1 1937, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Paysans de l’Ouest (15 juin 1937)
1 lentis — le courant électrique n’étant sans doute pas réglé pour faire tourner l’appareil au rythme normal. Tout le monde a
2 . Il y a… tout près d’ici… quelqu’un — je ne veux pas le nommer, je n’attaquerai personne, moi ! — il y a, dis-je, quelqu’u
3 les foyers et jusque dans la presse1 ! « Je n’ai pas cherché la guerre, moi ! Eh bien ! je saurai me défendre ! Et malgré
4 tre laïque… » Ah ! surtout, être laïque, ce n’est pas combattre les religions, comme le prétend le voisin, « car je les res
5 c’est finalement « aimer son prochain » ! Je n’ai pas plutôt soufflé à l’oreille de ma femme : « C’est un sermon ! » que l’
6 d’habitude d’une bande de petits garçons. Il n’a pas répondu à mon salut. 12 décembre 1933 Tout à l’heure, en déchirant le
7 joliment absurde. Les paysans du village ne sont pas même tous capables de lire le journal, et j’ai remarqué qu’ils achète
8 ux leur servent. Je crois qu’ils n’y pensent même pas . Peut-être que la discussion annoncée après la conférence d’A… me fer
9 ve : « Messieurs et dames, vous m’excuserez de ne pas vous présenter l’orateur qui va vous faire un intéressant discours su
10 intéressant discours sur le sujet… Je ne connais pas beaucoup M. Palut, n’est-ce pas, c’est la première fois qu’il vient à
11 et… Je ne connais pas beaucoup M. Palut, n’est-ce pas , c’est la première fois qu’il vient à A…, mais certainement qu’il va
12 églises, et malheureusement elles ne s’entendent pas toujours. La primitive église était constituée par des esclaves et de
13 it que les clercs ont trahi. Les clercs, n’est-ce pas , ce sont les intellectuels, les écrivains, les professeurs, des homme
14 a le cléricalisme. C’est lui qui est mauvais, non pas la Bible. Être chrétien, c’est aimer son prochain comme Jésus nous ai
15 lève au fond de la salle et demande « s’il n’y a pas des contradictions dans la Bible ». Suit une petite discussion tout à
16 use et sans aucun rapport avec le sujet. Il n’y a pas d’autre question. Le président fait alors un bref remerciement à l’or
17 emerciement à l’orateur. Il s’excuse encore de ne pas s’y connaître assez en religion, mais assure qu’il a été bien intéres
18 Je l’approuve et m’étonne que la discussion n’ait pas été plus longue : il y avait pourtant bien des auditeurs qui ne devai
19 avait pourtant bien des auditeurs qui ne devaient pas être d’accord ? « Ben quoi, fait-il, convaincu, c’est la vérité ce qu
20 é pour les chrétiens, mais tout le monde ne pense pas comme ça ici ? » Il me regarde un peu étonné à son tour : « Qu’est-ce
21 en comme ça que c’est écrit dans la Bible, il n’a pas dit de mensonges, quoi ! Mais ici ils ne savent pas discuter. Si vous
22 s dit de mensonges, quoi ! Mais ici ils ne savent pas discuter. Si vous alliez à F…2 alors, c’est autre chose. Là ça barde,
23 ns. Il a un oncle qui est curé, mais je ne saisis pas bien si ce curé lui a interdit la lecture de la Bible, ou si, au cont
24 voyer un Nouveau Testament. Nous faisons les cent pas sur la place. M. Palut sait que je suis écrivain. Il a lu un de mes a
25 nnuyer, hein ? » Je le rassure vivement. Ce n’est pas moi qui lui reprocherai jamais d’être trop simple. On ne l’est jamais
26 assez ! — Oh ! vous savez, — dit-il — je n’y mets pas d’amour-propre, vous pouvez me dire franchement ce que vous pensez, d
27 t écouté les autres qui disaient le contraire, et pas moyen de savoir avec qui ils sont d’accord. Il ne faut pas oublier qu
28 de savoir avec qui ils sont d’accord. Il ne faut pas oublier que nous vivons à une époque de propagande forcenée, et je vo
29 ment sans aucune précaution oratoire. Pourquoi ne pas saisir cette occasion de leur prêcher l’Évangile, là, tout droit, dan
30 ormateurs, les forcer à prendre parti, je ne sais pas , moi, les engueuler ? Je vous dis ma première impression, puisque vou
31 ont difficiles à prendre, ici. Surtout il ne faut pas les brusquer ! Ce soir, il s’agissait de gagner leur confiance, et en
32 si on peut aller plus loin. — Mais ne croyez-vous pas qu’on pourrait gagner leur confiance en leur parlant plus familièreme
33 e de La Naissance du jour, de Colette. Je n’avais pas encore lu ce livre. Il est exactement de l’espèce que j’aime, et l’un
34 re-pied. D’autres sur le plancher. Je n’en menais pas large. Comme la mère Renaud était venue nous voir la veille, nous ne
35 ait venue nous voir la veille, nous ne cherchâmes pas plus loin la cause du phénomène. Il est vrai qu’on a beau porter un n
36 ter un nombre excessif de jupons, cela ne devrait pas suffire à rendre vraisemblable une hypothèse à ce point injurieuse. P
37 ce point injurieuse. Pourtant nous n’en trouvions pas d’autres. Or, peu de jours auparavant, un petit hérisson était venu s
38 ou excessifs, des inquiétudes dont ils n’ont même pas l’air d’être vraiment inquiets, des indiscrétions gênantes et dont on
39 tement des réponses à des questions qu’on n’avait pas l’idée de se poser ; et c’est là qu’ils croient voir leur astuce. Ast
40 age… » Commentons : la noblesse est dans l’usage. Pas de noblesse sans usage, sans application précise aux choses, etc. Ne
41 nous demandent rien, qui peut-être ne voudraient pas même de notre aide (nous égalent les intellectuels bourgeois). Il est
42 un orateur dit un tas de choses qu’on ne comprend pas , et cite des noms qu’on ne connaît pas. Cela fait partie de l’éloquen
43 e comprend pas, et cite des noms qu’on ne connaît pas . Cela fait partie de l’éloquence. Et l’éloquence est le but du discou
44 ue par des violences maladroites, dont il ne sera pas le dernier à pâtir. Impuissance de l’« esprit », bêtise de l’action :
45 e de l’action : ces deux misères n’auraient-elles pas une origine commune ? Il m’a semblé que j’entrevoyais cette origine d
46 et qu’au surplus c’était bien dit. Il ne lui est pas venu à l’esprit que la vérité est quelque chose qui peut être réalisé
47 s, alors il y aurait eu à discuter ! Mais je n’ai pas remarqué qu’aucun des auditeurs ait pris la chose de cette manière. J
48 rité des « intellectuels » d’aujourd’hui ne pense pas très différemment. Peuple ou « clercs », ils estiment également que l
49 nts que l’on allègue. « Il a raison » ne signifie pas pour eux : « Donc je dois régler ma conduite sur ce qu’il dit », mais
50 : on aime avoir un député instruit. Mais ce n’est pas pour qu’il dise des choses intelligentes, ou nouvelles. C’est surtout
51 mais non, c’est celle d’un clerc parfait. Je n’ai pas fini de m’étonner de cette rencontre. 19 décembre 1933 Si l’on veut
52 der, et que je vois encore si mal. (Ce qui ne m’a pas empêché jusqu’ici de m’occuper de politique, par exemple… Mais déjà,
53 ma gêne, quand je constate qu’ils ne comprennent pas de quoi je m’occupe. C’est peut-être un secret désir, un inconscient
54 juger assez justifié dans l’occurrence. On n’aime pas à être tenu pour un fainéant ou un rentier, quand on est dans ma situ
55 s machines agricoles. Pourquoi ne s’entendent-ils pas entre eux pour grouper leurs lopins ? Je me suis renseigné. Il paraît
56 roposé la réforme, avant la guerre. Mais cela n’a pas marché. La tradition de l’île veut que chaque champ soit partagé à la
57 e transformer et d’animer un peuple auquel on n’a pas su donner le sens civique, le sens de la communauté. Qui est-ce qui s
58 la terre pour savoir que les mêmes outils ne sont pas bons en tous pays, et je cherchais quelle particularité locale motiva
59 e qui sont dans le chai, et il a refusé. « On n’a pas l’habitude. » Contre-épreuve : un petit propriétaire venu du continen
60 ent les bourgeois et leurs journalistes. Ce n’est pas dans notre île, d’ailleurs, que j’ai pu constater cette contagion ! L
61 des maladresses et des grosses astuces, qui n’est pas exactement celui des « discussions » qu’on peut entendre dans les caf
62 je sais bien ce qui m’arrêterait dès les premiers pas . Ces hommes n’ont pas ou n’ont plus coutume de se réunir, d’être ense
63 arrêterait dès les premiers pas. Ces hommes n’ont pas ou n’ont plus coutume de se réunir, d’être ensemble pour causer. Le d
64 n’attaquent plus, ils se cramponnent. Ce ne sont pas des colons, des défricheurs, mais de petits propriétaires qui se défe
65 dans sa courette pleine de fleurs. Qu’ils n’aient pas de vie communautaire, cela ne signifie pas nécessairement qu’ils aien
66 ’aient pas de vie communautaire, cela ne signifie pas nécessairement qu’ils aient perdu le sentiment de leur commune condit
67 eils pour éprouver le besoin de s’unir. Ils n’ont pas à faire face à des menaces extérieures. Et surtout ils n’ont nulle en
68 suffit, depuis cent-cinquante ans. Ils ne songent pas à en tirer le moindre profit positif. Ils se nourrissent mal (légumes
69 ent. Et l’on meurt vieux, et les médecins ne font pas fortune. Quelle conclusion tirer de tout cela ? Quand on voit les cho
70 randes choses — c’est son mystère — mais ne dites pas que vous le faites pour son bonheur, car il est plus « heureux » que
71 train de causer dans la vie provinciale. Je n’ai pas compté le nombre de lignes actuellement exploitées. Mais j’ai pu cons
72 ent la coutume de la France rurale. Mais ce n’est pas encore assez dire : l’autocar modifie complètement le mode de contact
73 ans remarquer que les gens qui l’habitent ne sont pas tous de la même sorte, et que d’une province à une autre, ce n’est pa
74 orte, et que d’une province à une autre, ce n’est pas seulement le paysage qui change. N’était-ce pas là l’une des raisons
75 t pas seulement le paysage qui change. N’était-ce pas là l’une des raisons qui faisait si facilement nier la subsistance de
76 e l’on manifeste la moindre curiosité on ne tarde pas à y apprendre pas mal d’histoires, dont j’indiquerai ici l’enchaîneme
77 a moindre curiosité on ne tarde pas à y apprendre pas mal d’histoires, dont j’indiquerai ici l’enchaînement à peu près immu
78 ulins, topazes, etc. Si l’on a le temps, il n’est pas impossible de pousser la « discussion » sur un plan supérieur, d’abor
79 commandations ; et ils sont rares, ceux qui n’ont pas deux mots à dire par la portière entrouverte un instant à la fille de
80 moi ces ambitions : ceux qui les ont n’en parlent pas , dit-on. Et je ne suis qu’un écrivain. Ceci me rappelle un bout de co
81 rire. Car, ou bien l’on écrit ce que l’on ne peut pas faire, et c’est l’aveu d’une faiblesse ou d’une ambition excessive, d
82 nde communiste. Mais leurs questions ne tardèrent pas à me rassurer. Plusieurs voulurent savoir si cela marchait vraiment l
83 que j’avais pu le laisser croire ; si ce n’était pas encore un de ces régimes de dictature ; si les paysans avaient plus d
84 e. Il pensait qu’en Vendée les choses ne seraient pas si simples, que la situation matérielle était meilleure et demandait
85 tiens de cette journée deux impressions (je n’ose pas en dire davantage : tout cela est encore moins clair dans la réalité
86 ans, conscience de leur autonomie… Je ne bifferai pas les conclusions que j’avais tirées de la conférence à A… Elles sont é
87 nous laisse seuls, sans direction. Nous ne savons pas que lire. Le travail est dur, ici. Il faut lutter contre les parents,
88 Rolland. Est-ce qu’il est mort ? Vous ne pourriez pas me dire ce qu’il y aurait d’intéressant à lire ? — Ne lisez-vous pas
89 l y aurait d’intéressant à lire ? — Ne lisez-vous pas de journaux politiques ? — Ce n’est pas ce qu’on cherche. Il faudrait
90 isez-vous pas de journaux politiques ? — Ce n’est pas ce qu’on cherche. Il faudrait en lire deux au moins pour corriger les
91 notre situation à Paris ? Est-ce qu’il n’y aurait pas moyen de faire un mouvement politique en dehors des partis, et de voi
2 1939, La Revue de Paris, articles (1937–1969). L’Âme romantique et le rêve (15 août 1939)
92 qu’il eut d’audacieux et de tragique ne présente pas seulement un intérêt littéraire de tout premier ordre ; elle revêt un
93 et de mystique élémentaire. Or, ces faits ne sont pas seulement coïncidents. Ce n’est point du hasard qu’ils sont nés. Et s
94 oie mystique. Si la plupart des romantiques n’ont pas choisi en toute clarté — ruse vitale pour des poètes —, tous les text
95 losophe mystique tel que Ignaz Troxler n’hésitera pas à élargir le processus jusqu’à y englober tout l’univers, atteint par
96 oucher avec lui-même, traîner après lui, à chaque pas , son moi détesté…, qu’il dût désormais, inexorablement, être lui-même
97 essure qu’il s’agit d’oublier si l’on ne parvient pas à l’expier. Et en effet, à la faveur de cet oubli, de ce refus, le mo
98 vec elle indiscernablement. Les romantiques n’ont pas été si loin dans la voie des sublimations — sauf peut-être Jean-Paul
99 uf peut-être Jean-Paul et Novalis. Ils n’arrivent pas à retrouver dans leur au-delà une Présence qui pardonne, qui guérisse
100 tellement essentiel au romantisme que je n’hésite pas à y trouver l’explication d’un fait connu de tous les historiens : c’
101 ervitudes naturelles. Mais cette ascèse n’aboutit pas à la négation du réel. Elle transforme et oriente à nouveau les force
102 t au moi tourmenté par son égoïsme. Elle ne prend pas la mort pour but, mais bien la vie, et cette vie-ci. Elle accepte le
103 son moi coupable — parce que dorénavant ce n’est pas cela qui compte, mais l’œuvre à faire et Celui qui l’ordonne. Alors l
104 joint ici l’enseignement évangélique : ce ne sont pas des extases indicibles qui sont promises aux vrais croyants, mais au
105 araît comme un romantisme politique. Et je ne dis pas du tout que les écrits d’un Novalis ou d’un Jean-Paul soient à sa sou
106 ogues à ceux que nous avons décrits. Il ne s’agit pas d’influences, il ne s’agit que de reviviscences — vulgaires et simpli
107 proclament, dès le début, que les Allemands n’ont pas perdu la guerre) doit résulter un sentiment de manque d’assurance nat
108 d’assurance nationale. La vraie Allemagne ne peut pas être celle qui a subi la « blessure ». Il faut donc la chercher aille
109 pendant des heures… On lui a dit qu’il ne compte pas en tant qu’individu conscient ; on lui a dit que sa vraie vie était e
110 us, proclamait récemment M. Goebbels, on n’impose pas au peuple des opinions diverses entre lesquelles il devrait choisir :
111 lesquelles il devrait choisir : le peuple n’aime pas à choisir, il aime qu’on lui présente une opinion juste… D’ailleurs,
112 ble. 7. On peut regretter qu’Albert Béguin n’ait pas insisté davantage sur l’importance du quiétisme pour la formation de
3 1946, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Tableaux américains (décembre 1946)
113 rappantes, sur cinquante femmes qu’on ne remarque pas , pour qu’on s’écrie : « Comme elles sont belles dans ce pays ! » Soud
114 , enjambée par les arches de fer d’un pont à n’en pas croire ses yeux, qui porte l’autostrade pendant des kilomètres au-des
115 du monde d’où l’Esprit s’est retiré. Ce n’étaient pas « les péchés » de ces hommes et de ces femmes, ni les miens, dont nul
116 uger et qui peut-être n’en sont point. Ce n’était pas le froid, la pluie, la poisse aux pieds mêlée d’essence sur l’asphalt
117 trois dans Manhattan — qui, à la fois, ne portent pas de numéro et ne coupent point les avenues à angle droit. Hors série,
118 ne maison que les pins nous cachent, à deux-cents pas , plus petite que la nôtre, donc plus commode et plus confortable à le
119 r les week-ends, surtout que madame Robert n’aime pas conduire l’auto… J’essaie en vain de comparer Cohoes à une ville du
120 eau social et de même éducation. Nous ne manquons pas de petits bourgeois pieux et honnêtes, mais ils n’ont pas le sens du
121 etits bourgeois pieux et honnêtes, mais ils n’ont pas le sens du risque et de la vitesse. Nous avons bien des fanatiques de
122 ien des fanatiques de l’aviation, mais ce ne sont pas des agents de location, d’autre part amateurs de golf, de géraniums e
123 dit-on, à mi-pente des coteaux. » On ne distingue pas encore cette maison célèbre, cachée dans les bosquets au bout d’une l
124 Il a les yeux d’un bleu très pâle et dur. Il n’a pas salué. Son silence nous supprime. C’est sans doute le nouvel intendan
125 petite lampe fait une flaque rose. « Je ne trouve pas les prises ! explique-t-elle, je ne mets jamais les pieds dans ce dég
126 les amis de Jim. — Mais où est Jim ? — Je ne sais pas . Il est parti. Jim était l’intendant, une sorte de géant toujours en
127 meubles, humides et tremblants. « Mais je ne sais pas recevoir ! dit-elle moqueuse. Voulez-vous que je vous joue du piano ?
128 ous joue du piano ? Pour faire croire que je n’ai pas peur… » — Eh bien ? m’ont demandé mes amis dans la voiture qui nous e
129 rs tout le continent. Personne n’en parle. On n’a pas eu besoin de changer de régime pour le réaliser. Les autostrades amér
130 le réaliser. Les autostrades américaines ne sont pas une réclame politique, ni même un expédient pour lutter contre le chô
131 . Voici enfin un spectacle émouvant qui n’effraye pas , mais au contraire atteste une force paisible et utile. Trois pistes
4 1949, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Le Mouvement européen (avril 1949)
132 belle idée, une idée généreuse…, c’est qu’il n’a pas envie d’y croire, qu’il ne fera rien, qu’il pense qu’il est sérieux e
133 ain de s’observer par-dessus nos têtes. Ils n’ont pas envie de se battre, affirment-ils. Ils proclament au contraire leur a
134 après l’autre ; 2° la question allemande ne sera pas réglée, fournissant un prétexte permanent à la guerre entre les deux
135 oi j’imagine bien que personne n’osera dire (même pas les staliniens, ou pas comme cela) : « Je veux une Europe désunie… »
136 ersonne n’osera dire (même pas les staliniens, ou pas comme cela) : « Je veux une Europe désunie… » En revanche, beaucoup p
137 cteurs pour leurs revues. Ces dernières n’étaient pas d’une lecture très facile. On y parlait beaucoup de l’engagement — un
138 eux à Bruxelles Le congrès de Montreux n’était pas terminé que l’idée naissait parmi nous d’en élargir l’action en convo
139 quer un « Congrès de l’Europe ». Il ne s’agissait pas , dans son esprit, d’une entreprise « fédéraliste » au sens précis, ma
140 urope sera faite par des ministres. Et cela ne va pas à une fédération, mais à quelques mesures empiriques (ils disent : pr
141 e aux souverainetés nationales, et ne troubleront pas l’économie travailliste dans son austère insularité… Step by step, r
142 leur disons : « Vous ne pouvez franchir un abîme pas à pas, il faut sauter. » Le saut, dans ce cas, consistera à transform
143 disons : « Vous ne pouvez franchir un abîme pas à pas , il faut sauter. » Le saut, dans ce cas, consistera à transformer le
144 e papier qui les supporte, tant que nous n’aurons pas résolu les grands problèmes économiques. Nous sommes un certain nombr
145 s en fait, tant que nos plans politiques n’auront pas abouti. La sagesse des experts, dans chacun de nos pays, se réduit au
146 est notre forme intime de résistance aux mises au pas totalitaires… De tous côtés surgissent, dans nos divers pays, des ins
147 ion qui les guide, éclairant le chemin sous leurs pas , cache une réalité finale qui les surprenne. Christophe Colomb voyait
5 1949, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Découverte de l’Europe (octobre 1949)
148 écouverte de l’Europe (octobre 1949)f Il n’est pas facile d’être actuel. Il y faut parfois du génie. Goethe écrit à Valm
149 l est le seul à s’en douter. Cette histoire n’est pas bien nouvelle, il y a près de deux-mille ans qu’on la connaît : la mo
150 ntier, d’autant plus librement qu’ils n’y étaient pas allés. L’événement s’est donc vu noyé sous un déluge de clichés contr
151 neuf, il faut le croire, pour que la presse n’ait pas su l’enregistrer, sinon par les oscillations que je viens de rappeler
152 bord obtenir que le Comité des ministres ne dicte pas l’ordre du jour de l’Assemblée ; constituer des commissions permanent
153 tionaux. Ils votent individuellement. Et l’on n’a pas remarqué qu’un mot d’ordre national — s’il en fut jamais donné — ait
154 aillistes et les socialistes continentaux ne sont pas parvenus à former un front uni des gauches, sur le plan de l’Europe.
155 les deux conceptions qui se sont affrontées n’ont pas été la gauche et la droite traditionnelles, mais bien le fédéralisme
156 les, proprement européennes, et qui ne recouvrent pas les anciennes divisions. (Ces dernières ne se retrouvent, mais notabl
157 nt les unionistes ? L’Europe unie, bien sûr. Mais pas trop vite, ni trop précisément… Ils parlent de prudence, d’étapes pré
158 ste leur devise. À les en croire, l’opinion n’est pas mûre, les peuples sont encore indifférents ou hostiles aux travaux de
159 tous les sens de l’adjectif), on ne nous laissera pas même le temps de partir. Le plan Marshall se termine dans deux ans. L
160 celle d’un gouvernement au-dessus des États, n’a pas pu être refoulée plus de dix jours, malgré les efforts conjugués des
161 l’union de l’Europe et déclarer qu’on ne touchera pas à ces sacro-saintes souverainetés.) Mais au lieu de discuter sur l’ab
162 dirigeants de notre Mouvement européen n’osaient pas espérer que la question capitale s’imposerait tout naturellement, dan
163 décisive du Mouvement : Churchill et Spaak n’ont pas manqué de le souligner, pour s’en féliciter, bien entendu, M. Hugh Da
164 , pour s’en plaindre (et cette confirmation n’est pas la moins valable). On ne s’en étonnera pas, si l’on sait que les deux
165 n’est pas la moins valable). On ne s’en étonnera pas , si l’on sait que les deux tiers des députés qui siégeaient à Strasbo
166 pourront être jugés d’ici deux ans. S’il n’y en a pas à ce moment-là, nous serons Russes ou colonisés, ou simplement nous n
6 1950, La Revue de Paris, articles (1937–1969). L’Europe et sa culture (novembre 1950)
167 rope, les autres sur le mot culture ; et ce n’est pas tout : les mots « et sa », qui les unissent, ne vont pas de soi, dira
168 ue de cette presqu’île : de même que la Grèce n’a pas de frontière bien marquée vers le nord, l’Europe s’ouvre vers l’est p
169 e vers l’est par des plaines indéfinies. Ce n’est pas un fait géographique qui marque ses limites vers l’Asie, mais seuleme
170 onde occidental est, à l’origine, ternaire et non pas bipolaire, de même que la théologie de l’Occident n’est pas dualiste,
171 ire, de même que la théologie de l’Occident n’est pas dualiste, mais trinitaire. Et de fait, l’Europe n’a pas pris naissanc
172 aliste, mais trinitaire. Et de fait, l’Europe n’a pas pris naissance dans le conflit entre l’Est et l’Ouest, conflit qui lu
173 Athènes, de Rome et de Jérusalem, n’ait cependant pas présenté certains des caractères les plus marquants de l’homme du xix
174 du xixe ou du xxe siècle ? Cela ne prouve-t-il pas que j’aurais oublié quelques éléments décisifs, qui ne sont nés ni d’
175 Elles se sont combinées au sens chimique, et non pas seulement mécanique. Ainsi, dans le laboratoire européen, certains pr
176 cevable pour un Asiatique ou un Noir, s’ils n’ont pas eu de contact avec notre civilisation. Car cette idée, en vérité, est
177 ans plus qu’un dixième probablement. Elle ne sait pas encore. Mais ce qu’elle voit très bien, c’est qu’elle n’est plus le c
178 n et russe qu’un de ces vides dont l’Histoire n’a pas moins horreur que la Nature. De plus, elle se voit amputée, pour le m
179 ent se transformer en contrôle, si nous ne savons pas en tirer parti d’ici deux ans ; tandis que l’autre empire dispose par
180 uniste la censure au sens courant du mot n’existe pas  ; car toute censure suppose une certaine indépendance de la productio
181 és et de techniques ésotériques qui ne concernent pas l’homme de la rue, ni l’industriel ou le banquier. Jadis centrale, la
182 st impossible de sauver l’Europe si l’on ne sauve pas en même temps sa culture ; ou de sauver la culture occidentale si l’o
183 de sauver la culture occidentale si l’on ne sauve pas en même temps sa patrie. Rien ne sert de faire durer, de conserver la
184 khanovistes en troupeaux. Mais un musée, ce n’est pas de la culture. Je ne vois pas d’exemple historique d’une culture qui
185 un musée, ce n’est pas de la culture. Je ne vois pas d’exemple historique d’une culture qui ait encore créé dans une natio
186 on ne crée rien de grand. La peinture ne se fait pas dans les musées, mais dans les villes où existe un marché ; la littér
187 s où existe un marché ; la littérature ne se crée pas dans les universités et les bibliothèques, mais dans le champ libre d
188 t à l’Europe de recevoir une unité, si ce n’était pas celle de son choix ? Et si cette unité signifiait sa défaite, non poi
189 d’infériorité. Pourtant, les faits ne justifient pas le désespoir, mais seulement un effort de redressement. Entre deux-ce
190 isposons surtout de ressources humaines qui n’ont pas leurs égales ailleurs : une main-d’œuvre spécialisée dont les traditi
191 uvre spécialisée dont les traditions ne s’imitent pas , une capacité d’invention que le monde entier peut nous envier. Qu’av
192 depuis cent ans ? Je répondrai : que n’avons-nous pas inventé ? Je cite pêle-mêle : le marxisme et la psychanalyse, l’exist
193 noms de l’Europe, et les très rares qui n’en sont pas ont appris leur métier de nos maîtres, dans nos écoles, aux terrasses
194 fer. C’est vrai en fait, mais nous ne le sentons pas . Car je parlais en tant qu’Européen quand je disais nous. Mais la plu
195 sociaux, éthiques et spirituels, dont je ne songe pas un seul instant à sous-estimer l’importance. Ces conflits ne seront p
196 sous-estimer l’importance. Ces conflits ne seront pas résolus par la seule grâce de notre union. Mais sans elle sera suppri
197 possibilité de les résoudre un jour. Je ne dirai pas que la division de l’Europe en vingt nations, chacune trop petite, re
198 ope paralyse notre culture aussi, puisqu’il n’est pas de culture sans libre échange des idées, des personnes et des œuvres,
199 omaine politique, nous avons Strasbourg. Ce n’est pas beaucoup plus qu’une promesse, mais c’en est une. Nous verrons ce qu’
200 , c’est la déplorable évidence. Mais elle ne sera pas suffisante. Une mitrailleuse ne sert à rien, si l’homme qui la reçoit
7 1951, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Inde 1951 (décembre 1951)
201 écret, de la capitale à Bombay.) L’officier n’est pas bien convaincu : il voudrait obtenir des réponses qu’il connaît. Fina
202 nous connaissions, avec la seule surprise de n’en pas avoir d’autres. Dès les premières heures de débats, il devient éviden
203 sauver d’abord la liberté, sans laquelle il n’est pas question de réformes humainement valables ; ceux enfin qui se frappen
204 il dit faux, que ce sont les repus qui n’écoutent pas , et que la disette est mère des civilisations, comme l’angoisse l’est
205 mèche. Tout ceci s’ouvrant sur la rue, à quelques pas des hommes vautrés dans les boutiques, des passants à pieds nus qui c
206 oyablement maigres et gracieux. Peu de bruits, et pas un sourire. La cloche d’un temple tinte, sans musique. On entend le f
207 . Il y en a tant. Il marchait lentement, à grands pas importants, précédé d’un énorme ventre bien bronzé, vêtu d’une barbe
208 : plus ils sont saints, plus ils sont nus, et non pas chamarrés de robes et surplis à l’instar des princes ou des rois, et
209 e. Nos mouvements de réforme religieuse n’ont-ils pas toujours commencé par revenir avec passion vers la nudité spirituelle
210 ar tant de beautés concertées, la danseuse et ses pas , dont chacun signifiait, l’éclat somptueux des soies, des couleurs, d
211 lors qu’un tel excès de richesses combinées n’eût pas manqué de l’évoquer dans nos pays. C’est qu’ici, rien ne relève du « 
212 éant et frappent ; se lèvent et marchent à grands pas , genoux pliés, et frappent de plus en plus fort ; et quand leur danse
213 angoisse, qu’ici le Moi, l’ego central, n’existe pas  ? Ces danseurs sont des rôles, des acteurs absolus, des fonctions sym
214 geons presque tous en dormant. Mais je ne connais pas d’Indien nerveux, même parmi les intellectuels.) Près du port, des ga
215 mme, sur le seuil, fait un signe. Je ne comprends pas . Je passe le porche. Saisissement dès l’entrée dans l’ombre et le sil
216 e ; point de liturgie non plus puisqu’il n’existe pas de culte public, ni même de rites communautaires ; à part les process
217 partout trop de gens ; dans ce pays qui ne croit pas à l’absolu de la personne et qui semble voué au collectif, la dévotio
218 mur. Et ces saints demi-nus, traversant à grands pas les rues encombrées de piétons, de vaches, de zébus et d’autos, allan
219 sans doute, et disent enfin que non, qu’ils n’ont pas de complexes, surtout pas de complexes sexuels. Spender insiste, inte
220 n que non, qu’ils n’ont pas de complexes, surtout pas de complexes sexuels. Spender insiste, interroge anxieusement, se pla
221 s continuent de sourire : non vraiment, ils n’ont pas ce sens-là… Il y a beaucoup à dire sur ce dialogue, ainsi réduit à sa
222 ue : c’est une autre manière d’exprimer qu’il n’a pas le sens du péché ; et par suite, qu’il n’a pas non plus le sens de la
223 ’a pas le sens du péché ; et par suite, qu’il n’a pas non plus le sens de la révolte, ni celui de l’humour, ni même celui d
224 . La variation, l’innovation individuelle ne sont pas vues, ou bien ne sont qu’erreurs. Le besoin d’être original, et dans
225 t à son identité, qui est celle d’un ordre et non pas d’un ego, d’un être différent qui ne vivra qu’une fois. Il résiste sa
226 le et progressiste, et qui est hindoue. N’oubliez pas que le Pandit est du Kashmir. Prenez enfin l’affaire du blé. La famin
227 lon où je l’attendais, avant le repas, je n’étais pas sans inquiétude. J’arrivais à l’instant de Bombay, où notre Congrès s
228 de son pays natal. Il est entré sans bruit, d’un pas rapide. Un peu voûté, l’air sérieux et distant. Il porte une longue v
229 il me rejoint sur le seuil du palais. « N’oubliez pas de dire à Madariaga que je l’attends. Ou plutôt non, je lui téléphone
230 ine pour une caste inférieure (il l’a écrit), non pas celui d’un Marx pour le capitalisme promis à des crises fatales. Les
231 ieux comme une ombre à la nuit ? Ne trouverait-il pas au contraire ce signe d’inquiétude et de contradiction, cette petite
232 e tutelle, presque « d’occupation », ne l’ont-ils pas profondément dénaturée ? Certes, mais l’Inde en soi n’existe pas aill
233 t dénaturée ? Certes, mais l’Inde en soi n’existe pas ailleurs que dans nos idées vagues sur son mystère. Elle ne peut plus
234 ir. Mais l’image du réveil est trompeuse. Je n’ai pas senti là-bas l’essor d’un peuple jeune, sa confiance dans l’avenir, s
235 errée, l’Inde se voit sommée de jouer. Elle n’est pas équipée, ni entraînée. Elle ne sait pas quel camp choisir. Comme on c
236 lle n’est pas équipée, ni entraînée. Elle ne sait pas quel camp choisir. Comme on comprend que Nehru, qui doit « jouer » po
237 nce désintéressée, fraternelle. 14. Je ne parle pas des jeunes intellectuels, formés aux disciplines occidentales, à l’an
8 1965, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Le Suisse moyen et quelques autres (mai 1965)
238 i semble les nier ? Réponse : cette moyenne n’est pas née de la fusion des diversités, encore moins de leur mélange dans ch
239 atiques et de la prospérité qui en a pu résulter. Pas de moyenne réelle dans les pays où une faction, une Église, une class
240 -vous que vous êtes très heureux, plutôt heureux, pas très heureux ? » 42 % répondent très heureux, 51 plutôt heureux, et 6
241 très heureux, 51 plutôt heureux, et 6 % seulement pas très heureux. (Reste 1 % pour les désespérés ou ceux que la question
242 ou ceux que la question laisse froids.) Ce n’est pas que tout soit parfait dans la meilleure des Suisses possibles, mais l
243 Neuchâtel de mon enfance, combien de fois n’ai-je pas lu cette devise gravée sur une pierre tombale ou imprimée au bas d’un
244 p de chance ; et les fils à papa ne se contentent pas de poser comme ailleurs aux progressistes, mais travaillent dur et pa
245 e sagesse libérée des contingences. Je ne connais pas d’autre pays où l’on pourrait poser au citoyen moyen cette question q
246 s anciens Suisses, au temps des Ligues, n’étaient pas moins connus pour la licence de leurs mœurs que pour l’austérité patr
247 e que le Suisse moyen formé à cette école ne soit pas devenu le révolté qu’on serait tenté d’imaginer, et que les Églises s
248 ltiver, mais cela changera bientôt, « on n’arrête pas le progrès… » Quant aux conceptions du mariage, quel est le sens géné
249 s’explique surtout par d’autres causes. Il n’est pas le signe d’un quelconque « relâchement moral » (comparé à la Suisse p
250 le dans la vie sociale…23 Au total, il ne semble pas que « l’immoralité » progresse notablement dans les cantons, comme el
251 cturées ou les grands ensembles urbains. Ce n’est pas l’anarchie des mœurs qui menace la Suisse, c’est plutôt une espèce pa
252 évu » au budget de la petite famille ne suffiront pas à couvrir, peut-être. Et certaines questions qu’on se pose sur le sen
253 efuseront de s’y reconnaître ne seront sans doute pas les derniers à y reconnaître leurs voisins. C’est un portrait, ce n’e
254 naître leurs voisins. C’est un portrait, ce n’est pas un éloge, ni une critique. Dire que le Suisse moyen est sérieux mais
255 son niveau de vie neuf fois sur dix, qu’il n’est pas révolutionnaire mais résolument réformiste, et qu’il n’aime pas les j
256 naire mais résolument réformiste, et qu’il n’aime pas les jeux d’idées ni la spéculation dans aucun ordre, enfin que le tra
257 nt des contrats de « paix de travail ». (Il n’est pas interdit de se former des jugements plus nuancés ou dialectiques.) Ma
258 on pense de ce portrait du Suisse moyen, ce n’est pas encore un portrait de la Suisse. L’enquête la plus intelligente et la
259 es et soudain décisives que l’homme moyen ne peut pas exprimer, bien qu’il en vive, — ou faut-il dire précisément parce qu’
260 onnaît par sa réputation mondiale, il ne trouvera pas une personne sur mille, prise dans la rue, qui ait jamais entendu ce
261 e que leur identité native et naturelle. Ce n’est pas se dissimuler, en vérité : simplement le génie qui leur advient prend
262 ission scolaire. Henri-Frédéric Amiel n’eut même pas à choisir un pseudonyme. Quelques recueils de poésies médiocres, un c
263 rrure, fumeurs de pipe et d’humeur malicieuse, et pas du tout « intellectuels » ni par l’allure ni dans l’abord humain : à
264 éenne. On lui fait un procès à Bonn. Il n’attaque pas le régime en soi, mais ses complices dans l’Église. On l’expulse. Et
265 ardi et dur d’arêtes de l’ère moderne. On n’avait pas été moins conformiste depuis Luther dans la réinvention de l’orthodox
266 s spirituelles de la Réforme, Karl Barth ne les a pas du tout éloignés de l’époque présente, bien au contraire, il a même p
267 l’Église initiée par le pape Jean XXIII. Ce n’est pas le moindre paradoxe de sa carrière, pleine de surprises pour ses disc
268 t. Le dialogue entre ces deux hommes n’était même pas concevable, et de fait il n’a pas eu lieu. Leurs disciples (pasteurs
269 es n’était même pas concevable, et de fait il n’a pas eu lieu. Leurs disciples (pasteurs et théologiens d’un côté, médecins
270 autre de ces maîtres incompatibles.) Nous n’avons pas en Suisse de poètes de génie, ni de peintres qui aient fait époque, n
271 n, autant de Suisses qui ont su voir grand — mais pas chez eux. Lucien Febvre, admirable historien de la culture, écrivait
272 s réussissent à se dégager de leur canton — alors pas de milieu, ils atteignent l’universel. Au fond de son trou l’homme de
273 ions qui leur manquent en Suisse25. Mais ce n’est pas en grimpant sur nos Alpes comme Horace-Bénédict de Saussure que ces h
274 le principal de leur carrière en Suisse, ce n’est pas la Suisse qui a découvert et propagé leur nom dans le monde ; c’est a
275 uchâtelois et 32 Européens surtout Français, mais pas un seul Suisse d’un autre canton. 22. Georges Mikes, Switzerland for
9 1969, La Revue de Paris, articles (1937–1969). L’avenir du fédéralisme (septembre 1969)
276 épondrai : dans les deux à la fois, et cela n’est pas contradictoire. Un phénomène très général de convergence inspire les
277 de la convergence et de la diversification n’est pas tellement mieux satisfaite dans ces trois États officiellement fédéra
278 ibéré aux limites d’un État fédéral. Il ne s’agit pas d’un défaut du fédéralisme, mais d’un défaut de fédéralisme. Et l’on
279 crire, être très sûr de sa formule. Or je ne vois pas terme du langage politique qui prête à pires malentendus ! Un Françai
280 les nous amènent à utiliser quotidiennement. Mais pas du tout : le malheur congénital du fédéralisme reste d’être un concep
281 t grand Européen, écrivait récemment : « Ce n’est pas dans le fédéralisme, ce n’est pas en se repliant sur elle-même que la
282 nt : « Ce n’est pas dans le fédéralisme, ce n’est pas en se repliant sur elle-même que la Wallonie trouvera son salut. » Pl
283 emblable que cette union sera fédérale ou ne sera pas , on sent tous les dangers qu’entraînent en fait les malentendus que j
284 grecque, cherche à maintenir les deux termes non pas en équilibre neutre, mais bien en tension créatrice, et c’est le succ
285 ures, sans confusion (ni) séparation. L’union n’a pas supprimé la différence des natures, mais plutôt elle a sauvegardé les
286 onomes et solidaires : pour eux aussi, l’un n’ira pas sans l’autre, bien mieux : l’un — la solidarité — sera la garantie de
287 fin, le problème général de l’œcuménisme n’est-il pas le même en sa forme que ceux que nous venons d’évoquer, puisqu’il con
288 ossible par la technique moderne. (Ce débat n’est pas d’aujourd’hui. Aux projets de découpage géométrique de la France en c
289 cette grande phrase : Le but de la société n’est pas que l’administration soit facile, mais qu’elle soit juste et éclairée
290 n avec ceux que l’on côtoie comme s’ils n’étaient pas là. La solution consisterait à recréer les conditions de communauté,
291 en restant assez petit pour être libre ? Ce n’est pas le vote d’une constitution, de type plus ou moins fédéral qui peut ré
292 la forme institutionnelle dénommée État ne suffit pas à qualifier et moins encore à épuiser »… Et il ajoutait : « Le fédéra
293 nté de le définir ne fait que commencer. Il n’est pas matière historique, mais prospective. Il a plus d’avenir que de passé