1 1937, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Paysans de l’Ouest (15 juin 1937)
1 film à l’instituteur. Il fallut un certain temps pour mettre au point la projection. Les jeunes gens étouffaient des rires,
2 e courant électrique n’étant sans doute pas réglé pour faire tourner l’appareil au rythme normal. Tout le monde a l’air très
3 tre laïque, c’est vouloir la justice et l’égalité pour tous ! Être laïque, c’est vouloir l’instruction libre et gratuite pou
4 ue, c’est vouloir l’instruction libre et gratuite pour tous, sans distinction de fortune ou de religion ! Être laïque… » Ah 
5 bien ! Les jeunes trouvent qu’« il cause bien ». Pour terminer la soirée, on passe un dessin animé, le Petit Poucet, qui re
6 Tout à l’heure, en déchirant le journal de l’île pour allumer le feu, j’ai vu l’annonce d’une conférence contradictoire à A
7 spices d’une ligue « antifasciste », et qui avait pour sujet : « L’Église contre les travailleurs. » Je comptais me rendre à
8 s, trois hommes se lèvent en haussant les épaules pour s’excuser de se mettre en avant. Ils gravissent la scène, enlèvent le
9 faire parler. Je lui dis : « Oui, c’est la vérité pour les chrétiens, mais tout le monde ne pense pas comme ça ici ? » Il me
10 « si ce serait possible de se procurer une Bible pour étudier un peu tout ça. On sent bien que c’est important de s’y conna
11 discours. « C’était sûrement beaucoup trop simple pour vous, ce que je leur ai dit ce soir, j’ai dû vous ennuyer, hein ? » J
12 ile… je crois que vous êtes encore trop compliqué pour ce public. Il me semble qu’on pourrait leur parler plus directement,
13 bigote ou indifférente. Nous prenons rendez-vous pour un dimanche prochain, au chef-lieu, après son culte. Je suis rentré à
14 ucoup ne font plus rien en hiver ? Ils sont venus pour tuer le temps, au lieu d’aller au café. Cette inertie, dès qu’il ne s
15 culté de s’exprimer ? Tout est mystère en eux, et pour eux-mêmes sans doute. Et on dit « le peuple », la volonté du peuple,
16 charmants dans cette espèce, mais ce n’est point pour cela que j’en parle ici. C’est pour une raison très précise et qui n’
17 e n’est point pour cela que j’en parle ici. C’est pour une raison très précise et qui n’a rien à voir avec la critique litté
18 réveillés couverts de puces. J’exagère à peine : pour mon compte, j’en ai pris sept sur mon pyjama dans l’espace de deux mi
19 blement et qui me paraît assez frappante. Voici : pour la première fois depuis je ne sais combien d’années, je viens de trou
20 Ferrare utilisent les vieilles tuiles concassées pour recouvrir les routes et les allées de leurs jardins. Et il ajoute : «
21 e semble même qu’elle m’a fait voir « le peuple » pour la première fois de ma vie. Première constatation : l’apathie général
22 t les êtres en chair et en os dont elles parlent, pour comprendre à quel point elles mentent. Mais alors on comprend aussi p
23 ir, en essayant de le faire passer d’ores et déjà pour une réalité. Deuxième constatation : il est très difficile d’aimer de
24 us que les intellectuels sont en mauvaise posture pour agir sur le peuple. Qu’ils disent des vérités ou des mensonges, on n’
25 que l’on allègue. « Il a raison » ne signifie pas pour eux : « Donc je dois régler ma conduite sur ce qu’il dit », mais simp
26 et commencer là. Voilà le secret de tout secours… Pour aider réellement un homme, il faut que j’en sache davantage que lui,
27 aujourd’hui comme si elle avait été écrite exprès pour moi, dans ma situation actuelle. Elle contient un double avertissemen
28 ifié dans l’occurrence. On n’aime pas à être tenu pour un fainéant ou un rentier, quand on est dans ma situation, ou mieux,
29 dans ce défaut de « situation » qui fait de moi, pour parler comme la presse, un « intellectuel en chômage. » (Écrire, aux
30 ifie proprement rien. S’ils ont un peu de respect pour moi, c’est parce qu’on raconte dans le pays que je possède une machin
31 ares. Je connais déjà la géographie locale assez pour me rendre compte de la dispersion ridicule des parcelles tout autour
32 icoles. Pourquoi ne s’entendent-ils pas entre eux pour grouper leurs lopins ? Je me suis renseigné. Il paraît bien qu’un mai
33 n autant de parcelles qu’il y a d’héritiers. Ceci pour éviter que l’un hérite d’un champ un peu meilleur que les autres. Éga
34 Il faudrait donc d’abord réformer leur mentalité pour rendre possible une réforme matérielle, qui, à son tour, permettrait
35 grossier, souvent barbare et toujours déshonorant pour ceux qui la subissent, mais c’est le seul moyen de transformer et d’a
36 e à baisser le buste au maximum, jambes écartées, pour gratter la terre sablonneuse, d’autre part les empêche de labourer ce
37 si simple. Je connais tout de même assez la terre pour savoir que les mêmes outils ne sont pas bons en tous pays, et je cher
38 ulation : j’organiserais, par exemple, un meeting pour exposer mes critiques ci-dessus consignées, et mettre en discussion m
39 n’ont plus coutume de se réunir, d’être ensemble pour causer. Le dimanche, ils « font la partie » chez l’un ou l’autre, à q
40 t cela s’est dissous quand les hommes sont partis pour la guerre, et rien ne s’est refait depuis. Quand on veut danser, on f
41 ssure à chacun de ses membres une nombreuse suite pour leur dernier voyage. L’autre, c’est la Société coopérative de panific
42 xistence ramenée à ces deux dimensions premières. Pour la vie, l’homme debout et actif, il faut le pain. Pour la mort, l’hom
43 la vie, l’homme debout et actif, il faut le pain. Pour la mort, l’homme qui se recouche, il faut la tombe. Il y a toujours q
44 s à cette terre pauvre, qu’ils grattent lentement pour en tirer tout juste de quoi vivre, j’hésite à reconnaître dans leur e
45 ans ambitions, sans rêves, sans tristesse. Chacun pour soi sur sa parcelle de terre ingrate, dans sa courette pleine de fleu
46 ommune condition. Ils sont peut-être trop pareils pour éprouver le besoin de s’unir. Ils n’ont pas à faire face à des menace
47 ologies et aux politiciens. Il faut vivre à Paris pour y croire. Réveillez ce peuple, il sera peut-être capable de grandes c
48 on mystère — mais ne dites pas que vous le faites pour son bonheur, car il est plus « heureux » que vous. Il faudrait croire
49 olue, qui vaille mieux que la paix et le bonheur, pour oser bouleverser la petite vie de notre île. À noter et à souligner :
50 peuple. Mais combien se feraient tuer aujourd’hui pour sauver leur pratique ? On en vient à penser que le régime qui convien
51 ine. Elle quitte à tout propos la route nationale pour des chemins secondaires ou des ruelles à peine plus larges que la voi
52 s. D’abord il faut aller dans deux ou trois cafés pour obtenir un minimum de précisions concernant l’heure du prochain dépar
53 llets ; et c’est chez lui qu’on attend le départ. Pour peu que l’on manifeste la moindre curiosité on ne tarde pas à y appre
54 à ceux qui commandent et disposent, ne fût-ce que pour une heure, de leur vie. Oui, voilà bien les hommes avec lesquels je r
55 omme normal, mettons qu’un fonctionnaire (c’était pour le flatter), et cela tient aux circonstances mêmes qui l’ont mis dans
56 outumes de ce temps ; ou bien on écrit simplement pour gagner sa chienne de vie et c’est le bon moyen de traîner la misère l
57 Du haut de la colline où nous étions tous réunis pour déjeuner, on dominait tout un canton de marécages mélancoliques ; et
58 passer des clichés dans la lanterne à projection. Pour assurer le fameux « contact avec le public », rien ne vaut cette prox
59 es. On aurait besoin de nourriture intellectuelle pour se soutenir. Quelquefois on nous envoie des journaux ou des revues à
60 qu’on cherche. Il faudrait en lire deux au moins pour corriger les mensonges. Ce qu’ils peuvent tous mentir ! On ne peut pl
61 » J’ai essayé de faire une liste de livres à lire pour l’instituteur de M… Je ne trouve à lui recommander que des traduction
62 é au communisme : il leur fallait cela sans doute pour oser parler de nouveau une langue large, utile et humaine… Auparavant
63 tellectuels » : il a fallu un nouveau conformisme pour les libérer de l’ancien ; — et l’alibi d’une action politique à laque
64 de savoir s’il est normal de se déformer le corps pour gagner un peu plus. Or ils y sont, pour la plupart, contraints. 5. J
65 le corps pour gagner un peu plus. Or ils y sont, pour la plupart, contraints. 5. J’ai appris que, dans certaines régions d
2 1939, La Revue de Paris, articles (1937–1969). L’Âme romantique et le rêve (15 août 1939)
66 ve (15 août 1939)c Le recours à l’inconscient, pour expliquer la conduite des individus ou des collectivités, c’est l’un
67 une manière bien frappante, l’intérêt de beaucoup pour les études mystiques ; voici que se répand l’usage, et même l’abus, d
68 de choses qui, en nous, étaient restées secrètes pour la conscience ? Tieck pose très nettement la question : « Il faudrait
69 uive non sans adresse la difficulté et le choix : pour lui, le rêve est « tantôt un écho du supraterrestre dans le terrestre
70 es n’ont pas choisi en toute clarté — ruse vitale pour des poètes —, tous les textes cités par Béguin nous inclinent à pense
71 surtout si elles sont assez obscures et ambiguës pour échapper au froid contrôle de la raison. Toute la poésie romantique,
72 tout temps réinventé les mêmes figures de langage pour traduire l’ineffable qu’ils vivaient. Et ceci nous amène au problème
73 dans leur exploration de l’inconscient. Le songe, pour eux, n’est que la « porte » ouvrant sur le monde ineffable, qui est p
74 nhomme Tieck : Donnez-moi des « paroles nouvelles pour exprimer l’inexprimable », dit la sainte ; et le poète : « Mais où tr
75 sainte ; et le poète : « Mais où trouver des mots pour dépeindre, même faiblement, la merveille de la vision qui s’offrit à
76 . Mais combien de mots leur fera-t-elle accumuler pour dire que rien ne saurait être dit… Et pourtant si, romantiques et mys
77 la qui constitue notre réalité de tous les jours. Pour rejoindre le Tout et l’Unité, il s’agit donc de perdre le Divers, de
78 Divers, de perdre le réel, de se perdre soi-même, pour se confondre avec cet Indicible qui reste, aux yeux de la chair, le p
79 s de son existence l’eût accablé. Qu’il dût, jour pour jour, se lever avec lui-même, se coucher avec lui-même, traîner après
80 t qu’il est un souvenir interdit, trop douloureux pour être revécu. Le moi malade échoue à se ressaisir dans la mémoire, pui
81 a descente au fond de l’inconscient, représentent pour les romantiques les voies d’un retour au monde perdu, à la « vraie vi
82 me d’un vœu de mort. Le sommeil préfigure la mort pour le poète romantique ; et la mort progressive à soi-même est l’ambitio
83 xprimer, c’est toujours s’avouer, c’est se donner pour responsable de sa pensée et de ses actes. Mais voilà justement ce qui
84 erchent le silence passif. Aussi n’ont-ils laissé pour la plupart que des fragments, des allusions, des éclats fugitifs ou «
85 erai ici le sens que je donne au mot de personne, pour éviter certains malentendus courants. La personne est en nous l’être
86 reçoive et qu’il l’accepte consciemment, ce sera pour lui l’introduction à une liberté toute nouvelle. Dès ce moment, il ac
87 rmenté par son égoïsme. Elle ne prend pas la mort pour but, mais bien la vie, et cette vie-ci. Elle accepte le moi et toutes
88 ar la Parole et l’acte personnel. 6. En effet, pour les romantiques, « le sommeil est une préfiguration de la mort », et
89 s insisté davantage sur l’importance du quiétisme pour la formation de la psychologie moderne, et en particulier de la psych
3 1946, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Tableaux américains (décembre 1946)
90 nt fou ! Si le détail est laid, voyez l’ensemble. Pour un homme qui est seul, Manhattan est sublime. Il n’a qu’à s’oublier d
91 me sur table rase, imbriqué, condensé, superposé, pour un usage massif, exactement prévu. Plus une trace de campagne primiti
92 ésence humaine jusqu’à trois-cents mètres du sol. Pour la première fois, je vois une ville aussi purifiée de nature que l’es
93 un sortait en robe de chambre, un vieux monsieur, pour arroser au tuyau ses arbustes. Soudain, passant la tranche ocrée d’un
94 qu’eux et des tourbillons fous de papiers sales, pour s’ouvrir enfin toute béante sur les fumées de l’East River, au terme
95 ieds de fonte : il faudrait monter sur une chaise pour y entrer. De la cuisine, on passe par une baie sans porte dans le fro
96 es. New York possède aussi deux-cents gratte-ciel pour les bureaux et quelques belles avenues de résidences pour les directe
97 bureaux et quelques belles avenues de résidences pour les directeurs de bureaux. C’est ce qu’on en voit de l’étranger. C
98 ms de famille. Hier, Robert m’a conduit à Albany, pour m’éviter la moitié du trajet jusqu’à New York dans un train bondé de
99 que l’ennemi virtuel.) J’ai cru poli de m’arrêter pour une heure dans la ville natale de Robert, à quelques kilomètres d’Alb
100 ilatures du monde avant l’autre guerre, j’entends pour la longueur des bâtiments. » (Il est peu de villes américaines qui ne
101 Pennsylvanie. Nous traversons maintenant la ville pour aller au bureau de Robert. Plusieurs églises dominent de leur masse r
102 r de nouveau un petit avion. Ce sera plus commode pour les week-ends, surtout que madame Robert n’aime pas conduire l’auto…
103 moqueuse. Voulez-vous que je vous joue du piano ? Pour faire croire que je n’ai pas peur… » — Eh bien ? m’ont demandé mes am
104 mporte sous la pluie, qu’en pensez-vous ? — Well… pour la première fois de ma vie, je me sens tenté d’écrire la suite du rom
105 nt : de la route américaine de la vie. Ce qui est pour nous concept, forme arrêtée, devient chez eux chemin, mouvement indéf
106 ureaux se vident au-dessus du cinquantième étage, pour peu que la pression baisse à Wall Street. Un grand malaise étreignait
107 parle. On n’a pas eu besoin de changer de régime pour le réaliser. Les autostrades américaines ne sont pas une réclame poli
108 t pas une réclame politique, ni même un expédient pour lutter contre le chômage. Elles sont le produit du rêve et de la vita
4 1949, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Le Mouvement européen (avril 1949)
109 déterminent exactement l’urgence. La guerre a eu pour conséquences principales, d’une part, l’affaissement de l’Europe et,
110 er les bases de la paix ou de s’assurer des bases pour faire la guerre, mais il reste évident que si les deux Grands continu
111 ont aucune, isolée, n’a plus la taille qu’il faut pour parler et se faire entendre dans le monde dominé par les deux grands
112 nce capable d’imposer un compromis, de l’inventer pour les deux autres. Que si l’on me dit alors que l’Europe même unie sera
113 que l’Europe même unie serait encore trop faible pour tenir en respect les deux Grands, je répondrai par un seul chiffre :
114 qu’on a fait déjà, et ce qu’on peut faire à temps pour fédérer l’Europe. Origines du mouvement fédéraliste Il y eut Su
115 quelque chose de plus profond, de plus prégnant, pour donner ses assises morales et doctrinales à la fédération européenne.
116 taines d’adhérents, quelques milliers de lecteurs pour leurs revues. Ces dernières n’étaient pas d’une lecture très facile.
117 moment que tout notre travail allait être effacé pour toujours. C’était compter sans les mouvements de Résistance. Dans les
118 . Les événements que nous avions prévus parlaient pour nous, en dépit de toutes les censures. Et l’idée d’un avenir fédérali
119 dée d’un avenir fédéraliste de l’Europe devenait, pour beaucoup, le symbole de l’espoir à l’horizon de la Libération11. C’es
120 fédéralistes se constituait et pouvait convoquer pour le mois d’août 1947, à Montreux, son premier congrès. Qu’étions-nous
121 Montreux nous sommes partis — nous sommes partis pour faire l’Europe, tout simplement. On s’étonnera de la part que je vien
122 t parmi nous d’en élargir l’action en convoquant, pour le printemps de l’année suivante, des états généraux de l’Europe. Sur
123 ne 1947, un Comité de coordination des mouvements pour l’union de l’Europe dressait les plans de travail pour La Haye. Il gr
124 l’union de l’Europe dressait les plans de travail pour La Haye. Il groupait les quatre organisations suivantes : Union europ
125 n économique (Paul van Zeeland) ; Comité français pour l’Europe unie (E. Herriot et R. Dautry). Les Nouvelles équipes intern
126 ivies, après La Haye, par le Mouvement socialiste pour les États-Unis d’Europe. Le 7 mai 1948, dans la Salle des chevaliers
127 eur dit en français « sa plus vivante sympathie » pour l’œuvre urgente conduite par les fédéralistes. Peu avant le congrès d
128 e Comité de coordination des groupements militant pour l’union de l’Europe avait pris le nom de Mouvement européen, ses quat
129 Spaak. À la question : « Qu’a-t-on fait jusqu’ici pour la fédération de l’Europe ? » cet historique succinct permet donc de
130 uvernement. Ils pensent que les ministres sont là pour gouverner, ce qui paraît étrange à beaucoup de Latins. Ils pensent do
131 érieure aux États, dotée des pouvoirs nécessaires pour enquêter sur leur territoire et pour faire exécuter ses arrêts à leur
132 nécessaires pour enquêter sur leur territoire et pour faire exécuter ses arrêts à leurs dépens, s’il y a lieu. C’est pourq
133 Une conférence d’économistes européens, convoquée pour le mois d’avril à Westminster, essaiera de dépasser le plan des absur
134 divers pays, des instituts qui veulent travailler pour l’Europe. Coordonner toutes ces initiatives dans le cadre d’un grand
135 ous les experts de son équipe, il se mit en route pour la joindre. Mais nous, quel continent nouveau, tout imprévu, risquons
136 on ? Une Europe rajeunie qui deviendrait soudain, pour nos yeux étonnés, la Terre promise. 11. Voir le recueil de documen
5 1949, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Découverte de l’Europe (octobre 1949)
137 nent en bonne partie. S’il leur faut tant de mots pour expliquer que le sujet n’intéresse personne, notre jugement doit cher
138 e jeu des commandes. De fait, une semaine a suffi pour réussir ces différentes opérations, et même pour écarter les deux dan
139 pour réussir ces différentes opérations, et même pour écarter les deux dangers majeurs qui guettaient la jeune Assemblée. L
140 re sont là. Demandez à l’opinion si elle est mûre pour la guerre ! Elle hésite à vous suivre à cause de vos prudences. Elle
141 ue mal comment M. Churchill peut à la fois lutter pour l’union de l’Europe et déclarer qu’on ne touchera pas à ces sacro-sai
142 écoles. La première tient le Comité des ministres pour le germe du futur gouvernement de l’Europe. Car les ministres, observ
143 nre de raisonnements, qui voudraient faire passer pour réalisme la soumission au statu quo ? D’autre part, les pouvoirs que
144 anti-pouvoir, qu’il s’agirait alors de renverser pour établir l’union réelle ? La seconde école, celle des fédéralistes, ti
145 ts. Elle a créé plusieurs commissions permanentes pour étudier l’instauration rapide d’une autorité politique supranationale
146 rchill et Spaak n’ont pas manqué de le souligner, pour s’en féliciter, bien entendu, M. Hugh Dalton, pour s’en plaindre (et
147 our s’en féliciter, bien entendu, M. Hugh Dalton, pour s’en plaindre (et cette confirmation n’est pas la moins valable). On
6 1950, La Revue de Paris, articles (1937–1969). L’Europe et sa culture (novembre 1950)
148 affrontement perpétuel avec l’Asie, dans l’effort pour s’en distinguer, pour résister à la réabsorption dans la grande mère,
149 avec l’Asie, dans l’effort pour s’en distinguer, pour résister à la réabsorption dans la grande mère, que la petite Europe,
150 déo-romain. L’idée de révolution est inconcevable pour un Asiatique ou un Noir, s’ils n’ont pas eu de contact avec notre civ
151 siquement, autre chose qu’un petit cap de l’Asie, pour reprendre le mot fameux de Valéry, — le cœur et le cerveau du monde m
152 e dans la mesure où ce rappel m’a paru nécessaire pour informer et guider une action. ⁂ Essayons de saisir maintenant ces de
153 eur que la Nature. De plus, elle se voit amputée, pour le moment, d’un quart de sa population à l’Est, et de la péninsule ib
154 t que ces conditions sont particulièrement graves pour l’Europe, puisqu’elles brisent dans un cas et, dans l’autre, détenden
155 u’on ferait de l’Europe un musée dans les ruines, pour l’agrément des millionnaires curieux, ou l’édification méfiante des s
156 qu’un cap de l’Asie — et l’Asie n’a jamais passé pour la terre de la liberté. Certes, on peut disputer sur les concepts, ma
157 entier peut être appelé une création européenne. Pour le bien comme pour le mal, il imite à la fois nos mœurs et nos objets
158 ppelé une création européenne. Pour le bien comme pour le mal, il imite à la fois nos mœurs et nos objets, nos procédés d’ar
159 Hindous, les Chinois, les Noirs copient l’Europe pour toutes ces choses, mais nous, nous copions tout au plus quelques cita
160 ous craignons donc, comme des peuples trop petits pour le monde où ils vivent. J’ai dressé une liste de nos créations les pl
161 ar conséquent, de bonnes raisons d’être angoissés pour notre avenir immédiat. Presque toutes ces raisons tomberaient, si dem
162 et que rien ne peut remplacer. Qu’avons-nous fait pour nous unir ? Dans le domaine politique, nous avons Strasbourg. Ce n’es
163 aux autres continents, sur les forces disponibles pour certaines tâches, sur les réformes à introduire. Il y a donc lieu d’e
164 pourquoi nous voulons sauver l’Europe. Non point pour l’opposer aux grandes nations nouvelles, non point pour élargir l’esp
165 ’opposer aux grandes nations nouvelles, non point pour élargir l’esprit nationaliste aux dimensions du continent, non par or
166 er à jamais tous nos conflits, mais, au contraire pour maintenir les risques de la liberté, qui ont fait la vraie grandeur d
167 nt fait la vraie grandeur de l’homme européen, et pour sauver en face de la terre des masses, et de la terre des machines, e
168 nous, Européens, il n’y a qu’un mot : démocratie. Pour eux, cela veut dire dictature. Pour nous, liberté politique. Nous ne
169 : démocratie. Pour eux, cela veut dire dictature. Pour nous, liberté politique. Nous ne sommes donc point en situation de ne
7 1951, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Inde 1951 (décembre 1951)
170 Anglais. Il leur faut cependant plus d’une heure pour nous administrer les preuves méticuleuses d’une souveraineté que nul
171 ster. On nous demande pourquoi nous venons ici. —  Pour un congrès. — Quel congrès ? Il y en a beaucoup. — Le Congrès indien
172 congrès ? Il y en a beaucoup. — Le Congrès indien pour la liberté de la culture. — Qui l’organise ? — La revue Thought, qui
173 mmeillé sous le ronron lent de l’hélice. Je sonne pour demander du thé. Les trois formes blanches naissent dans l’ombre. Je
174 Européens recherchent l’étranger, le dépaysement pour lui-même, et sont déçus de ne le point trouver aussi pur et déconcert
175 ver aussi pur et déconcertant qu’ils le rêvaient. Pour l’Indien, le Chinois, l’Arabe, l’étranger n’a jamais été un sujet de
176 solennité des religions (les nôtres étant tenues pour préjugés) aient trouvé refuge en Orient, en Afrique, en Océanie… Inca
177 e Kolyma ; ceux qui invoquent la morale et Gandhi pour justifier le neutralisme, et ceux qui tiennent à distinguer neutralis
178 civilisation, nous serions sans moyens techniques pour remédier à la famine. J’en trouve une preuve de plus dans le journal
179 avant indien, D. R. Sethi, qui inventa le procédé pour détruire les racines d’une herbe nommée kans, fléau des riches vallée
180 tre affamé n’a point d’oreilles », et qui suis-je pour lutter ici contre la force d’un proverbe, si convaincu que je sois qu
181 de la Fable. ⁂ Chaque nuit, je sors de mon hôtel pour aller respirer l’air de la mer. Les corridors et les galeries de bout
182 dien du centre de Bombay : comment font les autos pour traverser sans semer la mort à chaque instant, cette foule d’hommes e
183 ions et fêtes périodiques ; enfin, peu de respect pour les prêtres, sortes de domestiques des temples, utiles par leur savoi
184 nombre des individus jugés nécessaires chez nous pour une tâche déterminée, où j’ai vu jusqu’à cinq personnes sur une bicyc
185 dans la conduite) ne signifie rien de raisonnable pour l’Asiatique en tant que tel14. Il est d’une caste, d’une secte religi
186 é la Russie soviétique il y a vingt ans, la tient pour le pays de l’avenir. Cependant il déteste les communistes indiens, fa
187 inutile selon lui. Or il s’agit d’équiper l’Inde, pour la sauver de la misère. » Beaucoup enfin de ceux qui l’aiment et qui
188 congrès, mais esquivant doucement mes tentatives pour entrer dans le vif du sujet ; parlant plutôt du cinéma indien qui, m’
189 ous, et guettant si je les aime ; parlant de tout pour ne parler de rien peut-être, s’amusant à ce jeu où je m’amuse à le su
190 e morale que de logique. Son dédain mal dissimulé pour la culture américaine est celui d’un brahmine pour une caste inférieu
191 our la culture américaine est celui d’un brahmine pour une caste inférieure (il l’a écrit), non pas celui d’un Marx pour le
192 nférieure (il l’a écrit), non pas celui d’un Marx pour le capitalisme promis à des crises fatales. Les mesures qu’il vient d
193 . Comme on comprend que Nehru, qui doit « jouer » pour elle sur le plan international, ne soit tenté que par le rôle d’arbit
194 on. Cependant l’Inde, en tant qu’État, doit voter pour ou contre l’un des blocs, sauf à trouver des motifs très puissants po
195 s blocs, sauf à trouver des motifs très puissants pour justifier son abstention. Mais sur quelles valeurs positives Nehru pe
196 n, qui déborde la nuit sur les trottoirs. (Un lit pour des centaines de personnes à Bombay.) Neuf hommes sur dix sont illett
8 1965, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Le Suisse moyen et quelques autres (mai 1965)
197 ’il vive, à droits égaux mais à charge de respect pour les coutumes locales et leurs compartimentages. La moyenne suisse est
198 oser ses règles, provoquant la violence et fixant pour longtemps d’irréductibles discordances et des disparités extrêmes dan
199 ux, et 6 % seulement pas très heureux. (Reste 1 % pour les désespérés ou ceux que la question laisse froids.) Ce n’est pas q
200 ssé (sauf en politique étrangère) ou de se battre pour une utopie. Rien de moins révolutionnaire, mais rien non plus de moin
201 7, dit-on et sans doute en va-t-il vraiment ainsi pour l’immense majorité. La coutume patricienne n’a guère laissé de traces
202 À l’origine du devoir et du goût de se lever tôt pour travailler, il y a la Bible autant que la coutume paysanne et bien pl
203 , au temps des Ligues, n’étaient pas moins connus pour la licence de leurs mœurs que pour l’austérité patriarcale de leurs p
204 s moins connus pour la licence de leurs mœurs que pour l’austérité patriarcale de leurs principes. Les chroniques illustrées
205 preuve de sa virginité, attendaient au contraire, pour l’épouser, la preuve qu’elle pouvait être mère), cent témoignages con
206 t vue assimilée avant tout à celle de luxure, ou, pour rester conforme au langage des pasteurs, à l’« impureté », péril maje
207 gage des pasteurs, à l’« impureté », péril majeur pour l’âme et parfois pour le corps. Cette préoccupation quelque peu obséd
208 ’« impureté », péril majeur pour l’âme et parfois pour le corps. Cette préoccupation quelque peu obsédante assombrit la préd
209 ulier non averti ne chercherait qu’une excitation pour les sens20 ». Faut-il penser que les Suisses bénéficient vraiment d’u
210 olte ni farouches approbations ; on les considère pour ce qu’elles sont : résidus de préjugés sociaux ou religieux qui n’ont
211 mportance, la jeunesse étant suffisamment avertie pour excuser, voire pour « comprendre » ce genre de routines officielles q
212 se étant suffisamment avertie pour excuser, voire pour « comprendre » ce genre de routines officielles que les vieux se croi
213 ande confidence qu’elle faisait de grands efforts pour traiter sa bru ‟comme si elle était l’une des nôtres”, tout en sachan
214 États-Unis, le Danemark, la Suède et l’Autriche) pour la proportion des divorces, depuis que la mobilité de sa population d
215 ’égard du mariage et de ce qu’il peut représenter pour le développement personnel de chacun des conjoints et pour leur intég
216 éveloppement personnel de chacun des conjoints et pour leur intégration en tant que couple dans la vie sociale…23 Au total,
217 ment parce que ces forces et ces réalités étaient pour eux problèmes, contestations, conceptions idéales ou nostalgies. C
218 iotique encore très populaire (« Roulez tambours, pour couvrir la frontière… Dans nos cantons, chaque enfant naît soldat ! »
219 t écrites dans l’ombre d’une carrière assez terne pour être acceptée sans histoires. « En épousant Genève, j’ai épousé la mo
220 concerté, la Suisse est née de la coopération. Un pour tous, tous pour un, c’est moins un idéal qu’une vitale obligation de
221 sse est née de la coopération. Un pour tous, tous pour un, c’est moins un idéal qu’une vitale obligation de solidarité prati
222 iciens, guérisseurs d’âmes, mystiques intervenant pour sauver la cité, réformateurs politiques ou religieux, négociateurs de
223 ndre paradoxe de sa carrière, pleine de surprises pour ses disciples. Pendant la guerre, ce contempteur de toute espèce de «
224 se le phénomène religieux, infiniment polyvalent, pour mieux affirmer la seule foi, autant Jung veut s’ouvrir aux messages c
225 ou à l’Éternel féminin des mystiques hérétiques. Pour Barth, Dieu est le vis-à-vis de l’homme, le Tout Autre. Pour Jung, Di
226 Dieu est le vis-à-vis de l’homme, le Tout Autre. Pour Jung, Dieu est une réalité psychique. Le théologien n’a que faire de
227 re de la psychologie. Il la met entre parenthèses pour ne considérer que la totalité de l’existence « en tant qu’objet soumi
228 et apprirent à voir grand, c’est en s’expatriant pour se réaliser au sein d’une unité beaucoup plus vaste, impériale ou pap
229 ou l’Europe », c’est la formule parfaite. Ainsi, pour l’homme de culture en tant que tel, le stade national est sauté. Cas
230 ur petite patrie locale, s’ils la dépassent c’est pour rejoindre immédiatement les grands courants continentaux ; parfois po
231 tement les grands courants continentaux ; parfois pour les déterminer. Condamnés à l’Europe en quelque sorte ; non, bien plu
232 Europe en quelque sorte ; non, bien plutôt libres pour elle… 17. Cf. l’enquête Un jour en Suisse, 1964. 18. 300 000 Suis
9 1969, La Revue de Paris, articles (1937–1969). L’avenir du fédéralisme (septembre 1969)
233 à la fois trop petit et grand. Il est trop petit pour assurer ce qu’on persiste à nommer son indépendance et sa souverainet
234 où ils sont centralisés — se révèlent trop grands pour animer la vie économique culturelle et surtout civique de leurs régio
235 s — ainsi les États-Unis, le Mexique et le Brésil pour les trois Amériques, le Nigéria en Afrique, l’Allemagne pour l’Europe
236 ois Amériques, le Nigéria en Afrique, l’Allemagne pour l’Europe de l’Ouest et la Yougoslavie pour celle de l’Est, et au-delà
237 emagne pour l’Europe de l’Ouest et la Yougoslavie pour celle de l’Est, et au-delà, l’URSS, l’Inde et l’Australie. Voilà qui
238 ette fédérale couvre des marchandises de qualités pour le moins diverses selon qu’il s’agit par exemple de l’empire soviétiq
239 i se voit invoqué (non sans paradoxe d’ailleurs), pour refuser de se laisser entraîner par des mouvements de convergence eur
240 er la France en une fédération de petits États. » Pour le Français cultivé, donc, la cause est jugée. Il s’agit d’un système
241 use est jugée. Il s’agit d’un système qui est bon pour les sauvages, et qui semble n’avoir été préconisé que par des traître
242 e que ce haut fonctionnaire tenait le fédéralisme pour un système d’unification intégrale, sans respect pour les diversités
243 un système d’unification intégrale, sans respect pour les diversités et les autonomies des pays membres, c’est-à-dire très
244 partielles, donc ruineuses dans son cas, lui soit pour ainsi dire congénital. Or s’il est vrai que l’union de l’Europe est l
245 onc solution fédéraliste toute solution qui prend pour règle de respecter les deux termes antinomiques en conflit tout en le
246 Divers — au prix d’une longue ascèse exténuante. Pour le brahmane, pour le bouddhiste, le but est d’effacer l’individu, la
247 d’une longue ascèse exténuante. Pour le brahmane, pour le bouddhiste, le but est d’effacer l’individu, la différence, de tou
248 cette définition vaut également et intégralement pour le fédéralisme, du moins tel que je l’entends, après avoir valu pour
249 , du moins tel que je l’entends, après avoir valu pour la Grèce des grands siècles avec sa dialectique de l’individu et de l
250 ines d’évêques et de docteurs se mettent d’accord pour définir en grec la nature à la foi triple et une du Dieu Père, Fils e
251 aux écoles récentes de physiciens et de logiciens pour lesquels la complémentarité de phénomènes, définis comme exclusifs l’
252 à leur tour, à la fois autonomes et solidaires : pour eux aussi, l’un n’ira pas sans l’autre, bien mieux : l’un — la solida
253 mmuniste, c’était les soviets plus l’électricité. Pour moi, le fédéralisme, c’est l’autonomie des régions plus les ordinateu
254 s, l’entassement dans les grands ensembles conçus pour rapporter, ont produit une situation de crise dont l’acuité se mesure
255 ays et tous régimes politico-économiques. Ils ont pour motif profond l’antinomie entre la culture générale au sens tradition
256 ent assurer la cohésion d’un ensemble assez vaste pour pouvoir se charger de tâches communes (telles que la défense, les aff
257 des unités de base ? Comment devenir assez grand pour être fort, tout en restant assez petit pour être libre ? Ce n’est pas
258 grand pour être fort, tout en restant assez petit pour être libre ? Ce n’est pas le vote d’une constitution, de type plus ou
259 .27 » Nous voici loin de la forme politique bonne pour les sauvages dont parlait Littré. Mais loin aussi des définitions étr