espagnols et Portugais, les Scandinaves, les Anglais, les Holland
133 tingué du troupeau, et prenant mesure de lui-même par une rupture libératrice, mais aussi profanatrice, avec le sacré. Rome
134 redresser ses déviations sans cesse renaissantes par des réactions toujours renouvelées, un homme donc condamné au choix p
135 créateur qu’aucune espèce d’autre homme produite par les familles connues de la planète. Il ne pouvait faire autrement. Je
136 s matérielles ou morales, sans se laisser arrêter par des constatations d’intérêt, de bon sens ou de réalisme. Volonté de c
137 là qui définit l’ambition proprement occidentale, par contraste avec d’autres civilisations qui ont cherché le bonheur ou l
138 puissance politique. Elle se sent « mise à pied » par l’Histoire, au profit de deux empires neufs qui menacent d’engager un
139 e d’un écrivain ou d’un peintre peut être attaqué par les fonctionnaires de l’État et qualifié de sabotage. La censure poli
140 x ans, où certaines découvertes étaient annoncées par télégramme dans les périodiques à diffusion mondiale… » L’État fait p
141 à l’impuissance politique, si elle est colonisée par l’Amérique — ce qu’elle désire parfois — ou envahie par la Russie, ce
142 Amérique — ce qu’elle désire parfois — ou envahie par la Russie, certains pensent que notre culture serait alors notre dern
143 era peut-être unie, c’est même plus que probable, par les soins d’experts étrangers ou d’une police qui a fait ses preuves
144 lendemains nous a été donnée une fois pour toutes par la sentinelle d’Isaïe : « Le matin vient, et la nuit aussi ! » Cette
145 nos écoles, aux terrasses des cafés de Paris, ou par nos livres. Je dirai plus. Le monde moderne tout entier peut être app
146 l’importance. Ces conflits ne seront pas résolus par la seule grâce de notre union. Mais sans elle sera supprimée la possi
147 c’est l’ensemble de l’Europe qui se voit attaqué par les propagandes que l’on sait. La nécessité se fait donc sentir d’un
148 rit nationaliste aux dimensions du continent, non par orgueil ou par satisfaction de nous-mêmes, et encore moins avec le fo
149 e aux dimensions du continent, non par orgueil ou par satisfaction de nous-mêmes, et encore moins avec le fol espoir d’apai
150 nt de malentendu ! Ne nous laissons jamais tenter par la plus fausse des symétries, celle qui mettrait les USA et l’URSS da
7 1951, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Inde 1951 (décembre 1951)
151 alors qu’en vérité, il s’est borné à le déplacer, par un décret, de la capitale à Bombay.) L’officier n’est pas bien convai
152 de donner des réponses attendues, soudain frappé par la similitude entre le contrôle des étrangers et l’interview. ⁂ Bomba
153 x de nos provinces, est répudiée depuis longtemps par nos élites voyageuses, chez lesquelles une croyance inverse prédomine
154 re l’énergie de l’animal humain. ⁂ Aborder l’Inde par Bombay, ou par son intelligentsia, c’est retrouver d’abord ce que nou
155 l’animal humain. ⁂ Aborder l’Inde par Bombay, ou par son intelligentsia, c’est retrouver d’abord ce que nous connaissions,
156 sont affamés. Ce dernier argument, lancé d’abord par l’un des délégués occidentaux, et frénétiquement applaudi, reparaît l
157 itan avec ses boucles noires, il est brahmine, et par un choix délibéré, très orthodoxe, donc très libre d’esprit.) — Je ch
158 comme nous remontions les pentes de Malabar Hill par des chemins encaissés entre les murs de parc des grandes demeures lux
159 éforme religieuse n’ont-ils pas toujours commencé par revenir avec passion vers la nudité spirituelle ? Parfois même ils l’
160 . La subtile dissymétrie de ses gestes, soulignée par des avancements obliques du menton, en liaison stricte avec les mouve
161 ment exact, interprétant le devenir cosmique. Ému par tant de beautés concertées, la danseuse et ses pas, dont chacun signi
162  », mais chaque forme et chaque geste sont dictés par le rite et revêtus de son autorité. Pourtant ce qui a suivi m’a troub
163 nte et opaque, leur animalité totalement possédée par le rythme léger des instruments, et ces coups décochés à intervalles
164 ents, et ces coups décochés à intervalles précis, par une détente d’une vigueur folle, sans la moindre trace de passion. N
165 nt être à ce point étranger aux concepts formulés par l’Europe ? Et comment suggérer dans son obscurité le sentiment, mal d
166 ité à l’état pur. Aussi tyranniquement déterminés par la batterie des instruments et les figures dynamiques de la danse que
167 t les figures dynamiques de la danse que l’animal par ses instincts. Sans problèmes, sans contradictions, sans dualité dans
168 se les marchandises les plus diverses, commençant par des « english girls », sans doute les plus avouables de la liste. Il
169 midi, j’hésitais entre trois ruelles. J’entrevois par une porte cochère une cour ombreuse, où mon premier mouvement serait
170 r mouvement serait d’entrer. Mon guide me retient par la manche : lieu sacré. Un homme, sur le seuil, fait un signe. Je ne
171 pourrai me tenir là, observé, surveillé, repoussé par tous ces yeux hostiles et insistants. Sur les grandes dalles de pierr
172 rêtres, sortes de domestiques des temples, utiles par leur savoir des rites de la naissance et de la mort, mais fort inféri
173 et de disciplines collectives ? Elle se transmet par la famille, par le respect de la caste, par l’étude des Vedas, surtou
174 es collectives ? Elle se transmet par la famille, par le respect de la caste, par l’étude des Vedas, surtout par les écoles
175 nsmet par la famille, par le respect de la caste, par l’étude des Vedas, surtout par les écoles de Maîtres. Les rites sont
176 spect de la caste, par l’étude des Vedas, surtout par les écoles de Maîtres. Les rites sont familiaux, ou même individuels.
177 ues grouillent jusqu’au délire, où l’on multiplie par trois, par dix, par cent le nombre des individus jugés nécessaires ch
178 ent jusqu’au délire, où l’on multiplie par trois, par dix, par cent le nombre des individus jugés nécessaires chez nous pou
179 ’au délire, où l’on multiplie par trois, par dix, par cent le nombre des individus jugés nécessaires chez nous pour une tâc
180 ue leur nature, quand tout le reste est déterminé par la fonction, l’espèce, la caste… ⁂ Grand dîner chez le ministre de l’
181 te de l’homme occidental, tourmenté comme on sait par mille complexes, sexuels surtout. Qu’en est-il en Inde ? Les Indiens
182 es Indiens échangent un sourire, hésitent un peu, par politesse sans doute, et disent enfin que non, qu’ils n’ont pas de co
183 anité collective, bref, à toute l’aventure courue par l’Occident. Dans l’état présent des choses, on comprend fort bien que
184 ecté dès l’origine, comme en chacun de ses états, par un principe d’injustice, de malheur, d’incomplétude inéluctable. D’où
185 ait-il, suit en toute occasion la ligne approuvée par les Russes. Prenez l’affaire de la Corée : il propose un plébiscite “
186 nte avec la nôtre tant d’analogies, non seulement par sa situation entre l’URSS et les USA, mais par sa manière d’assumer o
187 nt par sa situation entre l’URSS et les USA, mais par sa manière d’assumer ou de refuser cette situation. Approuverait-il u
188 ançais, mais l’Inde ne connaît guère l’Europe que par les collèges anglais, et d’autre part, elle est tentée de juger l’Occ
189 s sans foi religieuse, et qui remplace les dogmes par quelques bons principes empruntés au libéralisme, au socialisme human
190 Anglais, pense en anglais. ⁂ Délivrée des Moghols par l’Occident, puis de l’Occident par l’action combinée de Gandhi, de no
191 ée des Moghols par l’Occident, puis de l’Occident par l’action combinée de Gandhi, de nos faiblesses et de nos idéaux, l’In
192 elle sur le plan international, ne soit tenté que par le rôle d’arbitre ! Admettons que l’Amérique représente aujourd’hui l
193 ges sacrés pillent les champs rendus à la culture par les tracteurs. La production, d’une désastreuse insuffisance, s’accro
194 devenir « collectiviste » s’il n’a passé d’abord par l’individualisme, soit chrétien, rationaliste. h. Rougemont Denis d
195 is, Paris, décembre 1951, p. 56-69. i. Introduit par la note suivante : « Ces tableaux de l’Inde que Denis de Rougemont ra
8 1965, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Le Suisse moyen et quelques autres (mai 1965)
196 nt au surplus satisfaisante. Une enquête conduite par l’institut Gallup pendant l’été de 1963, dans six pays d’Europe et au
197 ien ainsi. Mais il y a mieux. À la question posée par un autre institut de sondage de l’opinion publique : « D’une manière
198 avail sur toute autre valeur ou passion se marque par une grande stabilité professionnelle. Le Suisse s’expatrie facilement
199 du personnage. Les loisirs eux-mêmes sont marqués par l’esprit d’efficacité qui fait du Suisse un type extrême d’Occidental
200 le cas de la Suisse que dans celui des États-Unis par exemple19. Car la Suisse reste tributaire dans son ensemble d’une cer
201 a pudeur de la jeunesse suisse est ainsi protégée par les douaniers, fonctionnaires subalternes et militarisés. Quels peuve
202 de la censure, ce sont les œuvres mises à l’index par le ministère public fédéral, et dont chaque employé des douanes est c
203 es !… » En réalité, le divorce s’explique surtout par d’autres causes. Il n’est pas le signe d’un quelconque « relâchement
204 scartes, un Kipling n’auraient jamais été décelés par quelque sondage d’opinion sur les « attitudes culturelles » de l’Autr
205 chez nous et cite l’un des Suisses qu’il connaît par sa réputation mondiale, il ne trouvera pas une personne sur mille, pr
206 de Saussure suit la même conduite à Genève comme par instinct, s’il est un instinct patricien. (L’intellectuel du xxe siè
207 r en tant que différent de ses données natives et par une volonté de rupture. On ne saurait lui reprocher cette nouvelle ta
208 rt et dont les seules richesses furent fabriquées par un travail humain bien concerté, la Suisse est née de la coopération.
209 r malicieuse, et pas du tout « intellectuels » ni par l’allure ni dans l’abord humain : à cela peut-être se résument leurs
210 la tentative d’aggiornamento de l’Église initiée par le pape Jean XXIII. Ce n’est pas le moindre paradoxe de sa carrière,
211 a guerre froide, et se voit accusé de neutralisme par les bourgeois anticommunistes. Zwinglien par sa méfiance à l’égard de
212 isme par les bourgeois anticommunistes. Zwinglien par sa méfiance à l’égard des rites et de toute religion spontanée, luthé
213 s rites et de toute religion spontanée, luthérien par sa doctrine de la grâce mais aussi du péché radical détruisant toute
214 toute « analogie de Dieu » en l’homme, calviniste par son sens civique et communautaire, mais kierkegaardien par son affirm
215 ens civique et communautaire, mais kierkegaardien par son affirmation d’un Dieu totaliter aliter et sans commune mesure ave
216 intérêts de la tribu, essentiellement protestant par sa dialectique du oui et du non sans nuances, et par sa rhétorique du
217 sa dialectique du oui et du non sans nuances, et par sa rhétorique du « tout cela et rien que cela » (qu’il a puisée dans
218 rés des religions de toute la terre. L’un procède par exclusion, l’autre par inclusion. À certains égards, Jung semblerait
219 ute la terre. L’un procède par exclusion, l’autre par inclusion. À certains égards, Jung semblerait donc plus proche du com
220 « morale », leur eussent été formellement refusés par nos coutumes les plus invétérées. En revanche, les grands noms cités
221 d dôme du monde, Saint-Pierre de Rome, fut achevé par des architectes venus de Suisse ; qu’un autre Suisse bâtit des capita
222 service juridique au Ministère public, recueillie par Franck Jotterand au cours d’une enquête sur la censure en Suisse. 21
9 1969, La Revue de Paris, articles (1937–1969). L’avenir du fédéralisme (septembre 1969)
223 entends le dépassement de l’État-nation à la fois par en haut et par en bas, d’une part, vers des fédérations continentales
224 ssement de l’État-nation à la fois par en haut et par en bas, d’une part, vers des fédérations continentales et, d’autre pa
225 t de la confiscation d’une mystique — la nation — par un appareil administratif et policier — l’État. Un État plus ou moins
226 tion étatisée, modèle : la France, bientôt imitée par presque toute l’Europe — et au xxe siècle, par une centaine de natio
227 e par presque toute l’Europe — et au xxe siècle, par une centaine de nations nouvelles. Centralisé, atomisé et trituré par
228 nations nouvelles. Centralisé, atomisé et trituré par les dynamismes contraires du xxe siècle, l’État-nation européen nous
229 e leurs régions : celles-ci se sentent exploitées par l’État, ses bureaux ou sa capitale, et les accusent de colonialisme.
230 terme, ne saurait être soutenue à la rigueur que par la Chine, l’URSS et surtout les USA, s’ils acceptaient toutefois d’en
231 centralisatrice et unitaire, secrètement obsédée par un rêve d’autarcie, et cette mise en question, voire en accusation, d
232 ccusation, de la formule stato-nationale élaborée par le xixe siècle, nous renvoient l’un comme l’autre à des formules de
233 ités religieuses et politiques qui sont opprimées par l’État central dont un Parti unique s’est emparé ; au Nigéria, c’est
234 d’ailleurs), pour refuser de se laisser entraîner par des mouvements de convergence européenne et mondiale, même s’ils dise
235 des formes politiques les plus communes employées par les sauvages. » Chateaubriand, Amérique, Gouvernement. 2) « Pendant l
236 sauvages, et qui semble n’avoir été préconisé que par des traîtres à la République… Il est vrai que mon Littré date de 1865
237 omité si l’on adoptait ma proposition. Je compris par la suite que ce haut fonctionnaire tenait le fédéralisme pour un syst
238 ’il est. À l’inverse, le fédéralisme est assimilé par beaucoup à une attitude de suspicion envers tout pouvoir central, et
239 ue le modèle trinitaire des conciles sera utilisé par Kepler dans ses spéculations sur le cercle et leurs applications à l’
240 e cercle et leurs applications à l’astronomie, ou par Hegel dans sa dialectique ternaire et ses applications au devenir his
241 atures sauvegarde leurs propriétés 26 sera repris par tous les penseurs occidentaux respectueux du réel et des conditions d
242 tion de l’homme analogue au modèle bipolaire posé par le concile de Chalcédoine. La personne humaine, notion déduite des do
243 et solidaire (selon le mot de Victor Hugo repris par Camus), distingué du troupeau par cette vocation même dont l’exercice
244 tor Hugo repris par Camus), distingué du troupeau par cette vocation même dont l’exercice le relie à la communauté, cet hom
245 nce, quels seront les principes de méthode dictés par le souci fédéraliste de respect des diversités, des conditions contra
246 de ses infinies complexités enfin rendu possible par la technique moderne. (Ce débat n’est pas d’aujourd’hui. Aux projets
247 contrôles administratifs, Mirabeau répondait déjà par cette grande phrase : Le but de la société n’est pas que l’administra
248 uation de crise dont l’acuité se mesure notamment par le chiffre élevé des suicides. L’homme des ensembles à bon marché, tr
249 u du forum dans la cité antique : place délimitée par tous les bâtiments symboliques de la vie communautaire, églises, mair
250 écanique de l’explosion des effectifs. Multipliez par dix les dimensions des marches d’un escalier, il devient impraticable
251 de l’enseignement. Remède fédéraliste : commencer par réévaluer les dimensions d’une université digne du nom, ménageant des
252 ra- ou interétatique), seul pris en considération par les auteurs classiques, n’était en réalité qu’un cas particulier d’un